En cours au Siège de l'ONU

7857e séance – matin
CS/12673

Le nouveau Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, présente au Conseil de sécurité sa vision pour prévenir les conflits et faire de 2017 une année de paix

S’exprimant pour la première fois devant le Conseil de sécurité en sa qualité de Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres a livré, aujourd’hui, sa vision pour prévenir les conflits et pérenniser la paix en 2017, en défendant notamment « une montée en puissance de la diplomatie » et en s’engageant à remédier à la fragmentation de l’action de l’ONU.  « Ensemble, nous devons faire preuve de leadership et renforcer la crédibilité et l’autorité des Nations Unies, en mettant la paix au-dessus de tout », a affirmé M. Guterres.

Si l’ensemble des délégations -plus de 90 pays se sont exprimés lors de ce débat tenu au niveau ministériel– ont appuyé l’appel lancé par le Secrétaire général, certaines d’entre elles ont affiché leurs divergences autour du principe de souveraineté nationale.  Pour l’une de ses dernières interventions devant le Conseil, la déléguée des États-Unis, Mme Samantha Power, y a vu une véritable « camisole de force » empêchant la prévention de violations graves des droits de l’homme.  Cette séance a également été marquée par la condamnation par la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, qui présidait les travaux du Conseil, de l’attaque meurtrière qui a frappé Kaboul aujourd’hui.

S’exprimant devant une salle comble, le Secrétaire général a entamé son intervention en soulignant la difficulté pour les responsables politiques de faire de la prévention une priorité car, a-t-il dit, elle n’attire pas suffisamment l’attention.  « Les caméras des chaînes de télévision, a-t-il regretté, ne sont pas là lorsqu’une crise est évitée. »  Selon la note de cadrage* distribuée par la présidence suédoise, la communauté internationale ne consacre à la prévention qu’une « fraction » des montants engagés dans les opérations de maintien de la paix.

M. Guterres a indiqué que, face à des conflits qui peuvent rapidement revêtir des dimensions régionales et transnationales, la réponse de l’ONU était encore fragmentée.  « À l’avenir, nous devons en faire beaucoup plus pour prévenir la guerre et pérenniser la paix », a recommandé le Secrétaire général.  Il a détaillé son action à cette fin, en insistant sur la nomination d’un Conseiller spécial politique, qui devra utiliser les capacités de prévention de l’ONU « en vue d’une détection et d’une action précoces ». 

Le Secrétaire général a également demandé au Conseil de sécurité de faire un plus grand usage des options figurant au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies.  M. Guterres s’est engagé à promouvoir une relation de confiance entre les États Membres et l’ONU et à améliorer les échanges avec le Conseil « de manière constante, honnête et transparente ».  Enfin, M. Guterres a déclaré qu’une action préventive était « essentielle » pour empêcher les atrocités de masse.  La prévention devrait être considérée comme une valeur en soi, a-t-il dit.

Ce point de vue a été appuyé par la déléguée des États-Unis.  La souveraineté nationale, a-t-elle estimé, ne peut servir de « bouclier » pour garantir l’impunité de certains acteurs.  À l’instar de plusieurs intervenants, le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, M. Sergiy Kyslytsya, a déploré l’inaction du Conseil de sécurité devant la « boucherie » à Alep, en raison du veto exercé, à six reprises, « par le même membre permanent du Conseil ».  Le Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, M. Edgars Rinkēvičs, a dénoncé, quant à lui, « l’agression » commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.

Le représentant de la Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin, a relevé que le principe de souveraineté nationale avait été mis à mal lors de l’invasion en Iraq ou pendant l’intervention en Libye, avec des conséquences qui se font ressentir à travers tout le nord du continent africain.  « Quant à la crise ukrainienne, elle n’aurait pas eu lieu si les pays occidentaux n’avaient pas tenté d’imposer à ce pays ce qu’il devait faire », a estimé le délégué.  Le représentant de la Bolivie, M. Sacha Sergio Llorentty Solíz, s’est lui aussi interrogé sur les conséquences de « l’interventionnisme » et dénoncé l’« exceptionnalisme » prôné par les États-Unis.

À l’instar du Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Nobuo Kishi, les intervenants ont été nombreux à encourager le Secrétaire général à utiliser les instruments prévus par la Charte aux fins de prévention.  « Dites-nous ce que nous devons savoir, et non pas ce que nous voulons entendre », a résumé Mme Wallström, en s’adressant à M. Guterres.  Les délégations l’ont également invité à remédier à la fragmentation institutionnelle du système des Nations Unies, une tâche jugée « absolument essentielle » par le Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, M. Workneh Gebeyehu.  L’Éthiopie, la Bolivie, l’Italie et le Kazakhstan sont membres du Conseil pour un mandat de deux ans depuis le 1er janvier.

Le Ministre éthiopien a, en outre, salué l’attachement du Secrétaire général au partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, dont le rôle clef a également été souligné par le Secrétaire d’État de la France au commerce extérieur, la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger, M. Matthias Fekl.  « Nous espérons sincèrement qu’il contribuera à maintenir et à renforcer l’élan impulsé par son prédécesseur », a indiqué M. Gebeyehu.  Enfin, soulignant la gravité de la menace posée par les changements climatiques, plusieurs pays, dont les États fédérés de Micronésie, ont exhorté le Secrétaire général à nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité.

* S/2017/6

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Prévention des conflits et pérennisation de la paix

Lettre datée du 4 janvier 2017, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Suède auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/6)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que l’ONU avait été créée pour prévenir la guerre par le biais d’un ordre international reposant sur des règles contraignantes.  « Aujourd’hui, cet ordre est gravement menacé. »  Il a, en particulier, insisté sur les coûts très lourds des conflits et déploré que la réponse aux conflits, plutôt que leur prévention, absorbe l’essentiel des ressources.  « Les populations payent un prix trop élevé.  Vous, les États Membres, payez un prix trop élevé.  Nous avons besoin d’une nouvelle approche. »

Le Secrétaire général a souligné la difficulté pour les responsables politiques de faire de la prévention une priorité, « peut-être parce que la prévention n’attire pas l’attention ».  « Les caméras des chaînes de télévision ne sont pas là lorsqu’une crise est évitée », a-t-il fait observer.

M. Guterres a indiqué que les conflits actuels étaient souvent d’ordre interne, même s’ils peuvent rapidement revêtir des dimensions régionales et transnationales.  Ils sont alimentés par la concurrence pour le pouvoir et les ressources, la marginalisation et l’exclusion, une gouvernance déficiente, des institutions fragiles et des divisions sectaires, a-t-il dit.  Ces conflits, a-t-il ajouté, sont exacerbés par les changements climatiques, la croissance démographique et la mondialisation de la criminalité et du terrorisme.  « Avec tant de facteurs en jeu, un rien peut déclencher une crise susceptible de submerger un pays et une région, avec des conséquences mondiales », a-t-il estimé.

Le Secrétaire général a déclaré que la réponse de l’ONU était encore fragmentée, alors que les crises actuelles exigent une convergence des efforts pour la paix et la sécurité, le développement durable et les droits humains,  « pas seulement dans les paroles mais dans les actes ».  « Nous devons rééquilibrer notre approche pour la paix et la sécurité », a insisté M. Guterres.  Cette approche a été dominée, pendant des décennies, par la réponse apportée aux conflits.  « À l’avenir, nous devons en faire beaucoup plus pour prévenir la guerre et pérenniser la paix », a recommandé le Secrétaire général.

Détaillant les réformes qu’il entend mettre en œuvre à cette fin, M. Guterres a indiqué qu’il avait commencé par réformer la procédure de prise de décisions suivie au sein du Secrétariat.  Le Comité exécutif nouvellement créé permettra d’améliorer notre capacité à intégrer tous les piliers des Nations Unies, au service d’une vision commune pour l’action.  « J’ai nommé un Conseiller spécial politique, dont la tâche principale sera d’évaluer les capacités de prévention de l’ONU et d’utiliser ces capacités au sein d’une plateforme intégrée en vue d’une détection et d’une action précoces. »  Il a précisé que ce travail permettra de faire le lien entre l’architecture de paix et de sécurité et la réforme du système de développement onusien, tout en respectant les domaines de compétence respectifs du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  « Nous avons besoin du soutien de ces deux organes pour bâtir et pérenniser la paix selon un continuum allant de la prévention, le règlement des conflits et le maintien de la paix à la consolidation de la paix et au développement de long terme. »

M. Guterres a rappelé que les activités de prévention des conflits incombaient en premier lieu aux États Membres, avant d’ajouter que l’ensemble du système des Nations Unies devrait se tenir prêt à les aider.  Les agences humanitaires et les acteurs pour le développement, a-t-il précisé, doivent travailler ensemble pour aider les États à prévenir les crises et à renforcer la résilience de leurs sociétés.  « Le dispositif fragmenté actuel ne nous donne pas la capacité de nous attaquer aux causes profondes des conflits. »  Le Secrétaire général a également jugé fondamental que les femmes et les filles participent pleinement à l’édification de sociétés inclusives et résilientes et souligné la nécessité de régler « le fléau mondial qu’est le chômage des jeunes ».

Faisant remarquer que les sociétés étaient désormais de plus en plus diverses, il a insisté sur l’importance d’investissements politiques, économiques et culturels accrus en faveur de la cohésion et de l’inclusion, « afin que les populations apprécient les aspects positifs de la diversité plutôt que de la considérer comme une menace ».  « Tous les groupes ont besoin de voir leur identité individuelle respectée, tout en ayant le sentiment qu’ils sont des membres appréciés de la communauté en son entier. »  M. Guterres a insisté à ce titre sur le rôle éminent de la société civile.

« Nous devons nous engager en faveur d’une montée en puissance de la diplomatie au service de la paix, en partenariat avec les organisations régionales, en mobilisant tous les acteurs ayant de l’influence, des autorités religieuses à la société civile et au secteur des affaires ».  Le Secrétaire général a annoncé le lancement d’une initiative visant à accroître les capacités de médiation au sein du Siège et sur le terrain et à appuyer les efforts de médiation régionaux et nationaux.  « Je demande au Conseil de sécurité de faire un plus grand usage des options figurant au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies », a-t-il dit, en l’assurant de son soutien.

M. Guterres a estimé que les efforts de médiation étaient entravés par la défiance entre États Membres et les préoccupations relatives au respect de la souveraineté nationale.  « De telles préoccupations sont compréhensibles dans un monde où le pouvoir est inégalement partagé et les principes mis en œuvre parfois de manière sélective. »  Il a affirmé que la prévention ne devrait jamais servir des objectifs politiques.  « Bien au contraire, la prévention est mieux défendue par des États souverains forts, agissant pour le bien de leurs populations », a martelé le Secrétaire général.

Il a mis en garde contre une approche de « deux poids, deux mesures » concernant les actions préventives, « ce qui ne veut pas dire, a-t-il fait remarquer, qu’il n’y ait pas de normes minimales ».  « Une action préventive est essentielle pour empêcher les atrocités de masse et les graves violations des droits humains. »  La prévention, qui devrait être considérée comme une valeur en soi, est un moyen essentiel pour réduire les souffrances humaines, a considéré le Secrétaire général.

Conscient que la coopération internationale pour la prévention dépendait de la confiance entre États Membres, et entre ceux-ci et l’ONU, M. Guterres s’est dit prêt à encourager une relation de confiance accrue et à améliorer les échanges avec le Conseil « de manière constante, honnête et transparente ».  Il a ajouté que les désaccords du passé ne devraient pas empêcher la communauté internationale d’agir.  « Ensemble, nous devons faire preuve de leadership et renforcer la crédibilité et l’autorité des Nations Unies, en mettant la paix au-dessus de tout. »

M. Guterres a encouragé le Conseil, en coopération avec la Commission de consolidation de la paix, les autres composantes du système onusien et les organisations régionales, à mener une action préventive lorsque les signaux d’alerte sont là.  « Le coût de l’inaction, a-t-il prévenu, est simplement trop élevé. »  Enfin, le Secrétaire général a affirmé que la prévention ne devrait pas être « une priorité, mais la priorité ».  « Si nous nous montrons à la hauteur de nos responsabilités, nous pouvons sauver des vies humaines, réduire les souffrances et redonner espoir à des millions de personnes. »

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que l’année 2016 avait souligné l’urgente nécessité d’une réaffirmation de l’engagement de la communauté internationale en faveur de solutions multilatérales aux conflits et de la sécurité collective.  « L’horreur en Syrie et au Yémen, et les situations d’instabilité dans des pays comme la République démocratique du Congo (RDC) dominent le travail de ce Conseil de sécurité.  « Pouvons-nous nous permettre de rallonger la liste des crises dégénérant en conflits violents? » s’est demandé la Chef de la diplomatie suédoise.  Pour son gouvernement, quatre priorités doivent être mises en œuvre.  Tout d’abord, a-t-elle dit, il faut faire de la prévention des conflits une priorité pour l’ensemble du système des Nations Unies, en exigeant de chaque entité onusienne qu’elle contribue à cet effort institutionnel et en veillant à renforcer la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.  Les efforts conjoints déployés par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) au sujet de la Gambie, a-t-elle estimé, illustrent une telle collaboration. 

La deuxième priorité, c’est d’améliorer la capacité des Nations Unies à reconnaître et à tenir compte des causes profondes et des facteurs de conflits, a souligné la Ministre, en se félicitant des efforts déjà entrepris par le Secrétaire général pour améliorer l’efficacité du Secrétariat en ce sens.  La troisième priorité de la Suède, c’est de reconnaître l’autorité et l’indépendance du Secrétaire général, en particulier en ce qui concerne l’évaluation de menaces et de risques émergents: « Dites-nous ce que nous devons savoir, et non pas ce que nous voulons entendre », a-t-elle résumé en s’adressant à M. Guterres.  Par ailleurs, a insisté Mme Wallström, il faut mettre les femmes au service de la paix durable à travers des processus inclusifs, en prenant pour exemple le réseau de médiatrices qu’elle-même avait mis en place lorsqu’elle était, de 2010 à 2012, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Enfin, la dernière priorité, selon la Suède, c’est de reconnaître qu’il ne saurait y avoir de solution humanitaire à une crise politique, et que l’intervention ne peut jamais se substituer au dialogue politique et à la médiation.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a paraphrasé le Président du Conseil de sécurité qui a indiqué que sans un dialogue véritable, la prévention des conflits et la paix durable sont difficiles à atteindre.  Au niveau mondial, cela exige la mise en place de l’objectif de bâtir avant 2045, qui coïncide avec le centenaire de l’ONU, un monde exempt d’armes nucléaires.  Cette décision enverra un message clair selon lequel les dirigeants politiques et les pays qu’ils représentent sont assez forts pour détruire les murs invisibles et construire des ponts pour le bien commun. 

Conformément à notre engagement à renforcer la paix et la sécurité en Asie centrale et en Afghanistan, nous nous efforcerons de développer un modèle régional de paix et de coopération qui prend en charge les causes du conflit en cours dans ce pays et la prévention de la prolifération du terrorisme et de l’extrémisme violent.  En tant que pays engagé en faveur du dialogue et de la médiation, nous sommes prêts à accueillir à Astana les pourparlers de paix pour restaurer la paix en Syrie.  Nous estimons que le dialogue entre les dirigeants politiques et les autorités religieuses devrait être intensifié pour trouver des solutions politiques durables afin d’éradiquer la menace du terrorisme. 

Pendant son mandat au Conseil de sécurité, le Kazakhstan soutiendra les efforts visant à ce que le Conseil et tous les États Membres des Nations Unies soient mieux équipés pour répondre aux défis et saisir les opportunités du XXIsiècle.  Pour renforcer le niveau de confiance entre les États et encourager la volonté politique requise, le Président du Kazakhstan a proposé d’organiser des réunions du Conseil au niveau des chefs d’État et de gouvernement.  Nous croyons que c’est une initiative opportune et très pertinente pour parvenir à un changement de paradigme au Conseil. 

M. ANGELINO ALFANO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a rappelé que l’Italie, dont le mandat au Conseil de sécurité vient d’être entamé, est, en tant que pays méditerranéen, naturellement disposée à jeter des ponts entre toutes les parties.  Il a plaidé en faveur de l’inclusion en tant qu’élément clef du multilatéralisme.  En ce qui concerne la Libye et l’Iraq, le Ministre a recommandé de faire tous les efforts possibles pour arriver à la réconciliation et pour soutenir les institutions légitimes.  En Syrie, nous devons nous investir davantage dans un dialogue inclusif entre toutes les parties, a-t-il ajouté.  L’Italie accorde également beaucoup d’importance aux résultats des pourparlers concernant Chypre, a-t-il indiqué, avant de mentionner aussi les tensions en Afrique et en particulier en République démocratique du Congo.

Il est important de préserver la primauté de la volonté politique, a insisté le Ministre en expliquant qu’il faudrait axer les efforts sur les principes et cadres existants en termes de prévention des conflits.  Il a souligné que cette prévention est au cœur de deux programmes cruciaux de l’ONU: le programme de pérennisation de la paix et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour M. Alfano, il y a trois objectifs importants, à commencer par la réforme complète du système de paix des Nations Unies pour l’adapter aux nouveaux défis, ce qui inclut un changement dans la structure du Secrétariat.  Le Secrétaire général, a-t-il aussi suggéré, ne devrait pas hésiter à attirer l’attention du Conseil de sécurité sur les crises urgentes avant que les situations ne se détériorent.  Le Ministre a ensuite conseillé d’utiliser les indicateurs précoces de violence, de radicalisation, d’extrémisme et d’atteintes aux droits de l’homme, à la religion et à la culture.  Enfin, il a recommandé de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, comme les changements climatiques, la faim et les migrations.

Après avoir apporté le soutien inconditionnel de son pays au nouveau Secrétaire général de l’ONU, M. WORKNEH GEBEYEHU, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a déclaré qu’au regard des énormes défis qui se posent en matière de paix et de sécurité aujourd’hui, accorder la priorité à la prévention des conflits n’est pas vraiment une option, mais une nécessité, comme l’ont souligné les trois examens majeurs entrepris par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il s’est ainsi félicité que M. Guterres fasse de la diplomatie au service de la paix sa priorité numéro un.  Mais, a souligné le Chef de la diplomatie éthiopienne, ses efforts devront être soutenus par le Conseil de sécurité, ce qui suppose de renforcer les relations de travail entre cet organe et le Secrétaire général.  « Il est évident que dans cette pièce, il y a une marge de manœuvre considérable pour l’amélioration et nous devons nous montrer innovants pour atteindre cet objectif », a relevé M. Gebeyehu.

Résoudre la fragmentation institutionnelle et veiller à la cohérence à l’échelle de tout le système des Nations Unies sont absolument essentiels pour veiller à ce que la prévention des conflits et la paix durable figurent au cœur du travail de l’Organisation et de ses activités, a insisté le Ministre.  Il s’est ainsi félicité de l’engagement du Secrétaire général en faveur de la mise en œuvre des recommandations des trois examens majeurs évoqués précédemment, ainsi que de son attachement au partenariat entre l’ONU et l’Union africaine.  « Nous espérons sincèrement qu’il contribuera à maintenir et à renforcer l’élan impulsé par le prédécesseur de M. Guterres, a précisé le Ministre, en déclarant attendre avec impatience la visite du nouveau Secrétaire général à Addis-Abeba pour prendre part au vingt-huitième Sommet de l’Union africaine.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a insisté sur le rôle fondamental du Conseil de sécurité qui s’acquitte de tâches qu’aucune autre organisation ne pourrait mener à bien.  Le Conseil doit néanmoins en faire beaucoup plus, en particulier dans le domaine de la prévention des conflits, a-t-elle déclaré.

Si nous voulons prévenir les conflits, le principe de la souveraineté des États ne peut être une « camisole de force » empêchant le Conseil et le Secrétaire général de sauver des vies humaines, a poursuivi Mme Power.  Elle a indiqué qu’aucun État Membre n’était en faveur de l’abandon d’un tel principe.  Mais la souveraineté nationale ne peut servir de bouclier pour protéger des mesures prises au mépris de la Charte des Nations Unies et garantir, ainsi, l’impunité de certains acteurs, a affirmé Mme Power.  Elle a dénoncé l’action de la Fédération de Russie qui, en 2014, a agi en violation de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine tout en empêchant une action du Conseil pour y remédier.

La déléguée s’est également interrogée sur la pertinence du principe de consentement du pays hôte au déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU.  Prenant l’exemple du Soudan du Sud, elle a déploré que la force de protection régionale autorisée par le Conseil ne soit toujours pas opérationnelle, avant de dénoncer les entraves apportées par le gouvernement de ce pays aux activités de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud.

Mme Power a regretté que les textes adoptés par le Conseil contiennent souvent des phrases vides de sens, comme par exemple la « nécessité de préserver le cessez-le-feu ».  « Mais comment le faire? Qui en est chargé? » a-t-elle demandé, en invitant le Conseil à se montrer plus précis.  Nous disons souvent qu’il n’y a pas de solution militaire à un conflit mais nous hésitons à identifier les acteurs qui sont convaincus d’une solution purement militaire, a poursuivi Mme Power.  Il est donc nécessaire, a-t-elle souligné, de nommer ceux qui agissent en violation de la Charte des Nations Unies afin que ces derniers sachent « qu’ils sont observés ».

Mme Power a ensuite déploré la recherche par le Conseil d’un consensus à tout prix.  Le consensus est important mais s’il est notre seul objectif, alors nos efforts ne viseront qu’à parvenir au plus petit dénominateur commun, a-t-elle argué.  Prenant l’exemple de la Syrie, elle a invité le Conseil à se montrer prudent et à ne pas perdre son objectif de vue, avant de rappeler que la dernière résolution adoptée sur la situation dans ce pays l’avait été après les attaques de la Russie et de la Syrie.  « Nous sommes favorables aux efforts de la Turquie et de la Russie visant à préserver le cessez-le-feu, mais encore une fois, le consensus n’est pas un bon critère de succès », a-t-elle dit.  Elle a affirmé qu’un tel critère était bien l’amélioration de la situation sur le terrain, avant de rappeler que le régime syrien continuait ses attaques.

La déléguée des États-Unis s’est dite favorable à l’utilisation par le Secrétaire général de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies en vue de tirer la « sonnette d’alarme » concernant certaines situations.  Elle a salué l’action engagée par le nouveau Secrétaire général pour remédier aux violences sexuelles commises par les Casques bleus.  Le Secrétaire général doit rapatrier les unités responsables, a-t-elle insisté, avant de s’étonner que certains pays veulent limiter les pouvoirs du Secrétaire général en la matière.  Elle a indiqué que son pays avait appuyé la sélection de M. Guterres en raison de son « indépendance » et de son engagement pour la lutte contre les violations des droits de l’homme.

Enfin, Mme Power a souhaité que le Conseil entende davantage les voix des victimes de conflit afin de ne pas perdre de vue les enjeux humains et nourrir des discussions qui sont souvent « stériles ».

M. MATTHIAS FEKL, Secrétaire d’État au commerce extérieur, la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger de la France, a assuré du soutien de la France toutes les initiatives visant à renforcer le rôle de prévention et de médiation des Nations Unies.  Il a estimé que la bonne question n’est pas de savoir quel est le plus efficace des outils, mais quelle est la bonne articulation entre eux, selon les contextes et l’urgence lorsque la prévention a échoué.  Parmi ces outils, il a cité les autorités nationales, dont l’appropriation des actions de prévention et de développement est indispensable, mais aussi les organisations internationales, régionales et sous-régionales, parmi lesquelles l’Union européenne et l’Union africaine, qui sont des partenaires majeurs.  Il a également mis l’accent sur l’importance des institutions financières internationales, comme les banques de développement, mais aussi la société civile et les partenaires privés.  Articulant son intervention sur les crises prioritaires du moment, il a indiqué que la résolution de la crise syrienne imposera un partenariat exemplaire et une pleine mobilisation des membres du Conseil de sécurité, en appui aux négociations intersyriennes.  Celles-ci, a-t-il ajouté, devront s’inscrire pleinement dans le cadre du processus onusien, dans le prolongement du communiqué de Genève et de la résolution 2254. 

Pour ce qui est de la Libye, M. Fekl a estimé que cette question devrait faire l’objet d’une vigilance particulière, face au risque accru de guerre civile.  Il a estimé que le travail de médiation de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, est, à cet égard, essentiel, en appui aux efforts d’inclusivité du Gouvernement d’entente nationale.  En RDC, a précisé le Secrétaire d’État au commerce extérieur, la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger, l’appui de l’ONU et du Conseil de sécurité à une mise en œuvre complète et rapide de l’accord du 31 décembre est nécessaire pour que le processus en cours soit un succès.  Pour ce qui est du Mali, M. Fekl a estimé que le Conseil de sécurité devrait faire plus pour permettre à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) d’accomplir sa mission et lui fournir des hommes et équipements nécessaires.  « Nous devons également maintenir la pression sur les parties pour une mise en œuvre rapide de l’Accord d’Alger », a-t-il encore insisté.

M. ALAN DUNCAN, Secrétaire d’État pour l’Europe et les Amériques du Royaume-Uni, a réaffirmé l’attachement de son pays au rôle fondamental que joue l’ONU dans le monde multilatéral d’aujourd’hui.  Nous avons à notre disposition, a-t-il estimé, des outils que nos prédécesseurs ne possédaient pas et que nous pouvons mettre au service de la diplomatie pour la paix défendue par le nouveau Secrétaire général.  Selon M. Duncan, il faut anticiper les crises, en invitant notamment le Secrétaire général à porter le plus rapidement possible à l’attention du Conseil de sécurité les situations susceptibles de dégénérer, comme ce fut le cas récemment avec le Soudan du Sud.  En outre, a poursuivi le Secrétaire d’État, le Conseil doit veiller à ce que les opérations de maintien de la paix soient correctement équipées pour leur permettre de s’acquitter efficacement de leurs mandats. 

Pour la délégation britannique, l’Organisation dispose des outils qui lui permettent de prévenir les conflits et de jeter les bases d’une stabilité pérenne.  M. Duncan s’est dit d’accord avec M. Guterres que l’ONU, pour réaliser les objectifs qui sont les siens, doit simplifier ses procédures et travailler davantage en synergie.  Il a donné l’assurance que le Royaume-Uni appuierait cet effort « comme nous l’avons fait il y a 71 ans » lors de la création de cette Organisation. 

M. NOBUO KISHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a expliqué que la sécurité humaine était un pilier de la politique extérieure japonaise et que l’aide du Japon était toujours centrée sur l’être humain.  Illustrant son propos, il a expliqué que son pays avait accordé une aide aux Philippines dans cet esprit, lors des phases I et II des négociations de paix.  « Notre aide publique au développement (APD) a apporté une valeur ajoutée à la paix en s’attaquant de manière préventive à la pauvreté, au chômage des jeunes, et à l’injustice sociale », a-t-il assuré.  « Nous avons également accordé 410 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale pour les établissements humains depuis sa création en 1999 », a indiqué le représentant du Japon.  Mettant l’accent sur la consolidation de la paix, M. Kishi a précisé que son pays avait appuyé les efforts visant à renforcer les capacités du Timor-Leste par le biais d’une aide publique au développement (APD) et le déploiement de personnels militaire et civil japonais. 

Le représentant du Japon a aussi indiqué que son pays avait beaucoup appris dans le cadre de sa présidence du Groupe de travail sur les leçons apprises à la Commission de consolidation de la paix.  Il a exhorté le Secrétaire général à faire le meilleur usage de ses bons offices pour s’attaquer à tous les conflits et, notamment, les différents conflits au Moyen-Orient.  Il a ensuite mis l’accent sur l’importance de la réforme des Nations Unies pour appuyer la paix.  Les fonctionnements en silos doivent être éliminés et la coordination doit être renforcée en faveur d’une approche holistique, a-t-il insisté.  Le Ministre a appelé à une meilleure cohésion entre le Département des affaires politiques, le Département du maintien de la paix et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, mais aussi une meilleure coordination entre les acteurs en charge des trois piliers des Nations Unies que sont la paix et la sécurité, les droits de l’homme et le développement.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a constaté que le monde n’est pas devenu plus sûr 71 ans, jour pour jour, après la première réunion de l’Assemblée générale de l’ONU à Londres, en 1946.  Il a regretté la brutalité du conflit en Syrie, le plus sanglant de mémoire récente, en fustigeant le Conseil de sécurité pour son incapacité à réagir de manière adéquate devant la « boucherie » qui caractérise aujourd’hui Alep et d’autres parties du pays en raison du veto exercé, à six reprises, par le même membre permanent du Conseil.   Dans ce contexte, il a lui aussi mis l’accent sur la prévention, qu’il considère comme un « outil puissant » et une « tactique audacieuse ».  Le Chef de la diplomatie ukrainienne a ainsi encouragé le Conseil à user de la diplomatie préventive plus souvent, et le Secrétaire général à jouer un rôle plus proactif dans ce cadre.

Le Secrétaire général devrait jouer un rôle important en matière de prévention.  Son action doit être proactive, impartiale et indépendante, ce qui inclut également d’attirer l’attention du Conseil de sécurité sur les situations les plus préoccupantes.  Il pourrait également utiliser ses bons offices et d’autres outils à sa disposition, en vertu de la Charte des Nations Unies.  En outre, un des domaines qui pourrait bénéficier d’un renforcement de l’interaction entre le Conseil et le Secrétariat, ce sont les opérations de maintien de la paix, a relevé M. Kyslytsya.  C’est la raison pour laquelle il s’est félicité des mesures déjà prises par le Secrétariat pour mettre en œuvre les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, en particulier pour améliorer les capacités en matière de collecte des renseignements.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a invité les parties prenantes à une crise à faire des compromis politiques pour écarter les risques de retomber dans le conflit.  Il a apprécié le rôle des organisations régionales et sous-régionales de sa région qui ont contribué à prévenir des conflits potentiels grâce à des mécanismes tels que les bons offices et la médiation.  Il a souligné la pertinence des mesures de diplomatie préventive du Conseil de sécurité en rappelant que cet organe tient sa responsabilité de la Charte des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix.  Il est important, a-t-il noté, que tous les membres du Conseil aient accès à des informations précoces en cas de rupture possible de la paix.

L’Uruguay, pays traditionnellement fournisseur de contingents aux opérations de maintien de la paix, connaît bien les défis qui se posent sur le terrain, a-t-il dit en expliquant que les Casques bleus uruguayens prennent des mesures qui peuvent être considérées comme des mesures précoces de consolidation de la paix.  Cela coïncide avec la vision de consolidation de la paix, a-t-il assuré.  Rappelant aussi que les trois piliers des Nations Unies se renforcent mutuellement, il a appelé à s’attaquer aux causes profondes des conflits, notamment en combattant la criminalité organisée, le terrorisme et l’extrême pauvreté.

M. WU HAITAO (Chine) a jugé qu’il était impératif de forger un concept de sécurité pertinent.  Aucun pays ne peut parvenir à la sécurité en exploitant la situation insécuritaire des autres pays, a-t-il estimé.  À cette fin, il a plaidé pour des partenariats entre pays, « plutôt que des alliances », avant de souligner le rôle essentiel du Conseil de sécurité.  Rappelant les liens étroits entre développement et sécurité, il a insisté sur la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le délégué a ensuite demandé le renforcement de la diplomatie préventive et soutenu qu’il était nécessaire de régler les conflits par des solutions politiques.  L’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et la Commission de consolidation de la paix doivent, à cette fin, travailler en synergie, dans le respect des besoins et de la souveraineté nationale des pays concernés.  Avant de conclure, le délégué de la Chine a tenu à rappeler que toutes les civilisations et religions doivent bénéficier du même respect.

M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré qu’il faudrait appuyer la vision du Secrétaire général pour qui l’année 2017 doit être l’année de la paix dans le monde.  Il est temps de savoir pourquoi certaines initiatives ont échoué et de reconnaître que l’on ne peut pas sélectionner certains mécanismes dont dispose l’ONU au détriment d’autres.  Il est nécessaire aussi de comprendre que la pérennisation de la paix passe par la prise en compte des initiatives nationales, a souligné le représentant, en rappelant qu’il incombait en premier lieu aux États de prévenir les conflits, en s’appuyant au besoin sur l’assistance de la communauté internationale.  La prévention des conflits figure depuis toujours dans la Charte des Nations Unies, a rappelé M. Churkin, avant de demander pourquoi elle n’a pas souvent réussi dans le passé.  Le représentant a, pour sa part, blâmé l’ingérence étrangère, qu’il a identifiée comme étant un facteur de conflit et dont on parle peu.  Il a espéré que le Secrétariat, lorsqu’il préparera les rapports dont le Conseil devra être saisi, fera preuve d’objectivité et de professionnalisme. 

Le délégué russe a proposé d’adopter une « approche différente », qui consisterait à présenter un « front uni » contre le terrorisme et l’extrémisme en s’appuyant sur les principes de la Charte des Nations Unies.  M. Churkin a attiré l’attention sur l’importance des « faits », et de reconnaitre que beaucoup de conflits ont été déclenchés par l’ingérence des États sans tenir compte de l’autorité de l’ONU.  Réagissant aux propos des États-Unis, il a relevé que le concept de souveraineté avait été mis à mal lors de l’invasion en Iraq ou pendant l’intervention en Libye, dont les conséquences se font ressentir à travers tout le nord du continent africain.  Quant à la crise ukrainienne, elle n’aurait pas eu lieu si les pays occidentaux n’avaient pas tenté d’imposer à ce pays ce qu’il devait faire, a estimé le délégué.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souligné la nécessité de renoncer à la gestion des conflits pour s’attacher à leur prévention.  Il a indiqué que les solutions apportées à un conflit devraient être adaptées aux situations et insisté sur l’importance d’adopter des approches plus souples.  Une telle souplesse, a-t-il dit, permettra d’identifier les meilleurs moyens de faire face à un conflit, que ce soit le déploiement d’une mission de paix ou l’imposition de sanctions.  Le délégué a invité l’ONU à adopter un « cadre politique et programmatique » adapté dans les pays émergeant d’un conflit, en veillant notamment au renforcement de leurs capacités.  Les femmes et les jeunes doivent jouer un rôle central dans les mécanismes de pérennisation de la paix, a estimé le représentant.  Il a ensuite invité la Commission de consolidation de la paix à adapter ses efforts aux différentes situations de conflit, avant de demander la mise en place de mécanismes de financement prévisibles en appui des activités de pérennisation de la paix.  Avant de conclure, il a dit attendre avec intérêt le prochain rapport du Secrétaire général dans le cadre de la résolution 2282 (2016) du Conseil.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a insisté sur l’engagement de son pays afin de faire de 2017 une année de paix.  L’efficacité de nos actions et, partant, la crédibilité de l’ONU dépendront de notre capacité à détecter à temps, et mieux analyser, les menaces à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il déclaré.  Il a estimé que les outils à disposition étaient nombreux mais que la volonté politique faisait défaut, en précisant que les actions prises étaient souvent tardives et coûteuses.  Il a estimé qu’il faudrait donner un nouvel élan à la prévention.

Convaincu que le Conseil avait un rôle clef à jouer à cet égard, il a déploré que cet organe soit souvent paralysé par le manque d’unité de ses membres, comme cela a été le cas en 2016.  L’appel du Secrétaire général est donc crucial en raison de l’autorité morale de ce dernier, a-t-il assuré.  Le représentant a ainsi invité le Secrétaire général à utiliser tous les outils offerts par la Charte des Nations Unies pour prévenir les conflits.  L’ONU doit rompre avec la pratique consistant à gérer les crises pour s’attacher à leur prévention, a poursuivi le représentant.  Il a déclaré que l’adoption de résolutions identiques par le Conseil et l’Assemblée générale en 2016 sur la pérennisation de la paix était un pas important dans cette direction.

Le délégué du Sénégal a souhaité un renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, laquelle joue, a-t-il dit, un rôle crucial dans la prévention des conflits.  Il a ensuite demandé qu’une réponse soit apportée à la « lancinante question » du financement des opérations de paix africaines.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a tout d’abord cité son président, M. Evo Morales, qui s’est engagé à « accompagner » le Secrétaire général dans ses efforts pour forger un monde de paix pour les générations présentes et futures.  Il a ensuite rappelé que l’architecture de paix et de sécurité de l’Organisation doit s’arc-bouter sur les mesures de prévention des conflits et de médiation prévues par la Charte des Nations Unies.  Le représentant a salué le travail accompli par la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour renforcer l’appropriation nationale par les États de leurs propres priorités.  Il a souligné l’importance d’une stratégie de programmes intégrés en phase avec la volonté des pays hôtes pour garantir cette appropriation nationale. 

Le renforcement des liens de coopération entre les différents organes onusiens est d’une importance capitale, a estimé M. Llorentty Solíz, qui s’est dit alarmé par l’empiètement de ce Conseil sur les prérogatives d’autres organes comme l’Assemblée générale ou le Conseil économique et social (ECOSOC).  Le multilatéralisme est en danger, a prévenu le délégué, en attirant l’attention sur le repli vers le protectionnisme et vers un « monde libéral où se dressent les murs ».  Le représentant de la Bolivie s’est interrogé sur les conséquences de l’interventionnisme et du néocolonialisme, qui sont à ses yeux des facteurs de conflit trop souvent négligés.  Il a également dénoncé l’« exceptionnalisme » prôné par les États-Unis, avant de s’en prendre à la finance internationale.  Nous savons bien que l’ONU n’est pas « un club où l’on prend du bon temps », a-t-il ironisé, avant d’appeler à une « réforme révolutionnaire » pour rendre l’Organisation plus efficace.

M. WITOLD WASZCZYKOWSKI, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a rappelé que la Pologne était impliquée dans le domaine de la paix et de la sécurité depuis 1953, ayant envoyé au total plus de 70 Casques bleus dans les missions de maintien de la paix de l’ONU.  Réaffirmant l’attachement de son pays à un engagement politique et diplomatique précoce, le Ministre a invité le Conseil de sécurité à jouer un rôle crucial dans ce domaine car, a-t-il dit, il dispose de tous les outils nécessaires.  Il a ensuite recommandé au Conseil d’utiliser ses visites sur le terrain pour que les aspects de prévention soient pris en compte de manière plus efficace.  Il a particulièrement apprécié le Groupe de travail spécial sur la prévention des conflits en Afrique.  Les actions du Conseil, a-t-il souhaité, ne doivent pas être entravées par l’utilisation du droit de veto lorsqu’il s’agit de prévenir ou de mettre fin à des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité. 

La prévention des conflits est une activité complète, a-t-il expliqué, en soulignant l’importance pour tous les acteurs nationaux, régionaux et sous-régionaux, et de tout le système des Nations Unies d’y œuvrer.  Il s’est félicité, à cet égard, des mesures prises par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour soutenir les processus nationaux de dialogue.  Il faut également une meilleure coordination, à l’ONU, entre les travaux du Conseil de sécurité, de la Commission de consolidation de la paix et les différentes missions de terrain.  Il a aussi prôné des consultations renforcées entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.  La prévention des conflits exige également une approche transversale, a-t-il ajouté, avant de souligner l’importance du renforcement des institutions étatiques et de la lutte contre la corruption.  Le Ministre a, en outre, souligné le rôle du Secrétaire général et celui du Secrétariat dans ce domaine, sans oublier celui de toutes les parties prenantes comme la société civile, les experts et les médias.

M. EDGARS RINKĒVIČS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a déclaré que, si tous les États Membres des Nations Unies étaient les garants de la protection de leurs populations respectives, les membres du Conseil de sécurité assument une responsabilité particulière.  Il a donc regretté que cet organe n’ait pas toujours réussi à se montrer à la hauteur de ses responsabilités par le passé, en particulier s’agissant de la Syrie, où son impuissance à agir face au « carnage » à Alep a été particulièrement « frustrante » et « décevante ». 

Considérant que l’établissement des responsabilités était une priorité de n’importe quel processus politique, la Lettonie a soutenu la création d’un mécanisme international, impartial et indépendant pour permettre d’enquêter sur les crimes graves commis en Syrie et de garantir la justice pour toutes les victimes, et a appuyé également le renvoi par le Conseil de la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI).  

Le Ministre s’est également élevé contre l’incapacité du Conseil à agir devant l’« agression » contre l’Ukraine, qui fut suivie de crimes supplémentaires.  Les actions de la Fédération de Russie dans ce pays constituent une violation flagrante du droit international et un défi sérieux aux principes mêmes de la Charte des Nations Unies.  « Nous devons revenir aux règles gouvernant la sécurité collective en Europe.  Une résolution pacifique du conflit en Ukraine qui respecte l’intégrité territoriale et l’indépendance de ce pays doit être une priorité », a plaidé M. Rinkēvičs.

M. BERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a salué le Plan d’action du Secrétaire général pour prévenir l’extrémisme violent en indiquant qu’il avait généré la mise en œuvre de stratégies nationales avec l’appui des Nations Unies en matière de renforcement de capacités à cette fin.  « Même si le Conseil de sécurité n’est pas capable de s’entendre, l’ONU ne doit pas rester paralysée », a encore dit le Ministre, avant de souligner le potentiel que représentent les activités de bons offices du Secrétaire général pour stimuler la médiation et les dialogues en cas de crise émergente. 

Mettant l’accent sur la contribution de son pays, M. Koenders a affirmé que les Pays-Bas faisaient partie des trois principaux donateurs du Fonds pour la  consolidation de la paix.  Il a aussi indiqué que les Pays-Bas venaient d’annoncer la contribution d’un million de dollars en faveur du Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger ceux qui en sont responsables, adopté en décembre par l’Assemblée générale, en insistant sur le fait qu’il ne pouvait y avoir de paix sans justice. 

Il a estimé que la prévention de l’extrémisme violent dans le monde resterait une priorité de son pays jusqu’en 2020 avant de préciser que les Pays-Bas consacraient 10 millions de dollars chaque année à cette cause. 

Enfin, il a rappelé que les Pays-Bas demeuraient le huitième contributeur des Nations Unies et consacraient un milliard de dollars par an à l’aide publique au développement (APD).

Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a attiré l’attention sur la complexité des nouveaux conflits.  Face aux nouvelles tendances, la représentante du Rwanda a vanté la valeur ajoutée de l’Union africaine qui est aujourd’hui mieux à même de « mobiliser et réagir rapidement » et qui bénéficie d’une connaissance de terrain liée à la proximité.  Elle a jugé indispensable de discuter d’un nouveau cadre de partenariat entre le continent africain et la communauté internationale.  Elle a rappelé que dans le cadre de la déclaration d’Addis-Abeba adoptée en mai 2013, les dirigeants africains avaient exprimé leur volonté de parvenir à une Afrique sans conflit.  

Elle a exhorté la communauté internationale à entamer un dialogue stratégique avec le continent africain, y compris sur les pratiques mondiales dont celui-ci subit l’incidence.  Elle a jugé indispensable une coopération accrue entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine.  « L’alerte précoce et la capacité de réaction rapide sont essentielles », a insisté la représentante du Rwanda, avant d’appeler à la pleine mise en œuvre de la force de réaction rapide africaine.  

Mme Rugwabiza a jugé indispensable de mieux lutter contre le trafic des armes en mettant l’accent sur les fournisseurs et destinataires de ces armes.  Elle a mis l’accent sur l’exemple que constitue le Rwanda en matière de consolidation de la paix.  « L’histoire aurait été différente aujourd’hui si le Gouvernement postgénocide n’avait pas investi sans compter dans la naissance d’un nouveau Rwanda pour surmonter les divisions ethniques et assurer la réconciliation par le biais d’un environnement propice aux droits de l’homme » a-t-elle conclu.   

M. CHOI JONG-MOON, Vice-Ministre aux affaires mondiales et multilatérales de la République de Corée, a apprécié les résolutions historiques adoptées l’an dernier par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale qui constituaient les feuilles de route pour un avenir plus pacifique, qui ont adopté une nouvelle vision de pérennisation de la paix.  Cela oblige à mettre un terme au morcellement et aux doubles emplois que l’on retrouve partout aux Nations Unies, a-t-il souligné, en invitant à suivre une approche holistique qui intègre la paix et la sécurité, les droits de l’homme et le développement.  L’accent mis sur la prévention des conflits doit être au cœur de tous les engagements de l’ONU, a-t-il estimé.

M. Choi a recommandé au Conseil de sécurité d’utiliser au mieux les outils d’enquête prévus à l’Article 34 de la Charte des Nations Unies.  Il lui a aussi conseillé de mettre en œuvre et de s’appuyer sur le langage adopté dans ses résolutions 2086 (2013) et 2333 (2016) quant au rôle du Conseil dans les efforts de consolidation de la paix.  Un plus grand dialogue avec le Groupe de travail sur le règlement des conflits en Afrique pourrait en outre faciliter les mesures en cas de conflit potentiel. 

Enfin, a-t-il ajouté, le Conseil devrait utiliser plus en amont la fonction consultative de la Commission de consolidation de la paix (CCP), organe dont son pays devrait être le prochain président.  À l’heure où nous parlons, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continue de développer ses capacités nucléaires en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, a regretté le Vice-Ministre avant de demander au Conseil de rester impliqué dans le maintien de la paix dans cette région.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme PORNPRAPAI GANJANARINTR (Thaïlande) a insisté sur l’attachement de l’ASEAN à la prévention des conflits comme en témoigne la Vision 2020, la Feuille de route de 2015 et le Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est.  Elle a estimé que le Conseil de sécurité et le Secrétaire général devraient travailler en étroite coopération pour faire de la prévention des conflits et de la paix durable une réalité.  Il faudrait encourager des rencontres régulières où toutes les voix sont entendus et où une réponse rapide et coordonnée aux situations d’urgence est mise en place.  La représentant a aussi encouragé le nouveau Secrétaire général et les membres du Conseil, ainsi que les organes pertinents tels que la Commission de consolidation de la paix, à renforcer la cohérence et la complémentarité de leur travail. 

L’ASEAN, a-t-elle souligné, appuie fermement les recommandations issues de l’examen de l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU.  La représentante a exhorté l’ONU à recourir plus systématiquement aux organisations régionales dès le début d’une situation d’urgence.  Pour prévenir les conflits et assurer une paix durable, il faudrait une ferme volonté politique, un leadership solide et des ressources suffisantes, a estimé la représentante avant de conclure.

Au nom du Groupe des amis de la médiation, Mme ANNE SIPILÄINEN, Vice-Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la politique en matière de sécurité de la Finlande, a d’abord expliqué que son Groupe, qui réunit 44 États Membres de l’ONU et huit organisations internationales et régionales, a été à l’origine de quatre résolutions de l’Assemblée générale, dont la dernière, adoptée en septembre dernier, reconnaît les contributions faites par l’examen de l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU, mené en 2015.  Le Groupe se félicite de l’engagement du nouveau Secrétaire général à faire avancer « la diplomatie pour la paix » et se tient prêt à appuyer tout effort visant à renforcer le rôle de la médiation dans la prévention et le règlement des conflits, et dans la paix durable. 

En sa capacité nationale, la Vice-Secrétaire d’État a estimé que le Conseil de sécurité, en particulier, et l’ONU, en général, doivent renforcer leurs capacités en matière de prévention, en se livrant à de meilleures exercices d’analyse, en développant des instruments d’alerte rapide, en évaluant mieux les causes sous-jacentes des conflits et en y réagissant plus rapidement, dans le respect des droits de l’homme et dans le but avoué de faire avancer le Programme de développement à l’horizon 2030.  La technologie et l’innovation peuvent être d’un grand secours tout comme les dialogues réguliers avec les pays qui expérimentent une situation fragile. 

La Finlande, a insisté la Vice-Secrétaire d’État, veut voir les solutions politiques, la médiation et le dialogue au fronton du travail de l’ONU, car ce sont les instruments les « plus rentables » de la paix.  Dans ce cadre, il est grand temps de reconnaître la valeur des missions politiques spéciales qui doivent recevoir tout l’appui politique et financier de la part des États Membres.  Après avoir souligné le rôle des femmes dans la prévention des conflits, la Vice—Secrétaire d’État a demandé au Conseil de renoncer au droit de veto quand il s’agit de prévenir ou de stopper des atrocités de masse. 

La paix durable, a expliqué M. JOACHIM RÜCKER (Allemagne), exige de nouveaux partenariats, entre autres avec les organisations régionales et la société civile.  Elle implique une approche inclusive où tous les membres de la société, en particulier les femmes, ont un rôle à jouer comme le souligne la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix, la sécurité.  Ce lien entre sécurité, droits de l’homme et développement est d’ailleurs consacré dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a insisté le représentant, en ajoutant qu’il sera reflété tout au long de la présidence du G-20 que l’Allemagne assume cette année.  La paix durable devant guider tous les efforts de cette prochaine décennie, les ministres des affaires étrangères du G-20 en discuteront dès le mois de février, a-t-il indiqué.

Nous devons, a-t-il poursuivi, avoir une bonne compréhension des crises, de leurs causes sous-jacentes et de leurs moteurs.  Le représentant a souhaité que l’ONU développe une capacité intégrée de planification des politiques, une capacité analytique plus forte et des centres de situation plus efficaces au Siège comme sur le terrain.  Le Conseil de sécurité doit aussi faire de la prévention une priorité à toutes les phases d’un conflit, se concentrer sur la réconciliation, la médiation, la réforme du secteur de la sécurité et la bonne gouvernance.  Il devrait, a conseillé le représentant, organiser régulièrement des tours d’horizon prospectifs pour discuter des situations d’urgence et y répondre.  Il devrait aussi poursuivre ses discussions sur les questions qui ont un lien direct avec la prévention des conflits comme les changements climatiques et les migrations.  Il peut, ainsi, exploiter plus efficacement le travail des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme ou celui visant le développement durable.  Le Conseil, a encore insisté le représentant, doit établir un dialogue régulier avec la Commission de consolidation de la paix.  Mais l’efficacité, a-t-il prévenu, dépendra des investissements consentis dans les outils de prévention.  C’est pourquoi l’Allemagne, qui est déjà un des plus gros contributeurs du budget de l’ONU, a triplé le financement des efforts de préventions en 2016. 

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a déclaré que la prévention devait être au premier rang des priorités des Nations Unies parce qu’elle est le meilleur moyen de protéger les civils.  Il a jugé indispensable de réformer les Nations Unies afin que leurs fonds et programmes soient plus à même de garantir une paix durable.  Il a souligné la contribution du Groupe consultatif d’experts sur l’architecture de paix des Nations Unies qui a ouvert la voie à la notion de « pérennisation de la paix ». 

Il faut aller au-delà des causes premières de la guerre et mettre l’accent sur la prévention en luttant contre la pauvreté et le chômage des jeunes et en assurant l’égalité entre les sexes, l’état de droit et l’émergence de sociétés plus inclusives. 

Par ailleurs, le représentant du Brésil a jugé essentiel, d’une part, une meilleure coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix (CCP), et, d’autre part, une meilleure coordination des activités du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC) sur toutes les questions relatives à la promotion et à la consolidation de la paix.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a affirmé que la prévention n’était pas « une » priorité, mais « la » priorité.  Parmi les grands axes de la prévention, elle a recommandé de mettre les femmes au centre du développement durable.  Rappelant que son pays a commencé à appliquer un accord de paix qui met un terme à un conflit vieux de plus de 50 ans, elle a voulu partager son expérience dans ce domaine.  L’accord en question s’inscrit dans le cadre du Chapitre VI de la Charte de San Francisco, a-t-elle d’abord précisé, en expliquant qu’il découlait d’une négociation directe entre les parties au conflit, avec l’accompagnement de la communauté internationale. 

L’accord répond directement aux causes du conflit car il prévoit le développement économique des zones rurales.  Elle a affirmé que la contribution des donateurs internationaux à la mise en œuvre des éléments de l’accord relatifs au développement était plus importante que la contribution financière de soutien à la mission politique spéciale.  Elle a aussi attiré l’attention sur l’expérience unique vécue dans la conclusion de cet accord avec la participation des femmes à la table des négociations.

M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a prôné la prévention des conflits en s’attaquant aux causes premières des crises, ce qui permet également d’éviter que l’on retombe dans un conflit.  Faisant le lien entre paix et développement, il a apprécié la contribution du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à l’objectif de prévention des conflits. 

Il a invité à tenir compte des conclusions du rapport du Groupe consultatif d’experts pour l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix: celle-ci doit être un principe que l’on retrouve dans toutes les activités des Nations Unies.  Soulignant par ailleurs le manque de ressources dans la prévention des conflits, il a fait remarquer qu’un plus grand investissement dans ce domaine aboutirait à moins de dépenses dans le règlement des conflits. 

Le représentant a également apprécié la participation des organisations régionales et sous-régionales dans le domaine de la prévention des conflits, en soulignant leur avantage comparatif.  Il a appelé à mettre en œuvre les recommandations des différents examens menés à l’ONU sur l’architecture de la consolidation de la paix.  Il faut utiliser tous les outils à notre disposition, a-t-il lancé.

Au nom de la Colombie, de l’Éthiopie, du Ghana, de l’Indonésie, de la Jordanie, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande, M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a rappelé que ce groupe de huit pays ou le Groupe UN70 a remis en novembre dernier un ensemble de recommandations au Secrétaire général dont l’un des cinq messages clefs transmis à M. Guterres était qu’il devrait s’efforcer de placer la prévention des conflits au cœur des travaux des Nations Unies pour la paix et la sécurité. 

Le représentant a rappelé que l’année dernière, les États Membres avaient approuvé le concept de maintien de la paix dans les résolutions historiques sur l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Nous avons besoin d’efforts concertés qui impliquent tout le système des Nations Unies, et qui incluent la collaboration avec les gouvernements et d’autres partenaires clefs comme les organisations internationales et régionales, les institutions financières internationales, les ONG, les groupes de femmes et de jeunes et le secteur privé.

Le Conseil de sécurité a un mandat et une position uniques au niveau international.  Il a différents moyens de prévention des conflits à sa disposition.  Le système des Nations Unies a besoin de renouveler ses mécanismes de prévention et de résolutions des conflits.  Le Groupe UN70 exhorte le Conseil de sécurité à utiliser tous les moyens dont il dispose pour prévenir l’émergence de toute nouvelle crise comme en Syrie ou au Soudan du Sud.  Le Conseil doit travailler étroitement avec le nouveau Secrétaire général, lui donner l’espace pour travailler de manière proactive sur la diplomatie préventive, et être disposé à répondre lorsqu’il recommande des actions au Conseil de sécurité.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dit que les efforts des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales devaient respecter les principes de la Charte des Nations Unies, dont ceux de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale.  Pour garantir la pérennisation de la paix, il faut lutter contre la pauvreté, la dégradation de l’environnement, les tensions politiques, religieuses, tribales et techniques, a insisté la représentante du Pakistan.  Elle a dit que les efforts de maintien de la paix devaient s’appuyer sur une mise en œuvre équilibrée des trois piliers de l’ONU. 

« La prévention doit être assumée par les acteurs nationaux en garantissant la bonne gouvernance, l’égalité entre les sexes et des opportunités économiques et sociales pour les jeunes », a-t-elle estimé.  La représentante du Pakistan a jugé urgent de passer d’une culture de réaction à une culture de la prévention.  Cela exige de mieux cerner les causes profondes de la violence et de mieux comprendre la nature même des tensions et conflits locaux, a-t-elle insisté.  

M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) s’est particulièrement inquiété des conséquences des activités terroristes sur la stabilité de son pays.  « Les bandits de Daech après avoir accaparé de vastes étendues en Iraq et en Syrie ont porté le terrorisme à un nouveau niveau de destruction », a-t-il dit.  « Ils possèdent des armes lourdes, modernes et sophistiquées et se servent des nouvelles technologies pour recruter et propager leur idéologie criminelle dans le monde entier. » 

Il a expliqué comment le terrorisme avait sapé la reconstruction de l’Iraq en augmentant la pauvreté et le nombre de personnes déplacées.  Le représentant de l’Iraq a estimé que les régimes démocratiques garantissant l’état de droit et la bonne gouvernance étaient indispensables pour permettre des sociétés stables et pacifiques.  C’est fort de ce constat, a-t-il dit, que le Gouvernement iraquien a adopté une série de mesures visant à renforcer l’unité nationale. 

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a indiqué que son pays avait, l’an dernier, consacré 50 000 dollars au soutien des travaux du Département des affaires politiques en matière de diplomatie préventive et de médiation.  Elle a estimé qu’il fallait faire participer davantage la Police des Nations Unies aux opérations de paix, rappelant à cet égard avoir déployé des experts de ce domaine dans deux missions de terrain en Afrique.

De même, elle a plaidé en faveur de la participation des femmes aux efforts de paix et de sécurité, y compris dans la gouvernance postconflit, sachant que la Hongrie elle-même envoie des femmes expertes et policières dans les missions de maintien de la paix de l’ONU. 

En appelant à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et des conflits, Mme Bogyay a indiqué que son pays avait augmenté sa contribution volontaire aux projets d’ONU-Femmes qui se concentrent sur la prévention de l’extrémisme violent.  La Hongrie, a-t-elle dit, a accueilli à Budapest fin 2016 le Sommet de l’eau, afin de donner de l’élan à la réalisation des objectifs de développement durable relatifs à l’eau, à l’assainissement et aux changements climatiques. 

Elle a aussi exposé les efforts de son pays dans la lutte contre l’esclavage moderne, la traite des êtres humains, le travail forcé et le travail des enfants.  Elle a souhaité davantage de coordination à l’ONU dans ce domaine.

Mme Bogyay a plaidé en faveur du respect des droits de l’homme, avant d’indiquer que son pays contribuait volontairement au projet de réponse rapide d’ONU-Femmes en matière de justice.  Enfin, elle a appelé à améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité et à améliorer les relations entre cet organe et le Secrétaire général.

M. NAWAF SALAM (Liban) a recensé les nombreux outils à la disposition des Nations Unies pour la prévention des conflits, comme les bons offices du Secrétaire général, ses envoyés, les résidents des missions politiques ou encore les équipes de pays des Nations Unie.  Il a jugé important de favoriser une étroite collaboration entre le Conseil de sécurité et le Secrétariat dans les efforts de prévention. 

Il a placé son espoir dans les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, les jeunes, les femmes, la société civile et le monde universitaire, parce qu’ils permettent d’améliorer les systèmes d’alerte précoce en identifiant et en traitant les sources de tensions. 

Le représentant a demandé aux États Membres de rester déterminés à achever la réforme de l’ONU, ce qui permettra à celle-ci de remplir son mandat dans un monde de plus en plus interconnecté qui fait face à de nouvelles menaces en matière de paix et de sécurité.  Il a conseillé de se baser sur les initiatives de prévention menées par d’autres agences comme l’UNESCO dans le domaine de l’éducation ou le PNUD en matière de bonne gouvernance, de processus démocratique et d’élections. 

M. Salam a rappelé que son pays, en 2016, avait sollicité les bons offices du Secrétaire général dans la délimitation des frontières maritimes et de la Zone économique exclusive entre le Liban et Israël. 

Enfin, il a estimé que l’autorité confiée au Secrétaire général par l’Article 99 de la Charte des Nations Unies pour porter à l’attention du Conseil de sécurité toute question qui, selon lui, peut menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales devait toujours être considérée dans le contexte de la responsabilité partagée dans ce domaine.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la Délégation de l’Union européenne, a estimé qu’il faudrait développer une culture politique axée sur une action rapide pour répondre aux signes avant-coureurs d’un conflit qui risque de devenir violent.  Nous devons agir ensemble si nous voulons avoir une chance de succès.  La nouvelle stratégie mondiale de l’Union européenne, a-t-il assuré, souligne l’importance d’agir rapidement en matière de prévention, de répondre de façon responsable et décisive aux crises, d’investir dans la stabilisation et d’éviter le désengagement prématuré. 

Cette stratégie met aussi l’accent sur l’importance d’une approche intégrée et complète du conflit, qui commence par une analyse conjointe; qui apporte tous les outils dont nous disposons pour traiter les conflits; qui traite les différents niveaux de conflit interconnectés; et qui met l’accent sur l’engagement de l’Union européenne à travailler à travers le système multilatéral, avec l’ONU au cœur.  La nouvelle stratégie mondiale promet que l’Union européenne s’engagera de manière concrète et fondée sur des principes dans le maintien de la paix, en adoptant une approche intégrée.  

L’Union européenne redoublera d’efforts en matière de prévention, de surveillance des causes profondes des conflits tels que les violations des droits de l’homme, le stress lié aux ressources inégales et les changements climatiques.  Une grande partie de cette question devra être abordée en dehors du Conseil de sécurité.  Mais celui-ci a la responsabilité particulière de traiter efficacement et en temps opportun les situations en danger de détérioration.  À cet égard, il est essentiel, a souligné le Chef de la délégation de l’Union européenne, que la coopération entre le Conseil et le Secrétariat fonctionne de manière harmonieuse et efficacement.

Il faudrait développer des approches plus créatives de la diplomatie, a recommandé M. Vale de Almeida, en précisant que cela inclut la promotion continue du rôle des femmes dans les efforts de paix.  Le délégué a appelé les membres du Conseil à ne pas voter contre les projets de résolutions crédibles sur des mesures opportunes et décisives pour prévenir ou mettre fin aux atrocités de masse.  Le Conseil doit veiller à ce que la consolidation de la paix à long terme soit prise en compte dans les mandats des missions, ainsi que les réflexions sur la façon de concevoir les transitions et renforcer le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix.  Tous nos efforts devraient être renforcés par un secteur privé actif en l’autorisant à investir et aider, en particulier les jeunes, à avoir une perspective.  Afin de pouvoir agir, nous avons besoin d’évaluations crédibles et partagées des menaces et des défis afin que les tâches essentielles de l’ONU soient réalisées de manière cohérente. 

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a rappelé que les guerres qu’a connues le monde depuis la moitié du siècle dernier résultent du manque de respect à la Charte des Nations Unies et de décisions hégémoniques de grandes puissances, dont les auteurs sont restés impunis.  Ce phénomène, a-t-il expliqué, a son origine dans ces mêmes pratiques hégémoniques et abus de pouvoir.  Il a formulé plusieurs recommandations pour que les Nations Unies puissent s’acquitter de la tâche fondamentale du maintien de la paix.  La première appelle les États et, en particulier, les grandes puissances pour qu’ils revoient leurs politiques afin de les mettre en conformité avec la Charte des Nations Unies, en respectant en particulier l’obligation de ne pas faire usage de la force pour résoudre les différends internationaux.  Il faut ensuite démocratiser le Conseil de sécurité et le doter de représentativité, éliminer les prérogatives d’un petit nombre et renforcer le rôle de l’Assemblée générale.

Le représentant a également prôné l’utilisation plus efficace de la diplomatie préventive, ainsi que la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable, pour le financement desquels il faut trouver un accord politique.  Il a aussi demandé de redoubler d’efforts en matière de désarmement, en plaçant beaucoup d’espoir dans la conférence prévue en mars 2017 pour négocier un traité d’interdiction des armes nucléaires en vue de leur élimination totale.  Enfin, il a prévenu des risques de conflit dans certains cas à cause de la persistance de territoires soumis à la domination coloniale, de l’occupation étrangère de certains pays, ou encore de la présence de bases militaires d’un pays sur un autre.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a dit la nécessité d’une approche globale de la consolidation de la paix s’appuyant sur le renforcement de l’état de droit, dont le respect des droits de l’homme.  Il a jugé urgent de mettre fin à une approche fragmentée des activités de l’ONU avant de regretter l’absence de vision d’ensemble.  « Il faut accorder la priorité aux solutions politiques et non aux solutions militaires », a insisté le représentant de l’Argentine, avant de souligner le rôle crucial du Secrétaire général pour renforcer tout le volet prévention en mettant l’accent sur le volet médiation et bons offices. 

« Pour que ces efforts soient couronnés de succès, toutes les parties au conflit doivent coopérer avec le Secrétaire général en tant qu’intermédiaire honnête et neutre », a-t-il encore dit.  Le représentant de l’Argentine a estimé que la nomination de la nouvelle conseillère spéciale du Secrétaire général en matière de politique sera essentielle pour mieux coordonner toutes les politiques en matière de prévention et maintien de la paix.  Il s’est dit persuadé qu’une allocation de ressources supplémentaires aux activités de prévention permettrait d’éviter la résurgence de nouveaux conflits.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a appelé à fournir davantage d’efforts pour améliorer la cohérence, la responsabilité et le financement du maintien de la paix.  Il faut faire plus à tous les niveaux pour améliorer la coordination entre les départements, entre les agences, entre le terrain et les sièges et entre la politique et les programmes. 

Le Département des opérations de maintien de la paix a aussi un rôle vital à jouer dans la mise en œuvre du programme de maintien de la paix.  Le Département des opérations de maintien de la paix et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) devraient continuer d’adopter de nouvelles politiques et pratiques pour améliorer la cohérence et les programmes conjoints.

De même, la reddition de compte est primordiale pour évaluer les progrès et déterminer les réussites et les échecs.  Le Secrétaire général et le Secrétariat devraient donner des conseils sûrs et indépendants au Conseil de sécurité.  L’Article 99 peu utilisé de la Charte des Nations Unies devrait devenir un outil normal. 

Enfin, de nouvelles approches de financement sont attendues depuis longtemps.  Une ONU adaptée doit être financée d’une manière qui stimule des conseils de la plus haute qualité, le personnel et l’action sur le terrain.  Cela garantira une ONU souple et innovante qui répondra aux besoins pour parvenir à des actions qui répondent à nos discours.      

Mme CATHERINE BOUCHER (Canada) a rappelé que divers examens de haut niveau menés au cours des deux dernières années, tels que le rapport du Groupe de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix, le rapport du groupe d’experts sur l’architecture des Nations Unies pour la consolidation de la paix et l’étude mondiale sur la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité avaient souligné l’importance de la prévention.  

Elle s’est félicitée du fait que plusieurs recommandations issues de ces examens avaient été approuvées par les États Membres dans des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  La représentante du Canada a exhorté le Conseil de sécurité à faire une utilisation accrue de ses outils de prévention, notamment des mesures qui relèvent du Chapitre VI des Nations Unies et des missions politiques spéciales. 

« Nous sommes également d’avis que le Secrétaire général a un rôle central à jouer pour stimuler l’action internationale en faveur de la paix », a-t-elle ajouté, avant d’appeler à établir un lien plus solide entre les programmes de consolidation de paix et les programmes de développement durable.    

Mme PHAM THI KIM ANH (Viet Nam) a fait remarquer que la région Asie-Pacifique était marquée par des conflits sur les ressources naturelles et par des différends territoriaux.  L’ONU, a-t-elle dit, devrait continuer à jouer un rôle de chef de file dans la promotion d’une architecture de sécurité collective.  Celle-ci exige un renforcement du multilatéralisme et le respect du droit international, sans utiliser la menace de l’usage de la force, a-t-il précisé. 

Il est urgent, a-t-elle dit, de mettre la prévention des conflits et le règlement des différends au cœur des travaux de l’Organisation comme le dispose l’Article 33 de la Charte des Nations Unies.  À cette fin, elle a recommandé au Conseil de sécurité de continuer à promouvoir un leadership fort et à assumer sa responsabilité de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

La représentante a invité à renforcer la coordination au sein du système de l’ONU, en particulier entre le Secrétaire général, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, pour développer une stratégie complète de prévention des conflits et de développement durable.  Elle a également estimé qu’il fallait davantage d’instruments juridiques contraignants pour contrôler la prolifération des armes nucléaires et autres armes de destruction massive par des acteurs non étatiques, combattre la traite d’êtres humains et le trafic de drogues, ainsi que la propagation d’un extrémisme violent et du terrorisme. 

Il faut, a-t-elle ajouté, aider les pays à traiter les causes profondes des conflits et à promouvoir la réconciliation.  Elle a donné l’exemple de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui a trouvé des solutions à des différends, notamment dans la mer de l’Est, avant d’appeler tous les États à se joindre à ces efforts dans une vision commune de la paix dans la région de l’Asie du Sud-Est.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a invité à aborder la prévention des conflits en s’attaquant aux causes sous-jacentes des menaces à la paix, notamment les tensions socioéconomiques, relatives au genre, ethniques, tribales, religieuses ou idéologiques.  Lors d’un débat présidé par la Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, le 19 janvier 2015, les États Membres avaient rappelé les liens étroits entre la sécurité et le développement, a-t-il rappelé. 

Si la prévention des conflits et la paix durable relèvent en premier lieu de la responsabilité des États, la communauté internationale doit aussi jouer son rôle.  Dans cet objectif, il a appelé à autonomiser les femmes et à renforcer la Commission de consolidation de la paix en reconnaissant sa fonction essentielle dans l’architecture de consolidation de la paix.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité utilise davantage la fonction consultative de cette Commission.

M. Barros Melet a recommandé de prévenir l’exploitation illégale des ressources naturelles, une situation qui entraine des conflits.  Les Nations Unies, a-t-il prôné, peuvent aider les États concernés, à la requête de ceux-ci et en respectant leur souveraineté sur leurs ressources naturelles, à éviter l’accès illicite à ces ressources.  Il a souhaité notamment que les organes subsidiaires du Conseil contribuent à éviter l’exploitation illégale des ressources naturelles. 

Enfin, il a attiré l’attention sur l’importance de la participation des jeunes à la paix et à la sécurité, rappelant que 600 millions de jeunes vivent dans des zones de conflit ou des États fragiles.

M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a déclaré que son pays soutenait pleinement l’appel du Secrétaire général à renforcer la prévention et se tenait prêt à lui apporter son assistance à cet égard.  Premièrement, nous devons investir davantage dans les instruments de prévention des conflits et de pérennisation de la paix dont dispose l’ONU.  Parmi ces outils, les entités du Département des affaires politiques chargées de la médiation et des bons offices ainsi que les missions politiques spéciales peuvent jouer un rôle important. 

Deuxièmement, la prévention constitue une responsabilité partagée que doivent assumer toutes les entités du système des Nations Unies.  Cela signifie que toutes les entités de l’ONU, y compris ses forums intergouvernementaux, doivent inscrire dans une optique de prévention les activités qu’elles mènent dans le cadre de leurs mandats respectifs.  Une telle démarche est conforme à la nouvelle notion de « pérennisation de la paix » adoptée par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Elle appelle à l’adoption d’une approche des conflits qui soit proactive, globale et coordonnée ainsi qu’à l’appropriation nationale de la consolidation de la paix. 

Dans cette perspective, nous devons abattre les cloisons institutionnelles et chercher à mieux comprendre le lien existant entre la paix et la sécurité d’une part, et le développement et les droits de l’homme, d’autre part.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente également un instrument important pour mieux unir nos efforts autour des trois piliers de l’ONU, de même que le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent. 

Troisièmement, le représentant a estimé qu’il serait particulièrement utile de renforcer la collaboration entre le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme.  Les membres du Conseil de sécurité peuvent, entre autres, solliciter des sessions périodiques d’information de la part du Haut-Commissaire aux droits de l’homme; ils peuvent utiliser les rapports émanant du Conseil des droits de l’homme et de ses différents mécanismes comme base d’information; et ils peuvent resserrer la coopération entre les organes subsidiaires du Conseil de sécurité et les mécanismes pertinents du Conseil des droits de l’homme. 

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a déclaré qu’un rapide examen de l’environnement politique montrait que l’agression était une des principales causes du développement de l’extrémisme violent.  Il a insisté que l’occupation du Territoire palestinien par Israël était la principale cause d’une tension persistante au Moyen-Orient et que l’agression de l’Iraq par les États-Unis en 2003 avait été principalement à l’origine de la radicalisation.  « Il en est de même en Syrie et au Yémen où des interventions extérieures ont ruiné toute perspective de coopération internationale contre le terrorisme. » 

Le représentant de l’Iran a aussi fustigé les prêcheurs d’idéologies extrémistes et xénophobes qui profèrent la haine et constituent ainsi une menace permanente au dialogue entre les civilisations.  Parmi les autres facteurs importants de déstabilisation et sources potentielles de violences, il a cité l’injustice, la discrimination, la pauvreté, le sous-développement, la corruption, la dégradation de l’environnement, de l’eau et des terres.  Face à ces constats, il a exhorté les Nations Unies à se mobiliser pour faire face à ces menaces et défis.  Il a déclaré que le Secrétaire général et les États Membres doivent faire preuve de beaucoup de courage et d’une ferme volonté politique pour être à la hauteur des ambitions de prévention des conflits et de paix durable.   

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a appelé à une culture politique d’action rapide face aux risques de conflit et à un investissement dans la prévention plutôt que dans le règlement des conflits.  Il a exhorté les membres du Conseil de sécurité à ne plus s’opposer aux projets de résolution « crédibles » appelant à une action décisive pour prévenir ou stopper des atrocités de masse.  Le représentant a jugé essentiel d’intégrer les approches liées à la paix et à la sécurité, aux droits de l’homme et au développement. 

Aucun de ces trois mandats des Nations Unies ne peut être rempli sans les autres, a-t-il prévenu, ajoutant à ce propos que la réalisation des objectifs de développement durable restera impossible sans des ressources accrues contre les moteurs des conflits.  L’approche holistique préconisée doit dûment tenir compte des droits des femmes et en particulier celui de leur participation aux processus de paix. 

Parmi les signes avant-coureurs des conflits, les violations des droits de l’homme sont toujours les premiers, a rappelé le représentant, qui a insisté sur une meilleure synergie entre le Conseil de sécurité, le Secrétaire général et les agences du système des Nations Unies pour une bonne mise en œuvre du programme de pérennisation de la paix et, ce faisant, il ne faut pas oublier la contribution des organisations régionales. 

Membre de la Commission de consolidation de la paix, l’Estonie, a conclu son représentant, estime que le Conseil doit davantage se concentrer sur cette consolidation pour réduire les risques de conflit.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a mis l’accent sur l’importance des partenariats, dans la mesure où les Nations Unies ne peuvent relever seules les défis qui se posent à elles.  Dans ce contexte, la prévention des conflits doit devenir une priorité du Conseil de sécurité, invité à coopérer avec les organisations régionales et sous-régionales, ainsi qu’avec la société civile. 

Par ailleurs, a noté le représentant, l’architecture de paix et de sécurité au sein du Secrétariat doit être restructurée à la lumière des synergies possibles entre les différentes entités.  En outre, a souligné M. Djani, des ressources adéquates et prévisibles doivent être mises à la disposition des opérations de maintien de la paix.  Et celles-ci doivent intégrer plus explicitement la prévention des conflits et la paix durable dans leurs mandats.

Enfin, l’appropriation nationale doit être respectée en situation de prévention de conflit ou de médiation, a ajouté l’Indonésie.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a souhaité voir éliminer les menaces à la paix durable, comme l’ingérence dans les affaires intérieures des États, les actes d’agression et les guerres qui ont pour objectif de prendre le contrôle de ressources naturelles.  La paix durable suppose avant tout le respect de l’égalité de souveraineté entre les pays, la résolution pacifique des différends internationaux et le respect de l’indépendance politique et du système économique et social des nations. 

Elle s’est élevée contre les mesures coercitives unilatérales et a prévenu que la pérennisation de la paix durable ne se réaliserait pas sans développement durable.  Soulignant le rôle important du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, elle a dénoncé une manipulation visant à discréditer certains pays et leurs gouvernements légitimes.

Mme Rodríguez Abascal s’est inquiétée de voir s’amplifier la menace d’user de la force ou l’usage de la force, la promotion d’agendas visant le changement de régime de pays en développement, la production de nouveaux armements sophistiqués, la violation du droit international et les discriminations basées sur des motifs ethniques ou religieux.  Elle a demandé de transformer les Nations Unies en instrument plus efficace, en veillant à adopter une approche équilibrée et cohérente.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que la capacité de déceler des signes avant-coureurs de conflits devait être au centre des stratégies des Nations Unies en matière de maintien de la paix.  Il a rappelé que les examens de l’architecture de paix et de sécurité conduits en 2015, tout comme un certain nombre de résolutions récentes, avaient mis en exergue la nécessité urgente de placer la prévention au cœur des travaux de l’Organisation, conformément à la Charte des Nations Unies. 

Il a mis l’accent sur la responsabilité première des acteurs nationaux en matière de paix durable.  Il a appelé à une meilleure collaboration entre les organismes des Nations Unies, afin d’éviter les doubles emplois et la compétition en matière de maintien de la paix. 

Sur le même ton, il a jugé indispensable une meilleure collaboration entre les organisations régionales et sous-régionales pertinentes.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est félicité des mesures récentes prises par le Secrétaire général de l’ONU, notamment le renforcement du Centre d’opérations et de crises du Département des opérations de maintien de la paix, qui permet de collecter des informations précieuses dans le cadre de l’évaluation et de la surveillance des crises.  De son côté, a relevé le représentant, le Conseil de sécurité devrait s’appuyer sur la communauté internationale pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui reconnaît la nécessité de construire des sociétés pacifiques en éradiquant les facteurs de violence.  Pour sa délégation, une réaction « intégrale » du système onusien devrait s’appuyer sur la synergie de tous les organes pertinents en matière de prévention, avec pour priorité l’appropriation nationale par les États. 

M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a prévenu, à son tour, que les violations des droits de l’homme, les discours de haine et la violence entre les communautés sont toujours les signes avant-coureurs des conflits.  Comment y répondre? S’il a reconnu des progrès, le représentant a voulu que ceux qui sont les mieux à même de donner l’alerte soient en première ligne et puissent faire directement leurs recommandations au Conseil de sécurité. 

Il s’est félicité, à cet égard, de ce que le Département des affaires politiques ait réalisé ses objectifs financiers tout comme le Fonds de la consolidation de la paix mais, a-t-il prévenu, on est encore loin de la prévisibilité nécessaire pour de bonnes interventions dans la prévention des conflits.  En effet, des fonds promis sur une base annuelle et attachés strictement à des programmes ne peuvent que compromettre la capacité d’intervenir rapidement pour prévenir un conflit. 

S’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits est une bonne stratégie et en l’occurrence, les luttes contre la pauvreté et les inégalités et pour la paix et la sécurité ne peuvent être menées isolément.  Il est clair que la réalisation des objectifs de développement durable ne pourra que supprimer ou du moins réduire les facteurs des conflits et à ce propos les civils doivent pouvoir se faire entendre. 

Il faut donc écouter les organisations de la société civile et veiller à leur participation aux processus de paix.  Le représentant a souligné, dans ce contexte, l’importance des programmes « femmes, paix et sécurité » et « jeunes, paix et sécurité ».  Il a aussi insisté sur l’expertise et l’expérience des organisations régionales. 

Mme JANE J. CHIGIYAL (États fédérés de Micronésie), qui s’exprimait au nom des Petits États insulaires en développement du Pacifique, a estimé que la menace la plus grave pesant sur la sécurité des générations présentes et futures était les changements climatiques.  Pour y remédier, Mme Chigiyal a exhorté le Secrétaire général à nommer un représentant spécial sur le climat et la sécurité.

Elle a mentionné les responsabilités qui pourraient lui incomber, parmi lesquelles la facilitation de la coopération régionale et la fourniture d’un appui dans les situations d’après conflit où les changements climatiques sont un facteur aggravant.  « Pour être très clair, la nomination de ce représentant spécial ne viendrait en aucune façon limiter le mandat de ce Conseil », a-t-elle dit. 

En conclusion, la déléguée a appelé tous les États Membres à soutenir la nomination d’un tel représentant.

Mme SIMA SAMI BAHOUS (Jordanie) a déclaré que certaines régions du monde étaient touchées de manière disproportionnée par les menaces à la paix et à la sécurité internationales, comme notamment le Moyen-Orient.  Il est urgent de trouver des solutions justes à ces problèmes qui ne connaissent plus de frontières, a souligné la représentante, en se livrant à un plaidoyer pour que les causes profondes des conflits soient prises en compte.  La première responsabilité en matière de prévention et de protection des civils incombe en premier lieu aux États, a-t-elle rappelé, avant de recommander que l’ONU privilégie une approche efficace pour leur prêter main forte.  La déléguée a cependant réitéré l’importance d’adopter des stratégies complémentaires adaptées à la situation spécifique de chaque pays.  La Jordanie est fière de participer aux efforts de maintien de la paix en sa qualité de pays contributeur de troupes, a indiqué la représentante, avant d’encourager le Conseil à s’aligner sur les principes de la Charte des Nations Unies lorsqu’il recourt à la diplomatie préventive.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a déclaré que la Charte des Nations Unies et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, notamment la résolution 70/262 de l’Assemblée générale sur l’examen de l’architecture de maintien de la paix de l’ONU, constituaient les éléments sur lesquels s’appuient la pérennisation de la paix et la prévention des conflits. 

Mais ce qui est aujourd’hui nécessaire est d’assurer la volonté politique et l’engagement pour un changement de paradigme qui reconnaît l’importance de l’approche intégrée et complète de la paix, y compris la prévention des conflits.

Ce changement comprend la réforme des structures actuelles dépassées et inadéquates, les pratiques et les politiques.  Cela inclut aussi une cohérence améliorée et des synergies entre la paix, les droits de l’homme et le développement durable au sein du système des Nations Unies.  Le changement de paradigme inclut également la mobilisation des ressources et le renforcement du partenariat entre toutes les parties prenantes pertinentes.  L’appropriation nationale et le leadership pour traiter les causes des conflits sont essentiels, a-t-il assuré.  

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a invité le Secrétaire général, fort de son « incontestable neutralité », à œuvrer pour empêcher toute escalade des conflits.  Le développement est l’antidote aux conflits, a-t-il affirmé, avant de mettre en garde contre l’imposition de sanctions économiques.  Il a souligné l’importance de remédier aux causes profondes des conflits africains, telles que les crises économiques et les changements climatiques.  Estimant que la situation au Darfour était une conséquence des changements climatiques, il a regretté que les Nations Unies ne soient pas de cet avis et cultivent le déni.  Le délégué a appuyé l’idée de nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité.  Concernant la situation au Darfour, le représentant du Soudan a invité les États Membres à contribuer au maintien de la paix et de la sécurité, non pas à privilégier leurs intérêts.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a jugé qu’à titre prioritaire, les résolutions des principaux organes des Nations Unies devaient être mises en œuvre.  Les efforts de prévention ou de résolution de conflit ne peuvent être sélectifs, a souligné le représentant. 

Il a ensuite dénoncé la guerre que mènerait dans le Haut-Karabagh l’Arménie, accusée de « crimes de guerre ».  Au moment où il est possible de mettre fin au « bain de sang », l’Arménie a choisi de poursuivre son annexion au mépris des résolutions du Conseil de sécurité, en cherchant à consolider le statu quo actuel, a assuré la délégation, avant de demander le retrait immédiat des troupes arméniennes de la région.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a déclaré que la pérennisation de la paix exigeait de régler les causes profondes, telles que des griefs exprimés de longue date.  Il a également insisté sur l’importance des efforts de médiation sur la base de la Charte.  Cependant, certains États Membres considèrent que des actions préventives sans le consentement des parties sont susceptibles d’entraîner des interventions prématurées, qui pourraient saper les perspectives de paix, a-t-il averti.

« Nous devons reconnaître ces préoccupations et explorer les moyens d’y remédier. »  Le délégué de la Turquie a souligné les difficultés accrues de prévenir et régler les conflits, en raison notamment des menaces asymétriques, du terrorisme et des enjeux humanitaires.  « Ces facteurs exigent une gestion fine de chaque situation de conflit, où le respect des principes de la Charte n’est pas moins important qu’une bonne analyse du conflit et l’élaboration d’un processus inclusif. »

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a déclaré que la communauté internationale avait négligé la prévention des conflits et la médiation au profit du déploiement des opérations de maintien de la paix, au coût exorbitant.  Pour sa part, a-t-il constaté, l’Union africaine a pris des mesures de longue date pour remettre au premier plan la prévention, dont les Nations Unies pourraient s’inspirer, a indiqué le représentant. 

Dans ce cadre, il est selon lui impératif que l’Organisation renforce ses partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales pertinentes.  Il a recommandé l’établissement d’un « comité directeur » qui permettrait d’identifier les synergies à mettre en œuvre en matière de médiation au sein du Secrétariat. 

Quant au Conseil de sécurité, son travail doit se faire au prisme de la diplomatie préventive, a-t-il observé, affirmant qu’il permettrait de faire décliner le nombre de conflits dans le monde.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a prévenu que les crises et les conflits trouvant leurs origines dans un faisceau de facteurs, une solution unique ne les résoudra pas.  Le représentant a appuyé une stratégie fondée sur la paix et la sécurité, le développement durable et les droits de l’homme, sans oublier le respect du droit international et la lutte contre l’impunité, autant d’éléments tout aussi essentiels pour la consolidation de la paix. 

Le représentant a plaidé pour la mise en place d’un mécanisme d’alerte précoce, citant la prérogative du Secrétaire général d’attirer l’attention du Conseil sur une situation dangereuse et estimant que des contacts réguliers entre le Conseil et le Secrétariat seraient aussi une voie à creuser, tout comme les tours d’horizon prospectifs. 

En matière de prévention des conflits, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit figurer très haut dans les priorités des États, a poursuivi le représentant, qui a annoncé que son pays a décidé d’allouer 50% de son aide publique au développement aux pays fragiles et aux pays les moins avancés.  Insistant sur le caractère délicat des phases de transition, il a plaidé pour une meilleure articulation entre l’action des opérations de maintien de la paix et celle du système de l’ONU et entre les stratégies de transition et de sortie et les processus politiques. 

Ces processus que sont la démobilisation, le désarmement et la réinsertion, la réforme du secteur de la sécurité, la justice transitionnelle et le renforcement des capacités institutionnelles et humaines illustrent la nécessité de mieux tenir compte des dimensions consolidation de la paix et développement dans le cadre d’une approche intégrée de la paix durable.  Ils impliquent un engagement politique du pays concerné et un dialogue inclusif avec les parties prenantes, dont la société civile et les femmes. 

La législation belge, a expliqué le représentant, conditionne d’ailleurs l’aide aux processus de médiation à la présence d’au moins 50% de femmes dans les structures pertinentes.  Au Mali, par exemple, la Belgique investit dans le renforcement des capacités, dont celles des femmes.  La Belgique plaide aussi pour le renforcement des capacités des organisations régionales en matière de médiation et organisera le 14 février prochain, à Bruxelles, une conférence internationale de haut niveau sur la question. 

Le représentant a conclu en soulignant le potentiel de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix auquel son pays contribue avec plus de 50 pays.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a insisté sur la « triste expérience de son pays » lorsqu’un membre permanent du Conseil, partie au conflit, empêche l’envoi d’une mission d’observateurs des Nations Unies, juste après une guerre à grande échelle, tandis que la présence de la communauté internationale aurait dû être augmentée.  Depuis le début de ce conflit, a-t-il déclaré, les régions géorgiennes de l’Abkhazie et Tskhinvali/Ossétie du Sud sont occupées militairement par la Fédération de Russie au mépris du droit.  À la lumière de cette expérience, le représentant s’est dit en faveur d’une limitation du droit de veto, lorsqu’un membre permanent est impliqué dans une situation inscrite à l’ordre du jour du Conseil et ne peut, dès lors, se montrer impartial.  Cela contribuera à la prévention de violations massives des droits de l’homme et de l’escalade du conflit, a-t-il argué.  En conclusion, le représentant de la Géorgie a appuyé les diverses initiatives portées par la France, le Mexique ou bien encore le Liechtenstein s’agissant de l’utilisation du droit de veto en cas d’atrocités de masse.

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a comparé les sommes investies dans l’armement et celles consacrées à la paix pour démontrer que les priorités sont inversées.  Le meilleur antidote pour éviter les conflits est le développement, a-t-elle affirmé en paraphrasant le Secrétaire général, M. António Guterres.  Elle a plaidé en faveur d’une action préventive de la part du Conseil de sécurité, lui conseillant de ne pas se concentrer seulement sur les interventions armées ou sur la mise en place d’opérations de paix a posteriori.  Elle a appelé le Conseil à utiliser les outils prévus par l’Article 33 de la Charte des Nations Unies, ainsi que le rôle des femmes dans le maintien de la paix.

Mme Flores Herrera a souhaité que les relations entre le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme soient davantage approfondies.  Il faut également que les programmes prévus par tous les organes des Nations Unies en faveur de la paix soient plus humains et favorisent la solidarité, a recommandé la représentante.  Au Conseil de sécurité, elle a demandé de renforcer ses capacités d’analyse des conflits et des risques et d’inclure les parties au conflit dans l’élaboration des stratégies intégrales de mise en œuvre et de dotation de ressources.  Elle a également souhaité un Conseil de sécurité plus symétrique dans sa structure de pouvoir pour éviter que prévalent les intérêts particuliers.

Convaincu qu’il vaut mieux prévenir que guérir, M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a constaté que les efforts de prévention ont pourtant été relégués au second plan.  Que s’est-il passé? a-t-il demandé.  Le représentant a estimé que pour se doter d’une culture de prévention des conflits, l’ONU doit fournir une action complémentaire de celle qu’entreprennent les États au niveau national, dans le respect de leurs priorités nationales.  L’Organisation doit cependant disposer à cet effet des ressources nécessaires, a prévenu le représentant.  Pour lui, en l’absence d’une architecture de gouvernance appropriée, il ne sera pas possible de prévenir les conflits.  Le Conseil de sécurité doit être doté des « outils » nécessaires en matière de prévention et de médiation, a plaidé le délégué.

M. ABDULAZIZ S M A ALJARALLAH (Koweït) a invité le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Conseil s’est montré malheureusement incapable de régler certains conflits, dont la question palestinienne qui est inscrite à son ordre du jour depuis des décennies, a regretté le délégué.  II a ensuite plaidé pour une augmentation des ressources du Secrétariat afin qu’il puisse alerter les membres du Conseil de sécurité dès les premiers signes d’un conflit.  Il a souligné le rôle essentiel joué par les organisations régionales dans la prévention des conflits, avant d’insister sur le coût humain et financier exorbitant des conflits.  Citant Dag Hammarskjöld, il a rappelé que la « quête de la paix doit être un processus permanent ».

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a souhaité que le règlement pacifique des conflits, en particulier ceux qui durent depuis longtemps comme la question de Palestine, ainsi que les situations coloniales pendantes, comme la question du Sahara occidental, la dernière colonie en Afrique, restent au cœur des travaux de l’ONU, en particulier du Conseil de sécurité dont la responsabilité est d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  On parvient à un règlement des conflits et à une paix durable grâce à toute une gamme d’activités politiques, institutionnelles et de développement à long terme, qui permettent d’aborder les causes profondes des conflits et d’éviter ainsi qu’ils ne ressurgissent. 

Pour traiter des causes profondes des conflits, il faut réactiver le développement économique durable dans les pays qui sortent de conflits ou qui sont susceptibles d’y retomber.  Tout en faisant remarquer qu’il faut deux décennies pour que ces pays puissent retrouver leur niveau de capacités avant le conflit, il s’est dit convaincu que le financement international pouvait réduire ce délai à une durée bien inférieure, entre quatre et huit ans.  C’est pourquoi, il a invité les institutions financières internationales et nationales à offrir leur aide de manière souple et soutenue.  Il a aussi demandé d’éviter les interventions qui ont pour but de démanteler les structures étatiques d’un pays, comme cela s’est passé en Iraq, en Libye et en Syrie, car cela crée les conditions propices à la déstabilisation et à la propagation du terrorisme.  Enfin, il a invité les États concernés à ne pas s’appuyer seulement sur l’aide internationale mais à générer leurs propres ressources en faveur de la paix, notamment en utilisant leurs ressources naturelles de manière stratégique. 

Mme JUDITH MARCIA ARRIETA MUNGUIA (Mexique) a appelé à changer de paradigme pour s’assurer que les personnes victimes de conflits ou se trouvant dans des situations postconflit soient au cœur des mesures prises.  Si le Secrétaire général pouvait demander des avis consultatifs à la Cour internationale de Justice, a-t-elle imaginé, cela établirait un instrument important de diplomatie préventive.

Tant l’Assemblée générale que le Conseil de sécurité sont engagés dans les activités de l’ONU visant à instaurer une paix durable, s’est-elle félicitée en remarquant que cette notion figure au centre des priorités du Secrétaire général.  Son pays, qui a été à l’origine du « Groupe des amis pour la paix durable », espère travailler au cours des prochaines années avec le Secrétaire général et avec les membres du Conseil de sécurité pour faire mieux comprendre le potentiel de cette notion.  Elle a souligné que cela nécessite la participation active et cohérente des principaux organes des Nations Unies, comme le Secrétariat, les institutions spécialisées, fonds et programmes de l’ONU, ainsi que les autres organismes actifs sur le terrain.

M. JAN KICKERT (Autriche) a estimé qu’il y avait cinq domaines dans lesquels les Nations Unies pouvaient devenir plus efficaces en matière de prévention des conflits.  Tout d’abord, les membres du Conseil de sécurité ont une obligation juridique et morale de prévenir les atrocités de masse, a déclaré le représentant, en les encourageant à soutenir le Code de conduite du Conseil contre le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. 

Par ailleurs, a poursuivi le représentant, le Secrétaire général a pour mandat de jouer un rôle proactif en informant le Conseil de sécurité de menaces imminentes à la paix et à la sécurité internationales.  S’agissant des organisations régionales, elles doivent jouer leur propre rôle.  Une action concluante en matière de prévention doit impliquer les acteurs locaux, a estimé le délégué, qui a proposé de renforcer l’implantation des bureaux régionaux des Nations Unies, des coordonnateurs résidents et de leurs équipes.

Enfin, là où les opérations de maintien de la paix sont déployées, tout doit être mis en œuvre pour empêcher les pays de retomber en situation de conflit après le retrait des missions, a souligné l’Autriche.

M. VLAD LUPAN (République de Moldova) a d’abord rappelé que le 2 mars marquerait le vingt-cinquième anniversaire du conflit qui secoue les régions orientales de son pays.  Les mécanismes d’alerte rapide n’existaient pas en 1992 et il est clair qu’ils auraient été de bons outils de prévention, a estimé le représentant, qui a regretté que l’année dernière, les forces séparatistes aient pour la première fois mené des exercices militaires avec l’aide d’un État Membre de l’ONU, prouvant, si besoin en était, que l’ingérence étrangère est rarement un facteur stabilisateur et qu’une armée étrangère ne peut se maintenir dans le pays. 

Le représentant a donc estimé que le mécanisme « existant » de maintien de la paix doit être adapté aux réalités actuelles et se muer en une mission civile multinationale plus compacte à laquelle l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pourrait fournir la légitimité et l’impartialité nécessaires et un mandat « taillé sur mesure » qui inclurait des mesures de surveillance, de vérification, de rétablissement de la confiance et de maintien de l’ordre. 

Des petits pays comme la République de Moldova, a conclu le représentant, suivent les succès et les échecs du Conseil de sécurité et les nombreux conflits qui pointent clairement vers la nécessité de réformer le Conseil et de veiller à un respect plus strict des principes du droit international.  Cela est essentiel, a insisté le représentant, pour améliorer la gouvernance de la prévention des conflits à l’ONU et renforcer ses efforts de médiation, de consolidation de la paix et de règlement des conflits.

M. ALOWAIS (Émirats arabes unis) a déclaré que nulle part ailleurs, la nécessité de la prévention des conflits était plus urgente qu’au Moyen-Orient, où nous ressentons les graves conséquences de la violence et de l’instabilité.  La Syrie, le Yémen, l’Iraq, la Libye et la Palestine sont autant de conflits dans notre région qui ont des implications sur la sécurité des pays proches et lointains en alimentant l’instabilité mondiale et en bouleversant la sécurité internationale.  Le temps est venu de trouver des solutions politiques à ces conflits et de bâtir des sociétés durables et résilientes dans notre région. 

Nous devons prendre ensemble des décisions difficiles, pousser à l’action collective et être inébranlables dans notre recherche de solutions constructives.  Cela commence ici aux Nations Unies où les Émirats arabes unis espèrent voir la prévention mise en évidence à travers toute l’institution, sur la base d’une relation plus efficace entre le Conseil de sécurité et le Secrétaire général dans un nouveau chapitre offert par le changement de leadership cette année.

La clef de la prévention des conflits et de la paix durable réside dans la construction de sociétés inclusives fondées sur les principes de la tolérance, de l’ouverture et du pluralisme.  Le représentant a avancé trois recommandations pour obtenir des résultats dans la prévention des conflits et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Premièrement, le Conseil de sécurité doit mieux consulter et utiliser les organisations régionales.  Deuxièmement, la prévention des crises doit commencer par le traitement des facteurs sous-jacents qui conduisent à la violence et à l’instabilité.  Troisièmement, les membres du Conseil devraient travailler ensemble pour parvenir à des bons résultats qui bénéficieraient au monde et aux 193 États Membres.

M. AHAMED LEBBE SABARULLAH KHAN (Sri Lanka) a déclaré que les défis du terrorisme, des conflits violents, des violations des droits de l’homme, de la pauvreté, des épidémies, de la destruction des patrimoines culturels devaient être relevés par tous les principaux organes des Nations Unies. 

Ceux-ci doivent travailler collectivement à la réalisation d’un pare-feu de sécurité collectif, conformément à leurs fonctions respectives en vertu de la Charte des Nations Unies. 

Le Conseil de sécurité dispose d’outils puissants pour traiter de la paix et de la sécurité internationales.  Il doit se servir de ces outils avec circonspection et seulement pour la cause de toute l’humanité.  En une période où l’autosatisfaction et la suffisance ont fait leur apparition, les Nations Unies doivent pousser vigoureusement en avant leurs valeurs de solidarité et d’humanité.

Les opérations de maintien de la paix doivent aussi s’adapter et acquérir des compétences spécialisées.  Il faut, a—t-il dit, se concentrer sur l’établissement d’institutions nationales, le renforcement des structures nationales de sécurité et sur les questions de justice réparatrice et de réconciliation. 

De même, convient-il de prendre conscience des causes profondes de l’instabilité et des conflits et construire des réseaux locaux d’information et des réseaux efficaces de collecte de renseignements afin de mieux protéger les civils et les non-combattants, a encore proposé le représentant.

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a appuyé la vision livrée ce matin par le Secrétaire général pour prévenir les conflits et pérenniser la paix.  Les violations des droits de l’homme sont un signe avant-coureur d’une situation de conflit, a-t-elle dit.  Soulignant les liens étroits entre sécurité et développement, la déléguée a demandé la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Elle a invité les différentes composantes du système onusien à rechercher les synergies dans leurs efforts de prévention des conflits, avant d’insister sur le rôle important joué par la Commission de consolidation de la paix.

 La déléguée du Portugal a salué les mesures rapides prises par le nouveau Secrétaire général pour améliorer l’efficacité des méthodes de l’Organisation.  Tous les États doivent s’engager en faveur de la prévention des conflits, a-t-elle déclaré, en appelant de ses vœux la promotion d’une véritable culture de prévention.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a estimé que les pratiques de certains États sont contraires aux responsabilités de membres du Conseil de sécurité.  Il les a accusés d’ingérence étrangère dans les affaires intérieures d’un pays.  Regrettant le manque de volonté politique de certains qui se placent, selon lui, au-dessus du droit international, il a fustigé l’occupation illégale du Territoire palestinien occupé.  Le représentant a ensuite dénoncé l’expansion du terrorisme à travers le monde, en affirmant que certains groupes extrémistes bénéficient du soutien financier et logistique d’États Membres de l’ONU et du Conseil de sécurité.  Si l’Organisation veut s’attaquer aux causes profondes des conflits, « il nous faut renoncer à la force » et privilégier la prévention, a insisté le délégué syrien.  Rappelant que les États-Unis et l’Union européenne avaient pris des mesures pour faire pression sur certains pays, comme la Syrie, le représentant a expliqué le coût de ces sanctions pour la population civile syrienne et demandé d’y mettre fin immédiatement.

Face aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité, nous devons faire plus collectivement, efficacement et à temps, a déclaré, à son tour, Mme ONDINA BLOKAR DROBIČ (Slovénie), qui a souligné l’importance des approches centrées sur la personne et sur le développement.  L’ONU mais aussi les organisations régionales, les organisations non gouvernementales et les acteurs de la société civile doivent faire plus pour aider les pays les plus fragiles et les plus vulnérables, en renforçant en particulier leur résilience et leur architecture de sécurité. 

Améliorer la coopération entre les acteurs internationaux, régionaux et sous-régionaux qui sont au fait des causes sous-jacentes des conflits potentiels est crucial, a ajouté la représentante, pour qui l’un des impératifs du succès en matière de prévention des conflits est le plein respect du droit international et de l’état de droit. 

Elle s’est félicitée de la « montée en puissance » de la diplomatie au service de la paix tout en appelant à la prudence.  En effet, a-t-elle expliqué, nous ne devons pas renoncer au multilatéralisme mais au contraire le consolider, en particulier dans l’action préventive.  Il faut améliorer la coopération et le partage des informations sur les « alertes rapides » et « les évaluations des situations » entre les acteurs internationaux, à l’aide d’une approche globale comprenant l’aide humanitaire, l’appui au développement, la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit ou encore la consolidation de la paix.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a souligné combien il était important de suivre une approche intégrale et sur le long terme pour maintenir la paix dans tous les engagements des Nations Unies, avant, pendant et après les conflits.  Il a également fait remarquer qu’il ne peut y avoir de paix sans développement et inversement.  Son pays estime que la paix durable dépend aussi du renforcement des institutions, de la réforme du secteur de la sécurité et de la bonne gouvernance. 

Il a expliqué qu’après un accord conclu en 2002 dans son pays avec les secteurs de la société civile, la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) avait été créée avec pour objectif unique de soutenir le renforcement des institutions nationales du secteur de la justice. 

C’est ainsi que le Guatemala renforce ses institutions et que son état de droit fonctionne mieux, a-t-il indiqué.  Les citoyens participent activement et demandent des comptes, ce qui contribue à la lutte contre la corruption.  Cette commission est un outil de coopération idéal et cela permet au Guatemala de montrer à ses soutiens internationaux qu’il œuvre en faveur de la paix durable.

M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que la mise en œuvre de la philosophie de la pérennisation de la paix exigeait un changement de culture au sein des Nations Unies.  Il a ainsi félicité le Secrétaire général pour les mesures qu’il a déjà prises en vue de réorganiser certains départements.  Soulignant le rôle crucial joué par la Commission de consolidation de la paix, il a déclaré que le temps était venu de la renforcer.  La question du financement demeure cruciale, a souligné M. Hilale.  Les activités de prévention du Département des affaires politiques, a-t-il souhaité, devraient être financées par des contributions volontaires.

Rappelant les préoccupations de certains États Membres concernant les activités de prévention, le représentant du Maroc a préconisé une clarification du principe de l’alerte précoce et de l’action préventive.  La protection des civils souffrait de la même incompréhension il y a encore quelques années, alors qu’elle est aujourd’hui un principe consacré, a-t-il fait remarquer.  M. Hilale s’est félicité de la fin du mandat du Venezuela au sein de ce Conseil, en précisant que sa délégation s’était  distinguée par un désintérêt complet pour les questions relatives au maintien de la paix et de la sécurité.  Le Représentant permanent du Venezuela s’est érigé en donneur de leçons en matière de droits de l’homme que son pays refuse de reconnaître à son propre peuple, a-t-il affirmé.  Pour M. Hilale, la présence du représentant du Venezuela avait terni l’image de ce Conseil.

M. DAVID YITSHAK ROET (Israël) a rappelé qu’Israël faisait l’expérience d’attaques terroristes par des Palestiniens, comme en témoigne l’attaque perpétrée il y a quelques jours à Jérusalem par un camion lancé à toute allure contre un groupe de militaires, faisant quatre victimes.  « Notre histoire nous a enseignés que le courage, l’impartialité et le fait de voir la réalité telle qu’elle est sont d’importantes composantes de prévention du conflit », a déclaré le représentant, en estimant que ces éléments étaient également vitaux pour le Conseil de sécurité dans sa poursuite de la paix et de la sécurité internationales.  

Pour ce Conseil, le courage consisterait à ne pas détourner le regard d’actions qui posent les fondations d’un futur conflit, a-t-il dit.  Pour ce Conseil également, a poursuivi le représentant, le courage signifierait d’appliquer de manière équitable les valeurs morales à tous, a estimé M. Roet.  Il a estimé que ce n’était pas le cas lorsqu’Israël est victime d’attaques, comme par exemple par le Hezbollah qui n’a cessé de multiplier les agressions depuis l’adoption de la résolution 1701 (2006). 

Pour prévenir le prochain conflit entre Israël et le Hezbollah, le Conseil doit reconnaître la dangereuse montée en puissance de ce groupe au Sud-Liban, et exiger aussi que l’Iran respecte les dispositions de la résolution 1701 (2006). 

Le délégué a estimé en outre que la dernière résolution en date du Conseil, la résolution 2334 (2016), est révélatrice de l’échec de ce Conseil à prendre en considération tous les aspects du conflit israélo-palestinien, ce qui l’a ainsi empêché de jouer un rôle constructif en matière de prévention des conflits.

M. PETER MARTIN LEHMANN NIELSEN (Danemark) a assuré du soutien de son pays le Secrétaire général, M. António Guterres, pour sa vision en faveur de la prévention des conflits et l’instauration d’une paix durable, ainsi que ses efforts visant à une meilleure coordination entre les différentes composantes du système des Nations Unies.  « Nous avons une responsabilité partagée dans le domaine de la prévention des conflits », a-t-il déclaré.  Le délégué a précisé que son  pays, qui est l’un des principaux contributeurs au Département des affaires politiques, était attaché à la cohérence des efforts entrepris dans ce domaine.  Le respect des droits de l’homme, a-t-il souligné, est un élément essentiel d’une paix durable.  Enfin, le délégué danois a souligné l’importance d’associer les jeunes aux mécanismes de prise de décisions afin de prévenir la radicalisation.

Mme ALISON AUGUST TREPPEL, de l’Organisation des États américains, s’est dite convaincue qu’une paix durable n’est possible que dans le cadre d’une vision multidimensionnelle, avec un engagement politique fort et une cohésion sociale.  Donnant l’exemple de sa région, elle a cité le cas de l’accord de paix conclu entre le Gouvernement de la Colombie et les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), accord qui a mis fin au conflit armé le plus long de l’histoire de l’hémisphère occidentale.  C’est le fruit d’un dialogue, d’une entente mutuelle et des bons offices de plusieurs acteurs dont l’Organisation des États américains (OEA), a-t-elle précisé en soulignant le rôle de facilitateurs des organismes régionaux dans les solutions consensuelles.  Ce rôle, a-t-elle dit, doit être renforcé.  Elle a aussi fait remarquer que tout dialogue inclusif qui convoque les acteurs intéressés constitue un véritable et efficace système d’alerte précoce. 

L’OEA a mis en place plusieurs mécanismes pour résoudre de manière pacifique les différends, a-t-elle indiqué en faisant référence aux missions civiles qui ont des mandats bien spécifiques, comme la Mission d’appui au processus de paix en Colombie et la Mission d’appui contre la corruption et l’impunité au Honduras.  Elle a aussi prévenu que les objectifs de développement durable et la paix durable ne seront atteints que si nous travaillons de manière unie, en laissant de côté la rhétorique et en prenant des mesures concrètes en faveur de la bonne gouvernance et de la sécurité, avec la participation active des femmes.

Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a déclaré que son pays, après 40 ans de conflit à Mindanao, avait signé en 2015 un accord de paix avec les séparatistes du Front islamique de libération Moro.  Elle a déclaré que son gouvernement avait puisé dans ses négociations une expérience considérable en matière de prévention des conflits.  La déléguée a estimé que l’autonomisation économique des communautés vulnérables participait aussi de la prévention des conflits.  Elle a ainsi souligné les moyens leur permettant de faciliter l’accès à leurs propres ressources naturelles.  La représentante des Philippines a réaffirmé, avant de conclure, l’attachement de son gouvernement au dialogue politique et à la médiation, tout en tenant compte du bien-être des populations locales. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a dit que la pauvreté était l’une des principales causes de conflits dans le monde.  « Cette pauvreté et le désespoir exposent les jeunes de nos pays au terrorisme, à l’extrémisme violent et aux migrations, source de désastre humain dans la mer Méditerranée », a insisté le représentant du Mali.  Face à ce constat, il a exhorté les États à améliorer la gouvernance et créer les conditions, ainsi que les opportunités égales, pour tous les citoyens.  Au plan international, il a appelé la communauté internationale à mettre en œuvre les recommandations issues des grandes conférences internationales en matière de financement du développement.  

S’agissant de la prévention des conflits, il a souligné le rôle des Mécanismes régionaux pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits de l’Union africaine.  Il a aussi souligné l’importance du Réseau d’alerte et de réponse (ECOWARN), du Conseil des sages et des Médiateurs spéciaux de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Enfin, il a jugé indispensable d’engager une démarche inclusive et globale qui prenne en compte les femmes et les jeunes dans l’analyse et la mise en œuvre des stratégies de prévention des conflits et de consolidation de la paix.

M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) a estimé que les appels à consacrer plus d’énergie aux moyens de prévention signifient aussi que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devait faire partie des stratégies pour une paix durable. 

À cet égard, le représentant a souligné que son pays avait contribué à l’élaboration et à l’opérationnalisation des Directives de l’ONU sur une médiation efficace et pris, au Sommet humanitaire d’Istanbul, plusieurs engagements liés à la prévention des conflits, dont ceux de traiter des causes sous-jacentes des conflits, de réduire la fragilité des situations postconflit et d’intégrer les efforts humanitaires, de développement et de consolidation de la paix. 

La Bulgarie a toujours appuyé les capacités de médiation du système de l’ONU, y compris par des contributions annuelles au Fonds d’affectation spéciale. 

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a dit que le continent africain, en particulier, demeurait confronté à des défis complexes dont la liste est longue.  Il a ajouté que si le diagnostic est aussi clairement posé, peut-on dire que les solutions adaptées sont identifiées et qu’elles produisent les résultats escomptés?  « La réponse ne peut être que nuancée », a continué le représentant. 

Il a affirmé que si l’impact dévastateur des conflits sur les vies humaines et les souffrances indicibles qu’ils engendrent sont connus, leur coût à long terme sur l’infrastructure régionale et l’économie le sont beaucoup moins, comme le montre le récent rapport de l’Institute for Economics and Peace. 

Ce rapport a établi que pour 2015 seulement, les chiffres s’élèvent à 13 600 milliards de dollars, soit 13,3% du PNB mondial.  Ce constat dicte l’impératif de nous mobiliser en faveur de l’utilisation optimale des outils de diplomatie préventive à notre disposition ainsi que de la mise en œuvre des recommandations issues du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix de 2015.

Djibouti est convaincu qu’il faut investir dans la paix.  C’est pour cette raison qu’il a rejoint le Groupe des Amis de la pérennisation de la paix.  Par ailleurs, la politique du Président de la République de Djibouti, a dit le représentant, est entièrement guidée par cet impératif de promotion de la paix.  La prévention est une action continue qui nécessite une vigilance de tous les instants.  

M. ADIKALIE FODAY SUMAH (Sierra Leone) a remercié les membres de la formation « Sierra Leone » de la Commission de consolidation de la paix, au nom d’un pays qui est passé du statut d’hôte d’une opération de maintien de la paix à celui de pays contributeur de troupes.  Quinze ans après la fin du conflit, la Sierra Leone a réalisé, avec l’appui des Nations Unies, des progrès remarquables sur la voie de la prévention des conflits et de la paix durable, s’est réjoui le représentant.  La Sierra Leone a tourné le dos à la fragilité, a-t-il affirmé, en attribuant ce succès à des institutions impartiales et transparentes, caractérisées par une appropriation nationale réelle et une véritable ouverture. 

Dans ce contexte, le représentant a insisté sur une bonne coordination entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Il leur faut, a-t-il estimé, des relations de travail où chacun exploite les avantages comparatifs de l’autre.  Le représentant a aussi souligné l’importance d’établir un vrai partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales pour contrer le trafic des armes légères, celui des drogues et le mercenariat. 

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a recommandé que le Conseil de sécurité mette fin à des silos qui empêchent le travail de l’Organisation et de travailler, au contraire, plus étroitement avec l’Assemblée générale, le Conseil économique et social ou encore la Commission et le Fonds pour la consolidation de la paix.  À ce propos, il a souligné que la prévisibilité des fonds était la clef du succès des efforts en faveur d’une paix durable.  Il a aussi recommandé que le Conseil de sécurité se montre plus audacieux dans la prévention des conflits et encourage, par exemple, son président à mener « une diplomatie douce » avec les pays inscrits à son ordre du jour. 

Dans le même temps, il ne faut pas perdre de vue les objectifs stratégiques plus larges de la lutte contre les causes sous-jacentes des conflits dont la pauvreté, les inégalités, les violations des droits de l’homme, voire la dégradation de l’environnement.  La Charte des Nations Unies, a-t-il conclu, offre tous les instruments nécessaires.  C’est la volonté politique du Conseil de les exploiter qu’il faut obtenir, de même que sa collaboration avec le Secrétariat, les États Membres et autres parties prenantes.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a rappelé que la prévention des conflits signifie que l’on s’engage pour la paix et que l’on procède à des changements profonds nécessaires pour maintenir la paix.  Aux Nations Unies, nous devons commencer à engager des réformes profondes dans ce domaine.  Nos structures aux niveaux national, régional et mondial doivent être revues et améliorées.  La solution politique fondamentale doit commencer aux Nations Unies.  Nous devons faire en sorte que les procédures démocratiques soient appliquées au sein d’un Conseil de sécurité restructuré et d’une Assemblée générale revitalisée.

La Namibie s’associe à l’Union africaine et à son architecture de paix et de sécurité africaines et sa feuille de route axée sur la prévention des conflits, la gestion des conflits et la consolidation de la paix qui sont fondamentales pour faire taire les armes à feu avant 2020.  Avant de terminer, le représentant a appelé à la reconnaissance et l’exercice du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination.  La question du Sahara occidental doit faire partie de nos discussions sur la prévention des conflits, a-t-il dit, en soulignant qu’il était important de veiller à ce que les résolutions des Nations Unies sur ce territoire occupé soient mises en œuvre immédiatement.  

Bien que son pays n’ait jamais été membre du Conseil de sécurité, M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a indiqué qu’il n’en était pas moins déterminé à soutenir ses efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales.  Pour sa délégation, le règlement des conflits exige, a-t-il dit, des approches intégrées répondant à leurs causes profondes.  Le représentant s’est ensuite enorgueilli d’avoir organisé une centaine de réunions bilatérales avec ses homologues d’autres missions permanentes auprès de l’ONU et d’autres parties prenantes pour les informer au sujet du rôle joué par son pays en Afrique et, en particulier, en Afrique centrale.  Dans le cadre d’une telle coopération internationale, a encore noté le représentant, la Guinée équatoriale coopère également avec des organisations intergouvernementales telles que l’Union africaine et des groupes de la société civile, comme le Comité de l’aide à l’enfance de Guinée équatoriale, en vue de réaliser les objectifs de développement durable. 

M. TIGRAN SAMVELIAN (Arménie) a déclaré que son gouvernement avait constamment souligné l’importance d’assurer la synergie, la cohérence et la coordination entre les organes des Nations Unies.  Le représentant a ajouté que le contexte régional de la prévention des conflits doit être reconnu et soutenu.  La division de travail, la coordination et la non-duplication des efforts et des activités constituent les éléments essentiels de l’utilisation efficace des capacités des organisations régionales dans la prévention des conflits et la résolution de conflit. 

S’agissant du conflit au Nagorno-Karabakh, le représentant a dénoncé les obstacles imposés par l’Azerbaïdjan à tout effort en faveur d’un règlement pacifique du conflit.  Il a ainsi évoqué la tentative d’incursion de l’Azerbaïdjan, le 29 décembre 2016, à la frontière avec l’Arménie qui a causé des pertes en vies humaines.  L’Azerbaïdjan continue d’infliger un préjudice considérable au processus de paix, a-t-il assuré.  Dans leur dernière déclaration le 9 décembre dernier, les coprésidents du Groupe de Minsk avaient exhorté une nouvelle fois pour le strict respect des accords conclus aux Sommets de Vienne et de Saint-Pétersbourg, y compris l’obligation de finaliser, dès que possible, le mécanisme d’enquête de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a-t-il rappelé. 

L’Azerbaïdjan, a regretté le représentant arménien, refuse de mettre en œuvre les accords sur le déploiement de l’équipe d’enquête de l’OSCE dans la zone de conflit au Nagorno-Karabakh et la création d’un mécanisme d’enquête de l’OSCE sur les violations du cessez-le-feu.  Il a assuré que l’Arménie restait pleinement attachée au règlement pacifique du conflit dans le cadre internationalement accepté défini par le Groupe de Minsk, avant d’insister sur la mise en œuvre des accords conclus aux sommets de Vienne et de Saint-Pétersbourg, respectivement en mai et juin 2016.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a d’emblée déclaré qu’au moment où le Conseil tient son débat, son pays était à nouveau frappé par une série d’attentats perpétrés ce matin par des Taliban à Kaboul et dans les provinces de Kandahar et de Helmand et qui ont coûté la vie à 135 personnes.  Le terrorisme est présent dans plusieurs conflits et partout dans le monde, a-t-il déploré en insistant pour qu’une approche multidimensionnelle soit adoptée en vue de le combattre efficacement.  Il a estimé que le Plan d’action des Nations Unies pour prévenir l’extrémisme violent constitue un outil préventif qui tient compte des différents facteurs internes de ce phénomène.  Les Nations Unies doivent aussi accorder une plus grande attention à certains facteurs externes, a-t-il recommandé.  Le représentant a fait remarquer que le cycle de la violence et de l’insécurité en Afghanistan et dans cette partie du monde est intrinsèquement lié à la présence de sanctuaires et d’abris où les groupes extrémistes se trouvent.

Le programme pour la paix va de pair avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il aussi estimé en plaidant pour un partenariat, au sein de la communauté internationale, en soutien, en particulier, au développement des États enclavés et des pays fragiles.  Soulignant aussi l’importance du dialogue national, de la médiation et de la réconciliation, il a donné l’exemple de son gouvernement d’unité nationale qui œuvre de manière inlassable pour instaurer une paix durable.  Il est crucial, a-t-il précisé, que l’on respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  Il a rappelé à ce propos que sa délégation avait émis des réserves sur les contacts établis par certains pays avec des groupes d’opposition armés en Afghanistan.  Enfin, il a affirmé que l’ONU et le Conseil de sécurité en particulier avaient un rôle important pour s’attaquer aux causes profondes et facteurs structurels des conflits.

Pour M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus), il est urgent que le monde réalise la fragilité de son environnement physique, social, culturel et politique.  Le représentant a estimé que les progrès ne seront pas réalisés par un vote de la majorité des membres de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité mais plutôt de la capacité des dirigeants de diriger.  Les peuples du monde, a-t-il dit, attendent avec anxiété que les pays puissants parviennent à une meilleure entente.

M. RY TUY (Cambodge) a prévenu que le succès de la prévention des conflits dépendait d’abord et avant tout de la volonté politique.  Cette prévention ne doit pas être vue sous l’angle étroit du maintien de la paix et de la sécurité internationales par des moyens militaires.  Bien au contraire, la promotion du développement socioéconomique et de la lutte contre les changements climatiques doivent être les priorités dans tous les organes de l’ONU. 

Dans ce cadre, la coopération internationale doit être promue et le Conseil de sécurité doit se montrer prêt à travailler avec tous les États Membres, assurant redevabilité politique et transparence dans son travail et tenant dûment compte de l’avis de l’Assemblée générale, l’organe le plus représentatif et le plus démocratique du système qui s’occupe d’un élément fondamental de la prévention des conflits, le développement. 

Le représentant a aussi plaidé pour des relations de travail plus efficaces entre le Conseil et le Secrétaire général dont le rôle est indéniable et dont les rapports doivent se fonder sur des données claires, précises et vérifiables.  Une relation de travail renforcée entre le Conseil, le Secrétaire général et l’Assemblée générale ne peut que promouvoir la transparence dans le travail de l’ONU et rendre cette dernière plus comptable de ses actes devant l’opinion publique. 

En matière de prévention, a conclu le représentant, il est essentiel de renoncer à toute utilisation ou toute menace d’utiliser la force dans les relations internationales.  Il faut en effet respecter la Charte dans ses principes de souveraineté, d’intégrité territoriale, d’autodétermination et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. 

M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a souligné la nécessité d’intégrer les programmes de paix et de sécurité, de développement et de droits de l’homme, en mettant l’accent sur la prévention et la lutte contre les causes profondes des conflits.  Il a plaidé en faveur de la mise en œuvre des trois examens menés en 2015 sur les opérations de paix et, en particulier, des résolutions identiques adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale sur la pérennisation de la paix en avril 2016.  Il a aussi estimé que le Programme 2030 de développement durable était une bonne base pour s’attaquer aux causes des conflits comme la pauvreté.  L’ONU est la seule entité vraiment universelle qui peut guider et développer des normes pour les États Membres en vue de réagir aux conflits et de les prévenir, a-t-il rappelé, avant d’inviter à se départir de la mentalité de silos qui prévaut dans tout le système des Nations Unies et qui affaiblit ses capacités de prévention.

Le représentant du Kenya a recommandé de développer des institutions nationales des pays capables de s’attaquer aux causes profondes des conflits, en soulignant l’importance cruciale de l’appropriation nationale.  Ce principe doit être respecté lorsque sont créés des missions politiques spéciales, des opérations de maintien de la paix et des programmes de consolidation de la paix, a-t-il dit, en invitant les autorités nationales et l’ONU à coopérer et à se compléter.  Le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, doit continuer à encourager les partenariats avec les entités régionales et sous-régionales qui soutiennent la prévention des conflits.  Il doit aussi faire une plus grande place au financement de la prévention, notamment par le biais du Fonds pour la consolidation de la paix.  Enfin, M. Kamau a plaidé en faveur de mécanismes d’alerte précoce, en précisant que le Conseil devrait aider les pays à développer leurs propres systèmes.  Il a aussi souhaité voir un renforcement des liens entre les différents organes de l’ONU.

M. DENIS RÉGIS (Haïti) a déclaré qu’il était opportun de réexaminer les priorités stratégiques en matière de maintien de la paix.  Le représentant a souscrit à un certain nombre d’idées qui ont été mises en avant au fil des dernières années par les différentes instances des Nations Unies dans le cadre de la prévention et du règlement des conflits.  Ces propositions privilégient les solutions qui tiennent compte des causes profondes des conflits et des facteurs structurels qui les sous-tendent.  Le représentant a souligné qu’il était essentiel que le Conseil de sécurité se réapproprie pleinement la mission qui lui est dévolue par la Charte des Nations Unies afin d’apporter des réponses fortes aux menaces actuelles à la paix et à la sécurité internationales. 

Compte tenu des facteurs en présence, on ne doit ni sous-estimer ni occulter les causes profondes de conflit que sont la misère économique, l’injustice sociale, l’oppression, la marginalisation et l’exclusion, a rappelé le représentant.  Il importe donc que tout soit mis en œuvre pour s’attaquer aux facteurs économiques qui engendrent les conflits, les entretiennent ou les exacerbent.  L’ONU se doit d’être prête à faire sa part, notamment par la mobilisation des ressources financières et techniques susceptibles de contribuer à désamorcer la bombe à retardement de l’extrême pauvreté.  Enfin, il convient de faire valoir que l’ONU ne devrait en aucun cas se soustraire à ses responsabilités à l’égard des populations qu’elle est appelée à protéger, y compris dans les cas de préjudices moraux et matériels dont elle serait elle-même la cause, et ce, au nom du respect des normes relatives aux droits de l’homme qu’elle a pour mission de promouvoir, a estimé le délégué d’Haïti.

M. MICHAL KOMADA (Slovaquie) a rappelé qu’en 2015, l’examen de l’architecture de paix et de sécurité avait souligné le rôle vital de la prévention des conflits dans les travaux des Nations Unies.  Rappelant les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur la consolidation de la paix, le représentant a insisté sur l’alerte précoce, la médiation et la problématique hommes-femmes, la coopération avec les organisations régionales, le renforcement des capacités nationales, et les mesures pour remédier aux causes profondes des conflits.  Le représentant a encouragé le Secrétaire général à faire des suggestions nécessaires pour améliorer la gestion et le financement du Secrétariat, y compris l’identification d’un financement adéquat pour renforcer et rationaliser les capacités de prévention et de médiation.

La paix durable, a souligné M. Komada, est un objectif et un processus pour bâtir une vision commune de la société.  Les instruments pour y parvenir, a-t-il précisé, comprennent un lien entre la paix, le développement et les droits de l’homme, l’appropriation nationale et des partenariats stratégiques étroits avec diverses parties prenantes.  La prévention pourrait contribuer à économiser d’énormes ressources nécessaires pour le développement durable qui, à son tour, pourrait empêcher que le conflit ne reprenne. 

M. MICHAEL MAVROS (Chypre) a jugé indéniable que l’ONU compose avec un nombre sans précédent de conflits, ce qui pose un obstacle de taille aux efforts visant à réorienter les ressources et les fonds vers la prévention des conflits.  Convaincu qu’un des éléments les plus importants de la paix durable est le leadership politique en temps opportun, le représentant a estimé que le nouveau Secrétaire général et le Conseil de sécurité devaient ouvrir la voie aux nouveaux consensus politiques à l’heure des urgences humanitaires. 

Pour sa délégation, le Conseil doit explorer les moyens d’améliorer son aptitude à prévenir les conflits et de faciliter l’ouverture du dialogue au niveau politique, dans le respect de l’appropriation nationale.  En outre, la prévention des conflits doit être menée aussi dans le respect des principes de neutralité, d’objectivité et d’impartialité à l’échelle du système des Nations Unies, a suggéré M. Mavros. 

Enfin, a ajouté le représentant, une approche large et inclusive de la prévention des conflits doit être privilégiée, qui incorpore les éléments de base du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a déclaré que des approches plus proactives sont nécessaires pour faire face à la prévention des conflits et une volonté politique forte est nécessaire pour la faire avancer.  La représentante s’est félicitée de l’attention et de l’engagement accrus du Conseil de sécurité au rôle des femmes et des filles dans la prévention et le règlement des conflits.  Elle a ensuite attiré l’attention du Conseil sur son débat public de juillet 2015 portant sur les défis de la paix et de la sécurité des petits États insulaires en développement qui a révélé les nouvelles dimensions de l’analyse de la sécurité dans les régions des petits États insulaires en développement (PEID). 

Ces dimensions ne devraient pas être un événement isolé, a averti la représentante.  Elles doivent être comprises dans le contexte de ces régions où la fragilité s’empire.  Elle a exhorté le Conseil à ne pas se limiter à réaffirmer son engagement en faveur de la prévention des conflits, mais aussi à prendre compte de la situation des petits États insulaires dans ses travaux futurs.

M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a dit que si les objectifs de développement étaient mis en œuvre, ils pouvaient être un moyen de prévention puissant.  Il en va de même pour les obligations des Nations Unies en matière de droits de l’homme.  Dans le même temps, l’écart entre les engagements de mise en œuvre du développement durable et les violations constantes des droits de l’homme sont des signaux d’alerte précoce qui peuvent constituer une base pour l’ONU de prendre des mesures préventives.

Le représentant a ajouté que la justice transitionnelle était une condition préalable pour consolider la paix et prévenir les conflits.  Elle diminue la probabilité que les sociétés postconflit retombent dans un conflit.  En outre, la dissuasion est un outil de prévention clef et l’une des principales réalisations de la Cour pénale internationale (CPI) lorsqu’il s’agit de prévenir les atrocités de masse. 

M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée) a estimé que le Conseil de sécurité devrait agir avec l’impartialité et l’objectivité nécessaires à l’accomplissement de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a attiré l’attention sur l’attitude du Conseil à l’égard de la question de la péninsule coréenne où ont lieu des tensions très graves.  Personne ne sait si une guerre nucléaire va se déclencher, du fait des manœuvres des États-Unis, a-t-il dit en dénonçant les exercices militaires de ce pays qui menacent la sécurité de la RPDC.  Il a indiqué que sa délégation avait saisi le Conseil de sécurité plusieurs fois à ce sujet pour demander la convocation d’une réunion d’urgence, sans toutefois y réussir.

M. Kim a expliqué qu’en raison des menaces nucléaires posées par les États-Unis depuis les années 1950, son pays n’avait pas d’autre choix que d’opter pour l’arme nucléaire.  Il a estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait pas dire que des activités nucléaires et balistiques constituent une menace à la paix et à la sécurité mondiales, en arguant qu’il n’y a aucune disposition en ce sens dans la Charte des Nations Unies, ni aucune norme du droit international.  Pour répondre à cette objection, le Secrétariat des Nations Unies a seulement mentionné l’Article 39 de la Charte, a-t-il fait remarquer, en s’étonnant qu’il n’ait pas répondu aux questions posées par son pays dans une lettre du 20 décembre 2016 adressée au Secrétaire général adjoint aux affaires politiques.  De l’avis de sa délégation, l’Article 39 ne peut pas motiver juridiquement les résolutions qui ont prévu des sanctions.  Ces résolutions, a-t-il soutenu, sont sans fondement juridique et immorales.  Pour le représentant de la RPDC, les essais nucléaires et tirs de roquettes par son pays ne sont que l’exercice d’un droit légitime prévu dans la Charte des Nations Unies.

Le représentant du Venezuela a regretté que son homologue du Maroc ait proféré des injures contre son pays.  Cette attitude est regrettable de la part du Maroc qui a tendance à agir de la sorte lorsqu’il est fait référence à la question du Sahara occidental, a-t-il dit.  La communauté internationale attend depuis 25 ans l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination au Sahara occidental, a tenu à rappeler le représentant du Venezuela. 

Le représentant du Maroc a répondu au Venezuela en invoquant l’Article 24 de la Charte des Nations Unies qui confère la responsabilité du maintien de la paix aux membres du Conseil de sécurité, qui agissent, a-t-il rappelé, au nom des Membres des Nations Unies.  Il a regretté qu’un État Membre, ayant siégé au sein de ce Conseil, se soit focalisé sur son pays.  Il a expliqué que les peuples des provinces du sud du Maroc vivent dans la paix et la quiétude, ce qui n’est pas le cas, a-t-il affirmé, pour les habitants du Venezuela qui doivent quitter le pays à cause du manque de produits alimentaires et de médicaments.  « Un pays qui tue ses propres magistrats ne peut pas agir pour la paix et la sécurité dans le monde », a-t-il fait remarquer avant de conclure.

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