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Syrie: appel du Coordonnateur des secours d’urgence pour garantir l’accès humanitaire et mettre fin à un « cauchemar » entré dans sa septième année

7909e séance – matin
CS/12770

Syrie: appel du Coordonnateur des secours d’urgence pour garantir l’accès humanitaire et mettre fin à un « cauchemar » entré dans sa septième année

Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, a plaidé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, pour un acheminement sans entraves de l’assistance humanitaire en Syrie afin de venir en aide aux 13,5 millions de civils qui en ont cruellement besoin, avant d’exhorter les parties, réunies cette semaine à Genève, à mettre un terme au « cauchemar syrien » et à « retrouver le sens de l’humanité ».

Parmi les trois délégations à s’exprimer, le représentant de l’Uruguay a rappelé que la guerre en Syrie, entrée dans sa septième année, était plus longue que la Seconde Guerre mondiale.

« En Syrie, il n’y a pas une femme, un homme, un enfant qui n’a pas été affecté par la cruauté sans pareil de ce conflit particulièrement long et sanglant », a indiqué M. O’Brien, venu présenter le dernier rapport* du Secrétaire général sur la question.  

« Les Syriens ont vu des parties entières de leur fière et ancienne patrie partir en fumée. »  M. O’Brien, qui est également Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a souligné la responsabilité considérable des parties à Genève, « et de celles rassemblées autour de cette table », pour trouver une solution, « après des années d’intransigeance ».

« La paix en Syrie est un impératif moral et politique pour le peuple syrien et le monde. »  Une solution politique est d’autant plus nécessaire que ces derniers mois ont été, de l’aveu de M. O’Brien, parmi les pires pour les civils.

Le Secrétaire général adjoint s’est dit particulièrement préoccupé par le sort de plus de 400 000 civils dans la province de Raqqa, alors que les opérations militaires qui s’y déroulent se rapprochent de la ville de Raqqa.  Il a appelé toutes les parties à épargner les civils lors des hostilités, comme l’exige le droit international.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a précisé que près de 40 000 personnes avaient fui les zones de combat dans le nord de la province de Hama.  « À Damas, les deux explosions à la mi-mars qui ont frappé Bab Al-Saghir, faisant des dizaines de morts et de blessés, et alors que de nombreux pèlerins étaient présents, sont un rappel odieux de la volonté des groupes extrémistes et terroristes de délibérément viser des civils », a-t-il déclaré.

M. O’Brien a ainsi jugé « extrêmement préoccupante » la détérioration de la situation sécuritaire dans les zones assiégées dans la Ghouta orientale de Rif-Damas où 400 000 personnes sont prises au piège par les forces gouvernementales.  Les trois hôpitaux publics et les 17 centres de santé dans la Ghouta orientale ne fonctionnent plus, alors que le nombre d’enfants souffrant de blessures traumatiques est très élevé, a-t-il dit.

« Trente pour cent des patients présentant des blessures en raison de la guerre sont des enfants de moins de 15 ans. »  M. O’Brien a indiqué que le renforcement du siège de la Ghouta orientale par les forces gouvernementales avait déclenché un véritable compte à rebours pour la population.  Le Secrétaire général adjoint a rappelé que l’aide onusienne avait été acheminée pour la dernière fois dans les zones assiégées de la Ghouta orientale en octobre 2016, « il y a six mois ».

Le Secrétaire général adjoint a mentionné l’accord conclu entre le Gouvernement syrien et les groupes armés non étatiques à Al Waer, à Homs, permettant l’évacuation de 3 500 personnes, y compris des combattants, entre le 18 et le 27 mars, vers Jarablus à Rif-Damas.

M. O’Brien a également cité l’accord conclu entre les parties pour des évacuations à Madaya, Zabadani, Fouaa et Kafraya, dites « les quatre villes », incluant une assistance humanitaire et une pause de neuf mois dans les affrontements.

« Je veux être clair: l’ONU n’a pas été impliquée dans les négociations de ces accords et dans le processus d’évacuation de Al Waer, mais je veux souligner notre préoccupation devant ces accords. »  Le Secrétaire général adjoint a en effet expliqué que tous les sièges constituaient des violations patentes des résolutions du Conseil.  « Tous les sièges doivent être levés immédiatement, point final », a-t-il martelé.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé que cela ne pouvait néanmoins pas découler d’un accord de reddition obtenu après la dévastation d’une zone et des déplacements forcés de civils.  Il a rappelé que les évacuations de civils devaient être sûres et volontaires.  « Il est impératif que toutes les personnes déplacées à la suite de ces accords puissent retourner chez elles volontairement, dans la sécurité et la dignité », a déclaré M. O’Brien.

« J’espérais sincèrement que 2017 inaugurerait un changement s’agissant de notre degré d’assistance humanitaire, en particulier dans les zones assiégées et difficile d’accès, dans la foulée des progrès modestes accomplis au cours des neuf derniers mois. »  Or, à l’issue du premier trimestre, nos niveaux d’accès ne présentent pas d’amélioration par rapport à l’an dernier, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.

Alors que l’objectif du convoi terrestre interagences pour le mois de mars était d’apporter une aide à 785 500 personnes, celle-ci n’est parvenue qu’à 44% d’entre elles, soit le chiffre le plus bas depuis mars 2016.  Les seules zones assiégées que le convoi a pu rallier au cours du mois écoulé sont les « quatre villes » et celle de Khan El Shih, situées à Rif-Damas, « et il y est arrivé aujourd’hui », parallèlement au parachutage d’articles de première nécessité à Deïr el-Zor pour près de 93 500 personnes. 

M. O’Brien a demandé aux autorités syriennes de simplifier les procédures bureaucratiques préalables à l’approbation des convois, jugeant excessive l’« architecture bureaucratique ».  L’ONU a, pour sa part, soumis à Damas un plan pour avril et mai avec pour objectif de venir en aide à un million de personnes démunies dans 28 localités assiégées ou difficiles d’accès. 

Il a demandé au Conseil et au Groupe international de soutien d’exercer leur influence auprès des parties au conflit.  « Près de 13,5 millions de Syriens se coucheront ce soir avec un cruel besoin d’assistance », a prévenu le haut fonctionnaire.

Le Secrétaire général adjoint a salué le Plan d’aide humanitaire pour la Syrie pour 2017, portant à 3,4 milliards de dollars le montant des besoins dans le pays cette année, avant de souligner l’importance capitale de la Conférence d’annonces de contributions qui se tiendra à Bruxelles le 5 avril prochain pour la Syrie et les pays de la région.

Enfin, M. O’Brien a demandé la consolidation et le renforcement du cessez-le-feu du 30 décembre 2016 afin de permettre le bon acheminement de l’aide humanitaire.

Un appel relayé par le délégué de l’Uruguay, qui a indiqué que cet accord de cessez-le-feu avait offert un répit aux civils, même si la violence persiste en Syrie.  Mentionnant l’accord concernant les quatre villes, le représentant a rappelé que les évacuations devaient se faire de manière volontaire.  « Nous ne voyons pas d’issue à cette guerre », a-t-il déploré.

À l’instar de son homologue uruguayen, le délégué de la Bolivie a exhorté les parties à ménager un accès inconditionnel aux convois humanitaires.  Les actions de lutte contre le terrorisme doivent se faire dans le respect de la sécurité des civils, a-t-il estimé.

S’exprimant également au nom de l’Égypte et du Japon, le représentant de la Suède a déclaré que le Conseil n’avait pas respecté ses obligations envers les Syriens.  

L’ampleur de la catastrophe humanitaire est difficile à ignorer, sept millions de personnes ne savant pas chaque jour de quoi sera fait leur prochain repas.  « Alors que les négociations menées par les Nations Unies en sont à leur cinquième tour, il n’y a pas eu de progrès soutenus en matière d’accès humanitaire », a déploré le représentant, jugeant inacceptable qu’une seule zone assiégée ait été atteinte ce mois-ci.

* S/2017/244

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale célèbre les contributions des personnes d’ascendance africaine, à l’occasion de la Journée des victimes de l’esclavage

Soixante et onzième session,
73e séance plénière – après-midi 
AG/11900

L’Assemblée générale célèbre les contributions des personnes d’ascendance africaine, à l’occasion de la Journée des victimes de l’esclavage

L’Assemblée générale s’est réunie, cet après-midi, à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, marquée chaque année le 25 mars pour honorer la mémoire des 15 millions de victimes.

À l’instar du Secrétaire général de l’ONU, les intervenants se sont réjouis du thème choisi pour cette commémoration qui tend à « reconnaître les contributions des personnes d’ascendance africaine ».  Les descendants d’esclaves sont aujourd’hui inventeurs, économistes, juristes, auteurs, athlètes, ou encore leader de la société civile, a remarqué M. António Guterres.

Les intervenants ont saisi cette occasion pour saluer les programmes de sensibilisation attachés à la mise en œuvre de la Décennie internationale (2015-2024) des personnes d’ascendance africaine, en soulignant aussi l’importance de l’inauguration, en 2015, du mémorial permanent « L’Arche du retour » au Siège de l’ONU, à New York.

« Beaucoup de familles souffrent encore aujourd’hui des conséquences du traumatisme lié à l’esclavage », a remarqué le Secrétaire général avant de souligner l’apport qu’elles représentent pour les sociétés actuelles.  Il a pris en exemple l’astronaute Mae Jemison, la première femme afro-américaine à être allée dans l’espace, et le négociateur de paix Ralph Bunche, le premier afro-américain à gagner un prix Nobel. 

Pour le Directeur du Musée national Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines, M. Lonnie Bunch, on peut définir la réalité et la spécificité d’un pays en regardant ce qu’il a décidé de saluer et de mettre en exergue et ce qu’il choisit d’oublier.  M. Bunch a ainsi appelé à examiner comment l’esclavage avait façonné de manière profonde nos pays.  « Nous devons nous inspirer du sacrifice des esclaves pour guider la lutte mondiale pour plus d’équité sociale », a-t-il dit.

Dans un discours liminaire, le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, a souhaité que cette commémoration, de « l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine », soit l’occasion de rappeler aux États le rôle qui leur incombe pour que de telles horreurs ne se répètent jamais.  Il a aussi souhaité que cet événement soit l’occasion de renouveler l’engagement de la communauté internationale à lutter contre les formes contemporaines d’esclavage, dont le trafic des êtres humains et le travail forcé.

« L’esclavage et le colonialisme ont interrompu l’histoire longue et riche de l’Afrique », a regretté le représentant de Cabo Verde, au nom du Groupe des États d’Afrique, en rappelant que l’esclavage s’était traduit par 400 ans de crime contre l’humanité, en particulier contre le continent africain.  Il a souligné l’importance symbolique de la révolte des esclaves de Saint-Domingue, fin août 1791, et de la rébellion connue sous le nom de « révolution haïtienne » qui est devenue un phare de lumière et d’espoir pour le monde colonisé. 

S’inquiétant pour sa part de la persistance de nombreuses formes d’esclavage dans le monde contemporain, le représentant de la Malaisie a souligné combien il était nécessaire d’avoir un cadre juridique international plus fort pour lutter contre toutes les formes d’esclavage moderne.  Le représentant de Moldova, au nom du Groupe des États d’Europe orientale, a renchérit en rappelant qu’il y a encore plus de 20 millions de personnes dans le monde soumises à une forme d’esclavage moderne.  Il a invité à saisir l’opportunité de l’adoption du « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » pour avancer dans la lutte contre tous les abus dont peuvent être victimes les êtres humains fragilisés.

« Cette journée doit aussi être l’occasion de nous souvenir que les migrants continuent d’apporter des contributions positives au développement économique et social des pays hôtes », a dit le représentant du Guatemala, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes.

Au nom du Groupe des États de l’Europe occidentale, le représentant de l’Allemagne a salué la démarche consistant à reconnaître l’héritage et la contribution des descendants d’esclaves.  Il a demandé instamment aux États Membres d’honorer toutes leurs obligations en matière de droits de l’homme et à mettre fin à toutes les formes d’esclavage d’ici à 2030.

La représentant des États-Unis a déclaré que cette commémoration ne devait pas seulement nous permettre de nous rappeler les souffrances passées des victimes de l’esclavage, mais aussi des actes héroïques de ceux qui ont œuvré à abolir l’esclavage. 

Le représentant de la Guinée équatoriale a salué une journée qui permet à son pays et sa région de se rappeler une page sombre de son histoire.  Il a souhaité rendre hommage à toutes les victimes de l’esclavage et ceux qui se sont battus contre cette ignoble injustice. 

« Le peuple cubain est extrêmement fier de ses racines africaines », a dit la représentante de Cuba, en rappelant que les 1,3 million d’Africains arrivés dans les plantations coloniales à Cuba et leurs descendants avaient contribué à toutes les étapes de la lutte ayant abouti à la libération de Cuba.  Depuis lors, Cuba a versé « la sueur et le sang de ses fils pour contribuer à l’émancipation de l’Afrique », a-t-il dit. 

Cette réunion était l’un des évènements organisés pour marquer la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.  Un événement culturel et culinaire est prévu dans la soirée, tandis que le Département de l’information a publié une affiche dans les six langues officielles, qui porte la mention « Mémoire de l’esclavage: reconnaissance, justice et développement ».  Une série vidéo et un spot télévisé ont également été lancés à cette occasion.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

En achevant sa session annuelle, la Commission de la condition de la femme s’engage à promouvoir l’autonomisation économique des femmes

Soixante et unième session,
13e séance – matin
FEM/2114

En achevant sa session annuelle, la Commission de la condition de la femme s’engage à promouvoir l’autonomisation économique des femmes

La Commission de la condition de la femme, présidée par M. Antonio de Aguiar Patriota (Brésil), a terminé aujourd’hui les travaux de sa soixante et unième session entamée à New York le 13 mars 2017.  Ses 45 membres ont adopté par consensus des conclusions concertées sur « l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution », le thème prioritaire de cette session.

Pendant deux semaines, 150 délégations d’États Membres, dont 82 ministres, ainsi que de nombreux représentants et représentantes d’organisations de la société civile et d’entités des Nations Unies, ont fait le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing de 1995, notamment en termes d’autonomisation économique.

Le consensus atteint pour adopter les conclusions concertées a été quelque peu assombri par des divergences sur la question de savoir si les droits sexuels et reproductifs sont, ou non, une condition préalable à l’autonomisation économique des femmes, ce qui a conduit plusieurs délégations à exprimer des réserves.

« Même si tout le monde n’est pas satisfait de certains éléments de l’accord final, nous avançons », a cependant assuré la Secrétaire générale ajointe pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ncguka.  « Nous faisons des progrès pour faire comprendre que tous les enfants, garçons et filles, ont des droits égaux, et pour réduire la charge que doivent supporter les femmes, mères et filles », a-t-elle dit, en évoquant « toutes les nuits passées à travailler ».

La Commission adopte chaque année des conclusions concertées qui visent à accélérer la mise en œuvre des engagements antérieurs.  Elles sont transmises au Conseil économique et social et au Forum politique de haut niveau, sous l’égide de l’ECOSOC, puis largement diffusées auprès du public afin d’encourager les mesures de suivi. 

Aujourd’hui, la Commission a également adopté par consensus une résolution inédite intitulée « Prévenir et éliminer le harcèlement sexuel », et à l’issue d’un vote, une résolution sur la situation des femmes palestiniennes.

Dans le premier texte, la Commission de la condition de la femme condamne le harcèlement sexuel sous toutes ses formes, en particulier à l’égard des femmes et des filles, et insiste sur le fait qu’il faut prendre toutes les mesures qui s’imposent pour prévenir et éliminer ce harcèlement, notamment au travail.

La délégation d’Israël, qui avait présenté ce texte, a estimé nécessaire de mettre en avant cette thématique au cours de cette session centrée sur l’autonomisation économique des femmes.  La délégation des États-Unis a reconnu que le harcèlement sexuel est une forme de discrimination qui peut déboucher sur de la violence sexiste et causer des problèmes de santé physique et mentale.

Saluant elle aussi les efforts déployés par Israël pour attirer l’attention sur cette question, la délégation de l’Espagne a toutefois réaffirmé la position de principe de l’Union européenne contre l’adoption de résolutions séparées à la Commission.

La représentante de la République islamique d’Iran a exprimé un avis tout autre en reprochant à Israël de se présenter comme progressiste, alors, a-t-elle dit, que ce pays continue de violer de façon systématique le droit international en Palestine.  « Ce qu’on nous présente ici est riche en hypocrisie », a-t-elle estimé.  La déléguée d’Oman, qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, a renchérit en déclarant que « le comportement d’Israël va à l’encontre du contenu de cette résolution ».  Elle a affirmé que les législations arabes protègent les femmes de toutes les formes de violence, notamment au travail, avec des sanctions qui varient entre des amendes et des peines de prison.

Par la seconde résolution, adoptée par 30 voix pour, une voix contre (Israël) et 12 abstentions, la Commission de la condition de la femme recommande au Conseil économique et social de réaffirmer que l’occupation israélienne demeure le principal obstacle à l’amélioration de la condition des Palestiniennes, à leur autonomisation et à leur participation au développement de leur société.  Ce texte, qui était présenté par l’Équateur au nom du Groupe des 77 et de la Chine, invite la communauté internationale à continuer à fournir l’assistance et les services dont les Palestiniennes ont un besoin urgent.

La délégation des États-Unis a estimé que cette résolution était « contreproductive » et qu’elle introduisait des éléments politiques, non sans rappeler être le principal donateur de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  L’Union européenne, a indiqué la représentante de l’Espagne, n’a pas participé aux négociations sur le contenu de ce texte dont certains aspects devraient, selon elle, être traités dans le cadre de l’Assemblée générale.

« La résolution n’a rien à voir avec la situation des Palestiniennes », a jugé à son tour Israël.  Son objectif est d’attaquer Israël et de politiser les travaux de la Commission.  La Palestine, en revanche, a salué l’adoption de cette résolution et l’appui en faveur des droits de son peuple à vivre libéré de l’occupation.

Avant l’adoption des conclusions concertées, la Vice-Présidente de la Commission, Mme Fatmaalzahraa Hassan Abdlaziz Abdelkawy (Égypte), a fait le point sur les consultations informelles qu’elle a organisées en tant que facilitateur au cours des derniers jours.

La Commission, qui discutait pour la première fois de la question de l’autonomisation économique des femmes, présente aujourd’hui un plan ambitieux sur ce sujet, en s’appuyant sur des piliers essentiels comme l’enseignement et la modification du cadre juridique, ainsi que sur les mesures socioéconomiques que les États pourront entreprendre pour donner une voix aux femmes, a résumé la Vice-Présidente. 

Première délégation à faire des remarques sur les conclusions concertées, Sainte-Lucie, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que l’interprétation du terme « mariage précoce » sera soumise aux lois nationales des États de la région.

Le Yémen, au nom du Soudan, du Nigéria et de la Libye, a estimé que certaines de leurs opinions n’avaient pas été prises en compte et rappelé que les normes sociales et la sexualité n’étaient pas comprises de la même façon par tous les États Membres.  À son tour, la Mauritanie a exprimé des réserves sur les questions qui ne sont pas conformes à l’esprit de la loi islamique.  Pour l’Iran, « le texte ne peut pas être perçu comme contraire à ses lois et règlements nationaux ».  Le Pakistan et la Pologne ont aussi émis des réserves sur les droits liés à la reproduction au regard du droit national.

Au nom de l’Union européenne, l’Espagne a été déçue de constater que « nous en sommes arrivés à un résultat qui est davantage une interprétation que le reflet d’un compromis négocié ». D’après elle, les références à la société civile ont été limitées et le lien entre l’autonomisation économique des femmes et les droits de l’homme auraient pu être plus clairs.  L’Union européenne est également préoccupée par « le libellé qui renforce certains rôles traditionnels des femmes et des filles et ne contribue pas à leur autonomisation ». 

« Nous croyons fermement que tous les individus ont le droit d’avoir le contrôle et de décider librement, et de façon responsable, de toutes les questions liées à leur sexualité, sans contrainte, sans discrimination ou violence.  C’est une question de justice sociale », a précisé la France, au nom d’autres pays européens, en regrettant que ces éléments n’aient pas été pris en compte dans les décisions concertées.

Dans le même esprit, l’Australie, au nom d’autres pays, a estimé que le texte aurait pu être renforcé dans certains domaines, notamment en ce qui concerne la société civile, les instituions liées aux droits de l’homme et l’impact de la santé sexuelle et reproductive sur l’autonomisation des femmes.

Pour sa part, l’Argentine, au nom d’autres pays d’Amérique latine, a trouvé que ses propositions pour renforcer les références faites aux droits de l’homme, dont les droits sexuels et reproductifs, étaient reflétées dans le document final.  Elle a mis l’accent sur les femmes d’ascendance africaine, autochtones, rurales, vivant avec le VIH/sida ou handicapées.

Les États-Unis, qui ne sont pas membres de la Commission mais ont participé « activement » aux négociations, ont reconnu que tous les pays n’adoptaient pas la même démarche pour inscrire les engagements en matière d’égalité des sexes dans les dépenses publiques.  D’après eux, « le document de Beijing ne crée pas de nouveaux droits », comme le droit à l’avortement.  Les États-Unis réservent également leur position en ce qui concerne la référence aux changements climatiques.  Ils rappellent qu’il n’y a pas de définition internationalement acceptée du droit au développement et que les États ne sont pas tenus par les dispositions des instruments auxquels ils ne sont pas parties, comme le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Enfin, le Saint-Siège, opposé à l’avortement, a estimé que les droits reproductifs sapent l’autonomisation des femmes.

La Commission ne pas tout faire toute seule, a conclu la Directrice exécutive d’ONU-Femmes.  ONU-Femmes sert de secrétariat et apporte un appui technique à la Commission.  « Ce que vous n’avez pas obtenu au cours de cette session, vous allez devoir le trouver ailleurs pour consolider les acquis obtenus », a-t-elle averti.

Mme Phumzile Mlambo-Ncguka a vu l’année 2020 comme « une date butoir » pour parvenir à l’égalité entre les hommes et les femmes.  Elle a  dit qu’il fallait veiller à ce que tous les obstacles structurels qui entravent l’autonomisation des femmes soient supprimés dans les secteurs public et privé, y compris dans les foyers.

Vous avez souligné l’importance de la voix des femmes dans le processus de prise de décisions, l’importance du rôle de la société civile, de la réaction aux changements climatiques, des politiques macroéconomiques, de l’enseignement, des investissements directs, a-t-elle relevé.  « Nous ne voulons laisser personne sur le côté », a-t-elle assuré. Les politiques doivent veiller à ce que les femmes jouissent d’une vie meilleure et soient préparées à rentrer sur le marché du travail.

En marge du débat général, plusieurs tables rondes et réunions d’experts interactives de haut niveau ont offert des approches novatrices en vue d’aborder les problèmes ayant une incidence sur la situation des femmes ou sur l’égalité des sexes, a résumé ensuite M. Antonio de Aguiar Patriota, qui a présidé pendant deux années consécutives la Commission.  Cette année, la Commission s’est concentrée pour la première fois sur l’autonomisation des femmes autochtones.

M. Patriota s’est félicité de la teneur des débats qui ont permis d’établir des liens entre différents objectifs de développement durable et de contribuer à leur mise en œuvre.  Les discussions ont montré que tous les acteurs de la société avaient un rôle à jouer en termes de parité.

En particulier, le Président a dit que les hommes et les garçons devaient travailler de pair avec les femmes et les filles pour changer les mentalités et les normes sociales qui perpétuent les inégalités.

« La réalisation de l’égalité hommes-femmes est une tâche universelle, un défi pour tous.  Nous n’arriverons pas à le relever au cours de notre vie si nous n’agissons pas collectivement et de façon définitive », a-t-il conclu.

La Commission a pris note d’une quinzaine de documents dont elle était saisie puis adopté le rapport de sa session.

Enfin, la Commission a ouvert brièvement les travaux de sa soixante-deuxième session pour élire, par acclamation, M. David Donoghue (Irlande), à la présidence de ses soixante-deuxième et soixante-troisième sessions.  Elle a également élu M. Mauricio Carabali Baquero (Colombie) et M. Koki Muli Grignon (Kenya) en tant que Vice-Présidents.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Israël n’a pris « aucune mesure » pour cesser ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, affirme le Coordonnateur spécial

7908e séance – après-midi
CS/12765

Israël n’a pris « aucune mesure » pour cesser ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, affirme le Coordonnateur spécial

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, a affirmé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, qu’Israël n’avait pris « aucune mesure » pour « cesser toutes les activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est », comme l’exige la résolution 2334 (2016) adoptée le 23 décembre 2016.

« Cette résolution n’a eu aucune incidence sur le terrain », a appuyé le délégué de la Bolivie qui s’est étonné de ne pas avoir reçu le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de ladite résolution.  Le Secrétaire général, qui doit faire rapport tous les trois mois, aurait dû remettre son rapport ces derniers jours, a noté son homologue de l’Uruguay.

Le Coordonnateur spécial a consacré son intervention à la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), qui réaffirme notamment que la création par Israël de colonies de peuplement « constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à l’instauration d’une paix globale, juste et durable ».

Dans cette résolution, le Conseil souligne, en outre, qu’il ne reconnaîtra aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, « autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations ».  À cette aune, M. Mladenov a rappelé l’annonce en janvier par Israël de la construction de 5 500 unités de logement dans les colonies situées en zone C de la Cisjordanie occupée.

« En trois semaines, la planification de près de 3 000 unités de logement a été avancée et 240 unités ont fait l’objet d’une approbation définitive », a-t-il dit.  Le Coordonnateur spécial a noté l’intention du Gouvernement israélien d’établir une nouvelle colonie de peuplement pour les résidents du poste avancé Amona, dont la démolition avait été ordonnée par la justice israélienne.

Des permis de construire ont en outre été délivrés pour plus de 900 unités de logement dans quatre colonies situées à Jérusalem-Est.  Le Coordonnateur spécial a ensuite dénoncé les démolitions à grande échelle de structures appartenant aux communautés palestinienne et bédouine en Cisjordanie et à Jérusalem-Est – 48 de ces structures ont été détruites à Jérusalem-Est, déplaçant 80 personnes.

La loi israélienne dite « de régularisation », votée le 6 février, est « extrêmement préoccupante » car elle pourrait légaliser rétroactivement des milliers d’unités de logement et conduire à une « légalisation graduelle » de dizaines de postes avancés, a-t-il regretté.

Sur le plan sécuritaire, M. Mladenov a indiqué que la situation était restée relativement calme.  Onze Palestiniens ont néanmoins été tués et 273 autres blessés par les forces israéliennes, tandis que quatre soldats israéliens ont été tués et 70 autres Israéliens blessés, a-t-il dit.

À Gaza, après trois mois de calme, les extrémistes palestiniens ont, entre le 6 février et le 19 mars, lancé 10 roquettes visant Israël.  Il a précisé qu’Israël avait intensifié sa réponse à ces attaques en conduisant 18 frappes contre des militants à Gaza.  Depuis septembre 2015, plus de 260 Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes, 170 d’entre eux alors qu’ils auraient été en train de mener une attaque.

Rappelant que la résolution précitée demandait aux parties de s’abstenir « de tout acte de provocation et d’incitation à la violence et de toute déclaration incendiaire », M. Mladenov a souligné que de telles actions s’étaient néanmoins poursuivies.

« Les réactions de responsables du Hamas aux attaques de terreur menées ont été particulièrement répréhensibles et doivent être condamnées », a martelé le Coordonnateur spécial.  Il a dénoncé les déclarations du Hamas et de certaines autres factions palestiniennes célébrant les attaques à Jérusalem et à Petah Tikva comme étant « héroïques ».

« Malheureusement, les responsables de l’Autorité palestinienne n’ont pas condamné ces attaques, alors que le Fatah continue de célébrer sur les réseaux sociaux les auteurs d’attaques antérieures contre des civils israéliens. » 

Le Coordonnateur spécial a dénoncé dans le même temps les provocations émanant du côté israélien, un responsable politique ayant qualifié la notion d’État palestinien de « désastre historique ».

Rappelant que la résolution 2334 (2016) appelait à des « mesures énergiques afin de corriger les tendances négatives sur le terrain, qui mettent en péril la solution des deux États », M. Mladenov a mentionné l’accord, le 15 janvier, entre l’Autorité palestinienne et Israël pour réactiver la Commission mixte de l’eau établie en vertu des Accords d’Oslo afin d’améliorer l’approvisionnement en eau de Gaza et de la Cisjordanie.

Comme autre développement positif, le Coordonnateur spécial a noté qu’Israël et l’Autorité palestinienne demeuraient déterminés à maintenir leur coordination aux fins de sécurité, « alors que les pressions exercées sur cette dernière pour qu’elle y mette un terme se font plus fortes ». 

Des progrès ont été enregistrés dans la reconstruction de Gaza, avec l’acheminement de plus de 225 000 tonnes de ciment ces trois derniers mois.

Néanmoins, M. Mladenov n’a pas caché son pessimisme face au « nombre des projets annoncés au cours du trimestre écoulé » qui, selon lui, « compromettront encore davantage la contiguïté territoriale d’un futur État palestinien et accélèreront la fragmentation de la Cisjordanie ».

Pour promouvoir un climat propice à de réelles négociations, Israël doit en faire davantage pour améliorer la vie quotidienne des Palestiniens, a estimé le Coordonnateur spécial.  « Introduire des changements politiques significatifs qui renforceront l’Autorité civile palestinienne, soutiendront le développement palestinien et préserveront la perspective d’une solution des deux États, demeure essentiel. » 

Enfin, rappelant que la résolution 2334 (2016) demandait à toutes les parties de « condamner clairement les actes de terrorisme », le haut fonctionnaire a déclaré que l’incitation constante à la violence contre les juifs par des extrémistes du Hamas et par certains groupes palestiniens était « inacceptable » et sapait les perspectives de paix.

Le délégué de l’Uruguay a, à l’issue de cet exposé, exhorté les deux parties à respecter les résolutions du Conseil et à sortir de la confrontation.  La solution des deux États est la seule voie possible pour la paix, a-t-il dit, en rejetant les constructions de nouvelles unités de logement en Cisjordanie et toute « glorification » de la violence.  « Les silences complices n’ont pas leur place ici. »

De son côté, son homologue de la Bolivie a demandé à M. Mladenov de prévoir, lors de son prochain exposé, des cartes afin d’aider les membres du Conseil à mieux comprendre la manière dont les colonies de peuplement s’étendent et menacent la solution des deux États.

Il a expliqué « l’obsession » de son pays pour la libération du peuple palestinien par cette citation de Nelson Mandela: « Nous savons que trop bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité mobilise les États Membres contre la destruction et le commerce illicite de biens culturels spoliés pendant les conflits armés

7907e séance – matin 
CS/12764

Le Conseil de sécurité mobilise les États Membres contre la destruction et le commerce illicite de biens culturels spoliés pendant les conflits armés

Le Conseil de sécurité a, ce matin, dans une résolution qualifiée d’« historique », demandé aux États Membres de prendre des mesures pour « empêcher et combattre » le commerce illicite et le trafic des biens culturels ou « à valeur archéologique, historique, culturelle, scientifique ou religieuse » qui ont été enlevés en période de conflit armé, notamment par des groupes terroristes.

En adoptant, à l’unanimité de ses 15 membres, la résolution 2347 (2017), le Conseil encourage les États Membres à proposer des listes de Daech, Al-Qaida et des personnes, groupes, entreprises et entités impliqués dans ce type de trafic et les prie instamment d’élaborer « une large coopération policière et judiciaire » à cette fin, avec l’aide de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), d’INTERPOL et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

La Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, a exprimé sa « vive émotion » après l’adoption de cette « résolution historique » et à l’« immense portée », qui marque, selon elle, « une prise de conscience essentielle du rôle du patrimoine pour la paix et la sécurité ».  Ce texte n’a de précédent que la résolution 2199 (2015), qui interdit spécifiquement le commerce des biens culturels en provenance d’Iraq et de Syrie.

La Ministre de la culture et de la communication de la France, Mme Audrey Azoulay, dont la délégation était coauteur de la résolution aux côtés de l’Italie, a estimé que « l’acharnement délibéré contre le patrimoine de l’humanité procède d’une volonté d’anéantissement de la mémoire, de négation du passé, de spoliation de l’histoire » et qu’en adoptant ce texte, le Conseil répond « à l’appel des manuscrits et des mausolées de Tombouctou, des colosses de pierres et des taureaux androcéphales ». 

« La destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre – c’est devenu une tactique de guerre, dans le cadre d’une stratégie globale de nettoyage culturel », a renchéri Mme Bokova, en rappelant que les autodafés sont les signes précurseurs de la barbarie: « la protection du patrimoine est plus qu’un enjeu culturel: c’est un impératif de sécurité, inséparable de la protection des vies humaines », a-t-elle résumé.

La résolution demande aux États Membres de dresser « des inventaires du patrimoine et des biens culturels, notamment sous forme numérique », une proposition vigoureusement soutenue par le Sénégal, et de se doter de normes régissant l’exportation et l’importation de ce type de biens, y compris la « certification d’origine ». 

Il leur est également demandé d’établir des services spécialisés et de créer des bases de données destinées à recueillir des informations sur les activités criminelles liées aux biens culturels.

Le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Yury Fedotov, a expliqué que son organisation coopérait étroitement avec l’UNESCO, INTERPOL et l’Organisation mondiale des douanes (OMD) pour renforcer la réponse des pays à tous les niveaux. 

Une des formes prises par cette coopération, c’est le cofinancement, avec l’UNESCO, d’une étude globale visant à identifier les principaux itinéraires de trafic et les modus operandi, et à déterminer les défis que les pays doivent relever s’agissant de la réponse pénale. 

Le haut fonctionnaire a affirmé que le soutien de l’ONUDC trouvait son fondement dans la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, la Convention des Nations Unies contre la corruption et la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, instruments juridiquement contraignants auxquels le Japon a demandé aux États Membres ne l’ayant pas encore fait de devenir parties. 

Considérant lui aussi que la coopération était le seul moyen de mise en œuvre efficace de la résolution, M. Fabrizio Parrulli, général de brigade et commandant de la Section des carabiniers italiens pour la protection des biens culturels, a jugé essentiel de partager pratiques optimales et leçons apprises. 

La base de données des carabiniers, qui contient plus de 1,2 million d’images couvertes par des enquêtes, est à la disposition des États Membres, ainsi que des formations ouvertes aux pays tiers intéressés, a-t-il déclaré.

La Directrice générale de l’UNESCO a par ailleurs salué le Conseil de sécurité pour avoir intégré la protection du patrimoine dans le mandat des forces de maintien de la paix, « car lorsque le patrimoine est en première ligne des conflits, il doit être en première ligne de la paix ». 

Le Royaume-Uni a d’ailleurs indiqué que les forces armées britanniques avaient créé une unité spéciale chargée de sensibiliser ses propres soldats à la protection des biens culturels.

Pour la Fédération de Russie, la cité syrienne de Palmyre, « conquise, détruite, puis libérée » de Daech, est un cas emblématique d’une ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, dont « toute trace » des anciens occupants doit être méthodiquement effacée, à commencer par les mines et engins explosifs improvisés enfouis dans ses sols.

Le représentant de l’Égypte, « pays doté d’un patrimoine précieux », a affirmé s’être joint au consensus parce que la résolution a intégré certains principes, aux nombres desquels la souveraineté de chaque État dans la préservation de son propre patrimoine culturel, notamment en ce qui concerne la création de réseaux de « refuges » des biens culturels prévus par le texte.  

Il a toutefois regretté que la question de la protection du patrimoine dans les zones soumises à une occupation étrangère n’ait pu, « pour des raisons politiques », figurer dans la résolution.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Destruction et trafic de biens faisant partie du patrimoine culturel par des groupes terroristes et dans des situations de conflit armé  

Texte du projet de résolution (S/2017/242)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 1267 (1999), 1373 (2001), 1483 (2003), 1546 (2004), 2056 (2012), 2071 (2012), 2085 (2012), 2100 (2013), 2139 (2014), 2170 (2014), 2195 (2014), 2199 (2015), 2249 (2015), 2253 (2015) et 2322 (2016), et la déclaration de son président publiée sous la cote S/PRST/2012/26,

Prenant note de la résolution 38 C/48 de la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), par laquelle les États Membres ont adopté la Stratégie de renforcement de l’action de l’UNESCO en matière de protection de la culture et de promotion du pluralisme culturel en cas de conflit armé, et ont invité la Directrice générale à élaborer un plan d’action afin de mettre en œuvre cette stratégie,

Réaffirmant qu’il a la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, conformément à la Charte des Nations Unies, et réaffirmant également les buts et principes énoncés dans la Charte,

Réaffirmant que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue une des menaces les plus graves contre la paix et la sécurité internationales et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motivations, le moment et les auteurs,

Soulignant que la destruction illégale du patrimoine culturel, le pillage et la contrebande de biens culturels en cas de conflits armés, notamment par des groupes terroristes, et les tentatives de nier les racines historiques et la diversité culturelle dans ce contexte, peuvent alimenter et exacerber les conflits et font obstacle à la réconciliation nationale après les conflits, compromettant ainsi la sécurité, la stabilité, la gouvernance et le développement social, économique et culturel des États touchés,

Constatant avec une grande inquiétude l’implication d’acteurs non-étatiques, en particulier de groupes terroristes, dans la destruction du patrimoine culturel et le trafic de biens culturels et les infractions connexes, et en particulier la menace persistante que représentent pour la paix et la sécurité internationale l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), Al‑Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés, et réaffirmant sa détermination à faire front à cette menace sous tous ses aspects,

Constatant avec une grande inquiétude également que l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui lui sont associées génèrent des revenus en procédant, directement ou indirectement, à des fouilles illégales et au pillage et à la contrebande d’objets appartenant au patrimoine culturel provenant de sites archéologiques, de musées, de bibliothèques, d’archives et d’autres sites, qui sont ensuite utilisés pour financer leurs efforts de recrutement ou pour renforcer leurs capacités opérationnelles d’organiser et de perpétrer des attentats terroristes,

Notant avec une vive préoccupation la grave menace que les mines terrestres et les munitions non explosées font peser sur le patrimoine culturel,

Vivement préoccupé par les liens existant entre les activités des terroristes et des groupes criminels organisés qui, dans certains cas, facilitent les activités criminelles, notamment le trafic de biens culturels, les revenus illicites et le blanchiment d’argent, les malversations et la corruption,

Rappelant sa résolution 1373 (2001), dans laquelle il a décidé que tous les États doivent prévenir et réprimer le financement des actes de terrorisme et s’abstenir d’apporter quelque forme d’appui que ce soit, actif ou passif, aux entités ou personnes impliquées dans des actes de terrorisme, et les autres résolutions dans lesquelles est soulignée la nécessité pour les États Membres de continuer de faire preuve de vigilance concernant les transactions financières et d’améliorer, conformément à leur droit interne et au droit international, les capacités et les pratiques en matière d’échange d’informations entre et au sein des gouvernements par l’intermédiaire des autorités compétentes,

Conscient de l’importance capitale de la coopération internationale en matière de prévention du crime et de justice pénale visant à lutter contre le trafic de biens culturels et les infractions connexes de manière globale et efficace, soulignant que la création et le bon fonctionnement de systèmes de justice pénale équitables et efficaces devraient s’inscrire dans toute stratégie de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée et rappelant à cet égard les dispositions de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et les protocoles y relatifs,

Rappelant la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé en date du 14 mai 1954 et ses protocoles en dates des 14 mai 1954 et 26 mars 1999, la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels en date du 14 novembre 1970, la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel en date du 16 novembre 1972, la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles,

Notant les efforts que continue de faire le Comité sur les infractions visant les biens culturels créé par le Conseil de l’Europe concernant un cadre juridique pour lutter contre le trafic illicite de biens culturels,

Saluant les efforts engagés par les États Membres pour protéger et sauvegarder le patrimoine culturel dans les situations de conflit armé et prenant note de la déclaration publiée par les ministres de la culture qui ont participé à la conférence internationale tenue à Milan (Italie) les 31 juillet et 1er août 2015, sur le thème « La culture, instrument de dialogue entre les peuples », ainsi que de la Conférence internationale sur les victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient, tenue à Paris le 8 septembre 2015, et de la Conférence internationale sur la protection du patrimoine en péril, tenue à Abou Dhabi le 3 décembre 2016, et de la Déclaration qui en est issue,

Saluant le rôle central joué, d’une part, par l’UNESCO dans la protection du patrimoine culturel et la promotion de la culture comme instrument de rapprochement des peuples et vecteur de dialogue, notamment dans le cadre de la campagne « Unis pour le patrimoine », d’autre part, par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et INTERPOL dans la prévention et la lutte contre le trafic de biens culturels et les infractions connexes sous toutes leurs formes et tous leurs aspects, y compris en favorisant une large coopération policière et judiciaire et en sensibilisant le public à ce phénomène,

Saluant également le rôle joué par l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267, 1989 et 2253 concernant l’EIIL (Daech) et Al-Qaida, pour recenser et appeler l’attention sur les problèmes que pose le lien entre commerce illicite de biens culturels et financement du terrorisme comme indiqué dans les résolutions 2199 (2015) et 2253 (2015), et accueillant avec satisfaction les directives publiées par le Groupe d’action financière (GAFI) sur la recommandation 5 concernant la criminalisation du financement du terrorisme, conformément à ces résolutions,

Se déclarant à cet égard préoccupé par le fait que les terroristes et leurs partisans continuent d’utiliser, dans une société mondialisée, les technologies de l’information et des communications, en particulier Internet, pour faciliter des actes de terrorisme, et condamnant le fait qu’ils les utilisent pour commettre des actes de terrorisme à travers le commerce illicite de biens culturels,

Soulignant qu’il importe que toutes les entités compétentes des Nations Unies coordonnent leurs efforts tout en s’acquittant de leurs mandats respectifs,

Prenant note de la décision prise récemment par la Cour pénale internationale de condamner, pour la première fois, pour crimes de guerre un prévenu qui a délibérément commis des attaques directes contre des édifices religieux et des monuments et bâtiments historiques,

1.    Déplore et condamne la destruction illégale du patrimoine culturel, notamment la destruction de sites et d’objets religieux, ainsi que le pillage et le trafic de biens culturels provenant de sites archéologiques, de musées, de bibliothèques, d’archives et d’autres sites, en période de conflit armé, notamment par des groupes terroristes;

2.    Rappelle qu’il condamne tout échange commercial direct ou indirect avec l’EIIL, le Front el-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida, et réaffirme que ce type de transaction pourrait être considéré comme un appui financier à des entités désignées par le Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267, 1989 et 2253 concernant l’EIIL (Daech) et Al-Qaida et pourrait conduire celui-ci à inscrire de nouveaux noms sur la Liste;

3.    Condamne également les campagnes systématiques de fouilles illégales, le saccage et le pillage du patrimoine culturel, commis en particulier par l’EIIL, Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés;

4.    Affirme que le fait de lancer une attaque contre des sites et des bâtiments consacrés à la religion, à l’enseignement, à l’art, à la science ou à la bienfaisance, ou contre des monuments historiques peuvent constituer, dans certaines circonstances et en vertu du droit international, un crime de guerre et que les auteurs de ce genre d’attaque doivent être traduits en justice;

5.    Souligne que c’est aux États Membres qu’il incombe au premier chef de protéger leur patrimoine culturel et que les initiatives qu’ils prennent dans ce sens en période de conflit armé doivent être mises en œuvre dans le respect de la Charte, notamment de ses buts et principes, et du droit international, ainsi que de la souveraineté de tous les États;

6.    Invite, à cet égard, l’Organisation des Nations Unies et toutes les autres organisations compétentes à continuer de fournir aux États Membres, à leur demande et en fonction des besoins qu’ils auront identifiés, toute l’assistance nécessaire;

7.    Encourage tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à envisager de ratifier la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé du 14 mai 1954, et ses protocoles, ainsi que les autres conventions internationales pertinentes,

8.    Prie les États Membres de prendre les mesures voulues pour empêcher et combattre le commerce illicite et le trafic des biens culturels et des autres objets ayant une valeur archéologique, historique, culturelle, scientifique ou religieuse qui ont été enlevés en période de conflit armé, notamment par des groupes terroristes, en frappant par exemple d’interdiction le commerce transnational de ces objets illicites lorsque les États ont de bonnes raisons de croire qu’ils ont été enlevés en période de conflit armé, notamment par des groupes terroristes et que leur origine n’est ni clairement identifiée ni certifiée, permettant ainsi qu’ils soient restitués, en particulier les objets illégalement enlevés d’Iraq depuis le 6 août 1990 et de Syrie depuis le 15 mars 2011, et rappelle à cet égard que les États doivent veiller à ce que des fonds et autres avoirs financiers ou ressources économiques ne soient mis, directement ou indirectement, par leurs nationaux ou par des personnes se trouvant sur leur territoire, à la disposition de l’EIIL et des personnes, groupes, entités ou entreprises associés à l’EIIL ou à Al-Qaida, conformément aux résolutions pertinentes;

9.    Prie instamment les États Membres de prendre au niveau national, autant que de besoin et conformément aux obligations et aux engagements créés par le droit international et les instruments nationaux, des mesures législatives et opérationnelles efficaces pour empêcher et combattre le trafic de biens culturels et les infractions connexes, notamment en envisageant d’ériger en infraction grave, au sens de l’article 2 b) de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, les activités dont pourraient tirer profit les groupes criminels organisés, les terroristes ou les groupes terroristes;

10.   Encourage les États Membres à proposer des listes de l’EIIL, Al-Qaida et des personnes, groupes, entreprises et entités impliqués dans le commerce illicite des biens culturels qui seront examinées par le Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267, 1989 et 2253 concernant l’EIIL (Daech) et Al-Qaida, qui répondent aux critères de désignation énoncés dans les résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015);

11.   Prie instamment les États Membres d’élaborer, notamment, à la demande, avec l’aide de l’ONUDC, en coopération avec l’UNESCO et INTERPOL, selon qu’il conviendra, une large coopération policière et judiciaire pour empêcher et combattre, sous toutes leurs formes et tous leurs aspects, le trafic de biens culturels et les infractions connexes dont tirent ou pourraient tirer profit les groupes criminels organisés, les terroristes ou les groupes terroristes;

12.   Invite les États Membres à solliciter et à fournir une coopération concernant les enquêtes, les poursuites, la saisie, la confiscation et les procédures judiciaires, ainsi que le retour, la restitution ou le rapatriement des biens culturels qui font l’objet d’un trafic, qui ont été exportés ou importés illicitement, qui ont été volés ou pillés, qui proviennent de fouilles illicites ou qui font l’objet d’un commerce illicite, par les voies appropriées et conformément à leurs cadres juridiques internes, à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et aux Protocoles s’y rapportant, ainsi qu’aux accords bilatéraux, sous-régionaux et régionaux pertinents;

13.   Se félicite des mesures prises par l’UNESCO dans le cadre de son mandat pour protéger et préserver le patrimoine culturel en péril et des mesures visant à assurer la protection de la culture et la promotion du pluralisme culturel en cas de conflit armé, et engage les États Membres à appuyer de telles mesures;

14.   Encourage les États Membres à renforcer, le cas échéant, la coopération bilatérale, sous-régionale et régionale par des initiatives conjointes dans le domaine d’application des programmes pertinents de l’UNESCO;

15.   Prend note de la constitution du fonds d’urgence de l’UNESCO pour le patrimoine ainsi que de celle, annoncée le 3 décembre 2016 à Abou Dhabi, du fonds international pour la protection du patrimoine culturel en péril en période de conflit armé, et des autres initiatives menées dans ce cadre, et engage les États Membres à verser des contributions financières afin d’appuyer les opérations d’urgence et de prévention, la lutte contre le trafic de biens culturels, ainsi que d’entreprendre tous les efforts appropriés pour la récupération du patrimoine culturel, dans l’esprit des principes consacrés par les conventions de l’UNESCO;

16.   Engage également les États Membres à prendre des mesures préventives pour sauvegarder, en période de conflit armé, les biens culturels propres à chaque pays et les autres éléments de leur patrimoine culturel revêtant une importance nationale, y compris, s’il y a lieu, par des activités de documentation et de regroupement de leurs biens culturels dans un réseau de « refuges » sur leur territoire afin d’assurer leur protection, tout en prenant en considération les spécificités culturelles, historiques, et géographiques du patrimoine culturel devant être protégé, et prend note du projet de plan d’action de l’UNESCO, qui contient plusieurs propositions visant à faciliter ces activités;

17.   Demande aux États Membres d’envisager l’adoption des mesures ci-après, en vue de prévenir et combattre le trafic de biens culturels illicitement pris et exportés, notamment par des groupes terroristes, en période de conflit armé:

a)    Établir aux niveaux local et national des inventaires du patrimoine et des biens culturels, notamment sous forme numérique lorsque c’est possible, ou améliorer ces inventaires, et les rendre facilement accessibles aux autorités et organismes pertinents, selon qu’il conviendra;

b)    Adopter des dispositions réglementaires appropriées et efficaces, conformes aux normes internationales, régissant l’exportation et l’importation de biens culturels y compris, s’il y a lieu, la certification d’origine;

c)    Promouvoir la Nomenclature du Système harmonisé de désignation et de codification des marchandises de l’Organisation mondiale des douanes et contribuer à sa mise à jour;

d)    Établir s’il y a lieu, conformément à la législation et aux procédures nationales, des services spécialisés au sein des administrations centrale et locales, engager du personnel spécialisé dans l’administration des douanes et la police et doter ce personnel, ainsi que les représentants du ministère public, de moyens efficaces et d’une formation adéquate;

e)    Établir des procédures et, le cas échéant, créer des bases de données en vue de recueillir des informations sur les activités criminelles liées aux biens culturels, ainsi que sur les biens culturels illicitement exhumés de sites archéologiques, exportés, importés ou commercialisés, ou encore volés, faisant l’objet d’un trafic ou disparus;

f)    Utiliser la base de données d’INTERPOL sur les œuvres d’art volées, la base de données de l’UNESCO sur les législations nationales du patrimoine culturel et la plateforme ARCHEO de l’OMD ainsi que d’autres bases de données pertinentes établies au niveau national, y contribuer, et communiquer, le cas échéant, des données et informations pertinentes au portail SHERLOC de l’ONUDC en ce qui concerne les enquêtes et les poursuites relatives aux crimes considérés et leurs résultats, et à l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions en ce qui concerne les saisies de biens culturels;

g)    Encourager les musées, les associations professionnelles et les acteurs du marché des antiquités à convenir de normes concernant la certification de la provenance et le devoir de diligence différenciée et de toute disposition propre à prévenir le commerce de biens culturels volés ou illicitement mis sur le marché;

h)    Fournir aux parties prenantes et associations du secteur qui relèvent de leur juridiction les listes dont ils disposent au niveau national de sites archéologiques, musées et entrepôts de lieux d’excavation se trouvant dans les territoires contrôlés par l’EIIL ou tout autre groupe inscrit sur la liste établie par le Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267, 1989 et 2253 concernant l’EIIL (Daech) et Al-Qaida;

i)    Mettre sur pied des programmes d’enseignement, à tous les niveaux, sur la protection du patrimoine culturel et sensibiliser le public au problème du trafic illicite de biens culturels et à la question de sa prévention;

j)    Prendre des dispositions appropriées en vue d’inventorier les biens culturels et autres articles ayant une valeur archéologique, historique, culturelle, scientifique ou religieuse qui ont été enlevés, déplacés ou transférés de zones de conflit armé, et assurer la coordination avec les organismes des Nations Unies et les acteurs internationaux compétents en vue d’assurer le retour en toute sécurité de tous les articles inventoriés;

18.   Engage les États Membres ainsi que les organismes des Nations Unies compétents, conformément à leur mandat respectif, et les acteurs internationaux qui peuvent le faire, à fournir une assistance en matière de déminage des sites et objets culturels à la demande des États touchés.

19.   Affirme qu’il peut expressément charger les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, agissant à la demande expresse du Conseil de sécurité et conformément à leurs règles d’engagement, d’aider le cas échéant les autorités compétentes, à la demande de celles-ci, à protéger en collaboration avec l’UNESCO le patrimoine culturel contre la destruction, les fouilles illicites, le pillage et la contrebande en période de conflit armé, et que lesdites opérations de maintien de la paix doivent agir avec prudence lorsqu’elles interviennent à proximité de sites culturels et historiques;

20.   Demande à l’UNESCO, à l’ONUDC, à INTERPOL, à l’OMD et aux autres organisations internationales compétentes de s’employer selon qu’il conviendra et dans le cadre de leurs mandats respectifs à aider les États Membres dans les efforts qu’ils déploient pour prévenir et combattre la destruction et le pillage ainsi que le trafic de biens culturels sous toutes ses formes;

21.   Prie l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions du Comité du Conseil de sécurité faisant suite au résolutions 1267, 1989 et 2253 concernant l’EIIL (Daech) et Al-Qaida de continuer, dans le cadre de son mandat actuel, de fournir au Comité des informations pertinentes concernant le commerce illicite de biens culturels;

22.   Prie également le Secrétaire général, agissant avec l’appui de l’ONUDC, de l’UNESCO et de l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267, 1989 et 2253 concernant l’EIIL (Daech) et Al-Qaida, ainsi que d’autres organismes des Nations Unies compétents, de lui présenter avant la fin de l’année un rapport sur l’application de la présente résolution;

23.   Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations

Après avoir présenté ses sincères condoléances au Gouvernement et au peuple britanniques pour les victimes faites par le terrorisme à Londres, M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a déclaré qu’aujourd’hui, les terroristes, tout particulièrement dans les situations de conflit armé, ne détruisent pas seulement des vies, mais aussi des sites historiques et des artefacts. 

En effet, la destruction délibérée de l’héritage culturel et le trafic d’objets d’art, ou ayant une importance religieuse ou culturelle, prennent pour cible des individus et des communautés pour des raisons culturelles et religieuses.  « La protection de l’héritage, dès lors, n’est pas seulement une question culturelle; il s’agit aussi d’un impératif de sécurité et humanitaire », a résumé le haut fonctionnaire. 

Les groupes terroristes comme Daech exploitent des sites culturels pour financer leurs activités tout en renforçant leurs liens avec les réseaux de criminalité organisée, a expliqué le Secrétaire général adjoint. 

Aussi la résolution adoptée ce matin vise-t-elle à renforcer la coopération internationale pour priver les terroristes de leurs moyens de financement, mais aussi pour protéger l’héritage culturel comme symbole de la compréhension et du respect de toutes les religions, croyances et civilisations.   

« Protéger l’héritage culturel exige de nous de déployer tous les efforts possibles pour mettre en œuvre le cadre juridique international et normatif et renforcer la coopération internationale », a préconisé M. Feltman.

Cela exige également une réponse judiciaire de façon à prévenir le trafic illicite de biens culturels en désorganisant les réseaux criminels et terroristes, y compris par des actions de lutte contre la corruption et le blanchiment  d’argent, et pour traduire les auteurs en justice.   

Pour M. Feltman, enfin, il faut mettre l’accent sur la coopération dans les enquêtes et dans l’échange d’informations, et associer les partenaires des secteurs publics et privés, notamment les marchands d’art et le secteur touristique, pour promouvoir l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement et mettre fin au trafic illicite de biens culturels.

Mme IRINA BOKOVA, Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a exprimé sa « vive émotion » après l’adoption de cette « résolution historique, qui marque une prise de conscience essentielle du rôle du patrimoine pour la paix et la sécurité ».  « La force des armes ne suffit pas à vaincre l’extrémisme violent.  La recherche de la paix passe aussi par la culture, l’éducation, la prévention, la transmission du patrimoine: tel est le message de cette résolution historique, et son immense portée », a-t-elle déclaré, en concluant son intervention, faite en français.

Mme Bokova l’avait entamée en faisant référence aux pyramides d’Égypte, à l’île de Gorée au Sénégal, à la ville de Potosi en Bolivie, au Fujisan du Japon, à la place Rouge de Moscou, tous inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO.  « Le patrimoine, c’est notre identité », il « raconte l’histoire des peuples dans leur diversité » et « incarne des repères et les valeurs qui définissent notre humanité commune, qui assurent la cohésion des sociétés, et certains ont donné leur vie pour les défendre », a-t-elle dit.

Mme Bokova a cité lе poète allemand Heinrich Heine, pour qui « partout où les hommes brûlent des livres et la culture, ils finissent par brûler d’autres hommes ».  « La destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre - c’est devenu une tactique de guerre, dans une stratégie globale de nettoyage culturel », a-t-elle expliqué, ajoutant: « La protection du patrimoine est plus qu’un enjeu culturel: c’est un impératif de sécurité, inséparable de la protection des vies humaines. »

La Directrice générale a souligné que le patrimoine démontrait que le dialogue des cultures existait.  « Il raconte notre histoire passée et propose un avenir commun.  Les extrémistes violents le savent, et c’est pour cette raison qu’ils cherchent à lе détruire. »

En adoptant la résolution 2199 (2015), qui interdit le commerce des biens culturels en provenance d’Iraq et de Syrie, le Conseil de sécurité a frappé l’extrémisme violent au cœur de son financement, et confie à l’UNESCO, avec INTERPOL, la responsabilité de mener la lutte contre le trafic des antiquités.  « Cette résolution a déjà produit des résultats importants », a-t-elle dit.

Pour Mme Bokova, qui a remercié la France et l’Italie pour cette initiative, « la résolution d’aujourd’hui représente une avancée capitale, qui dessine une nouvelle vision des liens entre paix et patrimoine ». 

La Directrice générale de l’UNESCO a salué le Conseil de sécurité d’avoir intégré la protection du patrimoine dans le mandat des forces de maintien de la paix, « car lorsque le patrimoine est en première ligne des conflits, il doit être en première ligne de la paix ».  

L’UNESCO travaille avec la Cour pénale internationale (CPI) pour mettre un terme à l’impunité des crimes de guerre contre la culture, a-t-elle dit, précisant que cette coopération avait permis la condamnation du responsable de la destruction des mausolées de Tombouctou.

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a jugé que l’action était plus que jamais urgente pour remédier à la destruction et au trafic de biens culturels, générateurs de revenus pour les groupes terroristes.  L’ONUDC coopère étroitement avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), INTERPOL et l’Organisation mondiale des douanes (OMD) pour renforcer la réponse nationale, régionale et internationale, a-t-il dit, en insistant sur l’expertise technique de son Office.

M. Fedotov a affirmé que le soutien de l’ONUDC aux États Membres trouvait son fondement dans la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, la Convention des Nations Unies contre la corruption et la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  

Ces conventions, qui ont été rejointes par quasiment tous les États Membres, sont un cadre à disposition de la communauté internationale pour prévenir et punir le trafic de biens culturels et aider à leur restitution, a-t-il dit.  M. Fedotov a estimé que la bonne mise en œuvre de la Convention des Nations Unies contre la corruption était particulièrement importante, dans la mesure où le trafic s’appuie sur des fonctionnaires corrompus et des receleurs pour le passage des frontières et la vente des biens.

« Nous avons les traités, les outils, les lignes directrices et le matériel de formation mais nous devons opérationnaliser ces engagements plus efficacement, tandis que les États Membres doivent apporter davantage de ressources dans un esprit de responsabilité partagée. »  

M. Fedotov a indiqué que l’ONUDC visait à faire la lumière sur toutes les dimensions de cette activité criminelle, afin d’aider la communauté internationale à élaborer une réponse ciblée et commune.  L’Office cherche à financer, avec l’UNESCO, une étude globale visant à identifier les principales routes de trafic et les modus operandi et à déterminer les défis que les pays doivent relever s’agissant de la réponse pénale, a déclaré le Directeur exécutif.  « J’espère que nous pouvons compter sur votre soutien. »

M. FABRIZIO PARRULLI, général de brigade et commandant de la Section des carabiniers italiens pour la protection des biens culturels, a déclaré avoir enquêté sur près de 800 000 œuvres d’art et 35 000 individus, indiquant que plus d’un millier d’entre eux avaient fait l’objet d’une détention. 

Toutefois, a-t-il dit, l’assistance prêtée par INTERPOL ne suffit pas à contrer ce phénomène, en raison de la nature complexe des crimes commis.  C’est la raison pour laquelle le général de brigade a demandé une expertise unique, en notant que la seule façon de protéger le patrimoine culturel est la coopération entre États et organisations internationales et régionales.

« Nous plaidons fermement pour la coopération internationale et l’application de la loi », a-t-il dit, ajoutant que les carabiniers italiens avaient récupéré des milliers d’artefacts et ouvert des enquêtes ayant permis le rapatriement de biens culturels spoliés.  

Les carabiniers ont également aidé d’autres forces armées à retrouver des biens volés.  Pour parvenir à des résultats concluants, il est essentiel de partager pratiques optimales et leçons apprises, a-t-il insisté, ajoutant que les carabiniers disposaient d’une base de données, « notre outil le plus puissant », qui contient plus de 1,2 million d’images couvertes par des enquêtes.  

Il a également affirmé que des formations étaient ouvertes aux pays tiers intéressés, rappelant à nouveau l’importance des liens bilatéraux avec d’autres États pour protéger le patrimoine.

En outre, le général de brigade a fait valoir l’existence en Italie d’« Unis pour le patrimoine », une équipe spéciale établie au lendemain de la « terrible série de séismes » ayant secoué son pays, et chargée d’évaluer les risques et de quantifier les dégâts, de prêter une assistance pour le transport sûr de biens culturels endommagés, et d’empêcher leur trafic illicite. 

M. Parrulli a annoncé que conjointement avec l’UNESCO, « nous œuvrons au déploiement de cette équipe sous bannière de l’ONU » dans des zones de conflit.

« Nous sommes réunis ce matin au Conseil de Sécurité, au cœur de la ville-monde symbolisant la modernité, à l’ombre des tours mortes, pour reprendre le titre de l’album d’Art Spiegelman.  Mais nous sommes aussi ce matin, par l’objet de notre réunion, à l’ombre perdue des bouddhas de Вamiyân dont la puissance silencieuse a été saccagée par le souffle des explosifs.  Nous répondons à l’appel des manuscrits et mausolées de Tombouctou, des colosses de pierres, et des taureaux androcéphales. » 

Par cette introduction, Mme AUDREY AZOULAY, Ministre de la culture et de la communication de la France, dont le pays est coauteur, avec l’Italie, de la résolution, a montré que « l’acharnement délibéré contre le patrimoine de l’humanité procède d’une volonté d’anéantissement de la mémoire, de négation du passé, de spoliation de l’histoire ».  « C’est la même volonté destructrice qui vise dans leur chair des femmes, des hommes, des enfants mais aussi dans la pierre, dans l’argile, les trésors du patrimoine, les musées. »

« Nous devons à ces peuples, à ces femmes et à ces hommes le respect de leur passé; nous devons transmettre leur histoire à nos enfants et aux enfants de nos enfants car elle appartient au patrimoine commun de l’humanité.  Nous devons secourir tous ceux qui, au prix parfois de leur vie, cherchent à maintenir hors de la nuit ces trésors de l’humanité. »

Pour Mme Azoulay, l’UNESCO « joue un rôle essentiel dans la protection du patrimoine et la promotion de la diversité des cultures comme instrument de paix, comme conscience morale de l’humanité pour rappeler que la culture relie les hommes à leur histoire, à leur territoire ».  Son mandat, a-t-elle dit, « est plus que jamais pertinent dans un monde où les valeurs qu’elle incarne depuis sa création sont souvent remises en cause ».

La Ministre française a estimé que la protection du patrimoine était « un enjeu de civilisation, un enjeu éthique, qui doit nous rassembler dans la diversité de nos appartenances, car c’est bien ce que nous avons de commun qui est menacé ».  C’est également « un enjeu de sécurité, car pendant le conflit, le trafic illicite des biens culturels pillés finance les réseaux terroristes et constitue un facteur de développement des conflits armés ».  

De même, après le conflit, « le patrimoine joue encore un rôle majeur dans le rétablissement de la paix car c’est un facteur de résilience et de rassemblement pour des populations meurtries ».  « La communauté internationale doit pour toutes ces raisons se mobiliser; c’est une exigence humaniste, une cause juste et un levier essentiel de paix durable. »

Selon Mme Azoulay, le texte « est un projet complet et équilibré qui témoigne de la mobilisation pleine et entière de la communauté internationale au plus haut niveau ».  Il aborde la question de la mise en danger du patrimoine en situation de conflit armé en traitant pour la première fois de l’ensemble des menaces: la destruction, les vols, le trafic, sans limitation géographique, et que celles-ci soient le fait de groupes terroristes listés ou d’autres groupes armés.

I1 fait explicitement le lien avec le financement des groupes terroristes par le trafic de biens culturels, et renforce les dispositifs opérationnels mis en place à cet égard par les résolutions précédentes du Conseil de sécurité.  Il prend également mieux en compte la connexion entre les groupes terroristes et la criminalité organisée.

La Ministre a fait également mention de la Conférence internationale d’Abou Dhabi sur la protection du patrimoine culturel en péril que son pays et les Émirats arabes unis ont organisée en décembre 2016.  Elle a souligné que la France financerait à hauteur de 30 millions de dollars le fonds annoncé lors de cette conférence, lequel atteint déjà plus de 75 millions de dollars.  Ce fonds, a-t-elle dit, permettra de financer dès le deuxième semestre de cette année des projets en matière d’actions préventives ou d’urgence, de lutte contre le trafic illicite de biens culturels ainsi que de réhabilitation du patrimoine endommagé.

M. VINCENZO AMENDOLA, Sous-Secrétaire d’État pour les affaires étrangères et la coopération internationale de l’Italie, a indiqué que la destruction du patrimoine par des groupes terroristes était une attaque contre le passé et l’avenir des peuples.  Cela peut constituer un crime contre l’humanité, a-t-il dit.  

Il a affirmé que la protection du patrimoine était un pilier de longue date de la politique étrangère de l’Italie, qui a apporté son appui au travail de l’UNESCO.  En tant que Présidente du G7, l’Italie convoquera la première réunion des ministres de la culture du Groupe pour discuter de la sauvegarde du patrimoine en Iraq, a-t-il affirmé.

M. Amendola a appelé le Conseil à prêter davantage d’attention à la protection du patrimoine culturel, estimant qu’il s’agissait là d’un domaine où il pouvait parler d’une seule voix et faire montre d’unité.  

Le Ministre italien a salué la nature historique de la résolution adoptée ce jour, laquelle contient des mesures concrètes pour lutter contre la destruction des biens culturels et conjugue à la fois prévention et répression de ce phénomène.  « Intégrer la dimension culturelle dans la réponse aux situations de conflit est un impératif moral mais aussi politique et sécuritaire », a-t-il déclaré.  

Jugeant crucial de mettre fin à l’impunité, le Ministre a souligné, en conclusion, l’importance de la récente condamnation du responsable de la destruction des mausolées de Tombouctou prononcée par la Cour pénale internationale (CPI).

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est félicité de l’initiative prise par la France et l’Italie, considérant que la résolution adoptée aujourd’hui représentait une avancée dans la protection des biens culturels, avant d’encourager les États Membres à sa mise en œuvre. 

Affirmant que la destruction des biens culturels était comparable à un acte de terrorisme, le représentant a déclaré que cette définition intégrait aussi à ses yeux la destruction de biens culturels par les États et qu’il était nécessaire de se pencher sur les causes profondes d’un tel phénomène. 

M. Llorentty Solíz a regretté de constater qu’en dépit de la mise en place de mesures efficaces, Daech avait réussi à financer ses activités.  Selon lui, la mise en œuvre de la présente résolution ne doit pas se limiter à la protection des biens culturels, mais s’appliquer aussi à la réhabilitation de ceux qui ont été endommagés, comme à Palmyre, tandis que la résolution 69/196, a-t-il rappelé, encourage les États à mettre en œuvre les directives de justice pénale pour la prévention des « crimes culturels ».

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a indiqué que la menace contre le patrimoine religieux en raison d’un conflit armé était la plus aiguë depuis la Seconde Guerre mondiale.  Cinquante-cinq sites culturels sont aujourd’hui en péril en raison de conflits armés, la plupart se trouvant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a-t-il dit.  Le délégué a salué les efforts de l’UNESCO pour préserver le site de Palmyre et d’autres sites syriens.

Il a souligné l’importance de ratifier les conventions internationales pertinentes dans le domaine de la protection du patrimoine culturel et de verser des contributions au Fonds d’urgence de l’UNESCO.  Des unités de police spécialisées devraient être créées et la réponse pénale devrait être renforcée, a-t-il affirmé.  

En conclusion, le délégué du Kazakhstan a redit la détermination de son pays à protéger le patrimoine culturel.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a indiqué que les objets appartenant au patrimoine de son pays étaient détruits ou extraits illicitement aux fins de trafic, en particulier vers la Fédération de Russie.  Cela est la résultante de la tentative d’annexion de la Crimée et de l’intervention militaire russe dans le Donbass, a-t-il affirmé.  Jugeant que les États n’étaient pas les seuls auteurs de tels crimes, le délégué a dénoncé le véritable « génocide culturel » commis par les groupes terroristes en Syrie, en Iraq, en Libye, au Mali ou bien en Afghanistan.  Ils cherchent à réécrire l’histoire en effaçant des chapitres entiers de la mémoire collective des peuples, a-t-il déclaré.

Le délégué a souligné l’importance de certains éléments de la résolution adoptée ce jour, citant la responsabilité première des États dans la protection de leur patrimoine culturel, la création d’inventaires de biens culturels ayant été illicitement extraits de zones de conflits et la nécessité de traduire en justice les responsables de crimes.

En conclusion, M. Yelchenko a salué le récent jugement de la Cour pénale internationale (CPI) condamnant pour crimes de guerre un individu ayant mené une attaque délibérée contre le patrimoine religieux et historique d’un pays.

M. OLOF SKOOG (Suède) a dit que la « beauté de notre monde » disparaissait avec la destruction du patrimoine culturel.  La destruction des mausolées de Tombouctou ou de mosquées à Mossoul sont des actes iconoclastes et cyniques, a-t-il affirmé.  Il a rappelé que les groupes terroristes finançaient leurs activités avec les revenus générés par le trafic illicite de biens culturels, lequel pourrait constituer un crime de guerre.

Les États doivent traduire en justice les responsables, a estimé M. Skoog, en se félicitant à ce titre du récent jugement de la Cour pénale internationale (CPI).  Il a précisé que la Suède avait renforcé ses capacités de police pour lutter contre le trafic illicite de biens culturels et lancé une campagne de sensibilisation du public.

Le délégué a souligné le rôle de chef de file de l’UNESCO pour préserver le patrimoine en période de conflit armé.  Il est crucial que les actions de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), de l’UNESCO et d’INTERPOL se complètent mutuellement, a poursuivi le délégué suédois.

En conclusion, M. Skoog a estimé que la résolution de ce jour était un pas en avant et a salué l’initiative visant à créer un réseau de « refuges » pour assurer la protection des biens culturels.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) s’est opposé à la spoliation et au trafic de biens culturels, se félicitant de l’existence de l’initiative « Unis pour le patrimoine » sous le leadership de l’UNESCO et de la recommandation par le Conseil de sécurité dans sa résolution de la création d’un réseau de « refuges » pour assurer la protection des biens culturels sur les territoires des pays en conflit afin d’assurer leur protection. 

Pour le représentant de l’Uruguay, le patrimoine culturel incarne « l’identité de notre humanité commune ».

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a dit que le patrimoine culturel n’était pas moins important pour les États concernés « que la terre et l’honneur ».  L’Égypte, dotée d’un patrimoine précieux, apprécié de tous, en connaît l’importance, a-t-il poursuivi.  

Le délégué est revenu sur certains principes et restrictions contenus dans la résolution, sans lesquels l’Égypte n’aurait pas pu se joindre au consensus.  Parmi ces principes, le délégué a cité la réaffirmation du rôle premier de chaque État dans la préservation de son patrimoine culturel et le respect de la souveraineté des États.

La création d’un réseau de « refuges » pour des biens culturels ne peut se faire que par l’entremise des États concernés, a-t-il déclaré.  Il a rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures d’un État sous prétexte de protéger son patrimoine culturel, avant de souligner le refus de certains États de restituer des biens culturels appartenant à d’autres pays.

Il est essentiel de dresser une liste des biens transférés illégalement en période de conflit armé afin d’œuvrer à leur restitution, a-t-il estimé.

En conclusion, M. Aboulatta a regretté que la question de la protection du patrimoine dans les zones soumises à une occupation étrangère n’ait pas pu, « pour des raisons politiques », être incluse dans la résolution.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a regretté de constater que le trafic de biens culturels demeurait l’une des principales sources de financement de Daech.  Il a tenu à rappeler que c’est à la demande de Moscou que des amendements en lien avec cette question avaient été apportés aux normes du Groupe d’action financière (GAFI), chargé de lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. 

S’il s’est félicité de l’adoption de la résolution, le représentant a jugé important d’œuvrer à la création d’un « régime » qui permettrait de liquider toutes les sources de financement des groupes terroristes, plaidant pour un embargo sur le commerce avec Daech.  Il a appelé tous les États à communiquer toutes les données relatives aux terroristes dont ils disposent, en accordant la priorité à l’action sur le terrain.  

Ainsi, dans la cité syrienne de Palmyre, « conquise, détruite, puis libérée », la première mesure à prendre doit être d’effacer toutes les « traces » de ceux ayant fait de ce site historique un lieu de destructions et de souffrances, et notamment les mines qui infestent ses sols. 

Pour faire cause commune, a souligné la délégation russe, des investissements financiers seront nécessaires.  Si elle s’est félicitée du rôle important joué par l’UNESCO, elle a toutefois souligné la nécessité d’éviter les doublons, faisant allusion à l’annonce de la création d’un fonds additionnel qui viendrait s’ajouter à ceux déjà existants. 

Réagissant enfin à l’intervention de l’Ukraine, le représentant russe a dit que celui-ci se servait de la question à l’ordre du jour pour mener une propagande contre son pays.

M. LIU JIEYI (Chine) a invité la communauté internationale à accroître son appui aux États concernés pour interrompre les voies de trafic illicite de biens culturels.  Les pays doivent mettre en place des mécanismes d’alerte précoce pour préserver les biens culturels en période de conflit armé, a-t-il dit.  

Le délégué de la Chine a tenu à réaffirmer le « caractère national » des biens culturels, avant d’inviter les États à lutter, dans le cadre de la résolution adoptée ce jour, en priorité contre les groupes terroristes qui constituent la principale menace pour le patrimoine culturel.

En conclusion, le représentant chinois a demandé un renforcement de la coopération internationale dans ce domaine et exhorté l’UNESCO et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à renforcer leurs liens.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a déclaré que la politique américaine contre la destruction de biens culturels était « parfaitement claire »: « nous la condamnons vigoureusement ».  La coopération intergouvernementale est absolument indispensable, a-t-elle dit, avant de préciser qu’elle avait permis de localiser Abu Sayyaf, qui a participé au trafic de biens culturels au nom de Daech.  

À chaque fois que cela est possible, a insisté la représentante, les États-Unis souhaitent voir de nouveaux canaux de coopération être mis en place pour assurer la « préservation des biens culturels pour les générations futures ».

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a dénoncé les attaques délibérées des groupes terroristes perpétrées contre le patrimoine culturel.  La résolution adoptée aujourd’hui a une véritable valeur ajoutée, en venant compléter les instruments juridiques existants, a-t-il dit.  Il a indiqué que la protection du patrimoine culturel en temps de conflit armé était une obligation en vertu du droit international.  Le Conseil ne peut pas rester indifférent face aux attaques des groupes terroristes contre un patrimoine qui « symbolise notre commune humanité », a-t-il affirmé.

Il a exhorté les États à poursuivre en justice les entités et individus responsables de trafic illicite de biens culturels, avant de rappeler que son pays s’était joint à l’initiative visant à soumettre la question de la préservation des biens culturels devant le Conseil des droits de l’homme.

Le Conseil de sécurité pourrait donner mandat aux missions de maintien de la paix de protéger le patrimoine religieux des attaques terroristes, sur le modèle du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a-t-il proposé.

En conclusion, le délégué a rappelé que huit sites appartenant au patrimoine mondial de l’humanité se trouvaient en Éthiopie.

M. HIROSHI MINAMI (Japon) a estimé que la résolution qui venait d’être adoptée marquait « un pas en avant important ».  Il a vivement encouragé à l’universalisation des conventions et cadres juridiques internationaux pertinents, en demandant aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait d’y adhérer. 

Se félicitant des activités de l’UNESCO, le Japon a annoncé qu’il s’apprêtait à faire une contribution d’un montant de 6,8 millions de dollars à son fonds pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel de valeur universelle exceptionnelle, dénommé « Fonds du patrimoine mondial ». 

Le représentant a souligné l’importance de l’archivage des données relatives aux biens culturels, qui faciliterait l’ouverture de poursuites pénales.  Il a également plaidé pour le partage des meilleures pratiques entre organisations internationales pertinentes.  « Voler ou détruire des biens culturels, c’est nous priver de notre passé », a-t-il ajouté en conclusion.

« L’humanité a été heurtée par les destructions de biens culturels par des groupes terroristes, en Syrie, au Mali, en Afghanistan ou bien encore en Iraq », a affirmé M. FODÉ SECK (Sénégal).  Il a rappelé que son pays avait contribué au lancement de la Déclaration de Saint-Pétersbourg de 2012 condamnant la destruction des mausolées au Mali.  Il faut dresser un inventaire des biens culturels illégalement soustraits des zones de conflit pour assurer leur traçabilité et in fine leur restitution, a-t-il indiqué, en souhaitant l’association des entités onusiennes, ainsi que des collectionneurs privés, à cet effort.

M. Seck a souligné la portée historique du jugement de la Cour pénale internationale (CPI) en date du 27 septembre 2016 considérant la destruction de patrimoine comme étant un crime de guerre et infligeant une peine de neuf années d’emprisonnement au responsable de la destruction de mausolées à Tombouctou.  Il s’agit là d’un bon précédent judiciaire international, a-t-il estimé.

Le délégué a invité l’ONU à apporter aux États qui en font la demande un appui à la mise en œuvre d’un réseau national de protection du patrimoine, avant d’appuyer le lancement d’un fonds mondial pour ladite protection en complément des fonds de l’UNESCO.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) s’est félicité de l’adoption unanime de cette résolution, rappelant que la destruction de sites culturels et religieux était un sujet qui intéresse tous les États Membres.  Ce texte, qui « franchit un pas dans la bonne direction », doit maintenant être mis en œuvre, a souligné le représentant, qui a annoncé que le Gouvernement britannique verserait 13 millions de dollars au Fonds du patrimoine mondial pour promouvoir divers projets, dont la rénovation du musée de Bassora.  

Rappelant ensuite que ce sont les hommes et femmes en uniforme qui se trouvent en première ligne pour protéger les biens culturels, M. Wilson a déclaré que l’armée britannique avait créé une unité spéciale chargée de sensibiliser ses soldats à cette question. 

Le délégué a en conclusion estimé que la condamnation, à neuf ans de prison, par la Cour pénale internationale (CPI), d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi, un djihadiste qui a détruit en 2012 des mausolées classés au patrimoine mondial de l’humanité à Tombouctou, devait « servir d’avertissement » à tous ceux qui se livrent à la déprédation et au trafic de biens culturels dans le monde.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan du Sud: le Conseil de sécurité exprime sa « profonde inquiétude » face au non-respect de l’Accord de paix et à la famine qui affecte le pays

7906e séance – après-midi
CS/12761

Soudan du Sud: le Conseil de sécurité exprime sa « profonde inquiétude » face au non-respect de l’Accord de paix et à la famine qui affecte le pays

Le Conseil de sécurité a exprimé, cet après-midi, sa « profonde inquiétude » face à la situation politique et humanitaire qui règne au Soudan du Sud, notamment l’« incapacité des parties » à respecter pleinement leurs engagements en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de paix et la famine qui touche plusieurs régions du pays. 

La famine affecte 100 000 personnes et menace un million d’autres, a affirmé le Secrétaire général, M. António Guterres, qui présentait son rapport* devant le Conseil de sécurité.  De plus, quelque 5,5 millions de Sud-Soudanais risquent d’être touchés par l’insécurité alimentaire d’ici à l’été, tandis que 7,5 millions de personnes, soit près des deux tiers de la population, ont besoin d’une aide humanitaire. 

Le Conseil de sécurité, dans une déclaration lue par son président, le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, M. Boris Johnson, demande, entre autres, le respect immédiat du cessez-le-feu permanent par toutes les parties au conflit et tous les autres groupes armés, ainsi que la levée urgente des obstacles que rencontrent les agents humanitaires dans l’acheminement de l’aide humanitaire dans tout le Soudan du Sud et en particulier dans les zones touchées par la famine.

Il appuie en outre sans réserve toutes les parties aux efforts que déploient l’ONU, l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour assurer la mise en œuvre de l’Accord et le caractère inclusif du dialogue national.

Devant les délégations du Conseil, dont quatre étaient également représentées au niveau ministériel, le Secrétaire général s’est dit inquiet de voir que le processus de paix demeurait au point mort. 

M. Guterres a jugé peu convaincantes les déclarations du Président Salva Kiir sur son intention d’organiser un dialogue national, notamment en l’absence de consultation avec les principales parties prenantes, de la limitation systématique des libertés politiques de base et des restrictions de l’accès humanitaire.

Le Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation, M. Festus Mogae, a, de son côté, fait part de sa préoccupation face à une situation qui est, selon lui, en train de devenir hors de contrôle.  Il a invité la communauté internationale à condamner la violence, les tueries et les abus des droits de l’homme dans le pays. 

Témoignant de ces abus, la Coordonnatrice du Forum mensuel des femmes sur le processus de paix, une organisation non gouvernementale, Mme Betty Sunday, a expliqué que si l’Accord de paix était appliqué, les femmes pourraient vivre leur vie sans crainte, leurs enfants pourraient aller à l’école et elles pourraient s’occuper de leurs jardins.   

Dans ce contexte de désespoir ambiant, « il faut dire au Gouvernement ce que nous attendons de lui et décider que le Conseil de sécurité envisagera d’autres mesures, y compris un embargo sur les armes et des sanctions ciblées », a averti M. Johnson.  Un avis soutenu par la délégation de la France, qui a estimé que la mise en place d’un tel embargo pourrait contribuer à une baisse du niveau de la violence tout en favorisant la recherche d’une solution politique.  

La déléguée des États-Unis a, pour sa part, fait observer que la famine qui frappait le pays n’était pas le résultat de la sécheresse, mais plutôt de l’égoïsme des dirigeants du pays. 

En revanche, le représentant de la Fédération de Russie a répété son opposition à de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité, plaidant pour des mesures ciblées pour désarmer la population.  

Dans son rapport, le Secrétaire général écrit que « pour sortir le pays de l’abysse et de la famine », il faut centrer les énergies sur trois objectifs immédiats: réaliser la cessation immédiate des hostilités, restaurer le processus de paix et garantir un accès humanitaire illimité, y compris la liberté de mouvement de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et d’une future force de protection régionale.

La présence d’une telle force a été invoquée par plusieurs orateurs, notamment dans un contexte sécuritaire marqué par des signes précurseurs de génocide. 

Le représentant du Soudan du Sud a, lui, rejeté ces allégations, faisant valoir que le conflit dans le pays était purement politique et s’expliquait par le fait que des groupes armés voulaient s’emparer du pouvoir par la force.  Mettre en avant des préoccupations ethniques ne vise qu’à justifier des sanctions contre les autorités du pays, a-t-il argué.

Il faut aider activement le Soudan du Sud à remédier à la famine, a lancé le représentant de la Chine, en écho à l’appel du Secrétaire général, tandis que son homologue du Japon a déclaré qu’en plus des 22 millions de dollars que son pays avait annoncés en janvier dernier, une somme additionnelle de six millions serait débloquée. 

Nombre de délégués ont invité les autorités à supprimer tous les obstacles qui empêchent l’aide d’atteindre les populations dans le besoin.  Le délégué du Soudan du Sud a promis des améliorations, comme celle de la création récente d’un guichet unique pour éliminer les obstacles bureaucratiques. 

Concernant les crimes atroces commis en toute impunité, le Secrétaire général de même que de nombreuses délégations ont appelé à la création d’un tribunal mixte pour le Soudan du Sud et d’un mécanisme pour la poursuite des auteurs d’atrocités et d’abus des droits de l’homme. 

* S/2017/224

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur le Soudan du Sud (période du 16 décembre 2016 au 1er mars 2017) (S/2017/224)

Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité exprime sa profonde inquiétude face à la situation qui règne au Soudan du Sud.  Il souligne une fois encore qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit, et condamne de nouveau la poursuite des combats dans tout le pays.  Il appelle de nouveau toutes les parties à respecter immédiatement le cessez-le-feu permanent, comme prévu dans l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (« l’Accord »), et leur rappelle que la mise en œuvre d’un cessez-le-feu est essentielle au succès de tout processus politique inclusif véritable.

Le Conseil est profondément alarmé par le fait que certaines régions du Soudan du Sud ont été déclarées en situation de famine, que de nombreux Sud-Soudanais souffrent d’insécurité alimentaire grave, et constate avec la plus grande préoccupation que les activités menées par toutes les parties au conflit perpétuent la crise humanitaire.  À cet égard, il condamne toutes activités de nature à mettre en péril le cessez-le-feu, toutes restrictions et attaques contre le personnel humanitaire et les locaux qu’ils occupent, ainsi que contre la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) pour ce qui est de l’acheminement de l’aide humanitaire, en particulier vers les zones touchées par la famine, et demande la cessation immédiate de telles activités et un accès immédiat et sans entrave de l’aide humanitaire à tous ceux qui en ont besoin.  Il demande en outre à toutes les parties de prendre les mesures voulues pour protéger les locaux et le personnel des Nations Unies et des missions étrangères, ainsi que d’autres civils au Soudan du Sud.  Il rend hommage aux pays de la région qui continuent de recevoir et d’accueillir des réfugiés.

Le Conseil condamne les exactions et violations des droits de l’homme et, le cas échéant, du droit international humanitaire qui lui ont été signalées, et exprime sa profonde inquiétude face aux nombreuses informations faisant état de violences sexuelles et sexistes, ainsi que du recrutement et de l’utilisation d’enfants en violation du droit international au Soudan du Sud.  Il souligne qu’il faut veiller d’urgence à ce que les auteurs de toutes exactions et violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire répondent de leurs actes.  Il demande l’application rapide du chapitre V de l’Accord, et compte sur toutes les parties concernées qui y sont mentionnées pour prendre toutes les mesures voulues en vue de la création du tribunal mixte pour le Soudan du Sud.  Il souligne en outre que la Commission vérité, réconciliation et apaisement a un rôle primordial à jouer dans la consolidation de la paix au Soudan du Sud, comme indiqué dans l’Accord.

Le Conseil se dit convaincu que la solution du conflit doit être politique, et réaffirme son appui aux efforts menés aux niveaux régional et international pour parvenir à une telle solution et faire progresser la mise en œuvre de l’Accord.  Il appuie la déclaration commune faite à la presse le 29 janvier 2017 par l’Union africaine (UA), l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Organisation des Nations Unies, qui rend hommage à l’action du Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation, Festus Mogae, et encourage le Haut-Représentant de l’UA pour le Soudan du Sud, Alpha Oumar Konaré, à entreprendre une navette diplomatique active en vue d’assurer la mise en œuvre de l’Accord et le caractère inclusif du dialogue national en consultation étroite avec le Président de la Commission mixte, l’IGAD et l’ONU.  Il demande à toutes les parties de coopérer pleinement avec les Présidents Konaré et Mogae et l’Organisation des Nations Unies dans les efforts qu’ils déploient pour faire progresser la paix en Soudan du Sud.

Le Conseil note que, le 14 décembre 2016, le Président Kiir a annoncé le lancement d’un dialogue national.  Il note que l’application d’un cessez-le-feu immédiat par toutes les parties est essentielle à tout dialogue national crédible et rappelle les déclarations des Présidents Mogae et Konaré, selon lesquelles tout processus politique inclusif doit également être authentique, autonome, impartial et conduit par un facilitateur crédible accepté par le peuple sud-soudanais, et il doit venir en appoint à l’Accord.  Le Conseil convient que, pour améliorer et maintenir la sécurité dans le pays, un processus politique inclusif s’impose.  Il souligne que tout processus politique inclusif devrait associer des représentants de toutes les principales parties au conflit, assurer la participation pleine et effective des femmes, ainsi que des représentants de divers groupes d’intérêt et parties prenantes.

Le Conseil exprime sa profonde préoccupation devant l’incapacité des parties de respecter pleinement les engagements auxquels elles ont souscrit de mettre en œuvre l’Accord, et, à cet égard, il demande que les mesures suivantes soient prises:

1.    Respect immédiat du cessez-le-feu permanent par toutes les forces des parties au conflit et tous les autres groupes armés;

2.    Levée urgente des obstacles que rencontrent les agents humanitaires dans l’acheminement de l’aide humanitaire dans tout le Soudan du Sud et en particulier dans les zones touchées par la famine, notamment dans le cadre des réunions du Comité de haut niveau chargé de superviser les activités humanitaires et application urgente de ses décisions;

3.    Appui sans réserve de toutes les parties aux efforts que déploient l’ONU, l’UA et l’IGAD pour assurer la mise en œuvre de l’Accord et le caractère inclusif du dialogue national, conformément à la déclaration du 29 janvier 2017;

4.    Levée immédiate des obstacles aux opérations de la MINUSS et du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité, notamment des obstacles au déploiement de la force de protection régionale, cessation immédiate des attaques contre les personnels de la MINUSS et du Mécanisme;

5.    Cessation immédiate de tous les actes d’obstruction et d’agression perpétrés contre les agents humanitaires nationaux et internationaux qui s’emploient de toutes leurs forces à apporter une aide nécessaire pour la survie aux populations de tout le Soudan du Sud, ainsi que des attaques contre leurs installations.

Le Conseil a l’intention d’examiner la suite qui aura été donnée aux mesures susvisées le 30 avril 2017 au plus tard.

Le Conseil de sécurité se dit préoccupé que le Gouvernement du Soudan du Sud n’ait pas respecté tous les engagements qu’il a pris de mettre en œuvre les dispositions du communiqué conjoint du 4 septembre 2016, et il l’invite de nouveau à le tenir informé de l’application dudit communiqué.

Le Conseil de sécurité rappelle avec insistance que les activités qui font peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité du Soudan du Sud peuvent faire l’objet de sanctions en application des résolutions 2206 (2015) et 2290 (2016).  Le Conseil réaffirme son appui indéfectible au peuple du Soudan du Sud.

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a commencé par présenter ses sincères condoléances au peuple et au Gouvernement britanniques après l’attentat terroriste perpétré hier à Londres.

Le conflit au Soudan du Sud continue de générer de grandes souffrances, a déclaré le Secrétaire général.

L’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et l’opposition mènent des opérations militaires dans plusieurs zones, avec des conséquences dévastatrices pour les civils, qui sont confrontés à une violence apparemment sans fin et forcés de fuir leur foyer, a-t-il expliqué.

La situation est particulièrement alarmante dans la région du Haut-Nil, tandis que l’Équatoria occidental reste le théâtre d’opérations entre l’APLS et des groupes rebelles.

Les civils font l’objet d’attaques épouvantables, comme des viols et le recrutement d’enfants.  Sur 1,9 million de personnes déplacées, plus de 220 000 se sont réfugiées dans les sites de protection de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a poursuivi le Secrétaire général.  Environ 1,6 million de personnes ont cherché refuge dans les pays voisins.

« La crise humanitaire s’aggrave », a insisté M. Guterres.  La famine affecte 100 000 personnes et menace un million de personnes.  Quelque 5,5 millions de personnes risquent d’être gravement touchées par l’insécurité alimentaire d’ici à cet été.  En outre, 7,5 millions de personnes à travers le pays, soit près des deux tiers de la population, ont besoin d’une aide humanitaire.

« Malgré le cri d’alarme lancé par les Nations Unies et la communauté internationale, le Gouvernement n’a pas encore exprimé de préoccupation véritable ni pris de mesures réelles pour faire face à la situation difficile de son peuple », a déploré le Secrétaire général.

Le processus de paix reste au point mort, a-t-il poursuivi.  Il a jugé que les déclarations du Président Salva Kiir sur son intention d’organiser un dialogue national n’étaient « pas convaincantes » dans le contexte des hostilités continues, de l’absence de consultation avec les principales parties prenantes, de la limitation systématique des libertés politiques de base et des restrictions de l’accès humanitaire.

M. Guterres a indiqué que le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, était rentré hier d’une visite au Soudan du Sud.  M. Ladsous a rencontré le Président, le Vice-Président et les membres du Cabinet, et souligné l’importance d’un processus politique inclusif pour assurer le bien-être de la population.

« Il ne peut y avoir de dialogue crédible sous la menace d’un revolver », a résumé le Secrétaire général.

L’ONU travaille avec l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour relancer le processus politique et résoudre les différends intercommunautaires de longue date au Soudan du Sud et dans la sous-région, a-t-il assuré.

La MINUSS et l’équipe de pays des Nations Unies appuient les dialogues intercommunaux et les conférences de paix locales, a précisé M. Guterres.  « Nous continuons aussi d’œuvrer pour le déploiement d’une force de protection régionale, malgré les obstacles continus imposés par le Gouvernement du Soudan du Sud », a-t-il ajouté.

Toutefois, a-t-il averti, aucune force, aucun effort diplomatique, ne peuvent remplacer le manque de volonté politique de la part de ceux qui gouvernent le pays.  Il est largement admis que les dirigeants sud-soudanais doivent faire plus pour montrer leur engagement vis-à-vis du bien-être de la population, qui compte parmi les plus pauvres du monde.

Recommandant davantage de pression, le Secrétaire général a souhaité que le Conseil de sécurité parle « d’une seule voix ».  « Ne sous-estimons pas les dangers de la trajectoire du Soudan du Sud », a-t-il lancé.  Évoquant les crimes atroces commis avec impunité, il a demandé des mécanismes de responsabilisation crédibles.

Le Secrétaire général a conclu que « pour sortir le pays de l’abysse et de la famine », il fallait centrer les énergies sur trois objectifs immédiats: réaliser la cessation immédiate des hostilités, restaurer le processus de paix et garantir un accès humanitaire illimité, y compris la liberté de mouvement de la MINUSS et d’une future force de protection régionale.  

M. FESTUS MOGAE, Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation, a indiqué que le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS), le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition), ainsi que d’autres nouveaux groupes armés étaient engagés dans la destruction des vies et des communautés, en violation totale du cessez-le-feu. 

Il s’est alarmé du fait que la situation fût en train de devenir hors de contrôle, invitant la communauté internationale à condamner, maintenant, et dans les termes les plus forts, la violence, les tueries, les abus des droits de l’homme et la destruction des habitations. 

Comment faire cesser les hostilités, a demandé le Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation, qui a relevé que la situation de famine actuelle était le résultat direct de la violence armée perpétrée par les parties signataires de l’Accord de paix.  Il a expliqué que l’insécurité et la violence armée étaient le résultat direct de la réalité du caractère non inclusif du processus de paix. 

Il a donc estimé que ce n’est que lorsque toutes les communautés du Soudan du Sud verront que leurs intérêts et leurs préoccupations sont pris en compte que la paix pourra revenir dans le pays, et que les gens reprendront une vie normale.

Il ne peut y avoir de solution politique au Soudan du Sud, a martelé M. Mogae en ajoutant qu’un régime politique ou militaire ne saurait être imposé à l’une ou à l’autre des parties.  Par conséquent, pour parvenir à une paix durable, les dirigeants du pays se doivent d’écouter, de s’accommoder et d’être ouverts au compromis. 

En attendant, il a souhaité que la communauté internationale mette en place toutes les mesures pratiques possibles afin d’alléger les souffrances de millions de gens, notamment les femmes qui ont vécu les pires injustices. 

Il a en outre noté que depuis la scission du M/APLS dans l’opposition en juillet 2016, deux factions ont vu le jour, l’une loyale à M. Riek Machar, qui se bat toujours et a été exclue de toutes les institutions de l’Accord de paix, et l’autre fidèle au général Taban Deng Gai, qui coopère avec le Gouvernement. 

Le Président de la Commission a déclaré avoir discuté avec le Président du Soudan du Sud, M. Salva Kiir, à qui il a dit que le dialogue national devait être authentique, autonome et impartial afin d’être crédible.  Il a également réaffirmé son soutien à l’Accord de paix, seul cadre viable pouvant mener au retour de la paix au Soudan du Sud. 

Précisément, il a noté que la mise en œuvre de l’Accord restait modeste.  Il a par exemple relevé qu’hormis l’établissement du Comité technique pour le processus national consultatif d’établissement de la Commission vérité, réconciliation et guérison, aucun autre mécanisme prévu par le chapitre V de l’Accord de paix n’avait été mis en place.  Ce qui est aussi le cas du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud, que la Commission de l’Union africaine est censée mettre sur pied.

Le Président de la Commission a en outre demandé le déploiement immédiat de la force de protection régionale, ainsi que l’inclusion de toutes les parties au processus de paix.  Il a invité le Gouvernement provisoire d’union nationale à mener un dialogue nationale inclusif et impartial. 

M. Mogae a enfin appelé à l’amélioration des conditions de fourniture de l’aide humanitaire et à l’établissement du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud et d’un mécanisme pour la poursuite des auteurs d’atrocités et d’abus des droits de l’homme. 

Mme BETTY SUNDAY, Coordonnatrice du Forum mensuel des femmes sur le processus de paix, représentante de la société civile, a expliqué que son organisation, fondée en 2014, comprenait des femmes de tous les horizons de la société sud-soudanaise qui plaident pour leur inclusion dans le processus de paix. 

Les menaces sécuritaires auxquelles les femmes font face sont extrêmes, a-t-elle expliqué en évoquant des viols persistants et d’autres violences.  « Nous ne pouvons pas nous déplacer librement pour aller chercher de l’eau ou de la nourriture », a-t-elle déploré.

Si l’Accord de paix était appliqué, les femmes pourraient vivre leur vie sans crainte; leurs enfants pourraient aller à l’école et elles pourraient s’occuper de leurs jardins.  « On ne peut pas laisser mourir le processus de paix », a insisté Mme Sunday. 

Toutes les parties au Soudan du Sud et la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, doivent faire preuve de volonté politique.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité et le Gouvernement à coopérer pour trouver une solution durable à la crise politique dans son pays.  En particulier, elle leur a demandé de mettre l’accent sur la question de la violence sexuelle et sexiste.

Préoccupée par la situation humanitaire, Mme Sunday a encore prié le Conseil de fournir une aide humanitaire d’urgence à ceux qui sont dans le besoin et le Gouvernement de tout faire pour permettre l’accès de cette aide et la protection des travailleurs humanitaires.

Enfin, elle a souhaité que le nouveau mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) lui permette d’appuyer le Gouvernement dans la protection des droits de l’homme, l’état de droit et la professionnalisation des services de police.

« Alors que nous sommes réunis ici en toute sécurité, des villages au Soudan du Sud sont vandalisés et pillés, et des milliers de femmes et d’enfants sont contraints de quitter leur foyer », a rappelé M. BORIS JOHNSON, Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni.  « La souffrance au Soudan du Sud ne cesse de s’accroître. »

La première famine dans le monde depuis six ans a été déclarée, a poursuivi M. Johnson.  Or la nature et la géographie ne peuvent pas expliquer cette famine; seule la folie de l’être humain peut être accusée, a-t-il souligné. 

D’après lui, aucun membre du Conseil de sécurité ne peut échapper à une réponse face à cette situation.  Le Conseil doit redoubler d’efforts et faire montre d’unité quant à la marche à suivre.  Il faut redynamiser l’Accord de paix de 2015 pour entamer la réconciliation et la guérison.

Toutefois, il ne saurait y avoir de vrai dialogue tant que les combats se poursuivent au Soudan du Sud, a déclaré le Ministre.  Le Président Salva Kiir est tenu de prendre les premières mesures et les autres parties doivent lui emboîter le pas, de manière impartiale et de façon à ce que tous les Sud-Soudanais soient représentés.

M. Johnson a salué tous ceux, dont le Secrétaire général de l’ONU, qui sont déterminés à aller de l’avant.  En tant que Conseil de sécurité, a-t-il insisté, nous devons leur montrer notre soutien.  En revanche, ceux qui sont coupables d’atrocités devront être traduits en justice, a-t-il ajouté. 

Soulignant qu’il fallait autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire dans tout le pays, notamment dans l’État de l’Unité, il a lancé à l’intention du Gouvernement: « refuser de la nourriture à des personnes qui meurent de faim est inacceptable »!

Il faut dire au Gouvernement ce que nous attendons de lui et décider que le Conseil de sécurité envisagera d’autres mesures, y compris un embargo sur les armes et des sanctions ciblées, si les efforts n’aboutissent pas, a averti M. Johnson.  

Le Royaume-Uni, a-t-il rappelé, est l’un des garants de l’Accord de paix de 2015 et le deuxième donateur bilatéral au Soudan du Sud.  Les Casques bleus britanniques aideront la MINUSS à s’acquitter de ses tâches, dont la protection des civils, a-t-il assuré.

Le Ministre a ajouté qu’il fallait prendre des mesures collectives pour aider les pays de la région qui accueillent plus d’un million de réfugiés.  « Nous sommes tenus d’agir, nous ne pouvons pas sortir de cette salle en pensant que le travail est fait », a-t-il conclu.  Il a recommandé d’exercer des pressions à tous les niveaux sur les dirigeants du Soudan du Sud et sur l’opposition.

M. SAMEH SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a dit que la crise sud-soudanaise pourrait avoir des répercussions sur les pays de la région si elle n’était pas endiguée de manière durable.  Il a appelé à la mise en œuvre véritable de l’Accord de paix qui contient tous les ingrédients pour une paix durable. 

M. Shoukhry a estimé que l’appel au dialogue national du Président Salva Kiir pouvait être capitalisé, invitant ainsi la communauté internationale à apporter un soutien politique à cette initiative.  Il a indiqué que l’Égypte était prête à assurer la facilitation de ce dialogue national. 

Le Ministre a aussi plaidé pour mettre un terme aux souffrances des civils en éliminant les obstacles à l’aide humanitaire.  Il a enfin appelé à un règlement global du conflit au Soudan du Sud, mettant en garde contre les risques de l’effondrement de l’État sud-soudanais, lequel conduirait à l’essor de groupes terroristes dans la région.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que le plus urgent, c’était de mettre fin aux combats et de protéger la population.  La responsabilité première à cet égard impute au Gouvernement et aux parties au conflit, la communauté internationale devant, par l’entremise de l’ONU, de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), travailler en étroite coopération pour trouver une solution politique au conflit. 

L’Accord sur le règlement du conflit d’août 2015 doit rester la pierre angulaire de nos efforts, et sa mise en œuvre doit s’accompagner d’un processus politique inclusif, a poursuivi la Ministre.  Dans ce contexte, a relevé Mme Wallström, la proposition de lancer un dialogue national pourrait offrir une possibilité d’avancer.

Toutefois, la légitimité et l’efficacité de ce dialogue pourront être garanties seulement si des représentants de tous les belligérants et des autres parties prenantes de la société sud-soudanaise peuvent y prendre part. 

« Ces dernières années, la Suède, en coopération avec ONU-Femmes, a travaillé avec le Caucus des femmes parlementaires du Soudan du Sud », a indiqué la Ministre, en soulignant l’importance de représenter les femmes de la société civile et de formuler de nouvelles idées à l’appui du processus de paix. 

La chef de la diplomatie suédoise en estimé en conclusion que le projet de cour hybride pour le Soudan du Sud constituerait un instrument de premier plan pour lutter contre l’impunité.

Mme HIRUT ZEMENE, Ministre d’État des affaires étrangères de l’Éthiopie, s’est dite extrêmement préoccupée par les combats qui se poursuivraient entre le Gouvernement et les forces de l’opposition dans plusieurs zones du pays.  Elle a appelé à une revitalisation du processus de paix et estimé que l’initiative sur le dialogue national du Président Salva Kiir pouvait faciliter la concrétisation de cet objectif.  La poursuite de l’engagement de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de l’Union africaine et des Nations Unies pour une paix durable au Soudan du Sud est d’une impérieuse nécessité, a affirmé la Ministre.

Elle a exhorté le Conseil à appuyer ces efforts et à envoyer un message fort et uni à toutes les parties sud-soudanaises.  « Si l’unité prévaut au sein de ce Conseil, nous pensons que les progrès vers la paix ne sont pas impossibles. »

Mme Zemene a noté les progrès, certes lents, enregistrés dans le déploiement de la force de protection régionale, avant d’appeler le Gouvernement à le faciliter.  L’IGAD a réaffirmé son soutien à une telle force, a poursuivi la Ministre.  Elle a précisé que les préparatifs étaient en bonne voie pour le déploiement d’un contingent éthiopien en son sein.

« Nous espérons que les parties sud-soudanaises se montreront à la hauteur des enjeux et œuvreront à la restauration de la paix par le biais du dialogue et de la réconciliation », a conclu Mme Zemene.

« Le temps presse », a dit M. VINCENZO AMENDOLA, Secrétaire général adjoint aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l’Italie, en appuyant le plan d’action du Secrétaire général.  Préoccupé par la situation sécuritaire, politique et humanitaire au Soudan du Sud, et par les violations des droits de l’homme, il a estimé que le Conseil de sécurité devait mener une stratégie conforme à la déclaration présidentielle publiée aujourd’hui. 

Pour un dialogue crédible et efficace au Soudan du Sud, a averti le Ministre, il faut remplir deux conditions préalables: un cessez-le-feu et un processus inclusif.  Pour mettre un terme au conflit et remédier à la crise humanitaire, il est bon de renforcer l’engagement du Conseil avec l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). 

Demandant des garanties de sécurité sur le terrain, il a appelé les parties à coopérer de manière constructive avec l’ONU et à s’abstenir de faire obstacle à ses activités.

L’Accord de paix doit être appliqué, a répété M. Amendola, notamment en ce qui concerne le tribunal hybride pour le processus de réconciliation.  L’Italie continue de fournir un appui humanitaire à la population affectée par cette crise qui, a-t-il rappelé, est avant tout provoquée par l’homme.  Il est temps d’agir de façon conjointe, a-t-il conclu.     

M. YERLIK ALI (Kazakhstan) a souligné l’importance de renforcer les capacités du Gouvernement du Soudan du Sud à relever les défis politiques, économiques et humanitaires.  Le représentant a ensuite mis en exergue l’importance du travail de la Commission mixte de suivi et d’évaluation dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Pour que le travail de la Commission soit plus efficace, toutes les parties du Soudan du Sud devraient mettre en œuvre leurs engagements.

« Nous devons chercher tous les moyens possibles pour soutenir la diplomatie de la navette du Haut-Représentant de l’Union africaine dans la promotion du dialogue et de la mise en œuvre de l’Accord », a ajouté M. Ali.  L’objectif de mettre fin au conflit par des moyens politiques et la médiation sera renforcé par une étroite collaboration entre l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), les Nations Unies et d’autres partenaires.

La famine grave dans certaines régions du Soudan du Sud exige l’attention urgente de la communauté internationale pour atténuer les souffrances humaines.  Les effets de la famine peuvent être sensiblement atténués si le Gouvernement du Soudan du Sud coopère positivement avec l’ONU et les acteurs humanitaires en facilitant l’accès aux zones de conflit et en fournissant la libre circulation à la MINUSS. 

« Nous sommes également préoccupés par le recrutement et l’utilisation d’enfants en violation du droit international et par la violence sexuelle et sexiste, qui ont tous deux atteint des proportions alarmantes », a dit le représentant. 

Les recommandations de la Commission d’enquête de l’Union africaine de mettre en place des mécanismes de justice transitionnelle, y compris un tribunal mixte devraient être rapidement mises en œuvre avec l’assistance technique du Secrétariat de l’ONU. 

Le mandat de la MINUSS a été entravé depuis plusieurs mois en raison de l’imposition de nouvelles conditions d’immigration et cette procédure doit être réglée.  De même, le déploiement rapide de la force de protection régionale est essentiel pour renforcer la sécurité globale dans le pays. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a accusé les dirigeants sud-soudanais d’avoir placé leurs intérêts au-dessus de ceux du peuple.  Elle a rappelé que des sanctions ciblées avaient été envisagées par le Conseil de sécurité, mais que certains de ses membres s’y étaient malheureusement opposés, estimant qu’une telle mesure serait contre-productive. 

La famine qui frappe le pays n’est pas le résultat de la sécheresse, a-t-elle argué, affirmant qu’elle résultait plutôt de l’égoïsme des dirigeants du pays.  Elle a même parlé de la tactique gouvernementale tendant à affamer le peuple, assurant aussi que ce n’est pas la première fois que les forces gouvernementales utilisent la technique de la terre brûlée pour détruire les biens des populations. 

La représentante a invité les parties en conflit à cesser les hostilités et à s’engager dans un dialogue franc.  Elle a aussi plaidé pour un processus politique inclusif, précisant que le dialogue devait venir en complément à la mise en œuvre de l’Accord de paix, lequel stipule, entre autres, un partage du pouvoir.

Elle a par ailleurs émis le vœu de voir les efforts diplomatiques du Haut-Représentant de l’Union africaine pour le Soudan du Sud, M. Alpha Omar Konaré, et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) couronnés de succès.  Elle a déploré les retards pris dans le déploiement de la force de protection régionale. 

Elle a indiqué qu’un embargo sur les armes et des sanctions ciblées pourraient permettre de faire baisser le niveau de la violence, notamment en ciblant ceux qui entravent l’action humanitaire et ciblent les civils. 

Elle a enfin plaidé pour l’établissement rapide du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a indiqué que la priorité devait être l’arrêt des hostilités et l’accès aux populations vulnérables.  Cet arrêt des hostilités doit s’accompagner de la cessation immédiate des entraves apportées à la MINUSS et aux acteurs humanitaires, a-t-il dit.  Il a invité le Conseil à se tenir prêt à adopter des sanctions contre les responsables d’atteintes à l’encontre des Casques bleus et des acteurs humanitaires.  

S’agissant de l’Accord de paix d’août 2015, « feuille de route à la fois globale et détaillée », il a souhaité que le Conseil rappelle ses attentes concernant la mise en œuvre des mesures prévues par cet Accord de paix, en particulier dans le domaine sécuritaire.  Tout dialogue national serait vain s’il affaiblissait la mise en œuvre de l’Accord de paix et s’il n’était pas pleinement inclusif, a déclaré M. Delattre.

Il a estimé que la mise en place d’un embargo sur les armes, en contribuant à une baisse du niveau de la violence, favoriserait la recherche d’une solution politique.

Enfin, face aux insuffisances actuelles de la lutte contre l’impunité au Soudan du Sud, le représentant de la France a rappelé aux auteurs de crimes qu’ils devront rendre des comptes.  « Nous pouvons participer à la prévention de tels crimes en envisageant la mise sous sanctions des individus qui les commettent ou les ordonnent », a conclu M. Delattre.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), encouragé par le leadership du Secrétaire général, a jugé indispensable l’unité du Conseil de sécurité à l’appui d’une solution politique, « la seule possible » pour résoudre le conflit dramatique au Soudan du Sud.  À son tour, il a appuyé les trois objectifs prioritaires suivants: cessation des hostilités, reprise du processus de paix et accès humanitaire sans entraves.  Il s’est référé à la déclaration de presse conjointe de l’ONU, de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en appui au dialogue national faite en janvier dernier. 

Le représentant a appelé au respect de l’accord de cessez-le-feu entre les parties, la situation sécuritaire affectant tout particulièrement les femmes et les enfants.  Il s’est dit préoccupé par la situation des droits de l’homme, la violence sexuelle et le recrutement des enfants.  Il a également souhaité que l’Union africaine mette en place un tribunal mixte impartial pour le Soudan du Sud et considéré que la force de protection régionale pourrait contribuer à freiner l’insécurité.

Face à la famine localisée dans plusieurs parties du pays et à l’insécurité alimentaire, la communauté internationale doit prendre des mesures immédiates conjointes, a insisté le représentant.  Les Sud-Soudanais ont un rôle à jouer dans la résolution du conflit, a-t-il rappelé, en demandant le respect des principes de la Chatre des Nations Unies. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie), préoccupé par la situation humanitaire catastrophique dans le pays, s’est félicité de la déclaration présidentielle.  Il a noté « l’aide apportée par Khartoum » au Soudan du Sud.  Dans certaines régions, a-t-il fait valoir, la faim n’est pas provoquée uniquement par des conditions sécuritaires, mais aussi « par des conditions météorologiques négatives, par des problèmes de commandement et de contrôle et par la faible discipline dans les rangs des forces gouvernementales et de l’opposition ».

Le représentant a salué la tenue d’un dialogue national que la Russie appuie activement.  Il a escompté que l’amnistie que prévoit ce dialogue permettra de réaliser des progrès dans le processus politique.  Certes il faut respecter un régime de cessez-le-feu, a-t-il dit, mais « il n’est pas juste de faire incomber toutes les violences au gouvernement provisoire ».

D’après lui, l’augmentation des tensions ethniques est provoquée par des groupes criminels.  « On ne peut pas parler d’une politique systématique et délibérée des autorités », a-t-il ajouté.

Le représentant a répété son opposition à de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité.  Selon lui, il ne faut pas un embargo sur les armes mais des mesures ciblées pour désarmer la population.  

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a déclaré que pratiquement toutes les peurs concernant le Soudan du Sud se sont concrétisées, estimant que le pays était au bord du chaos.  « Des millions de personnes sont déplacées, l’économie est en lambeaux, la faim et la pauvreté sont omniprésentes », a constaté le représentant, en dénonçant la solution militaire dans laquelle se sont engagées les parties au conflit.

« Rien que dans le comté de Leer, dans l’État de l’Unité, l’un des épicentres de la famine, plus de 100 000 personnes sont menacées de famine.  Les villages ont été désertés.  Des hommes armés des deux camps incendient les produits de la récolte et chassent les agriculteurs de chez eux.  Les gens se cachent dans les marais.  Ils mangent des racines de nénuphars et occasionnellement les poissons qu’ils parviennent à attraper.  Pas d’écoles.  Pas de services de santé.  Rien d’autre que la peur de perdre la seule chose qu’il leur reste –leur vie. »

Pour mettre fin aux combats, le délégué a estimé qu’il fallait imposer un embargo sur les armes et des sanctions ciblées.  Ce n’est pas la panacée, a-t-il dit, mais de telles mesures contribueront à réduire la capacité des parties à continuer d’alimenter le conflit. 

Si elle a salué l’initiative du Gouvernement sud-soudanais de lancer un dialogue national visant à promouvoir la réconciliation et l’« harmonie intercommunautaire » entre tous les composantes de la société, l’Ukraine a cependant souligné la nécessité de mettre d’abord fin aux hostilités.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a appelé à agir dans l’urgence afin d’empêcher que les populations déjà exposées aux maladies ne succombassent en masse à la faim.  Seule une solution politique, a-t-il argué, permettra de remédier de façon durable à cette situation humanitaire catastrophique.  Il a de ce fait invité les différentes parties au conflit à reprendre le dialogue et à mettre en œuvre l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud. 

Il a aussi estimé que le processus de dialogue national, lancé en décembre dernier par le Président Salva Kiir, s’il s’avère inclusif, libre et transparent, pourrait aider à créer les conditions d’un retour de la paix dans le pays. 

Le délégué a en outre déploré et condamné les incursions armées et les menaces contre le personnel humanitaire et la MINUSS, ainsi que les violations de l’accord sur le statut des forces. 

Il a enfin appelé à la création du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud, afin de juger les auteurs des crimes et autres exactions sur les populations civiles, et a encouragé les autorités sud-soudanaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour le déploiement immédiat de la force de protection régionale.

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré qu’en plus des 22 millions de dollars que son pays avait annoncés en janvier dernier en faveur du Soudan du Sud, une somme additionnelle de six millions serait débloquée pour répondre à l’appel lancé par le Secrétaire général de l’ONU pour faire face à la famine dans le pays. 

Il a averti que pour que cette aide soit efficace, il faudrait qu’elle atteigne ceux qui sont dans le besoin.  Il a de ce fait déploré les nombreuses entraves à l’action humanitaire au Soudan du Sud, appelant le Président Salva Kiir à prendre des mesures pour y remédier.  

Le représentant a par ailleurs souhaité que le dialogue national, annoncé par le Président, soit véritablement inclusif et transparent.  Il a aussi annoncé que le Japon envisageait de fournir un appui aux initiatives de paix venant de la base par le biais du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). 

Il a enfin appelé à des progrès dans le déploiement de la force de protection régionale au Soudan du Sud.

La situation au Soudan du Sud est pire que jamais, a reconnu M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) en évoquant la crise politique, sécuritaire, humanitaire et économique que traverse le pays.  Il a condamné les affrontements continus et a répété qu’il ne pouvait pas y avoir de solution militaire au conflit.  Il faut par conséquent avancer vers une solution politique, à travers un dialogue véritable, transparent et inclusif, dont l’objectif principal doit être la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix d’août 2015.

S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a jugé « inacceptable » l’obstruction du travail de la MINUSS et exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à collaborer pleinement à la mise en œuvre de la résolution 2327 (2016), y compris le déploiement de la force de protection régionale.  

Se référant à la déclaration présidentielle adoptée en début de séance, il a appelé les membres du Conseil à rester attentifs et à appliquer les mesures envisagées.

Jugeant la situation au Soudan du Sud « compliquée », M. WU HAITO (Chine) a relevé que le Président avait présenté une initiative visant à promouvoir un dialogue national.

Il a espéré que la communauté internationale fournirait à ce pays une assistance dans quatre domaines: promouvoir un règlement politique et la participation de tous au dialogue; renforcer le rôle des organisations régionales, car l’ONU doit utiliser les avantages particuliers de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD); renforcer les capacités de la MINUSS afin qu’elle applique son mandat, notamment en ce qui concerne l’application de l’Accord de paix, la protection des civils et l’accès humanitaire; aider activement le Soudan du Sud à remédier à la famine, en encourageant toutes les parties à agir dans l’intérêt de la population et à faciliter l’acheminement de l’aide, et en renforçant les capacités du Gouvernement pour le développement socioéconomique.

Le représentant a expliqué que le Gouvernement chinois avait participé activement au processus de paix au Soudan du Sud.

M. JOSEPH MOUM MAJAK NGOR MALOK (Soudan du Sud) a dit que son gouvernement n’était pas informé de quelque réserve que ce soit dans la mise en œuvre du chapitre V de l’Accord de paix, hormis sur les questions concernant le manque de fonds.  Il a assuré que les autorités de son pays s’étaient engagées à mettre en œuvre l’Accord, comme le démontre les nombreuses institutions créées conformément aux dispositions du texte. 

Le Gouvernement provisoire d’union nationale a également mis en place un plan de réconciliation nationale et invite toutes les parties prenantes à rejoindre cet élan.  Il a précisé que la mise en œuvre de l’Accord devrait s’appuyer sur des structures et non sur des individus. 

Il a en outre dit que le Gouvernement avait accepté le déploiement de la force de protection régionale sans aucune condition préalable, ayant même offert un terrain pour son installation.  Il a aussi créé un guichet unique pour éliminer les obstacles bureaucratiques liés aux activités humanitaires.  

Il a estimé qu’ayant toujours collaboré avec l’ONU et les instances régionales, le Soudan du Sud ne s’attendait pas à de tels rapports pour le moins négatifs le concernant.  Il a rejeté les insinuations de génocide, faisant valoir que le conflit dans le pays était purement politique et s’expliquait par le fait que des groupes armés voulaient s’emparer du pouvoir par la force.  Mettre en avant des préoccupations ethniques ne vise qu’à justifier des sanctions contre les autorités du pays, a-t-il argué. 

Il a ensuite déclaré que son gouvernement rejetait catégoriquement les informations faisant état du ciblage des civils par les forces gouvernementales, ou encore l’utilisation du viol comme tactique de guerre.

Le représentant a lancé un appel à l’ONU et à la communauté internationale afin qu’elles soutiennent les efforts du Gouvernement visant à mettre en œuvre l’Accord.  Le Gouvernement est prêt à prendre sa part, mais la question est de savoir comment gérer les groupes armés.  Le représentant a ainsi évoqué de nouveaux groupes armés rebelles qui n’avaient pas d’affiliation politique et dont l’action ne visait que la déstabilisation du Gouvernement. 

Il a aussi promis que son gouvernement n’épargnerait aucun effort pour faire face à la famine qui sévit dans le pays.  Les sanctions ciblées ne feront qu’aggraver la situation dans le pays, a-t-il expliqué.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Appels au Conseil de sécurité pour lutter contre la famine et préserver l’espoir en Somalie

7905e séance – matin
CS/12760

Appels au Conseil de sécurité pour lutter contre la famine et préserver l’espoir en Somalie

Le Président nouvellement élu de la Somalie, M. Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo », et le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Michael Keating, ont salué, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le bon déroulement du récent processus électoral, avant d’aussitôt insister sur la nécessité de remédier à la crise humanitaire liée à la sécheresse qui submerge le pays, « avec un risque imminent de famine ».  « La Somalie vit un moment d’espoir et de tragédie », a résumé M. Keating.

Lors de cette séance, présidée par le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, M. Boris Johnson, les États membres du Conseil ont aussi, en adoptant à l’unanimité la résolution 2346 (2017), renouvelé jusqu’au 16 juin 2017 le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM).  

Dans leurs interventions, les membres du Conseil ont également condamné l’attaque terroriste perpétrée hier à Londres, rendant hommage aux victimes.

« La joie née de l’élection de M. Farmajo a transcendé les appartenances claniques et régionales », s’est félicité, au début de son exposé, M. Keating, qui est également Chef de la MANUSOM, saluant la transition du pouvoir qui a eu lieu sans heurts et l’avènement d’un Parlement « divers, rajeuni et féminisé ».  Les Chabab, qui restent une menace, n’ont pas réussi à faire dérailler ces élections, a-t-il dit.  

M. Farmajo a, pour sa part, noté que près de 50% de femmes siégeaient désormais au Parlement, alors qu’elles n’étaient que 14% en 2012.

Tous deux ont ensuite souligné l’acuité de la crise humanitaire dans le pays, près de six millions de Somaliens, soit la moitié de la population, ayant, selon M. Keating, besoin d’une assistance humanitaire.

Environ 15% de la population fait face à la famine, a précisé le Président somalien.  M. Keating a rappelé que le plan pour la prévention de la famine de 825 millions de dollars était financé à seulement 32%, tandis que M. Farmajo a exhorté la communauté internationale à faire montre de « générosité ».

Un appel entendu par les délégations, en particulier par M. Johnson, qui a insisté sur l’engagement du Royaume-Uni pour éviter une troisième famine en quelques années.  

Le délégué du Japon a indiqué que son pays allait ajouter 26 millions de dollars à son aide à la Somalie, répondant, ce faisant, à l’appel du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui s’est récemment rendu en Somalie. 

La Ministre d’État des affaires étrangères de l’Éthiopie, Mme Hirut Zemene, a, elle, précisé que l’Éthiopie facilitait l’accès à des couloirs humanitaires vers la Somalie.

M. Johnson a en outre plaidé pour la création d’un « pacte sécuritaire » lors de la Conférence sur la Somalie qui doit se tenir à Londres, en mai prochain, et au cours de laquelle, a annoncé M. Farmajo, la stratégie de développement de la Somalie pour les années à venir sera présentée.  

Se faisant l’écho des mots de M. Johnson, M. Keating a demandé la signature d’un accord sur l’architecture de sécurité entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés et la création de forces de sécurité somaliennes professionnelles, ce qui permettrait l’apport d’un « appui international plus cohérent ».

À l’instar du représentant de la France, M. Keating a rappelé que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), présente depuis 2007, et qui est en première ligne dans la lutte contre les Chabab, ne resterait pas indéfiniment.  « Un retrait précipité de la Mission serait néanmoins un désastre. »

Le Représentant spécial a exhorté le Conseil à trouver les fonds permettant le maintien de la Mission et un niveau de sécurité suffisant d’ici à la tenue des élections de 2020.  Même son de cloche du côté du Chef de l’AMISOM, M. Francisco Caetano Jose Madeira, qui a plaidé « pour des sources de financement plus prévisibles ».

La Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, a, elle, rappelé que le retrait de l’AMISOM devait correspondre au renforcement des forces de sécurité somaliennes et souhaité une « approche globale de la sécurité, telle qu’adoptée par la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie ».

L’AMISOM est en particulier chargée de réduire la menace posée par les Chabab, tandis que la MANUSOM, dont le mandat a été renouvelé aujourd’hui, apporte son appui au processus de paix et de réconciliation mené par le Gouvernement somalien.

Le Secrétaire permanent du Ministère des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur du Sénégal, M. Mame Baba Cissé, a souligné l’importance de la pleine coopération des États de la région pour apporter une « réponse coordonnée et durable » au défi des Chabab et des groupes terroristes. 

Enfin, le Président de la Somalie a demandé la levée de l’embargo sur les armes qui frappe son pays.  « La pratique d’une levée partielle de l’embargo sur les armes a fait ses preuves », a estimé, à ce propos, le représentant de la Fédération de Russie.

LA SITUATION EN SOMALIE

Texte du projet de résolution (S/2017/226)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures et les déclarations de son président concernant la situation en Somalie, en particulier la résolution 2275 (2016),

Notant que, du fait des retards intervenus dans le processus électoral, l’examen de la présence de l’Organisation des Nations Unies en Somalie demandé au paragraphe 6 de la résolution 2275 (2016) a été reporté à l’issue des opérations électorales,

Attendant avec intérêt de prendre connaissance du rapport portant sur cet examen, conscient du fait qu’il importe de disposer de suffisamment de temps pour en examiner les conclusions et, à cet égard, conscient également de la nécessité de proroger pour une courte période le mandat de la Mission d'assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM),

1.    Décide de proroger jusqu’au 16 juin 2017 le mandat de la MANUSOM, tel qu’il est défini au paragraphe 1 de sa résolution 2158 (2014);

2.    Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations

M. MICHAEL KEATING, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a indiqué que la Somalie vivait un moment à la fois de tragédie et d’espoir.  « Tragédie, parce qu’une crise humanitaire découlant de la sécheresse est en train de submerger le pays, avec un risque imminent de famine.  Espoir, parce que le récent processus électoral a créé un élan pour un engagement politique renouvelé parmi les Somaliens. »

M. Keating a précisé que près de six millions de Somaliens, soit la moitié de la population, avaient besoin d’une assistance humanitaire.  Près de trois millions de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont besoin d’un appui vital, a-t-il continué, rappelant que le Président Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo » utilisait toutes les plateformes à sa disposition pour mobiliser un soutien national et international.

M. Keating a également indiqué qu’une épidémie de choléra touchait désormais 11 des 18 régions en Somalie.  Le plan opérationnel pour la prévention de la famine doit récolter 825 millions de dollars pour bénéficier à 5,5 millions de personnes d’ici à juin, a dit le Représentant spécial, précisant que seulement 32% de ce plan était financé.

« Si les élections parlementaires et présidentielle récentes n’avaient pas abouti à des résultats considérés comme légitimes, les efforts de lutte contre la sécheresse auraient été beaucoup plus difficiles. »

Insistant sur l’espoir suscité par le processus politique, M. Keating a noté que le Parlement était divers, rajeuni et féminisé et que les Chabab n’avaient pas réussi à faire dérailler les élections.  L’élection présidentielle s’est déroulée dans la transparence et la transition du pouvoir a eu lieu sans heurts, a-t-il dit, relevant que la joie née de l’élection de M. Farmajo avait transcendé les appartenances claniques et régionales.

Quant au processus visant à parvenir au système « un vote, une personne » en 2020, permettant notamment aux femmes de participer sur un pied d’égalité avec les hommes, il doit débuter immédiatement, a-t-il assuré.

Le Représentant spécial a souligné la nécessité pour la Somalie de moins dépendre de l’aide extérieure et de miser davantage sur ses propres ressources, sous peine de compromettre l’édification de l’État et de rester vulnérable aux chocs climatiques.  

Le Président et le Premier Ministre se sont engagés à améliorer la gouvernance et la transparence et à lutter contre la corruption, a-t-il noté.  M. Keating a affirmé que l’un des défis les plus urgents était l’éradication du fléau du terrorisme, jugeant que seule une approche multisectorielle, basée sur une stratégie politique mise en œuvre par le Gouvernement somalien, permettrait de vaincre les Chabab.

L’appui aux opérations de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), la réforme du secteur de la sécurité somalien, la résolution des conflits locaux et l’extension de l’autorité de l’État permettront de priver les Chabab d’oxygène, a-t-il estimé.

Rappelant le vœu des Somaliens d’assumer leur propre sécurité, M. Keating a affirmé que les forces somaliennes étaient fragmentées, sous-financées et peu responsables.  Un accord sur l’architecture de sécurité entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés serait une première étape essentielle vers la création de forces de sécurité bénéficiant de la confiance des Somaliens, a-t-il dit.

Le Représentant spécial a précisé qu’un tel accord permettrait en outre l’apport d’un « appui international plus cohérent », avant de rappeler que l’AMISOM et les troupes des pays contributeurs ne resteront pas indéfiniment dans le pays.  

Un retrait précipité de la Mission serait néanmoins un désastre, a-t-il dit, en exhortant le Conseil à trouver les fonds permettant le maintien de la Mission et un retrait obéissant à certaines conditions.  L’objectif est d’assurer un niveau de sécurité suffisant d’ici à la tenue des élections de 2020, a-t-il dit.  M. Keating a précisé que les résultats de l’examen conjoint ONU-Union africaine de l’AMISOM ne seraient pas prêts d’ici au 15 avril.

Le Représentant spécial a estimé que beaucoup restait encore à faire pour remédier à la situation « consternante » dans le domaine des droits de l’homme, marquée notamment par des attaques contre des journalistes et une augmentation de la violence sexuelle.

« J’espère que le remarquable consensus au sein de ce Conseil s’agissant de la situation en Somalie sera utilisé, non seulement pour remédier à la crise humanitaire immédiate, mais pour appuyer les dirigeants somaliens dans leurs efforts visant à remédier aux causes profondes », a conclu M. Keating.

M. FRANCISCO CAETANO JOSE MADEIRA, Représentant spécial du Secrétaire général de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a rappelé que mars marquait le dixième anniversaire de l’arrivée des premiers soldats de l’AMISOM en Somalie, « 10 ans d’efforts constants pour restaurer la paix et la sécurité dans ce pays et dans la Corne de l’Afrique », a-t-il dit. 

Se désolant de la situation humanitaire catastrophique en Somalie, avec 6,2 millions de personnes « au bord de la famine », M. Madeira a déclaré que l’AMISOM ferait tout son possible pour prêter assistance à la population civile somalienne.

Depuis 2007, les conditions de sécurité en Somalie se sont considérablement améliorées, a-t-il toutefois observé, se félicitant de constater que le Gouvernement fédéral est resté en fonctions et a continué d’améliorer ses capacités et son efficacité.  La vie économique reprend, notamment à Mogadiscio, a-t-il encore noté, prenant acte du processus de réconciliation en cours, du dialogue politique, et de la révision constitutionnelle.  

L’AMISOM joue son rôle dans les efforts conjugués visant à améliorer la réforme du secteur de la sécurité, a assuré le haut fonctionnaire.  Il a expliqué que la fourniture de services de base, la reddition des comptes, la lutte contre la corruption et l’amélioration de la gouvernance constituaient des « fondations » d’un redressement durable. 

Satisfait de voir la dynamique enclenchée à l’approche de la Conférence de Londres en mai 2017, M. Madeira a toutefois souligné la nécessité de s’engager à accomplir un plan « réaliste » pour répondre aux défis immédiats, « sous peine de mettre à mal nos efforts et de rendre difficile la mise en œuvre de nos projets sur le long terme ».

Alors que le Gouvernement somalien s’efforce de consolider les gains contre les Chabab, il faut lui donner les moyens de rétablir l’état de droit dans l’ensemble du pays et de lutter contre ce groupe terroriste, a préconisé le Représentant spécial. 

« Aujourd’hui, empêcher ce groupe implique de construire des casernes pour les soldats somaliens, qui doivent en outre recevoir une formation adéquate et dépendre d’une chaîne de commandement claire et efficace. »

Dans ce contexte, des sources de financement plus prévisibles pour l’AMISOM sont nécessaires, pour lui donner les moyens de faire une différence avant 2018, notamment grâce aux contributions mises en recouvrement, a plaidé le Représentant spécial.

M. MOHAMED ABDULLAHI MOHAMED « FARMAJO », Président de la Somalie, s’exprimant par visioconférence depuis Nairobi, a souligné les progrès tangibles récemment accomplis par son pays, avant de rappeler la gravité de la sécheresse frappant la Somalie.  « Nous ne pouvons pas céder au pessimisme », a-t-il dit.  Il a fait part de sa conviction selon laquelle les progrès socioéconomiques et la bonne gouvernance devaient aller de pair pour assurer le développement durable.

Le Président a insisté sur le bon déroulement du processus politique en Somalie, marqué notamment par l’acceptation des résultats de l’élection présidentielle par l’ancien Président.  Près de 50% de femmes siègent au Parlement, alors qu’elles n’étaient que 14% en 2012, a-t-il noté.  L’une des priorités les plus urgentes est de répondre à la crise alimentaire, 15% de la population faisant face à la famine, a-t-il poursuivi.

Le Président a indiqué que les Somaliens, « peuple fier », auraient été les derniers à demander de l’aide s’ils avaient pu subvenir à leurs besoins.  Il a rappelé qu’il avait déclaré la sécheresse comme catastrophe nationale et qu’un ministère chargé spécifiquement de la lutte contre les catastrophes avait été créé. 

Il a demandé à la communauté internationale de faire montre de « générosité » pour faire face à cette situation.  Il faudrait aider la région en son entier et renforcer la résilience des communautés concernées, a-t-il déclaré, avant d’exhorter les pays voisins à partager leurs expériences dans le domaine de la lutte contre la sécheresse.  

Le Président somalien a expliqué que les Chabab entravaient la réponse apportée à la sécheresse, avant de se dire déterminé à les vaincre.  Les Chabab sont aujourd’hui très affaiblis, a-t-il déclaré.  

Reconnaissant pour les efforts consentis par l’AMISOM, le Président a souligné la nécessité d’établir des forces de sécurité somaliennes robustes.  « Nous allons atteindre cet objectif avec votre soutien », a-t-il assuré.  Il a fait part de la détermination de son gouvernement à œuvrer à un renforcement qualitatif et quantitatif des forces somaliennes, dans un contexte de réduction de l’AMISOM.  Il a en outre demandé la levée de l’embargo sur les armes frappant la Somalie.

Le Président a ensuite présenté les grands axes de sa stratégie de développement, laquelle sera présentée en mai lors de la Conférence de Londres.  Parmi ces axes, il a cité des investissements dans les infrastructures vitales et le secteur des télécommunications et une normalisation des relations avec les institutions financières internationales.  « Nous travaillons à une constitution qui unisse tous les Somaliens », a-t-il dit.

Enfin, le Président a indiqué que la « guérison sociale » et la tenue d’élections selon le principe « un vote, une personne » figuraient parmi ses priorités.

M. BORIS JOHNSON, Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, a déclaré que « nous nous retrouvons au moment où la Somalie affronte sa troisième famine en quelques années », la dernière remontant à 2011.  Aujourd’hui, plus de six millions de personnes ont besoin d’aide dans un contexte où une telle crise humanitaire pourrait entraîner des revers pour le Gouvernement somalien. 

M. Johnson a toutefois estimé qu’il était encore possible d’éviter la catastrophe, en fournissant une aide humanitaire aux personnes dans le besoin, comme le Royaume-Uni s’est tout récemment engagé à le faire.  « Nous devons aussi travailler ensemble pour nous mettre d’accord pour sceller un “pacte sécuritaire” » lors de la prochaine Conférence de Londres, qui se tiendra en mai, a-t-il dit. 

En outre, le chef de la diplomatie britannique a souligné la nécessité de se mettre d’accord sur la forme que devait prendre la « transition », et notamment le transfert des responsabilités sur le plan sécuritaire à l’Armée nationale somalienne.

M. Johnson a saisi l’occasion de remercier les partenaires de l’AMISOM pour leurs efforts et leurs sacrifices, demandant aux États Membres de faire preuve d’« ouverture d’esprit » en matière de financement, pour veiller à ce que les progrès obtenus dans le domaine sécuritaire ne soient pas dilapidés. 

Selon le Ministre, les autorités somaliennes auront également besoin de se mettre d’accord sur le « partage des pouvoirs et des ressources ».  Il a dit par ailleurs attendre d’ici quatre ans la mise en place du système électoral « un vote, une personne », avant de se féliciter de l’accent mis par le Président Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo » sur la reprise économique et sur l’importance de tenir compte du chômage des jeunes. 

Pour y parvenir, son gouvernement devra respecter les engagements qu’il a pris vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI) et améliorer le cadre économique.  C’est la raison pour laquelle le Gouvernement britannique organisera en mai une nouvelle conférence à Londres pour revitaliser le partenariat international avec la Somalie, a-t-il annoncé.

Encouragée par les récentes élections en Somalie, Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a salué la représentation accrue des jeunes et des femmes au Parlement.  Elle s’est aussi félicitée que le nouveau cabinet soit composé à 23% de femmes.  Selon elle, la priorité doit être maintenant donnée aux accords entre le Gouvernement central et les États fédéraux, pour renforcer la gouvernance locale et l’accès de tous les Somaliens aux services sociaux de base.  

Les préparatifs pour les élections de 2020 doivent commencer le plus tôt possible, a poursuivi la Ministre.  Une feuille de route claire pour « un vote, une personne » doit être élaborée en tenant compte des enseignements tirés du dernier processus électoral.  

L’amélioration de la situation sécuritaire en Somalie représente une autre priorité.  À cet égard, elle a jugé indispensable de fournir à l’AMISOM tout l’appui dont elle a besoin, y compris un financement prévisible et durable. 

Quant au retrait de l’AMISOM, il doit correspondre au renforcement des forces de sécurité somaliennes.  Mme Wallström a souhaité « un leadership fort de l’ONU en Somalie », ainsi qu’une approche globale de la sécurité, telle qu’adoptée par la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM).  

Elle a espéré que la Conférence de haut niveau de Londres, en mai prochain, permettra d’identifier une voie claire pour une réforme durable du secteur sécuritaire.

Préoccupée par la sécheresse en Somalie et dans la région, la Ministre a assuré que son pays était déterminé à tout faire pour éviter une répétition de la famine catastrophique de 2011.

Mme HIRUT ZEMENE, Ministre d’État des affaires étrangères de l’Éthiopie, a déclaré qu’il était urgent d’agir vite afin d’éviter une catastrophe humanitaire en Somalie, notamment du fait de la sécheresse grave qui touche le pays et toute la région.  Elle a relevé que l’Éthiopie facilitait l’accès à des couloirs humanitaires vers la Somalie.

Elle a affirmé qu’il n’y avait pas meilleure indication des progrès en Somalie que la dernière élection présidentielle.  Elle a souligné qu’en dépit des défis sécuritaires auxquels le pays fait face, il ne faudrait pas que cela occulte les progrès accomplis. 

Malgré les récentes attaques perpétrées à Mogadiscio et d’autres zones du pays par les Chabab, il ne faut pas oublier, a-t-elle rappelé, que ce mouvement apparaît affaibli et ne contrôle plus de vastes parties du territoire somalien. 

Elle a, dans ce contexte, salué la détermination du Président Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo » à vaincre les Chabab, ajoutant qu’avec un soutien adéquat de la communauté internationale, l’élimination totale de la milice n’était plus une éventualité lointaine.  Elle a de ce fait invité la communauté internationale à assurer un soutien prévisible et adéquat à l’AMISOM afin qu’elle puisse finir le travail entamé et tracer la voie vers son retrait progressif.  Elle a précisé que la solution durable dans ce contexte serait de renforcer les capacités de l’Armée nationale somalienne.

Mme Zemene a également dit qu’il y a désormais une lueur d’espoir pour l’avenir de la Somalie, et qu’il était temps de renforcer le soutien à la reconstruction et aux efforts de développement postconflit.  Elle a ainsi souhaité que les promesses faites aux Conférences de Bruxelles et d’Istanbul sur la Somalie soient tenues. 

Elle a aussi promis de prendre part à la Conférence de Londres de mai prochain, tout en annonçant qu’un Sommet spécial de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) aura lieu à Nairobi samedi prochain afin de trouver des solutions durables à la situation des réfugiés somaliens.

M. VADYM PRYSTAIKO, Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, s’est déclaré encouragé par les progrès significatifs engrangés sur les plans sécuritaire et politique par la Somalie depuis 2012, en particulier dans le champ électoral, marqué par le scrutin « le plus pacifique et inclusif » qu’ait connu ce pays depuis des décennies. 

Toutefois, ce pays de la Corne de l’Afrique continue de faire face à trois défis d’importance, a observé le chef de la diplomatie ukrainienne, en faisant tout d’abord état d’une crise humanitaire aiguë.  Il s’est dit encouragé par l’engagement « personnel » du Secrétaire général en faveur de la lutte contre la famine à laquelle fait face la population somalienne et afin d’éviter que ne se répète la famine de 2011.

S’agissant de la sécurité et de la lutte antiterroriste, le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères a constaté qu’en dépit des progrès, les dangers posés par le groupe des Chabab persistaient.  Aussi a-t-il encouragé le Gouvernement somalien à accélérer la réforme du secteur de la sécurité, en coopération avec l’ONU et les partenaires internationaux.  

Enfin, dans le domaine politique, mener à bien le processus de révision de la Constitution et conclure un accord autour du système administratif fédéral du pays sont des tâches prioritaires pour les autorités somaliennes, a affirmé M. Prystaiko, avant de mettre l’accent sur la lutte contre les actes de piraterie dans le golfe d’Aden, alors que, la semaine dernière, le tout premier détournement d’un cargo de marchandises depuis 2012 a été signalé.

M. MAME BABA CISSÉ, Secrétaire permanent du Ministère des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur du Sénégal, a indiqué que les Chabab restaient une menace, en occupant des parties du territoire et en perpétrant des attaques asymétriques.  Il a également insisté sur « l’implantation grandissante » de Daech dans la région.  Pour faire face à ces défis, il a jugé « urgente » une réforme substantielle du secteur somalien de la sécurité.

M. Cissé a encouragé les États Membres à prêter leur concours à l’AMISOM, en apportant l’assistance nécessaire à l’Union africaine et aux pays fournisseurs de contingents, « à travers un appui financier pour le paiement de la solde des troupes, la formation, l’assistance technique et la fourniture de munitions ».

Il a également demandé le versement de contributions financières non liées au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM.  Il a insisté sur l’importance de la pleine coopération des États de la région pour apporter une réponse coordonnée et durable au défi des Chabab et des groupes terroristes.  « Nous lançons un appel à la solidarité internationale pour aider la Somalie à faire face à la famine. »

Enfin, M. Cissé a invité les autorités somaliennes à prêter une attention particulière à la lutte contre la corruption.

M. VINCENZO AMENDOLA, Secrétaire général adjoint aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l’Italie, a jugé primordial de prêter assistance à la Somalie dans le respect de l’appropriation nationale de ses priorités, déterminante dans son relèvement.  Selon lui, la stratégie de sortie de l’AMISOM doit être graduelle pour permettre un transfert sans heurt des responsabilités aux forces de sécurité somaliennes, M. Amendola appuyant les efforts conjoints de l’ONU et de l’AMISOM à cet égard. 

L’élection de M. Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo » montre ce qu’il a été possible de réussir ces dernières années, s’est-il félicité.  Mais il faut en faire davantage pour s’attaquer aux « causes profondes de la radicalisation » dans le pays, a-t-il insisté. 

L’Italie a par ailleurs appelé les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds à aider la Somalie en vue de lui permettre d’assurer son redressement économique, soulignant aussi la nécessité d’agir sans attendre face à la crise humanitaire. 

Le Secrétaire général adjoint a annoncé que son gouvernement comptait renforcer son aide en ce sens, avant d’évoquer le sort « terrible » de 40 réfugiés somaliens tués au large du Yémen.  « L’insécurité et les défis humanitaires sont liés », a-t-il déclaré, estimant qu’il était indispensable de prendre des mesures.

M. YERLIK ALI (Kazakhstan) a estimé que la formation d’un nouveau gouvernement en Somalie était une étape importante pour faire face aux défis qui interpellent ce pays.  Il a ajouté que des mesures d’urgence devraient être prises afin de former des institutions stables, et une coordination interministérielle devrait établir des stratégies nationales de développement. 

Il a expliqué que ces actions devraient constituer la fondation pour l’état de droit, la bonne gouvernance et la réforme du secteur de la sécurité.  À ce propos, il a souligné l’importance d’assurer le paiement régulier des salaires dans l’armée, avec l’assistance du système des Nations Unies et des organisations régionales et internationales, ainsi que des institutions financières. 

Il a dit attendre avec impatience la tenue prochaine de la Conférence de Londres sur la Somalie, une conférence qui devra préparer la feuille de route pour la future structure fédérale de sécurité afin de consolider les présents efforts.

Le délégué a par ailleurs invité la communauté internationale à soutenir la Somalie dans le cadre de la feuille de route politique visant à atteindre l’objectif « un vote, une personne » au cours des élections générales prévues en 2020.  Il a rappelé que les avancées électorales que le pays a connues sont dues aux efforts héroïques de la MANUSOM, de l’Union africaine, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’AMISOM qui combat le Mouvement des Chabab avec bravoure.  

En tant que Président du Comité des sanctions portant sur la Somalie et l’Érythrée, le Kazakhstan est déterminé à promouvoir la paix et la sécurité dans la Corne de l’Afrique, a déclaré son représentant.  Il a aussi souligné l’importance d’assurer des ressources suffisantes pour la mise en œuvre du premier plan national de développement de la Somalie. 

Il a enfin parlé de la situation humanitaire en Somalie, avertissant que l’incapacité à apporter l’assistance requise au pays allait saper la poursuite des initiatives clefs portant sur le renforcement de l’État et la consolidation de la paix. 

Il a en outre souhaité que les actions de lutte antiterroriste en Somalie tiennent compte des droits et des besoins spécifiques et la protection de tous les segments de la population touchés par le conflit armé.

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que la Somalie était entrée dans une phase cruciale de son histoire et a salué les actions entreprises jusqu’à présent par le Président somalien.  La Somalie a encore un long chemin à parcourir pour parvenir à la paix et à la prospérité, a-t-il dit.  

Insistant sur la nécessité d’une aide internationale, il a indiqué que celle-ci devait être « ciblée » et répondre aux priorités du Gouvernement.  Le délégué a affirmé que le récent déplacement du Secrétaire général était un signal fort de la solidarité des Nations Unies avec la Somalie, avant de louer l’excellence de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine dans ce pays.

Le délégué chinois a encouragé des solutions africaines à des défis africains, avant d’insister sur l’importance de la prévention des conflits.  

Enfin, le représentant a mentionné les principes guidant l’importante coopération entre la Chine et l’Afrique, parmi lesquels la « sincérité, la bonne foi, l’amitié, la justice et les intérêts mutuels ».  

Se félicitant de la nouvelle étape qui a été franchie avec les élections, M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a jugé indispensable de déterminer de quelle façon le Conseil de sécurité et la MANUSOM peuvent renforcer leur appui au pays dans sa phase d’édification de l’État, y compris la révision constitutionnelle et le système fédéral.  La prorogation du mandat de la MANUSOM devrait selon lui donner au Conseil le temps d’élaborer « un mandat efficace qui bénéficie au peuple somalien ».

S’attachant à la participation politique des femmes, le représentant a salué les efforts entrepris pour leur réserver 30% des sièges, même si cet objectif n’a pas encore été atteint.  Il a encouragé le Gouvernement à redoubler d’efforts pour les prochaines élections, en 2020.

Face à la menace constante du groupe terroriste des Chabab, M. Bermúdez a rappelé l’importance de la réforme du secteur sécuritaire et du renforcement de l’Armée nationale somalienne.  Préoccupé par la crise humanitaire et la famine, il a souligné la nécessité de protéger les populations civiles, notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées.

Après avoir appelé le Gouvernement somalien à rechercher la stabilité et à faciliter l’accès de l’aide humanitaire, il l’a également exhorté à traiter les enfants liés aux Chabab « comme des victimes ».

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a estimé que l’élection de M. Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo » constituait une avancée considérable pour la Somalie.  Il a ensuite réitéré le fait que le mandat de la MANUSOM devait être « en phase » avec les défis qui se posaient actuellement dans le pays, en mettant l’accent sur les concepts de consolidation d’une paix durable, de constitution d’une armée somalienne forte, ainsi que d’une autorité gouvernementale en mesure de fournir les services de base à la population et de faire respecter l’état de droit sur l’ensemble du territoire. 

Le représentant a salué les sacrifices consentis par l’AMISOM et les forces somaliennes depuis le déploiement de cette mission, il y a 10 ans, expliquant qu’une diminution graduelle de ses effectifs devrait en précéder le retrait.  

L’Égypte a par ailleurs appelé à intensifier les efforts régionaux et internationaux pour répondre à la crise humanitaire qui sévit en Somalie, en faisant aussi porter ces efforts dans le domaine de la prévention, afin d’empêcher la recrudescence de telles crises à l’avenir. 

M. Aboulatta a renouvelé, en conclusion, ses félicitations au peuple et au Gouvernement somaliens pour l’élection présidentielle réussie du mois dernier.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a insisté sur la complexité des défis que le Président somalien devait relever, en premier lieu la grave crise humanitaire.  Seulement 32% du plan de prévention de la famine de 825 millions de dollars est financé, a-t-elle déploré.  Elle s’est dite vivement préoccupée par les attaques asymétriques perpétrées par les Chabab, avant de rappeler l’appui apporté par son pays à l’AMISOM, laquelle ne pourra pas rester indéfiniment en Somalie.

L’examen conjoint ONU-Union africaine de l’AMISOM sera l’occasion d’identifier les besoins sécuritaires de la Somalie et de planifier les tâches de la Mission, a-t-elle estimé.  Elle s’est dite opposée à une mission de maintien de la paix en Somalie, avant de souligner l’importance d’un accord sur une architecture de sécurité en Somalie.  « Soyons francs, nos efforts ne sont pas toujours traduits en acquis tangibles sur le terrain! »

Enfin, la déléguée a espéré que la Conférence sur la Somalie qui doit se tenir à Londres en mai prochain sera l’occasion pour la communauté internationale de parler d’une seule voix sur le développement du pays.

M. KORO BESSHO (Japon) a salué le leadership du Président Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo » dans la recherche des solutions aux problèmes de la Somalie et a promis que son pays allait continuer d’apporter son soutien à cette fin.  Il a relevé que la présente famine menaçait les progrès qui avaient été faits en matière de renforcement de l’État depuis le Gouvernement formé en 2012. 

La semaine dernière, le Japon a décidé d’ajouter 26 millions de dollars à son aide au pays, afin d’appuyer l’assistance humanitaire d’urgence en réponse à l’appel du Secrétaire général.  De cette somme, 8,5 millions de dollars vont aller directement à la Somalie, a—t-il précisé. 

Le délégué a ensuite affirmé que l’amélioration de la situation sécuritaire en Somalie était une priorité majeure, estimant qu’en prévision de la réduction des effectifs de l’AMISOM l’année prochaine, il serait de bon aloi de renforcer les capacités de l’Armée nationale somalienne, de manière urgente et coordonnée. 

Il a déclaré que la Conférence de Londres de mai prochain sur la Somalie représentait une opportunité parfaite de discuter de ces problèmes de sécurité de la Somalie.  Il a aussi dit souhaiter que la réunion de Londres donne un élan en faveur d’une entente entre les dirigeants de chaque État du pays sur la question de la sécurité nationale, avec une démarcation claire des responsabilités entre le Gouvernement fédéral et les États.  

Pour M. Bessho, l’amélioration des conditions de sécurité dépend également du renforcement des capacités de la police somalienne, y compris par un soutien salarial ainsi que par le renforcement institutionnel et la disponibilité de services sociaux de base. 

Il a rappelé que le Japon avait dépensé plus de 400 millions de dollars depuis 2007 dans ces domaines et allait continuer d’apporter son appui aux efforts du Gouvernement.  Il a par ailleurs souligné l’importance de l’amélioration de la situation macroéconomique du pays et a noté que le premier détournement d’un navire depuis cinq ans au large des côtes du pays venait rappeler le besoin d’efforts continus de la lutte internationale contre la piraterie dans la région.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est félicité du caractère pacifique et inclusif des élections présidentielle et législatives du mois de février dernier en Somalie, notant que 26% des sièges du Parlement étaient désormais occupés par des femmes. 

Il a encouragé le Gouvernement à prendre des initiatives de bonne gouvernance avec pour objectif le bien-être de sa population.  Le représentant s’est déclaré préoccupé par l’ampleur de la crise humanitaire dans le pays, l’absence de services de base et de protection sociale exacerbant une situation déjà très grave sur les plans humanitaire et sanitaire. 

M. Llorentty Solíz a ensuite jugé « impensable » cette crise humanitaire, soulignant ses liens avec des inégalités plus criantes que jamais et les changements climatiques.  Aussi a-t-il demandé aux institutions financières internationales de lever tous les obstacles qui se posent à la Somalie pour lui permettre d’assurer son redressement économique et son développement.

La délégation a souligné en conclusion l’importance que revêt la coopération entre l’AMISOM, l’ONU et les autorités gouvernementales somaliennes.  

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a salué les progrès récemment enregistrés en Somalie et a déploré le fait que la vie politique reste régie par une « logique clanique ».  Le délégué a insisté sur l’importance de la réforme du secteur de la sécurité, d’un renforcement du fédéralisme et d’une intensification des efforts de réconciliation.

Il a jugé crucial de continuer à renforcer les capacités des forces somaliennes et de l’AMISOM, qui sont en première ligne du combat contre les Chabab, et de verser la solde des soldats de la Mission.

Le délégué s’est dit en outre préoccupé par les attaques perpétrées par les Chabab à l’extérieur des frontières de la Somalie.  Il a souligné l’efficacité de l’embargo sur les armes qui frappe la Somalie pour empêcher l’approvisionnement des terroristes.  La pratique d’une levée partielle de l’embargo sur les armes a fait ses preuves, a-t-il déclaré.

En conclusion, le représentant a indiqué que son pays avait fourni 16 millions de dollars d’aide humanitaire à la Somalie depuis 2016.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a salué l’élection sans contestation du Président Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo » qui a suscité « une réelle vague d’enthousiasme populaire ».  Au-delà de l’urgence humanitaire, il a jugé essentiel que les autorités somaliennes s’engagent avec détermination dans la consolidation des institutions et de l’établissement d’un véritable état de droit, afin de favoriser un meilleur respect des droits de l’homme et une stabilisation durable du pays.

La sécurité est le grand chantier prioritaire des années à venir, a estimé le représentant.  « Le combat contre les Chabab ne peut être gagné par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) seule, et l’AMISOM n’a pas vocation à rester éternellement en Somalie », a-t-il averti.  À cet égard, il a regretté que le financement de l’AMISOM ne soit pas suffisamment prévisible et que la diversification géographique de ce financement ne soit pas produite. 

Ensuite, il a jugé important que le retrait de l’AMISOM ne soit pas uniquement soumis à des impératifs de calendrier, mais soit aussi lié au développement d’une solution somalienne de sécurité.

S’agissant de la capacité pour les Somaliens à assurer leur propre sécurité, M. Delattre a posé plusieurs questions.  Les personnels composant l’Armée nationale somalienne sont-ils bien identifiés et comment peut-on accélérer leur formation et leur opérationnalisation?  La Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) peut-elle apporter une réponse plus cohérente à leurs besoins?  Comment peut-on davantage associer les forces de sécurité somaliennes aux opérations de sécurisation du territoire, voire aux offensives de l’AMISOM?

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Faisant un état des lieux alarmant de la situation climatique, l’Assemblée générale examine différents moyens de limiter l’augmentation de la température

Soixante et onzième session,
Manifestation de haut niveau 
AG/11898

Faisant un état des lieux alarmant de la situation climatique, l’Assemblée générale examine différents moyens de limiter l’augmentation de la température

L’Assemblée générale des Nations a été aujourd’hui la scène d’un état des lieux alarmant de la situation climatique mondiale, avec en tête le Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, qui a appelé la communauté internationale à lutter contre une menace que les scientifiques du monde entier dénoncent depuis des années.  En même temps, de nombreux orateurs, dont la Ministre de l’environnement de la France, Mme Ségolène Royal, se sont appuyés sur le sentiment d’urgence partagé aujourd’hui par les décideurs pour espérer que les gouvernements relèveraient le défi de la transition énergétique.   

Les participants ont aussi souligné les progrès déjà accomplis, notamment sur le plan du financement de la lutte contre les changements climatiques: le monde est sur la bonne voie pour atteindre collectivement l’objectif de financement de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020.  Autre tendance positive, la courbe exponentielle d’augmentation des températures est en train de s’atténuer.

À l’heure actuelle cependant, « la survie de l’humanité est menacée si nous n’arrivons pas à influer sur la tendance actuelle qui nous amène vers une augmentation des températures de 4 degrés C d’ici à 2100 ».  C’est ce qu’a déclaré le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, à l’ouverture de cet événement de haut niveau intitulé « Les changements climatiques et le Programme de développement durable ».

« Il n’y a plus de doute, c’est bien l’activité humaine qui provoque un réchauffement planétaire dangereux. »  « Ce n’est pas une question d’opinion », a affirmé le Secrétaire général.  Il a précisé que la mer avait atteint un niveau historique, que 2016 avait été l’année la plus chaude de l’Histoire et que les concentrations atmosphériques en dioxyde de carbone continuaient d’augmenter et avaient dépassé le seuil critique de 400 parties par million, un niveau 40% plus élevé qu’à l’ère préindustrielle. 

Alors que 137 pays ont à ce jour reconnu les défis climatiques en ratifiant l’Accord de Paris et que les 193 États Membres des Nations Unies viennent d’adopter le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Secrétaire général des Nations Unies ainsi que la Ministre de l’environnement de la France ont dit la nécessité d’intégrer ces deux accords pour une mise en œuvre aussi efficace que possible de leurs dispositions.  C’est pourquoi, ils ont appelé à définir des cibles au niveau national et à les atteindre d’ici à 2020.

Illustrant les progrès et les avancées, M. Guterres s’est félicité que la production d’énergie solaire ait augmenté de 50% en 2016 grâce à 300 milliards d’investissement à l’échelle de la planète, avant d’ajouter que la moitié de l’énergie produite vient de sources renouvelables.  Il a salué à cet égard un secteur des énergies renouvelables qui emploie 8 millions de personnes.  « Le monde avance vers une économie verte », en a conclu le Secrétaire général.

Si les changements climatiques sont une menace à la stabilité, le Secrétaire général a aussi considéré qu’ils étaient une opportunité de transformation de nos modes de consommation et de production. 

Mme Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a ensuite fait le lien entre la lutte contre les changements climatiques et les opportunités de croissance qu’elle offre.  En effet, a-t-elle remarqué, la lutte contre les changements climatiques pourrait se traduire par 12 000 milliards de dollars d’opportunités économiques.  Elle a appelé à promouvoir une utilisation raisonnée et responsable des ressources naturelles et à protéger l’environnement en faveur des générations futures.  Il faut également, selon elle, de l’innovation et des investissements pour parvenir à des sociétés plus résilientes et à des économies qui s’appuient sur des sources de croissance propres.

Poursuivant ses travaux sous le format d’une table ronde, sur le thème « volontés et actions », l’Assemblée générale a été informée de plusieurs initiatives qui cherchent à répondre aux défis des changements climatiques, notamment en France, dans l’État de Washington, ou encore au Burkina Faso où des initiatives privées novatrices ont été menées.

Au préalable, M. Hoesung Lee, Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a rappelé que le but était d’arriver à une « émission zéro » d’ici à 2100 pour limiter l’augmentation de la température à 2 degrés, mais la Ministre française de l’environnement a appelé à être plus ambitieux en visant un maximum de 1,5 degré.

Le Président du GIEC a averti que si tous les déchets alimentaires étaient réunis et formaient un pays, ils représenteraient la troisième source la plus importante d’émissions de gaz à effet de serre.  Il en a conclu qu’il fallait vraiment s’orienter vers une utilisation plus responsable de nos ressources.

Le Directeur exécutif du Fonds vert pour le climat, M. Howard Bamsey, a amené la discussion sur le terrain des immenses opportunités qui se présentent en terme d’investissements dans les activités climato-sensibles.  De nombreux pays en développement abordent la lutte contre les changements climatiques comme une opportunité en matière de développement, a-t-il d’ailleurs constaté.  En ce qui concerne le Fonds vert pour le climat, qui est doté de 10 milliards de dollars, il se concentre sur des activités transformatrices susceptibles de créer de nouveaux marchés et opportunités.

À titre d’exemple, le Gouverneur de l’État de Washington, M. Jay Insle, s’est vanté d’avoir « une des économies les plus robustes des États-Unis » grâce à la détermination de l’État qui a permis d’y créer des dizaines de milliers d’emplois verts.  Faisant le lien entre démocratie locale et lutte contre les changements climatiques, il a expliqué que l’État fédéral ne pouvait pas empêcher un État d’adopter une loi locale sur les seuils d’émissions de gaz à effet de serre.  Personne, a-t-il prévenu, ne forcera son État, qui a décidé de fermer ses centrales à charbon et de taxer les émissions de gaz à effet de serre, à revoir ses ambitions à la baisse. 

« Le business vert est bon », a déclaré, pour sa part, la Princesse Abze Djigma, qui est à la tête de la société AbzeSolar S.A.  Cette entreprise a lancé l’opération « MAMA-LIGHT » qui permet aux femmes du Burkina Faso d’accéder à une électricité d’origine solaire.  La princesse a saisi cette occasion pour appeler la communauté internationale à mettre à la disposition des pays en développement des technologies vertes.

De son côté, la Ministre de l’environnement de la France a dit avoir engagé son pays sur la voie de la transition énergétique avec la loi de 2015 visant une baisse de 40% des émissions d’ici à 2030, ainsi que la Stratégie nationale bas carbone qui permet de fixer des objectifs à l’horizon 2050.  Elle a également signalé le lancement, en janvier 2017, d’une « obligation d’État verte » d’un montant de 7 milliards.  Ce nouvel outil de financement en matière de changement climatique a vu un total de 22 milliards d’offres d’investissement de la part de 200 investisseurs mondiaux.

« Qu’attend-on du secteur privé en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques? » a demandé le Président-Directeur général de World Resource Institute, M. Andrew Steer, qui intervenait en sa qualité de modérateur de la discussion.  L’expert du Fonds vert pour le climat a expliqué qu’il existait une variété de formes d’investissement, outre des bourses dédiées à cette cause.  Actuellement, il y 10 milliards de dollars à investir, a-t-il précisé.

S’adressant ensuite à la Ministre française de l’environnement, le modérateur a demandé des précisions sur les liens entre l’Accord de Paris et le Programme 2030.  « Tout ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques concerne la lutte contre la pauvreté, le rôle des femmes, la raréfaction de l’eau, et la désertification », a répondu Mme Royal.  « Aujourd’hui, on est en train d’arrêter les projets opérationnels pour commencer les chantiers », a révélé la Ministre.

Le Gouverneur de l’État de Washington a, quant à lui, été amené à expliquer plus avant la marge de manœuvre dont dispose un État fédéré aux États-Unis.  Un État peut notamment décider de son propre seuil d’émission de gaz à effet de serre et du niveau d’investissement sur cette question.

Interrogée sur l’importance de la créativité des entreprises dans le domaine de l’énergie solaire, la Présidente-Directrice générale de la société AbzeSolar S.A. a estimé que les entreprises devaient prendre en compte les attentes des populations qui ont souvent des solutions aux problèmes auxquels elles sont confrontées.  Elle a aussi souligné la nécessité de disposer de financements inclusifs pour renforcer la résilience des communautés. 

Le représentant des Fidji, dont le pays accueillera la vingt-troisième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 23), a dit la volonté de son gouvernement de mettre en exergue l’importance de l’appropriation pour pouvoir réaliser les objectifs de développement durable et mettre en œuvre l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

En récapitulant les travaux de la journée, le Président-Directeur général de World Resource Institute a rappelé que, pour atteindre les objectifs fixés, il faudrait « réduire de moitié les émissions chaque décennie d’ici à 2050 ».  Parmi les 17 initiatives lancées en marge de l’Accord de Paris, la plupart a déjà produit des résultats tangibles, a-t-il noté.

Il a salué l’avènement d’une révolution intellectuelle qui nous permet aujourd’hui de ne plus avoir de doute sur la possibilité de parvenir à une société productive à faible émission de carbone, avant de souligner les nombreuses preuves qui montrent qu’il n’y a pas de contradiction entre les objectifs de protection de notre environnement et nos ambitions de croissance économique.

De son côté, M. Daniele Violetti, représentant du Secrétaire exécutif de la CCNUCC, a appelé à inclure tout le monde dans ce combat, chacun devant en effet pouvoir s’approprier les enjeux des changements climatiques.  Il a souhaité que les droits des personnes les plus touchées par les changements climatiques soient reconnus lorsque que sont entreprises des actions dans ce domaine.

Enfin, Mme Elizabeth Cousens, de la Fondation des Nations Unies, a appelé à s’attaquer aux obstacles techniques qui entravent la mise en œuvre des accords, ainsi qu’aux problèmes de connaissances et d’éducation.  Elle s’est félicitée que les femmes représentent 30% des actifs dans le secteur des énergies renouvelables, soit le double de ce qu’elles représentent dans le secteur des énergies fossiles.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RPDC: le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 24 avril 2018 le Groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions

7904e séance – matin
CS/12759

RPDC: le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 24 avril 2018 le Groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé jusqu’au 24 avril 2018 le mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions 1718, qui surveille l’application des sanctions imposées par le Conseil de sécurité à la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Par ailleurs, le Ministre britannique des affaires étrangères, M. Boris Johnson, qui présidait la séance, a fait observer une minute de silence à la mémoire des victimes de l’attentat commis la veille à Londres, ainsi que de toutes les victimes du terrorisme dans le monde.

En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2345 (2017), présentée par les États-Unis, le Conseil décide que ce mandat s’appliquera aussi aux mesures imposées par la résolution 2321 (2016), la dernière à avoir renforcé le régime de sanctions applicables à la RPDC.

Il est demandé au Groupe d’experts de présenter au Comité, le 6 septembre 2017 au plus tard, un rapport de mi-mandat sur ses travaux, puis un rapport final contenant ses conclusions et recommandations, le 14 mars 2018 au plus tard.

Le Conseil exhorte tous les États, les organismes des Nations Unies compétents et les autres parties intéressées à coopérer pleinement avec le Comité et avec son Groupe d’experts, en particulier en leur communiquant toute information dont ils disposeraient concernant la mise en œuvre des sanctions imposées à la RPDC.

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Note du Président du Conseil de sécurité (S/2017/150)

Texte du projet de résolution (S/2017/236)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur la question, dont les résolutions 825 (1993), 1540 (2004), 1695 (2006), 1718 (2006), 1874 (2009), 1887 (2009), 1928 (2010), 1985 (2011), 2050 (2012), 2087 (2013), 2094 (2013), 2141 (2014), 2207 (2015), 2270 (2016), 2276 (2016) et 2321 (2016), ainsi que les déclarations de son président en date des 6 octobre 2006 (S/PRST/2006/41), 13 avril 2009 (S/PRST/2009/7) et 16 avril 2012 (S/PRST/2012/13),

Rappelant également la création, en application du paragraphe 26 de sa résolution 1874 (2009), d’un groupe d’experts qui suivrait les directives du Comité pour accomplir les tâches définies audit paragraphe,

Rappelant en outre le rapport d’activité établi par le Groupe d’experts nommé par le Secrétaire général en application du paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009) et le rapport final du Groupe, en date du 27 février 2017 (S/2017/150),

Rappelant les normes méthodologiques applicables aux rapports des mécanismes de surveillance de l’application des sanctions, qui figurent dans le rapport du Groupe de travail informel du Conseil de sécurité sur les questions générales relatives aux sanctions (S/2006/997),

Se félicitant des efforts que fait le Secrétariat pour étoffer et améliorer le registre d’experts du Service du secrétariat de ses organes subsidiaires, compte tenu des indications données par son président dans la note publiée sous la cote S/2006/997,

Soulignant, à cet égard, qu’il importe que le Groupe d’experts établisse en toute indépendance des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, conformément à son mandat, énoncé au paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009),

Considérant que la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques et de leurs vecteurs continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu de l’Article 41 du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger jusqu’au 24 avril 2018 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts au paragraphe 26 de sa résolution 1874 (2009) et modifié au paragraphe 29 de sa résolution 2094 (2013), décide que ce mandat s’appliquera aussi aux mesures imposées par la résolution 2321 (2016), entend réexaminer ce mandat et se prononcer sur sa reconduction le 24 mars 2018 au plus tard, et prie le Secrétaire général de prendre les dispositions administratives requises à cette fin;

2.    Demande au Groupe d’experts de présenter au Comité, le 5 août 2017 au plus tard, un rapport de mi-mandat sur ses travaux, comme  prévu au paragraphe 43 de sa résolution 2321 (2016), lui demande également de lui remettre ce rapport, après en avoir discuté avec le Comité, le 6 septembre 2017 au plus tard, lui demande en outre de remettre au Comité, le 1er février 2018 au plus tard, un rapport final contenant ses conclusions et recommandations, et lui demande enfin de lui présenter ce rapport, après en avoir discuté avec le Comité, le 14 mars 2018 au plus tard;

3.    Prie le Groupe d’experts de soumettre un programme de travail au Comité trente jours au plus tard après sa reconduction, invite le Comité à réexaminer périodiquement ce programme de travail et à entretenir des contacts réguliers avec le Groupe d’experts sur ses travaux, et demande au Groupe d’experts d’informer le Comité de toute mise à jour dudit programme;

4.    Entend continuer à suivre les travaux du Groupe d’experts;

5.    Exhorte tous les États, les organismes des Nations Unies compétents et les autres parties intéressées à coopérer pleinement avec le Comité créé par la résolution 1718 (2006) et avec le Groupe d’experts, en particulier en leur communiquant toute information dont ils disposeraient concernant la mise en œuvre des mesures imposées par les résolutions 1718 (2006), 1874 (2009), 2087 (2013), 2094 (2013), 2270 (2016) et 2321 (2016);

6.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Un projet de résolution inédit sur le harcèlement sexuel au travail est présenté à la Commission de la condition de la femme

Soixante et unième session,
12e séance – matin
FEM/2113

Un projet de résolution inédit sur le harcèlement sexuel au travail est présenté à la Commission de la condition de la femme

Poursuivant les travaux de sa soixante et unième session, dont le thème prioritaire est l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution, la Commission de la condition de la femme, présidée par M. Antonio de Aguiar Patriota (Brésil), a entendu ce matin la présentation d’un projet de résolution* inédit sur le harcèlement sexuel au travail.  C’est en effet la première fois qu’un texte sur ce sujet est proposé à la Commission.  En outre, un projet de résolution sur la situation des Palestiniennes, qui revient chaque année, a été introduit.

Le harcèlement sexuel est partout autour de nous, dans la rue, les transports et, le plus souvent, au travail, s’est alarmée la déléguée d’Israël en présentant le projet de résolution intitulé « Prévenir et éliminer le harcèlement sexuel au travail ».  Elle a espéré que ce texte permettrait aux femmes victimes de cette pratique d’élever la voix et de restaurer leur dignité.

Avec ce texte, la Commission de la condition de la femme est invitée à condamner le harcèlement sexuel sous toutes ses formes, en particulier à l’égard des femmes et des filles, notamment au travail, en rappelant l’engagement pris en vue d’éliminer toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles, tel que défini dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Ce texte insiste également sur le fait qu’il faut prendre toutes les mesures qui s’imposent pour prévenir et éliminer le harcèlement sexuel.  Il est recommandé, notamment, que les États Membres poursuivent, par des moyens efficaces, une politique de prévention et d’élimination du harcèlement sexuel au travail.

Par le deuxième projet de texte** présenté ce matin, la Commission de la condition de la femme recommanderait au Conseil économique et social d’adopter un projet de résolution sur « la situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter ».  Ce texte, qui a été présenté par la délégation de l’Équateur au nom du Groupe des 77 et de la Chine, propose à l’ECOSOC de réaffirmer que l’occupation israélienne demeure le principal obstacle à l’amélioration de la condition des Palestiniennes, à leur autonomisation et à leur participation au développement de leur société.

L’ECOSOC demanderait à cet égard à la communauté internationale de continuer à fournir l’assistance et les services dont les Palestiniennes ont un besoin urgent, en particulier l’aide d’urgence, en gardant notamment à l’esprit le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les priorités définies au niveau national.  Il exigerait également qu’Israël respecte pleinement tous les principes, règles et instruments du droit international, afin de protéger les droits des Palestiniennes et de leur famille.

Au titre d’un autre point de l’ordre du jour, la Commission a examiné la « suite donnée aux résolutions et décisions du Conseil économique et social » à sa session de 2016, dont une note*** résumant la contribution que peuvent apporter ses travaux à ceux du Conseil économique et social et du Forum politique de haut niveau sur le développement durable pour 2017.

La Commission tiendra sa prochaine séance publique vendredi 24 mars, à 10 heures, pour se prononcer sur les projets de résolution et les questions en suspens, avant d’achever les travaux de sa session.

* E/CN.6/2017/L.4 
** E/CN.6/2017/L.3 
*** E/CN.6/2017/8 et E/CN.6/2017/9

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