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Soudan du Sud: les membres du Conseil agitent la menace de sanctions pour stopper les violations à l’Accord de cessation des hostilités du 21 décembre

8166e séance – après-midi
CS/13176

Soudan du Sud: les membres du Conseil agitent la menace de sanctions pour stopper les violations à l’Accord de cessation des hostilités du 21 décembre

Informés de l’évolution de la situation au Soudan du Sud, les membres du Conseil de sécurité ont salué aujourd’hui le succès de la première phase du forum de haut niveau pour la revitalisation de l’Accord de paix de 2015, organisé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et la signature, dans ce cadre, le 21 décembre d’un Accord de cessation des hostilités.  La plupart des intervenants ont également exprimé leur scepticisme face aux multiples violations du cessez-le-feu déjà commises par les deux signataires, appelant à des sanctions contre ceux qui ne respecteraient pas les engagements qu’ils ont eux-mêmes pris.

L’Accord de cessation des hostilités, de protection des civils et d’accès humanitaire signé le 21 décembre est un « accomplissement majeur » de l’IGAD, a commenté le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  M. Jean-Pierre Lacroix a aussitôt ajouté que cet Accord ne représentait qu’un premier pas, certes important, et que le cessez-le-feu avait été violé dès l’entrée en vigueur de l’Accord, le 24 décembre. Le Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation, M. Festus Mogae, a lui aussi dénoncé, depuis Jouba, la vitesse avec laquelle certaines parties avaient violé l’Accord.

Affichant leur scepticisme sur la volonté des parties de respecter leurs engagements, tant M. Lacroix que M. Mogae, et après eux la plupart des membres du Conseil, ont insisté sur un point: les parties sud-soudanaises doivent comprendre que la communauté internationale et la région n’accepteront plus qu’un accord soit signé puis aussitôt violé en toute impunité par ses signataires. 

M. Mogae a rappelé à cet égard que dès 2014 un Sommet de l’IGAD avait décidé de prendre des mesures contre ceux qui, déjà, auraient violé l’Accord de cessation des hostilités de l’époque et M. Lacroix a rappelé que tant le Secrétaire général des Nations Unies que le Président de la Commission de l’Union africaine avaient souligné leur intention d’appuyer toute mesure qui ferait que les parties assument les conséquences de leurs actes, conformément au Communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine du 20 septembre 2017.

Les mesures envisagées en 2014 par l’IGAD comprenaient le gel des avoirs et l’interdiction de voyager, mais aussi un embargo sur les armes.  Aujourd’hui, la représentante de la France s’est dite favorable à ces sanctions individuelles.  Elle a aussi rappelé que la France était depuis longtemps favorable à un embargo sur les armes au Soudan du Sud, une mesure qui a été réclamée énergiquement par ses homologues des États-Unis et du Royaume-Uni.

Les violations du cessez-le-feu ne doivent toutefois pas servir de prétexte pour saper la deuxième phase du forum de haut niveau pour la revitalisation de l’Accord de paix de 2015, qui doit commencer le 5 février à Addis-Abeba, a plaidé la représentante de l’Éthiopie, appuyée notamment par son collègue des Pays-Bas. 

Au contraire, comme l’a dit le représentant de la Chine, la communauté internationale doit faire en sorte que la deuxième phase du forum soit un succès, tout en respectant le processus d’appropriation nationale et politique.

Comme l’a relevé là aussi la représentante de l’Éthiopie, le succès du forum et le règlement des grands problèmes du pays sont largement tributaires de la coopération des parties.

Parmi ces grands problèmes figure la dramatique situation humanitaire du pays, qu’a présentée la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Ursula Mueller.  Plus de 2 millions de Sud-Soudanais réfugiés à l’étranger, environ 1,9 million d’autres déplacés à l’intérieur de leur pays, 6 millions -soit plus de la moitié de la population restante- nécessitant une protection vitale, 5,1 millions frappés d’insécurité alimentaire aiguë, 1,5 million frôlant la famine qui touche déjà 20 000 personnes.  C’est le tableau effrayant dressé par Mme Mueller qui a rappelé qu’avec le début de la période de soudure en mars, la situation risquait de s’aggraver encore. 

La plupart des intervenants ont fait état de leur préoccupation face à cette situation, pressant les parties de respecter le volet humanitaire de l’Accord du 21 décembre.  Plusieurs d’entre eux ont dénoncé la poursuite des entraves au travail des acteurs humanitaires dont les barrages et les extorsions commises par des bandes criminelles, sans oublier les entraves bureaucratiques de l’État sud-soudanais et les coûts prohibitifs appliqués à l’action humanitaire.

Les membres du Conseil ont apporté leur soutien à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) dans la perspective de l’examen stratégique qu’elle doit subir.  Le mandat de la Mission qui a fait l’objet d’une prorogation technique le 14 décembre dernier, arrive à expiration le 15 mars prochain.  Le représentant de la Bolivie a souhaité que l’on renforce le volet « protection des civils ».  Sans la MINUSS, la situation au Soudan du Sud serait bien pire, a acquiescé son collègue de la Guinée équatoriale.  

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, s’est d’abord félicité de la signature, le 21 décembre dernier, dans le cadre de la première phase du forum de haut niveau pour la revitalisation organisé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), d’un Accord de cessation des hostilités, de protection des civils et d’accès humanitaire entre les parties sud-soudanaises.  Il y a vu un « accomplissement majeur » de l’IGAD, avec le plein soutien de la région et de la communauté internationale.

M. Lacroix a aussitôt ajouté que cet Accord ne représentait qu’un premier pas, certes important.  Il a rappelé que la situation en matière de sécurité restait inquiétante et qu’il y avait toujours de nombreuses violations de l’Accord.  Ces violations et la propagande hostile menée par l’une des parties attestent du manque d’engagement authentique à honorer les obligations, a estimé M. Lacroix, qui a condamné ces violations et a rappelé que tant le Secrétaire général des Nations Unies que le Président de la Commission de l’Union africaine les avaient également condamnées et souligné leur intention claire d’appuyer toute mesure qui ferait que les parties assument les conséquences de leurs actes, conformément au Communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine du 20 septembre 2017.  Les parties sud-soudanaises doivent comprendre que la communauté internationale et la région n’accepteront pas qu’un Accord soit signé puis violé en toute impunité, a averti le Secrétaire général adjoint, qui a encouragé le Conseil de sécurité à se prononcer très clairement en ce sens.

Après avoir détaillé plusieurs incidents ainsi que des affrontements communautaires, le Secrétaire général adjoint s’est néanmoins dit encouragé par l’inauguration, prévue demain, par le Représentant spécial et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), d’une nouvelle base de la Mission à Yei, en Équatorial central, dans une région frappée par de nombreuses pertes en vies humaines du fait des affrontements.  Il a ensuite précisé d’autres mesures prises par la MINUSS pour se projeter, établir la confiance, faciliter le travail des acteurs humanitaires et mieux s’implanter dans les zones contrôlées par l’opposition.

M. Lacroix a également rappelé que le déploiement de la Force de protection régionale se poursuivait, en même temps que les discussions avec l’Éthiopie et le Rwanda pour accélérer le déploiement des corps principaux des deux bataillons d’infanterie de ces deux États.  Actuellement, la Force de protection régionale a déployé 759 soldats au Soudan du Sud.

Le Secrétaire général adjoint s’est en outre dit préoccupé par les atteintes aux droits de l’homme, et notamment par les violences sexuelles liées au conflit.  En 2017, 111 incidents de ce genre ont été enregistrés, ainsi que 2 270 cas de violences sexuelles et sexistes mais M. Lacroix a estimé que, du fait de ses moyens limités, la Mission n’était sans doute pas en mesure de recenser toutes les violations.

Quant aux convois humanitaires, ils continuent de se heurter à des points de contrôle, des extorsions et du harcèlement.  Si ces agissements sont le plus souvent le fait de bandes criminelles, le Secrétaire général adjoint a appelé le Gouvernement provisoire d’union nationale à agir pour assurer la libre circulation des agents humanitaires. 

Enfin, M. Lacroix a rappelé que la deuxième phase du forum de haut niveau pour la revitalisation devait commencer le 5 février à Addis-Abeba et se concentrer sur la gouvernance, les arrangements transitoires de sécurité et le cessez-le-feu permanent.

Intervenant par visioconférence depuis Jouba, M. FESTUS MOGAE, Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation, s’est félicité de la tenue juste avant Noël, à Addis-Abeba, du forum de haut niveau pour la revitalisation, auquel ont participé 14 parties sud-soudanaises et d’autres parties prenantes importantes afin de s’attaquer aux difficultés auxquelles fait face le Soudan du Sud.  Le Président a précisé que la première étape du forum avait notamment été marquée par la signature, le 21 décembre 2017, de l’Accord.  Il a fait état d’une diminution de la violence mais a toutefois regretté que l’Accord a été violé par plusieurs parties signataires quelques jours à peine après sa signature.  Le Président a parlé de mouvements de troupes dans les États de l’Unité, de Jonglei, du Haut-Nil et de l’Équatorial central.  Attribuant aussi des flambées de violence à l’opposition, il a appelé les signataires à sensibiliser leurs partisans à l’Accord pour en garantir le respect immédiat.

M. Mogae a aussi indiqué que les déclarations du Gouvernement provisoire avaient contribué à l’érosion de la confiance et a parlé d’un atelier avec l’ensemble des signataires pour assurer le respect de l’Accord.  Le Président a indiqué que le forum de haut niveau se réunira de nouveau d’ici à une semaine pour poursuivre son examen systématique de l’Accord, soulignant que seul un dialogue politique soutenu pourra produire les dividendes d’une paix durable.  Il a appelé la communauté internationale et régionale à parler d’une seule voix pour obtenir des dirigeants sud-soudanais les compromis nécessaires à la paix et à la stabilité.

M. Mogae a dénoncé la vitesse avec laquelle certaines parties ont violé l’Accord, jugeant nécessaire que tous les dirigeants sud-soudanais comprennent les conséquences de leurs actes.  Il a rappelé que le communiqué du vingt-huitième Sommet extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement de l’IGAD de 2014 stipulait déjà que ceux qui violeraient ce qui était alors l’Accord de cessation des hostilités seraient frappés du gel de leurs avoirs, d’une interdiction de voyager et d’un embargo sur les armes.  Le temps est venu, a déclaré M. Mogae, de réexaminer les mesures pratiques qui pourraient être imposées à ceux qui ne veulent pas prendre ce processus au sérieux et de souligner que le monde ne tolérera plus les tentatives de faire dérailler nos efforts pour assurer la paix.

Mme URSULA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a commencé par indiquer que le Plan d'aide humanitaire de 2018 pour le Soudan du Sud venait d’être lancé, en vue d’aider six millions de personnes dans le besoin d’une protection vitale, soit plus de la moitié de la population, « même après que plus deux millions de Sud-Soudanais ont fui le pays ».  Environ 1,9 million de personnes restent déplacées à l’intérieur du pays, a-t-elle précisé.  Le montant du Plan est fixé à 1,7 milliard de dollars, ce qui rend le fait de trouver des fonds additionnels absolument nécessaire, dans un contexte marqué par une insécurité alimentaire aiguë qui touche désormais 5,1 millions de personnes, une hausse par rapport à l’automne dernier.  Parmi cette population, près de 1,5 million de personnes frôlent la famine et 20 000 environ sont déjà touchées par ce fléau.  La prochaine période de soudure, qui débute en mars, devrait probablement aggraver l’insécurité alimentaire, dans la mesure où les agriculteurs sont empêchés de cultiver leurs terres ou de récolter à cause du conflit en cours et des difficultés à se déplacer, a expliqué la haut-fonctionnaire. 

Elle s’est ensuite dite préoccupée par les niveaux élevés de violences sexuelles.  En 2018, les partenaires humanitaires ont estimé à 1,8 million le nombre de femmes et de filles qui risquent de subir de telles violences.  C’est la raison pour laquelle ces partenaires se mobilisent pour prêter assistance à près de 400 000 personnes vulnérables de plus que l’an dernier, a précisé Mme Mueller.  Au nombre des développements positifs, la Sous-Secrétaire générale a fait savoir que depuis un mois, l’Organisation internationale pour les migrations (OMI) a été en mesure de fournir des soins de santé dans le « Grand Baggari », un secteur situé dans le sud de la ville de Wau, qui était coupé de toute aide depuis plus d’un an par l’Armée populaire de libération du Soudan.  « Mais, dans l’ensemble, les défis en termes d’accès ont continué de ralentir, voire de mettre un coup d’arrêt à l’acheminement par voie terrestre de l’aide humanitaire », a constaté la haut-fonctionnaire.

Malgré tout, l’ONU et ses partenaires humanitaires ont réussi à venir en aide à plus de 5,4 millions de personnes au Soudan du Sud l’an dernier, s’est félicitée Mme Mueller.   Selon elle, plus de 5,1 millions ont reçu une aide alimentaire et des articles de première nécessité; plus de 2,5 millions des trousses de secours d’urgence, et environ 900 000 enfants et femmes enceintes ou allaitantes des aliments nutritifs.  En outre, plus de 2,1 millions de Sud-Soudanais ont bénéficié de programmes d’assainissement, et près de 900 000 de produits d’urgence, dont des couvertures et des moustiquaires. 

En conclusion, la Sous-Secrétaire générale a appelé les membres du Conseil de sécurité à contribuer à la mobilisation des bailleurs de fonds autour du Plan d’aide humanitaire, et à user de leur influence pour que les parties au conflit respectent toutes leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, s’agissant notamment de la protection des civils et des personnels et biens humanitaires.  Enfin, Mme Mueller a demandé aux membres du Conseil de veiller à ce que les parties remplissent leur obligation de ménager et de faciliter un accès humanitaire sans entrave aux populations en détresse.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé que son gouvernement avait investi plus de 11 milliards de dollars pour le Soudan du Sud et a salué le décret du Président Salva Kiir sur l’accès humanitaire, déplorant toutefois que des agents continuent d’être bloqués et que les autorités leur réclament toujours d’importantes sommes d’argent qui, a-t-elle fait observer, pourraient être autrement mieux utilisées pour aider la population.  La représentante s’est félicitée de l’Accord sur la cessation des hostilités, déplorant toutefois qu’il ait été violé seulement quelques heures après sa signature.

Les choses vont à rebours au Soudan du Sud, s’est résignée la représentante, évoquant des massacres et les découvertes de charniers.  À ses yeux, les efforts de la communauté internationale ont échoué parce que les autorités sud-soudanaises continuent de trahir leur population.  Elle a réclamé un embargo sur les armes au Soudan du Sud, ajoutant que « ce geste puissant » nous permettra d’aider la population et de faire baisser la violence.

Elle a ensuite appelé les parties au forum de haut niveau de l’IGAD à faire les compromis nécessaires, sinon l’Union africaine devrait envisager des mesures de redevabilité.  La déléguée a aussi appelé les Présidents du Kenya et de l’Ouganda à exercer plus de pression sur le Président Salva Kiir qui, a-t-elle accusé, a été jusqu’ici un partenaire « peu fiable ».

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a estimé que la situation en matière de sécurité au Soudan du Sud demeurait fragile et la situation humanitaire, lamentable.  C’est pourquoi la cessation des hostilités a reçu la priorité lors de la première phase du forum de haut niveau.  L’Accord du 21 décembre est un grand succès, a affirmé la représentante, qui a toutefois jugé « de mauvaise augure » les violations répétées de l’Accord de la part des deux parties signataires.  Le succès du forum et le règlement des grands problèmes du pays sont largement tributaires de la coopération des parties, a insisté la représentante, qui a salué à cet égard le rôle du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l'application des dispositions transitoires de sécurité.  Les violations recensées par ce dernier ne doivent toutefois pas servir de prétexte pour saper la deuxième phase du forum, qui doit commencer le 5 février à Addis-Abeba, a ajouté la représentante.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à rester uni et parler d’une seule voix, comme il a su le faire avec la déclaration présidentielle publiée au mois de décembre.  Elle s’est également félicitée de la rencontre annoncée le 27 janvier en marge du Sommet de l’Union africaine et a souhaité que cette rencontre imprime un élan positif.  

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dit appuyer, depuis le début, l’initiative de l’IGAD pour la revitalisation du processus politique au Soudan du Sud, ainsi que celles des autres acteurs impliqués dont le Conseil de sécurité et l’Union africaine.  Tous s’accordent à dire, a rappelé le représentant, qu’il s’agit d’une chance unique de sortir du conflit.  Le représentant a toutefois prévenu qu’un processus de cette nature ne donnera pas les résultats attendus tant que les parties ne prennent pas leurs engagements au sérieux et ne montrent pas une véritable volonté politique de les respecter.  Le représentant a condamné, à son tour, les violations de l’Accord et a rappelé les parties à leurs responsabilités de protéger les civils et de garantir l’accès humanitaire.  Il a placé beaucoup d’espoirs dans la deuxième phase du forum, comptant sur la bonne foi des négociateurs.

Le représentant a insisté sur la grave situation humanitaire, lançant un appel à la mobilisation de la communauté internationale.  Alors que progresse le déploiement de la Force régionale de protection, il a prôné une présence plus forte des patrouilles de la MINUSS dans les principales zones de combats.  Le délégué a souligné un autre point important, celui de l’examen stratégique de la MINUSS.  Il faut, a-t-il estimé, renforcer la stratégie à trois volets de la protection des civils.

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a appuyé tous les efforts visant à revitaliser le processus de paix au Soudan du Sud, soulignant qu’il n‘existe pas de solution militaire mais qu’il faut au contraire renforcer le dialogue politique sur la base d’un processus sans exclusive et transparent.  À ce titre, il a estimé que le forum de haut niveau est l’initiative la plus viable pour assurer une paix durable dans le pays.  Il a appelé à une plus grande participation des femmes et des jeunes.

Il a aussi insisté sur l’importance de l’appui de la communauté internationale et des organisations africaines, appelant l’ONU, l’Union africaine et l’IGAD à renforcer la coordination pour assurer la cohérence de l’appui au processus.  Le représentant a également voulu que les dialogues initiés par le Gouvernement provisoire d’union nationale se déroulent de manière transparente et sans exclusive, de façon à compléter utilement le dialogue du forum de haut niveau.

Le représentant s’est inquiété des violations de l’Accord du 21 décembre dernier et a prôné la poursuite du déploiement de la Force régionale de protection.  Le délégué a ensuite dénoncé les violences subies par la population, rappelant aux autorités leur devoir de protéger les civils et de traduire les coupables en justice.  Il a aussi appelé les autorités à lever tout obstacle qui empêche la MINUSS de s’acquitter de son mandant, dénonçant par ailleurs les entraves à l’aide humanitaire.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rappelé que la stabilité à long terme du Soudan du Sud dépendait d’un accord politique et a félicité l’IGAD pour le succès de son forum de haut niveau, qu’il a décrit comme le meilleur moyen de parvenir à un accord inclusif, tout en ajoutant que cela supposait que ledit forum fût lui-même inclusif.

Les hostilités n’ont en fait pas cessé et l’Accord du 21 décembre a été immédiatement violé, a fait observer, à son tour, le représentant.  Ceux qui commettent ces violations et s’opposent au processus de paix doivent en subir les conséquences, a-t-il prévenu, avant de suggérer à l’IGAD d’y réfléchir à la réunion du 27 janvier.  Qualifiant d’essentiel le Mécanisme de surveillance, il a reconnu qu’il n’avait « pas la tâche facile » et que l’opposition devrait cesser de le critiquer.  

Le représentant a constaté une situation humanitaire toujours catastrophique, une catastrophe d’origine humaine dont toutes les parties sont responsables, y compris le Gouvernement, qui érige des obstacles et impose des coûts prohibitifs aux organisations humanitaires.  Le représentant a appuyé une nouvelle fois l’idée d’un embargo sur les armes au Soudan du Sud, estimant que la mesure s’inscrirait dans le droit fil de ce que demande la région: des conséquences pour les violateurs de l’Accord de paix.  « C’est la pierre que le Conseil de sécurité doit apporter à l’édifice de paix en cours. »

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est dit très préoccupé par la situation sécuritaire et humanitaire au Soudan du Sud, avant d’indiquer que seuls le courage et la détermination permettront de briser le cycle de violence que subit le peuple sud-soudanais.  Il a condamné les violations de l’Accord et exhorté les parties à le mettre en œuvre de bonne foi.  Il a appelé la MINUSS à appuyer le Mécanisme de surveillance, tout en précisant que l’Union européenne a décidé de faire à ce dernier une contribution de 5 millions d’euros.  Le forum de l’IGAD, a-t-il dit, représente une occasion unique de revitaliser le processus de paix.  Il a donc conseillé aux parties de ne pas la laisser passer.  Appelant le Conseil à faire preuve d’unité dans son soutien au forum, le représentant a insisté sur le fait que le succès dépendra de la transparence et du caractère inclusif des travaux.  La pleine participation des femmes est cruciale, a-t-il précisé, avant de saluer les mesures prises en vue d’établir le Tribunal mixte pour le Soudan du Sud.  

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a attiré l’attention sur trois points: l’Accord de paix, la redevabilité et l’accès humanitaire.  Concernant l’Accord de paix, sa revitalisation est le défi le plus urgent, a-t-il estimé.  « Nous ne pouvons laisser quiconque faire obstacle à la paix en sapant ce processus », a averti le représentant.  Il a appelé tous les acteurs à participer de manière constructive au deuxième round du forum de haut niveau, y compris les pays voisins du Soudan du Sud. 

S’agissant de la redevabilité, il a dit: « nous ne pouvons pas attendre que les armes se taisent pour commencer à demander des comptes aux auteurs des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme ».  La création d’un Tribunal mixte, acceptée par toutes les parties sud-soudanaises en 2015, est une étape essentielle contre l’impunité.  Nous exhortons les autorités du Soudan du Sud et l’Union africaine à créer ce tribunal le plus tôt possible, a déclaré M. van Oosterom.

Pour ce qui est de l’accès humanitaire, il a appelé le Gouvernement du Soudan du Sud et toutes les autres parties à donner un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à toutes les populations dans le besoin, y compris le respect de la liberté de mouvement de la MINUSS dont le travail est essentiel pour faciliter l’aide humanitaire.

M. SHEN BO (Chine) a rappelé le succès de la première phase du forum de haut niveau de l’IGAD et salué l’Accord du 21 décembre.  La Chine est disposée à appuyer l’IGAD, l’Union africaine et les autres organisations régionales et sous-régionales, a ajouté le représentant qui a invité la communauté internationale à renforcer son aide au processus politique, lequel représente la seule solution à la crise.  La Chine appuie, a-t-il dit, la Déclaration faite le 12 janvier dernier par le Secrétaire général des Nations Unies et le Président de la Commission de l’Union africaine.  Pour la Chine, la communauté internationale doit faire en sorte que la deuxième phase du Forum soit un succès, tout en respectant le processus d’appropriation nationale et politique.  Le représentant a voulu que l’on augmente l’appui humanitaire au Soudan du Sud et a rappelé le rôle de la Chine dans le développement du pays.  Il a aussi apporté son soutien à la MINUSS et a souhaité que l’examen stratégique de la Mission mette l’accent sur sa contribution qu’elle pourrait apporter au développement du pays. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est dit gravement préoccupée par la situation sécuritaire et humanitaire « particulièrement perturbante » au Soudan du Sud, constatant qu’à l’heure actuelle, c’est l’aide humanitaire qui maintient la population en vie.  Elle a aussi dénoncé les violences subies par les femmes, notamment les violences sexuelles et à caractère ethnique.  Elle a engagé les parties à mettre un terme aux violations des droits de l’homme et à respecter l’Accord de cessation des hostilités.  Elle a appuyé le forum de l’IGAD, estimant que celui-ci constitue l’initiative la plus viable.  Elle a engagé les parties à participer de bonne foi au processus, faisant par ailleurs observer que ce processus ne saurait être illimité alors que la population souffre.  Elle a salué les efforts de protection des civils déployés par la MINUSS, regrettant toutefois les difficultés rencontrées par la Mission pour s’acquitter de son mandat.  Elle a aussi appelé le Gouvernement à faciliter le déploiement intégral de la Force régionale d’intervention.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a focalisé son intervention sur trois points, à savoir les obstacles rencontrés par la MINUSS dans la mise en œuvre de son mandat, la situation humanitaire et les efforts de l’IGAD en vue de la revitalisation du processus de paix.  Le représentant a déploré les multiples entraves du Gouvernement provisoire d’union nationale à la mise en œuvre de l’Accord sur le statut de la force onusienne, de même que les incidents imputés aux forces antigouvernementales contre la MINUSS.  Devant ces faits d’une extrême gravité, la Côte d’Ivoire, a dit le représentant, exhorte toutes les parties au conflit à respecter leurs engagements et à garantir à la MINUSS une liberté totale de mouvement et de circulation et à lui faciliter les procédures administratives nécessaires à l’exercice de ses fonctions.  Il a aussi appelé le Gouvernement sud-soudanais à poursuivre les discussions avec la MINUSS sur l’utilisation de la base de Tomping par les unités de la Force de protection régionale.

Concernant la situation humanitaire, M. Tanoh-Boutchoue s’est inquiété de ce que les affrontements entre les forces gouvernementales et celles de l’opposition dans certaines régions, provoquent la fuite de milliers de personnes.  Face aux multiples obstacles qui entravent l’accès humanitaire, la Côte d’Ivoire, a-t-il dit, condamne fermement les violences et abus commis contre le personnel humanitaire.  Le représentant a exhorté les parties à éviter tout acte de nature à entraver la bonne conduite de l’action humanitaire.  Concluant sur les efforts de l’IGAD, il a condamné les dernières violations de l’Accord, quelques jours à peine après sa signature.  Il a invité les parties belligérantes à la retenue et rappelé qu’il était de leur devoir d’assurer la protection des civils mais aussi le respect des droits de l’homme et l’accès humanitaire.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a affirmé que le forum de haut niveau constitue une opportunité que les parties sud-soudanaises doivent saisir pour arriver enfin à surmonter leurs différences et s’inscrire dans une perspective de paix.  Elle a aussi constaté que le forum est actuellement dans une phase clef dont dépendra sa réussite.  En la matière, elle a jugé essentiel que toutes les parties respectent l’Accord de cessation des hostilités et rappelé « avec force » que les violations ne pourront être tolérées.  La représentante a estimé que le Mécanisme de surveillance doit « plus que jamais » remplir son rôle de contrôle et bénéficier des capacités nécessaires pour remplir sa mission.

Elle a ensuite appelé les parties à tirer profit de la prochaine session du forum, début février, pour parvenir dans les meilleurs délais à un consensus sur la revitalisation de l’Accord de paix de 2015, notamment dans ses dimensions relatives au partage du pouvoir, à la gouvernance, aux arrangements de sécurité et à la lutte contre l’impunité.  Elle a aussi appelé les parties sud-soudanaises à faire preuve rapidement de leur volonté d’avancer sur tous les sujets.

Le processus ne peut être un processus ouvert dans le temps, a-t-elle souligné, estimant que ni le pays, ni la région, ni la communauté des nations ne peuvent se permettre de nouvelles tergiversations.  En cas de coopération insuffisante, a-t-elle mis en garde, nous ne devrons pas hésiter à prendre les mesures nécessaires, y compris des sanctions individuelles, pour altérer les calculs des parties qui font obstruction au processus de paix.  Elle a aussi dit compter sur l’unité des pays de l’IGAD pour maintenir la pression sur les parties.

La représentante s’est également préoccupée des difficultés que continuent de rencontrer les acteurs humanitaires.  Elle a déploré le fait que 14 agents aient perdu la vie au Soudan du Sud en 2017, avant de condamner les obstacles dont la MINUSS continue d’être victime dans la mise en œuvre de son mandat.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué le travail effectué par la MINUSS dans un pays où la situation pourrait, a-t-il estimé, se dégrader encore avec la saison sèche.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent décupler leur appui à la Mission et appuyer l’IGAD dans ses efforts visant à redynamiser le processus politique, a plaidé le représentant.  S’il a reconnu que des sanctions pourraient avoir un rôle non négligeable pour relancer le processus, il a aussi estimé que d’autres mesures pragmatiques devraient être envisagées et a souhaité que le Conseil étudie diverses options.  Alors que va avoir lieu l’examen stratégique de la MINUSS, le représentant a rappelé que la situation dans le pays serait bien pire si elle n’était pas là.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) s’est inquiété de la détérioration de la situation au Soudan du Sud.  Sur le plan politique, il a appuyé les initiatives de l’IGAD et a dit attendre avec intérêt la tenue de la deuxième phase du forum de haut niveau.  Il a salué l’Accord du 21 décembre, déplorant, à son tour, qu’il ait été violé quelques jours après.  Le représentant s’est aussi inquiété de la situation humanitaire « désastreuse » au Soudan du Sud où 60% de la population a besoin d’aide et où un tiers est déplacé ou refugié.  Il a salué les efforts de l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Soudan qui ont accueilli la grande majorité des réfugiés.  Le représentant a dénoncé les obstacles à l’aide humanitaire et a appelé au respect du Décret présidentiel en la matière.  Il a aussi réclamé le plein déploiement de la Force régionale d’intervention, avant d’annoncer que son pays souhaite contribuer au développement du Soudan du Sud.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que la stabilisation ne sera possible que par un cessez-le-feu et la négociation d’un accord de paix durables.  Il s’est félicité de l’Accord du 21 décembre mais a déploré que les signataires aient commencé à s’accuser mutuellement de violations à peine est-il entré en vigueur.  Il a jugé important que la deuxième phase du forum se tienne avec tous les acteurs concernés.  S’il ne n’est pas opposé à d’éventuelles autres initiatives de paix, le représentant a appelé leurs auteurs à coordonner leurs efforts avec ceux déjà en cours.  Il s’est en outre félicité du rythme de déploiement de la Force de protection régionale et a appelé les États à la rendre véritablement opérationnelle.  Estimant que les rapports mensuels du Secrétaire général sur la question étaient « équilibrés », le représentant a dit attendre avec intérêt l’examen stratégique de la MINUSS.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est félicité de la réussite de la première étape du forum de haut niveau et de la signature de l’Accord du 21 décembre.  Il a toutefois déploré que celui-ci ait depuis été violé par plusieurs parties.  Il a constaté que la poursuite des actions militaires avait contribué à aggraver la crise humanitaire et économique au Soudan du Sud où, s’est-il alarmé, plus de la moitié de la population souffre d’une grave insécurité alimentaire.  Il a aussi noté que le décret présidentiel du 9 novembre n’avait pas contribué à améliorer l’accès humanitaire.

Le représentant a exhorté les parties signataires à cesser immédiatement les hostilités et à faire preuve de la volonté politique nécessaire à l’approche de la deuxième étape du forum, « une occasion unique qui ne doit pas être ratée ».  Pour qu’elles soient efficaces, les négociations politiques, a-t-il estimé, doivent être assorties d’efforts de réconciliation communale et de rétablissement de la confiance entre les populations locales.  Un appui international est également nécessaire pour répondre aux racines complexes du conflit, grâce à des stratégies de développement économique, de réduction des risques de catastrophe et d’amélioration de la résilience.  Les femmes et les jeunes doivent être pleinement impliqués pour pouvoir obtenir des résultats durables, a ajouté le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le retrait prématuré de l’AMISOM serait un « cadeau » fait aux Chabab, affirme le Représentant spécial pour la Somalie

8165e séance – matin
CS/13175

Conseil de sécurité: le retrait prématuré de l’AMISOM serait un « cadeau » fait aux Chabab, affirme le Représentant spécial pour la Somalie

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. Michael Keating, a souligné, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le rôle fondamental de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) pour la sécurité de ce pays et mis en garde contre son retrait prématuré, qui serait un véritable « cadeau » fait aux Chabab.

Le Chef de l’AMISOM, M. Francisco Cateano Jose Madeira, a, lui, souhaité, dans un contexte de retrait de la Mission, une « transition responsable », les forces somaliennes n’étant pas en mesure, selon lui, de prendre le relais de l’AMISOM.

M. Keating, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur la Somalie, a affirmé que les Chabab demeuraient une menace sérieuse pour la Somalie, « en dépit ou peut-être en raison » des revers qu’ils ont enregistrés suite aux pressions financières, aux opérations antiterroristes et aux frappes aériennes qui les visent.

Selon la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), dont M. Keating est le Chef, sur les 18 mois courant jusqu’à octobre 2017, 2 078 civils ont été tués, la grande majorité des mains des Chabab.

« Vaincre les Chabab nécessitera à la fois une stratégie militaire et une stratégie politique, l’emploi de carottes et de bâtons, ainsi que des efforts accrus pour remédier aux manques dont tirent profit les extrémistes pour asseoir un semblant de crédibilité », a-t-il affirmé.

M. Keating a, toutefois, déclaré que l’AMISOM, dont les efforts ont créé l’espace ayant permis les récents progrès observés dans le pays, ne pouvait pas rester « indéfiniment ».  Il a ainsi exhorté les autorités somaliennes, l’Union africaine et les partenaires internationaux, à assurer, en 2018, l’opérationnalisation du secteur de la sécurité en Somalie et garantir son acceptation sur le plan politique.

Cela devrait permettre le transfert graduel des responsabilités assumées aujourd’hui par l’AMISOM aux mains des forces de sécurité somaliennes et d’asseoir le monopole de l’usage de la force du Gouvernement fédéral et des États fédérés, dans le respect de l’Architecture nationale de sécurité, a-t-il expliqué. 

M. Keating a en effet estimé que la situation actuelle, marquée par une fragmentation et une privatisation fréquente des responsabilités sécuritaires, ainsi que par l’absence d’une reddition de comptes, n’était pas « tenable ».  Il a cependant indiqué que les autorités fédérales et fédérées étaient convenues de développer un plan de transition pour le premier trimestre 2018, assorti de cibles et d’un calendrier clairs.

Ce plan devrait concerner non seulement la transition militaire, mais aussi l’état de droit et le renforcement de la gouvernance locale, qui sont des éléments essentiels pour préserver les gains sécuritaires et asseoir la crédibilité de l’État, a-t-il expliqué.  M. Keating a ajouté que ce plan permettrait de définir le soutien futur apporté au secteur sécuritaire somalien et à l’AMISOM.

Le Représentant spécial a noté que ce plan avait connu un début difficile.  L’examen de la préparation opérationnelle de l’Armée nationale et de la Police nationale somaliennes, conduit par le Gouvernement somalien, a, en effet, révélé de nombreuses lacunes et souligné l’énorme défi consistant à traduire dans les faits l’Architecture nationale de sécurité, a-t-il dit.

M. Keating a, néanmoins, mentionné les progrès enregistrés, tels que l’intégration des 2 400 membres des forces de défense du Puntland dans l’armée somalienne, « un éventuel modèle d’intégration pour le pays », ou bien encore le développement par chaque État Membre d’un plan sur leurs forces de police.

M. Madeira, qui est également Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine, a déploré, qu’en dépit des défis auxquels font face l’AMISOM et la Somalie, le nombre de contingents de la Mission ait décliné, pour n’atteindre que 20 587 après une réduction initiale de ses effectifs en 2017. 

Alors que la Mission se prépare à se retirer de Somalie, M. Madeira a rappelé que l’« évaluation opérationnelle franche » menée par le Gouvernement fédéral avait conclu que l’armée nationale n’était pas encore en mesure de prendre le relais de l’AMISOM.  Il faut remédier aux lacunes actuelles avant d’effectuer la transition de manière responsable, a-t-il déclaré.

« Nous continuerons de jouer un rôle de mentorat jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour permettre de le faire », a assuré M. Madeira.  « Il nous faut maintenant une vision commune de façon à ce que nous puissions tous nous rallier au plan de transition, pour permettre aux institutions somaliennes chargées de la sécurité de reprendre, de façon coordonnée et stratégique, la responsabilité principale de la sécurité. » 

Enfin, M. Madeira a déclaré que l’AMISOM coopérera avec l’armée nationale pour mener des « opérations musclées » contre les Chabab, « dont la réussite dépendra toutefois des moyens mis à disposition de l’AMISOM, notamment des multiplicateurs de force ». 

De son côté, le délégué de la Somalie, M. Abukar Dahir Osman, a insisté sur les progrès faits par son pays, notamment s’agissant de la relation « forte » entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la Fédération, comme en témoigne la « tournée de la paix » actuelle du Président Farmajo dans les régions centrales du pays.

Les États membres de la Fédération ont noué une coopération étroite pour le redressement économique et la lutte contre la corruption, a-t-il assuré.  M. Keating, dans son exposé, avait, lui aussi, loué la relation « stabilisée » entre l’État fédéral et les États fédérés, même si la configuration de la structure fédérale du pays fait l’objet « d’un débat vigoureux ».

Le représentant somalien a par ailleurs réaffirmé l’engagement de son gouvernement à mettre en place des élections démocratiques, transparentes et crédibles avant 2020 et 2021, répondant aux inquiétudes de M. Keating, qui avait exhorté les acteurs politiques somaliens à respecter l’état de droit et à s’abstenir de toute violence.

M. Osman a également déclaré que l’embargo actuel sur les armes sur la Somalie était un obstacle majeur à la mise en place effective « de notre ambitieuse réforme du secteur de la sécurité ».  Le cadre de l'embargo sur les armes doit être étroitement aligné sur l'Architecture nationale de sécurité, a-t-il demandé.

À l’instar de M. Keating, le délégué de la Somalie a enfin souligné l’acuité de la crise humanitaire en Somalie, 6,2 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire.  Le risque de famine, conjuré en 2017 grâce notamment à des dons sans précédent, existe toujours en 2018, a averti le Représentant spécial.

Les délégués de la Bolivie et du Pérou ont également pris la parole, le premier pour souhaiter une pleine appropriation nationale du processus de réforme du secteur de la sécurité, tandis le second a plaidé pour une « transition graduelle » des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux autorités somaliennes.

« Il est important d’aller vers une révision constitutionnelle pour résoudre les questions centrales du conflit », a déclaré le délégué péruvien, en saluant à cet égard l’adoption d’une feuille de route.  Enfin, les deux délégations ont souhaité un financement prévisible et durable de l’AMISOM et prôné une bonne coordination entre l’AMISOM, la MANUSOM et le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).

*S/2017/1109

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie présente un texte sur un nouveau mécanisme d’enquête sur les armes chimiques en Syrie et la France, « un nouveau partenariat »

8164e séance – après-midi   
CS/13174

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie présente un texte sur un nouveau mécanisme d’enquête sur les armes chimiques en Syrie et la France, « un nouveau partenariat »

Après les nouvelles allégations sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie qui aurait fait hier plus de 20 victimes dans la Ghouta orientale, la Fédération de Russie a obtenu aujourd’hui du Conseil de sécurité la convocation d’une réunion pour présenter un projet de résolution sur un nouveau mécanisme d’enquête, en remplacement de celui de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU dont elle avait rejeté la prorogation, le 17 novembre dernier. 

Des consultations officieuses tenues hier, le représentant russe a dit avoir retenu que beaucoup de membres du Conseil de sécurité sont disposés à créer une nouvelle structure d’enquête sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie pour remplacer le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU « qui a échoué, tant sur le plan scientifique que sur le plan technique » et qui était devenu « un outil de manipulation politique » .

Le représentant a donc soumis un projet de résolution sur la création d’un nouvel organe international d’enquête qui, sur la base de données fiables, permettrait d’établir la vérité sur l’emploi de substances toxiques comme armes en Syrie et ailleurs.  Il n’a pas oublié d’accuser les États-Unis d’imputer un peu vite au Président Bashar Al-Assad la dernière attaque dans la Ghouta orientale.

Nous n’accepterons aucune proposition de la Fédération de Russie tant qu’elle continuera à manipuler les faits, a prévenu la représentante des États-Unis.  Quand la Fédération de Russie n’aime pas les faits, a-t-elle dénoncé, elle essaie de les manipuler et de détourner notre attention.  La représentante a fait observer que la délégation russe a demandé une réunion du Conseil alors que se tenait à Paris des discussions sur l’utilisation d’armes chimiques. 

La France, a expliqué son représentant, a proposé « un nouveau partenariat international contre l’impunité pour l’utilisation d’armes chimiques », que ce soit par des États ou des acteurs non étatiques, dont les grandes lignes sont la transmission et l’échange d’informations sur les auteurs d’attaques à chaque fois que c’est possible; l’engagement d’adopter des sanctions nationales ou internationales contre les entités ou les individus concernés; l’assistance au renforcement des capacités des États volontaires en matière de désignation et de sanctions; et la publication d’une liste unique et consolidée des noms des personnes impliquées dans ces attaques. 

Le représentant français a estimé que les consultations que le Conseil de sécurité a tenues hier avaient montré que les « prétendues alternatives proposées par la Russie » n’avaient pas reçu l’assentiment de la majorité.  Le « nouveau partenariat », a-t-il précisé, ne vise pas à se substituer aux mécanismes d’enquête mis en place par l’ONU, mais à compléter l’architecture existante dont le Mécanisme d’établissement des faits.  Il ne s’agit pas, a-t-il souligné, d’un « instrument antisyrien, ni d’un club restreint de pays », puisque tous les pays qui le souhaitent peuvent y adhérer en souscrivant à sa Déclaration de principes.  Une trentaine de pays s’y sont joints à Paris.

Son homologue russe a prévenu qu’aucun partenariat ou mécanisme d’enquête indépendant ne serait légitime tant qu’il n’aura pas été entériné par le Conseil de sécurité.  Si vous voulez un mécanisme d’enquête sérieux, alors examinez notre projet de résolution, a-t-il conseillé. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a expliqué qu’il a demandé cette réunion de dernière minute parce que le sujet lui semble suffisamment important pour qu’il soit abordé en séance publique.  Des consultations officieuses tenues hier, le représentant a dit avoir retenu que beaucoup de membres du Conseil de sécurité sont disposés à créer une nouvelle structure d’enquête sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie pour remplacer le Mécanisme d’enquête conjoint.  Le représentant s’est dit prêt à en discuter, compte tenu de son attachement à faire toute la lumière sur cette question.  Le Mécanisme d’enquête conjoint a échoué, a-t-il tranché, tant sur le plan scientifique que sur le plan technique.  Ce Mécanisme, a-t-il ajouté, était devenu un outil de manipulation politique. 

Le représentant a rappelé qu’il a présenté au Conseil de sécurité les conclusions des experts russes, des conclusions qui ont été critiquées par certains États Membres alors que « nous avons pourtant essayé de rester professionnels ».  Notre position tient la route, a insisté le représentant qui a invité les membres du Conseil à prendre connaissances des documents que sa délégation a distribués hier.  Il a dénoncé les nouvelles accusations « non fondées » lancées aujourd’hui par le Département d’État américain, prétendant que son pays fait obstacle aux enquêtes.

La Fédération de Russie maintient sa position: elle exige des enquêtes crédibles et espère que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) enverra ses experts en Syrie pour inspecter les entrepôts d’armes chimiques découverts par le Gouvernement syrien.  Le représentant a dénoncé le fait que les États-Unis et le Royaume-Uni aient tout de suite imputé à Damas l’utilisation récente d’armes chimiques, y compris à la Goutta orientale.  Il faut vérifier les faits, a-t-il conseillé, en accusant, à son tour, certains États de vouloir imposer à l’OIAC des décisions contre Damas. 

Le représentant a proposé la création d’un nouvel organe international d’enquête qui, sur la base de données fiables, permettrait d’établir la vérité sur l’emploi de substances toxiques comme armes en Syrie et ailleurs.  La Fédération de Russie, a-t-il annoncé, a préparé un projet de résolution en ce sens et invite les membres du Conseil à l’étudier.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) s’est étonnée que la Fédération de Russie ait demandé cette réunion alors qu’elle a exercé à trois reprises son droit de veto contre le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  La Fédération de Russie, a-t-elle conseillé, devrait « se regarder dans la glace » avant de nous réunir.  La représentante a fait observer que cette réunion intervient alors qu’une réunion s’est tenue aujourd’hui à Paris sur l’utilisation d’armes chimiques.  Elle est revenue sur la dernière attaque chimique en Syrie, cette semaine, et a estimé que ce n’est pas un hasard si cette attaque s’est déroulée là où le régime de Damas veut gagner la guerre.  La Fédération de Russie est complice « des atrocités d’Assad », a accusé la représentante, ajoutant « La Fédération de Russie n’a jamais demandé de compte à Assad ».  La représentante a promis que son pays veillera à ce que ceux qui ont utilisé des armes chimiques soient tenus pour responsables de leurs actes. 

Quand la Fédération de Russie n’aime pas les faits, elle essaie de les manipuler et de détourner notre attention, a-t-elle estimé.  Une fois de plus, a-t-elle poursuivi, la Fédération de Russie fait des affirmations trompeuses pour brouiller les pistes.  Nous n’accepterons aucune proposition russe tant que la Fédération de Russie continuera à manipuler les faits.  « Nous voulons faire toute la lumière sur les actes du régime d’Assad », a prévenu la représentante.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé que le Conseil de sécurité se réunit après une nouvelle attaque chimique alléguée, qui aurait fait plus de 20 victimes à la Ghouta orientale, dont des femmes et des enfants, « de surcroît dans une zone de désescalade ».  S’avouant très préoccupé par la persistance de ce type d’attaques, le représentant a dit étudier avec attention tous les éléments disponibles et attendre que les mécanismes internationaux d’enquêtes qui sont opérationnels, en premier lieu la Mission d’établissement des faits, fassent la lumière sur les circonstances de cette attaque.

Le représentant s’est ensuite attaché à « remettre les choses en perspective », rappelant notamment que le monde commémore cette année le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, lors de laquelle avaient été utilisées pour la première fois de l’Histoire des armes chimiques produites en quantité industrielle, responsables de la mort atroce de 88 000 combattants alors que 1 240 000 d’autres étaient gravement blessés.  Or, « 100 ans plus tard, ce fléau continue de sévir », a ajouté M. Delattre, qui a rappelé plusieurs attaques chimiques perpétrées en Syrie, dont celle du 4 avril dernier, clairement attribuée par le Mécanisme d'enquête conjoint au régime syrien, ce que la France « a confirmé de manière indépendante ».

Rappelant aussi d’autres attaques chimiques commises en Iraq ou en Malaisie, M. Delattre a jugé inacceptable qu’on « laisse l’usage de ces armes odieuses se banaliser ».  Ces attaques accroissent le risque de terrorisme chimique, fragilisent le régime d’interdiction des armes chimiques mais aussi tous les régimes de non-prolifération.  Elles sapent l’autorité du droit international et remettent en cause des décennies d’efforts multilatéraux.  Ceux qui font obstacle à nos efforts de lutte contre l’impunité instaurent une immunité de fait pour les auteurs de ces attaques chimiques, a poursuivi le représentant.

C’est pourquoi la France a proposé « un nouveau partenariat international contre l’impunité pour l’utilisation d’armes chimiques », que ce soit par des États ou des acteurs non étatiques, a déclaré M. Delattre, qui en a présenté les grandes lignes: la transmission et l’échange d’informations sur les auteurs d’attaques à chaque fois que c’est possible; l’engagement d’adopter des sanctions nationales ou internationales contre les entités ou les individus concernés; l’assistance au renforcement des capacités des États volontaires en matière de désignation et de sanctions; et la publication d’une liste unique et consolidée des noms des personnes impliquées dans ces attaques.  Rappelant que des « vetos russes répétés » avaient l’an passé empêché le renouvellement du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU, que les consultations tenues hier avaient montré qu’une « écrasante majorité du Conseil » ne pouvait accepter l’impasse actuelle et que les « prétendues alternatives proposées par la Russie » n’avaient pas reçu l’assentiment de la majorité dudit Conseil, M. Delattre a insisté sur le fait que ce partenariat ne visait pas à se substituer aux mécanismes d’enquête mis en place par l’ONU, mais à compléter l’architecture existante.

M. Delattre a également affirmé qu’il ne s’agissait pas d’un « instrument antisyrien, ni d’un club restreint de pays », puisque tous les pays qui le souhaitent peuvent y adhérer en souscrivant à sa Déclaration de principes.  Le représentant a annoncé que la France avait pris une série de mesures de gel des avoirs concernant des réseaux impliqués dans des programmes de prolifération d’armes chimiques en Syrie.  Il a répété que c’est « à Vienne et à Genève, dans un cadre onusien », que nous devons avancer vers une solution politique en Syrie et que la mise en œuvre de la résolution 2254 passe par le mise en place d’un « environnement neutre » à même de garantir un changement constitutionnel et des élections libres.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a fait part d’une satisfaction certaine lorsqu’il a entendu que la Fédération de Russie demandait une réunion sur les armes chimiques en Syrie, parce que le Conseil se doit d’examiner de nouveau cette question à la lumière des informations fournies hier sur l’utilisation d’armes chimiques dans la Ghouta orientale.  Rappelant que l’OIAC avait conclu à l’utilisation de chlore et de gaz sarin contre des civils à plusieurs reprises en Syrie, le représentant s’est dit préoccupé et a fait observer que ce sont ces attaques qui ont conduit à l’adoption de la résolution 2118 sur l’interdiction des armes chimiques en Syrie.  Mais quand « le régime d’Assad » se soustrait à ses obligations, la Fédération de Russie vole à son secours en accusant « les autres ». 

À plusieurs reprises, a encore dénoncé le représentant, la Fédération de Russie a prévenu qu’elle n’appuierait aucun mécanisme d’enquête qui pourrait accuser un État Membre des Nations Unies.  Compte tenu de l’influence considérable que ce pays a sur « le régime d’Assad », le Royaume-Uni, a dit le représentant, lui demande de pousser ce régime à renoncer aux armes chimiques.  Il s’est dit conscient que dans certains cas, Daech a utilisé ces armes et a fermement condamné de telles violations flagrantes du droit international avant d’exiger qu’un nouveau mécanisme d’établissement des responsabilités soit mis en place.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), a prévenu que l’établissement des responsabilités dans l’utilisation d’armes chimiques en Syrie n’est pas négociable.  Mon pays s’emploiera à combler le « vide de responsabilité » laissé par le démantèlement du Mécanisme d’enquête conjoint, a-t-il ajouté, avant d’exhorter le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités.  Il s’est tourné vers la Fédération de Russie pour lui demander d’user de son influence auprès du régime syrien pour qu’il s’abstienne de toute attaque à l’arme chimique, reconnaisse qu’il a utilisé cette arme et complète sa déclaration dans le cadre de la Convention sur les armes chimiques.  « L’impunité ne saurait triompher », a dit le délégué qui a annoncé que son pays rechercherait des mesures complémentaires et non de substitution à celles du Conseil.  Il a salué l’initiative du « nouveau Partenariat » de la France qui selon lui représente un engagement politique pour exercer une pression accrue sur les responsables.  Le représentant a conclu en répétant que renvoyer la situation en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI) est la meilleure façon de faire en sorte que les crimes graves commis en Syrie ne restent pas impunis.

M. OLOF SKOOG (Suède) a condamné le recours aux armes chimiques qui est un crime de guerre.  Il faut traduire en justice les auteurs, étatiques et autres, a-t-il martelé, avant de préciser que c’est pour cette raison que son gouvernement a participé aujourd’hui à la réunion de Paris sur l’utilisation d’armes chimiques.  Il a jugé regrettable que le Conseil de sécurité n’ait pas pu proroger le mandat du Mécanisme d’enquête conjoint et a souhaité qu’il s’exprime désormais d’une seule voix sur l’utilisation d’armes chimiques.  Cela devrait être possible si tout le monde travaille de bonne foi et si le Conseil de sécurité assume pleinement ses responsabilités, a-t-il estimé.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est dite préoccupée par les allégations d’hier sur l’utilisation d’armes chimiques dans la Ghouta orientale.  Il faut que les auteurs de ces crimes soient tenus pour responsables de leurs actes, a-t-elle exigé.  La représentante a dit appuyer toute mesure visant à combler le vide créé par la disparition du Mécanisme d’enquête conjoint et souligné que l’impunité n’a pas sa place dans ce domaine.  Rappelant que le Conseil de sécurité a la responsabilité de créer un mécanisme pour enquêter sur les cas d’utilisation d’armes chimiques, elle a salué l’initiative de la France.

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a annoncé que son pays a dûment participé à la réunion de Paris sur le « nouveau Partenariat » qui a abouti à l’adoption d’une Déclaration de principes.  Au cours de la réunion, a expliqué le représentant, l’Ambassadeur du Pérou en France a mis l’accent sur l’alinéa 3 de la Déclaration selon lequel l’objectif n’est en aucun cas de remplacer, de reproduire ou de supplanter les mécanismes internationaux de vérification et d’enquête qui visent le même objectif.  En tant que membre du Conseil de sécurité et du Conseil exécutif de l’OIAC, le Pérou encourage ces instances à prendre les mesures nécessaires, a dit le représentant qui n’a pas oublié de condamner le fait que l’utilisation des armes chimiques ne fasse l’objet d’aucune poursuite, ce qui sape les régimes internationaux applicables et affaiblit les efforts de paix.

M. SHEN BO (Chine) s’est dit préoccupé par l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et a condamné le recours à ces armes quelles que soient les circonstances.  Le représentant a réclamé une enquête et la poursuite des auteurs en justice.  Il a salué le projet de résolution visant la création d’un nouveau mécanisme d’enquête dont la mise en place est « indispensable ».  Le dossier des armes chimiques étant lié au règlement du conflit en Syrie, il a demandé à toutes les parties d’adopter une démarche commune et de préserver l’unité du Conseil de sécurité.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a rappelé que son pays a toujours condamné tout recours aux armes chimiques, y compris à la Ghouta orientale qui doit faire l’objet très rapidement d’une enquête afin que les responsables répondent de leurs actes devant la justice.  Le représentant a réaffirmé le soutien de son pays à l’OIAC et à la Mission d’établissement des faits mais il a aussi insisté sur la nécessité de se doter de mécanismes d’enquête aux mandats clairs et capables de s’acquitter de leur tâche dans la neutralité, sans parti pris ni politisation.  Il faut, a insisté le représentant, éviter d’instrumentaliser le Conseil de sécurité et rechercher l’unité.  Le Conseil ne saurait devenir la caisse de résonnance d’affrontements belliqueux, a ajouté le représentant, avant de promettre d’étudier avec bienveillance la proposition russe.  Il a d’ailleurs espéré que cette proposition fera l’objet de discussions aboutissant à la mise en place d’un mécanisme d’enquête indépendant.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a dénoncé l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, en estimant que cela est d’autant plus grave que cela se fait en toute impunité.  Des armes chimiques ont été utilisées dans la Goutta orientale et il y a eu des victimes civiles, a-t-il rappelé avant de regretter que le Conseil de sécurité ne soit pas parvenu à un consensus sur le renouvellement du mandat du Mécanisme d’enquête conjoint.  Il n’y a donc plus d’outil pour établir les responsabilités en Syrie et traduire en justice les coupables, s’est-il indigné.  Le Koweït, a-t-il poursuivi, condamne fermement toute utilisation d’armes chimiques et exige que les coupables rendent des comptes, qu’il s’agisse d’acteurs étatiques ou non étatiques.  Mon pays croit aussi, a-t-il ajouté, qu’il faut trouver un mécanisme consensuel.  Il s’est donc félicité de l’initiative de la France sur le « nouveau Partenariat ».  Il a jugé crucial que le Conseil affiche un front uni lorsqu’il traite de questions qui hypothèquent la paix et la sécurité internationales.  Un nouveau mécanisme doit être mis en place au plus tôt, a insisté le représentant.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a indiqué que son pays a signé aujourd’hui la Déclaration de principes de Paris et s’est dit favorable à la création d’un nouveau mécanisme.  Saluant le projet de résolution de la Fédération de Russie, il a souhaité que ce dernier contribue effectivement à identifier les responsables et à obtenir qu’ils répondent de leurs actes devant la justice.  En l’occurrence, l’inaction du Conseil de sécurité serait un mauvais signal, a prédit le représentant, avant d’insister pour que le Conseil de sécurité mette en place un nouveau mécanisme. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a fermement condamné toute utilisation d’armes chimiques, quel qu’en soit l’auteur.  S’agissant du cas de la Syrie, il a constaté qu’il n’y avait ni consensus, ni unanimité au sein du Conseil quant aux responsables de ces crimes.  Il a appelé à l’entente mutuelle et à la lutte contre l’impunité.  Il faut prendre les mesures nécessaires contre tous ceux qui ont utilisé ces armes, a-t-il préconisé, expliquant que c’est la raison pour laquelle, face à l’absence de consensus, la proposition russe mérite d’être examinée.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est dit préoccupé par les dernières informations sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  Il s’est aussi dit découragé par le manque d’unité au Conseil de sécurité, lequel ne permet pas d’affronter la menace.  Soulignant la nécessité de créer un nouveau mécanisme d’enquête, le représentant a salué la proposition de la Fédération de Russie.  Ce mécanisme doit être le bon dès le départ avec un mandat « limpide » pour éviter tout doute sur son travail, a averti le représentant.

Redemandant la parole après les propos tenus par la délégation américaine, M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a tenu à préciser la position de son pays, à savoir qu’aucun partenaire ou mécanisme d’enquête indépendant ne serait légitime s’il n’est pas entériné par le Conseil de sécurité.  Dépassons les divergences et dialoguons pour essayer de recouvrer l’unité perdue du Conseil, a-t-il conseillé.  Accusant tout de même les États-Unis de rejeter un mécanisme indépendant et d’imputer toutes les attaques au régime syrien, dont la dernière dans la Ghouta orientale « qui n’a même pas pu être vérifiée à ce stade », le représentant a dit ne pas être surpris que ces allégations surgissent à la veille du Dialogue de Sotchi.  Si vous voulez un mécanisme d’enquête sérieux, alors examinez notre projet de résolution, a-t-il proposé à son homologue américaine.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Mali: à l’approche des élections, « course contre la montre » pour mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation

8163e séance – matin
CS/13173

Mali: à l’approche des élections, « course contre la montre » pour mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation

« Le temps presse et nous sommes lancés dans une course contre la montre au Mali », a prévenu, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, qui a plaidé devant le Conseil de sécurité pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, signé à Bamako en juin 2015.  Le Ministre malien des affaires étrangères et de la coopération internationale, M. Tiéman Hubert Coulibaly, a également participé à la réunion.

Le Mali fait face à une insécurité grandissante qui, au cours de l’année écoulée, a coûté la vie à des centaines de civils, ainsi qu’à plusieurs dizaines d’éléments des forces de défense et de sécurité maliennes, de Casques bleus et d’éléments de l’opération Barkhane, a rappelé M. Lacroix.

Cette insécurité a de lourdes conséquences pour la population.  « Les acteurs humanitaires estiment qu’en 2018, 4,1 millions de Maliens, soit 22% de la population, seront en situation d’insécurité alimentaire, une proportion encore plus élevée dans les régions du nord et du centre, où 30 à 40% de la population serait affectée », a fait observer le haut fonctionnaire.

Dans ce contexte, la mise en œuvre intégrale de l’accord de Bamako constitue une condition sine qua non, a analysé M. Lacroix.  Or, plus de deux ans après sa signature, le fait que la stratégie de développement des régions du nord n’ait toujours pas été approuvée « prive une large portion des populations du nord des dividendes tant attendus de la paix ». 

Le Secrétaire général adjoint s’est donc félicité de pouvoir annoncer l’adoption, lors de la dernière réunion du Comité de suivi de l’Accord, les 15 et 16 janvier, d’un « chronogramme d’actions prioritaires » à entreprendre pour accélérer sa mise en œuvre.  Il devrait permettre de progresser, d’ici à la fin du mois de mars, dans les arrangements institutionnels et sécuritaires, mais aussi de relancer le chantier de la zone de développement des régions du nord, une des régions les plus touchées par la violence avec le centre.

À l’approche de l’élection présidentielle prévue mi-juillet, puis des élections parlementaires de novembre et décembre, il importe donc que le Gouvernement et les mouvements signataires de l’Accord redoublent d’efforts pour respecter ce nouvel échéancier, a prévenu M. Lacroix.  

Le Chef de la diplomatie malienne a, pour sa part, assuré que son gouvernement œuvrait au maintien du climat de confiance entre les parties signataires et avait élaboré à cette fin « un projet de loi pour l’entente nationale ».  Son ambition: « Reconstruire le tissu social et l’unité nationale et conforter la réconciliation entre Maliens » au travers, notamment, de l’exonération de poursuites judiciaires pour tous les membres d’une rébellion armée qui « n’ont pas de sang sur les mains »; des mesures d’apaisement après l’accélération des poursuites en cours et les réparations accordées aux victimes reconnues; et un programme de réinsertion pour tous ceux qui déposent les armes et « s’engageront publiquement à renoncer à la violence ».

Rappelant les responsabilités du Conseil de sécurité vis-à-vis de l’Accord de paix, le représentant de la France a estimé que des mesures de sanctions supplémentaires contre les « individus responsables de blocage » pourraient être envisagées, « à défaut de voir les engagements respectés », une hypothèse également évoquée par son homologue des États-Unis.

La Fédération de Russie a en revanche mis en garde contre les « dommages collatéraux » que peuvent entraîner un durcissement du régime de sanctions applicables au Mali et des risques que pose pour les parties concernées le fait d’« agiter ce bâton ».

De la Côte d’Ivoire à la Bolivie, en passant par le Pérou et la Chine, plusieurs voix se sont élevées aujourd’hui pour s’alarmer du manque d’équipement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont le plafond autorisé pour les personnels en tenue n’a toujours pas été atteint, en dépit d’un environnement sécuritaire marqué par la multiplication d’attaques terroristes meurtrières.

Le représentant de la Côte d’Ivoire, inquiet de la grave détérioration de la sécurité dans le centre du pays, a souhaité l’opérationnalisation « à très court terme » de la force d’intervention rapide de la MINUSMA, qui a en outre cruellement besoin d’une « unité d’hélicoptères de transport moyen armés pour le secteur Nord », comme le précise le rapport du Secrétaire général présenté par M. Lacroix.

Alors que la résolution 2364 (2017), adoptée le 29 juin 2017, priait le Secrétaire général d’élaborer, dans un délai de 180 jours, un plan stratégique prévoyant l’« exécution échelonnée » du mandat de la MINUSMA et la présentation d’un « plan de transition », M. Lacroix a estimé aujourd’hui que, pour un « impact maximal », il serait préférable que ces deux éléments bénéficient des résultats de l’« examen stratégique » imminent de la Mission.

En attendant, les membres du Conseil ont salué à la suite du Secrétaire général adjoint la conduite des deux premières opérations militaires menées par la Force conjointe du G5 Sahel, qui bénéficie d’un « appui opérationnel et logistique spécial » de la part de la MINUSMA depuis le 8 décembre dernier.  La Suède a toutefois souligné l’importance que ce soutien n’empiète pas sur l’exécution de son propre mandat par la Mission.

LA SITUATION AU MALI

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2017/1105)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a estimé que l’adoption, lors de la dernière réunion du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les 15 et 16 janvier, d’un « chronogramme » d’actions prioritaires à mettre en œuvre dans le cadre de l’Accord constituait une étape importante.  Il comporte toute une série de mesures qui devraient permettre, d’ici à la fin du mois de mars, de progresser dans les arrangements institutionnels, notamment la mise en conformité du Code des collectivités territoriales avec l’Accord de paix, l’opérationnalisation des autorités intérimaires et les collèges transitoires, ainsi que les collectivités territoriales dans les régions de Ménaka et Taoudenit.  « Le chronogramme pourrait aussi permettre de faire des progrès dans les arrangements sécuritaires et de relancer le chantier de la mise en place de la zone de développement des régions du nord », a précisé le haut fonctionnaire.

Cependant, a relevé M. Lacroix, il importe désormais, à moins de six mois de l’élection présidentielle prévue à la mi-juillet, que le Gouvernement et les mouvements signataires fassent tout leur possible pour respecter ce nouvel échéancier.  Le Secrétaire général adjoint a rappelé qu’il y a près d’un an, le 10 février 2017, une réunion ministérielle de haut niveau du Comité de suivi de l’accord avait abouti à une feuille de route pour la mise en place des autorités intérimaires et le démarrage des patrouilles mixtes, ainsi qu’à la création d’un cadre de concertation permanent entre les parties signataires, la médiation internationale, et les partenaires clefs.  « Malheureusement, force est de constater aujourd’hui que ces mesures n’ont pas été suivies d’effet », a-t-il regretté.

M. Lacroix a salué le fait que le premier déplacement de Soumeylou Boubeye Maiga, le nouveau Premier Ministre du Mali nommé le 30 décembre 2017, ait été réservé à l’Algérie, chef de file de la médiation.  Selon lui, il faut espérer que les consultations menées avec les autorités algériennes permettront d’impulser la dynamique attendue avec les autres parties signataires en vue de surmonter les divergences constatées ces derniers mois.  « Je voudrais souligner en particulier la controverse suscitée par la promulgation du Code des collectivités territoriales ainsi que les divergences persistantes sur la question des quotas et des critères d’intégration indispensables pour le lancement du cantonnement et de la réforme du secteur de la sécurité », a précisé le Secrétaire général adjoint.

Il est également à espérer, a poursuivi M. Lacroix, que les consultations constructives entre les parties en amont de la réunion du Comité de suivi de l’Accord des 15 et 16 janvier leur permettront dans les jours qui viennent de respecter le calendrier conclu lors de cette réunion.  « Ceci est indispensable pour garantir une cohérence entre l’accord de paix et le cadre juridique sur la décentralisation et poser les jalons pour la tenue, dans des conditions de sécurité optimales, des élections locales et régionales au mois d’avril 2018. »  M. Lacroix a par ailleurs encouragé les parties signataires à consacrer les mois à venir à l’élaboration d’une feuille de route énonçant leur vision des nouvelles institutions maliennes de défense et de sécurité et les différentes étapes de la réforme.  « Un consensus sur les étapes à venir permettrait le lancement de processus de cantonnement et de démobilisation, désarmement et réintégration et de favoriser ainsi la réduction de l’insécurité dans les régions du nord », a-t-il estimé.

Le temps presse et nous sommes confrontés à une course contre la montre constante au Mali, a prévenu le haut fonctionnaire.  Le pays fait face à une insécurité grandissante qui a coûté la vie à des centaines de civils, ainsi qu’à plusieurs dizaines d’éléments des forces de défense et de sécurité maliennes, de Casques bleus et d’éléments de l’opération Barkhane au cours de l’année écoulée.  Le fait que, plus de deux ans après la signature de l’Accord de paix, le projet de stratégie de développement des régions du nord n’ait pas été approuvé prive une large portion des populations du nord des dividendes tant attendus de la paix.  « Les acteurs humanitaires estiment qu’en 2018, 4,1 millions de Maliens, soit 22% de la population, seront en situation d’insécurité alimentaire, une proportion encore plus élevée dans les régions du nord et du centre, où 30 à 40% de la population serait affectée », a fait observer le Secrétaire général adjoint.

L’objectif doit être à présent de créer les conditions propices à la tenue des élections et à la poursuite du processus de paix.  M. Lacroix a insisté sur la nécessité d’encourager le Gouvernement à lancer la mise en œuvre de mesures phares de l’accord, à savoir la décentralisation et la réforme du secteur de la sécurité.   Devant l’aggravation continue de la situation dans le centre du pays, cible d’attaques terroristes répétées, la MINUSMA a renforcé son soutien aux forces de défense et de sécurité maliennes après la signature d’un mémorandum d’accord avec le Gouvernement, le 8 novembre dernier.  Le Secrétaire général adjoint a aussi salué les progrès réalisés dans l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, qui a lancé sa deuxième opération, ainsi que la mise en place par le Secrétariat du G5 Sahel d’une cellule de coordination pour superviser les opérations de la Force conjointe

Les partenaires au développement intensifient également leurs efforts, a noté M. Lacroix.  Depuis octobre 2017, le Fonds pour la consolidation de la paix a lancé quatre projets axés sur les régions de Mopti et de Ségou pour un montant total de 8 millions de dollars.  « Ces projets visent à renforcer la participation des femmes et des jeunes aux efforts de réconciliation et à prévenir les conflits intercommunautaires, notamment en rétablissant les mécanismes traditionnels de médiation des conflits », a expliqué le Secrétaire général adjoint.  

Cinq ans après la création de la Mission et deux ans et demi après la signature de l’Accord de paix, il est temps de réévaluer les hypothèses qui sous-tendent la présence de la MINUSMA, de revoir ses principales missions à la lumière des progrès accomplis sur le terrain dans le cadre d’un examen stratégique complet, a encore estimé le Secrétaire général adjoint.  Alors que la résolution 2364 (2017) priait le Secrétaire général d’élaborer, dans un délai de six mois, un plan stratégique prévoyant l’exécution échelonnée du mandat de la MINUSMA et la présentation d’un plan de transition, M. Lacroix a estimé que pour assurer un « impact maximal », il serait préférable que ces deux éléments bénéficient des résultats de l’examen stratégique qui doit être conduit dans les prochaines semaines.  C’est la décision qui a été prise, a-t-il conclu.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a regretté que, plus de deux ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, beaucoup reste à faire pour assurer sa pleine mise en œuvre.  Il est plus que jamais temps que toutes les parties progressent dans la réalisation de leurs engagements respectifs, a-t-il poursuivi, soulignant que la fenêtre d’opportunité est étroite, à l’approche des échéances électorales prévues pour 2018.  Dans ce contexte, M. Delattre a salué l’engagement renouvelé en ce sens du Gouvernement malien et des mouvements signataires, à travers l’adoption, il y a quelques jours, d’un chronogramme « d’urgence » détaillant un calendrier précis de réalisation des engagements de chacun d’ici à la fin du mois de mars.  « Il importe désormais de passer de la parole aux actes », a exigé le représentant en insistant sur l’impératif de décentralisation, l’adoption d’une loi portant création d’une police territoriale et la dotation des autorités intérimaires des moyens humains, techniques et financiers adéquats, sans oublier la lutte contre l’impunité.

Rappelant la responsabilité du Conseil de sécurité de prendre les mesures nécessaires pour encourager les parties à se conformer aux engagements pris sous l’accord de paix, M. Delattre a estimé qu’au-delà du régime de sanctions adopté en septembre dernier, d’autres mesures complémentaires devront être envisagées à défaut de voir ces engagements respectés.  « Chacune des parties maliennes doit aujourd’hui faire face à ses responsabilités », a-t-il averti après avoir évoqué la possibilité de mise sous sanction d’individus responsables de blocage.

Saluant les progrès dans l’opérationnalisation de la Force conjointe G5 Sahel, il a indiqué qu’à New York, la priorité doit être de tout mettre en œuvre pour que l’accord technique prévu par la résolution 2391 (2017) puisse être signé en amont de la conférence des donateurs qui se tiendra à Bruxelles le 23 février, afin que cette dernière puisse mobiliser les ressources nécessaires au financement du soutien de la MINUSMA à la Force conjointe.  Ce financement transitera par un mécanisme hébergé par l’Union européenne et devra être alimenté par des contributions internationales.

Enfin, l’établissement d’un cadre de conformité solide en matière de respect des droits de l’homme demeure, pour la France, une condition importante du succès des opérations du G5 Sahel.  Pour M. Delattre, un tel cadre est « le meilleur moyen de s’assurer l’éligibilité de la Force conjointe au soutien de la MINUSMA ».  En conclusion, le représentant a estimé que le Mali et le Sahel constituent un véritable laboratoire du maintien de la paix, qui offre l’opportunité de travailler à mettre en place une articulation vertueuse entre une opération onusienne et une opération africaine, à condition que chacun dispose des outils et du soutien nécessaire de la part de la communauté internationale.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est félicité des progrès importants accomplis sur le plan politique au Mali, avec notamment la cessation définitive des hostilités entre les groupes armés grâce à la signature d’un « accord » qui permet la reprise du dialogue en vue de la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix et de la réconciliation.  Le représentant a salué les efforts du Gouvernement et du Président du Mali pour y parvenir, par le biais d’un plan national et de mesures politiques fondamentales visant à la paix et à la stabilité.  Il a insisté sur l’impact qu’a eu le conflit en Libye sur la sécurité dans toute la région du Sahel, conséquence directe, selon lui, des pratiques interventionnistes et des politiques de changement de régime qui ont entraîné une militarisation de la région.  Le représentant s’est aussi préoccupé des attaques asymétriques menées par les terroristes avec des armes de petit calibre et des engins explosifs improvisés.

M. Llorentty Solíz a salué le travail de facilitation du dialogue politique effectué par la MINUSMA, ainsi que son action relative aux services consultatifs techniques et de sécurité pour les élections à venir.  La signature du mémorandum d’accord avec le Mali a été également un élément important, a-t-il ajouté.  Néanmoins, il s’est dit préoccupé par le manque de capacités matérielles, logistiques et technologiques de la Mission, qui lui sont pourtant essentielles pour mener son mandat de manière efficace.  De plus, la situation humanitaire s’est détériorée, a noté le représentant, qui a cité l’augmentation du nombre de réfugiés et de déplacés et l’insécurité alimentaire croissante.  Il a conclu en insistant sur la nécessité d’appuyer le Mali.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a demandé l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation pour le Mali, laquelle accuse un retard considérable.  Ce retard pourrait menacer la tenue des prochaines élections locales et présidentielle, a-t-il averti.  Le représentant a insisté sur l’importance de mettre l’accent sur le redéploiement de l’administration, la décentralisation et la réforme du secteur de la sécurité.  Il s’est félicité de la volonté affichée du Mali d’impliquer les États voisins, en particulier l’Algérie, dans cette mise en œuvre, avant de saluer l’Accord de cessation des hostilités conclu le 20 septembre dernier.

M. Tanoh-Boutchoue s’est inquiété de la grave détérioration de la sécurité dans le centre du Mali et a souhaité l’opérationnalisation « à très court terme » de la force d’intervention rapide de la MINUSMA ainsi que la satisfaction des besoins en hélicoptères de la Mission.  Estimant que la paix au Mali ne sera durable que dans un environnement débarrassé des groupes terroristes et criminels, le représentant a souligné l’importance pour atteindre cet objectif d’une Force du G5 Sahel efficace.  À ce titre, il s’est félicité de la convergence de vues au sein du Conseil, s’agissant de l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe G5 Sahel.  Le Conseil doit aller plus loin dans ce soutien afin d’éviter que la MINUSMA continue d’être victime des attaques terroristes, a-t-il poursuivi.  M. Tanoh-Boutchoue a « vivement » souhaité la signature de l’Accord technique entre l’ONU, l’Union européenne et les pays du G5 Sahel.  Enfin, il a souligné la nécessité de traiter les causes profondes du conflit, avant d’appeler, une nouvelle fois, les parties à mettre en œuvre de bonne foi l’Accord pour la paix et la réconciliation.

M. OLOF SKOOG (Suède) a insisté sur la lenteur des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, qui est pourtant la seule voie pour restaurer une paix durable au Mali.  Les parties doivent honorer leurs obligations contractées aux termes de l’Accord, a-t-il dit, avant de juger essentielle l’accélération de la décentralisation et de la réforme du secteur de la sécurité.  Le représentant a également demandé que soit assurée une pleine participation des femmes dans les structures de décision d’appui à la mise en œuvre de l’Accord, estimant qu’elle fait pour l’instant défaut.

M. Skoog a salué l’intention du Secrétaire général de faire la lumière sur les graves violations des droits de l’homme commises au Mali, avant de souhaiter l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  Enfin, le représentant a souligné la nécessité de réfléchir à la configuration de la MINUSMA et à sa distribution géographique dans le pays.  Le soutien de la MINUSMA à la Force conjointe ne doit pas porter préjudice à l’exécution du mandat de la Mission, a-t-il conclu.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a jugé préoccupantes la situation humanitaire et les conditions de sécurité au Mali.  Si l’établissement d’un chronogramme représente un pas dans la bonne direction, il faut accélérer le rythme des réformes, à six mois des échéances électorales, s’est alarmé le représentant, qui a notamment plaidé en faveur d’un processus de révision constitutionnelle.  Il a ensuite salué la décision récente du Secrétaire général de créer une commission d’enquête sur les violences sexuelles et sexistes commises au Mali, avant de défendre l’idée d’une approche régionale du conflit dans ce pays, qui prenne en compte l’interdépendance de fléaux tels que la criminalité transnationale organisée, le trafic de stupéfiants et le terrorisme.  De plus, les capacités opérationnelles de la MINUSMA doivent, selon M. Meza-Cuadra, être renforcées, le plafond autorisé pour les personnels en tenue n’ayant pas encore été atteint.  Pour le Pérou, il serait en outre judicieux de promouvoir un rôle plus important de l’Union africaine, par le biais de son Conseil de paix et de sécurité.  

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué les mesures positives prises par le Gouvernement malien dans les domaines de la sécurité et du développement, avant de l’encourager à accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  Il s’est dit très préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire au Mali, avant d’appeler à remédier aux causes profondes du conflit.  Toutes les parties doivent œuvrer pour améliorer la sécurité au Mali, a-t-il poursuivi.

Le représentant a salué les efforts de la Force conjointe du G5 Sahel pour lutter contre le terrorisme et demandé la finalisation de l’accord technique en appui de ladite Force conjointe, qu’il a considéré comme l’exemple d’une coopération réussie.  M. alotaibi a insisté sur les gains économiques enregistrés au Mali et demandé la mise en œuvre de la Stratégie intégrée pour le Mali afin de les préserver et de les accroître.  Enfin, il a appuyé les efforts du Secrétaire général visant à remédier aux violations des droits de l’homme commises au Mali.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est dite préoccupée de la situation au Mali et dans la sous-région.  Rappelant combien il est important de veiller à ce que, dans le cadre de la réconciliation à l’œuvre dans le pays, les femmes soient incluses dans tous les processus de prise de décisions, la représentante a salué le fait que des quotas de 35% de sièges seront réservés à des candidates aux prochaines élections parlementaires.  La représentante a ensuite souligné la nécessité de hâter la révision de la Constitution.  Mme Wronecka a en outre plaidé en faveur du soutien continu aux efforts de médiation des acteurs politiques africains, tels que l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  En conclusion, la représentante a dit attendre avec impatience les conclusions de l’examen stratégique de la MINUSMA, qui doit être lancé dans les semaines à venir.  

M. SHEN BO (Chine) a insisté sur les efforts du Gouvernement malien pour mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation, avant de déplorer la détérioration de la sécurité dans le pays.  Nous devons aider les parties maliennes à mettre en œuvre ledit Accord, a estimé le représentant, qui a en outre appelé la communauté internationale à renforcer les capacités du Gouvernement dans la lutte contre le terrorisme, avant de saluer les efforts de la Force conjointe du G5 Sahel.  L’Afrique doit jouer un rôle de chef de file dans la résolution des défis africains, a-t-il poursuivi.

M. Shen a souligné le manque de capacités de la MINUSMA et a demandé que celle-ci reçoive les équipements nécessaires.  Enfin, il a rappelé qu’il y avait 400 soldats de la paix chinois au sein de la MINUSMA et a souligné l’intention de la Chine de contribuer au développement du Mali.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a plaidé en faveur du rétablissement de l’état de droit sur l’ensemble du territoire malien.  Elle s’est, à cet égard, félicitée de la reprise de la fourniture de services de base dans les régions du centre du pays, y compris sur le plan éducatif.  Selon elle, la coopération de la MINUSMA et des autres acteurs internationaux et régionaux avec le Gouvernement malien est essentielle.  Aussi la représentante a-t-elle appuyé les efforts visant à traiter des causes profondes du conflit au Mali, sachant qu’elles prennent leurs racines dans un contexte régional.  Mme Guadey a salué la première opération militaire menée en janvier par la Force conjointe du G5 Sahel, avant d’affirmer que des mesures devaient être prises contre ceux qui font obstacle à la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix.  C’est la raison pour laquelle l’Éthiopie a souhaité que le Conseil de sécurité adresse un message d’unité à l’ensemble des acteurs concernés.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est dit préoccupé par l’absence de progrès significatifs dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, avant de rappeler que 95 Casques bleus avaient perdu la vie au Mali depuis 2013.  Toutes les parties doivent mettre en œuvre de bonne foi l’Accord, a-t-il dit, avant de souligner l’importance des prochaines élections.  Le représentant s’est félicité de la mobilisation de l’Organisation internationale de la francophonie en faveur du processus électoral, comme l’a montré la visite de l’ancien Premier Ministre de Djibouti, M. Deleita Mohamed Dileita, au Mali, en novembre dernier.  Le représentant a souligné l’importance d’une volonté politique forte des parties maliennes pour mettre en œuvre l’Accord, lutter contre les groupes terroristes et organiser des élections pacifiques.  La MINUSMA aura un rôle capital à jouer, a-t-il conclu.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), a estimé que 2018 serait une « année charnière pour le Mali », avant de présenter les élections à venir comme une opportunité importante pour renouveler la légitimité des dirigeants maliens.  Il a mis l’accent sur trois points essentiels, selon lui, à savoir l’impératif de mettre en œuvre l’accord de paix pour pouvoir réaliser la paix dans le nord du Mali; l’importance de la force conjointe G5 Sahel au centre du pays; et l’exigence d’une bonne gouvernance à Bamako.

S’agissant du nord du pays, le représentant a réaffirmé l’importance du soutien de l’Union européenne et de la MINUSMA à la mise en œuvre inclusive de l’Accord de paix.  Il a salué la nomination d’un observateur indépendant et l’adoption d’un régime de sanctions par le Conseil en vue de parvenir à des résultats tangibles en 2018.

Constatant que le Centre du Mali s’est transformé en véritable foyer du terrorisme, des violences intercommunautaires, des migrations irrégulières et du crime organisé, M. van Oosterom a noté que cette situation posait problème pour la stabilité du Mali, de la région du Sahel et de l’Europe.  Les Pays-Bas se félicitent de la mise en place de la force du G5 Sahel, mais insistent sur l’impératif d’un cadre solide dans le domaine des droits de l’homme.  Quant à la MINUSMA, la mission de maintien de la paix qui compte le plus grand nombre de victimes parmi les Casques bleus, le représentant a appelé à la doter de moyens de pointe et de personnel bien formé.

En termes de bonne gouvernance à Bamako, M. van Oosterom a plaidé en faveur d’un leadership fort pour faciliter un dialogue inclusif et transparent à la veille des élections.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a rappelé que les élections locales et présidentielle à venir ne devraient en rien retarder la mise en œuvre de l’Accord de paix, appelant toutes les parties signataires à y travailler.  Elle a souligné l’importance de hâter la réintégration de nombreux ex-combattants, comme le prévoit l’Accord, sous peine d’alimenter la méfiance et les malentendus. 

Si, dans les trois mois à venir, aucun progrès ne venait à être constaté dans l’amélioration des conditions de sécurité au Mali, il faudrait alors envisager de durcir le régime de sanctions applicables à ce pays, a préconisé la représentante.  À cette fin, une solution durable doit être trouvée pour combler les lacunes opérationnelles de la MINUSMA, laquelle doit bénéficier des personnels en tenue et des équipements nécessaires pour s’acquitter pleinement de son mandat, et pouvoir garantir la sécurité des Casques bleus comme des civils.  Mme Sison s’est enfin félicitée des efforts déployés par la Force conjointe du G5 Sahel au Mali.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a encouragé les parties à mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation dans le respect du calendrier arrêté.  Nous sommes frustrés par l’absence de progrès significatifs dans ladite mise en œuvre, a-t-il poursuivi, avertissant que « la patience du peuple malien n’est pas infinie ».  Le représentant a souligné la nécessité d’identifier les obstacles entravant la mise en œuvre de l’Accord et jugé crucial que les élections locales et présidentielle se tiennent en 2018.  Il a indiqué que le Royaume-Uni allait déployer trois hélicoptères au Sahel et fournir 17 millions de dollars supplémentaires d’aide humanitaire.

M. Hickey a ensuite insisté sur l’importance du prochain examen stratégique de la Mission, avant de se féliciter du financement promis par la communauté internationale en faveur de la Force conjointe du G5 Sahel.  Celle-ci n’est pas simplement une force militaire, a-t-il déclaré, avant de souhaiter, en conclusion, une bonne coopération entre cette Force et la MINUSMA dans le domaine humanitaire.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a pris note de la signature récente d’un mémorandum d’accord entre les Nations Unies et le Mali, qui prévoit un renforcement de la coopération militaire entre la MINUSMA et les forces de sécurité maliennes dans le centre du pays.  Le représentant s’est ensuite dit préoccupé des « dérapages » connus par la mise en œuvre de l’Accord de paix et les opérations de cantonnement et de désarmement, démobilisation et réintégration.  Malheureusement, a-t-il constaté, la situation sur le plan de la sécurité se dégrade en raison de la multiplication des activités d’organisations terroristes, qui ont étendu leur champ d’action. 

M. Iliichev s’est dit d’accord avec le Secrétaire général adjoint sur le fait qu’il ne sera pas possible de stabiliser la situation au Mali sans la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix.  Il a ensuite lancé un appel au Secrétariat pour qu’il prenne des mesures supplémentaires pour fournir aux Casques bleus de la MINUSMA les équipements nécessaires.  En conclusion, le représentant a mis en garde contre les « dommages collatéraux » que peuvent entraîner un durcissement des sanctions au Mali et des risques que pose pour les parties concernées le fait d’« agiter ce bâton ».

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a plaidé pour la pleine mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et encouragé les parties à respecter le calendrier fixé.  L’appui de la MINUSMA et de la communauté internationale est crucial pour garantir la tenue d’élections transparentes et pacifiques en 2018, a-t-il dit.  Le représentant a salué les efforts de l’ONU pour lutter contre l’impunité, avec la mise en place d’une commission d’enquête internationale, avant de demander la pleine participation des femmes au processus de paix.  Alarmé par la détérioration de la sécurité, M. Umarov a indiqué que l’examen stratégique de la MINUSMA devrait fournir l’occasion de renforcer les capacités de celle-ci et d’améliorer la sécurité dans le pays.  Enfin, il a noté avec satisfaction la coopération renforcée entre la MINUSMA, l’Union africaine et l’Union européenne, avant de souligner l’importance de remédier aux causes profondes du conflit par des efforts de développement coordonnés.

M. TIÉMAN HUBERT COULIBALY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a pris acte du rapport du Secrétaire général faisant état de progrès indéniables accomplis aux plans politique et institutionnel ou encore en ce qui concerne les questions de défense et de sécurité, la justice et les mesures de développement économique ainsi que la fourniture de services sociaux de base.  Ces progrès concourent à la restauration progressive de la paix et de la sécurité dans notre pays, a souligné le Ministre.

En ce qui concerne les perspectives en 2018, en lien avec la mise en œuvre de l’Accord, le Gouvernement poursuivra ses efforts pour maintenir le climat de confiance entre les parties signataires et initier un projet de loi pour l’entente nationale afin de prendre en charge les propositions de la Conférence d’entente nationale, a poursuivi M. Coulibaly.  Soucieux de répondre aux aspirations profondes de notre peuple, le Chef de l’État a assigné à la nouvelle équipe gouvernementale quatre axes prioritaires, a-t-il ensuite détaillé: le parachèvement de la mise en œuvre de l’Accord de paix et la réconciliation issu du processus d’Alger; l’endiguement de l’insécurité grandissante dans le centre du pays; la satisfaction de la demande sociale par l’accélération de la mise en œuvre du programme présidentiel d’urgences sociales; et l’organisation d’élections transparentes, crédibles et apaisées.

Le Chef de l’État a également pris l’engagement solennel de lancer le processus d’adoption de la loi d’entente nationale, a encore affirmé le Ministre.  Cette loi, a-t-il précisé, ambitionne de reconstruire le tissu social et l’unité nationale et de conforter la réconciliation entre les Maliens à travers notamment l’exonération de poursuites de tous ceux qui sont impliqués dans une rébellion armée mais qui n’ont pas de sang sur les mains; des mesures d’apaisement après l’accélération des poursuites en cours et les réparations accordées aux victimes reconnues; et un programme de réinsertion pour tous ceux qui déposent les armes et s’engageront publiquement à renoncer à la violence.

Parallèlement, le Gouvernement s’attèlera aussi à diligenter la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles, du processus de cantonnement et de DDR, de la réforme du secteur de la sécurité ainsi que du retour des réfugiés et des populations déplacées et de la fourniture des services sociaux de base aux populations affectées par la crise.

Afin d’assurer une plus grande efficacité au dialogue entre les parties signataires de l’Accord, les parties maliennes ont donné leur accord pour la participation, à l’avenir, de la MINUSMA et du chef de file de la médiation internationale -l’Algérie- aux réunions du mécanisme de discussion intermalien, en qualité d’observateurs, a rappelé M. Coulibaly.

En outre, la décision souveraine du Gouvernement de reporter les élections initialement prévues en décembre 2017 à avril 2018 relève du souci d’inclusivité et d’ouverture des plus hautes autorités maliennes dans l’optique de créer un environnement des plus favorables à la tenue de ces échéances électorales, a plaidé le Ministre.  M. Coulibaly a réitéré l’engagement du Gouvernement à organiser des élections libres, crédibles et transparentes dans les délais constitutionnels impartis et sur toute l’étendue du territoire national en tenant compte de la loi sur le genre afin d’assurer la représentativité des femmes aux postes électifs.

Le Gouvernement ne ménage non plus aucun effort pour rendre effectif le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens combattants (DDR), a affirmé M. Coulibaly.  Il a rappelé que, sur les 50 millions de dollars prévus pour la mise en œuvre de ce programme, le Gouvernement avait financé sur fonds propres 10 millions de dollars en plus des 15 millions de dollars mobilisés par la Banque mondiale.

Le Ministre a rappelé que le Conseil national de la réforme du secteur de la sécurité avait pour sa part élaboré une feuille de route pour la mise au point de la version définitive de la stratégie de réforme dudit secteur.  Les parties signataires ont pris l’engagement de mettre au point avant le 2 février les critères et quotas consensuels d’intégration des ex-combattants au sein de l’Armée nationale.

En plus de l’amélioration des conditions de sécurité dans les régions du nord du pays, le Gouvernement accorde une attention toute particulière à la situation dans les régions du centre du Mali, notamment les régions de Mopti et de Ségou, a affirmé le Ministre, qui a annoncé l’organisation « sans délai » d’un dialogue politique inclusif sur la sécurité dans le centre du pays.

S’agissant des droits de l’homme, le Ministre a rappelé la création d’un ministère qui leur est entièrement dédié.  En outre, le Ministre de la justice a déjà donné des instructions aux autorités judiciaires d’ouvrir des informations et enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’homme contenues dans le rapport du Secrétaire général, notamment les cas de disparitions forcées, arrestations et détentions arbitraires. 

Abordant enfin la situation humanitaire, le Ministre a affirmé l’engagement résolu du Gouvernement à relever les défis liés au retour des populations déplacées et réfugiées dans des conditions optimales et à l’accès des populations affectées par la crise aux services sociaux de base.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité encourage la coopération régionale en Asie centrale et en Afghanistan

8162e séance – matin
CS/13170

Le Conseil de sécurité encourage la coopération régionale en Asie centrale et en Afghanistan

En Asie centrale, il importe de faire progresser la coopération régionale, interrégionale et internationale pour instaurer la paix et la stabilité à long terme et réaliser un développement durable des pays de la sous-région, a souligné, aujourd’hui, le Conseil de sécurité, dans une déclaration présidentielle, adoptée lors d’un débat auquel ont notamment pris part le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, et sept ministres des affaires étrangères.

Dans leur déclaration, lue par le Chef de la diplomatie du Kazakhstan, M. Kairat Abdrakhmanov, en sa qualité de Président du Conseil pour le mois de janvier, ses membres se sont félicités de l’intensification des dialogues et des efforts de coordination entre les pays d’Asie centrale -Afghanistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan– au moyen de différentes instances et forums conjoints, y compris la tenue régulière de réunions de haut niveau.

Une situation d’autant plus nécessaire, a observé M. Guterres, que ces pays, tous privés de littoral, sont confrontés à l’épineuse question de l’amenuisement des ressources hydriques, alors que « près de 30% des glaciers spectaculaires du Tadjikistan ont fondu rien qu’au cours des 10 dernières années ».  « Le sort de la mer d’Aral est un terrible avertissement quant aux conséquences d’une mauvaise gestion des ressources en eau.  Nous devons faire de ces catastrophes écologiques le moyen de stimuler la coopération et l’action », a ajouté le Secrétaire général.

M. Guterres s’est donc félicité de constater que les gouvernements d’Asie centrale se sont lancés dans plusieurs initiatives transfrontalières qui font de l’interdépendance le moyen le plus sûr de surmonter leur isolement géographique.  Il en a voulu pour preuve le projet énergétique Asie centrale-Asie du Sud, un gazoduc reliant le Turkménistan à l’Afghanistan, au Pakistan et à l’Inde, de même qu’une nouvelle ligne électrique entre l’Ouzbékistan et l’Afghanistan. 

La trentaine d’intervenants à avoir pris la parole aujourd’hui ont parlé d’une seule voix pour reconnaître que le succès de la « connectivité » à l’œuvre dans la sous-région ne dépend pas seulement des investissements réalisés avec l’appui des bailleurs de fonds internationaux, mais aussi de la stabilité en Afghanistan, fragilisée par un conflit asymétrique qui met les forces gouvernementales aux prises avec les Taliban, et les groupes terroristes Daech et Al-Qaida. 

Le Vice-Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Sullivan, a assuré que l’un des volets de la stratégie mise en place par le Président américain, M. Donald Trump, en Afghanistan consiste à tarir les sources de financement des Taliban pour les contraindre à se plier à un processus politique.

Exhortant ceux-ci à s’asseoir à la table des négociations, la représentante du Pakistan a déclaré que, grâce aux sanctuaires dont ils disposent à l’intérieur du pays, les « insurgés » n’ont nul besoin d’une aide extérieure pour mener leurs activités « déstabilisatrices ».  Aussi la délégation a-t-elle invité l’Afghanistan à chercher à l’intérieur de ses frontières la cause de ses problèmes plutôt que de tenter d’impliquer des pays voisins, en rejetant la notion de « sanctuaires extérieurs ». 

Le Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Afghanistan, M. Hekanat Khalil Karzai, a reconnu que son pays figurait au cœur du lien indissociable entre sécurité et développement dans la région.  Après des « occasions manquées », les récentes visites du Président afghan, M. Ashraf Ghani, au Turkménistan et en Ouzbékistan ont permis d’inaugurer une nouvelle ère de coopération autour d’un programme commun de sécurité et de développement économique, s’est-il réjoui.

En outre, « le 28 février, nous convoquerons la seconde réunion du Processus de Kaboul, au cours de laquelle nous présenterons notre initiative pour promouvoir la paix et combattre le terrorisme », a annoncé le Chef de la diplomatie afghane, en demandant l’appui des pays de la région.  Et dans le prolongement de la seconde réunion du Processus de Kaboul, se tiendra, fin mars à Tachkent, la conférence internationale sur l’Afghanistan, a précisé quant à lui son homologue de l’Ouzbékistan, M. Abdulaziz Kamilov.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, a mentionné la participation de son pays aux grands projets économiques en cours en Asie centrale, précisant que les investissements consentis par Moscou dans la région s’élevaient à 20 milliards de dollars et l’aide bilatérale russe à 6 milliards rien qu’en 2017.

Au nombre des projets cités à plusieurs reprises aujourd’hui, figurent la voie ferrée du Couloir lapis-lazuli, qui relie l’Afghanistan, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, ou encore l’oléoduc TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan et Inde). 

Le Vice-Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. André Haspels, a choisi de donner un visage à l’esprit d’innovation qui souffle sur l’Asie centrale, en portant à l’attention du Conseil de sécurité la présence de Roya et Elaha Mahboob, deux sœurs afghanes qui ont créé une organisation permettant aux filles de son pays de se spécialiser dans la robotique, en particulier les langages de programmation. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Établissement, en Afghanistan et en Asie centrale, d’un partenariat régional de référence faisant le lien entre sécurité et développement

Lettre datée du 2 janvier 2018, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Kazakhstan auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2018/7)

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme son attachement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Afghanistan et des États d’Asie centrale.

Le Conseil renouvelle son adhésion à l’appel lancé par le Secrétaire général pour que des mesures soient prises afin d’éviter les menaces pesant sur l’Afghanistan et l’Asie centrale, encourage le système des Nations Unies à donner à la prévention et au règlement des conflits une place centrale dans les activités qu’il mène dans la région et souligne l’importance de la diplomatie préventive, notamment à travers les dialogues constructifs avec les États Membres, pour assurer la stabilité, la sécurité et le développement à long terme.

Rappelant sa résolution 2344 (2017), le Conseil est conscient qu’il n’y a pas de solution purement militaire pour l’Afghanistan, souligne l’importance d’un processus de paix inclusif dirigé et contrôlé par les Afghans pour la prospérité et la stabilité à long terme du pays et exprime son plein appui aux efforts menés par le Gouvernement afghan pour instaurer la paix et la réconciliation, notamment par la coopération avec l’ensemble de la région, y compris les États d’Asie centrale, aux fins de la paix et de la sécurité. 

Le Conseil a conscience des mesures prises au niveau international pour faire avancer la paix et la stabilité en Afghanistan et demande à tous les pays de la région ainsi qu’à la communauté internationale de renouveler leurs efforts sincères pour réaliser la paix et la réconciliation. 

Le Conseil souligne qu’il importe de poursuivre les progrès en matière de réforme électorale afin d’assurer la tenue d’élections législatives crédibles et inclusives en 2018 et d’élections présidentielles en 2019.  Il se félicite de l’action menée par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à cet égard et les encourage à intensifier leur appui aux organes chargés d’administrer les élections afghanes. 

Le Conseil se déclare à nouveau préoccupé par la persistance des menaces que font peser sur la sécurité et la stabilité en Afghanistan les Taliban, y compris le Réseau Haqqani, ainsi que les groupes affiliés à Al-Qaida et l’EIIL (Daech) et autres groupes terroristes, groupes violents et extrémistes, groupes armés illégaux, criminels et les individus impliqués dans la production, le trafic ou le commerce de drogues illicites; fait observer à cet égard les menaces potentielles que cela représente pour la région, y compris les États d’Asie centrale; exhorte, à cet égard, tous les États à appliquer toutes ses résolutions pertinentes, y compris celles qui concernent la lutte contre le terrorisme, et à renforcer leur coopération internationale et régionale en matière de sécurité afin d’améliorer le partage d’information, le contrôle des frontières, l’efficacité des forces de l’ordre et de la justice pénale et, ainsi, de mieux contrer les menaces existantes, y compris celles que représente le retour des combattants terroristes étrangers. 

Le Conseil prend note des activités menées par le Comité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste et sa Direction exécutive afin d’évaluer et de surveiller l’application par l’Afghanistan et les pays de la région des résolutions 1373, 1624, 2178, 2396 et autres résolutions pertinentes relatives au terrorisme, et prend acte des recommandations du Comité, notamment en ce qui concerne la fourniture d’une assistance technique.

Le Conseil souligne qu’il importe de faire progresser la coopération régionale, interrégionale et internationale pour instaurer la paix et la stabilité à long terme et réaliser un développement durable en Afghanistan et en Asie centrale et appuie l’action conjointe menée par les pays de la région pour élargir la zone de paix, de coopération et de prospérité, y compris à travers différents mécanismes de coopération.

Le Conseil se félicite de la contribution des pays d’Asie centrale à la stabilité et au développement de l’Afghanistan ainsi que de l’intensification de leur coopération à long terme, de leurs dialogues et efforts de coordination, au moyen de différentes instances et forums conjoints, y compris la tenue régulière de réunions de haut niveau.

Le Conseil réaffirme qu’il importe de renforcer la participation pleine et effective des femmes aux prises de décision ainsi que les responsabilités qu’elles assument à cet égard, y compris dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de prévention et règlement des conflits, ainsi que dans la prévention du terrorisme et la lutte antiterroriste, et qu’il importe d’intégrer une démarche soucieuse de l’égalité entre les sexes à tous les débats concernant la pérennisation de la paix en Afghanistan et dans la région de l’Asie centrale, et appuie les engagements pris aux fins de l’application de sa résolution 1235 et ses résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité dans la région.  Le Conseil insiste sur la nécessité de renforcer, en Afghanistan, les politiques et mécanismes donnant aux femmes une autonomie politique et économique, d’accroître le nombre de femmes dans les forces de sécurité, et ce dans un environnement propice à leur sécurité et à leur développement, et d’atténuer la violence à l’égard des femmes en appuyant la fourniture de services aux victimes de violence sexuelle et sexiste.

Le Conseil souligne qu’il importe d’accorder l’attention voulue aux problèmes de protection des enfants dans le cadre des efforts de paix et de réconciliation en Afghanistan et appelle toutes les parties à prendre les mesures nécessaires à cette fin. 

Le Conseil se félicite que la MANUA et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale ainsi que les Représentants spéciaux du Secrétaire général s’acquittent des mandats qu’il leur a confiés dans sa résolution 2344 (2017) et dans les documents S/2007/279 et S/2007/280 et qu’ils coopèrent étroitement pour faciliter la collaboration bilatérale et multilatérale entre les États d’Asie centrale et l’Afghanistan.

Le Conseil salue la participation de l’Afghanistan aux mécanismes de coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme en Asie centrale, notamment à la mise en œuvre du Plan d’action conjoint pour l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, et soutient les activités menées par le Bureau de lutte contre le terrorisme et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale à l’appui de la mise en œuvre du Plan d’action conjoint et de la Déclaration d’Achgabat du 13 juin 2017.

Le Conseil souligne qu’il importe que l’Afghanistan et les États d’Asie centrale coopèrent étroitement pour enrayer la nette augmentation de la culture, de la production, du commerce et du trafic de drogues illicites en Afghanistan, qui ressort de l’Enquête sur la production d’opium en Afghanistan publiée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime le 15 novembre 2017 et qui continue de faire peser une menace sur la paix et la stabilité dans la région et au-delà, et insiste sur la nécessité de renforcer l’appui régional et international au Plan afghan de lutte contre les stupéfiants.

Le Conseil salue les travaux menés à cet égard par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, demande aux États de renforcer la coopération internationale et régionale pour lutter contre la menace que la culture, la production, le trafic et la consommation de drogues illicites provenant d’Afghanistan font peser sur la communauté internationale et dont les Taliban et leurs associés tirent une part substantielle de leurs ressources financières, et d’agir conformément  au principe de responsabilité commune et partagée, y compris en coopérant dans la lutte contre le trafic de drogues illicites et de précurseurs chimiques, et se félicite de la coopération entre l’Afghanistan, les États d’Asie centrale et les organisations et mécanismes régionaux et internationaux compétents.

Le Conseil salue les efforts déployés par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, en collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et d’autres organisations et instances régionales compétentes, pour aider les États d’Asie centrale et l’Afghanistan à lutter contre le problème des stupéfiants.

Le Conseil salue la détermination des pays d’Asie centrale et de l’Afghanistan à poursuivre leur coopération en matière de gestion et de sécurité des frontières, se félicite des efforts faits par les organismes des Nations Unies pour renforcer leurs capacités dans ce domaine et encourage les pays donateurs et les organisations régionales et internationales à faire de même. 

Le Conseil félicite les États d’Asie centrale de leur contribution aux activités de non-prolifération, notamment au Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, et les encourage à coopérer davantage pour prévenir, détecter et réprimer le trafic de matières nucléaires et d’autres matières radioactives. 

Le Conseil salue l’action menée dans la région pour renforcer le dialogue et la collaboration et pour atteindre les objectifs communs que sont le développement économique et la prospérité dans la région, et se félicite des initiatives nationales, sous-régionales et régionales prises dans les domaines des politiques, de l’infrastructure, du commerce, des finances et des relations interpersonnelles en Afghanistan, en Asie centrale et au-delà.

Le Conseil souligne que, pour aider l’Afghanistan à sortir durablement du conflit, il faut adopter une démarche globale et intégrée qui permette d’améliorer la cohérence des activités menées dans tous les secteurs, notamment dans les domaines de la politique, de la sécurité, du développement et des droits de l’homme, souhaite que les efforts faits en ce sens se poursuivent, notamment pour renforcer l’état de droit, et souligne qu’il importe, lorsqu’il y a lieu, d’adopter une démarche régionale qui permette de limiter les conflits et de renforcer l’efficacité et l’efficience des interventions.

Le Conseil encourage les entités compétentes du système des Nations Unies à œuvrer à la prévention des conflits et note à cet égard qu’il importe d’appréhender le conflit en Afghanistan dans sa globalité et de mettre la diplomatie préventive au service d’une paix et d’une prospérité durables en Afghanistan et dans l’ensemble de la région.

Le Conseil note qu’il faut optimiser l’efficience et l’efficacité des activités des Nations Unies en Afghanistan et en Asie centrale, notamment en renforçant la coordination à l’échelle du système.

Le Conseil salue les initiatives régionales de promotion des objectifs de développement durable prises par les organismes des Nations Unies compétents, appuie les activités du Programme spécial des Nations Unies pour les pays d’Asie centrale, dont l’Afghanistan est maintenant membre, et de la Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan, qui favorisent la tenue d’un dialogue économique transfrontières, et encourage les États d’Asie centrale à les prendre davantage en main et à y contribuer activement.

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné le rôle particulier des pays d’Asie centrale dans la paix, la stabilité et le développement en Afghanistan.  La sous-région a réalisé d’importants progrès en matière de développement durable au cours des dernières décennies, a relevé le chef de l’Organisation.  « Au Tadjikistan, par exemple, le taux de pauvreté a été divisé par 2, passant de 81% en 2003 à 31% en 2015. » 

Mais les pays de cette région, privés de littoral, ne pourront jamais réaliser seuls tout leur potentiel, a-t-il rappelé, en faisant observer que la croissance, la hausse des opportunités professionnelles et la prospérité dépendent d’une coopération et d’une intégration économiques accélérées.  

Or, bien que la Route de la soie soit l’une des voies commerciales les plus empruntées au monde depuis des siècles, les échanges entre pays d’Asie centrale ont décliné depuis leur accession à l’indépendance il y a près de 30 ans.  Les possibilités de commerce intrarégional sont importantes, et même des améliorations modestes peuvent entraîner des gains substantiels pour tous les habitants de la région, a-t-il dit. 

Lors de sa visite en Afghanistan, au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan, au Turkménistan et en Ouzbékistan en juin dernier, le Secrétaire général a observé que de nouveaux efforts sont déployés pour mieux gérer les ressources en eau, essentielles au développement économique de la région. 

« Ces ressources subissent des pressions sans précédent, alors que près de 30% des glaciers spectaculaires du Tadjikistan ont fondu au cours des 10 dernières années seulement.  Le sort de la mer d’Aral est un terrible avertissement quant aux conséquences d’une mauvaise gestion des ressources hydriques.  Nous devons faire de ces catastrophes écologiques le moyen de stimuler la coopération et l’action », a analysé M. Guterres. 

Le Secrétaire général s’est donc félicité de constater que les gouvernements d’Asie centrale ont récemment commencé à intensifier leur coopération dans ce domaine par le biais de commissions et d’accords bilatéraux.  Ces développements sont porteurs d’importantes leçons pour l’Afghanistan, où l’agriculture représente près de la moitié de l’économie. 

Au cours de son déplacement en Asie centrale, M. Guterres s’est dit encouragé par l’évolution positive de la coopération énergétique, fondamentale pour promouvoir le développement et la sécurité. 

Plusieurs initiatives transfrontalières sont actuellement prévues ou en cours, notamment le projet énergétique Asie centrale-Asie du Sud, un gazoduc reliant le Turkménistan à l’Afghanistan, au Pakistan et à l’Inde, de même qu’une nouvelle ligne électrique entre l’Ouzbékistan et l’Afghanistan, a relevé le haut fonctionnaire. 

Selon lui, la hausse des échanges commerciaux est une condition préalable à la croissance, au développement durable et à la résilience contre les chocs économiques externes.  « Aussi devrions-nous nous appuyer sur les initiatives de la société civile dans ce domaine pour rapprocher les communautés de part et d’autre des frontières, y compris les organisations de femmes, qui servent de médiatrices pour atténuer les tensions locales et développent des projets d’infrastructure conjoints », a fait valoir M. Guterres. 

Il a, à cet égard, salué le programme ambitieux du Kazakhstan pour les étudiants afghans.  « Ces dernières années, plus de 500 étudiants afghans ont obtenu leur diplôme universitaire ou technique au Kazakhstan et près de 500 autres y terminent leurs cursus.  Le Kazakhstan a engagé 50 millions de dollars à l’appui de cette initiative. »

Les pays d’Asie centrale limitrophes de l’Afghanistan améliorent actuellement les infrastructures transfrontalières, tandis que l’Ouzbékistan a mis en place des vols directs entre Tachkent et Kaboul l’an dernier.  Plusieurs projets de chemins de fer et de lignes électriques sont à l’œuvre, créant des connexions physiques entre l’Afghanistan et ses voisins du nord, y compris le chemin de fer « Lapis Lazuli » reliant le Turkménistan à l’Afghanistan, a ajouté le Secrétaire général.

Pour lui, les problèmes sécuritaires continuent de façonner le débat sur l’Afghanistan et l’Asie centrale.  « La lutte du Gouvernement afghan contre l’extrémisme violent, le terrorisme et la criminalité transnationale organisée ont des répercussions sur l’ensemble de la région et au-delà.  Répondre à ces menaces ne peut pas être la seule responsabilité du Gouvernement afghan. 

Un contre-terrorisme efficace repose sur une coopération régionale et multilatérale fondée sur les droits de l’homme est indispensable », a préconisé M. Guterres.  Dans cette perspective, les cinq pays d’Asie centrale ont achevé la deuxième phase du Plan d’action conjoint pour la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies adoptée en 2011.  Ce plan régional met en commun les pratiques optimales et les leçons apprises, reflétant l’engagement commun des cinq pays de la sous-région à s’attaquer et à vaincre le terrorisme, avec le soutien des Nations Unies. 

Pour le Secrétaire général, la coopération régionale offre la possibilité de répondre à des préoccupations communes, notamment de lutter contre le financement du terrorisme, améliorer la sécurité aux frontières, favoriser le dialogue avec les institutions et les dirigeants religieux et lutter contre la traite des êtres humains et le trafic de drogue. 

La prochaine réunion du Processus de Kaboul pour la coopération en matière de paix et de sécurité sera l’occasion pour le Gouvernement afghan de définir sa vision d’un processus de paix et de sécurité mieux structuré et coordonné dans une perspective régionale, a annoncé le Secrétaire général.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé la vision déjà exprimée par le Président Nursultan Nazarbayev visant à créer une « zone modèle » en Asie centrale, dédiée à la paix, la sécurité et la coopération, et à transformer cette région sans littoral en une région hautement connectée.  Contribuer à la paix en Afghanistan, c’est aussi contribuer à la prospérité dans toute la région, a ajouté le Ministre, avant de citer un proverbe kazakh: « Le cœur du bonheur se trouve dans l’unité. »

Le Ministre a ensuite rappelé la visite effectuée la semaine dernière en Afghanistan par une délégation du Conseil de sécurité.  Le Kazakhstan veut engranger un appui international pour la paix et la sécurité en Afghanistan, a-t-il expliqué, citant divers efforts susceptibles d’y contribuer, comme la nouvelle stratégie militaire américaine, le « Format » de Moscou ou les initiatives chinoises de la Route de la soie.

Le Kazakhstan a toujours été favorable au processus d’intégration en Asie centrale, a poursuivi M. Abdrakhmanov, qui a jugé encourageants les efforts actuels en ce sens, avec notamment l’adoption en novembre dernier à Samarkand d’un programme de coopération.  Il a souhaité que l’Afghanistan puisse s’y joindre. 

Une plus grande coopération permettrait de mieux surmonter les nombreux défis communs à la région, a ajouté le Ministre, qui s’est dit préoccupé par les activités des groupes terroristes comme Daech dans le nord de l’Afghanistan ou encore la production d’opium.  Le Kazakhstan souhaite renforcer sa coopération avec l’Afghanistan et les agences spécialisées comme l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour lutter contre la production et le trafic de stupéfiants dans le pays. 

Mais l’Afghanistan ne doit pas être vu seulement comme une source d’instabilité, a estimé M. Abdrakhmanov, pour qui il doit aussi être considéré comme un partenaire solide, étant donné son potentiel considérable.  C’est pourquoi le Kazakhstan se joint aux efforts légitimes des pays d’Asie centrale pour soutenir la paix en Afghanistan, tout en appelant la communauté internationale à contribuer à faire de la région une zone de coopération. 

Le Ministre a rappelé que la mission du Conseil avait identifié un certain nombre de questions de sécurité mais aussi de perspectives, comme cela a été détaillé lors de la présentation du compte rendu de la visite. 

Insistant sur la géographie commune, la complémentarité économique et liens culturels des États de l’Asie centrale, le Ministre a ensuite plaidé pour une approche intégrée gardant à l’esprit trois aspects.  Le premier tient au lien entre développement et sécurité, ce qui signifie que les investissements économiques dans la région sont aussi des investissements dans la paix et la stabilité en Afghanistan et dans toute l’Asie centrale. 

Le deuxième aspect est la coopération régionale face aux défis communs, qui requiert des efforts communs.  Le Ministre a de nouveau cité la lutte contre le terrorisme, mais aussi la coopération en matière de partage des ressources hydriques. 

Enfin, le troisième pilier réside en une approche coordonnée et transparente du travail des différentes agences des Nations Unies.  Le Ministre a rappelé à cet égard l’importance d’une plus grande efficacité de ce travail, tout en appelant les donateurs à augmenter leurs contributions et à assurer la responsabilisation des dons. 

M. SABAH KHALID AL HAMAD AL SABAH, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a plaidé en faveur d’un plan à long terme pour le développement de l’Afghanistan, auquel les pays voisins seraient étroitement associés.  Il a salué le rôle joué par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), ainsi que les efforts du personnel de l’ONU déployé dans ce pays.  Mon pays continuera de coopérer avec la MANUA pour qu’elle bénéficie de toute l’assistance nécessaire, a-t-il affirmé. 

M. Al Sabah a demandé que les efforts de l’ONU dans la région soient centrés sur la diplomatie préventive et souligné l’importance du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  La détérioration de la sécurité en Afghanistan entrave les progrès économiques et le bon avancement du processus de paix, a-t-il fait observer, en appelant à la tenue d’élections transparentes et crédibles.  Il a rappelé que 40% de la population afghane vit sous le seuil de pauvreté.  Il a également dit son inquiétude devant les menaces terroristes et exhorté les pays de la région à œuvrer ensemble pour les vaincre.  Enfin, il a affirmé que l’Afghanistan ne devait pas être vu comme une menace et exhorté toutes les parties à œuvrer pour la stabilité durable de ce pays. 

M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a jugé précieuse la diversification des liens économiques entre les pays d’Asie centrale, parce qu’elle permet de faciliter les échanges commerciaux mais aussi les pratiques optimales dans tous les domaines.  Les projets en cours dans la région sont d’excellents exemples, comme le chemin de fer « Lapis Lazuli », qui relie le Turkménistan à l’Afghanistan, et contribue à libérer l’Afghanistan de son isolement géographique, a-t-il ainsi estimé. 

Mais les projets les plus ambitieux peuvent être ralentis par l’insécurité, a prévenu M. Czaputowicz, qui s’est donc félicité du plan quadriennal qui a été adopté par le Gouvernement afghan en vue d’accélérer la réforme du secteur de la sécurité.  Il a ensuite salué la mission Soutien résolu, créée par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), et dont l’objectif est de contribuer à la mise en place d’un environnement propice à la sécurité.  Le Chef de la diplomatie polonaise s’est ensuite dit fier d’avoir participé à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dès 2002, le contingent de son pays ayant été l’un des plus significatifs et les plus actifs, sans compter l’aide financière consentie par la Pologne, que ce soit sur le plan bilatéral ou par le biais de la Banque mondiale. 

Après s’être félicité des activités de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), le Ministre a estimé que les domaines prioritaires dans lesquels il est nécessaire d’investir à l’avenir en Afghanistan étaient le renforcement de la démocratie et de l’état de droit, l’appui au développement économique et le règlement de la question migratoire.

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que le nord de l’Afghanistan devenait un bastion du terrorisme international avec le soutien direct de « parrains locaux ».  Il a déploré l’afflux de combattants terroristes étrangers revenus de Syrie et d’Iraq et demandé une réponse forte contre le trafic de stupéfiants, qui alimente le terrorisme. 

Les tentatives de régler par la force la question de l’Afghanistan sont vouées à l’échec, a averti M. Lavrov, qui a ensuite détaillé les efforts de son pays pour rechercher une solution politique.  La Russie aide à la formation des forces de l’ordre afghanes, a rappelé le Ministre, qui a aussi apporté son appui aux efforts visant à établir un dialogue avec les Taliban. 

M. Lavrov a mentionné la participation de son pays aux grands projets économiques en cours en Asie centrale, précisant que les investissements russes dans la région s’élevaient à 20 milliards de dollars et que l’aide bilatérale russe avait été de 6 milliards de dollars en 2017.  Les défis de la région, notamment l’accès aux ressources hydrauliques, doivent être réglés par une action commune, a-t-il dit, en soulignant l’utilité de l’Union économique eurasienne pour renforcer les liens entre les pays d’Asie centrale.  Ces derniers ne doivent pas être placés devant un faux choix, se tourner vers le Sud ou bien vers le Nord, a-t-il dit.  Enfin, le Ministre a déclaré que les projets économiques ambitieux ne pourraient être réalisés que grâce à une stabilité régionale durable. 

M. JOHN SULLIVAN, Vice-Secrétaire d’État des États-Unis, s’est déclaré fier des progrès réalisés en Afghanistan dans le cadre de la stratégie mise en place par le Président américain Donald Trump, assurant qu’elle entraverait à l’avenir les avancées militaires des Taliban. 

Cependant, le conflit armé continue de déstabiliser le pays et de faire des ravages sur le plan humanitaire, a-t-il reconnu, en affirmant que c’est la raison pour laquelle des progrès doivent être accomplis dans la réforme du secteur de la sécurité et dans l’organisation d’élections transparentes et équitables. 

Après avoir rappelé que les États-Unis et leurs alliés avaient payé un lourd tribut en Afghanistan, M. Sullivan a déclaré que Washington ne permettrait pas que ce pays devienne un sanctuaire pour les terroristes. 

Il a affirmé qu’il fallait continuer de s’en tenir au principe suivant: une paix durable en Afghanistan doit être assurée et maintenue par les Afghans eux-mêmes, afin de faire comprendre aux Taliban qu’ils ne pourraient pas remporter de victoire militaire, et devaient se plier à un processus politique. 

Il est donc indispensable de tarir leurs sources de financement pour les contraindre à se soumettre à un tel processus, tout en menant, simultanément, une lutte efficace contre Daech. 

Le Vice-Secrétaire d’État a ajouté que dans le cadre de cette « approche unifiée », le Pakistan a un rôle à jouer et que, dès lors, ce pays « peut et doit » être un partenaire des efforts déployés par la communauté internationale.  Mais cela ne sera possible qu’avec le départ des terroristes se trouvant dans la région frontalière avec l’Afghanistan. 

« Il faut que les Taliban s’engagent sur la voie de la paix », a insisté M. Sullivan en conclusion.

M. ANDRÉ HASPELS, Vice-Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a commencé par souligner la présence au Conseil de sécurité de Roya et Elaha Mahboob, deux sœurs afghanes qui ont créé une organisation qui permet aux filles afghanes de se spécialiser dans le domaine de la robotique, en particulier celui des langages de programmation.  « Les changements entre l’Afghanistan d’aujourd’hui et celui de l’époque des Taliban ne pourraient être plus grands », a-t-il noté, en rappelant qu’à l’époque les femmes étaient marginalisées au point de devenir « invisibles », alors que maintenant « elles peuvent étudier, voyager, réaliser des films et construire des robots ». 

En 16 ans, la vie s’est fortement améliorée en Afghanistan, mais il reste encore des obstacles à dépasser, a-t-il poursuivi en citant notamment la situation sécuritaire volatile dans le pays, l’accès limité à la justice et la corruption et l’insécurité qui sont un frein à la croissance économique.  Pour le représentant, ce sont ces conditions difficiles qui poussent les Afghans à quitter leur pays et à chercher des opportunités ailleurs.

C’est la raison pour laquelle les Pays-Bas soutiennent les efforts des autorités afghanes pour améliorer les conditions de vie dans le pays par le truchement d’une approche intégrée qui combine les aspects militaire, de développement et politique, a expliqué M. Haspels.

Il a également mis l’accent sur le rôle essentiel de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans la coordination des efforts internationaux en Afghanistan.  À long terme cependant, seul un processus de paix et de réconciliation ouvert doit permettre de parvenir à la stabilisation en Afghanistan, a-t-il averti, un processus piloté par les Afghans. 

À cet égard, sa délégation espère que la réunion du Processus de Kaboul, qui aura lieu en février, sera l’occasion de faire des progrès en ce sens, ajoutant que les pays voisins ont une responsabilité de premier plan à jouer pour la réussite de ce processus. 

Parallèlement, les Pays-Bas encouragent les autorités afghanes à poursuivre les réformes et la lutte contre la corruption ainsi qu’à renforcer la bonne gouvernance et à garantir des élections crédibles. 

M. MARK FIELD, Ministre d’État pour l’Asie et le Pacifique du Royaume-Uni, a estimé que les partenariats étaient essentiels pour le développement de l’Asie centrale.  L’Afghanistan a fait des progrès considérables dans le règlement de ses défis, a-t-il dit.  Le Ministre a souligné le potentiel considérable de la coopération régionale pour régler les tensions et appeler à son intensification.  Il a affirmé que la contribution de son pays pour réduire la pauvreté en Afghanistan s’élevait à 750 millions de livres sterling jusqu’en 2020. 

Le Royaume-Uni a également formé 3 000 officiers afghans qui seront les dirigeants de l’armée de demain, a-t-il poursuivi.  Il n’y a pas de solution militaire, a noté M. Field,  en encourageant les pays de la région à appuyer les efforts de paix.  « La population afghane mérite la paix. »

Le Ministre britannique a invité le Président afghan, M. Ashraf Ghani, à tendre la main aux insurgés et à mettre sur les rails un véritable processus de paix.  Il a également plaidé pour la tenue, cette année, d’élections pacifiques et transparentes. 

Cette année pourrait être l’année où l’Afghanistan ouvre un nouveau chapitre de son histoire, a-t-il conclu, tout en invitant la communauté internationale à faire montre de patience. 

M. DOMINGO MITUY EDJANG, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a condamné l’existence de sanctuaires terroristes en Afghanistan, un pays qui doit continuer de bénéficier du soutien de la communauté internationale.  Selon lui, l’approche privilégiée par les pays de la sous-région, qui considèrent que l’Afghanistan est un « partenaire » et s’efforcent d’œuvrer au rétablissement de la sécurité dans ce pays -dont dépend celle dans l’ensemble de la région-, est la bonne. 

M. Mituy Edjang s’est félicité de constater que, grâce à l’aide du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et des organisations régionales pertinentes, les capacités de la région ont été renforcées afin de relever l’ensemble des défis auxquels elle fait face, comme la lutte contre le trafic illicite de stupéfiants et la lutte contre le terrorisme.  Pour parvenir à une paix durable en Afghanistan, il est indispensable de privilégier une approche intégrée pour lutter contre la question de la production de pavot à opium, dans le cadre de laquelle le rôle des États limitrophes est indispensable, a ajouté M. Mituy Edjang.  En conclusion, celui-ci a lancé un appel pour qu’une aide essentielle continue d’être apportée au pays, dont « le développement est étroitement lié à celui de toute l’Asie centrale ». 

M. WU HAITAO (Chine) s’est félicité des efforts de paix du Gouvernement afghan, avant de rappeler les nombreux défis qu’il devait relever.  La communauté internationale doit lui apporter un soutien robuste en vue notamment d’œuvrer à la réconciliation du pays, a-t-il poursuivi. 

Le délégué de la Chine a également invité la communauté internationale à respecter les priorités de développement des Afghans, à renforcer les capacités des forces afghanes, à tenir ses promesses formulées vis-à-vis de l’Afghanistan et à intensifier la lutte contre le terrorisme. 

La stabilité et le développement de la région et de l’Afghanistan sont indissociables, a-t-il rappelé, avant de souligner l’importance de l’initiative « Ceinture économique de la Route de la soie ».  Le représentant chinois a mentionné la récente rencontre des Ministres des affaires étrangères chinois, pakistanais et afghan en vue notamment de resserrer les liens entre l’Afghanistan et le Pakistan et de promouvoir l’initiative précitée. 

La Chine souhaite œuvrer aux côtés de la communauté internationale pour la stabilité durable de l’Afghanistan, a-t-il conclu.

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est félicité de l’engagement fort des pays d’Asie centrale en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de son inclusion dans leurs stratégies de développement régionales.  Il a jugé qu’un engagement fort des États de la région était crucial pour un Afghanistan stable.  Ces États doivent œuvrer ensemble en vue d’une solution politique, a-t-il dit, ajoutant que le processus de paix devait être mené par les Afghans eux-mêmes. 

Le représentant a salué les efforts de paix du Gouvernement afghan et exhorté les Taliban à s’engager dans le dialogue avec ce dernier.  La tenue d’élections inclusives, crédibles et transparentes est cruciale pour la future stabilité du pays, a-t-il poursuivi, en souhaitant une forte participation des femmes afghanes.  Enfin, M. Skoog a précisé que l’aide de son pays en faveur de l’Afghanistan s’élèverait à un milliard de dollars sur la période 2015-2024. 

Rappelant que le Conseil de sécurité venait juste de se rendre à Kaboul, M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a salué la détermination des autorités afghanes dans la poursuite de la consolidation démocratique du pays.  La France reste toutefois préoccupée par le niveau très élevé d’insécurité et de violence en Afghanistan où les confrontations armées et les attaques terroristes continuent de déstabiliser fortement l’ensemble du pays. 

À cet égard, la France partage la détermination des autorités afghanes et de leurs alliés à lutter contre le terrorisme, y compris son financement.  M. Delattre a encouragé l’Afghanistan à se concentrer sur deux priorités pour 2018 qui sont la conduite d’élections locales et parlementaires libres et transparentes, saluant au passage les avancées dans les préparatifs de ces élections avec le soutien de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA); et la relance d’une dynamique menant à un processus de paix piloté par les Afghans. 

Sur ce dernier point, M. Delattre a expliqué qu’il suppose la relance du dialogue interafghan mais également un engagement sincère et un soutien sans ambiguïté de tous les pays voisins.

S’agissant de la coopération entre l’Afghanistan et l’Asie centrale, qui est « indispensable et porteuse de grandes opportunités », la France remercie le Kazakhstan d’avoir élaboré une déclaration présidentielle qui, pour la première fois, met en lumière ces liens particuliers. 

M. Delattre a d’ailleurs noté que « l’Afghanistan et l’Asie centrale partagent de nombreux défis en commun, qui sont autant de domaines dans lesquels une coopération régionale renforcée est nécessaire ».  À ce titre il a parlé du domaine de la sécurité, et notamment de la prévention de la radicalisation et plus généralement de la lutte contre le terrorisme, mais aussi de la lutte contre le trafic des stupéfiants. 

Au-delà, la France prône une approche globale en Asie centrale qui lie les objectifs de sécurité et de développement dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La dernière remarque du représentant portait sur l’accompagnement de la communauté internationale et plus particulièrement du soutien des Nations Unies à l’Afghanistan et à l’Asie centrale.  Ce soutien passe notamment par la MANUA et par le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, a estimé M. Delattre qui a assuré le plein soutien de la France à l’action qu’ils mènent sur le terrain.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a applaudi les efforts déployés par le Gouvernement afghan pour promouvoir l’intégration régionale du pays, en vue de faire progresser la réalisation d’objectifs communs sur le plan économique.  Il s’est dit convaincu que les projets d’infrastructures partagées et les partenariats économiques en cours doivent être fondés sur le respect de la souveraineté des ressources naturelles de l’Afghanistan. 

Par ailleurs, la présence d’organisations terroristes dans la sous-région rend indispensable la mise en œuvre du Plan d’action conjoint pour l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a estimé M. Llorentty Solíz.  Rappelant qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit afghan, il a apporté en conclusion son soutien au Processus de Kaboul pour la coopération en matière de paix et de sécurité. 

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a souligné les liens étroits entre sécurité et développement dans le contexte régional de l’Asie centrale et plus spécifiquement de la crise afghane.  Il convient, selon lui, d’appréhender les enjeux et les défis de la stabilisation de l’Afghanistan sous trois aspects qui sont politique et sécuritaire, économique et régional et international.

Sur le plan politique et sécuritaire, et face au niveau croissant des activités terroristes menées par les Taliban et la faction afghane de l’État islamique, il a demandé de renforcer les moyens de la communauté internationale pour circonscrire le niveau de violence dans le pays. 

La Côte d’Ivoire rappelle aussi à toutes les parties au conflit la responsabilité qui leur incombe de protéger les civils lors des opérations militaires, et demande que des mesures supplémentaires soient prises pour réduire le nombre de victimes civiles. 

Le représentant a salué l’adoption de la stratégie nationale afghane de paix et de réconciliation présentée par le Haut Conseil pour la paix, ainsi que les mesures prises par le Gouvernement pour mettre en œuvre le Plan d’action national afghan pour les femmes et la paix et la sécurité et la promotion des droits des femmes. 

Sur le plan économique, M. Tanoh-Boutchoue a salué les progrès réalisés par les autorités afghanes dans leur combat contre la corruption et la réduction de la dépendance de son économie vis-à-vis de l’aide extérieure, et les a encouragées à poursuivre leurs efforts de lutte contre le trafic de stupéfiants. 

En outre, la Côte d’Ivoire se félicite de la coopération économique au sein de l’Asie centrale et exhorte l’Afghanistan et ses voisins à promouvoir l’intégration économique, à travers des projets économiques régionaux.  Elle exhorte en outre les pays voisins à coopérer pour la stabilisation de l’Afghanistan.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a estimé que l’objectif d’une paix durable en Afghanistan, que son pays soutenait, supposait de créer un lien entre la sécurité et le développement d’une manière large et intégrée et avec l’appui de la communauté internationale.  Il a en ce sens cité trois aspects. 

En premier lieu, traiter des causes profondes des conflits en Afghanistan dépasse le domaine de la seule paix et sécurité, a déclaré le représentant.  Il faut investir dans le développement durable d’un pays qui compte une population très jeune dont 39% vit en dessous du seuil de pauvreté, une situation qui est évidemment exploitée par les groupes extrémistes et les organisations criminelles. 

À cet égard, le Pérou soutient les conclusions de l’examen stratégique de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) sur la nécessité de renforcer les efforts visant à diminuer la dépendance internationale de l’Afghanistan. 

Le délégué a notamment mentionné l’importance de l’objectif de développement durable 16, relatif à l’état de droit, et a rappelé l’importance du respect du calendrier électoral, qui prévoit des élections législatives nationales en 2018 et la formation d’un nouveau gouvernement en 2019. 

En deuxième lieu, le représentant péruvien a mis l’accent sur la lutte contre le terrorisme en Afghanistan et son lien avec la criminalité internationale, y compris avec le trafic de drogue, alors que la production de stupéfiants a considérablement augmenté l’an dernier.  Il a appelé à une approche progressive incluant notamment le remplacement de la culture du pavot par des productions alternatives.

Enfin, le délégué a estimé que les associations régionales, sous diverses formes, pouvaient beaucoup contribuer à la sécurité collective, au développement et à la stabilité de leurs membres.  Citant en exemple la zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine, pionnière en la matière, et les organisations latino-américaines de coopération et d’intégration économique, il a mis en avant la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans cette région, avant d’estimer que l’Afghanistan et les États de l’Asie centrale avançaient dans une direction comparable. 

Il a notamment salué la signature du traité faisant de l’Asie centrale une zone exempte d’armes nucléaires et a estimé que sa position centrale permettrait à l’Afghanistan de devenir un pilier de la stabilité et de la prospérité dans la région. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a déclaré que l’Afghanistan continue d’avoir besoin d’une aide de la communauté internationale au moment où ce pays consent des efforts dans le rétablissement de l’état de droit, dans la lutte contre la menace terroriste, dans le trafic ou le commerce de drogues illicites, ou encore dans la réforme du secteur de la sécurité. 

D’un Afghanistan sûr et stable, dépend en effet la stabilité de l’ensemble de la région, a souligné le représentant, avant de saluer le rôle de facilitateur joué par le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, un rôle réaffirmé par la déclaration, en date du 11 décembre 2017, des ministres des affaires étrangères pays de la sous-région.

M. ABDULAZIZ KAMILOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a souhaité que la situation en Afghanistan demeure tout en haut de l’ordre du jour de la communauté internationale.  Il a indiqué qu’il n’y avait pas d’alternative à des pourparlers de paix avec l’opposition armée, y compris les Taliban. 

Le Ministre a mentionné l’importance de la conférence internationale sur l’Afghanistan qui doit se tenir fin mars à Tachkent, dans le prolongement de la seconde réunion du Processus de Kaboul.  Cette conférence permettra de montrer que la communauté internationale est attachée à régler « le problème afghan », a-t-il affirmé, en soulignant l’implication de son pays à cette fin. 

M. Kamilov a mentionné les objectifs de cette conférence, parmi lesquels l’adoption d’un document final définissant les principes de base d’un règlement pacifique et les obligations du Gouvernement et de l’opposition armée, la réaffirmation par tous les participants de leur engagement contre le terrorisme et le lancement d’un appel à l’opposition armée pour qu’elle renonce à la violence et s’engage dans le processus de négociation. 

Le Ministre a notamment convié à cette conférence le Secrétaire général de l’ONU, la Haute Représentante de l’Union européenne et les Ministres des affaires étrangères de la Chine, de la Fédération de Russie, de l’Inde, de la République islamique d’Iran et du Pakistan. 

En conclusion, il a souhaité que le Conseil de sécurité apporte son soutien à cette conférence. 

M. ERLAN ABDYLDAEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a constaté que malgré les efforts « énormes » du Gouvernement afghan et l’appui considérable de la communauté internationale, la situation en Afghanistan demeure dangereuse et très tendue.  Il a estimé que pour réaliser la paix dans ce pays, les désirs de la population et du Gouvernement d’unité nationale ne suffiront pas, les membres permanents du Conseil de sécurité devant aussi atteindre un consensus. 

Il s’est inquiété de l’absence de progrès notables pour appuyer la réconciliation nationale et trouver une solution politique à la situation, dénonçant notamment le fait que les parties au conflit continuent de faire couler le sang et d’adhérer à une « tactique de préconditions », ce qui, a-t-il affirmé, rend le lancement des pourparlers de paix pratiquement impossible. 

Il a appelé la communauté internationale à élaborer une approche réaliste, appuyant par ailleurs la proposition de l’Ouzbékistan de tenir, en mars 2018 à Tachkent, une conférence internationale sur l’Afghanistan.

Le Ministre a ensuite affirmé que les pays d’Asie centrale étaient prêts à jouer un rôle actif pour consolider la paix et la stabilité en Afghanistan, ceux-ci présentant des avantages comparatifs ainsi que des économies potentiellement complémentaires. 

M. Abdyldaev s’est attardé sur les facteurs qui entravent le commerce, l’entreprenariat et la situation sociale et économique de la région, pointant notamment l’absence de points de contrôle entièrement fonctionnels le long des frontières.  Il a indiqué que les pays d’Asie centrale continuaient des faire des investissements conséquents pour améliorer l’infrastructure des transports routiers et ferroviaires, constatant cependant que ces États fonctionnaient pour l’instant sur la base d’une « approche par pays ». 

Pour faire avancer la sécurité et le développement de l’Asie centrale et de la région afghane, le Kirghizistan propose en outre que la prochaine réunion des ministres des affaires étrangères se tienne cet été sur les rives du lac Issyk-Koul.

Tournant ensuite son attention sur le problème de « l’opium afghan », M. Abdyldaev a estimé qu’outre les efforts de lutte contre la production illicite, le trafic de stupéfiants, le terrorisme et la radicalisation, il importe d’intégrer l’économie afghane avec celle des pays de la région en améliorant notamment l’infrastructure régionale, le commerce, l’investissement, le transit et les projets de transports. 

Après avoir brossé un tableau de la situation qui se dégrade en Afghanistan, notamment en termes de terrorisme, d’extrémisme, de crime organisé, de trafic de drogue et même de défis environnementaux, M. SIRODJIDIN ASLOV, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a appelé les pays de la région à prendre des mesures et des engagements forts pour la stabilisation de la situation par le truchement d’une coopération régionale accrue et de partenariats basés sur un système économique juste, efficace et mutuellement bénéfique.

Le Tadjikistan, « qui partage une longue frontière avec l’Afghanistan », porte le poids des défis sécuritaires et ne peut rester indifférent à la situation actuelle, a poursuivi le Ministre, citant les activités de groupes terroristes comme Daech, Ansar Allah, les Taliban ou le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO), ainsi que les flux de drogues, d’armes et de personnes. 

Pour sa délégation, la lutte contre le trafic de drogue et la consommation de stupéfiants fait intégralement partie de la lutte contre le crime organisé, le terrorisme international et l’extrémisme et doit se faire par la mise en œuvre de la politique étrangère, de mesures économiques, légales, techniques, opérationnelles et préventives. 

La coordination de telles activités en Asie centrale est de l’intérêt de tous les pays de la région, a poursuivi le Ministre, qui a appelé à plus de coopération entre leurs agences de lutte contre les stupéfiants.  Des efforts internationaux sont également nécessaires selon M. Aslov, qui a dénoncé le manque d’attention accordée à ce problème alors même que la production d’opium a fortement augmenté en Afghanistan au cours de l’année 2017.

Pour son pays, la stabilisation de la situation en Afghanistan passe par son développement économique et social mais aussi par la coopération régionale.  À ce titre, le Ministre a souligné l’importance de projets conjoints dans les secteurs du transport, de l’énergie et de la communication, y compris le projet CASA-1000 dont la mise en œuvre doit commencer au printemps 2018. 

Pour faciliter le commerce avec l’Afghanistan, le Tadjikistan, avec l’aide de la communauté internationale, a construit cinq ponts sur le fleuve Panj, et a créé deux zones économiques libres le long de la frontière afghane, a poursuivi le représentant.  Son pays s’apprête aussi à offrir 1 000 bourses d’études à des jeunes afghans d’ici à 2025.

Avant de conclure, M. Aslov a exhorté les agences onusiennes à renforcer leur coopération avec les organismes régionaux pertinents, notamment l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et de l’Instance régionale de lutte contre le terrorisme de l’Organisation de Shanghai pour la coopération.

M. HEKANAT KHALIL KARZAI, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Afghanistan, a indiqué que la stabilité et le développement de l’Afghanistan étaient inséparables de la stabilité et de la sécurité des pays voisins.  Reconnaissant l’importance de la coopération, il a déploré les « occasions manquées » au cours des dernières années visant à intensifier cette coopération. 

Cependant, les récentes visites du Président afghan Ashraf Ghani au Turkménistan et en Ouzbékistan ont permis d’inaugurer une nouvelle ère de coopération autour d’un programme commun de sécurité et de développement économique, a-t-il dit.  M. Karzai a indiqué que son pays menait la lutte contre le terrorisme au nom de toute la communauté internationale et mentionné les progrès enregistrés contre les Taliban, le Réseau Haqqani ou bien encore Daech. 

Ces 10 derniers mois, les forces spéciales afghanes ont conduit 2 000 opérations sécuritaires dans tout le pays, a-t-il précisé.  Il s’est félicité que soit désormais reconnue la nécessité de régler la question des sanctuaires terroristes régionaux, avant de souligner l’importance d’éradiquer le trafic de stupéfiants. 

« Le 28 février, nous convoquerons la seconde réunion du Processus de Kaboul, au cours de laquelle nous présenterons notre initiative pour promouvoir la paix et combattre le terrorisme », a-t-il affirmé, en demandant l’appui des pays de la région.  Le Ministre a souligné la nécessité que les initiatives régionales contribuent à renforcer les efforts de paix emmenés par les Afghans eux-mêmes, dans le cadre du Processus de Kaboul. 

Le Ministre a fait état des efforts inlassables de son pays pour promouvoir la coopération régionale, par le biais de la Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan.  Les projets tels que le « Couloir lapis-lazuli de transit, commerce et transport » et les projets de raccordement ferroviaire de la Chine, du Kirghizistan, du Tadjikistan, de l’Afghanistan et de l’Iran amélioreront la connectivité régionale et faciliteront les mouvements des idées, des personnes et des biens, a-t-il affirmé. 

Enfin, M. Karzai a déclaré qu’il se présentait aujourd’hui l’occasion d’inaugurer une nouvelle ère de paix, de sécurité et de développement, que seul un engagement régional fort autorisera. 

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a souligné l’importance de la diplomatie préventive en Afghanistan, précisant que son pays accordait une attention toute particulière au Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  Le Centre permet aux cinq États qui en sont membres de se lancer dans la recherche de solutions communes aux menaces qui se posent à eux, a-t-elle dit. 

La représentante a assuré que son pays s’était lancé dans le renforcement des relations amicales et de bon voisinage avec l’Afghanistan, en voulant pour preuve l’adoption d’un certain nombre de mesures destinées à redresser l’économie afghane, dont dépend le développement durable de l’ensemble de la région. 

C’est la raison, selon elle, pour laquelle le Turkménistan a prôné une « stratégie diplomatique et économique » en faveur de l’Afghanistan.  La coopération entre nos deux pays, a ajouté la déléguée, passe par la poursuite d’un partenariat plus large, qui repose sur une volonté d’intégration « de notre voisin du Sud ». 

Elle a déclaré que son gouvernement continuerait de maintenir la dynamique actuelle de coopération régionale.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a indiqué que la sécurité en Afghanistan s’était détériorée depuis l’invasion américaine en 2001.  Près de 17 ans après cette invasion, l’Afghanistan, la région et le monde ne sont pas plus sûrs, a-t-il déploré.  « Cela est un fait et cela a toujours été le cas pour toutes les invasions qui ont eu lieu dans la région. »

Le délégué a indiqué que des investissements dans une coopération régionale durable étaient une « stratégie gagnant-gagnant », dont bénéficieront l’Afghanistan, l’Asie centrale et le monde, tout en privant les terroristes d’un terreau fertile. 

L’Iran est très désireux d’avoir comme voisin un Afghanistan prospère et stable, a-t-il dit, avant de souligner le soutien indéfectible de son pays pour le Gouvernement d’unité nationale afghan.  Il a précisé que son pays avait financé, à hauteur de 500 millions de dollars, plus de 300 projets en Afghanistan, avant de rappeler l’accueil par l’Iran, pendant plusieurs décennies, de millions de réfugiés afghans. 

Enfin, il a souhaité que la communauté internationale apporte un soutien accru à la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) s’est dit convaincu que l’Afghanistan et l’Asie centrale avaient « tout à gagner » d’une coopération plus poussée, d’une meilleure intégration des marchés et d’une interconnectivité accrue.  Soulignant le danger représenté par le retour des combattants terroristes étrangers de l’Iraq et de la Syrie, le délégué a plaidé pour un rôle actif de coordination de l’ONU pour y remédier. 

Une attention suffisante doit être accordée à la prévention de l’extrémisme violent, en particulier auprès des jeunes, a-t-il poursuivi.  Il a jugé urgente la coopération entre la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, en particulier dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants et la traite des personnes. 

Les pourparlers de paix doivent mener à une paix durable, mais ne peuvent aboutir que s’ils sont soutenus unanimement par la communauté internationale et la région, a-t-il conclu. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a affirmé que l’élaboration d’une stratégie complète pour avancer vers la paix en Afghanistan nécessitait que l’ensemble des efforts déployés en matière de sécurité, de stabilisation et de développement appuie le processus de paix et contribue à une solution politique. 

Il a préconisé l’adoption d’approches cohérentes qui fassent le lien entre les dimensions humanitaires, de paix et de développement, ainsi qu’une coopération bien coordonnée au niveau international et régional.  Il a expliqué que l’approche de l’Allemagne visait à répondre aux causes structurelles et aux besoins immédiats, précisant que l’appui civil fourni par son pays représente 430 millions d’euros par an. 

Le représentant a ensuite souligné que les principaux défis liés à la lutte contre le terrorisme transnational et le trafic illicite de stupéfiants ne pourraient être surmontés qu’en travaillant ensemble.  Il a estimé que le conflit en Afghanistan ne pourrait être résolu que grâce à un processus de paix intra-afghan appuyé par la communauté internationale et a indiqué que l’Allemagne se tenait prête à appuyer le lancement de pourparlers directs entre le Gouvernement afghan et les Taliban. 

Il a aussi espéré que la prochaine réunion du Processus de Kaboul, qui doit se tenir le 28 février, soit l’occasion d’élaborer une feuille de route « dirigée et appropriée par les Afghans » et de mettre en avant l’appui unifié des parties prenantes clefs. 

L’Allemagne a également lancé une initiative pour améliorer la gestion transfrontalière des ressources en eau et appuie des petits projets d’infrastructure dans les régions frontalières entre l’Afghanistan, le Pakistan, la Tadjikistan et l’Iran. 

Le délégué a qualifié d’encourageantes les ouvertures récentes en faveur de la coopération régionale, se félicitant notamment du fait que l’Ouzbékistan ait fait du renforcement de ses relations avec ses voisins une de ses priorités.  Il a ensuite annoncé qu’une nouvelle stratégie Union européenne-Asie centrale serait finalisée en 2019 avec une attention particulière accordée à l’économie et à la sécurité.

Estimant qu’une plus grande coopération entre les partenaires régionaux et internationaux s’imposait, M. Heusgen a par ailleurs appelé l’ONU à jouer un rôle majeur pour promouvoir la cohérence régionale en faveur d’une paix durable.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a commencé par souligner l’impact de l’insécurité en Afghanistan sur son développement, en s’appuyant sur les dernières informations offertes par la Banque mondiale: « Entre 2013 et 2012, l’Afghanistan a enregistré un taux de croissance économique annuel de 9,6%.  L’an dernier, il était de 2,6%, ce qui est toujours mieux que les 2,2% enregistrés en 2016, lesquels surpassaient les chiffres des années 2014 et 2015. » 

L’an prochain, sous réserve que la situation sécuritaire ne se détériore pas davantage, le taux de croissance devrait atteindre les 3,2%.  Or, selon le représentant, il est regrettable qu’une partie disproportionnée des ressources disponibles en Afghanistan servent à y protéger les infrastructures plutôt qu’à développer davantage de projets dans le pays. 

M. Akbaruddin s’est dit convaincu qu’un des moyens de remédier à l’isolement géographique de l’Afghanistan est de concrétiser la connectivité entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud.  C’est dans cette perspective que l’Inde a, en 2017, ouvert des couloirs aériens avec l’Afghanistan et œuvré à l’amélioration des échanges commerciaux avec ce pays et l’Iran au travers du port de Chabahar. 

En outre, de récentes visites en Inde du Président afghan, M. Ashraf Ghani, et du Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, ont donné un nouvel élan au nouveau partenariat de développement conclu par les deux pays en septembre 2017, dans des domaines allant de l’éducation à l’eau, en passant par la santé l’agriculture et les énergies renouvelables.

Le représentant indien a rappelé qu’au cours d’un déplacement en Afghanistan, où il comptait inaugurer le nouveau parlement, le Premier Ministre, M. Narendra Modi, avait fait étape à Lahore, au Pakistan.  « Malheureusement, ces visites ont été suivies d’une attaque barbare et atroce contre l’aéroport de Pathānkot le 1er janvier 2016, perpétré et planifié par les mêmes cerveaux qui s’en prennent à l’esprit afghan chaque jour », a accusé le délégué, en affirmant que ces cerveaux faisaient une différence entre « bons » et « mauvais » terroristes.  « Ces esprits sont réticents à adhérer au mouvement dans lequel la région est engagée pour bâtir un avenir partagé pour nos peuples », a-t-il ajouté.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a affirmé que la sécurité, la stabilité et la prospérité de l’Afghanistan sont d’une importance vitale pour l’Asie centrale.  C’est la raison pour laquelle les pays de la sous-région doivent se mobiliser pour aider Kaboul à relever les défis auxquels il fait face, qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent, le trafic de stupéfiants. 

En Afghanistan, il ne saurait y avoir de sécurité sans développement, a fait observer le représentant, qui s’est donc félicité des initiatives récentes visant à renforcer l’interaction et la coopération entre l’Afghanistan et les pays limitrophes.  Il a tout particulièrement applaudi à la signature récente, à Achgabat, de l’accord du Couloir lapis-lazuli de transit, commerce et transport, qui consolide la coopération régionale dans ce domaine.

Pour sa part, la Turquie continuera de contribuer à la coopération régionale, y compris du Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie », initié en 2011, et qui a réuni de manière constructive les pays d’Asie centrale pour les aider à réaliser leurs objectifs dans les domaines du développement économique, des échanges commerciaux et de l’investissement. 

Le représentant a ensuite souligné l’importance d’un processus de paix et de réconciliation dirigé par les Afghans eux-mêmes, déterminant pour la stabilité de long terme du pays, et auquel la Turquie s’efforcera de contribuer.  Il a en conclusion appelé l’ensemble des pays de la région et le reste de la communauté internationale à soutenir le Gouvernement afghan dans cet effort.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a affirmé que la situation en Afghanistan montrait combien un développement anémique alimentait l’extrémisme.  La sécurité demeure précaire dans le pays, a-t-elle dit.  Elle a souligné la priorité que constituait pour son pays le resserrement des liens bilatéraux avec l’Afghanistan.  Près de 50 000 étudiants afghans ont étudié au Pakistan, a-t-elle dit. 

Grâce aux sanctuaires dont ils disposent à l’intérieur du pays, les insurgés n’ont pas besoin d’une aide extérieure pour mener leurs activités déstabilisatrices, a-t-elle dit.  Elle a invité à se pencher sur ces sanctuaires à l’intérieur de l’Afghanistan plutôt de rechercher l’implication d’autres pays.  Ceux qui parlent de sanctuaires extérieurs doivent regarder les faits de plus près, a-t-elle dit. 

Ni le Gouvernement afghan ni les Taliban ne sont en mesure d’imposer une mesure militaire, a-t-elle poursuivi en soulignant l’importance d’une solution politique.  Elle a exhorté les Taliban à s’asseoir à la table des négociations, avant de souligner la participation du Pakistan à toutes les initiatives internationales concernant l’Afghanistan.  Le Pakistan a tout à gagner à la paix en Afghanistan, a-t-elle déclaré, ajoutant que son pays était également victime du terrorisme. 

Enfin, la déléguée a assuré que son gouvernement ne laisserait pas le territoire pakistanais être utilisé pour mener des attaques contre qui que ce soit. 

Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a déclaré que l’Asie centrale et l’Union européenne (UE) avaient un intérêt commun dans la sécurité et la prospérité de l’Afghanistan, et, par conséquent, le soutien régional et international au processus de paix piloté par les Afghans était essentiel.  Toute stratégie de stabilisation exige une approche régionale solide, selon elle.

À ce titre, l’Union européenne est prête à soutenir le processus intra-afghan, et plus spécifiquement le Processus de Kaboul, dont la prochaine réunion aura lieu le 28 février.  Elle attend des résultats tangibles lors de cette réunion pour ce qui est du règlement pacifique avec les Taliban.

Pour l’UE, une coopération régionale renforcée est la clef d’une paix durable et de la stabilité en Afghanistan et dans toute la région.  C’est la raison pour laquelle elle soutient les forums régionaux comme le Cœur de l’Asie - Processus d’Istanbul ou encore la Conférence de coopération économique sur l’Afghanistan, a précisé sa représentante. 

Elle considère en outre que le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale doit jouer un rôle de soutien important auprès des pays de la région dans leur lutte contre des défis communs d’ordre sécuritaire et de développement.

Dans ce contexte, la connectivité est un instrument du succès, et, par conséquent, l’UE appuie les efforts des pays de la région pour faciliter le commerce et l’approvisionnement énergétique en Afghanistan.  Citant à titre d’exemple la voie ferrée du Couloir lapis-lazuli, qui relie l’Afghanistan, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, ou encore l’oléoduc TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan et Inde), ainsi que le projet CASA-1000, la déléguée a tablé sur l’impact positif de ce type de projets pour l’Afghanistan mais aussi pour les intérêts de la communauté internationale puisque, à terme, cela pourrait signifier moins d’aide au développement et moins de flux migratoires pour la région.  Politiquement, cela pourrait aussi pousser les partenaires régionaux à s’engager positivement aux côtés de l’Afghanistan.

Par ailleurs, l’Union européenne a décidé d’apporter un soutien plus fort à l’Asie centrale dans la lutte contre le terrorisme.  Soulignant le lien entre terrorisme, crime organisé, y compris le trafic de stupéfiants utilisé pour financer le terrorisme, des problèmes qui touchent tous les pays d’Asie centrale, la représentante a estimé que ces problèmes ne peuvent être réglés que par une coopération politique, économique et sécuritaire accrue. 

À cet effet, l’UE soutient le programme du Bureau régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui s’inscrit dans sa propre stratégie 2013-2020 dans ce domaine, a encore précisé la déléguée.

M. KORO BESSHO (Japon) a souhaité que les membres du Conseil de sécurité prennent en compte les voix d’autres parties prenantes lors des discussions sur le renouvellement du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). 

Estimant que seul un processus de paix authentique permettra de stabiliser le pays, le délégué a exhorté les acteurs régionaux à aboutir à des résultats tangibles lors de la deuxième réunion du Processus de Kaboul. 

Il a précisé que le but de la coordination de longue date entre son pays et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) visait à établir des bureaux de liaison pour lutter contre le trafic de stupéfiants.  Un Afghanistan stable est dans l’intérêt du monde, a-t-il déclaré, en mentionnant l’engagement de son pays pour y parvenir. 

Enfin, M. Bessho a espéré que l’année 2018 voie des progrès décisifs du processus de paix en Afghanistan. 

M. ANDREA BIAGINI (Italie) a jugé qu’il fallait continuer d’appuyer les partenaires afghans pour renforcer la sécurité, mais qu’une approche plus large est nécessaire.  La prochaine réunion du Processus de Kaboul doit s’accompagner d’un nouvel engagement en faveur d’une paix dirigée par les Afghans eux-mêmes, a-t-il préconisé. 

Il a affirmé que son pays appuie des projets de lutte contre la production et le trafic de stupéfiants, tout en continuant de fournir une assistance dans le domaine civil. 

Le représentant a enfin salué les initiatives prises par le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité encourage l’ONU à renforcer l’action en faveur du règlement pacifique des différends

8161e séance – après-midi 
CS/13168

Le Conseil de sécurité encourage l’ONU à renforcer l’action en faveur du règlement pacifique des différends

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, encouragé le Secrétaire général de l’ONU à poursuivre ses efforts pour rendre l’Organisation plus cohérente et intégrée, plus effective et efficiente et accroître sa capacité à appuyer l’action des États Membres en faveur du règlement pacifique des différends et leurs initiatives face aux défis complexes auxquels est confronté le monde contemporain.

Dans une déclaration lue par le Président du Conseil pour le mois de janvier, M. Nursultan Nazarbayev, du Kazakhstan, ses membres se disent en effet préoccupés par la multiplication des conflits dans différentes régions du monde, et soulignent qu’il faut d’urgence redoubler d’efforts pour les prévenir et les régler, en privilégiant tout particulièrement la diplomatie et les accords régionaux.

En attendant le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de sa résolution 2282 (2016), relative à l’efficacité des activités de maintien de la paix de l’ONU, le Conseil de sécurité encourage M. António Guterres à continuer de recourir davantage à ses bons offices, en dépêchant représentants, envoyés spéciaux et médiateurs, pour aider à parvenir à des règlements « durables, globaux et sans exclusive ».

Saluant les efforts déployés pour renforcer la coopération et la coordination stratégiques entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, le Conseil de sécurité encourage à prendre en compte le fait qu’il faut soutenir continuellement les gouvernements et les autres parties prenantes concernées.

Dans l’intérêt du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité souligne également la nécessité de s’employer à promouvoir davantage les instruments, les pratiques et les initiatives de prévention des conflits et de diplomatie préventive et en assurer l’utilisation la plus effective.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il tient de la Charte des Nations Unies la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et qu’il est déterminé à ce que les buts et principes consacrés dans la Charte, y compris l’indépendance politique, l’égalité souveraine et l’intégrité territoriale de tous les États, qu’il respecte et auxquels il est attaché, soient observés, et que les États doivent s’acquitter des obligations que leur fait le droit international.

Le Conseil de sécurité, dans les limites de son mandat qui est de maintenir la paix et la sécurité internationales, note qu’il importe de continuer à œuvrer en faveur d’une paix durable et de libérer le monde des conflits violents avant le centenaire de l’Organisation des Nations Unies, et de gérer les difficultés et les possibilités communes à mesure qu’elles se présentent.

Le Conseil de sécurité se dit préoccupé par la multiplication des conflits dans différentes régions géographiques partout dans le monde, et souligne qu’il faut d’urgence redoubler d’efforts pour les prévenir et les régler, les dimensions régionales des conflits devant lorsque cela est pertinent être traitées en privilégiant tout particulièrement la diplomatie et les accords régionaux.

Le Conseil de sécurité rappelle que les parties à tout différend dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation, d’enquête, de médiation, de conciliation, d’arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d’autres moyens pacifiques de leur choix, et exhorte les parties concernées à régler leurs différends par ces moyens.

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions antérieures sur la question et les déclarations de son Président sur la diplomatie préventive, la prévention des conflits armés, la consolidation et la pérennisation de la paix, ainsi que la médiation et le règlement pacifique des différends.

Le Conseil de sécurité sait que le développement, la paix et la sécurité et les droits de l’homme sont interdépendants et se renforcent mutuellement.

Le Conseil de sécurité souligne qu’il importe de promouvoir la capacité de l’Organisation de tenir la promesse de sa volonté fondatrice de préserver les générations futures du fléau de la guerre, et de mettre l’accent sur la prévention des conflits, la diplomatie préventive, la consolidation et la pérennisation de la paix, de partager les pratiques optimales et de formuler à cet égard des recommandations et des stratégies tournées vers l’avenir compte tenu de la nature de plus en plus transnationale des causes et des conséquences des conflits et des facteurs qui y contribuent, notamment le terrorisme, les activités des groupes armés, la prolifération des armes de destruction massive, la criminalité organisée et le trafic d’armes classiques, en particulier d’armes légères et de petit calibre.

Le Conseil de sécurité souligne également que la réponse aux conflits peut inclure, selon qu’il convient, des mesures destinées à rétablir la confiance en rassemblant les États Membres autour d’objectifs communs, pour préserver les générations futures du fléau de la guerre.

Le Conseil de sécurité insiste sur la nécessité de traiter les causes profondes des conflits et prend note des propositions tendant à en étudier les implications en termes de paix et de sécurité internationales selon une perspective régionale, s’il y a lieu.

Le Conseil de sécurité rappelle que la prévention des conflits demeure une responsabilité première des États, qui ont également pour responsabilité principale de protéger les civils et de respecter et garantir les droits de l’homme de toutes les personnes qui se trouvent sur leur territoire et relèvent de leur juridiction, comme le prescrit le droit international applicable, et réaffirme la responsabilité de chaque État de protéger sa population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.

Le Conseil de sécurité rappelle également que toute stratégie globale de prévention des conflits devrait notamment comprendre des mesures d’alerte rapide, de déploiement préventif, de médiation, de maintien de la paix et de lutte contre la prolifération et des mesures visant à amener les auteurs de violations à répondre de leurs actes ainsi que des mesures de consolidation de la paix au lendemain des conflits, et reconnaît que ces éléments sont interdépendants, complémentaires et non séquentiels.

Le Conseil réaffirme qu’il revient en premier lieu aux autorités et aux gouvernements nationaux de recenser, déterminer et cibler les priorités, les stratégies et les activités axées sur la consolidation et la pérennisation de la paix, souligne que la pérennisation de la paix est une tâche et une responsabilité partagée que doivent assumer les gouvernements et toutes les autres parties prenantes nationales et, à cet égard, fait valoir que l’inclusivité est essentielle pour faire avancer les processus nationaux et servir les objectifs de consolidation de la paix des pays afin de faire en sorte que les besoins de tous les groupes de la société soient pris en compte, et insiste sur le fait que la société civile peut jouer un rôle important dans la promotion des efforts de  pérennisation de la paix.

Le Conseil de sécurité prend note des rapports du Secrétaire général sur la prévention des conflits et la diplomatie préventive et attend avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de sa résolution 2282 (2016).

Le Conseil de sécurité encourage le Secrétaire général à continuer de recourir davantage à ses bons offices, en dépêchant des représentants, des envoyés spéciaux et des médiateurs, pour aider à parvenir à des règlements durables, globaux et sans exclusive, et l’invite à continuer d’intervenir à un stade précoce pour prévenir les conflits potentiels.

Le Conseil de sécurité se félicite des dispositions prises par le Secrétaire général pour améliorer l’efficacité du pilier paix et sécurité du Secrétariat, prend note de la réforme engagée dans trois domaines (paix et sécurité, développement et gestion) et attend avec intérêt les résultats des examens en cours.

Le Conseil de sécurité encourage le Secrétaire général à poursuivre ses efforts pour:

•    Rendre l’Organisation plus cohérente et intégrée, plus effective et efficiente ;

•    Accroître la capacité de l’Organisation d’appuyer de manière cohérente l’action des États Membres en faveur du règlement pacifique des différends et leurs initiatives face aux défis complexes auxquels est confronté le monde contemporain;

•    Faire en sorte que la prévention des conflits et la diplomatie préventive soient mieux utilisés le cas échéant, en coopération avec les organisations sous-régionales et les autres acteurs concernés comme prescrit.

Le Conseil de sécurité salue les efforts résolus qui sont déployés pour renforcer la coopération et la coordination stratégiques entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales qui peuvent jouer un rôle majeur dans la prévention des conflits, et à cet égard, encourage à prendre en compte le fait qu’il faut:

•    Soutenir continuellement les gouvernements et, lorsque cela est prescrit, les autres parties prenantes concernées;

•    Encourager le règlement pacifique des différends d’ordre local par le moyen d’accords régionaux ou d’organismes régionaux conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies;

•    Continuer à renforcer le dialogue stratégique et les partenariats et de promouvoir des échanges de vues et d’informations plus réguliers au niveau opérationnel afin d’accroître les capacités nationales et régionales relativement aux instruments de diplomatie préventive;

•    donner de l’allant aux capacités et aux moyens potentiels et existants et les utiliser, en particulier par l’intermédiaire des bureaux politiques régionaux de l’Organisation;

•    contribuer à la cohérence et à l’intégration de leur action en matière d’alerte rapide, de prévention des conflits et de diplomatie préventive, entre autres, grâce à la médiation et aux bons offices du Secrétaire général, selon qu’il convient.

Le Conseil de sécurité souligne l’importance de la consolidation de la paix, insiste sur la nécessité de mobiliser les acteurs régionaux et de collaborer avec eux en ce qui concerne les questions de politique et la situation propre aux différents pays dans le cadre des conseils donnés par la Commission de consolidation de la paix, et reconnaît le rôle majeur de celle-ci et des bureaux intégrés des Nations Unies pour la consolidation de la paix, entre autres, pour ce qui est d’appuyer les efforts nationaux visant à consolider et pérenniser la paix, ainsi que de faire face aux menaces transfrontières dans la limite des mandats existants.

Le Conseil de sécurité réaffirme que les femmes jouent un rôle déterminant dans la consolidation de la paix, note que la participation pleine et concrète des femmes aux activités de prévention et de règlement des conflits et de reconstruction est intimement liée à l’utilité et à la viabilité à long terme de ces efforts, souligne à cet égard l’importance de l’autonomisation des femmes et de leur participation sur un pied d’égalité avec les hommes à tout ce qui est entrepris pour maintenir et promouvoir la paix et la sécurité, et qu’il faut les associer davantage à la prise des décisions qui intéressent la prévention et le règlement des conflits et la consolidation de la paix, y compris dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de prévention et de règlement des conflits, et rappelle qu’il convient de prendre en compte la problématique hommes-femmes dans tous les débats ayant trait à la pérennisation de la paix.

Le Conseil de sécurité est conscient que les jeunes apportent une contribution importante et constructive au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité, et affirme qu’ils peuvent jouer un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits et, singulièrement, pour ce qui est de la stabilisation, de la capacité d’intégration et de la réussite des activités de maintien et de consolidation de la paix.

Le Conseil de sécurité reste convaincu que la protection des enfants en temps de conflit armé doit être un aspect important de toute stratégie globale de règlement des conflits et de maintien de la paix et souligne qu’il importe d’adopter une vaste stratégie de prévention des conflits, qui traite les causes profondes des conflits armés dans leur globalité de façon à améliorer la protection des enfants à long terme.

Dans l’intérêt du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité souligne qu’il est profondément nécessaire de s’employer, entre autres, à:

•     Promouvoir davantage les instruments, les pratiques et les initiatives de prévention des conflits et de diplomatie préventive et en assurer l’utilisation la plus effective;

•     Faciliter son examen des questions intéressant la prévention;

•     Rationaliser les activités, améliorer et renforcer le rôle du Groupe de travail spécial sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique.

Le Conseil de sécurité réitère que la coopération de l’Organisation avec les organisations régionales et sous-régionales contribue à la prévention du déclenchement, de l’intensification, de la poursuite et de la récurrence des conflits, dans l’esprit du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.

Le Conseil de sécurité souligne qu’il importe, pour obtenir une paix durable, entre autres, en se mobilisant en faveur de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix:

•     De rendre possible un examen attentif des corrélations entre sécurité et développement, qui sont complexes, multiples et varient selon les cas, selon qu’il convient;

•     De transformer l’approche régionale, le cas échéant ;

•     De renforcer la coordination au sein des Nations Unies afin d’accroître l’efficacité de l’assistance apportée sur le terrain et d’assurer une plus grande transparence.

Le Conseil de sécurité encourage le Secrétaire général à lui rendre régulièrement compte de l’état d’avancement des activités de prévention des conflits et de diplomatie préventive.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Secrétaire général et le Président du Kazakhstan appellent à donner « un nouvel élan » au régime de non-prolifération

8160e séance – matin
CS/13166

Conseil de sécurité: le Secrétaire général et le Président du Kazakhstan appellent à donner « un nouvel élan » au régime de non-prolifération

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, et le Président du Kazakhstan, M. Nursultan Nazarbayev, ont souligné ce matin devant le Conseil de sécurité la nécessité de générer « un nouvel élan » en faveur du programme international de désarmement nucléaire alors que, de l’aveu du Secrétaire général, « l’angoisse mondiale » autour des armes de destruction massive n’a jamais été aussi élevée depuis la fin de la guerre froide. 

Lors de ce débat présidé par M. Nazarbayev, le premier sur le thème de la non-prolifération des armes de destruction massive à se tenir au niveau des chefs d’État depuis 1992, les délégations ont demandé un apaisement des tensions dans la péninsule coréenne, le Président kazakh préconisant d’offrir des « garanties de sécurité » suffisantes à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour parvenir à cet objectif. 

Lors de son intervention, le Secrétaire général a mentionné les nombreuses menaces pesant sur le régime de non-prolifération, telles que l’érosion de la confiance entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur les questions nucléaires, la remise en cause du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien ou encore l’augmentation des dépenses militaires. 

Dans un tel contexte, M. Guterres a souligné « l’extrême importance » des mesures de confiance en appui du contrôle des armes et de l’élimination des armes de destruction massive.  Ces mesures, en permettant notamment des échanges d’informations sur les budgets militaires et les mouvements de troupes, peuvent diminuer les tensions, a-t-il dit, en mettant en avant le rôle « d’honnête courtier » que l’ONU peut jouer pour leur développement. 

Pourtant, de telles mesures « ne sont pas une fin en elles-mêmes », a poursuivi le Secrétaire général.  M. Guterres a, en effet, souligné la nécessité de reformuler et de moderniser les priorités de non-prolifération et de désarmement.  Les divisions persistantes et la stagnation dans le domaine de la non-prolifération sont lourdes de « nouveaux dangers », a-t-il averti. 

Même son de cloche du côté du Président du Kazakhstan, pays qui a été unanimement loué par les délégations pour sa décision de renoncer à ses armes nucléaires au lendemain de la désagrégation de l’Union soviétique.  M. Nazarbayev a plaidé pour le renforcement du Traité sur la non-prolifération (TNP) en se lançant dans un « changement profond des mentalités » et en privilégiant la recherche de nouvelles solutions politiques multilatérales.

Le Président kazakh a notamment suggéré de rendre plus difficile pour les États parties au TNP de s’en retirer comme l’a fait la RPDC.  Il a ainsi suggéré l’élaboration d’une résolution « spéciale » du Conseil de sécurité qui définisse les conséquences de violations du Traité et envisage des sanctions ou autres mesures coercitives. 

M. Nazarbayev a aussi appelé de ses vœux à la création d’un mécanisme véritablement efficace pour contrer la prolifération d’armes de destruction massive, dont un « système juridiquement contraignant de garanties par les puissances nucléaires » vis-à-vis des États qui n’en sont pas ou ont cessé de l’être.  Enfin, le Président a jugé qu’il était temps de surmonter les « anachronismes militaristes » présents aujourd’hui encore dans la « logique des blocs ».

La situation dans la péninsule coréenne, la menace la plus grave qui pèse sur la sécurité internationale, selon le Secrétaire général, a été au cœur des interventions de nombreuses délégations.  Le Président de la Pologne, M. Andrzej Duda, a, ainsi, plaidé pour une solution politique, en jugeant que la manière dont serait résolue cette crise aurait un impact significatif sur l’avenir de l’architecture mondiale de la non-prolifération. 

Les changements politiques observés à l’heure actuelle dans la péninsule coréenne rappellent que l’esprit de coopération peut amener des progrès, a estimé le représentant de la Chine, M. Wu Haitao, tandis que son homologue des États-Unis, Mme Nikki R. Haley, demandait l’application des sanctions décidées contre la RPDC. 

Appuyée par le Ministre d’État pour l’Asie et le Pacifique du Royaume-Uni, M. Mark Field, Mme Haley a également dénoncé les vetos opposés par la Fédération de Russie à la prorogation du mandat du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  Parce que ces conclusions lui ont déplu, la Russie a décidé de s’opposer à la prorogation du Mécanisme, a argué M. Field. 

Le Ministre des affaires étrangères de la Russie, M. Sergey Lavrov, a, lui, déploré que les pays occidentaux « préfèrent accuser Damas » plutôt que de lutter contre la capacité des organisations terroristes à concevoir des armes de destruction massive.  Il s’est dit favorable à la création d’un nouveau mécanisme d’enquête, le précédent s’étant selon lui discrédité par la publication « d’un rapport mensonger ». 

Le Ministre russe a également plaidé pour la préservation du Plan d’action global commun, « une réussite multilatérale », rejoignant en cela les déclarations des représentants de la Suède et de la France ainsi que celle du Secrétaire général, lequel a estimé qu’il en allait des intérêts de la communauté internationale comme du peuple iranien. 

Enfin, plusieurs délégations ont salué la contribution significative à l’objectif général de désarmement nucléaire joué par les zones exemptes d’armes nucléaires.  À cet égard, plusieurs intervenants ont déploré les échecs répétés pour mettre en œuvre une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Ces échecs ont créé une « profonde déception » des pays arabes, a ainsi déclaré le Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères du Koweït, M. Sabah Khalid Al Hamad Al Sabah. 

NON-PROLIFÉRATION DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE

Mesures de confiance

Lettre datée du 2 janvier 2018, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Kazakhstan auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2018/4)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a souligné le rôle important du Conseil pour empêcher la dissémination et l’utilisation des armes de destruction massive.  Comme le Conseil l’avait déclaré en 1992 pour sa première réunion à ce sujet au niveau des chefs d’État et de gouvernement, la prolifération de telles armes est une menace à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il rappelé. 

Les inquiétudes actuelles autour des armes nucléaires n’ont jamais été aussi aiguës depuis la guerre froide, a poursuivi le Secrétaire général.  Estimant que c’est aujourd’hui la situation dans la péninsule coréenne qui représente le plus grand danger pour le monde, M. Guterres s’est dit extrêmement préoccupé par le risque croissant d’une confrontation militaire, laquelle aurait des conséquences inimaginables, avant d’appeler à la pleine mise en œuvre des résolutions du Conseil sur la question. 

Toujours à propos de la péninsule de Corée, M. Guterres a salué la réouverture des canaux de communication intercoréens, en particulier au niveau militaire.  Il s’agit d’une mesure essentielle pour diminuer le risque d’une erreur de calcul et réduire les tensions, a-t-il fait observer.  Le Secrétaire général s’est en outre félicité de la participation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) aux prochains Jeux olympiques d’hiver en République de Corée.  « Nous devons bâtir sur ces petits signaux d’espoir et intensifier les efforts diplomatiques pour parvenir à une dénucléarisation pacifique de la péninsule », a-t-il commenté.

Le Secrétaire général a déploré l’érosion de la confiance entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur les questions nucléaires, les menaces pesant sur les mesures vitales de réduction des armes stratégiques établies pendant la guerre froide et le manque d’enthousiasme pour une négociation sur le contrôle des armes, alors que le nouveau Traité de réduction des armements stratégiques, entré en vigueur en 2011, expire en 2021. 

Le Plan d’action global commun est également remis en doute, a déploré M. Guterres, pour qui la préservation de ce plan est dans l’intérêt de la communauté internationale comme du peuple iranien.  Le Secrétaire général a également souhaité que les responsables de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie soient identifiés et a exhorté le Conseil à parvenir à l’unité sur ce sujet.  Il a aussi déploré l’augmentation des dépenses militaires et l’accumulation d’armes dans un contexte marqué par une augmentation des tensions régionales. 

Dans un tel contexte géopolitique, des mesures de confiance en appui du contrôle des armes, de la non-prolifération et de l’élimination des armes de destruction massive sont extrêmement importantes, a poursuivi M. Guterres.  En éclairant les positions de chacun et en permettant des échanges d’informations sur les budgets militaires, les calculs stratégiques et les mouvements de troupes, de telles mesures peuvent aider à diminuer les tensions et à prévenir les conflits, a rappelé le Secrétaire général.  Il a cité l’exemple de la Convention sur les armes biologiques, en indiquant que le système de mesures de confiance avait permis d’améliorer la transparence, tout en déplorant que moins de la moitié des États parties fournissent des informations. 

La confiance est sapée par la rhétorique belliqueuse, les approches agressives, l’absence de canaux de communication et des positions inflexibles, a poursuivi le Secrétaire général, pour qui « s’engager dans le désarmement, la non-prolifération et des mesures de contrôle participe, en soi, à la restauration de la confiance ».

En éliminant la menace posée, le contrôle de ces armes et les mécanismes de non-prolifération ouvrent un espace pour le dialogue, améliorent la confiance dans les intentions des parties et ouvrent la voie à la résolution des conflits, a expliqué M. Guterres.  « Cela n’a jamais été aussi évident que lors des années 1980-1990, quand les accords sur le contrôle des armes ont contribué à une fin pacifique de la guerre froide », a-t-il estimé, avant de regretter la remise en cause du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et du Traité « Ciel ouvert ».

Les mécanismes de vérification constituent des mesures de confiance durables, a poursuivi le Secrétaire général.  Mentionnant notamment les protocoles de vérification du Traité sur la réduction des armes stratégiques et le « travail remarquable » accompli par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), il a salué la création d’un groupe d’experts gouvernementaux sur la vérification du désarmement nucléaire.  Les entités chargées d’assurer une telle vérification doivent pouvoir accomplir leur mission d’une manière impartiale et professionnelle, a ajouté M. Guterres, pour qui il faut en outre comprendre que les défis de non-prolifération ne sont pas statiques. 

L’ONU peut jouer un rôle central dans le développement de ces mesures de confiance, en raison de son rôle de « courtier honnête », a affirmé le Secrétaire général.  Les parties peuvent s’engager au sein de l’ONU dans le dialogue pour le développement de nouvelles normes et le règlement de différends, a-t-il expliqué, en soulignant le rôle central du Conseil pour plaider en faveur du dialogue, et celui de la diplomatie pour bâtir la confiance.  M. Guterres a appelé tous les États Membres à mettre en œuvre leurs obligations dans le domaine de la non-prolifération et à appuyer les États qui n’ont pas les ressources nécessaires pour ce faire.  Des mesures de confiance pratiques sont un outil important pour parvenir à l’objectif du mandat de l’ONU, qui est, a-t-il rappelé, de débarrasser le monde du fléau de la guerre. 

Pourtant, de telles mesures « ne sont pas une fin en elles-mêmes », a poursuivi le Secrétaire général.  La prévention et la résolution des conflits exigent des solutions politiques incluant le dialogue mais aussi, dans le cas d’armes de destruction massive, un désarmement vérifiable, a-t-il affirmé, avant d’estimer que « la situation internationale actuelle souligne le besoin de reformuler et de moderniser les priorités de non-prolifération et de désarmement ».

En conclusion, mentionnant les « nouveaux dangers » créés par les divisions persistantes et la stagnation dans ce domaine, M. Guterres a fait part de son intention de générer un nouvel élan et d’imprimer une nouvelle direction avec pour objectif un programme mondial de désarmement. 

M. NURSULTAN A. NAZARBAYEV, Président du Kazakhstan, a rappelé que la réunion d’aujourd’hui était la séance « phare » de la présidence du Conseil de sécurité assurée ce mois-ci par son pays.  En effet, a-t-il déclaré, les mesures de renforcement de la confiance pour promouvoir les objectifs de paix et de sécurité jouent un rôle déterminant dans la prévention et la résolution des conflits.  Il a rappelé que, dès 1992, lors de la quarante-septième session de l’Assemblée générale de l’ONU, il avait été à l’origine de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), un forum intergouvernemental qui réunit désormais 26 États de la région. 

Selon le Chef d’État, les mesures de renforcement de la confiance ont pris toute leur mesure lors du « processus de prévention de la menace de destruction totale » qui pesait sur la communauté internationale au XXe siècle.  M. Nazarbayev s’est enorgueilli de la décision de son pays de renoncer complètement à son arsenal nucléaire et de devenir partie à tous les instruments internationaux juridiquement contraignants relatifs à la sécurité nucléaire, alors qu’il était à ce moment-là la quatrième puissance nucléaire au monde.

Selon lui, l’atmosphère de confiance mutuelle peut faciliter l’émergence d’un nouveau modèle de coopération internationale, à l’image de la banque d’uranium faiblement enrichi mise en place par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). 

De plus, la voie empruntée par le Kazakhstan peut, a argué son président, servir d’exemple pour les pays désireux de renoncer à leurs armes nucléaires tout en réalisant leur potentiel économique, a-t-il dit, en citant la République populaire démocratique de Corée (RPDC). 

Au vu des dangers que poseraient les armes de destruction massive si elles venaient à tomber entre les mains de « forces destructrices », il apparaît nécessaire pour le Chef d’État kazakh de renforcer le régime de non-prolifération qui s’arc-boute sur le Traité sur la non-prolifération (TNP) en se lançant dans un « changement profond des mentalités » et en privilégiant la recherche de nouvelles solutions politiques multilatérales.

C’est la raison pour laquelle il a formulé les suggestions suivantes.  Tout d’abord, pour M. Nazarbayev, il faut veiller à ce que le retrait des États parties du TNP devienne plus difficile, comme l’illustre le cas de la RPDC.  Il a donc défendu l’élaboration d’une résolution « spéciale » du Conseil de sécurité qui définisse les conséquences de violations du Traité et envisage des sanctions ou autres mesures coercitives. 

En outre, la communauté internationale devrait mettre au point un mécanisme véritablement efficace pour appliquer des mesures rigoureuses pour contrer l’acquisition et la prolifération d’armes de destruction massive, dont un « système juridiquement contraignant de garanties par les puissances nucléaires » vis-à-vis des États ayant volontairement renoncé aux armes nucléaires et aux États qui n’en ont jamais possédées.

Il est également temps de surmonter les « anachronismes militaristes » que l’on retrouve aujourd’hui dans la « logique des blocs », dont l’existence même est une « provocation insensée », selon le Président du Kazakhstan.  Cette vision, il l’a révélée dans son manifeste « Le Monde au vingt-et-unième siècle », a-t-il rappelé. 

Pour le dirigeant, le Plan d’action global commun sur le dossier nucléaire iranien constitue une réussite multilatérale exemplaire dans le domaine de la non-prolifération, et devrait servir d’inspiration pour tenter de dénouer la crise dans la péninsule coréenne, en rétablissant la confiance entre les États-Unis, la Fédération de Russie et la Chine. 

M. Nazarbayev a souligné le soutien de son pays à l’approche consistant à donner à Pyongyang des assurances sur le plan sécuritaire de nature à favoriser son retour à la table des négociations, pour lesquelles le Kazakhstan est prêt à fournir une « plateforme ». 

À ses yeux, le moyen le plus efficace de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive est de créer des zones exemptes d’armes nucléaires, en particulier au Moyen-Orient.  Dans ce contexte, a conclu le Chef d’État, le Conseil de sécurité à un rôle important à jouer. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a salué le Kazakhstan pour avoir su renoncer à la « voie nucléaire », se félicitant aussi de l’ouverture l’an dernier, au Kazakhstan, par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de la banque d’uranium faiblement enrichi.  Il a déclaré que toute tentative « d’élaborer des capacités agressives » devait toujours être considérée comme une violation des normes internationales en ce qu’elle érode la « noble notion » de coexistence pacifique entre les États.  L’essence même de la solidarité et de l’état de droit au niveau international repose sur la coopération pacifique entre tous les États, d’où l’importance d’élaborer des instruments juridiques pour réglementer les relations internationales et de les faire appliquer, a-t-il estimé.

Le Président polonais a ensuite dénoncé les faiblesses du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a notamment rappelé que rien n’engageait un État à y adhérer, tandis que les États signataires pouvaient s’en retirer au prix d’un simple préavis de trois mois.  Il a aussi déploré l’absence, dans cet instrument, d’un cadre pour l’établissement d’un régime de sanctions pour dissuader toute violation du Traité.  En outre, alors que ce TNP permet à ses signataires d’élaborer un programme nucléaire à des fins pacifiques, le processus d’inspection est fondé sur une coopération volontaire et la confiance mutuelle.  Or, a-t-il fait observer, le monde n’est pas géré par des engagements « entre gentlemen », mais par des gens qui sont bien souvent tout sauf des gentlemen.

Le Président Duda a ensuite jugé inacceptable que la communauté internationale soit encore confrontée à l’utilisation d’armes chimiques et a appelé le Conseil de sécurité à continuer d’envoyer un message fort à ce sujet.  Il a toutefois estimé qu’à l’heure actuelle, la situation la plus inquiétante était la crise en cours dans la péninsule coréenne, estimant que les actions provocatrices du régime « nord-coréen » y sapent tous les efforts de non-prolifération.  De telles actions démontrent qu’une politique menée sur la base de la loi du plus fort, et non sur la force de la loi, peut être tristement efficace et impunie, a-t-il déploré. 

M. Duda a estimé que la manière dont serait résolue cette crise aurait un impact significatif sur l’avenir de l’architecture mondiale de la non-prolifération et a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts pour trouver une solution politique et stabiliser la situation dans la région.  Cela est d’autant plus crucial que les Jeux olympiques d’hiver doivent prochainement commencer en République de Corée, a-t-il ajouté.

M. Duda a enfin rappelé que la Pologne présidait actuellement deux initiatives importantes, à savoir le deuxième Comité préparatoire de la Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP, qui doit se tenir en 2020, et le Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques.  La Pologne entend maintenir la crédibilité du TNP et créer un environnement propice au respect mutuel, à la transparence et au dialogue, a affirmé M. Duda, qui a par ailleurs regretté la faiblesse des efforts menés pour contrer la prolifération des missiles balistiques et jugé d’autant plus pressante la nécessité d’élaborer des mécanismes de contrôle à cette fin.

M. SABAH KHALID AL HAMAD AL SABAH, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a souligné la nécessité de renforcer les mesures de confiance pour prévenir la prolifération des armes nucléaires.  Il a rappelé l’engagement immuable du Koweït en faveur du Traité sur la non-prolifération (TNP) et a appelé le monde à se débarrasser des armes nucléaires « le plus rapidement possible ».  Les États dotés de ces armes doivent les démanteler, a-t-il dit. 

Il a vivement déploré les échecs répétés pour mettre en œuvre une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et a fait état de la « profonde déception » des pays arabes devant ces échecs.  Toute attaque ou utilisation de ces armes aurait des conséquences dévastatrices, a-t-il affirmé. 

Le Ministre a souligné l’importance de la résolution 2325 (2016) qui réaffirme notamment que la prolifération des armes de destruction massive est un danger pour la sécurité internationale.  Il a condamné l’utilisation des armes chimiques en République arabe syrienne et a déploré le désaccord entre les membres du Conseil de sécurité qui a abouti à la fin du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU.  « Nous devons créer un nouveau mécanisme afin de punir les responsables, a-t-il déclaré. 

Enfin, le Ministre a fait part de l’engagement de son pays en vue de parvenir à un monde débarrassé des armes de destruction massive.  Tous les États doivent prendre des mesures claires, honnêtes, pour parvenir à cet objectif, a-t-il conclu. 

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, s’est dit convaincu que les menaces dans le domaine de la non-prolifération doivent être éliminées sur la base du Traité sur la non-prolifération (TNP).  « Malheureusement », des « contradictions » remettent en cause la mise en œuvre de cet instrument, a-t-il constaté, en dénonçant les « tendances illusoires » consistant à vouloir contraindre les puissances nucléaires à renoncer à leurs arsenaux sans offrir de garanties collectives en retour. 

Les « perspectives » que laissent entrevoir la Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP en 2020 reflètent le « manque de clarté » sur les moyens de mettre en place une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a estimé le Chef de la diplomatie russe.  M. Lavrov s’est dit convaincu que ce processus doit demeurer d’actualité, à condition d’examiner cette question dans le contexte de la sécurité régionale.  Il a ensuite rappelé que son pays était un partisan résolu du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), jugeant très important de maintenir le moratoire en vigueur sur les essais nucléaires.

L’immense majorité de la communauté internationale a reconnu le Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien comme une réussite multilatérale, a ensuite souligné le Ministre, en affirmant qu’il ne peut pas être remis en cause simplement en raison de l’ordre du jour de certains pays, sous peine d’avoir des conséquences sur la possibilité même de dénouer la crise dans la péninsule coréenne. 

Il s’est dit ensuite préoccupé par le fait que des organisations terroristes sont en mesure de concevoir des armes de destruction massive en Iraq et en Syrie.  Or, ces trois dernières années, la Fédération de Russie, a dit M. Lavrov, a proposé des projets de résolution ou de déclaration présidentielle sur cette question, des textes qui ont été systématiquement bloqués par les pays occidentaux « qui préfèrent accuser Damas ». 

Il a déclaré que la Russie était favorable à la création d’un nouveau mécanisme d’enquête en Syrie selon des normes qui respectent complétement la souveraineté des États.  Le Ministre a rappelé que la Russie avait proposé, lors de la Conférence de désarmement à Genève, un projet de convention pour empêcher l’acquisition, par des acteurs non étatiques, d’armes de destruction massive.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé que le Kazakhstan s’était débarrassé de ses armes nucléaires après la chute de l’Union soviétique.  Mon pays joue un rôle de premier plan pour faire respecter la résolution 1540 (2004) et empêcher que des armes de destruction massive ne tombent entre les mains d’acteurs non étatiques, a-t-elle affirmé. 

Mais la réalité est que la situation sécuritaire actuelle est bien plus complexe, a poursuivi Mme Haley en dénonçant les régimes qui posent une menace à la paix.  Pour la représentante, il n’y a pas de plus grande menace pour le régime de non-prolifération que celle posée par la RPDC, et les États-Unis demandent à tous les États Membres d’appliquer toutes les résolutions du Conseil mettant en place des sanctions contre ce pays. 

Mme Haley a ensuite dit voir dans l’Iran la principale source d’instabilité au Moyen-Orient et a exhorté la communauté internationale à faire en sorte que ce pays respecte l’intégralité des obligations découlant de la résolution 2231 (2015).  Le régime iranien ne mérite pas notre confiance, a-t-elle asséné, ajoutant que la cause de la non-prolifération devait l’emporter sur toute autre considération. 

La représentante a ensuite dénoncé l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien contre son propre peuple, ainsi que le veto opposé par la Fédération de Russie à la prorogation du mandat du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  Pour montrer son attachement au régime de non-prolifération, la Russie devrait convaincre son « client », le régime syrien, qu’il doit coopérer pleinement avec l’ONU et l’OIAC, a poursuivi Mme Haley, qui a par ailleurs affirmé que les États-Unis coopéraient activement à l’élaboration d’un régime favorable à la non-prolifération. 

M. MARK FIELD, Ministre d’État pour l’Asie et le Pacifique du Royaume-Uni, s’est félicité de constater qu’il existe aujourd’hui moins de 10 États dotés de l’arme nucléaire, grâce au Traité sur la non-prolifération (TNP).  La menace d’un « Iran doté de l’arme nucléaire » a uni le Conseil de sécurité et la communauté internationale pour protéger nos intérêts collectifs a donné naissance au Plan d’action global commun, qui constitue un succès multilatéral de premier plan, a-t-il déclaré. 

Il a regretté que le Conseil n’ait pas réussi à faire preuve d’autant d’unité pour lutter contre la prolifération des armes chimiques en République arabe syrienne, en raison selon lui de l’opposition de la Fédération de Russie à la conduite d’une enquête impartiale sur l’établissement des responsabilités.  Or, le Conseil doit être en mesure de tenir pour comptables de leurs actes tous les auteurs de violations graves, a affirmé le Ministre. 

Si le TNP reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération, c’est pour M. Field parce que cet instrument a été élaboré par consensus.  Il a en revanche indiqué que le Royaume-Uni ne deviendrait pas partie au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). 

Le Ministre a rappelé en conclusion que le Conseil de sécurité, dont l’unité reste indispensable, a un rôle important à jouer dans le domaine de la non-prolifération. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a appelé au respect de l’intégrité territoriale des États, de la diplomatie préventive et du multilatéralisme, entre autres.  Il s’est inquiété du nombre élevé de conflits armés, « aux conséquences humanitaires très graves » et a appelé à instaurer une « culture du dialogue » entre les États en privilégiant la « diplomatie des peuples ».  Il a aussi engagé à répondre aux causes structurelles des conflits. 

Le représentant a ensuite rappelé que la Bolivie faisait partie de la première zone exempte d’armes nucléaires à avoir été créée au monde.  Évoquant aussi la résolution du conflit en Colombie, il a appelé les États Membres à mettre en branle le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, adopté par l’Assemblée générale le 7 juillet dernier.  La Bolivie est opposée à tout essai nucléaire ou tir de missiles balistiques et appelle au démantèlement de tous les programmes nucléaires dont l’objectif n’est pas pacifique, a ajouté M. Llorentty Solíz, qui a plaidé pour l’élimination des tous les arsenaux nucléaires et autres armes de destruction massive. 

S’agissant de la situation dans la péninsule coréenne, le représentant a souligné l’importance d’établir des mesures de confiance pour résoudre la crise, engageant aussi la République de Corée et la République populaire démocratique de Corée à lancer des négociations.  Il s’est félicité de la décision des deux pays de participer sous une même bannière à la cérémonie d’ouverture des prochains Jeux olympiques.  Il a aussi appelé à établir des mesures de renforcement de la confiance dans le cadre du Plan d’action global commun, relatif au programme nucléaire iranien, et a souligné que la coopération entre les États était fondamentale pour assurer la mise en œuvre de ce texte.

M. Llorentty Solíz s’est ensuite inquiété des « investissements exorbitants » dans l’industrie militaire, estimant que ces fonds devraient plutôt être consacrés à la santé et à l’éducation afin d’aider les prochaines générations à prendre conscience de l’importance du dialogue pour résoudre les conflits.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a dit que le Kazakhstan était un exemple à suivre dans le domaine de la non-prolifération nucléaire.  Il a fait état de l’engagement de son pays en faveur de l’élimination des armes de destruction massive. 

Le délégué a ensuite indiqué que la prolifération de ces armes était la menace la plus grave pour le monde et a exhorté le Conseil de sécurité à faire preuve d’unité pour y faire face, notamment s’agissant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Le Plan d’action global commun concernant le programme nucléaire de l’Iran doit être appliqué intégralement, a-t-il dit. 

Le délégué du Pérou a appelé à l’ouverture de canaux de communication et à la création de protocoles de crise pour réduire les risques de confrontation militaire.  Les nations ne doivent pas être unies par la peur et la défiance, a-t-il conclu. 

M. OLOF SKOOG (Suède) a tout d’abord affirmé que la décision prise il y a 25 ans, par le Kazakhstan, de renoncer à son arsenal nucléaire démontrait que le désarmement nucléaire était effectivement possible.  Il s’est inquiété des spéculations formulées ces derniers mois quant au possible recours à l’arme nucléaire, pour souligner ensuite que le désarmement nucléaire et la non-prolifération étaient les deux faces d’une même pièce.  La Suède s’engage à assurer le succès du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), « pierre angulaire du désarmement global et de la non-prolifération », a-t-il ajouté. 

Pour ce faire, M. Skoog a insisté sur la responsabilité qui incombe particulièrement aux États détenteurs de l’arme nucléaire pour faire avancer le désarmement et a appelé à répondre aux frustrations de la communauté internationale en réalisant des progrès concrets en matière de mise en œuvre des engagements existants.  Un désarmement effectif exige de mener des négociations sincères et de bonne foi dans le cadre de toutes les conventions existantes, a-t-il ajouté, insistant aussi sur l’importance de renforcer la confiance mutuelle, de faire preuve de volonté politique et de compromis.

M. Skoog s’est inquiété de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement et a indiqué que la Suède, qui doit en assumer la présidence tournante le mois prochain, déploierait tous les efforts pour identifier des questions pouvant servir de base à l’élaboration d’un programme de travail.

Le représentant a ensuite insisté sur l’importance d’élaborer des mesures de renforcement de la confiance afin d’atténuer les tensions et de faire avancer le désarmement, citant notamment en exemple la création de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, la première à être créée sur la base de la vérification.  Il a aussi cité le Plan d’action global commun, « un accord crucial qui contribue à la stabilité de la région ainsi qu’au renforcement notable de l’architecture de non-prolifération mondiale ».

Tournant ensuite son attention sur le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), M. Skoog a estimé qu’à elles seules, les sanctions ne permettraient pas de résoudre la crise dans la péninsule coréenne.  Il a appelé à déployer des efforts pour trouver une solution politique et diplomatique au conflit.  Outre le régime de sanctions, des efforts sont aussi nécessaires pour réduire les tensions et renforcer la confiance.  À ce titre, il s’est félicité des mesures prises pour instaurer un dialogue militaire, ainsi que la décision prise par la RPDC de participer aux Jeux olympiques de Pyeongchang.

Le représentant a par ailleurs appelé à renforcer les efforts pour répondre au problème des armes chimiques, regrettant notamment les multiples recours au veto cette année, « qui ont entravé la responsabilisation ».  À ses yeux, les récentes allégations d’utilisation de chlore en Syrie et les enquêtes en cours de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) démontrent la nécessité d’établir de nouveaux mécanismes pour renforcer cette responsabilisation, ainsi que le désarmement et les régimes de non-prolifération.  Le Conseil de sécurité a une responsabilité en la matière, a-t-il souligné.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé qu’avec l’usage « barbare » d’agents toxiques en Syrie, en Iraq et en Asie, le monde assistait à la réapparition d’armes funestes qui sèment la mort auprès des populations.  Ainsi, le « régime nord-coréen » se montre déterminé à se doter d’un arsenal nucléaire opérationnel, en violation systématique et revendiquée de ses obligations.  C’est pourquoi le Conseil de sécurité doit se montrer uni, ferme et déterminé pour trouver une solution politique pour dénucléariser la péninsule coréenne. 

Dans ce contexte incertain et complexe, la confiance et la transparence forment plus que jamais des valeurs cardinales aux niveaux régional et multilatéral.  « La conviction de la France, c’est que la détermination de la communauté internationale articulée à un multilatéralisme pragmatique et réaliste peut permettre de trouver des solutions aux crises de prolifération », a déclaré M. Delattre.  Aussi a-t-il rappelé l’importance d’une application rigoureuse du Plan d’action global commun et de la résolution 2231 (2015) du Conseil, qui constituent aux yeux de la France un dispositif clef pour la stabilité et la sécurité régionales et internationales.

Après avoir regretté la disparition du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU, M. Delattre a rappelé que les criminels identifiés comme ayant recouru à des armes chimiques devaient être sanctionnés.  La France a donc annoncé la tenue, le 23 janvier prochain à Paris, d’une réunion ouverte à tous les pays qui souhaitent coopérer contre l’impunité s’agissant de l’utilisation d’armes chimiques.  « Un nouveau partenariat intergouvernemental sera constitué à cette occasion, dont l’objectif sera d’aider et de soutenir les mécanismes existants dans leur travail d’enquête et les organisations internationales, en premier lieu l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), chargés de cette question », a conclu le représentant. 

Pour M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire), l’accord sur le nucléaire iranien, les essais nucléaires et balistiques nord-coréens et les allégations d’utilisation d’armes chimiques par les terroristes de l’État islamique, posent un défi au régime de non-prolifération des armes de destruction massive et appellent l’attention particulière et la vigilance du Conseil. 

« Nous devons nous rendre à l’évidence qu’en dépit de la signature du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, cette catégorie d’armes constitue une menace de plus en plus grandissante », a constaté le représentant, qui impute cela au fait que les grandes puissances nucléaires se sont soustraites au Traité, et résistent, par ailleurs, à la mise en place d’instruments juridiques contraignants que le reste des pays appellent de leurs vœux.

Ainsi, la Côte d’Ivoire demande aux puissances nucléaires de se rallier au consensus international sur l’élimination à terme des armes nucléaires et à renforcer le dialogue avec les autres pays, dans le cadre des garanties de sécurité collective.  Réduire les arsenaux nucléaires et créer les conditions de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) sont deux autres priorités pour le représentant ivoirien. 

Son pays attache en outre une grande importance à voir l’Afrique demeurer une zone exempte d’armes nucléaires, et invite les puissances nucléaires et les pays africains à lutter contre la pollution du continent par des matières nucléaires.

Pour sa part, la Côte d’Ivoire a ratifié et signé le TNP et le TICE, a indiqué son représentant, qui a rappelé les deux piliers sur lesquels reposent les activités du Conseil de sécurité en matière de non-prolifération à savoir la responsabilité d’établir « un système de règlementation des armements », et la poursuite de plusieurs objectifs qui vont du respect de l’interdiction d’utilisation des armes biologiques et chimiques, à la prévention de l’acquisition par des acteurs non étatiques de ces types d’armes. 

Elle soutient l’appel lancé par le Kazakhstan aux membres du Conseil pour œuvrer à l’édification d’un monde dénucléarisé en 2045.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a salué la clairvoyance du Kazakhstan dans le domaine de la non-prolifération nucléaire.  Un monde exempt d’armes nucléaires est un objectif que l’Éthiopie partage pleinement, a-t-il dit, en déplorant la remise en cause du Traité sur la non-prolifération (TNP).  Il s’est dit favorable aux propositions avancées par le Président du Kazakhstan, avant de souligner la réussite que constitue le Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien.  Les questions non liées à ce plan doivent être traitées sans préjudice de sa mise en œuvre, a-t-il affirmé. 

Il a jugé crucial d’apaiser les tensions dans la péninsule coréenne et a salué la décision des États-Unis et de la République de Corée d’ajourner leurs manœuvres militaires.  Il a en outre salué la décision de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de participer aux prochains Jeux olympiques d’hiver.  « Nous devons dénucléariser la péninsule coréenne », a-t-il affirmé. 

Enfin, le délégué a rappelé que l’unité du Conseil de sécurité était fondamentale pour régler les questions de non-prolifération. 

M. WU HAITAO (Chine) a rappelé que la menace de la prolifération nucléaire représentait un défi à relever pour l’ensemble de la communauté internationale, dans la mesure où aucun pays ne peut y parvenir isolément.  Aussi est-il indispensable de réfléchir à des solutions collectives et de tourner le dos aux mentalités héritées de la guerre froide, a préconisé le représentant, pour qui l’ONU et le Conseil de sécurité doivent être à l’avant-garde de la recherche d’un environnement sécuritaire sûr. 

Les changements politiques observés à l’heure actuelle dans la péninsule coréenne rappellent que l’esprit de coopération peut amener des progrès, a estimé le représentant, pour qui la communauté internationale doit garantir l’efficacité du système multilatéral en s’abstenant de toute politique de deux poids, deux mesures.  Après avoir rappelé que la Chine avait adhéré à tous les traités internationaux en matière de non-prolifération, M. Wu a assuré que son gouvernement respectait scrupuleusement les résolutions du Conseil de sécurité.  Il a souligné la pertinence de la proposition faite par son pays conjointement avec la Fédération de Russie l’an dernier pour une double suspension, simultanée, des essais nucléaires et tirs de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) d’une part, et des manœuvres militaires conjointes par la République de Corée et les États-Unis d’autre part.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a estimé que le Traité sur la non-prolifération restait la pierre angulaire du régime international de prévention de la prolifération nucléaire et de désarmement nucléaire.  Pour le représentant, l’architecture de non-prolifération n’est pas statique, elle a un besoin constant d’attention, de développement et de détermination.  « Nous devons rebâtir nos engagements afin d’approcher l’objectif d’un monde exempt d’armes de destruction massive; nous devons travailler inlassablement pour universaliser, mettre en œuvre, vérifier et appliquer les normes internationales de non-prolifération », a-t-il ajouté. 

S’agissant du Plan d’action global commun, M. van Oosterom a jugé essentiel que toutes les parties continuent de s’acquitter de leurs engagements.  Facilitateurs de la résolution 2231 (2015), les Pays-Bas attendent avec impatience de travailler avec toutes les parties pour assurer la mise en œuvre totale et complète de ce texte. 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a constamment défié ses obligations internationales, a poursuivi le représentant, pour qui les armes nucléaires et programmes de missiles balistiques de ce pays menacent non seulement la sécurité régionale mais aussi la stabilité et la sécurité mondiales.  Estimant que la communauté internationale avait été rapide et forte dans sa condamnation des actions déplorables de la RPDC et rappelant que le Conseil de sécurité avait imposé le régime de sanctions le plus lourd, M. van Oosterom a toutefois ajouté: « Pour qu’il marche, nous avons besoin d’une mise en œuvre scrupuleuse et mondiale. » 

Pour ce qui est de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, il est essentiel de préciser que toute utilisation de ce type d’armes constitue une grave violation des normes internationales et est inacceptable, a encore déclaré le représentant.  « Nous devons garantir la responsabilité de tels actes de peur de porter atteinte aux principes fondamentaux de l’état de droit et d’humanité qui sous-tendent le système des Nations Unies », a-t-il ajouté. 

Enfin, M. van Oosterom a affirmé qu’il fallait « utiliser toutes les opportunités pour renforcer davantage l’architecture de non-prolifération, y compris la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération de 2020 ».

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a estimé que les récents événements du monde annonçaient une année difficile pour le multilatéralisme dans le domaine du désarmement et du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Constatant que 2017 avait vu de nouveaux efforts pour traiter de nombreuses questions relatives au désarmement, à la non-prolifération et à la sécurité internationale, il a insisté sur la « validité absolue » de la diplomatie multilatérale en la matière et s’est félicité de l’adoption l’an dernier du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qu’il a vu comme un complément du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

Le représentant s’est dit bien conscient qu’un progrès significatif vers l’élimination de toutes les armes nucléaires suppose l’existence de mesures pratiques et mondiales d’établissement de la confiance.  C’est pourquoi tous les États Membres, et en particulier les États nucléaires, doivent adhérer à tous les régimes existants de transparence, de dialogue et de notifications des activités militaires.  Pour M. Ndong Mba, le monde devrait se prononcer d’une seule voix et sans ambiguïté en faveur d’un monde libéré des armes nucléaires, contre la lenteur du processus de désarmement nucléaire et notamment pour que les États nucléaires respectent leurs engagements en matière de désarmement.  Il a notamment appelé les États dotés à tenir compte des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques de l’utilisation de l’arme nucléaire.

Le représentant a rappelé que les différents traités créant des zones exemptes d’armes nucléaires contribuaient de manière significative à l’objectif général de désarmement nucléaire et d’élimination de toutes les armes de destruction massive.  Le Gouvernement de la Guinée équatoriale est pour sa part pleinement engagé dans le Traité de Pelindaba, entré en vigueur en 2009, qui offre au continent africain un bouclier contre tout essai nucléaire et toute présence d’arme nucléaire.  À cet égard, il a rendu hommage au Centre des Nations Unies pour la paix et la sécurité et le désarmement en Afrique, installé à Lomé, tout en regrettant son absence de moyens.  En même temps, le représentant a rappelé le rôle central de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans le respect du droit inaliénable de chaque État à l’utilisation pacifique de l’énergie atomique.

L’existence et la possession d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive ne représentent pas une garantie de sécurité mais une menace pour la sécurité, a répété le représentant, qui a appelé les États nucléaires à cesser de moderniser leur arsenal.  Il a appelé la communauté internationale à continuer de promouvoir le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer sans délai au TNP comme au TICE.  Il s’est enfin montré préoccupé par le blocage persistant de la Conférence du désarmement ainsi que par l’incapacité de la Commission du désarmement de parvenir à un consensus. 

Le représentant de la Fédération de Russie a repris la parole en fin de séance pour accuser le Royaume-Uni et les États-Unis, qui avaient mis en cause son pays, de manipuler l’opinion publique mondiale à propos du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU concernant l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  Ce dernier s’est totalement discrédité en publiant un rapport mensonger, a-t-il affirmé, avant de conclure en affirmant: « Nous devons créer un nouveau mécanisme. »

M. FIELD, Ministre d’État pour l’Asie et le Pacifique du Royaume-Uni, reprenant à son tour la parole, a reconnu que la Fédération de Russie avait joué un rôle clef dans le Plan d’action global commun concernant la République islamique d’Iran, ce qui démontre qu’elle peut jouer un rôle important dans le domaine de la non-prolifération.  Mais à propos du Mécanisme d’enquête conjoint, il a affirmé que ce dernier, organe d’experts indépendants, avait établi de manière incontestable les faits, à savoir que le Gouvernement syrien avait utilisé des armes chimiques contre sa population civile.  Ces conclusions lui ayant déplu, la Fédération de Russie a décidé de s’opposer à la prorogation du Mécanisme, a argué le Ministre.  C’est la raison pour laquelle il a demandé à la Fédération de Russie d’user de son influence et de jouer un rôle aussi constructif en Syrie qu’elle l’a fait pour le dossier nucléaire iranien.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Fragile et chancelant statu quo » en Libye, prévient le Représentant spécial devant le Conseil de sécurité

8159e séance – après-midi
CS/13165

« Fragile et chancelant statu quo » en Libye, prévient le Représentant spécial devant le Conseil de sécurité

« Fragile et chancelant », le statu quo en Libye n’est pas tenable, a prévenu, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Ghassan Salamé, qui, en dépit de signes encourageants, a rappelé au Conseil de sécurité la persistance du « spectre de la violence ».

Au lendemain du deuxième anniversaire de l’Accord politique libyen, observé le 17 décembre 2017 « en l’absence de violences et protestations notables », le haut fonctionnaire s’est voulu prudent, en rappelant que récemment, une importante cargaison d’explosifs avait été saisie par des gardes-côtes grecs, en dépit de la sévérité de l’embargo sur les armes pourtant en vigueur en Libye.

Réagissant à cette information, le représentant libyen a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à faire respecter cet embargo, appelant par ailleurs le Groupe d’experts du Comité des sanctions à faire la lumière sur les faits entourant cet incident.  La Présidente de ce Comité établi par la résolution 1970 (2011) du Conseil de sécurité a, de son côté, annoncé l’approbation de « deux demandes d’exemption » à l’embargo sur les armes au cours du mois écoulé.

« Une arme de plus dans un pays où en circulent déjà 20 millions est une arme de trop », a résumé M. Salamé, qui est également le Chef de la Mission des Nations Unies pour la Libye (MANUL).  Or, au cours du mois écoulé, des affrontements ont éclaté près de la frontière avec la Tunisie entre des forces affiliées à deux communautés rivales, tandis que la zone à l’est de Tripoli reste un point chaud et que les tensions sont vives autour de Derna, a-t-il précisé.

« Des hommes, des femmes et des enfants continuent d’être tués ou blessés lors de tirs croisés et d’attaques aveugles, les groupes armés se livrant à des affrontements dans des zones résidentielles », a déploré le Représentant spécial.

Dans ce contexte sécuritaire à hauts risques, M. Salamé a estimé que le « Plan d’action des Nations Unies en vue de la reprise d’un processus politique sans exclusive pris en main par les Libyens » fournissait la feuille de route idoine pour rétablir la stabilité dans le pays et mettre en œuvre l’Accord politique libyen. 

De la Chine au Kazakhstan, en passant par les Pays-Bas et la France, cet appel a, aujourd’hui, été repris à leur compte par la plupart des membres du Conseil.

Mais la transition en cours ne prendra fin qu’avec l’adoption d’une constitution, dont le texte préparé par l’Assemblée constituante fait actuellement l’objet d’un examen juridique, a souligné le haut fonctionnaire. 

De ce cadre constitutionnel, et de législations adéquates, dépendent la tenue d’élections crédibles plus tard cette année et la formation d’un gouvernement en mesure de répondre aux attentes des citoyens.  M. Salamé s’est toutefois félicité des avancées réalisées dans l’actualisation des listes électorales.

Autre tâche prioritaire fixée par le Plan d’action supervisé par les Nations Unies, la réconciliation nationale, qui suppose de ramener graduellement dans le « giron politique » les principaux acteurs et groupes précédemment marginalisés, a poursuivi le Représentant spécial.

Intervenant par visioconférence depuis Tunis, Mme Hajer Sharief, cofondatrice de Together We Build, une organisation de la société civile libyenne, a témoigné qu’aujourd’hui, ses compatriotes campent devant les banques dans l’espoir de pouvoir y retirer des espèces pour subvenir à leurs besoins ou se retrouvent contraints de fournir leurs propres médicaments pendant la durée de leur hospitalisation. 

Pour cette activiste, la Libye fait face à une forme de violence « qui dépasse de loin celle que le Conseil de sécurité cherche à prévenir ».  Elle a notamment déploré l’absence d’une « stratégie d’autonomisation de la population », expliquant que son association cherche à y remédier à son niveau en fournissant une plateforme pour valoriser le rôle que femmes et jeunes peuvent jouer dans le redressement de leur pays.

La crise humanitaire qui sévit en Libye continue également de toucher les migrants en partance pour l’Europe, a rappelé M. Salamé.  Comme lui, les membres du Conseil ont condamné les « marchés aux esclaves » et les conditions de détention « inhumaines » observées dans certains centres de transit, et les sévices auxquelles ces populations vulnérables sont soumises.

Le représentant libyen a assuré qu’une enquête avait été ouverte par le procureur national sur ces allégations, affirmant que les autorités s’efforcent de prodiguer des abris et des soins adéquats aux victimes en attendant leur rapatriement. 

Le Représentant spécial a d’ailleurs attiré l’attention des membres du Conseil sur le groupe de travail créé par l’Union africaine, l’Union européenne et l’ONU, qui a permis d’assurer le retour volontaire, dans leur pays d’origine, de milliers de migrants.

À l’instar de la France ou du Kazakhstan, plusieurs membres du Conseil se sont alarmés des risques de voir les ressources naturelles considérables de la Libye, notamment pétrolières, échapper au « contrôle exclusif » du Gouvernement d’entente nationale.

Le conflit autour de la prédation des ressources est en effet au cœur de la crise libyenne, a rappelé le Représentant spécial.  Selon lui, la MANUL n’épargne aucun effort pour veiller à ce que les richesses nationales soient orientées vers la fourniture de services publics plutôt que vers la satisfaction des « intérêts particuliers ». 

LA SITUATION EN LIBYE

Déclarations

M. GHASSAN SALAMÉ, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), a informé le Conseil de sécurité que l’ONU était maintenant prête à accroître sa présence à travers tout le pays.  « Car, ce n’est qu’en comprenant véritablement la Libye que nous pourrons réussir à mettre en œuvre le Plan d’action des Nations Unies en vue de la reprise d’un processus politique sans exclusive pris en main par les Libyens et aider ses citoyens à mener à son terme une transition trop longue. » 

Le 17 décembre 2017 a marqué le deuxième anniversaire de l’Accord politique libyen.  Malgré des opinions divergentes sur ce que pourrait signifier cette journée, les Libyens ont finalement choisi de le passer sans violence ni protestation notable, a relevé le haut fonctionnaire.  « Que l’anniversaire se soit déroulé pacifiquement est en grande partie dû à l’unité dont a fait preuve ce Conseil », a-t-il assuré, en soulignant que la déclaration présidentielle en date du 14 décembre avait adressé un message clair en ce sens.

Il faut toutefois rester vigilant, a prévenu M. Salamé, pour qui le spectre de la violence reste présent.  Près de la frontière avec la Tunisie, des affrontements ont éclaté entre des forces affiliées à deux communautés rivales. 

La zone à l’est de Tripoli reste un point chaud et les tensions sont également en hausse autour de la ville de Derna, a-t-il relevé.  Des civils, des hommes, des femmes et des enfants continuent d’être tués ou blessés lors de tirs croisés et d’attaques aveugles, les groupes armés se livrant à des affrontements dans des zones résidentielles, sans égard pour les civils, a déploré le Représentant spécial. 

Alors que l’embargo sur les armes n’a jamais été aussi contraignant, les informations récentes faisant état d’une importante cargaison d’explosifs interceptés par les garde-côtes grecs sont particulièrement alarmantes.  « Un pays où circulent 20 millions d’armes n’a pas besoin d’une seule de plus », a-t-il rappelé.  Dans ces conditions, a-t-il observé, « le statu quo fragile et chancelant » n’est pas tenable.

La Libye a besoin d’un gouvernement compétent et efficace, qui puisse fournir les services de base dont les gens ont désespérément besoin.  La modification de l’Accord politique libyen est à notre avis le moyen le plus approprié pour accomplir cet effort.  Et conformément à ce Plan d’action, les éléments suivants sont, et seront, « l’objectif ultime de notre travail ». 

Premièrement, a dit M. Salamé, la Libye a besoin d’un cadre juridique permanent solide.  Selon lui, la transition ne pourra prendre fin que lorsque la Libye sera dotée d’une véritable constitution.  « Le projet de constitution, tel que prévu par l’Assemblée constituante, fait actuellement l’objet d’un examen juridique.  Une fois la décision prise, nous déterminerons comment nous pouvons le mieux soutenir ce processus », a ajouté le Représentant spécial.

M. Salamé a ensuite mis l’accent sur la réconciliation nationale.  « À moins de reconstruire un système politique national, aucun progrès significatif ne pourra être accompli pour unifier les institutions nationales, prévenir les flambées de violence ou faire accepter les résultats des élections.  Pour le haut fonctionnaire, reconstruire une politique nationale libyenne suppose d’atteindre les principaux acteurs et groupes précédemment marginalisés, pour les ramener graduellement dans le giron politique. 

Par ailleurs, le Représentant spécial a attiré l’attention sur l’importance des élections.  Il s’est déclaré satisfait par l’actualisation du registre électoral initié le 6 décembre 2017 par la Haute Commission électorale nationale et par le nombre de nouveaux électeurs, 600 000 jusqu’à présent, qui se sont inscrits pour voter dans un peu plus de six semaines, portant le nombre total de votants à deux millions.

Cependant, avant que des élections crédibles puissent avoir lieu, un cadre constitutionnel doit être convenu, les conditions de sécurité être propices à un processus libre et équitable, et les résultats acceptés par tous, a insisté le Représentant spécial.  « Et pour organiser un référendum, des élections présidentielle ou parlementaires, des lois sont nécessaires.  Les institutions pertinentes de la Libye ont l’obligation de produire la législation requise et de le faire d’une manière compatible avec l’Accord politique libyen. 

« J’exhorte ces institutions à éviter la suspicion mutuelle et l’action unilatérale, et à placer l’intérêt du peuple libyen au-dessus de toute autre considération », a déclaré le haut fonctionnaire.

La crise politique en Libye continue de s’accompagner d’une crise humanitaire.  Pour répondre aux besoins les plus urgents, les Nations Unies lanceront la semaine prochaine un plan d’intervention humanitaire dans le pays, lequel mettra l’accent sur des interventions vitales telles que les services de base, le logement, la nourriture et le déminage. 

Dans ce contexte, la situation désastreuse à laquelle de nombreux migrants continuent de faire face en Libye est un sujet de grande préoccupation, alors qu’ont été réunies des preuves que de nombreux migrants font l’objet de sévices graves à l’intérieur et à l’extérieur des lieux de détention officiels, y compris de diverses formes de violence sexuelle. 

M. Salamé a exhorté les autorités à éradiquer ces crimes flagrants et à traduire les responsables en justice.  S’agissant de la question des migrations, il a salué la forte coopération entre l’Union africaine, l’Union européenne et les Nations Unies, qui ont créé un groupe de travail, qui a progressé dans le soutien des retours volontaires des migrants.  « Au cours des dernières semaines de 2017, des milliers de migrants ont été volontairement rapatriés à des fins humanitaires de la Libye vers leur pays d’origine », a précisé le Chef de la MANUL. 

Cependant, des milliers d’autres migrants restent en détention arbitraire dans des centres, dont beaucoup « dans des conditions inhumaines ». 

« Ce qui nous inquiète le plus », a poursuivi le Représentant spécial, ce sont les « programmes prédateurs individuels » qui continuent d’être mis en œuvre au détriment de l’intérêt collectif.  Car le conflit sur les ressources est en effet au cœur de la crise libyenne, a-t-il rappelé, en assurant que la Mission n’épargnerait aucun effort pour faire en sorte que les richesses nationales soient orientées vers la fourniture de services publics plutôt que vers des intérêts particuliers. 

« Cela est d’autant plus nécessaire que les pénuries de carburant, d’électricité et d’eau sont courantes dans tout le pays », a constaté le Représentant spécial, pour qui les avoirs libyens gelés doivent être gérés comme une garantie pour l’avenir.

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède), qui préside le Comité du Conseil de sécurité établi par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, a indiqué que le Comité avait approuvé deux demandes d’exemption à l’embargo sur les armes, et qu’il avait par ailleurs reçu deux notifications après livraison de la part de la MANUL et des Pays-Bas.  Le Comité a aussi répondu à deux demandes de directive, l’une venant de l’Algérie et l’autre d’un département de l’ONU.

S’agissant des mesures prises pour prévenir les exportations illicites de produits pétroliers, Mme Schoulgin Nyoni a rappelé que les navires Capricorn et Lynn S figurent actuellement sur la liste des sanctions du Comité.  Elle a fait savoir que le Comité avait reçu une lettre de la République arabe syrienne l’informant que le Capricorn avait déchargé du gazole dans les pétroliers de la Syrian Company Oil for Transformation et que le Gouvernement syrien avait depuis informé toutes les autorités concernées de ne pas accepter l’arrivée de ce navire.

Elle a précisé qu’une réponse du Comité est toujours à l’étude, ajoutant que l’État du pavillon de ce navire, qui était autrefois la Tanzanie, est désormais inconnu. 

En ce qui concerne le Lynn S, le Comité a rédigé des lettres à l’intention des États de destination dans le but d’obtenir des clarifications.  Le Comité doit par ailleurs examiner, le 9 février, le rapport intérimaire et les recommandations du Groupe d’experts.

Intervenant par visioconférence depuis Tunis, Mme HAJER SHARIEF, cofondatrice de Together We Build, a déclaré que la Libye, dont la situation est débattue aujourd’hui, n’était plus le pays riche d’autrefois, décrivant une population dormant devant les banques dans l’espoir de pouvoir obtenir de l’argent liquide pour subvenir à leurs besoins et des passants obligés de fournir leurs propres médicaments lors de leur hospitalisation. 

Elle a rappelé l’adoption, en 2011, de la résolution 1973 (2011) qui appelle à la protection de la population civile, indiquant qu’à l’heure actuelle, la Libye faisait face à une forme de violence qui dépasse de loin celle que le Conseil de sécurité cherchait à prévenir.

À l’époque, a-t-elle poursuivi, cette résolution avait été une véritable bouée de sauvetage pour de nombreux libyens.  « Mais notre espoir s’est ensuite transformé en désespoir et les Libyens se sont rapidement sentis abandonnés par la communauté internationale. »  Elle a notamment déploré l’absence d’une stratégie d’autonomisation de la population qui aille au-delà de l’intervention militaire ainsi que d’un plan de redressement face aux violences extrêmes qu’a subi la société.

Mme Sharief a appelé à ce que l’appui de la communauté internationale soit conçu pour autonomiser la population libyenne, notamment les femmes et les jeunes, afin de leur permettre de jouer un rôle actif dans la consolidation de la paix.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de reproduire l’appui international de 2011 lequel a eu un impact direct sur les structures du pouvoir en Libye », a-t-elle souligné.

S’agissant de la mise en œuvre du Plan d’action de la MANUL, elle a jugé essentiel de définir qui bénéficie de l’appui de la communauté internationale, qui participe aux négociations et quelles sont les menaces sécuritaires qui méritent une attention prioritaire.  La représentante a parlé du risque que représentent les frontières ouvertes, notamment en matière de trafic d’armes et d’êtres humains, ainsi que l’extrémisme violent. 

Mme Sharief a aussi estimé que le Plan d’action devait accorder une attention particulière au rôle des femmes et des jeunes.  Elle a ensuite expliqué que son association visait à fournir à ces derniers une plateforme pour appuyer leur valorisation.

Constatant que les problèmes de la Libye sont liés non seulement au conflit, mais également à la manière dont les parties au conflit communiquent entre elles, la représentante a appelé à établir des canaux de communication entre les parties directement impliquées dans le conflit, mais également entre l’ensemble des acteurs libyens, à savoir les acteurs étatiques, non étatiques et la société civile.

Elle a aussi estimé que la mise en œuvre du Plan d’action doit systématiquement intégrer les résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015), non seulement pour faire figurer les femmes et les jeunes à la tête des négociations pour la résolution et la prévention des conflits, mais aussi pour répondre aux questions structurelles qui sont souvent négligées dans le cadre de la consolidation de la paix en Libye.

Mme Sharief a notamment appelé le Conseil de sécurité à veiller à la mise en œuvre de la résolution 2376 (2017) et à assurer la pleine participation des femmes aux efforts de réconciliation et de transition démocratique.  Alors que la Libye est constituée de 50% de femmes et de 60% de jeunes, il est évident que les personnes chargées d’apporter une paix durable ne représentent pas la structure démographique du pays, a-t-elle commenté.

Elle a aussi réclamé une meilleure participation des femmes et des jeunes à la prochaine conférence nationale, ainsi que l’adoption de lois électorales établissant des quotas distincts pour la participation des femmes et des jeunes.  Elle a aussi appelé le Représentant spécial à mener des consultations régulières avec les femmes et les jeunes au sujet du Plan d’action de la MANUL. 

Les efforts consacrés au désarmement méritent également d’être renforcés, et la participation des femmes et des jeunes aux discussions qui y sont liées doit être promue.  Mme Sharief a enfin appelé à enquêter sur les violations des droits de l’homme, à commencer par les actes de violence sexuelle et sexiste, en mettant notamment l’accent sur les victimes et leurs familles.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rappelé que le Conseil de sécurité avait, le 14 décembre dernier, lancé un appel à l’unité de tous les Libyens: chacun doit se sentir représenté et compris par ses dirigeants, a-t-il dit, en soulignant que la priorité est à la mise en place d’une plateforme politique inclusive. 

Par ailleurs, a observé le représentant, la situation sécuritaire reste gravement préoccupante en Libye, où aucune solution militaire ne permettra de trouver de solution au conflit.  Des forces de sécurité unifiées sous le commandement d’un gouvernement civil permettront cependant, selon lui, de réduire la menace posée par les éléments extrémistes et de mettre fin à une situation aux répercussions humanitaires très lourdes, y compris pour les migrants.

À cet égard, le délégué britannique s’est alarmé des allégations d’esclavage de ces populations en transit dans le pays, comme de la répression vis-à-vis de minorités religieuses soufies.  Pour le Royaume-Uni, un gouvernement libyen stable et uni reste le meilleur moyen de rétablir la paix durable en Libye.

Mme LISE HUBERTA JOHANNA GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a souligné que l’année 2018 sera cruciale pour la Libye, appelant à ne pas perdre l’occasion d’opérer une transition politique par l’intermédiaire de la mise en œuvre réussie du Plan d’action des Nations Unies.  Elle s’est dite profondément préoccupée par les accrochages qui se sont produits lundi à l’aéroport de Mitiga.

La représentante a appelé les parties à continuer de travailler dans le cadre de l’Accord politique libyen, soulignant que cet accord demeure le seul cadre viable pour mettre un terme à la crise politique libyenne.  Aussi, a-t-elle exhorté la délégation de la Chambre des représentants et le Haut Conseil de l’État à promptement finaliser leurs négociations sur les amendements limités à apporter à l’Accord.  Elle a aussi constaté que la séquence des opérations du Plan d’action sera d’une importance cruciale pour assurer la bonne préparation des élections.

La déléguée s’est également déclarée préoccupée par des graves violations des droits de l’homme et de la culture d’impunité qui prévaut en Libye.  Elle a appelé à prendre des mesures immédiates pour améliorer le sort des migrants et des réfugiés.  Le démantèlement des réseaux de trafics criminels qui les exploitent et qui déstabilisent la Libye nécessite une attention particulière, a-t-elle ajouté.

Elle a notamment salué l’action de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), des pays d’origine et des autorités locales pour faciliter le retour d’un nombre croissant de migrants, y voyant la démonstration de l’importance d’une coopération renforcée pour trouver des solutions « concrètes et humaines » au problème complexe de la migration.

Tournant ensuite son attention sur le problème de l’impunité, Mme Gregoire van Haaren a exhorté les parties à respecter les droits de l’homme, appelant dans la foulée au respect des résolutions 1970 (2011) et 2174 (2014).  Elle a aussi engagé le Gouvernement libyen à pleinement coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI). 

La représentante s’est par ailleurs félicitée des progrès réalisés pour assurer le retour de la MANUL en Libye, soulignant que l’élargissement de sa présence sur place sera bénéfique pour son rôle de coordination dans les domaines de l’aide humanitaire, la sécurité et les droits de l’homme.

La stabilisation de la Libye demeure une priorité pour la France, a expliqué son représentant, M. FRANÇOIS DELATTRE, pour lequel la mise en œuvre du plan d’action du Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Ghassan Salamé, est la clef pour atténuer les tensions et parvenir à une solution politique inclusive. 

Il a salué les premières étapes positives franchies dans le processus politique, notamment les consultations entre les deux chambres qui ont permis de faire émerger un consensus sur des points essentiels dans la révision de l’Accord de Skhirat, « accord qui reste le seul cadre valide et légitime pendant toute la transition ». 

Les prochaines étapes seront la conférence nationale inclusive qui sera décisive, selon M. Delattre, pour la réconciliation nationale et pour sceller le processus politique nécessaire au bon déroulement des élections.  L’autre échéance est celle de la tenue d’un processus électoral transparent et démocratique en 2018 qui permette au peuple libyen de s’exprimer.  Il a appelé à soutenir les efforts de M. Salamé, qui « travaille activement à la préparation de ces deux échéances ».

La France reste néanmoins préoccupée par l’évolution de la situation sur le terrain qui reste volatile, alors que des milices radicales ont mené ces derniers jours une nouvelle offensive à Tripoli et dans la région de Syrte, où Daech continue à sévir. 

Pour sa délégation il n’y a pas de solution militaire en Libye où la sortie de crise passe par une solution politique: la réconciliation nationale et la restauration d’un État qui contrôle l’intégralité de son territoire.  « La construction d’une architecture nationale de sécurité unifiée sous l’autorité du pouvoir civil est une priorité absolue », a insisté le représentant.  

Reste que la situation humanitaire et économique des Libyens continue à se détériorer et que cela pèse sur les équilibres politiques, a noté M. Delattre, qui a estimé que le rôle du Conseil est aussi de veiller à ce que le peuple libyen puisse bénéficier des richesses considérables de son pays, ajoutant que ses ressources pétrolières doivent rester sous le contrôle exclusif du Gouvernement d’entente nationale.  La France appelle à veiller à l’application des sanctions pour lutter contre l’économie parallèle qui nourrit les divisions politiques.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a réaffirmé le soutien de son pays aux efforts des Nations Unies en vue de mettre fin à la crise libyenne, en particulier au Plan d’action des Nations Unies pour la Libye dont les principales priorités sont d’amender l’Accord politique libyen, d’organiser la conférence nationale et de préparer les élections ainsi que d’apporter l’aide humanitaire à ceux dans le besoin.

Quatre mois après la présentation de ce plan d’action par le Secrétaire général, le représentant a noté des signes encourageants, notamment les mesures prises pour relancer le processus politique en Libye.

« Nous ne ménagerons aucun effort pour préserver l’unité de ce Conseil pour dissuader tout ce qui pourrait entraver l’unité du peuple libyen en vue de parvenir à la sécurité et à la stabilité en vertu de l’Accord politique », a déclaré le représentant koweïtien pour lequel il s’agit de l’unique voie à suivre pour une solution politique de la crise. 

Il a souligné l’importance pour tous les Libyens de souscrire au paragraphe 5 de la résolution 2259 (2015) du Conseil de sécurité qui rejette toute tentative de saper le processus politique dirigé par les Libyens et facilité par les Nations Unies. 

Le Koweït encourage les parties libyennes à accélérer ce processus par le dialogue en vue de parvenir à une gouvernance efficace, qui a une large représentation, et est unifiée et stable en vertu de l’Accord politique.  Cela permettrait la tenue de la conférence nationale, a estimé le représentant ajoutant qu’il s’agit là du « prélude » de l’adoption d’un cadre électoral et constitutionnel permettant l’organisation d’élections générales acceptables par tous les Libyens l’année prochaine. 

Ces efforts doivent viser l’adoption d’une nouvelle loi électorale, l’établissement des listes électorales et le lancement de la campagne d’enregistrement, a-t-il précisé. 

Avant de conclure, le représentant a fermement condamné l’assassinat du maire de Misrata et a exhorté les autorités libyennes à traduire les responsables de ce crime en justice et de lutter contre l’impunité.  Il a également plaidé en faveur de l’unification et du renforcement des forces armées libyennes.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dit qu’il attendait avec beaucoup d’intérêt la tenue de la conférence d’entente nationale pour la Libye, prévue en février.  Il a estimé que les progrès enregistrés par la Haute Commission électorale nationale marquent une avancée importante vers un scrutin accepté par tous. 

Le représentant s’est ensuite attardé sur la situation des migrants en transit en Libye, dont le sort ne s’est pas amélioré, les corps de 443 personnes ayant été repêchés par des gardes-côtes libyens au large du littoral au cours du mois écoulé.  Il a en outre exhorté les autorités du pays à diligenter des enquêtes pour faire traduire en justice les auteurs de violations des droits des migrants. 

La Bolivie a enfin réitéré son appui au Comité 1970 (2011) du Conseil de sécurité, qui surveille l’état de mise en œuvre des sanctions applicables à la Libye, un pays dont la situation actuelle résulte selon elle d’actions unilatérales. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a rappelé le soutien de son pays au Plan d’action des Nations Unies endossé par le Conseil de sécurité et salué les efforts du Représentant spécial pour faciliter sa mise en œuvre en étroite coopération avec les Libyens et les autres parties concernées.  Elle a jugé encourageants les progrès réalisés en vue d’amendements limités à l’Accord politique de 2015, lequel demeure pour l’Éthiopie le seul cadre viable pour assurer la transition. 

Elle a également salué les efforts de M. Salamé visant à la tenue, durant l’année, d’élections et a estimé que l’enregistrement de plus de deux millions d’électeurs témoignait de l’implication des Libyens en faveur d’un processus électoral démocratique.  Elle s’est aussi félicitée de l’organisation de réunions publiques dans différentes villes et des projets de tenue d’une conférence nationale.

La représentante a néanmoins reconnu que la mise en œuvre du Plan d’action se heurtait à de sérieuses difficultés, y compris du fait de l’absence d’institutions nationales unifiées, de l’insécurité et de la traite des êtres humains, entre autres.  La représentante a donc souhaité des efforts mieux coordonnés, tant de la part des Libyens que de la communauté internationale, aux efforts du Représentant spécial pour assurer la mise en œuvre du Plan d’action.

Les acteurs libyens doivent ainsi renouveler leur engagement en faveur du processus politique et les Nations Unies doivent pour leur part renforcer encore leur partenariat pour saisir l’occasion qui se présente actuellement.  La représentante s’est ainsi félicitée de la récente visite en Libye du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman. 

Elle a souhaité notamment que la communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité, continue d’appuyer la mise en œuvre du Plan d’action et a estimé à cet égard que la déclaration présidentielle du 14 décembre avait adressé le bon message.

Enfin, la déléguée éthiopienne a rappelé le rôle essentiel des pays voisins et des organisations régionales dans la crise libyenne et a salué la visite du Représentant spécial au siège de l’Union africaine, saluant l’accord conclu entre les Nations Unies et l’Union africaine pour contribuer ensemble à créer un consensus en Libye.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a estimé que le Plan d’action des Nations Unies était la solution la plus appropriée pour trouver une issue à la situation politique en Libye.  Elle a aussi insisté sur le rôle des femmes. 

La représentante s’est ensuite déclarée préoccupée de la détérioration de la situation en Libye, s’attardant notamment sur la crise migratoire et les risques qu’elle représente pour la sécurité régionale et internationale.  Elle a appelé à répondre aux racines de ces mouvements, notamment les déplacements forcés et la traite des personnes.

Elle a aussi engagé les autorités libyennes à prendre des mesures concrètes pour combattre les violations des droits de l’homme commises dans les centres qui sont sous leur contrôle.  La déléguée a par ailleurs dénoncé les personnes qui font obstacle à la mise en œuvre de l’Accord politique libyen.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a estimé que la situation en Libye pouvait être ramenée à la question des droits humains et des libertés individuelles, affirmant que le renversement du précédent régime résultait de l’aspiration du peuple libyen à réaliser ses droits et libertés fondamentaux.  Malheureusement, cet objectif n’a pas été atteint, a-t-elle constaté. 

Elle a ensuite condamné l’existence de marchés aux esclaves dans le pays, demandant l’ouverture d’enquêtes transparentes et impartiales pour établir les responsabilités dans les violations commises.  Cette situation démontre selon elle à quel point le peuple libyen a besoin d’un gouvernement capable de garantir la protection des populations les plus vulnérables. 

Après avoir rappelé l’aide apportée à la Libye depuis 2011 par les États-Unis, la déléguée américaine a souligné que les richesses naturelles libyennes doivent être protégées, en dénonçant le trafic illicite de carburant, au mépris du régime de sanctions en vigueur dans le pays. 

Par ailleurs, en dépit de l’affaiblissement de Daech, la menace terroriste continue de peser sur la Libye, a-t-elle prévenu.  Pour Mme Haley, l’Accord politique libyen doit rester le cadre pour assurer une transition politique.  Aussi, a-t-elle exhorté toutes les parties libyennes à le respecter.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a insisté sur l’engagement de son pays en faveur de la stabilisation et de la réconciliation en Libye et a rappelé le rôle joué dès 2011 par le Président Obiang Nguema Mbasogo, alors Président en exercice de l’Union africaine, pour tenter de mettre fin aux hostilités en facilitant le dialogue entre les parties belligérantes.

Pour le représentant, l’Accord politique de 2015 doit rester la base des efforts de réconciliation tout en tenant compte des aspirations des deux chambres du pays et le Plan d’action des Nations Unies lancé le 20 septembre dernier doit avoir pour objectif de renforcer l’Accord politique.

Le représentant a apporté son appui au travail de la MANUL, rappelant qu’elle avait notamment apporté l’assistance technique nécessaire à la Haute Commission électorale nationale et tente d’établir les conditions politiques, législatives et de sécurité nécessaires à la tenue de telles élections en 2018, a constaté M. Ndong Mba.

Le représentant a jugé gratifiantes les avancées modestes réalisées dans la mise en œuvre du Plan d’action et notamment les réunions tenues à Tunis, qui ont permis de mettre en œuvre l’article 2 de l’accord de paix.  Le peuple libyen souhaite la paix, a affirmé le représentant, qui s’est dit convaincu que les efforts des différentes instances internationales étaient essentiels pour ramener la paix en Libye.  La complexité de la situation et le degré des antagonismes nécessitent en effet une médiation extérieure, a-t-il expliqué.

M. Ndong Mba a enfin rappelé les défis persistants que représentent notamment l’insécurité, la situation humanitaire, les violations des droits de l’homme et la situation des migrants.  Il a dénoncé des cas flagrants d’impunité et d’anarchie.  Le pays est encore très en deçà du niveau d’éducation, sanitaire ou de sécurité qui était le sien en 2011, a-t-il rappelé.  Il a demandé aux autorités libyennes de relever ces défis, y compris ceux relatifs aux migrants.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a dit que le processus politique en Libye était entré dans une phase décisive, qui nécessitait que tous les acteurs impliqués dans la recherche de la paix dans ce pays travaillent désormais ensemble à une sortie de crise durable.  Le représentant a ajouté qu’aucune autre initiative ne ramènerait la paix et la stabilité en Libye.  Il a encouragé les pays voisins de la Libye, ainsi que la France, l’Union africaine, l’Union européenne et les Nations Unies à œuvrer ensemble afin d’offrir aux Libyens la paix.

Sur le plan de la situation humanitaire et sécuritaire, il s’est dit préoccupé par les nombreuses violations des droits de l’homme, occasionnées en majeure partie par les milices armées et les groupes terroristes qui empêchent l’État d’étendre son autorité sur l’ensemble du territoire et d’y maintenir l’ordre.  La situation sécuritaire en Libye constitue une réelle source d’inquiétude pour la communauté internationale qui craint l’enracinement de Daech et de plusieurs groupes terroristes dans ce pays marqué par la prolifération des milices armées.

Le délégué ivoirien a en outre exprimé ses vives protestations contre l’exportation illicite de pétrole brut de Libye.  Ce commerce est de nature à prolonger inutilement la souffrance du peuple libyen, et à compliquer le règlement du conflit.  L’ONU et le Conseil de sécurité ne peuvent courir le risque de laisser prospérer ce commerce illicite et devraient, par conséquent, prendre toutes les mesures nécessaires afin d’y mettre un terme.

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède), qui s’exprimait cette fois-ci en sa qualité nationale, a encouragé les Nations Unies à jouer un rôle de premier plan dans les efforts de médiation en Libye, avant de saluer la récente visite sur place du Secrétaire général adjoint, M. Jeffrey Feltman.  Sa délégation soutient en outre le Représentant spécial, M. Ghassan Salamé, et le Plan d’action des Nations Unies pour la Libye. 

« Après des années de conflit, il est difficile de rétablir la confiance entre les communautés », a reconnu la représentante pour laquelle il s’agit pourtant d’une condition préalable à la reconstruction du pays.  Ainsi, l’approche en cours « du bas vers le haut » pour promouvoir la réconciliation et l’unité nationales, tant au plan national que local, lui semble être la bonne pour jeter les bases du processus électoral. 

La Suède encourage tous les dirigeants politiques libyens à s’engager de manière constructive dans ce processus et à créer les conditions politiques, légales et sécuritaires nécessaires pour les la tenue des élections en 2018.

La représentante a également mis l’accent sur l’importance de la représentation des femmes et de leur pleine participation au processus politique libyen allant de l’avant.   « En Libye, nous devons maintenant saisir l’élan et placer la pleine jouissance par les femmes de leurs droits au cœur de la paix et de la sécurité internationales », a exigé la déléguée suédoise pour laquelle il ne s’agit pas d’une « question de femmes », mais bien « d’une question de paix et de sécurité ». 

Mme Schoulgin Nyoni a aussi fait part de ses préoccupations au sujet de la situation des migrants et des réfugiés dans le pays, et a appelé à un accès sans entrave de l’aide humanitaire aux centres de détention et à transformer ces centres en points de transit qui respectent les normes internationales. 

Avant de conclure, la représentante a demandé à ce que les richesses de la Libye puissent bénéficier à tout son peuple, et s’est dite préoccupée par la gestion des actifs gelés de la Libye et par les indications d’un épuisement de ces fonds.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a insisté sur l’importance de progresser dans la mise en œuvre de l’Accord politique libyen et du Plan d’action des Nations Unies pour faciliter le processus politique entre les différentes parties libyennes.  Le Pérou considère ainsi comme positif le dialogue établi entre le Haut Conseil d’État et la Chambre des représentants, dans lequel il voit une reconnaissance réciproque et un intérêt à faire progresser la transition sur la base de l’Accord politique de 2015.

Il lance un appel à toutes les parties pour participer activement à ce processus, estimant qu’il reste la seule voie pour parvenir à l’unité et la stabilité du pays.

Le représentant a également salué l’initiative visant à convoquer une conférence nationale sur les auspices du Secrétaire général de l’ONU et a insisté sur la nécessité d’impliquer tous les acteurs concernés par le retour d’une paix durable dans le pays, y compris les femmes et les jeunes.  Cette conférence nationale devrait représenter un tel espace de dialogue inclusif et de réconciliation et mener prudemment à des élections générales, transparentes, crédibles et acceptables par toutes les parties, a poursuivi M. Meza-Cuadra, qui a rappelé que le soutien de la communauté internationale sera indispensable.

Le Pérou constate en revanche avec préoccupation la poursuite des affrontements dans l’est comme dans l’ouest de la Libye, ainsi que de graves violations des droits de l’homme, y compris la traite de personnes et la situation de certains groupes de migrants.

Le représentant a notamment rappelé le chiffre de 36 000 mineurs migrants qui ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence dans ce pays.  Le statut de pays de transit international pour les migrants oblige à renforcer les mesures destinées à prévenir les violations des droits de l’homme, a poursuivi M. Meza-Cuadra, qui a donc souhaité que soient étudiées les initiatives proposées pour mettre en place des mécanismes d’inspection et de contrôle du territoire.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a salué les contacts entre les parties au conflit en Libye et les discussions en cours sur les amendements à apporter à l’Accord politique libyen.  Il a souhaité que les négociations se poursuivent à présent pour définir un accord stable.  Il a aussi jugé nécessaire de renforcer la sécurité, de combattre le terrorisme et de se pencher sur le problème de la criminalité et de la migration, insistant sur l’importance de la coopération avec la communauté internationale en la matière.

Le représentant s’est aussi dit préoccupé des heurts récents aux alentours de l’aéroport de Tripoli, dénonçant un contrôle insuffisant de la situation qui, a-t-il estimé, souligne la nécessité de renforcer le contrôle de l’État. 

Il s’est opposé à toute exclusion injustifiée des discussions en cours sur l’avenir politique de la Libye.  Il a salué l’initiative visant à renforcer le rôle de coordination de l’ONU en la matière, ajoutant qu’une attention particulière doit aussi être apportée aux propositions de l’Union africaine.  « En 2011, en ignorant les dynamiques sur le terrain, on a raté l’occasion de trouver une solution pour le pays », a-t-il déploré.

Le délégué russe a par ailleurs appelé au contrôle le plus strict des livraisons d’armes en Libye.

M. WU HAITAO (Chine) a exhorté l’ensemble des parties libyennes à respecter l’Accord politique libyen et à mettre en œuvre le Plan d’action des Nations Unies en vue de la reprise d’un processus politique sans exclusive pris en main par les Libyens, et à régler leurs différends par l’entremise d’un dialogue inclusif. 

La communauté internationale doit de son côté, a-t-il ajouté, créer des conditions de sécurité propices à l’application du Plan d’action, renforcer la confiance mutuelle des parties, et soutenir le rôle du Représentant spécial, en coopération avec les organisations régionales et sous-régionales pertinentes. 

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a rappelé que l’Accord politique libyen devait rester le seul cadre viable pour mener à bien le processus de transition en cours.  Selon lui, les efforts de la communauté internationale doivent être unifiés dans le cadre du Plan d’action des Nations Unies. 

Après avoir souligné la nécessité de remédier au sort des migrants, le représentant a rappelé à quel point il était important de protéger les ressources naturelles de la Libye de tout trafic illicite.

M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a indiqué que l’Accord politique libyen demeure l’unique cadre du processus politique dans son pays, assurant que le Gouvernent d’entente nationale œuvrait pour contrer les obstacles qui entravaient sa mise en œuvre à tous les niveaux.  Il a déploré le fait que de nombreux engagements n’eussent pas pu être tenus en raison notamment de l’existence d’institutions parallèles.  Il a appelé la communauté internationale à travailler pour éviter que la situation ne se détériorât davantage, soulignant que la seule solution à la situation dans laquelle se trouve son pays était politique, globale et consensuelle.

S’agissant des prochaines élections générales en Libye, le représentant a indiqué que le nombre d’électeurs avait augmenté et a espéré que le processus électoral dans son ensemble puisse être couronné de succès.  Il faut à présent s’assurer de l’acceptation des résultats par l’ensemble des parties et éviter toute faille pouvant conduire à leur contestation à l’avenir, a-t-il estimé.  Il a aussi indiqué que son gouvernement travaillait avec la société civile pour établir un dialogue et répondre aux préoccupations de la population.

Le représentant s’est ensuite attardé sur l’affaire du navire Andromeda, récemment saisi par les forces grecques alors qu’il était en route pour la Libye.  Il a indiqué que ce navire contenait à son bord des tonnes de matériaux dangereux pour la fabrication d’explosifs.  Le délégué a réaffirmé l’engagement de son gouvernement envers l’embargo sur les armes à destination de son pays, appelant par ailleurs le Groupe d’experts du Comité des sanctions à faire lumière sur les faits entourant cet incident.

Le représentant a ensuite condamné les violations et les souffrances endurées par les migrants.  Il a indiqué que les autorités s’efforçaient de leur prodiguer des abris et des soins adéquats en attendant leur rapatriement.  Le procureur national a en outre lancé une enquête sur les allégations de violation des droits de l’homme.  Il a aussi salué les efforts des acteurs internationaux pour trouver une solution et assurer le rapatriement de ces personnes.

Le délégué s’est également inquiété des pertes encourues annuellement sur les avoirs libyens gelés et a salué les efforts en cours pour contrer cette situation.  Il a expliqué que les banques imposent des intérêts négatifs élevés sur ces fonds, érodant ainsi ces avoirs.  Il a rappelé que ce gel ne constituait pas une mesure punitive contre le Gouvernement et a appelé à trouver une solution pour protéger ces investissements tout en les maintenant gelés.

Il a ensuite appelé la communauté internationale à être au rendez-vous pour assurer la construction d’un État démocratique en Libye.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le représentant du Kazakhstan fait le compte rendu de la récente mission effectuée par le Conseil de sécurité en Afghanistan

8158e séance – matin
CS/13164

Le représentant du Kazakhstan fait le compte rendu de la récente mission effectuée par le Conseil de sécurité en Afghanistan

L’instabilité persistante et le manque de progrès dans le processus de paix avec les Taliban sont les principaux éléments qui empêchent une stabilisation durable de l’Afghanistan, a déclaré, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le représentant du Kazakhstan, M. Kairat Umarov, en faisant le compte rendu de la mission que le Conseil a effectuée en Afghanistan du 13 au 15 janvier 2018.  Cette visite, la première depuis 2010, a permis au Conseil de mieux comprendre les besoins et priorités de ce pays et de montrer sa solidarité envers le peuple afghan, a-t-il affirmé.

M. Umarov a déclaré, à l’entame de son intervention, que la situation sécuritaire demeurait extrêmement volatile.  Il a déploré le nombre croissant de victimes, en raison des « tactiques » de plus en plus violentes utilisées par les groupes terroristes.  Le délégué s’est dit particulièrement préoccupé par la présence et l’activité, dans l’est et le nord du pays, de l’État islamique d’Iraq et du Levant - province de Khorassan, qui a intensifié ses attaques contre la population chiite, alimentant, ce faisant, les tensions sectaires et ethniques dans le pays.

Un autre défi est le retour de combattants terroristes étrangers qui se trouvaient en Syrie et en Iraq, a-t-il continué.  Le représentant a averti que le territoire afghan pourrait être utilisé pour déstabiliser des pays de la région, avant de mentionner les liens étroits qui existent entre l’extrémisme violent et le trafic de stupéfiants.  « Quand la guerre est financée par le trafic de stupéfiants, l’insécurité peut avoir des conséquences négatives pour la stabilité de toute la région. »

Le représentant a indiqué que le Gouvernement afghan avait identifié le principal obstacle à la paix: les sanctuaires pour les Taliban situés à l’extérieur du pays.  C’est pourquoi le Gouvernement a réitéré sa volonté d’un engagement constructif avec les pays voisins en vue de vaincre le terrorisme et de négocier.  M. Umarov a ensuite déploré le manque de progrès dans l’avancement du processus de paix, alors que le Gouvernement doit bientôt présenter sa stratégie en vue de parvenir à un accord avec l’opposition armée.

Il n’y a pas de solution exclusivement militaire en Afghanistan et il faut déployer des efforts sur tous les plans pour vaincre l’opposition armée, a déclaré M. Umarov en misant sur le processus politique.  Il a indiqué que le Haut Conseil de paix afghan visait, pour les prochaines années, à initier des pourparlers avec les Taliban, en s’appuyant sur l’accord de paix signé en 2016 avec Hezb-i Islami de Gulbuddin Hekmatyar.

« Certains de nos interlocuteurs ne se sont néanmoins pas montrés très optimistes, en relevant que des mesures significatives manquaient encore pour mettre le processus de paix sur les rails, malgré la volonté d’ouverture du Gouvernement », a dit le représentant.  En outre, le fait que les Taliban sont un mouvement fragmenté, et non pas un parti politique, ne facilite pas la tenue d’un dialogue constructif, a-t-il ajouté.

Le représentant a poursuivi son exposé en soulignant que le processus de paix était mené en même temps que les efforts visant à parvenir à une gouvernance transparente, à la tenue des élections cette année et à la conduite des réformes.  Il a rapporté à ce titre l’appel lancé par les membres du Conseil de sécurité pour que se tiennent, cette année, des élections transparentes, inclusives et dans les délais fixés, « afin de garantir la crédibilité du Gouvernement, de restaurer la confiance de la population dans les institutions et de prévenir une plus grande instabilité ».

Alors que les préparatifs des élections sont en cours, le Gouvernement d’unité nationale continue de donner la priorité à son programme de réformes, en mettant l’accent sur l’état de droit, la lutte contre la corruption et la réforme du secteur de la sécurité, a noté M. Umarov.  Le délégué a en même temps mentionné les préoccupations de certains groupes politiques devant la logique de faction au sein du Gouvernement, laquelle est de nature à créer des tensions politiques.  « Il est crucial qu’un dialogue constructif soit rétabli entre les forces politiques afghanes », a-t-il affirmé.

Le représentant a ensuite souligné les défis socioéconomiques que le pays doit relever, 39% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.  À cette aune, M. Umarov a insisté sur le caractère essentiel de l’aide internationale pour promouvoir la paix et la réconciliation, dans le cadre du Processus de Kaboul.  Nos interlocuteurs afghans ont insisté sur un appui continu aux opérations antiterroristes et au processus de relèvement, y compris dans la région, a-t-il déclaré, tout en ajoutant que les Afghans devaient jouer le premier rôle dans la coordination de ladite aide. 

Le Président afghan Ashraf Ghani a réitéré sa demande d’une assistance budgétaire accrue et d’une plus grande cohérence de l’aide onusienne, tout en soulignant l’importance de l’unité du Conseil de sécurité sur le dossier afghan, a-t-il dit.

Enfin, le représentant du Kazakhstan a déclaré que l’intégration économique régionale était de nature à promouvoir la paix et la stabilité de l’Afghanistan.  Nos discussions ont en effet révélé une préférence pour un nouveau paradigme, non seulement basé sur l’assistance mais aussi sur des investissements accrus, les infrastructures, des échanges énergétiques et la quête de nouveaux marchés, a-t-il déclaré.

Pour finir, le délégué a mentionné les atouts du pays, tels que son capital humain, son emplacement géographique et ses ressources, qui peuvent faciliter son insertion dans les différents processus régionaux.  Il a notamment mis en exergue le potentiel de plusieurs projets, tels que l’initiative « la ceinture et la route », l’ouverture de lignes de communication à fibre optique vers la Chine ou bien encore les liaisons ferroviaires qui traversent le territoire afghan pour relier à l’Asie du Sud les pays d’Asie centrale, la Chine et l’Iran.  Ces thèmes seront au cœur du débat ministériel qui doit se tenir le 19 janvier, a conclu M. Umarov.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Afrique de l’Ouest et Sahel: le Représentant spécial affirme devant le Conseil de sécurité que la situation sécuritaire reste gravement préoccupante

8156e séance – matin
CS/13161

Afrique de l’Ouest et Sahel: le Représentant spécial affirme devant le Conseil de sécurité que la situation sécuritaire reste gravement préoccupante

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, M. Mohamed Ibn Chambas, a expliqué, ce matin, devant le Conseil de sécurité, qu’en dépit de progrès continus réalisés en matière de transition démocratique et politique, la situation sécuritaire dans la région demeurait une source de grave préoccupation. 

Venu présenter le dernier rapport* du Secrétaire général sur les activités de Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), M. Chambas s’est notamment dit préoccupé par les incidents sécuritaires au Mali, du fait notamment des activités de groupes affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique du Grand Sahara, ainsi qu’au Niger.

Il a souligné qu’après un déclin notable des attaques perpétrées par Boko Haram, les incidents se sont multipliés depuis le mois de septembre.  En tout, deux millions de personnes attendent désespérément que se termine la crise dans le bassin du lac Tchad, s’est-il alarmé.

Aux activités terroristes s’ajoutent également les effets délétères de la désertification qui, a relevé le représentant de la Guinée équatoriale, pousse les éleveurs à la transhumance, une source constante de tension dans la région.  La propagation exponentielle des conflits intercommunaux et entre agriculteurs et éleveurs a du reste été qualifiée de véritable « bombe à retardement » pour la région par M. Chambas.

Face à autant de défis, de nombreux membres du Conseil ont plaidé pour la mise en œuvre intégrale de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, le représentant de la Guinée équatoriale jugeant en outre urgent que la communauté internationale apporte un soutien décisif à la Force multinationale mixte et à la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S). 

Alors qu’une structure de commandement militaire ainsi qu’un quartier général de la Force conjointe du G5 Sahel ont récemment été établis, le Représentant spécial a aussi estimé que la réponse sécuritaire devait être complétée par des mesures destinées à renforcer la gouvernance, le développement ainsi que la résilience de la population sahélienne. 

Le représentant de la Côte d’Ivoire a également appelé à tirer le meilleur parti des organisations régionales et sous-régionales, comme l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont les médiations au Burkina Faso, en Guinée-Bissau et en Gambie, a-t-il noté, se sont avérées décisives. 

À l’instar du Pérou, plusieurs délégations ont par ailleurs salué l’efficacité de l’UNOWAS, notamment dans les domaines de la diplomatie préventive, la coordination avec les organismes sous-régionaux et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Le représentant du Kazakhstan a toutefois noté que l’UNOWAS se voyait confronté à de nouveaux défis depuis la fermeture de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), ainsi qu’en raison de la menace croissante posée par le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et au Sahel. 

Estimant que toute approche militaire et humanitaire devrait être assortie d’un volet « développement », soutenu par un financement durable et prévisible, la délégation kazakhe a en outre estimé nécessaire de reconfigurer la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.

Dans son intervention, le Chef de l’UNOWAS a par ailleurs salué l’aboutissement du processus électoral au Libéria, où un nouveau président a été élu à l’issue d’un « remarquable processus électoral », pour citer les propos de la délégation bolivienne qui y a vu la preuve que les processus de réconciliation axés sur un processus sans exclusive sont essentiels.

M. Chambas a estimé que le Conseil devait à présent porter son attention sur les élections qui doivent se dérouler prochainement en Sierra Leone et en Guinée, avertissant par ailleurs que l’absence de consensus sur la mise en œuvre des réformes constitutionnelles au Togo menace le déroulement des élections législatives et locales qui y sont prévues cette année.

Il a également touché mot de la situation au Burkina Faso et en Gambie où les Nations Unies continuent de mettre en œuvre une approche pionnière en matière de pérennisation de la paix. 

* S/2017/1104

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST

Rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (S/2017/1104)

Déclarations

M. MOHAMED IBN CHAMBAS, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a indiqué qu’en dépit de progrès continus réalisés en Afrique de l’Ouest et au Sahel, notamment en ce qui concerne les transitions démocratique et politique pacifiques, la situation sécuritaire dans la région demeurait une source de grave préoccupation.  Il a notamment évoqué les attentats au Mali, dont certains se sont soldés par la mort de Casques bleus, à Kidal notamment, précisant que ceux-ci étaient attribués aux groupes affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique du Grand Sahara. 

Au Niger, a-t-il poursuivi, la hausse des incidents sécuritaires contraint désormais le Gouvernement à consacrer, en 2018, 17% de ses dépenses publiques au secteur de la sécurité, comparé à 15% en 2017, provoquant des manifestations dans la capitale en raison de l’impact de cette mesure sur l’octroi des services sociaux. 

Par ailleurs, après un déclin notable des attaques perpétrées par Boko Haram, les incidents se sont multipliés depuis le mois de septembre, faisant 143 victimes parmi les civils au courant du seul mois de novembre.  L’utilisation d’enfants kamikazes a quintuplé depuis 2016 et en dépit de la libération de 700 personnes, le groupe continu d’enlever des innocents.  En tout, deux millions de personnes attendent désespérément que se termine la crise dans le bassin du lac Tchad, s’est-il inquiété.

M. Chambas a indiqué que le Groupe des cinq pays du Sahel avait réalisé des progrès notables pour opérationnaliser leur Force conjointe, notamment en établissant une structure de commandement militaire ainsi qu’un quartier général à Sévaré.  Une première opération militaire a également été lancée au mois d’octobre avec des troupes françaises.  Il a souligné que la réponse sécuritaire devait être complétée par des mesures destinées à renforcer la gouvernance, le développement ainsi que la résilience de la population sahélienne. 

Le Représentant spécial a aussi indiqué qu’un plan d’appui à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel sera prochainement partagé avec les partenaires nationaux, régionaux et internationaux afin d’harmoniser les efforts et de définir un appui effectif pour le Sahel.

Poursuivant, le Représentant spécial a affirmé que la propagation exponentielle des conflits intercommunaux et entre agriculteurs et éleveurs avait fait des centaines de victimes et a averti que cette situation, véritable bombe à retardement, risquait de dépasser le niveau communautaire si on l’ignorait.  Il a également signalé que la migration était devenue l’une des activités les plus lucratives des réseaux criminels de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel et a appelé à continuer de faire de l’élimination de la traite des êtres humains une priorité pour 2018.

M. Chambas a ensuite indiqué que l’ONU continuait de mettre en œuvre une approche pionnière en matière de pérennisation de la paix en Gambie et au Burkina Faso.  Il a précisé qu’un ferme appui de la communauté internationale au plan d’urgence du Burkina Faso permettra à ce pays de faire face aux menaces à sa paix et à sa sécurité. 

Alors que le processus de consolidation démocratique est en cours en Gambie, le Représentant spécial a estimé que davantage d’attention devait être accordée aux défis auxquels font face ces deux pays dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité, la réconciliation nationale et la justice. 

Il a par ailleurs salué l’adoption, au Burkina Faso, d’une nouvelle loi sur les défenseurs des droits de l’homme ainsi que l’adoption d’une loi visant à établir une commission nationale des droits de l’homme en Gambie.  Le lancement, au Nigéria, de procédures judiciaires contre les personnes soupçonnées d’appartenir à Boko Haram mérite également d’être salué, a-t-il ajouté.

Le Représentant spécial a par ailleurs parlé de la situation au Libéria où un nouveau président a été élu à l’issue d’un processus pacifique, saluant le fait que les différends liés au scrutin aient été réglés par des moyens exclusivement juridiques.  Il y a également vu la démonstration de l’efficacité de la diplomatie préventive. 

Il a appelé à se pencher à présent sur les élections qui doivent se dérouler prochainement en Sierra Leone et en Guinée, avertissant par ailleurs que l’absence de consensus sur la mise en œuvre des réformes constitutionnelle au Togo menace le déroulement des élections législatives et locales qui y sont prévues cette année.

Enfin, après avoir rendu hommage à la Présidente sortante du Libéria, Mme Ellen Johnson-Sirleaf, M. Chambas a appelé à redoubler d’efforts pour promouvoir la participation des femmes au processus de prise de décisions et veiller à ce que les jeunes de la région occupent une place centrale dans les politiques de développement.

En dépit des progrès enregistrés en Afrique de l’Ouest, M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) s’est déclaré préoccupé par la prévalence de l’insécurité dans la région, et par les phénomènes qui en sont les corollaires, comme la traite des êtres humains ou le trafic de stupéfiants, particulièrement dans les zones caractérisées par l’absence d’institutions régaliennes de l’État.  Il lui a paru indispensable, dans ce contexte, de tirer le meilleur parti des organisations régionales et sous-régionales, comme l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont les médiations au Burkina Faso, en Guinée-Bissau et en Gambie se sont avérées décisives.  Le représentant a ensuite plaidé pour la mise en œuvre intégrale de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qui reste tributaire de la matérialisation des engagements pris par les bailleurs de fonds internationaux. 

M. Tanoh-Boutchoue s’est réjoui de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2391 (2017), qui demande la fourniture, par l’intermédiaire de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), d’un appui opérationnel et logistique spécial à la Force conjointe du G5 Sahel.  La délégation ivoirienne appelle en outre à des mécanismes de financement prévisibles et durables de la Force conjointe du G5 Sahel.  Le représentant a par ailleurs salué les efforts déployés par les pays participants à la Force multinationale mixte, qui a permis de réduire l’insécurité, même si elle perdure dans certaines parties de la région.  Il a enfin salué le lancement de l’Alliance pour le Sahel qui entend fédérer les partenaires internationaux dans l’aide qui doit être apportée pour favoriser le développement de cette région, avant de donner l’assurance que son gouvernement continuerait de fournir au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) l’appui indispensable dont celui-ci a besoin. 

Pour M. OLOF SKOOG (Suède), les bureaux régionaux des Nations Unies, comme l’UNOWAS, doivent jouer un rôle de premier plan pour placer la prévention des conflits au cœur du travail des Nations Unies.  Il a salué les actions de prévention menées par l’UNOWAS, notamment ses missions de bons offices ainsi que sa contribution précieuse en termes d’analyses stratégiques et intégrées des opportunités, risques et défis auxquels les autorités nationales et locales font face dans leurs efforts de maintien de la paix.  La Suède appuie fermement ce travail et souhaiterait le voir répliqué dans d’autres régions.

Le représentant a notamment salué les développements positifs au Libéria, pour son processus électoral pacifique, transparent, libre et juste, et en Gambie.

Alors que le Conseil de sécurité demande à l’UNOWAS de faire davantage –y compris en apportant son soutien à la transition de cadres avec une mission de maintien de la paix à des cadres sans mission au Libéria et en Côte d’Ivoire, ou encore pour appuyer les efforts régionaux de lutte contre le terrorisme-, la Suède estime qu’il faut lui garantir les ressources adéquates pour s’acquitter de ces fonctions. 

Son représentant a également mis l’accent sur les approches holistiques pour pouvoir répondre aux causes profondes des problèmes et de l’instabilité que rencontrent les pays de la région et qui ne connaissent souvent pas de frontières, comme le terrorisme, les crises humanitaires ou la compétition pour les ressources limitées.  À ce titre, il a encouragé la coopération entre l’UNOWAS et d’autres organisations régionales pour développer de telles approches.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a dit considérer l’UNOWAS comme un outil sui generis efficace, dont la vision holistique et de portée régionale offre une capacité d’action particulière du fait de sa souplesse qui le rend adaptable aux différents défis de la sous-région.  Pour le Pérou, l’UNOWAS représente également une plateforme appropriée pour articuler les efforts régionaux et intrarégionaux destinés à traiter les défis complexes qui affectent l’Afrique de l’Ouest.  Le représentant a mentionné trois succès qui illustrent le potentiel de l’UNOWAS.  En premier lieu, il a cité la diplomatie préventive, concrétisée dans des activités de médiation et de bons offices qui ont permis d’éviter l’apparition ou la dégradation de crises politiques.  Cette activité doit être renforcée, a plaidé M. Meza-Cuadra.

En deuxième lieu, le représentant a salué le « remarquable travail de coordination » de l’UNOWAS avec l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres organismes sous-régionaux dans le domaine du développement, citant aussi le renforcement des institutions politiques et la mise en œuvre d’instruments de sécurité transfrontalière.  Il a également salué le récent accord conclu entre l’UNOWAS et le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) pour améliorer l’assistance dans la région du bassin du lac Tchad. 

Enfin, le représentant a estimé que l’UNOWAS avait démontré son efficacité dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Il a ainsi salué sa contribution à la lutte contre Boko Haram, non seulement les programmes de réinsertion des personnes liées à ce groupe terroriste, mais aussi la lutte contre l’impunité.  L’UNOWAS doit aussi être doté des moyens de faire face à la lutte contre la criminalité organisée qui finance souvent le terrorisme, a ajouté M. Meza-Cuadra.  Il a conclu en insistant sur l’importance de doter le Bureau des ressources nécessaires pour lui permettre de s’acquitter de ses tâches.  Il a enfin salué des initiatives complémentaires en citant l’Alliance pour le Sahel, dirigée par l’Union européenne et à laquelle sont associés la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, ainsi que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a jugé primordiale l’activité des missions politiques spéciales en général.  Dans le cadre des différentes activités de l’UNOWAS, il a notamment salué son action de promotion de la participation active des femmes aux processus de paix, ainsi que sa coordination avec les organisations régionales comme l’Union africaine ou la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Le représentant a également rendu hommage au « remarquable processus électoral » mené au Libéria l’année dernière et en a félicité le peuple de ce pays, y voyant la preuve que les processus de réconciliation axés sur un processus sans exclusive sont essentiels.

Le représentant a ensuite salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qu’il a jugée décisive pour relever sur le long terme les défis dans le domaine de la sécurité et pour contribuer à la stabilité sociale et économique et au développement.  M. Llorentty Solíz a appelé à aider le Mali qui continue de subir une grave crise.  Le représentant a attribué celle-ci aux conséquences des politiques interventionnistes de changement de régime en Libye, qu’il a une nouvelle fois condamnées.  Il a appelé de ses vœux à un accord technique entre les Nations Unies, l’Union européenne et le Groupe de cinq pays du Sahel dans le cadre de la résolution 2391 (2017) du Conseil.  Le représentant a également condamné le terrorisme et toutes les actions violentes et criminelles menées dans la région, en insistant sur la pleine mise en œuvre de la résolution 2349 (2017) sur la lutte contre le terrorisme, notamment Boko Haram et Daech.  À cet égard, il a salué le travail de coordination entre l’UNOWAS, la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) et la Force multinationale mixte, ajoutant que ces efforts devraient bénéficier du plein soutien des États Membres. 

Enfin, M. Llorentty Solíz s’est dit préoccupé par la grave situation humanitaire que connaît la sous-région et a exhorté la communauté internationale à apporter coopération humanitaire et assistance technique pour défendre les plus vulnérables.  Il a également rappelé la nécessité d’appuyer l’architecture régionale et sous-régionale de règlements des conflits en Afrique et a invité à la poursuite des processus de stabilisation politique de la région, et ce, dans le plein respect des principes de souveraineté, d’indépendance et d’intégrité territoriale des États. 

Pour Mme LISE HUBERTA JOHANNA GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas), l’UNOWAS reste un facilitateur essentiel du soutien de la communauté internationale à cette région pour y promouvoir la stabilité.  Elle a identifié trois domaines dans lesquels l’UNOWAS apporte une « valeur ajoutée »: la prévention des conflits, la coopération transfrontalière et régionale et la coordination, trois éléments clefs, selon elle, pour aborder les causes profondes de l’instabilité dans cette région et permettre son développement inclusif et pacifique.

Pour ce qui est de la prévention des conflits, elle a cité le cas de la Gambie où, un an après le changement de pouvoir turbulent, le pays semble être aujourd’hui sur la bonne voie.  Au Libéria, a-t-elle rappelé, l’UNOWAS a également joué un rôle important dans la tenue d’élections pacifiques et le prochain rendez-vous sera en Sierra Leone pour tester la marche de l’Afrique de l’Ouest vers la démocratie. 

L’approche pluridimensionnelle des objectifs de développement durable est l’outil privilégié de la prévention, a estimé Mme Gregoire Van Haaren, en prenant le cas du lac Tchad où les ressources limitées en eau sont l’une des causes profondes du conflit. 

En attendant la réalisation de ces objectifs, sa délégation soutient les activités du Représentant spécial en termes d’alerte rapide et propose qu’une mission conjointe avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur ce sujet soit mise sur pied.  De plus, elle souhaiterait une analyse détaillée et distincte de la situation au lac Tchad, y compris une analyse en termes d’alerte rapide, dans le prochain rapport du Secrétaire général.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué « l’excellent travail » du Représentant spécial du Secrétaire général en Afrique de l’Ouest malgré un contexte difficile marqué notamment par le terrorisme.  Face à la grave crise humanitaire et alimentaire que subit la région, il est urgent que la communauté internationale apporte un soutien décisif à la Force multinationale mixte et à la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), a-t-il ajouté.  Il a en outre souligné les effets délétères de la désertification, qui pousse les éleveurs à la transhumance, laquelle est toujours source de tension dans la région. 

Le représentant a dit sa confiance dans la capacité de l’UNOWAS à mettre en avant l’esprit de la Déclaration de Praia sur les élections et la stabilité en Afrique de l’Ouest.  Il s’est dit satisfait des aspects positifs recensés dans le rapport du Secrétaire général, tels que la croissance économique de la région, les progrès enregistrés dans la réforme du secteur de la sécurité en Gambie ou au Burkina Faso et le bon déroulement de l’élection présidentielle au Libéria.  Il a aussi exhorté la communauté internationale et l’UNOWAS en particulier à appuyer les efforts menés en Guinée-Bissau pour régler définitivement la crise politique, en misant sur un dialogue qui inclue tout le monde.  M. Ndong Mba a conclu en dénonçant les menaces terroristes qui pèsent sur l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale ou ailleurs.  Faisant référence aux infiltrations de mercenaires dans son pays fin décembre, il a appelé la communauté internationale à contrôler ces groupes qui sèment l’instabilité et l’insécurité dans la région. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a affirmé que la collaboration entre les Nations Unies, l’Union africaine et Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) était cruciale.  Il a salué le déroulement pacifique des élections au Libéria, estimant qu’un cap important avait été franchi pour édifier une démocratie durable dans le pays.  Il a noté toutefois que ce pays continuait d’avoir un besoin notable de l’appui de la communauté internationale, soulignant que les institutions démocratiques doivent être renforcées par les secteurs économiques et sociaux.  Le délégué s’est également préoccupé des défis sécuritaires que doit affronter la région, à commencer par l’extrémisme, le trafic de stupéfiants et d’autres crimes transnationaux organisés.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a souligné les nouveaux défis auxquels est confronté l’UNOWAS en raison de la fermeture de l’Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) et de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), en particulier à la lumière de la menace croissante posée par le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Il s’est dit préoccupé par l’insécurité alimentaire et les déplacements forcés de population causés par les violences dans ces régions.  Dans ce contexte, le Kazakhstan a déclaré qu’il soutenait pleinement les initiatives régionales qui cherchent à répondre à ces menaces au travers de la Force conjointe du G5 Sahel et de la Force multinationale mixte, tout en saluant les partenaires internationaux qui œuvrent pour mobiliser l’aide financière à l’appui de ces initiatives.  Selon la délégation, toute approche militaire et humanitaire devrait être assortie d’un volet « développement », soutenu par un financement durable et prévisible.  À cet égard, le représentant a jugé qu’il fallait reconfigurer la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et prévoir une approche intégrée pour la région du bassin du lac Tchad.

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