En cours au Siège de l'ONU

7862e séance – matin    
CS/12681

Le Chef de l’UNOWAS, M. Mohamed Ibn Chambas, salue la montée d’une « marée démocratique » en Afrique, en dépit de la situation en Gambie

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), M. Mohamed Ibn Chambas, a salué, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, la montée d’une véritable « marée démocratique » en Afrique, en prenant pour exemple le bon déroulement des élections présidentielles au Ghana et à Cabo Verde.  Il a également indiqué que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envisageait tous les moyens nécessaires, « y compris le recours à la force », pour que la volonté du peuple soit respectée en Gambie.

Venu présenter le dernier rapport* du Secrétaire général sur les activités de son Bureau, le Représentant spécial a insisté sur les nombreux progrès réalisés dans la région.  « Les citoyennes et citoyens de la région ont démontré leur maturité et leur volonté d’exercer librement et pacifiquement leur droit de choisir leurs dirigeants », a-t-il estimé, sur un ton résolument optimiste.  M. Chambas a salué Cabo Verde et le Ghana, qui ont confirmé « leur statut de modèle dans la région, et au-delà », en menant à bien des élections dans le strict respect des normes et standards en la matière. 

« Malgré une période préélectorale marquée par moment par de fortes tensions politiques, a-t-il déclaré, le peuple ghanéen a été à la hauteur de sa réputation d’organisateur d’élections servant d’inspiration à la montée de la marée de la démocratie dans tout le continent africain. »  Le Chef de l’UNOWAS a salué la « manière distinguée » avec laquelle le Président sortant John Dramani Mahama a accepté les résultats et salué la victoire du nouveau Président Nana Addo Dankwa Akufo-Addo.  Si le « mérite revient au peuple du Ghana », le Représentant spécial a tenu à souligner l’appui des partenaires régionaux et internationaux du pays pour aboutir à cette avancée.

Le Représentant spécial est revenu sur l’élection présidentielle du 1er décembre en Gambie et sur la « joie » éprouvée devant la proclamation des résultats par la Commission électorale indépendante et le discours du Président Yahya Jammeh du 2 décembre dans lequel ce dernier reconnaissait sa défaite.  « Inversement, nous avons été attristés par la rapidité de la crise politique à la suite du revirement de situation qui a conduit le Président Jammeh à rejeter les résultats de l’élection, en citant des irrégularités, pour finalement demander la tenue d’une nouvelle élection et déposer une demande en vue de l’annulation des résultats de l’élection du 1er décembre », a-t-il déploré.

M. Chambas a détaillé les efforts internationaux en vue d’assurer une transition pacifique du pouvoir entre le Président sortant et le Président élu Barrow.  Le 17 décembre, la CEDEAO a ainsi entériné les résultats de l’élection du 1er décembre et décidé de prendre toutes les mesures nécessaires pour qu’ils soient respectés, a-t-il poursuivi.  Son Bureau, a-t-il ajouté, appuie pleinement la médiation de la CEDEAO.

Une délégation de haut niveau s’est rendue, aujourd’hui, à Banjul en vue de persuader le Président Jammeh de respecter les résultats de l’élection et d’abandonner le pouvoir, a précisé le Chef de l’UNOWAS, en assurant que la CEDEAO était déterminée en ce qui concerne ce dossier.  M. Chambas a déclaré que la CEDEAO avait l’intention, « si cela était jugé nécessaire », de rechercher l’approbation du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, y compris son accord formel pour déployer des troupes en Gambie.

En Guinée, le Représentant spécial s’est dit préoccupé par le report des élections locales, qui devaient se tenir en février 2017 en vertu de l’accord politique du 12 octobre.  Il y a encore un manque de consensus entre le parti dirigeant et l’opposition sur le système de scrutin, a-t-il avancé.  En outre, les amendements au Code électoral, nécessaires pour la tenue des élections en février 2017, n’ont toujours pas été adoptés.  M. Chambas a indiqué que son Bureau continuerait d’engager les parties prenantes guinéennes pour qu’elles mettent en œuvre les dispositions de l’accord du 12 octobre.

« Ailleurs dans la région, un certain nombre de pays ont entrepris les efforts visant à modifier leur constitution et à jeter les bases de sociétés démocratiques, prospères et inclusives », a poursuivi le Chef de l’UNOWAS.  M. Chambas a promis l’appui de son Bureau à de tels efforts, dans le droit fil de la vision de la CEDEAO qui vise à passer « d’une CEDEAO des États à une CEDEAO des peuples ».

M. Chambas a ensuite déploré la fréquence accrue des attaques de Boko Haram, qui entravent le retour des personnes déplacées dans leurs foyers.  Avec la libération de nouvelles zones, l’ampleur de la tragédie n’en est que plus visible, a-t-il estimé, en insistant sur le risque de famine encouru par des centaines de milliers d’enfants.  Le Chef de l’UNOWAS a rappelé que le plan d’action humanitaire pour le Nigéria n’était financé qu’à hauteur de 37%.  « Vous conviendrez que nous pouvons et devons faire mieux. »

Le Représentant spécial a ensuite exhorté les partenaires internationaux à appuyer la consolidation démocratique et économique au Burkina Faso, en vue de parvenir à une matérialisation des dividendes de la paix dans un environnement sécuritaire régional volatile.  M. Chambas a affirmé que son but était de faire en sorte que les sociétés émergeant d’un conflit ne renouent pas avec la crise, ce qui aurait pour effet de compromettre les gains de la paix et de la démocratie.

« Le 6 janvier dernier, il a été préoccupant de voir, dans la Côte d’Ivoire voisine, d’anciens combattants, qui avaient été intégrés dans les forces armées, essayer de prendre le contrôle de la ville de Bouaké en raison d’un contentieux lié à leur rémunération », a-t-il déclaré.  Le Représentant spécial a précisé que son Bureau contribuait activement à l’élaboration d’une stratégie pour la pérennisation de la paix au Burkina Faso, dans le droit fil des résolutions identiques du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale adoptées en 2016 sur la pérennisation de la paix.

« Mon Bureau apportera son appui à la stabilisation régionale, y compris par le biais de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel », a assuré M. Chambas, en précisant que l’examen de cette stratégie avait été achevée à la fin de l’année dernière.  Il a réaffirmé l’engagement de son Bureau à coordonner et promouvoir une approche holistique dans la région en vue de remédier aux causes profondes de l’instabilité.

L’UNOWAS continuera de renforcer sa coopération avec les partenaires régionaux et sous-régionaux, conformément aux recommandations formulées par le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies, a-t-il poursuivi.  M. Chambas a indiqué que son Bureau avait d’ores et déjà approfondi son partenariat avec le G5 Sahel, en apportant, notamment, un appui à sa cellule régionale pour la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent.

Le Représentant spécial a déclaré que son Bureau coopérait étroitement avec les autres missions de l’ONU dans la région, dans le contexte du retrait de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL).  Enfin, il a indiqué que la Commission mixte Cameroun-Nigéria poursuivait ses efforts en vue d’établir une démarcation définitive de la frontière entre ses deux pays.  « Cette commission, a estimé M. Chambas, est un exemple lumineux de ce qu’un engagement à long terme et une coopération efficace peuvent accomplir. »

Prenant à son tour la parole, le représentant de l’Uruguay, M. Luis Bermúdez, a salué la contribution du Sénégal, qui joue un rôle de médiateur dans les crises régionales.  Il s’est ensuite dit très préoccupé par la menace terroriste qui pèse sur la sous-région, notamment au Sahel, où la crise atteint des proportions sans précédent.  Le délégué a regretté que les dirigeants de Gambie et de Guinée-Bissau refusent de parvenir à un compromis et d’assumer les responsabilités que leurs citoyens leur ont confiées.  Après avoir félicité les efforts constructifs déployés par la CEDEAO, il a invité les Présidents gambien et bissau-guinéen à coopérer afin de trouver une issue pacifique à l’impasse politique.

* S/2016/1072

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