En cours au Siège de l'ONU

7944e séance – matin
CS/12829

L’ONU prête à fournir un appui technique pour que l’accord d’Astana réduise les tensions, assure l’Envoyé spécial pour la Syrie devant le Conseil de sécurité

L’accord conclu le 4 mai dernier à Astana, au Kazakhstan, par les pays garants, la Fédération de Russie, la République islamique d’Iran et la Turquie, pour créer des zones de désescalade des tensions en Syrie, est « une première étape prometteuse », a considéré l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, qui a fait ce matin un exposé au Conseil de sécurité.

« Nous voulons que les efforts d’Astana réussissent », a déclaré M. de Mistura qui intervenait par visioconférence depuis Genève.  Selon lui, il y a encore des détails importants à préciser pour la pleine mise en œuvre de l’accord d’Astana.  L’ONU, a-t-il assuré, reste prête à fournir un soutien technique.  

Des rapports récents indiquent une diminution de la violence, et les marchés ont rouvert dans des zones clefs de la Syrie, a-t-il reconnu.  Toutefois, les hostilités et les bombardements se poursuivent à Hama, Homs et Damas.  

Des attaques au mortier ont été menées contre des groupes d’opposition armée engagés dans des combats contre Daech.  Daech a encore la capacité de causer de grands dommages, a-t-il averti.

« Notre objectif est de concrétiser un cessez-le-feu à l’échelle de tout le pays », a rappelé l’Envoyé spécial.  Il a exhorté toutes les parties et les pays garants de l’accord d’Astana à permettre un accès humanitaire sans entrave à plus de quatre millions de personnes qui ont besoin d’aide.  

Les choses seront plus claires quand le processus de cartographie sera terminé, a-t-il affirmé.  Il s’est dit encouragé de voir que les garants d’Astana s’intéressaient activement au sort des personnes détenues, enlevées ou portées disparues, et au déminage humanitaire.  Il leur a demandé de « confirmer officiellement par écrit cet accord technique sans plus attendre ».

Revenant aux pourparlers intrasyriens menés par les Nations Unies à Genève dans le cadre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial a expliqué qu’il avait décidé de mettre en place un processus consultatif technique, pour « mieux se préparer pour le moment où il y aura une conférence de paix ».

Ce processus est créé, il suit son cours et à déjà montré son potentiel, a-t-il dit.  Il s’agit d’approfondir l’examen des questions contenues dans les quatre « paniers » à l’ordre du jour, notamment sur les volets constitutionnels et juridiques, au fur et à mesure que les pourparlers avancent.

Deux réunions techniques d’experts ont déjà eu lieu, a-t-il ajouté, en soulignant que ce processus participatif et inclusif devait être mené par les syriens eux-mêmes.  « Nous devrions tout faire pour avoir une opposition unifiée dès que possible. »

« Les réunions d’experts n’ont pas pour but de remplacer les négociations officielles », a précisé M. de Mistura.  « Elles soutiennent les quatre paniers et le principe de parallélisme encadré par le mandat que nous connaissons tous. »  Ainsi jettent-elles des bases pour aider les Syriens à écrire leur constitution.  « L’ONU offre des options dûment pensées aux participants aux pourparlers officiels », a-t-il insisté.

Dans deux heures, a par ailleurs annoncé M. de Mistura, « je vais commencer un dialogue avec les représentants de la société civile syrienne ».  

Le processus d’Astana, auquel ont également participé la Jordanie et les États-Unis, a permis d’avancer sur le plan politique et du cessez-le-feu, s’est ensuite félicité le représentant du Kazakhstan.  Selon lui, « les parties ont maintenant les moyens de trouver une solution politique ».  Les pays garants, la Fédération de Russie, l’Iran et la Turquie, connaissent bien la situation politique et humanitaire sur le terrain, a-t-il noté, en demandant que l’on crée des couloirs humanitaires.   

« Le succès du processus de Genève est intimement lié au succès du processus d’Astana », a-t-il fait valoir, en appelant le Conseil de sécurité à faire tout son possible pour parvenir à un règlement pacifique de la situation. 

« Nous ne voyons pas comment ce cessez-le-feu ou cette désescalade est si différente des initiatives précédentes », a cependant critiqué le représentant de l’Ukraine.  L’accord d’Astana ne servira selon lui qu’à obtenir une brève période de calme, invariablement suivie par une nouvelle escalade de la violence. 

Accusant le régime de couper les forces internationales de la ligne de front avec Daech dans le seul but de réaliser des avancées contre ses opposants modérés, il a appelé le Conseil de sécurité à s’assurer que les zones de désescalade prévues dans l’accord ne soient pas instrumentalisées par le régime syrien pour se regrouper et préparer une offensive.

Pour sa part, le représentant de l’Uruguay a noté que l’accord d’Astana avait marqué des progrès pour la mise en œuvre du cessez-le-feu, tout en regrettant qu’il ne fasse pas mention de l’accès sans entrave des Nations Unies aux populations civiles. 

Rappelant le rôle que doit jouer le Conseil dans la résolution de cette crise, il a souligné que la responsabilité de la cessation du conflit syrien incombait en premier lieu aux Syriens, et non à l’Envoyé spécial, qu’il a une nouvelle fois félicité pour sa détermination à créer un processus de négociations impliquant toutes les tendances syriennes. 

Enfin, son homologue de la Bolivie a engagé les parties à déposer définitivement les armes et à éviter toute attitude belligérante.  Il ne faut pas mettre à mal l’intégrité et la souveraineté territoriale de la Syrie avec des mesures unilatérales contraires à la Charte des Nations Unies, a-t-il mis en garde.

 

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