En cours au Siège de l'ONU

7629e séance – matin & après-midi 
CS/12253

Une nouvelle approche pour la consolidation de la paix, qui, selon de nombreuses délégations, doit également s’imposer avant et pendant les conflits

Le Conseil de sécurité a tenu, aujourd’hui, un débat public sur l’« examen du dispositif de consolidation de la paix », au cours duquel une soixantaine de délégations ont souligné l’importance de « repenser » cette notion qui, ont-ils plaidé, ne doit plus seulement être évoquée après les conflits, mais également avant et pendant.   

S’exprimant en sa qualité de Président du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix, lequel a remis sa copie au Secrétaire général le 17 juin dernier, M. Gert Rosenthal (Guatemala) a demandé pourquoi l’expression « consolidation de la paix » était-elle toujours suivie de l’épithète « postconflit », en dépit du fait que le Conseil de sécurité a reconnu, dès 2001, que la consolidation de la paix pouvait prendre forme à tous les stades d’un conflit – avant, pendant et après. 

Pour un certain nombre de délégués, les Nations Unies devraient mettre l’accent sur les mesures préventives et les réponses à apporter aux causes profondes des conflits, notamment parce que la prévention des conflits par la médiation est un processus moins onéreux que le maintien de la paix, ou encore la consolidation qui intervient le plus souvent après coup. 

Appuyant cette idée, le représentant du Royaume-Uni a relevé que les crises étaient souvent portées à l’attention du Conseil tardivement, proposant dans ce contexte que des mécanismes d’alerte précoce soient mis sur pied pour remédier à cette lacune.  Le représentant du Venezuela a, dans ce contexte, déploré la tendance du Conseil de sécurité à privilégier le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui autorise l’usage de la force, alors même que les alertes précoces invitent à des efforts en matière de diplomatie préventive.

Dans la note de synthèse élaborée par la présidence vénézuélienne à l’intention des participants, il est souligné aussi que les processus de consolidation de la paix ne doivent pas être « linéaires » et devraient ainsi tenir compte de la spécificité de chaque pays.  Pour certains États Membres parmi lesquels la Chine, les activités de consolidation de la paix devraient en plus être menées avec le consentement du pays hôte, d’autant plus que « les activités de consolidation de la paix ne peuvent se substituer aux efforts des autorités nationales ».

En outre, des orateurs ont invité le Conseil de sécurité à renforcer sa collaboration avec la Commission de consolidation de la paix qui peut jouer un rôle déterminant en réunissant les différents acteurs de nature à contribuer au processus de consolidation de la paix, il s’agit d’une recommandation phare du Groupe d’experts, ont-ils rappelé.

Plusieurs intervenants ont également souligné la nécessité d’un financement régulier, prévisible et durable de la Commission de consolidation de la paix, du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et du Fonds de consolidation de la paix.  Le délégué de l’Union européenne a dit l’importance que le Fonds pour la consolidation de la paix puisse bénéficier d’engagements à long terme provenant d’autres sources de financement, de manière bilatérale ou multilatérale.  Ici encore, des nombreux États ont noté que le Groupe d’experts a recommandé la possibilité que la consolidation de la paix reçoive chaque année 100 millions de dollars ou environ 1% du montant de l’ensemble des budgets d’opérations de maintien de la paix.  Une situation décriée par le délégué du Brésil qui a rappelé que les opérations de maintien de la paix disposent d’un budget de huit milliards de dollars.

Il faudrait aussi reconnaître que l’efficacité de la consolidation de la paix ne se résume pas à une question financière, a nuancé le représentant de la France qui a proposé de mettre l’accent sur les efforts de coordination de l’action des Nations Unies dans le domaine de la consolidation de la paix.  Corroborant ce point de vue, son homologue des États-Unis a exhorté la Commission à renforcer ses liens avec les institutions financières internationales dont l’expertise de terrain est précieuse. 

Justement, sur le terrain de la consolidation de la paix, « il ne faudrait pas donner l’impression que seul ce continent a besoin d’être assisté dans ce domaine », a fait remarquer le nouveau Président de la Commission qui est en outre représentant du Kenya.  Il a aussi appelé, suivi en cela par ses pairs, au renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales dans le cadre de la consolidation de la paix. 

La Commission de consolidation de la paix de l’ONU pourrait par exemple appuyer l’Initiative de solidarité africaine dans ses efforts pour aider les pays du continent sortant d’un conflit, a également plaidé l’Observatrice de l’Union africaine.

De nombreux intervenants ont par ailleurs souligné l’importance du rôle des femmes dans la consolidation de la paix, en droite ligne de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Le représentant de la Fédération de Russie a toutefois jugé « contreproductif » de mettre « excessivement » l’accent sur les questions de parité dans les recommandations. 

Les participants à ce débat ont aussi dit attendre l’aboutissement des négociations sur un projet de résolution sur le dispositif de la consolidation de la paix, et qui devrait être adopté à la fois par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale. 

CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS

Consolidation de la paix après les conflits: examen du dispositif de consolidation de la paix

Lettre datée du 1er février 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la République bolivarienne du Venezuela auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/104)

Déclarations

M. MACHARIA KAMAU (Kenya), Président de la Commission de consolidation de la paix, a indiqué que l’examen de l’architecture de consolidation de la paix actuellement en cours devra permettre aux Nations Unies de réexaminer son approche de la consolidation de la paix dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Dans son rapport, a-t-il rappelé, le Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix avait souligné l’importance d’adopter une approche globale de prévention des conflits et de d’assurer une paix durable.  Les leçons apprises au fil des ans montrent que des investissements dans la prévention des conflits ou de leur aggravation restent faibles par rapport aux actions prises quand le conflit est déjà en cours, a-t-il noté.

Ce rapport souligne également le manque de cohérence des activités du système des Nations Unies en matière de consolidation de la paix.  M. Kamau a rappelé à ce propos que le rôle de la Commission de consolidation de la paix visait à établir un lien entre le Conseil de sécurité et d’autres organismes intergouvernementaux œuvrant en faveur de la consolidation de la paix.  Citant une autre leçon tirée du rapport du Groupe consultatif, le Président de la Commission a noté que l’établissement d’une paix durable exigeait des moyens financiers prévisibles, durables et adéquats pour gérer les causes profondes des conflits.  Il a expliqué que les fonds débloqués étaient souvent alloués à des tâches urgentes, alors que les efforts de consolidation de la paix étaient parfois nécessaires à long terme.  Il est important d’investir davantage en faveur de la consolidation de la paix, a estimé M. Kamau, en invitant tous les États Membres, donateurs traditionnels ou non, à faire plus pour financer les investissements dans ce domaine.

L’ONU doit renforcer sa collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales, ainsi qu’avec les institutions financières internationales dans l’optique de la consolidation de la paix, a recommandé le Président de la Commission de consolidation de la paix.  L’Union africaine et l’Union européenne sont des partenaires de choix en la matière, a-t-il souligné, en précisant également que l’Afrique demeurait un partenaire clef dans les efforts de consolidation de la paix des Nations Unies.  Il a aussi appelé au renforcement de la collaboration entre l’ONU et la Banque mondiale dans le cadre des efforts de consolidation de la paix, prônant aussi des relations plus étroites avec les institutions financières régionales telles que la Banque africaine de développement.  Bien que les activités de consolidation de la paix soient une priorité pour l’Afrique, « il ne faudrait pas donner l’impression que seul ce continent a besoin d’être assisté dans ce domaine », a-t-il fait remarquer, en faisant référence à des pays sortant d’un conflit dans d’autres régions du monde.  Il a ainsi estimé que la Commission de consolidation de la paix devrait examiner les moyens permettant d’investir davantage en faveur de la consolidation de la paix dans d’autres régions du monde.

M. OLOF SKOOG (Suède) a, dans un premier temps, fait part de ses remarques en tant que Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP) pendant une année, a-t-il dit, « dynamique ».  L’examen du dispositif de consolidation de la paix a constitué une toile de fond stimulante au travail de la Commission, lui donnant l’occasion de vérifier dans la pratique les moyens d’améliorer sa contribution.  Selon M. Skoog, la CCP est une structure quasiment unique au sein de l’Organisation des Nations Unies, de même qu’un organe flexible, de sorte qu’il existe des occasions qui lui sont inhérentes pour la faire évoluer et adopter de nouvelles approches afin d’aboutir à la vision d’origine consistant à établir des passerelles entre la réponse aux crises et le développement et la paix durables.

Le Président de la CCP a indiqué avoir fixé plusieurs objectifs concernant les activités de la Commission, notamment l’adoption de méthodes de travail plus transparentes et stratégiques, un ordre du jour plus souple, une intégration plus importante et l’amélioration des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il convient, à ses yeux, de placer la prévention au centre des activités de la CCP.  Il a en outre souligné la nécessité de disposer de ressources suffisantes pour appuyer les priorités de la Commission.  Il est tout aussi important de renforcer les capacités nationales afin d’accroître le leadership et l’appropriation nationale en matière de développement.

S’exprimant en sa qualité de Président du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix, M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a commencé par rappeler qu’il faudrait « repenser » la notion même de consolidation de la paix.  Ainsi, a-t-il dit, le terme est toujours précédé de la mention « postconflit », en dépit du fait que le Conseil de sécurité a reconnu, dès 2001, que la consolidation de la paix peut prendre forme à tous les stades d’un conflit – avant, pendant et après.  Dès lors, les Nations Unies devraient mettre l’accent sur les mesures préventives et les réponses à apporter aux causes profondes des situations de conflit, a-t-il recommandé.

En outre, a poursuivi le Président du Groupe consultatif, la répartition des tâches entre les principaux organes onusiens est compartimentée en fonction de leurs mandats respectifs, alors qu’un certain nombre de questions relèvent de la compétence de plusieurs d’entre eux.  Dès lors, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social (ECOSOC) et l’Assemblée générale doivent impérativement assumer leurs responsabilités en faisant montre de la plus grande coordination et cohérence possibles, chaque organe dans les limites de son mandat.  Dans ce contexte, a fait observer M. Rosenthal, la Commission de consolidation de la paix peut jouer un rôle déterminant en réunissant les différents acteurs de nature à contribuer au processus de consolidation de la paix. 

La réconciliation, le renforcement des capacités nationales et des institutions et la planification stratégique peuvent seulement se faire sur le terrain, sous le leadership des parties prenantes nationales et dans le cadre de l’appropriation nationale, a estimé le Président du Groupe consultatif.  À cet égard, a-t-il dit, le soutien des Nations Unies, en coopération avec des partenaires extérieurs tels que les organisations régionales et les institutions financières internationales, est indispensable.  Ainsi, a-t-il expliqué, la consolidation de la paix exige un financement durable et prévisible, qui doit être fourni par des bailleurs de fonds.  Les Nations Unies, a-t-il dit, peuvent idéalement mobiliser cet appui. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), qui s’exprimait également au nom de l’Espagne et de l’Ukraine, a estimé qu’il était dans l’intérêt de l’organe principal chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales d’examiner, en urgence, des mesures pour décourager les approches cloisonnées et fragmentées en vue de protéger l’investissement de plusieurs milliards de dollars dans le maintien de la paix et d’éviter les risques de conflit ou de reprise du conflit, comme l’ont montré les exemples tragiques récents au Soudan du Sud et en République centrafricaine.

La prévention, a dit le représentant, doit être un élément central d’une paix durable.  De même, permettre aux pays de mettre en place des mécanismes et des institutions nationales et locales efficaces et inclusives, susceptibles de traiter les causes et les facteurs de conflits violents et les racines socioéconomiques et politiques doivent devenir une priorité pour le système des Nations Unies. 

Par conséquent, il est, de l’avis de ces trois pays, impératif d’introduire des politiques, des structures et des mandats qui répondent au développement des capacités des parties prenantes nationales.  À cette fin, le représentant a insisté sur l’importance des partenariats avec les acteurs régionaux et internationaux pertinents.  La diplomatie préventive représente également un outil majeur de la prévention que le Conseil de sécurité devrait déployer davantage, en se fondant sur les bons offices du Secrétaire général et son mandat d’attirer l’attention du Conseil sur les situations qui pourraient menacer la paix et la sécurité internationales, ainsi que sur le partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales.  À cet égard, le Conseil doit s’engager de nouveau en faveur de l’esprit des Chapitres VI et VIII de la Charte des Nations Unies.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a souhaité que le projet de résolution en cours de négociation sur la question de la consolidation de la paix soit adopté à la fois par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il a rappelé que la consolidation de la paix englobait un ensemble d’activités allant de l’action humanitaire aux mesures économiques en passant par le renforcement de l’état de droit et l’inclusion sociale.  Il a cité un certain nombre de pays dans lesquels l’ONU a aidé à la consolidation de la paix, comme par exemple de l’Angola, en précisant que ces activités, pour être efficaces, doivent chaque fois s’adapter aux réalités sur le terrain.  Il a aussi déclaré que l’objectif de la consolidation de la paix visait, à terme, à contribuer à la création de sociétés pacifiques, un objectif pour lequel il a invité les acteurs nationaux, l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales à œuvrer de manière concertée.

Après avoir apporté son soutien à l’appel du Groupe consultatif pour que le Conseil de sécurité joue un rôle plus actif en matière de consolidation de la paix, M. GERARD VON BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a indiqué que le Conseil devrait intégrer les activités de consolidation de la paix dès les phases préliminaires de planification des opérations de maintien de la paix.  En outre, a-t-il ajouté, un engagement constant et significatif entre le Conseil et la Commission de consolidation de la paix est indispensable, engagement en faveur duquel plaide la Nouvelle-Zélande depuis 2005.  Par ailleurs, a souligné M. Von Bohemen, le Conseil doit reconnaître le rôle essentiel des partenariats dans le cadre de la consolidation de la paix, notamment en ce qui concerne le renforcement des capacités institutionnelles.  La coordination avec les autres acteurs pertinents est tout aussi importante, à commencer par les fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations non gouvernementales et les donateurs bilatéraux, en vue de mobiliser l’aide internationale dans une démarche cohérente.  M. Bohemen a souligné, avant de conclure, le rôle que les équipes de pays des Nations Unies pouvaient jouer dans ce contexte.

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que les activités de consolidation de la paix devraient être menées avec le consentement du pays hôte, en rappelant que la communauté internationale devrait respecter la souveraineté de ce pays afin que l’assistance qui lui est apportée soit constructive.  « Les activités de consolidation de la paix ne peuvent se substituer aux efforts des autorités nationales », a encore relevé le représentant qui a fait remarquer que la consolidation de la paix était « une initiative systémique » qui doit veiller à établir des moyens de communication avec les pays hôtes.  Il a aussi prôné pour des approches sur mesure qui tiennent compte des réalités de chaque pays, tout en souhaitant que des évaluations régulières soient menées afin de procéder à des ajustements.  Il faudrait tenir compte du lien entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, a-t-il aussi plaidé.  Le représentant de la Chine a suggéré que dans les pays où opèrent des missions de maintien de la paix, les activités de consolidation de la paix devraient s’inspirer de l’expérience des missions de la paix.  Le représentant a par ailleurs souhaité que le Conseil de sécurité soit davantage à l’écoute de la Commission de consolidation de la paix, plaidant ainsi pour une meilleure collaboration entre les deux instances.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a souligné que l’année 2015 avait été marquée par une évolution significative de la Commission de consolidation de la paix, qui joue désormais un rôle plus actif sur le terrain.  Pour sa délégation, les investissements dans la prévention des causes profondes des conflits sont nettement préférables à ceux qu’il serait nécessaire de consentir pour répondre à ces mêmes conflits une fois qu’ils ont éclaté.  Le représentant a ensuite appuyé toutes les propositions susceptibles d’élargir la présence des femmes et des jeunes dans les processus de consolidation de la paix. 

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a déclaré qu’en matière de consolidation de la paix, les rôles du Conseil de sécurité et de la Commission de consolidation de la paix sont différents mais complémentaires.  Le représentant a ajouté que le Conseil s’acquitte principalement de sa responsabilité en matière de règlement des conflits.  La force de la Commission de consolidation de la paix, par contre, repose sur son travail de longue haleine pour préparer le terrain pour la paix.  Le Japon a ainsi contribué à cet effort quand il avait présidé le Groupe de travail sur les enseignements tirés des expériences passées pendant la période 2014-2015.  Le Groupe avait souligné les forces de la Commission et avait discuté des défis auxquels faisaient face les pays qui sortaient d’un conflit pendant et après le retrait de la mission de l’ONU ainsi que de la nécessité de renforcer les institutions nationales en tant que priorité dans les pays sortant d’un conflit. 

Le représentant a aussi indiqué que la Commission pouvait être mieux utilisée pour prévenir que ces pays ne retombent à nouveau dans un conflit.  Reconnaissant en outre les difficultés du Fonds pour la consolidation de la paix dont le rôle est pourtant essentiel, le représentant du Japon a annoncé que son gouvernement s’était engagé à verser 3,5 millions de dollars supplémentaires au Fonds avant la fin mars.  Le Japon tiendra un débat public sur le thème de la « Consolidation de la paix en Afrique », en juillet prochain pendant la présidence japonaise du Conseil de sécurité, a-t-il annoncé avant de conclure.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a salué les succès de la consolidation de la paix, déplorant toutefois que ce dispositif n’ait pas encore donné toute la mesure de son potentiel.  Il a aussi estimé que le Conseil de sécurité devait notamment conférer davantage à la Commission « son rôle d’organe consultatif par un recours plus fréquent à ses services, notamment en matière de conseil, de sensibilisation et de mobilisation des ressources ».  Le représentant a en outre estimé que pour que la paix soit pérenne, il faut associer étroitement rétablissement de la sécurité et développement économique.  Dans ce contexte, il a affirmé soutenir les recommandations du Groupe consultatif d’experts qui a invité l’Assemblée générale à étudier la possibilité d’adopter des mesures pour assurer qu’un financement de base, correspondant à 100 millions de dollars ou environ 1% du montant de l’ensemble des budgets d’opérations de maintien de la paix, soit alloué tous les ans à la consolidation de la paix.  Il a par ailleurs précisé qu’il appartenait aux pays de définir les choix prioritaires en matière de consolidation de la paix, ajoutant que la Commission de consolidation de la paix ne pouvait se substituer à eux.  Il a aussi insisté sur l’importance du renforcement de la coopération entre la Commission de consolidation de la paix et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine.  

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a souligné que les organisations régionales et sous-régionales avaient un rôle majeur à jouer en matière de consolidation de la paix.  Les femmes doivent également participer activement aux activités de consolidation de la paix, a-t-il estimé.  La consolidation de la paix doit se faire dans le respect du principe de l’appropriation nationale, a-t-il rappelé.  Le représentant a également souligné l’importance de tenir compte des réalités qui sont propres au pays concerné par la consolidation de la paix.  M. Rosselli a en outre insisté sur le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix auprès du Conseil de sécurité.  Il s’est rallié à la recommandation du Groupe consultatif d’experts selon laquelle 1% du budget global alloué aux opérations de maintien de la paix devrait être consacré à la consolidation de la paix.  Il a par ailleurs déploré les agissements « irresponsables » de certains dirigeants qui mettent tout en œuvre pour s’emparer du pouvoir ou s’y maintenir, foulant ainsi au pied les principes de la bonne gouvernance, et mettant à mal les efforts de maintien de la paix et de consolidation de la paix.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni), citant l’exemple du Burundi pour démontrer l’importance et les lacunes de la consolidation de la paix, a estimé qu’il était essentiel à la fois pour le Conseil de sécurité et pour les organisations régionales et sous-régionales de jouer un rôle dans ce domaine et de faire pression sur les acteurs nationaux dont les actions sapent les efforts de paix.  Il a aussi relevé que les crises étaient souvent portées à l’attention du Conseil tardivement.  Il a ainsi souhaité que des mécanismes d’alerte précoce soient mis sur pied pour remédier à cette lacune.  Le représentant a ensuite plaidé pour l’amélioration des capacités de préservation de la paix après la fin du mandat des missions de maintien de la paix, citant encore, dans ce contexte, le cas du Burundi.  Il a ensuite invité les États Membres à contribuer au Fonds pour la consolidation de la paix afin de financer de manière adéquate les activités de consolidation de la paix.  Il par a ailleurs déclaré que la consolidation de la paix reposait sur un consensus social, et « c’est pourquoi le dialogue social est très important au Burundi ».  Enfin, il a invité à adopter une démarche systémique qui permette de rompre avec les cloisonnements des activités du système des Nations Unies.

M. ALEXIS LAMEK (France) a déclaré que le projet de résolution sur l’architecture de la consolidation de la paix, actuellement discuté à l’Assemblée générale, représentait une opportunité pour améliorer l’action des Nations Unies dans ce domaine.  Pour la France, a dit son représentant, cette amélioration devrait s’articuler autour de quatre points.  Il faudrait être attentif à ce que la Commission de consolidation de la paix s’inscrive pleinement en complémentarité et en appui au Conseil de sécurité, afin de renforcer et de soutenir son action.  C’est un point essentiel pour assurer une pleine cohérence du message des Nations Unies vis-à-vis des différentes situations dont nous sommes saisis, a-t-il souligné.  La Commission de consolidation de la paix devrait jouer, dans certains cas, un rôle très apprécié de conseil vis-à-vis du Conseil de sécurité, à partir notamment des visites de terrain effectuées par ses membres.  C’est dans cette direction qu’il faudrait orienter les travaux de la Commission, pour qu’elle appuie efficacement les travaux du Conseil de sécurité, a-t-il recommandé.

Il est également important, a ajouté M. Lamek, de veiller à ce que la Commission de consolidation de la paix organise ses travaux de la façon la plus efficace possible, afin de garantir à la fois une certaine souplesse dans l’examen de ses dossiers, mais aussi de concentrer ses réunions sur des questions opérationnelles et concrètes.  S’agissant du financement, le représentant de la France, tout en saluant le rôle du Fonds pour la consolidation de la paix, a estimé qu’il était essentiel de maintenir le caractère volontaire des contributions afin de continuer à assurer une réelle transparence et un suivi des engagements de ce Fonds.  Toutefois, il faudrait aussi reconnaître que l’efficacité de la consolidation de la paix ne se résume pas à une question financière, a nuancé le représentant, en mettant l’accent sur les efforts de coordination de l’action des Nations Unies sur le terrain dans le domaine de la consolidation de la paix, de même que sur leur coordination avec les institutions financières internationales.  À cet égard, le rôle du coordonnateur résident devrait être appuyé et renforcé, a-t-il suggéré.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a rappelé la place de plus en plus importante qu’occupe la prévention des conflits dans le maintien de la paix, comme le reconnaît le Groupe consultatif d’experts dans son rapport.  Des efforts supplémentaires doivent être déployés en ce sens à la demande des États Membres, a-t-il estimé, en soulignant l’importance de respecter la souveraineté nationale en toute circonstance.  Il incombe, cependant, au gouvernement du pays concerné d’assurer la sécurité et la protection de sa population, a-t-il rappelé.  Tout en reconnaissant l’importance du rôle que peuvent jouer les femmes dans les processus de paix, le représentant a toutefois jugé « contreproductif » de mettre « excessivement » l’accent sur les questions de parité dans les recommandations.  Sa délégation réaffirme le rôle central qui revient à la Commission de consolidation de la paix et appuie ses activités, a assuré le représentant.  Rappelant la pertinence du Fonds de consolidation de la paix, il a appelé les États Membres et les institutions financières internationales à mobiliser davantage de ressources afin de financer les efforts entrepris en matière de consolidation de la paix.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a regretté que l’architecture existante de la consolidation de paix n’ait pas toujours été à la hauteur des attentes placées en elle, comme ce fut par exemple le cas en Haïti.  Pour sa délégation, le principal défi ne tient pas forcément à la mobilisation des ressources, mais plutôt à un manque de cohérence.  La nature complexe des conflits d’aujourd’hui exige des Nations Unies qu’elles travaillent de manière plus coordonnée, comme ce fut le cas en Sierra Leone et au Sri Lanka, a estimé le représentant.  Ainsi, la Sierra Leone a organisé trois élections pacifiques crédibles depuis la fin du conflit, s’est félicité M. Pressman.  Dans ce contexte, l’appui de la formation spécifique à ce pays au sein de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a été particulièrement utile, a-t-il fait observer, avant de plaider pour des formations de pays plus souples à l’avenir.  Le représentant des États-Unis a ensuite exhorté la CCP à continuer d’œuvrer au renforcement des liens avec les institutions financières internationales, dont l’expertise de terrain est précieuse.  Il a également salué le rôle du Fonds pour la consolidation de la paix, notamment en Colombie, où il aidera, a-t-il dit, à créer les conditions nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de paix.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a déclaré que les processus de consolidation de la paix n’étaient pas « linéaires » et devraient faire, de la part des Nations Unies, l’objet d’approches souples et tenir compte de la spécificité de chaque pays.  Pour être durable et efficace, la consolidation de la paix exige aussi des ressources pérennes et prévisibles, a souligné le représentant.  Alors que les opérations de maintien de la paix disposent d’un budget de huit milliards de dollars, le Fonds de consolidation ne dispose, quant à lui, que de 100 millions, a-t-il relevé.  Regrettant la tendance du Conseil de sécurité à privilégier le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui autorise l’usage de la force, le représentant du Venezuela a affirmé qu’après la résolution 1973 (2011), établissant une zone d’exclusion aérienne en Libye, « une coalition internationale avait dépensé 10 milliards de dollars pour renverser le gouvernement de ce pays ».  Il est essentiel, a-t-il souligné par ailleurs, de créer les conditions propices à la relance des économies locales.  Le relèvement des pays au lendemain d’un conflit ne peut être réalisé qu’avec la seule aide fournie par les institutions financières, qui, a-t-il regretté, « imposent des conditions injustes et onéreuses à ces pays ».  En conclusion, il a souhaité que le débat d’aujourd’hui soit riche en propositions et pistes de réflexion.

M. IGOR LUKŠIĆ, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne du Monténégro, a souhaité que des mesures soient prises au sein du Conseil de sécurité afin de prévenir l’éclatement des conflits, proposant dans cette optique qu’une importance accrue soit accordée à l’initiative « les droits avant tout » et aux efforts de médiation.  Il a aussi proposé que le dialogue soit renforcé entre le Conseil de sécurité et les mécanismes des droits de l’homme basés à Genève, notamment le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Il a expliqué que leurs recommandations pourraient s’avérer utiles au Conseil car les cas d’abus et de violations des droits de l’homme sont des facteurs indiquant le risque de conflit.

Il a par ailleurs affirmé qu’en tant que membre de la Commission de consolidation de la paix, le Monténégro estimait important de renforcer la complémentarité entre la Commission et le Conseil de sécurité, ainsi qu’entre ce dernier et les organisations régionales et sous-régionales.  Il a en outre souligné que le maintien de la paix et de la sécurité internationales ne relevait pas uniquement du ressort de l’ONU et des organisations régionales et sous-régionales, notant que l’extrémisme, le terrorisme, les crimes et les conflits sont plus visibles dans des sociétés dont les membres souffrent d’une éducation insuffisante ou qui n’ont que peu d’espoir en l’avenir, ainsi que dans les sociétés en développement et qui pratiquent l’exclusion.  De ce fait, le Vice-Premier Ministre a estimé que l’édification d’une paix durable doit impliquer tous les groupes sociaux, et en particulier les femmes et les jeunes.

Mme KATALIN ANNAMARIA BOGYAY (Hongrie) a estimé qu’un accent particulier devrait être mis sur la prévention de conflit à travers l’engagement précoce et l’utilisation de tous les outils d’alerte précoce et de médiation politique.  La représentante a précisé qu’alors que la réponse aux violents conflits coûte cher, la prévention requiert relativement peu de ressources et permet d’épargner de nombreuses vies.  Elle s’est associée à l’appel au renforcement du rôle du partenariat mondial de consolidation de la paix avec une attention particulière sur la prévention et la médiation, estimant que, pour réussir la prévention de conflit ou le relèvement des pays ravagés par les conflits, il faut s’attaquer à leurs causes profondes.  Elle a indiqué que l’Objectif de développement 16 reconnaissait explicitement le lien entre la paix, l’inclusion, le développement durable, la justice et la reddition de comptes.  À son avis, tous les États Membres sont d’accord pour estimer que l’état de droit, l’égal accès à la justice, des institutions inclusives, responsables et transparentes, et des processus de décision représentatif, participatif et inclusif à tous les niveaux, sont nécessaires pour édifier des sociétés pacifiques et inclusives.  En conclusion, elle a également souligné l’importance de la participation des femmes à la consolidation de la paix.

Mme LOUISE SHARENE BAILEY, Observatrice de l’Union africaine, a déclaré qu’il était absolument nécessaire de renforcer le partenariat entre l’UA et la Commission de consolidation de la paix.  L’UA, au travers de son cadre reconstruction et de développement après les conflits en Afrique, et les Nations Unies, au travers de son architecture de consolidation de la paix, doivent mettre en commun leurs expertises communes à cette fin, a-t-elle recommandé.  Dans le cadre de ce dialogue, le « premier engagement » pris en 2014 entre la Commission et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union devrait être institutionnalisé, a-t-elle ajouté.  À son avis, ces échanges devraient être redoublés par une relation plus régulière entre le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, les différents départements concernés de la Commission de l’UA, et les mécanismes régionaux pertinents.  Enfin, a indiqué l’Observatrice, la Commission de consolidation de la paix de l’ONU devrait appuyer l’Initiative de solidarité africaine dans ses efforts pour aider les pays du continent sortant d’un conflit.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a déclaré que la consolidation de la paix devait être associée non seulement à la phase d’après-conflit, mais aussi intégrée dans tous les mécanismes de prévention et résolution de conflit des Nations Unies.  Le représentant a estimé que le modèle original et les interventions devraient être plus complets et prévus pour le long terme pour convenir aux environnements actuels et futurs, ainsi qu’à la nature changeante des conflits.  À cet égard, le Conseil de sécurité devait travailler étroitement avec la Commission de consolidation de la paix afin d’assurer le financement et l’utilisation des ressources du Fonds de consolidation de la paix et du Bureau de l’appui opérationnel, a-t-il précisé.  Il a également estimé important pour le système des Nations Unies de parvenir à une plus grande cohérence interne entre ses organes et les équipes de pays sur le terrain, avec les pays hôtes et les organisations et structures régionales.  L’appropriation nationale, la mobilisation de la société civile et une coopération étroite avec les représentants spéciaux, les missions spéciales et les opérations de maintien de la paix sont essentielles pour une architecture de consolidation de la paix gagnante, a ajouté le représentant, après avoir énuméré les mesures nationales prises par son gouvernement pour assurer la paix et la sécurité. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a noté que l’on prenait de plus en plus conscience de l’importance du rôle de la Commission de consolidation de la paix à travers son approche préventive et multidimensionnelle du conflit pour répondre aux défis sécuritaires qui évoluent rapidement.  Les flux massifs de réfugiés, les changements climatiques, et les violations des droits de l’homme sont des exemples de facteurs de crise, et leur impact croissant sur la paix et la sécurité internationales mérite notre attention, a souligné le représentant.  Dans ce cadre, l’Italie estime que l’examen en cours de l’architecture de la consolidation de la paix devrait remodeler la Commission pour en faire un outil plus complet et renforcer la capacité des Nations Unies en matière de diplomatie préventive.  La Commission peut jouer un rôle important en réunissant toutes les parties prenantes pertinentes à la fois au Siège de l’ONU et sur le terrain. 

Le représentant a appuyé l’idée de renforcer les relations entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, cette dernière étant nécessaire pour renforcer la capacité du Conseil en matière de diplomatie préventive.  La première mesure serait d’inviter les présidents des configurations spécifiques aux pays à participer aux réunions du Conseil.  En outre, il s’est dit convaincu que le système de développement des Nations Unies avait un rôle fondamental à jouer sur le terrain.  S’agissant du financement du Fonds pour la consolidation de la paix, le représentant a indiqué que son pays s’était engagé à assurer un financement plus prévisible pour la consolidation de la paix.  Le représentant de l’Italie a souligné l’importance de la protection du patrimoine culturel.  À cet égard, il a rappelé la signature entre son gouvernement et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) d’un accord pour la création d’une équipe spéciale chargée de protéger les objets culturels anciens dans les zones en crise le 12 février dernier.  « Ces Casques bleus de la culture sont les signes concrets de l’engagement de l’Italie à la campagne ‘Unite for Heritage’ », a-t-il ajouté.

Mme MARIA EMMA MEJIA (Colombie) a souhaité que la consolidation de la paix tienne dûment compte de la spécificité de chaque pays et soit présente avant, pendant et après le conflit, et non plus après l’éclatement des conflits comme c’est le cas en ce moment.  Elle a aussi plaidé pour l’institutionnalisation d’un rôle de premier plan des femmes dans les processus de paix et de réconciliation.  Mme Mejia a en outre appelé à des stratégies efficaces pour le financement des activités relatives à la consolidation de la paix.  « Parvenir à des résultats concrets sur le terrain n’est possible qu’avec des ressources à la fois prévisibles et durables », a-t-elle fait observer.  Elle a estimé que les institutions financières internationales et les organisations régionales avaient également un rôle important à jouer pour la consolidation de la paix, et salué à ce propos l’implication de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) dans le processus de paix en Colombie.  Elle a souligné que son pays s’était résolument tourné vers la paix après des années de conflit, indiquant, que fort de l’expérience acquise, son pays se tenait prêt à apporter son soutien à tout pays qui s’engagerait dans un processus similaire de consolidation de la paix.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé qu’en raison de sa composition universelle, l’Assemblée générale devrait jouer un rôle de premier plan dans ce débat.  Le Brésil, a-t-il également dit, est convaincu que le manque de financement adéquat et prévisible est un défi fondamental aux efforts de consolidation de la paix à long terme.  Il est essentiel, par conséquent, de se mettre d’accord sur la nécessité de renforcer le Fonds pour la consolidation de la paix en le faisant bénéficier de ressources alimentées par les contributions volontaires.  Il est également important de permettre aux missions de maintien de la paix d’utiliser les ressources allouées à leurs budgets pour financer les activités programmatiques.

Le maintien de la paix exige un engagement à long terme du système des Nations Unies.  Une approche globale d’une paix durable doit répondre à la nécessité d’éliminer la pauvreté, de garantir la promotion du développement socioéconomique et l’égalité des sexes, la création d’institutions à part entière, la promotion de la réconciliation nationale, l’amélioration de la gouvernance et des sociétés plus inclusives.  Ces stratégies de consolidation de la paix doivent être menées en étroite coordination avec les autorités nationales et en tenant compte des priorités établies et de la nécessité de l’appropriation nationale à toutes les étapes.

Mme GILLIAN BRID (Australie) a affirmé que pour réaliser une paix juste et durable, il faudrait hiérarchiser les priorités de consolidation de la paix dans le cadre d’un « cycle complet d’engagement des Nations Unies » – du stade de la prévention à la résolution des conflits, et ce au travers de la réconciliation et du redressement économique.  Parvenir à cet objectif suppose de forger une nouvelle « cohérence intergouvernementale et opérationnelle » entre les principaux organes des Nations Unies et entre le Secrétariat et les personnels déployés sur le terrain.  « Le débat d’aujourd’hui ne porte pas sur l’étendue ou la nature des crises auxquelles est aujourd’hui confronté le monde, ni sur la question de savoir si le coût humain de ces crises est trop élevé.  Nous sommes tous conscients de cela.  La question à l’ordre du jour est de savoir comment saisir l’occasion qui s’offre à nous de changer la manière de consolider la paix, et comment veiller à ce que les populations les plus vulnérables –celles qui vivent dans des pays en situation de conflit– ne seront pas oubliées dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 », a conclu la déléguée.

M. CARL HALLERGARD, Union européenne, a souligné, une fois de plus, l’extrême importance de lier l’examen du dispositif de consolidation de la paix à l’examen du Secrétaire général de l’ONU des opérations de paix, à l’examen de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, y compris au Programme d’action d’Addis-Abeba.

Pour la délégation de l’Union européenne, la consolidation de la paix est un processus intrinsèquement politique qui devrait reposer sur une vision à long terme et une approche holistique.  Il convient de traiter les causes structurelles des conflits et de prévenir les risques contemporains de récidive, de développer des processus politiques inclusifs et participatifs, de bâtir des institutions solides et efficaces, capables de traiter les causes profondes des conflits et de répondre aux besoins de la population.

En outre, il faudrait, selon elle, promouvoir l’appropriation nationale inclusive du gouvernement, de l’opposition et de la société civile.  Une attention particulière doit être accordée aux groupes vulnérables ou exclus, y compris les minorités ethniques ou religieuses, les groupes de l’opposition politique, les jeunes et d’autres segments de la société qui sont particulièrement exposés aux risques.  Par ailleurs, le rôle des femmes dans la consolidation de la paix devrait mériter une attention particulière, à la fois en termes de participation et de représentation, en tenant compte des principes énoncés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la résolution 1325 (2000).

M. Hallegard a également jugé que, pour un financement plus prévisible et des résultats plus significatifs, il était important que le Fonds pour la consolidation de la paix puisse bénéficier d’engagements à long terme provenant d’autres sources de financement, de manière bilatérale ou multilatérale.  Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les partenariats stratégiques et opérationnels entre l’ONU et les organisations internationales, régionales et sous-régionales, ainsi qu’avec les institutions financières internationales pour relever le défi du maintien de la paix, dans le cadre d’un dialogue permanent entre l’ONU et ces organisations, au-delà des dialogues annuels ou des réunions de travail de haut niveau.

M. MATHIAS BOGAERT (Belgique) a déclaré que, depuis la mise en place de l’architecture de consolidation de la paix, le paradigme avait sensiblement évolué.  Assurer une paix durable implique de mieux et davantage investir dans la prévention des conflits, pour éviter que les pays ne basculent ou ne retombent dans les conflits, a-t-elle dit.  Des progrès ont certes été faits, mais les situations sur lesquelles se porte l’attention du Conseil de sécurité aujourd’hui –dont plusieurs sont des crises prolongées aux conséquences humanitaires très lourdes avec un impact dévastateur sur les populations civiles– « démontrent que cela reste insuffisant ».  C’est la raison pour laquelle mon pays a plaidé pour une plus grande attention aux causes profondes, ainsi qu’aux facteurs et signes précoces de conflits, sur la base d’une analyse factuelle, a-t-il indiqué.  Par ailleurs, a expliqué le représentant, les stratégies de transition et de sorties des opérations de maintien de la paix doivent être également mieux articulées autour des processus politiques, qui doivent inclure les activités de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, de réforme du secteur de la sécurité, de justice transitionnelle et de renforcement des institutions et des capacités.  Ces processus de moyen et de long termes doivent privilégier une approche intégrée de la paix durable, tenant compte des aspects de consolidation et de développement, a-t-il affirmé.

Mme MARGARETA KASSANGANA-JAKUBOWSKA (Pologne) a déclaré que la Commission de consolidation de la paix était l’élément le plus important de l’architecture de maintien de la paix des Nations Unies.  La représentante a estimé que la Commission devait améliorer sa coordination avec les organes principaux des Nations Unies.  « Nous devons nous rappeler que l’approfondissement des relations de la Commission avec les organes des Nations Unies dépend aussi de l’approche de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social de la consolidation de la paix et de leur volonté de tirer des enseignements de la Commission de consolidation de la paix », a-t-elle précisé.  Ces organes devraient également rechercher, le cas échéant, l’expertise et l’assistance de la Commission de consolidation de la paix afin de maximiser l’impact des Nations Unies dans les situations d’après-conflit, a indiqué la représentante.  Elle a par ailleurs estimé aussi qu’un niveau élevé de cohérence et de complémentarité était indispensable dans « tous les trois niveaux de processus dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales mené par les Nations Unies cette année ». 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que son pays avait été un des pionniers de l’idée d’un mécanisme consacré à la consolidation de la paix.  Ce qui consolide la paix aide à jeter les bases d’une paix durable, a-t-elle dit.  La Commission de consolidation de la paix n’a pas été à la hauteur des espoirs qui ont été placés en elle, a-t-elle notamment regretté. 

Une consolidation de la paix renforcée est dans l’intérêt de tous, a-t-elle ajouté, insistant sur la nécessité de garantir la prévention, une approche globale pour appuyer une paix durable, la mobilisation des ressources nationales, d’encourager la collaboration entre l’ONU et le groupe de la Banque mondiale et les autres partenaires internationaux.

De même, selon la délégation pakistanaise, la CCP devrait présenter au Conseil de sécurité des recommandations concises, réalistes et spécifiques, tandis que le Conseil devrait faire appel davantage aux compétences de la CCP, notamment lorsqu’il s’agit d’élaborer des mandats de missions de maintien de la paix.

M. CHAYAPAN BAMRUNGPHONG (Thaïlande) a tenu à dire deux points spécifiques.  Premièrement, le représentant a indiqué que la consolidation de la paix n’est pas seulement une activité engagée au lendemain d’un conflit mais elle devrait être également entreprise tout au long du cycle du conflit.  Ainsi, a-t-il expliqué, la Commission de consolidation de la paix peut jouer un rôle important pour maintenir l’attention de la communauté internationale sur les pays qui risquent de sombrer à nouveau dans un conflit.  En outre, l’engagement politique doit être assorti d’un financement adéquat et prévisible pour les travaux de consolidation de la paix.  Nous devons trouver un moyen de mieux financer les activités de consolidation de la paix en mobilisant des ressources à travers des partenariats avec le secteur privé, et en renforçant les partenariats avec les institutions financières internationales et les banques de développement régionales.

Le représentant a estimé que la paix ne peut pas être maintenue en l’absence d’un développement durable et inclusif.  Il faudrait tenir compte des besoins et des moyens de subsistance des populations et leurs communautés.  « Nous ne pouvons pas attendre que les armes se taisent avant de commencer le travail du développement », a-t-il rappelé.  Les Nations Unies peuvent jouer un rôle crucial en jetant les bases nécessaires, dans les pays touchés par un conflit, de la transition du conflit vers la normalité.  L’expérience des Casques bleus au Timor-Leste et, plus récemment au Darfour, a montré que des activités en matière de consolidation de la paix pouvaient être menées par les forces de maintien de la paix.  À travers la mise en œuvre de différents projets de développement à impact rapide, les Casques bleus peuvent contribuer de manière significative à répondre aux besoins économiques et sociaux des populations locales.   

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a affirmé qu’en matière de consolidation de la paix, l’accent devait être mis sur la prévention de conflit.  Les échecs récents de l’ONU dans ce domaine doivent inciter l’Organisation à repenser toute l’architecture de la consolidation de la paix, a proposé le représentant, estimant en outre que la consolidation de la paix devait être entreprise au niveau national, et non imposée de l’extérieur.  Pour sa part, l’ONU doit se doter d’une stratégie opérationnelle et créer un partenariat avec les organisations régionales en matière de consolidation de la paix, a dit le représentant, avant d’ajouter qu’investir dans la prévention de conflit permettrait d’épargner des vies humaines et des ressources financières.  Il a insisté que tout mandat de consolidation de la paix doit mettre l’accent sur l’intégration de la Commission dans le système des Nations Unies, notamment le Conseil des droits de l’homme.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a estimé que le mandat de la Commission de la consolidation de la paix avait besoin d’être renforcé pour inclure la prévention de crise non seulement après le conflit.  La prévention de conflit par la médiation est un processus moins onéreux que l’opération de maintien de la paix avec des dizaines de milliers de soldats pour contenir le conflit.  Par ailleurs, a-t-il dit, la Commission de prévention de la paix doit travailler plus étroitement avec le Conseil de sécurité, pour peu que celui-ci implique activement la Commission dans son travail de prévention de crise et de maintien de la paix et que la Commission ait quelque chose à offrir au Conseil de sécurité.  Il faut vaincre par ailleurs, à son avis, l’approche bureaucratique de la consolidation de la paix adoptée parfois par des membres de la Commission de consolidation de la paix, et utiliser efficacement les structures existantes grâce à une meilleure coopération avec les pays hôtes, au renforcement de la coordination avec les autres institutions des Nations Unies sur le terrain, à la multiplication des partenariats avec les organisations régionales et les institutions financières internationales.  Concernant le financement du Fonds de consolidation de la paix, le représentant a annoncé que son pays non seulement continuerait, mais augmenterait considérablement sa contribution prévisible au Fonds.

M. ION JINGA (Roumanie) a affirmé que la consolidation de la paix exigeait une approche intégrée et transversale du fait que sa nature multidimensionnelle posait un défi de cohérence.  Le représentant a estimé qu’une implication croissante du Conseil de sécurité dans des actions de prévention pourrait aider à créer un plan stratégique pour la consolidation de la paix, précisant que son pays avait investi dans la diplomatie préventive, la prévention de conflit, la consolidation de la paix et la médiation.  La Roumanie a aussi fait la promotion de la résolution 1631 sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale, a-t-il précisé, indiquant que le développement des partenariats avec les organisations régionales devrait contribuer au renforcement de la confiance dans la prévention de conflit et la reconstruction après le conflit. À cet égard, a-t-il dit, il faudrait réfléchir à accroître la coopération du Conseil de sécurité avec les organisations régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, dans une perspective plus ciblée et plus intégrée.

M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a jugé essentiel de changer l’épicentre des efforts visant à consolider la paix, de passer d’une approche réactive à une approche préventive, tel que recommandé par le Groupe consultatif d’experts.  L’accent mis sur cette dimension est compatible avec les recommandations et la définition des chemins critiques qui sont abordés dans les autres processus d’examen en place, et l’objectif commun doit être de passer des recommandations aux actions, a-t-il estimé.

Compte tenu des défis et de la complexité des conflits actuels, le rôle et la valeur ajoutée de la Commission devraient être exploités, améliorés et renforcés.  Le Conseil de sécurité doit en outre utiliser de façon récurrente l’avis de la Commission sur l’examen des mandats des opérations de paix et des missions de maintien de la paix, ainsi que sur la conception de stratégies de transition, une vision à long terme étant nécessaire pour maintenir la paix, a-t-il affirmé.

À son avis, la Commission devrait en outre être une plateforme pour porter à l’attention du Conseil les points de vue de tous les acteurs concernés aux niveaux national, régional et international, y compris les donateurs, les programmes et les agences de l’ONU.

La construction de la paix nécessite un soutien politique, technique et financier de la communauté internationale.  L’absence d’un tel appui, à son avis, en particulier dans l’analyse des causes sous-jacentes des crises, risque de poser problème pour la prévention et la résurgence des conflits.  Le Mexique, a-t-il dit, estime que les parties prenantes telles que la société civile et les institutions financières internationales devraient contribuer positivement à accompagner et à soutenir les efforts de l’Organisation dans les domaines prioritaires nationaux, stimuler le développement économique, réduire les risques et investir dans les pays en reconstruction.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a tenu à apporter son soutien aux quatre points soulevés par la note de cadrage du Président du Conseil de sécurité sur le thème « Consolidation de la paix au lendemain des conflits: examen du dispositif de consolidation », à savoir le manque d’intérêt pour la consolidation de la paix, les échéances associées à la consolidation de la paix, l’importance du développement au regard de la consolidation de la paix et le rôle des organisations régionales et sous-régionales dans la consolidation de la paix.  Le représentant a souligné en particulier son attachement à la formation de partenariats avec les organisations régionales dans la consolidation de la paix.

Mgr SIMON KASSAS, observateur du Saint-Siège, a déclaré que les conclusions du Groupe consultatif démontraient la complexité et la difficulté posées par la consolidation de la paix.  La capacité de la Commission de consolidation de la paix à collaborer avec les pays hôtes, ainsi qu’avec la société civile et les acteurs les plus importants sur le terrain, demeure cruciale, a-t-il observé.  Selon lui, le succès de la consolidation de la paix dépend en définitive de l’attention accordée à la Commission par la communauté internationale dans son ensemble. 

Le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont rappelé le besoin urgent, pour les pays en situation postconflit, d’une assistance dans les domaines financier, commercial et de développement.  Cependant, comme le pape François l’a noté dans son récent discours devant l’Assemblée générale, « les engagements solennels sont insuffisants ». 

Des mesures concrètes et des mesures immédiates sont indispensables à cet égard.  M. Kassas a en conclusion rappelé que le Saint-Siège avait toujours promu la paix entre les pays, les églises catholiques locales ayant longtemps été un facteur de réconciliation et de consolidation de la paix au niveau national, a-t-il relevé.

Mme TATJANA VON STEIGER WEBER (Suisse) a estimé que le renforcement de partenariats, notamment avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, l’importance d’une appropriation nationale inclusive, le respect des droits de l’homme, la participation significative des femmes à tous les stades des processus de paix, la justice transitionnelle, la formation et le renforcement des capacités devraient apparaître bien en évidence dans une résolution en matière de consolidation de la paix.  La représentante a estimé que le texte devrait faire clairement référence au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et souligner l’importance de financements plus prévisibles pour la consolidation de la paix. 

Elle a également affirmé qu’une résolution globale et substantielle procurerait à l’architecture de consolidation de la paix les instruments nécessaires pour lui permettre d’exécuter son mandat avec vigueur.  L’impulsion imprimée par la résolution permettrait par ailleurs à l’architecture de consolidation de la paix, et plus particulièrement à la Commission de consolidation de la paix, de mieux assurer son rôle consultatif auprès du Conseil de sécurité et son rôle d’accompagnement auprès des pays touchés par un conflit.  La représentante a en outre estimé que la Commission de consolidation de la paix pourrait élargir l’éventail des considérations de fond, en mettant l’accent sur les questions inhérentes au développement socioéconomique et aux droits de l’homme et leurs liens avec la paix et la sécurité.  Elle s’est engagée à donner à la Commission de consolidation et à ses configurations pays les moyens d’apporter cette plus-value au Conseil de sécurité.

Mme LOURDES O. YPARRAGUIRRE (Philippines) a estimé que la prévention des conflits et la consolidation de la paix étaient deux des plus grands défis pour la communauté internationale à ce jour.  Pendant des décennies, les Nations Unies ont consacré une grande partie de leurs ressources au maintien de la paix et, tandis que leur bilan dans ce domaine est mitigé, avec des succès et des échecs, de nombreuses leçons ont déjà été tirées sur la façon de faire mieux pour lutter contre les foyers d’incendie.

L’examen actuel devrait tenir compte des nouvelles réalités, de la nature changeante des conflits armés contemporains, a dit la représentante, affirmant que son pays appuyait les recommandations du Groupe consultatif d’experts sur la primauté de la prévention, de la médiation et des solutions politiques.

Sa délégation soutient, a-t-elle dit, les propositions visant à une meilleure cohérence au sein du système des Nations Unies, à travers les rôles du Conseil de sécurité, de la Commission de consolidation de la paix, du Secrétariat, du Conseil économique et social (ECOSOC), du Conseil des droits de l’homme et des institutions financières internationales.

De même, a-t-il poursuivi, le développement était la pierre angulaire de toute initiative de consolidation de la paix et essentiel dans la prévention des conflits et le maintien de la paix.  Le représentant a indiqué qu’après la signature de l’Accord de paix global avec le Front islamique de libération Moro en mars 2014, son gouvernement avait entamé un processus de consolidation de la paix et œuvrait à l’adoption d’une loi qui accorderait l’autonomie à plusieurs provinces de Mindanao.  La Loi fondamentale Bangsamoro, une fois adoptée par le Congrès, doit mettre en œuvre des initiatives concrètes reliant la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, a-t-il conclu.

M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a mis l’accent sur le rôle crucial que jouent les femmes dans la consolidation de la paix, en particulier s’agissant des processus de prise de décisions et dans le domaine de la vie socioéconomique.  Il a plaidé en faveur d’un objectif de 15% de femmes dans ces activités, ainsi que dans les processus de médiation.  Soulignant ensuite la primauté de la prévention des conflits, il a souligné les besoins criants en ce domaine.  Le représentant a par ailleurs recommandé au Conseil de sécurité d’envisager dans quelle mesure la Commission de consolidation de la paix pourrait identifier les premiers signes d’un conflit et s’est déclaré d’accord avec l’idée selon laquelle les mandats et missions ne devaient pas être élaborés selon une approche unique.  Aussi l’Irlande a proposé que la Commission se voie confier un rôle dans l’élaboration des mandats de maintien de la paix et dans l’assistance technique aux opérations des Nations Unies, a indiqué le représentant.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a rappelé l’histoire de son pays, qui a émergé des cendres de sa guerre d’indépendance en 1971, à travers un processus ardu de redressement postconflit et de reconstruction.  Chaque situation de conflit doit se forger sur sa propre voie pour le relèvement et la reconstruction menant à une paix durable, où la communauté internationale peut jouer un rôle de catalyseur de soutien.

Ce sont des idées qui ont motivé le Bangladesh en vue de rester en prise avec le travail de la Commission de consolidation de la paix, dès le départ, d’assumer sa présidence en 2012 et d’organiser sa première réunion de haut niveau, la même année, sous la direction du Premier Ministre Sheikh Hasina.

Selon le représentant, la consolidation de la paix doit être menée par les principaux organes de l’ONU dans la reconnaissance de l’interconnexion entre la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  En outre, la primauté de l’appropriation nationale définie par des processus inclusifs et responsables doit rester au cœur des efforts de consolidation de la paix.  Le rôle potentiel de consolidation de la paix pour contribuer à des processus participatifs politiques, au développement humain, à la justice sociale et au renforcement des institutions devrait idéalement être entraîné par un consensus national dans des situations de conflit, a-t-il également expliqué.

M. SVEN JURGENSON (Estonie) a déclaré, à l’instar d’autres délégations, qu’il fallait faire de la prévention des conflits une priorité.  La consolidation de la paix ne devrait plus être considérée en tant qu’activité postconflit, mais plutôt comme partie prenante d’un « cycle complet d’engagement » de la part des Nations Unies et de ses partenaires.  Dans ce contexte, a-t-il relevé, une meilleure coordination des acteurs aux niveaux national, régional et international serait de nature à élaborer des approches répondant plus précisément aux objectifs spécifiques de consolidation de la paix.  Le représentant a estimé en conclusion que le Fonds de consolidation de la paix devait être financé grâce à des engagements de long terme des bailleurs de fonds, notamment les banques de développement multilatérales et régionales.

M. KAI SAUER (Finlande) a affirmé qu’il importait de disposer d’un système onusien davantage efficace et intégré.  Seule une approche holistique, liant étroitement entre elles les notions de sécurité et de développement, est susceptible de porter ses fruits, a-t-il déclaré.  Nous devons également placer la prévention des conflits au cœur de nos préoccupations, en donnant la priorité aux processus politiques et en axant les activités autour des besoins des populations locales.  Le respect de l’appropriation nationale est également indispensable, a poursuivi le représentant, plaidant pour une participation plus importante des femmes et des jeunes à tous les niveaux des processus de consolidation de la paix.

M. KAYODE LARO (Nigéria) a souligné que le leadership national, l’appropriation nationale et l’inclusivité étaient importants dans la consolidation de la paix après le conflit.  Les efforts pour le maintien de la paix doivent commencer par l’élaboration d’un véritable accord de paix ouvert et inclusif qui reflète la grande partie des aspirations de toutes les parties prenantes dans les sociétés touchées par le conflit, a-t-il affirmé, précisant que cela était vital pour la stabilité à long terme de ces sociétés.  Concernant la prévisibilité du financement de la consolidation de la paix, le représentant a encouragé les États touchés par les conflits à explorer des ressources domestiques de financement pour la consolidation de la paix.  Il a aussi exhorté les États Membres à accorder une assistance technique visant à améliorer la capacité des États dans la gestion des ressources naturelles, des fonds publics, de la collecte des impôts et endiguer les flux financiers illégaux.  Il a rappelé la recommandation selon laquelle le Fonds de consolidation de la paix aurait besoin d’un financement prévisible équivalent à 1% du budget des opérations de maintien de la paix, soit 100 millions de dollars, comme capital de base pour les 15 prochaines années.

M. HAHN CHOONGHEE (République de Corée) a appuyé l’idée selon laquelle il faut développer les liens entre la paix durable et les principes agréés sous l’égide du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Après avoir rappelé que le dispositif de consolidation de la paix devait surmonter les défis du sous-financement et de la fragmentation, il a déclaré qu’une attention politique devait être donnée aux activités de consolidation de la paix, en commençant au niveau du Conseil de sécurité.  C’est la raison pour laquelle le représentant a salué la tendance actuelle à inclure de plus en plus la Commission de consolidation de la paix dans les délibérations du Conseil. 

M. Hahn s’est également rangé du côté de la Présidence vénézuélienne du Conseil qui a rappelé, que pour être efficace, un processus de consolidation de la paix peut devoir s’étaler sur de longues périodes de temps, parfois même des décennies, et ne se déroule pas nécessairement de façon linéaire.

M. MARTÍN GARCIA MORITÁN (Argentine) a affirmé que l’action de l’ONU dans le domaine de la consolidation de la paix était trop fragmentée et qu’il n’y avait pas de coordination au sein du système des Nations Unies.  Le représentant a estimé que la Commission de consolidation de la paix pourrait être un pont entre le Conseil de sécurité et les autres organes de l’ONU, et souligné que la cohérence systématique devait être l’objectif principal de l’action en matière de consolidation de la paix.  Il a précisé que l’approche préventive est un processus continu qui couvre les périodes d’avant-conflit, du conflit et de l’après-conflit.  L’implication de toutes les parties prenantes dans les pays hôtes dans le processus de consolidation de la paix est indispensable, et doit être accompagnée par les Nations Unies et la communauté internationale.  Le représentant a par ailleurs souligné l’importance de l’égalité homme/femme dans la consolidation de la paix.  Concernant le financement, il a soutenu la proposition de ponctionner 1% ou 100 millions de dollars du budget des opérations de maintien de la paix en faveur de la consolidation de la paix pour les 15 années à venir et s’est prononcé pour un élargissement du calendrier de la consolidation de la paix.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a indiqué que la paix durable exigeait une plus grande cohérence et coordination entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, dans la limite des mandats prévus par la Charte des Nations Unies.  Face à des activités de consolidation de la paix de plus en plus complexes, il a déclaré que davantage devait être fait pour ajuster les stratégies de développement et les activités des différentes parties prenantes aux réalités concrètes des populations dans le besoin.  Tout aussi important est de se pencher sur les causes profondes des conflits, a poursuivi le représentant.  Celui-ci a attiré l’attention sur l’importance de la réforme du secteur de la sécurité dans ses sociétés postconflit, dans la mesure où celle-ci joue un rôle capital dans la pérennisation de la paix.  Aussi les gouvernements, les organisations régionales et les Nations Unies doivent poursuivre leur assistance à l’appui des efforts nationaux en ce sens, a ajouté M. Ruzicka.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a soutenu la vision mettant la prévention des conflits et la coopération régionale au cœur de la consolidation de la paix.  Il a souligné l’importance de la relation de travail entre les Nations Unies et l’Union africaine sur cette question.  Le représentant a demandé une plus grande synergie dans le travail de la Commission de la consolidation de la paix et le Conseil de sécurité.  Il a rappelé que l’ONU avait un mandat essentiel dans le maintien de la paix et qu’elle devait tout faire pour que ce mandat soit présent dans toutes les phases de l’action de l’Organisation. 

Le représentant a aussi estimé que le partenariat en matière de consolidation de la paix devrait inclure tous les acteurs, y compris les institutions financières internationales et la société civile nationale.  Il a encouragé le Conseil de sécurité à faire en sorte que la consolidation de la paix soit mise en synergie avec les opérations de maintien de la paix.  Il a apporté son appui à l’appel à la mobilisation de ressources supplémentaires et à un financement plus prévisible du Fonds de consolidation de la paix.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a estimé que l’examen du dispositif de consolidation de la paix devait contraindre la communauté internationale à changer sa perception de la consolidation de la paix et à la voir sous un prisme plus large.  Tout processus doit s’inscrire à cet égard dans le cadre d’une approche holistique qui conjugue l’ensemble des actions menées, allant de la prévention à la restauration de la paix, en passant par le maintien de la paix et l’édification de l’État postconflit. 

En outre, a relevé la délégation, il faut assurer l’« inclusivité », dans le projet de reconstruction du pays, de toutes les composantes de la société postconflit et de toutes les mouvances, obédiences politiques ou ethniques confondues, qui constitue un préalable au succès des efforts de consolidation de la paix. 

Par ailleurs, a poursuivi le représentant, il est temps d’accorder au rôle et à la place de la CCP au sein du dispositif de consolidation de la paix la reconnaissance qu’ils méritent.  Il a également plaidé pour un soutien financier approprié, prévisible et durable, clef selon lui du succès des actions de consolidation de la paix.  Enfin, a-t-il dit, les efforts de consolidation de la paix ne peuvent réussir s’ils ne s’insèrent pas dans le cadre d’une stratégie globale et intégrée de développement, qui combat les causes profondes des conflits et répond aux attentes et aspirations socioéconomiques des pays au sortir des conflits. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELASQUEZ (Pérou) a affirmé que l’édification de sociétés stables et pacifiques était étroitement liée aux efforts de développement, expliquant que la paix sans développement n’est pas durable et le développement durable s’appuie sur la paix.  Il a indiqué que la consolidation de la paix était un processus politique éminemment interne, qui doit impliquer les acteurs nationaux, alors que les Nations Unies doivent y contribuer en accompagnant le processus par un double appui politico-financier.  Il a en outre plaidé pour une approche intégrale des activités de consolidation de la paix, notant que la segmentation des activités de l’ONU ne rendait pas efficace les efforts visant à consolider la paix.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) s’est déclaré en faveur d’une approche holistique, centrée sur la personne et adaptée au pays dans le domaine de la consolidation de la paix.  Cette approche devrait reconnaître les spécificités nationales et respecter l’expertise régionale et l’autonomie de ses acteurs locaux, a estimé le représentant.  En même temps, les efforts internationaux devraient être plus intégrés dans les efforts locaux et régionaux, a-t-il ajouté, soutenant le besoin de faciliter et de bâtir une appropriation nationale et inclusive de la consolidation de la paix.  Par ailleurs, a-t-il estimé, l’autonomisation des femmes contribue énormément à renforcer l’inclusivité et la cohésion, soulignant par ailleurs l’importance de l’autonomisation des jeunes dans les actions de consolidation de la paix.  Il a également estimé que pour la réussite de la consolidation de la paix, l’appui politique à long terme et l’appui financier étaient indispensables, ainsi que la constitution de partenariats avec les communautés locales, les gouvernements, le secteur privé et les organisations régionales et internationales, y compris les institutions financières internationales.

M. JUAN CARLOS MENDOZA (Costa Rica) a rappelé que c’est par attachement à la paix que le Costa Rica a volontairement décidé de dissoudre son armée il y a des décennies.  Il a dit que le maintien de la paix étant le rôle premier des Nations Unies, et que ses membres doivent s’y investir sans relâche.  Il a ajouté qu’il faudrait accorder de l’importance à la prévention des conflits. 

Il a affirmé qu’après des conflits, les autorités doivent oeuvrer à regagner la confiance des populations, ajoutant également que la participation des femmes au processus de consolidation de la paix était de la plus grande importance.  Il a en outre salué la création de l’Université pour la paix, mise en place par l’ONU en 1980 afin de promouvoir une culture internationale de la paix.  Il a souligné que le choix du Costa Rica pour accueillir cette structure était une reconnaissance du rôle et de l’implication de son pays en faveur de la paix.

M. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO (Paraguay) a rappelé que le dispositif actuel de consolidation de la paix n’avait que 10 ans, mais a souligné la nécessité de passer à une étape supérieure en mettant notamment sur pied des mécanismes d’alerte des conflits plus efficaces.  Il faut éviter à tout prix la résurgence des conflits, a-t-il déclaré, expliquant aussi que des milliards de dollars ont été débloqués pour financer les programmes de stabilisation postconflit, alors que les conditions de base pour une paix durable n’étaient pas réunies. 

Le représentant a déploré ce « gaspillage des ressources des États » et a insisté sur la nécessité d’optimiser leur utilisation, notamment dans un contexte international marqué par un besoin de fonds pour financer la mise en œuvre du nouveau programme de développement international.

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a déclaré que d’importantes étapes devaient être franchies pour traduire les recommandations du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix en une résolution qui peut apporter la transformation que nous souhaitons tous.  Les objectifs des Nations Unies sont clairement définis par la Charte.  La consolidation de la paix est ainsi l’affaire de chacun et doit être à la base de notre travail.  Pour cela, nous devons garder à l’esprit deux questions: premièrement, comment pouvons-nous faire fonctionner la consolidation de la paix et deuxièmement, comment pouvons-nous être à la hauteur des dispositions de la Charte et les attentes de la communauté internationale que nous servons? 

Mais auparavant, a indiqué le représentant, nous devons réexaminer la manière avec laquelle la consolidation de la paix a été faite.  Cela pourrait nous aider à élaborer une résolution qui pourrait aborder les questions soumises par le Groupe africain au Groupe d’experts pendant les consultations avec les groupes régionaux. 

Le représentant a ajouté que le travail de consolidation de la paix devrait se concentrer sur les principes de maintien de la paix avant et après conflit.  À cet égard, la nécessité d’un financement régulier, prévisible et durable de la Commission de consolidation de la paix, du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et du Fonds de consolidation de la paix ne peut qu’être trop soulignée.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a déclaré que la consolidation de la paix durable et inclusive passait par des partenariats entre communautés locales, gouvernements, femmes, jeunes, secteur privé, organisations régionales et organisations non gouvernementales.  Par ailleurs, pour sa délégation, il est de la plus haute importance que l’examen de la consolidation de la paix soit lié à celui des opérations de maintien de la paix initié par le Secrétaire général, de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, sur les femmes, la paix et la sécurité, et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Pour les Pays-Bas, la résolution actuellement négociée à l’Assemblée générale sur les dispositifs de consolidation de la paix devrait confier un mandat clair et réaliste au Secrétaire général pour lui permettre de prendre les mesures qui s’imposent pour surmonter la « fragmentation » des activités en vigueur dans le système des Nations Unies.  Le représentant a ajouté en conclusion que le Fonds de consolidation de la paix devait être financé de manière adéquate.

L’histoire a montré, a dit M. NKOLOI NKOLOI (Botswana), que les processus de consolidation de la paix étaient compliqués et nécessitaient du temps pour se raffermir.  Une grande patience est nécessaire pour éviter la résurgence de la violence et la réouverture d’anciennes blessures, a encore déclaré le représentant, qui a regretté l’absence de financements propres ou prévisibles aux niveaux régional et international. 

Ainsi, il a appelé la communauté internationale, en particulier le système des Nations Unies, à assurer sa propre cohérence et coordination dans la promotion d’un cadre de financement efficace pour la paix et la sécurité.  Il est aussi important de chercher des moyens créatifs pour introduire des méthodologies de financement prévisible pour les initiatives de consolidation de la paix afin de soutenir le Fonds de consolidation de la paix. 

M. DIEGO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a déclaré que la complexification des conflits rendait indispensable de moderniser les dispositifs de consolidation de la paix, en mettant l’accent sur la prévention.  Dans ce contexte, le système des Nations Unies, et particulièrement ses trois principaux organes intergouvernementaux, doivent unir leurs efforts, a souligné le représentant. 

Assurer le financement prévisible des activités de consolidation de la paix est également indispensable, a-t-il poursuivi, affirmant que l’objectif de 100 millions de dollars pour le Fonds de consolidation de la paix était insuffisant comparé au budget des opérations de maintien de la paix.  M. Pazmiño a expliqué, en conclusion, l’importance de la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a indiqué que la consolidation de la paix devait s’imposer avant, pendant et après les conflits.  Il a aussi souligné que les solutions aux conflits devaient être politiques, saluant le fait que le Groupe d’experts ait reconnu cette réalité, et invitant les États Membres à adopter et mettre en œuvre les recommandations du rapport du Groupe d’experts. 

Il a aussi affirmé que le Canada saluait le travail des cofacilitateurs, Angola et Australie, qui ont mené les négociations sur la résolution en cours de préparation sur la revue du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU.  Le Canada, en sa qualité d’ancien président de la configuration pays de la Sierra-Leone, souligne l’importance de la Commission de consolidation de la paix pour la mise en place de mandat qui assurerait l’avènement d’une paix durable.

M. GONZALO KONCKE, observateur de l’Organisation des États américains, a indiqué qu’avant les conflits, la communauté internationale devait intervenir pour éviter que la paix ne soit rompue.  Il a dit que la consolidation de la paix ne pouvait être possible si les droits de l’homme n’étaient pas considérés comme prioritaires, y compris les droits des femmes. 

Il a dit que c’est conscient de cette nécessité que son organisation œuvrait au respect des droits de l’homme.  Il a indiqué que l’Organisation des États américains soulignait l’importance de déceler les signes précurseurs des conflits, et à ce propos, les organisations régionales comme la sienne ont un rôle important à jouer.  Il a aussi noté qu’il y avait un lien entre l’examen de dispositif de consolidation de la paix et la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.

M. NIBISHAKA (Rwanda) a rappelé que son pays était sorti avec succès d’une situation difficile au lendemain du conflit qui a secoué son pays dans les années 90.  Lui aussi a noté que la consolidation de la paix postconflit était menée sous un angle purement opérationnel sans tenir compte des diverses priorités nationales, comme en témoigne la détérioration de la situation dans certains pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix.  « Le cas du Burundi l’illustre parfaitement », a affirmé la délégation, qui a également cité celui de la Guinée-Bissau, en proie à l’instabilité. 

Le système des Nations Unies doit donc prendre des mesures supplémentaires à l’appui de la consolidation de la paix et des institutions étatiques.  Quant au travail de la Commission lui-même, il doit être axé sur la réalisation des priorités nationales des États et sur le suivi des mesures mises en œuvre.  Le Rwanda a également estimé que la Commission avait un rôle crucial à jouer pour favoriser la cohérence des activités menées avec les différents acteurs régionaux, notamment l’Union africaine.

Rappelant le soutien de longue date de son pays aux liens étroits existant entre le développement et l’humanitaire, M. BEGEC (Turquie) a déclaré que le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul, qui se tiendra en mai, serait l’occasion de réévaluer cette relation stratégique.  Il a ensuite soutenu l’idée pour les Nations Unies de faire pleinement usage des outils de médiation à sa disposition, et à faire de la Commission de consolidation de la paix une interface entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC).  Le représentant a lui aussi plaidé pour un financement adéquat du Fonds de consolidation de la paix et pour une participation élargie des femmes.

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