Soixante-douzième session,
23e séance plénière - matin
AG/11953

Fin du débat général de l’Assemblée générale: Le multilatéralisme à l’honneur pour répondre aux attentes et aux combats des populations

« La maison du multilatéralisme a été profanée par des pouvoirs arrogants qui cherchent à imposer leur vision par la force » et « l’unilatéralisme pervers a atteint son apogée ».  C’est en ces termes que le Ministre des affaires étrangères du Venezuela, M. Jorge Arreaza, a choisi aujourd’hui de défendre la tribune de l’ONU. 

Au-delà de la situation au Venezuela, la dizaine de ministres et de diplomates qui sont intervenus ce matin, lors de la sixième et dernière journée du débat général de l’Assemblée générale, ont, à l’instar de ceux qui les ont précédés, prôné un retour au multilatéralisme pour aborder les crises et problèmes graves auxquels le monde est confronté en 2017, notamment les changements climatiques, les migrations forcées, le désarmement nucléaire et le terrorisme, ou encore la réalisation du développement durable. 

À l’instar du pape François, les intervenants ont vu des « signes d’espoir » dans le potentiel offert par les instruments internationaux récemment négociés et plus spécifiquement l’Accord de Paris sur les changements climatiques; le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, avec son pendant le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, de même les futurs pactes mondiaux pour les réfugiés et pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. 

Le Saint-Siège n’a toutefois pas hésité à mettre l’ONU et la communauté internationale en garde contre « le piège du nominalisme des déclarations ».  Il ne faut pas baisser la garde tant que les engagements juridiques et les promesses politiques n’ont pas été tenus et traduits dans la réalité, a averti son représentant.

Les effets dévastateurs des derniers ouragans à s’être abattus sur l’Amérique du Nord et les Caraïbes ont marqué les esprits lors de ce débat général.  Le Président de l’Assemblée, M. Miroslav Lajčák, s’est dit encouragé d’avoir été témoin du fort soutien dont bénéficie l’Accord de Paris, soulignant que les défis climatiques représentent aujourd’hui « une question de vie ou de mort » pour les populations, les écosystèmes, les modes de vie et même pour des pays entiers, n’en déplaise aux climato-sceptiques. 

Saisissant cette occasion pour répondre aux propos tenus par le Président des États-Unis qui avait, dans cette même salle, mardi dernier, menacé le Venezuela d’intervention militaire et la Corée du Nord de destruction totale, le Ministre des affaires étrangères du Venezuela n’a pas été le seul à ouvertement dénoncer une attitude belliqueuse et une « forme d’unilatéralisme inacceptable ».  

Le Nicaragua lui a prêté main forte en rejetant catégoriquement les menaces proférées par M. Donald Trump contre le Venezuela et lançant « le cri unanime des Caraïbes et de l’Amérique latine: personne ne veut d’une intervention militaire des États-Unis! ». 

Le représentant du Pérou abondait lui aussi en ce sens lorsqu’il a souligné que dans sa région « la démocratie est un droit inaliénable » et que « la solution à la crise au Venezuela doit être pacifique et négociée par les Vénézuéliens eux-mêmes », alors que toute tentative, interne ou externe, de recourir à la force porterait atteinte aux principes de la Charte des Nations Unies.

Dans ses remarques de clôture du débat général, le Président de l’Assemblée a salué le fait que, pour la première fois en 11 ans, tous les États Membres et les États observateurs étaient intervenus, soit 196 discours prononcés en une semaine de la tribune des Nations Unies. 

Résumant leurs allocutions, il a rappelé qu’ils ont donné une voix aux populations qui fuient les coups de feu et les bombes; aux populations qui dépensent en une semaine ce que d’autres dépensent pour une tasse de café; aux populations forcées de choisir entre risquer leurs vies en restant ou risquer leurs vies en partant; aux populations qui se demandent où va frapper le prochain ouragan ou si leurs villages seront sous l’eau dans quelques décennies; aux populations qui commencent à perdre, ou ont déjà perdu espoir dans les processus de paix; et aux populations qui attendent toujours que la justice et les droits de l’homme fassent partie de leur quotidien. 

Prenant note de leurs évocations de la force, de la résilience, des partenariats et de l’esprit d’entreprise des populations, il a remercié les dirigeants d’avoir placé celles-ci au centre du débat général.

Suite du débat général

M. RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a dit qu’il était nécessaire de renforcer la coordination et le leadership internationaux et de ne pas laisser l’humanité à la merci des puissantes multinationales.  L’Assemblée générale, qui est l’expression de la démocratie mondiale, doit préserver la coexistence pacifique entre les pays, grands ou petits.  La démocratie, le droit international et la défense du multilatéralisme doivent guider les relations internationales.  La politique extérieure de l’Uruguay repose sur ces piliers.

Le Ministre a ajouté que la communauté internationale devait consolider la gouvernance pour trouver des solutions aux défis actuels.  Nous ne devons pas nous habituer à cohabiter avec les drames humains, a averti M. Nin Novoa, qui a dénoncé les réseaux de criminels profitant de la misère humaine.  Tous les pays doivent s’unir pour mettre un terme à ces fléaux, a-t-il exhorté.  Pour lui, la pauvreté n’est plus acceptable alors que la technologie est à portée de main.  Il a affirmé que l’Uruguay appuyait le Programme 2030 et faisait de la lutte contre le chômage le pilier de son développement national.

Plaidant pour le désarmement, le Ministre a vu dans l’acquisition par des groupes terroristes d’armes de destruction massive une menace à laquelle la communauté internationale doit faire face.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires contribue à cette lutte.  Prenant à témoin une étude menée par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, en Suède, M. Nin Novoa a dénoncé le fait que 74% des exportations des armes pour la période 2011-2015 sont à mettre à l’actif des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  De même, il a cité l’augmentation de 1,69 milliard de dollars des dépenses militaires entre 2015 et 2016. 

La seule garantie contre le risque de l’utilisation des armes de destruction massive est leur interdiction, a estimé le Ministre qui a regretté que les puissances nucléaires continuent de développer leurs arsenaux.  Notant que neuf pays possèdent plus 17 000 armes nucléaires, il a appelé tous les pays à souscrire au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  En outre, il a exhorté la République populaire démocratique de Corée à renoncer à son programme nucléaire en mettant fin aux tirs de missiles balistiques et à revenir au TNP et au régime de garantie.  Selon lui, il faut éviter la surenchère verbale et mesurer ses paroles dans cette crise. 

M. Nin Novoa a souligné la nécessité de protéger les populations dans les situations de conflit, ainsi que le personnel médical, les hôpitaux et les infrastructures civiles.  L’ONU doit trouver des solutions pour faire cesser les attaques contre le personnel humanitaire.  L’Uruguay demande la mise en œuvre effective de la résolution 2286 (2016) sur la protection des civils.  Il a mis l’accent sur la lutte contre les abus sexuels et la politique de tolérance zéro et, au nom de la transparence, demandé la diffusion publique des réunions du Conseil de sécurité.  Avant de terminer, il s’est félicité de la modeste contribution de son pays à l’Accord de paix en Colombie et rappelé que l’Amérique latine avait refusé les tentatives d’intervention militaire étrangère dans le conflit.  Enfin, il a exigé la levée du blocus américain contre Cuba. 

L’archevêque PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège, a salué la priorité accordée à « l’être humain » dans le débat de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, une priorité pour le Saint-Siège.  Cela ne signifie pas seulement le protéger de crimes haineux, mais aussi le mettre en avant dans les engagements nationaux et internationaux, qu’ils soient géopolitiques ou économiques et sociaux.  Il s’agit de protéger la dignité de la personne ainsi que ses droits humains et libertés fondamentales, y compris le droit à la vie et à la liberté de culte.  Pour lui, ces deux droits sont indivisibles des autres droits et libertés fondamentales comme le droit à l’alimentation, à l’eau, à un environnement sûr et au travail.

Grâce au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Accord de Paris, la communauté internationale s’est engagée à prendre des mesures efficaces pour éliminer les causes profondes des problèmes graves auxquels font face les gens dans le monde.  Lors de son adoption, le pape François a vu dans le Programme 2030 un « signe d’espoir ».  Il avait toutefois mis en garde l’ONU et la communauté internationale contre « le piège du nominalisme des déclarations ».  Il ne faut pas baisser la garde tant que les engagements juridiques et les promesses politiques n’ont pas été tenus et traduits concrètement.  Pour le Saint-Siège, le respect de la Convention-cadre sur les changements climatiques et de l’Accord de Paris ainsi que la mise en œuvre du Programme permettraient à tous les pays de réellement œuvrer pour la paix, et d’abandonner le jeu dangereux des menaces mutuelles.

L’archevêque a rappelé que, chaque année, les églises chrétiennes célèbrent ensemble, le 1er septembre, la « Journée mondiale de prière pour la protection de la Création » pour sensibiliser l’opinion publique mondiale à la notion que la Terre nous a été confiée comme un cadeau sublime et que nous en partageons la responsabilité.  Pour le Saint-Siège, tout dommage infligé à la planète est un dommage infligé à l’humanité, et il est impératif de s’éloigner d’une conception purement utilitaire de la planète Terre et d’opter résolument pour un développement durable intégral.  En effet, améliorer les conditions climatiques ne sera possible que si nous reconnaissons la nécessité de changer notre perception du monde.  Le pape l’a souligné dans son encyclique Laudato Si: « Comme nous sommes capables du pire, nous sommes également capables du meilleur, trouver à nouveau le bien et prendre un nouveau départ ».

Par ailleurs, le Saint-Siège se félicite de l’accent placé par le Secrétaire général sur la diplomatie préventive.  La prévention suppose avant tout le rétablissement de la confiance de l’humanité dans le dialogue.  Tous les pays devraient prendre du recul et renoncer à la tendance actuelle de l’escalade militaire, a estimé l’archevêque.  « Tous les moyens politiques et de médiation doivent être déployés pour éviter l’innommable », a-t-il insisté.  Il est également revenu sur l’engagement relatif à la responsabilité de protéger les populations de génocides, crimes de guerre, nettoyages ethniques et crimes contre l’humanité, pris en 2005 lors du Sommet mondial de l’ONU.

L’archevêque a également fait part des préoccupations du Saint-Siège par rapport à la situation en Syrie, au Yémen, en République démocratique du Congo (RDC) et au Venezuela, en appelant à faire cesser la violence et permettre une désescalade des tensions politiques.  Il a également mis l’accent sur « l’autre type de guerre », à savoir celle de la lutte contre le commerce des stupéfiants. 

La protection des personnes n’est possible que dans la paix, a-t-il poursuivi, or elle doit également être assurée en cas de conflit armé.  Les conflits armés actuels ont prouvé, selon lui, les limites de l’ordre international et ont poussé des millions de personnes à devenir des réfugiés.  Pour le pape, « la guerre est bien la négation de tous les droits », et nous sommes tous responsables des centaines de millions de personnes déplacées et des réfugiés des conflits et catastrophes naturelles.  « Notre humanité commune nous incite tous à accueillir, protéger et intégrer les réfugiés et les migrants », a exigé l’archevêque, invoquant la solidarité avec ceux dans le besoin et l’apport des migrants à une société.  Il a réitéré l’engagement du Saint-Siège en faveur des futurs pactes mondiaux sur les réfugiés et pour des migrations sûres, régulières et ordonnées.

Il a insisté sur le fait que la plupart des migrants n’auraient pas quitté leur pays s’ils avaient pu y vivre dans la paix et y trouver des opportunités économiques.  Dès lors, en négociant ces pactes, il ne faut pas se limiter « à les confiner dans des camps » mais s’attaquer aux causes profondes qui les ont poussés à quitter leur pays, a-t-il poursuivi.

Enfin, il a qualifié de « criminelle » la traite des personnes, un phénomène qui accompagne souvent les migrations massives et qui est exacerbé par la corruption de fonctionnaires et autres personnes qui cherchent à s’enrichir à tout prix.  Le pape François a appelé ce fléau « une plaie béante de l’humanité », au cœur duquel se trouve l’indifférence totale pour la dignité de son prochain.  Nous concentrer à nouveau sur l’être humain passe par un appui à la lutte contre la traite et d’autres formes d’esclavage, a conclu l’archevêque.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a remarqué que, deux ans après l’engagement des nations à mettre en œuvre les objectifs de développement durable, le monde est confronté à des défis complexes qui mettent en péril les progrès réalisés pour renforcer la paix, la sécurité et le bien-être économique et social des populations.  Outre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, sur lequel le pays a aligné son programme national de développement, le Mozambique est aussi mis au défi de mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

M. Gumende a salué les contributions des mécanismes régionaux et multilatéraux dans la prévention et la gestion des conflits, en particulier ceux de la Communauté de développement de l’Afrique australe, de l’Union africaine et de la Communauté des pays de langue portugaise, auxquels son pays est fier d’appartenir.  Il a appelé à agir de toute urgence pour répondre aux causes profondes des migrations irrégulières et des flux massifs de réfugiés, qui sont en grande partie la conséquence d’une succession de crises irrésolues et de la mauvaise prise en charge de conflits.  La communauté internationale porte une grande responsabilité dans ces situations, a-t-il précisé, et si elle reste dans le court terme et le sur-mesure, elle risque de ne réaliser qu’une paix fragile et ineffective, et verra les mêmes problèmes ressurgir plus tard.  Elle doit aussi faire front commun pour faire face aux menaces causées par les changements climatiques, a ajouté M. Gumende.

Pour le représentant, les conflits au Moyen-Orient et en Afrique minent les dynamiques positives de développement résultant des engagements des États en 2015.  Il a souligné le rôle important des institutions démocratiques nationales, de la coopération régionale et des Nations Unies.  Il s’est dit également inquiet du manque de progrès réalisé dans la décolonisation du Sahara occidental, « le seul pays africain qui doit encore exercer son droit à l’autodétermination », et ce, malgré les efforts déployés par l’ONU, l’Union africaine et d’autres acteurs pour aboutir à un accord acceptable.  Il a appelé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à exercer leur responsabilité en mettant en œuvre leurs propres résolutions et à soutenir l’Union africaine et son envoyé spécial au Sahara occidental, M. Joachim Chissano, ancien Président du Mozambique.  Il a aussi déclaré que son pays avait suivi avec attention la stabilisation des relations entre les États-Unis et Cuba, et qu’il s’inquiétait des développements récents.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que l’attachement de son pays au multilatéralisme s’illustre fortement dans le rôle qu’il joue dans le règlement des problèmes qui menacent la paix et la sécurité sur le continent africain, en particulier dans la région des Grands Lacs.  Dans le cadre de la Conférence internationale sur la région, l’Angola a pris les rênes des efforts diplomatiques pour trouver une solution politique durable capable de garantir la sécurité, la stabilité, le développement socioéconomique et la démocratie dans les pays de la région.  Cette implication a permis une réduction substantielle des tensions, dont des avancées notables comme la poursuite du dialogue politique interburundais, les signes encourageants dans le règlement de la crise politique en République démocratique du Congo (RDC) et les développements positifs dans le processus de paix en République centrafricaine lesquels ont rendu possible la tenue des élections menant à la normalisation des institutions. 

Malgré ces avancées, le chemin de la stabilisation est encore long, a reconnu le représentant, jugeant qu’il revient aux parties concernées de mettre fin à la violence, de respecter les droits de l’homme et libertés fondamentales de leurs citoyens et de mettre en place les institutions politiques nationales.  Ce faisant, elles doivent démontrer, par leurs actes, leur engagement à respecter les accords de paix et autres cadres politiques négociés directement ou avec l’appui des institutions régionales et de la communauté internationale. 

Le représentant a poursuivi en soulignant que son pays, qui commence un nouveau cycle de vie en tant que nation, est fermement engagé en faveur des 17 objectifs de développement durable, malgré un environnement économique défavorable.  L’Angola a lancé son Plan national de développement visant à réhabiliter et à moderniser les infrastructures socioéconomiques, à promouvoir les investissements publics et privés et à améliorer la formation, les qualifications et la gestion des ressources humanitaires.  L’Angola considère aussi l’Accord de Paris sur les changements climatiques comme un engagement historique et un encouragement à contenir le réchauffement de la planète et à réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

L’Angola, a rappelé le représentant, vient de tenir ses troisièmes élections générales, dans un climat de tranquillité, de respect des divergences et de haute civilité, montrant par-là que la stabilité et la consolidation de la démocratie sont une réalité.  La promotion et la protection des droits de l’homme ont toujours été en tête des priorités de la politique étrangère de l’Angola qui maintient une coopération exemplaire avec les mécanismes du Conseil des droits de l’homme.  L’Angola, a annoncé le représentant, est candidat à l’élection au Conseil qui aura lieu au mois d’octobre prochain.

La région du Pacifique subit de plein fouet les effets des changements climatiques, s’est alarmé M. CRAIG JOHN HAWKE, (Nouvelle-Zélande).  En tant qu’« île nation au milieu d’un vaste océan », a-t-il poursuivi, la Nouvelle-Zélande attache une importance particulière à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et entend se montrer solidaire avec les pays les plus sévèrement touchés par le phénomène, à savoir les petits États insulaires en développement.  « Nous investissons de manière significative afin d’améliorer la gestion durable de la pêche dans le Pacifique et de réduire la pêche illicite, non déclarée et non réglementée », a notamment déclaré M. Hawke, ajoutant que son pays s’efforçait également de promouvoir les énergies renouvelables dans la région et de lutter contre les subventions aux combustibles fossiles.

« Le Pacifique pèse pour beaucoup dans la façon dont nous nous définissons internationalement », a ensuite affirmé le représentant, plaidant en faveur d’une architecture régionale « forte et efficace », centrée sur le Forum des îles du Pacifique.  Il s’est ainsi félicité des résultats de la dernière réunion en date des dirigeants du Forum, qui a mis l’accent sur les pratiques de pêche et les changements climatiques.  « Les leaders du Pacifique se sont également accordés sur l’importance de mettre pleinement en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité liées à la Corée du Nord, y compris en procédant au désenregistrement de tous les navires de commerce ou de pêche nord-coréens actuellement signalés sur les registres maritimes des États du Pacifique », a-t-il déclaré. 

Dans cette même veine, M. Hawke a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à s’atteler immédiatement à réduire les tensions, améliorer la situation humanitaire du pays et respecter ses obligations du point de vue du droit international à des fins de dénucléarisation.  Parallèlement, le représentant a rappelé l’engagement de son pays en faveur du désarmement nucléaire au niveau mondial.  « La semaine dernière nous avons eu le plaisir de signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires », s’est-il félicité, qualifiant ce nouvel instrument de « pas important » vers un monde exempt d’armes nucléaires.

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a dit que la crédibilité de l’ONU dépendait de l’efficacité des mesures qu’elle prend pour faire face aux défis internationaux actuels, notamment la lutte contre le terrorisme qui menace le système politique mondial.  La prévention du terrorisme, a ajouté Mme Ataeva, est l’une des composantes essentielles du maintien de la paix régionale, nationale et internationale.  Elle a donc demandé la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. 

Reconnaissant l’importance de la diplomatie préventive, la représentante a indiqué que le Turkménistan accordait une attention particulière au travail du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale et a annoncé l’intention de sa délégation de déposer un projet de résolution à la Commission des questions de désarmement et de la sécurité internationale sur la diplomatie préventive.

S’agissant de la mise en œuvre du Programme 2030, Mme Ataeva a souligné l’adoption par le Gouvernement du Turkménistan des 17 objectifs de développement durable et de leurs 193 cibles.  À cet effet, elle a annoncé la création d’un mécanisme national de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le sport contribuant à la paix et à l’entente internationale, le Turkménistan se propose d’accueillir la septième Conférence internationale des ministres des sports. 

Avant de terminer, la représentante a annoncé la présentation prochaine d’un projet de résolution à la Deuxième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions économiques et financières, sur le renforcement du transport durable et l’organisation d’une conférence internationale ayant pour objectif d’élaborer une charte énergétique internationale à Achgabat, les 28 et 29 décembre 2017.  Enfin, elle a annoncé la tenue d’un sommet sur les ressources hydriques, à Ashgabat, en 2018.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), a insisté sur le soutien de son pays, entre autres, à la Charte des Nations Unies ainsi qu’au multilatéralisme, avant de revenir sur le fait que Lima se préparait à devenir membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2018-2019.

La prolifération des armes de destruction massive et l’accès potentiel par des groupes terroristes à ces armes est une menace réelle.  C’est pour cela que nous avons signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, a expliqué le représentant.  Il a ajouté qu’il espérait que tous les États possédant de telles armes adhèreront à cet instrument.

M. Meza-Cuadra a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’Accord de Paris et de sa mise en œuvre.  Notre pays est particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques, a-t-il indiqué, en revenant sur les pluies et les inondations de 2017 liées au phénomène El Niño.  À ce sujet, il a soutenu l’initiative du Président français Emmanuel Macron pour l’établissement d’un pacte mondial pour l’environnement.

En juillet dernier, le Pérou a présenté son premier examen national volontaire sur les efforts entrepris pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a poursuivi le représentant.  Il a indiqué que la poursuite des objectifs de développement durable contribuait également à l’adoption des normes et bonnes pratiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), organisation dont le Pérou espère devenir membre d’ici à 2021, année du bicentenaire de son indépendance.

Conscient de la nécessité d’affronter ensemble le fléau de la corruption, le Pérou a proposé que les thématiques centrales du Sommet des Amériques, qui aura lieu à Lima en avril prochain, soient la gouvernance démocratique et la lutte contre la corruption.  « Et ce, en vue d’adopter des moyens concrets pour renforcer les institutions et lutter contre l’impunité », a-t-il précisé.

« Dans notre région, la démocratie est un droit inaliénable » a témoigné Meza-Cuadra, préoccupé par la rupture de l’ordre démocratique et la crise humanitaire au Venezuela.  D’après lui, « la solution à la crise au Venezuela doit être pacifique et négociée par les Vénézuéliens eux-mêmes ».  Toute tentative, interne ou externe, de recourir à la force porterait atteinte aux principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il averti.  À cet égard, il a salué l’initiative de la République dominicaine et du Groupe de Lima de réunir le Gouvernement et l’opposition.

M. JORGE ARREAZA, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a réitéré l’attachement de son pays à la diplomatie bolivarienne de la paix.  Cette tribune de l’ONU doit être respectée et protégée, chérie par les nations mais, malheureusement, « la maison du multilatéralisme a été profanée par des pouvoirs arrogants qui cherchent à imposer leur vision par la force », a-t-il déploré.

Le Ministre a rappelé qu’il y a quelques jours, dans cette salle et ailleurs, les buts des Nations Unies avaient été « profanés » par le Président des États-Unis qui a annoncé la destruction totale d’un État Membre « comme s’il jouissait d’un pouvoir dictatorial absolu sur les autres États Membres ».  Il a relevé l’ironie du fait que le Président Trump ait justifié son discours par la paix.  « Nous avons le devoir face au monde de dénoncer ces menaces faites par le Président des États-Unis », a lancé M. Arreaza avant de rappeler que l’Administration Trump avait imposé des sanctions « illicites » le 25 août dernier au peuple vénézuélien.  M. Trump a recouru à nouveau au discours de la guerre froide pour réitérer ses menaces contre le Venezuela et Cuba, a-t-il ajouté, tout en assurant que son pays continuerait d’œuvrer pour le dialogue mais qu’il devait également défendre sa souveraineté. 

Le Ministre a exhorté l’ONU à contrecarrer ceux qui brandissent le chantage économique et autre au nom de l’hétérogénéité de ses États Membres.  Pour sa part, le Venezuela, s’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, n’a cessé de dénoncer les mesures illégales et coercitives que sont les sanctions, et a exigé que les gouvernements qui les imposent soient obligés de dédommager les peuples qui en sont la cible.  Il s’agit, selon M. Arreaza, d’une forme d’unilatéralisme inacceptable.

Suite aux accusations faites par le Président Trump au sujet des membres du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le Ministre a estimé que s’il y avait un pays qui ne méritait pas d’y siéger, c’était bien les États-Unis.  Il a justifié son propos par le fait que, selon lui, ce pays n’hésitait pas à recourir à l’imposition de mesures unilatérales illégales, à des pratiques migratoires très strictes, à l’invasion d’autres nations comme l’Iraq, ou encore à la construction d’un mur à la frontière du Mexique.  Qui plus est, les organisations des Nations Unies confirment dans leurs rapports que les État-Unis n’ont pas ratifié 62% des instruments internationaux en matière de droits de l’homme.  Alors que la situation au sein même du pays est marquée par le fait que 28% des Américains pauvres n’ont pas accès à une couverture santé et que 70% des enfants dans les prisons américaines sont d’origine afro-américaine, l’esclavage de fait se poursuit par le biais de la discrimination raciale, a encore relevé le Ministre.

Par ailleurs, il a regretté que la Méditerranée soit devenue « un immense cimetière ».  Il a salué le peuple syrien « héroïque » qui se rapproche chaque jour d’une victoire contre les groupes terroristes.  Il a reconnu les mérites de la nouvelle architecture de la lutte antiterroriste des Nations Unies et a espéré qu’elle permettra de condamner également le terrorisme d’État.

Le Venezuela continuera à faciliter les pourparlers entre la Colombie et l’Équateur, a assuré M. Arreaza.  N’étant pas un pays producteur de drogue, le Venezuela estime que les pays consommateurs doivent s’impliquer davantage dans la lutte contre ce fléau.  S’agissant de la réalisation des objectifs de développement durable, il a rappelé que 70% des investissements de son gouvernement se faisaient dans le secteur social. 

Pour ce qui est de la lutte contre les changements climatiques, il a estimé qu’il ne fallait pas changer le climat mais changer le système; pour cela, les pays les plus pollueurs doivent assumer leur responsabilité et le monde développé doit venir en aide aux pays les plus touchés par ce phénomène.  Il a également dénoncé le fait que les États-Unis, l’un des principaux pollueurs dans le monde, veuille se retirer de l’Accord de Paris.

« Nous avons subi des attaques multiformes contre notre économie et notre monnaie, ce qui s’est traduit par des violences politiques », s’est plaint le Ministre.  Toutefois « l’opposition de droite » a été neutralisée et huit millions de Vénézuéliens ont voté pour la paix politique en juillet dernier.  L’Assemblée constituante est devenue source de protection du peuple et une instance pour faire face aux problèmes les plus pressants, a-t-il poursuivi, avant de rappeler que le Venezuela avait toujours opté pour le dialogue social, et que son gouvernement se félicitait du fait que l’opposition politique ait décidé de participer aux prochaines élections.

Avant de conclure, il a déclaré que « l’unilatéralisme pervers avait atteint son apogée », et jugé impératif de revenir au multilatéralisme et au respect du droit international.

M. TORE HATTREM (Norvège) a exprimé sa confiance dans les politiques de développement durable promues par les Nations Unies.  Candidat à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité, son pays a notamment estimé que les objectifs portés par le Programme 2030 offraient la feuille de route parfaite pour porter les valeurs de coopération, de sécurité et de justice internationales.  Lors du Sommet mondial sur les objectifs de développement durable, il y a deux ans, les dirigeants mondiaux ont décidé de « mettre la durabilité en premier », a lancé le représentant. 

Sensible à la question des océans, la Norvège a notamment dit sa satisfaction à la suite de la nomination de M. Peter Thomson, Président de la précédente session de l’Assemblée générale, comme premier Envoyé spécial des Nations Unies pour les océans: « mettre la durabilité en premier signifie agir tous ensemble pour sauver les océans ».

S’attardant longuement sur la question de l’éducation, M. Hattrem a expliqué qu’elle restait, selon lui, le meilleur moyen de promouvoir le développement durable parce qu’elle « crée de la stabilité et de l’espoir dans les zones de conflit » et permet d’envisager plus sereinement la reconstruction d’après-guerre.  Il a profité de l’occasion pour rappeler que son pays avait doublé son aide à l’éducation en quatre ans et que 8% de son aide humanitaire était désormais consacrée à cette question.  Plus largement, il a souligné que la Norvège avait contribué à hauteur de 650 millions de dollars à l’aide humanitaire.  Rappelant à l’Assemblée que 142 millions de personnes avaient aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire, il a insisté sur l’importance de la protection des civils dans tous les conflits.

Sur la question de la sécurité internationale, si le représentant norvégien s’est félicité des « progrès décisifs » de la lutte contre l’État islamique, il a tout de même enjoint le Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités dans ce conflit.  De plus, il a plaidé pour une attitude unie face au programme nucléaire de la Corée du Nord, et pour un renforcement des efforts dans les crises humanitaires au Yémen, au Soudan du Sud et dans la région du lac Tchad.  Enfin, il a vu dans la manière dont le Gouvernement colombien et les FARC sont parvenus à un accord un exemple de développement durable par l’entremise de la paix: « Cet accord abordait des problématiques de bien commun, comme la lutte contre le trafic de drogues et la déforestation dans les zones de guerre ».  La Norvège est fière d’y avoir contribué, a-t-il conclu.

Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRES (Timor-Leste), a rappelé que son pays fêtait le quinzième anniversaire de la restauration de son indépendance cette année, 15 années marquées par un partenariat avec l’ONU et d’autres acteurs du développement qui ont permis d’enregistrer des résultats importants et « inspirants », des résultats « que peu de gens pensaient possibles ».  L’espérance de vie est passée de 60 à 68 ans; le paludisme a été quasiment éradiqué; et le nombre de médecins est passé de 19 à 1 000 grâce à la coopération avec Cuba.  De plus, le taux de scolarisation se situe aujourd’hui à près de 100% et la construction de nouvelles écoles est en cours.  Ces progrès ont permis de faire passer l’index de développement humain du Timor-Leste de 0.375 en 2002 à 0.610 aujourd’hui.

Pour ce qui est de l’intégration internationale, la représentante a expliqué que, maintenant que la consolidation de la paix et la réconciliation ont été possibles au plan national, le Timor-Leste cherche à renforcer ses relations avec les pays voisins de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), une association à laquelle il souhaite adhérer.  L’intégration régionale du pays est la pierre angulaire de sa politique étrangère, a-t-elle précisé.

Le Timor-Leste s’investit également dans la mise en place des meilleures conditions pour son développement économique et social, a assuré Mme Pires.  L’objectif du plan de développement national est d’amener le Timor-Leste au rang de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030 et d’éliminer la pauvreté en optant sur une économie diversifiée qui ne dépende pas du pétrole.  Le pays met un accent particulier sur la qualité de ses institutions, une idée qu’il a défendue pour être incorporée dans les objectifs de développement durable.  Insistant sur le lien indéniable entre développement et institutions solides, la représentante a souligné l’importance des relations des pays fragiles avec les partenaires de développement et du bon fonctionnement de la coopération bilatérale et multilatérale.

Fort de sa propre expérience, le Timor-Leste est un fervent défenseur du multilatéralisme.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un autre exemple du potentiel du multilatéralisme pour améliorer la planète et le bien être de sa population, a ajouté la représentante.  Elle a également réaffirmé l’attachement de son pays à la lutte contre les changements climatiques, et a indiqué avoir d’ores et déjà ratifié l’Accord de Paris.  À cet égard, elle a insisté sur la responsabilité collective de tous les États en vue de protéger la planète des risques liés aux changements climatiques et pour coordonner la réponse aux vulnérabilités là où cela s’impose.  Parmi les autres priorités de son gouvernement, Mme Pires a cité la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, de même que la participation des femmes au développement du pays, celles-ci représentant un tiers du Parlement national.

Après avoir exprimé sa solidarité avec « ses frères et sœurs » des Caraïbes, du Mexique et des États-Unis frappés par des catastrophes, Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a regretté que, 72 ans après sa création, les Nations Unies n’aient pas été capables de réaliser complètement les objectifs inscrits dans la Charte.

La représentante a attiré l’attention sur le problème des changements climatiques, qui nécessite des actions urgentes.  « Les pays développés doivent prendre l’initiative et changer leurs schémas intenables de production et de consommation, de même qu’ils doivent réaliser leurs engagements en termes de financement et de transfert de technologies. »  Le Gouvernement du Nicaragua, a-t-elle insisté, a toujours encouragé la justice climatique et une indispensable politique d’indemnisation.

Poursuivant, elle a évoqué les relations entre les États-Unis et Cuba, jugeant douloureux de voir un renouveau des mesures qui maintiennent un embargo « inhumain et criminel ».

Mme Rubiales de Chamorro a noté que la révolution bolivarienne au Venezuela se poursuivait malgré le harcèlement, les interférences et les agressions étrangères.  « Nous rejetons fortement les menaces proférées par le Président des États-Unis d’utiliser la force militaire » contre le Venezuela, a-t-elle lancé.  « Le cri est unanime dans les Caraïbes et en Amérique latine: personne ne veut d’intervention militaire des États-Unis! »  Elle a réaffirmé son soutien inconditionnel aux peuples de Bolivar et de Chavez, et au gouvernement présidé par « le Président constitutionnel Nicolás Maduro ».  Le Nicaragua défend le dialogue et la négociation comme la seule route pour la paix et la réconciliation au Venezuela.

La représentante s’est ensuite réjouie des accords de paix en Colombie, qui prouvent que la solution militaire n’est jamais la bonne.  Elle a exprimé sa solidarité avec la lutte des populations de Porto Rico et du Sahara occidental, puis défendu les droits souverains légitimes de l’Argentine dans l’occupation des îles Malvinas.  Concernant le Programme de développement durable à l’horizon 2030, elle a indiqué qu’il était impératif de ne laisser personne de côté, y compris les 23 millions de Taiwanais qui ont le droit de mettre en œuvre ce Programme.

En Amérique centrale, a poursuivi Mme Rubiales de Chamorro, le Nicaragua renforce son intégration dans tous les domaines et travaille avec ses « frères » pour combattre le terrorisme, le trafic de drogues et le crime organisé, ainsi que pour transformer le golfe de Fonseca en zone de paix et de développement.  Elle a tenu à souligner les résultats historiques enregistrés par le Gouvernement d’unité nationale dans les domaines de l’équité, de l’investissement, du développement et de la sécurité.  « Le Nicaragua a été reconnu par le Forum économique mondial comme un des pays d’Amérique latine et du monde avec les meilleurs résultats en termes d’égalité des sexes », a-t-elle affirmé, ajoutant que son pays est aussi l’un des plus impénétrables au crime organisé dans la région.

Revenant sur les efforts extraordinaires de son pays pour combattre la pauvreté, la représentante s’est indignée de l’initiative de membres du Congrès américain, décidés à endommager l’économie des familles avec le « Nica-Act », une proposition de loi qui vise à bloquer l’accès du Nicaragua aux fonds des organisations internationales pour combattre la pauvreté.  « Nous leur rappelons qu’il y a un jugement de la Cour internationale de Justice de La Haye, qui ordonne aux États-Unis de payer des dommages à la population du Nicaragua pour les pertes humaines et les dégâts matériels résultant des actes de terrorisme commis par l’Administration Reagan, y compris le blanchiment d’argent par des trafiquants de drogues pour financer la guerre contre le Nicaragua », a-t-elle insisté.

Droits de réponse

Le représentant du Myanmar a exercé son droit de réponse suite aux remarques « irresponsables » faites par certaines délégations à l’encontre de son pays au cours du débat général.  Il a dénoncé les accusations infondées qui avaient assimilé la situation dans l’État de Rakhine à celle d’un nettoyage ethnique.  Il ne faut pas utiliser des termes comme « nettoyage ethnique » et « génocide » avec légèreté et y recourir que lorsqu’on dispose de preuves concrètes de ces actes, a lancé le représentant.  Le Myanmar s’oppose catégoriquement à l’utilisation de ces termes et exhorte le monde à observer la situation au nord de Rakhine de manière objective et non biaisée.  Le Myanmar fait son possible pour éviter le nettoyage ethnique et le génocide, et, jusqu’à présent, cela n’a pas eu lieu, s’est-il défendu.

Il s’agit d’une situation humanitaire extrêmement complexe, a poursuivi le représentant qui a insisté sur la responsabilité pour chaque gouvernement de combattre le terrorisme et de protéger sa population de civils innocents.  Son gouvernement condamne les violations des droits de l’homme et les actes de violence. 

Il a rappelé que 30 postes de police avaient été attaqués le 25 août par la « prétendue » Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), ce qui a amené le Gouvernement à déclarer que l’ARSA était un groupe terroriste.  Ce groupe a également été condamné par les organisations islamiques du Myanmar.  Ce sont ces attaques qui sont à l’origine du déplacement de personnes, a affirmé le représentant qui a également rappelé que les musulmans ne représentaient pas une minorité dans l’État de Rakhine mais bien la majorité avec 95% de la population.

« Quand il s’agit de terrorisme, il n’y a pas de choix possible », a-t-il poursuivi en expliquant l’exode par la peur qui a poussé les femmes et enfants à fuir alors que les hommes ont été appelés à rejoindre le groupe ARSA.  Il a également affirmé que les villageois ayant collaboré avec le Gouvernement avaient été assassinés par ce groupe terroriste qui a également incendié des bâtiments et placé des bombes.

À ce stade, a fait valoir le représentant, l’aide humanitaire représente la priorité pour le Gouvernement du Myanmar, soulignant que depuis le 5 septembre il n’y a plus eu de confrontations armées.  Le Gouvernement a mis en place un mécanisme, en coopération avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour dispenser l’aide humanitaire aux personnes déplacées.  Il est en pourparlers avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour avoir recours à leur centre d’aide humanitaire pour venir en aide à l’État de Rakhine. 

Avant de conclure, le représentant a assuré que le Gouvernement du Myanmar était déterminé à régler la situation dans l’État de Rakhine et a salué la feuille de route proposée par la Commission consultative à cette fin.  Il a également assuré que les réfugiés qui se trouvent au Bangladesh seront rapatriés.  Un groupe de vérification sera mis en place pour mener un processus de vérification systématique.  Par ailleurs, a-t-il annoncé, le Gouvernement organisera, le 28 septembre, une visite du corps diplomatique dans les zones affectées au nord de l’État de Rakhine, pour qu’il puisse voir de ses propres yeux la situation sur le terrain.  Il est également en pourparlers avec le Bangladesh pour trouver des moyens pour faire face au problème des réfugiés.

Selon le représentant de l’Iran, les déclarations des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite sur les trois îles d’Abou Moussa, la Grande Tomb et la Petite Tomb sont sans fondement.  « Ce sont des mensonges.  Ces îles sont des territoires iraniens.  Toutes les revendications des Émirats arabes unis sur ces îles sont et seront rejetées », a-t-il déclaré.  L’Iran reste toutefois disposé à débattre avec les autres pays mais la souveraineté de l’Iran sur ces îles n’est pas à discuter.  Le représentant a ajouté que le terme de « golfe Persique » est le terme approprié pour désigner cette partie du monde depuis des millénaires.  Il a également reproché à Bahreïn de justifier ses actes contre sa propre population et de s’en prendre verbalement à l’Iran.  

Répondant aux déclarations de Vanuatu et des Îles Salomon ainsi que de Tuvalu et de Saint-Vincent-et-les Grenadines concernant la Papouasie et la Papouasie occidentale, la représentante de l’Indonésie a dit que ce sont « des mensonges pour servir les desseins séparatistes dans ces deux provinces ».  En trois ans, ces provinces ont connu un développement accéléré: des ponts et des routes ont été construits, plus de 3 000 étudiants ont repris le chemin de l’école et la population bénéficie de la couverture universelle de santé.  La Papouasie et la Papouasie occidentale font partie de l’Indonésie et continueront à en faire partie.  Si les droits de l’homme ont été le centre des accusations portées par ces pays, pourquoi n’ont-ils pas porté la question au Conseil des droits de l’homme?  Les actions des séparatistes sont des actes illégaux, contraires à la Charte des Nations Unies, a dénoncé la représentante.

La représentante de l’Inde a répondu à son homologue du Pakistan qui a trompé l’attention du public et de l’Assemblée générale en exhibant la photo d’un soldat indien.  Selon elle, cette photo est « une image de ce que fait le Pakistan et montre le traitement des populations indiennes du Jammu-et-Cachemire par le Pakistan ».  

La représentante des Émirats arabes unis a refusé toute allégation de l’Iran vis-à-vis des trois îles d’Abou Moussa, Grande Tomb et Petite Tomb qui sont occupées par l’Iran alors qu’elles font intégralement partie de son pays.  En ce qui concerne l’accord sur le nucléaire, elle a estimé que l’Iran ne pouvait pas s’en servir pour interférer dans les affaires des États arabes.  Cela a un impact déstabilisateur sur la région et ce genre de comportement est inacceptable, a-t-elle affirmé. 

La représentante a également accusé l’Iran de soutenir le terrorisme, et, plus spécifiquement, le Hezbollah et les houthistes au Yémen.  Elle lui a reproché d’armer les houthistes et d’autres groupes loyaux à l’ex-Président.  La coalition qui a été formée, sous la direction de l’Arabie saoudite, a pour seul objectif de sauver le Yémen et a toujours cherché une solution politique au Yémen, a-t-elle fait valoir. 

La représentante du Bahreïn a également répondu à son homologue iranien.  Elle l’a accusé d’ingérence et d’appui au terrorisme et à la haine religieuse.  Elle a estimé que le régime iranien, de par ses pratiques expansionnistes, sapait la paix dans la région et dans le monde, et a appelé la communauté internationale à agir.

Le représentant du Pakistan a déclaré que la représentante de l’Inde avait choisi de détourner l’attention de la communauté internationale des actions de son pays dans la région du Jammu-et-Cachemire.  « Vous voulez essayer de vous cacher derrière une photo », lui a-t-il lancé, avant d’affirmer que « les Cachemiri n’abandonneront jamais et continueront d’exiger leur liberté pour se libérer du joug de l’occupation indienne ».  L’Inde doit répondre de ses actes dans cette région, a exigé le représentant qui a également accusé l’Inde d’appuyer des actes terroristes commis au Pakistan.

Clôture du débat général

Dans sa déclaration de clôture du débat général, M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a compté que 196 discours avaient été prononcés pendant une semaine à la tribune des Nations Unies.  C’est la première fois, en 11 ans, que tous les États Membres et les États observateurs ont fait des déclarations à l’Assemblée générale.

Le Président a mis l’accent sur trois sujets: les populations, les priorités de la soixante-douzième session et les semaines et les mois à venir. 

M. Lajčák a rappelé que nous avons entendu parler des populations qui fuyaient les coups de feu ou des bombes, des populations qui dépensent en une semaine ce que nous consacrons à une tasse de café, des populations forcées de prendre une décision entre risquer leur vie en restant ou risquer leur vie en partant, des populations qui se demandent où vont frapper les ouragans ou si leurs villages seront sous l’eau dans quelques décennies, des populations qui commencent à perdre, ou sinon ont déjà perdu l’espoir dans les processus de paix, et des populations qui attendent toujours pour que la justice et les droits de l’homme deviennent une part de réalité dans leur vie quotidienne.

Les déclarations se sont focalisées sur les défis et aussi sur les solutions et sur les populations qui recherchent ces solutions, a-t-il résumé.  Nous avons entendu des comptes rendus sur la force, la résilience, les partenariats et l’esprit d’entreprise.

« Je vous remercie d’avoir mis les populations au centre du débat général », s’est félicité le Président.  Pendant toute la session à venir, nous pouvons faire beaucoup mieux en rapprochant nos débats et actions des populations les plus touchées.

M. Lajčák a précisé avoir entendu le soutien à la proposition de donner la priorité à la paix et à la prévention.  Beaucoup ont réitéré l’appel au Secrétaire général pour un renouveau de la diplomatie pour stopper les conflits actuels.  Nous devons profiter des expériences nationales, régionales et internationales en matière de médiation et de prévention de conflits, a-t-il dit.  Nous devons réajuster notre approche en faveur de la paix.

Vous avez aussi réitéré votre appui aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies qui font un travail important, a reconnu le Président.  Nous avons entendu que certains de vos citoyens ont fait le sacrifice ultime sous le drapeau de l’ONU.  « Je vous remercie pour votre engagement. »

Ensuite, vous avez parlé des besoins des populations dans le monde, a continué M. Lajčák.  Vous avez exprimé une vision dans laquelle les droits de l’homme, l’égalité des sexes et l’état de droit sont les normes.  Actuellement, ils sont pourtant l’exception.  Ainsi, nous avons du travail à faire pour réaliser cette vision.

J’ai également entendu des appels à voir au-delà du cliché de réfugiés ou migrants mais à voir simplement des populations, a relevé le Président.  Nombre d’entre vous ont souligné la nécessité d’un cadre mondial complet.

Enfin, vous nous avez rappelé toutes les promesses que nous avons faites aux populations et à la planète.  Certains ont clairement indiqué que les changements climatiques étaient « une question de vie ou de mort » pour les populations, les écosystèmes, les modes de vie et même pour des pays entiers.  Ce fut ainsi encourageant d’être témoin d’un grand soutien à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a-t-il lancé.  Finalement, vous avez réaffirmé votre engagement pour l’ONU, et l’engagement entre vous.

Mais beaucoup ont aussi reconnu deux choses: le monde est en plein changement, a analysé M. Lajčák.  Ce changement intervient à un rythme rapide, pour le meilleur et pour le pire.  L’ONU doit faire plus pour s’adapter à ce changement.  « Je suis engagé pour assurer que nos discussions soient aussi ouvertes, inclusives et transparentes que possible », a-t-il promis.

Tous les messages annoncés au débat général n’ont pas été positifs.  Certains contenaient des critiques d’autres pays ou de l’ONU.  « Nous devons nous rappeler que les différences dans les positions unilatérales n’empêchent pas les accords multilatéraux », a-t-il rappelé. 

Il nous reste à nous tourner vers l’avenir, a conclu le Président.  La soixante-douzième session prévoit d’importantes étapes notamment la manifestation de haut niveau sur la paix durable en avril, ou sur l’adoption du pacte mondial sur les réfugiés et les migrants, en septembre.  Cette semaine, l’Assemblée générale organise une réunion de haut niveau sur la traite des personnes. 

Par ailleurs, les travaux des grandes commissions de l’Assemblée débuteront bientôt.  Les six grandes commissions sont d’importants outils du multilatéralisme et nous devrions nous en servir, a encouragé le Président.   

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