En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
matin & après-midi               
AG/11803

Au centre de l’action mondiale, « les droits de l’homme sont le moteur le plus puissant de la paix et du développement », déclare M. Ban Ki-moon

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a affirmé aujourd’hui, à l’occasion d’un débat thématique de haut niveau de l’Assemblée générale intitulé « ONU70: les droits de l’homme au centre de l’action mondiale », que ces derniers constituaient « le moteur le plus puissant de la paix et du développement ».

Les violations des droits de l’homme doivent « cesser maintenant » et, à cet égard, « les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités », a déclaré M. Ban, en ouvrant ce débat de haut niveau de deux jours auquel participent près de 90 délégations et qui est articulé autour de plusieurs tables rondes.

Pour le Secrétaire général, qui a rappelé les nombreux abus commis dans diverses parties du monde, « les États Membres ont déjà franchi une importante étape en adoptant unanimement le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Les droits de l’homme sont au cœur des 17 objectifs de développement durable qui vont de l’éradication de l’extrême pauvreté à la réduction de l’inégalité en passant par la promotion de la paix et de sociétés exclusives, a-t-il expliqué.  « En cette première année cruciale de mise en œuvre, nous devons reconnaître la nécessité de souligner l’importance des droits de l’homme dans ce que nous faisons. »

Ainsi que l’a indiqué, le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, ce débat thématique de haut niveau s’inscrivait dans le contexte du cinquantième anniversaire des Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, du trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement et du processus visant à sélectionner et à désigner le prochain secrétaire général de l’ONU.

Il est ainsi l’occasion pour les États Membres d’« avoir une vision globale de la situation des droits de l’homme dans le monde d’aujourd’hui », de « renforcer les fondements des droits de l’homme et d’examiner les moyens visant à faire en sorte que ceux-ci contribuent au progrès de la paix et de la sécurité et du développement durable, et réciproquement », de « consolider le rôle des Nations Unies dans ce domaine » et d’« identifier les actions en vue d’obtenir des améliorations rapides dans la réalisation des droits de l’homme au niveau mondial ».

M. Lykketoft a rappelé que les droits de l’homme étaient « universels, indivisibles et interdépendants ».  « Ils sont les normes que les dirigeants mondiaux se sont engagés à respecter pour que tous les peuples puissent jouir de la dignité, de la liberté et de l’égalité.  Ils constituent le cadre juridique et moral qui permet aux peuples partout dans le monde de combattre l’injustice. » 

Les États fondateurs des Nations Unies ont créé une institution équilibrée autour de trois piliers que sont la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, a souligné pour sa part le Secrétaire général.  Mais, 70 ans après, « cet équilibre est loin d’être réalisé » au sein de la structure de l’Organisation elle-même, de son financement, de ses politiques et de ses actions.  « De la même façon que nous avons pu sortir des populations de la marginalisation, nous devons aussi amener les droits de l’homme au centre de nos discussions et de nos décisions », a dit M. Ban. 

Le Secrétaire général a expliqué que son initiative « Les droits de l’homme avant tout » avait « pour objectif de réunir les trois piliers des Nations Unies, d’assurer que la lutte contre les violations des droits de l’homme reste la priorité et de faire en sorte que la Charte des Nations Unies soit au centre des activités quotidiennes de l’ensemble du système ». 

« Cette initiative a changé la façon d’agir et de penser des Nations Unies », a-t-il observé.  Elle a en effet changé, selon lui, les modes opérationnels « pour se focaliser davantage sur la prévention que sur la réaction ». 

M. Ban a insisté sur le fait que placer les droits de l’homme au centre de notre processus de décision exigeait un « engagement total des États Membres qui ont le pouvoir de changer la vie pour le meilleur ».  « Dans un monde profondément connecté, tous les États Membres ont un intérêt commun à promouvoir les droits individuels et collectifs comme base de la paix et de la prospérité mondiales. » 

De même, à ses yeux, « les politiques répressives contre l’extrémisme violent et le terrorisme n’assurent pas la sécurité ».  « Lorsque les gouvernements prennent des actions contre le terrorisme sans tenir compte des droits de l’homme, ils renforcent les sentiments d’exclusion et accroissent le ressentiment et alimentent l’extrémisme et le terrorisme à travers le monde. » 

Selon, le Secrétaire général, le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent affirmait que la prévention de l’extrémisme et la promotion des droits de l’homme vont de pair.  En outre, « les droits de l’homme offrent aux États une voie claire vers la stabilité et la prospérité.  Ils construisent la confiance et la loyauté ainsi que la prospérité des institutions politiques et économiques ». 

De son côté, le Président de l’Assemblée générale a jugé que si les dirigeants du monde ne relançaient pas leur engagement en faveur des droits de l’homme, ne rejetaient pas les discours de division et de haine, et ne traitaient pas les facteurs des tensions actuelles comme le chômage, les inégalités, les changements climatiques ou les abus de pouvoir, « l’espoir pourrait se transformer rapidement en désespoir ». 

En tout cas, nous ne pouvons pas permettre que la culture des droits de l’homme qui a été forgée durant ces 70 dernières années disparaisse.  Nous devons assurer que les Nations Unies, 70 ans après sa fondation, continuent d’être le rempart contre les menaces aux droits de l’homme. 

Mathilde, Reine des Belges, a reconnu que le chemin vers la paix durable, vers la justice et vers le bien-être était « encore long et ardu ».  « C’est pourquoi, le dialogue d’aujourd’hui aurait tout son sens s’il parvenait à expliciter et à étayer encore davantage ce constat et cette ambition. » 

Elle a souhaité que les efforts se poursuivent « pour aboutir à une intégration harmonieuse de tous les leviers de développement, que ce soient les outils et instruments institutionnels, économiques ou juridiques, actionnés par nombre de parties prenantes tels les autorités, la société civile, les entreprises, le monde académique et culturel ».

La Directrice exécutive d’« Il’laramatak Community Concerns » et représentante des peuples autochtones du Kenya, Mme Agnes Leina Ntikaampi, a assuré pour sa part que les droits de l’homme constituaient « un mirage pour beaucoup de gens dans le monde, un rêve qui attend de devenir réalité ». 

Mme Ntikaampi a également dénoncé l’intolérance contre la société civile qui demande des comptes aux autorités, en particulier concernant la question de la terre qui est vue par les gouvernements et les investisseurs privés comme une opportunité pour une croissance purement économique et une source exclusive de profit aux dépens des peuples autochtones, de leurs cultures de subsistance et d’autres formes d’utilisation des terres.

« Les nouvelles tendances mondiales sur les industries extractives encouragent une nouvelle ruée vers les terres qui se fait souvent aux dépens de pauvres et sans étude d’impact environnemental ou même sans un processus de consentement préalable, libre et éclairé des populations autochtones locales », a-t-elle déclaré.  « C’est en défendant leurs droits que ces groupes de populations perdent leurs vies et leurs moyens de subsistance dans des circonstances injustes et troubles. » 

Selon elle, les États Membres doivent renforcer leurs efforts en matière de redevabilité, prendre des mesures urgentes pour prévenir les exécutions extrajudiciaires, la brutalité policière et les violations des droits de l’homme, dans un esprit de justice, de paix et de sécurité.  Dans le même temps, les citoyens ont besoin d’apprécier le travail des agents de force de l’ordre et des institutions gouvernementales qui sont censés les protéger et les servir, et développent une culture de confiance et de respect à leur égard.

Au cours du débat plénier ministériel qui a suivi les déclarations liminaires, auquel ont pris part ce matin 18 délégations, le Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, M. Jean Asselborn, a dit qu’en tant que communauté internationale, « nous avons une responsabilité collective d’agir lorsque des nettoyages ethniques ou de graves violations du droit humanitaire se produisent et de tout mettre en œuvre pour les prévenir ». 

« Pour promouvoir le respect des droits de l’homme et protéger les individus face aux violations et abus en temps de conflit, l’ONU a les moyens d’agir.  Qu’il s’agisse des représentants spéciaux du Secrétaire général ou des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, tous contribuent dans le cadre de leur mandat spécifique à faire respecter et avancer les droits de l’homme et le droit international humanitaire.  L’indépendance de leur travail est primordiale et nous devons protéger leur mandat. »

Pour la Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, Mme Susana Mabel Malcorra, « les droits de l’homme doivent sous-tendre nos processus de décision politique ».  « Et dans un monde de plus en plus connecté, nous devons considérer les dimensions nationales, régionales et mondiales des droits de l’homme. » 

La Ministre suédoise de l’égalité des sexes, des personnes âgées et des enfants, Mme Asa Regnér, a soulevé la question de la jouissance des droits de l’homme par les femmes et les filles qui, a-t-elle précisé, est la « pierre angulaire » de tous les efforts de son gouvernement.  « L’autonomisation des femmes et des filles est l’autonomisation de toute l’humanité, y compris l’accès aux droits sexuels et reproductifs », a-t-elle déclaré. »

Trois débats interactifs ont suivi le débat plénier qui ont eu pour thèmes respectifs: « la discrimination et les inégalités »; « les fondements des droits de l’homme: gouvernance, état de droit et accès à la justice »; et « permettre la participation active en société ».

L’Assemblée générale poursuivra et achèvera demain, mercredi 13 juillet, son débat thématique de haut niveau. 

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