En cours au Siège de l'ONU

Segment de haut niveau de l’ECOSOC: pour réaliser les objectifs de développement durable, nous avons 15 ans et pour seule limite, notre imagination

Session de 2016 - Débat de haut niveau,  
36e & 37e séances – matin & après-midi               
ECOSOC/6785

Segment de haut niveau de l’ECOSOC: pour réaliser les objectifs de développement durable, nous avons 15 ans et pour seule limite, notre imagination

« Nous avons 15 ans » pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD), a rappelé aujourd’hui le Vice-Secrétaire général de l’ONU, à l’ouverture du segment de haut niveau de la session de 2016 du Conseil économique et social (ECOSOC).  « Notre seule limite est notre imagination », a ajouté le Premier Ministre de la Norvège, après que le Président de l’Assemblée générale ne donne un aperçu de l’avenir auquel nous serions confrontés si les ODD n’étaient pas mis en œuvre: crises humanitaires, recrudescence du terrorisme et de l’extrémisme violent, tragédies des migrants et des réfugiés et montée du populisme et de l’intolérance.

Le passage des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) aux ODD représente une « tâche énorme », a reconnu le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, et elle se heurtera à des difficultés multiples liées à la mobilisation des ressources, à la coordination, aux incertitudes des changements climatiques, aux fluctuations de l’économie mondiale ou encore à la fréquence des catastrophes.  C’est pourquoi il faudra de nouveaux moyens de penser, d’agir et d’organiser, un véritable changement de mentalité, emmené par « un leadership transformateur ».  

Pour construire les partenariats nouveaux et innovants qui seront nécessaires, « notre seule limite est notre imagination », a estimé le Premier Ministre de la Norvège, Mme Erna Solberg, en invitant le monde à s’inspirer du succès qu’a été, dans le cadre des OMD, l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation.

L’inspiration peut venir de partout: c’est le nouveau jeu « Pokemon-Go » que le Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU), M. Christian Friis-Bach, a cité en exemple, en suggérant un « ODD-Go » qui pourrait permettre d’identifier les plus vulnérables, en mobilisant toute la société et surtout les jeunes qui ont grandi avec les « Pokemon ».  Après tout, il n’y a que 17 ODD et plus de 250 créatures « Pokemon », ce qui montre que les jeunes gèrent très bien la complexité, s’est amusé le Secrétaire exécutif.  Le Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, M. Shahidul Haque, a aussi insisté sur la nécessité de « réfléchir autrement », notamment en ce qui concerne le financement qui, dans sa forme  « classique », est trop rarement socialement responsable et souvent inadapté aux personnes vulnérables.

Déjà le mouvement mondial de transformation grandit et tant le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Likketoft que celui de l’ECOSOC, M. Oh Joon, ont mis en avant le rôle du Forum politique de haut niveau, réuni depuis lundi dernier et qui entamait aujourd’hui son segment ministériel de trois jours.  Ils ont salué les 22 pays qui présenteront demain et mercredi leur rapport national de mise en œuvre.  Bien que confrontés à des défis différents, tous les États doivent changer de mentalité; c’est pourquoi le partage des enseignements et des expériences que permet la présentation volontaire de ces rapports est particulièrement précieux, a ajouté le Vice-Secrétaire général de l’ONU. 

Le système de l’ONU est là pour apporter son aide aux États, a-t-il promis, avant que Mme Helen Clark, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD), ne précise que ce dernier a déjà convenu d’une approche conjointe (MAPS), d’un mécanisme commun de financement, de procédures opérationnelles et d’une nouvelle génération de plans-cadre pour l’aide au développement (PNUAD).  À ce jour, 95 pays ont demandé un appui de l’Organisation pour intégrer les ODD dans les plans nationaux, « localiser » les indicateurs et renforcer les capacités sur les données, les politiques, les services publics et le partage des informations sur la mise en œuvre.    

La collecte des données reste un défi essentiel: la Banque mondiale a rappelé qu’elles ne disposent pas de données fiables sur plus de 50 pays ni d’informations fiables sur un milliard et demi de personnes qui n’ont pas été enregistrées à leur naissance. 

 Toutefois, a mis en garde le Président de l’Assemblée générale, même si les barrières bureaucratiques tombent à l’ONU, ce n’est pas ici que se fera le changement voulu.  Il devra se faire dans les communautés, dans la vie des gens, dans l’économie et dans l’environnement.  M. Lykketoft a donc appelé les États à investir dans des secteurs qui peuvent conduire à des sociétés plus égalitaires, notamment l’autonomisation des femmes et des filles, la protection sociale, l’éducation, la santé et les données.  Il a plaidé pour des cadres juridiques favorables aux investissements verts.

Les objectifs de développement durable sont la feuille de route de l’avenir que nous voulons.  Leur réalisation exigera beaucoup d’efforts mais c’est la tâche la plus importante de notre génération.  « Allez au travail », a conclu le Premier Ministre de la Norvège avant que le Forum de haut niveau ne tienne ses trois tables rondes et que l’ECOSOC entende une trentaine de représentants d’États, y compris plusieurs ministres, et les neuf grands groupes identifiés au Sommet de la Terre de Rio en 1992.

Demain, mardi 19 juillet, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, s’adressera à l’ECOSOC, qui poursuivra par ailleurs son débat général.  Le Forum politique de haut niveau entendra la présentation, à titre volontaire, d’une douzaine de rapports nationaux sur la mise en œuvre des ODD. 

DÉBAT DE HAUT NIVEAU DE LA SESSION 2016 DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (ECOSOC) ET RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Déclarations

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. OH JOON (République de Corée) a tenu à rappeler le thème de ce segment du Forum politique de haut niveau « Ne laisser personne sur le côté » pour souligner le rôle de l’ECOSOC dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les attentes placées dans le Forum politique de haut niveau sont grandes s’agissant du fonctionnement du système multilatéral et de la place de l’ECOSOC.  La barre a été placée très haut et le monde nous regarde, a prévenu le Président: notre tâche est de prendre les enseignements tirés ici et de les appliquer dans nos pays.

Le Président de l’ECOSOC a ensuite résumé les débats que le Forum politique de haut niveau a tenus la semaine dernière autour des questions: qui sont les laissés-pour-compte?  Comment les atteindre?  Ou comment assurer de véritables progrès sur tous les 17objectifs de développement durable?

Rappelant que 22 États Membres se sont portés volontaires pour présenter un premier bilan sur la mise en œuvre nationale du Programme 2030, le Président de l’ECOSOC a dit espérer un débat ouvert pour bâtir un cadre plus solide pour les prochains examens nationaux.  Ce débat doit répondre à la question: comment surmonter les difficultés?  Dans ce cadre, a mis en garde le Président, ne perdons pas de vue les défis émergents.  Le Forum politique de haut niveau, a-t-il argué, peut servir de système d’alerte rapide.

Le Président de l’Assemblée générale, M. MOGENS LYKKETOFT (Danemark), a estimé que la crise humanitaire mondiale, la recrudescence du terrorisme et de l’extrémisme violent, les tragédies vécues par les migrants et les réfugiés et la montée du populisme et de l’intolérance ne compromettent pas la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  En fait, a-t-il expliqué, en nous donnant un aperçu de l’avenir auquel nous serions confrontés si les objectifs de développement durable n’étaient pas mis en œuvre, ces différents phénomènes renforcent plutôt ces objectifs.  C’est la raison pour laquelle, il est crucial que ceux qui ont une position de pouvoir crient du plafond où ils sont que « la réalisation des objectifs de développement durable est possible ».  Avec un mélange d’ambition politique, de partenariats multipartites et d’attention soutenue, cela peut devenir « inévitable ».

M. Lykketoft a dit être conscient, en parlant avec les dirigeants du monde, que le mouvement mondial de transformation grandit.  Il appartient au Forum politique de haut niveau, sous les auspices de l’ECOSOC ou de l’Assemblée générale, de renforcer ce mouvement, a-t-il préconisé, en soulignant que le Forum peut offrir l’espace pour mettre en lumière l’innovation institutionnelle, technologique, financière et scientifique qui va conduire à cette transformation.  Il s’est dit encouragé de voir que 22 pays se soient portés volontaires pour faire le compte rendu des premières réalisations qu’ils ont engagées depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Président de l’Assemblée générale a appelé à des actions couvrant les trois piliers de l’ONU, à savoir la paix et la sécurité, les droits de l’homme et le développement.  Il a demandé aux États de se lever contre l’intolérance, la discrimination et les inégalités.  Il a préconisé de changer les lois, les institutions et les politiques qui divisent et marginalisent les groupes et les pays les plus vulnérables.  Il a plaidé pour la lutte contre l’impunité, la corruption et l’évasion fiscale à l’échelle mondiale, des phénomènes qui, a-t-il estimé, sapent la confiance dans la politique et dans les institutions.  M. Lykketoft a appelé les États à investir dans des secteurs qui peuvent conduire à des sociétés plus égalitaires, notamment l’autonomisation des femmes et des filles, la protection sociale, l’éducation, la santé et les données.  Il a appelé à des cadres juridiques et réglementaires qui feraient des investissements verts, les meilleurs pour les populations, pour la planète et pour le secteur privé.

Au sein de l’ONU, il a dénoncé les « barrières bureaucratiques » entre les départements, les agences, les fonds et les programmes.  Davantage de moyens doivent être dédiés à la médiation, à la prévention et à la consolidation de la paix.  L’intégration, la collaboration et le partenariat doivent devenir le modus operandi de tout le système de l’ONU.  Mais, a averti le Président, le changement voulu n’aura pas lieu dans ces murs.  Le changement aura lieu dans les pays, dans les communautés, dans la vie des gens, dans l’économie et dans l’environnement.  C’est un fait qu’il faut garder à l’esprit chaque fois que nous nous réunirons ici tous les ans au Forum politique de haut niveau, a-t-il plaidé. 

Je n’ai jamais vu la salle du Conseil de tutelle aussi pleine qu’aujourd’hui, s’est réjoui le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. JAN ELIASSON, en prévenant: nous avons 15 ans pour mettre un terme à la pauvreté, à la faim, à la malnutrition, aux morts évitables des nourrissons et des enfants de moins de 5 ans, aux épidémies du sida, de la tuberculose, du paludisme et des malades tropicales négligées.   Nous avons 15 ans pour parvenir à la couverture santé universelle et à l’accès universel à l’éducation primaire et secondaire.  Nous avons 15 ans pour mettre fin à la discrimination à l’égard des femmes et des filles.  Nous avons 15 ans pour passer à une économie à faible émission de carbone et à des modes de production et de consommation durables.

Nous devrons produire des résultats malgré les défis persistants, les nouveaux obstacles et les reculs imprévus que nous voyons déjà aujourd’hui, a poursuivi le Vice-Secrétaire général.  Le passage des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) aux objectifs de développement durable est une tâche énorme.  Il nous faut de nouveaux moyens de penser, d’agir et d’organiser.  Il nous faut de nouveaux moyens de communiquer et de travailler en tant que communauté aux niveaux national, régional et international.  Il nous faut des moyens clairs et crédibles de mesurer les progrès et, en cela, le rôle du Forum politique de haut niveau est « unique et crucial ».  Mais le Forum est encore jeune et la complexité de ses tâches nécessitera des ajustements, s’agissant en particulier des examens nationaux volontaires. 

Il faut tirer parti de l’énergie et du potentiel du Forum et tirer les enseignements du passé pour faire en sorte que les processus de suivi et d’examen alimentent la mise en œuvre locale, nationale, régionale et internationale.  Maintenons l’élan de notre agenda transformateur, partageons les leçons et répétons les pratiques exemplaires, a encouragé le Vice-Secrétaire général.  Le Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) fait tout pour que le système de l’ONU appuie la mise en œuvre nationale.  Mais ne nous berçons pas d’illusions, la mise en œuvre ne sera pas facile.  Il y aura des difficultés liées à la mobilisation des ressources, à la coordination, horizontale et verticale, aux incertitudes des changements climatiques, aux fluctuations de l’économie mondiale ou encore à la fréquence des catastrophes. 

Pour faire du Programme 2030 un programme réellement transformateur, il nous faudra un leadership transformateur, a souligné le Vice-Secrétaire général, en félicitant les 22 pays qui se sont portés volontaires pour présenter leurs premiers pas dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, « une tâche monumentale ».  Les pays ont beau avoir des défis différents, ils doivent tous changer de mentalité.  C’est pourquoi le partage des enseignements et des expériences est particulièrement précieux.  Le système de l’ONU est là pour apporter son aide, a promis le Vice-Secrétaire général.

M. JÜRG LAUBER (Suisse), Vice-Président du Conseil économique et social, a relevé qu’au cours de la première semaine des travaux du Forum politique de haut niveau, les délégations ont convenu de l’importance du leadership au plus haut niveau.  Elles ont précisé que tous les acteurs de la société ont un rôle à jouer pour le succès du Programme 2030.  Le Forum a examiné le premier rapport d’étape annuel de l’ONU sur la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable.  Ce rapport laisse voir que les inégalités vont croissantes à travers le monde, la sûreté et la sécurité se dégradent dans de nombreuses régions du monde et la situation économique n’est pas au beau fixe.  Dans ce contexte, il est important d’avoir davantage de données désagrégées afin de tenir compte des populations les plus vulnérables.  L’intégration demeure ainsi un défi pour les pays développés comme pour les pays en développement. 

Par ailleurs, les défis de l’élimination de la pauvreté en appellent à des changements structurels afin de toucher les plus vulnérables.  Pour ce faire, il faudra tenir compte d’une approche basée sur les droits de l’homme et la préservation des ressources naturelles, et mettre en œuvre des politiques durables sur le plan du climat, de la préservation des océans, entre autres.  Il a également souligné l’importance de l’autonomisation économique des femmes, de la reconnaissance du travail non rémunéré qu’elles font au sein de la société, et des diverses formes de violence dont elles sont victimes.  Il est donc important, a relevé M. Lauber, d’intégrer une approche sexospécifique dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a en outre indiqué que les débats de la semaine dernière ont noté l’importance des systèmes fiscaux équitables et efficients permettant de lutter contre les flux illicites de capitaux.  La coopération nord-sud et la coopération sud-sud gardent également une place de choix dans le contexte de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, tout comme la coopération dans le domaine de la science et de l’innovation.

Le résumé des tables rondes de la semaine dernière a été présenté par M. HÉCTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras).  Le principal message de ces débats a été que la mise en œuvre du Programme 2030 nécessite la participation de tous les secteurs de la société, les collectivités locales étant au premier plan.  Les tables rondes ont également mis en exergue le rôle des neuf grands groupes identifiés au Sommet de la Terre de Rio en 1992 mais aussi des personnes handicapées et des personnes âgées.  L’importance d’indicateurs et de données fiables a été soulignée pour le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre.  À ce propos, un appel a été lancé pour que l’on ne surcharge pas les pays en multipliant les demandes de rapports nationaux qui doivent garder leur caractère volontaire. 

S’agissant des pays vivant dans des situations particulières, les participants ont insisté sur la pertinence des « Orientations de Samoa » sur les petits États insulaires en développement au regard du Programme 2030.  Ces pays ont besoin d’indicateurs propres et conformes à leur situation particulière.  Dans ce cadre, les participants se sont réjouis que les forums régionaux sur le développement mis en place par les cinq Commissions régionales de l’ONU soient déjà à l’œuvre.

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a déclaré que les objectifs de développement durable ciblent directement de ce qui est cassé dans notre monde et pourquoi.  Comme ces objectifs sont universels, personne ne dira « je n’ai rien cassé, ce n’est pas à moi de réparer ».  Ces objectifs nous appartiennent tous et nous ne pouvons les réaliser qu’ensemble.  Le Premier Ministre a appelé à l’appropriation de ces objectifs par tous, au-delà des dirigeants.  En tant que Coprésidente du Groupe des personnalités éminentes chargées de contribuer à la campagne pour la réalisation des objectifs de développement durable, avec le Président du Ghana, M. John Dramani Mahama, elle a dit assumer sa responsabilité d’aider à créer ce sentiment d’appropriation et de faire des objectifs de développement durable un objet d’intérêt général.  Dans cette optique d’appropriation, elle a affirmé qu’en Norvège, ces objectifs seront inclus dans les manuels scolaires.  Le secteur privé se les approprie également, un grand nombre d’entreprises alignant ses stratégies d’affaires.  Les 22 pays qui se sont portés volontaires pour présenter les premiers rapports de mise en œuvre des objectifs, au cours de cette réunion, démontrent aussi l’appropriation de leur gouvernement.

Mme Solberg a invité les dirigeants politiques à traduire la volonté politique en lois, politiques et plans concrets.  Elle a appelé à financer les plans de mise en œuvre, précisant que le financement du développement durable requiert la mobilisation des revenus nationaux et la bonne gestion des ressources existantes.  Dans le même temps, l’aide internationale sera nécessaire dans les zones les plus vulnérables du monde, afin de s’assurer que personne ne soit laissé de côté.  « Il ne s’agit pas seulement de leadership mondial, mais aussi de solidarité internationale », a souligné le Premier Ministre.  Elle a insisté sur l’interconnexion des 17 objectifs dont la plupart requiert une coopération transfrontalière, ce qui signifie: « nous allons échouer ou réussir ensemble ». 

Pour réussir, a préconisé le Premier Ministre de la Norvège, il nous faut des partenariats nouveaux et innovants.  Dans plusieurs secteurs, faire comme d’habitude ne suffira pas.  Elle a invité les gouvernements, le secteur privé, la société civile et le monde universitaire à travailler ensemble pour trouver des solutions efficaces et durables.  À cet effet, elle a rappelé que l’Alliance Gavi –Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation- a été un succès important des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Inspirons nous de cet exemple dans nos partenariats pour les nouveaux objectifs.  La seule chose qui nous limite, c’est notre imagination, a prévenu le Premier Ministre, notant que les objectifs de développement durable ne sont pas seulement un moyen de réparer ce qui est cassé, mais aussi un moyen de mettre le monde sur un chemin différent et viable.  Ces objectifs sont la feuille de route de l’avenir que nous voulons.  Elle exigera beaucoup d’efforts mais c’est la tâche la plus importante de notre génération.  « Allez au travail », a conclu le Premier Ministre.

Mme THI NGOC THINH, Vice-Présidente du Viet Nam, a souligné que les trois dimensions du développement durable étant interconnectées, il nous faut une approche holistique et multidimensionnelle pour relever des défis liés entre eux.  Le développement et la paix sont « inséparables », a-t-elle poursuivi, le développement durable ne pouvant être réalisé que dans un environnement de paix et de sécurité fondé sur le respect du droit international.  Le développement durable est un processus, a aussi souligné la Vice-Présidente, en parlant d’un processus qui implique la participation de toutes les parties prenantes -gouvernements, communautés et individus-.  Les objectifs de développement durable doivent être alignés avec les stratégies nationales de développement et leur mise en œuvre dépendra de la mobilisation des ressources, la coopération internationale étant, en l’occurrence, « indispensable ». 

Le thème « ne laisser personne sur le côté » est un « impératif éthique » du Programme 2030, a insisté la Vice-Présidente.  Pays dévasté par la guerre qui a fait face lui-même au risque « d’être laissé sur le côté », le Viet Nam, a dit la Vice-Présidente, a fait tout son possible pour trouver les moyens d’aller de l’avant.  Après 30 ans de réformes approfondies, la croissance économique se maintient, les progrès socioculturels se multiplient et la vie des gens s’améliore.  Le Viet Nam s’attèle maintenant à « localiser » les objectifs de développement durable, en plaçant l’homme comme « force motrice » du développement et en accordant l’attention requise aux plus vulnérables.  La philosophie est que « la feuille intacte couvre la feuille déchirée » c’est-à-dire, « les munis aident les démunis ».  Le Viet Nam, dont la croissance économique en recul compromet la mise en œuvre des objectifs de développement durable, attend avec intérêt d’apprendre des autres.  Il espère que le segment de haut niveau donnera lieu à des idées nouvelles et à des solutions novatrices pour renforcer le travail de l’ONU et la rendre capable d’appuyer effectivement les États.

Table ronde 1: « Ne pas faire de laissés-pour-compte: Atteindre les populations les plus vulnérables »

En introduction, le Président de la table ronde et Président du Conseil économique et social, M. OH JOON a rappelé qu’un trait distinctif du Programme 2030 est l’accent mis sur les plus pauvres et les plus vulnérables, définis comme les enfants, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes vivant avec le VIH/sida, les personnes âgées, les populations autochtones, les réfugiés et les personnes déplacées, les migrants et les personnes vivant dans les zones touchées par des urgences humanitaires complexes et dans les zones touchées par le terrorisme.  La table ronde a donc eu pour objectif de réunir des perspectives sur la façon de relever le défi d’atteindre ces différents groupes, de tirer les leçons de l’expériences et de discuter de la façon d’évaluer les progrès.

Les questions posées aujourd’hui sont « claires », a estimé le modérateur, M. GUY RYDER, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Quels sont les groupes vulnérables, quelles sont les mesures prises et quels sont les enseignements que l’on peut tirer?  Le mois dernier, la Conférence de l’OIT a fait sa contribution au Programme 2030 et insisté sur l’accès au « travail décent » pour « ne laisser personne sur le côté ».  Tous les pays sont différents.  Dans certains d’entre eux, ce sont les populations autochtones qui sont les plus vulnérables, dans d’autres, ce sont les jeunes chômeurs ou les entrepreneurs indépendants.

M. Ryder s’est tout de même attardé sur le fait que 80% des pauvres dans le monde vivent dans les zones rurales, que la grande majorité des gens qui vivent dans l’extrême pauvreté sont en âge de travailler et que 57% d’entre eux ont un travail.  Pour ces derniers, il est très difficile de sortir de la pauvreté, a-t-il expliqué, et parmi les autres « marqueurs » de la pauvreté, il a cité la discrimination qui touche plus particulièrement les groupes autochtones, accentuant les tensions sociales et les inégalités.  Dans tous les cas, il faudra assurer l’intégration des plus pauvres pour assurer le progrès social et réaliser « l’avenir que nous voulons ».  Le Programme 2030 offre une solution, a estimé M. Ryder, qui a insisté sur l’intégration et la participation active de tous.

À ce propos, M. HUGO ROGER MARTINEZ BONILLA, Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, a souligné que son pays, qui souffre pourtant de nombreuses vulnérabilités, y compris à l’égard des changements climatiques et des catastrophes naturelles, est malgré tout un novateur dans le monde, un « pays pionnier » qui dispose d’une architecture pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  L’idée est d’abord de comprendre quelles sont les populations les plus vulnérables avant de décider des politiques à suivre.  El Salvador tend à une société inclusive, favorable aux personnes âgées, aux migrants et autres.  Il sait que les interventions publiques ne pourraient suffire, car face à l’insécurité et à la violence ce sont tous les segments de la société civile qui doivent agir.

L’adaptation des ODD se fait naturellement dans le cadre les stratégies nationales de développement existantes.  Mais le pays se heurte au défis des données ventilées au regard des 230 indicateurs élaborés par la Commission de statistiques de l’ONU pour les ODD.  Le représentant a, dans ce contexte, rappelé les engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et de transfert des technologies.

M. SHAHIDUL HAQUE, Secrétaire des affaires étrangères au Ministère des affaires étrangères du Bangladesh, a surtout insisté sur les jeunes et les migrants, et sur l’outil qui devrait permettre de les atteindre, à savoir l’intégration économique.  Les démarches visant les jeunes doivent s’enraciner dans un contexte plus large, la moitié de la population du Bangladesh ayant moins de 25 ans.  D’ici à 2020, 80% de la population vivra en milieu urbain.  Il faut aussi relever le défi de l’extrémisme violent et du terrorisme, qui menace particulièrement les jeunes.  Quant aux migrants, le Ministre a rappelé que dans le monde, qu’une personne sur sept ne vit pas chez elle.  Il a parlé des cas des personnes déplacées pour des raisons climatiques, pour lesquelles il n’existe pas de cadre international juridique reconnu.  Il faut réfléchir autrement, a estimé le Ministre, qui a rappelé que le financement « classique » est trop rarement socialement responsable et souvent inadapté aux personnes vulnérables.  L’intégration financière est donc un des meilleurs moyens, a-t-il estimé, se réjouissant de la baisse du prix des transferts d’argent.  M. Haque a également a mis l’accent sur l’approche « droits de l’homme », affirmant la nécessité d’une culture fondée non pas sur la charité mais sur les droits des personnes vulnérables.

Mme RITA SCHWARZELÜHR-SUTTER, Secrétaire d’État au Ministère allemand de l’environnement, de la conservation de la nature, du bâtiment et de la sûreté nucléaire, a rappelé que le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul a dûment placé l’assistance humanitaire dans le cadre plus large des ODD.  Les plus pauvres du monde, ménages à faible revenu, peuples autochtones et personnes vivant dans des contextes fragiles, sont les plus exposés.  Les plus faibles –femmes, personnes âgées ou handicapées- sont aussi vulnérables.  D’ici à trois semaines, le monde aura consommé, depuis le 1er janvier, les ressources que la nature a produites pendant une année, a-t-elle ajouté, pour illustrer l’importance d’un développement « viable ».  L’Allemagne vient d’ailleurs d’adopter un plan de consommation « viable ».

La Secrétaire d’État a lancé une mise en garde: bien conçus, les budgets publics sont un instrument fondamental de réduction des inégalités.  Mal conçus, ils augmentent les inégalités et suscitent troubles sociaux et radicalisation.  Il ne faut pas non plus oublier le secteur privé, dont les activités sont la source de la prospérité, mais qui peuvent aussi susciter le mécontentement s’il y a confiscation des terres ou destruction de l’environnement.  Les ODD permettent donc le dialogue avec le secteur privé, lequel a besoin des normes les plus élevées et de cadres réglementaires robustes, a ajouté Mme Schwarzelühr-Sutter, qui a invité chaque État à considérer avec le plus grand sérieux l’impact sur la planète des différentes mesures nationales. 

Il nous faut un « ODD-Go », a estimé M. CHRISTIAN FRIIS-BACH, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU), en se livrant à un jeu de mots avec « Pokemon-Go », le nouveau jeu.  « ODD-Go » pourrait permettre d’identifier les plus vulnérables, en mobilisant toute la société et surtout les jeunes qui ont grandi avec les « Pokemon ».  Il faut en effet apprendre aux enfants ce que sont les ODD pour qu’ils les connaissent à fond et les défendent à l’âge adulte.  Après tout, il n’y a que 17 ODD et plus de 250 créatures « Pokemon », ce qui montre que les jeunes gèrent très bien la complexité, s’est amusé M. Friis-Bach, avant de rappeler que les commissions régionales de l’ONU travaillent à la collecte de données statistiques et aux méthodologiques.  Mais les données fiables manquent toujours, a-t-il reconnu, rappelant que 25 pays dans le monde ne fournissent toujours pas de données sur le nombre d’enfants scolarisés.  L’accès de tous à l’information est fondamental pour obtenir la participation de tous et en conséquence, les meilleures décisions.

Les vulnérabilités sont une réalité empirique pour un grand nombre de gens, a souligné Mme KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme.  « Ne laisser personne sur le côté » est une promesse des droits de l’homme mais nous avons toujours des politiques qui conspirent pour laisser certains groupes à la traîne, dont les femmes et les filles victimes des discriminations, privées d’héritage ou barrées de l’accès au travail, ou encore les minorités ethniques, sous-représentées dans les organes de décision mais surreprésentées dans les prisons.  Les objectifs de développement durable offrent les moyens de combattre les inégalités car avec eux, on sait que c’est faisable et on sait comment s’y prendre faire.  Les solutions ne sont pas forcément onéreuses, a ajouté Mme Gilmore, qui a cité les résultats de l’Amérique latine dans la réduction des inégalités.  Le Programme 2030, a-t-elle insisté, est enraciné dans le socle de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Le problème sous-jacent actuel consiste dans les inégalités croissantes dans des régions entières, a commenté la Ministre des affaires étrangère des Pays-Bas.  Même en Europe, des groupes entiers se sentent aujourd’hui plus vulnérables.  Face à cette situation, la Ministre a appelé à la fin « des pouvoirs illimités de l’élite ».  2030 est encore loin mais l’écart qui doit être comblé est très large.  La mondialisation servira tout le monde ou elle mourra, a-t-elle averti.  Comment chaque pays vit-il la pauvreté et les vulnérabilités? a demandé le Vice-Ministre du développement social du Panama, en jugeant que c’est là le nœud du problème.  Les stratégies doivent tenir compte de la différence entre les cultures et les mécanismes à mettre en place doivent être élaborés par tous et pas seulement par ceux qui sont aux commandes, « ceux qui ont eu plus de chances ».

Plusieurs États dont le Kenya, le Viet Nam, la Thaïlande, Maurice et le Royaume-Uni ont mis en avant les mesures prises au plan national en faveur des plus vulnérables.  La représentante du grand groupe des populations autochtones a rappelé la revendication fondamentale sur la reconnaissance des droits territoriaux, du savoir traditionnel et la ventilation des données.  À ce propos, celui du grand groupe du monde du commerce et de l’industrie a mis l’accent sur l’eau dont la pollution est plus dangereuse encore que celle de l’air.

Table ronde 2: « Ne pas faire de laissés-pour-compte: Difficultés des pays en situation particulière »

Les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral, a souligné M. OH JOON, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), ressentent plus que les autres les difficultés économiques et environnementales.  Il faut se concentrer sur les moyens de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et proposer des solutions aux difficultés qu’ils rencontrent.

Nous voulons un changement en faveur de ces pays, a commenté le modérateur, M. GYAN CHANDRA ACHARYA, Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.  La question est de savoir comment assurer le renforcement des capacités de ces pays?  Comment mobiliser le soutien international en leur faveur?  Quelles mesures faut-il prendre pour aider ces pays à relever leurs défis particuliers?  Quels sont les partenariats possibles?  Quels sont les domaines sur lesquels miser pour obtenir les résultats les plus rapides?

Nous pouvons nous aider nous-mêmes malgré notre petite taille mais nous encourageons les partenaires à nous soutenir, a dit DAME MEG TAYLOR, Secrétaire générale du Forum des îles du Pacifique, qui a souligné la complémentarité des « Orientations de Samoa » en faveur des petits États insulaires en développement et du Programme 2030.  Leur mise en œuvre exigera de la cohérence et un accès à l’APD et aux autres formes d’aide financière.  Nous devons définir nous-mêmes les critères de l’aide en fonction de nos vulnérabilités, a-t-elle insisté.

Ces pays, a rappelé Mme SHAMSHAD AKHTAR, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) souffrent de l’éloignement géographique, des ressources limitées, du sous-investissement dans le capital humain, des inégalités entre les sexes, du manque d’accès au commerce international, d’un recul de la croissance ou encore de la baisse de l’APD, sans oublier les conflits et l’impact des changements climatiques. 

Il faut d’abord, a estimé Mme HELEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) identifier et s’attaquer aux moteurs structurels, financiers, politiques et sociaux des inégalités.  Il faut comprendre les facteurs qui font que les populations vulnérables retombent dans la pauvreté et contribuer à maintenir l’élan du développement dans un monde caractérisé par la volatilité et les chocs liés aux crises économiques, aux risques climatiques, aux catastrophes naturelles, aux épidémies, aux tensions sociales, aux conflits et aux troubles sociaux.

« Ne laisser personne sur le côté » exige aussi, a poursuivi Mme Clark, un travail plus efficace dans les sphères de l’humanitaire, du politique, des droits de l’homme et de la consolidation de la paix, en particulier dans les situations de crise et de conflit où les Nations Unies doivent faire de la protection des populations en danger « une priorité centrale ».  Les Nations Unies pourront en effet servir le principe de « ne laisser personne sur le côté » si elles adoptent « des approches conjointes ».  À ce jour, a indiqué Mme Clark, 95 pays ont déjà demandé un appui pour intégrer les objectifs de développement durable dans les plans nationaux, « localiser » les indicateurs et renforcer les capacités sur les données, les politiques, les services publics et le partage des informations sur la mise en œuvre.

Le Groupe des Nations Unies pour le développement a convenu d’une approche (MAPS), d’un mécanisme commun de financement, de procédures opérationnelles et d’une nouvelle génération de plans-cadre pour l’aide au développement (PNUAD).  « Ne laisser personne sur le côté » a conduit le système de l’ONU à appuyer les capacités nationales pour qu’elles puissent s’attaquer aux déterminants sociaux des inégalités et à la dynamique de la pauvreté, à soutenir les améliorations des bases de données, des indicateurs et des capacités liées aux groupes les plus désavantagés et vulnérables, à investir dans les partenariats favorables à la pleine participation des exclus, et à tirer parti des initiatives créées pour réaliser les objectifs de développement durable dans les pays aux situations particulières grâce à des partenariats et à des « pactes » avec les gouvernements.

Le caractère « non contraignant » du Programme 2030 a été dénoncé par Mme TAWAKKOL ABDEL-SALAM KARMAN, Prix Nobel de la paix 2011.  Des résolutions « contraignantes » auraient dû être adoptées sur le financement.  La lauréate du Prix Nobel a dénoncé le modèle économique des pays développés qui a détruit l’environnement.  Aujourd’hui des pays entiers peuvent devenir des « laissés-pour-compte » parce que ni leurs priorités ni leurs populations ne sont prises en compte.  Si les pays développés respectent l’environnement et se conforment aux engagements pris en matière d’aide au développement et si les pays pauvres luttent efficacement contre la corruption et s’approprient les objectifs de développement durable, alors nous pourrons aller loin, a souligné l’oratrice. 

Elle s’en est particulièrement prise aux gouvernements qui n’appliquent pas le Programme 2030, à ceux qui parlent avec les milices violatrices des droits de l’homme, comme au Yémen, aux auteurs de coups d’État, comme en Turquie.  Elle a insisté sur deux éléments: lutter contre les milices de façon déterminée et protéger les institutions démocratiques, de façon déterminée.  Quant à lui, pour ne « laisser personne sur le côté », le Forum politique doit améliorer sa transparence et sa redevabilité.

Aujourd’hui, a poursuivi M. ALVARO GARCÍA, Membre du Cabinet présidentiel et Directeur du budget et du plan à la présidence de l’Uruguay, la croissance économique est au ralenti, les institutions publiques ne sont pas prêtes, les indicateurs ne sont pas fiables et les budgets ne sont pas répartis équitablement entre les domaines qui pourraient faire la différence.  M. García a aussi souligné le faible accès des pays à revenu intermédiaire à l’APD dont 6% seulement va à l’Amérique latine.  Si les critères d’octroi de l’aide restent en l’état, d’autres pays de la région pourraient en être totalement privés.

Les engagements pris en matière d’aide doivent être respectés ainsi que ceux pour le transfert des technologies, a renchéri M. RICARDO CARDONA, Ministre du développement social du Honduras, pays à revenu intermédiaire qui a déjà lancé le Plan national de développement 2038 et le Plan social 2030.  Dans ce contexte, le Ministère du développement social a l’obligation d’atteindre 10 des 17 objectifs de développement durable dans les délais impartis.  L’importance des droits de l’homme a été souligné Mme KARINA GOULD, Secrétaire parlementaire pour le développement international du Canada, y compris l’égalité des sexes en matière de développement.  Pour ne « laisser personne sur le côté », a-t-elle estimé, il faut une meilleure intégration des droits sexuels.  L’égalité des sexes, a-t-elle insisté, est un moyen de parvenir au succès.  Elle a d’ailleurs reconnu que son pays a toujours des problèmes d’égalité des sexes, s’agissant en particulier des populations autochtones. 

La Ministre de l’environnement de l’Italie a rappelé que son pays, au premier plan de la crise des migrants dans la Méditerranée, respecte ses engagements en matière d’APD dont le niveau doublera en 2017 et triplera en 2018.  Au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, le représentant des Maldives est revenu sur la nécessité cohérence dans la mise en œuvre du Programme 2030 et des « Orientations de Samoa ».  Son homologue de la Thaïlande a, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, insisté sur les priorités de l’Afrique et des pays à revenu intermédiaire, insistant sur le fait que la coopération Sud-Sud ne saurait se substituer à la coopération Nord-Sud.  Pays en développement sans littoral, la Zambie a, par la voix de son représentant, plaidé pour une aide aux investissements dans les infrastructures.

Table ronde 3: « Ne pas faire de laissés-pour-compte: Libérer les moyens de mise en œuvre des objectifs de développement durable et créer un environnement propice »

Cette table ronde, animée par le Ministre de l’administration publique de la Suède, M. ARDALAN SHEKARABI, a permis de relever l’importance des partenariats multipartites et novateurs afin de mobiliser les fonds en faveur des objectifs de développement durable.  Le rôle du secteur privé a été souligné, même si de nombreuses délégations ont rappelé que l’aide publique au développement (APD) doit rester la base du financement du développement, complétée par la coopération Sud-Sud, l’élargissement de l’assiette fiscale nationale, le transfert des technologies ou encore par la collecte de données fiables, ce dernier impératif étant pour certains la condition sine qua none pour établir des politiques efficaces de développement.

M. NEVEN MIMICA, Commissaire européen pour la coopération internationale et le développement, a appelé à mobiliser des acteurs de plus en plus divers afin de nouer des partenariats en faveur du développement durable.  Il a aussi appelé à mieux utiliser l’aide publique au développement (APD) qui restera essentielle pour soutenir les efforts de développement des pays les plus démunis.  La mobilisation des ressources domestiques est essentielle, a-t-il tout de même souligné, prônant l’élargissement de l’assiette fiscale et la lutte contre les flux de capitaux illicites.  Il a annoncé qu’à l’automne prochain, l’Union européenne entend lancer un plan d’investissement de 3,1 milliards d’euros en faveur des pays en développement.   

La Vice-Ministre du développement social et Secrétaire technique du Cabinet social du Panama, Mme MICHELLE MUSCHETT, a indiqué que le Panama a mis en place un ensemble de décrets afin d’adapter le contexte national à la nouvelle donne des objectifs de développement durable.  Des institutions clefs ont été chargées de l’articulation et de la coordination de la mise en œuvre de ces objectifs.  Grâce aux technologies de l’information et des communications (TIC) et avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Panama est en train de mettre sur pied une plate-forme virtuelle consacrée exclusivement au suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement au niveau national.

Les politiques efficaces commencent par des données fiables, a souligné M. MAHMOUD MOHIELDIN, Vice-Président chargé du Programme de développement durable à l’horizon 2030 au Groupe de la Banque mondiale.  Il a estimé que même si les pays développés respectent leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD et même si les ressources nationales sont largement mobilisées, il faudra encore compter sur la participation du secteur privé pour compléter les efforts.  Mais, il ne suffit pas de parler des partenariats avec ce secteur, a-t-il averti, il faut encore mettre en place de véritables politiques en faveur de ces partenariats.

M. Mohieldin a rappelé qu’à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, la Banque mondiale et les banques régionales de développement avaient promis une somme de 400 milliards de dollars, d’ici à 2020, pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. AXEL BERTUCH-SAMUELS, Conseiller principal pour le financement du développement et les relations avec les Nations Unies au Fonds monétaire international (FMI), a affirmé que le FMI a mis en place un programme pour soutenir financièrement les pays les moins avancés.  Le Fonds œuvre également à l’amélioration de la cohérence des politiques dans les domaines économique, social et environnemental et offre des prêts à des taux préférentiels aux économies les plus faibles.  La coopération en matière fiscale est un bon moyen de soutenir les pays en développement, a-t-il insisté.

M. DOUGLAS FRANTZ, Secrétaire général adjoint de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE), a déclaré que les pays membres de son Organisation ont déboursé pas moins de 142 milliards d’euros sous forme d’APD l’an dernier.  Cela ne suffit pas, a-t-il reconnu, exhortant les pays en développement à élargir leur assiette fiscale mais aussi à renforcer la cohérence de leurs politiques économiques.  Il a aussi estimé qu’il est crucial de développer une expertise internationale sur les questions relatives au Programme 2030.

M. VAUGHAN TUREKIAN, Conseiller à la science et la technologie du Secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré que la science et la technologie sont des domaines clefs pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Dans ce contexte, les jeunes scientifiques ont un rôle majeur à jouer, a-t-il fait observer, en invitant les gouvernements à collaborer avec les milliers d’universitaires qui ne demandent qu’à apporter leur contribution au développement durable.

À la suite des panélistes, la représente de la Thaïlande, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a indiqué que son Groupe insiste sur le fait qu’il faut tenir compte des priorités nationales et des différents niveaux de développement dans la mobilisation des moyens aux fins du développement durable.  En 2015, seuls sept pays avaient tenu leur promesse de consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD, a-t-elle dénoncé, insistant sur le fait que la coopération Nord-Sud reste et demeure le moyen principal de financer le développement pour les pays les moins avancés.  Elle a regretté que la part de ces pays dans le commerce international tourne autour de 1%.  Elle a souligné que la technologie est l’un des moyens cruciaux pour aider les pays en développement à réaliser les 17 objectifs de développement durable.  Mais pour qu’ils puissent en bénéficier, il faut réduire la fracture numérique et espérer que la banque des technologies en faveur des PMA viendra combler ce déficit.  En plus de ces vulnérabilités, les petits États insulaires en développement (PEID) comme Maurice sont fragilisés par les effets pervers des changements climatiques et l’absence de mécanismes de financement pour les pays à revenu intermédiaire, s’est plaint son représentant.   

Des organisations de la société civile se sont ensuite succédé pour faire des propositions, leur porte-parole demandant même pourquoi réfléchir sur le financement quand on peut juste demander aux adeptes de l’évasion fiscale, -individus et entreprises-, de payer leur dû.  Elle a aussi dénoncé l’hypocrisie de la communauté internationale qui en appelle aux partenariats alors qu’à travers le monde, les acteurs de la société civile, notamment les défenseurs des droits de l’homme, de l’environnement ou des droits des femmes sont muselés et parfois assassinés.  La déclaration a été accueillie par une longue salve d’applaudissements.

La Vice-Ministre du Panama est revenue sur les accusations lancées à son pays après le scandale des « Panama papers ».  « Ce scandale n’est pas un problème local, mais plutôt un problème mondial dont la solution passe par la réforme du système financier international. »

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a mis l’accent sur les différentes catégories d’États vulnérables, y compris les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement, les pays en développement sans littoral mais aussi les pays sous domination étrangère.  Il a aussi insisté sur le principe de responsabilité commune mais différenciée pour la mise en œuvre du Programme 2030 qui nécessite un partenariat renouvelé, dont un transfert accéléré de technologies, un système commercial international non discriminatoire et une lutte renforcée contre les flux financiers illicites.

M. NEVEN MIMICA, Commissaire européen à la coopération internationale et au développement, a souligné que s’attaquer aux inégalités, en particulier les inégalités entre les sexes, est « absolument essentiel » pour réaliser le Programme 2030.  Sans l’autonomisation des femmes et des filles, il n’y aura ni paix ni développement.  Le représentant a aussi estimé qu’on ne peut gérer les flux migratoires sans précédent que si l’on agit ensemble et en partenariat.  Il faut régler la question de la migration illégale pour débloquer le vrai potentiel de la migration comme force motrice du développement.  Nous ne réussirons pas si nous ne nous attaquons pas aux causes sous-jacentes des conflits, si nous n’investissons pas dans la paix et la bonne gouvernance et si nous ne respectons pas l’état de droit et les droits de l’homme.  Écartons-nous des approches fragmentées et renforçons les liens entre les politiques liées au développement, à l’humanitaire, à la paix et à la sécurité et à la migration.

L’Union européenne, a dit le Commissaire, est déterminée à jouer son rôle dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Elle fait déjà des contributions avec sa nouvelle initiative sur l’économie circulaire, l’union de l’énergie, le suivi de l’Accord de Paris sur le climat, la réforme de la politique commune des pêches, le pilier sur les droits sociaux, les activités sur la responsabilité sociale des entreprises, les cadres d’égalité entre les sexes et le programme d’aide extérieure.  Toutes ces contributions mettent dûment l’accent sur la cohérence des politiques.  Plus tard cette année, la Commission européenne compte lancer une cartographie de sa contribution au Programme 2030.  Elle présentera aussi une proposition sur un nouveau consensus européen sur le développement soulignant comment les États européens peuvent répondre aux défis mondiaux et au Programme 2030.  L’Union, a conclu le Commissaire, n’a cessé de renouveler son engagement en faveur de l’objectif « 7% du PIB à l’APD » et offre un accès libre et sans quota aux produits des pays les moins avancés.  L’Union cherche toujours des formes novatrices de coopération avec divers partenaires dans le monde.

M. JUAN TEMÍSTOCLES MONTÁS, Ministre de l’économie, de la planification et du développement de la République dominicaine, qui a parlé au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a déclaré qu’il est important que le Forum politique de haut niveau prenne en compte la différence entre les réalités et capacités nationales et les niveaux de développement, respecte ce faisant les priorités nationales et reconnaisse que les processus nationaux seront la base des examens régionaux et internationaux. 

Il est important de faire le suivi des trois dimensions du développement durable et de dépasser les débats académiques pour instaurer un dialogue constant sur les directives à donner aux États Membres et au système des Nations Unies.  Trois membres de la CELAC, la Colombie, le Mexique et le Venezuela, présentent cette année leur rapport de mise en œuvre.  Or, pour de nombreuses cibles, les données ne sont pas disponibles, ce qui montre la nécessité d’appuyer le renforcement des capacités dans la collecte et l’analyse des statistiques.  Dans ce contexte, les pays développés doivent respecter leurs engagements en matière d’APD, assortis d’échéanciers.  La CELAC souligne également les dispositions du Programme d’action d’Addis-Abeba sur l’abandon du critère « revenu par habitant » pour catégoriser les pays.  La pauvreté doit être analysée sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions.  Le Programme 2030 reconnait à juste titre les défis auxquels sont confrontés les pays à revenu intermédiaire.

Le représentant a conclu en rejetant au nom de la CELAC les mesures économiques, financières ou commerciales unilatérales qui ne respectent pas le droit international et la Charte des Nations Unies.

Au nom des pays les moins avancés (PMA) M. SHAHIDUL HAQUE, Secrétaire aux affaires étrangères, Ministère des affaires étrangères du Bangladesh, a rappelé les fragilités et vulnérabilités de ce groupe de pays, reconnues par le Programme 2030.  Il a à son tour plaidé pour le respect des engagements en matière de l’APD, appelant à la recherche d’un terrain d’entente entre donateurs et récipiendaires.  Il a aussi soulevé la question des indicateurs spécifiques aux PMA, arguant que cette préoccupation doit être traitée de toute urgence.  Il a d’ailleurs demandé que le rapport du Secrétaire général sur le développement durable consacre un chapitre spécifique aux PMA. 

Au nom des pays en développement sans littoral, M. BERNARD KAMPHASA, Secrétaire permanent auprès du Cabinet du Président de la Zambie, a prévenu que la mise en œuvre du Programme 2030 ne sera possible sans les ressources financières, sans les partenariats public-privé et le transfert de technologies.  À son tour, il a parlé des problèmes liés à la collecte et à l’analyse des données, importantes pour des politiques de développement efficaces.

Au nom du Groupe des États d’Asie et petits États insulaires en développement du Pacifique, Mme JIKO FATAFEHI LUVENI, Présidente du Parlement des Fidji, a rappelé que les partenariats seront « critiques » pour réaliser les objectifs de développement durable.  En l’occurrence, le système des Nations Unies est un partenaire « précieux » et sa présence sur le terrain « essentielle ».  La nature de cet appui doit toutefois être variable et adaptée aux défis et aux besoins de chacun.  Il faut donc réformer l’appui apporté par le système des Nations Unies aux petits États insulaires en développement dans lesquels les changements climatiques représentent une menace « existentielle ».  Si nous n’agissons pas immédiatement pour faire face à cette menace, les petits États insulaires du Pacifique seront, comme bien d’autres, « laissés pour compte ».  La Présidente a donc appelé à une mise en œuvre très rapide de l’Accord de Paris sur le climat, et en premier lieu à sa ratification par les États qui ne l’ont pas encore fait.  Elle s’est aussi attardée sur la question cruciale de la viabilité des océans, appuyant la Conférence qui aura lieu l’année prochaine aux Fidji.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a indiqué que l’idéal d’une Afrique sortie de la pauvreté et du sous-développement a été consacré dans l’Agenda 2063 et le Plan décennal de mise en œuvre.  Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est également sous-tendu par cet idéal.  Le représentant a rappelé que l’Afrique avait sa propre « Position commune » pendant l’élaboration du Programme 2030, d’où la grande complémentarité entre ce Programme et l’Agenda 2063.  La collaboration dans la concrétisation des idéaux de ces deux textes est donc « importante », a insisté le représentant en citant quelques domaines prioritaires.  Dans ce cadre, il a prévenu  que la mobilisation des ressources domestiques restera « une illusion » si les flux financiers illicites ne sont pas combattus.  Il a conclu en prônant la revitalisation des partenaires mondiaux, régionaux et nationaux; le respect des engagements en matière d’APD et leur alignement avec les priorités nationales; le partage des expériences, et la recherche de solutions aux moteurs multidimensionnels de l’exclusion.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. EDEN CHARLES (Trinité-et-Tobago) a affirmé que la mise en œuvre du Programme 2030 doit s’appuyer sur les acquis et les leçons apprises des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Pour la CARICOM, la mise en œuvre intégrale du Programme 2030 peut être aisément sapée par le fardeau de la dette, la région étant également confrontée aux défis des économies petites et vulnérables, à savoir des marchés étriqués, des produits limités, l’absence d’économie d’échelle, une forte dépendance au commerce international et une fragilité face aux catastrophes naturelles et aux effets des changements climatiques.

Selon le représentant, un allègement de la dette et une aide publique au développement accrue sont de nature à renforcer la croissance économique et l’emploi, de même que la mobilisation des ressources intérieures.  Par ailleurs, pour la Trinité-et-Tobago, en tant que petit État insulaire en développement, la mise en œuvre du Programme 2030 ne peut s’écarter de celle des « Orientations de Samoa ». 

Au nom du G-15, M. GAMINI JAYAWICKRAMA PERERA, Ministre du développement durable de Sri Lanka, a réitéré la position de son Groupe qui est que le suivi et le mécanisme d’examen réaffirment la souveraineté des États dans la mise en œuvre du Programme 2030 et la centralité de la lutte contre la pauvreté.  Beaucoup de pays en développement ont des difficultés à mettre en œuvre les accords auxquels ils ont souscrit, compte tenu du manque de ressources.  En conséquence, les engagements pris dans le Programme 2030 s’agissant de la mobilisation des ressources, du renforcement des capacités et de l’APD doivent être respectés durablement.  Le G-15 insiste sur le transfert de technologies, en particulier dans le domaine des énergies renouvelables, compte tenu de leur rôle contre les changements climatiques.

Au nom du Groupe de pays du même esprit qui appuient les pays à revenu intermédiaire, M. EDGAR GUTIÉRREZ ESPELETA, Ministre de l’environnement et de l’énergie de Costa Rica, a dit qu’aucun objectif de développement durable ne pourrait être atteint sans un progrès significatif dans l’accès des pays en développement aux technologies.  Des mécanismes pour faciliter le partage des connaissances et le transfert des technologies seront « essentiels ».   Le représentant a insisté sur le défi du financement du développement, un financement adéquat, prévisible et respectueux de la marge de manœuvre politique de pays.  Il a estimé que le Groupe des Nations Unies pour le développement devrait créer un plan d’action pour le développement durable des pays à revenu intermédiaire, en se fondant sur des objectifs et des indicateurs clairs et un financement adéquat.   Il a appelé ce système et les institutions financières internationales à renoncer au critère « revenu par habitant » pour catégoriser les pays, en les privant d’un accès aux fonds concessionnels.

Au nom du Forum du Pacifique, M. MAX HUFAN RAI, Papouasie-Nouvelle-Guinée, a indiqué que pour la majorité des États membres du Forum, les défis sont amplifiés par des vulnérabilités particulières, alors que les inégalités s’accroissent dans la région.  Au nombre de ces vulnérabilités, il a cité l’exposition aux chocs extérieurs, comme l’actuelle crise économique mondiale ou les effets des changements climatiques. Il a aussi plaidé pour la viabilité des océans, menacés par l’acidification et la surexploitation de leurs ressources, parfois de manière illégale.  Il a appelé à des partenariats pour la mobilisation des ressources nationales et le transfert des technologies. 

En sa capacité nationale, M. GAMINI JAYAWICKRAMA PERERA, Ministre du développement durable et des espèces sauvages de Sri Lanka, a rappelé que son pays a été le premier de la région Asie-Pacifique à créer un ministère du développement durable.  Actuel Président du Forum Asie-Pacifique sur le développement durable, la Sri Lanka est donc dans une position unique pour se faire la championne de la transformation pour le développement durable.  Le Ministère du développement durable a commencé à formuler une feuille de route nationale sur le thème « transformation inclusive ».  Pour « ne laisser personne sur le côté », ont été lancés des programmes -national et provinciaux- d’engagement des différents acteurs.  L’objectif ultime de Sri Lanka est de créer un modèle de mise en œuvre des ODD en trois phases: 2017-2020, 2020-2025 et enfin 2025-2030, a expliqué le Ministre.

Mme ALENKA SMERKOLJ, Ministre du développement, des projets stratégiques et de la cohésion de la Slovénie, a dit que les défis de développement pourront être surmontés si nous tenons la promesse de ne pas faire de laissés-pour-compte.  Le Gouvernement de la Slovénie a élaboré sa stratégie de développement à long terme avec toutes les parties prenantes, a indiqué la représentante qui a souligné que la coopération internationale de son pays s’inspire de cette stratégie.  La mise en œuvre du Programme 2030 doit de faire selon les moyens de chaque pays et dans le respect de sa souveraineté.  Dans ce contexte, l’APD reste un outil important, a reconnu la représentante.  

M. RÉGIS IMMONGAULT, Ministre du développement durable, de l’économie de la promotion des investissements et de la prospective du Gabon, a indiqué que son pays s’était résolument engagé à mettre en œuvre le Programme 2030.  Tirant les enseignements des OMD, le Parlement gabonais a adopté en 2014 une loi d’orientation sur le développement durable dont les principes rejoignent les Objectifs de développement durable et ceux de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a-t-il précisé.  Il a rappelé que le Gabon a organisé les 7 et 8 juillet le premier atelier national d’appropriation et de mise en œuvre du Programme des Nations Unies, de l’Agenda 2063 et de l’Accord de Paris sur le climat qui avait pour but d’examiner les modalités pratiques d’intégration du Programme dans les politiques publiques.  Ces travaux ont permis de révéler les principaux défis liés à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment la question de financement qui doit être à nouveau discutée, la question des données et des statistiques et la question du transfert des technologies qui est essentielle dans la lutte contre la pauvreté, a assuré le Ministre.  M. Immongault a insisté sur les réformes structurelles essentielles portées sur la diversification des sources de croissance de l’économie du pays.  Le Gabon mène également d’importantes réformes pour « favoriser l’égalité des chances dans chaque strate de la société pour que personne ne soit mis à l’écart », a conclu le Ministre.

M. KĘSTUTIS TREČIOKAS, Ministre de l’environnement de la Lituanie, a jugé que l’objectif 16 relatif à l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous était d’une importance fondamentale pour assurer le succès du Programme 2030.  S’agissant de l’objectif 5 sur l’égalité des genres, le Ministre a précisé que, dans son pays, les femmes chefs d’entreprise représentent 60% des entrepreneurs en région rurale, ajoutant que l’utilisation du potentiel économique des femmes serait cruciale pour le succès du Programme.  Un autre élément essentiel sera l’identification et la mobilisation efficaces des ressources.  Il a indiqué que son pays est l’illustration même de l’absence de contradiction entre protection de l’environnement et croissance économique.  Notre niveau d’émission de gaz à effet de serre a été diminué de plus de la moitié ces 25 dernières années alors que notre PIB a augmenté de 30% sur la même période.  Il a ensuite détaillé la politique d’atténuation de l’impact des changements climatiques menée par son pays, dont la promotion des énergies renouvelables est un élément clef.  Grâce à une politique cohérente, la surface occupée par les forêts a augmenté de 2% sur les 10 dernières années et occupe un tiers du territoire, a dit le Ministre.  Nous avons également lancé un programme complet de modernisation des logements afin d’améliorer l’efficacité énergétique, a-t-il dit.  En conclusion, le Ministre a insisté sur les efforts conjoints, des petits pays comme des grands, pour une mise en œuvre efficace du Programme.

M. RICARDO CARDONA, Ministre du développement et de l’intégration sociale du Honduras, a considéré les objectifs de développement durable comme un plan d’action ambitieux qui vise avant tout à éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes.  Le Programme 2030 propose un monde dans lequel l’humanité vivra en harmonie avec la nature.  Mais le Honduras demande aux pays développés d’apporter leurs contributions.  Des efforts énormes devront être consentis pour atteindre les ODD et les pays à revenu intermédiaires, comme le Honduras, comptent aujourd’hui 70% de pauvres et se heurtent donc à de très nombreuses vulnérabilités.  Il faut tenir compte de chaque situation particulière, a conclu le représentant, en remerciant les Nations Unies pour leur assistance dans la mise en œuvre des ODD. 

M. FESTUS MWANGI KIUNJURI, Ministère de la dévolution et de la planification du Kenya, a expliqué que le pays réalise les ODD dans le cadre de son programme de développement à long terme, « Vision 2030 ».  Le Kenya a accompli des résultats remarquables dans la réalisation des OMD mais il compte encore un très grand nombre de pauvres et de groupes vulnérables.  L’identification de ces derniers souffre de l’insuffisance des données, et il faudra mettre en place un système de collecte et d’analyse plus efficace.  À cet égard, les pays développés devraient contribuer au renforcement des services statistiques des États qui en font la demande.  Avant l’adoption des ODD, le Kenya disposait aussi d’un plan quinquennal du développement durable et le prochain intégrera les ODD afin de combler les lacunes actuelles.  La Constitution kenyane garantit la participation des citoyens, ce qui facilitera l’ouverture et l’appropriation nationale.

M. HERILANTO RAVELOHARISON, Ministre de l’économie et du plan de Madagascar, a dit que « pays fragile », Madagascar s’est engagée à réaliser la Revue volontaire pour confirmer sa réelle conviction et sa ferme volonté de s’acheminer dans le sens du chemin tracé par le Programme 2030 et d’être un acteur engagé dans ce processus.  Le pays a réalisé une avancée certaine dans la mise en œuvre du processus.  À ce jour, deux consultations nationales ont été réalisées, ayant permis de constater la convergence, l’articulation et l’alignement entre objectifs de développement durable et cadres de développement existants, que cela soit le Plan national de développement ou les stratégies sectorielles.  Le pays a pu aussi dégager 47 cibles considérées comme prioritaires.  Des sensibilisations au niveau des régions ont également été effectuées pour une compréhension entre les divers acteurs et pour conforter l’objectif de la redevabilité pour les 15 prochaines années.

Le Gouvernement accorde une attention particulière à ses populations les plus vulnérables en prenant des mesures pour le grand sud qui endure de façon fréquente des crises cycliques dues aux catastrophes naturelles.  Le Gouvernement a aussi adopté la Politique nationale de protection sociale qui vise les franges les plus fragiles de la société.  Pour la suite du processus, le pays doit faire face à des défis de taille.  Tout ce qui concerne les indicateurs est un des défis majeurs de Madagascar qui exigent des fonds conséquents, du temps, des capacités techniques.  Cette action devrait être entreprise dans le cadre de renforcement du Système national de statistiques.  Concernant la mobilisation des ressources financières intérieures, le Gouvernement est en train de finaliser une stratégie qui inclue le capital humain, les ressources naturelles, les ressources culturelles et les ressources institutionnelles. 

Mme KANNY DIALLO, Ministre de la planification et de la coopération internationale de la Guinée, a dit qu’après avoir connu des crises socioéconomiques et financières, la Guinée s’est engagée dans un processus de mise à niveau de son économie depuis 2011 qui vise l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).  Mais tous les efforts ont été sapés par le virus Ebola et le Gouvernement entend désormais mettre l’accent sur un processus de relèvement basé notamment sur les secteurs de l’énergie et de l’agriculture.  Pour ce faire, un plan stratégique de développement 2015-2030 a été élaboré qui sera présenté aux partenaires de la Guinée en 2017 en vue de son financement.

Mme VANESSA RUBIO MARQUEZ, Secrétaire d’État adjointe à la planification, à l’évaluation et au développement du Mexique, a dit que son gouvernement a établi des objectifs de développement de nouvelle génération qui visent notamment à améliorer la nutrition et l’agriculture durable et à encourager la formation permanente, dans le but d’un développement durable et inclusif.  Demain, le Mexique présentera son rapport national de mise en œuvre et estime que tout le monde doit participer à cet exercice.  Les progrès sont possibles si l’on met en place un mécanisme de suivi efficace, des partenariats effectifs et des ressources adéquates, a assuré Mme Marquez qui a prévenu que compte tenu du coût annuel de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, l’APD ne suffira pas.  

Mme SILVIA VELO, Ministère de l’environnement, de la protection de la terre et de la mer de l’Italie, a expliqué que son pays entendait renouveler par une nouvelle loi sa stratégie de coopération au développement pour l’aligner sur les ODD.  En 2015, l’Italie comptait parmi les pays donateurs qui avaient le plus augmenté leur APD et elle a décidé de l’augmenter encore.  L’Italie rappelle la nécessité d’atteindre tous les objectifs et les cibles des ODD avec ses partenaires.  En même temps, elle a lancé une initiative spécifique, l’Appel de Rome, pour mieux conserver les ressources marines dans le cadre de l’objectif 14.  L’Italie, qui présidera le G7 en 2017 et sera également membre du Conseil de sécurité, ne ménagera aucun effort pour renforcer le Forum, qui est le centre de l’intégration des trois dimensions du développement durable, a conclu la Ministre.

Mme ROSEMARIE G. EDILLON, Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie nationale des Philippines, a rappelé que le Gouvernement de son pays est en transition mais qu’il entend tout de même fixer des objectifs de développement à long terme.  Le programme politique du nouveau Président vise à réduire les inégalités et à favoriser le développement économique et social.  La société civile et le secteur privé sont censés apporter leur vision « complémentaire ».  Aujourd’hui, a souligné la représentante, plus de dix millions de migrants philippins sont répartis dans le monde.  Les Philippines sont donc très sensibles à la question de leur intégration et à la reconnaissance de leur rôle comme « contributeurs positifs » au développement durable.  Les Philippines reconnaissent l’importance de données statistiques plus précises et désagrégées et demandent donc à leurs partenaires de les appuyer dans le renforcement des capacités.

M. DAVID ZALKALIANI, Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a affirmé que son pays est l’un des plus ethniquement et religieusement diversifié de la région et que c’est la raison pour laquelle la protection de tous les segments de la société est la priorité des priorités du Gouvernement.  Ce dernier s’emploie d’ailleurs à l’universalisation de l’éducation qui est la pierre angulaire de l’intégration sociale.  Conscient du caractère « fondamental » de l’égalité des sexes pour la démocratie et le développement, le Gouvernement n’épargne aucun effort pour mettre en œuvre les normes les plus élevées en matière de protection des droits de la femme.  Les mêmes efforts sont déployés pour les droits des personnes handicapées.  Dans ce cadre, le Gouvernement ne saurait oublier la large part de la population qui est affectée par les déplacements forcés et privée du droit à un retour sûr et digne.  Le sort des personnes déplacées en Géorgie remonte au début des années 90 mais une nouvelle vague a été provoquée par la guerre russo-géorgienne de 2008 et l’occupation qui a suivi.  Le représentant a donc demandé l’étude de nouvelles approches pour la protection des personnes déplacées.  Il faut à tout prix, a-t-il dit, examiner les causes sous-jacentes des déplacements forcés et opter pour la prévention plutôt que pour la réaction.  Il s’est donc une nouvelle fois félicité des résultats du Sommet humanitaire mondial d’Istanbul.

M. ALVARO GARCÍA, Directeur de la planification et du budget à la Présidence de l’Uruguay, a dit que le Gouvernement a élaboré une loi des finances qui consacre 18% des dépenses publiques aux objectifs de développement durable.  Le pouvoir exécutif compte lancer des consultations nationales et régionales qui mobiliseront plus de 700 parties prenantes pour discuter de la mise en œuvre de ces objectifs et de leur intégration dans le plan national de développement.  Le Gouvernement a aussi posé le diagnostic des données et des informations.

M. KIKEO CHANTHABOURY (République démocratique populaire lao) a rappelé que les pays en développement, y compris le sien, avaient fait de bons progrès dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, celle-ci ayant contribué de manière importante à l’amélioration du bien-être des gens. 

Le représentant a néanmoins estimé que les efforts en vue de réduire la pauvreté extrême et de surmonter les obstacles à la réalisation du Programme 2030 au cours de la prochaine décennie seraient vains sans un renforcement de la coopération internationale dans le cadre d’un partenariat mondial, sans des ressources adéquates, sans un système des Nations Unies efficace, l’accent devant être mis sur l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement durable et d’une croissance économique inclusive.  M. Chanthaboury a exprimé le ferme engagement de la République démocratique populaire lao, classé à la fois parmi les pays les moins avancés et les pays sans littoral, à réaliser les objectifs de développement nationaux et internationaux, en mettant l’accent sur la lutte contre la pauvreté.

Mme KARINA GOULD, Secrétaire parlementaire auprès du Ministre du développement international du Canada, a indiqué que sur le plan international, son pays est en train de « cibler au mieux » son assistance sur les plus pauvres et les plus vulnérables, y compris les femmes, les jeunes, les enfants autochtones et la communauté LGTB, non pas comme des victimes mais comme participants égaux au développement durable.  Elle a rappelé que la prochaine reconstitution du Fonds mondial contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme aura lieu à Montréal au mois de septembre.  Le Gouvernement, a-t-elle aussi indiqué, est en train de revoir sa politique de coopération internationale.  S’il est trop tôt pour dévoiler les contours de la nouvelle approche, on peut déjà dire que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles seront au centre des efforts.  Nous en sommes en 2016 et il est grand temps d’exploiter leur potentiel, a conclu la représentante après avoir annoncé des fonds pour l’énergie, l’atténuation de l’impact des changements climatiques et l’aide aux migrants et aux réfugiés du Moyen-Orient. 

M. CARLOS FORADORI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, a rappelé que les ODD sont beaucoup plus ambitieux que les OMD.  L’Argentine les soutient, d’autant que sa politique principale est la « pauvreté zéro » et dans ce cadre, il est important que les budgets publics soient orientés vers les besoins des gens, comme l’éducation ou la santé, plutôt que vers la consommation à tout prix.  L’Argentine appuie le principe de « non-indifférence » entre États, en particulier dans le domaine des droits de l’homme.  L’Argentine compte évaluer les ODD à la lumière de ses propres objectifs nationaux.  Elle compte agir de manière intégrée, notamment en consultant les conseils nationaux des femmes et des personnes handicapées.  Elle réaffirme en outre le principe de responsabilité commune mais différenciée et de respect des priorités nationales.

M. ÁDÁM ZOLTÁN KOVÁCS, Secrétaire d’État adjoint chargé de la coopération internationale auprès du Ministère des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a estimé que les ODD donnent le nouveau souffle dont la planète avait besoin.  La Hongrie a commencé à mettre en place son cadre national de mise en œuvre des ODD, grâce à un comité interministériel et au bureau national des statistiques qui a mis en place un réseau national.  La Hongrie rappelle en outre son engagement en faveur de toutes les questions liées à l’eau car que la gouvernance actuelle de l’eau est « mauvaise », y compris s’agissant de l’appui de l’ONU dans ce domaine.  L’ONU, a-t-il estimé, devrait créer un organe intergouvernemental exclusivement consacré à la gestion à l’eau.  Quant à la Hongrie, elle accueillera en novembre prochain à Budapest un sommet de l’eau pour mettre en avant l’importance de cette ressource dans le double contexte des ODD et de l’Accord de Paris sur le climat. 

Mme MICHELLE MUSCHETT, Vice-Ministre du développement social du Panama, a dit que le Programme « Panama à l’horizon 2030 » a reçu le soutien de tous les acteurs sociaux du pays, y compris le nouvel indice multidimensionnel de la pauvreté et l’intention du Gouvernement d’investir 70% du budget dans le secteur. 

M. K. YOGEESVARAN, Directeur général adjoint de l’Unité de la planification du développement de la Malaisie, a dit que le plan stratégique du Gouvernement a permis de diminuer les inégalités sociales et les écarts entre les riches et les pauvres.  Ce plan qui met en avant le rôle des jeunes, est basé sur une politique d’augmentation des revenus, de stabilité et d’intégration sociale.  Un indice du bien-être social a été introduit et créé sur la base d’indicateurs autres que les indicateurs traditionnels.  La Malaisie, qui vise une économie verte, a déjà commencé la mise en œuvre des objectifs de développement durable.   

M. MOERTAN JESPERSEN, Sous-Secrétaire d’État au développement international et à la coopération du Ministère des affaires étrangères du Danemark, s’est félicité que chacun comprenne aujourd’hui qu’il doit apporter une contribution ambitieuse à la réalisation des ODD.  Ces objectifs doivent être au centre des efforts communs d’un bout à l’autre de l’année.  Au Danemark, un plan d’action stratégique pour le suivi aux plans national et international, est en train d’être mis au point, en coopération avec tous les ministères et les milieux académiques, le tout étant coordonné par le Ministère des affaires étrangères.  Le Gouvernement espère du Parlement un large consensus à la fin de l’année.  Le plan identifiera un nombre limité de priorités clefs, tout en respectant le principe de l’interrelation entre tous les ODD.  Un forum sera ensuite organisé pour assurer l’appropriation du secteur privé, de la société civile et du monde académique, entre autres.  Le Danemark entend aussi assurer un suivi robuste de la mise en œuvre des ODD au sein de l’Union européenne et faire de son assistance à la réalisation des ODD un élément central de son aide au développement.  Dans ce cadre, l’APD continue d’être un élément très important du développement durable puisqu’il a un effet de catalyseur.  Le Danemark confirme son engagement à apporter 0,7% de son PIB à l’APD, en particulier à l’intention des PMA.  En outre, le Danemark est persuadé que les ODD et les droits de l’homme progressent la main dans la main.

Mme LARISSA BELSKAYA (Bélarus) a salué le Forum comme un mécanisme unique d’échanges d’expérience et d’élaboration de recommandations pour réaliser les ODD. Les discussions ont pour but de  synchroniser les activités du système des Nations Unies avec celles des organisations financières internationales.  Les pays à revenu intermédiaire dont fait partie le Bélarus, représentent un tiers du PIB mondial et leur stabilité est donc importante pour la stabilité mondiale.  En conséquence, la représentante a suggéré un mécanisme de coordination interinstitutions en faveur de cette catégorie de pays ainsi qu’un plan d’action.  Le rapport mondial sur le développement durable devrait également accorder davantage d’attention aux défis particuliers auxquels sont confrontés ces États.  Le Bélarus, qui entend créer un poste de coordonnateur national pour les ODD, a lancé l’année dernière avec le PNUD, une action pour sensibiliser la population aux ODD.  Cet automne, également avec le PNUD, il entend organiser une conférence sur le thème « pas de laissés-pour-compte ».

Le représentant des ONG de défense des droits de l’enfant a axé son intervention sur les droits de l’enfant au bien-être et au développement.  Le Forum politique de haut niveau doit suivre la situation des enfants dans le monde, a-t-il dit, en déplorant le fait que les rapports de l’ECOSOC ne font référence aux enfants qu’à quatre reprises.  Il a demandé la création d’un espace de coordination des politiques sur les enfants au sein du Forum et de l’ECOSOC.

Le représentant du grand groupe des agriculteurs a estimé important de mettre en place une plateforme publique sur la véritable nature de la chaîne alimentaire.  Il a encouragé les pays à mettre sur pied des structures pour connaître le vrai prix des produits alimentaires et a demandé au Forum politique son appui à la lutte des paysans pour leurs droits fonciers.

Au nom du grand groupe des ONG, la représentante du Service international des droits de l’homme a prévenu que la mise en œuvre des ODD sera « difficile » et exigera la participation  de toutes les parties prenantes, surtout celle de la société civile.  Or, cette participation est menacée par les restrictions imposées dans de nombreux pays et au sein même du système des Nations Unies.  Le mois dernier, plus de 200 ONG ont écrit au Secrétaire général de l’ONU pour exprimer leur préoccupation face au recours à certaines procédures pour barrer l’accès de certaines ONG à un statut consultatif auprès de l’ECOSOC.  La représentante a insisté sur l’obligation juridique de l’ONU de renforcer la participation de la société civile à ses travaux.

Au nom de la société civile, la représentante de « Safer World » a insisté sur l’insécurité et la violence.  L’année dernière, les dirigeants du monde se sont engagés à promouvoir des sociétés plus justes et plus inclusives et pour cela, il faudra créer dans tous les pays un climat de paix et lutter contre les inégalités entre les sexes.  Les acteurs internationaux doivent, pour leur part, faire un examen de conscience sur leur contribution à l’insécurité, dont la vente d’armes.  Ce qu’il faut, a-t-elle conclu, ce sont des données pour vérifier si les engagements sont respectés.

La représentante des grands groupes des femmes et des jeunes a estimé qu’au cours des 15 années à venir, il faudra mettre l’accent sur les meilleures pratiques et mobiliser toute la volonté politique pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Il faudra aussi se concentrer sur les moyens de mise en œuvre, en s’attaquant notamment à la mauvaise répartition des richesses, des terres et des ressources, dans le monde, et à l’iniquité des accords commerciaux internationaux.  Les gouvernements doivent leur donner des informations suffisantes pour que l’on puisse évaluer d’évaluer les progrès.  Le processus doit être accessible à tous et il serait bon de créer des espaces de dialogue entre les États Membres et les grands groupes. 

La représentante de l’Association internationale des jeunes volontaires a souligné la centralité des droits de l’homme dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le représentant de la Fondation mondiale pour la démocratie et le développement a rappelé l’importance du transfert des technologies pour assurer le développement durable des pays du Sud.  Citant la Banque mondiale qui a estimé qu’il faudra des montants énormes pour assurer la résilience des investissements, le représentant a salué la créativité dans ce domaine, comme les financements novateurs apparus ces dernières années dont la taxe sur les billets d’avion ou l’accès élargi aux microcrédits.  Le Forum devrait défendre et promouvoir les pratiques novatrices. 

Le représentant de la Fédération internationale pour le développement des familles a défendu la collecte et la diffusion de données sur les difficultés rencontrées par les familles.  Il faut des politiques qui traitent la famille comme « une unité » et considèrent son effondrement comme une source de pauvreté.  La famille doit par exemple être considérée comme une barrière à la consommation de drogue et un moteur des relations intergénérationnelles.

Sœur MARIE MADELEINE de la Fraternité Notre-Dame qui travaille pour les plus démunis dans le monde, a souligné que le devoir d’une société est d’aider ses membres les plus faibles.  La Fraternité Notre-Dame crée des cantines pour les pauvres et ouvre des centres et des dispensaires pour les orphelins.  Dans ce cadre, la religieuse a dénoncé le « sécularisme obligatoire » prôné dans notre monde.

Le représentant du Forum des ONG arabes et africaines a dit qu’avant de mettre en œuvre les 17 objectifs de développement durable et ses 169 cibles, les États devraient tirer tous les enseignements des OMD.  Il est important que les ODD guident effectivement l’action des gouvernements et des Nations Unies. 

Le représentant du Comité international pour la paix et la réconciliation a parlé de l’impact de l’esclavage moderne sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a plaidé pour la protection physique des victimes et une lutte renforcée contre ce fléau qui, provoqué par l’homme, doit être éliminé par l’homme.

Le représentant de la Légion des bonnes volontés a jugé important de rétablir un idéal de vie plus élevé.  L’altruisme et la bonne volonté doivent faire partie de l’éducation à la citoyenneté mondiale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Nucléaire iranien: la bonne mise en œuvre par l’Iran du Plan d’action historique, adopté il y a un an, saluée au Conseil de sécurité

7739e séance – matin 
CS/12450

Nucléaire iranien: la bonne mise en œuvre par l’Iran du Plan d’action historique, adopté il y a un an, saluée au Conseil de sécurité

Le Secrétaire général aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, s’est félicité aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, de la bonne mise en œuvre par la République islamique d’Iran du Plan d’action global commun relatif à son programme nucléaire, adopté à Vienne le 14 juillet 2015 entre ce pays et le groupe P5+1 -Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne-, et qui est entré en vigueur le 18 octobre 2015. 

La plupart des délégations ont partagé la satisfaction de M. Feltman, qui présentait le rapport* du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2231 (2015), par laquelle le Conseil a approuvé ce Plan d’action « historique », à l’instar de la représentante des États-Unis qui a indiqué que l’Iran avait démantelé deux tiers de ses centres de fusion nucléaire et que 97% de ses stocks n’étaient plus dans le pays.

M. Feltman s’est en revanche dit préoccupé par les tirs de missiles balistiques effectués par l’Iran en mars 2016 et a « souligné la responsabilité considérable des participants de ce Plan dans son application pleine et efficace ».  « L’accord de Vienne et la résolution 2231 (2015) seront un succès diplomatique uniquement dans la mesure où leurs dispositions seront rigoureusement respectées », a averti le représentant de la France.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a commencé son intervention en estimant que cette résolution avait ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire des relations entre le Conseil et l’Iran.  « Une fois pleinement appliqué, le Plan d’action assurera la communauté internationale de la nature pacifique du régime nucléaire iranien et permettra, par le biais de la levée des sanctions, de concrétiser les aspirations des Iraniens à retrouver leur place au sein de la communauté internationale », a-t-il dit.  Il a félicité l’Iran pour l’application de ses engagements nucléaires, tels qu’ils ont pu être vérifiés par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans son rapport du 16 janvier, ouvrant ainsi la voie à la levée des sanctions frappant l’Iran. 

Dans son rapport, le Secrétaire général ne signale aucun cas de fourniture, de vente, de transfert ou d’exportation vers l’Iran d’articles liés au nucléaire effectué en violation des dispositions du Plan d’action et de la résolution 2231 (2015).  Reconnaissant que des défis subsistent, M. Feltman a demandé à tous les participants à rester fermement attachés à l’application intégrale de l’accord et à surmonter les obstacles « dans un esprit de coopération et de compromis, en toute bonne foi et sur la base du principe de réciprocité ».  Il a demandé à l’Iran de s’abstenir de tirs de missiles balistiques tels que ceux qu’il a effectués en mars 2016 afin de ne pas accroître les tensions dans la région.

Bien qu’il appartienne au Conseil d’interpréter ses propres résolutions, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a souligné la nécessité de maintenir l’élan constructif créé par la signature du Plan d’action. 

De son côté, le Facilitateur chargé de la promotion de la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015) a présenté les principales conclusions des deux réunions que le Conseil a tenues sur ces tirs.  Le Conseil est d’avis que tous les États Membres, y compris l’Iran, doivent agir conformément à la résolution, a-t-il dit, avant de juger essentiel que le Conseil fasse preuve d’unité afin de favoriser une application efficace et de créer un climat sûr.  Le délégué de l’Union européenne a, lui, présenté les activités de la Commission conjointe établie conformément au Plan d’action global commun.

Ces tirs de missiles ont été au cœur des interventions de plusieurs délégations, dont celle de l’Égypte qui a estimé qu’ils étaient « sans doute » en contradiction avec la résolution.  Le Conseil a l’obligation d’envoyer un signal clair à l’Iran, a-t-il dit. 

Parmi les autres violations commises par l’Iran, le délégué du Royaume-Uni a relevé l’interception en mars 2016 d’un transport d’armes iraniennes à destination du Yémen, tandis que son homologue de la France a signalé une autre saisie d’armes le 7 juillet dernier.  Pour sa part, le délégué de la Malaisie a demandé une clarification du paragraphe 6 (b) de la résolution précitée sur le transfert d’armes, suite à la participation d’entités iraniennes au cinquième salon iraquien de la défense. 

Son homologue de la Fédération de Russie a, lui, affirmé que le rapport du Secrétaire général reprenait des erreurs factuelles et adoptait « un parti pris politique ».  « Seuls les tirs de missiles ont été confirmés », a-t-il dit, avant de regretter que la proposition de son pays relative à un certificat pour l’envoi d’armements classiques en Iran n’ait pas été prise en compte.  

Le rapport du Secrétaire général doit être régi par des principes d’impartialité et éviter d’intégrer des éléments politiques contreproductifs, a appuyé le représentant du Venezuela.  Le délégué de la Chine a, lui, jugé important que le rapport du Secrétaire général reflète tous les efforts des parties dans l’application de la résolution 2231 (2015).

En ce qui concerne la levée des sanctions, le représentant de la France a estimé que celle-ci commençait à porter ses fruits, même s’il a entendu les inquiétudes de l’Iran sur la lenteur des effets sur son économie.  « Téhéran doit créer un environnement de confiance, y compris pour les entreprises, pour que la levée des sanctions se fasse pleinement sentir sur l’économie iranienne », a-t-il dit.

Son homologue de l’Allemagne a invité l’Iran à faire des efforts pour améliorer sa politique budgétaire et économique et mettre en place une gouvernance plus propice aux opportunités de commerce.  Enfin, le représentant du Japon a affirmé que la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015), qui doit se poursuivre jusqu’en octobre 2025, était de nature à stimuler la résolution d’autres dossiers comme le conflit au Yémen. 

 

* S/2016/589

 


LA NON-PROLIFÉRATION

Rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité (S/2016/589)

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a rappelé qu’il y a un an le Conseil adoptait la résolution 2231 (2015) qui entérinait le Plan d’action global commun.  Cette résolution, avec le Plan d’action historique, constitue un accomplissement de ce Conseil, a-t-il dit, ajoutant que cette résolution avait ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire des relations entre le Conseil et la République islamique d’Iran. 

Une fois pleinement appliqué, ce Plan d’action renforcera le régime de non-prolifération, assurera la communauté internationale de la nature pacifique du régime nucléaire iranien et permettra, par le biais de la levée des sanctions, de concrétiser les aspirations des Iraniens à retrouver leur place dans l’économie internationale et au sein de la communauté internationale. 

Il a félicité l’Iran pour l’application de ses engagements nucléaires, tels qu’ils ont pu être vérifiés par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il a reconnu que des défis subsistaient, d’autant que le Plan d’action est complexe.  « Je demande à tous les participants de rester fermes dans leur attachement à l’application intégrale de l’accord et de s’employer à surmonter les obstacles dans un esprit de coopération et de compromis, en toute bonne foi et sur la base du principe de réciprocité. »  Il n’a été signalé aucun cas de fourniture, de vente, de transfert ou d’exportation vers l’Iran d’articles liés au nucléaire qui aurait été effectué en violation des dispositions du Plan d’action et de la résolution 2231 (2015) depuis le 16 janvier 2016, a-t-il précisé.

S’agissant des mesures restrictives apportées aux transferts et activités relatifs aux tirs de missiles balistiques, il a indiqué que le Secrétariat n’avait reçu aucune information sur la fourniture, la vente, le transfert ou l’exportation vers l’Iran d’articles liés à ces missiles, en violation de la résolution.  « Je suis préoccupé par les tirs de missiles balistiques effectués par l’Iran en mars 2016 », a-t-il dit, rappelant que le Conseil avait discuté de ces tirs le 14 mars et le 1er avril. 

Bien qu’il appartienne au Conseil de sécurité d’interpréter ses propres résolutions, M. Feltman a souligné la nécessité que l’élan constructif créé par la signature du Plan d’action soit maintenu.  Il a appelé l’Iran à s’abstenir de tels tirs qui ont le potentiel d’accroître les tensions dans la région.

Il a ensuite mentionné les informations faisant état de la saisie d’une cargaison d’armes par la marine des États-Unis dans le golfe d’Oman en mars 2016.  Les États-Unis ont conclu que les armes provenaient de l’Iran tandis que l’Iran a fait savoir au Secrétariat qu’elle n’avait jamais procédé à une telle livraison, a-t-il dit. 

M. Feltman a porté à l’attention du Conseil la participation d’entités iraniennes au cinquième salon iraquien de la défense, qui s’est tenu à Bagdad en mars 2016.  Aucune autorisation préalable n’a été demandée au Conseil de sécurité pour le transfert d’armes de l’Iran vers l’Iraq, comme cela aurait dû être le cas, a-t-il poursuivi.  La République islamique d’Iran a indiqué au Secrétariat qu’elle n’estimait pas devoir obtenir l’autorisation préalable du Conseil, étant donné qu’elle restait propriétaire des pièces exposées.

Rappelant que la résolution précitée témoignait de la volonté du Conseil d’apporter un changement profond dans sa relation avec l’Iran, il a indiqué que le Secrétariat avait eu des interactions régulières avec ce pays lors de la rédaction de ce rapport.  Le Secrétariat veut poursuivre son étroite coopération avec l’Iran, a-t-il dit, ajoutant que le prochain rapport du Secrétaire général devant ce Conseil était prévu en janvier 2017.

« Au moment où nous célébrons le premier anniversaire du Plan d’action et de la résolution 2231 (2015), le Secrétaire général souhaite souligner la responsabilité considérable des participants de ce Plan dans son application pleine et efficace », a conclu M. Feltman.

Au nom de la coordination de la Commission conjointe établie conformément au Plan d’action global commun adopté le 14 juillet 2015, M. JOAO DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a rappelé que le 14 juillet 2016 marquait le premier anniversaire de l’aboutissement des efforts diplomatiques de l’Allemagne, de la Chine, des États-Unis, de la Fédération de Russie, de la France, du Royaume-Uni, de l’Union européenne auprès de la République islamique d’Iran. 

M. De Almeida a particulièrement salué la contribution de M. Román Oyarzun Marchesi en sa qualité de Facilitateur de la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité.  Il a rappelé que selon l’annexe IV du Plan d’action global commun, la Commission conjointe devait faire rapport au Conseil de sécurité tous les six mois sur les décisions prises par le Groupe de travail sur l’approvisionnement.   

Mettant l’accent sur les modalités du Groupe de travail sur l’approvisionnement, il a rappelé que ce groupe composé des E3+3 et les représentants de l’Iran a pour but d’examiner les propositions des États qui souhaitent engager des activités avec l’Iran. 

Il a précisé que ce Groupe avait tenu sept réunions depuis sa création et que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a participé à une de ses réunions en tant qu’observateur.  Il a indiqué que le Groupe avait fait de gros efforts en matière de transparence sans compromettre la confidentialité. 

Depuis le début de la mise en œuvre d’un accord sur le Plan d’action global commun, le Groupe a collaboré avec de nombreux États et a informé les membres du Conseil de sécurité des modalités de son fonctionnement.  Il a indiqué qu’il avait pris note des questions soulevées par les États tiers au cours de ces réunions notamment au sujet de l’information sur les canaux d’approvisionnement, le « formulaire d’application provisoire » et le « modèle de certificat final ».

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne), Facilitateur chargé de la promotion de la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015), a indiqué que l’une de ses tâches principales avait été d’établir une liaison entre le Conseil et la Commission conjointe.  « Durant la période d’examen, je n’ai reçu aucune notification relative à certaines activités visées par le paragraphe 2 de l’Annexe B de la résolution précitée, pas plus que je n’ai reçu de demandes d’exemption au gel des avoirs et aux interdictions de déplacements. »

Le Conseil a reçu des informations le 7 et le 9 mars sur des tirs de missiles balistiques et s’est réuni pour en discuter, a-t-il dit.  Il a présenté les principales conclusions de cette réunion, affirmant tout d’abord que le Conseil était d’avis que tous les États Membres, y compris l’Iran, devaient agir conformément à la résolution. 

Il est essentiel que le Conseil fasse preuve d’unité afin de favoriser une application efficace et de créer un climat sûr, a-t-il dit.  Mentionnant la saisie par un État Membre d’une cargaison d’armes provenant de l’Iran en direction du Yémen, il a expliqué que l’Iran n’avait pas répondu formellement à sa lettre sur ce sujet, tout en rejetant une telle livraison.

Le 5 juillet, un État Membre a conclu que les armes qu’il avait saisies au nord de l’océan Indien provenaient d’Iran en direction du Yémen, a-t-il dit.  Ces transferts d’armes, sans autorisation préalable du Conseil, sont contraires à la résolution, a affirmé le facilitateur.  En conclusion, il a souligné l’importance de la promotion de la transparence compte tenu de la complexité de la résolution.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a salué les efforts diplomatiques de l’Allemagne, de la Chine, des États-Unis, de la Fédération de Russie, de la France, du Royaume-Uni et de l’Union européenne auprès de la République islamique d’Iran qui ont abouti, le 14 juillet 2015, à un accord sur le Plan d’action global commun. 

Elle s’est félicitée du fait que l’Iran ait démantelé deux tiers de ses centres de fusion nucléaire et a noté que 97% de ses stocks n’étaient plus dans le pays.  « Nous avons prolongé la période de contrôle car il est en théorie toujours possible que l’Iran développe une arme nucléaire », a-t-elle dit néanmoins.  

La représentante des États-Unis a reconnu et salué la mise en œuvre rapide de cet accord historique qui a permis d’améliorer la paix et la sécurité internationales.  Elle a reconnu aussi que la négociation et la mise en œuvre de cet accord avaient supplanté le scepticisme de nombreuses parties. 

Soulignant que la mise en œuvre du Plan d’action global était surveillée par la Commission conjointe et non par le Conseil de sécurité, elle a dit son intention de fournir des directives claires aux gouvernements et au secteur privé pour préciser ce qu’il est possible de faire en matière d’échanges avec le Gouvernement iranien.

Soulignant que l’Iran et les États Membres avaient parfois pris des mesures allant à l’encontre du plan et de la résolution 2231 (2015), elle a notamment regretté des tirs balistiques et le transfert d’armes par ce pays dans d’autres parties de la région.  Elle a aussi dénoncé des violations concernant le gel des avoirs et les interdictions de voyage en demandant que ces violations soient dûment répertoriées et condamnées.

S’agissant des remarques formulées par le Gouvernement iranien au sujet de certains contenus du Plan d’action et de la résolution 2231 (2015) (2015), la représentante des États-Unis a rappelé que le Conseil de sécurité n’avait pas donné mandat au Secrétaire général d’examiner ou régler certaines questions en suspens. 

Malgré les évolutions, Mme Power a dit qu’elle restait vivement préoccupée par les violations de droits de l’homme dans le pays et a fustigé des initiatives prises par l’Iran « source d’instabilité dans la région » ainsi que les « menaces à l’égard d’Israël ».   

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a salué l’accord de Vienne signé il y a un an, et la résolution 2231 (2015) qui l’a endossé.  « Après plus d’une décennie de préoccupations de la communauté internationale face à la crise nucléaire iranienne, l’accord de Vienne a tracé le chemin vers le rétablissement de la confiance dans le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien, et a, par là-même, consolidé notre régime de non-prolifération. »

Il a indiqué que la France était attachée à la mise en œuvre de l’accord dans toutes ses dimensions.  « C’est la raison pour laquelle nos deux pays ont engagé des discussions sur la coopération bilatérale dans le domaine de la fusion nucléaire, dans le cadre défini par l’accord. »  S’agissant de la levée des sanctions, il a souligné que « nous avons respecté tous nos engagements au titre de l’accord de Vienne, dès le 16 janvier 2016, jour de mise en œuvre ». 

La levée des sanctions commence déjà à porter ses fruits, comme la reprise des exportations de pétrole iranien, parmi d’autres exemples, en témoigne, a-t-il poursuivi.  M. Delattre a dit entendre les inquiétudes de l’Iran sur la lenteur des effets de cette levée sur son économie.  « Nous n’avons ménagé aucun effort, pour apporter aux entreprises les clarifications nécessaires sur la levée des sanctions et nous continuerons à le faire. »  Il a néanmoins rappelé que Téhéran devait créer un environnement de confiance, y compris pour les entreprises, pour que la levée des sanctions se fasse pleinement sentir sur l’économie iranienne.

Le représentant de la France s’est ensuite dit préoccupé par les nombreuses informations relatives au non-respect par l’Iran de plusieurs dispositions importantes de la résolution 2231 (2015) au cours des six derniers mois.  Parmi les actions déstabilisatrices de l’Iran, il a cité les tirs par l’Iran de plusieurs missiles balistiques capables d’emporter des armes nucléaires, en contradiction avec les dispositions de la résolution 2231 (2015), paragraphe 3 de l’annexe B. 

La France, en lien avec ses partenaires E3+3, a d’ailleurs notifié ces tirs au Conseil de sécurité, a-t-il dit.  Il a également mentionné les deux saisines d’armes iraniennes, notifiées au Conseil, par les États-Unis en juin, et par la France le 7 juillet dernier, qui constituent des violations du paragraphe 6.b de l’annexe B de la résolution 

En conclusion, M. Delattre a appelé toutes les parties à redoubler d’efforts pour la mise en œuvre rigoureuse de toutes les dispositions de l’accord de Vienne et de la résolution.  « Cet accord de Vienne et cette résolution seront un succès diplomatique uniquement dans la mesure où leurs dispositions seront rigoureusement respectées. »

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a dit que le Plan d’action avait été un triomphe de la diplomatie multilatérale qui doit désormais être prolongé avec sa pleine mise en œuvre.  Cette mise en œuvre se déroule bien pour l’instant, a-t-il dit, en appelant les parties à poursuivre dans cette voie.  « Soyons clairs, le rapport du Secrétaire général s’éloigne de la présentation de faits clairs en adoptant un parti pris politique », a-t-il dit, ajoutant que l’inclusion dans ce rapport d’informations relatives à des tirs de missiles balistiques ne favorisait pas l’application de cette résolution.  Lors des discussions du rapport, nous avons présenté nos observations dans ce domaine, a-t-il dit, déplorant que celles-ci n’aient pas été prises en compte.

Il a affirmé que le rapport reprenait des erreurs factuelles et a invité le Secrétariat à n’utiliser que des informations dûment vérifiées et à tenir compte des observations des États Membres.  Seuls les tirs de missiles ont été confirmés, a-t-il dit, ajoutant que les autres informations ne l’ont pas été.  

Il a en outre précisé que certaines informations n’avaient pas leur place dans ce rapport.  Si le Secrétaire général veut présenter son point de vue, qu’il le fasse lors de la présentation de ce rapport devant le Conseil, a-t-il dit.  Il a précisé que les inscriptions sur les missiles iraniens ne relevaient pas de ce rapport.  

Le délégué s’est ensuite étonné que la proposition avancée par son pays relative à un certificat pour l’envoi d’armements classiques en Iran n’ait pas été prise en compte.  Ceux qui s’y sont opposés l’ont fait pour des objectifs politiques, empêchant, ce faisant, l’Iran de faire valoir son droit à la légitime défense, tel que consacré par la Charte des Nations Unies, a-t-il dit.

Le rapport n’indique pas que l’application du Plan d’action a été rendue possible grâce à la coopération de la Russie et de l’Iran, alors que les actions de l’Union européenne et des États-Unis sont mentionnées.  S’il a salué le rapport du facilitateur, il a observé que « certains points de vue » n’étaient pas présentés.  Les sanctions à l’encontre de l’Iran ont été levées, a-t-il dit, en invitant le facilitateur à se montrer neutre dans son rapport.  Le facilitateur devrait se concentrer davantage sur les entités iraniennes qui restent frappées par les sanctions, a-t-il conclu.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a souligné que le 16 janvier 2016 marquait la date d’application du Plan d’action global commun adopté le 14 juillet 2015.  Il s’est félicité du rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) daté du 17 mai 2016 qui reconnaît que l’Iran a continué d’honorer ses engagements en vertu du le Plan d’action global commun. 

Il a noté que la mise en œuvre du Plan d’action global commun par la République islamique d’Iran avait entraîné la première phase de la levée des sanctions y compris de sanctions des États-Unis, de l’Union européenne et des Nations Unies.  Le représentant du Royaume-Uni a encouragé les entreprises à tirer profit des nouvelles opportunités qui s’offrent à elles suite à la levée de sanctions. 

Il a rappelé que des sanctions restaient encore en vigueur et il s’est dit préoccupé par le comportement de l’Iran au niveau régional en citant tout particulièrement les essais de tirs de missiles balistique capables de transporter des armes nucléaires sur une distance de 300 kilomètres. 

Il a demandé à l’Iran  de respecter ses engagements et de cesser les soutiens financiers et logistiques importants apportés au régime syrien et au Hezbollah.  Citant d’autres entorses au régime de sanctions, il a relevé aussi l’interception en mars 2016 d’un transport d’armes iraniennes à destination du Yémen.

M. WU HAITAO (Chine) a affirmé que la mise en œuvre du Plan d’action était un processus de longue haleine et invité les parties à poursuivre leurs efforts.  Il est crucial de consolider la volonté politique nécessaire à la pleine mise en œuvre de ce Plan d’action, a-t-il poursuivi, en appelant ses participants à agir de concert. 

Le délégué de la Chine a ensuite jugé important que le rapport du Secrétaire général reflète tous les efforts des parties dans l’application de la résolution 2231 (2015).  Il a rappelé que son pays avait toujours été attaché au règlement diplomatique du dossier du programme nucléaire iranien.  La Chine est prête à coopérer avec toutes les parties pour trouver une solution à long terme, a-t-il conclu. 

M. FODÉ SECK (Sénégal) s’est félicité de la portée du Plan d’action global commun adopté le 14 juillet 2015 qui « consacre l’aboutissement de 12 années d’efforts diplomatiques déployés par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité aux côtés de l’Allemagne et de l’Union européenne pour parvenir à cet accord historique ». 

Il a salué le travail remarquable réalisé par l’Ambassadeur Román Oyarzun Marchesien sa qualité de Facilitateur de la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité et qui, avec l’aide du Secrétariat, a permis de rendre plus intelligible le contenu de la résolution 2231 (2015) et par là le suivi de son application par les parties et la communauté internationale.

Il s’est félicité de l’interface réalisée entre les membres du Conseil de sécurité et ceux de la Commission conjointe en permettant ainsi une bonne ouverture.  Il a salué les progrès réalisés dans les domaines du canal d’approvisionnement et de confidentialité sans oublier les questions de transparence et de vulgarisation. 

Il a déclaré que les mécanismes mis en place ont permis un bon suivi des allégations sur les activités non conformes à la résolution 2231 (2015).  Le représentant du Sénégal a jugé que le bilan d’étape pour les six premiers mois était globalement positif. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a dit que ce Plan d’action était une étape vers l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a exhorté l’Iran à poursuivre ses efforts dans l’application de ce Plan d’action.  Le Conseil a discuté des tirs de missiles balistiques et s’est vu confirmer la saisie de cargaisons d’armes, a-t-il dit, ajoutant que les États Membres avaient intérêt à disposer de ces informations. 

Il a salué la volonté du Secrétaire général d’arriver à un rapport équilibré et souhaité que le prochain rapport contienne des recommandations s’agissant des tirs de missiles balistiques.  Il a indiqué que les divergences sur l’application de la résolution ne devaient pas entraver le travail du Conseil.  Sans doute, les tirs de missiles sont en contradiction avec la résolution et contribuent à l’escalade dans la région, a-t-il affirmé.  Le Conseil a l’obligation d’envoyer un signal clair à l’Iran, a-t-il poursuivi. 

En conclusion, le délégué de l’Égypte a invité les membres du Conseil à éviter « de sombrer dans des discussions techniques » et à œuvrer à l’instauration de la confiance dans la région.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a salué la qualité du rapport du Secrétaire général qu’il a qualifié d’équilibré.  « Une des conclusions clés du rapport du Secrétaire général est l’Iran honore ses engagements nucléaires dans le cadre du plan d’action global commun », a insisté le représentant néo-zélandais.  Il a ajouté que lorsque l’accord avait été entériné par la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité présidé par son pays, la Nouvelle-Zélande, il a été souligné la nécessité pour l’Iran de prendre toute la mesure de sa responsabilité.  Dans ce contexte, il a regretté que le transport d’armes classiques par l’Iran en direction du Yémen ait sapé la stabilité du Yémen et de la région.

Il a dénoncé aussi les tirs de missiles balistiques effectués par l’Iran au mois de mars qu’il a qualifiés de provocation de nature à attiser les tensions dans la région.  Il a jugé important que le Gouvernement iranien assure que « les actions ridicules de la garde révolutionnaire »  ne relèvent pas de sa responsabilité. 

Néanmoins, il a indiqué que des visites réciproques menées entre la Nouvelle-Zélande et l’Iran avaient permis de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays.  Au regard de l’assouplissement des mesures de sanctions, il a appelé à s’assurer que le secteur privé coopère à nouveau avec l’Iran.  Malgré les progrès dans certains domaines, il a dit la nécessité pour la communauté internationale de demeurer vigilante pour continuer suivre la mise en œuvre de cet accord. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a rappelé que la journée d’hier marquait le deuxième anniversaire du crash de l’avion de la Malaysia Airlines MH-17 dans la région de Donetsk.  Il a rappelé la demande du Conseil visant à ce que les responsables de cet incident rendent compte de leurs actions.  « Jusqu’à présent, nous avons constaté des développements positifs dans l’application du Plan d’action », a-t-il déclaré.  

Il s’est ensuite dit préoccupé par les tirs de missiles balistiques capables de transporter une tête nucléaire mentionnés dans le rapport et par les saisies d’armes acheminées probablement vers des zones de conflit, sans autorisation préalable du Conseil.  Ces éléments sont contraires à la résolution 2231 (2015), a-t-il affirmé.  

En conclusion, le représentant de l’Ukraine a appelé toutes les parties à faire en sorte que les préoccupations exprimées par le Secrétaire général dans son rapport n’ouvrent pas la voie à des différends ultérieurs et soient réglées par le biais de négociations.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a estimé que les efforts concertés actuellement déployés par l’Iran et la communauté internationale permettaient d’espérer l’adoption d’une résolution sur la fin de la mise en œuvre du Plan d’action global commun.  « Nous pourrions alors confirmer que toutes les activités nucléaires de l’Iran sont menées à titre pacifiques », a-t-il ajouté.  Il a estimé que le Plan d’action global commun, fondé sur le respect mutuel et la coopération, avait changé la donne depuis la signature du Traité par l’Égypte, la Jordanie et Israël.  Il a salué les mesures de transparence, de sensibilisation et directives élaborées par le facilitateur pour améliorer la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité. 

Le représentant de l’Angola a appelé à préserver un dialogue permanent entre les parties dans un esprit de bonne volonté afin de résoudre les questions en suspens découlant de la mise en œuvre du Plan d’action global commun.

Dans ce contexte, il a appelé les signataires à mettre tout en œuvre pour trouver des solutions appropriées aux conflits au Moyen-Orient, en Syrie et au Yémen en rappelant que l’Iran était un partenaire important pour trouver des solutions aux conflits de cette région.  Il a exhorté l’Iran à poursuivre la mise en œuvre du Plan avec rigueur et de bonne foi dans un souci de développement économique et social du pays. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a dit que son pays était très attaché au renforcement du régime de non-prolifération et a salué le rapport du Secrétaire général.  Le Plan d’action est un accord historique, a-t-il dit.

Il a noté les divergences de vues de quelques participants sur certains éléments de ce Plan et invité ces derniers à intensifier leurs consultations pour les régler, afin de ne pas compromettre l’application dudit Plan.  « Nous devons préserver l’élan né de la signature de ce Plan d’action », a conclu le représentant de l’Uruguay.

« Nous avons parcouru un chemin extraordinaire pour assurer la paix et la sécurité internationales », a dit M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela), en estimant que la mise en œuvre du Plan d’action global commun démontrait que nous pouvons régler des différends lorsque les parties sont déterminées à donner la priorité au dialogue et à la paix.  Il a insisté sur le fait que le succès du Plan d’action global commun devrait aboutir à la mise en œuvre du droit souverain de l’Iran de recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. 

Il a considéré que le rapport du Secrétaire général devait être régi par des principes d’impartialité et éviter d’intégrer des éléments politiques contreproductifs.  « Il faut éviter que les futurs rapports de suivi de la mise en œuvre ressemblent aux rapports des comités des sanctions », a-t-il demandé avant de s’inquiéter que des exigences de précisions ne ternissent le climat de confiance. 

Notant le pas important que constitue la coopération de l’Iran avec d’autres États Membres pour essayer de régler des conflits dans la région, le représentant de Venezuela a appelé à s’abstenir de toute action unilatérale de nature à mettre en péril les progrès réalisés par l’Iran. 

Il a souhaité que les efforts diplomatiques ayant permis l’aboutissement de cet accord pourront se répéter pour régler d’autres problèmes régionaux et internationaux, comme par exemple les conflits israélo-palestinien, au Yémen et en Syrie ou encore la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Il a notamment espéré que la communauté internationale fasse preuve de la même volonté pour parvenir à zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. RAMLAN IBRAHIM (Malaisie) a souligné la nature historique du Plan d’action et appelé à la poursuite de sa pleine mise en œuvre.  Il a estimé que les préoccupations découlant des progrès de l’Iran dans l’application de la résolution 2231 (2015) devaient être réglées grâce à un engagement actif avec ce pays.  Il a appelé toutes les parties à travailler de concert, dans un esprit constructif, afin d’aboutir à des progrès significatifs dans la mise en œuvre de cette résolution. 

Il a pris note des efforts consentis jusqu’à présent, en particulier l’offre par les États-Unis d’une présentation technique des tirs de missiles balistiques de l’Iran et l’initiative de la Fédération de Russie d’une proposition d’approvisionnement en articles militaires dans le cadre du registre des armes classiques des Nations Unies. 

Dans un souci de promotion de la transparence, il a appuyé la recommandation du Secrétaire général pour une clarification du paragraphe 6 (b) sur le transfert d’armes, suite à la participation d’entités iraniennes au cinquième salon iraquien de la défense. 

En conclusion, M. Ibrahim a plaidé pour un engagement équilibré, prudent et collectif du Conseil s’agissant de la facilitation de la mise en œuvre de la résolution précitée et souligné la nécessité de préserver l’unité de son action.

M. KORO BESSHO (Japon) s’est félicité du rôle joué par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour vérifier que l’énergie nucléaire soit utilisée à des fins pacifiques en Iran.  Il a estimé que « l’autre conséquence » de la mise en œuvre de l’accord historique que constitue le Plan d’action global commun était la « réintégration de l’Iran au sein de la communauté internationale ». 

Il a aussi estimé que la mise en œuvre pleine et entière de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité par l’Iran et les autres parties était de nature à stimuler la résolution d’autres dossiers comme le conflit au Yémen.  Néanmoins, il a regretté les essais iraniens de tirs balistiques en mars, en estimant qu’ils n’étaient pas de nature à contribuer à la stabilité de la région. 

Rappelant que la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité devait être mise en œuvre jusqu’en octobre 2025, il a tenu à préciser que nous ne sommes qu’aux premières étapes d’un processus de longue haleine. 

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a salué les progrès considérables réalisés par le bais de la mise en œuvre du Plan d’action global commun, comme en atteste l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Le représentant de l’Allemagne a mis l’accent sur trois éléments.  Il s’est d’abord félicité de l’étroite coopération qui s’est installée entre l’Iran et l’AIEA, en jugeant que le suivi et la vérification étaient cruciaux pour la bonne mise en œuvre de l’accord. 

Pour ce qui est du travail du Conseil de sécurité, il s’est félicité de liens opérationnels mis en place entre le Conseil de sécurité et le groupe de travail sur l’approvisionnement de la Commission conjointe.  Tout en demandant à l’Iran de s’abstenir d’initiatives contreproductives comme les tirs de missiles balistiques réalisés en mars 2016, le représentant de l’Allemagne a dit la détermination de son pays de développer ses relations avec l’Iran. 

À cet égard, il a notamment souligné le rôle des banques allemandes et européennes avant d’inviter l’Iran à faire des efforts pour améliorer sa politique budgétaire et économique et mettre en place une gouvernance plus propice aux opportunités de commerce.  Il a estimé que l’accord de Vienne et la résolution 2231 (2015) constituaient une victoire de la diplomatie. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum de haut niveau: « chiens de garde » ou prestataires de services, les acteurs du Programme 2030 doivent « incarner le changement qu’ils veulent voir »

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
9e & 10e séances – matin & après-midi               
ECOSOC/6784

Forum de haut niveau: « chiens de garde » ou prestataires de services, les acteurs du Programme 2030 doivent « incarner le changement qu’ils veulent voir »

« Vous devez incarner le changement que vous voulez voir dans ce monde »: c’est en citant Gandhi que le représentant spécial pour le Programme 2030 du Ministère norvégien des affaires étrangères a invité aujourd’hui l’ensemble des parties prenantes à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à participer à sa réalisation.

Une partie des tables rondes de cette cinquième journée du Forum politique de haut niveau sur le développement durable a été consacrée à la contribution de ces différents acteurs aux politiques nationales, que ce soit pour la mise en œuvre du Programme 2030 lui-même, pour son suivi et pour son évaluation.  Un autre débat a porté sur les « expériences régionales » avant que le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Oh Joon, ne présente le bilan de cette semaine de travail.

Plusieurs des orateurs l’ont rappelé: les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) fixés en 2000 pour l’horizon 2015, qui concernaient essentiellement les pays et les populations les plus pauvres, étaient avant tout le fait des gouvernements.  Les objectifs de développement durable (ODD) concernent tout le monde et instaurent des relations de partenariat plutôt que des interactions entre donateurs et récipiendaires.  Si c’est aux gouvernements qu’incombe en premier lieu la mise en œuvre du Programme 2030, il est clair que ce denier et ses 17 objectifs et 169 cibles ambitieux ne pourront être réalisés sans la participation active de tous les peuples et de tous les segments de la société, dont les grands groupes.

Au nombre de neuf, ces derniers ont été identifiés dans « Action 21 », le Programme d’action du Sommet de la Terre, organisé à Rio en 1992.  Il s’agit du monde du commerce et de l’industrie, des syndicats, de la communauté scientifique, des agriculteurs, des collectivités locales, des populations autochtones, des ONG, des femmes et des jeunes.

Ce matin, ces différents acteurs ont eu l’occasion de présenter leur contribution et leurs revendications qu’il s’agisse de l’expérience acquise au cours de cette première année de mise en œuvre du Programme 2030 ou des modes de collaboration adoptés au plan national.

La plupart des grands groupes et autres groupes, dont les personnes âgées et les personnes handicapées, ont demandé à être associés dès les premiers stades de la mise en œuvre et de l’évaluation des ODD aux plans national et régional.  Ainsi, les femmes ont regretté de n’avoir pas eu accès, à une exception près, à l’intégralité des premiers rapports nationaux de mise en œuvre qui seront présentés la semaine prochaine.  La participation de tous les segments de la société doit être « réelle et non symbolique », a estimé leur représentante.  Les personnes âgées ont rappelé que « les droits de l’homme ne changent pas avec l’âge » alors que les personnes handicapées demandaient à ne pas être seulement considérées comme des consommateurs d’aide mais aussi comme partenaires.  Le grand groupe des peuples autochtones a plaidé pour la reconnaissance des droits de ces peuples, dont le droit aux ressources, et pour l’abrogation de toutes les lois et politiques discriminatoires.  

Celui du monde du commerce et de l’industrie a souligné qu’il a des ressources et du savoir-faire qui doivent être utilisés au bon endroit et au bon moment.  Le grand groupe des collectivités locales a mis l’accent sur son « rôle stratégique » de lien entre les gouvernements et les citoyens.  Si celui des jeunes a demandé la mise en place de cadres juridiques nationaux pour leur participation, le grand groupe de la communauté scientifique s’est flatté d’apporter « responsabilité et humilité » à la mise en œuvre du Programme 2030.  Quant à celui des syndicats, il a mis l’accent sur la bonne pratique qu’est la négociation collective.

Les représentants de plusieurs pays considérés comme exemplaires –Finlande, Norvège, Allemagne– ont expliqué comment ces différents acteurs ont été associés à la prise des décisions et à leur évaluation.  Un membre de la société civile et de la délégation de la Finlande au Forum a ainsi confirmé ce double rôle de « chien de garde » et de « partenaire-prestataire de services ».  

Le représentant des Fidji, M. Peter Thomson, qui présidera la prochaine session de l’Assemblée générale à partir du 13 septembre, a annoncé la mise en place d’une équipe de huit experts chargée de travailler exclusivement et quotidiennement sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Avant cela, le représentant du Kenya avait rappelé la tenue cet automne à Nairobi de la deuxième Réunion de haut niveau du Partenariat mondial pour une coopération internationale efficace, qui devra trouver un accord sur des approches novatrices, dans la droite ligne du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.

Après avoir écouté les structures régionales qui ont toutes dit espérer un appui cohérent du système des Nations Unies, le Président de l’ECOSOC a conclu que les Forums régionaux sur le développement durable, constitués au sein des cinq commissions régionales des Nations Unies, seront la clef du suivi et de l’application du Programme 2030.  Il a dit avoir retenu des tables rondes que le Forum tient depuis lundi dernier, que l’intégration sociale, base du développement durable, reste un défi pour les pays développés comme les pays en développement.  Les groupes vulnérables ou marginalisés ne sont pas encore les partenaires, les détenteurs de droits et les sources de connaissances qu’ils devraient être.

Le Forum poursuivra ses travaux lundi 18 juillet à partir de 9 heures avec un segment ministériel.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: « De l’inspiration à l’action: L’implication des parties prenantes dans la mise en œuvre »

Président de la table ronde, M. JÜRG LAUBER (Suisse), Vice-Président de l’ECOSOC, a dit que l’un des principes fondamentaux du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est que sa mise en œuvre doit être ouverte, non sélective, participative et transparente et faciliter le partage des informations entre toutes les parties concernées.   Les gouvernements décident de la mise en œuvre, mais il est clair que le Programme et ses objectifs ambitieux ne peuvent être réalisés sans la participation active et la contribution de tous les peuples et de tous les segments de la société, dont les grands groupes.  Au nombre de neuf, ces grands groupes ont été identifiés dans « Action 21 », le Programme d’action du Sommet de la Terre, organisé à Rio en 1992.  Il s’agit du monde du commerce et de l'industrie, des syndicats, de la communauté scientifique, des agriculteurs, des collectivités locales, des populations autochtones, des ONG, des femmes et des jeunes.

Le Programme 2030 a changé la donne, a estimé la modératrice, Mme BARBARA ADAMS, Conseillère principale pour les politiques au Global Policy Forum.  Il faut réfléchir dès lors aux moyens de maintenir l’élan, dans un contexte financier difficile.  Nous avons déjà un large éventail de mécanismes de financement pour mettre en œuvre le Programme 2030, a affirmé M. MACHARIA KAMAU (Kenya).  Ce qu’il faut, c’est un changement de mentalité.  La question est: quelle démarche suivre pour nouer des partenariats en faveur du financement du Programme 2030?  Les ressources financières, techniques, humaines et autres sont là.  Ce qui manque c’est la capacité de coordination, a poursuivi le représentant, avant d’annoncer, du 30 novembre au 2 décembre 2016, à Nairobi, au Kenya, la deuxième Réunion de haut niveau du Partenariat mondial pour une coopération internationale efficace.  Ce sera un évènement très important car à la fin, on devrait avoir un résultat négocié sur les questions de mise en œuvre et de financement. 

Nous voulons, a-t-il insisté, que tout le monde y participe pour pouvoir faire l’inventaire des principes et des engagements agréés.  Il s’agira de trouver des approches novatrices dans la droite ligne du Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Quelque 80 pays ont déjà annoncé leur présence à cette Réunion qui permettra aussi de voir sur quels critères les donateurs débloquent leur argent, comment canaliser l’aide au développement et comment savoir si cette aide contribue effectivement au développement.  Sur les 260 milliards de dollars d’aide publique au développement (APD), est-ce qu’on a obtenu les résultats attendus?  La Réunion dira si l’APD et les investissements étrangers directs (IED) influent sur le développement des pays récipiendaires.  Tel est le nouvel engagement, a conclu le représentant: obtenir des donateurs qu’ils veillent à ce que leurs fonds produisent les résultats escomptés.  Le tout est d’apprendre à aller directement au but.  En effet, car selon le représentant du Bénin, seuls 50% de l’aide internationale promise à l’Afrique est effectivement débloquée et la moitié de ces 50% est « empochée » par les donateurs eux-mêmes.  Il y a « une mafia » à laquelle il faut s’attaquer et elle demande en effet un changement de mentalité.

Changer les mentalités, c’est aussi difficile, a ironisé Mme FRANCES ZAINOEDDIN, « Panthères Grises », que de dégager un consensus aux Nations Unies.  Elle en a profité pour prévenir que la « bulle juvénile » est en train très rapidement de céder la place à la « bulle du troisième âge ».  La vie ne s’arrête plus à 60 ans et « les droits des gens ne changent pas avec leur âge ».  Dans le monde d’aujourd’hui, deux personnes fêtent toutes les deux secondes leur soixantième anniversaire, a rappelé l’oratrice en plaidant pour l’accès à la santé et la dignité de ce segment de la population. 

Pour changer les mentalités, le secteur privé est un bon vecteur, a estimé Mme SARAH MENDELSON (États-Unis).  Prônant aussi des partenariats avec le monde académique et les associations, la représentante a ajouté que dans son pays, il s’agit de former la nouvelle génération pour faire en sorte que le Programme 2030 devienne l’« ADN » de la société.  La première réunion des entreprises sur les objectifs de développement durable a été annoncée pour la semaine prochaine par Mme YVONNE HARTZ-PITRE, grand groupe du monde du commerce et de l’industrie.  Le succès, a-t-elle prévenu, à son tour, dépend des partenariats avec toutes les autres parties prenantes.  Les entreprises ont des ressources et du savoir-faire qui doivent être utilisés au bon moment et au bon endroit.  Dans la mise en œuvre du Programme 2030, il ne faut pas oublier les réalités nationales et internationales du secteur privé, a dit Mme Hartz-Pitre en proposant la convocation d’un forum international sur les meilleures pratiques. 

Au titre de ces meilleures pratiques, M. MARCO MARZANO DE MARINIS, Secrétaire général de l’Organisation mondiale des agriculteurs et représentant du grand groupe des agriculteurs, a appelé la communauté internationale « à sortir des murs de l’ONU » et à contribuer »à « démystifier » les objectifs de développement durable auprès des gens.  Il a rappelé que pas moins de six objectifs concernent son grand groupe: ceux liés à la faim, à l’eau, à l’énergie propre, aux modes de consommation et de production durables, à la préservation des écosystèmes et aux partenariats.  Les partenariats entre le secteur privé, les gouvernements et la société civile sont de la plus grande importance, a insisté M. ALOK RATH, Directeur pour l’Ouganda et l’Éthiopie de Voluntary Service Overseas, en attirant l’attention sur la contribution des millions de volontaires  dans le monde. 

La capacité de créer des partenariats inclusifs entre les niveaux local et sous-national sera en effet « critique » pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a insisté, à son tour, M. BERRY VBRANOVICH, maire de Kichena (Canada), au nom du grand groupe des collectivités locales.  Il a souligné que ces collectivités occupent une place stratégique en tant qu’intermédiaire entre les gouvernements et leurs citoyens, mettant l’accent sur la nécessité de « localiser » les objectifs de développement durable et de promouvoir « l’appropriation locale ».  Au Mexique, un dialogue a été instauré avec la société civile dont la participation est considérée comme le point de départ de la mise en œuvre nationale du Programme 2030, a affirmé une Directrice générale au Ministère mexicain des affaires étrangères, Mme NORMA MUNGUIA ALDARACA.  C’est la Présidence qui assure d’ailleurs le leadership de cette initiative visant à forger une « Alliance pour la durabilité ».

À ce propos, Mme JOAN CARLING, grand groupe des peuples autochtones, a proposé quelques mesures: la reconnaissance « juridique » des peuples autochtones, de leurs droits, en particulier le droit sur leurs ressources; l’abrogation de toutes les lois et politiques discriminatoires à l’égard de ces peuples; la création d’un mécanisme inclusif et transparent pour garantir leur participation aux processus décisionnels locaux et nationaux; la collecte de données ventilées; l’établissement de partenariats basés sur le développement autonome; et le renforcement des capacités dans la concrétisation du lien entre les droits de l’homme et le Programme 2030.  La sensibilisation des gens à ce Programme sera essentielle, a prévenu M. PETER THOMSON des Fidji, alors que « peu de gens ont entendu parler des objectifs de développement durable ».  Cela est préoccupant car que se passerait-il si le Programme échouait?  Si l’objectif 13 sur les changements climatiques échouait, les sociétés d’assurances tomberaient en faillite et si l’objectif 14 sur l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines échouait, les océans deviendraient des déserts.  Le Programme 2030 doit être dans toutes les bouches, a insisté le représentant. 

En tant que Président de la prochaine session de l’Assemblée générale, il a annoncé la création d’une équipe de huit experts qui travaillera exclusivement et quotidiennement sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  « J’espère qu’au terme de la soixante-onzième session, je pourrais montrer que d’importants progrès ont été accomplis et je compte pour cela sur la société civile. »  La participation des parties prenantes ne doit pas se limiter à des consultations.  Elles doivent pouvoir s’approprier le processus, a estimé le représentant de Sri Lanka.  Celui du grand groupe des jeunes a indiqué que dans son pays, les Pays-Bas, plus de 800 jeunes ont commencé des initiatives en faveur des objectifs de développement durable et d’autres initiatives avec des congénères d’autres pays sont en train d’être lancées.  

Table ronde 2: « Ne pas faire de laissés-pour-compte: La mise en œuvre du Programme 2030 par les grands groupes et autres parties prenantes »

Lors de cette partie du débat consacré à l’implication des parties prenantes dans la mise en œuvre du Programme 2030 , les « grands groupes » et autres acteurs ont eu l’occasion de présenter les modes de collaboration adoptés au plan national pour contribuer à la mise en œuvre du Programme 2030, y compris dans le cadre des processus d’examen national.

Tout en faisant observer que le grand groupe des femmes aura l’occasion de participer à la discussion sur les programmes nationaux présentés la semaine prochaine par 22 États, Mme MABEL BIANCO, Présidente de la « Fundacion para Estudio e Investigación de la Mujer », a précisé que son grand groupe a effectué un sondage en demandant aux associations nationales de femmes d’expliquer si et comment elles ont été consultées lors de l’élaboration des rapports nationaux de mise en œuvre.  Certaines associations n’ont eu accès qu’au rapport finalisé et d’autres, à de simples résumés, un des 22 États n’ayant même pas donné accès au rapport. 

La participation des grands groupes doit être réelle et non symbolique.  L’étude montre que moins de 10% des pays incluent la société civile et notamment les femmes dès le début du processus d’élaboration des décisions.  D’autres invitent des représentants de la société civile et surtout les grandes organisations dont les femmes sont plutôt exclues.  D’autres États enfin n’invitent les membres de la société civile qu’à la fin de la rédaction de leur rapport, ne leur laissant que très peu de temps pour faire faire valoir leur opinion.  Très peu de pays ont incorporé la problématique de l’égalité des sexes dans leur rapport, a encore déploré Mme Bianco, qui a suggéré que les groupes de femmes présentent des rapports alternatifs. 

Contrairement à ce qui s’est passé avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les objectifs de développement durable sont pour nous une occasion d’être entendus et de participer, a déclaré Mme YETNEBERSH NIGUSSIE, avocate principale à « Light for the World », au nom du milliard de personnes handicapées dans le monde.  La participation de ces personnes à l’élaboration des rapports nationaux n’est pas mauvaise partout.  Mme Nigussie a cité des exemples d’inclusion, comme en Allemagne ou au Togo.  Mais, a-t-elle prévenu, le groupe des personnes handicapées n’est pas homogène: on y compte des femmes, des autochtones, des personnes à handicap mental ou physique.  Il est temps de considérer les handicapés non plus seulement comme des bénéficiaires ou des consommateurs d’aide mais aussi comme des partenaires permettant d’améliorer les dividendes de l’aide au développement.

L’Allemagne a en effet organisé un processus particulièrement actif pour la préparation de son rapport national, a reconnu Mme BARBARA ADAM, de Global Policy Forum et modératrice du débat.  Mme HARRIET LUDWIG, Chef de division adjointe au Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement, a souligné que le Programme 2030 nécessite effectivement une nouvelle démarche de partenariat actif.  C’est là une différence avec les OMD, dont la mise en œuvre était avant tout le fait des gouvernements.  L’Allemagne a ainsi prévu une participation générale de toutes les parties prenantes.  C’est d’ailleurs, a fait observer Mme Ludwig, une tradition ancienne d’inclure les organisations de la société civile dès le début de l’élaboration des rapports, ce qui renforce la crédibilité de l’action gouvernementale et permet une meilleure acceptation des décisions par le public.  Estimant que les bons exemples sont nombreux mais qu’il y a aussi des éléments à améliorer, elle a expliqué qu’il faudrait élargir encore la participation citoyenne dans le cadre des objectifs de développement durable.  

Le Gouvernement, a-t-elle expliqué, organise plusieurs fois par an des forums et autres rencontres entre ses représentants, les donateurs, le secteur privé, la société civile, les organisations religieuses, etc.  Les échanges critiques, pas toujours faciles, permettent néanmoins de faire ressortir de très nombreuses propositions constructives.  En outre comme les représentants de la société civile ne sont pas tous pleinement satisfaits, la tradition est d’avoir un membre de la société civile présent à la présentation du rapport, lequel peut prendre la parole. 

Le Plan d’action de Johannesburg sur le développement durable prévoit d’ailleurs la formation de conseils de jeunes et d’enfants, a rappelé Mme ANNISA TRYANTI, Point focal pour la réduction des risques de catastrophe du grand groupe des jeunes.  Mais il faut encore que les jeunes reçoivent les ressources nécessaires pour faire leur travail.  Comme pour les autres grands groupes, rien ne devrait se faire sans l’avis des jeunes.  Or, dans certains pays, on leur refuse la parole.  Les jeunes doivent avoir des espaces d’expression et un cadre juridique qui permette leur engagement au niveau national.

Un autre problème a été soulevé par Mme ANTONIA WULFF, Coordonnatrice à « Education international ».  Au nom du grand groupe des syndicats, elle a dénoncé les attaques contre la liberté d’association et la négociation collective dans le monde.  C’est une question de droits de l’homme mais aussi de ressources.  Or, on constate qu’en 2016, première année de mise en œuvre des objectifs de développement durable, la majorité des États souhaitent réduire leurs dépenses publiques.  Mme Wulff a décrit le dialogue social comme une « bonne pratique », même si elle ne peut résoudre toutes les questions liées aux objectifs de développement durable.  Les syndicats ne devraient pas être invités à la table seulement pour évaluer les plans nationaux mais aussi pour les élaborer.  Sommes-nous en train de renoncer à l’objectif 10 sur la réduction des inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre, alors qu’il est essentiel? s’est-elle inquiétée, d’autant plus, a-t-elle estimé, qu’aucun des indicateurs pertinents de la Commission de statistique de l’ONU ne permet d’évaluer l’efficacité des mesures contre les inégalités entre pays.

La réduction des inégalités est au cœur même des objectifs de développement, a rassuré M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil), qui a rappelé que cela concernait la réduction des inégalités de revenus, mais aussi celles qui existent dans l’exercice des droits de l’homme.  Après avoir rappelé que c’est au Sommet de Rio en 1992 que la participation de la société civile a été pour la première fois acceptée, comme en ont témoigné les 17 000 représentants d’ONG au « Forum alternatif », il a ajouté que le Brésil pratique depuis longtemps la concertation avec la société civile et compte le faire de nouveau pour assurer la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Pour le grand groupe de la communauté scientifique et technologique, a dit M. GUÉLADIO CISSÉ, membre du Comité de la liberté et la responsabilité dans la conduite des sciences du Conseil international pour la science, il s’agit d’apporter « responsabilité et humilité » dans la mise en œuvre du Programme 2030 pour autant qu’il y ait les ressources financières suffisantes.  Pour la Norvège, ce Programme est une nouvelle occasion de susciter une profonde transformation socioéconomique, a déclaré M. INGE HERMAN RYDLAND, Représentant spécial pour le Programme 2030 au Ministère norvégien des affaires étrangères.  Alors que les OMD visaient essentiellement les plus pauvres, les ODD concernent tout le monde, placent chacun au même niveau, et instaurent des relations de partenariat plutôt que des interactions entre donateurs et récipiendaires, a-t-il fait observer.  Il a ensuite expliqué que 25% du budget de l’aide de la Norvège est alloué à la société civile, que ce soit dans le pays ou à l’extérieur.  Il ne s’agit pas seulement d’une question d’altruisme, mais aussi de droits, a-t-il ajouté: la réussite de la mise en œuvre nationale et internationale du Programme 2030 dépend de la coopération de chacun. 

Ce processus de coopération et d’appropriation est déjà en cours en Norvège, au sein de la société civile comme du secteur privé.  Certes, les grands groupes jouent encore principalement un rôle de « chien de garde » mais ils doivent aussi être considérés comme des partenaires.  D’ailleurs, des représentants des grands groupes font partie de la délégation officielle de la Norvège au Forum et ils pourront prendre la parole à la présentation du rapport national de mise en œuvre, mardi prochain.  Rappelant l’objectif 16 sur la promotion de sociétés pacifiques et ouvertes à tous, M. Rydkland a conclu son intervention en citant Gandhi: « Vous devez incarner le changement que vous voulez voir dans ce monde ».

Dans la même ligne, la représentante de la Finlande a expliqué que l’approche multipartite est celle de son pays depuis 20 ans, ajoutant qu’en matière d’objectifs de développement durable, le Gouvernement bénéficie de la participation active de deux grands organismes, dont la Commission nationale du développement durable, qui comptent chacun 60 groupes de parties prenantes.  Un membre de la société civile participant à la délégation officielle finlandaise a confirmé que la société civile cherche à dialoguer avec le Gouvernement, étant à la fois prestataire de services et « chien de garde ».

Table ronde 3: « Expériences régionales »

Conduite par M. OH JOON (République de Corée) en sa qualité de Président de l’ECOSOC, cette dernière table a été l’occasion de tirer quelques leçons de la mise en œuvre du Programme de développement 2030, au niveau régional.

M. CHRISTIAN FRIIS-BACH, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE) et Coordonnateur des cinq commissions régionales de l’ONU, a insisté sur l’appui de sa Commission à la compilation et à l’analyse des statistiques.  Le régionalisme, a-t-il dit, se renforce, lequel régionalisme exige que la communauté internationale et les organisations régionales intensifient leur travail pour appuyer la mise en œuvre du Programme 2030.  Son homologue de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), Mme GIOVANIE BIHA, a dit s’être rendue dans 23 pays africains pour appuyer l’intégration des objectifs de développement durable dans les stratégies nationales de développement, s’agissant en particulier de la collecte de statistiques et de l’industrialisation.    

Après que le Ministre du développement durable et de la nature du Sri Lanka, M. GAMINI JAYAWICKRAMA PERERA, a présenté le Forum régional d’Asie-Pacifique sur le développement durable qui s’est entendu sur les principes d’une feuille de route, la Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte a parlé des leçons tirées par le Forum régional africain sur le développement durable.  Mme GHADA WALY dont le message clef est la transition harmonieuse entre les OMD et les ODD et la coordination entre le Programme 2030 et la « Vision 2063 » de l’Union africaine.  La Secrétaire exécutive de la CEA a fait remarquer que 36 des 174 cibles de la Vision ne figurent pas dans les cibles du Programme 2030.  En Afrique, les progrès dépendront de la disponibilité des ressources mais aussi de la bonne gouvernance, de la transparence et de la redevabilité.  

Le Forum régional de l’Europe a, selon M. JANIS KARKLINS (Lettonie), Président du Forum, insisté sur l’importance des données et le renforcement des capacités des instituts de statistiques.  M. JUAN JOSÉ GÓMEZ CAMACHO (Mexique), Président du Forum régional de l’Amérique latine et des Caraïbes, a indiqué que pour les 33 pays de la région, la lutte contre les inégalités est la priorité des priorités, laquelle exige une approche multidimensionnelle.  Quant au Forum arabe, M. AMJAD MOHAMMAD SALEH AL-MOUMANI (Jordanie) a expliqué que l’accent a été mis sur le développement social dont la création d’emplois dans une région marquée par les conflits et l’occupation.  L’importance qu’il y a à améliorer la collecte et l’analyse des données y a également été soulignée.    

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le représentant de la Thaïlande a indiqué que son Association s’attèle déjà à mettre en place des mécanismes, y compris un dialogue de haut niveau avec les Nations Unies.  Le représentant de la Ligue des États arabes a indiqué que la Ligue a organisé dès 2015 au Caire une réunion sur la mise en œuvre du Programme 2030.   

Cette mise en œuvre, a prévenu l’Observatrice permanente de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) auprès de l’ONU, sera compromise dans notre région par la dette publique « gigantesque ».  En outre la propension de s’appuyer sur la coopération internationale ne permet pas toujours aux partenariats public-privé de s’épanouir.  La CARICOM est en train de mettre en place un plan stratégique 2015-2019 fondé sur l’objectif de résilience économique.

La représentante du Comité sur la sécurité alimentaire, forte de 137 membres, a vanté les mérites de son Comité dont sa faculté à négocier des instruments politiques ciblant les plus marginalisés et les plus vulnérables.  Il faut faire preuve de souplesse pour que chaque région puisse dessiner son propre plan pour la mise en œuvre du Programme 2030, à partir de la masse critique des compétences disponibles, argué le représentant de l’Afrique du Sud.  Le poids démographique en Afrique doit être au centre des préoccupations, a-t-il encore insisté.  Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), la représentante des Maldives a rappelé que la « Voie de Samoa » demande au système de l’ONU d’améliorer sa collaboration avec ces États dans le domaine du renforcement des capacités.  La dispersion géographique de ces États nécessite des efforts particuliers en matière de coordination, a-t-elle prévenu.  Son homologue du Ghana s’est félicité de la tenue, la semaine dernière au Sénégal, d’une réunion entre l’ONU et les institutions africaines pour favoriser l’émergence d’un cadre d’intégration des différents programmes de l’ONU dans les programmes nationaux africains.  

Les Secrétaires exécutifs des Commissions économiques pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), l’Asie occidentale (CESAO) et l’Amérique latine (CEPALC) ont aussi fait des déclarations liminaires.  Celle de la CEPALC, Mme ALICIA BÁRCENA, a demandé le changement du modèle du développement compte tenu des incertitudes du monde actuel, citant les troubles du système financier international, les inégalités et les problèmes environnementaux qui exigent tous une gouvernance forte et un nouvel consensus international.

Le représentant du Bénin a insisté sur le fait que l’Afrique a des besoins et des exigences qui vont au-delà des objectifs de développement durable.  Il a donc exhorté la communauté internationale à trouver les moyens nécessaires pour faire face aux difficultés particulières de l’Afrique.  Il a espéré que la « Vision 2063 » profitera effectivement de l’élan du Programme 2030.  Son homologue du Bélarus a annoncé la tenue d’une conférence à Minsk en octobre 2016 qui devra permettre aux experts du développement de faire des propositions sur les moyens d’accélérer les processus d’intégration économique à l’Europe d’ici à 2030.  Le représentant de la France a rappelé la création en 2003 du Réseau européen de développement durable qui permet aux administrations d’échanger, au cours d’une conférence annuelle, sur la manière d’intégrer le développement durable dans les politiques publiques.

Le représentant de l’Association « Ensemble pour 2030 », qui regroupe 80 pays, a jugé incontournable une meilleure ouverture à la société civile.  Celui du grand groupe des ONG a dit l’importance de comparer les performances entre les différents pays et de vulgariser le Programme 2030 aux niveaux local et national.  Elle a aussi estimé que les mécanismes existants des droits de l'homme devaient être utilisés pour favoriser l’appropriation du Programme.  Sur le même ton, le représentant du grand groupe des jeunes a appelé à défendre la participation des jeunes à la mise en œuvre des objectifs de développement durable en jugeant insuffisants les réseaux de communication actuels.

Le représentant des personnes handicapées s’est inquiété de ce que les droits de ces personnes, reconnus au niveau international, le soient beaucoup moins aux niveaux régional ou national.  Celle du grand groupe des femmes s’est interrogée sur les procédures en place au niveau des institutions régionales africaines pour assurer la participation des femmes à toutes les activités de suivi du Programme 2030.     

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La victoire de Fallouja est une nouvelle preuve que les Iraquiens peuvent vaincre Daech, déclare le représentant spécial

  
7738e séance – matin     
CS/12447

La victoire de Fallouja est une nouvelle preuve que les Iraquiens peuvent vaincre Daech, déclare le représentant spécial

« Les récentes victoires stratégiques enregistrées contre Daech, à Fallouja et à Qayyarah, et les progrès accomplis pour isoler ses forces à Hawjia ont, une nouvelle fois, démontré que les Iraquiens étaient capables de vaincre Daech », a déclaré, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, M. Ján Kubiš, qui a appelé à un soutien international accru en faveur de ce pays, situé « à un tournant de son histoire ».

M. Kubiš, qui est également Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a néanmoins averti que Daech était toujours en mesure de conduire des attaques dévastatrices, comme celles récemment perpétrées à Bagdad.  « Heureusement, celles–ci n’ont, jusqu’à présent, pas réussi à rallumer les tensions sectaires », a-t-il dit, en appelant les responsables iraquiens à passer un compromis historique pour que « la phase post-Daech soit plus stable et prospère » que la précédente. 

Cette séance s’était ouverte par une minute de silence à la mémoire des victimes de l’attentat de Nice, en France, une « attaque terroriste barbare et lâche », comme l’a qualifiée le représentant du Japon et Président du Conseil pour le mois de juillet, ainsi qu’à celle des victimes des attentats qui ont frappé ce mois-ci le Bangladesh, l’Iraq et l’Arabie saoudite.

M. Kubiš, qui présentait deux rapports du Secrétaire général, le premier* en application de la résolution 2107 (2013), le second** en vertu de la résolution 2233 (2015), a précisé que la libération de Mossoul était désormais le prochain objectif.  Alors que les préparatifs s’accélèrent, le Premier Ministre Haider el-Abadi a donné la priorité aux opérations humanitaires appuyées par l’ONU et demandé à la communauté internationale de fournir le financement nécessaire, a-t-il affirmé.

Le Gouvernement et les acteurs locaux doivent accélérer leurs efforts pour préparer politiquement « l’après-libération », en remédiant aux questions de gouvernance, d’état de droit et d’ordre public à Mossoul, a-t-il poursuivi, en notant la coordination accrue à cet égard entre Bagdad et Erbil.  Il a précisé que l’assistance internationale devait être pleinement coordonnée avec le Gouvernement iraquien et respecter la souveraineté de l’Iraq.

Le Représentant spécial a indiqué que des manifestations antigouvernementales avaient eu lieu la semaine dernière en réponse à la détérioration de la situation sécuritaire à Bagdad suite aux attaques terroristes, notamment à Karrada le 3 juillet, qui ont fait des centaines de victimes civiles. « Les appels répétés, appuyés par de nombreux responsables politiques, d’exécuter, à titre de représailles, les auteurs de ces attaques terroristes sont une source de préoccupation », a dit M. Kubiš.

Il a souligné la nécessité pour les responsables iraquiens, en particulier le Conseil des représentants, de privilégier les efforts de réconciliation sur la base d’une vision unique et d’une approche coordonnée, afin que la phase post-Daech soit plus stable, sûre et prospère que la précédente.  « La paix durable et la sécurité ne pourront être réalisées qu’avec un compromis historique qui mettra un terme aux facteurs politiques de division que sont l’intolérance, l’inégalité et l’injustice sociale et politique. »

Revenant sur la prise de Fallouja, le Représentant spécial a indiqué que le Gouvernement iraquien avait donné, lors des opérations, une priorité sans précédent à la protection des civils.  Il a loué la décision du Premier Ministre de ralentir les opérations lors de la première semaine, permettant à 90 000 personnes de s’enfuir.

La MANUI a néanmoins reçu des informations crédibles de violations des droits de l’homme et de crimes, y compris des actes de torture et des assassinats, depuis l’opération militaire de Fallouja le 22 mai, a précisé M. Kubiš.

Il a jugé essentiel que le Comité d’investigation, mis sur pied par le Premier Ministre Abadi le 6 juin, fasse toute la lumière sur ces violations, y compris la disparition d’hommes et de garçons, dans la région de Al Sejar et à Saqlawiyah.  Les leçons de Fallouja devront être prises en compte lors des préparatifs des opérations de libération de Mossoul, a affirmé le Représentant spécial.

« La reprise de Fallouja ne doit pas laisser planer un doute sur la capacité restante de Daech à conduire des attaques dévastatrices en plusieurs points du territoire, malgré ses pertes en hommes et en territoire et une structure de commandement, un appui local et un moral amoindris », a averti le Chef de la MANUI.  Tandis que le projet de gouvernance de Daech est en train de s’effondrer, ce dernier a de plus en plus recours à des tactiques d’insurrection brutale, telles que l’usage d’attentats-suicide, a-t-il poursuivi.

M. Kubiš a identifié une nouvelle tendance à l’œuvre, consistant en un terrorisme urbain, à forte dimension sectaire, mené contre des civils et des infrastructures.  Si ces attaques n’ont pas réussi à rallumer les tensions sectaires, il a rappelé que les institutions et organes de l’État avaient la responsabilité d’assurer l’état de droit et l’ordre « pour tous les Iraquiens ». 

« Avec les progrès enregistrés dans les combats contre Daech, réformer les institutions sécuritaires iraquiennes et faire en sorte que l’État contrôle pleinement les groupes armés deviennent les priorités », a-t-il dit.

Le Représentant spécial a, en outre, souligné que la situation humanitaire s’était détériorée depuis l’opération militaire de Fallouja, précisant que plus de 10 millions d’Iraquiens avaient désormais besoin d’une assistance humanitaire, y compris les 3,4 millions d’Iraquiens déplacés par l’essor de Daech en 2014.  « Trente-huit pour cent seulement de l’appel humanitaire de 861 millions de dollars en 2016 est financé », a-t-il regretté.

Il a déclaré que la libération de Mossoul donnerait lieu à « l’opération humanitaire la plus importante et la plus sensible de 2016 ».  Chiffrant cette opération à 1 milliard de dollars, il a jugé vital que les ressources soient d’ores et déjà mobilisées pour en financer les préparatifs.  Le Représentant spécial a également chiffré à 300 millions de dollars sur les trois prochaines années la somme nécessaire pour déminer les zones nouvellement libérées.

M. Kubiš a salué la « nouvelle dynamique en cours » s’agissant du dossier du rapatriement et du retour de tous les nationaux du Koweït et d’États tiers ou de leurs dépouilles et de la restitution des biens koweïtiens. 

« Le Gouvernement iraquien doit respecter ses obligations internationales et veiller à parvenir à des résultats tangibles », a affirmé le Représentant spécial.

De son côté, le représentant de l’Iraq, M. Mohamad Ali Alhakim a également salué la reprise, par les forces iraquiennes, de la ville de Fallouja.  Il a relevé que les forces gouvernementales étaient à pied d’œuvre afin de déminer les alentours de la ville et permettre, ainsi, le retour de la population civile.  Il a cité un certain nombre de villes qui ont récemment été reprises aux mains des terroristes avec l’assistance de la coalition internationale, précisant que 60% du territoire qui était aux mains de Daech a été libéré.

Le délégué iraquien a souligné que l’objectif prochain était la libération de la ville de Mossoul.  Dans les zones libérées, le Gouvernement iraquien, avec l’aide de la coalition internationale, a établi des plans pour y rétablir la stabilité, la sécurité et fournir les services de base, afin d’y faciliter le retour des populations déplacées, a—t-il expliqué.  Il s’est félicité du fait que plus de 726 000 Iraquiens aient pu retourner dans leur domicile dans des zones libérées de l’emprise de Daech.

Il a déploré le fait que certains médias participent à la désinformation en servant la cause de Daech.  Il a en outre appelé les États à agir pour mettre fin au flux des combattants terroristes étrangers qui viennent de plus de 120 États Membres de l’ONU et à tarir les sources de financement des terroristes, notamment la contrebande des antiquités et le commerce illégal du pétrole iraquien, des activités menées à travers la frontière avec la Turquie. 

M. Alhakim a appelé les pays de la région à engager des mesures fermes à l’encontre de tous ceux qui soutiendraient financièrement les terroristes.  Il a ainsi rappelé que l’Iraq avait transmis une requête formelle auprès du Gouvernement d’Arabie saoudite afin de faire la lumière sur des activités prétendument sociales et religieuses, menées en Arabie saoudite en faveur d’enfants iraquiens, mais qui seraient en fait des moyens de financer les groupes terroristes tels que Daech.  Il a de nouveau appelé le Conseil de sécurité à inviter la Turquie à retirer ses troupes d’Iraq, celles-ci s’y trouvant sans l’accord formel des autorités iraquiennes.

Le représentant a par ailleurs indiqué que son gouvernement faisait des « efforts extraordinaires » afin de régler la question des personnes et des archives koweïtiennes disparues.  Il a affirmé que les autorités iraquiennes avaient procédé à 1 300 opérations d’excavation dans la localité d’al-Kumaisia, mais ces dernières se sont avérées infructueuses.  Il est donc important de réévaluer les paroles des témoins, a-t-il relevé, appelant de nouveaux témoins éventuels à se rapprocher des autorités iraquiennes. 

Il a aussi fait part de sa gratitude aux autorités koweitiennes qui ont prorogé la date butoir de payement de la compensation de 4,6 milliards de dollars que leur doit l’Iraq au 1er janvier 2018.

Enfin, le délégué a souhaité que le mandat de MANUI soit renouvelé pour une année de plus. 

* S/2016/590

** S/2016/592

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum politique de haut niveau: les pays vulnérables ont aussi des chances sur lesquelles s’appuyer pour réaliser le Programme 2030

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
7e & 8e séances – matin & après-midi 
ECOSOC/6783

Forum politique de haut niveau: les pays vulnérables ont aussi des chances sur lesquelles s’appuyer pour réaliser le Programme 2030

Quelles que soient les difficultés spécifiques des pays les moins avancés (PMA), des pays en développement sans littoral, des petits États insulaires en développement (PEID), des pays en conflit et postconflit, il est évident que chacun a des chances sur lesquelles on peut s’appuyer pour réaliser les objectifs de développement durable, a estimé aujourd’hui le Conseiller spécial sur le développement durable du Groupe d’experts indépendants sur les PMA (South Centre).    

Les situations particulières et les défis liés à la collecte de données nécessaires à une bonne mise en œuvre des 17 objectifs et 169 cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont été au centre des débats de ce quatrième jour du Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC).  

Les pays les moins avancés (PMA) ont exposé leurs difficultés à faire face à des défis transfrontaliers ou à parvenir aux 7% de croissance nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable.  Ils ont exhorté la communauté internationale à les aider à diversifier leurs économies et développer leurs infrastructures.  Les pays à revenu intermédiaire, dont la grande diversité a été soulignée, ont, une nouvelle fois, dénoncé le caractère « injuste » du critère PIB par habitant, qui ne tenant compte de leurs vulnérabilités, leur barre l’accès aux prêts concessionnels.

La variété de ces situations a fait dire au Directeur adjoint de l’Institut français sur la recherche pour le développement (IRD), que nous sommes tous des ressortissants de pays avec des spécificités, des fragilités et des défis particuliers.  Tout le monde a des chances à exploiter pour aller de l’avant, mais il faut mobiliser la volonté politique et « faire vite » car « les données empiriques nous enseignent que la fenêtre d’opportunité est en train de se fermer rapidement », a prévenu le Conseiller spécial sur le développement durable du Groupe d’experts indépendants sur les PMA.

C’est la situation particulière des petits États insulaires en développement (PEID) qui a été le plus longuement débattue, le lien entre les « Orientations de Samoa » et le Programme de 2030 étant présenté comme une « symbiose » par le représentant de la Jamaïque.  Du fait de leur petite taille, de leur éloignement, de leurs ressources limitées et de leur exposition et aux chocs économiques externes et aux défis environnementaux, alors même qu’ils ne sont en rien responsables des changements climatiques, ces pays sont considérés comme un cas spécial depuis le Sommet de Rio de 1992.  

Comme l’ont rappelé les Maldives, l’important est désormais de mobiliser les moyens nécessaires à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  À cet égard, les PEID ont dit attendre avec intérêt les conclusions du Corps commun d’inspection sur la manière dont le système des Nations Unies peut les assister; la Coordonnatrice exécutive de Rio+20 de la Barbade ironisant: les discussions sur la mobilisation des ressources nationales, en particulier fiscales, dans des pays qui comptent parfois moins de 100 000 habitants, est « presque académique et peu concrète ».  Quand à attirer les investisseurs privés étrangers, la Directrice exécutive du Partenariat insulaire mondial a reconnu ne pas en avoir encore trouvé les moyens. 

Les PEID ont également mis en avant leurs grandes difficultés à collecter des statistiques, à la fois du fait de systèmes nationaux très limités et de la dispersion de la population.  Or, disposer de services de statistiques capables de collecter de manière faible les données ventilées nécessaires à un bon suivi du Programme 2030 est une des cibles de l’objectif 17, consacré au « renforcement des moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement durable et le revitaliser ». 

La collecte de données est un enjeu de taille car la Commission de statistiques de l’ONU a prévu 230 indicateurs pour assurer le suivi du Programme 2030, au niveau international, ce qui représente un véritable défi pour les bureaux nationaux de statistiques puisque, dans l’idéal, leurs données devraient constituer la base de tous les indicateurs internationaux et de la coordination au niveau de l’ONU. 

Ce défi a suscité de nombreuses inquiétudes, amenant le représentant de la Malaisie à demander si les pays devaient soumettre des rapports sur chacun des 230 indicateurs.  « Non », chaque pays doit les adapter à sa propre réalité ou, comme le Monténégro, les introduire progressivement dans leur système national.  Ces indicateurs ne sont que des « références », a d’ailleurs tempéré le représentant de la Chine.  

Demain, vendredi 15 juillet à partir de 10 heures, le Forum politique de haut niveau tiendra d’autres tables rondes consacrées à la mise en œuvre du Programme 2030 au plan national et au niveau régional, avant une séance de bilan en fin de journée.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: « Mécanismes nationaux pour le suivi des progrès et les rapports sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable »

Présidée par M. JÜRG LAUBER (Suisse), cette première table ronde a examiné les voies et les approches pour un suivi systématique et efficace de la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau national, y compris les problèmes de collecte et d’exploitation des statistiques et des indicateurs, et ceux du renforcement des capacités et de la coopération.

Le modérateur, M. JOHANNES PAUL JÜTTING, Directeur du Secrétariat de Paris21 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a expliqué que Paris21 a été créé il y a 16 ans pour aider, en particulier les pays en développement, à évaluer la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et à bâtir des capacités statistiques nationales.  On a appris beaucoup, a reconnu le modérateur, et des progrès importants ont été faits dans la disponibilité des données mais aussi avec les plans nationaux pour le développement des statistiques qui sont la base de systèmes statistiques dans la plupart des pays en développement.  Mais, a-t-il avoué, des fossés subsistent en matière de données et de capacités. 

Aujourd’hui, deux tiers des naissances ne sont pas enregistrées surtout celles des filles.  Avec ses 17 objectifs, ses 169 cibles et ses 230  indicateurs, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un véritable défi pour les bureaux nationaux de statistiques.  Le problème n’est pas seulement la disponibilité des données mais aussi leur fréquence, leur granularité et leur ventilation.  Pour identifier ceux qui sont « laissés sur le côté », il faut des données plus nombreuses, de meilleure qualité et produites au niveau national pour informer les décideurs politiques.  La question est de savoir ce qu’il faut faire, sachant que l’intérêt pour les données et les mesures est énorme, ce qui n’était pas le cas pour les OMD, et que la révolution des données est bien réelle avec des innovations telles que la collecte par téléphonie mobile, imagerie par satellite ou géocodification.  Alors, quels sont les défis?  Quelles sont les pratiques exemplaires pour surmonter ces défis?  Quelles sont les mesures concrètes à prendre pour renforcer les capacités nationales?     

Dans un pays comme les Philippines, a estimé Mme LISA GRACE S. BERSALES, Chef de l’Autorité philippine des statistiques, où le système des statistiques a permis au Gouvernement de prendre des décisions éclairées, le défi est de coordonner les différents mécanismes de collecte de données et de renforcer les bureaux locaux des statistiques pour générer des indicateurs spécifiques et s’assurer que personne n’est laissé sur le côté.

En effet par leur nature même, les statistiques peuvent créer la confiance, a estimé M. PALI LEHOHLA, Statisticien en chef de l’Afrique du Sud.  Les statisticiens, qui avaient le sentiment ne pas être reconnus, sont désormais au travail et offrent des indicateurs qui naturellement doivent être affinés.   

C’est précisément « la confiance », a acquiescé M. SIMON ULRICH, Directeur général du Bureau fédéral des statistiques de la Suisse, qui doit prévaloir dans la collaboration entre le Forum politique de haut niveau sur le développement durable et la Commission de statistiques de l’ONU.  Dans la mise en œuvre du Programme 2030, la culture du dialogue, de la coopération et de la « co-construction » sera essentielle.  En toutes choses, il faut une implication claire des bureaux nationaux de statistiques, les données nationales devant être la base de tous les indicateurs internationaux et de la coordination au niveau de l’ONU.

Au Monténégro, ce sont quelque 241 indicateurs qui seront introduits dans l’évaluation de la mise en œuvre du Programme 2030, a indiqué M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ, Directeur général des affaires multilatérales du Ministère des affaires étrangères du Monténégro.  La complexité des objectifs de développement durable et le nombre des  indicateurs a conduit à une analyse globale du système national laquelle a montré que sur les 241 indicateurs, 27 sont déjà suivis et 35 le sont partiellement.  Entre 2016 et 2024, ce sont 119 des 230 indicateurs de la Commission de statistiques de l’ONU qui seront introduits dans le système national.  En outre, des indicateurs plus complexes seront également introduits pour améliorer les politiques nationales de développement durable d’ici à 2030. 

Le Directeur général a aussi mentionné que 36 autres indicateurs élaborés par des organisations internationales pertinentes seront également intégrés pour mesurer les progrès de la mise en œuvre du Plan national pour le développement des statistiques.  Il a reconnu que la création de systèmes si complexes de suivi et de présentation des informations exige le renforcement des capacités humaines pour améliorer la compilation des données et leur exploitation.  Il faudra aussi revoir la structure institutionnelle et les programmes de travail des producteurs de statistiques. 

Dans cette « centralité » des statistiques, il ne faut pas oublier, a mis en garde la Directrice générale au Ministère des affaires étrangères et du commerce de Samoa, de tenir compte de tous les facteurs, en particulier les caractéristiques des petits États insulaires en développement.  Mme PESETA NOUMEA SIMI a jugé nécessaire de « contextualiser » et de « localiser » les statistiques qui, à ce stade, ne s’avèrent pas toujours pertinents dans certains pays.  Son homologue des Îles Cook, a souligné la difficulté pour un pays comme le sien, éparpillé en plusieurs petites îles sur un vaste territoire, à collecter des données fiables et ventilées. 

Le débat qui a suivi s’est articulé autour de la question posée par le représentant de la Malaisie qui a demandé si les pays doivent soumettre des rapports sur chacun des 230 indicateurs de la Commission de statistiques de l’ONU.  Non, a répondu la Chef de l’Autorité des statistiques des Philippines.  Il faut respecter les priorités de chaque pays et, à ce propos, les 230 indicateurs ne concernent que le suivi mondial.  Les pays doivent les adapter à leur propre réalité, avec l’aide, le cas échéant, du Groupe d'experts sur les indicateurs de développement durable.  Les pays développés doivent aider les pays en développement à renforcer leurs capacités statistiques, qui ne sont que des « références », a souligné le représentant de la Chine.  

Au Viet Nam, a signalé sa représentante, sur les 230 indicateurs de la Commission de statistiques, 141 n’ont jamais donné lieu à une collecte de données et 106 souffriront de la difficulté à réunir des données fiables.  Son homologue de l’Estonie a attiré l’attention sur les technologies de l’information et des communications qui pourraient faciliter le travail.  Eurostat, a dit la représentante de l’Union européenne, jouera un rôle actif dans le suivi de la mise en œuvre du Programme 2030 dans les pays de l’Union.  

La collecte et l’exploitation de données accessibles, opportunes, fiables et désagrégées doit être au centre des agendas nationaux pour avoir des rapports de mise en œuvre conformes aux 230 indicateurs de l’ONU, a prévenu Mme CARLA MUCAVI, Directrice du Bureau newyorkais de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Il reviendra aux agences internationales de faire en sorte que les données soient comparables d’un pays à l’autre et qu’elles soient ventilées aux niveaux régional et international.  Les partenariats joueront un rôle important pour renforcer les capacités statistiques nationales, faire avancer le développement méthodologique du Cadre mondial d’indicateurs et appuyer la coordination avec les autres parties prenantes.  La FAO, a rappelé la Directrice, est chargée de compiler les données sur plus de 20 indicateurs sur 230, liés aux objectifs de développement durable 2, 5, 6, 12, 14 et 15, relatifs à la faim, à l’égalité des sexes, à l’eau et à l’assainissement, aux modes de consommation et de production, aux ressources marines et aux institutions efficaces.

Table ronde 2: « Assurer le succès du Programme 2030 pour les petits États insulaires en développement, donner suite aux modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (SAMOA) »

Sur la base des « Orientations de Samoa « adoptées lors de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), en septembre 2014, le Programme 2030 a appelé à accorder une attention particulière à ces États qui souffrent de vulnérabilités spécifiques s’agissant de leur développement durable.  Ces États sont en effet confrontés à divers défis du fait de leur petite taille, de leur éloignement, de leurs ressources limitées et de leur exposition aux défis environnementaux mondiaux et aux chocs économiques externes.  M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), qui présidait la table ronde, a voulu que les participants se concentrent sur le lien entre ces deux importants documents, en « symbiose » selon le représentant de la Jamaïque, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Quels sont les problèmes rencontrés dans leur mise en œuvre? a demandé M. Jürgenson.        

Les deux documents, a rappelé M. ANOTE TONG, ancien Président de Kiribati, se fondent sur le principe fondamental de « ne laisser personne sur le côté ».  Or, ce risque existe pour tous les petits États insulaires en développement, pour lesquels les changements climatiques représentent sans doute le défi le plus important.  Ne pas s’attaquer à ce phénomène conduira à l’échec les objectifs de développement durable, a-t-il estimé.  L’impact négatif est déjà ressenti: un seul cyclone a détruit tous les progrès réalisés par les Tuvalu.  Pour M. Tong, il faut une approche moins fragmentaire pour renforcer la résilience des PEID et s’il est exact que, sans partenariat, ces pays ne pourront concrétiser les objectifs fixés, il faut néanmoins modifier le type des partenariats, en s’écartant de l’idée que les PEID ne seraient que des pourvoyeurs de matières premières.  Leurs ressources sont limitées, notamment dans le secteur de la pêche, et ces pays ont besoin de taux de retour plus importants.

Deux articles scientifiques de l’Université d’Hawaï ont été invoqués par M. DAVID SMITH, de l’Institut pour le développement durable de l'Université des Indes occidentales.  Le premier met en évidence que le climat commencera à changer de manière significative en 2038 sous les tropiques et plutôt vers 2053 ailleurs.  Le second montre qu’une augmentation de 1,5 degré de la température mondiale –objectif réclamé par les PEID– aurait des effets qui resteraient dans la limite extrême du régime climatique actuel, alors qu’une augmentation de 2 degrés –l’objectif officiellement retenu- ferait entrer le monde dans un schéma climatique totalement inédit. 

Les objectifs de développement durable faisant écho aux « Orientations de Samoa », il est parfaitement inutile de mettre en place des mécanismes de mise en œuvre distincts, a poursuivi le professeur.  Il a suggéré de se concentrer sur la question de l’énergie durable, qui permet d’aborder divers points tels que l’efficacité énergétique, la réduction de la part de l’énergie dans l’économie ou encore celle des importations d’énergie.  Pour M. Smith, le Fonds vert pour le climat est appelé à jouer un rôle très important mais il faudra aussi accorder un rôle important à l’objectif 14 du Programme 2030 sur l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines.  Or, a-t-il ajouté, toutes les études montrent que les barrières de corail sont menacées, alors qu’elles sont essentielles au développement des petits États insulaires en développement.  Concernant le financement et en particulier l’assistance extérieure, M. Smith s’est demandé si le fait de catégoriser les pays en fonction du PIB par habitant était un bon moyen.  Utilisons plutôt comme base de calcul, l’indice de développement humain.

Les objectifs de développement durable sont l’occasion de faire mieux, a poursuivi Mme JUSTINA LANGIDRIK, Secrétaire en chef des Îles Marshall, en soulignant que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’avaient jamais vraiment été intégrés dans les plans régionaux et nationaux.  Elle a aussi relevé que les « Orientations de Samoa », négociées avant les objectifs de développement durable, ne prévoient pas d’indicateurs.  Il faut harmoniser les approches et s’assurer que les objectifs de développement durable seront bien mis en œuvre et garantiront des changements réels en faveur des plus vulnérables.  Ils doivent compléter les efforts nationaux et non être vus comme un processus parallèle descendant de l’international au national.  

Elle a en outre estimé que commencer la mise en œuvre simultanée de tous les objectifs de développement durable représenterait une « surcharge de travail insupportable » pour un État comme le sien qui compte environ 60 000 habitants répartis sur une surface comparable à celle du Mexique.  Laissons aux États le soin de soin d’adopter leur approche nationale, éventuellement séquencée, de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-elle conseillé, en plaidant pour que soient rapidement entamées des discussions avec les partenaires bilatéraux sur la manière d’intégrer les ODD dans les programmes d’assistance. 

Il faut parler de la mobilisation des ressources, a estimé Mme KATE BROWN, Directrice exécutive du Partenariat insulaire mondial.  À l’heure actuelle, il n’y a pas assez de ressources pour réaliser les objectifs de développement durable dans les petits États insulaires en développement. Le défi est de trouver les moyens de convaincre le secteur privé d’investir dans ces pays et, à ce jour, on ne les pas encore trouvés.  Il ne s’agit pas de trouver un modèle mondial applicable à tous mais un modèle spécifique pour les PEID.  Il faut réfléchir à la manière de travailler ensemble pour concrétiser certaines solutions proposées, comme les partenariats public-privé.  Il y a énormément d’idées et d’initiatives en cours mais la question est aussi de savoir comment mesurer leur efficacité, a précisé Mme Brown.

L’important est désormais de mobiliser les moyens nécessaires à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a estimé le représentant des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, en appelant à la cohérence avec l’Accord de Paris sur le climat, le Cadre d’action de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  La discussion sur la mobilisation des ressources nationales, en particulier fiscales, dans des pays qui comptent parfois moins de 100 000 habitants est « presque académique et peu concrète », s’est désolée la modératrice, Mme ELIZABETH THOMPSON, Coordonnatrice exécutive de Rio+20 et ancienne Ministre de l’énergie et de l’environnement de la Barbade.  Elle a souligné que l’assiette fiscale de ces pays est très réduite, de même que celle du secteur privé, en général limitée à quelques petites ou moyennes entreprises.  Dès lors, comment attirer les investissements nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable?

Il faut parler de l’attractivité financière des petits États insulaires, parfois considérés par les investisseurs comme « à risque » du fait de leur exposition aux aléas climatiques, a expliqué la représentante de Belize.  Elle a ajouté que ces États sont par nature très ouverts au commerce mondial et dépendent donc beaucoup de l’économie mondiale mais aussi des mesures de régulation financière prises par de grands États.  Le représentant de l’Australie a rappelé que son pays travaille avec les institutions financières internationales pour créer dans toute la région du Pacifique un climat des affaires favorable aux entreprises.  Après avoir présenté son pays comme le premier argentier des « Orientations de Samoa », le représentant de l’Italie, un pays qui n’est certes pas un petit État insulaire en développement mais qui est largement entouré d’eau et qui en dépend pour de nombreuses activités, a rappelé le partenariat avec les PEID du Pacifique depuis 2007.  L’Italie a mobilisé en tout plus de 20 millions de dollars et vient de lancer un partenariat du même type avec les petits États insulaires des Caraïbes.

Au nom des 12 petits États insulaires en développement du Pacifique représentés au Nations Unies, le représentant de la Micronésie a insisté sur l’importance des partenariats pour renforcer les capacités nationales.  Il a dit attendre avec intérêt les conclusions du Corps commun d’inspection sur la manière dont le système des Nations Unies peut assister les PEID.  Le représentant de l’Australie, « grand État insulaire ayant beaucoup de petits États insulaires en développement comme voisins et amis », a appuyé l’appel à l’assistance du système des Nations Unies.  Son homologue du Kazakhstan a annoncé qu’Astana accueillera prochainement une conférence sur l’énergie du futur et que son gouvernement est prêt à aider les PEID à participer à la manifestation.

La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rappelé que les « Orientations de Samoa » lui fixent comme mandat de faciliter le développement d’un programme d’action pour la sécurité alimentaire et la nutrition.  La FAO soutient la Conférence des Nations Unies sur les océans qui sera coorganisée en juillet 2017 par la Suède et les Fidji.  L’objectif 14 du Programme 2030 sur l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines est essentiel pour assurer la sécurité alimentaire et la nutrition dans les PEID.  La FAO y contribue par son « Initiative croissance bleue », qui cherche à canaliser le potentiel productif des océans de manière durable.  Les petits États insulaires en développement ne sont pas responsables des changements climatiques mais sont ceux qui vont en payer le prix le plus élevé, a encore rappelé la représentante.

Table ronde 3: « Pays faisant face à des difficultés particulières »

Présidée par M. HECTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras) en sa qualité de Vice-président de l’ECOSOC, cette table-ronde s’est concentrée sur les besoins spécifiques des pays les moins avancés (PMA), des pays en développement sans littoral, des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays en conflit ou postconflit.      

M. DAVID STEVEN, Chargé de recherche et Directeur adjoint du Centre de la Coopération internationale, de l’Université de New York, a insisté sur l’urgence qu’il y a à conjuguer l’universalité des 17 objectifs et 169 cibles du Programme 2030 avec les spécificités nationales.  « Ne laisser personne sur le côté » est un impératif « majeur » mais aussi une nouvelle démarche qui devrait servir à analyser les obstacles rencontrés par les pays et les personnes les plus vulnérables, en faisant en sorte que les obstacles soient traduits en chances, a-t-il estimé.  Chaque pays a ses chances et il faut des stratégies pour les aider à exploiter ses chances tout en gérant au mieux leurs problèmes.   

Au-delà des moyens et des ressources, les intervenants ont mis l’accent sur la cohérence nécessaire entre les différentes politiques et initiatives.  Alors que plusieurs intervenants plaidaient, une nouvelle fois, pour que les pays ne soient plus catégorisés en fonction de leur PIB par habitant, M. JEAN-MARC CHÂTAIGNER, Directeur adjoint de l’Institut français sur la recherche pour le développement (IRD), a prôné la définition d’un nouvel indicateur synthétique pour mesurer l’état de développement des pays vulnérables.  « Tenir compte des spécificités des pays vulnérables permet de sélectionner les priorités sur lesquelles il faut se concentrer, dans un tout. »  La grande diversité des pays à revenu intermédiaire a été mise en avant par M. CLAUDIO HUEPE MINOLETTI, Professeur et Coordonnateur du Centre de l’énergie et du développement durable de l’Université Diego Portales.

Dans un monde en constante mutation, il faut un terrain d’entente pour mieux comprendre les vulnérabilités, a acquiescé le Chargé de recherche et Directeur adjoint du Centre de la coopération internationale.  Il faut une coopération mieux adaptée aux objectifs de développement durable et se fixer 2019 comme date butoir intermédiaire, car nous ne pouvons attendre 2030 pour faire le point, a-t-il insisté.  Pour lutter contre les vulnérabilités, il faut « former, former et encore former », a lancé le professeur, avant d’appeler à investir dans la recherche, la science et le savoir pour trouver les « Einstein » africains et asiatiques qui nous permettront de faire face aux défis des changements climatiques et du développement durable. 

Quelles que soient les difficultés spécifiques de ces pays, il est évident que chacun a ses chances sur lesquelles on peut s’appuyer pour accélérer le développement durable », a dit M. YOUBA SOKONA, Conseiller spécial sur le développement durable du Groupe d’experts indépendant sur les PMA (South Centre).  Mais il faut faire vite et stimuler la volonté politique, a-t-il prévenu, car « les données empiriques nous enseignent que la fenêtre d’opportunité est en train de se fermer rapidement ».

Nous sommes tous des ressortissants de pays qui ont des spécificités, des fragilités et des défis particuliers, qu’il s’agisse des pays développés ou des pays en développement », a estimé le Directeur adjoint de l’Institut français sur la recherche pour le développement (IRD), avant d’appeler à la solidarité internationale pour réduire les disparités dans le domaine de la recherche, des données et du savoir.  Toute situation de pauvreté influe sur le reste du monde.

Donnant l’exemple de la gestion de l’eau entre Israéliens, Jordaniens et Palestiniens, Mme MARINA DJERNAES, Directrice de EcoPeace Center of Environmental Peacebuilding, EcoPeace Moyen Orient, a présenté une démarche qui s’appuie sur les médias pour créer une véritable prise de conscience des communautés et une réaction politique.  C’est aux gouvernements qu’il revient la responsabilité de créer un environnement propice à l’appropriation locale des objectifs de développement durable, a poursuivi M. STEPHEN CHACHA TUMBO, Fondateur de la Fondation africaine de philanthropie et Membre du Groupe de travail des organisations de la société civile.  Il faut communiquer dans les langues parlées par les acteurs locaux et éviter la fragmentation des efforts.        

Réagissant à l’intervention du représentant du Bangladesh sur la difficulté des PMA à faire face à des défis transfrontaliers, la Directrice de EcoPeace Center of Environmental Peacebuilding, EcoPeace Moyen-Orient a estimé que seule une mobilisation internationale des ressources permettra d’aider les PAM à faire face à de tels défis, dont la gestion commune de l’eau d’eau.  La représentante du groupe des femmes, originaire des Fidji, a parlé de « la justice climatique » qui serait est au cœur de tous « nos problèmes ».  Elle a rappelé le lien direct entre changements climatiques et insécurité alimentaire.  Une des choses qui retarde la croissance économique dans les pays vulnérables est l’absence des femmes dans la population active », a mis en garde le Coordonnateur du Centre de l’énergie et du développement durable de l’Université Diego Portales.

Sans vouloir contredire ces propos, la représentante des Bahamas a tout de même insisté, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), sur l’aide internationale pour atteindre les objectifs de développement durable, dont la réduction de la dette et l’augmentation de l’aide publique au développement (APD).  La mobilisation des ressources nationales ne devrait pas empêcher celles d’autres moyens dont l’APD, a renchéri le représentant du grand groupe des jeunes.  Il faut saisir toute la valeur ajoutée qu’offrent les jeunes en matière d’initiatives, de créativité et d’imagination, a plaidé le Fondateur de l’« Afrique Philanthropic Foundation ». 

Justement, face à la fragilité des économies africaines lourdement dépendantes des produits de base, la représentante du Rwanda, à l’instar de celui du Tchad, a exhorté la communauté internationale à aider ces pays à diversifier leurs économies et développer leurs infrastructures pour qu’ils puissent atteindre les 7% de croissance indispensables à la réalisation des objectifs de développement durable.  En la matière, a reconnu la représentante de la Suède, l’APD est très importante pour stimuler l’investissement privé, moteur du développement et de la croissance.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum politique sur le développement durable débat de la manière de concilier universalité du Programme 2030 et spécificités nationales

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
5e & 6e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6782

Le Forum politique sur le développement durable débat de la manière de concilier universalité du Programme 2030 et spécificités nationales

Nous ne pourrons ni susciter ni favoriser l’appropriation par les citoyens des objectifs universels de développement durable, si nous leur demandons d’oublier ce qu’ils croient savoir, ce qu’ils croient comprendre et ce qu’ils croient logique.  Cette mise en garde a été lancée aujourd’hui au cours de l’une des quatre tables rondes que le Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) a organisé au troisième jour de ses travaux qui se tiennent sur le thème « ne laisser personne sur le côté », principe fondamental des 17 objectifs et 169 cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Comment concilier l’universalité de ce Programme et les spécificités nationales?  À cette question, le chargé de recherche à l’Université du Massachusetts et à l’Université de Wageningen a répondu qu’il faut s’appuyer sur les valeurs et les traditions et tendre vers « une gouvernance commune mais différenciée » de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et vers l’abandon des « feuilles de route » imposées de l’extérieur ou des prétendues « meilleures pratiques ».  Il est impossible, selon lui, de favoriser l’appropriation de ces objectifs universels en allant contre le savoir, l’appréhension du monde et la logique des citoyens.  L’appropriation exigera « du temps, de la patience et de la planification », a prévenu la Conseillère « environnement » de la Finlande.  Elle exigera que l’on parte de la base et que l’on privilégie les approches participatives, dans le dialogue et la confiance.

Le secret d’une bonne appropriation locale et nationale réside dans la capacité de passer d’une approche gouvernementale à une approche sociétale, tenant compte du potentiel et des attentes de tous les acteurs de la société notamment les plus vulnérables, a précisé le Directeur de l’ONG « Development Cooperation and Advocacy ».  Écouter les gens et leur réalité, c’est écouter les villes », a plaidé le maire d’Istanbul et Président de l’Association des cités et gouvernements locaux unis (UCLG) pour qui les collectivités locales sont « des partenaires déterminants » de la mise en œuvre des ODD.  Les gouvernements centraux ne devraient en aucun cas avoir le monopole du développement durable, ce serait même « effrayant », a estimé le représentant de l’Union interparlementaire.   

Mettre le pilotage de la réalisation des ODD au sommet de l’État n’est pas une mauvaise chose, a pourtant estimé le Directeur de l’Unité des politiques de développement du Ministère français des affaires étrangères.  C’est ce qu’a fait la France, qui a placé le mécanisme de coordination interministérielle pour la réalisation des ODD au niveau des services du Premier Ministre.  Le pays n’a pas pourtant oublié les collectivités locales, bien au contraire.  La France a en effet opéré un rapprochement entre deux institutions très importantes, l’Agence de développement international et la Caisse des dépôts et consignations, chargée des investissements sur le long terme, avec les collectivités locales. 

Mais ces collectivités ont-ils les ressources nécessaires pour travailler? s’est demandé la Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie et du développement des Philippines (NEDA).  Ce qui est sûr, c’est que la réalisation des ODD exigera la mobilisation de ressources très importantes, a prévenu le Secrétaire technique de la Commission interinstitutionnelle de la Colombie pour la mise en œuvre du Programme 2030.  C’est un défi de taille pour un pays à revenu intermédiaire, qui cherche des solutions, y compris pour obtenir le rapatriement des fonds de l’évasion fiscale et gagner la lutte contre les fonds vautours. 

Du fait de la diminution de l’aide publique au développement (APD), un pays comme le Togo a de plus en plus recours à des ressources qui aggravent les risques d’endettement, a avoué l’un de ses ministres.  Les financements extérieurs imposent en effet des conditionnalités très restrictives qui augmentent le nombre « des laissés-pour-compte », a renchéri le représentant de la République démocratique du Congo (RDC), appelant à « dé-serrer » ces conditionnalités.  La Norvège, a promis le Chef de projet à la Section des Nations Unies du Ministère norvégien des affaires étrangères, continuera d’allouer au moins 0,7% de son PIB à l’APD, proportion actuellement atteinte par seulement six autres États dans le monde.  

Au-delà des ressources financières, il y a aussi le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation (STI) pour les ODD, un potentiel de nivellement qui permettra de « ne laisser personne sur le côté », mais aussi un grand potentiel de division et d’inégalités.  Après l’éducation, le secteur des STI est le principal facteur d’inégalités.  Il faut donc appliquer le principe de précaution dans le contexte du Programme 2030, a conseillé le Coprésident du Forum STI qui a présenté les conclusions de la réunion tenue le 6 et 7 juin dernier à New York.  Le représentant du Ministère français des affaires étrangères a annoncé la réunion à Paris au mois de décembre prochain de l’« Open Partnership government » qui permettra d’insister sur la nécessité d’une action transparente de la part des gouvernements et qui sera aussi l’occasion de mettre l’accent sur l’importance des données numériques pour le développement durable.

Le Forum politique de haut niveau, créé au Sommet Rio+20 pour remplacer la Commission du développement durable, poursuivra ses travaux demain jeudi 14 juillet à partir de 10 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: « Créer un sentiment d’appartenance au niveau national »

Présidé par M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) en sa qualité de Vice-Président de l’ECOSOC,  ce premier débat a été l’occasion de se pencher sur les moyens, possibilités voire nécessités de concilier la nature universelle des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 avec les spécificités nationales.  

Nous ne pourrons pas susciter et favoriser l’appropriation des objectifs universels de développement durable en disant aux gens d’oublier ce qu’ils croient savoir, ce qu’ils croient comprendre et ce qu’ils croient logique, a déclaré d’emblée M. LOUIS MEULEMAN, Associé principal de recherche à l’Université du Massachusetts et à l’Université de Wageningen (Pays-Bas).  Pour le professeur, il faut au contraire s’appuyer sur les valeurs et les traditions, ce qui revient à « une gouvernance commune mais différenciée » et à l’abandon des « feuilles de route » imposées de l’extérieur ou des prétendues « meilleures pratiques ».  Les gouvernements doivent utiliser les outils de gouvernance avérés et d’autres outils, car on ne peut ignorer ces derniers sous prétexte qu’ils ne sont pas « familiers ».  En l’occurrence, les partenariats et les outils commerciaux ne sauraient être oubliés. 

L’importance des partenariats, surtout avec la société civile, a aussi été soulignée par la Conseillère du Ministre de l’environnement de la Finlande et Coordonnatrice du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Elle a prévenu d’une difficulté, celle qui consisterait à mettre en œuvre le Programme 2030 avec des structures institutionnelles « cloisonnées » au mépris du caractère « interconnectés » des objectifs de développement durable.  Pour Mme ANNIKA LINDBLOM, l’appropriation de ces objectifs exigera « du temps, de la patience et de la planification ».  La capacité de changer la manière de faire les choses sera « capitale » ainsi que la volonté de modifier les moyens et mesures inefficaces.  L’appropriation exige que l’on parte de la base, que l’on privilégie les approches participatives, dans le dialogue et la confiance, car les gouvernements ne devraient pas avoir le monopole de la définition du développement durable.  Il serait en effet « effrayant », a estimé le représentant de l’Union interparlementaire (IPU) que l’on considère que la mise en œuvre des objectifs de développement durable relève exclusivement des ministères.  Peut-être pas, mais les choses dépendront tout de même de la volonté politique des gouvernements, a souligné M. YONGLONG LU, Professeur à l’Académie chinoise des sciences.  Il a appelé à la création d’un mécanisme d’examen par les pairs qui, sous les auspices des Nations Unies se réunirait tous les trois ou cinq ans, armé de données « harmonisées ».  Il faut en effet savoir ce que peuvent faire les Nations Unies pour favoriser l’appropriation nationale du Programme 2030, a commenté le représentant de l’Algérie

En Géorgie, a expliqué, M. IVANE SHAMUGIA, Chef du Groupe de coordination des donateurs de l’Administration du Gouvernement géorgien, le défi est d’éviter d’autres couches bureaucratiques dans « la nationalisation » des objectifs de développement durable, l’autre défi étant la collecte de données fiables.  L’espoir est permis puisque la Géorgie est un des rares États, a-t-il affirmé, qui a su sortir d’une mauvaise gouvernance et de la pauvreté pour lancer la dynamique d’un développement « plus fort ».  La question des couches bureaucratiques est également un défi au Botswana, a avoué sa représentante, l’autre défi étant de jeter un pont entre les institutions traditionnelles du développement et celles qui cherchent l’intégration des politiques en la matière.

Pour le Mexique, l’important est d’informer les gens du contenu du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour qu’ils puissent se l’approprier, a indiqué M. ADOLFO AYUSO, Directeur général adjoint du Service des affaires internationales du Cabinet du Président du Mexique.  L’appropriation est directement liée à la capacité de comprendre le nouveau cadre de développement et d’intégrer l’idée que ce nouveau cadre parle non seulement de droits mais aussi de devoirs.

Le secret d’une bonne appropriation locale et nationale réside dans la capacité de passer d’une approche gouvernementale à une approche sociétale, tenant compte du potentiel et des attentes de tous les acteurs de la société notamment les plus vulnérables, a précisé M. GOMER PADONG, Directeur de l’ONG « Development Cooperation and Advocacy » des Philippines et Représentant de la société civile auprès de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP).  Le principe fondamental du Programme 2030 consistant à « ne laisser personne sur le côté » est un engagement à renoncer aux « solutions rapides » et à toucher chaque individu, en particulier les gens les plus vulnérables et les plus marginalisés qui forment bien souvent la majorité de la population dans les pays en développement.  

Dans notre volonté de nous approprier le Programme 2030, nous avons prévu de revoir notre stratégie nationale de développement durable et d’adapter nos statistiques nationales, a indiqué le représentant de l’Italie en indiquant qu’une étude a été lancée cette année sur la question.  Il faut en effet mettre à jour les données statistiques pour englober tous les groupes « oubliés », a acquiescé la représentante du grand groupe des femmes.  Comment changer les mentalités et comment faire de la « gouvernance commune et différenciée » quand le Fonds monétaire international (FMI) nous demande de réduire le nombre de fonctionnaires? a demandé le représentant du Bénin.  Il est vrai, a confirmé son homologue du Sénégal, que bien souvent nos plans nationaux entrent en contradiction avec les exigences internationales.  Justement, a répondu le professeur à l’Académie chinoise des sciences, le Programme 2030 obligera les leaders et les citoyens à envisager le développement sur le long terme.  On ne peut pas comparer la Chine, les États-Unis et l’Europe car la Chine a ceci de spécifique qu’elle a « une philosophie » de développement durable sur le long terme.

Le représentant de la Malaisie s’est étonné de l’avis du professeur néerlandais sur la préservation des « tours d’ivoire ».  Les détruire ne veut pas dire s’affranchir de ses responsabilités.  Le professeur s'est en effet demandé pourquoi détruire les « tours d’ivoire » et « les cloisonnements mentaux » pour provoquer le changement?, avertissant du danger qu’il y a à passer outre les « frontières institutionnelles » et à imposer des « camisoles de force ».  Dans de nombreux pays, a-t-il répondu au représentant philippin, il est difficile d’obtenir une approche participative.  Le changement des mentalités est un « élément » essentiel du Programme 2030 mais il faut savoir que les objectifs de développement durable ne résoudront pas les luttes de pouvoir dans les pays.  La solution est peut-être d’intégrer les traditions et les cultures à la gouvernance moderne, a suggéré le représentant des Palaos, son homologue de l’Indonésie citant les efforts nationaux pour adapter la mise en œuvre du Programme 2030 aux réalités « sous-nationales ».  Les conséquences des grands projets d’infrastructure comme les barrages hydroélectriques, les oléoducs et autres sur l’existence même des populations locales ont été soulignées par le représentant du grand groupe des peuples autochtones

Table ronde 2: « Intégrer les objectifs de développement durable dans les politiques, plans et stratégies nationaux et incorporer les trois dimensions du développement durable »

Président de séance, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) Vice-Président de l’ECOSOC, a souligné le caractère « essentiel » d’une bonne intégration des objectifs de développement durable dans les politiques, plans et stratégies nationales.  Il s’agit donc ici de discuter comment les États ont commencé ce travail et quels mécanismes, outils de coordination et politiques, ils ont jugé utiles à cette fin.

On a déjà beaucoup parlé des interactions entre les objectifs de développement durable, des liens entre science et développement durable, maintenant il faut voir ce qui se fait aux niveaux national et infranational, a estimé M. NICK ISHMAEL PERKINS, Directeur de SciDev.net et modérateur de la séance, en rappelant que 22 États allaient bientôt présenter au Forum leur examens nationaux.

Justement, M. KOICHI AIBOSHI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a présenté les premières mesures prises par son pays pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Le long voyage ne fait que commencer et on ne sait pas trop où cela va nous mener, le Programme ayant beaucoup élargi les anciens Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le Japon, a expliqué M. Aiboschi, s’est doté d’un cadre national de mise en œuvre avec une plate-forme pour la coordination des différents ministères et agences concernés, présidée par le Premier Ministre.  Chaque ministère devra étudier les politiques qui peuvent contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.  De leur côté, les ONG ont créé un réseau de la société civile.  Le Gouvernement entend les consulter, ainsi que d’autres acteurs, comme le secteur privé et les universités.  Le Japon coopère en outre avec les Nations Unies et leur centre d’informations afin d’informer et sensibiliser sa population. 

Depuis le Sommet Rio+20, ce qui est devenu le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a correspondu à la transition entre le premier et le deuxième plan national de développement, a affirmé M. JOSEPH ENYIMU, Économiste au Ministère des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda.  Cela a permis de reprendre les objectifs de développement durable « de manière organique » dans le processus national de planification.  Le développement durable apparaît comme un mouvement perpétuel auquel les politiques doivent s’adapter en permanence pour équilibrer les forces en présence.  Dans ce contexte, la notion d’appropriation nationale signifie que les citoyens doivent se sentir au centre du processus, ce qui suppose une société civile locale vivante et une population alphabétisée capable de s’engager dans un dialogue social constructif et informé.  Le développement durable suppose de la patience pour développer le capital humain de manière cohérente. 

Si l’Ouganda a un bon système statistique, l’économiste a estimé que la communauté internationale pourrait contribuer à la standardisation de ces statistiques.  En conclusion, il a rappelé que le Programme 2030 n’est « pas un concours de beauté » mais la défense des intérêts.  Les citoyens ne s’intéressent pas trop aux institutions, ils veulent des résultats concrets, sans quoi ils perdraient tout intérêt, a-t-il estimé.

La difficulté que semblent éprouver de nombreux pays à mettre en œuvre des cadres institutionnels pour la réalisation des objectifs de développement durable est pourtant une des quatre difficultés identifiées par Mme WARDARINA, Agent de programme du Forum Asie-Pacifique sur les femmes, le droit et le développement et membre du grand groupe des femmes.  Elle a cependant dit avoir constaté des pratiques prometteuses lors de cette première année de mise en œuvre.  Elle a ainsi estimé que le Sri Lanka, qui va être le premier pays de la région à mettre en place un comité commun incluant la société civile, est un modèle de coordination gouvernementale.  Mme Wardarina a cité comme un des principaux obstacles, le financement mais aussi les restrictions imposées à la société civile, qui devrait au contraire pouvoir participer réellement et à tous les niveaux afin de rééquilibrer les pouvoirs.  Parmi les autres obstacles structurels, elle a mentionné la confiscation des terres ou encore le projet d’accord régional de libre échange en cours de négociation en Asie du Sud.  L’impact de ce futur accord sur la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle affirmé, n’a jamais été évalué, alors que des experts des Nations Unies ont mis en garde contre de probables conséquences négatives pour certains droits de l’homme, notamment les droits à la santé ou à la sécurité alimentaire.

M. IZZET ARI, Chef du Département, l’environnement et le développement durable au Ministère du développement de la Turquie, s’est quant à lui intéressé au rôle des plans nationaux de développement qu’il a présentés comme « des documents d’orientation essentiels ».  La Turquie a une longue expérience de planification du développement durable, entamée dès après le Sommet de Rio de 1992.  Il existe une véritable cohérence entre le plan national et les objectifs de développement durable, a affirmé M. Ari.  La Commission nationale turque du développement durable a déjà joué un rôle de coordination très important et ce rôle sera encore renforcé car elle sera chargée d’assurer la participation de toutes les parties prenantes, a poursuivi M. Ari, qui a également précisé que certaines entreprises privées avaient elles aussi déjà commencé à intégrer les objectifs de développement durable dans leurs plans stratégiques.  M. Ari a toutefois reconnu qu’il y a encore des difficultés à intégrer ces objectifs dans les processus de prise de décisions, du fait des cloisonnements et des goulets d’étranglement.  Pour lui, le succès dépendra des capacités de la société à tous les niveaux, ce qui suppose des approches interdisciplinaires, un haut niveau d’éducation et un investissement majeur dans la collecte et le traitement de données précises et ventilées.  Il est clair aussi qu’il faudra un partenariat intégré au niveau mondial pour fournir les ressources nécessaires aux États, a conclu M. Ari, pour qui les fonds et programmes des Nations Unies auront un rôle essentiel à jouer à cette fin.

L’évaluation de l’impact propose une méthodologie intéressante pour les trois composantes du développement durable, a estimé Mme EILI LEPIK, Conseillère sur les questions de développement durable à l’Unité de stratégie du Gouvernement de l’Estonie.  L’Estonie y a eu recours, avec encore des imperfections, mais cherche à améliorer ce type d’évaluation, a poursuivi Mme Lepik, qui a également mis l’accent sur la coopération et l’écoute des autres gouvernements ainsi que sur l’information des citoyens, qui doivent être consultés au stade le plus précoce de la prise de décisions.  En Estonie, cela se pratique grâce au « e-gouvernement ».  L’Estonie a ainsi mis en place une commission du développement, qui inclut des organismes gouvernementaux mais aussi les ONG, qui sont consultées au stade des avant-projets de décision.  Le travail est maintenant d’adapter cette structure au Programme 2030 et il est bon d’adapter et d’améliorer les mécanismes qui ont déjà fait leurs preuves plutôt que de chercher « à réinventer la roue ».

Mettre le pilotage de la réalisation des objectifs de développement durable au sommet de l’État est une bonne chose, a acquiescé M. OLIVIER BROCHENIN, Directeur de l’Unité des politiques de développement au Ministère des affaires étrangères et du développement international de la France.  C’est ce qu’a fait la France, qui a placé le mécanisme de coordination interministérielle pour la réalisation de ces objectifs au niveau des services du Premier Ministre.  La personne désignée à cette fin peut s’appuyer sur des mécanismes déjà existants, en particulier un réseau de hauts fonctionnaires mis en place dès 2004 pour traiter de questions environnementales, qui devra être adapté pour traiter aussi des deux autres dimensions du développement durable.  Il existe aussi des ministères particulièrement importants, comme le Ministère des finances ou encore celui des affaires étrangères.  La France s’appuie aussi sur des institutions prospectives, comme France-stratégie, qui réfléchit à de nouveaux indicateurs de richesses, dont certains sont tout à fait en accord avec ceux qui seront nécessaires pour les objectifs de développement durable. 

M. Brochenin a aussi insisté sur l’importance de la cohérence entre politique intérieure et politique internationale en ce qui touche à ces objectifs.  Le rapport volontaire que la France remettra la semaine prochaine traitera plus avant de cette question complexe et mettra en regard ce qui se fait en France et ce qui pourrait être fait par la France au niveau international, a-t-il expliqué.  Il a notamment précisé que la France avait opéré un rapprochement entre deux institutions très importantes, la Caisse des dépôts et consignations, chargée des investissements sur le long terme, avec les collectivités locales, et l’Agence de développement international.  Rappelant que l’universalité du Programme 2030 s’inscrit dans une dimension d’échanges, l’intervenant a estimé qu’il faut utiliser des mécanismes ad hoc, comme le Mécanisme de facilitation des technologies, adopté en même temps que le Programme 2030.  Il a enfin cité deux partenariats très importants: le partenariat mondial des données pour le développement durable, essentiel pour améliorer la qualité des données, et le « Open Partnership government », qui se réunira à Paris en décembre et permettra d’insister sur la nécessité d’une action transparente des gouvernements et qui sera aussi l’occasion de mettre l’accent sur l’importance des données numériques pour le développement durable.

Le secteur privé a lui aussi un rôle à jouer.  Mme STINE LISE HATTESTAD BRATSBERG, Présidente-Directrice générale de « PURE Consulting », société norvégienne d’experts-conseils, a mis l’accent sur le rôle des entreprises, auxquelles le Programme 2030 donne un nouveau cadre.  Elle a précisé que 80% des chefs d’entreprises interrogés pensent qu’il y a dans les objectifs de développement durable une occasion « unique » pour le développement durable et que 73% estiment que le monde des affaires peut mettre en place des indicateurs valables pour la réalisation de ces objectifs.  Mais les entrepreneurs auront aussi besoin d’incitations à l’échelle nationale, a ajouté Mme Bratsberg.  Pour elle, il faut les motiver pour qu’elles s’impliquent dans la réalisation des objectifs de développement, c’est dans l’intérêt du Programme 2030. 

Lors d’un bref débat, plusieurs représentants ont présenté les mesures prises par leur pays.  Ainsi, la Sri Lanka a lancé un système de convergence des 169 cibles des 17 objectifs de développement durable et a déjà fait de grands progrès dans la préparation d’un nouveau plan national de développement, qui fixera des cibles et indicateurs pour chacun des ministères concernés.  La Chine a adopté un plan de 30 ans aligné sur le Programme 2030, avec de nombreux indicateurs qui correspondent aux trois dimensions  -sociale, économique et environnementale- du développement durable.  Le Nigéria s’est doté des institutions nécessaires et a consulté le milieu universitaire pour définir les domaines dans lesquels la mise en œuvre des objectifs de développement durable serait la plus efficace.  Enfin, la représentante de l’Union européenne s’est félicitée de nombre de pays qui ont déjà pris des mesures au plan national, tout en précisant que l’Union compte y participer aussi en présentant un projet de cohérence entre les dimensions interne et externe du Programme.  Il existe un consensus dans toute l’Union sur les objectifs de développement durable et les grandes conférences internationales, comme celle de Paris sur le climat, devraient permettre de nourrir les discussions du Forum.

Table ronde 3: « Coopération verticale–Autorités locales et gouvernements nationaux travaillant de concert pour l’application du Programme 2030 »

Présidée par M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) en sa qualité Vice-Président de l’ECOSOC, cette troisième table ronde a insisté sur le rôle des collectivités locales, des villes et des gouvernements locaux, et dans ce contexte, la coopération entre les institutions locales et nationales a été présentée comme « décisive » pour stimuler l’appropriation locale du Programme 2030 et créer un environnement propice à sa réalisation.      

M. KADIR TOPBAŞ, Maire d’Istanbul et Président de l’Association des cités et gouvernements locaux unis (UCLG) a rappelé que les villes et les collectivités locales sont en première ligne car elles s’attaquent « quotidiennement » au développement durable.  « C’est nous qui faisons face tous les jours à la pauvreté et aux attentes des groupes vulnérables », a-t-il martelé, présentant les collectivités locales comme « des partenaires déterminants.  « Écouter les villes, c’est écouter les gens et leur réalité », a-t-il lancé au Forum.  Or, les politiques, nationales, régionales et internationales ne tiennent pas compte de leur impact sur les niveaux « sous-nationaux » où les gens vivent et subissent les défis mondiaux.  Pour l’orateur, l’évaluation de la mise en œuvre du Programme 2030 doit effectivement se pencher sur la contribution de chaque pays mais surtout sur les besoins spécifiques des villes et des régions, si l’on veut « ne laisser personne sur le côté ».  Il faut, a-t-il insisté, créer l’environnement nécessaire pour que les gouvernements locaux puissent jouer pleinement leur rôle. 

La « localisation » des ODD doit être vue comme un processus politique mais aussi comme un processus technique qui implique que le leadership local et son caractère « précieux » soient reconnus et qui encourage les leaders locaux à faire leur les ODD.  Les gouvernements locaux, a encore dit l’orateur, ont un mandat qui les rend comptables de leurs actes devant les administrés.  Il s’agit là d’un moteur puissant pour la réalisation des ODD.  La capacité de ces gouvernements à galvaniser le changement doit être dûment reconnue dans les rapports d’étape nationaux.  Ces rapports doivent bénéficier de la contribution des gouvernements locaux mais aussi des communautés de base, des ONG, des groupes de réflexion, des universités, des médias et autres. 

Qu’avons-nous appris de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et que pouvons-nous faire de mieux pour les objectifs de développement durable (ODD)? a demandé le modérateur, M. PETER WOLLAERT, Chargé de recherche à l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et Directeur du Centre international de formation des acteurs locaux (CIFAL).

Une des leçons fondamentales, a estimé Mme PATRÍCIA IGLECIAS, Secrétaire d’État à l’environnement de l’État de São Paulo, a été de reconnaître l’importance d’expliquer aux fonctionnaires que les ODD ne sont pas une nouveauté mais plutôt une perspective différente de ce qui a déjà été enclenché.  L’État de São Paulo réfléchit désormais à sa propre stratégie de développement durable.

Cela fait longtemps que la République de Corée est leader dans la création d’initiatives à partenaires multiples.  Cela a été le cas depuis Action 21, le Programme d’Action du Sommet de la Terre de 1992, a affirmé M. HYUK-SANG SOHN, Professeur à la « Kyung Hee University » et Président de l’Association coréenne de développement et coopération Internationaux (KAIDEC).  Aujourd’hui, le pays compte plus de 100 conseils du développement durable et beaucoup de localités ont mis en place leur propre plan d’action d’Action 21.  Toute directive du Gouvernement central est stratégiquement liée à la mise en œuvre locale.  Ce sera aussi le cas pour le Programme 2030.  L’engagement politique, au niveau national, est en effet « très important » pour la « localisation » des ODD.

En Allemagne, a indiqué M. STEPHAN CONTIUS, Chef de Division au Ministère allemand de l’environnement, de la protection de la nature et de la sureté nucléaire, les deux tiers des États fédéraux ont déjà leur propre stratégie de développement durable.

Mais les gouvernements locaux ont-ils les ressources nécessaires pour travailler? s’est demandé Mme ROSEMARIE G. EDILLON, Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie et du développement des Philippines (NEDA).  Elle a décelé une autre difficulté, celle de savoir avec précision qui sont « les laissés-pour-compte ».  Une autre difficulté tiendrait au fait que les gouvernements locaux doivent planifier un programme sur 15 ans, alors que leur mandat de trois ans leur impose une vision à court terme.     

La brièveté de certains mandats électifs est en effet un problème, a reconnu Mme PADDY TORSNEY, Observatrice permanente de l’Union interparlementaire auprès des Nations Unies.    

Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a dit que son pays a lancé sa stratégie de développement durable en 2014 après avoir reconnu que les autres stratégies ne sont pas parvenues aux objectifs attendus.  Il a souligné l’importance qu’il y a à maîtriser la croissance démographie et à collecter des données fiables.  Son homologue de la Suède s’est vanté de la coopération entre le Gouvernement central et les municipalités qui ont des compétences fortes.  Mon pays pourra faire des progrès déterminants en matière de santé maternelle et infantile s’il réussit à renforcer la coopération entre les collectivités locales, les ONG et les partenaires bilatéraux, a affirmé le représentant du Sénégal.  Le renforcement du statut de l’élu est aussi une dimension intéressante de renforcement de l’action locale, a-t-il ajouté. 

La représentante des personnes âgées a exhorté les États Membres à se pencher sur les moyens de promouvoir un bon vieillissement, celle des personnes handicapées a dit craindre que les autorités locales n’aient pas les moyens et les ressources de mettre en œuvre les objectifs relatifs aux personnes handicapées.  Justement, a argué la représentante du groupe des jeunes et des enfants, il faut leur donner les moyens.  Elle a exhorté le Forum à reconnaître la valeur des jeunes comme « agent du changement ».

Table ronde 4: « Défis en matière de mobilisation des moyens nécessaires pour la mise en œuvre au niveau national (financement, technologie et renforcement des capacités) »

La table ronde a commencé par une présentation faite par M. Macharia Kamau, coprésident du Forum pour la science, la technologie et l’innovation (Forum STI) qui s’est tenu le 6 et 7 juin dernier à New York.

M. Kamau a d’abord insisté sur l’importance de la science, de la technologie et de l’innovation (les STI) pour l’avenir des ODD, en rappelant combien les 150 dernières années de l’humanité avaient été marquées par les transformations opérées dans la vie de chacun par les STI.  Chacun peut donc comprendre combien le potentiel des STI est important.  C’est un potentiel de nivellement, qui permettra de « ne laisser personne sur le côté », mais c’est aussi un grand potentiel de division et d’inégalités.  Les STI représentent en fait après l’éducation le principal facteur d’inégalité.  Il faut donc s’en servir avec de grandes précautions dans le contexte du Programme 2030, a averti M. Kamau.

M. Kamau a ensuite présenté les résultats de la réunion du Forum, qu’il a jugée très dynamique et innovatrice, souhaitant que le Forum puisse se tenir chaque année.  Le Forum a défini un certain nombre de priorités pour la mise en œuvre des ODD, a-t-il expliqué.  Il a notamment rappelé que c’est dans le contexte social de chaque pays que les STI sont exploitées.  Il faut donc que l’environnement de chaque pays soit favorable à la science, la technologie et l’innovation: l’interface science-politique dont il a été question hier suppose un contexte social qui ne considère pas l’innovation et la science comme dangereuses ou peu souhaitables.  Les ODD sont extraordinairement ambitieux, a encore fait observer M. Kamau, pour qui il faudra d’énormes investissements dans les STI pour les atteindre.  Étant donné l’urgence des questions environnementales, le Forum doit être orienté vers l’action et chacune de ses sessions doit pouvoir partir des acquis des précédentes éditions.  Au fur et à mesure que nous progresserons, nous nous rendrons compte que certains pays, ou certains groupes au sein de pays, sont laissés pour compte et il faudra alors réfléchir sur les moyens dont les STI peuvent remédier à ces situations.

M. DAVID O’CONNOR, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a estimé que les États ont été eux-mêmes surpris par l’ambition des ODD.  Un an plus tard, nous allons dans la bonne direction, même s’il existe des poches de négligence.  M. O’Connor a rappelé que le Mécanisme pour la science, la technologie et l’innovation a été lancé en septembre et que c’est en un temps record qu’a pu être préparé le Forum des STI.  Il faut poursuivre en ce sens et multiplier les plans des États.  M. O’Connor s’est demandé si on n’était pas trop conservateur en matière d’innovation.  Il s’est aussi demandé comment lutter contre l’aspect diviseur des STI.

Modérateur du débat, M. MANUEL MONTES, Conseiller principal des finances et du développement au « South Centre », a expliqué le défi que représente, pour tous les États mais encore plus pour les pays en développement, la production de nouveaux produits industriels.  Que faire pour séduire et attirer le secteur privé dans un pays, afin que ce dernier puisse innover et contribuer à un développement durable? s’est-il interrogé.

Président de la « Fundação Oswaldo Cruz » et membre du Groupe des 10 experts pour l’appui au Mécanisme de facilitation des technologies, M. PAULO GADELHA a rappelé que le changement technologique ne produit pas toujours une forte croissance et peut au contraire avoir des effets néfastes dans certains domaines.  Au Brésil, le nombre des doctorats a augmenté de 90% en une décennie et celui des maitrises de plus de 280%, mais la progression des diplômes en matière d’innovation a été beaucoup plus faible, a poursuivi M. Gadelha, qui a mis l’accent sur le partage de l’information et la nécessité de véritables stratégies nationales d’innovation.

M. FELIPE CASTRO, Secrétaire technique de la Commission interinstitutionnelle de Colombie pour la mise en œuvre du Programme 2030, a expliqué que la mobilisation des ressources, notamment financières, pour réaliser les ODD était cruciale pour son pays, qui recherche à la fois des apports publics, privés et internationaux.  Ce qui est sûr, c’est que la réalisation des ODD exigera la mobilisation de ressources très importantes.  C’est un défi important pour un pays à revenu intermédiaire comme la Colombie, qui cherche des solutions, y compris pour obtenir le rapatriement des fonds de l’évasion fiscale et gagner la lutte contre les fonds vautours.  À cet égard, la communauté internationale a un rôle à jouer, en particulier pour éviter la concurrence fiscale entre États.  Un autre défi vient de l’approfondissement de l’écart entre pays en matière de connaissances scientifiques.  La Colombie plaide pour un partage des savoirs à un coût équitable.  Dans ce domaine, les partenariats dans le cadre de la coopération Sud-Sud peuvent jouer un rôle important.  Enfin, le fossé n’existe pas seulement entre pays, mais aussi au sein même des pays.  La Colombie, qui vient de signer un accord de paix historique après des décennies de conflits, cherche à utiliser des ressources technologiques pour améliorer l’exploitation de terres restées inutilisées pendant le conflit.

M. MAWUSSI DJOSSOU SEMONDJI, Ministre-expert auprès de la présidence du Togo, a rappelé que plusieurs pays en développement dépendent encore fortement du financement extérieur, avant d’expliquer l’innovation institutionnelle qu’avait représenté pour son pays la création de l’Office togolais des recettes, une fusion des régies des douanes et des impôts, a permis, avec un contrat de performance, d’améliorer la collecte des recettes, passées de 14-16% du PIB à plus de 20,2% en trois ans.  Il faudra toutefois aller plus loin pour définir une fiscalité innovante en faveur des ODD, a-t-il reconnu.  Actuellement, du fait de la diminution de l’aide publique au développement, le pays a de plus en plus recours à des ressources qui augmentent les risques d’endettement, mais il exploite aussi de plus en plus les partenariats public/privé pour les infrastructures.  Le défi à relever est alors celui des capacités juridiques, afin de conclure des contrats équitables tout en améliorant le climat des affaires pour les investisseurs, a aussi noté le Ministre. 

M. Semondji a également expliqué comment son pays utilise la technologie pour améliorer la productivité des plus vulnérables, par exemple en améliorant les semences pour les agriculteurs ou en utilisant les technologies de l’information et des communications pour la communication de l’administration avec les localités reculées, dans le cadre de projets dits E-village et E-gouvernement.  Toutefois, a-t-il reconnu, le Togo est encore loin de mettre en œuvre des programmes de recherche dignes de ce nom.  Enfin le Ministre a précisé que tous les pays qui ont traversé des conflits ou des crises, comme le Togo, ont besoin de temps pour améliorer leurs capacités de conception et de mise en œuvre des politiques de développement.  Le pays compte sur l’appui des agences et départements des Nations Unies mais le défi vient ici du fait que c’est sur le secteur privé qu’est fondée l’accélération de la croissance.  Il faudra donc à l’avenir se concentrer sur les capacités entrepreneuriales, a-t-il constaté.

Dans la même ligne, le représentant de la République démocratique du Congo a fait observer que les pays en développement n’avaient pas suffisamment d’épargne et devaient recourir à des financements extérieurs qui imposent des conditionnalités très restrictives augmentant le nombre « des laissés-pour-compte ».  Il faudra donc réfléchir aux moyens de « dé-serrer » ces conditionnalités.

M. PAUL GULLEIK LARSEN, Chef de projet à la Section des Nations Unies du Ministère des affaires étrangères de la Norvège, s’est concentré sur l’APD, qui continue de jouer un rôle important.  La responsabilité première de la mise en œuvre du Programme 2030 incombe certes aux États mais la communauté internationale doit aussi se montrer à la hauteur de l’enjeu et manifester de la solidarité, notamment envers les pays les moins avancés, les petits États insulaires et les populations les plus vulnérables.   C’est pourquoi la Norvège continuera d’allouer au moins 0,7% de son PIB à l’APD, proportion actuellement atteinte par seulement six autres États dans le monde.  Les Nations Unies peuvent continuer d’être une plate-forme essentielle pour le plaidoyer et la mobilisation de partenariats, a estimé M. Larsen.

Le représentant de l’Afrique du Sud a rappelé que le développement durable dépendait d’une transformation structurelle des économies.  L’Afrique devra mobiliser d’énormes ressources, ce qui implique un climat propice au développement et une mobilisation des ressources tant nationales qu’internationales.  L’Afrique du Sud se réjouit donc de la déclaration de la Norvège sur l’APD et de celle de la Colombie sur la nécessité de lutter contre l’évasion des capitaux.  Le représentant de la Chine a rappelé que son pays avait déjà intégré les ODD dans sa planification nationale, y compris dans les STI, domaine pour lequel le nouveau plan quinquennal accorde diverses priorités, par exemple pour la construction de logements verts.  Il a également rappelé que le pays avait développé des zones de démonstration, qui présentent des expériences reproductibles ailleurs.  Il a aussi mis l’accent sur la formation de millier de chercheurs étrangers en Chine et a plaidé pour le partage de la science et de la technologie au plan mondial.

Son homologue de l’Estonie a suggéré de choisir les investissements dans les ODD selon des méthodes de spécialisation intelligente.  En coopération avec les centres de recherche et les universités, le Gouvernement estonien incite ainsi le secteur privé à investir dans certains secteurs comme les cybersolutions.  De même, le « e-gouvernement » a permis d’importants progrès et l’Estonie est prête à partager son expérience en ce domaine.  Le représentant de la République de Corée a dit attacher la plus grande importance à l’innovation et à la science, ayant débloqué 200 milliards de dollars entre 2016 et 2020 pour l’éducation aux STI.

Le représentant du grand groupe des travailleurs et des syndicats a noté la croissance des inégalités dans le monde, entre pays et au sein des pays.  S’il s’est dit conscient de la nécessité d’une double mutation, l’une pour sortir de l’économie carbone et l’autre en direction de l’économie numérique, il a regretté que le dialogue social n’ait été pas reconnu dans le Programme 2030, alors qu’il faut responsabiliser le secteur privé pour garantir un travail décent pour tous et œuvrer à la dimension sociale du développement durable.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Droits de l’homme: plusieurs délégations proposent devant l’Assemblée générale des stratégies pour améliorer l’action des Nations Unies

Soixante-dixième session,     
Débat thématique de haut niveau - matin & après-midi           
AG/11805

Droits de l’homme: plusieurs délégations proposent devant l’Assemblée générale des stratégies pour améliorer l’action des Nations Unies

L’Assemblée générale a achevé, cet après-midi, son débat thématique de haut niveau de deux jours sur « les droits de l’homme au centre de l’action mondiale ». 

Au terme du débat plénier ministériel, auquel ont participé près de 90 États Membres et observateurs et organismes des Nations Unies, plusieurs ont proposé des stratégies visant à améliorer la capacité des Nations Unies à soutenir et à protéger les droits de l’homme.

En clôturant ce débat, le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft a affirmé que 50 ans après les conventions internationales sur les droits de l’homme, il avait montré que le combat pour les droits de l’homme était « constant et universel ».  « Qu’il s’agisse de la discrimination, de la protection de l’état de droit et de l’accès à la justice pour tous ou de la protection des libertés fondamentales, tous les pays doivent faire plus pour être à la hauteur de leurs obligations et pour protéger les valeurs qui sont essentielles pour les droits de l’homme, y compris la dignité, la tolérance, la justice et l’égalité. »

Selon M. Lykketoft, il est clair que les Nations Unies et le prochain Secrétaire général doivent continuer la lutte pour les droits de l’homme et pour ceux qui défendent ces droits.  « Cette tâche doit être faite au sein de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social (ECOSOC).  Elle doit être faite par le Conseil des droits de l’homme et les organes de traités, par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et tout le système des Nations Unies.  Avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous avons l’occasion de faire des actions concrètes pour renforcer les liens reconnus entre les droits de l’homme, la paix et le développement. »  

Intitulé « ONU70: les droits de l’homme au centre de l’action mondiale », ce débat thématique de haut niveau de l’Assemblée générale s’inscrivait dans le contexte du cinquantième anniversaire des Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, du trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement et du processus visant à sélectionner et à désigner le prochain secrétaire général de l’Organisation.

Il fut ainsi l’occasion pour les États Membres d’avoir une vision globale de la situation des droits de l’homme dans le monde d’aujourd’hui, de renforcer les fondements des droits de l’homme et d’examiner les moyens visant à faire en sorte que ceux-ci contribuent au progrès de la paix et de la sécurité et du développement durable, et réciproquement, de consolider le rôle des Nations Unies dans ce domaine et d’identifier les actions en vue d’obtenir des améliorations rapides dans la réalisation des droits de l’homme au niveau mondial.

Le représentant de la Norvège a, aujourd’hui, appelé à renforcer le respect des droits de l’homme, sous la houlette du prochain secrétaire général, et à combler le fossé croissant entre les normes établies et les réalités sur le terrain. 

De même, convient-il, selon lui, d’assurer la cohérence de toutes les initiatives, notamment celle du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, « Les droits de l’homme avant tout », et tous les autres efforts à cette fin, et d’accroître le budget des Nations Unies alloué aux droits de l’homme.  Enfin, les Nations Unies et les États Membres devraient unir leurs forces pour protéger le rôle légitime de ceux qui protègent les droits des autres.

Ce débat plénier fut aussi l’occasion pour les délégations de faire entendre leurs préoccupations à l’instar du Représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme, M. Stavros Lambrinidis, qui a souligné l’importance de l’égalité entre les hommes et les femmes, de la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles et de la protection des droits de l’homme des groupes vulnérables. 

S’agissant de la peine de mort, l’Union européenne continue la campagne pour un moratoire universel qui devrait être la pierre angulaire de la promotion des droits de l’homme dans le monde.

Au moment du dixième anniversaire du Conseil des droits de l’homme, l’Union européenne est préoccupée par les signes de polarisation croissante du Conseil et appelle tous les États à éviter les stratégies d’obstruction mettant en péril le succès du mandat du Conseil.  M. Lambrinidis a aussi appelé tous les pays à participer pleinement à l’examen périodique universel et à mettre en œuvre toutes ses recommandations.

Selon lui, pour trouver des solutions politiques durables et prévenir l’extrémisme violent, il faut aussi s’attaquer à leurs causes profondes en promouvant les droits de l’homme, en luttant contre la marginalisation, la discrimination, l’intolérance, la violence, la pauvreté, la corruption, l’autoritarisme et le refus des droits économiques et sociaux de base.

Le représentant de l’Érythrée a, lui, pointé du doigt certains organes comme le Conseil des droits de l’homme et des mécanismes comme l’examen périodique universel, dénonçant la « politisation » et la pratique du « deux poids, deux mesures ».  Le temps est venu de résoudre cette question qui est contre-productive pour la promotion et la protection des droits de l’homme, a-t-il dit.

De son côté, le représentant de la République arabe syrienne a critiqué le fait que certains États Membres aient exploité les droits de l’homme pour s’ingérer dans les affaires d’autres États Membres comme c’est le cas aujourd’hui au Moyen-Orient.  Ce qui s’est passé en Iraq et en Libye en sont des exemples remarquables, a-t-il dit, précisant que le peuple syrien s’était opposé à la répétition de ce même scenario dans son pays.

Le délégué d’Israël a observé que les 10 ans du Conseil des droits de l’homme correspondaient à « 10 années de préjugés outrageants » contre son pays.  « Au sein de ce Conseil et au sein même des Nations Unies, à New York, c’est devenu la norme que certains groupes d’États attaquent Israël à chaque occasion qui se présente », a-t-il déclaré.  « Ce préjudice dont est victime un État Membre sape gravement la crédibilité du Conseil des droits de l’homme.  Il doit être stoppé. » 

Son homologue du Japon a attiré l’attention sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), y compris l’enlèvement de ressortissants étrangers, dont, selon lui, « la gravité n’a pas de parallèle dans le monde contemporain ».  « Cette situation est devenue aujourd’hui un sujet de discussion au Conseil de sécurité.  Il est vital de mobiliser les différents organes des Nations Unies afin de transmettre un message fort de la communauté internationale pour des actions concrètes et améliorer la situation. »

Le représentant de Sri Lanka a souligné qu’afin de mettre les droits de l’homme au centre de l’action mondiale, les États Membres devaient coopérer avec les organes et les mécanismes internationaux des droits de l’homme, reconnaître leurs échecs et apprendre de leurs erreurs, renforcer la société civile et appuyer les groupes nationaux et les communautés des droits de l’homme qui sont le mieux placés pour identifier et contrôler la mise en œuvre des bonnes pratiques internationales au niveau local. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

M. Hervé Ladsous demande au Conseil de sécurité de réexaminer d’urgence l’embargo sur les armes au Soudan du Sud afin de protéger l’accord de paix

7737e séance – matin
CS/12445

M. Hervé Ladsous demande au Conseil de sécurité de réexaminer d’urgence l’embargo sur les armes au Soudan du Sud afin de protéger l’accord de paix

La menace d’imposer un embargo n’a visiblement pas dissuadé les parties à reprendre les armes, comme en témoignent les affrontements survenus à Juba les 7 et 8 juillet entre les soldats de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et ceux de l’APLS dans l’opposition, ainsi que les attaques distinctes commises à Juba le 7 juillet contre des membres du personnel et des sites de l’ONU, a fait remarquer, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix devant le Conseil de sécurité.  Au cours de son exposé, M. Hervé Ladsous a demandé au Conseil de réexaminer d’urgence l’embargo sur les armes au Soudan du Sud, afin de protéger l’Accord de paix et de contenir les hostilités qui ont éclaté à Juba, la capitale sud-soudanaise, à la veille du cinquième anniversaire de l’indépendance du pays.

Des sanctions ciblées doivent être prises immédiatement, a-t-il précisé, à l’encontre des dirigeants et les chefs militaires bloquant la mise en œuvre de l’Accord de paix.  

Les violences de ces derniers jours ont causé la mort de 272 personnes, dont 33 civils, 2 Casques bleus et un employé local de l’ONU, ainsi que des dommages aux bâtiments des Nations Unies, a déploré M. Ladsous, en prévenant que toute attaque délibérée contre les forces onusiennes, son personnel et ses installations pourrait constituer un crime de guerre.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a rappelé que la présente réunion du Conseil de sécurité devait initialement servir à l’examen du rapport du Secrétaire général sur le pays.  Il a estimé que dans les conditions actuelles, la recommandation du Secrétaire général pour un renouvellement technique du mandat de la Mission des Nations Unies en République du Soudan du Sud (MINUSS) restait valide et nécessaire.  Ce renouvellement technique du mandat serait limité à un mois, à compter de la fin juillet, afin de de permettre au Secrétariat de procéder à un examen rapide de la situation, de consulter les acteurs régionaux, notamment l’Union africaine, et de présenter des recommandations au Conseil de sécurité.

Au cas où le Conseil approuverait le renforcement de la Mission, notamment par une augmentation des effectifs militaires et des moyens plus robustes comme l’utilisation d’hélicoptères d’attaques et de drones, pour lui permettre d’assurer la protection des civils, a souligné M. Ladsous, il serait alors impératif que ces mesures s’inscrivent dans la mise en œuvre du même mandat et obéissent à la même chaîne de commandement.

M. Ladsous a indiqué que le Conseil des ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) avait tenu une réunion d’urgence le 11 juillet à Nairobi, au Kenya, à l’issue de laquelle il avait publié un communiqué demandant une révision du mandat de la MINUSS, qui prévoit de déployer une brigade d’intervention rapide et d’augmenter les effectifs militaires fournis par les pays de la région pour assurer la sécurité à Juba.  Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui s’est réuni hier à Kigali, au Rwanda, a entériné le communiqué de l’IGAD.

Il a par ailleurs relevé que le Vice-Ministre des affaires étrangères, M. Cirino Hiteng, avait été congédié hier par le Président du Soudan du Sud, en raison, semble-t-il, de sa participation à la réunion de l’IGAD.  M. Ladsous a rappelé que le Vice-Ministre avait été désigné par le parti des anciens détenus, conformément à l’Accord de paix, et que la décision du Président Salva Kiir constituait une violation de l’Accord.

Présentant la situation qui prévaut actuellement sur le terrain, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a indiqué qu’un cessez-le-feu unilatéral avait été décrété le 11 juillet par le Président du Soudan du Sud, et soutenu par le Vice-Président, M. Riek Machar.  Le cessez-le-feu, a-t-il dit, est respecté à Juba.

Profitant de ce calme relatif depuis deux jours, la MINUSS a conduit des patrouilles afin d’évaluer la situation de son personnel et de ses installations dans la ville.  Ces déplacements restent tout de même restreints du fait de la forte présence des forces de sécurité.  Il a appelé le Gouvernement sud-soudanais à faciliter l’accès du personnel de la Mission et des travailleurs humanitaires afin qu’ils puissent assister la population civile, en particulier les quelque 36 000 personnes qui ont fui les combats à Juba.

Des affrontements ont eu lieu le 11 juillet dans les localités telles que Laiyna, Kajo-Keiji, Yei et Mundri dans la province de l’Équatoria central et à Torit dans l’Équatoria oriental, a rappelé M. Ladsous.  Il a indiqué que les sites de cantonnement du SPLA dans l’opposition dans la partie ouest du Mont Jebel avaient été abandonnés, et que cela laissait présager de nouveaux combats entre les différents belligérants.  La situation est cependant restée calme dans la province du Haut-Nil, même si la Mission y a observé la mobilisation de combattants du SPLA et du SPLA dans l’opposition.

Le représentant du Soudan du Sud, M. Akuei Bona Malwal, a tout d’abord présenté ses condoléances pour la mort des Casques bleus au cours des tragiques événements à Juba.  Il a ensuite réaffirmé l’engagement du Gouvernement provisoire d’union nationale d’appliquer pleinement l’Accord pour la résolution du conflit au Soudan du Sud signé en août dernier.  Après avoir rappelé le contexte des évènements malheureux de Juba des 7 et 8 juillet derniers, il a souligné que c’est à cause d’une information erronée, publiée par un porte-parole de M. Machar, que les hommes qui lui sont fidèles avaient déclenché les hostilités.

Le représentant sud-soudanais a tenu à préciser que le Gouvernement provisoire d’union nationale était le seul mécanisme viable de mise en œuvre de l’Accord et appelé le Conseil de sécurité à travailler avec lui afin d’instaurer la paix et la sécurité dans le pays.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum politique sur le développement durable: énoncé des « dix commandements » pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,     
3e & 4e séances – matin & après-midi                
ECOSOC/6781

Forum politique sur le développement durable: énoncé des « dix commandements » pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles

« Ne laisser personne sur le côté », et surtout pas les femmes et les filles.  Ce principe fondamental sur lequel se fonde le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a fait l’objet de trois tables rondes aujourd’hui, au deuxième jour du Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le développement durable.  Les femmes et les filles étant « des laissées-pour-compte » par excellence, le Forum politique s’est vu édicter les « dix commandements » sans lesquels il faudra encore « un siècle » pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de la moitié de l’humanité, objectif 5 du Programme 2030.

Réuni pour la toute première fois après l’adoption du Programme 2030, le Forum politique de haut niveau a réfléchi aux moyens de mettre les 17 objectifs de développement durable et leurs 169 cibles au service des femmes et les filles, frappées par les inégalités d’accès à l’éducation et à l’emploi rémunéré, mais aussi des 795 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.  Comment mobiliser toute la créativité et l’innovation de la science? 

Le Programme 2030 reconnaît le rôle « essentiel » des femmes et des filles, « la moitié de l’humanité », dans la réalisation du développement durable.  Ce Programme comporte d’ailleurs l’objectif 5, spécifiquement consacré à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles.  Les engagements sont là mais comment les mettre en œuvre concrètement? 

Par les « dix commandements », a répondu la Directrice exécutive d’ONU-Femmes: inspiration, indivisibilité, intégration, institutions, mise en œuvre, investissements, information, inclusion, innovation, et enfin accélération, sans laquelle il faudrait, au rythme actuel, un siècle pour parvenir à l’égalité.  La clef c’est l’éducation-objectif 4-, a argué la fondatrice de la Lira Integrated School.  La clef c’est aussi des données ventilées par sexe et par âge pour mieux cibler les politiques, a ajouté la représentante de « CARE International », sans oublier l’amendement des lois pour mieux défendre les droits et intérêts des femmes et des filles, a ajouté, à son tour, la représentante de la Chine.  Aujourd’hui encore, a dénoncé son homologue du Danemark, 120 États établissent dans leur législation une différence entre les hommes et les femmes. 

Or ces femmes forment la majorité des 795 millions qui souffrent de la faim dans le monde, autres « laissés-pour-compte ».  « Zéro faim d’ici à 2030 », l’objectif 2 du Programme 2030, a conduit la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentaire et l’agriculture (FAO) à insister sur le fait que les causes de la faim sont non seulement très complexes mais également changeantes, avec de nouvelles menaces comme la démographie galopante, l’épuisement des terres et de la pêche et l’urbanisation, sans oublier les changements climatiques qui accroissent la fréquence et l’intensité des sécheresses et des inondations. 

Dans un monde où seule la moitié de la production de céréales est utilisée pour l’alimentation des populations, le reste servant à nourrir le bétail voire à fabriquer du carburant, on oublie trop souvent, a dit la Secrétaire générale de l’Organisation mondiale des agriculteurs, que la grande majorité des personnes qui souffrent de la faim sont les petits paysans, éleveurs ou pêcheurs, c’est-à-dire les producteurs dont la gageure est de produire toujours plus et de manière toujours plus viable.  Changer les modes de production –objectif 12- oui, mais sans perte d’emplois dans un secteur, le secteur agricole, qui est le plus grand employeur au monde, a-t-elle fait observer, avant que le représentant du grand groupe des syndicats ne plaide pour une « transition juste ».

Comment faire?  La science a peut-être une réponse ou plus exactement les interfaces sciences-politiques, ces processus sociaux qui englobent les relations entre les scientifiques et les décideurs politiques pour faciliter la mise en œuvre du Programme 2030.  Le Rapport mondial sur le développement durable auquel ont participé 240 chercheurs a été présenté par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques comme l’exemple parfait de la contribution scientifique à la prise de décisions politiques.  Il a rappelé que ce rapport a été rédigé dans le souci d’améliorer notre compréhension des stratégies de développement pour ne laisser personne sur le côté; de savoir avec précision qui sont ces laissés-pour-compte et pourquoi ils le sont; et d’identifier comment les stratégies et les politiques peuvent améliorer leur sort.  

En Irlande, le Conseil national de la recherche et le Conseil consultatif de la société civile ont décidé de travailler ensemble pour faire des contributions à la mise en œuvre du Programme 2030, a indiqué un professeur de l’Université de Dublin.  Celui de la « Kedge Business School, Sustainability Literacy Test » a attiré l’attention sur les connaissances accumulées par les 300 universités dans le monde qui enseignent « la durabilité ».  Le représentant du grand groupe des jeunes a voulu que l’on n’oublie pas les jeunes chercheurs, car ce sont eux « les plus passionnés et les plus déterminés ».  Il a aussi pointé le doigt sur les contributions du Forum international sur les innovations techniques et le développement.   

Il faut trouver des chercheurs pionniers, a estimé le représentant de l’Institut de géographie de l’Université de Bern.  Il faut non seulement des scientifiques capables de nous aider à mesurer l’état de mise en œuvre des objectifs de développement durable mais également d’évaluer la qualité des interactions entre les 17 objectifs et ses 169 cibles.  Aucun des objectifs ne sera réalisable si on les cloisonne, a averti le représentant des Seychelles. 

Le Forum politique de haut niveau, créé au Sommet Rio+20 pour remplacer la Commission du développement durable, tiendra d’autres tables rondes demain, mercredi 13 juillet, à partir de 10 heures. 

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: « Veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte –sécurité alimentaire et l'agriculture durable, l'action climatique, les océans et les écosystèmes terrestres durables- une approche liée »

Président de la séance, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), a rappelé que la sécurité alimentaire et la nutrition sont des éléments essentiels du développement durable.  C’est pourquoi le Programme de développement durable à l’horizon 2030 comprend l’objectif 2, d’éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable.  La table ronde doit permettre d’identifier les éléments liés et les menaces pour l’agriculture, le climat et les écosystèmes marins et terrestres qui sont en même temps nuisibles à la sécurité alimentaire.

Aucun des objectifs de développement durable ne sera réalisé si on les cloisonne, a averti le modérateur, M. RONALD JUMEAU, Représentant des Seychelles, chargé des changements climatiques et des questions relatives aux petits États insulaires en développement.  La faim est une des causes du développement inégal qui caractérise le monde où 190 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, a affirmé Mme DEBORAH FULTON, Secrétaire du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentaire et l’agriculture (FAO).  Elle a attribué la faim à la pauvreté, au chômage, aux fluctuations économiques mais aussi aux changements climatiques.  Les causes de la faim sont non seulement très complexes mais également changeantes, avec de nouvelles menaces qui aggravent les problèmes, y compris une population humaine sans cesse croissante, l’épuisement des terres et des pêcheries, l’urbanisation.  On ne peut traiter de ces questions de manière fragmentaire.  Le Comité le fait donc de manière intégrée, en donnant la parole aux plus démunis.  Mme Fulton a insisté sur la nécessité d’intégrer chaque acteur dès le départ dans l’élaboration des solutions.

Les changements climatiques accroissent la fréquence et l’intensité des sécheresses comme des inondations, ce qui a des conséquences sur la productivité des terres agricoles, a ajouté Mme OMOYEMEN LUCIA ODIGIE-EMMANUEL, Présidente du Centre pour les droits de l’homme et la recherche climatique, qui a aussi fait observer qu’une grande partie des terres sont utilisées pour d’autres usages que la production agricole qui va décliner d’ici à 2030.  Or, le droit à la sécurité alimentaire est liée au droit à la santé et à l’éducation, mais aussi à la stabilité car on observe en période de disette une augmentation des violences et de la criminalité.  Ces interactions rendent encore plus nécessaire une plus grande collaboration entre secteurs.  Le financement des efforts doit se fonder sur le lien entre les différents objectifs de développement durable.  Il est clair que si ces derniers ne sont pas mis en œuvre de manière intégrée, il y aura un grand gaspillage de ressources, du fait des doubles emplois ou tout simplement des oublis.  Pour l’intervenante, il faut impliquer tous les acteurs, y compris les communautés locales et autochtones, mais écarter tout ce qui met l’accent sur le profit.  Le slogan « les affaires comme d’habitude » ne doit pas prévaloir, a-t-elle affirmé.

Des personnes mieux nourries auront de meilleurs résultats à l’école et une meilleure forme physique qui amoindrira les coûts de la santé, a ajouté, à son tour, Mme EVELYN NGULEKA, Secrétaire générale de l’organisation mondiale des agriculteurs.  Or, la grande majorité des personnes qui souffrent de la faim dans le monde sont les petits paysans, éleveurs ou pêcheurs, c’est-à-dire les producteurs.  Mme Ngukela s’est félicitée de l’Accord de Paris sur le climat mais a rappelé la gageure des agriculteurs: produire toujours plus d’aliments pour une population croissante, et le faire de manière viable.  Pour y parvenir, il faudra associer tout le monde, y compris le secteur privé, disposer de techniques adéquates –pour créer une « agriculture intelligente »- et de ressources financières suffisantes, notamment avec des prêts à faible taux.  Elle a cité en exemple la manière dont la Zambie a réussi, avec l’appui du secteur privé, à faire face aux conséquences du phénomène El Niño, grâce à des semences à croissance rapide.

Lors du débat, le représentant du grand groupe des travailleurs et des syndicats a fait remarquer que les premières victimes des changements climatiques n’en sont pas les principaux responsables, et qu’à travers le monde des dizaines de millions de travailleurs de l’économie informelle perdent leur emploi. Constatant que le secteur agricole est plus sensible que d’autres aux changements climatiques, il a mis l’accent sur la nécessité de repenser les modes de production et a appelé à une « transition juste » pour les travailleurs, à savoir changer les modes pour sauver la planète tout en assurant des emplois décents.  Le secteur agricole reste en effet le plus grand employeur au monde, a rappelé la Secrétaire générale de l’organisation mondiale des agriculteurs.  Les agriculteurs contribuent donc à l’économie.

Aujourd’hui, seule la moitié de la production de céréales est utilisée pour l’alimentation des populations, le reste sert à nourrir le bétail voire à fabriquer du carburant, a rappelé, à son tour, le représentant du grand groupe des jeunes et jeunes.  Une agriculture industrielle qui détruit les écosystèmes sans nourrir la planète est-elle durable?  Le représentant du grand groupe des peuples autochtones a une nouvelle fois revendiqué le droit de ces peuples sur leurs terres ancestrales, sur lesquelles, a-t-il affirmé, ne sont produits que des aliments sains.  Il a aussi réclamé la reconnaissance des savoirs traditionnels, y compris dans le domaine alimentaire et médical.  Il s’agit de préserver la biodiversité mais aussi de maintenir la santé de la Terre.

Pour illustrer la complexité des problèmes, la représentante de la Nouvelle-Zélande a rappelé que l’augmentation de la production agricole pourrait augmenter l’émission de gaz à effets de serre.  Mon pays, a-t-elle dit, fait partie d’un groupe qui réfléchit aux moyens de développer une agriculture durable.  Quand on traite des changements climatiques, on devrait parler de l’atténuation de leurs effets plutôt que d’adaptation et il en est de même en matière de sécurité alimentaire, a déclaré M. JAKE RICE, scientifique en chef - émérite à Pêches et Océans Canada, qui a mis l’accent sur l’importance du secteur des pêches sur une planète dont 70% est couverte d’océans.  Alors que l’on s’attend à une réduction des sources alimentaires terrestres, il faudra sans doute rechercher une solution dans les ressources océaniques mais sans les épuiser.  Il ne faut pas croire que tout ce qui peut être fait dans le milieu terrestre peut automatiquement l’être sur les océans, a-t-il averti, avant de mettre en garde sur l’importance de la pêche côtière pour la sécurité alimentaire.  En effet, a-t-il averti, il existe une limite importante à ce que les océans peuvent supporter en matière de prélèvement, que ce soit sur le littoral ou dans le cadre de la pêche industrielle hauturière, laquelle a parfois eu des effets désastreux.

Le débat a montré combien cette préoccupation est partagée par les États insulaire.  Au nom de l’Alliance des petits États insulaires, la représentante des Maldives a rappelé les menaces qui pèsent sur les océans et leurs ressources, que ce soit leur acidification liée au réchauffement ou les pêcheries illégales et excessives.  De même, au nom des petits États insulaires en développement, le représentant des Palaos a expliqué que les populations de ces pays étaient largement tributaires de la pêche pour l’apport en protéines.  Après avoir rappelé le coût élevé des produits alimentaires dans la région du Pacifique ainsi que le Plan d’action de Samoa, il a déclaré que les petits États insulaires en développement n’avaient pas les moyens de financier eux-mêmes les mesures de préservation indispensables.  Il a demandé l’appui de tous les organes de développement des Nations Unies pour les aider à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Parmi les autres intervenants, le représentant de l’Italie a estimé que l’objectif 2 -Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable– était l’un des plus transversaux du Programme de développement durable.  Il a rappelé la signature de la Charte de Milan, manifeste concret et réalisable qui engage les citoyens de la planète dans la lutte contre la sous-alimentation, la malnutrition et les déchets, tout en favorisant un accès égal aux ressources naturelles et une gestion durable de la production.  Il a en outre rappelé que cette Charte faisait suite à l’Exposition universelle de Milan tenue sur le thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie » et s’est dit satisfait que des groupes comme le G20 accordent de plus en plus d’importance à la question.

Le représentant des autorités locales a rappelé les problèmes d’eau.  Il a présenté les gouvernements locaux et régionaux comme des acteurs « essentiels » de la gestion de l’eau et rappelé que l’agriculture durable dépend des liens entre zones urbaines et rurales, ne serait-ce que pour les transports des produits alimentaires ou de l’élimination des déchets.  Il a cité des solutions novatrices préparées par des gouvernements locaux, par exemple au Pérou en matière de souveraineté agricole locale, ou encore au Sénégal, pour la protection et la gestion des forêts.

Pour le représentant de la Finlande, la sécurité alimentaire n’est pas seulement une question de développement.  L’expérience des pays en développement dans ce domaine est essentielle.  Celui de l’Arabie saoudite a mis en avant le Plan d’orientation globale pour le développement de la région et la préservation de l’environnement et des ressources naturelles adopté par son pays, en le présentant comme une « obligation religieuse et morale » à l’égard des générations futures.  La représentante du Kenya a appelé à une modification des modes de production.

Pour sa part, la représentante du groupe sur le vieillissement a regretté l’absence d’indicateur concernant la sécurité alimentaire des personnes âgées dans l’objectif 2, alors que le représentant des personnes handicapées reprochait aux Nations Unies de ne pas avoir adopté de stratégies efficaces tenant compte des réalités concrètes auxquelles les personnes handicapées sont confrontées.  Comment réaliser les objectifs de développement durable en négligeant un groupe qui représente 20% de la population du monde?

Table ronde 2: « Veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte – Construire des sociétés pacifiques et plus inclusives et autonomiser les femmes et les filles »

Président de cette table ronde, M. JÜRG LAUBER (Suisse), Vice-Président du Conseil économique et social, a déclaré que le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 comprenne un objectif consistant à promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives –l’objectif 16-,montre clairement que la paix, la justice et le principe d’inclusion sont essentiels pour l’élimination de la pauvreté et la réalisation d’un développement durable.  La violence et l’insécurité sont des problèmes universels qui nuisent au bien-être des populations dans tous les pays et pas uniquement dans ceux qui sont en proie à des conflits, a-t-il ajouté.

L’objectif 16 est « unique » a estimé M. ROBERT J. BERG, Président de l’Alliance pour la paix et membre du Conseil d’administration de l’Académie mondiale des arts et des sciences.  Les conflits ont changé: ils sont désagrégés, ils s’appuient sur la religion ou les groupes ethniques et ils sont parfois motivés par la criminalité.  Face à cette nouvelle donne, il faut de nouvelles stratégies non pour remplacer les anciennes mais pour les compléter.  M. Berg a plaidé pour un soutien du système des Nations Unies à la société civile, affirmant que la consolidation de la paix a réussi quand les Nations Unies avaient aidé la société à comprendre que les chances de succès étaient plus grandes quand il y a cohérence dans la société.  Les Nations Unies devraient travaillent avec l’Église catholique qui va abandonner son concept de « guerre juste » pour celui de « paix juste ».  Il faut inciter les autres religions au même mouvement.

M. Berg n’a pas oublié de mettre l’accent sur l’implication des femmes dans la recherche de la paix, en citant en exemple une femme du Bangladesh, diplômée d’Oxford, qui a préféré rentrer dans son pays pour étudier les relations entre communautés chrétiennes et musulmanes.  Les femmes peuvent devenir de bonnes « faiseuses de paix », a-t-il ajouté, estimant que l’objectif 16 devait permettre d’apprendre aux femmes ce qu’est la « paix intelligente » et la « sécurité intelligente ».

Les jeunes, qui sont souvent présentés comme des victimes, peuvent aussi être des « faiseurs de paix », a rappelé Mme ANCA-RUXANDRA GLIGA, avocate à l’United network of Young Peacebuilders et membre du grand groupe des jeunes et des enfants.  Elle a rappelé que, dans des conflits, les jeunes sont souvent présentés comme des victimes mais ils peuvent aussi être des faiseurs de paix.  Elle a lancé un appel pour l’inclusion des jeunes dans les processus de paix, arguant que quand on parle des laissés-pour-compte, il faut toujours regarder qui n’est pas là, ce qui est souvent le cas des jeunes filles.

Le principe fondamental du Programme 2030 « de ne pas faire de laissés-pour-compte » est ambitieux mais nécessaire à la réalisation des objectifs de développement durable, a souligné la Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (OIDD) et modératrice du débat, Mme IRENE KHAN.

Mme LAKSHIMI PURI, Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, a rappelé que le Plan d’action de Beijing et d’autres importants textes adoptés depuis lors ont permis de réaffirmer l’importance pour le développement durable de la pleine participation des femmes et des filles et de leur autonomisation.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaît le rôle essentiel des femmes et des filles puisqu’elles représentent la moitié de l’humanité.  Mais, il y a aussi dans le Programme, un objectif dédié aux femmes et filles, l’objectif 5, a-t-elle rappelé, qui prévoit de « parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ».  Les engagements en faveur des femmes et filles sont donc là, il reste à savoir comment les mettre en œuvre concrètement.  

Mme Puri a cité à cette fin les « dix commandements » nécessaires: inspiration, indivisibilité, intégration, institutions, mise en œuvre, investissements, information, inclusion, innovation, et enfin accélération, sans laquelle il faudrait, au rythme actuel, un siècle pour parvenir à l’égalité.  Pour Mme Puri, il ne faut pas attendre 2030.

Il faut évaluer les progrès dès 2020 et surtout dans l’accès des filles à l’éducation, a renchéri Mme BEATRICE AYURU, Fondatrice de la Lira Integrated School, qui a dit avoir connu l’ignorance, la violence sexuelle et le manque de perspectives d’avenir.  La clef, c’est l’éducation, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’en la matière, les femmes avaient été laissées pour compte dans de trop nombreux pays.  Aujourd’hui, a-t-elle dénoncé, les programmes d’éducation sont trop théoriques.  Ils n’apprennent pas aux enfants à être créatifs alors qu’il est important que les filles acquièrent des connaissances pratiques.  Les gouvernements devraient élaborer des politiques permettant aux femmes d’acquérir, par exemple, des compétences entrepreneuriales, tout en expliquant à la société l’intérêt de telles mesures.

Il faut des données ventilées par sexe et par âge, car les besoins varient, a souligné Mme GAIA GOZZO, Chef de la gouvernance à CARE International.  Il faut, a-t-elle dit, des indicateurs permettant de vérifier si la représentation des femmes dans une institution, quelle qu’elle soit, a une influence sur les décisions prises.  La société civile ou les acteurs multinationaux pourraient apporter une aide en ce sens.

La représentante de la Chine a estimé qu’il faut d’abord et avant tout que les pays améliorent leurs lois pour défendre les droits et intérêts des femmes et des filles.  À ce propos, celui de la Ligue des États arabes a rappelé la Déclaration du Caire et le Plan stratégique pour le développement des femmes arabes adoptés l’an dernier, qui prévoit notamment la participation politique, l’autonomisation économique et la transformation sociale des femmes.  La représentante de l’Iraq a d’ailleurs demandé l’appui de la communauté internationale pour aider à la réinsertion des femmes victimes du terrorisme.  ONU-Femmes, a indiqué sa Directrice exécutive adjointe, travaille actuellement avec les femmes syriennes à la création d’un conseil syrien des femmes qui traitera de toutes les questions liées à la guerre.

Les inégalités entre hommes et femmes sont la principale forme d’inégalité dans le monde, a rappelé la représentante de l’Afrique du Sud, qui a cité l’écart salarial voire la non-rémunération du travail domestique.  La Suède, a rappelé sa représentante, a une longue histoire d’égalité hommes-femmes qui lui a réussi.  L’accent a toujours été mis sur la nécessité de reconnaître le potentiel « positif » de cette égalité.  Contributeur essentiel au système humanitaire international, la Suède continuera de soutenir la participation des femmes dans les pays affectés par les conflits et d’insister sur l’appropriation nationale, y compris par les femmes.  

En effet, a acquiescé la représentante du grand groupe des femmes, les gouvernements doivent renforcer la participation des femmes dans tous les domaines, et notamment dans les négociations et la reconstruction après les conflits.  La représentante du Danemark a apporté son soutien à toute mesure visant à assurer la participation active des femmes, avant de rappeler que plus de 120 États établissent encore aujourd’hui dans leurs législation une différence entre femmes et hommes.  Au Danemark, qui a un Gouvernement « féministe », tous les ministères sont responsables de l’égalité entre hommes et femmes et le Ministère de l’égalité y veille.

Les laissés-pour-compte ne sont pas que les filles, a rappelé le représentant du Bénin, qui a plaidé la cause de tous les enfants, filles et garçons.  Les mères doivent donner la même éducation à tous leurs enfants.  C’est à la maison et pas à l’école que peuvent d’abord s’acquérir les compétences entrepreneuriales.

Table ronde 3: « Interface science-politique: Idées nouvelles, connaissances et solutions »

Cette table ronde présidée par M. HECTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras) en sa qualité de Vice-Président de l’ECOSOC, a été l’occasion de mettre l’accent sur la contribution de la science à la formulation des politiques de développement durable.

Les interfaces entre les sciences et les politiques sont des processus sociaux qui englobent les relations entre les scientifiques et les acteurs du processus de prise de décisions politiques et qui permettent des échanges, une coévolution et une construction commune des connaissances aux fins d'enrichir la prise de décision à différents échelons pour faciliter le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Permettre à la science de servir la mise en œuvre du Programme 2030 revient aussi à trouver les moyens de mettre la science au service du pouvoir, a indiqué Mme LUCILLA SPINI, Chef des programmes scientifiques du Conseil international pour la science (CIUS) et modératrice.  Le Rapport mondial sur le développement durable auquel ont participé 240 chercheurs est, selon M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques, l’exemple parfait de la contribution scientifique à la prise de décisions politiques.  Il a rappelé que ce rapport a été rédigé dans le souci d’améliorer notre compréhension des stratégies de développement pour ne pas faire de laissés-pour-compte; de savoir avec précision qui sont ces laissés-pour-compte et pourquoi ils le sont; d’identifier comment les stratégies et politiques peuvent améliorer leur sort et quelle type de stratégie est le plus approprié.   

Spécialiste de la physique quantique, M. WILLIAM COLGLAZIER, de l’Association américaine pour les progrès de la science, a jugé qu’il faut faire une priorité du renforcement des institutions scientifiques nationales pour leur donner les moyens dinspirer et de guider les décideurs politiques.  Expert du lien entre eau et santé, M. GUELADIO CISSE, Chef du service des sciences de la santé de l’écosystème au Département d’épidémiologie et de santé publique de l’Institut suisse de la santé publique et tropicale, a, à son tour, prôné des liens entre plate-forme scientifique et institutions politiques.  En Irlande, le Conseil national de la recherche et le Conseil consultatif de la société civile ont décidé de travailler ensemble pour faire des contributions à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, a indiqué M. PATRICK PAUL WALSH, Professeur et Président des études internationales sur le développement de l’École des sciences politiques et des relations internationales de l’Université de Dublin.       

M. AURÉLIEN DECAMPS, Professeur assistant à la « Kedge Business School, Sustainability Literacy Test », a vanté les « partenariats multiples » qui permettent de réunir des gens très différents et de créer des espaces pour partager les meilleures pratiques.  Il a aussi attiré l’attention sur les connaissances acquises par les 300 universités dans le monde qui ont des cours sur « la durabilité ».  Il faut, a-t-il dit, promouvoir un dialogue efficace entre les scientifiques et les politiques ainsi qu’avec d’autres intervenants et détenteurs des savoirs, grâce à des mécanismes consultatifs officiels, des dispositifs d’alerte précoce et d’analyse prospective, la communication et autres moyens permettant d’influencer efficacement les décideurs. 

Chercheur en biotechnologie, M. DONOVAN GUTTIERES, Point focal en matière de sciences et de politique du grand groupe des jeunes et des enfants et représentant du Partenariat mondial des jeunes pour les objectifs de développement durable, a attiré l’attention sur les jeunes chercheurs, car ce sont eux qui sont « les plus passionnés et les plus déterminés ».  Au-delà des rapports mondiaux sur le développement durable publiés tous les quatre ans, il a voulu que l’on accorde l’attention voulue à la contribution du Forum international sur les innovations techniques et le développement.    

Il faut trouver les chercheurs pionniers qui travaillent en réseaux, a conseillé M. PETER MESSERLI, Directeur du Centre pour le développement durable et l’environnement (CDE) de l’Institut de géographie de l’Université de Bern.  Il faut non seulement des scientifiques capables de nous aider à mesurer l’état de mise en œuvre des objectifs de développement durable mais aussi des scientifiques capables de mesurer la qualité des interactions entre les divers objectifs et cibles. 

La science et la technologie sont devenues les moteurs du développement en Chine, a dit son représentant.  Il a invité les États à lever les barrières pour que tous puissent bénéficier des connaissances.  Pour la mise en œuvre du Programme 2030, la Chine a décidé de créer des zones de démonstration expérimentales, comme il en existe plusieurs centaines depuis les années 1980.  La Chine a aussi mis en place de nombreux programmes science et développement, que ce soit pour l’agriculture ou la protection de l’environnement.  Elle est prête à renforcer sa coopération scientifique et technique.  Il y a deux ans, a expliqué à son tour la représentante de la Finlande, mon pays a créé un panel d’experts scientifiques pour évaluer et tester les politiques de développement durable sur la base de données irréfutables.  Un tel groupe, très actif dans les médias sociaux, sert aussi à communiquer avec le grand public.  La Finlande cherche à savoir dans quels domaines elle doit mettre l’accent au cours des premières années de mise en œuvre du Programme 2030.  Le représentant de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a vanté les mérites de l’énergie nucléaire pour la santé ou l’agriculture.  

L’élément fondamental est le coût de l’accès aux connaissances, a prévenu le représentant des personnes handicapées.  N’oublions pas, a argué celle du grand groupe des autochtones, que ces peuples ont des connaissances considérables en matière de gestion durable des ressources naturelles.  Alors que leurs connaissances sont de plus en plus reconnues, ces peuples sont tenus à l’écart, quand ils ne sont pas menacés par de grands projets de développement.  Comment peut-on dire que personne ne sera laissé sur le côté si de tels projets continuent de menacer l’existence-même des autochtones.  Les pratiques locales et traditionnelles doivent être prises en compte car elles traitent des questions liées au développement durable depuis la nuit des temps, même si elles ne se fondent pas sur des critères scientifiques, a plaidé la représentante des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement.  

Pourquoi les conseillers scientifiques sont toujours « des hommes âgés », s’est d’ailleurs demandé la représentante de l’Afrique du Sud où l’Académie de la science et le Conseil consultatif de l’innovation sont chargés de formuler des avis et recommandations au Gouvernement.  Elle a vu dans ces « hommes âgés » la parfaite l’illustration d’un problème de transmission du savoir mais aussi de crédibilité du monde scientifique.  La représentante du grand groupe des femmes a invité l’« Interface science-politique » à corriger cette situation, à ouvrir ses portes à tous les acteurs du développement durable et à étudier des normes « éthiques » pour la collecte et la diffusion des données statistiques, notamment dans le domaine de la santé génésique.

L’« Interface science-politique » dépendra de sa capacité de traduire les faits scientifiques en recommandations concrètes aux États Membres, a estimé la représentante de la Suisse, avant que son homologue de l’Australie ne juge indispensable de s’appuyer sur les exemples qui ont permis à la science de contribuer à des changements politiques.  Le représentant de l’Algérie s’est enorgueilli des percées nationales dont le réseau national de fibre optique, la modernisation de l’administration publique par le biais de l’électronique et le lancement d’un programme spatial national à l’horizon 2020 pour développer la télédétection au profit du développement, de la protection de l’environnement, de l’exploitation des ressources naturelles et de l’atténuation de l’impact des changements climatiques.

Il faut des investissements pour transformer les connaissances scientifiques en innovation, a souligné le représentant des États-Unis qui a aussi avoué qu’il faudra surmonter le handicap des chercheurs qui ne sont pas toujours les meilleurs communicants et celui des politiques qui n’ont pas toujours des connaissances suffisantes.  Les ONG, a affirmé le représentant de ce grand groupe, sont le canal de communication entre les scientifiques et les gouvernements et les Nations Unies, une communication qui doit être facilitée par la généralisation d’Internet dans tous les États.  La représentante du grand groupe des jeunes et des enfants a insisté sur la nécessité de bâtir un monde plus scientifique, qui sera plus sûr et meilleur pour tous.  Il faut donner plus d’espace aux jeunes scientifiques pour assurer une « dimension intergénérationnelle » à l’Interface science-politique.  La science ne pourra résoudre tous les problèmes du développement durable, a mis en garde le représentant du grand groupe des entreprises et des industries, sans pour autant nier les avantages que l’on peut tirer des connaissances scientifiques.  Il a parlé du volume de travail effectué par son grand groupe pour comprendre et travailler à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le représentant de l’Arabie saoudite a parlé de la Cité scientifique Roi Adbelaziz, tout en faisant observer que toutes ces initiatives ont besoin d’un soutien des Nations Unies et notamment de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  La représentante de l’Union européenne a souhaité que les chefs d’État et de gouvernement se penchent sur le Rapport mondial sur le développement durable, avant que celui de Together 2030, groupe de la société civile, ne juge « déconcertant » qu’un rapport censé renforcer l’interface science-politiques soit attendu tous les quatre ans.  Il faudrait au moins un supplément annuel qui traite des questions émergentes. 

Il faut institutionnaliser l’Interface science-politique et l’ouvrir aux groupes défavorisés tels que les populations autochtones ou les personnes handicapées, a dit la Présidente de la table ronde. L’Interface doit être institutionnalisée à tous les niveaux de la société, du local à l’international, pour favoriser l’appropriation des enjeux du développement durable par les communautés, a acquiescé le membre de l’Institut suisse de la santé publique et tropicale, son homologue de l’Institut de géographie de l’Université de Bern, insistant sur les connaissances autochtones.

Le monde scientifique doit réfléchir aux paramètres d’une économie solidaire débarrassée des groupes de pression, a estimé, pour sa part, le Professeur à l’Université de Dublin.  S’agissant en particulier de la réalité des changements climatiques, le représentant de l’Association américaine pour le progrès de la science a jugé qu’il faut bien comprendre les questions que se posent les organes décisionnels car ce sont bien les diplomates qui devront gagner cette bataille.  Il faut assurer un accès transparent aux données pour maintenir l’élan, a insisté le représentant de l’Initiative des établissements d’enseignement supérieur en faveur du développement durable (HESI).  Il faut une Interface réellement « interdisciplinaire, intersectoriel et intergénérationnel », a conclu le représentant du Partenariat mondial des jeunes pour les objectifs de développement durable.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au centre de l’action mondiale, « les droits de l’homme sont le moteur le plus puissant de la paix et du développement », déclare M. Ban Ki-moon

Soixante-dixième session,
matin & après-midi               
AG/11803

Au centre de l’action mondiale, « les droits de l’homme sont le moteur le plus puissant de la paix et du développement », déclare M. Ban Ki-moon

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a affirmé aujourd’hui, à l’occasion d’un débat thématique de haut niveau de l’Assemblée générale intitulé « ONU70: les droits de l’homme au centre de l’action mondiale », que ces derniers constituaient « le moteur le plus puissant de la paix et du développement ».

Les violations des droits de l’homme doivent « cesser maintenant » et, à cet égard, « les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités », a déclaré M. Ban, en ouvrant ce débat de haut niveau de deux jours auquel participent près de 90 délégations et qui est articulé autour de plusieurs tables rondes.

Pour le Secrétaire général, qui a rappelé les nombreux abus commis dans diverses parties du monde, « les États Membres ont déjà franchi une importante étape en adoptant unanimement le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Les droits de l’homme sont au cœur des 17 objectifs de développement durable qui vont de l’éradication de l’extrême pauvreté à la réduction de l’inégalité en passant par la promotion de la paix et de sociétés exclusives, a-t-il expliqué.  « En cette première année cruciale de mise en œuvre, nous devons reconnaître la nécessité de souligner l’importance des droits de l’homme dans ce que nous faisons. »

Ainsi que l’a indiqué, le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, ce débat thématique de haut niveau s’inscrivait dans le contexte du cinquantième anniversaire des Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, du trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement et du processus visant à sélectionner et à désigner le prochain secrétaire général de l’ONU.

Il est ainsi l’occasion pour les États Membres d’« avoir une vision globale de la situation des droits de l’homme dans le monde d’aujourd’hui », de « renforcer les fondements des droits de l’homme et d’examiner les moyens visant à faire en sorte que ceux-ci contribuent au progrès de la paix et de la sécurité et du développement durable, et réciproquement », de « consolider le rôle des Nations Unies dans ce domaine » et d’« identifier les actions en vue d’obtenir des améliorations rapides dans la réalisation des droits de l’homme au niveau mondial ».

M. Lykketoft a rappelé que les droits de l’homme étaient « universels, indivisibles et interdépendants ».  « Ils sont les normes que les dirigeants mondiaux se sont engagés à respecter pour que tous les peuples puissent jouir de la dignité, de la liberté et de l’égalité.  Ils constituent le cadre juridique et moral qui permet aux peuples partout dans le monde de combattre l’injustice. » 

Les États fondateurs des Nations Unies ont créé une institution équilibrée autour de trois piliers que sont la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, a souligné pour sa part le Secrétaire général.  Mais, 70 ans après, « cet équilibre est loin d’être réalisé » au sein de la structure de l’Organisation elle-même, de son financement, de ses politiques et de ses actions.  « De la même façon que nous avons pu sortir des populations de la marginalisation, nous devons aussi amener les droits de l’homme au centre de nos discussions et de nos décisions », a dit M. Ban. 

Le Secrétaire général a expliqué que son initiative « Les droits de l’homme avant tout » avait « pour objectif de réunir les trois piliers des Nations Unies, d’assurer que la lutte contre les violations des droits de l’homme reste la priorité et de faire en sorte que la Charte des Nations Unies soit au centre des activités quotidiennes de l’ensemble du système ». 

« Cette initiative a changé la façon d’agir et de penser des Nations Unies », a-t-il observé.  Elle a en effet changé, selon lui, les modes opérationnels « pour se focaliser davantage sur la prévention que sur la réaction ». 

M. Ban a insisté sur le fait que placer les droits de l’homme au centre de notre processus de décision exigeait un « engagement total des États Membres qui ont le pouvoir de changer la vie pour le meilleur ».  « Dans un monde profondément connecté, tous les États Membres ont un intérêt commun à promouvoir les droits individuels et collectifs comme base de la paix et de la prospérité mondiales. » 

De même, à ses yeux, « les politiques répressives contre l’extrémisme violent et le terrorisme n’assurent pas la sécurité ».  « Lorsque les gouvernements prennent des actions contre le terrorisme sans tenir compte des droits de l’homme, ils renforcent les sentiments d’exclusion et accroissent le ressentiment et alimentent l’extrémisme et le terrorisme à travers le monde. » 

Selon, le Secrétaire général, le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent affirmait que la prévention de l’extrémisme et la promotion des droits de l’homme vont de pair.  En outre, « les droits de l’homme offrent aux États une voie claire vers la stabilité et la prospérité.  Ils construisent la confiance et la loyauté ainsi que la prospérité des institutions politiques et économiques ». 

De son côté, le Président de l’Assemblée générale a jugé que si les dirigeants du monde ne relançaient pas leur engagement en faveur des droits de l’homme, ne rejetaient pas les discours de division et de haine, et ne traitaient pas les facteurs des tensions actuelles comme le chômage, les inégalités, les changements climatiques ou les abus de pouvoir, « l’espoir pourrait se transformer rapidement en désespoir ». 

En tout cas, nous ne pouvons pas permettre que la culture des droits de l’homme qui a été forgée durant ces 70 dernières années disparaisse.  Nous devons assurer que les Nations Unies, 70 ans après sa fondation, continuent d’être le rempart contre les menaces aux droits de l’homme. 

Mathilde, Reine des Belges, a reconnu que le chemin vers la paix durable, vers la justice et vers le bien-être était « encore long et ardu ».  « C’est pourquoi, le dialogue d’aujourd’hui aurait tout son sens s’il parvenait à expliciter et à étayer encore davantage ce constat et cette ambition. » 

Elle a souhaité que les efforts se poursuivent « pour aboutir à une intégration harmonieuse de tous les leviers de développement, que ce soient les outils et instruments institutionnels, économiques ou juridiques, actionnés par nombre de parties prenantes tels les autorités, la société civile, les entreprises, le monde académique et culturel ».

La Directrice exécutive d’« Il’laramatak Community Concerns » et représentante des peuples autochtones du Kenya, Mme Agnes Leina Ntikaampi, a assuré pour sa part que les droits de l’homme constituaient « un mirage pour beaucoup de gens dans le monde, un rêve qui attend de devenir réalité ». 

Mme Ntikaampi a également dénoncé l’intolérance contre la société civile qui demande des comptes aux autorités, en particulier concernant la question de la terre qui est vue par les gouvernements et les investisseurs privés comme une opportunité pour une croissance purement économique et une source exclusive de profit aux dépens des peuples autochtones, de leurs cultures de subsistance et d’autres formes d’utilisation des terres.

« Les nouvelles tendances mondiales sur les industries extractives encouragent une nouvelle ruée vers les terres qui se fait souvent aux dépens de pauvres et sans étude d’impact environnemental ou même sans un processus de consentement préalable, libre et éclairé des populations autochtones locales », a-t-elle déclaré.  « C’est en défendant leurs droits que ces groupes de populations perdent leurs vies et leurs moyens de subsistance dans des circonstances injustes et troubles. » 

Selon elle, les États Membres doivent renforcer leurs efforts en matière de redevabilité, prendre des mesures urgentes pour prévenir les exécutions extrajudiciaires, la brutalité policière et les violations des droits de l’homme, dans un esprit de justice, de paix et de sécurité.  Dans le même temps, les citoyens ont besoin d’apprécier le travail des agents de force de l’ordre et des institutions gouvernementales qui sont censés les protéger et les servir, et développent une culture de confiance et de respect à leur égard.

Au cours du débat plénier ministériel qui a suivi les déclarations liminaires, auquel ont pris part ce matin 18 délégations, le Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, M. Jean Asselborn, a dit qu’en tant que communauté internationale, « nous avons une responsabilité collective d’agir lorsque des nettoyages ethniques ou de graves violations du droit humanitaire se produisent et de tout mettre en œuvre pour les prévenir ». 

« Pour promouvoir le respect des droits de l’homme et protéger les individus face aux violations et abus en temps de conflit, l’ONU a les moyens d’agir.  Qu’il s’agisse des représentants spéciaux du Secrétaire général ou des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, tous contribuent dans le cadre de leur mandat spécifique à faire respecter et avancer les droits de l’homme et le droit international humanitaire.  L’indépendance de leur travail est primordiale et nous devons protéger leur mandat. »

Pour la Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, Mme Susana Mabel Malcorra, « les droits de l’homme doivent sous-tendre nos processus de décision politique ».  « Et dans un monde de plus en plus connecté, nous devons considérer les dimensions nationales, régionales et mondiales des droits de l’homme. » 

La Ministre suédoise de l’égalité des sexes, des personnes âgées et des enfants, Mme Asa Regnér, a soulevé la question de la jouissance des droits de l’homme par les femmes et les filles qui, a-t-elle précisé, est la « pierre angulaire » de tous les efforts de son gouvernement.  « L’autonomisation des femmes et des filles est l’autonomisation de toute l’humanité, y compris l’accès aux droits sexuels et reproductifs », a-t-elle déclaré. »

Trois débats interactifs ont suivi le débat plénier qui ont eu pour thèmes respectifs: « la discrimination et les inégalités »; « les fondements des droits de l’homme: gouvernance, état de droit et accès à la justice »; et « permettre la participation active en société ».

L’Assemblée générale poursuivra et achèvera demain, mercredi 13 juillet, son débat thématique de haut niveau. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.