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Mali: le Secrétaire général adjoint Hervé Ladsous exhorte les parties à axer leurs efforts sur une mise en œuvre rapide de l’Accord de paix

7864e séance – matin    
CS/12684

Mali: le Secrétaire général adjoint Hervé Ladsous exhorte les parties à axer leurs efforts sur une mise en œuvre rapide de l’Accord de paix

Dans le contexte de l’attentat-suicide commis ce matin contre le camp du Mécanisme opérationnel de coordination situé à Gao, dans le nord du Mali, le Conseil de sécurité a tenu une séance d’information en présence du Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale de ce pays qui a réaffirmé sa détermination à mettre en œuvre le processus de paix.  Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a transmis au Conseil de sécurité son sentiment d’urgence concernant l’état préoccupant de ce processus et annoncé l’organisation imminente d’une réunion de haut niveau de la médiation internationale.

Condamnant l’attentat de ce matin, M. Ladsous a estimé que c’est une « atteinte directe au processus de paix ».  Il a indiqué qu’un véhicule piégé avait explosé à l’intérieur du camp faisant, selon le premier bilan provisoire, une soixantaine de morts et plusieurs blessés.  Le Ministre malien des affaires étrangères, M. Abdoulaye Diop, a indiqué que le Gouvernement décrétait un deuil national de trois jours.

Cet incident, selon M. Ladsous, souligne qu’une accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali est la seule voie possible pour stabiliser le pays et réussir le processus de paix.  « Le temps joue contre nous », a-t-il prévenu, en estimant que le pays se trouvait à un moment charnière: depuis la signature de l’Accord de paix, plus de 18 mois de la période intérimaire se sont écoulés et, malgré quelques progrès, peu d’avancées significatives ont été enregistrées à ce jour.  L’application de l’Accord demeure hypothéquée par des désaccords persistants, le manque de confiance entre les parties signataires et la fragmentation des groupes armés.

Ces mêmes groupes ont soumis avec plus d’un an de retard les listes contenant leurs candidats pour le Mécanisme opérationnel de coordination, les autorités intérimaires ainsi que pour la Commission d’intégration et la Commission nationale pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (CNDDR).  Depuis, chaque tentative de mettre en œuvre les patrouilles mixtes a échoué, principalement en raison des querelles entre les parties signataires sur les questions logistiques et financières, a-t-il précisé.

Ce n’est qu’après d’intenses négociations et grâce aux bons offices de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), de la médiation internationale et du Haut Représentant du Président pour la mise en œuvre de l’Accord de paix, a expliqué M. Ladsous, que les forces armées maliennes et les groupes armés sont enfin regroupés à Gao en vue de commencer les patrouilles mixtes si longtemps attendues.  Il a également indiqué que la rivalité entre les groupes armés sur la présidence des autorités intérimaires à Kidal a jusqu’à présent empêché leur mise en place.  En outre, les huit sites de cantonnement construits et équipés avec le soutien de la MINUSMA demeurent vides depuis octobre dernier.

Il s’est inquiété que les principales réformes institutionnelles et politiques requises pour étayer le processus de paix n’aient toujours pas été finalisées.  Il a souligné l’importance d’un dialogue inclusif et à long terme sur la restauration de l’autorité de l’État et les réformes institutionnelles.  La Mission a soutenu le Gouvernement malien dans la préparation des élections locales du 20 novembre qui se sont tenues dans 92% des communes mais malheureusement cela n’a pu se faire dans les régions de Kidal, Ménaka et Taoudénit, ainsi que dans certaines localités de Gao, Mopti et Tombouctou en raison d’incidents sécuritaires et d’entraves au vote, a indiqué M. Ladsous.

À la veille des élections régionales et d’un référendum constitutionnel au Mali cette année, il a insisté pour que toutes les parties prenantes trouvent un terrain d’entente et que le Gouvernement malien organise les scrutins dans un environnement ouvert et inclusif.  Il s’est réjoui, à ce propos, de la récente élection de nombreuses femmes qui constituent ainsi près de 30% des conseillers municipaux élus dans les régions de Tombouctou, Gao et Bamako.  Il s’est dit favorable à l’organisation de la Conférence d’entente nationale pour aborder les causes profondes de la crise.

M. Ladsous a prévenu que le phénomène terroriste prend des proportions de plus en plus inquiétantes au nord et au centre du Mali, mais également dans la sous-région.  Si le nombre d’attaques contre les Forces armées maliennes, la MINUSMA et les forces internationales a diminué au cours de ces trois derniers mois, il s’est toutefois inquiété de leur niveau de sophistication, notamment lors des attaques contre les capacités aériennes de la Mission et des forces internationales.

Soulignant l’importance de l’engagement des partenaires régionaux dans le processus de paix au Mali, il a indiqué que la Mission avait commencé à se concerter avec les attachés de défense des pays membre du G5 Sahel pour préparer le déploiement d’officiers de liaison de la région auprès de la MINUSMA.  Pour lui, seul le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes vers le nord et le centre est une solution viable pour lutter contre le terrorisme.  Il a aussi jugé impératif de commencer un dialogue franc sur l’impact du trafic de drogue et d’autres crimes transnationaux sur la sécurité et le processus de paix.

M. Ladsous a alerté le Conseil de sécurité sur d’importantes lacunes de la MINUSMA en matière de capacités, notamment en aéronefs, véhicules blindés, de soutien logistique et de protection de ses forces, avant de demander aux États Membres de continuer à soutenir la Mission.

Pour le Secrétaire général adjoint, rétablir la confiance de la population malienne dans le processus de paix est primordial.  Or, la MINUSMA continue de recevoir des informations faisant état de graves violations des droits de l’homme commises par les groupes armés et des acteurs de l’État.  Notant aussi l’absence de services sociaux de base et l’insécurité alimentaire dont souffrent beaucoup de citoyens, il a regretté que la mise en œuvre de la stratégie de développement pour le Nord n’ait pas toujours pas commencé.  Il a ainsi présenté les indicateurs de progrès élaborés par le Gouvernement malien avec l’appui de la MINUSMA, qui figurent en annexe au rapport* du Secrétaire général de décembre 2016, tout en invitant les parties maliennes à les affiner davantage.

Le Secrétaire général adjoint a, en outre, demandé aux membres de la médiation internationale de redoubler d’efforts pour revitaliser les mécanismes de suivi de l’Accord de paix.  Il a indiqué avoir discuté avec le Ministre algérien des affaires étrangères de la nécessité d’une réunion de haut niveau de la médiation internationale, dont la tenue devrait avoir lieu dès que possible.  De plus, les parties signataires, la médiation internationale et les États Membres doivent définir et mettre en œuvre une vision commune de la manière de traiter avec les groupes dissidents.  Enfin, il a invité les membres du Conseil de sécurité à examiner la possibilité d’imposer des mesures ciblées contre tous ceux qui violent le cessez-le-feu et entravent délibérément le processus de paix.

Le représentant de l’Uruguay, le seul membre du Conseil de sécurité à prendre la parole au cours de la séance d’information, a invité le Conseil à bien évaluer les conséquences que de telles sanctions auraient sur le terrain.  Il a insisté sur la mise en œuvre de l’Accord de paix dont la tâche principale incombe aux parties, tandis que les acteurs internationaux n’apportent qu’un appui.  Les signataires de l’Accord de paix, a-t-il souligné, doivent respecter ses dispositions et le calendrier qu’ils ont accepté.  Le délégué a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’autorité de l’État sur tout le territoire malien pour mieux faire face au terrorisme qui prend de l’ampleur dans la région. 

Tout en reconnaissant que le processus de paix est difficile et jalonné de beaucoup d’obstacles, le Ministre des affaires étrangères du Mali a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à mettre en œuvre l’Accord de paix, une détermination qui ne peut, selon lui, faire aucun doute.  Il a partagé l’analyse du Secrétaire général selon lequel la sécurité reste précaire au centre et dans le nord du pays, faisant état des initiatives prises par le Gouvernement malien pour lutter contre les groupes terroristes.  Le Mali n’a ménagé aucun effort pour faire avancer le processus de paix, malgré un contexte très difficile, a-t-il assuré.  Le processus de révision de la Constitution est bien avancé et un référendum sera organisé pour l’approuver, a-t-il précisé.

Le Ministre a cité d’autres mesures prises en faveur du processus de paix, comme les élections communales tenues dans 644 communes, sur les 703 que compte le pays, avec un taux de participation de 52,51% en 2016, contre 51,39% en 2009 et 48,67% en 2004.

La Commission justice et réconciliation est déjà opérationnelle, a-t-il aussi indiqué, avant d’assurer que les autorités maliennes appliqueront les nouveaux indicateurs et repères.  En ce qui concerne la réforme de la sécurité, il a exprimé la détermination du Gouvernement de rendre opérationnelles les patrouilles mixtes, en regrettant les retards résultant de divers obstacles.  Il a aussi mentionné la fragmentation des groupes armés, qui multiplie le nombre d’interlocuteurs et entraîne un retard par rapport aux échéances fixées.

Le Gouvernement malien a poursuivi ses actions sur le terrain comme le Programme d’urgence pour le développement et le Programme de reconstruction et de relance économique, a-t-il ajouté, avant de citer la mise en place d’une stratégie de développement et d’un fonds pour la financer.

Le Président du Mali a décidé de faire de 2017 une année charnière pour la mise en œuvre du processus de paix et de l’Accord d’Alger, en annonçant des mesures importantes en ce sens.  Ainsi, les autorités intérimaires devraient être installées au cours du premier trimestre 2017 dans toutes les localités où elles ne l’ont pas encore été.  Cela permettra notamment de réinstaurer la fourniture des services de base.  En outre, une Conférence d’entente nationale se tiendra en mars 2017 pour créer les conditions d’un débat sur les causes profondes du conflit et pour établir une charte d’unité, de paix et de réconciliation nationale. 

Toutes ces mesures illustrent la détermination du Gouvernement malien de mettre en œuvre l’Accord d’Alger, a estimé le Ministre en appelant toutes les parties à faire preuve de bonne foi dans ce processus.  Il a souhaité que la communauté internationale joue son rôle de garant de la mise en œuvre de l’Accord.  Soulignant également que la résolution 2295 (2016) du Conseil de sécurité tarde à se matérialiser sur le terrain, il a demandé de doter la MINUSMA de moyens adéquats pour accompagner le Gouvernement du Mali dans le rétablissement progressif de son autorité sur la totalité du territoire national.  Il faut renforcer la coopération avec la MINUSMA sur le terrain et accélérer le processus de cantonnement et de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), a-t-il ajouté.

Sur la question des droits de l’homme, il a noté les 104 cas de violations dénombrés par le Secrétaire général dans son rapport et constaté une diminution de ces violations, ce qui se traduit par une amélioration sensible.  La grande majorité de ces cas sont commis par des groupes armés ou des groupes terroristes, a-t-il fait remarquer.  Sachant que, selon la MINUSMA, une dizaine de ces violations ont été imputées aux autorités maliennes, chaque cas a fait l’objet d’un examen approfondi pour qu’il n’y ait pas d’impunité.  Il s’est en outre prévalu de l’adoption d’une loi de protection des défenseurs des droits de l’homme.

Le Ministre a enfin mentionné plusieurs actions menées par le Gouvernement malien dans les régions affectées par la crise, et notamment la distribution d’une aide alimentaire aux populations ainsi qu’aux réfugiés maliens se trouvant au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie.  En outre, il a signalé la reconstruction des services administratifs, centres de santé et services hydrauliques dans plusieurs régions, ainsi que l’ouverture des écoles à Kidal.  Il s’est dit néanmoins inquiet de l’économie criminelle et de la présence de groupes armés et terroristes dans la région de Kidal, qui freinent l’acheminement de l’aide et des services de base.

Le représentant de l’Algérie, M. Sabri Boukadoum, a constaté, pour sa part, que les autorités maliennes, ainsi que toutes les parties à l’Accord de paix, ont réaffirmé leur engagement sans équivoque en faveur de la pleine mise en œuvre dudit Accord.  Il est de la plus haute importance, a-t-il souligné, que toutes les parties prenantes, y compris le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU, continuent d’apporter leur soutien en toutes circonstances, en particulier en faveur du Comité de suivi de l’Accord.  M. Boukadoum a précisé que l’Algérie, qui préside le Comité, ferait rapport devant le Conseil de toutes les actions jugées nécessaires.

Il a exhorté la communauté internationale à continuer d’encourager les parties à honorer leurs engagements.  « Il est également crucial que tout malentendu ou lacune susceptible de se faire jour dans la mise en œuvre de l’Accord, ce qui arrive naturellement dans une situation complexe, ne soit pas utilisé comme prétexte à renoncer ou à menacer le processus en son entier », a-t-il déclaré.  Personne, a-t-il rappelé, n’a le droit de compromettre le processus par un « comportement injustifié » ou par « des remises en question sempiternelles » de ce qui a été auparavant pleinement agréé.  Il a salué l’acceptation par les autorités maliennes de désigner un haut représentant du Président malien pour mettre en œuvre l’Accord de paix, ainsi que la tenue prochaine d’une Conférence d’entente nationale.

La communauté internationale doit appuyer le processus de médiation, lequel pourrait servir de modèle pour d’autres situations de crise, a-t-il estimé. 

* S/2016/1137

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: après la Conférence de Paris, appuis marqués au Conseil de sécurité en faveur de la solution des deux États

7863e séance – matin  
CS/12683

Moyen-Orient: après la Conférence de Paris, appuis marqués au Conseil de sécurité en faveur de la solution des deux États

Deux jours après la Conférence pour la paix au Moyen-Orient de Paris, qui a réaffirmé l’appui de plus de 70 pays à la solution des deux États, le Conseil de sécurité a entendu, aujourd’hui, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et une quarantaine de délégations qui ont réaffirmé leur attachement à cette solution, la seule à même de ramener la paix entre Israéliens et Palestiniens.  Le délégué d’Israël a annoncé la suspension de la contribution de son pays à l’ONU en 2017, en protestation à l’adoption de la résolution 2334 (2016), par laquelle le Conseil a dénoncé les activités de colonisation.  « Aujourd’hui, nous disons assez », a-t-il dit.

« En dépit de l’apaisement relatif du conflit israélo-palestinien, en comparaison d’autres développements dans la région, le spectre de la violence n’est jamais loin », a déclaré le Coordonnateur spécial, M. Nickolay Mladenov, à l’entame de son intervention.  Comme la plupart des délégations, il a condamné l’attaque à la voiture-bélier qui a tué quatre Israéliens, le 8 janvier, à Jérusalem.  Les Israéliens et Palestiniens vivent « prisonniers de la peur, pris au piège d’un cycle de conflit perpétuel », a déploré le Coordonnateur spécial.

Dans le droit fil de la résolution 2334 (2016), M. Mladenov a exhorté Israéliens et Palestiniens à s’engager en faveur de cette solution, les premiers, en mettant notamment fin aux colonies de peuplement, les seconds, en condamnant les actes de terrorisme et les incitations à la violence.  « Une action est nécessaire, en premier lieu et avant tout, de la part des parties elles-mêmes », a-t-il dit.  Cette résolution, adoptée par 14 voix pour et l’abstention des États-Unis, a été au cœur de la plupart des interventions, à commencer par celle de l’Observateur permanent de l’État de Palestine.

Celui-ci y a vu un texte « clairement en faveur de la paix, du droit international, de la solution des deux États et, ainsi, en faveur de la Palestine et d’Israël », dont le respect ne doit pas se noyer dans « la pollution sonore » à laquelle se livre Israël.  L’Observateur de la Palestine a appelé ce pays à choisir entre l’occupation et la paix « qui, a-t-il rappelé, ne peuvent coexister ».  « C’est un moment de vérité », a-t-il souligné.  Cette position est aux antipodes de celle exprimée par le représentant d’Israël, qui a dénoncé une résolution « opposée » à la paix et déploré la tenue de la Conférence de Paris la semaine dernière, « malgré les appels du Premier Ministre Benjamin Netanyahu à organiser, plutôt, une réunion avec le Président Abbas ».

Le représentant israélien a expliqué que son pays entendait suspendre le versement de plus de 6 millions de dollars au titre de sa contribution annuelle au budget de l’ONU pour réagir à la politique de « deux poids, deux mesures », adoptée par l’Organisation envers Israël.  Il a notamment visé nommément la Division des droits des Palestiniens dont le seul mandat, selon lui, « est de promouvoir le discours palestinien et de délégitimer Israël ».  Le délégué a toutefois placé son espoir dans la prochaine administration des États-Unis, qu’il a invitée à s’opposer aux résolutions « injustes et partiales » du Conseil.

« Notre position sur les colonies de peuplement est claire et nous nous opposons, dans le même temps, à toute tentative visant à délégitimer Israël », a affirmé la déléguée des États-Unis, à propos d’une résolution présentée, tour à tour, comme « un signal fort » par la Fédération de Russie et « comme reflétant la volonté internationale » par l’Iran.  La représentante américaine a tenu à réaffirmer l’engagement inébranlable de son pays pour la paix, en rappelant que la déclaration adoptée à l’issue de la Conférence de Paris était basée sur les principes exposés récemment par le Secrétaire d’État John Kerry.

« Cette Conférence est une main amicale tendue aux parties », a commenté le délégué de la France, tout en insistant sur le rôle de la communauté internationale en vue de créer un climat propice à la reprise de ces négociations.  Il a précisé que l’un des autres objectifs de la Conférence était de remettre d’urgence le conflit israélo-arabe au cœur des priorités de la communauté internationale, en raison du risque de « déstabilisation régionale incontrôlable » dont elle est porteuse.

Le conflit en Syrie a été abondamment discuté par les délégations, certaines d’entre elles, dont la Fédération de Russie, se sont dites optimistes pour les pourparlers de paix prévus le 23 janvier à Astana, au Kazakhstan, entre le Gouvernement syrien et certains groupes de l’opposition.  « Cette réunion permettra de ressusciter le dialogue intrasyrien », a dit M. Churkin.  Il a indiqué que certains représentants de l’ONU pourraient s’y joindre, en précisant que le nombre de participants devait encore être arrêté par le Gouvernement kazakh.

« Cette réunion, en cours de préparation, devrait constituer une étape importante pour la reprise des négociations qui seront menées sous les auspices de l’ONU, à Genève, le mois prochain », a commenté le délégué du Kazakhstan.  Son homologue de l’Ukraine a, quant à lui, fait part de son « scepticisme », en raison notamment des efforts de Damas visant à aboutir à une solution militaire.  Le délégué du Royaume-Uni a, de son côté, annoncé la présentation par son pays et la France d’un projet de résolution afin que les membres du régime impliqués dans des crimes graves rendent des comptes.

Enfin, les délégations, dont celles de la Suède, ont été nombreuses à saluer l’élection de M. Michel Aoun à la présidence du Liban et la formation du nouveau Gouvernement d’accord national.  « Les institutions nationales, a indiqué le délégué du Liban, ont recommencé à fonctionner normalement, ce qui démontre la résilience du pays. »  L’engagement du Liban en faveur de la mise en œuvre de la résolution 1701 (2006) a permis de mettre fin à la guerre israélienne lancée en 2006 contre le Liban, a-t-il assuré.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE 

Déclarations

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, qui intervenait par vidéoconférence depuis Jérusalem, a condamné l’attaque au camion qui, le 8 janvier dernier à Jérusalem, a tué quatre Israéliens et blessé 17 autres.  « De telles attaques ne peuvent en aucun cas se justifier et doivent faire l’objet d’une condamnation universelle », a-t-il dit.  Il a jugé regrettable que certains responsables et factions palestiniens aient choisi de glorifier l’auteur de l’attaque ou de se taire.

« En dépit de l’apaisement relatif du conflit israélo-palestinien, en comparaison d’autres développements dans la région, le spectre de la violence n’est jamais loin », a poursuivi M. Mladenov.  Il a insisté sur la responsabilité des responsables des deux côtés en vue d’apaiser les tensions et d’offrir un horizon politique pour leurs peuples.  Le Coordonnateur a rendu un hommage appuyé au personnel onusien sur le terrain, qui apporte notamment une assistance alimentaire à un million de réfugiés à Gaza et en Cisjordanie et une éducation gratuite à 350 000 étudiants.  Les programmes de l’ONU ont appuyé le Gouvernement palestinien dans la création de 45 000 emplois au profit de personnes qui bénéficiaient auparavant d’une aide humanitaire, a-t-il avancé.

M. Mladenov a rappelé que les échecs répétés des responsables des deux côtés d’inverser la trajectoire actuelle négative faisaient le lit d’une situation où Israéliens et Palestiniens vivent « prisonniers de la peur, pris au piège d’un cycle de conflit perpétuel ».  Il a indiqué que la résolution 2334 (2016) adoptée par le Conseil en décembre dernier réitérait certains des obstacles essentiels entravant la solution des deux États, tels que la poursuite des colonies de peuplement illégales, la poursuite d’actes de violence et le terrorisme.

La communauté internationale a clairement dit que les deux parties doivent prendre leur part dans l’instauration des conditions nécessaires pour le lancement de négociations directes pour un statut final, a affirmé le Coordonnateur.

Les Israéliens doivent démontrer leur engagement en faveur d’une telle solution en mettant fin aux activités de peuplement et en mettant en œuvre les accords antérieurs, tandis que les Palestiniens doivent faire montre d’un engagement similaire en condamnant tous les actes de terrorisme et en prenant des mesures significatives pour diminuer les incitations à la violence.

Il a estimé que de telles actions par les deux parties, demandées tant par le Quatuor pour le Moyen-Orient que par ce Conseil, auraient une puissante influence positive sur les perspectives de paix.  Après le vote de la résolution, les émotions sur le terrain se sont accentuées, a continué M. Mladenov, en soulignant les appels lancés pour une annexion de la zone C en son entier.  Estimant que de telles positions sapaient les perspectives de paix, il a appelé les parties à s’abstenir de toute action unilatérale qui pourrait compromettre une solution négociée.

« Dimanche dernier, la France a accueilli plus de 70 pays et des organisations internationales, non pas pour imposer des conditions aux Palestiniens et aux Israéliens, mais pour réaffirmer leur appui en faveur de la solution des deux États et leur détermination à appuyer les deux parties à retourner à des négociations substantielles », a déclaré le Coordonnateur spécial. 

M. Mladenov a insisté sur les développements importants qui se sont produits sur le terrain, mentionnant les 24 démolitions conduites par Israël en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et la mort d’un adolescent palestinien, tué par les forces israéliennes, lors de heurts près de Bethlehem.

Il a encouragé toutes les factions palestiniennes à saisir l’occasion d’une session régulière du Conseil national palestinien, dont les préparatifs ont commencé, afin de parvenir à une réconciliation véritable.  L’initiative récente de la Fédération de Russie à Moscou, qui offre une enceinte aux factions palestiniennes pour tenir des discussions ouvertes, est un pas dans la bonne direction, a poursuivi le Coordonnateur.

Se tournant vers la situation à Gaza, M. Mladenov s’est dit vivement préoccupé par la répression par le Hamas de manifestations pacifiques de Palestiniens contre les coupures d’électricité, avant d’indiquer qu’Israël avait augmenté la quantité de matériel de construction autorisée à entrer à Gaza.  Il a déploré que moins de la moitié des 3,5 milliards de dollars promis, il y a deux ans et demi, lors de la Conférence du Caire pour la reconstruction de Gaza ait été déboursée.

Il a ensuite salué les développements positifs que constituent la formation, le 18 décembre, d’un Gouvernement au Liban et la visite du nouveau Président libanais en Arabie saoudite au début de ce mois.  La détermination du Gouvernement libanais à remédier aux défis du pays invite à un optimisme prudent en vue d’une consolidation des institutions libanaises, a-t-il affirmé.  Dans le Golan, il a indiqué que le cessez-le-feu entre forces israéliennes et syriennes avait été globalement respecté, avant de juger prioritaire le plein retour de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement dans la zone de séparation.

En conclusion, M. Mladenov a jugé que les occasions pour faire avancer la paix étaient rares et devaient, à ce titre, être saisies, avant de déclarer que les communiqués et résolutions ne suffiront pas.  « Une action est nécessaire, en premier lieu et, avant tout, de la part des parties elles-mêmes », a conclu le Coordonnateur.

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, est revenu sur la résolution 2334 (2016) et son importance pour sauver la solution des deux États et ouvrir la voie à la fin de l’occupation israélienne.  La résolution, a-t-il rappelé, a été accueillie avec satisfaction par tous, à l’exception d’Israël et de quelques-uns de ses partisans.  Or, la résolution n’est pas anti-israélienne, a insisté l’Observateur.  Elle est « anticolonies de peuplement, antiviolence, antiviolations des droits de l’homme ».  Elle est « clairement pro-paix, pro-droit international, pro-deux États et donc pro-Palestine et pro-Israël ».  Elle ne peut en aucun cas être considérée comme biaisée car le droit sur lequel elle se fonde est universel et juste.  C’est un fait et c’est la colonne vertébrale de notre système international, a-t-il martelé. 

L’occasion de souligner l’applicabilité du droit et de renforcer son respect ne doit pas être noyée dans la pollution sonore à laquelle se livre Israël, la Puissance occupante, ou ses tentatives d’intimider ceux qui cherchent à respecter ce droit, a poursuivi l’Observateur.  Les enjeux sont trop élevés: il s’agit d’une chance pour la paix aujourd’hui mais aussi de notre avenir commun.  L’Observateur a dénoncé la rhétorique stérile et les acrobaties juridiques d’Israël pour justifier la poursuite des colonies et l’oppression du peuple palestinien, en violation flagrante du droit.  La volonté du Conseil de sécurité et de la communauté internationale de se conformer à la résolution et de mettre en œuvre ses dispositions nous dira si la solution des deux États peut être sauvée ou pas et si la paix est possible ou pas, a prévenu l’Observateur.

À ceux qui sont « horrifiés » par le fait que le Conseil de sécurité ait osé adopter la résolution 2334 (2016), nous disons: « lisez la résolution et son appel clair à la paix.  Lisez la Charte des Nations Unies, en commençant par ses buts et principes définis dans l’Article 1, y compris le maintien de la paix et la sécurité internationales conformément aux principes de la justice et du droit international et le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et l’Article 2, qui stipule que tous les Membres doivent remplir de bonne foi les obligations qu’ils doivent assumer aux termes de la Charte et doivent donner aux Nations Unies pleine assistance dans toute action entreprise par elles conformément à la Charte.  Rappelez-vous aussi de l’Article 6 qui stipule que si un Membre enfreint de manière persistante les principes énoncés dans la Charte, il peut être exclu de l’Organisation ».  Le respect des résolutions du Conseil de sécurité est donc « clairement obligatoire », en a conclu l’Observateur, qu’elles aient été adoptées en vertu du Chapitre VI ou du Chapitre VII.

L’adoption de la résolution 2334 (2016) est un tournant.  C’est un moment de vérité, a-t-il insisté.  Israël, la Puissance occupante, doit choisir entre l’occupation et la paix qui s’excluent mutuellement et ne peuvent coexister.  Il est temps pour Israël de savoir si la solution des deux États doit devenir réalité ou le contraire.  C’est le moment de dire fermement que l’arrêt de la colonisation ne doit pas être vu comme une concession ou une condition préalable mais comme le « respect fondamental » du droit.  Il est temps de mettre pleinement en œuvre la résolution 2334 (2016) et toutes ses dispositions.  L’Observateur s’est attardé sur le paragraphe 5 de la résolution qui « demande à tous les États de faire une distinction entre l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 ».

Le Gouvernement palestinien, a-t-il assuré, s’engage à respecter la résolution 2334 (2016).  Il s’engage en faveur de la paix, du droit international, de la solution des deux États, de la non-violence et de la lutte contre le terrorisme.  Il réaffirme sa disposition à respecter ses obligations au mieux de ses capacités, en tenant compte des obstacles très graves dus à l’occupation israélienne.  Le Gouvernement réaffirme sa volonté de continuer de coopérer avec tous les efforts internationaux et régionaux et appelle à l’intensification de ces efforts.

L’État de Palestine comprend la nécessité de négocier, a encore assuré l’Observateur.  Il a dit oui à Paris, oui à Moscou, oui à la résolution 2334 (2016), et oui aux frontières de 1967 dans un compromis historique et aux termes de référence du processus de paix, dont le droit international, les résolutions pertinentes des Nations Unies, les Principes de Madrid, l’Initiative de paix arabe, et la Feuille de route du Quatuor auxquels Israël, quant à lui, s’est opposé et a ignoré et sapé.  C’est pourquoi une implication internationale est indispensable.

L’Observateur a donc espéré que la Conférence de Paris du 15 janvier dernier imprimera un élan aux efforts de paix, dont ceux de la Ligue des États arabes, du Quatuor, de la Fédération de Russie et de l’Égypte et du Secrétaire d’État américain comme en atteste sa déclaration « importante » du 28 décembre dernier.  Nous approchons dangereusement du point de non-retour, a prévenu l’Observateur pour qui la résolution 2334 est le moyen de s’éloigner du précipice.  La communauté internationale doit agir maintenant et en cette année du soixante-dixième anniversaire de la partition et du cinquantième anniversaire de l’occupation et de la résolution 242 du Conseil de sécurité, nous avons un choix: sauver la solution des deux États ou l’enterrer.  Saisissons cette occasion pour entrer dans une nouvelle ère de paix israélo-palestinienne, arabo-israélienne et mondiale, a dit pour finir l’Observateur.

M. DANNY DANON (Israël) a cité les commentaires des porte-parole du Hamas et du Jihad islamique qui se sont félicités de l’adoption de la résolution 2334 (2016), avant de rappeler que ces organisations ont tué et blessé un nombre incalculable d’Israéliens innocents.  Ce sont des organisations terroristes et meurtrières reconnues comme telles par les États-Unis, l’Union européenne et bien d’autres pays, a-t-il souligné en précisant qu’elles sont ouvertement déterminées à détruire l’État d’Israël. 

Ces mêmes organisations ont célébré l’attentat perpétré la semaine dernière à Jérusalem par un terroriste palestinien à l’aide d’un camion, qui a tué quatre Israéliens et en a blessé une dizaine, a-t-il fait remarquer en ajoutant qu’elles ont distribué des bonbons à Gaza en l’honneur de ces meurtres.  « Telles sont les entités qui ont joint leurs voix au Conseil en se félicitant de la résolution 2334 (2016) », un texte qui a déclaré illégale la présence des Israéliens à Jérusalem et a encouragé les Palestiniens à éviter encore les négociations, en inspirant aussi le terroriste à Jérusalem.

Après avoir cité les noms des quatre victimes, M. Danon a demandé de prendre le temps de mieux comprendre cette résolution en se désolant en particulier qu’elle considère comme « une violation flagrante en droit international » la présence d’Israël dans des quartiers de Jérusalem qui ont été libérés en 1967. 

Il a rappelé qu’il s’agit notamment de la vieille ville et du quartier juif de Jérusalem, ainsi que le « Mur des lamentations », site saint au cœur de Jérusalem, qui est « le seul vestige de notre temple construit sous le roi Salomon il y a près de 3 000 ans ».  C’est là que le roi Salomon a prononcé la fameuse citation « rien de nouveau sous le soleil ».  Refaisant l’historique de la destruction du premier puis du deuxième temple par les Babyloniens et les Romains, il a noté que ces derniers avaient aussi rebaptisé la terre d’Israël en « Palestine » pour effacer toute trace de lien avec le droit acquis à la naissance. 

Aujourd’hui, a-t-il déclaré, je ne représente pas seulement l’État d’Israël, mais aussi les 16 millions de juifs du monde entier qui prient pour Jérusalem.  La paix est au cœur de nos prières, a-t-il insisté en expliquant pourquoi le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu réitérait sans cesse son appel au Président Mahmoud Abbas pour que celui-ci le rencontre pour reprendre des négociations directes authentiques.  Il a précisé que le Premier Ministre souhaitait une rencontre à Jérusalem, à Ramallah ou à New York.

Pour lui, la résolution adoptée le mois dernier a fait reculer le processus de paix.  Le message qui émanait de cette salle pendant l’automne du Gouvernement actuel à Washington, et maintenant de Paris, est à l’opposé de cette paix, a-t-il ajouté.  Il a décrit un dessin publié par le Fatah sur sa page Facebook officielle qui représentait un poignard en forme d’Israël aux couleurs du drapeau palestinien.  Pas seulement la Judée et la Samarie, mais tout Israël, a-t-il précisé avant de citer le commentaire qui l’assortissait: « Merci » suivi de la liste des membres du Conseil de sécurité ayant voté en faveur de la résolution. 

De l’avis de M. Danon, si le Conseil a cru avoir adressé un message à Israël, il a en fait envoyé un message aux Palestiniens qui pensent qu’ils peuvent maintenant continuer à diffuser le mensonge selon lequel le mur ouest n’est pas sacré pour le peuple juif et que Tel Aviv est en fait « Tel al-Rabia ». 

Le Ministre des affaires étrangères palestinien a, lui-même, dit « non à Israël en tant qu’État juif », a-t-il aussi relevé.  Il a regretté que les Palestiniens pensent pouvoir atteindre leurs buts sans faire de concessions.  Le représentant a également regretté la tenue de la Conférence de Paris malgré les appels de M. Netanyahu à organiser plutôt une réunion avec le Président Abbas.

Aujourd’hui, nous disons « assez », a lancé M. Danon, en indiquant réévaluer les relations de son pays avec un certain nombre d’organisations de l’ONU.  Notre premier pas sera de suspendre le versement de plus de 6 millions de dollars de notre contribution annuelle à l’ONU en 2017.  Ce montant représente la part du budget des Nations Unies alloué aux organes anti-Israël et qui représente le « deux poids, deux mesures ». 

Il a noté que la Division des droits des Palestiniens est un organe de l’ONU dont le seul mandat est de promouvoir le discours palestinien et de délégitimer ainsi Israël, avec un budget de 1,3 million de dollars rien que pour les voyages.  Ces ressources pourraient, plutôt, être consacrées à promouvoir le dialogue, a-t-il estimé.

Le représentant a toutefois placé de l’espoir dans la nouvelle composition du Conseil de sécurité, comme c’est le cas à chaque fois que de nouveaux membres arrivent, ainsi que dans l’arrivée d’un nouveau Secrétaire général à l’ONU et d’un nouveau président des États-Unis. 

Avec la nouvelle administration américaine, nous espérons que les États-Unis reviendront à une politique opposée aux résolutions injustes et partiales du Conseil de sécurité et qui promeuve le dialogue direct et authentique entre Israéliens et Palestiniens.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé que plus de 70 pays et organisations internationales s’étaient réunis à Paris, ce dimanche 15 janvier, pour appeler d’une seule voix à la relance d’un processus de paix au Proche-Orient.  Il a précisé que ce processus engagé par la France, et ponctué par les conférences internationales du 3 juin et du 15 janvier, avait trois objectifs principaux qui se reflètent dans le communiqué conjoint adopté à Paris. 

Le premier objectif était de remettre d’urgence le conflit israélo-arabe au cœur des priorités de la communauté internationale en rappelant que l’absence de règlement du conflit israélo-arabe constitue en effet une menace permanente pour la sécurité internationale.  « De par son importance propre comme sa dimension symbolique, ce conflit non réglé depuis plus de 70 ans dépasse largement les frontières d’Israël et des territoires palestiniens, et toute escalade est porteuse d’un risque de déstabilisation régionale incontrôlable », a-t-il prévenu.  

« Le deuxième objectif du processus que nous avons mené était de réaffirmer une communauté de vision sur l’essentiel, à savoir l’attachement à la solution des deux États, qui est inséparable de la dénonciation de la politique de colonisation et de la condamnation sans merci du terrorisme et de la violence », a-t-il dit. 

Enfin il a indiqué que le troisième objectif de l’initiative de la France était d’engager une démarche positive et incitative vers la reprise de pourparlers.  À cet égard, il a remercié la Suède, l’Allemagne, la Norvège et la Commission européenne pour leur engagement très actif en ce sens.

En outre, M. Delattre a expliqué que la déclaration conjointe de la Conférence du 15 janvier était le résultat d’un travail de longue haleine et d’une large mobilisation collective.  « Elle s’est nourrie de tous les efforts existants, notamment l’action du Quatuor, l’Initiative de paix arabe, les initiatives de la Russie et de l’Égypte, le rôle essentiel des États-Unis bien sûr », a-t-il ajouté. 

Il s’est aussi félicité d’une démarche construite en toute transparence vis-à-vis des parties, qu’il a appelées à démontrer par une action concrète sur le terrain leur attachement à la solution des deux États.  S’il n’est pas question de dicter aux parties les termes du règlement de paix, M. Delattre a estimé que la communauté internationale avait un rôle irremplaçable à jouer pour créer, par les garanties et encouragements appropriés, le cadre adapté et le contexte propice pour la reprise de ces négociations.  « C’est bien le sens de l’initiative française, c’est bien le sens de la Conférence de Paris, qui est une main amicale tendue aux parties », a-t-il insisté.

Dans ce contexte, il a expliqué que la déclaration conjointe du 15 janvier n’est pas le bout du chemin, mais une étape nécessaire et importante vers la reprise du processus de paix.  Il a ajouté que l’attentat odieux commis à Jérusalem le 8 janvier dernier, qui a coûté la vie à quatre jeunes soldats israéliens, nous a rappelé combien la situation sur le terrain reste précaire. 

Il a conclu que l’objectif est bien de recréer une dynamique politique positive fondée sur la solution des deux États, la seule à même de répondre aux aspirations des deux parties et d’assurer aux Palestiniens et aux Israéliens le droit de vivre, côte à côte, dans la paix et dans la sécurité.

Après avoir souligné l’engagement continu de la communauté internationale en faveur de la paix au Proche-Orient, M. GORGUI CISS (Sénégal) a rappelé que la résolution 2334 (2016) demandait l’arrêt immédiat des colonies de peuplement et réaffirmait la solution des deux États en tant que seule voie de salut, pour une issue heureuse et définitive au conflit.  « La résolution témoigne de notre attachement commun à la paix au Proche-Orient, une paix menacée par des obstacles majeurs », a poursuivi le représentant. 

Parmi les obstacles les plus préoccupants, figurent la poursuite et l’accélération de la colonisation et de l’occupation en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, qui, en plus de compromettre dangereusement la solution des deux États, alimentent et attisent la haine et la violence, qui affectent, quoique de façon très disproportionnée, Palestiniens et Israéliens.  Pour surmonter ces obstacles à la paix, le Sénégal, en écho aux recommandations du rapport du Quatuor, exhorte les parties à mettre fin à l’entreprise de colonisation et à renoncer à la violence et à l’incitation à la haine. 

Le représentant a ajouté que « nous ne pouvons occulter les dangers posés par la situation précaire qui prévaut à Gaza, en particulier sa dimension humanitaire catastrophique qui affecte 70% de près de deux millions de personnes qui y résident ».  

Il a salué les travaux des acteurs humanitaires, en particulier l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) pour leurs interventions au profit des réfugiés palestiniens.  Il a invité les États Membres à poursuivre leur assistance à l’Office qui venait de lancer un appel d’urgence de 813 millions de dollars américains.

Le représentant a aussi dit que « juin 2017 marque, certes, un bien triste anniversaire, celui des 50 ans d’occupation des territoires palestiniens.  Mais en dépit des frustrations qui peuvent naître de l’absence de progrès tangibles du processus politique et de la réalité difficile sur le terrain, des frustrations qui peuvent amener à céder au découragement, voire au cynisme, nous n’avons d’autre alternative que de redoubler de persévérance et d’efforts sur ce dossier ».

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a indiqué que la Conférence de Paris sur le processus de paix, à laquelle son pays avait pris part, avait démontré l’unité de la communauté internationale qui entend considérer le processus de paix au Moyen-Orient parmi ses priorités.  Il a ajouté que la Conférence de Paris avait également confirmé l’engagement, largement partagé, de poursuivre l’objectif de la solution des deux États à travers des négociations directes. 

Le représentant a rappelé que le rapport du Quatuor, publié en juillet dernier, ainsi que la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, laissaient voir que les faits sur le terrain menaçaient la viabilité même de la solution des deux États installés dans les frontières qui étaient en vigueur en 1967.  Il a cité, entre autres, les activités de colonisation qui se sont étendues de manière significative l’an dernier, ainsi que les démolitions et les confiscations de projets palestiniens dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est. 

M. Cardi a relevé que les colonies de peuplement ne constituaient pas le seul obstacle à la paix.  Il s’est dit inquiet des risques d’expansion de la violence terroriste et de l’incitation à la violence sur le terrain au Moyen-Orient.  La récente attaque menée grâce à un véhicule à Jérusalem nous rappelle de l’extrême fragilité de la situation, a-t-il noté.  Il a appelé à des actions immédiates visant à condamner de tels actes par toutes les parties, y compris par un « rejet actif » de l’incitation à la violence.  L’érosion de la solution des deux États pourrait, a-t-il prévenu, laisser le champ libre à une sorte de situation dangereuse de « l’illusion d’un seul État », en proie à l’insécurité et aux tensions permanentes.

Le délégué a invité les parties à prendre des mesures qui démontreraient de leur engagement véritable à rétablir un horizon politique pouvant mener à la reprise des négociations directes, et en tenant compte du fait que la paix ne peut être imposée de l’extérieur, a-t-il précisé.  Il a ensuite salué les efforts de l’Administration des États-Unis en faveur de la paix, émettant le vœu que la prochaine administration investisse dans le même capital politique et déploie les mêmes efforts que celle sortante en vue de la réalisation de la solution des deux États. 

Il a souligné que la réconciliation nationale palestinienne était un élément clef pour la réalisation de la solution des deux États.  Il a aussi appelé la communauté internationale à trouver une solution à la situation humanitaire horrible qui prévaut à Gaza.

Le représentant a par ailleurs salué l’élection du Président Michel Aoun au Liban, ainsi que la formation d’un Gouvernement dirigé par le Premier Ministre Saad Hariri.  Il a enfin souhaité que les élections législatives de 2017 dans le pays marquent une étape importante vers le renforcement et la consolidation de la démocratie libanaise.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a déclaré que 70 ans après l’adoption de la résolution 181 (1947) décrétant la partition de la Palestine pour la création d’un État arabe et d’un État juif, Israël est devenu un État moderne, Membre de l’ONU, alors que la Palestine continue de faire face à de sérieux problèmes de développement et d’insertion dans la communauté internationale. 

Il a expliqué que cette situation avait de graves conséquences sur la population palestinienne mais était aussi responsable de tensions dans toute la région.  Dans ce contexte, le représentant de l’Uruguay s’est félicité que l’adoption de la résolution 2334 (2016) et la finalisation de la Conférence de la paix sous les auspices de la France démontraient l’urgence que la communauté internationale accorde à la conclusion de ce processus de paix. 

Néanmoins, le représentant de l’Uruguay s’est dit choqué que l’Autorité palestinienne n’ait pas publiquement dénoncé la récente attaque terroriste perpétrée à Jérusalem le 8 janvier en ajoutant que toute forme d’incitation et glorification de la violence devait être condamnée. 

S’agissant de la situation en Syrie, il a particulièrement salué l’adoption de la résolution 2328 (2016) sur la suite à donner à la situation humanitaire à Alep ainsi que celle de la résolution 2336 (2016) sous les auspices de la Russie et de la Turquie.

M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné l’importance que la communauté internationale présente un front uni face à la menace globale du terrorisme.  La situation au Moyen-Orient reste tendue et explosive, a-t-il dit, avant de se dire en faveur d’un règlement juste et global sur la base des résolutions pertinentes du Conseil et de l’Initiative de paix arabe.  M. Churkin a estimé qu’une paix durable ne pourrait résulter que de négociations directes entre les Israéliens et les Palestiniens, sans conditions préalables.

M. Churkin a rappelé le vote de son pays en faveur de la résolution 2334 (2016), qui constitue un « signal fort » et souligne l’importance de la solution des deux États.  Défendant des mesures concrètes pour sortir le processus de paix de l’impasse, il a souligné l’importance de mettre un terme aux divisions palestiniennes et de rétablir l’unité politique des Palestiniens, objectif des rencontres qui ont récemment eu lieu à Moscou.  Le règlement de ces divisions pourrait ouvrir la voie à l’instauration d’un État palestinien viable et à l’apaisement des tensions à Gaza, a jugé le délégué.

Il a indiqué que son pays avait toujours défendu une solution politique en Syrie, avant de préciser que le cessez-le-feu, établi à la suite des efforts de la Russie et de la Turquie, était globalement respecté.  M. Churkin a fait état des discussions qui doivent s’ouvrir à Astana, au Kazakhstan, le 23 janvier, pour le règlement du conflit, auxquelles le Gouvernement syrien et les groupes d’opposition ayant notamment signé l’accord de cessez-le-feu doivent participer. 

« Cette réunion permettra de ressusciter le dialogue intersyrien », a-t-il dit.  M. Churkin a ajouté que certains représentants de l’ONU pourraient y participer.  Il reste encore à déterminer le nombre des intervenants et les tâches à assigner à chacun, a-t-il avancé, avant d’indiquer que cela était du ressort du Gouvernement du Kazakhstan.

En conclusion, le représentant a demandé à la communauté internationale d’appuyer ces discussions afin de donner un « nouvel élan » aux efforts en vue d’un règlement de la situation en Syrie. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) s’est inquiété des liens établis entre Daech, Al-Qaida et les Chabab.  Le représentant s’est aussi préoccupé des récentes modifications des réalités géopolitiques qui ont sensiblement changé les dynamiques sécuritaires et compliqué toute perspective de paix et de stabilité dans la région du Moyen-Orient et au bord de la mer Rouge. 

Néanmoins, le représentant de l’Éthiopie a estimé que le conflit israélo-palestinien demeurait la principale menace à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient.  « En tant qu’amie de la Palestine et d’Israël », le représentant a indiqué que l’Éthiopie appuyait le droit d’Israël de vivre en sécurité et celui du peuple de la Palestine à l’autodétermination.  

Il a estimé que le Conseil de sécurité ne pourrait pas résoudre le conflit israélo-palestinien et que seuls les Israéliens et les Palestiniens pourraient y parvenir.  Il a regretté que des initiatives regrettables des deux parties viennent constamment miner les négociations de paix et la viabilité même de la solution des deux États. 

À un moment où les terroristes étendent leur influence dans toute la région, le représentant de l’Éthiopie a craint que l’absence de solution n’encourage « une radicalisation qui nous mènera à un désastre ».  Dans ce contexte, il a jugé impératif que les deux parties reprennent des négociations directes visant à parvenir à une solution durable respectant les aspirations nationales d’Israël et de la Palestine.  

M. KORO BESSHO (Japon) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2334 (2016), jugeant important de montrer que le Conseil de sécurité est attaché à une paix juste, pérenne et globale.  Cette résolution doit être interprétée comme un tout, a-t-il estimé, car la cessation des activités de colonisation ne suffira pas à apporter la paix. 

Il a appelé toutes les parties concernées à faire preuve de détermination pour mettre en œuvre la résolution.  Le Japon rejette tout acte d’incitation à la violence et toute glorification de la violence, a-t-il dit, en dénonçant en particulier l’attaque au bélier de la semaine dernière. 

Il a dénoncé, dans le même temps, le recours disproportionné à la force par Israël.  Le Japon a exhorté Israël à revoir ses politiques, mais les démolitions ont continué, a-t-il regretté, avant de plaider aussi en faveur de l’unité entre les Palestiniens.

En ce qui concerne Gaza, le représentant a parlé de la situation humanitaire tragique dont souffre la population, des conditions qui sapent le processus de paix et incitent à la radicalisation, selon lui.  Il a espéré la levée du blocus à terme, tout en prenant en compte les préoccupations d’Israël en termes de sécurité. 

Il a appelé à renforcer les efforts sur trois fronts: le dialogue politique, le renforcement de la confiance et l’assistance économique.  Il a salué à cet égard la Conférence de Paris et l’appel lancé par le Secrétaire d’État américain John Kerry pour que la Palestine s’engage en faveur de la paix. 

L’assistance économique fournie par le Japon devrait renforcer l’économie palestinienne, a-t-il ajouté avant de mentionner aussi l’aide à l’éducation fournie par son pays en Palestine.  Le Japon promeut également la coopération régionale en matière agricole.  Enfin, il s’est prononcé en faveur de négociations directes entre les deux parties. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a condamné l’attaque au camion bélier perpétrée à Jérusalem le 8 janvier.  Le Conseil de sécurité a également condamné cette attaque, qui ne peut en aucun cas se justifier, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que la résolution 2334 (2016) condamnait les actes de terrorisme et soulignait la centralité de la solution des deux États, laquelle est de plus en plus compromise. 

« Notre position sur les colonies de peuplement est claire et nous nous opposons à toute tentative visant à délégitimer Israël », a-t-elle déclaré.  Elle a ensuite affirmé que la déclaration adoptée à l’issue de la Conférence de Paris pour la paix au Moyen-Orient était basée sur les principes exposés par le Secrétaire d’État John Kerry.  Personne ne peut prendre de décision à la place des Palestiniens et des Israéliens et il leur revient de faire les choix difficiles pour la paix, a-t-elle dit, avant de rappeler l’engagement « inébranlable » de son pays en faveur des efforts de paix.

S’agissant de la Syrie, elle a souligné la nécessité d’un processus politique et de mesures visant à alléger les souffrances.  « Nous appuyons les efforts en vue d’une désescalade en Syrie », a-t-elle avancé, avant d’indiquer que les pourparlers de paix devaient être basés sur la résolution 2254 (2015). 

Elle a demandé que le processus politique soit conduit par les Syriens eux-mêmes et souligné la fragilité du cessez-le-feu en Syrie.  « Nous ne pouvons pas rester silencieux contre les attaques qui continuent d’être perpétrées contre les civils », a-t-elle affirmé.  Enfin, la déléguée des États-Unis a encouragé le nouveau Président libanais à répondre aux besoins des Libanais.

M. LIU JIEYI (Chine), estimant que la question palestinienne était au cœur des problèmes de la région, a invité la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour promouvoir un processus permettant d’arriver aussi rapidement que possible à une solution des deux États.  Il a souhaité à cet égard que Jérusalem-Est soit reconnue comme capitale, « un droit inaliénable pour le peuple palestinien » selon lui. 

Israël et la Palestine devraient, a-t-il ajouté, saisir l’occasion de la résolution 2334 (2016) pour reprendre les négociations.  Il a appelé les deux parties à mettre en œuvre ce texte et à rétablir la confiance en faisant preuve de retenue, en demandant notamment à Israël de cesser les constructions de colonies.

Les pays de la région ont également des préoccupations en termes de sécurité, a noté le représentant, avant d’inviter la communauté internationale à un engagement plus fort.  Il s’est, d’ailleurs, félicité de la tenue de la Conférence de Paris et de son bon résultat.  Nous devons continuer à promouvoir la reconstruction économique en Palestine, a-t-il souhaité en demandant à Israël de coopérer pour arriver à la levée du blocus à Gaza. 

Il a prôné davantage d’activités de coopération économique en se disant prêt à participer à l’initiative internationale visant à améliorer la situation économique en Palestine.  La Chine est aussi prête à agir en tant que médiateur entre Israël et les Palestiniens, pour promouvoir une paix globale et juste.  

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a condamné l’attaque au camion bélier perpétrée à Jérusalem, le 8 janvier, et dénoncé toute tentative visant à faire l’apologie de tels actes.  Le statu quo ne peut que conduire à une aggravation de la situation au Moyen-Orient, a-t-il dit, avant d’appeler à une intensification des efforts diplomatiques pour la paix.

Saluant la Conférence pour la paix au Moyen-Orient qui s’est tenue à Paris le 15 janvier, il a indiqué que les efforts de paix devraient se baser notamment sur les résolutions du Conseil et l’Initiative de paix arabe.

Le délégué a espéré une reprise des pourparlers intrasyriens, prévue le mois prochain à Genève, avant d’afficher son scepticisme devant leurs chances de succès, en raison, notamment, des efforts de Damas visant à aboutir à une solution militaire.  Il a estimé que le vote de la résolution 2336 (2016) revenait à accorder une trop grande confiance à la Fédération de Russie, peu de changements ayant été enregistrés tant sur le terrain que sur le plan politique depuis l’adoption de cette résolution fin décembre.

Il a, en outre, déploré que le mécanisme de suivi de cessez-le-feu n’existe pour l’instant que sur le papier.  La mise en œuvre du Communiqué de Genève est le seul moyen pour sortir de l’impasse, a-t-il affirmé.

Enfin, le représentant ukrainien a demandé le règlement des conflits au Yémen, en Syrie et en Iraq, sous peine de continuer d’alimenter l’extrémisme violent.

S’exprimant au sujet du conflit israélo-palestinien, M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) s’est dit alarmé par la situation humanitaire, les revers économiques, les constructions de colonies de peuplement et la montée d’actes de violence.  La violence n’apportera pas de solution, a-t-il déclaré, en expliquant que la solution des deux États, passant par des négociations bilatérales directes, était la seule option viable. 

Il a plaidé pour le « droit à la vie » pour un État palestinien indépendant et pour « droit à la sécurité » pour Israël.  Il a appelé les deux parties à faire preuve de sagesse, de responsabilité et de volonté politique afin d’arriver à un accord de paix historique qui contiendrait les aspirations légitimes des deux peuples.  Il a également invité les deux parties à restaurer la confiance mutuelle en investissant en faveur du développement durable et de la croissance économique en tant que mesure de renforcement de la confiance entre elles.  

Le représentant a ensuite salué les mesures prises par l’ONU, la Ligue des États arabes, les États-Unis, la Fédération de Russie, la Turquie et la communauté internationale afin de réunir le Gouvernement syrien et les forces d’opposition dans la perspective du dialogue et de la réconciliation. 

Il a indiqué que la prochaine réunion d’Astana, en cours de préparation, devrait constituer une étape importante pour la reprise des négociations qui seront menées sous les auspices des Nations Unies, à Genève, le mois prochain.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a condamné les attentats horribles commis récemment à Jérusalem.  Il a lancé un appel aux groupes terroristes et au Hamas pour qu’ils cessent les violences contre Israël.  Il a dénoncé les incitations à la haine, d’où qu’elles viennent, et le discours raciste et antisémite.  Il a demandé de lutter contre ces tendances en renforçant les institutions palestiniennes et en mettant en place une économie durable. 

Les activités de colonisation d’Israël étant illégales, nous avons voté en faveur de la résolution 2334 (2016), a-t-il expliqué avant de souligner aussi les demandes formulées aux deux parties dans ce texte.  Un accord ne peut être conclu que par le biais de négociations directes entre les parties, a-t-il estimé en invitant la communauté internationale à soutenir ces efforts.

S’agissant de la Syrie, il a souhaité que 2017 soit l’année de la cessation des hostilités à l’échelle du pays, pour ouvrir la voie à des négociations véritables soutenues par les Nations Unies.  Il a salué à cet égard l’adoption, l’an dernier, de la résolution 2336 (2016). 

Exprimant ses préoccupations quant aux bombardements qui persistent dans certaines régions ou encore à propos du manque d’accès à l’eau à Damas, il a reconnu que la paix n’est pas encore atteinte et que les auteurs des crimes échappent toujours à la justice.  C’est pourquoi, a-t-il annoncé, la France et le Royaume-Uni présenteront un projet de résolution pour que les membres du régime impliqués dans des crimes graves rendent des comptes.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a mentionné les initiatives de son pays, de la France et des États-Unis en vue de relancer les efforts de paix.  Le processus de paix se trouve dans une impasse, la plus grave depuis les accords d’Oslo, a-t-il dit, ajoutant que son pays avait tiré depuis longtemps la sonnette d’alarme.  Il a estimé que la situation ne pouvait que s’aggraver et que le désespoir dans la région faisait le jeu des groupes extrémistes.

Compte tenu de nos liens avec les deux parties et de nos efforts pour qu’elles retournent à la table de négociations, « nous souhaitons œuvrer à l’apaisement des tensions, en amont de négociations directes », a-t-il déclaré. 

Il a souligné l’importance de traduire l’Initiative de paix arabe par des mesures concrètes.  « Nous sommes conscients des responsabilités qui pèsent sur nos épaules et sommes prêts à les assumer en vue d’aboutir à une « percée » pour la paix », a-t-il affirmé.

En conclusion, M. Aboulatta a lancé un appel aux deux parties pour qu’elles fassent montre de courage et prennent les mesures nécessaires à l’instauration de la paix.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a indiqué avoir participé à la Conférence de Paris, en saluant les efforts de la France sur ce dossier.  La seule solution acceptable est la solution des deux États sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale, a-t-il affirmé.  Il a insisté sur une résolution de novembre 1947 qui faisait déjà référence à cette solution. 

Pendant 50 ans et après des années de violences, l’ONU a adopté des dizaines de résolutions sur cette situation dramatique et sur les droits inaliénables du peuple palestinien, a-t-il rappelé.  Il a dénoncé les constructions de colonies israéliennes et autres mesures prises par Israël en violation du droit international humanitaire.

Le représentant s’est rappelé l’intervention d’une diplomate israélienne à une réunion de l’ONU qui dénigrait les résolutions adoptées, imaginant qu’elles ne faisaient que prendre la poussière dans les étagères des Nations Unies. 

Il a rappelé que les deux parties ne vivent pas le conflit de la même manière, l’une d’elles étant la force occupante et celle qui a construit un mur en violation du droit international.  Cette même partie construit illégalement des colonies, déplace des civils par la force, confisque des terres, détruit des maisons, impose un blocus à Gaza, prend des sanctions contre ceux qui ont voté pour la résolution 2334 (2016).  Cette partie viole les résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté. 

Il a plaidé pour que la Charte des Nations Unies s’impose.  Soit c’est la Charte qui s’impose, soit les pratiques illégales s’imposeront, a-t-il prévenu.  Il a exprimé sa confiance en la venue du nouveau Secrétaire général qui a insufflé de l’énergie et de l’espoir.  Il a conclu en insistant sur « la mise en œuvre » des textes adoptés.

M. OLOF SKOOG (Suède) a rappelé que c’était son soutien à la solution des deux États et son souhait de rendre les parties moins inégales qui avaient conduit la Suède à reconnaitre l’État de Palestine en 2014.  Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2334 (2016), une étape importante selon lui sur la voie de la solution des deux États, en invitant les parties à la mettre en œuvre rapidement. 

Il s’est également félicité de l’adoption de la Déclaration commune de la Conférence de Paris.  Dans le cadre de l’initiative française, son pays a convoqué un groupe de travail sur la société civile qui a entendu les voix de 150 organisations de la société civile d’Israël et de Palestine.  Au cours de ces consultations, a-t-il indiqué, nous avons exprimé clairement que la génération post-Oslo, des deux côtés, avait perdu l’espoir de voir une solution des deux États devenir réalité.  Il a annoncé que la Suède accueillerait, au printemps, un Forum de la société civile.

La Suède, a-t-il poursuivi, soutient les efforts de l’ONU, du Quatuor et de la Ligue des États arabes.  Il a également souligné l’importance de la mise en œuvre de l’Initiative de paix arabe de 2002.  M. Skoog a salué les efforts du Gouvernement américain sortant et espéré voir se poursuivre l’engagement des États-Unis dans la recherche d’une solution des deux États. 

En ce qui concerne le Liban, il a salué l’élection de M. Michel Aoun à la présidence et la formation du nouveau Gouvernement d’accord national, en espérant que cela conduirait aux élections législatives.  Il a remercié le Liban d’accueillir plus de 1,1 million de réfugiés syriens. 

À propos de la Syrie, il a apprécié l’unité dont a fait preuve le Conseil de sécurité en décembre pour adopter la résolution 2336 (2016) et a appelé toutes les parties à garantir un accès sûr au personnel humanitaire.  La Suède, a-t-il dit, attend avec intérêt la reprise des pourparlers menés par l’ONU le 8 février prochain à Genève.  Il a également rappelé son engagement envers la reddition de comptes face aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité éventuellement commis en Syrie.

M. NAWAF SALAM (Liban) a rappelé que la situation des Palestiniens sur le terrain ne faisait que se détériorer depuis 50 ans, pendant que les Israéliens construisent toujours plus de colonies sur le Territoire palestinien occupé, ce qui rend les perspectives de paix durable de plus en plus difficiles à atteindre. 

Il a salué l’adoption de la résolution 2334 (2016) mais déploré le discours incendiaire et haineux des Israéliens envers les Nations Unies et la communauté internationale à propos de ce texte.  Il n’y a pas de partialité, a-t-il affirmé en rappelant que les résolutions du Conseil de sécurité soulignent simplement, année après année, le fait qu’Israël ne remplit pas ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies et du droit international. 

Il a rappelé le consensus qui prévaut depuis longtemps au sein de la communauté internationale et qu’a réaffirmé la résolution 2334 (2016): les colonies israéliennes n’ont aucun fondement juridique et constituent un obstacle majeur à la solution des deux États. 

Si on veut parler de partialité, on pourrait mentionner le fait qu’aucune mesure concrète n’a été prise pour obliger Israël à respecter ses obligations découlant des résolution du Conseil de sécurité, de la Charte et du droit international.  M. Salam a salué la France pour avoir réuni la Conférence de Paris et s’est félicité de la déclaration adoptée à son issue.

En ce qui concerne la Syrie, il a plaidé en faveur d’une solution politique, basée sur les résolutions du Conseil de sécurité, dans un pays souverain et uni.  Il a salué les efforts déployés par la Russie et la Turquie en vue d’un cessez-le-feu et de la reprise du processus politique, grâce à la réunion d’Astana.  Il a espéré que ces pourparlers conduisent à des négociations réussies le 8 février prochain, à Genève. 

Passant à la situation dans son pays, le Liban, il a souligné que les institutions avaient recommencé à fonctionner normalement, ce qui démontre la résilience du pays.  Il a indiqué que son gouvernement avait réaffirmé son engagement en faveur de la mise en œuvre de la résolution 1701 (2006) qui avait mis fin à la guerre israélienne lancée en 2006 contre le Liban.

Au cours de cette guerre, une marée noire avait été causée par le bombardement israélien d’une centrale électrique.  Pendant 10 ans, l’Assemblée générale a adopté des résolutions condamnant Israël à verser une indemnisation au Liban à hauteur de 856 millions de dollars, a-t-il rappelé, avant de demander que cette indemnisation soit enfin versée.

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a rappelé le consensus international sur la manière de résoudre le conflit israélo-palestinien: une solution négociée des deux États, Israël et Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, qui est l’unique voie pour une paix durable.  Les parties devraient réaffirmer leurs engagements en faveur de la solution des deux États et prendre des mesures urgentes afin d’inverser les tendances négatives actuelles sur le terrain, y compris la colonisation et les actes de violence, les questions en suspens entre parties ne pouvant être résolues que par des négociations directes. 

La Norvège est activement engagée en tant que présidente du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens en aidant les parties à faire plus de progrès afin de renforcer les institutions palestiniennes et de soutenir l’économie palestinienne. 

Il a indiqué que les donateurs devaient réaliser que l’Autorité palestinienne n’est pas en mesure de combler le déficit budgétaire actuel par elle-même, en partie en raison d’une importante baisse de l’appui budgétaire.  Ils devraient réexaminer leurs engagements d’appuis budgétaires et verser les promesses faites à la Conférence du Caire en 2014.

Le Comité spécial n’a jamais été une alternative à tout accord de paix mais une condition nécessaire pour y parvenir.  Avec l’aide du Comité, les parties ont fait des progrès et sont parvenues à des résultats concrets notamment l’accord sur le transfert de l’autorité de l’électricité à l’Autorité palestinienne et l’accord pour renouveler l’activité du comité conjoint de l’eau afin d’améliorer les infrastructures et la fourniture d’eau au peuple palestinien. 

Concernant la Syrie, toutes les parties devraient saisir l’année 2017 comme une occasion de trouver un moyen de sortir du cycle de destruction d’escalade et de régression.  Le conflit a déjà coûté des pertes économiques s’élevant à 275 milliards de dollars et le prix de la reconstruction de la Syrie est évalué entre 180 et 200 milliards de dollars. 

La reconstruction de la Syrie est intrinsèquement liée au cessez-le-feu et aux négociations politiques.  « Nous sommes ravis que le cessez-le-feu tienne, permettant l’amélioration de l’accès humanitaire.  Mais les nombreuses violations sont préoccupantes.  Nous espérons que la réunion d’Astana se concentrera sur la manière d’assurer un cessez-le-feu durable pour réduire encore la violence. » 

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a estimé que la résolution 2234 (2016) était un pas dans la bonne direction, à savoir la réalisation des droits inaliénables des Palestiniens, et représentait la volonté politique de la communauté internationale de s’opposer aux politiques d’Israël.

Le Conseil doit adopter les mesures nécessaires à la mise en œuvre de ladite résolution, a-t-il déclaré.  Il a affirmé que la poursuite des colonies de peuplement montrait qu’Israël n’avait aucun intérêt dans la paix avec les Palestiniens, la participation au processus de paix n’étant qu’une « couverture » pour dissimuler son agression. 

Les autres crises de la région ont pour point commun d’être alimentées par des interventions étrangères illégales, le terrorisme et la violence, a poursuivi M. Khoshroo.  Il a estimé que le Liban continuait de souffrir des violations de sa souveraineté par Israël.  Enfin, le délégué a dénoncé les tentatives d’Israël visant à modifier la composition démographique au Golan.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie), s’exprimant en sa qualité de Vice-Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que la solution des deux États continuait d’être mise à mal par des actions sur le terrain.  Il a ainsi évoqué le blocus de la bande de Gaza depuis une décennie, la construction et l’expansion de colonies de peuplement, la confiscation des terres, la démolition d’habitations et les déplacements forcés de civils palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, tout cela en violation du droit international humanitaire et de résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Il a ajouté que le fait d’empêcher le déploiement des Palestiniens dans la zone C de la Cisjordanie occupée, et la confiscation de terres palestiniennes en faveur de colons israéliens, étaient des mesures qui augmentaient la frustration et le désespoir et mettent en doute l’engagement d’Israël en faveur de la solution des deux États. 

Le représentant a noté des raisons d’espérer, au vu d’événements ayant eu lieu en fin d’année 2016, avec l’adoption de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, et en début de cette année avec la Conférence de Paris. 

Il a relevé qu’aux termes de cette résolution, le Conseil de sécurité a, de manière claire, apporté son soutien à la solution des deux États sur la base des frontières qui prévalaient en 1967, tout en soulignant que les colonies israéliennes en territoire palestinien, y compris Jérusalem-Est, étaient illégales. 

Il a appelé la communauté internationale à tenir compte, lors de délibérations sur la question, du territoire de l’État d’Israël et ceux occupés en Palestine, y compris Jérusalem-Est, c’est-à-dire, a-t-il précisé, toutes les terres occupées depuis 1967. 

M. Djani a estimé que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité constituait un élan unique en faveur de la paix.  Cet élan doit être maintenu à tout prix, a-t-il plaidé en invitant le Conseil à assurer le suivi de la mise en œuvre de ladite résolution ainsi que d’autres relatives à la question.

Le représentant a, en outre, salué la déclaration commune adoptée lors de la Conférence de Paris du week-end dernier, même si, a-t-il regretté, elle n’est pas allée assez loin dans la condamnation de ceux qui entendent saper de manière active la solution des deux États.  Il a appelé Israéliens et Palestiniens à faire montre du leadership nécessaire et à prendre les décisions difficiles en faveur de la paix. 

Il a conclu en soulignant qu’au cours de cette année marquant le cinquantenaire de l’occupation israélienne de territoires palestiniens, la communauté internationale ne devait ménager aucun effort afin de s’assurer de la réalisation des aspirations à l’indépendance et à la souveraineté des Palestiniens dans leur État, ainsi que des besoins de sécurité d’Israël. 

Il a annoncé que le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien entendait marquer cette commémoration par l’organisation de plusieurs événements, dans l’espoir d’attirer l’attention sur la terrible situation qu’endure le peuple palestinien et susciter d’autres élans en vue de mettre fin à l’occupation israélienne.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a dit qu’il soutenait la résolution 2334 (2016) qui réaffirme notamment le caractère illégal de l’occupation israélienne et qui appelle la cessation de la colonisation y compris de Jérusalem-Est. 

Mais l’adoption de la résolution n’est pas suffisante bien qu’elle indique la voie à suivre, a ajouté le représentant qui a rappelé que l’année 2017 marque les 50 ans d’occupation israélienne.  À cet égard, il est temps de se réveiller, a clamé le représentant, qui a appelé le Conseil de sécurité à exiger d’Israël qu’il mette fin à l’occupation des territoires palestiniens, y compris de Gaza. 

Le Conseil doit aussi prendre des mesures pour mettre fin à la construction des murs de séparations, aux déplacements forcés et à d’autres violations du droit international et du droit du peuple palestinien par Israël, a estimé le représentant.

Des mesures concrètes supplémentaires sont nécessaires, sinon Israël rendra encore plus difficile la réalisation de la solution des deux États, a indiqué le représentant de Cuba pour qui la seule solution possible est la création d’un État de Palestine indépendant dans les frontières d’avant 1967.  Il a demandé au Conseil de sécurité de prendre les étapes nécessaires à cet égard.

Concernant la Syrie, le représentant s’est opposé à la politisation du conflit.  Il a condamné les tentatives de changement de gouvernement dans ce pays et les politiques de « deux poids, deux mesures » des puissances qui s’attaquent à la Syrie.  Pour lui,  ces puissances alimentent le conflit par les ventes d’armes, leur soutien aux groupes terroristes. 

Il a exigé la cessation de la violation de la souveraineté syrienne et la présence étrangère non sollicitée par le Gouvernement syrien.  La négociation est la seule issue possible en Syrie.  Le représentant a déclaré qu’il soutenait le dialogue direct entre le Gouvernement et les groupes rebelles prévu à Astana.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a apporté son appui à toutes les initiatives qui pourraient revitaliser le processus de paix au Moyen-Orient et qui combleraient le vide politique prolongé sur le plan politique et qui pourraient préserver la lettre et l’esprit des paramètres établis.  « Nous ne cesserons nos efforts pour une paix durable, juste avec la création d’un État palestinien indépendant et souverain dans les frontières d’avant 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. »

Saluant la résolution 2334 (2016) et la Conférence de paix de Paris de dimanche dernier, ce sont des étapes dans la bonne direction, a estimé le représentant qui y a vu l’engagement de la communauté internationale à la solution des deux États.  Pour lui, Israël devrait répondre à ces appels et cesser immédiatement toutes les activités de colonisation.  La poursuite de ces pratiques crée un fossé d’incompréhension envers la communauté internationale et alimente le désespoir.

Les Palestiniens devraient être capables de s’asseoir à la table des négociations en tant qu’État de Palestine avec les mêmes droits qu’Israël.  À cet égard, la reconnaissance de l’État de Palestine par plus de 137 pays et son intégration totale à la communauté internationale sont vitales.  La réconciliation palestinienne est aussi un élément important de la paix durable et la Turquie continue ses efforts à cette fin.

Concernant la Syrie, le représentant a indiqué que son pays a entrepris des efforts intensifs pour mettre un terme à la violence en Syrie, assurer l’arrivée de l’aide humanitaire et trouver une solution politique fondée sur le Communiqué de Genève.  

Le représentant a ainsi rappelé les efforts de son pays notamment pour assurer l’évacuation des habitants d’Alep.  La Turquie a aussi joué un rôle décisif dans l’évacuation de 45 000 personnes dans l’est d’Alep.  Avec la Fédération de Russie, elle a facilité et est devenue garante d’un accord de cessez-le-feu entre les parties sur tout le territoire.

L’adoption unanime de la résolution 2334 (2016) montre le soutien de la communauté internationale à ce processus et reconfirme le lien entre nos efforts et le travail méticuleux des Nations Unies.  Après avoir souligné les bienfaits du cessez-le-feu, le représentant a averti que le processus reste fragile.  Le maintien du cessez-le-feu sera décisif pour débloquer la solution politique.  C’est exactement pourquoi la période à venir, en particulier les deux prochaines semaines, est très importante. 

« Nos efforts visent à redémarrer la solution politique là où elle était abandonnée en avril dernier », a-t-il dit.  Les préparations de la réunion d’Astana avec la présence des Nations Unies sont en cours.  Cette réunion sera complémentaire du processus politique mené par les Nations Unies et constitue une étape de renforcement de la confiance avant la reprise des négociations, à Genève, le 8 février. 

Le représentant a aussi dit qu’il était soucieux de la reddition de comptes en Syrie.  La réconciliation et la paix durable seront fondées sur notre succès sur cette question.  À cet égard, l’adoption de la résolution 71/248 par l’Assemblée générale est un développement important.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a regretté qu’Israël continue de violer systématiquement le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à mettre un terme à la politique d’expansion d’Israël et de construction des colonies de peuplement.  Il a demandé que la résolution 2234 (2016) soit aussi appliquée immédiatement à la politique d’occupation du Golan syrien. 

Par ailleurs, il a regretté que le dernier rapport sur la situation au Moyen-Orient n’ait pas mentionné la création de 75 fermes de colons israéliens en Cisjordanie.  « En refusant de rendre le Golan à la Syrie, Israël continue de bafouer le droit international », a insisté le représentant syrien, qui a fait état de la mort dans une prison israélienne d’un homme de 70 ans à qui il a été reproché de construire une maison sur la terre de ses ancêtres. 

Le représentant de la Syrie a déclaré qu’Israël ne respectait pas l’accord de désengagement et que ce pays soutenait des groupes armés terroristes qui agissent dans la zone de séparation et le haut du Golan occupé.  Il a dit qu’Israël permettait à ces groupes terroristes de se réfugier dans cette zone avant de retourner en Syrie pour y commettre des attentats. 

Il a jugé urgent que le Conseil de sécurité mette fin à l’occupation des territoires arabes occupés par Israël.  « Ce droit de recouvrer nos terres doit être respecté et n’est pas négociable », a-t-il insisté.  Le représentant syrien a exhorté le Qatar, l’Arabie saoudite et les États-Unis à cesser de prendre comme prétexte de la lutte contre le terrorisme pour s’ingérer dans les affaires intérieures de la Syrie.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a salué la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, soulignant que ce fut la première fois, depuis 2009, que le Conseil prenait une décision sur le processus de paix au Moyen-Orient.  Il a souligné que l’un des faits majeurs de ce texte était qu’il mettait l’accent sur la nature illégale des activités du Gouvernement israélien telles que la construction de colonies de peuplement, la confiscation de terres, la démolition de propriétés palestiniennes et les déplacements forcés des Palestiniens. 

Il a rappelé qu’Israël, en tant qu’État Membre des Nations Unies, était obligé, en vertu de l’Article 25 de la Charte, de respecter les décisions du Conseil de sécurité.  Selon le représentant, les politiques, pratiques et activités unilatérales israéliennes sont contraires au processus de paix.  Il a ajouté que la poursuite des activités de colonisation sapait la sécurité immédiate et future d’Israël tout en contribuant à la radicalisation de toute la région.

M. Matjila a ensuite estimé que les négociations et le dialogue étaient la seule voie vers une solution durable du conflit.  Il a salué, à ce propos, la Conférence de Paris, se disant solidaire de la déclaration qui en a découlé.  Il a souligné que cette conférence constituait un viatique pour la relance du processus de paix devant mener à la création d’un État palestinien indépendant, libre et souverain, existant à côté et en paix avec l’État d’Israël, sur la base des frontières du 4 juin 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il a conclu en soulignant que la responsabilité première de la paix repose dans les mains des Palestiniens et des Israéliens.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a fustigé le développement, depuis des décennies, de colonies de peuplement israéliennes qui sapent la continuité et l’intégrité du territoire palestinien.  Elle a estimé que l’adoption de la résolution 2334 (2016) montrait l’urgence et la volonté d’inverser les tendances négatives qui menacent la viabilité de la paix et d’une solution des deux États.  Elle a demandé au Conseil de sécurité de rester ferme et ne pas céder aux pressions. 

Elle a exhorté les parties et la communauté internationale à se concentrer sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) en mettant l’accent sur les colonies de peuplement et tous les actes de violence commis contre des populations civiles.  « Alors que nous marquerons, en 2017, le soixante-dixième anniversaire de l’occupation illégale par Israël de la Palestine », la représentante de la Malaisie a jugé urgent de mettre un terme à l’occupation la plus longue de l’histoire.

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a souligné l’urgence de la reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens, prônant une solution pacifique et une nouvelle architecture de paix permettant d’aplanir les différences.  Il a estimé que la solution des deux États était la seule voie viable pour que deux États et deux peuples puissent vivre côte à côte en paix et en sécurité. 

C’est pour cela que son pays s’est félicité de la résolution 2334 (2016) adoptée par le Conseil de sécurité, le 23 décembre dernier, qui a réaffirmé le consensus de la communauté internationale sur l’absence de validité juridique des colonies de peuplement.  « Nous réitérons, a-t-il ajouté, notre appui à l’usage du droit international comme outil en vue d’une solution pacifique. »

S’agissant du conflit en Syrie, M. Mendoza-García a salué l’adoption des résolutions 71/130 et 71/248 adoptées respectivement les 9 et 21 décembre derniers par l’Assemblée générale.  Il a notamment jugé essentielle la mise en place d’un mécanisme de reddition de comptes pour collecter, préserver et consolider les preuves qui pourront à l’avenir fonder les poursuites contre les auteurs des crimes graves commis en Syrie. 

À son avis, ce mécanisme devrait être financé par le budget ordinaire de l’ONU.  Il a apprécié que le Conseil de sécurité ait adopté à l’unanimité les résolutions 2328 (2016) et 2336 (2016), les 19 et 31 décembre derniers, sur la Syrie, un premier pas important selon lui vers la solution durable de ce conflit. 

Il a réitéré à cette occasion son engagement en faveur de la recherche d’une solution par les voies diplomatiques, avant de rappeler au Conseil de sécurité la possibilité qu’il a de renvoyer la situation devant la Cour pénale internationale (CPI) en cas d’atrocités de masse, si les États qui ont la compétence juridictionnelle première ne le font pas.

Après avoir salué les résultats de la Conférence de Paris sur le Moyen-Orient et la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a dit que c’est leur esprit qui est le plus puissant. 

Cette résolution a amené un changement de cœur que de nombreuses délégations, y compris celle de l’Indonésie, ont appelé depuis de nombreuses années au sein du Conseil.  Ce changement affirme la reconnaissance que le changement n’aura pas lieu au Moyen-Orient aussi longtemps que la construction de colonies par Israël et son arrogance à ignorer le droit international continuent. 

Que va-t-il se passer maintenant?  La question à un milliard de dollars de 2017 est la mise en œuvre.  Une résolution institutionnelle ou une résolution du Nouvel An est insignifiante si elle n’est pas mise en œuvre.  C’est pourquoi le défi est une mise en œuvre concrète et efficace. 

Si la colonisation était illégale hier, si elle constituait une violation du droit international et un obstacle à la paix et à la viabilité de la solution des deux États basée sur les frontières de 1967, elle l’est encore plus profondément depuis l’adoption de la résolution 2334 (2016) le mois dernier.

Le Conseil a l’obligation morale d’être du bon côté de l’histoire.  Son incapacité à mettre en œuvre la résolution serait une preuve de sa paralysie.  L’échec à mettre en œuvre cette résolution provoquera le désespoir des Palestiniens et de la majorité des Israéliens qui veulent simplement vivre côte à côte dans la paix avec leurs voisins.  

La représentante a enfin souligné l’importance pour les parties de commencer le processus de négociation sans tarder, et de s’engager à faire face aux causes profondes du problème.

M. TANMAYA LAL (Inde) a dit que le manque de tout avancement important dans la question palestinienne, depuis l’arrêt des derniers pourparlers il y a trois ans, est préoccupant.  La solution des deux États reste pourtant l’unique solution pour la paix et la sécurité.  Le représentant a déclaré que les deux parties ont la responsabilité commune d’assurer qu’elles s’approchent de la solution. 

Il a salué le récent effort de la communauté internationale pour promouvoir la paix dans le cadre de la Conférence de Paris, à laquelle l’Inde a participé.  L’Inde, a dit son représentant, continue d’investir dans les efforts de développement, y compris dans le renforcement des capacités et le développement des compétences afin d’autonomiser les jeunes palestiniens avec des opportunités pour améliorer leurs conditions de vies. 

Le cessez-le-feu en Syrie est une évolution positive.  Pendant sa visite en Syrie récemment, le Ministre des affaires étrangères indien a exprimé le vœu que les années de la destruction cèdent le pas à la reconstruction de la Syrie et que la solution à la crise en Syrie se fasse à travers un processus politique qui répond et qui soit conforme aux aspirations du peuple syrien. 

« Nous attendons avec impatience les résultats des pourparlers directs d’Astana à la fin de ce mois.  C’est encourageant que le processus se soit engagé à respecter la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne et soit mené par la Syrie », a estimé le représentant.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a condamné tous les actes terroristes quels que soient leurs auteurs et leurs motivations.  Il s’est félicité de l’adoption, le 23 décembre dernier, de la résolution 2334 (2016) qui permet d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le sort terrible que l’occupation de la Palestine fait subir à des centaines de milliers de femmes et d’enfants. 

Il a demandé qu’Israël cesse de défier la communauté internationale et mette un terme à sa politique de colonies de peuplement qui menace la solution des deux États.  Il a espéré que le Conseil de sécurité continuera à tout mettre en œuvre afin d’appliquer la résolution 2334 (2016) en mettant un terme à la violation du droit international humanitaire dans le territoire palestinien. 

Il a salué les efforts diplomatiques de la France qui ont permis de rassembler 70 pays à Paris le 15 janvier, afin de défendre une solution juste, durable et complète de ce conflit.  Il s’est félicité que la résolution 2334 (2016) mentionne la nécessité d’un soutien financier persistant pour donner à la Palestine des infrastructures nécessaires à son développement. 

Le représentant du Venezuela a exhorté Israël à cesser de tourner le dos au droit international humanitaire et à répondre aux légitimes appels de la communauté internationale pour mettre fin à l’occupation du territoire palestinien.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a jugé urgent de rétablir l’horizon politique pour relancer le processus de paix au Moyen-Orient.  Dans ce contexte, il a salué l’importance de la Conférence de paix organisée à Paris le 15 janvier sous les auspices de la France et qui a été l’occasion de rappeler l’urgence de régler le conflit israélo-palestinien. 

Il a fait sienne la récente déclaration du Ministre des affaires étrangères de la France qui a déclaré que « croire que la stabilité est possible au Moyen-Orient sans résoudre son conflit le plus ancien n’est pas réaliste ».  Il a rappelé que la résolution 2334 (2016) adoptée en décembre demandait à la Puissance occupante de cesser ses activités de peuplement.  Il a assuré que le Gouvernement et le peuple du Bangladesh restaient fidèles au respect du droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que des résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 242 (1967), demandent à Israël de se retirer des territoires occupés.  Elle a estimé qu’une paix durable au Moyen-Orient n’était pas possible sans une résolution juste de la question israélo-palestinienne, et l’établissement d’un État palestinien viable, indépendant et voisin de celui d’Israël, en accord avec les directives internationalement agréées, dans le respect des frontières d’avant 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale. 

Elle a déclaré que l’établissement de toute ambassade d’un État tiers à Jérusalem violerait les résolutions du Conseil de sécurité.  La représentante a dénoncé la situation de Gaza, où deux millions de Palestiniens ont eu à peine quelques heures de courant électrique en une journée en plein milieu d’hiver.

La Palestine, la terre sainte, est le cœur du monde arabe et islamique, a-t-elle clamé, en ajoutant que le sort réservé aux populations palestiniennes allait se répercuter à travers la région, et en rappelant que l’idéologie de Daech et d’Al-Qaida était justement que « les musulmans ne peuvent se faire justice que par la force et la violence ». 

Il serait difficile de combattre de telles idées et des idéologies extrémistes si nous n’apportons pas la justice au peuple palestinien, a-t-elle relevé.  Elle a ensuite salué l’adoption de la résolution 2334 (2016), appelant les parties à la mettre en œuvre pleinement et au plus vite. 

La représentante a par ailleurs salué le cessez-le-feu négocié par la Fédération de Russie et la Turquie en Syrie.  Elle a noté que les regards étaient désormais tournés vers Astana, le 23 janvier prochain, en précisant que la paix ne saurait revenir en Syrie que par la défaite de Daech et d’autres groupes terroristes. 

Elle a aussi souligné que même si Daech est défait à Mossoul, il faudrait construire des structures durables de paix à travers la reconnaissance de tous les peuples iraquiens et la prise en compte de leurs intérêts.  Elle a enfin appelé au soutien du travail que mène l’Envoyé spécial pour le Yémen, M. Ismail Ould Cheikh Ahmed, en vue de restaurer la paix et la dignité aux Yéménites.

M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a aussi salué la résolution 2334 (2016) qui condamne notamment l’occupation israélienne des territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est.  Le représentant a réitéré que le peuple palestinien avait droit à la protection internationale que le Conseil de sécurité devrait lui garantir.  Le Conseil devrait également garantir la non-violation du droit international, y compris toutes les résolutions pertinentes des Nations Unies par Israël. 

En particulier, le Conseil de sécurité devrait assurer la protection des lieux sacrés notamment Jérusalem-Est.  Il a aussi exigé le retrait total d’Israël des territoires occupés depuis 1967, a renchéri le représentant. 

Il a salué les efforts de certains membres du Conseil de sécurité pour trouver une solution finale au conflit.  Le représentant a évoqué notamment la Conférence de Paris qui a reconnu le droit des palestiniens à un État indépendant et souverain. 

Cette Conférence réaffirme le droit des palestiniens à s’intégrer à l’économie internationale, de jouir de ses recettes fiscales, a rappelé le représentant qui a fait parler les rapports des Nations Unies soulignant les conséquences néfastes de l’occupation israélienne sur l’économie palestinienne.  Cette occupation constitue des facteurs d’appauvrissement du peuple palestinien, a dénoncé le représentant qui, avant de conclure, a appelé les parties engagées dans les efforts de paix à accélérer la solution des deux États.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a regretté que la judaïsation du territoire palestinien se soit intensifiée depuis 2014, malgré les appels de la communauté internationale pour préserver la solution des deux États.  Il a salué l’adoption de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité qui énonce la nécessité de mettre fin aux activités de peuplement en tant qu’obstacle à la solution des deux États. 

« Le règlement de la crise au Moyen-Orient dépend essentiellement du règlement de la question palestinienne », a insisté le représentant du Maroc, qui a jugé essentiel l’avènement d’une solution des deux États.  Il a appelé à relancer le processus de paix en trouvant une solution qui permette aux Palestiniens de se doter d’un État avec Jérusalem-Est comme capitale. 

Il a estimé que la seule manière d’y parvenir passe par un retour à la table des négociations des deux parties en s’appuyant sur un calendrier précis.

Mme SONIA ISHAQ AHMAD SUGHAYAR (Jordanie) a estimé que l’adoption de la résolution 2334 (2016) et la tenue de la Conférence de Paris du 15 janvier ont donné un nouvel élan aux efforts de paix.  Elle a invité le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités en appuyant ce nouvel élan et notamment la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016).  Elle a jugé urgent de mettre un terme aux activités de peuplement d’Israël en faisant état des confiscations de terres qui en découlent. 

« Il faut qu’Israël montre son attachement à la solution des deux États et le manifeste par des actes », a insisté la représentante de la Jordanie.  Elle a jugé indispensable la reprise de négociations sérieuses dans le cadre d’un calendrier précis. 

S’agissant de la situation en Syrie, elle s’est félicitée des efforts réalisés pour permettre l’évacuation des civils d’Alep assiégée.  Elle a espéré que toutes les conditions nécessaires seraient bientôt réunies pour reprendre les pourparlers de Genève.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a fait part du soutien de son pays en faveur d’une solution négociée au conflit israélo-palestinien, une solution, a-t-il précisé, qui respecterait les besoins sécuritaires d’Israël et le droit des Palestiniens à un État souverain, en tenant en considération les résolutions 242 (1967) et 338 (1973), entre autres. 

Il a salué la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité qui a réaffirmé que les colonies de peuplement israéliennes sont illégales et constituent un obstacle à une paix durable.  Il a dit espérer que cette résolution, ainsi que la Conférence de Paris qui a eu lieu la semaine dernière, vont motiver davantage d’efforts multilatéraux en faveur du retour aux négociations entre les parties, menant de ce fait à l’établissement de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte à l’intérieur des frontières internationalement reconnues.

M. Vieira a, par ailleurs, salué le récent accord de cessation des hostilités en Syrie, tel qu’entériné par la résolution 2236 (2016) du Conseil de sécurité.  Il a appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu et à s’engager de manière constructive dans les négociations qui auront lieu à Astana et à Genève. 

Ces négociations, a-t-il noté, s’appuient sur la feuille de route établie par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2254 (2015) qui fait mention d’un processus politique inclusif mené par les syriens eux-mêmes.  Il a rappelé que son pays avait soutenu les résolutions 71/130 et 71/248 de l’Assemblée générale, dont la première appelle à la fin des attaques contre les civils, et la seconde établissant un Mécanisme international qui devrait contribuer à des investigations sur des sérieux cas de violations de droits de l’homme qui auraient eu lieu en Syrie.

Le représentant a également salué la fin de l’impasse politique au Liban avec l’élection du Président Michel Aoun et la formation d’un Gouvernement d’accord national dirigé par M. Saad Hariri.  Il a souhaité que l’examen stratégique de la situation de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), qui est en cours, tienne compte des besoins opérationnels et financiers de la Mission et du caractère hautement volatile de l’environnement sécuritaire.

Il a, en outre, fait part de son inquiétude au sujet de l’impact humanitaire des combats à Mossoul en Iraq, condamnant les actes perpétrés par le « soi-disant État islamique » qui force les populations aux déplacements, attaque les travailleurs humanitaires et utilise les civils comme boucliers humains.  Il a insisté sur le besoin d’un plan de stabilisation et de reconstruction de Mossoul sur le long terme.  Il a enfin regretté la volatilité de la situation qui prévaut au Yémen.

M. MATEO ESTREME (Argentine) a salué les efforts visant à instaurer une paix juste, globale et définitive entre Israël et la Palestine, sur la base de la solution des deux États.  Son pays ayant participé à la Conférence de Paris dimanche dernier, il a fait sienne la Déclaration commune adoptée à cette occasion et remercié le Gouvernement de la France pour cette initiative.

Reconnaissant le droit d’Israël à vivre en paix à côté de ses voisins, au sein de frontières sûres et internationalement reconnues, il a en même temps exprimé ses préoccupations de voir persister les constructions de colonies israéliennes illégales dans les Territoires palestiniens occupés. 

Il a exhorté Israël à cesser cette expansion, comme le demande la résolution 2334 (2016) adoptée le 23 décembre dernier.  Il a parallèlement appelé les dirigeants palestiniens à aborder avec sincérité les inquiétudes israéliennes en matière de sécurité, demandant au Hamas et autres groupes palestiniens de cesser les incitations et les attaques contre les civils israéliens.  L’Argentine réaffirme, a-t-il ajouté, le statut spécial de Jérusalem, conformément aux résolutions y relatives des Nations Unies.

Passant à la situation en Syrie, le représentant s’est montré toujours très préoccupé de la situation humanitaire sur le terrain et a condamné tous les actes de violence qui y sont commis.  Il a espéré que la résolution 2336 (2016) du Conseil de sécurité serait mise en œuvre de bonne foi par toutes les parties, de même que les résolutions 2254 (2015) et 2268 (2016). 

Réitérant que toute solution au conflit ne doit être que politique et non militaire, il a placé son espoir dans les négociations officielles de Genève le mois prochain.  Il a espéré que tous les pays ayant une influence sur les parties continueront à agir de manière concertée pour parvenir rapidement à un cessez-le-feu définitif, garantir un accès humanitaire et faire avancer le processus politique conformément au Communiqué de Genève.

M. MUZAFFARBEK MADRAKHIMOV (Ouzbékistan), au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a rappelé le consensus international pour le règlement urgent de la question palestinienne.  À cet effet, il a apporté son appui à la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité et à d’autres initiatives comme l’Initiative arabe, la Feuille de route du Quatuor et la Conférence de paix de Paris au Moyen-Orient.  Le représentant a noté qu’au cours de cette Conférence de Paris, la communauté internationale a renouvelé son engagement à la solution des deux États. 

Il a attiré l’attention du Conseil sur le fait que la réunion d’aujourd’hui se déroule dans un contexte grave à Jérusalem-Est, où l’on assiste à des violations systématiques des droits de l’homme et à la punition collective du peuple palestinien.  Le représentant a dénoncé la loi israélienne visant à  consolider les colonies.  Cette loi va à l’encontre du droit international.  Pour lui, ces mesures punitives doivent cesser et Israël doit se conformer au droit international. 

Par ailleurs, le Conseil de sécurité doit faire respecter ses résolutions.  En outre, Israël doit respecter le droit international et faire cesser la souffrance du peuple palestinien, a indiqué le représentant ouzbek, qui a demandé la cessation de l’occupation des lieux saints de Jérusalem-Est.  Il a dénoncé les attaques des colons israéliens contre les militants des droits de l’homme qui ont enquêté sur les violations des droits de l’homme par l’armée israélienne. 

M. AHMED SAREER (Maldives) a salué la résolution 2334 (2016) qui réaffirme l’illégalité des colonies dans le Territoire occupé de Palestine, estimant que c’était une étape importante pour le Conseil de sécurité.  Ce texte envoie un message clair au Gouvernement d’Israël selon lequel ni le Conseil ni le reste du monde n’accepteront son occupation illicite en vertu du droit international. 

Il s’est montré préoccupé face aux mesures punitives prises par le Gouvernement israélien contre les membres du Conseil de sécurité qui ont voté en faveur de ladite résolution, ainsi que des déclarations dures prononcées à haut niveau pour dire qu’il n’a pas l’intention de mettre en œuvre ce texte.  Il est crucial, a-t-il estimé, de s’appuyer sur l’élan donné par cette résolution pour prendre des mesures concrètes qui mettront fin à l’occupation israélienne, en vue de permettre un règlement pacifique et durable du conflit. 

Les Maldives se félicitent par ailleurs de l’adoption des résolutions 2328 (2016), 2332 (2016) et 2336 (2016) du Conseil de sécurité qui traitent de l’aggravation de la crise humanitaire en Syrie.  Il a lancé un appel pour que l’aide humanitaire soit fournie sans obstacle, avant de saluer les efforts de la Fédération de Russie et de la Turquie pour initier un processus politique devant mettre fin à la violence en Syrie. 

Toutes les décisions du Conseil de sécurité doivent être accompagnées de mesures urgentes, a plaidé le représentant en regrettant le manque de progrès dans la mise en œuvre des résolutions relatives au Moyen Orient.  Il a donc apprécié les initiatives prises en ce sens par certains États Membres, notamment la Conférence de Paris tenue dimanche dernier.  Il a enfin réitéré son appel en faveur de la solution des deux États sur la base des frontières de 1967.

M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée (RPDC)) a déclaré que 70 ans étaient passés depuis que la communauté internationale eût commencé à résoudre la question palestinienne qui avait émergé après l’occupation israélienne des territoires arabes en 1948.  Toutefois, aucun progrès significatif n’a été fait à cause de la position antipaix d’Israël et les politiques moyen-orientales de certaines puissances. 

Le Conseil de sécurité a détourné son regard des atrocités commises par Israël sans prendre les mesures appropriées.  Ceci a endommagé sérieusement la crédibilité du Conseil qui joue dans les mains des États-Unis avec sa politique de « deux poids, deux mesures » en faveur d’Israël. 

Cette politique de double norme est extrêmement exposée sur la question de la péninsule coréenne, a indiqué le représentant qui a ensuite longuement parlé de la tentative désespérée des États-Unis de priver la RPDC de son droit légitime et juste à l’indépendance, à l’autodéfense.  

La principale raison qui fait que le Moyen-Orient fait face au terrorisme, à la destruction et à la crise des réfugiés aujourd’hui n’est autre que la politique arbitraire, l’agression militaire et l’ingérence dans les affaires intérieures des États. 

Tous les faits prouvent que le Conseil de sécurité devrait accorder l’attention sur la réalité et prendre des mesures plus fortes pour une solution juste au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne. 

Soutenir la lutte légitime du peuple palestinien pour un État indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale sur la base des frontières d’avant 1967 est une tendance mondiale que nul ne peut arrêter, a estimé M. Kim In Ryong.

Au nom du Groupe des États arabes, M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a salué l’adoption de la résolution 2334 (2016) qui condamne la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est.  Il a rappelé l’objectif de la communauté internationale de parvenir à une solution des deux États dans les frontières de 1967, tout en trouvant une solution équitable à la question des réfugiés palestiniens conformément à la résolution 194 (1948) du Conseil de sécurité. 

Il s’est félicité de l’adoption du communiqué de la Conférence de paix qui s’est tenue à Paris le 15 janvier dernier et qui souligne la nécessité d’une solution politique reconnue au niveau international.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à faire face à l’intransigeance d’Israël avant de prévenir que le monde ne s’accommodera jamais de la colonisation.  Il a dit que la coopération en matière de lutte contre le terrorisme ne pouvait se fonder que sur le respect mutuel.   

À titre national, il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2336 (2016) qui affirme la nécessité de parvenir à une transition politique véritable en Syrie conformément au Communiqué de Genève du 30 juin 2012.  Le représentant saoudien a aussi souligné la pertinence d’une résolution adoptée par l’Assemblée générale, le 19 décembre 2016, au sujet de la situation des droits de l’homme en Syrie. 

Il a aussi rappelé que l’Assemblée générale a souligné la nécessité d’un mécanisme qui vise à recueillir des preuves afin que les responsables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité répondent de leurs actes.  « Le peuple syrien ne va pas arrêter sa lutte en faveur de la liberté et la dignité et contre l’oppression du régime syrien avec l’appui de ses alliés ou autres milices communautaires », a insisté le représentant de l’Arabie saoudite. 

Souhaitant réagir aux interventions de plusieurs délégations, la représentante d’Israël s’est dite choquée que la République islamique d’Iran ait eu l’audace de venir donner des leçons au Conseil de sécurité alors que ce pays soutient le terrorisme et exécute des délinquants mineurs, sans oublier l’appui apporté au régime d’Assad qui massacre son propre peuple. 

Elle a aussi invité le représentant de la Bolivie à essayer de comprendre la complexité de la crise israélo-palestinienne.  En outre, elle a estimé que les attaques du Venezuela à l’encontre d’Israël portaient atteinte à la crédibilité du Conseil de sécurité.   

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Chef de l’UNOWAS, M. Mohamed Ibn Chambas, salue la montée d’une « marée démocratique » en Afrique, en dépit de la situation en Gambie

7862e séance – matin    
CS/12681

Le Chef de l’UNOWAS, M. Mohamed Ibn Chambas, salue la montée d’une « marée démocratique » en Afrique, en dépit de la situation en Gambie

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), M. Mohamed Ibn Chambas, a salué, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, la montée d’une véritable « marée démocratique » en Afrique, en prenant pour exemple le bon déroulement des élections présidentielles au Ghana et à Cabo Verde.  Il a également indiqué que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envisageait tous les moyens nécessaires, « y compris le recours à la force », pour que la volonté du peuple soit respectée en Gambie.

Venu présenter le dernier rapport* du Secrétaire général sur les activités de son Bureau, le Représentant spécial a insisté sur les nombreux progrès réalisés dans la région.  « Les citoyennes et citoyens de la région ont démontré leur maturité et leur volonté d’exercer librement et pacifiquement leur droit de choisir leurs dirigeants », a-t-il estimé, sur un ton résolument optimiste.  M. Chambas a salué Cabo Verde et le Ghana, qui ont confirmé « leur statut de modèle dans la région, et au-delà », en menant à bien des élections dans le strict respect des normes et standards en la matière. 

« Malgré une période préélectorale marquée par moment par de fortes tensions politiques, a-t-il déclaré, le peuple ghanéen a été à la hauteur de sa réputation d’organisateur d’élections servant d’inspiration à la montée de la marée de la démocratie dans tout le continent africain. »  Le Chef de l’UNOWAS a salué la « manière distinguée » avec laquelle le Président sortant John Dramani Mahama a accepté les résultats et salué la victoire du nouveau Président Nana Addo Dankwa Akufo-Addo.  Si le « mérite revient au peuple du Ghana », le Représentant spécial a tenu à souligner l’appui des partenaires régionaux et internationaux du pays pour aboutir à cette avancée.

Le Représentant spécial est revenu sur l’élection présidentielle du 1er décembre en Gambie et sur la « joie » éprouvée devant la proclamation des résultats par la Commission électorale indépendante et le discours du Président Yahya Jammeh du 2 décembre dans lequel ce dernier reconnaissait sa défaite.  « Inversement, nous avons été attristés par la rapidité de la crise politique à la suite du revirement de situation qui a conduit le Président Jammeh à rejeter les résultats de l’élection, en citant des irrégularités, pour finalement demander la tenue d’une nouvelle élection et déposer une demande en vue de l’annulation des résultats de l’élection du 1er décembre », a-t-il déploré.

M. Chambas a détaillé les efforts internationaux en vue d’assurer une transition pacifique du pouvoir entre le Président sortant et le Président élu Barrow.  Le 17 décembre, la CEDEAO a ainsi entériné les résultats de l’élection du 1er décembre et décidé de prendre toutes les mesures nécessaires pour qu’ils soient respectés, a-t-il poursuivi.  Son Bureau, a-t-il ajouté, appuie pleinement la médiation de la CEDEAO.

Une délégation de haut niveau s’est rendue, aujourd’hui, à Banjul en vue de persuader le Président Jammeh de respecter les résultats de l’élection et d’abandonner le pouvoir, a précisé le Chef de l’UNOWAS, en assurant que la CEDEAO était déterminée en ce qui concerne ce dossier.  M. Chambas a déclaré que la CEDEAO avait l’intention, « si cela était jugé nécessaire », de rechercher l’approbation du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, y compris son accord formel pour déployer des troupes en Gambie.

En Guinée, le Représentant spécial s’est dit préoccupé par le report des élections locales, qui devaient se tenir en février 2017 en vertu de l’accord politique du 12 octobre.  Il y a encore un manque de consensus entre le parti dirigeant et l’opposition sur le système de scrutin, a-t-il avancé.  En outre, les amendements au Code électoral, nécessaires pour la tenue des élections en février 2017, n’ont toujours pas été adoptés.  M. Chambas a indiqué que son Bureau continuerait d’engager les parties prenantes guinéennes pour qu’elles mettent en œuvre les dispositions de l’accord du 12 octobre.

« Ailleurs dans la région, un certain nombre de pays ont entrepris les efforts visant à modifier leur constitution et à jeter les bases de sociétés démocratiques, prospères et inclusives », a poursuivi le Chef de l’UNOWAS.  M. Chambas a promis l’appui de son Bureau à de tels efforts, dans le droit fil de la vision de la CEDEAO qui vise à passer « d’une CEDEAO des États à une CEDEAO des peuples ».

M. Chambas a ensuite déploré la fréquence accrue des attaques de Boko Haram, qui entravent le retour des personnes déplacées dans leurs foyers.  Avec la libération de nouvelles zones, l’ampleur de la tragédie n’en est que plus visible, a-t-il estimé, en insistant sur le risque de famine encouru par des centaines de milliers d’enfants.  Le Chef de l’UNOWAS a rappelé que le plan d’action humanitaire pour le Nigéria n’était financé qu’à hauteur de 37%.  « Vous conviendrez que nous pouvons et devons faire mieux. »

Le Représentant spécial a ensuite exhorté les partenaires internationaux à appuyer la consolidation démocratique et économique au Burkina Faso, en vue de parvenir à une matérialisation des dividendes de la paix dans un environnement sécuritaire régional volatile.  M. Chambas a affirmé que son but était de faire en sorte que les sociétés émergeant d’un conflit ne renouent pas avec la crise, ce qui aurait pour effet de compromettre les gains de la paix et de la démocratie.

« Le 6 janvier dernier, il a été préoccupant de voir, dans la Côte d’Ivoire voisine, d’anciens combattants, qui avaient été intégrés dans les forces armées, essayer de prendre le contrôle de la ville de Bouaké en raison d’un contentieux lié à leur rémunération », a-t-il déclaré.  Le Représentant spécial a précisé que son Bureau contribuait activement à l’élaboration d’une stratégie pour la pérennisation de la paix au Burkina Faso, dans le droit fil des résolutions identiques du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale adoptées en 2016 sur la pérennisation de la paix.

« Mon Bureau apportera son appui à la stabilisation régionale, y compris par le biais de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel », a assuré M. Chambas, en précisant que l’examen de cette stratégie avait été achevée à la fin de l’année dernière.  Il a réaffirmé l’engagement de son Bureau à coordonner et promouvoir une approche holistique dans la région en vue de remédier aux causes profondes de l’instabilité.

L’UNOWAS continuera de renforcer sa coopération avec les partenaires régionaux et sous-régionaux, conformément aux recommandations formulées par le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies, a-t-il poursuivi.  M. Chambas a indiqué que son Bureau avait d’ores et déjà approfondi son partenariat avec le G5 Sahel, en apportant, notamment, un appui à sa cellule régionale pour la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent.

Le Représentant spécial a déclaré que son Bureau coopérait étroitement avec les autres missions de l’ONU dans la région, dans le contexte du retrait de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL).  Enfin, il a indiqué que la Commission mixte Cameroun-Nigéria poursuivait ses efforts en vue d’établir une démarcation définitive de la frontière entre ses deux pays.  « Cette commission, a estimé M. Chambas, est un exemple lumineux de ce qu’un engagement à long terme et une coopération efficace peuvent accomplir. »

Prenant à son tour la parole, le représentant de l’Uruguay, M. Luis Bermúdez, a salué la contribution du Sénégal, qui joue un rôle de médiateur dans les crises régionales.  Il s’est ensuite dit très préoccupé par la menace terroriste qui pèse sur la sous-région, notamment au Sahel, où la crise atteint des proportions sans précédent.  Le délégué a regretté que les dirigeants de Gambie et de Guinée-Bissau refusent de parvenir à un compromis et d’assumer les responsabilités que leurs citoyens leur ont confiées.  Après avoir félicité les efforts constructifs déployés par la CEDEAO, il a invité les Présidents gambien et bissau-guinéen à coopérer afin de trouver une issue pacifique à l’impasse politique.

* S/2016/1072

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: Boko Haram poursuit ses opérations dans la région du bassin du lac Tchad, en proie à une crise humanitaire aiguë, préviennent de hauts fonctionnaires de l’ONU

7861e séance – après-midi
CS/12679

Conseil de sécurité: Boko Haram poursuit ses opérations dans la région du bassin du lac Tchad, en proie à une crise humanitaire aiguë, préviennent de hauts fonctionnaires de l’ONU

En dépit de plusieurs défaites et de la libération, en octobre dernier, d’écolières nigérianes de l’école de Chibok, Boko Haram poursuit ses offensives et sa politique de terreur dans le bassin du lac Tchad, même si le groupe terroriste semble avoir réorienté ses offensives vers des cibles militaires, a déclaré, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques.

M. Tayé-Brook Zerihoun a toutefois indiqué que la montée en puissance des affrontements de Boko Haram avec les forces armées semblent répondre aux opérations anti-insurrectionnelles conduites par la Force multinationale mixte (FMM) –formée de militaires des pays de la sous-région–, ainsi qu’à un changement de tactique faisant suite à la scission du leadership de Boko Haram, en août dernier, entre Abu Bakr Shekau et son ancien numéro deux, Abu Musab Barnawi. 

« La tendance qui se dégage des attaques récentes semble conforme à la ligne défendue par Barnawi, désireux de s’en prendre moins aux civils musulmans qu’aux cibles militaires, occidentales et chrétiennes », a estimé le Sous-Secrétaire général, en faisant état d’attaques meurtrières commises les 3, 7 et 8 janvier.

« Les quatre pays du bassin du lac Tchad –Tchad, Nigéria, Cameroun et Niger– sont indifféremment touchés par le fléau de Boko Haram, dans un contexte de crise financière et de tensions politiques et sociales.  Ils ont besoin du soutien du Conseil de sécurité et de l’ensemble de la communauté internationale pour réussir dans leurs efforts en vue de rétablir la stabilité et de renforcer la résilience des communautés touchées », a plaidé M. Tayé-Brook Zerihoun.

Par ailleurs, a-t-il noté, l’échec « manifeste » de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à tenir leur sommet ministériel conjoint sur Boko Haram, « longtemps envisagé », est préoccupant.  Du Sénégal au Royaume-Uni, plusieurs membres du Conseil ont secondé cet appel à se réunir dans les meilleurs délais, en vue d’élaborer une « stratégie commune » pour s’attaquer aux causes profondes de la crise suscitée par Boko Haram, qui n’est pas simplement sécuritaire.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, a dressé un bilan accablant.  Selon lui, 10,7 millions de personnes ont actuellement besoin d’une assistance dans le bassin du lac Tchad, contre neuf millions en juillet 2016: 8,5 millions de personnes dans le nord-est du Nigéria et 1,6 million de personnes dans le nord du Cameroun.  Il y a, en outre, 2,4 millions de personnes déplacées, dont la plupart des enfants, a poursuivi M. O’Brien, en rappelant qu’au cours de sa dernière mission au Nigéria et au Niger, il avait constaté que 80% des personnes déplacées sont toujours accueillies par des communautés locales, « parmi les plus pauvres au monde ».

Il s’agit d’une des crises humanitaires actuelles les plus graves, a alerté le Secrétaire général adjoint, en révélant que le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire dans le bassin est passé de trois millions il y a un an à 7,1 millions aujourd’hui, en dépit des efforts de l’ONU et de ses partenaires.  « La situation dans la région du bassin du lac Tchad est sortie des radars internationaux alors que notre appui n’a jamais été aussi nécessaire », a fait observer le représentant de la France.

Tandis que le Gouvernement de la France a débloqué, en 2016, une aide de 13,5 millions d’euros pour les pays affectés par Boko Haram, le Japon a annoncé, en décembre dernier, le versement de trois millions de dollars au Niger.  Également un bailleur de fonds des pays de la région, le Royaume-Uni a rappelé que l’ONU avait estimé à un milliard de dollars les besoins du Nigéria face à la crise et à 310 millions de dollars ceux du Cameroun.

Le représentant du Nigéria s’est, pour sa part, enorgueilli des progrès significatifs accomplis par son pays contre Boko Haram: « avant Noël, l’armée a repris la forêt de Sambisa, l’ancien repaire des combattants du groupe terroriste ».  Conscient des défis de développement qui se posent dans la région, y compris le rétrécissement du lac Tchad, son gouvernement a initié des programmes pour restaurer les moyens de subsistance des communautés dans les régions touchées, a-t-il dit.

Alors que M. Zerihoun s’alarmait des allégations de violations des droits de l’homme commises par la Force multinationale mixte, le représentant du Nigéria a assuré que la stratégie antiterroriste privilégiée par son gouvernement inscrivait les opérations militaires dans le cadre d’une approche fondée sur les droits de l’homme, « pour contribuer à la réalisation de la réhabilitation, de la réinsertion et de la reconstruction ».  Il faut noter, a ajouté le représentant, que les écolières kidnappées à Chibok « restent dans la conscience nationale du Nigéria ».  Son pays œuvre d’arrache-pied à la remise en liberté de tous les Nigérians détenus par Boko Haram, y compris les filles de Chibok, a-t-il insisté. 

S’exprimant par visioconférence depuis Maiduguri, au Nigéria, Mme Fatima Yerima Askira, la Coordonnatrice pour l’initiative de développement pour les femmes de Borno et les programmes de jeunes au sein de Search for Common Ground Nigeria, a plaidé de son côté en faveur de la création d’une architecture de paix régionale, à laquelle les femmes et les filles devront être associées.

« Les femmes ont également leur mot à dire en matière de paix et de sécurité », a rappelé le délégué du Royaume-Uni, rejoint sur ce point par son homologue de la Suède.  Conscient de la nécessité d’assurer un suivi de la situation, ce dernier a estimé, à l’instar du Sénégal, de la France ou encore de l’Italie, qu’une visite du Conseil de sécurité dans la région serait une « étape utile »

 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE 

Déclarations

M. TAYÉ-BROOK ZERIHOUN, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques de l’ONU, a déclaré que Boko Haram continuait de perpétrer des violences contre des civils dans la région du bassin du lac Tchad, violences qui prennent la forme d’enlèvements et d’attentats-suicides et d’attaques commises contre des localités, sans compter la dissémination d’engins explosifs improvisés.  « Depuis octobre 2016, le groupe terroriste a réorienté ses offensives vers des cibles militaires, même s’il reste à déterminer si les militaires sont bel et bien ceux qui sont visés », a précisé le haut fonctionnaire. 

Toutefois, a-t-il dit, la montée en puissance des affrontements avec les forces armées semblent être une réponse aux opérations anti-insurrectionnelles conduites par la Force multinationale mixte (FMM), ainsi qu’à un changement de tactique faisant suite à la scission du leadership de Boko Haram, en août dernier, entre Abu Bakr Shekau et son ancien numéro deux, Abu Musab Barnawi. 

« La tendance qui se dégage des attaques récentes semble conforme à la ligne défendue par Barnawi, désireux de s’en prendre moins aux civils musulmans qu’aux cibles militaires, occidentales et chrétiennes », a estimé M. Zerihoun.  Le 3 janvier, Boko Haram a attaqué un avant-poste militaire à Baroua, dans la région nigérienne de Diffa; le 7, une brigade militaire de Buni Yadi, une ville du nord-est du Nigéria; et le 8, le groupe a perpétré des attaques-suicides à Maiduguri.

Toutefois, a dit M. Zerihoun, la libération de certaines filles kidnappées à Chibok, en particulier celles qui ont été libérées le 13 octobre à la suite de négociations facilitées par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Gouvernement suisse, est encourageante.  Selon le Gouvernement nigérian, les négociations pour la libération des autres filles se poursuivent.  La violence en cours a eu des effets dévastateurs dans la région.  « L’impact économique de la crise est considérable et est estimé à environ à neuf milliards de dollars, rien que dans le nord-est du Nigéria », a prévenu M. Zerihoun.  

Seule une approche holistique aidera à réparer les dommages matériels et sociaux infligés aux communautés, a assuré le Sous-Secrétaire général.  Ce soutien devrait selon lui également comporter des mesures visant à inverser les effets néfastes des changements climatiques sur les moyens de subsistance des communautés des zones touchées, y compris la réhabilitation du lac Tchad.

Les violations graves des droits de l’homme et les abus ont accompagné les attaques de Boko Haram et les opérations antiterroristes.  Femmes et filles restent exposées à la violence sexuelle, y compris l’esclavage sexuel et le mariage forcé.  Les opérations contre-insurrectionnelles, tant par des forces nationales que par la FMM, ont été entachées d’accusations de violations du droit international humanitaire, et les suspects d’appartenir à Boko Haram subissent des conditions de détention extrêmes, y compris les enfants. 

Si des mesures notables ont été prises par le Nigéria pour faire face aux incidents de violence sexuelle et sexiste dans des camps concernant des femmes déplacées et des enfants, M. Zerihoun a instamment demandé aux autorités de tous les pays de la région de renforcer leur riposte face à ces violations et abus, notamment en aidant les survivants, en traduisant tous les responsables en justice et en fournissant des services de protection ciblés dans les camps et les communautés d’accueil.

Afin de soutenir les efforts déployés par les États Membres pour lutter contre le terrorisme et veiller à ce que les auteurs soient traduits en justice, l’ONU continue de fournir une assistance technique et des formations en matière de lutte contre le terrorisme. 

 

En outre, la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), avec le soutien de l’Union européenne, ont tenu en décembre 2016 une réunion de haut niveau avec les autorités nigérianes pour examiner les approches pertinentes en matière de poursuites, de réhabilitation et de réinsertion des anciens combattants de Boko Haram, a observé le Sous-Secrétaire général. 

Des consultations similaires seront proposées au Cameroun, au Tchad et au Niger lors d’une visite du Président du Comité contre le terrorisme prévue pour début 2017.

De plus, a poursuivi M. Zerihoun, la FMM mène actuellement des opérations militaires sur les berges du lac Tchad.  L’opération est confrontée à des défis uniques, notamment un terrain difficile, un manque de capacités.  « La contribution de 50 millions d’euros promise par la Commission de l’Union européenne à la Commission de l’Union africaine à l’appui de la Force et des fonds fournis par d’autres donateurs bilatéraux doivent être versés en temps opportun à la Commission du bassin du lac Tchad pour permettre à la FMM de relever les défis auxquels elle est confrontée.

Mais une approche militaire n’entraînera pas la fin de Boko Haram, selon le Sous-Secrétaire général. Les pays touchés doivent simultanément s’attaquer aux conséquences humanitaires ainsi qu’aux causes profondes qui ont conduit à l’émergence du groupe, a prévenu le haut fonctionnaire.  Les opérations militaires doivent être suivies de mesures de stabilisation, de rétablissement de l’autorité de l’État et de traitement des griefs sociaux, économiques et politiques au sein des communautés marginalisées. 

« Les quatre pays du bassin du lac Tchad sont indifféremment touchés par le fléau de Boko Haram, dans un contexte de crise financière et de tensions politiques et sociales.  Ils ont besoin du soutien du Conseil de sécurité et de l’ensemble de la communauté internationale pour réussir dans leurs efforts en vue d’assurer la stabilité et renforcer la résilience des communautés touchées. » 

Si les Nations Unies restent prêtes à soutenir les efforts régionaux, « l’échec manifeste de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à tenir leur sommet ministériel conjoint sur Boko Haram, longtemps envisagé, est préoccupant », s’est alarmé M. Zerihoun. 

L’ONU, a-t-il dit, continue donc d’encourager la région à élaborer une « stratégie commune » pour s’attaquer aux causes profondes de la crise de Boko Haram.  L’appui du Conseil de sécurité pour inciter la CEEAC et la CEDEAO à convoquer leur réunion conjointe souligne l’« urgence » de la question.

M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que 10,7 millions de personnes avaient actuellement besoin d’une assistance dans le bassin du lac Tchad, contre 9 millions en juillet 2016: 8,5 millions de personnes dans le nord-est du Nigéria et 1,6 million dans l’extrême nord du Cameroun.  Il y a, en outre, 2,4 millions de personnes déplacées, dont la plupart sont des enfants.  Au cours de sa dernière mission au Nigéria et au Niger, il a constaté que 80% des personnes déplacées étaient toujours accueillies par des communautés qui, a-t-il fait observer, sont parmi les plus pauvres au monde.

Les besoins en termes de protection sont sévères, a-t-il poursuivi, en signalant de graves violations quotidiennes des droits de l’homme et du droit international humanitaire, qui se traduisent par des pertes en vies humaines, des blessés, des violences sexuelles ou sexistes, des détentions arbitraires, ainsi que des disparitions, des déplacements et des recrutements forcés.  Rien qu’au nord-est du Nigéria, plus de 7 000 femmes et filles ont été victimes de violences sexuelles commises par Boko Haram, a-t-il précisé en expliquant qu’après leur libération, elles ont été considérées comme des sympathisantes de Boko Haram.  Pour réagir à ce problème, les Nations Unies et leurs partenaires ont fourni des soins et un soutien à 5 900 femmes et enfants qui ont été associés ou victimes de  violences sexuelles par des membres de Boko Haram, une aide qu’il faudrait, selon lui, améliorer davantage.  Il a recommandé de travailler avec le Gouvernement et les communautés pour lutter contre la stigmatisation de ces femmes.

Cette crise humanitaire s’est aggravée par une insécurité alimentaire grave, a alerté le Secrétaire général adjoint: c’est aujourd’hui une des plus grandes crises humanitaires au monde.  Le nombre de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire dans la région est passé de 3 millions il y a un an à 7,1 millions aujourd’hui, et ce, malgré les efforts de l’ONU et de ses partenaires.  C’est la libération de personnes aux mains de Boko Haram après l’offensive du Gouvernement qui a révélé le nombre considérable de personnes oppressées, affamées et victimes d’abus, a-t-il dit pour expliquer l’ampleur de ces chiffres. 

L’équipe spéciale commune internationale de l’Union africaine a permis de faire fuir beaucoup de terroristes de Boko Haram hors du Cameroun, du Tchad et du Niger, ce qui a permis de concentrer les efforts sur les besoins du nord-est du Nigéria où l’on compte 5,1 millions de personnes en grave situation d’insécurité alimentaire.  Tout cela s’ajoute à une malnutrition chronique sévère et modérée qui sévit dans toute la région du Sahel.  M. O’Brien a souligné la particulière vulnérabilité des enfants du nord-est du Nigéria et du bassin du lac Tchad où le taux de mortalité des moins de 5 ans parmi les personnes déplacées est quatre fois plus élevé que le seuil d’urgence.  Dans l’État du Borno, il y a 300 000 enfants en déficience alimentaire et 150 000 de plus dans les États d’Adamawa et de Yobe.

Malgré ces tendances inquiétantes, le Secrétaire général adjoint a exprimé un espoir pour 2017.  Maintenant que le Gouvernement du Nigéria reprend progressivement le contrôle de son territoire au nord-est du pays, il faut étendre l’aide humanitaire et la protection, ainsi que les services de base.  Il a indiqué que l’aide de l’ONU et des gouvernements de la région du bassin du lac Tchad avait permis, au cours des six derniers mois, de fournir une aide alimentaire à 2,1 millions de personnes, des soins de santé d’urgence à plus de 4 millions et de l’eau et des services d’assainissement à 1,7 million.  Il a aussi donné le détail de l’aide apportée par l’UNICEF en 2016 qui a notamment offert des traitements pour sauver la vie de 160 000 enfants en déficience nutritionnelle, des soins de santé à plus de 4 millions de personnes et des espaces d’enseignement à plus de 100 000 enfants.  M. O’Brien a rappelé avoir débloqué 91 millions de dollars du Fonds central pour les interventions d’urgence depuis juillet 2015 pour financer tous ces efforts.

Il a salué la bonne coopération de l’ONU avec les gouvernements des pays touchés, ceux-ci ayant amélioré leur réponse humanitaire.  Le Gouvernement du Nigéria, par exemple, a nommé un coordonnateur humanitaire en chef en octobre 2016.  Plusieurs gouvernements de la région subissent cependant des contraintes budgétaires dues à la récession économique et aux coûts des opérations militaires contre Boko Haram, a-t-il prévenu en soulignant leurs besoins de financement.  Il a aussi insisté sur la nécessité de fournir à ces pays une aide urgente pour traiter les causes profondes de la crise comme la pauvreté, lançant un véritable appel à la solidarité.  Cette crise revêt un caractère urgent, a-t-il répété en suggérant par exemple de soutenir le secteur agricole de ces pays.

M. O’Brien a remarqué que la communauté internationale était aujourd’hui plus attentive à la crise sécuritaire et humanitaire de cette région.  Au Nigéria, qui est l’épicentre de la crise, les Nations Unies ont un nouveau et fort leadership, ainsi qu’une étroite coordination avec le Gouvernement, a-t-il indiqué en se réjouissant de l’intention du Conseil de sécurité de se rendre sur le terrain prochainement.  Il s’est également félicité de l’engagement accru des donateurs qui ont contribué au-delà de 238 millions de dollars pour répondre à la crise humanitaire au deuxième semestre de 2016, triplant ainsi leur contribution par rapport à la première partie de l’année.  L’appel humanitaire de 2016 a ainsi été financé à hauteur de 49%, a-t-il dit en souhaitant un engagement encore plus important pour combler les besoins.  C’est pourquoi il a doublé les demandes de financement pour 2017: l’appel humanitaire 2017 pour la région est ainsi de 1,5 milliard de dollars.

Avant de conclure, M. O’Brien a appelé le Conseil de sécurité à soutenir les mesures prises aux niveaux national et régional, la Conférence sur le Nigéria et le bassin du lac Tchad organisée en Norvège le 24 février, les stratégies de développement locales, ainsi que les organisations locales, nationales et internationales qui œuvrent dans ce sens.

Mme FATIMA YERIMA ASKIRA, Coordonnatrice pour l’initiative de développement pour les femmes de Borno et les programmes de jeunes au sein de Search for Common Ground Nigeria, en vidéoconférence de Maiduguri, s’est également exprimée mais ses propos n’ont pu être traduits par les interprètes de la cabine française en raison de la mauvaise qualité sonore.  « Il nous faut une architecture pour la paix dans notre région, à l’élaboration de laquelle les filles doivent être associées », a-t-elle dit en substance.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a affirmé que la famine qui a récemment sévi à Borno n’était pas naturelle, mais bien le fait de l’homme.  Elle a demandé au Gouvernement nigérian de coopérer avec les agences humanitaires afin d’améliorer l’acheminement de l’aide, avant d’insister sur la sauvagerie de Boko Haram.  Le sort des lycéennes de Chibok est le meilleur exemple de cette sauvagerie, a-t-elle ajouté.

Mme Power a ensuite détaillé la visite qu’elle a effectuée l’année dernière  au Cameroun et au Nigéria dans des camps de personnes déplacées par les activités de Boko Haram.  « Toutes les personnes que j’ai rencontrées ont décrit le meurtre d’un proche ou l’enlèvement d’un enfant de leurs propres mains », a-t-elle dit.  La représentante a souhaité que le Conseil se rende sur place pour constater de lui-même l’ampleur de la crise.  « Nous devrions être tous touchés par les souffrances de ces personnes déplacées », a-t-elle insisté, en déplorant l’audience clairsemée de cette séance du Conseil. 

Elle a demandé une intensification de la riposte internationale à Boko Haram, avant de louer la bonne coordination des pays de la région dans les opérations militaires qu’ils conduisent.  « Ces opérations méritent notre plein appui », a-t-elle dit, ajoutant que son pays leur apportait son concours.

Mme Power a ensuite invité l’ONU à travailler avec les gouvernements de la région afin d’apporter une aide humanitaire, et ce, même à proximité de la ligne de front.  Elle a en particulier demandé au Gouvernement nigérian de remédier aux goulots d’étranglement qui empêchent le bon acheminement de l’aide dans le nord-est du pays.  La situation dans la région du bassin du lac Tchad est ignorée, a conclu Mme Power, en appelant le Conseil à en faire davantage.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a déclaré que la situation actuelle dans le bassin du lac Tchad risque de s’aggraver compte tenu des mauvaises récoltes.  Il a donc appelé les bailleurs de fonds à se mobiliser pour apporter une réponse adéquate, alors que l’ONU a estimé à un milliard de dollars les besoins au Nigéria et à 310 millions ceux du Cameroun.  Mais l’argent ne suffit pas, il faut aussi faire preuve de leadership, a estimé le représentant.  La tenue prochaine d’un sommet régional sur Boko Haram sera l’occasion de voir un tel leadership émerger, a fait remarquer le représentant britannique. 

Pour lui, un des défis les plus urgents est le retour forcé de populations dans des régions où ces personnes déplacées sont susceptibles d’être exposées à des violences.  En outre, a-t-il souligné, les femmes ont également leur mot à dire en matière de paix et de sécurité et il est donc essentiel de les associer  aux processus de paix et de les protéger des violences, en particulier les violences sexuelles.  La fourniture, par Médecins sans frontières, de 810 tonnes de vivres au cours des derniers mois, est un exemple à suivre, a relevé le représentant britannique.  Voilà l’esprit qui doit animer chacun d’entre nous, alors que pourtant, une organisation de santé n'est pas tenue d’apporter une aide matérielle.  

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé que Boko Haram, bien qu’affaibli, conservait de fortes capacités de nuisance.  La situation dans la région du bassin du lac Tchad est sortie des radars internationaux alors que notre appui n’a jamais été aussi nécessaire, a-t-il fait remarquer.  Insistant sur le coût, tant militaire que financier des opérations engagées contre Boko Haram, le délégué a souligné l’appui de la France aux pays de la région, en particulier le Tchad et le Niger.  Les opérations militaires, a estimé M. Delattre, ont fait preuve de leur efficacité.

Le délégué a demandé à l’ONU de poursuivre ses efforts pour répondre aux besoins humanitaires immenses dans la région, en espérant que les centres d’approvisionnement par lesquels l’aide humanitaire doit transiter, seront bientôt  opérationnels.  Il a précisé que la France a fourni, en 2016, une aide de 13,5 millions d’euros pour les pays affectés par Boko Haram.  Enfin, M. Delattre a mis l’accent sur l’importance du développement de la région, sous peine de voir les groupes terroristes se renforcer.  La région du bassin du lac Tchad doit être au cœur des activités du Conseil, a conclu le délégué, en appuyant l’idée d’une visite prochaine du Conseil dans la région.

M. WU HAITO (Chine) s’est alarmé lui aussi de la détérioration des conditions de sécurité et de la situation humanitaire dans le bassin du lac Tchad, qui appelle une mobilisation sans précédent contre les opérations terroristes menées par Boko Haram, afin de permettre à la Force multinationale mixte (FMM) de mener à bien son mandat. 

La communauté internationale, dans ce contexte, doit respecter la primauté du rôle joué par les organisations régionales et sous-régionales pertinentes, nommément la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  La Chine, a assuré son représentant, est disposée pour sa part à coopérer avec la communauté internationale et les pays de la région pour rétablir la stabilité autour du lac Tchad.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a loué les succès engrangés par la Force multinationale mixte contre Boko Haram et demandé que la communauté internationale lui fournisse un appui renforcé.  Il a également demandé une aide accrue pour les programmes de réintégration des anciens combattants de Boko Haram. 

Le délégué de l’Égypte a défendu une approche globale visant à remédier aux causes profondes de la crise, qui prévoirait notamment le renforcement des capacités des pays de la région et une intensification des efforts de développement.  Il a souhaité, en outre, que la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel soit pleinement appliquée. 

Enfin, le délégué a promis l’appui de l’Égypte aux pays du bassin du lac Tchad en vue de pérenniser la paix.

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré que son gouvernement contribuait aux efforts dans le bassin du lac Tchad à travers l’aide humanitaire sociale.  Au niveau bilatéral, il avait annoncé, en décembre dernier, une aide alimentaire de trois millions de dollars au Niger.  À la lumière de l’énorme impact de la crise provoquée par Boko Haram sur les femmes, le Japon a aussi contribué financièrement aux activités de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme (ONU-Femmes) l’année dernière.

La portée et la complexité des défis auxquels la région fait face exigent plus que de l’aide humanitaire, a estimé le représentant.  Les efforts continus de la Force multinationale mixte et les autres opérations militaires menées par les pays de la région ont contenu de manière significative Boko Haram et l’ont délogé de son ancien bastion.  Pour consolider les progrès réalisés par les opérations militaires, il faudrait également accorder une attention continue aux défis économiques et sociaux à long terme.

Le représentant, citant les propos du Président du Nigéria au Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, a souligné que la « réduction du taux de chômage des jeunes favorise la stabilisation et décourage le recrutement par Boko Haram ».  Le Conseil de sécurité, a-t-il insisté, doit réfléchir aux moyens de résoudre les questions complexes que connaissent les pays de la région du bassin du lac Tchad, afin d’assurer le maintien de la paix.  Il est également vital que les pays de la région prennent en main le développement économique et social de leurs communautés à long terme, a-t-il indiqué. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a déclaré que le lac Tchad avait perdu 90% de sa superficie au cours de ces dernières années et 10 millions d’habitants, « soit trois fois la population de mon pays ».  La dimension transnationale de la crise découle de causes connues de tous, mais l’avenir, a-t-il déploré, n’incite guère à l’espoir si l’on songe à l’absence d’« instrument » pour sortir de la crise et parvenir à une paix pérenne.

C’est pourquoi l’Uruguay a jugé nécessaire de rendre hommage à la Force multinationale mixte, fruit des efforts régionaux concertés pour répondre à l’aspect sécuritaire de la crise.  Mais la délégation a vivement encouragé à rechercher des solutions de long terme à la situation. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a indiqué que son pays allait ouvrir une nouvelle ambassade à Niamey, la capitale du Niger.  Il a appuyé les efforts des pays de la région contre Boko Haram, avant de se dire préoccupé par le lien qui existe entre les activités criminelles transnationales dans la région et les activités de Boko Haram.  Il a rappelé que la résolution 2195 (2014) demande une coopération internationale renforcée afin de lutter contre le terrorisme associé à la criminalité transnationale organisée.  Le délégué a souhaité que les organisations régionales jouent un rôle actif dans les efforts de lutte contre Boko Haram.  L’Italie, a-t-il assuré, appuie l’idée d’une visite du Conseil dans la région du bassin du lac Tchad.  Avant de conclure, le représentant a insisté sur les conséquences des changements climatiques dans la région, lesquelles, conjuguées avec l’instabilité actuelle, créent un environnement propice aux activités terroristes et criminelles.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a déclaré que la situation sécuritaire dans le bassin du lac Tchad est une source de préoccupation majeure pour son pays, avant de prendre bonne note des avancées réalisées par la Force multinationale mixte (FMM) contre Boko Haram. 

Ceci étant, a-t-il relevé, les menaces posées par Boko Haram doivent être examinées en relation avec l’ensemble de celles qui se posent dans la région, a estimé la délégation, en invitant à mettre au point une « stratégie de lutte globale contre le terrorisme ». 

Devant la détérioration de la situation humanitaire dans la région, la délégation a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle se mobilise en vue de mettre fin à une crise multidimensionnelle.

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a condamné l’attaque meurtrière qui s’est produite l’année dernière à Maiduguri, avant d’appuyer les efforts des pays de la région du bassin du lac Tchad contre Boko Haram.  Il a indiqué que la situation humanitaire dans la région continuait de se dégrader malgré les succès militaires engrangés contre Boko Haram.  Plus de 7 millions de personnes sont déplacées au Niger, au Nigéria, au Tchad et au Cameroun en raison des activités de Boko Haram, a poursuivi le délégué.  Le Kazakhstan, a-t-il assuré, appuie l’initiative de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) visant à la constitution d’un fonds de solidarité en faveur des victimes de terrorisme.  Avant de conclure, le représentant a demandé aux membres du Conseil de se pencher sur les moyens d’augmenter l’aide humanitaire dans la région et de veiller à assurer son acheminement sans entrave.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a déclaré que les changements climatiques et la surexploitation des ressources naturelles expliquent en partie la crise dans le bassin du lac Tchad, favorisant ainsi les rivalités et la montée en puissance d’organisations comme Boko Haram.  En dépit d’une riposte militaire coordonnée menée par la Force multinationale mixte (FMM), ce groupe terroriste conserve une force de frappe considérable, a constaté le représentant.  Outre les déplacements massifs de populations, et la prise en charge des victimes de violences, une aide internationale est nécessaire pour faciliter la réinsertion d’environ 1 500 déserteurs de Boko Haram, a souligné le délégué, en saluant les efforts déployés par les organisations humanitaires. 

Appelant les pays de la région à se mobiliser, M. Ciss a souligné l’importance pour la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de tenir leur sommet ministériel conjoint sur Boko Haram.  Le représentant a également plaidé en faveur d’un effort de sensibilisation et de communication avec les leaders religieux et communautaires pour contrecarrer l’appel de l’extrémisme violent.  Il a enfin demandé au Conseil de sécurité de marquer sa solidarité avec les pays de la région, notamment en dépêchant prochainement une délégation dans la région du bassin du lac Tchad.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par l’allégeance prêtée par Boko Haram à l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL/Daech), ainsi que par le changement de stratégie de Boko Haram.  Ce groupe évite désormais les affrontements frontaux pour privilégier les attaques contre les civils, a-t-il expliqué.

Soulignant l’urgence qui s’attache à l’élimination de la menace posée par Boko Haram, le délégué a appuyé les efforts de la Commission du bassin du lac Tchad et de la Force multinationale mixte.  Il a également salué la décision de l’Union africaine en juillet 2016 de créer un Fonds de lutte contre le terrorisme.  Enfin, le délégué de la Fédération de Russie a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes de la situation dans la région et promis l’aide de son pays.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a déclaré que la situation dans le bassin du lac Tchad était l’une des plus négligées dans le monde.  Jusqu’à présent, la communauté internationale n’a pas beaucoup réussi à résoudre les multiples problèmes complexes de la région, non pas par manque d’efforts mais par manque de compréhension de la manière de les traiter à la fois.  Comment le Conseil de sécurité peut réagir efficacement à cette crise, en plus d’exprimer ses profondes inquiétudes et de réclamer une plus grande prise de conscience internationale, s’est interrogé le représentant.

Il faut, a-t-il dit, trouver un rôle approprié pour le Conseil.  Tout d’abord, il doit être pleinement conscient qu’une crise humanitaire en perpétuelle détérioration peut se transformer en une véritable menace pour la paix et la sécurité dans la région. 

Il a plaidé pour que le Conseil de sécurité s’engage dans une discussion sérieuse sur la façon de renforcer l’utilisation des mécanismes de sanctions existants contre les membres de Boko Haram et ses affiliés.  Ainsi, les apports et les initiatives pertinents de la région contribueraient grandement aux travaux du Conseil sur ce sujet. 

Enfin, pour tout progrès en vue d’atténuer l’immense souffrance des populations du bassin du lac Tchad, l’amélioration des conditions socioéconomiques doit être une priorité.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est dit très préoccupé par les alertes concernant l’insécurité alimentaire, l’asservissement, l’esclavage, les enlèvements, les mariages forcés, la brutalité, la crise extrême, les atrocités, la peur, les attentats-suicides et les déplacements forcés dans la région du bassin du lac Tchad.  Il s’est dit également très préoccupé par la situation humanitaire et la crise alimentaire que connaissent les pays de la région depuis de nombreuses années.  Il s’est félicité des efforts menés pour affronter les groupes extrémistes, grâce à la collaboration de la Force multinationale mixte et des gouvernements des pays affectés.

Le représentant a condamné les actes menés par le groupe terroriste de Boko Haram et exprimé sa solidarité avec les victimes, notamment celles des attentats du 27 décembre et du 8 janvier derniers.  Notant que les médias ne parlent pas beaucoup de cette crise, il a cependant attiré l’attention sur le nombre impressionnant de personnes souffrant de la crise.  La Bolivie apportera son soutien à la lutte menée par les pays de la région, ainsi qu’aux efforts de la communauté internationale, a-t-il assuré.

M. OLOF SKOOG (Suède) a noté que la séance d’aujourd’hui est la conséquence d’un échec dû au fait qu’on n’a pas agi assez tôt.  Il ne faut pas stigmatiser, a-t-il souligné, tout en appelant à mettre en évidence une crise trop négligée.  Notant la complexité de la situation et le niveau élevé des souffrances humaines, il a rappelé que les causes fondamentales de la crise sont très profondes.  Il a notamment cité les changements climatiques et la désertification qui contribuent à l’insécurité alimentaire et créent des conditions propices aux conflits.

M. Skoog s’est dit marqué par l’image qu’a évoquée Fatima, l’activiste qui est intervenue en début de séance: celle d’une femme malade, allongée dans le sable, n’ayant pour se couvrir que des haillons et entourée de ses enfants qui n’ont rien à manger.  Qu’allons-nous faire?  Il faut d’abord renforcer l’aide humanitaire, a-t-il répondu en appelant à accroître l’aide internationale lors de la prochaine conférence à Oslo.  Parmi les autres mesures qu’il a préconisées, il a insisté sur l’importance d’entendre la voix des femmes, comme celle de Fatima.  Il faut continuer à être vigilant dans le suivi de la situation, a-t-il ajouté en estimant qu’une visite du Conseil de sécurité dans la région serait une étape utile.

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a déclaré qu’en dépit de la dévastation dans la région du lac Tchad provoquée par Boko Haram, la Force multinationale mixte a enregistré d’importants succès pour affaiblir ce groupe. 

Pour sa part, le Gouvernement nigérian a fait des progrès significatifs dans la lutte contre Boko Haram.  Avant Noël, l’armée a repris la forêt de Sambisa, l’ancien repaire des combattants de Boko Haram.  Le Gouvernement est conscient des autres défis de développement dans la région, y compris le rétrécissement du lac Tchad, source de violence, avec la crise humanitaire qui l’accompagne.  Éviter une telle éventualité nécessiterait une intervention internationale pour recharger le lac en eau

Pour relever les défis humanitaires provoqués par les déplacements massifs de populations, le Gouvernement a lancé des programmes pour restaurer les moyens de subsistance des communautés dans les régions touchées.  Il a mis en place une stratégie de lutte contre le terrorisme centrée sur les gens et reposant sur la combinaison d’opérations de sécurité modernisées et sur une approche fondée sur les droits de l’homme pour contribuer à la réalisation de la réhabilitation, de la réinsertion et de la reconstruction.

Le Gouvernement est fermement résolu à assurer la protection des civils dans le conflit armé et reconnaît la responsabilité des États à garantir celle des personnes sous sa juridiction.  Cette conviction montre la détermination du Gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.

Il faut noter, a ajouté le représentant, que les écolières kidnappées de l’école de Chibok restent dans la conscience nationale du Nigéria.  Le Gouvernement travaille d’arrache-pied pour la libération de tous les Nigérians détenus par Boko Haram, y compris les filles de Chibok. 

Il est prêt à assurer leur rapide réhabilitation, réintégration et la poursuite de leur scolarité une fois qu’elles seront libres.  Les efforts sont menés pour faire en sorte que toutes les victimes retrouvent leur dignité et puissent à nouveau jouir de leurs droits fondamentaux et de la liberté dans les plus brefs délais.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Chef des opérations de maintien de la paix souligne la nécéssité de « solutions à long terme » pour une paix durable au Darfour

7860e séance – matin  
CS/12678

Conseil de sécurité: le Chef des opérations de maintien de la paix souligne la nécéssité de « solutions à long terme » pour une paix durable au Darfour

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a préconisé, ce matin devant le Conseil de sécurité, des « solutions complètes à long terme » au Darfour, afin de permettre le retour volontaire des 2,6 millions de personnes déplacées et mettre fin aux violences intercommunautaires.

Malgré le calme relatif qui règne dans de nombreuses zones du Darfour, les griefs à l’origine du conflit sont toujours d’actualité, a estimé M. Ladsous, dans le droit fil du dernier rapport* du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) qu’il présentait ce matin.

M. Ladsous a entamé son intervention en indiquant que, depuis l’annonce faite par le Gouvernement soudanais sur sa victoire dans le Jebel Marra et la fin du conflit au Darfour en septembre dernier, deux affrontements ont eu lieu au dernier trimestre de l’année 2016 entre les forces soudanaises et l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW).

En raison des pertes infligées par l’offensive gouvernementale au cours de la première moitié de l’année 2016, de la défection de quelques-uns de ses commandants et de divisions internes croissantes, l’ALS-AW ne maintiendrait sa présence que dans des zones situées à l’est et au sud-est de Sarrong, a précisé M. Ladsous.  Toujours selon le Gouvernement soudanais, l’ALS-AW ne disposerait que d’environ 300 combattants acculés dans quelques portions du massif du Jebel Marra.

Si la violence intercommunautaire a connu une baisse relative par rapport aux années précédentes, grâce notamment aux efforts des gouverneurs des cinq États du Darfour, les tensions entre les communautés demeurent « récurrentes et vives » en raison de la persistance de différends anciens liés à l’accès à la terre, à l’eau et autres ressources, a averti le Secrétaire général adjoint.

De nombreux heurts entre agriculteurs et éleveurs ont ainsi été enregistrés dans l’État du Darfour méridional, occasionnant la mort de 71 personnes au cours du dernier trimestre 2016.  M. Ladsous a, par ailleurs, déclaré que la population civile continuait d’être exposée à des risques élevés de violence et de violations graves des droits humains sur l’ensemble du pays, d’autant que les armes circulent en abondance.

Quelque 97 000 personnes ont été déplacées en 2016 en raison des affrontements dans le Jebel Marra, tandis que les activités humanitaires demeurent entravées par l’insécurité et les retards ou refus d’autorisations de voyager, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  Dans ce contexte, la Mission a continué de protéger les civils par des patrouilles, en particulier dans le Darfour septentrional, et d’œuvrer à la prévention et l’atténuation des tensions communautaires.

Sur le front politique, le Secrétaire général adjoint a insisté sur le manque de progrès tangibles du processus de paix, malgré les initiatives des Présidents du Tchad et de l’Ouganda et du Vice-Premier Ministre du Qatar.  La base du processus et de futurs pourparlers politiques, à savoir un accord sur la cessation des hostilités et l’assistance humanitaire, n’est toujours pas à l’ordre du jour, a-t-il déploré.

Le Secrétaire général adjoint a expliqué que les divergences persistantes sur la divulgation des emplacements des mouvements armés, la libération des prisonniers et le rôle du Document de Doha pour la paix au Darfour dans les futures négociations empêchaient toujours la signature d’un tel accord.

M. Ladsous a ensuite détaillé les efforts internationaux pour aider les parties à surmonter leurs divergences, avant de rappeler l’annonce faite le 31 décembre 2016 par le Président soudanais sur la prorogation d’un mois du cessez-le-feu unilatéral au Darfour et dans les deux zones, dans les États du Nil bleu et du Kordofan méridional.

Le Président soudanais a également fait part de son intention de proroger plus avant le cessez-le-feu et de sa détermination à mettre en œuvre l’accord sur la feuille de route conclu sous l’égide de l’Union africaine, que le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) et l’Armée de libération du Soudan-faction Minni Minawi (ALS-MM) ont signé en août dernier.

Comme le rappelle le Secrétaire général dans son rapport précité, l’ALS-AW continue de refuser de participer aux négociations directes avec le Gouvernement.  M. Ladsous a ensuite mentionné les mesures prises par le Gouvernement soudanais pour mettre en œuvre le document, adopté à l’issue de la Conférence de dialogue national, qui établit une stratégie de réforme et jette les bases d’une nouvelle constitution.

Le 27 décembre, l’Assemblée nationale du Soudan a ainsi adopté des amendements constitutionnels qui prévoient notamment l’établissement d’un « Gouvernement de réconciliation nationale » et l’augmentation du nombre de sièges au sein de l’Assemblée pour une meilleure représentation des groupes d’opposition, a-t-il expliqué.

M. Ladsous a, toutefois, indiqué que les principaux groupes d’opposition ont rejeté ce processus, arguant de son caractère insuffisamment inclusif.  L’opposition estime également que la situation actuelle au Soudan n’est pas propice à la réconciliation nationale et à la conduite d’un processus politique libre, tel qu’envisagé par le dialogue national.

Le Secrétaire général adjoint s’est félicité du dédouanement des cargaisons à Port Soudan et de l’accélération de l’octroi de visas pour certains fonctionnaires de la Mission.  « J’espère que cet esprit de coopération sera maintenu », a-t-il dit.

M. Ladsous a enfin détaillé les discussions menées par l’ONU, l’Union africaine et le Gouvernement soudanais au sein du Groupe de travail conjoint créé par la résolution 2173 (2014) en vue d’une stratégie de désengagement de la Mission et qui s’est réuni à Khartoum en octobre et en novembre 2016.

Le Conseil était également saisi d’une lettre** du 28 octobre 2016 du Secrétaire général, contenant des recommandations sur l’avenir de la MINUAD.  Le Groupe de travail conjoint n’est pas parvenu à un consensus sur les modalités spécifiques d’une reconfiguration de la Mission à la lumière des changements qui se sont produits sur le terrain, a conclu le Secrétaire général adjoint.

« Compte tenu de l’amélioration de la situation au Darfour », le représentant du Soudan, M. Omer Dahab Fadl Mohamed, a plaidé en faveur du retrait graduel de la MINUAD, dont le maintien ne lui semble pas « logique ».  « La communauté internationale pourrait faire un meilleur usage des ressources que cette Mission mobilise », a-t-il poursuivi.  Selon lui, les représentants de l’ONU continueraient de s’opposer au retrait de la Mission des secteurs où sa présence ne serait plus nécessaire, en particulier le Darfour occidental. 

Le Département des opérations de maintien de la paix, a-t-il accusé, ne prend pas au sérieux la stratégie de retrait de la MINUAD, qui doit se faire sur la base de consultations avec le Soudan.  Le représentant s’est étonné que l’ONU continue d’assumer un tel « fardeau financier », comme si cette Mission était « une fin en soi », alors qu’elle coûterait 1,3 milliard de dollars par an.

Le représentant a également redemandé au Conseil de sécurité de faire pression sur les mouvements rebelles, « ou ce qu’il en reste », pour signer l’accord sur la feuille de route.  M. Mohamed a enfin souhaité qu’Abdul Wahid al-Nour, le dirigeant de l’ALS-AW, « qui refuse tout dialogue », soit inscrit sur la liste des individus visés par les sanctions.

Son homologue de l’Uruguay, M. Luis Bermúdez, a regretté que les mesures prises par le Soudan en vue de réduire les tensions intercommunautaires et la criminalité ne se soient pas accompagnées d’une action contre les causes profondes du conflit.  Il a appelé le Gouvernement soudanais à lever tous les obstacles bureaucratiques qui entravent les activités de la MINUAD.

 

*     S/2016/1109
**    S/2016/915

 

 

*  ***  *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine le premier rapport de la Mission de l’ONU en Colombie où le dépôt complet des armes est prévu pour juin 2017

7859e séance – après-midi
CS/12677

Le Conseil de sécurité examine le premier rapport de la Mission de l’ONU en Colombie où le dépôt complet des armes est prévu pour juin 2017

Le Conseil de sécurité a examiné aujourd’hui le premier rapport trimestriel de la Mission des Nations Unies en Colombie créée par la résolution 2261 du 25 janvier 2016 pour surveiller et vérifier le cessez-le-feu après l’« Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable » signé, à Cartagena, le 26 septembre 2016, par le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP). 

L’accord, qui a fait l’objet d’un référendum, a été rejeté le 2 octobre avant qu’une version révisée ne soit adoptée par le Sénat puis par la Chambre des représentants, à la fin du mois de novembre, son entrée en vigueur marquant le début de l’instauration de la paix en Colombie et permettant à la Mission de l’ONU de s’acquitter pleinement de son mandat portant principalement sur la surveillance et la vérification du cessez-le-feu, la cessation des hostilités et le dépôt des armes.

Le processus de paix se heurte à toute sorte de difficultés mais il a des atouts solides dont la détermination sans faille du Gouvernement colombien et de la direction des FARC à persévérer dans la paix, sans oublier la volonté populaire de tourner la page du conflit le plus vieux du monde, a rassuré M. Jean Arnault, Chef de la Mission de l’ONU en Colombie, qui présentait son premier rapport trimestriel.

M. Arnault a expliqué que pour des raisons logistiques, il est impossible de respecter les délais, dont le rassemblement avant le 1er janvier des combattants des FARC et des milices et la destruction, le 30 janvier, des munitions instables.  En dépit des retards, il s’est félicité de ce que le Président colombien et le Chef des FARC se soient engagés à tout mettre en œuvre pour parvenir à finaliser le dépôt des armes au début juin 2017, la destruction des munitions instables commençant dès à présent.

Le Mécanisme tripartite de vérification –ONU, Gouvernement colombien et FARC- est déployé dans 18 des 26 camps et la Mission a sur place 350 des 450 observateurs attendus.  La surveillance des camps des FARC s’est intensifiée et l’armée colombienne a redéployé ses unités de sorte qu’une distance d’au moins 3 kilomètres la sépare des camps des FARC-EP installés à chaque point de regroupement, a précisé le Chef de la Mission de l’ONU. 

L’accent doit maintenant être mis sur la mise en place des camps destinés à l’accueil des FARC, a-t-il dit, notant que les travaux ont commencé dans un tiers des 26 camps.  Hier, le Président colombien a déclaré au Conseil des ministres que ces travaux doivent être la priorité pour lancer au plus tôt le processus de dépôt des armes.  En attendant, le matériel de stockage et de marquage des armes est distribué dans tous les bureaux de la Mission de l’ONU installés dans le pays.    

Un aspect clef de la mise en œuvre de la paix est la réintégration des membres des FARC dans la vie civile, a insisté M. Arnault, en prévenant que cette étape est étroitement liée au succès du dépôt des armes.  Il s’est donc félicité de la mise en place le 20 décembre dernier, d’un Conseil national de réintégration qui, depuis, a déjà tenu quatre réunions.  Il s’est aussi félicité de l’inscription à la sécurité sociale de quelque 2 500 FARC.  

Le 28 décembre, s’est-il encore réjoui, le Congrès a adopté la loi d’amnistie qui exclut toutefois les crimes graves.  Exigée par les FARC, cette loi, qui devrait conduire à la libération de 4 000 prisonniers, devrait aussi faciliter le dépôt des armes et l’arrivée des FARC dans les 26 zones.  Le 16 janvier, le Congrès devrait s’attaquer à deux textes de loi d’une importance critique, et d’abord, le projet de loi sur le système intégré « vérité, justice et réparation », y compris la juridiction spéciale pour la paix; la commission « vérité » et l’unité de recherche des personnes disparues.  Le deuxième texte est un nouvel article de la Constitution sur les dispositions de l’accord de paix relatives au droit international humanitaire et aux droits fondamentaux reconnus par la Constitution.

Le bilan de ces trois premiers mois est « très favorable », a affirmé le représentant de la Colombie, qui a dit la détermination de son pays à s’acquitter au plus vite des aspects administratifs, logistiques et juridiques nécessaires au bon fonctionnement de la Mission.  Le représentant n’a pas caché la difficulté de déployer des forces et de reconstruire dans des zones dépourvues de routes, d’eau et d’électricité.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine a souhaité que toutes les forces politiques et tous les acteurs de la société civile colombienne participent à la mise en œuvre de l’accord de paix.  Ce processus historique est un exemple pour le monde entier, a renchéri la représentante de la Colombie, avant que son homologue de l’Italie ne mentionne la conférence organisée à Rome en décembre 2016 qui a abouti à la conclusion de trois accords de coopération bilatérale avec la Colombie.  Ses homologues de l’Ukraine, de l’Uruguay, de la Bolivie et de l’Italie ont appelé à rétablir au plus vite les droits de l’enfant, en rouvrant les écoles, en élargissant l’accès à la santé et en facilitant le regroupement familial.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: la mise en œuvre de l’accord politique dépend de l’adhésion et de la « bonne foi » de tous les acteurs, déclare M. Hervé Ladsous au Conseil de sécurité

7858e séance – matin 
CS/12675

RDC: la mise en œuvre de l’accord politique dépend de l’adhésion et de la « bonne foi » de tous les acteurs, déclare M. Hervé Ladsous au Conseil de sécurité

L’accord du 31 décembre, entre les signataires et les non-signataires de l’accord antérieur du 18 octobre, ouvre des perspectives nouvelles pour une résolution pacifique de l’impasse politique en République démocratique du Congo (RDC), selon le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous.

« Cependant, des efforts majeurs seront nécessaires afin d’obtenir l’adhésion de tous les acteurs et une mise en œuvre de bonne foi », a prévenu, ce matin, le Chef du Département des opérations de maintien de la paix, venu présenter au Conseil de sécurité le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies dans ce pays (MONUSCO).

Cet accord, signé sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), est intervenu à un moment critique de la vie politique de la RDC, a rappelé M. Ladsous, en faisant état de tensions politiques et d’incidents violents dans un certain nombre de villes du pays après le 19 décembre, date de l’expiration du second et dernier mandat du Président Joseph Kabila. 

En effet, les 19 et 20 décembre, des affrontements entre manifestants et Forces nationales de sécurité ont causé la mort d’au moins 40 civils et de 2 policiers.  De plus, a-t-il relevé, au moins 140 personnes ont été blessées pendant les violences, 683 personnes arrêtées, dont 291 personnes ont depuis été poursuivies en justice, puis libérées.  S’il s’est dit optimiste au vu des derniers développements dans le pays, le représentant de l’Uruguay n’a pu qu’exprimer sa préoccupation devant les violations des droits de l’homme et le « rétrécissement de l’espace politique » en RDC.

Même si l’accord, salué par le Conseil le 4 janvier, et de nouveau aujourd’hui, a contribué à « décrisper » une situation potentiellement « explosive », certains acteurs politiques n’y ont pas encore adhéré, à l’instar du Mouvement de libération du Congo (MLC).  Bien que ce dernier vienne d’indiquer qu’il le ferait incessamment, le MLC soutient que le Rassemblement serait favorisé par les arrangements de la transition politique, qui prévoient d’octroyer à cette coalition de l’opposition les postes de premier ministre et de chef du Comité de suivi de l’accord.

Le MLC n’est pas seul, a noté M. Ladsous: « les membres de l’opposition menés par le Premier Ministre actuel, M. Samy Badibanga, sont eux aussi réticents à signer l’accord », jugeant irréalistes certains arrangements, notamment ceux relatifs au processus électoral.  En outre, M. Badibanga et son gouvernement redoutent des conséquences politiques dans l’éventualité d’un nouveau gouvernement d’union nationale placé sous la direction du Rassemblement.

De son côté, la majorité présidentielle a adressé des « signaux inquiétants », en exprimant, au moment de la signature de l’accord, des réserves qui restent à éclaircir, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  Face à la situation actuelle, la majorité relève également que l’accord ne serait pas assez inclusif, puisque ni le MLC ni l’opposition proche du Premier Ministre au pouvoir ne l’ont signé.

« Un appui politique, financier, technique et logistique majeur sera nécessaire pour que les élections se tiennent en décembre 2017 », a prévenu M. Ladsous, rejoint sur ce point par Mgr Marcel Utembi, qui s’exprimait au nom de la CENCO.  « Des retards dans l’actualisation du fichier électoral, dans la formation du gouvernement de transition et dans la mise en œuvre des clauses de l’accord pourraient avoir un impact négatif sur le respect des délais impartis », a prévenu le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  Il a affirmé que le Secrétariat et la Mission de l’ONU dans ce pays -la MONUSCO- demeureront activement et discrètement engagés auprès des parties, « afin de fournir le meilleur appui possible ».

Le représentant de la RDC a insisté sur la détermination du Président congolais, M. Joseph Kabila, à poursuivre le processus en cours pour l’organisation des élections, « à bonne date », conformément au calendrier qui sera fixé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).  Il a assuré que le processus de révision du fichier électoral se poursuivait à travers tout le pays: « sur 26 provinces, 12 sont déjà couvertes par les opérations d’enrôlement », a-t-il précisé.

Pour faciliter l’application de l’accord, le Président Kabila a renouvelé sa confiance à la CENCO en lui demandant de poursuivre des consultations avec l’ensemble de la classe politique en vue de la mise en œuvre, a fait valoir le délégué congolais.  « La mise en place et le bon fonctionnement du Conseil national de suivi de l’accord et du futur gouvernement d’union nationale dépendront de la bonne foi et de la volonté politique, ainsi que des dispositions juridiques et des moyens financiers suffisants », a estimé Mgr Utembi, en faisant écho au message de M. Ladsous.

Le Secrétaire général adjoint s’est également attardé sur la situation dans l’est de la RDC, qui demeure « précaire », en raison des opérations menées par les « groupes armés étrangers » que sont les Forces démocratiques alliées (ADF) et les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), et par des milices, dont certaines seraient liées à des acteurs politiques congolais et à des membres de la diaspora.

La MONUSCO, « à l’appui des Forces nationales de sécurité congolaises », poursuit ses efforts contre les activités déstabilisatrices de groupes armés tels que les ADF et les FDLR, avec des résultats qui demeurent cependant limités.  « Il nous semble que les résultats sont en deçà de ce que nous attendions », a fait remarquer le représentant congolais, en arguant que le remplacement de la brigade d’intervention de la MONUSCO par les « bataillons à déploiement rapide » se serait avéré inefficace.

Les effets de l’instabilité dans des pays limitrophes, notamment au Soudan du Sud et au Burundi, continuent en outre de toucher la RDC, avec l’arrivée d’environ 70 000 réfugiés sud-soudanais dans les provinces du Haut-Uélé et de l’Ituri ces six derniers mois, a constaté M. Ladsous.  Les informations faisant état d’« infiltration » par le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition, notamment dans les camps de réfugiés en RDC, sont aussi « une source majeure de préoccupation ».

Le représentant de la RDC a jugé anormal que le territoire de son pays devienne, une fois encore, « l’asile de combattants armés en provenance d’un pays voisin », en faisant référence à la présence d’éléments sud-soudanais.  Il a demandé au Conseil de prendre toutes les dispositions nécessaires pour les faire « évacuer » rapidement.  Soulignant les limites de la politique de redditions volontaires des groupes armés étrangers, le représentant a demandé l’accélération des procédures de rapatriement, notamment celles des FDLR et de leurs familles.

« Mon gouvernement ne peut comprendre que les appels au rapatriement de ces combattants n’aient pas reçu d’écho favorable », a-t-il dit, avant de demander à l’Ouganda et au Rwanda de faciliter le rapatriement des ex-M23 se trouvant en RDC.

 

* S/2016/1130

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le nouveau Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, présente au Conseil de sécurité sa vision pour prévenir les conflits et faire de 2017 une année de paix

7857e séance – matin
CS/12673

Le nouveau Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, présente au Conseil de sécurité sa vision pour prévenir les conflits et faire de 2017 une année de paix

S’exprimant pour la première fois devant le Conseil de sécurité en sa qualité de Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres a livré, aujourd’hui, sa vision pour prévenir les conflits et pérenniser la paix en 2017, en défendant notamment « une montée en puissance de la diplomatie » et en s’engageant à remédier à la fragmentation de l’action de l’ONU.  « Ensemble, nous devons faire preuve de leadership et renforcer la crédibilité et l’autorité des Nations Unies, en mettant la paix au-dessus de tout », a affirmé M. Guterres.

Si l’ensemble des délégations -plus de 90 pays se sont exprimés lors de ce débat tenu au niveau ministériel– ont appuyé l’appel lancé par le Secrétaire général, certaines d’entre elles ont affiché leurs divergences autour du principe de souveraineté nationale.  Pour l’une de ses dernières interventions devant le Conseil, la déléguée des États-Unis, Mme Samantha Power, y a vu une véritable « camisole de force » empêchant la prévention de violations graves des droits de l’homme.  Cette séance a également été marquée par la condamnation par la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, qui présidait les travaux du Conseil, de l’attaque meurtrière qui a frappé Kaboul aujourd’hui.

S’exprimant devant une salle comble, le Secrétaire général a entamé son intervention en soulignant la difficulté pour les responsables politiques de faire de la prévention une priorité car, a-t-il dit, elle n’attire pas suffisamment l’attention.  « Les caméras des chaînes de télévision, a-t-il regretté, ne sont pas là lorsqu’une crise est évitée. »  Selon la note de cadrage* distribuée par la présidence suédoise, la communauté internationale ne consacre à la prévention qu’une « fraction » des montants engagés dans les opérations de maintien de la paix.

M. Guterres a indiqué que, face à des conflits qui peuvent rapidement revêtir des dimensions régionales et transnationales, la réponse de l’ONU était encore fragmentée.  « À l’avenir, nous devons en faire beaucoup plus pour prévenir la guerre et pérenniser la paix », a recommandé le Secrétaire général.  Il a détaillé son action à cette fin, en insistant sur la nomination d’un Conseiller spécial politique, qui devra utiliser les capacités de prévention de l’ONU « en vue d’une détection et d’une action précoces ». 

Le Secrétaire général a également demandé au Conseil de sécurité de faire un plus grand usage des options figurant au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies.  M. Guterres s’est engagé à promouvoir une relation de confiance entre les États Membres et l’ONU et à améliorer les échanges avec le Conseil « de manière constante, honnête et transparente ».  Enfin, M. Guterres a déclaré qu’une action préventive était « essentielle » pour empêcher les atrocités de masse.  La prévention devrait être considérée comme une valeur en soi, a-t-il dit.

Ce point de vue a été appuyé par la déléguée des États-Unis.  La souveraineté nationale, a-t-elle estimé, ne peut servir de « bouclier » pour garantir l’impunité de certains acteurs.  À l’instar de plusieurs intervenants, le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, M. Sergiy Kyslytsya, a déploré l’inaction du Conseil de sécurité devant la « boucherie » à Alep, en raison du veto exercé, à six reprises, « par le même membre permanent du Conseil ».  Le Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, M. Edgars Rinkēvičs, a dénoncé, quant à lui, « l’agression » commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.

Le représentant de la Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin, a relevé que le principe de souveraineté nationale avait été mis à mal lors de l’invasion en Iraq ou pendant l’intervention en Libye, avec des conséquences qui se font ressentir à travers tout le nord du continent africain.  « Quant à la crise ukrainienne, elle n’aurait pas eu lieu si les pays occidentaux n’avaient pas tenté d’imposer à ce pays ce qu’il devait faire », a estimé le délégué.  Le représentant de la Bolivie, M. Sacha Sergio Llorentty Solíz, s’est lui aussi interrogé sur les conséquences de « l’interventionnisme » et dénoncé l’« exceptionnalisme » prôné par les États-Unis.

À l’instar du Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Nobuo Kishi, les intervenants ont été nombreux à encourager le Secrétaire général à utiliser les instruments prévus par la Charte aux fins de prévention.  « Dites-nous ce que nous devons savoir, et non pas ce que nous voulons entendre », a résumé Mme Wallström, en s’adressant à M. Guterres.  Les délégations l’ont également invité à remédier à la fragmentation institutionnelle du système des Nations Unies, une tâche jugée « absolument essentielle » par le Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, M. Workneh Gebeyehu.  L’Éthiopie, la Bolivie, l’Italie et le Kazakhstan sont membres du Conseil pour un mandat de deux ans depuis le 1er janvier.

Le Ministre éthiopien a, en outre, salué l’attachement du Secrétaire général au partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, dont le rôle clef a également été souligné par le Secrétaire d’État de la France au commerce extérieur, la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger, M. Matthias Fekl.  « Nous espérons sincèrement qu’il contribuera à maintenir et à renforcer l’élan impulsé par son prédécesseur », a indiqué M. Gebeyehu.  Enfin, soulignant la gravité de la menace posée par les changements climatiques, plusieurs pays, dont les États fédérés de Micronésie, ont exhorté le Secrétaire général à nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité.

* S/2017/6

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Prévention des conflits et pérennisation de la paix

Lettre datée du 4 janvier 2017, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Suède auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/6)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que l’ONU avait été créée pour prévenir la guerre par le biais d’un ordre international reposant sur des règles contraignantes.  « Aujourd’hui, cet ordre est gravement menacé. »  Il a, en particulier, insisté sur les coûts très lourds des conflits et déploré que la réponse aux conflits, plutôt que leur prévention, absorbe l’essentiel des ressources.  « Les populations payent un prix trop élevé.  Vous, les États Membres, payez un prix trop élevé.  Nous avons besoin d’une nouvelle approche. »

Le Secrétaire général a souligné la difficulté pour les responsables politiques de faire de la prévention une priorité, « peut-être parce que la prévention n’attire pas l’attention ».  « Les caméras des chaînes de télévision ne sont pas là lorsqu’une crise est évitée », a-t-il fait observer.

M. Guterres a indiqué que les conflits actuels étaient souvent d’ordre interne, même s’ils peuvent rapidement revêtir des dimensions régionales et transnationales.  Ils sont alimentés par la concurrence pour le pouvoir et les ressources, la marginalisation et l’exclusion, une gouvernance déficiente, des institutions fragiles et des divisions sectaires, a-t-il dit.  Ces conflits, a-t-il ajouté, sont exacerbés par les changements climatiques, la croissance démographique et la mondialisation de la criminalité et du terrorisme.  « Avec tant de facteurs en jeu, un rien peut déclencher une crise susceptible de submerger un pays et une région, avec des conséquences mondiales », a-t-il estimé.

Le Secrétaire général a déclaré que la réponse de l’ONU était encore fragmentée, alors que les crises actuelles exigent une convergence des efforts pour la paix et la sécurité, le développement durable et les droits humains,  « pas seulement dans les paroles mais dans les actes ».  « Nous devons rééquilibrer notre approche pour la paix et la sécurité », a insisté M. Guterres.  Cette approche a été dominée, pendant des décennies, par la réponse apportée aux conflits.  « À l’avenir, nous devons en faire beaucoup plus pour prévenir la guerre et pérenniser la paix », a recommandé le Secrétaire général.

Détaillant les réformes qu’il entend mettre en œuvre à cette fin, M. Guterres a indiqué qu’il avait commencé par réformer la procédure de prise de décisions suivie au sein du Secrétariat.  Le Comité exécutif nouvellement créé permettra d’améliorer notre capacité à intégrer tous les piliers des Nations Unies, au service d’une vision commune pour l’action.  « J’ai nommé un Conseiller spécial politique, dont la tâche principale sera d’évaluer les capacités de prévention de l’ONU et d’utiliser ces capacités au sein d’une plateforme intégrée en vue d’une détection et d’une action précoces. »  Il a précisé que ce travail permettra de faire le lien entre l’architecture de paix et de sécurité et la réforme du système de développement onusien, tout en respectant les domaines de compétence respectifs du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  « Nous avons besoin du soutien de ces deux organes pour bâtir et pérenniser la paix selon un continuum allant de la prévention, le règlement des conflits et le maintien de la paix à la consolidation de la paix et au développement de long terme. »

M. Guterres a rappelé que les activités de prévention des conflits incombaient en premier lieu aux États Membres, avant d’ajouter que l’ensemble du système des Nations Unies devrait se tenir prêt à les aider.  Les agences humanitaires et les acteurs pour le développement, a-t-il précisé, doivent travailler ensemble pour aider les États à prévenir les crises et à renforcer la résilience de leurs sociétés.  « Le dispositif fragmenté actuel ne nous donne pas la capacité de nous attaquer aux causes profondes des conflits. »  Le Secrétaire général a également jugé fondamental que les femmes et les filles participent pleinement à l’édification de sociétés inclusives et résilientes et souligné la nécessité de régler « le fléau mondial qu’est le chômage des jeunes ».

Faisant remarquer que les sociétés étaient désormais de plus en plus diverses, il a insisté sur l’importance d’investissements politiques, économiques et culturels accrus en faveur de la cohésion et de l’inclusion, « afin que les populations apprécient les aspects positifs de la diversité plutôt que de la considérer comme une menace ».  « Tous les groupes ont besoin de voir leur identité individuelle respectée, tout en ayant le sentiment qu’ils sont des membres appréciés de la communauté en son entier. »  M. Guterres a insisté à ce titre sur le rôle éminent de la société civile.

« Nous devons nous engager en faveur d’une montée en puissance de la diplomatie au service de la paix, en partenariat avec les organisations régionales, en mobilisant tous les acteurs ayant de l’influence, des autorités religieuses à la société civile et au secteur des affaires ».  Le Secrétaire général a annoncé le lancement d’une initiative visant à accroître les capacités de médiation au sein du Siège et sur le terrain et à appuyer les efforts de médiation régionaux et nationaux.  « Je demande au Conseil de sécurité de faire un plus grand usage des options figurant au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies », a-t-il dit, en l’assurant de son soutien.

M. Guterres a estimé que les efforts de médiation étaient entravés par la défiance entre États Membres et les préoccupations relatives au respect de la souveraineté nationale.  « De telles préoccupations sont compréhensibles dans un monde où le pouvoir est inégalement partagé et les principes mis en œuvre parfois de manière sélective. »  Il a affirmé que la prévention ne devrait jamais servir des objectifs politiques.  « Bien au contraire, la prévention est mieux défendue par des États souverains forts, agissant pour le bien de leurs populations », a martelé le Secrétaire général.

Il a mis en garde contre une approche de « deux poids, deux mesures » concernant les actions préventives, « ce qui ne veut pas dire, a-t-il fait remarquer, qu’il n’y ait pas de normes minimales ».  « Une action préventive est essentielle pour empêcher les atrocités de masse et les graves violations des droits humains. »  La prévention, qui devrait être considérée comme une valeur en soi, est un moyen essentiel pour réduire les souffrances humaines, a considéré le Secrétaire général.

Conscient que la coopération internationale pour la prévention dépendait de la confiance entre États Membres, et entre ceux-ci et l’ONU, M. Guterres s’est dit prêt à encourager une relation de confiance accrue et à améliorer les échanges avec le Conseil « de manière constante, honnête et transparente ».  Il a ajouté que les désaccords du passé ne devraient pas empêcher la communauté internationale d’agir.  « Ensemble, nous devons faire preuve de leadership et renforcer la crédibilité et l’autorité des Nations Unies, en mettant la paix au-dessus de tout. »

M. Guterres a encouragé le Conseil, en coopération avec la Commission de consolidation de la paix, les autres composantes du système onusien et les organisations régionales, à mener une action préventive lorsque les signaux d’alerte sont là.  « Le coût de l’inaction, a-t-il prévenu, est simplement trop élevé. »  Enfin, le Secrétaire général a affirmé que la prévention ne devrait pas être « une priorité, mais la priorité ».  « Si nous nous montrons à la hauteur de nos responsabilités, nous pouvons sauver des vies humaines, réduire les souffrances et redonner espoir à des millions de personnes. »

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que l’année 2016 avait souligné l’urgente nécessité d’une réaffirmation de l’engagement de la communauté internationale en faveur de solutions multilatérales aux conflits et de la sécurité collective.  « L’horreur en Syrie et au Yémen, et les situations d’instabilité dans des pays comme la République démocratique du Congo (RDC) dominent le travail de ce Conseil de sécurité.  « Pouvons-nous nous permettre de rallonger la liste des crises dégénérant en conflits violents? » s’est demandé la Chef de la diplomatie suédoise.  Pour son gouvernement, quatre priorités doivent être mises en œuvre.  Tout d’abord, a-t-elle dit, il faut faire de la prévention des conflits une priorité pour l’ensemble du système des Nations Unies, en exigeant de chaque entité onusienne qu’elle contribue à cet effort institutionnel et en veillant à renforcer la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.  Les efforts conjoints déployés par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) au sujet de la Gambie, a-t-elle estimé, illustrent une telle collaboration. 

La deuxième priorité, c’est d’améliorer la capacité des Nations Unies à reconnaître et à tenir compte des causes profondes et des facteurs de conflits, a souligné la Ministre, en se félicitant des efforts déjà entrepris par le Secrétaire général pour améliorer l’efficacité du Secrétariat en ce sens.  La troisième priorité de la Suède, c’est de reconnaître l’autorité et l’indépendance du Secrétaire général, en particulier en ce qui concerne l’évaluation de menaces et de risques émergents: « Dites-nous ce que nous devons savoir, et non pas ce que nous voulons entendre », a-t-elle résumé en s’adressant à M. Guterres.  Par ailleurs, a insisté Mme Wallström, il faut mettre les femmes au service de la paix durable à travers des processus inclusifs, en prenant pour exemple le réseau de médiatrices qu’elle-même avait mis en place lorsqu’elle était, de 2010 à 2012, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Enfin, la dernière priorité, selon la Suède, c’est de reconnaître qu’il ne saurait y avoir de solution humanitaire à une crise politique, et que l’intervention ne peut jamais se substituer au dialogue politique et à la médiation.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a paraphrasé le Président du Conseil de sécurité qui a indiqué que sans un dialogue véritable, la prévention des conflits et la paix durable sont difficiles à atteindre.  Au niveau mondial, cela exige la mise en place de l’objectif de bâtir avant 2045, qui coïncide avec le centenaire de l’ONU, un monde exempt d’armes nucléaires.  Cette décision enverra un message clair selon lequel les dirigeants politiques et les pays qu’ils représentent sont assez forts pour détruire les murs invisibles et construire des ponts pour le bien commun. 

Conformément à notre engagement à renforcer la paix et la sécurité en Asie centrale et en Afghanistan, nous nous efforcerons de développer un modèle régional de paix et de coopération qui prend en charge les causes du conflit en cours dans ce pays et la prévention de la prolifération du terrorisme et de l’extrémisme violent.  En tant que pays engagé en faveur du dialogue et de la médiation, nous sommes prêts à accueillir à Astana les pourparlers de paix pour restaurer la paix en Syrie.  Nous estimons que le dialogue entre les dirigeants politiques et les autorités religieuses devrait être intensifié pour trouver des solutions politiques durables afin d’éradiquer la menace du terrorisme. 

Pendant son mandat au Conseil de sécurité, le Kazakhstan soutiendra les efforts visant à ce que le Conseil et tous les États Membres des Nations Unies soient mieux équipés pour répondre aux défis et saisir les opportunités du XXIsiècle.  Pour renforcer le niveau de confiance entre les États et encourager la volonté politique requise, le Président du Kazakhstan a proposé d’organiser des réunions du Conseil au niveau des chefs d’État et de gouvernement.  Nous croyons que c’est une initiative opportune et très pertinente pour parvenir à un changement de paradigme au Conseil. 

M. ANGELINO ALFANO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a rappelé que l’Italie, dont le mandat au Conseil de sécurité vient d’être entamé, est, en tant que pays méditerranéen, naturellement disposée à jeter des ponts entre toutes les parties.  Il a plaidé en faveur de l’inclusion en tant qu’élément clef du multilatéralisme.  En ce qui concerne la Libye et l’Iraq, le Ministre a recommandé de faire tous les efforts possibles pour arriver à la réconciliation et pour soutenir les institutions légitimes.  En Syrie, nous devons nous investir davantage dans un dialogue inclusif entre toutes les parties, a-t-il ajouté.  L’Italie accorde également beaucoup d’importance aux résultats des pourparlers concernant Chypre, a-t-il indiqué, avant de mentionner aussi les tensions en Afrique et en particulier en République démocratique du Congo.

Il est important de préserver la primauté de la volonté politique, a insisté le Ministre en expliquant qu’il faudrait axer les efforts sur les principes et cadres existants en termes de prévention des conflits.  Il a souligné que cette prévention est au cœur de deux programmes cruciaux de l’ONU: le programme de pérennisation de la paix et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour M. Alfano, il y a trois objectifs importants, à commencer par la réforme complète du système de paix des Nations Unies pour l’adapter aux nouveaux défis, ce qui inclut un changement dans la structure du Secrétariat.  Le Secrétaire général, a-t-il aussi suggéré, ne devrait pas hésiter à attirer l’attention du Conseil de sécurité sur les crises urgentes avant que les situations ne se détériorent.  Le Ministre a ensuite conseillé d’utiliser les indicateurs précoces de violence, de radicalisation, d’extrémisme et d’atteintes aux droits de l’homme, à la religion et à la culture.  Enfin, il a recommandé de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, comme les changements climatiques, la faim et les migrations.

Après avoir apporté le soutien inconditionnel de son pays au nouveau Secrétaire général de l’ONU, M. WORKNEH GEBEYEHU, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a déclaré qu’au regard des énormes défis qui se posent en matière de paix et de sécurité aujourd’hui, accorder la priorité à la prévention des conflits n’est pas vraiment une option, mais une nécessité, comme l’ont souligné les trois examens majeurs entrepris par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il s’est ainsi félicité que M. Guterres fasse de la diplomatie au service de la paix sa priorité numéro un.  Mais, a souligné le Chef de la diplomatie éthiopienne, ses efforts devront être soutenus par le Conseil de sécurité, ce qui suppose de renforcer les relations de travail entre cet organe et le Secrétaire général.  « Il est évident que dans cette pièce, il y a une marge de manœuvre considérable pour l’amélioration et nous devons nous montrer innovants pour atteindre cet objectif », a relevé M. Gebeyehu.

Résoudre la fragmentation institutionnelle et veiller à la cohérence à l’échelle de tout le système des Nations Unies sont absolument essentiels pour veiller à ce que la prévention des conflits et la paix durable figurent au cœur du travail de l’Organisation et de ses activités, a insisté le Ministre.  Il s’est ainsi félicité de l’engagement du Secrétaire général en faveur de la mise en œuvre des recommandations des trois examens majeurs évoqués précédemment, ainsi que de son attachement au partenariat entre l’ONU et l’Union africaine.  « Nous espérons sincèrement qu’il contribuera à maintenir et à renforcer l’élan impulsé par le prédécesseur de M. Guterres, a précisé le Ministre, en déclarant attendre avec impatience la visite du nouveau Secrétaire général à Addis-Abeba pour prendre part au vingt-huitième Sommet de l’Union africaine.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a insisté sur le rôle fondamental du Conseil de sécurité qui s’acquitte de tâches qu’aucune autre organisation ne pourrait mener à bien.  Le Conseil doit néanmoins en faire beaucoup plus, en particulier dans le domaine de la prévention des conflits, a-t-elle déclaré.

Si nous voulons prévenir les conflits, le principe de la souveraineté des États ne peut être une « camisole de force » empêchant le Conseil et le Secrétaire général de sauver des vies humaines, a poursuivi Mme Power.  Elle a indiqué qu’aucun État Membre n’était en faveur de l’abandon d’un tel principe.  Mais la souveraineté nationale ne peut servir de bouclier pour protéger des mesures prises au mépris de la Charte des Nations Unies et garantir, ainsi, l’impunité de certains acteurs, a affirmé Mme Power.  Elle a dénoncé l’action de la Fédération de Russie qui, en 2014, a agi en violation de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine tout en empêchant une action du Conseil pour y remédier.

La déléguée s’est également interrogée sur la pertinence du principe de consentement du pays hôte au déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU.  Prenant l’exemple du Soudan du Sud, elle a déploré que la force de protection régionale autorisée par le Conseil ne soit toujours pas opérationnelle, avant de dénoncer les entraves apportées par le gouvernement de ce pays aux activités de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud.

Mme Power a regretté que les textes adoptés par le Conseil contiennent souvent des phrases vides de sens, comme par exemple la « nécessité de préserver le cessez-le-feu ».  « Mais comment le faire? Qui en est chargé? » a-t-elle demandé, en invitant le Conseil à se montrer plus précis.  Nous disons souvent qu’il n’y a pas de solution militaire à un conflit mais nous hésitons à identifier les acteurs qui sont convaincus d’une solution purement militaire, a poursuivi Mme Power.  Il est donc nécessaire, a-t-elle souligné, de nommer ceux qui agissent en violation de la Charte des Nations Unies afin que ces derniers sachent « qu’ils sont observés ».

Mme Power a ensuite déploré la recherche par le Conseil d’un consensus à tout prix.  Le consensus est important mais s’il est notre seul objectif, alors nos efforts ne viseront qu’à parvenir au plus petit dénominateur commun, a-t-elle argué.  Prenant l’exemple de la Syrie, elle a invité le Conseil à se montrer prudent et à ne pas perdre son objectif de vue, avant de rappeler que la dernière résolution adoptée sur la situation dans ce pays l’avait été après les attaques de la Russie et de la Syrie.  « Nous sommes favorables aux efforts de la Turquie et de la Russie visant à préserver le cessez-le-feu, mais encore une fois, le consensus n’est pas un bon critère de succès », a-t-elle dit.  Elle a affirmé qu’un tel critère était bien l’amélioration de la situation sur le terrain, avant de rappeler que le régime syrien continuait ses attaques.

La déléguée des États-Unis s’est dite favorable à l’utilisation par le Secrétaire général de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies en vue de tirer la « sonnette d’alarme » concernant certaines situations.  Elle a salué l’action engagée par le nouveau Secrétaire général pour remédier aux violences sexuelles commises par les Casques bleus.  Le Secrétaire général doit rapatrier les unités responsables, a-t-elle insisté, avant de s’étonner que certains pays veulent limiter les pouvoirs du Secrétaire général en la matière.  Elle a indiqué que son pays avait appuyé la sélection de M. Guterres en raison de son « indépendance » et de son engagement pour la lutte contre les violations des droits de l’homme.

Enfin, Mme Power a souhaité que le Conseil entende davantage les voix des victimes de conflit afin de ne pas perdre de vue les enjeux humains et nourrir des discussions qui sont souvent « stériles ».

M. MATTHIAS FEKL, Secrétaire d’État au commerce extérieur, la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger de la France, a assuré du soutien de la France toutes les initiatives visant à renforcer le rôle de prévention et de médiation des Nations Unies.  Il a estimé que la bonne question n’est pas de savoir quel est le plus efficace des outils, mais quelle est la bonne articulation entre eux, selon les contextes et l’urgence lorsque la prévention a échoué.  Parmi ces outils, il a cité les autorités nationales, dont l’appropriation des actions de prévention et de développement est indispensable, mais aussi les organisations internationales, régionales et sous-régionales, parmi lesquelles l’Union européenne et l’Union africaine, qui sont des partenaires majeurs.  Il a également mis l’accent sur l’importance des institutions financières internationales, comme les banques de développement, mais aussi la société civile et les partenaires privés.  Articulant son intervention sur les crises prioritaires du moment, il a indiqué que la résolution de la crise syrienne imposera un partenariat exemplaire et une pleine mobilisation des membres du Conseil de sécurité, en appui aux négociations intersyriennes.  Celles-ci, a-t-il ajouté, devront s’inscrire pleinement dans le cadre du processus onusien, dans le prolongement du communiqué de Genève et de la résolution 2254. 

Pour ce qui est de la Libye, M. Fekl a estimé que cette question devrait faire l’objet d’une vigilance particulière, face au risque accru de guerre civile.  Il a estimé que le travail de médiation de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, est, à cet égard, essentiel, en appui aux efforts d’inclusivité du Gouvernement d’entente nationale.  En RDC, a précisé le Secrétaire d’État au commerce extérieur, la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger, l’appui de l’ONU et du Conseil de sécurité à une mise en œuvre complète et rapide de l’accord du 31 décembre est nécessaire pour que le processus en cours soit un succès.  Pour ce qui est du Mali, M. Fekl a estimé que le Conseil de sécurité devrait faire plus pour permettre à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) d’accomplir sa mission et lui fournir des hommes et équipements nécessaires.  « Nous devons également maintenir la pression sur les parties pour une mise en œuvre rapide de l’Accord d’Alger », a-t-il encore insisté.

M. ALAN DUNCAN, Secrétaire d’État pour l’Europe et les Amériques du Royaume-Uni, a réaffirmé l’attachement de son pays au rôle fondamental que joue l’ONU dans le monde multilatéral d’aujourd’hui.  Nous avons à notre disposition, a-t-il estimé, des outils que nos prédécesseurs ne possédaient pas et que nous pouvons mettre au service de la diplomatie pour la paix défendue par le nouveau Secrétaire général.  Selon M. Duncan, il faut anticiper les crises, en invitant notamment le Secrétaire général à porter le plus rapidement possible à l’attention du Conseil de sécurité les situations susceptibles de dégénérer, comme ce fut le cas récemment avec le Soudan du Sud.  En outre, a poursuivi le Secrétaire d’État, le Conseil doit veiller à ce que les opérations de maintien de la paix soient correctement équipées pour leur permettre de s’acquitter efficacement de leurs mandats. 

Pour la délégation britannique, l’Organisation dispose des outils qui lui permettent de prévenir les conflits et de jeter les bases d’une stabilité pérenne.  M. Duncan s’est dit d’accord avec M. Guterres que l’ONU, pour réaliser les objectifs qui sont les siens, doit simplifier ses procédures et travailler davantage en synergie.  Il a donné l’assurance que le Royaume-Uni appuierait cet effort « comme nous l’avons fait il y a 71 ans » lors de la création de cette Organisation. 

M. NOBUO KISHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a expliqué que la sécurité humaine était un pilier de la politique extérieure japonaise et que l’aide du Japon était toujours centrée sur l’être humain.  Illustrant son propos, il a expliqué que son pays avait accordé une aide aux Philippines dans cet esprit, lors des phases I et II des négociations de paix.  « Notre aide publique au développement (APD) a apporté une valeur ajoutée à la paix en s’attaquant de manière préventive à la pauvreté, au chômage des jeunes, et à l’injustice sociale », a-t-il assuré.  « Nous avons également accordé 410 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale pour les établissements humains depuis sa création en 1999 », a indiqué le représentant du Japon.  Mettant l’accent sur la consolidation de la paix, M. Kishi a précisé que son pays avait appuyé les efforts visant à renforcer les capacités du Timor-Leste par le biais d’une aide publique au développement (APD) et le déploiement de personnels militaire et civil japonais. 

Le représentant du Japon a aussi indiqué que son pays avait beaucoup appris dans le cadre de sa présidence du Groupe de travail sur les leçons apprises à la Commission de consolidation de la paix.  Il a exhorté le Secrétaire général à faire le meilleur usage de ses bons offices pour s’attaquer à tous les conflits et, notamment, les différents conflits au Moyen-Orient.  Il a ensuite mis l’accent sur l’importance de la réforme des Nations Unies pour appuyer la paix.  Les fonctionnements en silos doivent être éliminés et la coordination doit être renforcée en faveur d’une approche holistique, a-t-il insisté.  Le Ministre a appelé à une meilleure cohésion entre le Département des affaires politiques, le Département du maintien de la paix et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, mais aussi une meilleure coordination entre les acteurs en charge des trois piliers des Nations Unies que sont la paix et la sécurité, les droits de l’homme et le développement.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a constaté que le monde n’est pas devenu plus sûr 71 ans, jour pour jour, après la première réunion de l’Assemblée générale de l’ONU à Londres, en 1946.  Il a regretté la brutalité du conflit en Syrie, le plus sanglant de mémoire récente, en fustigeant le Conseil de sécurité pour son incapacité à réagir de manière adéquate devant la « boucherie » qui caractérise aujourd’hui Alep et d’autres parties du pays en raison du veto exercé, à six reprises, par le même membre permanent du Conseil.   Dans ce contexte, il a lui aussi mis l’accent sur la prévention, qu’il considère comme un « outil puissant » et une « tactique audacieuse ».  Le Chef de la diplomatie ukrainienne a ainsi encouragé le Conseil à user de la diplomatie préventive plus souvent, et le Secrétaire général à jouer un rôle plus proactif dans ce cadre.

Le Secrétaire général devrait jouer un rôle important en matière de prévention.  Son action doit être proactive, impartiale et indépendante, ce qui inclut également d’attirer l’attention du Conseil de sécurité sur les situations les plus préoccupantes.  Il pourrait également utiliser ses bons offices et d’autres outils à sa disposition, en vertu de la Charte des Nations Unies.  En outre, un des domaines qui pourrait bénéficier d’un renforcement de l’interaction entre le Conseil et le Secrétariat, ce sont les opérations de maintien de la paix, a relevé M. Kyslytsya.  C’est la raison pour laquelle il s’est félicité des mesures déjà prises par le Secrétariat pour mettre en œuvre les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, en particulier pour améliorer les capacités en matière de collecte des renseignements.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a invité les parties prenantes à une crise à faire des compromis politiques pour écarter les risques de retomber dans le conflit.  Il a apprécié le rôle des organisations régionales et sous-régionales de sa région qui ont contribué à prévenir des conflits potentiels grâce à des mécanismes tels que les bons offices et la médiation.  Il a souligné la pertinence des mesures de diplomatie préventive du Conseil de sécurité en rappelant que cet organe tient sa responsabilité de la Charte des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix.  Il est important, a-t-il noté, que tous les membres du Conseil aient accès à des informations précoces en cas de rupture possible de la paix.

L’Uruguay, pays traditionnellement fournisseur de contingents aux opérations de maintien de la paix, connaît bien les défis qui se posent sur le terrain, a-t-il dit en expliquant que les Casques bleus uruguayens prennent des mesures qui peuvent être considérées comme des mesures précoces de consolidation de la paix.  Cela coïncide avec la vision de consolidation de la paix, a-t-il assuré.  Rappelant aussi que les trois piliers des Nations Unies se renforcent mutuellement, il a appelé à s’attaquer aux causes profondes des conflits, notamment en combattant la criminalité organisée, le terrorisme et l’extrême pauvreté.

M. WU HAITAO (Chine) a jugé qu’il était impératif de forger un concept de sécurité pertinent.  Aucun pays ne peut parvenir à la sécurité en exploitant la situation insécuritaire des autres pays, a-t-il estimé.  À cette fin, il a plaidé pour des partenariats entre pays, « plutôt que des alliances », avant de souligner le rôle essentiel du Conseil de sécurité.  Rappelant les liens étroits entre développement et sécurité, il a insisté sur la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le délégué a ensuite demandé le renforcement de la diplomatie préventive et soutenu qu’il était nécessaire de régler les conflits par des solutions politiques.  L’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et la Commission de consolidation de la paix doivent, à cette fin, travailler en synergie, dans le respect des besoins et de la souveraineté nationale des pays concernés.  Avant de conclure, le délégué de la Chine a tenu à rappeler que toutes les civilisations et religions doivent bénéficier du même respect.

M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré qu’il faudrait appuyer la vision du Secrétaire général pour qui l’année 2017 doit être l’année de la paix dans le monde.  Il est temps de savoir pourquoi certaines initiatives ont échoué et de reconnaître que l’on ne peut pas sélectionner certains mécanismes dont dispose l’ONU au détriment d’autres.  Il est nécessaire aussi de comprendre que la pérennisation de la paix passe par la prise en compte des initiatives nationales, a souligné le représentant, en rappelant qu’il incombait en premier lieu aux États de prévenir les conflits, en s’appuyant au besoin sur l’assistance de la communauté internationale.  La prévention des conflits figure depuis toujours dans la Charte des Nations Unies, a rappelé M. Churkin, avant de demander pourquoi elle n’a pas souvent réussi dans le passé.  Le représentant a, pour sa part, blâmé l’ingérence étrangère, qu’il a identifiée comme étant un facteur de conflit et dont on parle peu.  Il a espéré que le Secrétariat, lorsqu’il préparera les rapports dont le Conseil devra être saisi, fera preuve d’objectivité et de professionnalisme. 

Le délégué russe a proposé d’adopter une « approche différente », qui consisterait à présenter un « front uni » contre le terrorisme et l’extrémisme en s’appuyant sur les principes de la Charte des Nations Unies.  M. Churkin a attiré l’attention sur l’importance des « faits », et de reconnaitre que beaucoup de conflits ont été déclenchés par l’ingérence des États sans tenir compte de l’autorité de l’ONU.  Réagissant aux propos des États-Unis, il a relevé que le concept de souveraineté avait été mis à mal lors de l’invasion en Iraq ou pendant l’intervention en Libye, dont les conséquences se font ressentir à travers tout le nord du continent africain.  Quant à la crise ukrainienne, elle n’aurait pas eu lieu si les pays occidentaux n’avaient pas tenté d’imposer à ce pays ce qu’il devait faire, a estimé le délégué.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souligné la nécessité de renoncer à la gestion des conflits pour s’attacher à leur prévention.  Il a indiqué que les solutions apportées à un conflit devraient être adaptées aux situations et insisté sur l’importance d’adopter des approches plus souples.  Une telle souplesse, a-t-il dit, permettra d’identifier les meilleurs moyens de faire face à un conflit, que ce soit le déploiement d’une mission de paix ou l’imposition de sanctions.  Le délégué a invité l’ONU à adopter un « cadre politique et programmatique » adapté dans les pays émergeant d’un conflit, en veillant notamment au renforcement de leurs capacités.  Les femmes et les jeunes doivent jouer un rôle central dans les mécanismes de pérennisation de la paix, a estimé le représentant.  Il a ensuite invité la Commission de consolidation de la paix à adapter ses efforts aux différentes situations de conflit, avant de demander la mise en place de mécanismes de financement prévisibles en appui des activités de pérennisation de la paix.  Avant de conclure, il a dit attendre avec intérêt le prochain rapport du Secrétaire général dans le cadre de la résolution 2282 (2016) du Conseil.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a insisté sur l’engagement de son pays afin de faire de 2017 une année de paix.  L’efficacité de nos actions et, partant, la crédibilité de l’ONU dépendront de notre capacité à détecter à temps, et mieux analyser, les menaces à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il déclaré.  Il a estimé que les outils à disposition étaient nombreux mais que la volonté politique faisait défaut, en précisant que les actions prises étaient souvent tardives et coûteuses.  Il a estimé qu’il faudrait donner un nouvel élan à la prévention.

Convaincu que le Conseil avait un rôle clef à jouer à cet égard, il a déploré que cet organe soit souvent paralysé par le manque d’unité de ses membres, comme cela a été le cas en 2016.  L’appel du Secrétaire général est donc crucial en raison de l’autorité morale de ce dernier, a-t-il assuré.  Le représentant a ainsi invité le Secrétaire général à utiliser tous les outils offerts par la Charte des Nations Unies pour prévenir les conflits.  L’ONU doit rompre avec la pratique consistant à gérer les crises pour s’attacher à leur prévention, a poursuivi le représentant.  Il a déclaré que l’adoption de résolutions identiques par le Conseil et l’Assemblée générale en 2016 sur la pérennisation de la paix était un pas important dans cette direction.

Le délégué du Sénégal a souhaité un renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, laquelle joue, a-t-il dit, un rôle crucial dans la prévention des conflits.  Il a ensuite demandé qu’une réponse soit apportée à la « lancinante question » du financement des opérations de paix africaines.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a tout d’abord cité son président, M. Evo Morales, qui s’est engagé à « accompagner » le Secrétaire général dans ses efforts pour forger un monde de paix pour les générations présentes et futures.  Il a ensuite rappelé que l’architecture de paix et de sécurité de l’Organisation doit s’arc-bouter sur les mesures de prévention des conflits et de médiation prévues par la Charte des Nations Unies.  Le représentant a salué le travail accompli par la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour renforcer l’appropriation nationale par les États de leurs propres priorités.  Il a souligné l’importance d’une stratégie de programmes intégrés en phase avec la volonté des pays hôtes pour garantir cette appropriation nationale. 

Le renforcement des liens de coopération entre les différents organes onusiens est d’une importance capitale, a estimé M. Llorentty Solíz, qui s’est dit alarmé par l’empiètement de ce Conseil sur les prérogatives d’autres organes comme l’Assemblée générale ou le Conseil économique et social (ECOSOC).  Le multilatéralisme est en danger, a prévenu le délégué, en attirant l’attention sur le repli vers le protectionnisme et vers un « monde libéral où se dressent les murs ».  Le représentant de la Bolivie s’est interrogé sur les conséquences de l’interventionnisme et du néocolonialisme, qui sont à ses yeux des facteurs de conflit trop souvent négligés.  Il a également dénoncé l’« exceptionnalisme » prôné par les États-Unis, avant de s’en prendre à la finance internationale.  Nous savons bien que l’ONU n’est pas « un club où l’on prend du bon temps », a-t-il ironisé, avant d’appeler à une « réforme révolutionnaire » pour rendre l’Organisation plus efficace.

M. WITOLD WASZCZYKOWSKI, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a rappelé que la Pologne était impliquée dans le domaine de la paix et de la sécurité depuis 1953, ayant envoyé au total plus de 70 Casques bleus dans les missions de maintien de la paix de l’ONU.  Réaffirmant l’attachement de son pays à un engagement politique et diplomatique précoce, le Ministre a invité le Conseil de sécurité à jouer un rôle crucial dans ce domaine car, a-t-il dit, il dispose de tous les outils nécessaires.  Il a ensuite recommandé au Conseil d’utiliser ses visites sur le terrain pour que les aspects de prévention soient pris en compte de manière plus efficace.  Il a particulièrement apprécié le Groupe de travail spécial sur la prévention des conflits en Afrique.  Les actions du Conseil, a-t-il souhaité, ne doivent pas être entravées par l’utilisation du droit de veto lorsqu’il s’agit de prévenir ou de mettre fin à des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité. 

La prévention des conflits est une activité complète, a-t-il expliqué, en soulignant l’importance pour tous les acteurs nationaux, régionaux et sous-régionaux, et de tout le système des Nations Unies d’y œuvrer.  Il s’est félicité, à cet égard, des mesures prises par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour soutenir les processus nationaux de dialogue.  Il faut également une meilleure coordination, à l’ONU, entre les travaux du Conseil de sécurité, de la Commission de consolidation de la paix et les différentes missions de terrain.  Il a aussi prôné des consultations renforcées entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.  La prévention des conflits exige également une approche transversale, a-t-il ajouté, avant de souligner l’importance du renforcement des institutions étatiques et de la lutte contre la corruption.  Le Ministre a, en outre, souligné le rôle du Secrétaire général et celui du Secrétariat dans ce domaine, sans oublier celui de toutes les parties prenantes comme la société civile, les experts et les médias.

M. EDGARS RINKĒVIČS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a déclaré que, si tous les États Membres des Nations Unies étaient les garants de la protection de leurs populations respectives, les membres du Conseil de sécurité assument une responsabilité particulière.  Il a donc regretté que cet organe n’ait pas toujours réussi à se montrer à la hauteur de ses responsabilités par le passé, en particulier s’agissant de la Syrie, où son impuissance à agir face au « carnage » à Alep a été particulièrement « frustrante » et « décevante ». 

Considérant que l’établissement des responsabilités était une priorité de n’importe quel processus politique, la Lettonie a soutenu la création d’un mécanisme international, impartial et indépendant pour permettre d’enquêter sur les crimes graves commis en Syrie et de garantir la justice pour toutes les victimes, et a appuyé également le renvoi par le Conseil de la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI).  

Le Ministre s’est également élevé contre l’incapacité du Conseil à agir devant l’« agression » contre l’Ukraine, qui fut suivie de crimes supplémentaires.  Les actions de la Fédération de Russie dans ce pays constituent une violation flagrante du droit international et un défi sérieux aux principes mêmes de la Charte des Nations Unies.  « Nous devons revenir aux règles gouvernant la sécurité collective en Europe.  Une résolution pacifique du conflit en Ukraine qui respecte l’intégrité territoriale et l’indépendance de ce pays doit être une priorité », a plaidé M. Rinkēvičs.

M. BERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a salué le Plan d’action du Secrétaire général pour prévenir l’extrémisme violent en indiquant qu’il avait généré la mise en œuvre de stratégies nationales avec l’appui des Nations Unies en matière de renforcement de capacités à cette fin.  « Même si le Conseil de sécurité n’est pas capable de s’entendre, l’ONU ne doit pas rester paralysée », a encore dit le Ministre, avant de souligner le potentiel que représentent les activités de bons offices du Secrétaire général pour stimuler la médiation et les dialogues en cas de crise émergente. 

Mettant l’accent sur la contribution de son pays, M. Koenders a affirmé que les Pays-Bas faisaient partie des trois principaux donateurs du Fonds pour la  consolidation de la paix.  Il a aussi indiqué que les Pays-Bas venaient d’annoncer la contribution d’un million de dollars en faveur du Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger ceux qui en sont responsables, adopté en décembre par l’Assemblée générale, en insistant sur le fait qu’il ne pouvait y avoir de paix sans justice. 

Il a estimé que la prévention de l’extrémisme violent dans le monde resterait une priorité de son pays jusqu’en 2020 avant de préciser que les Pays-Bas consacraient 10 millions de dollars chaque année à cette cause. 

Enfin, il a rappelé que les Pays-Bas demeuraient le huitième contributeur des Nations Unies et consacraient un milliard de dollars par an à l’aide publique au développement (APD).

Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a attiré l’attention sur la complexité des nouveaux conflits.  Face aux nouvelles tendances, la représentante du Rwanda a vanté la valeur ajoutée de l’Union africaine qui est aujourd’hui mieux à même de « mobiliser et réagir rapidement » et qui bénéficie d’une connaissance de terrain liée à la proximité.  Elle a jugé indispensable de discuter d’un nouveau cadre de partenariat entre le continent africain et la communauté internationale.  Elle a rappelé que dans le cadre de la déclaration d’Addis-Abeba adoptée en mai 2013, les dirigeants africains avaient exprimé leur volonté de parvenir à une Afrique sans conflit.  

Elle a exhorté la communauté internationale à entamer un dialogue stratégique avec le continent africain, y compris sur les pratiques mondiales dont celui-ci subit l’incidence.  Elle a jugé indispensable une coopération accrue entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine.  « L’alerte précoce et la capacité de réaction rapide sont essentielles », a insisté la représentante du Rwanda, avant d’appeler à la pleine mise en œuvre de la force de réaction rapide africaine.  

Mme Rugwabiza a jugé indispensable de mieux lutter contre le trafic des armes en mettant l’accent sur les fournisseurs et destinataires de ces armes.  Elle a mis l’accent sur l’exemple que constitue le Rwanda en matière de consolidation de la paix.  « L’histoire aurait été différente aujourd’hui si le Gouvernement postgénocide n’avait pas investi sans compter dans la naissance d’un nouveau Rwanda pour surmonter les divisions ethniques et assurer la réconciliation par le biais d’un environnement propice aux droits de l’homme » a-t-elle conclu.   

M. CHOI JONG-MOON, Vice-Ministre aux affaires mondiales et multilatérales de la République de Corée, a apprécié les résolutions historiques adoptées l’an dernier par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale qui constituaient les feuilles de route pour un avenir plus pacifique, qui ont adopté une nouvelle vision de pérennisation de la paix.  Cela oblige à mettre un terme au morcellement et aux doubles emplois que l’on retrouve partout aux Nations Unies, a-t-il souligné, en invitant à suivre une approche holistique qui intègre la paix et la sécurité, les droits de l’homme et le développement.  L’accent mis sur la prévention des conflits doit être au cœur de tous les engagements de l’ONU, a-t-il estimé.

M. Choi a recommandé au Conseil de sécurité d’utiliser au mieux les outils d’enquête prévus à l’Article 34 de la Charte des Nations Unies.  Il lui a aussi conseillé de mettre en œuvre et de s’appuyer sur le langage adopté dans ses résolutions 2086 (2013) et 2333 (2016) quant au rôle du Conseil dans les efforts de consolidation de la paix.  Un plus grand dialogue avec le Groupe de travail sur le règlement des conflits en Afrique pourrait en outre faciliter les mesures en cas de conflit potentiel. 

Enfin, a-t-il ajouté, le Conseil devrait utiliser plus en amont la fonction consultative de la Commission de consolidation de la paix (CCP), organe dont son pays devrait être le prochain président.  À l’heure où nous parlons, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continue de développer ses capacités nucléaires en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, a regretté le Vice-Ministre avant de demander au Conseil de rester impliqué dans le maintien de la paix dans cette région.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme PORNPRAPAI GANJANARINTR (Thaïlande) a insisté sur l’attachement de l’ASEAN à la prévention des conflits comme en témoigne la Vision 2020, la Feuille de route de 2015 et le Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est.  Elle a estimé que le Conseil de sécurité et le Secrétaire général devraient travailler en étroite coopération pour faire de la prévention des conflits et de la paix durable une réalité.  Il faudrait encourager des rencontres régulières où toutes les voix sont entendus et où une réponse rapide et coordonnée aux situations d’urgence est mise en place.  La représentant a aussi encouragé le nouveau Secrétaire général et les membres du Conseil, ainsi que les organes pertinents tels que la Commission de consolidation de la paix, à renforcer la cohérence et la complémentarité de leur travail. 

L’ASEAN, a-t-elle souligné, appuie fermement les recommandations issues de l’examen de l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU.  La représentante a exhorté l’ONU à recourir plus systématiquement aux organisations régionales dès le début d’une situation d’urgence.  Pour prévenir les conflits et assurer une paix durable, il faudrait une ferme volonté politique, un leadership solide et des ressources suffisantes, a estimé la représentante avant de conclure.

Au nom du Groupe des amis de la médiation, Mme ANNE SIPILÄINEN, Vice-Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la politique en matière de sécurité de la Finlande, a d’abord expliqué que son Groupe, qui réunit 44 États Membres de l’ONU et huit organisations internationales et régionales, a été à l’origine de quatre résolutions de l’Assemblée générale, dont la dernière, adoptée en septembre dernier, reconnaît les contributions faites par l’examen de l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU, mené en 2015.  Le Groupe se félicite de l’engagement du nouveau Secrétaire général à faire avancer « la diplomatie pour la paix » et se tient prêt à appuyer tout effort visant à renforcer le rôle de la médiation dans la prévention et le règlement des conflits, et dans la paix durable. 

En sa capacité nationale, la Vice-Secrétaire d’État a estimé que le Conseil de sécurité, en particulier, et l’ONU, en général, doivent renforcer leurs capacités en matière de prévention, en se livrant à de meilleures exercices d’analyse, en développant des instruments d’alerte rapide, en évaluant mieux les causes sous-jacentes des conflits et en y réagissant plus rapidement, dans le respect des droits de l’homme et dans le but avoué de faire avancer le Programme de développement à l’horizon 2030.  La technologie et l’innovation peuvent être d’un grand secours tout comme les dialogues réguliers avec les pays qui expérimentent une situation fragile. 

La Finlande, a insisté la Vice-Secrétaire d’État, veut voir les solutions politiques, la médiation et le dialogue au fronton du travail de l’ONU, car ce sont les instruments les « plus rentables » de la paix.  Dans ce cadre, il est grand temps de reconnaître la valeur des missions politiques spéciales qui doivent recevoir tout l’appui politique et financier de la part des États Membres.  Après avoir souligné le rôle des femmes dans la prévention des conflits, la Vice—Secrétaire d’État a demandé au Conseil de renoncer au droit de veto quand il s’agit de prévenir ou de stopper des atrocités de masse. 

La paix durable, a expliqué M. JOACHIM RÜCKER (Allemagne), exige de nouveaux partenariats, entre autres avec les organisations régionales et la société civile.  Elle implique une approche inclusive où tous les membres de la société, en particulier les femmes, ont un rôle à jouer comme le souligne la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix, la sécurité.  Ce lien entre sécurité, droits de l’homme et développement est d’ailleurs consacré dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a insisté le représentant, en ajoutant qu’il sera reflété tout au long de la présidence du G-20 que l’Allemagne assume cette année.  La paix durable devant guider tous les efforts de cette prochaine décennie, les ministres des affaires étrangères du G-20 en discuteront dès le mois de février, a-t-il indiqué.

Nous devons, a-t-il poursuivi, avoir une bonne compréhension des crises, de leurs causes sous-jacentes et de leurs moteurs.  Le représentant a souhaité que l’ONU développe une capacité intégrée de planification des politiques, une capacité analytique plus forte et des centres de situation plus efficaces au Siège comme sur le terrain.  Le Conseil de sécurité doit aussi faire de la prévention une priorité à toutes les phases d’un conflit, se concentrer sur la réconciliation, la médiation, la réforme du secteur de la sécurité et la bonne gouvernance.  Il devrait, a conseillé le représentant, organiser régulièrement des tours d’horizon prospectifs pour discuter des situations d’urgence et y répondre.  Il devrait aussi poursuivre ses discussions sur les questions qui ont un lien direct avec la prévention des conflits comme les changements climatiques et les migrations.  Il peut, ainsi, exploiter plus efficacement le travail des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme ou celui visant le développement durable.  Le Conseil, a encore insisté le représentant, doit établir un dialogue régulier avec la Commission de consolidation de la paix.  Mais l’efficacité, a-t-il prévenu, dépendra des investissements consentis dans les outils de prévention.  C’est pourquoi l’Allemagne, qui est déjà un des plus gros contributeurs du budget de l’ONU, a triplé le financement des efforts de préventions en 2016. 

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a déclaré que la prévention devait être au premier rang des priorités des Nations Unies parce qu’elle est le meilleur moyen de protéger les civils.  Il a jugé indispensable de réformer les Nations Unies afin que leurs fonds et programmes soient plus à même de garantir une paix durable.  Il a souligné la contribution du Groupe consultatif d’experts sur l’architecture de paix des Nations Unies qui a ouvert la voie à la notion de « pérennisation de la paix ». 

Il faut aller au-delà des causes premières de la guerre et mettre l’accent sur la prévention en luttant contre la pauvreté et le chômage des jeunes et en assurant l’égalité entre les sexes, l’état de droit et l’émergence de sociétés plus inclusives. 

Par ailleurs, le représentant du Brésil a jugé essentiel, d’une part, une meilleure coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix (CCP), et, d’autre part, une meilleure coordination des activités du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC) sur toutes les questions relatives à la promotion et à la consolidation de la paix.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a affirmé que la prévention n’était pas « une » priorité, mais « la » priorité.  Parmi les grands axes de la prévention, elle a recommandé de mettre les femmes au centre du développement durable.  Rappelant que son pays a commencé à appliquer un accord de paix qui met un terme à un conflit vieux de plus de 50 ans, elle a voulu partager son expérience dans ce domaine.  L’accord en question s’inscrit dans le cadre du Chapitre VI de la Charte de San Francisco, a-t-elle d’abord précisé, en expliquant qu’il découlait d’une négociation directe entre les parties au conflit, avec l’accompagnement de la communauté internationale. 

L’accord répond directement aux causes du conflit car il prévoit le développement économique des zones rurales.  Elle a affirmé que la contribution des donateurs internationaux à la mise en œuvre des éléments de l’accord relatifs au développement était plus importante que la contribution financière de soutien à la mission politique spéciale.  Elle a aussi attiré l’attention sur l’expérience unique vécue dans la conclusion de cet accord avec la participation des femmes à la table des négociations.

M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a prôné la prévention des conflits en s’attaquant aux causes premières des crises, ce qui permet également d’éviter que l’on retombe dans un conflit.  Faisant le lien entre paix et développement, il a apprécié la contribution du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à l’objectif de prévention des conflits. 

Il a invité à tenir compte des conclusions du rapport du Groupe consultatif d’experts pour l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix: celle-ci doit être un principe que l’on retrouve dans toutes les activités des Nations Unies.  Soulignant par ailleurs le manque de ressources dans la prévention des conflits, il a fait remarquer qu’un plus grand investissement dans ce domaine aboutirait à moins de dépenses dans le règlement des conflits. 

Le représentant a également apprécié la participation des organisations régionales et sous-régionales dans le domaine de la prévention des conflits, en soulignant leur avantage comparatif.  Il a appelé à mettre en œuvre les recommandations des différents examens menés à l’ONU sur l’architecture de la consolidation de la paix.  Il faut utiliser tous les outils à notre disposition, a-t-il lancé.

Au nom de la Colombie, de l’Éthiopie, du Ghana, de l’Indonésie, de la Jordanie, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande, M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a rappelé que ce groupe de huit pays ou le Groupe UN70 a remis en novembre dernier un ensemble de recommandations au Secrétaire général dont l’un des cinq messages clefs transmis à M. Guterres était qu’il devrait s’efforcer de placer la prévention des conflits au cœur des travaux des Nations Unies pour la paix et la sécurité. 

Le représentant a rappelé que l’année dernière, les États Membres avaient approuvé le concept de maintien de la paix dans les résolutions historiques sur l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Nous avons besoin d’efforts concertés qui impliquent tout le système des Nations Unies, et qui incluent la collaboration avec les gouvernements et d’autres partenaires clefs comme les organisations internationales et régionales, les institutions financières internationales, les ONG, les groupes de femmes et de jeunes et le secteur privé.

Le Conseil de sécurité a un mandat et une position uniques au niveau international.  Il a différents moyens de prévention des conflits à sa disposition.  Le système des Nations Unies a besoin de renouveler ses mécanismes de prévention et de résolutions des conflits.  Le Groupe UN70 exhorte le Conseil de sécurité à utiliser tous les moyens dont il dispose pour prévenir l’émergence de toute nouvelle crise comme en Syrie ou au Soudan du Sud.  Le Conseil doit travailler étroitement avec le nouveau Secrétaire général, lui donner l’espace pour travailler de manière proactive sur la diplomatie préventive, et être disposé à répondre lorsqu’il recommande des actions au Conseil de sécurité.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dit que les efforts des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales devaient respecter les principes de la Charte des Nations Unies, dont ceux de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale.  Pour garantir la pérennisation de la paix, il faut lutter contre la pauvreté, la dégradation de l’environnement, les tensions politiques, religieuses, tribales et techniques, a insisté la représentante du Pakistan.  Elle a dit que les efforts de maintien de la paix devaient s’appuyer sur une mise en œuvre équilibrée des trois piliers de l’ONU. 

« La prévention doit être assumée par les acteurs nationaux en garantissant la bonne gouvernance, l’égalité entre les sexes et des opportunités économiques et sociales pour les jeunes », a-t-elle estimé.  La représentante du Pakistan a jugé urgent de passer d’une culture de réaction à une culture de la prévention.  Cela exige de mieux cerner les causes profondes de la violence et de mieux comprendre la nature même des tensions et conflits locaux, a-t-elle insisté.  

M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) s’est particulièrement inquiété des conséquences des activités terroristes sur la stabilité de son pays.  « Les bandits de Daech après avoir accaparé de vastes étendues en Iraq et en Syrie ont porté le terrorisme à un nouveau niveau de destruction », a-t-il dit.  « Ils possèdent des armes lourdes, modernes et sophistiquées et se servent des nouvelles technologies pour recruter et propager leur idéologie criminelle dans le monde entier. » 

Il a expliqué comment le terrorisme avait sapé la reconstruction de l’Iraq en augmentant la pauvreté et le nombre de personnes déplacées.  Le représentant de l’Iraq a estimé que les régimes démocratiques garantissant l’état de droit et la bonne gouvernance étaient indispensables pour permettre des sociétés stables et pacifiques.  C’est fort de ce constat, a-t-il dit, que le Gouvernement iraquien a adopté une série de mesures visant à renforcer l’unité nationale. 

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a indiqué que son pays avait, l’an dernier, consacré 50 000 dollars au soutien des travaux du Département des affaires politiques en matière de diplomatie préventive et de médiation.  Elle a estimé qu’il fallait faire participer davantage la Police des Nations Unies aux opérations de paix, rappelant à cet égard avoir déployé des experts de ce domaine dans deux missions de terrain en Afrique.

De même, elle a plaidé en faveur de la participation des femmes aux efforts de paix et de sécurité, y compris dans la gouvernance postconflit, sachant que la Hongrie elle-même envoie des femmes expertes et policières dans les missions de maintien de la paix de l’ONU. 

En appelant à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et des conflits, Mme Bogyay a indiqué que son pays avait augmenté sa contribution volontaire aux projets d’ONU-Femmes qui se concentrent sur la prévention de l’extrémisme violent.  La Hongrie, a-t-elle dit, a accueilli à Budapest fin 2016 le Sommet de l’eau, afin de donner de l’élan à la réalisation des objectifs de développement durable relatifs à l’eau, à l’assainissement et aux changements climatiques. 

Elle a aussi exposé les efforts de son pays dans la lutte contre l’esclavage moderne, la traite des êtres humains, le travail forcé et le travail des enfants.  Elle a souhaité davantage de coordination à l’ONU dans ce domaine.

Mme Bogyay a plaidé en faveur du respect des droits de l’homme, avant d’indiquer que son pays contribuait volontairement au projet de réponse rapide d’ONU-Femmes en matière de justice.  Enfin, elle a appelé à améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité et à améliorer les relations entre cet organe et le Secrétaire général.

M. NAWAF SALAM (Liban) a recensé les nombreux outils à la disposition des Nations Unies pour la prévention des conflits, comme les bons offices du Secrétaire général, ses envoyés, les résidents des missions politiques ou encore les équipes de pays des Nations Unie.  Il a jugé important de favoriser une étroite collaboration entre le Conseil de sécurité et le Secrétariat dans les efforts de prévention. 

Il a placé son espoir dans les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, les jeunes, les femmes, la société civile et le monde universitaire, parce qu’ils permettent d’améliorer les systèmes d’alerte précoce en identifiant et en traitant les sources de tensions. 

Le représentant a demandé aux États Membres de rester déterminés à achever la réforme de l’ONU, ce qui permettra à celle-ci de remplir son mandat dans un monde de plus en plus interconnecté qui fait face à de nouvelles menaces en matière de paix et de sécurité.  Il a conseillé de se baser sur les initiatives de prévention menées par d’autres agences comme l’UNESCO dans le domaine de l’éducation ou le PNUD en matière de bonne gouvernance, de processus démocratique et d’élections. 

M. Salam a rappelé que son pays, en 2016, avait sollicité les bons offices du Secrétaire général dans la délimitation des frontières maritimes et de la Zone économique exclusive entre le Liban et Israël. 

Enfin, il a estimé que l’autorité confiée au Secrétaire général par l’Article 99 de la Charte des Nations Unies pour porter à l’attention du Conseil de sécurité toute question qui, selon lui, peut menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales devait toujours être considérée dans le contexte de la responsabilité partagée dans ce domaine.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la Délégation de l’Union européenne, a estimé qu’il faudrait développer une culture politique axée sur une action rapide pour répondre aux signes avant-coureurs d’un conflit qui risque de devenir violent.  Nous devons agir ensemble si nous voulons avoir une chance de succès.  La nouvelle stratégie mondiale de l’Union européenne, a-t-il assuré, souligne l’importance d’agir rapidement en matière de prévention, de répondre de façon responsable et décisive aux crises, d’investir dans la stabilisation et d’éviter le désengagement prématuré. 

Cette stratégie met aussi l’accent sur l’importance d’une approche intégrée et complète du conflit, qui commence par une analyse conjointe; qui apporte tous les outils dont nous disposons pour traiter les conflits; qui traite les différents niveaux de conflit interconnectés; et qui met l’accent sur l’engagement de l’Union européenne à travailler à travers le système multilatéral, avec l’ONU au cœur.  La nouvelle stratégie mondiale promet que l’Union européenne s’engagera de manière concrète et fondée sur des principes dans le maintien de la paix, en adoptant une approche intégrée.  

L’Union européenne redoublera d’efforts en matière de prévention, de surveillance des causes profondes des conflits tels que les violations des droits de l’homme, le stress lié aux ressources inégales et les changements climatiques.  Une grande partie de cette question devra être abordée en dehors du Conseil de sécurité.  Mais celui-ci a la responsabilité particulière de traiter efficacement et en temps opportun les situations en danger de détérioration.  À cet égard, il est essentiel, a souligné le Chef de la délégation de l’Union européenne, que la coopération entre le Conseil et le Secrétariat fonctionne de manière harmonieuse et efficacement.

Il faudrait développer des approches plus créatives de la diplomatie, a recommandé M. Vale de Almeida, en précisant que cela inclut la promotion continue du rôle des femmes dans les efforts de paix.  Le délégué a appelé les membres du Conseil à ne pas voter contre les projets de résolutions crédibles sur des mesures opportunes et décisives pour prévenir ou mettre fin aux atrocités de masse.  Le Conseil doit veiller à ce que la consolidation de la paix à long terme soit prise en compte dans les mandats des missions, ainsi que les réflexions sur la façon de concevoir les transitions et renforcer le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix.  Tous nos efforts devraient être renforcés par un secteur privé actif en l’autorisant à investir et aider, en particulier les jeunes, à avoir une perspective.  Afin de pouvoir agir, nous avons besoin d’évaluations crédibles et partagées des menaces et des défis afin que les tâches essentielles de l’ONU soient réalisées de manière cohérente. 

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a rappelé que les guerres qu’a connues le monde depuis la moitié du siècle dernier résultent du manque de respect à la Charte des Nations Unies et de décisions hégémoniques de grandes puissances, dont les auteurs sont restés impunis.  Ce phénomène, a-t-il expliqué, a son origine dans ces mêmes pratiques hégémoniques et abus de pouvoir.  Il a formulé plusieurs recommandations pour que les Nations Unies puissent s’acquitter de la tâche fondamentale du maintien de la paix.  La première appelle les États et, en particulier, les grandes puissances pour qu’ils revoient leurs politiques afin de les mettre en conformité avec la Charte des Nations Unies, en respectant en particulier l’obligation de ne pas faire usage de la force pour résoudre les différends internationaux.  Il faut ensuite démocratiser le Conseil de sécurité et le doter de représentativité, éliminer les prérogatives d’un petit nombre et renforcer le rôle de l’Assemblée générale.

Le représentant a également prôné l’utilisation plus efficace de la diplomatie préventive, ainsi que la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable, pour le financement desquels il faut trouver un accord politique.  Il a aussi demandé de redoubler d’efforts en matière de désarmement, en plaçant beaucoup d’espoir dans la conférence prévue en mars 2017 pour négocier un traité d’interdiction des armes nucléaires en vue de leur élimination totale.  Enfin, il a prévenu des risques de conflit dans certains cas à cause de la persistance de territoires soumis à la domination coloniale, de l’occupation étrangère de certains pays, ou encore de la présence de bases militaires d’un pays sur un autre.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a dit la nécessité d’une approche globale de la consolidation de la paix s’appuyant sur le renforcement de l’état de droit, dont le respect des droits de l’homme.  Il a jugé urgent de mettre fin à une approche fragmentée des activités de l’ONU avant de regretter l’absence de vision d’ensemble.  « Il faut accorder la priorité aux solutions politiques et non aux solutions militaires », a insisté le représentant de l’Argentine, avant de souligner le rôle crucial du Secrétaire général pour renforcer tout le volet prévention en mettant l’accent sur le volet médiation et bons offices. 

« Pour que ces efforts soient couronnés de succès, toutes les parties au conflit doivent coopérer avec le Secrétaire général en tant qu’intermédiaire honnête et neutre », a-t-il encore dit.  Le représentant de l’Argentine a estimé que la nomination de la nouvelle conseillère spéciale du Secrétaire général en matière de politique sera essentielle pour mieux coordonner toutes les politiques en matière de prévention et maintien de la paix.  Il s’est dit persuadé qu’une allocation de ressources supplémentaires aux activités de prévention permettrait d’éviter la résurgence de nouveaux conflits.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a appelé à fournir davantage d’efforts pour améliorer la cohérence, la responsabilité et le financement du maintien de la paix.  Il faut faire plus à tous les niveaux pour améliorer la coordination entre les départements, entre les agences, entre le terrain et les sièges et entre la politique et les programmes. 

Le Département des opérations de maintien de la paix a aussi un rôle vital à jouer dans la mise en œuvre du programme de maintien de la paix.  Le Département des opérations de maintien de la paix et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) devraient continuer d’adopter de nouvelles politiques et pratiques pour améliorer la cohérence et les programmes conjoints.

De même, la reddition de compte est primordiale pour évaluer les progrès et déterminer les réussites et les échecs.  Le Secrétaire général et le Secrétariat devraient donner des conseils sûrs et indépendants au Conseil de sécurité.  L’Article 99 peu utilisé de la Charte des Nations Unies devrait devenir un outil normal. 

Enfin, de nouvelles approches de financement sont attendues depuis longtemps.  Une ONU adaptée doit être financée d’une manière qui stimule des conseils de la plus haute qualité, le personnel et l’action sur le terrain.  Cela garantira une ONU souple et innovante qui répondra aux besoins pour parvenir à des actions qui répondent à nos discours.      

Mme CATHERINE BOUCHER (Canada) a rappelé que divers examens de haut niveau menés au cours des deux dernières années, tels que le rapport du Groupe de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix, le rapport du groupe d’experts sur l’architecture des Nations Unies pour la consolidation de la paix et l’étude mondiale sur la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité avaient souligné l’importance de la prévention.  

Elle s’est félicitée du fait que plusieurs recommandations issues de ces examens avaient été approuvées par les États Membres dans des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  La représentante du Canada a exhorté le Conseil de sécurité à faire une utilisation accrue de ses outils de prévention, notamment des mesures qui relèvent du Chapitre VI des Nations Unies et des missions politiques spéciales. 

« Nous sommes également d’avis que le Secrétaire général a un rôle central à jouer pour stimuler l’action internationale en faveur de la paix », a-t-elle ajouté, avant d’appeler à établir un lien plus solide entre les programmes de consolidation de paix et les programmes de développement durable.    

Mme PHAM THI KIM ANH (Viet Nam) a fait remarquer que la région Asie-Pacifique était marquée par des conflits sur les ressources naturelles et par des différends territoriaux.  L’ONU, a-t-elle dit, devrait continuer à jouer un rôle de chef de file dans la promotion d’une architecture de sécurité collective.  Celle-ci exige un renforcement du multilatéralisme et le respect du droit international, sans utiliser la menace de l’usage de la force, a-t-il précisé. 

Il est urgent, a-t-elle dit, de mettre la prévention des conflits et le règlement des différends au cœur des travaux de l’Organisation comme le dispose l’Article 33 de la Charte des Nations Unies.  À cette fin, elle a recommandé au Conseil de sécurité de continuer à promouvoir un leadership fort et à assumer sa responsabilité de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

La représentante a invité à renforcer la coordination au sein du système de l’ONU, en particulier entre le Secrétaire général, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, pour développer une stratégie complète de prévention des conflits et de développement durable.  Elle a également estimé qu’il fallait davantage d’instruments juridiques contraignants pour contrôler la prolifération des armes nucléaires et autres armes de destruction massive par des acteurs non étatiques, combattre la traite d’êtres humains et le trafic de drogues, ainsi que la propagation d’un extrémisme violent et du terrorisme. 

Il faut, a-t-elle ajouté, aider les pays à traiter les causes profondes des conflits et à promouvoir la réconciliation.  Elle a donné l’exemple de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui a trouvé des solutions à des différends, notamment dans la mer de l’Est, avant d’appeler tous les États à se joindre à ces efforts dans une vision commune de la paix dans la région de l’Asie du Sud-Est.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a invité à aborder la prévention des conflits en s’attaquant aux causes sous-jacentes des menaces à la paix, notamment les tensions socioéconomiques, relatives au genre, ethniques, tribales, religieuses ou idéologiques.  Lors d’un débat présidé par la Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, le 19 janvier 2015, les États Membres avaient rappelé les liens étroits entre la sécurité et le développement, a-t-il rappelé. 

Si la prévention des conflits et la paix durable relèvent en premier lieu de la responsabilité des États, la communauté internationale doit aussi jouer son rôle.  Dans cet objectif, il a appelé à autonomiser les femmes et à renforcer la Commission de consolidation de la paix en reconnaissant sa fonction essentielle dans l’architecture de consolidation de la paix.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité utilise davantage la fonction consultative de cette Commission.

M. Barros Melet a recommandé de prévenir l’exploitation illégale des ressources naturelles, une situation qui entraine des conflits.  Les Nations Unies, a-t-il prôné, peuvent aider les États concernés, à la requête de ceux-ci et en respectant leur souveraineté sur leurs ressources naturelles, à éviter l’accès illicite à ces ressources.  Il a souhaité notamment que les organes subsidiaires du Conseil contribuent à éviter l’exploitation illégale des ressources naturelles. 

Enfin, il a attiré l’attention sur l’importance de la participation des jeunes à la paix et à la sécurité, rappelant que 600 millions de jeunes vivent dans des zones de conflit ou des États fragiles.

M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a déclaré que son pays soutenait pleinement l’appel du Secrétaire général à renforcer la prévention et se tenait prêt à lui apporter son assistance à cet égard.  Premièrement, nous devons investir davantage dans les instruments de prévention des conflits et de pérennisation de la paix dont dispose l’ONU.  Parmi ces outils, les entités du Département des affaires politiques chargées de la médiation et des bons offices ainsi que les missions politiques spéciales peuvent jouer un rôle important. 

Deuxièmement, la prévention constitue une responsabilité partagée que doivent assumer toutes les entités du système des Nations Unies.  Cela signifie que toutes les entités de l’ONU, y compris ses forums intergouvernementaux, doivent inscrire dans une optique de prévention les activités qu’elles mènent dans le cadre de leurs mandats respectifs.  Une telle démarche est conforme à la nouvelle notion de « pérennisation de la paix » adoptée par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Elle appelle à l’adoption d’une approche des conflits qui soit proactive, globale et coordonnée ainsi qu’à l’appropriation nationale de la consolidation de la paix. 

Dans cette perspective, nous devons abattre les cloisons institutionnelles et chercher à mieux comprendre le lien existant entre la paix et la sécurité d’une part, et le développement et les droits de l’homme, d’autre part.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente également un instrument important pour mieux unir nos efforts autour des trois piliers de l’ONU, de même que le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent. 

Troisièmement, le représentant a estimé qu’il serait particulièrement utile de renforcer la collaboration entre le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme.  Les membres du Conseil de sécurité peuvent, entre autres, solliciter des sessions périodiques d’information de la part du Haut-Commissaire aux droits de l’homme; ils peuvent utiliser les rapports émanant du Conseil des droits de l’homme et de ses différents mécanismes comme base d’information; et ils peuvent resserrer la coopération entre les organes subsidiaires du Conseil de sécurité et les mécanismes pertinents du Conseil des droits de l’homme. 

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a déclaré qu’un rapide examen de l’environnement politique montrait que l’agression était une des principales causes du développement de l’extrémisme violent.  Il a insisté que l’occupation du Territoire palestinien par Israël était la principale cause d’une tension persistante au Moyen-Orient et que l’agression de l’Iraq par les États-Unis en 2003 avait été principalement à l’origine de la radicalisation.  « Il en est de même en Syrie et au Yémen où des interventions extérieures ont ruiné toute perspective de coopération internationale contre le terrorisme. » 

Le représentant de l’Iran a aussi fustigé les prêcheurs d’idéologies extrémistes et xénophobes qui profèrent la haine et constituent ainsi une menace permanente au dialogue entre les civilisations.  Parmi les autres facteurs importants de déstabilisation et sources potentielles de violences, il a cité l’injustice, la discrimination, la pauvreté, le sous-développement, la corruption, la dégradation de l’environnement, de l’eau et des terres.  Face à ces constats, il a exhorté les Nations Unies à se mobiliser pour faire face à ces menaces et défis.  Il a déclaré que le Secrétaire général et les États Membres doivent faire preuve de beaucoup de courage et d’une ferme volonté politique pour être à la hauteur des ambitions de prévention des conflits et de paix durable.   

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a appelé à une culture politique d’action rapide face aux risques de conflit et à un investissement dans la prévention plutôt que dans le règlement des conflits.  Il a exhorté les membres du Conseil de sécurité à ne plus s’opposer aux projets de résolution « crédibles » appelant à une action décisive pour prévenir ou stopper des atrocités de masse.  Le représentant a jugé essentiel d’intégrer les approches liées à la paix et à la sécurité, aux droits de l’homme et au développement. 

Aucun de ces trois mandats des Nations Unies ne peut être rempli sans les autres, a-t-il prévenu, ajoutant à ce propos que la réalisation des objectifs de développement durable restera impossible sans des ressources accrues contre les moteurs des conflits.  L’approche holistique préconisée doit dûment tenir compte des droits des femmes et en particulier celui de leur participation aux processus de paix. 

Parmi les signes avant-coureurs des conflits, les violations des droits de l’homme sont toujours les premiers, a rappelé le représentant, qui a insisté sur une meilleure synergie entre le Conseil de sécurité, le Secrétaire général et les agences du système des Nations Unies pour une bonne mise en œuvre du programme de pérennisation de la paix et, ce faisant, il ne faut pas oublier la contribution des organisations régionales. 

Membre de la Commission de consolidation de la paix, l’Estonie, a conclu son représentant, estime que le Conseil doit davantage se concentrer sur cette consolidation pour réduire les risques de conflit.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a mis l’accent sur l’importance des partenariats, dans la mesure où les Nations Unies ne peuvent relever seules les défis qui se posent à elles.  Dans ce contexte, la prévention des conflits doit devenir une priorité du Conseil de sécurité, invité à coopérer avec les organisations régionales et sous-régionales, ainsi qu’avec la société civile. 

Par ailleurs, a noté le représentant, l’architecture de paix et de sécurité au sein du Secrétariat doit être restructurée à la lumière des synergies possibles entre les différentes entités.  En outre, a souligné M. Djani, des ressources adéquates et prévisibles doivent être mises à la disposition des opérations de maintien de la paix.  Et celles-ci doivent intégrer plus explicitement la prévention des conflits et la paix durable dans leurs mandats.

Enfin, l’appropriation nationale doit être respectée en situation de prévention de conflit ou de médiation, a ajouté l’Indonésie.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a souhaité voir éliminer les menaces à la paix durable, comme l’ingérence dans les affaires intérieures des États, les actes d’agression et les guerres qui ont pour objectif de prendre le contrôle de ressources naturelles.  La paix durable suppose avant tout le respect de l’égalité de souveraineté entre les pays, la résolution pacifique des différends internationaux et le respect de l’indépendance politique et du système économique et social des nations. 

Elle s’est élevée contre les mesures coercitives unilatérales et a prévenu que la pérennisation de la paix durable ne se réaliserait pas sans développement durable.  Soulignant le rôle important du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, elle a dénoncé une manipulation visant à discréditer certains pays et leurs gouvernements légitimes.

Mme Rodríguez Abascal s’est inquiétée de voir s’amplifier la menace d’user de la force ou l’usage de la force, la promotion d’agendas visant le changement de régime de pays en développement, la production de nouveaux armements sophistiqués, la violation du droit international et les discriminations basées sur des motifs ethniques ou religieux.  Elle a demandé de transformer les Nations Unies en instrument plus efficace, en veillant à adopter une approche équilibrée et cohérente.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que la capacité de déceler des signes avant-coureurs de conflits devait être au centre des stratégies des Nations Unies en matière de maintien de la paix.  Il a rappelé que les examens de l’architecture de paix et de sécurité conduits en 2015, tout comme un certain nombre de résolutions récentes, avaient mis en exergue la nécessité urgente de placer la prévention au cœur des travaux de l’Organisation, conformément à la Charte des Nations Unies. 

Il a mis l’accent sur la responsabilité première des acteurs nationaux en matière de paix durable.  Il a appelé à une meilleure collaboration entre les organismes des Nations Unies, afin d’éviter les doubles emplois et la compétition en matière de maintien de la paix. 

Sur le même ton, il a jugé indispensable une meilleure collaboration entre les organisations régionales et sous-régionales pertinentes.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est félicité des mesures récentes prises par le Secrétaire général de l’ONU, notamment le renforcement du Centre d’opérations et de crises du Département des opérations de maintien de la paix, qui permet de collecter des informations précieuses dans le cadre de l’évaluation et de la surveillance des crises.  De son côté, a relevé le représentant, le Conseil de sécurité devrait s’appuyer sur la communauté internationale pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui reconnaît la nécessité de construire des sociétés pacifiques en éradiquant les facteurs de violence.  Pour sa délégation, une réaction « intégrale » du système onusien devrait s’appuyer sur la synergie de tous les organes pertinents en matière de prévention, avec pour priorité l’appropriation nationale par les États. 

M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a prévenu, à son tour, que les violations des droits de l’homme, les discours de haine et la violence entre les communautés sont toujours les signes avant-coureurs des conflits.  Comment y répondre? S’il a reconnu des progrès, le représentant a voulu que ceux qui sont les mieux à même de donner l’alerte soient en première ligne et puissent faire directement leurs recommandations au Conseil de sécurité. 

Il s’est félicité, à cet égard, de ce que le Département des affaires politiques ait réalisé ses objectifs financiers tout comme le Fonds de la consolidation de la paix mais, a-t-il prévenu, on est encore loin de la prévisibilité nécessaire pour de bonnes interventions dans la prévention des conflits.  En effet, des fonds promis sur une base annuelle et attachés strictement à des programmes ne peuvent que compromettre la capacité d’intervenir rapidement pour prévenir un conflit. 

S’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits est une bonne stratégie et en l’occurrence, les luttes contre la pauvreté et les inégalités et pour la paix et la sécurité ne peuvent être menées isolément.  Il est clair que la réalisation des objectifs de développement durable ne pourra que supprimer ou du moins réduire les facteurs des conflits et à ce propos les civils doivent pouvoir se faire entendre. 

Il faut donc écouter les organisations de la société civile et veiller à leur participation aux processus de paix.  Le représentant a souligné, dans ce contexte, l’importance des programmes « femmes, paix et sécurité » et « jeunes, paix et sécurité ».  Il a aussi insisté sur l’expertise et l’expérience des organisations régionales. 

Mme JANE J. CHIGIYAL (États fédérés de Micronésie), qui s’exprimait au nom des Petits États insulaires en développement du Pacifique, a estimé que la menace la plus grave pesant sur la sécurité des générations présentes et futures était les changements climatiques.  Pour y remédier, Mme Chigiyal a exhorté le Secrétaire général à nommer un représentant spécial sur le climat et la sécurité.

Elle a mentionné les responsabilités qui pourraient lui incomber, parmi lesquelles la facilitation de la coopération régionale et la fourniture d’un appui dans les situations d’après conflit où les changements climatiques sont un facteur aggravant.  « Pour être très clair, la nomination de ce représentant spécial ne viendrait en aucune façon limiter le mandat de ce Conseil », a-t-elle dit. 

En conclusion, la déléguée a appelé tous les États Membres à soutenir la nomination d’un tel représentant.

Mme SIMA SAMI BAHOUS (Jordanie) a déclaré que certaines régions du monde étaient touchées de manière disproportionnée par les menaces à la paix et à la sécurité internationales, comme notamment le Moyen-Orient.  Il est urgent de trouver des solutions justes à ces problèmes qui ne connaissent plus de frontières, a souligné la représentante, en se livrant à un plaidoyer pour que les causes profondes des conflits soient prises en compte.  La première responsabilité en matière de prévention et de protection des civils incombe en premier lieu aux États, a-t-elle rappelé, avant de recommander que l’ONU privilégie une approche efficace pour leur prêter main forte.  La déléguée a cependant réitéré l’importance d’adopter des stratégies complémentaires adaptées à la situation spécifique de chaque pays.  La Jordanie est fière de participer aux efforts de maintien de la paix en sa qualité de pays contributeur de troupes, a indiqué la représentante, avant d’encourager le Conseil à s’aligner sur les principes de la Charte des Nations Unies lorsqu’il recourt à la diplomatie préventive.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a déclaré que la Charte des Nations Unies et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, notamment la résolution 70/262 de l’Assemblée générale sur l’examen de l’architecture de maintien de la paix de l’ONU, constituaient les éléments sur lesquels s’appuient la pérennisation de la paix et la prévention des conflits. 

Mais ce qui est aujourd’hui nécessaire est d’assurer la volonté politique et l’engagement pour un changement de paradigme qui reconnaît l’importance de l’approche intégrée et complète de la paix, y compris la prévention des conflits.

Ce changement comprend la réforme des structures actuelles dépassées et inadéquates, les pratiques et les politiques.  Cela inclut aussi une cohérence améliorée et des synergies entre la paix, les droits de l’homme et le développement durable au sein du système des Nations Unies.  Le changement de paradigme inclut également la mobilisation des ressources et le renforcement du partenariat entre toutes les parties prenantes pertinentes.  L’appropriation nationale et le leadership pour traiter les causes des conflits sont essentiels, a-t-il assuré.  

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a invité le Secrétaire général, fort de son « incontestable neutralité », à œuvrer pour empêcher toute escalade des conflits.  Le développement est l’antidote aux conflits, a-t-il affirmé, avant de mettre en garde contre l’imposition de sanctions économiques.  Il a souligné l’importance de remédier aux causes profondes des conflits africains, telles que les crises économiques et les changements climatiques.  Estimant que la situation au Darfour était une conséquence des changements climatiques, il a regretté que les Nations Unies ne soient pas de cet avis et cultivent le déni.  Le délégué a appuyé l’idée de nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité.  Concernant la situation au Darfour, le représentant du Soudan a invité les États Membres à contribuer au maintien de la paix et de la sécurité, non pas à privilégier leurs intérêts.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a jugé qu’à titre prioritaire, les résolutions des principaux organes des Nations Unies devaient être mises en œuvre.  Les efforts de prévention ou de résolution de conflit ne peuvent être sélectifs, a souligné le représentant. 

Il a ensuite dénoncé la guerre que mènerait dans le Haut-Karabagh l’Arménie, accusée de « crimes de guerre ».  Au moment où il est possible de mettre fin au « bain de sang », l’Arménie a choisi de poursuivre son annexion au mépris des résolutions du Conseil de sécurité, en cherchant à consolider le statu quo actuel, a assuré la délégation, avant de demander le retrait immédiat des troupes arméniennes de la région.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a déclaré que la pérennisation de la paix exigeait de régler les causes profondes, telles que des griefs exprimés de longue date.  Il a également insisté sur l’importance des efforts de médiation sur la base de la Charte.  Cependant, certains États Membres considèrent que des actions préventives sans le consentement des parties sont susceptibles d’entraîner des interventions prématurées, qui pourraient saper les perspectives de paix, a-t-il averti.

« Nous devons reconnaître ces préoccupations et explorer les moyens d’y remédier. »  Le délégué de la Turquie a souligné les difficultés accrues de prévenir et régler les conflits, en raison notamment des menaces asymétriques, du terrorisme et des enjeux humanitaires.  « Ces facteurs exigent une gestion fine de chaque situation de conflit, où le respect des principes de la Charte n’est pas moins important qu’une bonne analyse du conflit et l’élaboration d’un processus inclusif. »

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a déclaré que la communauté internationale avait négligé la prévention des conflits et la médiation au profit du déploiement des opérations de maintien de la paix, au coût exorbitant.  Pour sa part, a-t-il constaté, l’Union africaine a pris des mesures de longue date pour remettre au premier plan la prévention, dont les Nations Unies pourraient s’inspirer, a indiqué le représentant. 

Dans ce cadre, il est selon lui impératif que l’Organisation renforce ses partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales pertinentes.  Il a recommandé l’établissement d’un « comité directeur » qui permettrait d’identifier les synergies à mettre en œuvre en matière de médiation au sein du Secrétariat. 

Quant au Conseil de sécurité, son travail doit se faire au prisme de la diplomatie préventive, a-t-il observé, affirmant qu’il permettrait de faire décliner le nombre de conflits dans le monde.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a prévenu que les crises et les conflits trouvant leurs origines dans un faisceau de facteurs, une solution unique ne les résoudra pas.  Le représentant a appuyé une stratégie fondée sur la paix et la sécurité, le développement durable et les droits de l’homme, sans oublier le respect du droit international et la lutte contre l’impunité, autant d’éléments tout aussi essentiels pour la consolidation de la paix. 

Le représentant a plaidé pour la mise en place d’un mécanisme d’alerte précoce, citant la prérogative du Secrétaire général d’attirer l’attention du Conseil sur une situation dangereuse et estimant que des contacts réguliers entre le Conseil et le Secrétariat seraient aussi une voie à creuser, tout comme les tours d’horizon prospectifs. 

En matière de prévention des conflits, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit figurer très haut dans les priorités des États, a poursuivi le représentant, qui a annoncé que son pays a décidé d’allouer 50% de son aide publique au développement aux pays fragiles et aux pays les moins avancés.  Insistant sur le caractère délicat des phases de transition, il a plaidé pour une meilleure articulation entre l’action des opérations de maintien de la paix et celle du système de l’ONU et entre les stratégies de transition et de sortie et les processus politiques. 

Ces processus que sont la démobilisation, le désarmement et la réinsertion, la réforme du secteur de la sécurité, la justice transitionnelle et le renforcement des capacités institutionnelles et humaines illustrent la nécessité de mieux tenir compte des dimensions consolidation de la paix et développement dans le cadre d’une approche intégrée de la paix durable.  Ils impliquent un engagement politique du pays concerné et un dialogue inclusif avec les parties prenantes, dont la société civile et les femmes. 

La législation belge, a expliqué le représentant, conditionne d’ailleurs l’aide aux processus de médiation à la présence d’au moins 50% de femmes dans les structures pertinentes.  Au Mali, par exemple, la Belgique investit dans le renforcement des capacités, dont celles des femmes.  La Belgique plaide aussi pour le renforcement des capacités des organisations régionales en matière de médiation et organisera le 14 février prochain, à Bruxelles, une conférence internationale de haut niveau sur la question. 

Le représentant a conclu en soulignant le potentiel de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix auquel son pays contribue avec plus de 50 pays.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a insisté sur la « triste expérience de son pays » lorsqu’un membre permanent du Conseil, partie au conflit, empêche l’envoi d’une mission d’observateurs des Nations Unies, juste après une guerre à grande échelle, tandis que la présence de la communauté internationale aurait dû être augmentée.  Depuis le début de ce conflit, a-t-il déclaré, les régions géorgiennes de l’Abkhazie et Tskhinvali/Ossétie du Sud sont occupées militairement par la Fédération de Russie au mépris du droit.  À la lumière de cette expérience, le représentant s’est dit en faveur d’une limitation du droit de veto, lorsqu’un membre permanent est impliqué dans une situation inscrite à l’ordre du jour du Conseil et ne peut, dès lors, se montrer impartial.  Cela contribuera à la prévention de violations massives des droits de l’homme et de l’escalade du conflit, a-t-il argué.  En conclusion, le représentant de la Géorgie a appuyé les diverses initiatives portées par la France, le Mexique ou bien encore le Liechtenstein s’agissant de l’utilisation du droit de veto en cas d’atrocités de masse.

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a comparé les sommes investies dans l’armement et celles consacrées à la paix pour démontrer que les priorités sont inversées.  Le meilleur antidote pour éviter les conflits est le développement, a-t-elle affirmé en paraphrasant le Secrétaire général, M. António Guterres.  Elle a plaidé en faveur d’une action préventive de la part du Conseil de sécurité, lui conseillant de ne pas se concentrer seulement sur les interventions armées ou sur la mise en place d’opérations de paix a posteriori.  Elle a appelé le Conseil à utiliser les outils prévus par l’Article 33 de la Charte des Nations Unies, ainsi que le rôle des femmes dans le maintien de la paix.

Mme Flores Herrera a souhaité que les relations entre le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme soient davantage approfondies.  Il faut également que les programmes prévus par tous les organes des Nations Unies en faveur de la paix soient plus humains et favorisent la solidarité, a recommandé la représentante.  Au Conseil de sécurité, elle a demandé de renforcer ses capacités d’analyse des conflits et des risques et d’inclure les parties au conflit dans l’élaboration des stratégies intégrales de mise en œuvre et de dotation de ressources.  Elle a également souhaité un Conseil de sécurité plus symétrique dans sa structure de pouvoir pour éviter que prévalent les intérêts particuliers.

Convaincu qu’il vaut mieux prévenir que guérir, M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a constaté que les efforts de prévention ont pourtant été relégués au second plan.  Que s’est-il passé? a-t-il demandé.  Le représentant a estimé que pour se doter d’une culture de prévention des conflits, l’ONU doit fournir une action complémentaire de celle qu’entreprennent les États au niveau national, dans le respect de leurs priorités nationales.  L’Organisation doit cependant disposer à cet effet des ressources nécessaires, a prévenu le représentant.  Pour lui, en l’absence d’une architecture de gouvernance appropriée, il ne sera pas possible de prévenir les conflits.  Le Conseil de sécurité doit être doté des « outils » nécessaires en matière de prévention et de médiation, a plaidé le délégué.

M. ABDULAZIZ S M A ALJARALLAH (Koweït) a invité le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Conseil s’est montré malheureusement incapable de régler certains conflits, dont la question palestinienne qui est inscrite à son ordre du jour depuis des décennies, a regretté le délégué.  II a ensuite plaidé pour une augmentation des ressources du Secrétariat afin qu’il puisse alerter les membres du Conseil de sécurité dès les premiers signes d’un conflit.  Il a souligné le rôle essentiel joué par les organisations régionales dans la prévention des conflits, avant d’insister sur le coût humain et financier exorbitant des conflits.  Citant Dag Hammarskjöld, il a rappelé que la « quête de la paix doit être un processus permanent ».

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a souhaité que le règlement pacifique des conflits, en particulier ceux qui durent depuis longtemps comme la question de Palestine, ainsi que les situations coloniales pendantes, comme la question du Sahara occidental, la dernière colonie en Afrique, restent au cœur des travaux de l’ONU, en particulier du Conseil de sécurité dont la responsabilité est d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  On parvient à un règlement des conflits et à une paix durable grâce à toute une gamme d’activités politiques, institutionnelles et de développement à long terme, qui permettent d’aborder les causes profondes des conflits et d’éviter ainsi qu’ils ne ressurgissent. 

Pour traiter des causes profondes des conflits, il faut réactiver le développement économique durable dans les pays qui sortent de conflits ou qui sont susceptibles d’y retomber.  Tout en faisant remarquer qu’il faut deux décennies pour que ces pays puissent retrouver leur niveau de capacités avant le conflit, il s’est dit convaincu que le financement international pouvait réduire ce délai à une durée bien inférieure, entre quatre et huit ans.  C’est pourquoi, il a invité les institutions financières internationales et nationales à offrir leur aide de manière souple et soutenue.  Il a aussi demandé d’éviter les interventions qui ont pour but de démanteler les structures étatiques d’un pays, comme cela s’est passé en Iraq, en Libye et en Syrie, car cela crée les conditions propices à la déstabilisation et à la propagation du terrorisme.  Enfin, il a invité les États concernés à ne pas s’appuyer seulement sur l’aide internationale mais à générer leurs propres ressources en faveur de la paix, notamment en utilisant leurs ressources naturelles de manière stratégique. 

Mme JUDITH MARCIA ARRIETA MUNGUIA (Mexique) a appelé à changer de paradigme pour s’assurer que les personnes victimes de conflits ou se trouvant dans des situations postconflit soient au cœur des mesures prises.  Si le Secrétaire général pouvait demander des avis consultatifs à la Cour internationale de Justice, a-t-elle imaginé, cela établirait un instrument important de diplomatie préventive.

Tant l’Assemblée générale que le Conseil de sécurité sont engagés dans les activités de l’ONU visant à instaurer une paix durable, s’est-elle félicitée en remarquant que cette notion figure au centre des priorités du Secrétaire général.  Son pays, qui a été à l’origine du « Groupe des amis pour la paix durable », espère travailler au cours des prochaines années avec le Secrétaire général et avec les membres du Conseil de sécurité pour faire mieux comprendre le potentiel de cette notion.  Elle a souligné que cela nécessite la participation active et cohérente des principaux organes des Nations Unies, comme le Secrétariat, les institutions spécialisées, fonds et programmes de l’ONU, ainsi que les autres organismes actifs sur le terrain.

M. JAN KICKERT (Autriche) a estimé qu’il y avait cinq domaines dans lesquels les Nations Unies pouvaient devenir plus efficaces en matière de prévention des conflits.  Tout d’abord, les membres du Conseil de sécurité ont une obligation juridique et morale de prévenir les atrocités de masse, a déclaré le représentant, en les encourageant à soutenir le Code de conduite du Conseil contre le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. 

Par ailleurs, a poursuivi le représentant, le Secrétaire général a pour mandat de jouer un rôle proactif en informant le Conseil de sécurité de menaces imminentes à la paix et à la sécurité internationales.  S’agissant des organisations régionales, elles doivent jouer leur propre rôle.  Une action concluante en matière de prévention doit impliquer les acteurs locaux, a estimé le délégué, qui a proposé de renforcer l’implantation des bureaux régionaux des Nations Unies, des coordonnateurs résidents et de leurs équipes.

Enfin, là où les opérations de maintien de la paix sont déployées, tout doit être mis en œuvre pour empêcher les pays de retomber en situation de conflit après le retrait des missions, a souligné l’Autriche.

M. VLAD LUPAN (République de Moldova) a d’abord rappelé que le 2 mars marquerait le vingt-cinquième anniversaire du conflit qui secoue les régions orientales de son pays.  Les mécanismes d’alerte rapide n’existaient pas en 1992 et il est clair qu’ils auraient été de bons outils de prévention, a estimé le représentant, qui a regretté que l’année dernière, les forces séparatistes aient pour la première fois mené des exercices militaires avec l’aide d’un État Membre de l’ONU, prouvant, si besoin en était, que l’ingérence étrangère est rarement un facteur stabilisateur et qu’une armée étrangère ne peut se maintenir dans le pays. 

Le représentant a donc estimé que le mécanisme « existant » de maintien de la paix doit être adapté aux réalités actuelles et se muer en une mission civile multinationale plus compacte à laquelle l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pourrait fournir la légitimité et l’impartialité nécessaires et un mandat « taillé sur mesure » qui inclurait des mesures de surveillance, de vérification, de rétablissement de la confiance et de maintien de l’ordre. 

Des petits pays comme la République de Moldova, a conclu le représentant, suivent les succès et les échecs du Conseil de sécurité et les nombreux conflits qui pointent clairement vers la nécessité de réformer le Conseil et de veiller à un respect plus strict des principes du droit international.  Cela est essentiel, a insisté le représentant, pour améliorer la gouvernance de la prévention des conflits à l’ONU et renforcer ses efforts de médiation, de consolidation de la paix et de règlement des conflits.

M. ALOWAIS (Émirats arabes unis) a déclaré que nulle part ailleurs, la nécessité de la prévention des conflits était plus urgente qu’au Moyen-Orient, où nous ressentons les graves conséquences de la violence et de l’instabilité.  La Syrie, le Yémen, l’Iraq, la Libye et la Palestine sont autant de conflits dans notre région qui ont des implications sur la sécurité des pays proches et lointains en alimentant l’instabilité mondiale et en bouleversant la sécurité internationale.  Le temps est venu de trouver des solutions politiques à ces conflits et de bâtir des sociétés durables et résilientes dans notre région. 

Nous devons prendre ensemble des décisions difficiles, pousser à l’action collective et être inébranlables dans notre recherche de solutions constructives.  Cela commence ici aux Nations Unies où les Émirats arabes unis espèrent voir la prévention mise en évidence à travers toute l’institution, sur la base d’une relation plus efficace entre le Conseil de sécurité et le Secrétaire général dans un nouveau chapitre offert par le changement de leadership cette année.

La clef de la prévention des conflits et de la paix durable réside dans la construction de sociétés inclusives fondées sur les principes de la tolérance, de l’ouverture et du pluralisme.  Le représentant a avancé trois recommandations pour obtenir des résultats dans la prévention des conflits et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Premièrement, le Conseil de sécurité doit mieux consulter et utiliser les organisations régionales.  Deuxièmement, la prévention des crises doit commencer par le traitement des facteurs sous-jacents qui conduisent à la violence et à l’instabilité.  Troisièmement, les membres du Conseil devraient travailler ensemble pour parvenir à des bons résultats qui bénéficieraient au monde et aux 193 États Membres.

M. AHAMED LEBBE SABARULLAH KHAN (Sri Lanka) a déclaré que les défis du terrorisme, des conflits violents, des violations des droits de l’homme, de la pauvreté, des épidémies, de la destruction des patrimoines culturels devaient être relevés par tous les principaux organes des Nations Unies. 

Ceux-ci doivent travailler collectivement à la réalisation d’un pare-feu de sécurité collectif, conformément à leurs fonctions respectives en vertu de la Charte des Nations Unies. 

Le Conseil de sécurité dispose d’outils puissants pour traiter de la paix et de la sécurité internationales.  Il doit se servir de ces outils avec circonspection et seulement pour la cause de toute l’humanité.  En une période où l’autosatisfaction et la suffisance ont fait leur apparition, les Nations Unies doivent pousser vigoureusement en avant leurs valeurs de solidarité et d’humanité.

Les opérations de maintien de la paix doivent aussi s’adapter et acquérir des compétences spécialisées.  Il faut, a—t-il dit, se concentrer sur l’établissement d’institutions nationales, le renforcement des structures nationales de sécurité et sur les questions de justice réparatrice et de réconciliation. 

De même, convient-il de prendre conscience des causes profondes de l’instabilité et des conflits et construire des réseaux locaux d’information et des réseaux efficaces de collecte de renseignements afin de mieux protéger les civils et les non-combattants, a encore proposé le représentant.

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a appuyé la vision livrée ce matin par le Secrétaire général pour prévenir les conflits et pérenniser la paix.  Les violations des droits de l’homme sont un signe avant-coureur d’une situation de conflit, a-t-elle dit.  Soulignant les liens étroits entre sécurité et développement, la déléguée a demandé la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Elle a invité les différentes composantes du système onusien à rechercher les synergies dans leurs efforts de prévention des conflits, avant d’insister sur le rôle important joué par la Commission de consolidation de la paix.

 La déléguée du Portugal a salué les mesures rapides prises par le nouveau Secrétaire général pour améliorer l’efficacité des méthodes de l’Organisation.  Tous les États doivent s’engager en faveur de la prévention des conflits, a-t-elle déclaré, en appelant de ses vœux la promotion d’une véritable culture de prévention.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a estimé que les pratiques de certains États sont contraires aux responsabilités de membres du Conseil de sécurité.  Il les a accusés d’ingérence étrangère dans les affaires intérieures d’un pays.  Regrettant le manque de volonté politique de certains qui se placent, selon lui, au-dessus du droit international, il a fustigé l’occupation illégale du Territoire palestinien occupé.  Le représentant a ensuite dénoncé l’expansion du terrorisme à travers le monde, en affirmant que certains groupes extrémistes bénéficient du soutien financier et logistique d’États Membres de l’ONU et du Conseil de sécurité.  Si l’Organisation veut s’attaquer aux causes profondes des conflits, « il nous faut renoncer à la force » et privilégier la prévention, a insisté le délégué syrien.  Rappelant que les États-Unis et l’Union européenne avaient pris des mesures pour faire pression sur certains pays, comme la Syrie, le représentant a expliqué le coût de ces sanctions pour la population civile syrienne et demandé d’y mettre fin immédiatement.

Face aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité, nous devons faire plus collectivement, efficacement et à temps, a déclaré, à son tour, Mme ONDINA BLOKAR DROBIČ (Slovénie), qui a souligné l’importance des approches centrées sur la personne et sur le développement.  L’ONU mais aussi les organisations régionales, les organisations non gouvernementales et les acteurs de la société civile doivent faire plus pour aider les pays les plus fragiles et les plus vulnérables, en renforçant en particulier leur résilience et leur architecture de sécurité. 

Améliorer la coopération entre les acteurs internationaux, régionaux et sous-régionaux qui sont au fait des causes sous-jacentes des conflits potentiels est crucial, a ajouté la représentante, pour qui l’un des impératifs du succès en matière de prévention des conflits est le plein respect du droit international et de l’état de droit. 

Elle s’est félicitée de la « montée en puissance » de la diplomatie au service de la paix tout en appelant à la prudence.  En effet, a-t-elle expliqué, nous ne devons pas renoncer au multilatéralisme mais au contraire le consolider, en particulier dans l’action préventive.  Il faut améliorer la coopération et le partage des informations sur les « alertes rapides » et « les évaluations des situations » entre les acteurs internationaux, à l’aide d’une approche globale comprenant l’aide humanitaire, l’appui au développement, la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit ou encore la consolidation de la paix.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a souligné combien il était important de suivre une approche intégrale et sur le long terme pour maintenir la paix dans tous les engagements des Nations Unies, avant, pendant et après les conflits.  Il a également fait remarquer qu’il ne peut y avoir de paix sans développement et inversement.  Son pays estime que la paix durable dépend aussi du renforcement des institutions, de la réforme du secteur de la sécurité et de la bonne gouvernance. 

Il a expliqué qu’après un accord conclu en 2002 dans son pays avec les secteurs de la société civile, la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) avait été créée avec pour objectif unique de soutenir le renforcement des institutions nationales du secteur de la justice. 

C’est ainsi que le Guatemala renforce ses institutions et que son état de droit fonctionne mieux, a-t-il indiqué.  Les citoyens participent activement et demandent des comptes, ce qui contribue à la lutte contre la corruption.  Cette commission est un outil de coopération idéal et cela permet au Guatemala de montrer à ses soutiens internationaux qu’il œuvre en faveur de la paix durable.

M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que la mise en œuvre de la philosophie de la pérennisation de la paix exigeait un changement de culture au sein des Nations Unies.  Il a ainsi félicité le Secrétaire général pour les mesures qu’il a déjà prises en vue de réorganiser certains départements.  Soulignant le rôle crucial joué par la Commission de consolidation de la paix, il a déclaré que le temps était venu de la renforcer.  La question du financement demeure cruciale, a souligné M. Hilale.  Les activités de prévention du Département des affaires politiques, a-t-il souhaité, devraient être financées par des contributions volontaires.

Rappelant les préoccupations de certains États Membres concernant les activités de prévention, le représentant du Maroc a préconisé une clarification du principe de l’alerte précoce et de l’action préventive.  La protection des civils souffrait de la même incompréhension il y a encore quelques années, alors qu’elle est aujourd’hui un principe consacré, a-t-il fait remarquer.  M. Hilale s’est félicité de la fin du mandat du Venezuela au sein de ce Conseil, en précisant que sa délégation s’était  distinguée par un désintérêt complet pour les questions relatives au maintien de la paix et de la sécurité.  Le Représentant permanent du Venezuela s’est érigé en donneur de leçons en matière de droits de l’homme que son pays refuse de reconnaître à son propre peuple, a-t-il affirmé.  Pour M. Hilale, la présence du représentant du Venezuela avait terni l’image de ce Conseil.

M. DAVID YITSHAK ROET (Israël) a rappelé qu’Israël faisait l’expérience d’attaques terroristes par des Palestiniens, comme en témoigne l’attaque perpétrée il y a quelques jours à Jérusalem par un camion lancé à toute allure contre un groupe de militaires, faisant quatre victimes.  « Notre histoire nous a enseignés que le courage, l’impartialité et le fait de voir la réalité telle qu’elle est sont d’importantes composantes de prévention du conflit », a déclaré le représentant, en estimant que ces éléments étaient également vitaux pour le Conseil de sécurité dans sa poursuite de la paix et de la sécurité internationales.  

Pour ce Conseil, le courage consisterait à ne pas détourner le regard d’actions qui posent les fondations d’un futur conflit, a-t-il dit.  Pour ce Conseil également, a poursuivi le représentant, le courage signifierait d’appliquer de manière équitable les valeurs morales à tous, a estimé M. Roet.  Il a estimé que ce n’était pas le cas lorsqu’Israël est victime d’attaques, comme par exemple par le Hezbollah qui n’a cessé de multiplier les agressions depuis l’adoption de la résolution 1701 (2006). 

Pour prévenir le prochain conflit entre Israël et le Hezbollah, le Conseil doit reconnaître la dangereuse montée en puissance de ce groupe au Sud-Liban, et exiger aussi que l’Iran respecte les dispositions de la résolution 1701 (2006). 

Le délégué a estimé en outre que la dernière résolution en date du Conseil, la résolution 2334 (2016), est révélatrice de l’échec de ce Conseil à prendre en considération tous les aspects du conflit israélo-palestinien, ce qui l’a ainsi empêché de jouer un rôle constructif en matière de prévention des conflits.

M. PETER MARTIN LEHMANN NIELSEN (Danemark) a assuré du soutien de son pays le Secrétaire général, M. António Guterres, pour sa vision en faveur de la prévention des conflits et l’instauration d’une paix durable, ainsi que ses efforts visant à une meilleure coordination entre les différentes composantes du système des Nations Unies.  « Nous avons une responsabilité partagée dans le domaine de la prévention des conflits », a-t-il déclaré.  Le délégué a précisé que son  pays, qui est l’un des principaux contributeurs au Département des affaires politiques, était attaché à la cohérence des efforts entrepris dans ce domaine.  Le respect des droits de l’homme, a-t-il souligné, est un élément essentiel d’une paix durable.  Enfin, le délégué danois a souligné l’importance d’associer les jeunes aux mécanismes de prise de décisions afin de prévenir la radicalisation.

Mme ALISON AUGUST TREPPEL, de l’Organisation des États américains, s’est dite convaincue qu’une paix durable n’est possible que dans le cadre d’une vision multidimensionnelle, avec un engagement politique fort et une cohésion sociale.  Donnant l’exemple de sa région, elle a cité le cas de l’accord de paix conclu entre le Gouvernement de la Colombie et les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), accord qui a mis fin au conflit armé le plus long de l’histoire de l’hémisphère occidentale.  C’est le fruit d’un dialogue, d’une entente mutuelle et des bons offices de plusieurs acteurs dont l’Organisation des États américains (OEA), a-t-elle précisé en soulignant le rôle de facilitateurs des organismes régionaux dans les solutions consensuelles.  Ce rôle, a-t-elle dit, doit être renforcé.  Elle a aussi fait remarquer que tout dialogue inclusif qui convoque les acteurs intéressés constitue un véritable et efficace système d’alerte précoce. 

L’OEA a mis en place plusieurs mécanismes pour résoudre de manière pacifique les différends, a-t-elle indiqué en faisant référence aux missions civiles qui ont des mandats bien spécifiques, comme la Mission d’appui au processus de paix en Colombie et la Mission d’appui contre la corruption et l’impunité au Honduras.  Elle a aussi prévenu que les objectifs de développement durable et la paix durable ne seront atteints que si nous travaillons de manière unie, en laissant de côté la rhétorique et en prenant des mesures concrètes en faveur de la bonne gouvernance et de la sécurité, avec la participation active des femmes.

Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a déclaré que son pays, après 40 ans de conflit à Mindanao, avait signé en 2015 un accord de paix avec les séparatistes du Front islamique de libération Moro.  Elle a déclaré que son gouvernement avait puisé dans ses négociations une expérience considérable en matière de prévention des conflits.  La déléguée a estimé que l’autonomisation économique des communautés vulnérables participait aussi de la prévention des conflits.  Elle a ainsi souligné les moyens leur permettant de faciliter l’accès à leurs propres ressources naturelles.  La représentante des Philippines a réaffirmé, avant de conclure, l’attachement de son gouvernement au dialogue politique et à la médiation, tout en tenant compte du bien-être des populations locales. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a dit que la pauvreté était l’une des principales causes de conflits dans le monde.  « Cette pauvreté et le désespoir exposent les jeunes de nos pays au terrorisme, à l’extrémisme violent et aux migrations, source de désastre humain dans la mer Méditerranée », a insisté le représentant du Mali.  Face à ce constat, il a exhorté les États à améliorer la gouvernance et créer les conditions, ainsi que les opportunités égales, pour tous les citoyens.  Au plan international, il a appelé la communauté internationale à mettre en œuvre les recommandations issues des grandes conférences internationales en matière de financement du développement.  

S’agissant de la prévention des conflits, il a souligné le rôle des Mécanismes régionaux pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits de l’Union africaine.  Il a aussi souligné l’importance du Réseau d’alerte et de réponse (ECOWARN), du Conseil des sages et des Médiateurs spéciaux de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Enfin, il a jugé indispensable d’engager une démarche inclusive et globale qui prenne en compte les femmes et les jeunes dans l’analyse et la mise en œuvre des stratégies de prévention des conflits et de consolidation de la paix.

M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) a estimé que les appels à consacrer plus d’énergie aux moyens de prévention signifient aussi que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devait faire partie des stratégies pour une paix durable. 

À cet égard, le représentant a souligné que son pays avait contribué à l’élaboration et à l’opérationnalisation des Directives de l’ONU sur une médiation efficace et pris, au Sommet humanitaire d’Istanbul, plusieurs engagements liés à la prévention des conflits, dont ceux de traiter des causes sous-jacentes des conflits, de réduire la fragilité des situations postconflit et d’intégrer les efforts humanitaires, de développement et de consolidation de la paix. 

La Bulgarie a toujours appuyé les capacités de médiation du système de l’ONU, y compris par des contributions annuelles au Fonds d’affectation spéciale. 

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a dit que le continent africain, en particulier, demeurait confronté à des défis complexes dont la liste est longue.  Il a ajouté que si le diagnostic est aussi clairement posé, peut-on dire que les solutions adaptées sont identifiées et qu’elles produisent les résultats escomptés?  « La réponse ne peut être que nuancée », a continué le représentant. 

Il a affirmé que si l’impact dévastateur des conflits sur les vies humaines et les souffrances indicibles qu’ils engendrent sont connus, leur coût à long terme sur l’infrastructure régionale et l’économie le sont beaucoup moins, comme le montre le récent rapport de l’Institute for Economics and Peace. 

Ce rapport a établi que pour 2015 seulement, les chiffres s’élèvent à 13 600 milliards de dollars, soit 13,3% du PNB mondial.  Ce constat dicte l’impératif de nous mobiliser en faveur de l’utilisation optimale des outils de diplomatie préventive à notre disposition ainsi que de la mise en œuvre des recommandations issues du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix de 2015.

Djibouti est convaincu qu’il faut investir dans la paix.  C’est pour cette raison qu’il a rejoint le Groupe des Amis de la pérennisation de la paix.  Par ailleurs, la politique du Président de la République de Djibouti, a dit le représentant, est entièrement guidée par cet impératif de promotion de la paix.  La prévention est une action continue qui nécessite une vigilance de tous les instants.  

M. ADIKALIE FODAY SUMAH (Sierra Leone) a remercié les membres de la formation « Sierra Leone » de la Commission de consolidation de la paix, au nom d’un pays qui est passé du statut d’hôte d’une opération de maintien de la paix à celui de pays contributeur de troupes.  Quinze ans après la fin du conflit, la Sierra Leone a réalisé, avec l’appui des Nations Unies, des progrès remarquables sur la voie de la prévention des conflits et de la paix durable, s’est réjoui le représentant.  La Sierra Leone a tourné le dos à la fragilité, a-t-il affirmé, en attribuant ce succès à des institutions impartiales et transparentes, caractérisées par une appropriation nationale réelle et une véritable ouverture. 

Dans ce contexte, le représentant a insisté sur une bonne coordination entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Il leur faut, a-t-il estimé, des relations de travail où chacun exploite les avantages comparatifs de l’autre.  Le représentant a aussi souligné l’importance d’établir un vrai partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales pour contrer le trafic des armes légères, celui des drogues et le mercenariat. 

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a recommandé que le Conseil de sécurité mette fin à des silos qui empêchent le travail de l’Organisation et de travailler, au contraire, plus étroitement avec l’Assemblée générale, le Conseil économique et social ou encore la Commission et le Fonds pour la consolidation de la paix.  À ce propos, il a souligné que la prévisibilité des fonds était la clef du succès des efforts en faveur d’une paix durable.  Il a aussi recommandé que le Conseil de sécurité se montre plus audacieux dans la prévention des conflits et encourage, par exemple, son président à mener « une diplomatie douce » avec les pays inscrits à son ordre du jour. 

Dans le même temps, il ne faut pas perdre de vue les objectifs stratégiques plus larges de la lutte contre les causes sous-jacentes des conflits dont la pauvreté, les inégalités, les violations des droits de l’homme, voire la dégradation de l’environnement.  La Charte des Nations Unies, a-t-il conclu, offre tous les instruments nécessaires.  C’est la volonté politique du Conseil de les exploiter qu’il faut obtenir, de même que sa collaboration avec le Secrétariat, les États Membres et autres parties prenantes.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a rappelé que la prévention des conflits signifie que l’on s’engage pour la paix et que l’on procède à des changements profonds nécessaires pour maintenir la paix.  Aux Nations Unies, nous devons commencer à engager des réformes profondes dans ce domaine.  Nos structures aux niveaux national, régional et mondial doivent être revues et améliorées.  La solution politique fondamentale doit commencer aux Nations Unies.  Nous devons faire en sorte que les procédures démocratiques soient appliquées au sein d’un Conseil de sécurité restructuré et d’une Assemblée générale revitalisée.

La Namibie s’associe à l’Union africaine et à son architecture de paix et de sécurité africaines et sa feuille de route axée sur la prévention des conflits, la gestion des conflits et la consolidation de la paix qui sont fondamentales pour faire taire les armes à feu avant 2020.  Avant de terminer, le représentant a appelé à la reconnaissance et l’exercice du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination.  La question du Sahara occidental doit faire partie de nos discussions sur la prévention des conflits, a-t-il dit, en soulignant qu’il était important de veiller à ce que les résolutions des Nations Unies sur ce territoire occupé soient mises en œuvre immédiatement.  

Bien que son pays n’ait jamais été membre du Conseil de sécurité, M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a indiqué qu’il n’en était pas moins déterminé à soutenir ses efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales.  Pour sa délégation, le règlement des conflits exige, a-t-il dit, des approches intégrées répondant à leurs causes profondes.  Le représentant s’est ensuite enorgueilli d’avoir organisé une centaine de réunions bilatérales avec ses homologues d’autres missions permanentes auprès de l’ONU et d’autres parties prenantes pour les informer au sujet du rôle joué par son pays en Afrique et, en particulier, en Afrique centrale.  Dans le cadre d’une telle coopération internationale, a encore noté le représentant, la Guinée équatoriale coopère également avec des organisations intergouvernementales telles que l’Union africaine et des groupes de la société civile, comme le Comité de l’aide à l’enfance de Guinée équatoriale, en vue de réaliser les objectifs de développement durable. 

M. TIGRAN SAMVELIAN (Arménie) a déclaré que son gouvernement avait constamment souligné l’importance d’assurer la synergie, la cohérence et la coordination entre les organes des Nations Unies.  Le représentant a ajouté que le contexte régional de la prévention des conflits doit être reconnu et soutenu.  La division de travail, la coordination et la non-duplication des efforts et des activités constituent les éléments essentiels de l’utilisation efficace des capacités des organisations régionales dans la prévention des conflits et la résolution de conflit. 

S’agissant du conflit au Nagorno-Karabakh, le représentant a dénoncé les obstacles imposés par l’Azerbaïdjan à tout effort en faveur d’un règlement pacifique du conflit.  Il a ainsi évoqué la tentative d’incursion de l’Azerbaïdjan, le 29 décembre 2016, à la frontière avec l’Arménie qui a causé des pertes en vies humaines.  L’Azerbaïdjan continue d’infliger un préjudice considérable au processus de paix, a-t-il assuré.  Dans leur dernière déclaration le 9 décembre dernier, les coprésidents du Groupe de Minsk avaient exhorté une nouvelle fois pour le strict respect des accords conclus aux Sommets de Vienne et de Saint-Pétersbourg, y compris l’obligation de finaliser, dès que possible, le mécanisme d’enquête de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a-t-il rappelé. 

L’Azerbaïdjan, a regretté le représentant arménien, refuse de mettre en œuvre les accords sur le déploiement de l’équipe d’enquête de l’OSCE dans la zone de conflit au Nagorno-Karabakh et la création d’un mécanisme d’enquête de l’OSCE sur les violations du cessez-le-feu.  Il a assuré que l’Arménie restait pleinement attachée au règlement pacifique du conflit dans le cadre internationalement accepté défini par le Groupe de Minsk, avant d’insister sur la mise en œuvre des accords conclus aux sommets de Vienne et de Saint-Pétersbourg, respectivement en mai et juin 2016.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a d’emblée déclaré qu’au moment où le Conseil tient son débat, son pays était à nouveau frappé par une série d’attentats perpétrés ce matin par des Taliban à Kaboul et dans les provinces de Kandahar et de Helmand et qui ont coûté la vie à 135 personnes.  Le terrorisme est présent dans plusieurs conflits et partout dans le monde, a-t-il déploré en insistant pour qu’une approche multidimensionnelle soit adoptée en vue de le combattre efficacement.  Il a estimé que le Plan d’action des Nations Unies pour prévenir l’extrémisme violent constitue un outil préventif qui tient compte des différents facteurs internes de ce phénomène.  Les Nations Unies doivent aussi accorder une plus grande attention à certains facteurs externes, a-t-il recommandé.  Le représentant a fait remarquer que le cycle de la violence et de l’insécurité en Afghanistan et dans cette partie du monde est intrinsèquement lié à la présence de sanctuaires et d’abris où les groupes extrémistes se trouvent.

Le programme pour la paix va de pair avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il aussi estimé en plaidant pour un partenariat, au sein de la communauté internationale, en soutien, en particulier, au développement des États enclavés et des pays fragiles.  Soulignant aussi l’importance du dialogue national, de la médiation et de la réconciliation, il a donné l’exemple de son gouvernement d’unité nationale qui œuvre de manière inlassable pour instaurer une paix durable.  Il est crucial, a-t-il précisé, que l’on respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  Il a rappelé à ce propos que sa délégation avait émis des réserves sur les contacts établis par certains pays avec des groupes d’opposition armés en Afghanistan.  Enfin, il a affirmé que l’ONU et le Conseil de sécurité en particulier avaient un rôle important pour s’attaquer aux causes profondes et facteurs structurels des conflits.

Pour M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus), il est urgent que le monde réalise la fragilité de son environnement physique, social, culturel et politique.  Le représentant a estimé que les progrès ne seront pas réalisés par un vote de la majorité des membres de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité mais plutôt de la capacité des dirigeants de diriger.  Les peuples du monde, a-t-il dit, attendent avec anxiété que les pays puissants parviennent à une meilleure entente.

M. RY TUY (Cambodge) a prévenu que le succès de la prévention des conflits dépendait d’abord et avant tout de la volonté politique.  Cette prévention ne doit pas être vue sous l’angle étroit du maintien de la paix et de la sécurité internationales par des moyens militaires.  Bien au contraire, la promotion du développement socioéconomique et de la lutte contre les changements climatiques doivent être les priorités dans tous les organes de l’ONU. 

Dans ce cadre, la coopération internationale doit être promue et le Conseil de sécurité doit se montrer prêt à travailler avec tous les États Membres, assurant redevabilité politique et transparence dans son travail et tenant dûment compte de l’avis de l’Assemblée générale, l’organe le plus représentatif et le plus démocratique du système qui s’occupe d’un élément fondamental de la prévention des conflits, le développement. 

Le représentant a aussi plaidé pour des relations de travail plus efficaces entre le Conseil et le Secrétaire général dont le rôle est indéniable et dont les rapports doivent se fonder sur des données claires, précises et vérifiables.  Une relation de travail renforcée entre le Conseil, le Secrétaire général et l’Assemblée générale ne peut que promouvoir la transparence dans le travail de l’ONU et rendre cette dernière plus comptable de ses actes devant l’opinion publique. 

En matière de prévention, a conclu le représentant, il est essentiel de renoncer à toute utilisation ou toute menace d’utiliser la force dans les relations internationales.  Il faut en effet respecter la Charte dans ses principes de souveraineté, d’intégrité territoriale, d’autodétermination et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. 

M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a souligné la nécessité d’intégrer les programmes de paix et de sécurité, de développement et de droits de l’homme, en mettant l’accent sur la prévention et la lutte contre les causes profondes des conflits.  Il a plaidé en faveur de la mise en œuvre des trois examens menés en 2015 sur les opérations de paix et, en particulier, des résolutions identiques adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale sur la pérennisation de la paix en avril 2016.  Il a aussi estimé que le Programme 2030 de développement durable était une bonne base pour s’attaquer aux causes des conflits comme la pauvreté.  L’ONU est la seule entité vraiment universelle qui peut guider et développer des normes pour les États Membres en vue de réagir aux conflits et de les prévenir, a-t-il rappelé, avant d’inviter à se départir de la mentalité de silos qui prévaut dans tout le système des Nations Unies et qui affaiblit ses capacités de prévention.

Le représentant du Kenya a recommandé de développer des institutions nationales des pays capables de s’attaquer aux causes profondes des conflits, en soulignant l’importance cruciale de l’appropriation nationale.  Ce principe doit être respecté lorsque sont créés des missions politiques spéciales, des opérations de maintien de la paix et des programmes de consolidation de la paix, a-t-il dit, en invitant les autorités nationales et l’ONU à coopérer et à se compléter.  Le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, doit continuer à encourager les partenariats avec les entités régionales et sous-régionales qui soutiennent la prévention des conflits.  Il doit aussi faire une plus grande place au financement de la prévention, notamment par le biais du Fonds pour la consolidation de la paix.  Enfin, M. Kamau a plaidé en faveur de mécanismes d’alerte précoce, en précisant que le Conseil devrait aider les pays à développer leurs propres systèmes.  Il a aussi souhaité voir un renforcement des liens entre les différents organes de l’ONU.

M. DENIS RÉGIS (Haïti) a déclaré qu’il était opportun de réexaminer les priorités stratégiques en matière de maintien de la paix.  Le représentant a souscrit à un certain nombre d’idées qui ont été mises en avant au fil des dernières années par les différentes instances des Nations Unies dans le cadre de la prévention et du règlement des conflits.  Ces propositions privilégient les solutions qui tiennent compte des causes profondes des conflits et des facteurs structurels qui les sous-tendent.  Le représentant a souligné qu’il était essentiel que le Conseil de sécurité se réapproprie pleinement la mission qui lui est dévolue par la Charte des Nations Unies afin d’apporter des réponses fortes aux menaces actuelles à la paix et à la sécurité internationales. 

Compte tenu des facteurs en présence, on ne doit ni sous-estimer ni occulter les causes profondes de conflit que sont la misère économique, l’injustice sociale, l’oppression, la marginalisation et l’exclusion, a rappelé le représentant.  Il importe donc que tout soit mis en œuvre pour s’attaquer aux facteurs économiques qui engendrent les conflits, les entretiennent ou les exacerbent.  L’ONU se doit d’être prête à faire sa part, notamment par la mobilisation des ressources financières et techniques susceptibles de contribuer à désamorcer la bombe à retardement de l’extrême pauvreté.  Enfin, il convient de faire valoir que l’ONU ne devrait en aucun cas se soustraire à ses responsabilités à l’égard des populations qu’elle est appelée à protéger, y compris dans les cas de préjudices moraux et matériels dont elle serait elle-même la cause, et ce, au nom du respect des normes relatives aux droits de l’homme qu’elle a pour mission de promouvoir, a estimé le délégué d’Haïti.

M. MICHAL KOMADA (Slovaquie) a rappelé qu’en 2015, l’examen de l’architecture de paix et de sécurité avait souligné le rôle vital de la prévention des conflits dans les travaux des Nations Unies.  Rappelant les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur la consolidation de la paix, le représentant a insisté sur l’alerte précoce, la médiation et la problématique hommes-femmes, la coopération avec les organisations régionales, le renforcement des capacités nationales, et les mesures pour remédier aux causes profondes des conflits.  Le représentant a encouragé le Secrétaire général à faire des suggestions nécessaires pour améliorer la gestion et le financement du Secrétariat, y compris l’identification d’un financement adéquat pour renforcer et rationaliser les capacités de prévention et de médiation.

La paix durable, a souligné M. Komada, est un objectif et un processus pour bâtir une vision commune de la société.  Les instruments pour y parvenir, a-t-il précisé, comprennent un lien entre la paix, le développement et les droits de l’homme, l’appropriation nationale et des partenariats stratégiques étroits avec diverses parties prenantes.  La prévention pourrait contribuer à économiser d’énormes ressources nécessaires pour le développement durable qui, à son tour, pourrait empêcher que le conflit ne reprenne. 

M. MICHAEL MAVROS (Chypre) a jugé indéniable que l’ONU compose avec un nombre sans précédent de conflits, ce qui pose un obstacle de taille aux efforts visant à réorienter les ressources et les fonds vers la prévention des conflits.  Convaincu qu’un des éléments les plus importants de la paix durable est le leadership politique en temps opportun, le représentant a estimé que le nouveau Secrétaire général et le Conseil de sécurité devaient ouvrir la voie aux nouveaux consensus politiques à l’heure des urgences humanitaires. 

Pour sa délégation, le Conseil doit explorer les moyens d’améliorer son aptitude à prévenir les conflits et de faciliter l’ouverture du dialogue au niveau politique, dans le respect de l’appropriation nationale.  En outre, la prévention des conflits doit être menée aussi dans le respect des principes de neutralité, d’objectivité et d’impartialité à l’échelle du système des Nations Unies, a suggéré M. Mavros. 

Enfin, a ajouté le représentant, une approche large et inclusive de la prévention des conflits doit être privilégiée, qui incorpore les éléments de base du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a déclaré que des approches plus proactives sont nécessaires pour faire face à la prévention des conflits et une volonté politique forte est nécessaire pour la faire avancer.  La représentante s’est félicitée de l’attention et de l’engagement accrus du Conseil de sécurité au rôle des femmes et des filles dans la prévention et le règlement des conflits.  Elle a ensuite attiré l’attention du Conseil sur son débat public de juillet 2015 portant sur les défis de la paix et de la sécurité des petits États insulaires en développement qui a révélé les nouvelles dimensions de l’analyse de la sécurité dans les régions des petits États insulaires en développement (PEID). 

Ces dimensions ne devraient pas être un événement isolé, a averti la représentante.  Elles doivent être comprises dans le contexte de ces régions où la fragilité s’empire.  Elle a exhorté le Conseil à ne pas se limiter à réaffirmer son engagement en faveur de la prévention des conflits, mais aussi à prendre compte de la situation des petits États insulaires dans ses travaux futurs.

M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a dit que si les objectifs de développement étaient mis en œuvre, ils pouvaient être un moyen de prévention puissant.  Il en va de même pour les obligations des Nations Unies en matière de droits de l’homme.  Dans le même temps, l’écart entre les engagements de mise en œuvre du développement durable et les violations constantes des droits de l’homme sont des signaux d’alerte précoce qui peuvent constituer une base pour l’ONU de prendre des mesures préventives.

Le représentant a ajouté que la justice transitionnelle était une condition préalable pour consolider la paix et prévenir les conflits.  Elle diminue la probabilité que les sociétés postconflit retombent dans un conflit.  En outre, la dissuasion est un outil de prévention clef et l’une des principales réalisations de la Cour pénale internationale (CPI) lorsqu’il s’agit de prévenir les atrocités de masse. 

M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée) a estimé que le Conseil de sécurité devrait agir avec l’impartialité et l’objectivité nécessaires à l’accomplissement de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a attiré l’attention sur l’attitude du Conseil à l’égard de la question de la péninsule coréenne où ont lieu des tensions très graves.  Personne ne sait si une guerre nucléaire va se déclencher, du fait des manœuvres des États-Unis, a-t-il dit en dénonçant les exercices militaires de ce pays qui menacent la sécurité de la RPDC.  Il a indiqué que sa délégation avait saisi le Conseil de sécurité plusieurs fois à ce sujet pour demander la convocation d’une réunion d’urgence, sans toutefois y réussir.

M. Kim a expliqué qu’en raison des menaces nucléaires posées par les États-Unis depuis les années 1950, son pays n’avait pas d’autre choix que d’opter pour l’arme nucléaire.  Il a estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait pas dire que des activités nucléaires et balistiques constituent une menace à la paix et à la sécurité mondiales, en arguant qu’il n’y a aucune disposition en ce sens dans la Charte des Nations Unies, ni aucune norme du droit international.  Pour répondre à cette objection, le Secrétariat des Nations Unies a seulement mentionné l’Article 39 de la Charte, a-t-il fait remarquer, en s’étonnant qu’il n’ait pas répondu aux questions posées par son pays dans une lettre du 20 décembre 2016 adressée au Secrétaire général adjoint aux affaires politiques.  De l’avis de sa délégation, l’Article 39 ne peut pas motiver juridiquement les résolutions qui ont prévu des sanctions.  Ces résolutions, a-t-il soutenu, sont sans fondement juridique et immorales.  Pour le représentant de la RPDC, les essais nucléaires et tirs de roquettes par son pays ne sont que l’exercice d’un droit légitime prévu dans la Charte des Nations Unies.

Le représentant du Venezuela a regretté que son homologue du Maroc ait proféré des injures contre son pays.  Cette attitude est regrettable de la part du Maroc qui a tendance à agir de la sorte lorsqu’il est fait référence à la question du Sahara occidental, a-t-il dit.  La communauté internationale attend depuis 25 ans l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination au Sahara occidental, a tenu à rappeler le représentant du Venezuela. 

Le représentant du Maroc a répondu au Venezuela en invoquant l’Article 24 de la Charte des Nations Unies qui confère la responsabilité du maintien de la paix aux membres du Conseil de sécurité, qui agissent, a-t-il rappelé, au nom des Membres des Nations Unies.  Il a regretté qu’un État Membre, ayant siégé au sein de ce Conseil, se soit focalisé sur son pays.  Il a expliqué que les peuples des provinces du sud du Maroc vivent dans la paix et la quiétude, ce qui n’est pas le cas, a-t-il affirmé, pour les habitants du Venezuela qui doivent quitter le pays à cause du manque de produits alimentaires et de médicaments.  « Un pays qui tue ses propres magistrats ne peut pas agir pour la paix et la sécurité dans le monde », a-t-il fait remarquer avant de conclure.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: le Conseil de sécurité se félicite de la signature de l’« accord politique global et inclusif » et compte sur sa mise en œuvre rapide

7856e séance – après-midi 
CS/12667

RDC: le Conseil de sécurité se félicite de la signature de l’« accord politique global et inclusif » et compte sur sa mise en œuvre rapide

Le Conseil de sécurité s’est félicité, cet après-midi, dans une déclaration présidentielle, de la signature, le 31 décembre 2016 à Kinshasa, de l’« accord politique global et inclusif », un accord qui œuvre, a-t-il dit, « en faveur de la stabilité, de la paix, du développement et de la consolidation de la démocratie constitutionnelle en République démocratique du Congo ». 

Le Conseil, dans sa déclaration lue au nom de tous ses membres par son président pour le mois de janvier, M. Olof Skoog, de la Suède, « salue les efforts inlassables qu’ont déployés les médiateurs de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) pour faciliter cet accord », lequel fait suite à l’accord politique conclu le 18 octobre 2016 sous les auspices de l’Union africaine.

Le Conseil compte que l’accord sera mis en œuvre « sans délai, en toute bonne foi et dans son intégralité », afin que soient organisées, au plus tard en décembre 2017, des élections présidentielle et législatives nationales et provinciales.

Le Conseil souligne l’importance pour le Gouvernement de la RDC et de ses partenaires nationaux de prendre « sans plus attendre toutes les mesures nécessaires pour accélérer les préparatifs des élections, conformément au calendrier convenu ».  En outre, il « insiste sur l’importance d’associer les femmes au suivi et à la mise en œuvre de l’accord ».

Il « engage en outre les partis politiques qui ne l’ont pas encore fait à signer l’accord ».

Au cours de cette première séance de l’année 2017 du Conseil de sécurité, le Président a souhaité la bienvenue aux nouveaux membres non permanents autre que le sien, la Suède, qui entament leur mandat, à savoir la Bolivie, l’Éthiopie, l’Italie et le Kazakhstan.

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité se félicite de la signature, le 31 décembre 2016 à Kinshasa, de « l’accord politique global et inclusif », qui fait suite à l’accord politique conclu le 18 octobre 2016 sous les auspices de l’Union africaine, et salue les efforts inlassables qu’ont déployés les médiateurs de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) pour faciliter cet accord.

Le Conseil juge encourageant l’esprit de souplesse et de compromis dont ont fait preuve les dirigeants politiques congolais en concluant cet accord en faveur de la stabilité, de la paix, du développement et de la consolidation de la démocratie constitutionnelle en République démocratique du Congo, et demande à toutes les parties congolaises intéressées de préserver cet esprit lors des débats à venir en vue de régler rapidement toutes les questions pendantes, en particulier les modalités pratiques de la gestion inclusive de l’exécutif au cours des périodes préélectorale et électorale. Il engage les partis politiques qui ne l’ont pas encore fait à signer l’accord.

Le Conseil compte que l’accord sera mis en œuvre sans délai, en toute bonne foi et dans son intégralité, conformément à la Constitution congolaise et à sa résolution 2277 (2016), afin que soient organisées, au plus tard en décembre 2017, des élections présidentielle et législatives nationales et provinciales qui soient crédibles et inclusives, se déroulent dans le calme et en temps voulu et conduisent à une passation pacifique des pouvoirs. Il souligne qu’il importe que le Gouvernement de la République démocratique du Congo et ses partenaires nationaux prennent sans plus attendre toutes les mesures nécessaires pour accélérer les préparatifs des élections, conformément au calendrier convenu. Il insiste sur le fait qu’il importe que les femmes soient associées au suivi et à la mise en œuvre de l’accord.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.

Le Conseil demande aux amis et aux partenaires de développement de la République démocratique du Congo d’appuyer les efforts que déploient les autorités nationales pour instaurer durablement la paix et la sécurité dans le pays.

Le Conseil réaffirme sa volonté d’appuyer la mise en œuvre de l’accord, en étroite coopération avec l’Union africaine, et sa détermination à continuer de suivre attentivement l’évolution de la situation en République démocratique du Congo, tout particulièrement au regard du respect des droits de l’homme, des conditions de sécurité sur le terrain et des efforts déployés pour mener à bonne fin le processus électoral, et se dit prêt agir en conséquence.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité entérine les efforts de la Fédération de Russie et de la Turquie pour mettre fin à la violence en Syrie et lancer un processus politique

7855e séance – après-midi     
CS/12663

Le Conseil de sécurité entérine les efforts de la Fédération de Russie et de la Turquie pour mettre fin à la violence en Syrie et lancer un processus politique

Porte-plume du texte, la Fédération de Russie veut faire de 2017 « l’année du règlement de la crise syrienne »

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, salué et appuyé les efforts de la Fédération de Russie et de la Turquie pour mettre fin à la violence en Syrie et lancer un processus politique dans ce pays déchiré par un conflit depuis 2011.

En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2336 (2016), le Conseil prend également note d’un ensemble de documents* négociés et publiés par la Fédération de Russie et la Turquie le 29 décembre, dont une « déclaration sur l’instauration de la cessation des hostilités sur le territoire de la République arabe syrienne ».

Le représentant de la Fédération de Russie, qui avait présenté le texte, a remercié les membres du Conseil de leur soutien, voyant dans cette unanimité, après celle qui avait accueilli la résolution 2328 (2016), la preuve que cet organe est capable de dépasser les querelles de « propagande » pour faire preuve d’unité.  Insistant sur la nécessité de se montrer « constructif » à l’avenir, la délégation russe a déclaré que 2017 devait être « l’année du règlement de la crise syrienne ».

Son homologue des États-Unis a fait montre d’un « optimisme plus prudent », « tempéré par le besoin réaliste » d’insister sur la « nécessité technique de la mise en œuvre » de ce texte.  Elle a espéré que ce cessez-le-feu tiendrait bon, se disant préoccupée à cet égard par les informations faisant état d’une offensive du régime soutenue par la milice Hezbollah à Wadi Barada.  

Le Royaume-Uni et l’Ukraine se sont faits également l’écho de ces incidents sécuritaires.  Parmi les documents agréés par la doublette russo-turque, figure un accord concernant la création d’un « mécanisme d’enregistrement des violations de la cessation des hostilités » et d’un « régime de sanctions ».

La France a, de son côté, appelé les « garants » de l’« accord de trêve », la Fédération de Russie et la Turquie, à assumer pleinement leurs responsabilités.  Mais la principale préoccupation de Paris tient à l’adhésion réelle des parties syriennes à cet accord et au processus politique, tant leur niveau d’engagement paraît « incertain ».  « Nous considérons que la cessation des hostilités doit s’appliquer à l’ensemble des groupes armés, à la seule exclusion de ceux désignés comme terroristes par le Conseil de sécurité », a précisé le représentant.

Selon lui, « les groupes armés qui ne sont pas parties à la cessation des hostilités ne sauraient, de ce fait, être considérés comme terroristes », le représentant rappelant que le Haut Comité des négociations (HCN) est le représentant « légitime » de l’opposition syrienne.

Aux termes de la résolution adoptée aujourd’hui, le Conseil de sécurité attend avec intérêt la réunion qui se tiendra, à la fin du mois janvier à Astana, au Kazakhstan, entre le Gouvernement syrien et les représentants de l’opposition, réunion « qu’il considère comme une composante importante du processus politique sans exclusive dirigé par les Syriens et facilité par l’Organisation ».

Les membres ont souligné l’importance que revêtira cette échéance, que la Chine et la France ont identifiée comme une première étape vers la reprise des négociations entre les parties au conflit, le 8 février prochain, sous l’égide de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura. 

Au nombre des autres documents négociés et agréés par Moscou et Ankara et dont le Conseil a pris note aujourd’hui, on compte également un accord concernant la « formation de délégations » chargées d’entamer des négociations relatives à un règlement politique de la crise syrienne.

« Nous quittons le Conseil de sécurité confiants que cette résolution permettra des avancées durables », s’est enfin félicité le représentant de l’Espagne, dont la présidence du Conseil s’achève ce soir à minuit, et, simultanément, son mandat de membre non permanent.

 

* S/2016/1133

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Lettre datée du 29 décembre 2016, adressée au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité par le Représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l’Organisation des Nations Unies et le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de la Turquie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/1133)

Texte du projet de résolution (S/2016/1138)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures et les déclarations de son président sur la situation en République arabe syrienne, en particulier les résolutions 2254 (2015) et 2268 (2016), ainsi que le Communiqué de Genève du 30 juin 2012,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne, et aux buts et principes de la Charte des Nations Unies,

Prenant note de la déclaration commune des Ministres des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, de la Fédération de Russie et de la République turque du 20 décembre 2016,

Notant avec satisfaction les efforts de médiation entrepris par la Fédération de Russie et la République turque pour faciliter l’instauration d’un cessez-le-feu en République arabe syrienne,

Demandant à nouveau à toutes les parties de donner immédiatement aux organismes humanitaires un accès rapide, sûr et sans entrave à l’ensemble du territoire syrien, comme indiqué dans ses résolutions sur la question,

Réaffirmant que la seule solution propre à régler durablement la crise en République arabe syrienne passe par un processus politique sans exclusive, dirigé par les Syriens, fondé sur le Communiqué de Genève du 30 juin 2012, comme préconisé dans ses résolutions 2118 (2013), 2254 (2015) et 2268 (2016), ainsi que dans les déclarations du Groupe international de soutien pour la Syrie sur la question,

1.    Salue et appuie les efforts déployés par la Fédération de Russie et la République turque pour mettre fin à la violence en République arabe syrienne et lancer un processus politique, et prend note des documents qu’elles ont publiés à cet égard (S/2016/1133);

2.    Souligne qu’il importe d’appliquer pleinement toutes ses résolutions sur la question, en particulier les résolutions 2254 (2015) et 2268 (2016);

3.    Attend avec intérêt la réunion qui se tiendra à Astana, au Kazakhstan, entre le Gouvernement de la République arabe syrienne et les représentants de l’opposition, qu’il considère comme une composante importante du processus politique sans exclusive dirigé par les Syriens et une étape majeure en vue de la reprise, à Genève le 8 février 2017, des négociations organisées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies;

4.    Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a salué les efforts déployés par la Fédération de Russie, se disant favorable à un accord de cessation des hostilités si un accès humanitaire est ménagé aux populations civiles.

Elle a toutefois indiqué que davantage d’informations étaient nécessaires, regrettant que les annexes à l’accord ne soient pas encore disponibles.  « Mais nous avons voté pour cette résolution, car elle établit un juste équilibre », ont expliqué les États-Unis, exprimant un « optimisme prudent et un soutien fondé sur l’espoir », mais « tempéré par le besoin réaliste » d’insister sur la « nécessité technique de sa mise en œuvre ». 

La délégation a espéré que ce cessez-le-feu serait maintenu et ne servira pas de justification à d’autres infractions inacceptables.  À cet égard, les États-Unis sont préoccupés par les informations faisant état d’une offensive du régime soutenue par la milice Hezbollah à Wadi Barada.

Le deuxième paragraphe souligne la pleine mise en œuvre des résolutions 2254 (2015) et 2268 (2016), de même, la réunion d’Astana doit porter directement sur ce processus « onusien », a affirmé la représentante américaine. 

M. ALEXIS LAMEK (France) a affirmé que son pays, favorable à toute initiative permettant de sauver des vies civiles en Syrie, et qui avait proposé, dans cet esprit, le 16 décembre, un projet de résolution visant à déployer un dispositif de surveillance des évacuations à Alep, avait voté en faveur de cette résolution.

La France, a-t-il dit, espère que cet accord de cessez-le-feu sera mis en œuvre de façon effective immédiatement et appelle les « garants » à assumer pleinement leurs responsabilités à cet égard.

Toutefois, a-t-il estimé, le texte de l’accord russo-turc, tel que partiellement présenté hier au Conseil de sécurité, comporte toujours des zones d’ombre.  La principale préoccupation de la France tient à l’adhésion réelle des parties syriennes à cet accord de trêve. 

Le niveau d’engagement des parties dans cette trêve, a-t-il expliqué, paraît particulièrement incertain, et sa mise en œuvre, fragile.  En particulier, la France considère que la cessation des hostilités doit s’appliquer à l’ensemble des groupes armés, à la seule exclusion des groupes désignés comme terroristes par le Conseil.  Les groupes armés qui ne sont pas parties à la cessation des hostilités ne sauraient, de ce fait, être considérés comme terroristes.

De même, selon la délégation française, il est indispensable que la surveillance du respect du cessez-le-feu intervienne en coordination avec les Nations Unies.  La France reste ainsi à la disposition des « garants » pour examiner les moyens d’un mécanisme de surveillance rigoureux et impartial.

Tous les efforts de la communauté internationale doivent maintenant viser à faciliter la reprise des négociations, le 8 février, sous l’égide de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura.  La réunion d’Astana pourra constituer une première étape utile à cet égard, a considéré le représentant français, rappelant que le Haut Comité des négociations (HCN) était le représentant légitime de l’opposition syrienne et ne saurait en être exclu.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) s’est félicité de l’appui unanime apporté par le Conseil à une résolution visant à atténuer les souffrances du peuple syrien et à relancer le processus de paix.  Mais il reste des incertitudes quant aux groupes qui seront invités à y prendre part et davantage de clarté sera nécessaire à l’avenir, a ajouté le représentant.

M. PETER WILSON (Royaume Uni) a indiqué que son pays soutiendrait toute démarche visant à une cessation des hostilités sur l’ensemble du territoire syrien.  Il s’est inquiété des informations faisant état d’accrochages sur le terrain.  Il a estimé que certains aspects de la résolution adoptée méritaient d’être tirés au clair. 

Il a mis l’accent sur le rôle des Nations Unies en matière de surveillance an appelant la Fédération de Russie et la Turquie à veiller à des mesures de surveillance indépendante.  Il a jugé indispensable que toutes les parties respectent la résolution 2268 (2016) adoptée ce mois-ci. 

Le représentant britannique a dit que son pays appuierait tout accord politique inclusif permettant de mettre un terme au bain de sang en Syrie.  Il a espéré que la préservation de ce cessez-le-feu servirait de base à un processus politique plus large.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a dit que la résolution adoptée était une contribution réelle à la paix et à la sécurité.  Il a félicité la Fédération de Russie pour son rôle central et la Turquie pour s’être jointe à cet effort.  Même s’il n’y a pas d’accord parfait, le représentant de l’Angola a espéré que les efforts observés serviront le bien commun du peuple syrien.  Il a ajouté que cette résolution constituait un pas important vers une paix durable en rappelant que la solution à la crise syrienne ne pouvait être que politique.  

M. ALFREDO TORO (Venezuela) s’est félicité de la tenue, fin janvier 2017, de la réunion d’Astana entre le Gouvernement syrien et l’opposition, et a formé tous ses vœux de succès à cet égard.  Il est particulièrement important que l’accord de cessation des hostilités soit intégré aux efforts déployés par l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura, a ajouté le délégué, avant de se féliciter de quitter le Conseil de sécurité après avoir apporté son soutien à cette résolution.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a apporté son soutien aux efforts déployés pour mettre fin au « bain de sang » en Syrie.  Mais pour mettre en œuvre la cessation des hostilités, il faudra atteindre un niveau de confiance qui fait actuellement défaut actuellement entre les parties, comme en témoignent des accrochages signalés à Wadi Barada.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a salué l’adoption de cette résolution, tout en estimant que ce texte aurait pu être amélioré.  Il a dit l’importance de garantir aussi la mise en œuvre des résolutions 2254 (2015) et 2268 (2016) du Conseil de sécurité en appelant à la plus grande transparence du processus de négociations qui débutera à Astana. 

Il a jugé indispensable que ce processus de négociations se tienne sous les auspices des Nations Unies.  Il a espéré que 2017 permettrait de parvenir à une cessation durable des hostilités en Syrie.  

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a indiqué que son pays avait appuyé toutes les résolutions soumises au Conseil de sécurité pour mettre fin aux hostilités en Syrie.  Il a estimé que ce texte constituait un pas dans la bonne direction même s’il ne mènera certainement pas à une cessation complète des violences. 

« Il nous faut des intentions réelles pour aboutir à un règlement total », a-t-il insisté.  Il a estimé que la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et le Communiqué de Genève de 2012 restaient les bases de tout règlement du conflit en Syrie.  Il a estimé qu’il n’y avait pas de solution militaire à la crise syrienne et a appelé à des pourparlers libres de toute intervention étrangère et respectueuse de l’intégrité  territoriale de la Syrie.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a rappelé qu’il n’existait aucune solution militaire au conflit.  Aussi, sa délégation s’est-elle réjouie de la résolution présentée aujourd’hui par la Fédération de Russie.  Il a souligné l’attachement de son pays à la nécessité de ménager un accès sûr et sans entrave à l’assistance humanitaire, estimant que ce texte constituait un « cadeau » pour le peuple syrien.

M. WU HAITAO (Chine) s’est félicité de l’adoption par le Conseil de la résolution 2336 (2016), espérant que l’accord de cessez-le-feu serait mis en œuvre.  La délégation a demandé l’application intégrale des résolutions 2254 (2015) et 2268 (2016) et a souhaité un franc succès à la réunion d’Astana, considérée comme une étape nécessaire à la reprise, le 8 février 2017 à Genève, des négociations organisées sous l’égide de l’ONU. 

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) s’est félicitée des efforts consentis par la Fédération de Russie et la Turquie pour servir de médiatrices de la cessation des hostilités.  Elle a estimé que seule une solution politique permettrait de mettre un terme à ce conflit.  Elle a espéré que le processus d’Astana permettrait de parvenir à une résolution durable de ce conflit.  Elle a espéré que l’élan positif du Conseil de sécurité observé depuis quelques semaines contribuerait à diminuer les souffrances du peuple syrien. 

M. KORO BESSHO (Japon) s’est félicité des efforts consentis par la Fédération de Russie et la Turquie pour parvenir à une cessation complète des hostilités.  Il a jugé indispensable que soit mise en œuvre la résolution 2268 (2016), adoptée il y a quelques semaines dans le but de faciliter la distribution de l’aide humanitaire. 

Dans ce contexte, le représentant du Japon a exhorté le Gouvernement syrien à prendre des mesures pour garantir un accès sans entrave de l’aide humanitaire.  Citant l’importance du paragraphe 3 de la résolution adoptée aujourd’hui, il a espéré que les négociations qui doivent débuter en janvier à Astana permettront la participation de toutes les parties prenantes. 

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a remercié tous les membres du Conseil de leur soutien à la résolution 2236 (2016), ainsi que la Turquie.  « Terminer l’année en adoptant l’une après l’autre deux résolutions importantes à l’unanimité montre que nous sommes capables de nous élever au-dessus des querelles de ‘propagande’ et de faire preuve d’unité. »

Le représentant s’est félicité de la tenue, fin janvier, de la réunion d’Astana, au Kazakhstan, soulignant qu’il était très important que le Conseil de sécurité appuie les efforts de la Fédération de Russie et de la Turquie.  Le délégué a, en conclusion, rappelé à quel point le processus enclenché par les deux pays avait été « difficile », « mais nous sommes arrivés à un résultat constructif ». 

« Si vous ne pouvez pas aider », a-t-il déclaré aux membres du Conseil, alors je vous en prie, « abstenez-vous » d’empêcher les choses de se faire à l’avenir.  « Vous savez que cela n’est pas constructif », a-t-il insisté. 

Le représentant russe a affirmé que nous devons maintenant œuvrer à faire de 2017 l’année du règlement de la crise syrienne.  Si la communauté internationale agit avec l’intérêt du peuple syrien à l’esprit, « alors nous parviendrons à un résultat ».

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a remercié la Turquie et la Fédération de Russie pour les efforts consentis en vue de faire progresser la solution politique en Syrie.  Il a jugé indispensable que le suivi du cessez-le-feu se fasse de manière transparente et impartiale en rendant compte au Conseil de sécurité.  Il a dit que l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura, ne devait pas seulement être associé aux négociations futures à Astana mais devrait être un acteur central de ces négociations en veillant, notamment, au respect de la résolution 2254 (2015).  

Le représentant de l’Espagne a, par ailleurs, souligné l’importance de l’Union européenne qui « a beaucoup apporté » aux négociations et sera un acteur essentiel de la reconstruction de la Syrie lorsque les conditions politiques seront réunies.  « Nous quittons le Conseil de sécurité  aujourd’hui confiants que cette résolution permettra des avancées durables », a insisté le représentant de l’Espagne, dont le pays assurait, au mois de décembre, la présidence du Conseil de sécurité.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.