Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
5e & 6e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6782

Le Forum politique sur le développement durable débat de la manière de concilier universalité du Programme 2030 et spécificités nationales

Nous ne pourrons ni susciter ni favoriser l’appropriation par les citoyens des objectifs universels de développement durable, si nous leur demandons d’oublier ce qu’ils croient savoir, ce qu’ils croient comprendre et ce qu’ils croient logique.  Cette mise en garde a été lancée aujourd’hui au cours de l’une des quatre tables rondes que le Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) a organisé au troisième jour de ses travaux qui se tiennent sur le thème « ne laisser personne sur le côté », principe fondamental des 17 objectifs et 169 cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Comment concilier l’universalité de ce Programme et les spécificités nationales?  À cette question, le chargé de recherche à l’Université du Massachusetts et à l’Université de Wageningen a répondu qu’il faut s’appuyer sur les valeurs et les traditions et tendre vers « une gouvernance commune mais différenciée » de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et vers l’abandon des « feuilles de route » imposées de l’extérieur ou des prétendues « meilleures pratiques ».  Il est impossible, selon lui, de favoriser l’appropriation de ces objectifs universels en allant contre le savoir, l’appréhension du monde et la logique des citoyens.  L’appropriation exigera « du temps, de la patience et de la planification », a prévenu la Conseillère « environnement » de la Finlande.  Elle exigera que l’on parte de la base et que l’on privilégie les approches participatives, dans le dialogue et la confiance.

Le secret d’une bonne appropriation locale et nationale réside dans la capacité de passer d’une approche gouvernementale à une approche sociétale, tenant compte du potentiel et des attentes de tous les acteurs de la société notamment les plus vulnérables, a précisé le Directeur de l’ONG « Development Cooperation and Advocacy ».  Écouter les gens et leur réalité, c’est écouter les villes », a plaidé le maire d’Istanbul et Président de l’Association des cités et gouvernements locaux unis (UCLG) pour qui les collectivités locales sont « des partenaires déterminants » de la mise en œuvre des ODD.  Les gouvernements centraux ne devraient en aucun cas avoir le monopole du développement durable, ce serait même « effrayant », a estimé le représentant de l’Union interparlementaire.   

Mettre le pilotage de la réalisation des ODD au sommet de l’État n’est pas une mauvaise chose, a pourtant estimé le Directeur de l’Unité des politiques de développement du Ministère français des affaires étrangères.  C’est ce qu’a fait la France, qui a placé le mécanisme de coordination interministérielle pour la réalisation des ODD au niveau des services du Premier Ministre.  Le pays n’a pas pourtant oublié les collectivités locales, bien au contraire.  La France a en effet opéré un rapprochement entre deux institutions très importantes, l’Agence de développement international et la Caisse des dépôts et consignations, chargée des investissements sur le long terme, avec les collectivités locales. 

Mais ces collectivités ont-ils les ressources nécessaires pour travailler? s’est demandé la Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie et du développement des Philippines (NEDA).  Ce qui est sûr, c’est que la réalisation des ODD exigera la mobilisation de ressources très importantes, a prévenu le Secrétaire technique de la Commission interinstitutionnelle de la Colombie pour la mise en œuvre du Programme 2030.  C’est un défi de taille pour un pays à revenu intermédiaire, qui cherche des solutions, y compris pour obtenir le rapatriement des fonds de l’évasion fiscale et gagner la lutte contre les fonds vautours. 

Du fait de la diminution de l’aide publique au développement (APD), un pays comme le Togo a de plus en plus recours à des ressources qui aggravent les risques d’endettement, a avoué l’un de ses ministres.  Les financements extérieurs imposent en effet des conditionnalités très restrictives qui augmentent le nombre « des laissés-pour-compte », a renchéri le représentant de la République démocratique du Congo (RDC), appelant à « dé-serrer » ces conditionnalités.  La Norvège, a promis le Chef de projet à la Section des Nations Unies du Ministère norvégien des affaires étrangères, continuera d’allouer au moins 0,7% de son PIB à l’APD, proportion actuellement atteinte par seulement six autres États dans le monde.  

Au-delà des ressources financières, il y a aussi le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation (STI) pour les ODD, un potentiel de nivellement qui permettra de « ne laisser personne sur le côté », mais aussi un grand potentiel de division et d’inégalités.  Après l’éducation, le secteur des STI est le principal facteur d’inégalités.  Il faut donc appliquer le principe de précaution dans le contexte du Programme 2030, a conseillé le Coprésident du Forum STI qui a présenté les conclusions de la réunion tenue le 6 et 7 juin dernier à New York.  Le représentant du Ministère français des affaires étrangères a annoncé la réunion à Paris au mois de décembre prochain de l’« Open Partnership government » qui permettra d’insister sur la nécessité d’une action transparente de la part des gouvernements et qui sera aussi l’occasion de mettre l’accent sur l’importance des données numériques pour le développement durable.

Le Forum politique de haut niveau, créé au Sommet Rio+20 pour remplacer la Commission du développement durable, poursuivra ses travaux demain jeudi 14 juillet à partir de 10 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: « Créer un sentiment d’appartenance au niveau national »

Présidé par M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) en sa qualité de Vice-Président de l’ECOSOC,  ce premier débat a été l’occasion de se pencher sur les moyens, possibilités voire nécessités de concilier la nature universelle des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 avec les spécificités nationales.  

Nous ne pourrons pas susciter et favoriser l’appropriation des objectifs universels de développement durable en disant aux gens d’oublier ce qu’ils croient savoir, ce qu’ils croient comprendre et ce qu’ils croient logique, a déclaré d’emblée M. LOUIS MEULEMAN, Associé principal de recherche à l’Université du Massachusetts et à l’Université de Wageningen (Pays-Bas).  Pour le professeur, il faut au contraire s’appuyer sur les valeurs et les traditions, ce qui revient à « une gouvernance commune mais différenciée » et à l’abandon des « feuilles de route » imposées de l’extérieur ou des prétendues « meilleures pratiques ».  Les gouvernements doivent utiliser les outils de gouvernance avérés et d’autres outils, car on ne peut ignorer ces derniers sous prétexte qu’ils ne sont pas « familiers ».  En l’occurrence, les partenariats et les outils commerciaux ne sauraient être oubliés. 

L’importance des partenariats, surtout avec la société civile, a aussi été soulignée par la Conseillère du Ministre de l’environnement de la Finlande et Coordonnatrice du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Elle a prévenu d’une difficulté, celle qui consisterait à mettre en œuvre le Programme 2030 avec des structures institutionnelles « cloisonnées » au mépris du caractère « interconnectés » des objectifs de développement durable.  Pour Mme ANNIKA LINDBLOM, l’appropriation de ces objectifs exigera « du temps, de la patience et de la planification ».  La capacité de changer la manière de faire les choses sera « capitale » ainsi que la volonté de modifier les moyens et mesures inefficaces.  L’appropriation exige que l’on parte de la base, que l’on privilégie les approches participatives, dans le dialogue et la confiance, car les gouvernements ne devraient pas avoir le monopole de la définition du développement durable.  Il serait en effet « effrayant », a estimé le représentant de l’Union interparlementaire (IPU) que l’on considère que la mise en œuvre des objectifs de développement durable relève exclusivement des ministères.  Peut-être pas, mais les choses dépendront tout de même de la volonté politique des gouvernements, a souligné M. YONGLONG LU, Professeur à l’Académie chinoise des sciences.  Il a appelé à la création d’un mécanisme d’examen par les pairs qui, sous les auspices des Nations Unies se réunirait tous les trois ou cinq ans, armé de données « harmonisées ».  Il faut en effet savoir ce que peuvent faire les Nations Unies pour favoriser l’appropriation nationale du Programme 2030, a commenté le représentant de l’Algérie

En Géorgie, a expliqué, M. IVANE SHAMUGIA, Chef du Groupe de coordination des donateurs de l’Administration du Gouvernement géorgien, le défi est d’éviter d’autres couches bureaucratiques dans « la nationalisation » des objectifs de développement durable, l’autre défi étant la collecte de données fiables.  L’espoir est permis puisque la Géorgie est un des rares États, a-t-il affirmé, qui a su sortir d’une mauvaise gouvernance et de la pauvreté pour lancer la dynamique d’un développement « plus fort ».  La question des couches bureaucratiques est également un défi au Botswana, a avoué sa représentante, l’autre défi étant de jeter un pont entre les institutions traditionnelles du développement et celles qui cherchent l’intégration des politiques en la matière.

Pour le Mexique, l’important est d’informer les gens du contenu du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour qu’ils puissent se l’approprier, a indiqué M. ADOLFO AYUSO, Directeur général adjoint du Service des affaires internationales du Cabinet du Président du Mexique.  L’appropriation est directement liée à la capacité de comprendre le nouveau cadre de développement et d’intégrer l’idée que ce nouveau cadre parle non seulement de droits mais aussi de devoirs.

Le secret d’une bonne appropriation locale et nationale réside dans la capacité de passer d’une approche gouvernementale à une approche sociétale, tenant compte du potentiel et des attentes de tous les acteurs de la société notamment les plus vulnérables, a précisé M. GOMER PADONG, Directeur de l’ONG « Development Cooperation and Advocacy » des Philippines et Représentant de la société civile auprès de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP).  Le principe fondamental du Programme 2030 consistant à « ne laisser personne sur le côté » est un engagement à renoncer aux « solutions rapides » et à toucher chaque individu, en particulier les gens les plus vulnérables et les plus marginalisés qui forment bien souvent la majorité de la population dans les pays en développement.  

Dans notre volonté de nous approprier le Programme 2030, nous avons prévu de revoir notre stratégie nationale de développement durable et d’adapter nos statistiques nationales, a indiqué le représentant de l’Italie en indiquant qu’une étude a été lancée cette année sur la question.  Il faut en effet mettre à jour les données statistiques pour englober tous les groupes « oubliés », a acquiescé la représentante du grand groupe des femmes.  Comment changer les mentalités et comment faire de la « gouvernance commune et différenciée » quand le Fonds monétaire international (FMI) nous demande de réduire le nombre de fonctionnaires? a demandé le représentant du Bénin.  Il est vrai, a confirmé son homologue du Sénégal, que bien souvent nos plans nationaux entrent en contradiction avec les exigences internationales.  Justement, a répondu le professeur à l’Académie chinoise des sciences, le Programme 2030 obligera les leaders et les citoyens à envisager le développement sur le long terme.  On ne peut pas comparer la Chine, les États-Unis et l’Europe car la Chine a ceci de spécifique qu’elle a « une philosophie » de développement durable sur le long terme.

Le représentant de la Malaisie s’est étonné de l’avis du professeur néerlandais sur la préservation des « tours d’ivoire ».  Les détruire ne veut pas dire s’affranchir de ses responsabilités.  Le professeur s'est en effet demandé pourquoi détruire les « tours d’ivoire » et « les cloisonnements mentaux » pour provoquer le changement?, avertissant du danger qu’il y a à passer outre les « frontières institutionnelles » et à imposer des « camisoles de force ».  Dans de nombreux pays, a-t-il répondu au représentant philippin, il est difficile d’obtenir une approche participative.  Le changement des mentalités est un « élément » essentiel du Programme 2030 mais il faut savoir que les objectifs de développement durable ne résoudront pas les luttes de pouvoir dans les pays.  La solution est peut-être d’intégrer les traditions et les cultures à la gouvernance moderne, a suggéré le représentant des Palaos, son homologue de l’Indonésie citant les efforts nationaux pour adapter la mise en œuvre du Programme 2030 aux réalités « sous-nationales ».  Les conséquences des grands projets d’infrastructure comme les barrages hydroélectriques, les oléoducs et autres sur l’existence même des populations locales ont été soulignées par le représentant du grand groupe des peuples autochtones

Table ronde 2: « Intégrer les objectifs de développement durable dans les politiques, plans et stratégies nationaux et incorporer les trois dimensions du développement durable »

Président de séance, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) Vice-Président de l’ECOSOC, a souligné le caractère « essentiel » d’une bonne intégration des objectifs de développement durable dans les politiques, plans et stratégies nationales.  Il s’agit donc ici de discuter comment les États ont commencé ce travail et quels mécanismes, outils de coordination et politiques, ils ont jugé utiles à cette fin.

On a déjà beaucoup parlé des interactions entre les objectifs de développement durable, des liens entre science et développement durable, maintenant il faut voir ce qui se fait aux niveaux national et infranational, a estimé M. NICK ISHMAEL PERKINS, Directeur de SciDev.net et modérateur de la séance, en rappelant que 22 États allaient bientôt présenter au Forum leur examens nationaux.

Justement, M. KOICHI AIBOSHI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a présenté les premières mesures prises par son pays pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Le long voyage ne fait que commencer et on ne sait pas trop où cela va nous mener, le Programme ayant beaucoup élargi les anciens Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le Japon, a expliqué M. Aiboschi, s’est doté d’un cadre national de mise en œuvre avec une plate-forme pour la coordination des différents ministères et agences concernés, présidée par le Premier Ministre.  Chaque ministère devra étudier les politiques qui peuvent contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.  De leur côté, les ONG ont créé un réseau de la société civile.  Le Gouvernement entend les consulter, ainsi que d’autres acteurs, comme le secteur privé et les universités.  Le Japon coopère en outre avec les Nations Unies et leur centre d’informations afin d’informer et sensibiliser sa population. 

Depuis le Sommet Rio+20, ce qui est devenu le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a correspondu à la transition entre le premier et le deuxième plan national de développement, a affirmé M. JOSEPH ENYIMU, Économiste au Ministère des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda.  Cela a permis de reprendre les objectifs de développement durable « de manière organique » dans le processus national de planification.  Le développement durable apparaît comme un mouvement perpétuel auquel les politiques doivent s’adapter en permanence pour équilibrer les forces en présence.  Dans ce contexte, la notion d’appropriation nationale signifie que les citoyens doivent se sentir au centre du processus, ce qui suppose une société civile locale vivante et une population alphabétisée capable de s’engager dans un dialogue social constructif et informé.  Le développement durable suppose de la patience pour développer le capital humain de manière cohérente. 

Si l’Ouganda a un bon système statistique, l’économiste a estimé que la communauté internationale pourrait contribuer à la standardisation de ces statistiques.  En conclusion, il a rappelé que le Programme 2030 n’est « pas un concours de beauté » mais la défense des intérêts.  Les citoyens ne s’intéressent pas trop aux institutions, ils veulent des résultats concrets, sans quoi ils perdraient tout intérêt, a-t-il estimé.

La difficulté que semblent éprouver de nombreux pays à mettre en œuvre des cadres institutionnels pour la réalisation des objectifs de développement durable est pourtant une des quatre difficultés identifiées par Mme WARDARINA, Agent de programme du Forum Asie-Pacifique sur les femmes, le droit et le développement et membre du grand groupe des femmes.  Elle a cependant dit avoir constaté des pratiques prometteuses lors de cette première année de mise en œuvre.  Elle a ainsi estimé que le Sri Lanka, qui va être le premier pays de la région à mettre en place un comité commun incluant la société civile, est un modèle de coordination gouvernementale.  Mme Wardarina a cité comme un des principaux obstacles, le financement mais aussi les restrictions imposées à la société civile, qui devrait au contraire pouvoir participer réellement et à tous les niveaux afin de rééquilibrer les pouvoirs.  Parmi les autres obstacles structurels, elle a mentionné la confiscation des terres ou encore le projet d’accord régional de libre échange en cours de négociation en Asie du Sud.  L’impact de ce futur accord sur la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle affirmé, n’a jamais été évalué, alors que des experts des Nations Unies ont mis en garde contre de probables conséquences négatives pour certains droits de l’homme, notamment les droits à la santé ou à la sécurité alimentaire.

M. IZZET ARI, Chef du Département, l’environnement et le développement durable au Ministère du développement de la Turquie, s’est quant à lui intéressé au rôle des plans nationaux de développement qu’il a présentés comme « des documents d’orientation essentiels ».  La Turquie a une longue expérience de planification du développement durable, entamée dès après le Sommet de Rio de 1992.  Il existe une véritable cohérence entre le plan national et les objectifs de développement durable, a affirmé M. Ari.  La Commission nationale turque du développement durable a déjà joué un rôle de coordination très important et ce rôle sera encore renforcé car elle sera chargée d’assurer la participation de toutes les parties prenantes, a poursuivi M. Ari, qui a également précisé que certaines entreprises privées avaient elles aussi déjà commencé à intégrer les objectifs de développement durable dans leurs plans stratégiques.  M. Ari a toutefois reconnu qu’il y a encore des difficultés à intégrer ces objectifs dans les processus de prise de décisions, du fait des cloisonnements et des goulets d’étranglement.  Pour lui, le succès dépendra des capacités de la société à tous les niveaux, ce qui suppose des approches interdisciplinaires, un haut niveau d’éducation et un investissement majeur dans la collecte et le traitement de données précises et ventilées.  Il est clair aussi qu’il faudra un partenariat intégré au niveau mondial pour fournir les ressources nécessaires aux États, a conclu M. Ari, pour qui les fonds et programmes des Nations Unies auront un rôle essentiel à jouer à cette fin.

L’évaluation de l’impact propose une méthodologie intéressante pour les trois composantes du développement durable, a estimé Mme EILI LEPIK, Conseillère sur les questions de développement durable à l’Unité de stratégie du Gouvernement de l’Estonie.  L’Estonie y a eu recours, avec encore des imperfections, mais cherche à améliorer ce type d’évaluation, a poursuivi Mme Lepik, qui a également mis l’accent sur la coopération et l’écoute des autres gouvernements ainsi que sur l’information des citoyens, qui doivent être consultés au stade le plus précoce de la prise de décisions.  En Estonie, cela se pratique grâce au « e-gouvernement ».  L’Estonie a ainsi mis en place une commission du développement, qui inclut des organismes gouvernementaux mais aussi les ONG, qui sont consultées au stade des avant-projets de décision.  Le travail est maintenant d’adapter cette structure au Programme 2030 et il est bon d’adapter et d’améliorer les mécanismes qui ont déjà fait leurs preuves plutôt que de chercher « à réinventer la roue ».

Mettre le pilotage de la réalisation des objectifs de développement durable au sommet de l’État est une bonne chose, a acquiescé M. OLIVIER BROCHENIN, Directeur de l’Unité des politiques de développement au Ministère des affaires étrangères et du développement international de la France.  C’est ce qu’a fait la France, qui a placé le mécanisme de coordination interministérielle pour la réalisation de ces objectifs au niveau des services du Premier Ministre.  La personne désignée à cette fin peut s’appuyer sur des mécanismes déjà existants, en particulier un réseau de hauts fonctionnaires mis en place dès 2004 pour traiter de questions environnementales, qui devra être adapté pour traiter aussi des deux autres dimensions du développement durable.  Il existe aussi des ministères particulièrement importants, comme le Ministère des finances ou encore celui des affaires étrangères.  La France s’appuie aussi sur des institutions prospectives, comme France-stratégie, qui réfléchit à de nouveaux indicateurs de richesses, dont certains sont tout à fait en accord avec ceux qui seront nécessaires pour les objectifs de développement durable. 

M. Brochenin a aussi insisté sur l’importance de la cohérence entre politique intérieure et politique internationale en ce qui touche à ces objectifs.  Le rapport volontaire que la France remettra la semaine prochaine traitera plus avant de cette question complexe et mettra en regard ce qui se fait en France et ce qui pourrait être fait par la France au niveau international, a-t-il expliqué.  Il a notamment précisé que la France avait opéré un rapprochement entre deux institutions très importantes, la Caisse des dépôts et consignations, chargée des investissements sur le long terme, avec les collectivités locales, et l’Agence de développement international.  Rappelant que l’universalité du Programme 2030 s’inscrit dans une dimension d’échanges, l’intervenant a estimé qu’il faut utiliser des mécanismes ad hoc, comme le Mécanisme de facilitation des technologies, adopté en même temps que le Programme 2030.  Il a enfin cité deux partenariats très importants: le partenariat mondial des données pour le développement durable, essentiel pour améliorer la qualité des données, et le « Open Partnership government », qui se réunira à Paris en décembre et permettra d’insister sur la nécessité d’une action transparente des gouvernements et qui sera aussi l’occasion de mettre l’accent sur l’importance des données numériques pour le développement durable.

Le secteur privé a lui aussi un rôle à jouer.  Mme STINE LISE HATTESTAD BRATSBERG, Présidente-Directrice générale de « PURE Consulting », société norvégienne d’experts-conseils, a mis l’accent sur le rôle des entreprises, auxquelles le Programme 2030 donne un nouveau cadre.  Elle a précisé que 80% des chefs d’entreprises interrogés pensent qu’il y a dans les objectifs de développement durable une occasion « unique » pour le développement durable et que 73% estiment que le monde des affaires peut mettre en place des indicateurs valables pour la réalisation de ces objectifs.  Mais les entrepreneurs auront aussi besoin d’incitations à l’échelle nationale, a ajouté Mme Bratsberg.  Pour elle, il faut les motiver pour qu’elles s’impliquent dans la réalisation des objectifs de développement, c’est dans l’intérêt du Programme 2030. 

Lors d’un bref débat, plusieurs représentants ont présenté les mesures prises par leur pays.  Ainsi, la Sri Lanka a lancé un système de convergence des 169 cibles des 17 objectifs de développement durable et a déjà fait de grands progrès dans la préparation d’un nouveau plan national de développement, qui fixera des cibles et indicateurs pour chacun des ministères concernés.  La Chine a adopté un plan de 30 ans aligné sur le Programme 2030, avec de nombreux indicateurs qui correspondent aux trois dimensions  -sociale, économique et environnementale- du développement durable.  Le Nigéria s’est doté des institutions nécessaires et a consulté le milieu universitaire pour définir les domaines dans lesquels la mise en œuvre des objectifs de développement durable serait la plus efficace.  Enfin, la représentante de l’Union européenne s’est félicitée de nombre de pays qui ont déjà pris des mesures au plan national, tout en précisant que l’Union compte y participer aussi en présentant un projet de cohérence entre les dimensions interne et externe du Programme.  Il existe un consensus dans toute l’Union sur les objectifs de développement durable et les grandes conférences internationales, comme celle de Paris sur le climat, devraient permettre de nourrir les discussions du Forum.

Table ronde 3: « Coopération verticale–Autorités locales et gouvernements nationaux travaillant de concert pour l’application du Programme 2030 »

Présidée par M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) en sa qualité Vice-Président de l’ECOSOC, cette troisième table ronde a insisté sur le rôle des collectivités locales, des villes et des gouvernements locaux, et dans ce contexte, la coopération entre les institutions locales et nationales a été présentée comme « décisive » pour stimuler l’appropriation locale du Programme 2030 et créer un environnement propice à sa réalisation.      

M. KADIR TOPBAŞ, Maire d’Istanbul et Président de l’Association des cités et gouvernements locaux unis (UCLG) a rappelé que les villes et les collectivités locales sont en première ligne car elles s’attaquent « quotidiennement » au développement durable.  « C’est nous qui faisons face tous les jours à la pauvreté et aux attentes des groupes vulnérables », a-t-il martelé, présentant les collectivités locales comme « des partenaires déterminants.  « Écouter les villes, c’est écouter les gens et leur réalité », a-t-il lancé au Forum.  Or, les politiques, nationales, régionales et internationales ne tiennent pas compte de leur impact sur les niveaux « sous-nationaux » où les gens vivent et subissent les défis mondiaux.  Pour l’orateur, l’évaluation de la mise en œuvre du Programme 2030 doit effectivement se pencher sur la contribution de chaque pays mais surtout sur les besoins spécifiques des villes et des régions, si l’on veut « ne laisser personne sur le côté ».  Il faut, a-t-il insisté, créer l’environnement nécessaire pour que les gouvernements locaux puissent jouer pleinement leur rôle. 

La « localisation » des ODD doit être vue comme un processus politique mais aussi comme un processus technique qui implique que le leadership local et son caractère « précieux » soient reconnus et qui encourage les leaders locaux à faire leur les ODD.  Les gouvernements locaux, a encore dit l’orateur, ont un mandat qui les rend comptables de leurs actes devant les administrés.  Il s’agit là d’un moteur puissant pour la réalisation des ODD.  La capacité de ces gouvernements à galvaniser le changement doit être dûment reconnue dans les rapports d’étape nationaux.  Ces rapports doivent bénéficier de la contribution des gouvernements locaux mais aussi des communautés de base, des ONG, des groupes de réflexion, des universités, des médias et autres. 

Qu’avons-nous appris de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et que pouvons-nous faire de mieux pour les objectifs de développement durable (ODD)? a demandé le modérateur, M. PETER WOLLAERT, Chargé de recherche à l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et Directeur du Centre international de formation des acteurs locaux (CIFAL).

Une des leçons fondamentales, a estimé Mme PATRÍCIA IGLECIAS, Secrétaire d’État à l’environnement de l’État de São Paulo, a été de reconnaître l’importance d’expliquer aux fonctionnaires que les ODD ne sont pas une nouveauté mais plutôt une perspective différente de ce qui a déjà été enclenché.  L’État de São Paulo réfléchit désormais à sa propre stratégie de développement durable.

Cela fait longtemps que la République de Corée est leader dans la création d’initiatives à partenaires multiples.  Cela a été le cas depuis Action 21, le Programme d’Action du Sommet de la Terre de 1992, a affirmé M. HYUK-SANG SOHN, Professeur à la « Kyung Hee University » et Président de l’Association coréenne de développement et coopération Internationaux (KAIDEC).  Aujourd’hui, le pays compte plus de 100 conseils du développement durable et beaucoup de localités ont mis en place leur propre plan d’action d’Action 21.  Toute directive du Gouvernement central est stratégiquement liée à la mise en œuvre locale.  Ce sera aussi le cas pour le Programme 2030.  L’engagement politique, au niveau national, est en effet « très important » pour la « localisation » des ODD.

En Allemagne, a indiqué M. STEPHAN CONTIUS, Chef de Division au Ministère allemand de l’environnement, de la protection de la nature et de la sureté nucléaire, les deux tiers des États fédéraux ont déjà leur propre stratégie de développement durable.

Mais les gouvernements locaux ont-ils les ressources nécessaires pour travailler? s’est demandé Mme ROSEMARIE G. EDILLON, Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie et du développement des Philippines (NEDA).  Elle a décelé une autre difficulté, celle de savoir avec précision qui sont « les laissés-pour-compte ».  Une autre difficulté tiendrait au fait que les gouvernements locaux doivent planifier un programme sur 15 ans, alors que leur mandat de trois ans leur impose une vision à court terme.     

La brièveté de certains mandats électifs est en effet un problème, a reconnu Mme PADDY TORSNEY, Observatrice permanente de l’Union interparlementaire auprès des Nations Unies.    

Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a dit que son pays a lancé sa stratégie de développement durable en 2014 après avoir reconnu que les autres stratégies ne sont pas parvenues aux objectifs attendus.  Il a souligné l’importance qu’il y a à maîtriser la croissance démographie et à collecter des données fiables.  Son homologue de la Suède s’est vanté de la coopération entre le Gouvernement central et les municipalités qui ont des compétences fortes.  Mon pays pourra faire des progrès déterminants en matière de santé maternelle et infantile s’il réussit à renforcer la coopération entre les collectivités locales, les ONG et les partenaires bilatéraux, a affirmé le représentant du Sénégal.  Le renforcement du statut de l’élu est aussi une dimension intéressante de renforcement de l’action locale, a-t-il ajouté. 

La représentante des personnes âgées a exhorté les États Membres à se pencher sur les moyens de promouvoir un bon vieillissement, celle des personnes handicapées a dit craindre que les autorités locales n’aient pas les moyens et les ressources de mettre en œuvre les objectifs relatifs aux personnes handicapées.  Justement, a argué la représentante du groupe des jeunes et des enfants, il faut leur donner les moyens.  Elle a exhorté le Forum à reconnaître la valeur des jeunes comme « agent du changement ».

Table ronde 4: « Défis en matière de mobilisation des moyens nécessaires pour la mise en œuvre au niveau national (financement, technologie et renforcement des capacités) »

La table ronde a commencé par une présentation faite par M. Macharia Kamau, coprésident du Forum pour la science, la technologie et l’innovation (Forum STI) qui s’est tenu le 6 et 7 juin dernier à New York.

M. Kamau a d’abord insisté sur l’importance de la science, de la technologie et de l’innovation (les STI) pour l’avenir des ODD, en rappelant combien les 150 dernières années de l’humanité avaient été marquées par les transformations opérées dans la vie de chacun par les STI.  Chacun peut donc comprendre combien le potentiel des STI est important.  C’est un potentiel de nivellement, qui permettra de « ne laisser personne sur le côté », mais c’est aussi un grand potentiel de division et d’inégalités.  Les STI représentent en fait après l’éducation le principal facteur d’inégalité.  Il faut donc s’en servir avec de grandes précautions dans le contexte du Programme 2030, a averti M. Kamau.

M. Kamau a ensuite présenté les résultats de la réunion du Forum, qu’il a jugée très dynamique et innovatrice, souhaitant que le Forum puisse se tenir chaque année.  Le Forum a défini un certain nombre de priorités pour la mise en œuvre des ODD, a-t-il expliqué.  Il a notamment rappelé que c’est dans le contexte social de chaque pays que les STI sont exploitées.  Il faut donc que l’environnement de chaque pays soit favorable à la science, la technologie et l’innovation: l’interface science-politique dont il a été question hier suppose un contexte social qui ne considère pas l’innovation et la science comme dangereuses ou peu souhaitables.  Les ODD sont extraordinairement ambitieux, a encore fait observer M. Kamau, pour qui il faudra d’énormes investissements dans les STI pour les atteindre.  Étant donné l’urgence des questions environnementales, le Forum doit être orienté vers l’action et chacune de ses sessions doit pouvoir partir des acquis des précédentes éditions.  Au fur et à mesure que nous progresserons, nous nous rendrons compte que certains pays, ou certains groupes au sein de pays, sont laissés pour compte et il faudra alors réfléchir sur les moyens dont les STI peuvent remédier à ces situations.

M. DAVID O’CONNOR, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a estimé que les États ont été eux-mêmes surpris par l’ambition des ODD.  Un an plus tard, nous allons dans la bonne direction, même s’il existe des poches de négligence.  M. O’Connor a rappelé que le Mécanisme pour la science, la technologie et l’innovation a été lancé en septembre et que c’est en un temps record qu’a pu être préparé le Forum des STI.  Il faut poursuivre en ce sens et multiplier les plans des États.  M. O’Connor s’est demandé si on n’était pas trop conservateur en matière d’innovation.  Il s’est aussi demandé comment lutter contre l’aspect diviseur des STI.

Modérateur du débat, M. MANUEL MONTES, Conseiller principal des finances et du développement au « South Centre », a expliqué le défi que représente, pour tous les États mais encore plus pour les pays en développement, la production de nouveaux produits industriels.  Que faire pour séduire et attirer le secteur privé dans un pays, afin que ce dernier puisse innover et contribuer à un développement durable? s’est-il interrogé.

Président de la « Fundação Oswaldo Cruz » et membre du Groupe des 10 experts pour l’appui au Mécanisme de facilitation des technologies, M. PAULO GADELHA a rappelé que le changement technologique ne produit pas toujours une forte croissance et peut au contraire avoir des effets néfastes dans certains domaines.  Au Brésil, le nombre des doctorats a augmenté de 90% en une décennie et celui des maitrises de plus de 280%, mais la progression des diplômes en matière d’innovation a été beaucoup plus faible, a poursuivi M. Gadelha, qui a mis l’accent sur le partage de l’information et la nécessité de véritables stratégies nationales d’innovation.

M. FELIPE CASTRO, Secrétaire technique de la Commission interinstitutionnelle de Colombie pour la mise en œuvre du Programme 2030, a expliqué que la mobilisation des ressources, notamment financières, pour réaliser les ODD était cruciale pour son pays, qui recherche à la fois des apports publics, privés et internationaux.  Ce qui est sûr, c’est que la réalisation des ODD exigera la mobilisation de ressources très importantes.  C’est un défi important pour un pays à revenu intermédiaire comme la Colombie, qui cherche des solutions, y compris pour obtenir le rapatriement des fonds de l’évasion fiscale et gagner la lutte contre les fonds vautours.  À cet égard, la communauté internationale a un rôle à jouer, en particulier pour éviter la concurrence fiscale entre États.  Un autre défi vient de l’approfondissement de l’écart entre pays en matière de connaissances scientifiques.  La Colombie plaide pour un partage des savoirs à un coût équitable.  Dans ce domaine, les partenariats dans le cadre de la coopération Sud-Sud peuvent jouer un rôle important.  Enfin, le fossé n’existe pas seulement entre pays, mais aussi au sein même des pays.  La Colombie, qui vient de signer un accord de paix historique après des décennies de conflits, cherche à utiliser des ressources technologiques pour améliorer l’exploitation de terres restées inutilisées pendant le conflit.

M. MAWUSSI DJOSSOU SEMONDJI, Ministre-expert auprès de la présidence du Togo, a rappelé que plusieurs pays en développement dépendent encore fortement du financement extérieur, avant d’expliquer l’innovation institutionnelle qu’avait représenté pour son pays la création de l’Office togolais des recettes, une fusion des régies des douanes et des impôts, a permis, avec un contrat de performance, d’améliorer la collecte des recettes, passées de 14-16% du PIB à plus de 20,2% en trois ans.  Il faudra toutefois aller plus loin pour définir une fiscalité innovante en faveur des ODD, a-t-il reconnu.  Actuellement, du fait de la diminution de l’aide publique au développement, le pays a de plus en plus recours à des ressources qui augmentent les risques d’endettement, mais il exploite aussi de plus en plus les partenariats public/privé pour les infrastructures.  Le défi à relever est alors celui des capacités juridiques, afin de conclure des contrats équitables tout en améliorant le climat des affaires pour les investisseurs, a aussi noté le Ministre. 

M. Semondji a également expliqué comment son pays utilise la technologie pour améliorer la productivité des plus vulnérables, par exemple en améliorant les semences pour les agriculteurs ou en utilisant les technologies de l’information et des communications pour la communication de l’administration avec les localités reculées, dans le cadre de projets dits E-village et E-gouvernement.  Toutefois, a-t-il reconnu, le Togo est encore loin de mettre en œuvre des programmes de recherche dignes de ce nom.  Enfin le Ministre a précisé que tous les pays qui ont traversé des conflits ou des crises, comme le Togo, ont besoin de temps pour améliorer leurs capacités de conception et de mise en œuvre des politiques de développement.  Le pays compte sur l’appui des agences et départements des Nations Unies mais le défi vient ici du fait que c’est sur le secteur privé qu’est fondée l’accélération de la croissance.  Il faudra donc à l’avenir se concentrer sur les capacités entrepreneuriales, a-t-il constaté.

Dans la même ligne, le représentant de la République démocratique du Congo a fait observer que les pays en développement n’avaient pas suffisamment d’épargne et devaient recourir à des financements extérieurs qui imposent des conditionnalités très restrictives augmentant le nombre « des laissés-pour-compte ».  Il faudra donc réfléchir aux moyens de « dé-serrer » ces conditionnalités.

M. PAUL GULLEIK LARSEN, Chef de projet à la Section des Nations Unies du Ministère des affaires étrangères de la Norvège, s’est concentré sur l’APD, qui continue de jouer un rôle important.  La responsabilité première de la mise en œuvre du Programme 2030 incombe certes aux États mais la communauté internationale doit aussi se montrer à la hauteur de l’enjeu et manifester de la solidarité, notamment envers les pays les moins avancés, les petits États insulaires et les populations les plus vulnérables.   C’est pourquoi la Norvège continuera d’allouer au moins 0,7% de son PIB à l’APD, proportion actuellement atteinte par seulement six autres États dans le monde.  Les Nations Unies peuvent continuer d’être une plate-forme essentielle pour le plaidoyer et la mobilisation de partenariats, a estimé M. Larsen.

Le représentant de l’Afrique du Sud a rappelé que le développement durable dépendait d’une transformation structurelle des économies.  L’Afrique devra mobiliser d’énormes ressources, ce qui implique un climat propice au développement et une mobilisation des ressources tant nationales qu’internationales.  L’Afrique du Sud se réjouit donc de la déclaration de la Norvège sur l’APD et de celle de la Colombie sur la nécessité de lutter contre l’évasion des capitaux.  Le représentant de la Chine a rappelé que son pays avait déjà intégré les ODD dans sa planification nationale, y compris dans les STI, domaine pour lequel le nouveau plan quinquennal accorde diverses priorités, par exemple pour la construction de logements verts.  Il a également rappelé que le pays avait développé des zones de démonstration, qui présentent des expériences reproductibles ailleurs.  Il a aussi mis l’accent sur la formation de millier de chercheurs étrangers en Chine et a plaidé pour le partage de la science et de la technologie au plan mondial.

Son homologue de l’Estonie a suggéré de choisir les investissements dans les ODD selon des méthodes de spécialisation intelligente.  En coopération avec les centres de recherche et les universités, le Gouvernement estonien incite ainsi le secteur privé à investir dans certains secteurs comme les cybersolutions.  De même, le « e-gouvernement » a permis d’importants progrès et l’Estonie est prête à partager son expérience en ce domaine.  Le représentant de la République de Corée a dit attacher la plus grande importance à l’innovation et à la science, ayant débloqué 200 milliards de dollars entre 2016 et 2020 pour l’éducation aux STI.

Le représentant du grand groupe des travailleurs et des syndicats a noté la croissance des inégalités dans le monde, entre pays et au sein des pays.  S’il s’est dit conscient de la nécessité d’une double mutation, l’une pour sortir de l’économie carbone et l’autre en direction de l’économie numérique, il a regretté que le dialogue social n’ait été pas reconnu dans le Programme 2030, alors qu’il faut responsabiliser le secteur privé pour garantir un travail décent pour tous et œuvrer à la dimension sociale du développement durable.   

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