Désarmement et sécurité internationale: les tensions régionales s’invitent au débat général de la Première Commission
La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi, ce matin, son débat général sur tous les points à son ordre du jour, en faisant une large place à la crise ukrainienne, à la situation dans la péninsule coréenne et aux tensions au Moyen-Orient.
Interpellant son homologue russe, le représentant de l’Ukraine, M. Serhiy Shutenko, a déclaré que son pays était toujours la victime d’une « agression et d’une occupation » constituant une violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Il a indiqué que la Russie avait saisi les installations nucléaires ukrainiennes situées en Crimée et accusé « l’État agresseur » de s’arroger le droit de déployer des ogives nucléaires et leurs vecteurs sur le territoire de la péninsule, recréant ainsi un « contexte de guerre froide ». Pour M. Shutenko, la décision russe de suspendre le programme américano-russe d’élimination des surplus de plutonium « indique la volonté de Moscou de se lancer dans une course aux armements ». Le représentant a par ailleurs estimé que l’agression russe avait créé les conditions propices à la perpétration d’actes terroristes d’une ampleur potentiellement inédite, des militants pouvant mettre la main sur des matières radioactives ou chimiques dans les zones les plus volatiles de Donetsk et de Louhansk.
« Dans ces circonstances particulièrement difficiles, l’Ukraine s’efforce de réduire les dangers de sabotage terroriste visant les centrales nucléaires et autres infrastructures à haut risque », a-t-il précisé, ajoutant que son gouvernement appuyait les documents finaux découlant des Sommets sur la sécurité nucléaire qui se sont tenus entre 2010 et 2016.
Pour sa part, le représentant de la Fédération de Russie, M. Alexander Deyneko, a qualifié de « mensonges » les propos du représentant ukrainien, affirmant que l’Ukraine voit la main de Moscou partout, et invitant instamment son homologue ukrainien « à reconnaître la responsabilité de ce pays dans ce qui se passe dans la région ». « La Russie est une nation souveraine qui a l’obligation de maintenir la paix et la sécurité sur son territoire », a clamé M. Deyneko.
De son côté, le représentant de la République de Corée, M. Oh Joon, a vivement condamné les essais nucléaires effectués en 2016 par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le lancement par ce pays de missiles balistiques. En outre, il s’est inquiété des intentions de la RPDC de procéder à des frappes préventives, appelant les autorités de ce pays à mettre fin à leurs provocations irresponsables « qui sapent les fondations du régime multilatéral de non-prolifération ». La communauté internationale et la RPDC doivent travailler ensemble à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de ce pays, a-t-il souligné. M. Oh a ainsi demandé au Conseil de sécurité d’adopter un nouveau régime de sanctions « robustes et efficaces » visant la RPDC.
Réagissant à cette déclaration, le représentant de la RPDC a qualifié de « détournement de la réalité » les déclarations de M. Oh, imputant la situation « explosive » dans la péninsule coréenne au comportement de la République de Corée et des États-Unis. Il a accusé directement ces derniers de vouloir à terme, par la militarisation accrue de la région et une politique hostile envers son pays depuis 50 ans, « décapiter le régime nord-coréen et envahir Pyongyang ».
Les États-Unis ont rejeté les propos « délirants » de la RPDC, un État qui, à leur avis, « continue de violer les résolutions du Conseil de sécurité ». « Pour redevenir un interlocuteur crédible, la Corée du Nord n’aura d’autre choix que de remplir ses obligations internationales », a affirmé M. Wood.
D’autre part, un échange très vif a opposé les représentants des Émirats arabes unis (EAU) et de l’Iran. La représentante des Émirats arabes unis, Mme Lana Nusseineh, a exprimé la préoccupation de son pays face aux activités nucléaires et au programme de missiles balistiques iraniens, et déploré que l’Iran continue de menacer la sécurité régionale « en armant des milices, en soutenant le terrorisme et en tenant un discours agressif ».
Le représentant iranien, M. Robatjazi, a pour sa part affirmé que son pays était à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme international, notamment contre Daech et le Front el-Nosra. Il a précisément accusé les Émirats arabes unis de soutenir le terrorisme en Syrie et d’être l’un des principaux bailleurs de fonds de ces groupes terroristes. Le délégué iranien a également condamné « les agressions perpétrées par les Émirats arabes unis au Yémen depuis un an ». À cet égard, il a appelé les pays exportateurs d’armes à cesser d’en vendre à ce pays.
La Première Commission poursuivra son débat général, lundi 10 octobre, à 15 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Déclarations
M. HENK-COR VAN DER KWAST (Pays-Bas) a expliqué que son pays avait activement participé à la préparation du Document final de la huitième Conférence d’examen de la Convention sur les armes chimiques et biologiques, qui se tiendra plus tard cette année. Il a précisé que ce document reflétait les derniers développements scientifiques, ainsi que les nouvelles menaces à la sécurité internationale. La portée et l’efficacité de la Convention doivent être renforcées aujourd’hui plus que jamais, a-t-il estimé. Le représentant a également évoqué la présidence néerlandaise de la Convention sur les armes à sous-munitions, en soulignant que les efforts avaient porté en 2015 sur l’accélération de l’universalisation de cet instrument et la promotion de nouvelles normes juridiques de non-utilisation de ces armes. En 2030, toutes les parties à la Convention devront avoir rempli leurs obligations, a-t-il rappelé. D’autre part, le représentant a exhorté tous les États Membres et observateurs permanents des Nations Unies à honorer leurs contributions pour permettre la tenue de la Quinzième Réunion des États parties à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel. Il a assuré que son pays contribuerait au fonds de contribution volontaire du Traité sur le commerce des armes récemment établi.
M. JUAN CAMILO DIAZ REINA (Colombie) a indiqué que son pays progressait vers l’élimination complète des mines antipersonnel et des restes de guerre non explosés, dans le cadre de la Convention d’Ottawa, précisant que le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) s’étaient engagés ensemble à créer, dans les parties du territoire encore contaminé, des zones déminées dans les années à avenir. Sur le Traité sur le commerce des armes, il a indiqué que son gouvernement et le Parlement travaillaient actuellement à l’adaptation du cadre national législatif aux obligations du Traité. M. Diaz a également souligné le rôle actif que son pays tient dans la lutte contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre : « Aux côtés du Japon et de l’Afrique du Sud, nous portons assistance aux pays qui en font la demande dans le domaine du renforcement des capacités nécessaires à la mise en œuvre du Programme d’action de l’ONU sur les ALPC », a-t-il fait savoir. Par ailleurs, le représentant a souligné la nécessité que soit pleinement mise en œuvre la résolution 1540 du Conseil de sécurité en vue d’éviter que des acteurs non-étatiques mal intentionnés ne produisent ou ne s’emparent d’armes de destruction massive.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) s’est dit préoccupé par la rhétorique actuelle concernant l’utilisation potentielle d’armes nucléaires dans sa région. Tout en se disant conscient que cette menace n’était pour l’heure que théorique, il a plaidé en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires.
M. Momen a toutefois regretté l’inefficacité des mécanismes des Nations Unies chargés de la question du désarmement nucléaire et a fait part de la frustration de sa délégation sur cette question.
Le délégué a ainsi déploré la multiplication de groupes d’États militants, au sein des instances onusiennes, en faveur d’une remise en cause du principe de non-prolifération des armes nucléaires. Rejetant ces tentatives, il a appelé à un « désarmement universel non discriminatoire et vérifiable » et s’est prononcé, à cette fin, en faveur de la création d’un instrument international juridiquement contraignant visant l’interdiction totale des armes nucléaires.
M. Momen s’est par ailleurs dit préoccupé par l’utilisation d’armes chimiques au Moyen-Orient et les violations flagrantes du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) dans la région Asie-Pacifique. Il a également mis en garde contre la possibilité que des groupes terroristes prennent appui sur les dernières avancées technologiques pour mettre la main sur des armes de destruction massive.
Tout en renouvelant l’engagement ferme de son pays en faveur du désarmement mondial, le délégué a indiqué que son pays envisageait à l’heure actuelle de ratifier le Traité sur le commerce des armes.
M. SERHIY SHUTENKO (Ukraine) est revenu sur « l’agression et l’occupation subies par son pays, en violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, assurant qu’en dépit des circonstances l’Ukraine continue d’œuvrer au désarmement nucléaire et à la non-prolifération. Il a indiqué que la Russie avait saisi les installations nucléaires ukrainiennes situées en Crimée, cependant que « l’État agresseur s’arroge le droit de déployer des ogives nucléaires et leurs vecteurs sur le territoire de la péninsule, recréant ainsi le contexte de la Guerre froide ». Il a en outre estimé que la décision russe de suspendre son programme d’élimination des surplus de plutonium indiquait clairement la volonté de Moscou de se lancer dans une véritable course aux armements. Le représentant a également noté que l’agression russe avait créé les conditions propices à la perpétration d’actes terroristes d’une ampleur potentiellement terrifiante, des militants pouvant mettre la main sur des matières radioactives ou chimiques dans les régions de Donetsk et de Louhansk. Il a assuré que, dans ces circonstances difficiles, l’Ukraine s’efforçait de réduire les risques de sabotage terroriste de centrales nucléaires et d’autres infrastructures à haut risque et qu’elle appuyait les différents documents finaux découlant des Sommets sur la sécurité nucléaire qui se sont tenus entre 2010 et 2016. Par ailleurs, le représentant a déclaré que les forces russes continuaient de transférer des quantités considérables d’équipements militaires à travers le territoire ukrainien, y compris des armes, des munitions, des chars ou encore des systèmes de défense antiaérienne. Il a affirmé qu’en dépit des défis à sa sécurité et de la guerre « hybride » menée contre son pays, son gouvernement respectait pleinement ses obligations au titre des principaux traités de désarmement multilatéraux auxquels l’Ukraine est activement partie.
M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a souligné qu’une relation indivisible unissait la paix et la sécurité qui se renforçaient mutuellement, rappelant que l’Agenda 2030 proposait une approche multidimensionnelle pour mettre un terme aux causes de l’instabilité et de l’insécurité qui affectent les États. Le représentant a exprimé son soutien au rapport du Secrétaire général intitulé « Relation entre le désarmement et le développement » et souligné que son pays avait participé activement au travail inclusif du Groupe à composition non limitée et soutenait la tenue d’une conférence de l’Assemblée générale en 2017 pour ouvrir des négociations sur l’interdiction des armes nucléaires, en vue de leur élimination totale. Sur la question des armes classiques, la Jamaïque a salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes et indiqué son soutien à la création d’un dispositif robuste de mise en application efficace. Le représentant enfin a indiqué que le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action pour prévenir, combattre et éradiquer le trafic illicite des armes légères et de petit calibre étaient des outils complémentaires pour combattre ces armes illégales.
Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a indiqué que la promotion du désarment nucléaire relevait de la plus haute importance pour les membres de la CELAC. À ce titre, le délégué a exprimé sa désapprobation face aux tentatives de certains États visant à moderniser ou améliorer leur arsenal nucléaire existant, au mépris de leur obligation de désarmer. Il a rejeté l’idée avancée par certains États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), selon laquelle la conservation et l’entretien de leur arsenal nucléaire étaient compatibles avec le TNP.
Le délégué a indiqué que la CELAC soutenait la proposition du Groupe de travail à composition non limitée de créer un instrument international juridiquement contraignant visant à interdire et éliminer les armes nucléaires. Il a, en outre, appelé les États signataires du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à ratifier cet instrument dans les plus brefs délais afin qu’il puisse rentrer en vigueur. D’ici là, a-t-il insisté, les États doivent s’abstenir de procéder à des essais nucléaires.
Le délégué a par ailleurs appelé à davantage de coopération entre Etats dans la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, notamment afin d’améliorer le marquage et la traçabilité de ces armes. Tout en appelant également à prendre davantage en compte les nouvelles technologies dans la lutte contre le commerce illégal des armes légères et de petit calibre, il a déploré la gestion inadaptée de leurs stocks par certains pays, phénomène qui contribue à augmenter, selon lui, les risques de détournement de ces armes à des fins illicites.
Tout en reconnaissant le rôle central du Traité sur le commerce des armes pour répondre efficacement aux conséquences néfastes de leur commerce illicite, le représentant de la CELAC a appelé à ce que ce Traité soit mis en œuvre de façon transparente, objective et respectueuse de la souveraineté des États.
Le délégué a par ailleurs salué la ratification par la Colombie de la Convention sur les armes à sous-munitions, le dépôt par Cuba de cet instrument en avril dernier et l’instauration d’une zone sans armes à sous-munitions en Amérique centrale, en septembre 2014.
M. LEWIS G. BROWN (Libéria) a partagé l’idée que les zones exemptes d’armes nucléaires étaient indispensables au renforcement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), réaffirmant l’importance que son pays accorde au Traité de Pelindaba ayant fait de l’Afrique une zone dénucléarisée. Sur le Traité sur le commerce des armes, M. Brown a jugé que la pleine application de cet instrument aiderait les États à mieux lutter contre l’acquisition illicite d’armes légères et de petit calibre (ALPC) et d’autres armes classiques. Il a également indiqué que son gouvernement, en collaboration avec les autres États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), s’efforçait de renforcer la sécurité de ses frontières afin d’endiguer le trafic illicite d’armes dans ces régions. Le représentant a précisé à ce sujet qu’en 2015, son gouvernement avait adopté une loi sur le contrôle des armes à feu et des munitions et que, depuis le 9 septembre 2016, toutes les personnes déposant leurs armes de poing dans le cadre du programme conjoint de désarmement de la CEDEAO et de l’Union européenne sont amnistiées.
M. OH JOON (République de Corée) a condamné dans les termes les plus fermes les essais effectués, en 2016, par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le lancement par ce pays de missiles balistiques, « autant de défis », selon lui, « à la communauté internationale ». Il s’est dit préoccupé par les intentions affichées par la RPDC de procéder à terme à des frappes préventives, appelant les autorités de ce pays à mettre fin à leurs provocations irresponsables qui risquent de saper dangereusement les fondations mêmes du régime multilatéral de non-prolifération. La communauté internationale et la RPDC doivent travailler ensemble à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de ce pays, a-t-il souligné. M. Oh a demandé au Conseil de sécurité d’adopter un nouveau régime de sanctions robustes et efficaces visant la RPDC. Par ailleurs, le représentant a plaidé en faveur d’un désarmement nucléaire par étapes, conformément à l’Article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Un nouvel instrument juridique n’est pas utile, a-t-il estimé, ajoutant que la priorité devait porter sur l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le démarrage de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires. Il a indiqué que son pays continuerait, en 2017, de soutenir activement la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur les armes de destruction massive pour contribuer à empêcher que des terroristes ne fabriquent ou ne s’emparent de telles armes.
Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a affirmé que les armes nucléaires représentaient une menace existentielle pour l’humanité. « C’est la seule arme de destruction massive à n’avoir toujours pas été interdite par le droit international », a-t-elle déploré, appelant à la prise de mesures concrètes pour négocier un instrument juridiquement contraignant visant à interdite purement et simplement les armes nucléaires.
« L’élimination totale des armes nucléaires reste la seule solution acceptable contre l’utilisation de ces armes », a-t-elle insisté. Mme Guadey a toutefois estimé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) devait rester la « pierre angulaire du régime international de non-prolifération nucléaire.
La représentante de l’Éthiopie a par ailleurs regretté que 20 ans après la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), celui-ci ne soit toujours par entré en vigueur. Elle a par conséquent appelé les Etats mentionnés dans l’annexe 2 du Traité, qui doivent impérativement le ratifier pour qu’il entre en vigueur, à le faire.
Mme Guadey a par ailleurs mentionné la menace que représente l’utilisation des armes légères et de petit calibre pour les États africains. Elle a salué le rôle de l’ONU pour enrayer le commerce illégal de ces armes, notamment au travers du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.
M. JOHN KHOO (Singapour) a rappelé que son pays soutenait les trois piliers du Traité de non-prolifération (TNP) et estimé que les progrès en matière de désarmement et de non-prolifération se renforçaient mutuellement et permettaient de favoriser la paix internationale et la sécurité. Le représentant a souligné que le désarmement était d’autant plus indispensable de nos jours que le risque de prolifération nucléaire était renforcé par la menace de terrorisme et d’activités illégales émanant d’acteurs non-étatiques. Le représentant a salué le rapport du Groupe de travail à composition non-limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire et a exprimé le soutien de son pays à la recommandation en faveur d’un instrument juridique contraignant interdisant les armes nucléaires. Singapour souhaite en outre l’universalisation du TICE, la négociation d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, et l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires à travers un dialogue sincère et constructif incluant toutes les parties concernées, a-t-il ajouté. Le représentant a par ailleurs appelé la République populaire démocratique de Corée à cesser ses actions de provocation et à respecter ses obligations internationales.
M. GYÖRGY MOLNAR (Hongrie) a noté que le rapport du Groupe de travail à composition limitée chargé de promouvoir les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire faisait référence à un certain nombre de mesures concrètes et pratiques pour aller vers un monde exempt d’armes nucléaires et de destruction massive, mais a regretté que les recommandations de ce même texte éludent complètement de telles mesures. Le représentant a en outre déploré que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas encore entré en vigueur, indiquant que les deux derniers essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée démontraient l’urgence de la mise en œuvre de ce texte. Sur la question des armes classiques, le représentant a souligné que son pays a été l’un des premiers États signataires du Traité sur le commerce des armes et s’est félicité que le texte soit pleinement opérationnel après les décisions prises en août dernier. Saluant l’universalisation croissante du traité, le représentant a néanmoins insisté sur la nécessité de pouvoir atteindre les principaux exportateurs d’armement, de façon que cet instrument juridique puisse marquer une étape importante dans la régulation du commerce international d’armes conventionnelles.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a affirmé que son pays continuait d’être préoccupé par les activités nucléaires de la République islamique d’Iran et par le développement de son programme de missiles balistiques. Nous soulignons la nécessité pour l’Iran de coopérer pleinement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), conformément à l’Accord préliminaire de Genève sur le programme nucléaire iranien, a-t-elle indiqué. La représentante a déploré que l’Iran continue de menacer la sécurité régionale en armant des milices, en soutenant le terrorisme et en tenant un discours agressifs. Elle a appelé les autorités de ce pays à remplir leurs obligations internationales au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Par ailleurs, elle a réitéré l’importance que son pays attachait à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Israël, seul pays de la région à ne pas l’avoir fait, devrait, à cette fin, adhérer au TNP, a-t-elle déclaré.
M. DAHAB FADUL (Soudan) a rappelé que son pays avait été l’un des premiers à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Il a également rappelé que Khartoum avait accueilli, en 2004, la première Conférence institutionnelle africaine sur l’interdiction des armes chimiques, qui s’est traduite par l’engagement des participants à établir une zone exempte d’armes chimiques en Afrique. Le représentant a ainsi réaffirmé son engagement à respecter intégralement la Convention sur les armes chimiques.
Le délégué soudanais a par ailleurs souligné que son pays souffrait du commerce illicite des armes légères et de petit calibre. « La possession d’armes est devenue une partie intégrante du comportement de certaines communautés qui cherchent ainsi à prouver leur puissance », a-t-il déploré. Il a ajouté que la menace que font peser les changements climatiques sur les moyens de subsistance de son pays contribuait à aggraver ce phénomène, dans la mesure où les armes sont devenues un instrument de contrôle stratégique de ces moyens de subsistance.
Le représentant a par ailleurs ajouté que la prolifération de ces armes contribuait à la criminalité transfrontalière, au terrorisme et au trafic de drogues. Il a insisté sur les efforts de son pays pour mettre en œuvre au plan national le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. « Des bureaux ont été créés pour combattre la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre dans plusieurs provinces du Soudan », a-t-il précisé, ajoutant que son gouvernement avait également lancé des campagnes de sensibilisation à ce problème et renforcé le contrôle de ses frontières.
Le délégué a par ailleurs appelé Israël à adhérer au TNP pour renforcer la sécurité internationale. Il a enfin appelé l’ONU à soutenir davantage la capacité des pays en développement à lutter contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, « au lieu de se borner simplement à déployer des groupes d’experts sur le terrain comme c’est le cas à l’heure actuelle ».
Mme HELENA NOLAN (Irlande) a insisté sur les conséquences humanitaires et environnementales d’une explosion nucléaire, accidentelle ou intentionnelle. Elle a ajouté que l’Irlande, consciente de ces risques, faisait partie, aux côtés de près de 130 États Membres, de l’initiative appelée Engagement humanitaire. Cette année encore, informés de nouvelles publications scientifiques particulièrement alarmistes, nous présenterons, avec l’Autriche, le Mexique et l’Afrique du Sud, des résolutions sur la dimension humanitaire du désarmement nucléaire, ainsi qu’un projet de texte sur les impératifs éthiques devant guider la poursuite d’un monde sans armes nucléaires, a-t-elle annoncé. Elle a appelé les délégations de la Première Commission à apporter le soutien le plus large possible à ces projets de résolution, indiquant que son pays continuerait d’œuvrer sans relâche à l’ouverture de négociations sur la relance du désarmement nucléaire. Ces efforts, a-t-elle précisé, reposent et reposeront sur les rapports du Groupe de travail à composition non limitée chargé d’étudier sur le fond les mesures juridiques concrètes et efficaces et les dispositions et normes juridiques nécessaires à l’instauration d’un monde exempt à jamais d’armes nucléaires. Elle a appuyé, à ce propos, la tenue d’une conférence sur l’interdiction des armes nucléaires en 2017, jugeant qu’un instrument juridiquement contraignant prohibant ces armes compléterait et renforcerait la mise en œuvre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Sur les armes classiques, elle a notamment recommandé l’ajout de la question du contrôle accru des munitions à l’ordre du jour du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre.
Mme ELSA HAILE (Érythrée) a rappelé que la région de la Corne de l’Afrique et de la mer Rouge était toujours victime de la prolifération et du commerce illicite des armes légères et de petit calibre. « L’expansion de Daech et le détournement de quantités d’armes importantes par le biais du commerce illicite alimentent de façon alarmante l’instabilité, la criminalité transfrontalière et le terrorisme », a-t-elle déploré.
Dans ce contexte, la déléguée a rappelé le droit inaliénable des États à défendre et protéger leurs frontières. « Par conséquent, l’embargo sur les armes injustifié qui entrave la capacité de défense des États constitue une menace pour la paix et la sécurité au niveau régional et international », a-t-elle estimé, ajoutant que pour empêcher les terroristes de se procurer des armes, les États devaient être en mesure de renforcer leur capacité de défense.
Par ailleurs, Mme Haile a estimé que le renforcement des capacités institutionnelles régionales permettrait de contribuer à mettre fin au commerce illicite des armes légères et de petit calibre dans la région. À ce titre, la représentante a indiqué que son pays continuerait à faire avancer la cause de la Déclaration de Nairobi sur le problème de la prolifération des armes légères illicites dans la région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique.
Mme Haile a par ailleurs plaidé en faveur de l’éradication pure et simple des armes nucléaires. Elle a appelé la communauté internationale à redoubler d’effort pour que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur. La représentante érythréenne a également renouvelé le soutien de son pays aux trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
M. ABEL AYOKO (Nigéria) a estimé que le Traité sur le commerce des armes pourrait aider les États qui y sont confrontés à lutter plus efficacement contre les agissements barbares des entités terroristes. Il a ajouté qu’à la lumière des derniers attentats perpétrés notamment en Afrique, la portée du Traité pourrait être d’ores et déjà réexaminée, certains terroristes ayant utilisé des mines pour imposer leur cause insensée. Le représentant a également attiré l’attention sur le risque réel que des organisations terroristes ne s’emparent d’armes de destruction massive, y compris des armes nucléaires. À cette aune, et en tenant compte des rapports particulièrement alarmistes du Groupe de travail à composition non limitée chargé d’étudier sur le fond les mesures juridiques concrètes et efficaces et les dispositions et normes juridiques nécessaires à l’instauration d’un monde exempt à jamais d’armes nucléaires, nous ne pouvons que plaider en faveur de la tenue, en 2017, d’une conférence sur l’interdiction de ces armes, a-t-il dit. Il a précisé que l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant, prohibant les armes nucléaires ne devrait pas reporter l’ouverture de négociations, à la Conférence du désarmement, à Genève, d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires et l’entrée en vigueur du TICE.
Droits de réponse
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a qualifié de « détournement de la réalité » les déclarations de la République de Corée. Il a imputé la situation « explosive » dans la péninsule coréenne au seul comportement « irresponsable » de la République de Corée et des États-Unis, ce dernier menant depuis 50 ans une politique hostile contre la RPDC, a-t-il dit. Selon lui, le dernier déploiement en date de troupes américaines près des côtes de son pays est destiné à lancer un plan d’attaque contre la RPDC.
Les mesures de défense et de dissuasion que nous prenons sont nécessaires pour préserver notre souveraineté, notre dignité et notre existence, a affirmé le représentant.
La représentante de la République de Corée a affirmé que la nature agressive des programmes et activités nucléaires de la RPDC ne faisait aucun doute. Aucune voix, aucun État Membre n,appuie les défis permanents à la communauté internationale et au régime de non-prolifération de la RPDC, a-t-elle ajouté.
Le représentant iranien a déclaré que les accusations du représentant des Émirats arabes unis à l’encontre de son pays étaient sans fondement. Il a indiqué que l’Iran avait toujours été attaché au respect de ses engagements et de ses droits, au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Il a ajouté que son pays était également attaché à la mise en œuvre du Plan d’action global commun, adopté à Vienne le 14 juillet 2015, et par la suite entériné par le Conseil de sécurité. Le délégué a par ailleurs déclaré que l’Iran était à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme international, notamment contre Daech et le Front el-Nosra. Il a accusé les Émirats arabes unis de soutenir le terrorisme en Syrie et d’être l’un des principaux pourvoyeurs de fonds de Daech dans la région. Enfin le délégué iranien a condamné les agressions perpétrées par les Émirats arabes unis au Yémen depuis un an. À ce titre, il a appelé les pays exportateurs d’armes à cesser de vendre des armes aux Émirats arabes unis.
Le représentant des États-Unis a rejeté les propos « délirants » de la RPDC, un État qui continue de violer les résolutions du Conseil de sécurité. Le seul moyen de redevenir un interlocuteur crédible est pour elle de remplir ses obligations internationales.
Le représentant de la Fédération de Russie a qualifié de mensonges les propos de l’Ukraine sur une absurde violation des mémorandums de Budapest. Le représentant de l’Ukraine voit la main de Moscou partout, elle devrait plutôt reconnaître sa responsabilité dans ce qui se passe dans son pays. Nous sommes une nation souveraine qui a l’obligation de maintenir la paix et la sécurité sur son territoire, a-t-il dit.
Le représentant de la RDPC a rappelé que les premières armes nucléaires ont été déployées en 1970 par les États-Unis, ces derniers étant à l’origine de la nucléarisation et la militarisation accrues de la péninsule coréenne. Leur objectif est de décapiter le régime nord-coréen et d’occuper Pyongyang, a-t-il affirmé.
Le représentant ukrainien a tenu à rappeler le Mémorandum de Budapest, en vertu duquel la Russie s’est engagée à respecter les frontières ukrainiennes. Il a toutefois souligné que le conflit en cours en Ukraine dans les régions de Donetsk et Louhansk avait pour origine l’agression de la Russie contre son pays. « Sans les flux constant de combattants dans le territoire ukrainien, la population du pays n’aurait pas à souffrir de ce conflit à l’heure actuelle », a-t-il estimé, tout en appelant la délégation russe à cesser de nier l’évidence.
La représentante de la République de Corée a trouvé regrettable que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) se montre sourde aux appels de la communauté internationale. Elle a appelé les dirigeants du pays à revoir leur position, dans l’intérêt de la RPDC et de sa population.