En cours au Siège de l'ONU

Fin du débat général de l’Assemblée générale: Le multilatéralisme à l’honneur pour répondre aux attentes et aux combats des populations

Soixante-douzième session,
23e séance plénière - matin
AG/11953

Fin du débat général de l’Assemblée générale: Le multilatéralisme à l’honneur pour répondre aux attentes et aux combats des populations

« La maison du multilatéralisme a été profanée par des pouvoirs arrogants qui cherchent à imposer leur vision par la force » et « l’unilatéralisme pervers a atteint son apogée ».  C’est en ces termes que le Ministre des affaires étrangères du Venezuela, M. Jorge Arreaza, a choisi aujourd’hui de défendre la tribune de l’ONU. 

Au-delà de la situation au Venezuela, la dizaine de ministres et de diplomates qui sont intervenus ce matin, lors de la sixième et dernière journée du débat général de l’Assemblée générale, ont, à l’instar de ceux qui les ont précédés, prôné un retour au multilatéralisme pour aborder les crises et problèmes graves auxquels le monde est confronté en 2017, notamment les changements climatiques, les migrations forcées, le désarmement nucléaire et le terrorisme, ou encore la réalisation du développement durable. 

À l’instar du pape François, les intervenants ont vu des « signes d’espoir » dans le potentiel offert par les instruments internationaux récemment négociés et plus spécifiquement l’Accord de Paris sur les changements climatiques; le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, avec son pendant le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, de même les futurs pactes mondiaux pour les réfugiés et pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. 

Le Saint-Siège n’a toutefois pas hésité à mettre l’ONU et la communauté internationale en garde contre « le piège du nominalisme des déclarations ».  Il ne faut pas baisser la garde tant que les engagements juridiques et les promesses politiques n’ont pas été tenus et traduits dans la réalité, a averti son représentant.

Les effets dévastateurs des derniers ouragans à s’être abattus sur l’Amérique du Nord et les Caraïbes ont marqué les esprits lors de ce débat général.  Le Président de l’Assemblée, M. Miroslav Lajčák, s’est dit encouragé d’avoir été témoin du fort soutien dont bénéficie l’Accord de Paris, soulignant que les défis climatiques représentent aujourd’hui « une question de vie ou de mort » pour les populations, les écosystèmes, les modes de vie et même pour des pays entiers, n’en déplaise aux climato-sceptiques. 

Saisissant cette occasion pour répondre aux propos tenus par le Président des États-Unis qui avait, dans cette même salle, mardi dernier, menacé le Venezuela d’intervention militaire et la Corée du Nord de destruction totale, le Ministre des affaires étrangères du Venezuela n’a pas été le seul à ouvertement dénoncer une attitude belliqueuse et une « forme d’unilatéralisme inacceptable ».  

Le Nicaragua lui a prêté main forte en rejetant catégoriquement les menaces proférées par M. Donald Trump contre le Venezuela et lançant « le cri unanime des Caraïbes et de l’Amérique latine: personne ne veut d’une intervention militaire des États-Unis! ». 

Le représentant du Pérou abondait lui aussi en ce sens lorsqu’il a souligné que dans sa région « la démocratie est un droit inaliénable » et que « la solution à la crise au Venezuela doit être pacifique et négociée par les Vénézuéliens eux-mêmes », alors que toute tentative, interne ou externe, de recourir à la force porterait atteinte aux principes de la Charte des Nations Unies.

Dans ses remarques de clôture du débat général, le Président de l’Assemblée a salué le fait que, pour la première fois en 11 ans, tous les États Membres et les États observateurs étaient intervenus, soit 196 discours prononcés en une semaine de la tribune des Nations Unies. 

Résumant leurs allocutions, il a rappelé qu’ils ont donné une voix aux populations qui fuient les coups de feu et les bombes; aux populations qui dépensent en une semaine ce que d’autres dépensent pour une tasse de café; aux populations forcées de choisir entre risquer leurs vies en restant ou risquer leurs vies en partant; aux populations qui se demandent où va frapper le prochain ouragan ou si leurs villages seront sous l’eau dans quelques décennies; aux populations qui commencent à perdre, ou ont déjà perdu espoir dans les processus de paix; et aux populations qui attendent toujours que la justice et les droits de l’homme fassent partie de leur quotidien. 

Prenant note de leurs évocations de la force, de la résilience, des partenariats et de l’esprit d’entreprise des populations, il a remercié les dirigeants d’avoir placé celles-ci au centre du débat général.

Suite du débat général

M. RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a dit qu’il était nécessaire de renforcer la coordination et le leadership internationaux et de ne pas laisser l’humanité à la merci des puissantes multinationales.  L’Assemblée générale, qui est l’expression de la démocratie mondiale, doit préserver la coexistence pacifique entre les pays, grands ou petits.  La démocratie, le droit international et la défense du multilatéralisme doivent guider les relations internationales.  La politique extérieure de l’Uruguay repose sur ces piliers.

Le Ministre a ajouté que la communauté internationale devait consolider la gouvernance pour trouver des solutions aux défis actuels.  Nous ne devons pas nous habituer à cohabiter avec les drames humains, a averti M. Nin Novoa, qui a dénoncé les réseaux de criminels profitant de la misère humaine.  Tous les pays doivent s’unir pour mettre un terme à ces fléaux, a-t-il exhorté.  Pour lui, la pauvreté n’est plus acceptable alors que la technologie est à portée de main.  Il a affirmé que l’Uruguay appuyait le Programme 2030 et faisait de la lutte contre le chômage le pilier de son développement national.

Plaidant pour le désarmement, le Ministre a vu dans l’acquisition par des groupes terroristes d’armes de destruction massive une menace à laquelle la communauté internationale doit faire face.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires contribue à cette lutte.  Prenant à témoin une étude menée par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, en Suède, M. Nin Novoa a dénoncé le fait que 74% des exportations des armes pour la période 2011-2015 sont à mettre à l’actif des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  De même, il a cité l’augmentation de 1,69 milliard de dollars des dépenses militaires entre 2015 et 2016. 

La seule garantie contre le risque de l’utilisation des armes de destruction massive est leur interdiction, a estimé le Ministre qui a regretté que les puissances nucléaires continuent de développer leurs arsenaux.  Notant que neuf pays possèdent plus 17 000 armes nucléaires, il a appelé tous les pays à souscrire au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  En outre, il a exhorté la République populaire démocratique de Corée à renoncer à son programme nucléaire en mettant fin aux tirs de missiles balistiques et à revenir au TNP et au régime de garantie.  Selon lui, il faut éviter la surenchère verbale et mesurer ses paroles dans cette crise. 

M. Nin Novoa a souligné la nécessité de protéger les populations dans les situations de conflit, ainsi que le personnel médical, les hôpitaux et les infrastructures civiles.  L’ONU doit trouver des solutions pour faire cesser les attaques contre le personnel humanitaire.  L’Uruguay demande la mise en œuvre effective de la résolution 2286 (2016) sur la protection des civils.  Il a mis l’accent sur la lutte contre les abus sexuels et la politique de tolérance zéro et, au nom de la transparence, demandé la diffusion publique des réunions du Conseil de sécurité.  Avant de terminer, il s’est félicité de la modeste contribution de son pays à l’Accord de paix en Colombie et rappelé que l’Amérique latine avait refusé les tentatives d’intervention militaire étrangère dans le conflit.  Enfin, il a exigé la levée du blocus américain contre Cuba. 

L’archevêque PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège, a salué la priorité accordée à « l’être humain » dans le débat de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, une priorité pour le Saint-Siège.  Cela ne signifie pas seulement le protéger de crimes haineux, mais aussi le mettre en avant dans les engagements nationaux et internationaux, qu’ils soient géopolitiques ou économiques et sociaux.  Il s’agit de protéger la dignité de la personne ainsi que ses droits humains et libertés fondamentales, y compris le droit à la vie et à la liberté de culte.  Pour lui, ces deux droits sont indivisibles des autres droits et libertés fondamentales comme le droit à l’alimentation, à l’eau, à un environnement sûr et au travail.

Grâce au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Accord de Paris, la communauté internationale s’est engagée à prendre des mesures efficaces pour éliminer les causes profondes des problèmes graves auxquels font face les gens dans le monde.  Lors de son adoption, le pape François a vu dans le Programme 2030 un « signe d’espoir ».  Il avait toutefois mis en garde l’ONU et la communauté internationale contre « le piège du nominalisme des déclarations ».  Il ne faut pas baisser la garde tant que les engagements juridiques et les promesses politiques n’ont pas été tenus et traduits concrètement.  Pour le Saint-Siège, le respect de la Convention-cadre sur les changements climatiques et de l’Accord de Paris ainsi que la mise en œuvre du Programme permettraient à tous les pays de réellement œuvrer pour la paix, et d’abandonner le jeu dangereux des menaces mutuelles.

L’archevêque a rappelé que, chaque année, les églises chrétiennes célèbrent ensemble, le 1er septembre, la « Journée mondiale de prière pour la protection de la Création » pour sensibiliser l’opinion publique mondiale à la notion que la Terre nous a été confiée comme un cadeau sublime et que nous en partageons la responsabilité.  Pour le Saint-Siège, tout dommage infligé à la planète est un dommage infligé à l’humanité, et il est impératif de s’éloigner d’une conception purement utilitaire de la planète Terre et d’opter résolument pour un développement durable intégral.  En effet, améliorer les conditions climatiques ne sera possible que si nous reconnaissons la nécessité de changer notre perception du monde.  Le pape l’a souligné dans son encyclique Laudato Si: « Comme nous sommes capables du pire, nous sommes également capables du meilleur, trouver à nouveau le bien et prendre un nouveau départ ».

Par ailleurs, le Saint-Siège se félicite de l’accent placé par le Secrétaire général sur la diplomatie préventive.  La prévention suppose avant tout le rétablissement de la confiance de l’humanité dans le dialogue.  Tous les pays devraient prendre du recul et renoncer à la tendance actuelle de l’escalade militaire, a estimé l’archevêque.  « Tous les moyens politiques et de médiation doivent être déployés pour éviter l’innommable », a-t-il insisté.  Il est également revenu sur l’engagement relatif à la responsabilité de protéger les populations de génocides, crimes de guerre, nettoyages ethniques et crimes contre l’humanité, pris en 2005 lors du Sommet mondial de l’ONU.

L’archevêque a également fait part des préoccupations du Saint-Siège par rapport à la situation en Syrie, au Yémen, en République démocratique du Congo (RDC) et au Venezuela, en appelant à faire cesser la violence et permettre une désescalade des tensions politiques.  Il a également mis l’accent sur « l’autre type de guerre », à savoir celle de la lutte contre le commerce des stupéfiants. 

La protection des personnes n’est possible que dans la paix, a-t-il poursuivi, or elle doit également être assurée en cas de conflit armé.  Les conflits armés actuels ont prouvé, selon lui, les limites de l’ordre international et ont poussé des millions de personnes à devenir des réfugiés.  Pour le pape, « la guerre est bien la négation de tous les droits », et nous sommes tous responsables des centaines de millions de personnes déplacées et des réfugiés des conflits et catastrophes naturelles.  « Notre humanité commune nous incite tous à accueillir, protéger et intégrer les réfugiés et les migrants », a exigé l’archevêque, invoquant la solidarité avec ceux dans le besoin et l’apport des migrants à une société.  Il a réitéré l’engagement du Saint-Siège en faveur des futurs pactes mondiaux sur les réfugiés et pour des migrations sûres, régulières et ordonnées.

Il a insisté sur le fait que la plupart des migrants n’auraient pas quitté leur pays s’ils avaient pu y vivre dans la paix et y trouver des opportunités économiques.  Dès lors, en négociant ces pactes, il ne faut pas se limiter « à les confiner dans des camps » mais s’attaquer aux causes profondes qui les ont poussés à quitter leur pays, a-t-il poursuivi.

Enfin, il a qualifié de « criminelle » la traite des personnes, un phénomène qui accompagne souvent les migrations massives et qui est exacerbé par la corruption de fonctionnaires et autres personnes qui cherchent à s’enrichir à tout prix.  Le pape François a appelé ce fléau « une plaie béante de l’humanité », au cœur duquel se trouve l’indifférence totale pour la dignité de son prochain.  Nous concentrer à nouveau sur l’être humain passe par un appui à la lutte contre la traite et d’autres formes d’esclavage, a conclu l’archevêque.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a remarqué que, deux ans après l’engagement des nations à mettre en œuvre les objectifs de développement durable, le monde est confronté à des défis complexes qui mettent en péril les progrès réalisés pour renforcer la paix, la sécurité et le bien-être économique et social des populations.  Outre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, sur lequel le pays a aligné son programme national de développement, le Mozambique est aussi mis au défi de mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

M. Gumende a salué les contributions des mécanismes régionaux et multilatéraux dans la prévention et la gestion des conflits, en particulier ceux de la Communauté de développement de l’Afrique australe, de l’Union africaine et de la Communauté des pays de langue portugaise, auxquels son pays est fier d’appartenir.  Il a appelé à agir de toute urgence pour répondre aux causes profondes des migrations irrégulières et des flux massifs de réfugiés, qui sont en grande partie la conséquence d’une succession de crises irrésolues et de la mauvaise prise en charge de conflits.  La communauté internationale porte une grande responsabilité dans ces situations, a-t-il précisé, et si elle reste dans le court terme et le sur-mesure, elle risque de ne réaliser qu’une paix fragile et ineffective, et verra les mêmes problèmes ressurgir plus tard.  Elle doit aussi faire front commun pour faire face aux menaces causées par les changements climatiques, a ajouté M. Gumende.

Pour le représentant, les conflits au Moyen-Orient et en Afrique minent les dynamiques positives de développement résultant des engagements des États en 2015.  Il a souligné le rôle important des institutions démocratiques nationales, de la coopération régionale et des Nations Unies.  Il s’est dit également inquiet du manque de progrès réalisé dans la décolonisation du Sahara occidental, « le seul pays africain qui doit encore exercer son droit à l’autodétermination », et ce, malgré les efforts déployés par l’ONU, l’Union africaine et d’autres acteurs pour aboutir à un accord acceptable.  Il a appelé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à exercer leur responsabilité en mettant en œuvre leurs propres résolutions et à soutenir l’Union africaine et son envoyé spécial au Sahara occidental, M. Joachim Chissano, ancien Président du Mozambique.  Il a aussi déclaré que son pays avait suivi avec attention la stabilisation des relations entre les États-Unis et Cuba, et qu’il s’inquiétait des développements récents.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que l’attachement de son pays au multilatéralisme s’illustre fortement dans le rôle qu’il joue dans le règlement des problèmes qui menacent la paix et la sécurité sur le continent africain, en particulier dans la région des Grands Lacs.  Dans le cadre de la Conférence internationale sur la région, l’Angola a pris les rênes des efforts diplomatiques pour trouver une solution politique durable capable de garantir la sécurité, la stabilité, le développement socioéconomique et la démocratie dans les pays de la région.  Cette implication a permis une réduction substantielle des tensions, dont des avancées notables comme la poursuite du dialogue politique interburundais, les signes encourageants dans le règlement de la crise politique en République démocratique du Congo (RDC) et les développements positifs dans le processus de paix en République centrafricaine lesquels ont rendu possible la tenue des élections menant à la normalisation des institutions. 

Malgré ces avancées, le chemin de la stabilisation est encore long, a reconnu le représentant, jugeant qu’il revient aux parties concernées de mettre fin à la violence, de respecter les droits de l’homme et libertés fondamentales de leurs citoyens et de mettre en place les institutions politiques nationales.  Ce faisant, elles doivent démontrer, par leurs actes, leur engagement à respecter les accords de paix et autres cadres politiques négociés directement ou avec l’appui des institutions régionales et de la communauté internationale. 

Le représentant a poursuivi en soulignant que son pays, qui commence un nouveau cycle de vie en tant que nation, est fermement engagé en faveur des 17 objectifs de développement durable, malgré un environnement économique défavorable.  L’Angola a lancé son Plan national de développement visant à réhabiliter et à moderniser les infrastructures socioéconomiques, à promouvoir les investissements publics et privés et à améliorer la formation, les qualifications et la gestion des ressources humanitaires.  L’Angola considère aussi l’Accord de Paris sur les changements climatiques comme un engagement historique et un encouragement à contenir le réchauffement de la planète et à réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

L’Angola, a rappelé le représentant, vient de tenir ses troisièmes élections générales, dans un climat de tranquillité, de respect des divergences et de haute civilité, montrant par-là que la stabilité et la consolidation de la démocratie sont une réalité.  La promotion et la protection des droits de l’homme ont toujours été en tête des priorités de la politique étrangère de l’Angola qui maintient une coopération exemplaire avec les mécanismes du Conseil des droits de l’homme.  L’Angola, a annoncé le représentant, est candidat à l’élection au Conseil qui aura lieu au mois d’octobre prochain.

La région du Pacifique subit de plein fouet les effets des changements climatiques, s’est alarmé M. CRAIG JOHN HAWKE, (Nouvelle-Zélande).  En tant qu’« île nation au milieu d’un vaste océan », a-t-il poursuivi, la Nouvelle-Zélande attache une importance particulière à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et entend se montrer solidaire avec les pays les plus sévèrement touchés par le phénomène, à savoir les petits États insulaires en développement.  « Nous investissons de manière significative afin d’améliorer la gestion durable de la pêche dans le Pacifique et de réduire la pêche illicite, non déclarée et non réglementée », a notamment déclaré M. Hawke, ajoutant que son pays s’efforçait également de promouvoir les énergies renouvelables dans la région et de lutter contre les subventions aux combustibles fossiles.

« Le Pacifique pèse pour beaucoup dans la façon dont nous nous définissons internationalement », a ensuite affirmé le représentant, plaidant en faveur d’une architecture régionale « forte et efficace », centrée sur le Forum des îles du Pacifique.  Il s’est ainsi félicité des résultats de la dernière réunion en date des dirigeants du Forum, qui a mis l’accent sur les pratiques de pêche et les changements climatiques.  « Les leaders du Pacifique se sont également accordés sur l’importance de mettre pleinement en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité liées à la Corée du Nord, y compris en procédant au désenregistrement de tous les navires de commerce ou de pêche nord-coréens actuellement signalés sur les registres maritimes des États du Pacifique », a-t-il déclaré. 

Dans cette même veine, M. Hawke a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à s’atteler immédiatement à réduire les tensions, améliorer la situation humanitaire du pays et respecter ses obligations du point de vue du droit international à des fins de dénucléarisation.  Parallèlement, le représentant a rappelé l’engagement de son pays en faveur du désarmement nucléaire au niveau mondial.  « La semaine dernière nous avons eu le plaisir de signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires », s’est-il félicité, qualifiant ce nouvel instrument de « pas important » vers un monde exempt d’armes nucléaires.

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a dit que la crédibilité de l’ONU dépendait de l’efficacité des mesures qu’elle prend pour faire face aux défis internationaux actuels, notamment la lutte contre le terrorisme qui menace le système politique mondial.  La prévention du terrorisme, a ajouté Mme Ataeva, est l’une des composantes essentielles du maintien de la paix régionale, nationale et internationale.  Elle a donc demandé la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. 

Reconnaissant l’importance de la diplomatie préventive, la représentante a indiqué que le Turkménistan accordait une attention particulière au travail du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale et a annoncé l’intention de sa délégation de déposer un projet de résolution à la Commission des questions de désarmement et de la sécurité internationale sur la diplomatie préventive.

S’agissant de la mise en œuvre du Programme 2030, Mme Ataeva a souligné l’adoption par le Gouvernement du Turkménistan des 17 objectifs de développement durable et de leurs 193 cibles.  À cet effet, elle a annoncé la création d’un mécanisme national de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le sport contribuant à la paix et à l’entente internationale, le Turkménistan se propose d’accueillir la septième Conférence internationale des ministres des sports. 

Avant de terminer, la représentante a annoncé la présentation prochaine d’un projet de résolution à la Deuxième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions économiques et financières, sur le renforcement du transport durable et l’organisation d’une conférence internationale ayant pour objectif d’élaborer une charte énergétique internationale à Achgabat, les 28 et 29 décembre 2017.  Enfin, elle a annoncé la tenue d’un sommet sur les ressources hydriques, à Ashgabat, en 2018.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), a insisté sur le soutien de son pays, entre autres, à la Charte des Nations Unies ainsi qu’au multilatéralisme, avant de revenir sur le fait que Lima se préparait à devenir membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2018-2019.

La prolifération des armes de destruction massive et l’accès potentiel par des groupes terroristes à ces armes est une menace réelle.  C’est pour cela que nous avons signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, a expliqué le représentant.  Il a ajouté qu’il espérait que tous les États possédant de telles armes adhèreront à cet instrument.

M. Meza-Cuadra a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’Accord de Paris et de sa mise en œuvre.  Notre pays est particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques, a-t-il indiqué, en revenant sur les pluies et les inondations de 2017 liées au phénomène El Niño.  À ce sujet, il a soutenu l’initiative du Président français Emmanuel Macron pour l’établissement d’un pacte mondial pour l’environnement.

En juillet dernier, le Pérou a présenté son premier examen national volontaire sur les efforts entrepris pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a poursuivi le représentant.  Il a indiqué que la poursuite des objectifs de développement durable contribuait également à l’adoption des normes et bonnes pratiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), organisation dont le Pérou espère devenir membre d’ici à 2021, année du bicentenaire de son indépendance.

Conscient de la nécessité d’affronter ensemble le fléau de la corruption, le Pérou a proposé que les thématiques centrales du Sommet des Amériques, qui aura lieu à Lima en avril prochain, soient la gouvernance démocratique et la lutte contre la corruption.  « Et ce, en vue d’adopter des moyens concrets pour renforcer les institutions et lutter contre l’impunité », a-t-il précisé.

« Dans notre région, la démocratie est un droit inaliénable » a témoigné Meza-Cuadra, préoccupé par la rupture de l’ordre démocratique et la crise humanitaire au Venezuela.  D’après lui, « la solution à la crise au Venezuela doit être pacifique et négociée par les Vénézuéliens eux-mêmes ».  Toute tentative, interne ou externe, de recourir à la force porterait atteinte aux principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il averti.  À cet égard, il a salué l’initiative de la République dominicaine et du Groupe de Lima de réunir le Gouvernement et l’opposition.

M. JORGE ARREAZA, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a réitéré l’attachement de son pays à la diplomatie bolivarienne de la paix.  Cette tribune de l’ONU doit être respectée et protégée, chérie par les nations mais, malheureusement, « la maison du multilatéralisme a été profanée par des pouvoirs arrogants qui cherchent à imposer leur vision par la force », a-t-il déploré.

Le Ministre a rappelé qu’il y a quelques jours, dans cette salle et ailleurs, les buts des Nations Unies avaient été « profanés » par le Président des États-Unis qui a annoncé la destruction totale d’un État Membre « comme s’il jouissait d’un pouvoir dictatorial absolu sur les autres États Membres ».  Il a relevé l’ironie du fait que le Président Trump ait justifié son discours par la paix.  « Nous avons le devoir face au monde de dénoncer ces menaces faites par le Président des États-Unis », a lancé M. Arreaza avant de rappeler que l’Administration Trump avait imposé des sanctions « illicites » le 25 août dernier au peuple vénézuélien.  M. Trump a recouru à nouveau au discours de la guerre froide pour réitérer ses menaces contre le Venezuela et Cuba, a-t-il ajouté, tout en assurant que son pays continuerait d’œuvrer pour le dialogue mais qu’il devait également défendre sa souveraineté. 

Le Ministre a exhorté l’ONU à contrecarrer ceux qui brandissent le chantage économique et autre au nom de l’hétérogénéité de ses États Membres.  Pour sa part, le Venezuela, s’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, n’a cessé de dénoncer les mesures illégales et coercitives que sont les sanctions, et a exigé que les gouvernements qui les imposent soient obligés de dédommager les peuples qui en sont la cible.  Il s’agit, selon M. Arreaza, d’une forme d’unilatéralisme inacceptable.

Suite aux accusations faites par le Président Trump au sujet des membres du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le Ministre a estimé que s’il y avait un pays qui ne méritait pas d’y siéger, c’était bien les États-Unis.  Il a justifié son propos par le fait que, selon lui, ce pays n’hésitait pas à recourir à l’imposition de mesures unilatérales illégales, à des pratiques migratoires très strictes, à l’invasion d’autres nations comme l’Iraq, ou encore à la construction d’un mur à la frontière du Mexique.  Qui plus est, les organisations des Nations Unies confirment dans leurs rapports que les État-Unis n’ont pas ratifié 62% des instruments internationaux en matière de droits de l’homme.  Alors que la situation au sein même du pays est marquée par le fait que 28% des Américains pauvres n’ont pas accès à une couverture santé et que 70% des enfants dans les prisons américaines sont d’origine afro-américaine, l’esclavage de fait se poursuit par le biais de la discrimination raciale, a encore relevé le Ministre.

Par ailleurs, il a regretté que la Méditerranée soit devenue « un immense cimetière ».  Il a salué le peuple syrien « héroïque » qui se rapproche chaque jour d’une victoire contre les groupes terroristes.  Il a reconnu les mérites de la nouvelle architecture de la lutte antiterroriste des Nations Unies et a espéré qu’elle permettra de condamner également le terrorisme d’État.

Le Venezuela continuera à faciliter les pourparlers entre la Colombie et l’Équateur, a assuré M. Arreaza.  N’étant pas un pays producteur de drogue, le Venezuela estime que les pays consommateurs doivent s’impliquer davantage dans la lutte contre ce fléau.  S’agissant de la réalisation des objectifs de développement durable, il a rappelé que 70% des investissements de son gouvernement se faisaient dans le secteur social. 

Pour ce qui est de la lutte contre les changements climatiques, il a estimé qu’il ne fallait pas changer le climat mais changer le système; pour cela, les pays les plus pollueurs doivent assumer leur responsabilité et le monde développé doit venir en aide aux pays les plus touchés par ce phénomène.  Il a également dénoncé le fait que les États-Unis, l’un des principaux pollueurs dans le monde, veuille se retirer de l’Accord de Paris.

« Nous avons subi des attaques multiformes contre notre économie et notre monnaie, ce qui s’est traduit par des violences politiques », s’est plaint le Ministre.  Toutefois « l’opposition de droite » a été neutralisée et huit millions de Vénézuéliens ont voté pour la paix politique en juillet dernier.  L’Assemblée constituante est devenue source de protection du peuple et une instance pour faire face aux problèmes les plus pressants, a-t-il poursuivi, avant de rappeler que le Venezuela avait toujours opté pour le dialogue social, et que son gouvernement se félicitait du fait que l’opposition politique ait décidé de participer aux prochaines élections.

Avant de conclure, il a déclaré que « l’unilatéralisme pervers avait atteint son apogée », et jugé impératif de revenir au multilatéralisme et au respect du droit international.

M. TORE HATTREM (Norvège) a exprimé sa confiance dans les politiques de développement durable promues par les Nations Unies.  Candidat à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité, son pays a notamment estimé que les objectifs portés par le Programme 2030 offraient la feuille de route parfaite pour porter les valeurs de coopération, de sécurité et de justice internationales.  Lors du Sommet mondial sur les objectifs de développement durable, il y a deux ans, les dirigeants mondiaux ont décidé de « mettre la durabilité en premier », a lancé le représentant. 

Sensible à la question des océans, la Norvège a notamment dit sa satisfaction à la suite de la nomination de M. Peter Thomson, Président de la précédente session de l’Assemblée générale, comme premier Envoyé spécial des Nations Unies pour les océans: « mettre la durabilité en premier signifie agir tous ensemble pour sauver les océans ».

S’attardant longuement sur la question de l’éducation, M. Hattrem a expliqué qu’elle restait, selon lui, le meilleur moyen de promouvoir le développement durable parce qu’elle « crée de la stabilité et de l’espoir dans les zones de conflit » et permet d’envisager plus sereinement la reconstruction d’après-guerre.  Il a profité de l’occasion pour rappeler que son pays avait doublé son aide à l’éducation en quatre ans et que 8% de son aide humanitaire était désormais consacrée à cette question.  Plus largement, il a souligné que la Norvège avait contribué à hauteur de 650 millions de dollars à l’aide humanitaire.  Rappelant à l’Assemblée que 142 millions de personnes avaient aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire, il a insisté sur l’importance de la protection des civils dans tous les conflits.

Sur la question de la sécurité internationale, si le représentant norvégien s’est félicité des « progrès décisifs » de la lutte contre l’État islamique, il a tout de même enjoint le Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités dans ce conflit.  De plus, il a plaidé pour une attitude unie face au programme nucléaire de la Corée du Nord, et pour un renforcement des efforts dans les crises humanitaires au Yémen, au Soudan du Sud et dans la région du lac Tchad.  Enfin, il a vu dans la manière dont le Gouvernement colombien et les FARC sont parvenus à un accord un exemple de développement durable par l’entremise de la paix: « Cet accord abordait des problématiques de bien commun, comme la lutte contre le trafic de drogues et la déforestation dans les zones de guerre ».  La Norvège est fière d’y avoir contribué, a-t-il conclu.

Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRES (Timor-Leste), a rappelé que son pays fêtait le quinzième anniversaire de la restauration de son indépendance cette année, 15 années marquées par un partenariat avec l’ONU et d’autres acteurs du développement qui ont permis d’enregistrer des résultats importants et « inspirants », des résultats « que peu de gens pensaient possibles ».  L’espérance de vie est passée de 60 à 68 ans; le paludisme a été quasiment éradiqué; et le nombre de médecins est passé de 19 à 1 000 grâce à la coopération avec Cuba.  De plus, le taux de scolarisation se situe aujourd’hui à près de 100% et la construction de nouvelles écoles est en cours.  Ces progrès ont permis de faire passer l’index de développement humain du Timor-Leste de 0.375 en 2002 à 0.610 aujourd’hui.

Pour ce qui est de l’intégration internationale, la représentante a expliqué que, maintenant que la consolidation de la paix et la réconciliation ont été possibles au plan national, le Timor-Leste cherche à renforcer ses relations avec les pays voisins de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), une association à laquelle il souhaite adhérer.  L’intégration régionale du pays est la pierre angulaire de sa politique étrangère, a-t-elle précisé.

Le Timor-Leste s’investit également dans la mise en place des meilleures conditions pour son développement économique et social, a assuré Mme Pires.  L’objectif du plan de développement national est d’amener le Timor-Leste au rang de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030 et d’éliminer la pauvreté en optant sur une économie diversifiée qui ne dépende pas du pétrole.  Le pays met un accent particulier sur la qualité de ses institutions, une idée qu’il a défendue pour être incorporée dans les objectifs de développement durable.  Insistant sur le lien indéniable entre développement et institutions solides, la représentante a souligné l’importance des relations des pays fragiles avec les partenaires de développement et du bon fonctionnement de la coopération bilatérale et multilatérale.

Fort de sa propre expérience, le Timor-Leste est un fervent défenseur du multilatéralisme.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un autre exemple du potentiel du multilatéralisme pour améliorer la planète et le bien être de sa population, a ajouté la représentante.  Elle a également réaffirmé l’attachement de son pays à la lutte contre les changements climatiques, et a indiqué avoir d’ores et déjà ratifié l’Accord de Paris.  À cet égard, elle a insisté sur la responsabilité collective de tous les États en vue de protéger la planète des risques liés aux changements climatiques et pour coordonner la réponse aux vulnérabilités là où cela s’impose.  Parmi les autres priorités de son gouvernement, Mme Pires a cité la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, de même que la participation des femmes au développement du pays, celles-ci représentant un tiers du Parlement national.

Après avoir exprimé sa solidarité avec « ses frères et sœurs » des Caraïbes, du Mexique et des États-Unis frappés par des catastrophes, Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a regretté que, 72 ans après sa création, les Nations Unies n’aient pas été capables de réaliser complètement les objectifs inscrits dans la Charte.

La représentante a attiré l’attention sur le problème des changements climatiques, qui nécessite des actions urgentes.  « Les pays développés doivent prendre l’initiative et changer leurs schémas intenables de production et de consommation, de même qu’ils doivent réaliser leurs engagements en termes de financement et de transfert de technologies. »  Le Gouvernement du Nicaragua, a-t-elle insisté, a toujours encouragé la justice climatique et une indispensable politique d’indemnisation.

Poursuivant, elle a évoqué les relations entre les États-Unis et Cuba, jugeant douloureux de voir un renouveau des mesures qui maintiennent un embargo « inhumain et criminel ».

Mme Rubiales de Chamorro a noté que la révolution bolivarienne au Venezuela se poursuivait malgré le harcèlement, les interférences et les agressions étrangères.  « Nous rejetons fortement les menaces proférées par le Président des États-Unis d’utiliser la force militaire » contre le Venezuela, a-t-elle lancé.  « Le cri est unanime dans les Caraïbes et en Amérique latine: personne ne veut d’intervention militaire des États-Unis! »  Elle a réaffirmé son soutien inconditionnel aux peuples de Bolivar et de Chavez, et au gouvernement présidé par « le Président constitutionnel Nicolás Maduro ».  Le Nicaragua défend le dialogue et la négociation comme la seule route pour la paix et la réconciliation au Venezuela.

La représentante s’est ensuite réjouie des accords de paix en Colombie, qui prouvent que la solution militaire n’est jamais la bonne.  Elle a exprimé sa solidarité avec la lutte des populations de Porto Rico et du Sahara occidental, puis défendu les droits souverains légitimes de l’Argentine dans l’occupation des îles Malvinas.  Concernant le Programme de développement durable à l’horizon 2030, elle a indiqué qu’il était impératif de ne laisser personne de côté, y compris les 23 millions de Taiwanais qui ont le droit de mettre en œuvre ce Programme.

En Amérique centrale, a poursuivi Mme Rubiales de Chamorro, le Nicaragua renforce son intégration dans tous les domaines et travaille avec ses « frères » pour combattre le terrorisme, le trafic de drogues et le crime organisé, ainsi que pour transformer le golfe de Fonseca en zone de paix et de développement.  Elle a tenu à souligner les résultats historiques enregistrés par le Gouvernement d’unité nationale dans les domaines de l’équité, de l’investissement, du développement et de la sécurité.  « Le Nicaragua a été reconnu par le Forum économique mondial comme un des pays d’Amérique latine et du monde avec les meilleurs résultats en termes d’égalité des sexes », a-t-elle affirmé, ajoutant que son pays est aussi l’un des plus impénétrables au crime organisé dans la région.

Revenant sur les efforts extraordinaires de son pays pour combattre la pauvreté, la représentante s’est indignée de l’initiative de membres du Congrès américain, décidés à endommager l’économie des familles avec le « Nica-Act », une proposition de loi qui vise à bloquer l’accès du Nicaragua aux fonds des organisations internationales pour combattre la pauvreté.  « Nous leur rappelons qu’il y a un jugement de la Cour internationale de Justice de La Haye, qui ordonne aux États-Unis de payer des dommages à la population du Nicaragua pour les pertes humaines et les dégâts matériels résultant des actes de terrorisme commis par l’Administration Reagan, y compris le blanchiment d’argent par des trafiquants de drogues pour financer la guerre contre le Nicaragua », a-t-elle insisté.

Droits de réponse

Le représentant du Myanmar a exercé son droit de réponse suite aux remarques « irresponsables » faites par certaines délégations à l’encontre de son pays au cours du débat général.  Il a dénoncé les accusations infondées qui avaient assimilé la situation dans l’État de Rakhine à celle d’un nettoyage ethnique.  Il ne faut pas utiliser des termes comme « nettoyage ethnique » et « génocide » avec légèreté et y recourir que lorsqu’on dispose de preuves concrètes de ces actes, a lancé le représentant.  Le Myanmar s’oppose catégoriquement à l’utilisation de ces termes et exhorte le monde à observer la situation au nord de Rakhine de manière objective et non biaisée.  Le Myanmar fait son possible pour éviter le nettoyage ethnique et le génocide, et, jusqu’à présent, cela n’a pas eu lieu, s’est-il défendu.

Il s’agit d’une situation humanitaire extrêmement complexe, a poursuivi le représentant qui a insisté sur la responsabilité pour chaque gouvernement de combattre le terrorisme et de protéger sa population de civils innocents.  Son gouvernement condamne les violations des droits de l’homme et les actes de violence. 

Il a rappelé que 30 postes de police avaient été attaqués le 25 août par la « prétendue » Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), ce qui a amené le Gouvernement à déclarer que l’ARSA était un groupe terroriste.  Ce groupe a également été condamné par les organisations islamiques du Myanmar.  Ce sont ces attaques qui sont à l’origine du déplacement de personnes, a affirmé le représentant qui a également rappelé que les musulmans ne représentaient pas une minorité dans l’État de Rakhine mais bien la majorité avec 95% de la population.

« Quand il s’agit de terrorisme, il n’y a pas de choix possible », a-t-il poursuivi en expliquant l’exode par la peur qui a poussé les femmes et enfants à fuir alors que les hommes ont été appelés à rejoindre le groupe ARSA.  Il a également affirmé que les villageois ayant collaboré avec le Gouvernement avaient été assassinés par ce groupe terroriste qui a également incendié des bâtiments et placé des bombes.

À ce stade, a fait valoir le représentant, l’aide humanitaire représente la priorité pour le Gouvernement du Myanmar, soulignant que depuis le 5 septembre il n’y a plus eu de confrontations armées.  Le Gouvernement a mis en place un mécanisme, en coopération avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour dispenser l’aide humanitaire aux personnes déplacées.  Il est en pourparlers avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour avoir recours à leur centre d’aide humanitaire pour venir en aide à l’État de Rakhine. 

Avant de conclure, le représentant a assuré que le Gouvernement du Myanmar était déterminé à régler la situation dans l’État de Rakhine et a salué la feuille de route proposée par la Commission consultative à cette fin.  Il a également assuré que les réfugiés qui se trouvent au Bangladesh seront rapatriés.  Un groupe de vérification sera mis en place pour mener un processus de vérification systématique.  Par ailleurs, a-t-il annoncé, le Gouvernement organisera, le 28 septembre, une visite du corps diplomatique dans les zones affectées au nord de l’État de Rakhine, pour qu’il puisse voir de ses propres yeux la situation sur le terrain.  Il est également en pourparlers avec le Bangladesh pour trouver des moyens pour faire face au problème des réfugiés.

Selon le représentant de l’Iran, les déclarations des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite sur les trois îles d’Abou Moussa, la Grande Tomb et la Petite Tomb sont sans fondement.  « Ce sont des mensonges.  Ces îles sont des territoires iraniens.  Toutes les revendications des Émirats arabes unis sur ces îles sont et seront rejetées », a-t-il déclaré.  L’Iran reste toutefois disposé à débattre avec les autres pays mais la souveraineté de l’Iran sur ces îles n’est pas à discuter.  Le représentant a ajouté que le terme de « golfe Persique » est le terme approprié pour désigner cette partie du monde depuis des millénaires.  Il a également reproché à Bahreïn de justifier ses actes contre sa propre population et de s’en prendre verbalement à l’Iran.  

Répondant aux déclarations de Vanuatu et des Îles Salomon ainsi que de Tuvalu et de Saint-Vincent-et-les Grenadines concernant la Papouasie et la Papouasie occidentale, la représentante de l’Indonésie a dit que ce sont « des mensonges pour servir les desseins séparatistes dans ces deux provinces ».  En trois ans, ces provinces ont connu un développement accéléré: des ponts et des routes ont été construits, plus de 3 000 étudiants ont repris le chemin de l’école et la population bénéficie de la couverture universelle de santé.  La Papouasie et la Papouasie occidentale font partie de l’Indonésie et continueront à en faire partie.  Si les droits de l’homme ont été le centre des accusations portées par ces pays, pourquoi n’ont-ils pas porté la question au Conseil des droits de l’homme?  Les actions des séparatistes sont des actes illégaux, contraires à la Charte des Nations Unies, a dénoncé la représentante.

La représentante de l’Inde a répondu à son homologue du Pakistan qui a trompé l’attention du public et de l’Assemblée générale en exhibant la photo d’un soldat indien.  Selon elle, cette photo est « une image de ce que fait le Pakistan et montre le traitement des populations indiennes du Jammu-et-Cachemire par le Pakistan ».  

La représentante des Émirats arabes unis a refusé toute allégation de l’Iran vis-à-vis des trois îles d’Abou Moussa, Grande Tomb et Petite Tomb qui sont occupées par l’Iran alors qu’elles font intégralement partie de son pays.  En ce qui concerne l’accord sur le nucléaire, elle a estimé que l’Iran ne pouvait pas s’en servir pour interférer dans les affaires des États arabes.  Cela a un impact déstabilisateur sur la région et ce genre de comportement est inacceptable, a-t-elle affirmé. 

La représentante a également accusé l’Iran de soutenir le terrorisme, et, plus spécifiquement, le Hezbollah et les houthistes au Yémen.  Elle lui a reproché d’armer les houthistes et d’autres groupes loyaux à l’ex-Président.  La coalition qui a été formée, sous la direction de l’Arabie saoudite, a pour seul objectif de sauver le Yémen et a toujours cherché une solution politique au Yémen, a-t-elle fait valoir. 

La représentante du Bahreïn a également répondu à son homologue iranien.  Elle l’a accusé d’ingérence et d’appui au terrorisme et à la haine religieuse.  Elle a estimé que le régime iranien, de par ses pratiques expansionnistes, sapait la paix dans la région et dans le monde, et a appelé la communauté internationale à agir.

Le représentant du Pakistan a déclaré que la représentante de l’Inde avait choisi de détourner l’attention de la communauté internationale des actions de son pays dans la région du Jammu-et-Cachemire.  « Vous voulez essayer de vous cacher derrière une photo », lui a-t-il lancé, avant d’affirmer que « les Cachemiri n’abandonneront jamais et continueront d’exiger leur liberté pour se libérer du joug de l’occupation indienne ».  L’Inde doit répondre de ses actes dans cette région, a exigé le représentant qui a également accusé l’Inde d’appuyer des actes terroristes commis au Pakistan.

Clôture du débat général

Dans sa déclaration de clôture du débat général, M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a compté que 196 discours avaient été prononcés pendant une semaine à la tribune des Nations Unies.  C’est la première fois, en 11 ans, que tous les États Membres et les États observateurs ont fait des déclarations à l’Assemblée générale.

Le Président a mis l’accent sur trois sujets: les populations, les priorités de la soixante-douzième session et les semaines et les mois à venir. 

M. Lajčák a rappelé que nous avons entendu parler des populations qui fuyaient les coups de feu ou des bombes, des populations qui dépensent en une semaine ce que nous consacrons à une tasse de café, des populations forcées de prendre une décision entre risquer leur vie en restant ou risquer leur vie en partant, des populations qui se demandent où vont frapper les ouragans ou si leurs villages seront sous l’eau dans quelques décennies, des populations qui commencent à perdre, ou sinon ont déjà perdu l’espoir dans les processus de paix, et des populations qui attendent toujours pour que la justice et les droits de l’homme deviennent une part de réalité dans leur vie quotidienne.

Les déclarations se sont focalisées sur les défis et aussi sur les solutions et sur les populations qui recherchent ces solutions, a-t-il résumé.  Nous avons entendu des comptes rendus sur la force, la résilience, les partenariats et l’esprit d’entreprise.

« Je vous remercie d’avoir mis les populations au centre du débat général », s’est félicité le Président.  Pendant toute la session à venir, nous pouvons faire beaucoup mieux en rapprochant nos débats et actions des populations les plus touchées.

M. Lajčák a précisé avoir entendu le soutien à la proposition de donner la priorité à la paix et à la prévention.  Beaucoup ont réitéré l’appel au Secrétaire général pour un renouveau de la diplomatie pour stopper les conflits actuels.  Nous devons profiter des expériences nationales, régionales et internationales en matière de médiation et de prévention de conflits, a-t-il dit.  Nous devons réajuster notre approche en faveur de la paix.

Vous avez aussi réitéré votre appui aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies qui font un travail important, a reconnu le Président.  Nous avons entendu que certains de vos citoyens ont fait le sacrifice ultime sous le drapeau de l’ONU.  « Je vous remercie pour votre engagement. »

Ensuite, vous avez parlé des besoins des populations dans le monde, a continué M. Lajčák.  Vous avez exprimé une vision dans laquelle les droits de l’homme, l’égalité des sexes et l’état de droit sont les normes.  Actuellement, ils sont pourtant l’exception.  Ainsi, nous avons du travail à faire pour réaliser cette vision.

J’ai également entendu des appels à voir au-delà du cliché de réfugiés ou migrants mais à voir simplement des populations, a relevé le Président.  Nombre d’entre vous ont souligné la nécessité d’un cadre mondial complet.

Enfin, vous nous avez rappelé toutes les promesses que nous avons faites aux populations et à la planète.  Certains ont clairement indiqué que les changements climatiques étaient « une question de vie ou de mort » pour les populations, les écosystèmes, les modes de vie et même pour des pays entiers.  Ce fut ainsi encourageant d’être témoin d’un grand soutien à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a-t-il lancé.  Finalement, vous avez réaffirmé votre engagement pour l’ONU, et l’engagement entre vous.

Mais beaucoup ont aussi reconnu deux choses: le monde est en plein changement, a analysé M. Lajčák.  Ce changement intervient à un rythme rapide, pour le meilleur et pour le pire.  L’ONU doit faire plus pour s’adapter à ce changement.  « Je suis engagé pour assurer que nos discussions soient aussi ouvertes, inclusives et transparentes que possible », a-t-il promis.

Tous les messages annoncés au débat général n’ont pas été positifs.  Certains contenaient des critiques d’autres pays ou de l’ONU.  « Nous devons nous rappeler que les différences dans les positions unilatérales n’empêchent pas les accords multilatéraux », a-t-il rappelé. 

Il nous reste à nous tourner vers l’avenir, a conclu le Président.  La soixante-douzième session prévoit d’importantes étapes notamment la manifestation de haut niveau sur la paix durable en avril, ou sur l’adoption du pacte mondial sur les réfugiés et les migrants, en septembre.  Cette semaine, l’Assemblée générale organise une réunion de haut niveau sur la traite des personnes. 

Par ailleurs, les travaux des grandes commissions de l’Assemblée débuteront bientôt.  Les six grandes commissions sont d’importants outils du multilatéralisme et nous devrions nous en servir, a encouragé le Président.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: À l’approche des élections, l'Afghanistan doit relever les défis de la sécurité et du développement, affirme le Représentant spécial

8055e séance – après-midi
CS/13005

Conseil de sécurité: À l’approche des élections, l'Afghanistan doit relever les défis de la sécurité et du développement, affirme le Représentant spécial

Près de trois ans après la formation d’un Gouvernement d’unité nationale, l’Afghanistan continue de faire face à des défis sécuritaires et de développement considérables, sur fond de reconfiguration des alliances politiques à l’approche d’échéances électorales, a constaté, cet après-midi, le Représentant spécial du Secrétaire général.

« Il est impératif d’organiser ces scrutins dans les délais impartis », a déclaré M. Tadamichi Yamamoto –qui est le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA)–, en faisant allusion aux élections législatives et des conseils de district prévues le 7 juillet 2018.

L’annonce de ce calendrier, a-t-il relevé, a entraîné une recomposition inédite des forces politiques en présence, cette redistribution des cartes au-delà des « lignes » habituelles étant, pour le Représentant spécial, également susceptible de porter atteinte à l’ordre constitutionnel et d’alimenter des divisions géographiques et ethniques.

Venu présenter le dernier rapport trimestriel en date du Secrétaire général, le haut fonctionnaire a reconnu à regret que les efforts déployés ces dernières années pour améliorer la sécurité se sont soldés par de timides progrès.  Une situation que lui et la plupart des membres du Conseil ont imputée aux agissements des Taliban et de Daech, qui « a revendiqué huit attaques d’envergure dans diverses parties du pays au cours de la période considérée ». 

La culture du pavot à opium et le trafic de stupéfiants ont été identifiés comme la principale source de financement des groupes terroristes par plusieurs orateurs, dont l’Égypte et la Fédération de Russie, qui a estimé qu’ils représentent 30% à 40% de cette manne.

Les analyses de certains intervenants ont toutefois divergé lorsqu’il s’est agi d’identifier les foyers du terrorisme.  Le Ministre afghan des affaires étrangères, M. Salahuddin Rabbani, a accusé Islamabad d’instrumentaliser la terreur et l’extrémisme violent, et de s’en servir comme des « outils de politique étrangère » au lieu de répondre aux offres répétées de Kaboul de résoudre leurs différends par le dialogue, la diplomatie et des moyens pacifiques. 

Des accusations rejetées par la représentante pakistanaise, selon laquelle les forces terroristes qui s’en prennent à l’Afghanistan se trouvent « bel et bien » dans ce pays, et non à l’extérieur, « une vingtaine d’organisations » au total.  Elle a donc encouragé Kaboul à « changer de cap » au lieu de « reprocher aux autres » d’être responsables de ses problèmes, et à s’attaquer aux « sanctuaires » qui menacent les autres pays de la région.

Dans ce contexte sécuritaire à hauts risques, l’annonce, le 21 août, par le Président des États-Unis, M. Donald Trump, d’une nouvelle stratégie pour l’Afghanistan et du maintien des troupes américaines, « comme l’exigent les conditions sur le terrain », a été favorablement accueillie par le Représentant spécial du Secrétaire général et le représentant de la Turquie.  Se retirer prématurément d’Afghanistan, ce serait « tourner le dos » aux hommes et aux femmes qui s’y sont sacrifiés, a affirmé la représentante américaine.

« Vous ne pouvez pas gagner militairement, la seule voie possible, c’est négocier, abandonner le terrorisme et respecter la Constitution afghane », a lancé la déléguée américaine à l’adresse des Taliban.  Convaincu qu’un règlement pacifique du conflit est possible, le Représentant spécial a appelé les pays d’Asie centrale à « réévaluer leurs intérêts stratégiques » et « à redonner de l’élan à un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes ».

Dans le cadre d’une coopération régionale renforcée avec son voisin, le représentant de l’Iran s’est prévalu de l’Accord trilatéral de Chahbahar, auquel est également partie l’Inde, et du projet de chemin de fer Khaf-Herat, qui pourraient tous deux « changer les perspectives économiques régionales de l’Afghanistan ». 

De son côté, le représentant du Kazakhstan a exprimé la volonté de son gouvernement d’établir, à Almaty, un « centre régional de l’ONU sur les objectifs de développement durable et l’assistance humanitaire », qui aiderait également l’Afghanistan dans les domaines du renforcement de sa résilience ou de la prévention et de la gestion des catastrophes naturelles. 

Le délégué de l’Inde a indiqué que le nouveau partenariat pour le développement de l’Afghanistan, lancé par New Dehli et doté d’une enveloppe d’un milliard de dollars, s’attachera au développement socioéconomique et à la modernisation des infrastructures afghanes.

Un effort de reconstruction auquel plusieurs bailleurs de fonds internationaux prennent également part, dont l’Union européenne, qui a fait état d’une contribution de 3,5 millions d’euros au renforcement des institutions électorales afghanes, alors que la Commission électorale indépendante, qui a mené à bien l’évaluation des bureaux de vote dans plus de 90% des districts, est sur le point de passer à l’étape suivante, « à savoir l’inscription sur les listes électorales », a précisé le Représentant spécial du Secrétaire général.

Le 5 octobre, « un an jour pour jour après la Conférence de Bruxelles », les dirigeants afghans se réuniront à Kaboul en vue de démontrer à la communauté des donateurs que les programmes de développement et le train de réformes qu’ils ont lancés se traduisent par des « changements concrets » dans la vie de la population.

Quant à la MANUA, la plupart des membres du Conseil ont appuyé les recommandations issues de son examen stratégique, lesquelles se traduiront par des « coupes » significatives, a précisé le Représentant spécial, en se disant toutefois « confiant » que la Mission serait en mesure de s’acquitter de son mandat.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN ET SES CONSÉQUENCES POUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2017/783)

Déclarations

M. TADAMICHI YAMAMOTO, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, a estimé qu’à l’approche du troisième anniversaire du Gouvernement d’unité nationale, ce pays faisait face à des défis persistants, mais aussi à des « opportunités d’engagement politique en faveur de la paix ». 

Il a commencé par attirer l’attention sur certains domaines où des progrès ont été accomplis en dépit de défis sécuritaires persistants.  « Si les réformes sont consolidées, elles cimenteront de manière significative la fondation d’un État afghan autosuffisant », a-t-il déclaré, en se félicitant à cet égard de la bonne relation entre le Président Ashraf Ghani et le Chef de l’exécutif Abdullah Abdullah. 

Ainsi, les efforts du Gouvernement pour s’attaquer à la corruption ont commencé de porter leurs fruits, en particulier celui, considérable, mené par le Centre de la justice anticorruption, qui a achevé l’examen de 21 affaires complexes impliquant de hauts responsables gouvernementaux et de 14 appels. 

Le 5 octobre, a-t-il annoncé, un an jour pour jour après la Conférence de Bruxelles, des dirigeants afghans se réuniront à Kaboul pour examiner les progrès accomplis depuis, en vue de démontrer aux bailleurs de fonds internationaux que les programmes de développement et le train de réformes se traduisent par des changements concrets dans la vie de la population. 

Le Représentant spécial a également noté les progrès dans l’organisation des élections législatives et des élections des conseils de district, qui se tiendraient le 7 juillet 2018, réalisés par la Commission électorale indépendante, laquelle a mené à bien son évaluation des bureaux de vote dans plus de 90% des districts.  « La prochaine étape est l’inscription sur les listes électorales.  Il est impératif d’organiser ces scrutins dans les délais impartis », a souligné M. Yamamoto. 

Devant le scepticisme de certaines parties prenantes, la Commission doit donc sensibiliser davantage et donner l’assurance d’une plus grande transparence, a-t-il plaidé, en insistant sur l’importance de « ne pas répéter » l’élection de 2014. 

L’annonce de ce calendrier électoral a déclenché la formation de nouvelles coalitions politiques, lesquelles rassemblent au-delà des « lignes » habituelles, a observé le haut fonctionnaire, pour qui elles sont susceptibles de promouvoir des actions pouvant porter atteinte à l’ordre constitutionnel et alimenter les divisions géographiques et ethniques. 

La situation sécuritaire en Afghanistan continue d’être une source de préoccupation majeure, a poursuivi le Représentant spécial, qui s’est alarmé des activités de Daech dans le nord du pays et à Kaboul. 

Par ailleurs, si les forces afghanes envisagent de pouvoir être en mesure d’infliger des revers aux Taliban d’ici à 2020, cela signifie aussi, a-t-il dit, que des dizaines de milliers d’Afghans auront été tués dans l’intervalle.  « Honnêtement, les efforts déployés ces dernières années ne se seront traduits que par peu des progrès », a reconnu M. Yamamoto, qui s’est toutefois félicité de l’annonce, en août, par Washington, du maintien d’une présence américaine dans le pays.  

En outre, un certain nombre de pays de la région continuent de cultiver leur engagement en faveur de la paix.  Le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) s’est dit convaincu de la possibilité d’un règlement pacifique du conflit, appelant les pays voisins à réévaluer leurs intérêts stratégiques et à redonner de l’élan à un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes. 

Le haut fonctionnaire s’est par ailleurs inquiété du coût potentiel qu’occasionnerait une érosion des gains obtenus en matière de droits de l’homme.  Il a noté que la criminalisation des actes de violence perpétrés contre les femmes et les filles, « toujours répandus », figure dans un décret que le Parlement doit encore adopter. 

Le Représentant spécial a encouragé le Gouvernement afghan à approuver officiellement la politique nationale de prévention et d’atténuation des pertes civiles. 

En conclusion, M. Yamamoto a indiqué que la Mission a commencé à planifier la reconfiguration de sa structure et de son personnel de sorte que son budget pour 2018 soit conforme aux recommandations issues de l’examen stratégique de la MANUA, ce qui se traduira par des « coupes » significatives.  Il s’est toutefois dit confiant que la Mission sera en mesure de s’acquitter de son mandat auprès de la population afghane.

M. SALAHUDDIN RABBANI, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, qui s’adressait pour la première fois au Conseil de sécurité en cette capacité, a demandé à la communauté internationale d’examiner d’un œil nouveau son engagement dans le pays et a rappelé les propos du Président Ashraf Ghani devant l’Assemblée générale la semaine passée, selon lesquels « depuis trop longtemps, le conflit afghan a été perçu à travers le prisme de la guerre civile, alors que ce n’est pas une guerre sur notre sol, c’est une guerre pour notre sol ». 

M. Rabbani a insisté sur le fait que les forces armées afghanes se battaient contre de « plus de 20 groupes terroristes internationalement reconnus » comme tels.  Il s’est félicité que, grâce à leur courage et à l’appui de forces alliées, les forces nationales afghanes gagnaient en efficacité, ajoutant que les Taliban subissaient des « revers majeurs » et qu’ils perdaient de plus en plus de terrain, contrôlant en réalité nettement moins de territoires que ce qu’ils tentaient de faire croire. 

Il a par ailleurs dénoncé leur mode opératoire, « fondé principalement sur les attaques-suicides et autres attaques conventionnelles contre la population, les infrastructures, les personnages publics, les mosquées et le personnel international », dénonçant des « actes barbares » et des « crimes contre l’humanité ». 

Le Ministre s’est félicité que la communauté internationale prenne conscience, même tardivement, de la nécessité de traiter des causes profondes de l’insécurité dans le pays et a salué la nouvelle stratégie des États-Unis pour l’Asie du Sud, jugeant essentiel le fait qu’elle traite de la question des refuges et sanctuaires terroristes dans la région et réaffirme que l’engagement de la communauté internationale en Afghanistan durera jusqu’à ce que le pays soit stabilisé et sûr. 

Après avoir mentionné dans un premier temps « la politique de longue date d’un pays voisin visant à rendre l’Afghanistan instable », M. Rabbani a cité nommément le Pakistan, qu’il a accusé de violations constantes de la ligne Durand et lui a reproché de ne pas répondre aux offres réitérées de l’Afghanistan visant à résoudre les différends par le dialogue, la diplomatie et des moyens pacifiques. 

Estimant que le Pakistan avait eu récemment une nouvelle occasion de reprendre un tel dialogue, il a souhaité qu’il la saisisse, car « mieux vaut tard que jamais ».  En effet, pour M. Rabbani, les perspectives de paix avec les Taliban dépendent aussi d’un réel et sincère engagement régional.

Le Ministre a ensuite affirmé que son pays, depuis 17 ans, établissait les fondations d’institutions démocratiques.  Il a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des réformes visant à rendre les institutions plus efficaces et plus redevables, rappelant qu’un certain nombre de hauts responsables avaient été poursuivis pour avoir violé l’état de droit et réitérant la promesse du Gouvernement de lutter contre la corruption. 

Affirmant que l’Afghanistan, malgré les défis, progressait dans la protection et la promotion des droits de l’homme, M. Rabbani a demandé le soutien de la communauté internationale à la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme, affirmant qu’un siège dans ce dernier permettrait à l’Afghanistan de consolider les droits de l’homme au plan national et porter la voix des victimes du terrorisme et des dizaines de pays en situation de conflit ou d’après conflit.

M. Rabbani s’est enfin félicité de l’examen stratégique de la MANUA, estimant qu’il s’agissait d’une initiative essentielle pour mieux ajuster le rôle des Nations Unies aux besoins du peuple afghan, et notamment de la réaffirmation du principe d’« unité d’action des Nations Unies ».

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré être satisfait des progrès réalisés par l’Afghanistan dans l’organisation des élections législatives et des élections des conseils de district prévues le 7 juillet 2018.  Il a cependant indiqué que le pays faisait face à de nombreux et profonds défis.

Le représentant a mis l’accent sur la publication du rapport spécial du Secrétaire général sur l’examen stratégique de la MANUA, appelant le Conseil de sécurité à suivre ses recommandations. 

« Comme l’a fait remarquer le Secrétaire général, le processus de paix n’a connu aucun progrès majeur durant la période considérée.  Le Japon prend donc note du rôle élargi envisagé pour la MANUA comme médiateur impartial du processus de paix », a-t-il dit. 

« Avant tout, la paix et le processus de réconciliation doivent être conduits par l’Afghanistan, avec pour priorité l’intérêt du peuple afghan », a-t-il déclaré.  Celui-ci, a-t-il dit, attend que son gouvernement dépasse les rivalités entre factions afin de répondre au besoin pressant de sécurité et de développement du pays. 

M. Bessho a insisté sur l’importance de restaurer la sécurité dans le pays, revenant sur les « attaques horribles contre les civils » et « la réduction du personnel diplomatique et du développement qui ont suivi les attaques terroristes du 31 mai ». 

Il a jugé essentiels la mise en œuvre complète de la résolution 2344 (2017) et l’engagement continu de la communauté internationale. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a souligné que le coût humain du conflit en Afghanistan restait considérable.  Après 16 années de conflit, quelle que soit notre lassitude, nous devons garder en mémoire que c’est bien le peuple afghan qui paie le prix le plus lourd, a-t-elle dit. 

Elle a évoqué la nouvelle stratégie de son pays pour l’Afghanistan et l’Asie du Sud, expliquant que le Président américain Donald Trump avait, dans un premier temps, envisagé de retirer les États-Unis de l’Afghanistan.  Il a finalement conclu que les hommes et les femmes qui se sont sacrifiés en Afghanistan ne méritaient rien d’autre que la victoire, a expliqué la déléguée.  Tourner le dos à ce pays reviendrait à ne pas honorer la mémoire de ces hommes et de ces femmes, a-t-elle continué.

La déléguée a ensuite déclaré que la MANUA devrait continuer de s’acquitter de son rôle d’appui et aurait un rôle crucial à jouer dans les années à venir.  La nouvelle stratégie américaine tombe à point nommé, l’ONU et les États-Unis ayant le même objectif, celui d’une paix durable en Afghanistan, a-t-elle lancé. 

La déléguée a précisé que son pays était prêt à aider les forces afghanes afin que les terroristes ne considèrent pas le territoire afghan comme un sanctuaire.  « Aux Taliban, je voudrais lancer: vous ne pouvez pas gagner militairement, la seule voie possible, c’est de négocier, d’abandonner le terrorisme et de respecter la Constitution afghane. »

La déléguée a appuyé le processus politique afghan, estimant qu’il était possible de parvenir à un règlement négocié, pour autant que les Taliban choisissent cette voie. 

Elle a exhorté les pays voisins à appuyer le Gouvernement d’unité nationale afghan, à n’épargner aucun effort afin que les Taliban retournent à la table des négociations et à cesser, sans conditions, leur appui aux groupes extrémistes et violents. 

Enfin, la déléguée s’est prononcée en faveur d’une visite du Conseil de sécurité dans les mois à venir en Afghanistan. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a jugé essentielle la consolidation des institutions démocratique en Afghanistan pour parvenir à la stabilité du pays, se réjouissant déjà des progrès réalisés dans le processus électoral et dans les réformes, notamment pour mieux lutter contre l’impunité.  Il a également dit apprécier les efforts menés par le Gouvernement pour combattre la violence faite aux femmes et aux filles, et pour améliorer la représentation des femmes au Conseil supérieur de la paix.  Le représentant s’est toutefois dit préoccupé du manque de progrès dans le processus de paix entre le Gouvernement et les Taliban, espérant que le dialogue se poursuivra.

M. Bermúdez a plaidé pour que les Nations Unies et la communauté internationale appuient le Gouvernement d’unité nationale afin de l’aider à relever les grands défis qui se posent sur les plans politique, économique et sécuritaire.  Condamnant les attentats terroristes, il a déploré le nombre de victimes civiles, en particulier parmi les femmes et les enfants, ainsi que les déplacements de milliers de personnes.  L’accès humanitaire doit être assuré, a-t-il demandé, en joignant sa voix à celle du Secrétaire général et en appelant au respect des droits de l’homme. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que la principale préoccupation concernant l’Afghanistan a à voir avec la détérioration de la situation sécuritaire et la multiplication d’actes terroristes, en particulier par Daech, qui disposerait de 7 000 combattants dans le pays. 

Selon lui, il n’est pas possible d’ignorer le problème des hélicoptères « non identifiés » qui alimentent en armes les groupes extrémistes, de même que la culture du pavot à opium, dans un contexte où les « narcodollars » financent « à hauteur de 30% à 40% » les activités des groupes terroristes. 

Par ailleurs, alors que la présence des contingents américains et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) n’a pas permis de stabiliser l’Afghanistan, la délégation s’est dite convaincue de la nécessité de mettre désormais l’accent sur les négociations et les efforts en faveur d’un processus de paix crédible dirigé par les Afghans eux-mêmes, avec le soutien de la communauté internationale et dans le respect de leurs intérêts et des intérêts des peuples de la région. 

Le représentant russe a salué en conclusion le rôle « important » joué par la MANUA, en prenant note des recommandations issues de l’examen stratégique de la Mission. 

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a dénoncé les attaques terroristes et constaté que les efforts menés n’avaient pas, pour l’instant, permis d’éradiquer les groupes terroristes.  L’Afghanistan, a-t-il estimé, a besoin d’une stratégie globale, dirigée par les Afghans eux-mêmes et soutenue par les pays voisins, avec le concours de l’ONU.  Le représentant s’est félicité des dispositions prises pour la tenue des élections en 2018 et appuyé les efforts internationaux pour le développement socioéconomique du pays.  Mais, a-t-il prévenu, le trafic de stupéfiants demeure la source de financement principale des groupes terroristes et il faut une intensification des efforts internationaux et afghans pour lutter contre ce trafic.  L’ONU a un rôle crucial à jouer à cet égard, a insisté le représentant.  Il faut pérenniser la paix, poursuivre le dialogue avec l’Afghanistan et veiller à ce que le mandat de la Mission s’articule autour d’une démarche générale permettant d’assainir la situation.  Le délégué a, en outre, plaidé pour une bonne coordination des efforts de l’ONU et a rappelé que l’Égypte apporte un appui dans de nombreux secteurs, tels que la santé, la justice et la formation des forces de police. 

M. WU HAITAO (Chine) a constaté que l’Afghanistan continue de se heurter à des défis politiques et sécuritaires, encourageant la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien dans plusieurs domaines, à commencer par le maintien de la paix et de la stabilité.  À cette fin, il est nécessaire d’autonomiser les forces de sécurité afghanes et de leur donner les moyens de se défendre contre les éléments terroristes qui menacent le pays.  Le représentant a également noté la contribution que peuvent apporter les pays voisins de l’Afghanistan et de l’Organisation de coopération de Shanghai.  Il a également défendu un règlement politique dirigé par les Afghans eux-mêmes, en soulignant la nécessité de renforcer la gouvernance, « condition préalable de la reconstruction ».  Après avoir plaidé pour une stratégie de développement afghane, s’appuyant sur la coopération régionale, le représentant a souhaité que l’examen stratégique permette à la MANUA de mieux utiliser ses ressources. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a indiqué que le travail de la communauté internationale n’était pas achevé en Afghanistan.  Il a plaidé pour une rationalisation de la MANUA, en vue notamment de servir des objectifs plus ciblés.  Nous devons mettre en œuvre les recommandations formulées pour une reconfiguration de la Mission, a-t-il dit, en espérant que le Conseil parvienne à un consensus sur cette question.  Il a jugé essentielle une bonne implantation de la MANUA dans le pays, avant de souligner le rôle crucial que celle-ci sera amené à jouer dans la bonne tenue des élections de 2018.  Nous devons mettre l’accent sur un processus de paix crédible, dirigé par les Afghans eux-mêmes, a-t-il poursuivi.  Il a évoqué la stratégie américano-britannique pour l’Afghanistan et l’Asie du Sud et s’est félicité de l’engagement des États-Unis dans la région.  La stabilité de l’Afghanistan est dans l’intérêt de tous, a-t-il souligné, avant de rappeler que son pays a augmenté ses effectifs militaires dans le pays.  « Nous avons réaffirmé notre engagement politique en Afghanistan, qui, seul, permettra le retour de la paix », a-t-il conclu, en exhortant le Gouvernement d’unité nationale afghan à lancer un processus crédible avec les Taliban. 

Après avoir souligné les progrès impressionnants réalisés au cours des 15 dernières années dans la consolidation des institutions démocratiques et la protection des droits de l’homme et des libertés civiles en Afghanistan, M. OLOF SKOOG (Suède) s’est dit préoccupé par le niveau important de violence qui persiste dans le pays. 

« En 2016, le nombre de victimes civiles en Afghanistan a atteint des records, en particulier chez les femmes et les enfants.  C’est inacceptable », a-t-il déclaré, ajoutant que leur protection devait être une priorité.  Il a appelé les deux parties prenantes au conflit à engager un dialogue pour parvenir à un accord politique.  Il a aussi pointé le rôle clef des pays de la région dans une solution à long terme et leur a demandé, ainsi que les Nations Unies, de soutenir le Processus de Kaboul et les efforts pour construire une paix authentique.

Le représentant de la Suède a assuré le Gouvernement afghan de son soutien dans les activités de réforme qu’il déploie pour construire des institutions indépendantes et fortes ainsi qu’un processus démocratique solide. 

Il a salué le rôle essentiel joué par la MANUA dans le soutien au peuple afghan, mais a remarqué que malgré ses efforts constants, le pays n’était pas encore entré dans une phase postconflit.  Le soutien au processus de paix doit se poursuivre, a-t-il affirmé, notant que la nouvelle stratégie des États-Unis offrait une opportunité de renforcer les efforts politiques et diplomatiques. 

Son pays a également appelé à renforcer la mise en œuvre du Plan d’action national pour les femmes et la paix et la sécurité, insistant sur la nécessité d’inclure les femmes dans un processus de paix conduit par les Afghans eux-mêmes.

Pour que les Nations Unies puissent remplir pleinement leur responsabilité en Afghanistan, il est indispensable que la MANUA et l’équipe de pays suivent pleinement les recommandations de l’examen stratégique et travaillent de manière coordonnée sur la paix, le développement, les droits de l’homme et l’assistance humanitaire, a-t-il poursuivi.  Les améliorations socioéconomiques et la fourniture de services dans le pays sont indispensables au processus de paix. 

Également préoccupé par la détérioration des conditions de sécurité en Afghanistan en raison des agissements de Daech, M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est toutefois félicité des progrès obtenus dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.  Aussi a-t-il estimé qu’à ce stade, il demeure impératif que l’ONU et la communauté internationale continuent de prêter main-forte à Kaboul dans le cadre du partenariat pour la reconstruction et le développement.  Il a proposé une « nouvelle approche », basée sur les liens insécables entre sécurité et développement.  Dans ce contexte, il a exprimé la volonté de son gouvernement d’établir, à Almaty, un « centre régional de l’ONU sur les objectifs de développement durable et l’assistance humanitaire », qui aiderait également l’Afghanistan dans les domaines du renforcement de la résilience ou de la prévention des catastrophes naturelles. 

M. EDUARD FESKO (Ukraine) a expliqué que la situation dépeinte dans le rapport du Secrétaire général « ravivait des sentiments déconcertants et causait de nouvelles inquiétudes ».  S’il a salué les efforts du Gouvernement d’unité nationale pour impliquer dans le processus de paix les Taliban ouverts aux négociations, il n’a pu que constater l’absence de progrès en la matière.  Il a dressé le même constat s’agissant des futures élections législatives et locales de 2018: les propositions de la Commission électorale indépendante pour garantir la probité du processus électoral sont un pas dans la bonne direction, mais aucune décision n’a encore été mise en œuvre.  Quant à la corruption, un « vaste problème » qui met en péril l’amélioration de la situation économique, elle bénéficie de mesures de lutte largement insuffisantes, a dénoncé le représentant. 

Il a ajouté à tous ces maux, le défi de la menace terroriste, constatant que non seulement les Taliban tentent de contrôler des zones stratégiques et s’affairent à détruire des infrastructures essentielles comme les établissements de santé, mais les combattants de Daech cherchent désormais à accroître leur présence dans le pays.  La situation exige une « action internationale concertée », tant du point de vue diplomatique que militaire, a estimé le représentant.  L’Ukraine, a-t-il dit, se réjouit d’ailleurs de la nouvelle stratégie américaine en Afghanistan, mais souligne que « sans un dialogue constructif entre les acteurs régionaux, rien ne se fera ».

Le représentant a enfin apporté son plein appui à la Mission de l’ONU et s’il l’a jugée nécessaire pour favoriser la médiation, le respect des droits de l’homme et les projets de développement, il a néanmoins demandé que la sécurité de son personnel demeure une priorité.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a souligné l’accroissement continu du niveau de violence et la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire.  « La France partage la détermination des autorités afghanes et de nos alliés à lutter contre le terrorisme et salue toute décision qui contribue à cet objectif, dans le respect du droit international », a déclaré la représentante.  Elle a néanmoins précisé que cet effort devait être appuyé par l’ensemble des pays de la région.  Ce contexte sécuritaire et humanitaire extrêmement volatile rend l’unité du Gouvernement afghan et sa persévérance dans les réformes plus que jamais essentielles, a poursuivi Mme Gueguen. 

Elle a plaidé pour la poursuite de la réforme électorale et des réformes entamées pour lutter contre la corruption et le trafic de stupéfiants.  Sur le plan des droits de l’homme, il est essentiel, a-t-elle ajouté, que les autorités afghanes continuent de tenir leurs engagements en faveur des droits de la femme et de la protection de l’enfant.  Considérant que la stabilisation du pays passe par une solution politique négociée et la réconciliation nationale, la déléguée a souhaité que le processus de paix puisse être réengagé par les acteurs afghans dès que possible.  « L’engagement sincère et le soutien sans ambiguïté de tous les voisins de l’Afghanistan en faveur de la paix est indispensable », a insisté la représentante qui a appuyé la proposition de recentrer l’action de la Mission, la jugeant « particulièrement bienvenue ».

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a déclaré que les forces de sécurité afghanes continuent d’être les témoins d’actes de violence généralisés.  Le représentant a renouvelé son engagement en faveur d’un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes, se félicitant des engagements souscrits pour renforcer la lutte contre le terrorisme.  Il a appuyé les initiatives diplomatiques des pays de la région d’Asie centrale, avant de se déclarer favorable à la mise en œuvre « pleine et entière », par l’Afghanistan, d’un plan d’action relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Pour sa délégation, la protection des droits de la femme reste une priorité, car il faut leur garantir leur autonomisation.  Le représentant a estimé en conclusion que la réunion de dirigeants afghans, prévue le 5 octobre prochain, sera l’occasion d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des réformes et de resserrer les liens avec les bailleurs de fonds internationaux.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a jugé préoccupant le caractère de plus en plus classique de certains affrontements en Afghanistan à la différence des attaques asymétriques.  Le renforcement des capacités opérationnelles des groupes armés répond à une volonté de disputer aux forces gouvernementales le contrôle de certains centres stratégiques, a-t-il indiqué.  C’est dans ce contexte qu’il a pris note du choix du Président américain, M. Donald Trump, de maintenir les forces des États-Unis en Afghanistan dans le cadre de sa nouvelle stratégie pour le pays.  Le délégué a rappelé que le climat politique était en outre de plus en plus tendu et marqué, notamment par l’agrandissement du fossé entre le Président Ashraf Ghani et les membres du parti Jamiat-e-islami.  Si le processus de paix est toujours dans l’impasse, M. Seck s’est néanmoins réjoui des efforts de consolidation de la paix entrepris au niveau local par la MANUA, permettant le lancement de trois initiatives de paix dans six provinces, notamment à Kandahar et à Khost.  Rappelant, pour conclure, que la sécurité restera pour longtemps tributaire des relations du pays avec ses voisins, le délégué s’est notamment félicité de la nomination d’un nouvel ambassadeur du Pakistan à Kaboul. 

M. ZAMBRANA (Bolivie) a salué les efforts du Gouvernement et du peuple afghans pour faire avancer le processus électoral, ce qui a permis de renforcer les « mécanismes démocratiques » du pays.  Les défis auxquels fait face l’Afghanistan, notamment en matière de sécurité, de développement et de gouvernance, sont interconnectés et se renforcent mutuellement, a relevé le représentant, prenant note de la volonté du Gouvernement de mettre en œuvre le Plan quadriennal de réforme du secteur de la sécurité malgré les menaces de déstabilisation. 

Le représentant a déploré la forte hausse, cette année, du nombre d’attaques perpétrées contre les infrastructures civiles et le personnel médical et humanitaire, ce qui a mené à des « restrictions aléatoires » de l’accès humanitaire.  Citant le Chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Afghanistan, M. Dominic Parker, il a déclaré que l’intensification des combats a mené à une « érosion du respect, par toutes les parties au conflit, de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire ». 

Devant l’augmentation importante du nombre de personnes déplacées au cours de la période considérée, il a appelé à « unir nos forces » afin d’assurer leur retour et leur réintégration de façon « durable ».  Il a par ailleurs salué le travail du Service de la lutte antimines de l’ONU, qui a permis la poursuite des activités de développement, notamment l’éducation, précisant que 20 communautés ont été déminées. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a pris note de la nouvelle dynamique politique dans le pays.  La température politique va indéniablement monter dans les mois à venir avec la tenue des élections en 2018, a-t-il pronostiqué, en espérant que celles-ci se dérouleront de manière pacifique et transparente.  Il a salué les efforts en vue d’un dialogue accru avec les Taliban, jugeant crucial pour le pays de poursuivre un processus politique, appuyé par les pays de la région.  Le délégué a pris note des efforts de l’Afghanistan et des pays de la région pour entretenir de meilleures relations.  Il a, en particulier, noté les progrès accomplis dans la coopération entre l’Afghanistan et le Pakistan et espéré que ces progrès se poursuivent.  Il a enfin exprimé la solidarité de son pays avec le peuple afghan. 

Rejetant les allégations du représentant de l’Afghanistan, Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que les forces terroristes qui s’en prennent à l’Afghanistan se trouvent « bel et bien » à l’intérieur de l’Afghanistan, et ne viennent pas de l’extérieur du pays.  Elle a donc encouragé Kaboul à changer de cap au lieu de « reprocher aux autres » d’être responsables de ses problèmes.  Comme l’a reconnu lui-même le Gouvernement afghan, a-t-elle affirmé, pas moins d’une vingtaine d’organisations terroristes lancent des attaques en Afghanistan et constituent une menace pour les pays limitrophes.  Après avoir appuyé les efforts régionaux et internationaux en faveur d’un règlement interne du conflit afghan, elle a déclaré que son pays avait mené une guerre sans merci contre le terrorisme, payant le « prix fort » en pertes civiles mais aussi économiques.   

Malheureusement, a constaté Mme Lodhi, nous continuons de faire face au risque de terreur en raison de la présence de « sanctuaires » en Afghanistan.  Elle a réclamé un véritable processus de paix entre le Gouvernement et les Taliban, qu’elle a appelés à cesser les violences.  La stratégie à adopter devrait comporter les trois éléments suivants: un effort coordonné pour contenir et vaincre Daech et Al-Qaida; un dialogue direct entre les autorités afghanes et les Taliban; et des mesures efficaces pour prévenir les attaques transfrontières perpétrées depuis l’Afghanistan.  « Les liens culturels, historiques et géographiques entre nos deux peuples sont immuables, ils survivront à ce conflit », a ajouté la représentante, qui a affirmé l’opposition de toute « instrumentalisation » de l’Afghanistan « à des fins géopolitiques ». 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a estimé que la situation sécuritaire demeurait alarmante en Afghanistan.  La paix ne pourra découler que d’un processus politique, a-t-il prévenu, avant de rappeler que l’aide annuelle de son pays à l’Afghanistan s’élève à 60 millions d’euros.  Il a insisté sur l’importance qu’il y a à faire participer les femmes et les jeunes aux efforts de paix.  Il a aussi plaidé pour l’implantation de la MANUA dans tout le pays, pour une appropriation du processus politique par les Afghans eux-mêmes et pour une meilleure coordination des bailleurs de fonds.  Enfin, le délégué a souhaité le maintien au sein de la MANUA de la composante chargée de veiller au respect de l’état de droit. 

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a noté que la situation de l’Afghanistan témoigne d’un pays non pas en train de se relever d’un conflit, mais bel et bien « en conflit ».  Il a dit sa préoccupation face à la montée de l’extrémisme et de la corruption, à l’augmentation du chômage chez les jeunes qui nourrit le risque de radicalisation et au nombre « inacceptable » de victimes civiles et humanitaires.  Un chiffre à propos duquel il s’est dit « consterné ».  M. Blanchard a donc appuyé la mise en œuvre des recommandations émanant de l’examen stratégique.  Il a ainsi insisté sur la nécessité d’engager des pourparlers de paix, de défendre l’intérêt commun, de stabiliser la région et d’assurer la prestation des services essentiels aux Afghans.

Il a surtout exhorté l’Afghanistan à faire plus pour les droits de la femme qui n’a, selon lui, « toujours pas un statut égal à celui de l’homme ».  Insistant d’abord sur les violences faites aux femmes et leur manque de représentation dans les organes de prise de décisions, il a salué le fait que le Conseiller principal pour la problématique hommes-femmes relèverait désormais du Bureau du Représentant spécial.  Il a estimé que ce changement pourrait « favoriser la participation concrète des femmes à la prévention et à la résolution des conflits ».

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a approuvé l’idée selon laquelle la Mission de l’ONU devrait se concentrer sur la stabilité politique et la création d’un environnement favorable à la conclusion d’un accord de paix.  Le seul moyen de parvenir à des solutions durables, c’est de travailler avec tous les outils de règlement et de prévention des conflits, dans une stratégie politique cohérente, conformément aux efforts de réforme du Secrétaire général que l’Allemagne appuie fermement. 

L’annonce de la date des prochaines élections est une étape importante, a estimé le représentant, car les conflits se résolvent dans les parlements et pas sur les champs de bataille.  Mais comme le succès des élections dépend de la confiance dans le système électoral, l’Allemagne, a affirmé le représentant, est prête à apporter son expertise à l’Afghanistan. 

En tant que Présidente du Groupe de contact international pour l’Afghanistan, l’Allemagne salue les efforts de la MANUA pour renforcer la cohésion entre les parties prenantes régionales et internationales.  Elle salue aussi les efforts visant à renforcer la coopération régionale et internationale en appui au Processus de Kaboul, a conclu le représentant.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a estimé que les avancées de l’Afghanistan au cours des 15 dernières années doivent être consolidées, maintenant que la détérioration des conditions de sécurité et la présence de Daech sont une source de préoccupation.  Le représentant a prévenu des risques posés par une fragmentation de la société afghane, qui serait préjudiciable à la fois au Gouvernement d’unité nationale et à la communauté internationale.  Il s’est félicité de la nouvelle stratégie des États-Unis, qui démontrerait clairement que l’Afghanistan ne sera pas abandonné dans sa lutte contre le terrorisme.  Le représentant a par ailleurs plaidé pour une coopération renforcée entre les pays de la région grâce au dialogue.  Il a parlé d’une coopération dans le cadre de laquelle la Turquie maintiendra ses engagements en faveur de la sécurité et du développement de l’Afghanistan.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a rappelé que, plus de 10 ans après son invasion, l’Afghanistan, la région et le monde n’étaient en aucun cas plus sûrs.  Il a insisté sur le fait que l’insécurité qui s’aggrave dans le pays a des causes profondes, qui ne peuvent pas être traitées par un surcroît de forces armées, comme certains le suggèrent. 

Le représentant a rappelé les attaques odieuses commises par les Taliban et la province autoproclamée « État islamique du Khorasan » (ISIL-KP), notamment les attaques commises le mois dernier à Hérat et dans la province de Sar-e Pol principalement contre les chiites.  La prolifération des groupes terroristes en Afghanistan exige, a estimé le représentant, un effort international concerté, notamment au profit du Gouvernement d’unité nationale afghan, qui doit être soutenu dans sa lutte contre le terrorisme mais aussi dans ses efforts pour surmonter ses nombreux défis politiques, économiques, de sécurité et de développement. 

Le soutien à l’Afghanistan de la République islamique d’Iran est « total », a martelé le représentant, ajoutant que son pays se félicite de tout progrès sur la voie d’un processus dirigé par les Afghans eux-mêmes en vue d’une paix durable et globale.  C’est parce qu’elle souhaite un voisin paisible et prospère que la République islamique d’Iran a participé aux Conférences de Moscou et de Kaboul cette année ainsi qu’aux réunions du processus régional sur la sécurité et la coopération au cœur de l’Asie. 

Le renforcement de la coopération régionale est, en effet, une priorité pour la République islamique d’Iran, dont le représentant a mentionné deux projets importants: l’Accord trilatéral de Chahbahar, auquel est également partie l’Inde, et le projet de chemin de fer Khaf-Herat qui pourraient tous deux « changer les perspectives économiques régionales de l’Afghanistan ».  M. Al Habib a également insisté sur la coopération régionale et mondiale dans la lutte contre la drogue, rappelant que son pays avait proposé aux paysans afghans des ressources alternatives à la culture de l’opium.

Le représentant a également rappelé le rôle de son pays dans l’accueil de centaines de milliers de réfugiés afghans depuis 30 ans et fait observer qu’ils bénéficiaient des mêmes services subventionnés que la population iranienne, tandis que des centaines de milliers d’enfants réfugiés afghans fréquentent les écoles iraniennes.  Il a aussi rappelé les efforts de son pays pour assurer un rapatriement progressif, dans la sécurité et la dignité et sur une base volontaire, des réfugiés.

M. Al Habib a apporté le soutien de son pays à la MANUA et aux différentes agences des Nations Unies pour leurs efforts en faveur du développement de l’Afghanistan, dans le cadre d’un partenariat véritable.  Il faut utiliser le mandat de la MANUA et ses bons offices pour renforcer les institutions nationales et les capacités du pays dans les domaines que le Gouvernement afghan a définis comme prioritaires, a-t-il conclu. 

« Pour l’Inde, l’amitié et un partenariat stratégique avec l’Afghanistan relèvent de la profession de foi.  Il ne s’agit pas d’une relation comme une autre ou d’un engagement, mais d’un lien spirituel et civilisationnel », a affirmé M. SYED AKBARUDDIN (Inde).  Il a indiqué que le nouveau partenariat pour le développement de l’Afghanistan, lancé par son pays et doté d’un milliard de dollars, s’attachera au développement socioéconomique et à la modernisation des infrastructures.  Nous devons appuyer la souveraineté et la stabilité de l’Afghanistan, deux attributs que les éléments terroristes s’efforcent de saper depuis leurs sanctuaires à l’extérieur des frontières du pays, a-t-il affirmé. 

Le délégué a estimé qu’il était du devoir de la communauté internationale de priver les forces du terrorisme et de l’extrémisme de leurs sanctuaires et havres de paix, « où que ce soit et à tous les niveaux ».  Nous ne devons pas faire de différence entre les bons et les mauvais terroristes ou jouer un groupe contre un autre, a-t-il prévenu.  « Les Taliban, le réseau Haqqani, Al-Qaida, Daech, Lashkar-e-Taiba, Jaish-e-Mohammed et les groupes du même acabit sont tous des organisations terroristes », a martelé le représentant. 

Il a salué la détermination ambiante à surmonter les défis sécuritaires et à remédier de manière efficace à la question des sanctuaires terroristes qui sont une menace pour la région.  Le délégué a demandé au Conseil de sécurité de régler la question des fonds que tirent les terroristes en Afghanistan de leurs activités criminelles.  « À cet égard, nous souhaiterions que le Conseil considère de quelle manière son Comité créé en vertu de la résolution 1988 (2011) pourrait être utilisé pour faire avancer le processus de paix », a conclu M. Akbaruddin. 

Mme CAITLIN WILSON (Australie) a salué les recommandations formulées dans le cadre de l’examen stratégique de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), dont la proposition consistant à restructurer le travail de la MANUA autour de trois piliers -politique, développement et droits de l’homme- pour lui permettre de remplir plus efficacement sa mission.  « L’Australie appelle la famille élargie des Nations Unies à travailler de manière constructive et cohérente pour rendre possible et participer à cette vision », a dit Mme Wilson.

Tout en se prononçant en faveur d’un processus de paix « mené par les Afghans » et « à l’initiative des Afghans », la représentante a souligné que les pays de la région avaient un « rôle crucial » à jouer dans la perspective d’un futur accord de paix, « dont les bénéfices se feraient sentir non seulement en Afghanistan, mais également dans les États voisins ».  Dans ce cadre, les conclusions de l’examen stratégique faisant état d’une érosion du consensus international qui avait contribué aux succès de la MANUA devraient, selon elle, inciter la communauté internationale à renouveler son engagement en faveur de la paix en Afghanistan.  « Nous encourageons nos amis de la région à privilégier la stabilité stratégique à long terme contre les avantages tactiques à court terme », a-t-elle dit.

Pour y parvenir, Mme Wilson a soutenu les propositions appelant à maintenir une forte présence des effectifs de la MANUA sur le terrain et à renforcer le rôle de la Mission dans la coordination entre les différents bailleurs internationaux et le Gouvernement afghan. 

Enfin, la représentante a salué la nomination d’un conseiller principal pour la problématique hommes-femmes, sous la responsabilité du Représentant spécial du Secrétaire général.  « Promouvoir l’autonomisation des femmes a été l’une des pierres angulaires du programme d’aide de l’Australie en Afghanistan depuis 2002 », a-t-elle rappelé, soulignant que, plus tôt cette année, le Premier Ministre australien, M. Malcolm Turnbull, avait débloqué 30 millions de dollars pour un programme visant notamment à faciliter l’accès à l’éducation des filles afghanes en milieu rural. 

M. GUILLAUME DABOUIS, de l’Union européenne, a renouvelé l’appui de l’Union européenne (UE) en faveur d’un processus de paix « mené par les Afghans », tout en soutenant les efforts internationaux visant à rétablir la sécurité dans le pays, y compris dans le cadre du Processus de Kaboul.  « Nous encourageons le Gouvernement afghan à entamer un processus politique avec les Taliban et d’autres groupes d’opposition afghans dans le but d’obtenir un accord politique durable », a-t-il ajouté.

Le 24 juillet dernier, a rappelé M. Dabouis, la Commission européenne et la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ont adopté une Communication conjointe sur les éléments d’une stratégie de l’UE pour l’Afghanistan. 

Ce texte, a-t-il poursuivi, définit quatre axes prioritaires stratégiques: promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité régionale; renforcer la démocratie, l’état de droit, les droits de l’homme, la bonne gouvernance et l’autonomisation des femmes; appuyer le développement humain et économique; et s’attaquer aux défis liés aux migrations.  « La Communication conjointe illustre le fort engagement de l’Union européenne auprès et en faveur de l’Afghanistan », a déclaré le représentant.

Aux yeux de M. Dabouis, la priorité absolue de l’Union dans son dialogue avec les autorités afghanes demeure les droits de l’homme et la conduite d’élections démocratiques.  Sur ce dernier point, a-t-il déclaré, l’UE et ses États membres ont accueilli favorablement l’annonce par la Commission électorale indépendante afghane d’un calendrier pour les élections parlementaires du pays, qui auront lieu le 7 juillet 2018. 

« Cette annonce a rassuré aussi bien les Afghans que la communauté internationale quant à la future démocratisation du pays », a-t-il salué, tout en appelant les autorités à tout faire pour que cette date soit maintenue et que les élections se déroulent de manière « démocratique, ouverte, transparente et crédible ». 

Pour les aider dans cette voie, M. Dabouis a rappelé que l’UE avait récemment alloué 3,5 millions d’euros au renforcement des institutions électorales afghanes.  Parallèlement, le représentant a souligné que, depuis l’an dernier, l’UE avait débloqué 200 millions d’euros pour aider le Gouvernement afghan à faire face aux défis liés à la migration et aux déplacements forcés. 

En dépit des efforts de la communauté internationale, M. Dabouis a constaté que le nombre de victimes civiles du conflit demeurait à un niveau record, alors que 1 662 personnes ont trouvé la mort entre le 1er janvier et 30 juin 2017, soit 2% de plus que l’an dernier sur la même période.  « Nous appelons les parties à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger la population civile, en particulier les femmes et les enfants », a-t-il exhorté.

Tout en souscrivant à la déclaration de l’Union européenne (UE), M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), a souhaité mettre l’accent sur la nécessité de garantir, « plus que jamais », les conditions propices à la stabilité et au dialogue en Afghanistan.  Il a appelé les acteurs régionaux à démontrer leur engagement envers la paix et à traduire leurs paroles « en actes concrets ».

S’agissant de la MANUA, M. Pecsteen de Buytswerve a salué les recommandations formulées dans le cadre de l’examen stratégique, qui soulignent l’importance de la coordination, sous l’égide de la Mission, entre les différents bailleurs internationaux et le Gouvernement afghan.  « La Belgique sera attentive à la façon dont cette recommandation sera mise en œuvre dans la pratique », a-t-il prévenu, tout en appelant la MANUA à prendre également en compte les engagements évolutifs des partenaires internationaux.

Concernant les élections, le représentant a voulu qu’elles aient lieu dans un « délai raisonnable », dans un contexte de « sécurité acceptable » et avec un « taux de participation satisfaisant », en particulier concernant les femmes, « tant électrices que candidates ».

Abordant la situation des enfants, le représentant s’est indigné du fait que trois groupes armés, ainsi que la police nationale afghane, soient listés comme pratiquant le recrutement d’enfants.  « La détention d’enfants demeure une préoccupation », a également déploré M. Pecsteen de Buytswerve, avant de fustiger les Taliban qui se rendent, selon lui, coupables d’attaques contre des écoles et des centres médicaux.  « Nous appelons toutes les parties à respecter le droit humanitaire international, et encourageons le Gouvernement à intensifier la lutte contre l’impunité lors de violations », a-t-il conclu.

Rejetant les propos de son homologue du Pakistan, le représentant de l’Afghanistan a déclaré: « nous sommes tous conscients de la dynamique en Afghanistan et dans la région ».  Il a dénoncé « l’instrumentalisation de la terreur et de l’extrémisme violent » par le Pakistan, qui considère que c’est un « outil de politique étrangère » et qui « exporte la terreur ».  Il a renouvelé l’offre de dialogue de son pays au Pakistan.

Le délégué du Pakistan a regretté les critiques formulées contre son pays. Nous ne voulons pas être le bouc-émissaire des pays qui ont échoué, a-t-il lancé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Israël a poursuivi ses activités de peuplement rendant la solution des deux États de plus en plus inatteignable, affirme le Coordonnateur spécial

8054e séance – matin
CS/13003

Israël a poursuivi ses activités de peuplement rendant la solution des deux États de plus en plus inatteignable, affirme le Coordonnateur spécial

Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, a, ce matin, devant le Conseil de sécurité, estimé que la poursuite par Israël de ses activités de peuplement rendait la solution des deux États « de plus en plus inatteignable » et sapait la confiance des Palestiniens dans les efforts de paix internationaux.

En présentant devant le Conseil de sécurité l’exposé mensuel du Secrétariat sur la situation au Moyen-Orient, M. Mladenov, qui s’exprimait par vidéoconférence depuis Jérusalem, a expliqué qu’Israël avait poursuivi, du 20 juin au 20 septembre, ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, en violation de la résolution 2334 (2016). 

Le Coordonnateur spécial a indiqué que les activités de peuplement israéliennes avaient continué à un rythme soutenu, selon une fréquence constamment observée au cours de cette année, et se concentrant sur Jérusalem-Est occupée.  Des plans pour la construction de plus de 2 300 unités de logement ont été avancés en juillet, ce qui constitue une augmentation de 30% par rapport à toute l’année 2016, a-t-il dit. 

« Cela inclut des plans pour la construction de près de 1 600 unités supplémentaires au sein d’un ensemble de colonies au nord de Jérusalem-Est, ainsi que dans le quartier palestinien de Sheick Jarra, adjacent à la vieille ville. »  Alors qu’aucun projet n’a concerné la zone C ces trois derniers mois, les constructions ont repris, début septembre, au sein de la nouvelle colonie de peuplement d’Amihai, au cœur de la Cisjordanie, a-t-il dit. 

M. Mladenov a déclaré que les destructions de biens palestiniens s’étaient poursuivies en Cisjordanie, bien qu’à un rythme significativement moins élevé, 344 structures ayant été détruites depuis début 2017.  Dans la zone C, trois centres éducatifs, accueillant 175 enfants, ont été détruites, a-t-il relevé. 

Le Coordonnateur spécial a affirmé que la présence israélienne s’était également renforcée à Hébron, ajoutant à la volatilité de la situation dans cette ville, où près de 500 Israéliens vivent parmi près de 40 000 Palestiniens. 

Il a ensuite fait état des incidents qui ont émaillé ces trois derniers mois, précisant que 19 Palestiniens avaient été tués dans des affrontements avec les forces israéliennes.  Huit Israéliens ont trouvé la mort dans des attaques, y compris les trois Israéliens arabes ayant perpétré l’attaque du 14 juillet contre deux policiers israéliens dans la vieille ville. 

Après trois mois de calme, des militants palestiniens ont procédé, les 26 juin, 23 juillet et 8 août, à des tirs de roquette contre Israël, les forces israéliennes ayant répondu par cinq frappes aériennes, a-t-il dit. 

Le Coordonnateur spécial a déclaré que la violence des colons s’était poursuivie, près de 25 incidents ayant été recensés ces trois derniers mois.  Des actes de vandalisme contre des propriétés agricoles autour de Naplouse et des attaques contre des Palestiniens dans et autour d’Hébron ont constitué la majorité de ces incidents, a-t-il noté.  « Au moins 21 attaques palestiniennes ont frappé des colons israéliens. »

Rappelant que, dans sa résolution 2334 (2016), le Conseil de sécurité demande aux parties de s’abstenir de toute provocation, M. Mladenov a affirmé que le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, avait explicitement condamné l’attaque du 14 juillet, en vue de calmer les tensions autour des lieux saints. 

Les responsables israéliens ont continué d’user d’une rhétorique incendiaire en soutien des activités de peuplement, a-t-il déploré.  Le 3 août, le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, a inauguré le lancement de la construction de 1 000 nouvelles unités de logement dans la colonie de Beitar Elit et a souligné le succès de son gouvernement « dans la promotion des activités de peuplement sur le territoire d’Israël ».

Le 28 août, le Premier Ministre a également affirmé qu’il « n’y aurait pas de démantèlement de colonies sur la terre d’Israël » et que « nous continuerons de fortifier nos racines, de construire, de nous renforcer et de nous étendre », a noté M. Mladenov.  Il a exhorté les Palestiniens et les Israéliens à rejeter la violence, toute rhétorique incendiaire et les actes de provocation. 

Se tournant vers la situation à Gaza, qui demeure « extrêmement fragile », le Coordonnateur spécial a indiqué que le déficit énergétique chronique dans la bande avait été aggravé par la décision de l’Autorité palestinienne de réduire les approvisionnements en électricité.  L’électricité n’est disponible que quatre heures par jour, a-t-il déploré. 

M. Mladenov a souligné la fermeté de l’Autorité palestinienne dans cette crise, qui visait à contraindre le Hamas à dissoudre le comité administratif établi en mars 2017 et à accepter que le Gouvernement de consensus national assume ses responsabilités dans la bande de Gaza.  Il reste à déterminer si l’accord trouvé le 17 septembre sera mis en œuvre et permettra une restauration de l’électricité, a dit le Coordonnateur spécial.

Il a ensuite détaillé les efforts de paix conduits ces trois derniers mois, mentionnant la visite, en août, d’une délégation américaine, dans le but de revitaliser le processus de paix.  Les parties sont convenues d’œuvrer à la promotion d’une paix durable et de la sécurité dans toute la région, a lancé le Coordonnateur spécial. 

M. Mladenov a souligné la récente visite du Secrétaire général, M. António Guterres, au cours de laquelle ce dernier a fermement réaffirmé la position des Nations Unies en faveur de la solution des deux États.

Il a en outre cité la percée obtenue en septembre dans les efforts de promotion de l’unité palestinienne, les responsables de facto de Gaza ayant invité le Gouvernement de consensus national à retourner dans la bande.  La réconciliation intrapalestinienne demeure essentielle pour préserver l’espoir en l’avenir, a-t-il déclaré. 

 

Si M. Mladenov a salué les initiatives visant à améliorer l’économie palestinienne, il a estimé que beaucoup restait encore à faire s’agissant du processus politique visant à l’établissement d’un État palestinien.  « Le développement économique, aussi important soit-il, ne peut se substituer à la souveraineté et à un État palestiniens », a lancé le Coordonnateur spécial. 

« L’action collective et déterminée des parties, de la région et de la communauté internationale est nécessaire pour initier un processus politique sérieux, sur la base de toutes les résolutions pertinentes des Nations Unies, en vue de la réalisation de la solution des deux États, de la cessation de l’occupation et de la résolution de toutes les questions en suspens », a conclu M. Mladenov. 

Le représentant de l’Uruguay s’est, lui, dit préoccupé par l’absence de progrès accomplis dans la résolution du conflit israélo-palestinien au cours de la période à l’examen.  Il a également dénoncé la démolition, en Cisjordanie, de trois écoles financées par l’Union européenne et dont la construction venait de s’achever trois semaines auparavant.

Son homologue de la Bolivie s’est alarmé de l’absence totale d’avancées dans la mise en œuvre de la résolution 2234 (2016), laquelle, a-t-il rappelé, « exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ».  Il a en outre demandé qu’Israël mette fin au « blocus illégal » imposé par la « Puissance occupante » à la bande de Gaza.

Soulignant que le principe de deux États pour deux peuples est généralement accepté par Israël et la Palestine, le représentant du Kazakhstan a, pour sa part, demandé aux deux parties de s’abstenir de toute action susceptible d’entraver le processus de paix.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Face à la multiplication des conflits et au terrorisme, de nombreux États appellent à une réforme d’une ONU « qui ne respecte plus sa propre Charte »

Soixante-douzième session,
19e à 22e séances plénières, Matin, après-midi & soir,
AG/11952

Face à la multiplication des conflits et au terrorisme, de nombreux États appellent à une réforme d’une ONU « qui ne respecte plus sa propre Charte »

Le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée affirme que son programme nucléaire est purement dissuasif

Moyen-Orient, Soudan du Sud, Yémen, Myanmar et essor du terrorisme: face à la multiplication des conflits et des défis sur la scène internationale, de nombreux États Membres ont appelé aujourd’hui à une réforme urgente de l’Organisation des Nations Unies.

Cette cinquième journée de débat général à l’Assemblée générale aura en outre été marquée par de nouveaux appels à l’action face aux changements climatiques de la part de nombreux États insulaires, notamment de la région des Caraïbes, et par la réplique de la République populaire démocratique de Corée au discours du Président des États-Unis mardi.

Dans sa Charte écrite en 1945, l’ONU proclame qu’elle entend « préserver les générations futures du fléau de la guerre », a rappelé le Ministre syrien des affaires étrangères.  Au vu des ravages des conflits dans le monde, et particulièrement dans son pays, l’ONU a failli à faire respecter sa propre Charte et les principes du droit international », a-t-il accusé, avant d’affirmer qu’« aucun peuple n’a autant souffert du terrorisme que le peuple syrien qui, depuis six ans, lutte contre les terroristes qui viennent du monde entier avec le soutien de parties de la région et d’ailleurs ».  C’est pourquoi il a appelé à la réforme de l’Organisation, afin qu’elle soit en mesure de jouer son rôle qui est « la défense des droits légitimes contre la loi de la jungle que certains essayent de faire appliquer ».

De nombreux dignitaires qui sont intervenus aujourd’hui ont également souhaité des réformes au sein de l’Organisation afin, comme l’a dit le Chef de la diplomatie de l’Irlande, d’agir à l’unisson, « la seule façon de tenir les promesses de la Charte d’assurer l’égalité pour tous ».

La réforme du Conseil de sécurité a en particulier été réclamée par divers États, de l’Inde à plusieurs pays africains, ces derniers réclamant pour leur continent un siège de membre permanent.

Elle l’a aussi été par le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont le pays figure parmi les plus cités depuis le début de cette Assemblée générale, du fait des inquiétudes que suscite son programme nucléaire et ses tirs de missiles balistiques.

Dans un argumentaire en réponse au discours du Président des États-Unis au premier jour des travaux, le Chef de la diplomatie nord-coréenne a assuré que le programme nucléaire de son pays ne visait que des objectifs de dissuasion face à la menace américaine.  « Nous sommes un État nucléaire responsable », a-t-il affirmé, tout en accusant le Conseil de sécurité, qui a par trois fois cette année renforcé ses sanctions contre la RPDC, d’être un instrument destiné uniquement à « servir les intérêts de ses membres permanents ». 

Le terrorisme a également été abordé par de nombreux intervenants, plusieurs des dignitaires accusant des pays voisins de l’alimenter, provoquant en fin de séance une série de droits de réponse. 

Le Ministre iraquien des affaires étrangères s’est félicité que de nombreuses villes de son pays aient été libérées de l’emprise des terroristes de Daech, mais il a averti que les difficultés au lendemain des conflits dépassent parfois celles de la guerre.  L’une d’elles, qui se profile à l’horizon, est le référendum d’indépendance du 25 septembre qu’entend organiser la communauté kurde du nord du pays, a estimé M. Al-Jafari, pour qui cette initiative constitue une grave violation de la Constitution iraquienne susceptible de mener à des conflits internes.

C’est d’avoir contribué à alimenter certains conflits internes à son pays que le Ministre des affaires étrangères de Bahreïn a accusé le Qatar, à qui il a reproché d’avoir « fourni un soutien financier et un asile à des terroristes » et de « disséminer un discours de haine et d’extrémisme par le biais de ses médias ».  Un avis partagé par son homologue d’Arabie saoudite, qui a expliqué que ce grief justifie la décision d’isolement prise contre Doha par son pays, le Bahreïn, l’Égypte et les Émirats arabes unis.

C’est le Pakistan que la Ministre des affaires extérieures de l’Inde a accusé de fomenter le terrorisme.  Comparant le destin des deux États voisins devenus indépendants à quelques heures d’écart, elle a fait observer que l’Inde était aujourd’hui « une superpuissance informatique reconnue dans le monde et le Pakistan seulement connu comme une usine de terrorisme ».

Le Ministre philippin des affaires étrangères a expliqué que le trafic de drogue alimentait le terrorisme islamiste, notamment à Marawi, où les « extrémistes, criminels, mercenaires et combattants étrangers » ont tenté, « en vain », de jeter les bases d’un califat en Asie du Sud-Est.  S’il a reconnu que la campagne antidrogue dans son pays avait généré des abus, il s’est justifié en affirmant que « nous ne pouvons pas vivre avec les drogues car les drogues ne nous laisseront pas vivre ».

En Afrique aussi l’inquiétude prévaut face au terrorisme et les Ministres des affaires étrangères du Niger et du Tchad ont rappelé que c’est son extension dans le nord du Mali et l’ensemble du Sahel, ainsi que dans le bassin du lac Tchad, qui avait justifié la création par les pays de la région de la Force conjointe G5 Sahel, avant de regretter la faible mobilisation de la communauté internationale, pourtant nécessaire pour la rendre opérationnelle.

Entamé mardi dernier, le débat général de l’Assemblée générale s’achèvera lundi, 25 septembre.

Suite du débat général

M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo (RDC), est revenu sur les « attaques terroristes » dont son pays est victime, menées par des groupes armés, notamment dans les provinces du Kasaï et dans la capitale.  Faisant référence à l’assassinat de deux experts des Nations Unies en mars dernier, il s’est dit déterminé à faire la lumière « sur les circonstances exactes de ce crime ».  C’est là le sens des procès publics ouverts depuis plusieurs semaines, procès qui ont eu lieu « après arrestation de la plupart des suspects présumés coupables », a expliqué M. Kabila.

À propos du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Kabila s’est félicité de la promotion de l’accès à l’école des jeunes filles dans son pays, « dont le taux brut de scolarisation est passé en l’espace de 10 ans, de 70% à près de 105% ».

Abordant les changements climatiques, M. Kabila a rappelé que la RDC représente, avec les deux autres pays du Bassin du Congo, la deuxième réserve forestière mondiale.  Grâce à la Commission des forêts d’Afrique centrale, ces pays sont outillés pour contribuer « à l’amélioration de la qualité de vie sur notre planète », a-t-il estimé.

M. Kabila s’est ensuite attardé sur la situation politique du pays, affirmant que, depuis un an, le pays avait recouru au dialogue, « qui est pour nous un mode permanent de règlement des différends politiques ».  Il a salué les efforts de la classe politique du pays, qui ont débouché sur l’accord du 31 décembre 2016 ayant pour objectif l’organisation des élections dans le pays.

« L’exigence par toutes les parties prenantes d’un nouveau fichier électoral a donné lieu depuis plus d’une année à l’inscription des électeurs, dont la dernière phase vient de commencer dans les deux dernières provinces du centre du pays », a déclaré le Président, qui a précisé que plus de 42 millions d’électeurs, sur les 45 millions projetés, étaient déjà inscrits sur les listes.

M. Kabila a ensuite mentionné la série d’évaluations du processus électoral entamées depuis une dizaine de jours par le Conseil national du suivi, conjointement avec le Gouvernement et la Commission électorale nationale indépendante, qui devraient permettre « la publication prochaine » du calendrier électoral.

Le Président congolais a achevé son allocution en posant la question de l’avenir de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et plus précisément le rythme de réduction de la force la Mission devant mener à « son retrait total ».  « Il est clair que près de 20 ans après son déploiement, la force onusienne ne peut nourrir l’ambition de rester indéfiniment dans mon pays, ni d’y exercer son mandat avec le même format et sans tirer les leçons des faiblesses constatées », a-t-il conclu.

M. TABAN DENG GAI, Premier Vice-Président du Soudan du Sud, a dit faire cette allocution au nom du Président du pays, M. Salva Kiir, expliquant que ce dernier n’avait pu faire le déplacement du fait de questions intérieures de la plus grande urgence. 

Rappelant que le Président Kiir avait proclamé 2017 « année de paix et de prospérité », M. Deng Gai a déclaré que réaliser la paix était une œuvre de longue haleine et a ajouté que, pour son pays, la paix devrait passer par un processus qui requiert des efforts collectifs.  C’est pourquoi le Gouvernement provisoire d’union nationale est engagé dans la mise en œuvre totale de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, a-t-il affirmé.

Parmi les mesures prises dans ce sens, M. Deng Gai a indiqué que le Gouvernement tenait à faire respecter son engagement pour le respect du cessez-le-feu unilatéral annoncé par le Président en mai dernier.  De plus, avec le soutien de partenaires, le Gouvernement est engagé dans la mise en œuvre des aspects clefs des dispositions transitoires de sécurité, notamment la réforme du secteur de la sécurité, le cantonnement des forces et la formation de la police mixte intégrée, afin de démilitariser les communautés. 

Le Gouvernement provisoire entend également mettre un terme aux conflits communautaires et a appelé à l’aide de la communauté internationale pour assurer le succès de cette initiative.  Le rôle des jeunes est ici crucial car ils peuvent être à la fois des agents ou des obstacles de la paix, a expliqué M. Deng Gai en relevant que ce sont ces jeunes qui sont incités par leur communauté à voler le bétail et procéder à des enlèvements d’enfants. 

Le Premier Vice-Président a aussi souligné le rôle central que jouent les femmes en faveur de la consolidation de la paix au Soudan du Sud.  « Nous sommes optimistes pour un retour de la paix », a-t-il affirmé, en notant que des réfugiés et des déplacés retournaient de plus en plus volontairement dans leur village et que des signes de coexistence pacifique étaient visibles au sein des communautés.  Il a assuré que le Gouvernement sud-soudanais était ouvert aux conseils des partenaires externes, mais leur a demandé en retour de reconnaitre les progrès accomplis et de démontrer un certain sens du respect et de la confiance.  Il a averti qu’une approche de confrontation de la part de la communauté internationale risquait de créer une mentalité de siège de la part des Sud-Soudanais.

Le Premier Vice-Président a en outre salué les avancées de l’initiative de dialogue nationale du Président Kiir.  Parmi les progrès que le Gouvernement a faits, il a cité la libération de prisonniers, dont des journalistes, l’ouverture du Comité directeur à toutes les parties prenantes du pays, les contacts avec les dirigeants de l’opposition et la déclaration unilatérale de cessation des hostilités.  Il a rappelé que son pays avait accueilli récemment une Réunion du conseil des ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans le but de revitaliser la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Il a salué les bonnes relations entretenues par le Soudan du Sud avec ses principaux voisins, soulignant que son pays dépend de ces relations pour relancer et augmenter la production de pétrole, construire et maintenir des routes et fournir de l’électricité aux localités situées aux frontières.

Au sujet d’Abyei, M. Deng Gai a réaffirmé que son gouvernement était prêt à mettre en œuvre la proposition faite le 21 septembre 2012 par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine.  Il a dit espérer que le Soudan et son pays reprendraient bientôt leur coopération en vue de la pleine mise en œuvre de ladite proposition. 

M. Deng Gai a aussi affirmé que son gouvernement collabore avec la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et facilite le déploiement de la Force régionale de protection.  Il a par ailleurs assuré que son gouvernement travaillait à assurer l’accès humanitaire à ceux qui en ont besoin.  Il a souhaité que les efforts humanitaires soient accompagnés de mesures visant le développement, selon une approche équilibrée et nouvelle.  Il a souligné que les efforts en faveur du retour à la paix au Soudan du Sud ne seraient couronnés de succès que si les acteurs politiques continuaient de respecter le cessez-le-feu que le Président a déclaré en début d’année. 

Élargissant le débat, M. Deng Gai a estimé que les progrès au Soudan du Sud ne seraient possibles que si les Nations Unies connaissaient elles-mêmes des progrès en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, dont « la composition et les fonctions ne reflètent pas les réalités du XXIe siècle ».  Il a conclu en affirmant que les progrès du Soudan du Sud devaient être le fait des Sud-Soudanais eux-mêmes, et que les solutions devaient être locales si l’on voulait que les résultats obtenus soient durables.

M. YOSIWO GEORGE, Vice-Président des États fédérés de Micronésie, a déclaré que le monde ne pouvait plus ignorer le lien entre les changements climatiques et les « mégatempêtes » qui ont dévasté plusieurs pays au cours des derniers jours, causant le déplacement de milliers de personnes.  Ces phénomènes, a-t-il noté, ont également une incidence sur le réchauffement des océans et la hausse du niveau des mers.

Les changements climatiques représentent l’une des menaces les plus sérieuses à la paix et à la sécurité internationales, mettant en péril « l’existence même de nos îles », a poursuivi le Vice-Président.  Alors que la réforme des Nations Unies se poursuit, l’Assemblée générale doit faire de cette question une priorité, a-t-il plaidé, renouvelant son appel en faveur de la nomination d’un envoyé spécial pour les changements climatiques et la sécurité. 

Pour M. George, la lutte contre les changements climatiques est une condition essentielle à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, y compris l’éradication de la pauvreté et la mise sur pied d’infrastructures résilientes.  Le monde doit « saisir l’occasion » offerte par la ratification de l’Accord de Paris sur les changements climatiques pour approfondir la coopération internationale sur cette question, a-t-il plaidé, ajoutant que la Micronésie était « vivement préoccupée » par l’attitude de certains pays qui ont choisi d’ignorer les preuves scientifiques pour se soustraire à cet accord. 

Le Vice-Président a ensuite invité tous les États à appuyer le Fonds vert pour le climat et l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal concernant la protection de la couche d’ozone, « un des traités multilatéraux les plus fructueux de tous les temps ».  En outre, il a donné son appui à « l’Appel à l’action » lancé à la Conférence sur les océans, tenue en juin de cette année, afin de lutter contre les menaces auxquelles font face les océans.  Selon lui, la situation particulière des petits États insulaires en développement (PEID) doit être enchâssée dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer dans le cadre d’un accord juridiquement contraignant, a encore souhaité M. George.

Pour les États insulaires, la pêche représente un pilier économique et une ressource naturelle renouvelable, a souligné M. George, pour qui une gestion efficace des stocks est un élément nécessaire du développement durable mais aussi un outil important pour combattre la malnutrition.  Il a appelé à cet égard les pays développés à respecter le droit des États insulaires de gérer les pêches dans leurs zones économiques exclusives.

Par ailleurs, le Vice-Président a salué la réforme des Nations Unies entreprise par le Secrétaire général, appelant une fois de plus à de « vraies négociations » concernant la composition du Conseil de sécurité.  Enfin, il a fermement condamné les actions « provocatrices et agressives » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), estimant qu’elles représentent une menace sérieuse à la sécurité régionale.

M. SHER BAHADUR DEUBA, Premier Ministre du Népal, a estimé que la dimension pacifique de la transition démocratique népalaise, après une décennie de conflit armé, illustrait le bien-fondé du dialogue et de la négociation par rapport « aux dangers des méthodes violentes ».  En témoigne, à ses yeux, le fait que le processus de paix national entamé en 2006 se soit soldé par l’instauration de la démocratie et la promulgation d’une constitution par une assemblée constituante élue en 2015.  « Ce processus unique était d’origine nationale et a été mené depuis l’intérieur du pays », a souligné le Premier Ministre, estimant que la transition népalaise devrait servir de modèle pour d’autres pays dans une situation similaire.

Concernant le fonctionnement des institutions, M. Deuba a affirmé que la représentation de tous les segments de la société népalaise était au cœur du système démocratique du pays.  De ce point de vue, il a rappelé que la Constitution népalaise garantissait 40% de représentation politique aux femmes au niveau local et un tiers au niveau des parlements de province et du parlement fédéral.  Suite aux premières élections locales organisées avec succès dans le pays en 20 ans, le Premier Ministre s’est félicité de l’annonce officielle du calendrier des futures élections législatives aux niveaux fédéral et provincial, qui auront lieu dans deux mois.

En dépit de ces succès, M. Deuba a rappelé que le traumatisme subit par son pays suite au tremblement de terre de 2015 ne s’était pas encore résorbé.  « La reconstruction après le désastre est toujours en cours », a-t-il déclaré, avant de remercier les pays voisins du Népal et « la famille des Nations Unies » pour leur soutien « généreux » envers les efforts de reconstruction.

« Les pays pauvres et vulnérables souffrent de manière disproportionnée des changements climatiques en dépit de la part négligeable qui leur est imputable en matière d’émissions de gaz à effet de serre », a ensuite déploré le Premier Ministre.  Partant de ce constat, il a estimé que la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 devait tenir compte du principe de « responsabilité différenciée » et de « capacité distincte » entre les pays.

M. PETER PAIRE O’NEILL, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré que notre monde continuait d’être confronté à de multiples défis sans précédent et de plus en plus complexes.  Il a expliqué que les défis auxquels nous faisons face avaient peu de chance d’être dépassés par des entreprises individuelles de pays.  C’est pourquoi « nous devons travailler ensemble pour bâtir un monde meilleur, plus stable et plus équitable pour tous », a-t-il ajouté.

M. O’Neill est ensuite revenu sur l’actualité politique récente de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la tenue de la dixième élection nationale du pays.  Il a présenté un certain nombre de réformes importantes que le pays a entreprises, telles que l’éducation gratuite pour tous, la sécurité sociale universelle ou encore le plus grand programme d’infrastructures de l’histoire du pays.

Condamnant « le plus fermement possible » les récents essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, qui sont « des menaces directes » à l’encontre de millions de personnes innocentes aux États-Unis, au Japon et en République de Corée, le Premier Ministre s’est déclaré « particulièrement inquiet » de la tenue de ces activités dans la région du Pacifique.

« Les changements climatiques sont réels et ils détruisent vies et communautés », s’est ensuite exclamé M. O’Neill.  Il a précisé que les récents ouragans qui ont touché les Caraïbes et les États-Unis étaient des exemples des phénomènes climatiques extrêmes que nous affrontons tous.  Il a insisté sur le fait que la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les autres îles du Pacifique restaient extrêmement vulnérables face à l’impact des changements climatiques, notamment les tempêtes tropicales, les sécheresses sévères et la montée du niveau de la mer.

« Les graines des changements climatiques que nous voyons aujourd’hui ont été plantées par les pays développés durant les siècles précédents », a encore déploré le Premier Ministre.  Pendant que leur développement s’est accru, les pays en développement continuent aujourd’hui de souffrir de ces actes, a-t-il ajouté.

Déplorant que les chances de développement des plus petits pays aient été limitées par le « désordre » créé par de puissantes nations, M. O’Neill a indiqué qu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée et partout dans le monde, des peuples mourraient de cette situation.  « Le monde a besoin de plus d’actions, de prendre de plus importants engagements afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’aider les communautés à répondre de manière plus efficace aux défis présentés par les changements climatiques », a-t-il plaidé.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée est une nation insulaire et les ressources des océans et des mers sont donc liées à son bien-être et au développement économique de son peuple, a rappelé M. O’Neill, qui s’est dit inquiet de la santé déclinante des océans et des mers, insistant sur le fait qu’il ne s’agissait pas là d’un problème local mais d’un problème global qui réclame des actions à l’échelle mondiale.

M. O’Neill a conclu en revenant sur les actions entreprises à l’échelle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, telles que la Politique intégrée nationale des océans, et en exprimant sa satisfaction quant aux résultats « historiques » de la première Conférence sur les océans tenue au début juin.

M. WALID AL-MOUALEM, Vice-Premier Ministre de la République arabe syrienne, a dépeint un monde où s’affrontent deux genres de forces.  D’un côté, il a décrit des forces qui veulent contrôler et dominer des nations et leurs richesses, rétablir un ordre mondial unipolaire en attisant le chaos et la guerre et qui violent le droit international et le droit international humanitaire.  De l’autre côté se trouvent des forces œuvrant sans relâche pour créer un monde plus équilibré, plus sûr et plus juste, dans le respect de la souveraineté des États et des droits des peuples à exercer leur autodétermination et bâtir leur avenir, a-t-il assuré. 

M. Al-Moualem a ensuite dénoncé des pays qui pensent pouvoir utiliser le terrorisme comme outil pour satisfaire leur cupidité et leur ordre du jour, qui ne servent les intérêts d’aucun peuple, encore moins les leurs.  Aucun peuple, a-t-il déclaré, n’a autant souffert du terrorisme que le peuple syrien qui, depuis six ans, lutte contre les terroristes qui viennent du monde entier avec le soutien de parties de la région et d’ailleurs.  Il a expliqué que le terrorisme et l’idéologie takfiriste qui le sous-tend allaient continuer de s’étendre comme une tumeur à travers le monde et hanter nos peuples si tous ne montrent pas leur intérêt à coopérer pour y faire face ensemble. 

Depuis le début de la crise, le Gouvernement syrien n’a eu de cesse d’essayer de faire cesser le massacre en promouvant la réconciliation entre groupes locaux, comme en témoignent les nombreux décrets d’amnistie signés par le Président syrien, M. Bashar Al-Assad, a assuré M. Al-Moualem.  Ces réconciliations ont permis le retour de dizaines de milliers de déplacés et de réfugiés, a-t-il ajouté, affirmant qu’à travers les processus d’Astana et de Genève, le Gouvernement syrien avait fait montre de son sérieux et de son engagement et s’était évertué à faire triompher la paix. 

M. Al-Moualem s’est notamment félicité du fait que le processus d’Astana ait conduit à la création de zones de désescalade, et il a dit espérer que cet élan contribuerait à la cessation des hostilités, ce qui permettrait de séparer les groupes terroristes, tels que Daech et le Front el-Nosra, d’autres groupes qui, eux, se sont ralliés au processus d’Astana.  Le Vice-Premier Ministre a néanmoins accusé la Turquie –un des trois garants du processus- de soutenir des groupes armés en Syrie en croyant que le terrorisme allait l’aider à mettre en œuvre son projet subversif en Syrie et dans d’autres pays de la région.  Il a jugé la position turque contraire au « rôle positif et constructif » que jouent la Fédération de Russie et l’Iran et a précisé que les zones de désescalade étaient des arrangements temporaires qui ne devaient pas empiéter sur l’unité territoriale de la Syrie.

M. Al-Moualem a assuré que le Gouvernement syrien était également engagé dans le cadre du processus de Genève, tout en notant que ce dernier tardait à produire des fruits en l’absence d’une véritable opposition susceptible de s’affirmer comme partenaire de l’avenir du pays, et aussi du fait que des pays qui ont une influence sur l’autre partie en conflit continuent de bloquer tout progrès réel.  Il est dommage que ces pays soient des Membres de l’ONU, y compris des membres permanents du Conseil de sécurité, a-t-il regretté.  Le Vice-Premier Ministre a rappelé que toute solution en Syrie devait tenir compte du rejet du terrorisme, respecter l’unité territoriale du pays et de son peuple et rejeter toute interférence externe dans les décisions politiques relatives à l’avenir de la Syrie.  « Les Syriens seuls ont le droit de prendre de telles décisions, que ce soit maintenant ou dans l’avenir », a-t-il martelé. 

Le Vice-Premier Ministre a ensuite accusé Israël d’interférer dans la crise syrienne depuis son déclenchement.  Ce pays qui apporte son soutien aux gangs terroristes takfiristes a également bombardé les positions de l’armée syrienne dans le but de servir des objectifs terroristes, a-t-il accusé.  Il a ajouté que la crise actuelle ne détournerait pas son pays de son objectif de recouvrer la souveraineté sur le Golan syrien occupé depuis le 4 juin 1967. 

M. Al-Moualem a également accusé les pays « soutenant la guerre en Syrie » de faire croire que le Gouvernement utilise des armes chimiques depuis le début de la crise, et ce, malgré les rapports contraires de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui avait assuré que la Syrie avait complètement démantelé son programme chimique.  Sous le prétexte de lutter contre le terrorisme en Syrie, certains pays ont formé une coalition et organisé des conférences aux dénominations trompeuses telles que « Les amis du peuple syrien », a-t-il accusé.  Pour lui, la coalition créée il y a trois ans par les États-Unis pour lutter contre le terrorisme a tué plus d’innocents syriens, notamment des enfants et des femmes, que de terroristes.  De plus, elle a détruit des infrastructures cruciales que les Syriens ont mis des années à bâtir. 

« Nous ne comprenons pas le silence de la communauté internationale face à ces crimes, malgré les appels du Gouvernement syrien envers le Conseil de sécurité afin qu’il assume ses responsabilités », a encore affirmé le Vice-Premier Ministre syrien, qui a invité le Conseil de sécurité à mettre en œuvre ses propres résolutions dans la lutte contre le terrorisme, notamment la 2253 (2015), afin d’empêcher la coalition de commettre davantage de crimes contre les Syriens. 

M. Al-Moualem a répété qu’il ne serait pas possible de combattre le terrorisme sans coordination avec le Gouvernement syrien, ajoutant que « toute présence de troupes étrangères sur son sol sans son consentement s’apparentait à une forme d’occupation, une agression de fait et une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies ».  Il a aussi décrié le « blocus économique suffocant » imposé à son pays, qu’il a jugé en flagrante violation du droit international et mené dans le but de détruire les moyens de subsistance des Syriens et augmenter leurs souffrances. 

Affirmant que la coalition internationale n’avait pas fait de progrès contre Daech, M. Al-Moualem a opposé les progrès réalisés par l’armée syrienne avec ses alliés et amis, affirmant que le pays avançait vers l’expulsion du terrorisme.  Il a cité les libérations d’Alep et de Palmyre, la levée du siège de Deïr el-Zor et l’élimination du terrorisme de nombreuses régions de la Syrie, y voyant la démonstration que la victoire est désormais possible.  Le Vice-Premier Ministre a prédit que l’histoire retiendrait durant des générations les réalisations du peuple syrien, qui aura fait face avec fermeté à une campagne terroriste barbare.

M. Al-Moualem a par ailleurs estimé que le problème des réfugiés était l’une des conséquences du terrorisme.  Le Gouvernement a fait du retour des déplacés chez eux une priorité, et il a, de ce fait, engagé la libération et la sécurisation des zones occupées par les terroristes, tout en œuvrant à l’amélioration des conditions de vie des Syriens, a-t-il ajouté. 

Estimant enfin que l’ONU avait failli à faire respecter sa propre Charte et les principes du droit international, M. Al-Moualem a souhaité la réforme de l’Organisation, afin qu’elle soit en mesure de jouer son rôle, qui est la défense des droits légitimes contre la loi de la jungle que certains essayent de faire appliquer. 

M. ROOSEVELT SKERRIT, Premier Ministre et Ministre des finances et du service public de la Dominique, a déclaré que son pays était en première ligne de la guerre contre les changements climatiques.  « C’est avec beaucoup de difficultés que j’ai laissé derrière moi mon peuple ensanglanté pour être avec vous aujourd’hui », a-t-il ajouté, faisant référence aux ravages causés en Dominique par l’ouragan Maria.

M. Skerrit a mentionné que l’augmentation de la température de l’air et de l’eau avait altéré de façon permanente le climat entre les tropiques du Cancer et du Capricorne.  « La chaleur est le moteur qui transforme des tempêtes ordinaires –des tempêtes que nous saurions maîtriser dans notre sommeil– en forces dévastatrices », a-t-il expliqué.  Et de déplorer: « par le passé, nous nous serions préparés à une grosse tempête par an, mais de nos jours des milliers de tempêtes naissent sous la forme d’une brise au milieu de l’Atlantique pour ensuite venir faire la queue pour nous frapper avec force et fureur ».

Avant ce siècle, aucune autre génération n’avait vu plus d’un ouragan de catégorie 5 dans sa vie, a encore rappelé M. Skerrit, alors que « durant ce siècle, cela nous est déjà arrivé deux fois en l’espace de deux semaines ».  Et pourtant, a-t-il ajouté, nous sommes encore en plein milieu de la saison des ouragans.

« Nier les changements climatiques, c’est procrastiner alors que la planète coule, c’est nier la réalité que nous venons tout juste de vivre », s’est emporté le Chef de gouvernement.  « Nous, en tant que nation et région, n’avons pas démarré cette guerre contre la nature, nous ne l’avons pas provoquée, la guerre est venue à nous!  Il n’y a plus de temps pour les paroles, il reste peu de temps pour l’action », a-t-il ajouté.

M. Skerrit a expliqué que la Dominique était venue ici aujourd’hui pour déclarer une urgence humanitaire internationale.  Il est temps que la communauté internationale prenne position et décide si elle veut se tenir côte à côte avec ceux qui souffrent des ravages des changements climatiques dans le monde ou si elle veut se contenter de montrer un peu de pitié avant de tourner le dos, soulagée que, cette fois-ci, ce n’est pas elle qui est frappée, s’est-il exclamé.

« Un an après la COP 21 à Paris, le besoin d’action est encore plus grand si nous voulons réduire l’impact des changements climatiques », a poursuivi le Premier Ministre.  S’il a salué la mise en place du Fond vert pour le climat, il a aussi demandé que beaucoup plus soit fait pour aider les pays qui souffrent de l’impact des changements climatiques.  Revenant sur le Mécanisme d’assurance contre le risque lié aux catastrophes aux Caraïbes, il a expliqué que, bien qu’utile, ce mécanisme ne possédait pas de suffisamment de fonds pour reconstruire les infrastructures du pays.  Il a donc appelé à sa recapitalisation.

« Nous avons besoin de reconstruire nos maisons et nos villages; nous avons besoin de reconstruire nos communautés, nos écoles, nos routes, nos ponts; nous avons besoin de reconstruire un pays, mais nous ne pouvons le faire seuls; nous avons besoin de vous, nous avons besoin de votre humanité », a conclu le Premier Ministre de la Dominique.

Mme SUSHMA SWARAJ, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a estimé que l’Assemblée générale et le monde avaient connu de grands changements depuis son discours de l’an passé et a apporté son soutien à la volonté du Secrétaire général de réformer l’Organisation.  Rappelant qu’elle avait participé à la réunion du 18 septembre sur la réforme des Nations Unies, elle a dit y avoir vu « un évident désir de changement » avant de rappeler à cet égard qu’en 2005, le Sommet mondial avait reconnu la nécessité d’une réforme rapide du Conseil de sécurité.

Après avoir cité une longue liste de défis planétaires, la Ministre a rappelé que deux ans s’étaient déjà écoulés depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et a estimé que, si les 13 prochaines années étaient marquées du sceau de la complaisance, le monde risquait de devenir hors de contrôle.  Mme Swaraj a rappelé que l’éradication complète de la pauvreté était la principale priorité de son gouvernement.  À cette fin, on peut agir de deux manières, a-t-elle expliqué.  La méthode traditionnelle consiste à augmenter le niveau de l’aide extérieure.  La seconde, celle choisie par le Premier Ministre Marendra Modi, est « plus radicale » et consiste à autonomiser économiquement les pauvres.

Mme Swaraj a ainsi décrit plusieurs des mesures prises à cette fin, citant les programmes Jan Dhan, qui a permis en trois ans à quelque 300 millions de pauvres –« l’équivalent de la population des États-Unis »- d’obtenir un compte en banque; Mudra Yojana pour l’accès des plus démunis au microcrédit leur permettant de créer des microentreprises, ou encore Ujjwala; qui a permis de distribuer des bonbonnes de gaz aux femmes, qui n’ont ainsi plus à craindre les risques des cuisinières à bois.  La Ministre a également mentionné la lutte contre la corruption par la « démonétisation », les programmes de réduction des inégalités entre les sexes et un programme « Inde propre » destiné à changer les attitudes sociales.

Mais si des nations aux capacités émergentes sont en mesure de créer de tels changements, le monde développé doit aider les pays les plus vulnérables et les plus pauvres à réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030.  C’est pourquoi, a expliqué la Ministre, l’Inde vient de lancer cette année le Fonds pour le partenariat Inde-Nations Unies.

Mme Swaraj s’est ensuite lancée dans une longue attaque contre le Pakistan, reprochant à son Premier Ministre Shahid Khakan Abbasi d’avoir « gâché trop de temps » lors de son discours devant l’Assemblée générale jeudi, à lancer des accusations contre l’Inde.  Lorsque le Pakistan accuse l’Inde de terrorisme d’État, « ceux qui écoutent dans la salle font une seule observation: « regardez qui parle », a lancé Mme Swaraj, qui a accusé le Pakistan, « un pays qui a été le plus grand exportateur mondial de chaos, de mort et d’inhumanité », de se comporter en « champion de l’hypocrisie en prêchant l’humanité depuis ce podium ». 

Reprochant au Pakistan d’ignorer les ouvertures de paix de son pays, et notamment le Gouvernement actuel d’avoir fait avorter les perspectives du « dialogue bilatéral général » convenu en décembre 2015 avec le précédent Premier Ministre pakistanais Mian Nawaz Sharif, Mme Swaraj a demandé comment il se faisait qu’alors que l’Inde et le Pakistan avaient accédé à l’indépendance à quelques heures d’écart, l’Inde étant aujourd’hui « une superpuissance informatique reconnue dans le monde et le Pakistan seulement connu comme une fabrique de terrorisme ».  Malgré le terrorisme dont elle a été victime de la part du Pakistan, l’Inde a grandi et « nous produisons des savants, des ingénieurs, des médecins.  Qu’avez-vous jamais produit?  Des terroristes », a lancé la Ministre à l’attention du Pakistan.  

Toujours à propos du terrorisme, Mme Swaraj a déploré que la communauté internationale ne soit pas en mesure de s’unir ni même de définir le terrorisme.  Dénonçant des « nuances dépourvues de sens et autodestructrices », elle a demandé que le terrorisme soit reconnu enfin comme « une menace existentielle pour l’humanité » et qu’un accord soit obtenu sur le projet de convention générale de lutte contre le terrorisme demandé depuis 1996 par son pays.

Enfin, la Ministre a rappelé l’engagement profond de son pays en faveur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a rappelé que l’Inde avait lancé l’Alliance solaire.  Quand nous parlons d’être en paix, ce n’est pas seulement entre êtres humains mais aussi avec la nature, a poursuivi la Ministre, pour qui les récents ouragans dévastateurs et le séisme du Mexique sont des « avertissements » de la nature.  Appelant à des « actions plus sérieuses que des paroles », Mme Swaraj a demandé aux pays développés de partager les compétences par le transfert de technologies vertes et le financement du Fonds vert pour le climat.

M. MAHAMOUD ALI YOUSSOUF, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Djibouti, s’est félicité des développements politiques récents en Somalie, y compris la dynamique positive créée par l’élection du Président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed Farmajo, en février dernier, et par la formation d’un nouveau gouvernement, avec à sa tête le Premier Ministre Hassan Ali Khayre.  Il a toutefois souligné la nécessité pour la communauté internationale de fournir un « soutien accru » à la Somalie, en mobilisant davantage de ressources pour la mise en œuvre de son programme de développement. 

Dans ce cadre, le Ministre s’est dit préoccupé par le projet de réduction du financement de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), en dépit du consensus actuel sur les succès enregistrés par cette opération africaine de maintien de la paix.  « Il faut veiller à ce que les gains obtenus sur le plan de l’amélioration de la situation sécuritaire soient préservés », a-t-il appelé, soulignant que l’AMISOM était parvenue à faire subir aux terroristes Chabab une « défaite sanglante ».

Entre autres préoccupations régionales, le Ministre a également évoqué la situation au Soudan du Sud et la « lenteur » de la mise en œuvre de l’accord d’août 2015 sur le règlement de la crise.  Tout en appelant les parties à se résoudre à l’idée qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit, le Ministre a exprimé son soutien envers la décision du trente et unième Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) consacré à la situation au Soudan du Sud, du 12 juin 2017, qui a préconisé l’organisation d’un forum de revitalisation de haut niveau pour relancer le processus de paix.

S’agissant du Yémen, autre État proche de Djibouti, le Ministre s’est déclaré « extrêmement préoccupé » par l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays, ainsi que par la famine et l’épidémie de choléra dont souffre sa population.  « Nous appelons toutes les parties à un retour à la table des négociations », a-t-il déclaré.

Enfin, le Ministre s’est dit affligé par le sort de la minorité musulmane rohingya, au Myanmar, et par la « brutalité militaire » dont elle est la cible.  Il a appelé les autorités du Myanmar à mettre en œuvre « pleinement et sans plus tarder » les recommandations de l’ONU sur cette question.

M. ADEL AHMED AL-JUBEIR, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a rappelé que son pays célébrait aujourd’hui sa fête nationale.  Pour le Ministre, rien ne justifie la persistance du conflit israélo-palestinien alors que des solutions sont proposées par la communauté internationale, notamment l’Initiative arabe de paix, qui préconise le retrait d’Israël des territoires occupés en 1967 et l’indépendance de la Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il a invité la communauté internationale à traduire cette proposition en réalité.

M. Al-Jubeir a dénoncé le « coup d’État » des Houthistes au Yémen, expliquant que l’action militaire de la coalition menée par son pays visait à rétablir l’ordre constitutionnel et les autorités légitimes.  Il a aussi réaffirmé le soutien total de l’Arabie saoudite au processus politique que mène l’ONU au Yémen.  Compatissant à la souffrance du peuple yéménite, le Gouvernement saoudien a débloqué pas moins de 8 milliards de dollars pour l’assistance humanitaire dans le pays au cours des dernières années, a fait valoir le Ministre.  Il a également assuré que son pays avait ouvert ses portes aux réfugiés syriens depuis le début de la crise dans ce pays.   

M. Al-Jubeir a en outre condamné la politique de répression et de déplacement forcé que le Gouvernement du Myanmar mène contre la minorité musulmane des Rohingya et a appelé à une action urgente pour mettre un terme à cette tragédie. 

Le Ministre a assuré que l’Arabie saoudite était engagée contre le terrorisme sous toutes ses formes.  Il a appelé à faire tarir les sources de financement du terrorisme.  C’est cette ambition qui explique l’action d’isolement entreprise contre le Qatar, a-t-il justifié, accusant ce pays de financer le terrorisme et de permettre ainsi la dissémination des discours de haine.  De même, il a accusé l’Iran de jouer un rôle dans les tensions au Moyen-Orient. 

M. DARREN ALLEN HENFIELD, Ministre des affaires étrangères des Bahamas, s’est félicité des traditions démocratiques que son pays a su construire au fil des années, notamment avec l’élection d’un nouveau gouvernement en mai de cette année.  Il s’est toutefois inquiété des « temps difficiles » que nous vivons, marqués par la montée du terrorisme, de la traite des personnes et la dégradation de l’environnement. 

Le Ministre a souligné que la lutte contre les changements climatiques revêt une importance particulière pour les Bahamas, notamment après le récent passage d’ouragans dévastateurs qui ont frappé le pays pour la troisième fois en trois ans, causant de sérieux dommages.  Il a en outre appelé les États-Unis à lever les « barrières législatives » contre Cuba, « la plus grande île des Caraïbes », à nouveau touchée par des ouragans. 

Après avoir noté que les Bahamas avaient dû, pour la première fois de leur histoire, évacuer des communautés entières à l’approche d’un ouragan –Irma- M. Henfield, s’est demandé si le jour ne viendrait pas où il faudrait évacuer l’ensemble de la population de la Caraïbe.  Des efforts urgents et coordonnés de lutte contre les changements climatiques sont nécessaires afin de prévenir de nouvelles migrations, a-t-il relevé, appelant la communauté internationale à unir ses forces. 

Pleinement engagées dans la conservation des océans, les Bahamas ont présenté à nouveau leur candidature au Conseil de l’Organisation maritime internationale, a rappelé le Ministre. 

M. Henfield s’est par ailleurs élevé contre l’utilisation du produit intérieur brut (PIB) comme instrument de mesure du développement économique, qui a pour effet d’empêcher les pays qui en ont le plus besoin de recevoir une aide à des taux préférentiels.  Il a en outre regretté le départ massif de la région de nombre d’institutions financières internationales, inquiètes de faire l’objet d’amendes pour blanchiment d’argent ou financement du terrorisme.  Les Bahamas ont investi à grand coût dans les régimes de conformité, a-t-il souligné, invitant la communauté internationale à trouver d’autres moyens de remédier à ces problèmes.  Le pays compte d’ailleurs participer pleinement au processus d’examen national volontaire du Conseil économique et social (ECOSOC), en 2018.  Les Bahamas sont également résolues à combattre la corruption et à mettre en place une administration publique efficace. 

Notant enfin la fin prochaine du mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et le début de celui la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), le Ministre a exprimé l’appui de son pays à la poursuite du développement d’Haïti. 

M. ALAN PETER S. CAYETANO, Secrétaire des affaires étrangères des Philippines, a déclaré qu’en « tant que dirigeant responsable », le Président des Philippines avait lancé une campagne vigoureuse contre le trafic illicite de drogues pour sauver des vies, protéger des communautés et empêcher que le pays ne devienne un narco-État.  Grâce à la détermination des autorités, a-t-il poursuivi, 1,3 million de consommateurs de drogues « se sont rendus » à travers le pays.  « Mais la négligence des gouvernements précédents sur ce problème a fait que le Gouvernement actuel n’a pas été en mesure de tous les réhabiliter », a déploré M. Cayetano.

Si la dépendance à la drogue rend nécessaire une réhabilitation, le trafic de drogues appelle « des mesures sévères, mais respectueuses de l’état de droit », a poursuivi M. Cayetano.  Certes, a-t-il convenu, la campagne antidrogue a généré des abus aux Philippines.  Mais le trafic de drogues a pénétré toutes les couches de la société, y compris les forces de l’ordre, s’est-il justifié, avant de déplorer qu’on « nous dise que le meilleur moyen de mettre fin aux abus de la campagne antidrogue est de mettre fin à la campagne et nous accommoder de l’existence des drogues ».  « Nous ne pouvons pas vivre avec les drogues car les drogues ne nous laisseront pas vivre », a affirmé M. Cayetano. 

Cette lutte est d’autant plus importante, a justifié M. Cayetano, que le trafic de drogues alimente le terrorisme islamiste, notamment à Marawi, où les « extrémistes, criminels, mercenaires et combattants étrangers » ont tenté, « en vain », de jeter les bases d’un califat en Asie du Sud-Est.  « Les forces armées des Philippines garderont le contrôle intégral de Marawi face aux terroristes inspirés par l’État islamique », a-t-il assuré.

Par ailleurs, M. Cayetano a déclaré que son pays, qui est cette année à la tête de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), allait s’atteler à faire avancer les négociations sur l’établissement d’un « code de bonne conduite » entre la limite orientale de la mer des Philippines et la mer de Chine méridionale. 

Tout en se félicitant de la coopération et de l’intégration économique en Asie du Sud-Est, à l’origine selon lui de 50 années de stabilité dans la région, M. Cayetano s’est dit préoccupé par la montée des tensions dans la péninsule coréenne.  « Les Philippines se joignent à l’appel demandant à la République populaire démocratique de Corée de mettre un terme à ses provocations, qui nous rapprochent d’un scenario inimaginable: une guerre pour mettre fin à toutes les guerres, parce qu’il ne restera plus personne pour combattre », a-t-il conclu.

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a regretté qu’en Asie du Nord-Est, les « agissements impétueux » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) soient « la source d’une montée des tensions dans la péninsule coréenne ».  Condamnant les tirs de missiles balistiques et essais nucléaires auxquels a récemment procédé la RPDC, le Ministre a appelé cette dernière à s’abstenir de « plus amples provocations » et à mettre pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.

C’est « une catastrophe humanitaire » qui s’est produite dans l’État de Rakhine, au Myanmar, « suite à une attaque terroriste survenue le 25 août et aux actes de violence qui en ont découlé », a déclaré M. Balakrishnan.  Qualifiant ces événements de « question intercommunautaire complexe », le Ministre a fait part de l’intention de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) d’aider le Myanmar à trouver une solution de long terme pour restaurer la stabilité dans le pays et porter secours aux communautés affectées.

Notant qu’aucun pays ne peut se développer seul, le Ministre a plaidé pour la mise en place d’un « système multilatéral fort », notamment pour les petits États, qui en dépendent pour survivre et prospérer.  Il a donné pour exemple l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, une « constitution » qui régit l’utilisation des océans depuis 1982. 

Le Forum des petits États, fondé en 1992 à Singapour, représente un autre maillon important du système multilatéral basé sur les règles, tout comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui a, selon M. Balakrishna, favorisé l’intégration régionale, la croissance et la « résilience nationale ».  « Nous devons demeurer fermes devant la montée du protectionnisme », a-t-il insisté, saluant le rôle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en tant qu’outil « indispensable » pour résoudre les différends commerciaux.  Quant au G20, s’il offre une plateforme importante pour discuter des questions macroéconomiques, il se doit de travailler en étroite collaboration avec les Nations Unies et les pays non membres, afin de soutenir le système des échanges multilatéral, a estimé le Ministre. 

La croissance économique est nécessaire à la construction de sociétés résilientes, a poursuivi M. Balakrishna, notant que le Programme 2030 représente essentiellement un plan de croissance économique inclusive à long terme.  À cet effet, Singapour a investi massivement dans l’éducation, les nouvelles technologies et l’innovation, afin d’assurer un partage des retombées économiques et de réduire les inégalités. 

M. KHALID BIN AHMED BIN MOHAMED AL KHALIFA, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn, a présenté des initiatives récentes de renforcement des capacités des jeunes et des femmes mises en place par son pays comme des preuves de sa bonne marche vers les objectifs de développement durable.  Il a également souligné les progrès de son pays en matière de lutte contre le travail forcé et la ratification par Manama de l’Accord de Paris en décembre 2016. 

Concernant le Moyen-Orient, le Ministre a déclaré que « le terrorisme n’est désormais plus confiné aux organisations terroristes que nous pouvons affronter et éliminer, il est devenu un instrument aux mains d’États déterminés à créer des crises dans d’autres pays », qui deviennent ainsi « partenaires d’actes terroristes et un facteur de déstabilisation de la paix et de la sécurité internationale ».  Il a également salué le sommet entre le Conseil de coopération du Golfe et les États-Unis, tenu en mai 2017 en Arabie saoudite, et l’accord de principe qui en a résulté et qui vise à établir un centre chargé de combattre le financement du terrorisme. 

M. Al Khalifa a justifié la coalition entre son pays, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte contre le Qatar après « une longue période de patience pendant laquelle nous avons épuisé tous les moyens existants pour stopper les politiques » de ce pays, politiques qu’il a décrites comme, entre autres, « fournissant un soutien financier et un asile à des terroristes » et « disséminant un discours de haine et d’extrémisme par le biais de ses médias ». 

Accusant le Qatar d’avoir notamment soutenu des actes terroristes dont le Bahreïn a souffert, M. Al Khalifa a déclaré qu’il était « de notre responsabilité collective de protéger nos États et nations contre ceux qui nous veulent du mal et les affronter fermement ».  Si le Qatar veut sérieusement retrouver sa place parmi nous, il lui faudra répondre à nos demandes comprises dans la déclaration de la coalition rédigée au Caire le 5 juillet 2017, a-t-il ajouté. 

Le Ministre a ensuite dénoncé la République islamique d’Iran qu’il a accusée de « nourrir la violence et saper la sécurité de la région » avant de saluer le discours du Président des États-Unis Donald Trump devant l’Assemblée générale, dans lequel il a vu « une interprétation exacte qui a clairement dénoncé les dangers de la nature du régime iranien voyou ». 

M. Al Khalifa a également commenté la situation en Iraq, au Yémen, en République arabe syrienne, en Libye, au Sahara occidental, ainsi que les sort des Rohingya au Myanmar.  Il a spécifié que la question de Palestine était une des priorités de son pays.  Affirmant que ce dernier s’était toujours tenu aux côtés du peuple palestinien et appuyait leur volonté d’un État indépendant dans les frontières de 1967 et ayant Jérusalem-Est pour capitale. 

M. SALEUMXAY KOMMASITH, Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a d’abord présenté ses condoléances aux pays des Caraïbes et d’Amérique latine frappés par des catastrophes naturelles.  Se disant convaincu que la paix et la sécurité sont une aspiration commune de la communauté internationale, il a appelé à davantage de coopération entre les États et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le Ministre a également souhaité un monde débarrassé des armes nucléaires et de destruction massive et s’est félicité que son pays ait, il y a deux jours, signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a cependant souligné que la tâche était immense et a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le Traité.  M. Kommasith a également demandé que toutes les parties impliquées aujourd’hui dans des conflits fassent preuve de retenue et cherchent à les résoudre de manière diplomatique, tout en veillant à la désescalade des tensions.  La paix et la sécurité, a-t-il insisté à plusieurs reprises, sont des conditions indispensables pour que le monde continue à avancer sur le plan socioéconomique. 

M. Kommasith s’est ensuite longuement étendu sur les réussites de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui célèbre son cinquième anniversaire.  Cette organisation, a-t-il insisté, est centrale dans le maintien de la paix et de la stabilité dans la région, car elle favorise la compréhension et l’entente entre les pays.  Il a souligné combien son rôle essentiel était aujourd’hui reconnu par les autres pays et a rappelé la naissance, en 2015, de la Communauté économique de l’ASEAN. 

La République démocratique populaire lao veut créer des conditions favorables au développement durable à travers la mise en œuvre des 17 objectifs du Millénaire pour le développement, a poursuivi le Ministre.  Ces derniers ont été intégrés dans le programme socioéconomique de son pays pour la période 2016-2020.  M. Kommasith a ensuite parlé d’un « Objectif 18 », visant à répondre au défi que représente pour le développement la pollution par les restes explosifs de guerre.  Cet objectif purement national, qui contribuera à améliorer la vie des populations rurales, fait l’objet d’une attention spéciale et sa mise en œuvre a été lancée l’année dernière en marge d’un sommet de l’ASEAN par le Premier Ministre du Laos et l’ex-Secrétaire général Ban Ki-moon, a expliqué M. Kommasith

À travers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, la République démocratique populaire lao ambitionne de devenir un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2030, a poursuivi le Ministre.  Elle s’attèle aussi aux défis inhérents à sa situation de pays enclavé, en renforçant ses relations avec le Viet Nam, la Chine, la Thaïlande et l’ensemble de la région.  M. Kommasith a indiqué que son pays construisait actuellement une autoroute qui va le relier au sud de la Chine et a mis en évidence l’importance des couloirs économiques Nord-Sud et Sud-Est.  Misant sur une croissance verte et durable, le pays participe aussi au programme de l’ASEAN à l’horizon 2025 et est membre de l’initiative chinoise de « la route de la soie ».

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, a estimé que la communauté internationale faisait face à des « défis sans précédent », et qu’il était temps, pour les résoudre, de passer de la parole aux actes.  L’Irlande, du fait de sa taille et de son histoire tumultueuse, a toujours soutenu la mission des Nations Unies d’assurer la paix, la sécurité et la prospérité dans le monde, a-t-il ajouté.  Comme l’a démontré la formation de l’Union européenne, « nous sommes plus forts lorsque nous agissons collectivement que seuls », a poursuivi le Ministre, pour qui « l’unilatéralisme, la diplomatie transactionnelle, le protectionnisme et la confrontation ne sont pas viables ». 

Alors que les questions locales et régionales telles que les changements climatiques, la migration et les conflits armés se transforment en enjeux mondiaux, la mobilisation internationale est essentielle, a poursuivi M. Coveney, citant en exemples l’Accord de Paris sur les changements climatiques et l’éradication, grâce aux efforts de l’ONU, de la variole et de l’apartheid.  En outre, l’Irlande est déterminée à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui permet de s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté, des inégalités et de l’instabilité. 

Toutefois, a expliqué le Ministre, l’ONU doit briser les barrières institutionnelles entre les trois piliers qui sous-tendent son action: le développement, les droits de l’homme et la paix et la sécurité.  Il a salué à cet égard la réforme entreprise par le Secrétaire général, soulignant l’importance de la modernisation des mécanismes onusiens et de l’établissement d’organes politiques qui « reflètent les réalités d’aujourd’hui ». 

Il existe peu d’exemples d’entités qui demeurent si imperméables aux changements qu’a connus le monde depuis 1945 que le Conseil de sécurité, a estimé à cet égard le Ministre, qui a dénoncé l’absence de représentation en son sein de régions entières, dont l’Afrique et les petits États insulaires en développement.  L’utilisation arbitraire du droit de veto a pour effet de paralyser le Conseil et de l’empêcher de prévenir les atrocités, comme en Syrie, a en outre déploré le Ministre. 

Rappelant la contribution de l’Irlande aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, M. Coveney a salué la volonté du Secrétaire général de mettre l’accent sur la prévention des conflits.  Il a suggéré que les économies réalisées à la fin de certaines missions soient utilisées pour financer de manière stable la prévention des conflits.  Il a par ailleurs salué la signature par 122 États Membres du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, condamnant au passage « sans réserve » les essais nucléaires menés par la République populaire démocratique de Corée.

Le Ministre s’est par ailleurs inquiété de la gravité des crises humanitaires à grand échelle en Syrie, au Soudan du Sud, au Yémen, au Myanmar et en Iraq, réaffirmant l’engagement de son pays à venir en aide aux réfugiés et aux communautés vulnérables.  Il a outre souligné l’impact positif du Programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans la prévention de conflits et la pérennisation de la paix, rappelant au passage que l’Irlande présidera la Commission du statut de la femme au cours des deux prochaines années. 

M. RI YONG HO, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a commencé son discours par une réponse à la déclaration faite par le Président des États-Unis lors du premier jour du débat général de l’Assemblée générale, estimant que ce dernier avait prononcé à l’encontre de son pays des paroles « imprudentes et violentes ».  Après avoir fait de la Maison Blanche un « lieu bruyant de marchandages » durant les huit premiers mois de sa présidence, M. Trump tente désormais de faire de l’ONU une « enceinte de gangsters », a affirmé le Ministre.  Qualifiant le Président américain de « personne dérangée et mégalomane », M. Ri a accusé M. Trump d’être « la plus grande menace actuelle à la paix et la sécurité internationales ». 

En employant dans son discours à propos du Président de son pays le terme de « rocket » (« missile »), M. Trump a tenté d’offenser la « dignité suprême » de son pays, a poursuivi le Ministre.  « Ce faisant, il a commis une erreur, rendant encore plus inévitable la visite de nos missiles sur l’intégralité du territoire continental américain », a-t-il menacé.  Aux yeux du Ministre, M. Trump s’est donc lancé dans une « mission suicide » qui pourrait coûter la vie à de nombreuses victimes américaines innocentes.  « Nous allons faire en sorte qu’il paye le prix de ses paroles au-delà même de ce qu’il peut imaginer », a mis en garde M. Ri.   

Le Ministre a par ailleurs dénoncé l’application de sanctions « sévères » contre la RPDC, qu’il a qualifiée de « victime tentant de défendre sa dignité nationale » contre les menaces nucléaires proférées par les États-Unis, premier pays, a-t-il rappelé, à avoir eu recours aux armes nucléaires.  C’est l’attitude belliqueuse des États-Unis qui est à l’origine de la volonté de son pays de se doter de l’arme nucléaire, a expliqué M. Ri, pour qui « il faut répondre à la force par la force ».

Néanmoins, c’est uniquement à des fins dissuasives que la RPDC possède des armes nucléaires, a poursuivi M. Ri, avant d’ajouter que, contrairement à d’autres puissances nucléaires, son pays avait toujours rendu public son programme nucléaire. 

Le Ministre a ajouté que son pays était sur le point de parachever son programme nucléaire.  Une fois fait, a-t-il affirmé, les États-Unis et leurs alliés y « réfléchiront à deux fois » avant de tenter d’intimider militairement son pays.  « Nous n’avons pas besoin que notre statut d’État nucléaire soit reconnu par qui que ce soit », a-t-il ajouté, déclarant que son pays était, de toute façon, une puissance nucléaire. 

Par ailleurs, le Ministre a insisté sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité.  À l’heure actuelle, a-t-il dit, le Conseil est un instrument destiné uniquement à « servir les intérêts de ses membres permanents ».  Selon M. Ri, l’absence de progrès sur la voie de cette réforme du Conseil démontre à quel point ces membres permanents sont « obsédés par la préservation de leurs prérogatives anachroniques ».  Par exemple, a-t-il dit, le droit de veto fait du Conseil une instance « antidémocratique ». 

Partant de ce constat, le Ministre a estimé que les résolutions adoptées par le Conseil à l’encontre de la RPDC étaient « injustes » et « illégales » du point de vue du droit international et du principe de la souveraineté des États.  « La conduite d’essais nucléaires relève en effet de la souveraineté nationale, étant donné que le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires n’est pas entré en vigueur », a-t-il affirmé.

Aux yeux de M. Ri, les « résolutions deux poids, deux mesures » du Conseil sont le fruit d’une « conspiration » orchestrée par les États-Unis, qui, eux, ne se privent de faire usage de la menace nucléaire.  Selon le Ministre, les accusations des États-Unis consistant à dépeindre la RPDC comme une « menace globale » n’ont pas plus de crédibilité que celles qu’ils avaient prononcées contre l’Iraq il y a quelques années pour justifier l’invasion du pays.  « Nous sommes un État nucléaire responsable », a affirmé M. Ri, avant de répéter que son pays prenait simplement des mesures défensives pour se prémunir d’une attaque américaine.  « Nous n’avons pas l’intention de menacer les pays qui ne s’associeront pas aux États-Unis », a-t-il ajouté.

« Jamais la RPDC ne renoncera », a encore affirmé le Ministre, et ce, malgré les sanctions imposées à son pays par des « forces hostiles ».  « Un jour viendra où nous pourrons nous relever de toutes les sanctions économiques barbares imposées à notre République », a-t-il ajouté, tout en déclarant que ces sanctions avaient atteint un « point critique » et que la situation en RPDC était devenue « incontrôlable ».  Le Ministre a enfin déclaré que son pays était en train de mettre sur pied une enquête nationale afin d’évaluer l’ampleur des dommages physiques et du préjudice moral subi par son pays. 

M. IBRAHIM ABDULKARIM AJ-JAFARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a salué la reprise de la ville de Mossoul jusqu’alors aux mains de Daech, parlant d’une victoire historique pour son pays et le monde entier.  La reprise de la ville a pu se faire grâce au sacrifice des forces armées iraquiennes, des peshmergas et des pays frères, qui poursuivent leur effort pour libérer d’autres villes, a-t-il souligné.  M. Al-Jafari a néanmoins attiré l’attention sur le fait que les difficultés au lendemain des conflits dépassent parfois celles de la guerre, car il faut restaurer la stabilité, reconstruire et retrouver l’espoir après une libération qui a entraîné de nombreux sacrifices humains et environnementaux.  Le Ministre a en effet accusé Daech d’avoir pratiqué une forme de terrorisme environnemental en mettant le feu à des puits de pétrole.  Les défis financiers pour l’Iraq sont aujourd’hui énormes, notamment à cause de la baisse des prix du pétrole, a-t-il ajouté.

M. Al-Jafari a présenté la vision que l’Iraq avait pour son avenir.  D’abord, la restauration de la paix et de la stabilité, la fourniture de services de base, l’aide aux déplacés pour qu’ils puissent retrouver leur foyer, la prise en charge des familles des victimes qui ont fait un énorme sacrifice pour défendre l’État.  Ensuite, le respect de l’autre et la coexistence pacifique de toutes les composantes de la société, indépendamment de leur religion et de leur appartenance culturelle. 

Le Ministre a ainsi indiqué que son pays ne permettrait pas le retour de pratiques anormales telles que l’isolement sectaire, qui a permis à Daech de prendre le contrôle de certaines villes.  Nous devons pratiquer l’unité et la coopération pour empêcher les terroristes de revenir en Iraq, a-t-il insisté.  Parmi les autres objectifs, il a cité la limitation du port d’armes aux forces de sécurité, le respect des décisions de justice et la lutte contre la corruption sous toutes ses formes, car elle est un « terreau du terrorisme ».

L’Iraq est un pays fédéral uni, indépendant et souverain, basé sur une Constitution adoptée par toutes les composantes du peuple iraquien en 2005 suite à un référendum populaire, transparent et démocratique, a déclaré M. Al-Jafari.  Cette Constitution permet d’assurer une représentation politique de toutes les composantes de la société iraquienne, afin que chacun puisse exercer son droit.  Pour le Ministre, nombreux sont les États pluriculturels et plurireligieux qui ne peuvent pas en dire autant.

Tout en se disant favorable à un dialogue constructif avec le Gouvernement du Kurdistan iraquien, le Ministre a expliqué qu’il n’accepterait pas les décisions non constitutionnelles et qu’il ne renoncera pas à l’unité de l’Iraq, inscrite dans l’article 1 de la Constitution.  La cour fédérale suprême a été saisie pour émettre un jugement et rejeter le référendum inconstitutionnel qui s’organise fin septembre dans le Kurdistan iraquien, a-t-il rappelé.  Pour lui, ce projet de référendum est une violation de taille de la Constitution iraquienne et elle peut mener à des conflits internes.  M. Al-Jafari a rappelé que des élections législatives et parlementaires allaient être organisées en début 2018 et que leur succès permettrait la mise en place d’un système démocratique assurant la stabilité politique, ainsi que la relance économique et la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. Al-Jafari a ensuite évoqué les résolutions en suspens au Conseil de sécurité, affirmant que l’Iraq les a toujours respectées, notamment celle qui concerne le Koweït.  Son pays est ainsi déterminé à payer les dédommagements dus à ce pays et des négociations ont commencé.  Il a salué la résolution 2379 (2017), adoptée deux jours plus tôt et qui vise à s’assurer que les criminels de Daech répondent des violations graves des droits de l’homme qu’ils ont commises en Iraq en collectant et stockant des éléments de preuve.  Le Ministre a indiqué qu’une commission d’enquête collectait actuellement de telles preuves, afin que l’organisation terroriste soit traduite en justice et réponde de crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

M. Al-Jafari a ensuite demandé aux États frères de l’aider à bâtir un réacteur nucléaire pour soutenir la relance de l’économie, rappelant qu’il s’agit d’un droit si cette énergie est utilisée à des fins pacifiques.

Revenant sur la question de la coexistence pacifique, M. Al-Jafari a indiqué que la meilleure voie pour y parvenir était l’égalité des chances pour tous et la juste répartition des ressources nationales, indépendamment de la race et de la religion.  Il a souligné le rôle essentiel des leaders sociaux et religieux pour mettre un terme aux divisions qui minent l’Iraq.

Enfin, M. Al-Jafari a attiré l’attention sur le défi des grandes vagues de déplacement à l’intérieur de son pays, dont un nombre grandissant d’Iraquiens fuyant les zones contrôlées par Daech.  Après avoir cité la dégradation rapide des conditions humanitaires et l’incapacité de son pays à fournir l’aide nécessaire, il a dit combien cette charge supplémentaire pesait sur les citoyens iraquiens, qui souffrent déjà de la chute des prix du pétrole et des coûts importants engendrés par les opérations militaires. Il a appelé la communauté internationale à se saisir de cette question.

Enfin, le Ministre a remercié les États-Unis et l’Union européenne pour leur appui logistique et militaire et a demandé un soutien international pour l’aider à reconstruire rapidement les zones récemment libérées.  Il a dit sa reconnaissance au Koweït, qui accueillera une conférence de bailleurs de fonds pour l’Iraq l’année prochaine.  Un grand nombre de femmes et d’enfants souffrent et il faudra aussi des moyens pour lutter contre la culture de haine et de meurtre propagée par Daech, a-t-il conclu.

M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a constaté que, dans un monde de plus en plus fragile, injuste et inégal, les destinées de tous n’en étaient pas moins entremêlées, du fait en premier lieu que « nous vivons tous sur cette planète ».  Quoiqu’il arrive comme catastrophe d’un côté de la Terre -épidémie, pauvreté, violence, terrorisme ou encore déplacements de population– cela finira par affecter tout le monde, a-t-il affirmé.  Par conséquent, les responsabilités sont partagées lorsqu’il s’agit de faire face aux problèmes fondamentaux dans le monde, a poursuivi le Ministre, qui a exigé des « plus grands et plus forts de ce monde » d’assumer une plus grande responsabilité, puisqu’ils disposent de pouvoirs et de ressources importantes « qu’ils se sont souvent appropriées ».   Il ne s’agit nullement de charité, mais plutôt de leur propre intérêt parce que « la puissance n’est pas éternelle et seuls les bénéfices partagés sont durables », a-t-il précisé.

Il serait toutefois naïf de placer tous ses espoirs dans la bonne volonté de ceux qui sont actuellement puissants, a averti M. Mohammed en invoquant les leçons tirées de l’histoire.  C’est pourquoi il a adressé un appel aux pays en développement et aux groupes marginalisés de ce monde, précisément ceux à qui bénéficieraient le plus la paix et la sécurité, afin qu’ils misent sur l’entraide et œuvrent ensemble pour un monde meilleur.

« L’Afrique reste le continent le plus marginalisé de tous », a poursuivi le Ministre, pour qui il est « prématuré » de parler d’une renaissance africaine.  Aussi a-t-il invité les Africains à ne pas se flatter ou se laisser flatter par d’autres.  Il a ensuite expliqué la situation du continent en partie par la faiblesse des revenus tirés des exportations africaines, alors que les compagnies étrangères prennent la part du lion.  Une autre raison invoquée par M. Mohammed reste la faiblesse des infrastructures physiques et sociales, des structures institutionnelles et gouvernementales et de l’architecture de paix et de sécurité, qui restent toutes sous-développées sur le continent africain et cela, en dépit du fait que l’Afrique représente 60% des ressources naturelles de la Terre.  Ce n’est que lorsque la qualité des infrastructures africaines, les normes de santé et d’éducation, les progrès technologiques et l’innovation, et plus encore la qualité de vie des Africains, reflèteront cette réalité que l’on pourra dire que l’Afrique occupe la place qui lui revient, a estimé M. Mohammed.

Le Ministre est ensuite passé à la situation de son pays qui depuis son indépendance, il y a 30 ans, a subi « la diabolisation, l’ostracisme, les sanctions et une agression armée ».  C’est ce qui explique, selon lui, la lenteur des progrès enregistrés.  Malgré les hostilités externes, l’Érythrée s’est engagée sur la voie de l’édification de la nation.  Elle poursuit des politiques qui renforcent l’harmonie au sein de son peuple, encouragent sa participation politique et libèrent ses talents, a affirmé le Ministre, ajoutant que son pays s’est également engagé sur la voie du développement durable.  Petit à petit, les infrastructures sont mises à niveau, son peuple dispose d’aliments nutritifs et d’eau potable, d’électricité, de moyens de transport, de services de santé et d’un système éducatif et une campagne énorme de conservation des sols et des eaux a été lancée, a assuré M. Mohammed.   Le Ministre a insisté sur le fait que, dans la mise en œuvre de ce programme ambitieux, son gouvernement évite la dépendance et repose avant tout sur son peuple et ses ressources domestiques, ce qui ne l’empêche pas de saluer les partenariats et la coopération.

Enfin, le Ministre a demandé au Conseil de sécurité d’agir pour mettre fin à la longue occupation d’une partie du territoire de son pays par l’Éthiopie et de lever les « sanctions injustes » imposées à son pays depuis plusieurs années.

Mme YLDIZ POLLACK-BEIGHLE, Ministre des affaires étrangères du Suriname, évoquant les catastrophes naturelles qui ont frappé ce mois-ci les Caraïbes et le Mexique, a appelé à examiner ces désastres sous un angle plus large.  Outre l’assistance immédiate à apporter aux États victimes de ces catastrophes, la Ministre a appelé la communauté internationale à renforcer leur résilience, notamment par une « mobilisation agressive » des ressources, qui permettrait aux États en développement de mieux faire face aux changements climatiques. 

« Les dernières semaines ont démontré que les forces de la nature frappent de manière aveugle », a analysé Mme Pollack-Beighle, estimant que chaque nation devait par conséquent contribuer proportionnellement à ses ressources nationales à la lutte contre les effets des changements climatiques.  « Il est inacceptable que les pays des Caraïbes, dont le Suriname, soient considérés comme des pays à revenu intermédiaire sans possibilité d’obtenir des prêt concessionnels », a ainsi déclaré la Ministre, appelant à prendre en compte le concept de vulnérabilité dans la gestion des classements de pays.

« Il est ironique que le Suriname soit confronté à de telles menaces climatiques, alors que dans le même temps, notre pays apporte une contribution significative à la lutte contre les changements climatiques », a par ailleurs noté la Ministre en soulignant que son pays était couvert à 93% par des forêts, le taux le plus élevé au monde.

Par ailleurs, la Ministre a insisté sur la nécessité de respecter le principe de non-ingérence dans les relations internationales, notamment au Moyen-Orient, où l’interventionnisme extérieur conduit parfois à soutenir « des factions pouvant difficilement être qualifiées d’amélioration par rapport aux gouvernements précédemment évincés ».  Elle a rappelé que le Suriname avait lui-même fait les frais, par le passé, de l’ingérence extérieure dans ses affaires intérieures, ce qui a, selon elle, contribué à la destruction des infrastructures et moyens de production du pays pour un montant total estimé à 300 millions de dollars.  Sur la base de l’expérience de son pays, la Ministre s’est également opposée à tout interventionnisme dans la crise actuelle au Venezuela.

Mme Pollack-Beighle a en outre rappelé que son pays s’était engagé sur la voie de la paix et de la réconciliation depuis trois décennies, comme en témoigne l’extension en 2012 de la loi d’amnistie de 1992 à l’ensemble des violences politiques commises dans le pays entre 1980 et 1992.  En dépit de ce contexte, la ministre s’est dite préoccupée par « les commentaires biaisés et sans fondement » publiés par le Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, qui n’a selon elle pas donné de droit de réponse à son Gouvernement.

Sur le plan économique, Mme Pollack-Beighle a déclaré que son pays avait été durement affecté par la récente chute des prix du gaz naturel et du pétrole. « Nous estimons que notre économie a connu une contraction gravissime de plus de 10% en 2016, qui a rendu nécessaire des ajustements de politique fiscale et monétaire sans précédents », a-t-elle expliqué.  Grâce notamment aux réformes introduites, la Ministre a cependant précisé que le taux de change avait été stabilisé et que le taux d’inflation était désormais inférieur à 1%.

M. IBRAHIM AHMED ABD AL-AZIZ GHANDOUR, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a déclaré que son pays voulait jouer un rôle de premier plan dans la réforme annoncée des Nations Unies et a appelé à accéder aux demandes de l’Afrique pour une réforme du Conseil de sécurité.

M. Ghandour a ensuite mis en évidence la progression de son pays sur le plan de la paix et de la sécurité, grâce à la mise en place d’un Gouvernement d’entente nationale auxquel participent également d’anciens groupes armés.  Le Soudan a tourné la page des conflits et s’est engagé dans une ère de paix et de stabilité, a-t-il assuré, en espérant bénéficier de l’appui du Fonds pour la consolidation de la paix et de la Banque mondiale pour mettre en œuvre la politique de son gouvernement en faveur de la paix.  « C’est à cette condition que l’on pourra exhorter les groupes armés à se rallier à notre cause », a-t-il estimé.

Au Darfour, le cessez-le-feu est prolongé jusqu’en octobre même si les groupes rebelles continuent leur tentative de déstabilisation, a poursuivi le Ministre, qui a dénoncé la venue de mercenaires en provenance de Libye et du Soudan du Sud et a demandé à la communauté internationale de lutter contre ce phénomène.  M. Ghandour a appelé à revoir les sanctions prises contre son pays, expliquant que les experts des Nations Unies étaient revenus au Darfour et qu’ils l’avaient déclaré « zone à nouveau sûre » en félicitant son gouvernement pour sa collaboration.

M. Ghandour a ensuite critiqué la Cour pénale internationale, jugeant qu’elle est un obstacle à la mise en œuvre des principes de la justice internationale car « elle manipule le droit à des fins politiques et contre les peuples africains ».  Il a ajouté que cette institution ternissait la réputation des Nations Unies et a appelé « tous ceux épris de justice » à lui emboîter le pas pour continuer à s’y opposer.

Soulignant la position géographique importante du Soudan, proche du Moyen-Orient, le Ministre a mis en valeur le rôle joué par son pays dans la stabilité régionale grâce notamment à la lutte contre le trafic d’êtres humains et de stupéfiants.

M. Ghandour a fait observer que son pays accueillait actuellement trois millions de réfugiés, dont la moitié en dehors des camps, ajoutant que cette situation mettait à rude épreuve les citoyens soudanais qui n’ont pas eux-mêmes accès aux services de base.  Rappelant que le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, s’était rendu en août au Soudan et avait salué le rôle de ce pays dans l’accueil des réfugiés, le Ministre a demandé le soutien de la communauté internationale pour que son pays puisse continuer à assurer ses responsabilités vis-à-vis de ces derniers.  Le Soudan fait face à une arrivée quotidienne de réfugiés, particulièrement en provenance du Soudan du Sud, avec des pointes qui s’élèvent parfois à 2 000 personnes par jour, a-t-il ajouté.

Concernant le Soudan du Sud, le Ministre s’est dit pleinement favorable aux initiatives de l’Autorité intergouvernementale pour le développement et de l’Union africaine pour apporter la paix et la stabilité dans ce pays.  Il s’est dit déterminé à mettre en œuvre l’accord de coopération avec le Soudan du Sud, « pour l’avenir radieux de nos deux peuples amis ».  Il a ensuite réitéré la demande de son pays de bénéficier d’une remise de dette de la part des créanciers internationaux, soulignant les nombreux effets néfastes de cet endettement qui créent un obstacle pour parvenir au développement durable.

Sur le plan environnemental, le Ministre a rappelé les efforts de son pays à fournir une eau propre et a partagé une initiative de coopération avec d’autres pays du bassin du Nil: « Nous allons accueillir un sommet africain sur la préservation de l’environnement de Dakar à Djibouti, car il est important de veiller à l’équilibre écologique des déserts africains », a-t-il annoncé.  Il a ajouté que l’Afrique serait une des principales victimes des changements climatiques si on n’agit pas maintenant.

Enfin, au plan de la sécurité régionale, le Ministre a appelé à poursuivre les efforts avec la Force conjointe du G5 Sahel et l’initiative des pays du bassin du lac Tchad.  Il a également demandé que l’Union africaine et les Nations Unies établissent un partenariat stratégique.

M. JOHN SILK, Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, a dit sa plus vive inquiétude face au risque nucléaire que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) fait peser sur le monde.  Les Îles Marshall ayant accueilli les essais nucléaires américains conduits entre 1946 et 1958, les seuls, a précisé le Ministre, que l’ONU a officiellement autorisés depuis sa création, il a rappelé que le pays avait payé -et payait encore- le prix de cette ignorance.  « Notre peuple et notre environnement ont souffert plus que tout autre; l’héritage de ces essais demeure un défi encore aujourd’hui et se transmet de génération en génération », a-t-il insisté.

C’est pourquoi les Îles Marshall condamnent avec la plus grande fermeté l’essai nord-coréen du 3 septembre dernier et y voient une violation manifeste du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  C’est aussi pour cela que le pays est scandalisé de devoir faire face au risque réel de nouveaux essais atomiques dans l’atmosphère au-dessus du Pacifique, a poursuivi M. Silk.  En raison de cette actualité, le Ministre a plaidé pour une volonté politique plus affirmée d’élimination du risque nucléaire de la surface de la planète et assuré que son pays appuierait toutes les actions qui iraient dans le sens de la non-prolifération.  Souhaitant que plus jamais une arme atomique ne soit lâchée, il a finalement enjoint les nations détentrices du feu nucléaire de trouver la force politique de désarmer.

Du risque nucléaire au risque climatique, il n’y a qu’un pas que le Chef de la diplomatie a franchi en citant l’ancien Ministre des Îles Marshall Tony de Brum, récemment décédé: « Nous souffrons des effets des changements climatiques et de l’héritage des essais nucléaires alors que nous ne sommes responsables d’aucun des deux.  Dans un cas comme dans l’autre, les hommes ont le pouvoir de choisir de mettre fin à ce monde.  Ils peuvent le faire lentement avec les changements climatiques, ou en appuyant sur un bouton pour le faire exploser, mais aucune de ces décisions n’est justifiable ».  Rappelant que les changements climatiques sont une réalité, le Ministre s’est félicité de la signature de l’Accord de Paris, tout en pressant les pays signataires de faire œuvre de volontarisme politique pour le mettre en œuvre.  Malgré ses ressources limitées, les Îles Marshall promettent de faire leur part.

Rejoignant le chœur des pays favorables à une réforme de l’ONU, le Ministre a estimé qu’une organisation plus efficace était plus que nécessaire.  Selon lui, il ne s’agit pas seulement de l’utilisation des fonds publics, mais avant tout d’atteindre les buts fixés, notamment en matière de développement durable.  « Nous ne pouvons y arriver avec une architecture qui, malgré de bonnes intentions, perd trop souvent de vue le besoin de connecter cette puissante assemblée avec les communautés locales », estimé M. Silk.  Appelant à corriger les dysfonctionnements de l’organisation, il a pris l’exemple du coordonnateur des Nations Unies pour le développement en charge des Îles Marshall, expliquant qu’il était résident dans un autre pays situé à 3 000 kilomètres de là et qu’il s’occupait simultanément de huit autres États insulaires dans le Pacifique.

M. Silk a conclu sur le besoin de faire davantage pour le développement durable des océans.  Citant les efforts coordonnés menés par la région du Pacifique au sujet de la pêche au thon et assurant que le potentiel de changement était présent, il a appelé les Nations Unies à aider les petits États insulaires en développement à atteindre les objectifs d’une meilleure gestion de leurs ressources océaniques.

Pour M. YOUSEF BIN ALAWI BIN ABDULLAH, Ministre responsable des affaires étrangères du Sultanat d’Oman, « les conflits politiques et économiques représentent un échec du système international à soutenir les pays les moins développés », expliquant ainsi le chaos, l’instabilité et les migrations dans plusieurs régions du monde.  Selon lui, le ralentissement économique a exacerbé ces problèmes et affecté la capacité de l’ONU à réaliser ses objectifs, notamment dans les pays en développement. 

Pour le Ministre, la mise en place de politiques isolationnistes et protectionnistes ne ferait qu’accentuer les tensions existantes.  Il est donc important que la communauté internationale se dote d’une « nouvelle vision » afin d’élargir les « intérêts communs » et d’aider les États à parvenir à un développement durable.  Il a donc appelé les institutions des Nations Unies à jouer un rôle « plus actif » dans la promotion du développement, de la paix et de la sécurité, avec l’appui des États Membres. 

La communauté internationale doit propager une « culture du dialogue et du rapprochement » afin de régler les différends et faire baisser les tensions par des moyens pacifiques, a poursuivi le Ministre, pour qui il est nécessaire de se pencher sur les causes profondes des changements climatiques et de l’instabilité.  Devant la rapidité des changements technologiques, il a appelé à réexaminer les partenariats internationaux afin de s’assurer que ces avancées, de même que les progrès scientifiques, profitent à tous.  En outre, la multiplication des désastres naturels devrait convaincre tous les États qu’il en va de leur intérêt d’adhérer à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui représente une « percée mondiale », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le Sultanat d’Oman appuie les efforts de la communauté internationale visant à rendre juridiquement contraignantes les dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, un outil essentiel pour débarrasser le monde des armes de destruction massive, a estimé le Ministre.  Il a conclu en dénonçant le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et en réaffirmant son appui à tous les efforts visant à mettre fin à ce fléau, dans le respect des accords arabes, islamiques et internationaux.

M. DENNIS MOSES, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, a exprimé, en tant que représentant d’une nation des Caraïbes, sa solidarité envers les autres États insulaires de sa région touchés par ces catastrophes.  Bien que son propre pays ait été épargné par les ouragans Irma, José et Maria, « des conditions météorologiques changeantes au réchauffement, en passant par la montée du niveau de la mer, les effets des changements climatiques sont d’une ampleur globale et ont des effets sans précédent », a-t-il constaté, avant d’ajouter: « La reconstruction va exiger des ressources, ainsi que la coopération et la collaboration de la communauté internationale, car nous ne pouvons tout simplement pas y arriver tout seuls ».

M. Moses a remercié la communauté internationale pour la générosité dont elle fait preuve afin de répondre aux « besoins pressants » des États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ainsi que l’Agence caraïbe pour les secours d’urgence en cas de catastrophe naturelle (CDEMA).  « Mais la CDEMA aura besoin de ressources et de financement supplémentaire » pour mettre en œuvre sa réponse immédiate aux catastrophes naturelles, a-t-il insisté.

« Face à ces catastrophes, il semble impossible de nier la réalité des effets des changements climatiques », a poursuivi le Ministre, ajoutant que les petits États insulaires en développement étaient en première ligne de ces effets.  M. Moses a donc appelé à mettre en œuvre une « approche multidimensionnelle tenant compte des besoins réels » de ces pays dans les critères d’attribution de l’aide au développement.

Par ailleurs, en tant que petit État insulaire en développement, Trinité-et-Tobago est fortement affectée par la disparition sans précédent de la biodiversité marine et par les conséquences des méthodes de pêche et d’exploitation non viables des océans, a fait observer le Ministre.  Dans ce cadre, il a accueilli favorablement les recommandations du Comité préparatoire créé par la résolution 69/292 en faveur de la création d’un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  « Après deux ans de Comité préparatoire et environ 10 ans de négociations, nous croyons qu’il est grand temps de traduire nos paroles en actes », a-t-il dit.

M. HISSEIN BRAHIM TAHA, Ministre des affaires étrangères du Tchad, a regretté que les pays en développement continuent de faire les frais de la crise économique.  À cause de la chute des prix de leurs produits d’exportation, des pays comme le Tchad voient le financement de leurs plans de développement et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 menacés, a-t-il fait observer.  C’est en raison de ce contexte difficile que le Tchad a organisé, au début du mois de septembre, à Paris, une table ronde pour le financement de son plan national de développement.

S’inquiétant également du risque terroriste qui affecte le monde, et plus particulièrement son pays, le Chef de la diplomatie tchadienne a expliqué que la situation sécuritaire de la sous-région du Sahel et du Sahara « continuait de s’aggraver du fait des actions des terroristes, des bandes armées et des trafiquants ».  Des attaques régulières contraignent son pays à la riposte, a-t-il ajouté.  Cette réaction a pris la forme de la création de la Force conjointe du G5 Sahel en collaboration avec les autres pays du Groupe.  Après avoir précisé que les divers appuis de la communauté internationale et des Nations Unies étaient indispensables à son pays et à ses voisins, le Ministre a assuré que cette nouvelle Force conjointe n’entendait pas se substituer aux forces déjà engagées au Mali, mais se voulait une « entité complémentaire » destinée à répondre à la guerre asymétrique déclenchée par les terroristes et les trafiquants.

Quant à la situation humanitaire, M. Taha a jugé qu’elle était aggravée par ce contexte sécuritaire délicat.  Face aux déplacements de population, au risque de famine et aux épidémies, le Tchad, qui a accueilli 400 000 réfugiés et déplacés au cours de la dernière décennie, appelle la communauté internationale à s’investir davantage pour soulager toutes ces souffrances.  En tant que pays de transit des migrants, il demande aussi un « investissement massif » dans les programmes de développement des pays d’origine pour enrayer la « migration massive de la jeunesse africaine » vers l’Europe et ses conséquences dramatiques.

Dressant ensuite un panorama de la situation géopolitique en Afrique, le Ministre des affaires étrangères a appelé les factions armées de la République centrafricaine à s’engager dans le processus de paix, estimé que la solution en Libye était entre les mains des dirigeants politiques libyens et soutenu que les protagonistes de la crise au Soudan du Sud avaient « le devoir moral de faire cesser les souffrances des populations ».  Après avoir plaidé pour un règlement du conflit israélo-palestinien au travers d’une solution des deux États et décrit comme « inacceptable » le sort réservé à la minorité musulmane des Rohingya au Myanmar, M. Taha a finalement appuyé une réforme des Nations Unies et notamment du Conseil de Sécurité, défendant l’octroi d’un siège permanent pour son continent, afin de mieux l’associer aux processus de prise de décisions.

Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, est revenue sur les ouragans qui ont récemment frappé les Caraïbes et s’est déclarée profondément touchée par le fait que les populations de la région avaient désormais des conditions de vie dramatiquement différentes de ce qu’elles étaient quelques jours plus tôt.

« Pour nous dans les Caraïbes, les changements climatiques ne sont pas un concept philosophique ou un débat académique.  Il s’agit d’un problème existentiel qui nécessite une action urgente et efficace », a lancé la Ministre.  Elle s’est dite pleinement consciente de la nécessité pour ces pays de renforcer leur résilience face aux changements climatiques, mais a ajouté que leurs ressources limitées étaient minuscules face aux larges sommes requises pour mettre en place des mesures de relèvement et de reconstruction.

Sans dons et prêts adaptés pour soutenir leur investissement dans des infrastructures résistantes, les pays de la région continueront d’être aux prises avec cycle sans fin de dévastation, relèvement et reconstruction, a poursuivi Mme Smith.  Insistant sur la nécessité de traiter cette question sur un long terme, au-delà de la simple assistance humanitaire immédiat, la Ministre a exhorté l’assistance à prendre en compte les défis auxquels font face les pays vulnérables dans les efforts collectifs de mise en place des Objectifs de développement durable.

« En reconnaissance de nos vulnérabilités en tant que petits États insulaires en développement, la Jamaïque collabore avec le Chili sur une nouvelle initiative dans le but de créer une alliance qui promouvrait la résilience dans les pays sujets aux catastrophes naturelles », a indiqué Mme Smith, avant de mentionner qu’il soutenait les appels à la création d’un Index de vulnérabilité aux changements climatiques.

Revenant sur les Accords de Paris, Mme Smith a rappelé que les petits États insulaires en développement avaient été au premier plan des négociations et restaient engagés dans le processus de la COP.  Elle s’est plainte du fait que ces pays, qui contribuent le moins aux émissions de carbone, en font pourtant le plus les frais.  Elle a également mentionné les risques de l’impact des changements climatiques sur le tourisme, directement liés à la nature de leur environnement.  La Ministre s’est également enorgueillie du fait que son pays allait héberger la Conférence de l’Organisation mondiale du tourisme, une première pour un pays caribéen.

Revenant sur les objectifs de développement durable (ODD), la Ministre a insisté sur la nécessité de trouver des moyens de financement du développement nouveaux et innovants.  Elle a également critiqué l’utilisation du PIB par habitant pour seul critère d’évaluation pour des prêts à des conditions de faveur, parce que ce dernier est « un outil inadéquat et inexact pour mesurer le développement réel d’un pays ».  La Ministre a également critiqué les actions de certaines banques internationales qui ont retiré leurs services bancaires de plusieurs petits pays comme ceux des Caraïbes, services sans lesquels ces pays ne peuvent participer au système commercial international, ce qui a eu de graves conséquences économiques et politiques pour la région.

M. MOHAMED ASIM, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a introduit son discours par un long hommage aux Nations Unies.  Alors que son pays est candidat à un siège de membre non permanent au Conseil de Sécurité en 2019-2020, il a décrit l’Organisation comme « le meilleur espoir que nous ayons pour l’humanité, un endroit où toutes les nations ont une voix quelle que soit leur taille ».

Appelant à faire de la planète un endroit plus sûr pour tous, le Chef de la diplomatie a regretté que ce ne soit pas encore le cas et souhaité qu’on « en finisse » avec plusieurs injustices.  Décrivant comme « honteuse » l’occupation israélienne en Palestine, il a notamment appuyé l’édification d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967.  « C’est la seule solution », a-t-il insisté.  Il s’est ensuite indigné des « crimes » commis en Syrie et des violences perpétrées contre la minorité rohingya au Myanmar et demandé à ce que toutes ces souffrances cessent.  Déplorant par ailleurs le nombre croissant de personnes obligées de fuir toutes ces violences, il a demandé qu’on mette un terme à « la politique des barrières et de la peur ».  Il a enfin assuré que la lutte contre le terrorisme demeurait une priorité absolue pour les Maldives, et appelé à une plus grande coordination de cette lutte contre cet ennemi « sans visage, ni pays identifié ».

Sur le plan national, le Ministre s’est félicité des progrès réalisés par son pays en matière d’égalité hommes-femmes, assurant que les politiques visant à améliorer la représentation des femmes dans les instances dirigeantes donnaient des résultats.  En tant que tranche majoritaire de la population des Maldives, la jeunesse a également toute l’attention du Gouvernement.  L’accès à la médecine et à des logements sûrs a aussi été grandement amélioré, a assuré le Ministre, qui a en revanche dénoncé la difficulté de son pays, et d’autres comme le sien, d’accéder à des financements pour des projets de développement.  Une situation qui ne laisse d’autre choix, explique-t-il, que de « contracter des dettes croissantes ».

« Il n’y a pas pire danger global que les changements climatiques », a poursuivi M. Asim.  La fréquence et l’intensité sans précédent des ouragans qui ont frappé les Caraïbes et les États-Unis le démontrent.  Rappelant que les Maldives avaient contribué à créer l’Alliance des États insulaires, « l’un des lobbies les plus influents sur les sujets du réchauffement climatique et du développement durable », le Ministre a ajouté que son pays avait proposé plusieurs solutions pour lutter contre ce réchauffement. 

Après avoir affiché son plein soutien à l’Accord de Paris, M.  Asim a souligné les investissements des Maldives dans les énergies renouvelables et leur souci constant de préserver les ressources océaniques.  C’est pourquoi, a-t-il rappelé, « nous avons préservé notre méthode traditionnelle de pêche à la ligne, qui reste la plus propre et la plus durable de toutes ».  C’est aussi pourquoi son pays a soutenu l’interdiction d’exploiter plusieurs espèces marines comme les tortues, les dauphins ou encore les requins-baleines.  Par cette action, a conclu le Ministre, les Maldives ont prouvé qu’on pouvait être l’un des plus grands consommateurs de produits venus des océans, tout en faisant une utilisation durable de leurs ressources.

M. ALAIN AIME NYAMITWE, Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale du Burundi, a déclaré que « la patience est une vertu que ne connaissent pas les changements climatiques ».  Citant les récents ouragans dévastateurs Irma et Maria, il a estimé que les perturbations climatiques de ces derniers temps « tiraient la sonnette d’alarme une fois de plus ».  M. Nyamitwe a donc appelé les États Membres à mettre en œuvre, sans tarder, les engagements de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a notamment mentionné l’objectif de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète en dessous de 2ºC par rapport aux niveaux préindustriels, pour lequel « c’est aujourd’hui qu’il faut agir, car demain il sera trop tard ».

Le Ministre a ensuite déploré que les sanctions prises contre son pays par l’Union européenne le privent de ressources importantes et ne l’aident pas dans ses efforts de réalisation des objectifs de développement durable, compromettant ainsi leur réalisation.  Plus généralement, les sanctions unilatéralement imposées contre les États en développement en général et africains en particulier devraient être bannies du système international « dans la mesure où elles perpétuent les injustices traditionnelles et violent le principe sacro-saint de l’égalité souveraineté », a ajouté M. Nyamitwe.

Abordant le sujet des migrations, le Ministre a regretté qu’elles s’accompagnent « d’un regain de racisme, de rejet de l’autre et même d’actes d’une rare violence à l’égard des migrants ».  Il ensuite appelé une nouvelle fois à la retenue de certains États, qui « se croient en droit d’intervenir dans les affaires internes d’autres États, surtout de pays en développement », insistant une nouvelle fois sur l’égalité souveraine des États Membres de l’ONU.

M. Nyamitwe a déploré que les droits de l’homme soient devenus « un outil de domination », affirmant que certains États étaient en train de « faire dévier le Conseil des droits de l’homme des objectifs assignés par l’Assemblée générale », en référence au récent rapport de la Commission d’enquête sur le Burundi.

Le Ministre a par ailleurs déclaré que son pays avait demandé aux Burundais réfugiés à l’étranger de rentrer et a réitéré son appel à l’endroit des pays voisins afin de faciliter leur rapatriement.  Il a mentionné le retour, ces deux dernières semaines, de près de 1 700 réfugiés revenus de Tanzanie, affirmant qu’ils s’ajoutaient à des dizaines de milliers d’autres rentrés depuis quelques mois.  Il a déploré les fusillades en République démocratique du Congo, qui ont récemment entraîné la mort de 38 réfugiés burundais.

Avant de conclure, le Ministre est revenu sur le rôle du Burundi au sein de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), rappelant que son pays était le deuxième pays contributeur de troupes en Somalie « et cela depuis une dizaine d’années ».  Il a enfin mentionné le soutien de son pays à la position commune africaine sur la réforme du Conseil de sécurité, connue sous le nom du consensus d’Ezulwini.

M. IBRAHIM YACOUBOU, Ministre des affaires étrangères, de la coopération, de l’intégration africaine et des Nigériens à l’extérieur, a mis l’accent d’emblée sur le soutien que les Nations Unies devraient apporter aux pays les plus vulnérables: pays moins avancés, pays sans littoral et petits États insulaires en développement.  Rappelant que la coopération et la solidarité sont des piliers essentiels de l’ONU, il a exhorté les États Membres à en faire preuve en vue de pouvoir réaliser les objectifs de développement durable et a souligné l’impérieuse nécessité d’une mobilisation effective des ressources nécessaires au financement du développement, conformément au Programme d’Addis-Abeba.

Le Ministre a brossé un tableau des politiques et mesures prises au Niger dans ce contexte, notamment l’adoption du Plan de développement économique 2017-2021, qui s’inscrit dans la Stratégie de développement durable et de croissance inclusive du Niger à l’horizon 2035.  Ce plan tient également compte des grandes lignes de l’Agenda 2063 de l’Union africaine ainsi que celles du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a précisé le Ministre.  Ce Plan sera présenté aux partenaires techniques et financiers du Niger lors d’une table ronde des bailleurs de fonds qui aura lieu à Paris du 11 au 13 décembre 2017.

M. Yacoubou a ensuite abordé les défis sécuritaires auxquels sont confrontés tous les pays du Sahel, dont le sien.  Il a distingué entre trois foyers de menaces.  La première menace est liée à la situation en Libye: sans un gouvernement ayant autorité sur tout le territoire, avec des milices, des groupes terroristes et des trafiquants, le processus de paix peine et la situation risque de déborder sur les pays voisins.  Par conséquent, le Niger appelle la communauté internationale à s’engager véritablement pour la restauration d’un ordre démocratique en Libye permettant aux Libyens d’être maîtres de leur destin politique; pour une réconciliation inclusive, à l’exclusion des groupes terroristes; pour l’unification de l’armée nationale, le désarmement des miliciens et la neutralisation des groupes terroristes; et pour un processus référendaire et électoral sur la base d’une nouvelle Constitution et de lois électorales consensuelles.

La deuxième menace à laquelle est confrontée le Niger est celle du bassin du lac Tchad et plus précisément la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.  Grâce à une action conjointe avec le Cameroun, le Tchad et le Nigéria, les capacités offensives et de nuisance de Boko Haram ont été considérablement réduites mais le risque d’attentats-suicide et de capture d’esclaves sexuelles est toujours réel, a estimé M. Yacoubou.

La troisième menace, la plus préoccupante de l’avis du Ministre, est la situation dans le nord du Mali.  Deux questions doivent être réglées: la mise en œuvre des accords de paix et la lutte contre les groupes terroristes et les trafiquants.  « Tant que ces derniers n’auront pas été appréhendés, il sera difficile de mettre en application les accords de paix ou d’espérer la restauration de l’autorité de l’État malien sur l’ensemble du territoire national », a estimé M. Yacoubou.  C’est pourquoi les membres du G5 Sahel ont décidé de mettre en place une Force conjointe.  Le Ministre a déploré la faible mobilisation de la communauté internationale pour rendre cette force opérationnelle et a demandé au Conseil de sécurité un vote d’une nouvelle résolution, qui prévoie un engagement de leurs forces au titre du Chapitre VII et un mécanisme de financement prévisible et durable. 

Le Ministre a également abordé la question des migrants, et, en tant que pays de transit, le fait que le Niger accueille dans les régions de Diffa et Tillabery plus de 200 000 réfugiés, personnes déplacées internes et retournées.

M. ELVIN NIMROD, Ministre des affaires étrangères de la Grenade, a imploré la communauté internationale de reconnaître sans délai la responsabilité qui lui incombe de prêter secours aux régions récemment touchées par des catastrophes naturelles, y compris de nombreux pays de l’Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO) et des petits États insulaires en développement des Caraïbes. 

À la lumière des récents événements dans l’Atlantique, il n’est plus possible de nier que des changements climatiques sont en cours, a estimé le Ministre, soulignant le consensus des scientifiques sur cette question.  Ces phénomènes, a-t-il poursuivi, touchent en premier lieu les personnes plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées.  Il a réaffirmé l’engagement de la Grenade à mettre en œuvre l’Accord de Paris sur les changements climatiques, déplorant au passage le retrait de l’Accord de « partenaires clefs » et les invitant à réexaminer leur position.  Pour sa part, la Grenade, en adoptant le programme « Blue Growth », s’est donnée pour objectif de prendre avantage de son territoire maritime étendu pour devenir un chef de file du développement durable pour les États maritimes du monde entier. 

En ce qui concerne le secteur bancaire, M. Nimrod a déploré les « menaces » auxquelles font face les marchés financiers de la Grenade et des autres pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), détaillées dans un rapport du Fonds monétaire international (FMI), qui anticipe un « effet négatif » sur l’activité économique.  Ces perturbations et le coût élevé du processus de conformité au programme fiscal de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont été soulignés lors d’une réunion entre la CARICOM et l’ONU qui s’est tenue en juillet de cette année, a ajouté le Ministre.  Dénonçant en outre la désignation, « souvent sans fondement », des institutions du pays en tant que « paradis fiscaux », M. Nimrod a fait valoir que la Grenade avait signé des accords d'échange d’informations avec 14 pays.  Il s’est toutefois réjoui de la reconnaissance, par le FMI, du succès de la mise en œuvre du programme d’ajustement structurel.

Signataire du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, c'est avec une « vive inquiétude » que la Grenade observe la situation dans la péninsule coréenne, a déclaré le Ministre, ajoutant que l’existence même de ces armes est « inacceptable ».  Il a par ailleurs appelé à la levée de l’embargo américain contre Cuba et à la reprise du dialogue et rappelé la proposition du Premier Ministre de la Grenade d’agir comme médiateur entre le Gouvernement du Venezuela et l’opposition, au nom de la CARICOM. 

M.  AUGUSTINE P. MAHIGA, Ministre des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie, a décrit le monde comme « faisant face à une myriade de défis ». Le premier et le plus transversal d’entre eux, celui du développement durable, est au cœur du plan quinquennal de développement de la Tanzanie.  D’ici à 2020, le pays s’est fixé l’objectif d’une croissance de 10%, d’un taux de chômage de 8% et d’un taux de pauvreté de 16,7%.  Ce sont des objectifs que la Tanzanie compte atteindre grâce à une combinaison de soutien aux entreprises, d’aide financière aux jeunes et aux femmes, de lutte contre la corruption et d’une taxation juste, a détaillé le Ministre.

Poursuivant sur la question des changements climatiques, M. Mahiga a rappelé que son pays était lui aussi concerné puisque les neiges du Kilimandjaro sont en train de fondre rapidement.  Les récentes catastrophes climatiques qui ont endeuillé l’Afrique, les Caraïbes et les États-Unis doivent « nous réveiller et nous rappeler que les changements climatiques n’ont pas de frontières », a-t-il ajouté.  Appelant à agir le plus vite possible pour augmenter nos chances de protéger l’avenir de notre planète, le Chef de la diplomatie s’est félicité de la signature de l’Accord de Paris.  Il a cependant prévenu: l’assistance aux pays en développement doit aussi passer par le déploiement de technologies vertes qui permettront de contrôler les émissions de carbone.

Sur le plan géopolitique, M. Mahiga a souligné que les Nations Unies paient un lourd tribut sur le front du maintien de la paix.  Il a d’ailleurs rappelé que la Tanzanie avait encore perdu un Casque bleu la semaine dernière en République démocratique du Congo (RDC).  Condamnant cet acte « lâche » des rebelles des Forces démocratiques alliées, il a exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à poursuivre ses efforts et à maintenir les capacités de la brigade d’intervention de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Il a par ailleurs demandé que la communauté internationale supporte financièrement et logistiquement les élections qui devraient se tenir en RDC.

À propos du Burundi, le Chef de la diplomatie tanzanienne a rappelé que son pays participait activement au processus de paix et ajouté qu’il appréciait le partenariat conclu avec le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour assister les populations qui fuient le pays.  Sur la question du Sahara occidental, il s’est dit confiant qu’avec le retour du Maroc au sein de l’Union africaine, les négociations pourront reprendre sur de bonnes bases.  Il a enfin plaidé pour une solution des deux États dans le conflit israélo-palestinien et la fin de l’embargo imposé à Cuba.  La Tanzanie regarde d’ailleurs avec inquiétude la marche arrière des États-Unis sur ce dernier sujet, alors que les progrès réalisés ces dernières années avaient été applaudis par l’Assemblée générale.

M. Mahiga a conclu sur la nécessité de réformer l’organisation des Nations Unies et notamment le Conseil de sécurité.  Estimant que cette transformation devrait être continue et progressive, la Tanzanie considère que le statu quo au niveau de cet organe contrevient à sa responsabilité première, à savoir maintenir la paix internationale et la sécurité.

M. MARK ANTHONY BRANTLEY, Ministre des affaires étrangères et de l’aviation de Saint-Kitts-et-Nevis, a axé son intervention sur la notion de « Planète durable ».  Rappelant que les peuples des Caraïbes ont été victimes de deux ouragans de catégorie 5 au cours des deux dernières semaines, y compris dans une moindre mesure le sien, le Ministre a évoqué l’étendue des dégâts à la fois en termes de vies humaines et d’infrastructures, de maisons détruites, de champs dévastés et d’années de développement perdues.  Il s’est attardé sur le cas d’Antigua-et-Barbuda et de la Dominique, deux petits États particulièrement touchés par ces ouragans, avant d’exhorter le monde à les traiter comme des catastrophes dues à l’homme et non pas comme de simples catastrophes naturelles. 

« La science est irréfutable », et aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes témoins de l’urgence de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de toute autre action qui pourrait aggraver les effets des changements climatiques qui « représentent une menace existentielle pour les Caraïbes », a martelé le Ministre.  À l’instar d’autres pays de la région, il a rappelé que les Caraïbes comptent parmi les zones les plus durement frappées par les effets des changements climatiques alors même que les pays de la région ne contribuent que très peu aux émissions de gaz à effet de serre.   Par conséquent, Saint-Kitts-et-Nevis exige de la part des plus grands pollueurs de « payer la facture » et demande au monde de s’engager résolument sur la voie des énergies renouvelables et de renforcer la résilience aux aléas du climat partout dans le monde.

M. Brantley a également lancé un appel à la communauté des nations pour mobiliser les ressources nécessaires à la reconstruction rapide des pays victimes des ouragans Irma et Maria.

Par ailleurs, le Ministre a condamné « l’approche stérile » des évaluations se basant sur le PIB par habitant utilisée par les organismes internationaux pour classer les petits États insulaires en développement dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire ou élevé, ce qui les empêche d’accéder à l’aide au développement et aux financements abordables.  C’est tout particulièrement pénalisant dans le contexte actuel où ces pays doivent débloquer des ressources pour financer leur reconstruction, a expliqué le Ministre, pour qui il s’agit d’une véritable tragédie.  Il a donc proposé qu’un index de vulnérabilité soit mis au point et intégré dans la matrice qui régit l’accès à l’aide au développement.  À défaut, M. Brantley redoute de voir les peuples des Caraïbes devenir des réfugiés climatiques.

Le Ministre a aussi mis l’accent sur la jeunesse et la nécessité de lui proposer des options et opportunités viables en termes d’emploi et d’avancement socioéconomique.  Pour lui, il ne saurait y avoir de développement durable sans mettre un accent particulier sur ce segment de la population.  Avant de conclure, il a plaidé en faveur de l’admission de Taiwan aux Nations Unies et de la levée de l’embargo sur Cuba.

Droits de réponse

Le représentant du Qatar a répondu aux interventions de l’Arabie saoudite et de Bahreïn, qui avaient tous deux accusé son pays de terrorisme.  Il a rejeté ces accusations, les jugeant fausses et sans fondement.  Ces accusations font partie de la campagne montée contre le Qatar, a poursuivi le représentant, ajoutant que ces pays frustrés utilisent des moyens commerciaux pour faire pression sur son pays.  Il a ajouté que son gouvernement n’avait ménagé aucun effort dans la lutte contre le terrorisme, ce dont témoigne notamment le mémorandum d’accord signé avec les États-Unis pour mettre fin au financement du terrorisme et le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et ajouté que son pays avait obtenu de très bons résultats.  Il s’est également interrogé sur des contradictions dans la position de Bahreïn, qui louait auparavant le Qatar et qui maintenant le critique.  Après avoir rejeté les propos de Bahreïn, le représentant lui a suggéré de commencer à régler ses propres problèmes internes avant d’essayer de créer des tensions ailleurs.

Lui répondant, la représentante de Bahreïn a estimé que son pays, à l’instar de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis et l’Égypte, avait pratiqué son droit souverain pour imposer ces mesures au Qatar.  Le Bahreïn a la preuve que le Qatar s’est ingéré dans ses affaires internes pour susciter le chaos et l’instabilité, a-t-elle expliqué.  Depuis le début des mesures de boycott prises par ces quatre pays, le Qatar tente de dire que l’on viole les droits de l’homme de ses citoyens.  Or, nos pays ont pris des mesures pour prendre en compte les cas relevant de situations humanitaires, que ce soit pour suivre des études ou pour des raisons médicales, a-t-elle précisé.  Elle a également accusé le Qatar d’exploiter la scène internationale pour faire progresser ses visées politiques.

Reprenant à son tour la parole, le représentant du Qatar a jugé regrettable que le Bahreïn ait lancé des accusations infondées à l’encontre de son pays.  Le Qatar maintient que des violations des droits de l’homme ont bien été commises à l’encontre de ses ressortissants.  Le représentant a également fait observer que les quatre pays concernés n’avaient fourni aucune preuve pour justifier leurs accusations contre le Qatar.  Toute allégation disant que le Qatar s’ingère dans les affaires intérieures d’un autre État est erronée, a-t-il soutenu, en expliquant que c’est plutôt le contraire qui était vrai.  Il a également insisté sur l’importance du respect des droits de l’homme pour la stabilité de tous les pays.

Le représentant du Pakistan a répondu au Ministre des affaires étrangères de l’Inde.  Il s’est insurgé contre ce qu’il a appelé des commentaires diffamatoires prononcés à l’encontre de son pays, y voyant une nouvelle preuve de l’hostilité que l’Inde entretient à son égard.  « Répéter des mensonges année après année ne saurait cacher la vérité », a-t-il asséné.  Le Jammu-et-Cachemire ne fait pas partie de l’Inde, a poursuivi le représentant du Pakistan, c’est un territoire faisant l’objet d’un différend et son occupation par l’Inde est donc illégale.  Selon lui, il faut laisser le Jammu-et-Cachemire décider de son sort via un référendum, une solution que l’Inde aurait selon lui acceptée sans l’appliquer.  

Assurant que plusieurs habitants avaient trouvé la mort dans cette région par la faute de l’Inde, le représentant a soutenu par ailleurs que des manifestants continuaient de descendre dans la rue pour demander son départ de Jammu-et-Cachemire.  « L’Inde se comporte comme un prédateur », a encore accusé le représentant du Pakistan, « ce pays est la mère du terrorisme en Asie du Sud ».  Si deux parties n’arrivent pas à régler un différend, les Nations Unies ont le droit de s’en saisir et d’intervenir, a-t-il lancé.  Estimant que l’ONU devait prendre des mesures pour enquêter sur les crimes commis par l’Inde au Jammu-et-Cachemire, le représentant du Pakistan a cependant assuré que son pays était prêt à reprendre un dialogue avec son voisin pour peu qu’il cesse sa campagne de diffamation.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: un multilatéralisme équilibré et efficace, meilleur moyen de lutter contre les problèmes contemporains les plus graves

Soixante-douzième session,
15e à 18e séances plénières, Matin, après-midi & soir
AG/11951

Assemblée générale: un multilatéralisme équilibré et efficace, meilleur moyen de lutter contre les problèmes contemporains les plus graves

L’action commune est le moyen le plus efficace de réaliser un développement et d’atteindre une paix qui bénéficient à tous, ont reconnu la quarantaine de dirigeants qui sont intervenus lors de cette quatrième journée du débat annuel de l’Assemblée générale.  À un moment de l’histoire jugé décisif, le débat a revêtu un caractère souvent sombre en mettant l’accent sur les changements climatiques, les inégalités et le terrorisme. 

Parce que leurs pays ne peuvent pas gérer seuls les défis de tous ordres auxquels ils font face, les chefs d’État et de gouvernement et les ministres ayant fait le déplacement à New York ont exprimé leur confiance dans le pouvoir de « nations unies » pour trouver des solutions.

« De grandes choses peuvent être réalisées » quand les acteurs régionaux et les Nations Unies travaillent ensemble dans la même direction », a relevé en particulier le Premier Ministre de la Belgique, M. Charles Michel, s’appuyant sur l’exemple de la Force conjointe du G5 Sahel.

La Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, a donné deux exemples de réussite du multilatéralisme placé sous les auspices des Nations Unies: le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Pour ne pas perdre l’élan donné par ce dernier, les petits États insulaires en développement, qui voient dans le réchauffement climatique « une menace existentielle », ont demandé à l’Assemblée générale de se concentrer cette année sur les membres les plus vulnérables et défavorisés de la famille mondiale.

« Mon pays a perdu six îles en raison des changements climatiques », a déploré le Premier Ministre des Îles Salomon, M. Manasseh Sogavare.  « Alors que la menace d’un conflit nucléaire est une préoccupation pour tous, les conséquences des changements climatiques qui affectent nos rivages à une rapidité alarmante représentent un réel danger. »  Il a noté que l’acidité des mers s’élevait constamment, au point, désormais, de menacer de dissoudre les barrières de corail.

« Nous sommes peut-être des petits États insulaires mais nous sommes de grandes nations océaniques » pour lesquelles, a rappelé Tupou VI, Roi des Tonga, la bonne mise en œuvre de l’objectif 14 de développement durable, relatif à la protection des ressources marines, est cruciale.  Il s’est félicité à cet égard de l’« Appel à l’action » lancé par la Conférence des Nations Unie sur les océans, tenue un peu plus tôt cette année, qui a suscité près de 1 400 engagements volontaires.

Les Tonga, Kiribati, mais aussi Malte, préoccupées de la santé des océans, ont soutenu les efforts actuels en vue de parvenir à un instrument international juridiquement contraignant pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine dans les zones maritimes ne relevant pas de la juridiction nationale.

Comme les jours précédents, les orateurs se sont attardés sur les ouragans subis récemment sur le continent américain, considérés comme l’un des effets néfastes des changements climatiques.  « Nous sommes peut-être bien seuls pour nous en sortir dans les Caraïbes », a craint le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. Allen Chastanet, tandis que le Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines, M. Louis Straker, n’a pas hésité à comparer l’impact dévastateur des ouragans à celui « d’armes de destruction massive ».

Pour Cuba, qui a été durement touchée par l’ouragan Irma, ce sont « les modèles de production et de consommation typiques du capitalisme à son stade néolibéral » qu’il faut accuser.  Cette voie conduira inexorablement à la destruction de l’environnement et à la fin de l’espèce humaine, a-t-il averti.

Le Chef de la diplomatie cubaine, M. Bruno Eduardo Rodríguez Parrilla, s’en est pris, tout au long de son discours, au Gouvernement des États-Unis et à ses dirigeants, sans oublier « d’autres pays industriels », dénonçant leur « égoïsme et leur manque de volonté politique » qui retardent la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Si le multilatéralisme est nécessaire pour arriver à un développement durable, il l’est aussi pour pérenniser la paix.  C’est ce qui est ressorti de plusieurs interventions, notamment celle du Président de la République centrafricaine, M. Faustin Archange Touadera, qui a appelé la communauté internationale à « mutualiser » ses forces afin de venir à bout du fléau des groupes terroristes, tels que l’État islamique, Al-Qaida, Boko Haram et l’Armée de résistance du Seigneur.  Il faut « une mobilisation générale plus soutenue pour en finir avec Boko Haram », a renchéri le Président du Cameroun, M. Paul Biya.

Le Forum mondial de lutte contre le terrorisme a été présenté par la Ministre des affaires étrangères de l’Australie, Mme Julie Bishop, comme un bon moyen de coopérer pour venir à bout de ce fléau. 

Il est aussi apparu plus facile de parvenir à des solutions politiques sous les auspices de l’ONU, ce qu’a souhaité le Chef de la diplomatie tunisienne, M. Khemais Jhinaoui, dans le cas de la crise libyenne.

S’il s’est montré un fervent défenseur du multilatéralisme, le Premier Ministre adjoint du Viet Nam, M. Pham Binh Minh, a toutefois craint que la confiance dans ce principe ne s’érode si les institutions multilatérales ne prouvent pas leur efficacité.  C’est pourquoi l’ONU, a estimé le Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, M. Don Pramudwinai, doit prendre des mesures transformatrices pour être en mesure de répondre à la réalité et aux attentes d’aujourd’hui.

Beaucoup ont d’ailleurs appuyé les réformes projetées par le Secrétaire général à cet effet et plusieurs ont souligné la nécessité de faire aboutir celle du Conseil de sécurité.  Les dirigeants africains, ainsi que le Premier Ministre du Bhoutan, ont demandé de donner à l’Afrique une représentation adéquate au sein de ce Conseil. 

Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, samedi 23 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. PAUL BIYA, Président du Cameroun, a déclaré que la paix est la condition sine qua non à la survie de l’Humanité et de tout développement durable.  Listant les dangers menaçant la paix, il a énuméré le terrorisme, les conflits, la pauvreté et les perturbations climatiques, avant de s’attarder sur la « secte terroriste » Boko Haram.

« Le Cameroun et les pays voisins font face à cette secte qui, chaque jour, renouvelle ses méthodes et tactiques », a-t-il déclaré, avant d’exprimer son appréciation pour le soutien de ses partenaires dans le combat contre « cette barbarie ».

Le Président du Cameroun a ensuite appelé à une mobilisation générale plus soutenue pour en finir avec ce danger « mortel pour nos peuples, pour nos populations, pour notre indépendance et notre démocratie ».  On attend beaucoup, a-t-il ajouté, de la venue de la mission de haut niveau qui doit se rendre dans la région du bassin du lac Tchad, conformément à la résolution 2349 du Conseil de Sécurité.

Rappelant que le Cameroun accueille des milliers de réfugiés centrafricains et nigérians, M. Biya a souligné combien ces personnes étaient blessées, martyrisées et menacées dans leur existence.

Il a ensuite déploré que, malgré les multiples déclarations et résolutions de l’ONU pour promouvoir le développement, la pauvreté persiste dans le monde.  L’écart entre pays riches et pauvres ne cesse de se creuser, a-t-il relevé, une situation aggravée par la baisse des prix des matières premières.

M. Biya a mentionné l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a tenu à rappeler que le Cameroun en avait été l’un des premiers pays signataires.  Il a insisté sur le souhait des pays en développement, qui polluent peu et « méritent de bénéficier de la part des pays riches, qui polluent beaucoup », de moyens multiformes pour promouvoir efficacement, à leur niveau, les objectifs de l’Accord de Paris.

Le Président a par la suite alerté l’Assemblée sur deux urgences pour le continent.  La première est la dégradation continue des forêts en Afrique centrale.  « Sauvons le bassin du Congo, le deuxième poumon de la planète », s’est-il exclamé.  La deuxième urgence concerne le lac Tchad qui est en voie de disparition: cet immense plan d’eau, indispensable à la vie des populations et à la biodiversité, a déjà perdu 90% de sa surface initiale. « Sauvons le lac Tchad », a-t-il encore lancé.

En conclusion, le Président camerounais a tenu à porter le message de l’Afrique au monde.  « N’est-il pas grand temps qu’une nouvelle architecture de notre Organisation permette, justement, à l’Afrique de mieux se faire entendre au sein d’une Assemblée générale revitalisée, d’un Conseil de sécurité qui nous ouvre davantage et plus équitablement ses portes », s’est-il interrogé. 

« En tant que dirigeants, nous devons faire en sorte que les vies, la dignité et les valeurs humaines prévalent sur les valeurs monétaires », a déclaré M. TANETI MAAMAU, Président de Kiribati.  Alarmé par les nombreuses souffrances dans le monde, il a plaidé pour que ne soit pas oublié le sort de ceux qui, à Kiribati, à Tuvalu, aux Îles Marshall, aux Maldives et dans d’autres petits États insulaires en développement, souffrent au quotidien de l’impact du désastre climatique.

Pour le Président de Kiribati, l’Assemblée générale devait se concentrer cette année sur les membres les plus vulnérables et défavorisés de la famille mondiale, notamment dans ces États.  Selon lui, les systèmes internationaux doivent être simplifiés pour permettre une participation accrue et un accès facilité à des ressources mondiales tels que le Fonds vert pour le climat. 

Kiribati a engagé une vision transformative sur 20 ans qui se fonde sur la bonne gouvernance et la transparence, ainsi que sur l’investissement dans son capital humain, naturel et culturel, a expliqué le Président.  Les secteurs prioritaires sont ceux de la pêche et du tourisme, le but étant d’autonomiser la population et de renforcer sa résilience.

Un comité parlementaire de lutte contre la corruption a en outre été créé.  Par ailleurs, le Gouvernement a décidé de mettre en place des méthodes de financement innovantes pour appuyer son programme de développement durable en ce qui concerne les changements climatiques et la réduction des risques de catastrophe.

« Nous dépassons dangereusement la capacité de la planète », a averti M. Maamau.  Les signes avant-coureurs que sont les catastrophes naturelles sans précédent prouvent bien la mauvaise santé de la planète, a-t-il ajouté.  Préoccupé par la conservation des océans, il s’est dit encouragé de voir inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée un point consacré à l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant pour la gestion et l’exploitation durable de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale.  La pêche, a-t-il précisé, représente 80% du budget de son pays qui espère pouvoir, d’ici à 20 ans, récolter, traiter et vendre son propre thon.

L’océan entretient un lien fort avec les peuples, la paix et la prospérité, a insisté le Chef d’État, avant de faire valoir que Kiribati contribuait à la conservation des océans en déclarant 11% de sa zone économique exclusive comme zone marine protégée, zone non commerciale et appartenant au patrimoine mondial de l’UNESCO. 

De plus, toute la zone économique a été déclarée sanctuaire pour les requins.  Si une petite nation comme la sienne, manquant de ressources, est prête à faire de tels sacrifices, la famille mondiale peut, elle aussi, faire des sacrifices pour assurer un environnement durable à ses enfants, a-t-il conclu.

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a appelé la communauté internationale à « mutualiser » ses forces afin de venir à bout du fléau des groupes terroristes, tels que l’État islamique, Al-Qaida, Boko Haram et l’Armée de résistance du Seigneur, qui continuent d’infliger des souffrances aux populations du Sahel et du bassin du lac Tchad, ainsi qu’ailleurs en Afrique et au Moyen-Orient. 

Le Président a outre déploré les bouleversements causés par les migrations, l’aggravation de la situation des réfugiés et les effets des changements climatiques.  Il a appelé à cet effet les signataires de l’Accord de Paris sur les changements climatiques à tenir leurs engagements afin de « préserver notre environnement commun ».  Il s’est par ailleurs prononcé en faveur d’un élargissement du Conseil de sécurité, pour faire une plus grande place au continent africain.

Le thème du débat général, « priorité à l’être humain », traduit la « place de l’Homme » dans les objectifs de développement durable, a estimé le Président, ajoutant que le Programme de relèvement et de consolidation de la paix en Centrafrique (RCPCA) place également au cœur de ses priorités le bien-être des citoyens.  Il s’est dit déterminé à mettre en œuvre ce programme, avec l’appui de ses partenaires internationaux, afin de permettre à ses compatriotes de « jouir pleinement des dividendes du retour à la légitimité et à l’égalité constitutionnelle ».

Le Président a poursuivi en indiquant que le Gouvernement de son pays avait obtenu la participation au Comité consultatif de suivi de 14 groupes armés engagés dans le Programme de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, qui a tenu sa septième session en août de cette année.  Il a cependant dénoncé les violations du cessez-le-feu par certains de ces groupes.  Ces « violences insensées » n’ont toutefois pas empêché la tenue, à Bangui, de l’Initiative africaine, de même que l’adoption de la Feuille de route pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, avec le soutien de l’Union africaine (UA) et des pays voisins.

Concernant la reconstruction de l’armée nationale, qui doit être « représentative et professionnelle », le Président Touadera a indiqué que deux bataillons avaient été formés et étaient prêts à être déployés, remerciant au passage les « pays amis » pour leur aide dans la formation des troupes, comme le prévoient les dispositions du Conseil de sécurité.  De plus, 500 policiers ont été recrutés, avec le concours de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

Par ailleurs, a continué le Président, la « sortie de crise » suppose que son pays prenne un « engagement clair » en faveur de la réforme du secteur de la justice et des droits de l’homme.  À cette fin, il a réaffirmé la détermination du Gouvernement à mettre sur pied la Cour pénale spéciale, afin de lutter contre l’impunité, d’assurer la réconciliation nationale et la protection à long terme de son peuple, « longtemps malmené et traumatisé par les violences récurrentes ».  En outre, il a annoncé son intention de créer une Commission vérité, justice, réparation et réconciliation.

En ce qui concerne la réforme de la gouvernance et de l’économie, le Président a établi, avec l’appui des Nations Unies, les priorités suivantes: le redéploiement inclusif et représentatif de l’administration nationale dans toutes les préfectures du pays, et la réhabilitation des infrastructures.  En outre, en collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI), la gestion et la transparence des finances publiques ont été renforcées.

Le Président a, par ailleurs, souligné la nécessité d’une relance économique vigoureuse, avec l’apport du secteur privé, afin de combattre la paupérisation causée par des années de conflits, ajoutant que des investissements dans l’agriculture, l’élevage et l’exploitation des ressources naturelles seront nécessaires.

Tout cela ne saurait faire oublier la situation toujours précaire de la République centrafricaine, a-t-il poursuivi, précisant qu’à l’heure actuelle, 2,4 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence et 600 000 personnes sont déplacées, ce qui a pour effet d’aggraver les problèmes politiques et économiques.  Pour remédier à cette situation, il a appelé le Conseil de sécurité à apporter un soutien matériel aux forces de sécurité nationales et à revoir à la hausse les effectifs de la MINUSCA, afin qu’elle soit en mesure de protéger les populations civiles. 

M. PAVEL FILIP, Premier Ministre de la République de Moldova, s’est déclaré inquiet des défis auxquels est confrontée la communauté internationale, notamment l’accumulation massive d’armes conventionnelles et le développement de programmes nucléaires.  « Un environnement international marqué par la menace d’utiliser la force, y compris nucléaire, exacerbe grandement le sentiment d’insécurité et le manque de confiance », a-t-il observé.  Il a souhaité que tous les États Membres joignent leurs forces pour faire face à ces défis, avant d’exprimer son soutien constant au programme de réformes du Secrétaire général concernant l’ONU.

Le Premier Ministre moldove s’est ensuite attardé sur la situation politique actuelle de son pays, mentionnant le traité d’association signé en juin 2014 avec l’Union européenne.  Il a expliqué que la République de Moldova s’était engagée dans un processus complexe de réformes structurelles dans le but de bâtir « une société moderne, basée sur le modèle de développement européen ».

Insistant sur les conflits existant dans le monde, le Premier Ministre moldove a indiqué apprécier que l’Assemblée générale ait accepté d’inclure et de maintenir dans son programme un point traitant des « conflits prolongés dans la région du groupe GUAM et leurs incidences sur la paix, la sécurité et le développement ».

M. Filip a profité de cette occasion pour exprimer l’inquiétude de son pays concernant le conflit armé dans l’est de l’Ukraine, un conflit qui « met en danger la paix et la sécurité dans la région », avant de réitérer son soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine.

Il est ensuite revenu sur le fait que la Moldova, depuis 1992, avait constamment fait mention, devant cette assemblée, du conflit non résolu dans l’est de son territoire, un conflit compliqué par « le stationnement illégal de forces militaires étrangères sur le territoire national ».  Il a déploré que, malgré les efforts déployés durant ces 25 dernières années et malgré l’implication d’acteurs internationaux, ce conflit n’ait toujours pas été résolu.

M. Filip a critiqué la force de désengagement trilatérale établie par le « cessez-le-feu moldovo-russe du 21 juillet 1992 », le qualifiant de « mécanisme obsolète devenu un facteur de préservation des conflits qui avait échoué à assurer la démilitarisation totale de la zone de sécurité ».  Il s’est étonné que la Fédération de Russie n’ait toujours pas retiré ses forces militaires du territoire de son pays, en dépit de ses engagements internationaux, tout en soulignant la différence entre ces troupes et celles qui participent à l’opération trilatérale de maintien de la paix.

Le Premier Ministre a également mentionné le stock important d’armes et de munitions du groupe d’opérations des troupes russes, qui, bien que sur le territoire de son pays, est en dehors de son contrôle juridique, a-t-il spécifié.  Il a insisté encore une fois sur la demande de retrait de ces troupes russes qui stationnent de manière « illégale » sur le territoire du pays, avant de demander l’ajout d’un point de discussion au programme de la présente session de

Les dernières catastrophes naturelles résonnent comme « un coup de semonce », le rappel de l’extrême urgence à agir tous ensemble contre le réchauffement climatique, a lancé M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique.  Il n’est plus question de remettre à plus tard ce que nous devons faire aujourd’hui, a-t-il déclaré, en saluant l’initiative du Président français Emmanuel Macron visant à adopter un ambitieux pacte mondial pour l’environnement dans la foulée de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Faire progresser les libertés fondamentales et universelles est une priorité, a enchaîné M. Michel.  « Quand on veut le meilleur pour son pays et pour ses compatriotes, il ne peut être question de redouter la liberté de la presse ou la liberté d’expression », a-t-il affirmé.  Si la souveraineté doit être pleinement respectée, elle « ne peut pas être un paravent, ni une excuse pour tenter de légitimer exactions et asservissement ».

Sur le front du terrorisme, la Belgique participe à la coalition internationale, a rappelé le Premier Ministre.  Les forces militaires font reculer Daech en Iraq et en Syrie, a-t-il assuré en précisant être engagée dans l’aide aux pays détruits en vue de leur reconstruction.

Une autre menace grave contre la sécurité du monde, selon M. Michel, c’est la prolifération non contrôlée des armes nucléaires.  L’accord conclu avec l’Iran sur la question nucléaire doit être préservé et mis en œuvre, a-t-il souhaité, tout en rappelant avoir de nombreuses divergences substantielles avec l’Iran.  Cependant, à son avis, cet accord offre un canal de dialogue pour faire baisser les tensions et diminuer le niveau de menace.  « Balayer un tel accord d’un revers de la main, sans proposer aucune alternative, ne nous paraît ni sage, ni souhaitable. »

Pour ce qui est de la situation en République populaire démocratique de Corée (RPDC), dénoncer un régime autocratique et provocateur ne suffit pas, a avisé M. Michel en prévenant que « nous devons être tous mobilisés pour tisser les fils du dialogue, en impliquant le sens des responsabilités d’acteurs tels que la Chine et la Russie ».

Le Chef du Gouvernement a assuré que la Belgique était une terre d’accueil pour ceux qui demandent l’asile et qui fuient guerres et persécutions.  « Nous combattrons les trafiquants sans foi ni loi qui jettent sur des bateaux de fortune femmes et enfants, embarqués dans un périple à l’issue trop souvent tragique », a-t-il ajouté.  Selon lui, le développement dans les pays d’origine est la clef, ce qui oblige à investir dans les pays les moins avancés.

M. Michel a ensuite plaidé en faveur du multilatéralisme, faisant valoir que « de grandes choses peuvent être réalisées » quand les acteurs régionaux et les Nations Unies travaillent ensemble dans la même direction.  Il a pris l’exemple de la Gambie et celui du Sahel, avec la Force conjointe du G5 Sahel.  De même pour l’Afrique centrale où les pays de la région des Grands Lacs ont un rôle déterminant à jouer.  À l’heure où le débat sur le coût des opérations de maintien de la paix est entamé, « nous ne pouvons pas abandonner la République démocratique du Congo (RDC) », a-t-il déclaré.

Enfin, la lutte contre l’impunité et le renforcement de la justice internationale sont au cœur des priorités de la Belgique.  M. Michel a signalé que, cette année, son pays avait déposé une version révisée des amendements au Statut de Rome de la Cour pénale internationale.  Ces amendements visent à interdire l’usage de quatre types d’armes ayant en commun d’entraîner d’immenses souffrances et de tuer de manière indiscriminée.

M. LYONCHOEN TSHERING TOBGAY, Premier Ministre du Bhoutan, a exprimé sa solidarité aux victimes des catastrophes naturelles dans le monde, soulignant que les experts sont convaincus que les changements climatiques exacerbent ces catastrophes.  « L’Accord de Paris montre que nous avons accepté que les changements climatiques sont une réalité », a-t-il observé, avant d’appeler tous les pays à respecter les engagements pris dans ce cadre

Le Premier Ministre a souligné la vulnérabilité du Bhoutan, en tant que pays montagneux, aux changements climatiques: « nous connaissons déjà des crues éclair, parmi de nombreux autres évènements particulièrement dévastateurs pour un pays pauvre ».  Il a spécifié que 72% du territoire du pays était constitué de forêts, ce qui en fait le seul pays sans émission nette de gaz à effet de serre.  « Notre bilan est ainsi négatif », s’est-il enorgueilli.

Même si la lutte contre les changements climatiques est complexe et onéreuse, tous les pays devraient respecter leurs engagements, a plaidé M. Togbay, insistant sur l’importance des institutions financières pour soutenir l’action climatique, se félicitant notamment des résultats produits par le Fonds pour l’environnement mondial depuis sa création dans les années 90. « Ces institutions sont fondamentales pour ceux qui ont la volonté mais pas forcément les ressources pour intervenir », a-t-il remarqué.

Le Premier Ministre bhoutanais a attiré l’attention sur la pauvreté dans le monde, qui touche plus de 800 millions de personnes selon la Banque mondiale, « une réalité qui tue silencieusement des millions de personnes chaque années ».  « La pauvreté n’a pas sa place à notre époque, une époque de richesse et de technologie sans précèdent », s’est-il exclamé, avant de souligner le caractère essentiel des objectifs de développement durable.  M. Togbay a expliqué que l’élimination de la pauvreté ne coûterait que 175 milliards de dollars par an, soit 0,32% du PIB mondial actuel.

Le Premier Ministre est ensuite revenu sur le cas du Bhoutan où la politique du bonheur national brut (BNB) avait permis d’offrir une éducation et des soins de santé gratuits pour tous.  Les efforts du pays ont porté leurs fruits et permis de réduire la pauvreté de moitié, s’est-il vanté, en espérant une baisse supplémentaire de 5% dans les prochaines années, ce qui devrait permettre au pays de quitter la catégorie des pays les moins avancés.

Face au terrorisme qui touche le monde, M. Togbay a souhaité le renforcement du multilatéralisme.  Jugeant que les réformes onusiennes seraient incomplètes sans celle du Conseil de sécurité, il a été d’avis qu’il fallait donner des sièges de membres permanents à l’Inde, au Japon, au Brésil et à l’Allemagne, en donnant aussi à l’Afrique une représentation adéquate au sein de ce Conseil.  Il a saisi cette occasion pour indiquer que son pays était fier de participer au maintien de la paix des Nations Unies depuis 2014.

Il a conclu en retraçant le chemin vers la démocratie emprunté par son pays il y a neuf ans.  Il a expliqué que le Roi Jigme Singye Wangchuck, bien qu’extrêmement populaire, avait choisi d’abdiquer pour imposer la démocratie contre la volonté de son peuple.  « La démocratie est désormais bien enracinée dans mon pays », a-t-il déclaré, en citant les élections couronnées de succès de 2008 et de 2013.

« La réalité est sombre », a constaté M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, en s’inquiétant en particulier du sort des 65 millions de personnes déracinées, « symbole même de notre échec collectif », a-t-il souligné.  Les changements climatiques menacent notre survie, l’ordre international a été gravement remis en cause et les inégalités se creusent alors que le monde s’enrichit, a-t-il souligné.  Or, aucun pays aussi riche, puissant et grand soit-il ne peut relever seul ces défis qui exigent une vision concertée.  En tant que dirigeant d’un petit pays, M. Rama a réitéré son engagement en ce sens. 

L’Albanie s’est ainsi ralliée à la coalition internationale contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Si le Premier Ministre albanais s’est réjoui que Daech ait perdu presque 90% de son territoire et que sa capacité à guerroyer ait été gravement entamée, il a averti que sa défaite sur le terrain n’entraînait pas sa disparation.  « Notre réponse, a-t-il recommandé, doit s’adapter à la nature évolutive de cette menace constante. »

S’agissant des objectifs de développement durable, il faut aller au-delà de simples déclarations, car les peuples demandent de l’action, a poursuivi M. Rama.  Il a indiqué que la moitié du Gouvernement albanais était composé de femmes, tandis que le Parlement en compte 30%, vantant ainsi les mérites d’une politique visant à garantir la reconnaissance du rôle des femmes dans le développement.

L’une des grandes priorités nationales de l’Albanie est d’accéder à l’Union européenne, a ensuite déclaré M. Rama.  S’engageant à consolider les piliers de la démocratie, il a indiqué qu’une réforme de la justice avait été mise en œuvre.  M. Rama a espéré que l’Union européenne continuerait de considérer le principe d’élargissement comme « le meilleur catalyseur pour la paix, la stabilité et la prospérité dans la région ».  L’Albanie, a-t-il précisé, aspire à une croissance économique d’au moins 5% par an d’ici à 2020. 

M. Rama a souhaité voir les Balkans de l’Ouest devenir une zone de liberté de mouvement des capitaux, des personnes et des idées, mieux à même de promouvoir les intérêts nationaux de chacun et de faire progresser les relations de bon voisinage, « dans la meilleure tradition européenne ».  Dans cet esprit, il a jugé de la plus haute importance l’admission du Kosovo au sein de chaque organe régional avec des droits égaux.  « Qui peut dénier les résultats impressionnants réalisés par le Kosovo depuis son indépendance », a-t-il demandé.  Depuis plusieurs années, a-t-il rappelé, la Serbie et le Kosovo mènent un dialogue sur la normalisation de leurs relations, qui a introduit un climat de confiance et de coopération.  Il a conclu en enjoignant les pays n’ayant pas encore reconnu le Kosovo à envisager de le faire.

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a rappelé que son pays avait toujours été à l’avant-garde des questions maritimes.  Outre le fait que 30% des eaux territoriales du pays sont désormais des zones marines protégées, le Premier Ministre a rappelé que Malte était à l’origine des négociations ayant abouti, en 1982, à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

Dans la même perspective, son pays soutient les efforts actuels en vue de parvenir à un instrument international juridiquement contraignant, sous l’égide de la Convention de 1982, pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine dans les zones maritimes ne relevant pas de la juridiction nationale.  Une exigence selon lui pour parvenir à protéger enfin légalement la biodiversité de la haute mer.

Par ailleurs, M. Muscat a exprimé le soutien de son pays envers la création d’un groupe d’experts intergouvernemental sur la gouvernance des océans, sous la responsabilité directe de l’Assemblée générale, par l’intermédiaire du Secrétaire général de l’ONU.

Il a également appuyé l’initiative récente du Commonwealth visant à créer une « charte bleue » dont le but serait d’aider les pays du Commonwealth à remplir les cibles de l’objectif 14 de développement durable, « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable ».  De la même façon, le Premier Ministre a salué « de tout cœur » l’entrée en vigueur, en novembre 2016, de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

En tant que membre de l’Union européenne, Malte s’inscrit dans le cadre de la réponse de l’Union pour lutter contre le trafic de migrants en mer Méditerranée.  « Cependant, l’action nationale, et même régionale, est insuffisante sans une action globale », a estimé M. Muscat.

Il a ainsi accueilli favorablement les progrès accomplis dans la définition d’un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  « Ce dernier devrait, certes, réaffirmer le droit souverain des États à définir leur politique migratoire, mais il devrait également engager les États à construire des systèmes et institutions en matière de migrations capables de fonctionner dans des délais acceptables, afin que les migrants soient traités équitablement et avec dignité », a souhaité le Premier Ministre maltais.

M. JOSÉ ULISSES DE PINA ORREIA E SILVA, Premier Ministre de Cabo Verde, a expliqué que son pays, petit État insulaire aux ressources naturelles rares, avait misé sur le « cosmopolitisme » et s’attelait à mériter la confiance de ses partenaires de développement et investisseurs.  Il veille ainsi au respect des valeurs de la démocratie, la dignité humaine, les libertés et la pleine citoyenneté.

Soulignant le bien-fondé d’une approche qui met l’Homme au centre de toute politique, le Premier Ministre a expliqué que cela n’était possible que dans un environnement de paix et de sécurité qui permette aux gens d’envisager leur avenir plutôt que de « survivre » au jour le jour.

Vu le caractère « mondial » des menaces actuelles, comme le terrorisme, la criminalité organisée, le trafic de drogues ou encore les idéologies comme le populisme, la suprématie raciale et la xénophobie, le Premier Ministre a insisté sur la nécessité urgente d’y apporter des réponses au niveau mondial.  Il a saisi cette occasion pour plaider en faveur d’un siège permanent pour l’Afrique au Conseil de sécurité, ce qui lui semble « pleinement justifié » si l’on veut que ce Conseil reflète la réalité actuelle.  Il a lancé un appel en faveur de négociations sur la base d’un texte.

Abordant ensuite le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a constaté que, deux ans après son adoption, on peine toujours à le mettre en œuvre.  « Les Nations Unies doivent jouer un rôle de catalyseur en formant des consensus et en mobilisant des ressources qui permettraient son application, son financement et la consolidation des capacités. »

À ce titre, il a salué les efforts en cours du Secrétaire général pour adapter le système de développement de l’ONU et pour mener des réformes des structures de management au Secrétariat.  Il a également demandé que les pays à revenu intermédiaire et les petits États insulaires fassent l’objet d’une attention particulière.  Il faut, a-t-il expliqué, tenir compte de leurs spécificités dans les critères d’évaluation utilisés pour analyser leurs faiblesses structurelles et leurs besoins de financement.

Le Premier Ministre a ensuite mis l’accent sur l’urgence de la mise en œuvre de l’Accord de Paris pour les petits États insulaires.  « Il faut que cela devienne une priorité mondiale », a-t-il martelé, exprimant sa solidarité avec toutes les îles et les États américains récemment frappés par des ouragans, notant que désormais ils étaient plus fréquents et plus dévastateurs.  « Chaque nouvelle journée est une journée de perdue pour mener une action vigoureuse et mondiale contre les facteurs qui provoquent et accélèrent les changements climatiques », a-t-il regretté avant de tirer la sonnette d’alarme en affirmant que « chaque île qui disparaît à cause des changements climatiques sera un cauchemar pour l’humanité ».

Pour sa part, Cabo Verde a déposé les instruments de ratification de l’Accord de Paris et signé le Traité sut l’interdiction des armes nucléaires.  Se félicitant également de la tenue de travaux préparatoires pour élaborer un instrument international juridiquement contraignant pour la préservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones qui ne dépendent pas d’une juridiction nationale, il a appuyé l’idée d’une conférence diplomatique, en 2018, pour élaborer une telle convention.

Avant de conclure, il a fait part de la volonté de son pays de devenir un centre de transit au milieu de l’Atlantique pour le tourisme, le transport aérien, les opérations portuaires et les opérations financières, ainsi que pour accueillir des sièges de sociétés dans les domaines du numérique et des nanotechnologies.

M. PHAM BINH MINH, Premier Ministre adjoint du Viet Nam, a rappelé que son pays avait rejoint la famille des nations de l’ONU il y a exactement 40 ans, en septembre 1977, et que, depuis, il avait connu des transformations profondes pour devenir aujourd’hui une économie dynamique sur la voie des réformes et du développement durable.  Ne dépendant plus de l’aide, le Viet Nam se situe aujourd’hui dans la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire, a-t-il dit, en se félicitant que la réalisation des objectifs du Millénaire ait permis à des dizaines de millions de Vietnamiens de sortir de la pauvreté.

Toutefois, malgré la quatrième révolution industrielle et son vaste potentiel de développement pour tous, le monde actuel connaît de graves menaces à la paix et la sécurité et au développement, a souligné le Ministre, en constatant que « le souhait de vivre en paix reste un rêve lointain pour des millions de gens ».  Les inégalités se creusent tant au sein des pays qu’entre eux, avec un impact des changements climatiques de plus en plus réel, a-t-il poursuivi.

Pourtant, avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le monde a clairement opté pour le développement durable de tous et « il nous appartient aujourd’hui de faire de ce programme ambitieux une réalité », a exigé le Ministre, avant de demander que les pays en développement puissent bénéficier de conditions plus favorables et de ressources leur permettant de réaliser les objectifs de développement durable.  « Nous lançons un appel à toutes les nations développées pour qu’elles respectent les engagements pris en termes d’aide financière et de transferts de technologies vers les pays en développement. »

Pour le Viet Nam, les intérêts de l’Homme doivent être au cœur de toute politique de développement durable, car la pauvreté, le chômage et les épidémies empêchent de vivre décemment.  Le plus grand défi reste, selon le Ministre, la réalisation d’une paix durable, car sans elle le développement ne peut se faire.  Pour avoir connu 40 ans de paix et d’indépendance, le Viet Nam apprécie à sa juste valeur ce que la paix apporte, a-t-il expliqué, en appelant à promouvoir un multilatéralisme renforcé en vue de généraliser la paix dans le monde.

Toutefois, la confiance dans le multilatéralisme risque de s’éroder si les institutions multilatérales ne prouvent pas leur efficacité et ne dégagent pas de consensus sur des principes et buts communs, a-t-il averti.  Pour cela, il faut, selon lui, que les mécanismes multilatéraux internationaux et régionaux soient transparents, efficaces et réactifs.  Les Nations Unies devraient être le centre de coordination des efforts de lutte contre les menaces globales, en capitalisant sur un système de règles et de normes favorisant l’objectivité, l’équité et l’égalité, a estimé le Ministre pour lequel cela suppose une réforme globale des Nations Unies concernant notamment les structures organisationnelles, les méthodes de travail et la mobilisation des ressources.

Le Ministre a également annoncé qu’il allait signer aujourd’hui le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a invité d’autres nations à lui emboîter le pas pour permettre l’entrée en vigueur du Traité le plus rapidement possible.

Il a également rappelé que son pays était un membre actif de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et qu’il allait accueillir, cette année, le Forum de l’Association de coopération économique Asie-Pacifique (APEC).

M. ALLEN MICHAEL CHASTANET, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a dit que pour les petits État insulaires, comme le sien, la promesse des Nations Unies était plus que jamais mise à l’épreuve.  Ayant constaté la dévastation causée par l’Ouragan Irma dans les Caraïbes avant son arrivée à New York, il a indiqué avoir suivi avec le cœur lourd les derniers assauts de l’Ouragan Maria contre la Dominique.  Il a déclaré avoir été « consterné par le silence de beaucoup et par la faible reconnaissance d’autres sur la crise dans sa région », ce qui a éveillé en lui « la crainte que nous sommes peut-être bien seuls pour nous en sortir dans notre région ».

Il est impossible de faire abstraction des changements climatiques, a martelé M. Chastanet.  Il a énuméré les pays, les régions et les îles victimes, en moins d’un mois, de plusieurs ouragans qui ont semé la mort et la destruction sur leur passage: la Dominique, Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, Cuba, les Îles vierges britanniques, Anguilla, la République dominicaine, Saint-Barthélémy, Saint-John, Saint-Thomas, les Îles Turques et Caïques, Porto Rico et la Floride.  « Nous n’avons plus le luxe de rester silencieux, nous devons agir », a-t-il insisté.

Sainte-Lucie et la plupart des États membres de la Communauté des Caraïbes sont ancrés au cœur du « couloir des cyclones », a rappelé le Premier Ministre.  Les petits États insulaires en développement ont, à maintes reprises, prévenu la communauté internationale que ne pas répondre de façon adéquate aux changements climatiques reviendrait à « trahir nos enfants et condamner les générations futures à une fin tragique ». 

Le Premier Ministre a souhaité des discussions multilatérales « justes et équitables » sur les questions de développement durable et de résilience.  « À une époque où les inégalités sont présentes dans tous les aspects de l’ordre international, il faut faire en sorte que les besoins les plus élémentaires de nos citoyens soient satisfaits », a-t-il argué.

Au sein de l’ONU et au-delà, « nous devons faire attention à la façon dont nous nous catégorisons les uns les autres et dont la communauté des donateurs nous classe », a-t-il aussi averti.  « Comment peut-on dire que tel pays a un revenu intermédiaire sur la base de son PIB, quand, en l’espace d’une ou deux décennies, il sera touché par une catastrophe naturelle qui le mettra à genoux? », a lancé le Premier Ministre.

Le modèle actuel doit changer pour permettre aux petites nations et aux nations en développement de survivre et de prospérer dans un environnement international mondial « de plus en plus froid », a conclu M. Chastanet en vantant la résilience des peuples de sa région.

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des relations extérieures de Cuba, a indiqué que son pays était disposé à accroître sa coopération, selon ses modestes possibilités, en faveur des peuples et gouvernements « frères » récemment sinistrés, exprimant aussi sa solidarité aux peuples du Mexique et des États-Unis.  Durement touché lui-même par l’ouragan Irma, le peuple cubain déploie de nombreux efforts pour relever le pays.

En réaction à la déclaration du Président des États-Unis mardi dernier à la même tribune, qui a assuré que l’un de ses objectifs était de promouvoir la prospérité des nations et des personnes, M. Rodríguez Parrilla a fait remarquer que « dans le monde réel », huit hommes à eux seuls détiennent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, soit 3,6 milliards d’habitants.  Il a poursuivi en énumérant les nombreuses inégalités économiques de par le monde, insistant sur le fait qu’au rythme actuel, 653 millions de personnes continueront d’avoir faim en 2030 et prédisant que l’objectif d’éliminer la faim d’ici à 2050 ne sera pas atteint.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne dispose pas des moyens d’application nécessaires, a-t-il aussi remarqué, en jetant la pierre aux États-Unis et à d’autres pays industriels, dénonçant leur « égoïsme et leur manque de volonté politique ».  Pour lui, « Donald Trump ignore et dénature l’histoire, tout en nous demandant de poursuivre une chimère ».  « Les modèles de production et de consommation typiques du capitalisme à son stade néolibéral sont intenables et insensés », a-t-il tonné, en prévenant que cela conduisait inexorablement à la destruction de l’environnement et à la fin de l’espèce humaine.

Cuba, a-t-il poursuivi, regrette que le Gouvernement des États-Unis, qui est « le plus gros émetteur de gaz à effet de serre de la planète », se soit retiré de l’Accord de Paris, malgré les records de hausse de la température mondiale moyenne en 2016, et ce, pour la troisième année consécutive.

Il s’est aussi attardé sur la menace que représentent les armes nucléaires, soulignant la contribution du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires à un monde pacifique auquel les États-Unis se sont opposés farouchement.  Il a critiqué la position de Washington après l’annonce que le pays consacrerait 700 milliards de dollars aux dépenses militaires et mettrait au point « une doctrine nucléaire et militaire extrêmement agressive basée justement sur le recours ou la menace de recours à la force ».

Autre sujet de préoccupation pour le Ministre cubain: l’utilisation secrète des technologies de l’information et des télécommunications pour attaquer d’autres États, tandis que « plusieurs pays développés s’opposent avec entêtement à l’adoption de traités internationaux qui réglementeraient la coopération en vue d’instaurer un cyberespace sûr ».  À ce sujet, il a accusé le Président des États-Unis de manipuler « les concepts de souveraineté et de sécurité à son bénéfice et au grand dam de tous, même de ses alliés ».

Après avoir encore taclé le Président américain sur son prétendu « patriotisme », le Ministre, revenant sur le discours de l’avant-veille au Conseil de sécurité de Michael Pence, Vice-Président des États-Unis, a dénoncé son « ignorance crasse » quant à ses fonctions lorsqu’il s’en prend au fonctionnement du Conseil des droits de l’homme.

Il a ensuite exprimé son désaccord quant à la nouvelle politique de l’Administration américaine vis-à-vis de son pays, considérant qu’il s’agissait d’un recul dans leurs relations bilatérales alors que des bases avaient été posées, il y a deux ans, pour progresser vers des rapports d’une nouvelle nature.  Il a dès lors dénoncé le durcissement du blocus.

En matière des droits de l’homme, « Cuba peut se vanter de ses réussites » et surtout « n’a pas de leçons à recevoir des États-Unis ni de qui que ce soit », a ajouté le Ministre.  À propos de l’affaire des fonctionnaires de l’Ambassade des États-Unis à Cuba, le Ministre a affirmé que « les autorités cubaines ne disposaient à ce jour d’aucune preuve qui confirmerait les causes et l’origine des affections à la santé dont les diplomates américains et leurs familles allèguent avoir été victimes ».

De l’avis du Ministre, Cuba et les États-Unis pourraient coopérer et coexister à condition de respecter leurs différences, mais le peuple cubain ne cessera jamais de réclamer, en toute légitimité, la levée et l’élimination totales du blocus et présentera une nouvelle fois, le 1er novembre prochain devant l’Assemblée générale des Nations Unies, son projet de résolution intitulé: « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique ».

M. KHEMAIS JHINAOUI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, s’est enorgueilli des progrès considérables accomplis par son pays, depuis 2011, dans les domaines de la démocratie et des droits de l’homme.  Son gouvernement poursuit les réformes pour réaliser une société fondée sur la justice et l’égalité, a-t-il affirmé, soulignant que la Tunisie était un pays sûr et s’efforçait de mettre en place un environnement propice aux investissements étrangers et au tourisme.  

Il a ensuite annoncé que la Tunisie préparait son premier rapport national volontaire sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable, qui sera examiné par le Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) l’an prochain.  Appelant à une utilisation efficace des mécanismes régionaux et internationaux, le Ministre a plaidé pour la création d’une communauté africaine prospère et équitable fondée sur le développement durable pour tous.

Convaincu que la sécurité et la stabilité du monde arabe étaient indispensables pour garantir la sécurité et la stabilité du monde entier, M. Jhinaoui a indiqué que c’était là la raison pour laquelle il appelle à la résolution de tous les conflits dans la région, à commencer par le conflit israélo-palestinien.  

Le chef de la diplomatie tunisienne a également réitéré sa préoccupation devant la crise libyenne, exhortant les parties à surmonter leurs différences et à trouver une solution politique.  La Tunisie, a-t-il expliqué, souhaite avoir un rôle positif avec l’Égypte pour trouver une solution politique au conflit en Libye sous les auspices de l’ONU, qui est l’organisation garante de la mise en œuvre des accords, et favoriser le rapprochement des différents acteurs.  

Le Ministre a en outre rappelé la nécessité d’aboutir à une solution à la crise en Syrie, encourageant les parties à rechercher une solution de consensus.  Soulignant enfin l’ampleur des ramifications de tels conflits aux niveaux national et international, il a rappelé l’importance d’un repositionnement de l’Organisation en faveur de la prévention des conflits.

M. DON PRAMUDWINAI, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a approuvé l’approche du Secrétaire général qui cherche à axer davantage l’action de l’ONU et de la communauté internationale sur « les personnes » et moins sur la bureaucratie.  « Il faut qu’il y ait moins de débats à l’ONU et plus d’actions pour avoir un impact réel sur le terrain », a-t-il déclaré.  Pour justifier cette approche, il a expliqué que lorsque les personnes vivaient décemment, les nations prospéraient. 

La Thaïlande a fait ce choix depuis longtemps, convaincue que le développement ne peut se faire du haut vers le bas mais dans le sens contraire.  La philosophie de la suffisance économique, que le roi Rama X, monarque thaïlandais, a préconisée, est centrée sur la personne et met l’accent sur le développement de soi et le potentiel de tout un chacun de forger son propre avenir en harmonie avec la nature, a expliqué le Ministre. 

Pour traduire cette vision, le Gouvernement a adopté une politique de développement décentralisée en vue d’impliquer et de responsabiliser ceux qui en seront touchés et pour permettre la prise en compte des connaissances et de la sagesse locales.

Parallèlement, la Thaïlande s’est engagée sur la voie de la science, de la technologie et de l’innovation pour s’orienter vers une économie basée sur des valeurs où les ressources sont utilisées efficacement et dans le respect de l’environnement, une économie « distributive » qui permette un développement inclusif. 

Le Ministre a poursuivi en expliquant que, depuis 2002, le pays avait opté pour un système de couverture de santé universelle, qualifiant ce choix « d’investissement dans le peuple et dans l’avenir ».   À ce jour, 99,87% de la population est couverte par ce système.  En tant que Président de l’Initiative sur la politique étrangère et la couverture de santé universelle, la Thaïlande s’apprête d’ailleurs à présenter un projet de résolution à l’Assemblée générale, le 12 décembre prochain, à l’occasion de la Journée mondiale de la couverture de santé universelle. 

Le Ministre a également présenté la stratégie nationale pour l’élimination du VIH/sida (2017-2030), un autre exemple de la priorité accordée à la personne en Thaïlande.

Rappelant avoir signé et déposé l’instrument de ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires il y a deux jours, le Ministre a fait part de ses préoccupations par rapport à la situation dans la péninsule coréenne et a encouragé toutes les parties prenantes à trouver une solution pacifique dans le respect de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Également alarmé par les conflits et la violence ailleurs dans le monde, la Thaïlande prête une attention particulière à la situation dans l’État de Rakhine et à ses conséquences humanitaires lourdes.  Le Ministre se dit pleinement conscient de la complexité de cette situation qui appelle, selon lui, des solutions politiques et économiques à long terme.  Pour lui, il ne fait pas de doute que la paix durable et le développement durable vont main dans la main.

Pour y parvenir le multilatéralisme et les Nations Unies ont un rôle important à jouer, a-t-il estimé, ajoutant que l’ONU devait prendre des mesures transformatrices pour être en mesure de répondre à la réalité et aux attentes d’aujourd’hui.

Rappelant que les Nations Unies avaient été créées en réponse aux « horreurs » de la Seconde Guerre mondiale, Mme JULIE BISHOP, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a noté qu’au cours des décennies suivantes, le monde avait su construire un ordre international fondé sur les règles, assurant la résolution pacifique des différends et la protection des intérêts des nations moins puissantes.  C’est sur cette base que l’humanité a connu la plus longue période de prospérité de son histoire, a souligné la Ministre, ajoutant que cet ordre mondial était maintenant menacé.

L’autorité du Conseil de sécurité est aujourd’hui ébranlée, voire ignorée, a dénoncé la Ministre, citant l’exemple de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont le programme nucléaire « illégal » viole nombre de résolutions du Conseil.  Le système de surveillance international du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a confirmé que la Corée du Nord était le seul pays à avoir mené des essais nucléaires au cours de ce siècle, a-t-elle noté, et ce, malgré les sanctions, invitant à examiner d’autres options si la RPDC continue de défier la communauté internationale. 

L’ordre mondial basé sur les règles est aussi mis en péril par le terrorisme et l’extrémisme violent, a poursuivi Mme Bishop.  De nombreux pays, dont l’Australie, ont été victimes d’attentats terroristes, a-t-elle rappelé, estimant que seule la coopération, par exemple au sein du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, pourrait venir à bout de fléau. 

Mme Bishop s’est ensuite penchée sur la menace que constitue l’utilisation d’armes chimiques, comme récemment en Syrie.  Elle a réitéré le soutien de son pays au travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour en interdire l’usage, et de l’Australia Group, pour éviter la propagation d’armes chimiques et biologiques.

Rappelant par ailleurs que l’Australie a été le premier pays à déployer, en 1947, un contingent dans le cadre d’une mission de maintien de la paix de l’ONU, elle s’est déclarée en faveur des réformes visant à rendre les Casques bleus plus efficaces et plus intègres.  Selon elle, les opérations de maintien de la paix représentent l’un des plus importants « investissements » de la communauté internationale en faveur de la paix.

Mme Bishop a en outre salué les efforts du Secrétaire général pour réformer les Nations Unies dans leur ensemble, estimant que l’Organisation devrait se concentrer sur la prévention des conflits, améliorer l’efficacité et la responsabilité de son administration, ainsi que la représentation des femmes aux postes de haute direction.

Parmi les succès récents de l’ONU, la Ministre a cité l’Accord de Paris sur les changements climatiques et les objectifs de développement durable, soulignant que la coopération et les compromis étaient nécessaires pour relever les « défis de notre temps ».  Elle a plaidé pour la protection des coraux, comme ceux de la Grande barrière de corail, qui soutiennent une plus grande biodiversité que tout autre écosystème.

En outre, Mme Bishop a appelé à mettre l’accent sur le développement économique durable, afin de favoriser la création d’emplois et l’implication du secteur privé.  Selon elle, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe sont autant de programmes qui favorisent la « résilience économique ».

Après avoir noté que son pays était un important contributeur de l’aide humanitaire en Iraq, en Syrie, au Soudan du Sud ainsi que dans l’État de Rakhine, au Myanmar, la Ministre a annoncé l’intention de son pays de siéger au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, pour la première fois, l’an prochain.  Elle a par ailleurs signalé le lancement par son pays et l’Indonésie, le mois dernier, d’un premier partenariat régional visant à lutter contre l’esclavage moderne et la traite des personnes. 

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a salué le fait qu’un candidat d’Europe centrale ait été élu au poste de Président de l’Assemblée générale.  L’Europe centrale est une région forte et unie, dont la voix résonne bien au-delà de ses frontières, a-t-il dit.  Le Ministre a en même temps décrit les défis considérables que l’Europe doit relever simultanément, tels que les flux migratoires et les attaques terroristes qui font désormais partie du quotidien des Européens.  Ces attaques ont directement découlé des flux massifs de migrants observés en Europe, a-t-il dit.  Le Ministre a déploré le manque de régulation de ces flux, avant d’expliquer que les organisations terroristes en avaient tiré profit.

« Je souhaite briser ici un tabou, les processus d’intégration en Europe occidentale ont essuyé des échecs », a-t-il lancé, en pointant l’émergence de véritables « sociétés parallèles » dans certains pays européens.  M. Szijjártó s’est dit choqué par les attaques terroristes et les pertes en vies humaines qui en découlent.

« Pourtant, il y a toujours des chefs d’organisations internationales et d’États puissants qui continuent de dire que les migrations sont une bonne chose, qui doit être encouragée. »  Il a qualifié cette approche de « déraisonnable », en ce sens qu’elle menace la sécurité de millions de personnes.  « Les États ont le droit et la responsabilité de protéger leur population et de décider, seuls, qui a le droit d’entrer sur leur territoire ou non. »  Il a ajouté que la Hongrie avait consacré 800 millions de dollars à la protection de la frontière orientale de la zone Schengen.  « Je représente un pays chrétien », a-t-il dit, estimant à ce titre être tenu d’aider les personnes dans le besoin, tout en précisant: « nous pensons qu’il faut apporter de l’aide là où c’est nécessaire ».

Le Ministre a ensuite détaillé les efforts de son pays pour venir en aide aux communautés chrétiennes au Moyen-Orient, en particulier en Iraq.  Il a plaidé pour le rétablissement des droits des peuples et le retour des migrants dans leur foyer.  Pour une solution définitive à la crise des migrations, il faut s’attaquer aux causes que sont les activités terroristes et les conflits, a-t-il affirmé.  Le Ministre a ainsi plaidé pour une coopération pragmatique Est-Ouest en vue d’éliminer les groupes terroristes et d’instaurer la paix en Syrie et en Libye.  « Une telle coopération est également nécessaire pour remédier au défi nucléaire lancé par un dirigeant communiste. »

M. Szijjártó a déclaré que son pays avait tiré les enseignements de l’histoire, expliquant que la Hongrie s’était toujours trouvée du côté des perdants dans les conflits Est-Ouest.  Le Ministre a évoqué le sort des milliers de Hongrois vivant hors des frontières de la Hongrie et qui sont en butte à d’intolérables discriminations.  Il a indiqué que les minorités nationales avaient des droits linguistiques, consacrés par plusieurs instruments internationaux.

Dans ce droit fil, le Ministre a déploré une récente loi votée par le Parlement ukrainien visant à la limitation de ces droits.  En vertu de cette loi, l’usage de la langue maternelle de ces minorités est désormais interdit dans les écoles primaires.  « C’est une honte, en particulier dans un pays qui veut rejoindre l’Union européenne », selon le Ministre qui a dénoncé la violation des normes internationales et un précédent dangereux, avant de demander une enquête au Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  La Hongrie se tiendra toujours aux côtés des minorités hongroises, a conclu M. Szijjártó.

M. ABDELKADER MESSAHEL, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a affirmé qu’aux conflits anciens qui se prolongent, s’ajoutent de nouveaux foyers de tensions, mais aussi des menaces d’autres ordres comme celles que font peser la fragilisation de l’équilibre écologique, la pauvreté ou encore le terrorisme.  Face à ces défis, le Ministre algérien estime que l’ONU est la mieux à même d’apporter les réponses adéquates et se félicite à cet égard du thème retenu par l’Assemblée cette année: « Placer l’être humain au cœur des efforts de la paix et d’une vie décente pour tous sur une planète durable ».

Le Ministre a appelé à une réforme radicale des structures et du mode de fonctionnement de l’ONU, dont celle du Conseil de sécurité, l’Algérie, souhaitant que soit corrigée cette « injustice historique » que constitue la sous-représentation de l’Afrique dans les deux catégories de membres, permanents ou non permanents, de cet organe.  M. Messahel a, de même, fait état de la volonté de plus en plus grande des États Membres de procéder à un renforcement et à une revitalisation de l’autorité de l’Assemblée générale.

Conformément aux principes, consacrés dans la Charte des Nations Unies, d’autodétermination, de respect de l’indépendance et de l’intégrité des États, de non-ingérence dans les affaires intérieures des États, le Ministre s’est également attardé sur la question du Sahara occidental, laquelle, qualifiée de « problème de colonisation », relève de la responsabilité de l’ONU. 

Estimant que le règlement de cette situation passera par l’exercice du droit imprescriptible à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, le chef de la diplomatie algérienne a souhaité que la nomination de l’Envoyé personnel du Secrétaire général et ancien Président de l’Allemagne, M. Horst Köhler, permettra de relancer les négociations entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario.

Par ailleurs, au sujet de la menace terroriste, notamment au Moyen-Orient ou au Sahel, le Ministre a assuré que son pays était conscient des dangers qui l’environnent, rappelant que l’Algérie avait organisé deux rencontres internationales consacrées à la lutte politique contre l’extrémisme violent et son ancrage dans la société. 

Sur la question migratoire, il a expliqué que les larges mouvements de population représentaient des opportunités économiques, mais aussi des situations difficiles pour les populations déplacées et les pays les accueillant.  En tant que pays de transit et de destination, l’Algérie mesure la complexité de ce sujet, a-t-il assuré, avant d’appeler à trouver des solutions mondiales et intégrées pour partager les responsabilités.  Sans jamais céder à la xénophobie, au racisme, ou encore à l’unilatéralisme, ces solutions doivent pouvoir préserver « la stabilité, la sécurité et les intérêts » de toutes les parties concernées.

Mme AMINA CHAWAHIR MOHAMED, Ministre des affaires étrangères du Kenya, a vu l’époque actuelle comme « à la fois la pire et la meilleure », compte tenu des défis et des opportunités qui se présentent simultanément.  Reconnaissant l’importance des objectifs de développement durable, elle a affirmé que son pays était prêt à concrétiser ce programme de changement « dans la vie de ses citoyens », en privilégiant la coopération et les partenariats.  « Les changements climatiques dans notre région coûtent à l’économie kényane 3% de son produit national brut », a-t-elle remarqué, en exprimant la détermination de son pays à réduire, en vertu de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, ses émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici à 2030. 

Appelant l’ONU à se réformer, Mme Mohamed a estimé que le Conseil de sécurité continuait d’être dominé par un « petit club de pays à l’exclusion des autres », laquelle exclusion remet en cause la légitimité et l’efficacité de cet organe, au moment où ses activités posent des questions de responsabilité et de transparence.

Le Kenya, a-t-elle rappelé, joue un rôle de premier plan dans le domaine de la paix et de la stabilité dans la région, en particulier en Somalie et au Soudan du Sud.  Dans le premier de ces deux pays, grâce aux efforts collectifs de la communauté internationale, il a été possible de faire des progrès considérables, en organisant des élections crédibles, suivies de la formation d’un gouvernement inclusif, a poursuivi la Ministre dont le Gouvernement est favorable au renforcement de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  C’est la raison pour laquelle elle a appelé l’ONU à accorder un plus grand soutien à la Mission, notamment sur le plan financier.  S’agissant du Soudan du Sud, Mme Mohamed a plaidé pour que la communauté internationale soutienne les efforts de revitalisation du processus de paix, placé sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

Après avoir rappelé la longue tradition d’accueil des réfugiés au Kenya, la Ministre a rappelé que le pays avait signé, en 2013, un Accord tripartite pour le rapatriement volontaire, avec le Gouvernement fédéral somalien et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  Quoique lent, a relevé Mme Mohamed, il a été mis en œuvre conformément aux obligations internationales.

M. GUDLAUGUR THÓR THÓRDARSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a dit que la tâche de la communauté internationale était d’éliminer la pauvreté et de conférer « une valeur à chaque vie ».  Il a affirmé que l’Accord de Paris sur les changements climatiques et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devaient guider les efforts internationaux.  Il a souligné l’acuité des changements climatiques en Arctique, la fonte de la calotte glaciaire étant une menace pour de nombreux pays.

M. Thórdarson a condamné les actions illégales du dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et a souhaité qu’il obéisse aux offres généreuses formulées pour un retour à la table des négociations.  Le recours aux armes chimiques par le Gouvernement syrien exige une riposte ferme de la communauté internationale, a-t-il poursuivi.

Le Ministre a déploré le non-règlement de la question du Sahara occidental, ainsi que la violation de l’intégrité de l’Ukraine qui constitue un véritable « affront ».  Il a demandé l’intégration dans les mandats des missions délivrés par le Conseil de sécurité de paramètres pour une pérennisation de la paix, avant de souligner la nécessité de répondre aux causes profondes de l’extrémisme violent et des conflits, qui s’enracinent souvent dans le sous-développement.

Le non-respect des droits de l’homme est une maladie qui se répand partout dans le monde, a-t-il poursuivi, en qualifiant d’inacceptable le sort des Rohingya au Myanmar. 

M. Thórdarson a déclaré que le cheminement de l’Islande de la pauvreté vers la prospérité attestait des vertus du libre-échange.  C’est l’outil le plus puissant pour préserver la paix, a-t-il lancé, avant de souligner la nécessité de renforcer le libre-échange.  « Les pays les moins avancés doivent pouvoir y participer sur un pied d’égalité. »

Le Ministre a ensuite évoqué le sort des 65 millions de personnes ayant fui leurs foyers et souligné leur contribution positive dans leurs sociétés d’accueil. 

Enfin, le Ministre a salué les efforts du Secrétaire général visant à la réforme de l’ONU.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a affirmé qu’en dépit de critiques parfois justifiées, l’ONU méritait toujours notre confiance, comme en témoigne d’ailleurs l’affluence au Secrétariat depuis quelques jours.  En outre, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur les changements climatiques sont deux exemples de réussite du multilatéralisme placés sous les auspices des Nations Unies, s’est-elle félicitée.  Plaidant néanmoins pour une réforme en profondeur de l’Organisation, la Ministre a salué les propositions du Secrétaire général en ce sens.  Pour sa part, la Suède compte augmenter de 350 000 dollars pour l’exercice 2018 le budget de son aide publique au développement, qui atteindra donc 1% du produit national brut (PNB).

Il y a neuf mois, la Suède est devenue membre non permanent du Conseil de sécurité, a rappelé Mme Wallström.  « Notre approche des travaux du Conseil de sécurité est simple: même si nous pouvons parfois avoir des positions divergentes de celles de nos partenaires, nous sommes liés par une responsabilité découlant de la Charte des Nations Unies », a-t-elle déclaré, affirmant que son pays coopérait étroitement avec les autres membres du Conseil.  Dans ce contexte, la Suède a fait de la prévention des conflits une priorité de son action au sein du Conseil, où elle préside également le Groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés.  Après avoir exprimé ses préoccupations face aux situations au Myanmar et en Syrie, la Ministre des affaires étrangères s’est déclarée favorable au processus de paix israélo-palestinien pour lequel, a-t-elle estimé, la solution des deux États est la « seule » possible.

Mais la menace la plus grave et la plus immédiate à la paix et à la sécurité internationales tient peut-être aux agissements de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui doit choisir de revenir au dialogue et renoncer à ses provocations, a estimé Mme Wallström.  La Ministre a salué l’engagement du Secrétaire général à mettre à profit ses bons offices pour parvenir à une solution diplomatique à la crise dans la péninsule coréenne.

Un autre sujet d’importance pour la Suède est la participation des femmes à la consolidation de la paix, qui doit être pérennisée.  Présentant son propre pays comme « le plus féministe » au monde, Mme Wallström a déclaré que son pays continuerait de défendre la parité entre les sexes à tous les niveaux de l’Organisation.  

En conclusion, Mme Wallström a souligné que, si la force du Programme de développement durable à l’horizon 2030 réside dans les liens inhérents entre tous les objectifs, deux lui tiennent tout particulièrement à cœur: ceux relatifs à la réduction des inégalités et aux océans et aux mers saines.  Pour sa part, la Suède s’est fixée pour objectif d’éliminer ses émissions de gaz à effet de serre.

TUPOU VI, Roi des Tonga, a indiqué que, pour contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du document final de la troisième Conférence internationale des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID), son pays a créé un mécanisme de surveillance, un outil d’autant plus important que débutera, l’année prochaine, la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour le Pacifique (2018-2022) pour les 14 îles du Pacifique.  Dans ce cadre, le Roi s’est félicité de la toute première nomination d’une compatriote au Bureau des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. 

S’il s’est réjoui de ce que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement ont élargi la définition du mot « fragilité », le Roi a néanmoins estimé qu’il faut aussi y inscrire les facteurs de cette vulnérabilité, comme les catastrophes naturelles et les chocs économiques extérieurs.  À son tour, il a relayé l’appel à la nomination d’un représentant spécial pour les changements climatiques et la sécurité afin de veiller à ce que le système des Nations Unies ait les outils appropriés pour répondre efficacement aux changements climatiques comme « menace existentielle et défi grandissant » pour les petits États insulaires et l’ensemble de la communauté internationale.

Tupou VI a fait part de la création, au mois d’avril dernier aux Tonga, du Centre du Pacifique pour l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique, un partenariat entre la Communauté du Pacifique, le Gouvernement autrichien et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), entre autres.  Mais, a-t-il prévenu, les pays de la région continuent de subir l’impact de la dégradation des océans.  « Nous sommes peut-être de petits États insulaires mais nous sommes de grandes nations océaniques » pour lesquelles, a rappelé le Roi, la bonne mise en œuvre de l’objectif 14 de développement durable sur la protection des ressources marines est « cruciale ».  Il s’est donc félicité de l’« Appel à l’action », le document final de la Conférence des Nations Unie sur les océans, et des près de 1 400 engagements volontaires qui y ont été pris, dont huit par les Tonga.  C’est la base même de l’« économie bleue » ou de la « charte bleue » que le Secrétariat du Commonwealth a proposée, a aussi rappelé le Roi. 

Tupou VI a également plaidé pour le démarrage des négociations sur un instrument juridiquement contraignant relatif à la protection de la biodiversité au-delà des limites de la juridiction nationale.  Il a conclu sur l’importance de partenariats « véritables et durables » pour veiller à ce que personne ne soit laissé sur le bord du chemin.  À ce propos, il a accueilli avec satisfaction la création du Fonds Inde-Nations Unies, qui vient de financer la création d’un système d’alerte rapide pour les Tonga et les autres pays du Pacifique.

« Nous sommes le peuple de l’océan », a déclaré M. MANASSEH SOGAVARE, Premier Ministre des Îles Salomon, en expliquant que la mer est un sanctuaire pour son pays et en plaidant en faveur de la préservation des océans face à la pollution.  Le Premier Ministre a réaffirmé les principes du droit de la mer pour une utilisation pacifique des espaces océaniques.  « Alors que la menace d’un conflit nucléaire est une préoccupation pour tous, les conséquences des changements climatiques qui affectent nos rivages à une rapidité alarmante représentent un réel danger. »  M. Sogavare a en effet noté que l’acidité des océans s’élevait constamment, au point, désormais, de menacer de dissoudre les barrières de corail.

Pour les pays insulaires du Pacifique, les changements climatiques constituent un ennemi qui ne cesse de gagner du terrain.  « Mon pays a perdu six îles en raison des changements climatiques », a déploré le Premier Ministre qui a affirmé que la perspective d’un monde durable ne cessait de s’éloigner pour les pays comme le sien.  « Nous sommes dans la survie. »

M. Sogavare est allé plus loin en prévenant que les changements climatiques représentaient une « menace existentielle » pour la communauté internationale, raison pour laquelle les petits États insulaires du Pacifique avaient demandé au Conseil de sécurité qu’il s’empare de cette question.  Il a aussi exhorté les États-Unis à revoir leur position s’agissant de l’Accord de Paris.  « Nous devons nous tenir côte à côte, dans la solidarité, pour faire face au défi fondamental de notre époque. »

Le Premier Ministre a ensuite évoqué la « modeste contribution » de son pays au maintien de la paix, un contingent de cinq policiers de son pays, dont deux femmes, venant d’accomplir leur service au sein de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Il a ensuite évoqué la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon, qui a achevé son mandat fin juin, et remercié le Forum des Îles du Pacifique pour être venu en aide à son pays et « nous avoir sauvés de nous-mêmes ».  Comme de nombreux pays émergeant d’un conflit, la pérennisation de la paix exigera des initiatives sociales et économiques pour répondre aux causes profondes du conflit, a noté le Premier Ministre.

M. Sogavare a par ailleurs regretté que la porte de l’ONU reste toujours fermée à Taiwan.  « Nous contredisons nos principes en laissant sur le bord de la route 23 millions de personnes », a-t-il argumenté, ajoutant que Taiwan avait l’intention de participer à plusieurs programmes onusiens pour le bien de l’humanité.  « Donnons une chance à Taïwan et ses 23 millions d’habitants », a-t-il poursuivi, en demandant que ce pays trouve sa place dans la famille des nations. 

En outre, M. Sogavare a souhaité que la Puissance administrante en Polynésie française montre le même niveau de coopération que celui montré avec la Nouvelle-Calédonie, qui verra la tenue d’un référendum en 2018.  Concernant la Papouasie occidentale, il a dénoncé les violations des droits de l’homme et exhorté l’Assemblée générale à y remédier.  « L’Indonésie devrait s’engager dans un dialogue constructif pour répondre aux aspirations du peuple de la Papouasie occidentale », a-t-il lancé.

M. Sogavare a espéré que le programme de réforme du Secrétaire général permettrait de recruter des membres du personnel de l’ONU plus représentatifs sur le plan géographique.  « Malgré le fait que nous n’avons qu’un seul ressortissant au Secrétariat, mon pays a été exclu du programme des jeunes administrateurs deux ans d’affilée », s’est-il plaint.  Enfin, le Premier Ministre a déclaré que l’ONU, malgré ses inévitables imperfections, demeurait « l’hôtel de ville de notre village global ».

M. ZORAN ZAEV, Président du Gouvernement de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a présenté son pays comme un petit État plein de diversité, qui a réussi à surmonter des défis difficiles en s’unissant autour de valeurs communes.  C’est pourquoi la République de Macédoine est aujourd’hui libre, sûre et stable.  Elle entretient des relations amicales avec tous ses voisins et elle est fermement engagée en vue d’une intégration complète au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de l’Union européenne, a-t-il ajouté. 

M. Zaev a apporté son soutien aux projets de réformes du Secrétaire général, les jugeant globaux et ambitieux, mais aussi très nécessaires.  Les Nations Unies doivent faire plus et mieux pour relever les nombreux défis du monde actuel et le défi du temps, a poursuivi le Chef de Gouvernement.  « Nous devons être vigilants, mais aussi trouver des mécanismes de prévention des conflits, de développement durable et de gestion des réformes qui soient à la fois innovants et adaptables, tout en bâtissant sur les fondations de la Charte et des autres documents fondateurs », a prôné M. Zaev.

Différents par leur nature et leur ampleur, les défis que représentent les crises humanitaires, les conflits récents ou prolongés, l’intensification des attaques terroristes, les violations des droits de l’homme et les effets croissants des changements climatiques deviennent tous complexes et exigent des réponses de grande ampleur, a poursuivi M. Zaev.  « Nous pouvons progresser si nous sommes unis », a-t-il estimé, rappelant que son pays était un partisan résolu du multilatéralisme.

M. Zaev a également apporté son soutien aux projets de pactes sur les réfugiés et sur les migrants.  Rappelant que son pays et toute la région des Balkans avaient vu transiter, ces dernières années, sur leur territoire des centaines de milliers de migrants, il a fait valoir que, malgré les défis, la Macédoine était parvenue à apporter une assistance humanitaire aux personnes dans le besoin.

Réitérant l’engagement de son pays en faveur de la démocratie, de la bonne gouvernance et des droits de l’homme, M. Zaev a affirmé qu’il avait pu dépasser sa crise institutionnelle grâce à la défense de ces principes fondamentaux.  Sorti plus fort de la crise, le pays peut désormais contribuer à la stabilité de la région des Balkans, a-t-il ajouté.  C’est ainsi qu’au cours des derniers mois, la Macédoine a promu une nouvelle approche avec tous ses voisins, sur la base du dialogue et de la coopération et dans un respect entier et conscient des intérêts nationaux de chacun.

C’est dans ce cadre que M. Zaev a souhaité que, 25 ans après l’admission de son pays aux Nations Unies, puisse être enfin réglée de manière définitive la question de son nom.  Il a rappelé qu’un accord intérimaire conclu en 1995 avait permis de normaliser ses relations avec la Grèce, qui rejette le nom de « République de Macédoine » que le pays s’est donné dans sa Constitution, et avait fait que le pays est connu officiellement aux Nations Unies comme l’« ex-République yougoslave de Macédoine ».  Estimant que la Grèce et son propre pays avaient « tous deux commis des erreurs à des moments différents », M. Zaev a déclaré que les deux États mettaient désormais en œuvre des mesures de renforcement de la confiance.  Il a appelé à « approcher la question d’un point de vue positif, pour changer ».  

M. HAILEMARIAM DESSALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, a déclaré que la complexité des défis qui se posent aujourd’hui à la communauté internationale exige plus que jamais un engagement en faveur du multilatéralisme.  Il a rappelé qu’il y a deux ans à peine, trois examens majeurs relatifs de l’architecture de paix et de sécurité avaient été menés à bien, desquels il est ressorti que les processus politiques doivent être la « marque de fabrique » de l’approche onusienne en matière de résolution des conflits.  Ce n’est pas seulement vrai pour la crise « voisine » au Soudan du Sud, mais aussi pour celles qui sévissent au Moyen-Orient, y compris en Syrie et au Yémen, ainsi que dans la péninsule coréenne, a-t-il dit.

Le Chef de Gouvernement a cependant déploré le manque de volonté politique et l’érosion de l’engagement des parties à trouver des solutions politiques aux situations de crise, plaidant pour sa part pour un partenariat global régional au service de la prévention des conflits.

Les liens étroits entre paix, sécurité et développement sont également clairement ressortis de l’examen de l’architecture de paix et de sécurité, a poursuivi le Premier Ministre, qui s’est félicité à cet égard de l’adoption, l’an dernier, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  « L’heure est venue de s’atteler à la mise en œuvre », a poursuivi M. Dessalegn en constatant un certain retard dans un contexte international qui n’est pas favorable à la réalisation des objectifs agréés.

Le Chef de Gouvernement a rappelé que l’Éthiopie, qui subit les effets des changements climatiques, s’efforce de les atténuer, et ce, avec le soutien de ses partenaires bilatéraux et multilatéraux.  Il a en conclusion plaidé pour un soutien renforcé de la communauté internationale.

M. ANTONI MARTÍ PETIT, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a estimé que le lien entre la prévention de la paix et une « vie digne » est l’une des questions clefs de notre temps, tandis que le développement durable représente le principal défi que doit relever la communauté internationale. 

Ces priorités sont au cœur des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des actions menées par le Secrétaire général au cours des neuf dernier mois, a souligné le Chef du Gouvernement.  « Un monde plus équitable, moins inégal, offrant des opportunités pour tous, dans le respect des différences, en sera un plus sûr et plus pacifique », a-t-il relevé. 

Pour M. Martí Petit, la paix, les droits de l’homme, le développement et la durabilité requièrent une approche multilatérale, car aucun pays, si puissant soit-il, n’est en mesure de les mettre en application à lui seul.  Nous devons donc continuer de défendre un multilatéralisme équitable et inclusif, qui ne laisse personne derrière.  C’est animé de cet esprit que l’Andorre assume son statut de membre du Conseil économique et social (ECOSOC) pour la période triennale 2017-2019 et qu’elle participera ainsi à l’examen des présentations nationales volontaires portant sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

À cet égard, le Chef du Gouvernement s’est félicité de la multiplication des instruments de mesure de l’environnement économique et financier international, tels que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  La Principauté d’Andorre, a-t-il expliqué, a élaboré un Livre blanc de l’égalité, qui servira de référence à la mise en œuvre « d’actions transversales en faveur de l’inclusion » par les secteurs public et privé.

Conformément à l’objectif 4 du Programme 2030, la Principauté d’Andorre révisera son système public d’éducation dans les trois langues pour y intégrer des cours sur les droits de l’homme et les valeurs démocratiques.  En ce qui concerne l’environnement, M. Martí Petit a vanté l’utilisation accrue de la mobilité électrique dans son pays, ainsi que l’adoption de mesures incitatives pour encourager à la production d’énergie renouvelable, comme l’énergie solaire et géothermique. 

L’Andorre, a continué M. Martí Petit, soutient la lutte contre le terrorisme, particulièrement après les attaques perpétrées contre plusieurs de ses voisins au cours des dernières années.  Il a salué à cet effet la création par le Secrétaire général du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU et appelé à « éradiquer » les causes profondes de l’extrémisme.

S’agissant de l’efficacité du travail des Nations Unies, il a invité les États Membres à mettre en œuvre les accords internationaux et à vérifier leur application, afin d’éviter que l’Organisation, et avec elle la communauté internationale, demeure inerte face aux défis de notre temps.  Il a appelé en conclusion à permettre à la Cour pénale internationale (CPI) d’exercer sa juridiction sans l’aval du Conseil de sécurité en cas d’atrocités, comme le proposent la France et le Mexique.

M. HASSAN ALI KHAIRE, Premier Ministre de la Somalie, a affirmé que son pays était « sur la voie ascendante et entendait s’y tenir ».  Malgré des défis considérables, nous veillons à améliorer la sécurité et à conduire les nécessaires réformes économiques et sociales, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que l’allègement de la dette de son pays aurait pour effet d’attirer des investissements étrangers et de débloquer des prêts concessionnels.  Nous avons besoin de votre soutien, a-t-il lancé.

Le Premier Ministre a ensuite évoqué les avancées enregistrées dans la lutte contre les Chabab, ajoutant que le renforcement en cours de la capacité militaire de son pays était un élément indispensable pour préserver de tels acquis.  L’embargo sur les armes qui frappe la Somalie est un obstacle important dans nos efforts, a-t-il déploré, avant d’appeler le Conseil de sécurité à le lever.  Il a en outre plaidé pour que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) soit dotée de ressources prévisibles, ce dont ne pourrait que bénéficier son pays.

M. Khaire a rappelé que son pays était ravagé par un cycle de catastrophes naturelles qui trouvent leur origine dans la dégradation de l’environnement.  La situation humanitaire de millions de Somaliens reste fragile en raison de la persistance de la sécheresse, qui risque d’aboutir à la famine, a-t-il mis en garde, avant de plaider en faveur d’investissements à long terme dans son pays pour y remédier.

Le Premier Ministre a plaidé pour une rationalisation de l’aide humanitaire au bénéfice des États fragiles.  À cet égard, la « Nouvelle donne » pour l’engagement en faveur des États fragiles, endossée par le Forum de Busan en 2011, représente un pas dans la bonne direction, même si elle reste perfectible, a-t-il noté.  Les principes de responsabilité mutuelle consacrés par la « Nouvelle donne » répondent exactement aux besoins des pays fragiles comme le mien, a expliqué le Premier Ministre, qui a toutefois rappelé que, « souvent, des engagements sont pris, qui ne sont pas honorés par la suite ».  Dans le même temps, il a reconnu que les partenaires de développement étaient souvent préoccupés par la faible transparence qui prévaut dans les pays fragiles.  « Nous devons faire mieux pour lutter contre la corruption », a-t-il déclaré, avant de détailler les mesures ambitieuses prises par la Somalie à cette fin.

M. Khaire a rappelé que la proportion des femmes au sein du Parlement somalien était passée de 14 à 24% en 2016, estimant que, « bien que nous n’ayons pas atteint la cible de 30%, nous nous sommes notablement améliorés ».  Il a également fait observer que des femmes détenaient des portefeuilles importants au sein de son gouvernement. 

Le Premier Ministre a aussi détaillé les efforts de son pays pour mieux défendre les droits de l’homme, citant la lutte contre l’impunité des auteurs de violences sexuelles.  « Bien que nous soyons attachés à nos traditions, cela ne doit jamais être une raison pour tolérer l’impunité », a-t-il ajouté, avant d’assurer que son gouvernement était déterminé à trouver les moyens « d’harmoniser notre système judiciaire traditionnel d’une manière qui respecte les droits de l’homme ».

M. MOTSOAHAE THOMAS THABANE, Premier Ministre du Lesotho, a estimé que le monde d’aujourd’hui était en train de régresser lentement vers ce qu’il était, il y a 70 ans.  La crise mondiale des réfugiés, le terrorisme et l’escalade des tensions dans la péninsule coréenne mettent à l’épreuve la capacité des Nations Unies de régler les conflits.  M. Thabane est longuement revenu sur la situation de son pays, où la nouvelle administration en place est déterminée à restructurer les institutions gouvernementales.  Il a mis en évidence le rôle joué par la Communauté de développement de l’Afrique australe, dont son pays est résolu à mettre en œuvre les décisions.  Il a fait état des progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête du juge Phumaphi sur l’assassinat brutal du général Mahao en 2015 et a dénoncé l’assassinat, le 5 septembre 2017, du général Khoantle Mo’tso- Mo’tso par deux officiers de l’armée.

Sur le front du développement, le Lesotho est décidé à maintenir une discipline stricte pour stabiliser son économie, ainsi qu’à lutter fermement contre la corruption conformément à l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Thabane a insisté sur la volonté de son pays d’accorder une attention particulière à la jeunesse et parlé de la Stratégie globale pour l’emploi des jeunes.  Il a reconnu combien le VIH restait un fléau dans son pays, en particulier chez les femmes, colonne vertébrale de l’économie.  Le problème, a-t-il ajouté, est indissociable de celui de la pauvreté.  Enfin, il a souligné que la situation géographique du Lesotho constitue un défi supplémentaire pour son économie, car elle entraîne des coûts de transport élevés, sans compter la lenteur des procédures d’exportation.

Sur le plan environnemental, il a rappelé que le Lesotho avait subi des sécheresses prolongées à cause du phénomène El Niño, qui, comme ailleurs en Afrique australe, avaient provoqué des pénuries alimentaires. À la lumière des récentes catastrophes naturelles, il a insisté sur la nécessité d’une action urgente conforme à l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a exhorté les pays qui se sont retirés de cet accord à revenir sur leur décision.  Il a plaidé pour que des petits États comme le sien puissent bénéficier de technologies leur permettant de s’adapter aux effets des changements climatiques et a souhaité que la communauté internationale mobilise davantage de ressources financières pour l’Afrique.

M. LOUIS STRAKER, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a mis en exergue l’impact dévastateur des ouragans qui ont frappé les Caraïbes et certains États américains au cours des cinq dernières semaines, n’hésitant pas à le comparer à celui « d’armes de destruction massive ».  Vu que les dommages infligés en termes d’infrastructure s’élèvent, d’ores et déjà, à plus de 130 milliards de dollars, le Ministre a redouté des répercussions lourdes sur le développement des pays frappés, et cela sur les années et décennies à venir.  Pour lui, il ne fait pas de doute que ces ouragans ravageurs sont bien la marque de changements climatiques et non pas « un acte de revanche de Dieu ».

« Presque chaque année les températures grimpent.  Quasiment chaque saison d’ouragan est plus violente que la précédente et chaque tempête, sécheresse et inondation provoque plus de dégâts qu’auparavant », s’est indigné le Ministre qui a estimé que, de nos jours, c’est une insulte éhontée que de mettre en cause la véracité des changements climatiques.

« À ce stade, c’est presque cliché que de réaffirmer que les petits États insulaires sont les plus vulnérables aux changements climatiques alors même qu’ils émettent le moins de gaz à effet de serre », a-t-il poursuivi.  Ce truisme, a-t-il constaté, constitue pourtant le fondement même des revendications justifiées et urgentes de ces pays pour que les nations responsables en premier chef de ce phénomène soient celles qui agissent le plus pour le contrecarrer et pour venir en aide à d’autres pays qui cherchent à s’adapter à cette nouvelle réalité.  C’est la raison pour laquelle le Premier Ministre perçoit toute tentative de désaveu de l’Accord de Paris comme un acte hostile.

Il a également plaidé en faveur d’un soutien massif de la communauté internationale aux îles indépendantes frappées par les récents ouragans (Antigua-et-Barbuda; Saint-Kitts-et-Nevis; Cuba, les Bahamas et la Dominique), à la fois en termes de secours d’urgence et de reconstruction à long terme, et cela indépendamment du PIB par habitant.  S’agissant des territoires sous tutelle coloniale de la France, du Royaume-Uni ou des États-Unis, il a demandé aux « pouvoirs coloniaux » de pleinement accepter leur responsabilité pour le rétablissement et la réhabilitation de ces territoires.

L’intensification des changements climatiques en tant que menace existentielle n’a pas pour autant remplacé celle des conflits armés dans le monde, a souligné le Premier Ministre pour lequel la diplomatie, quoique difficile, reste toujours préférable à toute autre alternative.  Toute frustration par rapport au rythme auquel avancent les négociations et la médiation ne doit en aucun cas ouvrir la voie à des interventions militaires hâtives pour remédier à des problèmes intrinsèquement politiques, ni à une interprétation illogique de l’intérêt souverain qui justifierait de piétiner la souveraineté d’autres États, a averti le Ministre qui s’est exclamé « la souveraineté n’est pas une épée, mais un bouclier ».

Les Nations Unies ne doivent pas devenir un forum pour permettre à un pays ou un autre de mesurer « sa souveraineté ou sa puissance militaire » dans la poursuite d’un intérêt personnel à court terme, a-t-il poursuivi, rappelant que « nous sommes une communauté créée sur l’hypothèse de l’égalité souveraine de tous les États: riches ou pauvres, petits ou grands ».  « La capacité d’une nation d’en détruire une autre ne lui confère pas de droits spéciaux mais au contraire des responsabilités profondes dont l’une des plus importantes est la retenue », a-t-il lancé à la salle.

À cet égard, il s’est dit alarmé par la menace persistante à la souveraineté du Venezuela.  Il a martelé que l’Amérique latine et les Caraïbes sont une zone de paix et qu’aucun conflit dans la région ne saurait être réglé par les armes.

Regrettant le fait que son pays soit régulièrement pris pour cible par certaines institutions des Nations Unies et ONG internationales sur la question des droits de l’homme, M. PRAK SOKHONN, Ministre des affaires étrangères du Cambodge, a dénoncé le manque d’impartialité des observateurs internationaux.  « Et il faut le dire sans détour: l’examen de la situation des droits de l’homme varie selon les opportunités politiques de certaines grandes puissances », a-t-il affirmé, ajoutant que les ONG internationales étaient elles-mêmes « loin d’être politiquement neutres ».  Selon lui, la question des droits de l’homme n’est soulevée qu’en fonction « d’intérêts précis » et « selon les opportunités du moment ». 

M. Sokhonn a estimé que son pays avait lui-même été victime de l’instrumentalisation politique de la question des droits de l’homme pendant les 12 années du régime des Khmers rouges, au cours desquelles les « pires crimes de masse » ont, selon lui, été niés par la communauté internationale.  « Il est douloureux et choquant pour un survivant du régime de Pol Pot d’entendre qualifier, aujourd’hui, par le Rapporteur spécial pour les droits de l’homme au Cambodge, les crimes perpétrés par ce régime de simples ‘troubles’ », s’est-il indigné.

À ces yeux, le Cambodge fait aujourd’hui l’objet de critiques incessantes pour des faits qui sont rapportés de manière « partielle » et « partiale ».  Il s’est ainsi plaint du fait que les rapports sur la question « blâment toujours » le Gouvernement et « érigent les opposants en martyrs de la démocratie ».  Selon lui, les comportements coupables et illégaux de l’opposition ne sont jamais relevés dans ces rapports.

Appelant à tirer les enseignements de l’histoire de son pays, le Ministre a affirmé que, lorsqu’il a par le passé été contraint de suivre la voie imposée par des puissances occidentales, le Cambodge a été conduit à la « catastrophe » et à « une des pires tragédies » du siècle passé.

« Aujourd’hui, on nous accuse de porter atteinte à la démocratie parce que, en vertu des lois existantes, nous poursuivons et punissons des gens qui violent ces lois », a-t-il dénoncé.  Selon lui, le discours de certains gouvernements sur les droits de l’homme et la démocratie serait plus « pertinent et crédible » s’ils se l’appliquaient à eux-mêmes.

M. WILFRED ELRINGTON, Ministre des affaires étrangères de Belize, a présenté les condoléances de son pays aux nations des Caraïbes qui viennent d’être frappées par les ouragans Irma et Maria.  Il n’a pas oublié le Mexique qui se remet d’une série de tremblements de terres.  Il a rappelé que le Belize vient de célébrer, ce 2121septembre, ses 36 ans d’indépendance, annonçant que son pays a initié une stratégie de croissance et de développement durable, en droite ligne des objectifs de développement durable, et en complément de ses engagements vis-à-vis de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Le pays est engagé à éradiquer toute production de gaz à effet de serre, notamment grâce à l’objectif de produire l’énergie électrique à 85% à partir de sources renouvelables d’ici à 2027.

Il a expliqué que la mise en œuvre de cette stratégie de croissance et de développement durable nécessite des fonds qui équivalent au quart du produit intérieur brut (PIB) du pays.  Il a regretté que malgré les efforts consentis par le Belize, le pays soit toujours présenté, sur la scène internationale, comme un État aux législations non conformes aux normes internationales du climat des affaires.  Il s’agit là d’une situation, s’est-il plaint, qui influe négativement sur la capacité du pays à attirer les investisseurs, sans oublier que pays à revenu intermédiaire, le Belize n’a pas accès aux prêts concessionnels.  Avec une dette extérieure représentant 70% du PIB, le pays ne peut que se tourner que vers les marchés financiers et leurs taux d’intérêt prohibitifs.  En plus, la région des Caraïbes se heurte en ce moment aux correspondants des grandes banques internationales, ce qui bloque toute possibilité d’attirer des investissements étrangers.  L’orateur a invité l’ONU, notamment le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, à trouver une solution pour mobiliser les capitaux privés en faveur des objectifs de développement durable.

Il a salué le rôle central de l’ONU, en tant que catalyseur, innovateur et « champion de ce qui marche ».  Il n’a pas manqué de mentionner la situation qui prévaut au Venezuela, offrant les bons offices de son pays pour faciliter le dialogue entre les parties.  Il a aussi salué la nouvelle approche adoptée par les Nations Unies sur la question du choléra en Haïti.  Il a enfin rappelé que le Belize et le Guatemala ont convenu, en 2008, de saisir la Cour internationale de Justice de leur différend frontalier.  Il a assuré de la disposition de son pays à coopérer avec le Guatemala pour finaliser le mécanisme de coopération relatif au fleuve Sarstoon.

Pour M. NICOLA RENZI, Ministre des affaires étrangères et politiques de Saint-Marin, face aux menaces à la stabilité mondiale, l’engagement collectif pour les droits de l’homme est essentiel.  Les mesures de protection et de promotion des droits de l’homme sont importantes pour prévenir les conflits et soutenir la paix.  De même, des sociétés plus pacifiques et inclusives fixent les conditions du développement durable et inversement. 

Le Ministre a ajouté que l’ONU devait s’adapter rapidement aux nouveaux défis mondiaux et aux nouvelles opportunités offertes par un monde de plus en plus interconnecté, afin d’être plus efficace dans l’accomplissement de son mandat.  Les réformes sont cruciales pour la stabilité future du monde et le maintien de la paix et de la sécurité internationales, elles doivent rester au centre de nos actions, a-t-il ajouté. 

Saint-Marin suit donc avec intérêt le processus de revitalisation de l’Assemblée générale, laquelle doit continuer d’être le point de référence et le forum d’échanges d’idées et de discussions dans lequel des solutions fondées sur un consensus fort pourraient être trouvées.  Pareillement, la réforme du Conseil de sécurité devrait être un objectif de tous les États Membres, a estimé M. Renzi.  Saint-Marin souhaite une réforme qui rende le Conseil plus démocratique, transparent, efficace et responsable.  Saint-Marin soutient en outre le programme de réforme du Secrétaire général visant à rationaliser les procédures, à décentraliser les processus décisionnels et à accroître la transparence et la responsabilité.

Soulignant que les droits de l’homme sont les raisons d’être du Programme 2030, M. Renzi a déploré que, dans de nombreux domaines couverts par le Programme, les progrès ne soient pas à la hauteur des attentes.  Beaucoup reste à faire pour les 700 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté et la malnutrition, pour assurer une éducation inclusive et juste, pour investir dans l’énergie durable et pour donner des soins de santé à des segments plus larges de la population.

Rappelant d’autres crises comme les larges mouvements de réfugiés et de migrants, le nombre record de déploiements d’opérations de maintien de la paix ou encore le conflit en Syrie, le Ministre a réaffirmé le soutien de son pays aux initiatives du Secrétaire général visant à renforcer les activités de prévention et de médiation dans les conflits.  À cet égard, il a annoncé que Saint-Marin participerait à l’initiative italienne pour la création d’un réseau de femmes médiatrices dans la région de la Méditerranée, dont l’objectif est de contribuer aux processus de paix à travers la prévention et la médiation.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a regretté qu’aujourd’hui l’on se contente de gérer et de contenir les conflits plutôt que de les prévenir.  Nous devons faire mieux, a tranché la Ministre, et cette année offre l’occasion d’une étape « historique ».  Pour la première fois depuis la création des Nations Unies, s’est-elle expliquée, nous pouvons saisir une juridiction internationale, soit la Cour pénale internationale (CPI), du crime d’agression.  La Ministre a d’ailleurs rappelé que 2018 marquera le vingtième anniversaire de la CPI, déplorant que beaucoup n’aient pas encore bénéficié de sa protection juridique, et notamment les Syriens, qui subissent toujours une violence innommable.  « Le silence qui a été notre seule réponse pendant trop longtemps nous couvre de honte », a lancé la Ministre, se félicitant qu’enfin, l’année dernière, le monde se soit uni pour offrir une vraie perspective de justice avec le « Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables ». 

Mais le succès du Mécanisme dépendra de l’appui des États, a prévenu la Ministre: appui politique, en insistant sur l’importance de la justice comme partie intégrante des solutions politiques; appui financier, en fournissant durablement les ressources; et appui substantiel, en partageant les informations et les preuves sur les crimes.  L’établissement des responsabilités pour les crimes les plus inimaginables, que ce soit en Syrie ou ailleurs, est « essentiel », a insisté la Ministre.  Mais, a-t-elle concédé, la vérité est qu’il n’y a ni remède ni compensation pour de tels crimes.  La prévention est donc la seule force efficace de protection et, en la matière, le Liechtenstein attend que le Conseil de sécurité fasse preuve de leadership.  La Ministre a donc remercié les 113 États qui ont adhéré au Code de conduite sur la réaction du Conseil de sécurité face aux atrocités de masse, une large adhésion qui intervient au moment même où le Secrétaire général fait de la prévention sa priorité, s’est-elle félicitée.

Mme Frick a poursuivi sur les crises humanitaires et la faiblesse de la réponse internationale.  Mon fils, qui est entré à l’école maternelle l’année dernière, a comme camarades de classe deux petits réfugiés syriens a-t-elle confié.  Je me suis demandé comment cette situation pourrait l’influencer mais ce qui est arrivé, a raconté la Ministre, c’est qu’il a très vite appris quelques mots d’arabe, goûté à la recette syrienne des gâteaux d’anniversaire et compris que, dans le monde, il y a des enfants qui s’endorment chaque soir en craignant que leur maison soit bombardée.

La Ministre a dit attendre beaucoup du futur pacte mondial sur les migrations, lesquelles doivent être une option et pas une nécessité.  Dans ce cadre, elle a souligné que la traite des êtres humains et l’esclavage moderne ne sont pas seulement des crimes mais aussi une forme très rentable de la criminalité organisée.  « Suivez l’argent et vous trouverez les coupables », a-t-elle conseillé, en attirant l’attention sur l’expertise de son pays, place financière soucieuse des normes internationales et de la redevabilité.

Mme Frick a par ailleurs insisté sur l’importance de la pleine égalité entre les sexes.  Les progrès enregistrés ces dernières décennies commencent à ralentir et c’est une tendance troublante, s’est-elle inquiétée.  Elle s’est toutefois dite optimiste, « tout simplement parce que je crois fermement que nombre de nos objectifs communs ne seront réalisables que si nous parvenons à l’égalité ». 

La Ministre a réservé ses tout derniers mots au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  S’il y a un domaine dans lequel l’ONU peut montrer la voie, c’est certainement celui-là, a-t-elle estimé, sans oublier de souligner l’importance de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

M. NIKOS KOTZIAS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a souligné que son pays, situé au carrefour du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, était un pôle de stabilité dans une région troublée, rappelant à cet égard les nombreuses initiatives qu’il avait prises en faveur de la paix et de la sécurité internationales.

Concernant la Syrie, M. Kotzias a affirmé que son pays ne voyait pas d’autres options que celles de négociations menées sous les auspices des Nations Unies.  Il a aussi fait part de son soutien à la solution des deux États dans le conflit israélo-palestinien, et a rejeté toute idée d’intervention militaire en Libye. 

En outre, concernant la lutte contre le terrorisme, il a insisté sur l’importance des progrès récents réalisés contre Daech, et a exprimé l’appui de son pays aux efforts internationaux contre le commerce illégal d’antiquités et de biens culturels.

Bien que son pays soit en faveur de la politique d’élargissement de l’Union européenne aux pays de l’ouest des Balkans, M. Kotzias s’est cependant dit particulièrement inquiet de la montée des discours nationalistes dans la région.  À l’égard de l’ex-République yougoslave de Macédoine, il a affirmé qu’Athènes maintenait une approche amicale, et que les relations entre les deux pays s’étaient renforcées.  La Grèce s’est engagée à continuer à travailler à une solution mutuelle acceptable au contentieux relatif au nom de son voisin.

Le Ministre a ensuite expliqué que l’amélioration des relations avec la Turquie devait se construire sur le respect du droit international.  M. Kotzias s’est ainsi dit en phase avec le concept adopté par le Secrétaire général durant la Conférence internationale pour la réunification de Chypre, en juin dernier, d’en faire un « État normal, souverain et indépendant, libre de toute occupation étrangère ».  Il a cependant regretté que cette conférence se soit achevée sans être parvenue à un accord, précisément en raison du rejet du concept d’« État normal » par la Turquie et la partie turque de l’île.  Il s’est dit cependant prêt à poursuivre les discussions si la Turquie manifeste sa volonté de reprendre les négociations sur la base des résolutions du Conseil de sécurité et du cadre mis en place par le Secrétaire général à Crans Montana.

Le Ministre a mis l’accent sur l’attachement de la Grèce à la protection des droits de l’homme dans toutes les politiques touchant aux larges mouvements de migrants.  Ces derniers donnent un cadre pour lutter contre le trafic d’êtres humains, la contrebande et le retour des personnes n’ayant pas de protection internationale, de même qu’ils permettent de s’attaquer aux causes profondes des migrations grâce à une coopération entre les pays d’origine et de transit. 

La Grèce s’est, de même, investie dans une coopération régionale renforcée dans les Balkans, en participant à des réunions quadrilatérales avec l’Albanie, la Bulgarie et l’ex-République yougoslave de Macédoine, dans l’idée notamment de répondre plus efficacement à la crise des réfugiés.

Mme MAXINE PAMELA OMETA MCCLEAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade, a rappelé que c’est la huitième fois, cette année, qu’elle avertit les nations sur les ramifications des changements climatiques non-contrôlées et de la « menace existentielle » qu’elles constituent pour les petits États insulaires en développement (PEID) comme la Barbade.  Mais cet appel a été ignoré et, aujourd’hui, nous sommes témoins des résultats de cette « indifférence dangereuse ».

Après avoir rappelé l’effet dévastateur des changements climatiques dans le monde et de la dévastation des pays touchés par les derniers ouragans, la Ministre a appelé le Secrétaire général et le Président de la Banque mondiale à organiser une conférence internationale sur le relèvement et la reconstruction des îles des Caraïbes touchées par les ouragans Irma et Maria.  Elle a aussi exhorté tous les États Membres à soutenir cette cause.

Mme McClean a ajouté que pour la Barbade et les PEID, les changements climatiques sont « une question de vie ou de mort ».  C’est une question de pertes en vies humaines et de pertes des moyens de subsistance.  Pour nos économies qui dépendent largement du tourisme, il s’agit d’un cycle constant de relèvement et de reconstruction qui est « un grave obstacle au développement durable ».

La Barbade qui soutient la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, considère que le Sommet sur les changements climatiques de 2019 est une occasion importante de faire l’inventaire de ce qui a été fait et de donner un élan supplémentaire si cela s’avère nécessaire. 

Au sujet de la paix internationale, Mme McClean a indiqué que chaque membre de la communauté internationale a l’obligation de soutenir les efforts du Secrétaire général et d’agir pour créer un environnement dans lequel la paix peut s’épanouir.  Elle a exprimé le soutien inébranlable de la Barbade à la protection et à la préservation de l’intégrité territoriale du Guyana et du Belize.

En ce qui concerne la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la Ministre a annoncé la nomination dans son pays d’un Secrétaire permanent du Premier Ministre chargé de la mise en œuvre du Programme au niveau national.  Elle a revendiqué un traitement spécial des PEID à cause de leurs vulnérabilités particulières.  Des partenariats multisectoriels efficaces sont nécessaires pour les aider à mettre en œuvre le Programme 2030.

Mme McClean qui a présenté la candidature de la Sénatrice Kerryan Ifill au Comité des droits des personnes handicapées pour la période 2019-2022, s’est plainte du classement de la Barbade parmi les pays à revenu intermédiaire.  Ce classement, s’est-elle expliquée, limite l’accès à l’aide internationale et aux financements concessionnels, compromettant la réalisation du développement durable.  Elle a appelé à la création d’un environnement international favorable et à des partenariats au développement renforcés.

CHEIKH ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, est revenu sur les différentes crises qui enflamment la région, imputant la situation au terrorisme mais aussi à l’agissement de régimes expansionnistes qui cherchent à étendre leur influence, en soutenant des groupes extrémistes ou en se livrant à de l’ingérence.  Le Ministre a pointé le doigt sur l’Iran, coupable, selon lui, d’être « le facteur commun de toutes les crises dans la région » et de demeurer « le véritable obstacle à des progrès concrets dans la résolution de ces crises ».  Insistant sur la politique « hostile et expansionniste » de Téhéran, le Ministre a directement accusé son voisin de soutenir des groupes et des cellules terroristes en Iraq, en Syrie, au Yémen, au Liban, en Arabie saoudite, au Bahreïn et au Koweït.  Poursuivant ces critiques, il a réitéré la souveraineté de son pays sur les îles de Petite Tunb, Grande Tunb et Abu Moussa actuellement occupées par l’Iran en violation, selon lui, de la Charte des Nations Unies.

Le Ministre a ensuite estimé que la communauté internationale peut faire plus s’agissant de la sécurité et de l’aide humanitaire, en protégeant ce qui a déjà été accompli et en empêchant quiconque de faire obstruction aux efforts collectifs de maintien de la paix.  Pensant à la Libye, à la Syrie, au Yémen et à la Somalie, le Chef de la diplomatie a estimé que des solutions politiques peuvent être trouvées dans ces pays.  Il s’agit, a-t-il dit, de rester uni face au terrorisme et de prendre des actions collectives pour identifier et demander des comptes aux pays qui le financent.  C’est pourquoi, a précisé M. Bin Zayed Al Nahyan, nous et nos alliés avons pris des mesures pour stopper le soutien du Qatar au terrorisme.  Il a également appelé à la compassion, la tolérance et l’ouverture, estimant que le monde arabe a plus que jamais besoin de ces valeurs pour contrebalancer les messages et les idéologies extrémistes.

S’agissant du nucléaire, le Ministre a regretté qu’il n’y ait aucun changement dans l’attitude de l’Iran.  Son attitude agressive et celle de la Corée du Nord, sont « incompatibles », selon lui, « avec leur appartenance à une organisation internationale dont la première des préoccupations reste de garantir la paix et la sécurité ».

Enfin, le Ministre a condamné les violences contre la minorité musulmane des Rohingya au Myanmar.  Il a aussi jugé regrettable l’obstination des rebelles Houthis au Yémen qui refusent tout règlement politique de la crise et toute aide aux populations.  Il a appelé les Nations Unies à assumer leurs responsabilités et à trouver des solutions aux crises humanitaires et politiques.  

Après avoir exprimé sa solidarité et sa sympathie au Mexique, aux Caraïbes et aux États Unies, touchés par des catastrophes naturelles dévastatrices, M. TSEND MUNKH-ORGIL, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a attiré l’attention sur le fait que ces catastrophes sont quatre fois plus nombreuses qu’en 1970.  Mon pays, a-t-il annoncé, va accueillir, en juillet 2018, une Conférence ministérielle asiatique pour mettre en œuvre le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, car il est également exposé à de nombreux défis liés aux changements climatiques, dont la désertification, la sécheresse, la dégradation des sols et les feux de forêt.  La préservation des écosystèmes et des ressources naturelles, ainsi que la promotion d’une croissance économique verte, sont les principaux objectifs du plan d’action 2016-2020 de la Mongolie qui s’est engagée à réduire de 14% ses émissions de CO2 d’ici à 2030.

Pour M. Munkh-Orgil, les objectifs de développement durable, que son pays est un des premiers à avoir adoptés, peuvent transformer le monde si l’on met en place la bonne structure globale à l’échelle internationale, nationale et régionale.  La Mongolie, grâce à propre programme national de développement durable, ambitionne de devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030.  Le Ministre n’a pas caché les défis spécifiques des pays en développement sans littoral comme le sien et s’est réjoui de l’entrée en vigueur, le 6 octobre prochain, de l’Accord multilatéral portant création d’un groupe de réflexion international sur ces pays dont la connectivité est une priorité pressante.  L’année dernière, la Mongolie a d’ailleurs accédé à l’Accord sur la facilitation des échanges qui a le potentiel de réduire les coûts des échanges commerciaux.  Des accords de libre-échange avec l’Union économique eurasienne, la Chine et la République de Corée sont à l’étude, alors que l’accord de partenariat économique avec le Japon est déjà en place.  Enfin, le Ministre a rappelé qu’en 2015, les Présidents de la Mongolie, de la Chine et de la Fédération de Russie ont signé un accord pour développer un corridor économique, sur la mise en œuvre duquel ils travaillent déjà.

Sur le plan énergétique, la Mongolie s’est fixé l’objectif ambitieux de produire 30% de son énergie avec des sources renouvelables d’ici à 2030.  Le pays collabore avec ses partenaires pour mettre en place les projets « Globi Tech » et « Asian Super Grid ».

S’agissant du dossier nucléaire de la péninsule coréenne, le Ministre a estimé que le Dialogue d’Oulanbatar sur la sécurité dans le nord-est de l’Asie pouvait constituer une piste de solution, car il bénéficie de la participation de tous les pays de la région.  Après s’être félicité du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le Ministre a souligné la contribution de son pays au maintien de la paix.  La Mongolie a en effet déployé 15 000 Casques bleus dans plusieurs endroits « chauds » du globe, figurant parmi les principaux contributeurs.  Au Soudan du Sud, par exemple, les soldats de la paix mongols aident à la rénovation des écoles.

M. AURÉLIEN AGBENONCI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin, au nom de M. Patrice Talon, Président du Bénin, a assuré que son pays continuait ses efforts pour atteindre les objectifs de développement durable.  Il a réitéré son message du 22 septembre 2016, à l’ONU, selon lequel la pauvreté de masse est une menace majeure pour l’humanité.  Un an après, la situation n’a cessé de se dégrader dans nos pays, poussant des milliers d’habitants à l’émigration au risque de leur vie, avec pour corollaire de nombreux défis sécuritaires et économiques pour les pays d’accueil ainsi que des conséquences environnementales assez importantes.

Le Ministre a fait remarquer que la session actuelle de l’Assemblée générale s’ouvrait à un moment où le monde faisait face à une multitude de défis complexes.  C’est pourquoi, pour assurer le bien-être des populations africaines et aborder tous ces problèmes avec l’efficacité requise, l’Union africaine a plus que jamais besoin de se réformer.  Pour sa part, le Bénin soutient fermement le processus en cours, et souhaite vivement son aboutissement à très brève échéance. 

La réforme des Nations Unies, en particulier celle du Conseil de sécurité, doit être poursuivie pour accroître l’efficacité de l’Organisation notamment dans le domaine de la paix et de la sécurité, a plaidé le Ministre.  Selon lui, le Conseil de sécurité doit être recomposé pour tenir compte des mutations intervenues sur la scène internationale au cours des décennies écoulées.  On ne peut, d’un côté, appeler au respect de la démocratie dans tous les pays et, paradoxalement, ne pas vouloir qu’elle soit appliquée dans la réforme du Conseil de sécurité. 

« Cette réforme, nous l’espérons vivement, permettra de réparer l’injustice faite à l’Afrique, seul continent non représenté dans la catégorie des membres permanents du Conseil. »  Au titre des défis importants à relever figure également le règlement de la question palestinienne, pour le Bénin. 

La création de l’État palestinien, membre de plein droit des Nations Unies et vivant en bonne entente avec Israël, permettra sans nul doute de lancer la dynamique qui fera baisser les tensions dans cette région.  « Nous soutenons les efforts de l’ONU pour parvenir à cet objectif tout comme nous appuyons les initiatives destinées à réunir les conditions propices à l’organisation d’une conférence internationale en vue de la création dans la région du Moyen-Orient, d’une zone exempte d’armes nucléaires », a indiqué M. Agbenonci. 

M. PEHIN DATO SERI SETIA LIM JOCK SENG, Vice-Ministre des affaires étrangères et du commerce du Brunei Darussalam, a indiqué que son pays poursuit ses efforts pour diversifier son économie et promouvoir le libre-échange, aux niveaux bilatéral et régional, avec l’idée de parvenir à une économie dynamique et viable.  Dans la poursuite des progrès économiques, n’oublions pas le lien entre activités humaines et changement climatique, a poursuivi le Vice-Ministre, voyant dans l’Accord de Paris une possibilité de galvaniser l’action collective en faveur d’une planète plus propre, plus saine, plus sûre et plus viable.

Le Brunei Darussalam continuera à faire ce qui est en son pouvoir pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, a-t-il assuré.  Le pays va promouvoir l’efficacité dans la consommation énergétique et passer progressivement aux énergies renouvelables.  La conservation des forêts est aussi une priorité, y compris l’initiative « Heart of Borneo » et plus récemment la « Queen’s Commonweatlh Canopy ». 

Sur le plan régional, le Vice-Ministre a souligné l’importance de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), avant de s’attarder sur les dangers du terrorisme et de souligner l’importance d’en examiner les causes sous-jacentes dont la pauvreté, la marginalisation et l’aliénation, surtout parmi les jeunes.  Travailler étroitement avec les jeunes, les leaders religieux et les communautés locales est essentiel, a-t-il souligné.

Dans notre quête de ne laisser personne sur le côté, a poursuivi le Vice-Ministre, il ne faut pas oublier le sort de ceux qui souffrent des conflits et de l’occupation.  Les Nations Unies, s’est-il expliqué, ont l’obligation juridique et morale de faire respecter les droits des Palestiniens et de veiller à ce que ceux qui violent le droit international répondent de leurs actes.  Transformons en changements positifs sur le terrain, le fait que de plus en plus de pays reconnaissent l’État de Palestine, a encouragé le Vice-Ministre.

Il a conclu en exprimant son ferme appui aux propositions de réforme du Secrétaire général pour une ONU plus à même de servir les buts et principes de la Charte.

M. DATO’ SRI ANIFAH AMAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a insisté sur la nécessité de remplir la promesse qu’aucun citoyen du monde ne soit laissé sur le côté.  C’est sur cette base que son pays a toujours orienté son programme de développement, adoptant des politiques en ce sens pour la période 2016-2020, sur le thème d’une « croissance ancrée dans le peuple ».

Plus tôt cette semaine, la Malaisie s’est jointe à d’autres États Membres pour signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  M. Anifah Aman, qui a résolument condamné les essais nucléaires et les tirs de missile par la République populaire démocratique de Corée, a demandé à ce pays de se plier à ses obligations internationales dans l’intérêt de la paix et de la sécurité.

Le Ministre a ensuite regretté le regain de violence instigué par un groupe de militants rohingya « désespérés et délirants » dans l’État Rakhine au Myanmar.  Il a affirmé que si la situation actuelle n’était pas prise en charge de manière appropriée, cette population désespérée deviendrait une proie facile pour les extrémistes.  « La frustration prolongée, la haine et les privations leur offrent un terrain fertile. »  Il a appelé le Gouvernement du Myanmar à mettre fin aux violences, aux meurtres et à la destruction de propriétés, lui demandant aussi de laisser un accès immédiat pour acheminer l’aide humanitaire.

S’agissant de la Palestine, la Malaisie estime que toute action d’Israël pour imposer sa loi, ses juridictions et son administration à la ville sacrée de Jérusalem est illégale et totalement inacceptable.  M. Anifah Aman s’est dit extrêmement consterné que la perspective d’une coexistence pacifique soit mise à mal par les activités illégales d’occupation d’Israël.

Dans la lutte contre la montée de l’extrémisme violent, a poursuivi le Ministre, la Malaisie réitère qu’il est urgent d’adopter une approche caractérisée par la modération.  Elle appelle à ce titre à la création d’un « mouvement global des modérés », pour « éteindre la flamme de la haine et endiguer l’intolérance, la xénophobie et la haine raciale ».

M. Anifah Aman a conclu son intervention en abordant la question de la réforme des Nations Unies.  Il a averti que toute initiative visant à réduire les coûts ne devait pas mettre à mal les efforts en cours pour assurer la paix et une vie décente pour tous.  Ceci est particulièrement valable pour les programmes menés dans les pays de développement, notamment ceux qui sont en conflit, ainsi que pour les opérations de maintien de la paix et de construction de la paix, a-t-il précisé.

M. SAMURA M.W. KAMARA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Sierra-Leone, a fait la déclaration suivante au nom du Président ERNEST BAI KOROMA.  M. Kamara a déclaré que la médiation est un outil très efficace pour la prévention et le règlement des conflits armés et que tout son potentiel doit être pleinement exploité.  Le Ministre a rappelé que son pays a lui-même bénéficié des efforts de médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et en a profité pour plaider pour le renforcement du rôle des organisations régionales, généralement mieux placées pour générer la volonté politique nécessaire à la prévention des conflits au niveau des régions.

Le Ministre a ensuite fait part des progrès réalisés par son pays depuis la prise de fonctions du Président Koroma, il y a 10 ans, des progrès socioéconomiques qui ont été balayés, il y a trois ans, par l’éruption inattendue et sans précédent d’Ebola.  Alors qu’elle était reconnue comme le pays à la plus forte croissance, la Sierra Leone est passée d’un taux de 20,1% en 2014 à 21,7% en 2015.  L’épidémie, a-t-il avoué, a révélé des faiblesses systémiques fondamentales, en particulier dans le système de santé.  La lutte pour éradiquer Ebola et prévenir sa résurgence a été remportée grâce à l’appropriation et à la résilience nationales. 

Mais alors qu’elle négociait enfin son virage, la Sierra Leone a été frappée de plein fouet le 14 août dernier, par des pluies torrentielles qui ont semé la mort et des dégâts généralisés, a rappelé le Ministre.  Ces pluies, troisième d’une série de pluies torrentielles dévastatrices, sont un rappel frappant de la réalité des changements climatiques et ont démontré, si besoin en était, la vulnérabilité de la Sierra Leone.  Ceci n’a pas empêché le pays, a affirmé le Ministre, de se maintenir solidement sur la voie de la paix, de la démocratie, de la croissance et d’une vie décente pour tous.  Le Gouvernement s’attache à mettre en place un système de santé résilient et après les pluies torrentielles, à renforcer les efforts liés à la gestion des terres, la reforestation, les logements et l’urbanisation. 

Le pays recherche donc un engagement plus stratégique de ses partenaires pour pouvoir mettre plus efficacement en œuvre les objectifs de développement durable, en particulier diversifier l’économie et investir dans l’éducation et la santé.  Le potentiel économique est énorme pour les partenariats publics-privés et toutes les formes de coopération, a insisté le Ministre qui a rappelé que son pays est sur le point de tenir un autre cycle d’élections présidentielle, législatives et locales qui marquera la fin du dernier mandat du Président.  Il a confié que le Président Koroma quittera ses fonctions avec le sincère espoir que la mise en œuvre des projets et programmes qu’il a lancés renforcerait l’attachement de son pays aux objectifs de développement durable.  

Le Président Komora, en tant que Coordonnateur du Comité des 10 chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité, réitére la préoccupation de l’Afrique face à la lenteur de cette réforme.  Au-delà de la nécessité absolue de réparer l’injustice historique faite à l’Afrique, a-t-il conclu, il faut surtout refléter sa force numérique, la puissance de sa croissance économique, ses dynamiques démographiques et son rôle de plus en plus affirmé dans le système multilatéral.  

Droits de réponse

Faisant usage de son droit de réponse, la représentante de la Serbie a remarqué, dans l’intervention du Premier Ministre de l’Albanie, qu’il faisait état d’un règlement des questions en souffrance entre le Kosovo et la Serbie, au lieu de dire que c’était entre Pristina et Belgrade, dans le cadre d’un dialogue facilité par l’Union européenne à Bruxelles.  Toutes les actions unilatérales sapent ce processus et les déclarations du Premier Ministre de l’Albanie mettent en péril ce dialogue, a-t-elle déclaré.  La représentante serbe a réitéré que le Kosovo n’était pas un État indépendant et n’était pas membre des Nations Unies.  La Serbie utilisera tous les moyens diplomatiques pour préserver sa souveraineté et son intégrité territoriale, a-t-elle assuré.

Le représentant de l’Albanie a répondu en affirmant que le Kosovo était indépendant depuis 2008, étant reconnu comme tel par 114 États Membres.  Le Kosovo a signé un accord de coopération avec l’Union européenne et son dossier d’adhésion est à l’étude, a-t-il ajouté.  Le délégué s’est dit convaincu que l’ONU reconnaîtrait tôt ou tard le Kosovo et profiterait ainsi de sa contribution.  Le Kosovo et la Serbie sont amenés à trouver une solution à la situation dans le cadre de leur dialogue facilité par l’Union européenne.  Il a encouragé les deux parties à travailler à la normalisation de leur relation.

Exerçant son droit de réponse, le représentant du Qatar a dénoncé des « allégations fallacieuses des Émirats arabes unis » contre lui et argué d’un « blocus illégitime » affectant sa souveraineté.  Par ce blocus, a estimé le représentant, les Émirats arabes unis cherchent à porter atteinte aux relations du Qatar avec d’autres pays.  Il a ajouté que le Qatar était en outre l’objet d’actes de piraterie visant ses agences d’information.  « Le blocus viole toute forme de coopération, viole le droit des peuples à l'autodétermination, les relations de bon voisinage, ainsi que la Charte du Conseil de coopération des États arabes du Golfe », a-t-il insisté.  « La communauté internationale, a-t-il poursuivi, est consciente des objectifs réels de cette campagne, qui est de faire changer le Qatar de position », alors qu’il défend les droits de l’homme, la résolution pacifique des conflits et la liberté d’expression.  « Nos efforts dans la lutte contre le terrorisme sont connus de tous et nos résultats sont bien meilleurs que ceux de ceux qui disent le contraire. »  Le représentant a aussi indiqué que son pays avait eu recours à des mécanismes pour assécher le financement du terrorisme et avait respecté les résolutions du Conseil de sécurité en appliquant le gel des avoirs et l’interdiction de voyager.  Il a appelé la communauté internationale à condamner ce blocus, et a demandé aux Émirats arabes unis de cesser de provoquer le chaos.

Réagissant à ces propos, le représentant des Émirats arabes unis a regretté que son homologue du Qatar cherche à détourner les regards de ses engagements internationaux.  Il a expliqué que quatre États, dont le sien, l’Égypte, le Barheïn et l’Arabie saoudite, avaient pris des mesures légales conformes au droit international.  Il a réitéré son accusation concernant le financement d’organisations terroristes par le Qatar.  « Il n’a pas été difficile de rompre les relations avec cet État », a-t-il assuré, vu que c’était une « réponse légitime à ses actions de déstabilisation de la région et à son appui au radicalisme dans de nombreux pays du Moyen-Orient ».  Les quatre États mentionnés poursuivront dans cette direction jusqu’à ce qu’ils aient trouvé un moyen de se protéger des actions hostiles du Qatar, a-t-il ajouré.  « Soit le Qatar reste un État voyou, soit il consent à retrouver le chemin de la légalité », a-t-il conclu.

Le représentant de l’Égypte a également tenu à réagir au droit de réponse du Qatar.  Il a argué de mesures légitimes visant à empêcher ce dernier d’appuyer le terrorisme et de s’ingérer dans les affaires d’autres pays.  Le Qatar, a-t-il affirmé, soutient le terrorisme en Syrie, Libye et dans d’autres pays.  « Il le finance et l’a encore fait récemment en Iraq, où il a payé une rançon à des terroristes », a-t-il précisé.  Il a également affirmé que le Qatar fournissait des armes aux terroristes, et leur offrait le refuge, voire la nationalité, et ce, en violation d’une résolution du Conseil de sécurité qui exige leur extradition.  L’appui du Qatar au terrorisme a été selon lui évoqué dans des rapports du Comité des sanctions du Conseil de sécurité et cette situation est connue depuis longtemps.  Il a appelé le Qatar à revenir sur le droit chemin.

Le représentant du Qatar a réagi en regrettant que les Émirats arabes unis attaquent une fois de plus son pays.  Il a estimé que ce n’était pas surprenant, vu les résultats des enquêtes concernant des actes de piraterie contre ses agences d’information qui pointent en direction de la responsabilité d’un État du Golfe limitrophe.  Il a dénoncé une campagne de diffamation fabriquée de toute pièce et a rejeté toute allégation visant à créer un lien entre le Qatar et le terrorisme.  À ce niveau, le Qatar a consenti des efforts loués par de nombreux pays, a-t-il souligné à nouveau, notant que le terrorisme est un mot fort et qu’il était paradoxal de voir les Émirats arabes unis le condamner alors que certains de ses citoyens ont participé aux plus terribles des attentats de l’histoire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Harvey, Irma, José et Maria: un ouragan de catastrophes souffle sur l’Assemblée générale

Soixante-douzième session,
11e à 14e séances plénières - Matin, après-midi & soir
AG/11950

Harvey, Irma, José et Maria: un ouragan de catastrophes souffle sur l’Assemblée générale

La récente série de catastrophes naturelles dévastatrices qui s’est abattue sur l’Amérique du Nord et les Caraïbes, signe, pour beaucoup, d’une accélération des effets des changements climatiques, était au cœur des préoccupations de la trentaine de chefs d’État et de gouvernement à s’être exprimés lors de cette troisième journée du débat général annuel de l’Assemblée générale, qui a également été marquée par la crise en péninsule coréenne, le sort des Rohingya au Myanmar et la situation dans le Jammu-et-Cachemire.

« Nous réalisons l’importance de faire partie d’une véritable communauté internationale », a déclaré M. Luis Videgaray Caso, Secrétaire mexicain des affaires étrangères, dont le pays a été secoué ce mois-ci par deux tremblements de terre meurtriers en à peine quelques jours.  « En ces instants de douleur, le multilatéralisme et les Nations Unies nous ont montré leurs visages les plus généreux », a-t-il salué. 

La communauté internationale ne doit cependant pas se borner à répondre généreusement aux appels à l’aide des pays affectés par des catastrophes, a toutefois estimé M. Danny Faure, Président des Seychelles, mais également mettre en place des actions de grande ampleur pour les prévenir.  En effet, a renchéri M. Azali Assoumani, son homologue des Comores, les « catastrophes à répétition » de ces dernières semaines sont un « criant rappel à l’ordre des climato-sceptiques » sur l’urgence d’une action pour atténuer les effets dévastateurs des changements climatiques. 

Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, État ravagé par le passage, ce mois-ci, de l’ouragan Irma, M. Gordon Browne, a d’ailleurs décrit l’étendue de la catastrophe subie par l’île de Barbuda, où 95% des immeubles ont été détruits ou sévèrement endommagés, laissant la quasi-totalité de la population sans domicile.

« Aujourd’hui, pour la première fois depuis 300 ans, Barbuda n’a pas d’habitant permanent.  L’empreinte d’une civilisation entière a été émasculée par la brutalité et la magnitude d’Irma, les habitants de l’île contraints de laisser tout ce qui les définissait comme société et comme peuple », a-t-il déploré.

Mais alors que les coûts de reconstruction de l’île sont évalués à 250 millions de dollars, soit 15% du produit national brut (PNB) du pays, M. Browne a averti que cette somme est « hors de notre portée ».

Justement, dans le but de pallier le manque de ressources des États insulaires pour se reconstruire après une catastrophe, M. Jovenel Moïse, Président d’Haïti, pays à peine remis du passage des ouragans Matthew et Irma et qui se trouve à présent menacé par l’ouragan Maria, a proposé la création d’un fonds régional pour financer les programmes d’atténuation des effets des catastrophes naturelles, alimenté sur la base d’un pourcentage du produit intérieur brut des pays affectés et des pays développés émetteurs de gaz à effet de serre. 

Estimant que les catastrophes naturelles récentes étaient des « avertissements brutaux de Mère Nature », M. Charlot Salwai, Premier Ministre de Vanuatu, a de son côté exhorté les États-Unis à revenir sur leur décision de se retirer de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  « C’est un peu comme si les récents ouragans et leurs effets désastreux venaient rappeler à l’Administration américaine que les changements climatiques sont réels », a commenté pour sa part M. Eric Mokgweetsi Masisi, Vice-Président du Botswana.

La situation dans la péninsule coréenne figurait également au centre des préoccupations des délégations.  Depuis la tribune, le Président de la République de Corée, M. Moon Jae-In, a souligné qu’il ne souhaitait ni l’effondrement de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ni une unification par absorption. 

« Si la Corée du Nord prend la décision aujourd’hui de se tenir du bon côté de l’Histoire, nous sommes prêts à l’assister ensemble avec la communauté internationale », a notamment affirmé le Président, tandis que le Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi, a exhorté la RPDC à « ne pas poursuivre sur la voie dangereuse sur laquelle elle s’est lancée », mais aussi les États-Unis à respecter leurs propres engagements.  Dans le même ordre d’idées, son homologue de la Fédération de Russie, M. Sergei Lavrov, a souligné que, si les sanctions du Conseil devaient être respectées, elles supposaient également le retour aux négociations et au dialogue, et non la répétition de menaces qui, a-t-il averti, peuvent avoir des conséquences catastrophiques. 

Réagissant, par ailleurs, à l’annonce récente concernant la volonté du Gouvernement américain de revenir sur l’accord sur le nucléaire iranien, M. Sigmar Gabriel, Vice-Chancelier et Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, s’est interrogé sur les conséquences d’une telle décision sur la crise dans la péninsule coréenne.  Comment, alors, convaincre la RPDC d’accepter un accord qui lui garantirait la sécurité en échange de certains engagements si l’accord sur l’Iran est annulé, a demandé M. Gabriel.

Plusieurs représentants ont par ailleurs dénoncé la tragédie affectant la minorité musulmane rohingya au Myanmar, à l’instar de Mme Sheikh Hasina, Premier Ministre du Bangladesh, qui a déclaré qu’elle arrivait à l’Assemblée avec le cœur lourd, après avoir vu les Rohingya « affamés et désespérés » trouver refuge à Cox’s Bazar, au Bangladesh.  Alors que plus de 430 000 Rohingya sont arrivés au Bangladesh au cours des trois dernières semaines, elle a appelé l’ONU à prendre des mesures immédiates pour trouver une solution permanente à cette crise prolongée.  Les représentants du Yémen et du Pakistan ont également dénoncé la xénophobie et l’islamophobie galopante à l’origine de ce nettoyage ethnique.

La communauté internationale a également été interpelée par le Premier Ministre du Pakistan, M. Shahid Khaqan Abbasi, qui l'a appelé à « agir vite » pour éviter l’escalade des tensions au Jammu-et-Cachemire, et à obtenir de l’Inde qu’elle cesse ses exactions, dont les 600 violations de la ligne de contrôle enregistrées depuis le mois de janvier.  « Si l’Inde s’aventure au-delà de cette ligne ou actionne sa doctrine de ''guerre limitée'' contre le Pakistan, elle s’exposera à une réaction forte et à la hauteur des enjeux », a-t-il notamment averti.  Cette intervention a valu à l’Inde et à l’Afghanistan d’exercer leur droit de réponse.

Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, vendredi 22 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, a commencé par constater que la situation actuelle dans le monde est encore plus difficile qu’il y a un an, avant d’axer son intervention sur « la Serbie d’aujourd’hui, la Serbie de demain et l’avenir de toute la région de l’ouest des Balkans ».  Il a jugé particulièrement important de parler de l’ouest des Balkans car, a-t-il averti, à moins de bien comprendre les problèmes auxquels la région fait face, il ne sera pas possible d’identifier, et encore moins de résoudre chaque problème individuel.

Pour M. Vučić, la première condition d’un avenir prospère pour toute la région est de préserver la paix et la tranquillité, et la Serbie investit beaucoup d’efforts pour stabiliser la situation dans la région.  Elle a également prouvé qu’en adoptant des politiques fiscales responsables sans privatisation excessive il a été possible de réaliser des surplus budgétaires et de faire tomber le taux de chômage de 26% à 12%, tout en créant un marché de l’emploi flexible par l’adoption de textes de loi modernes et en investissant dans la créativité des jeunes et dans la numérisation et l’intelligence artificielle. 

M. Vučić est ensuite revenu sur les questions politiques et en particulier sur les relations de Belgrade avec Pristina.  Pour lui, il est impératif de parvenir à un règlement pacifique de la question du Kosovo-Metohija.  Il s’agit là d’une priorité nationale pour la Serbie compte tenu de son impact économique considérable, a-t-il souligné.  Rappelant que la Serbie ne reconnait pas la déclaration unilatérale d’indépendance du « soi-disant Kosovo », le Président serbe a néanmoins insisté sur les efforts à déployer pour engager un dialogue avec les dirigeants albanais de Pristina.  Les résultats obtenus dans le cadre du processus de Bruxelles sont le fruit de compromis difficiles, et de concessions des deux parties, quoi que venant principalement de notre côté, a-t-il poursuivi, faisant part de l’engagement de la Serbie à poursuivre ce dialogue.  Il s’est également félicité du fait qu’au cours des quatre dernières années, depuis le lancement du processus de Bruxelles, personne n’a perdu la vie au cours de confrontations à caractère ethnique.

M. Vučić a toutefois dénoncé le fait « qu’en rentrant ce matin dans la salle de l’Assemblée générale », il avait appris que les autorités de Pristina avaient annoncé être parvenues à une majorité pour que le Kosovo devienne membre de l’UNESCO, une situation qu’il a dit contestée en raison de la destruction de plusieurs monastères serbes. 

Sur le plan économique, M. Vučić a plaidé en faveur de la création d’une zone économique régionale avec une zone douanière unique et un système fiscal commun, expliquant que les pays des Balkans représentent à eux seuls des marchés trop petits pour pouvoir être performants.  L’objectif final de la Serbie, et des pays des Balkans reste de devenir membre de l’Union européenne qui demeure leur plus grand partenaire commercial, a-t-il expliqué.  Pour M. Vučić, il s’agit de la voie privilégiée vers la stabilité, la progression économique et la consolidation des acquis démocratiques dans la région.  Il a toutefois regretté que parfois les Balkans n’étaient pas traités sur un pied d’égalité avec les États membres de l’Union européenne qui y ont adhéré après 2003.  « Nous ne demandons pas à l’Union européenne d’accélérer notre processus d’adhésion mais de nous traiter équitablement » a-t-il expliqué. 

Poursuivant son intervention, le Président serbe s’est engagé à ne jamais abandonner la politique de neutralité militaire.  Même si la Serbie tient à devenir membre de l’Union européenne et entretient d’excellents partenariats avec les pays occidentaux, elle « n’a pas honte de dire » qu’elle entretient également d’excellentes relations la Fédération de Russie et la Chine, a-t-il lancé.  S’agissant de la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, la Serbie aborde ce problème dans une approche de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales, a encore expliqué son Président, dont la vision consiste à intégrer les citoyens de toutes les religions et affiliations politiques dans une société moderne basée sur des valeurs communes et dans le respect mutuel de tous.

M. JOVENEL MOÏSE, Président d’Haïti, a rappelé l’attachement de son pays envers la dimension environnementale du développement durable.  « En tant qu’État insulaire, Haïti est déterminée à renforcer sa résilience aux effets des catastrophes naturelles qui affectent, chaque année, la région des Caraïbes », a affirmé le Président, qui s’exprimait pour la première fois devant l’Assemblée générale.  Dans ce cadre, a-t-il précisé, le peuple haïtien entreprend des « efforts gigantesques » pour se relever des dégâts causés par le passage des ouragans Matthew et Irma.

À ses yeux, la récente destruction « d’une ampleur inédite » par plusieurs ouragans successifs de certains pays des Caraïbes, y compris Antigua-et-Barbuda et la Dominique, ainsi que d’une partie des États du Texas et de la Floride, aux États-Unis, témoigne des effets néfastes du réchauffement climatique sur notre planète. 

Dans ce contexte, le Président a dit accorder une importance toute particulière au respect des engagements pris au titre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, à plus forte raison que les perspectives de développement durable sont, selon lui, de plus en plus remises en cause par les crises écologiques et le dérèglement climatique.  Pour remédier à cette situation, M. Moïse a appelé les pays émetteurs de gaz à effet de serre à allouer les ressources nécessaires à la mise en œuvre effective de l’Accord, y compris en dotant les pays les plus vulnérables des moyens nécessaires pour assurer leur transition énergétique vers les énergies renouvelables et développer leur résilience aux effets des changements climatiques.

« À l’instant même, l’ouragan Maria, d’une puissance spectaculaire, nous menace encore », a déploré le Président.  Cependant, a-t-il souligné, « tout ce qui nous arrive n’est pas dû à la fatalité, mais aux actions des êtres humains sur leur environnement ».  Face au manque de ressources dont souffrent Haïti et les petits États insulaires en développement des Caraïbes pour répondre efficacement aux changements climatiques, M. Moïse a lancé un appel « pour une augmentation de la couverture d’assurance contre les ouragans et autres catastrophes naturelles ».

Dans cette perspective, le Président a annoncé son intention d’organiser, en janvier 2018, une conférence régionale pour mettre en place une commission interétatique chargée de convenir d’une stratégie en la matière.  À cette occasion, il militera pour la création d’un fonds régional destiné à financer les programmes d’atténuation des effets des catastrophes naturelles dans la région, alimenté sur la base d’un pourcentage du produit intérieur brut des pays affectés et des pays développés émetteurs de gaz à effet de serre.  Le Président a appelé tous les États Membres à soutenir et adhérer à cette démarche.

Sur le plan politique, M. Moïse a déclaré que l’année 2017 avait marqué une « rupture » par rapport à l’instabilité qui a entravé le développement de son pays ces dernières années.  « Depuis mon accession à la présidence, le 7 février, mon administration n’a ménagé aucun effort pour consolider la démocratie et l’état de droit », a-t-il affirmé.  Ces efforts, a-t-il ajouté, ont notamment pris la forme d’une lutte contre la corruption, notamment la surfacturation des contrats publics, l’utilisation abusive des biens de l’État et les chèques au nom d’employés fictifs.  « La corruption sous toutes ses formes gangrène et atrophie l’économie », a-t-il dit, avant d’ajouter: « La corruption est un crime contre le développement ».

Sur le plan militaire, le Président a déclaré que, après le départ de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Haïti mettra sur pied une force militaire pour accomplir trois missions: une unité de génie capable de contribuer aux grands travaux d’infrastructure et d’intervenir en cas de catastrophe; une unité d’aviation capable de former des jeunes en mécanique aéronautique et en pilotage d’aéronefs et d’hélicoptères pour intervenir, notamment lors des situations de catastrophes naturelles; et une unité médicale capable de soigner les victimes de catastrophes naturelles ainsi que les habitants des zones les plus reculées.

Tout en remerciant vivement l’ONU pour son engagement en Haïti, M. Moïse a par ailleurs rappelé deux situations « fort regrettables » qui ont, selon lui, résulté de sa présence dans le pays.  Il a dénoncé, d’une part, « les actes odieux d’exploitation et de violence sexuelles commis par certains soldats de la paix ou d’autres membres du personnel »; et d’autre part, « l’introduction de l’épidémie de choléra en Haïti ».  À ses yeux, ces « conséquences fâcheuses » de la solidarité internationale impliquent « l’obligation morale » d’adopter des mesures pour fournir les ressources nécessaires en vue de l’élimination du choléra en Haïti.  « Malgré les récents progrès enregistrés, la liste des victimes, autour de 10 000, de cette épidémie, continue malheureusement de s’allonger et les orphelins du choléra se comptent en dizaines de milliers », a déploré le Président.

Aux yeux du Chef d’État haïtien, l’ONU doit désormais donner tout son sens à ses nobles idéaux « en prenant toutes les responsabilités » dans une situation qui a causé de graves préjudices au peuple haïtien.  « Il est grand temps que soient honorés les engagements pris par l’ONU en vertu de la nouvelle approche préconisée par le Secrétaire général, et que l’Assemblée générale a approuvée, dans la lutte contre le choléra », a-t-il insisté. 

À cette fin, M. Moïse s’est associé à l’appel urgent lancé par le Secrétaire général pour la dotation du Fonds d’affectation spéciale en vue de la mise en œuvre intégrale des deux volets de la nouvelle approche.  Il a en outre salué la décision de l’Assemblée générale de réaffecter une enveloppe de 40,5 millions de dollars provenant du budget 2015-2016 de la MINUSTAH à la lutte contre cette épidémie.  « Nous souhaitons que cet accord soit suivi par d’autres partenaires internationaux », a-t-il appelé.

M. MOON JAE-IN, Président de la République de Corée, est revenu sur les « manifestations à la chandelle » qui se sont déroulées dans son pays l’hiver dernier, voyant dans ce « moment historique » la preuve de la réussite brillante de l’esprit des Nations Unies.  La révolution coréenne est née sur une place publique où le désir démocratique et la Constitution ont réveillé l’intelligence collective des citoyens, s’est félicité M. Moon, qui a indiqué y avoir participé lui-même « en tant que citoyen ».  Il n’a pas non plus caché sa fierté de voir son pays représenter pour le monde « un nouvel espoir démocratique ».

Enchaînant, le Président a indiqué que l’être humain figure au cœur de toutes les politiques de son administration, précisant que des mesures d’envergure sont en cours pour répondre aux inégalités économiques qui entravent la croissance et la cohésion sociale, en mettant l’accent sur l’augmentation du revenu des individus et des ménages et en promouvant la création d’emplois.

M. Moon a ensuite confié qu’il était né dans un village de réfugiés durant la guerre de Corée, un conflit qui n’a jamais véritablement cessé et qui a maintenant pris la forme d’un « cessez-le-feu précaire » dans la péninsule de Corée.

Se qualifiant de Président du seul pays divisé au monde, M. Moon a dit représenter l’appel à la paix de ses concitoyens et espérer que la Corée du nord s’avérera capable d’emprunter, elle aussi, son propre chemin vers la paix.

M. Moon a indiqué que suite aux essais nucléaires effectués par la Corée du Nord, la République de Corée a tenté de convaincre les pays de la région et du monde de la nécessité d’imposer des sanctions plus sévères à l’encontre de la Corée du Nord afin que celle-ci cesse ses provocations et choisisse le chemin du dialogue.  Il a salué l’adoption, avec une rapidité sans précédent, de la résolution du Conseil de sécurité imposant des sanctions plus sévères à l’encontre de la Corée du Nord.

Le Président a souligné qu’il ne souhaitait pas l’effondrement de la Corée du Nord, et qu’il ne chercherait pas non plus une unification par absorption ou autres moyens artificiels.  « Si la Corée du Nord prend la décision aujourd’hui de se tenir du bon côté de l’Histoire, nous sommes prêts à l’assister ensemble avec la communauté internationale », a-t-il indiqué, avant d’exhorter ce régime à cesser immédiatement de faire des choix dangereux, « qui ne mèneront qu’à son isolement et à sa chute », et de choisir la voie du dialogue.

Poursuivant son intervention, M. Moon a engagé le Conseil de sécurité à tenir compte du fait que pour résoudre de manière fondamentale la question du nucléaire nord-coréen, il importe de faire de l’esprit de la « communauté de sécurité », qui est consacré par la Charte de l’ONU, une réalité dans la péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est.  Il importe, a-t-il dit, de combiner judicieusement le pilier fondamental qu’est la sécurité en Asie du Nord-Est avec le multilatéralisme.  Le Président de la République de Corée a également estimé que la paix et la prospérité ne pourront être véritablement atteintes qu’en solidifiant les bases d’une communauté économique d’Asie du Nord-Est et en concrétisant une coopération multilatérale en matière de sécurité.

M. Moon a ensuite indiqué que les prochains Jeux olympiques d’hiver, qui doivent s’ouvrir dans cinq mois à PyeongChang, se dérouleront à 100 km de la zone démilitarisée, zone symbole de division et de confrontation dans la péninsule coréenne.  « Mon cœur se remplit de joie lorsque j’imagine des athlètes nord-coréens entrant dans le stade pendant la cérémonie d’ouverture, encouragés par des Coréens du nord et du sud et par les sourires de gens venus du monde entier.  Ce n’est pas un rêve impossible, a affirmé le Chef de l’État, qui a précisé qu’il fera tout son possible, en coopération avec le Comité international olympique, pour pouvoir accueillir les Nord-Coréens aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang.

« Tout comme les bougies brandies par les Coréens face à la crise de leur démocratie, je crois fermement que PyeongChang deviendra une lumière qui illuminera la paix », a-t-il déclaré avant de conclure.

M. MICHEL AOUN, Président du Liban, a affirmé que les attentats du 11 septembre qui ont frappé New York, il y a 16 ans, ont été le point de départ d’une guerre internationale contre le terrorisme, une guerre qui s’est ramifiée, déviant de ses objectifs en mettant le feu dans beaucoup de pays, surtout au Moyen-Orient.  Elle a donné naissance et nourri un fanatisme des plus redoutables, s’est-il alarmé, son but étant d’exterminer l’humain, la civilisation et la culture.  Ce terrorisme a fait tache d’huile et s’est étendu aux cinq continents d’une manière aveugle avec des méthodes d’une cruauté inégalée et personne ne peut prédire quelles peuvent être ses limites et quand sera sa fin. 

Dès le début du conflit syrien, a-t-il poursuivi, il était évident que le Liban allait en subir directement les conséquences et être déstabilisé par le terrorisme.  Pourtant, il a réussi à éviter l’implosion et à préserver son unité nationale et sa sécurité interne malgré les divisions politiques, s’est félicité son Président.  Le Liban a en outre réussi à éliminer les terroristes qui s’y sont infiltrés et vient de remporter une « victoire majeure » le long de sa frontière avec la Syrie.  Reste toutefois que le Liban assume aujourd’hui un fardeau considérable qui dépasse ses forces pour avoir accueilli dans ses maisons, ses écoles et ses hôpitaux un nombre considérable de réfugiés syriens.  M. Aoun a expliqué que la population a augmenté de 50% depuis l’arrivée des réfugiés et des migrants et que sa densité de population est passée de 400 à 600 par m2, une situation qui a un impact direct sur la situation économique du Liban.  Le Président a également indiqué que les terroristes ont utilisé certains rassemblements de migrants pour y trouver refuge, d’où l’urgence d’organiser le retour des migrants vers leur pays d’origine, d’autant plus que la majorité des régions d’où ils sont originaires sont à présent sécurisées en Syrie.  « Prétendre qu’ils ne seront pas en sécurité dans leur pays est à présent une excuse irrecevable », s’est-il exclamé. 

Poursuivant son intervention, le Président Aoun a indiqué que les migrants syriens vivent au Liban dans la misère malgré le soutien libanais et les aides internationales, jugeant préférable que l’aide fournie par les Nations Unies pour les maintenir dans des camps de misère soit maintenant utilisée pour les ramener dans leur pays.  M. Aoun a aussi rappelé qu’en plus des migrants syriens, son pays « supporte sur son sol » la présence de 500 000 Palestiniens qui attendent depuis 69 ans leur retour en Palestine.  Il s’est alarmé de la situation de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), « qui est sur la voie de la faillite » et du fait qu’aucune initiative, que ce soit des Nations Unies ou du Conseil de sécurité, n’est visible à l’horizon pour faire aboutir la solution des deux États.

Le Président libanais a ensuite accusé Israël de répondre « depuis toujours » à toute tentative de solution par la force militaire et la spoliation du droit.  « Le Liban en est le meilleur témoin puisque Israël viole sa souveraineté et la résolution 1701 de façon permanente », s’est indigné M. Aoun. « Le Liban ne peut devenir une patrie de substitution pour ces Palestiniens », a martelé le Chef d’État qui a appelé à la garantie de leur droit de retour.  Il a aussi affirmé que la « volonté de suppression » de l’UNRWA n’est qu’un premier pas vers la suppression de leur statut de réfugié afin d’aboutir à leur « intronisation ».  « Jamais, a-t-il tonné, le Liban n’acceptera l’implantation ni de réfugiés, ni de migrants sur sa terre, quel que soit le prix. »

Pour M. Aoun, pour permettre aux peuples de la région de vivre dans la dignité, il importe d’accompagner chaque proposition de paix de plans socioéconomiques aptes à générer de la croissance.  Il a appelé la communauté internationale à réfléchir sérieusement à un projet de marché commun du Levant, capable d’assurer à la fois le développement et la liberté.

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, a estimé que l’un des principes les plus importants de la Charte des Nations Unies était le respect de l’indépendance, l’intégrité territoriale et la souveraineté de chaque État Membre.  « L’un des pays qui, malheureusement, continue de souffrir des conséquences de la violation flagrante des principes fondamentaux de l’ONU est mon pays, la République de Chypre, qui depuis l’invasion militaire par la Turquie, en 1974, demeure sous son occupation », a déploré le Président. 

Selon lui, le « prétexte » avancé à l’époque par la Turquie pour lancer cette « invasion » était la restauration de l’ordre constitutionnel, suite à la tentative de coup d’État contre le Président de la République chypriote orchestrée par la junte militaire au pouvoir en Grèce.  « Je me réfère délibérément à un prétexte, car, au lieu de restaurer l’ordre constitutionnel, la Turquie a occupé 37% du territoire chypriote, déplaçant de force plus d’un tiers de la communauté chypriote grecque de sa terre ancestrale, au prix de milliers de morts, alors que depuis 1974, plus d’un millier de Chypriotes grecs sont toujours portés disparus », a-t-il dénoncé.

M. Anastasiades a ajouté que la Turquie a également fait usage de la force pour contraindre « nos compatriotes chypriotes turcs » à quitter le territoire sous le contrôle du Gouvernement chypriote, « dans lequel ils résidaient pacifiquement », en direction des zones « occupées par la Turquie ». 

« Mon but n’est pas de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre », a affirmé le Président.  « Au contraire, je souhaiterais véritablement être en mesure de vous dire que ma vision pour parvenir à un règlement, comme je l’ai souligné de manière répétée à ce podium, s’est matérialisée. »  Or, a-t-il déploré, en dépit d’efforts « constructifs » pour réaliser des progrès, le dernier cycle de pourparlers lancé en mai 2015, qui a culminé en juillet 2017 à Crans-Montana, en Suisse, se trouve désormais dans l’impasse.  M. Anastasiades a attribué « exclusivement » la responsabilité de cette situation à la « position intransigeante » de la Turquie, qui tente selon lui de faire de Chypre un « protectorat turc », au lieu de contribuer à en faire un État indépendant et souverain.

À l’appui de cette conviction, le Président a rappelé que, lors de la Conférence sur Chypre lancée en 28 juin 2017, le Secrétaire général avait formulé un cadre de négociation composé de six groupes thématiques, dont le retrait des troupes étrangères du territoire chypriote.  Or, selon M. Anastasiades, « en flagrante contradiction avec le cadre du Secrétaire général », la Turquie a adopté une position « inflexible » qui insistait sur le maintien du Traité de garantie, du droit d’intervention et d’une présence militaire permanente.

Dans son discours à l’Assemblée générale, a poursuivi M. Anastasiades, le Président de la Turquie a prétendu que l’échec des négociations de Crans-Montana incombait à la position « incompréhensible » de la partie chypriote grecque.  « Est-il incompréhensible d’aspirer à l’établissement d’un État indépendant et souverain, sans garanties étrangères ou droit d’intervention par un pays tiers et sans la présence de troupes étrangères? » s’est-il interrogé.

Malgré sa déception, le Président a réaffirmé sa volonté de mettre fin au « statu quo inacceptable » actuel et d’instaurer un « État dirigé par les Chypriotes pour les Chypriotes ».  Pour ce faire, il s’est dit prêt à reprendre « immédiatement » les négociations, conformément au cadre établi par le Secrétaire général et aux résolutions pertinentes de l’ONU.  Pour éviter les erreurs passées et faire en sorte de convoquer une nouvelle Conférence sur Chypre, il a insisté sur l’importance des préparatifs et la nécessité, pour toutes les parties prenantes, de disposer d’une volonté politique forte.  Dans cette perspective, M. Anastasiades a estimé que la rétrocession et la réinstallation de Varosha contribuerait à instaurer un climat propice à la reprise des négociations.  « En conclusion, j’exhorte une nouvelle fois la Turquie et nos compatriotes chypriotes turcs à réaliser que seuls le respect mutuel et les compromis, et non l’obsession obsolète envers des pratiques vouées à l’échec, nous permettrons de parvenir à un règlement viable et durable », a déclaré le Président.

« Comment oublier que, chaque jour, dans mon pays, en Afrique et dans d’autres pays de cette planète, des femmes et des hommes continuent de perdre la vie par manque de soin et de nourriture? » a demandé M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORE, Président du Burkina Faso.  « Des enfants ne peuvent jouir de leur droit fondamental à l’éducation, des jeunes se résignent à défier la furie des mers et des océans à la recherche de lendemains meilleurs, des populations sont condamnées à une errance sans fin, victimes de conflits et de catastrophes ».

Le Président s’est ensuite félicité du succès de la table ronde des bailleurs de fonds publics et privés du Plan national de développement économique et social du Burkina Faso, suite à l’appel qu’il avait lancé à l’Assemblée générale l’année dernière.  Le pays, a-t-il précisé, s’est engagé dans un processus de relance économique à travers d’importantes réformes structurelles dont l’un des objectifs est d’attirer des investissements.  Sur le plan de la gouvernance, un avant-projet de constitution a été élaboré et sera soumis à référendum.

« Cible depuis quelques temps des forces terroristes et obscurantistes, mon pays a pris la pleine mesure de leur volonté affichée de le déstabiliser, ainsi que l’ensemble des pays de la région », a déclaré M. Kabore.  La lutte contre le terrorisme est donc désormais une priorité nationale.  Le Président a salué l’inauguration du Poste de commandement de la Force du G5 Sahel, le 10 septembre dernier, à Sévaré, au Mali, ainsi que la mise en place de l’Alliance pour le Sahel, dont la première réunion de haut niveau est prévue en octobre prochain à Washington.  Il a rappelé que l’un des défis majeurs à relever à cet égard demeure la mobilisation des ressources, espérant par ailleurs que la Conférence internationale de planification, prévue par la résolution 2359 (2017), et qui aura lieu en décembre prochain à Bruxelles, remplira toutes ses promesses.

Préoccupé par la situation sécuritaire précaire dans le nord du Mali, le Chef d’État burkinabé a espéré que la mise en place par le Conseil de sécurité, le 5 septembre dernier, d’un régime de sanctions à la demande du Gouvernement malien soit un levier efficace pour la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Il a invité toutes les forces en présence au Mali, en l’occurrence les Forces armées nationales, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), Barkhane et la Force du G5 Sahel à travailler en bonne intelligence, afin d’accélérer le retour définitif à la paix et à la sécurité dans la région.

M. Kabore a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du désarmement général et complet, et son soutien aux efforts des Nations Unies dans ce domaine, concernant aussi bien les armes de destruction massive que les armes classiques.  Il a exhorté tous les pays à faire de l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires une priorité.  Il s’est également dit convaincu que la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes contribuera à éradiquer la prolifération des armes légères et de petit calibre, « véritable obstacle au développement de nos États ».   

En ces graves moments d’incertitudes et de turbulences que nous vivons, a-t-il poursuivi, nous avons l’obligation d’offrir à nos concitoyens des raisons de croire en des lendemains meilleurs et de léguer aux générations futures un monde plus sûr.

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a déclaré qu’il se passait chaque jour quelque chose dans le monde pour nous rappeler que nous, habitants de cette planète, sommes tous logés à la même enseigne.  « L’une des villes les plus modernes de la nation la plus riche, la plus puissante sur terre, a souffert le même sort que Niamey dans la région du Sahel, en Afrique, l’une des régions les plus pauvres du monde », a-t-il relevé en faisant allusion aux récentes inondations à Houston, au Texas.  Il a réitéré toute l’importance d’atteindre les objectifs de développement durable.

Cette année, a poursuivi M. Afuko-Addo, marque le soixantième anniversaire de l’indépendance du Ghana.  Il est temps, a-t-il lancé, que l’Afrique arrive à maturité et qu’elle occupe la place qui lui revient de droit sur la scène internationale.  « L’Afrique ne sera ni une victime, ni un pion », a-t-il ajouté, se félicitant par ailleurs de la stabilité politique dont jouit le Ghana depuis 25 ans, dans le cadre d’une démocratie multipartite.

Élu en décembre dernier pour un mandat de quatre ans, le Président a assuré qu’il était déterminé à réaliser le potentiel du Ghana et en faire une nation prospère.  « Les Ghanéens ne devraient plus avoir à traverser le Sahara dans des conditions intolérables et inhumaines, à couler en mer Méditerranée, dans l’espoir de gagner leur vie en Europe. »  Il a ensuite indiqué que son gouvernement venait de lancer un programme d’éducation secondaire gratuite pour tous les enfants.

« Nous voulons abandonner une mentalité de dépendance; nous voulons édifier un Ghana sans assistance » et bâtir des relations durables, a insisté le Président Afuko-Addo. Il a confirmé son plein engagement vis-à-vis des organisations régionales et de la communauté internationale.  À ce sujet, il a jugé qu’il était temps de corriger l’injustice qui prévaut dans la composition du Conseil de sécurité, conformément à la position commune de l’Afrique sur la réforme de l’ONU.     

Pour M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, la paix est un préalable au développement et si la paix internationale est essentielle, la paix et la sécurité intérieures constituent les ingrédients de base du développement et de la participation de tous au débat démocratique.  Le Gabon tient à demeurer « ce havre de fraternité et de solidarité qu’il a toujours été », raison pour laquelle M. Bongo Ondimba a convoqué, cette année, un dialogue politique auquel toutes les forces vives de la nation ont été invitées.  Ce dialogue a porté sur les réformes nécessaires, les modes de scrutin, l’organisation électorale et l’organisation des pouvoirs et la mise en œuvre de ses conclusions a commencé par la composition récente d’un nouveau Gouvernement qui intègre des représentants de l’opposition et de la société civile, a-t-il expliqué.

Au plan économique, ce nouveau Gouvernement mise sur l’émergence du Gabon à l’horizon 2025 dans une optique de développement durable, a poursuivi M. Bongo Ondimba.  Concrètement, a expliqué ce dernier, il a opté pour réduire la dépendance des industries extractives et la volatilité des cours des matières premières à travers un tissu industriel créant emplois et richesses dans la zone économique à régime privilégié de Nkok.  Pour faire face à la crise économique mondiale, le Gabon a aussi adopté un programme de relance économique visant à impulser une dynamique économique nouvelle sur la base de mesures d’ajustement budgétaire, de développement des infrastructures et de promotion du secteur privé.  Parallèlement, le Gouvernement s’efforce d’offrir des conditions de vie meilleures à tous ses citoyens allant de la réduction des prix des denrées de base à la construction d’hôpitaux universitaires de troisième génération.

M. Bongo Ondimba a également réaffirmé l’attachement du Gabon à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, précisant que ses politiques publiques s’inscrivent dans une gestion responsable et durable des ressources, alors que 20 aires marines protégées ont d’ores et déjà été mises en place en plus de 13 parcs nationaux.  M. Bongo Ondimba a en outre accepté d’assumer la coordination du Comité des chefs d’État et de gouvernements africains sur les changements climatiques (CAHOSCC) et, au niveau sous-régional, la présidence en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) avec pour mission de conduire le processus de réforme institutionnelle de cet outil de l’intégration régionale.

Pour M. Bongo Ondimba la lutte antiterroriste représente un combat multiforme et de longue haleine qui nécessite coopération entre États et solidarité avec les victimes.  Il a annoncé l’organisation imminente d’un sommet conjoint CEEAC/CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) sur cette question et a salué l’initiative des pays du G5 Sahel de mettre sur pied une force sous-régionale pour lutter contre le terrorisme.  L’une des autres menaces qui pèse sur de nombreux pays africains est le braconnage, a-t-il aussi indiqué.   À ce sujet, le Gabon est coauteur d’une résolution visant la mise en commun des efforts en vue d’endiguer ce phénomène qui « décime la faune et la flore et entretient la déstabilisation dans certaines régions, notamment en Afrique ».

Abordant également la situation en République centrafricaine (RCA), M. Bongo Ondimba a invité les différents partenaires à soutenir le plan d’action élaboré par la CEEAC et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et à lever l’embargo sur les armes, exclusivement pour le Gouvernement légal et légitime de la RCA afin de lui permettre de rétablir la sécurité et son autorité sur l’ensemble du territoire national.

M. ABDRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, a rappelé que la guerre endurée par son pays durait depuis désormais trois ans, une guerre selon lui entièrement « imposée » par la coalition formée des troupes fidèles à l’ex-Président Ali Abdallah Saleh et des rebelles houthistes.  « Au nom du peuple yéménite, nous avons demandé un soutien pour faire face à cette situation, et notre appel a été entendu par la coalition menée par l’Arabie saoudite », a salué le Président.

M. Hadi a dit aspirer par-dessus tout à une paix durable qui permettrait de jeter les bases d’un nouvel État, capable de garantir la paix et la sécurité à tous ses citoyens et d’empêcher les milices armées de pulluler dans le pays.  « Nous sommes face à une secte religieuse extrémiste qui pense que Dieu leur a conféré une supériorité ethnique et le droit de diriger », a mis en garde le Président.  Selon lui, le soulèvement des rebelles va non seulement à l’encontre « de toutes les valeurs humaines », mais également au-delà des coups d’État traditionnels, « qui préservent habituellement les institutions de l’État ».  À l’inverse, a-t-il affirmé, ces rebelles détruisent systématiquement les institutions étatiques, qui sont progressivement remplacées par des milices « dévouées uniquement à la cause de leur ethnicité ».

Le Président du Yémen a affirmé que ces dernières bénéficient de l’appui financier et militaire de l’Iran, « un État résolu à déstabiliser notre région ».  À ses yeux, une paix durable au Yémen ne sera envisageable que si l’Iran cesse de « s’ingérer dans nos affaires et d’attiser la violence et la haine ».  « Nous devons contrôler les visées expansionnistes de l’Iran dans la région », a ainsi appelé M. Hadi, dénonçant les gardes révolutionnaires iraniens, qui fournissent selon lui aux milices yéménites des missiles de longue portée. 

Le Président yéménite a également dénoncé le fait que les rebelles refusent « tous les appels » lancés en faveur de la paix, que ce soit au Koweït ou ailleurs.  « Ils ont même essayé d’assassiner nos envoyés », s’est-il insurgé, ajoutant que les rebelles menacent également les Émirats arabes unis de tirs de roquettes.

Sur le plan humanitaire, M. Hadi a remercié les bailleurs de fonds et tous ceux qui s’efforcent de combattre l’épidémie de choléra et l’insécurité alimentaire dans le pays.  « La situation est particulièrement difficile dans tous les États sous le contrôle des rebelles », a-t-il affirmé, compte tenu du non- versement des salaires et du pillage de l’aide humanitaire dans ces territoires.  Il a par conséquent appelé les Nations Unies à faire pression sur les rebelles pour que ces derniers autorisent un accès humanitaire sans entrave, avant de s’engager lui-même à tout faire pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans l’ensemble des régions du pays.  « Nous voulons protéger la vie de tous les Yéménites, y compris ceux qui tirent dans notre direction », a-t-il affirmé. 

Pour y parvenir, M. Hadi a souligné que le Gouvernement yéménite avait besoin de davantage d’aide, notamment afin de renforcer la sécurité, fournir des services à la population et lutter contre le terrorisme.  Il a appelé les pays et donateurs à respecter les engagements pris lors de la Conférence de Genève pour le Yémen d’avril dernier.

M. Hadi a en outre condamné l’occupation israélienne des territoires palestiniens et la politique de colonisation du pays, l’une des principales sources de tension, selon lui, dans la région.  Il a également condamné les « évènements atroces » dont est victime la minorité musulmane rohingya au Myanmar et a appelé la communauté internationale à agir pour leur porter secours. 

M. DANNY FAURE, Président des Seychelles, a déclaré que les pensées du Gouvernement et du peuple des Seychelles vont aux millions de personnes en Asie du Sud, en Afrique, aux États-Unis, et au Mexique, ainsi qu’à nos îles « sœurs » dans les Caraïbes, qui ont souffert d’innombrables pertes dues aux inondations, ouragans et autres formes de perturbations climatiques de ces derniers mois.

Il a appelé la communauté internationale a ne pas seulement répondre généreusement aux demandes d’aides de ces pays, mais à également mettre en place des actions de plus grandes ampleurs pour prévenir, préparer, s’adapter et se remettre de telles catastrophes.

Revenant sur la situation politique de son pays, M. Faure a expliqué que pour la première fois de leur histoire, les Seychelles expérimentaient un système de cohabitation politique où le Président et le Chef de l’exécutif travaillaient avec un Parlement dominé par l’opposition.  « La cohabitation se passe bien » , a-t-il précisé.

M. Faure a déclaré que son pays était en train d’écrire un nouveau chapitre de son histoire, où tout le monde travaillait ensemble pour dépasser les obstacles et respecter toutes les différences d’opinions dans l’intérêt des Seychelles.

Intervenant ensuite en français, M. Faure a jugé qu’il était grand temps d’écouter « l’appel assourdissant » pour des réformes réelles et justes de l’ONU, une façon, a-t-il dit, de répondre aux accusations selon lesquelles l’Organisation des Nations Unies n’est qu’une simple chambre de longs bavardages.

Poursuivant son discours en anglais, le Président seychellois a expliqué que le secteur privé, la société civile, les ONG et les membres du Parlement s’étaient joints au secteur public dans un effort national commun pour intégrer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les objectifs de développement durable dans le budget du pays et ses projets de développement.  Une nouvelle stratégie de développement nationale est en train d’être mise sur pied, ainsi qu’un plan national de développement durable pour les prochaines 15 années, appelé Vision 2032.

M. Faure a ensuite déclaré que selon la science, et à la lumière des évènements récents, il importe d’augmenter de manière considérable l’action climatique mondiale afin de réaliser les objectifs établis dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a expliqué que les Seychelles s’étaient accordées, l’année dernière avec, entre autres, le Club de Paris sur une conversion inédite de leur dette en programme d’adaptation d’un mondant de 21 millions de dollars afin de protéger 30% de leur zone économique exclusive de 1,37 million de m2.  Il a aussi annoncé que les Seychelles comptent émettre, d’ici à la fin de l’année, les premières « obligations bleues » afin de lever 15 millions de dollars en financement pour appuyer la pêche durable.

M. ERIC MOKGWEETSI MASISI, Vice-Président du Botswana, a introduit son discours en notant que, malgré ses imperfections, les Nations Unies restent la seule organisation universelle qui a l’autorité morale et la légitimité pour trouver des solutions globales aux défis actuels.  Il a rappelé que la paix et le développement durable étaient étroitement liés et que son pays donnait la priorité à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a indiqué que le Botswana avait entamé une série de consultations avec les secteurs privé et public, la société civile, les autorités locales, le monde universitaire, pour formuler le Plan national de développement et la Vision 2036, qui s’alignent avec le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

M. Mokgweetsi Masisi a également rapporté que son gouvernement avait pris la décision audacieuse de passer d’une politique de réduction de la pauvreté à une politique d’élimination de la pauvreté extrême, avec des résultats significatifs: la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour est passée de 24,5% en 2002-2003 à 6,4% en 2009-2010, une avancée d’autant plus remarquable lorsque l’on sait qu’en 1985-1986, ce pourcentage s’élevait à 59%.  Le chômage des jeunes est aussi une des priorités de son pays, et au cours des deux dernières décennies, plus de 25% du budget total du Gouvernement a été consacré à l’éducation.

Après avoir rappelé que son pays figurait parmi les premiers à avoir signé et ratifié l’Accord de Paris sur les changements climatiques, M. Mokgweetsi Masisi a appelé à protéger l’intégrité de cet Accord. Il a notamment demandé aux États-Unis de reconsidérer leur décision de se retirer de cet accord. « Aucun pays ne peut faire face à ce défi seul. Et c’est un peu comme si les récents ouragans et leurs effets désastreux venaient rappeler à l’Administration américaine que les changements climatiques sont réels. » Bien que ne possédant pas de littoral, le Botswana accorde beaucoup d’importance à la protection des ressources marines, et M. Mokgweetsi Masisi s’est réjoui de la récente Conférence sur les Océans qui s’est tenue à New York.

Sur le plan de la paix et de la sécurité, le Vice-Président s’est dit inquiet de la situation au Soudan du Sud, « un pays au bord du précipice ». Il a appelé les pays de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), en tant que garants de l’Accord conclu au mois d’août 2015 sur la résolution du conflit dans le pays, à intervenir de manière constructive auprès des dirigeants et des parties prenantes du Soudan du Sud afin que ces derniers s’engagent de manière inconditionnelle en faveur d’une pleine mise en œuvre de l’Accord.

Concernant la Syrie, le Vice-Président du Botswana s’est dit déçu des échecs répétés du Conseil de sécurité à résoudre la crise, soulignant que l’Assemblée générale devait user de son « autorité morale » quand le Conseil de sécurité est paralysé.  Les nombreuses violations du droit international par la République populaire démocratique de Corée sont aussi une source de préoccupations pour M. Mokgweetsi Masisi, qui a appelé la communauté internationale à prendre des décisions rapides et décisives.  Il a également rappelé le soutien de son pays à la lutte des peuples du Sahara occidental et de Palestine pour leur droit à l’autodétermination et a annoncé que le Botswana avait établi des relations diplomatiques avec l’État de Palestine depuis le 8 mars 2017.  Après avoir condamné le terrorisme, l’extrémisme violent et l’intolérance raciale, le Vice-Président du Botswana s’est félicité de l’adoption du Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires.

M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de la Croatie, a rappelé que son pays était entré à l’ONU il y a 25 ans et que depuis lors, il a été reconstruit et s’est profondément transformé.  Fervent adepte du multilatéralisme, la Croatie est désormais membre de l’Union européenne et de l’OTAN et participe activement aux missions de maintien de la paix notamment de l’ONU.  En interne, la Croatie a misé sur la paix et la justice ainsi que des institutions d’État fortes.  Compte tenu de son expérience, pour avoir été un pays en situation post conflit et pour avoir bénéficié de l’aide de l’ONU, elle souhaite pouvoir en faire bénéficier d’autres pays.  Son Premier Ministre a insisté sur la volonté de son pays de mettre à disposition cette expertise, notamment dans le contexte de la mise en œuvre des accords de Minsk en Ukraine.

Il a également appuyé la volonté du Secrétaire général de réformer l’ONU, qualifiant d’impérative la réforme du Conseil de sécurité pour que ses membres reflètent mieux le monde actuel.  Pour y parvenir, le Ministre a préconisé un élargissement des deux catégories de ses membres -permanents et non-permanents- avec un siège pour les pays de l’Europe orientale.

Constatant ensuite que l’un des effets de la mondialisation soit les migrations massives et une crise sans précédent de réfugiés, il a expliqué que la Croatie avait opté pour une approche axée sur l’être humain pour appréhender ce phénomène, appelant par ailleurs à travailler de concert pour combattre les causes profondes de ces migrations.  La Croatie cherche d’ailleurs à endiguer les flux migratoires dans l’est des Balkans, par le truchement de l’aide au développement accordée aux pays dont ces migrants sont essentiellement originaires.

Constatant que les conflits sont souvent à l’origine des migrations massives, le Ministre a estimé que le monde et l’ONU devaient les traiter au cas par cas, ce qui suppose, selon lui, d’associer les organisations régionales et sous-régionales ainsi que des populations locales à la recherche des solutions aux conflits et aux processus de paix. 

La Croatie a contribué à 19 opérations de maintien de la paix et prépare actuellement sa contribution à la FINUL, au Liban, a encore annoncé le Ministre pour lequel il ne faut ménager aucun effort pour la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Dans cet esprit, il a préconisé notamment une plus forte collaboration entre le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité.  Il a également salué la nouvelle architecture de la lutte contre le terrorisme de l’ONU.

S’agissant par ailleurs de la stabilité régionale dans le sud-est de l’Europe qui, a-t-il affirmé, reste encore fragile, M. Plenković a encouragé l’intégration de tous ces pays dans l’Union européenne, en particulier celle de la Bosnie-Herzégovine.

Abordant également la question du réchauffement climatique, le Ministre a indiqué que la Croatie avait ratifié l’Accord de Paris et qu’elle appuie la nouvelle initiative française du Pacte mondial pour l’environnement.

M. JUSTIN TRUDEAU, Premier Ministre du Canada, a estimé que le thème du débat général de cette année, « Priorité à l’être humain », résonne de façon particulière au Canada, où l’essentiel pour les Canadiens a toujours été « les gens, la paix et une bonne qualité de vie » ainsi que l’environnement et « l’équité pour tous ».  Il a parlé des leçons que le Canada, qui demeure un projet en « perpétuelle évolution », a apprises en cours de route, ainsi que des erreurs qui ont marqué son histoire.

L’approche du Canada, a dit le Premier Ministre, est fondée sur des valeurs de « dignité humaine » qui accordent de véritables opportunités à tous.  Il s’agit d’une approche que le pays tente de mettre en œuvre non seulement au niveau national, mais également à l’échelle mondiale.  Rappelant que le Canada célèbre cette année son cent-cinquantième anniversaire, il a souligné qu’en réalité, le « Canada, est beaucoup plus vieux que cela ».  Des autochtones y ont vécu « depuis des millénaires », a poursuivi le Premier Ministre, soulignant que le pays a été bâti sur les terres ancestrales des peuples autochtones, sans qu’ils aient eu l’occasion d’y participer de façon significative et sans que les traités qu’ils ont signés avec les autorités coloniales ne soient respectés ni mis en œuvre.  Pour les Premières Nations, les Métis et les Inuits, l’expérience de la colonisation en a plutôt été une « d’humiliation, de négligence et d’abus » par une série de gouvernements qui ont « choisi de miner leurs droits et leur dignité », a déploré le Premier Ministre.  Cela « nous fait grandement honte », a-t-il regretté.

Aujourd’hui, les autochtones vivant dans les réserves ne reçoivent pas les services de base auxquels ils ont droit, y compris une éducation et des services sanitaires de qualité.  Pour plusieurs femmes autochtones, la vie au Canada est faite de menaces de violence d’une sévérité telle qu’Amnesty international a qualifié leur situation de « crise de droits de l’homme ».  Le Premier Ministre Trudeau s’est également attardé sur les déplacements forcés et les pensionnats autochtones visant à assimiler de force les enfants de ces communautés parmi les fléaux qui ont affligé les Premières Nations au cours de leur histoire. 

Devant ce sombre constat, M. Trudeau a appelé à une réconciliation « vraie, significative et durable » entre le Canada et ses communautés d’origine, guidée par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et sur les travaux de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.  Il a noté, à cet égard, que les lois fédérales canadiennes sont revues et corrigées et que des programmes sont mis en place pour corriger la situation, notamment aux niveaux linguistique, politique et social.  Enfin, il a annoncé que le Canada démantèlera sous peu les « vieilles structures bureaucratiques » existantes, qui seront remplacées par un Ministère des affaires autochtones et du Nord ainsi que par un Ministère des services aux autochtones.  Cependant, a-t-il ajouté, les autochtones devront examiner leur propre mode de gestion et apporter eux-mêmes les changements qu’ils croient nécessaires.

Par ailleurs, a poursuivi M. Trudeau, le Gouvernement du Canada entend adopter sous peu une loi visant à assurer la parité salariale entre les hommes et les femmes.  Il s’est dit déterminé à mettre en œuvre les objectifs de développement durable au Canada et à en faire la promotion dans le monde. 

Abordant la question des changements climatiques, le Premier Ministre a rappelé l’importance de l’Accord de Paris, « qui nous concerne tous ».  Il a expliqué que les peuples autochtones et les communautés du nord du pays sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques, alors que la fonte des glaces rend la chasse et les voyages périlleux.  Il s’est dit prêt à aider ces communautés à faire face à ces défis.  Il a par ailleurs assuré le monde de son engagement inflexible à combattre les changements climatiques et à défendre l’Accord de Paris.  Le Canada, a-t-il ajouté, entend imposer un tarif sur la pollution causée par le carbone, moyen efficace selon lui de « réduire les émissions tout en faisant croître l’économie ».

Poursuivant son intervention, M. Trudeau s’est engagé à œuvrer pour réduire les « inégalités à l’intérieur des pays et entre les pays ».  Il a souligné que son gouvernement a augmenté les allocations familiales et l’impôt pour les Canadiens les plus riches.  Il entend également rendre l’éducation plus abordable afin de créer des emplois bien rémunérés dans des secteurs novateurs.  Enfin, il a souligné l’entrée en vigueur, aujourd’hui, de l’Accord économique et commercial global avec l’Union européenne, qui, a-t-il expliqué, contribuera à la création d’emplois et de nouvelles opportunités d’affaires pour tous les Canadiens. 

M. TUILAEAPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre du Samoa, a fait part de son inquiétude face aux dynamiques mondiales qui poussent notre monde « vers une catastrophe potentielle aux proportions inimaginables ».  En tant que petits pays insulaires du Pacifique, nous ne sommes plus protégés par notre isolation, a-t-il constaté.  Nous sommes spectateurs du drame qui se joue dans la péninsule coréenne.  Priant pour un leadership qui donne une chance à la paix, il a expliqué avoir signé, hier, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

« Les changements climatiques sont une menace existentielle », a affirmé M. Malielegaoi.  C’est en permanence une priorité pour le Samoa et la région du Pacifique.  Dans ces petites îles, comme on l’a vu récemment, les catastrophes naturelles peuvent décimer un pays entier, d’autant plus que leurs ressources limitées font de la reconstruction une tâche colossale.  Il a salué la résilience de son peuple face à ces phénomènes, non sans rappeler que les cicatrices qu’ils laissent mettent des années à se refermer.

Le Premier Ministre a ensuite indiqué que le Samoa avait été le premier pays du Pacifique à accueillir, le mois dernier, un groupe d’experts du Conseil des droits de l’homme, en l’occurrence pour évaluer les progrès accomplis vers l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.  En matière de maintien de la paix, le pays a déployé des contingents de police au Libéria, au Darfour, au Soudan du Sud et au Timor Leste. 

L’adoption de la feuille de route régionale du Pacifique pour les objectifs de développement durable complète la stratégie de développement du Samoa, qui se fonde aussi sur les Orientations de Samoa et l’Accord de Paris, a par ailleurs expliqué M. Malielegaoi.  Il a jugé important de renforcer les partenariats avec les petits États insulaires en développement et de travailler sur les cibles de l’objectif 14 de développement durable: « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines ».  

Enfin, le Samoa a accueilli, début septembre, le Forum des dirigeants des îles du Pacifique sur le thème « Le Pacifique bleu: Notre sécurité à travers le développement, la gestion et la conservation durables ».  Ces dirigeants ont fait de « l’identité du Pacifique bleu » le moteur central de leur action collective.  M. Malielegaoi s’est dit confiant que la présidence des Fidji à la prochaine COP23, Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, saura mettre l’accent sur ces défis.  

Toujours sur le plan régional, le Premier Ministre a salué la conclusion de la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon (RAMSI).  Préoccupé par les contaminants radioactifs situés dans les Îles Marshall, il a compté sur l’assistance des Nations Unies.    

M. MIRO CERAR, Premier Ministre de la Slovénie, a d’abord insisté sur le rôle essentiel joué par la coopération internationale au sein du système des Nations Unies, dans un monde confronté à de nombreux défis, des conflits armés et la dégradation de l’environnement, en passant par le terrorisme et les violations des droits de l’homme.  Il a confirmé l’engagement de son pays vis-à-vis des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, dont « le véritable test est leur mise en œuvre ».  La Slovénie s’y attèle de manière urgente, et le pays est dans le top 10 des 157 États évalués pour leur réalisation des objectifs de développement durable, s’est-il félicité.

La question environnementale est importante pour la Slovénie et M. Cerar s’est dit déterminé à éveiller les consciences.  Il a notamment insisté sur le rôle essentiel des abeilles et des autres pollinisateurs dans la prévention de la faim, la sécurité alimentaire et la santé humaine.  Il a proposé que l’Assemblée générale adopte une résolution pour que le 20 mai soit dorénavant la journée mondiale des abeilles.  Ce qui est vrai pour l’environnement l’est également pour les migrations globales et les flux de réfugiés, a-t-il ajouté: il faut que la responsabilité et la solidarité soient les principes directeurs d’une réponse globale.  La Slovénie s’est investie dans le processus de consultation du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et le pacte mondial pour les réfugiés. M. Cedar s’est dit confiant que l’adoption des deux pactes en 2018 constituera une avancée significative.

Rappelant que la Slovénie est actuellement membre du Conseil des droits de l’homme, M. Cerar a aussi rappelé l’attachement de son pays à la défense des droits de l’homme, en mettant l’accent sur les droits de l’enfant, les inégalités de genre, l’émancipation des femmes, les droits des personnes âgées et l’importance des collaborations intergénérationnelles.  Il a appelé à davantage d’actions pour protéger les civils dans les contextes de conflits armés et prévenir toutes les formes de violence sexuelle, pour laquelle, a-t-il affirmé, il faut une politique de tolérance zéro.

Après avoir rappelé l’attachement de son pays à promouvoir la justice internationale, il a affiché son soutien vigoureux à la mise en œuvre des amendements de Kampala, les Amendements au Statut de Rome de la Cour pénale internationale relatifs au crime d’agression.

M. Cerar s’est ensuite félicité de la réforme du dispositif de lutte contre le terrorisme des Nations Unies, ainsi que de la résolution de l’Assemblée générale visant à aider les États Membres à mettre en œuvre la stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Il a également exprimé le soutien de son pays à un monde sans armes nucléaires grâce à la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et a fermement condamné les violations, par la République populaire démocratique de Corée, des résolutions du Conseil de sécurité et de ses engagements internationaux.  Les Nations Unies peuvent désamorcer des conflits latents, a conclu M. Cedar, tout en saluant les efforts de réforme portés par le Secrétaire général.  « Nous avons besoin d’une organisation bien informée et plus réactive, qui obtient des résultats tangibles. »

Face aux vagues de catastrophes naturelles et au « ton belliqueux » de certains, M. SIGMAR GABRIEL, Vice-Chancelier et Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a appelé les « politiciens responsables » à s’engager dans une voie différente qui renforce la paix et la stabilité et assure la prospérité dans le monde.

M. Gabriel a longuement dénoncé « une vision du monde qui met à l’avant-plan ses propres intérêts nationaux et ne vise plus un équilibre des intérêts entre les différentes nations de la planète », vision qui, s’est-il inquiété, « semble gagner du terrain ».  Or, a-t-il insisté, cette vision d’un monde considéré comme une arène dans laquelle chacun se bat contre tous et où prévaut la loi du plus fort, ne nous permettra pas de résoudre les problèmes actuels et « appartient au passé ».  Nous avons besoin de moins d’égoïsme et non l’inverse.  Aucune nation ne gagne si elle ne défend que ses propres intérêts, a affirmé M. Gabriel, pour qui le slogan « mon pays d’abord » ne peut mener qu’à davantage de confrontations, avec à la fin seulement des perdants ».

Il faut donc travailler ensemble en vue d’un monde plus sûr, a poursuivi le Vice-Chancelier, qui s’est félicité des sanctions adoptées par le Conseil de sécurité à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et a souhaité leur mise en œuvre rapide au plan européen.  Il a lancé un appel à l’apaisement des tensions et au lancement de négociations.  Si on laisse la RPDC poursuivre impunément, d’autres pays seront tentés de se comporter comme elle, ce qui aurait pour résultat l’émergence de nouvelles zones de tensions nucléaires dans le monde, a averti M. Gabriel, qui a en outre souligné que « l’acquisition par la RPDC de l’arme nucléaire est bien un enjeu mondial auquel nous devons tous faire face ensemble, et non une question régionale ».

Mais si on ne peut tolérer les efforts de certains pour se doter de l’arme nucléaire, les traités existants pour lutter contre la prolifération ne doivent pas être mis en cause, a poursuivi le Vice-Chancelier.  Cela vaut en particulier pour l’accord sur le programme nucléaire iranien.  L’Allemagne travaillera à la stricte application de cet accord par toutes les parties, a-t-il promis.

 Comment pourra-t-on convaincre la Corée du nord d’accepter un accord national qui lui garantirait la sécurité en échange de certains engagements si l’accord sur l’Iran est annulé, a demandé M. Gabriel qui a insisté sur l’importance de la confiance pour revitaliser le processus de désarmement nucléaire.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a fait un autre choix, a expliqué M. Gabriel, celui de la coopération et de l’amitié avec les voisins anciens ennemis.  Rendant hommage à la France, la Belgique et d’autres pays d’Europe qui avaient accepté de faire de l’Allemagne, ancienne ennemie, un partenaire et une amie, il a affirmé que c’est en s’engageant dans la voie européenne et de la coopération internationale que l’Allemagne avait trouvé la prospérité et gagné une « nouvelle souveraineté ».  Il n’est pas toujours facile ni populaire d’appeler à la coopération internationale, a-t-il reconnu, mais c’est la voie de la paix.

M. Gabriel a en outre affirmé que, face à l’escalade de la violence contre les Rohingya et le flot de réfugiés, l’Allemagne renforcera son aide à la population par le truchement de la Croix-Rouge internationale.

Le Vice-Chancelier a toutefois pu se réjouir de certains progrès réalisés, notamment en Iraq, et a annoncé que son pays mettrait à disposition 250 millions d’euros supplémentaires pour la reconstruction de Mossoul car « on ne peut pas abandonner maintenant les victimes des voyous de l’État islamique ».  Il a en outre demandé au Gouvernement régional du Kurdistan de ne pas déclencher de nouveau conflit, « la dernière chose dont l’Iraq a besoin ». 

M. Gabriel a par ailleurs estimé qu’il faudrait examiner plus avant l’idée d’une mission de maintien de la paix en Ukraine, « même si on est encore loin d’un consensus ».

M. Gabriel s’est également félicité des projets de réformes du Secrétaire général des Nations Unies, tout en rappelant que leur succès dépendra aussi de l’attitude des États Membres.  Les Nations Unies auront notamment besoin de plus de ressources pour s’acquitter de leur mission, ce qui supposera en retour une plus grande transparence dans leur utilisation, a-t-il ajouté.  Rappelant que l’Allemagne a toujours été un contributeur majeur au budget des Nations Unies –le quatrième actuellement-  il a également demandé que le Conseil de sécurité soit réformé de manière à refléter enfin la réalité du monde du XXIe siècle et a annoncé la candidature de son pays à un poste de membre non permanent du Conseil pour 2019-2020.

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a rappelé qu’en 2016 l’Assemblée générale avait adopté une résolution portant sur un ordre international véritablement démocratique, libre d’ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il a dénoncé les États qui tentent d’imposer leur système politique et leurs valeurs aux autres pays, croyant détenir la vérité dans tous les domaines.  Il a plaidé pour le respect du principe de souveraineté dans les affaires internationales, fondement des affaires étrangères des États-Unis, rappelant que cela avait été souligné depuis la tribune par le Président américain Donald Trump, « une position à laquelle tous les pays peuvent souscrire ».

Au cours des 25 dernières années, la Fédération de Russie a tout fait pour liquider les vestiges de la guerre froide.  Cependant, les partenaires occidentaux ne l’ont pas fait, a-t-il dénoncé, et se complaisent dans un sentiment de supériorité fondé.  Il a accusé l’OTAN de refuser d’appliquer dans la pratique les principes d’équité dans la sécurité internationale, faisant passer ses propres intérêts devant tous les autres.  L’Occident croit que ceux qui ne sont pas avec lui sont contre lui, et il est malheureux qu’il mette en application cette pratique aux affaires internationales, a-t-il déploré.

Se tournant vers l’Ukraine, le Ministre Lavrov a affirmé que le Gouvernement ukrainien ne respecte toujours par les accords de Minsk et se refuse à les mettre en œuvre, ajoutant que Kiev continue ses actions militaires dans l’est de l’Ukraine en toute impunité.  La Fédération de Russie, pour sa part, compte poursuivre son travail constructif pour faire appliquer pleinement les accords de Minsk.  M. Lavrov a rappelé la proposition du Président Putin de mettre sur pied une force de maintien de la paix pour protéger les travailleurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Donbass, précisant qu’une résolution allant dans ce sens sera présentée au Conseil de sécurité prochainement.  Nous comptons sur une approche constructive, sans jeu à somme nulle de la part des partenaires américains et européens, afin d’appliquer les accords de Minsk et ramener la paix dans cette région, a dit le Ministre.

Il faut combattre le retour des idéologies fascistes et nazies et l’extrémisme islamiste, a poursuivi M. Lavrov, dénonçant au passage la destruction, en Europe, de monuments érigés à la mémoire des héros de la Seconde Guerre mondiale et dont l’action a conduit à la fondation de l’ONU.  La Fédération de Russie compte prendre des mesures pour faire interdire ce genre de pratique, a-t-il prévenu.  

Le règlement solide des différends n’est possible que par le dialogue entre les parties au conflit, a continué M. Lavrov, pour qui l’adoption de mesures unilatérales par l’Occident est contre-productive.  M. Lavrov a notamment dénoncé les restrictions extraterritoriales imposées par les États-Unis contre l’Iran ainsi que le blocus américain contre Cuba, dont la levée, a-t-il fait observer, est demandée par la presque totalité des États Membres de l’Assemblée générale depuis des décennies.

En ce qui concerne la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a souligné que, si les résolutions et les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité doivent être respectées, elles supposent également le retour aux négociations et au dialogue, et non la répétition de menaces qui, a-t-il averti, peuvent avoir des conséquences catastrophiques.  Il a invité à cet effet les parties prenantes à se joindre à la feuille de route proposée par la Fédération de Russie et la Chine le 4 juillet dernier, et à la reprise du dialogue.  Le Ministre a également parlé de la situation au Venezuela, jugeant inacceptable de s’ingérer dans les affaires intérieures de ce pays sous prétexte d’y imposer un ordre démocratique.  Il faut plutôt entreprendre des négociations constructives reposant sur un véritable dialogue, a-t-il dit.

Poursuivant son intervention, M. Lavrov a estimé que, malgré le recul enregistré par Daech en Syrie, il importe de poursuivre le dialogue afin de mettre un terme à ce conflit, soulignant au passage ne pas comprendre la raison pour laquelle la coalition menée par les États-Unis protège les terroristes du groupe el-Nosra.  Il s’est félicité du rôle joué par la Fédération de Russie, avec la collaboration de la Turquie et de l’Iran, dans la création de quatre zones de désescalade en Syrie, appelant par ailleurs à un règlement rapide du problème du terrorisme dans ce pays et au rétablissement de son unité territoriale.  En outre, a déclaré M. Lavrov, tout emploi de l’arme chimique doit faire l’objet d’une enquête crédible, sans intervention extérieure dans les affaires de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

Quant à la question israélo-palestinienne, le Ministre a apporté son soutien à l’initiative de paix arabe et aux efforts menés par l’Égypte, avec la participation de la Ligue des États arabes et du Quatuor.  L’absence d’accord dans le conflit israélo-palestinien continue de favoriser le terrorisme et l’extrémisme, a-t-il déploré.

Le Ministre a en outre félicité le Secrétaire général de l’ONU pour les réformes entreprises dans la lutte contre le terrorisme et s’est félicité de la nomination d’un citoyen russe à la tête du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU, ce qui montre, a-t-il ajouté, l’engagement de la Russie sur cette question.  Il s’est par ailleurs dit favorable à un monde sans armes nucléaires, réaffirmant son soutien au Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires, mais s’est opposé aux initiatives actuelles qui, ignorant le contexte contemporain, font plutôt reculer l’atteinte de cet objectif.  Il s’est aussi dit en désaccord avec la « militarisation » des communications informatiques, tout en appuyant la lutte contre la cybercriminalité.

Concluant son intervention, M. Lavrov s’est dit favorable à la nouvelle tendance à un ordre mondial polycentrique qui favorise les échanges internationaux, invitant les États à s’y adapter et, pour certains, à s’abstenir de se comporter en maîtres du monde.  Il a plaidé pour le pluralisme politique et la primauté du droit, vantant l’implication de la Fédération de Russie dans nombre d’organisations internationales.  Pour conclure, il a plaidé pour l’unité des êtres humains et l’équilibre entre les États dans la recherche d’intérêts communs, conditions d’une vraie démocratisation des affaires internationales.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a rappelé que les Nations Unies défendent la paix et ont montré à ce titre leur utilité depuis 70 ans.  De même, les Nations Unies ont aidé de nombreux pays à accélérer leur développement.  Les idéaux des Nations Unies restent toutefois à réaliser et les États Membres doivent donc poursuivre leurs efforts, dans un monde en constante mutation où les défis sont nombreux et changent.  Il est temps de faire le choix entre l’ouverture et la fermeture, l’unité et la division, la paix et la guerre, a-t-il déclaré. 

Garantir le développement, la paix et la dignité pour tous, c’est un objectif qui doit être embrassé par tous, a rappelé le Ministre, qui a notamment invité les membres permanents du Conseil de sécurité à donner l’exemple et à déployer tous les efforts possibles pour trouver des terrains d’entente et régler pacifiquement les conflits.  De même, le Ministre a appelé à lutter contre le terrorisme sans l’associer à des groupes particuliers.  Là encore, la réponse est dans le dialogue et la coopération, a affirmé M. Wang, qui a appelé à utiliser davantage le Chapitre VI de la Charte.  Il a cité en exemple la crise en Syrie, insistant sur la négociation et notamment le processus d’Astana.  Il faut aussi apporter au peuple palestinien une solution qu’il n’attend que depuis trop longtemps et qui doit être basée sur la solution politique des deux États.

Poursuivant son intervention, M. Wang a fait observer que le 19 septembre marquait le douzième anniversaire de la déclaration commune publiée à l’issue du quatrième cycle des pourparlers à six, établissant une feuille de route pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Certains pensent aujourd’hui que les choses ont changé et que ce texte est devenu obsolète mais ce n’est pas le cas, a affirmé M. Wang, qui a exhorté d’une part la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à « ne pas poursuivre sur la voie dangereuse sur laquelle elle s’est lancée et de l’autre les États-Unis à respecter les engagements pris dans la région.  « L’espoir de paix demeure, ne renonçons pas, la négociation est la seule solution », a plaidé le Ministre qui a assuré que la Chine restera engagée en faveur du dialogue, de la négociation et de la dénucléarisation de la péninsule coréenne. 

Dans le domaine du développement, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 devrait être la priorité absolue des Nations Unies, a enchaîné le Ministre, qui a plaidé pour un renforcement de la coopération Nord-Sud, tout en utilisant la coopération Sud-Sud et la coopération tripartite.  Il a aussi invité tous les États à renforcer la coopération climatique au plan international et à mettre en œuvre l’Accord de Paris sur la base du principe de responsabilité commune mais différenciée.

Le Ministre a par ailleurs promu la libéralisation des échanges commerciaux au niveau mondial et estimé que la question des migrants devait être résolue en appuyant le développement des États.  Face à une mondialisation qui ne s’arrêtera pas, nous ne devons pas laisser la loi de la jungle l’emporter, a poursuivi M. Wang, qui a par ailleurs plaidé pour la diversité culturelle, estimant que l’UNESCO et l’Alliance des civilisations de l’Organisation des Nations Unies avaient un rôle important à jouer.

M. LUIS VIDEGARAY CASO, Secrétaire des relations extérieures du Mexique, a débuté son allocution en revenant sur les secours apportés aux victimes du séisme qui a frappé Mexico et a remercié les Nations Unies et tous les pays ayant fourni une assistance aux équipes de secours sur place.

« Le multilatéralisme est ce qui fait la différence entre un système international d’États qui se limitent à une coexistence mutuelle et une société internationale où les États souverains s’engagent dans une communauté solidaire et responsable afin de trouver une solution aux défis communs », a-t-il ajouté.

M. Videgaray Caso a appelé à gérer la question de la migration en privilégiant une approche multilatérale, notamment sous la forme d’un pacte mondial sur les migrations afin de règlementer les flux migratoires tout en les sécurisant et en les ordonnant.

 

Revenant sur le séisme qui a frappé son pays, il a indiqué que les Mexicains bénéficiaient des valeurs du multilatéralisme grâce au soutien offert par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  « Nous réalisons l’importance de faire partie d’une véritable communauté internationale », a-t-il insisté.  « En quelques minutes, l’OCHA nous a aidé à identifier les pays capables de nous assister.  En ces instants de douleur, le multilatéralisme et les Nations Unies nous ont montré leurs visages les plus généreux ».

M. Videgaray Caso a ensuite loué le Programme de développement durable à l’horizon 2030 avant de s’attarder sur le rôle du Mexique au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il a expliqué que le Gouvernement du Mexique avait signé, hier, le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires et que son pays soutiendra toutes les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la dénucléarisation.

Réaffirmant l’ouverture au monde de son pays, le Secrétaire des relations extérieures du Mexique a expliqué que la catastrophe naturelle que vit actuellement son pays était la preuve que la solidarité qui est la valeur la plus importante pour les pays de la région.

Il a ensuite renouvelé son soutien au processus d’intégration nord-américain, mentionnant au passage l’expression de sa solidarité aux Mexicains vivant aux États-Unis « quel que soit leur statut juridique dans le pays ».

Revenant sur le séisme, il a déclaré que « les Mexicains dépasseront cette catastrophe et notre nation en ressortira plus forte.  Le Mexique est un pays fort et reconnaissant malgré la tragédie.  La population et le Gouvernement du Mexique sont debout ».

M. SALVADOR SÁNCHEZ CERÉN, Président d’El Salvador, a indiqué que son pays avait adopté un programme national de développement durable pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qu’il met en œuvre grâce à toute une architecture institutionnelle.  Il a précisé que plus de la moitié du budget de l’État est consacrée aux secteurs de l’éducation, la santé et la protection sociale, tandis que des ressources sont affectées spécialement à la réduction de la pauvreté.

Le Président a recensé les progrès réalisés dans ces domaines, citant notamment l’amélioration de la sécurité alimentaire et le soutien apporté à l’agriculture familiale et aux petits exploitants.  En outre, le Système national d’emploi permet aux jeunes de renforcer leurs compétences professionnelles.

M. Sánchez Cerén a ensuite mentionné le processus de dialogue politique en cours dans son pays, qui a donné naissance au Plan El Savador Sûr qui, a-t-il expliqué, est axé sur le respect des droits de l’homme.

Soulignant les difficultés rencontrées pour la mise en œuvre du Programme 2030 sans stratégie de financement, le Président a insisté sur la nécessité urgente de lier ce Programme au Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, ce dernier prévoyant plus de 100 mesures pour susciter des investissements en soutien au développement durable.

En tant que Président d’un pays à revenu moyen, il a expliqué qu’il fallait éliminer les mesures basées uniquement sur les résultats économiques, ce critère ne tenant pas compte des inégalités économiques, sociales et culturelles.  Il a plaidé en faveur d’un calcul qui prenne en compte toutes les dimensions.  Il faut également, a-t-il ajouté, un mécanisme de restructuration de la dette souveraine qui permette une répartition juste entre les débiteurs et les créanciers, tout en tenant compte des exigences sur le plan humain.

La migration est un sujet crucial pour El Savador, a continué le Président, en attirant l’attention sur la contribution positive des migrants au développement inclusif et durable.  C’est son pays, a-t-il rappelé, qui a poussé à inclure ce thème dans les objectifs de développement durable.  Il a appelé à conclure un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et à lutter énergiquement contre la xénophobie à l’égard des réfugiés et des migrants.  Faisant valoir la contribution de ces personnes au développement de leur pays d’accueil, il a cité le cas de la population salvadorienne qui bénéficie d’un statut de protection provisoire aux États-Unis, demandant une prorogation de ce statut.  Il a également parlé d’un projet d’initiative nationale visant à régulariser la situation migratoire des nationaux de pays voisins résidant à El Salvador.

Venant aux questions relatives à la paix, le Président a affirmé son attachement au règlement pacifique des différends, d’autant que son pays a connu un conflit armé interne il y a plus de 10 ans.  Il a dès lors apprécié les efforts de dialogue entre le Gouvernement du Venezuela et l’opposition dans ce pays.  Il a par ailleurs lancé un appel aux États-Unis pour qu’ils mettent fin au blocus à l’égard de Cuba, souhaitant de manière générale que soient évitées les mesures unilatérales contre un pays.

Le Président s’est, enfin, inquiété des menaces découlant des armes de destruction massive et des changements climatiques, ne voulant pas, notamment, que l’on recule en matière de consensus international sur le climat.

M. AZALI ASSOUMANI, Président des Comores, a estimé que les catastrophes à répétition, notamment l’ouragan Irma, étaient un « criant rappel à l’ordre » des climato-sceptiques, sur l’urgence d’un engagement et d’une action pour atténuer dans la mesure du possible, les effets dévastateurs du dérèglement climatique. Il a, à son tour, exprimé ses condoléances au Président du Mexique après le séisme qui a frappé son pays.  Il a ensuite rendu hommage aux Gouvernements de la France et du Maroc pour les réussites successives de la COP21 et de la COP22.

Quand on parle de l’être humain, on parle aussi des droits de l’homme et de la dignité humaine, a estimé M. Assoumani, qui a appelé à combattre ensemble le terrorisme, les problèmes liés à la migration, les conflits, les guerres et le réchauffement climatique. Il s’est toutefois refusé à toute confusion entre terrorisme et islam. « Les terroristes n’appartiennent à aucune croyance, ce sont simplement des barbares », a-t-il lancé.

Le Président a condamné les atrocités dont sont victimes les minorités et les communautés, « hier en Bosnie-Herzégovine, aujourd’hui en Birmanie contre les Rohynga, ainsi que partout ailleurs ».  Il a souhaité que l’Organisation puisse défendre les droits les plus élémentaires des opprimés, indépendamment de toute considération d’origine, de race, de sexe et de croyance. 

C’est en garantissant la paix, la sécurité et les droits humains que nous pourrons faire collectivement la promotion des objectifs de développement durable, a poursuivi M. Assoumani qui s’est notamment attaché à l’objectif 7, concernant l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes.  Il a ainsi rappelé que l’absence d’un tel accès généralisé à l’électricité en Afrique constituait une grave entrave à la croissance durable du continent, avant de rappeler que son pays avait réussi en un an à enrayer les pénuries d’électricité qui plombaient son économie.  Toutefois, à plus long terme et pour réaliser l’ensemble des 17 objectifs, les Comores auront aussi besoin de la solidarité internationale, des investisseurs internationaux et du secteur privé, a fait savoir le Président.

M. Assoumani a expliqué que son pays, petit État insulaire en développement, avait pour ambition de devenir, d’ici à 2030, un pays émergent et a décrit la stratégie nationale de développement des Comores.  Il a annoncé la tenue d’une grande consultation nationale sous forme d’assises, en décembre prochain, afin de faire le bilan de 42 années d’indépendance, d’en tirer les leçons et de se projeter vers l’avenir.  Il a demandé une nouvelle fois l’assistance de la communauté internationale, rappelant, en la remerciant, que celle-ci avait accompagné son pays il y a 20 ans quand il avait failli sombrer dans le chaos.

Tout en reconnaissant que les déplacements de population déstabilisent à la fois les pays d’origine et d’accueil, le Chef de l’État s’est toutefois dit opposé à ce que le terme d’immigrés soit appliqué aux Comoriens qui se rendent sur l’île de Mayotte, « partie intégrante de son territoire resté malheureusement sous administration française ».  Pour M. Assoumani, la question de « L’île comorienne de Mayotte est relative à l’intégrité territoriale » et l’absence de solution depuis 42 ans, fragilise la stabilité politique et entrave le développement économique de son pays.  Il a dit se réjouir de la poursuite du dialogue avec la France dans la recherche d’une solution juste et équitable, conforme au droit international et respectueuse des intérêts de chaque partie.

Enfin, le Président des Comores a dénoncé l’absence de solutions au conflit israélo-palestinien et l’injustice faite au peuple palestinien, avant d’indiquer qu’il avait lui-même signé au nom de son pays, hier, le nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et demandé que soit enfin réalisée la réforme du Conseil de sécurité qui lui permettra de refléter dans sa composition la communauté internationale du XXIe siècle.  Il a conclu en réaffirmant que les Comores « croient aux Nations Unies et en leur capacité à faire face aux défis actuels ».  

M. TOMMY ESANG REMENGESAU JR, Président des Palaos, a estimé que les tempêtes record qui ont frappé plusieurs pays dernièrement sont une illustration de ce qui attend l’humanité.  Pour les États insulaires du Pacifique, ces tempêtes constituent un sombre présage, a dit le Président, ajoutant que, pour faire face à ces menaces, il convient de faire des liens entre les causes et les effets des problèmes auxquels nous sommes confrontés.  De plus, nous devons nous doter de lignes directrices claires qui guideront notre action et notre coopération, a-t-il ajouté, comptant sur la collaboration de l’ONU pour combler les lacunes existantes.

Nous avons créé 17 objectifs de développement durable afin de fournir des opportunités à toute l’humanité, a poursuivi le Président, s’attardant en particulier sur l’objectif 14, qui reconnaît que les océans fournissent des ressources durables à toute l’humanité.  Il s’est félicité de l’adoption de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, notant au passage les progrès réalisés au cours des années dans la réduction des gaz à effet de serre.

Parmi les défis de notre temps, le Président a cité les essais nucléaires effectués par la République populaire démocratique de Corée et la situation des migrants qui prennent la route dans des conditions dangereuses.  Il a plaidé pour un renforcement de l’ONU afin que tous ses Membres soient convaincus de la valeur des négociations lors de différends.  Il est nécessaire de s’y mettre pour sauvegarder durablement une planète, a ajouté le Président. 

Les Palaos appuient toutes les initiatives de l’ONU visant à ramener la paix dans la péninsule coréenne, après les menaces proférées contre Guam.  Il a toutefois dénoncé la faible présence de l’ONU dans la région du Pacifique et invité l’Organisation à respecter son mot d’ordre de ne laisser aucun pays de côté.  Le Président a par ailleurs réaffirmé son appui au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires.

Tournant ensuite l’attention sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Remengesau a signalé que les coûts de sa réalisation seront très élevés.  Il a appelé à définir des programmes ciblés et à renforcer la coopération entre les États, soulignant l’importance à cet égard du Programme d’action d’Addis-Abeba.

Le Président des Palaos a ensuite indiqué que son pays avait créé des aires marines protégées parmi les plus étendues au monde, insistant sur l’importance de la coopération afin d’augmenter les aires marines protégées et de limiter la pollution atmosphérique.  Il a également salué la nomination de M. Peter Thomson, des Fidji, comme premier Envoyé spécial pour les océans.  Il a également salué l’appui des États-Unis à la création d’un sanctuaire marin national dans son pays.  Par ailleurs, le Président s’est réjoui du renouvellement de l’Accord de libre association des Palaos avec les États-Unis.

M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a dit que, en accord avec la Charte des Nations Unies, tous les gouvernements doivent s’efforcer d’assurer le bien-être de leurs citoyens, dans le respect des droits de l’homme, de la démocratie et du développement.  Il s’est dit « vivement préoccupé » par les conflits armés causés par l’ingérence de certains pays dans les affaires intérieures des États.  Ces pays, a continué le Président, oublient « que la guerre n’a jamais résolu les conflits, mais les a plutôt multipliés et prolongés », détruisant des nations entières. 

La Guinée équatoriale, a poursuivi le Président, considère que les termes du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires sont « insuffisants », et devraient inclure leur destruction obligatoire.  Par ailleurs, la Guinée équatoriale, qui occupera un siège non permanent du Conseil de sécurité, entend coopérer avec tous les États pour « imposer la paix dans le monde », ce qui implique de « garantir » la paix et d’assurer la protection des droits politiques, économiques, sociaux et culturels de tous les pays.

Le Président Obiang Nguema Mbasogo s’est dit inquiet des progrès modestes réalisés au cours des deux dernières décennies dans la lutte contre la sous-alimentation et les changements climatiques.  Malgré tous les programmes internationaux qui ont été adoptés au cours de cette période, tels que les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté et l’environnement a continué de se dégrader, provocant des cataclysmes meurtriers.  L’ONU demeure bien loin des objectifs qu’elle s’est fixée, a-t-il observé, ajoutant que le terrorisme, la xénophobie, le trafic des personnes et la criminalité transnationale organisée ont pris de l’ampleur.

Tous ces phénomènes rendent nécessaires une plus grande « sensibilisation des nations » et l’instauration d’une coopération directe entre les États.  « Aucun pays n’est exempt de responsabilité » face à ces problèmes, a poursuivi le Président, pour qui les États doivent redoubler d’efforts pour que triomphe la paix, sans toutefois se « prétendre des gendarmes qui imposent aux autres les principes de bonne gouvernance ». 

Ce dont le monde a besoin, a insisté le Président, c’est d’un « esprit participatif » entre les hommes et les femmes, et entre les petits et les grands États.  Il a plaidé à cet effet pour une réforme du Conseil de sécurité garantissant les « droits de toutes les nations » et une participation équitable de tous les continents.  Il s’agit de la prémisse à partir de laquelle le monde pourra avancer vers un développement durable et réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

De son côté, la Guinée équatoriale a accompli des progrès importants dans son développement, a affirmé M. Obiang Nguema Mbasogo, tempérés cependant par les effets de la crise économique.  Après avoir décrit les menaces destinées à « déstabiliser le système de gouvernance pacifique et démocratique » de son pays, ainsi que les accusations « injustes et gratuites » contre ses dirigeants, sans égard à la souveraineté nationale, le Président a réaffirmé son appel à travailler « au progrès et au bien-être de l’humanité ».

M. EVARISTO DO ESPIRITO SANTO CARVALHO, Président de São Tomé-et-Principe, a jugé urgent de réformer l’ONU afin de répondre à la dynamique d’un monde globalisé et permettre aux différentes agences spécialisées des Nations Unies d’agir rapidement et efficacement dans un processus qui devrait être inclusif de tous les pays. 

Il a aussi appelé à renforcer la mise en œuvre de mécanismes qui permettent une plus grande inclusion dans le processus de prise de décisions et de planification stratégique qui sont les principes directeurs des institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.  Nous croyons fermement que c’est là la seule voie pour les économies en développement d’intégrer rapidement le processus mondial de développement, a-t-il affirmé.

Le Président a énuméré ensuite les différentes crises dans le monde pour appeler au dialogue, souligner le rôle central de la médiation des Nations Unies et pour faire cesser les tensions dans la péninsule coréenne.  Il est aussi nécessaire que les armes se taisent en Syrie, et d’accélérer le processus de dialogue au Moyen-Orient. 

Le Chef d’État a également jugé urgent de trouver une solution, autour d’une table de négociation, à la situation en Guinée-Bissau, se disant par ailleurs préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire en République centrafricaine.  Évoquant en outre les atrocités commises par Boko Haram, au Nigéria et dans les pays voisins, il a affirmé que São Tomé-et-Principe se tiendra toujours aux côtés de ses partenaires régionaux et internationaux dans toutes les initiatives visant à éradiquer ce phénomène de nos sociétés.

Le Président a aussi parlé de l’urgence de faire face aux crises migratoires.  C’est une responsabilité civique, éthique et morale que d’accueillir les migrants en leur offrant l’aide humanitaire indispensable et également pour créer les conditions d’atténuer le phénomène dans les pays d’origine, a-t-il affirmé. 

Poursuivant son intervention, M. Carvalho a déclaré que « lutter contre les changements climatiques est peut-être l’objectif le plus complexe auquel toute l’humanité est appelée à réaliser ».  Toutefois, dans le contexte de l’Accord de Paris, les mesures proposées ne sont toujours pas mises en œuvre, a-t-il regretté.  « Tous les jours, nous reportons cette question à plus tard. »  Selon lui, des accords de coopération devraient être établis avec un financement ambitieux pour les problèmes climatiques et aussi pour assurer le transfert efficace et effectif de technologies par les pays développés. 

Le Gouvernement de Sao Tomé-et-Principe a décidé de mettre en œuvre un programme de transformation ambitieux à l’horizon 2030 visant à changer le paradigme de la croissance et des politiques de développement économique et social du pays avec une attention particulière sur le secteur privé.  Cette nouvelle direction stratégique est en harmonie parfaite avec les aspirations des objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a-t-il indiqué.

M. ROBERT GABRIEL MUGABE, Président du Zimbabwe, a estimé que le nouveau programme de développement mondial était très différent de ceux qui l’ont précédé, le jugeant « ambitieux, révolutionnaire, transformatif, universel et embrassant toutes les facettes de la vie humaine ».  Pour réussir, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige un changement de paradigme radical, dans tous les aspects de la vie humaine, a-t-il estimé.

Pour lutter contre la destruction des habitats, nous devons changer nos modes de production et de consommation; pour combler le fossé croissant entre riches et pauvres, nous devons approfondir une coopération internationale véritable, a plaidé M. Mugabe qui a constaté que le système actuel est structurellement construit pour enrichir les riches et appauvrir les plus nombreux et ne peut donc satisfaire aux ambitions du Programme 2030.  De même, M. Mugabe a réaffirmé son soutien total au « Consensus Ezulwini », la position africaine commune sur la réforme du Conseil de sécurité.

« Nous récoltons ce que nous semons », a rappelé M. Mugabe, qui a dès lors jugé étrange qu’on affirme pouvoir atteindre la paix alors que l’on dépense autant de richesses et de technologies dans la guerre.  Opposant les 1 600 milliards de dollars de dépenses en armements de l’année 2016 aux 142,6 milliards dépensés au titre de l’aide au développement la même année, il a estimé que ces dépenses en armement, loin d’assurer la paix, n’avaient fait que répandre misère et souffrances.  Il est urgent de mettre fin à cette tendance pour le bien de l’humanité, a-t-il souligné. 

Nous croyons à la possibilité d’un monde meilleur, a enchaîné M. Mugabe, qui a estimé que le Secrétaire général allait dans le bon sens en proposant de mettre l’accent sur la prévention, la médiation, la diplomatie préventive, la résolution pacifique des différends, la consolidation et la pérennisation de la paix.  Il a appelé à s’attaquer aux multiples causes profondes des conflits, citant notamment la pauvreté, l’inégalité dans l’accès aux ressources, le refus du droit des peuples à l’autodétermination, ainsi que l’ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il a en outre demandé au Conseil de sécurité de mettre en œuvre ses propres résolutions et d’organiser sans délai, en coopération avec l’Union africaine, un référendum d’indépendance au Sahara occidental.

Tout en mettant en avant l’intérêt des partenariats, M. Mugabe a insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté et l’indépendance des États. Aussi s’est-il félicité du projet de réforme du Secrétaire général visant à ce que l’appui apporté à un pays donné par l’Équipe de pays des Nations Unies soit guidé par les priorités nationales dudit État.  Il y a vu le moyen de mieux appliquer le principe de l’appropriation nationale des processus de développement.

Rappelant que les effets des changements climatiques sont mondiaux, M. Mugabe a estimé qu’on ne pouvait rester silencieux quand une puissance économique majeure décide unilatéralement d’abandonner l’Accord de Paris, mettant ainsi davantage en péril les autres pays.  Il est vital que chacun apporte sa contribution et respect les dispositions de la Convention-cadre de Nations Unies sur les changements climatiques afin de mettre fin à la marche inexorable vers la destruction, a-t-il affirmé.

Le monde est très interconnecté; « il demande davantage de solidarité, pas moins; davantage de coopération, pas moins; davantage de multilatéralisme, pas moins », a conclu M. Mugabe, en estimant une fois encore que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaissait cette situation et appelait à une solidarité, un partenariat et une coopération renforcés auxquels il a appelé les États à répondre de manière positive et active.

M. JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a d’abord tenu à exprimer sa solidarité envers les pays récemment endeuillés par des catastrophes naturelles: le Mexique touché par un séisme, les Caraïbes et certaines zones des États-Unis frappées par des ouragans, et l’Asie du Sud affectée par des inondations.

« Nous sommes tous sur la même planète », a-t-il poursuivi, « mais nous en avons une perception différente, et notre monde est loin d’être équitable ».  Le Vice-Président a alors souligné combien le thème de cette année était pertinent puisque la paix, la prospérité et le développement durable se renforcent mutuellement.

Estimant nécessaire de travailler à la construction d’un écosystème durable, il a jugé que l’expérience indonésienne au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) prouvait que bâtir un tel écosystème était fondamental, à la fois pour le développement économique et pour la prospérité des peuples.  Convaincu que cet objectif est réalisable, il a cependant insisté sur le fait qu’il passera par un renforcement du dialogue et de l’inclusivité, mais aussi par le règlement pacifique des conflits et le non-recours à la force. Plus important encore, a-t-il poursuivi, nous devons renforcer l’institution de l’ONU. « La clef, c’est de s’assurer que la réforme des Nations Unies rende le système plus fort et plus efficace », a-t-il affirmé.

Notre pays, a enchaîné le Vice-Président, a fourni quelque 38 000 membres du personnel des Nations Unies dans 28 opérations de maintien de la paix. Actuellement, 2 700 Casques bleus indonésiens sont même déployés dans neuf de ces opérations et nous prévoyons d’augmenter ce nombre.

Poursuivant son intervention, M. Kalla a plaidé pour davantage de synergies entre les questions de paix et de développement durable, assurant que le système international est capable de garantir une vie décente pour tous.  À ce titre, « les engagements déjà pris doivent se traduire concrètement ».  Réclamant des moyens financiers et humains, il a également demandé à ce qu’on appuie les régions qui ont du potentiel, notamment l’Afrique.  Pour l’Indonésie, les coopérations Sud-Sud et triangulaire sont une bonne manière d’avancer sur cet agenda.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, son pays sera fier d’accueillir le premier forum Indonésie-Afrique en 2018. 

À propos de la situation au Myanmar, l’Indonésie a dit partager les préoccupations de la communauté internationale, insistant sur l’importance de veiller au bien-être des populations, de garantir la sécurité de tous, et d’assurer l’acheminement de l’aide humanitaire.

Abordant ensuite la question des changements climatiques, le Vice-Président a fait savoir que l’Indonésie et d’autres États insulaires en ressentent déjà les effets et a averti que cette menace risque de saper les capacités de développement de son pays et de mettre en danger la survie de la population.  Il a ensuite apporté tout son soutien à l’Accord de Paris et appelé tous les États à en appliquer les recommandations.

M. Kalla s’est aussi soucié de l’impact du terrorisme, une menace réelle et imminente qui hypothèque le développement.  Il a plaidé pour qu’une action mondiale coordonnée s’attaque aux causes profondes du problème, à commencer par le chômage, l’illettrisme, avant d’appeler au renforcement de l’état de droit, du dialogue interconfessionnel et interculturel et du travail de déradicalisation.

Annonçant par ailleurs la candidature de l’Indonésie au rang de membre non permanent du Conseil de sécurité, M. Kalla a positionné son pays comme un défenseur d’un partenariat global.  Un idéal qui, selon lui, se retrouve jusque dans la devise du pays: « Ensemble nous nous élevons, divisés nous échouons. »

Le Prince AL HUSSEIN BIN ABDULLAH II de Jordanie, fils du Roi Abdullah II, s’est exprimé aujourd’hui à la fois en tant que représentant de la Jordanie et en tant que membre de la plus importante génération de jeunes dans l’histoire.  « Comme toute génération, nous avons hérité de la sagesse collective et des valeurs de nos prédécesseurs.  Et comme d’autres avant nous, nous avons souvent du mal à les réconcilier avec la réalité actuelle », a remarqué le Prince avant de décrire cette réalité: un monde à la veille de la quatrième révolution industrielle qui redéfinit le fonctionnement même de nos sociétés et les rapports entre les hommes.  Un monde hyper connecté qui à la fois rapproche les gens et creuse les divisions.  Compte tenu de cette réalité, quelles sont les valeurs qui sous-tendent la citoyenneté mondiale de nos jours?  Dans quelle direction balance notre compas moral et peut-il nous amener à la justice, la prospérité et la paix pour tous?

Regrettant que les gens de sa génération soient trop souvent taxés de « rêveurs » ou « d’idéalistes », il a rétorqué que tous les grands actes étaient un rêve au départ et que l’idéalisme est intrépide.  Il a ensuite indiqué que pour avoir enduré tout au long de son histoire des chocs externes, ces dernières années ont été particulièrement difficiles pour la Jordanie en raison des crises profondes dans les pays voisins, l’implosion de son plus grand marché externe, l’Iraq; l’arrêt quasi total du commerce avec la Syrie et la perte de routes commerciales vitales vers l’Europe et la Turquie.

« Malgré nos efforts inlassables, l’instabilité régionale a également sapé notre tourisme et nos investissements », a regretté le Prince, avant de rappeler que la Jordanie accueille actuellement 1,3 million de réfugiés syriens en plus d’un million de réfugiés palestiniens et des centaines de milliers d’Iraquiens.   Les répercussions de la crise syrienne représentent près du quart du budget national puisque tous les secteurs sont sous pression de l’hébergement à l’alimentation, l’énergie, les services de santé et d’éducation à l’emploi.  Cela n’a pas empêché la Jordanie de faire face à ces défis, a poursuivi le Prince, ni de poursuivre sur la voie des réformes.  Cependant, pour réduire le chômage et offrir des opportunités aux jeunes, il est impératif, selon lui, de favoriser les investissements ainsi que l’intégrité, de privilégier la responsabilisation, de mettre à niveau le système éducatif et de venir en aide aux jeunes entrepreneurs.  Pour cela, il a dit demeurer convaincu que dans le contexte actuel, seule l’aide internationale pourra permettre de faire aboutir les réformes politiques et économiques.

Le Prince a également rappelé l’engagement continu de son pays pour une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien; son dévouement en tant que gardien des sites religieux chrétiens et musulmans à Jérusalem et sa participation active à la lutte internationale contre le terrorisme ainsi que sa promotion des « vraies valeurs de l’islam ». 

Tout en reconnaissant que la communauté internationale a souvent fait l’éloge de la Jordanie pour son action humanitaire et morale, il n’a pas hésité à lui reprocher « que des mots doux ne permettaient pas d’équilibrer les budgets, de construire des écoles et de promouvoir l’emploi ».  Pour les jeunes jordaniens il est difficile de comprendre comment un pays aussi petit que le leur, qui fait face à tant d’adversité, doit s’entendre dire que ses amis sont atteints de la fatigue des donateurs », a expliqué le Prince qui a reproché dans la foulée aux pays plus riches d’avoir eu du mal à accueillir quelques milliers de réfugiés.  Que faut-il penser de notre humanité commune lorsque le monde a dépensé plus de mille sept cent milliards de dollars l’an dernier en armes alors qu’il n’a pas été en mesure de mobiliser 1,7 milliard de dollars pour répondre aux appels de fonds de l’ONU pour venir en aide aux Syriens et à leurs communautés d’accueil?  Le message envoyé aux jeunes jordaniens et de la région est clair: ce n’est pas l’argent qui manque pour combattre le mal, mais l’appétit de récompenser la vertu est quasi inexistant. 

Alors, quel est le message de la communauté internationale aux jeunes? a demandé le Prince.  Serait-ce que nos valeurs sont sans valeur ou que le pragmatisme l’emporte sur les principes et que la complaisance l’emporte sur la compassion?  Pour le jeune Prince le moment est venu de rompre le silence et de commencer à trouver des réponses à ces questions en vue de sauver notre humanité commune.

M. GIORGI KVIRIKASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a d’abord présenté ses condoléances aux pays meurtris par les récents désastres climatiques, soulignant que le risque environnemental menace tout le monde, y compris son propre pays.

Enchaînant sur la question intérieure, le Premier Ministre a longuement expliqué la stratégie nationale de la Géorgie qui, a-t-il indiqué, place les citoyens géorgiens au centre.  Égrenant les progrès du pays dans nombre de classements internationaux, il a souligné que la Géorgie était passée en 25 ans d’un pays bénéficiaire d’aides à un pays en tête sur le plan des réformes, que ce soit en matière de lutte contre la corruption, de la justice, des droits fonciers, de la politique, de l’éducation, ou encore des taxes.  Les changements dans tous ces domaines sont loin d’être « cosmétiques », et sont au contraire destinés à mieux intégrer la Géorgie au reste du monde, a-t-il indiqué, estimant que cette volonté de respecter les plus hauts standards internationaux témoigne, à son sens, de l’aspiration des Géorgiens à se rapprocher de l’Europe et de l’OTAN.

Soucieux de profiter de sa position géographique, la Géorgie souhaite jouer un rôle de pivot entre l’est et l’ouest, a poursuivi M. Kvirikashvili.  Un objectif qui passe, a-t-il ajouté, par une modernisation des infrastructures, seule garante de services efficaces, d’une attractivité touristique et d’une bonne logistique.  « Nous y voyons un moyen puissant de créer de l’emploi et de faire reculer la pauvreté », a-t-il indiqué.  Revenant sur les accords de libre-échange passés avec l’Europe et la Chine, il s’est réjoui des promesses de développement qui découleront de ces partenariats.

Le Premier Ministre a cité quelques grands chantiers comme le projet de ligne Bakou-Tbilisi-Kars qui relierait l’Asie et l’Europe en passant par la Géorgie, ou le nouveau port d’Anaklia sur la mer Noire qui sera opéré par une « compagnie américaine renommée ».  « La Géorgie est désormais à moins de 10 jours de l’Asie de l’Est et à 5 jours de n’importe quel point de l’Europe », s’est-il félicité, voyant dans ces achèvements la preuve du lien entre stabilité économique et pacification régionale.

À ce titre, il a pointé l’attitude de la Russie qui, selon lui, « continue d’occuper des régions historiques du territoire souverain de la Géorgie en violation de ses obligations internationales ».  Citant l’Abkhazie et « l’Ossétie-du-Sud-Alanie », il a dénoncé la manière dont la Russie tenterait de mettre en œuvre des « traités d’intégration » et des accords pour absorber ces régions occupées.

Poursuivant ses récriminations, il a ensuite vertement critiqué le renforcement des frontières par la Russie qui, a-t-il accusé, use de tranchées, de barbelés et de signes frontaliers pour séparer ces régions du reste de la Géorgie.  Selon lui, ce sont les plus faibles des citoyens qui souffrent de cette situation: des malades ayant besoin de soins médicaux et des écoliers souhaitant étudier dans leur langue maternelle auraient ainsi été retenus en différents points frontaliers.

Faisant référence aux différentes résolutions prises par l’Assemblée générale pour garantir le retour des déplacés et des réfugiés dans les régions occupées, il a regretté que ce ne soit pas le cas dans son pays parce qu’« un membre des Nations Unies refuse de se conformer à ses obligations internationales ».  Rappelant que la Géorgie reste fermement attachée à un règlement pacifique de ce conflit et qu’elle respecte le cessez-le-feu négocié suite à la médiation européenne, le Premier Ministre a regretté que la Russie n’ait pas fait de même, et a appelé la communauté internationale à appuyer une rapide résolution pacifique de ce conflit et à apporter son soutien à l’intégrité territoriale de la Géorgie.

Malgré ses propres défis, la Géorgie demeure, selon M. Kvirikashvili, un acteur majeur de la sécurité euro-atlantique.  Décrivant notamment le partenariat stratégique passé avec les États-Unis comme « clef pour son développement et sa sécurité », il a exprimé le souhait d’approfondir ces liens.  Rappelant que son pays continue de participer aux opérations internationales comme en Afghanistan, en République centrafricaine et au Mali, il a par ailleurs souligné que la Géorgie était devenue membre de la coalition mondiale pour vaincre l’EIIL et s’impliquait fortement dans la lutte contre le terrorisme.

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre des Tuvalu, a annoncé que c’est « avec fierté » qu’il a signé hier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a parlé de l’espoir qu’a suscité un autre traité: l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Mais cet espoir, a-t-il avoué, s’est évaporé après que les États-Unis eurent annoncé leur décision de se retirer de l’Accord.  Le Premier Ministre a donc attiré l’attention sur les marginalisés, les vulnérables, les pauvres, les femmes et les enfants qui souffrent le plus des changements climatiques, en particulier dans les basses terres et les zones côtières.  Ces gens se comptent en millions et leur nombre augmente à un rythme alarmant, a-t-il prévenu.  Les intérêts économiques et politiques à court terme, qui ne profitent qu’à une poignée d’entre nous, ne devraient pas être protégés en compromettant la promotion d’une vie décente pour tous sur une planète viable, s’est-il impatienté.  Le Premier Ministre a exhorté les États-Unis à rejoindre les autres pays du monde et à donner aux plus vulnérables la chance d’assurer leur salut. 

Il s’est en revanche dit encouragé par le leadership fort du Premier Ministre canadien et du Président français et s’est félicité de l’intention du Secrétaire général de convoquer un sommet sur le climat en 2019 et d’intensifier l’engagement politique pour limiter l’augmentation de la température en-deçà de 2 degrés Celsius.  De la même manière, il s’est dit encouragé par le dévouement du Secrétaire général à faire en sorte que le système des Nations Unies aide au mieux les États Membres, en mobilisant les ressources nécessaires et en renforçant les partenariats.  Le Premier Ministre a tout de même réitéré l’idée de nommer un représentant spécial sur les changements climatiques et la sécurité et d’inscrire cette question de manière permanente dans l’ordre du jour du Conseil de sécurité. 

Pour des pays comme les Tuvalu, les changements climatiques sont la menace « immédiate, fondamentale et générale », a-t-il poursuivi.  Si les tendances actuelles se maintiennent, les Tuvalu disparaîtront dans les 50 prochaines années, forçant sa population à fuir alors que c’est elle qui contribue le moins au réchauffement de la planète et à la montée du niveau de la mer.  Nous ne pouvons renoncer à nos efforts pour deux raisons, a martelé le Premier Ministre, en insistant sur le fait que la réinstallation des populations et la perte de leur État sont tout simplement « inacceptables » et que les Nations Unies ont les moyens et les ressources pour sauver les Tuvalu et les autres petits États insulaires. 

C’est une question de volonté et de courage, a tranché le Premier Ministre, en rappelant que la communauté internationale, « peut-être pour des intérêts politiques et économiques », a su réagir avec célérité contre Ebola et sauver des vies.  En revanche, a-t-il dénoncé, quand il s’agit des déplacements provoqués par les changements climatiques, il n’y a plus personne.  Des dernières migrations massives vers l’Europe nous avons appris une leçon et ce sont les mêmes systèmes de contrôle et de gestion des migrants et de protection de leurs droits qu’il faut mettre en place pour les déplacés des changements climatiques, a plaidé le Premier Ministre.  Il a donc réitéré l’idée d’adopter une résolution sur la création d’un processus juridique pour protéger les droits de l’homme et, en conséquence, sauver la vie des personnes déplacées par l’impact des changements climatiques. 

M. Sopoaga a également abordé la question de la gradation, estimant qu’un pays ne devrait sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) que lorsqu’il est capable d’assurer son développement durable et non pas lorsqu’il devrait en être capable.  Selon lui, les vulnérabilités uniques des petits États insulaires en développement devraient être le seul critère de gradation.  Avant de conclure, le Premier Ministre a relayé l’appel à un instrument juridiquement contraignant pour protéger la biodiversité au-delà des limites de la juridiction nationale. 

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a rappelé que le 6 septembre, les deux îles formant son pays ont été victimes de l’ouragan Irma, la plus large tempête qui ait frappé l’Atlantique.  Notre pays a été décimé et toute sa population laissée sans domicile tandis que les immeubles ont été réduits en coquilles vides, a-t-il témoigné.  Il a dit qu’ayant vécu les ravages de l’ouragan Irma à Antigua-et-Barbuda, son cœur saigne quand il pense aux populations des pays qui viennent d’être touchés par l’ouragan Maria, et à celles qui vont vivre son passage dans les prochains jours. 

Le Premier Ministre a décrit les ravages infligés à son pays par l’ouragan Irma.  Face à un ouragan de 375 miles de diamètre et à des vents soufflant à 220 miles à heure, l’île de Barbuda n’avaient aucune chance de faire face à une telle férocité.  L’île a été complètement détruite et, aujourd’hui, pour la première fois depuis 300ans, Barbuda n’a pas d’habitant permanent. L’empreinte d’une civilisation entière a été émasculée par la brutalité et la magnitude d’Irma, a déploré M. Browne, expliquant que les habitants avaient été contraints de laisser tout ce qui les définissait comme société et comme peuple.

Heureusement, la plus grande des deux îles du pays, dénommée Antigua, a été relativement épargnée, mais sa population a augmenté de 3% du jour au lendemain et ses services sociaux subissent à présent une forte pression.

Il a expliqué que l’île de Barbuda reste impropre à toute vie humaine, car il n’y a ni électricité, ni eau potable et 95% des immeubles ont été détruits ou sévèrement endommagés.  Les coûts de reconstruction sont chiffrés à 250 millions de dollars, ce qui représente 15% du produit national brut (PNB) du pays.  « C’est hors de notre portée », a-t-il reconnu en appelant à une assistance internationale urgente pour la reconstruction de Barbuda.  « Barbuda n’est pas seulement un désastre naturel, c’est également une crise humanitaire qui consume en ce moment l’île voisine d’Antigua », a-t-il affirmé.

M. Browne a ensuite remercié les États qui ont déjà apporté une assistance à son pays, notamment le Venezuela.  Il a également expliqué que plus le temps de relèvement est lent, plus les conditions sur le terrain se détériorent et les coûts augmentent, ce qui impose au Gouvernement de faire des emprunts sur les marchés financiers à des taux très élevés, accentuant ainsi le poids de la dette nationale « déjà considérable ».  Le Premier Ministre a en outre fait le parallèle entre ces ouragans et les changements climatiques, faisant observer que les 14 pays des Caraïbes produisent à peine 0,1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ils sont « les moins pollueurs mais pourtant les plus grands victimes », a-t-il dénoncé.

Poursuivant, le Premier Ministre a indiqué que pour bâtir des infrastructures plus résilientes, il faut des fonds, mais que malheureusement, les pays comme Antigua-et-Barbuda n’ont pas accès à des prêts concessionnels car ils sont considérés comme des pays à revenu intermédiaire.  Il a déploré le classement des pays sur la base de leur produit national brut, appelant l’abolition immédiate de cette méthode.  Il a en outre expliqué qu’un nombre limité de résidents de ces pays, notamment des investisseurs étrangers, détiennent la plupart des revenus produits sur ces îles, alors que la majorité de la population vit avec des revenus bas. 

« Mon pays et ses citoyens ne veulent pas quémander pour vivre », a-t-il assuré, mais plutôt travailler pour gagner leur vie. Or cela n’est pas possible si le système international leur refuse les moyens et les outils de construction de leur avenir.  « L’accès aux prêts concessionnels est un impératif », a-t-il martelé, en soulignant que cela va les sortir de la spirale de la dette. 

Où est donc la justice si les pays les plus riches empruntent à un taux d’intérêt de 3% quand les petits États insulaires le font plutôt à un taux de 12% par an pour reconstruire sans cesse les infrastructures détruites après le passage d’ouragans?  Où est la justice?  M. Browne a ensuite souligné que, malgré la situation de crise que connaît Antigua-et-Barbuda, le Club de Paris, formé par des pays riches, lui demande de régler une dette de 130 millions de dollars, un prêt vieux de 40 ans, effectué à une époque où les prêts concessionnels lui étaient déjà impossibles.  Il a indiqué que ce serait réduire un poids pour Antigua-et-Barbuda si cette dette était effacée, ou, à défaut, réduite significativement dans un contexte où le pays doit trouver 250 millions de dollars pour sa reconstruction.

Le Premier Ministre a aussi rappelé que son pays avait obtenu gain de cause, en 2004, dans un litige commercial contre les États-Unis porté devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Et depuis lors, les États-Unis n’ont pas toujours payé le dédommagement de 200 millions de dollars auquel ils sont astreints, alors que, dans le même temps, ce pays gagne des milliards de dollars chaque année dans ses échanges commerciaux avec Antigua-et Barbuda. 

Il a conclu en affirmant que son gouvernement est engagé à reconstruire Antigua-et-Barbuda, quel que soit le temps que cela prendra, et quelles que soient les ressources qui seront disponibles.

M. SHAHID KHAQAN ABBASI, Premier Ministre du Pakistan, a regretté qu’au cours de ce nouveau millénaire, les principes de la Charte se soient progressivement érodés.  Certains pays, a-t-il dénoncé, montrent un penchant de plus en plus marqué pour le recours à la force unilatérale et les interventions contre les autres États.  La coercition et les menaces sont, de nouveau, monnaie courante dans la gestion des conflits et différends entre États, a-t-il déploré, et les tensions est-ouest pourraient pousser l’Europe dans une autre guerre froide, tandis qu’en Asie, la paix et la prospérité sont menacées par les frictions entre puissances émergentes et les tensions croissantes au sud, à l’est et à l’ouest.  Le Moyen-Orient est déchiré par les guerres, la violence terroriste s’est répandue jusqu’en Afrique et pour la Palestine, l’horizon reste bouché.  La xénophobie et l’islamophobie s’aggravent et le nettoyage ethnique des Rohingya n’est pas seulement un affront à toutes les normes de l’humanité mais aussi un défi à notre conscience collective, a-t-il affirmé.  Après ce tour du monde, le Premier Ministre a estimé que les Nations Unies sont plus que jamais nécessaires.  Il s’est donc félicité des efforts déployés par le Secrétaire général pour revitaliser les capacités de paix et de sécurité, de développement et de gestion de l’Organisation. 

Le Pakistan, a-t-il poursuivi, qui vient de célébrer le soixante-dixième anniversaire de son indépendance et de son accession à l’ONU, n’a jamais cessé d’être confronté à « l’hostilité acharnée de son voisin de l’est » qui refuse de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité sur le Jammu-et-Cachemire, préférant maintenir 700 000 soldats sur place pour étouffer la lutte légitime des kashmiris pour leur droit à l’autodétermination.  Le Pakistan demande une enquête internationale sur les crimes commis par l’Inde et exhorte la communauté internationale à obtenir de ce pays qu’il cesse ses exactions, dont les 600 violations de la ligne de contrôle enregistrées depuis le mois de janvier de cette année.  Si l’Inde s’aventure au-delà de cette ligne ou actionne sa doctrine de « guerre limitée » contre le Pakistan, elle s’exposera à une réaction forte et à la hauteur des enjeux, a prévenu le Premier Ministre, qui a appelé la communauté internationale à agir vite pour éviter l’escalade, conseillant au Secrétaire général de nommer un Envoyé spécial pour le Cachemire.

Le Pakistan, a-t-il affirmé, est prêt à reprendre le dialogue avec l’Inde mais ce dialogue doit s’accompagner de la fin de la campagne de subversion et de terrorisme d’État contre le territoire pakistanais, y compris à sa frontière occidentale.  Après le peuple afghan, a en effet souligné le Premier Ministre, c’est le Pakistan qui a souffert le plus des quatre décennies d’interventions étrangères et de guerres civiles en Afghanistan, charriant leur lot d’extrémistes, de terroristes, d’armes et de drogues, sans compter les millions de réfugiés.   Personne ne souhaite plus la paix en Afghanistan que le Pakistan, a martelé le Premier Ministre.  Après 16 ans de guerre, il est clair que la force militaire ne fera pas revenir la paix, a-t-il répété, s’étonnant que l’on blâme aujourd’hui son pays pour l’impasse militaire et politique en Afghanistan.  Nous ne serons les boucs émissaires de personne, a-t-il tonné.  Les sanctuaires des Taliban ne sont pas au Pakistan mais dans les larges régions qu’ils contrôlent en Afghanistan, a-t-il dit. 

C’est vrai, a-t-il concédé, les attaques transfrontalières existent et nous demandons au Gouvernement afghan et à la coalition de nous aider et de compléter les efforts que nous avons déployés pour renforcer le contrôle des frontières et suivre tous les mouvements.  Ce que le Pakistan ne fera pas, a prévenu le Premier Ministre, c’est faire la guerre afghane sur son propre sol.  Le Pakistan n’appuiera pas non plus les stratégies vouées à l’échec qui prolongent et aggravent les souffrances des Afghans, des Pakistanais et des autres pays de la région.  Ce qu’il faut, a conseillé le Premier Ministre, c’est une action concertée contre Daech, Al-Qaida et leurs associés dont le TTP et le Jamaat-ul-Aharar, que le Conseil de sécurité vient d’inscrire sur la liste des organisations terroristes; mais aussi des négociations entre Kaboul et les Taliban afghans dans le cadre du Groupe de coordination quadrilatéral ou tout autre format trilatéral.  Ces deux mesures offrent les perspectives les plus réalistes de rétablir la paix et la stabilité en Afghanistan et dans la région, a estimé le Premier Ministre.

L’action antiterroriste du Pakistan ne peut en aucun cas être remise en doute, s’est impatienté le Premier Ministre, en imputant l’échec de la communauté internationale à son incapacité de combattre le terrorisme d’État et de traiter des causes sous-jacentes de ce phénomène comme la pauvreté et l’ignorance mais aussi et surtout l’absence de réponse aux revendications politiques ou autres légitimes ou perçues comme telles.  Le Premier Ministre, qui a décrit la capacité nucléaire de son pays comme une « dissuasion crédible » contre un voisin hostile, a estimé que la communauté serait bien inspirée d’aider le Pakistan à rejoindre les arrangements internationaux de non-prolifération, comme le Groupe des fournisseurs nucléaires.  Le Premier Ministre a conclu sur les changements climatiques, les objectifs de développement durable et le potentiel remarquable du Couloir économique Chine-Pakistan.  

 Les premiers mots de M. PRAVIND KUMAR JUGNAUTH, Premier Ministre de Maurice, ont été pour la population et le Gouvernement du Mexique suite au tremblement de terre dévastateur.  Le Premier Ministre a ensuite insisté longuement sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité, pour refléter les changements advenus depuis 1965, date de la dernière réforme.  Il a proposé que la position africaine serve de base pour les négociations, affirmant son soutien au Consensus d’Ezulwini.  « L’Afrique a été laissée de côté trop longtemps dans la gouvernance globale.  Il est temps de corriger cette grossière injustice », a-t-il insisté.  La République de Maurice a aussi fait part de son soutien à la demande de l’Inde d’occuper un siège au Conseil de sécurité, ainsi que celle, « légitime et appropriée », des petits États insulaires en développement, qui veulent un siège non-permanent.

Après avoir affirmé sa volonté d’un monde débarrassé des armes nucléaires, M. Jugnauth a condamné les violences au Myanmar, et a proposé d’y répondre en mettant en œuvre les recommandations de la Commission consultative de l’État de Rakhine.  La situation au Moyen-Orient, notamment en Palestine, continue aussi de le préoccuper.  Il a rappelé que son pays a toujours plaidé pour une solution des deux États.  M. Jugnauth s’est ensuite attardé sur l’Afrique et l’importance de l’intégration de son pays dans le continent.  Il a mis en évidence le potentiel du continent africain qui est en train de devenir un moteur de la croissance économique et un énorme marché de consommateurs. 

Les changements climatiques et l’environnement sont aussi deux sujets importants pour la République de Maurice, qui a exprimé sa sympathie aux gouvernements et aux peuples victimes des destructions provoquées par les ouragans. Le Premier Ministre a indiqué que son pays voulait être plus résilient face à ces catastrophes naturelles mais a noté que la réduction des effets des changements climatiques, ainsi que la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, allaient demander de substantiels efforts de la part des petits États insulaires en développement.

Tout en saluant la création du Fonds vert pour le climat, il a demandé à ce que les procédures d’accès à ce fonds soient simplifiées pour les petits États insulaires en développement, surtout à la lumière des événements récents.  Il a aussi regretté que la classification de la République de Maurice comme pays à revenu intermédiaire la rende inéligible à l’aide publique au développement, le rendant ainsi en quelque sorte victime de son succès.

Poursuivant, M. Jugnauth a indiqué que les océans sont d’une importance vitale pour la République de Maurice, qui comporte une zone économique exclusive de 2,3 millions de km2.  Le Gouvernement a donc développé une stratégie de gestion de l’océan et appelle ses partenaires à l’aider à la mettre en œuvre, en vertu du paragraphe 13Q de l’appel à l’action de la Conférence des Nations Unies sur les océans.

M. Jugnauth est ensuite revenu sur la question de l’intégrité territoriale, clamant que la décolonisation de son pays est encore inachevée.  Il a fait allusion à l’éviction forcée des habitants de l’archipel de Chagos avant l’indépendance de son pays, et ce, en violation des résolutions des Nations Unies. La République de Maurice, en tant que membre du Groupe des États d’Afrique, souhaite se tourner vers la Cour international de justice pour un avis consultatif sur les conséquences légales de la séparation de l’archipel de Chagos de la République de Maurice.  Il s’est réjoui qu’une résolution lui permettant de le faire ait été adoptée à une majorité écrasante.  Ce vote a redonné aux habitants de l’archipel l’espoir qu’ils puissent un jour retourner sur leur pays de naissance, s’est-il félicité.

SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a déclaré qu’elle arrivait à l’Assemblée générale le cœur lourd, après avoir vu les Rohingya du Myanmar affamés et désespérés qui ont trouvé refuge à Cox’s Bazar, au Bangladesh.  Ce peuple déplacé de force fuit un « nettoyage ethnique » dans son propre pays, où il vit depuis des siècles, s’est-elle indignée.  Elle a dit ressentir leur peine, elle qui, avec sa jeune sœur, a elle-même été refugiée pendant six ans après l’assassinat de son père, le Père de la nation du Bangladesh, Bangabandhu sheikh Mujibur Rahman, en 1975.

Le Bangladesh accueille actuellement plus de 800 000 Rohingya du Myanmar déplacés de force, a précisé Mme Hasina.  Les atrocités et les violations des droits de l’homme perpétrées dans l’État de Rakhine ont aggravé une fois de plus la situation à la frontière entre le Bangladesh et le Myanmar, a-t-elle déploré. D’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 430 000 Rohingya sont arrivés au Bangladesh au cours des trois dernières semaines.  Elle s’est dite « horrifiée » de voir que les autorités du Myanmar posent des mines terrestres le long de leurs frontières pour empêcher les Rohingya de retourner au Myanmar. 

Le Premier Ministre a appelé l’ONU et la communauté internationale à prendre des mesures immédiates et efficaces pour trouver une solution permanente à la crise prolongée des Rohingya.  À cet égard, elle a exhorté le Myanmar à cesser la violence et la pratique du nettoyage ethnique une fois pour toutes, avant d’engager le Secrétaire général de l’ONU à dépêcher immédiatement une mission d’établissement des faits au Myanmar.  Elle a appelé à ce que tous les citoyens, quelle que soit leur religion ou leur ethnie, soient protégés au Myanmar et a suggéré, à cette fin, que des « zones sécurisées » soient créées au Myanmar sous la supervision de l’ONU.  Elle a également réclamé la garantie du retour durable de tous les Rohingya déplacés de force dans leur foyer au Myanmar, le pleine application, immédiate et inconditionnelle, des recommandations du rapport de la Commission Kofi Annan.

Mme Hasina a ensuite annoncé deux contributions de 100 000 dollars au Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix et au Fonds d'affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles respectivement.  En tant qu’important pays fournisseur de contingents et de personnel de police, le Bangladesh souligne en outre l’importance de maintenir l’efficacité et la crédibilité des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Poursuivant son intervention, le Premier Ministre a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et a dénoncé l’utilisation de la religion pour justifier l’extrémisme violent.  Elle a expliqué avoir impliqué les familles, les femmes, les jeunes, les médias et les dirigeants religieux au niveau communautaire pour contrecarrer la propagation de l’extrémisme violent au Bangladesh.  À ce sujet, elle a lancé un nouvel appel: « Arrêtez de fournir des armes aux terroristes; arrêter de financer le terrorisme; réglez pacifiquement tous les différends internationaux ».  Elle a également prié l’ONU de se pencher sur les menaces émanant du cyberspace.

Par ailleurs, Mme Hasina a qualifié l’Accord de Paris de « flambeau de l’espoir pour la justice climatique ».  Le Bangladesh, a-t-elle rappelé, a enregistré des résultats exemplaires en matière de résilience face aux inondations et autres catastrophes naturelles.  Dans le cadre du développement durable, elle s’est engagée à faire du Bangladesh un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2021 et un pays développé d’ici à 2041. 

Nous savons, a déclaré M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre du Vanuatu, que le chemin sera dur pour mettre en œuvre notre plan national de développement à l’horizon 2030, compte tenu des faiblesses structurelles, des phénomènes météorologiques extrêmes, des tremblements de terre et des chocs économiques externes.  Pendant quatre années de suite, a-t-il rappelé, le rapport sur les risques dans le monde a classé le Vanuatu au rang des pays les plus exposés aux catastrophes et « pour rendre encore le parcours plus épineux », l’Assemblée générale a décidé de relever le statut en décembre 2020.  La décision de faire sortir un pays de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), a estimé le Premier Ministre, ne tient pas compte de ses vulnérabilités et des obstacles structurels.  Les mesures en place pour aider les pays qui sont sortis de cette catégorie sont tout simplement insuffisantes, a-t-il tranché.  Le Vanuatu devrait être maintenu dans la catégorie.

Le Premier Ministre a poursuivi en prévenant que le terrible tremblement de terre au Mexique, les cyclones Irma et Maria dans les Caraïbes, Harvey au Texas et le cyclone tropical qui a dévasté le Vanuatu en 2015 sont des « avertissements brutaux de Mère Nature » qui nous nous dit que le climat est en train de changer plus vite que nos efforts d’adaptation.  Résoudre un problème qui a mis des siècles à se révéler nécessite plus de réflexion et plus d’efforts, a-t-il estimé.  En réduisant collectivement le rythme auquel nous émettons des gaz à effet de serre, nous pouvons faire la différence.  Nous pouvons, a insisté le Premier Ministre, limiter la hausse moyenne de la température à moins de 1, 5 degré Celsius, changer la chimie des océans, gérer la hausse du niveau de la mer et éviter des catastrophes aux générations futures.  Il a exhorté les États-Unis à revenir sur leur décision de se retirer de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a réitéré son attachement au document final de la Conférence des Nations Unies sur les océans et l’objectif de son pays de parvenir à 100% d’énergie renouvelable d’ici à 2030.  Le Vanuatu a déjà lancé sa politique nationale sur les océans et compte parvenir à l’interdiction complète des sacs en plastique d’ici à 2018. 

M. UMARO SISSOCO EMBALO, Premier Ministre de la Guinée-Bissau, a expliqué que son pays continuait de faire face à un certain nombre de défis, en lien avec le fonctionnement d’institutions centrales telles que le Parlement et le Gouvernement.  Malgré ces difficultés, M. Sissoco Embalo a défendu le bilan de son gouvernement, se félicitant notamment des progrès réalisés en matière de sûreté publique, de versement des salaires des fonctionnaires et de remboursement de la dette externe du pays.  Il a aussi indiqué que l’état des finances publiques de son pays avait été salué par le Fonds monétaire international.  Il a également affirmé que la société civile et l’État n’en étaient pas à un point de rupture.

Le Premier Ministre bissau-guinéen a ensuite fait état de la situation dans la sous-région de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), notamment les tensions terroristes présentes au Mali, Niger, Côte d’Ivoire et au Nigéria, tout en soulignant le soutien de son pays à la mise en commun des efforts dans le contexte du G5 Sahel.

« Les objectifs de développement durable sont notre défi mais aucune stratégie de développement ne mérite un tel titre si elle ne place pas le concept de sécurité alimentaire au cœur de son action », a par ailleurs déclaré le Premier Ministre.  Il a en outre reconnu que laisser la Guinée-Bissau, « un pays avec de telles capacités agricoles », être dépendante de l’importation de larges quantités de riz était sans doute une des pires erreurs de politique économique possibles. Il sera impossible de faire baisser les taux de mortalité et de morbidité qui nous accablent, en raison du VIH/sida, du paludisme et des maladies diarrhéiques et infectieuses, sans s’attaquer au fléau de la pauvreté et sans répondre avec succès au défi moral de « zéro faim », a-t-il fait valoir.

M. Sissoco Embalo a ensuite commenté les questions environnementales en précisant que 12% du territoire du pays étaient des zones écologiques protégées. Il s’est félicité de l’attention que son pays porte à l’écologie, tout en reconnaissant la longue route qui l’attend avant d’être capable de conjuguer exploitation des ressources naturelles et durabilité environnementale.

Le Premier Ministre bissau-guinéen a également abordé la question de l’égalité entre les genres, concédant que les femmes de son pays étaient encore loin d’avoir la place qu’elles méritaient au sein de la société et des institutions en général.  « Ceci représente un réel défi pour les partis politiques et le Gouvernement de Guinée-Bissau, et j’espère que tous les acteurs de mon pays continueront de défendre le droit des femmes et les droits de l’homme en général », a-t-il indiqué.

M. KOMI SELOM KLASSOU, Premier Ministre du Togo, a indiqué que son pays s’apprêtait à adopter, avant la fin de l’année, son plan national de développement pour la période 2018-2022.  Dans cette perspective, le Gouvernement a mis en place, en février dernier, une cellule de suivi stratégique des objectifs de développement durable et des accords internationaux sur le développement.  « La recherche du bien-être de l’humain est au cœur de la politique générale du Gouvernement togolais », a-t-il résumé en citant l’appui aux populations vulnérables, l’accès à l’eau potable et à l’énergie, l’entreprenariat rural, la gratuité de l’école et la mise en place récente d’un système de couverture médicale pour les élèves de l’école publique.

S’appuyant sur les travaux de la Commission vérité, justice et réconciliation, le Gouvernement a par ailleurs transmis à l’Assemblée nationale un projet de loi portant sur les articles de la Constitution relatifs à la limitation des mandats, soit un mandat de cinq ans renouvelable une fois pour le Président, qui a été adopté avant-hier par plus des deux tiers des députés.  Sur le plan des droits de l'homme, a assuré le Premier Ministre, le Togo reste déterminé à consolider les acquis et à renforcer davantage les mesures garantissant les libertés fondamentales.

Face aux menaces du réchauffement climatique, le pays, régulièrement confronté aux aléas que sont l’érosion côtière, les inondations ou des saisons des pluies irrégulières, estime que l’Accord de Paris est un cadre idéal pour des initiatives communes.  Par ailleurs, M. Klassou a enjoint les États à intensifier la lutte pour prévenir la résurgence d’épidémies déjà éradiquées et éliminer d’autres maladies comme le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose qui continuent de faire de nombreuses victimes en Afrique.

Le Chef du Gouvernement togolais a salué la Charte sur la sûreté et la sécurité maritimes et le développement adoptée après le Sommet extraordinaire de l’Union africaine, qui s’est tenu en octobre 2016, à Lomé, afin de promouvoir l’économie bleue sur le continent.  Au-delà des efforts qui doivent être consentis dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, il a en outre jugé important d’accroître les investissements dans les domaines de la science et de l’industrie, de l’agrobusiness et de la haute technologie.  Enfin, en sa qualité de Président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il s’est engagé avec ses pairs à faire de la CEDEAO « une communauté des peuples ».

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a appelé à réunir les acteurs clefs de la scène internationale, à savoir la Chine, la Fédération de Russie, les États-Unis et l’Union européenne, autour d’un dialogue pour définir une vision stratégique visant à bâtir de nouvelles relations internationales constructives dans le but de remplacer la situation de « fragmentation politique » consécutive à la fin de la guerre froide.  Le Bélarus est prêt à accueillir un tel conclave, dans la même perspective que celle ayant guidé les accords de Minsk visant à mettre fin au conflit en Ukraine, a-t-il indiqué.  Il a reconnu que cette idée pourrait apparaître irréaliste aux yeux de certains, mais a fait observer que c’est le même sentiment qui était partagé il y a trois ans quand le Président du Bélarus avait requis l’envoi de soldats de la paix en Ukraine, une éventualité qui est actuellement discutée au sein des Nations Unies.

Le Ministre a aussi relevé que la mondialisation, la seconde grande tendance mondiale de l’heure à côté de la fragmentation politique, a conduit le monde vers une ère où la pauvreté reste de mise tandis que les inégalités ne cessent de croître.  Il a imputé cette situation au fait que l’économie mondiale n’est pas guidée par une approche « gagnant-gagnant », mais plutôt par le triomphe des intérêts des grandes entreprises au détriment de ceux des populations.  M. Makei a vu dans l’intégration régionale la clef du succès, celle-ci ne laissant pas de place à la fragmentation politique.  Il a même appelé à une « intégration des intégrations », afin de rassembler les divers processus d’intégration engagés dans diverses régions du monde.  Il a ensuite dit l’engagement du Bélarus à prendre part à l’initiative « Une ceinture, une route » promue par la Chine, y voyant une nouvelle forme de multilatéralisme économique. 

Poursuivant son intervention, le Ministre a estimé qu’à cette époque de fragmentation politique, les Nations Unies pourraient servir de force d’union du système des relations internationales dans son ensemble.  Il a estimé que les succès futurs des Nations Unies seront fonction de la transparence des réformes que le Secrétaire général entend mener.  Il a souhaité voir des réformes inclusives qui tiennent compte de la voix de chaque État Membre.  Mais la plus grande réforme à effectuer concerne nos attitudes vis-à-vis de l’Organisation, a-t-il ajouté, expliquant que les États Membres doivent regagner ce sentiment que l’Organisation leur appartient, un sentiment perdu, a-t-il regretté.  Pour le Ministre du Bélarus, la véritable réforme des Nations Unies verra le jour lorsque les États créeront ensemble les conditions nécessaires pour faire de l’Organisation un outil pratique de résolution pacifique des différends.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé que le Président Noursoultan Nazarbaïev a endossé le concept de « diplomatie préventive » lors de sa première déclaration devant les Nations Unies, en 1992, un concept repris aujourd'hui par le Secrétaire général et l’Assemblée générale.  Cette idée a, depuis son indépendance, contribué à faire du Kazakhstan un État proactif et responsable, a expliqué le Ministre, ajoutant que son pays est maintenant un contributeur net aux efforts de paix et de stabilité, ainsi qu’au développement économique et social, dans la région et au-delà. 

Au cours de cette période, le Kazakhstan a su développer un modèle économique efficace et compétitif, a poursuivi le Ministre, soulignant que son pays avait une « vision claire de son développement futur », avec l’objectif d’en faire l’une des 30 économies les plus performantes de la planète d’ici à 2050 ainsi qu’un modèle de bonne gouvernance.  Il a aussi rappelé que le Président Nazarbaïev a annoncé la « Troisième modernisation » du Kazakhstan, un nouveau modèle de croissance économique mettant l’emphase sur la modernisation technologique.  Par ailleurs, le pays compte moderniser ses infrastructures ferroviaires et routières.

Sur le plan politique, le Président Nazarbaïev a initié une réforme constitutionnelle visant à « redistribuer » les pouvoirs entre les trois branches du Gouvernement afin de poursuivre la démocratisation du pays.

Pour M. Abdrakhmanov, le thème du débat général, mettant l’emphase sur les personnes, est un reflet réaliste des défis auxquels font face les Nations Unies ainsi que son importance.  Malgré les critiques dont elle fait l’objet et la réforme tant attendue visant à la rendre plus apte à répondre aux crises, l’ONU demeure une lueur d’espoir pour des milliards de personnes.  Il a salué les efforts du Secrétaire général pour revitaliser les Nations Unies, ajoutant que le Kazakhstan s’efforce de mettre sur pied un centre régional de l’ONU dédié à la diplomatie multilatérale, au développement durable, à l’aide humanitaire et à la réduction des risques de catastrophe. 

S’agissant de la question nucléaire, le Ministre a rappelé que l’expérience « amère » de son pays, avec des centaines d’essais nucléaires, l’a conduit à demander l’élimination du « danger nucléaire », incluant son interdiction complète et la destruction des stocks existants.  Il a déclaré que le développement d’armes nucléaires par la République populaire démocratique de Corée est « totalement inacceptable », plaidant en faveur d’un règlement politique afin de faire baisser les tensions. 

En août de cette année, a-t-il poursuivi, l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a ouvert, au Kazakhstan, la Banque d’uranium faiblement enrichi afin de contribuer à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  À cette occasion, le Président kazakh avait déclaré son intention de convoquer une réunion des États détenteurs de l’arme nucléaire, de développer des zones exemptes d’armes nucléaires et d’assurer la mise en œuvre du Traité sur l'interdiction complète des armes nucléaires en 2020.

Abordant la question du terrorisme, le Ministre a rappelé le soutien de son pays à la création du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme. Le Kazakhstan est en outre l’hôte des pourparlers d’Astana sur la Syrie, qui a déjà permis la mise en place de zones de désescalade et de procédures de vérification. 

En outre, a poursuivi M. Abdrakhmanov, le Kazakhstan appuie la réforme des opérations de maintien de la paix initiée par le Secrétaire général, sur la base de la prévention et de la pérennisation de la paix.  À l’occasion de sa présidence du Conseil de sécurité, en janvier 2018, le Kazakhstan compte organiser une réunion de haut niveau sur la paix et la sécurité, et s’intéresser notamment à la situation en Afghanistan et en Asie centrale.  Enfin, le Ministre a réaffirmé l’engagement de son pays envers le développement durable et la lutte contre les changements climatiques.

M. ALFONSO DASTIS QUECEDO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération d’Espagne, est d’abord revenu sur les attentats qui ont récemment endeuillé son pays et exprimé la gratitude du peuple espagnol pour les marques de soutien international reçues à la suite de ces drames.

Il a enchaîné en soulignant que l’Espagne était une société libre et ouverte, basée sur des principes et des valeurs démocratiques et qu’elle ne reculerait pas dans sa défense de l’état de droit.  « Les autorités publiques ont le devoir de protéger les droits et libertés de tous les Espagnols », a-t-il poursuivi, ajoutant que « tout défi aux règles de la démocratie constitue un grave assaut contre notre coexistence libre et pacifique ».  Jugeant toute remise en cause de la loi constitutionnelle incompatible avec la démocratie, et estimant que cette attitude violerait de facto les droits de millions de citoyens, le Ministre des affaires étrangères espagnol a réaffirmé sa foi dans les valeurs et les principes portés par la Charte de L’ONU.

Après cette mise au point, M. Dastis Quecedo s’est félicité de l’action de l’Espagne au sein du Conseil de sécurité au cours de son mandat 2015-2016.  Estimant que son pays a apporté une contribution significative en matière de non-prolifération, de lutte contre le terrorisme, de diplomatie, d’action humanitaire et de transparence du Conseil, il a assuré qu’il aurait exactement la même exigence s’il devait siéger au Conseil des droits de l’homme en 2018-2020.

Appelant à des efforts concertés pour lutter contre l’extrême pauvreté, la faim, la désertification, le réchauffement planétaire et la protection de l’environnement, M. Dastis Quecedo a réaffirmé l’engagement de l’Espagne en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris.  Conscient de l’immense effort collectif exigé par ces engagements, il a néanmoins rappelé l’importance de la lutte contre les inégalités et la nécessité de travailler pour la prospérité, afin que la planète demeure habitable pour les générations futures.

Le Ministre a aussi insisté sur la situation des réfugiés et des migrants dont le nombre a atteint des niveaux inégalés ces dernières années.  Conformément aux textes des deux pactes mondiaux sur les réfugiés et les migrants, qui devraient être adoptés en 2018, il en a appelé à des solutions concertées, équitables et humaines pour endiguer ces phénomènes « qui doivent être traités différemment ».

Il a enchaîné sur les différents conflits et tensions qui émaillent le monde.  S’il s’est dit satisfait des récentes victoires contre l’EIIL en Syrie, il a exprimé son inquiétude face à des comportements qui semblent faire passer des « intérêts particuliers » avant toute solution politique.  Après avoir salué le rôle crucial joué par l’ONU au Yémen et au Liban, le Ministre s’est réjoui des succès du Gouvernement iraquien contre l’EIIL, saluant notamment la reprise de la ville de Mossoul.  Il a dit la volonté de l’Espagne de s’impliquer dans la construction d’un nouvel Iraq, notamment via un appui à la formation de ses forces de sécurité.

Sur la question israélo-palestinienne, M. Dastis Quecedo a plaidé pour un retour à la table des négociations.  Estimant qu’un statu quo n’est plus tenable, le Ministre a souligné que seule la solution des deux États comblerait les exigences et attentes légitimes des peuples israéliens et palestiniens.

Exprimant l’attachement de son pays à la paix et à la prospérité de l’Afrique, le Ministre s’est félicité des signaux de relance des discussions autour du conflit du Sahara occidental et cité le Libéria et la Côte d’Ivoire comme des succès et des exemples à suivre.  Exprimant ses inquiétudes face à la situation au Mali, en République centrafricaine, au Soudan du Sud, mais aussi en République démocratique du Congo, il a par ailleurs salué le travail effectué par les Casques bleus au péril de leur vie.

« Les programmes de prolifération nucléaire et balistique de la Corée du Nord sont devenus une des principales menaces pour la paix internationale », a poursuivi M. Dastis Quecedo.  Préoccupé par ces violations flagrantes des résolutions du Conseil, l’Espagne a de nouveau enjoint la Corée du Nord à se détourner de ce programme nucléaire militaire qui le conduirait inévitablement vers un isolement économique et politique.

Commentant la situation en Amérique du Sud, le Ministre des affaires étrangères a salué l’accord de paix obtenu en Colombie et la remise des armes à laquelle l’Espagne a pris part par l’intermédiaire Mission des Nations Unies en Colombie, se disant par ailleurs ouvert à participer à la nouvelle mission qui consisterait à surveiller la réintégration des combattants des Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP).

S’agissant de la situation au Venezuela, il a en revanche appelé le Gouvernement à engager un véritable dialogue avec l’opposition, « un dialogue qui respecte le cadre constitutionnel, l’intégrité et la séparation des pouvoirs et les droits de l’homme ».

Le Ministre a finalement dénoncé l’annexion de la Crimée, une annexion « qui viole la souveraineté territoriale de l’Ukraine » et « transgresse clairement le droit international ».  Toujours en Europe, le Ministre a évoqué dans la foulée la question du statut de Gibraltar dans le cadre du Brexit.  Évoquant une proposition généreuse qui conjuguerait un respect de la souveraineté de l’Espagne sur ce territoire tout en garantissant un statut favorable à ses habitants qui continueraient ainsi de bénéficier des avantages du système européen, il a encouragé le Royaume-Uni à négocier un accord sur ces bases.

« Ce n’est pas parce que certaines choses sont difficiles qu’il ne faut pas oser les faire, c’est parce qu’on n’ose pas les faire qu’elles sont difficiles », a conclu le Ministre en reprenant les mots de Sénèque.

M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Grand-Duché de Luxembourg, a fait part de sa pensée particulière pour l’Amérique, le Mexique et les Caraïbes, frappés à répétition par le sort.  À l’heure où les foyers de crise se multiplient dans le monde, il a rappelé que le Luxembourg était attaché au multilatéralisme et à la coopération.  Il s’est félicité des chantiers de réforme des Nations Unies amorcés par le Secrétaire général, d’autant que 30% de l’aide publique au développement de son pays transite par les organisations multilatérales.  Il a cependant appelé à plus de progrès du côté du Conseil de sécurité, en pointant les recours abusifs au droit de veto.  Le Luxembourg a aussi affirmé son appui à l’initiative franco-mexicaine, afin que les États concernés renoncent à exercer leur droit de veto en cas d’atrocités.

M. Asselborn a ensuite évoqué la situation budgétaire difficile des Nations Unies, en raison notamment de la « nouvelle approche américaine », et a soutenu l’idée d’un pacte budgétaire pour le développement.  La contribution du Luxembourg à l’aide au développement, a-t-il précisé, s’élève à 1% de son revenu national brut.  Il a rapporté la création, par son pays, d’une « bourse verte » dont la capitalisation s’élève à 57 milliards d’euros et qui pourrait servir de modèle pour la mise en place d’instruments de financement du développement durable.  M. Asselborn a affirmé l’attachement plein et entier de son pays à l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a fait part de sa volonté de voir revenir « l’un des grands acteurs internationaux qui a pris ses distances avec cet instrument ». Le Ministre a ensuite abordé le chapitre des migrations. Tout en ne niant pas les appréhensions suscitées par la crise des réfugiés en Europe, il a tenu à rappeler que l’essentiel des mouvements se fait aujourd’hui du Sud vers le Sud.

La situation au Moyen-Orient continue à susciter les craintes du Luxembourg. M. Asselborn a insisté sur la centralité du conflit israélo-palestinien où l’absence d’horizon politique peut mener à une nouvelle éruption de violence et nourrir la haine et le terrorisme.  Selon lui, la résolution 2334 du Conseil de sécurité exigeant d’Israël qu’il arrête ses activités de peuplement vise « un statu quo devenu intenable et inacceptable » et non Israël lui-même.  Il a indiqué que la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est mettait en péril la solution des deux États.  Il a assuré le Président Abbas de sa confiance après l’annonce récente de l’organisation d’élections générales en Palestine, qui offre un espoir en vue d’une réconciliation.

S’agissant de la Syrie, il a insisté pour que les négociations menées sous l’égide des Nations Unies se poursuivent et progressent.  « Astana seul ne suffit pas », a-t-il souligné.  M. Asselborn a aussi parlé du référendum annoncé le 25 septembre prochain au Kurdistan iraquien, précisant que sa position de principe est de soutenir l’intégrité territoriale de l’Iraq.  De manière générale, il a appelé à calmer le jeu dans la région, en insistant sur le rôle « incontournable » de l’accord nucléaire avec l’Iran.  Appelant à être ferme mais à éviter l’escalade avec le régime « nord-coréen », M. Asselborn a ensuite fait part de son inquiétude concernant l’Afrique et les situations politiques au Soudan du Sud, autour du Lac Tchad, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo.  Il s'est dit par ailleurs soulagé que le mouvement de désengagement des États africains vis-à-vis de la Cour pénale internationale ait été endigué.  Enfin, il a condamné fermement le nettoyage ethnique envers la minorité rohingya au Myanmar, « qui n’a pas sa place au XXIe siècle ».

Après ce tour d’horizon international, M. Asselborn s’est longuement attardé sur la question de l’intégrité physique des femmes, rappelant que chaque jour, plus de 800 femmes et adolescentes meurent de causes liées à la grossesse et l’accouchement.  Il a pointé le chiffre de 22 millions d’avortements non médicalisés enregistrés chaque année, le qualifiant d’effrayant. Au côté du Danemark, de la Belgique et des Pays-Bas, le Luxembourg a rejoint l’initiative SHE DECIDES, en débloquant environ 2 millions d’euros en 2017 afin de soutenir le Fonds des Nations Unies pour la population. Il a aussi indiqué que son pays avait débloqué 10 millions d’euros pour répondre à l’urgence créée par la famine en Somalie, au Soudan du Sud, au Nigéria et au Yémen.

M. Asselborn a conclu son intervention en évoquant la situation en Europe, « qui n’est pas l’abri en soubresauts du monde ».  Il a concédé que le partage du fardeau de l’accueil des réfugiés avait loin d’avoir été exemplaire mais qu’il y avait un regain d’optimisme et qu’il se réjouissait du recul, depuis un an, des mouvements nationalistes qui se nourrissent du réflexe anti-immigré.  Concernant l’Ukraine, il a fait part de son espoir de voir se poursuivre les pourparlers en Format Normandie, afin que soient pleinement mis en œuvre les accords de Minsk.

Mme ULLA TØRNAES, Ministre de la coopération pour le développement du Danemark, a estimé que face aux grands défis mondiaux tels que la pauvreté, le terrorisme, les changements climatiques, les violations des droits de l’homme, l’inégalité des genres, les conflits armés et les déplacements de populations, les réponses doivent se fonder sur la coopération, susciter de nouvelles solutions et conduire à des institutions internationales plus efficaces.  C’est pourquoi il est fondamental, a-t-elle dit, de réformer les Nations Unies si « nous voulons préserver sa légitimité ».  Elle a annoncé que le Danemark est candidat pour un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021, une institution où le pays n’a jamais siégé, a—t-elle précisé. 

Dans le contexte de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, la Ministre a rappelé que le Danemark y a consacré au moins 0,7% de son produit national brut (PNB) au cours des derniers 40 ans.  Elle a aussi appelé à soutenir le plan de réforme du Secrétaire général de l’ONU.  Il faut rompre avec le statu quo, a-t-elle dit, en insistant notamment sur la réforme du système de développement des Nations Unies afin de rompre avec l’approche des silos et la compétition pour les ressources entre différentes agences.  Elle a également proposé de créer des liens plus étroits entre la réaction immédiate aux crises et les efforts de développement sur le long terme. 

Les partenariats sont tout aussi cruciaux pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-elle plaidé en expliquant que c’est cette idée qui a guidé le partenariat du Danemark avec certains États pour lancer l’initiative pour une croissance verte en faveur des objectifs de développement durable, plus connu sous l’acronyme « P4G ».  Elle a en outre souligné que l’égalité des sexes est centrale à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme Tørnaes a ensuite condamné les tirs de missiles de la République populaire démocratique de Corée.  Elle a également appelé à la fin des violences dans l’État de Rakhine au Myanmar, se félicitant du fait que le Gouvernement du Bangladesh accueille les réfugiés.  Sur la question de la lutte contre le terrorisme, elle a jugé nécessaire, qu’outre la solution militaire, que les financements des terroristes soient bloqués, que leurs messages soient retirés des sites Internet et que les régions reprises à Daech soient stabilisées.

Droits de réponse

Faisant usage de son droit de réponse, le représentant de l’Ukraine a réagi au discours du Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie.  Il a affirmé que la Russie est reconnue par l’ONU comme un agresseur de l’Ukraine.  En tant que puissance d’occupation, elle n’a, selon lui, pas le droit de parler de l’Ukraine.

La représentante de l’Inde a également exercé son droit de réponse, suite au discours du Premier Ministre du Pakistan, jugeant extraordinaire que ce dernier ait le « toupet » de se présenter comme une victime.  Elle a déclaré que le Pakistan était devenu synonyme de terreur, accusant ce pays de protéger le terrorisme et de l’exporter dans le monde entier.  Considérant que l’Inde n’a pas de leçons à recevoir sur les droits de l’homme de la part du Pakistan, elle l’a enjoint à abandonner sa politique qui cause des dégâts dans le monde entier.

Réagissant lui aussi à l’intervention du Premier Ministre du Pakistan, le représentant de l’Afghanistan a accusé ce pays de chercher à détourner l’attention de ce qu’il n’a pas fait.  Multipliant les questions rhétoriques pour signifier un lien entre ce pays et le terrorisme islamiste, il a estimé qu’il est maintenant temps pour le Pakistan d’apporter des réponses concrètes à cette menace.  Il a par ailleurs rappelé l’engagement inébranlable de l’Afghanistan à lutter contre le terrorisme.

À son tour, le représentant du Pakistan a pris la parole pour réagir au discours des représentants de l’Inde, du Bangladesh et de l’Afghanistan.  Il a notamment accusé l’Inde d’avoir sapé la paix et la stabilité au Jammu-et-Cachemire, affirmant que des tirs de mortier auraient encore eu lieu hier soir en faisant une dizaine de victimes parmi les civils.  Il a par ailleurs accusé le Bangladesh de répandre des mensonges sur le compte de son pays et conseillé à l’Afghanistan de se concentrer sur ses propres problèmes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: Le régime de non-prolifération des armes de destruction massive à l’épreuve de la crise dans la péninsule coréenne

8053e séance – après-midi 
CS/13000

Conseil de sécurité: Le régime de non-prolifération des armes de destruction massive à l’épreuve de la crise dans la péninsule coréenne

À l’initiative des États-Unis, le Conseil de sécurité s’est, cet après-midi, réuni au niveau ministériel pour réfléchir aux moyens pour l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales de faire respecter ses résolutions adoptées pour empêcher la prolifération des armes « les plus dangereuses au monde », une séance dominée par la crise dans la péninsule coréenne.

Au cours des 25 dernières années, le Conseil a posé d’importants jalons dans le domaine de la non-prolifération, a rappelé la Secrétaire générale adjointe et Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, en invoquant la résolution 1540 (2004), une « réalisation majeure » destinée à prévenir les acteurs non étatiques d’acquérir des armes de destruction massive.

Mme Nakamitsu a également cité en exemple le Plan d’action global commun, entériné par la résolution 2231 (2015) du Conseil, et salué aujourd’hui par plusieurs de ses membres comme un parangon de diplomatie préventive.  Aussi en a-t-elle appelé à l’unité du Conseil pour « faciliter la reprise de la diplomatie » face au défi posé par les activités nucléaires et les tirs de missiles balistiques « dangereux et provocateurs » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

« Les États nucléaires responsables ne laisseront pas de telles menaces imprévisibles empoisonner le monde de cette façon », a prévenu le Secrétaire d’État américain, M. Rex W. Tillerson, au surlendemain de la déclaration du Président Donald Trump à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, pour qui les États-Unis, s’ils devaient être contraints de se défendre ou de défendre leurs alliés, n’auraient « pas d’autre solution que de détruire complètement la Corée du Nord ».

Le chef de la diplomatie américaine a donc appelé la Chine à faire pression sur la RPDC, avec laquelle elle partage une frontière commune, pour qu’elle « modifie ses calculs avant qu’il ne soit trop tard », et la Fédération de Russie à démontrer ses « bonnes intentions », « si elle veut reprendre son rôle d’acteur crédible ».

Une analyse de la situation avec laquelle le délégué russe s’est inscrit en faux, en arguant que l’escalade dans la péninsule coréenne était aussi le résultat de l’installation du système de missiles antibalistiques américain Thaad et des manœuvres militaires conjointes des États-Unis et de la République de Corée. 

La Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, Mme Kang Kyung-Wha, a constaté à regret que son voisin du nord serait parvenu « aux derniers stades de son armement nucléaire », en dépit d’un régime de sanctions renforcé à huit reprises depuis 2006, diluant le « sentiment d’urgence initial » qui présidait à la nucléarisation du régime de Pyongyang.

Plusieurs autres membres du Conseil se sont interrogés sur l’efficacité réelle des sanctions, du Kazakhstan à la Chine.  Pour le Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi, les sanctions seraient plutôt un facteur de conflits.

Évoquant un possible « point de non-retour », Mme Kang a plaidé pour que les mesures visant la RPDC soient pleinement mises en œuvre par les États Membres, tout en assurant que « les sanctions ne visent pas à détruire la Corée du Nord, mais à la ramener à la table des négociations ».

Le débat a aussi été l’occasion d’opposer la situation en RPDC au Plan d’action global commun, l’accord conclu à Vienne en juillet 2015 sur le nucléaire iranien, considéré par l’Italie comme une « success story » et un exemple de diplomatie préventive efficace, alors que la France y voyait la confirmation que « le volontarisme de la communauté internationale peut ouvrir des solutions aux crises de prolifération ».

Aussi plusieurs des intervenants ont-il averti, à l’image de la France, que « ce serait une erreur de dénoncer » cet accord, « comme il serait irresponsable de poursuivre une mise en œuvre à la carte des dispositions de la résolution qui l’a endossé ».  Pour la Fédération de Russie, le retrait éventuel des États-Unis du Plan d’action global commun, évoqué ces derniers mois, adresserait « un signal extrêmement négatif à la Corée du Nord ». 

Pour le représentant russe, qui a cité les cas de l’Iraq en 2003 et de la Libye en 2011, il faudrait en réalité, pour que le régime de non-prolifération progresse, renoncer à la politique consistant à renverser les régimes en place et cesser de décrédibiliser le rôle du Conseil de sécurité par des mesures unilatérales.  Le Ministre d’État pour l’Asie et le Pacifique du Royaume-Uni, M. Mark Field, a déclaré pour sa part qu’un « changement de régime en RPDC n’est pas souhaitable, pas plus qu’une réunification accélérée de la péninsule ».

Si le représentant russe a également reproché à certains États Membres d’avoir « subordonné » la résolution 1540 à des « considérations géopolitiques », le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, M. Sameh Hassan Shoukry, élargissant le débat, a estimé que le régime de non-prolifération continuait d’être l’otage de « conceptions erronées » découlant du concept de « stabilité stratégique ».  Pour lui, la nature discriminatoire de ce régime remet en cause sa crédibilité et son efficacité mêmes, comme en témoigne la situation au Moyen-Orient, reflet de « l’approche sélective » privilégiée par le Conseil de sécurité et de la mauvaise volonté supposée de certains États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. 

Face aux risques de prolifération, « la clef, c’est l’unité », a estimé la Ministre des affaire étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, pour qui cette unité doit s’appliquer tout autant au Mécanisme d’enquête conjoint pour l’interdiction des armes chimiques en Syrie qu’au régime de la résolution 1540 et au système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

NON-PROLIFÉRATION DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a commencé par rappeler que les activités du Conseil de sécurité en matière de non-prolifération des armes de destruction massive reposent sur deux piliers qui se renforcent mutuellement.  Le premier est la responsabilité d’établir « un système de réglementation des armements », comme le prévoit l’Article 26 de la Charte des Nations Unies. 

Le second, a-t-elle rappelé, découle de la responsabilité première des Nations Unies d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, en vertu de laquelle le Conseil a poursuivi plusieurs objectifs, qui vont du respect de l’interdiction d’utiliser des armes biologiques et chimiques à la prévention de l’acquisition par des acteurs non étatiques de ces types d’arme. 

L’engagement du Conseil de sécurité à cet égard s’est toujours enraciné dans la conviction partagée que les mesures à l’appui du désarmement et de la non-prolifération sont les deux revers d’une seule et même médaille, a résumé la haute fonctionnaire. 

Au cours des 25 dernières années, le Conseil a posé d’importants jalons, en faisant usage des outils à sa disposition, a-t-elle relevé.  Ainsi, en réponse à l’invasion du Koweït, le Conseil a, en 1991, exigé de l’Iraq qu’il élimine ses armes de destruction massive.  « Il a été confirmé que ce pays s’est acquitté de ses obligations », a rappelé Mme Nakamitsu. 

S’agissant de la République islamique d’Iran, un engagement direct en faveur du dialogue et de la coopération a permis d’aboutir au Plan d’action global commun, que le Conseil a approuvé dans sa résolution 2231 (2015).  Un engagement soutenu de toutes les parties à cet accord demeure essentiel pour la viabilité et le succès durable de cet instrument historique, a estimé la Secrétaire générale adjointe.  

En République arabe syrienne, des efforts conjoints fructueux de la Fédération de Russie et des États-Unis ont permis d’éliminer le programme d’armes chimiques de ce pays sous la supervision des Nations Unies et dans le cadre de la coopération internationale.  « De manière regrettable, des traces d’utilisation d’agents chimiques toxiques par le Gouvernement syrien et Daech ont été identifiées », a constaté la Haut-Représentante. 

En outre, les activités nucléaires et les tirs de missiles balistiques « dangereux et provocateurs » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continuent de poser un défi au Conseil de sécurité et à la volonté de la communauté internationale, a-t-elle regretté.  L’escalade soudaine de ces actes doit cesser, a-t-elle exhorté, en faisant appel à l’unité du Conseil pour faciliter la reprise de la diplomatie.

D’une manière générale, a ajouté la Secrétaire générale adjointe, la résolution 1540 (2004) continue de représenter une réalisation majeure dans le domaine de la non-prolifération, en appelant à une coopération internationale pour empêcher les acteurs non étatiques d’acquérir des armes de destruction massive, et en renforçant les capacités nationales des États. 

De toute évidence, a-t-elle conclu, l’approche la plus efficace consiste en un mélange de diplomatie réfléchie, de coopération internationale vigoureuse et d’engagement à mettre en œuvre les décisions du Conseil de sécurité. 

Selon Mme Nakamitsu, de nouveaux « efforts créatifs » seront également nécessaires pour réaliser un monde exempt d’armes nucléaires. 

M. REX W. TILLERSON, Secrétaire d’État des États-Unis, a souligné que les questions abordées aujourd’hui avaient des répercussions sur le plan international.  Il a aussi estimé qu’il y avait une sorte de complaisance vis-à-vis des armes nucléaires.  Le défi, a-t-il dit, est de savoir comment atténuer les risques qu’elles posent pour les populations du monde entier.  Il a salué les mesures positives prises par les pays qui ont renoncé volontairement à l’arme nucléaire en soulignant la responsabilité qui en découle.  Pour lui, l’acquisition des capacités nucléaires n’apporte aucun prestige.  C’est plutôt choisir la voie de l’isolement.

Le Secrétaire d’État a martelé que « les États nucléaires responsables ne laisseront pas de telles menaces imprévisibles empoisonner le monde de cette façon ».  Il a en revanche salué l’Afrique du Sud, le Bélarus, le Kazakhstan et l’Ukraine, des pays qui ont renoncé à l’arme nucléaire et mis fin à leur programme nucléaire militaire.  Il a souligné en particulier la décision courageuse du Kazakhstan, y voyant un exemple parlant de sagesse, avant d’expliquer que ce pays avait bénéficié de l’accompagnement des États-Unis.  Le Kazakhstan est aujourd’hui en paix avec ses voisins et ses relations commerciales sont solides, a-t-il fait remarquer, ajoutant que l’exposition universelle organisée cette année à Astana avait démontré « la force technologique de ce pays moderne ».

S’agissant de l’Ukraine, M. Tillerson a noté que les amis et alliés de ce pays avaient présenté un front commun contre la Russie après l’incursion de celle-ci en Ukraine.  En renonçant à l’arme nucléaire, l’Ukraine et le Kazakhstan sont dans une situation bien meilleure, a-t-il estimé.

Les États-Unis étant le seul pays à avoir utilisé l’arme nucléaire en temps de guerre, ils ont une responsabilité particulière pour inciter les autres pays à renoncer à ces armes, a ensuite estimé M. Tillerson.  Si ces armes n’ont jamais été utilisées depuis la dernière guerre mondiale, on a frôlé ce risque durant la crise des missiles de Cuba, a-t-il rappelé.

M. Tillerson a aussi raconté l’histoire de l’officier soviétique Petrov, mort récemment, dont l’ordinateur, le 26 septembre 1983, avait cru détecter le tir de missiles américains, mais qui n’avait pas transmis ces informations à la chaîne de commandement car il craignait, avec raison, une fausse alerte de son ordinateur.  Cet incident montre combien il est difficile de contrôler les risques que posent les armes nucléaires, a-t-il observé. 

Concernant la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Secrétaire d’État a souligné que ce pays avait choisi d’acquérir l’arme nucléaire et fait le parallèle avec son voisin du Sud, qui a, lui, choisi de ne pas acquérir ces armes et qui a un PIB 100 fois supérieur à celui de la RPDC.  « En regardant vers l’avenir, nous sommes déterminés à faire respecter les engagements nucléaires », a-t-il lancé.  La RPDC n’a jamais respecté le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-il rappelé.

S’agissant de l’Iran, M. Tillerson a rappelé que ce pays avait développé des systèmes de missiles pour acheminer des armes nucléaires, ce qui déstabilise les voisins.  La responsabilité collective face à cette prolifération exige davantage, a-t-il lancé en plaidant en faveur de « nations fortes et souveraines », les termes utilisés par le Président Trump mardi devant l’Assemblée générale.  « Nous exhortons la Russie à appuyer ces efforts de non-prolifération, que les deux États nucléaires les plus puissants partagent », a-t-il ajouté.  Les États-Unis et la Russie ont travaillé de concert pour faire respecter les instruments de non-prolifération, a-t-il rappelé, avant de noter que la Russie avait, ces dernières années, agit d’une manière qui sape les obligations internationales dans ce domaine.  Il a accusé ce pays d’affaiblir l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).   Si la Russie veut reprendre son rôle d’acteur crédible, elle peut démontrer ses bonnes intentions, a-t-il lancé avant d’appeler la Chine à coopérer elle aussi dans ce sens et à faire pression sur la RPDC pour qu’elle modifie ses calculs « avant qu’il ne soit trop tard ».

Enfin, M. Tillerson a remarqué que des groupes djihadistes souhaiteraient faire exploser une arme nucléaire, « ce qu’il faut éviter en sécurisant les matières nucléaires et en rompant les réseaux de prolifération ».  Il faut détruire les armes nucléaires et veiller à ce que les terroristes ne trouvent aucun refuge, a-t-il ajouté.  En conclusion, M. Tillerson a estimé qu’il ne suffisait pas de signer des traités et d’adopter des résolutions et a invité à utiliser d’autres moyens politiques, économiques, moraux, et, au bout du compte, militaires.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a dit constater avec regret que l’impact des résolutions sur les sanctions ne répondait pas toujours à nos attentes.  C’est souvent parce que le non-respect délibéré de la part de certains États sape nos efforts collectifs pour maintenir la paix et la stabilité, a-t-il souligné.  Le Président du Kazakhstan a souvent dit qu’il fallait développer des mécanismes concrets pour dissuader les États dotés d’armes nucléaires de se retirer du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a rappelé le Ministre. 

S’agissant de la situation en République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Kazakhstan condamne fermement les actions provocatrices de Pyongyang et considère que la pression continue des sanctions constitue un pas dans la bonne direction, jusqu’à ce que la RPDC entende l’appel de la majorité du monde.  M. Abdrakhmanov a jugé dignes de considération les propositions conjointes de la Russie et de la Chine et estimé qu’il ne fallait pas sous-estimer le rôle du Secrétaire général de l’ONU en tant que médiateur.  Pour sa part, le Kazakhstan serait prêt à accueillir un séminaire régional pour les pays d’Asie centrale en coopération avec le Comité 1718.

Par ailleurs, le Ministre a estimé que le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien avait mis l’Iran « sur la voie de la dénucléarisation », l’AIEA confirmant que ce pays remplit toutes ses obligations à cet égard. 

Sur le dossier syrien, M. Abdrakhmanov a souhaité que le Conseil de sécurité se montre uni dans son approche pour trouver une solution politique à la crise, ce qui permettrait de supprimer le vide qui permet à des armes chimiques d’être utilisées en toute impunité. 

M. SAMEH HASSAN SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a rappelé que son pays avait toujours été à l’avant-garde des efforts multilatéraux en matière de désarmement et pour prévenir la non-prolifération.  Tout en saluant les efforts du Conseil de sécurité à cet égard, il a estimé que cet organe devait améliorer ses méthodes de travail de manière significative, de manière à donner notamment à ses membres l’assurance que les mesures adoptées participent avant tout de la recherche d’une solution politique.  De manière plus générale, l’Égypte réaffirme que l’élimination « complète, vérifiable et irréversible » de telles armes représente la seule garantie d’un régime de non-prolifération.  Pour M. Shoukry, atteindre un tel objectif dépend largement du respect, par les puissances nucléaires, de leurs obligations en vertu du chapitre VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

En dépit de certains progrès tangibles, les avancées véritables continuent d’être l’otage de « conceptions erronées » découlant du concept de « stabilité stratégique », a estimé M. Shoukry.  Pour le chef de la diplomatie égyptienne, une attention plus grande accordée aux défis actuels de la non-prolifération montre que ceux-ci sont la conséquence de l’existence d’armes nucléaires et de la nature discriminatoire de ce régime, qui remet en cause sa crédibilité et son efficacité mêmes. 

Le Ministre en a voulu pour preuve le Moyen-Orient, qui continue d’être à ses yeux l’un des exemples les plus flagrants de menace pour la non-prolifération et de l’approche sélective privilégiée par le Conseil de sécurité.  Il a fait état de la frustration considérable parmi les pays arabes face à l’échec des projets de création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive dans cette région, comme le demandait la résolution sur la Conférence d’examen du TNP de 1995.  « Nous sommes profondément déçus par la décision de trois États parties au Traité de bloquer le consensus sur le document final de la Conférence d’examen de 2015 », a-t-il ajouté, en plaidant pour que les questions transversales telles que le désarmement et la non-prolifération soient examinées de manière plus inclusive dans tous les organes pertinents des Nations Unies.

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a mis en garde contre le risque que des armes de destruction massive tombent entre les mains d’acteurs non étatiques, citant le cas de l’utilisation des armes chimiques en Syrie.  Il a estimé que le droit international était trop souvent violé, dénonçant en outre l’impunité.  Le régime nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en est l’exemple le plus frappant, a estimé M. Klimkin, qui a dit craindre que le régime nord-coréen ne sacrifie son propre peuple.  Il a rappelé que le régime soviétique avait autrefois provoqué une famine en Ukraine et testé des armes nucléaires sur ses troupes.

Au Moyen-Orient, l’utilisation d’armes chimiques représente un vrai danger, a estimé le Ministre, en souhaitant que soit inversée cette tendance.  « Nous devons adopter un front uni pour garantir le respect des normes universelles », a-t-il affirmé avant de plaider pour une mise en œuvre sans condition et fidèle des résolutions pertinentes.  Regrettant que le Conseil ne soit pas toujours uni à cet égard, il a appelé ses membres à mettre de côté leurs différences et à faire preuve de volonté politique.  Il faut que justice soit faite pour toute violation, a-t-il insisté. 

Rappelant que, dans les années 1990, l’Ukraine avait renoncé volontairement au troisième plus grand arsenal nucléaire au monde, il a expliqué ce choix par la foi qu’avait son pays dans la suprématie des principes fondamentaux comme l’inviolabilité des frontières.  « Nous nous sommes aperçus par la suite que ces principes n’étaient pas sacrés pour tout le monde », a-t-il ensuite fait observer, avant de mentionner l’agression dont son pays a été victime « du fait d’un État doté de l’arme nucléaire », en violation avec le Mémorandum de Budapest de 1994 par lequel la Russie s’était engagée à ne pas recourir à la force contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de l’Ukraine.

Faisant observer qu’un exercice de tir de missile nucléaire avait été mené, hier, dans le cadre de manœuvres militaires de la Russie, il a ensuite expliqué pourquoi son pays ne faisait pas confiance à la politique étrangère prétendument pacifique de la Russie et pourquoi il fallait accorder de l’importance aux garanties négatives de sécurité.  La communauté internationale a la responsabilité de trouver des solutions pérennes, a-t-il conclu, invitant le Conseil de sécurité à n’épargner aucun effort pour prouver que le régime de non-prolifération fonctionne.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a lancé un appel à tous les États pour qu’ils signent et ratifient le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires « sans délai et sans condition ».  Depuis l’entrée de la Suède au Conseil de sécurité, a-t-elle regretté, nous n’avons cessé de parler des essais nucléaires et des tirs de missiles balistiques illégaux de la République populaire démocratique de Corée (RDCP).  Nous condamnons ces provocations dans les termes les plus fermes, a-t-elle souligné, regrettant aussi d’avoir dû tenir des réunions consacrées à l’utilisation des armes chimiques en Syrie, que ce soit par le régime syrien ou par Daech.  Les efforts du Conseil pour mettre fin à la propagation de ces armes meurtrières doivent être appuyés par tous les États Membres, a souligné la Ministre.  Mme Wallström a appelé à une mise en œuvre « universelle et complète » des régimes de sanctions existants.  Nous devons y travailler ensemble et nous concentrer sur le renforcement des contrôles et des capacités, a-t-elle estimé.  Dans ce cadre, la Ministre a relayé l’appel à l’unité du Conseil et à l’engagement diplomatique lancé par le Secrétaire général. 

Elle a aussi applaudi la manière dont le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies exécute son mandat en Syrie, appelant le Conseil à faire en sorte que ceux qui ont utilisé des armes chimiques répondent de leurs actes devant la justice. 

Rappelant la résolution 2231 (2015) adoptée après la signature du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien, la Ministre a jugé « absolument essentiel » que toutes les parties continuent d’honorer « méticuleusement et sans faillir » leurs obligations en vertu du Plan d’action.  La mise en œuvre des résolutions n’est qu’une face de la pièce, a-t-elle prévenu.  Il faut aussi défendre les instruments multilatéraux existants sur la non-prolifération des armes de destruction massive.  « La clef, c’est l’unité » et elle s’applique au Mécanisme d’enquête conjoint mais aussi au régime de la résolution 1540 et au système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a conclu Mme Wallström.

M. TARO KONO, Ministre des affaires étrangères du Japon, a souligné qu’il est essentiel que le Conseil de sécurité traite résolument et concrètement des graves questions qui secouent la base même du régime de non-prolifération. 

Compte tenu de la gravité de la situation, le Ministre a jugé urgent d’accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et de lancer les négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

Dans ce contexte, il a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui est restée sourde aux vives protestations et mises en garde de la communauté internationale, à mettre pleinement en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à prendre des mesures concrètes pour une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » de la péninsule coréenne. 

La Corée du Nord, a ajouté le Ministre, doit réintégrer le plus vite possible le TNP et les accords de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  La dénucléarisation de la péninsule coréenne, a estimé le Ministre, exige que la communauté internationale exerce les pressions les plus fortes possibles sur la Corée du Nord car les efforts actuels sont insuffisants. 

Tous les États Membres des Nations Unies doivent mettre en œuvre pleinement et promptement les résolutions du Conseil de sécurité.  Aucun pays ne doit être autorisé à créer une faille dans le régime de sanctions contre la Corée du Nord. 

Après avoir appuyé le travail du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU en Syrie, le Ministre a réitéré son appui à l’accord sur le nucléaire iranien.  Il a prévenu que le missile balistique lancé par l’Iran est une violation de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité et exhorté les autorités iraniennes à jouer un rôle constructif dans la région. 

M. ANGELINO ALFANO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a estimé que les programmes nucléaire et de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) constituaient une très grave menace à la paix et à la sécurité internationales.  S’il s’est félicité des sanctions supplémentaires adoptées à l’encontre de Pyongyang pour contraindre ce pays à renoncer à son arsenal, il a en revanche estimé que l’accord conclu avec l’Iran était une « success story » et un exemple de diplomatie préventive efficace. 

Mais parvenir au Plan d’action global commun n’était qu’un début, a toutefois nuancé M. Alfano, pour qui « désormais, nous devons nous assurer que l’Iran ne déraille pas de sa trajectoire vers la non-prolifération nucléaire, ce que l’Italie, en tant que facilitatrice du Conseil de sécurité pour la résolution 2231, s’efforcera de faire en appuyant une mise en œuvre sans heurt de ce texte crucial ».  C’est la raison pour laquelle le Ministre a jugé préoccupants les tirs récents de missiles par Téhéran, en violation de la résolution 2231 (2015).  Il a par ailleurs dénoncé l’utilisation d’armes chimiques interdites en Syrie.

Rappelant que son pays était aussi Président du Comité 1718 –relatif aux sanctions applicables à la RPDC– le Ministre a enfin rappelé qu’un accent avait été mis sur la surveillance de la mise en œuvre des mesures, l’assistance technique et le renforcement des capacités aux États Membres en ayant besoin, et sur un travail de sensibilisation.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a noté que, depuis l’adoption de la résolution 1540 (2004), les efforts s’étaient intensifiés pour contrer les risques que posent les acteurs non étatiques.  Cependant, la non-prolifération est toujours confrontée à des difficultés, a-t-il constaté, citant notamment le cas des pays qui défient la communauté internationale en procédant à des essais nucléaires.

La non-prolifération est une composante importante de notre avenir, a-t-il fait remarquer en appelant à s’attaquer aux causes profondes.  Il a expliqué que les inquiétudes en matière de sécurité sont souvent à l’origine de la prolifération.  Il a conseillé d’exercer des pressions quand un pays se rend coupable de violations dans ce domaine.  Il a toutefois estimé que « les sanctions ne sont pas la panacée », prévenant que, si elles sont utilisées de manière exclusive, elles ne font que propager les conflits. 

« Nous devons aussi préserver le régime de non-prolifération », a poursuivi le Ministre, plaidant pour que celui-ci se base sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a aussi recommandé de renforcer les capacités en matière de non-prolifération de tous les pays, en soutenant ceux qui veulent adopter des politiques en ce sens.  Il faut les aider à améliorer leur système juridique et à organiser des activités de coopération, a-t-il expliqué à titre d’exemple.

« La Chine s’oppose à la prolifération des armes de destruction massive », a poursuivi M. Wang.  La Chine, a-t-il précisé, a participé aux processus internationaux en la matière et a mis en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.  « Nous avons toujours prôné les négociations politiques », a-t-il indiqué en rappelant sa participation à l’accord nucléaire iranien et aux discussions avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il a d’ailleurs souhaité que les pourparlers reprennent avec ce pays.  Enfin, il a apporté son appui à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et l’organe des Nations Unies chargé de mener des enquêtes impartiales sur l’utilisation des armes chimiques en Syrie.

M. JEAN-BAPTISTE LEMOYNE, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a évoqué des défis d’une extrême gravité, face auxquels « seul un multilatéralisme pragmatique et réaliste peut constituer la solution ».  Pour la France, le cas iranien confirme que le volontarisme de la communauté internationale peut ouvrir des solutions aux crises de prolifération.  L’accord conclu en 2015 à Vienne, que la France a activement contribué à construire et améliorer, constitue à cet égard un jalon historique majeur.  « Ce serait une erreur de le dénoncer, comme il serait irresponsable de poursuivre une mise en œuvre à la carte des dispositions de la résolution qui l’a endossé », a-t-il averti. 

Il faut en revanche répondre à l’intensification des activités balistiques de l’Iran, dont certaines sont non conformes à la résolution 2231, a ajouté M. Lemoyne, reconnaissant qu’un tel comportement était déstabilisant pour la sécurité régionale et nuisait à la confiance mutuelle.  « Il ne peut y avoir d’alternative au régime de non-prolifération », a-t-il insisté. 

Sur le volet chimique syrien, M. Lemoyne a déclaré que les responsables de l’attaque chimique du 4 avril devraient rendre des comptes. 

La seule issue à la crise en cours dans la péninsule coréenne est de tracer la voie d’une solution négociée, a poursuivi M. Lemoyne.  Alors que la Corée du Nord refuse cette perspective et fait le choix d’un dangereux isolement, seule la fermeté peut nous doter du levier recherché pour amener le régime à la table des négociations, a-t-il estimé. 

« Ce qui est en jeu dans l’affaiblissement du régime de non-prolifération, c’est l’existence même de la norme de droit », a mis en garde le Secrétaire d’État.  Le message de la France est simple: la lutte contre la prolifération est une responsabilité collective.  « Il n’y a de place ni pour le constat d’impuissance, ni pour le fatalisme, ni pour l’instrumentalisation politique.  Nous pouvons et devons faire davantage », a-t-il conclu. 

M. MARK FIELD, Ministre d’État pour l’Asie et le Pacifique du Royaume-Uni, a identifié la prolifération d’armes de destruction massive comme la plus grave menace qui se pose aujourd’hui à la communauté internationale.  Individuellement et collectivement, nous devons renforcer les réglementations d’armements, a-t-il préconisé, en se félicitant par exemple du durcissement du régime de sanctions à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  « Ne nous leurrons pas: un changement de régime n’est pas souhaitable, pas plus qu’une réunification accélérée de la péninsule », a assuré le Ministre.  Mais Pyongyang pose une menace à ses voisins et le Conseil de sécurité doit être prêt à renforcer les mesures en vigueur si la Corée du Nord persiste dans ses agissements. 

M. Field a estimé que le multilatéralisme avait porté ses fruits en Iran avec le Plan d’action global commun, sous réserve toutefois que Téhéran s’acquitte de ses obligations en vertu de cet accord, en renonçant notamment à ses tirs récents de missiles balistiques.  Quant à la situation en Syrie, elle constitue elle aussi une menace au régime de non-prolifération, s’est alarmé M. Field. 

M. ENRIQUE LOEDEL, Vice-Ministre des affaires politiques de l’Uruguay, a regretté que, près de 50 ans après l’adoption du TNP, l’objectif de parvenir à un désarmement général et complet soit très loin d’être atteint.  Aujourd’hui, a-t-il constaté, le désarmement est paralysé.  Ainsi a-t-il déploré le désengagement des États dotés d’armes nucléaires du processus de négociation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ouvert hier à la signature après son adoption au printemps dernier. 

L’utilisation et la menace d’utiliser des armes nucléaires constituent « un crime contre l’humanité », a estimé M. Loedel.  Alors que la tension continue de monter dans la péninsule coréenne, il est important de rester calme et de veiller à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il conseillé.  Personne ne doit recourir aux armes nucléaires, en aucune circonstance.  Il n’existe pas de solution militaire au problème nord-coréen; la solution doit être politique, a-t-il argué.  À ses yeux, tout autre scénario représenterait « un énorme échec » pour le Conseil et pour l’Organisation.

M. Loedel a aussi tenu à souligner l’importance de contenir la prolifération des armes classiques dans les zones de conflit.  Il a relevé que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité étaient responsables de 75% du volume des exportations totales d’armes entre 2011 et 2015. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) s’est inquiété du risque de voir des agents autres que les États se procurer des armes nucléaires, chimiques et biologiques, risque d’autant plus préoccupant que les progrès de la science et de la technologie sont rapides.  Il a cité l’utilisation d’armes chimiques au Moyen-Orient et en Asie, ainsi que les questions de cybersécurité, et a dit craindre des conséquences considérables si des attaques étaient dirigées contre des infrastructures critiques comme les centrales nucléaires. 

Citant la poursuite de son programme nucléaire par la République populaire démocratique de Corée, le représentant a souligné l’importance des efforts destinés à faire appliquer pleinement les obligations résultant des résolutions du Conseil.  Il a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) au respect de ses obligations internationales, tout en conseillant d’intégrer les mesures ciblées dans une stratégie globale et politique à même d’engager les parties à un dialogue franc pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a ainsi appelé à la reprise du dialogue direct, tout en invitant les États, les organisations internationales et le monde des affaires à mettre en œuvre les sanctions. 

M. Ciss a également appelé à œuvrer dans le sens du renforcement de l’autorité du Traité sur la non-prolifération et de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a plaidé en faveur du renforcement de la collaboration en matière de contrôle aux frontières, de surveillance des flux financiers et des réseaux d’Internet, ainsi que d’assistance judiciaire.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est déclaré étonné par l’intitulé de cette réunion et la présence, dans la note conceptuelle diffusée par les États-Unis, de trois situations « sans aucun rapport entre elles ».  La résolution 1540 (2004) avait réaffirmé, à l’époque, la nécessité de mettre en place un régime juridique solide pour endiguer la prolifération d’armes de destruction massive, « un objectif qui, semble-t-il, a été subordonné à des considérations géopolitiques par certains États Membres », a-t-il observé.  Ainsi, il est clair aujourd’hui que l’Iraq ne possédait pas de telles armes et que la Libye avait renoncé à en produire, a rappelé le représentant.  Alors, si la situation dans la péninsule coréenne est une source légitime de préoccupations, il faut selon lui en comprendre les raisons sous-jacentes.

En Syrie, par exemple, la résolution 2118 (2013) comportait une obligation de faire rapport sur l’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques dans le pays, rapport qui n’a jamais été présenté.  Doit-on en déduire que de telles armes n’ont pas été acquises? s’est interrogé M. Nebenzia.  « Soyons clairs », la Syrie ne possède plus d’armes chimiques, mais des acteurs non étatiques présents dans ce pays en ont, a tranché le représentant.  La Russie et la Syrie ont proposé de mener une évaluation des incidents survenus à Khan Cheikhoun, une demande qui a été rejetée, a-t-il également rappelé.  En réalité, pour que le régime de non-prolifération progresse, il faudrait commencer par renoncer à la politique consistant à renverser les régimes en place et cesser de décrédibiliser le rôle du Conseil de sécurité par des mesures unilatérales, a-t-il affirmé.

M. Nebenzia a estimé qu’en dépit du fait que l’Iran s’était acquitté de toutes ses obligations au titre du Plan d’action global commun, « certains essaient de torpiller cet accord historique ».  Si les États-Unis s’en retiraient, ils adresseraient « un signal extrêmement négatif en direction de la Corée du Nord », a prévenu le représentant.  Pour la Fédération de Russie, une autre source de tensions dans la péninsule coréenne tient à l’absence d’un mécanisme de règlement politique et diplomatique des défis qui se posent dans la sous-région, et le représentant a présenté comme des facteurs aggravants l’installation du système de missiles antibalistiques américain Thaad et les manœuvres militaires conjointes de la République de Corée et des États-Unis. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a rappelé que son pays, constitutionnellement pacifiste, faisait partie de la première zone exempte d’armes nucléaires du monde grâce au Traité de Tlatelolco.  Il a souligné le grand défi que constitue la mise en œuvre du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires adopté par l’Assemblée générale le 7 juillet 2017.  Il a réitéré son appel à tous les États pour qu’ils éliminent ces armes dans leurs politiques, leurs stratégies militaires et leurs discours politiques.  Le représentant a exprimé sa foi dans la résolution 1540 (2004), qui constitue pour la Bolivie une plateforme de coopération entre les États pour éviter que les acteurs non étatiques n’accèdent à ces armes.

Le représentant a condamné les tirs de missiles balistiques et les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ainsi que tout acte de provocation mené en violation du droit international qui mettrait en danger la sécurité et la paix internationales.  La Bolivie demande aux parties prenantes d’éviter d’attiser les tensions.  S’il faut travailler à l’application des sanctions, il faut aussi œuvrer pour rapprocher les parties de la table des négociations et reprendre les pourparlers à six, a recommandé le représentant, qui a soutenu l’initiative de la Chine, y voyant la possibilité de parvenir à une cessation simultanée de l’escalade dans la péninsule coréenne.  La Bolivie soutient de même la proposition russo-chinoise, voyant en elle la seule proposition concrète existant actuellement.  Enfin, le représentant s’est inquiété du non-respect par l’Iran de ses engagements découlant de l’accord nucléaire et a invité à utiliser les dépenses consacrées à l’armement à des fins autres, comme l’éducation et la santé.

M. WORKINEH GEBEYEHU NEGEWO, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a jugé important de répondre aux risques posés par la prolifération au travers de moyens politiques et diplomatiques visant à parvenir à une solution négociée, citant en exemple le Plan d’action global commun sur le dossier nucléaire iranien.  Sur la base des leçons tirées de cet accord et de la mise en œuvre de la résolution 2231, le Conseil et la communauté internationale devraient réfléchir à l’ensemble des mécanismes de nature à répondre à la menace « grave et imminente » que posent les programmes d’armes de destruction massive en possession de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a estimé le Ministre.

De fait, les provocations continues de ce régime ne devraient pas être une raison de fragiliser l’unité du Conseil, qui est cruciale pour réaliser l’objectif plus large de la non-prolifération, a souligné M. Negewo.  Dans un tel contexte, a-t-il affirmé, des efforts redoublés doivent être fournis pour prévenir l’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques, notamment en veillant à la mise en œuvre de tous les instruments juridiquement contraignants pertinents.

Mme KANG KYUNG-WHA, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, s’est concentrée sur la menace grave et urgente que pose selon elle la Corée du Nord.  En moyenne, la Corée du Nord a lancé deux missiles balistiques par mois depuis 2016, a-t-elle calculé, ajoutant que le sixième essai nucléaire du 3 septembre était particulièrement alarmant. 

La communauté internationale a réagi fermement et rapidement aux dernières provocations de la Corée du Nord, a reconnu la Ministre.  Outre l’adoption rapide d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité, de nombreux pays et organisations ont condamné ce pays et pris des mesures unilatérales.  « La Corée du Nord doit comprendre que les provocations répétées ne feront qu’approfondir son isolement diplomatique et intensifier la pression économique qui conduira son régime à la ruine », a-t-elle averti.  Pour la République de Corée, la dénucléarisation est la seule voie possible vers un avenir sûr et stable. 

Depuis le premier essai nucléaire de la Corée du Nord en 2006, le Conseil de sécurité a adopté neuf résolutions mais « le sentiment d’urgence initial a été quelque peu perdu et l’adoption de nouvelles résolutions ressemble à un rituel », a toutefois regretté Mme Kang. 

Le dirigeant nord-coréen aurait déclaré que la Corée du Nord en est aux derniers stades de son armement nucléaire, a poursuivi Mme Kang.  Cela voudrait dire qu’il atteindra son objectif en dépit de toutes les sanctions.  « Il est possible que nous nous rapprochions rapidement d’un point de non-retour », a-t-elle lancé.  Il faut s’assurer que les résolutions du Conseil de sécurité soient pleinement appliquées, y compris sur le charbon et le fer, la pêche et le textile, et la main d’œuvre à l’étranger.  Elle a répété que « les sanctions ne visent pas à détruire la Corée du Nord mais à l’amener à la table des négociations pour la dénucléarisation ». 

La Corée du Nord essaiera de profiter du « maillon faible » au sein de la communauté internationale pour faire échouer les résolutions du Conseil de sécurité, a mis en garde la Ministre.  Par conséquent, a-t-elle recommandé, les membres du Conseil et de la communauté internationale dans son ensemble doivent agir dans l’unité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité crée une Équipe d’enquêteurs pour collecter les preuves des crimes contre l’humanité commis par Daech en Iraq

8052e séance – matin
CS/12998

Le Conseil de sécurité crée une Équipe d’enquêteurs pour collecter les preuves des crimes contre l’humanité commis par Daech en Iraq

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prié le Secrétaire général de créer une Équipe d’enquêteurs, dirigée par un Conseiller spécial, chargée de recueillir, de conserver et de stocker des éléments de preuve en Iraq d’« actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés par le groupe terroriste » État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech) dans ce pays. 

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2379 (2017), le Conseil de sécurité a, en outre, chargé le Conseiller spécial d’encourager « dans le monde entier » le lancement de poursuites pour les crimes de Daech et de travailler aux côtés des survivants, « pour que soient pleinement reconnus leurs intérêts ». 

Aux termes de cette résolution, le Secrétaire général a 60 jours pour présenter au Conseil un mandat jugé acceptable par le Gouvernement iraquien.  L’Équipe d’enquêteurs devra notamment agir dans le respect de la souveraineté de l’Iraq et de sa compétence concernant les infractions commises sur son territoire, tandis que des juges d’instruction iraquiens devront être nommés pour travailler aux côtés d’experts internationaux « sur un pied d’égalité ». 

Le Conseil précise que les preuves devront être utilisées dans le cadre de procédures pénales « justes et indépendantes » menées par des tribunaux compétents à l’échelle nationale, « les autorités iraquiennes étant les premiers destinataires de ces preuves ». 

L’Équipe devra être impartiale, indépendante et crédible et agir conformément à son mandat.  Elle sera financée par un fonds d’affectation spéciale destiné à recevoir des contributions volontaires. 

Le Conseil de sécurité souligne, en outre, que tout autre État Membre sur le territoire duquel Daech aurait commis des crimes similaires, pourra demander à l’Équipe de recueillir des éléments de preuve sur ces actes, « mais seulement avec l’approbation du Conseil ». 

Le Conseiller spécial devra achever le premier rapport sur les activités de l’Équipe dans les 90 jours suivant la date à laquelle elle commencera ses activités. 

Résumant les points de vue des délégations, le Ministre d’État pour le Moyen-Orient du Royaume-Uni, pays porte-plume de la résolution, M. Alistair Burt, a estimé, après le vote, que ce texte témoignait de l’unité de la communauté internationale afin que Daech rende compte de ses crimes.  Il a indiqué que son pays allait fournir un million de livres à l’Équipe d’enquêteurs et invité les autres États Membres à en faire de même.

De son côté, la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, a souhaité que l’Équipe soit dotée des ressources nécessaires pour recueillir les preuves des crimes commis contre les femmes et les enfants, notamment la violence sexiste et sexuelle. 

À l’instar du Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, M. Jean-Baptiste Lemoyne, elle s’est dite fermement opposée à la peine de mort et espéré que l’Équipe ne contribuerait pas à des procès pouvant aboutir à la peine capitale. 

Certains pays, dont la Bolivie, l’Égypte et la Fédération de Russie, ont tenu à rappeler que la résolution devait s’appliquer dans le plein respect de la souveraineté de l’Iraq.  « Ce texte s’inscrit dans le cadre du droit pénal, pas dans celui du droit international humanitaire », a rappelé le Ministre adjoint des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Gennadiy Mikhailovich Gatilov.

Un point de vue partagé par le Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, M. Ibrahim Abdulkarim Al-Jafari, qui a souligné que cette résolution « historique » établissait un cadre clair, respectant la souveraineté de l’Iraq et l’indépendance de son système judiciaire.  « Nous allons faire de notre mieux pour faciliter les activités de l’Équipe d’enquêteurs, dans le respect de son mandat », a-t-il assuré. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Lettre datée du 14 août 2017, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de l’Iraq auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/710)

Texte du projet de résolution (S/2017/788)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant ses résolutions 1265 (1999), 1325 (2000), 1368 (2001), 1373 (2001), 1624 (2005), 1894 (2009), 2106 (2013), 2150 (2014) 2170 (2014) 2178 (2014), 2199 (2015), 2242 (2015), 2249 (2015), 2253 (2015), 2322 (2016), 2331 (2016), 2341 (2017), 2347 (2017), 2354 (2017), 2367 (2017), 2368 (2017), 2370 (2017) et les déclarations pertinentes de son Président,

Réaffirmant son respect pour la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance et l’unité de l’Iraq, conformément aux buts et principes consacrés dans la Charte des Nations Unies,

Rappelant la menace mondiale que représente pour la paix et la sécurité internationales l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), par ses actes de terrorisme, son idéologie extrémiste violente, les attaques flagrantes, systématiques et généralisées qu’il continue de mener contre des civils, ses violations du droit international humanitaire et ses atteintes aux droits de l’homme, en particulier celles commises contre des femmes et des enfants, y compris pour des motifs religieux et ethniques, et son recrutement de combattants terroristes étrangers dont il assure la formation et qui font peser une menace sur toutes les régions et tous les États Membres,

Condamnant les actes de violence dont se rend coupable l’EIIL (Daech), en commettant notamment des meurtres, des enlèvements, des prises d’otages, des attentats-suicides à la bombe, et en se livrant à la réduction en esclavage, à la vente ou à d’autres pratiques aux fins du mariage forcé, à la traite des êtres humains, au viol, à l’esclavage sexuel et à d’autres formes de violence sexuelle, au recrutement et à l’utilisation d’enfants, à des attaques visant des infrastructures essentielles, ainsi qu’à la destruction du patrimoine culturel, y compris les sites archéologiques, et au trafic de biens culturels,

Conscient que la commission de tels actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes de génocide, fait partie intégrante de l’idéologie et des objectifs stratégiques de l’EIIL (Daech) et est utilisée par l’EIIL (Daech) comme une tactique terroriste, et qu’amener à répondre de leurs actes les membres de l’EIIL (Daech), en particulier ceux qui portent la responsabilité la plus lourde, notamment ceux qui dirigent les opérations, qui peuvent inclure des chefs régionaux ou chefs de rang intermédiaire, et ceux qui commandent et commettent des crimes, contribuera à exposer la situation et pourrait faciliter la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent qui peut mener au terrorisme, notamment en endiguant le financement du groupe terroriste EIIL (Daech) et l’afflux ininterrompu de recrues venues du monde entier dans ses rangs,

Saluant les efforts considérables que déploie le Gouvernement iraquien pour vaincre l’EIIL (Daech), et accueillant avec satisfaction sa lettre au Secrétaire général et au Conseil de sécurité, datée du 9 août 2017, dans laquelle il demandait l’aide de la communauté internationale pour s’assurer que les membres de l’EIIL (Daech) répondent des crimes qu’ils avaient commis en Iraq, y compris lorsque ces crimes étaient susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité (S/2017/710),

1.    Réitère sa condamnation de toutes les violations du droit international humanitaire, de toutes les violations du droit international des droits de l’homme et atteintes à ce droit, et de tous les actes de terrorisme et, ayant décidé de faire front commun pour vaincre le groupe terroriste EIIL (Daech), se déclare résolu à faire en sorte que ceux qui dans ce groupe se sont rendus coupable de tels actes, y compris d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide, aient à en répondre;

2.    Prie le Secrétaire général de constituer une Équipe d’enquêteurs, dirigée par un Conseiller spécial, à l’appui des efforts engagés à l’échelle nationale pour amener l’EIIL (Daech) à rendre des comptes, en recueillant, conservant et stockant des éléments de preuve en Iraq d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés par le groupe terroriste EIIL (Daech) en Iraq, selon les critères les plus rigoureux, qui devraient être définis dans le mandat visé au paragraphe 4, pour que ces preuves puissent être utilisées le plus largement possible devant les tribunaux nationaux, et en complétant les enquêtes menées par les autorités iraquiennes, ou les enquêtes menées par les autorités de pays tiers à leur demande;

3.    Souligne que tout en évitant un redoublement inutile des tâches avec d’autres organes compétents des Nations Unies, le Conseiller spécial encouragera dans le monde entier le lancement de poursuites pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité ou les crimes de génocide commis par l’EIIL (Daech) et travaillera aux côtés des survivants, d’une manière compatible avec les législations nationales pertinentes, pour que soient pleinement reconnus leurs intérêts, eu égard à la nécessité que l’EIIL (Daech) réponde de ses actes;

4.    Prie le Secrétaire général de lui présenter, dans un délai de 60 jours, un mandat dont les termes seraient acceptables pour le Gouvernement iraquien, de manière à ce que l’Équipe puisse le mener à bien, et conformes aux dispositions de la présente résolution, en particulier au paragraphe 6, concernant les activités de l’Équipe d’enquêteurs en Iraq;

5.    Souligne que l’Équipe d’enquêteurs doit agir dans le plein respect de la souveraineté de l’Iraq et de sa compétence concernant les infractions commises sur son territoire, et qu’il devrait être précisé dans son mandat que des juges d’instruction iraquiens et d’autres experts en droit pénal, y compris des membres expérimentés des services de poursuites, doivent être nommés en son sein pour travailler aux côtés d’experts internationaux sur un pied d’égalité, et souligne en outre que les éléments de preuve relatifs à des crimes recueillis et stockés par l’Équipe en Iraq devraient être utilisés dans le cadre de procédures pénales justes et indépendantes menées, conformément au droit international applicable, par des tribunaux compétents à l’échelle nationale, les autorités iraquiennes compétentes étant les premiers destinataires de ces preuves comme précisé dans le mandat et toute autre utilisation qui pourrait en être faite devant faire l’objet d’un accord avec le Gouvernement iraquien au cas par cas;

6.    Souligne que l’Équipe devrait être impartiale, indépendante et crédible et agir conformément à son mandat, à la Charte des Nations Unies et aux meilleures pratiques des Nations Unies, ainsi que dans le respect du droit international applicable, notamment le droit international des droits de l’homme;

7.    Demande, une fois qu’il aura approuvé un mandat dont le Gouvernement iraquien jugera les termes acceptables, que le Secrétaire général prenne sans tarder les mesures et dispositions nécessaires à la constitution rapide de l’Équipe et à son bon fonctionnement, conformément à son mandat, et lui notifie lorsque l’Équipe commencera ses travaux;

8.    Souligne que l’Équipe devrait veiller à ce que ceux de ses membres qui sont iraquiens tirent parti de l’expertise internationale en son sein et n’épargner aucun effort pour échanger des connaissances avec l’Iraq et lui prêter une assistance technique;

9.    Engage les États Membres et les organisations régionales et intergouvernementales à apporter au Gouvernement iraquien l’assistance juridique voulue et à lui donner les moyens de renforcer ses tribunaux et son système judiciaire;

10.   Invite tous les autres États à coopérer avec l’Équipe, notamment en concluant avec elle des accords d’entraide judiciaire, s’il y a lieu, et en particulier à lui communiquer toute information pertinente, le cas échéant, dont ils pourraient disposer et qui intéresserait son mandat découlant de la présente résolution;

11.   Souligne que tout autre État Membre sur le territoire duquel l’EIIL (Daech) aurait commis des actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes de génocide, peut demander à l’Équipe de recueillir des éléments de preuve sur ces actes, mais seulement avec l’approbation du Conseil, qui pourra prier le Secrétaire général de présenter un mandat distinct concernant le fonctionnement de l’Équipe dans l’État en question;

12.   Prie l’Équipe de coopérer, s’il y a lieu, et conformément aux fonctions d’enquête qu’elle assumera en vertu du paragraphe 2, avec l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions créée par les résolutions 1526 (2004) et 2368 (2017) et avec les autres organes de surveillance, et de collaborer avec d’autres organes des Nations Unies dans le cadre de leurs mandats respectifs;

13.   Prie le Secrétaire général de créer, en complément des financements versés au titre des dépenses de l’Organisation, un fonds d’affectation spéciale destiné à recevoir les contributions volontaires aux fins de l’application de la présente résolution;

14.   Invite les États et les organisations régionales et intergouvernementales à verser des fonds et fournir du matériel et des services à l’Équipe, notamment les services d’experts, à l’appui de l’application de la présente résolution;

15.   Prie le Conseiller spécial d’achever le premier rapport sur les activités de l’Équipe dans les 90 jours suivant la date à laquelle elle commencera ses activités, comme notifié par le Secrétaire général, et d’établir par la suite des rapports tous les 180 jours, et prie le Conseiller spécial de lui présenter ces rapports;

16.   Décide d’examiner le mandat du Conseiller spécial et de son Équipe après une période de deux ans, et d’étudier la possibilité de le reconduire à la demande du Gouvernement iraquien ou de tout autre gouvernement qui prierait l’Équipe de recueillir des éléments de preuve concernant des actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou des crimes de génocide commis par l’EIIL (Daech) sur son territoire;

17.   Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations

M. ALISTAIR BURT, Ministre d’État pour le Moyen-Orient du Royaume-Uni, a affirmé que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité était un pas important en faveur de la responsabilité des crimes de Daech en Iraq.  Ce texte signifie que la communauté internationale est unie pour atteindre cet objectif, a-t-il dit. 

Le Ministre a ajouté que son pays allait contribuer à hauteur d’un million de livres sterling pour financer l’Équipe d’enquêteurs et a invité les États Membres à en faire de même.  Il a espéré que les preuves recueillies par l’Équipe permettront de déterminer le sort des victimes de Daech et de trouver les dépouilles de certaines d’entre elles. 

L’ONU doit faire tout son possible pour appuyer les efforts du Gouvernement iraquien afin que Daech rende des comptes pour ses crimes, a affirmé M. Burt.  Il a affirmé que la défaite de Daech ne signifiait pas que la paix et la stabilité reviendront en Iraq, avant de souligner la nécessité de mettre fin aux tensions sectaires dans ce pays. 

En conclusion, il a affirmé que la responsabilité des crimes de Daech en Iraq prendra du temps et a donc plaidé la patience.  M. Burt a espéré que cette résolution apportera la consolation de la justice à ceux qui ont trop souffert des actions de Daech. 

Se félicitant de l’adoption de cette résolution, M. ANGELINO ALFANO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a déclaré qu’il s’agissait d’une étape importante pour contraindre Daech à répondre des crimes « épouvantables » que cette organisation terroriste a commis dans l’ancienne Mésopotamie. 

Mais faire en sorte que Daech puisse répondre de ses crimes signifie aussi de respecter l’état de droit et de renoncer à la vengeance, qui n’aidera pas « notre cause commune, qui est de préserver les libertés fondamentales ». 

Le chef de la diplomatie italienne s’est également placé du côté des victimes, « qui ont tant souffert ».  Son pays, a-t-il assuré, fera tout son possible pour appuyer l’Équipe d’enquêteurs et son Conseiller spécial, en s’appuyant sur son expertise juridique considérable. 

Aujourd’hui, a observé M. Alfano, la communauté internationale entre dans une nouvelle phase de coopération avec l’Iraq, dont le Gouvernement est en train de remporter la guerre sur le plan militaire. 

Mais cette victoire n’aura de bon sens que si elle s’accompagne d’une lutte contre l’impunité et du respect des droits de l’homme et de l’état de droit, a-t-il ajouté en conclusion.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a salué l’adoption de la résolution, coparrainée par son pays, qui est une première étape vers la responsabilité de Daech pour les crimes qu’il a commis en Iraq. 

Elle a apprécié le rôle de défenseur au niveau mondial joué par le Conseiller spécial créé par ce texte et la possibilité pour les États Membres de demander l’assistance de l’Équipe d’enquêteurs avec l’accord du Conseil de sécurité.

Cette résolution est un exemple de la façon dont le Conseil de sécurité peut agir en vue d’appuyer la responsabilité pour les crimes commis, a-t-elle ajouté, rappelant que cela avait été difficile jusqu’à présent, notamment dans le dossier syrien.

Pour la Ministre, cette résolution constitue une victoire pour les femmes qui ont survécu aux crimes de Daech et qui les ont courageusement dénoncés pour que justice soit faite.  Elle a souhaité que l’Équipe d’enquêteurs soit dotée des ressources nécessaires pour recueillir les preuves des crimes commis contre les femmes et les enfants, notamment la violence sexiste et sexuelle. 

Mme Wallström a rappelé que la Suède avait été un des premiers pays à poursuivre en justice les auteurs présumés des crimes de guerre commis en Iraq et en Syrie.

Enfin, la Ministre a exhorté les autorités iraquiennes à mettre en place une législation nationale pour garantir que les auteurs des crimes internationaux soient jugés en Iraq. 

Rappelant que la Suède est fermement opposée à la peine de mort, elle a espéré que l’Équipe d’enquêteurs ne contribuerait pas à des procès pouvant aboutir à la peine capitale.  « Nous soutenons les travaux des Nations Unies au soutien des efforts des autorités iraquiennes pour réformer le secteur de la justice, renforcer l’état de droit et respecter les droits de l’homme », a-t-elle ajouté.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a indiqué que la libération de Mossoul avait été accueillie avec soulagement, mais aussi tristesse eu égard aux pertes en vies humaines considérables.  Il a salué l’adoption à l’unanimité de la résolution et a souhaité que Daech rende aussi des comptes pour les destructions de patrimoine que ce groupe terroriste a commises. 

Le Kazakhstan nourrit des attentes élevées à l’égard de l’Équipe d’enquêteurs, a–t-il dit, avant d’appeler tous les États Membres à soutenir l’Équipe.  Il a demandé la fourniture d’une aide économique pour l’Iraq et appelé de ses vœux une stratégie globale contre le terrorisme international. 

Pour son pays, il est essentiel d’empêcher que le terrorisme ne se propage en Asie centrale, a conclu le Ministre des affaires étrangères. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé que, si les vies perdues ne pouvaient être remplacées, la lutte contre l’impunité peut rendre justice aux victimes et à leurs proches, et cicatriser les blessures, une entreprise à laquelle peut concourir, selon elle, cette « résolution phare ». 

La représentante a attiré l’attention sur les crimes commis à l’encontre de la communauté yézidie, en particulier les femmes et les filles, cibles privilégiées de la « barbarie » de Daech en Iraq. 

Plus largement, Mme Haley s’est prononcée en faveur d’une justice pour toutes les victimes du terrorisme à travers le monde, afin qu’aucun auteur de crimes similaires ne puisse se placer au-dessus des lois. 

M. GENNADIY MIKHAILOVICH GATILOV, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a salué les victoires remportées par le Gouvernement iraquien contre Daech.  La menace posée par Daech doit être éradiquée partout dans le monde et nous devons présenter un front uni en vue d’atteindre cet objectif, a-t-il affirmé. 

Il a souligné la nécessité de coopérer avec les pays hôtes et de respecter leur souveraineté dans l’appui qui leur est fourni.  Ce sont les paramètres de l’intervention aérienne russe en Syrie, a-t-il affirmé.  « Il faut éviter tout deux poids, deux mesures dans l’application de la justice. »

S’il s’est félicité de la bonne coopération avec l’Iraq dans l’élaboration de ce texte, il a dénoncé la création par l’Assemblée générale d’une structure de collecte de preuves analogue pour la République arabe syrienne, sans que Damas ait été consultée. 

La création de cette structure s’est faite en violation de la Charte des Nations Unies, a-t-il estimé.  Le Ministre adjoint a demandé que le châtiment des terroristes soit proportionnel aux crimes qu’ils ont commis. 

La résolution votée ce jour s’inscrit dans le cadre du droit pénal, non pas dans celui du droit international humanitaire, a conclu M. Gatilov. 

M. JEAN-BAPTISTE LEMOYNE, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, s’est félicité de cette contribution concrète du Conseil de sécurité à la justice, estimant que cela devait être une première étape, un signal que la consolidation de l’état de droit en Iraq est engagée. 

Il a réitéré l’appui de son pays au Gouvernement iraquien pour lutter contre l’impunité, souhaitant à cet égard que l’Iraq se dote d’institutions judiciaires indépendantes et impartiales, présentant toutes les garanties procédurales et de droits de l’homme.

Rappelant l’attachement de la France au respect des droits de l’homme et son refus inconditionnel de la peine de mort, M. Lemoyne a jugé essentiel que les preuves collectées par la future Équipe d’enquêteurs des Nations Unies puissent être utilisées dans le cadre de procédures respectant ces exigences. 

Il a appelé cette équipe à se coordonner étroitement avec la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), les mécanismes de justice pénale internationale pertinents et les juridictions nationales compétentes.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a salué la résolution adoptée, qui apporte un soutien nécessaire à l’Iraq et met à la disposition de ce pays les mécanismes internationaux et régionaux de coopération judiciaire, tout en prévoyant une assistance technique pour enquêter sur les crimes terroristes et réunir les preuves avant que les auteurs ne puissent effacer celles-ci. 

Pour la mise en œuvre de ce texte, il a appelé l’Équipe d’enquêteurs à coopérer pleinement avec la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), les organisations gouvernementales internationales ou régionales et les organisations non gouvernementales qui peuvent aider à recueillir les preuves des crimes commis par Daech en Iraq. 

Le représentant a aussi encouragé le Gouvernement de l’Iraq à joindre ses efforts à ceux d’autres pays en partageant les preuves réunies par l’Équipe, « sans limites ni réserves », a-t-il précisé.  Ces preuves doivent être admissibles non seulement pas les tribunaux iraquiens mais aussi par d’autres États, ce qui obligera l’Équipe d’enquêteurs à travailler dans le respect des normes universellement reconnues en matière de collecte de preuves. 

Tous les responsables des crimes commis contre la population civile doivent être traduits en justice, sans condition, a-t-il exigé en appelant les autorités iraquiennes à respecter dûment les règles de procédure et les droits de l’homme.

M. WU HAITAO (Chine) a salué le Gouvernement iraquien pour ses avancées importantes en faveur de la réconciliation nationale, espérant que Bagdad sera en mesure d’étendre l’autorité de l’État à l’ensemble du pays. 

Le délégué a également souligné que le rôle de l’Équipe d’enquêteurs sera d’aider, dans le respect de sa souveraineté, l’Iraq à recueillir les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés par Daech dans le pays, et ce, afin de rendre justice aux victimes.  

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a affirmé que la lutte du peuple iraquien contre Daech méritait l’appui de la communauté internationale.  Cette lutte est menée au nom de tous, a-t-il assuré. 

Il a demandé que cette résolution s’applique dans le plein respect de la souveraineté de l’Iraq et a espéré que le travail de l’Équipe d’enquêteurs permettra de rendre justice au peuple iraquien. 

Il a condamné tous les actes terroristes et appelé les États Membres à lutter contre le terrorisme.  La réconciliation veut dire droit à la justice et à la réparation, a-t-il conclu.

M. GORGUI CISS (Sénégal) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2379 (2017), à l’appui de la responsabilité pour les crimes commis en Iraq, un texte qui ouvre en outre d’intéressantes perspectives de coopération avec les États Membres. 

Il a remercié la délégation du Royaume-Uni pour la manière dont elle a mené le processus de négociation, qui a permis d’aboutir à ce « résultat porteur d’espérances pour les victimes ».

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a déclaré que le fait de recueillir et conserver des preuves est essentiel si l’on veut que Daech rende compte de ses crimes commis en Iraq.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) s’est félicité de l’adoption de cette résolution, dans la mesure où ce texte constitue une contribution importante à la lutte contre l’impunité.  Le respect des droits de l’homme et la justice sont deux concepts intrinsèquement liés, a-t-il rappelé. 

Selon lui, la demande d’assistance internationale de l’Iraq pour recueillir et conserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés par Daech en Iraq mérite l’attention et l’appui du Conseil de sécurité et de l’ONU. 

M. Rosselli a ajouté qu’un soutien similaire devra être accordé au moment où les auteurs des crimes en Iraq répondront de leurs actes, « car ce moment viendra ».

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK (Égypte) a dit que les crimes commis par Daech étaient, par leur gravité, sans précédent.  Tous ceux ayant participé aux crimes commis par Daech doivent être punis, a-t-il affirmé.  Il a demandé que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité s’applique dans le respect de la souveraineté de l’Iraq et de l’indépendance de son système judiciaire. 

L’Iraq doit donner son accord à l’entame de chaque enquête, a-t-il assuré.  Le délégué a affirmé que l’Égypte attachait la plus grande importance à la lutte contre le terrorisme en Iraq.  Cette résolution envoie un signal clair aux terroristes et témoigne de la détermination de la communauté internationale, a déclaré le représentant. 

Enfin, il a invité le Conseil de sécurité à faire un suivi rigoureux de l’application de cette résolution.  L’Égypte demeurera en première ligne dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il conclu. 

M. WORKINEH GEBEYEHU NEGEWO, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a estimé que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité est une réponse appropriée à la demande d’assistance formulée par l’Iraq en vue de lutter contre l’impunité pour les crimes commis par Daech dans ce pays. 

S’il ne fait aucun doute que cette organisation terroriste continue de représenter une menace pour la paix et la sécurité internationales, il faut réunir dès à présent les informations concernant les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes de génocide commis par Daech. 

À cette fin, la collecte d’éléments de preuve sera de nature à renforcer la lutte contre l’impunité, a relevé le délégué.  Compte tenu de la gravité des crimes commis, l’Iraq aura besoin d’un appui technique et d’un renforcement de ses capacités, a-t-il estimé, se félicitant des dispositions de la résolution qui encourage les États à fournir une assistance juridictionnelle. 

M. IBRAHIM ABDULKARIM AL-JAFARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a indiqué que cette résolution « historique » du Conseil de sécurité avait été élaborée sur la base d’une coopération efficace entre l’Iraq et le Royaume-Uni. 

Ce texte établit un cadre clair, qui respecte la souveraineté de l’Iraq et l’indépendance de son système judiciaire, s’est-il réjoui.  M. Al-Jafari a remercié la communauté internationale pour avoir accédé, avec cette résolution, à la demande formulée par l’Iraq il y a un an. 

Cette résolution est une victoire pour l’humanité et envoie un signal clair aux parties qui financent Daech, a affirmé le Ministre.  Il a rappelé que le mandat de l’Équipe d’enquêteurs devait être accepté par son pays.  « Nous allons faire de notre mieux pour faciliter les activités de l’Équipe d’enquêteurs, dans le respect de son mandat », a poursuivi le Ministre. 

Enfin, M. Al-Jafari a déclaré que la victoire en Iraq était le fruit de l’unité de tous les Iraquiens. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Traité « historique » sur l’interdiction des armes nucléaires ouvert à la signature au Siège de l’ONU à New York

Cérémonie de signature du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires -
Matin
CD/3737-L/T/4461

Le Traité « historique » sur l’interdiction des armes nucléaires ouvert à la signature au Siège de l’ONU à New York

Plus de 70 ans après Hiroshima et Nagasaki, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a, dans un tonnerre d’applaudissements, ouvert, ce matin, à la signature le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, un accord « historique » et un « pas important » vers un monde exempt d’armes nucléaires.  Les représentants de 44 États ont apposé leur signature sur cet instrument juridiquement contraignant, dont l’objectif est de rendre illégales les dernières armes de destruction massive à ne pas faire l’objet d’une interdiction.

« C’est pour moi un honneur d’être présent à la cérémonie de signature de ce traité historique – le premier traité multilatéral sur le désarmement en plus de deux décennies », s’est réjoui le dépositaire du Traité, M. António Guterres, à l’entame de la manifestation, à laquelle les puissances nucléaires n’ont pas pris part.  « Ce Traité est un pas important vers l’objectif universellement partagé d’un monde exempt d’armes nucléaires. »

Durant cette cérémonie de signature, organisée en marge du débat général annuel de l’Assemblée générale, au Siège de l’ONU à New York, les chefs d’État et de gouvernement, ainsi que les représentants de 44 pays se sont succédé au podium de la salle du Conseil de tutelle, orné pour l’occasion d’une gerbe de lys blancs.

« La société civile a joué un rôle vital pour faire de ce Traité une réalité », a souligné à la suite de M. Guterres, le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, en référence notamment à l’apport significatif des survivants d’Hiroshima et de Nagasaki – les « Hibakusha », dont le Traité reconnaît les souffrances. 

Entamées le 15 juin dernier dans le cadre d’une conférence, les négociations avaient été couronnées, le 7 juillet 2017, par l’adoption du Traité par 122 voix pour, l’opposition des Pays-Bas et l’abstention de Singapour, après trois semaines de discussions ardues que les puissances nucléaires ont boudées.  Les Pays-Bas arguent de la contradiction du Traité avec leurs obligations de membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), regrettant aussi que le nouveau Traité veuille supplanter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) plutôt que de le compléter.  Singapour refuse d’adhérer à un traité qui ne tient pas compte de ses amendements aux articles relatifs à la coopération et à l’assistance, et aux relations du Traité avec les autres accords. 

« Les armes nucléaires sont désormais interdites, non seulement leur emploi, mais également la menace de leur emploi », s’est félicité le Président du Costa Rica, M. Luis Guillermo Solís, compatriote de la Présidente des négociations, Mme Elayne Whyte Gómez. 

Le Président costaricien a toutefois regretté que les membres permanents du Conseil de sécurité se soient dissociés du processus.  « L’idée que la sécurité émane de la menace de l’emploi de ces armes est fausse », a-t-il insisté.

Le Secrétaire général de l’ONU n’a pas caché que beaucoup reste à faire pour parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires.  « Il existe encore à ce jour 15 000 armes nucléaires », a-t-il rappelé, avant de conclure: « Nous ne pouvons pas laisser ces armes apocalyptiques mettre en danger notre monde et l’avenir de nos enfants ».

Le Traité entrera en vigueur 90 jours après le dépôt du cinquantième instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’accession.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: catastrophes naturelles, dossier nucléaire iranien, crise nord-coréenne et terrorisme suscitent des interventions vigoureuses

Soixante-douzième session,
7e à 10e séances plénières, matin, après-midi & soir
AG/11949

Assemblée générale: catastrophes naturelles, dossier nucléaire iranien, crise nord-coréenne et terrorisme suscitent des interventions vigoureuses

Au deuxième jour du débat général annuel de l’Assemblée générale, une trentaine de chefs d’État et de gouvernement ont défendu leur vision du monde, dans le contexte des crises liées au climat, au nucléaire et au terrorisme international.  

La succession récente de catastrophes naturelles, comme les ouragans Harvey, Irma, José et Maria, en Amérique du Nord et dans les Caraïbes, et le tremblement de terre meurtrier qui a secoué le Mexique hier, pour la deuxième fois en 13 jours, ont conduit les délégations à mettre l’accent sur le défi des changements climatiques.  Le Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, a ouvert la séance en présentant ses condoléances au peuple et au Gouvernement mexicains.

Pour le Président du Panama, M. Juan Carlos Varela Rodríguez, les catastrophes naturelles sont un message clair: les États doivent s’aider les uns les autres et non pas s’affronter.  Les changements climatiques, a lancé à son tour le Président du Guyana, M. David Arthur Granger, ne sont ni une fiction ni l’invention d’une poignée d’extrémistes. « Nous devons prendre soin de notre maison commune, afin d’assurer la survie de notre planète », a renchéri le Président de l’Équateur, M. Lenin Moreno Garces, avant de préciser que ce sont les pays en développement qui payent le prix le plus fort.

Alors que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, adopté le 7 juillet dernier, s’ouvrait à la signature, le Président de l’Iran profitait du débat général pour répondre aux propos prononcés hier par son homologue américain.

L’Iran ne sera pas le premier à violer le Plan d’action global commun de 2015 sur son programme nucléaire, a affirmé M. Hassan Rouhani.  Mais, a-t-il prévenu, mon pays réagira avec détermination à sa violation par l’une ou l’autre partie.  Entériné par la résolution 2231 du Conseil de sécurité, cet accord « appartient à la communauté internationale dans son ensemble et pas seulement à un ou deux pays », a-t-il fait valoir.  Il serait regrettable, a-t-il poursuivi, qu’il vienne à être détruit par des « nouveaux venus sans scrupules » dans la politique car le monde perdrait une chance unique. 

En violant ses engagements internationaux, a fustigé le Président iranien, la nouvelle Administration américaine ne fait que détruire sa propre crédibilité et saper la confiance des autres qui auront du mal à négocier avec elle et à croire en ses paroles et en ses promesses.  Hier à l’Assemblée, le Président américain, M. Donald Trump, avait dénoncé l’accord comme l’« une des pires et des plus partiales transactions que les États-Unis aient jamais signées ».

À l’instar de nombreux dirigeants, le Président du Conseil des ministres de l’Italie, M. Paolo Gentiloni, a engagé la communauté internationale à veiller à ce que l’accord sur le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien demeure une « success story ».

La montée des tensions après les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée ont aussi été l’occasion pour plusieurs pays de rappeler l’importance du régime international de non-prolifération.  Pour le Premier Ministre du Japon, M. Shinzo Abe, la Corée du Nord n’a jamais eu l’intention de renoncer à son arsenal nucléaire.  Elle participait aux pourparlers à six pour gagner du temps.  Avec quel espoir de succès, devrions-nous aujourd’hui risquer un troisième échec? s’est-il alors impatienté.  Ce qu’il faut pour obtenir que la Corée du Nord renonce à tous ses programmes nucléaire et balistique de manière complète, vérifiable et irréversible, ce n’est pas un dialogue mais des pressions.  

Le Japon, a promis M. Abe, fera face à la menace nucléaire et balistique de la Corée du Nord, dans le cadre de son alliance avec les États-Unis et « dans l’unité ».  « Toutes les options sont sur la table », a-t-il dit, en paraphrasant le Président américain et en se félicitant une nouvelle fois de la dernière résolution du Conseil de sécurité qui « clarifie » l’intention de tous d’intensifier les pressions sur la Corée du Nord pour la forcer à changer fondamentalement sa politique. 

Mme Theresa May, Premier Ministre du Royaume-Uni, frappé à cinq reprises par le terrorisme cette année, a demandé au Secrétaire général de faire de la question de l’emploi d’Internet par les terroristes le thème central de l’Assemblée générale l’année prochaine pour « frapper un grand coup » car en dépit de tous ses efforts, la communauté internationale n’a pas encore trouvé le moyen d’affronter cet « enjeu majeur ».  Nous ne permettrons à personne de détruire notre mode de vie, a-t-elle prévenu, en déplorant les centaines de milliers d’innocents tués par le terrorisme, « une tragédie mondiale ».

Le Président du Conseil de l’Union européenne, M. Donal Tusk, a souhaité que l’Europe travaille de concert avec les pays africains.  Pour M. Alassane Ouattara, Président de la Côte d’Ivoire, qui accueillera en novembre prochain le Sommet Afrique-Europe, il est impératif de faire en sorte que « l’Afrique ne soit plus le ventre mou de la lutte antiterroriste mondiale ».  Il a demandé aux grandes puissances d’intensifier leur engagement en Afrique et de soutenir davantage le continent dans ce domaine, notamment le G5 Sahel.

La non-résolution du conflit israélo-palestinien a continué d’interpeller les dirigeants.  Que reste-t-il aujourd’hui de l’espoir suscité il y a 24 ans par les Accords d’Oslo entre Palestiniens et Israéliens, a demandé le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas.  Il a promis que les Palestiniens allaient donner toutes les chances possibles aux efforts entrepris par le Président américain, le Quatuor et la communauté internationale pour arriver à la solution des deux États.  Mais, si jamais cette solution est détruite du fait de la réalité de l’existence d’un seul État et d’une politique d’apartheid, alors ni la communauté internationale ni les Palestiniens n’auraient d’autre choix que de continuer la lutte, a-t-il averti.

Le Vice-Président du Myanmar, M. Henry Van Thio, est revenu sur les propos prononcés hier par la Conseillère d’État, Daw Aung Suu Kyi, sur l’État rakhine, « une situation complexe » où les dernières attaques des terroristes d’ARSA ont été à l’origine d’une nouvelle vague de violence.  Le Vice-Président a annoncé la mise sur pied d’un comité chargé de mettre en application les recommandations de la Commission Kofi Annan, lequel comité est tenu de publier tous les quatre mois un rapport d’étape.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 21 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a salué d’emblée la volonté de réforme du Secrétaire général ainsi que l’accent que ce dernier place sur la prévention des conflits, la Finlande étant un fervent défenseur de la médiation pour régler les crises.  Donner une voix aux personnes et groupes marginalisés, comme les femmes et les enfants qui sont ceux qui paient le prix fort des conflits, est une autre priorité pour la Finlande qui a d’ailleurs contribué à la mise en place d’un réseau nordique de médiatrices dont l’objectif est de pérenniser la paix par une participation inclusive et réelle des femmes à toutes les étapes des processus de paix.

Ayant participé aux opérations de maintien de la paix depuis 1955 et significativement augmenté sa contribution depuis 2015, la Finlande soutient les efforts de réforme engagés par le Secrétaire général dans ce domaine, a précisé son Président qui a défendu la politique de tolérance zéro car il est inacceptable qu’un quelconque membre du personnel de l’ONU soit associé à la violence sexuelle ou à d’autres formes de mauvaise conduite. 

« Dans les guerres, il n’y a pas de vainqueurs et pourtant elles se poursuivent », a constaté le Président Niinistö qui a rappelé le chiffre actuel de 68 millions de réfugiés dans le monde, d’où son constat d’échec: « la communauté internationale n’a pas réussi à maintenir la paix.  À ce titre, il a abordé la situation tendue avec la Corée du Nord et a soutenu, d’une part, les sanctions et, d’autre part, un processus de négociation auquel le Gouvernement nord-coréen devrait, selon lui, participer sans conditions préalables.  Pour ce qui est du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a demandé à tous les États nucléaires de prendre rapidement des mesures concrètes de désarmement et de participer à toutes les négociations. 

Abordant également la question de la lutte contre le terrorisme et de l’extrémisme violent, qui est une priorité pour tous, le Président a salué la mise en place du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies.  Une autre priorité majeure est la sécurité en matière de santé, a-t-il poursuivi, en appelant à une collaboration multipartite pour pouvoir faire face aux prochaines pandémies et doter les pays des capacités requises.

Face à l’augmentation constante de la population mondiale, la Finlande, a-t-il dit, redoute les effets négatifs qui y sont souvent associés, notamment une urbanisation rapide qui, mal gérée, peut engendrer la radicalisation et le désespoir.  L’antidote requiert des opportunités économiques, le respect des droits de l’homme et l’accès à l’éducation et aux services de base.

« La mise en œuvre rapide de l’Accord de Paris est urgente », a souligné le Président, dont le pays préside actuellement le Conseil de l’Arctique.  Il s’est alarmé du fait que « nous ne sommes pas sur la bonne voie ».  Il faut redoubler d’efforts pour limiter l’augmentation de la température mondiale et les émissions de gaz à effet de serre.  « L’Arctique est au premier rang des changements climatiques puisqu’il se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde » et « si nous perdons l’Arctique, nous perdons le monde », a averti le Président qui a lancé un appel à des mesures déterminées pour réduire les émissions d’autant plus que les solutions technologiques sont là.

M. ALMAZBEK ATAMBAEV, Président du Kirghizistan, a évoqué les idéaux nationaux qui ont poussé le peuple kirghize à avancer sur le chemin de l’histoire depuis 1 000 ans.  Le pays, qui a obtenu sa souveraineté en 1991, s’est lancé sur la voie du développement durable, enregistrant un PIB à croissance stable, ces dernières années.

De grands projets d’infrastructures ont été mis en œuvre, sortant le pays de l’impasse pour devenir un pays en transition.  La pauvreté extrême a été réduite et le Gouvernement lutte systématiquement contre la corruption.  « Aujourd’hui, il n’y a plus de cercles de privilégiés et d’intouchables », s’est félicité le Président, avant d’annoncer que son pays a élaboré des objectifs stratégiques d’ici à 2040.  Il s’agit d’assurer à tous les citoyens un travail digne, des conditions de vie favorables, la sécurité, la prospérité, aidés par une société civile ouverte.

Le Kirghizistan accorde aussi une attention particulière à l’intégration régionale. « Le pays est devenu le premier et le seul de l’espace de l’ex-Union soviétique à mettre en place une démocratie parlementaire; c’est l’un des États les plus libres et les plus stables du continent eurasiatique », a déclaré M. Atambaev.  Les campagnes électorales y sont ouvertes et reconnues par tous les groupes politiques, a-t-il assuré, avant de rappeler que l’élection présidentielle aura lieu le 15 octobre prochain.

Le Président s’est enorgueilli de l’héritage culturel de la route de la soie.  Il a toutefois souligné que l’impact des changements climatiques représente une véritable menace pour tous les écosystèmes montagneux avec les coulées de boues, les glissements de terrain, les avalanches et les crues.  S’inquiétant de la fonte des glaciers, il a averti que d’ici à 2025 les glaciers du Kirghizistan pourraient diminuer de 30 à 40%, voire disparaitre à terme.  De même, la population des léopards des neiges a été divisée par 2, ce qui a conduit le pays à convoquer un forum mondial pour renforcer la protection de cette espèce.

« Dans un monde chaotique, nous devrions nous souvenir de ce qui nous unit plutôt que d’être divisés par des idées politiques », a affirmé le Chef d’État.  C’est dans cet esprit qu’il a lancé il y a deux ans « les jeux mondiaux nomades », reconnus par l’Assemblée générale comme une contribution au dialogue interculturel.  Il a en outre entrepris à travers diverses initiatives de faciliter les échanges entre les peuples de langue altaïque.  De plus, le pays organisera, à Bichkek, à la fin du mois de septembre, une réunion intitulée « L’islam dans un État laïc contemporain ». 

M. Atambaev a plaidé pour des mécanismes de gestion des ressources hydrauliques et énergétiques par le biais d’un dialogue ouvert et constructif.  Il a jugé « inadmissible que les organisations internationales et régionales exercent des pressions sur les pays d’Asie centrale » à ce sujet.  Préoccupé par les sites d’enfouissement des déchets d’uranium et de pollution radiologique en Asie centrale, il a également estimé qu’il faudra adopter une nouvelle résolution tenant compte des résultats déjà engrangés.

La communauté internationale ne doit ménager aucun effort pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a ajouté le Président.  Il a condamné toutes les violences contre des minorités ethniques du Myanmar et exhorté tous les pays à rester attachés à la non-prolifération des armes de destruction massive.  En conclusion, il s’est prononcé en faveur de l’adoption rapide de « mesures pour améliorer le Conseil de sécurité afin que les intérêts de la majorité des États soient pris en compte ».

M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de l’Azerbaïdjan, a dénoncé l’occupation arménienne de plus de 25% de son pays, depuis plus de 25 ans.  Il a accusé l’Arménie d’y mener depuis une véritable « politique de nettoyage ethnique » et d’avoir commis un génocide contre la population azerbaïdjanaise, accusant même son Président actuel d’être l’un des criminels responsables de ces actes.  Il s’est indigné de l’impunité dont bénéficie l’Arménie en dépit du fait que des organismes comme l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Mouvement des non-alignés et le Conseil de l’Europe aient adopté des décisions exigeant le retrait de l’Arménie de ces territoires, sans oublier les résolutions adoptées en 24 ans par le Conseil de sécurité et qui n’ont jamais été mises en œuvre.  Pour le Président, il s’agit là d’une approche de deux poids, deux mesures.  Il a donc exigé des sanctions à l’encontre de l’Arménie à laquelle il a également reproché de « tout faire pour bloquer les négociations ». 

« Comment ce Gouvernement corrompu dirigé par un régime despote et médiéval peut se permettre d’enfreindre ainsi le droit international? », s’est emporté le Président qui, compte tenu de l’évolution récente de la situation dont les provocations militaires de l’Arménie, a réaffirmé le devoir de son gouvernement de défendre ses citoyens et de libérer ses territoires.  Il a exigé de la communauté internationale qu’elle mette fin à cette terreur et à « ce fascisme arménien », conformément au droit international et aux résolutions pertinentes. 

Le Président a ensuite passé en revue les progrès significatifs enregistrés par son pays en dépit de ce conflit, notamment son développement rapide et la consolidation d’une démocratie stable respectueuse des libertés fondamentales et fondée sur le multiculturalisme en tant que politique d’État, « contrairement à l’Arménie qui est un bloc monoethnique ».  La diversité culturelle et religieuse constitue un grand atout pour le pays qui est à l’origine du processus de Bakou dont le but est de renforcer le dialogue entre le monde musulman et l’Europe.  Depuis 2004, le pays a vu sa croissance économique multipliée par 3 et son niveau de pauvreté baisser pour se situer actuellement autour de 5%.  L’Azerbaïdjan a également misé sur le développement de son industrie spatiale, la lutte contre la corruption et les investissements dans les secteurs de l’éducation et de la santé. L’Azerbaïdjan a aussi modernisé les infrastructures liées à l’exploitation du pétrole.  Tous ces efforts se sont traduits par une augmentation considérable des salaires et des pensions, a affirmé le Président, en saluant le succès de l’indépendance du pays.

M. DAVID ARTHUR GRANGER, Président du Guyana, s’est réjoui que le thème du débat général soit cette année centré sur l’être humain, à l’heure où le monde fait face à de nombreuses crises humanitaires graves.  Il a prévenu que la réalisation des objectifs de développement durable est obstruée par les violations des droits de l’homme, les migrations involontaires, les guerres et le terrorisme.  Le Président a souligné qu’une planète viable est « le patrimoine ultime de l’humanité ».  Les changements climatiques, a-t-il souligné, ne sont ni une fiction ni l’invention d’une poignée d’extrémistes.  Les petits États insulaires des Caraïbes et une partie de l’Amérique du Nord ont ressenti la furie dévastatrice d’une série d’ouragans dont la fréquence et la férocité ont été alimentées par une exploitation irréfléchie des ressources de la terre.  Le Guyana, qui dans les limites de ses ressources, aide les populations affectées des Caraïbes, renouvelle son engagement en faveur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a dit le Président, qui a appelé les Nations Unies à contribuer à la protection et à la préservation du « Bouclier guyanais », un des derniers blocs mondiaux de forêt vierge et la source de 15% des réserves mondiales d’eau douce. 

Sur le chapitre de la paix, M. Granger est revenu sur le danger auquel sont exposées les frontières de son pays, compte tenu des revendications territoriales du Venezuela.  Le Guyana, a assuré le Président, veut que les Caraïbes soient « une zone de paix » mais cette zone est menacée aujourd’hui par le Venezuela.  Ce dernier, a-t-il rappelé, qui est quatre fois plus grand que le Guyana, continue de revendiquer deux tiers du territoire guyanais, y compris son espace maritime, et ce, après 51 ans d’indépendance.  Le Président a lancé au monde « une mise en garde »: la paix sera en jeu dans notre région, si la justice ne prend pas le dessus, non seulement au Venezuela mais aussi pour ce qui est du différend frontalier.  Le choix est simple: une solution juste et pacifique, conforme au droit international ou la guerre d’usure du Venezuela qui multiplie les fanfaronnades.  « Le statu quo est l’ennemi du règlement et l’allié du conflit », a prévenu le Président.  Il s’est donc réjoui que l’ancien Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, et son successeur, M. António Guterres, aient décidé qu’en vertu de l’Accord de Genève de 1966, si à la fin de cette année, aucun progrès significatif n’est fait dans le règlement de ce différend, la Cour internationale de Justice (CIJ) serait la prochaine étape, à moins que le Guyana et le Venezuela n’en décident autrement d’un commun accord.

M. DRAGAN COVIĆ, Président de la Présidence de la Bosnie-Herzégovine, préoccupé par les souffrances du peuple syrien, a appelé à une solution pacifique et politique à travers des négociations, sous l’égide des Nations Unies.  De même, il a estimé que les deux parties du conflit israélo-palestinien devaient respecter leurs obligations, le but étant la création de deux États.  Le terrorisme, a-t-il poursuivi, représente « le plus grand mal de notre temps » et la Bosnie-Herzégovine continuera de contribuer à la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU et de lutter contre Daech.

La réalisation des objectifs de développement durable requiert davantage que la volonté politique, a poursuivi le Président, en rappelant que de nombreux États Membres de l’ONU ont besoin d’une assistance pour formuler des stratégies et des politiques, de transfert de technologies et de ressources financières.  Pour sa part, la Bosnie-Herzégovine a pleinement compris l’interdépendance entre les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable, a-t-il assuré.  Le pays a ainsi ratifié l’Accord de Paris sur les changements climatiques et met également l’accent sur la parité des sexes et la réduction du chômage des jeunes. 

La diplomatie préventive peut contribuer à faire taire les armes, a affirmé M. Cović.  Il s’est félicité de la participation de son pays aux missions de maintien de la paix de l’ONU au Soudan du Sud, à Chypre, en Afghanistan, en République démocratique du Congo (RDC) et au Mali.  « La Bosnie-Herzégovine a tiré les leçons de son passé difficile », a-t-il expliqué.  Elle a choisi la voie de l’Europe et de la coopération au lieu de la confrontation, et son engagement au sein des organisations régionales fait partie des priorités de sa politique étrangère.  « La Bosnie-Herzégovine fait tout ce qui est son pouvoir pour accélérer ses progrès, dans le cadre de la famille européenne dont elle partage les valeurs », a insisté le Président.  Il a espéré que le pays aura le statut de candidat à l’Union européenne au début de l’année prochaine.  Le pays devant amender sa législation électorale d’ici à la fin de l’année, conformément aux décisions de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, il a dit compter sur l’appui de la communauté internationale.      

Pour M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, les dernières catastrophes naturelles comme les ouragans Irma, José, Harvey et Maria et les deux tremblements de terre au Mexique, sont un message clair: les États doivent s’aider les uns les autres et non pas s’affronter.  La paix, a-t-il argué, est une « construction humaine pour une coexistence dans le respect mutuel, la satisfaction des besoins élémentaires et la sauvegarde de notre planète commune ».  Pour y parvenir, il est essentiel de placer l’Homme au cœur de toutes les décisions et de toutes les politiques, une voie que le Panama poursuit depuis 39 mois.  Comme l’a souligné le pape François lors de sa visite en 2015, « la situation géographique du Panama au centre du continent américain en fait un point de rencontre entre le Nord et le Sud, entre le Pacifique et l’Atlantique et représente un appel à promouvoir un nouvel ordre mondial de paix, de justice et de solidarité, dans le respect de l’autonomie de chaque nation », a rappelé le Président qui tient à ce rôle de médiateur et de facilitateur de dialogue pour trouver des solutions communes aux problèmes de sa région. 

Après avoir salué la mise en œuvre de l’Accord de paix en Colombie, il a abordé le problème transfrontalier majeur auquel est confronté son continent à savoir l’augmentation de la production et du trafic de drogues.  Pour y faire face, il faut, selon lui, faire front commun. « Nous ne pouvons pas laisser le trafic de drogues nous voler une paix qui a été si difficile à trouver en Amérique centrale et en Colombie », a-t-il averti, exigeant une lutte commune avec des ressources suffisantes et demandant le soutien des pays producteurs et consommateurs.  Abordant aussi la crise au Venezuela, le Président a souhaité une feuille de route claire pour des élections libres et transparentes en 2018 et a estimé que ce serait une grande erreur que de vouloir imposer un modèle politique à parti unique. 

Il a condamné toutes les formes de terrorisme et a lancé un appel aux pays membres du Conseil de sécurité pour qu’ils trouvent des moyens concrets de parvenir à la paix en Syrie et en Iraq.  Il a aussi condamné les « dirigeants irresponsables » qui tentent de déstabiliser le monde, citant notamment la Corée du Nord.  Le Panama, a-t-il dit, soutient le processus de réforme préconisé par le Secrétaire général pour faire de l’ONU une organisation plus transparente et plus efficace.  Il a d’ailleurs défendu l’idée de créer un siège régional de l’ONU au Panama. 

Le Président a, en effet, fait état des derniers progrès enregistrés par son pays dont le moindre n’a pas été de récupérer des centaines de millions de dollars détournés et de rétablir l’honnêteté du Gouvernement.  Cela s’est accompagné d’une croissance économique soutenue qui profite à tous les Panaméens, comme en attestent l’augmentation des salaires et des pensions, les projets d’infrastructure et les investissements dans l’éducation, la santé, l’assainissement et les transports en commun. 

Le Président a également mis l’accent sur la transparence et la lutte contre la corruption dans la gestion des affaires publiques, au nom de l’intérêt général et du développement durable.  « Présider un gouvernement honnête qui répartit les richesses sur la base de la justice sociale et de l’équité est la voie à suivre pour la paix sociale, une vie digne et un monde juste où tous sont égaux », a affirmé le Président Varela Rodríguez, qui a insisté sur la responsabilité fiscale et la lutte contre l’évasion fiscale et la corruption dans la mesure où cela affecte directement les revenus publics et les capacités de l’État à servir le peuple et à œuvrer au développement durable pour tous.

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a avoué le sentiment partagé, malgré le travail qu’elle effectue, que l’ONU ne répond ni à nos besoins ni à nos attentes.  Le Président a donc salué les deux « importantes » initiatives que le Secrétaire général a défendues cette semaine, à savoir, la réforme de l’ONU et la lutte contre les abus et l’exploitation sexuels.  Ces mesures vont « au cœur de la question », a estimé le Président qui a pointé le doigt sur « le déficit de confiance et de redevabilité ».  Pour véritablement offrir « une vie décente à tous », a-t-il estimé, l’ONU doit traiter tous les peuples qu’elle sert « avec impartialité et respect » et gérer « en bon père de famille » les biens qui lui sont confiés.  Les abus et les gaspillages ne sont pas des problèmes de relations publiques mais bien « une menace existentielle » qu’il faut affronter, a insisté le Président.

Nous avons, a-t-il poursuivi, les outils et les mandats pour relever les défis de notre temps, qu’il s’agisse des changements climatiques, de la consolidation de la paix, de l’égalité entre les hommes ou du développement.  Là où le bât blesse, c’est quand il faut lancer l’action, a-t-il constaté.  Une réforme institutionnelle, ce n’est pas comme appliquer une couche de peinture.  L’essence d’une réforme, s’est expliqué le Président, c’est un état d’esprit où l’on s’efforce constamment d’améliorer les performances et les produits, en se sentant responsable des échecs et des résultats.  Le Président s’est réjoui que l’esprit de la réforme ait commencé à s’enraciner aux Nations Unies et à l’Union africaine, mettant les deux organisations dans la position de travailler ensemble.  Des deux côtés, a-t-il prôné, des mesures concrètes doivent être prises pour améliorer la qualité de la coordination et des consultations.  L’ONU et l’UA peuvent faire plus et faire mieux, a tranché le Président, avant d’insister sur le fait que son pays tient aussi aux objectifs de développement durable, à l’Agenda 2063 et à l’émancipation des femmes.  Une collaboration plus étroite contribuera à combler le fossé numérique grâce à un accès universel à l’Internet de haut débit, qui permet de connecter les populations à des réseaux de « connaissances et de prospérité ».

Le Canada, le Rwanda et d’autres parties prenantes, a encore expliqué le Président, travaillent à sensibiliser l’opinion publique à l’énorme impact qu’on peut avoir tout de suite en ratifiant et en mettant en œuvre l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal.  C’est, a-t-il insisté, l’action la plus importante qu’un pays puisse lancer pour s’attaquer directement aux changements climatiques et réaffirmer son engagement à l’Accord de Paris.  Il faut moins de 15 ratifications pour que l’Amendement de Kigali entre en vigueur en 2019, a rappelé le Président.

M. HORACIO MANUEL CARTES JARA, Président du Paraguay, a voulu que l’on persiste dans les efforts visant à trouver un équilibre raisonnable entre tous les pays.  La pauvreté, les inégalités, les changements climatiques, la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogues qui ronge les institutions démocratiques, ainsi que le terrorisme, doivent être abordés de manière collective.  Le Président a réaffirmé le ferme engagement de son pays en faveur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a encouragé les autres États, particulièrement les plus grands pollueurs, à préserver notre planète par tous les moyens possibles.

Rappelant que la fin de son mandat présidentiel interviendra en août 2018, M. Cartes Jara a souligné qu’il s’adressait pour la dernière fois devant l’Assemblée générale mais non sans avoir rappelé que son pays s’est doté d’une démocratie représentative, avec une réelle division des pouvoirs, un processus électoral au-dessus de tout soupçon et un État de droit valide.  Les politiques visant la réduction de la pauvreté, une croissance économique inclusive et l’intégration internationale du Paraguay ont permis de transformer une culture du clientélisme politique en un modèle de transparence et d’accès à l’information publique.

Le Président a aussi rappelé que son pays a été accepté à l’unanimité à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et qu’il est membre du Comité consultatif sur l’application des droits de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).  Pour le Président, ce sont là les preuves de l’implication grandissante de son pays sur la scène internationale.

Le Président a aussi insisté sur le MERCOSUR, l’intégration régionale présentant des avantages « inégalables ».  Il s’est enorgueilli de la signature, avec les Présidents du Congrès et de la Cour Suprême, d’une déclaration reconnaissant l’engagement de son pays en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Paraguay, a affirmé le Président, vit un processus de transformation inédit, lequel met fin à des pratiques telles que la corruption qui a si longtemps retardé le développement économique et social.  Ces dernières années, la croissance économique a enregistré une moyenne annuelle de 5,2%, soit une des plus élevées d’Amérique du Sud.  Le Chef de l’État a mentionné différentes réformes dans les secteurs de l’éducation, des infrastructures et de la réduction de la pauvreté.

Il a conclu en réaffirmant l’attachement de son pays à la paix et à la sécurité internationales et à la promotion et à la protection efficace des droits de l’homme avant de finir par un mot sur la situation au Venezuela.  Il a ainsi réitéré son message de solidarité envers le peuple vénézuélien, aux victimes de persécutions politiques et de violations des droits de l’homme du pays, en espérant que « ce peuple frère » puisse trouver bientôt une solution pacifique à la profonde crise qu’il vit.

Il y a quatre mois, a rappelé M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, 73% des électeurs iraniens se sont rendus aux urnes pour élire leur douzième président et ont, une fois de plus, exprimé leur confiance dans son programme qui appelle à la modération, au respect des droits de l’homme, à la prospérité et à un engagement constructif dans le monde.  Le vote a représenté, selon lui, « un investissement politique de grande envergure ».  La quête de justice et de valeurs islamiques sont les exigences du peuple iranien, notamment depuis la révolution de 1979, a précisé M. Rouhani, et la promulgation de la Charte des droits des citoyens, lors de son premier mandat, a été conforme à ces exigences.

Le Président a déclaré que « la modération est l’aspiration et la voie choisie par le peuple iranien ».  La modération, a-t-il élaboré, ne veut pas dire isolement ou hégémonie, intransigeance ou indifférence, c’est la voie de la paix, mais une paix juste et inclusive, pas la paix pour une nation et la guerre et les troubles pour les autres.  La modération, c’est la liberté et la démocratie.  Ce n’est pas la promotion des libertés là-bas et l’appui aux dictatures ici.  C’est « la synergie des idées et pas la danse du sabre ».  En Iran, a insisté M. Rouhani, nous nous efforçons de rétablir la paix et de promouvoir les droits de l’homme et des peuples.  Nous condamnons la tyrannie et défendons-les sans voix.  « Nous ne menaçons personne et nous ne tolérons aucune menace », a-t-il lancé, ajoutant « nous sommes insensibles aux menaces et aux intimidations.  Nous croyons au dialogue et à la négociation sur un pied d’égalité et dans le respect mutuel ».

Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, il n’est pas possible qu’un régime raciste et félon foule aux pieds les droits fondamentaux des Palestiniens, et que les usurpateurs de cette terre vivent dans la sécurité, s’est indigné le Président.  Il est tout simplement impossible, s’est-il expliqué, d’aspirer à une stabilité à long terme, à la prospérité et au développement quand des Musulmans au Yémen, en Syrie, en Iraq, à Bahreïn, en Afghanistan, au Myanmar et ailleurs croupissent dans la misère, les guerres et la pauvreté.

Aujourd’hui, l’Iran qui a toujours défendu les opprimés, est aux premières lignes de la lutte contre la terreur et l’extrémisme religieux au Moyen-Orient et pas pour des raisons sectaires ou ethniques mais pour une raison éthique, humanitaire et stratégique, a souligné M. Rouhani.  L’Iran, a-t-il assuré, « ne cherche pas à restaurer son ancien empire, à imposer sa religion officielle à d’autres ou à exporter sa révolution par la force des armes ».  Pour promouvoir sa culture, sa civilisation, sa religion et sa révolution, l’Iran « entre dans les cœurs et parle aux esprits ».  Le Président a poursuivi: « Nos ambassadeurs sont nos poètes, nos mystiques, nos philosophes.  Nous avons atteint les rives de ce côté-ci de l’Atlantique grâce à Roumi et élargi notre influence grâce à Asia et à Saadi.  Nous avons déjà conquis le monde avec Hafez.  Nous n’avons pas besoin de nouvelles conquêtes ». 

L’Iran ne prêche pas la modération mais la pratique, a martelé le Président, en prenant pour exemple le Plan d’action global commun (JCPOA).  Cet accord, a-t-il rappelé, est le résultat de deux ans de négociations multilatérales intenses.  Il a été entériné par la résolution 2231 du Conseil de sécurité.  Par conséquent, « cet accord appartient à la communauté internationale dans son ensemble et pas seulement à un ou deux pays ».  Il peut devenir un nouveau modèle d’interactions internationales mais malheureusement certains se sont privés de cette chance unique.  « En réalité, ils n’ont imposé de sanctions qu’à eux-mêmes et maintenant ils se sentent trahis. »  « Nous n’avons pas été trompés et nous n’avons trompé personne », s’est défendu M. Rouhani.  « Nous n’avons jamais recherché la dissuasion par les armes nucléaires. »  Certains ont prétendu priver l’Iran d’armes qu’il n’a en fait jamais voulues, a-t-il assuré.  Le Président a donc jugé « répréhensible » qu’un régime sioniste félon, qui menace la sécurité régionale et internationale avec son arsenal nucléaire et qui n’est tenu par aucun instrument international, ait « l’audace » de faire des sermons à des nations pacifiques.  Je déclare devant vous, a-t-il dit, que l’Iran ne sera pas le premier à violer l’accord mais qu’il réagira avec détermination à sa violation par l’une ou l’autre partie.  Il serait regrettable, a-t-il poursuivi, que cet accord vienne à être détruit par des « des nouveaux venus sans scrupules » dans la politique car le monde perdrait une occasion énorme.  En violant ses engagements internationaux, a précisé le Président, la nouvelle Administration américaine ne fait que détruire sa propre crédibilité et saper la confiance des autres qui auront du mal à négocier avec elle et à croire en ses paroles et en ses promesses.

Il y a quatre ans, a rappelé M. Rouhani, l’Iran a parrainé l’initiative intitulée: Le monde en lutte contre la violence et l’extrémisme (WAVE).  D’après lui, « la rhétorique ignorante, absurde et haineuse », remplie d’allégations ridiculement infondées, qui a été prononcée hier dans cette enceinte non seulement ne méritait pas d’être entendue aux Nations Unies, siège de la promotion de la paix et du respect entre les nations, mais était en réalité en contradiction avec l’exigence de cet organe mondial de réunir les gouvernements contre la guerre et la terreur.

Or, l’instabilité et la violence extrémiste ont été exacerbées dans la région par les interventions militaires d’acteurs extérieurs, a affirmé le dirigeant iranien.  Les interventions étrangères et l’imposition d’un agenda étranger aux peuples de la région ne feront qu’approfondir et aggraver les crises, a-t-il averti.  Les crises en Syrie, au Yémen et à Bahreïn n’ont pas de solution militaire.  Elles ne peuvent être réglées que par la cessation des hostilités et l’acceptation de la volonté et des souhaits des populations. 

Le Gouvernement américain, a encore dit le Président, doit expliquer à son peuple pourquoi, après avoir dépensé les milliards de dollars dudit peuple et de notre région, au lieu de contribuer à la paix et à la stabilité, n’a répandu que guerre, misère, pauvreté et montée du terrorisme et de l’extrémisme.  En Iran, a assuré le Président, les sanctions économiques n’ont fait que renforcer la détermination du peuple à augmenter la production nationale.  En 20 ans, a-t-il estimé, l’Iran peut devenir la nouvelle économie émergente avec 1 000 milliards de dollars de croissance.  Avec les réserves de pétrole et de gaz les plus vastes du monde, le pays est prêt à entreprendre une coopération à long terme pour faire avancer la sécurité énergétique dans le monde entier.  J’invite tous les amoureux de la paix, de la sécurité et du progrès par le partenariat et la coopération à venir en Iran et à nous rejoindre dans l’édification d’un avenir d’espoir.

M. RUMEN RADEV, Président de la Bulgarie, a regretté que les conflits dans de nombreuses régions du monde affaiblissent la paix internationale, la sécurité et les valeurs fondamentales de l’humanité.  Il a souligné que les enfants étaient les personnes les plus affectées par les situations de crise et a appelé à mettre en œuvre pleinement les objectifs de développement durable pour que le Programme 2030 ne soit pas qu’une simple déclaration politique.

M. Radev s’est dit préoccupé par la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et a demandé que l’on ne perde pas de vue le processus de paix au Moyen-Orient.  Il a réitéré le soutien de son pays à la solution des deux États et a jugé essentiel de trouver une solution au conflit en Syrie, affirmant qu’un dialogue politique sous les auspices des Nations Unies est la seule voie possible.  Le Président s’est également dit inquiet de la situation dans l’est de l’Ukraine, qui demeure extrêmement volatile malgré les accords de cessez-le-feu. Il a voulu que les accords de Minsk soient pleinement mis en œuvre, soulignant qu’il n’y a pas d’autre alternative viable.  La Bulgarie, a-t-il ajouté, soutient les activités multilatérales, telles que le « Normandy Four » ou le Groupe de contact trilatéral de l’OSCE et considère qu’ils jouent un rôle clef dans la résolution du conflit.  M. Radev a indiqué que la Bulgarie s’engage pleinement à soutenir le processus de paix et de stabilisation en Afghanistan et considère la réconciliation comme une condition indispensable.

Concernant le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes, piliers essentiels de la sécurité mondiale, il a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et a pointé la nécessité de prendre une série de mesures pour parvenir graduellement à un monde exempt d’armes nucléaires.  M. Radev a ensuite insisté sur l’importance historique du Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien, essentiel pour la stabilité régionale et internationale.  Il a dûment condamné les essais nucléaires et les tirs de missiles de la République populaire démocratique de Corée, qui mènent à une escalade des tensions régionales.  Concernant le terrorisme, il a salué la mise en place du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, étape incontournable pour mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale de 2006 et une meilleure coordination.

M. Radev s’est particulièrement dit inquiet du trafic des biens culturels en Syrie, en Iraq, en Libye et dans d’autres pays en conflit.  Il a décrit ce phénomène comme une tactique de guerre et une source de financement du terrorisme et a appelé à la mise en œuvre de la législation existante au niveau des Nations Unies, de l’Union européenne et de l’UNESCO.

M. Radev a par ailleurs prôné une approche équilibrée de la question migratoire, rappelant que les États ont le droit et la responsabilité de contrôler leurs frontières pour assurer leur sécurité.  Sa priorité principale, a-t-il confié, est la gestion effective et le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne.  Après avoir assuré de l’engagement de son pays à respecter les Accords de Paris, M. Radev a terminé son intervention en mettant en évidence la question des droits de l’enfant.  « Comme Vice-Président du Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durable, et conformément aux objectifs de développement durable, la Bulgarie défend avec force l’intégration des enfants dans tous les processus intergouvernementaux majeures, car ils sont les vrais agents d’un changement social positif. »

M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a commencé par rappeler que son pays avait été élu au Conseil de sécurité pour la période 2018-2019 en tant que membre non permanent, un mandat pendant lequel il entend œuvrer à la promotion de compromis justes et pragmatiques dans le règlement de crises.  En dépit des évolutions encourageantes de l’architecture antiterroriste de l’ONU depuis 2001 et du succès des opérations antiterroristes menées par les grandes puissances au Moyen-Orient et dans une moindre mesure en Afrique, le monde peine à trouver une réponse collective satisfaisante contre le terrorisme, a regretté M. Ouattara.  Pour lui, il est impératif de faire en sorte que « l’Afrique ne soit plus le ventre mou de la lutte antiterroriste mondiale ».  Il a donc demandé aux grandes puissances d’intensifier leur engagement en Afrique et de soutenir davantage le continent dans ce domaine, notamment le G5 Sahel, affirmant qu’il s’agit là de l’une de ses priorités au sein du Conseil de sécurité.

Le réchauffement climatique constitue une autre réelle préoccupation, d’autant plus qu’aucun pays n’est à l’abri.  Par conséquent, a dit le Président, il faut agir vite et avec responsabilité « pour préserver nos cadres de vie et notre planète ».  Il s’est engagé à respecter l’Accord de Paris.  Dans la même dynamique, il a invité les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement de l’adaptation des économies des pays du Sud et de nombreux petits États insulaires aux effets du réchauffement climatique.  Pour M. Ouattara, « les changements climatiques sont une véritable menace à la paix et la sécurité internationales » et il est impératif de prendre des mesures adéquates notamment par le biais du pacte international sur l’environnement et le développement proposé par la France.

Constatant l’échec des mesures prises pour lutter contre l’immigration clandestine et le trafic des êtres humains, le Président Ouattara a même estimé qu’elles ont contribué à la fragilisation de la démocratie et à la montée de sentiments extrêmes, y compris dans les démocraties occidentales.  Pour mettre fin à ces migrations périlleuses, les pays développés, notamment ceux des régions d’accueil, doivent, selon lui, mobiliser les investissements et ressources nécessaires au financement du développement des pays d’origine et de transit, afin de leur permettre de créer des emplois et d’offrir des opportunités aux jeunes.  La lutte contre les passeurs devra également s’intensifier.  En Côte d’Ivoire, la riposte contre ce fléau privilégie la prévention par la sensibilisation et l’assistance au retour des candidats à l’immigration clandestine ainsi que par le démantèlement des réseaux de passeurs.  Dans le cadre de cette lutte, il ne faut cependant pas perdre de vue les obligations juridiques internationales qui garantissent les droits et libertés fondamentales des migrants, a encore estimé M. Ouattara.

Il a ensuite passé en revue les réalisations économiques de son pays et cela en dépit de la chute des cours du cacao.  À ce titre, la Côte d’Ivoire a enregistré un taux de croissance de 9% en moyenne sur les cinq dernières années et s’attèle actuellement à en répartir les fruits efficacement et équitablement.  C’est là tout l’enjeu du Plan national de développement 2016-2020, a affirmé le Président Ouattara.

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a appelé à une action collective robuste face aux menaces collectives auxquelles le monde est confronté, notamment la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent et la lutte contre le réchauffement climatique.  Les Nations Unies doivent être à l’avant-plan de ces efforts, a estimé le Président qui a soutenu le programme de réforme complet proposé par le Secrétaire général, et en particulier celle du Conseil de sécurité.  Rappelant que l’Ukraine reste pleinement attachée à la notion de souveraineté garantie et pleinement respectée, telle que stipulée dans la Charte des Nations Unies, le Président a répété que cette notion a été bafouée en Ukraine par l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  Depuis le début de l’agression russe, plus de 1 000 personnes ont perdu la vie, 7% du territoire est occupé et l’économie est détruite, a-t-il poursuivi.  La Crimée est devenue une terre de répression depuis son annexion comme en atteste le cas particulier de certains activistes, en dépit des appels du Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour le déploiement d’une mission d’enquête.  Ce manque de coopération de la part de la Fédération de Russie exige, selon le Président, une réaction de la communauté internationale pour aider les Tatars de Crimée et prévenir la militarisation de la péninsule.  Dans le Donbass, la situation sécuritaire et celle des droits de l’homme est tout aussi inquiétante, a poursuivi le Président ukrainien qui a, de nouveau, donné des exemples concrets de la répression russe sur place.

« La Russie est le seul pays au monde qui a un conflit potentiel ou gelé avec la quasi-totalité de ses voisins », a fait observer M. Poroshenko, accusant cette dernière de vouloir échanger la paix contre la liberté, un choix inacceptable.  Le Président a ainsi critiqué la dernière proposition de paix faite par la Fédération de Russie.  Toute mission des Nations Unies doit couvrir l’intégralité du territoire occupé, y compris la zone frontalière avec la Russie.  Le personnel « de l’agresseur » ne saurait y participer, a déclaré le Président, en ajoutant qu’il y va de la paix au cœur même de l’Europe.

L’Ukraine reste déterminée à faire comparaître en justice les responsables de l’explosion en vol de l’avion de la Malaysia Airline, il y a trois ans.  Elle est favorable au désarmement nucléaire et soutient toute mesure permettant de mettre fin aux activités illégales de la Corée du Nord.  Pour ce qui est de la Syrie, M. Porochenko a appelé au plein respect de l’accord de Genève et s’est dit préoccupé par le fait que la Fédération de Russie utilise la « Crimée occupée » pour acheminer des armes en Syrie.

Que reste-t-il aujourd’hui de l’espoir suscité il y a 24 ans par les Accords d’Oslo entre Palestiniens et Israéliens? a demandé le Président de l’État de Palestine, M. MAHMOUD ABBAS.  Nous avons reconnu l’État d’Israël sur la base des frontières de 1967, a-t-il poursuivi, en regrettant le refus d’Israël de les reconnaître, mettant à mal le principe de la reconnaissance mutuelle agréé à Oslo en 1993.  Au lieu de faire face aux causes profondes du conflit, Israël a essayé d’orienter l’attention de la communauté internationale vers des sujets de moindre importance qui découlent de ses politiques coloniales, a-t-il dénoncé.  Il a accusé Israël de prétendre qu’il n’y a pas de partenaire palestinien, alors qu’il est conscient que l’occupation des terres palestiniennes conduit aux provocations et à la violence. 

Pour lui, si Israël est le premier à porter la honte de l’occupation, la communauté internationale doit aussi la porter.  Les Nations Unies, a-t-il rappelé, ont l’obligation légale, politique, morale et humanitaire de mettre fin à l’occupation et d’aider le peuple palestinien à vivre dans la liberté et la prospérité dans un État indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale, et dans les frontières du 4 juin 1967.  Le Président a expliqué que la fin de l’occupation coloniale des terres palestiniennes aura un impact positif sur la lutte contre le terrorisme, car elle ôtera aux terroristes l’un de leurs messages de ralliement qu’ils exploitent pour promouvoir leur idéologie répugnante.

M. Abbas a souligné que toutes les pistes ont été examinées et des efforts consentis pour arriver à la paix avec le voisin.  Il a cité l’adhésion au Plan de paix arabe, à la Feuille de route du Quatuor et à d’autres initiatives similaires comme la proposition française faite à la Conférence de Paris en début d’année, ou encore celle des Présidents chinois et russe et la dernière en date, celle du Président des États-Unis.  Il a invité le Premier Ministre israélien à prouver son engagement en faveur de la solution des deux États et à s’asseoir à la table des négociations pour délimiter les frontières entre les deux États, ce qui permettrait d’ouvrir la voie à des négociations concrètes visant à résoudre toutes les questions liées au statut final. 

Selon M. Abbas, Israël continue de bloquer les efforts de paix, assurant l’échec du processus par ses activités de colonisation qui sapent la perspective de la solution des deux États.  « Ces actions constituent une menace pour nos deux peuples, Palestiniens et Israéliens, et nous obligent à entreprendre un examen global et stratégique de tout le processus », a affirmé le Président Abbas, tout en annonçant dans un futur proche une réunion du Conseil national palestinien à cet effet.

Il a par ailleurs averti que les politiques israéliennes à Jérusalem-Est suscitaient des tensions religieuses et pourraient conduire à un conflit religieux violent.  Il a prévenu que « Jérusalem est une ville occupée et que les décisions qui y sont prises par Israël sont nulles et non avenues et complètement illégales ».  Il a indiqué que les tentatives d’Israël de changer le statut historique de Jérusalem, et notamment le statut et l’intégrité de la mosquée Al-Aqsa, s’apparentaient à « jouer avec le feu » et représentaient une violation des responsabilités palestiniennes et jordaniennes. 

« Nous ne pouvons continuer d’être une Autorité sans autorité », a-t-il lancé, ajoutant que les Palestiniens ne peuvent rester les bras croisés face à la menace sur leur existence nationale, politique et sociale et sur leurs terres.  Nous devons prendre des mesures différentes pour préserver notre existence nationale et laisser ouverts les horizons de paix et de sécurité.  Parmi ces mesures, il a rappelé que la Palestine a invité la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête et à poursuivre les autorités israéliennes impliquées dans les colonies de peuplement et les agressions contre le peuple palestinien.  Il a aussi indiqué que la Palestine va poursuivre son processus d’accession aux conventions, protocoles et organisations internationales, en droite ligne du statut d’Observateur qu’il a acquis auprès des Nations Unies.

Le Président a promis que les Palestiniens allaient donner toutes les chances possibles aux efforts entrepris par le Président Donald Trump et le Quatuor, ainsi que la communauté internationale pour arriver à la solution des deux États.  Mais, si jamais cette solution est détruite du fait de la réalité de l’existence d’un seul État et d’une politique d’apartheid, alors ni la communauté internationale ni les Palestiniens n’auraient d’autre choix que de continuer la lutte et d’arracher les mêmes droits pour tous les habitants de la « Palestine historique ».  « Ce n’est pas une menace, mais plutôt un avertissement sur les réalités qui sont le résultat de la politique israélienne qui sape gravement la solution des deux États », a-t-il précisé.  Dans un style direct, il a dit aux populations israéliennes que les Palestiniens veulent vivre en paix et leur a conseillé de ne pas écouter ceux qui veulent les convaincre que la paix entre les deux peuples n’est pas possible.  « Notre problème c’est l’occupation coloniale israélienne et non pas le judaïsme en tant que religion », a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs relevé que depuis la division de 2007, l’Autorité palestinienne a continué à remplir ses obligations envers les populations de Gaza, insistant sur le fait que Gaza ne sera pas l’État palestinien, et qu’il n’y aura pas d’État palestinien sans Gaza.  Il a également rappelé que dans son discours devant l’Assemblée générale l’an dernier, il avait invité le Gouvernement britannique à rectifier la grave injustice faite au peuple palestinien du fait de la Déclaration Balfour de 1917 qui avait promis un territoire national aux juifs en Palestine, en dépit du fait que les Palestiniens y étaient installés et n’auraient pas dus être colonisés ni placés sous le mandat d’une grande puissance. 

Il a regretté que jusqu’à ce jour, le Gouvernement britannique n’ait pas pris de mesure pour corriger cette injustice historique, ni présenter des excuses au peuple palestinien et encore moins accorder des indemnisations ou reconnaître leur État.  La communauté internationale est-elle acquise à l’idée qu’Israël est un pays au-dessus des lois? a-t-il demandé, en s’interrogeant sur les raisons de ce double standard. 

Pour sauver le processus de paix et la solution des deux États, M. Abbas a proposé de mettre fin à l’occupation par Israël des territoires palestiniens « dans un délai donné », car il ne suffit plus de le clamer de manière générique sans donner de date limite.  Ensuite, il a appelé à des actions pour arrêter les activités de peuplement dans les territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est.  Le Président de l’Autorité palestinienne a également demandé une protection internationale pour les territoires et le peuple palestiniens jusqu’à la fin de l’occupation.  Il faut aussi qu’Israël s’engage à respecter les frontières de 1967 comme base des deux États, a-t-il suggéré, tout en enjoignant les États ayant reconnu l’État d’Israël à préciser qu’ils l’ont fait en se basant sur les frontières de 1967 et ceci en droite ligne des résolutions internationales sur la question.  Il a aussi appelé les États qui n’ont pas encore reconnu l’État de Palestine à le faire, par principe d’égalité, ce qui pourrait augmenter les chances de parvenir à la paix. 

Il a en outre invité le Conseil de sécurité à approuver la demande faite par la Palestine de devenir un membre à part entière des Nations Unies, arguant que tous ceux qui soutiennent la solution des deux États doivent de facto reconnaître l’autre État qui est celui de Palestine. 

Il a plaidé pour un soutien continu de la communauté internationale à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Il a mis en garde contre les tentatives de supprimer le point 7 du programme de travail du Conseil des droits de l’homme sur « la situation des droits de l’homme en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés », ou encore ceux qui empêchent la publication de la liste des entreprises qui opèrent dans les colonies israéliennes situées dans les territoires palestiniens occupés. 

Il a annoncé que ces questions centrales pour la préservation de la solution des deux États seront contenues dans un projet de résolution qu’il a invité l’Assemblée générale à adopter. 

M. DONALD TUSK, Président du Conseil européen de l’Union européenne, s’est prononcé en faveur de la liberté et d’un ordre mondial fondé sur des règles, conditions sine qua non de la paix, de la stabilité et d’une économie qui profite à tous.  Les Nations Unies, a-t-il poursuivi, constituent le meilleur outil que nous avons pour faire face aux conflits, à la famine, aux déplacements forcés et à la menace nucléaire. 

Après avoir rappelé que les États membres de l’Union européenne fournissent le tiers du budget de l’ONU et des opérations de maintien de la paix, il a exprimé le souhait que les Nations Unies deviennent une organisation « plus énergique et moins bureaucratique ».  Les plans de réforme de l’ONU présentement à l’étude sont le « minimum requis », a déclaré M. Tusk.

Malgré un « déclin dans l’estime populaire » au cours des dernières années, l’ONU demeure un outil important de notre « volonté collective », a-t-il poursuivi, citant en exemple la décision du Conseil de sécurité d’imposer des sanctions à la République populaire démocratique de Corée à la suite de tests nucléaires, un signe de « vrai leadership et d’unité ».  « Mais ce n’est pas suffisant », a averti M. Tusk, appelant, avec le Japon et la République de Corée, à une dénucléarisation pacifique de la péninsule coréenne, ainsi qu’à la pleine mise en œuvre du Plan d’action global commun avec l’Iran, qui « renforce notre sécurité à tous ».

Se tournant vers l’Afrique, il a souhaité que l’Europe travaille de concert avec les pays africains sur les questions de sécurité, de lutte antiterroriste et de croissance économique.  Il s’est en outre réjoui de l’occasion de discuter de ces sujets au Sommet Afrique-Europe, qui se tiendra en novembre en Côte d’Ivoire.  M. Tusk a également souligné la participation de l’Union européenne aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et à l’aide humanitaire en République centrafricaine, au Mali, au Soudan du Sud ainsi que dans le bassin du lac Tchad.  Cependant, a-t-il ajouté, nous devons faire plus avant qu’il ne soit « vraiment trop tard ». 

S’agissant de la crise mondiale des réfugiés, il a estimé que l’Europe « continue d’assumer ses responsabilités » en accueillant les réfugiés et en apportant une aide aux États situés à proximité des zones de conflit.  L’Union européenne appuie à cet égard le processus de développement par les Nations Unies d’un pacte mondial sur les réfugiés et la migration, et appelle la communauté internationale à accroître sa participation au financement de l’aide humanitaire et à la réinstallation des réfugiés et des déplacés.  Le Président du Conseil européen s’est par ailleurs félicité de la décision du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête pour crimes contre l’humanité contre les passeurs en Libye.

Malgré la défaite attendue de Daech « en tant qu’entité territoriale », la poursuite des attaques terroristes en Europe montre que la menace persiste, a poursuivi le Président du Conseil européen, appelant à un renforcement de la lutte mondiale contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Après avoir salué la mise sur pied du Forum mondial de l’Internet contre le terrorisme, en collaboration avec les Nations Unies, il a appelé les entreprises en ligne à effacer les contenus de nature extrémiste.  Il a aussi invité les leaders musulmans à dénoncer avec force l’extrémisme islamiste. 

En ce qui concerne les changements climatiques, le Président Tusk a réaffirmé la détermination de l’Union européenne à mettre en application, le plus rapidement possible, l’Accord de Paris sur les changements climatiques, en tant que pierre angulaire des efforts internationaux visant à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le monde, a poursuivi M. Tusk, « louvoie entre l’espoir et la peur ».  Alors que l’économie et les échanges sont en expansion, les tensions sécuritaires sont à la hausse et la pertinence de la coopération internationale est remise en question.  Nous devons relever le défi de faire de l’action internationale un outil « robuste, crédible et transformatif », a-t-il insisté, rappelant que l’UE et l’ONU ont été créées en réponse aux « atrocités de la Seconde Guerre mondiale ».  Devant les situations en « noir et blanc », comme le chantage nucléaire nord-coréen, le terrorisme ou l’agression de l’Ukraine, l’ONU et l’Union européenne ne peuvent se montrer hésitantes.  Les Nations Unies ne doivent pas « lâchement chercher un compromis » avec le « mal », a-t-il conclu, mais plutôt mobiliser la communauté internationale pour le combattre.

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a débuté son discours en reconnaissant que les problèmes auxquels le monde fait face aujourd’hui semblent écrasants: les attaques terroristes, les conflits au Myanmar, en Syrie, en Centrafrique et au Yémen, et les catastrophes naturelles qui ont touché les États-Unis et l’Asie, ainsi que les Caraïbes.  Mais il a tenu à affirmer qu’il y avait tout de même de la place pour l’optimisme.  Le monde d’aujourd’hui est un monde bien meilleur qu’au moment où les Nations Unies ont été créées, a-t-il dit en substance, en pointant les énormes progrès réalisés dans la lutte contre l’extrême pauvreté, la mortalité maternelle et infantile et l’éducation des enfants, qui pour 90% d’entre eux reçoivent une éducation primaire.  M. Rutte a insisté sur le rôle joué par les Nations Unies dans ces réussites, en rappelant également à quel point la coopération internationale était importante pour les Pays-Bas et ses partenaires de Curaçao, Aruba et Saint-Martin, mais aussi pour les victimes du vol MH17.  Changements climatiques, migration, sécurité alimentaire, terrorisme et cybercrime: les problèmes auxquels le monde est confronté aujourd’hui, a-t-il ajouté, sont par nature internationaux.

M. Rutte a indiqué que les Pays-Bas débuteront, en janvier 2018, un mandat d’un an au Conseil de sécurité, remplaçant à ce poste l’Italie, ce qui est pour lui un bon exemple de partenariat européen au sein des organisations internationales.  Les Pays-Bas ont fixé trois priorités et d’abord, la réforme et la modernisation des Nations Unies, pour laquelle ils apportent leur ferme soutien au Secrétaire général.  Le Premier Ministre a insisté sur la nécessité d’un effort de la part de tous les États Membres et a attiré l’attention sur quelques chantiers, comme une meilleure coopération entre les agences de l’ONU et le renforcement du rôle des coordinateurs résidents.  Comme deuxième priorité, il a cité la sécurité, avec un mot clef: la prévention.  « Nous n’avons pas accordé assez d’attention aux premières étapes des conflits. »  Il a ainsi salué le travail de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), à laquelle son pays participe et qu’il voit comme un modèle pour les futures missions.  Il a cependant souligné que la Mission a besoin de services de renseignement, de formation et d’équipements de pointe, ainsi que d’un mandat clair.  En matière de contre-terrorisme, M. Rutte a cité comme bon exemple le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, dont les Pays-Bas assurent la coprésidence avec le Maroc.  « Soixante pays et les Nations Unies collaborent maintenant avec Interpol au profilage des terroristes étrangers. »

M. Rutte a ensuite décrit la troisième priorité de son pays: la durabilité, qui est étroitement liée à la prévention de la violence et des conflits.  Il a rappelé, à cet égard, l’importance des objectifs de développement durable, que les Pays-Bas, avec ses partenaires de Curaçao, Aruba et Saint-Martin, travaillent à mettre en œuvre.  Il a longuement insisté sur la question de l’eau, un domaine dans lequel les Pays-Bas ont une grande expertise.  Rappelant les catastrophes qui ont touché New York, le Texas et l’Asie, il a insisté sur l’imbrication de la question climatique avec celle de l’eau.  Il a dit combien la population de Saint-Martin, dans la partie néerlandaise de l’île, lutte encore pour faire face aux dégâts provoqués par l’ouragan Irma.  En 2050, les Nations Unies prédisent que 200 millions de personnes seront déplacées à cause des changements climatiques, a-t-il ajouté, en précisant que les Pays-Bas déploient leur expertise dans le monde entier et sont membres du Groupe de haut niveau sur l’eau.  Après avoir réaffirmé son soutien aux réformes proposées par le Secrétaire général, M. Rutte a conclu en appelant le monde à regarder ce qu’il avait accompli dans les décennies précédentes et ce que ces résultats comportaient comme promesses pour le futur.

Après avoir annoncé l’organisation d’une conférence sur la couverture santé universelle à Tokyo, au Japon, en décembre 2017, M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a déclaré: « ce que veut le Japon, c’est sauvegarder un ordre international libre, libéral, ouvert et des cadres multilatéraux ».  Le monde a des attentes élevées vis-à-vis de l'ONU en tant que porte-drapeau de ces idéaux.  C'est pourquoi le Conseil de sécurité devrait être réformé sans délai, en réponse aux exigences du temps.  Le Japon s'efforcera avec ses amis de réaliser ces réformes.  La détermination du Japon est de jouer un rôle actif pour la paix mondiale en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.

Toutefois, a poursuivi M. Abe, « je n’ai pas d’autres choix que de me focaliser sur une seule question: la Corée du Nord » qui a effectué le 3 septembre dernier, un autre essai nucléaire.  Avant et après cela, soit le 29 août et le 15 septembre, sans attendre que l’encre de la résolution 2375 (2017) ne sèche, la Corée du Nord a lancé des missiles, chaque fois au-dessus du Japon, dans ce qui était une menace d’une gravité sans précédent et indiscutablement, une urgence.  La dernière crise est très différente de celles que nous avons vues quand un dictateur a tenté d’acquérir des armes de destruction massive.  Les armes nucléaires de la Corée du Nord sont déjà ou sont sur le point de devenir des bombes à hydrogène.  Leurs vecteurs seront tôt ou tard des missiles balistiques intercontinentaux.  

La situation actuelle n’est pas due à une absence de dialogue, a rappelé le Premier Ministre, soulignant que ce dialogue a commencé dans les années 90 et a même donné lieu à la création entre les États-Unis, le Japon et République de Corée ont créé l’Organisation pour le développement énergétique de la péninsule coréenne (KEDO).  Devant les trahisons répétées de la Corée du Nord, la Chine et la Fédération de Russie se sont jointes en 2003, aux membres du KEDO, qui avait entretemps suspendu leur Organisation, pour lancer les pourparlers à six.  En 2005, ils ont pu publier une déclaration commune aux termes de laquelle la Corée du Nord abandonnait armes et programmes nucléaires et réintégrait le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  En 2007, ils sont parvenus à un accord sur ce que chacun d’entre eux devait faire pour mettre en œuvre la déclaration conjointe.  Alors même qu’ils négociaient cet accord, la Corée du Nord déclarait être en possession d’armes nucléaires et effectuait dès octobre 2006, son premier essai nucléaire, suivi d’un deuxième en 2009, et la même année, de son retrait des pourparlers à six, sans compter ses tirs répétés de missiles balistiques.

La Corée du Nord n’a jamais eu l’intention de renoncer à son arsenal nucléaire.  Elle gagnait du temps, a dénoncé le Premier Ministre.  Avec quel espoir de succès devrions-nous, aujourd’hui, risquer un troisième échec? s’est-il impatienté.  Ce qu’il faut pour obtenir que la Corée du Nord renonce à tous ses programmes nucléaires et balistiques de manière complète, vérifiable et irréversible, ce n’est pas un dialogue mais des pressions.  Le Japon, a-t-il promis, fera face à la menace nucléaire et balistique de la Corée du Nord, dans le cadre de son alliance avec les États-Unis et « dans l’unité ».  « Toutes les options sont sur la table », a-t-il dit en paraphrasant le Président américain.  

M. Abe a dit avoir accueilli la résolution 2375 (2017) du Conseil de sécurité comme « une clarification » de l’intention de tous d’intensifier les pressions sur la Corée du Nord pour la forcer à changer fondamentalement sa politique.  La résolution n’est rien d’autre qu’un début, la Corée du Nord ayant déjà lancé un autre missile. 

Nous devons, a conclu le Premier Ministre, empêcher l’acheminement vers la Corée du Nord des biens, des fonds, des gens et de la technologie nécessaires au développement des armes nucléaires et des missiles.  Nous devons faire en sorte que la Corée du Nord respecte pleinement les multiples résolutions du Conseil de sécurité.  Tous les États doivent assurer la mise en œuvre stricte et complète de ces résolutions.  Ce qui est nécessaire, c’est l’action.  La fin des provocations de la Corée du Nord dépend de la solidarité de la communauté internationale.  Le temps presse, a alerté M. Shinzo Abe.  « Pour changer la politique nord-coréenne, nous devons renforcer notre unité. » 

M. ANTÓNIO LUÍS SANTOS DA COSTA, Premier Ministre du Portugal, a commencé par présenter ses condoléances et exprimer sa solidarité au peuple et au Gouvernement du Mexique, après les évènements tragiques d’hier.  Je suis profondément ému, a-t-il poursuivi, de m’adresser à cette Assemblée en présence du premier Secrétaire général de nationalité portugaise.

« Réformer l’architecture de la paix et de la sécurité de l’ONU est une absolue priorité », a-t-il déclaré.  À ce propos, il a attiré l’attention sur le monde lusophone, qui dénombrera, au milieu du siècle, plus de 400 millions de locuteurs et sur le fait que de nombreux pays membres de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) souhaitent que le portugais figure parmi les langues officielles des Nations Unies.

Promouvoir la paix et la sécurité va de pair avec la promotion du développement, a prévenu le Premier Ministre.  Les deux dimensions sont complémentaires et se renforcent l’une l’autre.  Pour cette raison, la médiation diplomatique sur laquelle le Secrétaire général met à juste titre l’accent, et les opérations de maintien de la paix dans les zones de conflit exigent aussi un appui humanitaire, une coopération au développement et le renforcement des capacités institutionnelles des pays et peuples affectés.  Une des priorités « les plus claires » de la politique étrangère du Portugal est la participation aux opérations de maintien de la paix et au renforcement des institutions dans le cadre des Nations Unies.  En tant que pays européen de l’Atlantique, qui a su préserver des liens culturels et historiques profonds avec l’Afrique, le Portugal accorde une attention particulière aux partenariats entre les deux continents. 

Le premier Sommet Union européenne (UE)/Afrique de 2000 a eu lieu sous la présidence portugaise, a rappelé le Premier Ministre.  Le cinquième Sommet, qui se tiendra en novembre 2017 à Abidjan, doit être l’occasion de définir aux mieux les priorités du Partenariat stratégique entre l’Afrique et l’Union européenne, et le thème choisi « la jeunesse », permettra de trouver l’approche intégrée tant recherchée pour s’attaquer aux questions de l’éducation, de l’emploi, des dynamiques démographiques, de la croissance économique, de l’égalité entre les sexes et de la participation civique.  Si le continent africain avance, il reste beaucoup d’obstacles à surmonter, a reconnu le Premier Ministre, avant de donner les exemples de la participation du Portugal aux efforts internationaux qu’il s’agisse des opérations de maintien de la paix, de la lutte contre la piraterie ou encore de la protection du commerce international. 

Le Premier Ministre a défendu une « diplomatie des droits de l’homme » et a attiré l’attention sur la Plateforme mondiale pour les étudiants syriens, une initiative de l’ancien Président du Portugal, M. Jorge Sampaio, pour garantir l’accès des jeunes syriens à l’enseignement supérieur, ce qui est « un droit universel ».  Il a invité tous les pays à rejoindre cette initiative et à appuyer le Mécanisme de réaction rapide pour l’enseignement supérieur.  Poursuivant sur les changements climatiques, le Premier Ministre a promis que son pays se conformera à l’engagement volontaire de l’Union européenne à réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et contribuera au Fond vert pour le climat. 

Si tous les 17 objectifs du Programme 2030 sont extrêmement importants, le Portugal, en raison de son histoire, est tout particulièrement attaché à l’objectif 14 sur la protection des océans.  La semaine dernière, le pays a d’ailleurs accueilli une autre « Réunion sur les océans » avec pour thème « L’océan et la santé humaine », après avoir été cofacilitateur, avec Singapour, des négociations sur le document final de la Conférence des Nations Unies sur les océans.  Le Premier Ministre a d’ailleurs réitéré l’intention de son pays d’accueillir la Conférence de suivi en 2020 et estimé que les Nations Unies devraient, dès 2018, lancer les négociations sur un nouvel instrument juridiquement contraignant pour la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité marine au-delà des limites de la juridiction nationale.

Mme THERESA MAY, Premier Ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, a débuté son discours en présentant ses condoléances au peuple du Mexique, touché par un tremblement de terre et en exprimant sa sympathie aux victimes des ouragans.  Elle a ensuite abordé plusieurs défis qui mettent le Royaume-Uni et les citoyens du monde à l’épreuve et qui ne connaissent pas de frontières géographiques.  Le terrorisme, d’abord, qui a frappé son pays à cinq reprises cette année.  Elle a appelé à désamorcer cette menace et à s’attaquer à ceux qui propagent une idéologie de haine.  Les changements climatiques, ensuite, qui provoquent des déplacements massifs de population.  Mme May a également pointé l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, ainsi que la prolifération d’armes nucléaires en Corée du Nord.

Pour elle, la seule façon de répondre à cet éventail d’enjeux est de défendre l’ordre international que les États Membres se sont efforcés de créer.  Les valeurs d’équité, de justice et des droits de l’homme ont créé des causes communes entre les nations, a-t-elle rappelé.  « Ce ne sont pas des idéaux, ils sont au cœur de nos intérêts, pour assurer notre sécurité et notre prospérité. »  Mais elle a mis en garde: si le système international n’est plus capable d’affronter les défis d’aujourd’hui, il risque d’y avoir une crise de confiance qui nuira à l’intérêt des peuples.  Elle a donc appelé à la réforme des Nations Unies et du système international pour contribuer à relever les défis du XXIe siècle, et a insisté pour que ceux qui bafouent les règles répondent de leurs actes. 

Rappelant le rôle pionnier de son pays dans la création des Nations Unies, elle a souligné combien l’ONU avait, durant toute son histoire, souffert d’un écart entre la noblesse de ses objectifs et l’efficacité de ses actions.  Elle a également indiqué que le multilatéralisme pouvait être miné par les abus commis par des Casques bleus et par ceux qui espèrent l’aide qui ne vient pas dans les périodes les plus sombres.  Mme May a affirmé son soutien aux réformes proposées par le Secrétaire général et s’est félicitée de la création d’un Groupe de travail chargé de renforcer la réponse de l'Organisation aux cas d’exploitation et d’abus sexuels. Elle a rappelé que le Royaume-Uni consacrait une grande partie de son PIB au système international, mais qu’en retour, l’ONU devait se montrer digne de confiance.  Elle a précisé que dorénavant, son pays répartirait les fonds en fonction des résultats obtenus par les différents organismes.

Mme May a poursuivi en rappelant que dans cette même Assemblée, l’année dernière, les États s’étaient engagés à traiter des causes des migrations massives, à protéger les réfugiés et ceux qui les accueillent, mais qu’en dépit des efforts, ils n’avaient pas réussi à relever le défi.  « Les efforts ne suffiront pas si les populations qui migrent ne trouvent pas d’emplois.  Elles continueront à se tourner vers nous. »

Sur le chapitre du terrorisme, Mme May a indiqué que le pont de Londres avait retrouvé ses touristes et que les Londoniens prenaient à nouveau le métro.  « Nous ne permettrons à personne de détruire notre mode de vie », a-t-elle déclaré, en déplorant que des centaines de milliers d’innocents soient tués par le terrorisme, « une tragédie mondiale ».  Elle a salué au passage la mémoire de Bénazir Bhutto, assassinée il y a 10 ans parce qu’elle défendait la démocratie, la tolérance et parce que elle était une femme.  « Je pense aux amis, aux familles des victimes ravagés par ce mal.  Cela suffit! » a-t-elle tonné, assurant que le Royaume-Uni restera au premier rang des efforts pour lutter contre ce fléau.  L’emploi d’Internet par les terroristes est, selon elle, un enjeu majeur et elle s’est réjouie de la création du Forum mondial de l’Internet contre le terrorisme par le secteur privé.  « Il faut aller plus loin pour éliminer le contenu terroriste en ligne. »  Elle a remarqué qu’en dépit de tous ces efforts, la communauté internationale n’avait pas encore trouvé le moyen d’affronter cette menace.  Elle a ainsi demandé au Secrétaire général de faire de la lutte contre le terrorisme le thème central de l’Assemblée générale l’année prochaine, pour pouvoir frapper un grand coup mais dans le respect de l’équilibre entre la protection des peuples et le respect de leur liberté.

Enfin, elle a appelé à mettre fin aux violences dans le nord du Myanmar et demandé que soient mis en œuvre les accords humanitaires et les recommandations de la « Commission Annan ».  Mme May a terminé son intervention en dénonçant les États qui s’ingèrent dans les affaires des pays tiers via des intermédiaires.  Elle a mentionné le Hezbollah, le soutien aux séparatistes en Ukraine et les cyberattaques.  Ses derniers mots ont été pour Bashar Al-Assad qui, selon elle, déjoue les efforts des Nations Unies pour rétablir la paix et la prospérité en Syrie.  Elle a dénoncé l’utilisation d’armes chimiques contre le peuple syrien.  Soulignant la responsabilité particulière du Conseil de sécurité dans ce conflit, elle a fustigé l’attitude d’un pays membre qui « utilise abusivement son droit de veto pour empêcher les mesures contre un régime méprisable qui assassine son propre peuple avec des armes chimiques ».

M. PAOLO GENTILONI, Président du Conseil des ministres de l’Italie, a commencé par rappeler que, ces deux dernières années, l’Union européenne a été contrainte de faire face aux plus grands défis depuis l’après-guerre.  Mais aujourd’hui, j’ai la profonde conviction qu’un nouvel élan européen est là, porteur d’un projet qui renforce le rôle de l’Union dans le monde, inspiré par le multiculturalisme, le libre-échange et le respect de l’état de droit, a confié le Président.  Ce que l’Italie veut, a-t-il précisé, c’est de reconstruire une Europe qui peut, une nouvelle fois, offrir au monde un exemple de solidarité, de progrès, de prospérité et d’efficacité.  Pour l’Italie, le développement de l’intégration sociale, économique et politique et la lutte contre la pauvreté et la marginalisation veulent dire aussi, contribuer à une gestion plus efficace des migrations. 

Nous devons répondre avec compassion, intelligence et vision à la réalité des mouvements de populations considérables, a-t-il ajouté.  L’Italie est et entend rester un pays d’accueil, consciente du lien inévitable entre les principes de solidarité et la sécurité.  Mais, a prévenu le Président, pour consolider notre action, il nous faut une réponse globale au phénomène migratoire qui a commencé dans l’Union européenne et qui s’étend à la communauté internationale dans son ensemble.  Nous devons, a-t-il voulu, trouver des solutions à long terme à un défi qui, a-t-il affirmé, non seulement nous touche mais aussi chaque pays et les futures générations.

L’Italie participe donc activement aux négociations sur les futurs pactes mondiaux relatifs aux migrations et aux réfugiés.  La proposition italienne de traiter ensemble du phénomène migratoire se base sur trois piliers: investir, protéger et valoriser.  Il faut, s’est expliqué le Président, investir dans l’appui aux pays d’origine et de transit, protéger les migrants et les réfugiés les plus vulnérables et valoriser les aspects positifs et les opportunités de la migration.  L’Italie est déjà promotrice d’un vrai partenariat avec les pays africains car « l’avenir de l’Europe est en Afrique ».  C’est en investissant en Afrique que nous pourrons répondre aux causes profondes de la migration et surtout aux inégalités économiques et démographiques.

Compte tenu de sa géographie et de son histoire, l’accent que place l’Italie sur une gestion responsable et solidaire des mouvements des personnes s’accompagne d’un accent tout aussi important sur la sécurité, la stabilité, le développement durable et la croissance dans la région de la Méditerranée et sur le continent africain dans son ensemble.  C’est dans cette perspective que s’inscrit la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a expliqué M. Gentiloni.  L’Italie est un partenaire actif de la Coalition mondiale contre Daech mais la lutte contre le terrorisme exige une force multidimensionnelle tirant parti de chaque outil de la coopération internationale, dont les initiatives contre l’utilisation d’Internet et des médias sociaux par les terroristes et contre leur financement.

Personne ne peut y arriver seul, a prévenu le Président.  Il faut une collaboration entre les États et toutes les parties prenantes régionales.   La Libye, a-t-il poursuivi, est la clef pour rétablir la Méditerranée centrale dans son rôle historique de moteur de la civilisation, de la paix et de la sécurité.  Il a donc appuyé le Président Serraj et les institutions prévues par l’Accord politique libyen.  Il faut, a-t-il poursuivi, aider les communautés libyennes à se développer par des investissements qui offrent des alternatives aux trafics illicites.  Il faut travailler avec le HCR et l’OIM pour améliorer les processus d’enregistrement et de rapatriement des migrants. 

Le Président a aussi parlé de la Syrie et appuyé les efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.  Dans son tour du monde, il a voulu que le dossier sur le nucléaire iranien reste « une success story ».  Il a réitéré l’engagement de son pays en faveur du Programme 2030 et appuyé fermement les plans de réforme du Secrétaire général.

Le Président du Conseil des ministres a également parlé des changements climatiques, faisant savoir que l’Italie axera sa politique de coopération pour le développement sur des stratégies d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques.

M. LENIN MORENO GARCÉS, Président de l’Équateur, s’est félicité de ce que le Président de cette Assemblée générale a choisi comme thème annuel « priorité à l’être humain », un thème qui coïncide avec notre philosophie de gouvernement dans le sens où nous nous occupons de nos citoyens toute la vie, du moment de leur conception, jusqu’à ce que Dieu décide de leur fermer les yeux.

Listant les différentes étapes de la vie d’un individu, le Président équatorien a souligné l’importance, dans le cadre de cette vision garantissant les droits de la personne tout au long de son existence, d’éradiquer toutes les formes de violence.  « L’humanité entière a le devoir moral et éthique de refuser que des milliers de femmes et de jeunes filles soient maltraitées ou assassinées », a-t-il martelé.

M. Moreno Garcés a ensuite expliqué que les Équatoriens avaient hérité des peuples autochtones l’idée d’un monde centré autour de l’être humain et de sa relation avec la nature, dont l’objectif est la satisfaction des besoins de tous dans le cadre d’une vie digne.  « Mes frères autochtones m’ont appris que nous naissons pour être heureux.  C’est conformément à ce principe que nous devons gouverner, vivre, administrer et agir », a-t-il commenté.

Au vu de la nécessité de nous engager au service de la paix, il a expliqué que l’Équateur avait signé aujourd’hui le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a, à ce propos, appelé tous les pays à signer ce traité « historique ».

Mentionnant les sanctions contre Cuba, M. Moreno Garcés a dit croire fermement que la paix et le développement se construisent avec le dialogue, insistant sur l’importance du respect de la souveraineté des États et du principe de non-ingérence dans leurs affaires intérieures.

« Nous appelons au dialogue comme mécanisme de règlement des différends dans le monde, dans le respect du droit international.  Le militarisme n’est pas la réponse.  Il n’apporte que souffrance, douleur et mort », a-t-il ajouté, avant de préciser qu’il soutient le dialogue qui continue en « République sœur » de Colombie entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale.  Le Président équatorien s’est d’ailleurs félicité de l’Accord de Quito, prévoyant un cessez-le-feu bilatéral et temporaire en Colombie.

Il a également signifié que la lutte contre la corruption passait par une plus grande culture de la transparence, notamment grâce à des mesures fiscales justes.  Il a mentionné l’exemple équatorien où, après consultation populaire, le pays a décidé d’interdire aux fonctionnaires le recours aux paradis fiscaux. 

M. Moreno Garcés s’est ensuite attardé sur la thématique des changements climatiques et de la crise migratoire.  Il a déploré les dégâts causés par les phénomènes climatiques de ces dernières semaines et a renouvelé l’expression de sa solidarité envers les peuples affectés.  « Nous devons prendre soin de notre maison commune, afin d’assurer la survie de notre planète », a-t-il proclamé, avant de préciser que ce sont les pays en développement qui en payent le prix le plus élevé.

Sur la question migratoire, il a insisté sur l’importance de la mobilité humaine qui « enrichit les peuples et contribue à combattre toutes les formes de discrimination et de xénophobie ».  Il a renouvelé son soutien à l’élaboration d’un pacte mondial sur les migrations car « fermer les frontières n’est pas la solution, cela ne l’a jamais été ».  « Au vu de l’échec du modèle de développement basé sur l’accumulation des richesses, les inégalités et la guerre, nous pouvons et nous devons promouvoir une société nouvelle, basée sur la construction du bien commun », a conclu le Président.

Mme GABRIELA MICHETTI, Vice-Présidente de l’Argentine, a indiqué que son gouvernement s’était fixé l’objectif d’avancer de façon déterminée vers l’élimination totale de la pauvreté.  L’Argentine a d’ailleurs présenté, en juillet 2017, son premier rapport d’examen volontaire sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

La création d’emploi et l’éducation pour tous sont des objectifs pour son pays qui cherche à consolider l’égalité des chances.  La Vice-Présidente a signalé à cet égard que l’Argentine accueillerait en novembre la quatrième Conférence mondiale sur le travail des enfants.

La promotion et la protection des droits de l’homme constituent en Argentine une politique d’État depuis la restauration de la démocratie en 1983, ce qui exige de travailler de concert avec les acteurs régionaux et internationaux.  Mme Michetti a rappelé au passage que son pays était candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.

La Vice-Présidente a poursuivi en abordant le fléau du terrorisme, qui a touché son pays dans les années 1990.  L’attentat contre le siège de l’Association des mutuelles israéliennes argentines, en 1994, fait toujours l’objet d’une enquête, a-t-elle dit, en espérant que justice serait enfin rendue.  Elle a sollicité à cet effet la coopération de la communauté internationale pour appuyer sa demande d’entraide judiciaire à la République islamique d’Iran.

Pour démontrer la volonté de son pays de s’intégrer au monde, elle a indiqué que l’Argentine serait le siège de la onzième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre prochain et qu’elle assumerait en 2018 la présidence du G20.  « Le Marché commun du Sud (MERCOSUR) est notre principal instrument d’insertion internationale », a-t-elle aussi fait valoir.  Un des objectifs est de faire de l’Argentine un pays plus attirant pour les investissements étrangers.

La Vice-Présidente a ensuite réitéré « les droits légitimes et imprescriptibles de souveraineté sur les îles Malvinas, Géorgie du Sud, Sandwich du Sud et les espaces maritimes avoisinants », appelant à nouveau le Royaume-Uni à reprendre les négociations bilatérales pour trouver une solution pacifique et définitive respectueuse du mode de vie des insulaires et des résolutions de l’Assemblée générale et du Comité spécial de la décolonisation.  « Notre gouvernement a initié un nouveau climat dans sa relation avec le Royaume-Uni », a-t-elle assuré.

Mme Michetti a terminé son propos en voulant que l’on place les gens au centre des efforts de mise en œuvre du Programme 2030, plaidant en faveur de l’inclusion de tous, des femmes notamment, afin de parvenir à une société mondiale plus prospère et surtout plus juste.

M. DENIS SASSOU NGUESSO, Président du Congo, a rappelé que, chaque fois que les circonstances le permettent, le Congo s’emploie à défendre les idéaux de paix et de justice en Afrique et dans le reste du monde.  C’est dans ce cadre que le pays va accueillir, le 19 octobre prochain, le septième Sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la réunion de haut niveau du Mécanisme de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région.  Relevant les crises en cours en Afrique, il a souligné que le soutien du Congo au Gouvernement et au peuple centrafricains est acquis, ajoutant que la mise en œuvre de la feuille de route pour la paix et la réconciliation en RCA devrait donner une nouvelle impulsion en vue de la stabilisation de ce pays.  Il a aussi relevé que la recherche de la paix en Libye progresse sous l’égide du Congo qui assure la présidence du Comité africain de haut niveau sur ce pays.  Il a exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts du Congo en faveur de ces initiatives propices à un dénouement heureux de ces différentes crises.

Le Président a affirmé que la pauvreté constituera toujours un défi planétaire durable, tant que ne sera brisé le cycle de la dépendance et des contingences dramatiques imposées par l’évolution préoccupante des écosystèmes naturels.  Sur la question des migrations qui touche particulièrement l’Afrique, il a estimé que nous sommes tous interpelés et qu’il faut agir en profondeur, de manière solidaire et dans la compréhension mutuelle, pour contenir ces exodes vers l’incertitude et préserver la vie des milliers d’Africains.  Il a également exprimé sa compassion et sa solidarité à l’endroit des populations victimes des conséquences néfastes des changements climatiques, plaidant pour le respect des engagements issus de l’Accord de Paris.  Il a de ce fait rappelé que la protection de l’environnement est une obligation commune et incontournable.  C’est pour cette raison que le Congo a initié le Fonds bleu pour le bassin du Congo, un instrument financier visant à assurer une meilleure qualité de vie aux peuples et protéger les forêts du bassin du Congo, deuxième poumon vert du monde après l’Amazonie.

M. Sassou-Nguesso a en outre souligné que la vie décente pour tous passe également par une bonne santé des populations, s’inquiétant à ce propos de l’expansion du fléau des médicaments contrefaits et sous-standards, notamment dans les pays en développement.  Il a rappelé que selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 800 000 décès par an sont dus aux faux médicaments.  Il a invité l’Assemblée générale à définir une stratégie globale de lutte contre ce fléau.  Il a aussi assuré qu’en dépit de la conjoncture née de la chute drastique des cours pétroliers, le Congo poursuit sa marche résolue vers la consolidation de la démocratie, ajoutant que les forces vives de la nation exercent leurs prérogatives en totale liberté.

Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente du Chili, a constaté que la scène internationale était caractérisée par l’incertitude.  « Soit nous laissons chaque État essayer de s’imposer et tirer le plus d’avantages possibles de sa position, soit nous œuvrons en faveur de la stabilité et de la paix commune », grâce au renforcement des instruments multilatéraux et à la coopération.

« J’apporte aujourd’hui la voix du Chili, un pays qui a appris de son histoire. »  La Présidente a ainsi voulu transmettre un message d’optimisme réaliste en soulignant que l’on pouvait améliorer la vie des gens en agissant de concert et en mettant en commun les forces de tous.

Elle a indiqué que le Chili avait lancé son Plan d’action national sur les changements climatiques, dans la droite ligne de l’objectif 14 de développement durable relatif aux océans.  Elle a cité à cet égard un impôt vert sur les émissions de CO2 provenant de sources fixes, ainsi que la transformation du pays en matière énergétique.  Le Chili est en effet passé de 6,3% à 17% d’énergies renouvelables non conventionnelles, avec pour objectif d’atteindre le taux de 90% en 2050.

Le Chili, qui prend une part active à l’initiative « Notre océan », a créé de nouveaux parcs marins protégés.  Il faut encore s’attaquer au problème des plastiques, une autre menace aux écosystèmes marins, a signalé la Présidente en annonçant un projet de loi pour interdire leur utilisation dans les villes côtières, une première en Amérique.  Le Chili est en outre un des premiers pays à ratifier l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal.  Comme autres mesures écologiques, la Présidente a mentionné la création d’un réseau de parcs en Patagonie.

Passant aux progrès en matière de démocratie, Mme Bachelet Jeria a indiqué que son pays avait entrepris une profonde réforme du système électoral hérité de la dictature en fixant notamment un quota de 40% de candidatures féminines.  Elle a également souligné les efforts pour garantir les libertés individuelles, en citant l’accord d’union civile qui légalise l’union de personnes de même sexe.

En matière d’éducation, Mme Bachelet Jeria a parlé de la réforme menée pour offrir une éducation gratuite, en commençant par les familles à faible revenu.

Face à la crise que traverse le Venezuela, le Chili et 11 autres pays de la région ont lancé un appel au dialogue entre le Gouvernement et l’opposition, voulant jouer un rôle pour « arriver à des résultats concrets et restaurer pleinement la démocratie dans ce cher pays ».

La Présidente a exprimé ses préoccupations en ce qui concerne les menaces à la paix dans d’autres parties du monde et les actions de la République populaire démocratique de Corée.  Elle a dit avoir participé activement aux négociations sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires que le Chili a signé aujourd’hui.  S’agissant d’Haïti, elle a mentionné la participation du Chili au maintien de la paix et au développement dans ce pays, avant de parler aussi du rôle du Chili dans le processus de paix en Colombie.

Venant au Programme de développement durable à l’horizon 2030, Mme Bachelet Jeria a indiqué avoir lancé une initiative appelée « Resilient 20 » pour promouvoir la résilience des pays vulnérables de la région.  Enfin, elle a appuyé les propositions du Secrétaire général sur la gestion de l’ONU et fait remarquer que la réforme du Conseil de sécurité restait en suspens.

M. RAIMONDS VĒJONIS, Président de la Lettonie, a débuté son exposé en regrettant que les Nations Unies aient été trop souvent incapables d’empêcher les conflits, les atrocités.  Elles doivent regagner la confiance des États Membres, a-t-il estimé, avant de souligner la responsabilité particulière du Conseil de sécurité et d’appeler les membres dotés du droit de veto à dépasser leurs intérêts domestiques pour relever les défis globaux.  La confiance dans les Nations Unies continuera de s’éroder si le Conseil de sécurité ne fonctionne pas, a-t-il relevé tout en appelant à une réforme attendue depuis longtemps.

Sur le plan de la sécurité, M. Vējonis s’est inquiété de la prolifération des armes de destruction massive et de la menace des armes nucléaires.  Il a noté combien les actions de la République populaire démocratique de Corée avaient aggravé l’insécurité mondiale et a appelé ce pays à renouer le dialogue avec la communauté internationale.  Les États doivent mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il insisté, avant d’estimer que l’utilisation des armes chimiques en Syrie est une autre de préoccupations, « un crime déplorable sur lequel il faut enquêter et dont les auteurs doivent être tenus responsables ».  La Lettonie continuera à soutenir le peuple syrien et le processus politique mené par les Nations Unies pour parvenir au règlement pacifique d’un conflit sanglant qui dure depuis trop longtemps.  M. Vējonis a ensuite évoqué le terrorisme global et s’est félicité des efforts de la Coalition mondiale contre Daech, et particulièrement de la libération de Mossoul en Iraq.  Il a cependant souligné que la lutte n’était pas finie et qu’il fallait penser à de nouvelles stratégies.  Il s’est dit heureux que le Protocole de Riga sur les combattants terroristes étrangers soit entré en vigueur en juillet et a encouragé tous les États à adhérer à cet instrument.

Le Président a ensuite insisté sur le respect de l’intégrité territoriale des États indépendants, y compris par la Fédération de Russie.  Il a dénoncé l’agression russe dans l’est de l’Ukraine et l’annexion illégale de la Crimée et de Sébastopol.  M. Vējonis a appelé à soutenir les efforts pour résoudre la crise dans le cadre du « format Normandie » et du Groupe de contact trilatéral, ainsi que la mise en œuvre des accords de Minsk.  Les observateurs internationaux doivent pouvoir entrer en Crimée et les violations des droits de l’homme, particulièrement contre les Tatars, doivent cesser, a-t-il précisé.  Il a aussi demandé que les Nations Unies restent impliquées dans le règlement des conflits larvés en Nagorno-Karabakh, en Transnistrie, en Abkhazie et en Ossétie du Sud.

M. Vējonis a réitéré l’engagement de son pays à mettre en œuvre l’Accord de Paris.  La Lettonie présentera également de manière volontaire, l’année prochaine, un rapport sur ses avancées concernant le Programme 2030 au Groupe de haut niveau sur le développement durable.  M. Vējonis a terminé son intervention en attirant l’attention sur le problème de la désinformation et de la propagande menés par des acteurs étatiques et non étatiques et a déclaré qu’il soutenait, aux niveaux national et international, le développement d’une presse indépendante, professionnelle, transparente et objective.

Deux ans après l’adoption des objectifs de développement durable, beaucoup reste à faire pour promouvoir un ordre économique plus juste afin de réaliser tous les objectifs de développement durable, a noté M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud.  Il a estimé qu’une volonté et un engagement politiques des dirigeants du monde étaient nécessaires pour faire face aux défis et obstacles structurels de l’économie mondiale.  Il a déploré le fait que de nombreux pays développés continuent de profiter des ressources tirées du continent africain, un continent qui continue de perdre une bonne partie de ses ressources du fait des flux illicites de capitaux; des milliards de dollars qui auraient pu être utilisés pour le développement, l’éducation, la santé, le logement et autres services de base aux populations.  Le Président a estimé que le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale, la corruption et le prix des transferts de fonds des multinationales sont parmi les plus grands défis de la croissance économique et de la stabilité.  Dans ce contexte, il a affirmé que les pays développés ont l’obligation historique et morale de contribuer à l’avènement d’un environnement économique mondial juste et d’éradiquer le fléau des flux financiers illicites qui partent du continent africain.

Le Président a salué la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, particulièrement l’Union africaine (UA), dans le cadre du maintien de la paix et la sécurité internationales.  Il s’est félicité du soutien apporté par l’Organisation aux efforts de gestion des conflits de l’Union africaine à travers la promotion des « solutions africaines aux problèmes et défis africains ».  Il a déclaré que les Africains entendent faire taire les armes sur le continent d’ici à l’année 2020, en droite ligne de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Il a ainsi souhaité que le peuple libyen connaisse bientôt la paix et l’harmonie, rappelant qu’en 2011, l’UA avait appelé au dialogue pour résoudre la crise dans le pays, malheureusement « certains Membres de l’ONU ont opté pour la solution des armes et des bombes ».  Or aujourd’hui, ces mêmes pays font peu d’efforts pour promouvoir la stabilité en Libye, a-t-il déploré.  Il a relevé que le problème des flux de migrants en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient n’est qu’un symptôme de la crise libyenne.  Une crise qui a largement contribué, a-t-il affirmé, à la déstabilisation du Sahel jusqu’en Afrique centrale, créant un corridor pour le commerce illicite d’armes et les activités terroristes.  Il a indiqué qu’en Libye comme en Syrie, l’Afrique du Sud a mis en garde contre l’idée de résoudre les défis internes d’États souverains en imposant des solutions externes par la voie militaire.

Au sujet de la crise dans la péninsule coréenne, M. Zuma a dit qu’en tant que pays ayant volontairement démantelé son programme d’armement nucléaire, l’Afrique du Sud assure qu’il ne peut y avoir de mains sûres quand il s’agit d’armes de destruction massive.  « La seule solution viable est de procéder à leur élimination totale comme cela est indiqué dans le récent Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-il affirmé.  Il a du reste invité tous les États Membres à signer ce Traité.

Le Président a par ailleurs appelé à la réforme du Conseil de sécurité, cet organe essentiel des Nations Unies.  Il a argué qu’une absence de progrès sur cette question entacherait la légitimité de l’Organisation.  Il a aussi déclaré que tous les efforts doivent être axés sur la mobilisation des ressources requises pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

Il a souligné que cette session de l’Assemblée générale coïncidait avec le centenaire d’Oliver Reginald Tambo qui a dirigé le mouvement de libération en Afrique du Sud, à l’African National Congress (ANC).  Il a saisi cette occasion pour remercier les Nations Unies et la communauté internationale pour le soutien apporté à la lutte de libération.  Il a laissé entendre que si Oliver Tambo était encore vivant, il aurait demandé à l’Assemblée générale de soutenir la lutte des Palestiniens et des populations du Sahara occidental.  Il a plaidé pour que l’Assemblée générale fasse montre de la même détermination qu’elle a eue dans le soutien à la lutte sud-africaine.  Il a aussi fait part de sa déception face à la décision de l’Administration américaine de faire machine arrière sur les progrès enregistrés ces deux dernières années sur la question de l’embargo contre Cuba.

Les Nations Unies doivent inclure davantage l’Afrique au plus haut niveau décisionnel de l’Organisation, a estimé M. HAGE G. GEINGOB, Président de la Namibie.  « Si elle n’y parvient pas, l'ONU risque de perdre sa respectabilité », a-t-il mis en garde.  À ses yeux, le moyen le plus sûr de « restaurer la confiance » dans les Nations Unies serait de réformer le Conseil de sécurité afin d’en faire une instance « plus ouverte ».

Pour le Président namibien, l’Afrique ne devrait pas seulement être perçue comme une « source précieuse de matières premières », mais bien comme un « partenaire important » qu’il faut traiter « sur un pied d’égalité avec le reste de la communauté internationale ».  Dans cette perspective, il s’est félicité de l’accord récemment conclu entre le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine (UA) pour renforcer la coordination entre les deux organisations. 

M. Geingob a également salué le « partenariat institutionnel » qui s’est forgé entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine pour le maintien de la paix et la sécurité internationales, comme en témoigne le fait que, sur 52 opérations de maintien de la paix et missions politiques spéciales des Nations Unies, 26 sont actuellement déployées sur le continent africain.  « Cela contribue à accroître non seulement la coopération entre les deux institutions, mais également la légitimité des décisions prises par le Conseil de sécurité en Afrique », a-t-il estimé.

La plus grande menace à la paix, a toutefois déclaré le Président, demeure les disparités grandissantes entre et à l’intérieur des nations.  Pour cette raison, a-t-il déclaré, la Namibie a fait du développement une priorité.  « Nous avons réalisé des progrès significatifs dans la lutte contre la pauvreté absolue et relative au cours des 27 dernières années », s’est-il enorgueilli, précisant que le taux de pauvreté du pays était passé de 70% en 1993 à 18% en 2015. 

Malgré ces progrès, M. Geingob a reconnu que, sur la même période, les inégalités de revenus n’avaient pas diminué à un rythme aussi soutenu que celui de la pauvreté.  Pour y parvenir, la Namibie a « déclaré une guerre totale » aux inégalités, qui consiste notamment à faire en sorte que les femmes ne soient pas exclues du développement.  C’est dans cette perspective, a-t-il expliqué, que le parti au pouvoir a instauré la parité électorale entre hommes et femmes, de sorte que l’Assemblée nationale du pays compte aujourd’hui 48% d’élues, soit l’un des cinq taux de représentation politique des femmes les plus élevés au monde.

M. FILIP VUJANOVIĆ, Président du Monténégro, a d’abord affirmé que son pays, devenu récemment État Membre de l’ONU, contribuait activement au maintien de la paix et de la sécurité internationales dans la région des Balkans et avait placé la coopération régionale et les bonnes relations de voisinage au cœur de sa politique étrangère.  Il a annoncé l’organisation, l’année prochaine, d’une conférence régionale pour tenter de dépasser les désaccords et de parvenir à une paix durable.  De même, engagé en faveur de la coopération internationale, le Monténégro considère comme un facteur très important sa récente entrée à l’Alliance de l’Atlantique Nord, ce qui lui permettra de renforcer sa coopération avec les Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la stabilité.  De même, le Monténégro entend devenir un partenaire fiable de l’Union européenne. Les négociations d’accession ont d’ores et déjà apporté au pays d’importants avantages économiques, a ajouté M. Vujanović.

Face à des défis complexes, les Nations Unies doivent se réformer plus rapidement, a estimé le Président, qui a en outre estimé que ces dernières devaient assumer de nouvelles responsabilités, tout comme les organisations économiques régionales.  Il a préconisé une réforme non seulement des Nations Unies mais aussi du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale afin de garantir une croissance économique équitable.  Le Monténégro est notamment favorable au renforcement du rôle de l’Assemblée générale et à l’élargissement du Conseil de sécurité selon le principe de représentation géographique équitable.

M. Vujanović a également salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme et a apporté un soutien sans équivoque à la non-prolifération nucléaire.  Il a condamné les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, appelé ce pays à respecter ses obligations internationales et a appuyé les efforts diplomatiques visant à apaiser les tensions.

Le multilatéralisme est essentiel pour la paix, la croissance durable et le respect des droits de l'homme, a estimé le Président du Monténégro, pour qui le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques représentent une plateforme universelle pour la transformation et le progrès et doivent être intégralement mis en œuvre et dotés de ressources considérables.  Estimant que l’Accord de Paris est le fondement des futurs efforts pour préserver la stabilité à long terme du système climatique, il a rappelé que son pays apporte sa contribution au Fonds d’affectation spéciale du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Les droits de l’homme sont une condition préalable de la paix, de la stabilité et du développement, a aussi rappelé M. Vujanović, qui a dit attacher une importance particulière à l’éradication de la pauvreté et à la lutte contre les discriminations, ainsi qu’à la promotion des femmes et la protection des enfants, avant d’annoncer la candidature de son pays à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024.  Il a par ailleurs apporté son soutien aux projets de pactes mondiaux en faveur des réfugiés et des migrants.

M. KLAUS WERNER IOHANNIS, Président de la Roumanie, a estimé que, même si certains estiment que les Nations Unies ne gèrent pas bien la multitude des nouvelles crises, il n’existe pas de voie plus efficace que le multilatéralisme pour rechercher des solutions fiables aux défis mondiaux.  Le monde a plus que jamais besoin d’un système international fondé sur l’état de droit et les Nations Unies doivent être dotées des moyens nécessaires à leur efficacité.  En même temps, les États Membres doivent renforcer leur engagement en faveur des Nations Unies.

L’ordre du jour des Nations Unies ne concerne pas seulement les conflits et leur prévention, a rappelé M. Iohannis.  Il touche aussi au développement et aux droits de l'homme: il faut bâtir une vie décente pour chacun sur une planète durable.  La Roumanie, a rappelé son Président, a choisi d’associer tous les acteurs politiques, de la société civile, du secteur privé et de la communauté scientifique à l’élaboration de politiques permettant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Elle se soumettra à son premier examen volontaire du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, en juillet 2018.

Quelle que soit la forme que prendra finalement le Conseil de sécurité réformé, nous avons besoin de Nations Unies dotées de solides capacités de planification et capables de projeter la vision d’une paix mondiale bien au-delà des vicissitudes présentes, a poursuivi M. Iohannis.  C’est pourquoi la Roumanie soutient les efforts de réforme du Secrétaire général et en particulier la création d’une structure institutionnelle intégrée permettant une approche holistique de la gestion des crises.  Elle appuie également le renforcement de l’efficacité des opérations de maintien de la paix et les priorités du Secrétaire général en matière de réforme: prévention des conflits, développement durable, réforme de la direction et refonte du Secrétariat.  Elle salue en outre la réforme de l’architecture de lutte contre le terrorisme et la création du Bureau de lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, la Roumanie reste favorable, avec l’Espagne, à la création d’un tribunal international contre le terrorisme.  Enfin, elle appuie le renforcement de la dimension des droits de l'homme au sein de l’Organisation.

M. Iohannis a ensuite mis l’accent sur l’éducation pour la paix, estimant qu’une éducation de qualité est le seul moyen de lutter contre les tendances extrémistes qui menacent aujourd’hui la jeunesse.  Il a rappelé qu’il venait de présider un débat sur ce thème en marge du débat général de l’Assemblée générale.

Le Président roumain s’est enfin inquiété des conflits prolongés dans la région de la mer Noire, qui perturbent la coopération régionale alors même que la communauté internationale devrait stimuler ce type de coopération.  Rappelant que la Roumanie avait parrainé une résolution en ce sens au Conseil de sécurité en 2005 alors qu’elle en était membre non permanent, le Président a annoncé la candidature de son pays pour un cinquième mandat de deux ans au Conseil pour la période 2020-2021, en rappelant la contribution de son pays aux effort de paix et de sécurité des Nations Unies, y compris sa contribution depuis 26 ans aux opérations de maintien de la paix, dans lesquelles ont servi plus de 10 000 Casques bleus roumains dans 20 missions.

M. ARTHUR PETER MUTHARIKA, Président de la République du Malawi, a souligné que l’élimination de la pauvreté et la recherche de la prospérité dans le monde doivent se fonder sur l’élévation du potentiel des peuples.  Aucune communauté ne peut prendre de l’élan sur le plan socioéconomique sans que sa population soit autonomisée pour orienter son propre agenda pour le développement, d’où l’importance d’investir dans le capital humain, a-t-il indiqué.

Après avoir appelé à une action concertée de la part de tous les États Membres, M. Mutharika a insisté sur l’importance d’autonomiser les femmes, notamment en mettant l’accent sur la situation des jeunes filles.  Il a appelé à mettre un terme aux mariages précoces, précisant que le Malawi avait adopté une loi qui interdit le mariage de toute personne âgée de moins de 18 ans.  La législation du pays permet également aux jeunes filles de prendre des décisions informées concernant leur éducation et leur avenir.

Le Malawi a aussi pris des « mesures décisives » pour permettre aux jeunes qui ne peuvent pas se rendre à l’université d’obtenir une éducation technique et entrepreneuriale, ainsi que pour élargir l’accès à l’enseignement supérieur.  Le Malawi, a par ailleurs ajouté le Président, a également réalisé des progrès dans la lutte contre les attaques « brutales et irrationnelles » dont sont victimes les personnes atteintes d’albinisme.  Il fut un temps où ces attaques étaient répandues dans certaines parties du pays, mais aucune n’a été signalée au cours des six derniers mois, s’est-il félicité.

Tournant ensuite son attention sur la question du développement, le Président a indiqué que la majorité de la population du Malawi dépend de l’agriculture pour subvenir à ses besoins.  Alors que ce secteur fait face à de nombreux défis en raison des changements climatiques, le Malawi est en train de mettre en place des programmes de protection sociale afin de protéger les plus vulnérables, moyennant, notamment, des programmes de transfert de fonds ou de travail contre nourriture, ainsi que des programmes de cantines scolaires et de subventions agricoles.

Il a expliqué que dans son pays, où 85% de la population vit dans des communautés agraires, les mauvaises récoltes sont toujours une tragédie.  Le Malawi a été victime, pendant deux années consécutives, d’inondations et de sécheresse qui ont provoqué des pertes de récoltes et la famine.  Tout le monde, a-t-il souligné, doit ressentir le besoin urgent de procéder collectivement à la gestion durable de nos ressources naturelles.  Si cette planète meurt, a-t-il averti, nous périrons avec elle!

Le Président du Malawi a également abordé la question du nucléaire pour exprimer son « désaccord catégorique » avec la prolifération de la technologie des missiles balistiques.  Il a aussi appelé à la pleine représentation du continent africain au sein du Conseil de sécurité.  « Notre Afrique en ascension est toujours prête à jouer son rôle au sein de la communauté internationale », a-t-il lancé avant de conclure.

M. HERY MARTIAL RAJAONARIMAMPIANINA RAKOTOARIMANANA, Président de Madagascar, a estimé que le thème du débat général, « Priorité à l’être humain: paix et vie décente pour tous sur une planète préservée », fait écho « au sens même de la raison d’être de chaque État » d’assurer le bien-être de son peuple par les « voies et moyens » qui lui sont propres.  Le Président a noté que son pays, au terme d’une longue crise politique aggravée par l’imposition de sanctions internationales et un taux de pauvreté atteignant 92% de la population, a « franchi un cap et atteint une étape qui permet tous les espoirs ».

Depuis 2016, des investissements et l’octroi d’une aide internationale totalisant 6,4 milliards de dollars ont permis à Madagascar de réinvestir dans des secteurs clefs de son économie, s’est félicité le Président.  Les chantiers se multiplient à travers tout le pays, réduisant la pauvreté des populations les plus vulnérables.  Il a souligné que la création du Conseil de réconciliation nationale a permis au pays de parvenir à une « normalisation institutionnelle » et de faire des progrès en matière de gouvernance, en plus d’apaiser le climat politique.

En outre, a poursuivi le Président, la mise en œuvre du Plan national de développement a favorisé la mise en place d’infrastructures de base dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’énergie et de la pêche, ce qui a permis une « redynamisation » de l’économie et une « réelle valorisation de nos richesses ».  Nous comptons poursuivre dans cette voie en instaurant des zones économiques spéciales dans deux régions, a-t-il poursuivi, ajoutant que des projets de création d’une « ville pilote numérique » et d’accélération de la transition énergétique sont en cours. 

Par ailleurs, en assumant « haut la main » la présidence des sommets du Marché commun de l'Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA) et de l’Organisation internationale de la Francophonie, Madagascar a montré qu’il « peut jouer sa partition sur l’échiquier mondial », selon le Président. 

Dans le contexte des objectifs de développement durable, Madagascar a élaboré un plan sectoriel de l’éducation et réalisé des investissements importants dans un système de santé « réduit à néant pendant les années sous sanctions ».  Le Président s’est aussi réjoui de la mise en place d’un système de surveillance épidémiologique électronique, ajoutant que son gouvernement envisage la création d’une couverture de santé universelle. 

Madagascar a également investi dans son industrie touristique afin de créer des emplois et préserver sa biodiversité « unique et inestimable », a ajouté le Président, soulignant à cet égard l’importance d’assurer une gestion responsable des ressources naturelles et de lutter contre les changements climatiques. 

Concluant son intervention, le Président malgache a déclaré que l’Assemblée générale dispose des outils nécessaires pour relever les défis mondiaux relatifs à pérennisation de la paix, de la sécurité et de la réduction des inégalités.  Il s’agit maintenant de les renforcer, a-t-il conclu, en mettant l’accent sur la prévention et en mettant en place un « nouveau modèle » de développement durable répondant aux préoccupations et attentes des peuples.

« En ces temps de turbulence et d’incertitudes, l’idéal d’un monde meilleur pour tous se heurte aux urgences d’un monde de conflits et en conflit avec lui-même » a déclaré M. MACKY SALL, Président du Sénégal. Ce dernier s’est inquiété des urgences sécuritaires et humanitaires, alimentaires, environnementales, mais aussi éthiques et morales, pointant notamment du doigt les dérives extrémistes, racistes et xénophobes qui refont surface.  Rien, encore moins la religion, ne saurait justifier le fanatisme violent, a affirmé le Président qui a toutefois dit ne pouvoir accepter que l’islam soit assimilé à la violence et que les musulmans soient tenus pour responsables « d’une violence dont ils sont eux-mêmes victimes ».  Il a appelé à travailler ensemble à la recherche de solutions concertées contre le fléau du terrorisme, précisant que ce sera l’objet du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, dont la quatrième édition se tiendra les 13 et 14 novembre 2017.  Il a ensuite salué les efforts du G5 Sahel et des pays partenaires dans la lutte contre le terrorisme.

Poursuivant son intervention, M. Sall a averti que le monde ne peut être en paix avec lui-même tant qu’il reproduira un système d’échanges inégaux, « où ceux qui ont plus gagnent toujours plus, et ceux qui ont moins perdent toujours plus ».  Il a appelé à travailler à des échanges mutuellement bénéfiques, qui protègent l’investissement, rémunèrent au juste prix les matières premières et génèrent une prospérité partagée.  Au titre de la présidence en exercice du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), il a salué l’initiative Compact avec l’Afrique lancée par l’Allemagne pour stimuler l’investissement sur le continent.  Il a également annoncé que le Sénégal accueillera prochainement trois évènements majeurs de l’agenda international, à savoir le troisième Forum sur l’investissement en Afrique, du 25 au 27 septembre; la Conférence internationale sur les infrastructures de haute qualité, en janvier 2018 et, enfin, la Conférence de reconstruction du fonds du Partenariat mondial pour l’éducation, le 8 février 2018.

M. Sall a également souligné qu’il est temps de donner à l’Afrique la place qu’elle mérite au Conseil de sécurité.  Il est temps de ne plus considérer l’Afrique comme un continent du futur, qui se contente de promesses aléatoires que d’autres conçoivent, écrivent et interprètent à sa place.  L’Afrique, a déclaré le Président du Sénégal, se veut partie prenante d’un présent qui tienne compte de ses intérêts et besoins d’émergence, par des partenariats rénovés et mutuellement avantageux.

« En dépit des incertitudes et des difficultés de notre temps, a poursuivi le Chef d’État sénégalais, nous devons continuer à avoir foi dans le multilatéralisme.  Les générations avant nous ont eu la sagesse de comprendre que l’isolationnisme et l’état de belligérance sont une voie sans issue ».

MSWATI III, Roi du Swaziland, a commencé par réitérer son souhait de voir l’Afrique représentée au Conseil de sécurité par un membre permanent.  Il a pressé à cet effet l’ONU « d’écouter la voix des millions d’Africains qui veulent contribuer au bien-être de la communauté internationale en tant que partenaire à part entière ».

Après cette entrée en matière, il s’est félicité des initiatives de l’ONU s’agissant du développement durable. Rappelant le thème de la session « Mettre l’accent sur les personnes: lutter pour la paix et une vie décente pour tous sur une planète durable », et pointant sa transversalité intrinsèque, il a expliqué que ces objectifs ne pourront être atteints qu’au prix d’une lutte acharnée contre la menace nucléaire et le terrorisme, mais aussi grâce à des décisions prises en toute transparence, après consultation avec tous.

Le Chef d’État a rappelé que le Swaziland s’était engagé à réaliser les objectifs de développement durable, au point de les intégrer dans sa Stratégie nationale de développement.  Rappelant à chacun qu’aucun pays n’est à l’abri des effets dévastateurs du réchauffement climatique, il est revenu sur la sécheresse qui a durement frappé son pays et toute l’Afrique australe en 2015 et en 2016.  S’il a remercié la communauté internationale pour son aide, il a toutefois réaffirmé la nécessité pour tous les États non seulement de contribuer au Fonds vert pour le climat mais aussi de trouver « le bon équilibre entre produire des produits essentiels et maintenir un environnement durable afin de préserver le monde pour les futures générations ».

Embrayant sur l’éducation, Mswati III s’est réjoui des progrès de son pays en matière de scolarisation.  Il a notamment indiqué que 97,7% des enfants étaient inscrits à l’école primaire en 2015, contre seulement 79,2% il y a 15 ans.  L’accent mis sur les orphelins et les jeunes les plus vulnérables grâce à de nombreux programmes a permis de scolariser davantage d’élèves mais aussi d’améliorer leur nutrition.  Ces objectifs destinés à « ne laisser personne sur le côté » sont alignés avec ceux du Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a-t-il rappelé.

D’un point de vue socioéconomique, le Roi du Swaziland a expliqué comment son pays comptait sur le « dividende démographique » pour assurer son développement.  Un investissement dans la jeunesse qui passe, a-t-il expliqué, par la création des parcs d’innovation qui doteront les jeunes des compétences nécessaires pour accompagner le pays sur la voie du développement durable.  Rappelant que ces parcs étaient à la recherche de partenariats, il a enjoint le secteur privé à profiter de cette initiative.  Dans la même veine, il a évoqué la future « Université de l’innovation et de la technologie » qui permettra de créer une force de travail qualifiée, mais qui a besoin de l’appui de la communauté internationale pour « devenir réalité ».

Plus globalement, il a assuré que la lutte contre la famine, la pauvreté et les maladies était au cœur de la Stratégie nationale de développement, dans le sens où cette action conduit mécaniquement à la croissance économique et à la prospérité.  C’est ainsi que le pays a fait du combat contre le VIH/sida et le paludisme des priorités nationales.  « La charge virale a été réduite de 70% chez les adultes contaminés par le sida », s’est-il notamment félicité.  Il a par ailleurs souligné que son pays allait présider l’Alliance des présidents africains contre le paludisme.

Le Roi du Swaziland a conclu par un appel en faveur de l’entrée de la République de Chine de Taiwan aux Nations Unies, estimant que ce pays avait montré son attachement aux idéaux de l’ONU « de manière significative ».

Après avoir rappelé la situation qui prévaut en Libye depuis la révolution de 2011, M. FAIEZ MUSTAFA SERRAJ, Président du Conseil de la Présidence du Gouvernement d’entente nationale de la Libye, a dit qu’aucun progrès ne peut se faire sans l’aide des pays partenaires de la Libye.  L’Accord politique qui vient d’être conclu entre les différentes parties libyennes reste la pierre angulaire pour édifier les nouvelles institutions politiques et la transition en Libye.  Cette transition est nécessaire pour parvenir à la stabilité.  Le Conseil de la Présidence du Gouvernement d’entente nationale, qui est le fruit de l’Accord, est chargé de concrétiser la réconciliation nationale. 

Le Président a annoncé que toutes les parties sont prêtes à relever les défis dont le moindre n’est pas l’insécurité.  Il a affirmé que le Conseil a mis fin aux troubles à Tripoli et dans d’autres villes libyennes.  La Mission de l’ONU s’installera bientôt dans la capitale suivie par des ambassades.  Les déplacés reviennent et nous faisons tout pour nous débarrasser les fauteurs de troubles, a assuré le Président qui a ajouté, au titre des bonnes nouvelles, que la production de pétrole a atteint un million de barils.  Il a saisi l’occasion pour demander la reprise de l’aide financière internationale et la restitution des avoirs financiers libyens à l’étranger qui font perdre au pays un milliard de dollars par an.

M. Serraj a ajouté que l’Accord conclu à Paris en juillet dernier constitue aussi la feuille de route pour l’organisation de l’élection présidentielle en 2018, l’amnistie et le consensus sur la marche démocratique.  Mais il exclut la lutte contre le terrorisme.  Dans le cadre de cette lutte, M. Serraj a salué la libération de Benghazi et de Syrte.  Il a réitéré la nécessité de partenariats stratégiques avec les pays amis, en particulier les États-Unis.  Il a également attiré l’attention sur le travail en cours pour unifier l’armée libyenne et la rendre capable de combattre les terroristes.

S’agissant des migrations clandestines, il a invoqué le manque de ressources de son gouvernement qui ne peut faire face, seul, à ce problème.  L’aide internationale ne suffit pas, a-t-il martelé.  Il s’est montré rassurant et a affirmé que des lois ont été adoptées pour protéger les droits de l’homme en Libye qui a reçu l’appui technique de l’ONU.  Avant de terminer, le Président a déclaré qu’il n’y a pas de solution militaire en Libye tout en demandant à ce que l’on arrête de traiter avec des acteurs autres que les autorités du Conseil de la Présidence.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a dit que le système économique mondial avait été créé sans penser aux petits États insulaires.  Il est revenu sur les caractéristiques qui font de ces États un cas particulier du développement: une petite population, des territoires exigus et géographiquement isolés, peu de ressources naturelles et une grande vulnérabilité aux chocs économiques et environnementaux.  Nos peuples ont soif de prospérité mais l’accès au développement est tout simplement fermé.

Nos perspectives d’avenir, a souligné le Président, dépendent d'une planète stable, y compris un climat sûr et des océans sains.  C’est pourquoi Nauru a été parmi les premiers à ratifier l’Accord de Paris et à faire de sa mise en œuvre une de ses priorités.  La mise en œuvre de l’Accord est une responsabilité collective, a martelé le Président.  Nous avons démontré notre volonté politique de participer à l’effort mondial mais beaucoup d’entre nous n’ont pas les ressources pour contribuer pleinement.  Le Président a donc appelé les amis et partenaires au développement à intensifier leurs programmes d'assistance. 

Les quatre priorités climatiques de Nauru sont l’énergie renouvelable, la réhabilitation des terres, la sécurité de l’eau et la résilience des infrastructures.  Nous attendons de bâtir un véritable partenariat durable pour réaliser nos objectifs, a confié le Président, en insistant sur l’objectif central de l’Accord de Paris qui est de maintenir le réchauffement de la planète en-deçà de la barre de 1,5°C.  L’échec serait dévastateur pour les petits États insulaires, a-t-il prévenu.

Après avoir rappelé les quatre questions qu’il avait posées au Sommet mondial sur l’action humanitaire de l’année dernière, le Président a avoué qu’il est difficile de voir comment nous réaliserions notre vision d’une planète pacifique sans les réponses à ces questions: comment allons-nous nourrir une planète de neuf milliards d’habitants alors que les rendements agricoles devraient diminuer?  Comment allons-nous partager les ressources en eau douce en recul alors que les glaciers disparaissent et la sécheresse devient monnaie courante dans beaucoup de régions?  Comment allons-nous protéger les millions de futurs sans-abris des zones côtières inondées?  Comment ces problèmes-ci et d’autres pourront-ils être gérés efficacement de façon à éviter la défaillance des gouvernements et la multiplication des États faillis?  Les changements climatiques seront le principal enjeu sécuritaire qui définira le siècle et nous ne sommes tout simplement pas prêts pour la vie sur une planète plus chaude.  C’est la raison pour laquelle, a répété le Président, Nauru appuie la proposition de nommer un représentant spécial de l’ONU sur le climat et la sécurité dont le travail doit commencer avec une évaluation de la capacité de l’Organisation à répondre aux catastrophes climatiques.

La prospérité du peuple de Nauru dépend de la santé des océans.  À cet égard, nous devons nous montrer ambitieux.  Le cas particulier des petits États insulaires en développement doit être au cœur de notre action s’agissant de la protection des océans et pris en compte dans les futurs accords de mise en œuvre, au titre d’un nouvel instrument pour la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité marine au-delà des limites de la juridiction nationale.  Ouvrir d’urgence une conférence intergouvernementale pour élaborer un nouvel accord de mise en œuvre conforme au principe de patrimoine commun de l’humanité et qui permettra la protection et la préservation des océans, doit être une priorité.

Après avoir exprimé sa sympathie au Gouvernement et au peuple du Mexique suite au séisme meurtrier d’hier, M. HENRY VAN THIO, Vice-Président du Myanmar, a estimé que l’intensité et la fréquence des catastrophes naturelles sont la preuve des changements climatiques, une réalité qui « menace notre planète ».  Sujet à des tempêtes, à des inondations et à des sécheresses, le Myanmar est un pays « hautement vulnérable », a-t-il poursuivi, avant de souligner que son pays vient de déposer les instruments de ratification de l‘Accord de Paris sur les changements climatiques et de l’Amendement de Doha au Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Hier, a-t-il rappelé, la Conseillère d’État a informé le corps diplomatique des efforts du Gouvernement visant la réconciliation nationale et la paix.  Elle s’est réjouie des progrès réalisés ces 18 derniers mois, sans cacher les défis qui restent à relever.  S’agissant de l’État de Rakhine, elle a souligné que le Myanmar « partage les préoccupations » de la communauté internationale face aux déplacements et aux souffrances « de toutes les communautés » touchées par le dernier cycle des attaques terroristes.  Elle a aussi souligné que « nous condamnons toutes les violations des droits de l’homme et les actes de violence illégaux ».  Le Myanmar, a assuré le Vice-Président, est déterminé à rétablir la paix, la stabilité et l’état de droit dans tout le pays.  Les forces de sécurité ont d’ailleurs reçu l’ordre de s’en tenir strictement au Code de conduite dans leurs opérations sécuritaires, de faire preuve de retenue et de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter les « dommages collatéraux ».  Les violations des droits de l’homme et tous les autres actes qui compromettent la stabilité, l’harmonie et l’état de droit seront traités conformément aux normes strictes de la justice.  Nous ressentons profondément les souffrances de toutes les personnes qui ont été piégées dans ce conflit », a ajouté le Vice-Président.  

La situation dans l’État de Rakhine est une priorité du Gouvernement qui s’efforce de restaurer la paix et la stabilité et de promouvoir l’harmonie entre les communautés, a poursuivi M. Van Thio.  Le Comité central sur la mise en place de la paix, de la stabilité et du développement de l’État de Rakhine, que préside la Conseillère d’État elle-même, a d’ailleurs été créé le 30 mai 2016 pour répondre aux besoins spécifiques de l’État.  En août 2016, la Conseillère d’État a aussi mis en place une Commission présidée par M. Kofi Annan pour conseiller le Gouvernement sur des solutions durables à la situation « complexe » de l’État de Rakhine.  Nous faisons tout, a affirmé le Vice-Président, pour assurer le développement de l’État de Rakhine tout en assurant la paix, la stabilité et la cohésion sociale.  Ce n’est pas une tâche facile, a avoué le Vice-Président, en invoquant la profonde méfiance qui s’est enracinée depuis des décennieS et qu’il faut faire disparaître progressivement. 

Nous aurions voulu, a-t-il dit, vous faire part des progrès dans la mise en œuvre des recommandations de la Commission Kofi Annan mais c’est « avec un grand regret» que j’ai dû parler de la situation actuelle après les dernières attaques des terroristes de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), le mois dernier, lesquelles attaques ont été à l’origine de la nouvelle vague de violence dans la région, donnant lieu à des pertes en vies humaines, à des souffrances généralisées et à des déplacements massifs « de toutes les communautés » et pas seulement les musulmans et les Rakhine.  Or, le monde continue d’ignorer les autres minorités, s’est étonné le Vice-Président.  Le Gouvernement du Myanmar est vivement préoccupé par la situation actuelle dans l’État de Rakhine, a-t-il précisé, et reconnaît l’ampleur du problème ».  Mais la situation s’est améliorée, aucune attaque n’a été signalée depuis le 5 septembre, s’est réjoui M. Van Thio, avant de s’interroger sur les raisons de l’exode des populations musulmanes vers le Bangladesh.  Mais ce qui est moins connu, c’est que la majorité a décidé de demeurer dans ses villages.

Le Vice-Président s’est dit heureux d’annoncer la mise sur pied d’un comité chargé de mettre en application les recommandations de la Commission Kofi Annan.   Pour assurer « transparence et redevabilité », le comité est tenu de publier un rapport d’étape tous les quatre mois.  Le Myanmar s’est aussi doté d‘un conseil consultatif composé d’éminentes personnalités du pays mais aussi de l’étranger.  À présent, c’est l’aide humanitaire qui est la priorité, une aide qui sera distribuée sans discrimination et pour laquelle le Gouvernement a débloqué des fonds importants.  Ce dernier a aussi mis en place un nouveau mécanisme, en coopération avec la Croix-Rouge, qui a déjà commencé son action humanitaire.  En outre, le Gouvernement s’efforce de renforcer ses relations avec le Bangladesh et comme l’a dit hier la Conseillère d’État, le pays se prépare au processus de vérification des réfugiés. 

Le terrorisme ne doit pas nous empêcher de développer une stratégie à long terme pour résoudre les problèmes de l’État de Rakhine, a ajouté le Vice-Président.  Les recommandations de la Commission Kofi Annan nous offrent une feuille de route claire et le comité de mise en œuvre, qui a commencé son travail la semaine dernière, ne manquera d’inviter les observateurs étrangers pour témoigner des programmes.  L’engagement du Myanmar en faveur de la paix est aussi fort maintenant qu’il y a un an, lorsque que Daw Aung San Suu Kyi s’est adressée à vous pour la première fois du haut de cette tribune, a promis le Vice-Président.

S’agissant du processus de paix dans l’ensemble du pays, il a rappelé que la Conférence de paix de l’Union a tenu sa deuxième session en mai.  À cette occasion, les représentants du Gouvernement, des militaires, des groupes ethniques armés et des partis politiques se sont entendus sur 37 principes portant sur des questions politiques, économiques, sociales et environnementales.  Toutefois, a-t-il conclu, la route vers la paix, la prospérité et la démocratie demeure « longue et sinueuse », et le Myanmar aura besoin de l’appui de la communauté internationale pour y parvenir.

CHEIKH JABER AL-MUBARAK AL-HAMAD AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a tout d’abord renouvelé son appel à une réforme du Conseil de Sécurité qui devrait, selon lui, mieux refléter la réalité internationale de manière à renforcer sa crédibilité et sa légitimité. C’est pourquoi, étant donné le nombre et le rôle des États arabes, il a demandé à ce qu’un membre permanent puisse les représenter.

Il a ensuite exprimé son inquiétude face aux nombreuses situations à risque qui agitent différentes régions du globe.  Après avoir cité « les phénomènes de violence, d’extrémisme et de terrorisme, aussi bien que les risques de prolifération d’armes de destruction massive », il s’est attardé sur « les violations des droits de l’homme, comme celles qui ont actuellement lieu au Myanmar à l’égard des musulmans rohingya ».  Il a appelé à un arrêt immédiat de tous les actes de persécution perpétrés contre cette minorité.

Le Premier Ministre en a profité pour rappeler l’engagement du Koweït dans la lutte contre le terrorisme, expliquant que non seulement son pays le condamne, appuie les actions pour l’éradiquer, mais contribue significativement au support logistique de l’Alliance internationale contre les groupes extrémistes.  Citant en exemple les exactions de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), il a estimé que comme le Moyen-Orient devait assumer la part la plus large ces défis, les efforts internationaux devaient venir en appui.

Le Premier Ministre a salué, à ce titre, les efforts et les victoires de l’Iraq qui fait face à plusieurs de ces défis, notamment « la confrontation avec des organisations terroristes » qui tentent de « distordre la doctrine islamique » pour « répandre le chaos ».  Nous espérons, a-t-il affirmé, que ces victoires se poursuivront jusqu’à la restauration de la paix et de la stabilité en Iraq. À cet effet, le Premier Ministre a annoncé que le Koweït allait organiser, avec son voisin et la communauté internationale, une conférence de donateurs pour aider l’Iraq à atteindre les objectifs fixés par les différentes résolutions du Conseil de Sécurité.

Enchaînant sur la situation en Palestine, il a regretté que malgré les nombreuses résolutions des Nations Unies et les initiatives tant internationales que régionales, aucune n’ait pu être mise en œuvre du fait de « l’intransigeance de l’occupation israélienne ».  Face à cette situation, le Koweït réitère sa condamnation des violations qui ont eu lieu dernièrement à la mosquée Al Aqsa, mais aussi, plus globalement, toutes les politiques illégales d’Israël qui « cherche à judaïser la ville sainte » et « effacer son identité arabe ».  Selon le Premier Ministre, ces violations représentent non seulement une menace pour la paix et la sécurité internationales, mais sont aussi contraires aux résolutions du Conseil de sécurité et à la Convention de Genève.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à presser Israël de respecter les résolutions des Nations Unies qui conduiront, selon lui, « à la reconnaissance d’un État indépendant palestinien ».

Le Premier Ministre s’est ensuite attardé sur la situation en Syrie. Déplorant les destructions et les morts qui meurtrissent le pays, il a compté qu’une génération entière a été décimée dans cette guerre et que son coût humanitaire et social restera incalculable.  Il a, à cet égard, rappelé que le Koweït a accueilli ou coprésidé ces dernières années plusieurs conférences de donateurs pour soutenir les opérations humanitaires en Syrie et que sa propre participation financière s’élève à 1,7 milliard de dollars.  Le peu d’impacts que ces efforts ont eu sur le terrain ont néanmoins conduit le Premier Ministre à réaffirmer la position du Koweït: « cette crise ne peut pas être résolue par des moyens militaires ».  Il a appelé à une multiplication des rencontres entre les différentes parties impliquées pour déboucher sur une solution qui « maintiendra l’unité, l’indépendance et la souveraineté de la Syrie ».

Revenant longuement sur la situation au Yémen, le Premier Ministre a réaffirmé son soutien total à l’unité du pays et au respect « de sa souveraineté et de son indépendance ».  Il a soutenu que la solution politique devait s’appuyer sur les conclusions du dialogue national, l’initiative du Conseil de coopération du Golfe et ses mécanismes de mise en œuvre, mais aussi sur les résolutions du Conseil de sécurité.  Se disant prêt à poursuivre ses efforts politiques et humanitaires ainsi que son soutien à l’ONU dans le but de trouver un règlement pacifique à ce conflit, le Koweït estime que la meilleure manière d’aider le peuple yéménite reste de restaurer la paix et la stabilité tout en préservant sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Par ailleurs, dans le cadre des efforts du Koweït pour entretenir des relations de bon voisinage au Moyen-Orient, le Premier Ministre a appelé à l’Iran à privilégier le respect et la coopération, les intérêts communs et la non-ingérence dans les affaires internes des États mais aussi à renoncer à des pratiques qui mettent en danger la sécurité et la stabilité de la région.

Qualifiant l’Accord de Paris d’« historique », le Premier Ministre a conclu avec un mot sur le Programme 2030.  Il a affirmé que le Koweït était prêt à le mettre en œuvre, en incorporant ses objectifs dans ses futurs plans de développement.  Évoquant à ce propos le projet Nouveau Koweït 2035 qui doit transformer le pays en « un centre financier, commercial, culturel et institutionnel majeur », il a rappelé que le Koweït n’avait cessé d’assumer ses responsabilités régionales et internationales, notamment en apportant de l’aide à 106 pays par le biais d’institutions telles que le Fonds koweïtien pour le développement économique des pays arabes.

Pour M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, la communauté mondiale fait face à des grands défis dont les changements climatiques.  L’année dernière, nous avons perdu 44 de nos concitoyens et un tiers de notre produit intérieur brut (PIB) lorsque nous avons été frappés par le plus grand cyclone de l’hémisphère Sud.  Les changements climatiques sont une menace aussi grande pour la sécurité mondiale que les conflits.  Des millions de personnes sont déplacées à cause de la sècheresse et les changements dans l’agriculture menacent leur sécurité alimentaire.  Pour le peuple des Fidji, les changements climatiques sont « une réalité ».

La raison pour laquelle nos cœurs sont avec le peuple des Caraïbes aujourd’hui est notre peur de subir le même drame.  « Imaginez un autre tiers de notre PIB détruit en une année.  Imaginez un autre cyclone frappant et effaçant des décennies de développement », a dit le Premier Ministre.  Il est clair que le réchauffement climatique change la compréhension de nos intérêts nationaux.  La seule façon pour une nation de favoriser ses intérêts est de tendre la main aux autres et de progresser ensemble.  Il est évident que nous avons besoin de coopérer.

Nous serons tous perdants, si nous considérons que négocier c’est essayer de préserver ses propres intérêts.  L’action collective est l’unique voie pour aller de l’avant.  Les sages l’ont compris, a insisté M. Bainimarama avant de rappeler qu’il est le Président de la vingt-troisième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  L’année prochaine, les Fidji passeront le flambeau à la Pologne, en sachant que les gouvernements ne pourront pas seuls relever le défi des changements climatiques.  C’est pourquoi nous mettons l’accent sur la notion de « Grande Coalition des gouvernements, de la société civile, du secteur privé et des citoyens ordinaires » pour faire avancer cette question.

À Bonn, nous ferons les choses différemment.  Dans la zone d’action climatique de Bonn, nous réunirons tous ceux qui ont un rôle à jouer pour faire de cette Grande Coalition une grande transformation.  Nous voulons que les pays du monde embrassent l’esprit des Fidji et le dialogue fondé sur la confiance.  C'est la meilleure façon de faire avancer les choses, surtout dans des circonstances difficiles.

Le Premier Ministre a aussi rappelé que l’Accord de Paris exige que le réchauffement climatique soit bien inférieur à 2°C par rapport à l’ère industrielle et aussi proche que possible de 1,5°C.  L’année dernière, a-t-il dit, j’ai lancé un appel pour faire du seuil de 1,5°C la cible.  Je le réitère aujourd’hui.  Il est urgent de faire de ce chiffre le principal objectif, et ce, dès que possible.  Nous devons prendre des dispositions spéciales pour les plus vulnérables et ceux qui ont le moins de ressources pour faire face aux conséquences catastrophiques auxquelles nous sommes témoins autour de nous. 

Nous sommes ravis de faire partie d’un engagement sérieux avec les gouvernements et le secteur privé afin de garantir un accès innovant et plus abordable à l’assurance et permettre aux personnes touchées par une catastrophe de se redresser plus rapidement.  C’est une question de justice et de développement.  Sans assurance, le relèvement et la reconstruction sont simplement un fardeau trop grand pour beaucoup de pays et de communautés. 

Nous sommes aussi encouragés par le développement rapide des solutions énergétiques alternatives propres et abordables partout dans le monde.  Cela offre une chance de réaliser la cible de 1,5°C.  Nous sommes tous dans le même bateau.  « À toutes les nations qui n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris, faites-le », a exhorté le Premier Ministre des Fidji. 

M. NASSER BOURITA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a appuyé la volonté du Secrétaire général des Nations Unies de réformer l’ONU et le secteur sécuritaire afin d’être mieux placé pour mettre en œuvre la Charte des Nations Unies.  Notre monde est à la croisée des chemins, a dit le Ministre, et cela a un impact sur le développement durable, la paix et la sécurité.  Il y a aujourd'hui moins de conflits et moins de victimes qu’auparavant, a-t-il noté, mais le danger persiste sous la forme du terrorisme, des migrations et des changements climatiques. 

La mondialisation a permis de développer les échanges mais a aussi mené à des différences économiques plus marquées entre les États et causé des crises à l’échelle mondiale, a estimé le Ministre, notant que les organisations terroristes en ont profité pour tenter de déstabiliser le monde et mettre les citoyens en péril.  Selon lui, il faut réformer nos mécanismes de coopération afin de les rendre plus prévisibles et plus efficaces, et créer une organisation véritablement multilatérale, à même de prendre en compte l’apport de tous pour améliorer les mécanismes internationaux.

L’Afrique n’occupe toujours pas la place qui lui revient dans l’ordre international, a dénoncé le Ministre, rappelant que le continent est riche en ressources humaines, en terres fertiles et en ressources hydriques.  Le Roi du Maroc, a ajouté M. Bourita, a fait de la coopération Sud-Sud un axe majeur de sa politique étrangère et un instrument important de son développement, soulignant que le Royaume du Maroc souhaite nouer des partenariats réalistes avec les pays de la région afin de développer le continent africain.  Il a précisé que le Roi ne voit pas l’Afrique comme un marché où écouler ses produits mais plutôt comme un continent dans lequel il est possible de développer une action commune.  « L’Afrique est mon continent, l’Afrique est ma maison », a dit le Roi du Maroc, et le Maroc continuera de s’impliquer sur le continent, notamment au sein de l’Union africaine, dont il est un membre fondateur.

Le Maroc, a poursuivi le Ministre, est engagé en faveur du multilatéralisme et souhaite s’attaquer aux problèmes internationaux avec la communauté internationale, notamment la lutte contre le terrorisme et les migrations.  Il est notamment impliqué dans le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, dont il partage la présidence avec les Pays-Bas et au sein duquel il continue de lutter contre le terrorisme, notamment en appuyant ses partenaires africains avec des formations ciblées.  En outre, a poursuivi le Ministre, le Roi présentera sous peu une note conceptuelle sur une approche conjointe de l’Afrique au sujet des migrations et de leurs causes profondes.

M. Bourita s’est réjoui du succès de la Conférence de Marrakech de 2016 sur les changements climatiques et de la Déclaration de Marrakech qui en a résulté.  Il a plaidé pour la mise en œuvre d’une approche collaborative entre les pays, notamment africains.  Le Maroc, a-t-il souligné, s’est doté d’une politique ambitieuse pour lutter contre les changements climatiques et développer des sources d’énergie renouvelables.

Concernant les opérations de maintien de la paix, il a rappelé que le Maroc a déployé des troupes dans six opérations jusqu'à maintenant et que plus de 1 600 militaires sont déployés actuellement.  Il a fait part de sa « vive préoccupation » devant les attaques « irresponsables » menées contre les Casques bleus, et appelé le Secrétaire général à prendre les mesures qui s’imposent pour assurer leur protection.

Le Ministre a noté que la coopération entre les pays du Maghreb demeure limitée, entre autres en raison de la situation en Libye.  Concernant le Sahara occidental, il a déclaré que le Maroc est prêt à travailler avec les Nations Unies pour un règlement pacifique du conflit, pour autant que soit sauvegardée l’intégrité territoriale du pays et que la région soit débarrassée du fléau du séparatisme et du terrorisme.

M. MIGUEL VARGAS MALDONADO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a exprimé sa solidarité avec les pays des Caraïbes récemment touchés par les ouragans dévastateurs, notamment la Barbade, où selon le Premier Ministre, 90% des infrastructures se sont effondrées.  Le Ministre a illustré l’étendue et la gravité des dommages en estimant que les pertes subies sont supérieures au produit intérieur brut (PIB) de la République dominicaine.  Déplorant la tendance à s’attarder sur les dégâts matériels plutôt que sur les souffrances humaines causées par les changements climatiques, il a souligné que les statistiques ne peuvent rendre justice au désarroi des victimes.  « Au-delà des débris matériels, il y a des vies brisées », a déclaré le Ministre.  

Nous devons reconnaître les dangers inhérents aux changements climatiques, qui sont beaucoup plus importants dans le contexte géographique des Caraïbes, a plaidé M. Vargas.  Nos économies, notre développement et notre mode de vie sont en danger, a-t-il poursuivi, et il s’agit là d’une menace à laquelle nous ne pouvons seuls faire face.  Il est impératif que les pays joignent leurs forces de façon cohérente et responsable afin de résoudre ce problème, a-t-il ajouté.  Il n’est pas suffisant de signer des accords sur les changements climatiques ou d’exprimer sa solidarité après une catastrophe naturelle: il faut développer et mettre en place des programmes concrets pour faire face à ces menaces.  

Le défi des changements climatiques ne connaît aucune frontière et rend chacun de nous vulnérable, a poursuivi M. Vargas. Il a réclamé la solidarité et la coopération de tous, notamment des pays développés.  Une fois de plus, a poursuivi le Ministre, la République dominicaine demande la création d’un fonds spécial visant à contrer les effets des catastrophes naturelles, à mener des activités de sensibilisation et de prévention et à développer des stratégies de résilience, afin de sauver des vies.

M. Vargas a illustré son propos en comparant la situation des pays des Caraïbes à celle des États américains touchés par des ouragans, où un fonds de 15 milliards de dollars a été affecté à la reconstruction et à l’aide aux victimes.  Quant à elles, les régions insulaires des Caraïbes ont dû composer avec des situations similaires sans moyens financiers.  En République dominicaine, a continué le Ministre, une tempête a inondé des routes, provoqué l’effondrement des ponts et des systèmes d’irrigation ainsi que la perte de terres arables.  Le pays a dû affecter 500 millions de dollars à l’aide d’urgence, repoussant de 10 ans le développement du pays.

Nous devons de toute urgence aider, par le biais des Nations Unies, les gouvernements qui ne sont pas en mesure de reconstruire leur pays dans ces moments de détresse, a-t-il plaidé, avant d’inviter les États Membres à trouver d’autres moyens de s’attaquer aux changements climatiques.  Il existe suffisamment de preuves scientifiques liant les activités humaines au réchauffement de la planète, a conclu le Ministre, ajoutant qu’il est temps que nous prenions acte de notre rôle dans ce phénomène et agissions en conséquence.

 

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