En cours au Siège de l'ONU

7737e séance – matin
CS/12445

M. Hervé Ladsous demande au Conseil de sécurité de réexaminer d’urgence l’embargo sur les armes au Soudan du Sud afin de protéger l’accord de paix

La menace d’imposer un embargo n’a visiblement pas dissuadé les parties à reprendre les armes, comme en témoignent les affrontements survenus à Juba les 7 et 8 juillet entre les soldats de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et ceux de l’APLS dans l’opposition, ainsi que les attaques distinctes commises à Juba le 7 juillet contre des membres du personnel et des sites de l’ONU, a fait remarquer, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix devant le Conseil de sécurité.  Au cours de son exposé, M. Hervé Ladsous a demandé au Conseil de réexaminer d’urgence l’embargo sur les armes au Soudan du Sud, afin de protéger l’Accord de paix et de contenir les hostilités qui ont éclaté à Juba, la capitale sud-soudanaise, à la veille du cinquième anniversaire de l’indépendance du pays.

Des sanctions ciblées doivent être prises immédiatement, a-t-il précisé, à l’encontre des dirigeants et les chefs militaires bloquant la mise en œuvre de l’Accord de paix.  

Les violences de ces derniers jours ont causé la mort de 272 personnes, dont 33 civils, 2 Casques bleus et un employé local de l’ONU, ainsi que des dommages aux bâtiments des Nations Unies, a déploré M. Ladsous, en prévenant que toute attaque délibérée contre les forces onusiennes, son personnel et ses installations pourrait constituer un crime de guerre.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a rappelé que la présente réunion du Conseil de sécurité devait initialement servir à l’examen du rapport du Secrétaire général sur le pays.  Il a estimé que dans les conditions actuelles, la recommandation du Secrétaire général pour un renouvellement technique du mandat de la Mission des Nations Unies en République du Soudan du Sud (MINUSS) restait valide et nécessaire.  Ce renouvellement technique du mandat serait limité à un mois, à compter de la fin juillet, afin de de permettre au Secrétariat de procéder à un examen rapide de la situation, de consulter les acteurs régionaux, notamment l’Union africaine, et de présenter des recommandations au Conseil de sécurité.

Au cas où le Conseil approuverait le renforcement de la Mission, notamment par une augmentation des effectifs militaires et des moyens plus robustes comme l’utilisation d’hélicoptères d’attaques et de drones, pour lui permettre d’assurer la protection des civils, a souligné M. Ladsous, il serait alors impératif que ces mesures s’inscrivent dans la mise en œuvre du même mandat et obéissent à la même chaîne de commandement.

M. Ladsous a indiqué que le Conseil des ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) avait tenu une réunion d’urgence le 11 juillet à Nairobi, au Kenya, à l’issue de laquelle il avait publié un communiqué demandant une révision du mandat de la MINUSS, qui prévoit de déployer une brigade d’intervention rapide et d’augmenter les effectifs militaires fournis par les pays de la région pour assurer la sécurité à Juba.  Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui s’est réuni hier à Kigali, au Rwanda, a entériné le communiqué de l’IGAD.

Il a par ailleurs relevé que le Vice-Ministre des affaires étrangères, M. Cirino Hiteng, avait été congédié hier par le Président du Soudan du Sud, en raison, semble-t-il, de sa participation à la réunion de l’IGAD.  M. Ladsous a rappelé que le Vice-Ministre avait été désigné par le parti des anciens détenus, conformément à l’Accord de paix, et que la décision du Président Salva Kiir constituait une violation de l’Accord.

Présentant la situation qui prévaut actuellement sur le terrain, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a indiqué qu’un cessez-le-feu unilatéral avait été décrété le 11 juillet par le Président du Soudan du Sud, et soutenu par le Vice-Président, M. Riek Machar.  Le cessez-le-feu, a-t-il dit, est respecté à Juba.

Profitant de ce calme relatif depuis deux jours, la MINUSS a conduit des patrouilles afin d’évaluer la situation de son personnel et de ses installations dans la ville.  Ces déplacements restent tout de même restreints du fait de la forte présence des forces de sécurité.  Il a appelé le Gouvernement sud-soudanais à faciliter l’accès du personnel de la Mission et des travailleurs humanitaires afin qu’ils puissent assister la population civile, en particulier les quelque 36 000 personnes qui ont fui les combats à Juba.

Des affrontements ont eu lieu le 11 juillet dans les localités telles que Laiyna, Kajo-Keiji, Yei et Mundri dans la province de l’Équatoria central et à Torit dans l’Équatoria oriental, a rappelé M. Ladsous.  Il a indiqué que les sites de cantonnement du SPLA dans l’opposition dans la partie ouest du Mont Jebel avaient été abandonnés, et que cela laissait présager de nouveaux combats entre les différents belligérants.  La situation est cependant restée calme dans la province du Haut-Nil, même si la Mission y a observé la mobilisation de combattants du SPLA et du SPLA dans l’opposition.

Le représentant du Soudan du Sud, M. Akuei Bona Malwal, a tout d’abord présenté ses condoléances pour la mort des Casques bleus au cours des tragiques événements à Juba.  Il a ensuite réaffirmé l’engagement du Gouvernement provisoire d’union nationale d’appliquer pleinement l’Accord pour la résolution du conflit au Soudan du Sud signé en août dernier.  Après avoir rappelé le contexte des évènements malheureux de Juba des 7 et 8 juillet derniers, il a souligné que c’est à cause d’une information erronée, publiée par un porte-parole de M. Machar, que les hommes qui lui sont fidèles avaient déclenché les hostilités.

Le représentant sud-soudanais a tenu à préciser que le Gouvernement provisoire d’union nationale était le seul mécanisme viable de mise en œuvre de l’Accord et appelé le Conseil de sécurité à travailler avec lui afin d’instaurer la paix et la sécurité dans le pays.

 

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