Assemblée générale: les États consacrent le cercle vertueux, « pas de paix sans développement et pas de développement sans paix »
L’Assemblée générale a achevé aujourd’hui son débat de deux jours sur les synergies entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le maintien de la paix, au cours duquel quelque 80 intervenants ont voulu graver dans les esprits le cercle vertueux: pas de développement durable sans paix et pas de paix sans développement durable.
Si hier, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, dressait le constat de « l’échec du développement », aujourd’hui, le Président de l’Assemblée générale a voulu retenir des propos du Chef de l’ONU, la phrase suivante: « nous avons besoin d’une réponse globale qui traite des causes sous-jacentes des conflits et qui intègre la paix, le développement et les droits de l’homme de manière holistique ». M. Peter Thomson a relevé que déclaration après déclaration, tous les intervenants ont, consacrant le cercle vertueux, souligné l’importance de la prévention des conflits pour le développement durable et celle du développement durable et du traitement des causes sous-jacentes des conflits pour la prévention.
Pendant trop longtemps, a ainsi relevé le représentant du Népal, l’ONU a eu du mal à intérioriser l’adage populaire selon lequel « mieux vaut prévenir que guérir ». C’est comme si, s’est-il amusé, l’industrie pharmaceutique avait réussi à occulter l’objectif même de rester en bonne santé. Le moment est venu, a-t-il dit, de corriger cet état de fait par des mesures ambitieuses et, ce faisant, se rappeler que la synergie entre paix et développement ne peut être optimisée que si toutes les parties prenantes travaillent en partenariat.
Le Président de l’Assemblée générale s’est donc réjoui que, pour la première fois, lui, ses homologues du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Commission de consolidation de la paix (CCP), et le Secrétaire général aient pu partager au cours d’une même réunion leurs points de vue sur les moyens d’améliorer la coordination et la cohérence des activités de l’ONU à l’appui de la paix et du développement durable, « les deux côtés d’une même pièce », la paix étant « l’infrastructure immatérielle du développement », a ajouté le représentant népalais.
La concrétisation du lien entre paix et développement semble plus facile à dire qu’à faire, a constaté son homologue de l’Éthiopie, après que celui de la Serbie eut regretté que la création de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix n’ait pas conduit à l’abandon de l’approche en silo. Il s’est félicité, en conséquence, qu’avec le Programme 2030 et le concept de la pérennisation de la paix, les Nations Unies aient enfin développé les outils d’une cohérence entre paix et sécurité, développement et droits de l’homme, les trois piliers de l’Organisation, dans lesquels les femmes et les jeunes ont un rôle essentiel à jouer. Les représentants du Nigéria et du Viet Nam ont attiré l’attention sur le rôle des organisations régionales et sous-régionales. Ces organisations font partie « des partenariats stratégiques » que tous les intervenants ont appelé de leurs vœux, pour réussir la paix et le développement, avec les gouvernements, le système de l’ONU, la société civile, les institutions financières internationales et le secteur privé.
Que les idées débattues ces deux derniers jours ne restent pas lettre morte, a conclu le Président de l’Assemblée générale. Que ces idées deviennent « la fondation de la mise en œuvre » ,ce qui suppose que la conversation se poursuive en dehors des murs de l’ONU, afin de renforcer la sensibilisation, la compréhension et l’appropriation des concepts de paix et de développement, de manière « à en faire un point d’entrée au dialogue entre gouvernement et citoyens » et de renforcer la confiance mutuelle.
Sous le leadership de son nouveau Secrétaire général, le système des Nations Unies doit s’engager dans « l’action et la réforme », avec le soutien des États Membres, a voulu le Président de l’Assemblée générale. M. António Guterres avait d’ailleurs fait état, hier, de ses efforts pour intégrer les capacités de prévention des conflits de l’ONU, réformer son système pour le développement et modifier ses règles et ses règlements qui « découragent » l’intégration.
DIALOGUE DE HAUT NIVEAU INTITULÉ « CONSTRUIRE UNE PAIX DURABLE POUR TOUS: LES SYNERGIES ENTRE LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 ET LE MAINTIEN DE LA PAIX »
Suite du débat plénier
M. AHMED SAREER (Maldives) a attiré l’attention sur les difficultés des petits États insulaires en développement dont les économies fragiles et la faculté de mettre en œuvre le Programme 2030 sont menacés par le « danger » des changements climatiques. Le représentant a dénoncé l’insuffisance des mesures prises pour aider des pays comme le sien. Il est important, a-t-il dit, de mettre les changements climatiques au cœur des préoccupations liées à la sécurité et à la paix. Le représentant a réclamé un siège de membre permanent au Conseil de sécurité pour les petits États insulaires en développement pour améliorer la compréhension des risques auxquels ils font face.
M.JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a reconnu que les objectifs de développement durable reposent sur un équilibre entre les trois piliers de l’ONU que sont la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, avant de se dire convaincu que les progrès dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 contribueraient au renforcement de l’état de droit. Il s’est félicité de voir que l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement a montré combien les entités de l’ONU ont su dégager les liens intrinsèques entre paix et développement. Compte tenu du conflit qu’il a connu, le Guatemala a adopté le plan « K’atun Nuestra Guatemala 2032 », dont la mise en œuvre nécessitera toutefois l’appui des partenariats et des bailleurs de fonds internationaux. Le Gouvernement a, en outre, créé la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), en vue de renforcer les institutions judiciaires et l’état de droit dans le pays, a indiqué le représentant.
M. RY TUY (Cambodge) a affirmé que les efforts de son pays, qui connaît le prix et la douleur de la guerre, se concentrent, conformément au Programme 2030, sur la croissance socioéconomique, la solidité des institutions et la promotion de l’égalité entre les sexes, autant de priorités nationales enracinées dans l’éducation. L’éducation, a-t-il dit, joue un rôle essentiel dans la reconstruction des communautés affectées par un conflit, tout en préparant les générations futures à un avenir pacifique. Le représentant a ainsi énuméré plusieurs des mesures contenues dans le Plan stratégique d’éducation 2014-2018 qui vise, notamment, à garantir à tous les jeunes cambodgiens neuf années d’enseignement.
De même, le délégué cambodgien a-t-il insisté sur la nécessité, aux niveaux national et international, d’adopter des mesures et des politiques de réduction des inégalités. En s’attaquant aux causes des inégalités à l’intérieur des pays et entre eux, il faut, a-t-il dit, promouvoir une coopération internationale large et déterminée. Selon lui, les Nations Unies doivent assurer un rôle de premier plan dans ces efforts, et demeurer comptables de leurs actes et transparentes.
Le lien entre le développement et la paix est établi mais le concrétiser est plus facile à dire qu’à faire, a prévenu Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie). Ce qui importe, a-t-elle estimé, c’est de mettre en œuvre les objectifs de développement durable et l’Agenda pour la paix de manière globale et holistique. La représentante a fait part des efforts de son pays en la matière et annoncé qu’en tant qu’un des premiers pays à se soumettre, cette année, à l’examen national volontaire du Forum politique de haut niveau, l’Éthiopie entend consolider l’appropriation des objectifs de développement durable par des processus participatifs. Le Gouvernement a déjà alloué 60% de son budget national aux programmes et projets liés à ces objectifs et continuera à redoubler d’efforts pour relever les défis, dont le chômage des jeunes.
L’Éthiopie, a poursuivi la représentante, sait que la promotion d’une gouvernance inclusive et démocratique est une condition sine qua non à la paix et au développement durables. Elle reconnaît que son processus de gouvernance et de démocratisation est toujours en chantier mais ne compte pas baisser les bras. Toutefois, a ajouté la représentante, l’Éthiopie sait aussi qu’elle se trouve dans une des régions les plus instables d’Afrique dont les conflits ont un impact direct sur la paix et la sécurité nationales. C’est la raison pour laquelle l’Éthiopie s’efforce de contribuer au règlement des conflits régionaux et de promouvoir l’intégration économique régionale par le développement des réseaux d’infrastructures avec les pays voisins. Force est pourtant de constater que les changements géopolitiques dans la mer Rouge sont venus compliquer la donne. Ainsi, les liens entre les objectifs de développement durable et l’Agenda pour la paix ne sont pas une simple théorie pour l’Éthiopie. Ils ont des conséquences pratiques dans ce que fait le pays pour préserver les acquis qu’il a engrangés au cours de ces 15 dernières années en matière de développement. La paix durable, a insisté la représentante, n’est pas seulement un impératif absolu pour l’Éthiopie mais aussi pour toute la sous-région. C’est le défi immense que le pays doit relever en forgeant une coopération étroite et un véritable partenariat avec les autres.
M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et à celle du Mouvement des non-alignés, mais a tenu à faire part de sa perspective nationale. Pendant trop longtemps, a-t-il regretté, nos méthodes de travail à l’ONU ont été beaucoup trop réactives plutôt que proactives quand il s’agit de promouvoir la paix dans le monde. Nous avons eu du mal à intérioriser la sagesse selon laquelle « prévenir vaut mieux que guérir ». C’est comme si l’industrie pharmaceutique avait réussi à occulter l’objectif même de rester en bonne santé. Le moment est venu, a estimé le représentant, de corriger cet état de fait par des mesures ambitieuses et, ce faisant, se rappeler que la synergie entre la paix et le développement ne peut être optimisée que si toutes les parties prenantes travaillent en partenariat. La paix doit pouvoir conduire à un développement inclusif, juste et durable, garantissant l’égalité des sexes et libérant les potentialités de la jeunesse.
La paix et le développement étant devenus des cibles mouvantes, les radars locaux et mondiaux doivent garder à l’œil les États et les communautés. La paix durable, a insisté le représentant, doit être considérée comme « l’infrastructure immatérielle du développement ». Compte tenu de la faculté de la pauvreté, de l’ignorance et de l’exclusion de déshumaniser et de jeter ses victimes dans les bras de l’intolérance, du terrorisme et de l’extrémisme violent, lesquels doivent être condamnés comme des vers qui s’attaqueraient au tissu délicat de l’harmonie sociale, il faut tout miser sur l’éducation, la création d’emplois et la culture de la paix. Le succès du Programme 2030 dépendra de la volonté politique, sachant que la paix et le développement sont les deux côtés d’une même pièce, a conclu le représentant.
M. HAU DO SUAN (Myanmar) a indiqué que pour son pays, qui a subi de longues décennies de conflits internes, rien n’est plus important que la pérennisation de la paix et la réconciliation nationale. C’est un défi difficile et complexe mais le Gouvernement en a fait une priorité, a assuré le représentant. Il a parlé de la première session de la Conférence pour la paix de l’Union qui s’est tenue avec succès l’année dernière, en présence des représentants du gouvernement, des forces armées, des groupes armés ethniques, des partis politiques et des organisations de la société civile. La deuxième session devrait se tenir en février 2017, a annoncé le représentant, en soulignant que la paix ne peut être imposée ou obtenue dans une salle de conférence. Aucun processus de paix ne peut en effet réussir sans le soutien du peuple, « la bonne volonté et l’appui constructif » de la communauté internationale pouvant y contribuer. Dans ce cadre, le représentant a salué l’engagement du Fonds pour la consolidation de la paix dont une évaluation indépendante a conclu que ses projets avaient appuyé une « paix concrète » dans les État de mon et de Kayin qui, désormais en paix, sont devenus des destinations touristiques populaires. Le Centre pour la paix et la réconciliation nationale vient d’ailleurs de créer son propre fonds pour lequel toutes les contributions sont les bienvenues, a conclu le représentant.
Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a rappelé que les conflits et les nouvelles menaces auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui appellent à une démarche plus large, « un consensus en faveur de la prévention qui identifie les facteurs de conflits ». Mais une telle approche échouera sans la contribution des femmes, dont le rôle décisif dans la pérennisation de la paix n’est plus à démontrer, a-t-elle dit. Notre pays met en effet l’accent sur l’égalité entre les sexes et l’éducation, bases de tous les autres objectifs. Selon la représentante, un « projet éducatif » est le meilleur moyen de réaliser le Programme 2030 et une « garantie d’inclusion et du vivre-ensemble ».
M. RUBÈN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a remercié l’ONU pour le rôle qu’elle a joué dans la pacification de son pays, et pour l’annonce, faite par le Secrétaire général de l’ONU le 16 janvier dernier, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire des accords de paix salvadoriens , de nommer M. Benito Andión, Envoyé spécial pour faciliter le dialogue en El Salvador, afin d’aider le pays à relever ses principaux défis. Cette décision témoigne des liens évidents entre paix durable et problèmes socioéconomiques. Cependant, le représentant s’est déclaré convaincu que l’ONU gagnerait beaucoup à se doter d’un instrument pour évaluer les progrès accomplis en matière de culture de paix, sur la base d’indicateurs. Un tel projet permettrait la création d’un « index de la paix » et une meilleure compréhension de l’interaction structurelle entre paix et développement, et entre paix et démocratie, a précisé l’intervenant.
Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a rappelé que la vision d’une Amérique centrale, « région de paix durable, de liberté, de démocratie et de développement », esquissée dans le Protocole de Tegucigalpa de 1993, avait jeté les bases d’un programme régional de développement durable, il y a plus de deux décennies. Depuis, la région a renforcé ses institutions et s’est engagée à régler ses différends par le biais du dialogue, de la négociation, du respect des intérêts des États et sur la base des principes d’autodétermination et de non-ingérence. Le représentant a noté qu’en janvier 2017, les pays d’Amérique centrale ont plaidé ensemble pour que la Banque centraméricaine d’intégration économique obtienne le statut d’observateur à l’Assemblée générale. Cette institution travaille en faveur du développement durable de la région, a-t-il plaidé une nouvelle fois, avant d’insister pour que les femmes soient pleinement associées à l’édification d’un monde plus pacifique pour les futures générations.
M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) s’est dit convaincu que la pérennisation de la paix serait plus effective si les organisations régionales et sous-régionales mais aussi les pays voisins des zones fragiles étaient encouragés à participer aux processus de consolidation de la paix. Il a vanté le travail de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la Commission du bassin du lac Tchad, qui avec le Bénin, travaillent d’arrache-pied pour « décimer » le groupe terroriste Boko Haram. Il a aussi salué la coopération gagnant-gagnant entre l’ONU et l’Union africaine. Tous ces exemples, a-t-il insisté, pointent sur la pertinence des arrangements régionaux dans l’architecture mondiale de la sécurité. Il a donc appelé l’ONU et ses agences à continuer de travailler étroitement avec les organisations régionales pour réaliser les synergies tant souhaitées entre le Programme 2030 et l’Agenda pour la paix.
Les efforts pour une paix durable doivent commencer, a-t-il prévenu, par des accords véritables, ouverts et inclusifs qui reflètent les larges aspirations de toutes les parties prenantes. C’est « vital » pour la stabilité à long terme, a-t-il martelé, et dans les pays sortant d’un conflit, les synergies entre la paix et le développement rendent impératif, a-t-il ajouté, le renforcement des institutions nationales, de la société civile et du secteur privé. Dans ce contexte, l’accent doit être mis sur la réforme du secteur de la sécurité, le renforcement de l’état de droit, l’appui au dialogue national, la promotion de la réconciliation nationale, le désarmement, la démobilisation et la réintégration, l’émancipation des femmes et la création d’emplois pour les jeunes.
Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a rappelé que son pays se trouve dans une région gravement affectée par le trafic d’armes légères, des armes de choix et des moteurs de la violence, celles des gangs et de la criminalité organisée. C’est la raison pour laquelle, Trinité-et-Tobago et la Communauté des Caraïbes ont souscrit au Traité sur le commerce des armes, étant entendu que la persistance de cette menace pourrait affecter la paix et la sécurité, et le développement durable des sociétés.
Trinité-et-Tobago accorde aussi une importance particulière au cinquième objectif de développement durable sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, a ajouté la représentante, en énumérant quelques politiques prises en ce sens. Elle n’a pas manqué de souligner le danger des changements climatiques qui menacent l’existence même de son pays et de la paix durable. Cette menace contre l’humanité, a-t-elle prévenu, ne peut être contenue par des discussions diplomatiques de haut niveau ou des médiations. Trinité-et-Tobago a donc fait de l’atténuation des effets de ce phénomène une priorité nationale et est prête à travailler avec la communauté internationale.
Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) s’est dite convaincue qu’il est grand temps que les Nations Unies promeuvent la paix universelle par une consolidation du multilatéralisme, dans le respect du droit international et en accordant l’attention requise à la prévention et au règlement des conflits par des moyens pacifiques. Selon elle également, pour réaliser la paix durable, il faut s’attaquer aux causes profondes des conflits, promouvoir la réconciliation nationale, la reconstruction et le développement, éradiquer la pauvreté, et renforcer la bonne gouvernance. La représentante a insisté sur l’aide publique au développement (APD), le renforcement des capacités et le transfert des technologies pour renforcer la résilience aux volatilités économiques, aux chocs financiers, aux catastrophes naturelles et aux épidémies. La représentante a aussi prôné une approche holistique des trois piliers des Nations Unies. Il faut une bonne coordination entre le Secrétariat, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, ainsi que des partenariats vigoureux entre l’Organisation et les organisations régionales et sous-régionales, à l’image de la relation qu’elle entretient avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Le Viet Nam sera d’ailleurs l’hôte, en novembre prochain, de la Semaine des leaders de la coopération économique Asie-Pacifique et avant cela, en mars, de la Réunion de haut niveau Europe-Asie sur l’amélioration de la coopération entre les pays en développement sans littoral et les pays de transit pour la mise en œuvre du Programme 2030.
Il est clair, a prévenu M. BORIS HOLOVKA (Serbie), que le monde ne peut aller de l’avant, dans l’équilibre et la stabilité, si 1% de sa population est plus riche que les 90% restants. Il ne fait aucun doute que les migrants et les réfugiés sont les laissés-pour-compte, victimes de guerres de plus en plus complexes. Ces 15 derniers mois, plus d’un million de migrants et de réfugiés ont traversé la Serbie par la route des Balkans et, face à la souffrance des réfugiés de Croatie et de Bosnie-Herzégovine et des 200 000 déplacés de la province serbe de Kosovo et Metohija, le peuple serbe s’est montré solidaire, a souligné le représentant.
Aujourd’hui, le système des Nations Unies doit relever l’énorme défi de s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits et redéfinir les capacités de prévention des conflits et d’alerte précoce. La création de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix, et celle du Bureau d’appui à la consolidation de la paix n’ont eu qu’un succès limité. Le représentant s’est en effet dit préoccupé par le fait que le Groupe consultatif d’experts ait conclu, après l’examen en 2015 de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies, à un manque de cohérence et de coordination dans le processus « vital » de la transition du maintien de la paix à la consolidation de la paix puis au développement. L’approche en silo prévaut toujours, s’est inquiété le représentant malgré l’appel « Unis dans l’action ». Il s’est donc félicité qu’avec le Programme 2030 et le concept de la pérennisation de la paix, les Nations Unies aient enfin développé les outils d’une cohérence entre la sécurité, les droits de l’homme et le développement dans lequel les femmes et les jeunes ont un rôle essentiel à jouer. Il faut tout faire pour que ces outils et mécanismes soient le plus efficaces possible, a conclu le représentant
M. EFE CEYLAN (Turquie) a rappelé que, lors du tout premier Sommet humanitaire mondial que son pays a organisé en mai dernier à Istanbul, la Turquie s’est engagée à renforcer son assistance humanitaire et au développement, notamment en faisant une promesse de contribution d’un montant d’un million de dollars à la Commission de consolidation de la paix (CCP). Ankara continue de multiplier les initiatives pour maintenir la stabilité et la sécurité au niveau régional, le représentant en voulant pour preuve les efforts déployés pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien en ramenant les parties à la table des négociations, cette semaine, à Astana. Soucieuse de prévenir les conflits, la Turquie soutient le principe de renforcer les initiatives de médiation, qui ressortent des examens récents de l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies. Ces approches préventives, a ajouté le délégué, deviennent indispensables face à la complexité des défis politiques, idéologiques et socioéconomiques ainsi que la prolifération des menaces asymétriques et du terrorisme.
M. YASHAR T ALIYEV (Azerbaïdjan) a déclaré que, « malgré les conséquences dévastatrices de l’agression armée dont elle est victime depuis plus de deux décennies », l’Azerbaïdjan s’efforce de développer une économie inclusive et diversifiée et d’adapter sa stratégie nationale de développement durable à cette fin. Le pays, a-t-il dit, a lancé ou activement encouragé un certain nombre de projets importants de développement régional et d’infrastructures dont la mise en œuvre contribue à la croissance économique durable de l’Azerbaïdjan et d’autres pays de la région et au-delà. Le 6 octobre 2016, le Président de l’Azerbaïdjan, M. Ilham Aliyev, a publié un décret spécial sur la création du Conseil national de coordination pour le développement durable, lui demandant d’identifier les priorités nationales et leurs indicateurs jusqu’en 2030, pour adapter les programmes et stratégies de l’État, et de préparer des rapports annuels sur l’état d’avancement des objectifs de développement durable.
Inutile de dire que les conflits armés non résolus, les autres problèmes de sécurité et les crises humanitaires connexes minent la capacité des pays touchés à réaliser un développement durable et menacent de renverser une grande partie des progrès réalisés au cours des derniers temps, a rappelé le délégué. Il va sans dire, a-t-il poursuivi, que la résolution des conflits armés est la condition préalable à la mise en œuvre réussie de tous les objectifs de développement durable et à la coopération économique. Une attention particulière devrait donc être accordée à l’application des résolutions des principaux organes des Nations Unies, en particulier les résolutions 822, 853, 874 et 884 du Conseil de sécurité concernant le conflit dans la région du Haut-Karabakh, en Azerbaïdjan, qui condamnent l’emploi de la force et l’occupation des territoires et réaffirment le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan. Dans ces textes, a dit M. Aliyev, le Conseil a confirmé que la région du Haut-Karabakh fait partie intégrante de l’Azerbaïdjan et exigé le retrait immédiat, complet et inconditionnel des forces d’occupation de tous les territoires occupés. « Les demandes du Conseil n’ont toujours pas été mises en œuvre et le conflit non résolu continue d’empêcher une coopération régionale pleine et entière », a ajouté en conclusion le représentant.
M. ABDULLAH ABU SHAWESH (Palestine) a expliqué que les Palestiniens ne connaissent que trop bien les liens entre paix et développement. Ainsi, a-t-il souligné, l’économie palestinienne est dans une situation de dépendance totale vis-à-vis d’Israël, qui impose ses règles et ses tarifs. Les progrès dans le domaine socioéconomique ont été maigres au cours des 20 dernières années, a affirmé le représentant, qui a imputé cette stagnation à la poursuite de la politique des colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé. Fustigeant l’« intransigeance » israélienne, il a regretté que la Palestine ne reçoive pas les investissements dont elle a besoin pour assurer sa croissance, « or de tels investissements seraient des investissements dans la paix »
M. ALESSANDRO MOTTER, Conseiller principal à l’Union interparlementaire (UIP), a dit que la consolidation de la paix et le développement sont des processus nationaux à long terme qui exigent des institutions des prises de décisions efficaces, inclusives et transparentes, et le respect de l’état de droit. Les parlements figurent justement parmi les plus importantes de ces institutions. C’est là où les gouvernements sont tenus responsables de la mise en œuvre effective des engagements internationaux. C’est là où la représentation des groupes négligés tels que les femmes, les jeunes et les minorités religieuses peut être assurée dans les processus de prise de décisions. Les parlements peuvent travailler avec la société civile pour rétablir la confiance des populations dans leur gouvernement et veiller à ce que le processus politique soit mené au nom de l’intérêt général.
Il est clair que les parlements ne sont pas tous les mêmes et qu’ils ne sont pas tous capables de remplir ces fonctions. C’est pourquoi la principale mission de l’UIP, fondée sur la primauté du dialogue politique, est de consolider la démocratie, en renforçant les parlements. L’UIP offre une assistance directe aux parlements et des directives politiques pour les aider à trouver les moyens les plus efficaces d’intégrer les objectifs de développement durable et de traiter des priorités comme la santé, l’égalité entre les sexes, les changements climatiques et la coopération au développement. L’UIP aide les parlements à améliorer leurs processus de prise de décisions et à lancer des réformes, constitutionnelles ou électorales, pour qu’ils soient plus représentatifs et plus ouverts au monde. Dans ce cadre, la priorité est de parvenir à la parité entre parlementaires. L’UIP offre aussi aux parlements un forum de dialogue comme celui d’octobre 2016 sur les violations des droits de l’homme comme précurseurs des conflits ou encore sur les questions mondiales comme le terrorisme, la cybersécurité et la non-prolifération des armes de destruction massive. La Commission permanente (paix et sécurité internationale) de l’UIP prépare d’ailleurs actuellement un séminaire sur la paix durable qui aura lieu au printemps 2027.
M. MASSIMO TOMMASOLI, Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a déclaré que, si les institutions sont nécessaires, elles ne suffisent pas, et qu’il faut s’intéresser aux processus pour réaliser les objectifs de développement durable et pour réaliser la paix. L’observateur a souligné que le système des Nations Unies doit améliorer ses capacités sur le terrain pour mieux interpréter les signes qui augurent des crises futures
L’Envoyé spécial pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, M. MACHARIA KAMAU (Kenya), a noté la volonté des États Membres d’assurer la paix durable. Il a rappelé les propos du Secrétaire général qui a donné la priorité à la prévention et à la diplomatie préventive. Le Programme 2030 nous indique la voie d’un monde plus résilient et plus pacifique et les travaux de ces deux jours doivent être vus comme le point de départ du travail de l’ONU pour tenir ses promesses en matière de paix et de développement. Nous devons renforcer les liens entre la pérennisation de la paix et la réalisation du Programme 2030, a-t-il conclu.
M. PETER THOMSON (Fidji), Président de l’Assemblée générale, s’est dit impressionné par la qualité des interventions faites hier et aujourd’hui. Toutes ont reconnu qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans paix durable, ni de paix durable sans développement durable. Pour la première fois, les Présidents de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Commission de consolidation de la paix (CCP), ainsi que le Secrétaire général ont pu partager au cours d’une même réunion leurs points de vue sur les moyens pour l’ONU d’améliorer la coordination et la cohérence dans ses activités à l’appui de la paix et du développement durables.
Pour M. Thomson, le Secrétaire général a résumé ces vues en disant: « nous avons besoin d’une réponse globale qui s’attaque aux causes profondes des conflits, et intègre la paix, le développement durable et les droits de l’homme de manière holistique ». Le Secrétaire général a aussi décrit une feuille de route pour la réforme des Nations Unies et pour la rendre plus apte à prévenir les conflits et à pérenniser la paix. Il a aussi parlé de la réforme du système des Nations Unies pour le développement dont il a annoncé un rapport en juin prochain, sans oublier son intention de changer les règles et règlements administratifs de l’ONU qui « découragent l’intégration ».
Orateur après orateur, l’importance de la prévention des conflits pour créer un environnement propice au développement durable a été soulignée. Il a aussi été noté que le meilleur outil de cette prévention demeure le développement durable et inclusif. Tout ceci tend, a relevé le Président, vers l’intégration des efforts, la cohésion sociale et la participation des femmes et des jeunes aux processus de paix et de développement, identifiés comme des conditions importantes à la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030, qui ne doit laisser personne de côté. Le dialogue de haut niveau a également permis de souligner l’importance des droits humains, de la justice et de l’état de droit, et des institutions efficaces et comptables de leurs actes, a encore noté le Président.
La nécessité de partenariats stratégiques a été soulignée, incluant les gouvernements, le système des Nations Unies, les organisations régionales, la société civile, les institutions financières internationales et le secteur privé. Dans ce cadre, la réforme du système des Nations Unies a été réclamée pour abattre les cloisons, réduire la fragmentation entre le Siège de l’ONU et le terrain, renforcer la culture des résultats et améliorer la coordination et la cohérence pour que tous les acteurs du développement, de l’humanité, des droits de l’homme et de la paix et de la sécurité travaillent dans le même objectif de la paix et du développement durables. L’appui des États Membres a été aussi été souligné, et surtout leur appropriation des efforts mais aussi leur soutien financier.
Le Président de l’Assemblée générale a jugé vital que les idées débattues ces deux derniers jours ne restent pas lettre morte, mais deviennent « la fondation de la mise en œuvre ». Cela suppose que la conversation se poursuive en dehors des murs de l’ONU, afin de renforcer la sensibilisation, la compréhension et l’appropriation des concepts de développement et de paix durables, de manière « à en faire un point d’entrée au dialogue entre gouvernement et citoyens » en vue de renforcer la confiance mutuelle. En outre, a insisté le Président, le système des Nations Unies doit s’engager sous le leadership d’António Guterres dans « l’action et la réforme », avec le soutien des États Membres. En tant que Président de l’Assemblée générale, M. Thomson a promis qu’il ferait tout ce qu’il pourrait pour soutenir ces efforts, notamment dans ses relations avec les Présidents du Conseil de sécurité, de l’ECOSOC, de la CCP, et avec le Secrétaire général, pour explorer les moyens d’améliorer la coordination et la cohérence des efforts à l’appui de la paix, du développement et des droits de l’homme.