En cours au Siège de l'ONU

8054e séance – matin
CS/13003

Israël a poursuivi ses activités de peuplement rendant la solution des deux États de plus en plus inatteignable, affirme le Coordonnateur spécial

Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, a, ce matin, devant le Conseil de sécurité, estimé que la poursuite par Israël de ses activités de peuplement rendait la solution des deux États « de plus en plus inatteignable » et sapait la confiance des Palestiniens dans les efforts de paix internationaux.

En présentant devant le Conseil de sécurité l’exposé mensuel du Secrétariat sur la situation au Moyen-Orient, M. Mladenov, qui s’exprimait par vidéoconférence depuis Jérusalem, a expliqué qu’Israël avait poursuivi, du 20 juin au 20 septembre, ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, en violation de la résolution 2334 (2016). 

Le Coordonnateur spécial a indiqué que les activités de peuplement israéliennes avaient continué à un rythme soutenu, selon une fréquence constamment observée au cours de cette année, et se concentrant sur Jérusalem-Est occupée.  Des plans pour la construction de plus de 2 300 unités de logement ont été avancés en juillet, ce qui constitue une augmentation de 30% par rapport à toute l’année 2016, a-t-il dit. 

« Cela inclut des plans pour la construction de près de 1 600 unités supplémentaires au sein d’un ensemble de colonies au nord de Jérusalem-Est, ainsi que dans le quartier palestinien de Sheick Jarra, adjacent à la vieille ville. »  Alors qu’aucun projet n’a concerné la zone C ces trois derniers mois, les constructions ont repris, début septembre, au sein de la nouvelle colonie de peuplement d’Amihai, au cœur de la Cisjordanie, a-t-il dit. 

M. Mladenov a déclaré que les destructions de biens palestiniens s’étaient poursuivies en Cisjordanie, bien qu’à un rythme significativement moins élevé, 344 structures ayant été détruites depuis début 2017.  Dans la zone C, trois centres éducatifs, accueillant 175 enfants, ont été détruites, a-t-il relevé. 

Le Coordonnateur spécial a affirmé que la présence israélienne s’était également renforcée à Hébron, ajoutant à la volatilité de la situation dans cette ville, où près de 500 Israéliens vivent parmi près de 40 000 Palestiniens. 

Il a ensuite fait état des incidents qui ont émaillé ces trois derniers mois, précisant que 19 Palestiniens avaient été tués dans des affrontements avec les forces israéliennes.  Huit Israéliens ont trouvé la mort dans des attaques, y compris les trois Israéliens arabes ayant perpétré l’attaque du 14 juillet contre deux policiers israéliens dans la vieille ville. 

Après trois mois de calme, des militants palestiniens ont procédé, les 26 juin, 23 juillet et 8 août, à des tirs de roquette contre Israël, les forces israéliennes ayant répondu par cinq frappes aériennes, a-t-il dit. 

Le Coordonnateur spécial a déclaré que la violence des colons s’était poursuivie, près de 25 incidents ayant été recensés ces trois derniers mois.  Des actes de vandalisme contre des propriétés agricoles autour de Naplouse et des attaques contre des Palestiniens dans et autour d’Hébron ont constitué la majorité de ces incidents, a-t-il noté.  « Au moins 21 attaques palestiniennes ont frappé des colons israéliens. »

Rappelant que, dans sa résolution 2334 (2016), le Conseil de sécurité demande aux parties de s’abstenir de toute provocation, M. Mladenov a affirmé que le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, avait explicitement condamné l’attaque du 14 juillet, en vue de calmer les tensions autour des lieux saints. 

Les responsables israéliens ont continué d’user d’une rhétorique incendiaire en soutien des activités de peuplement, a-t-il déploré.  Le 3 août, le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, a inauguré le lancement de la construction de 1 000 nouvelles unités de logement dans la colonie de Beitar Elit et a souligné le succès de son gouvernement « dans la promotion des activités de peuplement sur le territoire d’Israël ».

Le 28 août, le Premier Ministre a également affirmé qu’il « n’y aurait pas de démantèlement de colonies sur la terre d’Israël » et que « nous continuerons de fortifier nos racines, de construire, de nous renforcer et de nous étendre », a noté M. Mladenov.  Il a exhorté les Palestiniens et les Israéliens à rejeter la violence, toute rhétorique incendiaire et les actes de provocation. 

Se tournant vers la situation à Gaza, qui demeure « extrêmement fragile », le Coordonnateur spécial a indiqué que le déficit énergétique chronique dans la bande avait été aggravé par la décision de l’Autorité palestinienne de réduire les approvisionnements en électricité.  L’électricité n’est disponible que quatre heures par jour, a-t-il déploré. 

M. Mladenov a souligné la fermeté de l’Autorité palestinienne dans cette crise, qui visait à contraindre le Hamas à dissoudre le comité administratif établi en mars 2017 et à accepter que le Gouvernement de consensus national assume ses responsabilités dans la bande de Gaza.  Il reste à déterminer si l’accord trouvé le 17 septembre sera mis en œuvre et permettra une restauration de l’électricité, a dit le Coordonnateur spécial.

Il a ensuite détaillé les efforts de paix conduits ces trois derniers mois, mentionnant la visite, en août, d’une délégation américaine, dans le but de revitaliser le processus de paix.  Les parties sont convenues d’œuvrer à la promotion d’une paix durable et de la sécurité dans toute la région, a lancé le Coordonnateur spécial. 

M. Mladenov a souligné la récente visite du Secrétaire général, M. António Guterres, au cours de laquelle ce dernier a fermement réaffirmé la position des Nations Unies en faveur de la solution des deux États.

Il a en outre cité la percée obtenue en septembre dans les efforts de promotion de l’unité palestinienne, les responsables de facto de Gaza ayant invité le Gouvernement de consensus national à retourner dans la bande.  La réconciliation intrapalestinienne demeure essentielle pour préserver l’espoir en l’avenir, a-t-il déclaré. 

 

Si M. Mladenov a salué les initiatives visant à améliorer l’économie palestinienne, il a estimé que beaucoup restait encore à faire s’agissant du processus politique visant à l’établissement d’un État palestinien.  « Le développement économique, aussi important soit-il, ne peut se substituer à la souveraineté et à un État palestiniens », a lancé le Coordonnateur spécial. 

« L’action collective et déterminée des parties, de la région et de la communauté internationale est nécessaire pour initier un processus politique sérieux, sur la base de toutes les résolutions pertinentes des Nations Unies, en vue de la réalisation de la solution des deux États, de la cessation de l’occupation et de la résolution de toutes les questions en suspens », a conclu M. Mladenov. 

Le représentant de l’Uruguay s’est, lui, dit préoccupé par l’absence de progrès accomplis dans la résolution du conflit israélo-palestinien au cours de la période à l’examen.  Il a également dénoncé la démolition, en Cisjordanie, de trois écoles financées par l’Union européenne et dont la construction venait de s’achever trois semaines auparavant.

Son homologue de la Bolivie s’est alarmé de l’absence totale d’avancées dans la mise en œuvre de la résolution 2234 (2016), laquelle, a-t-il rappelé, « exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ».  Il a en outre demandé qu’Israël mette fin au « blocus illégal » imposé par la « Puissance occupante » à la bande de Gaza.

Soulignant que le principe de deux États pour deux peuples est généralement accepté par Israël et la Palestine, le représentant du Kazakhstan a, pour sa part, demandé aux deux parties de s’abstenir de toute action susceptible d’entraver le processus de paix.

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