En cours au Siège de l'ONU

Le Représentant spécial affirme que le Sahel doit faire face à la montée de l’insécurité et aux effets des changements climatiques

7699e séance – après-midi 
CS/12378

Le Représentant spécial affirme que le Sahel doit faire face à la montée de l’insécurité et aux effets des changements climatiques

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, M. Mohammed Ibn Chambas, a affirmé cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que le Sahel devait faire face à la montée du terrorisme et de l’insécurité et aux effets des changements climatiques et de l’avancée du désert.

M. Chambas, qui s’exprimait par vidéoconférence depuis le Niger, a souligné les effets délétères de la désertification, prenant pour exemple le Lac Tchad et le fleuve Niger, durement affectés par les effets des changements climatiques. 

Il a par ailleurs lancé un appel pour la mobilisation internationale contre le terrorisme dans la région, et plaidé pour un soutien humanitaire accru, déplorant que sur les 525 millions de dollars nécessaires pour les besoins humanitaires dans la région, 10% seulement aient été réunis.  Il a également rappelé le projet de la « Grande muraille verte » que l’Union africaine avait adopté en 2013 afin d’établir une vaste zone boisée de Dakar à Djibouti, de la côte ouest à la côte est de l’Afrique, estimant qu’un tel projet pourrait constituer une solution à long terme pour la lutte contre la pauvreté dans le Sahel.

Le terrorisme se nourrit des conflits, comme en témoigne la prolifération des groupes terroristes au Sahel, a, de son côté, relevé le Directeur exécutif du Comité contre le terrorisme, M. Jean-Paul Laborde.  Il a souligné que les changements climatiques contribuaient à l’insécurité lorsqu’ils s’accompagnaient d’autres variables sociopolitiques telles que la mauvaise gouvernance, les conflits locaux liés à l’appropriation des ressources naturelles, l’instabilité économique et le chômage des jeunes.  

« La géopolitique du Sahel est aujourd’hui guidée par les tensions liées à la pénurie de terres et d’eau », a affirmé de son côté la Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, Mme Monique Barbut.  En raison de la mauvaise gouvernance, de la pauvreté et d’un accès facile aux armes, des situations peuvent rapidement devenir violentes, a-t-elle observé, notant que c’est précisément ce qui était en train de se produire autour du Lac Tchad et au Niger après l’épisode du Darfour.  Elle a en outre préconisé d’investir dans des emplois décents visant la réhabilitation des terres dans les villages et les communautés les plus exposées aux dangers de la désertification.

Une représentante de la société civile du Tchad, Mme Hindou Oumarou Ibrahim, a également prôné la mise en œuvre de petits projets communautaires susceptibles de permettre aux jeunes de se prendre en charge et de ne plus céder aux appels des groupes extrémistes.

Pour le Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, M. Pierre Buyoya, trois phénomènes majeurs doivent être surveillés au Sahel: la présence, dans le nord du Mali, de groupes terroristes « de nouvelle génération »; le niveau de violence encore très élevé dans le bassin du Lac Tchad, et la présence de l’État islamique en Libye, également terrain d’entraînement pour de jeunes terroristes.  « Aussi longtemps que la Libye ne sera pas stabilisée, le Sahel ne connaîtra pas la paix », a-t-il estimé.

Au cours du débat qui a suivi, le délégué russe a estimé que la situation sécuritaire du Sahel s’était sérieusement détériorée après l’intervention militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye.  Il a en outre affirmé que les questions d’environnement et les phénomènes naturels n’étaient pas du ressort du Conseil de sécurité et qu’ils devaient être débattus dans d’autres enceintes.  Le représentant du Venezuela a également estimé qu’il n’existait pas forcément de lien entre les changements climatiques et le terrorisme, et que le « Conseil de sécurité n’est pas l’instance appropriée pour examiner les questions d’environnement ».

Pour l’Espagne par contre, quand bien même la solution au défi que représentent les changements climatiques n’est pas du ressort du Conseil de sécurité, celui-ci doit en tenir compte, du fait que les changements climatiques sont en train de changer les règles du jeu et modeler notre avenir.  Au Sahel, « les changements climatiques sont un facteur qui multiplie les menaces », a affirmé pour sa part le représentant des États-Unis.  « Personne ne suggère que Boko Haram a été causé par les changements climatiques, mais la dévastation causée par le réchauffement peut entraîner la pauvreté et l’instabilité politique, l’insatisfaction et plus encore », a-t-il indiqué.

Le représentant de la France a, quant à lui, rappelé l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme au Sahel à travers les opérations Serval et Barkhane.  Il s’est aussi engagé au nom de son gouvernement à mobiliser la communauté internationale pour financer trois domaines clefs en Afrique; le secteur énergétique, la Grande muraille verte et la remise en état du Lac Tchad.  Pour sa part, le Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, M. Angel Losada, a annoncé que son organisation consentirait plus de 5 milliards d’euros au Sahel entre 2014 et 2020, précisant en outre que près de 30 projets avaient été mis au point entre janvier et avril 2016 pour près de 382 millions d’euros. 

D’autres solutions ont été évoquées au cours de ce débat, notamment la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel qui réunit les approches sécuritaire et de développement.  Le représentant du Sénégal a, quant à lui, proposé la promotion des programmes d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques afin de renforcer la résistance à long terme de la région. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Défis dans la région du Sahel

Déclarations

M. MOHAMMED IBN CHAMBAS, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, s’exprimant par vidéoconférence depuis le Niger, a déclaré qu’il est en tournée dans les pays du Sahel afin de toucher du doigt les conséquences des changements climatiques.  Ces changements ont aggravé la sécheresse et augmenté sa récurrence dans le Sahel, une région marquée par de nombreux conflits non résolus et la prolifération des luttes entre communautés, pour le contrôle des maigres ressources naturelles. 

La lutte contre les activités terroristes commence à porter ses fruits dans la région, s’est félicité M. Chambas, en saluant le front commun qui a contribué à affaiblir Boko Haram.  Il a souligné que la coopération régionale renforcée et l’aide internationale sont nécessaires pour permettre aux pays de la région de lutter contre le terrorisme.  Il a notamment appelé au financement de la force multinationale mixte chargée de lutter contre Boko Haram, et à une aide vitale aux réfugiés.  Il a estimé que, sur le long terme, il est important de s’attaquer aux causes profondes des crises dans la région, notamment les questions relatives au développement durable, à la bonne gouvernance et à l’état de droit.  Il a aussi estimé que le deuxième Sommet régional sur la sécurité d’Abuja, axé sur la lutte contre Boko Haram, le 14 mai dernier, a permis de voir que les dirigeants de la région ont compris qu’il faut également tenir compte des questions de développement dans la lutte contre le terrorisme.  La Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel cristallise les initiatives du système onusien pour soutenir les pays de la région, a-t-il rappelé. 

M. Chambas a en outre parlé du cas précis du bassin du Lac Tchad, relevant que le Lac est passé d’une superficie de 25 000 km2 à près de 800 km2 en 50 ans.  Il a relevé que ce Lac fournit des moyens de subsistance à plus de 2 millions de personnes, offrant par exemple de l’eau douce à près de 13 millions de personnes dans les pays environnants.  Il a appelé à la restauration du Lac afin d’éviter que les crises alimentaires et sécuritaires de la région ne prennent de l’ampleur.  Il a aussi mentionné le cas du Bassin du fleuve Niger qui subit de plein fouet les effets des changements climatiques, une situation catastrophique sachant que 7 nations de la région bénéficiant des atouts du fleuve font partie des 20 pays les plus pauvres de la planète.  Il a fait observer que les habitants de la région vivent dans l’insécurité alimentaire, et que la situation risque de s’aggraver car la population de la région devrait doubler d’ici à 2050. 

M. Chambas a également relevé que la détérioration de la sécurité, due aux confrontations entre agriculteurs et bergers, nous montre les effets délétères de la désertification.  Le Représentant spécial a en outre relevé que le lit du fleuve Niger ne cesse de s’assécher et qu’il devient urgent de prendre des mesures pour freiner l’avancée du désert.  À ce propos, il a rappelé le projet de la « Grande muraille verte » que l’Union africaine avait adopté en 2013 afin d’établir une vaste zone boisée de Dakar à Djibouti, de la côte ouest à la côte est de l’Afrique, estimant que cela apparaît comme une solution à long terme pour la lutte contre la pauvreté dans le Sahel.  

M. Chambas a par ailleurs affirmé que le Sahel se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, faisant face à la montée du terrorisme et de l’insécurité et affectée par les changements climatiques et l’avancée du désert.  S’il a reconnu la responsabilité première des gouvernements de la région, il a néanmoins souligné la priorité qu’ils donnent aux besoins sécuritaires.  La lutte contre les djihadistes et les changements climatiques sont des défis qui vont au-delà de la région et nécessitent une assistance internationale, a-t-il argué.  L’Union européenne a consenti 120 millions d’euros pour la sécurité dans la région, s’est-il réjoui, ajoutant que les besoins humanitaires ne cessent de croître.  Quelque 2,4 millions de personnes vivant dans la région du Lac Tchad ont dû fuir, parmi lesquels 1,5 million d’enfants.  Une somme de 525 millions de dollars est nécessaire pour les besoins humanitaires dans la région, a-t-il rappelé, en regrettant que seul 10% de ce montant ait été mobilisé pour l’instant.  Les problèmes sont identifiés, a noté M. Chambas, rassemblons maintenant nos efforts et nos initiatives afin de parvenir à des résultats probants, a-t-il plaidé.

Nous sommes réunis aujourd’hui pour débattre des liens entre sécurité et changements climatiques au Sahel, a souligné, M. JEAN-PAUL LABORDE, Directeur exécutif du Comité contre le terrorisme.  Est-ce une perception ou une réalité?  M. Laborde s’est risqué à affirmer que le changement climatique peut être un facteur aggravant conduisant à une insécurité humaine et à davantage de conflits.  Or, nous savons que le terrorisme se nourrit des conflits, comme en témoigne la prolifération des groupes terroristes au Sahel.  Il est donc essentiel de prévenir les conflits et de s’attaquer à leurs causes pour endiguer le terrorisme. 

Il a tout de même souligné que le changement climatique ne peut pas à lui seul contribuer à l’insécurité.  Il doit s’accompagner d’autres variables sociopolitiques telles que la mauvaise gouvernance, les conflits locaux liées à l’appropriation des ressources naturelles, l’instabilité économique ou encore le chômage des jeunes.  À ce propos, la désertification et la dégradation continue des écosystèmes sont perçues comme une forme d’insécurité humaine qui pousse les jeunes à aller vers l’extrémisme violent et « qui sait, jusqu’à des actes de terrorisme », a prévenu le Directeur exécutif en citant une étude commanditée par son bureau.

Dans la région du Sahel, les groupes terroristes représentent une menace complexe qui ne cesse d’évoluer dans sa forme, son envergure et ses méthodes. Puisque la menace est flexible, innovante et adaptable, les Nations Unies doivent également mettre en place des réponses rapides et fluides, tout en utilisant pleinement les mécanismes de la coopération internationale conformes à l’état de droit et aux droits de la personne humaine.  Il faut aussi trouver des solutions politiques aux problèmes existants dans la zone du Sahel car les organisations terroristes et la criminalité organisée se glissent sans bruit dans les zones de non droit. 

Le Directeur exécutif a, dans ce cadre, estimé que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qui réunit l’approche sécuritaire et de développement, est le cadre à travers lequel les problèmes doivent être abordés et si possible, résolus.  Appuyant, dans ce contexte, la création du G-5 Sahel, il a indiqué que son équipe se prépare à assister l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans l’opérationnalisation de la plateforme de coopération en matière de sécurité dont le G-5 Sahel vient de se doter.  S’il a salué les progrès « importants » enregistrés dans la région du Sahel, en termes de cadres législatif et judiciaire, dont la mise en place de pôles judiciaires spécialisés qui permettent la spécialisation des magistrats, il a regretté le faible taux des affaires jugées, prévenant que « l’impunité fait le lit du terrorisme ».

Compte tenu de la dimension transnationale du terrorisme et du phénomène des combattants étrangers, le Directeur exécutif a prôné le partage des informations entre les différents services impliqués, le renforcement de la coopération policière dans le Sahel, la mutualisation des moyens d’enquête, la solidification de la coopération entre les parquets et la sensibilisation des magistrats du siège aux enjeux de cette coopération.  Il a annoncé qu’il sera la semaine prochaine à Cotonou pour une réunion des plus hautes instances judiciaires de la région et au-delà, ayant le français en partage.  Il a aussi appelé les États à réformer leur législation afin de criminaliser le recrutement de combattants étrangers et la participation à une entreprise terroriste à l’étranger, et de consolider les enquêtes et poursuites judiciaires ainsi que le système de recueil d’éléments de preuve. 

M. Laborde a conclu en exprimant la disposition de sa Direction exécutive à explorer les liens de cause à effet des changements climatiques sur le terrorisme, avec l’aide du réseau de recherche de plus de 30 instituts universitaires dont il dispose.

« La possibilité d’une action cohérente dans le Sahel semble se refermer rapidement », a constaté la Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, Mme MONIQUE BARBUT.  Avec des taux de croissance démographique annuels pouvant atteindre près de 4%, la population augmente au-delà de la capacité de la région à répondre aux besoins.

Le PIB par habitant de la région est déjà relativement faible, allant d’environ 900 à 3 000 dollars, a expliqué Mme Barbut.  Plus de 40% de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour.  La plupart des gens comptent actuellement sur l’exploitation des ressources naturelles pour survivre.  « Pour la majeure partie de la population, la vie se durcira encore », a-t-elle averti. Dans le contexte des changements climatiques, la dégradation des terres déstabilise la situation. 

En effet, les climatologues estiment que la température du Sahel va augmenter de 3 à 5 degrés Celsius d’ici à 2050, a indiqué la Secrétaire exécutive. De mauvaises pratiques de gestion des terres couplées aux changements climatiques pourraient réduire la production agricole de 13% au Burkina Faso et de près de 50% au Soudan.  Au Sahel, 85% des terres sont déjà dégradées. 

« La géopolitique du Sahel est aujourd’hui guidée par les tensions liées à la pénurie de terres et d’eau », a résumé Mme Barbut.  En raison de la mauvaise gouvernance, de la pauvreté et d’un accès facile aux armes, des situations peuvent rapidement devenir violentes.  Ce fut, a-t-elle rappelé, le cas au Darfour avec près de 300 000 morts depuis 2003.  C’est ce qui est en train de se reproduire autour du Lac Tchad et au Niger où la migration augmente les tensions sur les ressources naturelles.    

Le Lac Tchad constitue une « bouée de sauvetage » pour au moins 25 millions de personnes dans quatre pays, le Nigéria, le Cameroun, le Tchad et le Niger.  Par exemple, les eaux du Lac Tchad qui font vivre plus de 300 groupes ethniques ont diminué de 90% depuis les années 60, a précisé Mme Barbut.  Selon elle, « ce n’est donc pas un hasard si la région du Lac Tchad est le berceau de Boko Haram et le foyer d’Al-Qaida au Maghreb ».

La désertification et la dégradation des terres coupent l’herbe sous le pied de millions de personnes.  Ainsi se créent « les conditions du désespoir d’une population sans emploi, pauvre et vulnérable, soit près de 41 millions de jeunes dans la seule région du Sahel », s’est inquiétée la Secrétaire exécutive.  D’après une étude du Ministère de la défense du Royaume-Uni, d’ici à 2035, ce sont près de 60 millions de personnes qui devraient migrer à cause de la désertification vers l’Afrique du Nord et l’Europe.  À ce sujet, elle a indiqué que « 100% des migrants illégaux recensés en Europe viennent des pays arides ».

Compte tenu de la grande importance de l’agriculture et des terres productives pour l’emploi et la création de revenus en Afrique subsaharienne, « nos efforts pour la stabilité et la paix doivent se concentrer plus sur les terres », a recommandé Mme Barbut.  Elle a fait remarquer que les migrants ruraux préfèrent généralement vivre près de leurs terres et que beaucoup resteraient ou rentreraient chez eux si cela était possible.  Tous les dividendes de la paix durable dans la région devraient donc impliquer l’utilisation durable des terres et de l’eau.     

Dans cet esprit, la Secrétaire exécutive a considéré que la mise en œuvre des initiatives de la Grande muraille verte et du Lac Tchad devrait être accélérée.  « Nous devons investir dans des emplois décents basés sur la réhabilitation des terres dans chacun des villages et des communautés situés en première ligne sur le front de la désertification », a-t-elle préconisé.  Elle a estimé qu’une moyenne de 5 000 villages par pays serait nécessaire pour lancer une nouvelle économie.

Dans la région du Sahel, a-t-elle précisé, le coût de la réhabilitation et de la gestion durable d’un hectare est de l’ordre de 250 dollars, « soit moins de 3 000 dollars par emploi, chaque année, à comparer par exemple au coût d’un migrant dans un camp en Italie qui est de l’ordre de 15 000 dollars par an ».

Cette approche basée sur la gestion durable des terres renforcerait la résilience des communautés vulnérables, permettrait d’améliorer la sécurité alimentaire et hydrique et pourrait stabiliser une grande partie de la région, a conclu Mme Barbut.    

Mme HINDOU OUMAROU IBRAHIM, Coordonnatrice de l’Association des femmes et peuples autochtones du Tchad, a souligné que les changements climatiques qui ont un impact sur les ressources naturelles renforcent les conflits entre communautés, qu’il s’agisse des conflits liés aux ressources en eau, à l’accès aux terres ou aux migrations.  Elle a aussi parlé des conflits liés aux extrémismes religieux dont la menace constante de Boko Haram qui recrute parmi les plus pauvres, notamment les jeunes, en leur proposant de fortes sommes d’argent, environ 500 dollars.  Face à ces menaces, la paix et la sécurité au Sahel passent donc par la lutte contre les changements climatiques.  La Coordonnatrice a appelé à l’accélération de l’Accord de Paris sur le climat, insistant sur le fait que l’adaptation ne reçoit que 15% des financements alors que c’est une priorité pour assurer la résilience des communautés.  Il faut multiplier le nombre  des projets d’accès à l’eau et d’agriculture durable.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de faire confiance aux savoirs et connaissances traditionnels des peuples autochtones.  Nous avons, a–t-elle dit, développé une méthode de cartographique participative en trois dimensions pour gérer au mieux le peu de ressources qui restent. 

M. FODÉ SECK (Sénégal) a noté le lien inextricable entre les fléaux du terrorisme, de la criminalité organisée et des trafics en tous genres qui remettaient en cause la stabilité de la région.  La nature de ce lien implique à son avis une approche multisectorielle et interrégionale, englobant l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, et qui prenne en compte la prévention, la répression et la protection.  Il est ainsi important d’assurer une plus grande coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, à travers son Architecture de paix et de sécurité, et d’accélérer l’opérationnalisation de la Force multinationale mixte chargé de la lutte contre Boko Haram, a-t-il ajouté.

Le représentant a précisé que la deuxième session du Sommet sur la sécurité régionale du 14 mai 2016, à Abuja, au Nigeria, avait défini un plan d’action pour éradiquer les causes profondes du terrorisme, en mettant l’accent sur les investissements pour le développement dans les zones affectées et la prise en charge des besoins sociaux des couches les plus vulnérables.  En tant que pays de la région, le Sénégal fait face à ces défis et contraintes, auxquels viennent s’ajouter les problèmes concernant l’accès au foncier, les criquets pèlerins et les oiseaux granivores.  Si les défis à la paix et à la sécurité dans le Sahel sont multiples, les solutions sont à trouver dans la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, notamment la promotion des programmes d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques afin de renforcer la résistance à long terme dans la région. 

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a rappelé que le Sahel avait été défini à maintes reprises comme la « zone zéro du réchauffement planétaire ».  La population croissante a de moins en moins de terres à cultiver, une situation qui entraîne irrémédiablement l’instabilité.  La solution au défi que représentent les changements climatiques n’est pas entre les mains du Conseil de sécurité, mais il lui faut tenir compte de la réalité, du fait que ce phénomène est en train de changer les règles du jeu et de modeler notre avenir, a ajouté le représentant.

Dans le respect des engagements qu’il a pris, le Conseil de sécurité continue l’entreprise commencée par le Royaume-Uni il y a presque 10 ans, a rappelé le représentant. Il ne doit pas se limiter à de simples déclarations d’intention.  Le Conseil doit recevoir  des informations pertinentes pour être mieux préparé « à jouer son rôle de prévention ».

Le représentant a recommandé d’adopter une approche intégrée et coordonnée pour régler la crise complexe du Sahel, le conflit en Libye, l’insécurité au Mali et les activités terroristes de Boko-Haram dans le nord-est du Nigéria et le bassin du Lac Tchad.  « C’est la somme de tous ces facteurs qui écarte le Sahel de la voie de la paix et de la stabilité », a-t-il estimé.  Par ailleurs, il a accueilli favorablement la possibilité que le Comité sur la lutte contre le terrorisme analyse les effets des changements climatiques.

M. WU HAITAO (Chine) a reconnu que la propagation du terrorisme avait rendu la situation sécuritaire au Sahel très vulnérable.  D’après lui, la communauté internationale devrait adopter une approche intégrée pour promouvoir le règlement des conflits régionaux, en encourageant les processus de paix et la réconciliation sur la base du respect de la souveraineté des pays.     

« Nous devons lutter ensemble contre le terrorisme et ses effets délétères en mettant l’accent sur le renforcement des capacités en matière de sécurité », a insisté le représentant.  Il a dit aussi qu’il fallait accorder toute l’attention nécessaire au problème du sous-développement dans la région, avec « une aide stable, prévisible et ciblée ».  De plus, il faut coordonner les ressources et former des synergies pour répondre aux défis de la CEDEAO.  « La Chine et l’Afrique partagent un destin commun », a-t-il affirmé en évoquant le récent Sommet de Johannesburg.    

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a indiqué que les jeunes dans le Sahel risquaient de s’appauvrir davantage et devenir de ce fait plus attentifs aux discours extrémistes.  Il a plaidé pour une approche à long terme pour résoudre les problèmes de développement du Sahel et rappelé que son pays avait fourni 26 millions de dollars ces dernières années pour financer des projets de développement dans le Sahel, notamment pour bâtir et renforcer la résistance aux changements climatiques.  En outre, a-t-il précisé, 9 millions de dollars ont été consacrés au renforcement des programmes de protection sociale.  Il a souligné qu’en luttant contre le terrorisme de manière globale, la communauté internationale pourrait avoir un plus grand impact.  Une action collective et coordonnée des pays de la région est cruciale pour parvenir à des résultats probants contre le terrorisme, a-t-il affirmé. 

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a appelé la communauté internationale à porter ses efforts sur la lutte contre la pauvreté et les changements climatiques dans le Sahel, plutôt que sur les questions sécuritaires.  Il a estimé que les causes structurelles qui exposent les pays de la région au terrorisme sont la faiblesse des économies nationales et l’avancée du désert saluant à ce sujet les initiatives prises par des pays de la région pour trouver des solutions à l’avancée du désert et dans la lutte contre Boko Haram.  Il a en revanche déploré que les forces des Nations Unies dans la région soient régulièrement la cible des groupes terroristes.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a critiqué le scepticisme qui peut encore exister quant à la relation entre les changements climatiques et la sécurité.  Au Sahel, « le changement climatique est un facteur qui multiplie les menaces », exemplifié par la campagne terroriste barbare de Boko Haram qui exacerbe l’insécurité alimentaire dans la région du Lac Tchad, a-t-il dit.  Cette crise humanitaire, n’a pas vraiment reçu, à son avis, l’attention qu’elle mérite de la part de la communauté internationale et elle est « sous-financée ».

M. Pressman s’est félicité des efforts entrepris pour enrayer le cycle de violence de Boko Haram, soulignant toutefois la nécessité d’une stratégie globale prenant en compte le phénomène du terrorisme et les séquelles qu’il laisse.  D’après lui, l’ONU doit intégrer la prévention de la violence extrémiste dans ses travaux sur la sécurité et le développement durable.

« Personne ne suggère que Boko Haram a été causé par les changements climatiques, mais la dévastation causée par le réchauffement peut entraîner la pauvreté et l’instabilité politique, l’insatisfaction et plus encore », a-t-il indiqué.  Prônant une réflexion nouvelle et profonde sur ces liens, il a encouragé les dirigeants du Sahel à intensifier leur coopération et à améliorer la gestion durable des ressources naturelles.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) s’est inquiété de la propagation du terrorisme au Sahel.  Heureusement, a-t-il noté, certains pays accroissent leur résistance face aux menaces.  La Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel est un outil précieux à cet égard.

Soulignant l’importance du renforcement des institutions et des capacités en Afrique, le représentant a indiqué que l’engagement du Japon se traduisait par des actions concrètes, comme un projet de transfert de technologies pour lutter contre la désertification au Burkina Faso.  Il a salué le rôle du « G-5 Sahel » et l’organisation de formations dans les domaines de la sécurité et de la défense dans la sous-région.  Enfin, il a jugé que l’appropriation et la prise en compte du contexte local sont des principes essentiels.  

M. ALEXIS LAMEK (France) a affirmé que la situation des pays du Sahel était préoccupante, mais que la mobilisation de la communauté internationale était susceptible de faire évoluer la situation.  Il a salué les initiatives lancées par le G-5 Sahel, notamment la Muraille verte et d’autres mesures prises dans le bassin du Lac Tchad, soulignant que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat pourrait avoir également un impact positif dans les pays de la région.

Le représentant de la France a par ailleurs rappelé l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, faisant valoir que la démarche française, telle que mise en œuvre à travers les opérations Serval et Barkhane, s’inscrivait dans une stratégie de collaboration avec les armées locales, permettant à ces dernières d’être mieux équipées dans la lutte contre le terrorisme.  Il a également rappelé que le Président François Hollande s’était engagé à mobiliser la communauté internationale pour financer trois domaines clefs en Afrique; le secteur énergétique, la Grande muraille verte et la remise en état du Lac Tchad.  La France s’est engagée à consentir 6 milliards d’euros pour financer le secteur énergétique de l’Afrique d’ici à 2020, dont 2 milliards consacrés aux énergies renouvelables.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que la meilleure façon de surmonter les conflits est de conclure des accords politiques, comme au Mali.  Il s’est dit préoccupé par la présence du groupe terroriste Boko Haram autour du Lac Tchad, se félicitant des initiatives des pays du bassin du Lac Tchad pour le combattre.  Il a proposé que les pays du Sahel s’engagent dans des initiatives économiques porteuses de progrès, les appelant à cibler des projets de développement censés avoir des effets multiplicateurs. 

Le représentant a estimé qu’il n’existait pas forcément de lien entre les changements climatiques et le terrorisme, arguant que c’est plutôt la faible capacité des États à s’acquitter des tâches régaliennes de sécurité qui pourrait expliquer la prolifération des groupes armés dans le Sahel.  « Le Conseil de sécurité n’est pas l’instance appropriée pour examiner les questions d’environnement comme c’est le cas aujourd’hui », a-t-il fait observer.  Il a salué les initiatives sociales engagées par les pays de la région, à travers le G-5 Sahel (Mauritanie, Tchad, Niger, Mali et Burkina Faso) et a appelé la communauté internationale à lutter contre les réseaux mafieux des trafiquants de tous genres qui sont présents partout au Sahel.   

« Il faut comprendre comment les changements climatiques multiplient les risques en matière de sécurité pour nous aider à réduire les impacts négatifs de la dégradation de l’environnement », a dit M. YURIY VITRENKO (Ukraine).  Dans ce contexte, il a invité le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à élaborer une stratégie pour combattre la désertification et la dégradation des sols et à renforcer sa coopération avec les accords environnementaux internationaux à cette fin.  Il a appelé l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du PNUE à prendre en compte la question de la protection de l’environnement dans les zones touchées par des conflits. 

S’agissant des menaces liées aux groupes terroristes au Sahel, le représentant de l’Ukraine s’est félicité des efforts des pays de la région du Sahel pour s’attaquer à la nature changeante de cette menace.  Il a particulièrement salué la tenue le 4 mai à Abuja, au Nigéria, du deuxième Sommet sur la sécurité régionale visant à renforcer la réponse régionale à la menace que constitue Boko Haram.  Au-delà des moyens militaires, il a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer au financement des groupes terroristes et à leur réseau d’approvisionnement en armes.  Il a réaffirmé la nécessité d’adopter des mesures de prévention qui comprennent la promotion du dialogue et du développement économique et social, celui des droits de l'homme, sans oublier la nécessité d’investir dans le capital humain, l’éducation et la création d’emplois. 

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a affirmé que la plupart des moyens nécessaires pour relever les défis climatiques n’étaient pas du ressort du Conseil de sécurité.  Il est toutefois important, à son avis,  que les discussions sur le Sahel soient soutenues par une bonne compréhension de ces problèmes.  Estimant qu’il était erroné de considérer chaque personne qui prend les armes comme un terroriste, car, dans de nombreux cas, des individus et des groupes minoritaires s’étaient révoltés par désespoir, M. Taula a déclaré que la paix et la sécurité ne seraient garanties dans la région que par la négociation et des processus de paix visant à répondre aux griefs de ces populations et à faciliter leur réhabilitation et réinsertion. 

La Nouvelle-Zélande a constamment souligné l’importance de travailler ensemble pour faire face aux défis de la paix et la sécurité, a poursuivi le représentant, soulignant que son pays a été l’un des promoteurs de l’amélioration des méthodes de travail entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité, et de la coopération avec les organismes sous-régionaux.  « Au Sahel, nous nous heurtons à un problème bien défini, dont la solution se perd toutefois dans une multitude de stratégies », a-t-il déploré, précisant que les approches contradictoires, voire discordantes et redondantes, ne font que disperser les efforts et diminuer leur impact sur le terrain.  C’est pourquoi il a salué la création du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.  

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a rappelé que la région du Sahel est confrontée à de redoutables défis: grande pauvreté, malnutrition, insécurité alimentaire, conflits armés, radicalisation des jeunes, terrorisme, criminalité transnationale organisée, catastrophes naturelles et conséquences des changements climatiques.  Les gouvernements de la région sont contraints de dépenser des ressources supplémentaires aux dépends du développement et ses habitants sont de plus en plus dépendants de la générosité de leurs voisins et de l’aide humanitaire internationale, a-t-il déploré.

Le représentant a souligné qu’avec la désertification et le dérèglement climatique, les réserves d’eau avaient diminué de 40% en 20 ans. « La réduction de la taille du Lac Tchad est un exemple éloquent », a-t-il ajouté.  En outre, des zones fertiles sont occupées par des groupes terroristes ou militaires.  Au Sahel, 60% de la population a moins de 25 ans; il y a peu d’éducation et beaucoup de chômage.  Or, s’est-il inquiété, la pauvreté et l’exclusion sociale sont des terreaux fertiles pour la radicalisation. 

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a évoqué les facteurs et les vulnérabilités qui rendent difficile la vie des habitants du Sahel, y compris l’exposition à un climat extrême et déréglé qui affecte les récoltes.  De plus, les déplacements massifs aggravent la situation humanitaire déjà fragile et pèsent sur les institutions.

En s’inspirant des leçons du Sahel, elle a averti que les changements climatiques pourrait, s’il n’est pas contrôlé, devenir l’une des menaces les plus importantes à l’échelle mondiale.  « Il est impératif de faire face maintenant à ce problème » et de mobiliser des ressources supplémentaires pour rompre le cycle des crises dans la région, a-t-elle prévenu.  La stabilisation de la situation sécuritaire est un élément stratégique clef qui doit se voir accorder la priorité à tous les niveaux.  De même, il existe des possibilités pour davantage de coordination entre l’ONU et l’Union africaine, a conclu la représentante.     

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que la situation sécuritaire du Sahel s’était sérieusement détériorée après l’intervention militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye.  Il a affirmé que le Sahel ne pourrait pas retrouver la paix et la stabilité tant qu’une solution durable n’est pas trouvée en Libye.  Il a en outre estimé que les questions d’environnement et les phénomènes naturels ne sont pas du ressort du Conseil de sécurité, et peuvent constituer des facteurs d’aggravation potentiels des conflits.  Il a indiqué que pour lutter contre l’avancée du désert, il faudrait appuyer un certain nombre de mesures en faveur des agricultures locales, sans impliquer pour autant le Conseil de sécurité.  De telles mesures pourraient être examinées au sein de la Deuxième Commission de l’Assemblée générale consacrée aux questions économiques et financières, ou encore dans le cadre des travaux du Forum politique de haut niveau qui portent sur la problématique du développement durable.  Il a en outre affirmé que la désertification n’était pas le seul défi du Sahel, soulignant que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel apparaissait comme le cadre idoine pour résoudre les défis de la région.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a estimé que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel était le cadre approprié pour mobiliser les efforts internationaux et relever les défis de la région de manière efficace.  Il a estimé que la fusion des Bureaux des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et celui du Sahel était une bonne mesure pour réunir les ressources et permettre d’harmoniser les initiatives en faveur du Sahel.  Il a appelé à l’identification des obstacles qui persistent dans la mise en œuvre de cette stratégie, invitant les partenaires internationaux à investir dans le renforcement des capacités humaines nationales, dans l’optique d’atténuer les effets des crises environnementales.  Il a précisé que les questions socioéconomiques devaient être prises en compte dans le cadre de la recherche d’une paix durable au Sahel.

M. PIERRE BUYOYA, Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, a rappelé que l’engagement de l’Union africaine dans la région date de la crise libyenne de 2011 et de l’analyse de l’impact du retour des migrants dans ce contexte.  La stratégie de paix pour le Sahel, adoptée par le Conseil de sécurité de paix de l’Union africaine en juillet 2014, a ensuite identifié trois grands défis: la sécurité, la gouvernance et le développement.

Les pays du Sahel sont parmi les plus pauvres de l’Afrique et du monde avec une population galopante et des fragilités énormes, notamment sur le plan des écosystèmes, a rappelé le Haut-Représentant.  « Il est bien connu que les individus qui ont déclenché les hostilités au nord du Mali sont des Maliens touareg et arabes qui avaient émigré en Libye pendant des périodes de grande sécheresse », a-t-il tenu à souligner.

D’après M. Buyoya, l’Union africaine peut apporter un avantage comparatif dans les domaines de la sécurité et de la gouvernance.  La région du Sahel, a-t-il rappelé, est à cheval sur plusieurs communautés économiques régionales.  En termes de sécurité, il a évoqué trois points chauds: le nord du Mali, avec des groupes terroristes « de nouvelle génération »; le bassin du Lac Tchad, où le niveau de violence est encore très élevé; la Libye avec la présence de l’État islamique, et où s’entraînent aujourd’hui de jeunes terroristes.

Le Haut-Représentant a évoqué le processus de Nouakchott sur le renforcement de la coopération sécuritaire et l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne, et insisté sur l’échange d’informations.  L’Union africaine, a-t-il continué, s’implique aussi dans le suivi des élections, notamment au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. 

Sur le plan économique, les besoins de la région sont immenses, a plaidé M. Buyoya.  Il faut inscrire l’implication de la communauté internationale dans le long terme et appuyer le G-5 Sahel qui offre un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale pour le développement et la sécurité.

En conclusion, a-t-il insisté, le Sahel reste une région difficile.  La situation au nord du Mali mérite une attention soutenue du Conseil de sécurité.  De même, « aussi longtemps que la Libye ne sera pas stabilisée, le Sahel ne connaitra pas la paix », a-t-il estimé.

M. ANGEL LOSADA, Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, a affirmé que le Sahel représentait de nombreux défis et d’opportunités, comme l’Accord de paix au Mali de 2015 et la consolidation de la coopération régionale au sein du G-5 Sahel.  Face aux défis du flux migratoire de l’Afrique vers l’Europe, la montée en puissance des forces extrémistes et terroristes et les effets des changements climatiques, le représentant a souhaité que la stratégie et l’approche globale pour le Sahel de 2011 et son plan d’action régional adopté en 2015, qui vise à renforcer le dialogue politique avec la sous-région et à appuyer la zone sahélienne, soient désormais étendus à l’ensemble des pays du G-5 Sahel.  Cette approche lie les questions de développement aux questions de sécurité, les actions d’urgence à court terme et l’appui aux réformes sectorielles.

Le représentant a également annoncé que l’UE devrait allouer plus de cinq milliards d’euro au Sahel entre 2014 et 2020, et ce que montant devrait dépasser les huit milliards d’euros, en tenant compte des actions des États membres.  Il a par ailleurs indiqué que depuis le Sommet de La Valette en 2015, un fonds fiduciaire d’urgence avait été créé pour faciliter la stabilité et la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique.  En outre, près de 30 projets ont été mis au point entre janvier et avril 2016 pour près de 382 millions d’euros. 

S’agissant du Mali, le représentant a indiqué qu’il ne pouvait y avoir de stabilité au Sahel sans stabilité au Mali.  Il a souligné l’engagement de l’Union européenne dans ce pays aux côtés des Nations Unies, utilisant tous les instruments financiers et techniques.  Le représentant a par ailleurs salué la création du G-5 Sahel qui démontre la volonté ferme de ces pays d’affronter conjointement et de façon coordonnée les nombreux défis transfrontaliers dans les domaines de la sécurité et du développement, a-t-il indiqué, précisant qu’une nouvelle rencontre entre la Haute-Représentante et les Ministres des affaires étrangères des pays du G-5 Sahel était prévue le 17 juin à Bruxelles ».  En conclusion, M. Losada a estimé que les défis au Sahel ne pourraient être vraiment relevés que dans un cadre de gouvernance démocratique et des droits de l’homme.     

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Procureure de la Cour pénale internationale informe le Conseil de sécurité de la suite donnée aux affaires relatives à la situation en Libye

7698e séance – matin     
CS/12377

La Procureure de la Cour pénale internationale informe le Conseil de sécurité de la suite donnée aux affaires relatives à la situation en Libye

Le Conseil de sécurité a entendu ce matin un nouvel exposé de la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, sur les activités menées par la Cour dans le cadre des affaires relatives à la situation en Libye.

Depuis la résolution 1970 (2011), par laquelle le Conseil de sécurité a déféré au Procureur de la CPI la situation en Libye, le Bureau du Procureur a présenté au Conseil 10 rapports semestriels sur la question. 

Mme Bensouda a dit espérer que la formation d’un Gouvernement d’entente nationale, suite à l’Accord du 17 décembre 2015 conclu sous l’égide des Nations Unies, « marque le début de la fin d’une longue période de bouleversements et de conflits en Libye ».  Elle a encouragé le Gouvernement à élaborer en priorité des plans et des stratégies afin de lutter contre les crimes graves et d’investir dans les institutions nationales nécessaires pour réaliser cet objectif. 

Les enquêtes menées par le Bureau du Procureur ont progressé, à rythme cependant plus lent, du fait de ressources insuffisantes et de l’instabilité dans le pays, a expliqué Mme Bensouda, en faisant le point sur l’évolution de la situation. 

Faisant écho aux préoccupations des membres du Conseil, la Procureure a rappelé que la Libye avait pour responsabilité de remettre sans plus tarder M. Saif Al-Islam Qadhafi à la CPI.  Le Bureau a demandé à la Chambre préliminaire d’enjoindre ce pays à agir en ce sens.  Mme Bensouda a rappelé que la Libye avait affirmé à la Cour que « M. Qadhafi restait toujours détenu à Zintan et qu’il n’était actuellement pas à la disposition de l’État libyen ».  D’après la Procureure, il incombe au Conseil de sécurité de s’assurer que la Libye se conforme à ses obligations. 

Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, la CPI continue ses enquêtes au sujet de représentants officiels liés à l’ancien dirigeant M. Mouammar Qadhafi, de même que sur les allégations faisant état d’actes de torture, et elle envisage la possibilité d’étendre ses enquêtes aux crimes commis par Daech, Ansar Al-Charia et d’autres milices actives en Libye.  Toutefois, a-t-elle prévenu, le Bureau ne peut s’atteler efficacement à cette tâche s’il ne dispose pas des ressources nécessaires.

Mme Bensouda a également rappelé que la Chambre préliminaire I avait conclu à l’irrecevabilité de l’affaire portée contre M. Abdullah Al-Senussi et a demandé au Gouvernement libyen de s’assurer que les normes les plus élevés en matière d’enquêtes et de poursuites judiciaires sont respectées.  En outre, elle a indiqué qu’elle continuait à suivre de près les allégations faisant état d’actes de torture à la prison Al Hadba. 

Mme Bensouda a également exprimé sa préoccupation face aux informations relatives aux meurtres de civils, notamment les exécutions menées par Daech, et les morts qui résultent du conflit entre l’Armée nationale libyenne et l’Aube libyenne.  De plus, a-t-elle noté, la voie migratoire méditerranéenne depuis la Libye vers l’Europe reste une option de choix pour les réfugiés et les migrants, tandis que la détention de milliers de migrants représente une source de financement pour de nombreuses milices en Libye.  Elle a souhaité que la communauté internationale se penche sur ceux qui tirent profit de la traite des êtres humains.

Enfin, a assuré Mme Bensouda, la CPI continue ses enquêtes au sujet de représentants officiels liés à l’ancien dirigeant M. Mouammar Qadhafi et envisage la possibilité d’étendre ses enquêtes aux crimes commis par Daech, Ansar Al-Charia et d’autres milices actives en Libye.  Toutefois, a-t-elle prévenu, le Bureau ne peut s’atteler efficacement à cette tâche s’il ne dispose pas des ressources nécessaires.  Elle a aussi tenu à saluer le travail important accompli par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

La situation en Libye requiert la collaboration de tous les acteurs pertinents aux niveaux national, régional et international, a souligné la Procureure.  « Le succès en Libye dépendra de la détermination collective et de la volonté de tous les acteurs clefs pour traduire les auteurs de violations en justice et dissuader de futurs criminels », a-t-elle conclu.

Au cours du débat qui en a suivi, le représentant de la France a appelé la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien au Conseil présidentiel et au Gouvernement d’entente nationale libyen.  Il a assuré que son pays et ses partenaires se tenaient prêts à appuyer les efforts des autorités libyennes pour construire des institutions solides garantes de l’état de droit.  « Nous devons également encourager le gouvernement de M. Fayyez Sarraj à apporter toute son assistance à la CPI, comme l’y invite la résolution 2259 », a-t-il dit, affirmant que la coopération de la Libye avec la CPI était cruciale pour mettre un terme à une longue période d’impunité en Libye.

« Nous allons appuyer des sanctions ciblées contre ceux qui participeraient à des activités mettant à mal la paix et la stabilité du pays », a affirmé pour sa part la représentante des États-Unis, préoccupée par les exactions de Daech.  Elle s’est aussi dite favorable à la prise de décisions concernant les crimes commis pendant les derniers jours du régime de Qadhafi.  De son côté, son homologue du Royaume-Uni a estimé que les violations graves des droits de l’homme commises en Libye par les parties au conflit pouvaient s’apparenter à des « crimes de guerre ».

Le représentant de la Fédération de Russie a déploré la poursuite des activités criminelles en Libye, notant que l’intervention militaire étrangère en Libye en 2011 avait eu des effets néfastes qui perdurent.  « Ce onzième rapport de la CPI sur la Libye ne contient rien de nouveau », a-t-il estimé; il n’y figure, à son avis, aucune nouvelle mesure qu’aurait prise le Bureau du Procureur.  Contrairement à l’opinion exprimée par ses pairs, notamment le représentant du Japon, il n’a pas vu le bien-fondé du dialogue entre la Procureure et le Conseil de sécurité.

LA SITUATION EN LIBYE

Déclarations

La Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Mme FATOU BENSOUDA, a présenté au Conseil de sécurité le onzième rapport semestriel de son Bureau sur l’évolution de la situation en Libye.

Mme Bensouda a pris acte de la formation d’un Gouvernement d’entente nationale suite à l’Accord du 17 décembre 2015 conclu sous l’égide des Nations Unies.  Elle a dit espérer que ce développement récent marquerait « le début de la fin d’une longue période de bouleversements et de conflits en Libye ».

Elle a encouragé le Gouvernement à élaborer en priorité des plans et des stratégies afin de lutter contre les crimes graves et d’investir dans les institutions nationales nécessaires pour réaliser cet objectif.  La justice et la responsabilisation doivent servir de base à la paix et à la stabilité en Libye et permettre aux victimes d’avoir des recours, a-t-elle indiqué.  

Les enquêtes menées par le Bureau du Procureur ont progressé, à rythme cependant plus lent, du fait de ressources insuffisantes et de l’instabilité dans le pays, a poursuivi Mme Bensouda.  Son équipe « modeste » a néanmoins été en mesure de suivre des pistes et de réunir des éléments de preuve.  Malgré les nombreuses difficultés rencontrées, le Bureau continuera à se concentrer sur l’accomplissement de son mandat, a-t-elle assuré.

La situation en Libye nécessite la collaboration de tous les acteurs pertinents aux niveaux national, régional et international, a souligné la Procureure.  « Le succès en Libye dépendra de la détermination collective et de la volonté de tous les acteurs clés pour traduire les auteurs de violations en justice et dissuader de futurs criminels », a-t-elle ajouté.

Évoquant les menaces posées par Daech et d’autres groupes affiliés à Al-Qaida, la situation humanitaire précaire, la migration de masse, la criminalité transnationale organisée et la propagation du terrorisme en Libye et dans la région, Mme Bensouda a appelé toutes les forces œuvrant dans ce pays à contacter son Bureau et à renforcer le réseau existant d’agences de maintien de l’ordre.

La communauté internationale a déjà beaucoup investi pour rétablir la sécurité dans le pays, a affirmé la Procureure.  « Ceux qui financent et encouragent le crime doivent comprendre clairement qu’ils devront répondre de leurs actes », a-t-elle mis en garde.

Par ailleurs, Mme Bensouda a rappelé que la Libye avait pour responsabilité de remettre sans plus tarder M. Saif Al-Islam Qadhafi à la CPI.  Le Bureau a demandé à la Chambre préliminaire I d’enjoindre ce pays à agir en ce sens, a-t-elle dit, soulignant que la Libye avait affirmé à la Cour que « M. Qadhafi restait toujours détenu à Zintan et qu’il n’était actuellement pas à la disposition de l’État libyen ».  D’après la Procureure, il incombe au Conseil de sécurité de s’assurer que la Libye se conforme à ses obligations.  

Par ailleurs, Mme Bensouda a rappelé que la Chambre préliminaire I avait conclu à l’irrecevabilité de l’affaire portée contre M. Abdullah Al-Senussi et avait demandé au Gouvernement libyen de s’assurer que les normes les plus élevés en matière d’enquêtes et de poursuites judiciaires sont respectées.  En outre, elle a indiqué qu’elle continuait à suivre de près les allégations faisant état d’actes de torture à la prison Al Hadba. 

Mme Bensouda reste préoccupée par les informations relatives aux meurtres de civils, notamment les exécutions menées par Daech, et les morts qui résultent du conflit entre l’Armée nationale libyenne et l’Aube libyenne.  De plus, a-t-elle noté, la voie migratoire méditerranéenne depuis la Libye vers l’Europe reste une option de choix pour les réfugiés et les migrants, tandis que la détention de milliers de migrants représente une source de financement pour de nombreuses milices en Libye.  Elle a souhaité que la communauté internationale se penche sur ceux qui tirent profit de la traite des êtres humains.

Enfin, la CPI continue ses enquêtes au sujet de représentants officiels liés à l’ancien chef de l’État libyen Mouammar Qadhafi et envisage la possibilité d’étendre ses enquêtes aux crimes commis par Daech, Ansar Al-Charia et d’autres milices actives en Libye.  Toutefois, a rappelé la Procureure, le Bureau ne peut s’atteler efficacement à cette tâche s’il ne dispose pas des ressources nécessaires.  Elle a aussi tenu à saluer le travail important accompli par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

M. SHEN BO (Chine) a estimé que le rétablissement de l’autorité nationale est crucial pour le respect de l’état de droit en Libye.  Il a souhaité que le Gouvernement d’entente nationale prenne ses fonctions au plus vite à Tripoli, appelant les parties libyennes à respecter leurs engagements en rapport avec le processus politique, afin de rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a lancé un appel aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait d’adhérer au Statut de Rome afin de protéger l’humanité des crimes les plus odieux.  Il s’est dit confiant que les nouvelles autorités libyennes rendraient justice aux victimes des crimes commis dans le pays, les invitant à coopérer avec la CPI à cet effet, notamment concernant la remise des MM. Saif al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi à la CPI.  

M. FODÉ SECK (Sénégal) a invité les autorités libyennes à coopérer avec le Bureau du Procureur de la CPI et à rétablir les institutions judiciaires du pays.  Il a indiqué que l’idée de former un « groupe de contact international » sur les questions liées à la justice en Libye méritait l’attention et l’intérêt de la communauté internationale et souhaité que le Conseil de sécurité établisse un mécanisme permettant d’évaluer plus efficacement le suivi des situations qu’il défère à la CPI.  Il a également invité les États à consacrer plus de ressources au financement des enquêtes du Bureau du Procureur de la CPI.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) s’est félicitée des développements très positifs qui ont eu lieu depuis le dernier exposé du Procureur sur la situation en Libye et, notamment, de la constitution d’un conseil présidentiel.  L’unité derrière le Gouvernement d’entente nationale représente, selon elle, la seule voie pour mettre fin aux agissements de Daech et d’autres terroristes.  Consciente des abus commis contre les civils, dont des violences sexuelles, et du contexte hostile à ceux qui essaient de mener des enquêtes, la représentante a condamné les atteintes commises par les groupes terroristes.

« Nous allons appuyer des sanctions ciblées contre ceux qui participeraient à des activités mettant à mal la paix et la stabilité du pays », a-t-elle affirmé.  Le Gouvernement d’entente nationale doit rétablir la confiance dans l’état de droit et une culture de responsabilisation.  Les États-Unis, a ajouté la représentante, seraient favorables à la prise de décisions concernant les crimes commis pendant les derniers jours du régime Qadhafi.  À ce sujet, elle a souhaité que le Gouvernement assure la remise à la Cour pénale internationale (CPI) de M. Saif Al-Islam Qadhafi.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est dit encouragé par les efforts déployés par les membres du Conseil présidentiel libyen pour faciliter l’inclusion et le dialogue avec ses partenaires et les communautés locales.  Malgré l’instabilité et l’insécurité qui règnent dans le pays, il a salué les efforts des autorités libyennes pour respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, y compris le fait de collaborer avec le Bureau du Procureur de la CPI.

Le représentant a toutefois exprimé sa préoccupation face au niveau inacceptable de violences, souvent perpétrées par Daech, et la situation précaire des migrants et des réfugiés.  Il a appuyé pleinement l’assistance de la communauté internationale à la Libye.   

Mme HELEN MULVEIN (Royaume-Uni) a déclaré que son pays reste préoccupé par des allégations de violations graves des droits de l’homme commises en Libye par les parties en conflit, estimant que ces violations pouvaient s’apparenter à des crimes de guerre.  Le Royaume-Uni est également préoccupé du fait que le Bureau du Procureur ne peut mener d’enquêtes dans le pays en raison de la situation sécuritaire.  La représentante a encouragé les autorités libyennes et la communauté internationale à soutenir le travail de la CPI en Libye, souhaitant que les crimes de Daech en Libye fassent l’objet d’enquêtes de la CPI.  La déléguée a par ailleurs invité les autorités libyennes à transférer MM. Saif Al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi à la CPI, qui, selon certaines informations, auraient subi des tortures en détention.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déploré la poursuite des activités criminelles en Libye, notant que l’intervention militaire étrangère en Libye en 2011 a eu des effets néfastes qui perdurent.  « Ce onzième rapport de la CPI sur la Libye ne contient rien de nouveau », a-t-il affirmé; il n’y figure, à son avis, aucune nouvelle mesure qu’aurait prise le Bureau du Procureur et on ne voit pas bien le bien-fondé du dialogue entre la Procureure et le Conseil de sécurité.  Il a rappelé que, depuis 2011, la CPI a entamé des enquêtes en Libye, « dans la hâte et sans des vérifications élémentaires » rappelant par ailleurs qu’aucune initiative n’avait été prise concernant les crimes commis par des groupes de rebelles et autres forces opposés aux autorités libyennes de l’ancien régime.  Par ailleurs, qu’en est-il des victimes civiles des tirs de l’OTAN? s’est-t-il demandé.  En conclusion, il a affirmé que le manque évident des ressources de la CPI en Libye et le peu de progrès accomplis à ce jour en matière de sécurité risquaient de faire réfléchir ceux qui à l’avenir seraient tentés à saisir la Cour internationale de Justice.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a regretté que Daech et d’autres groupes extrémistes violents exploitent l’instabilité de la situation en Libye, ce qui constitue « une menace sans précédent » pour la région.  Le Gouvernement libyen, a-t-il fait remarquer, a « des difficultés quant à sa légitimité et pour accroître son contrôle au-delà de Tripoli ».  Ce n’est qu’avec une stabilité institutionnelle et la paix que la collaboration de la Libye avec la CPI pourra porter ses fruits, a-t-il estimé.

Le représentant a salué la direction libyenne, qui est la première responsable de l’avancée du processus politique de façon inclusive.  D’après lui, la question la plus brûlante est celle de la lutte contre le terrorisme et les groupes armés qui commettent des exactions contre les civils.  Il a reconnu que le contexte sociopolitique en Libye n’était pas favorable à la conduite d’enquêtes.  Ainsi le rapport présenté par la Procureure démontre-t-il que les conditions en Libye ne permettent pas des procès justes.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a vivement condamné les bombardements d’hôpitaux, les meurtres de civils, les attaques dirigées contre des responsables gouvernementaux et des juges, le pillage de propriété, ainsi que les pratiques utilisées en détention contre certains ressortissants internationaux par des groupes armés en Libye. 

Le représentant a exhorté le Gouvernement d’entente nationale à coopérer pleinement avec la CPI, et, en particulier, à se saisir de la question du transfert de M. Saif Al-Islam Qadhafi à la Cour.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a estimé que c’est en rétablissant l’autorité du Gouvernement libyen et en renforçant les institutions étatiques essentielles qu’il serait possible de faire des progrès dans le rétablissement de l’état de droit en Libye, protéger les droits de l’homme fondamentaux et rendre justice pour des violations passées.  Il a noté que la situation sécuritaire dans le pays rend impossible toute enquête de la Cour pénale internationale (CPI), relevant par exemple que M. Saif Al-Islam Qadhafi est détenu dans une zone décrite comme inaccessible à l’État libyen.

Il a en outre souligné que la CPI ne saurait être la panacée à toutes les questions de responsabilisation en Libye, comme l’a relevé la Procureure dans son rapport, estimant que la Cour doit être saisie en dernier ressort, et non prendre la place des juridictions nationales.  Il a estimé que la solution de long terme serait de renforcer les capacités nationales libyennes afin de faire respecter l’état de droit dans le pays.  Si le Conseil de sécurité crée un surplus de travail à la CPI, l’ONU ne peut pas simplement se dédouaner des implications financières que cette situation créerait, a-t-il affirmé en conclusion.

M. ALBERTO PABLO DE LA CALLE GARCÍA (Espagne) a dit espérer que le Gouvernement d’entente nationale libyen s’engagerait à remettre MM. Saif Al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi à la CPI.  Il a souligné que le travail de la CPI n’est pas facile en Libye, notamment dans un contexte de restrictions budgétaires et du soutien insuffisant des États parties au Statut de Rome et de l’ONU à son fonctionnement.  Le représentant a par ailleurs indiqué que l’impunité ne devrait pas être tolérée face aux actes de Daech en Libye et exprimé le souhait que les allégations de tortures contre MM. Saif Al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi fassent l’objet d’enquêtes approfondies de la CPI.  Il a estimé que le rétablissement d’un système judiciaire crédible était crucial pour rétablir l’état de droit en Libye et indiqué qu’une véritable réconciliation ne pourrait avoir lieu que si des réparations sont versées aux victimes du conflit dans le pays.

M. TANGUY STEHELIN (France) a appelé la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien au Conseil présidentiel et au Gouvernement d’entente nationale dans la lignée de la Conférence ministérielle de Vienne du 16 mai en présence de M. Fayyez Sarraj, Premier ministre de Libye.  Il a assuré que la France et ses partenaires se tenaient prêts à appuyer les efforts des autorités libyennes pour construire des institutions solides garantes de l’état de droit. Nous devons également encourager le gouvernement de M. Sarraj à apporter toute son assistance à la CPI, comme l’y invite la résolution 2259, a-t-il dit, affirmant que la coopération de la Libye avec la CPI était cruciale pour mettre un terme à une longue période d’impunité en Libye et permettre à la Cour de mener à bien le mandat qui lui a été confié par le Statut et par le Conseil. 

Par ailleurs, il a rappelé que la Cour s’est déclarée compétente pour juger M. Saif Al-Islam Qadhafi et a demandé que celui-ci lui soit remis. Il a appelé la Libye à lever tous les obstacles afin que M. Qadhafi soit remis à la Cour.  La France souhaite rappeler son attachement à l’obligation de coopération des États, telle que prévue par l’article 86 du Statut de Rome qui vise la coopération judiciaire avec la Cour dans les enquêtes et poursuites qu’elle mène pour les crimes relevant de sa compétence, a-t-il ajouté. 

Il a par ailleurs affirmé que la France partageait l’importance d’une approche intégrée sur les plans national, régional et international, faisant toute sa place au principe de complémentarité et qu’il appartenait aux États, en premier lieu, d’enquêter et de poursuivre les ressortissants de leur pays, auteurs d’actes incriminés par le Statut de Rome, commis sur leur territoire et/ou par leurs ressortissants.  « C’est cette approche qui peut faire levier sur le plan national et démultiplier le renforcement des capacités, sans lequel aucune stabilité n’est possible » a estimé M. Stehelin, avant d’ajouter qu’une approche plus intégrée des questions de justice à tous les niveaux est au cœur de la reconstruction d’un appareil judiciaire, fondement d’une stabilité durable. 

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a réaffirmé l’appui de son pays à la lutte contre l’impunité et au renforcement du système judicaire pénal international, invitant les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au statut de Rome.  « Il faut maintenir l’indépendance de la CPI et ne pas pratiquer la politique du deux poids, deux mesures », a-t-il souligné. 

Face à la situation en Libye, l’on ne peut selon lui parler de l’existence d’un système judiciaire solide, le pays étant « embourbé dans un chaos profond et une violence généralisée dont les terroristes tirent profit ».  Pour sa part, a poursuivi le représentant, le Venezuela appuie les efforts entrepris pour étoffer le Gouvernement d’entente nationale et l’exhorte à renforcer sa coopération avec la CPI et, notamment, à remettre M. Saïf Al-Islam Qadhafi à la Cour.  D’après M. Ramírez Carreño, les preuves de torture contre d’anciens membres du régime Qadhali illustrent les faiblesses institutionnelles du pays. 

M. TAKESHI AKAHORI (Japon) a rappelé qu’il incombe à la Libye de coopérer pleinement avec la CPI, et qu’il s’agit là d’un « élément vital » du bon fonctionnement de la Cour.  Malgré les efforts inlassables entrepris par le Bureau du Procureur, il a regretté que trop peu de progrès aient été accomplis en Libye, comme le montre le refus de remettre M. Saif Al-Islam Qadhafi à la Cour.

Le représentant s’est également inquiété des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme qui se poursuivent en toute impunité.  Il a salué la décision du Procureur de commencer à enquêter sur les exactions commises par Daech.  Enfin, a-t-il conclu, le Japon est favorable au renforcement des relations entre le Conseil de sécurité et la CPI. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souhaité que MM. Saif Al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi soient remis à la Cour pénale internationale.  Il a appelé à une aide internationale en faveur des autorités libyennes leur permettant de rendre justice aux victimes des exactions commises en Libye, estimant que les enquêtes de la CPI dans ce domaine devraient inclure également les agissements des groupes terroristes opérant dans le pays.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à soutenir le travail du Bureau du Procureur de la CPI.

M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) a affirmé que les autorités judiciaires de son pays étaient déterminées à respecter leurs engagements internationaux, malgré le contexte sécuritaire instable qui prévaut dans le pays.  Il a réaffirmé la volonté de la Libye de mener des enquêtes relatives à toutes les violations des droits de l’homme commises sur son sol, soulignant, toutefois, que pour le moment du moins, les personnels judiciaires n’étaient pas en mesure de remplir leurs fonctions convenablement du fait des mesures de sécurité insuffisantes.  Il a par ailleurs exprimé sa préoccupation face aux déclarations d’un « grand pays » qui s’est engagé à fournir des armes et un appui conséquent à toutes les milices qui feraient allégeance au Gouvernement d’entente nationale et combattraient Daech, ce qui risquerait, à son avis, de contribuer involontairement à une instabilité croissante dans le pays.    

Le représentant s’est en outre dit consterné que le Bureau du Procureur de la CPI ait contacté directement le Colonel al-‘Ajami al-Atiri, commandant du groupe qui détient M. Saif Al-Islam Qadhafi, estimant qu’une institution internationale ne pouvait pas s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays tiers, « ce militaire étant un membre de l’armée libyenne qui répond à la hiérarchie ».  « Le transfert de M. Saif Al-Islam Qadhafi relève exclusivement des prérogatives du Gouvernement libyen », a-t-il souligné, précisant que tant que le Gouvernement n’était pas en mesure d’administrer son lieu de détention, son transfert ne serait pas à l’ordre du jour.

Le délégué a par ailleurs indiqué que le personnel du Bureau du Procureur serait toujours bien accueilli en Libye pour poursuivre ses enquêtes, notamment lorsque les conditions sécuritaires le permettront.  Il ne peut y avoir de justice en Libye sans sécurité, et pas de sécurité tant que les milices restent actives, a-t-il précisé.  Il a enfin appelé la communauté internationale à aider au rétablissement de l’armée régulière libyenne suffisamment forte pour assurer la sécurité dans le pays.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des ONG: accusée de « politisation », l’ONG américaine « Committee to Protect Journalists Inc. » privée d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC

Comité des Organisations non gouvernementales, Reprise de la session 2016,
23e & 24e séances - Matin & après-midi
ECOSOC/6762-ONG/832

Comité des ONG: accusée de « politisation », l’ONG américaine « Committee to Protect Journalists Inc. » privée d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC

Le Comité des ONG, qui a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 35 organisations, l’a refusé à l’Américaine « Committee to Protect Journalists, Inc. » et reporté sa décision sur 32 autres ONG, dont la Qatarie « Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association » accusée hier par le représentant syrien de soutenir le terrorisme.

C’est donc par 10 voix contre, à savoir celles de l’Afrique du Sud, l’Azerbaïdjan, le Burundi, la Chine, Cuba, la Fédération de Russie, le Nicaragua, le Pakistan, le Soudan et le Venezuela que la demande de statut consultatif spécial de l’Américaine « Committee to Protect Journalists, Inc. » a été rejetée.  L’ONG, qui promeut la liberté de la presse dans le monde et qui défend le droit des journalistes à couvrir l’actualité sans crainte de représailles », s’est vue critiquée par l’Afrique du Sud pour ne pas avoir de position claire sur l’incitation à la haine interdite en vertu de l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. 

Cette ONG est « politisée » et « gouvernementale », a ajouté le Soudan, après que la Fédération de Russie lui eut reproché de ne condamner les violations des droits de l’homme que lorsqu’elles sont commises dans les pays qui ont des relations difficiles avec les États-Unis.  Ces derniers ont justement voté pour l’octroi du statut consultatif spécial avec la Grèce, la Guinée, Israël, la Mauritanie et l’Uruguay, tandis que l’Inde, l’Iran et la Turquie se sont abstenus. 

Le Comité est revenu sur le dossier de l’ONG qatarie « Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association », après les questions posées hier par le représentant de la Syrie qui l’accusait de servir de « bras logistique » à l’organisation terroriste Front al-Nosra.  Aujourd’hui devant le dossier d’une ONG qui « gère et investit les dons du Cheikh Eid et autres fonds en faveur des personnes vulnérables de la région », le représentant syrien a brandi une lettre envoyée aujourd’hui-même au Comité, au Secrétaire général de l’ONU et au Président du Conseil de sécurité, pour dénoncer les liens de l’ONG avec des organisations terroristes telles que Daech. 

Le plaidoyer du Soudan et du Qatar, État observateur, n’y ont rien fait: le Comité des ONG a reporté sa décision à sa prochaine session dans l’attente des réponses aux questions sur son véritable rôle dans le financement des groupes terroristes, en particulier, et en général, sur ses projets en 2016?  A-t-elle des activités au Kosovo?

Tout au long de la journée, les membres du Comité ont en effet multiplié les questions aux organisations requérantes, dont certaines revenaient régulièrement: quels sont les derniers projets entrepris par votre ONG?  Dans quels pays sont-ils menés?  Avec quels partenaires travaillez-vous?  Quelle est votre source de financement?  Certains ont également exigé la production des derniers états financiers, conduisant la représentante des États-Unis à faire que les organisations remplissent déjà cette condition lors du dépôt de leur candidature.  Des questions supplémentaires sur ces aspects ne font qu’alourdir le travail du Comité. 

Au total, ce sont 32 dossiers qui ont été reportés pour être examinés à la prochaine session du Comité.

Le Comité des ONG peut recommander trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  Elles peuvent également soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Cet après-midi, le représentant de l’Afrique du Sud a demandé si les séances du Comité sont retransmises et si non, qui a enregistré des images pendant la séance, s’est-il inquiété par souci de préserver « l’intégrité du Comité ».  Son homologue américaine lui a rappelé que les séances sont publiques et pas à huis-clos.

La prochaine réunion du Comité des ONG se tiendra demain vendredi 27 mai à partir de 10 heures.

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif spécial

1. The Kuki Organization For Human Rights Trust (Inde)

2. Article 36 Limited (Royaume-Uni)

3. Asian Science Park Association (République de Corée)

4. Association Internationale de la Libre Pensée (France)

5. Avocats Sans Frontières (Belgique)

6. Bancroft Global Development (États-Unis)

7. Blacksmith International (États-Unis)

8. Catholic Agency for Overseas Development (Royaume-Uni)

9. Development and Relief Foundation (États-Unis)

10. Digital Opportunity Trust (Canada)

11. Earth Island Institute Inc (États-Unis)

12. FORUT Solidaritetsaksjon for Utvikling (Norvège)

13. Fondazione GEM (Italie) 

14. Foundation for Sustainable Development (États-Unis)

15. Fountain House, Inc. (États-Unis)

16. Fundacion Vida - Grupo Ecologico Verde (Espagne)

17. Fundación BBVA para las Microfinanzas (Espagne)

18. Geneva Institute for Human Rights (GIHR) (Suisse)

19. Global Network of Civil Society Organisations for Disaster Reduction (Royaume-Uni)

20. Horn of Africa Aid and Rehabilitation Action Network (États-Unis)

21. IDEAS Centre (Suisse)

22. International Association of Independent Journalists Inc. (Canada)

23. International Center for Work and Family (Espagne)

24. International Organization for Promoting Public Diplomacy, Science, Education and Youth Cooperation “Eurasian Commonwealth” (Fédération de Russie

25. Jeunesse Canada Monde - Canada World Youth (Canada)

26. Missing Children Global Network, Inc. (États-Unis) 

27. Conselho Indigenista Missionário CIMI (Brésil)

28. Mission des sociétés d’assurances pour la connaissance et la prévention des risques naturels (France)

29. Narayan Sewa Sansthan Inc. (États-Unis)

30. National Secular Society (Royaume-Uni)

31. Oromia Support Group in Australia Inc. (Australie)

32. Profesionales por la Ética (Espagne)

33. Rural Development Institute (États-Unis)

34. Sovereign Imperial and Royal House of Ghassan Inc. (États-Unis)

35. Stichting HealthNet International - Transcultural Psychosocial Organization (Pays-Bas)

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

Quelle est la source de financement de Society for Environment and Development (Inde) en général et au Sri Lanka, en particulier, a demandé le représentant de l’Inde.  Quels sont les derniers projets de The Leading Association Alryada for Development Studies and Human Rights (Égypte)?  Où a-t-elle mené ces projets? a interrogé la représentante de l’Afrique du Sud.  Son homologue de Cuba a demandé à VOICE (Vietnamese Overseas Initiative for Conscience Empowerment) (Philippines), une mise à jour de ses dernières activités.

La représentante de l’Afrique du Sud a exigé de World Christian Association for Peace And Assistance Ministry International (Cameroun) qu’elle fournisse une liste de ses activités.  Celle de la Turquie a demandé à Action Sécurité Éthique Républicaines (France) d’expliquer la contribution d’Amnesty International à son rapport d’activités.  Le représentant de l’Afrique du Sud a prié l’Association Consortium pour les Aires et Territoires du Patrimoine Autochtone et Communautaire (APAC) (Suisse) de mettre à jour sa situation financière.

Quelles sont les activités d’Assyrian Aid Society of America Inc. (États-Unis) pour aider les Assyriens?  Quelle est la structure mise en place pour mener ces activités? a questionné la représentante de la Turquie.  Elle a aussi demandé à Assyrian National Congress (États-Unis) l’état financier pour l’année 2015.  La représentante des États-Unis a fait remarquer que les ONG déposent déjà leurs états financiers au moment du dépôt de leur candidature et que d’autres questions sur ces états financiers ne feraient qu’alourdir le travail du Comité.  Le représentant du Burundi a demandé au Bureau international pour le respect des droits de l’homme au Sahara Occidental (Suisse) son adresse exacte.  Quelles sont les relations entre cette ONG et l’ONG « France Libertés »?

Son homologue de l’Inde a voulu savoir de Child Soldiers International (Royaume-Uni) la liste de ses partenaires dans les travaux de recherches: le Gouvernement ou la société civile?  Comment sont diffusés les résultats de ces recherches?  Que fait l’ONG pour contrecarrer le recrutement d’enfants soldats dans le monde?  Le représentant de l’Afrique du Sud a exigé un état financier à jour et des explications sur le déficit budgétaire. 

Le même représentant a réitéré sa question posée le 24 mai dernier sur la position de Committee to Protect Journalists, Inc. (États-Unis) par rapport à l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui stipule que « toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi, et que tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit par la loi ».  La représentante des États-Unis a, après avoir défendu le principe de la liberté de la presse, demandé que l’on mette aux voix l’octroi du statut consultatif spécial à cette ONG, ce que le Président du Comité a accepté.

Avant le vote, le représentant de la Grèce a défendu le travail des ONG militant pour la protection des journalistes, y compris « Committee to Protect Journalists, Inc. »  Il a estimé que le Comité aurait dû parvenir à un consensus et a invité ses collègues à voter pour l’octroi du statut consultatif spécial.  Appuyant à son tour la liberté de la presse et d’expression, le représentant de l’Afrique du Sud a donc regretté que sa question ait été « mal interprétée ».  Il a annoncé un vote contre parce que « la position de l’ONG sur l’incitation à la haine n’est pas claire ».

Cette ONG est compliquée et son travail, complexe, a commenté le représentant de la Fédération de Russie, en adhérant au caractère universel de la liberté.  Chacun veut être libre quel que soit le pays où il vit.  Mais, a-t-il estimé, le problème est que cette ONG ne condamne les violations des droits de l’homme que lorsqu’elles sont commises dans les pays qui ont des relations difficiles avec les États-Unis.  S’il y a consensus, nous nous raillerons au consensus, a tout de même concédé le représentant. 

La protection des journalistes doit être assurée « avec objectivité », a renchéri le représentant du Pakistan qui a souligné « les limites » à la liberté d’expression.  Son homologue du Soudan a vu une ONG « politisée » et « gouvernementale » dont la demande de statut « ne mérite pas » d’être examinée par le Comité.  Il a accusé l’ONG de faire des rapports « erronés » sur la situation des journalistes dans le monde et a appelé les membres du Comité à voter contre l’octroi du statut consultatif.  

Ce statut a été rejeté par 10 voix contre, à savoir celles l’Afrique du Sud, l’Azerbaïdjan, le Burundi, la Chine, Cuba, la Fédération de Russie, le Nicaragua, le Pakistan, le Soudan et le Venezuela.  Les États-Unis, la Grèce, la Guinée, Israël, la Mauritanie et l’Uruguay ont voté pour.  L’Inde, l’Iran et la Turquie se sont abstenus. 

La représentante des États-Unis a rappelé que l’élaboration des objectifs de développement durable a été faite « en collaboration avec les membres de la société civile.  On ne peut donc parvenir à ces objectifs sans la société civile, a-t-elle insisté, en rappelant au Comité le rôle important qu’il joue pour faciliter l’accès des ONG aux Nations Unies, un accès qui est devenu plus urgent que jamais au regard des objectifs de développement durable.

La représentante de l’Afrique du Sud a demandé à Coptic Solidarity (États-Unis) si elle a, « oui ou non », des activités en Égypte.  Celle du Nicaragua s’est étonnée des états financiers d’ELIGE Red de Jóvenes por los Derechos Sexuales y Reproductivos, A.C. (Mexique) qui datent de 2012.  Mettez-les à jour, a-t-elle intimé.  Le représentant de la Chine a salué l’engagement d’Europe Business Assembly Limited (Royaume-Uni) à réviser le nom de Taiwan sur son site Internet et a dit attendre que les corrections nécessaires soient apportées.

Son homologue de l’Afrique du Sud a voulu qu’European Network on Independent living limited (Irlande) précise dans quels États africains elle travaille.  Elle a aussi exigé de Fondazione Proclade Internazionale – Onlus (Italie) qu’elle fournisse plus d’informations sur ses projets en Afrique.

L’examen de la demande de Global Institute for Water, Environment and Health (Suisse) a été reporté à cause d’une question de la représentante de la Turquie qui voulait connaître les partenaires de l’ONG, que ce soient des organisations ou des institutions. 

Le Comité est revenu sur le dossier de l’ONG qatarie « Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association », après des questions posées hier.  S’exprimant en faveur de la demande de cette ONG, le représentant du Soudan a expliqué qu’elle œuvre dans le domaine du développement en menant des projets d’éducation et médicaux.  Son travail se concentre sur les projets humanitaires, a-t-il indiqué, avant de mentionner aussi l’aide aux familles, aux veuves et aux orphelins.  Il a rappelé que la demande avait été déposée il y a quatre ans et que son examen avait été reporté après différentes questions posées par des membres du Comité.

Il faut un traitement égal pour toutes les ONG requérantes, a argué de son côté la représentante de la République islamique d’Iran en demandant des éclaircissements sur le rôle de cette organisation dans le financement d’organisations terroristes.  Elle a en outre voulu que l’ONG présente ses projets pour 2016 et lui a demandé si elle avait des activités au Kosovo.  Le représentant du Soudan a regretté que le Comité n’ait pu se prononcer sur l’octroi du statut consultatif, avant de recommander le report de l’examen à la prochaine session, une demande soutenue par le représentant de la Mauritanie.

En tant qu’observateur, leur homologue de la République arabe syrienne a fait part d’une lettre datée du 26 mai, que sa délégation a envoyée au Comité, au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité.  La délégation explique dans cette lettre que les autorités compétentes syriennes ont reçu des informations selon lesquelles cette ONG paye des contributions à des organisations terroristes comme Daech et qu’elle accorde son soutien à l’éducation des jeunes wahhabites.  Cette ONG a donné des millions de dollars à Daech en lui fournissant aussi des ambulances et autres formes d’aide, a-t-il affirmé, assurant que les preuves avaient été versées à la lettre.  Le Comité des ONG doit évaluer cette organisation, a-t-il plaidé en s’interrogeant sur ses réalisations au Soudan et en Mauritanie.

Depuis sa création en 1996, cette ONG a mené des projets de développement à tous les échelons - national, régional et international, a expliqué le représentant du Qatar, en tant qu’État observateur.  Il a aussi parlé des activités de l’ONG dans le domaine de la culture et en faveur de la jeunesse.  Il a estimé que l’organisation avait auparavant répondu à toutes les questions posées et qu’il fallait lui laisser du temps pour répondre aux nouvelles questions.  Le régime syrien, de son côté, a privé les enfants d’éducation, a-t-il argué en dénonçant une longue liste de crimes commis par ce régime.  Il a déploré que celui-ci, qui pratique le terrorisme et met en danger la région, livre des informations erronées au Comité.  La représentante de la Turquie a voulu répondre aux allégations de la délégation qatarie en dénonçant la politisation du Comité de manière générale.

Reprenant la parole, le représentant de la République arabe syrienne a estimé que la délégation du Qatar tentait de politiser les travaux du Comité.  Il a rappelé que c’est bien le régime syrien qui avait introduit les manuels scolaires au Qatar et envoyé ses experts, ses médecins et ingénieurs pour bâtir le Qatar d’aujourd’hui.  Nous sommes toujours du côté du peuple du Qatar et espérons que le Tout Puissant aussi, a-t-il assuré.  Le représentant du Qatar n’a pas voulu répondre, disant simplement que « nous sommes des diplomates dans l’enceinte des Nations Unies ».

Autre dossier reporté: la demande de Global Network of Sex Work Projects Limited (Royaume-Uni) après une question de la représentante du Nicaragua qui voulait connaitre ses projets en Amérique latine.  Pour Institute for Multi-track Diplomacy (États-Unis), c’est la délégation de la Chine qui a posé une question sur les états financiers pour 2013, 2014 et 2015.  Puis le représentant du Soudan a demandé la liste des organisations membres d’International Association for Hospice and Palliative Care, Inc. (États-Unis) qui sont basées au Moyen-Orient.

La représentante de la Chine a voulu obtenir d’International Gulf Organization FZ-LLC (Suisse) des détails sur sa participation à une conférence du Conseil des droits de l’homme à Genève.  Elle a aussi voulu connaitre les activités menées par James Madison University (États-Unis) au cours des trois dernières années dans la région Asie-Pacifique.  Le représentant de l’Afrique du Sud s’est demandé si une ONG qui traite du désarmement nucléaire ou d’engins explosifs relève du mandat de l’ECOSOC.  Il a aussi demandé à Karlen Communications (Canada) pourquoi elle demandait le statut consultatif alors qu’elle est une entreprise, comme elle l’a reconnu dans sa réponse à une question posée en janvier.  À Let’s Breakthrough, Inc. (États-Unis), la représentante du Nicaragua a demandé des informations sur sa situation financière, en particulier sur ses recettes obtenues grâce à des manifestations, ainsi que sur les jeux qu’elle organise.

La représentante de la Chine a demandé à Mouvement de la Paix (France) de décrire les efforts qu’elle a faits pour la réduction des budgets militaires.  Quelles sont les sources de financement de Muslim Aid (Royaume-Uni), a demandé son homologue des États-Unis.  Le représentant d’Israël a exigé de Parents and Friends of Ex-Gays and Gays, Inc. (P-FOX) (États-Unis) des exemples concrets des activités menées ces dernières années en termes d’éducation, de liberté et de droit sexuel.  Le représentant de la Fédération de Russie a fait remarquer que cette ONG est inscrite dans la Liste depuis quatre ans. 

La représentante du Nicaragua a demandé à Population Matters (Royaume-Uni) ses projets pour réaliser le développement durable.  Elle a exigé de Stichting Samenwerkingsverband IKV- Pax Christi (Pays-Bas) la liste de ses projets récents.  Le représentant des Pays-Bas, État observateur, a dit que le Comité devrait entendre et faire entendre la voix des ONG dont les activités relèvent des travaux du Conseil économique et social.  Cette ONG souscrit aux principes des Nations Unies et au mandat de l’ECOSOC, a-t-il plaidé, avant de demander au Comité de lui octroyer le statut consultatif spécial.  La représentante de Venezuela a voulu savoir si Stichting War Child (Pays-Bas) a pu mener à bien ses projets en Colombie.  Cette ONG protège les droits des enfants victimes des conflits armés, a dit le représentant des Pays-Bas qui a, ici aussi, demandé au Comité de lui accorder le statut consultatif spécial.

La représentante de l’Afrique du Sud a demandé au Comité de n’examiner le dossier de Strong Hearted Native Women’s Coalition, Inc. (États-Unis) que lorsqu’elle aura rétabli son système informatique et fournit ses états financiers.

Dialogue avec les ONG

L’ONG Conselho Indigenista Missionário CIMI (Brésil) qui a été fondée en 1972, travaille auprès des peuples autochtones du Brésil avec ses 350 membres.  L’ONG milite notamment pour l’exercice du droit à l’autodétermination des peuples autochtones et une éducation différentiée.  Son budget est assuré, entre autres, par les Ambassades de la Norvège et les Pays-Bas et la liste des autres ONG qui l’appuient financièrement, se trouve dans le dossier dont est saisi le Comité.  La correction du nom de Taïwan a été faite sur le site Internet.  Après ses éclaircissements, l’ONG a reçu son statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC.

L’ONG Ambedkar Center for Justice and Peace (Inde) milite pour que les « intouchables » indiens puissent exercer leurs droits socioéconomiques « sans effusion de sang ».  Les « intouchables » sont au nombre de 300 millions dans le pays et l’ONG travaille en leur faveur avec d’autres organisations locales et internationales ainsi qu’avec des organismes internationaux.  Le représentant de l’Inde a précisé qu’aux yeux du Gouvernement, il n’y a que « des citoyens » en Inde.  Il n’y a ni intouchables ni peuples autochtones.  « Pourquoi parlez-vous de peuples autochtones », a-t-il demandé, en exigeant une réponse écrite.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité entend un exposé du Coordonnateur pour le processus de paix au Moyen-Orient qui évoque « le spectre de la violence » à Gaza

7697e séance – après-midi 
CS/12376

Le Conseil de sécurité entend un exposé du Coordonnateur pour le processus de paix au Moyen-Orient qui évoque « le spectre de la violence » à Gaza

Le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, un exposé du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU, M. Nickolay Mladenov, par vidéoconférence depuis Jérusalem, sur la dégradation de la situation dans les territoires palestiniens occupés.

Dans quelques jours, a-t-il indiqué, un certain nombre de pays se réuniront à Paris avec le Secrétaire général pour réaffirmer leur engagement envers une solution négociée à deux États et discuter de l’appui à apporter aux deux parties pour atteindre cet objectif.  Tous ces efforts ne peuvent toutefois pas être séparés de la « sombre réalité » sur le terrain, a-t-il prévenu.

Les actes de terreur ne peuvent jamais, en aucun cas, être justifiés, a-t-il réaffirmé.  Le début du mois de mai a vu l’escalade de violence la plus importante depuis le conflit de 2014, évoquant les incidents survenus ces dernières semaines qui soulignent la fragilité de la situation sur le terrain et menacent le cessez-le-feu à Gaza.

M. Mladenov a noté que le Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens s’était réuni à Bruxelles le 19 avril et avait exprimé sa préoccupation face aux conséquences néfastes de l’impasse politique actuelle.

Alors que les Palestiniens sont confrontés à des défis financiers et institutionnels croissants, les développements négatifs continuent en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  Les pourparlers entre responsables israéliens et palestiniens sur les accords de sécurité dans la Zone A sont dans l’impasse.  Le Représentant s’est toutefois félicité de l’annonce selon laquelle les autorités israéliennes devraient autoriser un accès plus large aux postes de contrôle en Cisjordanie.

Il a également constaté la poursuite de la destruction des structures palestiniennes en Cisjordanie.  Au moins 900 personnes ont été déplacées et les moyens de subsistance de près de 2 500 personnes ont été affectés.

À Gaza, la situation reste désespérée et volatile.  « La communauté internationale a la responsabilité de ne pas faillir aux Palestiniens à Gaza, de les aider à surmonter les traumatismes physiques et émotionnels de la guerre et à reconstruire leur ville et, au final, faire en sorte que Gaza et la Cisjordanie soient réunies », a-t-il estimé.

La reconstruction est « une bouée de sauvetage » pour le peuple de Gaza, mais la crise chronique en énergie et en eau doit être résolue sans tarder, a poursuivi M. Mladenov, selon lequel les Palestiniens de Gaza sont de plus en plus désespérés; ils voient leurs perspectives de vivre normalement bloquées par l’accroissement de l’arsenal militaire du Hamas, les mesures sécuritaires d’Israël, le manque d’unité palestinienne et le fait que les donateurs n’aient pas honoré toutes leurs obligations en termes d’aide.

Évoquant le spectre de la violence qui plane sur le territoire, M. Mladenov a affirmé que la question n’était pas de savoir « si » une autre escalade allait avoir lieu, mais plutôt « quand ».

Par ailleurs, il a encouragé l’Égypte à faciliter des ouvertures plus fréquentes au passage de Rafah, surtout à des fins humanitaires.

Une autre évolution préoccupante, selon lui, est l’annonce par le Hamas de son intention de procéder à plusieurs exécutions publiques, sans l’aval du Président palestinien.  Invoquant le droit international, le Coordonnateur spécial a demandé au Hamas de ne pas procéder à ces exécutions et appelé le Président Abbas à établir un moratoire sur la peine de mort.

D’après une étude récente conduite par l’Université de Tel Aviv, près de 60% de la population juive et plus de 70% des Palestiniens sont en faveur de négociations de paix, a relevé M. Mladenov.  La volonté d’avancer vers la paix existe bien mais, malheureusement, il y a « une absence manifeste de volonté politique et d’un leadership audacieux ».  Selon lui, l’impasse qui se prolonge risque de saper tout espoir de trouver une solution.

Par ailleurs, s’agissant du Liban, il a rappelé que le Secrétaire général et le Conseil de sécurité avaient réitéré leur appel aux parties politiques libanaises pour qu’elles préparent des élections municipales et élisent un président de la République.

Enfin, le Coordonnateur spécial s’est félicité de l’annonce par le Président égyptien Abdel Fattah Al Sisi selon laquelle son pays était disposé à assurer la médiation entre les factions palestiniennes afin d’ouvrir la voie à un accord de paix durable avec Israël.  

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deux membres du Conseil de sécurité présentent à leurs collègues les conclusions de la mission effectuée dans la corne de l’Afrique

7696e séance – matin  
CS/12374

Deux membres du Conseil de sécurité présentent à leurs collègues les conclusions de la mission effectuée dans la corne de l’Afrique

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le compte-rendu des représentants du Royaume-Uni et de l’Égypte à l’issue de la mission qu’ils ont dirigée dans la corne de l’Afrique, notamment en Somalie, au Kenya et en Égypte, du 17 au 22 mai 2016.

Le représentant du Royaume-Uni, M. Matthew Rycroft, a centré sa présentation sur la visite en Somalie, affirmant qu’elle avait permis au Conseil de réaffirmer son soutien au peuple somalien qui a tant besoin de vivre dans la paix.

Il a souligné que le pays se trouvait dans une impasse politique à l’arrivée de la mission: en effet, le projet de processus électoral proposé par le Président du pays, M. Hassan Cheikh Mohamoud, venait d’être rejeté par le Parlement.  Toutefois, après des entretiens avec les membres de la mission du Conseil, le Président a fait promulguer cette loi le 22 mai en contournant le Parlement, comme il en est autorisé, ouvrant ainsi la voie à la tenue d’élections et, partant, à la perspective d’un renouvellement de la vie politique dans le pays.  Ce qui a incité le représentant britannique à affirmer que les visites des membres du Conseil de sécurité permettaient parfois de débloquer des crises politiques sur le terrain.

Le représentant a néanmoins déploré que, malgré des avancées notables, la situation sécuritaire en Somalie demeure inquiétante, saluant au passage les efforts consentis dans ce domaine par les troupes de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et des forces de l’ordre somaliennes.  Toutefois, a-t-il précisé, des efforts supplémentaires étaient indispensables pour améliorer l’efficacité du dispositif de sécurité sur place, celui-ci souffrant d’un manque de coordination évident, au niveau national comme international.

Les membres de la mission du Conseil se sont également entretenus en Somalie avec des membres de la société civile, notamment des groupes de femmes, qui ont demandé que les autorités nationales respectent leur engagement de réserver 30% au moins des postes gouvernementaux et de sièges à la Chambre basse du Parlement national aux femmes.

S’exprimant pour sa part en sa capacité nationale, le représentant de l’Égypte, M. Amr Abdellatif Aboulatta, a affirmé que cette visite à Mogadiscio avait permis de rappeler aux parties somaliennes qu’il était indispensable d’œuvrer ensemble pour la réconciliation et le retour de la paix. 

Évoquant la visite au Kenya et les discussions avec les principaux responsables politiques de ce pays, notamment le Président Uhuru Kenyatta, le représentant égyptien a affirmé que la mission avait pu mieux appréhendé ce qu’il restait à faire pour assurer une meilleure prise en charge des réfugiés somaliens au Kenya et dans d’autres pays de la région.  Au cours des entretiens, a-t-il indiqué, le Président du Kenya a par ailleurs abordé la question de la discrimination salariale des troupes de l’AMISOM, ces derniers recevant des soldes moins importantes que celles des autres soldats de la paix de l’ONU.  Les membres du Gouvernement kényan ont également attiré l’attention du Conseil sur les conséquences socioéconomiques de la présence de réfugiés somaliens sur leur sol, affirmant que ces derniers seraient parfois impliqués dans des activités terroristes.  Les entretiens ont aussi porté sur les rapports faisant état de la reprise des enrôlements d’enfants par le Mouvement des Chabab.

Au Caire, en Égypte, dernière étape de la visite de la mission du Conseil de sécurité, la délégation a rencontré, lors d’une réunion conjointe, le Ministre égyptien des affaires étrangères ainsi que des Ministres de la Ligue des États arabes.

Les parties ont évoqué à cette occasion les conflits au Moyen-Orient, soulignant la nécessité d’apporter un soutien humanitaire aux Palestiniens, de parvenir à un accord politique entre Palestiniens et Israéliens, et de réaffirmer l’importance d’arriver à la solution de deux États installés sur les frontières de 1967.

Le représentant de l’Égypte a par ailleurs indiqué que les discussions ont également porté sur l’appui à apporter aux autorités libyennes dans leur lutte contre Daech, et dans l’optique de l’unité du pays.  Les entrevues ont par ailleurs porté sur la question des réfugiés se rendant en Europe, les membres de la Ligue des États arabes se disant inquiets de la montée de l’islamophobie sur le Vieux Continent.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité lève les dernières sanctions contre le Libéria

7695e séance – matin
CS/12373

Le Conseil de sécurité lève les dernières sanctions contre le Libéria

Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité ce matin la résolution 2288 (2016) par laquelle il décide de mettre fin, avec effet immédiat, aux dernières sanctions contre le Libéria, à savoir les mesures concernant les armes, imposées en 2003.

Saluant les progrès constants que le Gouvernement libérien fait dans la reconstruction du pays, le Conseil de sécurité décide également de dissoudre le Comité des sanctions créé en application de la résolution 1521 (2003).

Parrain de la résolution, le représentant des États-Unis a rappelé le chemin parcouru par le Libéria depuis l’imposition des sanctions en 2003.  « Ces sanctions novatrices ont considérablement contribué à la paix et à la sécurité du pays », a-t-il affirmé, précisant que le Conseil de sécurité avait adapté les sanctions en fonction de l’évolution de la situation dans le pays. Les progrès accomplis par le Libéria, 13 ans après la fin de la guerre civile, ont incité le Conseil à considérer que les critères pour la levée des sanctions étaient remplis.  

Le représentant américain a déclaré avoir tiré quatre enseignements de cette expérience: le Conseil doit être « courageux et créatif » dans l’application de sanctions, et notamment considérer les sources de financement non traditionnelles des conflits; le suivi efficace des sanctions est impératif; la collaboration des partenaires internationaux est indispensable et l’imposition de sanctions, même les plus longues, prend fin.

« Les sanctions ciblées dans le contexte du Libéria ont été très constructives » a affirmé pour sa part le représentant du Libéria.  À son avis, le régime des sanctions a contribué, dans une large mesure, à stabiliser le pays et à encourager une reprise économique après le conflit.  Les sanctions ont visé certaines ressources naturelles, dont le bois et les diamants, imposé des restrictions à l’importation d’armes et de fonds, et ciblé des individus susceptibles de constituer une menace à la paix et à la stabilité du Libéria.  

Le Libéria, a assuré son représentant, « a joué son rôle », coopérant avec le Conseil de sécurité pendant toutes ces années. Répondant aux préoccupations exprimées notamment par ses homologues du Japon et de l’Ukraine, il a annoncé que la Chambre des représentants de son pays s’était ralliée au Sénat pour adopter, il y a quelques jours, la loi de 2015 relative au contrôle des armes à feu et des munitions.

« Le Libéria est à la croisée des chemins », a conclu le représentant, en évoquant la transition prochaine de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) aux institutions nationales de sécurité. 

Par ailleurs, le représentant du Japon a fait remarquer que le Libéria avait surmonté non seulement la menace du conflit, mais aussi la crise de l’Ebola, qui avaient entravé le processus de consolidation de la paix.

Se félicitant des efforts déployés pour sauvegarder la paix et la sécurité au Libéria, le représentant de la Chine a exprimé l’espoir que la communauté internationale « respecterait la souveraineté du pays et lui fournirait l’assistance nécessaire pour la reconstruction économique ».

Le Conseil de sécurité était saisi du rapport final du Groupe d’experts sur le Libéria créé en application de la résolution 1521 (2003)* qui souligne l’importance de l’adoption d’un cadre législatif dans le secteur de la sécurité.  Les experts rappellent notamment que l’Afrique de l’Ouest a été la cible de trois attentats terroristes meurtriers, à Bamako (Mali) en novembre 2015, à Ouagadougou (Burkina Faso) en janvier 2016, et à Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) en mars 2016.

LA SITUATION AU LIBÉRIA

Lettre datée du 15 avril 2016, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Groupe d’experts sur le Libéria créé en application de la résolution 1521 (2003) (S/2016/348)

Texte du projet de résolution (S/2016/472)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures et les déclarations de son président concernant la situation au Libéria,

Saluant les progrès constants que le Gouvernement libérien fait dans la reconstruction du Libéria, pour le bien de tous les Libériens,

Se félicitant des travaux du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1521 (2003) concernant le Libéria  (« le Comité ») et exprimant sa gratitude au Groupe d’experts créé en application du paragraphe 22 de la résolution 1521 (2003),

 Ayant examiné le rapport du Groupe d’experts sur le Libéria (S/2016/348) et prenant note de l’exposé du Président du Comité en date du 13 mai 2016, 

Prenant note également de la lettre du Secrétaire général en date du 31 juillet 2015 (S/2015/590), l’informant des progrès que le Gouvernement libérien a accomplis dans l’application des recommandations de bonne gestion des armes et des munitions, notamment en promulguant la législation nécessaire, et des mesures qui ont été prises pour faciliter la surveillance et la gestion des régions situées à la frontière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire, tout en soulignant que ces progrès doivent se poursuivre pour concourir davantage à la paix et à la stabilité au Liberia,

Rappelant que la Convention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest  sur les armes légères et de petit calibre de 2006 confie aux autorités publiques compétentes la responsabilité du contrôle de la circulation des armes légères sur le territoire du Libéria et entre celui-ci et les États voisins,

Engageant le Gouvernement libérien à donner la priorité à l’adoption rapide de la législation sur la gestion des armes et des munitions, et à prendre toutes autres mesures en vue d’établir le cadre juridique et administratif requis pour lutter contre le trafic d’armes et de munitions,

Notant l’effet positif des mesures ciblées qu’il a imposées pour résoudre le conflit et aider à la stabilisation du Libéria,

Affirmant que le Gouvernement libérien a la responsabilité principale de mettre à l’abri toutes les populations présentes sur son territoire et soulignant qu’il n’y aura de stabilité durable au Libéria que si le Gouvernement veille au maintien d’institutions publiques efficaces et responsables, notamment dans les secteurs de l’état de droit et de la sécurité, y compris une armée, une police et des forces de sécurité aux frontières libériennes qui soient capables, professionnellement qualifiées et efficaces et se félicitant à cet égard de l’assistance nécessaire des partenaires bilatéraux et des organisations multilatérales,

Insistant sur le fait qu’une gestion transparente et efficace des ressources naturelles est capitale pour la paix et la sécurité à long terme du Libéria,

Rappelant qu’il est prêt à mettre fin aux mesures imposées aux alinéas a) et b) du paragraphe 2 et à l’alinéa a) du paragraphe 4 de la résolution 1521 (2003) lorsqu’il aura constaté que le cessez-le-feu au Libéria est pleinement respecté et maintenu, que le désarmement, la démobilisation, la réinsertion, le rapatriement et la restructuration du secteur de la sécurité ont été menés à bien, que les dispositions de l’Accord général de paix sont appliquées intégralement et que des progrès notables ont été réalisés en ce qui concerne le rétablissement et le maintien de la stabilité au Libéria et dans la sous-région, et considérant que ces conditions ont été réunies,

Agissant au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de mettre fin, avec effet immédiat, aux mesures concernant les armes, précédemment édictées au paragraphe 2 de la résolution 1521 (2003) et modifiées aux paragraphes 1 et  2 de la résolution 1683 (2006), à l’alinéa b) du paragraphe 1 de la résolution 1731 (2006), aux paragraphes 3, 4, 5 et 6 de la résolution 1903 (2009), au paragraphe 3 de la résolution 1961 (2010) et à l’alinéa b) du paragraphe 2 de la résolution 2128 (2013);

2.    Décide également de dissoudre, avec effet immédiat, le Comité du Conseil de sécurité créé en application du paragraphe 21 de la résolution 1521 (2003) et le Groupe d’experts créé en application du paragraphe 22 de la résolution 1521 (2003), et modifié et élargi par la suite, y compris en application des paragraphes 3 et 4 de la résolution 2237 (2015).

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des ONG: octroi du statut général à la Suisse « RESO-Femmes » et questions sur des ONG pro-libéralisation des drogues et « pro-terroriste »

Comité des Organisations non gouvernementales, Reprise de la session 2016
21e & 22e séances - Matin & après-midi
ECOSOC/6761-ONG/831

Comité des ONG: octroi du statut général à la Suisse « RESO-Femmes » et questions sur des ONG pro-libéralisation des drogues et « pro-terroriste »

Le Comité chargé des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif général à l’ONG Suisse « RESO-Femmes » et le statut consultatif spécial à 18 organisations.  Quelque 66 autres ONG ont été appelées à la patience.  Le représentant de la Fédération de Russie s’est étonné du nombre croissant d’organisations qui militent pour la libéralisation des drogues alors que son homologue de la Syrie a accusé la Qatarie « Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association » de soutenir les terroristes.   

La Suisse « RESO-Femmes » -Réseau d’engagement et de soutien aux organisations de femmes- est donc passée du statut consultatif spécial au statut consultatif général.  L’ONG, qui a réalisé deux programmes opérationnels au Mali et au Burkina Faso, part du postulat que grâce aux formations qu’elles dispensent, les femmes peuvent infléchir les politiques de développement.  En 10 ans, elle dit avoir donné à ses 40 leaders maliennes et burkinabé une conscientisation efficace, amélioré leur statut; leur assurant un minimum d’infrastructures et les rendant capables de mobiliser de nouveaux membres.

Conformément au statut consultatif général réservé aux ONG dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires, « RESO-Femmes » est désormais habilitée à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Le statut consultatif spécial, qui a été octroyée aujourd’hui à 17 ONG, concerne les organisations qui travaillent dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  Elles peuvent également soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Après l’examen des dossiers des ONG américaines « Marijuana Policy Project » et « Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies », le représentant de la Fédération de Russie s’est étonné du nombre croissant d’organisations qui militent pour la libéralisation des drogues.  Espérons, a-t-il ironisé, que nous ne verrons pas la même tendance pour le terrorisme et l’extrémisme.  Ce jour est déjà là, a semblé penser le représentant de la Syrie qui a accusé l’ONG qatarie « Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association » de servir de « bras logistique » à l’organisation terroriste Front al-NosraCette organisation soutient des groupes armés terroristes partout dans le monde avec la complicité du Qatar, a-t-il affirmé.  Pour éviter un vote, le Comité a décidé de revenir sur ce dossier demain après-midi, après avoir reporté sa décision sur 63 autres ONG dont celui de l’Américaine « US Committee for Human Rights in North Korea », appuyée par la représentante des États-Unis.  Quelle est la vraie relation de cette ONG avec le Gouvernement américain?  Comment peut-elle maintenir son objectivité et son impartialité?  Que fait-elle pour améliorer « le vécu des Nord-coréens »?  Couvre-t-elle aussi les avancées dans le domaine des droits de l’homme, comme l’accès à l’éducation?  Cette ONG, a commenté le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), est « à la solde » du Gouvernement américain.  En tant qu’État observateur, il a demandé au Comité de rejeter la demande de statut consultatif spécial.

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain jeudi 26 mai à partir de 10 heures.  

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif général

Le Comité a recommandé de faire passer RESO-Femmes (Suisse) du statut consultatif spécial au statut consultatif général.

Octroi du statut consultatif spécial

1. L’Université du Michigan (États-Unis)

2. VR Foundation (États-Unis)

3. Wild Migration Limited (Australie)

4. Woodenfish Foundation (États-Unis)

5. World Childhood Foundation Inc. (États-Unis)

6. World Federation Against Drugs (Suède)

7. AID for AIDS International, Inc. (États-Unis)

8. Tourner La Page (France)

9. Association Saemaul Undong Burundi (Burundi)

10. Association Togolaise "Femmes et SIDA" (A.T.F.S)

11. Association Un Enfant Un Cartable Du Burkina Faso (Burkina Faso)

12. Association for Integrated Sustainable Development Initiatives (AISDI-CIG) (Cameroun)

13. Association of Pacific Rim Universities (Singapour)

14. Démocratie Dans le Monde (DDM) (Bénin);

15. FESTHES "Festival Pour la Santé" (Togo)

16. Message Welfare Society (Pakistan)

17. Chibuzor Human Resource Development Organization (Sierra Leone)

18. Sindhi Adhkar Manch (Inde).

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

Le Comité a décidé de reporter l’examen de la demande du Vang Pao Peace Institute (États-Unis) après la question soulevée par le représentant de la Chine sur le lien entre le nom de l’ONG et « Vang Pao ».  L’ONG a-t-elle des relations avec le Gouvernement fédéral et les Gouvernements locaux, a demandé, à son tour, le représentant de la Fédération de Russie.  Celui de l’Afrique du Sud a souhaité des précisions sur l’état financier de l’ONG et sa présence dans le monde.

Vision Africa Give a Child a Future (Royaume-Uni et Irlande) a été priée par le représentant de l’Afrique du Sud de dire si elle ne travaille qu’au Kenya ou dans d’autres pays en Afrique.  Après l’intervention du représentant de la Chine, qui a noté sur le site de Women With Disabilities Australia Inc. (Australie) un article mentionnant Taiwan sous une mauvaise dénomination, le Comité a décidé de reporter sa décision.  Le représentant chinois a invoqué les mêmes raisons pour demander le report de la décision sur la demande de Womens Voices Now Inc (États-Unis).

Ses homologues de l’Afrique du Sud et des États-Unis sont interrogés sur le concept de « supported employment » utilisé par la World Association for Supported Employment (Pays-Bas).  La représentante de l’Afrique du Sud a aussi demandé des précisions sur les activités relatives à la bonne gouvernance menée en Afrique par le World Forum for Ethics in Business (Belgique) qui se dit « organisation internationale ».  La représentante a également souhaité savoir comment l’ONG traite la question de l’application universelle des normes liées au travail des enfants et au salaire décent pour tous.  Peut-on avoir une mise à jour des états financiers d’urbaMonde – Suisse (Suisse), a aussi demandé la représentante, en soulignant que les derniers états financiers remontent à 2014 et que cette organisation semble être déficitaire.

Son homologue de l’Azerbaïdjan a souhaité des renseignements sur le projet financé par les États-Unis que SEG" Civil Society Support Center NGO (Arménie) a mené.  Il a également voulu en savoir plus sur la Society Without Violence Non-Governmental Organization (Arménie) qui se dit « nationale » et demandé la liste des ONG avec lesquelles elle coopère dans la région.  Le représentant de la Chine a demandé des éclaircissements à DRCNet Foundation, Inc. (États-Unis) sur ce qu’elle entend par « régions autonomes du Tibet en Chine ».  Celui de la Fédération de Russie est revenu sur la demande de légalisation d’un certain nombre de drogues que fait cette organisation et a souhaité savoir sur quoi elle se base, une question reprise par la représentante de l’Afrique du Sud.

Son homologue de l’Inde a voulu savoir de Death Penalty Focus (États-Unis) comment elle compte faire pour surmonter son énorme déficit.  Il a également demandé si d’autres organisations y sont affiliées.  Le représentant de la Chine a noté que la terminologie relative à Taiwan n’est pas respectée dans l’un des articles figurant sur le site Internet de cette organisation.

La représentante de l’Afrique du Sud a demandé à Fair Trials International (Royaume-Uni) dans quels pays d’Afrique elle opère.  Celui de l’Inde a voulu l’état financier le plus récent de Fundación Acción Pro Derechos Humanos (Espagne) compte tenu de son déficit.  Le représentant de l’Afrique du Sud a estimé, pour sa part, que le mandat de cette organisation est trop large et lui a demandé de reformuler ses objectifs.  Ce mandat ne saurait en aucun cas être considéré comme quelque chose de négatif, a rétorqué, son homologue de la Grèce qui n’a vu aucun problème dans l’ampleur du mandat.  Une entité comme une ONG, s’est expliqué le représentant de l’Afrique du Sud ne peut pas avoir un mandat plus large que celui des États Membres réunis au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. 

Le Comité a aussi décidé de reporter l’examen de la demande d’ISKCON Communications International (États-Unis) dans l’attente de précisions sollicitées par le représentant de la Chine sur les activités de cette ONG en Amérique du Sud.  Celle de l’Afrique du Sud a demandé à l’International Breathwork Foundation (Pays-Bas) dans quel endroit du territoire sud-africain elle opère.  La représentante du Nicaragua a demandé des précisions sur la nature « internationale » d’International Center for Advocates Against Discrimination (ICAAD), Inc. (États-Unis), et a demandé la liste des pays où elle opère.  Celui de l’Inde a demandé si cette ONG travaille sur le désarmement nucléaire.

La représentante du Nicaragua a demandé savoir du Latin American Mining Monitoring Programme (Royaume-Uni) s’il a des projets dans d’autres pays de la région.  Son homologue de l’Afrique du Sud a demandé un état financier actualisé à cette ONG qui avait un déficit en 2014.  La déléguée du Nicaragua a remarqué que le Marijuana Policy Project (États-Unis) n’avait pas répondu aux questions posées lors de la précédente session, ce qui a été confirmé par le Secrétariat du Comité.

Le représentant de la Fédération de Russie a ironisé sur le nombre croissant d’ONG qui souhaitent libéraliser les stupéfiants.  Il a émis le vœu qu’un jour, il n’y en ait pas autant qui souhaitent faire la promotion du terrorisme et de l’extrémisme.  Il a demandé à Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies (États-Unis) si elle a mené des études sur la légalisation des stupéfiants et si elle peut en dire plus sur la position du Gouvernement américain.  La représentante de la Chine a demandé des éclaircissements sur « la région autonome de la Chine » à laquelle l’ONG fait référence.

Elle a également demandé des précisions à Partnership for Change (Norvège), notamment sur sa participation à 59 conférences sur l’autonomisation des femmes et la manifestation qu’elle aurait organisée sur cette question.  Elle a constaté en outre qu’une grande partie des financements de Peace Brigades International (Royaume-Uni) émane de gouvernements.  Comment l’ONG préserve-t-elle son indépendance et sa neutralité dans de telles conditions.  La représentante de l’Afrique du Sud a voulu savoir si outre le Kenya, il y a d’autre pays africains où cette ONG opère.  Peut-on avoir une ventilation des financements publics par pays et par organisations internationales?  Le représentant de l’Allemagne, État observateur, a estimé que cette organisation est un bon exemple de la manière dont la société civile peut contribuer positivement au travail de l’ONU en faisant remonter des informations de la base.  Il a vivement engagé le Comité à réserver une réponse favorable une fois que l’ONG aura elle-même répondu aux questions posées.  

La représentante du Royaume-Uni, État observateur, s’est associé aux observations de son collègue allemand et a insisté sur le mérite des partenariats constructifs entre l’ONU et la société civile, notamment avec cette organisation.  Son homologue de la Mauritanie a noté que Re-evaluation Foundation (États-Unis) n’a toujours pas répondu aux questions posées le 6 mai dernier, ce qui a été confirmé par le Secrétariat du Comité.

La représentante de la Chine demande en quoi Results Educational Fund, Inc. (États-Unis) contribuerait aux travaux de l’ECOSOC.  Elle a constaté sur le site Web de Sex & Samfund (Danemark) une mauvaise terminologie pour la province de Taiwan.  Le représentant de la Fédération de Russie s’est interrogé sur les méthodes préconisées par The Andrey Rylkov Foundation for Health and Social Justice (Fédération de Russie) pour combattre la consommation de drogues.  Comment ces méthodes sont-elles perçues dans la société?  Sont-elles interdites par le Gouvernement? car il s’agit tout de même de remplacer des drogues dures par des drogues légères.

La représentante de la Chine a constaté que le site Web de The National Democratic Institute for International Affairs (NDI) (États-Unis) n’utilise pas la terminologie officielle pour la province de Taiwan.  Ma délégation demande au secrétariat du Comité de transmettre la vraie terminologie aux ONG concernées.  Le représentant du Soudan a souhaité en savoir plus sur les activités de cette ONG dans son pays et a demandé si elle a coopéré avec d’autres organisations internationales sur place.  Il a souhaité également des éclaircissements sur « sa faible association avec le parti démocratique », tel que le mentionne son site Web.  La représentante de l’Iran a souhaité savoir comment cette ONG peut garantir son impartialité et son autonomie avec les financements publics dont elle bénéficie.

La représentante des États-Unis a soutenu US Committee for Human Rights in North Korea (États-Unis) et souhaité que le statut consultatif lui soit octroyé par consensus.  Son homologue de l’Afrique du Sud s’est tout de même demandé comment cette ONG peut maintenir son objectivité et son impartialité avec de telles sources de financement.  Comment améliore-t-elle « le vécu des Nord-coréens »?  Quelle est la vraie relation entre cette ONG et le Gouvernement américain, s’est inquiété, à son tour, la représentante de l’Iran.  L’ONG ne couvre-t-elle que les violations en matière des droits de l’homme et fait-elle aussi part des succès, notamment dans le domaine de l’éducation? s’est interrogé son homologue de la Fédération de Russie.  Il s’est aussi demandé comment sont dépensées les subventions reçues du Gouvernement américain. 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), État observateur, a accusé l’ONG d’empiéter sur la souveraineté de son pays en fabriquant des rapports biaisés sur la situation des droits de l’homme.  Il a vu un manque de neutralité chez une ONG « à la solde » de la politique des États-Unis vis-à-vis de la RPDC.  Il a demandé aux membres du Comité de rejeter la demande de statut consultatif spécial.

La représentante du Nicaragua a remarqué que la question posée hier à USA Refugees & Immigrants, Corp. (États-Unis) ne figure encore nulle part, rendant impossible toute décision à ce stade.  Son homologue du Soudan a demandé des précisions sur le financement d’Universal Rights Group (Suisse) dont 89,8% proviennent de gouvernements, ce qui est contraire à la résolution 1996/31 de l’ECOSOC et remet en question la faculté de l’ONG à rester neutre.  La résolution, a rétorqué la représentante des États-Unis, exige simplement des ONG qu’elles déclarent l’origine de leur financement.  Les États-Unis sont-ils devenus les représentants de cette ONG? a ironisé le représentant du Soudan, avant que le secrétariat du Comité ne reformule la question en ces termes: « comment l’organisation peut-elle maintenir son indépendance compte tenu de la forte proportion des financements publics? ».  Certains membres du secrétariat de cette ONG sont des diplomates, a constaté la représentante de l’Iran.  De quels pays sont-ils?  Son homologue de l’Afrique du Sud a noté que l’un des objectifs de World Association for Sexual Health (Royaume-Uni) est de promouvoir la Déclaration universelle des droits sexuels.  Cette Déclaration remplacerait-elle les instruments négociés des droits de l’homme?  L’ONG opère-t-elle en Afrique?  Le représentant de la Mauritanie a demandé à Equilibres & populations (France) si elle a des projets en Afrique de l’Ouest, et si oui, dans quels pays.

Les ONG suivantes ont introduit une demande de reclassement.  Le représentant d’Israël a demandé à Al-Marsad, The Arab Centre for Human Rights in the Golan Heights (R.A.) (Golan syrien occupé) de fournir une mise à jour de ses états financiers et la liste des activités menées en 2015.  Son homologue du Soudan a demandé des précisions sur les frais d’adhésion à Aleradah & Altageer National Society (Bahrain).  Celle du Nicaragua a voulu savoir d’Asociación Pro-Bienestar de la Familia Colombiana "Profamilia" (Colombie) avec quels pays elle travaille et à quoi tient son « statut national ».  Elle a aussi demandé des précisions sur le déficit de l’Association of Youths with Vision (AOYWV) (Gambie).

Le Comité a décidé de reporter l’examen de la demande de trois ONG mauritaniennes l’Association pour la solidarité & développement durable; l’Association pour le Développement Durable la Promotion des Droits Humains et la Lutte Contre la Pauvreté; et la Coordination Waï (Eveil) relative à l’unité nationale et la lutte contre l’esclavage à la demande du représentant de la Mauritanie qui a souhaité des précisions sur le financement de la première depuis 2013, celui de la deuxième s’agissant surtout de la construction de moulins et sur les activités de la troisième qui prévoit « des visites dans quatre capitales de la région pour diffuser la culture des droits de l’homme et amener les gens à condamner la politique esclavagiste de la Mauritanie ».

L’Association tunisienne de la santé de la reproduction a été priée d’expliquer au représentant de l’Inde le rôle de ses membres qui sont aussi salariés du Ministère de la santé.  Le même délégué a aussi souhaité des précisions sur les activités ou financements de Campanha Latino-Americana pelo Direito à Educação - CLADE Brasil; de Dalit Welfare Organization (Népal); d’ELA-Equipo Latinoamericano de Justicia y Género (Argentine); d’Egyptian Centre for Human Rights (Égypte); d’Ishaatool Mohammadiya Research and Development Foundation, Shevgaon (Inde); du National Development Youth Club, Jaran Wali Gali Poonch (Inde); du Neighbourhood Community Network (Inde); et de Prajachaitanya Yuvajana Sangam (Inde).

Le Comité a aussi décidé de reporter sa décision sur Ballerina Management Institute (Inde) dans l’attente de précisions demandées par les représentants de l’Inde et de l’Afrique du Sud sur les activités et cibles de cette ONG.  Le Centre for Corrections and Human Development (Nigéria) et Conselho Indigenista Missionário CIMI (Brésil) ont été priées d’apporter à la représentante de l’Afrique du Sud des explications sur les opérations à Lagos, pour la première, les fonds reçus des ambassades étrangères, pour la seconde.  Family Planning Association of Bangladesh (FPAB) doit encore expliqué au représentant de l’Inde les modalités de son financement et à celui du Nicaragua les projets pour les années 2016 et 2017.

Malgré le soutien apporté par la délégation du Brésil, le Comité a décidé de reporter sa décision sur Gestos Soropositividade Comunicação e Gênero (Brésil) parce que la représentante du Nicaragua a dit attendre des réponses à ces questions.  Elle a aussi demandé des précisions sur le financement et les activités de Humanity Family Foundation for Peace & Développement (Nigéria) dans le domaine du paludisme.  Son homologue de la Chine a voulu savoir d’International Association for Religious Freedom, Co-ordinating Council for South Asia (Inde) des détails sur sa participation au Sommet Rio+20 sur le développement durable.

International Human Right Organization (Pakistan) s’est heurtée aux questions du représentant du Pakistan sur ses relations avec USAID.  Son homologue des États-Unis a indiqué que USAID n’a aucune affiliation avec une quelconque ONG.  La représentante de l’Afrique du Sud a demandé des précisions sur le statut juridique d’International Police Commission Philippine Command Association Inc (Philippines) et sur le déficit qu’elle traîne depuis 2012.  Celui de l’Inde a demandé si le Comité avait consulté la Mission permanente des Philippines sur les activités de cette ONG.    

Le Comité a reporté sa décision sur Islamic African Relief Agency (IARA) (Soudan); Liberia Youth Initiative for Peace and Sustainable Development (LYIPSUD), Inc; et Lotus Initiative for the Blind (Nigéria) dans l’attente des informations sollicitées par la représentante des États-Unis sur le financement de la première et par l’Afrique du Sud sur celui des deux dernières.  People and Police for Egypt for Culture and Scientific Services (Égypte) aura à apporter des précisions sur ses finances à la représentante de l’Afrique du Sud qui a aussi demandé quelles activités l’ONG déploie pour « améliorer ses relations avec la population ».  Save the Earth Cambodia a été priée par le représentant de la Chine d’utiliser la terminologie appropriée pour la « province chinoise de Taiwan ».

La demande de Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association basée au Qatar a provoqué l’ire de la Syrie, État observateur, qui a jugé évident à la lecture du site Internet de l’ONG qu’elle sert de « bras logistique » au groupe terroriste Front al-NosraCette ONG, a-t-il affirmé, soutient des groupes armés terroristes partout dans le monde avec la complicité du Qatar.  Sur proposition du représentant du Soudan, le Comité a décidé de poursuivre l’examen de ce dossier demain matin.  

Le représentant de l’Inde a demandé à Social Services Trust (Inde) ce qu’elle fait pour les populations vulnérables au regard des changements climatiques.  Comment finance-t-elle ses interventions dans ce domaine.

Dialogue avec les ONG

L’ONG Chibuzor Human Resource Development Organization basée en Sierra Leone et dont la mission est d’améliorer la vie des femmes, enfants et jeunes démunis et marginalisés, a donné des explications sur les activités menées dans différentes provinces grâce aux fonds des donateurs.  Elle a notamment cité l’opération de collecte de données dans le cadre de la réponse à Ebola menée entre avril et mai 2015.  Elle a également distribué des lampes et ordinateurs à énergie solaire et en 2013, mené un projet d’autonomisation économique et sociale des femmes.  De juillet à décembre 2013 une initiative de mobilisation en faveur de l’éducation des filles a été lancée et entre août et octobre 2015, un travail de plaidoyer contre la violence sexuelle a été fait.  La représentante du Nicaragua a demandé davantage de renseignements sur ces projets notamment sur leur financement dans la mesure où l’ONG ne semble pas avoir de rentrée d’argent.  Quel est l’impact de ces projets sur la population?  L’ONG a répondu qu’elle s’en tient strictement aux directives budgétaires et qu’elle soumet dûment un état financier aux bailleurs de fonds.  Elle a toutefois reconnu qu’après l’épidémie d’Ebola tout est resté en suspens.  Le Comité a recommandé le statut consultatif spécial pour cette ONG.

Society for Protection of Street & Working Children (Iran) s’est présentée comme ayant vocation à venir en aide aux enfants démunis et aux enfants de la rue, essentiellement les réfugiés afghans qui vivent surtout dans la banlieue de Téhéran.  Avec 217 bénévoles et 700 enfants pris en charge, l’organisation encadre la formation, l’accès à la santé et autres services, préparant les enfants au retour dans leur pays.  Qui sont exactement les gouvernements et les organisations internationales qui vous financent? a demandé le représentant de la Fédération de Russie.  Quels projets sont financés?  Les fonds reçus ont surtout servi à construire des écoles et des centres de formation professionnelle, a répondu l’ONG avant que le représentant russe n’exige une réponse écrite.  Son homologue de l’Inde a souhaité en savoir plus sur les relations qu’entretient cette ONG avec les organisations internationales.  Comment sont financés vos « centres modèles »?

L’ONG The Trustees of the University of Pennsylvania, (États-Unis), a expliqué qu’elle travaille avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) sur des questions comme l’égalité homme-femme et l’alphabétisation.  La représentante de la Chine a demandé à l’ONG de préciser qu’elle considère bien le Tibet comme faisant partie de la République populaire de Chine.  En tant qu’institution universitaire, a répondu l’ONG, nous n’avons pas de position politique.  Le représentant chinois a exigé des éclaircissements par écrit.

Legal Resources Center (Afrique du Sud) a indiqué qu’elle a désormais plusieurs bureaux en Afrique du Sud pour bien comprendre le vécu des personnes démunies.  La représentante de l’Afrique du Sud est revenue sur la ventilation des projets par bailleurs de fonds, remarquant que l’ONU ne fournit aucun montant.  Comment l’ONG opère-t-elle auprès de l’industrie extractive?  Nos états financiers, a répondu l’organisation, reflètent les fonds reçus pour chaque projet.  Quant à l’industrie extractive, elle a estimé que l’Afrique du Sud a une législation très progressive en matière des droits de l’homme.  L’ONG a expliqué qu’elle se saisit de certains cas de violations de loi pour demander réparation.  La représentante de l’Afrique du Sud a regretté que les dernières informations de l’ONG remontent à 2012 et a demandé qu’elles soient actualisées par écrit.  Qu’entend-on par « ventilation par bailleur de fonds »? s’est interrogée la représentante des États-Unis.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le premier Sommet humanitaire mondial s’achève à Istanbul avec la volonté des États de coopérer pour réduire les souffrances et la vulnérabilité des peuples

Sommet humanitaire mondial,
Tables rondes de haut niveau, session spéciale et clôture — matin et après-midi
IHA/1401

Le premier Sommet humanitaire mondial s’achève à Istanbul avec la volonté des États de coopérer pour réduire les souffrances et la vulnérabilité des peuples

« Ce n’est pas un point final, mais un tournant », affirme M. Ban Ki-moon, qui informera l’Assemblée générale en septembre des résultats du Sommet

ISTANBUL, TURQUIE, 24 mai — Une voie nouvelle est tracée.  Dans un contexte de crises sans précédent dans l’histoire, le premier Sommet humanitaire mondial des Nations Unies s’est conclu, ce soir à Istanbul, avec la volonté clairement exprimée par de nombreux dirigeants du monde d’appuyer les cinq responsabilités fondamentales préconisées par le Secrétaire général dans son Programme d’action pour l’humanité.

« Ce sommet unique nous a mis sur une nouvelle voie », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, dans son discours de clôture.  « Ce n’est pas un point final, mais un tournant », a ajouté le Secrétaire général de l’ONU, qui informera l’Assemblée générale en septembre des résultats du Sommet.

« La dignité des personnes doit être au centre de toute réponse humanitaire », a affirmé, pour sa part, le Président de la Turquie, M. Recep Tayyip Erdoğan, pour qui le Programme d’action pour l’humanité doit permettre d’aboutir à un « monde plus équitable ».  Il a espéré que ce Sommet humanitaire mondial marquerait un tournant, à partir duquel il sera possible de porter secours, de manière différente, à tous ceux qui en ont besoin.  La Turquie s’engage à en assurer le suivi, a conclu M. Erdoğan.

Pour la première fois depuis la création de l’Organisation des Nations Unies, il y a 70 ans, Chefs d’État et de gouvernement, agences humanitaires et de développement, personnes affectées par les crises, organisations non gouvernementales, représentants du secteur privé, des milieux universitaires ou des médias se sont rassemblés pendant deux jours pour tenter de proposer des solutions audacieuses aux défis les plus urgents et établir un programme d’action efficace en vue de renforcer l’avenir de l’action humanitaire.

De la crise en Syrie à la sécheresse en Éthiopie, en passant par les violences au Soudan ou dans la région du lac Tchad, plus de 125 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire et d’une protection.

Le Programme d’action pour l’humanité, qui servait de base aux travaux du Sommet humanitaire mondial, invite les États à s’unir et à coopérer pour prévenir et mettre fin aux crises et réduire les souffrances et la vulnérabilité des peuples.

Il s’articule autour de cinq responsabilités fondamentales: faire preuve de volonté politique pour prévenir et faire cesser les conflits, faire respecter les normes qui protègent l’humanité, ne laisser personne de côté, améliorer les conditions de vie pour mettre fin au dénuement et investir dans l’humanité.

« La mise en œuvre de ce programme est une nécessité si nous voulons permettre aux gens de vivre dans la dignité et la prospérité, tout en remplissant la promesse des accords historiques conclus l'an dernier sur le programme de développement durable et les changements climatiques », a souligné M. Ban.

Le Chef de l’ONU a notamment expliqué que les partenaires humanitaires et de développement avaient « convenu d'une nouvelle façon de travailler en vue de réduire la nécessité d'une action humanitaire en investissant dans des communautés résilientes et des sociétés stables », tandis que les gouvernements sont engagés à œuvrer davantage pour « prévenir les conflits et consolider la paix, faire respecter le droit international humanitaire et être à la hauteur de la promesse de la Charte des Nations Unies ».

Au cours de ce sommet, auquel ont participé pas moins de 173 pays, dont 55 étaient représentés par des chefs d’État et de gouvernement, plus d’un millier d’engagements ont été pris, en particulier dans le cadre de sept tables rondes et de 15 sessions spéciales sur des thèmes contenus dans le Programme d’action pour l’humanité.

Les participants aux trois dernières tables rondes, aujourd’hui, se sont ainsi penchés sur les moyens à mettre en œuvre pour gérer « différemment » les risques et les crises liées aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques, « faire respecter les normes qui protègent l’humanité » et pour une action en faveur de l’égalité des sexes.

La cérémonie de clôture fut également précédée d’une table ronde animée par le Vice-Secrétaire général, M. Jan Eliasson, et à laquelle ont participé le Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Mevlüt Çavuşoğlu; la Présidente de Médecins du monde, Mme Françoise Sivignon; le Président de la Fondation philippine de relèvement des catastrophes, M. Butch Meily; et la Coordonnatrice régionale du Réseau mondial des organisations de la société civile pour la réduction des catastrophes, Mme María Verónica Bastías.

Table ronde 5 sur le thème: « Faire respecter les normes qui protègent l’humanité »

Coprésidée par M. Mahamadou Issoufou, Président du Niger; M. Didier Burkhalter, Chef du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse; et M. Carlos Raúl Morales Moscoso, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, cette table ronde a été l’occasion d’une réflexion empreinte de gravité sur les conflits armés actuels, marqués par une grande brutalité et un mépris pour les règles fondamentales du droit international humanitaire.

À l’ouverture de cette table ronde, M. ELIASSON a rappelé que les civils sont ciblés délibérément, les villes et infrastructures essentielles bombardées tandis que les violences sexuelles détruisent des vies humaines et que les attaques perpétrées contre les hôpitaux ont atteint un niveau critique.  Plus de 150 ans de progrès dans la protection des civils sont en train d’être réduits à néant, s’est-il alarmé.  M. Eliasson a donc insisté sur la nécessité de respecter le droit international, de renforcer la protection des civils, de garantir l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire en temps de conflit et de condamner les violations du droit international.

Dans ce droit fil, M. ISSOUFOU a estimé que les pays devraient prendre des engagements « clairs » en faveur du respect du droit international humanitaire.  Les populations doivent recevoir l’aide dont elles ont besoin et les centres médicaux doivent être protégés.  Soulignant le défi posé à son pays par les activités terroristes de Boko Haram, il a assuré que le Niger respectait les normes du droit international humanitaire.  Le Niger a adhéré à la plupart des instruments internationaux, telles les Conventions de Genève de 1949.  « Nous avons arrêté les éléments de Boko Haram dans le respect du droit de la guerre », a-t-il assuré, en soulignant l’importance de gagner ainsi « un avantage moral » sur les terroristes.  Les États doivent s’engager pour que les autorités administratives et locales aient conscience des obligations découlant de ces traités et des conséquences de leur non-respect, a dit le Président du Niger.

Il est important que nous prenions des mesures pour combler les lacunes qui existent entre les normes du droit international humanitaire et la réalité sur le terrain », a estimé M. BURKHALTER, « afin que les gens puissent exercer leurs droits en période de conflit » et qu’il n’y ait pas de violation des « limites de l’humanité ».  À cette fin, il a promis d’appuyer la création, au niveau international, d’un forum pour l’application du droit international humanitaire et souhaité, au niveau national, que les États créent un comité interministériel d’application de ce droit.

M. MORALES MOSCOSO a souhaité que les violations du droit international ne restent pas impunies.  « Mon pays continuera de coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il assuré, en disant l’attachement du Guatemala au Traité sur le commerce des armes.  Consterné par la violence sexuelle et son utilisation comme tactique par les groupes terroristes, le Ministre des affaires étrangères du Guatemala a détaillé les mesures prises par son pays, dont une loi récemment adoptée contre la traite de personnes.

La discussion qui a suivi, à laquelle ont pris part une vingtaine de ministres et de représentants des ONG, a été dominée par les engagements des États en faveur du droit international humanitaire, ainsi que par leurs suggestions visant à renforcer son application.  Ils ont ainsi répondu au vibrant appel de M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), « gardien des Conventions de Genève », qui les a exhortés à donner des « limites aux guerres » car, a-t-il rappelé, les « guerres sans limites n’ont pas de fin ».  « Ne choisissez pas la facilité en disant que les civils sont des victimes collatérales, saisissez l’occasion de ce Sommet pour réaffirmer votre engagement en faveur du droit international humanitaire », a-t-il martelé, sous les applaudissements très nourris de l’audience.

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre adjoint de la Belgique, a ainsi plaidé pour le renforcement des capacités des juridictions nationales et le développement de l’entraide judiciaire internationale, tandis que M. JOSÉ MANUEL GARCÍA-MARGALLO Y MARFIL, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a appuyé la création d’un tribunal spécial pour juger des crimes des groupes terroristes.  À l’instar de Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, il a également soutenu l’initiative visant à limiter l’usage du droit de veto au sein du Conseil de sécurité lorsque des atrocités de masse sont commises.  La France, par la voix de M. ANDRÉ VALLINI, Secrétaire d’État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du développement et de la Francophonie, a indiqué qu’elle ne ferait pas usage de son droit de veto dans un tel cas de figure.

De son côté, faisant écho à M. CHRISTOS STYLIANIDES, Commissaire de l’aide humanitaire de l’Union européenne, Mme JUSTINE GREENING, Secrétaire d’État pour le développement international du Royaume-Uni, a appelé au plein respect des résolutions récemment adoptées par le Conseil de sécurité visant à protéger les travailleurs humanitaires et le personnel de santé par temps de conflit, des questions qui étaient rarement traitées par le Conseil auparavant, a fait remarquer M. Eliasson.  Mme Greening a demandé une meilleure formation des soldats de l’ONU aux enjeux de l’égalité des genres et de la violence sexuelle, alors que M. TAIWO AKINOLA ABIDOGUN, Ministre de la justice du Nigéria, a souligné l’engagement de son pays, qui lutte contre les groupes terroristes, à sensibiliser ses forces militaires à l’importance du droit international humanitaire.

Pour M. ALEJANDRO ALDAY, Conseiller juridique du Ministère des affaires étrangères du Mexique, il est important d’insister sur les dangers des armes nucléaires pour l’humanité.  Les puissances nucléaires doivent s’acquitter de leurs responsabilités, a-t-il dit.  Au même titre que le représentant de l’Autriche, Mme WINNIE BYANYIMA, Directrice exécutive d’OXFAM, a demandé le plein respect du Traité sur le commerce.  Les armes continuent d’arriver sur les zones de conflit malgré les engagements des États, a-t-elle fait remarquer.

Plusieurs intervenants ont également rappelé les enjeux tant juridiques que matériels de l’acheminement de l’aide humanitaire.  M. AHMAD TARAKJI, Président de la Syrian American Medical Society, a ainsi souhaité que la fourniture de soins de santé de base participe au renforcement de la résilience des communales locales en Syrie, tandis que Mme GAYLE SMITH, Administratrice de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a plaidé pour une démarche systémique afin d’alléger les contraintes auxquelles font face les organisations humanitaires.  Les organisations humanitaires doivent être défendues par les États en toute circonstance, a affirmé M. Vallini.

Pour sa part, Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les enfants et les conflits armés, a rappelé les principes d’impartialité et de neutralité encadrant l’acheminement de l’aide humanitaire.  Prenant à son tour la parole, M. PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a affirmé que l’aide humanitaire ne devrait pas être utilisée comme « un moyen de chantage ».  Il n’y a pas de droit à l’avortement en droit international et en droit international humanitaire, a-t-il fait remarquer.  Le droit international humanitaire ne doit pas être utilisé pour faire obstacle, c’est au contraire un instrument de dialogue, a rappelé M. Maurer, appuyé en ce sens par M. MARIO GIRO, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Italie, qui a souhaité un « dialogue non politisé » sur ces questions humanitaires.

Malgré les engagements pris, la tonalité de ce débat est restée sombre, M. CARLOS FORADORI, Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, pourfendant l’hypocrisie de certains États Membres.  « Des enfants pleurent mais nous ne les entendons pas », a-t-il regretté, tandis que M. SALIL SHETTY, Secrétaire général d’Amnesty international, a proposé de faire des trois minutes de son allocution trois minutes de silence « pour marquer les violations flagrantes du droit international humanitaire ». 

Table ronde 6  sur le thème: « Catastrophes naturelles et changement climatique: gérer les risques et les crises différemment »

Au cours de cette table ronde, que coprésidaient le Président de Nauru, M. Baron Divavesi Waqa; le Vice-Président du Kenya, M. William Ruto; le Vice-Premier Ministre de l’Éthiopie, M. Demeke Mekonnen; et le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, M. Kamal Thapa, les intervenants se sont attachés à souligner, comme le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans son Programme d’action pour l’humanité, que la communauté internationale doit continuellement rechercher de meilleures solutions pour répondre aux besoins de celles et ceux qui sont touchés par les conflits et les catastrophes.

Animateur de cette table ronde, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé qu’au cours des 20 dernières années, 218 millions de personnes étaient frappées chaque année par les catastrophes naturelles, dont les répercussions atteignent un montant de 250 à 300 milliards de dollars par an, soit trois fois plus que l’aide publique au développement (APD). 

M. Ban a rappelé les visites récentes qu’il a effectuées au Viet Nam et en Éthiopie, frappés par les effets du phénomène d’El Niño et le fait que, compte tenu de la gravité du phénomène, il avait nommé, la semaine dernière, l’ancienne Présidente de l’Irlande, Mme Mary Robinson, et l’Ambassadeur éthiopien Macharia Kamau comme Envoyés spéciaux chargés d’El Niño.

Le Secrétaire général a ensuite énuméré les cinq engagements fondamentaux qu’il a fixés pour cette table ronde.  Il s’agit, d’abord, d’honorer les accords du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat.

« Nous pouvons réduire les risques, mais nous ne pourrons jamais les éliminer », a-t-il ajouté.  Citant les deuxième et troisième engagements fondamentaux, il a appelé à mieux nous préparer, afin que nous puissions répondre le plus rapidement et efficacement possible.

De même, convient-il d’accroître les investissements dans la résilience des communautés, avec la pleine participation des femmes, des jeunes et d'autres groupes dans la société. 

Enfin, le cinquième et dernier engagement consiste à respecter, au mieux, le droit à la fois aux plans national et international.  L’action locale doit être axée sur les besoins locaux, et complétée par un soutien régional et international, a-t-il déclaré.

M. Ban a dit attendre du Sommet humanitaire mondial qu’il soit une étape dans la gestion de la prévention des catastrophes naturelles et des risques.

M. DIVAVESI WAQA a rappelé que les petits États insulaires en développement œuvraient dans un contexte aggravé par de véritables risques liés à des changements brutaux dans un avenir proche.  Il faut mettre en place des évaluations de risques, a dit le Président de Nauru, avant de décrire les tâches incombant au prochain représentant spécial au titre des engagements fondamentaux. 

M. RUTO a expliqué que plus de 20 millions de personnes dépendaient aujourd’hui de l’aide humanitaire dans les régions des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique, dont de nombreuses sont touchées par le phénomène El Niño.  Le Vice-Premier Ministre de l’Éthiopie a souligné que son gouvernement avait été contraint d’allouer des ressources humaines et des fonds à un niveau annuel moyen de 140 millions de dollars afin de s’attaquer aux questions de restauration environnementale et de sécurité dans les camps de réfugiés, une somme qui s’ajoute, a-t-il précisé, à la contribution annuelle de 100 millions de dollars à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

M. DEMEKE MEKONNEN, Vice-Premier Ministre de l’Éthiopie, a indiqué que son pays était l’un de ceux qui connaissent l’un des taux de croissance les plus élevés, mais qu’il était très exposé aux conséquences des changements climatiques, en particulier le phénomène El Niño, lesquels risquent de réduire à néant les gains obtenus au cours des dernières années.  La réduction des risques et la prévention des catastrophes doivent t être traitées dans un contexte de développement durable. 

M. KAMAL THAPA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, a affirmé qu’il représentait ici l’un des pays montagneux du monde extrêmement vulnérables aux changements climatiques.  Il faut, a-t-il dit, mettre l’accent sur la rénovation, la résilience et les technologies abordables.  De même, convient-il, il faudrait avoir recours à des partenariats entre le secteur public et le secteur privé en ce qui concerne les mesures d’atténuation et préserver les activités des paysans les plus pauvres.  La région de l’Himalaya manque encore de données et de connaissances qui pourraient être allouées à la lutte pour l’atténuation des catastrophes, a-t-il fait observer.  Le Vice-Premier Ministre a appelé la communauté internationale à se concentrer et à investir davantage en faveur de mécanismes de préparation.

Lors du débat qui a suivi les interventions des coprésidents, M. HERY MARTIAL RAJAONARIMAMPIANINA RAKOTOARIMANANA, Président de Madagascar, a affirmé qu’au cours des dernières années, son pays avait connu une cinquantaine de catastrophes, dont une majeure partie était la conséquence de changements climatiques.  Il s’est engagé à faire en sorte que les institutions malgaches de gestion des risques de catastrophes et d’atténuation soient toutes opérationnelles et renforcées, conformément aux normes internationales.  La mise en œuvre de l’ensemble des engagements pris par Madagascar requiert des partenariats de tous les horizons, a-t-il dit.

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre de Tuvalu, a insisté sur la nécessité de s’atteler de façon urgente à la question des personnes déplacées en raison des conséquences des changements climatiques.  Il faut établir un mécanisme juridique de protection pour ces personnes déplacées, a-t-il insisté, en indiquant que son pays s’engageait à rédiger un projet de résolution de l’Assemblée générale en ce sens.  Il faut s’assurer que l’on fournisse une protection adéquate à ces personnes déplacées, a-t-il dit.

Mme FIAME NAOMI MATA'AFA, Vice-Premier Ministre de Samoa, s’est félicitée de l’accent mis sur la réduction des risques et la prévention des catastrophes dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.  Le Samoa, a-t-elle dit, s’est engagé à renforcer son rôle aux plans national et local ainsi que ses capacités en matière de gestion des risques et de prévention des catastrophes. 

M. ANDRÉ VALLINI, Secrétaire d´État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du développement et de la francophonie la France, a rappelé les priorités du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, adopté l’an dernier.  La France a proposé d’adopter et d’apporter un appui aux pays les plus exposés aux conséquences des changements climatiques, une initiative effective d’ici à la fin de l’année en faveur des petits États insulaires en développement et des pays les moins avancés qui mobilisera plus de 100 millions d’euros, dont 10 versés par la France.

M. ROBERTO TAN, Trésorier des Philippines et représentant des Philippines à la présidence du Groupe des 20 pays les plus vulnérables (V-20), a souligné l’importance de mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat si nous voulons être à la hauteur du défi des risques accrus et des crises humanitaires qui en découlent.  Il faut, a-t-il dit, que les pays les plus vulnérables puissent être en mesure d’être prêts à affronter les effets des changements climatiques.

M. ELHADJ AS SY, Secrétaire général de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a notamment souligné que tous les chocs entraînés par les conséquences des changements climatiques, quelle que soit leur taille, frappent d’abord à l’échelon local.  C’est pourquoi l’on ne peut pas faire porter le fardeau de ces catastrophes sur les autorités locales. 

M. JOSÉ GRAZIANO DA SILVA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a appelé à transformer la vulnérabilité dans un modèle d’assistance.  Il a rappelé qu’un demi-milliard de personnes étaient particulièrement vulnérables face aux risques de répercussion des changements climatiques, l’agriculture permettant de sauver des vies humaines et d’assurer des moyens de subsistance.

Mme LAURA TUCK, Vice-Présidente du développement durable à la Banque mondiale, a estimé qu’une étape première consisterait à partager la compréhension des risques que connaissent les communautés et les pays concernés, en notant que la Banque mondiale disposait d’une banque de données ouverte.  Elle a mis l’accent sur la nécessité d’envisager un plan d’action efficace.

Mme ALPHA BARRY, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabé de l’extérieur du Burkina Faso, a affirmé que son pays, touché récemment par des catastrophes naturelles, s’était doté d’un certain nombre de mécanismes d’alerte précoce et pris des dispositions pour l’instauration d’une culture de résilience.  Le Burkina Faso, a-t-elle ajouté, s’est engagé à mettre en œuvre les priorités du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.

M. INIA SERUIRATU, Ministre de l’agriculture, du développement rural et maritime et de gestion des catastrophes naturelles des Fidji, a demandé à la communauté internationale d’adopter le partenariat de préparation.  Le monde, a-t-il ajouté, doit donner suffisamment de ressources et réserver suffisamment de fonds aux nations les plus vulnérables.

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a estimé que la réponse visant à atténuer les risques de catastrophe naturelle doit être appropriée, innovante et flexible autant que possible.  Il a, en particulier, mis l’accent sur la nécessité d’utiliser les technologies de l’information et des communications. 

M. ABDUL QADIR BALOCH, Ministre des États et des régions frontalières du Pakistan, a rappelé que son pays était l’un de ceux dans le monde les plus exposés et les plus affectés par les catastrophes naturelles.  Il a souligné l’engagement du Pakistan en faveur des cinq engagements du Secrétaire général dans son Programme d’action pour l’humanité.

M. KUNIO MIKURIYA, Secrétaire général de l’Organisation mondiale des douanes, a fait état du programme d’assistance des douanes, consistant, notamment, à favoriser la libre circulation de l’information en cas de crise.  Les douanes doivent renforcer la coopération et la coordination avec les autres agences gouvernementales concernées pour mettre en place les plans d’urgence nationaux.  Il convient, a-t-il dit, de garantir la sécurité de la circulation des hommes et des marchandises.

M. LISANDRO ROSALES, Ministre Commissaire des contingences de la Commission permanente du Honduras, a rappelé que son pays, touché cette année par le phénomène El Niño, s’était engagé en faveur de la réduction des risques de catastrophe.  

M. WILLEM RAMPANGILEI, Chef de l’Agence nationale de gestion des catastrophes naturelles de l’Indonésie, a affirmé que son gouvernement avait accordé une importance prioritaire à la résilience des zones urbaines en cas de catastrophe.  Il a également exprimé l’engagement de son pays en faveur du renforcement des capacités des gouvernements locaux. 

M. JUAN MANUEL ROBLEDO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et des droits de l’homme du Mexique, a affirmé que les efforts de son pays se concentraient sur le fait que chaque personne et chaque communauté doit connaître les risques qu’il encourt et les moyens de les prévenir et de les atténuer.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’éviter les doublons, de protéger les structures existantes et de mettre en place les engagements.  Le Ministre a rappelé que la cinquième Plateforme mondiale sur la réduction des risques de catastrophe aura lieu à Cancun en mai 2017.

M. SILVA DUNDORO, Ministre de la culture et du tourisme du Mozambique, a rappelé que son pays, qui fut gravement touché par des inondations en 2000, était extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles en raison de sa situation géographique dans la partie australe de l’Afrique.  La gestion des catastrophes est l’un des piliers du programme de développement du Mozambique. 

M. VLADIMIR ARTAMONOV, Vice-Ministre des situations d’urgence de la Fédération de Russie, a mis l’accent sur l’assistance humanitaire qui a été apportée à 24 pays, y compris la Syrie.  Il a souligné l’importance accordée par son pays à la coopération internationale en ce qui concerne la création d’un centre de gestion des crises.

Table ronde 7 sur le thème: « Femmes et filles : une incitation à l’action pour l’égalité des sexes »

Coprésidée par Mme Kolinda Grabar-Kitarović, Présidente de la Croatie; M. Michael D. Higgins, Président de l’Irlande; Mme Fimae Naomi Mata’afa, Vice-Premier Ministre de Samoa; et Mme Margot Wallström, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Suède, cette table ronde a été l’occasion pour les États Membres de formuler des engagements concrets sur l’autonomisation des femmes, comme les y a invités M. Jan Eliasson, Vice-Secrétaire général de l’ONU.  M. Eliasson a d’ailleurs précisé que l’ONU allait intensifier son action dans ce domaine, en vue notamment d’atteindre l’objectif de 50% de femmes au sein de son personnel d’ici à 2030.

Faisant part de sa longue expérience aux côtés des femmes afghanes, Mme Kolinda Grabar-Kitarović a dit éprouver de la « honte » en voyant  des femmes en burqa bleue, seules au bord de la route, ou être maltraitées en Afghanistan.  Qu’avons-nous fait depuis la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité? a-t-elle demandé.  La Présidente croate a plaidé pour un changement de mentalités afin de favoriser la participation des femmes à tous les échelons de la vie publique et de faire d’elles de véritables agents du changement.  Elle a également souligné le rôle fondamental des femmes dans la prévention des conflits.  « Il faut au-delà des mesures habituelles et des sempiternels rapports prendre des mesures concrètes, pour que les filles aillent aussi loin que possible. »

M. HIGGINS a également souligné la nécessité de passer de la parole aux actes.  L’égalité entre hommes et femmes est un droit, a tenu à rappeler le Président de l’Irlande, en ajoutant qu’elle devait être « au cœur de  notre action humanitaire, même si les ressources sont dérisoires ».  Nous n’allons pas assez loin, alors que la situation ne fait qu’empirer, a-t-il regretté, mentionnant en particulier le sort des femmes palestiniennes inchangé depuis plusieurs générations.  À ce jour, a-t-il fait remarquer, moins d’un pour cent des ressources de l’aide humanitaire était consacré à la lutte contre les violences sexuelles.  « Sommes-nous hypocrites? » a-t-il demandé.

Mme MATA’AFA a rappelé, pour sa part, que les catastrophes naturelles touchaient plus durement les femmes que les hommes.  Les femmes ne sont pas un problème mais font partie intégrante, a-t-elle précisé, de toute solution aux défis humanitaires.  Elle a indiqué que le nombre de candidates à Samoa avait augmenté de 200% depuis les dernières élections générales, et 10% des députés à Samoa sont des femmes.  Les femmes du Pacifique ont beaucoup à apporter au monde, a dit la Vice-Premier Ministre de Samoa.

Mme WALLSTRÖM a formulé un certain nombre de propositions concrètes: nommer davantage de femmes ambassadrices, protéger les défenseurs des droits des femmes, élaborer des plans d’action nationaux dans le cadre de la résolution 1325 (2000), collecter davantage de données sur les violences sexuelles et assurer la pleine participation des femmes aux processus de consolidation de la paix.  La Suède ne fait pas de dons à des organisations humanitaires n’ayant pas de stratégie favorisant l’égalité hommes-femmes, a dit la Vice-Premier Ministre.

Lors de la discussion qui a suivi, les participants ont détaillé les engagements concrets pris pour faire avancer l’objectif impérieux de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, qu’ils prévoient une lutte renforcée contre les violences sexuelles, une participation accrue des femmes à la vie publique ou un accès facilité aux services de santé procréative.

Lançant la discussion, M. HERY MARTIAL RAJAONARIMAMPIANINA RAKOTOARIMANANA, Président de Madagascar, a promis d’adapter les « cardes nationaux » à la problématique sexospécifique et de favoriser la participation des femmes dans les processus de prise de décisions. Ces priorités sont également celles de Mme JULIA DUNCAN-CASSELL, Ministre du genre, des enfants et de la protection du Libéria, alors que Mme BINETA DIOP, Envoyée spéciale pour les femmes, la paix et la sécurité de l’Union africaine, a détaillé l’action de son organisation, menée en lien avec ONU-Femmes.

Tandis que Mme CORAZON SOILIMAN, Secrétaire du Département de la protection sociale des Philippines, s’est engagée à accroître le rôle des femmes philippines dans les processus de paix, son homologue de la Turquie, Mme SEMA RAMAZANOĞLU, a, pour sa part, rappelé les services fournis aux réfugiées syriennes, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins et à l’éducation.

Plusieurs pays, dont la Finlande, le Danemark et le Guatemala, ont souligné l’importance de l’accès à des services de santé procréative, M. KRISTIAN JENSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark, rappelant qu’il y a 20 millions d’avortements à risque dans le monde chaque année.  Le représentant de l’Espagne s’est, quant à lui, associé à l’initiative « Chaque femme, chaque enfant ».

D’autres pays, dont les Émirats arabes unis et le Canada, ont tenu à placer les femmes au cœur de leur action humanitaire.  Ils ont promis d’augmenter leur contribution, même si une femme syrienne, s’exprimant au nom de Care international, a mis en garde contre la fréquente inadéquation entre les priorités des bailleurs de fonds et celles des femmes syriennes sur le terrain.

Mme MARIE-CLAIRE BIBEAU, Ministre du développement international et de la Francophonie du Canada, a également annoncé que son gouvernement versait au CICR la somme de 3 millions de dollars au titre de la lutte contre les violences sexuelles pour 2016.  Cette lutte a été au cœur de nombreuses autres interventions, comme celle de M. NABY YOUSSOUF BANGOURA, Ministre d’État de Guinée, qui a indiqué que les objectifs poursuivis par son pays visaient à traduire en justice les auteurs de violence sexuelle et à favoriser la réhabilitation des victimes. 

Mme Bibeau a aussi souligné la nécessité de mieux sensibiliser les soldats servant sous pavillon onusien à cette question, tandis que M. Eliasson a affirmé que l’ONU était en train de prendre des « mesures radicales » pour remédier aux atteintes sexuelles commises par des Casques bleus.  Une femme sur trois dans le monde a fait l’objet de violences sexuelles, tant en public qu’en privé, a affirmé Mme LILIANE PLOUMEN, Ministre du commerce extérieur, du développement et de la coopération des Pays-Bas.  La lutte contre ce fléau « présent partout », a-t-elle assuré, est une priorité du Gouvernement néerlandais.

Mais c’est probablement M. VOREQE BAINIMARAM, Premier Ministre des Fidji, qui a eu les mots les plus forts de cette table ronde, en parlant du « problème mondial qu’ont les hommes avec les femmes ».  « Il n’y a aucune justification  aux sévices que les hommes peuvent infliger aux femmes », a-t-il lancé, en balayant l’argument « inacceptable » souvent avancé, selon lequel les femmes provoqueraient les hommes.  « Les femmes sont nos compagnes, nos mères, nos sœurs, nos filles, elles sont le socle de toute société », a-t-il déclaré sous des applaudissements nourris.

Session spéciale sur le thème: « Principes humanitaires »

Dans cette discussion interactive, animée par la responsable de la politique humanitaire de la Croix-Rouge britannique, Mme Sorcha O’callaghan, les différents orateurs se sont attachés à identifier une série d'engagements concrets sur la façon d'améliorer le respect et d’appliquer de la façon la plus cohérente les principes humanitaires.

Les intervenants se sont, en particulier, appuyés sur les présentations faites par le Chef de l’aide humanitaire au sein de l’Agence suisse pour le développement, M. Manuel Bessler, du Secrétaire général adjoint de l’Organisation de la coopération islamique, M. Hesham Youssef, de la Présidente de la Société de la Croix-Rouge afghane, Mme Fatima Gailani, le Commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), du Secrétaire général du Conseil norvégien des réfugiés, et de la Directrice exécutive du Forum humanitaire du Yémen, Mme Noha Yehya.

La Commissaire aux droits de l’homme et des affaires humanitaires de l’Allemagne, Mme BÄRBEL KOFLER, a affirmé que les principes humanitaires constituaient la condition sine qua non pour les acteurs humanitaires en pour atteindre les personnes dans le besoin en cas de conflit et de crises, et accéder aux personnes marginalisées après des catastrophes naturelles.  L’Allemagne, a-t-elle dit, s’engage à financer des organisations humanitaires dès lors qu’elles respectent les principes humanitaires dans leurs politiques internes et leurs formations et qu’elles les mettent en pratique de façon transparente.

La Secrétaire parlementaire du développement international du Canada, Mme KARINA GOULD, a souligné que son pays s’employait à renforcer le respect des principes humanitaires.  Elle a condamné les violences contre le personnel médical et les installations médicales, ces actes ayant des implications graves pour les personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire.

Mme PAULINE CHETCUTI, d’Action contre la faim (ACF), a indiqué que cette organisation non gouvernementale s’était engagée pour sa part à renforcer le respect et la compréhension des principes humanitaires par la canalisation des bailleurs de fonds et en adaptant ses plans organisationnels stratégiques à la formation à ces principes et aux cadres juridiques de l’ensemble de son personnel, tout en sensibilisant les communautés locales et les acteurs pertinents présents sur le terrain.

Session spéciale sur le thème: « Protéger les journalistes et promouvoir une couverture indépendante dans des situations de crise »

Cette session spéciale, animée par la correspondante de BBC News Karen Allen, a réuni des professionnels des médias ayant, en particulier, l'expérience des reportages dans les zones de conflit et de catastrophes naturelles.  Ces journalistes et autres professionnels des médias ont notamment invité à s’interroger sur la réponse mondiale à apporter en vue de garantir la sécurité des journalistes et défendre leur indépendance.

Les participants à cette discussion interactive se sont appuyés sur les présentations de la Présidente du groupe de médias turc « Hürriyet », Mme Vuslat Doğan Sabancı; de la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova; du Président de Reporters sans frontières, M. Christophe Deloire; de la journaliste syrienne indépendante Zaina Erhaim; de la rédactrice en chef du quotidien allemand « Bild », Mme Tanit Ko; de la journaliste indépendante française enquêtant en République démocratique du Congo (RDC) Habibou Bangré; du cofondateur de RYOY Bryn Mooser; et de la Présidente du Media Advocacy Group, du Népal, Mme Babita Basnet.

Mme BOKOVA, rappelant que 825 journalistes avaient été tués au cours de la dernière décennie, a précisé que l’organisation était à la tête du Plan d’action des Nations sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité en vue de créer un environnement sûr pour les journalistes, dans les situations de conflit ou non, en collaboration avec les agences des Nations Unies, les gouvernements, les associations professionnelles et les organisations non gouvernementales.

Appelant à s’engager en faveur de ce Plan d’action, la Directrice générale de l’UNESCO a rappelé que huit résolutions avaient été adoptées au cours de ces dernières années par l’Assemblée générale des Nations Unies, le Conseil de sécurité, le Conseil des droits de l’homme et l’UNESCO elle-même.  Elle a lancé un appel en faveur du renforcement de la sécurité de chaque journaliste et de la nécessité de mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre eux.

M. DELOIRE a estimé qu’il était nécessaire d’empêcher l’humanité d’entrer dans une nouvelle ère de propagande et une guerre contre l’information.  Les gouvernements doivent faire de la liberté de la presse une priorité, non seulement sur leurs territoires, mais également, dans le cadre de leurs politiques diplomatiques.  Il a, en particulier, souligné que la Turquie, si elle faisait beaucoup pour les réfugiés, plaçait en revanche des journalistes en prison et exerçait un contrôle strict des médias. 

Le Secrétaire général de Reporters sans frontières a plaidé pour la création d’un mécanisme concret pour obliger les États Membres à respecter la liberté de l’information, devant consister en particulier en un nouveau poste de représentant spécial du Secrétaire général.

Mme ERHAIM a, pour sa part, témoigné des difficultés qu’elle rencontre au quotidien dans l’exercice de ses activités et de la discrimination dont elle est régulièrement l’objet en tant que journaliste syrienne. 

Session spéciale sur le thème: « Transformation de l’action humanitaire pour les jeunes et avec les jeunes »

Cette session spéciale a été l’occasion, grâce aux témoignages éloquents de trois jeunes, de réfléchir aux moyens d’une participation accrue des jeunes à l’action humanitaire mais aussi de faire d’eux des agents du changement.  Les personnes de moins de 30 ans représentent 75% de l’humanité.

Le Directeur exécutif du FNUAP, M. BABATUNDE OSOTOMEHIN, a regretté que l’énergie des jeunes soit insuffisamment exploitée.  « On a l’impression qu’ils sont un problème alors qu’ils sont une partie de la solution. »  Une personne sur 112 est déplacée, réfugiée, demanderesse d’asile, a-t-il indiqué.  Selon des estimations, 25% de la population mondiale est âgée entre 10 et 24 ans.  M. Osotomehin a insisté sur les risques accrus auxquels sont exposées les jeunes filles, comme les violences sexuelles ou les grossesses précoces.  « Engageons les jeunes dans la préparation des actions humanitaires d’urgence!  Accordons la priorité à leur passion et à leur leadership! »

Mme CHLOE REYNALDO, jeune survivante du typhon Haiyan aux Philippines, a rappelé que les filles souffraient davantage des conséquences des catastrophes naturelles.  Elle a vigoureusement appuyé le Pacte pour la jeunesse, adopté à la suite d’une rencontre de jeunes à Doha, et qui vise à renforcer le rôle des jeunes dans la réponse humanitaire.  Plusieurs organisations, comme l’UNICEF, l’agence humanitaire du Royaume-Uni et l’organisation mondiale des mouvements scouts ont rejoint ce Pacte, dont la signature a lieu aujourd’hui dans ce bâtiment.

Victoria, 21 ans, a, quant à elle, partagé son expérience de défenseure des droits de l’homme à El Salvador, pays dans lequel la violence atteint des proportions alarmantes.  Les gangs nous considèrent simplement comme des jouets sexuels, a-t-elle expliqué, avant de dénoncer la culture misogyne du pays.  « Nous avons besoin de changement!  Nous ne sommes pas entendues!  Nous sommes comme des diamants qui attendent de briller!  Nous devons être associées aux décisions des gouvernements parce qu’elles nous concernent! » a-t-elle insisté.  EHAB BADWI, jeune syrien, a raconté sa participation aux opérations du Croissant-Rouge en Syrie, où il a vécu trois ans avant de se rendre en Côte d’Ivoire puis en Allemagne où il aide désormais les familles de réfugiés.  « J’aimerais, a-t-il dit, atténuer les souffrances de mon pays. »

Le Ministre des affaires étrangères du Qatar, M. MOHAMMED BEN ABDULRAHMAN BEN JASSIM AL-THANI, a affirmé que le Programme d’action pour l’humanité devrait répondre aux aspirations des jeunes tout en mobilisant leurs énergies.  Il a noté l’importance de la Déclaration des jeunes de Doha et appuyé le Pacte pour la jeunesse.  Mme JUSTINE GREENING, Secrétaire d’État du Royaume-Uni, a, pour sa part, souligné l’aide apportée par les jeunes dans les pays frappés par l’épidémie d’Ebola, avant d’ajouter que « le pouvoir devrait être donné aux jeunes ».  Mon pays est honoré de rejoindre ce Pacte, a-t-elle déclaré, à l’instar de son homologue de l’Allemagne, Mme BARBEL KOFLER.

M. PER HEGGENES, Directeur de la Fondation Ikea, a détaillé les efforts de sa Fondation pour améliorer les perspectives offertes aux enfants et adolescents, par le biais notamment du déboursement d’une somme de 135 millions de dollars jusqu’à présent.  Mme CHIARA MOI en a fait de même pour le Comité durabilité du groupe Benetton, dont elle s’occupe.  De son côté, M. VOLKER TUERK, du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a indiqué que si la ventilation par sexe des travailleurs humanitaires avait progressé, cela n’en était pas de même pour la ventilation par âge.  Si l’Organisation mondiale des mouvements scouts n’a pas pour rôle d’organiser des secours, elle assiste cependant à long terme, notamment en Turquie et dans les camps de réfugiés du Liban, a assuré son représentant, M. SCOTT TREARE.  « Ne sous-estimez pas la détermination des jeunes scouts par temps de crise, donnez-leur des directives et laissez la magie opérer », a-t-il lancé aux participants de cette session spéciale.  Enfin, le maire d’Istanbul, M. KADIR TOPBAS, a rappelé qu’un parlement des jeunes avait été créé à Istanbul, avant que cette initiative ne soit étendue à toute la Turquie.  Il a formé le vœu qu’une union interparlementaire des jeunes soit, un jour, créée au niveau international.

Déclarations de clôture

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que ce sommet unique nous a mis sur une nouvelle voie.  Il n’est pas un point final, mais un tournant. 

Le Secrétaire général a remercié tous ceux qui sont venus à Istanbul avec une vision, des idées et un engagement, en soulignant que les gouvernements, les communautés affectées par les crises, les organisations non gouvernementales, le secteur privé, les organismes des Nations Unies et d'autres partenaires s’étaient rassemblés pour exprimer leur soutien au Programme d’action pour l’humanité et à ses cinq responsabilités fondamentales.

La mise en œuvre de ce Programme d’action est une nécessité si nous voulons permettre aux gens de vivre dans la dignité et la prospérité, tout en remplissant la promesse des accords historiques conclus l'an dernier sur le programme de développement durable et les changements climatiques, a expliqué M. Ban.

Pour le Secrétaire général, les partenaires humanitaires et de développement ont convenu d'une nouvelle façon de travailler en vue de réduire la nécessité d'une action humanitaire en investissant dans des communautés résilientes et des sociétés stables.

Les organismes d'aide et les gouvernements donateurs se sont engagés dans une « grande négociation » qui permettra aux populations dans le besoin d’obtenir plus de ressources aux niveaux local et national.  De même, a ajouté M. Ban, les gouvernements sont engagés à faire davantage pour prévenir les conflits et consolider la paix, à faire respecter le droit international humanitaire et à être à la hauteur de la promesse de la Charte des Nations Unies.

Le Secrétaire général a déclaré espérer que tous les États Membres travailleront au plus haut niveau pour trouver les solutions politiques qui sont essentielles en vue de réduire les besoins humanitaires dans le monde.

Le Chef de l’ONU a indiqué qu’en septembre prochain, il rendrait compte à l’Assemblée générale des Nations Unies des résultats du Sommet humanitaire mondial.  Il fera, a-t-il dit, des propositions sur la façon de faire progresser les engagements pris grâce à des processus intergouvernementaux, des forums interinstitutions et d'autres mécanismes.

M. Ban a lancé un appel à tous, y compris aux dirigeants du monde qui ont manqué cette occasion, à se joindre à cet élan, afin d’honorer et de défendre le Programme d’action pour l’humanité.  Il a également rendu hommage au courage et à la résilience des « véritables héros humanitaires » que sont, à ses yeux, tous ceux qui, tout en étant profondément affectés par des guerres ou des catastrophes naturelles, aident leurs communautés dans des circonstances difficiles.

Ensemble, nous allons accorder la priorité aux personnes, assurer leur sécurité, respecter leur dignité et leur donner une chance pour un avenir meilleur, a conclu le Secrétaire général de l’ONU.

Après avoir dévoilé le Mur de l’humanité, M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Turquie, a insisté sur les décisions importantes prises ces derniers jours.  La dignité des personnes, a-t-il souligné, doit être au centre de toute réponse humanitaire.  Il a mis l’accent sur l’ambition du Programme d’action pour l’humanité, lequel, a-t-il précisé, doit contribuer à réaliser un monde plus équitable.  « Personne ne peut accepter les inégalités que nous constatons aujourd’hui ».  Il a espéré que ce Sommet marquera un tournant, à partir duquel il sera possible de porter secours, de manière différente, à tous ceux qui en ont besoin.

« Nous devons montrer à ceux qui attendent des résultats de ce Sommet humanitaire mondial que nous ne les oublions pas », a-t-il affirmé.  « Pour apaiser les consciences qui saignent », le Président de la Turquie a souligné l’urgence d’agir maintenant.  Toute journée perdue est synonyme de souffrances supplémentaires, a-t-il déclaré.  En conclusion, M. Erdoğan a promis de faire un suivi des engagements pris pendant ces deux jours afin qu’ils se traduisent en actes, tout en assurant de la poursuite des efforts humanitaires de la Turquie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: M. Hervé Ladsous affirme que l’Union africaine est le partenaire le plus important de l’ONU en matière de maintien de la paix

7694e séance – matin
CS/12370

Conseil de sécurité: M. Hervé Ladsous affirme que l’Union africaine est le partenaire le plus important de l’ONU en matière de maintien de la paix

Au cours d’une réunion du Conseil de sécurité portant sur la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine en faveur de la paix et de la sécurité, le Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a affirmé que l’Union africaine demeurait le partenaire le plus important de l’ONU en matière de maintien de la paix.

Il a indiqué que sur un total de 16 opérations de maintien de la paix, 9 missions opèrent sur le continent africain, et avec 80% du personnel en uniforme, l’Afrique apparaît comme un partenaire clef de l’ONU.  Il a aussi souhaité qu’un soutien financier plus prévisible et durable soit apporté aux opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité, un des sujets des consultations lancées hier entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, 10 ans après les premières du genre tenues en 2007.

Dans ce contexte, et à la veille de la célébration de la Journée de l’Afrique, le Conseil de sécurité a, dans une déclaration présidentielle, adoptée aujourd’hui, félicité l’Union africaine pour sa contribution renforcée au maintien de la paix et de la sécurité, pour les efforts importants qu’elle ne cesse de déployer avec ses organisations sous-régionales et pour son rôle plus actif dans la prévention et le règlement par la médiation des conflits sur le continent africain, conformément aux résolutions et décisions qu’il a adoptées.

Le Conseil de sécurité a également constaté que la contribution de fond du Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine, qui s’achève en 2016, a effectivement augmenté les capacités institutionnelles et techniques de l’Union africaine, y compris dans le domaine de la paix et de la sécurité.  Le cadre du nouveau Partenariat ONU-Union africaine en matière de paix et de sécurité, censé succéder au Programme décennal, devrait être signé par le Secrétaire général de l’ONU cette année, a annoncé en outre M. Ladsous. 

Cette coopération entre les deux organisations, ont rappelé les nombreux orateurs ayant participé à la réunion du Conseil de sécurité, doit se faire dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, entrée en vigueur en décembre 2003, et du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies qui renvoie aux accords régionaux relatifs au maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Sur l’avenir de cette collaboration, l’Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies a indiqué que les éléments fondateurs de ce véritable partenariat stratégique s’articulaient autour des points comme: le respect mutuel, la prise en considération des avantages comparatifs des deux conseils, la nécessité d’adopter des méthodes de travail clairement établies, l’établissement d’un partenariat tourné vers l’action et le résultat, ainsi que la responsabilité partagée, la coopération et une coordination étroite.

Il faut soutenir et renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité, en particulier la Force africaine en attente et les capacités de l’Union africaine en matière de diplomatie préventive et de médiation, a pour sa part préconisé M. Haile Menkerios, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine.  Le représentant du Kenya, M. Macharia Kamau, en sa qualité de Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a quant à lui jugé nécessaire de se concentrer sur la résolution des conflits plutôt que leur « gestion », estimant que cela passait par une redéfinition des priorités de maintien de la paix pour mieux s’adapter aux nouvelles réalités sur le terrain.  Il a également appelé à l’intégration de la notion de « paix durable » dans les activités de sécurité, de développement et de droits de l’homme. 

« Si nous voulons forger une relation plus forte entre l’ONU et l’Union africaine, il faut faire des progrès sur des cas précis qui ont un impact sur des centaines de milliers de civils », a estimé la représentante des États-Unis, affirmant qu’il serait « trop simpliste d’estimer que la vision africaine de tous les problèmes est un modèle en soi ».  Elle a recommandé une intensification des échanges d’idées, jugeant qu’il était aussi important de se mettre d’accord sur des principes conjoints de transparence et des mécanismes de responsabilisation, de respect des droits de l’homme et de « tolérance zéro en cas d’exactions sexuelles ».

Par ailleurs, le représentant de l’Union européenne a indiqué que son organisation avait consacré près de deux milliards d’euros aux opérations de paix conduites par l’Union africaine par le biais de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.  Il a ajouté que la lutte contre le terrorisme nécessitait des soutiens additionnels urgents de la part des acteurs africains, non africains et tout particulièrement de l’ONU.

Pour sa part, le délégué de la France a souhaité que désormais les organisations africaines puissent progressivement prendre en charge une part croissante du fardeau financier de leur action.  Le financement prévisible et durable des opérations de paix menées par les organisations régionales sous l’égide de l’ONU a été aussi souligné par de nombreuses délégations, notamment celle de la Suède au nom des pays nordiques.

L’Union africaine entend financer, à hauteur de 25%, ses opérations de soutien à la paix, une décision qui devrait être mise en œuvre graduellement pour atteindre son niveau opérationnel optimal en 2020, a affirmé de son côté son observateur permanent.  Le Brésil a proposé que les quelque 50 milliards de dollars de flux financiers illicites qui quittent l’Afrique chaque année soient rapatriés et injectés dans le maintien et la consolidation de la paix.

Le Rwanda a en outre lancé un appel de soutien au Fonds de paix de l’Union africaine créé récemment et dirigé par le Rwandais Donald Kaberuka qui en est le Haut-Représentant.

Le délégué du Pakistan a quant à lui plaidé pour une meilleure représentativité de l’Afrique au Conseil de sécurité, alors que son homologue des Pays-Bas a estimé qu’« une présence africaine permanente au Conseil de sécurité ne serait pas sans mérite ».  

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

La coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union Africaine en faveur de la paix et de la sécurité: application du Chapitre VIII de la Charte et avenir de l’Architecture africaine de paix et de sécurité

Lettre datée du 9 mai 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Égypte auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/428)

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité rappelle ses précédentes résolutions pertinentes et les déclarations de son président, qui soulignent combien il importe d’établir des partenariats efficaces entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, conformément à la Charte des Nations Unies et aux statuts des organisations régionales.

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’en vertu de la Charte il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et rappelle que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales sur les questions du maintien de la paix et de la sécurité internationale conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte, peut améliorer la sécurité collective.

Le Conseil de sécurité félicite l’Union africaine pour sa contribution renforcée au maintien de la paix et de la sécurité, pour les efforts importants qu’elle ne cesse de déployer avec ses organisations sous-régionales et pour son rôle plus actif dans la prévention et le règlement par la médiation des conflits sur le continent africain conformément aux résolutions et décisions qu’il a adoptées, et salue à cet égard le courage et le sacrifice des hommes et des femmes qui servent dans les opérations de maintien de la paix africaines.

Le Conseil de sécurité constate les progrès de la coopération permanente entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, et souligne qu’il importe de l’approfondir en établissant un partenariat efficace étayé par des consultations entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine dans le cadre du processus de prise de décisions respectif des deux organisations et des stratégies communes appropriées d’action intégrée face aux conflits, selon qu’il convient, fondés sur les avantages comparatifs respectifs, la transparence et le principe de responsabilité pour répondre aux préoccupations de sécurité communes en Afrique, conformément à la Charte des Nations Unies, et notamment aux dispositions du Chapitre VIII et aux buts et principes énoncés dans la Charte.

Le Conseil de sécurité félicite l’Union africaine de continuer à renforcer ses capacités grâce au lancement opérationnel de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, et accueille avec satisfaction la poursuite de la coopération ONU-Union africaine autour des différentes composantes de l’Architecture, notamment l’alerte rapide, la diplomatie préventive, la médiation, l’assistance électorale, le maintien de la paix, la prévention et le règlement des conflits, la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit, la protection des femmes et des enfants, le relèvement et la reconstruction après conflit.

Le Conseil de sécurité se félicite de la mise au point de la nouvelle feuille de route de l’Architecture (2016-2020) qui trace la voie à suivre pour consolider les acquis et s’attaquer aux problèmes les plus pressants de manière à rendre l’Architecture pleinement opérationnelle.  Il note que la Feuille de route contribue à améliorer la coordination et les synergies entre l’Union africaine et les organisations régionales du continent ainsi qu’entre les piliers de l’Architecture, et qu’elle est centrée sur des mesures efficientes concernant la prévention, la gestion et le règlement des conflits ainsi que la reconstruction et le développement après conflit.

Le Conseil de sécurité note que les examens du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies, des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et de l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil sur les femmes et la paix et la sécurité offrent l’occasion d’établir entre les deux organisations un partenariat plus fort tourné vers l’avenir, conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, de mieux harmoniser les efforts pour assurer une continuité d’action cohérente et coordonnée pendant toute la durée et au lendemain des conflits dans le but de préserver la paix, qui devrait être entendue globalement comme un objectif et un processus d’édification de la vision commune d’une société, en s’assurant que les besoins de toutes les couches de la population sont pris en compte, et de lancer des activités pour prévenir le déclenchement, l’escalade, la poursuite et la reprise des conflits.

Le Conseil de sécurité rappelle sa résolution 2282 (2016), et réaffirme que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales est un élément critique pour prévenir le déclenchement, l’escalade, la poursuite et la reprise des conflits, souligne qu’il faut une approche intégrée pour pérenniser la paix, notamment en empêchant les conflits et en s’attaquant à leurs racines, et insiste sur l’importance du partenariat et de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine pour améliorer la coopération et la coordination dans le cadre de la consolidation de la paix, amplifier les synergies et veiller à la cohérence et à la complémentarité de ces efforts.

Le Conseil de sécurité note que l’échange des informations et des analyses entre l’ONU, l’Union africaine et ses organisations sous-régionales est un élément primordial pour élaborer des stratégies communes, coordonner l’action en matière de prévention et de règlement des conflits et consolider la paix, et encourage une coopération renforcée dans ce domaine.

Le Conseil de sécurité reconnaît le rôle que peut jouer l’Union africaine dans la consolidation de la paix après un conflit et dans le processus de relèvement, de reconstruction et de développement, et note à cet égard l’utilité du Cadre d’action de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit (2006) et de l’Initiative africaine de solidarité lancée en 2012 pour mobiliser sur le continent même des appuis aux pays sortant d’un conflit, et note aussi l’initiative de création d’un centre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit.

Le Conseil de sécurité constate que les organisations régionales et sous-régionales sont bien placées pour comprendre les causes sous-jacentes et les éléments déclenchants des conflits dans leur région respective et encourage les initiatives visant à promouvoir l’usage de la diplomatie préventive au sein de l’Union africaine et de ses organisations sous-régionales et à renforcer la coordination et la complémentarité des efforts des uns et des autres, notamment en créant un groupe d’appui à la médiation à la Commission de l’Union africaine.

Le Conseil de sécurité se félicite du partenariat noué entre l’ONU et l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix et soutient l’action engagée par l’Union pour élaborer des politiques, des orientations et des formations, en particulier dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité, la reconstruction après conflit, les femmes et la paix et la sécurité, la protection des civils, y compris les enfants, et la prévention et la répression des violences sexuelles et sexistes dans les conflits armés et les situations d’après conflit, et souligne la nécessité de développer la planification conjointe avant déploiement et les processus d’évaluation conjointe des missions, selon les besoins, afin de promouvoir la communauté de vues et d’améliorer la planification des opérations de maintien de la paix conduites par l’Union africaine ainsi que, le cas échéant, la gestion du passage des opérations de paix de l’Union africaine aux missions de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Conseil de sécurité sait que le succès des opérations de maintien de la paix est de plus en plus tributaire d’une collaboration solide entre l’ONU et l’Union africaine et, à cet égard, engage le Secrétariat à se concerter avec l’Union africaine, en particulier au moment du passage d’une opération de paix africaine à une opération de maintien de la paix des Nations Unies.  Il sait également que l’expérience et les compétences des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police sur les théâtres d’opérations peuvent considérablement faciliter la planification des opérations et insiste sur l’importance critique des consultations entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de militaires et de policiers et le Secrétariat.  Le Conseil réaffirme qu’il lui importe d’avoir des relations plus efficaces avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, au moyen notamment de réunions consultatives annuelles plus efficaces, des consultations en temps et heure et des missions communes sur le terrain selon les besoins, de manière que les deux organisations puissent formuler des positions et des stratégies cohérentes au cas par cas dans le traitement des situations de conflit en Afrique.

Le Conseil de sécurité réaffirme le rôle vital joué par les femmes dans la prévention et le règlement des conflits, les négociations de paix, la consolidation de la paix, le maintien de la paix, l’action humanitaire et la reconstruction après conflit, et souligne que l’ONU et l’Union africaine doivent faire en sorte que la participation des femmes et la problématique hommes-femmes soient pleinement intégrées dans toutes les initiatives pour la paix et la sécurité engagées par les deux organisations, notamment en créant les capacités nécessaires.  Le Conseil se félicite des efforts déployés par l’Union africaine pour appliquer la résolution 1325 (2000), avec notamment la nomination de l’Envoyée spéciale de la Présidente de la Commission de l’Union africaine pour les femmes et la paix et sécurité, et le Programme quinquennal Genre, paix et sécurité (2015-2020), et engage l’Union africaine à en poursuivre la mise en œuvre.

Le Conseil de sécurité souligne qu’il importe de resserrer la coopération avec l’Union africaine afin d’aider à renforcer sa capacité en matière de prévention des conflits, de gestion et de règlement des crises et de consolidation de la paix après conflit, et invite tous les États Membres et les partenaires internationaux à continuer d’apporter leur contribution à cet égard, plus activement s’il y a lieu.

Le Conseil de sécurité constate que la contribution de fond du Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine, qui s’achève en 2016, a effectivement augmenté les capacités institutionnelles et techniques, y compris dans le domaine de la paix et de la sécurité, et note l’adoption du cadre du nouveau Partenariat ONU-Union africaine sur le programme d’intégration et de développement de l’Afrique 2017-2027 au Sommet de l’Union africaine tenu à Johannesburg, en juin 2015, pour succéder au Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine, qui vise à promouvoir un partenariat plus étroit et plus efficace entre l’ONU, l’Union africaine et ses organisations sous-régionales et à soutenir la mise en œuvre du Programme 2063 de l’Union africaine.

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il incombe aux organisations régionales de mobiliser les ressources humaines, financières, logistiques et autres dont elles ont besoin, notamment grâce aux contributions de leurs membres et à l’appui de leurs partenaires, et il se félicite du précieux soutien financier fourni par les partenaires à cet égard.

Le Conseil de sécurité reconnaît que l’un des principaux obstacles auquel se heurte l’Union africaine pour accomplir ses mandats de maintien de la paix et de la sécurité régionales tient à la difficulté de mobiliser des ressources prévisibles, durables et souples, et il encourage la poursuite du dialogue sur les options qui permettraient de remédier à ce problème.

Le Conseil de sécurité salue la nomination par l’Union africaine d’un Haut-Représentant pour le Fonds de la paix de l’Union africaine et constate l’utilité des missions conjointes de planification et des visites d’évaluation communes pour ce qui est de déterminer les besoins des opérations régionales d’appui à la paix.

Le Conseil de sécurité note que le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine préparent ensemble pour 2016 un cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, qui offrira une matrice de collaboration avancée et continue entre les deux organisations avant, durant et après un conflit dans le but de trouver des solutions politiques aux crises sur le continent.

Le Conseil de sécurité attend avec intérêt de recevoir le rapport annuel du Secrétaire général qu’il a initialement demandé en décembre 2014, sur les moyens de renforcer le partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les travaux du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine.

Déclarations

M. HERVÉ LADSOUS, Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix, a salué le fait que l’un des piliers essentiels de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, à savoir la Force africaine en attente, est « sur le point d’être déclarée opérationnelle », dans le cadre du prochain sommet de l’Union africaine qui se tiendra en juillet.

D’après M. Ladsous, les progrès dans l’édification de la confiance entre l’ONU et l’Union africaine ne peuvent se réaliser que par des cas concrets de collaboration.  Il a reconnu que « plusieurs étapes importantes ont concrétisé ce changement de nature dans le partenariat » entre les deux organisations sur les questions de paix et de sécurité.

Ainsi, avec sa nouvelle feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité pour la période allant de 2016 à 2020, l’Union africaine a recentré son projet vers une approche beaucoup plus stratégique.  Ensuite, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, l’Union africaine et les mécanismes régionaux ont considérablement renforcé leurs capacités au cours de la décennie écoulée.  Le Secrétaire général de l’ONU a assuré vouloir signer cette année encore un cadre conjoint pour le renforcement du partenariat avec l’Union africaine en matière de paix et de sécurité.

M. Ladsous a salué l’établissement récent à Addis-Abeba d’un Groupe de travail conjoint sur le financement durable et l’efficacité de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), et le soutien aux Forces de sécurité nationales somaliennes, dans le cadre des élections prochaines.  Quant à l’Équipe spéciale conjointe, Organisation des Nations Unies-Union africaine chargée des questions de paix et de sécurité, elle a « encouragé toutes sortes de propositions pour faire en sorte que l’ONU et l’Union africaine coordonnent leur message ».

En République démocratique du Congo, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a apporté tout son appui aux efforts de facilitation menés par l’Union africaine, a rappelé le Secrétaire général adjoint.  Les deux organisations ont également maintenu un engagement stratégique entre le Bureau de l’Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud et le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine pour faire avancer la mise en œuvre des accords de paix.

M. Ladsous a par ailleurs souligné la tendance croissante à la coopération entre les deux organisations sur le terrain et salué la capacité institutionnelle plus forte de l’Union africaine.  Il a évoqué des réalisations spécifiques comme le soutien à un concept stratégique d’opérations de l’AMISOM et des efforts conjoints pour la planification de la gestion des missions d’appui au Mali ou en République centrafricaine.

L’Union africaine demeure le partenaire le plus important de l’ONU en matière de maintien de la paix, a souligné M. Ladsous.  Sur un total de 16 opérations de maintien de la paix, neuf missions opèrent sur le territoire africain, avec 80% du personnel en uniforme.  Il faut, a-t-il ajouté, que les Casques bleus soient équipés et entraînés de la meilleure façon possible, tout en adhérant aux niveaux les plus élevés de conduite et de discipline.

Enfin, il a souhaité qu’un soutien financier plus prévisible et durable soit apporté aux opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité, dont la revue conjointe du financement est lancée cette semaine.

M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a relevé que l’élaboration de l’Architecture africaine de paix et de sécurité a permis à l’Union africaine et à ses mécanismes régionaux de devenir des acteurs majeurs des opérations internationales de soutien à la paix.  D’abord comme premiers intervenants face aux crises de sécurité et aux conflits armés, ensuite comme initiateurs de processus politiques permettant de doter ces opérations d’un mandat, et aussi comme plus grands contributeurs de troupes.  Il a noté que la relation stratégique entre l’Union africaine et les Nations Unies n’a cessé de croître en vue de bâtir un partenariat plus cohérent et efficace dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte et de l’article 17 du Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a rappelé que la tenue hier de la dixième réunion annuelle de consultation entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) et le Conseil de sécurité de l’ONU avait souligné la nécessité d’une refonte profonde de ce mécanisme de manière à le réadapter et le renforcer pour assurer sa viabilité et son efficacité.  Sur l’avenir de cette collaboration, il a indiqué que les éléments fondateurs de ce véritable partenariat stratégique s’articulaient autour des points comme: le respect mutuel, la prise en considération des avantages comparatifs des deux conseils, la nécessité d’adopter des méthodes de travail clairement établies, l’établissement d’un partenariat tourné vers l’action et le résultat ainsi que la responsabilité partagée, l’esprit de coopération et une coordination étroite.

M. António a par ailleurs affirmé que si les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine sont déployées de façon efficace, elles seront mieux à même de préparer le terrain pour le déploiement des opérations des Nations Unies, lesquelles pourraient assurer à leur tour le soutien aux activités de stabilisation à long terme dans les pays concernés.  Il a regretté que les opérations de l’Union africaine souffrent encore de l’absence de financements prévisibles, souples et durables, tributaires, dans une large mesure, du soutien volontaire des partenaires internationaux.  Il a souligné que le manque de prévisibilité, de flexibilité et de pérennité a eu des conséquences négatives sur l’efficacité des opérations conduites par l’Union africaine, citant à ce sujet les difficultés financières, opérationnelles et logistiques de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Il a également estimé que le recours aux contributions mises à recouvrement au budget des Nations Unies devrait être considéré comme une option viable dans l’esprit du partage des charges entre les deux organisations.  Il a aussi fait observer que les Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine avaient pris l’engagement de financer, à hauteur de 25%, les opérations de soutien à la paix conduites par l’Union africaine, décision qui devrait être mise en œuvre graduellement pour atteindre son niveau opérationnel optimal en 2020.  Par conséquent, 75% des budgets des missions conduites avec l’autorisation du Conseil de sécurité devraient être financés par les Nations Unies à partir des contributions à recouvrement, a-t-il conclu.

M. HAILE MENKERIOS, Représentant spécial du Secrétaire général, Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA) et Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud, a affirmé que l’ONU avait fait de réels progrès en matière de coopération avec l’Union africaine et ses communautés économiques régionales et mécanismes régionaux aux fins de la prévention et de la gestion des conflits.  Il a expliqué que la feuille de route 2016-2020 de l’Architecture africaine de paix et de sécurité mettait l’accent sur le renforcement de la coopération entre les piliers de l’Architecture et entre l’Union africaine et ses mécanismes régionaux et communautés économiques régionales.  Il a estimé que cette feuille de route fournissait une approche cohérente pour des efforts conjoints avec l’ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité.  Illustrant ces efforts de coopération, M. Menkerios a indiqué que le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont tenu hier leur dixième consultation annuelle dans le but de renforcer les synergies.  Il a réaffirmé la nécessité d’une approche plus formelle de cette coopération, en saluant la finalisation en cours d’un « cadre conjoint ONU-Union aricaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et sécurité ». 

Par ailleurs, le Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA) a indiqué que le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix et le rapport subséquent du Secrétaire général appellent l’ONU et l’Union africaine à mettre en place un réseau plus efficace d’acteurs de la prévention et du maintien de la paix.  Il a souligné l’importance de soutenir et renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité, en particulier la Force africaine en attente et les capacités de l’Union africaine en matière de diplomatie préventive et de médiation.    

En sa qualité de Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a rappelé que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ont adopté le 27 avril 2016 des résolutions introduisant la notion de « paix durable ».  Il a jugé nécessaire de se concentrer sur la résolution des conflits plutôt que sur leur « gestion », en estimant que cela passait par la nécessité de « re-hiérarchiser » les priorités de maintien de la paix pour mieux s’adapter aux nouvelles réalités mondiales.  Il a appelé à intégrer la notion de « paix durable » dans les activités de sécurité, de développement et de droits de l’homme.  La CCP doit devenir une plateforme plus efficace pour le dialogue politique, ouverte à tous les pays désireux de réaliser la « paix durable ».  La CCP a d’ailleurs travaillé en étroite collaboration avec l’Union africaine et les communautés économiques régionales pour accroître les synergies dans la promotion d’une « paix durable » en Guinée, en Guinée-Bissau, en République centrafricaine et au Burundi.  Le Président a dit l’importance de la feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité pour fournir un cadre à des mesures pratiques qui permettront de réorienter la reconstruction et le développement postconflit. 

Il a indiqué qu’il envisageait de conduire une délégation en Afrique de l’Ouest à la mi-juin pour mesurer les besoins en matière de consolidation de la paix au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée et au Sénégal dans le contexte du relèvement postÉbola.  La visite au Sénégal, que préside actuellement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sera l’occasion de discuter des défis et priorités de la consolidation de la paix au niveau régional.  Les efforts en la matière doivent être liés à ceux de la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 ainsi qu’à la Vision 2063 de l’Union africaine, a estimé le Président. 

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a estimé que l’ONU et l’Union africaine pouvaient bénéficier d’un partenariat plus efficace.  Il a fait observer que la gestion des conflits demandait que l’on mette l’accent sur les démarches axées autour de la prévention.

Le représentant a par ailleurs préconisé un engagement plus actif au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et davantage de ressources pour financer l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  À son avis, il était également essentiel d’appuyer les activités de consolidation de la paix en Afrique, au Burundi par exemple.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé que les organisations africaines assumaient de plus en plus de responsabilités dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte.  Leur rôle politique de médiateur et de soutien s’est accru et leur rôle militaire est apprécié dans le cadre d’une complémentarité avec les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il dit. 

Le représentant a précisé que, pour le Conseil de sécurité, le dialogue avec les organisations régionales devrait devenir un réflexe, permettant de forger un consensus.

La France, a poursuivi son représentant, veut encourager un rôle et une reconnaissance accrus de l’Union africaine et des autres organisations régionales dans la prévention des conflits, le maintien et la consolidation de la paix.  À titre bilatéral, elle est un des premiers partenaires de l’Union africaine dans le renforcement des capacités africaines de paix.  En 2015, elle a contribué à la formation de plus de 29 000 soldats africains.  La France entreprend également, en appui aux forces africaines, des opérations au Sahel, en République centrafricaine, financées sur le seul budget national.

M. Delattre a par ailleurs rappelé que depuis 2007, l’Union européenne a financé l’AMISOM à hauteur de 1,1 milliard d’euros et soutient financièrement l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Il est essentiel pour les Nations Unies de s’investir pleinement en amont, dans la définition d’un cadre global et concerté de gestion de crise, tant du point de vue politique que sécuritaire, a-t-il dit, indiquant que les questions de transition entre missions successives et de coordinnation entre missions simultanées sont un des champs qui nécessite une attention particulière.  Dans cette réflexion, la mise aux normes onusiennes, la formation des contingents régionaux et une meilleure sensibilisation quant aux questions des droits de l’homme semblent avoir une importance capitale, dans le cadre du maintien de la paix des Nations Unies, a poursuivi le représentant. 

Enfin, la durabilité et la soutenabilité financière des opérations militaires demeurent une préoccupation majeure.  Aujourd’hui, l’Union africaine est fortement tributaire des contributions extérieures pour le financement de ses opérations.  Il convient désormais que les organisations africaines puissent progressivement prendre en charge une part croissante de la charge financière de leur action, a conclu le représentant de la France.

M. YURI VITRENKO (Ukraine) a noté que le lancement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et le déploiement des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine, après autorisation du Conseil de sécurité, étaient des éléments qui témoignent de l’importance grandissante de la coopération entre l’Union africaine et l’ONU.  Il a regretté que dans certains cas les deux organisations n’aient pu s’entendre sur des actions à mener dans le cadre de certains conflits, ce qui a ralenti la réponse internationale à des menaces à la paix et à la sécurité.  Il a appelé au renforcement de la coopération entre les deux organisations, notamment dans le contexte de la montée du terrorisme dans le monde, et plaidé pour la finalisation, en 2016, du cadre conjoint Union africaine-ONU afin d’améliorer la coopération en matière de paix et de sécurité entre les deux organisations.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a dit que le Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA) jouait un rôle déterminant dans le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, notamment en fournissant des conseils techniques cruciaux à la Commission de l’Union africaine.  Il a prévenu que le partenariat avec le BNUUA ne pouvait se substituer à l’appropriation par les pays africains des efforts de maintien de la paix.  Les communautés économiques régionales et les mécanismes régionaux de prévention des conflits sont des piliers de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Illustrant son propos, il a rappelé combien la mission en Guinée-Bissau de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait été déterminante pour maintenir la paix et la sécurité.  Il a rappelé que le Japon présidera le Conseil de sécurité en juillet 2016 et qu’il organisera, à cette occasion, un débat public sur la consolidation de la paix en Afrique.  Il a également précisé que le Japon coorganisera en août 2016 la prochaine Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD VI) en collaboration avec l’ONU, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale et la Commission de l’Union africaine.  Il s’est réjoui de ce que la TICAD se tienne pour la première fois sur le continent africain, et plus précisément au Kenya. 

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a insisté sur l’engagement de son pays dans la relation entre l’ONU et l’Union africaine, citant en exemple la coopération entre les deux organisations en Somalie.  Évoquant la visite du Conseil de sécurité sur le terrain la semaine dernière, il a salué la contribution vitale de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). 

S’il faut aider les forces de sécurité nationales somaliennes à reprendre les fonctions de l’AMISOM dans le cadre de la transition politique, « un retrait trop prématuré mettrait en péril les investissements réalisés dans ce pays », a-t-il averti.  Il a encouragé tous les efforts du Gouvernement fédéral vers la transparence et a salué sa décision récente d’approuver un modèle électoral.  « L’année 2016 sera une année charnière pour la Somalie », a insisté le représentant.  De façon générale, il a souhaité une coopération accrue entre l’ONU et l’Union africaine, notamment dans le cadre de l’analyse des conflits, de l’alerte précoce et de la médiation. 

M. ELBIO ROSSELI (Uruguay) a fait remarquer que les opérations de maintien de la paix avaient atteint un nombre sans précédent, avec 80% de Casques bleus déployés en Afrique, « souvent dans des contextes où il n’y a pas de paix à maintenir », et où les acteurs non étatiques et la criminalité transnationale organisée posent des menaces asymétriques.  Au vu des grands défis actuels, a-t-il résumé, les partenariats avec les acteurs régionaux, en particulier l’Union africaine, revêtent une importance accrue.

« L’heure est venue de jeter des bases plus claires pour définir cette coopération et revitaliser ce qui figure au Chapitre VIII de la Charte », a fait valoir le représentant.  Il s’est dit favorable à ce que le processus de formulation des mandats des opérations de maintien de la paix implique une coopération plus étroite avec les organisations régionales pertinentes.  Il faut, selon lui, évaluer la possibilité d’harmoniser peu à peu les politiques et les normes qui orientent les opérations, notamment pour ce qui est de la protection des civils.  Il faut développer une entente commune des conflits.

Préoccupé par les difficultés financières, M. Rosseli a plaidé pour une affectation de ressources prévisibles et viables.  Enfin, il a estimé que la nouvelle feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité représentait un excellent outil qui précise le rôle de chaque acteur dans cinq domaines prioritaires, comme la prévention des conflits, la gestion des crises et la consolidation de la paix. 

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a déploré que l’espoir de paix en Afrique demeure un vœu pieux, compte tenu du grand nombre de conflits qui déchire le continent.  Il a rappelé que l’l’Architecture africaine de paix et de sécurité venait d’établir une nouvelle feuille de route pour la période 2016-2020 et lancé un appel à l’ONU pour soutenir ce programme.  Il a aussi souligné la nécessité de mieux coordonner les efforts entre l’ONU et l’Union africaine en matière de diplomatie préventive et regretté les retards pris dans la mise en activité de la Force africaine en attente qui aurait dû être opérationnelle dès 2008.  Le représentant a plaidé pour une meilleure collaboration entre l’ONU et l’Union africaine en matière de maintien de la paix.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a salué les bons exemples de la réactivité des organisations africaines en matière de prévention des conflits, citant les efforts déployés par l’Union africaine au Burundi et ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Burkina Faso, actions qui ont permis d’éviter une escalade de la situation.  Il a préconisé des analyses conjointes en amont entre l’ONU et l’Union africaine dans le cadre des conflits émergeants, en tenant compte des avantages comparatifs des deux organisations.  Il a aussi appelé à des déploiements conjoints Union africaine-ONU sur le terrain des conflits, exprimant le souhait, dans ce contexte, d’une prochaine visite au Soudan du Sud d’une mission conjointe des deux organisations afin d’apporter son soutien à l’Accord de paix.  Il a également appelé à l’établissement de modèles de financements plus durables des opérations de soutien à la paix que mène l’Union africaine sous l’égide du Conseil de sécurité.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a prôné le renforcement du partenariat entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Rappelant la responsabilité première du Conseil de sécurité pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité internationales, il a tout de même reconnu  que les mécanismes régionaux et sous-régionaux de l’Union africaine étaient les mieux à même de prévenir les conflits sur le continent, et qu’il fallait « des solutions africaines aux problèmes africains ».

Malgré les efforts déployés, le continent reste vulnérable à une série de crises diverses, a regretté le représentant.  S’il a noté « la convergence des deux organisations pour stabiliser la situation » dans plusieurs pays, il a souhaité davantage de coopération dans d’autres domaines connexes, tels que la lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, la piraterie et le trafic d’armes et de stupéfiants.

La représentant a recommandé d’accorder une attention prioritaire au renforcement de la Force africaine en attente.  D’après lui, le Chapitre VIII constitue une base juridique solide pour la mise en œuvre des opérations de paix africaines déployées avec un mandat du Conseil de sécurité.  Il a toutefois jugé « indispensable que la relation aille dans les deux sens », et que le Conseil de sécurité reçoive des rapports réguliers de ses partenaires africains.

Enfin, il a souhaité que l’Assemblée générale mène « une analyse minutieuse de l’assistance apportée aux missions de l’Union africaine ».  La Fédération de Russie, a-t-il indiqué, participe activement à l’assistance à travers le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme alimentaire mondial (PAM).  Elle favorise un allègement de la dette pour les États de la région, de façon à éliminer les facteurs économiques des conflits en Afrique.

« Étant donné que plus de 80% des troupes onusiennes sont déployées en Afrique, nous avons tous beaucoup à gagner d’une coopération accrue entre l’ONU et l’Union africaine », a déclaré Mme SAMANTHA POWER (États-Unis).  Elle a toutefois averti qu’il serait « trop simpliste d’estimer que la vision africaine de tous les problèmes est un modèle en soi ».  Dans le cadre du respect mutuel, elle a recommandé un échange d’idées renforcé.

Abordant le thème du financement, Mme Power a reconnu que les Nations Unies n’étaient pas toujours dans la meilleure position pour répondre à une crise et que l’Union africaine pouvait être un partenaire efficace « quand il n’y a pas de paix à maintenir ».  Il faut donc, a-t-elle dit, améliorer les arrangements financiers des opérations menées par l’Union africaine avec un mandat de l’ONU.  Mais il faut aussi que l’Union africaine honore son engagement à contribuer à hauteur de 25% à ces missions.  Elle a aussi jugé important de se mettre d’accord sur des principes conjoints de transparence et sur des mécanismes de reddition des comptes, de respect des droits de l’homme et de « tolérance zéro en cas d’exactions sexuelles ».

Contribuant au renforcement des capacités institutionnelles de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, les États-Unis ont formé plus de 200 000 soldats de la paix depuis 2005, a souligné la représentante.  Si tout le monde reconnait le rôle clef de la prévention, il existe cependant des divergences sur le terrain à cet égard, et il faut « faire davantage pour répondre aux causes politiques des conflits ». 

« Très souvent nous avons été à la traîne pour répondre à la crise au Burundi », a ainsi regretté Mme Power en évoquant « la menace de voir la violence devenir incontrôlable ».  Par ailleurs, elle a déploré la répression de l’opposition en République démocratique du Congo (RDC), où des élections doivent avoir lieu, et elle a appelé le Président Joseph Kabila « à respecter la Constitution ».

Il est important d’avoir une position unie pour faire pression sur les parties, a insisté Mme Power.  Au Soudan, a-t-elle constaté, les membres du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont malheureusement été divisés, et des containers d’aide humanitaire restent bloqués au Darfour.  « Plutôt que d’accueillir des chefs d’État mis en accusation, il faudrait exercer plus de pression pour que Khartoum respecte ses engagements », a-t-elle ajouté.  « Si nous voulons forger une relation plus forte entre l’ONU et l’Union africaine, il faut faire des progrès sur des cas précis qui ont un impact sur des centaines de milliers de civils », a-t-elle conclu.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a salué l’organisation des réunions annuelles officieuses entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, comme celle ayant eu lieu hier.  Il a aussi plaidé pour des missions conjointes entre les deux conseils sur le terrain et appelé à l’établissement de voies de communication entre la présidence du Conseil de sécurité et celle de l’Union africaine.  Le représentant a par ailleurs salué l’implication de l’Union africaine dans la mise en œuvre des dispositions de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité portant sur les femmes, la paix et la sécurité, rappelant que le tiers des États ayant établi des plans d’action nationaux pour la mise en œuvre de cette résolution est issu du continent africain.  Il a également salué l’établissement par l’Union africaine d’un répertoire de femmes qui peuvent faire office de médiatrices dans le cadre de la résolution des conflits.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a souligné que les interventions de rétablissement de la paix en Afrique doivent tenir compte du contexte historique ayant prévalu sur le continent, notamment le colonialisme qui y a laissé un traumatisme profond.  Il a déploré le fait que le Conseil de sécurité soit plus apte à mettre en œuvre des préceptes relatifs au Chapitre VII de la Charte pour résoudre les situations de conflit en Afrique, affirmant à ce sujet que les Chapitres VI et VIII, prescrivant le règlement pacifique des conflits gagneraient à être promus. 

Le représentant a en outre déploré l’ingérence dans les affaires intérieures des pays africains dont sont parfois coupables des membres mêmes du Conseil, rappelant au passage que 70% des régimes de sanctions du Conseil s’appliquent curieusement à des pays africains.  Il a aussi rappelé que le chaos en Libye aurait pu être évité si le Conseil avait attendu les résultats des pourparlers et des efforts de médiations qu’avait engagés l’Union africaine.  Il a enfin appelé au renforcement de la coopération entre l’Union africaine et l’ONU, affirmant que le Conseil de sécurité ne peut veiller seul au maintien de la paix et de la sécurité en Afrique. 

M. LIU JIEYI (Chine) a reconnu que la coopération entre les deux organisations avait donné des résultats probants, comme au Darfour, en Somalie, en République centrafricaine ou au Mali, et à la suite des conflits au Libéria, en Côte d’ivoire et en Sierra Leone.  D’après lui, « il faut s’en tenir strictement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies ».  C’est donc le Chapitre VIII qui doit guider la coopération entre l’ONU et l’Union africaine.

Le représentant a aussi estimé qu’« il faut toujours respecter le concept de sécurité durable commune, collective et globale », en tenant compte du contexte sur le terrain et des réalités historiques.  Après avoir salué la nouvelle feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, il a recommandé d’accroître la confiance mutuelle et la cohérence et de respecter l’appropriation africaine.

Pour le représentant, il faut également donner la priorité à l’aide aux mécanismes de sécurité collective de l’Union africaine, comme la Force africaine en attente, pour lutter contre la menace terroriste et la piraterie dans le golfe de Guinée.  La Chine a participé à 16 opérations de maintien de la paix en Afrique, avec plus de 2 600 soldats actuellement déployés dans 7 missions onusiennes.  Elle a aussi envoyé des forces de police dans le Golfe d’Aden et au large de la côte somalienne, a conclu le représentant. 

M. FODÉ SECK (Sénégal) a estimé qu’il importait de développer un modèle de partenariat entre l’Union africaine et l’ONU pour permettre à l’Union africaine de répondre aux défis en matière de paix et de sécurité sur le continent.  S’il incombe au Conseil de sécurité d’y apporter des réponses, les organisations régionales peuvent également aider à définir des politiques d’intervention mieux adaptées, a-t-il dit.

L’Union africaine dispose des capacités et du cadre juridique requis pour apporter les premières réponses aux crises et a démontré ses capacités à mener des opérations de soutien à la paix, notamment au Mali et en Somalie, a indiqué le représentant.  L’Union africaine s’est aussi dotée d’une Architecture de paix et de sécurité et a également élaboré une feuille de route 2016-2020 qui vise, entre autres, à prévenir et à lever les obstacles à la pleine opérationnalité de l’Architecture. 

Face au défi du financement de ce mécanisme, de paix et de sécurité, le représentant a estimé souhaitable de développer un partenariat innovant et ouvert sur l’avenir afin de répondre plus efficacement aux crises en Afrique.  Il a appelé les Nations Unies à accompagner davantage l’Union africaine dans ses efforts pour venir à bout de cet épineux problème du financement, en particulier des opérations de paix et de l’Architecture de paix et de sécurité.

« L’Union africaine est la preuve flagrante des avantages comparatifs des organisations régionales », a récapitulé M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte).  « Le continent est prêt à payer le prix fort pour trouver des solutions africaines aux problèmes africains » et rétablir la paix.  Après avoir vanté l’Architecture africaine de paix et de sécurité, il a souhaité davantage de coopération avec l’ONU dès les premiers signes d’éventuels conflits et pendant les phases de la gestion des crises et de la reconstruction. 

D’après le représentant, l’examen des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, du dispositif de consolidation de la paix et de l’application de la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité ont ouvert « un nouveau chapitre sur la conceptualisation d’une paix pérenne et viable ».

Pour faire face aux nouveaux défis multidimensionnels, a poursuivi le Président du Conseil, l’Égypte est convaincue qu’il existe de nouvelles possibilités de partenariats plus inclusifs, s’écartant de la tendance actuelle à gérer les conflits après qu’ils ont éclaté.  Il faut développer des mécanismes de prévention et accorder la priorité à des solutions politiques, dans le respect du principe d’appropriation nationale.  Enfin, a-t-il estimé, l’ONU doit appuyer le renforcement des capacités institutionnelles de l’Union africaine, parallèlement à son partenariat dans le développement de l’Afrique.    

Mme ANNIKA SÖDER (Suède), au nom des pays nordiques, a affirmé que  l’ONU ne saurait relever à elle seule les défis de paix et sécurité dans le monde, et doit pouvoir compter sur la connaissance et la compréhension du terrain qu’apportent les organisations régionales et sous-régionales, notamment en Afrique.  Trois domaines sont essentiels, selon elle, pour renforcer le partenariat stratégique ONU-Union africaine: le renforcement mutuel, fondé sur le partage des tâches et la complémentarité, l’élargissement à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix, et un financement prévisible et durable des opérations de paix menées par les organisations régionales sous le mandat de l’ONU.

Mme Söder a rappelé que son pays avait organisé, il y a quelques semaines, un Forum de haut niveau à New York, en collaboration avec la Commission de l’Union africaine et le Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique, sous le thème « l’Afrique que nous voulons en 2030, 2063 et au-delà ».  Ce Forum a confirmé que la promotion de la paix et de la sécurité était essentielle pour créer un environnement de développement favorable à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a précisé la Secrétaire d’État suédoise aux affaires étrangères, saluant par ailleurs la feuille de route pour une nouvelle  architecture de la paix de l’Afrique et son interaction avec l’architecture pour la bonne gouvernance en Afrique, ainsi qu’avec la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Les pays nordiques continueront à soutenir ces efforts et ont d’ores et déjà, dans le cadre de coopération nordique en matière de défense, apporté leur soutien à la Force d’alerte rapide de l’Afrique de l’Est par un volet formation, a-t-elle conclu.

M. TANMAYA LAL (Inde) a dit que son pays était toujours engagé activement sur les questions de paix et de sécurité, y compris au Conseil de sécurité.  L’Inde est membre de la Commission de consolidation de la paix depuis sa création, il y a 10 ans.  Les Casques bleus indiens ont servi dans 22 missions en Afrique depuis 1960 et travaillent actuellement, dans huit missions des Nations Unies.  L’Inde a aussi fait une contribution financière à la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie et sa marine a participé aux efforts internationaux pour combattre la piraterie maritime au large de la côte somalienne et formé des forces de maintien de la paix africaine.  L’Inde et les États-Unis organiseront une formation en maintien de la paix avec les partenaires africains en juillet et en août 2016, a indiqué le représentant.      

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dit que comme la prévention de conflit, le maintien et la consolidation de la paix exigeaient des réponses rapides et appropriées et des stratégies efficaces avec des appuis financiers, humains et logistiques adéquats, les pays africains contributeurs de troupes et de police devraient être aidés dans le renforcement de leurs capacités.  Le Pakistan est disposé à explorer des perspectives de coopération avec l’Union africaine ainsi qu’avec chaque pays africain à ce sujet.  La représentante a rappelé que son pays déploie actuellement 7 298 hommes sur le terrain dont la majorité en Afrique.  Soulignant le fait que les pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité organisent traditionnellement un débat public sur le rôle des organisations régionales pendant leur présidence du Conseil, la représentante a plaidé pour que l’Afrique ait un nombre plus élevé de sièges au Conseil de sécurité sur la base d’une élection périodique.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a indiqué que les concepts de paix et stabilité, appliqués à l’Afrique, doivent être élargis et ne plus être seulement centrés sur l’État, mais également sur les individus.  Il a également appelé à passer d’une sécurité militaire à une autre non militaire qui tienne compte de la sécurité humaine globale, incluant la nourriture, l’eau et l’énergie pour tous.  Il a évoqué la coopération que le Kazakhstan entend mener avec 45 pays d’Afrique en matière de développement durable, et par l’entremise du PNUD.  Il a indiqué que dans l’optique des aspirations contenues dans l’Agenda 2063 de l’Union africiane, il faudrait mettre sur pied une plus grande coopération militaire et diplomatique avec l’Afrique, et renforcer la coopération Nord-Sud, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, en les orientant vers les domaines de la paix et de la sécurité.  M. Abdrakhmanov a en outre déclaré qu’il ne peut y avoir de paix sans l’implication des femmes, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité. 

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, a dit encourager les processus politiques comme moyens de maintien de la paix en Afrique, soulignant aussi la nécessité de se concentrer sur l’assistance au développement dans des régions affectées par la guerre, étant donné que la paix et le développement se renforcent mutuellement.  Il a appelé au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine.  Il a en outre fait observer que lorsque l’on crée une opération de maintien de la paix, ou que l’on élargit le mandat de celles qui existent, il faut le faire conformément aux principes de la Charte, parmi lesquels figurent le consentement des parties, le non-recours à la force à l’exception des cas de légitime défense, et l’impartialité.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a mis l’accent sur les avantages d’un partenariat renforcé entre l’ONU et l’Union africaine en vue de mieux exploiter les avantages comparatifs des acteurs régionaux.  Reconnaissant les mérites de l’Architecture africaine de paix et sécurité, et de sa nouvelle feuille de route pour la période 2016-2020, il a souhaité y voir figurer au premier plan les expériences communes ONU-Union africaine dans les domaines suivants: les opérations de paix, en se basant sur l’expérience en Somalie et au Darfour; la consolidation de la paix  la participation accrue des femmes aux processus de paix en Afrique et une meilleure protection des femmes en zone de conflit et postconflit; et le contre-terrorisme rappelant que l’Afrique est aussi frappée par le terrorisme, notamment de Boko Haram, ce qui exige des efforts concertés des pays de la région.

La Thaïlande encourage l’Union africaine à mener un processus d’examen de son architecture de paix, à l’instar de celui mené par l’ONU l’an dernier, de manière à aligner ces deux approches.  Le partenariat ONU-Union africaine devrait être axé sur la prévention des conflits et les causes profondes des conflits dans la région, y compris les disparités socioéconomiques, les injustices sociales, la marginalisation et le renforcement des institutions de l’État.  Mais pour cela, il faut des ressources et il faudra soutenir l’Union africaine par des financements adéquats et prévisibles, surtout quand elle agit sous l’autorité du Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant.  Il a en outre estimé que le Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine ainsi que celui du Conseiller spécial pour l’Afrique ont un rôle important à jouer pour assurer la cohérence et la complémentarité entre les différents organismes onusiens et les mécanismes de partenariat avec l’Afrique.  Il a aussi préconisé un cadre conjoint ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.  « Les problèmes africains exigent des solutions africaines », a conclu le représentant, en réservant néanmoins un rôle à l’ONU.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a souligné l’importance des ressources prévisibles, durables et flexibles pour les opérations de maintien de la paix, de la promotion d’une bonne coordination et interaction entre les envoyés de l’Union africaine et des Nations Unies, de la participation de plus de femmes et de jeunes aux processus de prévention des conflits et de consolidation de la paix, de l’assistance électorale, en particulier en cette année où l’Afrique verra plus de 20 élections, de la prévention des causes socioéconomiques du terrorisme et de l’extrémisme violent en Afrique, ainsi que du renforcement des capacités et des institutions pour une paix durable. 

En ce qui concerne le financement durable des opérations de paix de l’Union africaine, le représentant a salué la nomination de M. Donald Kaberuka, ancien Président de la Banque africaine de développement, qui représente à son avis un symbole important de la volonté de l’Union africaine de relever le défi du financement.  Le représentant a réitéré que son approche était axée sur la recherche de solutions politiques impliquant les partenaires africains au lieu des interventions militaires.  Il a indiqué que tel avait été le cas la semaine dernière à Vienne, en Autriche, au cours d’une réunion sur la Libye, qui a vu la participation des pays africains qui se trouvent aux frontières sud de ce pays. 

M. PAUL MENKVELD (Pays-Bas) a estimé qu’il fallait améliorer la prévention des conflits et, en particulier, renforcer les systèmes de médiation de l’ONU et de l’Union africaine.  Il a jugé important de comprendre pourquoi certains efforts en la matière n’avaient pas produit les effets escomptés.  Il s’est toutefois félicité que l’Union africaine déployait des envoyés spéciaux et des négociateurs, notamment au Soudan du Sud.

Les Pays-Bas, a indiqué le représentant, ont augmenté de 25% leur contribution au Département des affaires politiques, qui représente 1,25 million de dollars par an.  Son pays finance également la Clingendael Mediation Facility qui forme des médiatrices au sein de l’Union africaine, a-t-il précisé, affirmant que la phase de relèvement après conflit nécessitait une approche intégrée entre les acteurs internationaux, y compris « une approche cohérente et coopérative de la part de l’ONU et de l’Union européenne vis-à-vis des initiatives de l’Union africaine ».  Dans le secteur de la réforme, ces trois organisations ont pu développer ensemble des stratégies pour la République centrafricaine, la Guinée-Bissau et Madagascar.  Les Pays-Bas, a-t-il assuré, sont disposés à entreprendre des efforts similaires au Mali et en Somalie, a-t-il conclu.  

Mme CAITLIN WILSON (Australie) a fait remarquer que plus de la moitié des conflits armés dans le monde avaient lieu en Afrique et qu’ils dominaient l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  S’il est normal que l’ONU soit au cœur des efforts visant à maintenir la paix et la sécurité dans le monde, l’Organisation ne peut et ne doit pas agir seule, a-t-elle dit.  C’est la raison pour laquelle les acteurs locaux et régionaux, y compris l’Union africaine et ses communautés économiques sous-régionales, peuvent jouer un rôle important, notamment pour signaler des menaces à la paix.

L’Australie, a souligné la représentante, appelle l’ONU et l’Union africaine à accroître le partage d’informations, à entreprendre des missions conjointes d’évaluation, à renforcer les liens entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, et à faciliter la transition entre les opérations d’appui régionales et de l’ONU.    

M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a souhaité que la prévention des conflits, menée par l’ONU, se fasse en collaboration avec les organisations régionales.  Il a estimé que si une approche de prévention des conflits avait été adoptée entre l’ONU et l’Union africiane, le génocide rwandais de 1994 et l’intervention militaire en Libye auraient eu des dénouements différents, rappelant à ce sujet que des signes précurseurs avaient précédé le génocide de 1994, et que les avertissements du Commandant de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR) avaient été ignorés.  S’agissant de la Libye, il a relevé que si le Groupe des cinq chefs d’État qui assurait la médiation avait reçu le soutien politique nécessaire, peut-être que la région du Sahel aurait été plus stable aujourd’hui. 

Il a par ailleurs indiqué que les efforts de soutien au maintien de la paix doivent recevoir des financements adéquats et, dans le même temps, les troupes engagées par les acteurs régionaux doivent s’assurer que leurs troupes correspondent aux critères onusiens.  Pour financer le maintien et la consolidation de la paix en Afrique de manière prévisible, il a proposé que les quelque 50 milliards de dollars de flux financiers illicites qui quittent l’Afrique chaque année soient rapatriés.  Il a rappelé que le dernier budget du maintien de la paix adopté par l’ONU était de 8,27 milliards de dollars, soit à peine 16,5% des sommes que l’Afrique perd chaque année du fait des flux financiers illicites. 

M. Sobral Duarte a en outre souhaité que la Commission de consolidation de la paix puisse jouer un plus grand rôle en matière de consolidation de la paix, notamment par un renforcement de sa coopération avec l’Union africaine et le Conseil de sécurité, rappelant que les six pays qui constituent le programme de travail de la Commission sont en Afrique.  Il a par ailleurs déploré la situation qui prévaut en République démocratique du Congo (RDC) où se déroule un conflit vieux de deux décennies, l’un « des plus grands cataclysmes de notre temps », a-t-il affirmé.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a relevé que pour donner du sens au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, il faudrait une plus grande cohérence entre l’ONU et l’Union africaine dans la résolution, la prévention et la gestion de conflits, en particulier la relation entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  La résolution 2033 (2012) stipule que les organisations régionales sont les mieux placées pour comprendre les nuances et les complexités des conflits et influencer leur prévention et résolution.

Le représentant a estimé qu’une une meilleure cohérence entre l’Union africaine et les Nations Unies passait par une relation plus efficace entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine,  qui allait au-delà des réunions consultatives annuelles.  Cette relation devait aussi se fonder, à son avis, sur une application flexible et innovante du principe de subsidiarité comme le processus consultatif de décision sur les questions qui touchent le continent. 

En outre, les interactions devaient être cohérentes et éviter l’approche sélective utilisée par les Nations Unies agissant par convenance politique.  Le représentant a pris pour exemple le Sahara occidental, en soulignant la réticence du Conseil de sécurité à faire participer formellement l’Union africaine en ignorant la demande de la Présidente de l’Union africaine dans ce domaine. 

Le représentant a par ailleurs précisé que la question du renforcement de capacité et de l’allocation de ressources durables constituait un défi permanent.  Il a estimé qu’il incombait aux Nations Unies d’assurer un financement prévisible, durable et souple en matière d’opérations de paix de l’Union africaine, en particulier les opérations sous les auspices du Conseil de sécurité.  Il a estimé que la relation entre les Nations Unies et l’Union africaine devait concerner certains domaines, comme le maintien de la paix et la reconstruction après conflit et le développement.  

M. ION JINGA (Roumanie) a affirmé que son pays était engagé activement dans les efforts de stabiliser les pays africains touchés par des conflits.  Le représentant a rappelé que la Roumanie a déployé depuis 25 ans 10 000 hommes dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  À ce jour, la Roumanie est présente dans 10 missions de maintien de la paix et s’apprête à déployer 17 officiers dans trois missions de maintien de la paix en Afrique; par ailleurs, une unité de 140 gendarmes vient d’être rendue opérationnelle et mise à la disposition de l’ONU, a indiqué le représentant.

Consciente de l’importance primordiale que la dimension humaine occupe dans les efforts de l’ONU, la Roumanie s’est ralliée, il y a deux semaines, aux Principes de Kigali sur la protection des civils dans les opérations de maintien de la paix, a ajouté M. Jinga, qui s’est par ailleurs félicité que la feuille de route 2016-2020 de l’Architecture africaine de paix et de sécurité ait comme priorité la prévention des conflits.  Il a également salué la création du Fonds pour la paix destiné à financer, d’une manière prévisible et durable, tous les aspects relatifs aux conflits, y compris la prévention.

M. MICHAEL BONSER (Canada) a affirmé qu’au cours des 10 dernières années, depuis la signature de la Déclaration sur l’amélioration de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, les deux organisations avaient fait des progrès considérables vers une coopération accrue en matière de paix et de sécurité.  Toutefois, les menaces actuelles à la paix et à la sécurité internationales alourdissent les responsabilités de l’Union africaines et les communautés économiques régionales, a-t-il précisé.

Le Canada appuie fortement l’objectif consistant à approfondir la collaboration entre l’ONU et l’Union africaine à tous les niveaux des conflits, de leur prévention, à leur gestion et règlement, jusqu’à la reconstruction suivant le conflit.  Le Canada accueille favorablement par ailleurs le développement de la feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et souhaite encourager son renforcement, a précisé le représentant, qui a également souligné « les liens inextricables entre la paix et la sécurité et la bonne gouvernance » et encouragé l’Union africaine et l’ONU à renforcer davantage leur coopération dans la mise en œuvre de l’Architecture de gouvernance africaine.

Au cours des 10 dernières années, s’est félicitée Mme ALMAZ TESFAHUNEGN HAILU (Éthiopie), l’Union africaine et ses partenaires sont devenus plus proactifs dans leur réponse aux crises sur le continent.  Pour sa part, l’ONU fournit à l’Union africaine un appui multidimensionnel pour promouvoir la paix et la sécurité, dans le cadre d’un partenariat « dynamique et efficace », a-t-elle estimé.

Il reste toutefois un certain nombre de questions stratégiques et opérationnelles à résoudre, a poursuivi Mme Hailu.  Elle a notamment recommandé d’institutionnaliser le partenariat entre les deux organisations, en prenant en compte le principe de la responsabilité partagée.  À ce sujet, elle a noté que l’ONU et l’Union africaine élaboraient un cadre commun pour un partenariat renforcé en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique.  S’agissant de l’interaction entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité, elle a souhaité davantage d’efficacité et un franc dialogue et la prise en compte des vues et des préoccupations de l’Union africaine.  

M. BARUN DEV MITRA (Bangladesh) a noté que la dynamique de la coopération régionale a beaucoup évolué en 70 ans pour devenir aujourd’hui un instrument plus mûr et efficace.  L’Union africaine a mis en place un mécanisme robuste par son Architecture de paix et de sécurité, a –t-il rappelé, en soulignant que l’expérience engrangée depuis 10 ans a permis à un certain nombre de mécanismes d’émerger qui sont profitables à la fois à l’ONU et à l’Union africaine.  Conscient qu’il reste encore des défis en matière de coopération entre l’ONU et l’Union africaine, il a mis l’accent sur la question du financement.  Pour sa délégation, il est essentiel d’arriver à une approche prévisible et souple sans choisir une modalité rigide de financement qui pourrait être vouée à l’échec dans certains cas.  

En tant que pays contributeur de troupes au maintien de la paix de l’ONU, le Bangladesh se dit prêt à contribuer au renforcement du partenariat ONU-Union africaine, notamment par le biais d’une aide technique à la force en attente africaine et des modules de formation.  Le Bangladesh a également mis en place un centre de consolidation de la paix qui peut être un interface avec des initiatives pertinentes de l’Union africaine.  Il a souhaité que sa coopération commerciale avec les nations africaines soit renforcée.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a exhorté les États Membres et le système des Nations Unies à se concentrer sur la prévention de conflit, l’intégration et le partenariat.  Il est important de faire en sorte que des solutions politiques crédibles soient le moteur des opérations de maintien et de consolidation de la paix, et que les efforts d’appropriation nationale dans la paix, la sécurité, le développement et les droits de l’homme soient soutenus politiquement et financièrement.  Le représentant a indiqué que les pays africains eux-mêmes ont la vision d’un partenariat régional fort.  L’Union africaine et ses mécanismes, en 14 ans, ont montré une profondeur et une solidité impressionnantes.  Le représentant a souligné que l’importance du rôle des organisations régionales tient à leur faculté unique de comprendre la culture et la région.  L’Indonésie appuie les cinq thèmes prioritaires de la feuille de route 2016-2020 de l’Architecture de paix et de sécurité de l’Afrique, lesquels thèmes nécessitent le plein appui des Nations Unies et de la communauté internationale.

M. MABONEZA SANA (Rwanda) a rappelé que l’Afrique occupe plus de deux tiers du programme de travail du Conseil de sécurité, et que, par conséquent, l’Union africaine a besoin d’une ONU plus forte et inversement.  Il a souligné les cas de coopération efficace entre l’ONU et l’Union africaine, comme au Soudan, au Mali ou en RDC et République centrafricaine.  Le succès de ce partenariat repose à son avis sur un partage clair des tâches entre les deux organisations et une communication franche et ouverte.  Les efforts déployés pour améliorer la coopération stratégique devraient porter sur les moyens d’interagir de manière plus régulière et substantive, a-t-il poursuivi, soulignant qu’une réunion annuelle conjointe n’était pas suffisante.

Rappelant qu’en juillet 2014, sous la présidence du Rwanda, le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 2167 qui demandait un renforcement des partenariats régionaux, le représentant a indiqué que le défi actuel était de passer de partenariats ad hoc à un partenariat plus structuré et stratégique.  Il est important pour cela de renforcer la coordination et d’organiser des consultations en temps opportun, voire entreprendre des missions conjointes sur le terrain et remédier au problème de financement des organisations régionales en matière de paix et sécurité.  Le Rwanda lance un appel pour soutenir le Fonds de paix de l’Union africaine qui a été créé récemment sous la houlette de M. Kaberuka, a conclu le représentant.

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a déclaré que le nouveau document du Cadre décennal de partenariat stratégique en matière de paix et de sécurité entre les Nations Unies et l’Union africaine et l’Agenda 2063, combinés aux consultations conjointes annuelles entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine constitueront un cadre institutionnel de premier plan s’agissant de la coopération entre ces deux entités.  Grâce à ces mécanismes, le niveau de coopération interorganisationnel devrait être une ressource supplémentaire à exploiter.  En effet, ces outils devraient conduire à l’élaboration de stratégies communes grâce à des évaluations conjointes, des mécanismes de prise de décisions solides et fondées sur la consultation et le partage des renseignements, et des dispositifs de suivi permettant de coopérer en matière de planification et d’opérations tout au long du cycle de conflit.  Seul un partenariat productif permettra d’améliorer la sécurité collective.

S’agissant de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie, le représentant a prévenu que l’absence de multiplicateurs de force tels que les hélicoptères ne facilite guère la tâche.  À cela, a-t-il rappelé, il faut rajouter la réduction prochaine de 20% de financement apporté par l’Union européenne, qui affectera durement la mission, et ce au risque de porter un sérieux revers à tout ce qui a été accompli et reste à accomplir.  Le représentant a conclu en appelant à une interprétation plus souple du Chapitre VIII de la Charte pour réduire les écarts et à une réflexion collective et régulière entre l’ONU et l’Union africaine sur la marche d’un continent qui concentre à lui seul 70% des crises recensées dans le monde. 

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a salué la feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité pour la période 2016-2020 et a estimé que pour qu’elle réussisse il faudra miser sur le renforcement du dialogue et une coopération bien conçue entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  L’examen de l’architecture de la paix des Nations Unies ont montré pourquoi les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales sont absolument fondamentaux, a noté la représentante qui a également mis l’accent sur le concept d’appropriation nationale.  Les organisations régionales doivent être aux premières loges en ce qui concerne l’action sur le terrain, mais aussi la prévention des conflits et la pérennisation de la paix.  En outre, la mise en place de mécanismes pour garantir la participation active des femmes dans les processus de paix en Afrique est primordiale.  La promotion de l’intégration régionale peut également contribuer à pérenniser la paix, selon la représentante pour qui il va falloir accorder une attention constante à la réforme du secteur de la sécurité en Afrique et promouvoir l’état de droit.  Consciente qu’il s’agit de processus qui nécessitent une forte volonté politique et un appui solide de la communauté internationale, elle a déclaré qu’il fallait y mettre les moyens nécessaires et remédier au problème de financement.  Elle a rappelé l’impact positif qu’a eu la stratégie conjointe ONU-Union africaine lancée à Lisbonne, notamment sur l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a plaidé pour l’élargissement du partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine pour englober des domaines tels que le renforcement de capacité, la réforme du secteur de la sécurité, la protection des civils, les droits de l’homme, l’intégration du genre et la lutte contre le crime organisé.  Après avoir mis en exergue les contributions à la paix et à la sécurité de la Turquie en Afrique, le représentant a rappelé que son gouvernement avait alloué un million de dollars aux activités de la Force en attente de l’Afrique de l’Est entre 2015 et 2016.  La Turquie a aussi contribué à hauteur de 2 millions de dollars à l’amélioration de l’environnement sécuritaire en Somalie et à la lutte contre les Al-Chabab, a indiqué le représentant.     

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a affirmé que les organisations régionales et sous-régionales pouvaient efficacement contribuer au maintien de la paix et de la sécurité grâce à leur compréhension des situations et de leurs causes profondes.  Même si la responsabilité première en matière de paix et sécurité revient au Conseil de sécurité, les organisations régionales peuvent alléger son fardeau et apporter une légitimité supplémentaire au multilatéralisme.  Il faut dire, selon lui, l’importance de la coopération qui existe entre l’ONU et l’Union africaine depuis 2006 avec l’accord décennal sur le renforcement des capacités de l’Union africaine qui représente le principal cadre de coopération entre ces deux organisations.   En vertu de ce programme, les Nations Unies ont appuyé l’Union africaine, en lui offrant une assistance technique et électorale ou encore une collaboration dans les opérations de maintien de la paix menées sur le continent africain.  Le Nigéria reconnait le mérite des consultations annuelles entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine mais estime que ces consultations pourraient profiter d’une meilleure coordination.  Une telle coordination doit se fonder sur une répartition claire des tâches entre les deux organisations, et un dialogue plus régulier entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, a poursuivi le représentant.

Il a noté que face à l’écart croissant entre les demandes d’intervention adressées à l’ONU et sa capacité d’y répondre, les organisations régionales deviennent des partenaires de paix « inéluctables ».  C’est pourquoi le Nigéria estime qu’il faut favoriser les approches régionales de la paix, qui sont un pont stratégique entre les dimensions nationales et internationales.  « C’est un pont que nous devons continuer à construire », a conclu le représentant.

M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a indiqué que l’Union européenne s’est beaucoup investie dans la promotion d’une coopération triangulaire « Union européenne–Union africaine et ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité.  Il a souligné l’importance de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et assuré la volonté de l’Union européenne d’appuyer les capacités africaines en matière de prévention et de maintien de la paix.  Il a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne de rendre opérationnelle la Force africaine en attente, précisant que la capacité africaine de réponse immédiate aux crises était un outil complémentaire de cette Force pour renforcer le système d’alerte rapide à l’échelle du continent.  Il a cité la tenue de consultations entre l’Union européenne et l’Union africaine à la fin de 2015 pour identifier des priorités communes en matière de renforcement des capacités pour l’exercice 2016-2018 et indiqué que l’Union européenne avait financé un système coordonné de gestion d’information qui sera opérationnel en 2017 pour aider à gérer les opérations de paix menées par l’Union africaine. 

Par ailleurs, le représentant a indiqué que l’Union européenne a consacré près de 2 milliards d’euros aux opérations de paix conduites par l’Union africaine par le biais de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.  Il a souligné le soutien apporté à l’AMISOM en matière de lutte contre Al-Chabab, au mécanisme de vérification de l’IGAD au Soudan du Sud, à la Force multinationale engagée contre Boko Haram ou encore la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau.  En juillet 2015, a-t-il précisé, les États membres de l’Union européenne ont décidé de porter de 750 à 900 millions d’euros le montant consacré à la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.  Un nouvel accord est intervenu récemment pour consacrer 710 millions d’euros supplémentaires à la Facilité pour l’exercice 2016-2018, a-t-il poursuivi.  Toutefois, a-t-il expliqué, ces montants ne suffiront pas pour faire face à de nouveaux défis, la lutte contre les groupes terroristes nécessitant des moyens additionnels et des mesures d’urgence de la part des acteurs africains, non africains et tout particulièrement de l’ONU. 

M. PASCAL BUFFIN (Belgique) a estimé que l’Union africaine pourrait profiter d’un transfert de connaissance du Département des opérations de maintien de la paix sur le plan organisationnel et logistique en vue du développement de son architecture de paix et de sécurité.  En outre, le représentant s’est dit favorable à la poursuite de la coopération tripartite entre l’Union européenne, l’ONU et l’Union africaine, soulignant que l’Union européenne demeurait le principal contributeur financier des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.

Le mécanisme de « Facilité de soutien à la paix en Afrique » de l’Union européenne doit être maintenu, a-t-il déclaré.  Pour autant, la recherche d’une solution durable à la question du financement des opérations de maintien de la paix conduites par l’Union africaine devait à son avis se poursuivre.  Sur le plan pratique et en matière d’échanges d’informations, le délégué a proposé que les représentants et envoyés spéciaux des Nations Unies soient régulièrement invités à s’exprimer devant le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et qu’inversement, les envoyés et facilitateurs de l’Union africaine puissent venir exposer leur point de vue au Conseil de sécurité.  Il a aussi souligné l’importance du soutien aux processus électoraux qui constituent un domaine d’activité où l’Union africaine et l’ONU doivent travailler ensemble dans un effort concerté de médiation et de prévention des conflits.

M. HASSAN HAMID HASSAN (Soudan) a déclaré que la question de financement des opérations de maintien de la paix est importante pour définir les liens entre l’Union africaine, les Nations Unies et les autres organisations comme l’Union européenne.  Il a ajouté que s’agissant de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), une mission africaine appuyée sur les plans logistique et financier par les Nations Unies, le temps est venu d’envisager son retrait.  Les réfugiés et déplacés rentrent chez eux, pour la première fois en 13 ans, les écoliers ont passé leurs examens de fin d’année et des élections locales ont eu lieu en avril dernier, avec un taux de participation élevé.  Le représentant a apporté son appui à la feuille de route élaborée par l’ancien Président sud-africain sur le conflit et demandé aux membres du Conseil de sécurité de faire pression sur les parties qui refusent de la signer.

M. IGNACE GATA MAVITA (République démocratique du Congo) a voulu répondre à ceux qui soupçonnent le Chef de l’État congolais de vouloir se maintenir au pouvoir.  Dans plusieurs de nos interventions, a-t-il dit, nous vous avons fait comprendre que le Chef de l’État respecte la Constitution de son pays et qu’il ne la modifiera pas « comme cela a été fait ailleurs ».  Pour ce qui est du processus électoral, mon pays l’a également dit devant vous en insistant à maintes reprises sur le fait qu’il tient à l’organisation des élections mais dans de bonnes conditions, de manière à préserver la paix et la sécurité.  « Ceux qui aiment le Congo, doivent comprendre cela et nous aider dans ce sens ».  Le représentant s’est « étonné » de la prise de position de certains membres du Conseil qui frise « le deux poids deux mesures ».  « Le monde qui vous écoute et qui vous observe, quand vous délibérez ici, s’étonne de ces prises de position à l’endroit de certains États pendant que vous ménagez d’autres, ce qui risque de décrédibiliser les bonnes décisions  que vous avez l’habitude de prendre ici ». 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Accusé par 230 ONG d’écarter les défenseurs des droits de l’homme, le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 34 Organisations

Comité des Organisations non gouvernementales, Reprise de la session 2016,
19e & 20e séances - Matin & après-midi 
ECOSOC/6760-ONG/830

Accusé par 230 ONG d’écarter les défenseurs des droits de l’homme, le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 34 Organisations

Le Comité des ONG, qui a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 34 Organisations, a été accusé par la Directrice d’« International service For Human Rights », au nom de 230 ONG, d’user de « tactiques procédurières » pour retarder, voire empêcher l’octroi d’un statut aux organisations des droits de l’homme.  Aujourd’hui encore, le Comité a reporté sa décision sur les dossiers de 43 ONG, y compris la Britannique « Restored » dont la « vision chrétienne » a donné lieu à une passe d’armes.

Pendant plus d’une heure, le Comité des ONG a débattu de l’opportunité ou pas de laisser les ONG critiquer son travail.  Au nom de 230 organisations issues de 45 pays différents, la Directrice d’« International service For Human Rights », Mme Eleanor Openshaw, a en effet dénoncé la tendance de certains membres du Comité à recourir à des « tactiques procédurières », comme la multiplication des questions, pour retarder voire empêcher l’octroi d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) aux ONG des droits de l’homme.

Invoquant le rapport du Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association, la résolution 1996/31 de l’ECOSOC sur le mandat du Comité des ONG et la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme laquelle consacre le droit de ces défenseurs à s’adresser à l’ONU et à communiquer avec elle, Mme Openshaw a demandé au Comité de travailler de manière « apolitique, juste, transparente, non discriminatoire, cohérente et rapide ».  Elle a regretté que le Comité se fasse trop souvent l’écho des restrictions imposées de plus en plus à la société civile, au niveau national, alors qu’elles rendent justement plus « cruciales encore » leur accès à l’ONU. 

Ces « insinuations » ont été jugées « inacceptables » par le représentant de l’Afrique du Sud dont l’homologue russe a vu là une tendance « très inquiétante » de certains pays à utiliser les ressources et les moyens des ONG pour servir leurs intérêts politiques lorsqu’ils n’y arrivent pas par la force.  « Ne vous vendez pas au plus offrant.  Faites votre travail honnêtement et vous obtiendrez rapidement un statut consultatif », a interpelé le représentant.  « Tout le monde travaille ici pour un monde meilleur et personne, à savoir aucun État, ne devrait être accusé », a insisté le délégué de l’Inde.

Donner la parole à toutes les ONG qui le demandent reviendrait à compromettre la bonne marche du Comité, a commenté son homologue de la Chine avant que celui de la Syrie ne reproche au Président du Comité d’avoir permis un débat qui empêche l’examen serein des dossiers, se montrant ainsi très peu sensible aux arguments de l’Union européenne, des États-Unis, de la Grèce et du Royaume-Uni selon lesquels la contradiction et les critiques sont une occasion de faire progresser le Comité.

À ce propos, faut-il entendre les ONG dès qu’elles sont dans la salle ou attendre le dialogue de fin de journée?  Voilà une question qui a aussi suscité des débats pendant plus d’une demi-heure.  Soutenue par les délégations de la Grèce et de l’Australie, la proposition de donner tout de suite la parole aux ONG présentes s’est heurtée au désaccord d’autres membres du Comité, dont l’Inde et l’Afrique du Sud.  La délégation américaine a jugé regrettable qu’on « intime ainsi le silence à la société civile », mais le Président du Comité s’en est défendu en rappelant l’obligation du Comité de respecter les règles de procédure, ce que les délégations de Cuba et du Pakistan ont appuyé.

Leur homologue sud-africain a dénoncé « une tendance perturbante » chez les délégations qui ne cessent de commenter les questions des autres.  Il avait demandé à la Britannique « Restored » d’expliquer la pertinence de sa profession de foi chrétienne, avant de se voir interdire par ses collègues des États-Unis et du Royaume-Uni de juger du prisme par lequel une ONG mène son travail.  La décision sur le dossier de l’ONG a été reportée.

Le Comité des ONG peut recommander trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  Elles peuvent également soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

La prochaine réunion du Comité des ONG se tiendra demain mercredi 25 mai à partir de 10 heures.  

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif spécial

1. ERGO - Európai Regionális Szervezet (Hongrie)

2. Forum des Organisations de Solidarité Internationale Issues des Migrations – FORIM (France)

3. Global Autism Project (États-Unis)

4. Global Energy Initiative, Inc. (États-Unis)

5. Global Sourcing Council Inc. (États-Unis)

6. GlobalPartnersUnited, LLC (États-Unis)

7. HELPEOPLE Foundation ONLUS (Italie)

8. Imvrian Association (Grèce)

9. International Authors Forum (Royaume-Uni)

10. Japan Association for Refugees (Japon)

11. Juristes pour l'enfance (France)

12. La Manif Pour Tous (France)

13. Lumos Foundation (Royaume-Uni)

14. Meezaan Center for Human Rights (Israël)

15. Municipal Art Society of New York (États-Unis)

16. My Chosen Vessels Inc. (États-Unis),

17. Naija Worldwide Charities Inc. (États-Unis)

18. New Generation in Action (États-Unis)

19. Open Data Watch, Inc. (États-Unis)

20. Promotion du Développement Economique et Social – PDES (Suisse)

21. Réseau Européen pour l'Égalité des Langues (France);

22. Seventh-day Adventist Church in Canada (Canada);

23. Sino-American Cultural Council, Inc (États-Unis);

24. Studium Generale Ambrosianum (Italie);

25. TaiWha Methodist Social Welfare Foundation (République de Corée) ;

26. The Heart Fund to Fight Cardio-Vascular Diseases (France);

27. The National YWCA of Korea (République de Corée);

28. Transatlantic Christian Council (Pays Bas)

29. ESIB - The National Union of Students in Europe (Belgique)

30. Youth of European Nationalities (Allemagne)

31. UCT Int'l Culture Development, Inc. (États-Unis)

32. Universalis Matter (France)

33. Universities Allied for Essential Medicines, Corp. (États-Unis)

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

En examinant la demande de Crisis Management Initiative ry (Finlande), le représentant de l’Afrique du Sud a rappelé que les questions relatives à la paix et à la sécurité internationale relèvent du Conseil de sécurité.  Son homologue de la Fédération de Russie a en outre demandé à cette ONG des informations détaillées sur les projets qu’elle mène sur les territoires de l’Ukraine et de la Moldavie en matière de consolidation de la paix.  Le représentant de l’Afrique du Sud a remarqué une incohérence, dans la demande de Database Center for North Korean Human Rights (NKDB) (République de Corée): les fonds provenant d’un ministère sont listés au titre des sources de financement privés.  Son homologue de la Chine s’est interrogé sur le déséquilibre budgétaire de cette organisation.

La représentante de l’Afrique du Sud a remarqué que l’organisation Differenza Donna - Associazione di donne contro la violenza alle Donne – ONLUS (Italie) se veut nationale alors que certaines de ses activités ont lieu au Maroc et dans les territoires palestiniens occupés.  Elle a aussi invité cette ONG à verser au dossier ses derniers états financiers, avant de demander des explications sur une ligne budgétaire de Dreikönigsaktion - Hilfswerk der Katholischen Jungschar (Autriche).  La représentante de Cuba a voulu connaitre les activités de cette organisation en Amérique latine.

La représentante de la République islamique d’Iran s’est interrogée sur l’indépendance d’Euro-Mediterranean Human Rights Network (Danemark) qui est financée à environ 70% par des gouvernements.  La représentante de Cuba a pour sa part interrogé Fon Foundation.Org (États-Unis) sur les moyens qu’elle utilise pour mener autant d’activités.

Quelle est la portée européenne des travaux menés par Forum Droghe Associazione Movimento per il Contenimento dei Danni (Italie), a demandé la représentante de la Turquie?  Son homologue de l’Afrique du Sud a voulu examiner des états financiers mis à jour concernant Geo Expertise Association (Suisse) étant donné l’énorme déficit qu’elle affiche.  Que fait Global Federation of Competitiveness Councils (États-Unis) à Taïwan, a demandé la représentante de la Chine.

Celle de Cuba a demandé des précisions sur le projet mené en Amérique latine par Global Forum for Media Development (Belgique), tandis que le représentant de la Fédération de Russie a rappelé que les droits des journalistes qui se sont élevés contre le régime en Ukraine avaient été violés.  Cette organisation se conforme-t-elle aux dispositions relatives aux droits de l’homme, notamment celles relatives à la liberté d’expression? a voulu savoir la délégation de l’Afrique du Sud, avant de demander des précisions à Global Initiative for Inclusive Information and Communication Technologies (États-Unis) sur le projet mené dans son pays.

Global Zero (États-Unis) devrait fournir des informations sur la réalité de son site Internet et sur ce qu’elle fait avec le Tibet, a souhaité la représentante de la Chine.  Un site Internet n’est pas une condition préalable à l’obtention d’un statut consultatif lui a rappelé la représentante des États-Unis avant de donner l’adresse exacte du site de cette organisation.  La délégation de l’Afrique du Sud a fait remarquer que l’ONG œuvre dans le domaine du désarmement nucléaire, ce qui ne tombe pas vraiment sous la compétence de l’ECOSOC.  Elle a aussi demandé des informations sur les activités menées en Afrique par HackerNest (Canada).

Le représentant de la Fédération de Russie a souhaité des informations sur les projets menés en 2014 et 2015 par Hazar Strateji Enstitüsü Derneği (Turquie).  Celle de l’Afrique du Sud a demandé des précisions à HealthBridge Foundation of Canada (Canada) sur ce qu’elle accomplit sous le chapitre « Health Equity » et sur les projets qu’elle mène en Afrique.  En ce qui concerne l’ONG Human Appeal International [UK] (Royaume-Uni), la même délégation et celle de l’Inde ont demandé respectivement des précisions sur ses activités et sur les dons reçus.

Nous félicitons Institute for International Women's Rights - Manitoba Inc. (Canada) pour sa demande impeccable, a déclaré la représentante de l’Afrique du Sud.  Une question a toutefois été posée à cette ONG par le représentant de la Fédération de Russie: avez-vous des projets relatifs aux femmes en Ukraine?  Le représentant de la Chine a relevé que des articles publiés sur le site d’Intercontinental Network for the Promotion of the Social Solidarity Economy (Canada) n’utilisaient pas la terminologie des Nations Unies sur Taïwan.  Il lui a donc demandé de procéder aux corrections nécessaires.  Son homologue de l’Afrique du Sud a, pour sa part, voulu savoir si l’ONG menait des projets en Afrique.

La représentante du Venezuela a invité International Child Rights Center (République de Corée) à produire ses états financiers pour les deux dernières années et s’est interrogée sur sa nature nationale ou internationale.  Avez-vous des projets en Afrique, a demandé la représentante de l’Afrique du Sud à l’organisation requérante Jubilee USA Network Inc. (États-Unis)?  Cette délégation a aussi voulu savoir si l’organisation Jus Cogens (États-Unis) travaillait en partenariat avec l’Union africaine, avant de demander à Kadın ve Demokrasi Derneği (Turquie) de fournir des états financiers actualisés.

En ce qui concerne la demande de Kehitysyhteistyöjärjestöjen EU-yhdistys KEHYS ry, EU-plattformen för finländska biständsorganisationer KEHYS rf (Finlande), le représentant de l’Afrique du Sud a voulu des éclaircissements sur le déficit considérable de son budget.  Cette délégation a aussi questionné l’indépendance de Kepa Ry, Kepa Rf (Finlande) par rapport au Gouvernement finlandais, étant donné qu’il est sa principale source de financement.  Qu’en-est-il des projets en Afrique?  La même question a été posée à Landsrådet for Norges barne- og ungdomsorganisasjoner (Norvège).

S’agissant de Le Monde des Possibles (Belgique), la représentante de Cuba s’est étonnée de certaines incohérences entre ses projets et sa situation financière, avant de demander des comptes actualisés.  Le représentant de l’Azerbaïdjan a posé des questions sur les « autres sources » budgétaires mentionnées par Mangfoldhuset (Norvège).  À NK Watch (République de Corée), la représentante de Cuba a demandé des détails sur les activités menées dans certains pays.

Celui de la Chine a voulu que Novant Health, Inc. (États-Unis) corrige la mention sur la province de Taïwan.  Des explications sur son déficit budgétaire ont été demandées à P3 Foundation (Nouvelle-Zélande) par le représentant de l’Inde qui a aussi voulu obtenir une ventilation des dons reçus.  Son homologue de la Chine a demandé à Presbyterian Women in the Presbyterian Church (U.S.A.), Inc. (États-Unis) plus d’informations sur les projets menés.  Le représentant de l’Inde a ensuite demandé la liste des organisations indiennes avec laquelle travaille Profugo (États-Unis).

Le Comité a décidé de reporter sa décision concernant la demande de Promundo-US (États-Unis) dans l’attente de renseignements sollicités par le représentant de l’Inde qui a voulu savoir comment cette ONG travaille dans les pays où elle n’a pas de bureau.  L’examen de la demande de Red Iberoamericana de Organizaciones No Gubernamentales que Trabajan en Drogodependencias – RIOD (Espagne) a aussi été reporté, le représentant du Nicaragua s’interrogeant sur les projets de l’ONG. 

Restored (Royaume Uni) a été priée d’expliquer au représentant de l’Afrique du Sud la pertinence de sa profession de foi chrétienne.  Ce dernier a d’ailleurs perçu « une tendance perturbante » chez certaines délégations à commenter les questions des autres.  Il répondait ainsi à des interventions de délégations qui, étonnées de la question, ont argué que la religion est un prisme à travers lequel on perçoit la société et qu’il n’appartient pas au Comité de porter un jugement.  « L’idée est que les Nations Unies entendent la diversité des voix qu’il s’agisse des voix culturelles ou religieuses », a insisté la représentante des États-Unis, en ajoutant qu’une vision ne saurait être stigmatisée parce qu’elle se définit chrétienne ou musulmane.  « La foi chrétienne est un prisme par lequel l’ONG voit et mène son travail et il ne revient pas au Comité de le juger », a insisté l’observatrice du Royaume-Uni, en sa qualité de pays hôte de l’ONG, à la grande satisfaction du représentant de la Grèce qui lui a reconnu le droit d’intervenir.  

Le Comité a aussi reporté sa décision sur la demande de Stichting Child and Youth Finance International (Pays-Bas) dans l’attente de précisions financières sollicitées par la représentante de l’Afrique du Sud.  Également reportée a été la demande de Syrian American Medical Society Foundation (États-Unis), le représentant de la Fédération de Russie ayant demandé si l’ONG mène ses activités en collaboration avec le Gouvernement légitime en Syrie ou dans un autre cadre.  Les représentants du Venezuela et de l’Iran ont souhaité plus de détails sur les activités de cette ONG au Liban et au Qatar.  Celui de l’Afrique du Sud a voulu savoir pourquoi aucun syrien ne siège au Conseil d’administration.

Il a reporté aussi l’examen des demandes de The World Information Technology and Services Alliance (États-Unis) et The Zahra Trust (Royaume Uni) et de Truth Foundation (République de Corée) dans l’attente de précisions sollicitées par l’Afrique du Sud sur les activités de ces ONG, notamment en Afrique.  La représentante de l’Iran a aussi demandé des précisions sur ce que The Zahra Trust entend par réaliser le droit à l’autodétermination de certaines communautés.   

Le représentant de la Chine a demandé à United States Pharmacopeial Convention, Inc. (États-Unis) d’utiliser la nomenclature officielle de l’ONU sur les provinces chinoises.  Le représentant de l’Inde a souhaité des précisions sur la formation dispensée par cette organisation.

Déclarations

Donnant lecture d’une lettre adressée au Conseil économique et social (ECOSOC) par 230 ONG issues de 45 pays différents, Mme Eleanor Openshaw, Directrice d’« International service For Human Rights » a exprimé la préoccupation des ONG de voir certains membres du Comité user de « tactiques procédurières » pour retarder voire empêcher l’octroi du statut consultatif à certaines ONG.  Elle a rappelé que le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association avait déjà critiqué en 2014, dans son rapport à l’Assemblée générale, les multiples reports et les perpétuelles questions sur certains dossiers, notant que les États Membres et l’ONU ont l’obligation juridique de renforcer la participation de la société civile aux travaux de l’ONU.  La valeur de cette participation est largement reconnue, y compris par le Secrétaire général qui a souligné que la société civile est un partenaire indispensable des Nations Unies.

La résolution 1996/31 de l’ECOSOC, qui fixe le mandat du Comité, reconnaît l’ampleur de l’expertise des ONG et leur capacité d’appuyer le travail de l’ONU.  Il est clair que l’engagement des ONG auprès des Nations Unies est « précieuse » et elle constitue aussi un droit, a insisté la représentante.  En effet, la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme stipule que chaque défenseur a le droit, individuellement et en association avec d’autres, « de s’adresser sans restriction aux organisations non gouvernementales et intergouvernementales, et de communiquer avec elles ». 

Les 230 signatures demandent donc que les pratiques et les procédures du Comité soient conformes aux principes, à l’esprit et aux buts de la résolution 1999/31 de l’ECOSOC et aux normes internationales des droits de l’homme.  Ils demandent que les pratiques du Comité soient toujours appliquées, apolitiques, justes, transparentes, non discriminatoires, cohérentes et rapides.  Ils demandent aussi que l’action du Comité n’entrave pas le droit des ONG à s’adresser aux Nations Unies et à communiquer avec elles.  Pour eux, l’ECOSOC doit tenir compte de la recommandation que le Chili, le Mexique et l’Uruguay ont faite à la session de fond de l’année dernière, d’instituer la diffusion sur Internet des réunions de Comité pour que les ONG dont les dossiers sont examinés et qui n’ont pas le moyens de venir à New York puissent suivre les débats. 

Malheureusement, a conclu la représentante, le Comité se fait trop souvent l’écho des restrictions imposées de plus en plus, sur le plan national, à la société civile alors qu’elles rendent plus « cruciales encore » leur accès à l’ONU.  Nous demandons au Comité de redoubler d’efforts pour promouvoir un environnement sain, transparent et favorable à la société civile au sein de l’ONU.  Avec un tel environnement, l’ONU pourrait tirer pleinement parti de l’expertise et des points de vue uniques des ONG et renforcer la légitimité et la crédibilité de son travail, a conclu la représentante.

Si les représentants de l’Union européenne, des États-Unis, de la Grèce et du Royaume-Uni, en sa qualité d’observateur, ont appuyé cette déclaration et accueilli la contradiction et les critiques comme une chance de faire progresser le Comité, ceux de l’Inde, de l’Afrique du Sud, de Cuba, de l’Iran, du Pakistan, de la Mauritanie ont rappelé qu’il appartient à l’ECOSOC de débattre de la manière dont le Comité doit améliorer son travail et non aux membres du Comité.    

Après que le représentant de l’Afrique du Sud a jugé « inacceptables » les « insinuations » de la représentante d’« International service For Human Rights, son homologue des États-Unis a rétorqué que toute la raison d’être du Comité est précisément de donner la parole à la société civile.  Son homologue de la Fédération de Russie a vu une tendance « très inquiétante » qui montre que des pays sont prêts à exploiter les ressources et les moyens des ONG pour servir leurs intérêts politiques quand ils n’y n’arrivent pas par la force.  « Ne vous vendez pas au plus offrant.  Faites votre travail honnêtement avec vos moyens et vous obtiendrez rapidement un statut consultatif », a conseillé le représentant russe, en s’étonnant que certaines ONG obtiennent 90% de leur financement du seul Gouvernement américain.

« Tout le monde travaille ici pour un monde meilleur et personne, à savoir aucun État, ne devrait être soupçonné », a insisté le représentant de l’Inde.  Restons-en au règlement intérieur, a préconisé son homologue de la Chine pour lequel donner la parole dès qu’une ONG le souhaite pourrait compliquer le travail du Comité.  Le représentant de la Syrie a diagnostiqué chez les ONG une volonté de « politiser de plus en plus » les travaux du Comité.  Il n’a pas hésité à reprocher au Président du Comité de s’être engagé dans un débat qui empêche l’examen serein des demandes de statut consultatif.  

Dialogue avec les ONG

ESIB - The National Union of Students in Europe, organisation basée en Belgique qui s’est vue accorder le statut consultatif spécial, a indiqué représenter plus de 15 millions d’étudiants en Europe.  Pour répondre à une question de la Chine, il a précisé qu’un groupe d’étudiants travaille à une éducation gratuite et de dualité en collaborant avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), dans la droite ligne du quatrième objectif de développement durable.  En réponse à une question de la délégation de l’Inde, l’ONG a dit avoir participé au Forum mondial de l’éducation pour préparer la Convention mondiale sur l’équivalence des diplômes.  Au représentant du Soudan, elle a précisé qu’elle rassemble des étudiants du cycle supérieur.  Ses Sources de financement sont essentiellement les cotisations de ses membres, a-t-elle dit avant d’indiquer aussi que ses activités couvrent toute l’Europe.

À son tour, Hazar Strateji Enstitüsü Derneği (Turquie) a présenté ses activités dans trois centres, l’un énergétique, l’autre économique, tandis que le troisième s’occupe des questions de sécurité et de politique.  L’ONG s’intéresse notamment à la sécurité énergétique entre l’Europe et la Turquie, au rapprochement de l’Iran et de l’est de l’Europe en matière énergétique, à la coopération Chine-Turquie et à la coopération Fédération de Russie-Turquie également dans ce domaine.  L’organisation mène aussi des activités de sensibilisation sur les menaces cybernétiques.  Nous avons lancé une plateforme sur la compétitivité, a ajouté l’ONG et répondant à une question de l’Inde, elle a précisé qu’elle compte parmi ses membres 10 entreprises et 100 individus.  L’examen de la demande de cette organisation a été reporté dans l’attente de réponses écrites aux questions de la République islamique d’Iran, notamment sur ses sources de financement.

En se présentant, Committee to Protect Journalists (États-Unis), qui défend depuis 35 ans la liberté de cette profession, qu’elle soit privée ou gouvernementale, a assuré qu’elle ne reçoit pas de financement public.  À la Chine qui demandait des précisions sur ses activités dans la région Asie-Pacifique au cours des deux dernières années, elle a dit travailler dans toutes les régions du monde.  Nous suivons les incidents, communiquons des informations sur les journalistes blessés, tués ou emprisonnés, et en général défendons la liberté de la presse.  À Cuba, l’ONG a expliqué avoir été très active dans ce pays, en suivant les changements qui se produisent dans les médias.  Aucun journaliste n’est emprisonné à Cuba, a-t-elle signalé.  À la République islamique d’Iran, elle a assuré s’occuper aussi de la presse américaine et être très critique à son égard.  Nous avons dénoncé un manque de transparence et signalé les problèmes que rencontrent des journalistes iraniens pour se faire accréditer aux États-Unis.  L’Inde ayant relevé les critiques sur la situation des journalistes chez elle, l’ONG a rappelé avoir souligné des incidents isolés d’actes commis contre des journalistes à différents endroits.

D’autres questions ont été posées par l’Afrique du Sud, sur l’interdiction de l’incitation à la violence -Article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques-, et la Chine, sur la source des informations que véhicule cette ONG.  Après avoir attiré l’attention sur l’article 19 du Pacte relatif au pluralisme de la presse et à la liberté d’expression, l’ONG a affirmé que des journalistes du monde entier contribuent à ses activités.  La Fédération de Russie s’est demandée pourquoi l’ONG ne publie pas toutes les listes de journalistes décédés dans l’exercice de leurs fonctions, comme ceux qui sont tombés en Ukraine.  L’Inde a demandé les états financiers pour 2015.  De quels pays obtenez-vous les financements, a demandé pour sa part le Soudan.  L’examen de la demande a été reporté dans l’attente des réponses.

Women Enabled, organisation basée aux États-Unis œuvrant en faveur des femmes handicapées qui souffrent d’une double discrimination, a indiqué notamment travailler avec la Commission de la condition de la femme.  Comment contribuez-vous au travail de cette Commission? a demandé l’Afrique du Sud avant d’inviter l’ONG à expliquer comment fonctionnera la « boite à outils » qu’elle propose.  Un de nos représentants est intervenu à la Commission de la condition de la femme, a assuré l’ONG, en espérant pouvoir mettre en œuvre la boite à outils si les fonds nécessaires sont reçus.

Quel travail effectuez-vous dans mon pays, a demandé l’Inde?  Notre Directrice est une experte dans ce domaine et elle a passé plusieurs mois en Inde pour partager son expertise et renforcer l’accès à la justice pour les filles et les femmes handicapées, a répondu l’ONG.  À l’Afrique du Sud, elle a assuré avoir des projets en cours pour 2017 mais reconnu que leur mise en œuvre dépendrait des fonds reçus.  Quels projets avez-vous dans les pays qui sortent d’un conflit?  L’ONG a parlé des activités de sensibilisation, avant que le Nicaragua ne demande si elle travaille dans sa région.  L’examen de la demande de cette organisation a également été reporté dans l’attente des réponses à toutes ces questions.

Youth of European Nationalities, organisation basée en Allemagne, a reçu le statut consultatif, sans qu’un membre du Comité ne pose de questions.  L’ONG a expliqué qu’elle est un réseau de 42 organisations de défense des minorités qui se base sur l’échange d’informations. 

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