ECOSOC: la réforme du système de développement de l’ONU et de son architecture financière au centre du dialogue annuel sur les activités des fonds et des programmes
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé aujourd’hui son dialogue, entamé lundi, sur les activités opérationnelles de développement menées dans les pays par les fonds, programmes et agences des Nations Unies. « Il est clairement apparu qu’il faut avancer vers une nouvelle démarche intégrée à l’échelle du système », a constaté le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Alejandro Palma Cerna en faisant le point sur les trois jours de débats.
Les intervenants ont reconnu que l’adoption de quatre accords historiques en 2015, à savoir le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques, aura une incidence majeure sur le futur travail du système de développement des Nations Unies.
Il faut cette année « une conversation différente » qui reflète à la fois le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les discussions sur les nouvelles approches de l’aide humanitaire, a estimé la représentante des États-Unis. D’après elle, l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement devrait donner lieu à un document stratégique de bon niveau articulant ce que les États attendent de l’ONU et brossant les traits d’une structure souple permettant d’aller de l’avant.
Il faut redessiner et réformer « fondamentalement » le système de développement de l’ONU pour qu’il puisse mettre en œuvre l’agenda universel à un moment où les budgets se rétrécissent, a-t-elle insisté. Nous devons, a-t-elle dit, examiner les mandats et les structures actuels « sans concession » et décider à quoi devrait ressembler un système de développement efficace.
Des idées ont été lancées mais sommes-nous tous d’accord sur ce que « universalité, différentiation, ne laisser personne sur le côté ou intégration » veulent dire pour le fonctionnement du système de développement de l’ONU? s’est demandé le représentant de l’Inde. Quant à l’idée, prônée entre autres par les États-Unis, de jeter « un pont » entre l’aide humanitaire et les programmes de développement, il s’est montré prudent: que « ce pont » ne se construise pas au détriment de la promotion de la croissance et de la lutte contre la pauvreté, en d’autres termes, au détriment des conditions mêmes qui réduisent les risques d’une crise humanitaire.
Comme de nombreuses délégations, le représentant indien a aussi commenté la question des ressources des fonds et programmes de l’ONU. Franchement, a-t-il avoué, nous ne pouvons parler de la mise en œuvre équilibrée d’un agenda intégré avec des structures de financement tout entières vouées aux priorités des donateurs. Comment un système peut-il mettre en œuvre un agenda universel alors qu’il est dominé par les intérêts des donateurs?
D’après le Secrétaire général*, la part des ressources de base dans le financement total des activités opérationnelles pour le développement est effectivement passée de 44% à 24%. Le représentant de l’Argentine a souhaité « en finir avec ce déséquilibre » où la hausse des fonds extrabudgétaires place le système de développement de l’ONU face à un défi majeur. Contrairement aux ressources de base, ces fonds sont attachés à des projets choisis par les donateurs « ce qui ne va pas forcément dans le sens des mandats et des objectifs du système tels que l’ont voulu les États Membres ».
Les États veulent que ce système parvienne à des résultats collectifs en allant au-delà des divisions entre l’humanitaire, le développement et la consolidation de la paix et en gardant au cœur des efforts, l’élimination de la pauvreté. « On a besoin de solutions d’ensemble sur les trois piliers. »
L’ECOSOC a commencé sa journée par une table ronde sur les partenariats multipartites, qualifiés d’« essentiels » et appelés à reposer sur les valeurs et les normes des Nations Unies.
ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT: SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE GÉNÉRALE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET DU CONSEIL (A/71/63–E/2016/8)
Table ronde sur le thème « Approches de partenariats: comment assurer la responsabilité, la cohérence et l’évaluation de l’impact? »
Les défis exigent un effort renouvelé, a reconnu d’emblée M. AMIR DOSSAL, Modérateur de la table ronde et Fondateur et Président du Forum mondial pour des partenariats. Selon lui, l’objectif 17 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui est consacré aux partenariats, peut être le lien entre les autres 16 objectifs.
En matière de partenariat, les clefs du succès sont la participation de toutes les parties prenantes en amont dès la conception, l’implication nationale, régionale et continentale, le consensus mondial et l’alignement des objectifs et des instruments, s’est résumé M. IBRAHIM MAYAKI, Président-Directeur général du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), qui a constaté une baisse de l’aide publique au développement (APD) ayant donné lieu à la multiplication des partenariats public/privé.
En Afrique, avant 2000, a-t-il rappelé, les États menaient les politiques certes mais sous l’injection des bailleurs de fonds qui ne se préoccupaient pas vraiment du renforcement des capacités nationales. Avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les ministères du plan ont été remis au cœur des initiatives de l’État. Aujourd’hui, a souligné le Président-Directeur général, la Vision 2063 est le programme-phare du continent sur lequel tous les programmes internationaux doivent s’aligner. En l’occurrence, il a salué le « hub » créé au sein de la Banque africaine de développement (BAD), avec l’Union africaine et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), comme un bon exemple de partenariat et un « aimant » pour des instruments efficaces pouvant accélérer la mise en œuvre du Programme 2030.
L’instrument le plus important étant peut-être le financement, M. SAYED AQA, Vice-Président chargé de la coopération et du renforcement des capacités à la Banque islamique de développement, a expliqué ce que fait sa Banque, s’agissant en particulier des financements innovants. M. Aqa a parlé du mécanisme « Triple win » qui permet d’accroître les fonds concessionnels en puisant dans les marchés financiers. Il s’agit en fait d’un instrument de la dette en vertu duquel le débiteur ne rembourse que le capital, les organisations philanthropiques, en l’occurrence la Fondation Bill and Melinda Gates, prenant en charge les intérêts. Le Vice-Président a aussi parlé de « The Lives and Livelihoods Fund » de la Fondation Bill and Melinda Gates qui se propose d’offrir des dons et des prêts concessionnels aux 30 pays les moins riches de la Banque islamique de développement.
Ces 40 dernières années, a expliqué le Vice-Président, la Banque islamique de développement a contribué à façonner le système financier de ses États membres, en se fondant sur deux piliers à savoir le partage des risques et les titres adossés à des actifs. La Banque a aussi appuyé le développement du secteur privé et, en encourageant la réduction des taxes et la réforme des cadres juridiques, elle a réussi à intéresser ce secteur à des projets de développement à long terme.
La Banque a forgé des partenariats forts avec des institutions multilatérales et bilatérales. En 2015, 24 projets dans 18 pays membres ont été financés conjointement avec d’autres partenaires pour un coût total de 13,8 milliards de dollars, la contribution de la Banque islamique ayant été de 1,8 milliard de dollars soit 13% du montant. S’agissant, en particulier de l’autonomisation des jeunes, la Banque et le Groupe de la Banque mondiale ont, en 2014, commencé à travailler sur l’initiative « Education for Competiveness » (E4C) dont l’objectif est d’élaborer des stratégies concernant l’ensemble du circuit allant de l’école au monde du travail, de sorte que les jeunes aient non seulement les compétences qu’il faut pour le marché de l’emploi mais qu’ils puissent aussi devenir des moteurs de la croissance.
Un autre exemple de partenariat a été présenté par Mme LISE KINGO, Directrice exécutive du Pacte mondial des Nations Unies. Nous sommes, s’est-elle enorgueillie, à la tête du mouvement de la responsabilité planétaire sur la base de 10 principes universellement reconnus. Mme Kingo a annoncé que le Programme 2030 a été ajouté à ces principes.
Créé il y a 15 ans, le Pacte mondial compte aujourd’hui des milliers d’entreprises réunies dans un « Pacte de responsabilité citoyenne ». En 15 ans, 6 000 se sont vues retirer leur carte de membre. Les enquêtes menées par le Pacte et les rapports publiés par les sociétés membres sont « des modèles » qui pourraient intéresser d’autres initiatives des Nations Unies. Le but, a rappelé la Directrice exécutive, est de « transformer les objectifs de protection de la planète en emplois. Le Sommet des dirigeants du Pacte mondial, qui se tiendra en juin prochain, portera sur la hiérarchisation des objectifs de développement durable. Mme Kingo a attiré l’attention sur le site du Pacte « business.un.org », une plateforme qui rapproche le monde des affaires de l’ONU.
Le mois dernier, au Forum économique mondial de Davos, le Pacte a réuni des patrons pour parler des partenariats public-privé et des objectifs de développement durable. Les patrons ont demandé à l’ONU de travailler « de façon plus stratégique » avec le secteur privé, d’assumer plus de risques, de combattre sa bureaucratie, d’édifier des coalitions locales pour la mise en œuvre des objectifs et de faire des sociétés qui ont les principes moraux les plus élevés, des partenaires privilégiés.
Les directives exigent que les entités de l’ONU divulguent toutes leurs activités, a rappelé la Directrice exécutive, car sans la divulgation complète de tous nos partenariats, il nous sera difficile de mesurer nos résultats et l’impact de notre travail.
Les partenariats stratégiques multipartites comme les initiatives du Secrétaire général, « Énergie pour tous », « Défi Faim zéro » et « Toutes les femmes, tous les enfants » ont montré leur potentiel, a commenté M. THOMAS GASS, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales. Les partenariats sont un complément « critique » des efforts de l’ONU et des gouvernements pour mettre en œuvre le Programme 2030. Ces efforts doivent impliquer toutes les parties concernées et promouvoir une approche horizontale. Mais, a mis en garde le Sous-Secrétaire général, les partenariats ne peuvent pas et ne doivent pas remplacer le système de développement de l’ONU. Ils doivent en respecter les normes dont la reddition de comptes.
L’ONU a en effet la tâche difficile de travailler de plus en plus avec des acteurs extérieurs tout en protégeant « ses valeurs et sa marque ». Il faut y réfléchir, a dit le Sous-Secrétaire général aux délégations, et trouver les bonnes réponses aux questions inhérentes aux relations avec les secteurs public et privé. L’interaction avec le secteur privé pose en effet la question de la protection des valeurs multilatérales de l’ONU, de son intégrité, de sa légitimité et de son indépendance. Cette interaction pose la question du maintien des normes et des principes intergouvernementaux qui régissent l’ONU et en l’occurrence, le principe de la transparence.
Le fait, a reconnu le Sous-Secrétaire général, que chaque entité de l’ONU et parfois chaque division ou chaque bureau a sa propre vision, sa propre compréhension des choses et ses propres pratiques rend l’ONU vulnérable car les partenariats « peuvent faire leurs courses ». Ainsi une société refusée par une telle entité de l’ONU peut devenir tout à fait acceptable pour une autre, compromettant ainsi la crédibilité de l’Organisation et ses approches politiques et opérationnelles. Nous devons transformer l’ONU en une Organisation qui appartienne effectivement à son époque, en maximisant ses opportunités et son impact et en minimisant les risques. Ce sont ces capacités là qu’il faut renforcer parmi le personnel de l’ONU pour qu’il soit en mesure d’aider les pays qui eux aussi sont appelés à mobiliser des ressources auprès du monde des affaires et des fondations.
Les partenariats peuvent certes encourager l’innovation mais ils présentent aussi des risques et des risques d’échec. Il faut donc des espaces sûrs et du temps pour apprendre des échecs qui doivent rester aussi rares que possible pour préserver l’intégrité de l’ONU et de ses États Membres. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige de l’ONU qu’elle monte dans la voiture de la société civile, des universités, des fondations et des entreprises, mais en prenant le volant.
Débat général
Au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, Mme MWABA PATRICIA KASESE-BOTA (Zambie) a déploré l’isolement économique de ces pays, la petite taille de leur économie, leur topographie difficile caractérisée souvent par le désert, la faiblesse de leurs infrastructures et le coût élevé du transport. Ces pays ont besoin d’assistance et de coopération pour, entre autres, renforcer la résilience aux changements climatiques, développer le secteur privé et intensifier les partenariats. Ces pays doivent recevoir une aide publique au développement (APD) accrue, des investissements étrangers directs et un appui au renforcement des capacités de gestion.
M. DOMINIQUE FAVRE, Direction suisse du développement et de la coopération, a salué les avancées qui ont amélioré les performances du système des Nations Unies pour le développement au niveau des pays. Cependant, l’approche « Unis dans l’action » se heurte encore à des limites, en particulier en ce qui concerne le pilier « Unité dans les opérations ». Il est reconnu que la mise en œuvre cohérente de cette approche, y compris le financement adéquat du système des coordonnateurs résidents et la pleine application des procédures opérationnelles normalisées, constitue pour le système de développement un élément clef pour relever les défis inhérents au Programme 2030. Or, le représentant a constaté que le recours exclusif à ces instruments a atteint ses limites en termes d’impact et qu’il faudrait les compléter par d’autres mesures. Il a fait valoir qu’« une entité de coordination robuste, indépendante, neutre et responsable pourrait contribuer à remplir ce mandat à l’échelle du système et rapporterait directement aux États Membres ».
La Suisse estime que l’adoption d’une stratégie à l’échelle du système des Nations Unies pour la mise en œuvre du Programme 2030 constituerait un pas en avant important pour répondre au mandat formulé par les chefs d’État et de gouvernement. Le Secrétaire général pourrait être chargé de formuler, par l’intermédiaire du Conseil des chefs de secrétariat (CCS), une telle stratégie sur la base des orientations stratégiques qui se dégagent de l’examen quadriennal complet de 2016. Par ailleurs, le représentant a considéré qu’il est possible de renforcer la responsabilisation au niveau local et la supervision des activités de l’ONU. « La tendance est à la décentralisation à l’ONU, mais la structure de gouvernance ne suit pas », a-t-il regretté en proposant de mettre en place « une sorte de conseil d’administration local ».
Mme MARIAME FOFANA (Burkina Faso) a estimé que le système des Nations Unies devra se doter d’un modèle de coordination intégré entre ses différentes structures d’intervention pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ce modèle devra permettre d’accroître la collaboration et la coopération entre ses différents organes et d’agir dans une parfaite synergie sur le terrain pour plus d’efficacité. Un partenariat plus renforcé avec les États sera nécessaire dans le cadre du financement des activités et de l’échange des données statistiques.
Le système de développement de l’ONU devra adapter ses programmes d’intervention aux besoins de chaque pays et ces réformes doivent aussi avoir à l’esprit d’accroître des activités de renforcement des capacités aux fins du développement durable, par la promotion de la coopération Nord-Sud, Sud-Sud ou triangulaire et la valorisation des ressources humaines, a conclu la représentante.
Mme SARAH MENDELSON (États-Unis) a estimé que s’agissant de l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement, il faut cette année « une conversation différente » qui reflète à la fois le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les discussions sur les nouvelles approches de l’aide humanitaire. Il faut redessiner et réformer « fondamentalement » le système de développement de l’ONU pour qu’il puisse mettre en œuvre l’agenda universel à un moment où les budgets se rétrécissent. Nous devons, a encouragé la représentante, trouver les moyens d’éliminer les divisions entre l’aide humanitaire et les programmes de développement. Les États-Unis ont quelques idées sur la question qu’ils seraient ravis de partager avec les autres délégations, a assuré la représentante. Nous devons, a-t-elle dit, examiner les mandats et les structures actuels « sans concession » et décider à quoi devrait ressembler un système de développement efficace.
L’examen quadriennal de cette année devrait donner lieu à un document stratégique de bon niveau articulant ce que les États attendent de l’ONU et brossant les traits d’une structure souple permettant d’aller de l’avant. Ce qu’il faut, ce sont de meilleurs résultats opérationnels, une meilleure coordination, moins de chevauchement et de concurrence et plus de cohérence au niveau des pays.
Nous ne voulons pas, a précisé la représentante, dire aux agences à quoi leur réserve de coordonnateurs résidents doit ressembler en 2017 ou combien de chaises elles doivent installer dans leurs centres de services. L’examen quadriennal, s’est-elle expliquée, est en effet devenu, au fil du temps, un exercice détaillé donnant des directives sur les questions opérationnelles et budgétaires que « très franchement », les États-Unis jugent inappropriées compte tenu de l’ampleur et de la complexité des opérations menées par les agences de l’ONU. Évitons de microgérer ces agences ou les inonder de demandes d’information, au risque de les empêcher de faire leur travail d’appui au développement.
Non, a conclu la représentante, notre but devrait être d’élaborer pour elles une stratégie claire puis de les laisser trouver elles-mêmes les moyens de la suivre. Cette année, l’examen quadriennal devrait donc donner lieu à une résolution assez courte laissant aux agences le soin d’en travailler les détails opérationnels pour un environnement en mutation rapide.
Mme KIM ANH PHAM (Viet Nam) a réitéré que l’éradication de la pauvreté doit être le principal objectif du système de développement de l’ONU. Ce système doit se focaliser sur le renforcement des capacités et répondre aux besoins spécifiques des différentes catégories de pays. La représentante s’est montrée inquiète face à la baisse des financements. Elle a appelé les donateurs à honorer leurs engagements.
Il faut en finir, a dit M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) avec « les compartiments du passé ». Il faut, a-t-il insisté, tenir compte de la nature multidimensionnelle de la pauvreté et abandonner des indicateurs tels que celui sur le revenu par habitant. Il faut aussi plus de prévisibilité dans les financements et trouver les moyens d’attirer des bailleurs non traditionnels. Nous avons entendu peu de propositions innovantes », a regretté le représentant, en s’étonnant de l’absence de propositions sur la réaffectation des dépenses militaires et dénonçant « le commerce pervers des armes qui perpétue la dépendance et la violence ». Le représentant a plaidé pour les pays à revenu intermédiaire qui n’ont pas de stratégie précise du développement et qui ont besoin d’une « expérience institutionnelle » pour combattre leurs poches, souvent grandes, de pauvreté.
Le Programme 2030 va exiger plus de coordination et plus de cohérence, a prévenu, à son tour, M. MATEO ESTREME (Argentine). D’après lui, le fait que les fonds extrabudgétaires représentent 76% des ressources totales des fonds et programmes d’un budget de base « prévisible » place le système de développement de l’ONU face à un défi majeur. Les ressources extrabudgétaires sont en effet attachées à des projets choisis par les donateurs « ce qui ne va pas forcément dans le sens des mandats et des objectifs du système tels que l’ont voulu les États Membres ». Le représentant a souhaité en finir avec ce déséquilibre.
Il a mis en garde contre le risque de voir les bailleurs de fonds dicter leurs décisions, faisant observer que « les pays en développement ne participent quasiment pas à la prise de décisions sur des sujets qui pourtant les concernent directement ». Les pays vivent des réalités différentes et leurs besoins sont distincts, ce qui oblige le système à s’adapter. « Nous n’allons pas résoudre tous les problèmes en une seule négociation », a-t-il averti.
Mme BERIT FLADBY (Norvège) a estimé que le fait que plus de 50 pays aient demandé aux Nations Unies de travailler sous le parapluie « Unis dans l’action » prouve à suffisance les avantages de cette méthode dont le succès, a-t-elle insisté, dépend de la manière dont les pays s’approprient effectivement les initiatives de développement. À ce stade, a-t-elle constaté, il y a encore des progrès à faire. Elle a demandé aux équipes de pays de s’y employer, en étroite collaboration avec les gouvernements hôtes. Mme Fladby s’est également dite déçue de la lenteur des progrès dans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. Elle s’est étonnée qu’aucune entité de l’ONU n’ait honoré les engagements financiers pris dans le Plan en sept points du Secrétaire général sur une consolidation de la paix tenant compte de la problématique hommes-femmes.
À son tour, la représentante a voulu que le prochain examen quadriennal des activités opérationnelles de développement soit plus stratégique. La résolution qui en sortira doit définir ce que le système de l’ONU doit faire et pas seulement comment il doit travailler. Les avantages comparatifs de l’ONU, a-t-elle rappelé, résident dans sa légitimité et son universalité, dans les liens entre les mandats normatifs et opérationnels et dans sa présence dans les pays, et le lien entre les 17 objectifs de développement durable exige aujourd’hui une approche plus holistique et plus intégrée du développement.
Il nous faut, a poursuivi la représentante, une ONU capable de relever des défis en constante mutation et de répondre aux besoins changeants et diversifiés des pays. La Norvège voudrait voir, a-t-elle dit, une ONU plus active dans les États fragiles, une ONU qui exploite les instruments existants mais aussi l’expérience acquise dans la collaboration stratégique entre les trois piliers du développement, de la paix et de la sécurité, et des droits de l’homme. La représentante s’est également dite préoccupée par l’écart entre ce que l’on attend du système de développement de l’ONU et son financement. Elle a aussi relevé que le coordonnateur résident duquel les États attendent beaucoup n’a pas l’autorité nécessaire. Ici aussi la prévisibilité des ressources est fondamentale, a conclu la représentante en suggérant, comme première étape, que la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires couvre la part du Secrétariat de l’ONU dans l’arrangement sur le partage des coûts du Groupe des Nations Unies pour le développement.
Mme MARÍA LUISA NAVARRO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et de coopération du Panama, a insisté sur le fait que les activités opérationnelles de développement doivent répondre aux demandes des pays et rester conformes à leurs stratégies nationales de développement. Nous devons mettre en commun nos avantages et nous appuyer sur l’expertise nationale. S’agissant du financement, la représentante a dénoncé le déséquilibre entre les ressources de base et les ressources extrabudgétaires. Elle a appelé les bailleurs de fonds à la solidarité, en particulier à l’égard des pays à revenu intermédiaire. Il faut chercher d’autres schémas de coopération, a-t-elle suggéré.
Le prochain examen quadriennal doit faire mieux que celui-ci, a voulu M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud). Mais, a-t-il prévenu, cela ne sera possible que si l’on insiste sur son mandat traditionnel qui est de définir la façon dont le système de développement de l’ONU fonctionne en appui aux programmes de développement nationaux. Un examen quadriennal renforcé doit viser à répondre aux attentes de tous les États, en particulier les pays en développement. Il nous faut un système de développement efficace et cohérent, avec plus de ressources de base pour avoir un impact concret. Le représentant s’est d’ailleurs dit préoccupé par le déséquilibre entre les ressources de base et les ressources extrabudgétaires. Un bon système de développement ne saurait se passer de fonds « adéquats, prévisibles et stables », a tranché le représentant qui s’est d’ailleurs dit déçu de l’incapacité des conseils d’administration des fonds et programmes de traiter de la question de la « masse critique » des ressources de base et de la qualité et de la quantité des financements.
Nous devons revoir, a-t-il préconisé, la composition et le fonctionnement des structures de gouvernance de ces fonds et programmes. « On ne peut plus travailler comme avant » maintenant qu’on a adopté le Programme 2030, a estimé le représentant. Ces fonds et programmes doivent améliorer leurs mécanismes de coordination, éviter la confusion et la concurrence et n’intervenir qu’à la demande des États, a insisté le représentant en leur rappelant que si les piliers humanitaire et paix sont importants, c’est le développement qui est au cœur de leur mandat. Le représentant a conclu en soulignant l’importance de la coopération Nord-Sud, dans un contexte de déclin de l’APD. La coopération Sud-Sud et triangulaire, et le financement du secteur privé ne sont là que pour compléter la coopération Nord-Sud, a-t-il insisté.
M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a estimé que le Programme 2030 doit contribuer à améliorer la capacité du système de l’ONU à aider les pays en développement et les pays les moins avancés. Il est très important que les activités de développement s’attaquent aux nombreux défis dans les pays, en renforçant les capacités nationales. Pour l’Iraq, le renforcement du système de développement de l’ONU est devenu essentiel à la lumière de l’évolution du monde. Il a proposé un partenariat « très large » ouvert sur le secteur privé et les ONG. Il a aussi proposé la création d’une structure chapeautée par l’ONU pour gérer les crises et les risques, notamment « cette tendance croissante au terrorisme international » et « compte tenu de la volatilité des prix des matières premières ». Il faut un cadre global « beaucoup plus clair » pour identifier les besoins des pays en développement, conformément aux décisions de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement.
Le système de développement des Nations Unies doit devenir un acteur clef dans la mise en œuvre du Programme 2030, a déclaré, à son tour, M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie). Il a voulu que l’on n’oublie pas l’expérience accumulée dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et que l’on se garde de politiser les activités de développement. Il faut plutôt, a suggéré le représentant, se concentrer sur le perfectionnement des mécanismes de coordination, y compris pour les activités humanitaires. « Le système doit aider les États Membres mais il ne lui revient pas de les remplacer. » Son efficacité, a reconnu le représentant, requiert un financement souple permettant d’utiliser les fonds des donateurs dans le respect des intérêts nationaux. S’il a appuyé l’intention du système de développement de l’ONU d’élargir ses contacts avec le secteur privé et la société civile, le représentant a toutefois recommandé de garder à l’esprit le principe d’« Unis dans l’action » pour éviter une éventuelle perte d’autorité de l’ONU auprès de partenaires « non fiables ».
Pour mettre en œuvre le Programme 2030, a estimé M. VLAD LUPAN (Moldavie), l’ONU devra utiliser l’expertise existante et se montrer novatrice. Le système de développement devrait se concentrer sur les domaines dans lesquels il est le plus qualifié pour pouvoir transformer le cadre normatif en politique nationale et, à cet égard, il sera crucial d’assurer l’intégration des trois dimensions du développement durable à tous les stades de la prise de décisions. Le renforcement des capacités humaines et institutionnelles doit être au centre des efforts. Compte tenu de la complexité du Programme 2030, des partenariats forts devront être noués avec la société civile, le secteur privé et autres.
« Le cap de développement de l’humanité pour les prochaines décennies a été défini en 2015 », s’est félicité M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique). Ceci exige la combinaison des efforts pour faire du développement durable une réalité dans toutes ses dimensions, en ne laissant personne de côté. Les activités du système des Nations Unies doivent être articulées de façon plus efficace. Ainsi le concept « Unis dans l’action » est-il utile pour renforcer la structure du système. Il va falloir une coopération entre les différentes parties prenantes à savoir, les gouvernements, les agences de l’ONU, la société civile et le secteur privé, a poursuivi le représentant. Transparence et responsabilité sont également indispensables pour minimiser les dépenses, la dispersion des ressources et limiter la corruption. Il faut mettre l’accent sur les communautés les plus vulnérables, celles qui sont éloignées ou exposées aux catastrophes naturelles et intensifier les efforts pour multiplier les sources de financement, sans oublier les pays à revenu intermédiaire.
Des symptômes aux moteurs, des choix à court terme aux solutions à long terme, des silos à l’intégration, décidément, a commenté M. AMIT NARANG (Inde), le Programme 2030 s’écarte définitivement du passé. Des idées ont été lancées mais sommes-nous tous d’accord sur ce que « universalité, différentiation, ne laisser personne sur le côté ou intégration » veulent dire pour le fonctionnement du système de développement de l’ONU? s’est demandé le représentant. Comment un système peut-il mettre en œuvre un agenda universel alors qu’il est dominé par les intérêts des donateurs? Comment réconcilier une stratégie élargie avec le respect des intérêts nationaux? Comment le système travaille-t-il à des questions comme les modes de consommation durables dans les pays développés? Comment réaliser l’intégration sans sacrifier l’expertise et les résultats?
Au moment où le système de l’ONU repense son rôle, il est de la plus grande importance qu’il ne détourne pas les yeux des plus pauvres, a insisté le représentant. L’Inde, s’est-il expliqué, admet qu’il faut renforcer l’appui aux activités humanitaires mais elle étudie « avec prudence » la proposition de jeter un prétendu pont entre l’humanitaire et le développement. Que ce pont, a-t-il prié, ne se construise pas au détriment de la promotion de la croissance et de la lutte contre la pauvreté, en d’autres termes, au détriment des conditions mêmes qui réduisent les risques d’une crise humanitaire. Le représentant n’a pas voulu conclure sans commenter la question des ressources de base. Franchement, a-t-il avoué, nous ne pouvons parler de la mise en œuvre équilibrée d’un agenda intégré avec des structures de financement tout entières vouées aux priorités des donateurs. Dans le même ordre d’idées, nous devons nous attaquer à la gouvernance des fonds et des programmes où l’on voit un déséquilibre entre les pays développés et les pays en développement. Nous devons tout simplement, a dit le représentant, réfléchir à la manière dont le système de développement de l’ONU est géré et administré.
M. NAWAF SALAM (Liban) a rappelé à son tour, que l’élimination de la pauvreté reste le défi le plus important à relever. Il s’est aussi dit préoccupé par le déséquilibre croissant entre les ressources de base et les autres ressources. Les fonds et programmes devraient faire plus pour convaincre les donateurs, y compris les acteurs non étatiques, de participer à des mécanismes communs de financement et de faire des contributions extrabudgétaires moins attachées à des projets et plus souples et plus prévisibles. Le représentant a aussi appelé à des plans-cadres pour l’aide au développement (PNUAD) plus cohérents et plus intégrés et étroitement alignés avec les stratégies nationales, à un système de coordonnateurs résidents renforcé et plus diversifié et à une adhésion universelle des entités de l’ONU à la gestion axée sur les résultats.
Le représentant a également fait remarquer que le renforcement des capacités nationales allait au-delà de l’amélioration des capacités statistiques pour concerner la planification du développement, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation. Le renforcement des capacités et le transfert des technologies sont essentiels à la mise en œuvre du Programme 2030. S’agissant du pilier humanitaire, le représentant a indiqué que son pays a mis en place, avec les agences de l’ONU et d’autres partenaires nationaux et internationaux, deux plans de réponse pour les 1,2 million de réfugiés syriens et plus qu’il a sur son territoire. Inutile de dire qu’en la matière, le succès dépend des fonds que les partenaires internationaux voudront bien verser.
M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a lui aussi voulu mettre en exergue le fait que le Programme 2030 suppose un grand nombre de défis pour la communauté internationale, dont une réponse cohérence et intégrée. Pour ce faire, le représentant s’est dit favorable à la création d’un groupe consultatif indépendant pour faire le dialogue sur le système de développement de l’ONU. Il a estimé que l’examen quadriennal doit donner lieu à une résolution qui jette les bases d’une bonne mise en œuvre du Programme 2030.
Après l’adoption du Programme 2030, le grand défi est désormais, a prévenu M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), d’intégrer les piliers paix, humanitaire et développement dans les pays fragiles et touchés par les conflits. Il faut bâtir des synergies fortes entre les différentes entités du système de développement de l’ONU et réduire les doublons. Le système doit s’orienter vers les résultats et s’aligner avec les stratégies nationales de développement durable. À cet égard, le renforcement des capacités nationales dans la planification du développement, la collecte des données et l’analyse pourraient devenir une des fonctions clefs du système de développement de l’ONU, a suggéré le représentant, voyant aussi une autre fonction clef dans la création des partenariats adaptés aux besoins nationaux. À son tour, il a plaidé pour que le coordonnateur résident ait plus d’autorité et, concernant le financement, il a insisté sur la « stabilité, la souplesse et la prévisibilité ». Il est nécessaire, a-t-il ajouté, d’élargir la base des donateurs et de solliciter des donateurs non traditionnels, tout en explorant les partenariats et en améliorant la mobilisation des ressources internes.
M. BORIS HOLOVKA (Serbie) a dit qu’en décembre 2015, le Gouvernement de Serbie a créé un groupe de travail interministériel dont la tâche sera de suivre de près et d’évaluer la mise en œuvre nationale des objectifs de développement durable. Le groupe de travail travaillera étroitement avec l’équipe de pays des Nations Unies, s’agissant en particulier des indicateurs de développement. La Serbie est sur le point de signer un nouveau cadre de partenariat au développement 2016-2020 avec l’équipe de pays des Nations Unies qui sera strictement aligné avec le Programme 2030. Le nouveau cadre concerne la bonne gouvernance, l’état de droit, la protection de l’environnement, les ressources humaines, le développement économique, la croissance et l’emploi, les changements climatiques, la résilience des communautés, la culture et le développement. Le système de développement de l’ONU doit réévaluer sa capacité de soutenir les pays. Il doit allier approche commune et approche personnalisée.
Pour M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), il faut sauvegarder la légitimité et l’efficacité du système de développement des Nations Unies en alignant ses activités opérationnelles avec le Programme 2030. Dans un monde où plus de 70% des personnes pauvres vivent dans les pays à revenu intermédiaire, il faut absolument prendre en compte les défis spécifiques de ces pays. Il faut s’attaquer à l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes indépendamment du revenu par habitant. Les Nations Unies doivent promouvoir des partenariats multipartites et transparents, a poursuivi le représentant qui, s’agissant du financement, a souhaité l’établissement d’une « masse critique » des ressources de base et la correction du déséquilibre avec les ressources extrabudgétaires. Il faut des financements plus souples et plus prévisibles qui permettent au système de l’ONU de gérer ses fonds de façon plus stratégique, « l’impératif étant de ne laisser personne de côté ».
On semble rejeter les modèles du passé, a constaté M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) qui a voulu que l’on examine les principaux déséquilibres du système de développement actuel, notamment dans les domaines thématique, financier et de la gouvernance. Il a dénoncé la tendance « aux financements ciblés ». Le système ne sera pas réformé « comme par miracle ». Nous avons 15 ans pour mettre en œuvre le Programme et établir la bonne synergie entre l’humanitaire, la paix et le développement, en se gardant de détourner les ressources de l’aide au développement pour les réaffecter aux situations d’urgence.
M. CHO YOUNG-MOO (République de Corée) a estimé que l’approche « Unis dans l’action » doit être peaufinée aux niveaux des pays et du Siège de l’ONU. Il est important dans ce cadre que le système des coordonnateurs résidents ait plus de leadership, de légitimité et d’autorité et soit doté de mécanismes robustes de redevabilité et de ressources adéquates. Nous devons renforcer le mandat du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS) pour assurer l’exécution des mandats à l’échelle du système. Si des progrès ont été faits pour renforcer la collaboration et la planification commune s’agissant des piliers humanitaire, développement et paix, il reste beaucoup à faire pour renforcer la collaboration et la complémentarité entre les entités de l’ONU à travers ses programmes, mécanismes et structures existants.
M. MUCHKA (République tchèque) a dit que le système de développement de l’ONU doit se focaliser sur les plus vulnérables, arguant que l’éradication de la pauvreté passe par l’éducation, « l’usine de l’humanité ». Concernant le déséquilibre entre les ressources de base et extrabudgétaires, le représentant a argué que le plus important est la prévisibilité du financement et la mobilisation d’autres partenaires, y compris le secteur privé. Le représentant a aussi voulu que le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement soit clairement respectueux des principes de souveraineté et d’appropriation nationales. Le système de développement de l’ONU doit se concentrer sur les activités dans lesquelles elle apporte le plus de valeur ajoutée. Pour le représentant, le prochain examen quadriennal sera une occasion « historique » d’adapter le système de développement de l’ONU aux nouvelles réalités mondiales. Nous devons agir rapidement et de manière décisive pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable dans les délais prévus.
Mme IRENE SUSAN NATIVIDAD (Philippines) a rappelé que l’objectif principal est l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et que la majorité des personnes pauvres vivent dans les pays à revenu intermédiaire. Elle a demandé au système de développement des Nations Unies de tenir compte de ce fait dans son processus de transformation et de réalignement, et de renforcer la coopération Sud-Sud. Dotés de programmes pertinents, les pays à revenu intermédiaire peuvent devenir des donateurs et contribuer au développement des autres, a-t-elle souligné.
Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a elle aussi rappelé que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions constitue l’objectif essentiel du Programme 2030 pour lequel les ressources de base doivent demeurer la principale source de financement. S’agissant des catastrophes naturelles, la représentante a réclamé une approche holistique, disant attendre beaucoup du Sommet d’Istanbul sur l’action humanitaire. Elle a également insisté sur le principe d’appropriation nationale et celui de l’alignement des programmes sur les politiques nationales. Dans ce cadre, elle a voulu que le système de coordonnateurs résidents des Nations Unies soit réévalué pour que les pays du Nord et le Sud soient équitablement représentés.
Mme LUO JIN (Chine) a souligné que la mise en œuvre du Programme 2030 ne se fera pas du jour au lendemain et qu’elle demandera une planification efficace. L’élimination de la pauvreté étant l’objectif primordial, il est essentiel d’appuyer les secteurs de l’éducation et de la santé et de soutenir la lutte contre les changements climatiques. Les financements doivent augmenter, a dit la représentante en demandant aux pays développés de tenir leurs engagements vis-à-vis des pays les moins avancés. Elle a plaidé pour plus de souplesse dans l’affectation des ressources extrabudgétaires car le système de développement de l’ONU doit dûment prendre en compte les caractéristiques, les besoins et les priorités de chaque pays. Les fonds et programmes doivent mieux coopérer entre eux et les bureaux régionaux, se concentrer encore plus sur les défis communs de leur région, notamment dans les cas de catastrophes naturelles. « La Chine s’efforce de sortir 70 millions d’autres personnes de la pauvreté et de mettre en œuvre l’appel lancé par le Président Xi sur les 600 projets en faveur des pays en développement.
Nous devons nous montrer « ouverts, ambitieux et réalistes », a estimé M. NABEEL MUNIR (Pakistan). La volonté de changer les choses, y compris le système des coordonnateurs résidents et les plans-cadres pour l’aide au développement, sera « extrêmement importante ». Outre les défis institutionnels et normatifs, il faut aussi se pencher sur le déclin des ressources de base et la hausse des fonds extrabudgétaires qui sont essentiellement attachés à des projets. Le but est de faire en sorte qu’au niveau des pays, l’ONU soit capable de compléter les efforts dans la mise en œuvre du Programme 2030, en gardant au centre de ses préoccupations l’élimination de la pauvreté, la croissance économique et le développement et en s’alignant avec les priorités nationales. L’ONU doit renforcer les capacités nationales et lorsqu’ils existent, recourir aux mécanismes nationaux d’exécution et à l’expertise locale. Le coordonnateur résident, a conclu le représentant, doit continuer de travailler sous le leadership du gouvernement hôte, y compris s’agissant de son interaction avec les partenaires au développement et la société civile.
M. EICHEN (Allemagne) a noté le large consensus sur une résolution relative à l’examen quadriennal plus ambitieuse. Pour répondre aux défis posés par le Programme 2030, il nous faut un système de développement plus intégré. Nous devons encourager une planification partagée car le statu quo n’est plus tenable. Il faut répondre aux questions systémiques et structurelles et introduire les ajustements nécessaires. La future résolution doit fournir des directives stratégiques pour la mise en œuvre du Programme 2030.
Le système des Nations Unies doit être à la hauteur des grands accords signés en 2015, a déclaré M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador). Il a mis en exergue le fait qu’il faut « revoir le classement des pays au sein de l’ONU ». L’Organisation divise les États entre Membres de première et de deuxième classe. L’instrument d’indice de développement humain a été laissé de côté pour se concentrer sur le classement du revenu par habitant « qui exclut au lieu d’intégrer ». Le représentant a rappelé le principe selon lequel tous les objectifs du Programme de développement durable sont liés les uns aux autres. Pour El Salvador, il faut améliorer la faculté de l’ONU à renforcer les capacités nationales. « On ne peut pas utiliser un même plan pour tous », a-t-il martelé, en se disant préoccupé par le fait que le pourcentage des ressources de base des activités de développement n’a pas cessé de diminuer.
M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a axé son intervention sur le positionnement à long terme du système des Nations Unies pour le développement. Les agences, les fonds et les programmes doivent aider tous les pays à réaliser leurs stratégies nationales de développement. Ils doivent en particulier aider les pays à établir un système plus inclusif de redistribution nationale des revenus. Cela requiert également des réformes institutionnelles, a indiqué le représentant qui a demandé que la répartition de l’aide internationale au développement se fasse sur la base des capacités des États à mobiliser des ressources internes. L’aide doit aller là où elle est nécessaire. Le représentant a également réclamé le financement des « gaps catalytiques » qui empêchent les pays les moins avancés d’accéder aux marchés financiers internationaux. Il a terminé en déclarant que l’examen quatriennal devrait encourager les pays à plus de coopération et de partenariat, en particulier la « coopération Sud-Nord » pour permettre notamment à tous les citoyens de participer au développement.
Dans ses remarques de clôture, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. HECTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras) a noté plusieurs éléments sur lesquels les États semblent être d’accord et d’abord le fait que l’adoption de quatre accords historiques en 2015, à savoir le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques, aura une incidence importante sur le futur travail du système de développement des Nations Unies.
Les délégations ont aussi voulu que l’on renforce les mécanismes existants, comme le système des coordonnateurs résidents pour qu’ils aient assez de pouvoir et exécutent leur mandat de façon intégrée, a poursuivi M. Palma Cerna. De même, la poursuite de la démarche « Unis dans l’action » a été encouragée.
Les débats ont clairement montré, a constaté le Vice-Président, qu’il faut avancer vers une nouvelle démarche intégrée à l’échelle du système. Aucun des efforts au niveau des pays ne portera ses fruits sans un fort appui au niveau des sièges des entités de l’ONU. Ces entités ont été appelées à privilégier des résultats collectifs, en abattant les cloisons entre les piliers humanitaire, développement et consolidation de la paix. « On a besoin de solutions d’ensemble sur les trois piliers », a dit avoir entendu M. Palma Cerna.
Le système devra de plus en plus s’adapter à différents contextes, qu’il s’agisse des États fragiles, des pays les moins avancés (PMA) ou des pays à revenu intermédiaire, a-t-il poursuivi. Aux niveaux régional et sous-régional, plus d’efforts seront nécessaires pour renforcer la planification interinstitutions, notamment en matière de données et de statistiques, de surveillance et de suivi.
Le Vice-Président a dit avoir retenu que la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 va nécessiter la participation de tous les acteurs du développement. Les partenariats multipartites ont été qualifiés d’essentiels et appelés à se fonder sur les valeurs et les normes des Nations Unies. Il faut aussi des mécanismes efficaces pour contrer l’influence des intérêts particuliers.
Le financement est un facteur fondamental des défis auxquels l’Organisation fait face, a ajouté le Vice-Président, relayant les propos des délégations selon lesquels l’architecture actuelle du financement mobilise trop peu de ressources de base et trop de « ressources ciblées ». Il faut sortir de ces distinctions et de ces silos.
Le Groupe de développement des Nations Unies a compris que les États Membres sont « Unis dans la demande d’une action », a conclu le Vice-Président et, au cours de ces jours derniers, les participants n’ont eu de cesse d’insister sur le fait que le Programme 2030 exige une démarche intégrée. « Voilà pourquoi le résultat de ce dialogue est fondamental », a conclu M. Palma Cerna.