Face à la multiplication des conflits et au terrorisme, de nombreux États appellent à une réforme d’une ONU « qui ne respecte plus sa propre Charte »
Le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée affirme que son programme nucléaire est purement dissuasif
Moyen-Orient, Soudan du Sud, Yémen, Myanmar et essor du terrorisme: face à la multiplication des conflits et des défis sur la scène internationale, de nombreux États Membres ont appelé aujourd’hui à une réforme urgente de l’Organisation des Nations Unies.
Cette cinquième journée de débat général à l’Assemblée générale aura en outre été marquée par de nouveaux appels à l’action face aux changements climatiques de la part de nombreux États insulaires, notamment de la région des Caraïbes, et par la réplique de la République populaire démocratique de Corée au discours du Président des États-Unis mardi.
Dans sa Charte écrite en 1945, l’ONU proclame qu’elle entend « préserver les générations futures du fléau de la guerre », a rappelé le Ministre syrien des affaires étrangères. Au vu des ravages des conflits dans le monde, et particulièrement dans son pays, l’ONU a failli à faire respecter sa propre Charte et les principes du droit international », a-t-il accusé, avant d’affirmer qu’« aucun peuple n’a autant souffert du terrorisme que le peuple syrien qui, depuis six ans, lutte contre les terroristes qui viennent du monde entier avec le soutien de parties de la région et d’ailleurs ». C’est pourquoi il a appelé à la réforme de l’Organisation, afin qu’elle soit en mesure de jouer son rôle qui est « la défense des droits légitimes contre la loi de la jungle que certains essayent de faire appliquer ».
De nombreux dignitaires qui sont intervenus aujourd’hui ont également souhaité des réformes au sein de l’Organisation afin, comme l’a dit le Chef de la diplomatie de l’Irlande, d’agir à l’unisson, « la seule façon de tenir les promesses de la Charte d’assurer l’égalité pour tous ».
La réforme du Conseil de sécurité a en particulier été réclamée par divers États, de l’Inde à plusieurs pays africains, ces derniers réclamant pour leur continent un siège de membre permanent.
Elle l’a aussi été par le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont le pays figure parmi les plus cités depuis le début de cette Assemblée générale, du fait des inquiétudes que suscite son programme nucléaire et ses tirs de missiles balistiques.
Dans un argumentaire en réponse au discours du Président des États-Unis au premier jour des travaux, le Chef de la diplomatie nord-coréenne a assuré que le programme nucléaire de son pays ne visait que des objectifs de dissuasion face à la menace américaine. « Nous sommes un État nucléaire responsable », a-t-il affirmé, tout en accusant le Conseil de sécurité, qui a par trois fois cette année renforcé ses sanctions contre la RPDC, d’être un instrument destiné uniquement à « servir les intérêts de ses membres permanents ».
Le terrorisme a également été abordé par de nombreux intervenants, plusieurs des dignitaires accusant des pays voisins de l’alimenter, provoquant en fin de séance une série de droits de réponse.
Le Ministre iraquien des affaires étrangères s’est félicité que de nombreuses villes de son pays aient été libérées de l’emprise des terroristes de Daech, mais il a averti que les difficultés au lendemain des conflits dépassent parfois celles de la guerre. L’une d’elles, qui se profile à l’horizon, est le référendum d’indépendance du 25 septembre qu’entend organiser la communauté kurde du nord du pays, a estimé M. Al-Jafari, pour qui cette initiative constitue une grave violation de la Constitution iraquienne susceptible de mener à des conflits internes.
C’est d’avoir contribué à alimenter certains conflits internes à son pays que le Ministre des affaires étrangères de Bahreïn a accusé le Qatar, à qui il a reproché d’avoir « fourni un soutien financier et un asile à des terroristes » et de « disséminer un discours de haine et d’extrémisme par le biais de ses médias ». Un avis partagé par son homologue d’Arabie saoudite, qui a expliqué que ce grief justifie la décision d’isolement prise contre Doha par son pays, le Bahreïn, l’Égypte et les Émirats arabes unis.
C’est le Pakistan que la Ministre des affaires extérieures de l’Inde a accusé de fomenter le terrorisme. Comparant le destin des deux États voisins devenus indépendants à quelques heures d’écart, elle a fait observer que l’Inde était aujourd’hui « une superpuissance informatique reconnue dans le monde et le Pakistan seulement connu comme une usine de terrorisme ».
Le Ministre philippin des affaires étrangères a expliqué que le trafic de drogue alimentait le terrorisme islamiste, notamment à Marawi, où les « extrémistes, criminels, mercenaires et combattants étrangers » ont tenté, « en vain », de jeter les bases d’un califat en Asie du Sud-Est. S’il a reconnu que la campagne antidrogue dans son pays avait généré des abus, il s’est justifié en affirmant que « nous ne pouvons pas vivre avec les drogues car les drogues ne nous laisseront pas vivre ».
En Afrique aussi l’inquiétude prévaut face au terrorisme et les Ministres des affaires étrangères du Niger et du Tchad ont rappelé que c’est son extension dans le nord du Mali et l’ensemble du Sahel, ainsi que dans le bassin du lac Tchad, qui avait justifié la création par les pays de la région de la Force conjointe G5 Sahel, avant de regretter la faible mobilisation de la communauté internationale, pourtant nécessaire pour la rendre opérationnelle.
Entamé mardi dernier, le débat général de l’Assemblée générale s’achèvera lundi, 25 septembre.
Suite du débat général
M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo (RDC), est revenu sur les « attaques terroristes » dont son pays est victime, menées par des groupes armés, notamment dans les provinces du Kasaï et dans la capitale. Faisant référence à l’assassinat de deux experts des Nations Unies en mars dernier, il s’est dit déterminé à faire la lumière « sur les circonstances exactes de ce crime ». C’est là le sens des procès publics ouverts depuis plusieurs semaines, procès qui ont eu lieu « après arrestation de la plupart des suspects présumés coupables », a expliqué M. Kabila.
À propos du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Kabila s’est félicité de la promotion de l’accès à l’école des jeunes filles dans son pays, « dont le taux brut de scolarisation est passé en l’espace de 10 ans, de 70% à près de 105% ».
Abordant les changements climatiques, M. Kabila a rappelé que la RDC représente, avec les deux autres pays du Bassin du Congo, la deuxième réserve forestière mondiale. Grâce à la Commission des forêts d’Afrique centrale, ces pays sont outillés pour contribuer « à l’amélioration de la qualité de vie sur notre planète », a-t-il estimé.
M. Kabila s’est ensuite attardé sur la situation politique du pays, affirmant que, depuis un an, le pays avait recouru au dialogue, « qui est pour nous un mode permanent de règlement des différends politiques ». Il a salué les efforts de la classe politique du pays, qui ont débouché sur l’accord du 31 décembre 2016 ayant pour objectif l’organisation des élections dans le pays.
« L’exigence par toutes les parties prenantes d’un nouveau fichier électoral a donné lieu depuis plus d’une année à l’inscription des électeurs, dont la dernière phase vient de commencer dans les deux dernières provinces du centre du pays », a déclaré le Président, qui a précisé que plus de 42 millions d’électeurs, sur les 45 millions projetés, étaient déjà inscrits sur les listes.
M. Kabila a ensuite mentionné la série d’évaluations du processus électoral entamées depuis une dizaine de jours par le Conseil national du suivi, conjointement avec le Gouvernement et la Commission électorale nationale indépendante, qui devraient permettre « la publication prochaine » du calendrier électoral.
Le Président congolais a achevé son allocution en posant la question de l’avenir de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et plus précisément le rythme de réduction de la force la Mission devant mener à « son retrait total ». « Il est clair que près de 20 ans après son déploiement, la force onusienne ne peut nourrir l’ambition de rester indéfiniment dans mon pays, ni d’y exercer son mandat avec le même format et sans tirer les leçons des faiblesses constatées », a-t-il conclu.
M. TABAN DENG GAI, Premier Vice-Président du Soudan du Sud, a dit faire cette allocution au nom du Président du pays, M. Salva Kiir, expliquant que ce dernier n’avait pu faire le déplacement du fait de questions intérieures de la plus grande urgence.
Rappelant que le Président Kiir avait proclamé 2017 « année de paix et de prospérité », M. Deng Gai a déclaré que réaliser la paix était une œuvre de longue haleine et a ajouté que, pour son pays, la paix devrait passer par un processus qui requiert des efforts collectifs. C’est pourquoi le Gouvernement provisoire d’union nationale est engagé dans la mise en œuvre totale de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, a-t-il affirmé.
Parmi les mesures prises dans ce sens, M. Deng Gai a indiqué que le Gouvernement tenait à faire respecter son engagement pour le respect du cessez-le-feu unilatéral annoncé par le Président en mai dernier. De plus, avec le soutien de partenaires, le Gouvernement est engagé dans la mise en œuvre des aspects clefs des dispositions transitoires de sécurité, notamment la réforme du secteur de la sécurité, le cantonnement des forces et la formation de la police mixte intégrée, afin de démilitariser les communautés.
Le Gouvernement provisoire entend également mettre un terme aux conflits communautaires et a appelé à l’aide de la communauté internationale pour assurer le succès de cette initiative. Le rôle des jeunes est ici crucial car ils peuvent être à la fois des agents ou des obstacles de la paix, a expliqué M. Deng Gai en relevant que ce sont ces jeunes qui sont incités par leur communauté à voler le bétail et procéder à des enlèvements d’enfants.
Le Premier Vice-Président a aussi souligné le rôle central que jouent les femmes en faveur de la consolidation de la paix au Soudan du Sud. « Nous sommes optimistes pour un retour de la paix », a-t-il affirmé, en notant que des réfugiés et des déplacés retournaient de plus en plus volontairement dans leur village et que des signes de coexistence pacifique étaient visibles au sein des communautés. Il a assuré que le Gouvernement sud-soudanais était ouvert aux conseils des partenaires externes, mais leur a demandé en retour de reconnaitre les progrès accomplis et de démontrer un certain sens du respect et de la confiance. Il a averti qu’une approche de confrontation de la part de la communauté internationale risquait de créer une mentalité de siège de la part des Sud-Soudanais.
Le Premier Vice-Président a en outre salué les avancées de l’initiative de dialogue nationale du Président Kiir. Parmi les progrès que le Gouvernement a faits, il a cité la libération de prisonniers, dont des journalistes, l’ouverture du Comité directeur à toutes les parties prenantes du pays, les contacts avec les dirigeants de l’opposition et la déclaration unilatérale de cessation des hostilités. Il a rappelé que son pays avait accueilli récemment une Réunion du conseil des ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans le but de revitaliser la mise en œuvre de l’Accord de paix. Il a salué les bonnes relations entretenues par le Soudan du Sud avec ses principaux voisins, soulignant que son pays dépend de ces relations pour relancer et augmenter la production de pétrole, construire et maintenir des routes et fournir de l’électricité aux localités situées aux frontières.
Au sujet d’Abyei, M. Deng Gai a réaffirmé que son gouvernement était prêt à mettre en œuvre la proposition faite le 21 septembre 2012 par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine. Il a dit espérer que le Soudan et son pays reprendraient bientôt leur coopération en vue de la pleine mise en œuvre de ladite proposition.
M. Deng Gai a aussi affirmé que son gouvernement collabore avec la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et facilite le déploiement de la Force régionale de protection. Il a par ailleurs assuré que son gouvernement travaillait à assurer l’accès humanitaire à ceux qui en ont besoin. Il a souhaité que les efforts humanitaires soient accompagnés de mesures visant le développement, selon une approche équilibrée et nouvelle. Il a souligné que les efforts en faveur du retour à la paix au Soudan du Sud ne seraient couronnés de succès que si les acteurs politiques continuaient de respecter le cessez-le-feu que le Président a déclaré en début d’année.
Élargissant le débat, M. Deng Gai a estimé que les progrès au Soudan du Sud ne seraient possibles que si les Nations Unies connaissaient elles-mêmes des progrès en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, dont « la composition et les fonctions ne reflètent pas les réalités du XXIe siècle ». Il a conclu en affirmant que les progrès du Soudan du Sud devaient être le fait des Sud-Soudanais eux-mêmes, et que les solutions devaient être locales si l’on voulait que les résultats obtenus soient durables.
M. YOSIWO GEORGE, Vice-Président des États fédérés de Micronésie, a déclaré que le monde ne pouvait plus ignorer le lien entre les changements climatiques et les « mégatempêtes » qui ont dévasté plusieurs pays au cours des derniers jours, causant le déplacement de milliers de personnes. Ces phénomènes, a-t-il noté, ont également une incidence sur le réchauffement des océans et la hausse du niveau des mers.
Les changements climatiques représentent l’une des menaces les plus sérieuses à la paix et à la sécurité internationales, mettant en péril « l’existence même de nos îles », a poursuivi le Vice-Président. Alors que la réforme des Nations Unies se poursuit, l’Assemblée générale doit faire de cette question une priorité, a-t-il plaidé, renouvelant son appel en faveur de la nomination d’un envoyé spécial pour les changements climatiques et la sécurité.
Pour M. George, la lutte contre les changements climatiques est une condition essentielle à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, y compris l’éradication de la pauvreté et la mise sur pied d’infrastructures résilientes. Le monde doit « saisir l’occasion » offerte par la ratification de l’Accord de Paris sur les changements climatiques pour approfondir la coopération internationale sur cette question, a-t-il plaidé, ajoutant que la Micronésie était « vivement préoccupée » par l’attitude de certains pays qui ont choisi d’ignorer les preuves scientifiques pour se soustraire à cet accord.
Le Vice-Président a ensuite invité tous les États à appuyer le Fonds vert pour le climat et l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal concernant la protection de la couche d’ozone, « un des traités multilatéraux les plus fructueux de tous les temps ». En outre, il a donné son appui à « l’Appel à l’action » lancé à la Conférence sur les océans, tenue en juin de cette année, afin de lutter contre les menaces auxquelles font face les océans. Selon lui, la situation particulière des petits États insulaires en développement (PEID) doit être enchâssée dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer dans le cadre d’un accord juridiquement contraignant, a encore souhaité M. George.
Pour les États insulaires, la pêche représente un pilier économique et une ressource naturelle renouvelable, a souligné M. George, pour qui une gestion efficace des stocks est un élément nécessaire du développement durable mais aussi un outil important pour combattre la malnutrition. Il a appelé à cet égard les pays développés à respecter le droit des États insulaires de gérer les pêches dans leurs zones économiques exclusives.
Par ailleurs, le Vice-Président a salué la réforme des Nations Unies entreprise par le Secrétaire général, appelant une fois de plus à de « vraies négociations » concernant la composition du Conseil de sécurité. Enfin, il a fermement condamné les actions « provocatrices et agressives » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), estimant qu’elles représentent une menace sérieuse à la sécurité régionale.
M. SHER BAHADUR DEUBA, Premier Ministre du Népal, a estimé que la dimension pacifique de la transition démocratique népalaise, après une décennie de conflit armé, illustrait le bien-fondé du dialogue et de la négociation par rapport « aux dangers des méthodes violentes ». En témoigne, à ses yeux, le fait que le processus de paix national entamé en 2006 se soit soldé par l’instauration de la démocratie et la promulgation d’une constitution par une assemblée constituante élue en 2015. « Ce processus unique était d’origine nationale et a été mené depuis l’intérieur du pays », a souligné le Premier Ministre, estimant que la transition népalaise devrait servir de modèle pour d’autres pays dans une situation similaire.
Concernant le fonctionnement des institutions, M. Deuba a affirmé que la représentation de tous les segments de la société népalaise était au cœur du système démocratique du pays. De ce point de vue, il a rappelé que la Constitution népalaise garantissait 40% de représentation politique aux femmes au niveau local et un tiers au niveau des parlements de province et du parlement fédéral. Suite aux premières élections locales organisées avec succès dans le pays en 20 ans, le Premier Ministre s’est félicité de l’annonce officielle du calendrier des futures élections législatives aux niveaux fédéral et provincial, qui auront lieu dans deux mois.
En dépit de ces succès, M. Deuba a rappelé que le traumatisme subit par son pays suite au tremblement de terre de 2015 ne s’était pas encore résorbé. « La reconstruction après le désastre est toujours en cours », a-t-il déclaré, avant de remercier les pays voisins du Népal et « la famille des Nations Unies » pour leur soutien « généreux » envers les efforts de reconstruction.
« Les pays pauvres et vulnérables souffrent de manière disproportionnée des changements climatiques en dépit de la part négligeable qui leur est imputable en matière d’émissions de gaz à effet de serre », a ensuite déploré le Premier Ministre. Partant de ce constat, il a estimé que la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 devait tenir compte du principe de « responsabilité différenciée » et de « capacité distincte » entre les pays.
M. PETER PAIRE O’NEILL, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré que notre monde continuait d’être confronté à de multiples défis sans précédent et de plus en plus complexes. Il a expliqué que les défis auxquels nous faisons face avaient peu de chance d’être dépassés par des entreprises individuelles de pays. C’est pourquoi « nous devons travailler ensemble pour bâtir un monde meilleur, plus stable et plus équitable pour tous », a-t-il ajouté.
M. O’Neill est ensuite revenu sur l’actualité politique récente de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la tenue de la dixième élection nationale du pays. Il a présenté un certain nombre de réformes importantes que le pays a entreprises, telles que l’éducation gratuite pour tous, la sécurité sociale universelle ou encore le plus grand programme d’infrastructures de l’histoire du pays.
Condamnant « le plus fermement possible » les récents essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, qui sont « des menaces directes » à l’encontre de millions de personnes innocentes aux États-Unis, au Japon et en République de Corée, le Premier Ministre s’est déclaré « particulièrement inquiet » de la tenue de ces activités dans la région du Pacifique.
« Les changements climatiques sont réels et ils détruisent vies et communautés », s’est ensuite exclamé M. O’Neill. Il a précisé que les récents ouragans qui ont touché les Caraïbes et les États-Unis étaient des exemples des phénomènes climatiques extrêmes que nous affrontons tous. Il a insisté sur le fait que la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les autres îles du Pacifique restaient extrêmement vulnérables face à l’impact des changements climatiques, notamment les tempêtes tropicales, les sécheresses sévères et la montée du niveau de la mer.
« Les graines des changements climatiques que nous voyons aujourd’hui ont été plantées par les pays développés durant les siècles précédents », a encore déploré le Premier Ministre. Pendant que leur développement s’est accru, les pays en développement continuent aujourd’hui de souffrir de ces actes, a-t-il ajouté.
Déplorant que les chances de développement des plus petits pays aient été limitées par le « désordre » créé par de puissantes nations, M. O’Neill a indiqué qu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée et partout dans le monde, des peuples mourraient de cette situation. « Le monde a besoin de plus d’actions, de prendre de plus importants engagements afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’aider les communautés à répondre de manière plus efficace aux défis présentés par les changements climatiques », a-t-il plaidé.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée est une nation insulaire et les ressources des océans et des mers sont donc liées à son bien-être et au développement économique de son peuple, a rappelé M. O’Neill, qui s’est dit inquiet de la santé déclinante des océans et des mers, insistant sur le fait qu’il ne s’agissait pas là d’un problème local mais d’un problème global qui réclame des actions à l’échelle mondiale.
M. O’Neill a conclu en revenant sur les actions entreprises à l’échelle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, telles que la Politique intégrée nationale des océans, et en exprimant sa satisfaction quant aux résultats « historiques » de la première Conférence sur les océans tenue au début juin.
M. WALID AL-MOUALEM, Vice-Premier Ministre de la République arabe syrienne, a dépeint un monde où s’affrontent deux genres de forces. D’un côté, il a décrit des forces qui veulent contrôler et dominer des nations et leurs richesses, rétablir un ordre mondial unipolaire en attisant le chaos et la guerre et qui violent le droit international et le droit international humanitaire. De l’autre côté se trouvent des forces œuvrant sans relâche pour créer un monde plus équilibré, plus sûr et plus juste, dans le respect de la souveraineté des États et des droits des peuples à exercer leur autodétermination et bâtir leur avenir, a-t-il assuré.
M. Al-Moualem a ensuite dénoncé des pays qui pensent pouvoir utiliser le terrorisme comme outil pour satisfaire leur cupidité et leur ordre du jour, qui ne servent les intérêts d’aucun peuple, encore moins les leurs. Aucun peuple, a-t-il déclaré, n’a autant souffert du terrorisme que le peuple syrien qui, depuis six ans, lutte contre les terroristes qui viennent du monde entier avec le soutien de parties de la région et d’ailleurs. Il a expliqué que le terrorisme et l’idéologie takfiriste qui le sous-tend allaient continuer de s’étendre comme une tumeur à travers le monde et hanter nos peuples si tous ne montrent pas leur intérêt à coopérer pour y faire face ensemble.
Depuis le début de la crise, le Gouvernement syrien n’a eu de cesse d’essayer de faire cesser le massacre en promouvant la réconciliation entre groupes locaux, comme en témoignent les nombreux décrets d’amnistie signés par le Président syrien, M. Bashar Al-Assad, a assuré M. Al-Moualem. Ces réconciliations ont permis le retour de dizaines de milliers de déplacés et de réfugiés, a-t-il ajouté, affirmant qu’à travers les processus d’Astana et de Genève, le Gouvernement syrien avait fait montre de son sérieux et de son engagement et s’était évertué à faire triompher la paix.
M. Al-Moualem s’est notamment félicité du fait que le processus d’Astana ait conduit à la création de zones de désescalade, et il a dit espérer que cet élan contribuerait à la cessation des hostilités, ce qui permettrait de séparer les groupes terroristes, tels que Daech et le Front el-Nosra, d’autres groupes qui, eux, se sont ralliés au processus d’Astana. Le Vice-Premier Ministre a néanmoins accusé la Turquie –un des trois garants du processus- de soutenir des groupes armés en Syrie en croyant que le terrorisme allait l’aider à mettre en œuvre son projet subversif en Syrie et dans d’autres pays de la région. Il a jugé la position turque contraire au « rôle positif et constructif » que jouent la Fédération de Russie et l’Iran et a précisé que les zones de désescalade étaient des arrangements temporaires qui ne devaient pas empiéter sur l’unité territoriale de la Syrie.
M. Al-Moualem a assuré que le Gouvernement syrien était également engagé dans le cadre du processus de Genève, tout en notant que ce dernier tardait à produire des fruits en l’absence d’une véritable opposition susceptible de s’affirmer comme partenaire de l’avenir du pays, et aussi du fait que des pays qui ont une influence sur l’autre partie en conflit continuent de bloquer tout progrès réel. Il est dommage que ces pays soient des Membres de l’ONU, y compris des membres permanents du Conseil de sécurité, a-t-il regretté. Le Vice-Premier Ministre a rappelé que toute solution en Syrie devait tenir compte du rejet du terrorisme, respecter l’unité territoriale du pays et de son peuple et rejeter toute interférence externe dans les décisions politiques relatives à l’avenir de la Syrie. « Les Syriens seuls ont le droit de prendre de telles décisions, que ce soit maintenant ou dans l’avenir », a-t-il martelé.
Le Vice-Premier Ministre a ensuite accusé Israël d’interférer dans la crise syrienne depuis son déclenchement. Ce pays qui apporte son soutien aux gangs terroristes takfiristes a également bombardé les positions de l’armée syrienne dans le but de servir des objectifs terroristes, a-t-il accusé. Il a ajouté que la crise actuelle ne détournerait pas son pays de son objectif de recouvrer la souveraineté sur le Golan syrien occupé depuis le 4 juin 1967.
M. Al-Moualem a également accusé les pays « soutenant la guerre en Syrie » de faire croire que le Gouvernement utilise des armes chimiques depuis le début de la crise, et ce, malgré les rapports contraires de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui avait assuré que la Syrie avait complètement démantelé son programme chimique. Sous le prétexte de lutter contre le terrorisme en Syrie, certains pays ont formé une coalition et organisé des conférences aux dénominations trompeuses telles que « Les amis du peuple syrien », a-t-il accusé. Pour lui, la coalition créée il y a trois ans par les États-Unis pour lutter contre le terrorisme a tué plus d’innocents syriens, notamment des enfants et des femmes, que de terroristes. De plus, elle a détruit des infrastructures cruciales que les Syriens ont mis des années à bâtir.
« Nous ne comprenons pas le silence de la communauté internationale face à ces crimes, malgré les appels du Gouvernement syrien envers le Conseil de sécurité afin qu’il assume ses responsabilités », a encore affirmé le Vice-Premier Ministre syrien, qui a invité le Conseil de sécurité à mettre en œuvre ses propres résolutions dans la lutte contre le terrorisme, notamment la 2253 (2015), afin d’empêcher la coalition de commettre davantage de crimes contre les Syriens.
M. Al-Moualem a répété qu’il ne serait pas possible de combattre le terrorisme sans coordination avec le Gouvernement syrien, ajoutant que « toute présence de troupes étrangères sur son sol sans son consentement s’apparentait à une forme d’occupation, une agression de fait et une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies ». Il a aussi décrié le « blocus économique suffocant » imposé à son pays, qu’il a jugé en flagrante violation du droit international et mené dans le but de détruire les moyens de subsistance des Syriens et augmenter leurs souffrances.
Affirmant que la coalition internationale n’avait pas fait de progrès contre Daech, M. Al-Moualem a opposé les progrès réalisés par l’armée syrienne avec ses alliés et amis, affirmant que le pays avançait vers l’expulsion du terrorisme. Il a cité les libérations d’Alep et de Palmyre, la levée du siège de Deïr el-Zor et l’élimination du terrorisme de nombreuses régions de la Syrie, y voyant la démonstration que la victoire est désormais possible. Le Vice-Premier Ministre a prédit que l’histoire retiendrait durant des générations les réalisations du peuple syrien, qui aura fait face avec fermeté à une campagne terroriste barbare.
M. Al-Moualem a par ailleurs estimé que le problème des réfugiés était l’une des conséquences du terrorisme. Le Gouvernement a fait du retour des déplacés chez eux une priorité, et il a, de ce fait, engagé la libération et la sécurisation des zones occupées par les terroristes, tout en œuvrant à l’amélioration des conditions de vie des Syriens, a-t-il ajouté.
Estimant enfin que l’ONU avait failli à faire respecter sa propre Charte et les principes du droit international, M. Al-Moualem a souhaité la réforme de l’Organisation, afin qu’elle soit en mesure de jouer son rôle, qui est la défense des droits légitimes contre la loi de la jungle que certains essayent de faire appliquer.
M. ROOSEVELT SKERRIT, Premier Ministre et Ministre des finances et du service public de la Dominique, a déclaré que son pays était en première ligne de la guerre contre les changements climatiques. « C’est avec beaucoup de difficultés que j’ai laissé derrière moi mon peuple ensanglanté pour être avec vous aujourd’hui », a-t-il ajouté, faisant référence aux ravages causés en Dominique par l’ouragan Maria.
M. Skerrit a mentionné que l’augmentation de la température de l’air et de l’eau avait altéré de façon permanente le climat entre les tropiques du Cancer et du Capricorne. « La chaleur est le moteur qui transforme des tempêtes ordinaires –des tempêtes que nous saurions maîtriser dans notre sommeil– en forces dévastatrices », a-t-il expliqué. Et de déplorer: « par le passé, nous nous serions préparés à une grosse tempête par an, mais de nos jours des milliers de tempêtes naissent sous la forme d’une brise au milieu de l’Atlantique pour ensuite venir faire la queue pour nous frapper avec force et fureur ».
Avant ce siècle, aucune autre génération n’avait vu plus d’un ouragan de catégorie 5 dans sa vie, a encore rappelé M. Skerrit, alors que « durant ce siècle, cela nous est déjà arrivé deux fois en l’espace de deux semaines ». Et pourtant, a-t-il ajouté, nous sommes encore en plein milieu de la saison des ouragans.
« Nier les changements climatiques, c’est procrastiner alors que la planète coule, c’est nier la réalité que nous venons tout juste de vivre », s’est emporté le Chef de gouvernement. « Nous, en tant que nation et région, n’avons pas démarré cette guerre contre la nature, nous ne l’avons pas provoquée, la guerre est venue à nous! Il n’y a plus de temps pour les paroles, il reste peu de temps pour l’action », a-t-il ajouté.
M. Skerrit a expliqué que la Dominique était venue ici aujourd’hui pour déclarer une urgence humanitaire internationale. Il est temps que la communauté internationale prenne position et décide si elle veut se tenir côte à côte avec ceux qui souffrent des ravages des changements climatiques dans le monde ou si elle veut se contenter de montrer un peu de pitié avant de tourner le dos, soulagée que, cette fois-ci, ce n’est pas elle qui est frappée, s’est-il exclamé.
« Un an après la COP 21 à Paris, le besoin d’action est encore plus grand si nous voulons réduire l’impact des changements climatiques », a poursuivi le Premier Ministre. S’il a salué la mise en place du Fond vert pour le climat, il a aussi demandé que beaucoup plus soit fait pour aider les pays qui souffrent de l’impact des changements climatiques. Revenant sur le Mécanisme d’assurance contre le risque lié aux catastrophes aux Caraïbes, il a expliqué que, bien qu’utile, ce mécanisme ne possédait pas de suffisamment de fonds pour reconstruire les infrastructures du pays. Il a donc appelé à sa recapitalisation.
« Nous avons besoin de reconstruire nos maisons et nos villages; nous avons besoin de reconstruire nos communautés, nos écoles, nos routes, nos ponts; nous avons besoin de reconstruire un pays, mais nous ne pouvons le faire seuls; nous avons besoin de vous, nous avons besoin de votre humanité », a conclu le Premier Ministre de la Dominique.
Mme SUSHMA SWARAJ, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a estimé que l’Assemblée générale et le monde avaient connu de grands changements depuis son discours de l’an passé et a apporté son soutien à la volonté du Secrétaire général de réformer l’Organisation. Rappelant qu’elle avait participé à la réunion du 18 septembre sur la réforme des Nations Unies, elle a dit y avoir vu « un évident désir de changement » avant de rappeler à cet égard qu’en 2005, le Sommet mondial avait reconnu la nécessité d’une réforme rapide du Conseil de sécurité.
Après avoir cité une longue liste de défis planétaires, la Ministre a rappelé que deux ans s’étaient déjà écoulés depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et a estimé que, si les 13 prochaines années étaient marquées du sceau de la complaisance, le monde risquait de devenir hors de contrôle. Mme Swaraj a rappelé que l’éradication complète de la pauvreté était la principale priorité de son gouvernement. À cette fin, on peut agir de deux manières, a-t-elle expliqué. La méthode traditionnelle consiste à augmenter le niveau de l’aide extérieure. La seconde, celle choisie par le Premier Ministre Marendra Modi, est « plus radicale » et consiste à autonomiser économiquement les pauvres.
Mme Swaraj a ainsi décrit plusieurs des mesures prises à cette fin, citant les programmes Jan Dhan, qui a permis en trois ans à quelque 300 millions de pauvres –« l’équivalent de la population des États-Unis »- d’obtenir un compte en banque; Mudra Yojana pour l’accès des plus démunis au microcrédit leur permettant de créer des microentreprises, ou encore Ujjwala; qui a permis de distribuer des bonbonnes de gaz aux femmes, qui n’ont ainsi plus à craindre les risques des cuisinières à bois. La Ministre a également mentionné la lutte contre la corruption par la « démonétisation », les programmes de réduction des inégalités entre les sexes et un programme « Inde propre » destiné à changer les attitudes sociales.
Mais si des nations aux capacités émergentes sont en mesure de créer de tels changements, le monde développé doit aider les pays les plus vulnérables et les plus pauvres à réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030. C’est pourquoi, a expliqué la Ministre, l’Inde vient de lancer cette année le Fonds pour le partenariat Inde-Nations Unies.
Mme Swaraj s’est ensuite lancée dans une longue attaque contre le Pakistan, reprochant à son Premier Ministre Shahid Khakan Abbasi d’avoir « gâché trop de temps » lors de son discours devant l’Assemblée générale jeudi, à lancer des accusations contre l’Inde. Lorsque le Pakistan accuse l’Inde de terrorisme d’État, « ceux qui écoutent dans la salle font une seule observation: « regardez qui parle », a lancé Mme Swaraj, qui a accusé le Pakistan, « un pays qui a été le plus grand exportateur mondial de chaos, de mort et d’inhumanité », de se comporter en « champion de l’hypocrisie en prêchant l’humanité depuis ce podium ».
Reprochant au Pakistan d’ignorer les ouvertures de paix de son pays, et notamment le Gouvernement actuel d’avoir fait avorter les perspectives du « dialogue bilatéral général » convenu en décembre 2015 avec le précédent Premier Ministre pakistanais Mian Nawaz Sharif, Mme Swaraj a demandé comment il se faisait qu’alors que l’Inde et le Pakistan avaient accédé à l’indépendance à quelques heures d’écart, l’Inde étant aujourd’hui « une superpuissance informatique reconnue dans le monde et le Pakistan seulement connu comme une fabrique de terrorisme ». Malgré le terrorisme dont elle a été victime de la part du Pakistan, l’Inde a grandi et « nous produisons des savants, des ingénieurs, des médecins. Qu’avez-vous jamais produit? Des terroristes », a lancé la Ministre à l’attention du Pakistan.
Toujours à propos du terrorisme, Mme Swaraj a déploré que la communauté internationale ne soit pas en mesure de s’unir ni même de définir le terrorisme. Dénonçant des « nuances dépourvues de sens et autodestructrices », elle a demandé que le terrorisme soit reconnu enfin comme « une menace existentielle pour l’humanité » et qu’un accord soit obtenu sur le projet de convention générale de lutte contre le terrorisme demandé depuis 1996 par son pays.
Enfin, la Ministre a rappelé l’engagement profond de son pays en faveur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a rappelé que l’Inde avait lancé l’Alliance solaire. Quand nous parlons d’être en paix, ce n’est pas seulement entre êtres humains mais aussi avec la nature, a poursuivi la Ministre, pour qui les récents ouragans dévastateurs et le séisme du Mexique sont des « avertissements » de la nature. Appelant à des « actions plus sérieuses que des paroles », Mme Swaraj a demandé aux pays développés de partager les compétences par le transfert de technologies vertes et le financement du Fonds vert pour le climat.
M. MAHAMOUD ALI YOUSSOUF, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Djibouti, s’est félicité des développements politiques récents en Somalie, y compris la dynamique positive créée par l’élection du Président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed Farmajo, en février dernier, et par la formation d’un nouveau gouvernement, avec à sa tête le Premier Ministre Hassan Ali Khayre. Il a toutefois souligné la nécessité pour la communauté internationale de fournir un « soutien accru » à la Somalie, en mobilisant davantage de ressources pour la mise en œuvre de son programme de développement.
Dans ce cadre, le Ministre s’est dit préoccupé par le projet de réduction du financement de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), en dépit du consensus actuel sur les succès enregistrés par cette opération africaine de maintien de la paix. « Il faut veiller à ce que les gains obtenus sur le plan de l’amélioration de la situation sécuritaire soient préservés », a-t-il appelé, soulignant que l’AMISOM était parvenue à faire subir aux terroristes Chabab une « défaite sanglante ».
Entre autres préoccupations régionales, le Ministre a également évoqué la situation au Soudan du Sud et la « lenteur » de la mise en œuvre de l’accord d’août 2015 sur le règlement de la crise. Tout en appelant les parties à se résoudre à l’idée qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit, le Ministre a exprimé son soutien envers la décision du trente et unième Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) consacré à la situation au Soudan du Sud, du 12 juin 2017, qui a préconisé l’organisation d’un forum de revitalisation de haut niveau pour relancer le processus de paix.
S’agissant du Yémen, autre État proche de Djibouti, le Ministre s’est déclaré « extrêmement préoccupé » par l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays, ainsi que par la famine et l’épidémie de choléra dont souffre sa population. « Nous appelons toutes les parties à un retour à la table des négociations », a-t-il déclaré.
Enfin, le Ministre s’est dit affligé par le sort de la minorité musulmane rohingya, au Myanmar, et par la « brutalité militaire » dont elle est la cible. Il a appelé les autorités du Myanmar à mettre en œuvre « pleinement et sans plus tarder » les recommandations de l’ONU sur cette question.
M. ADEL AHMED AL-JUBEIR, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a rappelé que son pays célébrait aujourd’hui sa fête nationale. Pour le Ministre, rien ne justifie la persistance du conflit israélo-palestinien alors que des solutions sont proposées par la communauté internationale, notamment l’Initiative arabe de paix, qui préconise le retrait d’Israël des territoires occupés en 1967 et l’indépendance de la Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale. Il a invité la communauté internationale à traduire cette proposition en réalité.
M. Al-Jubeir a dénoncé le « coup d’État » des Houthistes au Yémen, expliquant que l’action militaire de la coalition menée par son pays visait à rétablir l’ordre constitutionnel et les autorités légitimes. Il a aussi réaffirmé le soutien total de l’Arabie saoudite au processus politique que mène l’ONU au Yémen. Compatissant à la souffrance du peuple yéménite, le Gouvernement saoudien a débloqué pas moins de 8 milliards de dollars pour l’assistance humanitaire dans le pays au cours des dernières années, a fait valoir le Ministre. Il a également assuré que son pays avait ouvert ses portes aux réfugiés syriens depuis le début de la crise dans ce pays.
M. Al-Jubeir a en outre condamné la politique de répression et de déplacement forcé que le Gouvernement du Myanmar mène contre la minorité musulmane des Rohingya et a appelé à une action urgente pour mettre un terme à cette tragédie.
Le Ministre a assuré que l’Arabie saoudite était engagée contre le terrorisme sous toutes ses formes. Il a appelé à faire tarir les sources de financement du terrorisme. C’est cette ambition qui explique l’action d’isolement entreprise contre le Qatar, a-t-il justifié, accusant ce pays de financer le terrorisme et de permettre ainsi la dissémination des discours de haine. De même, il a accusé l’Iran de jouer un rôle dans les tensions au Moyen-Orient.
M. DARREN ALLEN HENFIELD, Ministre des affaires étrangères des Bahamas, s’est félicité des traditions démocratiques que son pays a su construire au fil des années, notamment avec l’élection d’un nouveau gouvernement en mai de cette année. Il s’est toutefois inquiété des « temps difficiles » que nous vivons, marqués par la montée du terrorisme, de la traite des personnes et la dégradation de l’environnement.
Le Ministre a souligné que la lutte contre les changements climatiques revêt une importance particulière pour les Bahamas, notamment après le récent passage d’ouragans dévastateurs qui ont frappé le pays pour la troisième fois en trois ans, causant de sérieux dommages. Il a en outre appelé les États-Unis à lever les « barrières législatives » contre Cuba, « la plus grande île des Caraïbes », à nouveau touchée par des ouragans.
Après avoir noté que les Bahamas avaient dû, pour la première fois de leur histoire, évacuer des communautés entières à l’approche d’un ouragan –Irma- M. Henfield, s’est demandé si le jour ne viendrait pas où il faudrait évacuer l’ensemble de la population de la Caraïbe. Des efforts urgents et coordonnés de lutte contre les changements climatiques sont nécessaires afin de prévenir de nouvelles migrations, a-t-il relevé, appelant la communauté internationale à unir ses forces.
Pleinement engagées dans la conservation des océans, les Bahamas ont présenté à nouveau leur candidature au Conseil de l’Organisation maritime internationale, a rappelé le Ministre.
M. Henfield s’est par ailleurs élevé contre l’utilisation du produit intérieur brut (PIB) comme instrument de mesure du développement économique, qui a pour effet d’empêcher les pays qui en ont le plus besoin de recevoir une aide à des taux préférentiels. Il a en outre regretté le départ massif de la région de nombre d’institutions financières internationales, inquiètes de faire l’objet d’amendes pour blanchiment d’argent ou financement du terrorisme. Les Bahamas ont investi à grand coût dans les régimes de conformité, a-t-il souligné, invitant la communauté internationale à trouver d’autres moyens de remédier à ces problèmes. Le pays compte d’ailleurs participer pleinement au processus d’examen national volontaire du Conseil économique et social (ECOSOC), en 2018. Les Bahamas sont également résolues à combattre la corruption et à mettre en place une administration publique efficace.
Notant enfin la fin prochaine du mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et le début de celui la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), le Ministre a exprimé l’appui de son pays à la poursuite du développement d’Haïti.
M. ALAN PETER S. CAYETANO, Secrétaire des affaires étrangères des Philippines, a déclaré qu’en « tant que dirigeant responsable », le Président des Philippines avait lancé une campagne vigoureuse contre le trafic illicite de drogues pour sauver des vies, protéger des communautés et empêcher que le pays ne devienne un narco-État. Grâce à la détermination des autorités, a-t-il poursuivi, 1,3 million de consommateurs de drogues « se sont rendus » à travers le pays. « Mais la négligence des gouvernements précédents sur ce problème a fait que le Gouvernement actuel n’a pas été en mesure de tous les réhabiliter », a déploré M. Cayetano.
Si la dépendance à la drogue rend nécessaire une réhabilitation, le trafic de drogues appelle « des mesures sévères, mais respectueuses de l’état de droit », a poursuivi M. Cayetano. Certes, a-t-il convenu, la campagne antidrogue a généré des abus aux Philippines. Mais le trafic de drogues a pénétré toutes les couches de la société, y compris les forces de l’ordre, s’est-il justifié, avant de déplorer qu’on « nous dise que le meilleur moyen de mettre fin aux abus de la campagne antidrogue est de mettre fin à la campagne et nous accommoder de l’existence des drogues ». « Nous ne pouvons pas vivre avec les drogues car les drogues ne nous laisseront pas vivre », a affirmé M. Cayetano.
Cette lutte est d’autant plus importante, a justifié M. Cayetano, que le trafic de drogues alimente le terrorisme islamiste, notamment à Marawi, où les « extrémistes, criminels, mercenaires et combattants étrangers » ont tenté, « en vain », de jeter les bases d’un califat en Asie du Sud-Est. « Les forces armées des Philippines garderont le contrôle intégral de Marawi face aux terroristes inspirés par l’État islamique », a-t-il assuré.
Par ailleurs, M. Cayetano a déclaré que son pays, qui est cette année à la tête de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), allait s’atteler à faire avancer les négociations sur l’établissement d’un « code de bonne conduite » entre la limite orientale de la mer des Philippines et la mer de Chine méridionale.
Tout en se félicitant de la coopération et de l’intégration économique en Asie du Sud-Est, à l’origine selon lui de 50 années de stabilité dans la région, M. Cayetano s’est dit préoccupé par la montée des tensions dans la péninsule coréenne. « Les Philippines se joignent à l’appel demandant à la République populaire démocratique de Corée de mettre un terme à ses provocations, qui nous rapprochent d’un scenario inimaginable: une guerre pour mettre fin à toutes les guerres, parce qu’il ne restera plus personne pour combattre », a-t-il conclu.
M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a regretté qu’en Asie du Nord-Est, les « agissements impétueux » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) soient « la source d’une montée des tensions dans la péninsule coréenne ». Condamnant les tirs de missiles balistiques et essais nucléaires auxquels a récemment procédé la RPDC, le Ministre a appelé cette dernière à s’abstenir de « plus amples provocations » et à mettre pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.
C’est « une catastrophe humanitaire » qui s’est produite dans l’État de Rakhine, au Myanmar, « suite à une attaque terroriste survenue le 25 août et aux actes de violence qui en ont découlé », a déclaré M. Balakrishnan. Qualifiant ces événements de « question intercommunautaire complexe », le Ministre a fait part de l’intention de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) d’aider le Myanmar à trouver une solution de long terme pour restaurer la stabilité dans le pays et porter secours aux communautés affectées.
Notant qu’aucun pays ne peut se développer seul, le Ministre a plaidé pour la mise en place d’un « système multilatéral fort », notamment pour les petits États, qui en dépendent pour survivre et prospérer. Il a donné pour exemple l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, une « constitution » qui régit l’utilisation des océans depuis 1982.
Le Forum des petits États, fondé en 1992 à Singapour, représente un autre maillon important du système multilatéral basé sur les règles, tout comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui a, selon M. Balakrishna, favorisé l’intégration régionale, la croissance et la « résilience nationale ». « Nous devons demeurer fermes devant la montée du protectionnisme », a-t-il insisté, saluant le rôle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en tant qu’outil « indispensable » pour résoudre les différends commerciaux. Quant au G20, s’il offre une plateforme importante pour discuter des questions macroéconomiques, il se doit de travailler en étroite collaboration avec les Nations Unies et les pays non membres, afin de soutenir le système des échanges multilatéral, a estimé le Ministre.
La croissance économique est nécessaire à la construction de sociétés résilientes, a poursuivi M. Balakrishna, notant que le Programme 2030 représente essentiellement un plan de croissance économique inclusive à long terme. À cet effet, Singapour a investi massivement dans l’éducation, les nouvelles technologies et l’innovation, afin d’assurer un partage des retombées économiques et de réduire les inégalités.
M. KHALID BIN AHMED BIN MOHAMED AL KHALIFA, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn, a présenté des initiatives récentes de renforcement des capacités des jeunes et des femmes mises en place par son pays comme des preuves de sa bonne marche vers les objectifs de développement durable. Il a également souligné les progrès de son pays en matière de lutte contre le travail forcé et la ratification par Manama de l’Accord de Paris en décembre 2016.
Concernant le Moyen-Orient, le Ministre a déclaré que « le terrorisme n’est désormais plus confiné aux organisations terroristes que nous pouvons affronter et éliminer, il est devenu un instrument aux mains d’États déterminés à créer des crises dans d’autres pays », qui deviennent ainsi « partenaires d’actes terroristes et un facteur de déstabilisation de la paix et de la sécurité internationale ». Il a également salué le sommet entre le Conseil de coopération du Golfe et les États-Unis, tenu en mai 2017 en Arabie saoudite, et l’accord de principe qui en a résulté et qui vise à établir un centre chargé de combattre le financement du terrorisme.
M. Al Khalifa a justifié la coalition entre son pays, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte contre le Qatar après « une longue période de patience pendant laquelle nous avons épuisé tous les moyens existants pour stopper les politiques » de ce pays, politiques qu’il a décrites comme, entre autres, « fournissant un soutien financier et un asile à des terroristes » et « disséminant un discours de haine et d’extrémisme par le biais de ses médias ».
Accusant le Qatar d’avoir notamment soutenu des actes terroristes dont le Bahreïn a souffert, M. Al Khalifa a déclaré qu’il était « de notre responsabilité collective de protéger nos États et nations contre ceux qui nous veulent du mal et les affronter fermement ». Si le Qatar veut sérieusement retrouver sa place parmi nous, il lui faudra répondre à nos demandes comprises dans la déclaration de la coalition rédigée au Caire le 5 juillet 2017, a-t-il ajouté.
Le Ministre a ensuite dénoncé la République islamique d’Iran qu’il a accusée de « nourrir la violence et saper la sécurité de la région » avant de saluer le discours du Président des États-Unis Donald Trump devant l’Assemblée générale, dans lequel il a vu « une interprétation exacte qui a clairement dénoncé les dangers de la nature du régime iranien voyou ».
M. Al Khalifa a également commenté la situation en Iraq, au Yémen, en République arabe syrienne, en Libye, au Sahara occidental, ainsi que les sort des Rohingya au Myanmar. Il a spécifié que la question de Palestine était une des priorités de son pays. Affirmant que ce dernier s’était toujours tenu aux côtés du peuple palestinien et appuyait leur volonté d’un État indépendant dans les frontières de 1967 et ayant Jérusalem-Est pour capitale.
M. SALEUMXAY KOMMASITH, Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a d’abord présenté ses condoléances aux pays des Caraïbes et d’Amérique latine frappés par des catastrophes naturelles. Se disant convaincu que la paix et la sécurité sont une aspiration commune de la communauté internationale, il a appelé à davantage de coopération entre les États et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Le Ministre a également souhaité un monde débarrassé des armes nucléaires et de destruction massive et s’est félicité que son pays ait, il y a deux jours, signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Il a cependant souligné que la tâche était immense et a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le Traité. M. Kommasith a également demandé que toutes les parties impliquées aujourd’hui dans des conflits fassent preuve de retenue et cherchent à les résoudre de manière diplomatique, tout en veillant à la désescalade des tensions. La paix et la sécurité, a-t-il insisté à plusieurs reprises, sont des conditions indispensables pour que le monde continue à avancer sur le plan socioéconomique.
M. Kommasith s’est ensuite longuement étendu sur les réussites de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui célèbre son cinquième anniversaire. Cette organisation, a-t-il insisté, est centrale dans le maintien de la paix et de la stabilité dans la région, car elle favorise la compréhension et l’entente entre les pays. Il a souligné combien son rôle essentiel était aujourd’hui reconnu par les autres pays et a rappelé la naissance, en 2015, de la Communauté économique de l’ASEAN.
La République démocratique populaire lao veut créer des conditions favorables au développement durable à travers la mise en œuvre des 17 objectifs du Millénaire pour le développement, a poursuivi le Ministre. Ces derniers ont été intégrés dans le programme socioéconomique de son pays pour la période 2016-2020. M. Kommasith a ensuite parlé d’un « Objectif 18 », visant à répondre au défi que représente pour le développement la pollution par les restes explosifs de guerre. Cet objectif purement national, qui contribuera à améliorer la vie des populations rurales, fait l’objet d’une attention spéciale et sa mise en œuvre a été lancée l’année dernière en marge d’un sommet de l’ASEAN par le Premier Ministre du Laos et l’ex-Secrétaire général Ban Ki-moon, a expliqué M. Kommasith
À travers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, la République démocratique populaire lao ambitionne de devenir un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2030, a poursuivi le Ministre. Elle s’attèle aussi aux défis inhérents à sa situation de pays enclavé, en renforçant ses relations avec le Viet Nam, la Chine, la Thaïlande et l’ensemble de la région. M. Kommasith a indiqué que son pays construisait actuellement une autoroute qui va le relier au sud de la Chine et a mis en évidence l’importance des couloirs économiques Nord-Sud et Sud-Est. Misant sur une croissance verte et durable, le pays participe aussi au programme de l’ASEAN à l’horizon 2025 et est membre de l’initiative chinoise de « la route de la soie ».
M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, a estimé que la communauté internationale faisait face à des « défis sans précédent », et qu’il était temps, pour les résoudre, de passer de la parole aux actes. L’Irlande, du fait de sa taille et de son histoire tumultueuse, a toujours soutenu la mission des Nations Unies d’assurer la paix, la sécurité et la prospérité dans le monde, a-t-il ajouté. Comme l’a démontré la formation de l’Union européenne, « nous sommes plus forts lorsque nous agissons collectivement que seuls », a poursuivi le Ministre, pour qui « l’unilatéralisme, la diplomatie transactionnelle, le protectionnisme et la confrontation ne sont pas viables ».
Alors que les questions locales et régionales telles que les changements climatiques, la migration et les conflits armés se transforment en enjeux mondiaux, la mobilisation internationale est essentielle, a poursuivi M. Coveney, citant en exemples l’Accord de Paris sur les changements climatiques et l’éradication, grâce aux efforts de l’ONU, de la variole et de l’apartheid. En outre, l’Irlande est déterminée à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui permet de s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté, des inégalités et de l’instabilité.
Toutefois, a expliqué le Ministre, l’ONU doit briser les barrières institutionnelles entre les trois piliers qui sous-tendent son action: le développement, les droits de l’homme et la paix et la sécurité. Il a salué à cet égard la réforme entreprise par le Secrétaire général, soulignant l’importance de la modernisation des mécanismes onusiens et de l’établissement d’organes politiques qui « reflètent les réalités d’aujourd’hui ».
Il existe peu d’exemples d’entités qui demeurent si imperméables aux changements qu’a connus le monde depuis 1945 que le Conseil de sécurité, a estimé à cet égard le Ministre, qui a dénoncé l’absence de représentation en son sein de régions entières, dont l’Afrique et les petits États insulaires en développement. L’utilisation arbitraire du droit de veto a pour effet de paralyser le Conseil et de l’empêcher de prévenir les atrocités, comme en Syrie, a en outre déploré le Ministre.
Rappelant la contribution de l’Irlande aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, M. Coveney a salué la volonté du Secrétaire général de mettre l’accent sur la prévention des conflits. Il a suggéré que les économies réalisées à la fin de certaines missions soient utilisées pour financer de manière stable la prévention des conflits. Il a par ailleurs salué la signature par 122 États Membres du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, condamnant au passage « sans réserve » les essais nucléaires menés par la République populaire démocratique de Corée.
Le Ministre s’est par ailleurs inquiété de la gravité des crises humanitaires à grand échelle en Syrie, au Soudan du Sud, au Yémen, au Myanmar et en Iraq, réaffirmant l’engagement de son pays à venir en aide aux réfugiés et aux communautés vulnérables. Il a outre souligné l’impact positif du Programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans la prévention de conflits et la pérennisation de la paix, rappelant au passage que l’Irlande présidera la Commission du statut de la femme au cours des deux prochaines années.
M. RI YONG HO, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a commencé son discours par une réponse à la déclaration faite par le Président des États-Unis lors du premier jour du débat général de l’Assemblée générale, estimant que ce dernier avait prononcé à l’encontre de son pays des paroles « imprudentes et violentes ». Après avoir fait de la Maison Blanche un « lieu bruyant de marchandages » durant les huit premiers mois de sa présidence, M. Trump tente désormais de faire de l’ONU une « enceinte de gangsters », a affirmé le Ministre. Qualifiant le Président américain de « personne dérangée et mégalomane », M. Ri a accusé M. Trump d’être « la plus grande menace actuelle à la paix et la sécurité internationales ».
En employant dans son discours à propos du Président de son pays le terme de « rocket » (« missile »), M. Trump a tenté d’offenser la « dignité suprême » de son pays, a poursuivi le Ministre. « Ce faisant, il a commis une erreur, rendant encore plus inévitable la visite de nos missiles sur l’intégralité du territoire continental américain », a-t-il menacé. Aux yeux du Ministre, M. Trump s’est donc lancé dans une « mission suicide » qui pourrait coûter la vie à de nombreuses victimes américaines innocentes. « Nous allons faire en sorte qu’il paye le prix de ses paroles au-delà même de ce qu’il peut imaginer », a mis en garde M. Ri.
Le Ministre a par ailleurs dénoncé l’application de sanctions « sévères » contre la RPDC, qu’il a qualifiée de « victime tentant de défendre sa dignité nationale » contre les menaces nucléaires proférées par les États-Unis, premier pays, a-t-il rappelé, à avoir eu recours aux armes nucléaires. C’est l’attitude belliqueuse des États-Unis qui est à l’origine de la volonté de son pays de se doter de l’arme nucléaire, a expliqué M. Ri, pour qui « il faut répondre à la force par la force ».
Néanmoins, c’est uniquement à des fins dissuasives que la RPDC possède des armes nucléaires, a poursuivi M. Ri, avant d’ajouter que, contrairement à d’autres puissances nucléaires, son pays avait toujours rendu public son programme nucléaire.
Le Ministre a ajouté que son pays était sur le point de parachever son programme nucléaire. Une fois fait, a-t-il affirmé, les États-Unis et leurs alliés y « réfléchiront à deux fois » avant de tenter d’intimider militairement son pays. « Nous n’avons pas besoin que notre statut d’État nucléaire soit reconnu par qui que ce soit », a-t-il ajouté, déclarant que son pays était, de toute façon, une puissance nucléaire.
Par ailleurs, le Ministre a insisté sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité. À l’heure actuelle, a-t-il dit, le Conseil est un instrument destiné uniquement à « servir les intérêts de ses membres permanents ». Selon M. Ri, l’absence de progrès sur la voie de cette réforme du Conseil démontre à quel point ces membres permanents sont « obsédés par la préservation de leurs prérogatives anachroniques ». Par exemple, a-t-il dit, le droit de veto fait du Conseil une instance « antidémocratique ».
Partant de ce constat, le Ministre a estimé que les résolutions adoptées par le Conseil à l’encontre de la RPDC étaient « injustes » et « illégales » du point de vue du droit international et du principe de la souveraineté des États. « La conduite d’essais nucléaires relève en effet de la souveraineté nationale, étant donné que le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires n’est pas entré en vigueur », a-t-il affirmé.
Aux yeux de M. Ri, les « résolutions deux poids, deux mesures » du Conseil sont le fruit d’une « conspiration » orchestrée par les États-Unis, qui, eux, ne se privent de faire usage de la menace nucléaire. Selon le Ministre, les accusations des États-Unis consistant à dépeindre la RPDC comme une « menace globale » n’ont pas plus de crédibilité que celles qu’ils avaient prononcées contre l’Iraq il y a quelques années pour justifier l’invasion du pays. « Nous sommes un État nucléaire responsable », a affirmé M. Ri, avant de répéter que son pays prenait simplement des mesures défensives pour se prémunir d’une attaque américaine. « Nous n’avons pas l’intention de menacer les pays qui ne s’associeront pas aux États-Unis », a-t-il ajouté.
« Jamais la RPDC ne renoncera », a encore affirmé le Ministre, et ce, malgré les sanctions imposées à son pays par des « forces hostiles ». « Un jour viendra où nous pourrons nous relever de toutes les sanctions économiques barbares imposées à notre République », a-t-il ajouté, tout en déclarant que ces sanctions avaient atteint un « point critique » et que la situation en RPDC était devenue « incontrôlable ». Le Ministre a enfin déclaré que son pays était en train de mettre sur pied une enquête nationale afin d’évaluer l’ampleur des dommages physiques et du préjudice moral subi par son pays.
M. IBRAHIM ABDULKARIM AJ-JAFARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a salué la reprise de la ville de Mossoul jusqu’alors aux mains de Daech, parlant d’une victoire historique pour son pays et le monde entier. La reprise de la ville a pu se faire grâce au sacrifice des forces armées iraquiennes, des peshmergas et des pays frères, qui poursuivent leur effort pour libérer d’autres villes, a-t-il souligné. M. Al-Jafari a néanmoins attiré l’attention sur le fait que les difficultés au lendemain des conflits dépassent parfois celles de la guerre, car il faut restaurer la stabilité, reconstruire et retrouver l’espoir après une libération qui a entraîné de nombreux sacrifices humains et environnementaux. Le Ministre a en effet accusé Daech d’avoir pratiqué une forme de terrorisme environnemental en mettant le feu à des puits de pétrole. Les défis financiers pour l’Iraq sont aujourd’hui énormes, notamment à cause de la baisse des prix du pétrole, a-t-il ajouté.
M. Al-Jafari a présenté la vision que l’Iraq avait pour son avenir. D’abord, la restauration de la paix et de la stabilité, la fourniture de services de base, l’aide aux déplacés pour qu’ils puissent retrouver leur foyer, la prise en charge des familles des victimes qui ont fait un énorme sacrifice pour défendre l’État. Ensuite, le respect de l’autre et la coexistence pacifique de toutes les composantes de la société, indépendamment de leur religion et de leur appartenance culturelle.
Le Ministre a ainsi indiqué que son pays ne permettrait pas le retour de pratiques anormales telles que l’isolement sectaire, qui a permis à Daech de prendre le contrôle de certaines villes. Nous devons pratiquer l’unité et la coopération pour empêcher les terroristes de revenir en Iraq, a-t-il insisté. Parmi les autres objectifs, il a cité la limitation du port d’armes aux forces de sécurité, le respect des décisions de justice et la lutte contre la corruption sous toutes ses formes, car elle est un « terreau du terrorisme ».
L’Iraq est un pays fédéral uni, indépendant et souverain, basé sur une Constitution adoptée par toutes les composantes du peuple iraquien en 2005 suite à un référendum populaire, transparent et démocratique, a déclaré M. Al-Jafari. Cette Constitution permet d’assurer une représentation politique de toutes les composantes de la société iraquienne, afin que chacun puisse exercer son droit. Pour le Ministre, nombreux sont les États pluriculturels et plurireligieux qui ne peuvent pas en dire autant.
Tout en se disant favorable à un dialogue constructif avec le Gouvernement du Kurdistan iraquien, le Ministre a expliqué qu’il n’accepterait pas les décisions non constitutionnelles et qu’il ne renoncera pas à l’unité de l’Iraq, inscrite dans l’article 1 de la Constitution. La cour fédérale suprême a été saisie pour émettre un jugement et rejeter le référendum inconstitutionnel qui s’organise fin septembre dans le Kurdistan iraquien, a-t-il rappelé. Pour lui, ce projet de référendum est une violation de taille de la Constitution iraquienne et elle peut mener à des conflits internes. M. Al-Jafari a rappelé que des élections législatives et parlementaires allaient être organisées en début 2018 et que leur succès permettrait la mise en place d’un système démocratique assurant la stabilité politique, ainsi que la relance économique et la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. Al-Jafari a ensuite évoqué les résolutions en suspens au Conseil de sécurité, affirmant que l’Iraq les a toujours respectées, notamment celle qui concerne le Koweït. Son pays est ainsi déterminé à payer les dédommagements dus à ce pays et des négociations ont commencé. Il a salué la résolution 2379 (2017), adoptée deux jours plus tôt et qui vise à s’assurer que les criminels de Daech répondent des violations graves des droits de l’homme qu’ils ont commises en Iraq en collectant et stockant des éléments de preuve. Le Ministre a indiqué qu’une commission d’enquête collectait actuellement de telles preuves, afin que l’organisation terroriste soit traduite en justice et réponde de crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
M. Al-Jafari a ensuite demandé aux États frères de l’aider à bâtir un réacteur nucléaire pour soutenir la relance de l’économie, rappelant qu’il s’agit d’un droit si cette énergie est utilisée à des fins pacifiques.
Revenant sur la question de la coexistence pacifique, M. Al-Jafari a indiqué que la meilleure voie pour y parvenir était l’égalité des chances pour tous et la juste répartition des ressources nationales, indépendamment de la race et de la religion. Il a souligné le rôle essentiel des leaders sociaux et religieux pour mettre un terme aux divisions qui minent l’Iraq.
Enfin, M. Al-Jafari a attiré l’attention sur le défi des grandes vagues de déplacement à l’intérieur de son pays, dont un nombre grandissant d’Iraquiens fuyant les zones contrôlées par Daech. Après avoir cité la dégradation rapide des conditions humanitaires et l’incapacité de son pays à fournir l’aide nécessaire, il a dit combien cette charge supplémentaire pesait sur les citoyens iraquiens, qui souffrent déjà de la chute des prix du pétrole et des coûts importants engendrés par les opérations militaires. Il a appelé la communauté internationale à se saisir de cette question.
Enfin, le Ministre a remercié les États-Unis et l’Union européenne pour leur appui logistique et militaire et a demandé un soutien international pour l’aider à reconstruire rapidement les zones récemment libérées. Il a dit sa reconnaissance au Koweït, qui accueillera une conférence de bailleurs de fonds pour l’Iraq l’année prochaine. Un grand nombre de femmes et d’enfants souffrent et il faudra aussi des moyens pour lutter contre la culture de haine et de meurtre propagée par Daech, a-t-il conclu.
M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a constaté que, dans un monde de plus en plus fragile, injuste et inégal, les destinées de tous n’en étaient pas moins entremêlées, du fait en premier lieu que « nous vivons tous sur cette planète ». Quoiqu’il arrive comme catastrophe d’un côté de la Terre -épidémie, pauvreté, violence, terrorisme ou encore déplacements de population– cela finira par affecter tout le monde, a-t-il affirmé. Par conséquent, les responsabilités sont partagées lorsqu’il s’agit de faire face aux problèmes fondamentaux dans le monde, a poursuivi le Ministre, qui a exigé des « plus grands et plus forts de ce monde » d’assumer une plus grande responsabilité, puisqu’ils disposent de pouvoirs et de ressources importantes « qu’ils se sont souvent appropriées ». Il ne s’agit nullement de charité, mais plutôt de leur propre intérêt parce que « la puissance n’est pas éternelle et seuls les bénéfices partagés sont durables », a-t-il précisé.
Il serait toutefois naïf de placer tous ses espoirs dans la bonne volonté de ceux qui sont actuellement puissants, a averti M. Mohammed en invoquant les leçons tirées de l’histoire. C’est pourquoi il a adressé un appel aux pays en développement et aux groupes marginalisés de ce monde, précisément ceux à qui bénéficieraient le plus la paix et la sécurité, afin qu’ils misent sur l’entraide et œuvrent ensemble pour un monde meilleur.
« L’Afrique reste le continent le plus marginalisé de tous », a poursuivi le Ministre, pour qui il est « prématuré » de parler d’une renaissance africaine. Aussi a-t-il invité les Africains à ne pas se flatter ou se laisser flatter par d’autres. Il a ensuite expliqué la situation du continent en partie par la faiblesse des revenus tirés des exportations africaines, alors que les compagnies étrangères prennent la part du lion. Une autre raison invoquée par M. Mohammed reste la faiblesse des infrastructures physiques et sociales, des structures institutionnelles et gouvernementales et de l’architecture de paix et de sécurité, qui restent toutes sous-développées sur le continent africain et cela, en dépit du fait que l’Afrique représente 60% des ressources naturelles de la Terre. Ce n’est que lorsque la qualité des infrastructures africaines, les normes de santé et d’éducation, les progrès technologiques et l’innovation, et plus encore la qualité de vie des Africains, reflèteront cette réalité que l’on pourra dire que l’Afrique occupe la place qui lui revient, a estimé M. Mohammed.
Le Ministre est ensuite passé à la situation de son pays qui depuis son indépendance, il y a 30 ans, a subi « la diabolisation, l’ostracisme, les sanctions et une agression armée ». C’est ce qui explique, selon lui, la lenteur des progrès enregistrés. Malgré les hostilités externes, l’Érythrée s’est engagée sur la voie de l’édification de la nation. Elle poursuit des politiques qui renforcent l’harmonie au sein de son peuple, encouragent sa participation politique et libèrent ses talents, a affirmé le Ministre, ajoutant que son pays s’est également engagé sur la voie du développement durable. Petit à petit, les infrastructures sont mises à niveau, son peuple dispose d’aliments nutritifs et d’eau potable, d’électricité, de moyens de transport, de services de santé et d’un système éducatif et une campagne énorme de conservation des sols et des eaux a été lancée, a assuré M. Mohammed. Le Ministre a insisté sur le fait que, dans la mise en œuvre de ce programme ambitieux, son gouvernement évite la dépendance et repose avant tout sur son peuple et ses ressources domestiques, ce qui ne l’empêche pas de saluer les partenariats et la coopération.
Enfin, le Ministre a demandé au Conseil de sécurité d’agir pour mettre fin à la longue occupation d’une partie du territoire de son pays par l’Éthiopie et de lever les « sanctions injustes » imposées à son pays depuis plusieurs années.
Mme YLDIZ POLLACK-BEIGHLE, Ministre des affaires étrangères du Suriname, évoquant les catastrophes naturelles qui ont frappé ce mois-ci les Caraïbes et le Mexique, a appelé à examiner ces désastres sous un angle plus large. Outre l’assistance immédiate à apporter aux États victimes de ces catastrophes, la Ministre a appelé la communauté internationale à renforcer leur résilience, notamment par une « mobilisation agressive » des ressources, qui permettrait aux États en développement de mieux faire face aux changements climatiques.
« Les dernières semaines ont démontré que les forces de la nature frappent de manière aveugle », a analysé Mme Pollack-Beighle, estimant que chaque nation devait par conséquent contribuer proportionnellement à ses ressources nationales à la lutte contre les effets des changements climatiques. « Il est inacceptable que les pays des Caraïbes, dont le Suriname, soient considérés comme des pays à revenu intermédiaire sans possibilité d’obtenir des prêt concessionnels », a ainsi déclaré la Ministre, appelant à prendre en compte le concept de vulnérabilité dans la gestion des classements de pays.
« Il est ironique que le Suriname soit confronté à de telles menaces climatiques, alors que dans le même temps, notre pays apporte une contribution significative à la lutte contre les changements climatiques », a par ailleurs noté la Ministre en soulignant que son pays était couvert à 93% par des forêts, le taux le plus élevé au monde.
Par ailleurs, la Ministre a insisté sur la nécessité de respecter le principe de non-ingérence dans les relations internationales, notamment au Moyen-Orient, où l’interventionnisme extérieur conduit parfois à soutenir « des factions pouvant difficilement être qualifiées d’amélioration par rapport aux gouvernements précédemment évincés ». Elle a rappelé que le Suriname avait lui-même fait les frais, par le passé, de l’ingérence extérieure dans ses affaires intérieures, ce qui a, selon elle, contribué à la destruction des infrastructures et moyens de production du pays pour un montant total estimé à 300 millions de dollars. Sur la base de l’expérience de son pays, la Ministre s’est également opposée à tout interventionnisme dans la crise actuelle au Venezuela.
Mme Pollack-Beighle a en outre rappelé que son pays s’était engagé sur la voie de la paix et de la réconciliation depuis trois décennies, comme en témoigne l’extension en 2012 de la loi d’amnistie de 1992 à l’ensemble des violences politiques commises dans le pays entre 1980 et 1992. En dépit de ce contexte, la ministre s’est dite préoccupée par « les commentaires biaisés et sans fondement » publiés par le Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, qui n’a selon elle pas donné de droit de réponse à son Gouvernement.
Sur le plan économique, Mme Pollack-Beighle a déclaré que son pays avait été durement affecté par la récente chute des prix du gaz naturel et du pétrole. « Nous estimons que notre économie a connu une contraction gravissime de plus de 10% en 2016, qui a rendu nécessaire des ajustements de politique fiscale et monétaire sans précédents », a-t-elle expliqué. Grâce notamment aux réformes introduites, la Ministre a cependant précisé que le taux de change avait été stabilisé et que le taux d’inflation était désormais inférieur à 1%.
M. IBRAHIM AHMED ABD AL-AZIZ GHANDOUR, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a déclaré que son pays voulait jouer un rôle de premier plan dans la réforme annoncée des Nations Unies et a appelé à accéder aux demandes de l’Afrique pour une réforme du Conseil de sécurité.
M. Ghandour a ensuite mis en évidence la progression de son pays sur le plan de la paix et de la sécurité, grâce à la mise en place d’un Gouvernement d’entente nationale auxquel participent également d’anciens groupes armés. Le Soudan a tourné la page des conflits et s’est engagé dans une ère de paix et de stabilité, a-t-il assuré, en espérant bénéficier de l’appui du Fonds pour la consolidation de la paix et de la Banque mondiale pour mettre en œuvre la politique de son gouvernement en faveur de la paix. « C’est à cette condition que l’on pourra exhorter les groupes armés à se rallier à notre cause », a-t-il estimé.
Au Darfour, le cessez-le-feu est prolongé jusqu’en octobre même si les groupes rebelles continuent leur tentative de déstabilisation, a poursuivi le Ministre, qui a dénoncé la venue de mercenaires en provenance de Libye et du Soudan du Sud et a demandé à la communauté internationale de lutter contre ce phénomène. M. Ghandour a appelé à revoir les sanctions prises contre son pays, expliquant que les experts des Nations Unies étaient revenus au Darfour et qu’ils l’avaient déclaré « zone à nouveau sûre » en félicitant son gouvernement pour sa collaboration.
M. Ghandour a ensuite critiqué la Cour pénale internationale, jugeant qu’elle est un obstacle à la mise en œuvre des principes de la justice internationale car « elle manipule le droit à des fins politiques et contre les peuples africains ». Il a ajouté que cette institution ternissait la réputation des Nations Unies et a appelé « tous ceux épris de justice » à lui emboîter le pas pour continuer à s’y opposer.
Soulignant la position géographique importante du Soudan, proche du Moyen-Orient, le Ministre a mis en valeur le rôle joué par son pays dans la stabilité régionale grâce notamment à la lutte contre le trafic d’êtres humains et de stupéfiants.
M. Ghandour a fait observer que son pays accueillait actuellement trois millions de réfugiés, dont la moitié en dehors des camps, ajoutant que cette situation mettait à rude épreuve les citoyens soudanais qui n’ont pas eux-mêmes accès aux services de base. Rappelant que le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, s’était rendu en août au Soudan et avait salué le rôle de ce pays dans l’accueil des réfugiés, le Ministre a demandé le soutien de la communauté internationale pour que son pays puisse continuer à assurer ses responsabilités vis-à-vis de ces derniers. Le Soudan fait face à une arrivée quotidienne de réfugiés, particulièrement en provenance du Soudan du Sud, avec des pointes qui s’élèvent parfois à 2 000 personnes par jour, a-t-il ajouté.
Concernant le Soudan du Sud, le Ministre s’est dit pleinement favorable aux initiatives de l’Autorité intergouvernementale pour le développement et de l’Union africaine pour apporter la paix et la stabilité dans ce pays. Il s’est dit déterminé à mettre en œuvre l’accord de coopération avec le Soudan du Sud, « pour l’avenir radieux de nos deux peuples amis ». Il a ensuite réitéré la demande de son pays de bénéficier d’une remise de dette de la part des créanciers internationaux, soulignant les nombreux effets néfastes de cet endettement qui créent un obstacle pour parvenir au développement durable.
Sur le plan environnemental, le Ministre a rappelé les efforts de son pays à fournir une eau propre et a partagé une initiative de coopération avec d’autres pays du bassin du Nil: « Nous allons accueillir un sommet africain sur la préservation de l’environnement de Dakar à Djibouti, car il est important de veiller à l’équilibre écologique des déserts africains », a-t-il annoncé. Il a ajouté que l’Afrique serait une des principales victimes des changements climatiques si on n’agit pas maintenant.
Enfin, au plan de la sécurité régionale, le Ministre a appelé à poursuivre les efforts avec la Force conjointe du G5 Sahel et l’initiative des pays du bassin du lac Tchad. Il a également demandé que l’Union africaine et les Nations Unies établissent un partenariat stratégique.
M. JOHN SILK, Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, a dit sa plus vive inquiétude face au risque nucléaire que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) fait peser sur le monde. Les Îles Marshall ayant accueilli les essais nucléaires américains conduits entre 1946 et 1958, les seuls, a précisé le Ministre, que l’ONU a officiellement autorisés depuis sa création, il a rappelé que le pays avait payé -et payait encore- le prix de cette ignorance. « Notre peuple et notre environnement ont souffert plus que tout autre; l’héritage de ces essais demeure un défi encore aujourd’hui et se transmet de génération en génération », a-t-il insisté.
C’est pourquoi les Îles Marshall condamnent avec la plus grande fermeté l’essai nord-coréen du 3 septembre dernier et y voient une violation manifeste du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. C’est aussi pour cela que le pays est scandalisé de devoir faire face au risque réel de nouveaux essais atomiques dans l’atmosphère au-dessus du Pacifique, a poursuivi M. Silk. En raison de cette actualité, le Ministre a plaidé pour une volonté politique plus affirmée d’élimination du risque nucléaire de la surface de la planète et assuré que son pays appuierait toutes les actions qui iraient dans le sens de la non-prolifération. Souhaitant que plus jamais une arme atomique ne soit lâchée, il a finalement enjoint les nations détentrices du feu nucléaire de trouver la force politique de désarmer.
Du risque nucléaire au risque climatique, il n’y a qu’un pas que le Chef de la diplomatie a franchi en citant l’ancien Ministre des Îles Marshall Tony de Brum, récemment décédé: « Nous souffrons des effets des changements climatiques et de l’héritage des essais nucléaires alors que nous ne sommes responsables d’aucun des deux. Dans un cas comme dans l’autre, les hommes ont le pouvoir de choisir de mettre fin à ce monde. Ils peuvent le faire lentement avec les changements climatiques, ou en appuyant sur un bouton pour le faire exploser, mais aucune de ces décisions n’est justifiable ». Rappelant que les changements climatiques sont une réalité, le Ministre s’est félicité de la signature de l’Accord de Paris, tout en pressant les pays signataires de faire œuvre de volontarisme politique pour le mettre en œuvre. Malgré ses ressources limitées, les Îles Marshall promettent de faire leur part.
Rejoignant le chœur des pays favorables à une réforme de l’ONU, le Ministre a estimé qu’une organisation plus efficace était plus que nécessaire. Selon lui, il ne s’agit pas seulement de l’utilisation des fonds publics, mais avant tout d’atteindre les buts fixés, notamment en matière de développement durable. « Nous ne pouvons y arriver avec une architecture qui, malgré de bonnes intentions, perd trop souvent de vue le besoin de connecter cette puissante assemblée avec les communautés locales », estimé M. Silk. Appelant à corriger les dysfonctionnements de l’organisation, il a pris l’exemple du coordonnateur des Nations Unies pour le développement en charge des Îles Marshall, expliquant qu’il était résident dans un autre pays situé à 3 000 kilomètres de là et qu’il s’occupait simultanément de huit autres États insulaires dans le Pacifique.
M. Silk a conclu sur le besoin de faire davantage pour le développement durable des océans. Citant les efforts coordonnés menés par la région du Pacifique au sujet de la pêche au thon et assurant que le potentiel de changement était présent, il a appelé les Nations Unies à aider les petits États insulaires en développement à atteindre les objectifs d’une meilleure gestion de leurs ressources océaniques.
Pour M. YOUSEF BIN ALAWI BIN ABDULLAH, Ministre responsable des affaires étrangères du Sultanat d’Oman, « les conflits politiques et économiques représentent un échec du système international à soutenir les pays les moins développés », expliquant ainsi le chaos, l’instabilité et les migrations dans plusieurs régions du monde. Selon lui, le ralentissement économique a exacerbé ces problèmes et affecté la capacité de l’ONU à réaliser ses objectifs, notamment dans les pays en développement.
Pour le Ministre, la mise en place de politiques isolationnistes et protectionnistes ne ferait qu’accentuer les tensions existantes. Il est donc important que la communauté internationale se dote d’une « nouvelle vision » afin d’élargir les « intérêts communs » et d’aider les États à parvenir à un développement durable. Il a donc appelé les institutions des Nations Unies à jouer un rôle « plus actif » dans la promotion du développement, de la paix et de la sécurité, avec l’appui des États Membres.
La communauté internationale doit propager une « culture du dialogue et du rapprochement » afin de régler les différends et faire baisser les tensions par des moyens pacifiques, a poursuivi le Ministre, pour qui il est nécessaire de se pencher sur les causes profondes des changements climatiques et de l’instabilité. Devant la rapidité des changements technologiques, il a appelé à réexaminer les partenariats internationaux afin de s’assurer que ces avancées, de même que les progrès scientifiques, profitent à tous. En outre, la multiplication des désastres naturels devrait convaincre tous les États qu’il en va de leur intérêt d’adhérer à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui représente une « percée mondiale », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le Sultanat d’Oman appuie les efforts de la communauté internationale visant à rendre juridiquement contraignantes les dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, un outil essentiel pour débarrasser le monde des armes de destruction massive, a estimé le Ministre. Il a conclu en dénonçant le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et en réaffirmant son appui à tous les efforts visant à mettre fin à ce fléau, dans le respect des accords arabes, islamiques et internationaux.
M. DENNIS MOSES, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, a exprimé, en tant que représentant d’une nation des Caraïbes, sa solidarité envers les autres États insulaires de sa région touchés par ces catastrophes. Bien que son propre pays ait été épargné par les ouragans Irma, José et Maria, « des conditions météorologiques changeantes au réchauffement, en passant par la montée du niveau de la mer, les effets des changements climatiques sont d’une ampleur globale et ont des effets sans précédent », a-t-il constaté, avant d’ajouter: « La reconstruction va exiger des ressources, ainsi que la coopération et la collaboration de la communauté internationale, car nous ne pouvons tout simplement pas y arriver tout seuls ».
M. Moses a remercié la communauté internationale pour la générosité dont elle fait preuve afin de répondre aux « besoins pressants » des États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ainsi que l’Agence caraïbe pour les secours d’urgence en cas de catastrophe naturelle (CDEMA). « Mais la CDEMA aura besoin de ressources et de financement supplémentaire » pour mettre en œuvre sa réponse immédiate aux catastrophes naturelles, a-t-il insisté.
« Face à ces catastrophes, il semble impossible de nier la réalité des effets des changements climatiques », a poursuivi le Ministre, ajoutant que les petits États insulaires en développement étaient en première ligne de ces effets. M. Moses a donc appelé à mettre en œuvre une « approche multidimensionnelle tenant compte des besoins réels » de ces pays dans les critères d’attribution de l’aide au développement.
Par ailleurs, en tant que petit État insulaire en développement, Trinité-et-Tobago est fortement affectée par la disparition sans précédent de la biodiversité marine et par les conséquences des méthodes de pêche et d’exploitation non viables des océans, a fait observer le Ministre. Dans ce cadre, il a accueilli favorablement les recommandations du Comité préparatoire créé par la résolution 69/292 en faveur de la création d’un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale. « Après deux ans de Comité préparatoire et environ 10 ans de négociations, nous croyons qu’il est grand temps de traduire nos paroles en actes », a-t-il dit.
M. HISSEIN BRAHIM TAHA, Ministre des affaires étrangères du Tchad, a regretté que les pays en développement continuent de faire les frais de la crise économique. À cause de la chute des prix de leurs produits d’exportation, des pays comme le Tchad voient le financement de leurs plans de développement et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 menacés, a-t-il fait observer. C’est en raison de ce contexte difficile que le Tchad a organisé, au début du mois de septembre, à Paris, une table ronde pour le financement de son plan national de développement.
S’inquiétant également du risque terroriste qui affecte le monde, et plus particulièrement son pays, le Chef de la diplomatie tchadienne a expliqué que la situation sécuritaire de la sous-région du Sahel et du Sahara « continuait de s’aggraver du fait des actions des terroristes, des bandes armées et des trafiquants ». Des attaques régulières contraignent son pays à la riposte, a-t-il ajouté. Cette réaction a pris la forme de la création de la Force conjointe du G5 Sahel en collaboration avec les autres pays du Groupe. Après avoir précisé que les divers appuis de la communauté internationale et des Nations Unies étaient indispensables à son pays et à ses voisins, le Ministre a assuré que cette nouvelle Force conjointe n’entendait pas se substituer aux forces déjà engagées au Mali, mais se voulait une « entité complémentaire » destinée à répondre à la guerre asymétrique déclenchée par les terroristes et les trafiquants.
Quant à la situation humanitaire, M. Taha a jugé qu’elle était aggravée par ce contexte sécuritaire délicat. Face aux déplacements de population, au risque de famine et aux épidémies, le Tchad, qui a accueilli 400 000 réfugiés et déplacés au cours de la dernière décennie, appelle la communauté internationale à s’investir davantage pour soulager toutes ces souffrances. En tant que pays de transit des migrants, il demande aussi un « investissement massif » dans les programmes de développement des pays d’origine pour enrayer la « migration massive de la jeunesse africaine » vers l’Europe et ses conséquences dramatiques.
Dressant ensuite un panorama de la situation géopolitique en Afrique, le Ministre des affaires étrangères a appelé les factions armées de la République centrafricaine à s’engager dans le processus de paix, estimé que la solution en Libye était entre les mains des dirigeants politiques libyens et soutenu que les protagonistes de la crise au Soudan du Sud avaient « le devoir moral de faire cesser les souffrances des populations ». Après avoir plaidé pour un règlement du conflit israélo-palestinien au travers d’une solution des deux États et décrit comme « inacceptable » le sort réservé à la minorité musulmane des Rohingya au Myanmar, M. Taha a finalement appuyé une réforme des Nations Unies et notamment du Conseil de Sécurité, défendant l’octroi d’un siège permanent pour son continent, afin de mieux l’associer aux processus de prise de décisions.
Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, est revenue sur les ouragans qui ont récemment frappé les Caraïbes et s’est déclarée profondément touchée par le fait que les populations de la région avaient désormais des conditions de vie dramatiquement différentes de ce qu’elles étaient quelques jours plus tôt.
« Pour nous dans les Caraïbes, les changements climatiques ne sont pas un concept philosophique ou un débat académique. Il s’agit d’un problème existentiel qui nécessite une action urgente et efficace », a lancé la Ministre. Elle s’est dite pleinement consciente de la nécessité pour ces pays de renforcer leur résilience face aux changements climatiques, mais a ajouté que leurs ressources limitées étaient minuscules face aux larges sommes requises pour mettre en place des mesures de relèvement et de reconstruction.
Sans dons et prêts adaptés pour soutenir leur investissement dans des infrastructures résistantes, les pays de la région continueront d’être aux prises avec cycle sans fin de dévastation, relèvement et reconstruction, a poursuivi Mme Smith. Insistant sur la nécessité de traiter cette question sur un long terme, au-delà de la simple assistance humanitaire immédiat, la Ministre a exhorté l’assistance à prendre en compte les défis auxquels font face les pays vulnérables dans les efforts collectifs de mise en place des Objectifs de développement durable.
« En reconnaissance de nos vulnérabilités en tant que petits États insulaires en développement, la Jamaïque collabore avec le Chili sur une nouvelle initiative dans le but de créer une alliance qui promouvrait la résilience dans les pays sujets aux catastrophes naturelles », a indiqué Mme Smith, avant de mentionner qu’il soutenait les appels à la création d’un Index de vulnérabilité aux changements climatiques.
Revenant sur les Accords de Paris, Mme Smith a rappelé que les petits États insulaires en développement avaient été au premier plan des négociations et restaient engagés dans le processus de la COP. Elle s’est plainte du fait que ces pays, qui contribuent le moins aux émissions de carbone, en font pourtant le plus les frais. Elle a également mentionné les risques de l’impact des changements climatiques sur le tourisme, directement liés à la nature de leur environnement. La Ministre s’est également enorgueillie du fait que son pays allait héberger la Conférence de l’Organisation mondiale du tourisme, une première pour un pays caribéen.
Revenant sur les objectifs de développement durable (ODD), la Ministre a insisté sur la nécessité de trouver des moyens de financement du développement nouveaux et innovants. Elle a également critiqué l’utilisation du PIB par habitant pour seul critère d’évaluation pour des prêts à des conditions de faveur, parce que ce dernier est « un outil inadéquat et inexact pour mesurer le développement réel d’un pays ». La Ministre a également critiqué les actions de certaines banques internationales qui ont retiré leurs services bancaires de plusieurs petits pays comme ceux des Caraïbes, services sans lesquels ces pays ne peuvent participer au système commercial international, ce qui a eu de graves conséquences économiques et politiques pour la région.
M. MOHAMED ASIM, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a introduit son discours par un long hommage aux Nations Unies. Alors que son pays est candidat à un siège de membre non permanent au Conseil de Sécurité en 2019-2020, il a décrit l’Organisation comme « le meilleur espoir que nous ayons pour l’humanité, un endroit où toutes les nations ont une voix quelle que soit leur taille ».
Appelant à faire de la planète un endroit plus sûr pour tous, le Chef de la diplomatie a regretté que ce ne soit pas encore le cas et souhaité qu’on « en finisse » avec plusieurs injustices. Décrivant comme « honteuse » l’occupation israélienne en Palestine, il a notamment appuyé l’édification d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967. « C’est la seule solution », a-t-il insisté. Il s’est ensuite indigné des « crimes » commis en Syrie et des violences perpétrées contre la minorité rohingya au Myanmar et demandé à ce que toutes ces souffrances cessent. Déplorant par ailleurs le nombre croissant de personnes obligées de fuir toutes ces violences, il a demandé qu’on mette un terme à « la politique des barrières et de la peur ». Il a enfin assuré que la lutte contre le terrorisme demeurait une priorité absolue pour les Maldives, et appelé à une plus grande coordination de cette lutte contre cet ennemi « sans visage, ni pays identifié ».
Sur le plan national, le Ministre s’est félicité des progrès réalisés par son pays en matière d’égalité hommes-femmes, assurant que les politiques visant à améliorer la représentation des femmes dans les instances dirigeantes donnaient des résultats. En tant que tranche majoritaire de la population des Maldives, la jeunesse a également toute l’attention du Gouvernement. L’accès à la médecine et à des logements sûrs a aussi été grandement amélioré, a assuré le Ministre, qui a en revanche dénoncé la difficulté de son pays, et d’autres comme le sien, d’accéder à des financements pour des projets de développement. Une situation qui ne laisse d’autre choix, explique-t-il, que de « contracter des dettes croissantes ».
« Il n’y a pas pire danger global que les changements climatiques », a poursuivi M. Asim. La fréquence et l’intensité sans précédent des ouragans qui ont frappé les Caraïbes et les États-Unis le démontrent. Rappelant que les Maldives avaient contribué à créer l’Alliance des États insulaires, « l’un des lobbies les plus influents sur les sujets du réchauffement climatique et du développement durable », le Ministre a ajouté que son pays avait proposé plusieurs solutions pour lutter contre ce réchauffement.
Après avoir affiché son plein soutien à l’Accord de Paris, M. Asim a souligné les investissements des Maldives dans les énergies renouvelables et leur souci constant de préserver les ressources océaniques. C’est pourquoi, a-t-il rappelé, « nous avons préservé notre méthode traditionnelle de pêche à la ligne, qui reste la plus propre et la plus durable de toutes ». C’est aussi pourquoi son pays a soutenu l’interdiction d’exploiter plusieurs espèces marines comme les tortues, les dauphins ou encore les requins-baleines. Par cette action, a conclu le Ministre, les Maldives ont prouvé qu’on pouvait être l’un des plus grands consommateurs de produits venus des océans, tout en faisant une utilisation durable de leurs ressources.
M. ALAIN AIME NYAMITWE, Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale du Burundi, a déclaré que « la patience est une vertu que ne connaissent pas les changements climatiques ». Citant les récents ouragans dévastateurs Irma et Maria, il a estimé que les perturbations climatiques de ces derniers temps « tiraient la sonnette d’alarme une fois de plus ». M. Nyamitwe a donc appelé les États Membres à mettre en œuvre, sans tarder, les engagements de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Il a notamment mentionné l’objectif de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète en dessous de 2ºC par rapport aux niveaux préindustriels, pour lequel « c’est aujourd’hui qu’il faut agir, car demain il sera trop tard ».
Le Ministre a ensuite déploré que les sanctions prises contre son pays par l’Union européenne le privent de ressources importantes et ne l’aident pas dans ses efforts de réalisation des objectifs de développement durable, compromettant ainsi leur réalisation. Plus généralement, les sanctions unilatéralement imposées contre les États en développement en général et africains en particulier devraient être bannies du système international « dans la mesure où elles perpétuent les injustices traditionnelles et violent le principe sacro-saint de l’égalité souveraineté », a ajouté M. Nyamitwe.
Abordant le sujet des migrations, le Ministre a regretté qu’elles s’accompagnent « d’un regain de racisme, de rejet de l’autre et même d’actes d’une rare violence à l’égard des migrants ». Il ensuite appelé une nouvelle fois à la retenue de certains États, qui « se croient en droit d’intervenir dans les affaires internes d’autres États, surtout de pays en développement », insistant une nouvelle fois sur l’égalité souveraine des États Membres de l’ONU.
M. Nyamitwe a déploré que les droits de l’homme soient devenus « un outil de domination », affirmant que certains États étaient en train de « faire dévier le Conseil des droits de l’homme des objectifs assignés par l’Assemblée générale », en référence au récent rapport de la Commission d’enquête sur le Burundi.
Le Ministre a par ailleurs déclaré que son pays avait demandé aux Burundais réfugiés à l’étranger de rentrer et a réitéré son appel à l’endroit des pays voisins afin de faciliter leur rapatriement. Il a mentionné le retour, ces deux dernières semaines, de près de 1 700 réfugiés revenus de Tanzanie, affirmant qu’ils s’ajoutaient à des dizaines de milliers d’autres rentrés depuis quelques mois. Il a déploré les fusillades en République démocratique du Congo, qui ont récemment entraîné la mort de 38 réfugiés burundais.
Avant de conclure, le Ministre est revenu sur le rôle du Burundi au sein de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), rappelant que son pays était le deuxième pays contributeur de troupes en Somalie « et cela depuis une dizaine d’années ». Il a enfin mentionné le soutien de son pays à la position commune africaine sur la réforme du Conseil de sécurité, connue sous le nom du consensus d’Ezulwini.
M. IBRAHIM YACOUBOU, Ministre des affaires étrangères, de la coopération, de l’intégration africaine et des Nigériens à l’extérieur, a mis l’accent d’emblée sur le soutien que les Nations Unies devraient apporter aux pays les plus vulnérables: pays moins avancés, pays sans littoral et petits États insulaires en développement. Rappelant que la coopération et la solidarité sont des piliers essentiels de l’ONU, il a exhorté les États Membres à en faire preuve en vue de pouvoir réaliser les objectifs de développement durable et a souligné l’impérieuse nécessité d’une mobilisation effective des ressources nécessaires au financement du développement, conformément au Programme d’Addis-Abeba.
Le Ministre a brossé un tableau des politiques et mesures prises au Niger dans ce contexte, notamment l’adoption du Plan de développement économique 2017-2021, qui s’inscrit dans la Stratégie de développement durable et de croissance inclusive du Niger à l’horizon 2035. Ce plan tient également compte des grandes lignes de l’Agenda 2063 de l’Union africaine ainsi que celles du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a précisé le Ministre. Ce Plan sera présenté aux partenaires techniques et financiers du Niger lors d’une table ronde des bailleurs de fonds qui aura lieu à Paris du 11 au 13 décembre 2017.
M. Yacoubou a ensuite abordé les défis sécuritaires auxquels sont confrontés tous les pays du Sahel, dont le sien. Il a distingué entre trois foyers de menaces. La première menace est liée à la situation en Libye: sans un gouvernement ayant autorité sur tout le territoire, avec des milices, des groupes terroristes et des trafiquants, le processus de paix peine et la situation risque de déborder sur les pays voisins. Par conséquent, le Niger appelle la communauté internationale à s’engager véritablement pour la restauration d’un ordre démocratique en Libye permettant aux Libyens d’être maîtres de leur destin politique; pour une réconciliation inclusive, à l’exclusion des groupes terroristes; pour l’unification de l’armée nationale, le désarmement des miliciens et la neutralisation des groupes terroristes; et pour un processus référendaire et électoral sur la base d’une nouvelle Constitution et de lois électorales consensuelles.
La deuxième menace à laquelle est confrontée le Niger est celle du bassin du lac Tchad et plus précisément la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram. Grâce à une action conjointe avec le Cameroun, le Tchad et le Nigéria, les capacités offensives et de nuisance de Boko Haram ont été considérablement réduites mais le risque d’attentats-suicide et de capture d’esclaves sexuelles est toujours réel, a estimé M. Yacoubou.
La troisième menace, la plus préoccupante de l’avis du Ministre, est la situation dans le nord du Mali. Deux questions doivent être réglées: la mise en œuvre des accords de paix et la lutte contre les groupes terroristes et les trafiquants. « Tant que ces derniers n’auront pas été appréhendés, il sera difficile de mettre en application les accords de paix ou d’espérer la restauration de l’autorité de l’État malien sur l’ensemble du territoire national », a estimé M. Yacoubou. C’est pourquoi les membres du G5 Sahel ont décidé de mettre en place une Force conjointe. Le Ministre a déploré la faible mobilisation de la communauté internationale pour rendre cette force opérationnelle et a demandé au Conseil de sécurité un vote d’une nouvelle résolution, qui prévoie un engagement de leurs forces au titre du Chapitre VII et un mécanisme de financement prévisible et durable.
Le Ministre a également abordé la question des migrants, et, en tant que pays de transit, le fait que le Niger accueille dans les régions de Diffa et Tillabery plus de 200 000 réfugiés, personnes déplacées internes et retournées.
M. ELVIN NIMROD, Ministre des affaires étrangères de la Grenade, a imploré la communauté internationale de reconnaître sans délai la responsabilité qui lui incombe de prêter secours aux régions récemment touchées par des catastrophes naturelles, y compris de nombreux pays de l’Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO) et des petits États insulaires en développement des Caraïbes.
À la lumière des récents événements dans l’Atlantique, il n’est plus possible de nier que des changements climatiques sont en cours, a estimé le Ministre, soulignant le consensus des scientifiques sur cette question. Ces phénomènes, a-t-il poursuivi, touchent en premier lieu les personnes plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées. Il a réaffirmé l’engagement de la Grenade à mettre en œuvre l’Accord de Paris sur les changements climatiques, déplorant au passage le retrait de l’Accord de « partenaires clefs » et les invitant à réexaminer leur position. Pour sa part, la Grenade, en adoptant le programme « Blue Growth », s’est donnée pour objectif de prendre avantage de son territoire maritime étendu pour devenir un chef de file du développement durable pour les États maritimes du monde entier.
En ce qui concerne le secteur bancaire, M. Nimrod a déploré les « menaces » auxquelles font face les marchés financiers de la Grenade et des autres pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), détaillées dans un rapport du Fonds monétaire international (FMI), qui anticipe un « effet négatif » sur l’activité économique. Ces perturbations et le coût élevé du processus de conformité au programme fiscal de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont été soulignés lors d’une réunion entre la CARICOM et l’ONU qui s’est tenue en juillet de cette année, a ajouté le Ministre. Dénonçant en outre la désignation, « souvent sans fondement », des institutions du pays en tant que « paradis fiscaux », M. Nimrod a fait valoir que la Grenade avait signé des accords d'échange d’informations avec 14 pays. Il s’est toutefois réjoui de la reconnaissance, par le FMI, du succès de la mise en œuvre du programme d’ajustement structurel.
Signataire du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, c'est avec une « vive inquiétude » que la Grenade observe la situation dans la péninsule coréenne, a déclaré le Ministre, ajoutant que l’existence même de ces armes est « inacceptable ». Il a par ailleurs appelé à la levée de l’embargo américain contre Cuba et à la reprise du dialogue et rappelé la proposition du Premier Ministre de la Grenade d’agir comme médiateur entre le Gouvernement du Venezuela et l’opposition, au nom de la CARICOM.
M. AUGUSTINE P. MAHIGA, Ministre des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie, a décrit le monde comme « faisant face à une myriade de défis ». Le premier et le plus transversal d’entre eux, celui du développement durable, est au cœur du plan quinquennal de développement de la Tanzanie. D’ici à 2020, le pays s’est fixé l’objectif d’une croissance de 10%, d’un taux de chômage de 8% et d’un taux de pauvreté de 16,7%. Ce sont des objectifs que la Tanzanie compte atteindre grâce à une combinaison de soutien aux entreprises, d’aide financière aux jeunes et aux femmes, de lutte contre la corruption et d’une taxation juste, a détaillé le Ministre.
Poursuivant sur la question des changements climatiques, M. Mahiga a rappelé que son pays était lui aussi concerné puisque les neiges du Kilimandjaro sont en train de fondre rapidement. Les récentes catastrophes climatiques qui ont endeuillé l’Afrique, les Caraïbes et les États-Unis doivent « nous réveiller et nous rappeler que les changements climatiques n’ont pas de frontières », a-t-il ajouté. Appelant à agir le plus vite possible pour augmenter nos chances de protéger l’avenir de notre planète, le Chef de la diplomatie s’est félicité de la signature de l’Accord de Paris. Il a cependant prévenu: l’assistance aux pays en développement doit aussi passer par le déploiement de technologies vertes qui permettront de contrôler les émissions de carbone.
Sur le plan géopolitique, M. Mahiga a souligné que les Nations Unies paient un lourd tribut sur le front du maintien de la paix. Il a d’ailleurs rappelé que la Tanzanie avait encore perdu un Casque bleu la semaine dernière en République démocratique du Congo (RDC). Condamnant cet acte « lâche » des rebelles des Forces démocratiques alliées, il a exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à poursuivre ses efforts et à maintenir les capacités de la brigade d’intervention de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Il a par ailleurs demandé que la communauté internationale supporte financièrement et logistiquement les élections qui devraient se tenir en RDC.
À propos du Burundi, le Chef de la diplomatie tanzanienne a rappelé que son pays participait activement au processus de paix et ajouté qu’il appréciait le partenariat conclu avec le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour assister les populations qui fuient le pays. Sur la question du Sahara occidental, il s’est dit confiant qu’avec le retour du Maroc au sein de l’Union africaine, les négociations pourront reprendre sur de bonnes bases. Il a enfin plaidé pour une solution des deux États dans le conflit israélo-palestinien et la fin de l’embargo imposé à Cuba. La Tanzanie regarde d’ailleurs avec inquiétude la marche arrière des États-Unis sur ce dernier sujet, alors que les progrès réalisés ces dernières années avaient été applaudis par l’Assemblée générale.
M. Mahiga a conclu sur la nécessité de réformer l’organisation des Nations Unies et notamment le Conseil de sécurité. Estimant que cette transformation devrait être continue et progressive, la Tanzanie considère que le statu quo au niveau de cet organe contrevient à sa responsabilité première, à savoir maintenir la paix internationale et la sécurité.
M. MARK ANTHONY BRANTLEY, Ministre des affaires étrangères et de l’aviation de Saint-Kitts-et-Nevis, a axé son intervention sur la notion de « Planète durable ». Rappelant que les peuples des Caraïbes ont été victimes de deux ouragans de catégorie 5 au cours des deux dernières semaines, y compris dans une moindre mesure le sien, le Ministre a évoqué l’étendue des dégâts à la fois en termes de vies humaines et d’infrastructures, de maisons détruites, de champs dévastés et d’années de développement perdues. Il s’est attardé sur le cas d’Antigua-et-Barbuda et de la Dominique, deux petits États particulièrement touchés par ces ouragans, avant d’exhorter le monde à les traiter comme des catastrophes dues à l’homme et non pas comme de simples catastrophes naturelles.
« La science est irréfutable », et aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes témoins de l’urgence de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de toute autre action qui pourrait aggraver les effets des changements climatiques qui « représentent une menace existentielle pour les Caraïbes », a martelé le Ministre. À l’instar d’autres pays de la région, il a rappelé que les Caraïbes comptent parmi les zones les plus durement frappées par les effets des changements climatiques alors même que les pays de la région ne contribuent que très peu aux émissions de gaz à effet de serre. Par conséquent, Saint-Kitts-et-Nevis exige de la part des plus grands pollueurs de « payer la facture » et demande au monde de s’engager résolument sur la voie des énergies renouvelables et de renforcer la résilience aux aléas du climat partout dans le monde.
M. Brantley a également lancé un appel à la communauté des nations pour mobiliser les ressources nécessaires à la reconstruction rapide des pays victimes des ouragans Irma et Maria.
Par ailleurs, le Ministre a condamné « l’approche stérile » des évaluations se basant sur le PIB par habitant utilisée par les organismes internationaux pour classer les petits États insulaires en développement dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire ou élevé, ce qui les empêche d’accéder à l’aide au développement et aux financements abordables. C’est tout particulièrement pénalisant dans le contexte actuel où ces pays doivent débloquer des ressources pour financer leur reconstruction, a expliqué le Ministre, pour qui il s’agit d’une véritable tragédie. Il a donc proposé qu’un index de vulnérabilité soit mis au point et intégré dans la matrice qui régit l’accès à l’aide au développement. À défaut, M. Brantley redoute de voir les peuples des Caraïbes devenir des réfugiés climatiques.
Le Ministre a aussi mis l’accent sur la jeunesse et la nécessité de lui proposer des options et opportunités viables en termes d’emploi et d’avancement socioéconomique. Pour lui, il ne saurait y avoir de développement durable sans mettre un accent particulier sur ce segment de la population. Avant de conclure, il a plaidé en faveur de l’admission de Taiwan aux Nations Unies et de la levée de l’embargo sur Cuba.
Droits de réponse
Le représentant du Qatar a répondu aux interventions de l’Arabie saoudite et de Bahreïn, qui avaient tous deux accusé son pays de terrorisme. Il a rejeté ces accusations, les jugeant fausses et sans fondement. Ces accusations font partie de la campagne montée contre le Qatar, a poursuivi le représentant, ajoutant que ces pays frustrés utilisent des moyens commerciaux pour faire pression sur son pays. Il a ajouté que son gouvernement n’avait ménagé aucun effort dans la lutte contre le terrorisme, ce dont témoigne notamment le mémorandum d’accord signé avec les États-Unis pour mettre fin au financement du terrorisme et le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et ajouté que son pays avait obtenu de très bons résultats. Il s’est également interrogé sur des contradictions dans la position de Bahreïn, qui louait auparavant le Qatar et qui maintenant le critique. Après avoir rejeté les propos de Bahreïn, le représentant lui a suggéré de commencer à régler ses propres problèmes internes avant d’essayer de créer des tensions ailleurs.
Lui répondant, la représentante de Bahreïn a estimé que son pays, à l’instar de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis et l’Égypte, avait pratiqué son droit souverain pour imposer ces mesures au Qatar. Le Bahreïn a la preuve que le Qatar s’est ingéré dans ses affaires internes pour susciter le chaos et l’instabilité, a-t-elle expliqué. Depuis le début des mesures de boycott prises par ces quatre pays, le Qatar tente de dire que l’on viole les droits de l’homme de ses citoyens. Or, nos pays ont pris des mesures pour prendre en compte les cas relevant de situations humanitaires, que ce soit pour suivre des études ou pour des raisons médicales, a-t-elle précisé. Elle a également accusé le Qatar d’exploiter la scène internationale pour faire progresser ses visées politiques.
Reprenant à son tour la parole, le représentant du Qatar a jugé regrettable que le Bahreïn ait lancé des accusations infondées à l’encontre de son pays. Le Qatar maintient que des violations des droits de l’homme ont bien été commises à l’encontre de ses ressortissants. Le représentant a également fait observer que les quatre pays concernés n’avaient fourni aucune preuve pour justifier leurs accusations contre le Qatar. Toute allégation disant que le Qatar s’ingère dans les affaires intérieures d’un autre État est erronée, a-t-il soutenu, en expliquant que c’est plutôt le contraire qui était vrai. Il a également insisté sur l’importance du respect des droits de l’homme pour la stabilité de tous les pays.
Le représentant du Pakistan a répondu au Ministre des affaires étrangères de l’Inde. Il s’est insurgé contre ce qu’il a appelé des commentaires diffamatoires prononcés à l’encontre de son pays, y voyant une nouvelle preuve de l’hostilité que l’Inde entretient à son égard. « Répéter des mensonges année après année ne saurait cacher la vérité », a-t-il asséné. Le Jammu-et-Cachemire ne fait pas partie de l’Inde, a poursuivi le représentant du Pakistan, c’est un territoire faisant l’objet d’un différend et son occupation par l’Inde est donc illégale. Selon lui, il faut laisser le Jammu-et-Cachemire décider de son sort via un référendum, une solution que l’Inde aurait selon lui acceptée sans l’appliquer.
Assurant que plusieurs habitants avaient trouvé la mort dans cette région par la faute de l’Inde, le représentant a soutenu par ailleurs que des manifestants continuaient de descendre dans la rue pour demander son départ de Jammu-et-Cachemire. « L’Inde se comporte comme un prédateur », a encore accusé le représentant du Pakistan, « ce pays est la mère du terrorisme en Asie du Sud ». Si deux parties n’arrivent pas à régler un différend, les Nations Unies ont le droit de s’en saisir et d’intervenir, a-t-il lancé. Estimant que l’ONU devait prendre des mesures pour enquêter sur les crimes commis par l’Inde au Jammu-et-Cachemire, le représentant du Pakistan a cependant assuré que son pays était prêt à reprendre un dialogue avec son voisin pour peu qu’il cesse sa campagne de diffamation.