En cours au Siège de l'ONU

Onzième session,
1re séance - matin
CCP/121

La pérennisation de la paix, priorité de la Commission de consolidation de la paix en 2017, annonce son nouveau président, M. Cho Tae-yul

Le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a élu par acclamation, aujourd’hui, M. Cho Tae-yul, Représentant permanent de la République de Corée auprès des Nations Unies, à la tête de la Commission, dont l’une des priorités sera, cette année, la pérennisation de la paix.

« Je contribuerai à la généralisation de ce concept au sein du système des Nations Unies », a assuré M. Cho.  Notant que 2017 avait commencé sur « de nouvelles bases », avec la désignation d’un nouveau Secrétaire général de l’ONU et une « transformation majeure du paysage sécuritaire mondial », le nouveau Président de la CCP a en effet indiqué que la pérennisation de la paix, notion consacrée par les résolutions jumelles « historiques » adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale en avril 2016, serait un axe prioritaire de son mandat, qui doit s’achever le 31 décembre 2017.

M. Cho remplace le Représentant permanent du Kenya auprès des Nations Unies, M. Macharia Kamau, dont le pays assumera la vice-présidence de la Commission, aux côtés du Mexique, également élu à la vice-présidence.

Les délégations ont favorablement accueilli la déclaration de M. Cho, certaines d’entre elles appelant, néanmoins, à « clarifier » et à « étoffer» ce concept, qui était au cœur du débat de haut niveau de l’Assemblée générale qui se tenait en parallèle ce matin.

Cette séance a également été marquée par l’appel du représentant d’El Salvador, appuyé par plusieurs intervenants, pour une diversification des travaux de la Commission, lesquels sont concentrés sur le continent africain. 

La Commission est un organe consultatif intergouvernemental de l’ONU qui appuie les efforts de paix dans les pays sortant d’un conflit.  Six pays sont inscrits actuellement à son ordre du jour: le Burundi, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria et la République centrafricaine.

Le Comité d’organisation a réélu, par acclamation, les Présidents des formations de ces pays, à l’exception de la formation Guinée, les modalités de l’engagement de la Commission avec ce pays devant encore être précisées.

Le nouveau Président a commencé son intervention en appuyant l’appel lancé par le Secrétaire général, M. António Guterres, pour que la prévention des conflits soit au cœur des activités de l’ONU.  « Cela doit être la priorité de l’ONU », a déclaré le Président.  M. Cho a promis un renforcement du partenariat avec l’Union africaine, des échanges permanents avec la société civile et une participation accrue des femmes aux activités de consolidation de la paix.

La Commission s’attèlera à une coordination plus étroite avec le Fonds pour la consolidation de la paix et la Banque mondiale en vue d’assurer un financement plus prévisible des activités de consolidation de la paix, a-t-il dit.

Enfin, prolongeant les efforts de son prédécesseur, M. Cho a promis d’améliorer les méthodes de travail de la Commission, afin de les rendre plus souples.  « La paix n’est pas inévitable mais résulte d’efforts acharnés et de compromis », a déclaré le Président.

Avant de passer le flambeau à M. Cho, qui présidera la onzième session de la Commission, M. Kamau a fait adopter le projet de rapport* de la CCP sur les travaux de sa dixième session.  Faisant le bilan de sa présidence, M. Kamau a insisté sur la participation de la Commission aux négociations sur les résolutions précitées, lesquelles ont ancré « le concept de pérennisation de la paix dans le travail de la CCP ».

« Nous avons été l’un des cofondateurs du Groupe des amis sur la pérennisation de la paix, placé sous la présidence du Mexique, et qui est maintenant pleinement opérationnel », a-t-il dit.  Il a indiqué que la composition de ce groupe reflétait « l’aspiration grandissante » au sein des États Membres pour mettre l’accent sur la prévention des conflits et les liens entre développement, paix, sécurité et droits de l’homme pour achever une paix durable.  « La paix et le développement durable doivent aller de pair », a affirmé M. Kamau.

Lors du débat qui a suivi la déclaration de M. Cho, le représentant de l’Égypte a souligné la nécessité d’approfondir la compréhension du concept de pérennisation de la paix.  « Cela est essentiel alors que nous voulons le généraliser dans les travaux de l’ONU », a-t-il dit.

Son homologue du Bangladesh a, lui, plaidé pour une véritable « démystification » de ce concept.  « Il faut savoir ce qu’est et ce que n’est pas la pérennisation de la paix », a insisté le délégué du Mexique, avant de demander que ce « puissant concept » se traduise maintenant en politiques. 

Pour le délégué de la Norvège, la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le développement doivent faire partie du même ensemble, tandis que les délégués de la France et de la Belgique ont salué l’impulsion donnée par le Secrétaire général. 

Ce n’est pas un hasard si le Secrétaire général a intégré la pérennisation de la paix dans sa réflexion, a estimé le délégué français, qui a appuyé l’appel du délégué d’El Salvador pour une « universalisation » des travaux de la Commission. 

Pointant un « déséquilibre géographique » en son sein, le délégué salvadorien a invité la Commission à réfléchir à l’expérience d’El Salvador qui fait face aujourd’hui à de nombreux défis dans la consolidation de la paix, plus de 20 ans après la signature d’un accord de paix.  Il s’est d’ailleurs félicité de la récente nomination par le Secrétaire général d’un envoyé spécial pour faciliter le dialogue en El Salvador, satisfaisant ainsi à une demande de longue date de son pays.

« La Commission devrait suivre un programme de travail plus universel et veiller à une participation pluraliste », a suggéré le représentant d’El Salvador, appuyé par ses homologues de la Colombie et de l’Indonésie.  Un vœu que le Président a repris à son compte, en affirmant que la Commission « pourrait s’inspirer de diverses régions du monde pour nourrir le concept de pérennisation de la paix ».

Le délégué d’El Salvador a également proposé la création d’un « indice de consolidation de la paix », à l’image de celui sur le développement humain, qui pourrait faire l’objet d’une publication annuelle ou semestrielle en mettant l’accent sur les liens entre paix et développement et entre paix et démocratie.

Son homologue du Japon a, lui, proposé de passer d’une approche de pays à une approche thématique avec la création d’un point focal de la Commission sur le renforcement des institutions. 

Plusieurs intervenants, dont le Sous-Secrétaire général chargé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et les délégués du Sénégal et de l’Argentine, ont souhaité des financements prévisibles pour toutes les activités de consolidation de la paix.

M. Cho a ensuite donné la parole aux Présidents des formations pays qui ont fait le bilan de l’année écoulée et exposé les actions projetées pour 2017.

En sa qualité de Président de la formation Sierra Leone, le représentant du Canada a ainsi souligné l’importance des élections de 2018 et du suivi de la mise en œuvre des programmes de lutte contre Ebola.

Président de la formation Guinée Bissau, le représentant du Brésil a annoncé une réunion sur la mise en œuvre des six points de l’accord de Conakry et exhorté de la communauté internationale à appuyer les initiatives de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour la Guinée-Bissau.

Le représentant de la Suisse, qui préside la formation Burundi, a mentionné la tenue d’une réunion avec des partenaires de l’ONU, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), pour étudier les moyens de soutenir le Burundi, tandis que le représentant du Maroc, Président de la formation République centrafricaine, a rappelé que 2016 avait été l’année de tous les défis pour ce pays avec la tenue d’élections législatives et présidentielle.  « Nous voulons maintenant faire de 2017 une année d’espoir », a déclaré le délégué du Maroc.

En sa qualité de Président de la formation Libéria, le représentant de la Suède a annoncé la tenue, demain 26 janvier, de la première réunion des experts de la formation visant à traduire en actes la dernière résolution adoptée par le Conseil de sécurité qui exige l’adoption d’un plan de consolidation de la paix pour le Libéria.  Le prochain défi de la Commission sera d’appuyer l’organisation des élections législatives et présidentielle d’octobre 2017, a-t-il dit.

Les représentants de deux pays à l’ordre du jour de la CCP ont enfin pris la parole, à commencer par le délégué du Burundi, qui a jugé « ambitieux mais réalisable » le programme de consolidation de la paix pour son pays et insisté sur le rôle des acteurs régionaux.

« Les priorités de mon pays sont la promotion de la réconciliation nationale et de l’unité, la réforme du secteur de la sécurité et les politiques d’emploi des jeunes et des femmes », a déclaré son homologue de la Guinée.

* PBC/10/OC/L.1*

 

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