En cours au Siège de l'ONU

L’ECOSOC confirme les dates du 30 et 31 janvier pour son sixième Forum de la jeunesse organisé sur le thème « les jeunes et l’éradication de la pauvreté »

Session de 2017,     
9e séance – matin
ECOSOC/6804

L’ECOSOC confirme les dates du 30 et 31 janvier pour son sixième Forum de la jeunesse organisé sur le thème « les jeunes et l’éradication de la pauvreté »

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a confirmé ce matin les dates de son sixième Forum de la jeunesse qui se tiendra, les 30 et 31 janvier 2017, sur le thème « Le rôle des jeunes dans l’éradication de la pauvreté et dans la promotion de la prospérité dans un monde en mutation ».  Des tables rondes interactives seront organisées avec des ministres et autres orateurs de haut niveau.

C’est finalement du 19 au 21 avril 2017, que l’ECOSOC* tiendra sa première réunion de coordination et de gestion, originellement prévue du 26 au 28 avril.  Le segment humanitaire aura lieu à Genève du 21 et 23 juin, sous la houlette du Vice-Président, M. Jürgen Schulz, de l’Allemagne, élu aujourd’hui pour remplacer M. Heiko Thoms, démissionnaire, pendant le restant de la session 2017.  Enfin, l’ECOSOC a choisi pour thème de son débat consacré à l’intégration** « Comment faire de l’élimination de la pauvreté un objectif systématique de toutes les politiques »?

Le représentant de l’Irlande s’est dit déçu de ne pas avoir été invité à la retraite de l’ECOSOC sur les préparatifs de la session 2017, les 20 et 21 janvier derniers à New York.  Il a jugé « regrettable » que certains membres du Conseil aient été exclus, craignant par-là que certains membres soient considérés comme plus importants que d’autres.  Le représentant irlandais a été soutenu par ses homologues de la France, de l’Australie et du Royaume-Uni.  Il faut préserver la transparence des organes des Nations Unies, y compris l’ECOSOC, a commenté le délégué australien alors que celui du Royaume-Uni a insisté sur l’obligation de n’exclure personne.  À l’avenir, ceux qui voudront participer aux retraites seront invités, a rassuré le Président de l’ECOSOC, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava du Zimbabwe qui, durant cette session 2017, sera épaulé aux vice-présidences par Mme Marie Chatardova de la République tchèque, et MM. Jürgen Schulz de l’Allemagne, Cristián Barros Melet du Chili, et Nabeel Munir du Pakistan.

Les 52 membres du Conseil économique et social tiendront leur session de fond de février à juillet pour examiner les questions liées aux activités opérationnelles de développement menées par les agences des Nations Unies; à la coordination et à la gestion; et à l’intégration et aux affaires humanitaires.  L’ECOSOC convoquera, dans ce cadre, ses Forums sur le financement du développement et sur le développement durable, avant de couronner ses travaux par son segment de haut niveau.

*E/2017/L.12

**E/2017/L.11

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: l’Envoyé spécial veut faire converger les positions des parties sur la base d’une proposition de paix équilibrée avec l’appui des pays de la région

7871e séance – après-midi  
CS/12695

Yémen: l’Envoyé spécial veut faire converger les positions des parties sur la base d’une proposition de paix équilibrée avec l’appui des pays de la région

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Ismail Ould Cheikh Ahmed, a expliqué aux membres du Conseil de sécurité, cet après-midi, qu’il espérait pouvoir amener les parties à travailler en vue de la paix sur la base d’une proposition viable, une vision que le représentant du Yémen a partagée en exprimant sa confiance en l’efficacité des travaux de l’ONU pour rétablir la paix. 

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, a attiré l’attention sur la situation humanitaire du pays, en signalant « la plus importante urgence alimentaire dans le monde » et en avertissant d’un risque de famine en 2017.

« On a constaté une recrudescence des activités militaires au cours des derniers mois », a dit l’Envoyé spécial, précisant que les civils se trouvant à Taëz souffraient toujours de tirs aveugles dans les zones résidentielles.  En outre, les combats au sol et les tirs aériens se sont accrus sur la côte ouest du pays après le lancement de l’opération « Lance d’or » par le Gouvernement yéménite et les forces alliées. 

« Je reste convaincu qu’il n’y a pas de solution militaire possible », a-t-il dit, en prévenant des risques que court le pays si le conflit se poursuit sur ce plan, alors qu’il y a une proposition de paix viable sur la table.

Une cessation des hostilités après deux semaines de période préparatoire, telle est la proposition qui est ressortie d’une réunion tenue à Riyad le 18 décembre avec le Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite et des représentants d’Oman, des Émirats arabes unis, des États-Unis et du Royaume-Uni.  Alors que plusieurs cessez-le-feu ont échoué, ces derniers mois, « nous voulons cette fois que la cessation des hostilités dure et apporte un répit au peuple yéménite ».

Le Ministre des affaires étrangères de la Jordanie est prêt à apporter tout son appui à la paix au Yémen, a indiqué M. Ould Cheikh Ahmed, en se félicitant que ce pays souhaite organiser une réunion pour les préparatifs à la cessation des hostilités.

Lors de la réunion du 18 décembre, il a aussi été demandé aux parties de travailler de toute urgence avec l’Envoyé spécial, avant le démarrage des négociations, sur la base des propositions soumises.  Celles-ci sont cohérentes avec l’Initiative du Conseil de coopération des États arabes du Golfe et avec son mécanisme de mise en œuvre, ainsi qu’avec les résolutions du Conseil de sécurité. 

Les parties ont cependant certaines réserves, a expliqué M. Ould Cheikh Ahmed en assurant vouloir poursuivre les consultations avec elles pour faire converger leurs vues.  « Nous espérons que nous pourrons trouver des solutions en harmonie avec les résolutions du Conseil de sécurité, pour ouvrir la voie à une période de transition. »

L’Envoyé spécial a affirmé qu’avec l’aide d’Oman et des États-Unis, Ansar Allah et le Congrès général du peuple avaient, en novembre, accepté la feuille de route comme base des futures consultations.  Il a cependant regretté que ces parties ne fassent pas de propositions et ne discutent pas sérieusement des accords en matière de sécurité. 

En outre, la décision d’Ansar Allah et du Congrès général du peuple de nommer un gouvernement parallèle est très décevante, a-t-il dit, en avertissant à nouveau que de telles mesures unilatérales sapaient la confiance entre les parties.

L’Envoyé spécial s’est rendu deux fois à Aden depuis son dernier exposé pour demander au Président de s’engager publiquement en faveur des consultations basées sur ses propositions, mais il a regretté les critiques réitérées du Président concernant la feuille de route.

La situation économique et humanitaire continue de se dégrader, a-t-il poursuivi, ajoutant que 18,8 millions de Yéménites avaient besoin d’aide humanitaire et que 2,2 millions d’enfants souffraient de malnutrition aiguë. 

La situation est aggravée du fait de la fermeture de l’aéroport de Sanaa.  Il a donc demandé, dans une lettre adressée au Gouvernement du Yémen et aux parties, d’assurer la sûreté de l’aéroport et de permettre la reprise des vols commerciaux et civils, une requête exprimée également par le Coordonnateur des secours d’urgence.

Si le retard de versement du traitement des fonctionnaires a gravement affecté le pouvoir d’achat, il a dit avoir été informé, aujourd’hui, que les versements avaient repris.  Il faudra aussi, a-t-il ajouté, garantir le financement du Fonds de protection sociale.  Il a en outre encouragé les partenaires internationaux à trouver les moyens d’assurer les paiements en devises fortes pour les importations de matières premières.

M. Ould Cheikh Ahmed a insisté sur le caractère équilibré de sa proposition qui tient compte des considérations des deux parties, ainsi que de la situation du pays.  Malgré les compromis difficiles à faire, il y a vu une possibilité de retour à la paix et a encouragé les parties à y réfléchir. 

Il s’est d’ailleurs félicité du soutien exprimé par plusieurs pays de la région, en espérant que cela inciterait les parties à s’engager en vue d’une cessation rapide des hostilités.  « J’espère aussi que les dirigeants yéménites prendront conscience des souffrances de la population et auront l’audace de s’engager en faveur d’une solution politique pour y mettre fin. »

Dans son exposé axé sur la situation humanitaire, M. O’Brien a, lui, déploré une constante détérioration, tandis que le conflit armé, marqué par des frappes aériennes quotidiennes et des affrontements, s’est intensifié.  Il a signalé que 10,3 millions de Yéménites avaient besoin d’une aide urgente et vitale, « un chiffre sidérant » qui équivaut à la population de la Suède. 

En outre, plus de deux millions de personnes sont déplacées et, au 31 décembre, 7 469 Yéménites avaient été tués et 40 483 blessés en raison du conflit, des chiffres probablement en deçà de la réalité.

M. O’Brien a insisté sur la condition désastreuse des enfants au Yémen: un enfant âgé de moins de 5 ans mourant toutes les 10 minutes de causes évitables.  Depuis le début des hostilités en mars 2015, plus de 1 400 enfants ont été tués et plus de 2 140 autres blessés, tandis que 1 441 enfants ont été recrutés par les parties belligérantes, certains étant âgés de moins de 8 ans.  Il a précisé que, là encore, les véritables chiffres étaient sans doute bien plus élevés.

Il a ensuite fait état de « la mort silencieuse » des Yéménites, emportés par la famine et des maladies, pourtant largement évitables.  Le conflit au Yémen entraîne la plus importante urgence alimentaire dans le monde.  « Si une action immédiate n’est pas prise, la famine est un scénario possible en 2017 », a-t-il poursuivi, en précisant que deux millions de personnes avaient besoin d’une aide alimentaire d’urgence et que 2,2 millions de bébés souffraient d’une malnutrition aiguë.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a également noté que deux tiers des dommages causés aux infrastructures résultaient de frappes aériennes, tout en déplorant les nombreuses violations des droits de l’homme.

Il a ensuite présenté la situation économique et sociale, marquée par un effondrement d’une ampleur sans précédent des institutions publiques, une destruction des infrastructures, une crise de liquidités et une dévalorisation continue de la monnaie locale.  En décembre, le prix de la farine de blé était de 25% plus cher qu’avant le début de la crise, tandis que le gaz de cuisine est aujourd’hui plus cher de 60%.

M. O’Brien a indiqué que le mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies avait donné son feu vert à 324 vaisseaux sur 394 demandes.  Depuis le début des opérations, plus de cinq millions de tonnes de livraisons ont été déchargées, y compris deux millions de tonnes de denrées alimentaires et un peu plus d’un million de tonnes d’essence.  Les délais dans l’octroi des autorisations sont dus aux restrictions imposées par la coalition emmenée par l’Arabie saoudite.

Malgré les difficultés, M. O’Brien a souligné que les acteurs humanitaires –114 organisations opèrent dans le pays- avaient pu fournir une aide à 5,6 millions de Yéménites.  Si l’épidémie de choléra a été enrayée, grâce notamment à la mise en place de 26 centres de traitement, il faut néanmoins rester vigilant.

Il a ensuite insisté sur les progrès enregistrés sur le plan administratif, notamment en ce qui concerne la délivrance de visas pour les travailleurs humanitaires.  Il a salué les efforts des autorités saoudiennes en vue de renforcer leur dialogue avec les partenaires humanitaires afin de surmonter les défis existants dans la fourniture de l’aide humanitaire.

Estimant à deux milliards de dollars environ la somme nécessaire au financement de la réponse humanitaire en 2017 au Yémen, il a appelé les États Membres à se montrer « généreux » lors de la Conférence des donateurs pour le Yémen, prévue fin mars.

Le Secrétaire général adjoint a invité les membres du Conseil à appeler à un cessez-le-feu immédiat au Yémen, à user de leur influence auprès des parties pour qu’elles respectent leurs obligations, y compris un accès humanitaire sûr et sans entrave, à faciliter une augmentation des importations d’articles de première nécessité et à faire en sorte que les fonctionnaires dans le pays soient payés.

Le représentant du Yémen, M. Khaled Hussein Mohamed Alyemany, a remarqué que, deux ans après le début des attaques par les milices houthies et les forces de l’ancien Président contre le régime yéménite, leur projet s’effondrait face à la détermination du peuple.  Il a fait référence au dialogue qui a été lancé et qui est accepté par le peuple yéménite, en exprimant une volonté de mener une transition pacifique au Yémen.

Le Gouvernement yéménite réaffirme son attachement à la paix, a-t-il dit, en expliquant pourquoi il avait rejeté le plan du Secrétaire d’État américain John Kerry.  Il faut tenir compte des résultats des réunions du Koweït, a-t-il demandé, ne voulant pas que le coup d’État soit légitimé d’aucune façon car « aucune cessation des hostilités ne peut tenir sans accord de toutes les parties ». 

Il a indiqué que les adversaires de son gouvernement avaient refusé de participer à un atelier organisé par le Comité de désescalade organisé en Jordanie.

M. Alyemany a fait état des grandes souffrances qu’enduraient le peuple yéménite, avant de dénoncer les pratiques des auteurs du coup d’État qui s’approprient les ressources du pays, notamment des fonds de la Banque centrale, et pratiquent toutes sortes de trafics illicites.  De même, il a été demandé au Président de la Banque centrale de verser les traitements des fonctionnaires.

Des milliers d’enfants sont recrutés par les milices pour être envoyés sur les fronts, a également dénoncé le représentant du Yémen en espérant que les responsables rendraient des comptes de leurs actes après la cessation des hostilités.  Il a aussi mentionné le nombre de détenus arbitraires, dont des enfants, en souhaitant que les membres des familles puissent connaître le sort de ces détenus.  « Pourquoi priver de liberté les personnes qui ont condamné le coup d’État ? »

Le Gouvernement a invité le Groupe d’experts à se rendre dans toutes les zones qu’il contrôle, a-t-il dit, avant de reconnaître qu’il restait encore à protéger l’aéroport de Sanaa et à assurer la sécurité des ports.  Mais toutes les parties du pays sont maintenant accessibles et l’aéroport d’Aden fonctionne normalement. 

Il a d’ailleurs lancé une invitation au Secrétaire général pour qu’il puisse voir sur place le travail accompli.  Enfin il a souhaité que le Conseil de sécurité prenne position sur les auteurs du coup d’État.

Seul membre du Conseil de sécurité à s’exprimer au cours de la séance, le délégué de l’Uruguay, M. Elbio Rosselli, s’est dit consterné par l’aggravation constante de la situation au Yémen.  Le peu de bruit médiatique autour de ce conflit n’exonère ni les parties ni la communauté internationale, de leurs responsabilités, a-t-il dit. 

Rappelant que le Conseil avait tenu 13 réunions sur la Syrie, au 31 octobre 2016, il a constaté un déséquilibre manifeste.  Il a ensuite déploré la paralysie du processus de paix et appelé les parties à reprendre le dialogue. 

Il a fermement condamné les attaques contre les civils, les écoles et les hôpitaux qui démontrent, comme en Syrie, une déshumanisation sans précédent. Les responsables de ces atrocités devront rendre des comptes, a conclu le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: en dépit du cessez-le-feu en vigueur depuis un mois, de hauts fonctionnaires de l’ONU font état d’une situation humanitaire préoccupante

7870e séance – matin   
CS/12694

Syrie: en dépit du cessez-le-feu en vigueur depuis un mois, de hauts fonctionnaires de l’ONU font état d’une situation humanitaire préoccupante

En dépit d’un cessez-le-feu conclu le 30 décembre dernier en Syrie, et de la réunion qui vient de se tenir à Astana, au Kazakhstan, entre le Gouvernement syrien et les représentants de l’opposition, la situation humanitaire dans le pays en guerre depuis 2011 demeure préoccupante, a indiqué, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, en se voulant toutefois optimiste.

« L’année 2016, en Syrie, a été marquée par des dévastations et des souffrances à des niveaux qui défient l’entendement.  Pourtant, en ce début d’année 2017, il y a des raisons d’espérer, bien qu’il soit très difficile de l’imaginer », a estimé M. O’Brien.  Tandis que la cessation des hostilités « tient toujours », malgré des violations, la communauté internationale reste plus que jamais mobilisée pour prêter une assistance humanitaire aux populations syriennes en détresse, comme en témoigne une réunion à laquelle M. O’Brien venait d’assister à Helsinki.  Il a également annoncé que l’ONU, conjointement avec l’Union européenne, organiserait une conférence sur la Syrie au début du mois d’avril.  Enfin, sur le plan politique, des développements ont également été enregistrés, avec l’accord conclu par la République islamique d’Iran, la Fédération de Russie et la Turquie à Astana pour établir un mécanisme trilatéral afin de surveiller le respect du cessez-le-feu, mécanisme auquel l’ONU prêtera son concours, a assuré le Secrétaire général adjoint.

Malheureusement, au cours de ces derniers mois, « trop souvent, il n’a pas été possible de traduire l’espoir en action humanitaire », a regretté M. O’Brien, en imputant la principale responsabilité à la multiplication des démarches exigées par la bureaucratie syrienne pour autoriser le passage des convois.  « Soyons clairs: nous avons du personnel humanitaire dont le seul objectif est de garantir l’accès à l’aide et un cessez-le-feu qui a amélioré la sécurité dans de nombreux secteurs.  En dépit de ces deux facteurs positifs, nous continuons d’être bloqués, en raison du manque de feux verts aux niveaux local et central, des désaccords sur les itinéraires, et des violations de procédures pourtant agréées par les parties au conflit », a-t-il plaidé.  « Nous ne pouvons tout simplement pas “nous frayer un chemin” ou “y aller”, comme j’ai entendu un membre de ce Conseil me le dire.  Parce que si un courageux travailleur humanitaire décide de traverser le point de passage, les forces de sécurité sur place ouvriront le feu », a expliqué le Coordonnateur des secours d’urgence.

Pour lui, les Nations Unies ou les ONG ne sont pas à blâmer.  « Dirigez votre irritation et votre influence contre le Gouvernement et les gouverneurs syriens.  Nous devons être autorisés à passer en sûreté, il ne s’agit pas d’une faveur mais d’un droit », a lancé M. O’Brien aux membres du Conseil.  Malgré ces difficultés, le Coordonnateur des secours d’urgence s’est félicité de pouvoir dire que les activités humanitaires vitales se poursuivent.  « Depuis le début des opérations transfrontalières en juillet 2014, suite à l’adoption de la résolution 2165 (2014), l’ONU a dépêché plus de 467 convois, soit près de quatre par semaine en moyenne.  Cela a permis aux partenaires de l’ONU d’administrer neuf millions de traitements et de vacciner deux millions de personnes.  Environ trois millions de personnes ont reçu une aide alimentaire, beaucoup sur une base mensuelle.  L’ONU a mené à bien 294 ponts aériens à destination de Qamichli, a ajouté le Secrétaire général adjoint.

Le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), M. Amir Mahmoud Abdulla, a rappelé toutefois que le Programme avait dû, par exemple, suspendre son propre pont aérien le 15 janvier dans la ville de Deïr el-Zor en raison d’affrontements entre les forces gouvernementales et Daech, une situation jugée regrettable par l’Uruguay.

Avec l’évacuation de l’est d’Alep, le nombre de personnes assiégées en Syrie a décliné, pour atteindre environ 643 780 personnes.  Cette baisse ne doit pas cependant être confondue avec des progrès réalisés dans la lutte contre le fléau obsidional, a tempéré M. O’Brien.  C’est pourquoi, il a demandé aux membres du Conseil de sécurité de réitérer auprès des parties au conflit la nécessité de mettre fin aux sièges « barbares ».  « Après une chronique d’occasions manquées, il est temps pour les différentes parties de se réunir et de mettre fin à ce chapitre horrible dans l’histoire de la Syrie. »

De son côté, le Directeur exécutif adjoint du PAM a rappelé que sept millions de personnes en Syrie vivent déjà dans une situation d’insécurité alimentaire et deux millions de personnes supplémentaires en courent le risque, tandis que quatre Syriens sur cinq vivent dans la pauvreté.  La production alimentaire a atteint son niveau le plus bas en raison de l’insécurité et les récoltes de blé représentent moins de 50% de leur niveau d’avant le conflit, a-t-il indiqué.  Le prix des denrées alimentaires, a-t-il précisé, a bondi de 43% dans les zones assiégées ou difficiles d’accès pour le PAM et ses partenaires. 

En visioconférence depuis Genève, le Directeur exécutif du Programme des urgences de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Peter Salama, a relevé que six ans de guerre ont détruit les infrastructures de santé d’un pays connu pour la qualité de ses soins et de ses hôpitaux.  « À l’heure actuelle, un enfant sur deux n’est pas protégé par des vaccins contre les maladies infectieuses et le nombre de personnes qui risquent de mourir de complications de santé pourrait excéder celui des victimes de bombardements », a-t-il alerté.

Pour le représentant de l’Uruguay, ce sont les « fondements mêmes de la société » syrienne qui ont été « détruits ».  Il est inacceptable, a-t-il dit, qu’aucun convoi n’ait pu récemment atteindre la population dans le besoin, à l’exception de celui qui est arrivé à Mouaddamiyé el-Cham.  Le délégué a souhaité que le cessez-le-feu permette le rétablissement de l’eau potable pour plus de cinq millions de personnes en Syrie. 

Reprenant à son compte un des appels lancés aujourd’hui par le Secrétaire général adjoint, le représentant de la Bolivie a demandé à toutes les parties de respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et de concourir au renforcement du cessez-le-feu afin que les sièges soient levés et qu’une solution politique soit trouvée, dans la foulée des pourparlers d’Astana.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Rapport du Secrétaire général sur l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014), 2258 (2015) et 2332 (2016) du Conseil de sécurité (S/2017/58)

Déclarations

M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a déclaré que 2016 avait été, en Syrie, « une année de dévastations et de souffrances à des niveaux qui défient l’entendement ».  Pourtant, alors que 2017 débute, il y a des raisons d’espérer, aussi difficile soit-il de l’imaginer, a-t-il estimé, en rappelant que, depuis le 30 décembre, un cessez-le-feu tient toujours, malgré des violations.  Tout juste de retour d’Helsinki, le Secrétaire général adjoint a constaté que la communauté internationale restait mobilisée pour répondre aux besoins humanitaires de la population syrienne.  L’ONU, conjointement avec l’Union européenne, organisera une conférence sur la Syrie au début du mois d’avril, s’est félicité M. O’Brien.  Sur le plan politique, des développements ont également été enregistrés, avec l’accord conclu par l’Iran, la Fédération de Russie et la Turquie à Astana pour établir un mécanisme trilatéral afin de surveiller le respect du cessez-le-feu, mécanisme auquel l’ONU prêtera son concours, a assuré le Secrétaire général adjoint. 

Malheureusement, au cours de ces derniers mois, trop souvent, « il n’a pas été possible de traduire l’espoir en action humanitaire ».  Ainsi, des défis considérables se posent de nouveau pour acheminer l’aide de part et d’autre des lignes de front.  La principale difficulté tient au fait que le processus en deux temps initialement agréé par les autorités syriennes est devenu désormais un processus en 10 étapes.  En décembre dernier, un convoi interinstitutions a à peine réussi à livrer de l’aide à 6 000 personnes sur un total de 930 250 nécessiteux.  « Soyons clairs: nous avons du personnel humanitaire sur le terrain dont le seul objectif est de garantir l’accès à l’aide humanitaire, et depuis le 30 décembre, nous avons eu un cessez-le-feu qui a amélioré la sécurité dans de nombreux secteurs.  En dépit de ces deux facteurs positifs, nous continuons d’être bloqués, en raison du manque de feux verts aux niveaux local et central, des désaccords sur les itinéraires, et des violations de procédures pourtant agréées par les parties au conflit.  Nous ne pouvons tout simplement pas “nous frayer un chemin” ou “y aller”, comme j’ai entendu un membre de ce Conseil me le dire.  Parce que si un courageux travailleur humanitaire décide de traverser le point de passage, les forces de sécurité sur place ouvriront le feu », a expliqué le Coordonnateur des secours d’urgence.

M. O’Brien a expliqué qu’à la note verbale adressée au Ministère des affaires étrangères de la Syrie par le Coordonnateur résident des Nations Unies à Damas le 11 janvier dernier en vue de simplifier les procédures, aucune réponse n’avait été donnée jusqu’à présent.  C’est pourquoi, il a appelé les membres du Conseil qui ont de l’influence à l’exercer auprès des autorités syriennes pour obtenir leur soutien.  « La faute n’est pas imputable aux Nations Unies ou aux ONG, mais au Gouvernement et aux gouverneurs syriens.  Dirigez votre irritation et votre influence contre eux.  Nous devons être autorisés à passer en sûreté, il ne s’agit pas d’une faveur mais d’un droit. »  En dépit de ces énormes défis, les activités humanitaires vitales se poursuivent, a assuré M. O’Brien.  « Depuis le début des opérations transfrontalières en juillet 2014, suite à l’adoption de la résolution 2165 (2014), l’ONU a dépêché plus de 467 convois, soit près de quatre par semaine en moyenne.  Cela a permis aux partenaires de l’ONU de fournir des fournitures médicales suffisantes pour neuf millions de traitements, et de vacciner deux millions de personnes.  Environ trois millions ont reçu une aide alimentaire, beaucoup sur une base mensuelle.  En outre, l’ONU a mené à bien 294 ponts aériens à destination de Qamichli, a ajouté le Secrétaire général adjoint.

Avec l’évacuation de l’est d’Alep, le nombre de personnes assiégées en Syrie a décliné, pour atteindre environ 643 780 personnes dans 13 secteurs différents.  Cette baisse ne doit toutefois pas être confondue avec un progrès dans la lutte contre le fléau obsidional, a tempéré M. O’Brien.  « Les parties continuent à utiliser les sièges comme arme de guerre et, dans chacun des cas, nous avons assisté à des périodes prolongées d’aide restreinte, ainsi qu’à des combats et à des bombardements soutenus, avant les accords ayant ramené les zones concernées sous le contrôle du Gouvernement syrien », a-t-il souligné, avant d’appeler à mettre fin immédiatement aux sièges imposés dans les villes.  À Alep, les besoins humanitaires continuent d’être stupéfiants, s’est-il indigné.  Depuis le 24 novembre, près de 160 000 personnes ont été, au moins temporairement, déplacées des quartiers autrefois assiégés de l’est de la ville, dont la situation humanitaire est aggravée par le froid hivernal et les coupures d’eau courante.

Le Coordonnateur des secours d’urgence s’est dit aussi profondément préoccupé par les informations faisant état de stocks de fournitures humanitaires trouvés dans l’est d’Alep depuis que l’évacuation a commencé.  « Je les prends très au sérieux, nous devons vérifier les faits.  Je tiens à dire au Conseil qu’une telle situation souligne la nécessité de permettre aux Nations Unies et aux partenaires humanitaires d’accéder sans entraves à toutes les régions de Syrie, non seulement pour nous permettre de livrer l’aide, mais pour surveiller les besoins et la répartition appropriée de cette aide, même après son prépositionnement. »

Outre Alep, le Secrétaire général adjoint a attiré l’attention sur la situation à Deïr el-Zor.  Il s’est dit profondément inquiet de la sécurité et de la protection d’environ 93 500 personnes dans la partie occidentale assiégée de Deïr el-Zor, où des informations font état d’attaques meurtrières par Daech depuis le 15 janvier.  M. O’Brien s’est également dit alarmé par la situation dans le Damas rural, où des combats ont déjà déplacé environ 17 500 personnes.  « L’eau reste coupée de la source principale depuis le début des combats, limitant l’approvisionnement en eau pour environ 5,5 millions de personnes à Damas et dans les régions avoisinantes. »  Enfin, il a évoqué le sort de Raqqa, où plus de 400 000 personnes ont besoin d’une aide humanitaire, dont plus de 150 000 déplacés.

Le Secrétaire général adjoint a ainsi invité les membres du Conseil de sécurité à faire tout ce qui est en leur pouvoir, « collectivement et individuellement », pour veiller à ce que le cessez-le-feu actuel soit respecté, et qu’il en résulte un accès accru « après des mois de stagnation ».  « Nous avons besoin d’une mise en œuvre complète du plan d’accès mensuel pour toucher tous ceux qui en ont besoin », a insisté M. O’Brien.  En outre, le Conseil devrait veiller à ce que toutes les parties protègent les civils et les infrastructures civiles et respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, et réitérer la nécessité de mettre fin aux sièges « barbares ».  Enfin, il a prié les membres du Conseil de sécurité d’appuyer les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, pour trouver une solution politique au conflit.  « Après une chronique d’occasions manquées, il est temps pour les différentes parties de se réunir et de mettre fin à ce chapitre horrible dans l’histoire de la Syrie. »

« Six ans après le début de la crise en Syrie, la situation humanitaire et la sécurité alimentaire continuent de se détériorer », a affirmé M. AMIR MAHMOUD ABDULLA, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM).  Sept millions de personnes en Syrie vivent déjà dans une situation d’insécurité alimentaire et deux millions de personnes supplémentaires en courent le risque, tandis que quatre Syriens sur cinq vivent dans la pauvreté.  M. Abdulla a noté que la production alimentaire avait atteint son point le plus bas en raison de l’insécurité et que les récoltes de blé représentaient moins de 50% de leur niveau d’avant le conflit.  Le prix des denrées alimentaires a augmenté de 43% dans les zones assiégées ou difficiles d’accès, où le PAM et les autres organisations humanitaires peuvent difficilement avoir accès, a-t-il précisé.

Il a noté que les 4,6 millions de personnes, y compris deux millions d’enfants, vivant dans des zones assiégées ne recevaient qu’une assistance humanitaire sporadique.  Près de 640 000 personnes vivant dans 13 zones assiégées sont privées de nourriture, a ajouté M. Abdulla.  « Au troisième semestre de 2016, le PAM a livré des denrées alimentaires dans les zones assiégées et difficiles d’accès grâce à 23 convois interinstitutions contre seulement 12 convois interinstitutions au dernier semestre. »  Il a souligné que le PAM envisageait tous les moyens pour acheminer l’aide, par un pont aérien, par des hélicoptères ou par drones.  « Tout dépend de l’accès et des garanties de sécurité. »

Le Directeur exécutif adjoint a rappelé que le PAM avait dû suspendre son pont aérien le 15 janvier dans la ville de Deïr el-Zor en raison des affrontements entre les forces gouvernementales et Daech.  Avant cette suspension, le PAM avait réalisé 177 largages de rations alimentaires au bénéfice de près de 93 000 personnes, ainsi que d’articles médicaux et d’hygiène personnelle dans les zones assiégées de Deïr el-Zor, a-t-il dit.

En juillet 2016, le PAM avait commencé à assurer un pont aérien dans la province de Hassaké, a indiqué M. Abdulla, en précisant que les avions décollaient de l’aéroport de Damas pour atterrir à l’aéroport de Qamichli.  Ces opérations sont coûteuses et ont des capacités limitées mais elles représentent le seul moyen de fournir une assistance alimentaire d’urgence pour les personnes les plus vulnérables, a-t-il fait remarquer.  À ce jour, le PAM a réalisé 294 livraisons aériennes à Qamichli, représentant 10 000 tonnes de denrées et d’articles humanitaires, et fournit une aide alimentaire à près de 64 000 personnes.  Ces opérations interinstitutions, a-t-il prévenu, pourraient être suspendues en raison de l’insuffisance de ressources financières.

M. Abdulla a ensuite plaidé pour un accès humanitaire « raisonnablement sûr », régulier et soumis à une procédure d’autorisation sensée.  Le PAM, a-t-il cependant assuré, continuera de n’épargner aucun effort pour surmonter les revers et les défis afin de fournir une assistance vitale.  Il a précisé que le PAM réfléchissait à de nouveaux moyens pour fournir cette aide et formé l’espoir d’un cessez-le-feu permanent afin de permettre un accès humanitaire accru, immédiat et durable.  Enfin, le Directeur exécutif adjoint a souligné qu’un nouvel engagement pour la paix était nécessaire.  La crise actuelle ne peut être uniquement résolue par l’assistance humanitaire, a tenu à préciser M. Abdulla avant de conclure.

M. PETER SALAMA, Directeur exécutif du Programme des urgences de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a expliqué que six ans de guerre avaient détruit les infrastructures de santé d’un pays connu pour la qualité de ses soins et de ses hôpitaux dans tout le Moyen-Orient et que les civils, personnels de santé, hôpitaux et cliniques avaient payé un lourd tribut.  Jusqu’à la récente amélioration de la sécurité, 30 000 personnes ont subi chaque mois des blessures causées par la guerre.  Rien qu’en 2016, a fait remarquer M. Salama, une centaine d’attaques ont été lancées contre les centres de santé.  À l’heure actuelle, un enfant sur deux n’est pas protégé par des vaccins contre les maladies infectieuses et le nombre de personnes qui risquent de mourir de complications de santé pourrait excéder celui des personnes tuées dans les bombardements.  

L’OMS et ses partenaires sont en train de renforcer les soins qu’ils fournissent en première ligne, a expliqué le Directeur exécutif, en précisant que « nous sommes en train d’examiner les zones de stockage disponibles pour savoir quelles actions nous pouvons prendre de concert avec les autorités en ce sens ».  Affirmant qu’il faut assurer la sécurité des personnels de santé, il a déclaré que l’OMS s’efforçait de garantir l’accès aux zones difficiles et assiégées.  Pour aller de l’avant, le système de santé syrien doit être reconstruit, avec le soutien de la communauté internationale, a-t-il ajouté en conclusion.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a indiqué que le conflit syrien avait détruit les fondements mêmes de la société.  Il a néanmoins pointé certaines améliorations dans le pays, dont le cessez-le-feu qui a donné un répit à la population et les pourparlers d’Astana qui pourraient donner un élan décisif aux discussions qui doivent se tenir le mois prochain à Genève.  Il s’est dit convaincu que l’Envoyé spécial de l’ONU, M. Staffan de Mistura, avait la capacité d’engager toutes les parties en vue d’une transition politique.

Préoccupé par la situation humanitaire, le délégué a jugé inacceptable qu’aucun convoi n’ait pu récemment atteindre la population dans le besoin, à l’exception d’un convoi dans la ville de Mouaddamiyé el-Cham.  Il a également déploré que le PAM ait dû suspendre son pont aérien le 15 janvier dans la ville de Deïr el-Zor.  Le délégué a espéré que le cessez-le-feu permettra un accès à l’eau potable pour plus de cinq millions de personnes en Syrie.  Avant de conclure, M. Rosselli a insisté sur la nécessité d’améliorer la protection des civils, la levée de tous les sièges, la garantie d’un accès humanitaire dans tout le pays, la poursuite de la lutte contre le terrorisme et des progrès sur le plan politique.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a souligné la baisse tangible de la violence dans le pays, qui constitue un pas dans la bonne direction.  Toutes les parties doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et concourir au renforcement du cessez-le-feu afin que les sièges soient levés et qu’une solution politique soit trouvée, a-t-il souligné.  Le délégué a ensuite rappelé les principaux éléments de la déclaration adoptée à l’issue des pourparlers d’Astana, dont la mise en place d’un mécanisme de supervision du cessez-le-feu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Chypre: Le Conseil de sécurité renouvelle le mandat de la Force de l’ONU et demande aux parties de redoubler d’efforts pour un règlement global

7869e séance – matin
CS/12693

Chypre: Le Conseil de sécurité renouvelle le mandat de la Force de l’ONU et demande aux parties de redoubler d’efforts pour un règlement global

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2338 (2017), le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre jusqu’au 31 juillet 2017.  Saluant les progrès dans les négociations pour un règlement durable et global à Chypre, le Conseil a également engagé les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs « à saisir avec détermination l’occasion qui s’offre actuellement » d’obtenir un tel règlement.

La résolution, adoptée une dizaine de jours après la conférence sur Chypre qui s’est tenue sous les auspices des Nations Unies à Genève, exhorte les dirigeants à « redoubler d’efforts pour faire converger leurs points de vue sur les questions essentielles ».

Les dirigeants devront également continuer à travailler avec les comités techniques afin d’améliorer la vie quotidienne des Chypriotes, améliorer le climat général qui entoure les négociations, « notamment en diffusant des messages plus constructifs et plus cohérents », et accroître la participation de la société civile au processus.

Les membres du Conseil prient le Secrétaire général de l’ONU, dans la perspective d’un règlement de la situation, « d’accélérer l’établissement de nouveaux plans de transition en tenant compte des progrès des négociations ».

Par cette résolution, le Conseil espère, en outre, que les parties s’accorderont sur des mesures de confiance militaires et sur l’ouverture de points de passage, en vue de contribuer à « l’instauration d’un climat propice à un règlement ».

Enfin, le Conseil leur demande de continuer à mener d’urgence des consultations avec la Force sur la démarcation de la zone tampon et de permettre aux démineurs d’accéder dans ladite zone.  La partie chypriote turque et les forces turques devront également rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000, précise la résolution.

Avant l’adoption du texte, le Président du Conseil, M. Olof Skoog, de la Suède, a informé les autres membres du Conseil que la présidence avait rencontré les représentants des deux parties qui ont confirmé leurs positions sur ce point de l’ordre du jour.

LA SITUATION À CHYPRE

Rapport du Secrétaire général sur l’Opération des Nations Unies à Chypre (S/2017/20)

Texte du projet de résolution (S/2017/70)

Le Conseil de sécurité,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général sur l’opération des Nations Unies à Chypre en date du 9 janvier 2017 (S/2017/20),

Notant que le Gouvernement chypriote convient qu’en raison de la situation qui règne dans l’île, il est nécessaire d’y maintenir la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre au-delà du 31 janvier 2017,

Notant également que le Secrétaire général compte faire le point de sa mission de bons offices dans son prochain rapport sur la question, se faisant l’écho de la ferme conviction du Secrétaire général selon laquelle c’est aux Chypriotes eux-mêmes qu’il incombe au premier chef de trouver une solution et réaffirmant le rôle de premier plan qui revient à l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est d’aider les parties à parvenir à un règlement global et durable du conflit à Chypre et du problème de la division de l’île,

Prenant note avec satisfaction des engagements pris aux termes de la Déclaration conjointe publiée le 14 septembre 2016 par les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs sur la base de la Déclaration conjointe qu’ils ont adoptée le 11 février 2014, et se félicitant de l’avancée notable des négociations depuis cette date, notamment de l’organisation en janvier 2017 d’une conférence pour Chypre sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, ainsi que de la volonté exprimée par les participants de soutenir le règlement global de la question de Chypre et de l’appui prêté par le Conseiller spécial du Secrétaire général pour Chypre, Espen Barth Eide,

Rappelant combien il importe à la communauté internationale que toutes les parties participent pleinement aux négociations, en faisant preuve de souplesse et d’un esprit constructif, notant que les négociations n’ont pas encore abouti à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, engageant les parties à poursuivre de manière interdépendante, en redoublant d’efforts, les négociations de fond sur les questions essentielles non réglées, et soulignant que le statu quo n’est pas viable,

Notant qu’il importe de progresser dans l’examen de mesures de confiance militaires et dans les échanges s’y rapportant, et demandant que davantage soit fait pour mettre en œuvre toutes les autres mesures de confiance ainsi que pour parvenir à un accord sur de nouvelles mesures propres à renforcer la confiance entre les communautés et pour les appliquer,

Réaffirmant qu’il importe que les Chypriotes puissent continuer à traverser la Ligne verte et préconisant l’ouverture, d’un commun accord, d’autres points de passage,

Convaincu des avantages nombreux et importants, notamment économiques, qu’aurait pour tous les Chypriotes un règlement global et durable de la question de Chypre, engageant vivement les deux parties et leurs dirigeants à nourrir un discours public positif et les encourageant à exposer clairement aux deux communautés, suffisamment de temps avant l’organisation de tout référendum, les avantages d’un règlement et la nécessité à cette fin de faire preuve de davantage de souplesse et d’esprit de compromis,

Soulignant l’importance, tant politique que financière, du rôle d’accompagnement que jouent la communauté internationale et, en particulier, toutes les parties disposées à prendre des mesures concrètes en vue d’encourager les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs à tirer pleinement parti des possibilités qui s’offrent actuellement à eux,

Notant que le Secrétaire général juge que les conditions de sécurité sur l’île et le long de la Ligne verte demeurent stables et priant instamment toutes les parties de s’abstenir de toute action, notamment la violation du statu quo militaire, qui soit de nature à accroître les tensions, à remettre en question les progrès accomplis ou à entamer la bonne volonté sur l’île,

Rappelant que le Secrétaire général est fermement convaincu que la situation dans la zone tampon s’améliorerait si les deux parties acceptaient l’aide-mémoire de 1989 utilisé par l’Organisation des Nations Unies,

Déplorant que les parties bloquent l’accès aux champs de mines qui subsistent dans la zone tampon, estimant que le déminage de Chypre doit se poursuivre, notant le danger que les mines continuent de représenter pour Chypre, notant également les propositions faites en matière de déminage, les discussions tenues à ce sujet et les initiatives constructives qui ont été prises, et demandant instamment qu’un accord soit rapidement trouvé pour permettre la reprise des opérations et le déminage des champs de mines restants,

Saluant les travaux du Comité des personnes disparues à Chypre, soulignant qu’il importe que celui-ci intensifie ses activités et qu’il faut donc lui procurer toutes les informations dont il a besoin comme indiqué dans le communiqué de presse du Comité des personnes disparues du 28 juillet 2016 concernant l’examen des documents d’archives, sachant que près de la moitié des personnes disparues n’ont toujours pas été retrouvées et qu’environ 63 % doivent encore être identifiées, préconisant qu’un accès à toutes les zones lui soit rapidement donné pour lui permettre d’accomplir ses tâches et convaincu que ce processus favorisera la réconciliation des communautés,

Convenant que la participation active des groupes de la société civile, y compris les associations de femmes, est essentielle au processus politique et peut contribuer à assurer la viabilité de tout règlement futur, rappelant que les femmes jouent un rôle décisif dans les processus de paix, se félicitant des efforts déployés, notamment par tous les organismes des Nations Unies présents sur l’île, pour promouvoir les contacts et les manifestations bicommunautaires et exhortant les deux parties à favoriser la participation active de la société civile, à encourager la coopération entre organismes à vocation économique et commerciale et à lever tous les obstacles qui entravent ces relations,

Soulignant qu’il lui faut adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement des opérations de maintien de la paix,

Se félicitant que le Secrétaire général entende suivre de près toutes les activités de maintien de la paix de façon à en assurer l’efficacité, au moindre coût, et notamment examiner celles de la Force s’il y a lieu, et notant que, dans la perspective du règlement de la situation, il importe d’établir des plans de transition assortis de recommandations sur les nouveaux aménagements qu’il pourrait être opportun d’apporter au mandat de la Force, à ses effectifs, à ses autres ressources et à son concept d’opération, compte tenu de l’évolution de la situation sur le terrain et des vues des parties,

Remerciant la Représentante spéciale, Elizabeth Spehar, et le Conseiller spécial, Espen Barth Eide, de leurs efforts, et se félicitant que le Secrétaire général ait nommé commandant de la force le général de division Mohammad Humayun Kabir,

S’associant au Secrétaire général pour exprimer sa gratitude au Gouvernement chypriote et au Gouvernement grec, qui ont versé des contributions volontaires pour le financement de la Force, et pour demander que d’autres pays et organisations versent également des contributions volontaires, et remerciant les États Membres qui fournissent du personnel à la Force,

Appréciant et encourageant les efforts que l’Organisation des Nations Unies déploie dans toutes ses opérations de maintien de la paix pour sensibiliser le personnel de maintien de la paix à la question de la prévention du VIH/sida et d’autres maladies transmissibles et à la lutte contre ces maladies,

1. Se félicite des progrès enregistrés à ce jour dans les négociations conduites par les dirigeants et des efforts que ces derniers et leurs équipes de négociateurs ne cessent de déployer en vue d’un règlement global et durable et engage les parties à saisir avec détermination l’occasion qui s’offre actuellement à elles d’obtenir un tel règlement;

2. Prend note du rapport du Secrétaire général (S/2017/20);

3. Rappelle sa résolution 2263 (2016) et demande aux deux dirigeants :

a) De redoubler d’efforts pour faire converger leurs points de vue sur les questions essentielles;

b) De continuer à travailler avec les comités techniques afin d’améliorer la vie quotidienne des Chypriotes;

c) D’améliorer le climat général qui entoure les négociations, notamment en insistant dans les messages publics sur les points de convergence et sur l’avenir, et en diffusant des messages plus constructifs et plus cohérents;

d) D’accroître la participation de la société civile au processus, selon qu’il convient;

4. Prie le Secrétaire général, dans la perspective d’un règlement de la situation, d’accélérer l’établissement de nouveaux plans de transition en tenant compte des progrès des négociations, et encourage les parties à collaborer entre elles ainsi qu’avec la Force et la mission de bons offices des Nations Unies concernant les questions liées à la mise en œuvre d’un règlement;

5. Demande instamment l’application de mesures de confiance et espère que de nouvelles mesures mutuellement acceptables seront arrêtées d’un commun accord et mises en œuvre, y compris des mesures de confiance militaires et l’ouverture de points de passage, dont ceux déjà agréés, en vue de contribuer à l’instauration d’un climat propice à un règlement;

6. Se félicite de tous les efforts visant à donner suite aux demandes d’exhumation présentées par le Comité des personnes disparues à Chypre, ainsi que de l’appel à fournir des informations que les deux dirigeants ont lancé conjointement le 28 mai 2015, et demande à toutes les parties d’octroyer au Comité un accès plus rapide et sans entrave à toutes les zones, étant donné que celui-ci doit intensifier ses travaux;

7. Réaffirme toutes ses résolutions sur Chypre, en particulier sa résolution 1251 (1999) du 29 juin 1999 et ses résolutions ultérieures;

8. Exprime son plein appui à la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre et décide d’en proroger le mandat jusqu’au 31 juillet 2017;

9. Demande aux deux parties de continuer à tenir d’urgence, dans le respect du mandat de la Force, des consultations avec celle-ci sur la démarcation de la zone tampon et sur l’aide-mémoire de l’Organisation des Nations Unies de 1989, en vue de parvenir rapidement à un accord sur les questions en suspens;

10. Demande à la partie chypriote turque et aux forces turques de rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000;

11. Demande aux deux parties de permettre aux démineurs d’accéder à la zone tampon et de faciliter l’élimination des mines qui s’y trouvent encore, et exhorte les deux parties à étendre les opérations de déminage au-delà de la zone tampon;

12. Prie le Secrétaire général de lui rendre compte le 10 juillet 2017 au plus tard de l’application de la présente résolution, y compris de l’état d’avancement des plans de transition ayant trait au règlement, et de le tenir au courant de la situation en tant que de besoin;

13. Se félicite des efforts que déploie la Force pour donner effet à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de l’exploitation et des agressions sexuelles et pour veiller à ce que son personnel respecte strictement le code de conduite de l’Organisation des Nations Unies, prie le Secrétaire général de continuer à prendre toutes mesures nécessaires à cette fin et de l’en tenir informé, et demande instamment aux pays qui fournissent des contingents d’adopter des mesures de prévention appropriées, notamment d’organiser des séances de sensibilisation préalables au déploiement, et de prendre des mesures disciplinaires et autres pour amener les membres de leurs contingents qui se seraient rendus coupables de tels actes à en répondre pleinement;

14. Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les États consacrent le cercle vertueux, « pas de paix sans développement et pas de développement sans paix »

Soixante et onzième session
Matin
AG/11886

Assemblée générale: les États consacrent le cercle vertueux, « pas de paix sans développement et pas de développement sans paix »

L’Assemblée générale a achevé aujourd’hui son débat de deux jours sur les synergies entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le maintien de la paix, au cours duquel quelque 80 intervenants ont voulu graver dans les esprits le cercle vertueux: pas de développement durable sans paix et pas de paix sans développement durable.

Si hier, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, dressait le constat de « l’échec du développement », aujourd’hui, le Président de l’Assemblée générale a voulu retenir des propos du Chef de l’ONU, la phrase suivante: « nous avons besoin d’une réponse globale qui traite des causes sous-jacentes des conflits et qui intègre la paix, le développement et les droits de l’homme de manière holistique ».  M. Peter Thomson a relevé que déclaration après déclaration, tous les intervenants ont, consacrant le cercle vertueux, souligné l’importance de la prévention des conflits pour le développement durable et celle du développement durable et du traitement des causes sous-jacentes des conflits pour la prévention.

Pendant trop longtemps, a ainsi relevé le représentant du Népal, l’ONU a eu du mal à intérioriser l’adage populaire selon lequel « mieux vaut prévenir que guérir ».  C’est comme si, s’est-il amusé, l’industrie pharmaceutique avait réussi à occulter l’objectif même de rester en bonne santé.  Le moment est venu, a-t-il dit, de corriger cet état de fait par des mesures ambitieuses et, ce faisant, se rappeler que la synergie entre paix et développement ne peut être optimisée que si toutes les parties prenantes travaillent en partenariat.

Le Président de l’Assemblée générale s’est donc réjoui que, pour la première fois, lui, ses homologues du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Commission de consolidation de la paix (CCP), et le Secrétaire général aient pu partager au cours d’une même réunion leurs points de vue sur les moyens d’améliorer la coordination et la cohérence des activités de l’ONU à l’appui de la paix et du développement durable, « les deux côtés d’une même pièce », la paix étant « l’infrastructure immatérielle du développement », a ajouté le représentant népalais.

La concrétisation du lien entre paix et développement semble plus facile à dire qu’à faire, a constaté son homologue de l’Éthiopie, après que celui de la Serbie eut regretté que la création de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix n’ait pas conduit à l’abandon de l’approche en silo.  Il s’est félicité, en conséquence, qu’avec le Programme 2030 et le concept de la pérennisation de la paix, les Nations Unies aient enfin développé les outils d’une cohérence entre paix et sécurité, développement et droits de l’homme, les trois piliers de l’Organisation, dans lesquels les femmes et les jeunes ont un rôle essentiel à jouer.  Les représentants du Nigéria et du Viet Nam ont attiré l’attention sur le rôle des organisations régionales et sous-régionales.  Ces organisations font partie « des partenariats stratégiques » que tous les intervenants ont appelé de leurs vœux, pour réussir la paix et le développement, avec les gouvernements, le système de l’ONU, la société civile, les institutions financières internationales et le secteur privé. 

Que les idées débattues ces deux derniers jours ne restent pas lettre morte, a conclu le Président de l’Assemblée générale.  Que ces idées deviennent « la fondation de la mise en œuvre » ,ce qui suppose que la conversation se poursuive en dehors des murs de l’ONU, afin de renforcer la sensibilisation, la compréhension et l’appropriation des concepts de paix et de développement, de manière « à en faire un point d’entrée au dialogue entre gouvernement et citoyens » et de renforcer la confiance mutuelle.

Sous le leadership de son nouveau Secrétaire général, le système des Nations Unies doit s’engager dans « l’action et la réforme », avec le soutien des États Membres, a voulu le Président de l’Assemblée générale.  M. António Guterres avait d’ailleurs fait état, hier, de ses efforts pour intégrer les capacités de prévention des conflits de l’ONU, réformer son système pour le développement et modifier ses règles et ses règlements qui « découragent » l’intégration.

DIALOGUE DE HAUT NIVEAU INTITULÉ « CONSTRUIRE UNE PAIX DURABLE POUR TOUS: LES SYNERGIES ENTRE LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 ET LE MAINTIEN DE LA PAIX »

Suite du débat plénier

M. AHMED SAREER (Maldives) a attiré l’attention sur les difficultés des petits États insulaires en développement dont les économies fragiles et la faculté de mettre en œuvre le Programme 2030 sont menacés par le « danger » des changements climatiques.  Le représentant a dénoncé l’insuffisance des mesures prises pour aider des pays comme le sien.  Il est important, a-t-il dit, de mettre les changements climatiques au cœur des préoccupations liées à la sécurité et à la paix.  Le représentant a réclamé un siège de membre permanent au Conseil de sécurité pour les petits États insulaires en développement pour améliorer la compréhension des risques auxquels ils font face.

M.JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a reconnu que les objectifs de développement durable reposent sur un équilibre entre les trois piliers de l’ONU que sont la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, avant de se dire convaincu que les progrès dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 contribueraient au renforcement de l’état de droit.  Il s’est félicité de voir que l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement a montré combien les entités de l’ONU ont su dégager les liens intrinsèques entre paix et développement.  Compte tenu du conflit qu’il a connu, le Guatemala a adopté le plan « K’atun Nuestra Guatemala 2032 », dont la mise en œuvre nécessitera toutefois l’appui des partenariats et des bailleurs de fonds internationaux.  Le Gouvernement a, en outre, créé la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), en vue de renforcer les institutions judiciaires et l’état de droit dans le pays, a indiqué le représentant.

M. RY TUY (Cambodge) a affirmé que les efforts de son pays, qui connaît le prix et la douleur de la guerre, se concentrent, conformément au Programme 2030, sur la croissance socioéconomique, la solidité des institutions et la promotion de l’égalité entre les sexes, autant de priorités nationales enracinées dans l’éducation.  L’éducation, a-t-il dit, joue un rôle essentiel dans la reconstruction des communautés affectées par un conflit, tout en préparant les générations futures à un avenir pacifique.  Le représentant a ainsi énuméré plusieurs des mesures contenues dans le Plan stratégique d’éducation 2014-2018 qui vise, notamment, à garantir à tous les jeunes cambodgiens neuf années d’enseignement.

De même, le délégué cambodgien a-t-il insisté sur la nécessité, aux niveaux national et international, d’adopter des mesures et des politiques de réduction des inégalités.  En s’attaquant aux causes des inégalités à l’intérieur des pays et entre eux, il faut, a-t-il dit, promouvoir une coopération internationale large et déterminée.  Selon lui, les Nations Unies doivent assurer un rôle de premier plan dans ces efforts, et demeurer comptables de leurs actes et transparentes.

Le lien entre le développement et la paix est établi mais le concrétiser est plus facile à dire qu’à faire, a prévenu Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie).  Ce qui importe, a-t-elle estimé, c’est de mettre en œuvre les objectifs de développement durable et l’Agenda pour la paix de manière globale et holistique.  La représentante a fait part des efforts de son pays en la matière et annoncé qu’en tant qu’un des premiers pays à se soumettre, cette année, à l’examen national volontaire du Forum politique de haut niveau, l’Éthiopie entend consolider l’appropriation des objectifs de développement durable par des processus participatifs.  Le Gouvernement a déjà alloué 60% de son budget national aux programmes et projets liés à ces objectifs et continuera à redoubler d’efforts pour relever les défis, dont le chômage des jeunes. 

L’Éthiopie, a poursuivi la représentante, sait que la promotion d’une gouvernance inclusive et démocratique est une condition sine qua non à la paix et au développement durables.  Elle reconnaît que son processus de gouvernance et de démocratisation est toujours en chantier mais ne compte pas baisser les bras.  Toutefois, a ajouté la représentante, l’Éthiopie sait aussi qu’elle se trouve dans une des régions les plus instables d’Afrique dont les conflits ont un impact direct sur la paix et la sécurité nationales.  C’est la raison pour laquelle l’Éthiopie s’efforce de contribuer au règlement des conflits régionaux et de promouvoir l’intégration économique régionale par le développement des réseaux d’infrastructures avec les pays voisins.  Force est pourtant de constater que les changements géopolitiques dans la mer Rouge sont venus compliquer la donne.  Ainsi, les liens entre les objectifs de développement durable et l’Agenda pour la paix ne sont pas une simple théorie pour l’Éthiopie.  Ils ont des conséquences pratiques dans ce que fait le pays pour préserver les acquis qu’il a engrangés au cours de ces 15 dernières années en matière de développement.  La paix durable, a insisté la représentante, n’est pas seulement un impératif absolu pour l’Éthiopie mais aussi pour toute la sous-région.  C’est le défi immense que le pays doit relever en forgeant une coopération étroite et un véritable partenariat avec les autres.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et à celle du Mouvement des non-alignés, mais a tenu à faire part de sa perspective nationale.  Pendant trop longtemps, a-t-il regretté, nos méthodes de travail à l’ONU ont été beaucoup trop réactives plutôt que proactives quand il s’agit de promouvoir la paix dans le monde.  Nous avons eu du mal à intérioriser la sagesse selon laquelle « prévenir vaut mieux que guérir ».  C’est comme si l’industrie pharmaceutique avait réussi à occulter l’objectif même de rester en bonne santé.  Le moment est venu, a estimé le représentant, de corriger cet état de fait par des mesures ambitieuses et, ce faisant, se rappeler que la synergie entre la paix et le développement ne peut être optimisée que si toutes les parties prenantes travaillent en partenariat.  La paix doit pouvoir conduire à un développement inclusif, juste et durable, garantissant l’égalité des sexes et libérant les potentialités de la jeunesse. 

La paix et le développement étant devenus des cibles mouvantes, les radars locaux et mondiaux doivent garder à l’œil les États et les communautés.  La paix durable, a insisté le représentant, doit être considérée comme « l’infrastructure immatérielle du développement ».  Compte tenu de la faculté de la pauvreté, de l’ignorance et de l’exclusion de déshumaniser et de jeter ses victimes dans les bras de l’intolérance, du terrorisme et de l’extrémisme violent, lesquels doivent être condamnés comme des vers qui s’attaqueraient au tissu délicat de l’harmonie sociale, il faut tout miser sur l’éducation, la création d’emplois et la culture de la paix.  Le succès du Programme 2030 dépendra de la volonté politique, sachant que la paix et le développement sont les deux côtés d’une même pièce, a conclu le représentant.

M. HAU DO SUAN (Myanmar) a indiqué que pour son pays, qui a subi de longues décennies de conflits internes, rien n’est plus important que la pérennisation de la paix et la réconciliation nationale.  C’est un défi difficile et complexe mais le Gouvernement en a fait une priorité, a assuré le représentant.  Il a parlé de la première session de la Conférence pour la paix de l’Union qui s’est tenue avec succès l’année dernière, en présence des représentants du gouvernement, des forces armées, des groupes armés ethniques, des partis politiques et des organisations de la société civile.  La deuxième session devrait se tenir en février 2017, a annoncé le représentant, en soulignant que la paix ne peut être imposée ou obtenue dans une salle de conférence.  Aucun processus de paix ne peut en effet réussir sans le soutien du peuple, « la bonne volonté et l’appui constructif » de la communauté internationale pouvant y contribuer.  Dans ce cadre, le représentant a salué l’engagement du Fonds pour la consolidation de la paix dont une évaluation indépendante a conclu que ses projets avaient appuyé une « paix concrète » dans les État de mon et de Kayin qui, désormais en paix, sont devenus des destinations touristiques populaires.  Le Centre pour la paix et la réconciliation nationale vient d’ailleurs de créer son propre fonds pour lequel toutes les contributions sont les bienvenues, a conclu le représentant.

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a rappelé que les conflits et les nouvelles menaces auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui appellent à une démarche plus large, « un consensus en faveur de la prévention qui identifie les facteurs de conflits ».  Mais une telle approche échouera sans la contribution des femmes, dont le rôle décisif dans la pérennisation de la paix n’est plus à démontrer, a-t-elle dit.  Notre pays met en effet l’accent sur l’égalité entre les sexes et l’éducation, bases de tous les autres objectifs.  Selon la représentante, un « projet éducatif » est le meilleur moyen de réaliser le Programme 2030 et une « garantie d’inclusion et du vivre-ensemble ».

M. RUBÈN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a remercié l’ONU pour le rôle qu’elle a joué dans la pacification de son pays, et pour l’annonce, faite par le Secrétaire général de l’ONU le 16 janvier dernier, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire des accords de paix salvadoriens , de nommer M. Benito Andión, Envoyé spécial pour faciliter le dialogue en El Salvador, afin d’aider le pays à relever ses principaux défis.  Cette décision témoigne des liens évidents entre paix durable et problèmes socioéconomiques.  Cependant, le représentant s’est déclaré convaincu que l’ONU gagnerait beaucoup à se doter d’un instrument pour évaluer les progrès accomplis en matière de culture de paix, sur la base d’indicateurs.  Un tel projet permettrait la création d’un « index de la paix » et une meilleure compréhension de l’interaction structurelle entre paix et développement, et entre paix et démocratie, a précisé l’intervenant.

Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a rappelé que la vision d’une Amérique centrale, « région de paix durable, de liberté, de démocratie et de développement », esquissée dans le Protocole de Tegucigalpa de 1993, avait jeté les bases d’un programme régional de développement durable, il y a plus de deux décennies.  Depuis, la région a renforcé ses institutions et s’est engagée à régler ses différends par le biais du dialogue, de la négociation, du respect des intérêts des États et sur la base des principes d’autodétermination et de non-ingérence.  Le représentant a noté qu’en janvier 2017, les pays d’Amérique centrale ont plaidé ensemble pour que la Banque centraméricaine d’intégration économique obtienne le statut d’observateur à l’Assemblée générale.  Cette institution travaille en faveur du développement durable de la région, a-t-il plaidé une nouvelle fois, avant d’insister pour que les femmes soient pleinement associées à l’édification d’un monde plus pacifique pour les futures générations.

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) s’est dit convaincu que la pérennisation de la paix serait plus effective si les organisations régionales et sous-régionales mais aussi les pays voisins des zones fragiles étaient encouragés à participer aux processus de consolidation de la paix.  Il a vanté le travail de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la Commission du bassin du lac Tchad, qui avec le Bénin, travaillent d’arrache-pied pour « décimer » le groupe terroriste Boko Haram.  Il a aussi salué la coopération gagnant-gagnant entre l’ONU et l’Union africaine.  Tous ces exemples, a-t-il insisté, pointent sur la pertinence des arrangements régionaux dans l’architecture mondiale de la sécurité.  Il a donc appelé l’ONU et ses agences à continuer de travailler étroitement avec les organisations régionales pour réaliser les synergies tant souhaitées entre le Programme 2030 et l’Agenda pour la paix. 

Les efforts pour une paix durable doivent commencer, a-t-il prévenu, par des accords véritables, ouverts et inclusifs qui reflètent les larges aspirations de toutes les parties prenantes.  C’est « vital » pour la stabilité à long terme, a-t-il martelé, et dans les pays sortant d’un conflit, les synergies entre la paix et le développement rendent impératif, a-t-il ajouté, le renforcement des institutions nationales, de la société civile et du secteur privé.  Dans ce contexte, l’accent doit être mis sur la réforme du secteur de la sécurité, le renforcement de l’état de droit, l’appui au dialogue national, la promotion de la réconciliation nationale, le désarmement, la démobilisation et la réintégration, l’émancipation des femmes et la création d’emplois pour les jeunes. 

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a rappelé que son pays se trouve dans une région gravement affectée par le trafic d’armes légères, des armes de choix et des moteurs de la violence, celles des gangs et de la criminalité organisée.  C’est la raison pour laquelle, Trinité-et-Tobago et la Communauté des Caraïbes ont souscrit au Traité sur le commerce des armes, étant entendu que la persistance de cette menace pourrait affecter la paix et la sécurité, et le développement durable des sociétés. 

Trinité-et-Tobago accorde aussi une importance particulière au cinquième objectif de développement durable sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, a ajouté la représentante, en énumérant quelques politiques prises en ce sens.  Elle n’a pas manqué de souligner le danger des changements climatiques qui menacent l’existence même de son pays et de la paix durable.  Cette  menace contre l’humanité, a-t-elle prévenu, ne peut être contenue par des discussions diplomatiques de haut niveau ou des médiations.  Trinité-et-Tobago a donc fait de l’atténuation des effets de ce phénomène une priorité nationale et est prête à travailler avec la communauté internationale. 

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) s’est dite convaincue qu’il est grand temps que les Nations Unies promeuvent la paix universelle par une consolidation du multilatéralisme, dans le respect du droit international et en accordant l’attention requise à la prévention et au règlement des conflits par des moyens pacifiques.  Selon elle également, pour réaliser la paix durable, il faut s’attaquer aux causes profondes des conflits, promouvoir la réconciliation nationale, la reconstruction et le développement, éradiquer la pauvreté, et renforcer la bonne gouvernance.  La représentante a insisté sur l’aide publique au développement (APD), le renforcement des capacités et le transfert des technologies pour renforcer la résilience aux volatilités économiques, aux chocs financiers, aux catastrophes naturelles et aux épidémies.  La représentante a aussi prôné une approche holistique des trois piliers des Nations Unies.  Il faut une bonne coordination entre le Secrétariat, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, ainsi que des partenariats vigoureux entre l’Organisation et les organisations régionales et sous-régionales, à l’image de la relation qu’elle entretient avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Le Viet Nam sera d’ailleurs l’hôte, en novembre prochain, de la Semaine des leaders de la coopération économique Asie-Pacifique et avant cela, en mars, de la Réunion de haut niveau Europe-Asie sur l’amélioration de la coopération entre les pays en développement sans littoral et les pays de transit pour la mise en œuvre du Programme 2030. 

Il est clair, a prévenu M. BORIS HOLOVKA (Serbie), que le monde ne peut aller de l’avant, dans l’équilibre et la stabilité, si 1% de sa population est plus riche que les 90% restants.  Il ne fait aucun doute que les migrants et les réfugiés sont les laissés-pour-compte, victimes de guerres de plus en plus complexes.  Ces 15 derniers mois, plus d’un million de migrants et de réfugiés ont traversé la Serbie par la route des Balkans et, face à la souffrance des réfugiés de Croatie et de Bosnie-Herzégovine et des 200 000 déplacés de la province serbe de Kosovo et Metohija, le peuple serbe s’est montré solidaire, a souligné le représentant. 

Aujourd’hui, le système des Nations Unies doit relever l’énorme défi de s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits et redéfinir les capacités de prévention des conflits et d’alerte précoce.  La création de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix, et celle du Bureau d’appui à la consolidation de la paix n’ont eu qu’un succès limité.  Le représentant s’est en effet dit préoccupé par le fait que le Groupe consultatif d’experts ait conclu, après l’examen en 2015 de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies, à un manque de cohérence et de coordination dans le processus « vital » de la transition du maintien de la paix à la consolidation de la paix puis au développement.  L’approche en silo prévaut toujours, s’est inquiété le représentant malgré l’appel « Unis dans l’action ».  Il s’est donc félicité qu’avec le Programme 2030 et le concept de la pérennisation de la paix, les Nations Unies aient enfin développé les outils d’une cohérence entre la sécurité, les droits de l’homme et le développement dans lequel les femmes et les jeunes ont un rôle essentiel à jouer.  Il faut tout faire pour que ces outils et mécanismes soient le plus efficaces possible, a conclu le représentant

M. EFE CEYLAN (Turquie) a rappelé que, lors du tout premier Sommet humanitaire mondial que son pays a organisé en mai dernier à Istanbul, la Turquie s’est engagée à renforcer son assistance humanitaire et au développement, notamment en faisant une promesse de contribution d’un montant d’un million de dollars à la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Ankara continue de multiplier les initiatives pour maintenir la stabilité et la sécurité au niveau régional, le représentant en voulant pour preuve les efforts déployés pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien en ramenant les parties à la table des négociations, cette semaine, à Astana.  Soucieuse de prévenir les conflits, la Turquie soutient le principe de renforcer les initiatives de médiation, qui ressortent des examens récents de l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies.  Ces approches préventives, a ajouté le délégué, deviennent indispensables face à la complexité des défis politiques, idéologiques et socioéconomiques ainsi que la prolifération des menaces asymétriques et du terrorisme.

M. YASHAR T ALIYEV (Azerbaïdjan) a déclaré que, « malgré les conséquences dévastatrices de l’agression armée dont elle est victime depuis plus de deux décennies », l’Azerbaïdjan s’efforce de développer une économie inclusive et diversifiée et d’adapter sa stratégie nationale de développement durable à cette fin.  Le pays, a-t-il dit, a lancé ou activement encouragé un certain nombre de projets importants de développement régional et d’infrastructures dont la mise en œuvre contribue à la croissance économique durable de l’Azerbaïdjan et d’autres pays de la région et au-delà.  Le 6 octobre 2016, le Président de l’Azerbaïdjan, M. Ilham Aliyev, a publié un décret spécial sur la création du Conseil national de coordination pour le développement durable, lui demandant d’identifier les priorités nationales et leurs indicateurs jusqu’en 2030, pour adapter les programmes et stratégies de l’État, et de préparer des rapports annuels sur l’état d’avancement des objectifs de développement durable.

Inutile de dire que les conflits armés non résolus, les autres problèmes de sécurité et les crises humanitaires connexes minent la capacité des pays touchés à réaliser un développement durable et menacent de renverser une grande partie des progrès réalisés au cours des derniers temps, a rappelé le délégué.  Il va sans dire, a-t-il poursuivi, que la résolution des conflits armés est la condition préalable à la mise en œuvre réussie de tous les objectifs de développement durable et à la coopération économique.  Une attention particulière devrait donc être accordée à l’application des résolutions des principaux organes des Nations Unies, en particulier les résolutions 822, 853, 874 et 884 du Conseil de sécurité concernant le conflit dans la région du Haut-Karabakh, en Azerbaïdjan, qui condamnent l’emploi de la force et l’occupation des territoires et réaffirment le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.  Dans ces textes, a dit M. Aliyev, le Conseil a confirmé que la région du Haut-Karabakh fait partie intégrante de l’Azerbaïdjan et exigé le retrait immédiat, complet et inconditionnel des forces d’occupation de tous les territoires occupés.  « Les demandes du Conseil n’ont toujours pas été mises en œuvre et le conflit non résolu continue d’empêcher une coopération régionale pleine et entière », a ajouté en conclusion le représentant.

M. ABDULLAH ABU SHAWESH (Palestine) a expliqué que les Palestiniens ne connaissent que trop bien les liens entre paix et développement.  Ainsi, a-t-il souligné, l’économie palestinienne est dans une situation de dépendance totale vis-à-vis d’Israël, qui impose ses règles et ses tarifs.  Les progrès dans le domaine socioéconomique ont été maigres au cours des 20 dernières années, a affirmé le représentant, qui a imputé cette stagnation à la poursuite de la politique des colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé.  Fustigeant l’« intransigeance » israélienne, il a regretté que la Palestine ne reçoive pas les investissements dont elle a besoin pour assurer sa croissance, « or de tels investissements seraient des investissements dans la paix »

M. ALESSANDRO MOTTER, Conseiller principal à l’Union interparlementaire (UIP), a dit que la consolidation de la paix et le développement sont des processus nationaux à long terme qui exigent des institutions des prises de décisions efficaces, inclusives et transparentes, et le respect de l’état de droit.  Les parlements figurent justement parmi les plus importantes de ces institutions.  C’est là où les gouvernements sont tenus responsables de la mise en œuvre effective des engagements internationaux.  C’est là où la représentation des groupes négligés tels que les femmes, les jeunes et les minorités religieuses peut être assurée dans les processus de prise de décisions. Les parlements peuvent travailler avec la société civile pour rétablir la confiance des populations dans leur gouvernement et veiller à ce que le processus politique soit mené au nom de l’intérêt général.

Il est clair que les parlements ne sont pas tous les mêmes et qu’ils ne sont pas tous capables de remplir ces fonctions.  C’est pourquoi la principale mission de l’UIP, fondée sur la primauté du dialogue politique, est de consolider la démocratie, en renforçant les parlements.  L’UIP offre une assistance directe aux parlements et des directives politiques pour les aider à trouver les moyens les plus efficaces d’intégrer les objectifs de développement durable et de traiter des priorités comme la santé, l’égalité entre les sexes, les changements climatiques et la coopération au développement.  L’UIP aide les parlements à améliorer leurs processus de prise de décisions et à lancer des réformes, constitutionnelles ou électorales, pour qu’ils soient plus représentatifs et plus ouverts au monde.  Dans ce cadre, la priorité est de parvenir à la parité entre parlementaires.  L’UIP offre aussi aux parlements un forum de dialogue comme celui d’octobre 2016 sur les violations des droits de l’homme comme précurseurs des conflits ou encore sur les questions mondiales comme le terrorisme, la cybersécurité et la non-prolifération des armes de destruction massive.  La Commission permanente (paix et sécurité internationale) de l’UIP prépare d’ailleurs actuellement un séminaire sur la paix durable qui aura lieu au printemps 2027.

M. MASSIMO TOMMASOLI, Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a déclaré que, si les institutions sont nécessaires, elles ne suffisent pas, et qu’il faut s’intéresser aux processus pour réaliser les objectifs de développement durable et pour réaliser la paix.  L’observateur a souligné que le système des Nations Unies doit améliorer ses capacités sur le terrain pour mieux interpréter les signes qui augurent des crises futures

L’Envoyé spécial pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, M. MACHARIA KAMAU (Kenya), a noté la volonté des États Membres d’assurer la paix durable.  Il a rappelé les propos du Secrétaire général qui a donné la priorité à la prévention et à la diplomatie préventive.  Le Programme 2030 nous indique la voie d’un monde plus résilient et plus pacifique et les travaux de ces deux jours doivent être vus comme le point de départ du travail de l’ONU pour tenir ses promesses en matière de paix et de développement.  Nous devons renforcer les liens entre la pérennisation de la paix et la réalisation du Programme 2030, a-t-il conclu.    

M. PETER THOMSON (Fidji), Président de l’Assemblée générale, s’est dit impressionné par la qualité des interventions faites hier et aujourd’hui.  Toutes ont reconnu qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans paix durable, ni de paix durable sans développement durable.  Pour la première fois, les Présidents de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Commission de consolidation de la paix (CCP), ainsi que le Secrétaire général ont pu partager au cours d’une même réunion leurs points de vue sur les moyens pour l’ONU d’améliorer la coordination et la cohérence dans ses activités à l’appui de la paix et du développement durables. 

Pour M. Thomson, le Secrétaire général a résumé ces vues en disant: « nous avons besoin d’une réponse globale qui s’attaque aux causes profondes des conflits, et intègre la paix, le développement durable et les droits de l’homme de manière holistique ».  Le Secrétaire général a aussi décrit une feuille de route pour la réforme des Nations Unies et pour la rendre plus apte à prévenir les conflits et à pérenniser la paix.  Il a aussi parlé de la réforme du système des Nations Unies pour le développement dont il a annoncé un rapport en juin prochain, sans oublier son intention de changer les règles et règlements administratifs de l’ONU qui « découragent l’intégration ». 

Orateur après orateur, l’importance de la prévention des conflits pour créer un environnement propice au développement durable a été soulignée.  Il a aussi été noté que le meilleur outil de cette prévention demeure le développement durable et inclusif.  Tout ceci tend, a relevé le Président, vers l’intégration des efforts, la cohésion sociale et la participation des femmes et des jeunes aux processus de paix et de développement, identifiés comme des conditions importantes à la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030, qui ne doit laisser personne de côté.  Le dialogue de haut niveau a également permis de souligner l’importance des droits humains, de la justice et de l’état de droit, et des institutions efficaces et comptables de leurs actes, a encore noté le Président. 

La nécessité de partenariats stratégiques a été soulignée, incluant les gouvernements, le système des Nations Unies, les organisations régionales, la société civile, les institutions financières internationales et le secteur privé.  Dans ce cadre, la réforme du système des Nations Unies a été réclamée pour abattre les cloisons, réduire la fragmentation entre le Siège de l’ONU et le terrain, renforcer la culture des résultats et améliorer la coordination et la cohérence pour que tous les acteurs du développement, de l’humanité, des droits de l’homme et de la paix et de la sécurité travaillent dans le même objectif de la paix et du développement durables.  L’appui des États Membres a été aussi été souligné, et surtout leur appropriation des efforts mais aussi leur soutien financier.  

Le Président de l’Assemblée générale a jugé vital que les idées débattues ces deux derniers jours ne restent pas lettre morte, mais deviennent « la fondation de la mise en œuvre ».  Cela suppose que la conversation se poursuive en dehors des murs de l’ONU, afin de renforcer la sensibilisation, la compréhension et l’appropriation des concepts de développement et de paix durables, de manière « à en faire un point d’entrée au dialogue entre gouvernement et citoyens » en vue de renforcer la confiance mutuelle.  En outre, a insisté le Président, le système des Nations Unies doit s’engager sous le leadership d’António Guterres dans « l’action et la réforme », avec le soutien des États Membres.  En tant que Président de l’Assemblée générale, M. Thomson a promis qu’il ferait tout ce qu’il pourrait pour soutenir ces efforts, notamment dans ses relations avec les Présidents du Conseil de sécurité, de l’ECOSOC, de la CCP, et avec le Secrétaire général, pour explorer les moyens d’améliorer la coordination et la cohérence des efforts à l’appui de la paix, du développement et des droits de l’homme. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La pérennisation de la paix, priorité de la Commission de consolidation de la paix en 2017, annonce son nouveau président, M. Cho Tae-yul

Onzième session,
1re séance - matin
CCP/121

La pérennisation de la paix, priorité de la Commission de consolidation de la paix en 2017, annonce son nouveau président, M. Cho Tae-yul

Le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a élu par acclamation, aujourd’hui, M. Cho Tae-yul, Représentant permanent de la République de Corée auprès des Nations Unies, à la tête de la Commission, dont l’une des priorités sera, cette année, la pérennisation de la paix.

« Je contribuerai à la généralisation de ce concept au sein du système des Nations Unies », a assuré M. Cho.  Notant que 2017 avait commencé sur « de nouvelles bases », avec la désignation d’un nouveau Secrétaire général de l’ONU et une « transformation majeure du paysage sécuritaire mondial », le nouveau Président de la CCP a en effet indiqué que la pérennisation de la paix, notion consacrée par les résolutions jumelles « historiques » adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale en avril 2016, serait un axe prioritaire de son mandat, qui doit s’achever le 31 décembre 2017.

M. Cho remplace le Représentant permanent du Kenya auprès des Nations Unies, M. Macharia Kamau, dont le pays assumera la vice-présidence de la Commission, aux côtés du Mexique, également élu à la vice-présidence.

Les délégations ont favorablement accueilli la déclaration de M. Cho, certaines d’entre elles appelant, néanmoins, à « clarifier » et à « étoffer» ce concept, qui était au cœur du débat de haut niveau de l’Assemblée générale qui se tenait en parallèle ce matin.

Cette séance a également été marquée par l’appel du représentant d’El Salvador, appuyé par plusieurs intervenants, pour une diversification des travaux de la Commission, lesquels sont concentrés sur le continent africain. 

La Commission est un organe consultatif intergouvernemental de l’ONU qui appuie les efforts de paix dans les pays sortant d’un conflit.  Six pays sont inscrits actuellement à son ordre du jour: le Burundi, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria et la République centrafricaine.

Le Comité d’organisation a réélu, par acclamation, les Présidents des formations de ces pays, à l’exception de la formation Guinée, les modalités de l’engagement de la Commission avec ce pays devant encore être précisées.

Le nouveau Président a commencé son intervention en appuyant l’appel lancé par le Secrétaire général, M. António Guterres, pour que la prévention des conflits soit au cœur des activités de l’ONU.  « Cela doit être la priorité de l’ONU », a déclaré le Président.  M. Cho a promis un renforcement du partenariat avec l’Union africaine, des échanges permanents avec la société civile et une participation accrue des femmes aux activités de consolidation de la paix.

La Commission s’attèlera à une coordination plus étroite avec le Fonds pour la consolidation de la paix et la Banque mondiale en vue d’assurer un financement plus prévisible des activités de consolidation de la paix, a-t-il dit.

Enfin, prolongeant les efforts de son prédécesseur, M. Cho a promis d’améliorer les méthodes de travail de la Commission, afin de les rendre plus souples.  « La paix n’est pas inévitable mais résulte d’efforts acharnés et de compromis », a déclaré le Président.

Avant de passer le flambeau à M. Cho, qui présidera la onzième session de la Commission, M. Kamau a fait adopter le projet de rapport* de la CCP sur les travaux de sa dixième session.  Faisant le bilan de sa présidence, M. Kamau a insisté sur la participation de la Commission aux négociations sur les résolutions précitées, lesquelles ont ancré « le concept de pérennisation de la paix dans le travail de la CCP ».

« Nous avons été l’un des cofondateurs du Groupe des amis sur la pérennisation de la paix, placé sous la présidence du Mexique, et qui est maintenant pleinement opérationnel », a-t-il dit.  Il a indiqué que la composition de ce groupe reflétait « l’aspiration grandissante » au sein des États Membres pour mettre l’accent sur la prévention des conflits et les liens entre développement, paix, sécurité et droits de l’homme pour achever une paix durable.  « La paix et le développement durable doivent aller de pair », a affirmé M. Kamau.

Lors du débat qui a suivi la déclaration de M. Cho, le représentant de l’Égypte a souligné la nécessité d’approfondir la compréhension du concept de pérennisation de la paix.  « Cela est essentiel alors que nous voulons le généraliser dans les travaux de l’ONU », a-t-il dit.

Son homologue du Bangladesh a, lui, plaidé pour une véritable « démystification » de ce concept.  « Il faut savoir ce qu’est et ce que n’est pas la pérennisation de la paix », a insisté le délégué du Mexique, avant de demander que ce « puissant concept » se traduise maintenant en politiques. 

Pour le délégué de la Norvège, la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le développement doivent faire partie du même ensemble, tandis que les délégués de la France et de la Belgique ont salué l’impulsion donnée par le Secrétaire général. 

Ce n’est pas un hasard si le Secrétaire général a intégré la pérennisation de la paix dans sa réflexion, a estimé le délégué français, qui a appuyé l’appel du délégué d’El Salvador pour une « universalisation » des travaux de la Commission. 

Pointant un « déséquilibre géographique » en son sein, le délégué salvadorien a invité la Commission à réfléchir à l’expérience d’El Salvador qui fait face aujourd’hui à de nombreux défis dans la consolidation de la paix, plus de 20 ans après la signature d’un accord de paix.  Il s’est d’ailleurs félicité de la récente nomination par le Secrétaire général d’un envoyé spécial pour faciliter le dialogue en El Salvador, satisfaisant ainsi à une demande de longue date de son pays.

« La Commission devrait suivre un programme de travail plus universel et veiller à une participation pluraliste », a suggéré le représentant d’El Salvador, appuyé par ses homologues de la Colombie et de l’Indonésie.  Un vœu que le Président a repris à son compte, en affirmant que la Commission « pourrait s’inspirer de diverses régions du monde pour nourrir le concept de pérennisation de la paix ».

Le délégué d’El Salvador a également proposé la création d’un « indice de consolidation de la paix », à l’image de celui sur le développement humain, qui pourrait faire l’objet d’une publication annuelle ou semestrielle en mettant l’accent sur les liens entre paix et développement et entre paix et démocratie.

Son homologue du Japon a, lui, proposé de passer d’une approche de pays à une approche thématique avec la création d’un point focal de la Commission sur le renforcement des institutions. 

Plusieurs intervenants, dont le Sous-Secrétaire général chargé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et les délégués du Sénégal et de l’Argentine, ont souhaité des financements prévisibles pour toutes les activités de consolidation de la paix.

M. Cho a ensuite donné la parole aux Présidents des formations pays qui ont fait le bilan de l’année écoulée et exposé les actions projetées pour 2017.

En sa qualité de Président de la formation Sierra Leone, le représentant du Canada a ainsi souligné l’importance des élections de 2018 et du suivi de la mise en œuvre des programmes de lutte contre Ebola.

Président de la formation Guinée Bissau, le représentant du Brésil a annoncé une réunion sur la mise en œuvre des six points de l’accord de Conakry et exhorté de la communauté internationale à appuyer les initiatives de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour la Guinée-Bissau.

Le représentant de la Suisse, qui préside la formation Burundi, a mentionné la tenue d’une réunion avec des partenaires de l’ONU, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), pour étudier les moyens de soutenir le Burundi, tandis que le représentant du Maroc, Président de la formation République centrafricaine, a rappelé que 2016 avait été l’année de tous les défis pour ce pays avec la tenue d’élections législatives et présidentielle.  « Nous voulons maintenant faire de 2017 une année d’espoir », a déclaré le délégué du Maroc.

En sa qualité de Président de la formation Libéria, le représentant de la Suède a annoncé la tenue, demain 26 janvier, de la première réunion des experts de la formation visant à traduire en actes la dernière résolution adoptée par le Conseil de sécurité qui exige l’adoption d’un plan de consolidation de la paix pour le Libéria.  Le prochain défi de la Commission sera d’appuyer l’organisation des élections législatives et présidentielle d’octobre 2017, a-t-il dit.

Les représentants de deux pays à l’ordre du jour de la CCP ont enfin pris la parole, à commencer par le délégué du Burundi, qui a jugé « ambitieux mais réalisable » le programme de consolidation de la paix pour son pays et insisté sur le rôle des acteurs régionaux.

« Les priorités de mon pays sont la promotion de la réconciliation nationale et de l’unité, la réforme du secteur de la sécurité et les politiques d’emploi des jeunes et des femmes », a déclaré son homologue de la Guinée.

* PBC/10/OC/L.1*

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale se mobilise pour donner un élan « irrésistible » aux synergies entre développement et paix durables

Soixante et onzième session, Dialogue de haut niveau,
Matin & après-midi     
AG/11884

L’Assemblée générale se mobilise pour donner un élan « irrésistible » aux synergies entre développement et paix durables

L’Assemblée générale, qui a organisé aujourd’hui un débat sur les synergies entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le maintien de la paix, a entendu le Secrétaire général de l’ONU constater le « grave échec » du développement dans un monde inégalitaire et asymétrique.  M. António Guterres a établi le lien entre économies défaillantes, fragilité des sociétés et des institutions et conflits.  Il a donc appelé à une réponse mondiale qui s’attaque aux causes sous-jacentes des conflits pour assurer le développement durable.

Cette réponse, a-t-il dit, doit intégrer la paix, le développement durable et les droits de l’homme de manière holistique, et ce, de la conception à l’exécution.  « Notre priorité est la prévention: la prévention des conflits, des pires effets des catastrophes naturelles et autres menaces humaines à la cohésion et au bien-être des sociétés », a insisté le Secrétaire général qui a jugé important de se rappeler que les liens entre le Programme 2030 et la pérennisation de la paix se trouvent non seulement dans l’objectif 16 dudit programme mais dans tous les 17 objectifs dont la réalisation serait une contribution « énorme » à la paix durable. 

Dix-sept pays dans le monde sont touchés par des conflits prolongés, tandis que deux milliards de personnes vivent dans des nations en proie à la fragilité, aux conflits et à la violence, et que 95% des réfugiés et des déplacés sont dans des pays secoués par le même conflit depuis 1991, a relevé le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, à l’ouverture du débat plénier qui aura réuni plus de 70 orateurs.

Avec le Programme 2030, « jamais encore la communauté internationale ne s’était donnée un mandat aussi fort pour briser les cloisons entre les trois piliers des Nations Unies, à savoir paix et sécurité, développement durable et respect des droits de l’homme », a résumé la Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Suisse.  Cette phase préliminaire de la mise en œuvre du Programme, a renchéri le Président de l’Assemblée générale, doit libérer de « nouvelles réserves » de volonté politique pour s’attaquer aux inégalités, à la transition vers l’économie verte et à la protection de la planète, et investir « financièrement et intellectuellement », dans la paix durable à travers le monde.

Si les deux défis majeurs identifiés par le Secrétaire général sont l’éducation, dont il a souligné le rôle transformateur et pacificateur pour les sociétés, et l’emploi des jeunes, l’ONU, a-t-il estimé, doit aussi être prête à se réformer pour accompagner ce mouvement.  M. Guterres a annoncé que sa Conseillère principale en matière de politique s’efforce de recenser les différents moyens de prévention dont dispose le système des Nations Unies pour la conception d’une plateforme unique qui les intégrera.  Le Secrétaire général a aussi promis d’ici à juin les grandes lignes de sa vision pour favoriser des dispositifs de financement qui privilégient l’intégration et la cohérence entre les fonds, programmes et agences de l’ONU plutôt que la concurrence.  Enfin, nous devons réformer l’administration de l’ONU, a-t-il ajouté, en promettant un dispositif simplifié, décentralisé et souple, ancré dans une culture de transparence et de respect du principe de responsabilité.

« Je pense qu’il y a un espace pour que les organes de l’ONU, dans le respect des mandats respectifs, promeuvent la cohérence et la complémentarité des efforts de paix et de sécurité des Nations Unies et des efforts humanitaires, de défense des droits de l’homme, de justice et de développement », a considéré M. Frederick Musiia Makamure Shava, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC).  Les activités opérationnelles de l’ONU doivent prendre la direction du cadre « un pays-une ONU » avec des objectifs communs et une planification stratégique, ainsi qu’une claire répartition des responsabilités, a renchéri la Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège. 

De nombreux intervenants se sont félicités du rapprochement entre le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Département des opérations de maintien de la paix, à l’exception peut-être du représentant de la Fédération de Russie qui a estimé que « le développement ne peut pas garantir la paix, et la paix le développement ».  Il a appelé à la prudence lorsqu’on parle d’« interconnexion », avant que son homologue du Brésil ne refuse l’idée que le Programme 2030 ne devienne un simple programme de paix.

Ont également eu lieu aujourd’hui une table ronde et des ateliers misant sur les synergies entre trois piliers: l’autonomisation des femmes et des jeunes, la gestion des ressources naturelles, et le renforcement d’institutions « efficaces, transparentes et ouvertes à tous ».

L’Assemblée générale reprendra son Dialogue de haut niveau demain, mercredi 25 janvier, à partir de 11 heures.

DIALOGUE DE HAUT NIVEAU INTITULÉ « CONSTRUIRE UNE PAIX DURABLE POUR TOUS: LES SYNERGIES ENTRE LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 ET LE MAINTIEN DE LA PAIX »

Déclarations d’ouverture

M. PETER THOMSON (Fidji), Président de l’Assemblée générale, a rappelé que, de la même manière que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnait l’importance de promouvoir des sociétés pacifiques, justes et inclusives pour réaliser chacun de ses 17 objectifs, les résolutions sur la pérennisation de la paix reconnaissent l’importance du développement durable pour le maintien de la paix.  Ces résolutions accordent une place particulière à la prévention des conflits, à l’égalité entre les sexes, au traitement des causes profondes des conflits et à la protection des droits de l’homme.  Dès lors, leur mise en œuvre doit se faire de concert, et ce Dialogue de haut niveau doit être considéré comme un effort visant au renforcement mutuel de ces visées.

Selon le Président, il faut agir sur deux fronts.  Tout d’abord, il est crucial d’impulser un élan « irrésistible » dès à présent, à cette phase préliminaire de la mise en œuvre du Programme 2030, en mobilisant les États Membres, le secteur privé, la société civile et le milieu universitaire.  Dans ce cadre, il faut mobiliser les ressources nécessaires pour sortir des centaines de millions de gens de la pauvreté et assurer l’accès universel aux services sociaux de base.  Il faut, a insisté le Président, libérer de « nouvelles réserves » de volonté politique pour s’attaquer aux inégalités, à la transition vers l’économie verte et à la protection de la planète.

Le deuxième front, a poursuivi M. Thomson, consiste à reconnaître la paix durable à la fois comme « moyen et fin » du développement durable, et investir, « financièrement et intellectuellement », dans la paix durable à travers le monde: « Sans paix durable, le développement durable est quasiment impossible; nous savons que c’est la vérité. »  Dix-sept pays dans le monde sont touchés par des conflits prolongés et deux milliards de personnes vivent dans des nations où sévissent fragilités, conflits et violences, a relevé le Président, soulignant que 95% des réfugiés et des personnes déplacées vivent dans des pays secoués par le même conflit depuis 1991. 

Notre propos aujourd’hui, a conclu le Président, est de réfléchir aux moyens de renforcer mutuellement la mise en œuvre du Programme 2030 et les conditions de pérennisation de la paix.  M. Thomson s’est félicité de constater que cette manifestation verra la participation du Secrétaire général, des Présidents du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Commission de consolidation de la paix.  C’est la première fois que les Présidents de ces organes principaux des Nations Unies se réunissent pour voir comment réaliser la paix, assurer la cohérence dans les trois piliers du travail de l’ONU et faire en sorte que nous travaillons sans relâche pour cimenter les fondations nécessaires à la paix durable.  Prenons cet exemple de cohérence et de coopération comme point de départ des discussions et imaginons les fruits de cette coopération, à savoir un monde où chacun peut s’épanouir et où « Nous, les peuples » vivons dans la réalité incontestable que nous partageons une seule planète et que pour préserver l’avenir des générations futures, notre planète doit être le lieu d’une paix et d’un développement durables. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné que ces dernières décennies, la mondialisation et les technologies ont généré des progrès économiques certes mais pas pour tout le monde.  Les inégalités restent graves et en hausse: les huit personnes les plus riches du monde ont autant que les 3,6 milliards de personnes les plus pauvres.  Les enfants d’Afrique subsaharienne ont 14 fois plus de chance de mourir avant l’âge de 5 ans que les enfants des pays développés.  Des statistiques comme celles-ci aggravent le mécontentement et érodent la confiance des gens dans leur gouvernement et dans les organisations internationales, a prévenu le Secrétaire général.  La mondialisation est aussi asymétrique: l’argent circule librement, trop librement selon certains, les biens et services aussi mais la liberté de circulation des personnes est toujours réduite.  Les employeurs peuvent aller là où les salaires sont les plus bas mais les salariés ne peuvent pas s’installer là où ils sont les plus élevés.

Les effets des changements climatiques, de la croissance démographique, de l’urbanisation rapide et de la dégradation de l’environnement contribuent à une plus grande concurrence dans l’accès aux ressources, ajoutant aux tensions et à l’instabilité.  Nous sommes devant un grave échec du développement, a tranché le Secrétaire général, en parlant des communautés, segments de la société voire de pays qui se sentent oubliés et laissés de côté.  Le lien entre les économies défaillantes et la fragilité potentielle des sociétés, des institutions et même des États étant établi, nous voyons l’émergence de conflits dévastateurs et la pérennisation d’autres.

C’est la raison pour laquelle, a expliqué le Secrétaire général, je n’ai cessé de souligner la nécessité d’un élan dans la diplomatie, dont la médiation, la négociation et les bons offices.  Mais cela ne suffira pas, a-t-il prévenu.  Il nous faut une réponse mondiale qui s’attaque aux causes sous-jacentes des conflits et intègre la paix, le développement durable et les droits de l’homme de manière holistique, et ce, de la conception à l’exécution.  « Notre priorité est la prévention: la prévention des conflits, des pires effets des catastrophes naturelles et autres menaces humaines à la cohésion et au bien-être des sociétés », a insisté le Secrétaire général. 

Les meilleurs outils de la prévention et de la paix durable sont un développement inclusif et durable, a-t-il martelé.  Il a jugé important de se rappeler que les liens entre le Programme 2030 et la pérennisation de la paix se trouvent non seulement dans l’objectif 16 dudit Programme mais dans tous les 17 objectifs dont la réalisation serait une contribution « énorme » à la paix durable. 

Le Secrétaire général a identifié deux défis majeurs et d’abord, l’éducation qui est la condition préalable à la paix et au développement économique.  Un bon système d’éducation peut transformer les sociétés, en particulier celles qui sont affectées par les conflits.  L’égalité, le respect et la tolérance enseignés dans une salle de classe ont un impact dans toute la société, l’école étant un symbole puissant de l’investissement dans l’individu. 

Le Secrétaire général a ensuite cité l’emploi des jeunes comme l’autre défi majeur, insistant sur un chômage qui prive les jeunes de la chance d’exploiter tout leur potentiel et qui joue un rôle dans l’émergence des conflits et dans la montée du terrorisme international.  L’emploi productif et le travail décent sont essentiels à des sociétés stables et sûres, a martelé le Secrétaire général. 

Pour accompagner les États Membres, l’ONU doit, elle aussi, être prête à se réformer, a reconnu M. António Guterres qui a identifié trois grands domaines de réforme, citant en premier lieu celui du maintien de la paix.  Les opérations de maintien de la paix, qui consomment environ 70% du budget ordinaire de l’ONU, sont pour beaucoup déployées là où il n’y a pas de paix à maintenir, a-t-il observé.  Il faut donc, a-t-il préconisé, prioriser la prévention des conflits violents et la pérennisation de la paix.  Le Secrétaire général a annoncé que sa Conseillère principale en matière de politique est en train de recenser les différents moyens de prévention dont dispose le système des Nations Unies pour la conception d’une plateforme qui les intégrera. 

Il faut ensuite, a-t-il poursuivi, réformer le système des Nations Unies pour le développement et ce faisant, améliorer la coordination et la responsabilisation des actions menées.  Il faut mettre l’accent sur la poursuite de résultats collectifs et favoriser des dispositifs de financement qui privilégient l’intégration et la cohérence plutôt que la concurrence entre agences.  M. Guterres a promis de présenter les grandes lignes de sa vision d’ici à juin.  Enfin, nous devons réformer l’administration de l’ONU, a-t-il dit.  Nous butons trop souvent contre nos propres règles et nous n’avons pas mis au point les mécanismes et les procédures dont nous avons besoin.  Le Secrétaire général a défendu un dispositif simplifié, décentralisé et souple, ancré dans une culture de transparence et de respect du principe de responsabilité.

Avec ces réformes, il est essentiel de créer une nouvelle génération de partenariats avec les gouvernements, la société civile, les organisations régionales, les institutions financières internationales, les universités et le monde des affaires.  L’alignement frappant des objectifs de l’entreprise avec les visées stratégiques de la communauté internationale est déjà apparent dans l’explosion de l’économie verte, s’est réjoui le Secrétaire général qui a cité des estimations qui montrent que les économies et les revenus que l’on tirerait de la mise en œuvre du Programme 2030 se chiffrent à des dizaines de milliers de milliards de dollars.

La dernière partie de l’équation est, a reconnu le Secrétaire général, le financement.  Il faut mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba et aller au-delà.  Les pays en développement, s’est-il expliqué, doivent avoir accès aux technologies et aux marchés et ils ont besoin que les pays développés honorent leurs engagements en faveur de l’aide.  Les efforts mondiaux doivent aussi appuyer les mécanismes nationaux de financement, y compris la réforme des systèmes fiscaux et la lutte contre les flux financiers illicites.  Les institutions financières internationales devraient aider les pays à accéder aux marchés financiers et aux investissements étrangers directs.  L’aide publique au développement (APD), comme l’aide humanitaire, doit être allouée stratégiquement conformément à des risques et des besoins clairement identifiés. 

Le Programme 2030 et les résolutions sur la paix durable sont notre feuille de route pour un monde plus sûr, plus résilient et plus durable, a conclu le Secrétaire général.

S’exprimant en sa qualité de Présidente du Conseil de sécurité, Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a dressé un bilan particulièrement pessimiste des conséquences des changements climatiques, qui font fondre la calotte glaciaire de manière accélérée.  Mais elle a repris à son compte le message d’espoir adressé par les scientifiques qu’elle a rencontrés lors d’une récente réunion en Norvège, admirant leur détermination à trouver des solutions au lieu de se lamenter sur l’aggravation de la situation.  C’est d’autant plus nécessaire selon elle, que « l’opportunisme et le populisme sont des forces puissantes aujourd’hui ».  « Ensemble, nous pouvons faire une différence », a-t-elle assuré, en affirmant que la première étape, c’est de se doter d’institutions de gouvernance « vigoureuses, participatives et inclusives ». 

En tant que représentante d’un important pays donateur, Mme Wallström a souligné l’importance de la coopération au développement.  Il faut également s’attaquer, a-t-elle dit, aux causes profondes des conflits en y impliquant des femmes médiatrices.  En outre, des partenariats vigoureux permettront de renforcer l’efficacité de l’action des Nations Unies sur le terrain.  Enfin, a souligné la Présidente, la prévention est source d’économie.  À cet égard, elle s’est félicitée du dénouement pacifique de la situation en Gambie, un exemple du succès que les organisations sous-régionales peuvent assurer.  La Suède, est un des plus importants bailleurs de fonds aux fonds, agences et programmes des Nations Unies, a rappelé Mme Wallström, en encourageant l’Organisation à aider les États même si, a-t-elle souligné, la responsabilité première de la mise en œuvre du Programme 2030 incombe aux gouvernements.

« Nous savons que les progrès dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable seront plus difficiles à engranger dans les pays affectés par un conflit », a reconnu M. FREDERICK MUSIIA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe), Président du Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a estimé que la pérennisation de la paix exigeait une approche intégrée pour remédier aux causes profondes des conflits, telles qu’une gouvernance défaillante, les inégalités économiques ou bien encore une mauvaise gestion des ressources naturelles.  Le renforcement des institutions en vue de les rendre plus transparentes, efficaces et responsables est une priorité, a-t-il dit.

Soulignant la nécessité d’une participation accrue des jeunes, le Président a indiqué que le Forum des jeunes de l’ECOSOC qui doit se tenir la semaine prochaine sera l’occasion d’entendre leurs voix s’agissant de la mise en œuvre du Programme 2030.  La diversification des économies, par le biais d’un appui au secteur privé et la promotion de l’esprit d’entreprise et une industrialisation durable sont essentielles pour créer les emplois dont le monde a besoin, a poursuivi M. Makamure Shava.

La pérennisation de la paix est cruciale pour parvenir à tous les objectifs de développement durable, tandis que le Programme 2030 représente une occasion unique pour remédier aux causes profondes des conflits et de leur résurgence, a-t-il déclaré.  Le Président a rappelé que l’examen de l’architecture de consolidation de la paix a montré l’importance d’une coopération accrue entre l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix et la centralité du développement au service de la paix.  Il a salué la mise en place par le Secrétaire général d’un Comité exécutif visant à augmenter la capacité de l’ONU dans l’intégration des piliers de son mandat.

« Je pense qu’il y a un espace pour que les organes de l’ONU, dans le respect des mandats existants, promeuvent la cohérence et la complémentarité des efforts de paix et de sécurité de l’ONU et des efforts humanitaires, de défense des droits de l’homme, de justice et de développement », a-t-il affirmé.  M. Makamure Shava a insisté sur le rôle précieux que pourrait jouer l’ECOSOC dans l’intégration des dimensions politique et opérationnelle de la pérennisation de la paix et du développement durable.  « L’ECOSOC pourrait fournir une plateforme de partage des enseignements et des idées en vue d’une meilleure intégration de la consolidation de la paix, de la promotion de la résilience et du développement durable », a-t-il conclu.

Mme JULIENNE LUSENGE, SOFEPADI/Fonds pour les femmes congolaises, a regretté que « la paix durable reste un rêve en République démocratique du Congo, ainsi que dans plusieurs États Membres des Nations Unies », qualifiant d’« atrophiés » les espoirs des communautés aspirant au développement.  Pour faire avancer le Programme 2030, elle a jugé primordial de résoudre les causes des conflits telles que l’exploitation illicite des ressources naturelles, l’expropriation des terres, la répartition inéquitable des ressources naturelles, l’impunité et la mauvaise gouvernance.  Il faut également respecter les accords de paix et mettre en application les traités et les résolutions sur l’exploitation des minerais.  Elle a donné l’exemple de son pays, la République démocratique du Congo, où le peuple ne bénéficie pas des profits exorbitants du coltan qui, au contraire, « nourrit les enfants du voisin ».  Elle a proposé de réunir les entreprises de technologie qui exploitent les ressources naturelles sous forme de coalition et de trouver des réponses concrètes pour apporter un réel changement tout en respectant l’écologie.  Grâce à ces richesses, a-t-elle avancé, nous avons la possibilité de construire des écoles, des routes, des hôpitaux, et d’apporter de l’eau potable aux populations. 

Mme Lusenge a rappelé que des femmes meurent encore chaque jour en donnant la vie par manque de structures et de services.  Elle a proposé de mettre en place un mécanisme pour investir dans l’accès à l’eau et aux terres agricoles.  Elle a prôné une économie verte fondée sur l’innovation et l’inclusion, sachant que les femmes du monde accomplissent 90% des travaux agricoles alors qu’elles ne possèdent que 2% des terres.  « Comment expliquez-vous cela? » a-t-elle lancé, en appelant à aider les femmes, même analphabètes, à se former pour fournir un éclairage solaire à leurs villages, ou pour exploiter l’énergie des rivières et du vent pour éclairer les écoles, les hôpitaux et les maisons, et pour réduire le temps de cuisson sans attraper de maladie pulmonaire.  Aidez-nous à former les femmes ingénieurs, a-t-elle aussi demandé, pour qu’elles construisent des infrastructures durables, pas seulement des autoroutes mais aussi des passerelles pour que les femmes puissent apporter leurs marchandises sur le marché.  Construisons des villages inclusifs avec des chemins éclairés afin de sécuriser les femmes et les filles.  Protégeons nos filles sur le chemin de l’école en leur évitant d’être victimes de violences sexuelles.

Nous avons besoin de femmes pour concevoir l’infrastructure du XXIe siècle, a-t-elle poursuivi en demandant de les considérer comme des partenaires égaux qui apportent des idées et des connaissances précieuses pour l’avancement de tous.  « Les ressources les plus inestimables de l’Afrique sont les femmes, toujours actives et innovatrices », a-t-elle estimé en faisant le lien entre la promotion des droits de la femme et l’égalité des sexes avec la prévention des conflits.  Les femmes, a-t-elle conclu, doivent pouvoir participer de manière significative aux processus de paix, aux décisions politiques, aux efforts de prévention des conflits et aux stratégies économiques et de développement.

Déclarations

M. MIROSLAV LAJČÁK, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a voulu mettre l’accent sur six éléments et d’abord l’ingrédient essentiel du développement que sont les partenariats efficaces entre tous les États Membres.  Il a ensuite, à son tour, prévenu que le développement durable est « impossible » sans une paix durable, avant de prôner une transition « de la culture de la réaction à celle de la prévention ».  Il a, à cet égard, félicité le Secrétaire général pour l’accent qu’il place sur les moyens d’anticiper, de prévenir et de répondre plus efficacement aux conflits.  Il a aussi défendu une participation accrue des femmes aux processus de paix, et de maintien et de consolidation de la paix.  Là où les femmes sont émancipées, il y a moins de chance de connaître la guerre, a affirmé le Ministre, en citant les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) selon lesquels 14 des 17 derniers pays de l’index de la discrimination sexuelle ont connu un conflit ces deux dernières décennies.

Le Ministre a énuméré comme quatrième élément la nécessité pour les stratégies de prévention des conflits de s’attaquer aux défis du développement.  Il a poursuivi sur la nécessité d’un financement et de ressources humaines adéquats, avant d’en venir au sixième élément qui est le lien intrinsèque entre sécurité, développement et état de droit.  Le Ministre a ainsi rappelé que son pays est actif depuis longtemps dans les questions liées à la réforme du secteur de la sécurité, par le biais, entre autres, du Groupe d’amis pour cette réforme.

M. SAMURA MATHEW WILSON KAMARA, Ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone, a rappelé lui aussi qu’« il n’y a pas de paix sans développement, ni de développement sans paix ».  « C’est la raison pour laquelle, alors que nous débutons la mise en œuvre du Programme 2030 sur fond de tensions géopolitiques, nous devons envisager de renforcer mutuellement paix et développement. »  Les leçons apprises sont particulièrement importantes, a déclaré le chef de la diplomatie sierra-léonaise, qui a rappelé que son pays avait réussi à surmonter un conflit prolongé et l’épidémie d’Ebola.  L’une d’entre elles, c’est qu’il faut impliquer la population dans la reconstruction, car c’est elle qui est le « moteur » du développement, a plaidé le Ministre, avant de défendre des sociétés participatives.  M. Kamara a lancé, en conclusion, un appel à la mobilisation de tous les partenaires dans le cadre du « programme commun » visant à éradiquer la pauvreté.

M. AGIO PEREIRA, Ministre d’État et Président du Conseil des ministres du Timor-Leste, a focalisé son intervention sur trois sujets: la consolidation de la paix après un long conflit, la création d’un système de gouvernance démocratique et la sécurisation de la souveraineté territoriale, et l’équité en vertu du droit international. 

« Comment construire un pays après 400 ans de domination portugaise suivie d’un quart de siècle d’occupation indonésienne et une vague de violence après l’indépendance en 1975? », a demandé M. Pereira.  En commençant par réparer les esprits et panser les blessures.  Nos dirigeants, a-t-il expliqué, ont reconnu qu’il était nécessaire de suivre la voie du pardon et de la réconciliation entre les pro-indépendantistes et les pro-intégrationnistes à l’Indonésie, entre les victimes et les auteurs de la violence politique, et entre le Timor-Leste et notre voisin et ancienne puissance occupante, l’Indonésie. 

Le Président Xanana Gusmão avait voyagé dans tout le pays pour prêcher le pardon et la réconciliation, expliqué que dans notre lutte pour l’autodétermination, nous sommes les héros et non les victimes et exhorté les Timorais en exile à rentrer à la maison et aider à construire ensemble notre pays.

Nous avons également tendu la main à l’Indonésie qui venait aussi d’émerger de plusieurs décennies de dictature et qui était une jeune démocratie comme le Timor-Leste.  Les deux pays doivent se soutenir l’un et l’autre et faire vivre leur démocratie.  Aujourd’hui, l’Indonésie et le Timor-Leste sont des amis et des alliés.  Les deux pays ont, d’ailleurs, été critiqués par les observateurs étrangers pour avoir privilégié le pardon et la réconciliation au détriment de la justice punitive.  Ensemble, ces deux pays illustrent du pouvoir, du respect mutuel pour réaliser la paix.  Notre victoire est aussi grande que notre capacité à embrasser nos adversaires.

Cette philosophie de l’unité et de l’inclusion s’étend au gouvernement.  Le sixième gouvernement constitutionnel actuel est composé de dirigeants de tous les partis politiques.  En outre, un tiers de l’Assemblée est composé de femmes.

Pour articuler notre vision d’un Timor-Leste fort et durable, un plan stratégique de développement a été lancé en 2011 et fait office de feuille de route pour le développement jusqu’en 2030.  Ce plan a déjà porté des fruits, le Timor-Leste étant classé septième pays sur 160 pays pour avoir fait le plus de progrès dans la conversion de la croissance économique en bien-être.

La paix et la stabilité sont primordiales, a insisté le Ministre.  Les États qui ont été touchés par les conflits ont besoin du soutien et de la compréhension de leurs voisins et amis.  Le Timor-Leste fait partie des membres fondateurs du Groupe « g7+ » réunissant quelque 20 pays totalisant environ 300 millions de personnes affectées par les conflits. 

« Nous plaidons en faveur d’un nouveau paradigme dans lequel les États fragiles sortant d’un conflit et s’approprient et gèrent le développement et l’aide au développement, a indiqué M. Pereira. 

S’agissant de l’objectif de développement 16 sur la paix, la justice et les institutions efficaces, il a déclaré que s’ils ne se concentrent pas sur le renforcement des fondements de la paix, les États fragiles risquent à nouveau d’être menacés et d’être laissés de côté.  C’est la raison pour laquelle le Timor-Leste avait milité pour l’objectif de développement durable 16, « le moteur qui alimente en énergie toutes les autres actions ».  Le Timor-Leste est un des pays-phares de l’initiative sur l’objectif 16 du Centre de la coopération internationale de l’Université de New York et espère que le partage de bonnes pratiques et le développement d’un corpus de connaissances peuvent contribuer à la mise en œuvre du Programme 2030.   Le Ministre a insisté sur la volonté politique et l’engagement.

M. RAFAEL PARDO, Haut-Conseiller pour l’après-conflit, les droits de l’homme et la sécurité de la Colombie, a rappelé que le Président colombien et les FARC ont signé, il y a deux mois, un accord de paix définitif visant à mettre fin à un conflit vieux de 50 ans.  C’est un accord global, qui va bien au-delà du désarmement et de la réintégration des combattants et vise une transformation des régions rurales et une reconnaissance des droits des victimes, a-t-il dit.  Il a affirmé que cet accord très complet, dont la mise en œuvre exigera cinq amendements à la Constitution et 87 lois, illustre la pertinence du concept de pérennisation de la paix.  Les programmes économiques de cet accord seront mis en œuvre tout au long des 15 prochaines années et l’État colombien entend renforcer sa présence dans les zones rurales dès ces 100 prochains jours, a précisé M. Pardo.  Enfin, le Haut-Conseiller a salué l’appui important de l’ONU s’agissant du suivi de l’accord, puisque 450 hommes et femmes venant de toute l’Amérique latine en seront chargés.

M. JESUS DERUZA, Conseiller du Président pour le processus de paix aux Philippines, a déclaré que la paix et la sécurité seront toujours en danger tant qu’il n’y aura pas de développement durable.  Il a rappelé qu’encore aujourd’hui, certaines régions du sud des Philippines sont en conflit, à cause d’une rébellion née il y a près de 50 ans.  Mais, avec l’arrivée au pouvoir du Président Duterte, nous avons entamé de nouvelles négociations avec les rebelles, que le Congrès n’a malheureusement pas entérinées, après avoir échoué à adopter la législation qui aurait permis de mettre en œuvre l’accord « auquel nous sommes parvenus », a-t-il dit.  Fort heureusement, grâce au soutien de la Malaisie et des pays donateurs, les rebelles n’ont pas quitté la table des négociations, lesquelles sont entrées dans un nouveau cycle, s’est félicité M. Deruza.  Il a ajouté que son pays souhaitait promouvoir la paix et le développement dans le cadre de la stratégie des Nations Unies pour réaliser le Programme 2030

Mme SIMA SAMI BAHOUS (Jordanie) a plaidé, en Syrie, pour un processus politique mené par les Syriens eux-mêmes visant à préserver la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du pays, à mettre fin aux souffrances et à ramener l’espoir.  En Iraq, elle s’est dite encouragée par les gains enregistrés par l’armée iraquienne et les forces de la coalition internationale et a appuyé les efforts de réconciliation.  « Pour parvenir à la paix et au développement, nous devons remédier aux causes profondes des conflits », a-t-elle poursuivi, ajoutant que le conflit israélo-palestinien demeurait la question centrale dans la région.  La déléguée a estimé que la solution des deux États était la seule solution au conflit et dénoncé toute tentative d’altérer « l’identité historique musulmane, chrétienne et arabe » de Jérusalem.  « Le manque de progrès du processus de paix est un cadeau aux radicaux et aux extrémistes », a-t-elle prévenu.

La déléguée a déclaré que le Moyen-Orient avait besoin d’une coopération régionale et internationale renforcée afin de remédier aux défis socioéconomiques qui menacent la paix.  Présidente du prochain Sommet de la Ligue arabe, la Jordanie n’épargnera aucun effort pour veiller aux progrès, a-t-elle dit.  Elle a souligné l’importance du rôle des femmes et des jeunes dans la lutte contre l’extrémisme violent, les femmes jouant un rôle de premier plan dans le développement des sociétés.  Mme Bahous a indiqué que son pays avait joué un rôle de pionnier dans le développement des initiatives visant au dialogue entre les religions, avant de saluer le dernier forum de l’ONU consacré à la lutte contre les discriminations perpétrées contre les musulmans.

Enfin, rappelant que 1,3 million de réfugiés syriens vivent aujourd’hui en Jordanie, elle a indiqué que son pays ne pouvait pas porter ce fardeau seul.  « La communauté internationale doit assumer ses responsabilités et aider activement la Jordanie », a conclu la représentante.

M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a rappelé les mots de son Président, M. Alexander Lukashenko, il y a un an et demi, lors du Sommet des Nations Unies: « le développement durable est impossible sans la paix et la sécurité ».  Il a ainsi souligné l’importance du lien entre la paix et le développement durable dont la compréhension gagne du terrain aux Nations Unies, rappelant qu’hier, le Bélarus, le Kazakhstan, le Suriname et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont organisé une discussion informelle sur les moyens de renforcer l’efficacité du développement durable par une gouvernance responsable, le désarmement et la non-prolifération.

Il convient, selon le Vice-Ministre, d’élaborer des mesures pratiques pour surmonter l’« aliénation mondiale » dans les sphères de la politique et de la sécurité, le Président du Bélarus ayant, à cet égard, proposé l’idée d’un nouveau processus similaire à celui d’Helsinki, il y a plus de 40 ans.  De même, est-il nécessaire de créer les conditions d’une coopération économique et commerciale non seulement pour les pays individuellement, mais aussi pour les entités d’intégration régionale.  Il a ainsi rappelé le rôle du Bélarus à la tête, cette année, de l’Initiative pour l’Europe centrale dans le domaine de la promotion de la connectivité.

Enfin, M. Rybakov a insisté sur la nécessité d’une approche intégrée du désarmement et de la non-prolifération, ainsi que sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable par l’implication de l’ensemble de la société, des plus hauts responsables aux communautés économiques et scientifiques, en passant par le peuple.

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a reconnu lui aussi les liens entre sécurité et développement.  Il incombe, selon lui, aux gouvernements de garantir les conditions favorables à la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau national, en s’efforçant de mettre fin aux situations de conflit.  C’est la raison pour laquelle la communauté internationale doit se mobiliser en ce sens sur la base de partenariats.  Cependant, le manque de ressources constitue une menace à la réalisation des objectifs, a noté le Vice-Ministre, qui a donc exhorté les États Membres à consacrer 1% du budget de la défense au financement de la feuille de route du Programme 2030.  Le Kazakhstan, a-t-il dit, réaffirme pour sa part son engagement en faveur de la bonne gouvernance et de l’état de droit, comme en témoigne la Déclaration du Parlement en faveur du Programme 2030.

M. JEAN-MARIE LE GUEN, Secrétaire d’État chargé du développement et de la coopération de la France, a appelé le système onusien à rechercher de plus grandes synergies dans son action.  Chacun sent bien le besoin d’une nouvelle approche, a-t-il dit.  « Alors qu’il est de bon ton de critiquer l’ONU », il a loué la détermination de l’Organisation à parvenir aux accords majeurs qui ont été récemment signés, tels que le Programme 2030 ou l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  « La France croit en l’ONU », a-t-il souligné, estimant que, malgré certains échecs, le Conseil de sécurité avait réussi à régler de nombreux conflits.

« Plus d’unité dans l’action est nécessaire », a poursuivi M. Le Guen, en précisant que le système de l’ONU, certes très compétent, demeurait cloisonné.  Il a approuvé les efforts de réforme et salué la mise en place d’un Comité exécutif visant à améliorer l’efficacité de l’action de l’ONU.  M. Le Guen a demandé une coopération plus étroite entre agences de l’ONU, ainsi qu’un meilleur suivi de l’action de l’ONU.  De notre côté, nous devons garantir un financement plus prévisible, a-t-il reconnu.

Nous devons être plus à l’écoute des acteurs sur le terrain, a poursuivi le Secrétaire d’État qui a défendu, à cette fin, un rôle accru des bureaux régionaux de l’ONU, des configurations des pays de la Commission de consolidation de la paix et des coordonnateurs.  Enfin, nous devons disposer d’une information plus pertinente, a affirmé M. Le Guen.  Nous sommes soit surinformés, soit sous-informés, alors qu’il nous faut aller à l’essentiel et évaluer nos efforts, a-t-il conclu.

Mme PASCALE BAERISWYL, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Suisse, a estimé que, pour assurer une mise en œuvre efficace du Programme 2030 et des résolutions sur la pérennisation de la paix, l’accent doit être mis sur la prévention.  Selon elle, la communauté internationale dispose d’excellents instruments à cet égard, comme le Programme commun du Programme des Nations Unies pour le développement et du Département des affaires politiques (PNUD-DAP) sur le renforcement des capacités nationales de prévention des conflits, le Fonds pour la consolidation de la paix, le Fonds d’affectation spéciale ONU-Banque mondiale, l’initiative « Les droits de l’homme avant tout », et les entités du Département des affaires politiques actives dans le domaine de la médiation et des bons offices.  De même, a fait observer Mme Baeriswyl, le travail effectué dans le cadre du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent revêt une importance particulière.

En outre, la promotion et la protection des droits humains sont un moyen de prévention très efficace et la garantie d’un développement pacifique, équitable et inclusif.  Pour cette raison, la Suisse a lancé l’appel du 13 juin pour que les droits de l’homme figurent au cœur de la prévention des conflits, notamment au sein du système onusien.  Enfin, la Secrétaire d’État s’est dite convaincue que, pour progresser, l’engagement inclusif et transparent de la société civile est crucial.  Faute d’une mobilisation large et d’une approche allant de la base au sommet, nos efforts en faveur du développement durable et de la pérennisation de la paix ne connaîtront pas le succès, a prévenu Mme Baeriswyl.  C’est la raison pour laquelle nous devons soutenir les ONG engagées dans les domaines de la paix, des droits humains et du développement durable, a-t-elle ajouté.

Mme TONE SKOGEN, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a d’abord mis l’accent sur l’appropriation nationale du développement durable et donc la volonté politique.  Là où il y a de la volonté, les leaders politiques peuvent accomplir de grandes choses mais l’appropriation nationale ne s’arrête pas seulement aux gouvernements.  Pour être durables, la paix et le développement doivent être inclusifs et l’inclusion veut dire genre, âge, culture, ethnicité, langue et religion.  L’inclusion c’est reconnaître l’égalité des droits de tous les êtres humains.  L’inclusion, élargit la base, élimine les angles morts et fortifie les fondations de l’avenir que nous voulons.  La Vice-Ministre a cité comme exemple l’accord conclu entre le Gouvernement de la Colombie et les FARC, avec l’aide de son pays et de Cuba, lequel tient compte de la population et ouvre la voie au développement durable des zones rurales qui ont le plus souffert du conflit.

Mme Skogen a souligné la grande responsabilité qui incombe à la communauté internationale, souhaitant que l’ONU soit mieux armée pour travailler sur ses piliers.  S’attaquer dès les prémices aux violations des droits de l’homme peut éviter l’escalade de la violence et créer un environnement propice au développement durable et pacifique, ce qui requiert la mise en place de partenariats solides avec d’autres acteurs internationaux et régionaux.  Elle a voulu que les activités opérationnelles du système de l’ONU dans les pays touchés par les crises prennent la direction du cadre « un pays– une ONU » avec des objectifs communs et une planification stratégique ainsi qu’une claire répartition des responsabilités.

M. PAUL TEESALU (Estonie) a déclaré que les Nations Unies doivent s’acquitter de leurs « fonctions de base » de manière plus efficace et plus cohérente.  Aussi s’est-il félicité des projets de réformes annoncés par le Secrétaire général de l’ONU.  Paix, sécurité, développement et droits de l’homme se renforcent mutuellement, a-t-il rappelé à la suite de nombreux orateurs.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur d’un état de droit vigoureux, qui garantisse la liberté d’opinion et d’expression.  Pour sa délégation, il incombe à chaque pays de redoubler d’efforts pour garantir la réalisation du Programme 2030.  Mais, face à une pénurie toujours plus grande des ressources, une gestion efficace doit être privilégiée, a insisté l’Estonie, en donnant l’assurance qu’elle mettrait tout en œuvre pour réaliser les objectifs de développement durable.  Elle a salué en conclusion le rôle joué par le Fonds pour la consolidation de la paix

Mme SUJATA MEHTA (Inde) a indiqué que le monde était désormais « un village global », caractérisé tant par l’interdépendance des économies que par la montée du terrorisme.  Il n’y a pas de paix durable sans développement, a-t-elle souligné à son tour, en ajoutant que cette conception avait présidé à l’élaboration du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Elle a mis en garde contre toute tentative de revenir sur ces accords.  Mme Mehta a ensuite déploré l’insuffisance des ressources consacrées à la consolidation de la paix et les lacunes dans les mécanismes de financement internationaux.  « Nous avons besoin d’une gouvernance plus équitable », a-t-elle conclu.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a déclaré que si l’année 2016 fut la première année de la mise en œuvre du Programme 2030, l’année 2017 est celle du cinquantième anniversaire de la Déclaration d’Alger sur le développement socioéconomique adoptée par le Groupe des 77 et la Chine.  Cet anniversaire offre l’occasion de demander aux États membres du Groupe de renouveler leurs engagements économiques et sociaux.  Il offre également l’occasion de réaffirmer le principe de la responsabilité commune et différenciée et l’objectif central qu’est l’éradication de la pauvreté, à savoir la condition préalable de la réalisation du Programme 2030.

La communauté internationale, a poursuivi le représentant, doit dûment tenir compte de la situation des pays les moins avancés(PMA), des petits États insulaires en développement (PEID), des pays à revenu intermédiaire, des pays sortant d’un conflit et de ceux qui vivent sous domination coloniale.  La mise en œuvre du Programme 2030 exige en effet une alliance mondiale renouvelée autour des 17 objectifs de développement durable et un système international juste et crédible. 

Au nom du Réseau Sécurité humaine, M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a rappelé que ce Réseau promeut une approche holistique centrée sur la personne, complétant la notion plus traditionnelle de la sécurité.  Cette approche est le meilleur moyen de créer des synergies entre les trois piliers de l’ONU, a-t-il estimé, se félicitant que le Programme 2030 intègre la paix, le développement et les droits de l’homme dans une relation de renforcement mutuel.  Pour atteindre le développement et la paix durables, le monde a besoin de partenariats inclusifs, a-t-il souligné, expliquant que cela permet d’éliminer les barrières et de travailler ensemble, seul moyen de répondre de façon complète aux défis globaux.  Il a lancé un appel en faveur de l’approche fondée sur la sécurité humaine pour relever les défis.

M. ADAM ZOLTAN KOVACS, Sous-Secrétaire d’État à la coopération internationale de la Hongrie, a dit vouloir contribuer à la concrétisation de la feuille de route ambitieuse que constitue le Programme 2030.  Il a mentionné le deuxième Sommet de l’eau qui vient de se tenir à Budapest.  La Hongrie est également comodératrice du dialogue visant à améliorer la coordination au sein des Nations Unies s’agissant des questions liées à l’eau.  Nous sommes impatients de faire avancer la discussion sur ces questions, a dit le Sous-Secrétaire d’État qui n’a pas manqué de rappeler que le Forum de Budapest pour les droits de l’homme s’est dûment tenu l’an dernier.  La Hongrie entend bien intégrer ces questions dans toutes ses politiques, a-t-il assuré.

M. PLAMEN BONCHEV (Bulgarie) a voulu que l’on accorde plus d’attention à la prévention et au développement, en cherchant une plus grande synergie entre le Programme 2030 et le concept de paix durable.  À cet égard, la médiation et les bons offices des Nations Unies sont essentiels et la Bulgarie participe, d’ailleurs, au Groupe des amis de la médiation.  Les liens entre les conflits, la pauvreté, les inégalités, les droits de l’homme et la destruction de l’environnement ne peuvent être ignorés, a insisté le représentant.  La pression sur l’environnement, l’impact négatif des changements climatiques et la surexploitation des ressources naturelles aggravent et prolongent les conflits.  La pression démographique et l’urbanisation, l’accès inégal, voire l’absence d’accès, aux ressources naturelles, y compris la terre, ont et continueront d’avoir des effets profonds.  La gestion durable des ressources naturelles peut être un atout et contribuer à la consolidation de sociétés pacifiques et résilientes.  À cet égard, la mise en œuvre du Programme 2030 pourrait être un outil puissant de prévention, a conclu le représentant, sans oublier de s’attarder sur les efforts de son gouvernement. 

M. WERNER BAUWENS (Belgique) a déclaré que les synergies entre le Programme 2030 et le cadre de « pérennisation de la paix » sont manifestes.  Chacun reconnaît la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des conflits.  Chacun rejette la fragmentation du système onusien.  Chacun prône une approche décloisonnée qui intègre les trois piliers de l’action.  À cela s’ajoute, de manière plus fondamentale encore, que la réalisation des objectifs de développement durable offre le plus puissant des instruments de prévention des conflits. 

Le représentant a souligné quelques aspects particuliers, notamment l’importance de la justice qui est validée dans l’objectif 16, en tant que facteur de prévention des conflits.  À cet égard, la Belgique accorde une attention particulière à la lutte contre l’impunité et c’est pourquoi, elle a salué la résolution créant un mécanisme d’enquête impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie depuis mars 2011.

Un autre point est l’usage de la médiation pour favoriser l’émergence de « sociétés pacifiques ».  Le recours à la médiation en tant qu’instrument de prévention et de résolution des conflits doit devenir plus systématique.  La Belgique soutient pleinement l’action du nouveau Secrétaire général et plaide pour l’accroissement des capacités des organisations régionales dans ce domaine.  Il faut impliquer davantage de femmes dans les processus de médiation et de résolutions des conflits, a insisté le représentant, en soulignant que la loi belge conditionne l’aide financière publique aux processus de médiation à la présence d’au moins 50% de femmes dans les structures de médiation.  La Belgique organisera le 14 février prochain, à Bruxelles, une conférence internationale consacrée à la médiation, mettant l’accent sur l’échange d’expériences entre les praticiens de la médiation.

Avant de terminer, il a indiqué que les pays les moins avancés (PMA) méritent une attention particulière car ce sont les plus vulnérables ou les plus fragiles.  Il a aussi souligné l’importance capitale de la jeunesse car elle joue un rôle pivot pour le succès du Programme 2030 et pour pérenniser la paix.  Elle a droit à l’éducation et à un travail décent.  Le représentant a réservé son dernier mot à la nécessité pour l’ONU de trouver un forum pour traiter de la question de l’environnement.

La représentante de l’Italie a rappelé que son pays avait, le mois dernier, plaidé auprès du Conseil de sécurité pour la réforme de l’architecture du maintien de la paix de l’ONU.  Le Programme 2030 est une occasion unique de lutter sur le plan global contre les causes de l’instabilité, a-t-elle estimé.  L’Italie, a-t-elle indiqué, s’est jointe à ses partenaires de la Méditerranée et de l’Afrique pour promouvoir l’accès à la justice, la redevabilité et la transparence, et l’aide aux secteurs agricole et industriel.  La représentante a ainsi parlé de la première Conférence Italie-Afrique, qui s’est tenue à Rome l’an dernier.  Elle a conclu en appelant au renforcement de la lutte contre les changements climatiques.

Le représentant de l’Égypte a prôné des politiques plus cohérentes pour parvenir à un développement et à une paix durables et recommandé une approche novatrice pour faire face aux différents défis rencontrés sur la voie de la paix et du développement.  Il a insisté sur la primauté du droit et des bases institutionnelles solides.  Il a aussi insisté sur l’appropriation nationale du développement durable, pour tenir compte de la réalité de chaque pays dont la priorité doit être l’éradication de la pauvreté.  Le représentant s’est dit particulièrement attaché à l’objectif 17 du Programme 2030 sur les partenariats, élément crucial du succès qui dépend aussi du degré d’implication des femmes et des jeunes.

M. BUHRAN GAFOOR (Singapour) a souligné la nécessité de « maximiser » les synergies entre le Programme 2030 et la pérennisation de la paix au niveau national.  Les gouvernements ont le devoir de protéger leurs peuples, tandis que la mise en œuvre du Programme peut renforcer l’inclusion sociale et la résilience, a-t-il dit.  Mentionnant l’objectif 16 relatif à l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes, il a souligné que des institutions publiques fortes sont des éléments essentiels à une société pacifique.  Le délégué a insisté sur le rôle des organisations régionales, en particulier l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est(ASEAN) qui a veillé à ce que la région se concentre sur la coopération et le développement plutôt que sur des « relations de voisinage basées sur la mendicité ».  M. Gafoor a appelé l’ONU à appuyer les initiatives des organisations régionales et prévenu que la pérennisation de la paix et le développement durable exigent un système international robuste, basé sur des normes « plutôt que sur la loi du plus fort ».  « Nous avons besoin d’un système international basé sur le principe de souveraineté et non pas un système où les grands pays imposent leur volonté aux petits. »

Le représentant a insisté sur le rôle critique de l’ONU dans la défense d’un tel système multilatéral et appelé l’Organisation à travailler de manière plus coordonnée.  M. Gafoor a salué, à cet égard, la mise en place d’un comité exécutif pour la recherche de synergies au sein du système onusien, ainsi que les mesures prises par le Président de l’Assemblée générale pour une convergence des intérêts entre les Présidents de l’ECOSOC et du Conseil de sécurité

Mme GILIAN BIRD (Australie) a déclaré qu’il faut d’abord améliorer la coordination et la cohérence sur les trois piliers.  Une planification intégrée des piliers paix et sécurité, droits de l’homme et développement est essentielle pour réaliser une paix durable.  La représentante s’est, par exemple, réjouie des efforts du Secrétaire général contre la fragmentation et pour rapprocher les Départements des affaires politiques et des opérations de maintien de la paix.  Elle a estimé que ce dernier et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) devraient renforcer leur cohérence et mettre en place des programmes communs. 

La représentante a aussi insisté sur de nouvelles approches de financement, s’agissant en particulier de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix.  Il faut rétablir l’équilibre entre le financement de la prévention, qui est tout à fait rentable, et celui du maintien de la paix, qui est on ne peut plus onéreux.  La représentante a dit attendre avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur la question.  Elle a conclu sur la nécessité d’évaluer les succès et les échecs.  Nous devons veiller à ce que la mise en œuvre de l’agenda de la paix soit évaluée comme le sont les objectifs de développement durable ou les activités opérationnelles du système de l’ONU.

M. NAWAF SALAM (Liban) a dit que pour atténuer les risques et la récurrence des conflits, il faudrait des efforts de tous et à tous les niveaux pour éradiquer la pauvreté, réduire les inégalités, autonomiser les femmes et les filles, respecter les droits de l’homme, lutter contre le chômage, faciliter l’accès universel à l’éducation et aux soins de santé et assurer une répartition équitable et universelle des revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles.  À cet égard, le représentant a souligné la nécessité de renforcer la coordination et la cohérence entre les activités de développement, de consolidation de la paix et humanitaires menées par dans les pays par les entités des Nations Unies.  Le Gouvernement du Liban et le système des Nations Unies ont signé le cadre stratégique 2017-2020 qui reconnaît que l’ONU a besoin de suivre l’approche « Tout le Liban » intégrant l’expertise, les capacités et les ressources des Nations Unies pour aider le Gouvernement à répondre à ses priorités et à gérer les défis sécuritaire, politique, de gouvernance et socioéconomique, y compris l’impact du conflit en Syrie et l’arrivée massive des réfugiés.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a prôné l’édification de sociétés pacifiques et inclusives pour le développement durable, conformément à l’objectif 16 que le Pérou a eu l’honneur de faciliter, a-t-il précisé.  Il a demandé un engagement fort contre les facteurs de la violence que sont la corruption et les inégalités, et pour la redevabilité.  S’agissant de la gestion durable de l’eau pour tous, couverte par l’objectif 6, le représentant a tenu à souligner la complexité de la question et son caractère « très actuel ».  Il a appelé le système de l’ONU à plus de cohérence et à une bonne prise en compte des priorités nationales lesquelles nécessitent des approches intégrées.

Le représentant de l’Irlande a fait appel à la volonté politique, à la vision et au courage des États pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Se félicitant de ce que le Secrétaire général a déjà accompli dès son entrée en fonctions, le représentant a dit avoir surtout retenu les propos sur la prévention des conflits, laquelle doit se fonder sur une approche globale s’appuyant sur tous les piliers « paix et sécurité, droits de l’homme et développement durable ».  Le concept de paix durable est déjà contenu dans le Programme 2030, a rappelé le représentant, et sa synergie avec les objectifs de développement pourrait faire l’objet des discussions au prochain Forum politique de haut niveau.  En attendant, le représentant a prévenu que ni le Programme 2030, ni la paix durable ne pourra être mise en œuvre par des structures qui perpétuent la pratique des silos comme les fonds et programmes des Nations Unies.  Il faut s’inspirer du travail des équipes de pays, de l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement, des conseillers du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Département des affaires politiques, des acteurs de la société civile, des femmes et des jeunes, a-t-il préconisé.  S’agissant du financement, le représentant a dit privilégier le Fond pour la consolidation de la paix ou l’Instrument mondial d’accélération de l’action en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité, et de l’aide humanitaire, qui évitent les écueils du financement en silos.

Le représentant du Costa Rica a dit qu’il était nécessaire, pour la mise en œuvre du Programme 2030, que l’humanité soit consciente des valeurs de la paix et à cet égard, le représentant a souligné l’importance du financement pour réaliser tous les objectifs de développement durable.  Les pays doivent réduire leurs budgets militaires et investir dans l’éducation, la santé et le développement durable.  Pour construire une paix durable, le Conseil de sécurité peut être un outil important, a aussi estimé le représentant.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a souhaité que les outils existants soient pleinement utilisés afin de véritablement pérenniser la consolidation de la paix et la prévention des conflits.  Les objectifs de développement durable, centrés sur l’être humain, reconnaissent les causes des conflits, ainsi que les ingrédients nécessaires à l’instauration de la paix, a-t-il déclaré.  Il a souligné le rôle essentiel de systèmes politiques représentatifs, inclusifs et comptables de leurs actes.  Les sociétés les plus inclusives politiquement sont les plus pacifiques, a noté M. Rycroft.  Il a estimé que la réalisation des objectifs de développement durable exigeait une approche inclusive et devait concerner non seulement les gouvernements, mais aussi les citoyens que ces gouvernements servent.  Le délégué a souhaité, à cet égard, que davantage d’efforts soient faits au sein du système des Nations Unies, y compris le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Les gouvernements doivent prendre leur part dans le règlement des défis les plus urgents, a conclu le représentant.

Alors que nous continuons à être les témoins d’attaques terroristes à Alep, Berlin, Paris, Istanbul et Tel-Aviv, il devient douloureusement évident que les nobles objectifs du Programme 2030 resteront hors d’atteinte, tant que les défis de la paix et de la sécurité, nationaux comme internationaux, ne seront pas réglés, a affirmé M. DAVID ROET (Israël).  Il a estimé que les groupes islamistes radicaux tels que le Hamas, le Hezbollah, Al-Qaida, Daech et Boko Haram représentaient les plus graves menaces à la paix et à la sécurité.  La bataille qui est menée contre ces groupes est une bataille entre la tyrannie et la liberté, a-t-il insisté.

Parmi les fondations de sociétés stables et pacifiques, M. Roet a identifié des parlements forts, des juges indépendants, une presse libre et une société civile dynamique.  Les préoccupations de certains, qui pensent que la redevabilité est synonyme d’ingérence, doivent être dûment prises en compte, sans saper néanmoins nos efforts visant à promouvoir des sociétés pacifiques, a déclaré le délégué.  M. Roet a ensuite affirmé que l’égale participation des femmes à la prévention et à la résolution des conflits était cruciale pour un avenir plus sûr et prospère.  L’autonomisation des femmes est un élément central de la politique d’aide d’Israël, a-t-il affirmé, mentionnant les ateliers organisés en Afrique par l’Agence israélienne de la coopération internationale et ONU-Femmes.  En conclusion, M. Roet a fait siens ces mots de Martin Luther King: le changement n’arrive pas de manière inévitable mais résulte d’une lutte continue.

Le représentant la République de Moldova a rappelé qu’il y a 10 jours, lors du Dialogue ministériel du Conseil de sécurité sur la prévention des conflits, sa délégation avait mentionné un conflit gelé, en Transnistrie, qui entrave le développement de son pays.  Il a expliqué que, dans cette région, son gouvernement conjugue des initiatives de développement et de paix.  Il a cité notamment un programme d’appui aux mesures de confiance, mis en place en partenariat avec l’Union européenne et le PNUD pour assurer l’intégration économique des communautés des deux rives et améliorer les infrastructures.  Il a confirmé l’idée qu’il n’y a pas de développement sans paix et sécurité et inversement.  C’est à nous, États Membres, et au système des Nations Unies qu’il incombe de mettre en œuvre les documents qui visent ces objectifs.

M. ION JINGA (Roumanie) a voulu que soient rétablies la confiance et la solidarité dans l’ordre mondial.  Il a remarqué que l’ONU a de nombreux outils à sa disposition pour la pérennisation de la paix et souligné l’importance de l’appropriation nationale en la matière.  La Roumanie, a-t-il dit, apporte son aide à certains pays, dans le domaine de l’éducation par exemple, sans oublier les contingents qu’elle a déployés dans 10 opérations de maintien de la paix et missions politiques spéciales.  Le représentant s’est prononcé en faveur de synergies entre le Secrétaire général et l’Assemblée générale pour mettre en œuvre les objectifs de paix

La représentante du Panama a rappelé que le développement doit être participatif et inclusif pour assurer une paix durable.  Il faut ce faisant harmoniser les objectifs socioéconomiques et environnementaux et s’attaquer au chômage et aux inégalités.  La représentante a insisté sur une bonne collaboration entre l’ECOSOC et la Commission de la consolidation de la paix.  Nous avons aussi besoin d’un Conseil de sécurité moderne et représentatif qui travaille étroitement avec le Conseil des droits de l’homme », a ajouté le représentant qui n’a pas oublié l’importance d’investir dans les jeunes et les filles pour pérenniser la paix.

Le représentant de la Chine a insisté sur le fait que pour mettre en œuvre le Programme 2030, il faut une forte coopération internationale, le respect du droit international et le renoncement aux politiques de deux poids, deux mesures.  Un développement équilibré est la priorité de la Chine, a assuré le représentant pour lequel la mise en œuvre du Programme 2030 implique l’éradication de la pauvreté et la lutte contre les autres causes profondes des conflits dont les changements climatiques. 

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a rappelé l’importance de la résolution 2282(2016) du Conseil de sécurité, de la résolution 70/262 de l’Assemblée générale, du rapport sur les opérations de maintien de la paix, de l’étude globale de la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité et de la réunion conjointe entre l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour stimuler une réflexion féconde sur les liens entre le Programme 2030 et le concept de paix durable.  Il s’est félicité de ce que le Programme reconnaisse dans son objectif 16 la nécessité de promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes.  Le représentant a rappelé qu’en 2015 l’ensemble des conflits dans le monde a couté 14 300 milliards de dollars, soit l’équivalent de 13,4% du PNB mondial.  

La représentante des États-Unis a regretté le caractère compartimenté du travail des fonds et programmes des Nations Unies même si, à bien des égards, leurs personnels collaborent.  Il faut faire tomber les barrières pour assurer une meilleure collaboration, a-t-elle insisté, en appelant à une refonte du système qui puiserait dans les talents et les ressources existantes.  Elle a dit apprécier, à cet égard, le regroupement des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.  L’ONU devrait privilégier les stratégies communes.  Le Libéria, a fait observer la représentante, sera bientôt un exemple concret du développement et de paix durables.  La Mission en Sierra Leone est un autre exemple, a-t-elle dit en expliquant qu’on était passé d’une mission de maintien de la paix à une équipe de pays des Nations Unies.  Elle a insisté sur cette collaboration au sein du système de l’ONU qui permet de relever, ensemble, tous les défis.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a voulu voir une culture de tolérance et de paix.  Les efforts de paix et de développement durables resteront entravés si on continue d’appliquer des politiques de deux poids deux mesures et des mesures unilatérales, a-t-elle prévenu.  Elle a souhaité que l’ONU accompagne les efforts des gouvernements, en vue d’un ordre international qui profite à tous.  Elle a réaffirmé la volonté de Cuba d’instaurer une paix durable et demandé que l’on soutienne davantage la Commission de consolidation de la paix.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie)  a déclaré que l’édification de sociétés pacifiques était au cœur de la politique de réconciliation de la Géorgie vis-à-vis de la population des régions occupées d’Abkhazie et de Tskhinvali/Ossétie du Sud.  Il a indiqué que son gouvernement n’épargnait aucun effort pour que les services fournis par les institutions publiques, tels que les soins de santé, l’éducation et l’inscription au registre d’état civil, soient accessibles pour les personnes vivant de l’autre côté de la ligne d’occupation.  « Toutefois, cela est largement entravé par les forces occupantes russes qui imposent de sévères restrictions à la liberté de mouvement. »  Le représentant s’est dit vivement préoccupé par les discriminations continues frappant la population ethniquement géorgienne et a souligné la nécessité d’assurer un suivi international indépendant de la situation des droits de l’homme.  Mon gouvernement est attaché à une plus grande inclusion des femmes dans les négociations internationales et à la nomination d’un plus grand nombre d’entre elles à des postes de haut niveau, a affirmé le représentant.  Il a fait remarquer que, pour la première fois, le poste de Ministre d’État à la réconciliation et à l’égalité civique était occupé par une femme.  Enfin, M. Imnadze a insisté sur les efforts de son pays, reconnus au sein de diverses instances internationales, pour promouvoir l’administration en ligne.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que la notion de paix durable est fondée sur une attention accrue à la prévention des conflits par des processus participatifs nationaux.  L’éradication de la pauvreté, des inégalités, des discriminations et autres facteurs de conflit reste fondamentale pour la construction de sociétés pacifiques, justes et inclusives.  Ces efforts au niveau national mettent du temps à porter leurs fruits, et sont souvent influencés par les grandes tendances mondiales comme le terrorisme et les changements climatiques.  La communauté internationale doit faire preuve de patience et d’engagement pour permettre à de tels efforts de donner les résultats attendus.

Sur cette toile de fond, le représentant a identifié trois priorités: poursuivre les trois réformes de l’Organisation identifiées par le Secrétaire général, ainsi que la réforme du Conseil de sécurité, qui est très attendue, pour que les Nations Unies soient adaptées à leurs objectifs et réduisent les cloisonnements.  Il faut aussi assurer un flux de ressources amélioré, souple et prévisible pour permettre à l’ONU de s’acquitter de ses mandats en améliorant la coordination, la cohérence et la hiérarchisation, et renforcer la redevabilité et la transparence du travail des Nations Unies au niveau des pays.  Il faut enfin assurer l’harmonisation et l’alignement des efforts de l’ONU avec les priorités nationales, sans oublier l’aide au renforcement des institutions.

Le représentant de l’Union européenne, a souligné que le meilleur outil de prévention des conflits est le respect de l’état de droit, de la démocratie et des droits de l’homme.  À ce jour, les pays fragiles ou qui sortent d’un conflit bénéficient de plus de la moitié de l’aide de l’Union européenne, a précisé le délégué.  L’Union européenne, a-t-il rappelé, travaille sur le renforcement des institutions publiques, comme en atteste sa coopération avec l’Union africaine.  Le représentant a conclu la nécessité d’une meilleure coordination entre les responsables de développement et ceux de l’action humanitaire au sein du système de l’ONU.  Il faut également redoubler d’efforts dans le domaine de la diplomatie préventive.

Le représentant du Nicaragua a souhaité voir de nouvelles relations basées sur l’entente, la paix, la souveraineté, le renoncement à l’ingérence et le respect de la Charte des Nations Unies.  La paix et le développement durables se renforcent mutuellement, a-t-il affirmé en demandant de préserver les grands programmes internationaux comme RIO+20 et le Programme 2030.  Il a demandé aux pays développés de respecter leur engagement à consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD) et à mobiliser des ressources nouvelles et prévisibles.  Il aussi demandé un effort dans l’allègement et la restructuration de la dette et dans la lutte contre les paradis fiscaux.  Le représentant a conclu en plaidant pour que les femmes se voient doter de davantage de pouvoirs.

Le représentant de la Fédération de Russie s’est félicité du nombre de participants à ce débat, preuve de la mobilisation générale pour relever les défis actuels.  Il a cependant prévenu qu’une harmonisation à outrance des différentes questions représente un écueil.  Il faut bien comprendre tant les interdépendances entre les questions que leurs différences.  La notion de pérennisation de la paix émane d’une résolution adoptée en avril 2016, a-t-il rappelé.  Le développement ne peut pas garantir la paix, et la paix ne peut pas garantir le développement.  Il faut parler de l’interconnexion « avec prudence » et obtenir des organes principaux des Nations Unies qu’ils jouent leurs rôles, en tenant compte de leurs compétences différentes.

M. ROHAN PERERA (Sri Lanka) a indiqué que dans son pays l’année 2017 a été proclamée « Année de la réduction de la pauvreté », et que le 2 janvier dernier, la Président a lancé la « Vision pour l’ère durable » ou le programme pour la construction d’un pays aligné avec le Programme 2030.  Premier pays de la région d’Asie Pacifique à s’être doté d’un Ministère du développement durable, le Sri Lanka est un endroit unique pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable et transformer le monde.  La loi sur le développement durable vient d’être déposée au Parlement.  Le pays reconnaît que le succès dépendra de la consolidation de la paix.  Le représentant a conclu en énumérant les mesures prises par son gouvernement.

La représentante du Kirghizistan a dit que pour prévenir les conflits, il est important de discuter des liens entre le Programme 2030 et la consolidation de la paix.  Plus particulièrement, a ajouté la représentante, il faut investir dans l’éducation pour rendre chaque personne capable de contribuer au développement du pays et de développer son potentiel spirituel.  Au Kirghizistan, l’éducation primaire est obligatoire et accessible à tous.  Des mesures spécifiques pour améliorer la qualité de l’éducation et l’alphabétisation des adultes ont été prises et pour ce qui est de l’aspect spirituel, la culture et la morale ont été érigées au rang de priorités.  Le Président du Kirghizistan a d’ailleurs proposé l’organisation de championnats du monde des peuples nomades pour favoriser la diversité et la culture de paix.  

Le représentant de l’Afghanistan a espéré que ce dialogue marquerait le début d’une nouvelle phase dans les travaux des Nations Unies.  Il s’est dit convaincu de la nécessité de lier la pérennisation de la paix aux objectifs de développement durable.  Il y a deux semaines, a-t-il rappelé, les Taliban ont lancé de multiples attaques, provoquant des victimes et des dégâts en nombre.  Ce genre de situations montre que pérenniser la paix est une entreprise complexe qui exige des efforts sur plusieurs fronts, a dit le représentant.  Soulignant les progrès accomplis par son pays au cours des 16 dernières années, il a indiqué que l’Afghanistan se soumettrait à l’examen volontaire cette année.  Le pays reste résilient face au terrorisme mais il paye un lourd tribut, a expliqué le représentant.  L’adoption de l’objectif 16 de développement durable et celle d’une résolution conjointe du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale sur la pérennisation de la paix, ont été importantes pour le pays, a-t-il témoigné.

Le représentant du Maroc a exprimé sa conviction que la paix, le développement et les droits de l’homme sont liés.  La réalisation des objectifs de développement durable ne peut se faire que dans des pays qui respectent les droits de l’homme, a-t-il estimé.  Mais il faut aussi reconnaître qu’une gouvernance nationale qui favorise le développement durable et la pérennisation de la paix ne peut réussir que si elle est appuyée par une gouvernance internationale respectueuse des choix politiques et économiques des pays.  Le représentant a considéré que la coopération et l’entente entre les pays au niveau régional est un outil puissant pour relever les défis.  Le Maroc a mis en place un modèle de coopération Sud-Sud avec des pays africains, a-t-il dit en parlant notamment de l’aide technique et de la lutte contre l’extrémisme.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a fait remarquer que les fondements solides pour une paix et un développement durables ont déjà été posés par la Charte des Nations Unies et par de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Il nous faut maintenant, de toute urgence, faire preuve d’une volonté politique forte pour voir un changement de paradigme, en suivant une approche complète permettant d’atteindre la paix et la sécurité, le développement durable et la protection des droits de l’homme.  Il faut, a-t-il précisé, mettre en œuvre des réformes pour adapter les structures, pratiques et politiques qui sont dépassées. Il faut également améliorer la cohérence et les synergies entre les travaux menés aux Nations Unies en faveur de la paix, des droits de l’homme et du développement durable.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée est favorable à une réforme du système des Nations Unies et en particulier du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé en plaidant en faveur d’une représentation juste et équitable afin de mieux gérer les défis.  Il a aussi vanté les mérites de l’appropriation nationale pour traiter des causes profondes des conflits et faire avancer les droits de l’homme et le développement durable.  Inquiet, par ailleurs, des effets des changements climatiques, le représentant a appelé à les combattre et à protéger les océans et les mers pour les futures générations.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a insisté sur l’importance des objectifs 5 et 16 du Programme 2030 relatifs, respectivement, à l’égalité entre les sexes et à la promotion de sociétés inclusives.  Les femmes sont des agents puissants du changement, a-t-il déclaré.  « Les statistiques montrent que la participation des femmes prolonge la durée de vie d’un accord de paix. »  Le représentant a, en conséquence, salué l’engagement du Secrétaire général d’augmenter le nombre de femmes envoyées et représentantes spéciales.  L’accès à la justice est crucial pour réaliser l’objectif 16, a-t-il dit, avant d’insister sur la relation difficile entre paix et justice.  Il a indiqué que la volonté d’aboutir à des résultats rapides préjudiciait à l’inclusion d’éléments relatifs à la justice qui peuvent garantir le caractère durable d’un accord de paix.  Il a insisté sur la pertinence d’instruments comme la Commissions vérité et réconciliation pour aider une société à surmonter un passé douloureux.  Enfin, le délégué a déploré que l’état d’esprit collectif consiste toujours à traiter les conflits armés comme regrettables plutôt qu’illégaux. « Ériger en infractions les formes les plus graves de l’utilisation illégale de la force serait un pas essentiel dans le processus de pérennisation de la paix », a-t-il conclu, en appelant à la ratification des amendements de Kampala sur le crime d’agression.

Le représentant du Pays-Bas s’est félicité de ce que le plus récent examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies ait offert au Secrétaire général le mandat de « secouer » le piler développement des Nations Unies.  Il a aussi recommandé de transformer le Cabinet du Secrétaire général pour en faire un centre d’analyse des conflits et de planification stratégique.  En outre, il a fait trois recommandations pour améliorer l’efficacité des Nations Unies en matière de développement durable et de paix durable.  La première consiste à renforcer les partenariats multipartites, notamment ceux qui impliquent les gouvernements, la société civile et le secteur privé.  La seconde consiste à promouvoir une présence des Nations Unies plus intégrée sur le terrain et le troisième à renforcer l’intégration en promouvant les initiatives de nature à briser les silos. 

« La paix est un préalable au développement et le développement n’est pas possible sans un environnement pacifique et stable », a déclaré Le représentant de la Malaisie.  Il a estimé que l’ONU était bien placée pour jouer un rôle pivot dans les efforts visant la réalisation du Programme 2030.  La volonté politique est nécessaire, a-t-il prévenu, pour avoir une approche plus stratégique et plus holistique au service d’une paix pérenne pour tous.  Il a insisté sur le rôle des femmes dans la paix et le développement et indiqué que son gouvernement a mis en place des programmes à long terme pour veiller à ce que les femmes et les jeunes retirent une juste part des bénéfices du développement.  Les valeurs de tolérance et de modération, enracinées dans la vie quotidienne des Malaisiens, ont permis au pays de jouir d’une paix et d’une stabilité relatives depuis son indépendance. 

Le représentant de l’Arménie a souhaité qu’on apporte une réponse collective à l’échelle internationale pour relever les défis actuels dans le monde, s’inquiétant en particulier de la crise des réfugiés.  L’Arménie est le troisième pays qui accueille le plus de réfugiés syriens par rapport au nombre d’habitants, a-t-il indiqué.  Il a reconnu le rôle précieux des organisations internationales, des ONG et de la diaspora qui appuient les programmes destinés aux réfugiés.  Militant pour la prévention des conflits, il a recommandé l’adoption de mesures précoces pour éviter que les crises ne dégénèrent en conflit.  Les mécanismes régionaux sont également importants, selon lui, car ils permettent de mieux aborder les réalités locales.  Il a, par ailleurs, dit apprécier l’aide internationale apportée à son pays pour régler le conflit du Haut-Karabakh, laquelle permet de prévenir l’escalade du conflit.  Il a aussi attiré l’attention sur la situation particulière des pays à revenu intermédiaire.

Le représentant de l’Afrique du Sud a affirmé qu’il était essentiel, pour construire une paix durable, de renforcer les processus politiques, y compris par un usage plus important de la diplomatie préventive, ainsi que de la gestion et de la prévention des conflits.  L’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies devrait être en mesure d’utiliser tous les outils à sa disposition, y compris la médiation et la consolidation de la paix. 

Selon l’Afrique du Sud, a dit son délégué, les États Membres, au sein du système des Nations Unies, devraient poursuivre l’objectif commun de faire de la prévention une réalité et pas seulement une rhétorique et, à cet égard, se concentrer sur l’élaboration d’un plan de mise en œuvre.  Une paix durable, a-t-il ajouté, ne peut être réalisée que par la construction d’un monde juste et d’un ordre international fondé sur des règles, lequel serait ouvert et traiterait des causes profondes des conflits, telles que l’injustice et les discriminations.

Le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale avaient tous deux, dans leurs résolutions respectives, considéré que la paix durable relevait de la responsabilité des États Membres, appuyée par la communauté internationale.  L’interdépendance entre la sécurité et le développement exige que les différents organes principaux des Nations Unies œuvrent, de manière complémentaire, et dans le respect strict de leur mandat respectif défini par la Charte, à garantir une approche intégrée et holistique de la paix durable.  Ceci nécessiterait, a-t-il souligné, un renforcement de tous les organes des Nations Unies afin de faire en sorte qu’ils appliquent efficacement leur mandat.

L’Afrique du Sud estime, a-t-il conclu, que les Nations Unies devraient travailler plus étroitement avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, dont elle appuie totalement l’Agenda 2063.

La représentante du Qatar a dit qu’il faut renforcer les moyens de s’attaquer aux différentes crises et se doter de moyens efficaces pour les prévenir.  La paix est indispensable au développement, et réciproquement.  Tous les membres de la société doivent être associés aux efforts, y compris les femmes et les filles.  Si la communauté internationale veut la paix, il faut qu’elle lutte contre la marginalisation et inclue tout le monde dans l’œuvre du développement.  Le Qatar a été à l’avant-garde de la réalisation de l’objectif 16.  Sa politique de développement en est à sa deuxième phase qui va de 2016 à 2022.  Il fait de la médiation et du règlement pacifique des différends un élément essentiel de la politique étrangère.  Le Centre d’études de politiques étrangères du Qatar a d’ailleurs été mis sur pied pour offrir aux dirigeants du Moyen-Orient des outils alternatifs. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a relevé que si les résultats atteints par l’ONU en termes de consolidation des nations ont été mitigés, ils ont quand même été plus efficaces que les mesures unilatérales prises par quelques grandes puissances.  Les efforts déployés par les Nations Unies pour parvenir à une paix durable doivent respecter les principes fondamentaux de la Charte, notamment l’égalité souveraine entre États.  La paix durable, a-t-elle ajouté, ne peut être atteinte que si on traite des causes profondes des conflits comme la pauvreté.  Elle a recommandé aux acteurs des domaines politique, de la sécurité et du développement de s’aider mutuellement.  Elle a tenu à préciser que seuls les acteurs nationaux doivent mener le processus de mise en œuvre des objectifs de développement et de paix durables, en prenant des décisions inclusives et transparentes.  Elle a assigné à l’ONU la tâche de fournir un financement suffisant et un soutien politique fort pour parvenir à un monde pacifique et prospère.

M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée (RPDC)) a expliqué que la péninsule coréenne était devenue l’une des régions les plus dangereuses du monde, où la menace d’une guerre nucléaire est très présente.  Assurer la paix et un environnement pacifique dans la péninsule est essentiel pour la RPDC, qui, a-t-il dit, s’est lancée dans la mise en œuvre de sa Stratégie quinquennale pour le développement économique national.  Le représentant a dénoncé l’attitude et les manœuvres militaires agressives des États-Unis, principal soutien de la République de Corée voisine, ainsi que sa politique hostile à l’égard de son pays.  Il a souligné que le Programme 2030 appelait au respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de tous les pays, ainsi qu’à leur pleine et permanente souveraineté sur leurs possessions, ressources naturelles et activités économiques.  De même, a-t-il ajouté, il exhorte fermement et solennellement à interdire toutes les mesures économiques, financières ou commerciales qui violeraient les législations internationales et la Charte des Nations Unies.  Le représentant a appelé instamment les États-Unis à retirer immédiatement leurs menaces nucléaires et leurs sanctions et à abandonner leur politique hostile et anachronique à l’encontre de la RPDC.

Le représentant du Japon a dit que, dès la naissance de l’ONU, des efforts ont été déployés pour générer des synergies entre paix et développement.  Les pays d’Asie ont connu les conflits dans les années 60-70 mais aujourd’hui ils jouissent d’une stabilité démocratique remarquable.  Ils sont dotés d’institutions fortes qui renforcent la confiance de la population et aussi la paix et le développement.  Le Japon attache une importance particulière à la résilience des institutions dans son aide au développement notamment en Afrique.  Pourquoi la paix n’est pas durable dans certains pays? Parce que, a-t-il estimé, des institutions solides ne sont pas là pour la consolider

Le représentant du Brésil a relevé les synergies entre le Programme 2030 et l’Agenda pour la paix.  La notion de pérennisation de la paix est très vaste et on ne peut pas la limiter à un seul objectif, comme l’objectif 16, a-t-il estimé, souhaitant que le Programme 2030 ne devienne pas un simple programme de paix permettant de montrer du doigt les pays les moins avancés, fichés comme les plus vulnérables aux conflits.  Attaquons-nous plutôt aux causes profondes des conflits, a encouragé le représentant.

Au nom du Mouvement des non-alignés, M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a indiqué que, lors du dix-septième Sommet du Mouvement en septembre 2016, les chefs d’État et de gouvernement avaient réitéré leur intention d’œuvrer en faveur de la mise en œuvre du Programme 2030.  Les défis actuels, a-t-il relevé, doivent être abordés par le multilatéralisme et dans le cadre du droit international.  C’est pour cela que le Mouvement reconnaît l’importance des synergies qui existent entre le Programme 2030 et la pérennisation de la paix.  « Soyons clairs », a-t-il dit: « il ne peut y avoir de développement sans paix, ni de paix sans développement ».

Prévenir un conflit relève de la responsabilité collective, a-t-il souligné en estimant cependant que c’est avant tout une responsabilité nationale qui nécessite une aide impartiale de la part des Nations Unies, et ce, en partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il a demandé à l’ONU d’utiliser de bonne foi les outils à sa disposition, comme la diplomatie préventive, sans ingérence dans les affaires intérieures.  Engagés en faveur du règlement pacifique des différends, les pays membres du Mouvement sont d’avis qu’il faut adopter une approche holistique pour traiter les causes sous-jacentes des conflits, en abordant de manière cohérente les questions relevant des trois piliers des Nations Unies. 

Le représentant du Canada a estimé que des investissements devraient être réalisés dans la paix durable, se disant satisfait de constater que le concept de paix durable est désormais accepté.  S’il a salué l’adoption de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement, il a toutefois regretté que la consolidation de la paix n’y ait pas une place plus importante.  Partisan des approches transversales, le Canada a mis en place des politiques et des « mécanismes de déploiement » pour pouvoir englober tous les aspects d’un conflit et savoir y répondre.  Dans un tel contexte, l’autonomisation des femmes et des jeunes est une condition sine qua non, a prévenu le représentant, en rappelant qu’un taux élevé de chômage des jeunes est un facteur d’instabilité.

Le représentant de l’Argentine a dit l’importance de l’objectif 16 et la nécessité de mieux prévenir les conflits et de renforcer la diplomatie préventive.  Il a jugé indispensable de pouvoir compter sur un financement fiable du développement durable pour réduire les vulnérabilités qui favorisent les conflits.  Il a jugé essentiel de promouvoir une action mieux coordonnée et donc plus cohérente entre les institutions pertinentes des Nations Unies concernées par le développement durable et le maintien de la paix.  

La représentante du Portugal a estimé qu’un long chemin avait été parcouru pour reconnaître les liens entre développement et paix durables et qu’il fallait désormais redoubler d’efforts pour réaliser ce double objectif.  Elle s’est félicitée que la réalisation de la paix ait été identifiée comme la priorité du nouveau Secrétaire général de l’ONU.  Elle a constaté que la montée des inégalités se fait indifféremment entre pays et au sein des pays eux-mêmes, nécessitant une approche globale et intégrée, mais tenant compte des spécificités nationales.  Pour le Portugal, le Programme 2030 est aussi un outil décisif en matière de paix et de sécurité.  Si la représentante a salué le Secrétaire général et son engagement en faveur d’une réforme du système des Nations Unies, elle a estimé que l’Organisation doit garder les moyens de s’acquitter de son mandat et jugé indispensable de nouer des partenariats. 

M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a déclaré que la consolidation de la paix et le développement ne devaient plus être vus comme des activités d’après-conflit mais comme des éléments à part entière d’un processus de paix.  Remédier à la pauvreté, aux inégalités, au manque d’accès aux services publics et promouvoir une éducation de qualité et des emplois décents sont les meilleurs moyens de prévenir les conflits et de parvenir à une paix pérenne, a-t-il noté.  Le représentant a indiqué que la politique économique d’autosuffisance guidait les efforts de développement au plan national, en complément des objectifs de développement durable.  Cette politique vise notamment le renforcement de la résilience face à des chocs extérieurs et intérieurs, a-t-il précisé.  Le délégué a demandé un meilleur financement des activités de consolidation de la paix et de prévention.  Les États Membres pourraient appuyer le Fonds pour la consolidation de la paix, a-t-il dit, avant de souligner la nécessité de renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a particulièrement mis l’accent sur l’objectif 16.4 qui vise à réduire nettement les flux financiers illicites et le trafic d’armes, à renforcer les activités de récupération et de restitution des biens volés et à lutter contre toutes les formes de criminalité organisée.  Il a expliqué que, selon une étude du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) d’octobre 2016, la Jamaïque était alignée totalement ou partiellement avec 91% des 115 cibles de développement durable qui la concerne.  Il a aussi cité une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui porte sur la fragilité des États et qui constate que des conflits peuvent annuler 20 années de gains économiques.

Mme INA KRISNAMURTHI (Indonésie) a dit que la réalisation des objectifs de développement durable renforcera des objectifs de paix durable.  Pour ce faire, elle a jugé indispensable d’améliorer la collaboration entre l’ONU et ses partenaires régionaux.  L’Indonésie a toujours promu la médiation et intégré les objectifs de développement durable dans le programme de développement à moyen terme », a-t-elle précisé.  Elle a estimé que la capacité des États de concilier le développement durable et la paix durable dépend de la qualité de leurs institutions nationales.  Elle a aussi dit la nécessité d’institutionnaliser la prévention.  

Table ronde interactive sur la voie vers une approche globale du développement et de la paix durables

« La paix est menacée là où se perpétuent des inégalités, où les minorités ne sont pas respectées et où les jeunes n’ont pas d’opportunités », a prévenu, ce matin, M. Ján Kubiš, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, lors d’une table ronde sur les moyens de promouvoir de concert développement et paix durables.  L’ancien Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie a donc jugé que la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme sont « le préalable incontournable » à tout objectif de paix et de développement.  « Il ne suffit pas de former des juges, si ces juges ne sont pas capables de remettre en cause une société corrompue », a ajouté celui qui a aussi été Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). 

« Les sociétés les plus stables sont celles qui respectent les droits de l’homme, en particulier ceux des minorités », a dit en écho, M. Peter Wallensteen, Professeur et spécialiste des questions de paix aux Universités de Uppsala et Notre-Dame.  Le chercheur à la Fondation Dag Hammarskjöld a parlé des expériences des années 90 qui ne laissent aucun doute: le meilleur moyen de promouvoir une paix durable est de respecter la dignité humaine, notamment celle des femmes et des minorités. Nous ne pourrons pas avancer si nous ne mettons pas l’accent sur la société civile et les droits de l’homme, a acquiescé M. Andrew Gilmour, Chef de la liaison newyorkaise du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  Dans le triptyque « paix et sécurité, développement, et droits de l’homme », c’est le pilier « droit de l’homme » qui fait le lien entre les deux autres.  Ce sont toujours les violations des droits de l’homme qui précèdent les crises et les conflits, a-t-il fait observer. 

Animée par Mme Elizabeth Cousens, de la Fondation des Nations Unies, cette table ronde a aussi entendu des interventions de M. Macharia Kamau, Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP); Mme Joy Onyesoh, de l’ONG nigériane Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL); de M Juan José Gómez Camacho, Représentant permanent du Mexique et Président du Groupe des amis de la paix durable; et de M. Mahmoud Mohieldin de la Banque mondiale.

« Si la question des synergies entre le développement durable et le maintien de la paix » n’est pas nouvelle, ce qui est nouveau c’est que nous vivons une époque nouvelle caractérisée par des conflits de plus en plus complexes, a déclaré Mme Elizabeth Cousens, de la Fondation des Nations Unies.  L’ancienne diplomate américaine qui a participé aux négociations de plusieurs processus de paix et des objectifs de développement durable a insisté sur le fait que le Programme 2030 et le concept de paix durable se renforcent mutuellement.  Les intervenants ont tous adhéré à l’idée que la paix durable est à la fois la source et le résultat du développement durable mais cela ne les a pas empêchés de faire valoir des approches différenciées. 

Par où commencer?  La paix ou le développement?  Avec qui?  La société civile, le secteur privé, les parlements, les femmes?  Quel est le mécanisme qui nous permettra de parvenir à la paix universelle? s’est demandé le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Comment faire de la place aux jeunes? s’est interrogé à son tour le représentant de la société civile.  Nous ne parviendrons pas à nos objectifs de paix et de développement durables sans le secteur privé, a prévenu le Président du Groupe des amis de la paix durable.  Plutôt que d’imposer des schémas et des cadres, l’ONU devrait mieux étudier les contextes et les besoins locaux, a estimé le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq.  Le financement approprié des organisations de la société civile est le meilleur moyen de pouvoir s’adapter aux réalités et dynamiques locales, a renchéri la représentante de l’ONG nigériane Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL).  Car en attendant, a indiqué le représentant de la Banque mondiale, les conflits coûtent chaque année 14 300 milliards de dollars.  Le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP) s’est donc dit déçu des malheureux 150 millions de dollars du Fonds pour la consolidation de la paix alors que l’Assemblée générale a adopté en mai dernier un budget annuel de 7,87 milliards de dollars pour les opérations de maintien de la paix.

Quant au renforcement de la collaboration entre l’ONU et les parlements des pays dans lesquels elle est présente, comme l’a suggéré le représentant de l’Union interparlementaire (IUP), le Président du Groupe des amis de la paix durable et celui de la Commission de consolidation de la paix (CCP) n’ont pas caché la difficulté, dans certains pays, de passer outre l’exécutif pour parler au législatif.  Dans d’autres pays,   « même si la confrontation avec le parlement peut être un champ de mines », cette confrontation est indispensable, a estimé le Représentant spécial pour l’Iraq  « On ne peut pas toujours vouloir tout dépolitiser alors que, de toute façon, tout est politique » et d’ailleurs, a ajouté le Professeur Wallensteen, la crédibilité de l’accord de paix colombien a été renforcée par le fait qu’il a été adopté par le Parlement.  Le chercheur a, par ailleurs, rappelé que l’accord de paix « historique » est le fruit de quatre ans de négociations à laquelle ont dûment participé les universités.  Il a exhorté l’ONU à s’appuyer sur les connaissances universitaires en matière de négociations et de consolidation de paix. Sur le même ton, la représentante de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL) a souhaité que les acteurs de la société civile soient considérés comme des acteurs de la résolution des conflits et pas seulement comme des « alerteurs ».

Après avoir fustigé les chefs de programme onusien qui refusent de coopérer avec leurs homologues, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq s’est félicité de ce que la majorité des intervenants aient insisté sur l’objectif de développement durable 16.  Le Président du Groupe des amis de la paix durable a tout de même voulu que l’on s’entende une fois pour toutes sur le concept de responsabilité de protéger.  « Même avec les meilleures intentions, les concepts flous peuvent être dangereux » a-t-il prévenu.

Ateliers misant sur les synergies entre trois secteurs

Avant de laisser la parole aux modérateurs des ateliers, Mme Sarah Cliffe, Directrice du Centre sur la coopération internationale de l’Université de New York, s’est dite frappée par la force de certains messages adressés ce matin par le Secrétaire général de l’ONU.  Comme beaucoup d’États Membres, M. Guterres a attiré l’attention sur le fait que les inégalités peuvent être sources de conflit.  Les ateliers organisés ont misé sur les synergies entre trois secteurs, à savoir l’autonomisation des femmes et des jeunes, la gestion des ressources naturelles, et le renforcement d’institutions « efficaces, transparentes et ouvertes à tous ».

Le premier atelier a fait référence aux résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Le deuxième a porté sur la gestion des ressources naturelles, la question étant de savoir si les changements climatiques ne contribuent pas aux conflits.  Nombreux ont été les exemples donnés à mentionner les bénéfices d’une exploitation participative et inclusive des ressources.

Il faut pour cela des institutions responsables et transparentes et comment s’en doter?  Le troisième atelier a reconnu que la gouvernance revêt des réalités complexes et multiples.  De tous les ateliers, il est ressorti que le développement durable est étroitement lié à la pérennisation de la paix et qu’une démarche intégrée doit être mise au point, fondée sur des partenariats respectueux de l’appropriation nationale.  Enfin, a rappelé Mme Cliffe, il faut se doter des mécanismes de financement adéquats.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité veut faire avancer la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel pour surmonter les problèmes de sécurité et politiques

7868e séance – matin  
CS/12689

Le Conseil de sécurité veut faire avancer la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel pour surmonter les problèmes de sécurité et politiques

Au cours d’une réunion sur la consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest, ce matin, le Président du Conseil de sécurité a lu une déclaration présidentielle* dans laquelle le Conseil encourage les organismes des Nations Unies et leurs partenaires à continuer de faire avancer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  Le Conseil s’inquiète de l’essor de l’extrémisme violent, des menaces terroristes, de la piraterie dans le golfe de Guinée, des trafics de drogue et de migrants, et de la traite des êtres humains, sans oublier la situation en Gambie.

Dans sa déclaration, le Conseil se félicite néanmoins de l’amélioration observée récemment en ce qui concerne la situation politique, en particulier la tenue d’élections libres et pacifiques à Cabo Verde et au Ghana, ainsi que le document final issu du dialogue politique en Guinée.

En ce qui concerne la Gambie, le Conseil se félicite de la décision prise par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, le 13 janvier dernier, annonçant que, à compter du 19 janvier, le Président sortant, Yahya Jammeh, cessera d’être reconnu par l’Union africaine en tant que Président légitime de la République de Gambie.  À cet égard, le Conseil prie le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel de continuer à faciliter les échanges et les négociations visant à assurer un transfert pacifique du pouvoir au Président élu, Adama Barrow.

Le Conseil encourage les organismes des Nations Unies et leurs partenaires à continuer de faire avancer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, afin de contribuer à remédier aux problèmes de sécurité et aux difficultés d’ordre politique de la région.  Il demande au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) de contribuer aux activités menées en faveur du maintien de la mobilisation internationale en redynamisant les engagements et les initiatives de toutes les parties prenantes.

Le Conseil invite les États Membres et les partenaires multilatéraux à prêter leur appui à la Force multinationale mixte et souligne que, pour affaiblir et vaincre Boko Haram, il importe de disposer d’une stratégie globale consistant à mener des opérations de sécurité coordonnées et à renforcer les activités civiles visant à améliorer la gouvernance et promouvoir la croissance économique dans les zones touchées.

Le Conseil a également pris note du rapport** du Secrétaire général sur les activités de l’UNOWAS qui couvre la période allant du 30 juillet au 31 décembre 2016.

*     S/PRST/2017/2
**    S/2016/1072

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST

Rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (S/2016/1072)

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité prend note du rapport (S/2016/1072) du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) et accueille avec satisfaction l’exposé que le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed ibn Chambas, lui a présenté le 13 janvier 2017.

Le Conseil se félicite de la lettre émanant de son président en date du 29 décembre 2016 et de son annexe concernant la reconduction du mandat de l’UNOWAS pour une nouvelle période de trois ans allant du 1er janvier 2017 au 31 décembre 2019.

Le Conseil exprime son plein appui au Représentant spécial et compte que l’UNOWAS renforcera ses activités en matière de prévention des conflits, de médiation et de bons offices, de coopération sous-régionale et régionale dans le cadre de la lutte contre les menaces transfrontières et transversales qui pèsent sur la paix et la sécurité, de mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, ainsi que de promotion de la bonne gouvernance, du respect de l’état de droit et des droits de l’homme et de la prise en compte de la problématique hommes-femmes.

Le Conseil se félicite de l’amélioration observée récemment en ce qui concerne la situation politique en Afrique de l’Ouest, en particulier de la tenue d’élections libres et pacifiques à Cabo Verde et au Ghana et du document final issu du dialogue politique en Guinée.  Il applaudit aux mesures prises en vue d’élaborer et d’adopter des réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Libéria, au Sénégal et en Sierra Leone.

Le Conseil prend acte des mesures prises par les organismes des Nations Unies, en partenariat avec les autorités du Burkina Faso, pour mettre à l’essai une nouvelle démarche en matière de consolidation et de pérennisation de la paix dans le pays, notamment par l’élaboration d’un cadre stratégique visant à consolider la stabilisation après la transition.  Il encourage l’UNOWAS à appuyer la consolidation de la paix et à soutenir les efforts de paix déployés dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, où les avancées démocratiques demeurent fragiles, suivant la démarche globale interorganisations des Nations Unies au Burkina Faso.

Le Conseil applaudit aux travaux que mène actuellement l’UNOWAS en vue de promouvoir la participation des femmes à la vie politique et au processus de paix et de sécurité et, à cet égard, se félicite de l’évolution encourageante de la situation au Libéria et au Nigéria.

Le Conseil rappelle sa déclaration à la presse (SC/12616), la déclaration de son président (S/PRST/2016/19) et sa résolution 2337 (2017), et accueille favorablement et juge encourageante la décision sur la situation politique en Gambie adoptée à la cinquantième session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, tenue à Abuja le 17 décembre 2016, et se félicite des décisions adoptées par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à sa 644e réunion, qui a eu lieu le 12 décembre 2016, ainsi que la déclaration prononcée à sa 647e réunion, tenue le 13 janvier 2017, et annonçant que, à compter du 19 janvier 2017, le Président sortant, Yahya Jammeh, cessera d’être reconnu par l’Union africaine en tant que Président légitime de la République de Gambie.  À cet égard, le Conseil prie le Représentant spécial de continuer à faciliter, grâce à ses bons offices, les échanges et les négociations visant à assurer un transfert pacifique du pouvoir du Président sortant, Yahya Jammeh, au Président, Adama Barrow.

Le Conseil exprime ses préoccupations devant l’essor de l’extrémisme violent, qui peut conduire au terrorisme, ainsi que les menaces terroristes dans la région et leurs liens avec la criminalité transnationale organisée.  À cet égard, il condamne fermement toutes les attaques terroristes menées dans la région, en particulier celle du bassin du lac Tchad, notamment par Boko Haram.  Il souligne qu’il importe de combattre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, notamment en éliminant les facteurs qui permettent sa propagation.  Il s’inquiète particulièrement des attentats visant les civils, qui sont les principales victimes de la violence.

Le Conseil se félicite des efforts entrepris aux niveaux sous-régional, régional et international pour atténuer les répercussions des opérations de Boko Haram sur les plans de la sécurité et du développement et du point de vue humanitaire.  Il prend note des progrès réalisés dans la mise en place de la Force multinationale mixte (FMM).  Il exhorte les États Membres qui participent à celle-ci à améliorer encore la coopération et la coordination militaires dans la région, à refuser de donner refuge à Boko Haram, à permettre l’accès humanitaire et à faciliter le rétablissement de la sécurité civile et de l’état de droit dans les zones libérées.  Il rappelle que les États Membres doivent veiller à ce que les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme soient conformes à toutes les obligations que leur impose le droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire.

Le Conseil invite les États Membres et les partenaires multilatéraux à prêter leur appui à la FMM, de façon à la rendre rapidement et pleinement opérationnelle, notamment à fournir les moyens permettant d’accélérer et d’améliorer l’échange de renseignements, l’objectif étant de renforcer l’action collective régionale contre Boko Haram.  Il souligne que, pour affaiblir et vaincre Boko Haram, il importe de disposer d’une stratégie globale consistant à mener, dans le respect du droit international applicable, des opérations de sécurité coordonnées et à renforcer les activités civiles visant à améliorer la gouvernance et promouvoir la croissance économique dans les zones touchées.

À cet égard, le Conseil déplore vivement les événements tragiques survenus le 17 janvier 2017 à Rann, dans le nord-est du Nigéria, qui ont entraîné la mort de nombreux civils, y compris des personnes déplacées et des agents de l’aide humanitaire.  Il engage le Gouvernement nigérian à enquêter sans tarder sur les faits et rappelle l’obligation qu’ont toutes les parties à un conflit armé de s’acquitter des obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire, du droit international des droits de l’homme et du droit international des réfugiés.

Le Conseil exprime à nouveau sa grave inquiétude face à la situation humanitaire désastreuse provoquée par les activités de Boko Haram dans la région du bassin du lac Tchad.  À cet égard, il engage la communauté internationale à appuyer immédiatement la délivrance d’une aide humanitaire d’urgence aux populations les plus touchées par la crise au Cameroun, au Niger, au Nigéria et au Tchad, y compris en répondant à l’appel en faveur de la région du bassin du lac Tchad lancé par les Nations Unies.  Il exhorte également les gouvernements de la région à faciliter l’accès des organisations humanitaires et à collaborer avec l’Organisation des Nations Unies et les partenaires internationaux en vue d’élaborer des solutions viables pour l’acheminement de l’aide.

Le Conseil reste préoccupé par la piraterie dans le golfe de Guinée, par le trafic de drogue et d’autres produits illicites, ainsi que par le trafic de migrants et la traite des êtres humains, et souligne qu’il faut intensifier la lutte contre les activités illicites dans la sous-région.

Le Conseil se félicite que les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel soient à l’origine d’initiatives visant à combattre l’insécurité dans la région et invite les États Membres, les organisations régionales et sous-régionales, les entités des Nations Unies et les autres intervenants concernés à renforcer la cohésion sociale et à lutter contre les obstacles à la bonne gouvernance.

Le Conseil salue la collaboration entre l’UNOWAS et les organisations sous-régionales et régionales, notamment l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel), la Commission du bassin du lac Tchad et l’Union du fleuve Mano, en vue de promouvoir la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Il demeure déterminé à collaborer étroitement avec ces organisations par l’intermédiaire de l’UNOWAS afin de renforcer la coopération sous-régionale et régionale en matière de lutte contre les menaces transfrontières et de prévention de la propagation du terrorisme.  À cet égard, il se réjouit du concours que l’UNOWAS prête à la Commission de la CEDEAO pour la mise en œuvre de son cadre régional pour la réforme et la gouvernance du secteur de la sécurité et la promotion d’une approche coordonnée de la réforme du secteur de la sécurité dans la région.

Le Conseil prend note de la collaboration qui s’est instaurée entre l’UNOWAS et la Commission de consolidation de la paix et encourage l’un et l’autre à continuer de coopérer de façon étroite et efficace en vue d’une paix durable dans la région.

Le Conseil salue les efforts que font l’Union africaine et la CEDEAO, ainsi que les États Membres de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, pour renforcer la sécurité aux frontières et la coopération régionale, notamment grâce au G5 Sahel et au Processus de Nouakchott, relatif au renforcement de la coopération en matière de sécurité et à l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne.

Le Conseil encourage les organismes des Nations Unies et leurs partenaires à continuer de faire avancer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, y compris en épaulant le G5 Sahel, afin de contribuer à remédier aux problèmes de sécurité et aux difficultés d’ordre politique qui entravent la stabilité et le développement de la région du Sahel, et réaffirme sa ferme détermination à surmonter ces difficultés, qui sont également liées au domaine humanitaire et aux questions de développement, mais aussi aux incidences négatives des changements climatiques et écologiques et, à cet égard, souligne qu’il importe de mener des évaluations des risques et de disposer de stratégies de gestion des risques appropriées à la lutte contre les effets des changements climatiques.

Le Conseil se félicite des conclusions de l’évaluation indépendante de la Stratégie intégrée.  À cet égard, il demande à l’UNOWAS de coordonner son action avec celle des États du Sahel et toutes les autres parties prenantes, afin de donner des orientations stratégiques, des conseils et des directives aux acteurs du système des Nations Unies sur les modalités de la mise en œuvre effective de la Stratégie intégrée, notamment son orientation thématique, les dispositifs de coordination, les partenariats et la répartition des responsabilités entre les organismes de l’ONU sur le terrain et au Siège.

Le Conseil demande à l’UNOWAS de contribuer aux activités menées en faveur du maintien de la mobilisation internationale en redynamisant les engagements et les initiatives de toutes les parties prenantes, notamment les pays de la région, les différents mécanismes régionaux, l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, et souligne à cet égard l’importance du rôle fédérateur de la Commission de consolidation de la paix pour ce qui est d’œuvrer à la consolidation de la paix et, en collaboration avec l’UNOWAS, de faire en sorte que les organismes des Nations Unies, les pays du Sahel et d’autres partenaires internationaux et régionaux s’engagent de manière plus affirmée et travaillent davantage en partenariat afin de faire progresser la mise en œuvre de la Stratégie et d’adapter celle-ci aux besoins en constante évolution de la région.

Le Conseil demande également à l’UNOWAS de fournir l’appui nécessaire à la plateforme ministérielle de coordination pour le Sahel et à son secrétariat technique ainsi qu’au G5 Sahel.

Le Conseil exprime son intention d’assurer un suivi régulier des progrès réalisés et, à cet égard, prie le Secrétaire général de lui fournir, dans son prochain rapport périodique prévu pour juillet 2017, des informations sur les activités menées par l’UNOWAS en ce qui concerne les aspects ci-après de son mandat se rapportant à la Stratégie intégrée : a) cohérence des aspects politiques et des aspects relatifs aux programmes de la Stratégie intégrée; b) rationalisation et coordination des initiatives des acteurs internationaux et régionaux dans la région du Sahel, afin de veiller à ce qu’elles s’attaquent aux nouvelles difficultés rencontrées dans la région; c) orientation et direction de la mobilisation générale des acteurs du système des Nations Unies et des partenaires dans le but d’atteindre l’objectif global de la Stratégie intégrée; d) promotion de l’application des 9 projets phares de la Stratégie intégrée et évaluation des résultats; e) attention portée à tous les piliers de la Stratégie intégrée et aux déficits de financement.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Gambie: le Conseil de sécurité demande au Président sortant de transférer le pouvoir au Président élu, qui a prêté serment à Dakar

7866e séance – après-midi    
CS/12688

Gambie: le Conseil de sécurité demande au Président sortant de transférer le pouvoir au Président élu, qui a prêté serment à Dakar

Le Conseil de sécurité a demandé, aujourd’hui, au Président sortant de la Gambie, M. Yahya Jammeh, de mener « un processus de transition pacifique et ordonné » et de transférer le pouvoir au Président élu, M. Adama Barrow, au plus tard le 19 janvier 2017, « conformément à la Constitution gambienne ».

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2337 (2017)*, le Conseil de sécurité demande également aux Forces de sécurité gambiennes de faire preuve de la plus grande retenue afin de maintenir le calme dans le pays.  Celles-ci ont « le devoir et l’obligation de se mettre à la disposition des autorités démocratiquement élues », souligne-t-il.

Le Président Jammeh a rejeté le 9 décembre, après les avoir acceptés dans un premier temps, les résultats officiels de l’élection tenue le 1er décembre 2016 proclamant M. Barrow futur Président de la Gambie.  Le Conseil exhorte, en conséquence, tous les acteurs gambiens à respecter « les résultats du scrutin » qui ont fait de M. Barrow « le dépositaire de la volonté librement exprimée du peuple gambien ».

Avant l’adoption de la résolution 2337 (2017), le délégué du Sénégal, pays qui présentait le texte, a salué l’entrée en fonctions de M. Barrow en tant que Président de la Gambie, après sa prestation de serment, plus tôt dans la journée, à l’ambassade de Gambie à Dakar.  « Aujourd’hui, M. Barrow est le Président légitime de la Gambie », a réaffirmé le représentant de la France.

Par cette résolution, le Conseil de sécurité demande également aux pays de la région de coopérer avec le Président Barrow et fait siennes les décisions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine reconnaissant M. Barrow en tant que Président.  L’engagement de la CEDEAO de garantir, « en privilégiant les moyens politiques », le respect de la volonté du peuple gambien a le soutien sans réserve du Conseil.

Soulignant l’importance de veiller à la sécurité du futur Président et de tous les citoyens gambiens, le Conseil prend, en outre, acte de la décision prise à ce sujet par la CEDEAO.  Enfin, il prie le Secrétaire général de faciliter l’instauration d’un dialogue politique entre les parties gambiennes dans le respect des résultats de l’élection présidentielle.

Certaines délégations, dont l’Ukraine, l’Uruguay et la Bolivie, ont tenu à préciser, en expliquant leur vote, que rien dans ce texte ne pouvait être interprété comme autorisant le recours à la force.  « Celui-ci ne pourrait être autorisé que par une résolution du Conseil », a rappelé le représentant de la Bolivie.  « Cette résolution ne veut pas dire, à ce stade, que le Conseil autorise des mesures militaires », a renchéri son homologue de l’Ukraine.

Faisant remarquer que la situation se dégradait dans le pays, le délégué de l’Éthiopie a, lui, souligné l’importance d’entreprendre tous les efforts possibles pour que le pays ne sombre pas dans le chaos.  « La crise politique en Gambie a des conséquences importantes pour la stabilité dans la région », a-t-il prévenu, en exhortant le Conseil à préserver son unité.

Enfin, contrairement à certaines délégations, telles que la Fédération de Russie, qui ont loué la souplesse de la délégation porte-plume lors du processus de négociation, le délégué de l’Uruguay a déclaré qu’il aurait souhaité que ce processus soit plus inclusif.

« Le projet de résolution a été présenté mardi soir, ce qui n’a pas permis aux membres du Conseil de l’examiner de manière approfondie et de formuler des commentaires, ni de tenir, au préalable, des consultations », a-t-il regretté, appuyé par son homologue de la Bolivie.

* S/2017/55

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST

Texte du projet de résolution (S/2017/55)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant son ferme attachement au respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité de la République islamique de Gambie et rappelant l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale,

Rappelant la déclaration de son Président en date du 21 décembre 2016 sur la consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest et la déclaration à la presse de ses membres en date du 10 décembre 2016 sur les élections tenues en Gambie,

Rappelant les dispositions pertinentes de l’article 23 4) de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et celles du Protocole additionnel de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la démocratie et la bonne gouvernance,

Félicitant le peuple gambien d’avoir tenu une élection présidentielle pacifique et transparente le 1er décembre 2016,

Prenant note des résultats officiels des élections tenues le 1er décembre 2016, publiés par la Commission électorale indépendante gambienne, selon lesquels M. Adama Barrow a été proclamé Président, résultats que l’ancien Président, Yahya Jammeh, a lui-même publiquement reconnus et acceptés le 2 décembre,

Condamnant fermement la déclaration faite par l’ancien Président Jammeh le 9 décembre, par laquelle il a rejeté les résultats officiels de l’élection du 1er décembre, la prise de contrôle de la Commission électorale indépendante par les Forces armées gambiennes le 13 décembre 2016, ainsi que la tentative faite par le Parlement le 18 janvier 2017 de proroger le mandat du Président Jammeh pour une période de trois mois,

Condamnant dans les termes les plus énergiques les tentatives faites pour usurper la volonté du peuple et remettre en cause l’intégrité des opérations électorales en Gambie,

Condamnant la tentative qui a été faite d’empêcher un transfert pacifique et ordonné du pouvoir au Président Barrow en déclarant l’état d’exception,

Se déclarant gravement préoccupé par le risque que la situation en Gambie se détériore, rappelant que le Gouvernement gambien est responsable au premier chef de la défense des droits de l’homme et de la protection de la population civile en Gambie et exigeant de toutes les parties prenantes qu’elles fassent preuve de la plus grande retenue, s’abstiennent de tout acte de violence et restent calmes,

Se félicitant de la déclaration faite par le Conseil de paix et de sécurité à sa 647e réunion, le 13 janvier 2017, selon laquelle à compter du 19 janvier 2017, l’Union africaine cesserait de reconnaître le Président sortant, Yahya Jammeh, comme le Président légitime de la République de Gambie,

Prenant note du communiqué publié par le Président de l’Union africaine le 10 décembre 2016 et du communiqué conjoint publié par la Commission de la CEDEAO, la Commission de l’Union africaine et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) le 10 décembre 2016,

Se félicitant des initiatives prises par la CEDEAO, notamment de la visite effectuée à Banjul le 13 décembre 2016 par une délégation de haut niveau CEDEAO-ONU sous la conduite de S. E. Mme Ellen Johnson Sirleaf, Présidente de la République du Libéria et Présidente de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, visite qui avait pour objet d’assurer une transition pacifique et ordonnée en Gambie, ainsi que de la visite effectuée à Banjul le 13 janvier 2017 par une délégation de haut niveau de la CEDEAO,

Se félicitant également des efforts faits par S. E. M. Muhammadu Buhari, Président et commandant en chef des Forces armées de la République fédérale du Nigéria, en sa qualité de médiateur de la CEDEAO en Gambie, et par S. E. M. John Dramani Mahama, ancien Président de la République du Ghana, en tant que Coprésident,

Reconnaissant l’importance du rôle de médiation joué par M. Mohammed Ibn Chambas, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de l’UNOWAS,

Saluant et appuyant vigoureusement les efforts que continuent de déployer l’Union africaine et la CEDEAO pour promouvoir la paix, la stabilité et la bonne gouvernance dans la région,

1.    Exhorte toutes les parties et tous les acteurs gambiens à respecter la volonté du peuple et les résultats du scrutin par lequel Adama Barrow a été reconnu futur Président de la Gambie et dépositaire de la volonté librement exprimée du peuple gambien, ainsi que l’a proclamé la Commission électorale indépendante;

2.    Fait siennes les décisions de la CEDEAO et de l’Union africaine de reconnaître M. Adama Barrow en tant que Président de la Gambie;

3.    Demande aux pays de la région et à l’organisation régionale de coopérer avec le Président Barrow dans ses efforts en vue de procéder au transfert des pouvoirs;

4.    Se félicite des décisions sur la Gambie prises à la cinquantième session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, qui s’est tenue à Abuja le 17 décembre 2016, et des décisions prises par le Conseil de paix et de sécurité à ses 644e et 647e réunions, tenues respectivement les 12 décembre 2016 et 13 janvier 2017;

5.    Se félicite également des décisions par lesquelles le Conseil de paix et de sécurité a affirmé le caractère inviolable des résultats de l’élection présidentielle tenue le 1er décembre 2016 en Gambie; engagé l’ancien Président, Yahya Jammeh, à s’en tenir à la lettre et à l’esprit du discours qu’il a prononcé le 2 décembre 2016, dans lequel il a déclaré se réjouir que la démocratie soit bien établie en Gambie et a félicité le Président, Adama Barrow, et annoncé que, à compter du 19 janvier 2017, il cesserait de reconnaître le Président sortant Yahya Jammeh comme Président légitime de la République de Gambie;

6.    Exprime son soutien sans réserve à la CEDEAO dans l’engagement qu’elle a pris de garantir, en privilégiant les moyens politiques, le respect de la volonté du peuple gambien, telle qu’elle ressort des résultats de l’élection du 1er décembre;

7.    Demande à l’ancien Président, Yahya Jammeh, de mener un processus de transition pacifique et ordonné, et de transférer le pouvoir au Président, Adama Barrow, au plus tard le 19 janvier 2017, conformément à la Constitution gambienne;

8.    Souligne qu’il importe de veiller à ce que la sécurité du Président, Adama Barrow, ainsi que celle de tous les citoyens gambiens, soit pleinement assurée, et prend acte de la décision prise par la CEDEAO à ce sujet à sa cinquantième session;

9.    Demande à toutes les parties prenantes, à l’intérieur et à l’extérieur de la Gambie, de faire preuve de retenue, de respecter l’état de droit et d’assurer une transition pacifique du pouvoir;

10.   Demande également aux forces de défense et de sécurité gambiennes de faire preuve de la plus grande retenue afin de maintenir le calme dans le pays et souligne qu’elles ont le devoir et l’obligation de se mettre à la disposition des autorités démocratiquement élues;

11.   Prie le Secrétaire général de le tenir informé de l’application de la présente résolution dans les dix (10) jours suivant son adoption;

12.   Prie le Secrétaire général de faciliter selon qu’il convient, notamment par l’intermédiaire de son Représentant spécial, l’instauration d’un dialogue politique entre les parties prenantes gambiennes, en vue d’assurer la paix en Gambie, dans le respect des résultats de l’élection présidentielle reconnus par la CEDEAO et l’Union africaine, et de fournir une assistance technique à la médiation de la CEDEAO en tant que de besoin;

13.   Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

M. FODÉ SECK (Sénégal) a salué l’entrée en fonctions de M. Adama Barrow en tant que Président de la Gambie, après sa prestation de serment, aujourd’hui, à l’ambassade de Gambie à Dakar, en présence notamment de plusieurs ambassadeurs, dont ceux de pays siégeant au sein du Conseil de sécurité, et du Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), M. Mohammed Ibn Chambas.  Il s’est réjoui de la déclaration conjointe ONU-CEDEAO-Union africaine, adoptée à l’issue de la cérémonie.  Le projet de résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité s’inscrit dans le prolongement des efforts de ces trois organisations afin de trouver une solution en Gambie, a déclaré le représentant du Sénégal.  Avant de conclure, il a relayé l’appel lancé par M. Barrow à l’Union africaine afin de l’assister à faire respecter la volonté du peuple gambien.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) s’est félicité du travail accompli par le Conseil de sécurité en Afrique.  En tant que membre du Groupe ACT (Responsabilité, cohérence et transparence), sa délégation aurait souhaité que le processus de négociation sur ce texte soit plus inclusif.  Le projet de résolution a été présenté mardi soir, ce qui n’a pas permis aux membres du Conseil de l’examiner de manière approfondie et de formuler des commentaires, ni de tenir, au préalable, des consultations, a-t-il regretté.  Ce texte a été mis « en bleu » sans tenir compte des commentaires de tous les membres et sans qu’il soit disponible dans toutes les langues officielles de l’ONU, a-t-il ajouté.

L’Uruguay défend l’état de droit, la démocratie et la liberté d’expression, et réaffirme les droits des Gambiens qui se sont exprimés par les urnes, a-t-il assuré.  La situation actuelle en Gambie justifie ainsi l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2337 (2017).  Il a cependant voulu préciser que  rien, dans ce texte, ne peut être interprété comme autorisant le recours à la force.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a jugé indispensable de garantir la stabilité dans le pays sans effusion de sang.  Il a apprécié les efforts de médiation des organisations régionales et des pays de la région.  Il a espéré que des efforts conjoints permettront de restaurer la paix en Gambie.  Le représentant russe a souhaité que les droits fondamentaux soient garantis dans ce pays et salué la souplesse avec laquelle les membres du Conseil sont parvenus à un consensus.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a qualifié de « précipité » le processus de négociation de la résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité, en estimant que la teneur du texte aurait peut-être été plus solide si plus de temps avait été consacré à son examen.  Sa délégation réaffirme le respect absolu de l’unité et de la souveraineté nationale de la Gambie.  Il est important, a-t-il souligné, de ne pas épuiser les efforts de médiation en vue de trouver une solution pacifique en Gambie.  Le représentant a indiqué que cette résolution ne saurait être interprétée comme appuyer le Conseil à autoriser un usage de la force.  Celui-ci, a-t-il insisté, ne pourrait être autorisé que par une résolution du Conseil.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a souligné l’importance de respecter la volonté du peuple gambien.  Il a noté que le peuple gambien a fait preuve jusqu’à présent de retenue et d’un grand stoïcisme.  Les Forces armées gambiennes doivent préserver le calme.  Soulignant qu’un nombre important d’options avaient été présentées à M. Jammeh, le délégué britannique a jugé qu’il était temps de faire le bon choix.

M. SHEN BO (Chine) a lancé un appel aux parties concernées de la Gambie pour qu’elles gardent le calme.  La Chine a toujours soutenu le règlement des questions africaines par l’Afrique, a-t-il rappelé en soutenant les pays et les organisations concernées qui exercent leur influence par le biais des bons offices et de la médiation.  Il a engagé les parties à s’engager sur la voie pacifique afin de clore ce dossier.

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2337 (2017), en remerciant le Sénégal pour ses efforts en faveur d’un consensus et en saluant ceux déployés par les pays voisins et les organisations régionales.  Il a jugé important de respecter la volonté du peuple gambien.  De l’avis de sa délégation, le Conseil de sécurité doit saisir cette occasion pour transmettre le message clair que les Nations Unies sont impliquées de près.  Le représentant du Kazakhstan a demandé à toutes les parties gambiennes de faire preuve de retenue et aux parties prenantes d’éviter de prendre des mesures qui pourraient exacerber la situation dans le pays et la région.  Il a ensuite plaidé en faveur du transfert de pouvoir de manière pacifique.

M. KORO BESSHO (Japon) a affirmé que le Conseil de sécurité, en adoptant la présente résolution, transmettait un message « clair » à M. Jammeh en vue d’une transition pacifique et ordonnée du pouvoir en Gambie.  Il a insisté sur le rôle de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour éviter une détérioration de la situation en Gambie.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a souligné le déroulement irréprochable de l’élection en Gambie.  En Afrique de l’Ouest, a-t-il dit, le respect de la volonté populaire est considéré comme un acquis sur lequel personne ne songerait revenir.  Le représentant de la France a rappelé que la remise en cause des résultats de l’élection avait été condamnée par la CEDEAO, l’Union africaine et ce Conseil.  Aucun effort n’a été épargné pour aboutir à une transition pacifique, a-t-il assuré, en insistant sur l’importance de la diplomatie préventive.  Il a ajouté que M. Jammeh avait reçu toutes les garanties de M. Barrow afin qu’il soit traité avec le respect dû à son rang.  « Aujourd’hui, M. Barrow est le Président légitime de la Gambie », a rappelé M. Delattre avant de conclure.

Mme ISOBEL COLEMAN (États-Unis) a salué le fait que le Conseil de sécurité se soit montré uni pour entériner la médiation de la CEDEAO visant à reconnaître M. Adama Barrow en tant que Président de la Gambie.  La volonté du peuple gambien exprimée pacifiquement doit être respectée, a-t-elle plaidé.  La représentante a félicité la CEDEAO pour ses efforts, notamment lors de son Sommet du 17 décembre à Abuja, et les efforts de l’Union africaine et de l’ONU en vue d’une transition pacifique.  Il est important d’appuyer M. Adama Barrow, a-t-elle déclaré en réaffirmant le choix démocratique exprimé par le peuple gambien.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a estimé que le Conseil de sécurité devait faire entendre sa voix sur cette situation.  Il a salué les efforts des pays voisins et des organisations régionales, ainsi que ceux du Représentant spécial de l’ONU.  Il a voulu miser sur le leadership et l’appropriation de l’Afrique.  Il a réitéré les appels lancés par la CEDEAO et l’Union africaine pour respecter la volonté du peuple gambien.  L’armée doit aussi respecter cette volonté et être aux côtés des autorités élues du pays, a-t-il insisté avant d’affirmer que M. Barrow est le Président légitime du pays.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a appuyé pleinement le respect de l’ordre constitutionnel en Gambie et un transfert pacifique du pouvoir.  La crise politique en Gambie a des conséquences importantes pour la stabilité dans la région, a-t-il prévenu.  Faisant remarquer que la situation se dégradait dans le pays, il a souligné qu’il était important d’entreprendre tous les efforts possibles pour que le pays ne sombre pas dans le chaos.  L’usurpation du pouvoir ne doit pas triompher, a-t-il martelé, avant de se rallier aux efforts de médiation déployés par la CEDEAO.  Il est essentiel, a estimé le représentant de l’Éthiopie, que le Conseil de sécurité appuie l’Union africaine et la CEDEAO et préserve son unité sur ce dossier.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a espéré que la résolution 2337 (2017) permettra une « percée » dans l’impasse politique en Gambie.  Il est important, a-t-il souligné, que des solutions africaines soient apportées à des crises africaines.  Il a prévenu que la présente résolution n’autorise pas le Conseil à recourir à un instrument en particulier à sa disposition.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2337 (2017) et a espéré que M. Adama Barrow serait bientôt en mesure de retourner dans son pays pour la passation de pouvoir.  Après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle, la communauté internationale a travaillé de manière inlassable pour convaincre le Président sortant, M. Yahya Jammeh, de respecter la Constitution du pays, a-t-il noté.  M. Vitrenko a salué, à cet égard, les efforts de l’Union africaine, de la CEDEAO, du Président du Nigéria, de l’ancien Président du Ghana et des autres dirigeants régionaux.

Il a également salué le rôle joué par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Mohammed Ibn Chambas, ainsi que le rôle proactif de la délégation du Sénégal.  Il faut intensifier la pression politique et accompagner les initiatives politiques pour résoudre cette crise, a-t-il recommandé, en prônant, dans l’immédiat, le maintien du calme par les acteurs militaires et de la sécurité en Gambie.  Il a souligné que l’adoption de la résolution 2337 (2017) ne veut pas dire, à ce stade, que le Conseil autorise des mesures militaires.

M. OLOF SKOOG (Suède) a salué le travail mené par le Sénégal pour parvenir à l’adoption de ce texte.  La Suède reconnaît le Président Adama Barrow comme Président élu démocratiquement de la Gambie, a indiqué M. Skoog, en se félicitant de l’application des dispositions des Chapitres VI et VIII de la Charte des Nations Unies.  La Gambie doit respecter l’état de droit, a-t-il insisté en souhaitant le retour rapide à la normale dans ce pays.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Nucléaire iranien: le respect par l’Iran de ses obligations nucléaires et balistiques salué malgré des suspicions de transferts d’armes

7865e séance - après-midi
CS/12685

Nucléaire iranien: le respect par l’Iran de ses obligations nucléaires et balistiques salué malgré des suspicions de transferts d’armes

Deux jours après le premier anniversaire du début de la mise en œuvre du Plan d’action global commun, adopté par la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, s’est dit encouragé par l’engagement continu de la République islamique d’Iran et des partenaires pour mettre en œuvre cet accord historique. 

Présentant les conclusions du deuxième rapport semestriel du Secrétaire général sur l’annexe B, M. Feltman a indiqué que le Secrétaire général n’avait reçu aucun rapport faisant état de quelque opération –fourniture, vente, transfert ou exportation– visant des articles liés au nucléaire et destinés à la République islamique d’Iran, qui aurait été effectuée en violation des dispositions de l’annexe B de la résolution 2231 (2015). 

De même, il a indiqué que le Secrétaire général n’avait reçu aucune information faisant état, de la part de l’Iran, d’activités ou de transferts concernant des missiles balistiques qui auraient constitué des violations des dispositions figurant à l’annexe B de la résolution 2231 (2015).

Néanmoins, si l’ensemble des délégations intervenues aujourd’hui se sont félicitées du respect par l’Iran de ses engagements au regard des activités nucléaires et balistiques, de nombreuses délégations se sont inquiétées d’informations faisant état de transferts d’armes iraniennes venant alimenter des conflits et l’instabilité au Moyen-Orient. 

Plusieurs délégations se sont particulièrement inquiétées d’informations sur les transferts d’armes entre l’Iran et le Hezbollah. 

« Même si nous sommes rassurés que l’Iran respecte ses obligations nucléaires, nous devons tous être inquiets en raison des activités menées par ce pays en terme de transfert d’armes », a dit la représentante des États-Unis, qui a noté que l’Iran continue d’avoir une influence déstabilisatrice au Moyen-Orient.   

De son côté, le représentant russe a demandé que l’on cesse de présenter toutes les informations relatives à l’Iran uniquement sous un jour négatif en insistant que tous les mécanismes de la Commission conjointe fonctionnent bien et que les différents rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) semblent montrer que l’Iran respecte ses obligations.  Dans ce contexte, il a suggéré le retrait provisoire de certaines armes classiques faisant l’objet de limitations. 

Malgré ces divergences de vue, la plupart des délégations ont estimé que la mise en œuvre de ce plan constituait l’un des succès diplomatiques des plus importants de ces dernières années.  La mise en œuvre, par la République islamique d’Iran, du Plan d’action global commun relatif à son programme nucléaire, adopté à Vienne le 14 juillet 2015 entre ce pays et le groupe P5+1 -Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne-, démontre que les questions les plus complexes pouvaient être réglées grâce à la diplomatie multilatérale, la volonté politique et la persévérance, ont répété les délégations. 

M. Feltman a tenu à rappeler que la mise en œuvre de cet accord permettrait aussi de répondre aux attentes du peuple iranien d’être reconnecté avec l’économie mondiale.  Sur ce point, le représentant de la France a constaté que les bénéfices de l’accord pour la République islamique d’Iran commençaient à se faire sentir, en précisant que les échanges bilatéraux entre la France et l’Iran avaient augmenté de 200% en valeur depuis janvier 2016.  

En conclusion de sa dernière intervention en tant que Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, Mme Samantha Power a prévenu qu’il était plus facile de détruire un cadre que de le construire.     

Le 20 juillet 2015, le Conseil de sécurité a approuvé, dans sa résolution 2231 (2015), le Plan d’action global commun conclu le 14 juillet entre, d’une part, l’Allemagne, la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France, le Royaume-Uni et l’Union européenne et, d’autre part, la République islamique d’Iran. 

Par cette résolution, le Conseil de sécurité a prié le Secrétaire général de lui présenter, tous les six mois, un rapport concernant les dispositions figurant à l’annexe B de la résolution 2231 (2015).

NON-PROLIFÉRATION

Lettre datée du 27 décembre 2016 émanant du Facilitateur chargé par le Conseil de sécurité de promouvoir l’application de la résolution 2231 (2015) (S/2016/1113)

Deuxième rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité (S/2016/1136)

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a rappelé que le 16 janvier 2017 avait marqué le premier anniversaire du début de la mise en œuvre du Plan d’action global commun, adopté par la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité.  Un an après, le Secrétaire général se dit encouragé par l’engagement continu des participants au Plan d’action global commun, démontré encore lors de la dernière réunion conjointe tenue à Vienne, le 10 janvier 2016. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a déclaré que la mise en œuvre par la République islamique d’Iran du Plan d’action global commun relatif à son programme nucléaire, adopté à Vienne le 14 juillet 2015 entre ce pays et le groupe P5+1 -Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne-, était un bon exemple que les questions les plus complexes pouvaient être réglées grâce à la diplomatie multilatérale, la volonté politique et la persévérance.  Il a précisé que la mise en œuvre de cet accord permettrait aussi de répondre aux attentes du peuple iranien d’être reconnecté avec l’économie mondiale. 

Il a aussi précisé que depuis la mise en œuvre, l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) avait établi des rapports trimestriels sur les activités de vérification et de contrôle qu’elle menait en République islamique d’Iran à la lumière de la résolution 2231 (2015).     

Présentant les conclusions du deuxième rapport du Secrétaire général sur l’annexe B, M. Feltman a indiqué que le Secrétaire général n’avait reçu aucun rapport faisant état de quelque opération –fourniture, vente, transfert ou exportation– visant des articles liés au nucléaire et destinés à la République islamique d’Iran, qui aurait été effectuée en violation des dispositions de l’annexe B de la résolution 2231 (2015). 

Depuis le premier rapport (S/2016/589), cinq nouvelles propositions concernant le nucléaire ont été présentées suivant la filière d’approvisionnement; trois d’entre elles ont déjà été approuvées par le Conseil de sécurité, a précisé M. Feltman.

Il s’est félicité des liens établis entre le Conseil de sécurité et le Groupe de travail sur l’approvisionnement, rattaché à la Commission conjointe, sur toutes les questions relatives à la filière d’approvisionnement.  Dans ce contexte, il a salué l’excellente coopération fournie par les services d’action extérieure européens. 

Il a aussi indiqué que le Secrétaire général n’avait reçu aucune information faisant état, de la part de l’Iran, d’activités ou de transferts concernant des missiles balistiques qui auraient constitué des violations des dispositions figurant à l’annexe B de la résolution 2231 (2015).

S’agissant des restrictions imposées au transfert des armes, il a indiqué que le rapport contenait des informations sur la saisie, en mars 2016, par la marine française, d’une cargaison d’armes dans le nord de l’océan Indien qui semblait provenir de l’Iran, ce qui constituait une infraction à l’annexe B de la résolution. 

En outre, les Forces maritimes combinées et l’Australie ont récemment fait savoir au Secrétariat que la Royal Australian Navy avait procédé, en février 2016, à une saisie d’armes au large des côtes d’Oman, armes qui, selon les États-Unis, provenaient de la République islamique d’Iran.  

M. Feltman a affirmé que le Secrétariat attendait de pouvoir procéder à l’examen de ces armes, ainsi que des armes saisies antérieurement, afin de confirmer l’information fournie et de vérifier de manière indépendante la provenance des cargaisons en question.  

Par ailleurs, il s’est inquiété du fait qu’en juin 2016, le Secrétaire général du Hezbollah, M. Hassan Nasrallah, eût déclaré dans un discours télévisé que son organisation recevait la totalité de ses armes et missiles de la République islamique d ’Iran, en rappelant que de tels transferts, s’ils étaient confirmés, étaient contraires aux dispositions de l’annexe B de la résolution 2231 (2015).  

Il a aussi indiqué qu’en novembre 2016, l’État d’Israël avait appelé l’attention du Secrétaire général sur des informations en sa possession selon lesquelles des vols commerciaux auraient servi au transfert d’armes et de matériel connexe du Corps des gardiens de la révolution islamique au Hezbollah.  Le Gouvernement iranien a répondu que ces accusations étaient sans fondement. 

S’agissant de la question de la participation d’entités iraniennes au cinquième Salon iraquien de la défense, les autorités iraquiennes ont confirmé, en octobre 2016, que tous les articles exposés avaient été rendus à l’Iran.   

En ce qui concerne les possibles violations des dispositions relatives à l’interdiction de voyager, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a indiqué que le rapport faisait état de deux possibles voyages à l’étranger du général de brigade Mohammad Reza Naqdi et de nombreux voyages du général de division Qasem Suleimani en Iraq et en Syrie.

Il a souligné que les Gouvernements de l’Iraq et de la Syrie n’avaient ni confirmé ni infirmé cette éventualité, tout en précisant qu’ils n’avaient délivré aucun visa aux personnes susmentionnées.   

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a salué l’étape majeure franchie il y a un an avec l’entrée en vigueur du Plan d’action global commun, grâce aux efforts du groupe P5+1 coordonnés par la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et la République islamique d’Iran.  Il est maintenant entre les mains de la communauté internationale, par l’entremise du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.

Depuis son entrée en vigueur, des mesures importantes ont été prises par toutes les parties en faveur de la mise en œuvre et tous les participants à ce plan ont rempli leurs engagements.  L’Iran a respecté ses obligations sur le plan nucléaire et l’ONU, l’UE et les États-Unis ont levé leurs sanctions contre l’Iran.  Le représentant a également cité les quatre rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui confirment le respect par l’Iran de ses obligations.

En conséquence de la levée des sanctions, a-t-il noté, les investissements et les échanges commerciaux avec l’Iran ont augmenté, une hausse de 63%, par exemple, avec l’Union européenne au cours des trois premiers trimestres de 2016.  M. Vale de Almeida a espéré que le plan d’action serait appliqué par toutes les parties tout au long de sa durée.  En tant que coordonnateur de la Commission conjointe responsable du contrôle de la mise en œuvre de cet accord, la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité est déterminée à y parvenir.

En ce qui concerne les travaux du Groupe de travail sur l’approvisionnement, composé du groupe P5+1 et de l’Iran, dont la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité est également coordonnatrice, il a indiqué que les premières propositions avaient été examinées et approuvées, ce qui démontre le bon fonctionnement du mécanisme des achats. 

Rappelant que le Coordonnateur de ce groupe doit faire rapport tous les six mois, il a fait part du deuxième rapport présenté à ce titre qui a été distribué aux membres du Conseil de sécurité.  Le Groupe de travail a fait tous les efforts possibles pour être transparent sans compromettre la confidentialité, a-t-il indiqué. 

Le Groupe a également tenu compte des remarques des États tiers et mis à jour les documents relatifs à ses travaux, des documents qui sont publiés sur la page Internet du Conseil de sécurité en rapport avec la résolution 2231 (2015).

M. SEBASTIANO CARDI (Italie), Facilitateur chargé par le Conseil de sécurité de promouvoir l’application de la résolution 2231 (2015), a rappelé que, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la République islamique d’Iran n’avait pas poursuivi la construction du réacteur à eau lourde existant d’Arak sur la base du projet initialement arrêté, ainsi que les activités d’enrichissement et de recherche sur le site de Fordou.

L’Agence a vérifié, le 15 janvier 2017, que l’Iran avait démantelé les centrifugeuses et les infrastructures surnuméraires de ce site, conformément au Plan d’action, a-t-il dit.

S’agissant de la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015), il a indiqué n’avoir pas reçu d’informations sur des actions susceptibles de contrevenir à ladite résolution, avant de prendre note des lettres envoyées par Israël et l’Iran au Président du Conseil de sécurité.

Le Gouvernement iranien n’a pas répondu aux lettres du Facilitateur en date du 17 juin et du 22 juillet 2016, qui invitaient ce Gouvernement à réagir sur les allégations de deux livraisons d’armes.  M. Cardi a néanmoins indiqué que la Mission iranienne auprès de l’ONU avait rejeté ces allégations.

Le Facilitateur a indiqué que le Conseil avait répondu à une demande de clarification s’agissant de l’accès dans des ports étrangers de navires battant pavillon iranien aux fins de chargement et de déchargement de livraisons.

À la mi-juillet 2016, le Conseil n’a reçu qu’une seule proposition, retirée par la suite, visant à participer aux activités visées au paragraphe 2 de l’annexe B de la résolution 2231 (2016), a-t-il dit, s’agissant du développement de la chaîne d’approvisionnement.

En conclusion, le Facilitateur a indiqué qu’entre le 18 juillet et le 20 décembre 2016, le site de la résolution précitée a été consulté plus de 72 000 fois, 140 000 fois depuis sa création.  Ces chiffres montrent l’intérêt marqué pour la mise en œuvre de la résolution, y compris s’agissant du fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement, dont l’activité devrait s’accroître dans les prochains mois, a conclu le Facilitateur.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) s’est dite émue « aux larmes » par l’hommage que lui a rendu le Président du Conseil.  Confirmant qu’il s’agissait de sa dernière adresse devant ce Conseil, elle a insisté sur le grand privilège d’avoir siégé en son sein, « même si nous avons eu nos désaccords ».

Prenant note du scepticisme affiché par certains devant l’efficacité des sanctions, elle a convenu que les sanctions n’étaient ni une « panacée » ni « une fin en soi » et ne donnaient quasiment jamais une satisfaction immédiate.  Mais neuf ans de sanctions imposées par le Conseil ont permis d’aboutir au Plan d’action, a-t-elle dit, ajoutant que les sanctions ont été un outil nécessaire.

Mme Power a ajouté que le plan d’action attestait de l’importance vitale de la diplomatie.  Les efforts diplomatiques, parfois difficiles, voire « exaspérants », nous permettent de parvenir à de réelles avancées, a-t-elle dit.  

Elle a ensuite rendu hommage au Président américain Barack Obama et loué la foi de ce dernier dans la diplomatie.  Mme Power a pris note des progrès accomplis depuis le plan d’action, se félicitant du fait que l’Iran ait démantelé deux tiers de ses centres de fusion nucléaire et que 98% de ses stocks n’étaient plus dans le pays. 

Elle a néanmoins invité à rester vigilant face à l’action déstabilisatrice de l’Iran au Moyen-Orient.  L’Iran menace constamment Israël, viole les droits de l’homme et livre des armes au Hezbollah, a-t-elle dit.  Mme Power a demandé que les interdictions d’exportation d’armes et de systèmes de défense avancés, ainsi que les interdictions de voyager soient observées. Avec ce plan d’action, le monde est plus sûr, a-t-elle affirmé.

Convenant que le plan d’action devrait, à l’avenir, faire l’objet d’un examen encore plus approfondi, elle a rappelé qu’il était beaucoup plus difficile « de construire des cadres que de les détruire ».

Enfin, la déléguée a emprunté les mots d’une auteure suédoise: « les principes sont comme de vieilles lampes de vélo, elles ne s’allument que lorsque l’on se met à pédaler ».  Rappelant que les principes de la Charte sauvaient des vies, elle a invité les membres du Conseil à « pédaler » pour que ces principes continuent de s’allumer pour les populations du monde, en particulier les plus défavorisées.  « N’abandonnez-pas, en particulier lorsque cela paraît difficile. »

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a indiqué que Mme Power avait « pédalé très dur » au sein de ce Conseil pour la paix.  Il a ensuite pris note des progrès réalisés depuis l’entrée en vigueur du Plan d’action global commun.  La possibilité pour la République islamique d’Iran d’acquérir une arme nucléaire n’est plus à l’ordre du jour, a-t-il dit.  Il a estimé que la seconde phase dans la levée des sanctions devrait encourager la mise en œuvre du plan d’action, a-t-il dit.

M. Rycroft a ensuite accusé l’Iran de n’avoir pas respecté ses obligations, en particulier en Syrie, où il n’a pas permis l’acheminement de l’aide humanitaire à Alep.  Le Chef du Hezbollah a publiquement indiqué que les armes de son groupe provenaient de l’Iran, a-t-il également déploré.  

Le délégué a déclaré que l’Iran devait renoncer à son « comportement » dans la région, s’il entendait bénéficier pleinement de la levée des sanctions.

Enfin, préoccupé par le programme de missiles balistiques iranien, le représentant du Royaume-Uni a demandé le maintien des sanctions qui visent, à ce titre, l’Iran.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré que dans un contexte marqué par la rigueur et la transparence, « nous constatons que les bénéfices de l’accord pour la République islamique d’Iran commencent à se faire sentir ».  Sur le plan économique et commercial, les échanges bilatéraux entre la France et l’Iran ont augmenté de 200% en valeur depuis janvier 2016. 

Les exportations iraniennes de pétrole sont en augmentation continue.  Le Gouvernement français a poursuivi ses efforts en vue d’apporter aux entreprises les informations et orientations nécessaires sur la levée des sanctions, afin d’accompagner leur retour en Iran.  « Nous continuerons sur cette voie », a assuré le représentant.

Dans le domaine nucléaire et dans le cadre strictement déterminé par l’accord et en conformité avec ses dispositions, « nos deux pays ont engagé des discussions sur le lancement de la coopération bilatérale dans le domaine de la sûreté, et dans certains domaines de la fusion par confinement magnétique ».  Enfin, plusieurs requêtes de transfert de biens dont l’exportation est encadrée par la résolution 2231 (2015) ont été soumises au travers du canal d’acquisition institué par l’accord, et ont été approuvées les membres du Conseil.

Néanmoins, l’établissement d’un climat de confiance durable passe par le respect plein et entier des engagements qui ont été pris, non seulement au titre de l’accord de Vienne, mais également au titre de la résolution 2231 (2015) qui l’endosse.  À cet égard, le représentant a partagé son inquiétude vis-à-vis des informations relatives au non-respect par l’Iran de plusieurs dispositions importantes de la résolution au cours des six derniers mois.

« Nous restons très préoccupés par les informations qui nous sont détaillées aujourd’hui.  Je pense évidemment aux saisines d’armes iraniennes effectuées en 2016 qui constituent des violations de l’annexe B de la résolution 2231 (2015).  Dans la même veine, je pense surtout aux informations à notre disposition sur les transferts d’armes entre l’Iran et le Hezbollah, qui suscitent notre profonde préoccupation », a indiqué M. Delattre.

Il a ajouté que « nous sommes tout aussi préoccupés par les informations relatives aux déplacements à l’étranger du général Suleimani et du général Naqdi, alors qu’ils sont soumis à une interdiction de voyager décidée par le Conseil de sécurité et confirmée par la résolution.  Il est essentiel, pour la stabilité régionale et la sécurité internationale, que l’Iran s’abstienne de toute activité déstabilisatrice », a prévenu le représentant.

« Enfin, nous prenons note de l’absence d’informations reçues sur des activités menées dans le domaine des missiles balistiques conçus pour être capables d’emporter des armes nucléaires.  Nous resterons vigilants sur la poursuite par l’Iran de toute activité de ce genre, contraire à la résolution 2231 (2015), et à l’esprit de l’accord de Vienne, et entrant en contradiction avec l’objectif de consolidation de la stabilité régionale », a dit le représentant français.          

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a regretté que le rapport examiné aujourd’hui contienne des répétitions et des références qui semblent imposées artificiellement.  « Nous constatons un parti pris évident relatif aux questions de la mise en œuvre de l’annexe B », a insisté le représentant russe, avant de faire état d’un rapport présentant un « tableau partial ou confus ».  Ce dernier a notamment suggéré le retrait provisoire de certaines armes classiques faisant l’objet de limitations. 

Il a aussi demandé que l’on cesse de présenter toutes les informations uniquement sous un jour négatif.  Il a dit que tous les mécanismes de la Commission conjointe fonctionnaient bien et que les différents rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) semblaient montrer que l’Iran respectait ses obligations.   

M. WU HAITAO (Chine) a appelé toutes les parties à éviter toute interférence pouvant gêner la mise en œuvre du Plan d’action global commun.  Il a invité les parties à remédier aux divergences techniques sur un pied d’égalité.  Il a dit que la Chine souhaitait préserver les acquis du Plan d’action global commun en appuyant une mise en œuvre complète.   

M. KORO BESSHO (Japon) a souligné l’étroite coopération de son pays avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en vue d’assurer le respect des arrangements dans le domaine de la sûreté nucléaire.  Le délégué a indiqué que le deuxième rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2231 (2015) était « complet » et « objectif ». 

Il a encouragé le Secrétariat à enquêter sur les allégations de violations des interdictions de voyager et d’exportations d’armes.  De telles violations sont préoccupantes car elles ont des incidences sur la sécurité, a-t-il affirmé, avant d’inviter la République islamique d’Iran à jouer un rôle « constructif » en Syrie et au Yémen.

En conclusion, le délégué du Japon a déclaré que la mise en place de la chaîne d’approvisionnement était un acquis important de la résolution 2231 (2015).

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine), à l’instar de son homologue italien, a adressé un « arrivederci » amical à la déléguée américaine Samantha Power.  Il s’est félicité de la première année de mise en œuvre du Plan d’action global commun.  Défenseur actif du Traité sur la non-prolifération (TNP), l’Ukraine souligne l’importance du plein respect de ce plan d’action, a-t-il poursuivi, avant de saluer le bon fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement. 

Le représentant s’est ensuite dit préoccupé par les saisies d’armes en provenance d’Iran vers des zones de conflit.  Les violations des interdictions de voyager sont un obstacle à la bonne mise en œuvre de la résolution, a-t-il dit.

Enfin, compte tenu de la situation au Moyen-Orient, le délégué a souligné l’importance de sensibiliser les opinions publiques dans cette région sur l’importance de ce plan.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a dit que la République islamique d’Iran et les pays participants méritaient d’être salués pour les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015) et celle du Plan d’action global commun qui est un accord historique.  

Il semble que nous n’avons reçu aucune information faisant état, de la part de l’Iran, d’activités ou de transferts relatifs à des activités nucléaires ou de missiles balistiques qui auraient porté violation des dispositions figurant à l’annexe B de la résolution 2231 (2015). 

Le représentant de l’Éthiopie s’est félicité de la coopération continue entre la Commission conjointe et le Conseil de sécurité en ce qui concerne la filière d’approvisionnement.  Il a jugé essentielle la poursuite de la collaboration entre l’Agence internationale de l'énergie atomique et l’Iran et les pays participants. 

Il s’est néanmoins dit préoccupé par l’information fournie par la France qui a indiqué avoir saisi une cargaison d’armes dans le nord de l’océan Indien, en mars, provenant de la République islamique d’Iran et qui était probablement destinée à la Somalie ou au Yémen.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a exprimé l’engagement fort de son pays en faveur du renforcement du régime de désarmement et de non-prolifération, en tant que pays qui ne possède pas l’arme nucléaire et qui est membre de la première zone exempte de cette arme.  Il s’est félicité de la signature du Plan d’action global commun, le 14 juillet 2015, entre la République islamique d’Iran et les pays du P5+1, concernant le programme nucléaire iranien.  Il y a un an, sous la présidence de l’Uruguay au Conseil de sécurité, le plan entrait en vigueur, a-t-il rappelé en se félicitant de cette étape importante dans ce processus.  C’est un exemple, selon lui, des résultats que l’on peut obtenir avec une volonté politique et en empruntant le chemin de la diplomatie.

M. Rosselli a toutefois noté avec préoccupation les dénonciations signalées dans le rapport du Secrétaire général concernant la violation potentielle des dispositions de l’annexe B de la résolution 2231 (2015) par l’Iran. 

S’il a apprécié être informé, par le rapport, de la mise en œuvre par l’Iran des dispositions de cette annexe, il a souhaité pour l’avenir connaître également dans le détail la façon dont sont mis en œuvre les autres aspects de la résolution, y compris ceux de l’annexe A.  L’Uruguay, a-t-il ajouté, appelle toutes les parties à l’accord à adopter les mesures nécessaires prévues dans ladite résolution.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a exhorté le Conseil de sécurité et la communauté internationale à continuer de veiller au respect par la République islamique d’Iran de ses obligations nucléaires.  Le représentant égyptien s’est particulièrement inquiété de la gravité des suspicions de trafic d’armes organisé par l’Iran.

Il a fustigé des transferts d’armes qui viennent alimenter des conflits et la déstabilisation du Moyen-Orient.  Il a aussi dénoncé le comportement du Gouvernement iranien concernant « trois îles des Émirats » et les ingérences iraniennes dans les affaires des États arabes.   

M. FODÉ SECK (Sénégal) a dit que le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015) indiquait clairement que la République islamique d’Iran continuait de respecter ses obligations tel que souligné dans les deux derniers rapports trimestriels publiés par l’Agence internationale de l’énergie atomique, en septembre et en novembre derniers, sur ses activités de vérification et de contrôle dans ce pays, de même que le suivi de la mise en œuvre par l’Iran, de ses engagements liés au nucléaire dans le cadre du Plan d’action global commun.

Cependant, a poursuivi le représentant, il a été, encore une fois, fait mention d’un transfert d’armes qui proviendrait de la République islamique d’Iran, en violation des dispositions figurant à l’annexe B de la résolution 2231 (2015).  « Nous attendons davantage d’informations de la part du Secrétariat aux fins d’en savoir plus sur l’origine de ces armes.  Dans un autre registre, la délégation sénégalaise s’inquiète des indications selon lesquelles l’Iran fournirait des armes au Hezbollah », a ajouté le représentant.

S’agissant de la question du gel des avoirs et des interdictions de voyager, « nous invitons les parties au respect de ces dispositions pendant que le Conseil continue de travailler à la procédure de radiation de la liste de 36 entités et personnes restantes », a-t-il préconisé.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a estimé que le Plan d’action global commun avait résolu efficacement la question de la crise nucléaire iranienne et aidé à renforcer le système international de non-prolifération. 

Il est aussi reconnu comme une bonne pratique pour résoudre les crises par des moyens politiques.  Sa mise en œuvre a eu un impact important dans la normalisation de la situation non seulement en Iran, mais aussi comme étant le point de départ pour la suppression des tensions politiques dans la région.

Le représentant a ajouté que le plan d’action aura un effet positif sur la revitalisation de l’activité économique régionale.  Dans ce contexte, l’expansion des relations économiques entre l’Iran et les pays voisins, y compris les États d’Asie centrale, aidera à promouvoir les activités économiques et, dans un certain sens, le développement économique de la région.

Il a alors rappelé les visites réciproques des Chefs d’État iranien et kazakh l’année dernière.  En avril 2016, le Président Nursultan Nazarbayev a été à Téhéran au cours d’une visite couronnée par 51 accords commerciaux et de contrats de plus d’un milliard de dollars. 

En décembre, le Président Hassan Rouhani s’est rendu à Astana, au Kazakhstan, pour renforcer la coopération économique, commerciale ainsi que l’investissement.  Le Kazakhstan, en tant que pays enclavé, a eu l’occasion d’entrer sur les marchés mondiaux et d’exporter ses produits avec le lancement du chemin de fer Kazakhstan-Turkménistan-Iran, s’est réjoui le représentant.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a dit que la pleine mise en œuvre du Plan d’action global commun renforcera l’architecture globale de non-prolifération.  Il a été mis en place avec une structure robuste et complète, soutenue par un mécanisme de vérification solide, qui est crucial pour maintenir la confiance mutuelle et sa crédibilité.  Pour cette raison, l’Italie continuera de soutenir l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en matière de vérification et de contrôle.

Deux jours après le premier anniversaire du jour de mise en œuvre, il est clair que le Plan d’action global fonctionne pour tous.  La mise en œuvre du Plan d’action et la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité ont progressé très significativement jusqu’à présent.  « Nous sommes confiants que toutes les parties respecteront leurs engagements et l’esprit de l’accord de bonne foi », a ajouté le représentant.

M. Cardi a aussi dit qu’une mise en œuvre de bonne foi du plan d’action et de la résolution 2231 (2015) contribuera fortement à la paix et à la sécurité régionales et internationales.  Il a encouragé toutes les parties prenantes à résoudre rapidement tout problème possible par le dialogue, en exploitant tous les mécanismes pertinents du plan.  Le Conseil de sécurité joue aussi un rôle clef à travers ses compétences et ses responsabilités et l’Italie fera sa part pour faciliter une bonne exécution de la résolution 2231 (2015).  

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a indiqué que le Plan d’action global commun était une victoire « du multilatéralisme, du traitement inégalitaire de tous les États Membres des Nations Unies et de la diplomatie sur la force ».  La diplomatie ne doit pas se baser sur des positions inamovibles et doit tendre à des points d’accord, en vue de régler des différends, a-t-il dit.

« La République islamique d’Iran, nous devons tous le reconnaître, s’est acquittée de ses obligations ».  Le délégué de la Bolivie a appelé de ses vœux l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a souligné l’importance de la fiabilité des sources d’information nourrissant le rapport du Secrétaire général, en invitant ce dernier à vérifier les informations soumises à son attention. 

Enfin, le représentant de la Bolivie a souhaité que le prochain rapport du Secrétaire général porte également sur l’annexe A de la résolution 2231 (2015).

M. OLOF SKOOG (Suède) a affirmé que le plan d’action était une victoire de la diplomatie, avant d’appeler toutes les parties à s’acquitter de leurs obligations découlant de ce plan.  Globalement, la mise en œuvre de ce plan est sur de bons rails, a-t-il dit.  Le délégué s’est en revanche dit préoccupé par les allégations de livraisons d’armes en provenance d’Iran.  Celles-ci doivent être autorisées au cas par cas par le Conseil, a-t-il insisté.  Le délégué a rappelé l’obligation des pays d’empêcher l’entrée et le transit sur leur territoire d’individus inscrits sur la liste dressée en application de la résolution 2231 (2015).  

Le Secrétaire général doit recevoir toutes les informations nécessaires et examiner les saisies d’armes qui pourraient provenir d’Iran, a-t-il estimé.  Enfin, M. Skoog a souligné l’importance d’un dialogue étroit entre l’Iran et le Secrétaire général et entre l’Iran et le Facilitateur.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a indiqué que le plan d’action était un succès remarquable.  « Le plan d’action fonctionne », a-t-il estimé, en invitant toutes les parties à s’acquitter de leurs obligations afin d’assurer son succès.  L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit poursuivre ses activités de vérification afin de rassurer le monde sur la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien, a continué le délégué.

Il a ensuite insisté sur l’effet positif de la levée des sanctions sur l’économie iranienne, comme en témoigne la signature de contrats importants avec Boeing et Airbus.  Les Iraniens sont en train de récolter les fruits du retour de leur pays sur la scène internationale, a-t-il déclaré.  

En conclusion, le représentant de l’Allemagne a mentionné l’intention de son pays de rétablir de pleines relations avec l’Iran. 

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