8055e séance – après-midi
CS/13005

Conseil de sécurité: À l’approche des élections, l'Afghanistan doit relever les défis de la sécurité et du développement, affirme le Représentant spécial

Près de trois ans après la formation d’un Gouvernement d’unité nationale, l’Afghanistan continue de faire face à des défis sécuritaires et de développement considérables, sur fond de reconfiguration des alliances politiques à l’approche d’échéances électorales, a constaté, cet après-midi, le Représentant spécial du Secrétaire général.

« Il est impératif d’organiser ces scrutins dans les délais impartis », a déclaré M. Tadamichi Yamamoto –qui est le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA)–, en faisant allusion aux élections législatives et des conseils de district prévues le 7 juillet 2018.

L’annonce de ce calendrier, a-t-il relevé, a entraîné une recomposition inédite des forces politiques en présence, cette redistribution des cartes au-delà des « lignes » habituelles étant, pour le Représentant spécial, également susceptible de porter atteinte à l’ordre constitutionnel et d’alimenter des divisions géographiques et ethniques.

Venu présenter le dernier rapport trimestriel en date du Secrétaire général, le haut fonctionnaire a reconnu à regret que les efforts déployés ces dernières années pour améliorer la sécurité se sont soldés par de timides progrès.  Une situation que lui et la plupart des membres du Conseil ont imputée aux agissements des Taliban et de Daech, qui « a revendiqué huit attaques d’envergure dans diverses parties du pays au cours de la période considérée ». 

La culture du pavot à opium et le trafic de stupéfiants ont été identifiés comme la principale source de financement des groupes terroristes par plusieurs orateurs, dont l’Égypte et la Fédération de Russie, qui a estimé qu’ils représentent 30% à 40% de cette manne.

Les analyses de certains intervenants ont toutefois divergé lorsqu’il s’est agi d’identifier les foyers du terrorisme.  Le Ministre afghan des affaires étrangères, M. Salahuddin Rabbani, a accusé Islamabad d’instrumentaliser la terreur et l’extrémisme violent, et de s’en servir comme des « outils de politique étrangère » au lieu de répondre aux offres répétées de Kaboul de résoudre leurs différends par le dialogue, la diplomatie et des moyens pacifiques. 

Des accusations rejetées par la représentante pakistanaise, selon laquelle les forces terroristes qui s’en prennent à l’Afghanistan se trouvent « bel et bien » dans ce pays, et non à l’extérieur, « une vingtaine d’organisations » au total.  Elle a donc encouragé Kaboul à « changer de cap » au lieu de « reprocher aux autres » d’être responsables de ses problèmes, et à s’attaquer aux « sanctuaires » qui menacent les autres pays de la région.

Dans ce contexte sécuritaire à hauts risques, l’annonce, le 21 août, par le Président des États-Unis, M. Donald Trump, d’une nouvelle stratégie pour l’Afghanistan et du maintien des troupes américaines, « comme l’exigent les conditions sur le terrain », a été favorablement accueillie par le Représentant spécial du Secrétaire général et le représentant de la Turquie.  Se retirer prématurément d’Afghanistan, ce serait « tourner le dos » aux hommes et aux femmes qui s’y sont sacrifiés, a affirmé la représentante américaine.

« Vous ne pouvez pas gagner militairement, la seule voie possible, c’est négocier, abandonner le terrorisme et respecter la Constitution afghane », a lancé la déléguée américaine à l’adresse des Taliban.  Convaincu qu’un règlement pacifique du conflit est possible, le Représentant spécial a appelé les pays d’Asie centrale à « réévaluer leurs intérêts stratégiques » et « à redonner de l’élan à un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes ».

Dans le cadre d’une coopération régionale renforcée avec son voisin, le représentant de l’Iran s’est prévalu de l’Accord trilatéral de Chahbahar, auquel est également partie l’Inde, et du projet de chemin de fer Khaf-Herat, qui pourraient tous deux « changer les perspectives économiques régionales de l’Afghanistan ». 

De son côté, le représentant du Kazakhstan a exprimé la volonté de son gouvernement d’établir, à Almaty, un « centre régional de l’ONU sur les objectifs de développement durable et l’assistance humanitaire », qui aiderait également l’Afghanistan dans les domaines du renforcement de sa résilience ou de la prévention et de la gestion des catastrophes naturelles. 

Le délégué de l’Inde a indiqué que le nouveau partenariat pour le développement de l’Afghanistan, lancé par New Dehli et doté d’une enveloppe d’un milliard de dollars, s’attachera au développement socioéconomique et à la modernisation des infrastructures afghanes.

Un effort de reconstruction auquel plusieurs bailleurs de fonds internationaux prennent également part, dont l’Union européenne, qui a fait état d’une contribution de 3,5 millions d’euros au renforcement des institutions électorales afghanes, alors que la Commission électorale indépendante, qui a mené à bien l’évaluation des bureaux de vote dans plus de 90% des districts, est sur le point de passer à l’étape suivante, « à savoir l’inscription sur les listes électorales », a précisé le Représentant spécial du Secrétaire général.

Le 5 octobre, « un an jour pour jour après la Conférence de Bruxelles », les dirigeants afghans se réuniront à Kaboul en vue de démontrer à la communauté des donateurs que les programmes de développement et le train de réformes qu’ils ont lancés se traduisent par des « changements concrets » dans la vie de la population.

Quant à la MANUA, la plupart des membres du Conseil ont appuyé les recommandations issues de son examen stratégique, lesquelles se traduiront par des « coupes » significatives, a précisé le Représentant spécial, en se disant toutefois « confiant » que la Mission serait en mesure de s’acquitter de son mandat.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN ET SES CONSÉQUENCES POUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2017/783)

Déclarations

M. TADAMICHI YAMAMOTO, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, a estimé qu’à l’approche du troisième anniversaire du Gouvernement d’unité nationale, ce pays faisait face à des défis persistants, mais aussi à des « opportunités d’engagement politique en faveur de la paix ». 

Il a commencé par attirer l’attention sur certains domaines où des progrès ont été accomplis en dépit de défis sécuritaires persistants.  « Si les réformes sont consolidées, elles cimenteront de manière significative la fondation d’un État afghan autosuffisant », a-t-il déclaré, en se félicitant à cet égard de la bonne relation entre le Président Ashraf Ghani et le Chef de l’exécutif Abdullah Abdullah. 

Ainsi, les efforts du Gouvernement pour s’attaquer à la corruption ont commencé de porter leurs fruits, en particulier celui, considérable, mené par le Centre de la justice anticorruption, qui a achevé l’examen de 21 affaires complexes impliquant de hauts responsables gouvernementaux et de 14 appels. 

Le 5 octobre, a-t-il annoncé, un an jour pour jour après la Conférence de Bruxelles, des dirigeants afghans se réuniront à Kaboul pour examiner les progrès accomplis depuis, en vue de démontrer aux bailleurs de fonds internationaux que les programmes de développement et le train de réformes se traduisent par des changements concrets dans la vie de la population. 

Le Représentant spécial a également noté les progrès dans l’organisation des élections législatives et des élections des conseils de district, qui se tiendraient le 7 juillet 2018, réalisés par la Commission électorale indépendante, laquelle a mené à bien son évaluation des bureaux de vote dans plus de 90% des districts.  « La prochaine étape est l’inscription sur les listes électorales.  Il est impératif d’organiser ces scrutins dans les délais impartis », a souligné M. Yamamoto. 

Devant le scepticisme de certaines parties prenantes, la Commission doit donc sensibiliser davantage et donner l’assurance d’une plus grande transparence, a-t-il plaidé, en insistant sur l’importance de « ne pas répéter » l’élection de 2014. 

L’annonce de ce calendrier électoral a déclenché la formation de nouvelles coalitions politiques, lesquelles rassemblent au-delà des « lignes » habituelles, a observé le haut fonctionnaire, pour qui elles sont susceptibles de promouvoir des actions pouvant porter atteinte à l’ordre constitutionnel et alimenter les divisions géographiques et ethniques. 

La situation sécuritaire en Afghanistan continue d’être une source de préoccupation majeure, a poursuivi le Représentant spécial, qui s’est alarmé des activités de Daech dans le nord du pays et à Kaboul. 

Par ailleurs, si les forces afghanes envisagent de pouvoir être en mesure d’infliger des revers aux Taliban d’ici à 2020, cela signifie aussi, a-t-il dit, que des dizaines de milliers d’Afghans auront été tués dans l’intervalle.  « Honnêtement, les efforts déployés ces dernières années ne se seront traduits que par peu des progrès », a reconnu M. Yamamoto, qui s’est toutefois félicité de l’annonce, en août, par Washington, du maintien d’une présence américaine dans le pays.  

En outre, un certain nombre de pays de la région continuent de cultiver leur engagement en faveur de la paix.  Le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) s’est dit convaincu de la possibilité d’un règlement pacifique du conflit, appelant les pays voisins à réévaluer leurs intérêts stratégiques et à redonner de l’élan à un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes. 

Le haut fonctionnaire s’est par ailleurs inquiété du coût potentiel qu’occasionnerait une érosion des gains obtenus en matière de droits de l’homme.  Il a noté que la criminalisation des actes de violence perpétrés contre les femmes et les filles, « toujours répandus », figure dans un décret que le Parlement doit encore adopter. 

Le Représentant spécial a encouragé le Gouvernement afghan à approuver officiellement la politique nationale de prévention et d’atténuation des pertes civiles. 

En conclusion, M. Yamamoto a indiqué que la Mission a commencé à planifier la reconfiguration de sa structure et de son personnel de sorte que son budget pour 2018 soit conforme aux recommandations issues de l’examen stratégique de la MANUA, ce qui se traduira par des « coupes » significatives.  Il s’est toutefois dit confiant que la Mission sera en mesure de s’acquitter de son mandat auprès de la population afghane.

M. SALAHUDDIN RABBANI, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, qui s’adressait pour la première fois au Conseil de sécurité en cette capacité, a demandé à la communauté internationale d’examiner d’un œil nouveau son engagement dans le pays et a rappelé les propos du Président Ashraf Ghani devant l’Assemblée générale la semaine passée, selon lesquels « depuis trop longtemps, le conflit afghan a été perçu à travers le prisme de la guerre civile, alors que ce n’est pas une guerre sur notre sol, c’est une guerre pour notre sol ». 

M. Rabbani a insisté sur le fait que les forces armées afghanes se battaient contre de « plus de 20 groupes terroristes internationalement reconnus » comme tels.  Il s’est félicité que, grâce à leur courage et à l’appui de forces alliées, les forces nationales afghanes gagnaient en efficacité, ajoutant que les Taliban subissaient des « revers majeurs » et qu’ils perdaient de plus en plus de terrain, contrôlant en réalité nettement moins de territoires que ce qu’ils tentaient de faire croire. 

Il a par ailleurs dénoncé leur mode opératoire, « fondé principalement sur les attaques-suicides et autres attaques conventionnelles contre la population, les infrastructures, les personnages publics, les mosquées et le personnel international », dénonçant des « actes barbares » et des « crimes contre l’humanité ». 

Le Ministre s’est félicité que la communauté internationale prenne conscience, même tardivement, de la nécessité de traiter des causes profondes de l’insécurité dans le pays et a salué la nouvelle stratégie des États-Unis pour l’Asie du Sud, jugeant essentiel le fait qu’elle traite de la question des refuges et sanctuaires terroristes dans la région et réaffirme que l’engagement de la communauté internationale en Afghanistan durera jusqu’à ce que le pays soit stabilisé et sûr. 

Après avoir mentionné dans un premier temps « la politique de longue date d’un pays voisin visant à rendre l’Afghanistan instable », M. Rabbani a cité nommément le Pakistan, qu’il a accusé de violations constantes de la ligne Durand et lui a reproché de ne pas répondre aux offres réitérées de l’Afghanistan visant à résoudre les différends par le dialogue, la diplomatie et des moyens pacifiques. 

Estimant que le Pakistan avait eu récemment une nouvelle occasion de reprendre un tel dialogue, il a souhaité qu’il la saisisse, car « mieux vaut tard que jamais ».  En effet, pour M. Rabbani, les perspectives de paix avec les Taliban dépendent aussi d’un réel et sincère engagement régional.

Le Ministre a ensuite affirmé que son pays, depuis 17 ans, établissait les fondations d’institutions démocratiques.  Il a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des réformes visant à rendre les institutions plus efficaces et plus redevables, rappelant qu’un certain nombre de hauts responsables avaient été poursuivis pour avoir violé l’état de droit et réitérant la promesse du Gouvernement de lutter contre la corruption. 

Affirmant que l’Afghanistan, malgré les défis, progressait dans la protection et la promotion des droits de l’homme, M. Rabbani a demandé le soutien de la communauté internationale à la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme, affirmant qu’un siège dans ce dernier permettrait à l’Afghanistan de consolider les droits de l’homme au plan national et porter la voix des victimes du terrorisme et des dizaines de pays en situation de conflit ou d’après conflit.

M. Rabbani s’est enfin félicité de l’examen stratégique de la MANUA, estimant qu’il s’agissait d’une initiative essentielle pour mieux ajuster le rôle des Nations Unies aux besoins du peuple afghan, et notamment de la réaffirmation du principe d’« unité d’action des Nations Unies ».

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré être satisfait des progrès réalisés par l’Afghanistan dans l’organisation des élections législatives et des élections des conseils de district prévues le 7 juillet 2018.  Il a cependant indiqué que le pays faisait face à de nombreux et profonds défis.

Le représentant a mis l’accent sur la publication du rapport spécial du Secrétaire général sur l’examen stratégique de la MANUA, appelant le Conseil de sécurité à suivre ses recommandations. 

« Comme l’a fait remarquer le Secrétaire général, le processus de paix n’a connu aucun progrès majeur durant la période considérée.  Le Japon prend donc note du rôle élargi envisagé pour la MANUA comme médiateur impartial du processus de paix », a-t-il dit. 

« Avant tout, la paix et le processus de réconciliation doivent être conduits par l’Afghanistan, avec pour priorité l’intérêt du peuple afghan », a-t-il déclaré.  Celui-ci, a-t-il dit, attend que son gouvernement dépasse les rivalités entre factions afin de répondre au besoin pressant de sécurité et de développement du pays. 

M. Bessho a insisté sur l’importance de restaurer la sécurité dans le pays, revenant sur les « attaques horribles contre les civils » et « la réduction du personnel diplomatique et du développement qui ont suivi les attaques terroristes du 31 mai ». 

Il a jugé essentiels la mise en œuvre complète de la résolution 2344 (2017) et l’engagement continu de la communauté internationale. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a souligné que le coût humain du conflit en Afghanistan restait considérable.  Après 16 années de conflit, quelle que soit notre lassitude, nous devons garder en mémoire que c’est bien le peuple afghan qui paie le prix le plus lourd, a-t-elle dit. 

Elle a évoqué la nouvelle stratégie de son pays pour l’Afghanistan et l’Asie du Sud, expliquant que le Président américain Donald Trump avait, dans un premier temps, envisagé de retirer les États-Unis de l’Afghanistan.  Il a finalement conclu que les hommes et les femmes qui se sont sacrifiés en Afghanistan ne méritaient rien d’autre que la victoire, a expliqué la déléguée.  Tourner le dos à ce pays reviendrait à ne pas honorer la mémoire de ces hommes et de ces femmes, a-t-elle continué.

La déléguée a ensuite déclaré que la MANUA devrait continuer de s’acquitter de son rôle d’appui et aurait un rôle crucial à jouer dans les années à venir.  La nouvelle stratégie américaine tombe à point nommé, l’ONU et les États-Unis ayant le même objectif, celui d’une paix durable en Afghanistan, a-t-elle lancé. 

La déléguée a précisé que son pays était prêt à aider les forces afghanes afin que les terroristes ne considèrent pas le territoire afghan comme un sanctuaire.  « Aux Taliban, je voudrais lancer: vous ne pouvez pas gagner militairement, la seule voie possible, c’est de négocier, d’abandonner le terrorisme et de respecter la Constitution afghane. »

La déléguée a appuyé le processus politique afghan, estimant qu’il était possible de parvenir à un règlement négocié, pour autant que les Taliban choisissent cette voie. 

Elle a exhorté les pays voisins à appuyer le Gouvernement d’unité nationale afghan, à n’épargner aucun effort afin que les Taliban retournent à la table des négociations et à cesser, sans conditions, leur appui aux groupes extrémistes et violents. 

Enfin, la déléguée s’est prononcée en faveur d’une visite du Conseil de sécurité dans les mois à venir en Afghanistan. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a jugé essentielle la consolidation des institutions démocratique en Afghanistan pour parvenir à la stabilité du pays, se réjouissant déjà des progrès réalisés dans le processus électoral et dans les réformes, notamment pour mieux lutter contre l’impunité.  Il a également dit apprécier les efforts menés par le Gouvernement pour combattre la violence faite aux femmes et aux filles, et pour améliorer la représentation des femmes au Conseil supérieur de la paix.  Le représentant s’est toutefois dit préoccupé du manque de progrès dans le processus de paix entre le Gouvernement et les Taliban, espérant que le dialogue se poursuivra.

M. Bermúdez a plaidé pour que les Nations Unies et la communauté internationale appuient le Gouvernement d’unité nationale afin de l’aider à relever les grands défis qui se posent sur les plans politique, économique et sécuritaire.  Condamnant les attentats terroristes, il a déploré le nombre de victimes civiles, en particulier parmi les femmes et les enfants, ainsi que les déplacements de milliers de personnes.  L’accès humanitaire doit être assuré, a-t-il demandé, en joignant sa voix à celle du Secrétaire général et en appelant au respect des droits de l’homme. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que la principale préoccupation concernant l’Afghanistan a à voir avec la détérioration de la situation sécuritaire et la multiplication d’actes terroristes, en particulier par Daech, qui disposerait de 7 000 combattants dans le pays. 

Selon lui, il n’est pas possible d’ignorer le problème des hélicoptères « non identifiés » qui alimentent en armes les groupes extrémistes, de même que la culture du pavot à opium, dans un contexte où les « narcodollars » financent « à hauteur de 30% à 40% » les activités des groupes terroristes. 

Par ailleurs, alors que la présence des contingents américains et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) n’a pas permis de stabiliser l’Afghanistan, la délégation s’est dite convaincue de la nécessité de mettre désormais l’accent sur les négociations et les efforts en faveur d’un processus de paix crédible dirigé par les Afghans eux-mêmes, avec le soutien de la communauté internationale et dans le respect de leurs intérêts et des intérêts des peuples de la région. 

Le représentant russe a salué en conclusion le rôle « important » joué par la MANUA, en prenant note des recommandations issues de l’examen stratégique de la Mission. 

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a dénoncé les attaques terroristes et constaté que les efforts menés n’avaient pas, pour l’instant, permis d’éradiquer les groupes terroristes.  L’Afghanistan, a-t-il estimé, a besoin d’une stratégie globale, dirigée par les Afghans eux-mêmes et soutenue par les pays voisins, avec le concours de l’ONU.  Le représentant s’est félicité des dispositions prises pour la tenue des élections en 2018 et appuyé les efforts internationaux pour le développement socioéconomique du pays.  Mais, a-t-il prévenu, le trafic de stupéfiants demeure la source de financement principale des groupes terroristes et il faut une intensification des efforts internationaux et afghans pour lutter contre ce trafic.  L’ONU a un rôle crucial à jouer à cet égard, a insisté le représentant.  Il faut pérenniser la paix, poursuivre le dialogue avec l’Afghanistan et veiller à ce que le mandat de la Mission s’articule autour d’une démarche générale permettant d’assainir la situation.  Le délégué a, en outre, plaidé pour une bonne coordination des efforts de l’ONU et a rappelé que l’Égypte apporte un appui dans de nombreux secteurs, tels que la santé, la justice et la formation des forces de police. 

M. WU HAITAO (Chine) a constaté que l’Afghanistan continue de se heurter à des défis politiques et sécuritaires, encourageant la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien dans plusieurs domaines, à commencer par le maintien de la paix et de la stabilité.  À cette fin, il est nécessaire d’autonomiser les forces de sécurité afghanes et de leur donner les moyens de se défendre contre les éléments terroristes qui menacent le pays.  Le représentant a également noté la contribution que peuvent apporter les pays voisins de l’Afghanistan et de l’Organisation de coopération de Shanghai.  Il a également défendu un règlement politique dirigé par les Afghans eux-mêmes, en soulignant la nécessité de renforcer la gouvernance, « condition préalable de la reconstruction ».  Après avoir plaidé pour une stratégie de développement afghane, s’appuyant sur la coopération régionale, le représentant a souhaité que l’examen stratégique permette à la MANUA de mieux utiliser ses ressources. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a indiqué que le travail de la communauté internationale n’était pas achevé en Afghanistan.  Il a plaidé pour une rationalisation de la MANUA, en vue notamment de servir des objectifs plus ciblés.  Nous devons mettre en œuvre les recommandations formulées pour une reconfiguration de la Mission, a-t-il dit, en espérant que le Conseil parvienne à un consensus sur cette question.  Il a jugé essentielle une bonne implantation de la MANUA dans le pays, avant de souligner le rôle crucial que celle-ci sera amené à jouer dans la bonne tenue des élections de 2018.  Nous devons mettre l’accent sur un processus de paix crédible, dirigé par les Afghans eux-mêmes, a-t-il poursuivi.  Il a évoqué la stratégie américano-britannique pour l’Afghanistan et l’Asie du Sud et s’est félicité de l’engagement des États-Unis dans la région.  La stabilité de l’Afghanistan est dans l’intérêt de tous, a-t-il souligné, avant de rappeler que son pays a augmenté ses effectifs militaires dans le pays.  « Nous avons réaffirmé notre engagement politique en Afghanistan, qui, seul, permettra le retour de la paix », a-t-il conclu, en exhortant le Gouvernement d’unité nationale afghan à lancer un processus crédible avec les Taliban. 

Après avoir souligné les progrès impressionnants réalisés au cours des 15 dernières années dans la consolidation des institutions démocratiques et la protection des droits de l’homme et des libertés civiles en Afghanistan, M. OLOF SKOOG (Suède) s’est dit préoccupé par le niveau important de violence qui persiste dans le pays. 

« En 2016, le nombre de victimes civiles en Afghanistan a atteint des records, en particulier chez les femmes et les enfants.  C’est inacceptable », a-t-il déclaré, ajoutant que leur protection devait être une priorité.  Il a appelé les deux parties prenantes au conflit à engager un dialogue pour parvenir à un accord politique.  Il a aussi pointé le rôle clef des pays de la région dans une solution à long terme et leur a demandé, ainsi que les Nations Unies, de soutenir le Processus de Kaboul et les efforts pour construire une paix authentique.

Le représentant de la Suède a assuré le Gouvernement afghan de son soutien dans les activités de réforme qu’il déploie pour construire des institutions indépendantes et fortes ainsi qu’un processus démocratique solide. 

Il a salué le rôle essentiel joué par la MANUA dans le soutien au peuple afghan, mais a remarqué que malgré ses efforts constants, le pays n’était pas encore entré dans une phase postconflit.  Le soutien au processus de paix doit se poursuivre, a-t-il affirmé, notant que la nouvelle stratégie des États-Unis offrait une opportunité de renforcer les efforts politiques et diplomatiques. 

Son pays a également appelé à renforcer la mise en œuvre du Plan d’action national pour les femmes et la paix et la sécurité, insistant sur la nécessité d’inclure les femmes dans un processus de paix conduit par les Afghans eux-mêmes.

Pour que les Nations Unies puissent remplir pleinement leur responsabilité en Afghanistan, il est indispensable que la MANUA et l’équipe de pays suivent pleinement les recommandations de l’examen stratégique et travaillent de manière coordonnée sur la paix, le développement, les droits de l’homme et l’assistance humanitaire, a-t-il poursuivi.  Les améliorations socioéconomiques et la fourniture de services dans le pays sont indispensables au processus de paix. 

Également préoccupé par la détérioration des conditions de sécurité en Afghanistan en raison des agissements de Daech, M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est toutefois félicité des progrès obtenus dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.  Aussi a-t-il estimé qu’à ce stade, il demeure impératif que l’ONU et la communauté internationale continuent de prêter main-forte à Kaboul dans le cadre du partenariat pour la reconstruction et le développement.  Il a proposé une « nouvelle approche », basée sur les liens insécables entre sécurité et développement.  Dans ce contexte, il a exprimé la volonté de son gouvernement d’établir, à Almaty, un « centre régional de l’ONU sur les objectifs de développement durable et l’assistance humanitaire », qui aiderait également l’Afghanistan dans les domaines du renforcement de la résilience ou de la prévention des catastrophes naturelles. 

M. EDUARD FESKO (Ukraine) a expliqué que la situation dépeinte dans le rapport du Secrétaire général « ravivait des sentiments déconcertants et causait de nouvelles inquiétudes ».  S’il a salué les efforts du Gouvernement d’unité nationale pour impliquer dans le processus de paix les Taliban ouverts aux négociations, il n’a pu que constater l’absence de progrès en la matière.  Il a dressé le même constat s’agissant des futures élections législatives et locales de 2018: les propositions de la Commission électorale indépendante pour garantir la probité du processus électoral sont un pas dans la bonne direction, mais aucune décision n’a encore été mise en œuvre.  Quant à la corruption, un « vaste problème » qui met en péril l’amélioration de la situation économique, elle bénéficie de mesures de lutte largement insuffisantes, a dénoncé le représentant. 

Il a ajouté à tous ces maux, le défi de la menace terroriste, constatant que non seulement les Taliban tentent de contrôler des zones stratégiques et s’affairent à détruire des infrastructures essentielles comme les établissements de santé, mais les combattants de Daech cherchent désormais à accroître leur présence dans le pays.  La situation exige une « action internationale concertée », tant du point de vue diplomatique que militaire, a estimé le représentant.  L’Ukraine, a-t-il dit, se réjouit d’ailleurs de la nouvelle stratégie américaine en Afghanistan, mais souligne que « sans un dialogue constructif entre les acteurs régionaux, rien ne se fera ».

Le représentant a enfin apporté son plein appui à la Mission de l’ONU et s’il l’a jugée nécessaire pour favoriser la médiation, le respect des droits de l’homme et les projets de développement, il a néanmoins demandé que la sécurité de son personnel demeure une priorité.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a souligné l’accroissement continu du niveau de violence et la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire.  « La France partage la détermination des autorités afghanes et de nos alliés à lutter contre le terrorisme et salue toute décision qui contribue à cet objectif, dans le respect du droit international », a déclaré la représentante.  Elle a néanmoins précisé que cet effort devait être appuyé par l’ensemble des pays de la région.  Ce contexte sécuritaire et humanitaire extrêmement volatile rend l’unité du Gouvernement afghan et sa persévérance dans les réformes plus que jamais essentielles, a poursuivi Mme Gueguen. 

Elle a plaidé pour la poursuite de la réforme électorale et des réformes entamées pour lutter contre la corruption et le trafic de stupéfiants.  Sur le plan des droits de l’homme, il est essentiel, a-t-elle ajouté, que les autorités afghanes continuent de tenir leurs engagements en faveur des droits de la femme et de la protection de l’enfant.  Considérant que la stabilisation du pays passe par une solution politique négociée et la réconciliation nationale, la déléguée a souhaité que le processus de paix puisse être réengagé par les acteurs afghans dès que possible.  « L’engagement sincère et le soutien sans ambiguïté de tous les voisins de l’Afghanistan en faveur de la paix est indispensable », a insisté la représentante qui a appuyé la proposition de recentrer l’action de la Mission, la jugeant « particulièrement bienvenue ».

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a déclaré que les forces de sécurité afghanes continuent d’être les témoins d’actes de violence généralisés.  Le représentant a renouvelé son engagement en faveur d’un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes, se félicitant des engagements souscrits pour renforcer la lutte contre le terrorisme.  Il a appuyé les initiatives diplomatiques des pays de la région d’Asie centrale, avant de se déclarer favorable à la mise en œuvre « pleine et entière », par l’Afghanistan, d’un plan d’action relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Pour sa délégation, la protection des droits de la femme reste une priorité, car il faut leur garantir leur autonomisation.  Le représentant a estimé en conclusion que la réunion de dirigeants afghans, prévue le 5 octobre prochain, sera l’occasion d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des réformes et de resserrer les liens avec les bailleurs de fonds internationaux.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a jugé préoccupant le caractère de plus en plus classique de certains affrontements en Afghanistan à la différence des attaques asymétriques.  Le renforcement des capacités opérationnelles des groupes armés répond à une volonté de disputer aux forces gouvernementales le contrôle de certains centres stratégiques, a-t-il indiqué.  C’est dans ce contexte qu’il a pris note du choix du Président américain, M. Donald Trump, de maintenir les forces des États-Unis en Afghanistan dans le cadre de sa nouvelle stratégie pour le pays.  Le délégué a rappelé que le climat politique était en outre de plus en plus tendu et marqué, notamment par l’agrandissement du fossé entre le Président Ashraf Ghani et les membres du parti Jamiat-e-islami.  Si le processus de paix est toujours dans l’impasse, M. Seck s’est néanmoins réjoui des efforts de consolidation de la paix entrepris au niveau local par la MANUA, permettant le lancement de trois initiatives de paix dans six provinces, notamment à Kandahar et à Khost.  Rappelant, pour conclure, que la sécurité restera pour longtemps tributaire des relations du pays avec ses voisins, le délégué s’est notamment félicité de la nomination d’un nouvel ambassadeur du Pakistan à Kaboul. 

M. ZAMBRANA (Bolivie) a salué les efforts du Gouvernement et du peuple afghans pour faire avancer le processus électoral, ce qui a permis de renforcer les « mécanismes démocratiques » du pays.  Les défis auxquels fait face l’Afghanistan, notamment en matière de sécurité, de développement et de gouvernance, sont interconnectés et se renforcent mutuellement, a relevé le représentant, prenant note de la volonté du Gouvernement de mettre en œuvre le Plan quadriennal de réforme du secteur de la sécurité malgré les menaces de déstabilisation. 

Le représentant a déploré la forte hausse, cette année, du nombre d’attaques perpétrées contre les infrastructures civiles et le personnel médical et humanitaire, ce qui a mené à des « restrictions aléatoires » de l’accès humanitaire.  Citant le Chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Afghanistan, M. Dominic Parker, il a déclaré que l’intensification des combats a mené à une « érosion du respect, par toutes les parties au conflit, de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire ». 

Devant l’augmentation importante du nombre de personnes déplacées au cours de la période considérée, il a appelé à « unir nos forces » afin d’assurer leur retour et leur réintégration de façon « durable ».  Il a par ailleurs salué le travail du Service de la lutte antimines de l’ONU, qui a permis la poursuite des activités de développement, notamment l’éducation, précisant que 20 communautés ont été déminées. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a pris note de la nouvelle dynamique politique dans le pays.  La température politique va indéniablement monter dans les mois à venir avec la tenue des élections en 2018, a-t-il pronostiqué, en espérant que celles-ci se dérouleront de manière pacifique et transparente.  Il a salué les efforts en vue d’un dialogue accru avec les Taliban, jugeant crucial pour le pays de poursuivre un processus politique, appuyé par les pays de la région.  Le délégué a pris note des efforts de l’Afghanistan et des pays de la région pour entretenir de meilleures relations.  Il a, en particulier, noté les progrès accomplis dans la coopération entre l’Afghanistan et le Pakistan et espéré que ces progrès se poursuivent.  Il a enfin exprimé la solidarité de son pays avec le peuple afghan. 

Rejetant les allégations du représentant de l’Afghanistan, Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que les forces terroristes qui s’en prennent à l’Afghanistan se trouvent « bel et bien » à l’intérieur de l’Afghanistan, et ne viennent pas de l’extérieur du pays.  Elle a donc encouragé Kaboul à changer de cap au lieu de « reprocher aux autres » d’être responsables de ses problèmes.  Comme l’a reconnu lui-même le Gouvernement afghan, a-t-elle affirmé, pas moins d’une vingtaine d’organisations terroristes lancent des attaques en Afghanistan et constituent une menace pour les pays limitrophes.  Après avoir appuyé les efforts régionaux et internationaux en faveur d’un règlement interne du conflit afghan, elle a déclaré que son pays avait mené une guerre sans merci contre le terrorisme, payant le « prix fort » en pertes civiles mais aussi économiques.   

Malheureusement, a constaté Mme Lodhi, nous continuons de faire face au risque de terreur en raison de la présence de « sanctuaires » en Afghanistan.  Elle a réclamé un véritable processus de paix entre le Gouvernement et les Taliban, qu’elle a appelés à cesser les violences.  La stratégie à adopter devrait comporter les trois éléments suivants: un effort coordonné pour contenir et vaincre Daech et Al-Qaida; un dialogue direct entre les autorités afghanes et les Taliban; et des mesures efficaces pour prévenir les attaques transfrontières perpétrées depuis l’Afghanistan.  « Les liens culturels, historiques et géographiques entre nos deux peuples sont immuables, ils survivront à ce conflit », a ajouté la représentante, qui a affirmé l’opposition de toute « instrumentalisation » de l’Afghanistan « à des fins géopolitiques ». 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a estimé que la situation sécuritaire demeurait alarmante en Afghanistan.  La paix ne pourra découler que d’un processus politique, a-t-il prévenu, avant de rappeler que l’aide annuelle de son pays à l’Afghanistan s’élève à 60 millions d’euros.  Il a insisté sur l’importance qu’il y a à faire participer les femmes et les jeunes aux efforts de paix.  Il a aussi plaidé pour l’implantation de la MANUA dans tout le pays, pour une appropriation du processus politique par les Afghans eux-mêmes et pour une meilleure coordination des bailleurs de fonds.  Enfin, le délégué a souhaité le maintien au sein de la MANUA de la composante chargée de veiller au respect de l’état de droit. 

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a noté que la situation de l’Afghanistan témoigne d’un pays non pas en train de se relever d’un conflit, mais bel et bien « en conflit ».  Il a dit sa préoccupation face à la montée de l’extrémisme et de la corruption, à l’augmentation du chômage chez les jeunes qui nourrit le risque de radicalisation et au nombre « inacceptable » de victimes civiles et humanitaires.  Un chiffre à propos duquel il s’est dit « consterné ».  M. Blanchard a donc appuyé la mise en œuvre des recommandations émanant de l’examen stratégique.  Il a ainsi insisté sur la nécessité d’engager des pourparlers de paix, de défendre l’intérêt commun, de stabiliser la région et d’assurer la prestation des services essentiels aux Afghans.

Il a surtout exhorté l’Afghanistan à faire plus pour les droits de la femme qui n’a, selon lui, « toujours pas un statut égal à celui de l’homme ».  Insistant d’abord sur les violences faites aux femmes et leur manque de représentation dans les organes de prise de décisions, il a salué le fait que le Conseiller principal pour la problématique hommes-femmes relèverait désormais du Bureau du Représentant spécial.  Il a estimé que ce changement pourrait « favoriser la participation concrète des femmes à la prévention et à la résolution des conflits ».

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a approuvé l’idée selon laquelle la Mission de l’ONU devrait se concentrer sur la stabilité politique et la création d’un environnement favorable à la conclusion d’un accord de paix.  Le seul moyen de parvenir à des solutions durables, c’est de travailler avec tous les outils de règlement et de prévention des conflits, dans une stratégie politique cohérente, conformément aux efforts de réforme du Secrétaire général que l’Allemagne appuie fermement. 

L’annonce de la date des prochaines élections est une étape importante, a estimé le représentant, car les conflits se résolvent dans les parlements et pas sur les champs de bataille.  Mais comme le succès des élections dépend de la confiance dans le système électoral, l’Allemagne, a affirmé le représentant, est prête à apporter son expertise à l’Afghanistan. 

En tant que Présidente du Groupe de contact international pour l’Afghanistan, l’Allemagne salue les efforts de la MANUA pour renforcer la cohésion entre les parties prenantes régionales et internationales.  Elle salue aussi les efforts visant à renforcer la coopération régionale et internationale en appui au Processus de Kaboul, a conclu le représentant.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a estimé que les avancées de l’Afghanistan au cours des 15 dernières années doivent être consolidées, maintenant que la détérioration des conditions de sécurité et la présence de Daech sont une source de préoccupation.  Le représentant a prévenu des risques posés par une fragmentation de la société afghane, qui serait préjudiciable à la fois au Gouvernement d’unité nationale et à la communauté internationale.  Il s’est félicité de la nouvelle stratégie des États-Unis, qui démontrerait clairement que l’Afghanistan ne sera pas abandonné dans sa lutte contre le terrorisme.  Le représentant a par ailleurs plaidé pour une coopération renforcée entre les pays de la région grâce au dialogue.  Il a parlé d’une coopération dans le cadre de laquelle la Turquie maintiendra ses engagements en faveur de la sécurité et du développement de l’Afghanistan.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a rappelé que, plus de 10 ans après son invasion, l’Afghanistan, la région et le monde n’étaient en aucun cas plus sûrs.  Il a insisté sur le fait que l’insécurité qui s’aggrave dans le pays a des causes profondes, qui ne peuvent pas être traitées par un surcroît de forces armées, comme certains le suggèrent. 

Le représentant a rappelé les attaques odieuses commises par les Taliban et la province autoproclamée « État islamique du Khorasan » (ISIL-KP), notamment les attaques commises le mois dernier à Hérat et dans la province de Sar-e Pol principalement contre les chiites.  La prolifération des groupes terroristes en Afghanistan exige, a estimé le représentant, un effort international concerté, notamment au profit du Gouvernement d’unité nationale afghan, qui doit être soutenu dans sa lutte contre le terrorisme mais aussi dans ses efforts pour surmonter ses nombreux défis politiques, économiques, de sécurité et de développement. 

Le soutien à l’Afghanistan de la République islamique d’Iran est « total », a martelé le représentant, ajoutant que son pays se félicite de tout progrès sur la voie d’un processus dirigé par les Afghans eux-mêmes en vue d’une paix durable et globale.  C’est parce qu’elle souhaite un voisin paisible et prospère que la République islamique d’Iran a participé aux Conférences de Moscou et de Kaboul cette année ainsi qu’aux réunions du processus régional sur la sécurité et la coopération au cœur de l’Asie. 

Le renforcement de la coopération régionale est, en effet, une priorité pour la République islamique d’Iran, dont le représentant a mentionné deux projets importants: l’Accord trilatéral de Chahbahar, auquel est également partie l’Inde, et le projet de chemin de fer Khaf-Herat qui pourraient tous deux « changer les perspectives économiques régionales de l’Afghanistan ».  M. Al Habib a également insisté sur la coopération régionale et mondiale dans la lutte contre la drogue, rappelant que son pays avait proposé aux paysans afghans des ressources alternatives à la culture de l’opium.

Le représentant a également rappelé le rôle de son pays dans l’accueil de centaines de milliers de réfugiés afghans depuis 30 ans et fait observer qu’ils bénéficiaient des mêmes services subventionnés que la population iranienne, tandis que des centaines de milliers d’enfants réfugiés afghans fréquentent les écoles iraniennes.  Il a aussi rappelé les efforts de son pays pour assurer un rapatriement progressif, dans la sécurité et la dignité et sur une base volontaire, des réfugiés.

M. Al Habib a apporté le soutien de son pays à la MANUA et aux différentes agences des Nations Unies pour leurs efforts en faveur du développement de l’Afghanistan, dans le cadre d’un partenariat véritable.  Il faut utiliser le mandat de la MANUA et ses bons offices pour renforcer les institutions nationales et les capacités du pays dans les domaines que le Gouvernement afghan a définis comme prioritaires, a-t-il conclu. 

« Pour l’Inde, l’amitié et un partenariat stratégique avec l’Afghanistan relèvent de la profession de foi.  Il ne s’agit pas d’une relation comme une autre ou d’un engagement, mais d’un lien spirituel et civilisationnel », a affirmé M. SYED AKBARUDDIN (Inde).  Il a indiqué que le nouveau partenariat pour le développement de l’Afghanistan, lancé par son pays et doté d’un milliard de dollars, s’attachera au développement socioéconomique et à la modernisation des infrastructures.  Nous devons appuyer la souveraineté et la stabilité de l’Afghanistan, deux attributs que les éléments terroristes s’efforcent de saper depuis leurs sanctuaires à l’extérieur des frontières du pays, a-t-il affirmé. 

Le délégué a estimé qu’il était du devoir de la communauté internationale de priver les forces du terrorisme et de l’extrémisme de leurs sanctuaires et havres de paix, « où que ce soit et à tous les niveaux ».  Nous ne devons pas faire de différence entre les bons et les mauvais terroristes ou jouer un groupe contre un autre, a-t-il prévenu.  « Les Taliban, le réseau Haqqani, Al-Qaida, Daech, Lashkar-e-Taiba, Jaish-e-Mohammed et les groupes du même acabit sont tous des organisations terroristes », a martelé le représentant. 

Il a salué la détermination ambiante à surmonter les défis sécuritaires et à remédier de manière efficace à la question des sanctuaires terroristes qui sont une menace pour la région.  Le délégué a demandé au Conseil de sécurité de régler la question des fonds que tirent les terroristes en Afghanistan de leurs activités criminelles.  « À cet égard, nous souhaiterions que le Conseil considère de quelle manière son Comité créé en vertu de la résolution 1988 (2011) pourrait être utilisé pour faire avancer le processus de paix », a conclu M. Akbaruddin. 

Mme CAITLIN WILSON (Australie) a salué les recommandations formulées dans le cadre de l’examen stratégique de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), dont la proposition consistant à restructurer le travail de la MANUA autour de trois piliers -politique, développement et droits de l’homme- pour lui permettre de remplir plus efficacement sa mission.  « L’Australie appelle la famille élargie des Nations Unies à travailler de manière constructive et cohérente pour rendre possible et participer à cette vision », a dit Mme Wilson.

Tout en se prononçant en faveur d’un processus de paix « mené par les Afghans » et « à l’initiative des Afghans », la représentante a souligné que les pays de la région avaient un « rôle crucial » à jouer dans la perspective d’un futur accord de paix, « dont les bénéfices se feraient sentir non seulement en Afghanistan, mais également dans les États voisins ».  Dans ce cadre, les conclusions de l’examen stratégique faisant état d’une érosion du consensus international qui avait contribué aux succès de la MANUA devraient, selon elle, inciter la communauté internationale à renouveler son engagement en faveur de la paix en Afghanistan.  « Nous encourageons nos amis de la région à privilégier la stabilité stratégique à long terme contre les avantages tactiques à court terme », a-t-elle dit.

Pour y parvenir, Mme Wilson a soutenu les propositions appelant à maintenir une forte présence des effectifs de la MANUA sur le terrain et à renforcer le rôle de la Mission dans la coordination entre les différents bailleurs internationaux et le Gouvernement afghan. 

Enfin, la représentante a salué la nomination d’un conseiller principal pour la problématique hommes-femmes, sous la responsabilité du Représentant spécial du Secrétaire général.  « Promouvoir l’autonomisation des femmes a été l’une des pierres angulaires du programme d’aide de l’Australie en Afghanistan depuis 2002 », a-t-elle rappelé, soulignant que, plus tôt cette année, le Premier Ministre australien, M. Malcolm Turnbull, avait débloqué 30 millions de dollars pour un programme visant notamment à faciliter l’accès à l’éducation des filles afghanes en milieu rural. 

M. GUILLAUME DABOUIS, de l’Union européenne, a renouvelé l’appui de l’Union européenne (UE) en faveur d’un processus de paix « mené par les Afghans », tout en soutenant les efforts internationaux visant à rétablir la sécurité dans le pays, y compris dans le cadre du Processus de Kaboul.  « Nous encourageons le Gouvernement afghan à entamer un processus politique avec les Taliban et d’autres groupes d’opposition afghans dans le but d’obtenir un accord politique durable », a-t-il ajouté.

Le 24 juillet dernier, a rappelé M. Dabouis, la Commission européenne et la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ont adopté une Communication conjointe sur les éléments d’une stratégie de l’UE pour l’Afghanistan. 

Ce texte, a-t-il poursuivi, définit quatre axes prioritaires stratégiques: promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité régionale; renforcer la démocratie, l’état de droit, les droits de l’homme, la bonne gouvernance et l’autonomisation des femmes; appuyer le développement humain et économique; et s’attaquer aux défis liés aux migrations.  « La Communication conjointe illustre le fort engagement de l’Union européenne auprès et en faveur de l’Afghanistan », a déclaré le représentant.

Aux yeux de M. Dabouis, la priorité absolue de l’Union dans son dialogue avec les autorités afghanes demeure les droits de l’homme et la conduite d’élections démocratiques.  Sur ce dernier point, a-t-il déclaré, l’UE et ses États membres ont accueilli favorablement l’annonce par la Commission électorale indépendante afghane d’un calendrier pour les élections parlementaires du pays, qui auront lieu le 7 juillet 2018. 

« Cette annonce a rassuré aussi bien les Afghans que la communauté internationale quant à la future démocratisation du pays », a-t-il salué, tout en appelant les autorités à tout faire pour que cette date soit maintenue et que les élections se déroulent de manière « démocratique, ouverte, transparente et crédible ». 

Pour les aider dans cette voie, M. Dabouis a rappelé que l’UE avait récemment alloué 3,5 millions d’euros au renforcement des institutions électorales afghanes.  Parallèlement, le représentant a souligné que, depuis l’an dernier, l’UE avait débloqué 200 millions d’euros pour aider le Gouvernement afghan à faire face aux défis liés à la migration et aux déplacements forcés. 

En dépit des efforts de la communauté internationale, M. Dabouis a constaté que le nombre de victimes civiles du conflit demeurait à un niveau record, alors que 1 662 personnes ont trouvé la mort entre le 1er janvier et 30 juin 2017, soit 2% de plus que l’an dernier sur la même période.  « Nous appelons les parties à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger la population civile, en particulier les femmes et les enfants », a-t-il exhorté.

Tout en souscrivant à la déclaration de l’Union européenne (UE), M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), a souhaité mettre l’accent sur la nécessité de garantir, « plus que jamais », les conditions propices à la stabilité et au dialogue en Afghanistan.  Il a appelé les acteurs régionaux à démontrer leur engagement envers la paix et à traduire leurs paroles « en actes concrets ».

S’agissant de la MANUA, M. Pecsteen de Buytswerve a salué les recommandations formulées dans le cadre de l’examen stratégique, qui soulignent l’importance de la coordination, sous l’égide de la Mission, entre les différents bailleurs internationaux et le Gouvernement afghan.  « La Belgique sera attentive à la façon dont cette recommandation sera mise en œuvre dans la pratique », a-t-il prévenu, tout en appelant la MANUA à prendre également en compte les engagements évolutifs des partenaires internationaux.

Concernant les élections, le représentant a voulu qu’elles aient lieu dans un « délai raisonnable », dans un contexte de « sécurité acceptable » et avec un « taux de participation satisfaisant », en particulier concernant les femmes, « tant électrices que candidates ».

Abordant la situation des enfants, le représentant s’est indigné du fait que trois groupes armés, ainsi que la police nationale afghane, soient listés comme pratiquant le recrutement d’enfants.  « La détention d’enfants demeure une préoccupation », a également déploré M. Pecsteen de Buytswerve, avant de fustiger les Taliban qui se rendent, selon lui, coupables d’attaques contre des écoles et des centres médicaux.  « Nous appelons toutes les parties à respecter le droit humanitaire international, et encourageons le Gouvernement à intensifier la lutte contre l’impunité lors de violations », a-t-il conclu.

Rejetant les propos de son homologue du Pakistan, le représentant de l’Afghanistan a déclaré: « nous sommes tous conscients de la dynamique en Afghanistan et dans la région ».  Il a dénoncé « l’instrumentalisation de la terreur et de l’extrémisme violent » par le Pakistan, qui considère que c’est un « outil de politique étrangère » et qui « exporte la terreur ».  Il a renouvelé l’offre de dialogue de son pays au Pakistan.

Le délégué du Pakistan a regretté les critiques formulées contre son pays. Nous ne voulons pas être le bouc-émissaire des pays qui ont échoué, a-t-il lancé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.