Alors que les jours de Daech en Iraq semblent « comptés », la réconciliation nationale se fait attendre, selon le Représentant spécial
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Ján Kubiš, a, cet après-midi, à l’occasion de l’examen trimestriel par le Conseil de sécurité de la situation en Iraq, appelé les autorités iraquiennes à prendre des mesures pour accélérer la réconciliation nationale dans la perspective de l’après-Daech, un processus d’autant plus urgent que les jours du groupe terroriste en Iraq sont selon lui « comptés ».
Dans sa présentation du rapport* trimestriel du Secrétaire général sur les progrès accomplis par la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), dont il est le Chef, M. Kubiš a indiqué que les forces de sécurité iraquiennes, avec l’appui de la coalition internationale contre Daech, avaient fait des progrès constants au cours des derniers mois pour libérer les villes de Mossoul et Ninive, dans le nord du pays. « Les jours de Daech en Iraq sont désormais comptés », s’est félicité le Représentant spécial.
Le Secrétaire général, dans son rapport, précise en effet que, suite à la libération de l’est de Mossoul, le 24 janvier, et au début des opérations militaires pour libérer l’ouest de la ville, le 19 février, plus de 60% du territoire du pays précédemment entre les mains du groupe terroriste avait été repris.
Dans la perspective d’une victoire contre Daech, M. Kubiš a exhorté toutes les grandes composantes de l’Iraq, les minorités, les chefs religieux et communautaires et les groupes de la société civile, notamment ceux qui représentent les femmes et les jeunes, à accélérer le processus de réconciliation nationale.
Des avancées dans ce domaine seront primordiales, a-t-il estimé, pour rétablir la coexistence pacifique entre toutes les composantes dans les provinces de Mossoul et de Ninive et pour permettre le retour volontaire et sans risque des déplacés, notamment les minorités.
« Le retour des personnes déplacées doit être une priorité pour le Gouvernement iraquien », a-t-il insisté, tout en regrettant les retards constatés sur ce point dans certaines zones libérées de longue date. L’absence de progrès concernant le retour des minorités, a-t-il mis en garde, pourrait « saper la réconciliation nationale ».
Il faudra aussi veiller à ce que le retour des personnes dans les zones libérées ne modifie pas la composition démographique de ces zones avant le conflit, afin d’« éviter toute marginalisation », a quant à lui mis en garde le délégué égyptien.
De son côté, la représentante des États-Unis a souligné que la bonne gouvernance serait également essentielle pour une réconciliation durable. Elle a pour cela appelé le Gouvernement iraquien à mettre en œuvre des réformes politiques, économiques et sociales, notamment dans la perspective des élections parlementaires d’avril 2018.
À ce sujet, M. Kubiš s’est inquiété des incertitudes concernant le processus électoral. Il a ainsi appelé les dirigeants iraquiens à mener à son terme la réforme de la loi électorale, de façon à inclure davantage l’ensemble des composantes du pays.
Le délégué de l’Iraq a affirmé que son gouvernement était prêt à envisager la reconstruction de l’après-Daech pour restaurer la stabilité et la sécurité du pays. Il a ainsi exprimé sa volonté de permettre aux personnes déplacées de rentrer dans leurs foyers, d’aider les familles des victimes du confit et de mettre fin au cycle de violence et de haine, tout en continuant de lutter contre la corruption, d’assurer le partage du pouvoir, et la justice et l’égalité pour tous.
Face aux nombreuses victimes civiles des combats, notamment dans l’ouest de Mossoul, de nombreuses délégations ont par ailleurs appelé le Gouvernement et la coalition internationale à s’engager à maintenir la protection des civils au centre des opérations militaires contre Daech.
Les délégations ont également unanimement condamné l’utilisation « atterrante » de femmes et d’enfants comme boucliers humains par Daech, qui s’en prend aussi aux civils dans les zones reprises, à coup notamment d’attentats-suicides, de bombardements et de frappes de drones militarisés.
La représentante de la France a ainsi alerté sur l’urgence à collecter des éléments de preuve pour lutter contre l’impunité pour ces crimes, l’une des composantes essentielles du mandat de la MANUI. Dans le but d’améliorer la reddition de comptes, le représentant du Royaume-Uni, soutenu par ces homologues des États-Unis, de la Suède et de l’Italie, a quant à lui proposé de créer un organe d’enquête international chargé de réunir des preuves sur les atrocités commises par Daech.
Face à une telle proposition, les délégués de la Fédération de Russie et de la Chine ont exhorté tous ceux qui luttent contre le terrorisme en Iraq et les partenaires du pays à ne pas empiéter sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iraq.
Le Conseil était également saisi du rapport** du Secrétaire général sur les questions des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ainsi que des biens koweïtiens disparus, notamment les archives nationales. M. Kubiš a constaté que, 26 ans après la fin de la première guerre du Golfe, et en dépit du renforcement de la coopération entre l’Iraq et le Koweït, ce dossier n’était toujours pas clos. Il a appelé, ainsi que de nombreuses délégations, le Gouvernement iraquien à redoubler d’efforts pour obtenir des informations sur la question des biens koweïtiens pillés, en particulier les archives nationales, qui sont d’une valeur inestimable, et à trouver de nouveaux moyens à cette fin.
* S/2017/357
** S/2017/371
LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ
Rapport du Secrétaire général présenté en application de la résolution 2299 (2016) (S/2017/357)
Quatorzième rapport établi par le Secrétaire général en application du paragraphe 4 de la résolution 2107 (2013) du Conseil de sécurité (S/2017/371)
Déclarations
« Les jours de Daech en Iraq sont comptés », a assuré le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, M. JÁN KUBIŠ, saluant le courage des forces de sécurité iraquiennes, notamment les forces de mobilisation populaire, les Peshmerga et les combattants locaux, avec l’appui de la coalition internationale contre Daech.
Dans une déclaration faite le 22 mars à Washington, M. Kubiš a indiqué que les 68 membres de la coalition internationale contre Daech avaient rappelé l’importance de maintenir une double approche en Iraq, à savoir, d’une part, lutter contre Daech, et d’autre part, renforcer l’unité et la stabilité nationale.
Le Représentant spécial a ainsi salué les initiatives récentes des différentes composantes iraquiennes afin de parvenir à un règlement national historique. La Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) s’engage à les y aider, a-t-il dit, sur la base des prérequis que sont le respect de la Constitution, la lutte contre le sectarisme et la participation égale au processus politique. Les travaux de la MANUI se sont ainsi centrés, a-t-il précisé, sur la participation accrue des jeunes et des femmes au processus politique.
La défaite de Daech doit se solder par un élan pour tenir davantage compte des minorités dans le pays, a par ailleurs déclaré M. Kubiš, tout en insistant sur le fait que toutes les minorités déplacées par Daech devaient pouvoir rentrer chez elles dans les zones libérées en toute sécurité. « Le retour des personnes déplacées doit être une priorité pour le Gouvernement iraquien », a-t-il insisté, tout en regrettant les retards constatés sur ce point dans certaines zones libérées de longue date. L’absence de progrès sur la question des retours, a-t-il mis en garde, pourrait « saper la réconciliation nationale ».
M. Kubiš a par ailleurs appelé Bagdad et Erbil à s’entendre afin de préparer l’après-Daech. Il a ainsi regretté l’absence de dialogue et de progrès concernant certaines questions en suspens susceptibles de créer des tensions entre le Gouvernement fédéral et le Gouvernement régional du Kurdistan.
Le Représentant spécial a en outre indiqué que les forces armées turques avaient mené des attaques aériennes « sans relâche » sur des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) au mois d’avril dans la zone de Sinjar.
Par ailleurs, le Représentant spécial a estimé que le respect de l’état de droit demeurait limité en Iraq, s’agissant notamment des enlèvements de personnes. Soulignant le lien entre criminalité organisée et terrorisme, M. Kubiš a salué l’initiative du Premier Ministre du pays de prendre des mesures supplémentaires pour lutter contre les enlèvements et toute forme de criminalité organisée.
S’agissant des élections parlementaires prévues en 2018, le Représentant spécial s’est inquiété des incertitudes concernant le processus et la loi électorale. Il a appelé à inclure davantage l’ensemble des composantes du pays dans ce processus.
M. Kubiš s’est par ailleurs inquiété de la détérioration de la situation des civils dans l’ouest de Mossoul. Il a appelé les parties à faire de la protection des civils une priorité.
S’agissant de la question des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ainsi que des biens koweïtiens disparus, notamment les archives nationales, M. Kubiš a constaté l’absence de progrès tangibles sur ce dossier.
Il a ainsi appelé le Gouvernement iraquien à redoubler d’efforts pour obtenir des informations sur la question des biens koweïtiens pillés, en particulier les archives nationales, qui sont d’une valeur inestimable, et à trouver de nouveaux moyens à cette fin.
Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a félicité les forces iraquiennes qui prennent des mesures pour protéger les civils alors qu’elles combattent Daech à Mossoul. Elle s’est dite préoccupée par les conditions humanitaires graves en Iraq, notamment par les taux de déplacement quotidiens qui ne cessent d’augmenter.
La représentante a exhorté les bailleurs de fonds à contribuer au plan d’action humanitaire des Nations Unies et les autorités, y compris au Kurdistan iraquien, à faciliter l’accès aux camps de déplacés alors que la communauté internationale continue de renforcer les infrastructures.
Elle a salué la MANUI qui soutient le dialogue du Gouvernement iraquien avec les populations minoritaires dans le pays. Les États-Unis, a-t-elle ajouté, appuient un Iraq uni, fédéral et démocratique. Pour parvenir à une stabilité à long terme, le succès dépendra de la campagne militaire et des mesures prises dans les jours, les semaines, les mois et les années à venir pour éviter la résurgence de Daech dans les zones libérées, a-t-elle averti.
La bonne gouvernance est également essentielle pour la réconciliation durable. De plus, il faut que le Gouvernement mette en œuvre ses réformes politiques, économiques et sociales.
Enfin, la représentante a soutenu la proposition du Royaume-Uni relative à la création d’un organe d’enquête international chargé de réunir des preuves sur les atrocités commises par Daech et d’autres groupes extrémistes.
« Votre mission joue un rôle essentiel à un moment critique pour l’Iraq », a dit M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) au Représentant spécial du Secrétaire général. « Bientôt Daech ne contrôlera plus rien; Mossoul sera libérée et le prétendu califat disparaîtra », a-t-il assuré.
En attendant, a-t-il recommandé, il faut redoubler d’efforts pour secourir les familles victimes de ces fanatiques. Il a félicité le Premier Ministre Haider Jawad Kadhim Al-Abadi qui donne la priorité aux civils pendant les phases militaires finales. Pour sa part, le Royaume-Uni a contribué aux efforts humanitaires à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars. Le conflit, a-t-il déploré, a eu un impact disproportionné sur les femmes et les filles.
L’Iraq a besoin de réconciliation politique et de réforme alors que Daech s’effondre, a insisté le représentant. Il a exhorté la MANUI à poursuivre ses efforts en ce sens. La sécurité et la stabilité ne sont rien sans reddition de comptes. C’est pourquoi le Royaume-Uni a lancé avec l’Iraq et la Belgique « un élan mondial pour traduire Daech en justice ». En effet, les zones récemment libérées présentent des preuves que la communauté internationale doit aider à collecter. Il a souhaité que le Conseil de sécurité adopte une résolution en ce sens.
Par ailleurs, le délégué a regretté le manque de progrès dans le dossier des biens koweïtiens disparus.
M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a évalué de façon positive les efforts actifs de la MANUI en Iraq. Il a appuyé toutes les mesures prises par le Gouvernement pour rétablir le contrôle et la souveraineté du pays sur les territoires conquis par Daech et les groupes extrémistes.
Il faut former un front international très large et coordonné contre le terrorisme, a lancé le représentant. À cet égard, il a salué l’établissement par Bagdad de liens bilatéraux avec ses partenaires régionaux. Il faut que tous ceux qui luttent contre le terrorisme en Iraq respectent la souveraineté du pays, a-t-il ajouté.
De plus en plus, s’est-il inquiété, les terroristes en Iraq utilisent des armes chimiques. Il a recommandé de mener des enquêtes objectives face à ces crimes pour mettre fin à ce phénomène menaçant. Il faut également agir sur le volet humanitaire et reconstruire toutes les infrastructures socioéconomiques.
« L’aide internationale est encore très importante », a fait valoir le représentant. Il a souhaité que soient créées des conditions propices au dialogue national avec la participation de toutes les religions. « Il faut encore faire beaucoup pour normaliser la situation dans ce pays. »
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a salué les avancées de l’armée iraquienne contre Daech dans l’ouest de Mossoul. Dans la perspective d’une victoire contre le groupe terroriste, le représentant a appelé les autorités du pays à inclure davantage toutes les composantes iraquiennes dans le processus politique du pays, ainsi qu’à lutter contre la corruption et à faire avancer le processus de décentralisation du pays.
Le représentant du Kazakhstan a par ailleurs rappelé l’importance des prochaines élections aux conseils de province et de district, censées avoir lieu le 16 septembre 2017, ainsi que des élections législatives, prévues pour avril 2018. Dans ce cadre, il a appelé les autorités du pays à mener à bien la réforme du système électoral iraquien.
« La réconciliation nationale devrait rester l’une des priorités de l’Iraq », a en outre estimé le représentant, tout en appelant les forces armées des régions du pays à coopérer davantage avec Bagdad.
Le délégué a en outre insisté sur l’importance qu’il y avait à garantir le retour en toute sécurité des personnes déplacées dans les zones libérées. Il a de plus condamné l’utilisation par Daech de civils comme boucliers humains, ainsi que toutes les exactions perpétrées par le groupe terroriste à l’encontre des civils.
Le délégué a enfin appelé les États Membres, et notamment la Ligue des États arabes, à rester impliqués en Iraq, dans le respect de l’intégrité territoriale du pays.
M. WU HAITAO (Chine) a salué les progrès du Gouvernement iraquien dans la lutte contre le terrorisme et a espéré que les autorités du pays puissent être bientôt à même de garantir la sécurité des Iraquiens. Face aux difficultés actuelles, le représentant a toutefois appelé la communauté internationale à rester engagée en Iraq, et ce, afin de faciliter la réconciliation nationale.
Le représentant a également appelé la communauté internationale à continuer de soutenir la MANUI.
Le délégué a par ailleurs salué les efforts déployés par l’Iraq pour améliorer ces relations avec le Koweït et d’autre pays voisins, notamment afin de résoudre les questions en suspens par le dialogue.
Enfin, le représentant a invité les partenaires de l’Iraq à respecter l’intégrité territoriale du pays.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a réitéré l’appui de son pays aux efforts du Premier Ministre Haider Jawad Kadhim Al-Abadi et a salué les avancées contre Daech dans le cadre de l’offensive menée pour libérer Mossoul.
S’il s’est félicité des progrès accomplis par les partenaires de l’Iraq pour aider les personnes déplacées, il s’est dit très préoccupé par le sort des civils pris au piège à Mossoul, utilisés comme boucliers humains par les alliés de Daech.
Alarmé par les cas d’exploitation sexuelle par le groupe terroriste, il a apprécié l’engagement des autorités iraquiennes pour combattre ce fléau, notamment dans le cadre d’un comité conjoint avec les Nations Unies. L’Italie, a-t-il précisé, fournit des services d’aide psychologique et sociale aux victimes.
L’Italie est prête à défendre la cause de la justice et à combattre contre l’impunité en gardant à l’esprit le principe d’appropriation nationale, a poursuivi le représentant. La lutte contre le terrorisme sur le long terme exige une stratégie et implique de s’attaquer à ses causes profondes. Ainsi, faut-il promouvoir la notion de citoyenneté iraquienne, en laissant de côté l’intolérance et le caractère tribal.
Il faut assurer la stabilité dans les zones libérées pour se débarrasser de Daech en Iraq, a insisté le représentant. L’Italie y a formé des centaines d’unités de police et contribue aux efforts en cours pour augmenter les capacités. Il a évoqué ensuite la dimension de la protection du patrimoine culturel iraquien, à la suite d’une initiative commune de l’Italie et de la France.
Enfin, il a encouragé les autorités iraquiennes à assurer une gouvernance sans exclusion et des élections transparentes et équitables. Il faut également s’occuper des minorités de l’Iraq qui font partie intégrante de son histoire.
La protection des civils représente un défi immédiat auquel doivent répondre toutes les parties en Iraq, en particulier dans le contexte des opérations de libération, a déclaré M. KORO BESSHO (Japon). Près de 275 000 personnes vivent dans les zones contrôlées par Daech dans l’ouest de Mossoul.
Le Japon, a-t-il souligné, appuie l’engagement du Gouvernement iraquien de placer les civils au centre de ses opérations militaires. Toute violation des droits de l’homme est inacceptable, a-t-il averti, que ce soit contre les chiites, les sunnites, la minorité yézidie ou d’autres.
Ensuite, a rappelé M. Bessho, en citant le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 11 millions de personnes en Iraq ont besoin d’une aide humanitaire, et la situation est particulièrement difficile pour près de 678 000 personnes déplacées de Mossoul. Le Japon, a-t-il précisé, est déterminé à maintenir son assistance après avoir annoncé en janvier dernier une contribution de 100 millions de dollars.
Enfin, le représentant a mis l’accent sur l’importance de la réconciliation nationale, une condition essentielle pour un Iraq stable et pacifique. L’opération de Mossoul est en cours, a-t-il noté, mais « il n’est pas trop tôt pour parler de la phase postlibération ». L’unité dont le peuple iraquien a fait preuve devra être renforcée.
Il a appelé toutes les parties en Iraq, y compris les représentants des partis politiques, les leaders religieux et communautaires, à redoubler d’efforts pour promouvoir la réconciliation nationale.
M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a salué la « lutte courageuse » menée par les forces iraquiennes contre Daech. « Il faut assurer l’accès à l’aide humanitaire », a-t-il toutefois déclaré, s’inquiétant du sort des civils pris au piège dans les combats, y compris les plus de 650 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Le délégué a par ailleurs vivement condamné les exactions commises par Daech contre des civils, y compris l’utilisation de femmes et d’enfants comme des boucliers humains. Il a appelé l’ensemble de la communauté internationale à s’élever contre ces pratiques.
S’agissant des futures élections du pays, le délégué a invité les autorités à mettre en œuvre la réforme électorale afin d’inclure l’ensemble des composantes du pays au processus.
Enfin, le représentant a salué la coopération accrue entre l’Iraq et le Koweït afin de trouver une solution à la question des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus, ainsi que des biens koweïtiens disparus.
M. CARL SKAU (Suède) a rappelé que l’offensive menée contre Daech à Mossoul vise non seulement à reprendre un territoire iraquien, mais que c’est aussi « un combat contre un ennemi qui nous menace tous ». Il est impératif, a-t-il souligné, de garantir la protection des civils, car la situation dans l’ouest de Mossoul est très préoccupante.
À la fin de l’opération militaire à Mossoul, il va falloir entreprendre pendant longtemps d’importants efforts de stabilisation, a projeté le représentant. À cet égard, la Suède contribue au mécanisme de financement du PNUD. La réconciliation inclusive, a-t-il estimé en saluant le rôle de la MANUI à cet égard, sera essentielle pour édifier un pays stable et prévenir de futurs conflits. Il faudra restaurer la confiance entre les différentes composantes de la population et faire participer la société civile.
La Suède appuie aussi les initiatives visant à renforcer la reddition de comptes pour les violations du droit international et les crimes commis pendant le conflit. Il est également essentiel, selon le délégué, de renforcer le système juridique iraquien.
Il a notamment encouragé la MANUI à accroître la diplomatie préventive pour faciliter le dialogue entre Bagdad et Erbil, à aider les autorités à promouvoir l’état de droit et le respect des droits de l’homme, y compris le respect des droits des minorités, et à augmenter la participation des femmes à la gouvernance post-Daech.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a salué les avancées enregistrées par les forces gouvernementales iraquiennes contre Daech, en particulier dans l’ouest de Mossoul, où 89,5% de la ville ont été repris à l’organisation terroriste.
Face à l’utilisation « atterrante » de civils comme boucliers humains par le groupe terroriste, le représentant a appelé la communauté internationale à tout faire pour mettre fin à de telles pratiques.
Le délégué s’est par ailleurs inquiété du nombre de déplacés dans les environs de Mossoul, qui s’élève désormais à environ 670 000 personnes, alors que 200 000 personnes supplémentaires pourraient quitter la ville dans les prochains jours. Il a appelé à accroître la capacité d’accueil des civils fuyant Mossoul.
Le représentant a enfin salué les initiatives pour parvenir à un règlement national historique, y compris l’Initiative de règlement national de l’Alliance nationale et l’Initiative de règlement historique émanant de la Coalition des Forces iraquiennes.
Mme ANNE GUEGUEN (France) a salué le courage et la détermination des forces iraquiennes qui, avec l’appui de la Coalition, ont remporté des victoires décisives contre Daech. Elle a cité notamment l’opération lancée par l’armée iraquienne contre Daech dans la zone dite « Kilomètre 160 », dans le but de sécuriser Routba.
Elle a en même temps salué les dispositions prises par le Gouvernement iraquien pour donner la priorité à la protection des civils, conformément au droit international humanitaire et des droits de l’homme. Tout doit être mis en œuvre pour apporter assistance aux déplacés, a-t-elle ajouté, exprimant son inquiétude face aux civils piégés dans Mossoul.
Mme Gueguen a condamné les violences et exactions commises par Daech et a demandé de tout mettre en œuvre pour faciliter le retour durable et volontaire des populations civiles et notamment des personnes appartenant à des minorités ethniques et religieuses. Elle a rappelé l’engagement de la France à cet égard, dans le cadre du Plan d’action de Paris qui a été présenté conjointement avec la Jordanie lors de la Conférence de Paris sur les victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient le 8 septembre 2015.
« Nous soutenons les actions humanitaires et de stabilisation sur le terrain afin d’offrir aux populations déplacées des conditions de vie satisfaisantes et de favoriser, lorsque c’est possible, leur retour dans leur ville et village d’origine. »
Mme Gueguen a également alerté sur l’urgence à collecter des éléments de preuve pour lutter contre l’impunité, l’une des composantes essentielles du mandat de la MANUI. Elle a assuré de la volonté d’aide de la France dans ce domaine, pour que les preuves soient examinées par la juridiction compétente, le moment venu.
En matière d’aide humanitaire, elle a estimé que la priorité devait être accordée au renforcement des efforts de stabilisation déployés par les autorités iraquiennes et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans les zones libérées du joug de Daech. Elle a aussi plaidé en faveur de la protection du patrimoine culturel.
Enfin, elle a appelé à préparer dès à présent le jour d’après pour éviter tout vide sécuritaire et de gouvernance, avec un plan politique de gouvernance inclusif pour Mossoul et sa région. Elle a souligné la nécessité pour le Gouvernement d’accélérer l’adoption et la mise en œuvre des réformes en faveur de la réconciliation nationale. Il devra aussi mettre en place une gouvernance inclusive, au niveau national et local, ainsi que des forces de sécurité locales acceptées par la population.
Enfin, elle a encouragé Erbil et Bagdad à poursuivre leur dialogue politique pour résoudre les différends qui les opposent.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a salué les progrès réalisés par la vaillante armée iraquienne dans la lutte contre Daech, tout en faisant de la protection des civils une priorité. Il faut prendre des mesures urgentes pour aider les populations dans le besoin, promouvoir la réconciliation, favoriser une gouvernance vertueuse et inclusive, ainsi que la tenue d’élections crédibles et la reddition de comptes. À cet égard, il a relevé les efforts de plusieurs hautes autorités iraquiennes pour favoriser le dialogue et la réconciliation nationale.
Le représentant a invité la communauté internationale à poursuive le financement du plan de réponse humanitaire lancé à Bruxelles en décembre 2016. Il a condamné toutes les atrocités auxquelles s’adonnent les terroristes, toutes actions qui peuvent être constitutives de crimes de guerre et contraires au droit international humanitaire et aux droits de l’homme.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a salué les grandes victoires des forces iraquiennes alliées ces derniers mois pour libérer les territoires iraquiens du contrôle d’organisations terroristes odieuses. Il a également reconnu les efforts du Gouvernement qui accorde une grande importance à la protection des civils dans des zones densément peuplées pendant les opérations militaires à Mossoul.
« La libération de Mossoul approche », a anticipé le représentant. Il a pensé que la fin du terrorisme passe par une approche globale qui repose aussi sur des composantes politiques, économiques et sociales. La stabilité dans les zones libérées demandera des projets de développement et le retour digne, sûr et volontaire des réfugiés dans leurs foyers, sans modifier la composition démographique des zones avant le conflit, « pour éviter toute marginalisation », a-t-il averti.
Par ailleurs, il est important de soutenir l’Iraq dans ses réformes économiques, a insisté le représentant. Il s’est dit favorable à la tenue d’une conférence des bailleurs de fonds « pour mobiliser le soutien nécessaire pour épauler l’Iraq qui vit un tournant ». Il faut, a-t-il recommandé, que les efforts de réconciliation de toutes les composantes iraquiennes aboutissent, car le pays a toujours tiré sa force de sa diversité et de son harmonie. Il faut pour cela s’attaquer aux causes fondamentales de l’idéologie terroriste.
Enfin, M. Aboulatta a rejeté toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures de l’Iraq. En particulier, il a condamné les frappes aériennes turques menées dans le nord de l’Iraq, « que rien ne peut justifier ».
M. DAWIT YIRGA WOLDEGERIMA (Éthiopie) a salué les efforts déployés par les forces de sécurité iraquiennes, notamment les forces de mobilisation populaire, les Peshmerga et les combattants locaux, avec l’appui de la coalition internationale contre Daech, « pour déloger le groupe terroriste du pays ».
Condamnant le grand nombre de victimes civiles, notamment dans le cadre des opérations militaires de Mossoul, le représentant a pris note des informations non confirmées faisant état d’attaques menées par Daech à l’aide d’agents chimiques arsenalisés, à Mossoul et dans les zones avoisinantes, au cours desquelles deux civils auraient été tués et 21 autres blessés.
Le représentant a par ailleurs appelé l’Iraq et la coalition internationale contre Daech à faire de la protection des civils une priorité, afin de réduire le plus possible le nombre de victimes civiles des opérations militaires, notamment à Mossoul.
Le représentant a enfin appelé les autorités iraquiennes à faciliter le retour des déplacés dans les zones reprises à Daech, ainsi qu’à œuvrer en faveur de la réconciliation nationale.
M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a salué sans réserve les actions entreprises par la MANUI en vue de renforcer la stabilité du pays.
Soulignant la menace présentée par Daech, menace qui touche également la Syrie et « se joue des frontières », le délégué a appelé les dirigeants iraquiens et le Conseil de sécurité à avancer sur la question de la mise en place d’un mécanisme pour enquêter sur les crimes commis par le groupe terroriste.
Partant du constat que les opérations militaires ne suffiront pas à venir à bout du terrorisme, le délégué a appelé les dirigeants iraquiens à œuvrer en priorité en faveur d’un règlement national historique entre les différentes composantes du pays.
Préoccupé par la situation des civils pris au piège à Mossoul, en particulier les femmes et les enfants utilisés par Daech comme boucliers humains, le délégué a salué la volonté affichée par les autorités iraquiennes de mettre l’accent sur la protection des civils dans la poursuite des opérations militaires.
« La victoire à Mossoul ne suffira pas », a toutefois mis en garde le délégué, mentionnant la capacité des combattants du groupe terroriste à s’échapper vers la Syrie, grâce notamment au contrôle par Daech de la frontière entre les deux pays. Il a par conséquent insisté pour que la communauté internationale demeure mobilisée dans la guerre contre Daech après la bataille de Mossoul.
Le représentant a enfin salué les efforts déployés par l’Iraq pour trouver une solution à la question des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ainsi que des biens koweïtiens disparus, notamment les archives nationales. Il a appelé le Gouvernement iraquien à redoubler d’efforts pour obtenir des informations sur la question des biens koweïtiens pillés, en particulier les archives nationales.
« L’Iraq entre dans une nouvelle phase de sa guerre juste contre Daech », a déclaré M. MOHAMMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq). Le pays compte sur la coopération internationale car il manque de ressources financières à cause du prix très bas du pétrole.
Pour restaurer la stabilité et la sécurité, le Gouvernement iraquien rétablit les services de base et envisage la reconstruction de l’après-Daech. Il veut permettre aux personnes déplacées de rentrer dans leurs foyers, aider les familles des victimes du confit, et mettre fin au cycle de violence et de haine, a expliqué le représentant. Il s’engage à respecter tout le monde et à préserver le caractère sacré des lieux de culte. Il lui faut continuer de lutter contre la corruption, assurer le partage du pouvoir, et la justice et l’égalité pour tous.
Il est important, a reconnu le représentant, de s’en tenir à un discours qui va favoriser l’unité et la citoyenneté, et de ne pas permettre à des groupes terroristes comme Daech de réémerger. Il est également crucial pour l’Iraq d’établir des relations de bon voisinage, de prendre des décisions de façon indépendante, et « que sa politique étrangère ne soit pas otage de certains intérêts ». En outre, a poursuivi le représentant, l’Iraq détient le droit exclusif d’avoir des armes.
Le Gouvernement iraquien salue les grands sacrifices faits par toutes les forces iraquiennes avec l’aide de la coalition internationales dans les efforts en cours pour finir de libérer Mossoul. Il a rétabli sa souveraineté sur 90% de la ville et fait de la protection des civils une priorité, a précisé le représentant.
Il a appelé la communauté internationale à continuer de fournir une aide humanitaire à la population; appuyer les efforts de reconstruction; restaurer les services de base; œuvrer avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui a organisé une conférence avec l’Union européenne pour établir un plan quinquennal pour 2018-2022.
Le 25 avril, a dénoncé le représentant, « les forces turques, en violation flagrante de notre souveraineté, n’ont pas respecté l’espace aérien en bombardant le nord de l’Iraq, ce qui a causé la mort de Peshmerga ». Il a demandé que le Conseil de sécurité prenne ses responsabilités légales et juridiques pour empêcher que de telles violences ne se reproduisent.
Le Conseil, a-t-il estimé, doit « exiger que la Turquie retire ses troupes du territoire iraquien », pour ne pas nourrir les tensions dans la région et aggraver davantage l’instabilité.
Ensuite, l’Iraq examine différentes options avec ses partenaires pour traduire en justice Daech, sans préjuger de la souveraineté et de la compétence de son système judiciaire.
Le Gouvernement iraquien attend une unité au sein de ce Conseil de sécurité pour arriver à une fin globale au conflit en Syrie, a ajouté le représentant.
Par ailleurs, a-t-il assuré, le Gouvernement continue de travailler sur les questions des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ainsi que des biens koweïtiens disparus, notamment les archives nationales.