En cours au Siège de l'ONU

L’ECOSOC entame son forum sur le financement du développement marqué par le lancement du premier rapport interorganisations sur le financement du développement

Forum sur le suivi du financement du développement,
1e & 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6834

L’ECOSOC entame son forum sur le financement du développement marqué par le lancement du premier rapport interorganisations sur le financement du développement

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé, aujourd’hui, son Forum annuel sur le suivi du financement du développement, marqué par la présentation du premier rapport de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement (E/FFDF/2017/2).

Ce Forum réunit des représentants d’États Membres, d’organisations internationales et du secteur privé pour discuter des voies et moyens de financer le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment en suivant les recommandations du Programme d’action d’Addis-Abeba qui a permis d’initier un nouveau partenariat global pour le financement du développement durable en établissant des mesures incitatives pour des investissements dans des domaines clefs.

Cette première journée de travail a notamment été l’occasion pour M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Président de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement, de présenter le premier rapport de cette instance chargée du « suivi et de l’examen des décisions touchant au financement du développement et des moyens de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  

Ce document avertit notamment que malgré les progrès signalés dans les sept domaines d’action du Programme d’action d’Addis-Abeba, ainsi que les améliorations annoncées pour 2017 et 2018, la conjoncture mondiale difficile, l’atonie de la croissance et les crises humanitaires ont entravé les efforts, tant individuels que collectifs.  Si des solutions aux différents problèmes ne sont pas trouvées, l’aboutissement du Programme de développement durable à l’horizon 2030 se verra compromis, à commencer par l’élimination de la pauvreté extrême, ce qui, a averti M. Wu, aura un impact certain sur les pays les moins avancés.

Alors que l’aide publique au développement (APD) se situait, l’an dernier, autour de 142 milliards de dollars, le Premier Vice-Président pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les relations avec les organismes des Nations Unies et les partenariats du Groupe de la Banque mondiale, M.  Mahmoud Mohieldin, a souligné que, quoiqu’essentielle, celle-ci ne sera jamais suffisante pour réaliser les objectifs de développement durable.

Citant les chiffres de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), il a averti qu’il manque 2.5 billions de dollars par an pour pouvoir réaliser le Programme de développement durable.  Aussi, au lieu de consacrer des milliards de dollars à l’APD, M. Mohieldin a recommandé de consacrer des billions de dollars à des investissements de tous genres, ainsi qu’au renforcement des capacités.  Mais pour se faire, a-t-il indiqué, les banques multilatérales de développement devront changer leur mode de travail et leur approche en matière de financement du développement.

L’Administrateur par intérim du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Tegegnework Gettu, a, pour sa part, jugé fondamental d’accompagner les investissements à long terme par des mesures d’assistance afin de renforcer la résilience des plus pauvres et des plus vulnérables.

Il est toutefois difficile de songer au redressement économique mondial sans une embellie du commerce international, a commenté le Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Yonov Frederick Agah, qui a souligné que le commerce ne peut devenir le moteur de la croissance que lorsque de bonnes politiques sont mises en œuvre. 

Le Président du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED, M. Christopher Onyanga Aparr, a pour sa part, fait observer que l’aide apportée aux réfugiés s’est traduite par une baisse des investissements dans les économies africaines.

Au cours du débat général, la représentante de l’Équateur, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, s’est dite alarmée par la tendance croissante au protectionnisme de certains pays développés et a appelé à un système commercial multilatéral équitable, non discriminatoire, et règlementé par l’OMC.  Elle a également réclamé une plus grande coopération internationale pour combattre les flux financiers illicites.

De son côté, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, M. Valentin Rybakov, s’est inquiété de la situation des pays les moins avancés (PMA) qui s’émancipent et se retrouvent dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, où ils ne peuvent plus bénéficier de l’aide publique au développement (APD), limitant ainsi leurs possibilités de développement.

L’après-midi a été marquée par la tenue de deux tables rondes interactives sur les thèmes « Promouvoir la cohérence des politiques dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba » et « Inégalités et la croissance inclusive ».

Le Forum reprendra ses travaux demain, 23 mai, à 10 heures, avec trois tables rondes consécutives.  Le débat général se poursuivra à partir de 16 h 30.

FORUM SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Déclarations liminaires

Dans ses remarques d’ouverture, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, a rappelé qu’avec l’adoption, en 2015, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le cadre global du financement du développement avait été fixé pour soutenir les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Vu le contexte difficile actuel que traverse le monde, la réalisation de ces objectifs de développement durable rend l’application du Plan d’Addis-Abeba encore plus importante, a-t-il souligné.  « Le monde nous regarde et attend beaucoup de cette réunion », a notamment affirmé le Président de l’ECOSOC.

M. Shava a indiqué que la présente réunion de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods permettra aux différents acteurs du financement du développement de dialoguer, favorisant ainsi la cohérence et la coopération de leurs actions respectives.  Il a estimé que la forte représentation des parties prenantes illustre les liens solides qui ont été tissés dans cette enceinte au fil des 15 dernières années, depuis l’adoption du Consensus de Monterrey.  Cette réunion, a-t-il ajouté, est aussi une plateforme pour une action concrète.  Ses conclusions et recommandations intergouvernementales comprennent une panoplie de mesures et d’actions politiques qui peuvent changer la trajectoire de l’économie mondiale et venir en aide aux pays dans leur réalisation des objectifs de développement durable.  Le Président de l’ECOSOC a en outre indiqué que le document final de cette réunion de haut niveau souligne clairement que « notre engagement pour la coopération multilatérale dans le domaine du développement durable » est plus crucial que jamais.

Dans un message vidéo, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a rappelé que le Programme d’action d’Addis-Abeba, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur les changements climatiques établissent une feuille de route pour un avenir meilleur pour tous.   Elle a invité le Forum à examiner des questions clefs telles que l’importance des investissements à long terme et les mesures urgentes à prendre pour améliorer le bien-être des pauvres et des personnes vulnérables. 

La Vice-Secrétaire générale a estimé que le Forum doit être l’occasion de réaffirmer l’engagement collectif en faveur du développement durable, voyant dans cette réunion entre l’ONU et les organisations de développement le meilleur mécanisme de prévention de nouvelles crises.  Elle a exhorté les États Membres à rechercher et à forger des partenariats significatifs, soulignant qu’un véritable partenariat mondial pour le développement durable doit être fondé sur les principes d’égalité, de solidarité et le respect des droits de l’homme.  Elle a aussi appelé les pays en développement à renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.  Mme Mohammed a assuré que l’ONU, pour sa part, allait continuer de s’atteler à renforcer la cohérence du système de développement international, afin d’assurer le succès de toutes les initiatives qui concourent à la réalisation des objectifs de développement durable.

Intervenant elle aussi par message vidéo, Mme CHRISTINE LAGARDE, Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a souligné l’importance de financer le développement de manière adéquate. Elle a estimé que la coopération entre les institutions est essentielle pour réussir, saluant au passage les bonnes relations qu’entretiennent le FMI et les Nations Unies.  Mme Lagarde a déclaré que la seule façon d’atteindre les objectifs de développement durable était de privilégier une communication et une collaboration ouvertes entre partenaires.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba est d’une importance capitale à cet égard, et le FMI s’efforce de son côté de faire progresser le Programme de développement durable de plusieurs façons.

Mme Lagarde a expliqué que le FMI apporte son appui aux pays en développement en les aidant à élargir leurs sources de revenus au niveau national, en y appuyant le renforcement des capacités, ainsi qu’en accentuant sa coopération avec les Nations Unies dans le domaine fiscal.  Le Fonds entend également renforcer la lutte contre les flux financiers illicites, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en procédant à des évaluations systémiques des risques.  La Directrice générale a aussi fait savoir que le FMI s’est engagé auprès de petits États pour les aider à renforcer leur résilience face aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques.  Le Fonds entend en outre continuer de travailler avec divers acteurs, publics et privés, pour promouvoir la viabilité de la dette et développer des instruments innovants de gestion de la dette publique.  Elle a enfin constaté que le rapport de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement indique que des progrès majeurs ont déjà été accomplis, même si cette coopération se doit d’être renforcée pour obtenir de meilleurs résultats.

M. MAHMOUD MOHIELDIN, Premier Vice-Président pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les relations avec les organismes des Nations Unies et les partenariats du Groupe de la Banque mondiale, a souligné que cette réunion doit être l’occasion de prendre la mesure des progrès réalisés dans le financement de la réalisation des objectifs de développement durable et la lutte contre la pauvreté extrême.  Pour avoir participé à la rédaction du rapport sur les progrès de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement, M. Mohieldin a affirmé que la Conférence d’Addis-Abeba avait permis d’engager une conversation conjointe entre la Banque mondiale et d’autres banques multilatérales pour identifier comment elles pouvaient contribuer au financement des objectifs de développement durable en facilitant la mobilisation des ressources financières.  Rappelant que l’aide publique au développement (APD) se situait, l’an dernier, autour de 142 milliards de dollars, il a souligné que, quoiqu’essentielle, celle-ci ne sera jamais suffisante pour réaliser les objectifs de développement durable.  À ce titre, il a d’ailleurs noté qu’en 2015, l’APD correspondait au tiers de ce que l’Allemagne investit chaque année dans son secteur de la santé.  Il a aussi cité les chiffres de l’UNCTAD, selon lesquels il manque 2,5 billions de dollars par an pour pouvoir réaliser le Programme de développement durable.

Face à cette situation, a-t-il enchaîné, la Banque mondiale suggère, au lieu de consacrer des milliards de dollars à l’APD, de consacrer des billions de dollars à des investissements de tous genres, qu’ils soient public-privé ou  nationaux–mondiaux, ainsi qu’en renforcement des capacités.  Mais pour ce faire, a-t-il indiqué, les banques multilatérales de développement devront changer leur mode de travail et leur approche en matière de financement du développement.

M. Mohieldin a indiqué que depuis la Conférence d’Addis-Abeba, les banques de développement examinent la manière la plus efficace d’utiliser chaque dollar dépensé, comment mobiliser de nouvelles ressources, ainsi que le meilleur moyen d’utiliser le levier de l’APD pour attirer des ressources supplémentaires, à la fois publiques et privées.  Il a ensuite brossé un tableau des différentes actions menées par la Banque mondiale en ce sens, notamment les ressources nouvellement allouées à son Fonds pour les nations les plus pauvres, à hauteur de 75 milliards de dollars.  Elle met aussi l’accent sur la mobilisation des ressources internes, notamment par le biais de la fiscalité, y compris dans les pays qui dépendent de l’APD.  Il a expliqué qu’une telle approche permet aux pays en développement de réduire leur dépendance ainsi que les déficits de financement, précisant que c’est un domaine où la Banque mondiale coopère étroitement avec le FMI et d’autres banques de développement.  La Banque mondiale continue aussi d’investir dans les connaissances et programmes qui visent à promouvoir les actions mondiales en termes de lutte contre les changements climatiques, les réponses aux crises ainsi qu’à appuyer l’infrastructure financière mondiale.

Enchaînant, M. Mohieldin a fait savoir que la Banque mondiale accorde aussi la priorité à la mobilisation des ressources du secteur financier privé, ainsi qu’à l’élaboration d’instruments de partage des risques.  « Le but n’est pas de dé-risquer des projets, mais de dé-risquer le pays tout entier », a-t-il expliqué, et pour cela, la Banque travaille avec les gouvernements pour appuyer la règlementation et la réforme afin d’améliorer la viabilité financière des projets.  Il a en outre fait observer que la Conférence d’Addis-Abeba avait permis de réaliser que le développement a besoin d’un apport de capital privé, mais qu’il importe toutefois d’élaborer un processus mené par les pays et qui serve les intérêts des pays et des peuples les plus pauvres.

M. YONOV FREDERICK AGAH, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a souligné l’importance que revêt le commerce pour la croissance économique des États.  Il a déploré le fait que 2017 soit la sixième année consécutive à enregistrer une baisse des échanges multilatéraux.   Il est difficile de songer au redressement économique mondial sans une embellie du commerce international, a-t-il argué, en soulignant que le commerce devient le moteur de la croissance lorsque de bonnes politiques sont prises et mises en œuvre.  Il a, de ce fait, plaidé pour l’harmonisation des politiques commerciales dans le monde.  À ce titre, l’intégration des pays en développement dans le système commercial multilatéral a été fondamentale pour ce secteur, a-t-il indiqué.  

Pour M. Agah, la prévisibilité, la sécurité et l’équité sont également des qualités importantes pour un système multilatéral qui fait face à de nombreux remous.  C’est pourquoi l’OMC a pour vocation d’assurer l’arbitrage en cas de litige commercial entre ses membres, en appliquant des normes auxquelles tous ont adhéré.  Il a expliqué que c’est ce qui s’est passé en 2008 lorsque la crise financière et économique n’a pas été suivie par un regain de protectionnisme.  Il a ensuite appelé au renforcement du système commercial multilatéral afin d’appuyer la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et des objectifs de développement durable.

M. CHRISTOPHER ONYANGA APARR, Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a vu dans la montée des populismes et la colère contre les migrants une remise en cause de l’avenir de la mondialisation.

Il s’est inquiété de la fragilisation de l’économie mondiale, marquée par un ralentissement de la croissance qui était de 2,2% en 2015, ainsi que par les taux de croissance faibles ou négatifs enregistrés dans certaines grandes économies.  Cette situation l’a amené à s’interroger sur la fiabilité à venir de l’investissement dans le développement, ainsi que sur les risques associés en termes d’aide publique au développement (APD).  M. Aparr s’est aussi inquiété du creusement des inégalités, de l’augmentation de la dette dans les économies en développement, ainsi que des derniers chiffres de l’APD, expliquant que l’aide apportée aux réfugiés s’est traduite par une baisse des investissements dans les économies africaines.

Poursuivant, M. Aparr a indiqué que lors de la dernière Conférence de la CNUCED, qui a eu lieu en juillet dernier, les pays en développement ont défendu une mondialisation plus participative, contrairement à la « mondialisation de l’exclusion » qui a laissé de côté les pays les moins avancés (PMA).  Il a souligné que la CNUCED prône une mondialisation plus respectueuse des processus de financement du développement durable, plus juste et plus inclusive.  Cela ne peut se faire que si les populations qui ont été marginalisées dans l’économie mondiale y sont désormais incluses, a indiqué M. Apaar pour qui de nombreuses options se présentent aux pays en développement pour mieux attirer les investissements, faire entendre leurs voix lors des débats sur la gouvernance mondiale ou encore combler le fossé numérique.

M. Aparr a en outre indiqué que la quatorzième Conférence de la CNUCED a permis de déboucher sur la création de deux nouveaux groupes d’experts, le premier portant sur le financement du développement et le second sur la réduction de la fracture numérique. 

Mme YVONNE TSIKATA, Vice-Présidente et Secrétaire générale du Groupe de la Banque mondiale, a fait le compte rendu de la réunion du Comité du développement qui s’est tenue le 22 avril dernier.  Les participants ont relevé que l’économie mondiale connaissait une certaine embellie et ont appelé à adopter des politiques qui favorisent à la fois l’inclusion et la croissance durable, tout en tenant compte des vulnérabilités financières, de la création d’emplois et des opportunités économiques pour tous.  Ils ont invité la Banque mondiale et le FMI à soutenir la mise en œuvre de telles politiques, à œuvrer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à protéger les plus vulnérables.

Le Comité a également débattu de la question des inégalités, l’occasion pour les participants de souligner que la réduction de celles-ci est nécessaire pour assurer un développement durable.  Ils ont aussi salué les efforts de la Banque mondiale qui a pris des mesures pour être plus solide et plus efficace, notamment dans le cadre des réformes de politiques opérationnelles et administratives et de sa stratégie des ressources humaines.  Sur ce dernier point, les participants à la réunion ont salué les progrès réalisés en matière de diversité et d’inclusion au sein du personnel de la Banque mondiale.

Mme PATRICIA ALONSO-GAMO, Secrétaire adjointe du Comité monétaire et financier international (CMFI), a noté que les économies émergentes et les pays en développement montrent des signes positifs, mais a jugé nécessaire de poursuivre les flux de financement pour pérenniser cette tendance, disant craindre que ces pays ne connaissent les mêmes problèmes que les économies des pays développés.  Aussi, a-t-elle appelé à renforcer la résilience de l’économie mondiale et l’inclusion. 

Mme Alonso-Gamo a ensuite expliqué que la stratégie proposée par le CMFI repose sur des politiques structurelles fiscales, une priorité accordée à l’éducation et aux actions en faveur des chômeurs, ainsi que sur des mesures pour améliorer la gestion de la dette pour éviter d’en faire porter le fardeau aux générations futures.  Le CMFI invite aussi à lutter contre les mesures de repli et appelle à aider les pays qui font face à des crises migratoires ou autres. 

Poursuivant, la Secrétaire adjointe du CMFI a indiqué que le Fonds monétaire internationale (FMI) a l’intention de mettre à jour de sa boîte à outil et de mettre en place un nouveau mécanisme pour faire avancer la gouvernance du FMI et donner des résultats dans les plus brefs délais.  Il faut œuvrer de concert pour améliorer le sort des populations et pour leur permettre de pleinement participer à l’économie mondiale, a martelé la représentante du CMFI qui a assuré que le Fonds continuera à aider les pays à faible revenu en leur accordant une assistance financière et technique. 

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Président de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement, a présenté le premier rapport de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement, document qui porte sur le « Suivi et examen des décisions touchant au financement du développement et des moyens de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Il a expliqué que l’Equipe spéciale interorganisations rassemble pas moins de 50 agences, programmes et bureaux des Nations Unies, y compris les Commissions économiques régionales et d’autres institutions internationales importantes.  Son rapport indique qu’il y a eu des avancées dans les sept domaines d’action du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Néanmoins, en 2016, des facteurs économiques liés, notamment, au faible prix des commodités, à la faiblesse des échanges commerciaux et à des flux de capitaux volatiles, ainsi que des facteurs politiques et environnementaux, à commencer par des crises humanitaires à large échelle, ont eu un impact dû aux efforts de mise en œuvre au niveau national.

Il a averti que malgré les améliorations annoncées pour 2017 et 2018, la trajectoire de croissance actuelle ne permettra pas d’éliminer la pauvreté extrême d’ici à 2030, ce qui aura un impact certain sur les pays les moins avancés.

Néanmoins, a enchaîné M. Wu, le Programme de développement mondial comporte des éléments nécessaires pour relancer la croissance mondiale et de la rendre plus inclusive et durable.  Pour ce faire, une combinaison d’actions nationales et internationales pourrait modifier la trajectoire prise par l’économie mondiale et soutenir les pays en développement.

L’une des mesures de première importance serait, par exemple, d’augmenter les investissements de qualité sur le long terme, notamment en mobilisant les investissements privés et en renforçant les investissements publics en faveur des infrastructures et des objectifs de développement durable.  M. Wu a signalé que la croissance économique ne pourra pas, à elle seule, permettre d’éradiquer la pauvreté, d’où la nécessité d’adopter des mesures ciblées pour veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.  Il a ajouté que la mise en place de seuils de protection sociale peut directement améliorer la vie des pauvres et des plus vulnérables, ajoutant que la vulnérabilité doit aussi être résolue aux niveaux macroéconomique et mondial en comblant notamment les écarts du filet de sécurité financière.

 Le rapport préconise aussi l’adoption de politiques sur les investissements et les vulnérabilités au genre afin de contribuer à l’autonomisation des femmes et à l’égalité des sexes. 

M. Wu a ensuite fait savoir que le prochain rapport de l’Équipe spéciale tiendra compte des enseignements tirés de la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba au niveau des pays.  M. Wu a enfin souligné que les efforts nationaux ne seront pas suffisants, et qu’un environnement mondial favorable peut permettre de réaliser les objectifs de développement durable, à condition que la coopération internationale soit de mise.

M. MUKHISA KITUYI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui intervenait par visioconférence, a appelé à centrer les actions sur la mise en œuvre des programmes et des engagements pris à Addis-Abeba et à Doha.  Il a appelé à mettre sur pied des instruments de financement du développement novateurs, mais aussi à renforcer les investissements dans les infrastructures.  M. Kituyi a également jugé nécessaire de consacrer plus d’efforts pour établir de véritables partenariats avec le secteur privé, rappelant que la CNUCED œuvre en ce sens.  Il a toutefois évoqué l’existence de risques réels liés aux partenariats public-privé et a appelé à ne pas les ignorer.

M. TEGEGNEWORK GETTU, Administrateur par intérim du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a constaté que les deux premières années de mise en œuvre des objectifs de développement durable laissent voir que les pays font de plus en plus d’efforts pour mobiliser des flux financiers en faveur du développement durable.  Il a jugé fondamental d’accompagner les investissements à long terme par des mesures d’assistance afin de renforcer la résilience des plus pauvres et les plus vulnérables.  Il faudra également, a—t-il prescrit, mettre sur pied des filets de sécurité sociale, en droite ligne des recommandations du Programme d’action d’Addis-Abeba.  M. Gettu a aussi engagé à prendre des mesures d’assistance en faveur des plus vulnérables, en tenant notamment compte des vulnérabilités nationales comme, par exemple, l’accueil de réfugiés.  Il a également appelé la communauté internationale à adopter des démarches novatrices afin de mieux gérer les risques et faire face à différents types de chocs. 

Poursuivant, M. Gettu a souligné que la mobilisation des ressources nationales est au cœur même du financement des objectifs de développement durable.  Il a, dans ce contexte, salué les efforts tendant à renforcer la coopération internationale en matière fiscale, à travers, notamment, le projet d’« Inspecteurs des impôts sans frontières », une initiative conjointe de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du PNUD qui vise à aider les pays en développement à renforcer leurs capacités en matière de vérification fiscale.

Mme SHAMSHAD AKHTAR, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), qui s’exprimait au nom des cinq commissions régionales de l’ONU, a souligné que l’adoption de politiques budgétaires et fiscales bien ficelées permettrait de promouvoir le développement et de réduire les inégalités.  Elle a indiqué que les commissions régionales ont annoncé la tenue de consultations sur la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et formulent aussi des recommandations en termes de conseil fiscal, notamment.  À ce titre, elle a indiqué que la Commission économique pour l’Europe met en place des normes pour l’élaboration de partenariats public-privé.

Mme Akhtar a ensuite indiqué que les quatre domaines prioritaires, dans les travaux des commissions régionales, sont la promotion de la mobilisation des ressources nationales, notamment par le biais de la fiscalité ; le renforcement des recettes publiques; l’investissement dans les infrastructures notamment pour lutter contre l’impact des changements climatiques, et, enfin, l’inclusion financière et l’accès des PMA aux financements et aux prêts.

Pour ce qui est des domaines où un consensus existe, Mme Akhtar a appelé à travailler au niveau multilatéral pour éviter un nivellement par le bas en matière de réformes fiscales, ainsi qu’au renforcement des défenses sociales. Elle a également parlé des préoccupations face au déclin de l’aide au développement, insistant sur le fait que la coopération Sud-Sud ne doit pas détourner les pays développés de leurs engagements en matière d’APD.  Les commissions insistent, enfin, sur l’importance de promouvoir les partenariats public-privé dans la réalisation du développement.

Débat général

M. NEVEN MIMICA, de l’Union européenne (UE), a insisté sur l’importance de tenir compte du Programme d’action d’Addis-Abeba pour assurer la réalisation des objectifs de développement durable, et de respecter les accords multilatéraux tels que l’Accord de Paris.  Il a indiqué que l’UE entend établir un nouveau consensus européen pour le développement, précisant que celui-ci sera signé le mois prochain afin d’aligner la politique de développement de l’UE au Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le représentant a souligné que l’UE et ses États membres demeurent les plus importants contributeurs en matière d’APD, avec 75,5 milliards de dollars déboursés en 2016.  Un autre plan de l’UE, le Fonds européen pour le développement durable, qui doit être lancé l’automne prochain, entend apporter un soutien technique en faveur des pays en développement, notamment dans le cadre des changements climatiques.  En outre, l’UE a investi 12 millions d’euros en 2016 et compte consacrer 17 millions d’euros en 2017 à la collaboration fiscale en faveur des pays en développement.  Le délégué a ajouté que l’Union européenne est déterminée à rendre sa coopération au développement plus efficace. 

Pour M. IGOR CRNDAK, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a vu dans le Programme de développement durable un instrument universel unique pour renforcer la croissance durable et assurer le respect des droits de l’homme aux plans national, régional et mondial.  Il a également indiqué que le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnait, quant à lui, l’importance d’établir un nouveau cadre mondial pour appuyer la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a reconnu le chemin difficile et les défis nombreux et a appelé à prendre des mesures ambitieuses pour accélérer les programmes nationaux, en mettant notamment l’accent sur le développement industriel.  Le Ministre a notamment appelé les banques multilatérales de développement à aider davantage les pays dans la préparation de projets bien ficelés qui permettent d’attirer des partenariats publics-privés.  La Bosnie-Herzégovine a d’ailleurs bénéficié de l’expertise de l’ONU pour mettre en place un plan sur deux ans pour appuyer la réalisation des objectifs de développement durable.  Le pays a en outre d’ores et déjà ratifié l’Accord de Paris, consciente de la dimension environnementale du développement durable.

Le Ministre, a par ailleurs souligné que tout succès sur la route du développement durable nécessite de faire preuve de flexibilité et d’appuyer le  transfert de technologies et de connaissances.

M. DULCIDIO DE LA GUARDIA, Ministre de l’économie et des finances du Panama, a déploré que le nom de son pays ait été injustement associé par un scandale fiscal international.  Il a souligné que des enquêtes approfondies avaient démontré que cette affaire touche 26 pays dont la plupart sont membres du G20.  Pour sa part, le Panama a engagé des réformes et souhaiterait que les réformes fiscales à l’échelle internationale se fassent au niveau de l’ONU.  Le Ministre a déploré le fait que les pays développés continuent de façonner le modèle fiscal international, et a plaidé pour l’adoption de mesures fiscales capables de favoriser l’essor des économies des pays en développement.

M. TEUEA TOATU, Ministre des finances et du développement économique de Kiribati, a expliqué que son pays et les autres petits États insulaires en développement (PEID) font face à des obstacles structurels liés notamment à leur petite taille et à leur isolement du reste de la communauté internationale, ce qui, a-t-il expliqué, les empêche de bénéficier des avantages du commerce international.  Il a également indiqué que les populations de ces pays tirent l’essentiel de leurs revenus économiques de l’océan, mais que leur existence est aujourd’hui menacée par les effets négatifs des changements climatiques. 

Le Ministre a assuré que le Gouvernement de Kiribati entend œuvrer en faveur du développement, mais a averti que le pays fait face à des contraintes financières importantes et attend donc l’appui de la communauté internationale.  Où sont donc ces ressources financières censées aider les plus vulnérables? a-t-il lancé, déplorant que les engagements des donateurs ne soient pas toujours respectés. 

M. NABINDRA RAJ JOSHI, Ministre de l’industrie du Népal, a indiqué que son pays commence à intégrer les objectifs de développement durable dans ses politiques, mais fait face à des difficultés pour financer ses programmes de développement durable.  Il a fait savoir que le Népal entend changer cette situation d’ici 2030, ce qui exigera des investissements énormes.

Le Ministre a parlé du rôle important que joue le secteur privé dans le processus de développement du Népal, et a expliqué que le Gouvernement népalais avait misé sur l’adoption de mesures destinées à faciliter les investissements privés.  Le régime fiscal est en train d’être modernisé et des efforts sont également consacrés à la lutte contre la corruption.  Le Ministre a souligné qu’il n’était pas possible de réaliser le Programme de développement durable en dépendant uniquement des formes traditionnelles de financement du développement, comme cela ressort du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour traduire ses engagements en actes.

M. MIGUEL ANGEL MOIR SANDOVAL, représentant de la présidence du Guatemala, a appelé à lutter contre la pauvreté dans le monde et à favoriser la prévention.  Il a souhaité l’élaboration de modèles novateurs en matière d’aide publique au développement, basés sur une coopération plus poussée.  Il a expliqué que le Guatemala souhaite réduire ses niveaux de pauvreté extrême et estime que pour ce faire, l’APD doit correspondre aux besoins réels du pays.  Le Gouvernement guatémaltèque est également d’avis qu’il importe de définir les priorités en matière de développement pour permettre la mobilisation des ressources, y compris privées.

M. TEVITA LAVEMAAU, Ministre des finances et de la planification des Tonga, a appelé à mobiliser davantage de ressources pour renforcer la coordination de la mise en œuvre des objectifs de développement durable aux niveaux régional et national.  Il a souhaité que la question des changements climatiques soit considérée parmi les plus importantes.  La Conférence sur les océans, qui se tient le mois prochain au Siège des Nations Unies, sera une occasion cruciale de discuter de cette question, a-t-il espéré, soulignant l’impact que le financement en faveur des océans aurait pour les pays du Pacifique dont le développement, a-t-il expliqué, est tributaire de l’économie bleue.

M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, s’exprimant au nom des pays à revenu intermédiaire, a signalé que les pays à revenu intermédiaire font face à de nombreux obstacles sur la voie du développement.  Il a estimé que les problèmes de ces pays doivent interpeller tous les autres groupes de pays, notamment au vu du fait que les pays les moins avancés (PMA) qui s’émancipent, et se retrouvent dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ne peuvent plus bénéficier de l’aide publique au développement (APD), ce qui limite leurs possibilités de développement.

Le Ministre a souligné que l’APD demeure cruciale pour les pays à revenu intermédiaire, non seulement en raison des obstacles auxquels ils sont confrontés, mais aussi du fait que l’accès à des prêts concessionnels leur est refusé.  M. Rybakov a ensuite parlé du rôle des technologies et de l’innovation pour ces pays, plaidant pour des transferts de technologies qui leur soient favorables.  Il a aussi appelé à un mode de classement plus transparent et plus nuancé qui aille au-delà du revenu par habitant, et qui tienne compte de toutes les dimensions de la pauvreté ainsi que de l’index sur le développement humain, entre autres.  Il a ensuite invité l’ONU à renforcer sa coopération avec ce groupe de pays.

M. CHRISTIAAN REBERGEN, Vice-Ministre de la coopération internationale des Pays-Bas, a déclaré que la promesse de laisser ne personne de côté doit être le fil conducteur de l’engagement collectif de la communauté internationale.  Il s’est interrogé sur le meilleur moyen de servir les personnes les plus vulnérables, une question, a-t-il relevé, à laquelle tente de répondre le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Le Vice-Ministre a ensuite fait savoir que les Pays-Bas avaient créé une banque de développement néerlandaise dans laquelle le Gouvernement a investi 9 milliards de dollars. 

M. Rebergen a par ailleurs souligné que l’ONU n’était pas l’acteur le plus important dans le processus de développement, mais doit jouer son rôle en matière d’élaboration de normes.  Il a également appelé à établir un moratoire sur l’adoption de documents finaux jusqu’à ce que la mise en œuvre des documents d’ores et déjà adoptés dans le domaine du développement durable ait été réalisée

Mme CAROLA IÑIGUEZ, Sous-Secrétaire générale pour les organisations internationales de l’Équateur, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est félicitée du texte élaboré par les cofacilitateurs du Forum, mais a fait part de la déception du G77 pour qui ce texte se limite aux minima et n’est pas tourné vers l’avenir.  Elle a notamment pointé du doigt le langage utilisé pour les questions liées aux changements climatiques, au commerce, à la coopération internationale en matière de développement et aux transferts de technologies.  Pour le Groupe des 77, le langage utilisé dans ces domaines marque un retour en arrière aux progrès réalisés. 

« Le financement du développement est la clef de la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 », a poursuivi la représentante qui a insisté sur l’importance des flux financiers réguliers et prévisibles, en particulier pour les pays en développement.  En tant que telles, la mobilisation et l’affectation des ressources financières et non financières sont essentielles pour lutter contre la pauvreté et réaliser le développement durable dans ses trois dimensions, a-t-elle indiqué.  Le G77 demande une plus grande coopération internationale pour combattre la lutte contre les flux financiers illicites et va d’ailleurs suivre de près la mise à jour du Groupe d’experts pour les questions fiscales. 

Mme Iñiguez a ensuite indiqué que le G77 est alarmé par la tendance croissante au protectionnisme de certains pays développés et appelle au respect d’un système de commerce international équitable, non discriminatoire, règlementé par l’OMC et conforme au Programme d’action de Addis-Abeba.  Il faut des moyens équilibrés pour permettre aux pays en développement de pleinement participer au commerce mondial et d’accéder aux marchés.  Par conséquent, a indiqué Mme Iñiguez, le G77 demande à la communauté internationale de poursuivre les négociations dans le cadre du Programme de Doha et d’accorder la priorité à la lutte contre les inégalités et les déséquilibres du système du commerce international en adoptant des instruments juridiquement contraignants.

En outre, le Groupe appelle à adopter davantage de mesures liées aux changements climatiques, en tenant notamment compte des besoins spécifiques des pays en développement où l’impact des changements climatiques se fait particulièrement ressentir sur leur développement.

Enfin, a indiqué la représentante, le Groupe des 77 note le besoin urgent de canaliser l’assistance technique, de renforcer les capacités en fonction des besoins et contraintes spécifiques des pays en développement et de réduire les écarts en termes d’infrastructure technologique.  Mme Iñiguez a insisté sur le rôle essentiel que joue, à ses yeux, la coopération Nord-Sud pour pousser la croissance économique durable et a exhorté les pays développés à honorer leurs engagements pris en matière d’aide publique au développement.

Déclarations

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, Président du Conseil économique et social, a constaté que le Programme d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris avaient permis d’augmenter les efforts déployés à l’intention des pays dont les besoins sont les plus importants.  Il a estimé qu’il incombe aux représentants des gouvernements de veiller à ce que leurs institutions travaillent de manière cohérente pour réaliser le Programme 2030, en dépit des différences que peuvent avoir ces dernières en terme de mandats, de gouvernance et d’expertise.

M. Shava a signalé qu’au cours des deux dernières décennies, le monde avait fait des progrès notables pour réduire la pauvreté et combler les écarts économiques entre les pays, bien que l’inégalité demeure élevée dans le monde.  Il a également indiqué qu’il avait été démontré que la lutte contre l’inégalité ne doit pas forcément se faire au détriment de l’efficacité. Il a par ailleurs souligné qu’investir dans des infrastructures inclusives et résilientes est particulièrement important pour combattre l’inégalité en termes d’accès au marché, à la finance et à la technologie, entre autres.  Le Président de l’ECOSOC a aussi réclamé l’élaboration de cadres politiques orientés vers des investissements à long terme de manière à atténuer les risques liés à une augmentation de l’investissement dans l’infrastructure d’un nombre circonscrit de pays et limité à des secteurs présentant un potentiel de liquidité.

M. HERVÉ DE VILLEROCHE, Vice-Doyen du Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale, a indiqué que la Banque mondiale entend consacrer pas moins de 75 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement.  Le Groupe de la Banque mondiale est prêt à s’engager pour la réalisation des objectifs de développement durable, mais des efforts durables sont également nécessaires au niveau politique. En effet, il faut d’abord créer un environnement d’affaires propice à la croissance du secteur privé, a-t-il prôné.  M. de Villeroche a également jugé nécessaire d’élargir l’assiette fiscale nationale, mais aussi d’élaborer une stratégie à moyen terme qui nécessite des coupes budgétaires, une réduction des droits de douane, et un remaniement des exemptions fiscales.  Il a aussi expliqué que la Banque mondiale entend être plus proactive pour la prise en charge de réfugiés ainsi que dans le contexte des catastrophes naturelles.  Il faudrait en outre mobiliser les ressources en dehors de l’APD traditionnelle, a-t-il indiqué.

M. HAZEM BEBLAWI, Directeur exécutif du Fonds mondial international (FMI) pour le Bahreïn, l’Egypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, les Maldives, l’Oman, le Qatar, la Syrie, les Emirats arabes unis et le Yémen, a estimé nécessaire d’examiner si le Groupe de la Banque mondiale, le FMI et la CNUCED avaient réussi à aligner leurs politiques avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 afin d’aider les États Membres à réaliser les objectifs de développement durable et de promouvoir l’impératif mondial en faveur d’une croissance inclusive.  Il a aussi indiqué que le FMI réfléchi à la manière d’aborder la reprise économique mondiale. 

Pour M. Beblawi il existe un parallèle entre le relèvement économique mondial et le séquençage des actions prises par les institutions et les parties prenantes pour promouvoir le programme d’Addis-Abeba.  Il a reconnu qu’il existe des risques de revers et de conséquences inattendus, constatant néanmoins que deux ans après Addis-Abeba, les progrès sont réels.

M. CHRISTOPHER ONYANGA APARR, Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a plaidé pour la promotion des investissements étrangers directs (IED) en faveur des pays en développement, notamment les PMA.  Il a appelé les banques de développement, le secteur privé et la communauté internationale à adopter des mesures renforcées pour surmonter les obstacles au développement des PMA, jugeant également nécessaire que les donateurs rendent compte de leurs obligations en matière d’APD. Il a aussi précisé que les investissements directs étrangers sont complémentaires à l’APD, et ne doivent pas être considérés comme un substitut.  Pour appuyer l’essor des pays en développement, M. Aparr a appelé l’ONU à se pencher sur le problème des flux financiers illicites. Il a aussi réclamé une plus grande stabilité des systèmes financiers et commerciaux internationaux.  Il a en outre fait savoir que la CNUCED s’engageait à approfondir ses partenariats afin de favoriser la réalisation des objectifs de développement durable. 

Débat interactif 1 sur le thème « Promouvoir la cohérence des politiques dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba »

Animé par Mme SARA EISEN, journaliste à la télévision CNBC, ce premier débat a permis de présenter des propositions de politiques qui pourraient favoriser la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, et partant, la réalisation des objectifs de développement durable.

M. FRANK HEEMSKERK, Directeur exécutif pour Chypre, Israël et les Pays-Bas au Groupe de la Banque mondiale, a suggéré que les Nations Unies continuent de favoriser la cohérence des politiques de développement tout en appuyant la participation du secteur privé à la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a souligné que le Programme d’action d’Addis-Abeba ne peut véritablement servir de levier au développement que si les États établissent des normes de fonctionnement qui favorisent les investissements.  De même, la communauté internationale doit veiller à ce que l’aide au développement soit utilisée à bon escient.

M. DAOUDA SEMBÈNE, Président du Conseil du Comité exécutif de liaison avec la Banque mondiale, les Nations Unies et d’autres organisations internationales au sein du FMI, a relevé que les perspectives de croissance pour les pays en développement s’avèrent plus pessimistes que le FMI ne projetait.  Dans ce contexte, le Fonds apporte un appui aux politiques nationales de ces pays, notamment en œuvrant au renforcement des capacités, en soutenant la mobilisation des ressources nationales et en aidant ces pays à établir des systèmes financiers plus stables. 

M. Sembène a indiqué que depuis 2015, les prêts concessionnels en faveur des pays en développement avait augmenté de 50%, précisant que les plus vulnérables comme ceux affectés par l’épidémie d’Ébola ou ceux frappés par des catastrophes naturelles peuvent obtenir des emprunts du FMI à un taux nul.  De manière générale, a ajouté le panéliste, le FMI entend travailler au renforcement des filets de sécurité sociale et s’investir pour la réalisation de tous les objectifs de développement durable.

M. NABEEL MUNIR, Vice-Président de l’ECOSOC, a fait observer que les pays sont généralement organisés en ministères qui gèrent, chacun, un secteur distinct de la vie nationale.  Il a indiqué qu’avec le besoin d’intégration relatif aux objectifs de développement durable, il est désormais question de développer des cadres financiers intégrés au niveau des pays.  Changer les institutions et les mentalités n’est pas aisé, a-t-il reconnu, d’où l’importance de l’appui international pour instaurer de nouvelles politiques.  Il a préconisé d’aligner les mécanismes régionaux au Programme d’action d’Addis-Abeba, de même que les politiques nationales.  La mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige également que les principales institutions internationales de développement réorientent leurs priorités stratégiques, a-t-il ajouté, soulignant que le dialogue et la coopération sont essentiels pour effectuer ces mutations.

Au cours des discussions, le représentant du Kenya, s’exprimant en sa qualité de Président de la Commission de consolidation de la paix, a relevé que le Programme d’action d’Addis-Abeba appelle clairement à appuyer la consolidation de la paix en mobilisant des financements en faveur de pays sortant de conflit.  De même, ce Programme d’action insiste aussi sur un appui financier renforcé en faveur des pays en développement, a renchéri le représentant de l’Indonésie.

Son homologue du Royaume-Uni a salué de son côté les progrès réalisés en terme de collaboration fiscale internationale, appelant à la multiplication de ce genre d’initiative multilatérale.

Le représentant de la Chambre de commerce internationale a vivement interpelé les États afin qu’ils mettent sur pied les conditions nécessaires à l’essor du commerce, y compris le commerce électronique.  Pour que cela soit efficace, a toutefois expliqué le représentant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il faudrait que les pays en développement aient déjà les capacités productives qui leur permettent de tirer parti des avantages du commerce international.  

Débat interactif 2 sur le thème « Inégalités et croissance inclusive »

La deuxième table ronde de cet après-midi portait sur « Les inégalités et la croissance inclusive » et a débouché sur un débat sur les questions relatives aux moteurs des inégalités et de la croissance ainsi que sur les mesures à prendre pour favoriser la productivité et l’impact des politiques fiscales dans la lutte contre les inégalités ont été abordées.

Mme PATIENCE BONIWE KUNENE, Directrice exécutive du Groupe de la Banque mondiale chargée de l’Angola, du Nigéria et de l’Afrique du Sud, a expliqué que l’organisation au sein de la Banque mondiale était un facteur important pour expliquer ses réactions face aux différentes formes d’inégalité.  Pour elle, la question de l’accès aux services des organisations internationales, des gouvernements ou encore du secteur privé est cruciale lorsqu’on parle d’inégalités.  Elle s’est inquiétée des inégalités qui persistent dans le domaine de la connectivité, ainsi que dans le commerce.  En la matière, elle a d’ailleurs soulevé la question de savoir quelle part du commerce mondial émane de l’Afrique pour souligner des inégalités criantes existent toujours.  Mme Kunene, a par ailleurs, fait savoir que la Banque mondiale cherche à améliorer les données dont elle dispose en les ventilant par objectifs de développement durable.  Elle a également jugé impératif d’évoluer sur la question du partage de prospérité, une question prioritaire pour la Banque mondiale.

Lui succédant, Mme NANCY GAIL HORSMAN, Directrice exécutive du Fonds mondial international (FMI) chargée de Antigua et Barbuda, des Bahamas, la Barbade, Belize, le Canada, la Dominique, la Grenade, l’Ireland, la Jamaïque, St Kitts et Nevis; Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les Grenadines, a expliqué que la question des inégalités avait poussé certains à remettre en question le cadre multilatéral existant, constatant que dans la plupart des pays avancés et dans certaines économies émergentes, les inégalités se sont creusées au cours des dernières années.  Elle a signalé que les changements technologiques sont l’un des principaux facteurs de la chute des revenus dans certaines économies, ajoutant que pour répondre à ces inégalités, le FMI propose des conseils politiques dans ses programmes.  Il encourage notamment les autorités à adopter des mesures pour accroitre la productivité comme l’investissement dans les structures productives ou encore l’éducation, la formation professionnelle et la mise sur pied de structures fiscales adaptées.  Mme Horsman a également mis l’accent sur l’importance de la cohérence et de la coordination des actions dans le contexte multilatéral.

Lui emboitant le pas, M. MASAAKI KAIKUZA, Directeur exécutif du FMI, a indiqué que les conseils politiques que le FMI dispense à tous ses États membres avaient enregistré des succès, imputant cette réussite au fait que cette approche repose sur une prise en compte des spécificités des pays et sur l’appropriation de politiques suggérées par les pays concernés eux-mêmes.  Il a également soulevé le problème du manque de capacité de certains pays pour la mise en œuvre des politiques préconisées.  Il a estimé important de surveiller l’efficacité des programme de développement, tout en reconnaissant que cela peut s’avérer difficile parce qu’ils ont parfois des effets à long terme.  Pour y remédier, le FMI a mis en place un système de jalon ce qui est utile tant pour les donateurs ou bailleurs de fonds et pour les pays bénéficiaires.  M. Kaizuka a également mis l’accent sur l’importance d’adopter des politiques sociales en vue des reformes du secteur du travail.

M. JUERGEN SCHULZ, Vice-Président de l’ECOSOC, a constaté que les écarts se creusent entre riches et pauvres et cela en dépit des progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté extrême et des taux de croissance élevés enregistrés dans certains pays émergents.  « Selon OXFAM, huit milliardaires possèderaient la même richesse que la moitié la plus pauvre de notre planète! », s’est-il indigné en insistant sur le fait que par le problème de l’inégalité à de multiples facettes, à commencer par le genre, le revenu, la richesse, les opportunités, l’accès à l’éducation et à la santé ainsi qu’aux technologies.  Il a ajouté que le creusement des inégalités affecte à la fois la pauvreté dans le monde et la justice sociale, ainsi que la stabilité et la dignité humaines. 

Fort de ce constat M. Schulz a estimé qu’à moins de prendre en compte toutes les facettes des inégalités, on risque de compromettre les chances de succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour cela, a-t-il indiqué, il faut prévoir des politiques et règlementations permettant à tout un chacun de tirer parti de la croissance économique.  Il a notamment estimé qu’assurer une croissance inclusive durable importe de veiller, entre autres, à ce que les pays en développement soient pleinement représentés dans les institutions financières et économiques internationales.  Il a également insisté sur l’importance de disposer de données fiables et ventilées par sexe, race, ethnicité, statut économique et handicap afin de pouvoir définir des politiques sur mesure. 

Questions

Quelle part du PIB devrait être allouée à la protection sociale ? a lancé la représentante du Ghana qui a par ailleurs dénoncé l’approche du modèle unique pour le développement qui contribue, selon elle, à l’exclusion de la croissance. En réponse un  directeur exécutif du FMI a indiqué que le Fonds fixe des objectifs indicatifs pour chaque pays et essaye de déterminer le montant minimum à investir dans les dépenses sociales. 

Quel peut être l’impact de la technologie sur la création et la concentration de la richesse? Comment inverser le creusement des inégalités et faire face aux défis numériques pour parvenir à une croissance inclusive? a demandé à son tour le représentant du Costa Rica qui s’est aussi interrogé sur le rôle que peuvent jouer les organisations multilatérales pour réduire les inégalités entre les sexes.

À cela, le Directeur exécutif du FMI chargé des États-Unis, a affirmé que l’inclusion des femmes dans le secteur financier permet d’engranger de meilleurs résultats, les hommes/femmes font d’ailleurs l’objet d’une nouvelle initiative du Fonds qui va dérouler un programme pilote dans ce domaine, a ajouté le Président du Comité exécutif du FMI, tandis que une représentante de la Banque mondiale a encouragé le soutien aux entreprises de femmes.

La représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a de son côté insisté sur la nécessité d’investir dans les enfants.  « L’absence d’investissements dans l’enfance peut engendrer des pertes énormes en termes de croissance future », a-t-elle notamment indiqué, regrettant la modeste part d’investissements consacrés aux enfants dans le Programme de développement durable.  Selon les estimations de l’UNICEF, pour chaque dollar investit dans l’enfance il y a un retour sur investissement de $30, ce qui est énorme lorsqu’on sait que la moitié des pauvres du monde ont moins de 18 ans, a-t-elle affirmé.

Pour sa part, le représentant de Citigroup a noté que le volume de l’appui du secteur privé ne permet toujours pas de combler le déficit de financement du développement durable.  Sans programme d’atténuation des risques, l’engagement du secteur privé restera trop faible a-t-il averti, appelant à identifier les bonnes pratiques pour combattre la corruption.  Citigroup a d’ailleurs mis en place une initiative dans ce sens, en partenariat avec des sociétés innovantes dans le domaine de l’intelligence artificielle.  Une autre intervention a mis en avant le mérite des entrepreneurs sociaux dans le secteur privé pour remédier aux inégalités. 

Lui emboitant le pas, la représentante de la société civile, qui s’exprimait au nom de la coalition pour la transparence financière, a recommandé de mettre en place un organe sur la fiscalité au sein des Nations Unies, rappelant en outre que l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent pillent les ressources des pays en développement. 

En effet, dans le domaine de la technologie financière, il faut une règlementation pour éviter le blanchiment d’argent et la corruption, afin d’attirer les investissements en réduisant les risques, a reconnu le Directeur exécutif du FMI chargé des États-Unis.

Le représentant du Libéria a pour sa part insisté sur l’importance des données pour la lutte contre les inégalités afin de mieux identifier les problèmes et définir des politiques appropriées.

Enfin, une autre directrice exécutive de la Banque mondiale a souligné l’importance de disposer d’institutions fortes qui permettent un accès aux services, imputant par ailleurs à une mauvaise gouvernance le nombre important de pauvres qui vivent dans certains pays riches.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Alors que les jours de Daech en Iraq semblent « comptés », la réconciliation nationale se fait attendre, selon le Représentant spécial

7945e séance – après-midi
CS/12830

Alors que les jours de Daech en Iraq semblent « comptés », la réconciliation nationale se fait attendre, selon le Représentant spécial

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Ján Kubiš, a, cet après-midi, à l’occasion de l’examen trimestriel par le Conseil de sécurité de la situation en Iraq, appelé les autorités iraquiennes à prendre des mesures pour accélérer la réconciliation nationale dans la perspective de l’après-Daech, un processus d’autant plus urgent que les jours du groupe terroriste en Iraq sont selon lui « comptés ».

Dans sa présentation du rapport* trimestriel du Secrétaire général sur les progrès accomplis par la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), dont il est le Chef, M. Kubiš a indiqué que les forces de sécurité iraquiennes, avec l’appui de la coalition internationale contre Daech, avaient fait des progrès constants au cours des derniers mois pour libérer les villes de Mossoul et Ninive, dans le nord du pays.  « Les jours de Daech en Iraq sont désormais comptés », s’est félicité le Représentant spécial. 

Le Secrétaire général, dans son rapport, précise en effet que, suite à la libération de l’est de Mossoul, le 24 janvier, et au début des opérations militaires pour libérer l’ouest de la ville, le 19 février, plus de 60% du territoire du pays précédemment entre les mains du groupe terroriste avait été repris.

Dans la perspective d’une victoire contre Daech, M. Kubiš a exhorté toutes les grandes composantes de l’Iraq, les minorités, les chefs religieux et communautaires et les groupes de la société civile, notamment ceux qui représentent les femmes et les jeunes, à accélérer le processus de réconciliation nationale.

Des avancées dans ce domaine seront primordiales, a-t-il estimé, pour rétablir la coexistence pacifique entre toutes les composantes dans les provinces de Mossoul et de Ninive et pour permettre le retour volontaire et sans risque des déplacés, notamment les minorités.

« Le retour des personnes déplacées doit être une priorité pour le Gouvernement iraquien », a-t-il insisté, tout en regrettant les retards constatés sur ce point dans certaines zones libérées de longue date.  L’absence de progrès concernant le retour des minorités, a-t-il mis en garde, pourrait « saper la réconciliation nationale ».

Il faudra aussi veiller à ce que le retour des personnes dans les zones libérées ne modifie pas la composition démographique de ces zones avant le conflit, afin d’« éviter toute marginalisation », a quant à lui mis en garde le délégué égyptien.

De son côté, la représentante des États-Unis a souligné que la bonne gouvernance serait également essentielle pour une réconciliation durable.  Elle a pour cela appelé le Gouvernement iraquien à mettre en œuvre des réformes politiques, économiques et sociales, notamment dans la perspective des élections parlementaires d’avril 2018.

À ce sujet, M. Kubiš s’est inquiété des incertitudes concernant le processus électoral.  Il a ainsi appelé les dirigeants iraquiens à mener à son terme la réforme de la loi électorale, de façon à inclure davantage l’ensemble des composantes du pays.

Le délégué de l’Iraq a affirmé que son gouvernement était prêt à envisager la reconstruction de l’après-Daech pour restaurer la stabilité et la sécurité du pays.  Il a ainsi exprimé sa volonté de permettre aux personnes déplacées de rentrer dans leurs foyers, d’aider les familles des victimes du confit et de mettre fin au cycle de violence et de haine, tout en continuant de lutter contre la corruption, d’assurer le partage du pouvoir, et la justice et l’égalité pour tous.

Face aux nombreuses victimes civiles des combats, notamment dans l’ouest de Mossoul, de nombreuses délégations ont par ailleurs appelé le Gouvernement et la coalition internationale à s’engager à maintenir la protection des civils au centre des opérations militaires contre Daech.

Les délégations ont également unanimement condamné l’utilisation « atterrante » de femmes et d’enfants comme boucliers humains par Daech, qui s’en prend aussi aux civils dans les zones reprises, à coup notamment d’attentats-suicides, de bombardements et de frappes de drones militarisés.

La représentante de la France a ainsi alerté sur l’urgence à collecter des éléments de preuve pour lutter contre l’impunité pour ces crimes, l’une des composantes essentielles du mandat de la MANUI.  Dans le but d’améliorer la reddition de comptes, le représentant du Royaume-Uni, soutenu par ces homologues des États-Unis, de la Suède et de l’Italie, a quant à lui proposé de créer un organe d’enquête international chargé de réunir des preuves sur les atrocités commises par Daech. 

Face à une telle proposition, les délégués de la Fédération de Russie et de la Chine ont exhorté tous ceux qui luttent contre le terrorisme en Iraq et les partenaires du pays à ne pas empiéter sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iraq.

Le Conseil était également saisi du rapport** du Secrétaire général sur les questions des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ainsi que des biens koweïtiens disparus, notamment les archives nationales.  M. Kubiš a constaté que, 26 ans après la fin de la première guerre du Golfe, et en dépit du renforcement de la coopération entre l’Iraq et le Koweït, ce dossier n’était toujours pas clos.  Il a appelé, ainsi que de nombreuses délégations, le Gouvernement iraquien à redoubler d’efforts pour obtenir des informations sur la question des biens koweïtiens pillés, en particulier les archives nationales, qui sont d’une valeur inestimable, et à trouver de nouveaux moyens à cette fin.

* S/2017/357
** S/2017/371

LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ

Rapport du Secrétaire général présenté en application de la résolution 2299 (2016) (S/2017/357)

Quatorzième rapport établi par le Secrétaire général en application du paragraphe 4 de la résolution 2107 (2013) du Conseil de sécurité (S/2017/371)

Déclarations

« Les jours de Daech en Iraq sont comptés », a assuré le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, M. JÁN KUBIŠ, saluant le courage des forces de sécurité iraquiennes, notamment les forces de mobilisation populaire, les Peshmerga et les combattants locaux, avec l’appui de la coalition internationale contre Daech.

Dans une déclaration faite le 22 mars à Washington, M. Kubiš a indiqué que les 68 membres de la coalition internationale contre Daech avaient rappelé l’importance de maintenir une double approche en Iraq, à savoir, d’une part, lutter contre Daech, et d’autre part, renforcer l’unité et la stabilité nationale. 

Le Représentant spécial a ainsi salué les initiatives récentes des différentes composantes iraquiennes afin de parvenir à un règlement national historique.  La Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) s’engage à les y aider, a-t-il dit, sur la base des prérequis que sont le respect de la Constitution, la lutte contre le sectarisme et la participation égale au processus politique.  Les travaux de la MANUI se sont ainsi centrés, a-t-il précisé, sur la participation accrue des jeunes et des femmes au processus politique.

La défaite de Daech doit se solder par un élan pour tenir davantage compte des minorités dans le pays, a par ailleurs déclaré M. Kubiš, tout en insistant sur le fait que toutes les minorités déplacées par Daech devaient pouvoir rentrer chez elles dans les zones libérées en toute sécurité.  « Le retour des personnes déplacées doit être une priorité pour le Gouvernement iraquien », a-t-il insisté, tout en regrettant les retards constatés sur ce point dans certaines zones libérées de longue date.  L’absence de progrès sur la question des retours, a-t-il mis en garde, pourrait « saper la réconciliation nationale ».

M. Kubiš a par ailleurs appelé Bagdad et Erbil à s’entendre afin de préparer l’après-Daech.  Il a ainsi regretté l’absence de dialogue et de progrès concernant certaines questions en suspens susceptibles de créer des tensions entre le Gouvernement fédéral et le Gouvernement régional du Kurdistan.

Le Représentant spécial a en outre indiqué que les forces armées turques avaient mené des attaques aériennes « sans relâche » sur des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) au mois d’avril dans la zone de Sinjar.

Par ailleurs, le Représentant spécial a estimé que le respect de l’état de droit demeurait limité en Iraq, s’agissant notamment des enlèvements de personnes.  Soulignant le lien entre criminalité organisée et terrorisme, M. Kubiš a salué l’initiative du Premier Ministre du pays de prendre des mesures supplémentaires pour lutter contre les enlèvements et toute forme de criminalité organisée.

S’agissant des élections parlementaires prévues en 2018, le Représentant spécial s’est inquiété des incertitudes concernant le processus et la loi électorale.  Il a appelé à inclure davantage l’ensemble des composantes du pays dans ce processus.

M. Kubiš s’est par ailleurs inquiété de la détérioration de la situation des civils dans l’ouest de Mossoul.  Il a appelé les parties à faire de la protection des civils une priorité.

S’agissant de la question des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ainsi que des biens koweïtiens disparus, notamment les archives nationales, M. Kubiš a constaté l’absence de progrès tangibles sur ce dossier.

Il a ainsi appelé le Gouvernement iraquien à redoubler d’efforts pour obtenir des informations sur la question des biens koweïtiens pillés, en particulier les archives nationales, qui sont d’une valeur inestimable, et à trouver de nouveaux moyens à cette fin.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a félicité les forces iraquiennes qui prennent des mesures pour protéger les civils alors qu’elles combattent Daech à Mossoul.  Elle s’est dite préoccupée par les conditions humanitaires graves en Iraq, notamment par les taux de déplacement quotidiens qui ne cessent d’augmenter. 

La représentante a exhorté les bailleurs de fonds à contribuer au plan d’action humanitaire des Nations Unies et les autorités, y compris au Kurdistan iraquien, à faciliter l’accès aux camps de déplacés alors que la communauté internationale continue de renforcer les infrastructures.

Elle a salué la MANUI qui soutient le dialogue du Gouvernement iraquien avec les populations minoritaires dans le pays.  Les États-Unis, a-t-elle ajouté, appuient un Iraq uni, fédéral et démocratique.  Pour parvenir à une stabilité à long terme, le succès dépendra de la campagne militaire et des mesures prises dans les jours, les semaines, les mois et les années à venir pour éviter la résurgence de Daech dans les zones libérées, a-t-elle averti.

La bonne gouvernance est également essentielle pour la réconciliation durable.  De plus, il faut que le Gouvernement mette en œuvre ses réformes politiques, économiques et sociales.

Enfin, la représentante a soutenu la proposition du Royaume-Uni relative à la création d’un organe d’enquête international chargé de réunir des preuves sur les atrocités commises par Daech et d’autres groupes extrémistes. 

« Votre mission joue un rôle essentiel à un moment critique pour l’Iraq », a dit M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) au Représentant spécial du Secrétaire général.  « Bientôt Daech ne contrôlera plus rien; Mossoul sera libérée et le prétendu califat disparaîtra », a-t-il assuré.

En attendant, a-t-il recommandé, il faut redoubler d’efforts pour secourir les familles victimes de ces fanatiques.  Il a félicité le Premier Ministre Haider Jawad Kadhim Al-Abadi qui donne la priorité aux civils pendant les phases militaires finales.  Pour sa part, le Royaume-Uni a contribué aux efforts humanitaires à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars.  Le conflit, a-t-il déploré, a eu un impact disproportionné sur les femmes et les filles.

L’Iraq a besoin de réconciliation politique et de réforme alors que Daech s’effondre, a insisté le représentant.  Il a exhorté la MANUI à poursuivre ses efforts en ce sens.  La sécurité et la stabilité ne sont rien sans reddition de comptes.  C’est pourquoi le Royaume-Uni a lancé avec l’Iraq et la Belgique « un élan mondial pour traduire Daech en justice ».  En effet, les zones récemment libérées présentent des preuves que la communauté internationale doit aider à collecter.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité adopte une résolution en ce sens. 

Par ailleurs, le délégué a regretté le manque de progrès dans le dossier des biens koweïtiens disparus. 

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a évalué de façon positive les efforts actifs de la MANUI en Iraq.  Il a appuyé toutes les mesures prises par le Gouvernement pour rétablir le contrôle et la souveraineté du pays sur les territoires conquis par Daech et les groupes extrémistes.

Il faut former un front international très large et coordonné contre le terrorisme, a lancé le représentant.  À cet égard, il a salué l’établissement par Bagdad de liens bilatéraux avec ses partenaires régionaux.  Il faut que tous ceux qui luttent contre le terrorisme en Iraq respectent la souveraineté du pays, a-t-il ajouté.

De plus en plus, s’est-il inquiété, les terroristes en Iraq utilisent des armes chimiques.  Il a recommandé de mener des enquêtes objectives face à ces crimes pour mettre fin à ce phénomène menaçant.  Il faut également agir sur le volet humanitaire et reconstruire toutes les infrastructures socioéconomiques.

« L’aide internationale est encore très importante », a fait valoir le représentant.  Il a souhaité que soient créées des conditions propices au dialogue national avec la participation de toutes les religions.  « Il faut encore faire beaucoup pour normaliser la situation dans ce pays. »

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a salué les avancées de l’armée iraquienne contre Daech dans l’ouest de Mossoul.  Dans la perspective d’une victoire contre le groupe terroriste, le représentant a appelé les autorités du pays à inclure davantage toutes les composantes iraquiennes dans le processus politique du pays, ainsi qu’à lutter contre la corruption et à faire avancer le processus de décentralisation du pays.

Le représentant du Kazakhstan a par ailleurs rappelé l’importance des prochaines élections aux conseils de province et de district, censées avoir lieu le 16 septembre 2017, ainsi que des élections législatives, prévues pour avril 2018.  Dans ce cadre, il a appelé les autorités du pays à mener à bien la réforme du système électoral iraquien.

« La réconciliation nationale devrait rester l’une des priorités de l’Iraq », a en outre estimé le représentant, tout en appelant les forces armées des régions du pays à coopérer davantage avec Bagdad. 

Le délégué a en outre insisté sur l’importance qu’il y avait à garantir le retour en toute sécurité des personnes déplacées dans les zones libérées.  Il a de plus condamné l’utilisation par Daech de civils comme boucliers humains, ainsi que toutes les exactions perpétrées par le groupe terroriste à l’encontre des civils.

Le délégué a enfin appelé les États Membres, et notamment la Ligue des États arabes, à rester impliqués en Iraq, dans le respect de l’intégrité territoriale du pays.

M. WU HAITAO (Chine) a salué les progrès du Gouvernement iraquien dans la lutte contre le terrorisme et a espéré que les autorités du pays puissent être bientôt à même de garantir la sécurité des Iraquiens.  Face aux difficultés actuelles, le représentant a toutefois appelé la communauté internationale à rester engagée en Iraq, et ce, afin de faciliter la réconciliation nationale. 

Le représentant a également appelé la communauté internationale à continuer de soutenir la MANUI. 

Le délégué a par ailleurs salué les efforts déployés par l’Iraq pour améliorer ces relations avec le Koweït et d’autre pays voisins, notamment afin de résoudre les questions en suspens par le dialogue. 

Enfin, le représentant a invité les partenaires de l’Iraq à respecter l’intégrité territoriale du pays.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a réitéré l’appui de son pays aux efforts du Premier Ministre Haider Jawad Kadhim Al-Abadi et a salué les avancées contre Daech dans le cadre de l’offensive menée pour libérer Mossoul.  

S’il s’est félicité des progrès accomplis par les partenaires de l’Iraq pour aider les personnes déplacées, il s’est dit très préoccupé par le sort des civils pris au piège à Mossoul, utilisés comme boucliers humains par les alliés de Daech. 

Alarmé par les cas d’exploitation sexuelle par le groupe terroriste, il a apprécié l’engagement des autorités iraquiennes pour combattre ce fléau, notamment dans le cadre d’un comité conjoint avec les Nations Unies.  L’Italie, a-t-il précisé, fournit des services d’aide psychologique et sociale aux victimes.

L’Italie est prête à défendre la cause de la justice et à combattre contre l’impunité en gardant à l’esprit le principe d’appropriation nationale, a poursuivi le représentant.  La lutte contre le terrorisme sur le long terme exige une stratégie et implique de s’attaquer à ses causes profondes.  Ainsi, faut-il promouvoir la notion de citoyenneté iraquienne, en laissant de côté l’intolérance et le caractère tribal. 

Il faut assurer la stabilité dans les zones libérées pour se débarrasser de Daech en Iraq, a insisté le représentant.  L’Italie y a formé des centaines d’unités de police et contribue aux efforts en cours pour augmenter les capacités.  Il a évoqué ensuite la dimension de la protection du patrimoine culturel iraquien, à la suite d’une initiative commune de l’Italie et de la France. 

Enfin, il a encouragé les autorités iraquiennes à assurer une gouvernance sans exclusion et des élections transparentes et équitables.  Il faut également s’occuper des minorités de l’Iraq qui font partie intégrante de son histoire.

La protection des civils représente un défi immédiat auquel doivent répondre toutes les parties en Iraq, en particulier dans le contexte des opérations de libération, a déclaré M. KORO BESSHO (Japon).  Près de 275 000 personnes vivent dans les zones contrôlées par Daech dans l’ouest de Mossoul.

Le Japon, a-t-il souligné, appuie l’engagement du Gouvernement iraquien de placer les civils au centre de ses opérations militaires.  Toute violation des droits de l’homme est inacceptable, a-t-il averti, que ce soit contre les chiites, les sunnites, la minorité yézidie ou d’autres.

Ensuite, a rappelé M. Bessho, en citant le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 11 millions de personnes en Iraq ont besoin d’une aide humanitaire, et la situation est particulièrement difficile pour près de 678 000 personnes déplacées de Mossoul.  Le Japon, a-t-il précisé, est déterminé à maintenir son assistance après avoir annoncé en janvier dernier une contribution de 100 millions de dollars. 

Enfin, le représentant a mis l’accent sur l’importance de la réconciliation nationale, une condition essentielle pour un Iraq stable et pacifique.  L’opération de Mossoul est en cours, a-t-il noté, mais « il n’est pas trop tôt pour parler de la phase postlibération ».  L’unité dont le peuple iraquien a fait preuve devra être renforcée. 

Il a appelé toutes les parties en Iraq, y compris les représentants des partis politiques, les leaders religieux et communautaires, à redoubler d’efforts pour promouvoir la réconciliation nationale.   

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a salué la « lutte courageuse » menée par les forces iraquiennes contre Daech.  « Il faut assurer l’accès à l’aide humanitaire », a-t-il toutefois déclaré, s’inquiétant du sort des civils pris au piège dans les combats, y compris les plus de 650 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays.

Le délégué a par ailleurs vivement condamné les exactions commises par Daech contre des civils, y compris l’utilisation de femmes et d’enfants comme des boucliers humains.  Il a appelé l’ensemble de la communauté internationale à s’élever contre ces pratiques.

S’agissant des futures élections du pays, le délégué a invité les autorités à mettre en œuvre la réforme électorale afin d’inclure l’ensemble des composantes du pays au processus.

Enfin, le représentant a salué la coopération accrue entre l’Iraq et le Koweït afin de trouver une solution à la question des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus, ainsi que des biens koweïtiens disparus.

M. CARL SKAU (Suède) a rappelé que l’offensive menée contre Daech à Mossoul vise non seulement à reprendre un territoire iraquien, mais que c’est aussi « un combat contre un ennemi qui nous menace tous ».  Il est impératif, a-t-il souligné, de garantir la protection des civils, car la situation dans l’ouest de Mossoul est très préoccupante.

À la fin de l’opération militaire à Mossoul, il va falloir entreprendre pendant longtemps d’importants efforts de stabilisation, a projeté le représentant.  À cet égard, la Suède contribue au mécanisme de financement du PNUD.  La réconciliation inclusive, a-t-il estimé en saluant le rôle de la MANUI à cet égard, sera essentielle pour édifier un pays stable et prévenir de futurs conflits.  Il faudra restaurer la confiance entre les différentes composantes de la population et faire participer la société civile.

La Suède appuie aussi les initiatives visant à renforcer la reddition de comptes pour les violations du droit international et les crimes commis pendant le conflit.  Il est également essentiel, selon le délégué, de renforcer le système juridique iraquien.

Il a notamment encouragé la MANUI à accroître la diplomatie préventive pour faciliter le dialogue entre Bagdad et Erbil, à aider les autorités à promouvoir l’état de droit et le respect des droits de l’homme, y compris le respect des droits des minorités, et à augmenter la participation des femmes à la gouvernance post-Daech.      

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a salué les avancées enregistrées par les forces gouvernementales iraquiennes contre Daech, en particulier dans l’ouest de Mossoul, où 89,5% de la ville ont été repris à l’organisation terroriste.

Face à l’utilisation « atterrante » de civils comme boucliers humains par le groupe terroriste, le représentant a appelé la communauté internationale à tout faire pour mettre fin à de telles pratiques.

Le délégué s’est par ailleurs inquiété du nombre de déplacés dans les environs de Mossoul, qui s’élève désormais à environ 670 000 personnes, alors que 200 000 personnes supplémentaires pourraient quitter la ville dans les prochains jours.  Il a appelé à accroître la capacité d’accueil des civils fuyant Mossoul.

Le représentant a enfin salué les initiatives pour parvenir à un règlement national historique, y compris l’Initiative de règlement national de l’Alliance nationale et l’Initiative de règlement historique émanant de la Coalition des Forces iraquiennes.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a salué le courage et la détermination des forces iraquiennes qui, avec l’appui de la Coalition, ont remporté des victoires décisives contre Daech.  Elle a cité notamment l’opération lancée par l’armée iraquienne contre Daech dans la zone dite « Kilomètre 160 », dans le but de sécuriser Routba.

Elle a en même temps salué les dispositions prises par le Gouvernement iraquien pour donner la priorité à la protection des civils, conformément au droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Tout doit être mis en œuvre pour apporter assistance aux déplacés, a-t-elle ajouté, exprimant son inquiétude face aux civils piégés dans Mossoul.

Mme Gueguen a condamné les violences et exactions commises par Daech et a demandé de tout mettre en œuvre pour faciliter le retour durable et volontaire des populations civiles et notamment des personnes appartenant à des minorités ethniques et religieuses.  Elle a rappelé l’engagement de la France à cet égard, dans le cadre du Plan d’action de Paris qui a été présenté conjointement avec la Jordanie lors de la Conférence de Paris sur les victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient le 8 septembre 2015.

« Nous soutenons les actions humanitaires et de stabilisation sur le terrain afin d’offrir aux populations déplacées des conditions de vie satisfaisantes et de favoriser, lorsque c’est possible, leur retour dans leur ville et village d’origine. »

Mme Gueguen a également alerté sur l’urgence à collecter des éléments de preuve pour lutter contre l’impunité, l’une des composantes essentielles du mandat de la MANUI.  Elle a assuré de la volonté d’aide de la France dans ce domaine, pour que les preuves soient examinées par la juridiction compétente, le moment venu.  

En matière d’aide humanitaire, elle a estimé que la priorité devait être accordée au renforcement des efforts de stabilisation déployés par les autorités iraquiennes et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans les zones libérées du joug de Daech.  Elle a aussi plaidé en faveur de la protection du patrimoine culturel.

Enfin, elle a appelé à préparer dès à présent le jour d’après pour éviter tout vide sécuritaire et de gouvernance, avec un plan politique de gouvernance inclusif pour Mossoul et sa région.  Elle a souligné la nécessité pour le Gouvernement d’accélérer l’adoption et la mise en œuvre des réformes en faveur de la réconciliation nationale.  Il devra aussi mettre en place une gouvernance inclusive, au niveau national et local, ainsi que des forces de sécurité locales acceptées par la population. 

Enfin, elle a encouragé Erbil et Bagdad à poursuivre leur dialogue politique pour résoudre les différends qui les opposent.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a salué les progrès réalisés par la vaillante armée iraquienne dans la lutte contre Daech, tout en faisant de la protection des civils une priorité.  Il faut prendre des mesures urgentes pour aider les populations dans le besoin, promouvoir la réconciliation, favoriser une gouvernance vertueuse et inclusive, ainsi que la tenue d’élections crédibles et la reddition de comptes.  À cet égard, il a relevé les efforts de plusieurs hautes autorités iraquiennes pour favoriser le dialogue et la réconciliation nationale.

Le représentant a invité la communauté internationale à poursuive le financement du plan de réponse humanitaire lancé à Bruxelles en décembre 2016.  Il a condamné toutes les atrocités auxquelles s’adonnent les terroristes, toutes actions qui peuvent être constitutives de crimes de guerre et contraires au droit international humanitaire et aux droits de l’homme.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a salué les grandes victoires des forces iraquiennes alliées ces derniers mois pour libérer les territoires iraquiens du contrôle d’organisations terroristes odieuses.  Il a également reconnu les efforts du Gouvernement qui accorde une grande importance à la protection des civils dans des zones densément peuplées pendant les opérations militaires à Mossoul.  

« La libération de Mossoul approche », a anticipé le représentant.  Il a pensé que la fin du terrorisme passe par une approche globale qui repose aussi sur des composantes politiques, économiques et sociales.  La stabilité dans les zones libérées demandera des projets de développement et le retour digne, sûr et volontaire des réfugiés dans leurs foyers, sans modifier la composition démographique des zones avant le conflit, « pour éviter toute marginalisation », a-t-il averti.

Par ailleurs, il est important de soutenir l’Iraq dans ses réformes économiques, a insisté le représentant.  Il s’est dit favorable à la tenue d’une conférence des bailleurs de fonds « pour mobiliser le soutien nécessaire pour épauler l’Iraq qui vit un tournant ».  Il faut, a-t-il recommandé, que les efforts de réconciliation de toutes les composantes iraquiennes aboutissent, car le pays a toujours tiré sa force de sa diversité et de son harmonie.  Il faut pour cela s’attaquer aux causes fondamentales de l’idéologie terroriste.  

Enfin, M. Aboulatta a rejeté toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures de l’Iraq.  En particulier, il a condamné les frappes aériennes turques menées dans le nord de l’Iraq, « que rien ne peut justifier ».

M. DAWIT YIRGA WOLDEGERIMA (Éthiopie) a salué les efforts déployés par les forces de sécurité iraquiennes, notamment les forces de mobilisation populaire, les Peshmerga et les combattants locaux, avec l’appui de la coalition internationale contre Daech, « pour déloger le groupe terroriste du pays ».

Condamnant le grand nombre de victimes civiles, notamment dans le cadre des opérations militaires de Mossoul, le représentant a pris note des informations non confirmées faisant état d’attaques menées par Daech à l’aide d’agents chimiques arsenalisés, à Mossoul et dans les zones avoisinantes, au cours desquelles deux civils auraient été tués et 21 autres blessés.

Le représentant a par ailleurs appelé l’Iraq et la coalition internationale contre Daech à faire de la protection des civils une priorité, afin de réduire le plus possible le nombre de victimes civiles des opérations militaires, notamment à Mossoul.

Le représentant a enfin appelé les autorités iraquiennes à faciliter le retour des déplacés dans les zones reprises à Daech, ainsi qu’à œuvrer en faveur de la réconciliation nationale.  

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a salué sans réserve les actions entreprises par la MANUI en vue de renforcer la stabilité du pays.

Soulignant la menace présentée par Daech, menace qui touche également la Syrie et « se joue des frontières », le délégué a appelé les dirigeants iraquiens et le Conseil de sécurité à avancer sur la question de la mise en place d’un mécanisme pour enquêter sur les crimes commis par le groupe terroriste.

Partant du constat que les opérations militaires ne suffiront pas à venir à bout du terrorisme, le délégué a appelé les dirigeants iraquiens à œuvrer en priorité en faveur d’un règlement national historique entre les différentes composantes du pays.

Préoccupé par la situation des civils pris au piège à Mossoul, en particulier les femmes et les enfants utilisés par Daech comme boucliers humains, le délégué a salué la volonté affichée par les autorités iraquiennes de mettre l’accent sur la protection des civils dans la poursuite des opérations militaires.

« La victoire à Mossoul ne suffira pas », a toutefois mis en garde le délégué, mentionnant la capacité des combattants du groupe terroriste à s’échapper vers la Syrie, grâce notamment au contrôle par Daech de la frontière entre les deux pays.  Il a par conséquent insisté pour que la communauté internationale demeure mobilisée dans la guerre contre Daech après la bataille de Mossoul.

Le représentant a enfin salué les efforts déployés par l’Iraq pour trouver une solution à la question des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ainsi que des biens koweïtiens disparus, notamment les archives nationales.  Il a appelé le Gouvernement iraquien à redoubler d’efforts pour obtenir des informations sur la question des biens koweïtiens pillés, en particulier les archives nationales.

« L’Iraq entre dans une nouvelle phase de sa guerre juste contre Daech », a déclaré M. MOHAMMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq).  Le pays compte sur la coopération internationale car il manque de ressources financières à cause du prix très bas du pétrole.

Pour restaurer la stabilité et la sécurité, le Gouvernement iraquien rétablit les services de base et envisage la reconstruction de l’après-Daech.  Il veut permettre aux personnes déplacées de rentrer dans leurs foyers, aider les familles des victimes du confit, et mettre fin au cycle de violence et de haine, a expliqué le représentant.  Il s’engage à respecter tout le monde et à préserver le caractère sacré des lieux de culte.  Il lui faut continuer de lutter contre la corruption, assurer le partage du pouvoir, et la justice et l’égalité pour tous.

Il est important, a reconnu le représentant, de s’en tenir à un discours qui va favoriser l’unité et la citoyenneté, et de ne pas permettre à des groupes terroristes comme Daech de réémerger.  Il est également crucial pour l’Iraq d’établir des relations de bon voisinage, de prendre des décisions de façon indépendante, et « que sa politique étrangère ne soit pas otage de certains intérêts ».  En outre, a poursuivi le représentant, l’Iraq détient le droit exclusif d’avoir des armes. 

Le Gouvernement iraquien salue les grands sacrifices faits par toutes les forces iraquiennes avec l’aide de la coalition internationales dans les efforts en cours pour finir de libérer Mossoul.  Il a rétabli sa souveraineté sur 90% de la ville et fait de la protection des civils une priorité, a précisé le représentant.

Il a appelé la communauté internationale à continuer de fournir une aide humanitaire à la population; appuyer les efforts de reconstruction; restaurer les services de base; œuvrer avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui a organisé une conférence avec l’Union européenne pour établir un plan quinquennal pour 2018-2022.

Le 25 avril, a dénoncé le représentant, « les forces turques, en violation flagrante de notre souveraineté, n’ont pas respecté l’espace aérien en bombardant le nord de l’Iraq, ce qui a causé la mort de Peshmerga ».  Il a demandé que le Conseil de sécurité prenne ses responsabilités légales et juridiques pour empêcher que de telles violences ne se reproduisent. 

Le Conseil, a-t-il estimé, doit « exiger que la Turquie retire ses troupes du territoire iraquien », pour ne pas nourrir les tensions dans la région et aggraver davantage l’instabilité.

Ensuite, l’Iraq examine différentes options avec ses partenaires pour traduire en justice Daech, sans préjuger de la souveraineté et de la compétence de son système judiciaire.  

Le Gouvernement iraquien attend une unité au sein de ce Conseil de sécurité pour arriver à une fin globale au conflit en Syrie, a ajouté le représentant.

Par ailleurs, a-t-il assuré, le Gouvernement continue de travailler sur les questions des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ainsi que des biens koweïtiens disparus, notamment les archives nationales.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ONU prête à fournir un appui technique pour que l’accord d’Astana réduise les tensions, assure l’Envoyé spécial pour la Syrie devant le Conseil de sécurité

7944e séance – matin
CS/12829

L’ONU prête à fournir un appui technique pour que l’accord d’Astana réduise les tensions, assure l’Envoyé spécial pour la Syrie devant le Conseil de sécurité

L’accord conclu le 4 mai dernier à Astana, au Kazakhstan, par les pays garants, la Fédération de Russie, la République islamique d’Iran et la Turquie, pour créer des zones de désescalade des tensions en Syrie, est « une première étape prometteuse », a considéré l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, qui a fait ce matin un exposé au Conseil de sécurité.

« Nous voulons que les efforts d’Astana réussissent », a déclaré M. de Mistura qui intervenait par visioconférence depuis Genève.  Selon lui, il y a encore des détails importants à préciser pour la pleine mise en œuvre de l’accord d’Astana.  L’ONU, a-t-il assuré, reste prête à fournir un soutien technique.  

Des rapports récents indiquent une diminution de la violence, et les marchés ont rouvert dans des zones clefs de la Syrie, a-t-il reconnu.  Toutefois, les hostilités et les bombardements se poursuivent à Hama, Homs et Damas.  

Des attaques au mortier ont été menées contre des groupes d’opposition armée engagés dans des combats contre Daech.  Daech a encore la capacité de causer de grands dommages, a-t-il averti.

« Notre objectif est de concrétiser un cessez-le-feu à l’échelle de tout le pays », a rappelé l’Envoyé spécial.  Il a exhorté toutes les parties et les pays garants de l’accord d’Astana à permettre un accès humanitaire sans entrave à plus de quatre millions de personnes qui ont besoin d’aide.  

Les choses seront plus claires quand le processus de cartographie sera terminé, a-t-il affirmé.  Il s’est dit encouragé de voir que les garants d’Astana s’intéressaient activement au sort des personnes détenues, enlevées ou portées disparues, et au déminage humanitaire.  Il leur a demandé de « confirmer officiellement par écrit cet accord technique sans plus attendre ».

Revenant aux pourparlers intrasyriens menés par les Nations Unies à Genève dans le cadre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial a expliqué qu’il avait décidé de mettre en place un processus consultatif technique, pour « mieux se préparer pour le moment où il y aura une conférence de paix ».

Ce processus est créé, il suit son cours et à déjà montré son potentiel, a-t-il dit.  Il s’agit d’approfondir l’examen des questions contenues dans les quatre « paniers » à l’ordre du jour, notamment sur les volets constitutionnels et juridiques, au fur et à mesure que les pourparlers avancent.

Deux réunions techniques d’experts ont déjà eu lieu, a-t-il ajouté, en soulignant que ce processus participatif et inclusif devait être mené par les syriens eux-mêmes.  « Nous devrions tout faire pour avoir une opposition unifiée dès que possible. »

« Les réunions d’experts n’ont pas pour but de remplacer les négociations officielles », a précisé M. de Mistura.  « Elles soutiennent les quatre paniers et le principe de parallélisme encadré par le mandat que nous connaissons tous. »  Ainsi jettent-elles des bases pour aider les Syriens à écrire leur constitution.  « L’ONU offre des options dûment pensées aux participants aux pourparlers officiels », a-t-il insisté.

Dans deux heures, a par ailleurs annoncé M. de Mistura, « je vais commencer un dialogue avec les représentants de la société civile syrienne ».  

Le processus d’Astana, auquel ont également participé la Jordanie et les États-Unis, a permis d’avancer sur le plan politique et du cessez-le-feu, s’est ensuite félicité le représentant du Kazakhstan.  Selon lui, « les parties ont maintenant les moyens de trouver une solution politique ».  Les pays garants, la Fédération de Russie, l’Iran et la Turquie, connaissent bien la situation politique et humanitaire sur le terrain, a-t-il noté, en demandant que l’on crée des couloirs humanitaires.   

« Le succès du processus de Genève est intimement lié au succès du processus d’Astana », a-t-il fait valoir, en appelant le Conseil de sécurité à faire tout son possible pour parvenir à un règlement pacifique de la situation. 

« Nous ne voyons pas comment ce cessez-le-feu ou cette désescalade est si différente des initiatives précédentes », a cependant critiqué le représentant de l’Ukraine.  L’accord d’Astana ne servira selon lui qu’à obtenir une brève période de calme, invariablement suivie par une nouvelle escalade de la violence. 

Accusant le régime de couper les forces internationales de la ligne de front avec Daech dans le seul but de réaliser des avancées contre ses opposants modérés, il a appelé le Conseil de sécurité à s’assurer que les zones de désescalade prévues dans l’accord ne soient pas instrumentalisées par le régime syrien pour se regrouper et préparer une offensive.

Pour sa part, le représentant de l’Uruguay a noté que l’accord d’Astana avait marqué des progrès pour la mise en œuvre du cessez-le-feu, tout en regrettant qu’il ne fasse pas mention de l’accès sans entrave des Nations Unies aux populations civiles. 

Rappelant le rôle que doit jouer le Conseil dans la résolution de cette crise, il a souligné que la responsabilité de la cessation du conflit syrien incombait en premier lieu aux Syriens, et non à l’Envoyé spécial, qu’il a une nouvelle fois félicité pour sa détermination à créer un processus de négociations impliquant toutes les tendances syriennes. 

Enfin, son homologue de la Bolivie a engagé les parties à déposer définitivement les armes et à éviter toute attitude belligérante.  Il ne faut pas mettre à mal l’intégrité et la souveraineté territoriale de la Syrie avec des mesures unilatérales contraires à la Charte des Nations Unies, a-t-il mis en garde.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la décolonisation ferme les portes de son Séminaire régional avec en main des « idées novatrices »

Comité spécial de la décolonisation,
Séminaire régional des Caraïbes - après-midi  
AG/COL/3310

Le Comité spécial de la décolonisation ferme les portes de son Séminaire régional avec en main des « idées novatrices »

KINGSTOWN, Saint-Vincent-et-les Grenadines, 18 mai -- Le Comité spécial de la décolonisation a organisé son Séminaire régional des Caraïbes, du 16 au 18 mai, à Kingstown, à Saint-Vincent-et-les Grenadines, à l’issue duquel des « idées novatrices »* ont été avancées sur un large éventail de questions pour assurer les progrès vers l’autodétermination des 17 territoires non autonomes restants.

L’édition 2017 du Séminaire, qui a coïncidé avec la Semaine de solidarité avec les peuples des territoires non autonomes, avait pour thème « La mise en œuvre de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme: l’avenir de la décolonisation des territoires non autonomes, quelles sont les perspectives? »

Les « idées novatrices » auxquelles est parvenu le Séminaire, s’est réjoui le Président du Comité spécial de la décolonisation, M. Rafael Darío Ramírez Carreño du Venezuela, touchent à différents aspects du travail, à savoir les missions de visite, la diffusion de l’information, les programmes d’éducation politique, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le rôle des agences, fonds et programmes de l’ONU dans la décolonisation, qui reste « un voyage inachevé », a commenté Mme Nedra Miguel, de Saint-Vincent-et-les Grenadines.  Elle s’est d’ailleurs félicitée que le Séminaire ait identifié les causes du retard dans le processus de décolonisation et se soit mis d’accord sur le fait que la négociation demeure la meilleure voie.

« Le travail qui reste à accomplir nous rappelle que nous avons tous une contribution à faire », a dit le Secrétaire général de l’ONU, dans le message qu’il a fait lire à l’ouverture du Séminaire régional, le 16 mai dernier.  M. António Guterres y souligne que « la coopération est essentielle » à une mise en œuvre pleine et effective de la « Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux », adoptée par l’Assemblée générale en 1960.  Les choses sont d’autant plus urgentes, a ajouté le Secrétaire général, que nous approchons de la fin de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2011-2020).  

Nous devons comprendre contre quoi nous nous battons, a dit le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, à l’ouverture du Séminaire.  M. Ralph Gonsalves a convoqué Jean-Paul Sartre pour affirmer: « la colonisation est un système économique qui n’est possible qu’avec un sous-prolétariat colonial ».  Nous devons écouter la voix des peuples non autonomes, a voulu le Premier Ministre, prévenant que « la route sera difficile et semée d’embûches ».

Experts et autres participants ont avancé des « idées novatrices » pour surmonter les obstacles, dont la formation de petits groupes de négociation avec les puissances administrantes ou encore la nomination par le Secrétaire général de l’ONU d’un haut-représentant pour la décolonisation.  Sans une restructuration approfondie et drastique du travail du Comité, a prévenu l’experte, Mme Judith Bourne, et une évaluation à la baisse de ses objectifs et idéaux, la troisième Décennie risque tout simplement de se transformer en une quatrième, voire en une cinquième décennie jusqu’à ce que les efforts meurent de négligence et de passivité, « ce qui serait une tragédie pour les territoires non autonomes et une « véritable opprobre jetée sur le Comité », ont commenté plusieurs participants. 

Le représentant du Chili a tout de même défendu un Comité « auquel a été imposé des contraintes » et qui n’a d’autres choix que de privilégier une approche « à taille unique » en échec.  Son homologue de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a suggéré au Comité de tenir des réunions sur chacun des 17 territoires non autonomes pour identifier leurs défis spécifiques et prendre des mesures, en collaboration avec la puissance administrante, pour les relever.  Le rétablissement de la confiance entre ces puissances et le Comité est essentiel, a estimé le représentant de la Sierra Leone.  Mais, a mis en garde un expert, un  processus de décolonisation qui suivrait les règles du colonisateur n’est plus une décolonisation, mais une « expansion de la colonisation », a taclé M. Michael Lujan Bevacqua.  Son homologue, Mme Carlyle Corbin, a d’ailleurs rejeté les références aux « constitutions » faites par le Comité car il ne s’agit ni plus ni moins que d’« un ordre colonial ».

« Le rôle du Comité n’est pas de s’occuper des conflits fonciers entre États mais bien des droits des peuples qui ne jouissent pas d’une pleine autonomie, et de les aider à l’obtenir », s’est impatienté le représentant de Gibraltar dont le territoire fait partie de la liste du Comité, avec Anguilla, les Bermudes, Guam, les Îles Caïman, les îles Falkland/Malvinas, les Îles Turques et Caïques, les Îles Vierges américaines, les Îles Vierges britanniques, Montserrat, la Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, la Polynésie française, le Sahara occidental, Sainte-Hélène, les Samoa américaines et les Tokelau.

Le premier jour du Séminaire a été marqué par un débat de procédure sur la présence de « certains individus » tel que l’a dénoncé le représentant de l’Indonésie.  Le Président du Comité a reconnu que seules les personnes invitées par son Bureau sont autorisées à participer aux travaux mais il a avoué ne pas être en mesure d’empêcher le pays hôte d’inviter des gens.  Le représentant du Maroc a tout de même reproché au Président d’avoir rejeté la demande des « représentants du Sahara », « sans consensus et au mépris du règlement intérieur ».  Le Front Polisario, a rectifié le représentant de l’Algérie, est reconnu comme « le seul » représentant du peuple sahraoui.  Le Président du Comité « n’a pas le droit de filtrer les entrées dans cette salle », a rétorqué son homologue du Maroc, car « toutes les voix doivent être respectées ».  « Je ne tolérerai aucun manque de respect et je voudrais qu’on ne s’abaisse pas aux insultes », a prévenu le Président du Comité qui a aussi, répondant à une remarque du délégué des Grenades sur les représentants des îles Falklands/Malvinas, jugé qu’il s’agit là d’une toute autre question puisque ce territoire fait l’objet d’un conflit de souveraineté.    

*CRS/2017/CRP.9 http://www.un.org/fr/decolonization

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine les avancées démocratiques et économiques de la Bosnie-Herzégovine qui faciliteront son intégration européenne

7943e séance – matin
CS/12828

Le Conseil de sécurité examine les avancées démocratiques et économiques de la Bosnie-Herzégovine qui faciliteront son intégration européenne

Le Conseil de sécurité a tenu, ce matin, son débat semestriel sur la situation en Bosnie-Herzégovine sur la base de l’exposé du Haut-Représentant pour ce pays, M. Valentin Inzko, qui a salué les progrès réalisés au cours des six derniers mois sur la voie de l’intégration euro-atlantique. 

Malgré ces avancées, détaillées dans le rapport* que présentait le Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application de l’Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine, les délégations se sont quelque peu inquiétées de la persistance de divisions ethniques, alors que 22 années se sont écoulées depuis la fin du conflit.

La Bosnie-Herzégovine, qui a déposé sa demande d’adhésion à l’Union européenne en février 2016, a été encouragée en ce sens par les membres du Conseil, ainsi que par la délégation de l’Union européenne (UE) pour qui 2016 a été « une très bonne année pour la Bosnie-Herzégovine sur le chemin de la réforme et vers l’intégration européenne ».   

La Bosnie-Herzégovine et l’UE ont signé, en décembre 2016, un protocole sur l’adaptation de la stabilisation et l’accord d’association, lequel constitue en effet une étape importante sur la voie de l’intégration dans l’UE.  Une prochaine étape sera de répondre aux 3 242 questions posées par la Commission européenne pour qu’elle donne son avis sur la préparation du pays.

Si les progrès importants accomplis par ce pays ont été pris en compte par le Haut-Représentant, l’UE a dit compter sur la mise en œuvre du programme de réformes de la Bosnie-Herzégovine (2015-2018).  En outre, les controverses récentes et l’échec d’adopter des réformes législatives clefs ont été vus comme une menace dans cette entreprise.

L’une des sources de préoccupation, a indiqué le Haut-Représentant, résulte des pressions exercées par les autorités de la Republika Srpska afin de donner suite à un projet de référendum constitutionnel.  Ce projet visait à remettre en cause la compétence des juridictions de l’État central, notamment en organisant des « célébrations ostentatoires » le 9 janvier dernier, jour anniversaire de la création de la Republika Srpska. 

De même, la demande en révision de l’arrêt rendu en 2007 par la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la répression du crime de génocide a divisé profondément les partis et dirigeants serbes et bosniaques au sein de la coalition nationale, a noté le Haut-Représentant.  La question a finalement été tranchée par la CIJ qui a jugé la demande de la Bosnie-Herzégovine non recevable.

Le représentant du Royaume-Uni a déploré que les dirigeants soient trop souvent revenus aux divisions du passé plutôt que de se tourner vers l’avenir et d’entreprendre les réformes nécessaires à la paix, à la stabilité et la prospérité.

Mais dans l’ensemble, les délégations ont constaté l’engagement fort dont ce pays fait preuve en se concentrant sur la stabilité, la démocratie et le développement socioéconomique.  Les membres du Conseil ont encouragé la poursuite du dialogue en veillant au respect de l’Accord de Dayton et à l’harmonie ethnique. 

De son côté, la délégation de la Fédération de Russie s’est montrée critique de la façon dont le Haut-Représentant a présenté la situation en Bosnie-Herzégovine, jugeant ses évaluations « politisées et unilatérales ».

Sur la crise politique suscitée par la Republika Srpska, la Fédération de Russie a estimé que la situation était beaucoup plus stable que ce que laisse penser la Bosnie-Herzégovine.  Le représentant en a déduit que les sanctions unilatérales prises par les États-Unis l’an dernier n’étaient pas nécessaires.  

La déléguée des États-Unis a expliqué que les sanctions financières prises constituaient un avertissement face à des tentatives de saper les institutions de l’État et de créer des divisions.  Le Haut-Représentant a d’ailleurs constaté une diminution des appels à faire sécession de la part du Président de la Republika Srpska, suite notamment à l’imposition desdites sanctions.

Pour les États-Unis, la Bosnie-Herzégovine n’est pas encore un pays stable et viable, ce qui signifie que les critères ne sont pas remplis pour décider de fermer le Bureau du Haut-Représentant.

La plupart des membres du Conseil qui se sont exprimés sur ce point ont d’ailleurs confirmé qu’une fermeture serait précoce, un avis que ne partage pas le représentant russe pour qui la présence de la communauté internationale en Bosnie-Herzégovine n’apporte pas de valeur ajoutée.

Le délégué de la Bosnie-Herzégovine a fait part de son engagement dans la coopération régionale, dont le représentant de l’Italie, en sa qualité de Président des Balkans occidentaux pour 2017, a pu témoigner.  Il a aussi détaillé les efforts menés dans le cadre d’une série de réformes socioéconomiques, tels que le renforcement de l’état de droit, la lutte contre le terrorisme et la réponse à la crise des migrants. 

Selon son homologue de la Croatie, la question politique la plus urgente a trait à la réforme de la loi électorale qui doit permettre de garantir l’égalité institutionnelle des trois peuples.  Le délégué de la Serbie a pour sa part encouragé la Bosnie-Herzégovine à régler les questions politiques dans le dialogue entre ses différentes « entités ».

* S/2017/379

LA SITUATION EN BOSNIE-HERZÉGOVINE

Lettre datée du 28 avril 2017, adressée à la Présidente du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2017/379)

Déclarations

À quatre jours du vingt-cinquième anniversaire de l’admission de la Bosnie-Herzégovine en tant qu’État Membre à part entière de l’Organisation, M. VALENTIN INZKO, Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, en a profité pour saluer la contribution significative du pays aux travaux des Nations Unies depuis ce 22 mai 1992. 

M. Inzko a également salué les progrès réalisés au cours des six derniers mois par la Bosnie-Herzégovine sur la voie de l’intégration euro-atlantique, y compris les avancées récentes concernant la demande d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne (EU).  Sur ce point, le Haut-Représentant a appelé le pays à rester concentré sur son aspiration à l’intégration européenne et s’est félicité des efforts déployés par l’UE pour lui en donner les moyens.

Toutefois, M. Inzko a constaté la persistance de défis importants pour la Bosnie-Herzégovine, y compris la controverse récente entre les représentants politiques bosniaques et les partis politiques serbes sur le fait de savoir si le pays devrait ou non soumettre à la Cour internationale de Justice (CIJ) une demande de révision du jugement rendu en 2007 dans l’affaire opposant la Bosnie-Herzégovine à la Serbie concernant un cas de génocide. 

« Cette question divise les partis et dirigeants serbes et bosniaques au sein de la coalition nationale beaucoup plus profondément que tout ce que nous avons observé depuis plusieurs années », s’est-il inquiété, ajoutant qu’au final, la question a été tranchée par la CIJ, qui a jugé la demande de la Bosnie-Herzégovine non recevable.  Toutefois, a-t-il regretté, l’épisode a centré le débat public sur des questions ethniques susceptibles de diviser le pays.

La seconde source de préoccupation des derniers mois, a poursuivi le Haut-Représentant, a eu trait aux pressions exercées par les autorités de la Republika Srpska afin de donner suite à un projet de référendum constitutionnel visant à remettre en cause la compétence des juridictions de l’État central, y compris l’organisation de « célébrations ostentatoires » le 9 janvier dernier, jour anniversaire de la création de la Republika Srpska. 

À cette occasion, certains membres serbes des forces armées de la Bosnie-Herzégovine ont pris part aux festivités, au mépris des ordres qui leur avaient été donnés par leur chaîne de commandement, a regretté le Haut-Représentant.

De plus, M. Inzko s’est inquiété de l’intensification des appels d’homme politiques croates, au cours des derniers mois, à une « fédéralisation » de la Bosnie-Herzégovine en quatre « unités fédérales » formées sur une base ethnique, dont une avec une majorité croate.

Le Haut-Représentant s’est également inquiété de l’incapacité de la Bosnie-Herzégovine à respecter ses engagements envers le Fonds monétaire international (FMI), ainsi que de la détérioration de l’état de droit dans le pays, notamment du fait de la corruption rampante.

M. Inzko a toutefois noté une diminution des appels lancés par le Président de la Republika Srpska à faire sécession, suite notamment à l’imposition de sanctions financières par les États-Unis.

Dans la perspective des prochaines élections générales en Bosnie-Herzégovine, à l’automne 2018, M. Inzko a appelé les dirigeants du pays à créer un consensus autour de la révision de la loi électorale, notamment afin de mettre fin aux discriminations « inacceptables » contre les minorités du pays ne faisant pas parti d’une des trois composantes ethniques majeures de la Bosnie-Herzégovine.  Il a également encouragé les dirigeants du pays à entreprendre les réformes économiques nécessaires à sa future intégration dans l’UE. 

Aux vues de ces différents éléments, le Haut-Représentant a jugé nécessaire de maintenir et proroger le mandat de la Force de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR).  « L’EUFOR ne coûte pas très cher, mais c’est un investissement nécessaire pour la paix et la stabilité dans les Balkans », a-t-il estimé.

L’évolution la situation en Bosnie-Herzégovine mérite encore toute notre attention, a considéré M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan).  La Bosnie-Herzégovine reste un pays en transition.  Il a exhorté toutes les parties à l’Accord-cadre général pour la paix en Bosnie-Herzégovine à respecter les procédures et les institutions prévues.

D’après lui, la Bosnie-Herzégovine a fait preuve d’un engagement fort en se concentrant sur la stabilité, la démocratie et le développement socioéconomique.  Il a encouragé la Bosnie-Herzégovine et la Serbie à continuer le dialogue.  Il a également recommandé à la Bosnie-Herzégovine de renforcer l’Assemblée parlementaire, de développer le secteur des communications et des médias et de promouvoir l’harmonie ethnique.  La question du retour des réfugiés et des personnes déplacées doit également être examinée.

Convaincu que les progrès sur la voie de l’intégration européenne vont « catalyser la réconciliation », il a estimé que la Bosnie-Herzégovine a besoin de la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme, la corruption et le crime organisé, et pour surveiller la mise en œuvre des aspects civils de l’Accord.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a constaté que le document présenté aujourd’hui par le Haut-Représentant et ses versions précédentes ne présentent pas une image exacte de la situation en Bosnie-Herzégovine, jugeant ses évaluations « politisées et unilatérales ».  Il lui a demandé de « changer de credo » et d’arrêter d’accuser les Serbes, et parfois aussi les Croates, de toutes les difficultés que rencontrent les populations.  Il a, plutôt, prôné le dialogue et le respect mutuel.

Depuis quelques mois, la situation politique s’est aggravée, a-t-il rappelé en citant la grave crise constitutionnelle de février.  Il a estimé que les mesures prises à cette occasion avaient sapé les autorités bosniennes.  Il a souhaité le respect de l’esprit et de la lettre de l’Accord de Dayton, qui est la garantie de la paix et de la stabilité dans le pays et la région en général, regrettant que cet accord soit attaqué, déjà à l’été 2016.

Le représentant a critiqué le référendum et la décision de fêter la Republika Srpska le 9 janvier, y voyant une décision politisée.  Il a estimé que la situation en Republika Srpska est beaucoup plus stable, notamment à Srebrenica, que ce que laisse penser la Bosnie-Herzégovine.  Il n’a pas jugé utile de prendre des sanctions unilatérales, comme l’ont fait les États-Unis l’an dernier.  Il a souligné que la situation à Mostar, où il n’y a plus d’élections depuis 2008, n’avait fait que poser des problèmes.

Les lois électorales doivent illustrer les trois ethnies de cet État, a-t-il exigé en soulignant le problème de confiance entre ces ethnies.  Il a demandé au Haut-Représentant de faire attention à cela, souhaitant que le dialogue soit encouragé.

Si la participation de groupes extérieurs extrémistes peut créer des dangers, le Haut-Représentant n’a pas accordé assez d’attention à ce thème, selon le représentant russe.  Il n’a pas voulu qu’on établisse un parallèle historique en demandant des excuses.  Pour lui, la présence de la communauté internationale en Bosnie-Herzégovine n’apporte pas de valeur ajoutée.  Il a donc appelé à fermer le Bureau.

Enfin, il a dénoncé les méthodes de protectorat qui ne font que saper les initiatives locales.  Il a demandé le respect à la lettre de l’Accord de Dayton, qui contient des principes consacrés dans les résolutions du Conseil de sécurité.  Il faut respecter pleinement les trois entités qui forment la Bosnie-Herzégovine, a-t-il conclu. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a reconnu que le Bureau du Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine avait joué un rôle essentiel pendant 22 ans.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, restent engagés par rapport à la mise en œuvre des Accords de Dayton, en préservant la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, son développement et son intégration régionale, notamment au sein des institutions euro-atlantiques.

Cette intégration, a-t-elle toutefois averti, exige vision et volonté politique.  La Bosnie-Herzégovine doit résoudre d’anciens problèmes politiques, améliorer l’état de droit et le climat politique en général, et combattre la corruption. 

La représentante a partagé les préoccupations exprimées par le Haut-Représentant concernant les actions de quiconque cherche à saper les institutions de l’État, et à créer des divisions.  « Les sanctions des États-Unis contre le Président de la Republika Srpska devraient constituer un avertissement à cet égard », a-t-elle lancé.

« Nous attendons le jour où nous pourrons dire que la Bosnie-Herzégovine est un pays stable et viable, mais nous n’en sommes pas encore là », a poursuivi la représentante. La Bosnie-Herzégovine doit remplir les critères pour permettre la clôture du Bureau du Haut-Représentant. 

En attendant, a-t-elle conclu, la communauté internationale doit également fournir au Haut-Représentant tout l’appui et le financement nécessaire à son mandat.

Selon M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni), 2017 a été une année remplie de promesses pour la Bosnie-Herzégovine, et pourtant « des intérêts étroits, personnels ou politiques ont freiné et réduit le potentiel des progrès ».  Trop souvent, a-t-il déploré, les dirigeants sont revenus aux divisions du passé plutôt que de se tourner vers l’avenir et d’entreprendre les réformes nécessaires à la paix, à la stabilité et la prospérité. 

Ainsi l’adoption de la loi relative à la Journée de la Republika Srpska a-t-elle remis en question l’autorité constitutionnelle de l’État.  De même, le représentant a critiqué la demande en révision de l’arrêt rendu en 2007 par la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la répression du crime de génocide. 

« Ces manigances politiques n’ont pas leur place en 2017 », a-t-il insisté.  Il a demandé un engagement renouvelé en ce qui concerne l’accession de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne.  Il est temps que les dirigeants travaillent ensemble pour engager les réformes qui permettront à ce pays d’être concurrentiel dans l’économie mondiale.  Enfin, il a partagé l’évaluation du Haut-Représentant selon laquelle la Force de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR) est vitale.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a estimé que l’avenir de la Bosnie-Herzégovine se trouvait à l’intérieur de l’Union européenne (UE), arguant des progrès importants accomplis par ce pays.  Néanmoins, l’échec d’adopter des réformes législatives clefs risque de mettre en péril cette entreprise.  Il a souligné l’importance de ces réformes pour la population, ainsi que pour que le pays puisse présenter sa demande d’adhésion formelle à l’UE.  À cet égard, il a dit attendre avec intérêt la réponse au questionnaire.

Le représentant a exhorté toutes les institutions et forces politiques à s’abstenir de soulever des questions qui pourraient écarter le pays de ce chemin.  Il a prôné un dialogue franc et inclusif, dans le plein respect de la Constitution de la Bosnie-Herzégovine.  Il a notamment espéré que la loi électorale serait examinée de manière consensuelle.  Les jeunes veulent tous les droits et toutes les libertés dont jouissent les jeunes Européens, a-t-il souligné.

En ce qui concerne la dimension régionale, il a plaidé en faveur de la connectivité et de la mobilité des jeunes.  L’Italie, en tant que Présidente des Balkans occidentaux en 2017, organise un dialogue pour renforcer l’intégration régionale, auquel la Bosnie-Herzégovine participe activement avec notamment l’organisation d’un sommet en mars dernier. 

Il a souhaité faire des efforts pour avancer dans le programme « 5 plus 2 » et dit attendre avec intérêt les discussions sur la reconfiguration possible de la présence européenne en Bosnie-Herzégovine.

M. OLOF SKOOG (Suède) a noté les « progrès remarquables » relevés par le Haut-Représentant depuis la signature des Accords de Dayton, il y a 12 ans, par les protagonistes d’un conflit qui était « dans l’histoire européenne, le chapitre des violations les plus flagrantes des droits de l’homme », selon les mots du premier Haut-Représentant, le Suédois Carl Bildt.

La Suède, a poursuivi le représentant, a aussi sa propre histoire avec la Bosnie-Herzégovine, celle d’une coopération qui a tissé des liens forts entre les deux pays.  C’est dans ce contexte que la Ministre suédoise des affaires étrangères était récemment en Bosnie-Herzégovine où elle a salué les progrès dans le processus d’accession à l’Union européenne.  La Ministre a encouragé les dirigeants bosniens à se concentrer sur le bien-être de tous les citoyens, quelle que soit leur appartenance politique ou ethnique. 

Le représentant s’est en effet dit préoccupé par la résurgence des rhétoriques et incidents nationalistes, en particulier dans un État d’une telle fragilité.  L’unité du pays, a-t-il souligné, est « cruciale » pour son développement.  Les efforts de réconciliation doivent être appuyés. 

Il est important, a insisté le représentant, que les actes de violence sexuelle et fondée sur le sexe commis pendant le conflit soient punis car l’impunité menace la stabilité et la cohésion sociale, et complique la réconciliation.  

Quant à la communauté internationale, elle doit discuter de la reconfiguration de la présence internationale en Bosnie-Herzégovine.  Le représentant s’est donc félicité de l’examen stratégique du mandat de l’EUFOR ALTHEA prévu pour cet autonome. 

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a déclaré qu’en dépit des appels du Conseil de sécurité aux autorités compétentes de Bosnie-Herzégovine à travailler pour consolider les résultats du processus politique, à participer au dialogue pour régler leurs différends et à mettre en œuvre les accords de paix de Dayton, la situation interne reste tendue. 

La nécessité de dépasser les intérêts particuliers et les divisions ethniques et de faire des progrès dans la mise en œuvre du programme « 5 plus 2 » est plus pressante que jamais.

À cet égard, l’Ukraine condamne, a dit son représentant, la décision des autorités de la Republika Srpska d’arrêter toutes les communications et contacts avec le Haut-Représentant ainsi que leur refus d’accès aux informations et aux documents officiels.

Les différences existantes en Bosnie-Herzégovine ne sont pas uniques.  Les tensions politiques sont devenues la nouvelle normalité pour toute la région.  Deux jours plus tôt, le Conseil a discuté de la situation difficile au Kosovo.  Ces derniers mois, « nous avons été témoins des tensions et même de tentatives de coup d’État dans les Balkans », a estimé le représentant.  Tous ces développements démontrent que le changement d’environnement de « postconflit » à « préconflit » reste malheureusement possible.

Bien sûr, tous les problèmes et les défis de chaque pays sont très différents et parfois incomparables.  Mais leurs causes sont assez similaires.  Souvent, les tensions internes sont saisies par certains acteurs externes qui provoquent une instabilité dans les Balkans pour inverser l’intégration européenne de la région et pour maintenir les États des Balkans dans une supposée « sphère d’influence ».  C’est une politique irresponsable à mener dans une région aussi complexe que les Balkans, a tranché le représentant ukrainien.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a demandé au Haut-Représentant de continuer son mandat en toute transparence et impartialité, par le biais d’un dialogue inclusif en tenant compte des avis de tous les acteurs, conformément à l’Accord de Dayton.  Il a encouragé la Bosnie-Herzégovine à poursuivre ses efforts en faveur de la paix et de meilleures relations bilatérales avec les pays voisins.

Il a souhaité que les parties continuent à travailler pour le bien-être des peuples et pour la mise en œuvre du programme « 5 plus 2 » qui est une condition préalable à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.  Enfin, il a demandé à la communauté internationale d’accorder toute son attention aux préoccupations de toutes les parties, afin d’éviter les erreurs du passé et d’appuyer le développement et le bien-être de tous.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a regretté les différents épisodes qui ont inutilement ravivé ces derniers mois les tensions entre les communautés et remis au premier plan le souvenir des divisions du passé notamment le référendum organisé en Republika Srpska sur la question de la journée nationale, et les tensions qui ont récemment entouré le dépôt d’un recours en révision de l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) de 2007. 

Les dirigeants politiques doivent agir dans le cadre des institutions et de leurs compétences respectives, a affirmé la déléguée, qui a rappelé que la CIJ avait rejeté le recours au motif qu’aucune décision n’avait été prise par les autorités compétentes de demander, au nom de la Bosnie-Herzégovine, la révision de l’arrêt. 

Mme Gueguen qui a appelé à une grande vigilance s’agissant de toute initiative susceptible d’introduire de nouvelles divisions dans le pays, a exhorté toutes les parties à coopérer avec les institutions mentionnées dans l’accord de paix, notamment la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et le Haut-Représentant.  Ce dernier doit, a-t-elle ajouté, concentrer ses efforts sur la facilitation d’un dialogue apaisé au quotidien entre les différentes communautés et entités.

Il importe plus que jamais que les responsables politiques saisissent la pleine mesure de leurs responsabilités.  L’échec à adopter les mesures nécessaires à l’octroi de l’aide du Fonds monétaire international (FMI) est à ce titre préoccupant, s’est inquiétée Mme Gueguen qui, avant de terminer, a appelé tous les acteurs à abandonner les rhétoriques surannées de division et les jeux politiques. 

« Le moment est venu de se concentrer sur la mise en œuvre des réformes économiques et sociales qui constituent le cœur des aspirations communes de l’ensemble des citoyens de Bosnie-Herzégovine, quelle que soit leur communauté d’origine », a-t-elle estimé.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a fait mention des « agissements des autorités de la Republika Srpska tendant à mettre en œuvre les résultats du référendum organisé le 25 septembre 2016 par cette entité.  Il a rappelé que ces résultats ont été annulés par la Cour constitutionnelle et il a souhaité que le message du Conseil de sécurité soit ferme concernant l’importance qui s’attache au respect et à la mise en œuvre des décisions de la Cour constitutionnelle. 

Il a estimé que la posture de la Republika Srpska, qui appelle à la dissolution de la Bosnie-Herzégovine, apparaît comme un défi à la construction nationale du pays qui requiert plutôt une atmosphère de sérénité et un dialogue franc entre toutes les communautés et composantes de l’État. 

Il a souligné que la souveraineté et l’intégrité de la Bosnie-Herzégovine doivent être préservées, conformément à l’Accord-cadre général pour la paix, à la Constitution du pays et au droit international.  Le représentant a du reste invité les trois groupes ethniques du pays à collaborer plus étroitement et à cultiver encore plus le vivre ensemble, gage d’un État stable, fort et à la voix plus audible dans le concert des nations. 

Il a appelé au renforcement des capacités des forces de police et de défense du pays afin de leur permettre, à terme, de combler leurs déficits stratégique et opérationnel, dans un environnement où la menace terroriste n’est pas une vue de l’esprit.

M. WU HAITAO (Chine) a respecté l’indépendance, la souveraineté, l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.  La Chine, a-t-il assuré, appuie tous les Bosniaques, quelles que soient leurs origines ethniques, qui cherchent le développement. 

Il a pris note du fait que le pays continuait de faire face à des difficultés.  Selon lui, « la communauté internationale devrait accorder toute l’attention nécessaire aux points de vue de toutes les parties et adopter une approche équilibrée ».

Enfin, il a espéré que le Haut-Représentant continuera à jouer un rôle constructif pour promouvoir l’Accord de Dayton.  

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) s’est félicitée de la signature du protocole relatif à l’adaptation de l’Accord de stabilisation et d’association avec l’Union européenne, ainsi que des échanges et visites à haut niveau de dirigeants de pays de la région. 

Elle s’est toutefois préoccupée de la situation qui s’aggrave en matière d’état de droit.  Les autorités et les dirigeants politiques devraient respecter la décision de la Cour constitutionnelle de la Bosnie-Herzégovine, a-t-elle recommandé, en plaidant pour le respect de toutes les institutions étatiques.

Elle a aussi pris note de la crise politique qui s’est déclenchée pendant la période considérée, qui entraîne une paralysie nuisible à tous.  Elle a donc plaidé en faveur de la réconciliation. 

Enfin, elle a apporté tout son appui au Haut-Représentant et à son bureau pour qu’il continue à suivre la mise en œuvre des aspects civils de l’Accord de Dayton.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a salué les efforts du Gouvernement de la Bosnie-Herzégovine pour rejoindre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et a salué sa demande d’adhésion à l’Union européenne déposée en février 2016.  Néanmoins, il s’est inquiété de la persistance de divisions ethniques 22 ans après la fin du conflit.  Il a précisé que le Japon conduisait des programmes destinés aux enfants de différentes origines ethniques pour les sensibiliser au respect de la diversité ethnique par le biais du football et d’autres sports. 

Le représentant du Japon a aussi cité la promotion de la réconciliation des citoyens de Srebrenica par le biais de programmes agricoles.  Il a insisté sur le fait que le Japon continuerait d’appuyer des programmes de déminage pour assurer la sécurité de tous les citoyens. 

En tant que membre du Conseil de mise en œuvre de la paix, le Japon met l’accent sur la neutralité à l’égard des différents groupes ethniques, a insisté M. Kawamura. 

M. SEIF ALLA YOUSSEF KANDEEL (Égypte) a salué les développements positifs en Bosnie-Herzégovine, notamment en ce qui concerne les relations de bon voisinage et les efforts pour s’intégrer dans les institutions européennes et euro-atlantiques, ainsi que l’examen stratégique de la défense mené en novembre dernier.

Le représentant s’est cependant dit préoccupé par la détérioration du climat politique, par la polarisation politique et confessionnelle.  Il a déploré la demande en révision de l’arrêt de la CIJ et les activités de l’entité serbe pour célébrer la Journée de la Republika Srpska, ce qui contrevient aux décisions de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine.

D’après le représentant, « la détérioration de l’État de droit et le non-respect par l’entité serbe des jugements sont de nature à mettre à mal la cohésion et la stabilité de la Bosnie-Herzégovine ».  Il a invité tous les dirigeants politiques à dépasser les intérêts politiques étroits et à faire prévaloir les intérêts nationaux et du peuple.  « Les Accords de Dayton demeurent la clef de voûte de la stabilité institutionnelle et de l’unité de la Bosnie-Herzégovine », a-t-il insisté.  

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a appuyé l’unité et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.  Il a accordé une grande importance au respect de l’état de droit et des institutions prévues par les Accords de Dayton et, dès lors, prôné le respect des décisions de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine.

Plaidant aussi pour le respect de chaque communauté et pour l’intégration harmonieuse des minorités, il a condamné les discours belliqueux ou les paroles qui offensent d’autres communautés.  Il a salué avec intérêt les progrès accomplis vers l’intégration de la Bosnie-Herzégovine dans l’Union européenne (UE).  Dans ce but, il a demandé de régler les questions relatives aux biens de l’État et à la viabilité du budget, ainsi que de renforcer l’état de droit. 

Enfin, il a appuyé le Bureau du Haut-Représentant et la présence de l’UE en Bosnie-Herzégovine.

M. MILOŠ VUKAŠINOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a indiqué que son pays avait renforcé ses efforts de mise en œuvre du programme de réforme, dont les réformes socioéconomiques en vue de l’intégration dans l’Union européenne (UE). 

En décembre 2016, la Bosnie-Herzégovine et l’UE ont signé un protocole sur l’adaptation de la stabilisation et l’accord d’association, ce qui constitue une étape importante sur la voie de l’intégration dans l’UE, notamment en ouvrant des possibilités sur le plan de la coopération commerciale. 

Il a aussi cité la décision sur le commerce extérieur signée par le Président du Conseil des ministres qui vise à simplifier les échanges commerciaux avec l’UE et la région toute entière.  La Bosnie-Herzégovine a également intensifié sa coopération avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a-t-il ajouté.

Un des objectifs principaux de son pays est de progresser dans la coopération amicale et constructive entre les pays de la région, a poursuivi le représentant.  La coopération dans le cadre du processus de Berlin pour les infrastructures et le trafic d’énergies est aussi très importante pour le développement régional. 

Il a fait part des efforts des pays des Balkans occidentaux pour se réunir régulièrement au plus haut niveau, la dernière réunion ayant eu lieu les 16 et 17 mars 2017 à Sarajevo.  Celle-ci a été l’occasion d’exprimer le soutien des pays pour l’accession à l’UE.

La Bosnie-Herzégovine a fait des efforts pour renforcer l’état de droit dans plusieurs domaines, a indiqué M. Vukašinović en soulignant le respect de ses engagements internationaux dans la lutte antiterroriste et contre l’extrémisme violent, en appliquant les dispositions du Code pénal.

En outre, les institutions judiciaires et de sécurité ont mis en œuvre la Stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme, avec des activités préventives de déradicalisation menées non seulement par des autorités nationales mais aussi par des communautés religieuses, des institutions éducatives, des organisations de la société civile et les médias. 

Il a aussi mentionné les progrès accomplis dans la lutte contre la criminalité organisée, la corruption et le blanchiment de l’argent sale, avant de parler de ce qui est fait pour lutter contre l’impunité au niveau local, grâce à la stratégie nationale de poursuite des crimes de guerre.

Passant à la situation économique du pays, le représentant a reconnu qu’elle avait été affectée par le ralentissement économique mondial, mais annoncé toutefois une croissance constante en 2016, de 2,8% par rapport à 2015.  Dans la même période, les exportations ont augmenté de 3% avec un taux d’inflation en baisse (-1,1%). 

En ce qui concerne la crise internationale des migrants, il a signalé une réduction des flux depuis la fermeture de ce qu’on appelle « la route des Balkans occidentaux », mais prévenu que la région restait toujours aux premières lignes de la crise.  Il a fait part des mesures prises dans ce domaine en appliquant une stratégie et un plan d’action 2016-2020.

Enfin, concernant la situation sécuritaire, il a assuré du calme qui demeure dans le pays qui coopère de manière fructueuse avec la Force multinationale de stabilisation de l’UE, EUFOR ALTHEA.  Il a aussi rappelé que son pays contribue aux contingents des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a indiqué que 2016 a été « une très bonne année pour la Bosnie-Herzégovine sur le chemin de la réforme et vers l’intégration européenne ».  La Bosnie-Herzégovine a officiellement déposé sa candidature d’adhésion à l’Union européenne (UE) en février 2016.  Le 20 septembre dernier, le Conseil de l’UE a chargé la Commission européenne d’examiner cette candidature, a-t-il expliqué.

Les autorités de Sarajevo ont ainsi reçu un questionnaire de 3 242 questions destiné à permettre à la Commission de remettre un avis sur la préparation du pays.  Sur la base des réponses fournies, la Commission présentera un état des lieux et ses recommandations au Conseil de l’UE concernant non seulement le statut de candidat de la Bosnie-Herzégovine mais aussi les négociations d’adhésion.  Celles-ci comprendront « les axes des efforts qui devront être fournis prioritairement par la Bosnie-Herzégovine pour aller de l’avant ».    

La mise en œuvre des réformes reste fragile, a toutefois souligné M. Vale de Almeida.  « Le moment est venu pour une véritable réforme. »  Sinon, a-t-il averti, l’augmentation de la radicalisation, les problèmes socioéconomiques et les tensions nationalistes pourraient entraîner une instabilité sur le long terme. 

L’UE compte sur la mise en œuvre du programme de réformes de la Bosnie-Herzégovine (2015-2018).  La Bosnie-Herzégovine est entrée dans une phase où elle devra prendre des décisions difficiles en ce qui concerne l’économie et l’administration publique, a-t-il insisté.  Avec les bonnes politiques en place, les progrès sont possibles.

La Bosnie-Herzégovine continue à pâtir des intérêts étroits de certaines parties de la population, qui risquent de faire dérailler les progrès, a déploré le représentant.  D’après lui, les questions juridiques ne doivent pas être instrumentalisées ni justifier une absence de vision commune.

Garantir la bonne conduite des élections générales prévues à l’automne 2018 est essentiel, a déclaré M. Vale de Almeida.  Il a encouragé les autorités à aller de l’avant et à mettre en œuvre l’agenda européen pour édifier une société démocratique où les droits de tous sont garantis.

En outre, a-t-il fait valoir, la Force de maintien de la paix de l’UE (EUFOR) continue de jouer un rôle essentiel et de contribuer aux capacités de dissuasion de la Bosnie-Herzégovine si la situation devait le nécessiter.

« Je le redis aujourd’hui comme hier, les portes de l’Union européenne sont ouvertes », s’est-il exclamé.

En tant que signataire de l’Accord de paix de Dayton, la Croatie a une responsabilité spéciale vis-à-vis de la stabilité en Bosnie-Herzégovine, a assuré M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie).  La Croatie appuie la demande d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne.  

À cet égard, a-t-il précisé, son pays souhaiterait stimuler sa coopération transfrontalière avec son voisin.  Sur le front euro-atlantique, la Bosnie-Herzégovine a réalisé des progrès tangibles, dans les domaines économique et de la défense.

Malheureusement, a-t-il regretté, des crises politiques à répétition ont un impact négatif sur le processus de réformes et empêchent la Bosnie-Herzégovine d’aller de l’avant.  Pour faire face à la polarisation politique, et à la montée de la radicalisation et l’extrémisme, notamment chez les jeunes, il a rappelé toute l’importance de la mise en œuvre du programme de réformes en Bosnie-Herzégovine. 

D’après lui, la question politique la plus urgente a trait à la réforme de la loi électorale, conformément à la décision de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, car elle permettrait de garantir l’égalité institutionnelle des trois peuples et de tous les citoyens, sur la voie d’un pays mieux intégré.  Or, des acteurs politiques dominants continuent de refuser d’appliquer la décision de la Cour.

Il a appelé tous ceux qui sont véritablement préoccupés par la stabilité démocratique de la Bosnie-Herzégovine à agir contre cette situation.

La Croatie est prête à aider la Bosnie-Herzégovine à améliorer sa capacité institutionnelle et administrative et à répondre aux exigences sur la voie de son intégration dans l’Union européenne, a réitéré M. Drobnjak.  

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a souligné l’importance du processus d’intégration régionale en Europe et a salué les efforts entrepris par la Bosnie-Herzégovine pour adhérer à l’Union européenne (EU).

Partant du principe qu’une coopération accrue au sein des Balkans occidentaux était indispensable pour faire avancer l’intégration européenne dans son ensemble, le représentant a plaidé en faveur d’un renforcement des relations entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine.

« Cependant, nous avons été les témoins de tendances récentes de nature à créer des tensions politiques inutiles », a regretté le délégué serbe, en référence à l’évolution des relations entre les différentes « entités » et « groupes » au sein de la Bosnie-Herzégovine, avec, selon lui, des effets négatifs sur le reste de la région.

Tout en réaffirmant son engagement en faveur des relations de bon voisinage et de la réconciliation dans les Balkans occidentaux, le délégué a insisté sur l’importance du respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États de la région, y compris la Bosnie-Herzégovine.

Plus de 20 ans après la signature de l’Accord de Dayton, le représentant a affirmé que cet accord demeurait « la condition sine qua non » de la paix et la stabilité dans la région.  Il a considéré que les questions en suspens, notamment la célébration du jour anniversaire de la Republika Srpska, le fonctionnement des institutions communes et la réforme de la loi électorale, avaient trait à des problématiques internes à la Bosnie-Herzégovine.

Il a toutefois encouragé le pays à régler ces questions dans le dialogue entre ses différentes « entités », et ce, afin d’éviter des « mesures unilatérales », comme la tentative récente de réviser, « sur des bases juridiques sans foncement », l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans l’affaire opposant la Bosnie-Herzégovine à la Serbie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Une semaine après la Conférence de Londres, le Conseil de sécurité examine les promesses dont la Somalie est porteuse et les défis qui l’attendent

7942e séance – matin
CS/12826

Une semaine après la Conférence de Londres, le Conseil de sécurité examine les promesses dont la Somalie est porteuse et les défis qui l’attendent

Depuis le début de l’année, les progrès politiques enregistrés en Somalie font naître de vrais espoirs, ont reconnu ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la Somalie, M. Raisedon Zenenga, et le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano Jose Madeira.

La Conférence de Londres sur la Somalie, présidée par les Nations Unies, l’Union africaine, la Somalie et le Royaume-Uni, qui s’est tenue le 11 mai dernier, a été l’occasion pour le nouveau Gouvernement somalien de présenter ses priorités devant la communauté internationale et de forger des partenariats pour les réaliser, se sont félicités les deux hommes.

Cependant, ont-ils averti, la Somalie fait actuellement face à une grave sécheresse et à une dégradation rapide de la situation humanitaire qui pourrait provoquer une famine si la pluie ne vient pas et si l’aide humanitaire n’est pas renforcée à temps.

L’élection pacifique du Président Mohamed Abdullahi Mohamed Farmajo, le 8 février, la désignation et l’approbation d’un premier ministre et d’un gouvernement, et l’accord conclu le 16 avril par les dirigeants somaliens, à la fois au niveau fédéral et fédéré quant à la structure des forces de sécurité du pays, représentent des jalons importants, ont-ils souligné.  

Selon M. Zenenga, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur la Somalie*, le pays a aujourd’hui « l’opportunité unique de surmonter sa fragilité et de construire un État fonctionnel dans les quatre années à venir ».

À cette fin, le pays doit progresser dans cinq domaines prioritaires: établir des forces de police et de sécurité à même de protéger la population et de commencer à relayer l’AMISOM; promouvoir la reprise économique; prendre des mesures adéquates pour mieux gérer les fonds publics; finaliser la révision de la Constitution et renforcer le système fédéral; encourager la réconciliation et résoudre les conflits locaux de longue date.

« Les élections de 2020 seront un test des progrès », a lancé M. Zenenga.

Les dirigeants somaliens sont arrivés à un accord historique pour intégrer les forces fédérales et nationales dans une architecture nationale de sécurité, s’est également réjoui M. Madeira.  Le Pacte de sécurité conclu à Londres entre la Somalie et 42 partenaires internationaux entérine cet accord et reconnaît que l’AMISOM reste un pilier pour la sécurité de la Somalie, a précisé son homologue.

Les défis à relever sont énormes, ont toutefois rappelé les intervenants, en soulignant que les Chabab restaient la principale menace.

« Les Chabab se nourrissent des manquements en termes de gouvernance, notamment dans les domaines des droits de l’homme, de la justice et de l’état de droit, et de la fourniture de services de base », a mis en garde le Représentant spécial adjoint.

Citant plusieurs villes situées le long du couloir de Djouba qui restent les fiefs de ce groupe terroriste, le Chef de l’AMISOM a souhaité que l’opération Djouba 2 soit bientôt lancée, avant de plaider en faveur de l’allocation d’un financement prévisible et suffisant à la Mission.   

« L’heure est à l’optimisme et à l’espoir », a assuré à son tour le représentant du Royaume-Uni.  Il a dit avoir vu à Londres la détermination et l’énergie des autorités somaliennes et des dirigeants des États fédérés, ainsi que la volonté de la communauté internationale d’apporter une aide plus cohérente à la Somalie.

« Même s’il reste beaucoup à faire, un message d’espoir est nécessaire étant donné que les bonnes fondations sont jetées », a renchéri la représentante des États-Unis.  Se référant à l’examen conjoint de l’AMISOM, demandé par la résolution 2297 (2016), elle a invité la communauté internationale à envisager la prochaine étape de l’édification de l’État en Somalie.  Compte tenu de la menace continue posée par les Chabab, elle n’a pas jugé opportun d’avoir une véritable mission de maintien de la paix en Somalie.

Pour sa part, la représentante de la France a demandé que le retrait de l’AMISOM, sollicité par certains, ne soit pas seulement soumis à des impératifs de calendrier national, mais aussi lié au développement d’une solution somalienne de sécurité.  « Avant son retrait, l’AMISOM doit encore renforcer son efficacité opérationnelle », a-t-elle insisté.

Pour la Fédération de Russie, un retrait hâtif de la Mission pourrait avoir un effet délétère et créer un vide sécuritaire en Somalie.  Une mauvaise gestion de ce processus pourrait mettre en péril les gains politiques et sécuritaires, a également prévenu la Suède.

En dépit de son départ progressif d’ici à fin 2018, le rôle de l’AMISOM reste important compte tenu des opérations à venir pour déloger les Chabab des zones qu’ils contrôlent encore, a insisté l’Éthiopie.

La sécurité demeure le principal enjeu du pays, est venu rappeler le délégué de la Somalie, tout en appelant à renforcer davantage les forces armées somaliennes, avec l’aide de l’AMISOM.  À son avis, l’embargo sur les armes dont son pays fait l’objet entrave sa capacité à se procurer des armes lourdes pour lutter contre les terroristes, et ce, malgré la levée partielle de l’embargo en 2013.  Il a donc appelé le Conseil à établir une « feuille de route claire » en vue d’aboutir à la levée totale de l’embargo sur les armes.

* S/2017/408 et S/2017/404

LA SITUATION EN SOMALIE

Lettre datée du 5 mai 2017, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2017/404)

Rapport du Secrétaire général sur la Somalie (S/2017/408)

Déclarations

Alarmé par la tragédie due à la terrible sécheresse en Somalie, M. RAISEDON ZENENGA, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a expliqué que la situation humanitaire s’était détériorée plus rapidement que prévu.  On a enregistré des niveaux de malnutrition aiguë au sein des populations rurales et parmi les personnes déplacées à Baidoa et Mogadiscio.

Les pluies sont arrivées très tard et de nombreuses têtes de bétail ont été perdues, a-t-il précisé.  Les risques de mortalité maternelle et infantile augmentent, de même que les cas de violences sexuelles dans les camps de personnes déplacées.

La crise va probablement s’aggraver rapidement, a averti M. Zenenga.  Les besoins en matière d’assistance humanitaire croissent plus vite que la réponse.  En tout, 669 millions de dollars ont été reçus ou promis, mais il y a encore un fossé de 831 millions de dollars par rapport à ce qui avait été prévu dans le Plan d’aide humanitaire de 2017 pour la Somalie.

Parallèlement, a-t-il poursuivi, des mesures doivent être prises pour renforcer la capacité structurelle de la Somalie à faire face à des crises humanitaires récurrentes causées par des conditions climatiques extrêmes.  Sinon, le pays continuera de passer d’une crise humanitaire évitable à une autre.  

Il faut améliorer la sécurité, générer des revenus et lutter contre la corruption pour renforcer la résilience, a insisté le Représentant spécial adjoint.  

Selon lui, la Somalie a aujourd’hui l’opportunité unique de surmonter sa fragilité et de construire un État fonctionnel dans les quatre années à venir.

À cette fin, le pays doit progresser dans cinq domaines prioritaires: établir des forces de police et de sécurité à même de protéger la population et de commencer à relayer l’AMISOM; promouvoir la reprise économique, pour créer des emplois et fournir des services sociaux de base; prendre des mesures adéquates pour mieux gérer les fonds publics; finaliser la révision de la Constitution et renforcer le système fédéral; encourager la réconciliation et résoudre les conflits locaux de longue date.

« Les élections de 2020 seront un test des progrès », a souligné M. Zenenga.

Depuis deux mois, a-t-il noté, le Gouvernement fédéral et les États fédérés et leurs dirigeants ont pris des mesures importantes qui renforcent l’espoir que les priorités énoncées seront respectées. 

Ils ont prouvé leur volonté d’arriver à des accords politiques cruciaux pour que les progrès se concrétisent; ils ont reconnu que le manque de crédibilité actuel qui sépare le Gouvernement et les institutions de la population en général devait être examiné.  Ils ont également montré leur engagement à œuvrer avec le secteur privé.

Le 16 avril dernier, a continué le Représentant spécial adjoint, les dirigeants ont conclu un accord politique très attendu qui porte sur l’architecture de la sécurité nationale.  « Nous disposons ainsi d’un cadre pour renforcer des forces de sécurité qui rendent des compte, qui sont compétentes et acceptées par tous », s’est-il réjoui. 

Un tel accord sert de modèle pour d’autres accords politiques très importants sur des questions clefs, telles que la gestion des ressources naturelles.  Il devrait être aujourd’hui complété par un accord politique sur le secteur pénitentiaire et judiciaire.

« N’oublions pas l’ampleur et la complexité des défis auxquels le Gouvernement somalien va devoir faire face au cours des quatre prochaines années », a rappelé M. Zenenga.

Les attaques des Chabab restent le principal défi à relever, a-t-il mis en garde.  Les Chabab disposent encore des capacités nécessaires pour entraver la consolidation de la paix et le processus d’édification de l’État.

La lutte contre les Chabab requiert une approche à différents niveaux, qui combine les opérations offensives de l’AMISOM et de l’armée nationale somalienne, a expliqué M. Zenenga.  Il faut étendre l’autorité de l’État, combler certaines lacunes en termes de gouvernance et créer des incitants pour ceux qui souhaiteraient profiter de l’offre d’amnistie du Président.

Pour mener à bien ses tâches, L’AMISOM a besoin d’un financement prévisible, si possible par des contributions mises en recouvrement.

Les populations vulnérables doivent être protégées comme il se doit, a plaidé le Représentant spécial adjoint.  D’après lui, la mise en œuvre robuste de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme de l’ONU est essentielle.  « Les Chabab se nourrissent des manquements en termes de gouvernance, notamment dans les domaines des droits de l’homme, de la justice et de l’état de droit, et de la fourniture de services de base. »

Le dialogue et les efforts de médiation entre l’État de Galmudug et Ahlu Sunna doivent continuer, a-t-il conseillé.  C’est important pour lutter contre la menace de la piraterie.  À ce sujet, il est peut-être trop tôt pour parler d’un retour à un pic de piraterie, mais les progrès ne sont pas pérennes.

M. Zenenga a demandé une aide solide et cohérente des partenaires internationaux pour assurer la transition de l’AMISOM vers les forces somaliennes au début de l’année 2018.  Il a reconnu que l’absence d’une architecture nationale de sécurité convenue et une aide un peu chaotique de la part de la communauté internationale avaient contribué, au cours des huit dernières années, à un manque de progrès à cet égard.

Le résultat de la Conférence de Londres sur la Somalie, qui s’est tenue il y a six jours, a donné à ce pays l’occasion unique de présenter son programme aux partenaires internationaux et d’établir un cadre de coopération pour réaliser des priorités clefs.

Il en est ainsi du Pacte de sécurité entre la Somalie et 42 partenaires internationaux.  Le Pacte entérine l’accord sur l’architecture nationale de sécurité et reconnaît que l’AMISOM reste un pilier pour la sécurité de la Somalie. 

La Conférence de Londres a également produit un « nouveau partenariat sur la Somalie », a-t-il expliqué.  Il concerne la façon dont les partenaires œuvreront de concert pour atteindre des objectifs essentiels dans les domaines politique, sécuritaire et économique.  Ils ont convenu de se réunir de nouveau au mois d’octobre prochain pour assurer un suivi des engagements pris à Londres et envisager une stratégie de financement de l’architecture nationale de sécurité.

La Conférence de Londres a donné un nouvel élan aux efforts visant à faire progresser les priorités clefs de la Somalie, a résumé M. Zenenga, avant de faire le point sur l’examen conjoint Union africaine-ONU et l’évaluation stratégique de la présence de l’ONU en Somalie, dont les résultats seront présentés au Conseil de sécurité.

M. FRANCISCO CAETANO JOSE MADEIRA, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a apprécié les manifestations de générosité très grandes de la communauté internationale face à la sécheresse en Somalie, mais a prévenu que le défi était redoutable et exigeait des contributions plus importantes.  Il a aussi estimé que la Conférence de Londres amorçait de grands changements en Somalie.  Il a noté les efforts menés par le Gouvernement fédéral en faveur de la réconciliation et de la construction d’une Somalie stable et pacifique.

Les dirigeants somaliens sont arrivés à un accord historique pour intégrer les forces fédérales et nationales dans une architecture sécuritaire nationale qui serait à même d’assurer la sécurité du pays, s’est-il aussi réjoui en y voyant un « jalon crucial » dans l’histoire de la Somalie.  Il a exprimé son optimisme face au nouveau dynamisme insufflé par les dirigeants somaliens et à la constitution de forces de sécurité professionnelles efficaces selon l’accord passé entre le Gouvernement national et les États fédérés. 

Pour plus d’efficacité, il a appelé à impliquer tous les pans de la société civile dans les efforts menés par le pays, notamment les organisations de jeunes.  Ce n’est qu’en suivant une démarche multidimensionnelle que le pays parviendra à la paix et à la sécurité, a prévenu M. Madeira.

L’architecture en matière de sécurité est une solution qui se réalisera sur le long terme, a-t-il poursuivi en invitant notamment à mener les opérations nécessaires pour mettre en échec les Chabab.  Citant plusieurs villes situées le long du couloir de Djouba qui restent les fiefs des Chabab, il a demandé que l’opération Djouba 2 soit bientôt lancée pour libérer ces villes. 

Il a recommandé de dispenser une formation adéquate aux forces de sécurité avant leur déploiement afin d’éviter des violations des droits de l’homme lors du déroulement de cette offensive.  Il a demandé de ne pas tirer de conclusions hâtives sur cette question.  Ces opérations, a-t-il ajouté, ne doivent pas être seulement menées par l’Union africaine et les Nations Unies.  Il a en effet souhaité la participation pleine et entière des autorités somaliennes et des différents acteurs, dans une bonne coordination.

Enfin, le Représentant spécial a plaidé en faveur de l’allocation d’un financement prévisible et suffisant à l’AMISOM.  Il a voulu que tous les efforts menés se complètent, afin de conduire la Somalie vers la paix et la stabilité.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a évoqué la Conférence de Londres réussie sur la Somalie qui s’est tenu le 11 mai dernier.  « Oui, la communauté internationale avance et promet une aide humanitaire de taille, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir si nous voulons éviter la famine », a-t-il dit.  « Nous devons coopérer pour que la Somalie puisse mieux résister aux problèmes à long terme, tout en répondant aux besoins urgents. »

« L’heure est à l’optimisme et à l’espoir », a toutefois souligné le représentant.  D’importants progrès ont été enregistrés sur les plans politique et sécuritaire.  Il a dit avoir vu à Londres la détermination et l’énergie des autorités somaliennes et des États fédérés, de même que la volonté politique de leurs partenaires internationaux.

Le représentant a salué le transfert sans heurt du pouvoir avec la désignation d’un nouveau gouvernement qui a défini ses priorités.  Certes, a-t-il reconnu, la liste des mesures à prendre est considérable.  Dans l’immédiat, le Gouvernement somalien doit agir sur le plan de la sécurité et veiller à mettre en œuvre l’engagement concernant le partage du pouvoir et des ressources.  Il doit aussi parvenir à un accord sur une loi électorale d’ici à 2018.

Le représentant a jugé crucial le soutien la communauté internationale via la MANUSOM.  La sécurité sera indispensable pour étayer les progrès et éviter une nouvelle crise humanitaire.  Il faut également une reddition de comptes et que les autorités somaliennes puissent protéger la population.

Au niveau international, a-t-il insisté, il faut apporter un soutien plus cohérent.  Pour sa part, la Somalie doit afficher une détermination renouvelée de ses efforts, en lien avec l’aide de la communauté internationale. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a demandé à la communauté internationale de maintenir son soutien à la Somalie, et ce, dans une bonne coordination, afin d’éviter les doubles emplois.  Considérant le danger que représente le terrorisme, il a plaidé en faveur du renforcement des efforts pour le combattre. 

Il a salué à cet égard les efforts déployés par l’AMISOM.  Les forces de sécurité nationales doivent être solides, a-t-il poursuivi avant de suggérer de soutenir les institutions nationales de police et celles chargées de la lutte antiterroriste.  Le représentant a également demandé d’appuyer la fourniture des services de base à la population.

Tous les membres de la communauté internationale doivent redoubler d’efforts pour aider la Somalie, en particulier les Nations Unies, en respectant les priorités des Somaliens.  Le représentant a ajouté que les efforts devaient se faire également sur le plan régional. 

Concernant la sécheresse, il a jugé crucial de renforcer les capacités du pays en matière de prévention et d’alerte précoce, vu les crises récurrentes qui surviennent dans le pays.

M. WU HAITAO (Chine) a relevé les progrès accomplis par la Somalie mais relevé qu’il y a encore beaucoup à faire sur les plans sécuritaire et humanitaire.  Il a cité notamment les 6,2 millions de personnes qui ont toujours faim.  Le renforcement de la gouvernance et des forces de sécurité somaliennes est crucial, a-t-il dit en sollicitant le soutien de la communauté internationale à cet égard.  

Il a aussi souhaité le renforcement de la coopération au plan régional.   Aider l’AMISOM et la MANUSOM est une autre priorité, a dit le représentant chinois.

Il a ensuite donné des exemples de la façon dont son pays est impliqué dans la recherche de solutions en Somalie.  Un représentant chinois a été envoyé à la Conférence de Londres, a-t-il ainsi indiqué.  De plus, la Chine a envoyé une flotte dans le golfe d’Aden et au large des côtes somaliennes pour lutter contre la piraterie. 

La Chine a aussi apporté une assistance alimentaire à la Somalie par le biais du Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi qu’une aide pour subvenir aux besoins urgents des personnes déplacées.

À la Conférence de Londres, la semaine dernière, le Secrétaire général a parlé de « bonnes nouvelles », a relevé avec plaisir Mme MICHELE J. SISON (États-Unis).  Même s’il reste beaucoup à faire, un message d’espoir est nécessaire étant donné que les bonnes fondations sont jetées, a-t-elle estimé à son tour.

Elle a reconnu que le Président Mohamed Abdullahi Mohamed Farmajo était prêt à assumer les dangers liés à son poste de haut niveau et qu’il avait pris des engagements en matière de sécurité grâce au pacte conclu à Londres.  Le Gouvernement fédéral de la Somalie a créé une nouvelle architecture nationale de sécurité, un pilier important, a-t-elle précisé.  Il faut aussi créer une force militaire et politique, point de départ pour avoir une force de sécurité plus solide dans un pays unifié.

L’aide de la communauté internationale a été assez décousue par le passé, a souligné la déléguée.  Aujourd’hui, l’accord de Londres engage les partenaires internationaux à rester déterminés et à coopérer davantage, s’est-elle félicitée.

Elle a indiqué que le soutien des États-Unis était « assorti de certaines attentes ».  Elle a ainsi espéré que les promesses de réformes se concrétiseront pour garantir la transparence et la reddition de comptes.

Se référant à l’examen conjoint de l’Union africaine et de l’ONU, la représentante a invité la communauté internationale à envisager la prochaine étape de l’édification de l’État en Somalie.  Elle a jugé important de mener des activités antiterroristes.  Compte tenu de la menace continue posée par les Chabab, elle n’a pas jugé opportun d’avoir une véritable mission de maintien de la paix en Somalie.

Préoccupés par la crise humanitaire, les États-Unis ont en outre déboursé 178 millions de dollars dans le cadre de l’assistance humanitaire depuis le mois d’octobre.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a indiqué qu’avec l’aide de la communauté internationale, le Gouvernement somalien devait de manière urgente s’attaquer à la famine et à l’insécurité qui sévissent dans le pays.  En outre, il devrait développer une armée et une police nationales représentatives, réviser la Constitution, et faciliter le suffrage universel en 2020.  À cet égard, « nous sommes particulièrement encouragés par l’engagement du Président Mohamed Abdullahi Mohamed Farmajo à la Conférence de Londres sur la Somalie, à conduire le Gouvernement pour relever ces défis », a ajouté le représentant.

Sur le long terme, les institutions somaliennes doivent être capables d’assurer la sécurité dans tous les coins du pays.  Le Japon attend avec impatience la mise en œuvre de l’architecture nationale de sécurité par le Gouvernement fédéral et les États fédérés.  Le Conseil national de sécurité récemment créé aura un rôle important dans une approche intégrée de la sécurité.  Les partenaires internationaux doivent abandonner les approches individuelles et coordonner étroitement leurs efforts afin d’aider la Somalie à créer une armée et une police nationales représentatives. 

M. Kawamura a déclaré que la consolidation de l’État réussie et durable pour la Somalie dépendait également de son développement économique et du bien-être de ses citoyens.  À cette fin, le Japon a offert 442 millions de dollars pour financer les services sociaux de base, renforcer les capacités des forces de police et donner de la vigueur à l’économie nationale, y compris par l’autonomisation des jeunes qui jouent un rôle dans le Plan national de développement. 

Le Japon a récemment octroyé 8,5 millions de dollars pour une réponse d’urgence à la famine et a formé 150 personnes en matière de renforcement de capacités.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a dit l’importance des quatre domaines prioritaires identifiés par l’ONU en Somalie dont la conclusion d’un accord sur le fédéralisme délimitant les compétences respectives entre les autorités fédérales et entités fédérées dans les domaines civil et militaire.  Elle a aussi cité la mise en place de services publics de base sur tout le territoire et un plus grand effort dans la mise en place d’un État de droit en Somalie et dans le respect des droits de l’homme.  Enfin, elle a appuyé l’objectif d’une plus grande transparence des finances publiques et de la gestion de l’aide internationale.

S’agissant tout particulièrement de l’AMISOM, la représentante de la France a estimé que la sécurité était le grand chantier prioritaire des années à venir après les élections de cette année.  Elle a regretté que la diversification géographique du financement de l’AMISOM ne s’est pas produite avant de demander que le retrait de l’AMISOM, sollicité par certains, ne soit pas seulement soumis à des impératifs de calendrier national, mais aussi lié au développement d’une solution somalienne de sécurité.  

« Avant son retrait, l’AMISOM doit encore renforcer son efficacité opérationnelle », a insisté la représentante, avant de préciser que la France attendait que l’examen conjoint de l’AMISOM demandé par la résolution 2297 (2016) réponde aussi à ces enjeux.  

Par ailleurs, Mme Gueguen a estimé que l’enjeu crucial en matière de sécurité est la recherche d’un investissement accru des Somaliens eux-mêmes. 

S’agissant de l’examen conjoint de l’AMISOM demandé par la résolution 2297 (2016), elle a dit qu’un audit général et sérieux des effectifs des forces armées somaliennes devait être conduit au plus vite et suivi de la mise en place d’un système transparent de versement des soldes.

Elle a ajouté que l’Union européenne devait continuer à mettre en œuvre la formation de ces forces notamment dans les régions.  « Pour être atteints, ces objectifs doivent être partagés par les autorités somaliennes qui doivent s’engager à les mettre en œuvre dans une esprit de redevabilité mutuelle », a conclu la représentante.    

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a dit que son pays était engagé à aider la Somalie, notamment dans le cadre des Nations Unies, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA) en vue d’arriver à l’autonomisation complète des institutions somaliennes. 

Il a salué les résultats de la Conférence de Londres et s’est préoccupé des menaces des Chabab.  C’est là que le travail de l’AMISOM reste très important, a-t-il souligné, souhaitant le succès des forces de sécurité somaliennes et de leur stratégie.

M. Cardi s’est félicité des travaux de l’AMISOM et a dit attendre les résultats de la coopération ONU-UE, en insistant sur la nécessité d’une étroite consultation avec les autorités somaliennes.  L’Italie apporte son aide de manière bilatérale, en prodiguant des formations aux membres de la police somalienne, ainsi que par le biais de la Mission de l’UE en Somalie dont l’Italie fournit la moitié des effectifs de la force.

Le représentant a par ailleurs engagé la Somalie à faire davantage pour lutter contre la pauvreté et l’extrémisme violent, ainsi que pour renforcer l’état de droit et la fourniture de services sociaux de base.  Sur le plan humanitaire, il a dit que son pays avait versé 4,5 millions de dollars pour l’aide d’urgence à la population civile. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a salué les premières mesures prises par le Président Mohamed Abdullahi Mohamed Farmajo, et la signature, le 17 avril dernier, d’un accord sur l’architecture de sécurité nationale, « un pas dans la bonne direction ».

Il s’est dit très préoccupé par la situation en matière de sécurité en Somalie, dont il a attribué la cause première aux attaques incessantes des milices Chabab.  Leurs membres, a-t-il déploré, coordonnent leurs actions avec d’autres groupes dans la sous-région, ce qui sape la sécurité dans la Corne de l’Afrique.

Le représentant s’est aussi inquiété de la résurgence de la piraterie dans le golfe d’Aden.  Selon lui, les causes de ce phénomène n’ont pas été supprimées, comme la détérioration socioéconomique du pays à cause de la sécheresse.  Il a donc recommandé de mener des efforts concertés dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans le cadre du Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes.

Par ailleurs, l’examen du mandat de l’AMISOM doit permettre de renforcer l’efficacité des soldats de la paix, a-t-il ajouté.  Comme le dit le Secrétaire général, un retrait hâtif de la Mission pourrait avoir un effet délétère et créer un vide sécuritaire en Somalie.

Enfin, il a considéré que la communauté internationale devait fournir une aide humanitaire à la Somalie « le plus rapidement possible ».  Pour sa part, la Fédération de Russie a fait des contributions ciblées aux différents fonds et programmes des Nations Unies et elle forme des cadres somaliens à titre gracieux.

M. OLOF SKOOG (Suède) a salué l’adoption du Plan national de développement et du Nouvel Accord de partenariat pour la Somalie récemment adoptés à la Conférence de Londres.  Il a souligné que d’importantes tâches demeuraient afin de consolider la paix et les institutions étatiques, notamment une revue de la Constitution basée sur des consultations larges, transparentes et inclusives, et les préparatifs pour les élections en 2020 et 2021. 

Le renforcement de la confiance et l’établissement de relations constructives au sein des États fédérés, d’une part, et entre ces États et le Gouvernement central, d’autre part, est la clef.  De même, le renforcement de la gouvernance et des institutions locales doit être une priorité majeure, a-t-il indiqué. 

Le représentant a souligné la nécessité de configurer le soutien de l’ONU à la Somalie de manière appropriée et en tenant compte des recommandations de la Conférence de Londres.  Il a déclaré que l’examen stratégique de l’AMISOM était essentiel, car il ne faudrait pas que le retrait projeté de la Mission se fasse sous certaines conditions et qu’il soit synchronisé avec le renforcement des forces de sécurité somaliennes. 

Une mauvaise gestion de ce processus pourrait mettre en péril les gains politiques et sécuritaires, a-t-il prévenu.  Il a salué le travail effectué par l’AMISOM dans le cadre de la lutte antiterroriste, affirmant que la Mission méritait de recevoir des fonds de manière prévisible et durable pour mener à bien sa mission.

Il a relevé qu’une assistance humanitaire urgente pour faire face à la famine devait être associée aux efforts de renforcement d’une résilience sur le long terme pour faire face à la sécheresse et à d’autres crises.  En tant que Président du Groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés, il a plaidé pour que davantage de fonds soient consacrés à la protection des enfants au sein de la MANUSOM.  Il s’est aussi félicité de voir que la MANUSOM avait renforcé les mesures de protection après l’augmentation du nombre d’incidents relatifs à la violence sexuelle.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a jugé crucial de mener un effort coordonné pour aider la Somalie en matière de sécurité et, à cet égard, il s’est félicité de l’organisation de la Conférence de Londres.

Plusieurs faits encourageants ont été enregistrés au cours des derniers mois, a-t-il noté, en saluant les priorités définies par le Gouvernement somalien dans son plan national.  Il a appelé la communauté internationale à « honorer les promesses faites pour aider véritablement le pays à se redresser ».

Il ne faut pas oublier qu’une grave crise humanitaire due à la sécheresse fait rage en Somalie, a rappelé le représentant.  Il faut éviter une catastrophe à court terme et renforcer la résilience à long terme, d’autant plus que la crise est aggravée par la situation des personnes réfugiées et déplacées.  

L’AMISOM a largement contribué à la paix, la sécurité et la réconciliation en Somalie, a insisté M. Alemu.  L’AMISOM ne va pas rester ad vitam aeternam et il est approprié de débattre de son avenir, a-t-il ajouté.  Cependant, il faut prévoir « une feuille de route de sortie extrêmement claire » pour le transfert de ses responsabilités, en tenant compte du nouvel accord sur l’architecture nationale de sécurité.  

En dépit de son départ progressif d’ici à fin 2018, le rôle de l’AMISOM reste important compte tenu des opérations à venir pour déloger les Chabab des zones qu’ils contrôlent encore, a-t-il fait valoir.  « Les Chabab restent une menace. »  Il a espéré que la prochaine évaluation stratégique conjointe envisagera des mesures concrètes pour le financement de l’AMISOM et un partenariat renforcé entre l’ONU et l’Union africaine. 

M. EDUARD FESKO (Ukraine) a espéré que la mise en œuvre des documents adoptés à la Conférence de Londres permettrait d’accélérer les progrès, pour que la Somalie arrive à la paix et à la prospérité d’ici à 2020.  Notant qu’il y a plus de six millions de Somaliens en attente d’aide humanitaire et plus d’un million qui risquent de souffrir de la faim, il a jugé crucial de renforcer la réponse humanitaire face à la sécheresse en cours.  Il a dénoncé à cet égard les restrictions à l’aide humanitaire imposées par les Chabab.

Le représentant a condamné les récentes attaques commises par les Chabab en Somalie et demandé de renforcer l’architecture sécuritaire dans le pays.  Il a soutenu à ce propos les efforts menés par l’AMISOM et l’armée nationale somalienne dans leur lutte contre le terrorisme, en bonne coopération.

Sur le plan politique, il a exhorté le Secrétaire général d’en appeler au Gouvernement fédéral et au Parlement pour qu’ils progressent dans la révision constitutionnelle.   Il a également souligné l’importance du renforcement de la gouvernance locale.  Concernant la MANUSOM, il a souhaité qu’elle poursuive ses travaux en se concentrant sur le renforcement des capacités des autorités régionales et locales somaliennes.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a condamné l’aggravation de la violence contre les civils en Somalie du fait des Chabab, l’utilisation d’enfants soldats, les attaques contre le personnel humanitaire, les détournements de l’aide et les entraves à son acheminement.  C’est pourquoi le Sénégal salue la décision du nouveau Gouvernement fédéral somalien de faire de la réforme du secteur de la sécurité une priorité nationale.

Le représentant s’est félicité de l’action de la communauté internationale dont la mobilisation a permis une réponse rapide et un meilleur accès à la nourriture pour des milliers de populations locales dans le besoin.  Il a aussi salué la politique de tolérance zéro initiée par les autorités somaliennes pour tout détournement de l’aide humanitaire, avec l’engagement d’agir avec fermeté contre quiconque se livrera à de tels actes et pratiques de corruption. 

Il a invité la communauté internationale à continuer de soutenir le Gouvernement fédéral somalien dans ses efforts tendant à faire avancer les réformes, éradiquer la menace des Chabab, améliorer la situation humanitaire et promouvoir la consolidation de la paix et du développement durable.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a dit que le partenariat international était essentiel à la réalisation de la feuille de route politique pour les élections de 2020.  Celle-ci devrait aller en parallèle avec la consolidation des institutions de l’État et la promotion d’un dialogue politique inclusif.  Sur le plan sécuritaire, le représentant a souhaité que la prochaine « Operation Juba Valley Corridor II » contribue significativement à la neutralisation de la menace des Chabab.  Il a proposé que les Nations Unies, l’Union africaine et le Gouvernement somalien créent une forte architecture nationale de sécurité avec les réformes nécessaires de l’armée nationale de Somalie et de la force de police.

Le représentant a estimé qu’« en ce moment d’optimisme mesuré, le lien entre le développement et la sécurité doit être renforcé, de sorte que le Plan national de développement de la Somalie, axé sur la reprise économique et la stabilisation, soit mis en œuvre efficacement ». 

Préoccupé par la situation humanitaire provoquée par la sécheresse, il a soutenu l’appel du Secrétaire général pour la somme de 900 millions de dollars nécessaire pour fournir l’aide humanitaire.  Il s’est également dit inquiet de l’insécurité croissante dans diverses régions du pays.  Cette situation devrait être réglée rapidement pour qu’elle n’atteigne pas des proportions nationales, pour que l’instabilité n’aggrave la situation humanitaire et n’exacerbe les risques de famine. 

Tout en saluant les progrès accomplis au cours des dernières années en Somalie, comme en témoigne l’élection d’un nouveau Président, le 8 février dernier, M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a néanmoins souligné les défis importants auxquels le pays restait confronté, en particulier le groupe terroriste des Chabab.  Ce dernier, a-t-il affirmé, menace non seulement la stabilité de la région, mais empêche également la livraison de l’aide humanitaire aux populations civiles vivant dans les zones sous son contrôle. 

Le délégué a salué la tenue la semaine dernière de la Conférence de Londres sur la Somalie, à l’occasion de laquelle les partenaires humanitaires ont réaffirmé leur soutien envers le pays.  Il a également salué l’apport de l’Union africaine (UA) à la stabilisation de la Somalie, notamment par l’intermédiaire de l’AMISOM. 

Le représentant s’est cependant inquiété de la hausse récente des cas rapportés de violences sexuelles liées au conflit, une tendance sans doute aggravée par les déplacements de population causés par la sécheresse.  Il a également déploré la détérioration de la situation humanitaire du pays, en raison de cette même sécheresse, qui s’étend désormais au-delà du Puntland et du Somaliland, dans le sud de la Somalie.

Face aux 570 000 personnes déplacées supplémentaires enregistrées depuis novembre 2016, le délégué a appelé à éviter que la situation ne dégénère à nouveau en famine, comme cela avait été le cas en 2011.  Il a ainsi appelé à mobiliser 825 millions de dollars supplémentaires pour venir en aide de toute urgence aux Somaliens d’ici à juin 2017.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a salué les résultats de la Conférence de Londres sur la Somalie, tenue le 11 mai dernier, qui a abouti à un pacte de sécurité et à une nouvelle alliance pour la Somalie, ainsi qu’à l’appui de la communauté internationale au Plan national de développement de la Somalie et à son programme ambitieux de réformes. 

Il a jugé crucial de maintenir l’élan donné vers la réconciliation, en réaffirmant son appui à la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et l’unité du pays, afin de permettre à la Somalie de devenir démocratique, stable et prospère.

M. Bermúdez, s’inquiétant de la menace que constitue la piraterie, a appelé à progresser dans la démocratisation, le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Il a recommandé de s’attaquer au problème de la corruption et d’œuvrer en faveur de la réduction de la pauvreté et du redressement économique.

Face à la menace des Chabab, il a jugé prioritaire de renforcer les forces de sécurité nationales et de réformer le secteur de la sécurité.  L’autre question urgente est la crise humanitaire causée par la sécheresse.   Il a aussi plaidé en faveur de la révision de la Constitution, ainsi que pour la formation de l’État fédéral avec l’appui de la MANUSOM. 

Enfin, il a soulevé les problèmes de protection de la population, en particulier les femmes et les enfants, exigeant notamment un système de justice pour les mineurs conformes à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.

M. MOHAMED RABI A. YUSUF (Somalie) a estimé que la conclusion du processus électoral en Somalie, le 8 février dernier, avait marqué un changement de cap positif pour le pays.  Il s’est réjoui du soutien apporté par les partenaires de la Somalie à cette nouvelle direction politique la semaine dernière, lors de la Conférence de Londres sur la Somalie, durant laquelle le Président somalien nouvellement élu, M. Mohamed Abdullahi Mohamed, plus connu sous son surnom « Farmajo », s’est engagé à travailler sans relâche pour renforcer la sécurité du pays, construire des institutions démocratiques et améliorer les conditions de vie des Somaliens. 

À cette fin, a poursuivi le représentant, le Président Farmajo a nommé un premier ministre expérimenté, ainsi qu’un gouvernement comprenant cinq femmes et de nombreux jeunes ministres, qui représentent les 85% de la population somalienne âgés de moins de 40 ans.

Le représentant a affirmé que la formation « récente et historique » du Conseil national de sécurité, au sein duquel l’ensemble des États de la fédération somalienne sont représentés, permettrait de débattre de sujets globaux revêtant une importance nationale, y compris le processus de révision de la Constitution.

La sécurité demeure le principal enjeu du pays, a par ailleurs déclaré le délégué, tout en appelant à renforcer davantage les forces armées somaliennes, avec l’aide de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). 

Rappelant que l’armée nationale somalienne continue de combattre le groupe terroriste des Chabab, le représentant a précisé que, sans l’apport d’armes lourdes par l’AMISOM, son pays ne serait pas parvenu à mettre en déroute les terroristes. 

Le délégué a ainsi estimé que l’embargo sur les armes dont fait l’objet la Somalie entravait la capacité du pays à se procurer des armes lourdes pour lutter contre les terroristes, et ce, malgré la levée partielle de l’embargo en 2013.  Le représentant a donc appelé le Conseil à établir une « feuille de route claire » en vue d’aboutir à la levée totale de l’embargo sur les armes.

Abordant la situation humanitaire du pays, qui ne cesse de se détériorer, le délégué a lancé un appel aux donateurs, afin que ces derniers continuent d’apporter leur soutien à la Somalie pour sauver les femmes, les enfants et les personnes âgées, qui représentent 70% des victimes de la sécheresse.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité pour les droits des Palestiniens: « faire la différence » pour sortir l’UNRWA du gouffre financier

382e séance – après-midi
AG/PAL/1386

Comité pour les droits des Palestiniens: « faire la différence » pour sortir l’UNRWA du gouffre financier

Face aux graves difficultés financières que traverse actuellement l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Fodé Seck, a appelé, cet après-midi, l’ensemble des membres de son Comité à « faire la différence », en se mobilisant pour obtenir un financement plus durable et plus prévisible de cette agence, d’une importance vitale pour les Palestiniens.

« La situation financière de l’UNRWA est très grave », a affirmé le Président du Comité, qui est également le Représentant permanent du Sénégal auprès des Nations Unies.  Il a appelé les États à aider l’UNRWA à assainir sa situation financière.  « Rien qu’avec les membres de ce Comité », a-t-il affirmé, « nous pourrions faire la différence ».

Créé en 1949 par l’Assemblée générale, l’UNRWA, qui accumule les déficits chroniques, travaille dans les domaines de l’éducation, de la santé et du microfinancement en faveur de quelque cinq millions de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, à Gaza, au Liban, en Jordanie et en Syrie.  L’Office a créé 692 écoles, 143 centres de santé, 102 centres communautaires pour les femmes et octroyé près de 400 000 crédits pour un montant cumulé d’un peu plus de 440 millions de dollars.

La meilleure façon de faire la différence, a estimé l’Observatrice de l’État de Palestine, Mme Feda Abdelhady-Nasser, est de faire en sorte que le Comité soutienne activement le projet de résolution en cours d’élaboration à l’Assemblée générale, dont l’objectif est de rendre le financement de l’UNRWA « plus durable et plus prévisible ». 

Ce projet de résolution, a-t-elle précisé, demande non seulement des ressources de base supplémentaires, mais aussi l’augmentation des contributions volontaires, l’élargissement de la base des donateurs et l’implication des grands fonds internationaux. 

Insistant sur le rôle « vital » de l’UNRWA, l’Observatrice a exhorté le Comité à se mobiliser autour de cette « initiative importante », au moment de son examen à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.

La représentante s’est par ailleurs inquiétée de l’état de santé des plus de 1 000 prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes et qui ont entamé une grève de la faim depuis presque 30 jours afin de protester contre leur condition de détention. 

« Nous souffrons avec eux car nous continuons à être les témoins de ces injustices », a-t-elle déploré, accusant Israël de bafouer les droits de ces prisonniers et de tenter de « délégitimer » leurs revendications.  Mme Feda Abdelhady-Nasser a ainsi appelé le Comité à soutenir des grévistes de la faim, dont la vie est désormais en danger, ainsi que « leurs demandes légitimes ».

Faisant écho à cet appel, le représentant de la Ligue des États arabes a appelé le Comité à faire pression sur Israël pour obtenir le respect des droits des prisonniers palestiniens.  Il a en outre demandé à l’ONU l’ouverture d’une enquête sur leur condition de détention. 

La Ligue, a poursuivi le représentant, a aussi organisé au mois d’avril une manifestation de soutien aux prisonniers palestiniens.  À cette occasion, une équipe leur a rendu visite et constaté leur situation injuste.

L’injustice frappe le peuple palestinien dans son ensemble, a rappelé l’Observatrice de la Palestine, en parlant des 50 ans d’occupation israélienne dans les territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est.  Condamnant cette « occupation illégale » et le mépris des résolutions du Conseil de sécurité, Mme Feda Abdelhady-Nasser a dénoncé l’attitude d’Israël consistant à « saper tous les efforts de paix », comme en témoignent, selon elle, les nouvelles colonies en cours de construction.

Ce « projet de colonisation et de terreur » ne serait pas envisageable si le Conseil de sécurité se donnait véritablement les moyens de veiller au respect de ses propres résolutions, a-t-elle estimé, appelant le Comité à relayer ce message.  Elle a en outre appelé Israël à mettre fin au blocus de Gaza et à prendre ses responsabilités en tant que puissance occupante. 

Par ailleurs, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a approuvé le programme provisoire du Forum des Nations Unies sur les 50 ans d’occupation israélienne, qui aura lieu les 29 et 30 juin 2017, au Siège de l’ONU.

Le Président du Comité a indiqué que la première journée de ce Forum aura pour thème « Mettre fin à l’occupation: la voie vers l’indépendance, la justice et la paix pour la Palestine », et se concentrera sur des mesures politiques concrètes pour mettre fin à l’occupation israélienne.

La deuxième journée du Forum, a-t-il précisé, aura pour thème « Mettre fin à l’occupation: place aux droits de l’homme, au développement et à une paix juste », et sera axée sur la mobilisation de la société civile en faveur des droits inaliénables du peuple palestinien.

Le Comité a ensuite approuvé le programme de la Conférence internationale sur la question de Jérusalem, qui aura lieu les 20 et 21 juillet 2017 à Baku, en Azerbaïdjan. 

Le Président a rappelé que cette Conférence, qui sera organisée conjointement avec l’Organisation de la coopération islamique, aura pour objectif de faire connaître les réalités quotidiennes des Palestiniens sous l’occupation israélienne à Jérusalem-Est, en mettant l’accent sur la dimension économique et le développement durable, en particulier dans le secteur du tourisme.

S’agissant des prochains rapports trimestriels du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2334 du Conseil de sécurité, le Président du Comité a rappelé la position actuelle du Comité selon laquelle il doit s’agir de documents écrits.  La résolution exige de nouveau d’Israël qu’il arrête « immédiatement et complètement » toutes ses activités de peuplement dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.

Le Président n’a pas manqué de rappeler que les membres du Comité ne font pas non plus le point sur les activités qu’ils mènent s’agissant de la question de Palestine.  « Les membres et les observateurs n’ont pas fait grand-chose », a-t-il tranché.

Le Comité a également examiné les rapports concernant ses deux dernières réunions internationales à Managua, au Nicaragua, et à Beyrouth, au Liban.

En sa qualité de Rapporteur du Comité, le représentant de Malte, M. Carmelo Inguanez, a présenté le rapport sur la Table ronde des Nations Unies sur la question de Palestine, tenue le 4 février 2017 à Managua, et sur la visite de la délégation du Comité à Mexico, au Mexique, le 7 février, pour jeter des ponts avec la diaspora palestinienne en Amérique centrale. 

M. Carmelo Inguanez a rappelé qu’à cette occasion, il a été proposé de proclamer une journée internationale en souvenir de l’occupation de la Palestine et de créer une commission vérité et réconciliation pour forcer les Israéliens à reconnaître leurs crimes.

Le représentant du Nicaragua a qualifié cette réunion d’« historique » pour la diaspora palestinienne en Amérique centrale.  Il a voulu que l’on prenne la mesure du lien de solidarité entre le Nicaragua et les réfugiés palestiniens, un lien qui existe depuis des décennies.  Son homologue de l’Indonésie a salué des discussions très fructueuses qui ont permis de prendre contact globalement avec toute la diaspora palestinienne en Amérique centrale.

S’agissant du deuxième rapport relatif à l’Atelier des Nations Unies pour le renforcement des capacités humaines de l’État de Palestine dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, tenu les 27 et 28 avril 2017 à Beyrouth, le Rapporteur du Comité a souligné que les participants avaient posé de nombreuses questions constructives sur la coopération Sud-Sud et le commerce triangulaire. 

Le Président du Comité a toutefois appelé les membres de son Comité à faire des propositions concrètes pour renforcer les capacités des fonctionnaires palestiniens.  La représentante du Liban a réaffirmé l’appui de son pays à la cause des Palestiniens et a exprimé la disposition de son pays à accueillir d’autres réunions du Comité.  L’Observatrice de la Palestine a d’ailleurs encouragé le Comité à organiser ses réunions dans des lieux où vit une forte communauté palestinienne.  Il faut tout faire pour que les Palestiniens réalisent les objectifs de développement durable, a commenté le représentant du Bangladesh.

Le Président du Comité, M. Fodé Seck, a rappelé que le 22 février dernier, la Division des droits des Palestiniens a organisé une réunion d’information à l’intention des membres et observateurs du Comité.  Le 17 mars, en marge de la Commission de la condition de la femme, le Comité a invité Mme Hanan Ashrawi, parlementaire et femme politique palestinienne, à un échange de vues sur la situation en Palestine. 

Quelques jours plus tard, c’est le Secrétaire général lui-même qui a réaffirmé son plein soutien au Comité et exprimé sa disposition à apporter une assistance supplémentaire, notamment dans le cadre du programme de renforcement des capacités des fonctionnaires palestiniens mis en œuvre par le Comité.  M. António Guterres a également réitéré son attachement à la solution des deux États, comme étant la seule solution viable.

Le Secrétaire général en a aussi profité pour souligner le caractère illégal des colonies de peuplement du point de vue du droit international, tel que l’a démontré la Cour internationale de Justice (CIJ).

Le 24 mars, a poursuivi M. Fodé Seck, le Conseil de sécurité a tenu sa réunion mensuelle sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.  À cette occasion, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, a fait le point sur l’application de la résolution 2334.

Le 18 avril, la Mission d’observation de l’État de Palestine et le Comité ont organisé conjointement la projection du film « Ghost Hunting » pour marquer la Journée des prisonniers palestiniens, et le 20 avril, le Conseil de sécurité a tenu son débat trimestriel sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.  À cette occasion, le Vice-Président du Comité et Représentant permanent de la Namibie, M. Neville Gertze, a fait une déclaration.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: Le Forum sur la science, la technologie et l’innovation s’achève sur fond d’appels pour l’adoption de politiques basées sur des faits

Forum de collaboration multipartite,
3e & 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6833

ECOSOC: Le Forum sur la science, la technologie et l’innovation s’achève sur fond d’appels pour l’adoption de politiques basées sur des faits

Le deuxième Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable s’est achevé aujourd’hui, avec une multiplicité d’appels engageant les décideurs à tenir compte des faits scientifiques lors de leurs prises de décisions.

Organisé par le Conseil économique et social (ECOSOC), ce Forum, qui s’est déroulé sur deux jours, a été marqué par la tenue de pas moins de 13 tables rondes et de plusieurs manifestations parallèles.

Les représentants d’États Membres, d’organisations internationales, d’organisations de la société civile, du secteur privé, scientifiques, innovateurs et jeunes étudiants, ont souligné, avec emphase, que la science, la technologie et l’innovation ne doivent pas constituer une fin en soi, mais plutôt être des outils au service du développement durable.

Aujourd’hui, de nombreux appels ont également été lancés pour engager les décideurs à tenir compte de la science lors de l’élaboration et l’adoption de mesures destinées à appuyer la réalisation des objectifs de développement durable.

La Directrice exécutive de l’organisation de recherche sur les politiques en matière de science, de technologie et d’innovation, de la Tanzanie, Mme Bitrina Diyamett, a constaté que de nombreuses politiques, notamment en Afrique, ne sont pas fondées sur des faits en raison d’un manque d’expertise dans les domaines de la science, la technologie et l’innovation, avertissant en outre que si les décideurs ne maitrisent pas ces domaines, ils risquent de ne pas débloquer les fonds nécessaires pour renforcer les capacités en la matière. 

« Lorsqu’ils élaborent des politiques, les gouvernements doivent respecter non seulement les lois nationales, mais aussi les lois de la nature », a renchérit la Présidente de l’Académie des sciences des États-Unis, Mme Marcia McNutt, qui a averti que lorsque les dirigeants refusent d’écouter la science, ils mettent en danger le peuple. 

Cette dernière a aussi évoqué « ces temps d’incertitudes » que vivent les chercheurs aux États-Unis, la nouvelle Administration américaine semblant tourner le dos à la science et aux changements climatiques.

Au cours de cette journée, plusieurs mises en garde ont par ailleurs été formulées au sujet des conséquences néfastes que peuvent toutefois avoir la science, la technologie et l’innovation.

Professeur à l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni, Mme Xiaolan Fu s’est notamment attardée sur l’impact de l’intelligence artificielle et de la robotique qui, a-t-elle avertit, risquent de faire disparaître 16% des emplois actuels.

Aussi a-t-elle plaidé pour l’adoption de politiques conçues pour favoriser des changements technologiques qui appuient le développement durable sans aller à l’encontre des intérêts des êtres humains. 

Ce Forum qui va se tenir jusqu’en 2030 s’inscrit dans le cadre du Mécanisme de facilitation des technologies, mandaté par le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a opportunément rappelé, dans ses remarques de clôture, le Président de l’ECOSOC, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava (Zimbabwe). 

Afin de permettre aux parties prenantes d’échanger entre les sessions, l’ONU est prête à mettre sur pied une plateforme virtuelle dans le cadre du Mécanisme de facilitation des technologies, afin de servir de passerelle entre les financements et les initiatives favorables aux objectifs de développement durable. 

Pour faire avancer les choses, le Coprésident du Groupe de 10 experts chargé d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, M. Bill Colglazier, a appelé à pérenniser le Mécanisme jusqu’en 2030.  Il a aussi plaidé pour un échange d’expérience avec d’autres foras similaires qui ont court à travers le monde, proposant en outre d’organiser des réunions régionales de même calibre que le Forum.

Les coprésidents du Forum, M. Macharia Kamau (Kenya), et M. Vaughan Turekian (États-Unis) ont salué, de leur côté, l’engouement qu’a connu cette deuxième édition du Forum. 

À noter que l’Assemblée générale organisera demain, mercredi 17 mai, à partir de 10 heures, une manifestation de haut niveau relative à la campagne pour la réalisation des objectifs de développement durable sur l’innovation.

FORUM DE COLLABORATION MULTIPARTITE SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Session 3: Enseignements tirés des moyens de renforcer l’influence de la science, de la technologie et de l’innovation sur les objectifs de développement durable– souligner le caractère intersectoriel de la science, de la technologie et de l’innovation

Cette table ronde a été l’occasion de souligner que la mise en œuvre des objectifs de développement durable dépend de l’adoption de mesures fondées sur des faits scientifiques.  Elle a notamment débouché sur une discussion sur la meilleure façon d’aider les décideurs à tenir compte de la science dans leurs décisions.  Le rôle des start-up dans l’économie nationale a aussi été mis en avant, ainsi que la nécessité de développer des programmes éducatifs qui enseignent des compétences numériques et techniques

Déclarations liminaires                             

M. AUGUSTIN JIANU, Ministre de la communication et de la société de l’information de la Roumanie, a souligné les bienfaits de la technologie et de l’innovation, que ce soit l’utilisation d’une application pour téléphone intelligent ou l’usage que font les dirigeants du monde des médias sociaux comme mécanisme de gouvernement.  Ces technologies ont transformé notre réalité, mais nous ne sommes pas toujours conscients de l’impact et de la nature de ce changement, a-t-il indiqué.  Il a donc estimé important d’élaborer un modèle qui permet aux pays d’utiliser la science, la technologie et l’innovation pour réaliser les objectifs de développement durable.

Le Ministre a ensuite indiqué que la Roumanie fait face à des défis dans le domaine de la création d’emplois, tout en enregistrant une augmentation du nombre de diplômés en science, en technologie, en ingénierie ou encore en mathématiques.

Il a reconnu que pour créer de nouveaux emplois et promouvoir l’innovation, son pays devra investir non seulement au niveau local mais aussi au niveau national, et ce, de manière efficiente.  Il a indiqué que les start-up sont essentielles à l’amélioration du PIB, notant que les pays ayant une importante « culture de start-up » ont démontré que la meilleure stratégie de distribution des ressources consiste à renforcer l’ambition, la créativité et l’esprit d’initiative d’une nation.

Pour la Roumanie, a-t-il poursuivi, la solution devient évidente: les priorités nationales doivent être traduites en des critères plus vastes ciblant les segments de l’économie qui doivent être développés.  Il a recommandé de distribuer les fonds aux start-up à l’issue de compétitions nationales larges et ouvertes.  En outre, en appuyant les projets susceptibles d’avoir le plus important impact au niveau social, économique et technologique, les gouvernements pourraient aligner leur investissement dans les start-up sur les priorités nationales.

M. PETER GLUCKMAN, Conseiller scientifique du Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, a indiqué que pour mettre en œuvre des objectifs de développement durable, les responsables politiques doivent adopter des mesures fondées sur des faits scientifiques ce qui, a-t-il affirmé, leur permettra de réaliser des progrès notables au niveau national.  Il a constaté que de plus en plus de pays mettent sur pied des mécanismes de conseils scientifiques à l’échelon national qui jouent un rôle important en matière de développement.  Il a ensuite engagé l’ONU à mettre davantage l’accent sur le partage de conseils scientifiques « cohérents et consistants » avec les États Membres.  Il a également émis des doutes quant à l’impact, sur le long terme, du Conseil scientifique consultatif  établi par le Secrétaire général, tout en en reconnaissant le potentiel.  Il a également recommandé d’envisager d’allier les recherches environnementales aux recherches fondamentales. 

Constatant par ailleurs que la réalisation des objectifs de développement durable est avant tout basée sur des décisions nationales, il a estimé nécessaire de tisser davantage de liens entre les recommandations mondiales et les organes nationaux de mise en œuvre.  Il s’est également inquiété de l’écart entre les besoins des pays en matière de science, technologie et innovation, et les ressources dont ils disposent.

Mme MARY SNAPP, Vice-Présidente de « Microsoft Philanthropy », a indiqué que le monde vit actuellement sa quatrième révolutionnaire industrielle dont le rythme est 10 fois plus rapide et « 100 fois plus mondial »  que les précédentes. Elle a signalé qu’une des préoccupations qui en découle est que les gains individuels ne seront pas aussi importants que les gains des Gouvernements ou des entreprises, et qu’il est de ce fait impératif de veiller à ce que personne ne soit laissé de côté. Il y aura des revers et il y aura des percées, et il faudra y faire face et s’y préparer, a-t-elle indiqué.

Selon Mme Snapp, les innovations se font dans trois principaux domaines. Tout d’abord des innovations physiques, comme, par exemple, les imprimantes ou les voitures autonomes; des innovations biologiques qui permettront d’améliorer les systèmes de santé et enfin des innovations numériques, notamment les applications pour téléphones intelligents.

La panéliste a toutefois constaté que les promesses technologiques n’ont pas été totalement exploitées, dénonçant notamment le fait que 60% de la population mondiale n’a toujours pas accès à des services Internet abordables et de qualité.  Mme Snapp a appelé à promouvoir une éducation qui enseigne des compétences numériques et techniques, ainsi qu’à une meilleure maîtrise, sécurisation et compréhension des données sur la santé, l’éducation et l’environnement, entre autres.  La panéliste a aussi jugé nécessaire de développer l’entreprenariat local qui utilise la technologie.  « Nous devons utiliser la technologie même si on sait qu’elle peut nous bouleverser », a plaidé Mme Snapp.  

Débat interactif

Pourquoi les gouvernements n’acceptent-ils pas les avis scientifiques? C’est suite à cette question posée par un représentant de la société civile que le délégué de l’Éthiopie a demandé des conseils pour convaincre les universitaires à travailler avec les gouvernements, tandis que son homologue de la Zambie a voulu savoir par quels moyens aider les ministres à comprendre l’importance de la science, la technologie et l’innovation. 

Reconnaissant que la science est souvent difficile à expliquer, la Vice-Présidente de « Microsoft Philanthropy » a notamment recommandé aux scientifiques de traduire le langage scientifique en termes simples et compréhensibles non seulement à l’intention des décideurs politiques mais aussi pour le public.  « Il est important de rétablir la confiance entre les universitaires et les décideurs politiques », a-t-elle d’ailleurs estimé.

« La science ne fait pas de politique », a réagi le Conseiller scientifique du Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande qui a engagé les deux parties à faire l’effort de se comprendre mutuellement.  Il a également avancé que l’appréhension des gouvernements à utiliser les technologies de l’information et de la communication, découle souvent du fait qu’ils ne les maitrisent pas et n’en comprennent pas toujours les avantages.  La science doit s’adapter à cette situation, a-t-il estimé.  

La représentante de l’Alliance durable pour les océans a ensuite voulu savoir comment faire en sorte que la science, la technologie et l’innovation profitent aux jeunes entrepreneurs, ce qui a valu au Ministre de la Roumanie de revenir sur la nécessité d’expliquer, à la population, le rôle, l’importance et les implications de la science, de la technologie et de l’innovation.  Il a aussi recommandé d’appuyer le développement d’idées dans ces domaines.

Le délégué de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a par ailleurs préconisé de vulgariser et de diffuser dans toutes les langues, y compris la langue française, le savoir relatif à la science, la technologie et l’innovation. 

Cette table ronde était modérée par Mme HEIDE HACKMANN, Directrice exécutive du Conseil international des unions scientifiques et membre du Groupe des Dix- TFM.

Session 4: Les plans et politiques nationaux en matière de science, de technologie et d’innovation en vue de la réalisation des objectifs de développement durable

Les participants à cette table ronde ont partagé l’expérience de leur pays en matière de politiques relatives à la science, l’innovation et la technologie.  De ces exposés, on retient que chaque pays a mis en place des institutions censées promouvoir des solutions innovantes aux problèmes auxquels elle fait face, y compris, depuis deux ans maintenant, l’impératif de réaliser les objectifs de développement durable.

Au début de cette session, Mme Rebecca Firth a présenté le projet « Missing Maps » qui s’appuie sur le travail réalisé par l’équipe humanitaire OpenStreetMap (HOT) et d’autres acteurs de la cartographie afin de localiser les lieux, dans le monde, où vivent les personnes les plus vulnérables.  Ainsi, les régions vulnérables aux crises sont identifiées et cartographiées en prévision de crises.  Lorsqu’une catastrophe se produit, les humanitaires et les autres intervenants peuvent utiliser les cartes déjà disponibles, économisant de fait un temps précieux pour sauver les vies.  Le projet vise à cartographier les lieux les plus vulnérables du monde dans un délai de deux ans.

M. ABDULLAH LOOTAH, Directeur général de l’Autorité fédérale sur les statistiques et la compétitivité des Émirats arabes unis, a indiqué que le Gouvernement avait déclaré 2014 comme l’année de l’innovation afin de promouvoir l’esprit d’innovation au sein du public.  Une stratégie nationale pour l’innovation a été lancée la même année pour renforcer six objectifs de développement.  Il a notamment indiqué que le pays s’efforce d’améliorer les services publics en misant sur l’innovation tout en mettant l’accent sur le capital humain.   En janvier 2017, le Comité national pour la réalisation des objectifs de développement durable a été mis sur pied, et ses membres ont pour mission de trouver des solutions innovantes pour la réalisation des 17 objectifs.  Le Comité fait des rapports qui sont ensuite transmis au Conseil des ministres.

M. MICHIHARU NAKAMURA, Conseiller du Président de l’Agence nationale japonaise de la science et de la technologie, a indiqué que le Japon a décidé de véritablement miser sur l’innovation pour réaliser les objectifs de développement durable.  Il a invité les parties prenantes à travailler en synergie pour forger des sociétés dans lesquelles la technologie est utilisée pour le bien de tous.  On a besoin de mettre en valeur les ressources humaines pour que les technologies puissent être utilisées au niveau des communautés, a-t-il aussi souligné avant de présenter le plan national du Japon qui s’appuie sur cinq points et qui vise à atteindre l’objectif « 5.0 » qui verra la science, la technologie et l’innovation pleinement intégrées dans la vie sociale.

De même, les universités japonaises ont initié des travaux de recherche afin de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.  Un livre, publié par les autorités nationales, présente les « meilleures pratiques du Japon dans la réalisation des objectifs de développement durable ».  Le panéliste a ensuite plaidé pour la mise en valeur des ressources humaines et pour le partage de la technologie avec les pays en développement.

 Mme MARCIA MCNUTT, Présidente de l’Académie des sciences des États-Unis, a parlé des activités de son institution qui présente des rapports au Gouvernement des États-Unis et donne ses avis sur les questions de société.  Elle a cité l’exemple de 2009 sur la justice qui a démontré que l’application de la peine de mort était sujette à controverse, étant donné que les preuves qui guident les condamnations ne résistent pas souvent aux démonstrations scientifiques.  Elle a indiqué que grâce à ce rapport, le Gouvernement a mis un frein à l’application expéditive des peines capitales dans le pays. 

La panéliste a toutefois déploré les nombreux cas où les dirigeants refusent d’écouter la science « à leurs risques et péril », mettant ainsi en danger le peuple.  Elle a souligné que lorsqu’ils élaborent des politiques, les gouvernements doivent respecter non seulement les lois nationales, mais aussi les lois de la nature.  Elle a plaidé pour l’implication de la population dans la prise de décisions, prévenant en outre que la science soit s’adapter au contexte culturel local pour pouvoir être acceptée par la population.

Après ces exposés, le représentant de la Chine a indiqué que son gouvernement entend créer des zones modèles où seront expérimentées des approches novatrices pour la réalisation des objectifs de développement durable, en tenant compte de la contribution de la science, la technologie et l’innovation.

Le Qatar s’est pour sa part félicité d’avoir alloué 2,8% de son produit intérieur brut (PIB) à l’innovation et le pays est en train de terminer la construction de son observatoire sur la science et les technologies. 

« Ces exposés de pays sont bien beaux, mais qui va accepter de partager son expertise avec les pays en développement? » s’est toutefois interrogée la déléguée du Swaziland, suite à quoi le représentant des Émirats arabes unis a rappelé que l’objectif de développement durable 17 porte sur la création de partenariats.  La représentante du grand groupe des enfants et des jeunes a pour sa part plaidé pour un partage à l’échelle mondiale des connaissances dans les domaines de la science, la technologie et l’innovation.  

« Qui va aussi nous accompagner? » a demandé à son tour, sur le ton de l’humour, la représentante de l’Académie des sciences des États-Unis.  En ces temps d’incertitudes, avec la nouvelle Administration américaine qui semble tourner le dos à la science et aux changements climatiques notamment, les chercheurs des États-Unis se posent des questions, a-t-elle notamment expliqué.  

Cette séance était animée par M. BILL COLGLAZIER, professeur au Center for Science Diplomacy, Association américaine pour le progrès de la science, et Coprésident du Groupe de 10 experts chargé d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies.

Session 5: Renforcement des capacités scientifiques et technologiques et des capacités d’innovation en vue de la réalisation des objectifs de développement durable

Au cours de cette session, les participants ont émis des recommandations en matière de renforcements des capacités scientifiques et d’innovations qu’ils ont adressées aux gouvernements, au secteur privé et au système des Nations Unies.  Elles visent à libérer le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, surtout dans les pays en développement.

Au préalable, les participants ont écouté Mme JIWON PARK présenter le travail de CodePhil, une ONG gérée par des étudiants, qui vise à autonomiser et connecter les jeunes vivant dans les zones rurales des Philippines en les aidant à maîtriser la culture numérique.  M. BAILEY ULBRICHT a ensuite parlé du travail de Paper Airplanes qui utilise la vidéo pour enseigner les langues et des techniques de marketing aux personnes vivant dans des zones de conflit afin de les aider à suivre des études et à obtenir un emploi.

Déclarations liminaires

M. GEOFFREY S. BOULTON, Président du Comité pour les données scientifiques et technologiques (CODATA), a indiqué que le passage au numérique, deux décennies plus tôt, a déclenché une révolution historique en termes d’accès et de dissémination de l’information, créant un potentiel d’acquisitions socioéconomiques et favorisant le développement de l’innovation.  Il a souligné que l’on peine encore à en comprendre toutes les conséquences, mais qu’à l’heure actuelle, les données sont devenues un capital des plus importants et un outil puissant.  La communauté scientifique saisit toutes ces occasions offertes par la révolution numérique. M. Boulton a souligné l’importance de promouvoir la science de manière équitable dans le monde, relevant toutefois que bien que la pratique scientifique se fait dans le cadre de silos nationaux.  Il a aussi constaté que la question du financement demeure un défi, exhortant les entités nationales à fournir des ressources suffisantes à l’éducation et à la recherche. Il a également jugé nécessaire de tenir compte de l’impact de l’automatisation sur la main-d’œuvre dans le monde.

S’agissant des renforcements des capacités des individus, M. Boulton a suggéré la création de plateformes en Afrique et en Amérique latine, notant le potentiel, en la matière, de la coopération Sud-Sud.  Il a aussi plaidé pour une meilleure formation de personnes qui s’occupent des données. 

Mme BITRINA DIYAMETT, Directrice exécutive de l’Organisation de recherche sur les politiques en matière de science, de technologie et d’innovation, de la Tanzanie, a dit que le développement durable ne pourra être réalisé que si les pays pauvres acquièrent des capacités technologiques et les utilisent de façon inclusive.  Elle a insisté sur l’importance de bien former les scientifiques, de fournir une éducation de qualité dans les domaines de la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, mais aussi de combler le fossé entre les hommes et les femmes.  La panéliste a souligné que les marchés ne peuvent allouer les ressources nécessaires à l’innovation, et que l’élaboration de politiques est de ce fait essentielle. Elle a constaté que de nombreuses politiques, notamment en Afrique, ne sont pas fondées sur des faits en raison d’un manque d’expertise dans les domaines de la science, la technologie et l’innovation.  En outre, dans les pays les plus pauvres, l’innovation dépend aussi du transfert de technologie.

Mme Diyamett a appelé à une meilleure formation des décideurs politiques, soulignant que si les décideurs ne comprennent pas la science, la technologie et l’innovation, ils risquent de ne pas débloquer les fonds nécessaires pour renforcer les capacités en la matière.  Elle a également recommandé au secteur privé et industriel de se former dans la gestion de l’innovation.  Il faut en outre examiner l’impact de l’automatisation sur la réduction des coûts dans les pays en développement.

M. JAMES QUERRY, professeur associé à l’Université de Philadelphie, États-Unis, a attiré l’attention sur le rôle de la technologie géospatiale dans la réalisation des objectifs de développement durable, précisant que celle-ci permet de mieux comprendre les défis et les opportunités qui existent sur le terrain.  Il a appelé les scientifiques à développer une langue commune pour pouvoir travailler ensemble, les gouvernements à assurer le financement des recherches, et l’ONU à faciliter l’octroi de fonds et d’assistance technique, notamment aux pays en développement.

M. Querry a aussi plaidé pour un plus grand engagement citoyen, soulignant le rôle important que jouent les communautés dans les prises de décisions. Le panéliste a aussi appelé à fournir une assistance financière et technique pour créer des systèmes de partage de données, ajoutant que l’élaboration de politiques en la matière incombe aux gouvernements.

Débat interactif

La représentante de la Chine a indiqué que son Gouvernement a créé des plateformes de vulgarisation pour partager les connaissances, et organisé plus de 500 ateliers de formation pour des chercheurs de 130 pays.  Le représentant du Bangladesh a souligné l’importance du décloisonnement dans le domaine de la science, de la technologie et de l’innovation.

Cette table ronde a été animée par M. ROMAIN MURENZI, Directeur de la Division des politiques scientifiques et du renforcement des capacités à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science, et la culture (UNESCO).

Session 6: Nouvelles frontières: l’évolution de la science, de la technologie et de l’innovation et ses conséquences en vue de la réalisation des objectifs de développement durable

La table ronde a permis de souligner que l’évolution de la science, de la technologie et de l’innovation, aura des conséquences à la fois positives et négatives, l’intelligence artificielle et la robotique pouvant, par exemple, remplacer les travailleurs.  Les appels se sont multipliés en faveur de l’adoption de politiques capables d’orienter ces changements de manière à appuyer le développement durable et non pas à l’encontre des intérêts des humains.     

En ouvrant la session, l’animateur, M. MIGUEL RUIZ CABANAS, Sous-Secrétaire aux affaires multilatérales et aux droits de l’homme au Ministère des affaires étrangères du Mexique, a estimé qu’il faut démocratiser la recherche afin qu’elle bénéficie à tous.

Mme XIAOLAN FU, professeur à l’Université d’Oxford au Royaume-Uni, a affirmé que les nouvelles frontières de la science, la technologie et l’innovation rendent l’impossible possible et apparaissent de ce fait positives pour l’autonomisation des hommes et femmes.  Elle a fait observer que l’intelligence artificielle aura des conséquences à la fois positives et négatives.  La robotique, a-t-elle expliqué, peut par exemple améliorer les conditions de travail, mais elle va également remplacer les travailleurs, surtout ceux qui n’ont pas une bonne formation.  Les grandes banques remplacent déjà les traducteurs par des logiciels, a-t-elle indiqué, précisant qu’il apparaît probable que 16% des emplois actuels seront perdus à cause de l’intelligence artificielle et de la robotique.  En outre, ce sont les travailleurs les plus âgés qui seront les plus affectés car leur âge ne leur permettra pas d’apprendre aisément de nouvelles manières de travailler.  La panéliste a plaidé pour l’adoption de politiques conçues pour guider les changements technologiques en faveur du développement durable et non pas à l’encontre des intérêts des humains.  Elle a aussi jugé nécessaire d’initier des politiques qui mettent en place des mesures alternatives pour réparer les tares et dérives de la technologie sur la société.  

Mme ELLEN JORGENSEN, Fondatrice de l’organisation GenSpace, basée à New York, a ensuite pris la parole.  Elle a expliqué que Genspace est une organisation à but non lucratif dédiée à la promotion de la science et qui entend promouvoir l’innovation scientifique au niveau de la base.  Elle a parlé de la biotechnologie et des recherches dans le domaine de la génétique et du séquençage des génomes qui ont des applications concrètes sur la vie de l’être humain.  Ces études peuvent, par exemple, permettre de sélectionner des semences les plus résistantes afin d’accroître la productivité agricole, a-t-elle indiqué.  On peut également modifier le génome des anophèles afin de réduire la morbidité et la mortalité relative au paludisme.  La panéliste a appelé à démocratiser la biotechnologie et à faire en sorte que cette science soit ouverte à tous et œuvre au bien-être général.  

M. JOSE RAMON LOPEZ-PORTILLO R., cofondateur du Center for Mexican Studies, a relevé que les sociétés et les institutions s’adaptent difficilement aux avancées rapides de la science, de la technologie et de l’innovation.  Il a mis en garde contre des applications malveillantes de la science qui pourraient conduire à des conséquences particulièrement dévastatrices.  Il a expliqué que les scénarios sont à la fois pessimistes et optimistes quant aux conséquences des avancées technologiques.  Il a appelé à des échanges à l’échelle internationale afin de minimiser les effets négatifs de l’évolution de la science, la technologie et l’innovation.  Le lien entre les universités, le secteur privé et les gouvernements seront importants pour coordonner ces innovations et assurer qu’ils profitent à tous, sous le contrôle de l’ONU, a-t-il précisé.

Débat interactif

Suite à ces interventions, les délégués de la Zambie et de la Tanzanie se sont inquiétés du fait que nombre des avancées évoquées ne profitent qu’à certains pays. 

Pour remédier à cet état de fait, le représentant de Practical action, une organisation de la société civile des États-Unis, a préconisé de partager les connaissances technologiques, notamment en faveur des pays en développement.

Il y a beaucoup d’argent dans la recherche, mais l’innovation qui en découle n’est pas toujours dédiée au développement durable, a toutefois regretté la panéliste de l’Université d’Oxford, tandis que le délégué de l’Organisation internationale de la Francophonie a appelé à tenir compte du principe de précaution afin d’éviter que les innovations ne deviennent des problèmes.

L’animateur de la session, M. Miguel Ruíz Cabañas du Ministère mexicain des affaires étrangères, a conclu en soulignant que les orientations des innovations, leurs conséquences positives ou négatives, dépendent grandement du bon vouloir des hommes politiques.  

Session 7: Contribuer à la mise en œuvre du Mécanisme de facilitation des technologies

Cette session a été l’occasion de faire le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Mécanisme de facilitation des technologies et dans la mobilisation du soutien financier et technologique nécessaires au Mécanisme.  Les participants ont abordé la question des renforcements des capacités en matière de science, de technologie et d’innovation et de la voie à suivre pour développer et maintenir la plateforme en ligne du Mécanisme de facilitation des technologies.

Déclarations liminaires                     

M. SHANTANU MUKHERJEE, Chef du Service de l’analyse des politiques, Division du développement durable au Département des affaires économiques et sociales (DAES), a indiqué que les trois étapes nécessaires au lancement de la plateforme en ligne du Mécanisme de facilitation des technologies ont été achevées.  Il a expliqué que différents types de mécanismes en ligne ont été répertoriés pour servir les usagers et que la  plateforme doit être conçue avec soin et être dynamique.  Des mutations importantes sont toujours attendues parce que la technologie évolue, a-t-il notamment indiqué, ajoutant que la plateforme ne sera efficace que si elle est suffisamment utilisée.  La question qui se pose maintenant est son financement, d’où la nécessité d’élaborer une stratégie qui assure sa viabilité future.  Il a aussi insisté sur l’importance de prendre des engagements sur le long terme. 

M. KLAUS TILMES, Directeur du commerce et de la compétitivité, Banque mondiale, a indiqué que plusieurs programmes de la Banque mondiale mettent l’accent sur la technologie et l’innovation dans le cadre du financement de start-up dans les pays en développement, en Afrique notamment.  Il a soulevé la question de savoir si les ressources sont utilisées de la manière la plus appropriée et effective au niveau international.  Le système des Nations Unies est-il suffisamment adapté à un monde en évolution constante? a-t-il notamment lancé.  Le panéliste a ensuite fait observer qu’il avait fallu un certain temps avant que les campagnes lancées en appui à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement aient un impact sur le terrain.  Il a par ailleurs appelé à un bon partage des tâches et à mobiliser le secteur privé.

Mme NINA HARJULA, membre du Conseil d’administration de Global Cleantech Cluster Association (GCCA) et Présidente du Conseil d’administration de « Nordic Innovation Accelerator » (NIA), a expliqué que le NIA a vu le jour suite au constat faisant état d’un manque de coopération internationale dans les domaines de la science, la technologie et l’innovation, tandis que la GCCA a été mise en place pour coordonner, au niveau mondial, les activités relatives à la science, la technologie et l’innovation ainsi que pour trouver les financements nécessaires à la recherche.  Elle a souligné les liens entre la croissance durable, une économie régionale résiliente, la sécurité de l’emploi et le bien-être, le tout étant facilité par le déploiement à large échelle de technologies à faible émissions de carbone.  Elle a aussi insisté sur l’importance d’avoir accès au capital, aux marchés et à la connaissance.

La panéliste a aussi évoqué l’organisation, depuis 2011, d’une compétition qui récompense les meilleurs innovateurs et à laquelle participent 700 entreprises chaque année.  Elle a par ailleurs précisé que le NIA vise à mettre en contact les entreprises en ligne. 

M. KURT VANDENBERGHE, Directeur de « Climate Action and Resource Efficiency », a indiqué que la politique européenne en matière de développement technologique privilégie une innovation plus ouverte, collaborative, en ligne, et basée sur des faits.  Le « Climate Action and Resource Efficiency » a investi 500 millions d’euros pour financer la recherche sur les maladies infectieuses, notamment, et a, par ailleurs noué, un partenariat avec l’Union africaine sur l’agriculture.  M. Vandenberghe a souligné la nécessité de la collaboration transfrontalière en matière de science, technologie et innovation qui sont, selon lui, une des solutions pour assurer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le panéliste a insisté sur la nécessité de « cocréer »  avec toutes les parties prenantes y compris les femmes.  Il a par ailleurs recommandé aux États Membres de consacrer 1% de leur PIB à la science, la technologie et l’innovation.

Débat interactif

À l’issue de ces interventions, la représentante de la Chine a indiqué que son Gouvernement a créé une banque de technologie verte pour appuyer sa politique de développement, tandis que son homologue du Bangladesh a mis en avant les 100 000 centres Internet qui ont été ouverts dans son pays ces dernières années.  Il a aussi indiqué que l’administration publique a été partiellement numérisée afin d’assurer une meilleure exécution des services.   

Le délégué de l’Organisation de la Francophonie (OIF) a toutefois regretté la faible présence du Mécanisme sur le continent africain, notant que celui-ci se trouve uniquement en Afrique du Sud.  

L’Afrique est plus que jamais laissée de côté, s’est exclamée la représentante de la Zambie qui a réclamé la refonte de l’Organisation mondiale du commerce, un investissement dans la science, la technologie et de l’innovation « pour rattraper le retard », et la création d’une « cartographie de la recherche » en Afrique afin d’appuyer la réalisation des objectifs de développement durable. 

Ses craintes ont été partagées par le représentant de la Banque mondiale, qui a jugé nécessaire de sensibiliser les dirigeants sur l’importance de la science, la technologie et l’innovation et leur apport à la réalisation des objectifs de développement durable. 

La représentante de « Nordic Innovation Accelerator » (NIA), a estimé de son côté qu’une gestion régionale du Mécanisme s’impose afin d’améliorer son efficacité et son utilité pour les gens qui vivent loin des centres.  Il faut un véritable engagement régional, a-t-elle souligné. 

Le Directeur de « Climate Action and Resource Efficiency », a par ailleurs appelé à trouver de nouveaux systèmes d’incitation pour les innovateurs et les scientifiques.  Il a aussi annoncé que l’Union européenne a créé un nouveau code de déontologie pour ses chercheurs afin qu’ils puissent répondre aux attentes de la société. 

Cette session était modérée par Mme HEIDE HACKMANN, Directrice exécutive du Conseil international des unions scientifiques (CIUS) et Présidente du Mécanisme de facilitation des technologies

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Colombie: le Conseil de sécurité a été le témoin lors de sa mission dans le pays de l’engagement des parties pour une paix irréversible

7941e séance – après-midi
CS/12825

Colombie: le Conseil de sécurité a été le témoin lors de sa mission dans le pays de l’engagement des parties pour une paix irréversible

Les délégations du Royaume-Uni et de l’Uruguay, qui ont conduit la récente mission du Conseil de sécurité en Colombie, ont présenté, cet après-midi, un compte rendu de cette visite en se félicitant de constater que la paix est maintenant irréversible dans ce pays.

La mission du Conseil, qui s’est déroulée les 4 et 5 mai 2017, a été vue comme « historique » par le représentant de la Bolivie, M. Sacha Sergio Llorentty Solíz.  Son objectif était d’exprimer le soutien du Conseil à la mise en œuvre de l’Accord final de paix, en examinant les progrès et les difficultés dans ce processus.

Le représentant de l’Uruguay, M. Elbio Rosselli, a fait le récit du premier jour de cette visite, à Bogota, au cours duquel les membres du Conseil ont rencontré le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Colombie, M. Jean Arnault.  Celui-ci a souligné le caractère opportun de la visite, au moment où la Mission des Nations Unies en Colombie s’efforce d’achever le processus de dépôt des armes dans un délai de 180 jours.

Les délégués ont ensuite rencontré les représentants des fonds et programmes des Nations Unies, avant de s’entretenir avec le Président Juan Manuel Santos et son cabinet.

Puis ce fût le tour de la Commission de paix du Congrès, représentant tout l’éventail politique colombien, qui a insisté sur la nécessité de préserver les acquis en matière de paix.  

Lors d’une autre réunion, avec la Commission de suivi, de promotion et de vérification et avec le Commandant des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), les discussions ont porté sur des questions relatives aux peuples autochtones, à l’autonomisation des femmes et à la relance économique.  Les FARC-EP ont aussi parlé de la réconciliation et des garanties juridiques qui leur sont offertes.

En outre, la mission du Conseil a rencontré des membres de la société civile qui ont exprimé leurs inquiétudes en ce qui concerne les incidents de sécurité et les assassinats.  Les femmes ont notamment signalé les souffrances qu’elles subissent dans les situations de conflit.

« Nous avons été témoins des engagements pris par les parties colombiennes », s’est réjoui le représentant uruguayen en notant toutefois certaines difficultés comme les problèmes d’accès aux zones éloignées, et la lenteur de l’adoption des mesures législatives et règlementaires pour réintégrer les anciens combattants à la vie civile.

À son tour, son homologue britannique, M. Matthew Rycroft, a fait le compte rendu du deuxième jour qui s’est déroulé dans le sud du pays, là où les FARC ont déposé leurs armes.  Accompagnée notamment de M. Arnault, du Ministre des affaires étrangères et du Haut-Commissaire pour la paix, la délégation a entendu les dirigeants du mécanisme tripartite de surveillance et de vérification présenter les défis rencontrés sur le terrain.

Outre une réunion dans une mairie avec les représentants des communautés locales et le Gouverneur du département de Meta, la mission a pu rencontrer les membres des FARC-EP réunis à l’extérieur de leur camp.  Là, les familles se sont assises ensemble, donnant une image de la façon dont le conflit a été surmonté.

Malgré une météo difficile, après les coulées de boue, les membres du Conseil de sécurité sont repartis confiants.  Ils ont compris que les parties peuvent surmonter tous les défis.

M. Rycroft a présenté trois grandes conclusions de cette visite.  La première, c’est que beaucoup de choses se sont faites depuis les accords de paix.  « C’est impressionnant », a-t-il estimé en parlant des 7 000 membres des FARC-EP arrivés dans les zones de paix pour commencer le dépôt des armes.  Le mécanisme de vérification fonctionne bien, a-t-il ajouté.  Il a aussi remarqué que les membres des FARC rendent hommage aux forces militaires et aux membres de la police.

En deuxième lieu, il a souligné l’importance de la mise en œuvre de toutes les parties de l’Accord, et pas seulement de celle qui concerne le dépôt des armes.  Enfin, « l’engagement des parties nous a impressionné », a-t-il dit en soulignant leur volonté de garder le cap.  « Le message fort qui ressort de cette visite est que la paix est maintenant irréversible. »

Ce qui a frappé le représentant de la Bolivie, c’est « le traitement cordial que les parties s’accordent les unes aux autres ».  Il a souhaité que le succès du processus de paix aboutisse à une vraie réconciliation et à une réforme rurale intégrée.  Il a aussi réaffirmé l’appui de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) à ce processus.  

La représentante de la Colombie a reconnu le rôle fondamental des Nations Unies, et en particulier de la mission politique spéciale, qui fait partie du mécanisme tripartite du calendrier de cessez-le-feu et de désarmement des FARC.

La paix progresse, s’est félicitée la représentante de la Colombie, Mme María Emma Mejía Vélez, en faisant valoir que, depuis huit mois, le pays n’a eu à déplorer aucun mort, aucun blessé, aucun enlèvement et aucune attaque contre les infrastructures nationales.  Comme l’a dit lui-même le Président Santos, plus de 2 670 vies ont été ainsi sauvées grâce aux accords de paix.

Hier, a-t-elle ajouté, la zone d’El Orajon, enclavée entre la cordillère des Andes et le département d’Antioquia, a été déclarée « municipalité de paix, exempte de mines, de cultures illicites et d’affrontements avec les FARC-EP ». 

Mme Mejía Vélez a toutefois reconnu que les difficultés sont encore nombreuses.  Citant les assassinats de dirigeants sociaux et de défenseurs des droits de l’homme, elle a assuré que les instances compétentes de l’État colombien enquêtent en vue de traduire en justice les responsables.

Néanmoins, elle a estimé prématuré d’affirmer que tous les homicides sont liés à la défense des droits de l’homme ou qu’ils sont la responsabilité d’organisations criminelles ayant succédé aux groupes paramilitaires. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Kosovo: toujours pas de dégel des relations entre Belgrade et Pristina, selon le Représentant spécial

7940e séance – matin
CS/12824

Kosovo: toujours pas de dégel des relations entre Belgrade et Pristina, selon le Représentant spécial

Dans un contexte marqué ces derniers mois par un regain de tensions entre Pristina et Belgrade, le Conseil de sécurité a procédé, ce matin, à son examen trimestriel de la situation au Kosovo, dont le Représentant spécial du Secrétaire général a estimé qu’elle demeurait volatile, en raison notamment de la prolifération, de part et d’autre, de « déclarations irresponsables et incendiaires ». 

Plusieurs membres du Conseil ont toutefois jugé que ces crispations ne justifiaient pas le maintien du niveau actuel des effectifs de la Mission de l’ONU au Kosovo et ont appelé à espacer davantage la périodicité des rapports au Conseil sur cette question.

Dans sa présentation au Conseil du rapport* trimestriel du Secrétaire général sur la situation au Kosovo, M. Zahir Tanin, qui dirige également la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a en effet constaté que le dernier trimestre avait été marqué par « des tensions et une fragilité de natures changeantes », en raison de « déclarations irresponsables et incendiaires », d’« incitations à la haine » et de slogans « intolérants et ethno-nationalistes ». 

Ce durcissement de ton, a-t-il ajouté, a notamment fait suite à l’arrestation, par la France, du dirigeant du parti d’opposition Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK) et ancien Premier Ministre, Ramush Haradinaj, pour sa participation présumée à des crimes de guerre commis en 1998-1999 au Kosovo.

Selon le Représentant spécial, le 7 avril, M. Daut Haradinaj, membre de l’AAK et frère de Ramush Haradinaj, a proféré la menace d’une « guerre » et d’« un Kosovo ethniquement pur » si son frère devait être transféré à Belgrade par les autorités françaises, suite à la demande d’extradition faite par la Serbie, qui a finalement été refusée.  Par la suite, le Président serbe sortant, M. Tomislav Nikolić, a qualifié M. Haradinaj de « chien enragé », ce qui n’a fait, selon M. Tanin, qu’ajouter aux tensions. 

Revenant sur cette affaire, la Ministre de la justice serbe a jugé scandaleuse la décision prise par la cour d’appel de Colmar de refuser d’extrader Ramush Haradinaj, coupable, selon elle, de crimes « atroces » contre des Serbes.  La représentante de la France a quant à elle estimé que cette décision, « rendue en toute indépendance » par la justice française, n’appelait pas de commentaire de la part des autorités françaises et ne saurait en aucun cas être interprétée de manière politique.

Sans même remonter jusqu’aux années 1990, la Ministre serbe a fait remarquer que les droits des non-Albanais continuaient d’être menacés au Kosovo, comme en témoignent, selon elle, les attaques récentes motivées par des raisons ethniques et les campagnes d’intimidation à leur encontre.

Les Serbes du Kosovo sont la minorité « la plus privilégiée d’Europe », a de son côté fait valoir Mme Vlora Çitaku, du Kosovo.  En revanche, a-t-elle accusé, c’est la communauté albanaise de Serbie qui est la plus discriminée en Europe.  Dans cette même veine, les deux délégations se sont accusées l’une l’autre d’être responsables de l’absence de progrès dans la mise en œuvre des accords de paix, notamment la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo. 

Tout en condamnant les provocations récentes de part et d’autre, les représentants des États-Unis, du Japon, de la Suède et du Royaume-Uni ont plutôt mis l’accent sur les progrès réalisés au Kosovo depuis 2008.  Or, au lieu de parler des progrès, « tous les trois mois on nous ramène plus de 20 ans en arrière », a critiqué le représentant du Royaume-Uni, estimant que les frontières actuelles étaient pourtant bien définies.

Partant de ce constat positif, les quatre délégations ont appelé à réduire les effectifs de la MINUK et à rejeter la demande récente de 2 millions de dollars supplémentaires pour la Mission, qui, selon la déléguée américaine, a perdu de sa « pertinence ».  Étant donné l’absence d’incidents violents récents au Kosovo, ces mêmes délégations ont demandé à ce que les rapports sur la MINUK ne soient désormais présentés au Conseil que tous les six mois, voire sur des périodes encore plus espacées. 

« Les problèmes n’ont pas diminué, au contraire ils ont pris de nouvelles formes », a quant à lui désapprouvé le représentant de la Fédération de Russie, soulignant le climat délétère entre Belgrade et Pristina, notamment en raison, selon lui, des violations dont est régulièrement victime la minorité serbe au Kosovo.  Il s’est aussi inquiété du regain d’activités terroristes au Kosovo, un territoire selon lui utilisé pour recruter des combattants terroristes étrangers à destination du Moyen-Orient.

Dans ce contexte, le délégué russe s’est opposé à une réduction des effectifs de la MINUK, qui fonctionne déjà selon lui avec des ressources « très modestes ».  Du même avis, la Ministre de la justice serbe est allée plus loin, affirmant que la MINUK avait besoin de plus de personnel et de ressources financières.   

Les deux pays ont enfin appelé, pour des raisons similaires, à ne pas remettre en cause la tenue de réunions trimestrielles du Conseil de sécurité sur la situation au Kosovo, notamment afin de s’assurer que les accords ne restent pas lettre morte.

* S/2017/387

RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2017/387)

Déclarations

M. ZAHIR TANIN, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a indiqué que le dernier trimestre avait été marqué par « des tensions et une fragilité de natures changeantes ». 

Certes, a-t-il dit, une « escalade a pu être évitée », grâce notamment à des interventions diplomatiques extérieures, mais le niveau de confiance entre Belgrade et Pristina s’est détérioré en raison d’un certain nombre de « déclarations irresponsables et incendiaires ».  Le Représentant spécial a en effet indiqué que les deux parties n’ont eu de cesse de s’accuser mutuellement de provocations, alors même que le processus de normalisation de leurs relations nécessite une coopération sans faille. 

Au niveau politique, la décision de convoquer une élection parlementaire anticipée en juin au Kosovo, suite à l’effondrement de l’alliance au pouvoir forgée en 2014, a été, selon M. Tanin, un développement important.  Ces élections, a-t-il espéré, permettront d’assurer une plus grande diversité au niveau de la représentation politique au Kosovo. 

Toutefois, le Représentant spécial s’est dit consterné par l’attaque dont a été victime le week-end dernier Mme Arbana Xharra, une « grande figure des médias qui avait rejoint il y a peu le sérail politique ».  Il a appelé à une enquête complète et rapide sur cet incident, jugé d’autant plus préoccupant qu’il a eu lieu en début de campagne.

S’agissant du différend concernant la construction d’un mur de soutènement en face d’un pont de la municipalité de Zvečan/Zveçan, localisé dans l’agglomération de Mitrovica, M. Tanin a déclaré que cette question avait été réglée de manière pacifique par des négociations. 

Le Représentant spécial a également constaté que la volonté des dirigeants kosovars de transformer la Force de sécurité du Kosovo en une force armée par simple modification législative, plutôt que par révision de la Constitution, a faibli, ce qui est selon lui un signe positif.

Toutefois, le Représentant spécial a fait état de « distractions » qui ne permettent pas de promouvoir le dialogue facilité par l’Union européenne entre Belgrade et Pristina, notamment afin d’aboutir à la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.

M. Tanin a ainsi regretté les slogans « intolérants et ethno-nationalistes » qui ont caractérisé la période, notamment suite à l’arrestation à Paris par les autorités françaises, le 4 janvier dernier, du dirigeant du parti d’opposition Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK) et ancien Premier Ministre, Ramush Haradinaj, pour sa participation présumée à des crimes de guerre commis au Kosovo au cours de la période 1998-1999.

En effet, le 7 avril, a indiqué le Représentant spécial, M. Daut Haradinaj, membre du AAK, député à l’Assemblée du Kosovo et frère de Ramush Haradinaj, a proféré la menace d’une « guerre » et d’« un Kosovo ethniquement pur » si son frère devait être transféré à Belgrade par les autorités françaises, suite à la demande d’extradition faite par les autorités serbes.

Ajoutant aux tensions, a poursuivi M. Tanin, le Président serbe sortant, M. Tomislav Nikolić, a ensuite qualifié M. Haradinaj de « chien enragé ». 

« De telles incitations à la haine ne sont pas compatibles avec un discours politique digne », a estimé le Représentant spécial, qui a également constaté l’apparition de tensions entre l’Albanie et la Serbie sur la question de l’intégration des différentes communautés albanaises vivant en Serbie à des ensembles régionaux et sous-régionaux.  M. Tanin a constaté que certaines des déclarations des parties sur ces questions régionales et sous-régionales ont dépassé le cadre du débat académique et ont revêtu une coloration politique susceptible « d’attiser des craintes et des tensions ».

Constatant également que des incidents sur le plan de la sécurité ont eu lieu autour de la ville de Mitrovica, impliquant notamment l’utilisation d’armes, le Représentant spécial a estimé que, « dans le climat actuel, les attentes sont mâtinées de peur plutôt que d’optimisme ».

Il s’est toutefois dit encouragé par les associations des familles de personnes disparues, qui ont offert un exemple de dialogue constructif entre Belgrade et Pristina.  Cette question, a-t-il poursuivi, « demeure une plaie ouverte » pour les familles.  Le Représentant spécial a ainsi appelé les parties à maintenir « l’esprit d’ouverture qui a prévalu » jusqu’à présent sur cette question.

M. Tanin a par ailleurs indiqué que la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) s’était attachée sur la période considérée à mettre en œuvre la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité, qui met l’accent sur la jeunesse et son implication dans la vie politique et économique.

Le Représentant spécial a enfin appelé les dirigeants des deux parties à « transcender les divisions ethno-nationalistes, au lieu de les amplifier ».  Il a également appelé le Conseil à user de son influence pour encourager les deux parties au dialogue dans l’intérêt des populations concernées.

Mme NELA KUBUROVIĆ, Ministre de la justice de la Serbie, a noté que la MINUK avait besoin de plus de personnel et de ressources financières.  Elle a aussi souligné qu’elle opérait dans un environnement qui n’est pas amical à cause de l’animosité de la communauté albanienne.  C’est sans doute pour cela, a-t-elle expliqué, que la MINUK décrit une situation sur le terrain dans des termes plus modérés, en s’abstenant de faire des évaluations qui seraient critiques à l’égard de Pristina et qui conduiraient à des conclusions erronées.

La Serbie, a-t-elle assuré, continue de participer au dialogue de manière constructive et responsable en vue de la stabilisation et de l’admission de la région des Balkans occidentaux dans l’Union européenne.  Elle a en revanche dénoncé, du côté de Pristina, l’utilisation du dialogue comme moyen de faire du chantage à la partie serbe et à ses partenaires européens.  Cela a conduit la partie adverse, au mois de mars, à suspendre le dialogue et à redessiner les frontières pour créer la soi-disant « Grande Albanie ».

La Ministre a regretté le manque de progrès sur la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo, en appelant Pristina à assumer pleinement ses engagements dans ce cadre.  Elle a jugé utile, dans ce contexte, la tenue de réunions trimestrielles du Conseil de sécurité pour envoyer des messages aux deux parties selon lesquels les accords ne doivent pas rester lettre morte.

Elle a demandé de ne pas accepter l’impunité pour les auteurs des crimes commis, soulignant que toutes les victimes étaient sur un pied d’égalité.  Elle a jugé scandaleuse la décision d’une juridiction française, la cour d’appel de Colmar, qui a refusé d’extrader Ramush Haradinaj, qui est suspecté d’avoir commis des crimes de guerre parmi les plus graves.  Elle a estimé que la Cour n’avait pas prouvé que les exigences de la Convention européenne sur l’extradition de 1957 n’étaient pas remplies.  C’est la défaite du droit et de la justice, a-t-elle commenté.

Soulignant les crimes atroces commis contre les civils serbes en 1998-1999, elle a aussi indiqué que ce suspect continuait de proférer des menaces concernant la saisie du territoire de la Serbie par la force et la révision de la Constitution.

Mme Kuburović a rappelé que la République fédérale de Yougoslavie avait convenu, par un accord du 16 octobre 1998, que la Mission de vérification du Kosovo de l’OSCE, dirigée par M. William Walker, serait déployée sur son territoire.  Or, cette mission de vérification n’a jamais été pleinement opérationnelle et tous les observateurs ont été retirés suite à la décision du 20 mars 1999, a-t-elle rappelé.  

Elle a déploré l’incapacité de mettre véritablement en œuvre la décision de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que la pression et les actes exercés par M. Walker, dénonçant une violation flagrante de l’Article 53 de la Charte des Nations Unies.

La décision de recours à la force contre la République fédérale de Yougoslavie avait été prise sans autorisation du Conseil de sécurité, a-t-elle aussi souligné, dénonçant l’attitude des pays à l’origine de cette décision, les mêmes qui continuent à plaider en faveur de l’indépendance du « Kosovo ».  La position sur la soi-disant « intervention humanitaire » au Kosovo n’était pas la position du Conseil de sécurité ni d’un organe crédible, a-t-elle ajouté en refusant l’excuse d’une « intervention humanitaire ».

La Ministre serbe a aussi déploré les destructions et les pertes en vies humaines en République fédérale de Yougoslavie.  Les actions contre la Serbie étaient planifiées, a-t-elle argué en refusant la justification post factum de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité pour fonder l’utilisation de la force armée contre la République fédérale de Yougoslavie.

Mme Kuburović a prévenu que les droits de l’homme des non-Albanais continuent d’être menacés, souhaitant que les rapports du Secrétaire général reflètent davantage ce problème.  Elle a également signalé les attaques motivées par des raisons ethniques, ainsi que les campagnes d’intimidation menées contre les Serbes.

Il ne peut y avoir de coexistence harmonieuse avec un taux de 1,9% de retour de personnes déplacées dans les zones les plus affectées par le conflit, a poursuivi la Ministre.  Elle a cité les propos du Haut-Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe à ce sujet.  Elle s’est aussi inquiétée des retours volontaires dus aux actes d’hostilité et au manque d’action de la police, ainsi que de l’escalade de l’extrémisme religieux et politique.

La Serbie est contre la création d’une « armée du Kosovo », a-t-elle déclaré en s’inquiétant des tentatives de redessiner les frontières internationales et de créer une « Grande Albanie ».  Elle a demandé des garanties pour le respect de l’intégrité territoriale de la Serbie, plaidant en faveur du dialogue constructif et non pour imposer les intérêts d’une partie. 

La Ministre a par ailleurs considéré comme inutiles les tentatives d’admettre Pristina dans des organisations internationales.

« Ce n’est pas parce que la Serbie ne nous reconnaît pas que nous n’avons pas le droit d’être un peuple et une nation indépendants », a déclaré Mme VLORA ÇITAKU, du Kosovo.  « Le fait que nous ne soyons pas encore un État Membre de l’ONU, pour des raisons purement géopolitiques, ne change rien au fait que nous soyons un État. »  Même si « nous ne sommes pas un État parfait », a-t-elle ajouté. 

Les Serbes du Kosovo sont la minorité la plus privilégiée d’Europe, a fait valoir Mme Çitaku.  En revanche, a-t-elle accusé, c’est la communauté albanaise de Serbie qui est la plus discriminée en Europe, notamment dans les domaines de l’économie et de l’éducation.  Malheureusement, le Conseil de sécurité ne se réunit pas pour discuter des droits des Albanais de souche.

Mme Çitaku a reproché à la Serbie d’utiliser la plateforme du Conseil de sécurité de manière asymétrique et d’avoir « une attitude raciste ».  Selon elle, la Serbie a toujours présenté le Kosovo comme un peuple inférieur, « de seconde classe ».

« La Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) n’a pas de rôle à jouer au Kosovo », a affirmé Mme Çitaku après avoir souligné que la résolution 1244 (1999) était expirée depuis longtemps.  Estimant qu’elle ne remplissait plus ses objectifs, elle s’est dite surprise de constater l’augmentation du budget et du personnel de la MINUK pour l’année prochaine.  Le Kosovo, a-t-elle relevé, demande depuis longtemps une nouvelle approche en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix créées il y a des années, voire des décennies.  Selon elle, « il est temps de fermer la MINUK ».    

Mme Çitaku a assuré que le Kosovo restait engagé dans le dialogue avec la Serbie.  Toutefois, elle s’est dite fatiguée des deux poids, deux mesures et de l’ambiguïté.  Par exemple, la Serbie fait un mauvais usage du système d’alerte rouge d’INTERPOL pour lancer des mandats d’arrêt contre d’anciens combattants de la liberté kosovars.

La Serbie sait bien qu’elle a perdu la bataille avec le Kosovo, a continué la représentante.  Elle a perdu militairement en 1999; politiquement en 2008; juridiquement en 2009 avec la décision de la Cour internationale de Justice.  Or, la Serbie refuse d’accepter sa responsabilité historique pour ce qui s’est produit.  « Il y avait un agresseur dans l’ex-Yougoslavie et c’était la Serbie », a-t-elle martelé.

Entre 2009 et 2015, a précisé Mme Çitaku, les institutions kosovares ont émis plus de 20 actes d’accusation pour crimes de guerre.  Le Kosovo, qui entend contribuer à la sécurité régionale et mondiale, a lancé la création de l’armée kosovare.  « Nous nous efforcerons de convaincre la population locale serbe d’appuyer ce projet », a-t-elle indiqué.  Toutes les autres minorités du Kosovo sont en sa faveur.

« Nous ne sommes pas en train d’acquérir des MIG-s », a-t-elle rassuré sur le ton de la plaisanterie.  Il s’agit d’une petite force défensive, qui complètera les infrastructures de l’État en matière de sécurité, conformément à une étude conduite avec l’OTAN, a-t-elle expliqué.

Enfin, le Kosovo a invité des observateurs internationaux à surveiller les élections parlementaires qui auront lieu le mois prochain.     

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a réitéré ses préoccupations pour que soient promues la sécurité et la stabilité dans les Balkans occidentaux.  Si la situation reste précaire, il a toutefois salué les progrès enregistrés, caractérisés par un taux de développement plus élevé, la baisse du chômage et un climat propice aux investissements.

Le représentant a demandé au Gouvernement kosovar de continuer de concilier les divergences de vues par une approche constructive.  À ce sujet, le débat de haut niveau entre Pristina et Belgrade reste le cadre le plus approprié pour régler ces divergences.  Il appelé les deux parties à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales susceptibles d’attiser les tensions. 

Inquiet face à la montée de tendances nationalistes, le délégué a également insisté sur le fait que le Kosovo doit avancer dans l’établissement des autorités municipales pour garantir la protection des Serbes du Kosovo. 

En outre, a-t-il estimé, le Parlement kosovar devrait accepter l’accord de démarcation avec le Monténégro pour accélérer l’intégration du pays dans l’Europe.   

Compte tenu des progrès enregistrés par le Kosovo depuis 2008, Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a soutenu une réduction des effectifs de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), qui, selon elle, a perdu de sa « pertinence ». 

Étant donné la réalité du terrain, la représentante a estimé que la Mission disposait à l’heure actuelle de ressources et d’effectifs disproportionnés.  Dans ces conditions, elle s’est étonnée de la demande de 2 millions de dollars supplémentaires, notamment pour des activités liées aux droits de l’homme.  La représentante a en effet estimé que le Gouvernement du Kosovo disposait de suffisamment de ressources pour développer ces activités en toute indépendance.

« Les Nations Unies doivent être moins présentes au Kosovo », a poursuivi la représentante, tout en demandant à ce que les rapports sur la MINUK ne soient désormais présentés que tous les six mois, voire sur des périodes encore plus espacées.

La représentante a par ailleurs appelé les parties à s’abstenir de toute provocation, et ce, dans le but de relancer le dialogue entre Belgrade et Pristina, facilité par l’Union européenne (UE).

Réagissant à la déclaration de son homologue serbe, la représentante a estimé que les travaux réalisés à l’époque par les observateurs étaient sans équivoque concernant les événements survenus dans les années 1990.  Elle a ainsi appelé les parties à « s’abstenir de tout révisionnisme » et à ne pas « s’enfoncer dans le mensonge » pour changer l’interprétation du passé. 

Elle a invité tous les dirigeants de la région à se garder de « toute incitation à la haine » et les a exhortés à prendre des mesures pour accélérer l’intégration au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

La représentante a enfin appelé les États ne l’ayant pas encore fait à reconnaître le Kosovo comme un État indépendant.

M. FODÉ SECK (Sénégal) s’est félicité des progrès enregistrés par les deux parties dans le cadre du dialogue entre Belgrade et Pristina, conduit sous les auspices de l’Union européenne.  Afin de consolider les résultats obtenus dans ce cadre, le représentant a jugé primordial que les accords conclus soient mis en œuvre.  Il a salué le retrait d’un projet de loi du Président kosovar visant à transformer les forces de sécurité en une force armée.  Il s’est inquiété, néanmoins, de l’adoption par l’Assemblée du Kosovo d’une résolution appelant à la suspension du dialogue entre Pristina et Belgrade. 

Au titre des notes positives, il a salué la participation des Serbes du Kosovo à l’élection présidentielle de la Serbie avec des bureaux de vote installés à travers tout le Kosovo avec le soutien de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de la Force de paix au Kosovo (KFOR).  Le représentant du Sénégal a jugé que la question des personnes disparues doit rester une priorité absolue et qu’elle requiert des dirigeants des deux parties une volonté politique à toute épreuve. 

Il s’est félicité des activités de la MINUK en matière de promotion de la réconciliation, de la justice transitionnelle, des droits de l’homme et de l’appui au processus de normalisation des relations entre Belgrade et Pristina.  Eu égard à la dynamique positive constatée sur le terrain, le représentant a estimé qu’il n’est pas illégitime de se demander si le rythme actuel de nos consultations sur la situation au Kosovo est encore justifié.      

M. OLOF SKOOG (Suède) a déclaré que la coopération régionale et des relations de bon voisinage sont un préalable incontournable pour des Balkans occidentaux stables, pacifiques et prospères.  Il a dit qu’il était clair que l’avenir de la Serbie et du Kosovo résidait au sein de l’Union européenne.  Dans ce contexte, il a invité Belgrade et Pristina à s’engager de manière constructive dans le dialogue facilité par l’Union européenne. 

Il a exhorté les deux parties à mettre en œuvre leurs engagements dont le démantèlement de structures parallèles dans les territoires à majorité serbe et la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.  Le représentant de la Suède a jugé essentiel que la question du statut ne vienne porter atteinte aux perspectives européennes du Kosovo ni à son adhésion à des organisations internationales. 

Il a invité les dirigeants nationaux du Kosovo à mener les réformes nécessaires en regrettant que l’impasse politique actuelle menace les efforts de réforme.  Néanmoins, compte tenu des avancées, le représentant de la Suède a souhaité que le prochain rapport du Secrétaire général soit l’occasion de propositions sur la réduction des effectifs de la MINUK.  Il a aussi proposé de passer de trois à six mois en ce qui concerne la périodicité de rapport.   

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a indiqué que les problèmes qui persistaient au Kosovo demeuraient d’une extrême gravité.  « Ces problèmes n’ont pas diminué, au contraire ils ont pris de nouvelles formes », a affirmé le représentant, ajoutant que la création d’une société multiethnique au Kosovo était loin d’être effective.

Le délégué s’est par ailleurs plaint du fait que les dirigeants du Kosovo, « avec l’appui de parrains extérieurs », ne veillent pas à honorer leurs engagements vis-à-vis de Belgrade.  Constatant « l’attitude peu amicale » des dirigeants du Kosovo envers Belgrade, il a estimé que le dialogue facilité par l’Union européenne (UE) se trouvait « dans l’impasse depuis les derniers mois ».  Il a ainsi regretté l’absence de progrès sur la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo, alors qu’un accord a été convenu il y a plus de quatre ans.

Le représentant a en outre estimé que les tentatives d’imposer aux Serbes un mode d’autonomie avec des droits limités étaient inacceptables.  À ses yeux, cela revient à faire porter aux Serbes la responsabilité des manques de progrès dans le dialogue.

Selon le représentant, les dirigeants kosovars profitent ainsi de l’absence de pressions suffisantes de la part de Bruxelles, comme en témoignent, selon lui, les menaces proférées par M. Hashim Thaçi, du Kosovo, de démissionner si le projet de loi visant à transformer la Force de sécurité du Kosovo en une force armée n’était pas adopté. 

Il a également pointé du doigt les « ultimatums » et « intimidations » visant à empêcher l’extradition en Serbie du dirigeant du parti d’opposition AAK, l’ancien Premier Ministre Ramush Haradinaj.  Il a appelé les pays occidentaux impliqués à faire en sorte que les crimes de guerre soient punis.

Face à l’absence de progrès dans les poursuites des criminels de guerre au Kosovo, le représentant a espéré que les travaux du nouveau tribunal à La Haye ne soient pas « contaminés par les manquements » du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), qui a été, selon lui, incapable de faire preuve d’impartialité et a relaxé Ramush Haradinaj à deux reprises.

Les provocations au nom de la « Grande Albanie » représentent une menace pour la région, a par ailleurs estimé le délégué, tout en demandant à l’UE et aux États occidentaux de prendre des mesures pour mettre fin à ce type de provocations, et ce, dans le but d’aboutir à un respect mutuel et de restaurer les relations de bon voisinage.

Le délégué russe a par ailleurs mis l’accent sur le climat délétère entre Belgrade et Pristina, notamment en raison, selon lui, des violations de la liberté de mouvement, d’association et de participation aux élections dont est régulièrement victime la minorité serbe au Kosovo.  Il a également mentionné les pressions pour empêcher le retour des réfugiés serbes au Kosovo, ainsi que les tentatives récentes des autorités kosovares de s’approprier des biens publics serbes. 

Le délégué s’est également dit préoccupé par la recrudescence d’activités terroristes au Kosovo, un territoire selon lui utilisé pour recruter des combattants terroristes étrangers à destination du Moyen-Orient.

Le délégué a par conséquent appelé à ne pas répondre aux appels pour réduire les effectifs de la MINUK, qui fonctionne selon lui avec des ressources très modestes.  Il s’est également opposé au fait de revoir la périodicité trimestrielle des réunions sur la situation au Kosovo.

M. WU HAITAO (Chine) a défendu la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Serbie et compris les préoccupations légitimes de ce pays au sujet du Kosovo.  Certaines questions complexes ne sont toujours pas résolues, a-t-il regretté.  Il a espéré que les parties resteront attachées à la recherche d’un règlement pacifique en travaillant sur la base de la confiance.  À ce sujet, a-t-il rappelé, la résolution 1244 (1999) reste une base juridique importante pour régler la situation. 

La réconciliation nationale est dans l’intérêt commun des deux parties qui doivent mettre en avant le bien-être de leur population, a insisté le représentant.  Le Conseil de sécurité devrait rester attentif à la situation au Kosovo pour envoyer un message clair au public.  Il a donc demandé à la MINUK de continuer de s’acquitter de ses fonctions en coopération avec les deux parties.

La perspective de l’intégration européenne est essentielle pour orienter les réformes que les Balkans occidentaux doivent mener à bien aujourd’hui, a estimé M. SEBASTIANO CARDI (Italie).  Il y a quelques jours, a-t-il noté, la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique européenne est revenue devant ce Conseil sur l’engagement de l’UE par rapport au destin européen de cette région.

Des résultats concrets ont été engrangés, mais le représentant a espéré voir les deux parties manifester un effort plus robuste.  Pristina ne doit pas perdre de vue la mise en œuvre des mesures convenues dans le cadre du dialogue avec Belgrade facilité par l’Union européenne, notamment à l’approche des élections anticipées.

Soulignant la priorité de la voie européenne, il a encouragé le Conseil de sécurité à envisager un examen de la MINUK en tenant compte des réformes générales en matière de maintien de la paix.  Il a demandé au Secrétaire général de formuler des recommandations à cet égard, y compris sur la possibilité d’améliorer les synergies de la MINUK avec l’Union européenne et d’autres organisations internationales.  Il a aussi proposé de revoir la fréquence des réunions du Conseil pour mieux illustrer la réalité sur le terrain.

L’Italie va œuvrer avec tous les pays des Balkans occidentaux pour favoriser la coopération régionale tant avec Pristina que Belgrade.  Le représentant a annoncé la tenue du Sommet de Trieste le 12 juillet prochain, qui s’inscrira dans le cadre de l’intégration européenne des Balkans.

Enfin, il a condamné les discours nationalistes qui ont recommencé dans la région pour éviter toute instabilité politique et aggravation des relations entre les communautés.  Il est temps, a-t-il conclu, que tous les pays des Balkans occidentaux « tournent la page » et travaillent de conserve.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a souhaité que les deux parties participent davantage au dialogue constructif et renforcent la confiance mutuelle sous l’égide des Nations Unies, avec la participation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et d’autres organisations régionales pertinentes, en vue de maintenir la stabilité au Kosovo et d’assurer la sécurité régionale.

D’après lui, la situation au Kosovo exige encore toute l’attention du Conseil de sécurité.  Il a évoqué les discours haineux et les cas de personnes disparues.  Il a également jugé essentielle la protection des langues et du patrimoine culturel des communautés minoritaires et salué les mesures prises par la société civile pour encourager le dialogue entre la Serbie et le Kosovo.  Le dialogue entre les deux parties est la seule façon d’assurer la bonne gouvernance et l’état de droit, a ajouté le représentant.  

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a salué le rôle de la MINUK et de l’Union européenne (UE) dans l’évolution du Kosovo depuis son indépendance en 2008.  Notant que la charge de travail du Conseil de sécurité est actuellement plus grande que jamais, à cause de graves crises et conflits au Moyen-Orient, en Afrique et dans d’autres parties du monde, il s’est félicité de l’absence d’incidents violents au Kosovo lors des récentes élections présidentielles serbes et au cours des trois derniers mois.

Il en a déduit qu’il fallait changer le rythme des exposés sur cette question au Conseil de sécurité, qui est le même depuis 1999.  À son avis, ces exposés devraient revenir devant le Conseil seulement tous les six mois, voire même de manière plus espacée.

Dans le même sens, il a jugé qu’il était temps pour le Conseil de sécurité de procéder à un examen de la MINUK pour évaluer quelles fonctions ne peuvent être exercées que par la Mission et recommander d’éventuelles réductions de personnel.

Il n’a pas voulu cependant minimiser les problèmes que le Kosovo doit toujours affronter, en ce qui concerne la réconciliation avec les communautés albanaises et serbes et le retour difficile des populations kosovares serbes.  Il a jugé utile que le dialogue de haut niveau entre Pristina et Belgrade continue, sous la houlette de l’UE.

Souhaitant que le Kosovo devienne un membre responsable de la communauté internationale, le délégué a salué l’entrée en vigueur, l’an dernier, de l’Accord de stabilisation et d’association entre ce pays et l’UE.  Il a exhorté les dirigeants du Kosovo à continuer sur cette voie en s’écartant des appels nationalistes. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a estimé qu’il était nécessaire d’examiner toutes les questions en suspens sur la situation au Kosovo, « de façon équitable » et « conformément aux Accords de Bruxelles ». 

Saluant l’implication de l’Union européenne (UE) dans le dialogue entre les parties, le représentant s’est toutefois dit préoccupé par le manque de progrès sur la mise en œuvre des accords entre Belgrade et Pristina, ainsi que par le manque de mesures concrètes pour faciliter la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo et l’intégration du système judiciaire dans le nord du Kosovo.

Le délégué a par ailleurs réaffirmé son appui aux travaux de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).  Il a dit espéré que la MINUK puisse continuer à développer des activités visant à promouvoir les droits de l’homme et la stabilité de la région dans le futur.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) s’est félicité que la période à l’étude ait été relativement calme, ce qui, à son avis, ne nécessite pas toute l’attention du Conseil de sécurité.  Il a encouragé les autorités du Kosovo à rester en contact avec l’OTAN sur des initiatives comme celle concernant l’armée.

« Nous savons tous que l’avenir du Kosovo sera modelé à Bruxelles, et non pas ici, dans cette salle », a déclaré le représentant.  Le Kosovo se préparant à aller aux urnes, il a dit attendre des élections équitables qui illustrent la volonté du peuple.  

Il a ensuite reconnu les progrès réalisés par le Kosovo sur le plan international depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité.  Ainsi le Kosovo est-il devenu le cent quatre-vingt-unième membre de l’Union des douanes.

Or, au lieu de parler des progrès, « tous les trois mois, on nous ramène plus de 20 ans en arrière », a critiqué le représentant.  Aujourd’hui, pourtant, les frontières sont bien définies.  Ces réunions du Conseil ne reflètent pas le Kosovo actuel.  « Il est temps que le Conseil de sécurité espace ses réunions sur cette question », a-t-il insisté.

« Nous devons également reconfigurer la MINUK », a-t-il demandé.  Il est temps de prendre du recul, a-t-il argué, en se déclarant déçu par les tentatives d’augmentation du budget de la MINUK, « alors même que nous avons demandé une réduction des effectifs ces derniers temps ».

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a regretté que, malgré les préoccupations exprimées par les membres du Conseil de sécurité en février, les institutions du Kosovo aient essayé de transformer la Force de sécurité du Kosovo en force armée.  Il a jugé irresponsable cette approche, craignant des tensions accrues dans la région.  Cela ne contribue pas à l’instauration d’un climat de confiance, a-t-il souligné.  Il s’est félicité à cet égard de la réaction rapide de l’OTAN et des États-Unis, ainsi que de la décision des institutions du Kosovo d’abandonner cette initiative.

Le représentant s’est aussi inquiété des développements sur les questions de propriété, des discours de haine avec menaces de nettoyage ethnique, des incidents avec les voyageurs provenant du Kosovo, ainsi que de la résistance au processus de retour pacifique. 

Il a aussi noté avec préoccupation la résolution de l’Assemblée du Kosovo qui appelle à suspendre le dialogue facilité par l’UE.  Il a exprimé sa frustration quant à l’obstruction du retour des populations sur Istiok qui aurait dû, dès 2000, accueillir les Serbes déplacés.

Le représentant a toutefois salué les efforts de l’UE, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de la MINUK pour préserver la stabilité et la paix au Kosovo. 

Il a appelé les dirigeants de Belgrade et de Pristina à éviter toute provocation et escalade dans un conflit.  Il a partagé l’avis du Secrétaire général que le dialogue facilité par l’UE est le meilleur mécanisme pour la résolution des différends entre les parties.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a demandé « la mise en œuvre pleine et entière » de la résolution 1244 du Conseil, estimant que la tentative des dirigeants kosovars de constituer une armée nationale était contraire à cette résolution.

Le délégué a appelé à éviter les mesures contreproductives de ce type, afin de faire avancer le dialogue entre Belgrade et Pristina, facilité par l’Union européenne (UE).  « Les deux parties doivent s’abstenir de discours guerrier », a-t-il estimé, tout en appelant à faire avancer la question de la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.

Le délégué a par ailleurs salué le retour de 94 déplacés au Kosovo, notamment des Roms et des Ashkalis.  Appelant les parties à résoudre leurs différends pacifiquement, le représentant a estimé que le dialogue entre Belgrade et Pristina, facilité par l’UE, offrait le cadre le plus adapté pour y parvenir.  Le délégué a enfin encouragé la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) à poursuivre ces travaux de stabilisation de la région.

Mme MARIE AUDOUARD (France) a appelé une nouvelle fois le Secrétaire général à faire des propositions en faveur d’une révision du rythme d’examen de la situation au Kosovo par le Conseil de sécurité.  Elle a estimé que rien ne justifiait plus le maintien d’exposés trimestriels sur la question du Kosovo.  Les développements positifs enregistrés ces dernières années au Kosovo en matière de consolidation des institutions contribuent à la poursuite du recentrage des actions de la MINUK et de leur coordination avec les autres acteurs internationaux présents au Kosovo.  

Elle s’est dite convaincue du fait que l’avenir du Kosovo ne se joue désormais plus prioritairement au sein de ce Conseil, mais bien dans le cadre du dialogue politique entre Belgrade et Pristina mené sous les auspices de l’Union européenne.  « Nous attendons que l’ensemble des accords conclus soient effectivement mis en œuvre dans les meilleurs délais, y compris s’agissant de la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe, qui constitue un élément clef du dialogue », a dit la représentante de la France.  

« Après les épisodes de tensions des derniers mois, nous attendons plus que jamais de l’ensemble des acteurs qu’ils fassent preuve de responsabilité et de retenue, un point d’autant plus important à l’approche des échéances électorales à venir au Kosovo », a encore dit la représentante.  Elle a dit que la résurgence de discours nationalistes était porteuse de danger pour la stabilité de la région.

Cependant, elle a estimé que l’accord récemment trouvé sur le plan local concernant la démolition du mur de Mitrovica constituait un exemple positif qui montre que des solutions concrètes peuvent être trouvées pour favoriser la coexistence entre les communautés, loin des provocations politiques et de toute rhétorique de division.  Elle a aussi noté que la participation récente des citoyens serbes vivant au Kosovo à l’élection présidentielle serbe sans aucun incident sérieux représentait un développement encourageant

Selon elle, la poursuite des efforts engagés par le Kosovo pour la consolidation de l’état de droit au Kosovo devait demeurer une priorité, avant de saluer la lutte contre la radicalisation, sous toutes ses formes. 

Par ailleurs, elle a déclaré que la décision rendue en toute indépendance par la justice française dans l’affaire Haradinaj n’appelait pas de commentaires de la part des autorités françaises et ne saurait en aucun cas être interprétée de manière politique.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a jugé fondamental de se fonder sur la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité pour régler la situation au Kosovo, dans le respect des principes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale.

Appuyant le processus facilité par l’Union européenne, il a engagé les deux parties à travailler de façon constructive et à renouer au plus tôt le dialogue de haut niveau.  Selon lui, la mise en œuvre des engagements déjà consentis permettra d’assurer la stabilité du Kosovo.

Sur la question des personnes disparues, a estimé M. Rosselli, il y a lieu d’avancer.  Il faut aussi régler à terme la situation des personnes déplacées.  En outre, les discours nationalistes et l’incitation à la haine et au ressentiment doivent être combattus, car la discrimination fondée sur l’appartenance ethnique a été un véritable fléau pour l’humanité.

En bref, le représentant a considéré que la MINUK faisait « un travail important pour la population du Kosovo ».  Il a cité à titre d’exemple la Journée mondiale portes ouvertes sur les femmes, la paix et la sécurité organisée le 15 mars à Pristina sous l’égide de la Mission.  

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