Session de 2016,
9e & 10e séances - matin - après-midi
ECOSOC/6741

Activités opérationnelles de développement: l’ECOSOC débat des approches à opérer pour parvenir en 15 ans au développement universel

En cette première journée de débat sur les activités opérationnelles de développement, dans le cadre de la session de 2016 du Conseil économique et social (ECOSOC), des appels fermes ont été lancés pour que chaque acteur du développement soit ouvert à des approches différentes de celles du passé, fasse preuve de la volonté nécessaire pour opérer les changements indispensables et contribue activement à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Ces conseils s’appliquent d’abord au système des Nations Unies pour le développement qui devra revoir sa façon de procéder pour que sa contribution fasse la différence sur le terrain.

Le débat sur « les activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement », qui se tient chaque année, a pris une résonance particulière du fait de l’adoption, en septembre dernier, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui a défini les 17 objectifs de développement durable à atteindre.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales comme le Vice-Président de l’ECOSOC ont fait remarquer que le système des Nations Unies pour le développement est le meilleur soutien pour faire face aux défis mondiaux qui requièrent une attention collective.  C’est ce que souligne le Secrétaire général dans son dernier rapport* sur la question, en rappelant les nouvelles réalités et les défis que présente le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a résumé le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations.

La Ministre de l’intégration économique du Kazakhstan a reconnu que les activités opérationnelles de développement des Nations Unies jouaient un rôle crucial pour l’application du Programme 2030.  Mais « comment les Nations Unies vont-elles mener à bien, en 15 ans seulement, et sans perdre de temps, toutes ces tâches ambitieuses? » s’est interrogé le représentant du Kenya, avant de plaider en faveur de « changements radicaux ».

Il est ainsi apparu que l’ONU devait accomplir des efforts dans plusieurs directions: rationaliser les travaux de ses fonds et programmes pour éviter les chevauchements, fournir un appui plus ciblé aux pays en développement, et diversifier ses sources de financement étant donné la baisse de volume des ressources de base du système.

Le présent segment des activités opérationnelles de développement et le dialogue de l’ECOSOC sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement, ainsi que l’examen quadriennal complet, sont autant d’opportunités de se mettre d’accord sur un programme de réforme ambitieux, a estimé M. Wu Hongbo.

En faisant le bilan des progrès déjà accomplis en matière de cohérence, l’initiative « Unis dans l’action » a été citée, notamment par le Directeur exécutif d’ONU-Habitat et l’Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Mais maintenant que le Programme 2030 est en route, les intervenants ont plaidé en faveur d’un véritable changement.  On ne pourra pas se contenter d’un petit remaniement, car il faudra « remettre en question toute la hiérarchie existante » pour acquérir une souplesse indispensable, a en effet prévenu M. Joan Clos.

Cette réflexion a été alimentée par quelques recommandations concrètes.  Le représentant de la Suisse, par exemple, a prôné d’adopter une stratégie à l’échelle de l’ONU pour guider la mise en œuvre du Programme 2030, qui servirait de « coupole » sous laquelle seraient exécutés tous les programmes.

À l’échelon du système de coordination en place au niveau des pays, la délégation de la Suède a conseillé de renforcer les bureaux des « coordonnateurs résidents », tandis que celle de la Norvège s’est interrogée sur l’ampleur des changements voulus: « voulons-nous améliorer ce système par petites touches ou y apporter des changements plus approfondis afin qu’il devienne plus un directeur général qu’un coordonnateur? »

Fort de son expérience, l’un de ces coordonnateurs résidents, en poste en Chine, a plaidé en faveur d’« équipes de pays » suffisamment flexibles pour travailler avec les gouvernements hôtes, le but étant de développer des plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), ou des instruments similaires, adaptés aux contextes locaux.  

Cette exigence d’« appropriation nationale » a été perçue comme décisive lorsqu’il s’agit de garantir l’efficacité de l’aide au développement.  C’est pourquoi le PNUD a adopté un guide de référence pour aider les équipes de pays à accompagner les efforts nationaux.

Le Ministre des finances et de la planification économique du Rwanda, dont le pays fut l’un des huit pays pilotes de l’approche « Unis dans l’action », a témoigné de l’importance de l’alignement du Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement (PNUAD) sur le programme de développement national rwandais.  Toutefois, le Ministre a regretté que la cohérence et la coordination du système onusien, qui sont louées au Rwanda, ne se reflètent pas aux niveaux régional et mondial.

L’après-midi a été consacrée au « dialogue avec les chefs de secrétariat des fonds et programmes des Nations Unies », l’occasion pour chacun de réaffirmer leur engagement à travailler de concert en vue d’un objectif universel, « ne laisser personne de côté », comme le veut le Programme 2030.

L’ECOSOC se réunira demain, mardi 23 février, à partir de 10 heures, notamment pour discuter du « positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement dans le contexte du Programme 2030 ».

*A/71/63–E/2016/8

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT: SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE GÉNÉRALE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET DU CONSEIL (A/71/63–E/2016/8)

Déclarations liminaires

M. ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé les objectifs de la session qui s’ouvre, à savoir l’Examen quadriennal complet des politiques « l’Examen quadriennal » et l’analyse des incidences du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur les activités de l’ONU.  Notant que le système des Nations Unies pour le développement se trouvait à un tournant décisif, il a invité à procéder à des changements pour que l’ONU puisse répondre efficacement aux besoins d’intégration du Programme 2030.  Cela exige un renouveau pour le système de développement des Nations Unies, a-t-il dit, en conseillant de se baser sur des initiatives précédentes de réformes, compte-tenu de l’ampleur très ambitieuse de ce Programme et en prônant un élan solide donné par les États Membres eux-mêmes.

Il a indiqué que le Bureau de l’ECOSOC avait créé une équipe indépendante de conseillers pour fournir des propositions concrètes aux États Membres et pour renforcer le système des Nations Unies pour le développement et contribuer ainsi à la mise en œuvre du programme de développement 2030.  Il a salué le rapport du Secrétaire général sur l’examen quadriennal qui recense les progrès enregistrés et analyse les premiers éléments ressortis de la première phase du Dialogue de l’ECOSOC.  Le système des Nations Unies pour le développement est l’allié préférentiel des pays pour la mise en œuvre du Programme, a-t-il rappelé.

L’examen quadriennal complet doit illustrer l’essence et l’esprit d’un programme universel, intégré, indivisible et très large, a expliqué M. Palma Cerna en appelant à examiner le contenu et la force du programme.  Il a voulu savoir si l’examen complet est vraiment un instrument complet.  C’est le moment d’assurer une base solide pour les activités opérationnelles de développement, nous ne pouvons pas attendre quatre années de plus, a-t-il prévenu, exigeant des décisions et des actions.

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a rappelé que tous les acteurs concernés ont un rôle crucial à jouer dans la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030, en soutenant la responsabilisation en vue de la tenue des promesses faites l’an dernier.  Les États, a-t-il expliqué, vont examiner les moyens d’optimiser les mécanismes de suivi, comme le Forum politique de haut niveau. 

Relevant le rôle crucial que doit jouer le système de développement des Nations Unies, il a prévenu qu’il devait s’adapter aux nécessités du nouveau programme et aux besoins des partenaires.  Rappelant que l’objectif était de « ne laisser personne pour compte », il a estimé qu’il fallait, pour y arriver, un changement dans le modus operandi des acteurs du développement durable et notamment de tout le système de l’ONU consacré à cette question.

Le Président de l’Assemblée générale a proposé d’examiner les ressources et les capacités du système de développement des Nations Unies de manière transversale.  C’est aux États Membres de donner des conseils au système pour expliquer de quel type d’aide ils ont besoin, a-t-il aussi conseillé. 

Au sein du système de développement des Nations Unies, il a recommandé de s’adapter et d’identifier les éléments pertinents qui méritent d’être conservés.  Nous ne pouvons pas nous permettre de faire du sur-place et de laisser les processus rester dans l’impasse, a-t-il averti.

Dans sa déclaration liminaire, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. WU HONGBO, a indiqué que le nouveau Programme de développement international allait accentuer les changements nécessaires de la part des acteurs du développement.  Il a estimé qu’au vu des défis nouveaux qui interpellent le système de développement des Nations Unies, les délibérations du Conseil économique et social (ECOSOC) pour les 10 prochains mois, en rapport avec les activités opérationnelles de développement, seraient importantes pour tracer une nouvelle voie pour le système de développement onusien pour la période post-2015. 

Il a ainsi relevé que l’un des changements du nouveau Programme de développement résidait dans le fait que les interconnexions et la dépendance mutuelle entre les objectifs de développement durable et les cibles induisaient qu’une approche intégrée et coordonnée était nécessaire, comme jamais elle ne l’avait été dans le passé, dans le cadre du processus de mise en œuvre du programme de développement.  Il a noté que cette réalité allait avoir des implications sur le financement et la gouvernance du système de développement des Nations Unies, ainsi que sur d’autres domaines tels que les modalités d’organisation et les approches de partenariats. 

M. Wu a également souligné que les besoins des pays en développement sont différents, ajoutant que dans les pays les moins avancés (PMA), dans les pays en développement sans littoral, dans les petits États insulaires en développement (PEID) ou encore dans les pays touchés par les conflits, le système de développement des Nations Unies devrait démontrer sa capacité à offrir des solutions adaptées au contexte de chaque pays.  Il a en outre noté que les pays à revenu intermédiaire faisaient également face à des défis de développement complexe qui requièrent un soutien international approprié.  Il a aussi déclaré que dans des pays subissant des crises prolongées, il serait important d’établir un lien entre les différents piliers de l’Organisation, notamment ceux relatifs au développement, à l’humanitaire et la paix et sécurité. 

Il a par ailleurs relevé que dans le dernier rapport du Secrétaire général sur l’examen quadriennal complet des activités de développement des Nations Unies, il était indiqué que le système de développement des Nations Unies était considéré comme le meilleur soutien pour faire face aux défis mondiaux qui requièrent une attention collective.  Il a ajouté que le système de développement des Nations Unies devrait s’atteler à réaliser les objectifs du nouveau programme de développement, lequel implique le besoin d’une approche horizontale et unifiée encore plus important que cela ne fut le cas avec les Objectifs du Millénaire pour le développement. 

Il a aussi établi que le système de développement des Nations Unies ne devait pas juste agir différemment, il se devait également de faire différentes choses et passer de la coordination et la coopération à l’intégration.  Il a ensuite fait observer que ces diverses mutations attendues du système de développement des Nations Unies allaient impliquer des changements majeurs dans l’état d’esprit, dans la méthode et dans l’action. 

Il a estimé que le rôle de l’examen quadriennal complet devait changer.  Dans un monde où les défis au développement étaient davantage interconnectés, a-t-il relevé, l’examen quadriennal complet doit désormais servir comme un instrument stratégique et efficace afin de favoriser un système onusien plus cohérent. 

Il a conclu en indiquant qu’au vu de tous ces défis, le présent segment des activités opérationnelles de développement et le dialogue de l’ECOSOC sur le positionnement à long terme du système de développement des Nations Unies, ainsi que l’examen quadriennal complet offraient une opportunité historique aux États Membres d’atteindre un consensus sur un programme de réforme ambitieux dont l’objectif global serait d’assurer que « la somme totale de l’Organisation soit plus importante que les parties prises individuellement ».

Le Ministre des finances et de la planification économique du Rwanda, M. CLAVER GATETE, a indiqué que le Rwanda avait réalisé certains des objectifs du Millénaire pour le développement, et que les facteurs importants qui avaient guidé le pays vers ces succès étaient notamment l’appropriation nationale, un leadership visionnaire, l’institutionnalisation de la culture de la gestion axée sur le résultat, des mécanismes de suivi efficaces et l’institutionnalisation de la reddition de comptes.  

Il a aussi salué le rôle majeur que le système de développement de l’ONU a joué dans son pays, rappelant à ce propos que le Rwanda fut l’un des huit pays pilotes de l’approche « Unis dans l’action ».  Il a salué le fait que le Plan d’aide au développement des Nations Unies était aligné sur le programme de développement national rwandais, et il a annoncé que dans la perspective d’une meilleure coordination des activités onusiennes, la construction d’un bâtiment unique pour toutes les agences onusiennes était en cours de matérialisation. 

Il a par ailleurs déploré le fait que la cohérence et la coordination du système onusien, qui sont louées au Rwanda, ne se reflétaient malheureusement pas au niveau régional et mondial.  Il a ainsi suggéré que des défis mondiaux tels que la lutte contre la malnutrition, la préparation à la gestion des catastrophes, la lutte contre les changements climatiques, la paix et la sécurité fissent l’objet d’une mobilisation des ressources financières et humaines commune au sein des diverses agences onusiennes.  Il a en outre relevé que sans la paix, il ne pouvait y avoir de développement, et inversement, ajoutant qu’avec la montée de l’extrémisme et l’augmentation des conflits à travers le monde, le besoin de solutions globales n’avait jamais été aussi opportun.

En outre, pour réaliser les objectifs de développement durable, le Ministre a préconisé l’adoption de nouvelles approches de financements plus durables, invitant l’ONU à mettre sur pied un plan unique de planification et de mobilisation des ressources pour financer la réalisation d’objectifs communs.  Il a aussi plaidé pour que davantage de soutien fût accordé au renforcement des capacités, afin, a-t-il dit, d’améliorer le commerce et attirer des investissements dans les régions, tout en améliorant la mobilisation des ressources nationales.  

Revenant ensuite sur les activités de développement au niveau des pays, M. Gatete a estimé que le Fonds du programme « Unis dans l’action des Nations Unies », en mutualisant les ressources, pourrait permettre de résoudre le problème du manque de fonds dont souffrent certains domaines critiques, tout en réduisant la fragmentation et en améliorant la transparence et la redevabilité. 

Il a préconisé de réduire davantage les coûts de transaction des fonds alloués au développement en utilisant davantage les systèmes monétaires du pays d’activité.  Il a par ailleurs déclaré que le soutien à l’appropriation nationale des objectifs de développement durable était crucial pour le succès de ces derniers.  Il a enfin plaidé pour une meilleure harmonisation et coordination entre les agences onusiennes, dans le but de soutenir cette appropriation nationale, proposant à cet effet que les meilleures pratiques en la matière puissent ensuite être partagées.

Table ronde sur le thème « Programme de développement durable à l’horizon 2030: quelles sont les implications pour les politiques, le programme des travaux et la coopération et la coordination opérationnelles dans le système des Nations Unies pour le développement? »

Présentant les orateurs, Mme SARAH CLIFFE, Directrice du Centre sur la coopération internationale de l’Université de New York (NYU), et modératrice du débat, a fait remarquer que « le système de développement des Nations Unies qui avait été créé pour travailler par secteurs en est encore à se demander comment faire ».

Mme ZHANAR AITSHANOVA, Ministre de l’intégration économique du Kazakhstan, a reconnu que les activités opérationnelles de développement des Nations Unies jouaient un rôle crucial pour l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a rappelé que le Président de son pays avait récemment proposé à l’Assemblée générale que chaque gouvernement consacre 1% de son budget de la défense au Fonds des Nations Unies pour le développement durable.

Il faut incorporer les 17 objectifs dans les stratégies de développement à long terme des pays bénéficiaires, a indiqué la Ministre.  Elle a jugé essentiel que les travaux entrepris par le système des Nations Unies soient pertinents pour les pays hôtes.  « Il n’y a pas de recette unique; chaque pays doit relever ses propres défis. »

Après avoir souligné l’importance des initiatives planétaires, notamment en matière de changements climatiques, elle a mis l’accent sur les mesures prises au niveau régional.  Au niveau national, a-t-elle insisté, il faut tenir compte des besoins spécifiques des pays et améliorer la coordination entre les agences, pour éviter tout double emploi sur le terrain.  Parfois, a-t-elle ajouté, les pays ont besoin de conseils de praticiens, d’une assistance urgente ou d’une assistance en dehors des plans-cadre.

M. MACHARIA KAMAU (Kenya) s’est félicité de constater que, pour la première fois, le système entier des Nations Unies œuvrait dans une seule direction et avait convenu de mesurer les progrès engrangés dans le cadre du nouveau Programme de développement.  « Comment les Nations Unies vont-elles mener à bien, en 15 ans seulement, et sans perdre de temps, toutes ces tâches ambitieuses?  Les instruments existants seront-ils à la hauteur pour relever les défis? »

Le représentant s’est demandé si l’on allait se contenter de revitaliser les anciennes institutions, « avec un nouveau logiciel », ou s’il fallait revoir de fond en comble certaines d’entre elles.  « Une chose est sûre, continuer comme autrefois n’est pas possible », a-t-il insisté, plaidant en faveur de « changements radicaux ».  Il faut une volonté de faire les choses différemment; il faut créer de nouvelles normes opérationnelles tenant compte des piliers économique, social et environnemental.  Il a souhaité voir un appui plus ciblé et stratégique de la part des Nations Unies, et une diversification des sources de financement, pour que « la force d’inertie n’ait pas le dessus ».

À son tour, M. JOAN CLOS, Directeur exécutif d’ONU-Habitat, ancien maire de Barcelone, s’est interrogé: « Pouvons-nous continuer en conservant le modèle existant ou devons-nous changer? »  D’après lui, il y a moyen d’améliorer la micro-gestion des capacités de développement des Nations Unies.  Il a cité en exemple l’initiative « Unis dans l’action ».  S’il faut entamer un dialogue pour que le changement devienne réalité, il s’agit aussi d’examiner et d’améliorer « ce que nous avons déjà à notre disposition ».  

M. Clos a reconnu le besoin de coordination au sein d’un système de développement régi par des mandats mis en œuvre par de multiples organismes et programmes.  Résumant le « dilemme » entre modernisation et maintien des structures actuelles, il a estimé qu’il ne suffisait pas de se contenter d’un petit remaniement, et qu’il fallait « remettre en question toute la hiérarchie existante » pour acquérir une souplesse indispensable, et, à cette fin, « définir une matrice de gestion ».

M. ALAIN NOUDEHOU, Coordonnateur résident des Nations Unies et Représentant résident du Programme de développement des Nations Unies (PNUD) en Chine, a évoqué la pertinence du système de coordination existant au niveau des pays et proposé des changements qui renforceraient la capacité du système de développement des Nations Unies de fournir un appui efficace.  Tout d’abord, a-t-il expliqué, il faut travailler avec les capacités nationales et répondre aux priorités nationales, d’où l’importance d’adopter une « approche différenciée ». 

Ensuite, a poursuivi M. Noudehou, les équipes de pays doivent être suffisamment flexibles pour travailler avec les gouvernements hôtes afin de développer des plans-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), ou des instruments similaires, adaptés aux contextes locaux.  

Compte tenu de la diversité des priorités couvertes par le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ce dernier point est crucial.  En outre, « nous devons rechercher une plus grande intégration des efforts des Nations Unies au niveau des pays pour obtenir de meilleurs résultats », a-t-il préconisé.  Dans cet esprit, le travail humanitaire, l’appui à la paix et à la sécurité et les activités de développement devraient tous être entrepris en même temps.  Enfin, il a insisté sur l’importance d’avoir un financement adéquat et prévisible. 

Il a également estimé sur la nécessité de poursuivre les « procédures opératoires standard » et permettre aux coordonnateurs résidents de disposer de l’autorité nécessaire pour guider la coordination au niveau des pays.

Discussion interactive

Au cours de la discussion, qui était animée par Mme SARAH CLIFFE, Directrice du Centre pour la coopération internationale de l’Université de New York (NYU), les intervenants ont exprimé leur volonté d’éliminer les doublons et les obstacles bureaucratiques qui nuisent à l’efficacité des efforts de développement, tant au niveau du système des Nations Unies qu’au plan national.  Ils ont également insisté sur l’importance de l’appropriation nationale de ces efforts, une des conditions essentielles pour que se réalise concrètement, d’ici à 2030, un développement durable universel.

Le Ministre des finances du Rwanda a fait valoir le cadre mis en place par son pays pour réaliser, au cours des 15 prochaines années, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment grâce à un accord conclu récemment sur les moyens de financement.  Arguant que la dispersion faisait perdre en efficacité, il a recommandé aux Nations Unies de décider des priorités en tenant compte des ressources.  Dans le même sens, le représentant du Pakistan a craint devoir renoncer à certains objectifs nationaux, afin de mieux se concentrer sur les domaines les plus prioritaires.

Ces remarques ont confirmé l’avis suivant lequel il faut tenir compte des priorités nationales, comme l’ont fait valoir les représentants de la Suisse, du Brésil ou encore de la Suède, qui ont insisté sur l’importance de l’appropriation nationale des mesures en faveur du développement.  Cela exige notamment de prendre dûment en compte les défis particuliers auxquels sont confrontés les pays spécialement vulnérables, comme les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés, a fait remarquer la représentante de Cuba.

En ce qui concerne les changements à opérer dans le système des Nations Unies, le Ministre rwandais a relevé que, malgré l’approche « Unis dans l’action », les mandats des différentes entités se recoupent souvent.  Il a donc plaidé en faveur d’une meilleure définition des tâches de chacun, un appel relayé par le représentant du Pakistan.  Au plan national, les doublons ne favorisent pas non plus la mise en œuvre, a ajouté la représentante de Fidji, dont le pays vient d’être touché par un cyclone dévastateur, et qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits pays insulaires (AOSIS).  S’agissant du rôle des parlements, le représentant de l’Union interparlementaire a plaidé de mettre en place un point focal par parlement afin d’éviter la multiplication des projets de développement durable.

Appelant chaque organe des Nations Unies à agir de concert, le représentant de la Thaïlande, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a lui aussi plaidé en faveur d’une plus grande cohérence dans la fourniture des services de l’ONU en faveur des pays en développement.  Au nom de la CARICOM, son homologue de Trinité-et-Tobago a demandé au système des Nations Unies d’aider les pays à traduire tous les engagements pris l’an dernier en une feuille de route intégrée qui aurait une résonance aux niveaux régional et local.  À l’instar des représentants du Brésil et de Cuba, il s’est par ailleurs inquiété du sous-financement des ressources de base du système de développement des Nations Unies.  Le Directeur exécutif d’ONU-Habitat a salué cette détermination à mieux financer les fonds et programmes consacrés au développement.

Comment le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) peut-il être harmonisé pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a demandé le représentant de Trinité-et-Tobago en notant qu’il n’avait pas encore intégré les nouveaux objectifs.  Il faudrait peut-être un « petit PNUAD » au niveau des pays, a suggéré le représentant de la Suisse avant d’affirmer que c’est au Siège de l’ONU que doit démarrer le processus de changement nécessaire.  Il faudrait, a-t-il précisé, une stratégie à l’échelle de toutes les Nations Unies pour guider la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui servirait de « coupole » sous laquelle seraient exécutés tous les programmes.

De son côté, le représentant de la Suède a conseillé de renforcer les bureaux des coordonnateurs résidents.  À ce sujet, son homologue de la Norvège a posé la question suivante: voulons-nous améliorer le système de coordonnateur résident par petites touches ou y apporter des changements plus approfondis afin qu’il devienne plus un directeur général qu’un coordonnateur?  Pour le Japon, il faut que l’ONU joue efficacement un rôle de liaison avec les pays concernés.  Les généralistes doivent pouvoir travailler avec les experts, a ajouté le Directeur exécutif d’ONU-Habitat.

Outre les efforts des Nations Unies et des gouvernements nationaux, les États Membres ont exprimé le souhait de voir les autres secteurs contribuer de manière dynamique à l’élan en faveur du développement universel.  Alors que le représentant du Brésil conseillait de faire participer différents acteurs, son homologue du Mexique a prôné le développement d’alliances avec la société civile et le secteur privé.  La Ministre du Kazakhstan a prôné un « équilibre sain » entre les représentants de toutes les parties prenantes et de tous les secteurs, expliquant que le mélange de toutes ces expertises pourra garantir la pertinence des actions.

Présentation du rapport du Secrétaire général

Le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales (DESA), M. THOMAS GASS, a introduit le rapport du Secrétaire général consacré à la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale 67/226 sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (A/71/63–E/2016/8).

Les conclusions du rapport suggèrent que le système des Nations Unies demeure le partenaire privilégié des pays, mais qu’il faut tenir compte des nouvelles réalités et des défis que présente le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a résumé M. Gass.  « Il s’agit du premier programme pour la coopération à l’échelle planétaire », a-t-il rappelé.

D’après lui, l’ONU doit avoir une démarche plus horizontale et unifiée, différente en fonction des pays, notamment ceux à revenu moyen.  Le rapport indique qu’il faut « aller au-delà de la cohésion en faveur d’efforts intégrés ».  Il montre que les Nations Unies doivent encore mieux faire dans les domaines clefs identifiés par l’examen quadriennal, comme l’élimination de la pauvreté.  Si le système doit réfléchir aux dispositions existantes, il doit s’éloigner de l’approche consistant à ne compter que sur une seule institution. 

Saluant l’initiative intitulée « Unis dans l’action », M. Gass a reconnu que le système faisait face à des contradictions car ses activités ne sont pas pleinement intégrées.

Mme HELEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé que toutes les entités du système des Nations Unies et les équipes de pays avaient adopté des « procédures standards », dans le cadre de l’initiative « Unis dans l’action », qui ont entrainé une meilleure collaboration avec le terrain et favorisé des mesures axées sur les résultats.  Cela concerne 130 programmes conjoints et 40 équipes de pays, a-t-elle dit en saluant les stratégies communes ainsi mises en place, fruits du dernier examen quadriennal complet. 

Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 est une opportunité considérable pour faire avancer le développement dans le monde, a-t-elle remarqué, souhaitant que ce soit aussi l’occasion de mieux s’organiser pour atteindre cet objectif. 

Mme Clark a indiqué qu’une approche appelée « Maps » avait été adoptée pour intégrer les objectifs de développement durable dans les plans, politiques et budgets nationaux.  Nous avons adopté un guide de référence pour aider les équipes de pays à accompagner les efforts de développement des pays, a-t-elle ajouté en rappelant l’exigence d’appropriation nationale. 

Donnant l’exemple du Kenya, elle a parlé du nouveau processus PNUAD intégré dans les processus régionaux, qui a été signé par le Président lui-même.  Le Programme 2030 est fondé sur les piliers du développement durable, a-t-elle souligné en rappelant la nécessité pour l’ONU et les pays d’en tenir compte.  Elle a invité les meilleurs professionnels à se mobiliser dans cette entreprise, souhaitant aussi que le système de coordonnateur ne soit pas politisé afin d’avoir un réel impact sur le terrain. 

Quant aux instruments de financement du développement, il faut qu’ils soient innovants et souples, a-t-elle recommandé avant de donner aussi de l’importance au partage des données et statistiques.

M. ANTHONY LAKE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a supplié de prendre en compte la nouvelle génération, en aidant les millions d’enfants et de familles laissés de côté dans la marche du progrès.  Avec tous nos partenaires, à savoir les gouvernements, le secteur privé et la société civile, nous devons travailler à cet objectif, a-t-il souhaité. 

M. Lake a cependant exprimé les difficultés que rencontre l’UNICEF pour faire face à toutes les pressions, en demandant d’éviter de lui ajouter des fardeaux bureaucratiques.  Il a donné quelques chiffres pour rappeler l’ampleur de la tâche: 59 millions d’enfants ne sont pas scolarisés et 130 millions ne savent ni lire, ni écrire, ni calculer malgré leur quatre premières années d’école primaire. 

Le Directeur exécutif de l’UNICEF a assuré travailler avec les États Membres pour collecter les données, avec une ventilation par région, sexe et langue.  L’UNICEF mène également des évaluations des programmes accomplis et des obstacles.

Cet examen quadriennal est une nouvelle occasion de revoir notre engagement en faveur des plus pauvres, a-t-il poursuivi en exprimant son intention d’appuyer tous les gouvernements.  Il a rappelé que certains pays en développement passent du statut de récipiendaires à celui de bailleur de fonds. 

Le prochain examen pourrait nous permettre de réexaminer notre partenariat avec les États Membres, a-t-il espéré en invitant à garder à l’esprit les promesses du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est par ailleurs étonné que les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre les changements climatiques soient séparés de ceux visant le développement durable, avec des conférences et des documents différents, comme si les changements climatiques, les maladies et les catastrophes se situaient dans des réalités différentes.  Aider en pleine crise humanitaire, c’est du développement, a-t-il expliqué.

M. AMIR ABDULLA, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a débuté son intervention en soulignant la nécessité, en 2016 et au-delà, d’intégrer les trois piliers de l’humanitaire, du développement et du maintien de la paix, tels que prévus par les objectifs de développement durable.  Selon lui, le Sommet humanitaire mondial offre une opportunité stratégique de tenir cette promesse, en s’engageant, sous l’égide des Nations Unies, à répondre aux besoins des plus vulnérables, ceux qui vivent dans des régions touchées par des situations de conflit, des catastrophes naturelles ou l’insécurité alimentaire.  L’analyse substantielle qui sera effectuée sur le terrain par les acteurs onusiens fournira la base d’une réponse collective, a-t-il estimé, soulignant l’importance d’évaluer la réponse du pays concerné.  

Ainsi, a-t-il indiqué à titre d’exemple, « comment l’assistance humanitaire en Somalie y a-t-elle permis de soutenir les priorités et objectifs de développement? »  M. Abdulla a ensuite rappelé que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement avait permis d’identifier l’ensemble des partenaires existants au service d’une croissance durable, y compris ceux du secteur privé, comme l’organisation non gouvernementale Oxfam, par exemple. 

Ces nouvelles formes d’engagement doivent toutefois être soutenues par des mécanismes de financement adéquats et robustes, a-t-il prévenu.  Pour le Directeur exécutif, « il s’agit pour le PAM de s’appuyer sur les pratiques telles que des mécanismes de financement préparatoire et l’application de principes telles que le recouvrement des coûts, la transparence, la gestion adéquate et l’amélioration des processus de prise de décisions », a-t-il expliqué. 

Mme LAURA LONDEN, qui a parlé au nom de M. BABATUNDE OSOTIMEIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a concentré son intervention sur les données, les droits de l’homme et le partenariat.  Concernant les données, elle a déclaré qu’elles étaient particulièrement importantes parce que les personnes qu’il convient d’atteindre sont celles que nous connaissons le moins.  La révolution des données et la promesse des nouvelles technologies pour les collecter et les analyser ont une signification particulière sur la manière dont le FNUAP s’acquitte de son mandat. 

« Nous allons améliorer notre position en tant que centre d’excellence dans les données pour le développement.  Nous allons exploiter la révolution des données afin de renforcer les écosystèmes des données nationales qui offriront une base structurelle pour la prise de décision », a promis Mme Londen.  Ces écosystèmes, avec à la base les droits de l’homme, comprendront des statistiques démographiques comme les naissances, les mariages ou l’état civil pour assurer que chaque individu ait un statut légal qui lui permet de revendiquer ou d’exercer ses droits.

S’agissant des droits de l’homme, Mme Londen a insisté notamment sur la nécessité d’investir dans les jeunes « si nous voulons réaliser l’ambitieux Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Le FNUAP continuera de soutenir les jeunes, en particulier les adolescentes les plus marginalisées, de promouvoir leur accès aux services et aux formations adaptés aux jeunes, à l’éducation et aux opportunités de perfectionnement des compétences, et d’avoir voix au chapitre sur les décisions qui les concernent et leurs sociétés.  Le FNUAP milite pour l’augmentation des investissements sociaux dans l’éducation et la santé, en particulier la santé sexuelle et reproductive, l’emploi des jeunes et des adolescents. 

Pour ce qui est du partenariat, le FNUAP cherche à le renforcer, en particulier avec le secteur privé.  En outre, « nous examinerons ce que nous pouvons faire avec le reste du système de développement des Nations Unies, les réseaux multipartites, pour accroître la disponibilité et l’utilisation des services de santé reproductive et sexuelle, en particulier pour les jeunes et les adolescents », a dit Mme Londen.  « Nous devons assurer le financement adéquat et approprié pour le fonctionnement du système de développement des Nations Unies », a aussi plaidé Mme Londen, qui a ajouté que le nouveau modèle opérationnel du FNUAP faisait la distinction entre les programmes de chaque pays en fonction de leurs besoins et de leurs capacités à financer le développement.  

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a indiqué que le système des Nations Unies pour le développement était perçu par les gouvernements et les autres parties prenantes comme un partenaire de confiance disposant d’une intime connaissance du terrain et d’une expérience considérable.  Mais ce système fait face à de nouveaux défis, notamment celui d’intégrer les objectifs de développement durable dans les priorités et stratégies nationales de développement. 

Dans ce contexte, a relevé la représentante, l’ONU devrait aider les États Membres à mettre en œuvre les cadres normatifs prévus par ces objectifs et à sensibiliser les populations locales à l’importance de ces normes.  En outre, a-t-elle dit, l’Organisation doit améliorer sa capacité à mobiliser les États Membres en faveur des jeunes, dont l’innovation est cruciale pour la réalisation des objectifs.  

Le système des Nations Unies devrait aussi mobiliser des ressources extérieures, en jouant un rôle d’interface entre pays destinataires de l’aide et partenaires de développement. 

Enfin, pour des pays à revenu intermédiaire comme le Viet Nam, le soutien des Nations Unies devrait être orienté en priorité sur les domaines du partage des connaissances, de la recherche et du transfert de technologies, a plaidé la délégation.

M. GEIR PEDERSEN (Norvège) a demandé à chacun de contribuer à la lutte contre les changements climatiques dans l’objectif de ne laisser personne de côté.  L’an dernier, nous avons consacré 130 milliards de dollars à l’aide au développement, mais nous avons besoin de trillions de dollars pour les changements climatiques, a-t-il averti.  Le représentant a aussi rappelé la nécessité de garantir une appropriation nationale.

Comment faites-vous avancer le Programme 2030, a-t-il lancé à l’adresse des États Membres et des chefs de secrétariat des fonds et programmes des Nations Unies?  Il a exhorté à cet égard le système de l’ONU à apporter une aide de manière cohérente.  Quels sont les obstacles qui empêchent les Nations Unies d’agir de concert dans les contextes fragiles, a-t-il également demandé en tenant compte du fait que chaque fonds a ses priorités?  En ce qui concerne le système de coordonnateur résident, il a voulu savoir comment le renforcer.

Discussion interactive

La Thaïlande, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que, pour traduire le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en activité opérationnelle, il fallait rappeler que « ses engagements ne doivent pas être réinterprétés », notamment en ce qui concerne l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes dans les pays en développement. 

En outre, il faut établir la priorité en matière d’allocation des ressources, afin que celles-ci soient « plus souples, prévisibles, avec moins d’appropriation, et mieux adaptées à la situation sur le terrain ».  Il ne faut pas utiliser les financements de base pour des activités qui ne sont pas de base.

Les Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, qui est présente dans quatre commissions régionales des Nations Unies, ont dit qu’il fallait appuyer et mettre en œuvre le Programme d’action de Samoa.  La question est de savoir comment les appels lancés par des mandats existants pour plus de coordination ont été appliqués sur le terrain.

Dans le même esprit, Trinité-et-Tobago, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a noté que, dans le contexte de l’après 2015, il y avait un besoin accru de coopération entre fonds et agences aux niveaux national et régional pour appliquer le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a souligné l’importance du pilier sur l’environnement.

L’Iraq, notant qu’il existait d’autres systèmes dans le domaine de la coopération multilatérale qui avaient « dépassé » le système des Nations Unies, notamment en matière de ressources, a souligné que celui-ci devait rester le principal pilier pour mettre en œuvre le nouveau Programme de développement.   

Évoquant le rapport du Secrétaire général à l’étude, il s’est aussi interrogé sur la raison d’un tel « déséquilibre entre les ressources de base et les autres ressources ».

 

Pour l’Argentine, « faire une réforme structurelle pour faire une réforme structurelle ne sert à rien ».  Il ne faut pas « réinventer la roue », ni être trop ambitieux.  Il faut procéder différemment dans le dialogue préconisé et « être stratégique, concentré sur les résultats ». 

Pour la première fois nous disposons d’un programme universel, véritable défi dans notre ONU fragmentée, a noté le représentant.  Ce sont maintenant les 193 pays qui doivent être l’objectif du développement.  Le paradoxe est que chacune des agences représentées à la tribune dispose d’un mandat spécifique.  Les défis ne pourront pas être résolus en quelques mois, a-t-il averti, avant de proposer de « réfléchir à moyen terme » pour améliorer le travail accompli dans les pays.

Le Brésil a souhaité mettre l’accent sur les résultats plutôt que sur les produits, conformément aux indicateurs qui seront définis pour mesurer les progrès dans l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a jugé importantes la question de la gouvernance et d’une plus grande participation des pays en développement.  D’après lui, « les énormes lacunes qui existent » au sein du système peuvent être comblées par des activités multilatérales concernant des objectifs communs, notamment en ce qui concerne l’égalité des sexes.

Si on ne peut plus continuer de fonctionner comme avant, « comment s’adapter? » a demandé la Suisse.  Le système doit-il agir uni ou poursuivre son travail avec des mandats séparés et quel en sera le coût?  Les agences forment-elles véritablement « une équipe »?  Le représentant a proposé aux conférenciers d’élaborer un rapport d’ensemble stratégique sur ce qui pourrait être fait à l’échelle du système pour permettre aux agences de travailler avec un objectif commun.

D’après le Panama, il est « grand temps » de transformer le système pour parler d’une seule voix.  Il faut intégrer les piliers de paix et de sécurité, de même que la société civile pour contribuer à la durabilité de ce nouveau programme de développement universel.  Il faut également se concentrer sur la transparence, la responsabilité et le suivi.  Les conférenciers ont-ils une vision de ce qu’ils attendent des pays?

Mme Clark a rebondi sur plusieurs points soulevés par les participants.  « Sans aucun doute nous sommes une équipe », a-t-elle affirmé.  « Nous sommes une fédération d’agences. »  « Entre nous, nous travaillons d’arrache-pied pour promouvoir cet esprit d’équipe, en tenant compte des changements permanents.  Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain », a-t-elle toutefois ajouté.  Quant au déséquilibre avec les ressources de base, il est dû au succès des ressources ciblées.  « Toutes les contributions sont appréciées », a conclu Mme Clark.

Mme Yoka Brandt, Directrice exécutive adjointe de l’UNICEF, répondant au nom de M. Lake, a rappelé l’importance que revêtent pour tous les données et statistiques ventilées pour ne laisser personne de côté.  Elle a ensuite évoqué le travail conjoint accompli par les agences sur les communications et les plaidoyers. 

Mme Mlambo-Ngcuka a confirmé que les agences travaillaient en équipe au niveau des pays avec le coordonnateur résident.  « Il y a bien une équipe qui se réinvente à chaque fois », a-t-elle dit.  Pour sa part, ONU-Femmes est capable de travailler sur un mandat universel.

« Il y a une révolution en matière de données », s’est félicitée à son tour Mme Londen.  Par ailleurs, les agences aident les pays à mobiliser des ressources en respectant le principe d’appropriation nationale.

Enfin, M. Abdulla a jugé que le plus important était que les ressources soient prévisibles.  « Nous allons nous équiper pour satisfaire les demandes des États Membres au niveau local », a-t-il assuré.

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