Les activités nucléaires de la République démocratique populaire de Corée au cœur des débats de la Première Commission
La Première Commission (chargée du désarmement et de la sécurité internationale) a poursuivi, ce matin, son débat général en entendant une vingtaine de délégations.
Seul État à avoir été victime de frappes nucléaires en temps de guerre, le Japon, par la voix de son représentant, a dénoncé avec fermeté le dernier essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et appelé cet État à respecter les résolutions du Conseil de sécurité dans ce domaine. La République de Corée et les États-Unis ont, pour leur part, estimé que la RPDC constituait une menace à la paix et à la sécurité internationales.
Mise en cause par de nombreux États depuis le début du débat général de la Première Commission, la RPDC a affirmé que ses essais nucléaires témoignaient d’une volonté de pouvoir répondre à toute provocation. Affirmant que les activités militaires des États-Unis dans la péninsule coréenne indiquaient clairement la volonté américaine de frapper son pays de manière préventive, le représentant a indiqué que la RPDC n’avait d’autre choix que de contrer cette menace par une approche défensive de la dissuasion nucléaire. En outre, a-t-il indiqué, aucun article de la Charte des Nations Unies ou du droit international ne stipulait que les tests nucléaires ou les lancements de missiles constituaient des menaces à la sécurité et la paix internationales. Il a en outre dénoncé l’adoption de « résolutions de sanctions » du Conseil de sécurité dirigées contre son pays comme un abus de pouvoir visant seulement à servir des motifs politiques.
Pour sa part, l’Inde a fait valoir qu’en tant que puissance nucléaire responsable, sa doctrine consistait notamment à s’engager à ne pas utiliser en premier l’arme nucléaire et à ne pas l’employer contre des États non dotés. Le représentant a par ailleurs souhaité que les négociations au sein de la Conférence du désarmement débouchent sur l’élaboration d’un instrument juridique d’interdiction des armes nucléaires et sur un traité d’interdiction de production de matières fissiles, regrettant l’attitude de blocage d’un État sur cette question.
Par ailleurs, de nombreux États ont pris position en faveur de l’élaboration d’un traité d’interdiction des armes nucléaires. À ce propos, la représentante de la Nouvelle-Zélande a salué la dynamique du Groupe de travail à composition non limitée chargé de promouvoir le processus des négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire, soulignant la nature inclusive de cette instance. Pour la Nouvelle-Zélande, ce serait ignorer l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et l’adhésion quasi universelle à ce texte que de rejeter les vues du Groupe de travail en invoquant les intérêts de sécurité d’autres États.
Sur la question des armes classiques, plusieurs États africains ont rappelé les défis posés par les armes légères et de petit calibre (ALPC). À cet égard, le représentant du Burkina Faso a souligné que le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action de l’ONU sur les armes légères est à même d’apporter aux instruments existants au niveau sous-régional plus d’efficacité, notamment la Convention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes adoptée le 14 juin 2006.
De son côté, le représentant du Cameroun a évoqué la question du terrorisme et la nécessité de travailler ensemble sur cette question. Il a affirmé que grâce à la coopération remarquable entre les pays du bassin du lac Tchad, la Force multinationale mixte avait pu voir le jour pour porter un coup sérieux à la capacité persistante de nuisance du groupe terroriste Boko Haram.
Enfin, la question des mines a été abordée par le représentant du Cambodge, qui a rappelé que la présence, notamment dans les champs et les régions frontalières, de mines antipersonnel et de restes de guerre non explosés continuaient de poser une grave menace à la « sécurité humaine » de son pays et d’entraver la mise en œuvre de ses programmes de développement. Le représentant a souligné la nécessité de maintenir l’effort de décontamination et salué l’ouverture, en mai 2016, à Phnom-Penh, du Centre régional de lutte antimines établi par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. Ce centre devrait servir à renforcer la collaboration avec d’autres pays de la région, ainsi qu’entre le Service de la lutte antimines de l’ONU et le Centre international de déminage humanitaire de Genève, a indiqué le représentant.
La Première Commission poursuivra son débat sur tous les points à son ordre du jour demain, vendredi 7 octobre, à 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Déclarations
M. ENRIQUE JOSE MARIA CARRILLO GOMEZ (Paraguay) a appelé au plein respect des obligations cardinales du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et, par conséquent, à l’élimination de toutes les armes nucléaires conformément à l’Article VI du Traité. Tous les États Membres doivent œuvrer à l’établissement d’un nombre croissant de zones exemptes d’armes nucléaires à travers le monde, comme moyen efficace de renforcer la confiance mutuelle et d’améliorer la sécurité régionale, a-t-il ajouté. Le représentant a également souligné l’importance d’adopter un « cadre complémentaire » au Traité sur le commerce des armes, qui doit être universel pour être appliqué efficacement, et d’ouvrir le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères aux questions afférentes aux munitions et à leurs conditions de production.
M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a réaffirmé sa préoccupation devant la menace que font peser les armes nucléaires. L’objectif ultime doit être l’élimination totale de ce type d’armes, a-t-il ajouté. L’Iraq souhaite l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant et non discriminatoire qui interdise la production et l’utilisation des armes nucléaires, a indiqué le représentant, regrettant l’échec de tous les efforts pour établir une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a par ailleurs rappelé que les armes explosives et les bombes en grappes causaient des pertes quotidiennes en Iraq, indiquant que la stratégie de l’État islamique consistait à poser des engins explosifs dans tout le pays afin de terroriser les populations. Il faut se débarrasser de ces armes qui constituent une menace mortelle, a-t-il conclu.
Soulignant l’interdépendance entre développement humain et sécurité, M. RUBEN ZAMORA (El Salvador) a affirmé que son gouvernement était fermement engagé à combattre le crime et le terrorisme, conformément à l’objectif de développement durable 16.
À cette fin, et conscient des effets néfastes du crime organisé sur les populations d’Amérique centrale, M. Zamora a rappelé qu’El Salvador figurait au nombre des 50 pays à avoir ratifié le Traité sur le commerce des armes. Il a ajouté que son Gouvernement redoublait d’effort, à l’heure actuelle, pour mettre en œuvre ce Traité dans le cadre de sa politique nationale de sécurité.
Le représentant a en effet estimé que le commerce illicite des armes légères et de petit calibre avait fortement contribué au développement des réseaux criminels dans son pays et la région. Pour mettre fin à ce phénomène, a-t-il ajouté, El Salvador a adopté des mesures préventives et coercitives visant à démanteler ces réseaux, y compris la création d’unités spécialisées chargées de patrouiller en permanence jour et nuit à l’intérieur du pays et le long de ses frontières.
Sur le plan régional, M. Zamora a souligné que son pays avait signé des accords de coopération en matière de sécurité avec les pays du Triangle du Nord. Il a en outre salué les efforts des autorités salvadoriennes, qui ont permis de saisir, cette année, 3 244 armes à feu, dont 1 700 ont été détruites en février dernier.
Le représentant a enfin remercié le Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes, pour son « soutien inestimable » envers les initiatives de désarmement lancées par son pays.
M. AHIDJO (Cameroun) a souhaité que la convocation en 2017 d’une conférence de l’Assemblée générale pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, serait de nature à faciliter « le lancement de négociations en vue de l’adoption d’un traité visant leur élimination complète ». Il a ensuite estimé que les instruments créés pour s’attaquer aux défis au développement posés par les armes classiques, les armes légères et de petit calibre, les mines, les armes à sous-munitions et les restes explosifs de guerre devaient être consolidés, universalisés et appliqués de manière efficace. Pour le représentant, la recherche d’un monde plus sûr doit être abordée de manière globale, a-t-il assuré, attachant une grande importance aux efforts multilatéraux dans le domaine vital du désarmement et de la non-prolifération. En ce qui concerne plus particulièrement la lutte contre le terrorisme, il a souligné la nécessité de mutualiser les efforts: « C’est ainsi que grâce à la coopération remarquable entre les pays du Bassin du lac Tchad a été créée la Force multinationale mixte, qui a porté un coup sérieux à la capacité persistante de nuisance du groupe terroriste Boko Haram », a-t-il indiqué.
Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a salué la dynamique du Groupe de travail à composition non limitée chargé de promouvoir le processus des négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire. Elle a souligné que cette instance était très inclusive et qu’à l’issue des travaux une recommandation en faveur d’un instrument juridiquement contraignant pour éliminer les armes nucléaires, avant leur élimination totale, devrait être faite. Il ne s’agit pourtant pas là d’une vision révolutionnaire mais d’une simple feuille de route à partir d’échanges plus anciens, dans la lignée du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-elle souligné. Pour la Nouvelle-Zélande, ce serait négliger l’Article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et l’adhésion quasi universelle à ce texte que de rejeter les vues du Groupe de travail en invoquant les intérêts de sécurité d’autres États. La représentante a en outre rappelé que les cinq États dotés de l’arme nucléaire avaient par le passé pris des engagements sans équivoque pour renoncer aux armes nucléaires. Sur la question des armes classiques, la Nouvelle-Zélande remercie le Nigéria pour son excellent travail sur le Traité sur le commerce des armes cette année. Les questions à aborder désormais sont l’universalisation et la mise en œuvre du texte, a précisé la représentante. Le Fonds d’affectation spéciale doit permettre aux États de mettre en œuvre ce Traité, a-t-elle ajouté. Pour la Nouvelle-Zélande, le Traité sur le commerce des armes est un exemple remarquable de la responsabilité de la communauté internationale pour améliorer le bien-être et la sécurité des citoyens.
M. RI TONG IL (République populaire démocratique de Corée) a rappelé que son pays soutenait la lutte mondiale pour l’élimination totale des armes nucléaires, affirmant que la question du désarmement nucléaire dépendait étroitement de la détermination et de la volonté politique des grandes puissances qui possèdent de larges stocks d’armes nucléaires. Rappelant que les États-Unis avaient récemment annoncé un programme de modernisation de leurs armes nucléaires sur 30 ans, pour la somme astronomique de 1 000 milliards de dollars, le représentant a dénoncé l’hypocrisie de cet État qui promeut « un monde exempt d’armes nucléaires » dans le seul but de tromper le monde en dissimulant sa stratégie de monopole nucléaire et d’hégémonie mondiale. Pour la RPDC, il convient d’orienter les efforts vers la question du désarmement. Le représentant a ainsi regretté que le débat continuel pour savoir si la priorité est à donner à la non-prolifération et au désarmement entrave les progrès dans ce second domaine. Les véritables menaces proviennent non pas de la prolifération nucléaire, mais des armes nucléaires pleinement disponibles et opérationnelles pouvant être utilisées à tout moment et vers toutes les directions, a-t-il estimé. Affirmant que les activités militaires des Etats-Unis dans la péninsule coréenne indiquaient clairement la volonté américaine de frapper son pays de manière préventive, le représentant a indiqué que la RPDC n’avait d’autre choix que de contrer cette menace par une approche défensive de la dissuasion nucléaire. Le représentant a par ailleurs fait savoir qu’aucun article de la Charte des Nations Unies ou du droit international ne stipulait que les tests nucléaires ou les lancements de missiles puissent constituer des menaces à la sécurité et la paix internationales. L’adoption des « résolutions de sanctions » du Conseil de Sécurité contre la RPDC est un abus de pouvoir visant seulement à servir des motifs politiques tout en dénaturant la Charte des Nations Unies, a affirmé le représentant. Tant que les impérialistes continueront leur chantage nucléaire et leurs actions arbitraires, la RPDC s’en tiendra à sa ligne stratégique de construction de forces nucléaires, a-t-il poursuivi. La RPDC se félicite du succès de son dernier essai nucléaire en date, qui confirme sa capacité à répondre à toute provocation de l’adversaire et s’inscrit pleinement dans la volonté de contrer les menaces de forces hostiles, notamment les Etats-Unis, a conclu le représentant.
M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a affirmé que le désarmement était un objectif de la plus haute importance au regard des efforts à mener dans le cadre de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Il importe de construire des sociétés pacifiques et de réorienter certaines dépenses du domaine de l’armement vers le développement durable, a-t-il ajouté. Le représentant a estimé qu’un plan transparent, soutenable et durable pour le désarmement nucléaire était nécessaire pour atteindre l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires. Le Sri Lanka appelle les États dotés à progresser dans l’élimination de leurs stocks, tout en dénonçant les tests nucléaires effectués par certains États qui mettent en cause la paix et la stabilité dans le monde. Par ailleurs, a-t-il souligné, en tant qu’État qui a connu depuis près de 30 ans les ravages des armes légères et de petit calibre, le Sri Lanka est très conscient de la gravité de ce problème. Le représentant a souligné que son pays était signataire du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et qu’il avait établi une commission nationale contre la prolifération des armes légères et de petit calibre. Le représentant a également rappelé que la Conférence du désarmement restait le seul organe multilatéral de négociation sur le désarmement et regretté qu’elle soit dans l’impasse pour définir son programme de travail. Il a enfin indiqué que son pays présenterait un projet de résolution intitulé « Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination ».
M. CLAUDIO NARDI (Liechtenstein) a estimé qu’une véritable sécurité internationale était inenvisageable tant qu’il existera des armes de destruction massive. Les États doivent prendre toutes les mesures nécessaires et crédibles pour stopper leur prolifération et empêcher en amont leur développement même, a-t-il dit. Il a condamné l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et appelé à la poursuite en justice des auteurs de ces crimes de guerre. Le représentant a aussi exprimé sa plus vive inquiétude quant aux allégations d’emploi d’armes de ce type au Darfour: « Nous exhortons le Gouvernement du Soudan à coopérer sans délais et pleinement avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) », a-t-il dit. Après avoir souligné l’importance de parvenir à l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui demeure à son avis le cadre le plus efficace pour empêcher la diffusion d’armes nucléaires, il a rappelé les conséquences humanitaires et environnementales potentiellement catastrophiques d’un accident nucléaire. Il a ainsi appuyé l’initiative des pays demandant la tenue de discussions sur l’interdiction des armes nucléaires, une telle interdiction pouvant découler des traités portant création de zones exemptes d’armes nucléaires et de l’entrée en vigueur éventuelle du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Par conséquent, M. Nardi a soutenu la tenue, en 2017, d’une conférence universelle et inclusive, c’est-à-dire ouverte à la société civile, pour négocier un instrument juridiquement contraignant prohibant les armes nucléaires.
M. TOSHIO SANO (Japon) a rappelé que son pays était le seul au monde à avoir souffert de bombardements atomiques en temps de guerre et qu’à cet égard le Japon œuvrait à la promotion du désarmement nucléaire et à la non-prolifération pour atteindre un monde exempt d’armes nucléaires. Le représentant a regretté l’absence d’accord de fond dans le Document final de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2015, l’impasse au sein de la Conférence du désarmement, ainsi que l’incapacité à établir un document final consensuel au sein du Groupe de travail à composition non limitée chargé de promouvoir le processus des négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire. Le représentant a affirmé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires était la pierre angulaire du désarmement nucléaire et du régime de non-prolifération, invitant les États dotés à prendre les mesures convenues au terme des Conférences d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1995, 2000 et 2010. Le Japon salue les progrès importants en direction d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles accomplis grâce au Groupe d’experts gouvernementaux. Le représentant a regretté que la Conférence du désarmement ait une nouvelle fois échoué à lancer des négociations malgré de nombreux efforts et condamné avec la plus grande fermeté le dernier essai nucléaire effectué par le République populaire démocratique de Corée. Il a appelé cet État à respecter les résolutions du Conseil de sécurité. Les États ont obligation de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2270, a dit le représentant, affirmant que son pays continuerait à travailler étroitement avec les États concernés pour adopter une nouvelle résolution incluant des sanctions additionnelles. Le représentant a souligné que la condamnation universelle de la communauté internationale démontrait que l’interdiction des essais nucléaires avait de facto valeur de norme internationale. Pour que cette interdiction prenne la forme d’une obligation juridique, l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires est impérative, a-t-il ajouté.
M. LUKE DAUNIVALU (Fidji) a souligné la pertinence des zones exemptes d’armes nucléaires avant d’appeler tous les États Membres à soutenir l’établissement de telles zones dans toutes les régions. Il a rappelé que la région du Pacifique a subi plus de 300 essais nucléaires et que les États du Pacifique ont décidé en 1985 de faire de leur région une zone exempte d’armes nucléaires, conformément au Traité de Rarotonga, précisant que 14 États y avaient adhéré. Il a réaffirmé la nécessité d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en souhaitant que des pays comme Fidji n’aient plus à subir les conséquences des essais nucléaires en matière de santé et d’environnement. Dans ce contexte, il s’est inquiété aussi des risques des transports par voie maritime de déchets ou armes nucléaires, affirmant qu’un accident aurait des conséquences désastreuses sur les moyens de substances des petits États insulaires en développement.
Mme LILIANNE SANCHEZ RODRIGUEZ (Cuba) a rappelé que le désarmement nucléaire était une priorité internationale, l’emploi de ces armes pouvant conduire à l’anéantissement de l’humanité. Elle a affirmé que son pays défendait l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant visant à l’interdiction des armes nucléaires, pas important mais insuffisant à son avis pour aller vers l’élimination des armes nucléaires. À cet égard, Cuba défend l’idée d’une convention de destruction de ces armes et souhaite un traité protégeant les États non dotés. La politique de dissuasion nucléaire est inadmissible, a ensuite indiqué la représentante, qui a par ailleurs regretté l’absence d’accord de la dernière conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il faut favoriser la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a-t-elle d’autre part estimé, soulignant que son gouvernement se conformait aux obligations en matière d’interdiction des armes chimiques et biologiques.
M. VLAD LUPAN (Moldova) s’est particulièrement inquiété des conséquences des armes classiques sur les populations dans divers conflits, notamment les conflits qui perdurent dans la région de Transnistrie. Il a prévenu des dangers que constituent ce qu’il a appelé les « zones noires » qui échappent aux régimes de contrôle des armes. Le représentant moldave a expliqué que son pays s’est doté d’une robuste législation visant à prévenir les activités liées à l’utilisation et au transfert des armes par des acteurs non autorisés. « Nous avons créé un registre des armes légères avec le soutien de nos partenaires internationaux dans le souci d’en garantir un contrôle plus efficace » a indiqué M. Lupan. Il a également mis l’accent sur l’importance des organisations et arrangements régionaux pour une meilleure régulation du commerce et de la vente des armes.
M. YAUNGCHAN SOPHEA (Cambodge) a indiqué que la présence, notamment dans les champs et les zones frontalières, de mines antipersonnel et de restes de guerre non explosés continuait de poser une grave menace à la « sécurité humaine » de son pays et d’entraver la mise en œuvre de ses programmes de développement. Il a précisé qu’au cours de la dernière décennie, le nombre de victimes de mines et autres engins explosifs avait considérablement baissé par rapport aux périodes précédentes, mais que l’effort de décontamination totale devait être maintenu. Il a assuré que le Cambodge œuvrait pleinement à la poursuite d’un monde libéré des mines dans le cadre idoine de la Convention sur l’interdiction de l’emploi du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et leur destruction. Il a également salué l’ouverture, en mai 2016, à Phnom-Penh, du Centre régional de lutte antimines établi par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. Ce centre servira à renforcer la collaboration avec d’autres pays de la région, ainsi qu’entre le Service de la lutte antimines de l’ONU et le Centre international de déminage humanitaire de Genève, a-t-il expliqué.
M. ERIC TIARE (Burkina Faso) a déclaré que la prolifération des armes légères et de petit calibre demeurait une réelle source de préoccupation pour son pays, car « constituant la première menace à la paix et à la sécurité en Afrique, particulièrement en Afrique de l’Ouest ». Il a ajouté que le Traité sur le commerce des armes aura l’avantage d’apporter une réponse appropriée et collective pour réguler et assainir les importations, les exportations et les transferts internationaux d’armes. Le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action de l’ONU sur les ALPC sont à même d’apporter aux instruments existants au niveau de notre espace sous-régional plus d’efficience et d’efficacité, notamment la Convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes adoptée le 14 juin 2006, a-t-il également indiqué. Sur le désarmement nucléaire, il a estimé que le Traité de Pelindaba ayant porté création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique offrait des opportunités considérables de développement aux pays du continent. Il a ainsi appelé à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, conformément à la résolution de 1995 et au Plan d’action de la Conférence d’examen du TNP de 2010. En conclusion, il a déclaré que « l’an 1 de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 nous invite déjà à concrétiser notre volonté de développement dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale, dont la responsabilité incombe à notre Commission ».
M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a affirmé que la sécurité européenne était menacée par l’agression militaire russe contre l’Ukraine. Il a rappelé que la Fédération de Russie occupait depuis 2008, 20% du territoire géorgien et représentait une menace sérieuse pour son pays. Le représentant géorgien s’est particulièrement inquiété des risques de trafic des matériaux nucléaires à destination de groupes terroristes. Illustrant les liens entre « occupation étrangère » et insécurité, il a indiqué que sur les 25 cas de trafics de matériaux nucléaires appréhendés entre 2006 et 2016, 11 trouvaient leurs sources dans les territoires géorgiens occupés. Il a ainsi estimé que le risque de terrorisme nucléaire et de prolifération des armes de destruction massive et de matériaux connexes était devenu un des défis majeurs de notre sécurité commune. À cet égard, il a indiqué que l’adhésion de tous les États Membres aux arrangements internationaux pertinents tels que le TNP, la Convention sur les armes chimiques, la Convention sur les armes biologiques et la résolution 1540 du Conseil de sécurité devait être l’objectif prioritaire de la communauté internationale.
M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a estimé que la lenteur avec laquelle le processus onusien de désarmement était conduit était imputable d’abord au manque de volonté politique et au manque de coopération active de certains États Membres, détenteurs en outre d’armes de destruction massive. Nous appuyons toutes les initiatives visant la totale et irréversible élimination des armes nucléaires et à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes, a-t-il déclaré. Il a d’autre part rappelé que la paix et la stabilité étaient les premières conditions à la réalisation du développement durable et du développement humain, en particulier en Afrique. Il a averti que si un jour des organisations terroristes parvenaient à acquérir des armes de destruction massive, y compris des armes nucléaires, la communauté internationale ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même. M. Nkoloi a plaidé en faveur de la création de zones exemptes d’armes nucléaires, et, sur les armes légères et de petit calibre, il a exhorté les États Membres à s’acquitter de leurs obligations financières pour permettre l’atteinte des objectifs du Programme d’action de l’ONU sur la question.
M. VENKATECH VARMA (Inde) a dit souhaiter un dialogue utile entre les États dotés pour favoriser la confiance, et la Conférence du désarmement est le forum approprié pour les négociations sur le désarmement nucléaire, en particulier l’élaboration d’un instrument juridique d’interdiction des armes nucléaires, a affirmé le représentant. Par ailleurs, sans mettre en cause la priorité accordée au désarmement nucléaire, l’Inde soutient le début de négociations sur un traité d’interdiction de production des matières fissiles et regrette qu’un État continue de bloquer le début de telles négociations à la Conférence du désarmement. À cet égard, l’Inde salue l’adoption par consensus du rapport du Groupe d’experts gouvernementaux sur ce traité. En tant que puissance nucléaire responsable, l’Inde développe une doctrine nucléaire qui consiste notamment à s’engager à ne pas utiliser en premier l’arme nucléaire et à ne pas l’employer contre des États non dotés. Par ailleurs, le représentant a salué les conventions d’interdiction des armes chimiques et biologiques en tant que traités non discriminatoires visant à l’élimination complète de ces deux catégories respectives d’armes de destruction massive.
M. NECTON D. MHURA (Malawi) a déploré que des États imposent leurs positions et vues dans les délibérations multilatérales sur le désarmement et la non-prolifération, au lieu d’œuvrer à la poursuite de consensus sur des questions touchant l’ensemble des pays du monde. Nos résolutions ont moins de portée qu’elles ne devraient, a-t-il ajouté, estimant en outre qu’il n’était plus acceptable qu’un nombre restreint de nations continuent de moderniser leurs arsenaux nucléaires, lesquels, par leur existence même, constituent une menace pour la survie de l’humanité. Le représentant a souhaité que la Première Commission permette à la majorité des délégations de faire entendre leur voix et à travailler de manière collective et constructive. Pour améliorer la sécurité mondiale, seul le consensus permet des avancées majeures, a déclaré M. Mhura, qui a appelé à la reprise sans délais des travaux de la Conférence du désarmement, « où sont négociés les traités multilatéraux ». Enfin, il a affirmé que son pays continuerait d’appuyer les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques à tous les niveaux, « car elles contribuent sans nul doute au renforcement de la paix et la sécurité internationales ».
Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a réaffirmé l’attachement de son pays à un monde exempt d’armes nucléaires. L’échec de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ne doit pas nous détourner de ce texte, a-t-elle indiqué. Le Portugal appelle tous les États qui ne l’ont pas encore fait à accéder en tant qu’État non nucléaire au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, dénonçant à ce sujet le nouvel essai de la République populaire démocratique de Corée. Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires n’est pas entré en vigueur et le Portugal demande aux pays qui ne l’ont pas encore ratifié ce texte à le faire, notamment ceux de l’annexe 2. La représentante s’est en outre félicitée du travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique en Syrie, estimant toutefois que les autorités syriennes devaient encore prouver que leur programme chimique a été entièrement déclaré et démantelé. Sur la question des armes classiques, le Portugal salue l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes et appelle à œuvrer à son universalisation.
Droits de réponse
La représentante de la République de Corée a rappelé que c’était la RPDC, « et personne d’autre », qui menaçait la paix et la sécurité internationales. « Nous restons ouverts au dialogue et ne menons aucune politique hostile avec les États-Unis envers la RPDC, les opérations militaires que nous conduisons étant précisément de nature défensive, a indiqué la représentante de ce pays. Cet État Membre des Nations Unies doit respecter ses engagements de respecter les décisions du Conseil de sécurité », a-t-elle dit.
Le représentant des États-Unis a affirmé que seule la RPDC représente un danger, une menace à la paix et à la sécurité dans la péninsule coréenne. « Ses provocations ne font qu’accroître la volonté de la communauté internationale d’appliquer strictement les sanctions de l’ONU contre ce pays », a assuré le représentant.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a répondu que son pays rejetait « les arguments ridicules, qui ne sont que distorsions et tromperies », de la République de Corée et des États-Unis. Les États-Unis n’ont jamais renoncé à leur politique d’hostilité et à leur chantage sécuritaire contre notre État, a-t-il dit. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de devenir une puissance nucléaire pour protéger notre souveraineté, a ajouté le représentant. Selon lui, ce sont les États-Unis qui ont obligé la RPDC à se doter d’armes nucléaires. « En outre, aucune disposition juridique internationale ne stipule que des activités nucléaires représentent une menace à la paix et à la sécurité internationales. Dès lors, sur quelle base reposent les résolutions du Conseil de sécurité visant mon pays? » a demandé le représentant.
Le représentant de la Fédération de Russie a regretté les propos tenus par la Géorgie dans sa déclaration concernant des événements de 2008.
La représentante de la République de Corée a estimé que la communauté internationale devait maintenir ses sanctions contre la RPDC qui poursuit son programme nucléaire. En allouant autant de ressources à ses programmes de missiles, la République populaire démocratique de Corée ne fait que renforcer les difficultés que rencontrent ses habitants.
La représentante de la Géorgie a rappelé qu’en 2008 la Russie avait envahi son pays, sans respecter les accords de cessez-le-feu obtenus via l’Union européenne. Regrettant la présence de soldats russes en Géorgie, la représentante a appelé la Fédération de Russie à retirer ses troupes sans délais.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a rejeté totalement les remarques de la Corée du Sud, qui à ses yeux trompent le monde. La Corée du Sud est une colonie des États-Unis qui sert ses maîtres par sa stratégie et ses actes contre le République populaire démocratique de Corée, a-t-il affirmé.
Le représentant de la Fédération de Russie a rappelé que le 8 août 2008, c’est le pouvoir géorgien qui avait déclenché une opération militaire en Ossétie du Sud, qui prenait la direction d’un génocide contre tout un peuple. La Géorgie est coupable de ce qui s’est passé en 2008 et des conséquences, avec la formation de deux États indépendants, a-t-il ajouté.