En cours au Siège de l'ONU

8053e séance – après-midi 
CS/13000

Conseil de sécurité: Le régime de non-prolifération des armes de destruction massive à l’épreuve de la crise dans la péninsule coréenne

À l’initiative des États-Unis, le Conseil de sécurité s’est, cet après-midi, réuni au niveau ministériel pour réfléchir aux moyens pour l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales de faire respecter ses résolutions adoptées pour empêcher la prolifération des armes « les plus dangereuses au monde », une séance dominée par la crise dans la péninsule coréenne.

Au cours des 25 dernières années, le Conseil a posé d’importants jalons dans le domaine de la non-prolifération, a rappelé la Secrétaire générale adjointe et Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, en invoquant la résolution 1540 (2004), une « réalisation majeure » destinée à prévenir les acteurs non étatiques d’acquérir des armes de destruction massive.

Mme Nakamitsu a également cité en exemple le Plan d’action global commun, entériné par la résolution 2231 (2015) du Conseil, et salué aujourd’hui par plusieurs de ses membres comme un parangon de diplomatie préventive.  Aussi en a-t-elle appelé à l’unité du Conseil pour « faciliter la reprise de la diplomatie » face au défi posé par les activités nucléaires et les tirs de missiles balistiques « dangereux et provocateurs » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

« Les États nucléaires responsables ne laisseront pas de telles menaces imprévisibles empoisonner le monde de cette façon », a prévenu le Secrétaire d’État américain, M. Rex W. Tillerson, au surlendemain de la déclaration du Président Donald Trump à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, pour qui les États-Unis, s’ils devaient être contraints de se défendre ou de défendre leurs alliés, n’auraient « pas d’autre solution que de détruire complètement la Corée du Nord ».

Le chef de la diplomatie américaine a donc appelé la Chine à faire pression sur la RPDC, avec laquelle elle partage une frontière commune, pour qu’elle « modifie ses calculs avant qu’il ne soit trop tard », et la Fédération de Russie à démontrer ses « bonnes intentions », « si elle veut reprendre son rôle d’acteur crédible ».

Une analyse de la situation avec laquelle le délégué russe s’est inscrit en faux, en arguant que l’escalade dans la péninsule coréenne était aussi le résultat de l’installation du système de missiles antibalistiques américain Thaad et des manœuvres militaires conjointes des États-Unis et de la République de Corée. 

La Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, Mme Kang Kyung-Wha, a constaté à regret que son voisin du nord serait parvenu « aux derniers stades de son armement nucléaire », en dépit d’un régime de sanctions renforcé à huit reprises depuis 2006, diluant le « sentiment d’urgence initial » qui présidait à la nucléarisation du régime de Pyongyang.

Plusieurs autres membres du Conseil se sont interrogés sur l’efficacité réelle des sanctions, du Kazakhstan à la Chine.  Pour le Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi, les sanctions seraient plutôt un facteur de conflits.

Évoquant un possible « point de non-retour », Mme Kang a plaidé pour que les mesures visant la RPDC soient pleinement mises en œuvre par les États Membres, tout en assurant que « les sanctions ne visent pas à détruire la Corée du Nord, mais à la ramener à la table des négociations ».

Le débat a aussi été l’occasion d’opposer la situation en RPDC au Plan d’action global commun, l’accord conclu à Vienne en juillet 2015 sur le nucléaire iranien, considéré par l’Italie comme une « success story » et un exemple de diplomatie préventive efficace, alors que la France y voyait la confirmation que « le volontarisme de la communauté internationale peut ouvrir des solutions aux crises de prolifération ».

Aussi plusieurs des intervenants ont-il averti, à l’image de la France, que « ce serait une erreur de dénoncer » cet accord, « comme il serait irresponsable de poursuivre une mise en œuvre à la carte des dispositions de la résolution qui l’a endossé ».  Pour la Fédération de Russie, le retrait éventuel des États-Unis du Plan d’action global commun, évoqué ces derniers mois, adresserait « un signal extrêmement négatif à la Corée du Nord ». 

Pour le représentant russe, qui a cité les cas de l’Iraq en 2003 et de la Libye en 2011, il faudrait en réalité, pour que le régime de non-prolifération progresse, renoncer à la politique consistant à renverser les régimes en place et cesser de décrédibiliser le rôle du Conseil de sécurité par des mesures unilatérales.  Le Ministre d’État pour l’Asie et le Pacifique du Royaume-Uni, M. Mark Field, a déclaré pour sa part qu’un « changement de régime en RPDC n’est pas souhaitable, pas plus qu’une réunification accélérée de la péninsule ».

Si le représentant russe a également reproché à certains États Membres d’avoir « subordonné » la résolution 1540 à des « considérations géopolitiques », le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, M. Sameh Hassan Shoukry, élargissant le débat, a estimé que le régime de non-prolifération continuait d’être l’otage de « conceptions erronées » découlant du concept de « stabilité stratégique ».  Pour lui, la nature discriminatoire de ce régime remet en cause sa crédibilité et son efficacité mêmes, comme en témoigne la situation au Moyen-Orient, reflet de « l’approche sélective » privilégiée par le Conseil de sécurité et de la mauvaise volonté supposée de certains États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. 

Face aux risques de prolifération, « la clef, c’est l’unité », a estimé la Ministre des affaire étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, pour qui cette unité doit s’appliquer tout autant au Mécanisme d’enquête conjoint pour l’interdiction des armes chimiques en Syrie qu’au régime de la résolution 1540 et au système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

NON-PROLIFÉRATION DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a commencé par rappeler que les activités du Conseil de sécurité en matière de non-prolifération des armes de destruction massive reposent sur deux piliers qui se renforcent mutuellement.  Le premier est la responsabilité d’établir « un système de réglementation des armements », comme le prévoit l’Article 26 de la Charte des Nations Unies. 

Le second, a-t-elle rappelé, découle de la responsabilité première des Nations Unies d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, en vertu de laquelle le Conseil a poursuivi plusieurs objectifs, qui vont du respect de l’interdiction d’utiliser des armes biologiques et chimiques à la prévention de l’acquisition par des acteurs non étatiques de ces types d’arme. 

L’engagement du Conseil de sécurité à cet égard s’est toujours enraciné dans la conviction partagée que les mesures à l’appui du désarmement et de la non-prolifération sont les deux revers d’une seule et même médaille, a résumé la haute fonctionnaire. 

Au cours des 25 dernières années, le Conseil a posé d’importants jalons, en faisant usage des outils à sa disposition, a-t-elle relevé.  Ainsi, en réponse à l’invasion du Koweït, le Conseil a, en 1991, exigé de l’Iraq qu’il élimine ses armes de destruction massive.  « Il a été confirmé que ce pays s’est acquitté de ses obligations », a rappelé Mme Nakamitsu. 

S’agissant de la République islamique d’Iran, un engagement direct en faveur du dialogue et de la coopération a permis d’aboutir au Plan d’action global commun, que le Conseil a approuvé dans sa résolution 2231 (2015).  Un engagement soutenu de toutes les parties à cet accord demeure essentiel pour la viabilité et le succès durable de cet instrument historique, a estimé la Secrétaire générale adjointe.  

En République arabe syrienne, des efforts conjoints fructueux de la Fédération de Russie et des États-Unis ont permis d’éliminer le programme d’armes chimiques de ce pays sous la supervision des Nations Unies et dans le cadre de la coopération internationale.  « De manière regrettable, des traces d’utilisation d’agents chimiques toxiques par le Gouvernement syrien et Daech ont été identifiées », a constaté la Haut-Représentante. 

En outre, les activités nucléaires et les tirs de missiles balistiques « dangereux et provocateurs » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continuent de poser un défi au Conseil de sécurité et à la volonté de la communauté internationale, a-t-elle regretté.  L’escalade soudaine de ces actes doit cesser, a-t-elle exhorté, en faisant appel à l’unité du Conseil pour faciliter la reprise de la diplomatie.

D’une manière générale, a ajouté la Secrétaire générale adjointe, la résolution 1540 (2004) continue de représenter une réalisation majeure dans le domaine de la non-prolifération, en appelant à une coopération internationale pour empêcher les acteurs non étatiques d’acquérir des armes de destruction massive, et en renforçant les capacités nationales des États. 

De toute évidence, a-t-elle conclu, l’approche la plus efficace consiste en un mélange de diplomatie réfléchie, de coopération internationale vigoureuse et d’engagement à mettre en œuvre les décisions du Conseil de sécurité. 

Selon Mme Nakamitsu, de nouveaux « efforts créatifs » seront également nécessaires pour réaliser un monde exempt d’armes nucléaires. 

M. REX W. TILLERSON, Secrétaire d’État des États-Unis, a souligné que les questions abordées aujourd’hui avaient des répercussions sur le plan international.  Il a aussi estimé qu’il y avait une sorte de complaisance vis-à-vis des armes nucléaires.  Le défi, a-t-il dit, est de savoir comment atténuer les risques qu’elles posent pour les populations du monde entier.  Il a salué les mesures positives prises par les pays qui ont renoncé volontairement à l’arme nucléaire en soulignant la responsabilité qui en découle.  Pour lui, l’acquisition des capacités nucléaires n’apporte aucun prestige.  C’est plutôt choisir la voie de l’isolement.

Le Secrétaire d’État a martelé que « les États nucléaires responsables ne laisseront pas de telles menaces imprévisibles empoisonner le monde de cette façon ».  Il a en revanche salué l’Afrique du Sud, le Bélarus, le Kazakhstan et l’Ukraine, des pays qui ont renoncé à l’arme nucléaire et mis fin à leur programme nucléaire militaire.  Il a souligné en particulier la décision courageuse du Kazakhstan, y voyant un exemple parlant de sagesse, avant d’expliquer que ce pays avait bénéficié de l’accompagnement des États-Unis.  Le Kazakhstan est aujourd’hui en paix avec ses voisins et ses relations commerciales sont solides, a-t-il fait remarquer, ajoutant que l’exposition universelle organisée cette année à Astana avait démontré « la force technologique de ce pays moderne ».

S’agissant de l’Ukraine, M. Tillerson a noté que les amis et alliés de ce pays avaient présenté un front commun contre la Russie après l’incursion de celle-ci en Ukraine.  En renonçant à l’arme nucléaire, l’Ukraine et le Kazakhstan sont dans une situation bien meilleure, a-t-il estimé.

Les États-Unis étant le seul pays à avoir utilisé l’arme nucléaire en temps de guerre, ils ont une responsabilité particulière pour inciter les autres pays à renoncer à ces armes, a ensuite estimé M. Tillerson.  Si ces armes n’ont jamais été utilisées depuis la dernière guerre mondiale, on a frôlé ce risque durant la crise des missiles de Cuba, a-t-il rappelé.

M. Tillerson a aussi raconté l’histoire de l’officier soviétique Petrov, mort récemment, dont l’ordinateur, le 26 septembre 1983, avait cru détecter le tir de missiles américains, mais qui n’avait pas transmis ces informations à la chaîne de commandement car il craignait, avec raison, une fausse alerte de son ordinateur.  Cet incident montre combien il est difficile de contrôler les risques que posent les armes nucléaires, a-t-il observé. 

Concernant la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Secrétaire d’État a souligné que ce pays avait choisi d’acquérir l’arme nucléaire et fait le parallèle avec son voisin du Sud, qui a, lui, choisi de ne pas acquérir ces armes et qui a un PIB 100 fois supérieur à celui de la RPDC.  « En regardant vers l’avenir, nous sommes déterminés à faire respecter les engagements nucléaires », a-t-il lancé.  La RPDC n’a jamais respecté le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-il rappelé.

S’agissant de l’Iran, M. Tillerson a rappelé que ce pays avait développé des systèmes de missiles pour acheminer des armes nucléaires, ce qui déstabilise les voisins.  La responsabilité collective face à cette prolifération exige davantage, a-t-il lancé en plaidant en faveur de « nations fortes et souveraines », les termes utilisés par le Président Trump mardi devant l’Assemblée générale.  « Nous exhortons la Russie à appuyer ces efforts de non-prolifération, que les deux États nucléaires les plus puissants partagent », a-t-il ajouté.  Les États-Unis et la Russie ont travaillé de concert pour faire respecter les instruments de non-prolifération, a-t-il rappelé, avant de noter que la Russie avait, ces dernières années, agit d’une manière qui sape les obligations internationales dans ce domaine.  Il a accusé ce pays d’affaiblir l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).   Si la Russie veut reprendre son rôle d’acteur crédible, elle peut démontrer ses bonnes intentions, a-t-il lancé avant d’appeler la Chine à coopérer elle aussi dans ce sens et à faire pression sur la RPDC pour qu’elle modifie ses calculs « avant qu’il ne soit trop tard ».

Enfin, M. Tillerson a remarqué que des groupes djihadistes souhaiteraient faire exploser une arme nucléaire, « ce qu’il faut éviter en sécurisant les matières nucléaires et en rompant les réseaux de prolifération ».  Il faut détruire les armes nucléaires et veiller à ce que les terroristes ne trouvent aucun refuge, a-t-il ajouté.  En conclusion, M. Tillerson a estimé qu’il ne suffisait pas de signer des traités et d’adopter des résolutions et a invité à utiliser d’autres moyens politiques, économiques, moraux, et, au bout du compte, militaires.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a dit constater avec regret que l’impact des résolutions sur les sanctions ne répondait pas toujours à nos attentes.  C’est souvent parce que le non-respect délibéré de la part de certains États sape nos efforts collectifs pour maintenir la paix et la stabilité, a-t-il souligné.  Le Président du Kazakhstan a souvent dit qu’il fallait développer des mécanismes concrets pour dissuader les États dotés d’armes nucléaires de se retirer du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a rappelé le Ministre. 

S’agissant de la situation en République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Kazakhstan condamne fermement les actions provocatrices de Pyongyang et considère que la pression continue des sanctions constitue un pas dans la bonne direction, jusqu’à ce que la RPDC entende l’appel de la majorité du monde.  M. Abdrakhmanov a jugé dignes de considération les propositions conjointes de la Russie et de la Chine et estimé qu’il ne fallait pas sous-estimer le rôle du Secrétaire général de l’ONU en tant que médiateur.  Pour sa part, le Kazakhstan serait prêt à accueillir un séminaire régional pour les pays d’Asie centrale en coopération avec le Comité 1718.

Par ailleurs, le Ministre a estimé que le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien avait mis l’Iran « sur la voie de la dénucléarisation », l’AIEA confirmant que ce pays remplit toutes ses obligations à cet égard. 

Sur le dossier syrien, M. Abdrakhmanov a souhaité que le Conseil de sécurité se montre uni dans son approche pour trouver une solution politique à la crise, ce qui permettrait de supprimer le vide qui permet à des armes chimiques d’être utilisées en toute impunité. 

M. SAMEH HASSAN SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a rappelé que son pays avait toujours été à l’avant-garde des efforts multilatéraux en matière de désarmement et pour prévenir la non-prolifération.  Tout en saluant les efforts du Conseil de sécurité à cet égard, il a estimé que cet organe devait améliorer ses méthodes de travail de manière significative, de manière à donner notamment à ses membres l’assurance que les mesures adoptées participent avant tout de la recherche d’une solution politique.  De manière plus générale, l’Égypte réaffirme que l’élimination « complète, vérifiable et irréversible » de telles armes représente la seule garantie d’un régime de non-prolifération.  Pour M. Shoukry, atteindre un tel objectif dépend largement du respect, par les puissances nucléaires, de leurs obligations en vertu du chapitre VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

En dépit de certains progrès tangibles, les avancées véritables continuent d’être l’otage de « conceptions erronées » découlant du concept de « stabilité stratégique », a estimé M. Shoukry.  Pour le chef de la diplomatie égyptienne, une attention plus grande accordée aux défis actuels de la non-prolifération montre que ceux-ci sont la conséquence de l’existence d’armes nucléaires et de la nature discriminatoire de ce régime, qui remet en cause sa crédibilité et son efficacité mêmes. 

Le Ministre en a voulu pour preuve le Moyen-Orient, qui continue d’être à ses yeux l’un des exemples les plus flagrants de menace pour la non-prolifération et de l’approche sélective privilégiée par le Conseil de sécurité.  Il a fait état de la frustration considérable parmi les pays arabes face à l’échec des projets de création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive dans cette région, comme le demandait la résolution sur la Conférence d’examen du TNP de 1995.  « Nous sommes profondément déçus par la décision de trois États parties au Traité de bloquer le consensus sur le document final de la Conférence d’examen de 2015 », a-t-il ajouté, en plaidant pour que les questions transversales telles que le désarmement et la non-prolifération soient examinées de manière plus inclusive dans tous les organes pertinents des Nations Unies.

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a mis en garde contre le risque que des armes de destruction massive tombent entre les mains d’acteurs non étatiques, citant le cas de l’utilisation des armes chimiques en Syrie.  Il a estimé que le droit international était trop souvent violé, dénonçant en outre l’impunité.  Le régime nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en est l’exemple le plus frappant, a estimé M. Klimkin, qui a dit craindre que le régime nord-coréen ne sacrifie son propre peuple.  Il a rappelé que le régime soviétique avait autrefois provoqué une famine en Ukraine et testé des armes nucléaires sur ses troupes.

Au Moyen-Orient, l’utilisation d’armes chimiques représente un vrai danger, a estimé le Ministre, en souhaitant que soit inversée cette tendance.  « Nous devons adopter un front uni pour garantir le respect des normes universelles », a-t-il affirmé avant de plaider pour une mise en œuvre sans condition et fidèle des résolutions pertinentes.  Regrettant que le Conseil ne soit pas toujours uni à cet égard, il a appelé ses membres à mettre de côté leurs différences et à faire preuve de volonté politique.  Il faut que justice soit faite pour toute violation, a-t-il insisté. 

Rappelant que, dans les années 1990, l’Ukraine avait renoncé volontairement au troisième plus grand arsenal nucléaire au monde, il a expliqué ce choix par la foi qu’avait son pays dans la suprématie des principes fondamentaux comme l’inviolabilité des frontières.  « Nous nous sommes aperçus par la suite que ces principes n’étaient pas sacrés pour tout le monde », a-t-il ensuite fait observer, avant de mentionner l’agression dont son pays a été victime « du fait d’un État doté de l’arme nucléaire », en violation avec le Mémorandum de Budapest de 1994 par lequel la Russie s’était engagée à ne pas recourir à la force contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de l’Ukraine.

Faisant observer qu’un exercice de tir de missile nucléaire avait été mené, hier, dans le cadre de manœuvres militaires de la Russie, il a ensuite expliqué pourquoi son pays ne faisait pas confiance à la politique étrangère prétendument pacifique de la Russie et pourquoi il fallait accorder de l’importance aux garanties négatives de sécurité.  La communauté internationale a la responsabilité de trouver des solutions pérennes, a-t-il conclu, invitant le Conseil de sécurité à n’épargner aucun effort pour prouver que le régime de non-prolifération fonctionne.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a lancé un appel à tous les États pour qu’ils signent et ratifient le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires « sans délai et sans condition ».  Depuis l’entrée de la Suède au Conseil de sécurité, a-t-elle regretté, nous n’avons cessé de parler des essais nucléaires et des tirs de missiles balistiques illégaux de la République populaire démocratique de Corée (RDCP).  Nous condamnons ces provocations dans les termes les plus fermes, a-t-elle souligné, regrettant aussi d’avoir dû tenir des réunions consacrées à l’utilisation des armes chimiques en Syrie, que ce soit par le régime syrien ou par Daech.  Les efforts du Conseil pour mettre fin à la propagation de ces armes meurtrières doivent être appuyés par tous les États Membres, a souligné la Ministre.  Mme Wallström a appelé à une mise en œuvre « universelle et complète » des régimes de sanctions existants.  Nous devons y travailler ensemble et nous concentrer sur le renforcement des contrôles et des capacités, a-t-elle estimé.  Dans ce cadre, la Ministre a relayé l’appel à l’unité du Conseil et à l’engagement diplomatique lancé par le Secrétaire général. 

Elle a aussi applaudi la manière dont le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies exécute son mandat en Syrie, appelant le Conseil à faire en sorte que ceux qui ont utilisé des armes chimiques répondent de leurs actes devant la justice. 

Rappelant la résolution 2231 (2015) adoptée après la signature du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien, la Ministre a jugé « absolument essentiel » que toutes les parties continuent d’honorer « méticuleusement et sans faillir » leurs obligations en vertu du Plan d’action.  La mise en œuvre des résolutions n’est qu’une face de la pièce, a-t-elle prévenu.  Il faut aussi défendre les instruments multilatéraux existants sur la non-prolifération des armes de destruction massive.  « La clef, c’est l’unité » et elle s’applique au Mécanisme d’enquête conjoint mais aussi au régime de la résolution 1540 et au système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a conclu Mme Wallström.

M. TARO KONO, Ministre des affaires étrangères du Japon, a souligné qu’il est essentiel que le Conseil de sécurité traite résolument et concrètement des graves questions qui secouent la base même du régime de non-prolifération. 

Compte tenu de la gravité de la situation, le Ministre a jugé urgent d’accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et de lancer les négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

Dans ce contexte, il a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui est restée sourde aux vives protestations et mises en garde de la communauté internationale, à mettre pleinement en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à prendre des mesures concrètes pour une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » de la péninsule coréenne. 

La Corée du Nord, a ajouté le Ministre, doit réintégrer le plus vite possible le TNP et les accords de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  La dénucléarisation de la péninsule coréenne, a estimé le Ministre, exige que la communauté internationale exerce les pressions les plus fortes possibles sur la Corée du Nord car les efforts actuels sont insuffisants. 

Tous les États Membres des Nations Unies doivent mettre en œuvre pleinement et promptement les résolutions du Conseil de sécurité.  Aucun pays ne doit être autorisé à créer une faille dans le régime de sanctions contre la Corée du Nord. 

Après avoir appuyé le travail du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU en Syrie, le Ministre a réitéré son appui à l’accord sur le nucléaire iranien.  Il a prévenu que le missile balistique lancé par l’Iran est une violation de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité et exhorté les autorités iraniennes à jouer un rôle constructif dans la région. 

M. ANGELINO ALFANO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a estimé que les programmes nucléaire et de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) constituaient une très grave menace à la paix et à la sécurité internationales.  S’il s’est félicité des sanctions supplémentaires adoptées à l’encontre de Pyongyang pour contraindre ce pays à renoncer à son arsenal, il a en revanche estimé que l’accord conclu avec l’Iran était une « success story » et un exemple de diplomatie préventive efficace. 

Mais parvenir au Plan d’action global commun n’était qu’un début, a toutefois nuancé M. Alfano, pour qui « désormais, nous devons nous assurer que l’Iran ne déraille pas de sa trajectoire vers la non-prolifération nucléaire, ce que l’Italie, en tant que facilitatrice du Conseil de sécurité pour la résolution 2231, s’efforcera de faire en appuyant une mise en œuvre sans heurt de ce texte crucial ».  C’est la raison pour laquelle le Ministre a jugé préoccupants les tirs récents de missiles par Téhéran, en violation de la résolution 2231 (2015).  Il a par ailleurs dénoncé l’utilisation d’armes chimiques interdites en Syrie.

Rappelant que son pays était aussi Président du Comité 1718 –relatif aux sanctions applicables à la RPDC– le Ministre a enfin rappelé qu’un accent avait été mis sur la surveillance de la mise en œuvre des mesures, l’assistance technique et le renforcement des capacités aux États Membres en ayant besoin, et sur un travail de sensibilisation.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a noté que, depuis l’adoption de la résolution 1540 (2004), les efforts s’étaient intensifiés pour contrer les risques que posent les acteurs non étatiques.  Cependant, la non-prolifération est toujours confrontée à des difficultés, a-t-il constaté, citant notamment le cas des pays qui défient la communauté internationale en procédant à des essais nucléaires.

La non-prolifération est une composante importante de notre avenir, a-t-il fait remarquer en appelant à s’attaquer aux causes profondes.  Il a expliqué que les inquiétudes en matière de sécurité sont souvent à l’origine de la prolifération.  Il a conseillé d’exercer des pressions quand un pays se rend coupable de violations dans ce domaine.  Il a toutefois estimé que « les sanctions ne sont pas la panacée », prévenant que, si elles sont utilisées de manière exclusive, elles ne font que propager les conflits. 

« Nous devons aussi préserver le régime de non-prolifération », a poursuivi le Ministre, plaidant pour que celui-ci se base sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a aussi recommandé de renforcer les capacités en matière de non-prolifération de tous les pays, en soutenant ceux qui veulent adopter des politiques en ce sens.  Il faut les aider à améliorer leur système juridique et à organiser des activités de coopération, a-t-il expliqué à titre d’exemple.

« La Chine s’oppose à la prolifération des armes de destruction massive », a poursuivi M. Wang.  La Chine, a-t-il précisé, a participé aux processus internationaux en la matière et a mis en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.  « Nous avons toujours prôné les négociations politiques », a-t-il indiqué en rappelant sa participation à l’accord nucléaire iranien et aux discussions avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il a d’ailleurs souhaité que les pourparlers reprennent avec ce pays.  Enfin, il a apporté son appui à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et l’organe des Nations Unies chargé de mener des enquêtes impartiales sur l’utilisation des armes chimiques en Syrie.

M. JEAN-BAPTISTE LEMOYNE, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a évoqué des défis d’une extrême gravité, face auxquels « seul un multilatéralisme pragmatique et réaliste peut constituer la solution ».  Pour la France, le cas iranien confirme que le volontarisme de la communauté internationale peut ouvrir des solutions aux crises de prolifération.  L’accord conclu en 2015 à Vienne, que la France a activement contribué à construire et améliorer, constitue à cet égard un jalon historique majeur.  « Ce serait une erreur de le dénoncer, comme il serait irresponsable de poursuivre une mise en œuvre à la carte des dispositions de la résolution qui l’a endossé », a-t-il averti. 

Il faut en revanche répondre à l’intensification des activités balistiques de l’Iran, dont certaines sont non conformes à la résolution 2231, a ajouté M. Lemoyne, reconnaissant qu’un tel comportement était déstabilisant pour la sécurité régionale et nuisait à la confiance mutuelle.  « Il ne peut y avoir d’alternative au régime de non-prolifération », a-t-il insisté. 

Sur le volet chimique syrien, M. Lemoyne a déclaré que les responsables de l’attaque chimique du 4 avril devraient rendre des comptes. 

La seule issue à la crise en cours dans la péninsule coréenne est de tracer la voie d’une solution négociée, a poursuivi M. Lemoyne.  Alors que la Corée du Nord refuse cette perspective et fait le choix d’un dangereux isolement, seule la fermeté peut nous doter du levier recherché pour amener le régime à la table des négociations, a-t-il estimé. 

« Ce qui est en jeu dans l’affaiblissement du régime de non-prolifération, c’est l’existence même de la norme de droit », a mis en garde le Secrétaire d’État.  Le message de la France est simple: la lutte contre la prolifération est une responsabilité collective.  « Il n’y a de place ni pour le constat d’impuissance, ni pour le fatalisme, ni pour l’instrumentalisation politique.  Nous pouvons et devons faire davantage », a-t-il conclu. 

M. MARK FIELD, Ministre d’État pour l’Asie et le Pacifique du Royaume-Uni, a identifié la prolifération d’armes de destruction massive comme la plus grave menace qui se pose aujourd’hui à la communauté internationale.  Individuellement et collectivement, nous devons renforcer les réglementations d’armements, a-t-il préconisé, en se félicitant par exemple du durcissement du régime de sanctions à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  « Ne nous leurrons pas: un changement de régime n’est pas souhaitable, pas plus qu’une réunification accélérée de la péninsule », a assuré le Ministre.  Mais Pyongyang pose une menace à ses voisins et le Conseil de sécurité doit être prêt à renforcer les mesures en vigueur si la Corée du Nord persiste dans ses agissements. 

M. Field a estimé que le multilatéralisme avait porté ses fruits en Iran avec le Plan d’action global commun, sous réserve toutefois que Téhéran s’acquitte de ses obligations en vertu de cet accord, en renonçant notamment à ses tirs récents de missiles balistiques.  Quant à la situation en Syrie, elle constitue elle aussi une menace au régime de non-prolifération, s’est alarmé M. Field. 

M. ENRIQUE LOEDEL, Vice-Ministre des affaires politiques de l’Uruguay, a regretté que, près de 50 ans après l’adoption du TNP, l’objectif de parvenir à un désarmement général et complet soit très loin d’être atteint.  Aujourd’hui, a-t-il constaté, le désarmement est paralysé.  Ainsi a-t-il déploré le désengagement des États dotés d’armes nucléaires du processus de négociation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ouvert hier à la signature après son adoption au printemps dernier. 

L’utilisation et la menace d’utiliser des armes nucléaires constituent « un crime contre l’humanité », a estimé M. Loedel.  Alors que la tension continue de monter dans la péninsule coréenne, il est important de rester calme et de veiller à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il conseillé.  Personne ne doit recourir aux armes nucléaires, en aucune circonstance.  Il n’existe pas de solution militaire au problème nord-coréen; la solution doit être politique, a-t-il argué.  À ses yeux, tout autre scénario représenterait « un énorme échec » pour le Conseil et pour l’Organisation.

M. Loedel a aussi tenu à souligner l’importance de contenir la prolifération des armes classiques dans les zones de conflit.  Il a relevé que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité étaient responsables de 75% du volume des exportations totales d’armes entre 2011 et 2015. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) s’est inquiété du risque de voir des agents autres que les États se procurer des armes nucléaires, chimiques et biologiques, risque d’autant plus préoccupant que les progrès de la science et de la technologie sont rapides.  Il a cité l’utilisation d’armes chimiques au Moyen-Orient et en Asie, ainsi que les questions de cybersécurité, et a dit craindre des conséquences considérables si des attaques étaient dirigées contre des infrastructures critiques comme les centrales nucléaires. 

Citant la poursuite de son programme nucléaire par la République populaire démocratique de Corée, le représentant a souligné l’importance des efforts destinés à faire appliquer pleinement les obligations résultant des résolutions du Conseil.  Il a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) au respect de ses obligations internationales, tout en conseillant d’intégrer les mesures ciblées dans une stratégie globale et politique à même d’engager les parties à un dialogue franc pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a ainsi appelé à la reprise du dialogue direct, tout en invitant les États, les organisations internationales et le monde des affaires à mettre en œuvre les sanctions. 

M. Ciss a également appelé à œuvrer dans le sens du renforcement de l’autorité du Traité sur la non-prolifération et de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a plaidé en faveur du renforcement de la collaboration en matière de contrôle aux frontières, de surveillance des flux financiers et des réseaux d’Internet, ainsi que d’assistance judiciaire.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est déclaré étonné par l’intitulé de cette réunion et la présence, dans la note conceptuelle diffusée par les États-Unis, de trois situations « sans aucun rapport entre elles ».  La résolution 1540 (2004) avait réaffirmé, à l’époque, la nécessité de mettre en place un régime juridique solide pour endiguer la prolifération d’armes de destruction massive, « un objectif qui, semble-t-il, a été subordonné à des considérations géopolitiques par certains États Membres », a-t-il observé.  Ainsi, il est clair aujourd’hui que l’Iraq ne possédait pas de telles armes et que la Libye avait renoncé à en produire, a rappelé le représentant.  Alors, si la situation dans la péninsule coréenne est une source légitime de préoccupations, il faut selon lui en comprendre les raisons sous-jacentes.

En Syrie, par exemple, la résolution 2118 (2013) comportait une obligation de faire rapport sur l’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques dans le pays, rapport qui n’a jamais été présenté.  Doit-on en déduire que de telles armes n’ont pas été acquises? s’est interrogé M. Nebenzia.  « Soyons clairs », la Syrie ne possède plus d’armes chimiques, mais des acteurs non étatiques présents dans ce pays en ont, a tranché le représentant.  La Russie et la Syrie ont proposé de mener une évaluation des incidents survenus à Khan Cheikhoun, une demande qui a été rejetée, a-t-il également rappelé.  En réalité, pour que le régime de non-prolifération progresse, il faudrait commencer par renoncer à la politique consistant à renverser les régimes en place et cesser de décrédibiliser le rôle du Conseil de sécurité par des mesures unilatérales, a-t-il affirmé.

M. Nebenzia a estimé qu’en dépit du fait que l’Iran s’était acquitté de toutes ses obligations au titre du Plan d’action global commun, « certains essaient de torpiller cet accord historique ».  Si les États-Unis s’en retiraient, ils adresseraient « un signal extrêmement négatif en direction de la Corée du Nord », a prévenu le représentant.  Pour la Fédération de Russie, une autre source de tensions dans la péninsule coréenne tient à l’absence d’un mécanisme de règlement politique et diplomatique des défis qui se posent dans la sous-région, et le représentant a présenté comme des facteurs aggravants l’installation du système de missiles antibalistiques américain Thaad et les manœuvres militaires conjointes de la République de Corée et des États-Unis. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a rappelé que son pays, constitutionnellement pacifiste, faisait partie de la première zone exempte d’armes nucléaires du monde grâce au Traité de Tlatelolco.  Il a souligné le grand défi que constitue la mise en œuvre du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires adopté par l’Assemblée générale le 7 juillet 2017.  Il a réitéré son appel à tous les États pour qu’ils éliminent ces armes dans leurs politiques, leurs stratégies militaires et leurs discours politiques.  Le représentant a exprimé sa foi dans la résolution 1540 (2004), qui constitue pour la Bolivie une plateforme de coopération entre les États pour éviter que les acteurs non étatiques n’accèdent à ces armes.

Le représentant a condamné les tirs de missiles balistiques et les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ainsi que tout acte de provocation mené en violation du droit international qui mettrait en danger la sécurité et la paix internationales.  La Bolivie demande aux parties prenantes d’éviter d’attiser les tensions.  S’il faut travailler à l’application des sanctions, il faut aussi œuvrer pour rapprocher les parties de la table des négociations et reprendre les pourparlers à six, a recommandé le représentant, qui a soutenu l’initiative de la Chine, y voyant la possibilité de parvenir à une cessation simultanée de l’escalade dans la péninsule coréenne.  La Bolivie soutient de même la proposition russo-chinoise, voyant en elle la seule proposition concrète existant actuellement.  Enfin, le représentant s’est inquiété du non-respect par l’Iran de ses engagements découlant de l’accord nucléaire et a invité à utiliser les dépenses consacrées à l’armement à des fins autres, comme l’éducation et la santé.

M. WORKINEH GEBEYEHU NEGEWO, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a jugé important de répondre aux risques posés par la prolifération au travers de moyens politiques et diplomatiques visant à parvenir à une solution négociée, citant en exemple le Plan d’action global commun sur le dossier nucléaire iranien.  Sur la base des leçons tirées de cet accord et de la mise en œuvre de la résolution 2231, le Conseil et la communauté internationale devraient réfléchir à l’ensemble des mécanismes de nature à répondre à la menace « grave et imminente » que posent les programmes d’armes de destruction massive en possession de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a estimé le Ministre.

De fait, les provocations continues de ce régime ne devraient pas être une raison de fragiliser l’unité du Conseil, qui est cruciale pour réaliser l’objectif plus large de la non-prolifération, a souligné M. Negewo.  Dans un tel contexte, a-t-il affirmé, des efforts redoublés doivent être fournis pour prévenir l’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques, notamment en veillant à la mise en œuvre de tous les instruments juridiquement contraignants pertinents.

Mme KANG KYUNG-WHA, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, s’est concentrée sur la menace grave et urgente que pose selon elle la Corée du Nord.  En moyenne, la Corée du Nord a lancé deux missiles balistiques par mois depuis 2016, a-t-elle calculé, ajoutant que le sixième essai nucléaire du 3 septembre était particulièrement alarmant. 

La communauté internationale a réagi fermement et rapidement aux dernières provocations de la Corée du Nord, a reconnu la Ministre.  Outre l’adoption rapide d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité, de nombreux pays et organisations ont condamné ce pays et pris des mesures unilatérales.  « La Corée du Nord doit comprendre que les provocations répétées ne feront qu’approfondir son isolement diplomatique et intensifier la pression économique qui conduira son régime à la ruine », a-t-elle averti.  Pour la République de Corée, la dénucléarisation est la seule voie possible vers un avenir sûr et stable. 

Depuis le premier essai nucléaire de la Corée du Nord en 2006, le Conseil de sécurité a adopté neuf résolutions mais « le sentiment d’urgence initial a été quelque peu perdu et l’adoption de nouvelles résolutions ressemble à un rituel », a toutefois regretté Mme Kang. 

Le dirigeant nord-coréen aurait déclaré que la Corée du Nord en est aux derniers stades de son armement nucléaire, a poursuivi Mme Kang.  Cela voudrait dire qu’il atteindra son objectif en dépit de toutes les sanctions.  « Il est possible que nous nous rapprochions rapidement d’un point de non-retour », a-t-elle lancé.  Il faut s’assurer que les résolutions du Conseil de sécurité soient pleinement appliquées, y compris sur le charbon et le fer, la pêche et le textile, et la main d’œuvre à l’étranger.  Elle a répété que « les sanctions ne visent pas à détruire la Corée du Nord mais à l’amener à la table des négociations pour la dénucléarisation ». 

La Corée du Nord essaiera de profiter du « maillon faible » au sein de la communauté internationale pour faire échouer les résolutions du Conseil de sécurité, a mis en garde la Ministre.  Par conséquent, a-t-elle recommandé, les membres du Conseil et de la communauté internationale dans son ensemble doivent agir dans l’unité. 

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