En cours au Siège de l'ONU

Dix ans de responsabilité de protéger: face à un bilan mitigé, les États Membres examinent les moyens de mieux préserver les civils des pires atrocités

Débat thématique,
Matin & après-midi
AG/11764

Dix ans de responsabilité de protéger: face à un bilan mitigé, les États Membres examinent les moyens de mieux préserver les civils des pires atrocités

Responsables et experts impliqués dans la mise en œuvre des engagements du Sommet mondial de 2005 ont, aujourd’hui, lors d’une table ronde de l’Assemblée générale, marqué le début de la deuxième décennie du concept de « responsabilité de protéger » en examinant les moyens de mieux préserver les populations des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, du génocide et du nettoyage ethnique.

La protection des civils est sans doute l’un des principaux défis de notre monde actuel et le bilan de ces 10 dernières années est pour le moins « mitigé », a avoué le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft.  Je suis horrifié, a renchéri le Vice-Secrétaire général, M. Jan Eliason, par le mépris « alarmant » du droit international humanitaire que nous voyons au cours de cette deuxième décennie du XXIe siècle.  Personne, a dit avoir constaté le Coprésident de la Commission internationale sur l’intervention et la souveraineté des États, ne prétend que la responsabilité de protéger a été pleinement mise en œuvre. 

Mais personne, a dit M. Gareth Evans, ne veut non plus retourner aux temps anciens où l’ONU était une « zone d’exclusion consensuelle » face aux crimes de masse.  Il est « crucial », a-t-il dit, que nous consolidions les acquis car la responsabilité de protéger est « l’alternative à l’indifférence et à la fatalité », a ajouté la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour « cette norme émergente », Mme Jennifer Welsh. 

Dans un monde où « les acteurs étatiques et non étatiques violent délibérément et en toute impunité les règles les plus fondamentales du droit international », l’ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay, a estimé que la clef de la responsabilité de protéger réside dans la prévention.  En la matière, a plaidé un Professeur de la « Columbia University », M. Edward Luck, l’Assemblée générale peut faire beaucoup pour renforcer les capacités des gouvernements, de la société civile et du secteur privé.  Pourquoi, s’est-il d’ailleurs demandé, l’Assemblée n’a jamais réussi à adopter une résolution de fond sur la responsabilité de protéger.  Très franchement, s’est-il impatienté, quel aspect du concept doit-on encore éclairer?

La définition et l’acceptation par les États de la « responsabilité de protéger » au Sommet mondial de 2005* a représenté une importante étape de l’engagement de la communauté internationale à mettre fin aux formes les plus horribles de la violence et de la persécution.

Les États Membres ont affirmé leur responsabilité première de protéger leurs propres populations du génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et du nettoyage ethnique et ont accepté une responsabilité collective pour s’aider mutuellement dans cet engagement.

Ils se sont également déclarés prêts à prendre des mesures en temps opportun et décisif, conformément à la Charte des Nations Unies et en coopération avec les organisations régionales compétentes, lorsque les autorités nationales ne parviennent pas, manifestement, à protéger leurs populations de ces quatre crimes et violations.

Des progrès significatifs ont été réalisés au cours de la dernière décennie dans l’élaboration de cet engagement.  Le Secrétaire général a élaboré un cadre sur la base de trois piliers qui se renforcent mutuellement.

Les piliers de la « responsabilité de protéger » formulés dans le rapport** de 2009 sont les suivants: « il incombe au premier chef à l’État de protéger les populations »; « il incombe à la communauté internationale d’encourager et d’aider les États à s’acquitter de cette responsabilité; « il incombe à la communauté internationale de mettre en œuvre les moyens diplomatiques, humanitaires et autres de protéger les populations contre ces crimes ».

Depuis 2009, l’Assemblée générale a adopté une résolution, tenu un débat formel et convoqué six dialogues informels.  De son côté, le Conseil de sécurité a adopté plus de 30 résolutions et déclarations présidentielles qui font référence explicitement à la « responsabilité de protéger », sans compter la réunion de la formule Arria.  Le Conseil des droits de l’homme a, lui, inclus le principe dans 14 résolutions.

Les participants à la table ronde, intitulée « De l’engagement à la mise en œuvre: 10 années de responsabilité de protéger », et animée par le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, se sont penchés sur les progrès réalisés à ce jour et les moyens d’accélérer la mise en œuvre de cette « norme émergente », comptabilisant les défis actuels et nouveaux.

* A/RES/60/1, par. 138 à 140

** A/63/677

Déclarations liminaires

Depuis la création de l’ONU, il y a 70 ans, notre plus grand échec a peut-être été celui de n’avoir pas su protéger les civils des atrocités, a déclaré le Président de l’Assemblée générale.  M. MOGENS LYKKETOFT s’est donc réjoui que l’on célèbre aujourd’hui le dixième anniversaire du moment où les dirigeants du monde ont dit « ça suffit », le moment où ils ont reconnu leur responsabilité individuelle et partagée de protéger les civils du génocide, des crimes de guerres, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité.  La protection des civils, a estimé le Président de l’Assemblée générale, est sans doute l’un des principaux défis du monde actuel et le bilan de ces 10 dernières années est pour le moins « mitigé ».  

Les atrocités caractérisent toujours notre monde mais dans le même temps, certaines ont pu être évitées.  Le Secrétaire général a mis en place un cadre pour la mise en œuvre de cet « engagement solennel » et l’a appuyé sur trois piliers qui se renforcent mutuellement dont le premier concerne la responsabilité de chaque État de protéger les populations contre les crimes énoncés et les incitations à les commettre.  Si nous avons déjà une « boîte à outils » à l’efficacité avérée, il nous faut maintenant, a estimé le Président, mieux comprendre les mesures qui se révèleront les plus efficaces.  Les deuxième et troisième piliers stipulent qu’il incombe à la communauté internationale d’encourager et d’aider les États à s’acquitter de leur responsabilité; et de mettre en œuvre les moyens diplomatiques, humanitaires et autres de protéger les populations.  Si un État n’assure manifestement pas la protection de ses populations, la communauté internationale doit être prête à mener une action collective, conformément à la Charte des Nations Unies.

Ces piliers ne sont pas des concepts abstraits, a insisté le Président de l’Assemblée générale.  L’expérience a montré qu’une réponse décisive et prise à temps est essentielle à la protection des civils.  Le choix n’est pas entre l’inaction et la force car les armes ne peuvent faire une réelle différence.  Dans la « boîte à outils », a décrit le Président de l’Assemblée générale, il y a la médiation, la diplomatie préventive, les missions d’établissements des faits, les envoyés et les rapporteurs spéciaux, la saisine de la Cour pénale internationale, les sanctions ciblées et les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil des droits de l’homme.  Nous devons affiner ces outils et mieux comprendre leur impact. 

Maintenant que nous entamons une nouvelle décennie de la responsabilité de protéger, que nous voyons les défis que le prochain Secrétaire général de l’ONU devra relever, que nous percevons l’ambition « incroyable » du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et que nous nous engageons dans des processus d’examen de l’architecture de la paix et de la sécurité à l’ONU, nous devons, a conclu le Président de l’Assemblée générale, nous poser les bonnes questions et nous demander ce que chacun de nous, individuellement ou collectivement, fera pour corriger les faiblesses « fondamentales » de l’action internationale qui n’a pu empêcher les génocides, les crimes de guerre, les nettoyages ethniques et les crimes contre l’humanité, ces 10 dernières années. 

Je suis horrifié par le mépris « alarmant » des droits de l’homme et du droit international humanitaire que nous voyons au cours de cette deuxième décennie du XXIe siècle, a avoué M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, en voulant « parler franchement ».  « L’impunité est partout et la redevabilité est nulle part. »  Aujourd’hui, il nous faut donc opérer un changement « fondamental » dans la manière dont nous appréhendons la responsabilité de protéger pour respecter l’engagement de 2005, a dit le Vice-Secrétaire général de l’ONU qui a tout de même relevé certains progrès et cité le Réseau mondial des coordonnateurs pour les questions relatives à la responsabilité de protéger, la Commission régionale de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, le Réseau latino-américain sur la prévention du génocide et des crimes de masse et l’Action mondiale contre les crimes de masse, lesquels travaillent à une meilleure compréhension des facteurs de risques et des sources de résilience, au niveau des pays. 

Les situations en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Kenya sont à ranger du côté des succès mais la situation en Syrie, a avoué le Vice-Secrétaire général, est « un échec catastrophique » et celle du Soudan du Sud « profondément troublante ».  M. Eliason a donc énoncé trois priorités et d’abord celle visant à faire mieux dans la prévention.  Au sein de l’ONU, a-t-il estimé, l’initiative « les droits de l’homme avant tout » est une étape importante mais il faut encore que les alertes et les avertissements atterrissent sur « une terre fertile ».  En deuxième lieu, le Vice-Secrétaire général a demandé que les réponses aux crimes contre l’humanité soient plus rapides et plus décisives et enfin, il a estimé qu’il faut faire plus s’agissant de la consolidation de la paix, « financièrement et politiquement ». 

Le Secrétaire général de l’ONU, a rappelé son bras droit, a appelé à « une culture du courage » pour protéger les droits de l’homme et le droit international humanitaire de tout autre intérêt.  Nous devons travailler ensemble pour protéger les civils des crimes graves, c’est une obligation envers l’humanité et envers les peuples que nous servons, a conclu le Vice-Secrétaire général.

Le concept de responsabilité de protéger a été élaboré « par des pragmatiques, pas par des puristes », a d’emblée déclaré M. GARETH EVANS, Coprésident de la Commission internationale sur l’intervention et la souveraineté des États.  Le but n’était pas de créer de nouvelles règles juridiques internationales mais de faire mieux, beaucoup mieux que dans les années 90, les décennies et les siècles précédents.  Le but était de créer un monde où le génocide et les crimes de guerre et contre l’humanité étaient au moins considérés comme « l’affaire de tous et non le problème de personne ».  Évidemment, a reconnu M. Evans, au regard de la « catastrophe » en Syrie, il est facile de jouer du cynisme mais le monde a avancé sur les « quatre grandes choses » qu’il voulait voir dans la responsabilité de protéger: une force normative capable de dégager un vrai consensus entre le nord et le sud; un catalyseur de changements institutionnels; un cadre pour une action préventive; et un cadre pour une action réactive en cas d’échec de la prévention. 

M. Evans est tout de même revenu à la situation en Syrie où, selon lui, la violence du régime aurait pu être arrêtée.  Mais, a-t-il expliqué, mus par le sentiment que les puissances occidentales étaient allées trop loin en Libye, en transformant un mandat de protection des civils en mandat de changement de régime, un certain nombre de membres du Conseil de sécurité sont, à leur tour, allés trop loin mais dans le sens opposé.  Sans majorité pour ne fut-ce que condamner la violence du régime contre des civils non armés, la situation s’est détériorée rapidement et est devenue celle que l’on voit aujourd’hui.  Le consensus n’est pas impossible mais il prendra du temps, a prédit M. Evans.  Il a soutenu, comme l’initiative la plus constructive, la proposition du Brésil sur « la responsabilité tout en protégeant » consistant à que tous les membres du Conseil acceptent le contrôle étroit de tout mandat prévoyant un recours à la force.  M. Evans a aussi appuyé le Code de conduite du Groupe ACT -Accountability, Coherence and Transparency- et l’initiative franco-mexicaine sur l’exercice limité du droit de veto en cas de crimes de masse. 

Personne ne prétend, a-t-il conclu, que la responsabilité de protéger a pleinement été mise en œuvre.  Mais personne ne veut non plus retourner aux temps anciens quand l’ONU toute entière était une « zone d’exclusion consensuelle » face aux crimes de masse.  Il est « crucial » que nous consolidions ce que nous avons construit et que nous ne laissions pas la responsabilité de protéger s’éloigner au risque de faire de la Charte une farce et de trahir notre humanité commune. 

Ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme NAVI PILLAY, a tenu à souligner qu’en tant que telle la responsabilité de protéger n’est pas un nouveau concept qui impliquerait un quelconque changement juridique.  Non, elle s’inscrit dans l’ordre juridique existant à l’échelle internationale.  Dans un monde où « les acteurs étatiques et non étatiques violent délibérément et en toute impunité les règles les plus fondamentales du droit internationale », l’ancienne Haut-Commissaire a estimé que la clef de la responsabilité de protéger réside dans la prévention.  C’est là que la communauté internationale doit se montrer la plus efficace, a-t-elle insisté.  Les crimes graves ont toujours des signes avant-coureurs et ils sont commis parce que personne n’a rien fait contre la persécution des minorités, les discours de haine, la discrimination, la violence sexuelle ou la détérioration rapide de la situation économique.  Mme Pillay s’est souvenue de son expérience de juge au Tribunal pénal international pour le Rwanda où un témoin a parlé du discours de haine parsemés comme des petites gouttes de pétrole qui ont fini par embraser tout le pays. 

Le moment est donc venu d’assumer les responsabilités liées aux trois piliers de l’ONU à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  En la matière, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre l’occasion d’aller vraiment de l’avant, a estimé l’ancienne Haut-Commissaire.  Les droits de l’homme, a-t-elle dit, nous alertent sur les conflits en gestion mais ils nous offrent aussi la solution pour protéger les civils.  Le lien intrinsèque, a-t-elle expliqué, entre les droits de l’homme et la responsabilité de protéger est une voie royale pour le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil des droits de l’homme que peuvent alerter le Haut-Commissaire aux droits de l’homme et le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide. 

New York et Genève sont les sièges de l’ONU, a conclu l’ancienne Haut-Commissaire pour regretter qu’ils continuent de travailler en parallèle: New York, sur la paix et la sécurité, et Genève, sur les droits de l’homme.  Or l’institutionnalisation de la responsabilité de protéger exige que l’on abatte ce mur, a-t-elle prévenu.

M. EDWARD LUCK, Spécialiste du règlement des conflits et Professeur de relations internationales à la « Columbia University », a tenu à rappeler quelques principes de base du Document de 2005 et d’abord que « toutes les populations » doivent être protégées.  Dans un monde caractérisé par des politiques sectaires et divisionnistes, il faut rappeler aux gouvernements que leur responsabilité de protéger s’étend à tous ceux qui sont sur leur territoire, quel que soit leur statut, leur nationalité, leur appartenance politique ou leur ethnie.  Dans le même esprit, les groupes armés doivent être tenus aux mêmes principes dans tous les territoires qu’ils contrôlent.  Les leaders, étatiques ou non étatiques, doivent rendre compte de leurs actes. 

Le Professeur a aussi dénoncé ceux qui prétendent ignorer que le Document de 2005 parle aussi des incitations à commettre les quatre crimes graves alors qu’il s’agit là de la base même d’une bonne stratégie d’alerte rapide.  Pour vaincre l’extrémisme violent, il faut peaufiner notre message à ceux qui seront le plus tentés d’y répondre.  La victoire contre cette forme d’extrémisme exige l’attachement des droits de l’homme consacrés par la Charte et pas le détachement.

Il faut aussi arrêter de se bercer de l’illusion que lorsque le Document de 2005 parle des responsabilités de la communauté internationale, il parle de tout le monde sauf de soi.  La responsabilité collective dépend de la responsabilité individuelle.  Chacun doit faire sa part et avec la montée de l’extrémisme violent, tout le monde est vulnérable.  On ne peut plus, comme il y a 10 ans, dire, en regardant ailleurs, que c’est un problème africaine ou que la responsabilité de protéger est un bon concept qui ne s’appliquerait pas chez soi. 

Si nous voulons nous montrer sérieux sur l’alerte rapide, l’évaluation et la prévention, a poursuivi l’orateur, nous devons écouter plus attentivement la société civile et les groupes vulnérables locaux.  Les acteurs sous-régionaux et régionaux doivent être plus que des partenaires silencieux.  Notre stratégie doit se fonder sur une réaction rapide, souple et adaptée à chaque circonstance.  Aucune option ne doit être écartée quand des milliers de vie sont en danger.  Dans de nombreuses situations, l’engagement en vertu des Chapitres VI et VII de la Charte n’a pas nécessité l’accord préalable du Conseil de sécurité, a dit M. Luck pour illustrer ses propos.

Il a aussi estimé que l’Assemblée générale peut faire beaucoup pour renforcer les capacités des gouvernements, de la société civile et du secteur privé en matière de prévention.  Comme le meilleur, le signe annonciateur d’un crime de masse est le crime précédent, il faut consacrer plus d’énergie et plus de ressources à « la Responsabilité après la protection » en rendant les institutions, les législations et les valeurs capables de décourager tout nouveau cycle de violence.

Enfin, l’orateur a proposé que, sur une base régulière, l’on rédige des rapports et organise des dialogues sur cette « norme émergente ».  Pourquoi, s’est–il demandé, après sept rapports et dialogues interactifs et après huit années de mise en œuvre, l’Assemblée générale n’a jamais réussi à adopter une résolution de fond sur la responsabilité de protéger et à s’entendre sur le financement du Bureau de la Conseillère spéciale et de son travail « essentiel ».  Très franchement, s’est impatienté M. Luck, quel aspect du concept doit-on encore éclairer?

Dix ans après l’adoption du concept, a déclaré Mme JENNIFER WELSH, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la responsabilité de protéger, il faut en effet faire son évaluation, non seulement de sa mise en œuvre mais aussi de la manière dont il a modifié les attentes.  Le principe de la responsabilité de protéger en est encore à ses premiers pas sur un chemin tortueux.  Un regard sur l’état du monde pourrait en effet pointer sur l’échec du concept mais ce serait là, a estimé la Conseillère spéciale, condamner le principe au lieu de jeter le blâme sur ceux qui sont censés l’appliquer.  Comme tout principe politique, la responsabilité de protéger ne peut obliger les États à agir ni dicter des mesures spécifiques à la communauté internationale.  Mais elle peut créer une pression politique sur des situations impliquant des crimes graves et augmenter le coût politique de l’inaction.  Elle peut aussi clarifier les obligations juridiques existantes et offrir aux États un cadre politique pratique pour la mise en œuvre des mesures de prévention et de réaction.  Vue sous ce prisme, la responsabilité de protéger a eu un impact important, a constaté la Conseillère spéciale.  Le concept a en effet contribué à créer une catégorie d’actes qui, par nature, sont devenues des sources de « préoccupations internationales » en fixant « un plancher de décence » en-dessous duquel, selon les États, aucune population ne doit tomber.  Cela a changé et élevé les attentes sur ce qui doit être fait et a galvanisé les efforts pour prévenir la spirale des violences systématiques et généralisées. 

En conséquence, évaluer le succès de la responsabilité de protéger en se fondant sur le nombre de fois où une action militaire a été déclenchée équivaut à demander à la fois trop et trop peu.  Il y a, s’est expliquée la Conseillère spéciale, beaucoup d’autres outils qui peuvent être actionnés face aux crimes de masse.  Pour évaluer la manière dont la communauté internationale a réagi jusqu’ici et comment elle devrait réagir à l’avenir, il faut analyser les moyens militaires et les conditions de leur efficacité.  En outre, comme toute question touchant le recours à des mesures coercitives, la mise en œuvre de la responsabilité de protéger est profondément influencée par la dynamique et la structure unique du Conseil de sécurité. 

La responsabilité de protéger met les États aux défis de prendre des mesures concrètes au niveau national.  Sur le plan international, elle les met au défi d’évaluer honnêtement les obstacles à l’action collective.  Mais il faut faire plus qu’identifier ces obstacles et travailler sans relâche pour minimiser les facteurs de l’inaction, en changeant les méthodes de travail, en améliorant l’outil diplomatique, en se dotant d’un leadership bien ciblé et en offrant l’appui financier qu’il faut aux mécanismes qui ont marché et qui peuvent marcher.  La responsabilité de protéger est « l’alternative à l’indifférence et à la fatalité », a conclu la Conseillère spéciale en paraphrasant le Secrétaire général.

Dialogue

D’emblée, le représentant du Soudan a reproché au Coprésident de la Commission internationale sur l’intervention et la souveraineté des États d’avoir manqué de respect à l’égard de son pays.  Il a demandé un véritable dialogue et pas une opposition de monologues.  Un appel à la sérénité et à la prudence a été lancé par son homologue du Mexique pour renforcer le système et mobiliser les efforts.

Synthétisant les principales préoccupations des délégations, le représentant du Rwanda, qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, lequel ressemble une cinquantaine de membres, a demandé comment l’ONU et ses États Membres pouvaient accroître l’appui et la volonté politique de mettre en œuvre la responsabilité de protéger, armer de façon concrète les populations contre les crimes de masse.  Le délégué a évoqué la situation dramatique au Burundi, en sa capacité nationale.  Son homologue de l’Union européenne a en effet rappelé que l’examen en cours de l’architecture de la paix et de la sécurité de l’ONU a reconnu la nécessité d’inclure la responsabilité de protéger dans les autres processus de l’Organisation.

Sans oublier, a dit le délégué de la Fédération de Russie, qu’il y a cinq ans, avaient commencé les bombardements de la Libye, au nom du soi-disant principe de la responsabilité de protéger, mais qui ont plongé le pays dans le chaos.  Les représentants de Cuba et de la Chine ont d’ailleurs voulu que l’on ne réinterprète pas la Charte des Nations Unies, dénonçant, à leur tour, le fait que la responsabilité de protéger soit parfois utilisée pour servir l’ingérence dans les affaires intérieures des pays et en modifier l’ordre intérieur.  Cette responsabilité, a argué le représentant chinois, n’est pas une norme du droit international.  L’Assemblée générale doit en poursuivre l’examen en tenant compte de l’ensemble des points de vue exprimés par les États Membres pour aboutir à un consensus.

L’intervention en Libye est une question morale à régler, a surenchéri le représentant homologue du Brésil, qui a regretté que le cas de la Palestine n’eût pas été évoqué dans ce dialogue.  On ne peut, a dit le représentant de la République-Unie de Tanzanie, que dénoncer l’hypocrisie quand on voit les obstacles politiques qui ont empêché le règlement de certaines crises.  La Vice-Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan a d’ailleurs demandé que son pays soit retiré de la liste de ceux qui ont bénéficié d’un engagement international pour atténuer le risque des quatre crimes énoncés dans la responsabilité de protéger.

Certains États, comme l’Arménie, ont insisté sur la culture de la prévention au sein de la communauté internationale.  Le Ghana a souhaité que soient renforcées les capacités nationales et élargi le Réseau mondial des coordonnateurs pour les questions relatives à la responsabilité de protéger.  L’ONG « International Coalition for the Responsability to Protect » a encouragé les gouvernements et les organisations internationales à coopérer davantage avec la société civile, soulignant que les acteurs de la société civile étaient souvent les premiers à témoigner des atrocités.  Il est vrai qu’il faut améliorer les systèmes d’alerte précoce, a reconnu le Royaume-Uni.  La Roumanie a quant à elle plaidé pour un renforcement de la coopération entre New York et Genève, en particulier entre le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme.

À propos du Conseil de sécurité, la Slovénie a appuyé l’initiative franco-mexicaine de suspendre le recours au droit de veto dans les cas de crimes de masse.  Le Royaume-Uni a d’ailleurs souligné qu’il n’avait plus utilisé son droit de veto depuis 1989.  Les efforts du Ghana, mais aussi de l’Australie, du Botswana, du Brésil, du Danemark, du Guatemala, de la République de Corée et de la Slovénie, pour présenter à l’Assemblée générale un projet de résolution sur l’inscription de la responsabilité de protéger à l’ordre du jour ont été salués par plusieurs délégations, dont celle de la Suisse.

Cette dernière et celle des Philippines ont toutes deux rappelé que leur pays avait coorganisé à Manille la deuxième réunion internationale de l’Action mondiale contre les crimes de masse, laquelle a rassemblé 52 pays afin de réfléchir à des initiatives concrètes pour renforcer les architectures nationales de prévention des atrocités.

Cet après-midi, la représentante du Nicaragua a déploré le fait qu’il n’y ait jamais eu de vrai dialogue sur la responsabilité de protéger.  Son pays, a-t-elle dit, ne pourra pas accepter un texte sur lequel il n’y a pas eu d’accord.  Il convient de rétablir la confiance des États dans les documents élaborés par le Secrétariat de l’ONU, d’une part, et dans les mécanismes d’alerte précoce, d’autre part, a plaidé le représentant du Bélarus.  Une discussion sur la confiance permettrait d’aller de l’avant et de passer des paroles aux actes.

L’ONU doit faire preuve d’honnêteté, a renchéri son homologue de la Syrie, et éviter les deux poids, deux mesures, la sélectivité et l’ingérence.  Son silence face à l’occupation syrienne montre bien le problème, a-t-il constaté, demandant à l’Organisation d’obliger les pays qui attisent le conflit en Syrie de cesser leurs agissements.  Le concept de responsabilité de protéger peut en effet être aisément manipulé pour des raisons politiques, a renchéri le représentant de la République islamique d’Iran.  Il a pris l’exemple du génocide au Rwanda, en 1994, lorsque certains membres permanents du Conseil de sécurité refusaient d’utiliser le terme même de « génocide ».

La responsabilité juridique de protéger doit se fonder sur le consensus le plus large possible, a ajouté la représentante de la Turquie qui a estimé qu’il doit aussi s’appliquer aux populations qui fuient les crimes et les crises.  Oui mais qui doit faire respecter ce concept au nom de la communauté internationale? s’est demandé le représentant de l’Inde, jugeant que le Conseil de sécurité n’est pas « le seul organe habilité ».  À ce propos, son homologue de l’Argentine a tenu à souligner que le recours à la force doit rester un dernier recours, lorsque tous les moyens de prévention ont été épuisés et dans le respect des buts et principes de la Charte.  Se concentrer sur le recours à la force, même en tant qu’ultime recours, ne fait que limiter la réflexion qu’il faut sur la prévention, a mis en garde le représentant du Venezuela qui a estimé que l’on oppose un principe, celui de la non-intervention, à un autre, celui de la protection des droits de l’homme.

Les représentants de la Syrie, du Soudan et de Cuba ont exprimé leur vif mécontentement face à la manière dont le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide a mené les discussions et traité, selon eux, certains États.  Il nous a manqué de respect, ont-ils tranché. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la décolonisation, « chargé d’un des processus les plus remarquables de l’histoire des Nations Unies », ouvre sa session 2016

Comité spécial de la décolonisation,
1re séance - matin
AG/COL/3285

Le Comité spécial de la décolonisation, « chargé d’un des processus les plus remarquables de l’histoire des Nations Unies », ouvre sa session 2016

Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a tenu, ce matin, la session inaugurale de sa session 2016 dont le travail de fond se fera du 13 au 24 juin*.  Le Président élu du Comité, M. Rafael Darío Ramírez Carreño, du Venezuela, qui a salué un organe « chargé d’un des processus les plus remarquables de l’histoire de l’ONU », a promis de respecter la tradition des Séminaires régionaux et des visites dans l’un ou l’autre des 17  territoires non autonomes » qui attendent toujours de pouvoir exercer leur droit à l’autodétermination.

Nous devons faire mieux, reconnaît le Secrétaire général de l’ONU dans le message qu’il a adressé au Comité spécial.  La communauté internationale a les moyens d’éliminer le colonialisme, souligne M. Ban Ki-moon, en encourageant le Comité spécial à intensifier son dialogue sur l’action à mener pour imprimer l’élan qu’il faut à la décolonisation.

Soixante-dix ans après sa création, a fait observer le Président du Comité spécial, l’ONU a fait de la décolonisation, de la paix et de la sécurité, ses symboles les plus importants, comme en atteste l’augmentation du nombre de ses États Membres, après les processus d’émancipation enclenchés à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et réactivés pendant les années 60 du siècle dernier. 

Mais, a regretté ajouté M. Ramírez Carreño, la persistance des situations coloniales est très clairement une violation des droits fondamentaux, une contradiction des buts et principes de la Charte des Nations Unies et un stigmate sur la conscience du monde.  Cinq décennies après l’adoption de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, le monde compte encore 17 cas de colonialisme inscrits dans la liste « des territoires non autonomes » du Comité spécial.

Le Président a donc jugé nécessaire de maintenir le dialogue entre les puissances administrantes, le Comité spécial et les peuples des territoires afin de trouver une solution négociée conforme aux résolutions pertinentes des Nations Unies sur la décolonisation.  Cela d’autant que s’approche à grands pas la fin de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme 2011-2020.

Sur une note personnelle, le Président a confié que son pays, le Venezuela, souffre encore des conséquences du pillage impuni qu’ont fait subir à son peuple les puissances coloniales convaincues alors d’être les rois du monde.  C’est la raison pour laquelle le Venezuela a toujours fait sienne la lutte des peuples contre les occupations détestables et les situations coloniales odieuses.  Le Président a appelé la communauté internationale à accorder une attention particulière aux territoires insulaires non autonomes plus vulnérables aux catastrophes naturelles et à la dégradation de l’environnement, y compris au risque de disparaître.

Les représentants de l’Algérie, du Chili, de Cuba, de l’Indonésie, de l’Iran, de la Sierra Leone et de la Syrie ont fait des commentaires.  Leur homologue de l’Équateur a dit au Président du Comité que ce qu’il faut, c’est une « feuille de route » pour pouvoir finaliser le processus de décolonisation avant 2020. 

En attendant, M. Ramírez Carreño a promis de maintenir la tradition des visites dans l’un ou l’autre des 17 territoires non autonomes et des Séminaires régionaux dont l’édition 2016 doit se tenir dans la région du Pacifique.  Depuis les années 1990, le Comité spécial organise ces Séminaires alternativement dans les régions des Caraïbes et du Pacifique afin de prendre note des progrès effectués dans le cadre de la Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.

Le Président du Comité spécial a demandé aux pays désireux d’accueillir le Séminaire cette année de le faire savoir avant le 15 mars.  Pour pouvoir prendre une décision finale, l’Iran attend toujours les informations qu’il a demandées au Comité, a dit son représentant. 

Les 17 territoires non autonomes inscrits sur la liste du Comité spécial sont les suivants: Gibraltar, Îles Falkland (Malvinas), Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Sahara occidental et Anguilla, Bermudes, Îles Vierges britanniques, Îles Caïmanes, Îles Turques et Caïques, Îles Vierges américaines, Guam, Montserrat, Pitcairn, Sainte-Hélène, Tokélaou et Samoa américaines.

Outre son Président, le Comité spécial a élu MM. Rodolfo Reyes Rodríguez de Cuba, Dian Triansyah Djani de l’Indonésie et Vandi Chidi Minah de la Sierra Leone, comme Vice-Présidents.  Le représentant de la République arabe syrienne, M. Bashar Ja’afari, assumera les fonctions de Rapporteur.

*A/AC.109/2016/L.1 et A/AC.109/2016/L.2

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: la réforme du système de développement de l’ONU et de son architecture financière au centre du dialogue annuel sur les activités des fonds et des programmes

Conseil économique et social - Session de 2016,
13e & 14e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6743

ECOSOC: la réforme du système de développement de l’ONU et de son architecture financière au centre du dialogue annuel sur les activités des fonds et des programmes

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé aujourd’hui son dialogue, entamé lundi, sur les activités opérationnelles de développement menées dans les pays par les fonds, programmes et agences des Nations Unies.  « Il est clairement apparu qu’il faut avancer vers une nouvelle démarche intégrée à l’échelle du système », a constaté le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Alejandro Palma Cerna en faisant le point sur les trois jours de débats.

Les intervenants ont reconnu que l’adoption de quatre accords historiques en 2015, à savoir le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques, aura une incidence majeure sur le futur travail du système de développement des Nations Unies.

Il faut cette année « une conversation différente » qui reflète à la fois le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les discussions sur les nouvelles approches de l’aide humanitaire, a estimé la représentante des États-Unis.  D’après elle, l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement devrait donner lieu à un document stratégique de bon niveau articulant ce que les États attendent de l’ONU et brossant les traits d’une structure souple permettant d’aller de l’avant. 

Il faut redessiner et réformer « fondamentalement » le système de développement de l’ONU pour qu’il puisse mettre en œuvre l’agenda universel à un moment où les budgets se rétrécissent, a-t-elle insisté.  Nous devons, a-t-elle dit, examiner les mandats et les structures actuels « sans concession » et décider à quoi devrait ressembler un système de développement efficace.

Des idées ont été lancées mais sommes-nous tous d’accord sur ce que « universalité, différentiation, ne laisser personne sur le côté ou intégration » veulent dire pour le fonctionnement du système de développement de l’ONU? s’est demandé le représentant de l’Inde.  Quant à l’idée, prônée entre autres par les États-Unis, de jeter « un pont » entre l’aide humanitaire et les programmes de développement, il s’est montré prudent: que « ce pont » ne se construise pas au détriment de la promotion de la croissance et de la lutte contre la pauvreté, en d’autres termes, au détriment des conditions mêmes qui réduisent les risques d’une crise humanitaire.

Comme de nombreuses délégations, le représentant indien a aussi commenté la question des ressources des fonds et programmes de l’ONU.  Franchement, a-t-il avoué, nous ne pouvons parler de la mise en œuvre équilibrée d’un agenda intégré avec des structures de financement tout entières vouées aux priorités des donateurs.  Comment un système peut-il mettre en œuvre un agenda universel alors qu’il est dominé par les intérêts des donateurs? 

D’après le Secrétaire général*, la part des ressources de base dans le financement total des activités opérationnelles pour le développement est effectivement passée de 44% à 24%.  Le représentant de l’Argentine a souhaité « en finir avec ce déséquilibre » où la hausse des fonds extrabudgétaires place le système de développement de l’ONU face à un défi majeur.  Contrairement aux ressources de base, ces fonds sont attachés à des projets choisis par les donateurs « ce qui ne va pas forcément dans le sens des mandats et des objectifs du système tels que l’ont voulu les États Membres ».

Les États veulent que ce système parvienne à des résultats collectifs en allant au-delà des divisions entre l’humanitaire, le développement et la consolidation de la paix et en gardant au cœur des efforts, l’élimination de la pauvreté.  « On a besoin de solutions d’ensemble sur les trois piliers. »

L’ECOSOC a commencé sa journée par une table ronde sur les partenariats multipartites, qualifiés d’« essentiels » et appelés à reposer sur les valeurs et les normes des Nations Unies. 

* A/71/63–E/2016/8

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT: SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE GÉNÉRALE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET DU CONSEIL (A/71/63–E/2016/8)

Table ronde sur le thème « Approches de partenariats: comment assurer la responsabilité, la cohérence et l’évaluation de l’impact? »

Les défis exigent un effort renouvelé, a reconnu d’emblée M. AMIR DOSSAL, Modérateur de la table ronde et Fondateur et Président du Forum mondial pour des partenariats.  Selon lui, l’objectif 17 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui est consacré aux partenariats, peut être le lien entre les autres 16 objectifs.

En matière de partenariat, les clefs du succès sont la participation de toutes les parties prenantes en amont dès la conception, l’implication nationale, régionale et continentale, le consensus mondial et l’alignement des objectifs et des instruments, s’est résumé M. IBRAHIM MAYAKI, Président-Directeur général du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), qui a constaté une baisse de l’aide publique au développement (APD) ayant donné lieu à la multiplication des partenariats public/privé.

En Afrique, avant 2000, a-t-il rappelé, les États menaient les politiques certes mais sous l’injection des bailleurs de fonds qui ne se préoccupaient pas vraiment du renforcement des capacités nationales.  Avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les ministères du plan ont été remis au cœur des initiatives de l’État.  Aujourd’hui, a souligné le Président-Directeur général, la Vision 2063 est le programme-phare du continent sur lequel tous les programmes internationaux doivent s’aligner.  En l’occurrence, il a salué le « hub » créé au sein de la Banque africaine de développement (BAD), avec l’Union africaine et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), comme un bon exemple de partenariat et un « aimant » pour des instruments efficaces pouvant accélérer la mise en œuvre du Programme 2030.

L’instrument le plus important étant peut-être le financement, M. SAYED AQA, Vice-Président chargé de la coopération et du renforcement des capacités à la Banque islamique de développement, a expliqué ce que fait sa Banque, s’agissant en particulier des financements innovants.  M. Aqa a parlé du mécanisme « Triple win » qui permet d’accroître les fonds concessionnels en puisant dans les marchés financiers.  Il s’agit en fait d’un instrument de la dette en vertu duquel le débiteur ne rembourse que le capital, les organisations philanthropiques, en l’occurrence la Fondation Bill and Melinda Gates, prenant en charge les intérêts.  Le Vice-Président a aussi parlé de « The Lives and Livelihoods Fund » de la Fondation Bill and Melinda Gates qui se propose d’offrir des dons et des prêts concessionnels aux 30 pays les moins riches de la Banque islamique de développement. 

Ces 40 dernières années, a expliqué le Vice-Président, la Banque islamique de développement a contribué à façonner le système financier de ses États membres, en se fondant sur deux piliers à savoir le partage des risques et les titres adossés à des actifs.  La Banque a aussi appuyé le développement du secteur privé et, en encourageant la réduction des taxes et la réforme des cadres juridiques, elle a réussi à intéresser ce secteur à des projets de développement à long terme. 

La Banque a forgé des partenariats forts avec des institutions multilatérales et bilatérales.  En 2015, 24 projets dans 18 pays membres ont été financés conjointement avec d’autres partenaires pour un coût total de 13,8 milliards de dollars, la contribution de la Banque islamique ayant été de 1,8 milliard de dollars soit 13% du montant.  S’agissant, en particulier de l’autonomisation des jeunes, la Banque et le Groupe de la Banque mondiale ont, en 2014, commencé à travailler sur l’initiative « Education for Competiveness » (E4C) dont l’objectif est d’élaborer des stratégies concernant l’ensemble du circuit allant de l’école au monde du travail, de sorte que les jeunes aient non seulement les compétences qu’il faut pour le marché de l’emploi mais qu’ils puissent aussi devenir des moteurs de la croissance.

Un autre exemple de partenariat a été présenté par Mme LISE KINGO, Directrice exécutive du Pacte mondial des Nations Unies.  Nous sommes, s’est-elle enorgueillie, à la tête du mouvement de la responsabilité planétaire sur la base de 10 principes universellement reconnus.  Mme Kingo a annoncé que le Programme 2030 a été ajouté à ces principes.

Créé il y a 15 ans, le Pacte mondial compte aujourd’hui des milliers d’entreprises réunies dans un « Pacte de responsabilité citoyenne ».  En 15 ans, 6 000 se sont vues retirer leur carte de membre.  Les enquêtes menées par le Pacte et les rapports publiés par les sociétés membres sont « des modèles » qui pourraient intéresser d’autres initiatives des Nations Unies.  Le but, a rappelé la Directrice exécutive, est de « transformer les objectifs de protection de la planète en emplois.  Le Sommet des dirigeants du Pacte mondial, qui se tiendra en juin prochain, portera sur la hiérarchisation des objectifs de développement durable.  Mme Kingo a attiré l’attention sur le site du Pacte « business.un.org », une plateforme qui rapproche le monde des affaires de l’ONU.

Le mois dernier, au Forum économique mondial de Davos, le Pacte a réuni des patrons pour parler des partenariats public-privé et des objectifs de développement durable.  Les patrons ont demandé à l’ONU de travailler « de façon plus stratégique » avec le secteur privé, d’assumer plus de risques, de combattre sa bureaucratie, d’édifier des coalitions locales pour la mise en œuvre des objectifs et de faire des sociétés qui ont les principes moraux les plus élevés, des partenaires privilégiés.

Les directives exigent que les entités de l’ONU divulguent toutes leurs activités, a rappelé la Directrice exécutive, car sans la divulgation complète de tous nos partenariats, il nous sera difficile de mesurer nos résultats et l’impact de notre travail.

Les partenariats stratégiques multipartites comme les initiatives du Secrétaire général, « Énergie pour tous », « Défi Faim zéro » et « Toutes les femmes, tous les enfants » ont montré leur potentiel, a commenté M. THOMAS GASS, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales.  Les partenariats sont un complément « critique » des efforts de l’ONU et des gouvernements pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Ces efforts doivent impliquer toutes les parties concernées et promouvoir une approche horizontale.  Mais, a mis en garde le Sous-Secrétaire général, les partenariats ne peuvent pas et ne doivent pas remplacer le système de développement de l’ONU.  Ils doivent en respecter les normes dont la reddition de comptes. 

L’ONU a en effet la tâche difficile de travailler de plus en plus avec des acteurs extérieurs tout en protégeant « ses valeurs et sa marque ».  Il faut y réfléchir, a dit le Sous-Secrétaire général aux délégations, et trouver les bonnes réponses aux questions inhérentes aux relations avec les secteurs public et privé.  L’interaction avec le secteur privé pose en effet la question de la protection des valeurs multilatérales de l’ONU, de son intégrité, de sa légitimité et de son indépendance.  Cette interaction pose la question du maintien des normes et des principes intergouvernementaux qui régissent l’ONU et en l’occurrence, le principe de la transparence.   

Le fait, a reconnu le Sous-Secrétaire général, que chaque entité de l’ONU et parfois chaque division ou chaque bureau a sa propre vision, sa propre compréhension des choses et ses propres pratiques rend l’ONU vulnérable car les partenariats « peuvent faire leurs courses ».  Ainsi une société refusée par une telle entité de l’ONU peut devenir tout à fait acceptable pour une autre, compromettant ainsi la crédibilité de l’Organisation et ses approches politiques et opérationnelles.  Nous devons transformer l’ONU en une Organisation qui appartienne effectivement à son époque, en maximisant ses opportunités et son impact et en minimisant les risques.  Ce sont ces capacités là qu’il faut renforcer parmi le personnel de l’ONU pour qu’il soit en mesure d’aider les pays qui eux aussi sont appelés à mobiliser des ressources auprès du monde des affaires et des fondations. 

Les partenariats peuvent certes encourager l’innovation mais ils présentent aussi des risques et des risques d’échec.  Il faut donc des espaces sûrs et du temps pour apprendre des échecs qui doivent rester aussi rares que possible pour préserver l’intégrité de l’ONU et de ses États Membres.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige de l’ONU qu’elle monte dans la voiture de la société civile, des universités, des fondations et des entreprises, mais en prenant le volant.  

Débat général

Au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, Mme MWABA PATRICIA KASESE-BOTA (Zambie) a déploré l’isolement économique de ces pays, la petite taille de leur économie, leur topographie difficile caractérisée souvent par le désert, la faiblesse de leurs infrastructures et le coût élevé du transport.  Ces pays ont besoin d’assistance et de coopération pour, entre autres, renforcer la résilience aux changements climatiques, développer le secteur privé et intensifier les partenariats.  Ces pays doivent recevoir une aide publique au développement (APD) accrue, des investissements étrangers directs et un appui au renforcement des capacités de gestion.

M. DOMINIQUE FAVRE, Direction suisse du développement et de la coopération, a salué les avancées qui ont amélioré les performances du système des Nations Unies pour le développement au niveau des pays.  Cependant, l’approche « Unis dans l’action » se heurte encore à des limites, en particulier en ce qui concerne le pilier « Unité dans les opérations ».  Il est reconnu que la mise en œuvre cohérente de cette approche, y compris le financement adéquat du système des coordonnateurs résidents et la pleine application des procédures opérationnelles normalisées, constitue pour le système de développement un élément clef pour relever les défis inhérents au Programme 2030.  Or, le représentant a constaté que le recours exclusif à ces instruments a atteint ses limites en termes d’impact et qu’il faudrait les compléter par d’autres mesures.  Il a fait valoir qu’« une entité de coordination robuste, indépendante, neutre et responsable pourrait contribuer à remplir ce mandat à l’échelle du système et rapporterait directement aux États Membres ».

La Suisse estime que l’adoption d’une stratégie à l’échelle du système des Nations Unies pour la mise en œuvre du Programme 2030 constituerait un pas en avant important pour répondre au mandat formulé par les chefs d’État et de gouvernement.  Le Secrétaire général pourrait être chargé de formuler, par l’intermédiaire du Conseil des chefs de secrétariat (CCS), une telle stratégie sur la base des orientations stratégiques qui se dégagent de l’examen quadriennal complet de 2016.  Par ailleurs, le représentant a considéré qu’il est possible de renforcer la responsabilisation au niveau local et la supervision des activités de l’ONU.  « La tendance est à la décentralisation à l’ONU, mais la structure de gouvernance ne suit pas », a-t-il regretté en proposant de mettre en place « une sorte de conseil d’administration local ».

Mme MARIAME FOFANA (Burkina Faso) a estimé que le système des Nations Unies devra se doter d’un modèle de coordination intégré entre ses différentes structures d’intervention pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce modèle devra permettre d’accroître la collaboration et la coopération entre ses différents organes et d’agir dans une parfaite synergie sur le terrain pour plus d’efficacité.  Un partenariat plus renforcé avec les États sera nécessaire dans le cadre du financement des activités et de l’échange des données statistiques. 

Le système de développement de l’ONU devra adapter ses programmes d’intervention aux besoins de chaque pays et ces réformes doivent aussi avoir à l’esprit d’accroître des activités de renforcement des capacités aux fins du développement durable, par la promotion de la coopération Nord-Sud, Sud-Sud ou triangulaire et la valorisation des ressources humaines, a conclu la représentante.

Mme SARAH MENDELSON (États-Unis) a estimé que s’agissant de l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement, il faut cette année « une conversation différente » qui reflète à la fois le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les discussions sur les nouvelles approches de l’aide humanitaire.  Il faut redessiner et réformer « fondamentalement » le système de développement de l’ONU pour qu’il puisse mettre en œuvre l’agenda universel à un moment où les budgets se rétrécissent.  Nous devons, a encouragé la représentante, trouver les moyens d’éliminer les divisions entre l’aide humanitaire et les programmes de développement.  Les États-Unis ont quelques idées sur la question qu’ils seraient ravis de partager avec les autres délégations, a assuré la représentante.  Nous devons, a-t-elle dit, examiner les mandats et les structures actuels « sans concession » et décider à quoi devrait ressembler un système de développement efficace.

L’examen quadriennal de cette année devrait donner lieu à un document stratégique de bon niveau articulant ce que les États attendent de l’ONU et brossant les traits d’une structure souple permettant d’aller de l’avant.  Ce qu’il faut, ce sont de meilleurs résultats opérationnels, une meilleure coordination, moins de chevauchement et de concurrence et plus de cohérence au niveau des pays. 

Nous ne voulons pas, a précisé la représentante, dire aux agences à quoi leur réserve de coordonnateurs résidents doit ressembler en 2017 ou combien de chaises elles doivent installer dans leurs centres de services.  L’examen quadriennal, s’est-elle expliquée, est en effet devenu, au fil du temps, un exercice détaillé donnant des directives sur les questions opérationnelles et budgétaires que « très franchement », les États-Unis jugent inappropriées compte tenu de l’ampleur et de la complexité des opérations menées par les agences de l’ONU.  Évitons de microgérer ces agences ou les inonder de demandes d’information, au risque de les empêcher de faire leur travail d’appui au développement.

Non, a conclu la représentante, notre but devrait être d’élaborer pour elles une stratégie claire puis de les laisser trouver elles-mêmes les moyens de la suivre.  Cette année, l’examen quadriennal devrait donc donner lieu à une résolution assez courte laissant aux agences le soin d’en travailler les détails opérationnels pour un environnement en mutation rapide.

Mme KIM ANH PHAM (Viet Nam) a réitéré que l’éradication de la pauvreté doit être le principal objectif du système de développement de l’ONU.  Ce système doit se focaliser sur le renforcement des capacités et répondre aux besoins spécifiques des différentes catégories de pays.  La représentante s’est montrée inquiète face à la baisse des financements.  Elle a appelé les donateurs à honorer leurs engagements. 

Il faut en finir, a dit M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) avec « les compartiments du passé ».  Il faut, a-t-il insisté, tenir compte de la nature multidimensionnelle de la pauvreté et abandonner des indicateurs tels que celui sur le revenu par habitant.  Il faut aussi plus de prévisibilité dans les financements et trouver les moyens d’attirer des bailleurs non traditionnels.  Nous avons entendu peu de propositions innovantes », a regretté le représentant, en s’étonnant de l’absence de propositions sur la réaffectation des dépenses militaires et dénonçant « le commerce pervers des armes qui perpétue la dépendance et la violence ».  Le représentant a plaidé pour les pays à revenu intermédiaire qui n’ont pas de stratégie précise du développement et qui ont besoin d’une « expérience institutionnelle » pour combattre leurs poches, souvent grandes, de pauvreté.

Le Programme 2030 va exiger plus de coordination et plus de cohérence, a prévenu, à son tour, M. MATEO ESTREME (Argentine).  D’après lui, le fait que les fonds extrabudgétaires représentent 76% des ressources totales des fonds et programmes d’un budget de base « prévisible » place le système de développement de l’ONU face à un défi majeur.  Les ressources extrabudgétaires sont en effet attachées à des projets choisis par les donateurs « ce qui ne va pas forcément dans le sens des mandats et des objectifs du système tels que l’ont voulu les États Membres ».  Le représentant a souhaité en finir avec ce déséquilibre. 

Il a mis en garde contre le risque de voir les bailleurs de fonds dicter leurs décisions, faisant observer que « les pays en développement ne participent quasiment pas à la prise de décisions sur des sujets qui pourtant les concernent directement ».  Les pays vivent des réalités différentes et leurs besoins sont distincts, ce qui oblige le système à s’adapter.  « Nous n’allons pas résoudre tous les problèmes en une seule négociation », a-t-il averti.

Mme BERIT FLADBY (Norvège) a estimé que le fait que plus de 50 pays aient demandé aux Nations Unies de travailler sous le parapluie « Unis dans l’action » prouve à suffisance les avantages de cette méthode dont le succès, a-t-elle insisté, dépend de la manière dont les pays s’approprient effectivement les initiatives de développement.  À ce stade, a-t-elle constaté, il y a encore des progrès à faire.  Elle a demandé aux équipes de pays de s’y employer, en étroite collaboration avec les gouvernements hôtes.  Mme Fladby s’est également dite déçue de la lenteur des progrès dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Elle s’est étonnée qu’aucune entité de l’ONU n’ait honoré les engagements financiers pris dans le Plan en sept points du Secrétaire général sur une consolidation de la paix tenant compte de la problématique hommes-femmes.

À son tour, la représentante a voulu que le prochain examen quadriennal des activités opérationnelles de développement soit plus stratégique.  La résolution qui en sortira doit définir ce que le système de l’ONU doit faire et pas seulement comment il doit travailler.  Les avantages comparatifs de l’ONU, a-t-elle rappelé, résident dans sa légitimité et son universalité, dans les liens entre les mandats normatifs et opérationnels et dans sa présence dans les pays, et le lien entre les 17 objectifs de développement durable exige aujourd’hui une approche plus holistique et plus intégrée du développement. 

Il nous faut, a poursuivi la représentante, une ONU capable de relever des défis en constante mutation et de répondre aux besoins changeants et diversifiés des pays.  La Norvège voudrait voir, a-t-elle dit, une ONU plus active dans les États fragiles, une ONU qui exploite les instruments existants mais aussi l’expérience acquise dans la collaboration stratégique entre les trois piliers du développement, de la paix et de la sécurité, et des droits de l’homme.  La représentante s’est également dite préoccupée par l’écart entre ce que l’on attend du système de développement de l’ONU et son financement.  Elle a aussi relevé que le coordonnateur résident duquel les États attendent beaucoup n’a pas l’autorité nécessaire.  Ici aussi la prévisibilité des ressources est fondamentale, a conclu la représentante en suggérant, comme première étape, que la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires couvre la part du Secrétariat de l’ONU dans l’arrangement sur le partage des coûts du Groupe des Nations Unies pour le développement.

Mme MARÍA LUISA NAVARRO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et de coopération du Panama, a insisté sur le fait que les activités opérationnelles de développement doivent répondre aux demandes des pays et rester conformes à leurs stratégies nationales de développement.  Nous devons mettre en commun nos avantages et nous appuyer sur l’expertise nationale.  S’agissant du financement, la représentante a dénoncé le déséquilibre entre les ressources de base et les ressources extrabudgétaires.  Elle a appelé les bailleurs de fonds à la solidarité, en particulier à l’égard des pays à revenu intermédiaire.  Il faut chercher d’autres schémas de coopération, a-t-elle suggéré. 

Le prochain examen quadriennal doit faire mieux que celui-ci, a voulu M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud).  Mais, a-t-il prévenu, cela ne sera possible que si l’on insiste sur son mandat traditionnel qui est de définir la façon dont le système de développement de l’ONU fonctionne en appui aux programmes de développement nationaux.  Un examen quadriennal renforcé doit viser à répondre aux attentes de tous les États, en particulier les pays en développement.  Il nous faut un système de développement efficace et cohérent, avec plus de ressources de base pour avoir un impact concret.  Le représentant s’est d’ailleurs dit préoccupé par le déséquilibre entre les ressources de base et les ressources extrabudgétaires.  Un bon système de développement ne saurait se passer de fonds « adéquats, prévisibles et stables », a tranché le représentant qui s’est d’ailleurs dit déçu de l’incapacité des conseils d’administration des fonds et programmes de traiter de la question de la « masse critique » des ressources de base et de la qualité et de la quantité des financements. 

Nous devons revoir, a-t-il préconisé, la composition et le fonctionnement des structures de gouvernance de ces fonds et programmes.  « On ne peut plus travailler comme avant » maintenant qu’on a adopté le Programme 2030, a estimé le représentant.  Ces fonds et programmes doivent améliorer leurs mécanismes de coordination, éviter la confusion et la concurrence et n’intervenir qu’à la demande des États, a insisté le représentant en leur rappelant que si les piliers humanitaire et paix sont importants, c’est le développement qui est au cœur de leur mandat.  Le représentant a conclu en soulignant l’importance de la coopération Nord-Sud, dans un contexte de déclin de l’APD.  La coopération Sud-Sud et triangulaire, et le financement du secteur privé ne sont là que pour compléter la coopération Nord-Sud, a-t-il insisté.  

M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a estimé que le Programme 2030 doit contribuer à améliorer la capacité du système de l’ONU à aider les pays en développement et les pays les moins avancés.  Il est très important que les activités de développement s’attaquent aux nombreux défis dans les pays, en renforçant les capacités nationales.  Pour l’Iraq, le renforcement du système de développement de l’ONU est devenu essentiel à la lumière de l’évolution du monde.  Il a proposé un partenariat « très large » ouvert sur le secteur privé et les ONG.  Il a aussi proposé la création d’une structure chapeautée par l’ONU pour gérer les crises et les risques, notamment « cette tendance croissante au terrorisme international » et « compte tenu de la volatilité des prix des matières premières ».  Il faut un cadre global « beaucoup plus clair » pour identifier les besoins des pays en développement, conformément aux décisions de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement.

Le système de développement des Nations Unies doit devenir un acteur clef dans la mise en œuvre du Programme 2030, a déclaré, à son tour, M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie).  Il a voulu que l’on n’oublie pas l’expérience accumulée dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et que l’on se garde de politiser les activités de développement.  Il faut plutôt, a suggéré le représentant, se concentrer sur le perfectionnement des mécanismes de coordination, y compris pour les activités humanitaires.  « Le système doit aider les États Membres mais il ne lui revient pas de les remplacer. »  Son efficacité, a reconnu le représentant, requiert un financement souple permettant d’utiliser les fonds des donateurs dans le respect des intérêts nationaux.  S’il a appuyé l’intention du système de développement de l’ONU d’élargir ses contacts avec le secteur privé et la société civile, le représentant a toutefois recommandé de garder à l’esprit le principe d’« Unis dans l’action » pour éviter une éventuelle perte d’autorité de l’ONU auprès de partenaires « non fiables ».

Pour mettre en œuvre le Programme 2030, a estimé M. VLAD LUPAN (Moldavie), l’ONU devra utiliser l’expertise existante et se montrer novatrice.  Le système de développement devrait se concentrer sur les domaines dans lesquels il est le plus qualifié pour pouvoir transformer le cadre normatif en politique nationale et, à cet égard, il sera crucial d’assurer l’intégration des trois dimensions du développement durable à tous les stades de la prise de décisions.  Le renforcement des capacités humaines et institutionnelles doit être au centre des efforts.  Compte tenu de la complexité du Programme 2030, des partenariats forts devront être noués avec la société civile, le secteur privé et autres.

« Le cap de développement de l’humanité pour les prochaines décennies a été défini en 2015 », s’est félicité M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique).  Ceci exige la combinaison des efforts pour faire du développement durable une réalité dans toutes ses dimensions, en ne laissant personne de côté.  Les activités du système des Nations Unies doivent être articulées de façon plus efficace.  Ainsi le concept « Unis dans l’action » est-il utile pour renforcer la structure du système.  Il va falloir une coopération entre les différentes parties prenantes à savoir, les gouvernements, les agences de l’ONU, la société civile et le secteur privé, a poursuivi le représentant.  Transparence et responsabilité sont également indispensables pour minimiser les dépenses, la dispersion des ressources et limiter la corruption.  Il faut mettre l’accent sur les communautés les plus vulnérables, celles qui sont éloignées ou exposées aux catastrophes naturelles et intensifier les efforts pour multiplier les sources de financement, sans oublier les pays à revenu intermédiaire.

Des symptômes aux moteurs, des choix à court terme aux solutions à long terme, des silos à l’intégration, décidément, a commenté M. AMIT NARANG (Inde), le Programme 2030 s’écarte définitivement du passé.  Des idées ont été lancées mais sommes-nous tous d’accord sur ce que « universalité, différentiation, ne laisser personne sur le côté ou intégration » veulent dire pour le fonctionnement du système de développement de l’ONU? s’est demandé le représentant.  Comment un système peut-il mettre en œuvre un agenda universel alors qu’il est dominé par les intérêts des donateurs?  Comment réconcilier une stratégie élargie avec le respect des intérêts nationaux?  Comment le système travaille-t-il à des questions comme les modes de consommation durables dans les pays développés?  Comment réaliser l’intégration sans sacrifier l’expertise et les résultats? 

Au moment où le système de l’ONU repense son rôle, il est de la plus grande importance qu’il ne détourne pas les yeux des plus pauvres, a insisté le représentant.  L’Inde, s’est-il expliqué, admet qu’il faut renforcer l’appui aux activités humanitaires mais elle étudie « avec prudence » la proposition de jeter un prétendu pont entre l’humanitaire et le développement.  Que ce pont, a-t-il prié, ne se construise pas au détriment de la promotion de la croissance et de la lutte contre la pauvreté, en d’autres termes, au détriment des conditions mêmes qui réduisent les risques d’une crise humanitaire.  Le représentant n’a pas voulu conclure sans commenter la question des ressources de base.  Franchement, a-t-il avoué, nous ne pouvons parler de la mise en œuvre équilibrée d’un agenda intégré avec des structures de financement tout entières vouées aux priorités des donateurs.  Dans le même ordre d’idées, nous devons nous attaquer à la gouvernance des fonds et des programmes où l’on voit un déséquilibre entre les pays développés et les pays en développement.  Nous devons tout simplement, a dit le représentant, réfléchir à la manière dont le système de développement de l’ONU est géré et administré.

M. NAWAF SALAM (Liban) a rappelé à son tour, que l’élimination de la pauvreté reste le défi le plus important à relever.  Il s’est aussi dit préoccupé par le déséquilibre croissant entre les ressources de base et les autres ressources.  Les fonds et programmes devraient faire plus pour convaincre les donateurs, y compris les acteurs non étatiques, de participer à des mécanismes communs de financement et de faire des contributions extrabudgétaires moins attachées à des projets et plus souples et plus prévisibles.  Le représentant a aussi appelé à des plans-cadres pour l’aide au développement (PNUAD) plus cohérents et plus intégrés et étroitement alignés avec les stratégies nationales, à un système de coordonnateurs résidents renforcé et plus diversifié et à une adhésion universelle des entités de l’ONU à la gestion axée sur les résultats.

Le représentant a également fait remarquer que le renforcement des capacités nationales allait au-delà de l’amélioration des capacités statistiques pour concerner la planification du développement, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation.  Le renforcement des capacités et le transfert des technologies sont essentiels à la mise en œuvre du Programme 2030.  S’agissant du pilier humanitaire, le représentant a indiqué que son pays a mis en place, avec les agences de l’ONU et d’autres partenaires nationaux et internationaux, deux plans de réponse pour les 1,2 million de réfugiés syriens et plus qu’il a sur son territoire.  Inutile de dire qu’en la matière, le succès dépend des fonds que les partenaires internationaux voudront bien verser.   

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a lui aussi voulu mettre en exergue le fait que le Programme 2030 suppose un grand nombre de défis pour la communauté internationale, dont une réponse cohérence et intégrée.  Pour ce faire, le représentant s’est dit favorable à la création d’un groupe consultatif indépendant pour faire le dialogue sur le système de développement de l’ONU.  Il a estimé que l’examen quadriennal doit donner lieu à une résolution qui jette les bases d’une bonne mise en œuvre du Programme 2030.

Après l’adoption du Programme 2030, le grand défi est désormais, a prévenu M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), d’intégrer les piliers paix, humanitaire et développement dans les pays fragiles et touchés par les conflits.  Il faut bâtir des synergies fortes entre les différentes entités du système de développement de l’ONU et réduire les doublons.  Le système doit s’orienter vers les résultats et s’aligner avec les stratégies nationales de développement durable.  À cet égard, le renforcement des capacités nationales dans la planification du développement, la collecte des données et l’analyse pourraient devenir une des fonctions clefs du système de développement de l’ONU, a suggéré le représentant, voyant aussi une autre fonction clef dans la création des partenariats adaptés aux besoins nationaux.  À son tour, il a plaidé pour que le coordonnateur résident ait plus d’autorité et, concernant le financement, il a insisté sur la « stabilité, la souplesse et la prévisibilité ».  Il est nécessaire, a-t-il ajouté, d’élargir la base des donateurs et de solliciter des donateurs non traditionnels, tout en explorant les partenariats et en améliorant la mobilisation des ressources internes. 

M. BORIS HOLOVKA (Serbie) a dit qu’en décembre 2015, le Gouvernement de Serbie a créé un groupe de travail interministériel dont la tâche sera de suivre de près et d’évaluer la mise en œuvre nationale des objectifs de développement durable.  Le groupe de travail travaillera étroitement avec l’équipe de pays des Nations Unies, s’agissant en particulier des indicateurs de développement.  La Serbie est sur le point de signer un nouveau cadre de partenariat au développement 2016-2020 avec l’équipe de pays des Nations Unies qui sera strictement aligné avec le Programme 2030.  Le nouveau cadre concerne la bonne gouvernance, l’état de droit, la protection de l’environnement, les ressources humaines, le développement économique, la croissance et l’emploi, les changements climatiques, la résilience des communautés, la culture et le développement.  Le système de développement de l’ONU doit réévaluer sa capacité de soutenir les pays.  Il doit allier approche commune et approche personnalisée.

Pour M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), il faut sauvegarder la légitimité et l’efficacité du système de développement des Nations Unies en alignant ses activités opérationnelles avec le Programme 2030.  Dans un monde où plus de 70% des personnes pauvres vivent dans les pays à revenu intermédiaire, il faut absolument prendre en compte les défis spécifiques de ces pays.  Il faut s’attaquer à l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes indépendamment du revenu par habitant.  Les Nations Unies doivent promouvoir des partenariats multipartites et transparents, a poursuivi le représentant qui, s’agissant du financement, a souhaité l’établissement d’une « masse critique » des ressources de base et la correction du déséquilibre avec les ressources extrabudgétaires.  Il faut des financements plus souples et plus prévisibles qui permettent au système de l’ONU de gérer ses fonds de façon plus stratégique, « l’impératif étant de ne laisser personne de côté ».

On semble rejeter les modèles du passé, a constaté M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) qui a voulu que l’on examine les principaux déséquilibres du système de développement actuel, notamment dans les domaines thématique, financier et de la gouvernance.  Il a dénoncé la tendance « aux financements ciblés ».  Le système ne sera pas réformé « comme par miracle ».  Nous avons 15 ans pour mettre en œuvre le Programme et établir la bonne synergie entre l’humanitaire, la paix et le développement, en se gardant de détourner les ressources de l’aide au développement pour les réaffecter aux situations d’urgence.  

M. CHO YOUNG-MOO (République de Corée) a estimé que l’approche « Unis dans l’action » doit être peaufinée aux niveaux des pays et du Siège de l’ONU.  Il est important dans ce cadre que le système des coordonnateurs résidents ait plus de leadership, de légitimité et d’autorité et soit doté de mécanismes robustes de redevabilité et de ressources adéquates.  Nous devons renforcer le mandat du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS) pour assurer l’exécution des mandats à l’échelle du système.  Si des progrès ont été faits pour renforcer la collaboration et la planification commune s’agissant des piliers humanitaire, développement et paix, il reste beaucoup à faire pour renforcer la collaboration et la complémentarité entre les entités de l’ONU à travers ses programmes, mécanismes et structures existants. 

M. MUCHKA (République tchèque) a dit que le système de développement de l’ONU doit se focaliser sur les plus vulnérables, arguant que l’éradication de la pauvreté passe par l’éducation, « l’usine de l’humanité ».  Concernant le déséquilibre entre les ressources de base et extrabudgétaires, le représentant a argué que le plus important est la prévisibilité du financement et la mobilisation d’autres partenaires, y compris le secteur privé.  Le représentant a aussi voulu que le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement soit clairement respectueux des principes de souveraineté et d’appropriation nationales.  Le système de développement de l’ONU doit se concentrer sur les activités dans lesquelles elle apporte le plus de valeur ajoutée.  Pour le représentant, le prochain examen quadriennal sera une occasion « historique » d’adapter le système de développement de l’ONU aux nouvelles réalités mondiales.  Nous devons agir rapidement et de manière décisive pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable dans les délais prévus.

Mme IRENE SUSAN NATIVIDAD (Philippines) a rappelé que l’objectif principal est l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et que la majorité des personnes pauvres vivent dans les pays à revenu intermédiaire.  Elle a demandé au système de développement des Nations Unies de tenir compte de ce fait dans son processus de transformation et de réalignement, et de renforcer la coopération Sud-Sud.  Dotés de programmes pertinents, les pays à revenu intermédiaire peuvent devenir des donateurs et contribuer au développement des autres, a-t-elle souligné.   

Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a elle aussi rappelé que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions constitue l’objectif essentiel du Programme 2030 pour lequel les ressources de base doivent demeurer la principale source de financement.  S’agissant des catastrophes naturelles, la représentante a réclamé une approche holistique, disant attendre beaucoup du Sommet d’Istanbul sur l’action humanitaire.  Elle a également insisté sur le principe d’appropriation nationale et celui de l’alignement des programmes sur les politiques nationales.  Dans ce cadre, elle a voulu que le système de coordonnateurs résidents des Nations Unies soit réévalué pour que les pays du Nord et le Sud soient équitablement représentés. 

Mme LUO JIN (Chine) a souligné que la mise en œuvre du Programme 2030 ne se fera pas du jour au lendemain et qu’elle demandera une planification efficace.  L’élimination de la pauvreté étant l’objectif primordial, il est essentiel d’appuyer les secteurs de l’éducation et de la santé et de soutenir la lutte contre les changements climatiques.  Les financements doivent augmenter, a dit la représentante en demandant aux pays développés de tenir leurs engagements vis-à-vis des pays les moins avancés.  Elle a plaidé pour plus de souplesse dans l’affectation des ressources extrabudgétaires car le système de développement de l’ONU doit dûment prendre en compte les caractéristiques, les besoins et les priorités de chaque pays.  Les fonds et programmes doivent mieux coopérer entre eux et les bureaux régionaux, se concentrer encore plus sur les défis communs de leur région, notamment dans les cas de catastrophes naturelles.  « La Chine s’efforce de sortir 70 millions d’autres personnes de la pauvreté et de mettre en œuvre l’appel lancé par le Président Xi sur les 600 projets en faveur des pays en développement. 

Nous devons nous montrer « ouverts, ambitieux et réalistes », a estimé M. NABEEL MUNIR (Pakistan).  La volonté de changer les choses, y compris le système des coordonnateurs résidents et les plans-cadres pour l’aide au développement, sera « extrêmement importante ».  Outre les défis institutionnels et normatifs, il faut aussi se pencher sur le déclin des ressources de base et la hausse des fonds extrabudgétaires qui sont essentiellement attachés à des projets.  Le but est de faire en sorte qu’au niveau des pays, l’ONU soit capable de compléter les efforts dans la mise en œuvre du Programme 2030, en gardant au centre de ses préoccupations l’élimination de la pauvreté, la croissance économique et le développement et en s’alignant avec les priorités nationales.  L’ONU doit renforcer les capacités nationales et lorsqu’ils existent, recourir aux mécanismes nationaux d’exécution et à l’expertise locale.  Le coordonnateur résident, a conclu le représentant, doit continuer de travailler sous le leadership du gouvernement hôte, y compris s’agissant de son interaction avec les partenaires au développement et la société civile.

M. EICHEN (Allemagne) a noté le large consensus sur une résolution relative à l’examen quadriennal plus ambitieuse.  Pour répondre aux défis posés par le Programme 2030, il nous faut un système de développement plus intégré.  Nous devons encourager une planification partagée car le statu quo n’est plus tenable.  Il faut répondre aux questions systémiques et structurelles et introduire les ajustements nécessaires.  La future résolution doit fournir des directives stratégiques pour la mise en œuvre du Programme 2030.

Le système des Nations Unies doit être à la hauteur des grands accords signés en 2015, a déclaré M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador).  Il a mis en exergue le fait qu’il faut « revoir le classement des pays au sein de l’ONU ».  L’Organisation divise les États entre Membres de première et de deuxième classe.  L’instrument d’indice de développement humain a été laissé de côté pour se concentrer sur le classement du revenu par habitant « qui exclut au lieu d’intégrer ».  Le représentant a rappelé le principe selon lequel tous les objectifs du Programme de développement durable sont liés les uns aux autres.  Pour El Salvador, il faut améliorer la faculté de l’ONU à renforcer les capacités nationales.  « On ne peut pas utiliser un même plan pour tous », a-t-il martelé, en se disant préoccupé par le fait que le pourcentage des ressources de base des activités de développement n’a pas cessé de diminuer. 

M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a axé son intervention sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement.  Les agences, les fonds et les programmes doivent aider tous les pays à réaliser leurs stratégies nationales de développement.  Ils doivent en particulier aider les pays à établir un système plus inclusif de redistribution nationale des revenus.  Cela requiert également des réformes institutionnelles, a indiqué le représentant qui a demandé que la répartition de l’aide internationale au développement se fasse sur la base des capacités des États à mobiliser des ressources internes.  L’aide doit aller là où elle est nécessaire.  Le représentant a également réclamé le financement des « gaps catalytiques » qui empêchent les pays les moins avancés d’accéder aux marchés financiers internationaux.  Il a terminé en déclarant que l’examen quatriennal devrait encourager les pays à plus de coopération et de partenariat, en particulier la « coopération Sud-Nord » pour permettre notamment à tous les citoyens de participer au développement.

Dans ses remarques de clôture, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. HECTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras) a noté plusieurs éléments sur lesquels les États semblent être d’accord et d’abord le fait que l’adoption de quatre accords historiques en 2015, à savoir le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques, aura une incidence importante sur le futur travail du système de développement des Nations Unies.

Les délégations ont aussi voulu que l’on renforce les mécanismes existants, comme le système des coordonnateurs résidents pour qu’ils aient assez de pouvoir et exécutent leur mandat de façon intégrée, a poursuivi M. Palma Cerna.  De même, la poursuite de la démarche « Unis dans l’action » a été encouragée.

Les débats ont clairement montré, a constaté le Vice-Président, qu’il faut avancer vers une nouvelle démarche intégrée à l’échelle du système.  Aucun des efforts au niveau des pays ne portera ses fruits sans un fort appui au niveau des sièges des entités de l’ONU.  Ces entités ont été appelées à privilégier des résultats collectifs, en abattant les cloisons entre les piliers humanitaire, développement et consolidation de la paix.  « On a besoin de solutions d’ensemble sur les trois piliers », a dit avoir entendu M. Palma Cerna.

Le système devra de plus en plus s’adapter à différents contextes, qu’il s’agisse des États fragiles, des pays les moins avancés (PMA) ou des pays à revenu intermédiaire, a-t-il poursuivi.  Aux niveaux régional et sous-régional, plus d’efforts seront nécessaires pour renforcer la planification interinstitutions, notamment en matière de données et de statistiques, de surveillance et de suivi.

Le Vice-Président a dit avoir retenu que la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 va nécessiter la participation de tous les acteurs du développement.  Les partenariats multipartites ont été qualifiés d’essentiels et appelés à se fonder sur les valeurs et les normes des Nations Unies.  Il faut aussi des mécanismes efficaces pour contrer l’influence des intérêts particuliers.

Le financement est un facteur fondamental des défis auxquels l’Organisation fait face, a ajouté le Vice-Président, relayant les propos des délégations selon lesquels l’architecture actuelle du financement mobilise trop peu de ressources de base et trop de « ressources ciblées ».  Il faut sortir de ces distinctions et de ces silos.

Le Groupe de développement des Nations Unies a compris que les États Membres sont « Unis dans la demande d’une action », a conclu le Vice-Président et, au cours de ces jours derniers, les participants n’ont eu de cesse d’insister sur le fait que le Programme 2030 exige une démarche intégrée.  « Voilà pourquoi le résultat de ce dialogue est fondamental », a conclu M. Palma Cerna.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: l’accord sur la cessation des hostilités doit mettre fin aux souffrances de 13,5 millions de civils dans le pays, plaide le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU

7631e séance – matin
CS/12258

Syrie: l’accord sur la cessation des hostilités doit mettre fin aux souffrances de 13,5 millions de civils dans le pays, plaide le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU

« Le mois prochain marquera un triste anniversaire: celui des cinq ans du conflit qui déchire la Syrie, où 13,5 millions de personnes, soit la majorité de la population de ce pays, sont en détresse humanitaire », a déclaré, ce matin devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Stephen O’Brien. 

« Je réitère donc l’appel lancé par le Secrétaire général aux parties pour qu’elles respectent les termes de l’accord conclu sous l’égide des États-Unis et de la Fédération de Russie, coprésidents du Groupe de soutien international à la Syrie, pour une cessation des hostilités, dont l’entrée en vigueur aura lieu le 27 février », a dit M. O’Brien.

« L’accord sur la cessation des hostilités doit, définitivement et sans équivoque, aboutir à ce que l’application des résolutions de ce Conseil et du droit international n’a pas réussi à matérialiser jusqu’à présent, à savoir la fin immédiate de toutes les attaques ciblées ou aveugles contre des civils et des infrastructures civiles.  Cette brutalité et les souffrances doivent maintenant prendre fin », a-t-il martelé.

M. O’Brien, qui est également le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU a demandé, « une fois encore », au Gouvernement syrien d’approuver d’urgence les plus de « 40 demandes en suspens » pour les « convois interinstitutions » qui doivent fournir l’aide humanitaire aux personnes se trouvant dans des zones difficiles d’accès ou assiégées.  Cet appel s’adresse également aux groupes armés non étatiques et aux groupes terroristes opérant dans le pays, a-t-il précisé.

Au cours de ce mois, les convois sont arrivés à destination « sans incident majeur », en dépit de retards de livraison imputables aux divergences des parties sur les termes de l’accord.  La seconde et dernière série de livraisons est prévue pour le 28 février, au lendemain de l’entrée en vigueur de l’accord sur la cessation des hostilités.

« Il est impératif, a-t-il souligné, que le convoi attendu, en particulier, dans la ville de Madimayet puisse parvenir à destination cette semaine. »  Les livraisons précédentes, a-t-il rappelé, avaient fait l’objet d’obstacles et de restrictions à la libre circulation du personnel humanitaire, contrairement à ce que garantissaient les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

« La date du prochain convoi n’a pas encore été approuvée.  Nous avons besoin, le plus rapidement possible, de l’autorisation du Gouvernement pour nous rendre dans la Ghouta orientale, à Homs, à Alep et dans le sud de la Syrie », a insisté le Secrétaire général adjoint.

Qualifiant ce « récit de fallacieux », le représentant de la République arabe syrienne, M. Bashar Ja’afari, a assuré que son gouvernement avait fait preuve de coopération au cours du mois écoulé, en arguant que les convois humanitaires avaient pu se rendre à destination.

Le Coordonnateur résident des Nations Unies en Syrie, a annoncé M. O’Brien, est actuellement à pied d’œuvre pour faire au Gouvernement syrien une proposition visant à réduire le nombre de procédures et les délais nécessaires à la délivrance des autorisations.  « Les opérations humanitaires ne peuvent continuer à s’empêtrer dans des procédures restrictives, inutiles et inacceptables, des obstructions administratives ou des retards délibérés qui coûtent la vie à de nombreux civils », a-t-il tranché.

En outre, le recours au siège et à la famine comme armes de guerre doit cesser immédiatement, a-t-il insisté.  Les parties qui imposent des sièges dans les villes sont responsables de ces actes abominables, a-t-il dit, tout en imputant également la faute à ceux qui exposent les civils à de graves risques en les utilisant comme boucliers humains dans les zones assiégées.

Le représentant syrien a contesté la version des faits donnée par M. O’Brien devant le Conseil, en soutenant que le peuple syrien était, au contraire, victime du « chantage politique » exercé par des gouvernements étrangers.

Il est « étrange » que le Conseil de sécurité examine la situation humanitaire en Syrie séparément du volet politique du conflit, a estimé M. Ja’afari, en tenant à préciser que le « flux en Syrie de groupes terroristes armés, appuyés par des puissances étrangères » était la « cause première » du conflit sanglant qui déchire actuellement son pays.

Ce sont d’ailleurs dans les régions où ces groupes sont les mieux implantés que se posent les problèmes humanitaires les plus aigus, a-t-il accusé, en affirmant que ce sont eux qui imposent des sièges dans les villes et les zones peuplées de civils, et non pas les forces gouvernementales.

Le représentant s’en est ensuite pris au « Gouvernement d’Erdogan », qui, selon lui, « garde le silence » alors que des groupes armés s’infiltrent en Syrie en empruntant des points de passage situés le long de la frontière turco-syrienne. 

« Comment la crise humanitaire pourrait-elle se terminer tandis que ce régime exerce un chantage pour obtenir un appui financier et politique de la communauté internationale?  Il y a quelques jours, des États, dont certains siègent au sein même du Conseil de sécurité, se sont opposés à l’adoption d’un texte qui rejetait toute ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie », a fait remarquer le représentant syrien.

« Je ne peux pas souligner suffisamment l’importance des enjeux actuels », a prévenu le Secrétaire général adjoint.  La population civile, qui doute à juste titre de la volonté de la communauté internationale de mettre fin à cette guerre hideuse après des années d’inaction, a besoin qu’une « mesure immédiate » qui puisse faire la différence dans la vie quotidienne de chaque Syrien.

Pour le seul mois de février, a-t-il fait observer, on estime à plusieurs centaines le nombre de personnes tuées et à plus de 70 000 déplacées à la suite des bombardements aériens intenses dans le gouvernorat d’Alep.  De violents combats et des bombardements aériens ont également touché Idlib, Homs, la zone rurale de Damas et Deraa.

Les groupes terroristes désignés ont également poursuivi leurs attaques aveugles contre des zones peuplées de civils, et les attentats à la voiture piégée revendiqués par Daech ont fait plus de 155 victimes à Damas et Homs, il y a à peine quelques jours.  Parallèlement, les groupes armés non étatiques continuent de pilonner des quartiers très peuplés de Damas.

Malgré l’intensification des combats, l’ONU et ses partenaires ont réussi, « en prenant de grands risques », à venir en aide à des millions de personnes, s’est félicité M. O’Brien.  C’est le cas notamment du Programme alimentaire mondial (PAM), qui a distribué des vivres à 3,6 millions de personnes, ou encore de l’UNICEF, qui a fourni de l’eau et des kits d’hygiène à plus de deux millions de personnes et des médicaments à près de 660 000.  Chaque jour, d’importants convois traversent les trois postes frontières de Bab al-Salam, Bab al-Hawa et Al-Ramtha, a-t-il précisé.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: le Conseil de sécurité proroge le mandat du Groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions jusqu’au 27 mars 2017

7630e séance – matin
CS/12257

Yémen: le Conseil de sécurité proroge le mandat du Groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions jusqu’au 27 mars 2017

Le Conseil de sécurité, par la résolution 2266 (2016) adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, a prorogé jusqu’au 27 mars 2017 le mandat du Groupe d’experts énoncé au paragraphe 21 de la résolution 2140 (2014) et au paragraphe 21 de la résolution 2216 (2015), toutes deux relatives au régime de sanctions concernant le Yémen.

Il a également reconduit jusqu’au 26 février 2017 les mesures imposées par les paragraphes 11 et 15 de la résolution 2140 (2014), lesquelles font référence aux personnes figurant sur la liste des sanctions.

En outre, en vertu de la résolution qu’il vient d’adopter, le Conseil prie le Groupe d’experts de présenter au Comité des sanctions un bilan à mi-parcours le 27 juillet 2016 au plus tard, et de lui remettre, après concertation avec le Comité, un rapport final le 27 janvier 2017 au plus tard.

Le Conseil demande aussi instamment à toutes les parties et à tous les États Membres, ainsi qu’aux organisations internationales, régionales et sous-régionales, de coopérer avec le Groupe d’experts, et prie instamment tous les États Membres concernés d’assurer la sécurité des membres du Groupe et de leur donner libre accès, notamment aux personnes, documents et lieux pertinents pour l’exécution de son mandat.

Le Conseil réaffirme également la nécessité de procéder rapidement et intégralement à la transition politique au Yémen à la suite de la Conférence de dialogue national sans exclusive, comme le prévoient l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et son mécanisme de mise en œuvre, en application des résolutions 2014 (2011), 2051 (2012), 2140 (2014), 2201 (2015), 2204 (2015) et 2216 (2015) et au vu des attentes du peuple yéménite.

Après cette adoption, le représentant de l’Égypte, M. Amr Abdellatif Aboulatta, a souligné que bien que sa délégation se soit ralliée au consensus, elle juge impératif que les groupes d’experts du Conseil de sécurité agissent dans le respect de leur mandat, afin de préserver la crédibilité des résolutions qui les créent et, en particulier, celle du Conseil.  Il a indiqué que les rapports finaux de ces groupes d’experts doivent être objectifs et impartiaux et s’appuyer exclusivement sur des sources crédibles.  Cela est également nécessaire pour maintenir la crédibilité du Conseil et des régimes de sanctions, a-t-il ajouté.

Le représentant de l’Égypte a ensuite estimé que seule une solution politique pourrait restaurer la stabilité au Yémen, comme le stipulent les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la question et, en particulier, la résolution 2216 (2015).

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Lettre datée du 22 janvier 2016, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Groupe d’experts sur le Yémen créé en application de la résolution 2140 (2014) du Conseil de sécurité (S/2016/73)

Texte du projet de résolution (S/2016/172)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 2014 (2011), 2051 (2012), 2140 (2014), 2201 (2015), 2204 (2015) et 2216 (2015) et les déclarations de son président relatives au Yémen, en date du 15 février 2013 (S/PRST/2013/3), du 29 août 2014 (S/PRST/2014/18) et du 22 mars 2015 (S/PRST/2015/8),

Réaffirmant son ferme attachement à l’unité, la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Yémen,

Se déclarant préoccupé par les difficultés politiques, économiques et humanitaires et les problèmes de sécurité, notamment la violence, que continue de connaître le Yémen, et par les dangers posés par le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes,

Demandant de nouveau à toutes les parties yéménites de choisir la voie du dialogue et de la concertation pour régler leurs différends, de renoncer à recourir à la violence à des fins politiques et de s’abstenir de toute provocation,

Réaffirmant que toutes les parties doivent s’acquitter des obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, selon qu’il convient,

Exprimant son appui et son attachement à l’action menée par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, en vue de contribuer au processus de transition yéménite,

Se déclarant gravement préoccupé par le fait que certaines zones du Yémen se trouvent sous le contrôle d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) dont la présence, l’idéologie extrémiste violente et les agissements sont préjudiciables à la stabilité du Yémen et de la région, et ont des conséquences humanitaires dévastatrices pour la population, s’inquiétant de la présence croissante au Yémen d’éléments affiliés à l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), qui pourraient être encore plus nombreux à l’avenir, et réaffirmant sa volonté de répondre à la menace, sous tous ses aspects, que constituent AQPA, l’EIIL (Daech) et tous les autres personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés,

Rappelant l’inscription d’Al-Qaida dans la péninsule arabique et de personnes qui y sont associées sur la Liste relative aux sanctions contre l’EIIL (Daech) et Al-Qaida et soulignant, à cet égard, la nécessité d’une vigoureuse application des mesures édictées au paragraphe 2 de la résolution 2253 (2015), comme outil majeur de lutte contre le terrorisme au Yémen,

Notant l’importance capitale de l’application effective du régime de sanctions institué par les résolutions 2140 (2014) et 2216 (2015) et le rôle clef que les États voisins, ainsi que les organisations régionales et sous-régionales, peuvent jouer à cet égard, et préconisant que la coopération soit encore renforcée,

Rappelant les dispositions du paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015) imposant un embargo ciblé sur les armes,

Profondément affligé par la détérioration constante de la situation humanitaire effroyable que connaît le Yémen, se déclarant vivement préoccupé par les obstacles de toutes sortes qui gênent l’acheminement de l’aide humanitaire, notamment les restrictions entravant la fourniture de produits de première nécessité à la population civile du Yémen,

Soulignant la nécessité que le Comité créé en application du paragraphe 19 de la résolution 2140 (2014) (« le Comité ») discute des recommandations figurant dans les rapports du Groupe d’experts,

Considérant que la situation qui règne au Yémen continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Réaffirme la nécessité de procéder rapidement et intégralement à la transition politique à la suite de la Conférence de dialogue national sans exclusive, comme le prévoient l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et son mécanisme de mise en œuvre, en application des résolutions 2014 (2011), 2051 (2012), 2140 (2014), 2201 (2015), 2204 (2015) et 2216 (2015) et au vu des attentes du peuple yéménite;

2.    Décide de reconduire jusqu’au 26 février 2017 les mesures imposées par les paragraphes 11 et 15 de la résolution 2140 (2014), réaffirme les dispositions des paragraphes 12, 13, 14 et 16 de ladite résolution et réaffirme également les dispositions des paragraphes 14 à 17 de la résolution 2216 (2015);

Critères de désignation

3.    Réaffirme que les dispositions des paragraphes 11 et 15 de la résolution 2140 (2014) et du paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015) s’appliquent aux personnes et entités que le Comité aura désignées ou énumérées dans l’annexe à la résolution 2216 (2015) comme se livrant ou apportant un appui à des actes qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité du Yémen;

4.    Réaffirme les critères de désignation énoncés au paragraphe 17 de la résolution 2140 (2014) et au paragraphe 19 de la résolution 2216 (2015);

Présentation de rapports

5.    Décide de proroger jusqu’au 27 mars 2017 le mandat du Groupe d’experts énoncé au paragraphe 21 de la résolution 2140 (2014) et au paragraphe 21 de la résolution 2216 (2015), exprime l’intention de le réexaminer et de se prononcer, le 27 février 2017 au plus tard, sur une nouvelle prorogation, et prie le Secrétaire général de prendre dès que possible les mesures administratives requises pour rétablir le Groupe d’experts, en consultation avec le Comité, jusqu’au 27 mars 2017, en faisant au besoin appel aux compétences des membres du Groupe créé conformément à la résolution 2140 (2014);

6.    Prie le Groupe d’experts de présenter au Comité un bilan à mi-parcours le 27 juillet 2016 au plus tard, et de lui remettre, après concertation avec le Comité, un rapport final le 27 janvier 2017 au plus tard;

7.    Charge le Groupe de coopérer avec les autres groupes d’experts qu’il a créés pour épauler ses comités des sanctions, notamment l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions créée par la résolution 1526 (2004), dont le mandat a été prorogé par la résolution 2253 (2015);

8.    Demande instamment à toutes les parties et à tous les États Membres, ainsi qu’aux organisations internationales, régionales et sous-régionales, de coopérer avec le Groupe d’experts, et prie instamment tous les États Membres concernés d’assurer la sécurité des membres du Groupe et de leur donner libre accès, notamment aux personnes, documents et lieux pertinents pour l’exécution de son mandat;

9.    Souligne qu’il importe de tenir des consultations régulières avec les États Membres concernés, selon que de besoin, afin d’assurer l’application de toutes les mesures énoncées dans la présente résolution;

10.   Demande à tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait de présenter un rapport au Comité sur les mesures qu’ils auront prises en vue d’appliquer concrètement les mesures visées aux paragraphes 11 et 15 de la résolution 2140 (2014) et au paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015) et rappelle à ce propos que les États Membres qui effectuent une inspection de chargements en application du paragraphe 15 de la résolution 2216 (2015) sont tenus de présenter par écrit un rapport au Comité comme prévu au paragraphe 17 de la résolution 2216 (2015);

11. Rappelle le rapport du Groupe de travail informel sur les questions générales relatives aux sanctions (S/2006/997) concernant les meilleures pratiques et méthodes, notamment les paragraphes 21, 22 et 23 du rapport, qui traitent des mesures susceptibles de clarifier les normes méthodologiques appliquées par les mécanismes de surveillance;

12.   Réaffirme qu’il suivra en permanence la situation au Yémen et se tiendra prêt à examiner l’opportunité des mesures énoncées dans la présente résolution, y compris de leur renforcement, de leur modification, de leur suspension ou de leur levée, selon ce que dicterait l’actualité;

13.   Décide de rester activement saisi de la question.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*   ***   *

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité de la Charte conclut ses travaux en transmettant ses recommandations à l’Assemblée générale

Comité spécial de la Charte des Nations Unies,
283e séance - matin
L/3252

Le Comité de la Charte conclut ses travaux en transmettant ses recommandations à l’Assemblée générale

Clôturant ce matin les travaux de sa session annuelle, le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation a adopté son projet de rapport et transmis ses recommandations à l’Assemblée générale.

Présenté par la Rapporteuse du Comité spécial, Mme Nadia Alexandria Kalb, de l’Autriche, le document*, constitué de cinq sections, commence par une introduction résumant les travaux entrepris dans le cadre de la session achevée aujourd’hui, qui a débuté le 16 février.  Adopté tel qu’amendé oralement, le rapport met en lumière les propositions faites par les délégations sur les points inscrits à l’ordre du jour du Comité spécial: maintien de la paix et de la sécurité internationales; règlement pacifique des différends; Répertoire de la pratique suivie par les organes des Nations Unies et Répertoire de la pratique du Conseil de sécurité; et méthodes de travail et identification de nouveaux sujets.

Le Répertoire est une publication juridique qui analyse les décisions prises par les organes principaux des Nations Unies en vertu de chacun des articles de la Charte des Nations Unies.  Le Répertoire du Conseil de sécurité traite de manière exhaustive l’interprétation et l’application, par le Conseil, de la Charte et de son propre Règlement intérieur provisoire.

La section II contient les résumés des discussions sur la mise en œuvre des dispositions de la Charte relatives à l’assistance aux États tiers touchés par des sanctions; la proposition révisée de la Libye sur le renforcement du rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales; ainsi que le document de travail révisé du Venezuela intitulé « Groupe de travail à composition non limitée chargé d’étudier la question de la bonne mise en œuvre de la Charte des Nations Unies, dans ses aspects relatifs aux rapports fonctionnels entre les différents organes de l’Organisation ».

Un document de travail révisé présenté par le Bélarus et la Fédération de Russie concernant une demande de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les conséquences juridiques de l’usage de la force par les États sans autorisation préalable du Conseil de sécurité a également été inclus dans le rapport, tout comme un document de travail présenté par Cuba sur le renforcement du rôle et de l’efficacité de l’Organisation.  Le rapport comprend également les travaux du Comité spécial sur le document proposé par le Ghana relatif au renforcement de la relation et de la coopération entre les Nations Unies et les organisations ou accords régionaux dans le règlement pacifique des différends.

La section III du rapport résume les débats du Comité spécial sur la proposition de la Fédération de Russie visant à mettre à jour le Manuel sur le règlement pacifique des différends entre États et la création d’un site Internet sur cette question.  Elle y inclut également une proposition soumise, lors de la présente session du Comité spécial, par l’Iran, au nom du Mouvement des pays non alignés, sur le règlement pacifique des différends et son impact sur le maintien de la paix.

Par un ensemble de projets de recommandations tous approuvés sans vote, qui figureront dans la section IV du rapport, le Comité spécial demanderait à l’Assemblée de réitérer la responsabilité du Secrétaire général pour la qualité du Répertoire et du Répertoire du Conseil de sécurité.  L’Assemblée réitèrerait en outre son appel à des contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale pour la résorption de l’arriéré de travail relatif au Répertoire de la pratique suivie par les organes des Nations Unies et à celui pour la mise à jour du Répertoire de la pratique suivie par le Conseil de sécurité.

La section V contient un résumé de la discussion sur le document de travail présenté par le Ghana sur le renforcement de la relation et la coopération entre les Nations Unies et les organisations ou accords régionaux dans le règlement pacifique des différends.

Le Comité spécial avait été créé en 1975 pour examiner les propositions visant à renforcer le rôle de l’organisation mondiale dans le maintien de la paix et de la sécurité, faire avancer la coopération entre les États et promouvoir le droit international.

*A/AC.182/2016 /L.1 à 10

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: « Au bout du compte, ce qu’il nous faut, c’est un système de développement de l’ONU qui marche », tranche le représentant du Canada

Conseil économique et social - Session de 2016,
11e & 12e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6742

ECOSOC: « Au bout du compte, ce qu’il nous faut, c’est un système de développement de l’ONU qui marche », tranche le représentant du Canada

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a poursuivi aujourd’hui son dialogue, entamé hier, sur les activités opérationnelles de développement menées dans les pays par les fonds, programmes et agences des Nations Unies.  Les intervenants ont reconnu que cette session sera déterminante pour le rôle du système de l’ONU dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « On a beau retourner le problème dans tous les sens, ce qu’il nous faut, c’est un système de développement de l’ONU qui marche », a tranché le représentant du Canada.

Le dialogue de l’ECOSOC a maintenant entamé une étape critique qui est celle des propositions concrètes pour renforcer et enrichir le travail du système de l’ONU, a précisé le Vice-Président de l’ECOSOC.  « Le moment est venu d’agir », a-t-il dit.  « Nous avons l’occasion de configurer notre vision stratégique pour les premières années de la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030. »

« Notre travail n’est pas d’inventer l’ONU mais de la réinventer et de la redynamiser », a enchaîné la Vice-Présidente du Honduras, en résumant l’opinion de la majorité des participants.  Elle a plaidé pour une réforme « transformatrice » et pour que l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement devienne un véritable outil stratégique fournissant des directives sur le repositionnement du système de développement l’ONU.

Oui, ce système doit être redessiné pour l’adapter aux multiples défis identifiés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Oui, il doit répondre aux besoins différents des pays et oui, il doit maintenir l’équilibre entre cohérence et spécificité.  Mais au bout du compte, a tranché le représentant du Canada, ce qu’il nous faut, c’est un système qui marche. 

Parlant aussi au nom de l’Australie, il a proposé trois changements fondamentaux pour ce système: produire des résultats partagés grâce à des mécanismes de financement et d’exécution multisectoriels et multipartites, parvenir à une plus grande coopération et à une plus grande coordination dans la planification, le financement, les opérations et l’établissement des rapports, et intégrer véritablement les piliers humanitaire, paix et développement. 

Son homologue de l’Union européenne est revenu sur le financement.  L’architecture financière du système de développement de l’ONU mérite une analyse plus détaillée, a-t-elle estimé.  Il faut réfléchir davantage à la manière dont le volume et les cibles des fonds s’alignent avec les plans stratégiques.  Le potentiel du système à mobiliser les ressources, a-t-elle reconnu, demeure largement sous-exploité.  En l’occurrence, il faut élargir la base des donateurs par des moyens novateurs dont des partenaires public-privé et multipartites, et des mécanismes de financement commun.

Maintenant que les ressources de base ont confirmé leur tendance à la baisse, on ne saurait trop souligner, a insisté, à son tour, le représentant de la Thaïlande, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’importance de la cohérence et de l’efficacité.  Il faut que le système de l’ONU sépare clairement la comptabilité des actions de développement de celle des actions humanitaires pour permettre aux États de bien suivre l’affectation des fonds.  Le système doit aussi préserver l’équilibre entre les ressources de base et les fonds extrabudgétaires et se garder d’utiliser les premières pour préfinancer des projets qui devraient l’être par les seconds. 

L’ECOSOC poursuivra ses travaux demain à partir de 10 heures.  

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT: SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE GÉNÉRALE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET DU CONSEIL (A/71/63–E/2016/8)

Mise à jour sur le dialogue du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le positionnement à plus long terme du système des Nations Unies, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030

M. ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a expliqué que le dialogue de l’ECOSOC sur le positionnement à plus long terme du système des Nations Unies, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, reprend à son compte « l’esprit de l’ambition et du renouvellement » des accords historiques qui ont marqué l’année 2015.   

Au cours des discussions, les opinions des États Membres ont convergé sur des priorités clefs.  Tout d’abord, a expliqué M. Palma Cerna, nous devons identifier clairement les fonctions sur lesquelles le système de développement devrait se concentrer afin de traduire les promesses en actes, compte tenu de l’interconnexion entre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Sur le terrain, l’ONU doit pouvoir fournir un appui adapté aux contextes et aux besoins, qu’il s’agisse des pays à revenu intermédiaire ou des pays en crise.  Ensuite, a-t-il poursuivi, « la forme ne doit pas supplanter le fond » et « les mécanismes de financement ne doivent pas dicter aux Nations Unies ce qu’elles doivent faire ou pas ». 

Pour M. Palma Cerna, la cohérence et l’orientation stratégique au niveau du système de l’ONU sont essentielles.  Ainsi les fonctions de l’ECOSOC et du Forum politique de haut niveau doivent-elles être renforcées au niveau mondial.  De même, certains des mécanismes existants devront être revus sur le terrain pour être à la hauteur des défis posés par le nouveau Programme.  « Ce sont les pays qui doivent mener la danse », a-t-il insisté.  Les plans doivent être incorporés dans les programmes nationaux de développement durable.

Le dialogue de l’ECOSOC a maintenant entamé une étape critique qui est celle des propositions concrètes pour renforcer et enrichir le travail du système de l’ONU.  « Le moment est venu d’agir », a conclu le Vice-Président.  « Nous avons l’occasion de configurer notre vision stratégique pour les premières années de la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030 ».

À cet égard, une table ronde s’est tenue sur le thème: « Comment renforcer la coordination et l’intégration du pilier développement, du pilier humanitaire et du pilier de la paix dans les travaux du système des Nations Unies ».

« Si nous voulons réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous devons régler les conflits et bâtir des sociétés pacifiques », a souligné l’oratrice principale, la Baronne VERMA, Sous-Secrétaire d’État parlementaire au Département du développement international (DFID) du Royaume Uni, en parlant en particulier des crises qui s’éternisent, dont celle en Syrie.

« Ne pas être à la hauteur d’un des piliers du Programme veut dire ne pas pouvoir réaliser les autres », a insisté la Baronne Verma.  Le prochain Sommet mondial sur l’action humanitaire, les réunions sur les migrants et les dialogues de l’ECOSOC sont autant d’occasions de démontrer que l’ONU est prête à assumer son rôle central, a encouragé la Sous-Secrétaire d’État.  Les volets humanitaire, paix et de développement doivent être actionnés de manière simultanée.  Dans ce contexte, il faut se concentrer sur les causes profondes des conflits et l’amélioration de la gouvernance et de l’état de droit.  L’ONU doit être plus souple et aller dans les régions qui en ont le plus besoin et où les gens sont les plus vulnérables.  En s’améliorant, l’initiative « Unis dans l’action » peut rendre l’ONU plus efficace, laquelle doit aussi, a conseillé la Sous-Secrétaire d’État, attirer de nouveaux donateurs, notamment le secteur privé.

Il est évident, a renchéri Mme AMEERAH HAQ (Bangladesh), ancienne Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions de l’ONU, que les volets humanitaire, paix et développement fonctionnent encore largement de manière distincte, alors que le système a besoin d’unir ses forces pour parvenir à de meilleurs résultats. 

L’ONU doit mettre en branle tous ses outils de prévention, de règlement des conflits et de redressement économique.  Des centaines de milliards de dollars sont dépensés chaque année dans des interventions militaires ou des réponses humanitaires, au lieu d’être investis dans les filets de sécurité pour prévenir les conflits et remédier à leurs causes profondes.  Les avantages comparatifs de l’ONU sont pourtant clairs, a estimé l’ancienne Secrétaire générale adjointe, en arguant que les acteurs du développement peuvent fournir une aide en amont pour renforcer les facteurs de paix; les envoyés spéciaux et médiateurs étant davantage mis à contribution.

« Pourquoi, s’est-elle interrogée, cette fragmentation des activités qui rend pourtant l’intégration très difficile »?  Mme Haq a proposé que le Secrétaire général fixe des objectifs bien définis pour faire en sorte que l’ONU coordonne réellement ses activités autour des priorités.  Il faut remplacer « la mentalité bureaucratique centrée sur le Siège de l’ONU à New York » par « la mentalité centrée sur l’importance de faire la différence sur le terrain ».

« Unis dans l’action », a été salué, dans ce cadre, par l’animateur du débat, M. ALEX ALEINIKOFF, Attaché de recherche de l’Initiative politique mondiale de la Columbia University.  Il a encouragé l’idée d’un leadership fort et d’un financement coordonné et plus souple.

Les Nations Unies vont devoir gérer un ensemble de responsabilités beaucoup plus complexes que par le passé, lesquelles impliquent le renforcement des capacités organisationnelles des pays en développement, a prévenu Mme STEPHANIE HOCHSTETTER SKINNER-KLEE, Présidente du Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM.  La prévention des conflits et la consolidation de la paix constituent « un fil conducteur commun ».  Elle a vu dans l’appropriation nationale un « élément fondamental de la recherche de la paix et du développement durable ».  Elle a, à son tour, appelé à un changement de mentalités.

L’échelle des crises et des défis actuels exige en effet des réponses intégrées de la part du système des Nations Unies, a reconnu Mme HELEN CLARK, Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement et Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  « En cherchant des solutions, essayons de nous rappeler que ni les objectifs de développement durable, ni la paix ni la sécurité ne seront atteints s’il y a des inégalités trop importantes, y compris entre les sexes », a-t-elle argué.  Le PNUD, a-t-elle affirmé, cherche à obtenir des cadres d’assistance humanitaire plus cohérents avec ses partenaires, et estime que les mandats des missions de la paix devraient dès le départ tenir compte des diverses équipes de l’ONU, appuyer leur travail et respecter leurs prérogatives.  Les coordonnateurs résidents et humanitaires doivent pouvoir jouer leur rôle de chef de file et cela est d’autant plus important que non seulement les ressources disponibles sont limitées mais le Programme 2030 intervient à un moment où l’économie mondiale est plus fragile que lors du lancement des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  « Aujourd’hui, chaque dollar dépensé pour le développement durable et le règlement des crises compte ».

En 2015, 20 milliards de dollars ont été demandés par les agences humanitaires, soit 600% de plus qu’en 2005.  Aujourd’hui, a indiqué M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, ce sont 125 millions de personnes dans le monde qui sont touchées par des crises humanitaires.  Or, les cycles de financement courts ne peuvent plus répondre aux besoins.

Le premier Sommet humanitaire de l’histoire de l’ONU, qui se tiendra en mai prochain à Istanbul, « offrira une occasion sans pareil d’ouvrir une nouvelle ère », a martelé M. O’Brien.  Il a plaidé pour « un leadership mondial » et le respect des normes humanitaires.  Il faut « changer la vie des gens, se concentrer sur les groupes les plus vulnérables et investir dans l’humanité ».  Anticiper les crises, mieux s’y préparer et agir sur la base des risques signalés est tout aussi important.  Il faut renforcer les capacités locales et « abandonner les approches à court terme ».  Après avoir parlé de « décloisonnement », M. O’Brien a proposé de « passer à une planification pluriannuelle en matière humanitaire ».

Il faut peut-être envisager « un nouveau système réunissant les bailleurs de fonds, le Conseil de sécurité et le nouveau gouvernement d’un pays et qui permette de mettre en commun toutes les ressources sous la houlette d’un seul responsable », a estimé M. PARFAIT ONANGA-ANYANGA, Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine, via vidéo depuis Bangui.  La République centrafricaine, s’est-il félicité, se réveille d’un cauchemar et commence à rêver, après avoir fêté l’élection d’un nouveau Président.  L’élection, qui a mis un terme à une très longue transition politique, permet de revenir à l’ordre constitutionnel, s’est-il réjoui, car « sans droits de l’homme tout le travail que nous réalisons ne servirait à rien ».  Le Représentant spécial a salué l’appui fourni par l’ONU et notamment par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) qui a facilité le vote des réfugiés. 

Mais il a rappelé qu’en République centrafricaine, 138 enfants sur 1000 meurent avant l’âge de 5 ans.  « L’inclusion de l’objectif 16 dans la liste des objectifs de développement durable est une avancée considérable », a-t-il estimé en parlant de « la promotion de sociétés pacifiques et inclusives pour le développement durable, l’accès à la justice pour tous et le renforcement des institutions responsables et efficaces à tous les niveaux. »

« Si nous travaillions de façon cloisonnée en Haïti, nous n’arriverions à rien », a renchéri M. MOURAD WAHBA, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général en Haïti, via vidéo.  Il a décrit la situation d’un pays frappé par des crises humanitaires récurrentes telles que le choléra, la sécheresse, le déplacement des populations et la violence urbaine qui trouvent leur origine dans la situation économique catastrophique du pays.  En Haïti, les deux tiers de la population sont classées comme pauvres et un quart vit dans l’extrême pauvreté.  Le Représentant spécial a surtout souhaité plus de cohérence au niveau du financement.

« Allons-nous pouvoir travailler à partir de ce qui existe déjà? », s’est demandée la Norvège, dans la discussion interactive qui a suivi.  Elle a fait observer que le coordonnateur résident n’a pas le pouvoir de prendre des décisions.  « Quels éléments de la réforme de l’humanitaire et de la consolidation de la paix pourrait être mieux pris en compte? », s’est demandé l’Australie, qui parlait aussi au nom du Canada.  La sécurité est essentielle pour parvenir à la stabilité, a insisté l’Iraq.  Lorsque nous voulons régler les conflits, nous devons penser aux stratégies de sortie mais également aux investissements dans la stabilité et la paix ».  Les projets à impact rapide sont bons mais il faut penser au long terme, a préconisé l’Iraq.

Renchérissant sur le long terme, les Maldives ont, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, souligné que « lorsque une catastrophe naturelle nous touche, il ne s’agit pas seulement d’une menace humanitaire immédiate mais aussi d’une menace pour les efforts de développement ».  Il faut donc consolider les liens entre développement et action humanitaire par une coordination accrue entre les différentes institutions des Nations Unies.  Il faut, ont insisté les Maldives, recenser les moyens de régler les problèmes transversaux avec une bonne allocation des ressources et un partage judicieux des responsabilités.

Le PAM a parlé de la promotion de l’évaluation stratégique dans les situations de conflit et postconflit.  Le PNUD a évoqué la réflexion sur la planification intégrée menée au sein du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix.  Le « leadership consensuel », a prévenu le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), dépendra d’un appui renforcé des donateurs, de la prévisibilité des fonds et de la mise en commun des objectifs.  Il faut investir dans l’humanitaire et dans les capacités locales pour accroître la résilience sur le terrain et ne pas tout miser sur les besoins humanitaires des conflits en oubliant ceux liés aux catastrophes naturelles.

Les mandats des missions de la paix doivent être mieux conçus, a argué à son tour, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), en prônant l’implication dans la préparation desdits mandats des équipes de pays de l’ONU et des acteurs du développement pour pouvoir « prévoir assez tôt des stratégies de sortie ».  Il faut donner plus de pouvoir aux coordonnateurs résidents.  « L’autorité se gagne par la capacité à construire le consensus, à arbitrer les besoins et à allouer les fonds », a commenté la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).  Il va falloir voir comment l’ONU va réussir à agir de manière simultanée et non séquentielle. 

Table ronde sur le thème « Modalités organisationnelles: comment renforcer la collaboration interinstitutions dans la présence organisationnelle aux niveaux national, sous-régional et régional? »

Notre travail n’est pas d’inventer l’ONU, a répondu Mme ROSSANA GUEVARA, Vice-Présidente du Honduras, mais de la réinventer et de la redynamiser.  Le Honduras, a-t-elle dit pour illustrer ses propos, abrite neuf bureaux de pays de l’ONU gérant un budget global de 9 millions de dollars, sans compter les fonds extrabudgétaires qui sont importants par rapport aux autres pays d’Amérique latine des Caraïbes.  La Vice-Présidente a aussi fait observer que toutes les activités opérationnelles de développement de l’ONU représentent moins de 10% de l’aide publique au développement (APD) que reçoit le Honduras, classé parmi dans la fourchette la plus basse des pays à revenu intermédiaire.  En effet, plus des deux tiers de la population vit dans la pauvreté et une personne sur 10, dans l’extrême pauvreté, un chiffre qui monte à six dans les zones rurales.  Dans un tel contexte, l’APD du Honduras est donc assez modeste.  Le pays compte donc sur ses ressources propres et les flux privés internationaux pour financer son développement.  Or, pour réaliser les objectifs de développement durable, le Honduras aura besoin de l’APD et d’une assistance technique.  Le Honduras est d’ailleurs l’un des sept pays pilotes du Programme régional du Département des affaires économiques et sociales (DAES) sur le renforcement des capacités dans l’intégration des objectifs de développement dans les stratégies nationales de développement.  La coopération avec l’ONU laisse le siège du conducteur au pays qui s’assure d’une bonne prise en compte des priorités nationales.

En conséquence, a poursuivi la Vice-Présidente, lorsque nous parlons de repositionner le système de développement de l’ONU, nous devons d’abord et avant tout faire en sorte que toutes les activités se concentrent sur le renforcement des capacités.  L’ONU doit être assez souple pour pouvoir apporter une assistance technique différenciée et adaptée aux besoins changeants sur le terrain.  Malheureusement, s’est désolée la Vice-Présidente, nous savons comment le travail de l’ONU peut être fragmenté.  La non-représentativité de la gouvernance et l’imprévisibilité des fonds ont empêché la cohérence et l’efficacité des politiques de l’ONU.  La coopération entre ses entités est en outre comprise par la course aux fonds, les dérives et les pratiques éculées. 

Vis-à-vis des pays à revenu intermédiaire, l’ONU doit avoir une nouvelle stratégie, a asséné la Vice-Présidente.  L’Organisation doit renforcer sa capacité analytique, stratégique, novatrice et multisectorielle pour réunir les données et les traduire en normes et en politiques adaptées à chaque pays.  « Le bras opérationnel doit informer le bras normatif » pour que l’ONU soit capable de mettre en place des solutions ciblées et taillées sur mesure dans chaque pays à revenu intermédiaire.  Cela veut dire, s’est expliquée la Vice-Présidente, fonctionner comme un système et pas comme « le metteur en scène d’un seul et unique scénario ».  Les priorités spéciales des pays à revenu intermédiaire, qui sont fournisseurs d’aide mais aussi demandeurs d’une aide très spécifique, exigent de l’ONU qu’elle soit un véritable partenaire, le but ultime étant le partage des connaissances, le renforcement de la coopération Sud-Sud et triangulaire, l’offre de conseils et l’avancement des pays.  Cet avancement, a précisé la Vice-Présidente, ne veut pas forcément dire accès à la catégorie des pays à revenu élevé car le Honduras est convaincu de la pertinence de l’index multidimensionnel de pauvreté qui tient compte des facteurs socioculturels affectant la qualité de vie.

L’interconnexion horizontale de notre monde exige des institutions interconnectées, a insisté la Vice-Présidente.  Le système de développement de l’ONU ne doit pas seulement se laisser guider par ses aspirations.  Elle doit avoir une vraie feuille de route sur la façon de les réaliser.  Il faut donc des réformes « radicales et ambitieuses » reposant sur une vision couplée à des étapes pragmatiques et séquencées.  Il faut une réforme « transformatrice » et l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement devrait devenir un véritable outil stratégique pour fournir des directives sur le repositionnement du système de développement l’ONU.  On pourrait d’ailleurs songer à rebaptiser ce système pour garder vivace l’intérêt des capitales, a suggéré la Vice-Présidente, avant de conclure et d’inviter l’ECOSOC à formuler le cadre nécessaire pour faire en sorte que le système puisse réellement répondre aux besoins de notre temps.

Beaucoup d’espoirs ont été placés dans le Programme « révolutionnaire » de développement durable à l’horizon 2030.  M. DAVID NABARRO, Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a salué un Programme qui conduira à « une renaissance » de l’action internationale et qui exige des gouvernements et de leurs peuples qu’ils avancent ensemble. 

« On ne peut plus travailler comme avant », a acquiescé Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Elle a reconnu la nécessité de tenir compte des pratiques exemplaires et des spécificités de chaque pays, tout en préservant les politiques sociales pour ne pas faire marche arrière.  La présence dans un pays n’est pas forcément la meilleure façon pour l’ONU de répondre aux besoins.  Certains pays peuvent être aidés, aux niveaux régional et sous-régional.  Il faut dégager un consensus régional et le porter à la connaissance de la toute la planète, a milité Mme Bárcena, en évoquant, à cet égard, la Vision 2063 de l’Union africaine.  La priorité, a-t-elle ajouté, doit être accordée aux pays les moins avancés (PMA) et aux pays en développement sans littoral

Il faut, a-t-elle précisé, intégrer les objectifs de développement durable dans les plans nationaux et les cadres fiscaux et renforcer les capacités statistiques.  En Amérique latine, par exemple, l’évasion fiscale représente une perte de 300 milliards de dollars.  Soulignant que, dans le monde, 62 personnes ont autant que trois milliards d’autres, elle a plaidé pour « un nouveau keynésianisme » pour le développement durable. 

En l’occurrence, les gouvernements auront besoin de l’appui de tous les partenaires, a poursuivi M. MIKE KELLEHER, Conseiller principal à la Banque mondiale qui, a-t-il souligné, travaille avec l’ONU sur des dizaines de projets, dont un accord-cadre pour aider les institutions des pays fragiles à surmonter les crises et les conflits.  La mise en commun des objectifs permet de meilleurs résultats, comme en Tanzanie.

Avec des conseils techniques en amont, les gouvernements peuvent améliorer la qualité des dépenses publiques.  La collecte des données est, dans ce cadre, un des principaux outils.  À ce stade, a confié le Conseiller principal, la Banque mondiale a identifié 29 pays qui n’ont aucune donnée sur la pauvreté.  Il a insisté sur le rôle du secteur privé qui, depuis 10 ans, a créé 80% des emplois dans le monde.   

L’important c’est l’appropriation nationale, a dit Mme NARDOS BEKELE-THOMAS, Cabinet du Secrétaire général.  Elle a cité le cas du Kenya dont le Président a signé le Plan-cadre pour le développement avec tous les partenaires du développement, étant entendu que les parties doivent ensemble mobiliser les ressources et réaffecter celles qui n’auront pas été absorbées.  « Les Nations Unies, c’est chacun d’entre vous », a souligné Mme Bekele-Thomas, en vantant les mérites du Plan-cadre et de son principe: « un pays et un plan, qui englobe toutes les dimensions du développement ».  « Le Plan-cadre est un pacte entre le gouvernement et les citoyens », a-t-elle résumé.

L’oratrice a insisté sur « la révolution des données » dans de nombreux pays et sur la nécessité de créer des indicateurs et des jalons pour suivre la progression des objectifs de développement durable.    

Appropriation nationale, leadership et engagement au plus haut niveau de toutes les parties prenantes, a insisté, à son tour, Mme SAHAR NASR, Ministre de la coopération internationale de l’Égypte.  Elle a dénoncé le fait que les consultations avec les agences de l’ONU sont trop exhaustives pour recenser toutes les difficultés.  Les agences de l’ONU travaillent avec « des clients donnés sur des questions données » alors que bien souvent ce sont des solutions intégrées qu’il faut.

Il faut agir en fonction de la demande, a insisté la Ministre car les activités « dictées » par les bailleurs de fonds « ne sont pas tenables ».  Le système de l’ONU doit être plus « réactif » et appuyer véritablement le renforcement des capacités des institutions nationales, dans le cadre d’une approche transversale et intégrée. 

L’expérience des mécanismes régionaux n’est pas suffisamment reflétée dans les documents alors qu’ils pourraient produire les données nécessaires à une bonne application du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a commenté l’Argentine pour laquelle la question d’assurer la complémentarité entre les efforts des commissions régionales et ceux des bureaux régionaux des fonds et programmes de l’ONU.  L’aide doit en effet tenir compte des spécificités régionales, a renchéri Trinité-et-Tobago, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), en insistant sur l’impact des catastrophes naturelles sur la dette extérieure.  Les pays des Caraïbes, qui sont des pays à revenu intermédiaire ou élevé, appuient tous les appels en faveur d’une plus grande intégration mais respectueuse des mandats individuels des institutions.  Trinité-et-Tobago a regretté que la coordination se fasse au cas par cas et demandé l’établissement de « cartes d’identité » régionales et sous-régionales.

La Finlande a salué l’idée des centres de service partagés entre les institutions de l’ONU et demandé comment le système pourrait les améliorer.  Quelles sont les caractéristiques essentielles de la présence des Nations Unies dans le nouveau contexte humanitaire? a voulu savoir l’Allemagne.  Au nom de l’Alliance des petits États insulaires, les Maldives ont rappelé que « la Voie à suivre de Samoa », le dernier Programme d’action sur les petits États insulaires en développement, a demandé explicitement au système des Nations Unies d’améliorer la collaboration entre et à l’intérieur des régions.  Quels mécanismes institutionnels ont été mis en place à cette fin?  Almaty pourrait être choisi pour abriter un centre régional humanitaire, a proposé le Kazakhstan.

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a dit attendre l’intensification des activités opérationnelles de développement, en particulier dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Dans ce cadre, il a insisté sur le renforcement des capacités nationales et la prise en compte des différents niveaux de développement entre les pays.  Le représentant a demandé que les organismes du système de développement de l’ONU incluent dans leurs rapports les efforts qu’ils ont menés effectivement, la manière dont ils les ont intensifiés pour traiter des causes sous-jacentes de la pauvreté et de la famille, les activités qu’ils ont menées pour promouvoir le partage des pratiques exemplaires et la manière dont ils ont œuvré à l’intégration du Programme 2030 dans la planification de leurs activités.

Maintenant que les ressources de base ont confirmé leur tendance à la baisse, on ne saurait trop souligner, a insisté le représentant, l’importance de la cohérence et de l’efficacité dans le système de développement de l’ONU.  S’il faut saluer l’initiative « Unis dans l’action », il ne faut pas pour autant imposer des solutions à taille unique.   Il faut aussi, a poursuivi le représentant, séparer clairement la comptabilité des actions de développement de celle des actions humanitaires pour bien suivre l’affectation des fonds.  En l’occurrence, il est urgent de rétablir l’équilibre entre les ressources de base et les fonds extrabudgétaires.  Le représentant a mis en garde les entités de l’ONU contre la tendance à utiliser les ressources de base pour préfinancer des projets qui devraient l’être par des fonds extrabudgétaires.  Il a encouragé les entités de l’ONU à élargir la base de leurs donateurs.  Le représentant a aussi souligné l’importance qu’il y a à assurer diversité, répartition géographique équitable et égalité des sexes dans le système des coordonnateurs résidents.  Il a plaidé pour le renforcement du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud.  

Mme ANNE POORTA (Pays-Bas), au nom de l’Union européenne, a, à son tour, souligné que le Programme 2030 exige un changement de mentalité, une collaboration entre les disciplines et l’abandon de l’approche en silos.  Il nous faut, a-t-elle insisté, un système de développement de l’ONU fort, mieux coordonné et plus efficace.  Les États devraient éviter de contraindre les entités de l’ONU à se battre entre elles.  Ils devraient plutôt leur montrer la nécessité de travailler en complémentarité et en partenariat, grâce à des programmations communes, des rapports harmonisés ou des cadres de gestion.  L’ECOSOC et le Groupe de développement des Nations Unies devraient jouer un rôle de coordonnateur pour promouvoir la cohérence du système et de meilleures synergies entre les fonctions normatives et opérationnelles.  Il est essentiel, a poursuivi la représentante, de renforcer le lien entre « développement » et « humanitaire » pour être plus efficace face aux États fragiles et affectés par les conflits.  Le système de l’ONU doit être prêt à faire avancer l’égalité entre les sexes en tant qu’objectif spécifique et multisectoriel.  

L’architecture financière du système de développement de l’ONU mérite une analyse plus détaillée, a estimé le représentant.  Il faut réfléchir davantage à la manière dont le volume et les cibles des fonds s’alignent avec les plans stratégiques.  Le potentiel du système à mobiliser les ressources demeure largement sous-exploité, a reconnu la représentante.  En l’occurrence, il faut élargir la base des donateurs par des moyens novateurs dont des partenaires public-privé et multipartites, et des mécanismes de financement commun. 

Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a reconnu que les fonds, les programmes et les agences des Nations Unies devaient se réaligner pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En tant que groupe vulnérable, les PMA méritent qu’on leur accorde la plus haute attention.  S’il s’est félicité de constater que 74% des ressources du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) allaient aux PMA, il a toutefois noté une tendance « alarmante » à la baisse, y compris les ressources de base.  D’après le représentant, les activités opérationnelles de développement en faveur des PMA doivent se poursuivre, au lieu de porter sur des petits projets.

Il s’est dit préoccupé par le fait qu’un certain nombre d’entités des Nations Unies mènent leurs travaux en se fondant sur le concept du niveau de revenu des pays, au lieu de se concentrer sur le concept « PMA ».  Les activités de l’ONU en faveur de ces pays doivent être prévisibles et croissantes, a-t-il insisté.  Il a enfin jugé impératif que tous les PMA aient des équipes de pays de l’ONU sur leur territoire.  Toutes les entités du système doivent pouvoir faire des recommandations pour relever les défis auxquels ces pays font face.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires, M. AHMED SAREER (Maldives) a rappelé que le but ultime des efforts entrepris était de « transformer la vie des gens ».  Il a souligné la nécessité d’intégrer le Programme 2030 et la Voie de Samoa dans toutes les activités du système de développement des Nations Unies.  La nature multidimensionnelle de ce Programme demande que l’on trouve les moyens d’appliquer les objectifs environnementaux à tous les niveaux.  Préoccupé par le déséquilibre « massif » entre les ressources de base et les autres ressources, le représentant a estimé que « les fonctions du système d’aide devait être appuyées par ses pratiques de financement et non dictées par elles comme cela semble être la tendance actuelle ».

Pour les petits États insulaires en développement, il est indispensable d’édifier et de renforcer les capacités de mise en œuvre, a-t-il poursuivi.  Il faut « briser les silos » et faire en sorte que tous les fonds et programmes des Nations Unies agissent ensemble dans les domaines où les synergies, notamment en matière de données, peuvent contribuer à l’application du Programme 2030, au lieu de l’entraver.  Il serait bien également de renforcer la diversité du système des coordonnateurs résidents pour mieux représenter les communautés locales.

Également au nom de l’Australie, M. MICHAEL GRANT (Canada) a estimé qu’au bout du compte, ce qu’il faut, c’est un système de développement de l’ONU qui fonctionne.  Ce qu’il faut, c’est un système moins fragmenté et débarrassé des chevauchements et de la concurrence.   Il faut donc produire des résultats partagés grâce à des mécanismes de financement et d’exécution multisectoriels et multipartites.  Il faut aussi une plus grande coopération et une plus grande coordination dans la planification, le financement, les opérations et l’établissement des rapports.  Il faut enfin une plus grande intégration des piliers humanitaires, paix et développement.  Le représentant a espéré que le nouvel examen quadriennal des activités opérationnelles de développement contribuera à combler les lacunes identifiées dans le rapport du Secrétaire général. 

Il a insisté sur la rationalisation des mandats et la clarté des objectifs.  Il a répété la nécessité d’intégrer l’humanitaire, la paix et le développement et d’élaborer un système de financement au niveau des pays.  Il faut aussi rationaliser la présence de l’ONU dans les pays et au niveau régional et institutionnaliser la gestion basée sur les résultats, assurer la standardisation de la méthodologie et des instruments, au niveau des pays et à travers tout le système.  Il faut encore, a poursuivi le représentant, repenser le système des coordonnateurs résidents pour leur donner le leadership, l’autorité, la responsabilité, les ressources et la capacité nécessaires au travail qu’ils font pour le système de l’ONU, et ce, de manière véritablement intégrée.  Il faut, dans ce cadre, considérer la société civile et le secteur privé comme des partenaires essentiels de l’ONU dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Au cœur de tous ces éléments, réside la nécessité d’une nouvelle architecture de gouvernance du système de développement de l’ONU au niveau des pays et au niveau mondial.  Un Groupe de développement des Nations Unies doté de plus d’autorité et étant plus comptable de ses actes est nécessaire ainsi qu’un système actualisé de financement, avec des incitations à la collaboration et des mécanismes de financement commun, s’est résumé le représentant.

Au nom de la Communauté des Caraïbes, Mme RUEANNA HAYNES (Trinidad-et- Tobago), a estimé que le système de développement des Nations Unies devait continuer d’améliorer sa souplesse et son efficience.  La CARICOM note qu’il a des progrès au niveau national pour améliorer la cohésion du système mais estime qu’il faut une démarche plus coordonnée s’agissant de la planification sur le terrain pour gérer les crises.  La représentante a relevé le manque de coordination au niveau sous-régional et a exprimé sa préoccupation face à la tendance à la diminution des ressources de base qui permettent pourtant plus de souplesse.  Il faut plus de fonds et des fonds ciblés et prévisibles.  Enfin, la collecte des données doit aller de pair avec le renforcement des capacités.

Mme KRISTINA PERSSON, Ministre du développement stratégique et de la coordination de la Suède, a considéré que l’ONU avait un rôle normatif et de rassemblement unique qu’il faut sauvegarder et améliorer, tout en s’adaptant au paysage changeant du développement.  À cet égard, l’émergence d’un consensus sur les fonctions que devrait remplir le système des Nations Unies marque une avancée vers un système moderne et fort.  À cet égard, elle a jugé important pour l’ONU de générer, promouvoir et nourrir des partenariats et de fournir un appui à l’intégration et à la coordination des politiques.  La Ministre a mis l’accent sur le rôle de l’ONU dans les PMA affectés par les conflits ou d’autres crises humanitaires.  De même, l’Organisation doit rester pertinente pour tous les pays, y compris ceux à revenu intermédiaire et élevé.  Enfin, l’Organisation a un rôle indispensable à jouer pour suivre la mise en œuvre du Programme 2030.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Une nouvelle approche pour la consolidation de la paix, qui, selon de nombreuses délégations, doit également s’imposer avant et pendant les conflits

7629e séance – matin & après-midi 
CS/12253

Une nouvelle approche pour la consolidation de la paix, qui, selon de nombreuses délégations, doit également s’imposer avant et pendant les conflits

Le Conseil de sécurité a tenu, aujourd’hui, un débat public sur l’« examen du dispositif de consolidation de la paix », au cours duquel une soixantaine de délégations ont souligné l’importance de « repenser » cette notion qui, ont-ils plaidé, ne doit plus seulement être évoquée après les conflits, mais également avant et pendant.   

S’exprimant en sa qualité de Président du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix, lequel a remis sa copie au Secrétaire général le 17 juin dernier, M. Gert Rosenthal (Guatemala) a demandé pourquoi l’expression « consolidation de la paix » était-elle toujours suivie de l’épithète « postconflit », en dépit du fait que le Conseil de sécurité a reconnu, dès 2001, que la consolidation de la paix pouvait prendre forme à tous les stades d’un conflit – avant, pendant et après. 

Pour un certain nombre de délégués, les Nations Unies devraient mettre l’accent sur les mesures préventives et les réponses à apporter aux causes profondes des conflits, notamment parce que la prévention des conflits par la médiation est un processus moins onéreux que le maintien de la paix, ou encore la consolidation qui intervient le plus souvent après coup. 

Appuyant cette idée, le représentant du Royaume-Uni a relevé que les crises étaient souvent portées à l’attention du Conseil tardivement, proposant dans ce contexte que des mécanismes d’alerte précoce soient mis sur pied pour remédier à cette lacune.  Le représentant du Venezuela a, dans ce contexte, déploré la tendance du Conseil de sécurité à privilégier le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui autorise l’usage de la force, alors même que les alertes précoces invitent à des efforts en matière de diplomatie préventive.

Dans la note de synthèse élaborée par la présidence vénézuélienne à l’intention des participants, il est souligné aussi que les processus de consolidation de la paix ne doivent pas être « linéaires » et devraient ainsi tenir compte de la spécificité de chaque pays.  Pour certains États Membres parmi lesquels la Chine, les activités de consolidation de la paix devraient en plus être menées avec le consentement du pays hôte, d’autant plus que « les activités de consolidation de la paix ne peuvent se substituer aux efforts des autorités nationales ».

En outre, des orateurs ont invité le Conseil de sécurité à renforcer sa collaboration avec la Commission de consolidation de la paix qui peut jouer un rôle déterminant en réunissant les différents acteurs de nature à contribuer au processus de consolidation de la paix, il s’agit d’une recommandation phare du Groupe d’experts, ont-ils rappelé.

Plusieurs intervenants ont également souligné la nécessité d’un financement régulier, prévisible et durable de la Commission de consolidation de la paix, du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et du Fonds de consolidation de la paix.  Le délégué de l’Union européenne a dit l’importance que le Fonds pour la consolidation de la paix puisse bénéficier d’engagements à long terme provenant d’autres sources de financement, de manière bilatérale ou multilatérale.  Ici encore, des nombreux États ont noté que le Groupe d’experts a recommandé la possibilité que la consolidation de la paix reçoive chaque année 100 millions de dollars ou environ 1% du montant de l’ensemble des budgets d’opérations de maintien de la paix.  Une situation décriée par le délégué du Brésil qui a rappelé que les opérations de maintien de la paix disposent d’un budget de huit milliards de dollars.

Il faudrait aussi reconnaître que l’efficacité de la consolidation de la paix ne se résume pas à une question financière, a nuancé le représentant de la France qui a proposé de mettre l’accent sur les efforts de coordination de l’action des Nations Unies dans le domaine de la consolidation de la paix.  Corroborant ce point de vue, son homologue des États-Unis a exhorté la Commission à renforcer ses liens avec les institutions financières internationales dont l’expertise de terrain est précieuse. 

Justement, sur le terrain de la consolidation de la paix, « il ne faudrait pas donner l’impression que seul ce continent a besoin d’être assisté dans ce domaine », a fait remarquer le nouveau Président de la Commission qui est en outre représentant du Kenya.  Il a aussi appelé, suivi en cela par ses pairs, au renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales dans le cadre de la consolidation de la paix. 

La Commission de consolidation de la paix de l’ONU pourrait par exemple appuyer l’Initiative de solidarité africaine dans ses efforts pour aider les pays du continent sortant d’un conflit, a également plaidé l’Observatrice de l’Union africaine.

De nombreux intervenants ont par ailleurs souligné l’importance du rôle des femmes dans la consolidation de la paix, en droite ligne de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Le représentant de la Fédération de Russie a toutefois jugé « contreproductif » de mettre « excessivement » l’accent sur les questions de parité dans les recommandations. 

Les participants à ce débat ont aussi dit attendre l’aboutissement des négociations sur un projet de résolution sur le dispositif de la consolidation de la paix, et qui devrait être adopté à la fois par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale. 

CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS

Consolidation de la paix après les conflits: examen du dispositif de consolidation de la paix

Lettre datée du 1er février 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la République bolivarienne du Venezuela auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/104)

Déclarations

M. MACHARIA KAMAU (Kenya), Président de la Commission de consolidation de la paix, a indiqué que l’examen de l’architecture de consolidation de la paix actuellement en cours devra permettre aux Nations Unies de réexaminer son approche de la consolidation de la paix dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Dans son rapport, a-t-il rappelé, le Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix avait souligné l’importance d’adopter une approche globale de prévention des conflits et de d’assurer une paix durable.  Les leçons apprises au fil des ans montrent que des investissements dans la prévention des conflits ou de leur aggravation restent faibles par rapport aux actions prises quand le conflit est déjà en cours, a-t-il noté.

Ce rapport souligne également le manque de cohérence des activités du système des Nations Unies en matière de consolidation de la paix.  M. Kamau a rappelé à ce propos que le rôle de la Commission de consolidation de la paix visait à établir un lien entre le Conseil de sécurité et d’autres organismes intergouvernementaux œuvrant en faveur de la consolidation de la paix.  Citant une autre leçon tirée du rapport du Groupe consultatif, le Président de la Commission a noté que l’établissement d’une paix durable exigeait des moyens financiers prévisibles, durables et adéquats pour gérer les causes profondes des conflits.  Il a expliqué que les fonds débloqués étaient souvent alloués à des tâches urgentes, alors que les efforts de consolidation de la paix étaient parfois nécessaires à long terme.  Il est important d’investir davantage en faveur de la consolidation de la paix, a estimé M. Kamau, en invitant tous les États Membres, donateurs traditionnels ou non, à faire plus pour financer les investissements dans ce domaine.

L’ONU doit renforcer sa collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales, ainsi qu’avec les institutions financières internationales dans l’optique de la consolidation de la paix, a recommandé le Président de la Commission de consolidation de la paix.  L’Union africaine et l’Union européenne sont des partenaires de choix en la matière, a-t-il souligné, en précisant également que l’Afrique demeurait un partenaire clef dans les efforts de consolidation de la paix des Nations Unies.  Il a aussi appelé au renforcement de la collaboration entre l’ONU et la Banque mondiale dans le cadre des efforts de consolidation de la paix, prônant aussi des relations plus étroites avec les institutions financières régionales telles que la Banque africaine de développement.  Bien que les activités de consolidation de la paix soient une priorité pour l’Afrique, « il ne faudrait pas donner l’impression que seul ce continent a besoin d’être assisté dans ce domaine », a-t-il fait remarquer, en faisant référence à des pays sortant d’un conflit dans d’autres régions du monde.  Il a ainsi estimé que la Commission de consolidation de la paix devrait examiner les moyens permettant d’investir davantage en faveur de la consolidation de la paix dans d’autres régions du monde.

M. OLOF SKOOG (Suède) a, dans un premier temps, fait part de ses remarques en tant que Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP) pendant une année, a-t-il dit, « dynamique ».  L’examen du dispositif de consolidation de la paix a constitué une toile de fond stimulante au travail de la Commission, lui donnant l’occasion de vérifier dans la pratique les moyens d’améliorer sa contribution.  Selon M. Skoog, la CCP est une structure quasiment unique au sein de l’Organisation des Nations Unies, de même qu’un organe flexible, de sorte qu’il existe des occasions qui lui sont inhérentes pour la faire évoluer et adopter de nouvelles approches afin d’aboutir à la vision d’origine consistant à établir des passerelles entre la réponse aux crises et le développement et la paix durables.

Le Président de la CCP a indiqué avoir fixé plusieurs objectifs concernant les activités de la Commission, notamment l’adoption de méthodes de travail plus transparentes et stratégiques, un ordre du jour plus souple, une intégration plus importante et l’amélioration des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il convient, à ses yeux, de placer la prévention au centre des activités de la CCP.  Il a en outre souligné la nécessité de disposer de ressources suffisantes pour appuyer les priorités de la Commission.  Il est tout aussi important de renforcer les capacités nationales afin d’accroître le leadership et l’appropriation nationale en matière de développement.

S’exprimant en sa qualité de Président du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix, M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a commencé par rappeler qu’il faudrait « repenser » la notion même de consolidation de la paix.  Ainsi, a-t-il dit, le terme est toujours précédé de la mention « postconflit », en dépit du fait que le Conseil de sécurité a reconnu, dès 2001, que la consolidation de la paix peut prendre forme à tous les stades d’un conflit – avant, pendant et après.  Dès lors, les Nations Unies devraient mettre l’accent sur les mesures préventives et les réponses à apporter aux causes profondes des situations de conflit, a-t-il recommandé.

En outre, a poursuivi le Président du Groupe consultatif, la répartition des tâches entre les principaux organes onusiens est compartimentée en fonction de leurs mandats respectifs, alors qu’un certain nombre de questions relèvent de la compétence de plusieurs d’entre eux.  Dès lors, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social (ECOSOC) et l’Assemblée générale doivent impérativement assumer leurs responsabilités en faisant montre de la plus grande coordination et cohérence possibles, chaque organe dans les limites de son mandat.  Dans ce contexte, a fait observer M. Rosenthal, la Commission de consolidation de la paix peut jouer un rôle déterminant en réunissant les différents acteurs de nature à contribuer au processus de consolidation de la paix. 

La réconciliation, le renforcement des capacités nationales et des institutions et la planification stratégique peuvent seulement se faire sur le terrain, sous le leadership des parties prenantes nationales et dans le cadre de l’appropriation nationale, a estimé le Président du Groupe consultatif.  À cet égard, a-t-il dit, le soutien des Nations Unies, en coopération avec des partenaires extérieurs tels que les organisations régionales et les institutions financières internationales, est indispensable.  Ainsi, a-t-il expliqué, la consolidation de la paix exige un financement durable et prévisible, qui doit être fourni par des bailleurs de fonds.  Les Nations Unies, a-t-il dit, peuvent idéalement mobiliser cet appui. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), qui s’exprimait également au nom de l’Espagne et de l’Ukraine, a estimé qu’il était dans l’intérêt de l’organe principal chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales d’examiner, en urgence, des mesures pour décourager les approches cloisonnées et fragmentées en vue de protéger l’investissement de plusieurs milliards de dollars dans le maintien de la paix et d’éviter les risques de conflit ou de reprise du conflit, comme l’ont montré les exemples tragiques récents au Soudan du Sud et en République centrafricaine.

La prévention, a dit le représentant, doit être un élément central d’une paix durable.  De même, permettre aux pays de mettre en place des mécanismes et des institutions nationales et locales efficaces et inclusives, susceptibles de traiter les causes et les facteurs de conflits violents et les racines socioéconomiques et politiques doivent devenir une priorité pour le système des Nations Unies. 

Par conséquent, il est, de l’avis de ces trois pays, impératif d’introduire des politiques, des structures et des mandats qui répondent au développement des capacités des parties prenantes nationales.  À cette fin, le représentant a insisté sur l’importance des partenariats avec les acteurs régionaux et internationaux pertinents.  La diplomatie préventive représente également un outil majeur de la prévention que le Conseil de sécurité devrait déployer davantage, en se fondant sur les bons offices du Secrétaire général et son mandat d’attirer l’attention du Conseil sur les situations qui pourraient menacer la paix et la sécurité internationales, ainsi que sur le partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales.  À cet égard, le Conseil doit s’engager de nouveau en faveur de l’esprit des Chapitres VI et VIII de la Charte des Nations Unies.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a souhaité que le projet de résolution en cours de négociation sur la question de la consolidation de la paix soit adopté à la fois par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il a rappelé que la consolidation de la paix englobait un ensemble d’activités allant de l’action humanitaire aux mesures économiques en passant par le renforcement de l’état de droit et l’inclusion sociale.  Il a cité un certain nombre de pays dans lesquels l’ONU a aidé à la consolidation de la paix, comme par exemple de l’Angola, en précisant que ces activités, pour être efficaces, doivent chaque fois s’adapter aux réalités sur le terrain.  Il a aussi déclaré que l’objectif de la consolidation de la paix visait, à terme, à contribuer à la création de sociétés pacifiques, un objectif pour lequel il a invité les acteurs nationaux, l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales à œuvrer de manière concertée.

Après avoir apporté son soutien à l’appel du Groupe consultatif pour que le Conseil de sécurité joue un rôle plus actif en matière de consolidation de la paix, M. GERARD VON BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a indiqué que le Conseil devrait intégrer les activités de consolidation de la paix dès les phases préliminaires de planification des opérations de maintien de la paix.  En outre, a-t-il ajouté, un engagement constant et significatif entre le Conseil et la Commission de consolidation de la paix est indispensable, engagement en faveur duquel plaide la Nouvelle-Zélande depuis 2005.  Par ailleurs, a souligné M. Von Bohemen, le Conseil doit reconnaître le rôle essentiel des partenariats dans le cadre de la consolidation de la paix, notamment en ce qui concerne le renforcement des capacités institutionnelles.  La coordination avec les autres acteurs pertinents est tout aussi importante, à commencer par les fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations non gouvernementales et les donateurs bilatéraux, en vue de mobiliser l’aide internationale dans une démarche cohérente.  M. Bohemen a souligné, avant de conclure, le rôle que les équipes de pays des Nations Unies pouvaient jouer dans ce contexte.

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que les activités de consolidation de la paix devraient être menées avec le consentement du pays hôte, en rappelant que la communauté internationale devrait respecter la souveraineté de ce pays afin que l’assistance qui lui est apportée soit constructive.  « Les activités de consolidation de la paix ne peuvent se substituer aux efforts des autorités nationales », a encore relevé le représentant qui a fait remarquer que la consolidation de la paix était « une initiative systémique » qui doit veiller à établir des moyens de communication avec les pays hôtes.  Il a aussi prôné pour des approches sur mesure qui tiennent compte des réalités de chaque pays, tout en souhaitant que des évaluations régulières soient menées afin de procéder à des ajustements.  Il faudrait tenir compte du lien entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, a-t-il aussi plaidé.  Le représentant de la Chine a suggéré que dans les pays où opèrent des missions de maintien de la paix, les activités de consolidation de la paix devraient s’inspirer de l’expérience des missions de la paix.  Le représentant a par ailleurs souhaité que le Conseil de sécurité soit davantage à l’écoute de la Commission de consolidation de la paix, plaidant ainsi pour une meilleure collaboration entre les deux instances.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a souligné que l’année 2015 avait été marquée par une évolution significative de la Commission de consolidation de la paix, qui joue désormais un rôle plus actif sur le terrain.  Pour sa délégation, les investissements dans la prévention des causes profondes des conflits sont nettement préférables à ceux qu’il serait nécessaire de consentir pour répondre à ces mêmes conflits une fois qu’ils ont éclaté.  Le représentant a ensuite appuyé toutes les propositions susceptibles d’élargir la présence des femmes et des jeunes dans les processus de consolidation de la paix. 

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a déclaré qu’en matière de consolidation de la paix, les rôles du Conseil de sécurité et de la Commission de consolidation de la paix sont différents mais complémentaires.  Le représentant a ajouté que le Conseil s’acquitte principalement de sa responsabilité en matière de règlement des conflits.  La force de la Commission de consolidation de la paix, par contre, repose sur son travail de longue haleine pour préparer le terrain pour la paix.  Le Japon a ainsi contribué à cet effort quand il avait présidé le Groupe de travail sur les enseignements tirés des expériences passées pendant la période 2014-2015.  Le Groupe avait souligné les forces de la Commission et avait discuté des défis auxquels faisaient face les pays qui sortaient d’un conflit pendant et après le retrait de la mission de l’ONU ainsi que de la nécessité de renforcer les institutions nationales en tant que priorité dans les pays sortant d’un conflit. 

Le représentant a aussi indiqué que la Commission pouvait être mieux utilisée pour prévenir que ces pays ne retombent à nouveau dans un conflit.  Reconnaissant en outre les difficultés du Fonds pour la consolidation de la paix dont le rôle est pourtant essentiel, le représentant du Japon a annoncé que son gouvernement s’était engagé à verser 3,5 millions de dollars supplémentaires au Fonds avant la fin mars.  Le Japon tiendra un débat public sur le thème de la « Consolidation de la paix en Afrique », en juillet prochain pendant la présidence japonaise du Conseil de sécurité, a-t-il annoncé avant de conclure.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a salué les succès de la consolidation de la paix, déplorant toutefois que ce dispositif n’ait pas encore donné toute la mesure de son potentiel.  Il a aussi estimé que le Conseil de sécurité devait notamment conférer davantage à la Commission « son rôle d’organe consultatif par un recours plus fréquent à ses services, notamment en matière de conseil, de sensibilisation et de mobilisation des ressources ».  Le représentant a en outre estimé que pour que la paix soit pérenne, il faut associer étroitement rétablissement de la sécurité et développement économique.  Dans ce contexte, il a affirmé soutenir les recommandations du Groupe consultatif d’experts qui a invité l’Assemblée générale à étudier la possibilité d’adopter des mesures pour assurer qu’un financement de base, correspondant à 100 millions de dollars ou environ 1% du montant de l’ensemble des budgets d’opérations de maintien de la paix, soit alloué tous les ans à la consolidation de la paix.  Il a par ailleurs précisé qu’il appartenait aux pays de définir les choix prioritaires en matière de consolidation de la paix, ajoutant que la Commission de consolidation de la paix ne pouvait se substituer à eux.  Il a aussi insisté sur l’importance du renforcement de la coopération entre la Commission de consolidation de la paix et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine.  

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a souligné que les organisations régionales et sous-régionales avaient un rôle majeur à jouer en matière de consolidation de la paix.  Les femmes doivent également participer activement aux activités de consolidation de la paix, a-t-il estimé.  La consolidation de la paix doit se faire dans le respect du principe de l’appropriation nationale, a-t-il rappelé.  Le représentant a également souligné l’importance de tenir compte des réalités qui sont propres au pays concerné par la consolidation de la paix.  M. Rosselli a en outre insisté sur le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix auprès du Conseil de sécurité.  Il s’est rallié à la recommandation du Groupe consultatif d’experts selon laquelle 1% du budget global alloué aux opérations de maintien de la paix devrait être consacré à la consolidation de la paix.  Il a par ailleurs déploré les agissements « irresponsables » de certains dirigeants qui mettent tout en œuvre pour s’emparer du pouvoir ou s’y maintenir, foulant ainsi au pied les principes de la bonne gouvernance, et mettant à mal les efforts de maintien de la paix et de consolidation de la paix.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni), citant l’exemple du Burundi pour démontrer l’importance et les lacunes de la consolidation de la paix, a estimé qu’il était essentiel à la fois pour le Conseil de sécurité et pour les organisations régionales et sous-régionales de jouer un rôle dans ce domaine et de faire pression sur les acteurs nationaux dont les actions sapent les efforts de paix.  Il a aussi relevé que les crises étaient souvent portées à l’attention du Conseil tardivement.  Il a ainsi souhaité que des mécanismes d’alerte précoce soient mis sur pied pour remédier à cette lacune.  Le représentant a ensuite plaidé pour l’amélioration des capacités de préservation de la paix après la fin du mandat des missions de maintien de la paix, citant encore, dans ce contexte, le cas du Burundi.  Il a ensuite invité les États Membres à contribuer au Fonds pour la consolidation de la paix afin de financer de manière adéquate les activités de consolidation de la paix.  Il par a ailleurs déclaré que la consolidation de la paix reposait sur un consensus social, et « c’est pourquoi le dialogue social est très important au Burundi ».  Enfin, il a invité à adopter une démarche systémique qui permette de rompre avec les cloisonnements des activités du système des Nations Unies.

M. ALEXIS LAMEK (France) a déclaré que le projet de résolution sur l’architecture de la consolidation de la paix, actuellement discuté à l’Assemblée générale, représentait une opportunité pour améliorer l’action des Nations Unies dans ce domaine.  Pour la France, a dit son représentant, cette amélioration devrait s’articuler autour de quatre points.  Il faudrait être attentif à ce que la Commission de consolidation de la paix s’inscrive pleinement en complémentarité et en appui au Conseil de sécurité, afin de renforcer et de soutenir son action.  C’est un point essentiel pour assurer une pleine cohérence du message des Nations Unies vis-à-vis des différentes situations dont nous sommes saisis, a-t-il souligné.  La Commission de consolidation de la paix devrait jouer, dans certains cas, un rôle très apprécié de conseil vis-à-vis du Conseil de sécurité, à partir notamment des visites de terrain effectuées par ses membres.  C’est dans cette direction qu’il faudrait orienter les travaux de la Commission, pour qu’elle appuie efficacement les travaux du Conseil de sécurité, a-t-il recommandé.

Il est également important, a ajouté M. Lamek, de veiller à ce que la Commission de consolidation de la paix organise ses travaux de la façon la plus efficace possible, afin de garantir à la fois une certaine souplesse dans l’examen de ses dossiers, mais aussi de concentrer ses réunions sur des questions opérationnelles et concrètes.  S’agissant du financement, le représentant de la France, tout en saluant le rôle du Fonds pour la consolidation de la paix, a estimé qu’il était essentiel de maintenir le caractère volontaire des contributions afin de continuer à assurer une réelle transparence et un suivi des engagements de ce Fonds.  Toutefois, il faudrait aussi reconnaître que l’efficacité de la consolidation de la paix ne se résume pas à une question financière, a nuancé le représentant, en mettant l’accent sur les efforts de coordination de l’action des Nations Unies sur le terrain dans le domaine de la consolidation de la paix, de même que sur leur coordination avec les institutions financières internationales.  À cet égard, le rôle du coordonnateur résident devrait être appuyé et renforcé, a-t-il suggéré.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a rappelé la place de plus en plus importante qu’occupe la prévention des conflits dans le maintien de la paix, comme le reconnaît le Groupe consultatif d’experts dans son rapport.  Des efforts supplémentaires doivent être déployés en ce sens à la demande des États Membres, a-t-il estimé, en soulignant l’importance de respecter la souveraineté nationale en toute circonstance.  Il incombe, cependant, au gouvernement du pays concerné d’assurer la sécurité et la protection de sa population, a-t-il rappelé.  Tout en reconnaissant l’importance du rôle que peuvent jouer les femmes dans les processus de paix, le représentant a toutefois jugé « contreproductif » de mettre « excessivement » l’accent sur les questions de parité dans les recommandations.  Sa délégation réaffirme le rôle central qui revient à la Commission de consolidation de la paix et appuie ses activités, a assuré le représentant.  Rappelant la pertinence du Fonds de consolidation de la paix, il a appelé les États Membres et les institutions financières internationales à mobiliser davantage de ressources afin de financer les efforts entrepris en matière de consolidation de la paix.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a regretté que l’architecture existante de la consolidation de paix n’ait pas toujours été à la hauteur des attentes placées en elle, comme ce fut par exemple le cas en Haïti.  Pour sa délégation, le principal défi ne tient pas forcément à la mobilisation des ressources, mais plutôt à un manque de cohérence.  La nature complexe des conflits d’aujourd’hui exige des Nations Unies qu’elles travaillent de manière plus coordonnée, comme ce fut le cas en Sierra Leone et au Sri Lanka, a estimé le représentant.  Ainsi, la Sierra Leone a organisé trois élections pacifiques crédibles depuis la fin du conflit, s’est félicité M. Pressman.  Dans ce contexte, l’appui de la formation spécifique à ce pays au sein de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a été particulièrement utile, a-t-il fait observer, avant de plaider pour des formations de pays plus souples à l’avenir.  Le représentant des États-Unis a ensuite exhorté la CCP à continuer d’œuvrer au renforcement des liens avec les institutions financières internationales, dont l’expertise de terrain est précieuse.  Il a également salué le rôle du Fonds pour la consolidation de la paix, notamment en Colombie, où il aidera, a-t-il dit, à créer les conditions nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de paix.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a déclaré que les processus de consolidation de la paix n’étaient pas « linéaires » et devraient faire, de la part des Nations Unies, l’objet d’approches souples et tenir compte de la spécificité de chaque pays.  Pour être durable et efficace, la consolidation de la paix exige aussi des ressources pérennes et prévisibles, a souligné le représentant.  Alors que les opérations de maintien de la paix disposent d’un budget de huit milliards de dollars, le Fonds de consolidation ne dispose, quant à lui, que de 100 millions, a-t-il relevé.  Regrettant la tendance du Conseil de sécurité à privilégier le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui autorise l’usage de la force, le représentant du Venezuela a affirmé qu’après la résolution 1973 (2011), établissant une zone d’exclusion aérienne en Libye, « une coalition internationale avait dépensé 10 milliards de dollars pour renverser le gouvernement de ce pays ».  Il est essentiel, a-t-il souligné par ailleurs, de créer les conditions propices à la relance des économies locales.  Le relèvement des pays au lendemain d’un conflit ne peut être réalisé qu’avec la seule aide fournie par les institutions financières, qui, a-t-il regretté, « imposent des conditions injustes et onéreuses à ces pays ».  En conclusion, il a souhaité que le débat d’aujourd’hui soit riche en propositions et pistes de réflexion.

M. IGOR LUKŠIĆ, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne du Monténégro, a souhaité que des mesures soient prises au sein du Conseil de sécurité afin de prévenir l’éclatement des conflits, proposant dans cette optique qu’une importance accrue soit accordée à l’initiative « les droits avant tout » et aux efforts de médiation.  Il a aussi proposé que le dialogue soit renforcé entre le Conseil de sécurité et les mécanismes des droits de l’homme basés à Genève, notamment le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Il a expliqué que leurs recommandations pourraient s’avérer utiles au Conseil car les cas d’abus et de violations des droits de l’homme sont des facteurs indiquant le risque de conflit.

Il a par ailleurs affirmé qu’en tant que membre de la Commission de consolidation de la paix, le Monténégro estimait important de renforcer la complémentarité entre la Commission et le Conseil de sécurité, ainsi qu’entre ce dernier et les organisations régionales et sous-régionales.  Il a en outre souligné que le maintien de la paix et de la sécurité internationales ne relevait pas uniquement du ressort de l’ONU et des organisations régionales et sous-régionales, notant que l’extrémisme, le terrorisme, les crimes et les conflits sont plus visibles dans des sociétés dont les membres souffrent d’une éducation insuffisante ou qui n’ont que peu d’espoir en l’avenir, ainsi que dans les sociétés en développement et qui pratiquent l’exclusion.  De ce fait, le Vice-Premier Ministre a estimé que l’édification d’une paix durable doit impliquer tous les groupes sociaux, et en particulier les femmes et les jeunes.

Mme KATALIN ANNAMARIA BOGYAY (Hongrie) a estimé qu’un accent particulier devrait être mis sur la prévention de conflit à travers l’engagement précoce et l’utilisation de tous les outils d’alerte précoce et de médiation politique.  La représentante a précisé qu’alors que la réponse aux violents conflits coûte cher, la prévention requiert relativement peu de ressources et permet d’épargner de nombreuses vies.  Elle s’est associée à l’appel au renforcement du rôle du partenariat mondial de consolidation de la paix avec une attention particulière sur la prévention et la médiation, estimant que, pour réussir la prévention de conflit ou le relèvement des pays ravagés par les conflits, il faut s’attaquer à leurs causes profondes.  Elle a indiqué que l’Objectif de développement 16 reconnaissait explicitement le lien entre la paix, l’inclusion, le développement durable, la justice et la reddition de comptes.  À son avis, tous les États Membres sont d’accord pour estimer que l’état de droit, l’égal accès à la justice, des institutions inclusives, responsables et transparentes, et des processus de décision représentatif, participatif et inclusif à tous les niveaux, sont nécessaires pour édifier des sociétés pacifiques et inclusives.  En conclusion, elle a également souligné l’importance de la participation des femmes à la consolidation de la paix.

Mme LOUISE SHARENE BAILEY, Observatrice de l’Union africaine, a déclaré qu’il était absolument nécessaire de renforcer le partenariat entre l’UA et la Commission de consolidation de la paix.  L’UA, au travers de son cadre reconstruction et de développement après les conflits en Afrique, et les Nations Unies, au travers de son architecture de consolidation de la paix, doivent mettre en commun leurs expertises communes à cette fin, a-t-elle recommandé.  Dans le cadre de ce dialogue, le « premier engagement » pris en 2014 entre la Commission et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union devrait être institutionnalisé, a-t-elle ajouté.  À son avis, ces échanges devraient être redoublés par une relation plus régulière entre le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, les différents départements concernés de la Commission de l’UA, et les mécanismes régionaux pertinents.  Enfin, a indiqué l’Observatrice, la Commission de consolidation de la paix de l’ONU devrait appuyer l’Initiative de solidarité africaine dans ses efforts pour aider les pays du continent sortant d’un conflit.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a déclaré que la consolidation de la paix devait être associée non seulement à la phase d’après-conflit, mais aussi intégrée dans tous les mécanismes de prévention et résolution de conflit des Nations Unies.  Le représentant a estimé que le modèle original et les interventions devraient être plus complets et prévus pour le long terme pour convenir aux environnements actuels et futurs, ainsi qu’à la nature changeante des conflits.  À cet égard, le Conseil de sécurité devait travailler étroitement avec la Commission de consolidation de la paix afin d’assurer le financement et l’utilisation des ressources du Fonds de consolidation de la paix et du Bureau de l’appui opérationnel, a-t-il précisé.  Il a également estimé important pour le système des Nations Unies de parvenir à une plus grande cohérence interne entre ses organes et les équipes de pays sur le terrain, avec les pays hôtes et les organisations et structures régionales.  L’appropriation nationale, la mobilisation de la société civile et une coopération étroite avec les représentants spéciaux, les missions spéciales et les opérations de maintien de la paix sont essentielles pour une architecture de consolidation de la paix gagnante, a ajouté le représentant, après avoir énuméré les mesures nationales prises par son gouvernement pour assurer la paix et la sécurité. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a noté que l’on prenait de plus en plus conscience de l’importance du rôle de la Commission de consolidation de la paix à travers son approche préventive et multidimensionnelle du conflit pour répondre aux défis sécuritaires qui évoluent rapidement.  Les flux massifs de réfugiés, les changements climatiques, et les violations des droits de l’homme sont des exemples de facteurs de crise, et leur impact croissant sur la paix et la sécurité internationales mérite notre attention, a souligné le représentant.  Dans ce cadre, l’Italie estime que l’examen en cours de l’architecture de la consolidation de la paix devrait remodeler la Commission pour en faire un outil plus complet et renforcer la capacité des Nations Unies en matière de diplomatie préventive.  La Commission peut jouer un rôle important en réunissant toutes les parties prenantes pertinentes à la fois au Siège de l’ONU et sur le terrain. 

Le représentant a appuyé l’idée de renforcer les relations entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, cette dernière étant nécessaire pour renforcer la capacité du Conseil en matière de diplomatie préventive.  La première mesure serait d’inviter les présidents des configurations spécifiques aux pays à participer aux réunions du Conseil.  En outre, il s’est dit convaincu que le système de développement des Nations Unies avait un rôle fondamental à jouer sur le terrain.  S’agissant du financement du Fonds pour la consolidation de la paix, le représentant a indiqué que son pays s’était engagé à assurer un financement plus prévisible pour la consolidation de la paix.  Le représentant de l’Italie a souligné l’importance de la protection du patrimoine culturel.  À cet égard, il a rappelé la signature entre son gouvernement et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) d’un accord pour la création d’une équipe spéciale chargée de protéger les objets culturels anciens dans les zones en crise le 12 février dernier.  « Ces Casques bleus de la culture sont les signes concrets de l’engagement de l’Italie à la campagne ‘Unite for Heritage’ », a-t-il ajouté.

Mme MARIA EMMA MEJIA (Colombie) a souhaité que la consolidation de la paix tienne dûment compte de la spécificité de chaque pays et soit présente avant, pendant et après le conflit, et non plus après l’éclatement des conflits comme c’est le cas en ce moment.  Elle a aussi plaidé pour l’institutionnalisation d’un rôle de premier plan des femmes dans les processus de paix et de réconciliation.  Mme Mejia a en outre appelé à des stratégies efficaces pour le financement des activités relatives à la consolidation de la paix.  « Parvenir à des résultats concrets sur le terrain n’est possible qu’avec des ressources à la fois prévisibles et durables », a-t-elle fait observer.  Elle a estimé que les institutions financières internationales et les organisations régionales avaient également un rôle important à jouer pour la consolidation de la paix, et salué à ce propos l’implication de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) dans le processus de paix en Colombie.  Elle a souligné que son pays s’était résolument tourné vers la paix après des années de conflit, indiquant, que fort de l’expérience acquise, son pays se tenait prêt à apporter son soutien à tout pays qui s’engagerait dans un processus similaire de consolidation de la paix.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé qu’en raison de sa composition universelle, l’Assemblée générale devrait jouer un rôle de premier plan dans ce débat.  Le Brésil, a-t-il également dit, est convaincu que le manque de financement adéquat et prévisible est un défi fondamental aux efforts de consolidation de la paix à long terme.  Il est essentiel, par conséquent, de se mettre d’accord sur la nécessité de renforcer le Fonds pour la consolidation de la paix en le faisant bénéficier de ressources alimentées par les contributions volontaires.  Il est également important de permettre aux missions de maintien de la paix d’utiliser les ressources allouées à leurs budgets pour financer les activités programmatiques.

Le maintien de la paix exige un engagement à long terme du système des Nations Unies.  Une approche globale d’une paix durable doit répondre à la nécessité d’éliminer la pauvreté, de garantir la promotion du développement socioéconomique et l’égalité des sexes, la création d’institutions à part entière, la promotion de la réconciliation nationale, l’amélioration de la gouvernance et des sociétés plus inclusives.  Ces stratégies de consolidation de la paix doivent être menées en étroite coordination avec les autorités nationales et en tenant compte des priorités établies et de la nécessité de l’appropriation nationale à toutes les étapes.

Mme GILLIAN BRID (Australie) a affirmé que pour réaliser une paix juste et durable, il faudrait hiérarchiser les priorités de consolidation de la paix dans le cadre d’un « cycle complet d’engagement des Nations Unies » – du stade de la prévention à la résolution des conflits, et ce au travers de la réconciliation et du redressement économique.  Parvenir à cet objectif suppose de forger une nouvelle « cohérence intergouvernementale et opérationnelle » entre les principaux organes des Nations Unies et entre le Secrétariat et les personnels déployés sur le terrain.  « Le débat d’aujourd’hui ne porte pas sur l’étendue ou la nature des crises auxquelles est aujourd’hui confronté le monde, ni sur la question de savoir si le coût humain de ces crises est trop élevé.  Nous sommes tous conscients de cela.  La question à l’ordre du jour est de savoir comment saisir l’occasion qui s’offre à nous de changer la manière de consolider la paix, et comment veiller à ce que les populations les plus vulnérables –celles qui vivent dans des pays en situation de conflit– ne seront pas oubliées dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 », a conclu la déléguée.

M. CARL HALLERGARD, Union européenne, a souligné, une fois de plus, l’extrême importance de lier l’examen du dispositif de consolidation de la paix à l’examen du Secrétaire général de l’ONU des opérations de paix, à l’examen de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, y compris au Programme d’action d’Addis-Abeba.

Pour la délégation de l’Union européenne, la consolidation de la paix est un processus intrinsèquement politique qui devrait reposer sur une vision à long terme et une approche holistique.  Il convient de traiter les causes structurelles des conflits et de prévenir les risques contemporains de récidive, de développer des processus politiques inclusifs et participatifs, de bâtir des institutions solides et efficaces, capables de traiter les causes profondes des conflits et de répondre aux besoins de la population.

En outre, il faudrait, selon elle, promouvoir l’appropriation nationale inclusive du gouvernement, de l’opposition et de la société civile.  Une attention particulière doit être accordée aux groupes vulnérables ou exclus, y compris les minorités ethniques ou religieuses, les groupes de l’opposition politique, les jeunes et d’autres segments de la société qui sont particulièrement exposés aux risques.  Par ailleurs, le rôle des femmes dans la consolidation de la paix devrait mériter une attention particulière, à la fois en termes de participation et de représentation, en tenant compte des principes énoncés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la résolution 1325 (2000).

M. Hallegard a également jugé que, pour un financement plus prévisible et des résultats plus significatifs, il était important que le Fonds pour la consolidation de la paix puisse bénéficier d’engagements à long terme provenant d’autres sources de financement, de manière bilatérale ou multilatérale.  Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les partenariats stratégiques et opérationnels entre l’ONU et les organisations internationales, régionales et sous-régionales, ainsi qu’avec les institutions financières internationales pour relever le défi du maintien de la paix, dans le cadre d’un dialogue permanent entre l’ONU et ces organisations, au-delà des dialogues annuels ou des réunions de travail de haut niveau.

M. MATHIAS BOGAERT (Belgique) a déclaré que, depuis la mise en place de l’architecture de consolidation de la paix, le paradigme avait sensiblement évolué.  Assurer une paix durable implique de mieux et davantage investir dans la prévention des conflits, pour éviter que les pays ne basculent ou ne retombent dans les conflits, a-t-elle dit.  Des progrès ont certes été faits, mais les situations sur lesquelles se porte l’attention du Conseil de sécurité aujourd’hui –dont plusieurs sont des crises prolongées aux conséquences humanitaires très lourdes avec un impact dévastateur sur les populations civiles– « démontrent que cela reste insuffisant ».  C’est la raison pour laquelle mon pays a plaidé pour une plus grande attention aux causes profondes, ainsi qu’aux facteurs et signes précoces de conflits, sur la base d’une analyse factuelle, a-t-il indiqué.  Par ailleurs, a expliqué le représentant, les stratégies de transition et de sorties des opérations de maintien de la paix doivent être également mieux articulées autour des processus politiques, qui doivent inclure les activités de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, de réforme du secteur de la sécurité, de justice transitionnelle et de renforcement des institutions et des capacités.  Ces processus de moyen et de long termes doivent privilégier une approche intégrée de la paix durable, tenant compte des aspects de consolidation et de développement, a-t-il affirmé.

Mme MARGARETA KASSANGANA-JAKUBOWSKA (Pologne) a déclaré que la Commission de consolidation de la paix était l’élément le plus important de l’architecture de maintien de la paix des Nations Unies.  La représentante a estimé que la Commission devait améliorer sa coordination avec les organes principaux des Nations Unies.  « Nous devons nous rappeler que l’approfondissement des relations de la Commission avec les organes des Nations Unies dépend aussi de l’approche de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social de la consolidation de la paix et de leur volonté de tirer des enseignements de la Commission de consolidation de la paix », a-t-elle précisé.  Ces organes devraient également rechercher, le cas échéant, l’expertise et l’assistance de la Commission de consolidation de la paix afin de maximiser l’impact des Nations Unies dans les situations d’après-conflit, a indiqué la représentante.  Elle a par ailleurs estimé aussi qu’un niveau élevé de cohérence et de complémentarité était indispensable dans « tous les trois niveaux de processus dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales mené par les Nations Unies cette année ». 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que son pays avait été un des pionniers de l’idée d’un mécanisme consacré à la consolidation de la paix.  Ce qui consolide la paix aide à jeter les bases d’une paix durable, a-t-elle dit.  La Commission de consolidation de la paix n’a pas été à la hauteur des espoirs qui ont été placés en elle, a-t-elle notamment regretté. 

Une consolidation de la paix renforcée est dans l’intérêt de tous, a-t-elle ajouté, insistant sur la nécessité de garantir la prévention, une approche globale pour appuyer une paix durable, la mobilisation des ressources nationales, d’encourager la collaboration entre l’ONU et le groupe de la Banque mondiale et les autres partenaires internationaux.

De même, selon la délégation pakistanaise, la CCP devrait présenter au Conseil de sécurité des recommandations concises, réalistes et spécifiques, tandis que le Conseil devrait faire appel davantage aux compétences de la CCP, notamment lorsqu’il s’agit d’élaborer des mandats de missions de maintien de la paix.

M. CHAYAPAN BAMRUNGPHONG (Thaïlande) a tenu à dire deux points spécifiques.  Premièrement, le représentant a indiqué que la consolidation de la paix n’est pas seulement une activité engagée au lendemain d’un conflit mais elle devrait être également entreprise tout au long du cycle du conflit.  Ainsi, a-t-il expliqué, la Commission de consolidation de la paix peut jouer un rôle important pour maintenir l’attention de la communauté internationale sur les pays qui risquent de sombrer à nouveau dans un conflit.  En outre, l’engagement politique doit être assorti d’un financement adéquat et prévisible pour les travaux de consolidation de la paix.  Nous devons trouver un moyen de mieux financer les activités de consolidation de la paix en mobilisant des ressources à travers des partenariats avec le secteur privé, et en renforçant les partenariats avec les institutions financières internationales et les banques de développement régionales.

Le représentant a estimé que la paix ne peut pas être maintenue en l’absence d’un développement durable et inclusif.  Il faudrait tenir compte des besoins et des moyens de subsistance des populations et leurs communautés.  « Nous ne pouvons pas attendre que les armes se taisent avant de commencer le travail du développement », a-t-il rappelé.  Les Nations Unies peuvent jouer un rôle crucial en jetant les bases nécessaires, dans les pays touchés par un conflit, de la transition du conflit vers la normalité.  L’expérience des Casques bleus au Timor-Leste et, plus récemment au Darfour, a montré que des activités en matière de consolidation de la paix pouvaient être menées par les forces de maintien de la paix.  À travers la mise en œuvre de différents projets de développement à impact rapide, les Casques bleus peuvent contribuer de manière significative à répondre aux besoins économiques et sociaux des populations locales.   

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a affirmé qu’en matière de consolidation de la paix, l’accent devait être mis sur la prévention de conflit.  Les échecs récents de l’ONU dans ce domaine doivent inciter l’Organisation à repenser toute l’architecture de la consolidation de la paix, a proposé le représentant, estimant en outre que la consolidation de la paix devait être entreprise au niveau national, et non imposée de l’extérieur.  Pour sa part, l’ONU doit se doter d’une stratégie opérationnelle et créer un partenariat avec les organisations régionales en matière de consolidation de la paix, a dit le représentant, avant d’ajouter qu’investir dans la prévention de conflit permettrait d’épargner des vies humaines et des ressources financières.  Il a insisté que tout mandat de consolidation de la paix doit mettre l’accent sur l’intégration de la Commission dans le système des Nations Unies, notamment le Conseil des droits de l’homme.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a estimé que le mandat de la Commission de la consolidation de la paix avait besoin d’être renforcé pour inclure la prévention de crise non seulement après le conflit.  La prévention de conflit par la médiation est un processus moins onéreux que l’opération de maintien de la paix avec des dizaines de milliers de soldats pour contenir le conflit.  Par ailleurs, a-t-il dit, la Commission de prévention de la paix doit travailler plus étroitement avec le Conseil de sécurité, pour peu que celui-ci implique activement la Commission dans son travail de prévention de crise et de maintien de la paix et que la Commission ait quelque chose à offrir au Conseil de sécurité.  Il faut vaincre par ailleurs, à son avis, l’approche bureaucratique de la consolidation de la paix adoptée parfois par des membres de la Commission de consolidation de la paix, et utiliser efficacement les structures existantes grâce à une meilleure coopération avec les pays hôtes, au renforcement de la coordination avec les autres institutions des Nations Unies sur le terrain, à la multiplication des partenariats avec les organisations régionales et les institutions financières internationales.  Concernant le financement du Fonds de consolidation de la paix, le représentant a annoncé que son pays non seulement continuerait, mais augmenterait considérablement sa contribution prévisible au Fonds.

M. ION JINGA (Roumanie) a affirmé que la consolidation de la paix exigeait une approche intégrée et transversale du fait que sa nature multidimensionnelle posait un défi de cohérence.  Le représentant a estimé qu’une implication croissante du Conseil de sécurité dans des actions de prévention pourrait aider à créer un plan stratégique pour la consolidation de la paix, précisant que son pays avait investi dans la diplomatie préventive, la prévention de conflit, la consolidation de la paix et la médiation.  La Roumanie a aussi fait la promotion de la résolution 1631 sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale, a-t-il précisé, indiquant que le développement des partenariats avec les organisations régionales devrait contribuer au renforcement de la confiance dans la prévention de conflit et la reconstruction après le conflit. À cet égard, a-t-il dit, il faudrait réfléchir à accroître la coopération du Conseil de sécurité avec les organisations régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, dans une perspective plus ciblée et plus intégrée.

M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a jugé essentiel de changer l’épicentre des efforts visant à consolider la paix, de passer d’une approche réactive à une approche préventive, tel que recommandé par le Groupe consultatif d’experts.  L’accent mis sur cette dimension est compatible avec les recommandations et la définition des chemins critiques qui sont abordés dans les autres processus d’examen en place, et l’objectif commun doit être de passer des recommandations aux actions, a-t-il estimé.

Compte tenu des défis et de la complexité des conflits actuels, le rôle et la valeur ajoutée de la Commission devraient être exploités, améliorés et renforcés.  Le Conseil de sécurité doit en outre utiliser de façon récurrente l’avis de la Commission sur l’examen des mandats des opérations de paix et des missions de maintien de la paix, ainsi que sur la conception de stratégies de transition, une vision à long terme étant nécessaire pour maintenir la paix, a-t-il affirmé.

À son avis, la Commission devrait en outre être une plateforme pour porter à l’attention du Conseil les points de vue de tous les acteurs concernés aux niveaux national, régional et international, y compris les donateurs, les programmes et les agences de l’ONU.

La construction de la paix nécessite un soutien politique, technique et financier de la communauté internationale.  L’absence d’un tel appui, à son avis, en particulier dans l’analyse des causes sous-jacentes des crises, risque de poser problème pour la prévention et la résurgence des conflits.  Le Mexique, a-t-il dit, estime que les parties prenantes telles que la société civile et les institutions financières internationales devraient contribuer positivement à accompagner et à soutenir les efforts de l’Organisation dans les domaines prioritaires nationaux, stimuler le développement économique, réduire les risques et investir dans les pays en reconstruction.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a tenu à apporter son soutien aux quatre points soulevés par la note de cadrage du Président du Conseil de sécurité sur le thème « Consolidation de la paix au lendemain des conflits: examen du dispositif de consolidation », à savoir le manque d’intérêt pour la consolidation de la paix, les échéances associées à la consolidation de la paix, l’importance du développement au regard de la consolidation de la paix et le rôle des organisations régionales et sous-régionales dans la consolidation de la paix.  Le représentant a souligné en particulier son attachement à la formation de partenariats avec les organisations régionales dans la consolidation de la paix.

Mgr SIMON KASSAS, observateur du Saint-Siège, a déclaré que les conclusions du Groupe consultatif démontraient la complexité et la difficulté posées par la consolidation de la paix.  La capacité de la Commission de consolidation de la paix à collaborer avec les pays hôtes, ainsi qu’avec la société civile et les acteurs les plus importants sur le terrain, demeure cruciale, a-t-il observé.  Selon lui, le succès de la consolidation de la paix dépend en définitive de l’attention accordée à la Commission par la communauté internationale dans son ensemble. 

Le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont rappelé le besoin urgent, pour les pays en situation postconflit, d’une assistance dans les domaines financier, commercial et de développement.  Cependant, comme le pape François l’a noté dans son récent discours devant l’Assemblée générale, « les engagements solennels sont insuffisants ». 

Des mesures concrètes et des mesures immédiates sont indispensables à cet égard.  M. Kassas a en conclusion rappelé que le Saint-Siège avait toujours promu la paix entre les pays, les églises catholiques locales ayant longtemps été un facteur de réconciliation et de consolidation de la paix au niveau national, a-t-il relevé.

Mme TATJANA VON STEIGER WEBER (Suisse) a estimé que le renforcement de partenariats, notamment avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, l’importance d’une appropriation nationale inclusive, le respect des droits de l’homme, la participation significative des femmes à tous les stades des processus de paix, la justice transitionnelle, la formation et le renforcement des capacités devraient apparaître bien en évidence dans une résolution en matière de consolidation de la paix.  La représentante a estimé que le texte devrait faire clairement référence au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et souligner l’importance de financements plus prévisibles pour la consolidation de la paix. 

Elle a également affirmé qu’une résolution globale et substantielle procurerait à l’architecture de consolidation de la paix les instruments nécessaires pour lui permettre d’exécuter son mandat avec vigueur.  L’impulsion imprimée par la résolution permettrait par ailleurs à l’architecture de consolidation de la paix, et plus particulièrement à la Commission de consolidation de la paix, de mieux assurer son rôle consultatif auprès du Conseil de sécurité et son rôle d’accompagnement auprès des pays touchés par un conflit.  La représentante a en outre estimé que la Commission de consolidation de la paix pourrait élargir l’éventail des considérations de fond, en mettant l’accent sur les questions inhérentes au développement socioéconomique et aux droits de l’homme et leurs liens avec la paix et la sécurité.  Elle s’est engagée à donner à la Commission de consolidation et à ses configurations pays les moyens d’apporter cette plus-value au Conseil de sécurité.

Mme LOURDES O. YPARRAGUIRRE (Philippines) a estimé que la prévention des conflits et la consolidation de la paix étaient deux des plus grands défis pour la communauté internationale à ce jour.  Pendant des décennies, les Nations Unies ont consacré une grande partie de leurs ressources au maintien de la paix et, tandis que leur bilan dans ce domaine est mitigé, avec des succès et des échecs, de nombreuses leçons ont déjà été tirées sur la façon de faire mieux pour lutter contre les foyers d’incendie.

L’examen actuel devrait tenir compte des nouvelles réalités, de la nature changeante des conflits armés contemporains, a dit la représentante, affirmant que son pays appuyait les recommandations du Groupe consultatif d’experts sur la primauté de la prévention, de la médiation et des solutions politiques.

Sa délégation soutient, a-t-elle dit, les propositions visant à une meilleure cohérence au sein du système des Nations Unies, à travers les rôles du Conseil de sécurité, de la Commission de consolidation de la paix, du Secrétariat, du Conseil économique et social (ECOSOC), du Conseil des droits de l’homme et des institutions financières internationales.

De même, a-t-il poursuivi, le développement était la pierre angulaire de toute initiative de consolidation de la paix et essentiel dans la prévention des conflits et le maintien de la paix.  Le représentant a indiqué qu’après la signature de l’Accord de paix global avec le Front islamique de libération Moro en mars 2014, son gouvernement avait entamé un processus de consolidation de la paix et œuvrait à l’adoption d’une loi qui accorderait l’autonomie à plusieurs provinces de Mindanao.  La Loi fondamentale Bangsamoro, une fois adoptée par le Congrès, doit mettre en œuvre des initiatives concrètes reliant la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, a-t-il conclu.

M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a mis l’accent sur le rôle crucial que jouent les femmes dans la consolidation de la paix, en particulier s’agissant des processus de prise de décisions et dans le domaine de la vie socioéconomique.  Il a plaidé en faveur d’un objectif de 15% de femmes dans ces activités, ainsi que dans les processus de médiation.  Soulignant ensuite la primauté de la prévention des conflits, il a souligné les besoins criants en ce domaine.  Le représentant a par ailleurs recommandé au Conseil de sécurité d’envisager dans quelle mesure la Commission de consolidation de la paix pourrait identifier les premiers signes d’un conflit et s’est déclaré d’accord avec l’idée selon laquelle les mandats et missions ne devaient pas être élaborés selon une approche unique.  Aussi l’Irlande a proposé que la Commission se voie confier un rôle dans l’élaboration des mandats de maintien de la paix et dans l’assistance technique aux opérations des Nations Unies, a indiqué le représentant.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a rappelé l’histoire de son pays, qui a émergé des cendres de sa guerre d’indépendance en 1971, à travers un processus ardu de redressement postconflit et de reconstruction.  Chaque situation de conflit doit se forger sur sa propre voie pour le relèvement et la reconstruction menant à une paix durable, où la communauté internationale peut jouer un rôle de catalyseur de soutien.

Ce sont des idées qui ont motivé le Bangladesh en vue de rester en prise avec le travail de la Commission de consolidation de la paix, dès le départ, d’assumer sa présidence en 2012 et d’organiser sa première réunion de haut niveau, la même année, sous la direction du Premier Ministre Sheikh Hasina.

Selon le représentant, la consolidation de la paix doit être menée par les principaux organes de l’ONU dans la reconnaissance de l’interconnexion entre la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  En outre, la primauté de l’appropriation nationale définie par des processus inclusifs et responsables doit rester au cœur des efforts de consolidation de la paix.  Le rôle potentiel de consolidation de la paix pour contribuer à des processus participatifs politiques, au développement humain, à la justice sociale et au renforcement des institutions devrait idéalement être entraîné par un consensus national dans des situations de conflit, a-t-il également expliqué.

M. SVEN JURGENSON (Estonie) a déclaré, à l’instar d’autres délégations, qu’il fallait faire de la prévention des conflits une priorité.  La consolidation de la paix ne devrait plus être considérée en tant qu’activité postconflit, mais plutôt comme partie prenante d’un « cycle complet d’engagement » de la part des Nations Unies et de ses partenaires.  Dans ce contexte, a-t-il relevé, une meilleure coordination des acteurs aux niveaux national, régional et international serait de nature à élaborer des approches répondant plus précisément aux objectifs spécifiques de consolidation de la paix.  Le représentant a estimé en conclusion que le Fonds de consolidation de la paix devait être financé grâce à des engagements de long terme des bailleurs de fonds, notamment les banques de développement multilatérales et régionales.

M. KAI SAUER (Finlande) a affirmé qu’il importait de disposer d’un système onusien davantage efficace et intégré.  Seule une approche holistique, liant étroitement entre elles les notions de sécurité et de développement, est susceptible de porter ses fruits, a-t-il déclaré.  Nous devons également placer la prévention des conflits au cœur de nos préoccupations, en donnant la priorité aux processus politiques et en axant les activités autour des besoins des populations locales.  Le respect de l’appropriation nationale est également indispensable, a poursuivi le représentant, plaidant pour une participation plus importante des femmes et des jeunes à tous les niveaux des processus de consolidation de la paix.

M. KAYODE LARO (Nigéria) a souligné que le leadership national, l’appropriation nationale et l’inclusivité étaient importants dans la consolidation de la paix après le conflit.  Les efforts pour le maintien de la paix doivent commencer par l’élaboration d’un véritable accord de paix ouvert et inclusif qui reflète la grande partie des aspirations de toutes les parties prenantes dans les sociétés touchées par le conflit, a-t-il affirmé, précisant que cela était vital pour la stabilité à long terme de ces sociétés.  Concernant la prévisibilité du financement de la consolidation de la paix, le représentant a encouragé les États touchés par les conflits à explorer des ressources domestiques de financement pour la consolidation de la paix.  Il a aussi exhorté les États Membres à accorder une assistance technique visant à améliorer la capacité des États dans la gestion des ressources naturelles, des fonds publics, de la collecte des impôts et endiguer les flux financiers illégaux.  Il a rappelé la recommandation selon laquelle le Fonds de consolidation de la paix aurait besoin d’un financement prévisible équivalent à 1% du budget des opérations de maintien de la paix, soit 100 millions de dollars, comme capital de base pour les 15 prochaines années.

M. HAHN CHOONGHEE (République de Corée) a appuyé l’idée selon laquelle il faut développer les liens entre la paix durable et les principes agréés sous l’égide du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Après avoir rappelé que le dispositif de consolidation de la paix devait surmonter les défis du sous-financement et de la fragmentation, il a déclaré qu’une attention politique devait être donnée aux activités de consolidation de la paix, en commençant au niveau du Conseil de sécurité.  C’est la raison pour laquelle le représentant a salué la tendance actuelle à inclure de plus en plus la Commission de consolidation de la paix dans les délibérations du Conseil. 

M. Hahn s’est également rangé du côté de la Présidence vénézuélienne du Conseil qui a rappelé, que pour être efficace, un processus de consolidation de la paix peut devoir s’étaler sur de longues périodes de temps, parfois même des décennies, et ne se déroule pas nécessairement de façon linéaire.

M. MARTÍN GARCIA MORITÁN (Argentine) a affirmé que l’action de l’ONU dans le domaine de la consolidation de la paix était trop fragmentée et qu’il n’y avait pas de coordination au sein du système des Nations Unies.  Le représentant a estimé que la Commission de consolidation de la paix pourrait être un pont entre le Conseil de sécurité et les autres organes de l’ONU, et souligné que la cohérence systématique devait être l’objectif principal de l’action en matière de consolidation de la paix.  Il a précisé que l’approche préventive est un processus continu qui couvre les périodes d’avant-conflit, du conflit et de l’après-conflit.  L’implication de toutes les parties prenantes dans les pays hôtes dans le processus de consolidation de la paix est indispensable, et doit être accompagnée par les Nations Unies et la communauté internationale.  Le représentant a par ailleurs souligné l’importance de l’égalité homme/femme dans la consolidation de la paix.  Concernant le financement, il a soutenu la proposition de ponctionner 1% ou 100 millions de dollars du budget des opérations de maintien de la paix en faveur de la consolidation de la paix pour les 15 années à venir et s’est prononcé pour un élargissement du calendrier de la consolidation de la paix.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a indiqué que la paix durable exigeait une plus grande cohérence et coordination entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, dans la limite des mandats prévus par la Charte des Nations Unies.  Face à des activités de consolidation de la paix de plus en plus complexes, il a déclaré que davantage devait être fait pour ajuster les stratégies de développement et les activités des différentes parties prenantes aux réalités concrètes des populations dans le besoin.  Tout aussi important est de se pencher sur les causes profondes des conflits, a poursuivi le représentant.  Celui-ci a attiré l’attention sur l’importance de la réforme du secteur de la sécurité dans ses sociétés postconflit, dans la mesure où celle-ci joue un rôle capital dans la pérennisation de la paix.  Aussi les gouvernements, les organisations régionales et les Nations Unies doivent poursuivre leur assistance à l’appui des efforts nationaux en ce sens, a ajouté M. Ruzicka.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a soutenu la vision mettant la prévention des conflits et la coopération régionale au cœur de la consolidation de la paix.  Il a souligné l’importance de la relation de travail entre les Nations Unies et l’Union africaine sur cette question.  Le représentant a demandé une plus grande synergie dans le travail de la Commission de la consolidation de la paix et le Conseil de sécurité.  Il a rappelé que l’ONU avait un mandat essentiel dans le maintien de la paix et qu’elle devait tout faire pour que ce mandat soit présent dans toutes les phases de l’action de l’Organisation. 

Le représentant a aussi estimé que le partenariat en matière de consolidation de la paix devrait inclure tous les acteurs, y compris les institutions financières internationales et la société civile nationale.  Il a encouragé le Conseil de sécurité à faire en sorte que la consolidation de la paix soit mise en synergie avec les opérations de maintien de la paix.  Il a apporté son appui à l’appel à la mobilisation de ressources supplémentaires et à un financement plus prévisible du Fonds de consolidation de la paix.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a estimé que l’examen du dispositif de consolidation de la paix devait contraindre la communauté internationale à changer sa perception de la consolidation de la paix et à la voir sous un prisme plus large.  Tout processus doit s’inscrire à cet égard dans le cadre d’une approche holistique qui conjugue l’ensemble des actions menées, allant de la prévention à la restauration de la paix, en passant par le maintien de la paix et l’édification de l’État postconflit. 

En outre, a relevé la délégation, il faut assurer l’« inclusivité », dans le projet de reconstruction du pays, de toutes les composantes de la société postconflit et de toutes les mouvances, obédiences politiques ou ethniques confondues, qui constitue un préalable au succès des efforts de consolidation de la paix. 

Par ailleurs, a poursuivi le représentant, il est temps d’accorder au rôle et à la place de la CCP au sein du dispositif de consolidation de la paix la reconnaissance qu’ils méritent.  Il a également plaidé pour un soutien financier approprié, prévisible et durable, clef selon lui du succès des actions de consolidation de la paix.  Enfin, a-t-il dit, les efforts de consolidation de la paix ne peuvent réussir s’ils ne s’insèrent pas dans le cadre d’une stratégie globale et intégrée de développement, qui combat les causes profondes des conflits et répond aux attentes et aspirations socioéconomiques des pays au sortir des conflits. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELASQUEZ (Pérou) a affirmé que l’édification de sociétés stables et pacifiques était étroitement liée aux efforts de développement, expliquant que la paix sans développement n’est pas durable et le développement durable s’appuie sur la paix.  Il a indiqué que la consolidation de la paix était un processus politique éminemment interne, qui doit impliquer les acteurs nationaux, alors que les Nations Unies doivent y contribuer en accompagnant le processus par un double appui politico-financier.  Il a en outre plaidé pour une approche intégrale des activités de consolidation de la paix, notant que la segmentation des activités de l’ONU ne rendait pas efficace les efforts visant à consolider la paix.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) s’est déclaré en faveur d’une approche holistique, centrée sur la personne et adaptée au pays dans le domaine de la consolidation de la paix.  Cette approche devrait reconnaître les spécificités nationales et respecter l’expertise régionale et l’autonomie de ses acteurs locaux, a estimé le représentant.  En même temps, les efforts internationaux devraient être plus intégrés dans les efforts locaux et régionaux, a-t-il ajouté, soutenant le besoin de faciliter et de bâtir une appropriation nationale et inclusive de la consolidation de la paix.  Par ailleurs, a-t-il estimé, l’autonomisation des femmes contribue énormément à renforcer l’inclusivité et la cohésion, soulignant par ailleurs l’importance de l’autonomisation des jeunes dans les actions de consolidation de la paix.  Il a également estimé que pour la réussite de la consolidation de la paix, l’appui politique à long terme et l’appui financier étaient indispensables, ainsi que la constitution de partenariats avec les communautés locales, les gouvernements, le secteur privé et les organisations régionales et internationales, y compris les institutions financières internationales.

M. JUAN CARLOS MENDOZA (Costa Rica) a rappelé que c’est par attachement à la paix que le Costa Rica a volontairement décidé de dissoudre son armée il y a des décennies.  Il a dit que le maintien de la paix étant le rôle premier des Nations Unies, et que ses membres doivent s’y investir sans relâche.  Il a ajouté qu’il faudrait accorder de l’importance à la prévention des conflits. 

Il a affirmé qu’après des conflits, les autorités doivent oeuvrer à regagner la confiance des populations, ajoutant également que la participation des femmes au processus de consolidation de la paix était de la plus grande importance.  Il a en outre salué la création de l’Université pour la paix, mise en place par l’ONU en 1980 afin de promouvoir une culture internationale de la paix.  Il a souligné que le choix du Costa Rica pour accueillir cette structure était une reconnaissance du rôle et de l’implication de son pays en faveur de la paix.

M. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO (Paraguay) a rappelé que le dispositif actuel de consolidation de la paix n’avait que 10 ans, mais a souligné la nécessité de passer à une étape supérieure en mettant notamment sur pied des mécanismes d’alerte des conflits plus efficaces.  Il faut éviter à tout prix la résurgence des conflits, a-t-il déclaré, expliquant aussi que des milliards de dollars ont été débloqués pour financer les programmes de stabilisation postconflit, alors que les conditions de base pour une paix durable n’étaient pas réunies. 

Le représentant a déploré ce « gaspillage des ressources des États » et a insisté sur la nécessité d’optimiser leur utilisation, notamment dans un contexte international marqué par un besoin de fonds pour financer la mise en œuvre du nouveau programme de développement international.

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a déclaré que d’importantes étapes devaient être franchies pour traduire les recommandations du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix en une résolution qui peut apporter la transformation que nous souhaitons tous.  Les objectifs des Nations Unies sont clairement définis par la Charte.  La consolidation de la paix est ainsi l’affaire de chacun et doit être à la base de notre travail.  Pour cela, nous devons garder à l’esprit deux questions: premièrement, comment pouvons-nous faire fonctionner la consolidation de la paix et deuxièmement, comment pouvons-nous être à la hauteur des dispositions de la Charte et les attentes de la communauté internationale que nous servons? 

Mais auparavant, a indiqué le représentant, nous devons réexaminer la manière avec laquelle la consolidation de la paix a été faite.  Cela pourrait nous aider à élaborer une résolution qui pourrait aborder les questions soumises par le Groupe africain au Groupe d’experts pendant les consultations avec les groupes régionaux. 

Le représentant a ajouté que le travail de consolidation de la paix devrait se concentrer sur les principes de maintien de la paix avant et après conflit.  À cet égard, la nécessité d’un financement régulier, prévisible et durable de la Commission de consolidation de la paix, du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et du Fonds de consolidation de la paix ne peut qu’être trop soulignée.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a déclaré que la consolidation de la paix durable et inclusive passait par des partenariats entre communautés locales, gouvernements, femmes, jeunes, secteur privé, organisations régionales et organisations non gouvernementales.  Par ailleurs, pour sa délégation, il est de la plus haute importance que l’examen de la consolidation de la paix soit lié à celui des opérations de maintien de la paix initié par le Secrétaire général, de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, sur les femmes, la paix et la sécurité, et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Pour les Pays-Bas, la résolution actuellement négociée à l’Assemblée générale sur les dispositifs de consolidation de la paix devrait confier un mandat clair et réaliste au Secrétaire général pour lui permettre de prendre les mesures qui s’imposent pour surmonter la « fragmentation » des activités en vigueur dans le système des Nations Unies.  Le représentant a ajouté en conclusion que le Fonds de consolidation de la paix devait être financé de manière adéquate.

L’histoire a montré, a dit M. NKOLOI NKOLOI (Botswana), que les processus de consolidation de la paix étaient compliqués et nécessitaient du temps pour se raffermir.  Une grande patience est nécessaire pour éviter la résurgence de la violence et la réouverture d’anciennes blessures, a encore déclaré le représentant, qui a regretté l’absence de financements propres ou prévisibles aux niveaux régional et international. 

Ainsi, il a appelé la communauté internationale, en particulier le système des Nations Unies, à assurer sa propre cohérence et coordination dans la promotion d’un cadre de financement efficace pour la paix et la sécurité.  Il est aussi important de chercher des moyens créatifs pour introduire des méthodologies de financement prévisible pour les initiatives de consolidation de la paix afin de soutenir le Fonds de consolidation de la paix. 

M. DIEGO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a déclaré que la complexification des conflits rendait indispensable de moderniser les dispositifs de consolidation de la paix, en mettant l’accent sur la prévention.  Dans ce contexte, le système des Nations Unies, et particulièrement ses trois principaux organes intergouvernementaux, doivent unir leurs efforts, a souligné le représentant. 

Assurer le financement prévisible des activités de consolidation de la paix est également indispensable, a-t-il poursuivi, affirmant que l’objectif de 100 millions de dollars pour le Fonds de consolidation de la paix était insuffisant comparé au budget des opérations de maintien de la paix.  M. Pazmiño a expliqué, en conclusion, l’importance de la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a indiqué que la consolidation de la paix devait s’imposer avant, pendant et après les conflits.  Il a aussi souligné que les solutions aux conflits devaient être politiques, saluant le fait que le Groupe d’experts ait reconnu cette réalité, et invitant les États Membres à adopter et mettre en œuvre les recommandations du rapport du Groupe d’experts. 

Il a aussi affirmé que le Canada saluait le travail des cofacilitateurs, Angola et Australie, qui ont mené les négociations sur la résolution en cours de préparation sur la revue du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU.  Le Canada, en sa qualité d’ancien président de la configuration pays de la Sierra-Leone, souligne l’importance de la Commission de consolidation de la paix pour la mise en place de mandat qui assurerait l’avènement d’une paix durable.

M. GONZALO KONCKE, observateur de l’Organisation des États américains, a indiqué qu’avant les conflits, la communauté internationale devait intervenir pour éviter que la paix ne soit rompue.  Il a dit que la consolidation de la paix ne pouvait être possible si les droits de l’homme n’étaient pas considérés comme prioritaires, y compris les droits des femmes. 

Il a dit que c’est conscient de cette nécessité que son organisation œuvrait au respect des droits de l’homme.  Il a indiqué que l’Organisation des États américains soulignait l’importance de déceler les signes précurseurs des conflits, et à ce propos, les organisations régionales comme la sienne ont un rôle important à jouer.  Il a aussi noté qu’il y avait un lien entre l’examen de dispositif de consolidation de la paix et la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.

M. NIBISHAKA (Rwanda) a rappelé que son pays était sorti avec succès d’une situation difficile au lendemain du conflit qui a secoué son pays dans les années 90.  Lui aussi a noté que la consolidation de la paix postconflit était menée sous un angle purement opérationnel sans tenir compte des diverses priorités nationales, comme en témoigne la détérioration de la situation dans certains pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix.  « Le cas du Burundi l’illustre parfaitement », a affirmé la délégation, qui a également cité celui de la Guinée-Bissau, en proie à l’instabilité. 

Le système des Nations Unies doit donc prendre des mesures supplémentaires à l’appui de la consolidation de la paix et des institutions étatiques.  Quant au travail de la Commission lui-même, il doit être axé sur la réalisation des priorités nationales des États et sur le suivi des mesures mises en œuvre.  Le Rwanda a également estimé que la Commission avait un rôle crucial à jouer pour favoriser la cohérence des activités menées avec les différents acteurs régionaux, notamment l’Union africaine.

Rappelant le soutien de longue date de son pays aux liens étroits existant entre le développement et l’humanitaire, M. BEGEC (Turquie) a déclaré que le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul, qui se tiendra en mai, serait l’occasion de réévaluer cette relation stratégique.  Il a ensuite soutenu l’idée pour les Nations Unies de faire pleinement usage des outils de médiation à sa disposition, et à faire de la Commission de consolidation de la paix une interface entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC).  Le représentant a lui aussi plaidé pour un financement adéquat du Fonds de consolidation de la paix et pour une participation élargie des femmes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Activités opérationnelles de développement: l’ECOSOC débat des approches à opérer pour parvenir en 15 ans au développement universel

Session de 2016,
9e & 10e séances - matin - après-midi
ECOSOC/6741

Activités opérationnelles de développement: l’ECOSOC débat des approches à opérer pour parvenir en 15 ans au développement universel

En cette première journée de débat sur les activités opérationnelles de développement, dans le cadre de la session de 2016 du Conseil économique et social (ECOSOC), des appels fermes ont été lancés pour que chaque acteur du développement soit ouvert à des approches différentes de celles du passé, fasse preuve de la volonté nécessaire pour opérer les changements indispensables et contribue activement à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Ces conseils s’appliquent d’abord au système des Nations Unies pour le développement qui devra revoir sa façon de procéder pour que sa contribution fasse la différence sur le terrain.

Le débat sur « les activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement », qui se tient chaque année, a pris une résonance particulière du fait de l’adoption, en septembre dernier, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui a défini les 17 objectifs de développement durable à atteindre.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales comme le Vice-Président de l’ECOSOC ont fait remarquer que le système des Nations Unies pour le développement est le meilleur soutien pour faire face aux défis mondiaux qui requièrent une attention collective.  C’est ce que souligne le Secrétaire général dans son dernier rapport* sur la question, en rappelant les nouvelles réalités et les défis que présente le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a résumé le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations.

La Ministre de l’intégration économique du Kazakhstan a reconnu que les activités opérationnelles de développement des Nations Unies jouaient un rôle crucial pour l’application du Programme 2030.  Mais « comment les Nations Unies vont-elles mener à bien, en 15 ans seulement, et sans perdre de temps, toutes ces tâches ambitieuses? » s’est interrogé le représentant du Kenya, avant de plaider en faveur de « changements radicaux ».

Il est ainsi apparu que l’ONU devait accomplir des efforts dans plusieurs directions: rationaliser les travaux de ses fonds et programmes pour éviter les chevauchements, fournir un appui plus ciblé aux pays en développement, et diversifier ses sources de financement étant donné la baisse de volume des ressources de base du système.

Le présent segment des activités opérationnelles de développement et le dialogue de l’ECOSOC sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement, ainsi que l’examen quadriennal complet, sont autant d’opportunités de se mettre d’accord sur un programme de réforme ambitieux, a estimé M. Wu Hongbo.

En faisant le bilan des progrès déjà accomplis en matière de cohérence, l’initiative « Unis dans l’action » a été citée, notamment par le Directeur exécutif d’ONU-Habitat et l’Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Mais maintenant que le Programme 2030 est en route, les intervenants ont plaidé en faveur d’un véritable changement.  On ne pourra pas se contenter d’un petit remaniement, car il faudra « remettre en question toute la hiérarchie existante » pour acquérir une souplesse indispensable, a en effet prévenu M. Joan Clos.

Cette réflexion a été alimentée par quelques recommandations concrètes.  Le représentant de la Suisse, par exemple, a prôné d’adopter une stratégie à l’échelle de l’ONU pour guider la mise en œuvre du Programme 2030, qui servirait de « coupole » sous laquelle seraient exécutés tous les programmes.

À l’échelon du système de coordination en place au niveau des pays, la délégation de la Suède a conseillé de renforcer les bureaux des « coordonnateurs résidents », tandis que celle de la Norvège s’est interrogée sur l’ampleur des changements voulus: « voulons-nous améliorer ce système par petites touches ou y apporter des changements plus approfondis afin qu’il devienne plus un directeur général qu’un coordonnateur? »

Fort de son expérience, l’un de ces coordonnateurs résidents, en poste en Chine, a plaidé en faveur d’« équipes de pays » suffisamment flexibles pour travailler avec les gouvernements hôtes, le but étant de développer des plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), ou des instruments similaires, adaptés aux contextes locaux.  

Cette exigence d’« appropriation nationale » a été perçue comme décisive lorsqu’il s’agit de garantir l’efficacité de l’aide au développement.  C’est pourquoi le PNUD a adopté un guide de référence pour aider les équipes de pays à accompagner les efforts nationaux.

Le Ministre des finances et de la planification économique du Rwanda, dont le pays fut l’un des huit pays pilotes de l’approche « Unis dans l’action », a témoigné de l’importance de l’alignement du Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement (PNUAD) sur le programme de développement national rwandais.  Toutefois, le Ministre a regretté que la cohérence et la coordination du système onusien, qui sont louées au Rwanda, ne se reflètent pas aux niveaux régional et mondial.

L’après-midi a été consacrée au « dialogue avec les chefs de secrétariat des fonds et programmes des Nations Unies », l’occasion pour chacun de réaffirmer leur engagement à travailler de concert en vue d’un objectif universel, « ne laisser personne de côté », comme le veut le Programme 2030.

L’ECOSOC se réunira demain, mardi 23 février, à partir de 10 heures, notamment pour discuter du « positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement dans le contexte du Programme 2030 ».

*A/71/63–E/2016/8

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT: SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE GÉNÉRALE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET DU CONSEIL (A/71/63–E/2016/8)

Déclarations liminaires

M. ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé les objectifs de la session qui s’ouvre, à savoir l’Examen quadriennal complet des politiques « l’Examen quadriennal » et l’analyse des incidences du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur les activités de l’ONU.  Notant que le système des Nations Unies pour le développement se trouvait à un tournant décisif, il a invité à procéder à des changements pour que l’ONU puisse répondre efficacement aux besoins d’intégration du Programme 2030.  Cela exige un renouveau pour le système de développement des Nations Unies, a-t-il dit, en conseillant de se baser sur des initiatives précédentes de réformes, compte-tenu de l’ampleur très ambitieuse de ce Programme et en prônant un élan solide donné par les États Membres eux-mêmes.

Il a indiqué que le Bureau de l’ECOSOC avait créé une équipe indépendante de conseillers pour fournir des propositions concrètes aux États Membres et pour renforcer le système des Nations Unies pour le développement et contribuer ainsi à la mise en œuvre du programme de développement 2030.  Il a salué le rapport du Secrétaire général sur l’examen quadriennal qui recense les progrès enregistrés et analyse les premiers éléments ressortis de la première phase du Dialogue de l’ECOSOC.  Le système des Nations Unies pour le développement est l’allié préférentiel des pays pour la mise en œuvre du Programme, a-t-il rappelé.

L’examen quadriennal complet doit illustrer l’essence et l’esprit d’un programme universel, intégré, indivisible et très large, a expliqué M. Palma Cerna en appelant à examiner le contenu et la force du programme.  Il a voulu savoir si l’examen complet est vraiment un instrument complet.  C’est le moment d’assurer une base solide pour les activités opérationnelles de développement, nous ne pouvons pas attendre quatre années de plus, a-t-il prévenu, exigeant des décisions et des actions.

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a rappelé que tous les acteurs concernés ont un rôle crucial à jouer dans la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030, en soutenant la responsabilisation en vue de la tenue des promesses faites l’an dernier.  Les États, a-t-il expliqué, vont examiner les moyens d’optimiser les mécanismes de suivi, comme le Forum politique de haut niveau. 

Relevant le rôle crucial que doit jouer le système de développement des Nations Unies, il a prévenu qu’il devait s’adapter aux nécessités du nouveau programme et aux besoins des partenaires.  Rappelant que l’objectif était de « ne laisser personne pour compte », il a estimé qu’il fallait, pour y arriver, un changement dans le modus operandi des acteurs du développement durable et notamment de tout le système de l’ONU consacré à cette question.

Le Président de l’Assemblée générale a proposé d’examiner les ressources et les capacités du système de développement des Nations Unies de manière transversale.  C’est aux États Membres de donner des conseils au système pour expliquer de quel type d’aide ils ont besoin, a-t-il aussi conseillé. 

Au sein du système de développement des Nations Unies, il a recommandé de s’adapter et d’identifier les éléments pertinents qui méritent d’être conservés.  Nous ne pouvons pas nous permettre de faire du sur-place et de laisser les processus rester dans l’impasse, a-t-il averti.

Dans sa déclaration liminaire, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. WU HONGBO, a indiqué que le nouveau Programme de développement international allait accentuer les changements nécessaires de la part des acteurs du développement.  Il a estimé qu’au vu des défis nouveaux qui interpellent le système de développement des Nations Unies, les délibérations du Conseil économique et social (ECOSOC) pour les 10 prochains mois, en rapport avec les activités opérationnelles de développement, seraient importantes pour tracer une nouvelle voie pour le système de développement onusien pour la période post-2015. 

Il a ainsi relevé que l’un des changements du nouveau Programme de développement résidait dans le fait que les interconnexions et la dépendance mutuelle entre les objectifs de développement durable et les cibles induisaient qu’une approche intégrée et coordonnée était nécessaire, comme jamais elle ne l’avait été dans le passé, dans le cadre du processus de mise en œuvre du programme de développement.  Il a noté que cette réalité allait avoir des implications sur le financement et la gouvernance du système de développement des Nations Unies, ainsi que sur d’autres domaines tels que les modalités d’organisation et les approches de partenariats. 

M. Wu a également souligné que les besoins des pays en développement sont différents, ajoutant que dans les pays les moins avancés (PMA), dans les pays en développement sans littoral, dans les petits États insulaires en développement (PEID) ou encore dans les pays touchés par les conflits, le système de développement des Nations Unies devrait démontrer sa capacité à offrir des solutions adaptées au contexte de chaque pays.  Il a en outre noté que les pays à revenu intermédiaire faisaient également face à des défis de développement complexe qui requièrent un soutien international approprié.  Il a aussi déclaré que dans des pays subissant des crises prolongées, il serait important d’établir un lien entre les différents piliers de l’Organisation, notamment ceux relatifs au développement, à l’humanitaire et la paix et sécurité. 

Il a par ailleurs relevé que dans le dernier rapport du Secrétaire général sur l’examen quadriennal complet des activités de développement des Nations Unies, il était indiqué que le système de développement des Nations Unies était considéré comme le meilleur soutien pour faire face aux défis mondiaux qui requièrent une attention collective.  Il a ajouté que le système de développement des Nations Unies devrait s’atteler à réaliser les objectifs du nouveau programme de développement, lequel implique le besoin d’une approche horizontale et unifiée encore plus important que cela ne fut le cas avec les Objectifs du Millénaire pour le développement. 

Il a aussi établi que le système de développement des Nations Unies ne devait pas juste agir différemment, il se devait également de faire différentes choses et passer de la coordination et la coopération à l’intégration.  Il a ensuite fait observer que ces diverses mutations attendues du système de développement des Nations Unies allaient impliquer des changements majeurs dans l’état d’esprit, dans la méthode et dans l’action. 

Il a estimé que le rôle de l’examen quadriennal complet devait changer.  Dans un monde où les défis au développement étaient davantage interconnectés, a-t-il relevé, l’examen quadriennal complet doit désormais servir comme un instrument stratégique et efficace afin de favoriser un système onusien plus cohérent. 

Il a conclu en indiquant qu’au vu de tous ces défis, le présent segment des activités opérationnelles de développement et le dialogue de l’ECOSOC sur le positionnement à long terme du système de développement des Nations Unies, ainsi que l’examen quadriennal complet offraient une opportunité historique aux États Membres d’atteindre un consensus sur un programme de réforme ambitieux dont l’objectif global serait d’assurer que « la somme totale de l’Organisation soit plus importante que les parties prises individuellement ».

Le Ministre des finances et de la planification économique du Rwanda, M. CLAVER GATETE, a indiqué que le Rwanda avait réalisé certains des objectifs du Millénaire pour le développement, et que les facteurs importants qui avaient guidé le pays vers ces succès étaient notamment l’appropriation nationale, un leadership visionnaire, l’institutionnalisation de la culture de la gestion axée sur le résultat, des mécanismes de suivi efficaces et l’institutionnalisation de la reddition de comptes.  

Il a aussi salué le rôle majeur que le système de développement de l’ONU a joué dans son pays, rappelant à ce propos que le Rwanda fut l’un des huit pays pilotes de l’approche « Unis dans l’action ».  Il a salué le fait que le Plan d’aide au développement des Nations Unies était aligné sur le programme de développement national rwandais, et il a annoncé que dans la perspective d’une meilleure coordination des activités onusiennes, la construction d’un bâtiment unique pour toutes les agences onusiennes était en cours de matérialisation. 

Il a par ailleurs déploré le fait que la cohérence et la coordination du système onusien, qui sont louées au Rwanda, ne se reflétaient malheureusement pas au niveau régional et mondial.  Il a ainsi suggéré que des défis mondiaux tels que la lutte contre la malnutrition, la préparation à la gestion des catastrophes, la lutte contre les changements climatiques, la paix et la sécurité fissent l’objet d’une mobilisation des ressources financières et humaines commune au sein des diverses agences onusiennes.  Il a en outre relevé que sans la paix, il ne pouvait y avoir de développement, et inversement, ajoutant qu’avec la montée de l’extrémisme et l’augmentation des conflits à travers le monde, le besoin de solutions globales n’avait jamais été aussi opportun.

En outre, pour réaliser les objectifs de développement durable, le Ministre a préconisé l’adoption de nouvelles approches de financements plus durables, invitant l’ONU à mettre sur pied un plan unique de planification et de mobilisation des ressources pour financer la réalisation d’objectifs communs.  Il a aussi plaidé pour que davantage de soutien fût accordé au renforcement des capacités, afin, a-t-il dit, d’améliorer le commerce et attirer des investissements dans les régions, tout en améliorant la mobilisation des ressources nationales.  

Revenant ensuite sur les activités de développement au niveau des pays, M. Gatete a estimé que le Fonds du programme « Unis dans l’action des Nations Unies », en mutualisant les ressources, pourrait permettre de résoudre le problème du manque de fonds dont souffrent certains domaines critiques, tout en réduisant la fragmentation et en améliorant la transparence et la redevabilité. 

Il a préconisé de réduire davantage les coûts de transaction des fonds alloués au développement en utilisant davantage les systèmes monétaires du pays d’activité.  Il a par ailleurs déclaré que le soutien à l’appropriation nationale des objectifs de développement durable était crucial pour le succès de ces derniers.  Il a enfin plaidé pour une meilleure harmonisation et coordination entre les agences onusiennes, dans le but de soutenir cette appropriation nationale, proposant à cet effet que les meilleures pratiques en la matière puissent ensuite être partagées.

Table ronde sur le thème « Programme de développement durable à l’horizon 2030: quelles sont les implications pour les politiques, le programme des travaux et la coopération et la coordination opérationnelles dans le système des Nations Unies pour le développement? »

Présentant les orateurs, Mme SARAH CLIFFE, Directrice du Centre sur la coopération internationale de l’Université de New York (NYU), et modératrice du débat, a fait remarquer que « le système de développement des Nations Unies qui avait été créé pour travailler par secteurs en est encore à se demander comment faire ».

Mme ZHANAR AITSHANOVA, Ministre de l’intégration économique du Kazakhstan, a reconnu que les activités opérationnelles de développement des Nations Unies jouaient un rôle crucial pour l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a rappelé que le Président de son pays avait récemment proposé à l’Assemblée générale que chaque gouvernement consacre 1% de son budget de la défense au Fonds des Nations Unies pour le développement durable.

Il faut incorporer les 17 objectifs dans les stratégies de développement à long terme des pays bénéficiaires, a indiqué la Ministre.  Elle a jugé essentiel que les travaux entrepris par le système des Nations Unies soient pertinents pour les pays hôtes.  « Il n’y a pas de recette unique; chaque pays doit relever ses propres défis. »

Après avoir souligné l’importance des initiatives planétaires, notamment en matière de changements climatiques, elle a mis l’accent sur les mesures prises au niveau régional.  Au niveau national, a-t-elle insisté, il faut tenir compte des besoins spécifiques des pays et améliorer la coordination entre les agences, pour éviter tout double emploi sur le terrain.  Parfois, a-t-elle ajouté, les pays ont besoin de conseils de praticiens, d’une assistance urgente ou d’une assistance en dehors des plans-cadre.

M. MACHARIA KAMAU (Kenya) s’est félicité de constater que, pour la première fois, le système entier des Nations Unies œuvrait dans une seule direction et avait convenu de mesurer les progrès engrangés dans le cadre du nouveau Programme de développement.  « Comment les Nations Unies vont-elles mener à bien, en 15 ans seulement, et sans perdre de temps, toutes ces tâches ambitieuses?  Les instruments existants seront-ils à la hauteur pour relever les défis? »

Le représentant s’est demandé si l’on allait se contenter de revitaliser les anciennes institutions, « avec un nouveau logiciel », ou s’il fallait revoir de fond en comble certaines d’entre elles.  « Une chose est sûre, continuer comme autrefois n’est pas possible », a-t-il insisté, plaidant en faveur de « changements radicaux ».  Il faut une volonté de faire les choses différemment; il faut créer de nouvelles normes opérationnelles tenant compte des piliers économique, social et environnemental.  Il a souhaité voir un appui plus ciblé et stratégique de la part des Nations Unies, et une diversification des sources de financement, pour que « la force d’inertie n’ait pas le dessus ».

À son tour, M. JOAN CLOS, Directeur exécutif d’ONU-Habitat, ancien maire de Barcelone, s’est interrogé: « Pouvons-nous continuer en conservant le modèle existant ou devons-nous changer? »  D’après lui, il y a moyen d’améliorer la micro-gestion des capacités de développement des Nations Unies.  Il a cité en exemple l’initiative « Unis dans l’action ».  S’il faut entamer un dialogue pour que le changement devienne réalité, il s’agit aussi d’examiner et d’améliorer « ce que nous avons déjà à notre disposition ».  

M. Clos a reconnu le besoin de coordination au sein d’un système de développement régi par des mandats mis en œuvre par de multiples organismes et programmes.  Résumant le « dilemme » entre modernisation et maintien des structures actuelles, il a estimé qu’il ne suffisait pas de se contenter d’un petit remaniement, et qu’il fallait « remettre en question toute la hiérarchie existante » pour acquérir une souplesse indispensable, et, à cette fin, « définir une matrice de gestion ».

M. ALAIN NOUDEHOU, Coordonnateur résident des Nations Unies et Représentant résident du Programme de développement des Nations Unies (PNUD) en Chine, a évoqué la pertinence du système de coordination existant au niveau des pays et proposé des changements qui renforceraient la capacité du système de développement des Nations Unies de fournir un appui efficace.  Tout d’abord, a-t-il expliqué, il faut travailler avec les capacités nationales et répondre aux priorités nationales, d’où l’importance d’adopter une « approche différenciée ». 

Ensuite, a poursuivi M. Noudehou, les équipes de pays doivent être suffisamment flexibles pour travailler avec les gouvernements hôtes afin de développer des plans-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), ou des instruments similaires, adaptés aux contextes locaux.  

Compte tenu de la diversité des priorités couvertes par le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ce dernier point est crucial.  En outre, « nous devons rechercher une plus grande intégration des efforts des Nations Unies au niveau des pays pour obtenir de meilleurs résultats », a-t-il préconisé.  Dans cet esprit, le travail humanitaire, l’appui à la paix et à la sécurité et les activités de développement devraient tous être entrepris en même temps.  Enfin, il a insisté sur l’importance d’avoir un financement adéquat et prévisible. 

Il a également estimé sur la nécessité de poursuivre les « procédures opératoires standard » et permettre aux coordonnateurs résidents de disposer de l’autorité nécessaire pour guider la coordination au niveau des pays.

Discussion interactive

Au cours de la discussion, qui était animée par Mme SARAH CLIFFE, Directrice du Centre pour la coopération internationale de l’Université de New York (NYU), les intervenants ont exprimé leur volonté d’éliminer les doublons et les obstacles bureaucratiques qui nuisent à l’efficacité des efforts de développement, tant au niveau du système des Nations Unies qu’au plan national.  Ils ont également insisté sur l’importance de l’appropriation nationale de ces efforts, une des conditions essentielles pour que se réalise concrètement, d’ici à 2030, un développement durable universel.

Le Ministre des finances du Rwanda a fait valoir le cadre mis en place par son pays pour réaliser, au cours des 15 prochaines années, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment grâce à un accord conclu récemment sur les moyens de financement.  Arguant que la dispersion faisait perdre en efficacité, il a recommandé aux Nations Unies de décider des priorités en tenant compte des ressources.  Dans le même sens, le représentant du Pakistan a craint devoir renoncer à certains objectifs nationaux, afin de mieux se concentrer sur les domaines les plus prioritaires.

Ces remarques ont confirmé l’avis suivant lequel il faut tenir compte des priorités nationales, comme l’ont fait valoir les représentants de la Suisse, du Brésil ou encore de la Suède, qui ont insisté sur l’importance de l’appropriation nationale des mesures en faveur du développement.  Cela exige notamment de prendre dûment en compte les défis particuliers auxquels sont confrontés les pays spécialement vulnérables, comme les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés, a fait remarquer la représentante de Cuba.

En ce qui concerne les changements à opérer dans le système des Nations Unies, le Ministre rwandais a relevé que, malgré l’approche « Unis dans l’action », les mandats des différentes entités se recoupent souvent.  Il a donc plaidé en faveur d’une meilleure définition des tâches de chacun, un appel relayé par le représentant du Pakistan.  Au plan national, les doublons ne favorisent pas non plus la mise en œuvre, a ajouté la représentante de Fidji, dont le pays vient d’être touché par un cyclone dévastateur, et qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits pays insulaires (AOSIS).  S’agissant du rôle des parlements, le représentant de l’Union interparlementaire a plaidé de mettre en place un point focal par parlement afin d’éviter la multiplication des projets de développement durable.

Appelant chaque organe des Nations Unies à agir de concert, le représentant de la Thaïlande, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a lui aussi plaidé en faveur d’une plus grande cohérence dans la fourniture des services de l’ONU en faveur des pays en développement.  Au nom de la CARICOM, son homologue de Trinité-et-Tobago a demandé au système des Nations Unies d’aider les pays à traduire tous les engagements pris l’an dernier en une feuille de route intégrée qui aurait une résonance aux niveaux régional et local.  À l’instar des représentants du Brésil et de Cuba, il s’est par ailleurs inquiété du sous-financement des ressources de base du système de développement des Nations Unies.  Le Directeur exécutif d’ONU-Habitat a salué cette détermination à mieux financer les fonds et programmes consacrés au développement.

Comment le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) peut-il être harmonisé pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a demandé le représentant de Trinité-et-Tobago en notant qu’il n’avait pas encore intégré les nouveaux objectifs.  Il faudrait peut-être un « petit PNUAD » au niveau des pays, a suggéré le représentant de la Suisse avant d’affirmer que c’est au Siège de l’ONU que doit démarrer le processus de changement nécessaire.  Il faudrait, a-t-il précisé, une stratégie à l’échelle de toutes les Nations Unies pour guider la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui servirait de « coupole » sous laquelle seraient exécutés tous les programmes.

De son côté, le représentant de la Suède a conseillé de renforcer les bureaux des coordonnateurs résidents.  À ce sujet, son homologue de la Norvège a posé la question suivante: voulons-nous améliorer le système de coordonnateur résident par petites touches ou y apporter des changements plus approfondis afin qu’il devienne plus un directeur général qu’un coordonnateur?  Pour le Japon, il faut que l’ONU joue efficacement un rôle de liaison avec les pays concernés.  Les généralistes doivent pouvoir travailler avec les experts, a ajouté le Directeur exécutif d’ONU-Habitat.

Outre les efforts des Nations Unies et des gouvernements nationaux, les États Membres ont exprimé le souhait de voir les autres secteurs contribuer de manière dynamique à l’élan en faveur du développement universel.  Alors que le représentant du Brésil conseillait de faire participer différents acteurs, son homologue du Mexique a prôné le développement d’alliances avec la société civile et le secteur privé.  La Ministre du Kazakhstan a prôné un « équilibre sain » entre les représentants de toutes les parties prenantes et de tous les secteurs, expliquant que le mélange de toutes ces expertises pourra garantir la pertinence des actions.

Présentation du rapport du Secrétaire général

Le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales (DESA), M. THOMAS GASS, a introduit le rapport du Secrétaire général consacré à la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale 67/226 sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (A/71/63–E/2016/8).

Les conclusions du rapport suggèrent que le système des Nations Unies demeure le partenaire privilégié des pays, mais qu’il faut tenir compte des nouvelles réalités et des défis que présente le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a résumé M. Gass.  « Il s’agit du premier programme pour la coopération à l’échelle planétaire », a-t-il rappelé.

D’après lui, l’ONU doit avoir une démarche plus horizontale et unifiée, différente en fonction des pays, notamment ceux à revenu moyen.  Le rapport indique qu’il faut « aller au-delà de la cohésion en faveur d’efforts intégrés ».  Il montre que les Nations Unies doivent encore mieux faire dans les domaines clefs identifiés par l’examen quadriennal, comme l’élimination de la pauvreté.  Si le système doit réfléchir aux dispositions existantes, il doit s’éloigner de l’approche consistant à ne compter que sur une seule institution. 

Saluant l’initiative intitulée « Unis dans l’action », M. Gass a reconnu que le système faisait face à des contradictions car ses activités ne sont pas pleinement intégrées.

Mme HELEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé que toutes les entités du système des Nations Unies et les équipes de pays avaient adopté des « procédures standards », dans le cadre de l’initiative « Unis dans l’action », qui ont entrainé une meilleure collaboration avec le terrain et favorisé des mesures axées sur les résultats.  Cela concerne 130 programmes conjoints et 40 équipes de pays, a-t-elle dit en saluant les stratégies communes ainsi mises en place, fruits du dernier examen quadriennal complet. 

Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 est une opportunité considérable pour faire avancer le développement dans le monde, a-t-elle remarqué, souhaitant que ce soit aussi l’occasion de mieux s’organiser pour atteindre cet objectif. 

Mme Clark a indiqué qu’une approche appelée « Maps » avait été adoptée pour intégrer les objectifs de développement durable dans les plans, politiques et budgets nationaux.  Nous avons adopté un guide de référence pour aider les équipes de pays à accompagner les efforts de développement des pays, a-t-elle ajouté en rappelant l’exigence d’appropriation nationale. 

Donnant l’exemple du Kenya, elle a parlé du nouveau processus PNUAD intégré dans les processus régionaux, qui a été signé par le Président lui-même.  Le Programme 2030 est fondé sur les piliers du développement durable, a-t-elle souligné en rappelant la nécessité pour l’ONU et les pays d’en tenir compte.  Elle a invité les meilleurs professionnels à se mobiliser dans cette entreprise, souhaitant aussi que le système de coordonnateur ne soit pas politisé afin d’avoir un réel impact sur le terrain. 

Quant aux instruments de financement du développement, il faut qu’ils soient innovants et souples, a-t-elle recommandé avant de donner aussi de l’importance au partage des données et statistiques.

M. ANTHONY LAKE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a supplié de prendre en compte la nouvelle génération, en aidant les millions d’enfants et de familles laissés de côté dans la marche du progrès.  Avec tous nos partenaires, à savoir les gouvernements, le secteur privé et la société civile, nous devons travailler à cet objectif, a-t-il souhaité. 

M. Lake a cependant exprimé les difficultés que rencontre l’UNICEF pour faire face à toutes les pressions, en demandant d’éviter de lui ajouter des fardeaux bureaucratiques.  Il a donné quelques chiffres pour rappeler l’ampleur de la tâche: 59 millions d’enfants ne sont pas scolarisés et 130 millions ne savent ni lire, ni écrire, ni calculer malgré leur quatre premières années d’école primaire. 

Le Directeur exécutif de l’UNICEF a assuré travailler avec les États Membres pour collecter les données, avec une ventilation par région, sexe et langue.  L’UNICEF mène également des évaluations des programmes accomplis et des obstacles.

Cet examen quadriennal est une nouvelle occasion de revoir notre engagement en faveur des plus pauvres, a-t-il poursuivi en exprimant son intention d’appuyer tous les gouvernements.  Il a rappelé que certains pays en développement passent du statut de récipiendaires à celui de bailleur de fonds. 

Le prochain examen pourrait nous permettre de réexaminer notre partenariat avec les États Membres, a-t-il espéré en invitant à garder à l’esprit les promesses du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est par ailleurs étonné que les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre les changements climatiques soient séparés de ceux visant le développement durable, avec des conférences et des documents différents, comme si les changements climatiques, les maladies et les catastrophes se situaient dans des réalités différentes.  Aider en pleine crise humanitaire, c’est du développement, a-t-il expliqué.

M. AMIR ABDULLA, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a débuté son intervention en soulignant la nécessité, en 2016 et au-delà, d’intégrer les trois piliers de l’humanitaire, du développement et du maintien de la paix, tels que prévus par les objectifs de développement durable.  Selon lui, le Sommet humanitaire mondial offre une opportunité stratégique de tenir cette promesse, en s’engageant, sous l’égide des Nations Unies, à répondre aux besoins des plus vulnérables, ceux qui vivent dans des régions touchées par des situations de conflit, des catastrophes naturelles ou l’insécurité alimentaire.  L’analyse substantielle qui sera effectuée sur le terrain par les acteurs onusiens fournira la base d’une réponse collective, a-t-il estimé, soulignant l’importance d’évaluer la réponse du pays concerné.  

Ainsi, a-t-il indiqué à titre d’exemple, « comment l’assistance humanitaire en Somalie y a-t-elle permis de soutenir les priorités et objectifs de développement? »  M. Abdulla a ensuite rappelé que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement avait permis d’identifier l’ensemble des partenaires existants au service d’une croissance durable, y compris ceux du secteur privé, comme l’organisation non gouvernementale Oxfam, par exemple. 

Ces nouvelles formes d’engagement doivent toutefois être soutenues par des mécanismes de financement adéquats et robustes, a-t-il prévenu.  Pour le Directeur exécutif, « il s’agit pour le PAM de s’appuyer sur les pratiques telles que des mécanismes de financement préparatoire et l’application de principes telles que le recouvrement des coûts, la transparence, la gestion adéquate et l’amélioration des processus de prise de décisions », a-t-il expliqué. 

Mme LAURA LONDEN, qui a parlé au nom de M. BABATUNDE OSOTIMEIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a concentré son intervention sur les données, les droits de l’homme et le partenariat.  Concernant les données, elle a déclaré qu’elles étaient particulièrement importantes parce que les personnes qu’il convient d’atteindre sont celles que nous connaissons le moins.  La révolution des données et la promesse des nouvelles technologies pour les collecter et les analyser ont une signification particulière sur la manière dont le FNUAP s’acquitte de son mandat. 

« Nous allons améliorer notre position en tant que centre d’excellence dans les données pour le développement.  Nous allons exploiter la révolution des données afin de renforcer les écosystèmes des données nationales qui offriront une base structurelle pour la prise de décision », a promis Mme Londen.  Ces écosystèmes, avec à la base les droits de l’homme, comprendront des statistiques démographiques comme les naissances, les mariages ou l’état civil pour assurer que chaque individu ait un statut légal qui lui permet de revendiquer ou d’exercer ses droits.

S’agissant des droits de l’homme, Mme Londen a insisté notamment sur la nécessité d’investir dans les jeunes « si nous voulons réaliser l’ambitieux Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Le FNUAP continuera de soutenir les jeunes, en particulier les adolescentes les plus marginalisées, de promouvoir leur accès aux services et aux formations adaptés aux jeunes, à l’éducation et aux opportunités de perfectionnement des compétences, et d’avoir voix au chapitre sur les décisions qui les concernent et leurs sociétés.  Le FNUAP milite pour l’augmentation des investissements sociaux dans l’éducation et la santé, en particulier la santé sexuelle et reproductive, l’emploi des jeunes et des adolescents. 

Pour ce qui est du partenariat, le FNUAP cherche à le renforcer, en particulier avec le secteur privé.  En outre, « nous examinerons ce que nous pouvons faire avec le reste du système de développement des Nations Unies, les réseaux multipartites, pour accroître la disponibilité et l’utilisation des services de santé reproductive et sexuelle, en particulier pour les jeunes et les adolescents », a dit Mme Londen.  « Nous devons assurer le financement adéquat et approprié pour le fonctionnement du système de développement des Nations Unies », a aussi plaidé Mme Londen, qui a ajouté que le nouveau modèle opérationnel du FNUAP faisait la distinction entre les programmes de chaque pays en fonction de leurs besoins et de leurs capacités à financer le développement.  

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a indiqué que le système des Nations Unies pour le développement était perçu par les gouvernements et les autres parties prenantes comme un partenaire de confiance disposant d’une intime connaissance du terrain et d’une expérience considérable.  Mais ce système fait face à de nouveaux défis, notamment celui d’intégrer les objectifs de développement durable dans les priorités et stratégies nationales de développement. 

Dans ce contexte, a relevé la représentante, l’ONU devrait aider les États Membres à mettre en œuvre les cadres normatifs prévus par ces objectifs et à sensibiliser les populations locales à l’importance de ces normes.  En outre, a-t-elle dit, l’Organisation doit améliorer sa capacité à mobiliser les États Membres en faveur des jeunes, dont l’innovation est cruciale pour la réalisation des objectifs.  

Le système des Nations Unies devrait aussi mobiliser des ressources extérieures, en jouant un rôle d’interface entre pays destinataires de l’aide et partenaires de développement. 

Enfin, pour des pays à revenu intermédiaire comme le Viet Nam, le soutien des Nations Unies devrait être orienté en priorité sur les domaines du partage des connaissances, de la recherche et du transfert de technologies, a plaidé la délégation.

M. GEIR PEDERSEN (Norvège) a demandé à chacun de contribuer à la lutte contre les changements climatiques dans l’objectif de ne laisser personne de côté.  L’an dernier, nous avons consacré 130 milliards de dollars à l’aide au développement, mais nous avons besoin de trillions de dollars pour les changements climatiques, a-t-il averti.  Le représentant a aussi rappelé la nécessité de garantir une appropriation nationale.

Comment faites-vous avancer le Programme 2030, a-t-il lancé à l’adresse des États Membres et des chefs de secrétariat des fonds et programmes des Nations Unies?  Il a exhorté à cet égard le système de l’ONU à apporter une aide de manière cohérente.  Quels sont les obstacles qui empêchent les Nations Unies d’agir de concert dans les contextes fragiles, a-t-il également demandé en tenant compte du fait que chaque fonds a ses priorités?  En ce qui concerne le système de coordonnateur résident, il a voulu savoir comment le renforcer.

Discussion interactive

La Thaïlande, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que, pour traduire le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en activité opérationnelle, il fallait rappeler que « ses engagements ne doivent pas être réinterprétés », notamment en ce qui concerne l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes dans les pays en développement. 

En outre, il faut établir la priorité en matière d’allocation des ressources, afin que celles-ci soient « plus souples, prévisibles, avec moins d’appropriation, et mieux adaptées à la situation sur le terrain ».  Il ne faut pas utiliser les financements de base pour des activités qui ne sont pas de base.

Les Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, qui est présente dans quatre commissions régionales des Nations Unies, ont dit qu’il fallait appuyer et mettre en œuvre le Programme d’action de Samoa.  La question est de savoir comment les appels lancés par des mandats existants pour plus de coordination ont été appliqués sur le terrain.

Dans le même esprit, Trinité-et-Tobago, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a noté que, dans le contexte de l’après 2015, il y avait un besoin accru de coopération entre fonds et agences aux niveaux national et régional pour appliquer le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a souligné l’importance du pilier sur l’environnement.

L’Iraq, notant qu’il existait d’autres systèmes dans le domaine de la coopération multilatérale qui avaient « dépassé » le système des Nations Unies, notamment en matière de ressources, a souligné que celui-ci devait rester le principal pilier pour mettre en œuvre le nouveau Programme de développement.   

Évoquant le rapport du Secrétaire général à l’étude, il s’est aussi interrogé sur la raison d’un tel « déséquilibre entre les ressources de base et les autres ressources ».

 

Pour l’Argentine, « faire une réforme structurelle pour faire une réforme structurelle ne sert à rien ».  Il ne faut pas « réinventer la roue », ni être trop ambitieux.  Il faut procéder différemment dans le dialogue préconisé et « être stratégique, concentré sur les résultats ». 

Pour la première fois nous disposons d’un programme universel, véritable défi dans notre ONU fragmentée, a noté le représentant.  Ce sont maintenant les 193 pays qui doivent être l’objectif du développement.  Le paradoxe est que chacune des agences représentées à la tribune dispose d’un mandat spécifique.  Les défis ne pourront pas être résolus en quelques mois, a-t-il averti, avant de proposer de « réfléchir à moyen terme » pour améliorer le travail accompli dans les pays.

Le Brésil a souhaité mettre l’accent sur les résultats plutôt que sur les produits, conformément aux indicateurs qui seront définis pour mesurer les progrès dans l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a jugé importantes la question de la gouvernance et d’une plus grande participation des pays en développement.  D’après lui, « les énormes lacunes qui existent » au sein du système peuvent être comblées par des activités multilatérales concernant des objectifs communs, notamment en ce qui concerne l’égalité des sexes.

Si on ne peut plus continuer de fonctionner comme avant, « comment s’adapter? » a demandé la Suisse.  Le système doit-il agir uni ou poursuivre son travail avec des mandats séparés et quel en sera le coût?  Les agences forment-elles véritablement « une équipe »?  Le représentant a proposé aux conférenciers d’élaborer un rapport d’ensemble stratégique sur ce qui pourrait être fait à l’échelle du système pour permettre aux agences de travailler avec un objectif commun.

D’après le Panama, il est « grand temps » de transformer le système pour parler d’une seule voix.  Il faut intégrer les piliers de paix et de sécurité, de même que la société civile pour contribuer à la durabilité de ce nouveau programme de développement universel.  Il faut également se concentrer sur la transparence, la responsabilité et le suivi.  Les conférenciers ont-ils une vision de ce qu’ils attendent des pays?

Mme Clark a rebondi sur plusieurs points soulevés par les participants.  « Sans aucun doute nous sommes une équipe », a-t-elle affirmé.  « Nous sommes une fédération d’agences. »  « Entre nous, nous travaillons d’arrache-pied pour promouvoir cet esprit d’équipe, en tenant compte des changements permanents.  Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain », a-t-elle toutefois ajouté.  Quant au déséquilibre avec les ressources de base, il est dû au succès des ressources ciblées.  « Toutes les contributions sont appréciées », a conclu Mme Clark.

Mme Yoka Brandt, Directrice exécutive adjointe de l’UNICEF, répondant au nom de M. Lake, a rappelé l’importance que revêtent pour tous les données et statistiques ventilées pour ne laisser personne de côté.  Elle a ensuite évoqué le travail conjoint accompli par les agences sur les communications et les plaidoyers. 

Mme Mlambo-Ngcuka a confirmé que les agences travaillaient en équipe au niveau des pays avec le coordonnateur résident.  « Il y a bien une équipe qui se réinvente à chaque fois », a-t-elle dit.  Pour sa part, ONU-Femmes est capable de travailler sur un mandat universel.

« Il y a une révolution en matière de données », s’est félicitée à son tour Mme Londen.  Par ailleurs, les agences aident les pays à mobiliser des ressources en respectant le principe d’appropriation nationale.

Enfin, M. Abdulla a jugé que le plus important était que les ressources soient prévisibles.  « Nous allons nous équiper pour satisfaire les demandes des États Membres au niveau local », a-t-il assuré.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil économique et social tiendra son débat annuel consacré aux affaires humanitaires du 27 au 29 juin

Conseil économique et social - Session de 2016,
8e séance - matin
ECOSOC/6740

Le Conseil économique et social tiendra son débat annuel consacré aux affaires humanitaires du 27 au 29 juin

Il approuve aussi le thème de son débat sur l’intégration et les dates des travaux du Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation

Le Conseil économique et social (ECOSOC), reprenant sa session d’organisation, a décidé, ce matin, de tenir son débat consacré aux affaires humanitaires* du lundi 27 au mercredi 29 juin 2016.

Il a également décidé** qu’à sa session de 2016, le débat consacré à l’intégration aura pour thème: « Mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 grâce à l’innovation et à l’intégration en matière de politiques ».  Par cette décision, l’ECOSOC insiste aussi sur l’importance d’améliorer davantage l’alignement des prochains thèmes choisis pour le débat consacré à l’intégration et ceux du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, organisé sous ses auspices.

En outre, l’ECOSOC a décidé*** que le Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable se tiendra les lundi 6 juin et mardi 7 juin 2016.

À la suite de ces décisions, le Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon (République de Corée), a indiqué que le Conseil économique et social se prononcera sur deux autres textes (E/2016/L.5 et E/2016/L.6) à une date ultérieure afin que les délégations puissent arriver à un consensus.  Il a invité les États Membres à trouver une solution rapidement, en prévenant que tout retard pourrait avoir des incidences sur les travaux du Forum sur le financement du développement et de la réunion du Forum politique de haut niveau, placé sous les auspices de l’ECOSOC. 

Ces deux textes devraient préciser les dates et thèmes d’une réunion de l’ECOSOC et d’une réunion du Forum.  Le Président de l’ECOSOC a indiqué qu’il lui faudrait un temps raisonnable pour adresser les invitations aux ministres et autres participants à ces réunions.  Il a promis que le Bureau de l’ECOSOC allait mettre tout en œuvre pour qu’un consensus soit atteint en temps voulu.

S’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, le représentant de la Thaïlande a souhaité que la douzième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale se tienne à une date proche de celle de la Réunion spéciale du Conseil économique et social sur la coopération internationale en matière fiscale, au Siège de l’ONU.  Il a expliqué qu’une telle programmation répondrait ainsi aux recommandations contenues dans le paragraphe 29 du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, et permettrait aux experts de participer aux deux réunions à New York, limitant ainsi les coûts engendrés par les déplacements des participants.

Le délégué de la Thaïlande a ensuite relevé que les dates proposées par le Bureau pour la tenue du Forum sur le financement du développement coïncidaient avec d’autres réunions internationales de premières importance, notamment le débat thématique de haut niveau de l’Assemblée générale sur la réalisation des objectifs de développement durable, la cérémonie de signature de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, ou encore la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue.  C’est pourquoi, il a proposé que le Forum se réunisse les 14 et 15 avril et poursuive ses travaux du 18 au 20 avril. 

Le Groupe des 77 et la Chine, a indiqué le représentant de la Thaïlande, appuie la proposition sur le thème du débat thématique de la session 2016 de l’ECOSOC, intitulé « Des infrastructures pour le développement durable », ainsi que celle concernant le thème de la réunion du Forum politique de haut niveau, intitulé « Assurer que personne ne soit laissé de côté ». 

Le représentant des États-Unis a ensuite pris la parole pour rappeler que la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement avait souligné l’importance de ne pas revenir sur des mêmes débats thématiques au sein des rencontres internationales, afin d’éviter tout double emploi.  Il est important maintenant d’axer les efforts sur les mesures visant à faciliter la mise en œuvre du Programme d’action.  Le Forum sur le financement du développement, a-t-il fait remarquer, à l’instar du Groupe des 77, se réunirait à un moment clef du calendrier des réunions et conférences de l’ONU et qu’il était plus important de mettre l’accent sur les questions de fond que sur la durée des travaux.  Il a ainsi suggéré que la réunion du Forum ait lieu du 18 au 20 avril 2016.

Revenant sur le thème proposé pour la session 2016 de l’ECOSOC, à savoir « Des infrastructures pour le développement durable », il a estimé que selon la logique d’intégration de l’ECOSOC, il ne devrait pas y avoir de thème distinct. 

À son tour, la représentante du Japon a souligné que le débat sur le Forum sur le financement du développement devrait être focalisé sur la substance et non sur la durée des travaux.  La déléguée de l’Union européenne a partagé la même inquiétude, en se disant convaincue que le Forum sur le financement du développement devrait limiter ses débats à trois jours.  S’agissant du thème proposé pour le segment sur les infrastructures par le Bureau de l’ECOSOC, elle a rappelé qu’il faudrait aussi garder à l’esprit que quatre mois avant la date envisagée, une autre réunion sera consacrée au même thème, ce qui risque de faire double emploi.

Le représentant de la Thaïlande a repris la parole pour souligner que le Groupe des 77 et la Chine était disposé à travailler avec tous les partenaires pour trouver un terrain d’entente sur tous ces points qui font l’objet de consultations informelles.  Si les délégations ne parviennent pas à un consensus, a averti le Président de l’ECOSOC, le Bureau sera appelé à appliquer les règles, conformément au règlement intérieur, en mettant aux voix les décisions nécessaires.  Même si une telle éventualité devait créer un précédent, a-t-il ajouté, « il serait préférable d’avoir un mauvais précédent que de supprimer une réunion importante du Conseil économique et social en raison de divergences de vues sur les dates et le thème proposés ».

* E/2016/L.7

** E/2016/L.4/Rev.1

*** E/2016/L.8

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.