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Darfour: Face à « l’absence générale de guerre », le Conseil de sécurité est appelé à s’interroger sur les moyens de consolider les acquis

8202e séance – matin
CS/13246

Darfour: Face à « l’absence générale de guerre », le Conseil de sécurité est appelé à s’interroger sur les moyens de consolider les acquis

Face à une « absence générale de guerre au Darfour », la question est aujourd’hui de savoir ce qu’il convient de faire avec les « conditions de paix relatives » qui y prévalent, a déclaré aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial conjoint ONU-Union africaine et Chef de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), M. Jeremiah Nyamane Kingsley Mamabolo.

Alors que la MINUAD entre dans une « phase de stabilisation », M. Mamabolo a demandé à la communauté internationale d’agir de manière « à consolider les acquis d’années de présence, et non à les compromettre », en fournissant les ressources nécessaires au développement socioéconomique et à la consolidation de la présence de l’État dans la région.  Pour sa part, le représentant du Soudan a plaidé pour un désengagement accéléré du Conseil de sécurité et une nouvelle reconfiguration de la mission.

Le 29 juin dernier, le Conseil de sécurité avait décidé, en adoptant la résolution 2363 (2017), de reconfigurer fortement la MINUAD, présente au Darfour depuis 2003, afin de l’adapter à l’évolution de la situation au Darfour, marquée par une quasi-cessation des combats.  Le mandat de la mission répond désormais à une double démarche: d’une part la protection militaire, l’enlèvement des restes explosifs de guerre, les secours d’urgence dans la région du Jebel Marra, la stabilisation de la situation, l’appui à la police et l’aide au renforcement des institutions garantes de l’état de droit dans les autres régions du Darfour; d’autre part un mandat général de protection des civils, de médiation des conflits intercommunautaires et de suivi des questions liées à la réforme du secteur de la sécurité.

La résolution 2363 prévoyait en outre une reconfiguration de la mission en deux phases, avec une forte réduction des effectifs militaires, de police et civils.  La première phase s’est achevée comme prévu fin décembre et le Conseil de sécurité a, dans une déclaration présidentielle du 31 janvier, autorisé le lancement de la phase 2 à compter du 1er février.  Le rapport du Secrétaire général, que M. Mamabolo présentait aujourd’hui au Conseil, est ainsi le premier à couvrir le début de cette nouvelle phase.

Pour le Représentant spécial, il est encore trop tôt pour réaliser « une évaluation réaliste » des conséquences de la reconfiguration de la MINUAD sur la protection des civils dans les zones dont elle s’est retirée dans le cadre de la phase 1.  Il a cependant fait état de « restrictions administratives imposées par le Gouvernement » qui empêchent pour l’instant la mission d’avoir un plein accès à ces régions et donc d’assurer le suivi de la situation. 

M. Mamabolo a constaté par ailleurs que le processus politique restait au point mort, ce qu’ont également regretté la plupart des membres du Conseil qui ont ensuite pris la parole et qui ont invité les groupes d’opposition armés à accepter les négociations sur la base du Document de Doha pour la paix de 2011, estimant qu’il constitue un cadre viable pour le processus de paix.

En revanche, tant le Chef de la MINUAD que les délégations ont noté une amélioration de l’accès humanitaire aux populations dans le besoin, tout en s’inquiétant du nombre de ces derniers, des nouveaux cas de déplacement ou encore de l’insécurité alimentaire persistante.

Dans sa déclaration présidentielle du 31 janvier, le Conseil avait également demandé au Secrétariat une étude pour « envisager un nouveau concept de mission dans lequel les priorités seraient mises à jour », avant la prorogation du mandat de la MINUAD, qui arrive à expiration le 30 juin.  Cette étude devra faire l’objet d’un rapport écrit que le Conseil a demandé pour le 1er juin.

Dans cette perspective, M. Mamabolo a expliqué que la mission s’attachait à appuyer la stabilisation au Darfour par des initiatives politiques, sociales et économiques et par une assistance destinée à renforcer cette relative stabilité.  Reconnaissant que des problèmes persistent, notamment celui de l’occupation de la terre, qui empêche de nombreux déplacés de rentrer chez eux, il a invité la communauté internationale à fournir d’importantes ressources pour assurer la reconstruction postconflit.  Au moment où la MINUAD entre dans une phase de stabilisation, « nous devons agir de manière à consolider les acquis d’années de présence, et non à les compromettre », a-t-il mis en garde.  Il a également demandé au Conseil de sécurité de fournir à la MINUAD les ressources qui lui sont nécessaires.

« Nous recueillons les fruits de nos efforts », a pour sa part estimé le représentant du Soudan, M. Omer Dahab Fadl Mohamed, qui a dit attendre avec impatience la fin de la seconde phase de reconfiguration de la MINUAD et la fermeture d’autres bases.  Il a également mis en question la périodicité des rapports du Secrétaire général sur le Darfour, estimant que la situation était « très stable » et que le dernier en date ne contenait « rien de nouveau ».

Le représentant du Soudan a également souhaité l’achèvement des travaux menés par le Groupe d’experts auprès du Comité des sanctions concernant son pays –le « Comité 1591 »- dans l’optique d’une levée des sanctions.  La nouvelle Présidente du Comité, Mme Joanna Wronecka (Pologne), a présenté au Conseil les activités les plus récentes de ce dernier, rappelé les recommandations faites par le Groupe d’experts et mentionné une nouvelle réunion tenue le 5 février avec huit États de la région en vue de discuter de l’application des sanctions.  Elle a également fait part de son intention de se rendre au Soudan en avril, une proposition agréée par le représentant du Soudan.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (S/2018/154)

Déclarations

M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO, Représentant spécial conjoint ONU-Union africaine et Chef de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), qui s’exprimait par visioconférence depuis El-Fasher au Soudan, a jugé très important de réexaminer les progrès faits à la suite de la phase 1 de la reconfiguration de la mission, en particulier dans la perspective de l’examen stratégique prévu au mois d’avril.  Il a ensuite rappelé que le dernier rapport en date du Secrétaire général portait sur la période allant du 16 décembre 2017 au 15 février 2018, durant laquelle la mission a commencé à mettre en œuvre la phase 2 de ladite reconfiguration.

Dans le cadre de cette phase 2, l’équipe spéciale sur le Jebel Marra est rendue opérationnelle, a expliqué notamment M. Mamabolo, qui a précisé les mesures prises en ce sens, en particulier le redéploiement des personnels militaires et de police de la MINUAD.  La construction de la base de Golo est en cours mais se heurte à des difficultés d’accès du fait de l’état des axes routiers, a-t-il indiqué.  La phase 2 prévoit aussi une réduction des personnels militaires, de police et civils de la mission, a rappelé M. Mamabolo, et là aussi, les opérations sont en cours.

Il est encore trop tôt pour réaliser une évaluation réaliste des conséquences de la reconfiguration de la MINUAD pour la protection des civils dans les zones dont elle s’est retirée dans le cadre de la phase 1, a déclaré M. Mamabolo, qui a fait état de « restrictions administratives imposées par le Gouvernement ».  La mission discute avec le Gouvernement pour tenter de lever ces restrictions et obtenir un plein accès à ces régions, afin d’assurer le suivi de la situation.  Le Chef de la MINUAD a par ailleurs fait état de quelques affrontements communautaires, quoiqu’en nombre plus réduit, et d’instabilité dans certains camps de personnes déplacées.

Le processus politique reste quant à lui au point mort, a regretté M.Mamabolo, qui a expliqué que le principal problème restait le cadre dans lequel les négociations doivent se tenir.  Précisant qu’il restait en contact avec certains des groupes armés du Darfour, il a dit les avoir pressés d’accepter les négociations sur la base du Document de Doha pour la paix de2011, estimant qu’il constitue un cadre viable pour le processus de paix.

La situation au Darfour n’est pas celle qui prévalait en 2003 lors de la création de la mission, a rappelé M. Mamabolo, pour qui, à l’exception de quelques affrontements sporadiques entre les forces gouvernementales et l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS/AW), il y a une « absence générale de guerre au Darfour ».  Le repositionnement de la MINUAD en application de la résolution 2363 (2017) du Conseil de sécurité a représenté une claire reconnaissance de cette réalité évolutive, a-t-il ajouté.

La question est donc de savoir ce qu’il convient de faire avec ces conditions de paix relatives, s’est interrogé le Représentant spécial.  Expliquant qu’il s’était rendu dans diverses parties du Darfour durant les derniers mois, il a déclaré que la population de la région estime qu’il y prévaut une paix et une stabilité relatives, rend hommage à la MINUAD pour cet état de fait et reconnaît l’impact positif de la campagne de collecte des armes organisée par le Gouvernement.  En même temps, les membres des communautés déplacées ressentent un traitement inéquitable dans cette collecte des armes, veulent retourner dans leur foyer, mais dans des conditions correctes et, plus encore, veulent pouvoir disposer des ressources nécessaires à la reconstruction après le conflit.

M. Mamabolo a expliqué qu’en application de son nouveau mandat, la MINUAD s’attachait à appuyer la stabilisation par des initiatives politiques, sociales et économiques et par une assistance destinée à renforcer cette relative stabilité.  Il a reconnu que des problèmes persistaient, notamment celui de l’occupation de la terre, qui empêche de nombreux déplacés de rentrer chez eux.

Il faudra pour la reconstruction postconflit d’importantes ressources, a poursuivi le Représentant spécial, qui a appelé les différents acteurs de la communauté internationale à fournir leur contribution, sous forme d’assistance ou de plaidoyer, en faveur du redressement.  Alors que la MINUAD entre dans une phase de stabilisation, nous devons agir de manière à consolider les acquis de ces années de présence, et non à les compromettre, a-t-il mis en garde.  La communauté internationale doit donc fournir des ressources en faveur du développement socioéconomique et de la consolidation de la présence de l’État au Darfour, a insisté M. Mamabolo, qui a conclu en demandant au Conseil de fournir également les ressources nécessaires à la MINUAD durant sa phase de réduction de son personnel, ainsi que son appui, plus que jamais nécessaire en cette phase critique de l’engagement de la mission.

Mme JOANNA WRONECKA, Présidente du Comité du Conseil de sécurité établi en application de la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan, a présenté le travail de son Comité lors de la période allant du 8 décembre 2017 au 14 mars 2018, avant de mentionner les trois recommandations faites au Comité par le Groupe d’experts.  Dans sa première recommandation, le Groupe d’experts a préconisé que le Comité continue de surveiller la présence et les activités des groupes rebelles du Darfour en Libye et au Soudan du Sud, a-t-elle dit.  En lien avec sa deuxième recommandation, le Groupe d’experts a informé le Comité, le 30 janvier, que les amendements proposés à la liste des sanctions contenus dans son rapport final ont omis, par inadvertance, certains éléments d’information, a-t-elle poursuivi, ajoutant qu’en conséquence des amendements révisés ont été proposés.  Elle a précisé que les amendements révisés relatifs à trois individus visés par les sanctions étaient en cours d’examen par le Comité.

S’agissant de sa troisième recommandation, le Comité a envoyé, le 30 janvier, une lettre au représentant du Soudan, dans laquelle il encourage le Gouvernement soudanais à surveiller les déplacements transfrontaliers des individus dont les noms figurent sur la liste des sanctions, a déclaré Mme Wronecka.  Elle a mentionné la réunion du 5 février avec le Soudan et huit États de la région en vue de discuter de l’application des mesures prises.  Ces États se sont engagés à mettre en œuvre les résolutions du Conseil, a-t-elle dit.  La Présidente a fait part de son intention de se rendre au Soudan en avril, une proposition agréée par le délégué soudanais.  « Cela sera la troisième visite de la Présidente depuis celles de janvier 2014 et de mai 2017 », a-t-elle conclu.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a jugé encourageant que le Darfour connaisse « une paix et une stabilité relatives » mais s’est dit préoccupé par la situation humanitaire et la poursuite des violations des droits de l’homme.  Il s’est félicité des progrès enregistrés dans la mise en œuvre du plan d’action signé en 2016 pour mettre fin au recrutement d’enfants dans les forces gouvernementales, ainsi que de la visite récente de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Mme Virginia Gamba, ainsi que de la première visite sur place de Mme Pramila Patten, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Le Gouvernement soudanais doit poursuivre ses efforts pour sanctionner les responsables de violations des droits de l’homme et permettre l’accès des victimes à la justice, a demandé le représentant. 

M. Meza-Cuadra s’est félicité de la baisse du nombre des affrontements communautaires et des mécanismes de réconciliation mis en place.  Il s’est également félicité de l’accord entre la MINUAD et le Gouvernement soudanais, qui a permis de commencer la construction de la base de Golo.  Toutes ces mesures doivent toutefois être complétées pour s’attaquer aux causes profondes du conflit, notamment les questions liées à la terre, la sécurité alimentaire et aux emplois décents pour tous, ainsi que pour assurer la promotion des femmes et des jeunes.  Le représentant a conclu en mettant en avant les efforts en ce sens menés par la MINUAD et par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a noté l’amélioration de la situation sécuritaire au Darfour, aucun affrontement n’ayant été constaté pendant la saison sèche.  Il a félicité le Gouvernement soudanais pour cette amélioration, tout en l’encourageant à trouver une solution définitive à la crise.  Il faut remédier aux causes profondes de celle-ci, a-t-il invité, en soulignant la nécessité de prévenir les heurts intercommunautaires.  Le délégué a demandé un appui international fort à la campagne de collecte des armes menée actuellement par le Gouvernement.  Il a souhaité que l’amélioration sécuritaire se traduise maintenant par des mesures sur le plan politique, avant de se féliciter de la surveillance par le Comité des sanctions des activités des groupes rebelles du Darfour en Libye et au Soudan du Sud. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a mis en avant les aspects positifs de la situation au Darfour tels que présentés dans le rapport du Secrétaire général, notamment l’absence d’affrontements entre les forces gouvernementales et les groupes armés, la campagne de collecte des armes promue par le Gouvernement ou encore la visite au Darfour de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés.  Les avancées sur ce dernier point sont très visibles, même s’il y a beaucoup à faire, a commenté le représentant.  M. Inchauste Jordán a également souligné une amélioration de la situation humanitaire, notamment en ce qui concerne l’accès des acteurs humanitaires aux personnes dans le besoin, tout en regrettant de nouveaux déplacements de population.  Il a aussi noté une diminution du nombre de cas de violations des droits de l'homme, tout en souhaitant là aussi de nouveaux efforts.

Le représentant a ensuite rappelé que seule une solution politique permettra de résoudre les causes profondes du conflit et de parvenir à une paix durable au Darfour.  Il a invité les groupes d’opposition armés à accepter des négociations sur la base du Document de Doha.  Le représentant a enfin salué la poursuite de la reconfiguration de la MINUAD.

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) s’est dit encouragé par l’amélioration de la situation humanitaire et sécuritaire au Darfour et par la coopération accrue entre le Gouvernement soudanais, l’ONU et l’Union africaine.  Il a espéré que la récente rencontre entre le Président soudanais Omar El-Bashir et le Chef de l’Armée de libération du Soudan/SR, M. Abu Al-Qasim, facilitera la mise en œuvre du Document de Doha.  Le délégué a souhaité que le mandat de la MINUAD accorde la priorité au renforcement des capacités et aux mesures de pacification intercommunautaire.  Enfin, il a exhorté la communauté internationale à fournir au Gouvernement soudanais l’appui nécessaire pour remédier aux causes profondes du conflit.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a salué les progrès enregistrés en matière de sécurité au Darfour, en particulier la prolongation du cessez-le-feu décidé par les différentes parties et le succès de la campagne de collecte des armes, qui doit être poursuivie.  Il s’est en revanche dit inquiet de l’impasse dans laquelle se trouve le processus politique et a encouragé les différentes parties à l’accord de Doha à le mettre pleinement en œuvre, et les autres groupes armés à l’accepter.  Il a appelé le Gouvernement à mettre en œuvre le plus rapidement possible la politique de droit à la restitution des terres, afin d’apporter au plus vite une réponse à une des causes profondes du conflit.  Il s’est félicité de l’amélioration de l’accès humanitaire mais s’est dit préoccupé par les nouveaux déplacements de population et les risques élevés d’insécurité alimentaire.  Il a enfin encouragé la MINUAD à continuer d’apporter son assistance au Gouvernement pour améliorer les capacités des institutions judiciaires, notamment celles qui sont en charge des droits de l’homme.

Le représentant a ensuite salué les efforts de la MINUAD et s’est félicité du démarrage, à la date prévue, de la phase 2 de sa reconfiguration.  Il a estimé que la mise à disposition par le Gouvernement du site de Golo démontrait la volonté de ce dernier d’accompagner la mission dans son processus de reconfiguration.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a fait valoir qu’il n’y a pas de guerre au Darfour et que la paix est en voie de consolidation pour revenir à la situation qui prévalait avant 2003.  « Nous recueillons les fruits de nos efforts », a-t-il dit.  Il a questionné la périodicité des rapports du Secrétaire général, alors que la situation est très stable au Darfour.  Les rapports sont très similaires, le dernier en date ne contenant rien de nouveau, a-t-il affirmé.  Le délégué a demandé une reconfiguration de la MINUAD à la lumière des évolutions positives constatées sur le terrain.  Le temps est venu de changer la démarche du Secrétariat pour la mettre en conformité avec la position du Conseil, a-t-il dit.

Le représentant soudanais a ensuite demandé l’appui de la communauté internationale à la campagne de collecte des armes très efficace conduite actuellement par son gouvernement.  Cette campagne est cruciale pour la stabilisation du Darfour, a-t-il fait remarquer.  Revenant à la MINUAD, le délégué a dit attendre avec impatience la fin de la seconde phase de reconfiguration, en vue de la fermeture de davantage de bases.  Il a en outre souhaité le bon achèvement des travaux menés par le Groupe d’experts, dans l’optique de la levée des sanctions.  « Mon gouvernement a agréé la proposition d’une visite de la Présidente du Comité au Soudan », a-t-il aussi indiqué, avant d’assurer que son pays était prêt à coopérer avec tous les acteurs pertinents en vue du départ de la dernière composante de la MINUAD.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission s’assigne un ordre du jour « léger » dont une réflexion sur les 4 milliards de dollars dépensés pour les voyages en avion du personnel de l’ONU

Soixante-douzième session, 
Première partie de la reprise de session - 30e séance – matin
AG/AB/4271

La Cinquième Commission s’assigne un ordre du jour « léger » dont une réflexion sur les 4 milliards de dollars dépensés pour les voyages en avion du personnel de l’ONU

Restructuration du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, réfection des locaux du Mécanisme résiduel des deux tribunaux pénaux internationaux, utilisation du fonds de réserve et règles encadrant les conditions de voyage en avion du personnel de l’ONU.  Voici le programme de travail « inhabituellement léger », selon les mots du Groupe des États d’Afrique, que la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires s’est assigné pour sa première reprise de session en 2018.  La Commission, qui se penchera aussi sur le travail du Corps commun d’inspection (CCI), a prévu de tenir ses travaux jusqu’au 29 mars.

Ce matin, les 12 intervenants ont justement marqué leur intérêt pour les recommandations du CCI s’agissant des règles encadrant les conditions de voyage en avion -première classe, classe affaire, classe économique- des fonctionnaires et non-fonctionnaires de l’ONU pour leurs déplacements officiels ou statutaires. L’Assemblée générale* s’est pourtant voulue claire: la première classe est réservée aux fonctionnaires de haut rang.  Ceux d’un rang inférieur à celui de sous-secrétaire général, soit les directeurs et grades inférieurs, ne voyagent en classe affaire que s’ils prennent un vol sans escale d’au moins 9 heures et un vol à multiples escales d’une durée totale d’au moins 11 heures, y compris 2 heures au maximum pour les correspondances, sous réserve que le voyage jusqu’à la destination suivante reprenne dans les 12 heures.  Dans la même résolution, l’Assemblée « prend note » de la fréquence et du coût croissants des dérogations à cette règle.

En conséquence, de 2012 à 2015, indique le Corps commun d’inspection, 24 organismes de l’ONU ont dépensé environ 4 milliards de dollars pour les voyages en avion de leurs personnels.  Le chiffre global aurait été encore plus élevé si tous les organismes avaient communiqué des données complètes, tacle le CCI qui ne compte pas, dans les 4 milliards, les dépenses engagées par les opérations de maintien de la paix et les missions politiques.

Comme les règles varient considérablement d’un organisme à l’autre, le CCI recommande de moderniser les outils de gestion des voyages et de renforcer la collaboration avec les prestataires de services afin d’accroître les gains d’efficacité et les économies, dont le remplacement de la classe affaires par la classe économique « premium » lorsque cela est possible et l’élimination pure et simple du droit de voyager en première classe.

La représentante des États-Unis a remercié le Secrétaire général pour son leadership personnel sur cette question, notant qu’il a réduit sa propre délégation lors de ses déplacements.  Les décisions informées que prendra la Commission peuvent « stimuler » le changement de culture nécessaire à la transformation de l’ONU, a souligné la représentante, avant que son homologue de la Chine ne formule l’espoir de voir des mesures efficaces pour mieux contrôler les dépenses et optimiser l’utilisation des fonds.  L’ONU, a suggéré le représentant du Japon, doit faire un plus grand usage des nouvelles technologies et se tenir au fait des dernières tendances dans l’industrie du voyage.  Il en va, a-t-il martelé, de sa crédibilité et de sa capacité d’adopter une « nouvelle culture de travail ». 

La Cinquième Commission compte creuser la question demain, jeudi 15 mars, à partir de 10 heures.

*A/RES/67/254

ORGANISATION DES TRAVAUX

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte), a déclaré que la Cinquième Commission reprend ses travaux dans le contexte d’importants changements institutionnels visant à rendre l’ONU plus efficace.  Il a dit attendre avec intérêt d’examiner le rapport du Corps commun d’inspection (CCI).  S’agissant de la question des voyages en avion des fonctionnaires de l’ONU, le représentant a estimé qu’il est important que les travaux de la Commission reflètent les propositions du Secrétaire général et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), notamment pour ce qui est de l’utilisation d’Umoja.  Après avoir salué les progrès réalisés dans les travaux de construction des locaux du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux, M. Edrees a souligné l’importance pour le Secrétariat de surveiller de près l’état d’affectation des ressources.  Enfin, il a insisté sur la publication en temps voulu des rapports du Secrétaire général et du CCQAB, dans toutes les langues officielles de l’ONU.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MARCIO SANDRO ALEIXO PEREIRA BURITY (Angola) a pris note d’un programme de travail plus léger que d’habitude et a exhorté toutes les parties prenantes dont le secrétariat et le Bureau de la Commission ainsi que le CCQAB à trouver des synergies pragmatiques pour accélérer la parution des rapports, y compris ceux sur la réforme du pilier « paix et sécurité ».  Le représentant a rappelé que l’Assemblée générale avait approuvé en décembre dernier un budget de 87,8 millions de dollars pour la réfection des locaux du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux, en attendant un projet de budget révisé.  Le représentant a souhaité que l’on inclue l’examen du projet révisé dans l’ordre du jour de la session de mai car tout report pourrait mener à un arrêt des activités du Mécanisme, a-t-il prévenu.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a félicité le secrétariat de la Commission pour le rapport sur l’état d’avancement de la documentation et a estimé que le programme de travail de la Commission comporte des sujets de grande importance pour la CELAC, tels l’utilisation du fonds de réserve, les conditions de voyage en avion et le financement du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux.  Le représentant a voulu obtenir de ses homologues l’engagement de terminer les travaux dans les délais impartis.

Au nom de l’Union européenne, M. JAN DE PRETER, s’est dit inquiet de « la politisation » croissante du programme de travail, ce qui est contraire aux méthodes de travail de la Commission et constitue un signal « fortement négatif » pour la suite de nos délibérations.  Il est « inacceptable », a martelé le représentant, de ne pas avoir le programme de travail à ce stade.  Chaque proposition que présente le Secrétaire général doit être examinée, « sans distinction, différentiation, ni considération politique ».  Le programme de travail ne saurait se fonder sur les priorités politiques d’un groupe d’États au détriment des autres.  Le représentant a dit compter que le Bureau de la Commission poursuive son « excellent » travail d’organisation.  Il a aussi rappelé l’importance de la publication à temps de tous les documents dans toutes les langues officielles.  Ceci est essentiel, s’est-il expliqué, pour la transparence des débats, sans laquelle les travaux de la Commission seraient fortement perturbés.

La gestion du temps de la Commission reste un sujet de vive préoccupation pour l’Union européenne, a ajouté le représentant qui s’est dit fermement convaincu que la Commission peut parvenir à des décisions durant les heures de travail régulières, sans avoir à travailler le week-end ou la nuit.  Nous avons la responsabilité collective de travailler de façon optimale, a-t-il conclu.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) s’est félicité des excellents résultats de la partie principale de la Cinquième Commission, en décembre, notamment l’adoption du budget 2018-2019 et l’appui apporté aux réformes du Secrétaire général.  Il s’est dit confiant que la Commission saura négocier « de bonne foi » pour améliorer les conditions de voyage en avion des fonctionnaires de l’ONU.  Il a salué à cet effet les recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), dont la suppression des voyages en première classe.  Quant au projet de restructuration de la présence régionale du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, le représentant a estimé que le redéploiement du personnel dans les bureaux régionaux permettra d’améliorer le travail de terrain et de répondre de façon adéquate aux demandes croissantes des États Membres dans le domaine des droits de l’homme. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a dit que cette reprise de session doit examiner de nombreuses questions importantes, y compris les règles encadrant les conditions de voyage en avion et la restructuration du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  S’agissant des voyages en avion, les décisions informées que prendra la Commission peuvent « stimuler » le changement de culture nécessaire à la transformation de l’ONU.  La représentante a remercié le Secrétaire général pour son leadership personnel sur cette question, y compris en réduisant sa propre délégation.  Cette reprise de session, a insisté la représentante, donne à la Commission une autre occasion d’aider l’ONU à s’adapter et canaliser ses ressources là où elles peuvent avoir l’impact le plus positif sur la réalisation des mandats. 

M. FU DAOPENG (Chine) a estimé que la session principale de la Commission a permis d’achever un travail important, y compris l’adoption du budget 2018-2019.  Il a exprimé l’espoir que le Secrétariat saura proposer des mesures efficaces pour mieux contrôler les dépenses liées aux voyages en avion des fonctionnaires de l’ONU et optimiser l’utilisation des fonds.  En ce qui concerne la restructuration de la présence régionale du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, le représentant a douté de la « légitimité » de la procédure liée au nouveau rapport du Secrétariat.  Il s’est toutefois dit confiant quant à la faculté de la Commission de parvenir à un compromis acceptable pour tous.

Le représentant s’est dit préoccupé par le faible taux de mise en œuvre des recommandations du Corps commun d’inspection (CCI) et appelé au renforcement des contrôles internes.  Il a espéré que le Secrétariat saura terminer en temps voulu les locaux du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux, dans les limites du budget fixé.  Après avoir rappelé que la Chine a dûment versé la totalité de sa contribution au budget ordinaire de l’ONU, le représentant a appelé les autres États Membres à faire de même.

Mme MARIA V. FROLOVA (Fédération de Russie) a douté de l’opportunité d’examiner le rapport du Secrétaire général sur la présence régionale du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, à cette reprise de session.  Il n’y a pas de raison « objective » de le faire parce que ce n’est pas une question urgente, s’est expliquée la représentante.  Toute décision sur la restructuration dudit Bureau devrait se prendre par consensus, a martelé la représentant, craignant un précédent « indésirable aux lourdes conséquences ».  Elle s’est dite disposée à poursuivre le débat sur les règles encadrant les conditions de voyage en avion des fonctionnaires de l’ONU mais n’a pas caché son inquiétude face au report à la session de mai de la présentation du rapport du Secrétaire général sur la création d’un système de responsabilité au sein du système des Nations Unies.

M. KATSUHIKO IMADA (Japon) a estimé que la décision de réduire la durée de la reprise de la session était judicieuse, compte tenu de la charge de travail et des délais serrés.  Chaque point à l’ordre du jour est important pour rendre l’ONU plus efficace, a déclaré M. Imada, prenant pour exemple la « rationalisation » de l’utilisation des ressources allouées aux voyages en avion.  À cet effet, il a appelé le Secrétariat à faire un plus grand usage des nouvelles technologies et à se tenir au fait des dernières tendances dans l’industrie du voyage.  Il en va, a martelé le représentant, de la crédibilité de l’ONU qui doit faire les changements nécessaires pour adopter une « nouvelle culture de travail », un premier pas vers la réforme des Nations Unies, a insisté le représentant. 

M. HICHAM OUSSIHAMOU (Maroc) s’est félicité du prochain examen du projet de restructuration de la présence régionale du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  De façon plus générale, il s’est dit déterminé à contribuer au succès des travaux de la Commission, dans les délais impartis.

S’agissant de l’examen de la présence régionale du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. RUSLAN VARANKOV (Bélarus) a estimé que ce serait logique d’examiner la question après l’examen de toutes les autres questions inscrites à l’ordre du jour de cette reprise de session.

CORPS COMMUN D’INSPECTION (CCI)

Rapport du Corps commun d’inspection pour 2017 et programme de travail pour 2018 (A/72/34)

En 2017, le CCCI a travaillé sur 14 projets.  Il s’agissait notamment de cinq projets qui ont été reportés de 2016, à savoir: examen de la gestion et de l’administration de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI); examen de la gestion et de l’administration de l’Union postale universelle (UPU); évaluations des organismes des Nations Unies conduites par les donateurs; examen à l’échelle du système de la gestion axée sur les résultats: phase II (deux produits); et examen d’ensemble des politiques en matière de voyages en avion à l’échelle du système des Nations Unies. 

S’agissant de ce dernier projet, le CCI a évalué les politiques, règles et pratiques en la matière au sein des organismes des Nations Unies et fait neuf recommandations formelles – dont trois sont adressées aux chefs de secrétariat des entités du système des Nations Unies et six à leurs organes délibérants ou directeurs.  Il présente également 34 propositions visant à améliorer la gestion des voyages, à accroître la responsabilisation des cadres qui approuvent les voyages et à assurer une meilleure coordination et coopération interorganisations, et recense les bonnes pratiques et les enseignements tirés de l’expérience, l’objectif étant de promouvoir l’harmonisation à l’échelle du système.

Le CCI a établi que 4 milliards de dollars environ ont été dépensés par 24 organismes des Nations Unies de 2012 à 2015 pour les voyages en avion et des prestations connexes.  Le chiffre global aurait été encore plus élevé si toutes les organisations avaient communiqué des données complètes.  Ce total, qui ne comprend pas les dépenses engagées par les opérations de maintien de la paix et les missions politiques, révèle qu’il y avait, d’une organisation à l’autre, des variations considérables dans les règles régissant les conditions de voyage.  Les organisations doivent mieux tenir compte des possibilités et difficultés nouvelles que présente le secteur des transports aériens, moderniser les outils de gestion des voyages en avion et renforcer la collaboration avec les prestataires de services afin d’accroître les gains d’efficacité et les économies.  Des mesures concrètes sont notamment la mise en service du module voyage du progiciel de gestion intégrée Umoja, la réalisation d’évaluations et audits périodiques des risques des voyages aériens, l’élimination du droit de voyager en première classe et le remplacement de la classe affaires par la classe économique « premium » lorsque cela est possible.

Pour faire face à la diversité des règles, politiques et pratiques régissant les voyages en avion, le Secrétaire général est appelé à coordonner les efforts d’harmonisation.  La Commission de la fonction publique internationale (CFPI) est appelée à établir une méthode et un pourcentage communs aux fins du calcul des sommes forfaitaires.  En outre, pour remédier à l’absence d’un système officiel de partage de l’information et de coordination de la pratique en matière de gestion des voyages en avion, le Président du Conseil des chefs de secrétariat a été chargé d’évaluer la faisabilité de la création d’un comité consultatif de haut niveau sur les questions relatives aux voyages.

Le programme de travail adopté par le Corps commun au début de 2018 comprend sept projets concernant l’ensemble du système et deux examens de la gestion et de l’administration d’organisations participantes (voir annexe V).  Le plan de travail pour 2018 comprend neuf nouveaux projets et quatre projets reportés du plan de travail de 2017.  Le CCI examinera la gestion des services d’informatique en nuage dans le système des Nations Unies; celle du changement institutionnel; les comités de contrôle; le renforcement de l’utilisation de la recherche sur les politiques à l’appui du Programme 2030; l’intégration et la prise en compte de stratégies de réduction des risques de catastrophe dans les travaux des organismes des Nations Unies; la mise en œuvre du Plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes; l’administration du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida; l’accessibilité des conférences et réunions des Nations Unies pour les personnes handicapées; et l’administration de l’Organisation de l’aviation civile internationale.

Rapport du Secrétaire général sur l’examen de la suite donnée aux rapports et recommandations du Corps commun d’inspection (CCI) par les organismes des Nations Unies A/72/704

L’examen a montré que les principaux facteurs entrant en ligne de compte dans l’efficacité du suivi mené par le CCI sont l’absence ou l’insuffisance des décisions sur les rapports et recommandations prises par les organes délibérants de certains organismes, et par le Conseil des chefs de secrétariat (CCS), ainsi que la nécessite d’améliorer le processus de vérification, de suivi et de communication d’informations concernant l’application des recommandations.  Le processus de suivi s’est développé différemment et a atteint divers degrés de maturité au sein de chaque organisme.  La matrice de maturité conçue pour présenter les résultats de l’examen illustre les résultats de l’évaluation au sein des organismes de la fonction de point focal, des taux d’acceptation et d’application des recommandations du CCI, des procédures visant à assurer la diffusion, l’examen, la prise de décisions, le suivi et la communication d’informations concernant l’application des recommandations, de l’utilisation du système de suivi en ligne et de l’existence d’accords de suivi.

L’Assemblée générale est priée de demander au Secrétaire général de faire des propositions pour renforcer le processus de décision relatif aux rapports et recommandations du CCI, d’ici à la fin de 2019, et notamment sur l’opportunité de renouer avec les pratiques qui étaient en vigueur avant l’adoption de la résolution 59/267.  

Les organes délibérants des organismes qui ne l’ont pas encore fait devraient demander des rapports annuels de suivi sur l’application des recommandations du CCCI acceptées les années précédentes jusqu’à leur pleine mise en œuvre, d’ici à la fin de 2018.

Les chefs de secrétariat des organismes qui ne l’ont pas encore fait devraient améliorer l’examen des rapports et recommandations du Corps commun d’inspection par leurs organes délibérants respectifs, conformément aux meilleures pratiques recensées, d’ici à la fin de 2018.  Ils sont aussi invités à proposer à leurs organes délibérants une marche à suivre concrète pour donner suite aux recommandations du Corps commun d’inspection qui leur sont adressées, en particulier celles qui sont formulées dans les rapports intéressant l’ensemble du système ou plusieurs organisations, d’ici à la fin de 2018.

Ils sont priés de mettre en place des procédures adaptées de vérification et de suivi de l’application des recommandations du Corps commun d’inspection acceptées les années précédentes jusqu’à leur pleine mise en œuvre, d’ici à la fin de 2018.

Les chefs de secrétariat des organismes sont aussi encouragés à inscrire l’examen de ces recommandations au programme de travail du CCS et de ses mécanismes compétents et fixer des délais de décision, à compter de 2019.  Ils devraient instaurer un rapport hiérarchique direct entre le point focal pour le Corps commun d’inspection et la haute direction.

Note du Secrétaire général (A/74/704/Add.1)

Dans cette note, le Secrétaire général rend compte des vues exprimées par les organismes des Nations Unies sur les recommandations formulées dans le rapport.  Ces vues sont la synthèse des contributions apportées par les organismes membres du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, qui ont accueilli le rapport avec satisfaction et souscrit à certaines des conclusions qui y figurent.

Déclarations

Après avoir salué le rapport annuel du CCCI, M. MOHAMED FOUAD AHMED (Égypte), a, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, déclaré qu’il était important de renforcer la coordination et d’éviter les chevauchements avec le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et le Comité des commissaires aux comptes (CCC).  Il a pris note du fait que le poste de secrétaire exécutif a été pourvu après une longue vacance, estimant que cette nomination permettra au CCI de mieux s’acquitter de son mandat.  M. Ahmed a également relevé la nomination de femmes à des postes d’inspecteur, ce qui permettra de réaliser des progrès vers la parité.  Il a par ailleurs salué la partie du rapport sur l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), qui a mis en relief deux tendances émergentes au sein des institutions de l’ONU: la baisse des ressources du budget ordinaire et la hausse des contributions volontaires.  Le représentant s’est ensuite dit « préoccupé » par le faible taux d’acceptation et de mise en œuvre des recommandations.

S’agissant du programme de travail pour 2018, M. Ahmed a dit apprécier la diversité des projets qui suppose l’implication de l’ensemble du système des Nations Unies et place l’accent sur l’importance d’un système capable de « gérer le changement ».  Enfin, le représentant s’est félicité de l’application des résolutions de l’Assemblée générale sur la mise en place d’un système en ligne pour le suivi de la mise en œuvre des recommandations du CCI. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a déclaré que comme l’ONU commence la mise en œuvre des réformes du Secrétaire général, le CCI devrait jouer un rôle clef en aidant l’Organisation à assimiler les leçons des précédentes réformes.  La représentante a remercié le CCI pour les 14 projets menés et les rapports publiés en 2017.  Elle a dit attendre avec intérêt l’examen des rapports de 2018 y compris sur les comités de contrôle, la protection des lanceurs et celle contre les représailles.  Mme Norman-Chalet a dit qu’une organisation prospère évoluait constamment pour répondre aux exigences croissantes qui s’imposent à elle.  Elle a félicité le CCI pour ses efforts constructifs visant à améliorer ses propres méthodes de travail, dont l’introduction d’un système de suivi en ligne de la mise en œuvre de ses recommandations.  Elle a exhorté les agences et les organes directeurs à approuver les recommandations du CCI.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’impact disproportionné de la cyberviolence sur les femmes inquiète les délégations à la Commission de la condition de la femme

Soixante-deuxième session,
6e et 7e séances – matin & après-midi
FEM/2139

L’impact disproportionné de la cyberviolence sur les femmes inquiète les délégations à la Commission de la condition de la femme

Des appels à la mobilisation pour faire face à l’impact disproportionné de la cyberviolence sur les femmes ont été entendus aujourd’hui à la Commission de la condition de la femme qui menait, en parallèle du débat général, une évaluation de la participation et de l’accès des femmes aux médias et aux technologies de l’information et des communications (TIC), basée sur les exposés volontaires de 12 États Membres*.  Les délégations ont aussi dressé un tableau plutôt sombre de la représentation des femmes dans les médias et dans la profession journalistique.

Propagation de messages haineux, sexistes et misogynes, harcèlement, intimidation, « trolling »**, diffusion d’images pornographiques et partages de photos de nus sans consentement, qui représentent les différents visages de la cyberviolence, ou « violence en ligne », ont notamment valu à la délégation de la Belgique de déclarer que « les TIC ont un effet négatif sur l’égalité des sexes ».

Face au constat que cette violence affecte les femmes d’une manière disproportionnée comparativement à la gente masculine, la délégation de l’Afrique du Sud a appelé à la mise en place d’un cadre légal approprié pour protéger les enfants de la propagation de contenus néfastes, ainsi qu’à la mise au point d’un enseignement capable d’aider les jeunes à faire un bon usage d’Internet et des communications électroniques.  La Ministre de la femme de la Nouvelle-Zélande a appelé de son côté à mobiliser les jeunes, « les plus importants utilisateurs de technologie en ligne », citant notamment leur rôle dans la rapidité de la diffusion de la campagne #MeToo. 

La présence des femmes dans les médias, où elles sont « très peu et très mal représentées », a aussi été vivement dénoncée par les délégations d’États Membres et plusieurs organisations professionnelles ou de la société civile.

Chiffres à l’appui, la Belgique a avancé que si la représentation des sexes dans les médias est plutôt paritaire quand il s’agit d’enfants, les femmes disparaissent de l’information dès l’âge de 19 ans, « pour ne plus y apparaître », notamment lorsqu’il s’agit de sujets économiques ou financiers et, dans une moindre mesure, pour l’information politique.  En outre, 90% des experts interviewés dans les programmes d’information sont des hommes.  À cela s’ajoute la situation au sein même des salles de rédaction où il y a « une sortie massive » de femmes à l’âge de 35 ans et où trois femmes journalistes sur quatre font l’objet d’intimidations ou de violences.

La représentation stéréotypée des femmes sportives a également été décriée, les couvertures de magazines sportifs faisant souvent la part belle aux hommes qui y sont présentés sous le jour de la puissance physique, alors que l’on met plutôt en avant les athlètes féminines comme objets sexuels, selon la Vice-Ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne.

Du côté du contenu des programmes télévisuels de fiction, plusieurs délégations, à l’instar de la Tunisie et du Brésil, se sont inquiétées de l’emploi d’un langage violent qui dévalorise la femme.  L’Allemagne a dénoncé pour sa part le fait que seulement 18% des subventions de films soient orientées vers des productions dirigées par des femmes, et que ces dernières se voient davantage confier des seconds rôles à l’écran.

S’agissant de l’accès aux TIC, la Ministre des pêches et de l’égalité des chances du Danemark a fait valoir que 27% des emplois futurs nécessiteront des compétences informatiques.  C’est pourquoi les délégations ont insisté sur l’importance de la participation des femmes dans les filières science et technologie, s’inquiétant notamment de la pénurie d’expertise féminine en matière de TIC et du peu d’intérêt que les jeunes femmes portent à ce domaine, une situation que l’on peut imputer à la prévalence des stéréotypes.

Les femmes saoudiennes sont au contraire très intéressées par les cours en informatique et elles représentent 44% des diplômés dans les TIC, a fait valoir la Vice-Ministre du travail et du développement social de l’Arabie saoudite, le pays étant engagé dans un ambitieux projet de transformation numérique.  Le Gouvernement doit toutefois déployer un vaste éventail d’incitations à l’embauche et à l’emploi, car seulement 13% des diplômées en TIC intègrent ensuite le secteur privé. 

Les délégations africaines ont par ailleurs été nombreuses à vanter l’importance des TIC pour l’autonomisation économique des femmes, par l’entremise notamment du service M-Pesa, qui permet d’effectuer des paiements par téléphone mobile au Kenya.  Au Rwanda, 84% des femmes ayant accès à la téléphonie mobile utilisent les modes de paiement mobiles.

Il existe aussi, au Kenya, un service d’obtention de documents administratifs en ligne, appelé « Huduma Kenya », qui a eu un impact notable sur l’allégement de la charge de travail des femmes.  Les mérites du commerce électronique et les perspectives qu’il offre aux femmes ont aussi été salués, par le délégué de Sri Lanka notamment.  Le Soudan a pour sa part indiqué que la télémédecine avait permis de pallier le manque d’accès des femmes rurales aux soins de santé de qualité. 

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, jeudi 15 mars, à partir de 10 heures.

* Arabie saoudite, Allemagne, Argentine, Belgique, Bulgarie, Colombie, Costa Rica, Kenya, Nigéria, Nouvelle-Zélande, Sri Lanka, et Soudan

** Le fait de lancer sur Internet des querelles ou des propos inflammatoires

 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ DES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives

Thème de l’évaluation: participation et accès des femmes aux médias et aux technologies de l’information et des communications, et incidence et intérêt de ceux–ci pour la promotion et l’autonomisation des femmes

Exposés volontaires de la Belgique, de Sri Lanka, de la Colombie, de l’Arabie saoudite, de la Nouvelle-Zélande, de la Bulgarie, du Kenya, de l’Allemagne, de l’Argentine, du Soudan, du Costa Rica et du Nigéria

Présentation du rapport du Secrétaire général

Mme CHRISTINE BRAUTIGAM, Directrice de la division de l’appui intergouvernemental d’ONU-femmes, a noté une grande évolution depuis l’adoption des conclusions concertées de la Commission en 2003.  Elle a parlé de l’ère du numérique, qui influence de plus en plus tous les aspects du quotidien, en soulignant un fort impact en ce qui concerne, entre autres, l’inclusion financière mobile et la transformation des domaines de la santé et de l’éducation.  Tout cela a donné lieu à de nouvelles attentes en matière de renforcement des compétences, a-t-elle noté.  De plus, a-t-elle ajouté, l’émergence et la diffusion de plateformes en ligne et de réseaux sociaux n’étaient pas anticipés lors de ces conclusions concertées.  Elle a indiqué, à titre d’exemple, que les travaux de la Commission de la condition de la femme avaient été suivis par 170 millions de personnes en 2017, comparativement à 8 millions en 2012.

Cependant, la révolution numérique n’est pas bénéfique à tout le monde et peut même être nuisible pour certains, a poursuivi Mme Brautigam, pointant notamment les problèmes du fossé numérique et de la violence en ligne qui cible en particulier les femmes.  Elle a jugé essentiel d’atteindre les objectifs de développement durable en matière de technologies de l’information et des communications (TIC), en renforçant la cohérence politique en la matière, ainsi que l’accès des femmes et des filles aux TIC pour favoriser leur autonomisation.  Elle a aussi appelé à combattre le fléau de la violence en ligne et sa propagation.  L’alphabétisation numérique doit aussi être améliorée, a-t-elle plaidé avant de souligner l’importance pour les TIC de prendre en compte la problématique homme-femme.

Présentation volontaire de la Belgique

« Les TIC ont un effet négatif sur l’égalité des sexes », a déclaré d’emblée Mme ALEXANDRA ADRIAENSSENS, qui est à la tête de la Direction de l’égalité des chances du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles de la Belgique.  Elle a expliqué qu’en 2016, la Fédération avait mené une étude sur l’intégration, par les jeunes, des stéréotypes sexistes véhiculés par les TIC, suivie d’une large campagne de sensibilisation à leur encontre, ainsi que de l’adoption, en 2010, d’un plan d’action élargi pour l’égalité et la diversité dans les médias télévisuels.  Elle a indiqué que ces initiatives avaient permis de rendre plus objective la façon dont on abordait la situation dans les programmes télévisuels et d’élaborer des baromètres sur la représentation des femmes et autres groupes au sein de ces programmes.  Depuis, a-t-elle poursuivi, un partenariat a été élaboré avec l’Association des journalistes professionnels.  Pour ce qui est de la place des femmes au sein même des rédactions, la sensibilisation et la formation des journalistes à la problématique homme-femme a aussi pu être travaillée, a-t-elle indiqué.

À son tour, Mme MARTINE SIMONIS, Secrétaire générale de l’Association des journalistes professionnels de la Belgique, a présenté les résultats d’une vaste étude menée par son association.  L’idée, a-t-elle expliqué, est de dépasser l’intuition et le ressenti et de travailler sur des chiffres dans l’objectif de modifier la pratique journalistique inégalitaire car le fait est, a-t-elle indiqué, que les femmes sont très peu et très mal représentées dans les médias.  Chiffres à l’appui, elle a indiqué, entre autres, que les femmes représentent moins de 10% dans le journalisme sportif, et que les médias font appel en moyenne 9 fois sur 10 à des experts hommes, les femmes étant davantage représentées dans un rôle de figurant.

De plus, si la représentation des sexes est plutôt paritaire quand il s’agit d’enfants, les femmes disparaissent de l’information dès l’âge de 19 ans, « pour ne plus y apparaître », notamment lorsqu’il s’agit d’économie et de finance.  Elles sont aussi sous-représentées dans l’information politique.  En outre, à l’écran, les personnes qui sont le plus souvent identifiées par leur seul prénom sont les femmes, tandis que les hommes sont souvent présentés sous leur nom complet.

Mme Simonis a aussi dénoncé l’inégalité de traitement au sein des employés de la profession.  Elle a rapporté que si les femmes entrent à parité dans la profession, il y a « une sortie massive » à l’âge de 35 ans où, a-t-elle indiqué, elles doivent faire des choix radicaux entre une activité chronophage et la vie de famille.  De plus, la durée d’une carrière journalistique pour une femme est de 15 ans en moyenne, contre 20 ans pour un homme, et les femmes journalistes ont tendance à avoir moins d’enfants que les femmes exerçant une autre profession.

Pour remédier à cette situation, Mme Simonis a jugé nécessaire non seulement d’adopter des plans d’action à court terme, mais aussi de sensibiliser les jeunes femmes qui choisissent la filière du journalisme aux défis qu’elles rencontreront dans la profession.  Elle a également parlé d’une initiative élaborée par l’Union des journalistes qui a permis de créer une base de données-Expertdatabank.be- qui recense les noms de femmes expertes disponibles pour donner des interviews.  Au préalable, ces dernières participent à une journée de coaching pour apprendre comment s’exprimer dans les médias.  « Au final, l’objectif est de faire des médias des alliés dans la lutte pour l’égalité », a indiqué Mme Simonis.  Elle a également évoqué la nécessité de combler l’écart salarial dans la profession.

Elle a conclu en citant une étude de la Fédération internationale des journalistes qui indique qu’une femme sur quatre a subi des violences sur son lieu travail, qu’une femme sur deux a été victime de harcèlement sexuel, et que trois femmes journalistes sur quatre ont été l’objet d’intimidations ou de violences sur leur lieu de travail.  « Il reste une longue marche pour l’égalité des femmes journalistes », a-t-elle déclaré.

Réagissant à cette intervention, Mme NARJESS SAIDAN, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a constaté que malgré la diversité des femmes dans le monde, les images stéréotypées qui leur sont présentées limitent la manière dont les femmes se représentent leur propre vie et leur avenir.  L’OIF s’est mobilisée à travers son soutien aux Réseaux francophones des régulateurs de médias (REFRAM), a-t-elle indiqué en soulignant que les médias sont des acteurs majeurs pour la promotion de l’égalité femme-homme.  Elle a également cité le lancement par l’OIF d’une plateforme destinée à promouvoir la visibilité des expertes francophones.  Constatant en outre que le mode de consommation des médias est en pleine transformation, elle s’est inquiétée du fait qu’Internet diffuse des contenus qui portent atteinte à la promotion des femmes, sans parler des messages haineux.  « Que peuvent faire les États Membres face à ce phénomène? »

Lui emboitant le pas, M. NOURI LAJMI, Président de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle de la Tunisie (HAICA), s’est attardé sur les conclusions d’une étude sur la représentation des femmes dans les séries télévisuelles et les professions y afférentes.  Il a relevé que certains métiers sont presque exclusivement réservés aux hommes, qui représentent, par exemple, 80% des réalisateurs ainsi qu’une grande majorité de monteurs et d’autres métiers « valorisant ».  En revanche, la fonction de rédacteur de script est occupée à 100% par des femmes, a-t-il indiqué.  Il a aussi abordé le problème de l’emploi, dans les séries télévisuelles, d’un langage violent qui dévalorise la femme.  Suite à cette étude, des ateliers de formation et de sensibilisation ont été organisés et une charte a été élaborée en concert avec les journalistes pour améliorer l’accès des femmes à la profession.

Suite à ces présentations, la Ministre des pêches et de l’égalité des chances du Danemark a fait observer que 27% des emplois futurs nécessiteront des compétences informatiques ce qui, a-t-elle souligné, appelle à accorder la plus haute importance à l’éducation et à la participation des femmes dans la filière de la science et des technologies.  Elle a parlé d’une initiative de son Gouvernement qui a débouché sur la nomination du premier Ambassadeur mondial de la technologie.  Elle s’est aussi inquiétée de la pénurie d’expertise féminine en matière de TIC et du peu d’intérêt que les jeunes femmes portent à ce domaine, une situation qu’elle a imputée à la prévalence des stéréotypes.

Reprenant la parole, la Secrétaire générale de l’Association des journalistes professionnels de la Belgique a témoigné que les premières réactions aux études de son association avaient été très sceptiques, chaque rédaction estimant tenir correctement compte de la problématique homme-femme.  Mais face aux chiffres récoltés au sein de chaque rédaction, la sensibilisation a commencé à opérer, s’est-elle félicitée.  Elle a également longuement insisté sur la collaboration avec les régulateurs qui, a-t-elle souligné, est extrêmement importante.  Parmi les autres initiatives de son association, elle cité sa mobilisation pour veiller à ce qu’en Belgique, les étudiants en journalisme disposent, dans leur cursus, de deux heures d’études sur la question de la représentation des femmes.  Elle a également annoncé la parution prochaine d’une étude qui examine la manière dont est couvert par les journalistes le phénomène de la violence faite aux femmes, et qui vise à déterminer si le fléau est davantage relégué à la catégorie des faits divers ou abordé sous l’angle d’un véritable phénomène de violence sociétale.

Présentation volontaire de Sri Lanka

La Ministre des femmes et de l’enfance de Sri Lanka, Mme CHANDRANI BANDARA, a déclaré qu’avec un taux d’alphabétisation de 93%, Sri Lanka a l’un des plus forts taux de la région.  Elle a précisé que la scolarisation est obligatoire et gratuite pour les enfants âgés de 5 à 16 ans.  En ce qui concerne l’accès aux médias par les femmes rurales, le Gouvernement s’assure que les informations sont diffusées dans les trois langues les plus usitées du pays: l’anglais, le cingalais et le tamoul.  Un code d’éthique a été élaboré par le Ministère de l’information afin de lutter contre la discrimination à l’encontre des femmes dans les médias, a ajouté la Ministre.  Mme Bandara s’est de plus félicitée de l’augmentation du nombre des femmes journalistes de Sri Lanka, ainsi que de la création de réseaux de femmes exerçant cette profession.  Le Gouvernement entend également lutter contre l’exploitation de l’image des femmes à des fins lucratives dans les médias. 

S’agissant d’Internet, la Ministre a parlé de ce qui est fait pour promouvoir le Wi-Fi gratuit et des mesures prises pour améliorer la quantité des contenus en langues locales sur Internet.  Par ailleurs, un programme a été établi pour promouvoir l’implication des Sri-lankaises dans le commerce électronique, tandis que 1 000 centres d’accès à Internet ont été installés dans les zones rurales.  La fracture numérique reste cependant un problème à Sri Lanka, a reconnu la Ministre en signalant que 29,3% des hommes peuvent utiliser un ordinateur, contre 26% pour les Sri-lankaises. 

Après cette présentation, le représentant du Népal a voulu connaître les mesures prises par Sri Lanka pour faciliter l’accès des femmes rurales aux médias et aux TIC, une préoccupation partagée par le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) qui a également demandé si l’accès des filles rurales à l’éducation s’était amélioré.

Pour répondre à ces questions, la Ministre des femmes et de l’enfance de Sri Lanka a indiqué que 42% des zones rurales ont désormais accès à Internet.  Son gouvernement, a-t-elle expliqué, a établi des points d’accès, des centres de ressources et des bibliothèques en ligne dont la majorité des utilisateurs sont des femmes.  De plus, 4 500 laboratoires informatiques ont été établis dans les écoles à travers le pays.

Présentation volontaire de la Colombie

Mme MARTHA ORDONEZ, Ministre de l’égalité des genres de la Colombie, a relevé que 81% des Colombiennes ont accès à Internet et que 72% utilisent des téléphones intelligents.  Le Gouvernement colombien a mis en place une politique de connectivité en créant par exemple des zones où le Wi-Fi est gratuit.  Une femme sur trois en bénéficie, sachant également que 93% des femmes de 14 à 65 ans utilisent WhatsApp au quotidien. 

En outre, a poursuivi la Ministre, le Gouvernement colombien veut promouvoir l’intégration des Colombiennes dans le secteur des TIC.  C’est pourquoi des ordinateurs et des tablettes sont offerts aux institutions universitaires, servant à former 3 763 000 enseignantes et élèves.  De plus, 9 400 femmes ont bénéficié de programmes destinés à renforcer leurs capacités en matière de télétravail, tandis que 2 500 femmes mal voyantes ont reçu des formations en informatique adaptées à leur handicap.  Conscient du fait que l’accès des Colombiennes aux médias et aux TIC accroît aussi leur vulnérabilité, le Gouvernement a mis en place le programme dénommé « je te protège » qui permet de dénoncer les abus et cas d’exploitation sexuelle ciblant notamment les filles et femmes par le biais d’Internet. 

Le délégué de la Norvège a commenté cette présentation en saluant le renforcement de la liberté d’expression en Colombie, tout en soulignant le courage des femmes journalistes dont les deux tiers sont victimes de menaces dans le cadre de leur travail.  Il a donc encouragé le pays à renforcer la sécurité des femmes de cette profession.  « C’est un problème que j’ai moi-même expérimenté en plus de 20 ans de pratique journalistique », a témoigné la Ministre de l’égalité des genres de la Colombie, avant de souligner que la diffusion de l’information sur les violences à l’encontre des filles dans les médias permet de faire avancer positivement les choses. 

Réagissant ensuite à la préoccupation de la représentante du Mexique au sujet de la lutte contre les stéréotypes négatifs ciblant les femmes dans les médias, la Ministre de l’égalité des genres de la Colombie a indiqué que des « femmes défenseurs » sont à pied d’œuvre au sein des médias afin de veiller au respect de l’image des femmes et filles et de lutter contre les stéréotypes négatifs véhiculés par les médias, d’ailleurs très souvent involontairement.  Elle a aussi rappelé que la lutte contre la discrimination est inscrite dans la Constitution du pays.

Présentation volontaire de l’Arabie saoudite

Après la projection d’une courte vidéo sur la transformation numérique dans son pays, Mme TAMADER ALRAMMAH, Vice-Ministre du travail et du développement social de l’Arabie saoudite, a présenté les principaux piliers de ce chantier, précisant que la Vision 2030 du pays repose sur 30 programmes et 36 objectifs pour développer une économie numérique avancée.  Elle a aussi parlé du développement de l’e-gouvernement, ce qui oblige à un renforcement de l’accès numérique et à la baisse des coûts y afférents.  Un programme de bourse a aussi été proposé pour renforcer la main-d’œuvre qualifiée dans ce domaine, tandis que des services de connexion de large bande sont offerts dans tout le Royaume.  En outre, l’e-commerce est largement promu.  Les femmes ne sont pas oubliées, a assuré la Vice-Ministre en citant des initiatives visant notamment à atteindre celles qui vivent dans des zones reculées.

Pour disposer de la main-d’œuvre nécessaire pour appuyer ce programme ambitieux, l’Arabie saoudite a créé des programmes d’études en TIC dans ses 40 universités où sont inscrites de nombreuses femmes.  La Vice-Ministre a ajouté qu’il existe même des établissements d’enseignement supérieur technique réservés aux femmes, ainsi qu’une « Université électronique » qui permet de suivre un enseignement à distance.  Elle a toutefois fait observer que si les femmes représentent 44% des diplômés dans les TIC, seules 13% d’entre elles entrent ensuite dans le secteur privé.  Mais le Gouvernement a lancé des initiatives pour encourager les femmes à entrer sur le marché du travail, en privilégiant notamment le travail à distance.  Des centres de garde d’enfants ont aussi été ouverts pour aider les mères à occuper une activité professionnelle.  En ce qui concerne les femmes à faible revenu, elles peuvent participer à un programme de transport gratuit vers leur lieu de travail.

Suite à cet exposé, la Ministre de la femme du Bahreïn a voulu savoir comment les politiques du Royaume encouragent la femme à participer aux TIC, au vu notamment des fossés qui existent dans les programmes d’éducation.  « De plus, que faire pour que le secteur privé encourage les femmes à faire carrière dans cette filière? »  Elle a aussi réclamé des précisions sur la manière dont les femmes rurales profitent de ces initiatives. 

« Quelles initiatives ont été lancées pour encourager les femmes à s’inscrire à des cours informatiques », a voulu savoir à son tour la représentante de Singapour.  « Existe-t-il des stratégies pour encourager les entreprises à recruter des femmes et pour inciter les femmes à faire carrière? »

Dans sa réponse, la Vice-Ministre du travail et du développement social de l’Arabie saoudite a expliqué que si une femme obtient de bons résultats scolaires, elle peut bénéficier d’un appui du Gouvernement.  Les femmes bénéficient aussi de la sécurité sociale, ce qui retire un peu de la pression que ressentent les entreprises face à un recrutement.  En outre, si une entreprise recrute deux femmes en une année, elle peut bénéficier d’une aide financière qui pourra être augmentée si d’autres femmes sont recrutées à l’avenir, a-t-elle fait savoir.

La rectrice de King Saud University a donné quelques précisions en mentionnant les résultats d’une étude ayant révélé que, contrairement à d’autres régions, les femmes saoudiennes sont très intéressées par les cours en informatique, et qu’au niveau universitaire, elles sont souvent plus représentées dans cette filière que les hommes.  Leur participation dans différents concours nationaux et internationaux démontre les vastes compétences qu’elles ont acquises dans ce domaine.

« L’Arabie saoudite vit actuellement l’âge d’or de l’autonomisation de la femme », a lancé à son tour un autre représentant de l’Arabie saoudite.  Mais cela n’est pas tant dû au fait qu’elles peuvent désormais conduire leur propre voiture ou participer à des activités sportives, mais au fait que la porte leur a été grande ouverte à des domaines d’études qui étaient jusqu’ici exclusivement réservés aux hommes.  Il en a résulté une nette augmentation du nombre de femmes présentes sur le marché du travail, a-t-il indiqué.

Présentation volontaire de la Nouvelle-Zélande

Mme JULIE ANNE GENTER, Ministre de la femme de la Nouvelle-Zélande, a constaté que les adultes ignorent souvent tout du comportement des jeunes sur Internet et jugé important pour les parents de mieux comprendre ces nouvelles technologies.  Elle a indiqué qu’une étude sur les effets néfastes de l’utilisation des nouvelles technologies par les jeunes avait démontré que les filles ont une expérience très différente des espaces en ligne que les garçons.  Elles utilisent davantage Instagram pour former leur identité, alors que les garçons ne jugent pas les réseaux sociaux si importants.  Les conflits ont davantage de risque de s’aggraver en ligne pour les filles et hors ligne que pour les garçons, les filles étant aussi plus exposées au risque de harcèlement en ligne.  De plus, les garçons partagent plus de photos de filles nues, tandis que les filles ont davantage tendance à effacer la photo d’un garçon nu qui leur parviendrait.

La Ministre a aussi parlé d’une certaine insouciance qui veut que peu de jeunes se sentent directement à risque, en dépit du fait qu’ils connaissent souvent quelqu’un qui a été victime d’une forme ou autre de violence en ligne.  Elle s’est également inquiétée du fait que les jeunes rechignent souvent à obtenir l’aide de leurs parents, préférant plutôt se tourner vers leurs pairs par crainte, entre autres, de voir leur propre comportement en ligne dénoncé.  Elle a jugé nécessaire d’aider les jeunes à obtenir des compétences pour se protéger lorsqu’ils sont connectés en ligne, soulignant également l’importance d’actions collectives comme #MeToo et la nécessité de créer des espaces favorables aux femmes dans l’espace numérique.

À son tour, l’Ambassadrice pour les femmes de l’Australie a cité une étude sur les femmes victimes de violences qui avait démontré que l’utilisation de la technologie en était souvent à l’origine.  À titre d’exemple, elle a indiqué qu’une femme sur cinq a vu des photos d’elle nue partagées en ligne sans son consentement.  Elle a donc jugé nécessaire de s’attaquer aux sites qui favorisent le partage de photos sans consentement.

Le Secrétaire parlementaire à la condition de la femme du Canada s’est lui aussi inquiété du fait que la cyberviolence cible de manière disproportionnée les femmes et les filles, ainsi que certains groupes marginalisés comme les LGBTE.  Il a vivement dénoncé le « trolling » (le fait de lancer sur Internet des querelles ou des propos inflammatoires), les intimidations et la pornographie en ligne, ainsi que les commentaires sexistes et misogynes qui limitent, au final, la participation des femmes à la vie sociale et économique de leur pays.  Alors que des milliards de personnes sont directement concernées, une mobilisation s’impose pour combattre tout discours haineux qui porte atteinte à la dignité de la personne, a lancé le délégué canadien.  Les droits qui existent hors ligne doivent aussi être respectés en ligne, a-t-il martelé.  Il a aussi constaté que les garçons et les filles ont des attitudes très différentes face aux cyberviolences, qui ont davantage tendance à affecter les filles, et a jugé nécessaire de mobiliser les écoles pour lancer des initiatives de sensibilisation.

« Comment utiliser les TIC pour lutter contre les stéréotypes dans différents contextes culturels? », a alors voulu savoir la représentante de la Commission de la femme du Liban, évoquant notamment la situation en zone rurale.

Les jeunes sont les plus importants utilisateurs de technologie en ligne, a répondu la Ministre de la Nouvelle-Zélande.  C’est eux qu’il faut mobiliser en premier lieu, a-t-elle souligné, citant notamment leur rôle dans la rapidité de la diffusion de la campagne #MeToo. 

Suite à une question du représentant de Samoa qui a voulu savoir comment le Gouvernement néozélandais traite la question autochtone dans ce contexte, la Ministre de la Nouvelle-Zélande a indiqué que le peuple maori avait été intégré dans l’enquête sur les effets néfastes des TIC.  Elle a toutefois reconnu la nécessité de réfléchir aux différents éléments dont il faut tenir compte pour autonomiser les jeunes maoris et les sensibiliser au problème de la violence en ligne.

M. GEORGI PANAYOTOV, Représentant permanent de la Bulgarie auprès des Nations Unies, s’est félicité du fait que la Bulgarie soit classée première dans la zone de l’Union européenne (UE) en matière de quota de femmes dans le domaine des TIC, soit 34% de femmes au niveau national contre 16% en moyenne pour le reste de l’Union européenne.  Le pays a introduit la formation aux TIC tant dans le cursus des formations formelles que dans les formations informelles.  En outre, les femmes et les hommes ont les mêmes opportunités de formation dans ce domaine et les femmes bénéficient de mesures spécifiques pour les aider à équilibrer vie professionnelle et vie de famille.  M. Panayotov a aussi salué le fait que 49% des scientifiques du pays sont des femmes, alors que 53% des thèses de doctorat du pays sont présentées par des femmes.

Prenant ensuite la parole, Mme GENOVEVA TISHEVA, Directrice de la Fondation pour la recherche sur le genre de la Bulgarie, une organisation non gouvernementale, a expliqué que les stéréotypes négatifs sont des obstacles à l’essor des femmes dans le domaine des TIC en Bulgarie.  Elle a parlé d’un vaste projet ciblant les zones rurales pour lutter contre les changements climatiques à travers les TIC et les médias sociaux.  Le projet a pu atteindre 20 000 personnes, a-t-elle relevé en insistant sur la lutte contre les stéréotypes sexistes de tous ordres.  Répondant par la suite à une préoccupation du Représentant permanent de l’Arménie auprès des Nations Unies sur l’avenir de ce projet important, elle a précisé que l’objectif d’un monde exempt de mines antipersonnel à l’horizon 2025 sera réalisé en utilisant les TIC, car celles-ci permettent de toucher toutes les écoles du pays.

La déléguée de l’Italie a demandé comment le partenariat avec la société civile se traduit dans la réalité pour faire avancer l’égalité entre les sexes en Bulgarie.  L’ambassadeur de Bulgarie a indiqué que des mécanismes institutionnels ont été mis en place pour consulter la société civile et examiner ensemble comment le pays peut faire avancer la cause de l’égalité entre les sexes.  Mme Tisheva a ajouté que les experts de la société civile participent concrètement au processus d’élaboration des lois en rapport avec l’autonomisation des femmes et filles. 

Présentation volontaire du Kenya

Mme RACHAEL SHEBESH, du Ministère du service public, de la jeunesse et du genre du Kenya, a mis en avant l’importance des TIC pour augmenter la productivité du pays, expliquant d’ailleurs qu’un grand nombre de ces technologies ont été conçues pour renforcer l’autonomisation économique des femmes.  Mais outre les bonnes idées, il importe surtout de disposer d’un bon cadre d’application car, a-t-elle lancé, on ne peut pas contrôler quelque chose qui n’existe pas.  Parmi les initiatives de son Gouvernement, Mme Shebesh a cité la stratégie de diffusion de connexion à large-bande, ainsi qu’un programme de lutte contre la propagation des stéréotypes sexistes par les médias sociaux.  Elle a également cité les mérites du système de paiement électronique M-Pesa (M pour mobile et pesa, argent en swahili).

Des outils novateurs ont également été élaborés à l’intention des communautés agricoles, a-t-elle poursuivi.  Il existe par exemple des systèmes électroniques de distribution de fonds pour l’achat d’intrants agricoles ou d’engrais.  Elle a aussi donné un exemple de l’application des TIC au secteur de la santé: un système de texto permet de rappeler aux personnes atteintes du VIH/sida le moment de prendre leur médicament.  Les TIC facilitent aussi la commercialisation des produits, ce qui a un impact direct sur l’autonomisation des femmes et des filles.  Mme Shebesh a aussi cité le lancement, en 2013, d’un programme de technologie qui a permis de distribuer plus de 700 000 tablettes aux étudiants et de former les formateurs.  En outre, le projet Huduma-Kenya a permis d’aider 15 millions de personnes à obtenir des papiers d’identité, des certificats de naissance et autres documents administratifs en faisant la demande en ligne.  Moyennant l’emploi d’une carte à puce, ce système permet aussi aux Kényans de couvrir certains frais administratifs.

Parmi les défis à relever, elle a cité non seulement la fiabilité des réseaux, mais aussi la prise de conscience quant aux opportunités qu’offrent les TIC, soulignant l’importance d’élaborer des partenariats public-privé pour y arriver.

Suite à cet exposé, la représentante du Rwanda a fait observer que son pays et le Kenya sont à l’origine de « Smart Africa », une initiative qui vise à promouvoir une utilisation intelligente des TIC sur le continent.  Elle a salué l’adoption de la loi kényane sur la communication qui restreint la propagation de stéréotypes dans les médias.  Elle a également vanté les mérites du service M-Pesa susmentionné qui permet d’effectuer des paiements par téléphone mobile.  Au Rwanda, 84% des femmes qui ont accès à la téléphonie mobile utilisent les modes de paiement mobiles, a-t-elle notamment fait savoir.  Elle a toutefois jugé nécessaire de veiller à une collecte diligente de données.

À son tour, la représentante de l’Afrique du Sud a appelé à bien réglementer les médias non seulement pour veiller à la qualité de leur contenu, mais aussi pour enseigner aux jeunes comment faire un bon usage d’Internet et de la communication électronique.  « Il faut absolument protéger nos enfants, nos filles notamment, de la propagation de contenus néfastes en mettant en place une législation appropriée », a-t-elle souhaité.

La représentante de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a constaté que les femmes rurales vivant dans les pays en développement sont souvent « du mauvais côté de la facture numérique » du fait d’un triple facteur de discrimination.  Elle a noté que le programme Huduma-Kenya permet d’alléger la charge de travail des femmes.  Elle a toutefois jugé nécessaire d’utiliser davantage les langues locales dans les TIC.  En outre, la collecte de données ventilées par sexe sur l’utilisation des TIC par les femmes rurales est cruciale pour pouvoir améliorer l’accès de ces dernières, a-t-elle fait remarquer.

Suite à ces commentaires, une autre représentante de la délégation du Kenya a indiqué que le Parlement débat actuellement d’une loi sur le contenu en ligne qui permettra de définir quels contenus s’adressent à qui et à partir de quel âge.  Une autre déléguée a insisté sur l’importance pour les contenus de respecter la culture de l’utilisateur et pour chaque média de privilégier la culture locale.  Le Kenya veille à ce que les TIC soient au service du développement et non pas un facteur de destruction des sociétés, a-t-elle assuré.

Présentation volontaire de l’Allemagne

M. ELKE FERNER, Vice-Ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a reconnu qu’il restait beaucoup à faire pour assurer une présence équitable des femmes dans les médias allemands.  De même, elle a reconnu un écart de capacités entre les sexes dans le domaine du numérique.  C’est pourquoi au cours de sa présidence du G20 en 2017, l’Allemagne avait convaincu les autres États, réunis à Hambourg, de faire davantage pour l’éducation numérique des femmes et des filles.

Dans l’industrie du cinéma, la situation est similaire avec par exemple à peine 9% de femmes ingénieures de son.  En 2011, seulement 18% des subventions pour les films étaient orientées vers des productions dirigées par des femmes. 

La Ministre a ensuite passé la parole à une organisation non gouvernementale, « Discover football », qui s’emploie à faire évoluer l’image des sportives dans les médias.  La représentante de cette ONG a ainsi décrié le peu d’accès de femmes dans les rédactions de sports, à cause notamment de stéréotypes négatifs.  Elle a relevé que les couvertures de magazines sportifs font souvent la part belle aux hommes qui y sont représentés sous le jour de la puissance physique, alors que les femmes qui y figurent sont mises en lumière comme des objets sexuels.

Elle a ensuite fait part des résultats d’une étude qui laissent voir qu’en Allemagne, le quota des femmes faisant l’objet de reportages sur des sujets d’information générale était de 24%, et même de 7% en ce qui concerne les informations sportives.  « Il existe bien des athlètes féminines à succès », a-t-elle clamé, tout en plaidant pour une plus grande visibilité de celles-ci, afin de faire des émules.  C’est pourquoi « Discover football » organise des séminaires et conférences pour que les femmes parlent de leur expérience personnelle en rapport avec le sport afin, a-t-elle souhaité, de faire bouger les choses. 

Après ces exposés, la déléguée de la Namibie a voulu savoir « comment l’Allemagne s’assure-t-elle que les femmes sont présentes dans les productions cinématographiques », une préoccupation partagée par la représentante de la Chine.

« L’industrie cinématographique est le reflet de nos sociétés », a répondu la Vice-Ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne en se fondant sur des observations selon lesquelles les femmes occupent les seconds rôles dans les films et jouent des personnages qui mettent en valeur les acteurs de sexe opposé.  Elle a plaidé pour des solutions telles que la parité au sein des organes décisionnels en charge de financer les films.  Il faut imposer des quotas afin de progresser plus rapidement vers l’égalité, a-t-elle suggéré.

Présentation volontaire de l’Argentine   

Mme HELENA ESTRADA, du Centre de développement économique de la femme de l’Argentine, a appelé à renforcer la main-d’œuvre experte en TIC afin de relever les défis de l’avenir.  Elle a parlé de l’adoption d’une loi argentine sur les entreprises, les logiciels et la biotechnologique qui a précisément cet objectif.  Elle a dressé les grandes lignes du « Plan 111 mil » qui permet de former des programmateurs informatiques.  Cependant, sur les 22 000 femmes qui s’y sont inscrites, seules 44% d’entre elles ont achevé le cursus, la majorité ayant abandonné en raison de la difficulté du contenu et de l’éloignement des centres de formation, entre autres.  Le programme a donc été révisé et les enseignants ont obtenu une formation spéciale pour sensibiliser les étudiants à la sexospécificité.

Depuis 2016, le Gouvernement argentin a en outre adopté une stratégie qui vise à fournir des données ouvertes, accessibles à tous.  Un suivi du plan d’action de lutte contre la violence sexiste est par ailleurs prévu ainsi que des initiatives de renforcement de la parité, a ajouté Mme FABIANA TUÑEZ, Directrice exécutive de l’Institut national de la femme de l’Argentine.  À cet égard, une autre représentante du Centre de développement économique de la femme de l’Argentine, Mme PAMELA MARTIN GARCIA, a plaidé pour une plus grande implication de la société civile dans les débats portant sur la question de l’égalité des sexes.

Suite à ces exposés, Mme ANNA MARIA BAIARDI, Ministre de la femme du Paraguay, a appelé à encourager la participation de femmes en renforçant leur confiance en elles, car, a-t-elle constaté, « elles ont tendance à renoncer dès la première petite difficulté » par manque d’estime de soi.

« Le rôle de la société civile est la clef pour assurer l’autonomisation des femmes », a enchaîné Mme FÁTIMA PELAES, Secrétaire nationale des politiques féminines du Brésil, avant d’exprimer ses inquiétudes quant à la représentation de la violence contre les femmes dans les films et séries de fiction.  Elle a aussi signalé qu’une loi sur le crime cybernétique avait été adoptée au Brésil suite à un cas de diffusion d’une photo sur le Web.  « Que faire pour combattre la violence dans les médias en utilisant les TIC? » a-t-elle voulu savoir.

Pour Mme AIMÉE VEGA MONTIEL, Coordonnatrice de l’Alliance mondiale des médias et du genre du Mexique, la Commission de la condition de la femme a un rôle à jouer: les États Membres doivent veiller de manière urgente à ce que les résolutions adoptées par la Commission incluent des recommandations explicites à l’intention des médias.

La délégation de l’Argentine a répondu à toutes ces questions en commençant par mentionner l’adoption en 2013 d’une loi sur les délits sexuels qui tient notamment compte de la pornographie en ligne.  Elle a aussi témoigné qu’une simple initiative incitant les femmes à inviter une amie à suivre un cours du « Plan 111 mil » avait entraîné une nette augmentation de la participation féminine à cette formation. 

Enfin, la représentante de la société civile est intervenue pour recommander à l’Argentine d’élaborer un plan d’action national sur ces questions.

Présentation volontaire du Soudan

Mme FARIDA HASSAN, Directrice de la planification et des projets au Ministère de la sécurité et du développement social du Soudan, a dit qu’étant donné son vaste territoire, le Soudan s’appuie sur les TIC pour renforcer sa connectivité.  Elle s’est félicitée du fait que ce soient des femmes qui dirigent les ministères clefs de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de l’information et celui des TIC. 

Mme Hassan a souligné que le Gouvernement a investi dans la télémédecine pour pallier le manque d’accès des femmes rurales aux soins de santé de qualité.  Le projet a été expérimenté dans l’État de Gezira, permettant de réduire le taux de mortalité des femmes rurales, grâce à l’implication de plus de 400 sages-femmes.  

Une de ses collègues a ajouté que les femmes représentent 40% des professionnels de médias, tandis que 71% de Soudanaises utilisent un téléphone portable.  Un programme gouvernemental a du reste été lancé pour réduire le fossé existant entre les sexes en matière de connaissances informatiques.  Les femmes vivant en milieu rural sont plus ouvertes aux réseaux sociaux que les hommes de leur milieu de vie, s’est-elle aussi félicitée. 

Réagissant à cette présentation, la déléguée du Maroc a demandé comment est-ce que le Gouvernement soudanais s’y est pris pour relancer les programmes en faveur de l’autonomisation de la femme soudanaise après une longue période de conflit dans le pays.  Ce à quoi la déléguée du Soudan a répondu en mentionnant un plan d’action sur cinq ans mis sur pied après le conflit, un plan qui offre des microcrédits aux femmes rurales, notamment celles qui ont souffert le plus du conflit.

Exposé volontaire du Costa Rica

Mme ALEJANDRA MORA MORA, Ministre du statut de la femme du Costa Rica, a jugé nécessaire d’identifier les raisons des écarts rencontrés en matière de représentation des sexes dans certaines professions.  Elle a indiqué que dans son pays les femmes ne représentent que 2% des étudiantes en électronique et que les chiffres sont similaires en ce qui concerne l’étude des mathématiques pures, un phénomène qu’elle a imputé au fait que certaines professions sont considérées comme étant purement masculines.  Face à de tels chiffres il est difficile d’arriver à la parité dans ces domaines, a-t-elle reconnu.

Après avoir passé en revue les grandes lignes de la Politique nationale pour l’égalité et l’équité du Costa Rica, la Ministre s’est attardé sur le problème de l’écart des salaires, l’isolement des femmes universitaires et la prévalence de la violence contre les femmes, par l’entremise notamment des réseaux sociaux.  Elle a ensuite indiqué que le Costa Rica vient de lancer une politique nationale pour l’égalité dans les médias et les TIC.  Elle a aussi insisté sur l’importance de mettre en place un système de sensibilisation aux TIC dès la plus petite enfance et d’assurer l’appropriation sociale de la science et de la technologie avec une perspective de genre.  La Ministre a par ailleurs décrié la diffusion d’images qui promeuvent une image stéréotypée du rôle des femmes dans le monde professionnel.

La Ministre a ensuite parlé de la création du fonds de télécommunication FONATEL qui a permis de connecter 14 000 foyers, ce qui a bénéficié à 30 000 femmes.  Il existe aussi un programme de renforcement des services publics qui permet de fournir des équipements électroniques dans les zones les plus reculées du pays, a-t-elle ajouté.

Face à ces exemples, la représentante d’El Salvador a jugé vital de continuer de mettre en œuvre des politiques de promotion de la femme.  Consciente des aspects culturels qui limitent la participation des femmes dans les filières des TIC, elle a demandé des précisions sur les principaux obstacles qu’affrontent les femmes au fil du temps.  « Quel pourrait être le rôle du partenariat public-privé pour combler les écarts entre hommes et femmes », a demandé à son tour la représentant du Panama.

À cela, la Ministre du statut de la femme du Costa Rica a de nouveau insisté sur l’importance de veiller à une éducation aux TIC dès la petite enfance.  Il faut également faire voler en éclat tout système qui continue de véhiculer une image stéréotypée des femmes et des hommes, a-t-elle martelé.  Elle a également insisté sur le rôle du secteur privé, indiquant que son Gouvernement a mis sur pied un système de certification pour les entreprises qui réussissent à combler les écarts en matière de représentation des femmes.

Présentation volontaire du Nigéria

Mme AISHA JUMMAI AL-HASSAN, Ministre de la femme et du développement social du Nigéria, a relevé que la population de son pays est de 193 millions, dont 46,7% sont des femmes.  Le Nigéria a mis sur pied un plan d’action pour la prise en charge des femmes affectées par les conflits, a-t-elle indiqué, ajoutant que le taux de scolarisation des filles au primaire est de 56%.  Le pays a en outre mené une campagne pour la protection des droits des femmes et adopté en 2015 une loi de lutte contre les violences à l’égard des femmes.  Cela représente, a-t-elle dit, « une victoire après un plaidoyer de 15 ans ». 

Poursuivant sa présentation, la Ministre a parlé des huit centres de formation qui ont été créés pour apporter aux femmes rurales des compétences utiles pour s’insérer dans le monde de l’emploi.  Elle a souligné à ce propos que les TIC sont un formidable outil d’autonomisation des femmes et filles rurales.  Elle s’est aussi enorgueillie de voir que le taux de mortalité maternelle a baissé de 7% depuis que les femmes enceintes des zones rurales peuvent consulter des sages-femmes grâce à leur téléphone portable.  Elle a également parlé d’un programme d’aide monétaire aux populations les plus démunies des zones reculées.

La Ministre a ensuite insisté sur le rôle des médias pour faire changer les mentalités et diminuer, de facto, la discrimination et les stéréotypes dont les femmes sont victimes.  Elle a salué l’existence d’une association nationale des femmes journalistes et d’émissions diffusées régulièrement pour vulgariser les droits des femmes.

Après cet exposé, la déléguée du Maroc a demandé si ce programme d’appui monétaire avait des bénéfices probants sur les populations rurales. 

« Bien entendu », lui a répondu la Ministre de la femme et du développement social du Nigéria, expliquant que les ménages recevant des transferts d’argent pouvaient désormais augmenter leur revenu et investir dans des domaines tels que la santé et l’éducation.  Justement, s’est enquise la représentante du Royaume-Uni, « comment agissez-vous pour aller vers un taux de scolarisation de 100% ? »  

Le Gouvernement, a dit Mme Al-Hassan, octroie des crédits sans intérêt aux femmes rurales afin de renforcer leur autonomisation économique.  Ce soutien a un impact sur le taux de scolarisation des filles qui n’ont plus besoin de quitter l’école pour exercer des activités rémunératrices, a-t-elle expliqué.  De plus, le programme des cantines scolaires, financé par le Gouvernement, permet aussi de retenir les enfants sur les bancs de l’école.  

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: vifs échanges entre la Fédération de Russie et le Royaume-Uni sur l’attaque à l’agent neurotoxique perpétrée à Salisbury le 4 mars

8203e séance – après-midi
CS/13247

Conseil de sécurité: vifs échanges entre la Fédération de Russie et le Royaume-Uni sur l’attaque à l’agent neurotoxique perpétrée à Salisbury le 4 mars

Le délégué du Royaume-Uni a, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, accusé la Fédération de Russie d’être responsable de l’empoisonnement de M. Serguei Skripal et de sa fille, Yulia, lors d’une attaque à l’agent neurotoxique le 4 mars, à Salisbury, au Royaume-Uni.  « La Russie n’a rien à voir avec cet incident », s’est défendu le délégué russe, au cours d’une séance marquée par de vifs échanges entre les deux délégations. 

Le Conseil de sécurité était saisi d’une lettre* envoyée le 13 mars par la Première Ministre britannique, Mme Theresa May, dans laquelle elle indique que la Fédération de Russie est « très probablement » à l’origine de l’empoisonnement et exige une réponse du Gouvernement russe avant le 13 mars.  Premier orateur à prendre la parole, le représentant britannique a indiqué que le produit utilisé à Salisbury est un neurotoxique issu d’une classe d’agents de guerre chimiques appelée « Novitchok » mis au point par l’Union soviétique et passée à la Fédération de Russie. 

« L’État russe est responsable de cette tentative d’assassinat », a-t-il réitéré, ajoutant que le mode opératoire correspond à celui utilisé dans de nombreuses autres agressions commises par l’État russe.  « Il n’y a que deux explications possibles: soit l’État russe s’est rendu coupable d’une tentative de meurtre sur le sol britannique à l’aide d’une arme chimique, soit il a perdu le contrôle de ses stocks d’agents neurotoxiques. »

Le délégué a rappelé que son pays a exhorté la Russie à communiquer immédiatement l’intégralité des informations relatives au programme de production des Novitchok à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), l’accusant de n’avoir révélé ni mis fin au programme.  « La Russie a déjà interféré dans les affaires des autres pays, la Russie a déjà bafoué le droit international en Ukraine, la Russie méprise la vie des civils, la Russie protège l’emploi par Assad d’armes chimiques », a-t-il énuméré. 

« Nous ne tirons pas de conclusion hâtive », a-t-il dit, ajoutant que l’OIAC allait apporter son concours lors de l’enquête sur cette attaque et que son pays ne se laissera pas intimider par les menaces de la Russie.  Nous demandons à tous les États de se tenir à nos côtés, a-t-il conclu. 

Un appel entendu par la déléguée des États-Unis, qui a rappelé la « relation spéciale » entre les deux pays.  « Quand le Royaume-Uni fait face à une difficulté, nous sommes à ses côtés, toujours », a-t-elle assuré.  « La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, se doit de maintenir la paix et la sécurité internationales et en conséquence, être comptable de ses actes », a dit la représentante. 

Les délégations de la Suède, de la France, de la Pologne, de l’Éthiopie et des Pays-Bas ont également affiché leur solidarité avec le Royaume-Uni.  « La réémergence tous azimuts de ces armes barbares aux conséquences meurtrières, dont témoigne leur emploi récurrent en Syrie et au Moyen-Orient, mais aussi en Asie et désormais en Europe, ne peut pas être tolérée », a martelé le représentant français.  Rappelant que c’est la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’un agent neurotoxique a été utilisé en Europe, son homologue néerlandais a dit « comprendre » les mesures de rétorsion prises par Londres en l’absence de réponse. 

« Nous n’acceptons pas que l’on s’adresse à nous sur ce ton », a tonné le représentant de la Fédération de Russie, « absolument inacceptable » que l’on somme son pays de « passer aux aveux » dans les 24 heures.  « La lettre de la Première Ministre britannique contient des affirmations irresponsables », a affirmé le représentant qui a dit « avoir du mal à la commenter en langage diplomatique ».  Pourquoi le Royaume-Uni veut-il que la question soit « traînée » au Conseil de sécurité?  Parce qu’il sait déjà qu’il ne se satisfera pas des conclusions des vrais experts en la matière, ceux de l’OIAC, a soupçonné le délégué russe. 

Dénonçant une « guerre de propagande », il a souligné que son pays a répondu aux Britanniques, confirmé qu’il n’a « rien à voir » avec l’incident et demandé des échantillons.  « On nous parle d’une cyberattaque en préparation contre la Russie », a-t-il révélé, avertissant que son pays ne resterait pas inactif.  Sans des preuves irréfutables, nous n’avons pas à nous justifier, a-t-il tranché.  Comment, s’est-il demandé, peut-on techniquement identifier un agent comme le « Novitchok » sans formule pour effectuer une comparaison?  Si les Britanniques ont les moyens d’identifier l’agent, c’est qu’ils en ont la formule et qu’ils sont capables de le produire eux-mêmes.  M. Skripal, a-t-il aussi affirmé, « ne représentait plus aucune menace pour notre pays » mais en revanche c’était « la victime parfaite ».  Le représentant a accusé le Royaume-Uni de vouloir « délibérément et sans scrupule » ternir l’image de la Russie, avant que le délégué britannique ne rappelle la déclaration faite en 2010 par le Président Vladimir Putin dans laquelle il prévenait que les traîtres paieront leur trahison de leur vie.  Plusieurs délégations ont prôné l’apaisement, la Chine appelant les deux pays à gérer la situation par les canaux diplomatiques appropriés. 

*     S/2018/218

LETTRE DATÉE DU 13 MARS 2018, ADRESSÉE AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE CHARGÉ D’AFFAIRES PAR INTÉRIM DE LA MISSION PERMANENTE DU ROYAUME-UNI DE GRANDE-BRETAGNE ET D’IRLANDE DU NORD AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2018/218)

Déclarations

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rappelé que le 4 mars dernier, à Salisbury, M. Sergei Skripal et sa fille Yulia Skripal ont été empoisonnés et sont toujours dans un état critique.  Le sergent-détective Nick Bailey, un officier de police également exposé à l’agent contaminant lors de l’attaque, est, lui aussi, toujours dans un état grave, a indiqué le représentant, ajoutant que cette attaque a touché plusieurs centaines de citoyens britanniques.  La police britannique a déterminé que le produit utilisé était un neurotoxique issu d’une classe d’agents de guerre chimiques appelée « Novitchok » mis au point par la Fédération de Russie qui est très probablement à l’origine de l’empoisonnement.  Le mode opératoire, s’est expliqué le représentant, correspond à celui utilisé dans de nombreuses agressions commises par l’État russe.  Il n’y a que deux explications possibles: « soit l’État russe s’est rendu coupable d’une tentative de meurtre sur le sol britannique à l’aide d’une arme chimique, soit il a perdu le contrôle de ses stocks d’agents neurotoxiques ».  Le délégué a rappelé que son pays a exhorté la Russie à communiquer immédiatement l’intégralité des informations relatives au programme de production des « Novitchok » à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

« L’État russe est responsable de cette tentative d’assassinat », a-t-il réitéré, ajoutant qu’il s’agit d’une violation de l’Article 2 de la Charte de l’ONU.  Selon la Convention sur les armes chimiques, a poursuivi le délégué, les parties doivent déclarer leurs stocks d’armes chimiques et les détruire.  Il a accusé la Russie de ne pas avoir révélé et mis fin au programme de production des « Novitchok » entamé à l’ère soviétique.  « La Russie a déjà interféré dans les affaires des autres pays, la Russie a déjà bafoué le droit international en Ukraine, la Russie méprise la vie civile comme le montre l’attaque d’un avion commercial au-dessus de l’Ukraine par des mercenaires russes, la Russie protège l’emploi par Assad d’armes chimiques », a énuméré le représentant.  Nous ne tirons pas de conclusion hâtive, a-t-il affirmé, ajoutant que l’OIAC allait apporter son concours lors de l’enquête sur cette attaque.  Le délégué a déclaré que son pays ne se laissera pas intimider par les menaces de la Russie et restera ferme dans la défense de la démocratie et de la liberté.  Nous demandons à tous les États Membres de se tenir à nos côtés, a-t-il conclu. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a noté que le Conseil était réuni pour traiter du « recours à une arme chimique par un membre du Conseil sur le territoire d’un autre membre du Conseil ».  La représentante a apporté le plein soutien des États-Unis au Royaume-Uni, rappelant la « relation spéciale » entre les deux pays.  « Quand le Royaume-Uni fait face à une difficulté, nous sommes à ses côtés, toujours », a-t-elle assuré.  Mme Haley a noté que « l’affaire de Salisbury » se plaçait dans le contexte d’un recours croissant et inquiétant aux armes chimiques, citant l’assassinat du demi-frère du Président de la République populaire démocratique de Corée en Malaisie et l’utilisation de telles armes par le « régime syrien ».  Elle a rappelé que le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU mis en place dans ce dernier cas avait été « tué par la Russie », qui avait mis cinq fois son veto face aux rapports du Mécanisme sur le recours aux armes chimiques par le « régime d’Assad » et s’était opposé à son renouvèlement. 

Si la Russie coopérait avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, nous ne la critiquerions plus, a affirmé Mme Haley, qui a demandé à ce pays « d’arrêter de donner autant de raisons de le critiquer ».  La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, se doit de maintenir la paix et la sécurité internationales et en conséquence, d’être comptable de ses actes, a poursuivi la représentante.  Si nous ne prenons pas des mesures, Salisbury ne sera pas le dernier endroit où des armes chimiques seront utilisées, a averti Mme Haley, pour qui, si nous ne faisons pas rendre des comptes à la Russie, nous le regretterons. 

« Soyons clairs », a dit d’emblée M. FRANÇOIS DELATTRE (France), « cette tentative d’assassinat dans un lieu public par le recours à un agent neurotoxique de qualité militaire, telle qu’elle nous a été rapportée, et qui a affectée d’autres civils sur le territoire britannique, est totalement inacceptable ».  Mme Theresa May a établi la responsabilité de la Russie dans cette attaque.  « Nous faisons pleinement confiance à l’enquête britannique pour faire rapidement toute la lumière sur les circonstances précises de cette utilisation d’une arme chimique. »  

Il est impératif que ceux qui en sont à l’origine soient clairement identifiés et poursuivis, et que toutes les réponses adéquates soient apportées au plus vite aux questions soulevées par le Royaume-Uni dans le cadre de cette enquête.  « Ne nous y trompons pas », a encore indiqué M. Delattre, « les faits et les enjeux sont d’une extrême gravité.  L’interdiction d’emploi d’armes chimiques se trouve au cœur du régime de non-prolifération qui fonde notre système de sécurité collective, tel que créé et encadré par le Conseil de sécurité, et tous ses membres. »

La réémergence tous azimuts de ces armes barbares aux conséquences meurtrières, dont témoigne leur emploi récurrent en Syrie et au Moyen-Orient, mais aussi en Asie et désormais en Europe, ne peut pas être tolérée.  Elle bafoue les principes qui fondent la paix et la sécurité, elle sape l’architecture de non-prolifération et elle remet en cause la stabilité stratégique. 

Nous avons alerté à de multiples reprises, devant ce Conseil, du risque de réémergence de ces armes, de leur prolifération vers tous les types d’acteurs et de la menace que cette situation faisait peser sur le système de sécurité collective que nous avons graduellement bâti.  « Nous atteignons ici une dimension encore nouvelle: celle de l’utilisation d’une substance jamais déclarée à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques dont l’emploi est interdit par la Convention, dans un lieu public, sur le territoire d’un pays européen », a indiqué le représentant. 

La France n’acceptera jamais de laisser ceux qui utilisent ou développent des agents toxiques dans l’impunité.  « Nous rappelons dans ce contexte notre plein soutien aux institutions existantes, en particulier l’OIAC.  C’est également la raison pour laquelle la France a lancé en janvier dernier un partenariat international destiné à appuyer les instruments existants dans la lutte contre l’impunité dans l’usage de ces armes, a rappelé M. Delattre. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a condamné la production, le transport et l’emploi d’armes chimiques et demandé à tous les États de détruire leurs stocks d’armes chimiques.  L’attaque du 4 mars constitue un acte hostile, a-t-il dit, en appuyant le droit du Royaume-Uni de prendre toutes les mesures nécessaires dans le cadre de l’enquête.  Le délégué a appelé tous les États à se conformer à la Charte des Nations Unies et à prendre des mesures claires et sincères pour faire advenir un monde débarrassé des armes de destruction massive. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a dit espérer que l’attaque de Salisbury ferait l’objet d’une enquête dont les conclusions seront rendues publiques et les responsables, traduits en justice.  Le représentant a souhaité que le Royaume-Uni et la Fédération de Russie puissent trouver un accord et fassent montre de retenue.  Il a invité les deux pays à coopérer avec les enquêtes indépendantes qui procéderont aux analyses nécessaires et en tireront les conclusions.  La Guinée équatoriale est totalement opposée à la production, au stockage, à la distribution et à l’utilisation de tout agent biologique, chimique, bactériologique ou connexe et condamne l’utilisation de tels agents, quel que soit l’utilisateur, a conclu le représentant. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est dite très préoccupée par l’emploi d’armes chimiques et a condamné l’attaque du 4 mars, première attaque chimique commise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Elle a apporté le plein appui de son pays au Royaume-Uni, avant d’enjoindre la Russie à répondre aux questions du Royaume-Uni et à coopérer avec l’OIAC.  Il ne saurait y avoir d’impunité pour les responsables d’attaques chimiques, a-t-elle conclu. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déclaré que l’utilisation d’armes chimiques constitue en soi une menace à la paix et à la sécurité internationales et une violation du régime de non-prolifération qui met en danger la vie de civils.  Il a exprimé sa « vive préoccupation » devant l’utilisation d’agents innervants dans un lieu public, estimant que cet incident doit faire l’objet d’une enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), conformément à l’état de droit et aux procédures en vigueur.  Le représentant a appelé à une pleine collaboration à l’enquête des parties concernées afin d’identifier les responsables et imposer les sanctions qui s’imposent, insistant sur la nécessité d’éviter l’escalade et de maintenir un dialogue ouvert afin de remédier à la situation.

M. OLOF SKOOG (Suède) a condamné, dans les termes les plus forts, la tentative de meurtre sur le sol du Royaume-Uni à l’aide d’un agent neurotoxique.  Le représentant a souligné la gravité de l’incident qui n’a pas de précédent en Europe, ces dernières années.  Les responsables de l’attaque doivent être identifiés et tenus pour responsables de leurs actes.  Étant donné qu’un agent neurotoxique transformé en arme chimique a été utilisé, et la possibilité que la tentative de meurtre ait peut-être des liens avec des acteurs étatiques, la Suède soutient la décision du Royaume-Uni de porter l’affaire à l’attention du Conseil de sécurité et d’autres organes pertinents comme l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.

Le Royaume-Uni étant un ami proche et un partenaire européen de la Suède, le représentant a exprimé sa solidarité avec le Gouvernement britannique et a appuyé ses efforts dans la gestion de cette grave question de sécurité.  Il a noté que la Première Ministre britannique, dans sa lettre au Secrétaire général, indique que la catégorie d’arme chimique utilisée était présente en Union soviétique et passée à la Fédération de Russie.  Cela dit, et en prenant en compte l’histoire des principales victimes, nous soutenons la demande du Royaume-Uni que la Russie fournisse un compte rendu de la façon dont l’agent neurotoxique aurait pu se retrouver à Salisbury. 

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a dit avoir appris avec émotion, l’utilisation d’un agent neurotoxique sur le sol britannique, le 4 mars, et a exprimé sa solidarité avec les autorités britanniques.  La Côte d’Ivoire a toujours condamné tout usage d’armes chimiques, qu’elle qu’en soit la forme, a déclaré le représentant, qui a demandé que « toute la lumière soit faite sur ces actes ». 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a dit s’être toujours opposé à toute arme de destruction massive, y compris les armes chimiques, et a condamné tout recours à de telles armes, qu’il a jugé « immoral ».  Il a toutefois appelé à « la vigilance et la prudence » avant d’en tirer les conclusions et a demandé une « enquête impartiale et exhaustive ».  Il a espéré que les deux parties seraient en mesure de « dissiper les contradictions et les différends » par des moyens diplomatiques « pour le bien de la stabilité internationale ». 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a noté l’incident qui s’est produit à Salisbury et condamné l’emploi d’armes chimiques en toutes circonstances.  Il a appelé de ses vœux une enquête dépolitisée, complète et impartiale. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a affiché sa solidarité avec le peuple britannique et noté la lettre du 13 mars envoyée par la délégation britannique à la Présidence du Conseil.  Il a condamné l’utilisation d’armes chimiques, qui constitue une grave violation du droit international.  Il a demandé une enquête approfondie sur l’incident de Salisbury et que ses auteurs soient traduits en justice.  La coopération de bonne foi entre la Russie et le Royaume-Uni est essentielle pour que la situation reste sous contrôle et pour éviter une autre dégradation des relations entre les deux pays, a-t-il dit.  Enfin, le délégué a évoqué les préoccupations légitimes du Royaume-Uni et appelé toutes les parties à coopérer à l’enquête. 

M. MA ZHAOXU (Chine) a pris note de l’empoisonnement qui s’est produit à Salisbury.  Il a espéré qu’une enquête minutieuse, objective et impartiale serait menée afin d’aboutir à des conclusions irréfutables.  Il a appelé les pays concernés à gérer la situation par les canaux diplomatiques appropriés. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a expliqué que c’est son pays qui a demandé que la réunion du Conseil de sécurité initialement prévue en consultations à huis clos soit publique.  La lettre de la Première Ministre britannique contient des « affirmations irresponsables », a estimé le représentant, qui a dit « avoir du mal à la commenter en utilisant le langage diplomatique ».  Il y a vu des « menaces à l’encontre d’un État souverain, membre du Conseil de sécurité qui plus est ».  Pourquoi les représentants du Royaume-Uni voulaient-ils que la question soit « traînée » au Conseil de sécurité, ignorant les procédures que Londres « est tenu de respecter », conformément aux traités internationaux? 

Pour M. Nebenzia, le Royaume-Uni a agi ainsi car il sait déjà qu’il ne « se satisfera pas » des conclusions des vrais experts, ceux de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  La Fédération de Russie, a prévenu le représentant, juge « absolument inacceptable » de lancer des accusations comme l’a fait la Première Ministre britannique le 13 mars en sommant la Russie de « passer aux aveux » dans les 24 heures.  « Nous n’acceptons pas que l’on s’adresse à nous sur ce ton », a-t-il dit.

Le représentant a affirmé que la Fédération de Russie avait répondu aux Britanniques, confirmé qu’elle n’avait « rien à voir » avec l’incident et demandé des échantillons.  On nous parle déjà d’une cyberattaque en préparation contre la Russie, a révélé le représentant qui a averti que son pays ne resterait pas inactif.  Il a aussi dénoncé une « guerre de propagande » pour instrumentaliser l’opinion publique. 

Ce n’est pas la première fois qu’un ressortissant russe est attaqué sur le territoire britannique, a poursuivi M. Nebenzia, qui a fait observer que de nombreuses enquêtes sont restées sans conclusion et que la Russie n’avait pas été associée à ces enquêtes. 

Le représentant a demandé au Royaume-Uni de fournir des preuves matérielles d’une trace russe dans l’incident de Salisbury.  Sans des preuves irréfutables, nous n’avons pas à nous justifier, a-t-il martelé, en rappelant que la seule chose qu’il a entendue jusqu’aujourd’hui, c’est une implication russe « hautement probable ». 

Il n’y a pas eu en Russie de recherche scientifique sur un agent nommé « Novitchok », a rectifié le représentant.  Dans les années 1970, des programmes chimiques avaient été menés, surtout aux États-Unis et en URSS.  Ces recherches ont été arrêtées et, en 2017, la Fédération de Russie avait détruit tous ses stocks, une destruction confirmée par l’OIAC.  En revanche, a fait observer le représentant, les États-Unis n’ont toujours pas fini de détruire les leurs.  Il a également affirmé que les pays occidentaux avaient recruté des spécialistes russes des substances toxiques.  Leurs noms sont connus car ils figurent dans des documents publics.  La présence de l’agent mis en cause a été identifiée dans un laboratoire occidental, a poursuivi le représentant, qui a parlé de recherches effectuées sur ces substances, « y compris au Royaume-Uni ». 

Comment, techniquement, s’est demandé le représentant, peut-on identifier un agent tel que le « Novitchok ».  Il faut avoir la formule pour pouvoir effectuer une comparaison, ce qui veut dire que si les Britanniques l’ont identifié, c’est qu’ils en ont la formule.  Ils sont donc capables de le produire eux-mêmes.

M. Nebenzia s’est élevé contre cette tendance à nommer les coupables avant toute enquête.  Rappelant que la lettre de la Première Ministre du Royaume-Uni parle d’une responsabilité « hautement probable » de la Russie, il a reproché à la représentante des États-Unis d’être allée plus loin et d’avoir accusé directement son pays.  Il semble que pour condamner un pays, il suffit simplement non plus d’agiter des éprouvettes devant le Conseil mais de présenter une simple lettre, a ironisé M. Nebenzia.  Il a dénoncé les pays qui recourent aux assassinats ciblés à l’aide de drones ou qui déclenchent des conflits meurtriers sur la base d’informations fausses, citant notamment la Serbie et la Libye. 

« À qui profite le crime? » s’est demandé le représentant.  « À quel pays peut profiter une condamnation de la Russie? »  M. Skripal, a-t-il expliqué, n’était plus une menace pour la Fédération de Russie.  En revanche c’était « la victime parfaite ».  Parlant de « provocation », le représentant a accusé le Royaume-Uni de vouloir « délibérément et sans scrupule » ternir l’image de la Russie. 

La Russie, a-t-il répété, « n’a rien à voir avec cet incident ».  Les ultimatums de Londres « n’ont aucun sens » et « sont nuls ».  Le représentant a demandé au Royaume-Uni de se conformer aux procédures de l’OIAC et de respecter tous les autres traités internationaux, avant de redire en conclusion que la Fédération de Russie était prête à collaborer avec l’OIAC et d’annoncer que son pays allait présenter un projet de déclaration à la presse, à laquelle il a demandé aux autres membres du Conseil de souscrire. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a apporté son soutien à la déclaration du représentant du Royaume-Uni et a souligné la solidarité de son pays avec le Royaume-Uni, sa préoccupation face à l’utilisation d’armes chimiques et la nécessité de faire en sorte que les auteurs de ce crime soient tenus de rendre des comptes.  En ce début de mois, il est difficile, a confié le représentant, d’imaginer un endroit au monde plus paisible que Salisbury.  Il s’est donc dit choqué par l’attaque qui y a été commise contre un homme et sa fille à l’aide d’un agent neurotoxique.  Après avoir exprimé ses vœux de prompt rétablissement à M. Sergei Skripal et sa fille et s’être joint à l’indignation des autorités britanniques, il a déclaré qu’aucun État ne pouvait accepter que de telles attaques aient lieu sur son territoire.  Le Royaume-Uni peut compter sur la pleine solidarité des Pays-Bas, a-t-il ajouté.

M. van Oosterom a exprimé sa préoccupation face à l’arme utilisée, un agent neurotoxique de qualité militaire, « pas une substance à la portée d’un criminel ordinaire ».  C’est la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’un agent neurotoxique est utilisé en Europe, a-t-il rappelé, jugeant cet acte « au-delà des mots » et faisant observer que l’utilisation d’un tel agent, dans un espace public fréquenté par de nombreux civils, aurait pu avoir « des effets encore plus horribles ».  L’utilisation d’armes chimiques est « odieuse », a martelé le représentant, considérant, en conséquence, cet acte comme une menace à la paix et la sécurité internationales, relevant de la compétence du Conseil de sécurité.  Le représentant a également estimé qu’après le recours à des armes chimiques en Syrie, l’attaque au Royaume-Uni devait servir d’avertissement: nous devons renforcer notre vigilance pour empêcher l’utilisation de ces armes de destruction massive.  Il a aussi rappelé le rôle important que joue l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à cet égard.

Il ne peut y avoir d’impunité pour un tel crime, a encore ajouté M. van Oosterom, qui a apporté le plein soutien de son gouvernement au Royaume-Uni dans la recherche de la vérité et a dit compter sur l’appui de tous les autres pays.  Rappelant que le Royaume-Uni avait demandé à la Fédération de Russie de fournir des réponses à certaines questions posées hier, il a dit « comprendre » les mesures de rétorsion prises par Londres devant le silence russe.  Ne voyant pas pourquoi la Russie continue de rejeter la demande britannique, le représentant a dit ne pas non plus voir de raison légitime de retarder, dévier ou discréditer l’enquête menée par les autorités du Royaume-Uni.  Il s’est donc dit déçu par le ton et la substance de l’intervention du représentant de la Fédération de Russie.  La communauté internationale ne peut se contenter de hausser les épaules face à ce crime.  Les Nations Unies, ce Conseil et tous les États Membres doivent coopérer avec le Royaume-Uni pour que les auteurs du crime soient remis à la justice, a conclu le représentant. 

Le délégué du Royaume-Uni a repris la parole pour indiquer que le Conseil était l’enceinte idoine pour discuter de toute atteinte à la sécurité internationale et nous comptons coopérer avec la Russie pour atteindre nos objectifs dans ce Conseil.  Il a rappelé la teneur de l’article 9 de la Convention sur les armes chimiques et déploré que la Russie n’ait pas fourni d’explications.  Aucune disposition de la Convention ne prévoit que le Royaume-Uni partage ses échantillons dans le cadre d’une enquête criminelle, a-t-il dit.  Il a mentionné la tactique dilatoire utilisée par la Russie dans l’affaire Litvinenko, ce pays ayant tout fait pour détourner l’attention de l’opinion publique et retarder l’enquête, en particulier l’extradition du suspect.  Nous ne ferons pas deux fois la même erreur, a prévenu le représentant.  Répondant à la question « à qui profite le crime », il a mentionné une déclaration faite en 2010 par le Président Vladimir Putin dans laquelle celui-ci indique que les traîtres paieront leur trahison de leur vie. 

Le représentant de la Fédération de Russie a affirmé que son pays n’a reçu aucune demande officielle de coopération de la part du Royaume-Uni.  Nous ne répondons pas aux ultimatums et aux accusations infondées, surtout quand elles sont proférées sur ce ton, a-t-il répété.  Nous sommes néanmoins prêts à coopérer avec le Royaume-Uni, a promis le représentant. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme incite à « forger des alliances pour parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser les femmes et les filles en milieu rural »

Soixante-deuxième session,
4e et 5e séances – matin & après-midi
FEM/2136

La Commission de la condition de la femme incite à « forger des alliances pour parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser les femmes et les filles en milieu rural »

Au deuxième jour de sa session annuelle, la Commission de la condition de la femme, organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), a tenu deux tables rondes ministérielles en parallèle du débat général.  Au cours de la discussion du matin, une quarantaine de représentants de gouvernements et de la société civile ont présenté des exemples d’alliances devant servir de tremplin pour l’autonomisation de la femme rurale. 

Dans l’après-midi, des ministres et hauts représentants de gouvernements, ainsi que des délégués d’organisations non gouvernementales (ONG) ont participé à une table ronde sur l’accélération de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, afin de parvenir à des résultats concrets d’ici à 2020.

Au sujet des alliances recensées le matin, les intervenants ont souligné qu’ils peuvent impliquer des acteurs de divers ordres: gouvernements, organisations de la société civile, entreprises du secteur privé et organisations internationales.

Les alliances sont d’abord possibles au sein même des gouvernements, ont noté des orateurs au rang desquels la représentante de la Somalie qui a déclaré que ce pays touché par un long conflit armé avait mis en place un point focal pour les questions de genre dans chaque département ministériel. 

Les gouvernements œuvrent également en lien avec les entreprises privées dans l’optique de favoriser l’essor des femmes rurales.  C’est le cas en Hongrie où 70 centres d’emploi perçoivent chacun 750 000 euros par an de l’État afin de faciliter la mise en relation des talents des femmes rurales avec les offres d’emploi du secteur privé. 

De nombreux intervenants ont également mentionné des cas d’alliances entre gouvernements et acteurs extérieurs au pays, notamment dans le cadre de la coopération bilatérale avec d’autres gouvernements ou entre un gouvernement et des organisations internationales.    

« Nous avons octroyé 15 millions d’euros au Sénégal pour renforcer la productivité de ses femmes rurales », s’est enorgueillie la déléguée de l’Italie, tandis que le Commissaire de l’Union européenne à la coopération internationale et au développement a mentionné les 8,5 milliards d’euros dépensés pour financer un projet similaire dans une soixantaine de pays, dans le but de soutenir l’agriculture et la sécurité alimentaire. 

La Ministre de la femme de la République dominicaine a parlé d’un programme conjoint des pays de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) destiné à autonomiser les femmes rurales.  Ces projets visent, entre autres, à renforcer la conscience écologique des agricultrices par le biais de projets menés en commun par le Ministère de l’agriculture et celui de l’environnement. 

Au sein même de la société civile, les alliances sont aussi de mise, ainsi qu’entre femmes.  « Il faut que les femmes créent plus d’alliances entre elles afin de tirer parti des avantages du réseautage que les hommes ont toujours su exploiter », a prescrit la Ministre de la femme du Gouvernement du Québec (Canada).  Elle a en outre magnifié les alliances entre hommes et femmes, afin par exemple de se partager au mieux les congés parentaux qui s’étalent sur deux ans dans son pays.  La Ministre de la famille et des affaires sociales de la Finlande a de son côté encouragé le partage des tâches ménagères et de la prise en charge des enfants entre les deux sexes. 

Saluant ces alliances multipartites initiées par les gouvernements, la représentante de l’ONG « Asian-Pacific Resource and Research Centre for Women » a toutefois mis en garde contre les tentatives de diluer le combat des femmes rurales dans des « alliances de façade ».  Elle a donc prôné la mise en place de « vrais espaces sûrs d’expression des femmes rurales ».    

Au cours du dialogue interactif de haut niveau de l’après-midi, les femmes ont salué les avancées de leur condition tout en marquant leur impatience dans de nombreux domaines recensés par la Déclaration et le Programme d’action de Beijing adoptés à l’issue de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes en 1995.  « Nous avons toutes le même adversaire, l’inaction.  2020, c’est dans 720 jours, alors demandons-nous de quoi et de qui nous avons peur », a notamment déclaré Mme Michaëlle Jean, la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). 

Vingt-trois ans après Beijing, les femmes gagnent moins que les hommes et sont plus susceptibles d’occuper des emplois peu qualifiés.  Plus d’un tiers des femmes dans le monde ont subi des violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie, et les femmes agricultrices sont loin de bénéficier des mêmes droits d’accès, de gestion et de propriété de la terre que les hommes.

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, mercredi 14 mars, pour une journée qui sera consacrée à la suite du débat général, en parallèle avec deux tables rondes, le matin et l’après-midi, sur l’accès des femmes aux médias et aux technologies de l’information et des communications.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ DES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Dialogue ministériel interactif de haut niveau sur le thème « Forger des alliances pour parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser les femmes et les filles en milieu rural »

Au cours de la table ronde organisée ce matin, au deuxième jour de la session annuelle de la Commission de la condition de la femme, une quarantaine de représentants de gouvernements et de la société civile ont présenté des exemples d’alliances devant servir de levain pour l’autonomisation de la femme rurale. 

Présidée par M. David Stanton, Ministre de l’égalité, de l’intégration et de l’immigration de l’Irlande, la table ronde a permis de souligner que ces alliances peuvent impliquer des acteurs de divers ordres: gouvernements, organisations de la société civile, entreprises du secteur privé, organisations internationales, parmi d’autres.

Les alliances sont d’abord possibles au sein même des gouvernements, comme l’a expliqué la Ministre des femmes et des droits de l’homme de la Somalie qui a déclaré que ce pays touché par un long conflit armé avait mis en place un point focal pour les questions de genre dans chaque département ministériel.  Au Congo, a indiqué sa représentante, le Ministère de la promotion de la femme et de l’intégration des femmes au développement collabore avec la police nationale pour, par exemple, renforcer la lutte contre les violences sexuelles et sexistes qui affectent particulièrement les femmes rurales. 

Les gouvernements œuvrent également en lien avec les entreprises du secteur privé dans l’optique de favoriser l’essor des femmes rurales.  En Hongrie, a noté la Ministre d’État de la famille et des jeunes, 70 centres d’emploi perçoivent des subventions de l’État -750 000 euros par an pour chacun- afin de faciliter la mise en relation des talents des femmes rurales avec les offres d’emplois du secteur privé.  En Arabie saoudite, a témoigné sa Vice-Ministre du travail et du développement social, le Gouvernement s’emploie à faciliter l’accès des femmes rurales aux emplois urbains qui se trouvent dans des zones nécessairement éloignées de chez elles.  C’est pourquoi des alliances sont nouées avec le secteur privé afin de leur fournir des moyens de transport à la fois sûrs et à bas coûts, entre leur foyer et leur lieu de travail.

De son côté, la Directrice générale de l’Institut des femmes et de l’égalité des opportunités de l’Espagne a indiqué que les entreprises signent des accords avec son gouvernement pour promouvoir l’essor économique des femmes.  Dans le secteur de la pêche, qui emploie de nombreuses femmes rurales, les autorités espagnoles ont mis en place des alliances avec les femmes du secteur pour renforcer leurs capacités.

La Ministre des femmes, du revenu et des services financiers de l’Australie a pour sa part fait mention du travail que mènent en commun le Gouvernement australien et les organisations de la société civile dans le but d’autonomiser les femmes vivant en zone rurale.  Les six grandes coalitions de femmes en Australie, qui représentant 120 organisations de femmes rurales –y compris des associations de femmes aborigènes-, collaborent ainsi avec l’État.  En particulier, la coalition des femmes rurales australiennes s’assure sur le terrain que ces femmes aient accès à la technologie et aux formations adéquates afin de leur permettre de mener à bien leurs activités et de rester en contact avec leurs proches qui se sont installés en ville.

Saluant ces alliances multipartites initiées par les gouvernements, la représentante de l’ONG « Asian-Pacific Resource and Research Centre for Women » a toutefois mis en garde contre les tentatives de diluer le combat des femmes rurales dans des « alliances de façade ».  Elle a donc prôné la mise en place de « vrais espaces sûrs d’expression des femmes rurales ». 

De nombreux orateurs ont également mentionné des cas d’alliances entre gouvernements et acteurs extérieurs au pays, notamment dans le cadre de la coopération bilatérale avec d’autres gouvernements ou entre un gouvernement et des organisations internationales.  C’est le cas de Trinité-et-Tobago qui a pu bénéficier de l’appui du Secrétariat du Commonwealth afin de mettre sur pied une budgétisation sexospécifique.  Cela encourage l’État à tenir davantage compte de la problématique femmes-hommes dans ses dépenses.

« Nous avons octroyé 15 millions d’euros au Sénégal pour renforcer la productivité de ses femmes rurales », s’est enorgueillie la Vice-Ministre du développement économique de l’Italie, tandis que le Commissaire de l’Union européenne à la coopération internationale et au développement a mentionné les 8,5 milliards d’euros dépensés pour financer un projet similaire dans une soixantaine de pays, dans le but de soutenir l’agriculture et la sécurité alimentaire.  Il a également cité des projets spécifiques pour appuyer les droits fonciers des femmes rurales de Colombie et de Namibie.

En Iran, a expliqué sa représentante, une collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a permis de mener un projet de séquestration du carbone et un autre sur la modification des méthodes agraires pour diminuer le gaspillage de l’eau, une ressource tant utile pour les femmes rurales.

La Ministre de la femme de la République dominicaine a parlé d’un programme conjoint des pays de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) destiné à autonomiser les femmes rurales.  Ces projets visent, entre autres, à renforcer la conscience écologique des agricultrices par le biais de projets menés en commun par le Ministère de l’agriculture et celui de l’environnement.  L’un des pays de la région, la Colombie, a pour sa part dit attendre beaucoup du soutien de la communauté internationale pour la mise en œuvre de l’Accord de paix entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), un accord qui donne une place majeure à l’essor des femmes rurales, a rappelé la représentante du pays.

Au Pérou, c’est une alliance entre le secteur privé -Fundacion BBVA PARA Las Microfinanzas- et une agence du système des Nations Unies -ONU-Femmes– qui a permis de favoriser l’inclusion financière des femmes rurales. 

Au sein même de la société civile, les alliances sont aussi de mise.  La Vice-Ministre des politiques sociales de l’Ukraine a cité l’exemple de ce réseau de coopératives de femmes rurales qui a pour but de maximiser les revenus tirés de la vente des produits agricoles. 

« Il faut que les femmes créent plus d’alliances entre elles afin de tirer parti des avantages du réseautage que les hommes ont toujours su exploiter », a prescrit la Ministre de la femme du Gouvernement du Québec (Canada).  Elle a en outre magnifié les alliances entre hommes et femmes, afin par exemple de se partager au mieux les congés parentaux qui s’étalent sur deux ans dans son pays.  La Ministre de la famille et des affaires sociales de la Finlande n’a pas été en reste en encourageant le partage, entre les deux sexes, des tâches ménagères et de la prise en charge des enfants.  Ces fonctions sont très souvent dévolues aux femmes, en particulier en milieu rural, a-t-elle argué.

En définitive, la plupart des intervenants ont attiré l’attention sur le fait que les femmes rurales sont les meilleures partenaires pour les alliances visant leur essor.  C’est pourquoi la Ministre de la condition féminine du Costa Rica a insisté pour qu’elles soient au cœur de ces collaborations et qu’elles soient impliquées dans les structures de gouvernance au niveau local. 

Dialogue interactif de haut niveau sur le thème « Accélérer la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et parvenir à des résultats concrets d’ici à 2020 »

Alors que le Programme de développement à l’horizon 2030 et ses objectifs de développement durable mobilisent l’action dans le monde entier et alors que la célébration du vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration de Beijing se profile, les États Membres doivent redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les engagements pris.

Face à cette exigence, la discussion de la table ronde, qui était présidée par Mme KOKI MULI GRIGNON, Représentante permanente du Kenya, a permis à plus d’une quarantaine de ministres et autres hauts représentants de gouvernements, de délégués d’ONG et d’instituts internationaux, de passer au peigne fin les actions lancées au niveau national et autre pour promouvoir l’autonomie des femmes et l’égalité entre les sexes.

Au-delà d’une liste de lois, stratégies de prévention et autres plans quinquennaux d’autonomisation des femmes adoptés pour promouvoir l’émancipation politique et économique des femmes, combattre la violence sexiste ou encore moderniser les politiques familiales, ce débat a aussi été le lieu d’un véritable appel à la mobilisation et à l’action, à l’instar de la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

« Nous avons toutes le même adversaire, l’inaction.  2020, c’est dans 720 jours, alors demandons-nous de quoi et de qui nous avons peur », a notamment déclaré Mme Michaëlle Jean, pour qui « il devient indécent de reporter sans cesse à plus tard ce qui est réalisable, nous le savons, dès aujourd’hui ».

Un appel à l’action auquel a fait écho celui du Vice-Président de la Commission du développement social qui a recommandé d’éviter la duplication des débats, prônant plutôt une meilleure interactivité des discussions, dans le cadre de la réforme du Conseil économique et social (ECOSOC).

Abordant tout d’abord la question de l’émancipation financière, la Ministre du travail et des politiques sociales de l’ex-République yougoslave de Macédoine, dont le pays compte 40% de femmes au Parlement, a indiqué que le nouveau Gouvernement avait modifié la loi sur les salaires minimums pour remédier aux inégalités de salaires.

Au Costa Rica, nous aidons surtout les femmes à bien utiliser les services financiers, a indiqué la Ministre de la condition de la femme en expliquant que la Banque nationale s’était dotée d’un programme de soutien aux femmes qui dirigent des petites et moyennes entreprises (PME).

Les femmes entrepreneurs en milieu rural bénéficient également du soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie: l’OIF compte mettre sur pied un service mutualisé d’incubation pour les entreprises créées par les femmes.

En Chine, des crédits ont été octroyés à six millions de femmes, tandis que des formations ont permis à près de deux millions de femmes rurales de sortir de la pauvreté, a indiqué la Directrice générale de l’Institut de défense des droits de la femme.  L’intervenante s’est aussi enorgueillie de l’investissement de son pays à hauteur d’un milliard de dollars pour la prévention du cancer chez les femmes en milieu rural.

En Équateur, a fait valoir la Ministre de la justice et des droits de l’homme, la construction de logements sociaux exclusivement réservés aux femmes participe de leur émancipation économique.  Dans ce pays, les listes de candidatures aux élections locales doivent être absolument paritaires, ce qui lui vaut d’avoir une forte présence de femmes en politique.  Le Gouvernement équatorien a notamment une femme au poste de vice-président.

Poursuivant sur le thème de la participation politique des femmes, la représentante de l’Égypte s’est réjouie que 2017 ait été « l’année de l’éclatement du plafond de verre » dans son pays: une femme a été nommée pour la première fois au poste de conseiller présidentiel sur la sécurité nationale, tandis qu’un cabinet a été constitué avec le plus important pourcentage de femmes ministres. 

Des progrès ont également été réalisés en Érythrée.  La délégation de ce pays a ainsi parlé des mesures lancées pour promouvoir la participation politique des femmes qui occupent dorénavant 34% des sièges d’élus aux niveaux local et national ainsi que 37 sièges de juge.  Le Ministre du développement administratif, du travail et des affaires sociales du Qatar s’est quant à lui prévalu d’une représentation égale des sexes dans les instituts éducatifs du pays.

La représentante de la Hongrie a, en revanche, a déploré le manque de représentation criant des femmes en politique au niveau national, en dépit d’une forte présence féminine dans les rangs diplomatiques.

Les participants à la table ronde ont aussi recensé les mesures prises ou à prendre pour faire cesser les violences sexuelles.  La Ministre adjointe de la politique sociale de l’Ukraine a cité l’adoption, l’an dernier, d’une loi ukrainienne sur la prévention et la lutte contre les violences domestiques, avant d’attirer l’attention sur la vulnérabilité particulière à cet égard des femmes déplacées.

Au Maroc, un système multisectoriel a été mis sur pied pour faciliter la dénonciation des abus et l’hébergement des victimes, a indiqué à son tour la Ministre, qui a vivement déploré la prévalence de l’état d’esprit patriarcal dans le monde.  De même, la Commissaire de la Commission des droits de l’homme des Philippines a appelé à s’attaquer aux stéréotypes sexistes et à combattre les attitudes nuisibles.  Un appel lancé également par la Directrice exécutive du Département de l’égalité des chances de l’Italie pour qui « la violence contre les femmes est une urgence internationale ».  C’est pourquoi l’Italie a mis sur pied un plan d’action basé sur les données pour combattre ce fléau, a-t-elle indiqué.

La Ministre de la condition de la femme de la Province de l’Ontario (Canada) a parlé de son côté d’un système de financement des agences qui travaillent avec les communautés autochtones pour aider les victimes à s’extirper des réseaux de traite et appuyer leur réinsertion.

Au chapitre de la famille et des enfants, certaines délégations ont parlé des moyens de faciliter pour les femmes un équilibre entre leur travail et leur maternité.  La Ministre d’État de la famille et des jeunes de la Hongrie a souligné l’importance des politiques familiales de son pays qui permettent à une mère de rester chez elle jusqu’aux trois ans de l’enfant si elle le désire.  La Hongrie a également des services de garde d’enfants qui favorisent le retour des femmes sur le marché du travail et des incitations pour que les employeurs embauchent de nouvelles mères.  Une femme hongroise peut également choisir de prendre une retraite précoce pour participer à l’éducation de ses petits-enfants. 

La nécessité de tenir compte de la participation des hommes et des garçons a été mise en avant par la Secrétaire d’État de la Suède qui a parlé de l’organisation de débats autour du thème de la masculinité.  Elle a également évoqué la modification des cursus sur la santé dans les écoles, lesquels mettent dorénavant davantage l’accent sur l’aspect relationnel et non plus sur la dimension purement biologique de la reproduction sexuelle.

En ce qui concerne les droits de l’homme, la Vice-Présidente du Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique, créé par le Conseil des droits de l’homme a tiré la sonnette d’alarme face au « recul inquiétant » enregistré dans le monde en matière de respect des droits fondamentaux des femmes, avant d’encourager les États Membres à mettre à profit les travaux du Groupe.  La Ministre de la femme de l’Australie a d’ailleurs insisté sur l’importance pour les gouvernements de privilégier la collaboration avec les institutions de défense des droits de l’homme.

Le Directeur de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne a indiqué que l’Agence avait organisé l’enquête la plus ambitieuse à ce jour sur l’incidence de la violence chez les femmes et annoncé la parution prochaine d’une enquête sur la situation des femmes migrantes musulmanes et des femmes roms.  La Commission afghane des droits fondamentaux a elle aussi mené une enquête sur la violence et le harcèlement des femmes, a indiqué sa Présidente qui s’est notamment souciée du nombre de crimes d’honneur commis dans le pays. 

À son tour, la représentante du Bureau du défenseur public de la Géorgie a insisté sur le rôle joué par les institutions de défense des droits pour promouvoir l’émancipation des femmes.  En la matière, l’Envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité a indiqué qu’une fiche de notation permet de veiller au respect et à la mise en œuvre de la Déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Enfin, la Directrice du Bureau de liaison de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a insisté sur l’importance d’amender les lois foncières et successorales pour ne pas défavoriser les femmes.  Elle a aussi parlé du rôle joué par un réseau d’écoles paysannes qui est appuyé par la FAO pour fournir des compétences vitales et promouvoir le leadership des femmes.  Le Directeur du Bureau de liaison de la Convention sur la lutte contre la désertification a signalé à cet égard que moins de 20% des propriétaires terriens sont des femmes, et que seulement 15% des personnes qui prennent des décisions sur la gestion des terres sont des femmes.  Les manquements en matière d’égalité entre les sexes ne sont pas liés à l’absence de lois mais à l’échec à les mettre en œuvre, a-t-il notamment souligné. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Secrétaire général réclame le respect de la trêve humanitaire de 30 jours prévue par la résolution 2401 du 3 mars 2018

8201e séance – matin
CS/13244

Conseil de sécurité: le Secrétaire général réclame le respect de la trêve humanitaire de 30 jours prévue par la résolution 2401 du 3 mars 2018

Le Secrétaire général, M. António Guterres, a déclaré, ce matin, devant le Conseil de sécurité que la résolution 2401 (2018), qui demande sans délai une cessation des hostilités d’au moins 30 jours consécutifs en Syrie pour acheminer de l’aide humanitaire, en particulier dans l’enclave assiégée de la Ghouta orientale, n’était toujours pas appliquée, 15 jours après son adoption.  Il a néanmoins jugé qu’il était toujours possible de la mettre en œuvre et confié son espoir « de voir la Syrie renaître de ses cendres ».  Lors du débat qui a suivi l’exposé du Secrétaire général, les pays occidentaux et la Fédération de Russie se sont rejetés la responsabilité de la non-application de la résolution.

« Nous ne devrions suivre qu’un seul ordre du jour: mettre fin aux souffrances du peuple syrien et trouver une solution politique au conflit », a déclaré le Secrétaire général à l’entame de son propos, en se disant profondément déçu par tous ceux qui laissent le bain de sang continuer en Syrie « en agissant ou en n’agissant pas, par dessein ou par indifférence ».

Depuis l’adoption de la résolution 2041, M. Guterres a dit avoir constaté une intensification des frappes et des combats dans la Ghouta orientale, véritable « enfer sur terre ».  Contrairement à ce que demande la résolution, il n’y a pas d’accès humanitaire sûr et sans entrave et aucun siège n’a été levé, a poursuivi M. Guterres.  « À notre connaissance, aucun malade ni blessé n’a pu être évacué. »  À l’instar de nombreuses délégations, le Secrétaire général a également jugé que la proposition russe d’une pause humanitaire de cinq heures par jour n’était pas suffisante.

L’ONU, qui n’a qu’un accès limité sur le terrain, a envoyé, le 5 mars, un convoi interagences de 46 camions à Douma avec de la nourriture pour 27 500 personnes, soit un tiers des personnes dans le besoin, a-t-il déclaré.  Le Secrétaire général a par ailleurs déploré que les autorités syriennes aient saisi des articles médicaux de ce convoi, en violation de la résolution.  « Le 9 mars, un convoi de 13 camions a pu finir son déchargement mais nous sommes loin de l’accès humanitaire sans entrave demandé par la résolution », a prévenu le Secrétaire général. 

M. Guterres a néanmoins jugé qu’il était « possible d’avoir une cessation des hostilités, possible d’acheminer l’aide humanitaire, possible d’évacuer les malades et les blessés et possible d’expulser les combattants terroristes des zones de conflit sans mener des attaques indiscriminées contre les civils ».  « Nous ne pouvons pas laisser tomber les bras », a plaidé le Secrétaire général.

Même son de cloche du côté du représentant du Koweït, pays porte-plume de la résolution avec la Suède, qui a exprimé son « profond regret » devant la « claire absence de mise en œuvre » de la résolution et exigé du Gouvernement syrien qu’il autorise « deux convois humanitaires par semaine » vers la Ghouta orientale.  « Il n’est pas acceptable d’invoquer la lutte contre le terrorisme pour empêcher la mise en œuvre de la résolution », a prévenu le représentant, en affirmant que ne se trouvent dans la Ghouta orientale « pas plus de 350 membres » des groupes terroristes affiliés à el-Nosra.  À l’instar du Secrétaire général, le délégué a noté l’accord donné par certains groupes armés d’opposition de la Ghouta orientale pour mettre en œuvre la résolution 2401 (2018) et expulser les combattants affiliés à el-Nosra.

Les pays occidentaux ont imputé à la Fédération de Russie la non-application de la résolution, la déléguée des États-Unis estimant que ce pays a violé l’engagement qu’il avait pris « devant le monde entier » en votant en faveur de ce texte.  La représentante a dit comprendre que les Syriens et les Russes n’avaient jamais eu l’intention de mettre en œuvre le cessez-le-feu: « ils ont tout planifié comme en atteste le fait que, ces deux dernières semaines, ils n’ont cessé de traiter tout groupe d’opposition de groupe terroriste ».  « Pourquoi?  Pour pouvoir exploiter la résolution qui autorise les opérations militaires contre Daech and Al-Qaida », a-t-elle dit.  « Il y aura des comptes à rendre pour tous les crimes commis en Syrie », a déclaré son homologue du Royaume-Uni, avant d’ajouter qu’à cette occasion « le rôle de la Russie ne sera pas oublié ».

« Mon pays est très attaché à la pleine mise en œuvre de la résolution 2401 (2018) », a rétorqué le représentant russe, en citant les « actions concrètes » prises par son pays, alors que d’autres préfèrent l’accuser et rester assis confortablement.  Il a rappelé que la résolution ne demande pas un cessez le feu « immédiat », « une utopie ».  Pour qu’elle soit durable, s’est-il expliqué, toute pause humanitaire doit être précédée d’un accord entre les parties.  « C’est la seule voie réaliste. »

« Pourquoi sommes-nous les seuls à vouloir chasser le front el-Nosra de la Ghouta orientale »? a demandé le représentant russe, en parlant d’un groupe terroriste « politiquement protégé » afin de maintenir un foyer de tensions près de Damas.  Le délégué a en outre demandé l’envoi d’une mission d’évaluation à Raqqa, ville bombardée par la coalition.

Une demande relayée par le représentant syrien, qui a par ailleurs assuré que « des pauses humanitaires » étaient observées dans la Ghouta orientale et que deux couloirs humanitaires sûrs y avaient été ouverts.  Mais les groupes terroristes, « encouragés par leurs commanditaires, certains étant membres du Conseil de sécurité » ont poursuivi leurs attaques, faisant de nombreuses victimes et empêchant les populations civiles de quitter la Ghouta orientale, « afin de continuer à les utiliser comme boucliers humains ».

Le délégué syrien a dénoncé les accusations formulées contre son pays par la représentante des États-Unis, ainsi que ses menaces de mesures unilatérales.  La déléguée américaine a annoncé que son pays rédigeait un nouveau projet de cessez-le-feu « simple, direct et contraignant » qui ne laisse aucune place « aux manigances » et qui ne « contient aucun vide antiterroriste qu’Assad, l’Iran et les Russes pourraient exploiter ».

SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

« En 2017, plus d’enfants ont été tués en Syrie que depuis le début de la guerre », a dit M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, en se disant profondément attristé par les souffrances du peuple syrien.  « Je suis très déçu par tous ceux qui, année après année, en agissant ou en n’agissant pas, par dessein ou par indifférence, ont permis cet état de fait », a–t-il poursuivi, en confiant son chagrin et sa frustration.  « Nous ne devrions suivre qu’un seul ordre du jour: mettre fin aux souffrances du peuple syrien et trouver une solution politique au conflit. »

M. Guterres a souligné que l’ONU ne peut avoir une vision d’ensemble de la manière dont la résolution 2401 (2018) est mise en œuvre, à cause de l’accès limité sur le terrain.  Si le conflit a diminué en intensité dans certaines zones, il n’y a pas eu de cessation des hostilités, a-t-il déploré, rappelant que la résolution réclame précisément cela.  La violence se poursuit dans la Ghouta orientale et au-delà, à Afrin, dans certaines parties d’Edleb et à Damas, a déclaré M. Guterres.

Il a parlé d’une intensification des frappes et des combats dans la Ghouta orientale depuis l’adoption de la résolution, lesquels ont fait des centaines de victimes civiles.  Contrairement à ce que demande la résolution, il n’y a pas d’accès humanitaire sûr et sans entrave et aucun siège n’a été levé, a poursuivi M. Guterres.  « À notre connaissance, aucune personne gravement malade ou blessée n’a pu être évacuée. »

Estimant que la situation dans la Ghouta orientale est « l’enfer sur terre », il a noté la proposition russe d’une pause humanitaire de cinq heures par jour et indiqué que trois groupes de l’opposition armée ont adressé une lettre au Président du Conseil, dans laquelle ils s’engagent à mettre en œuvre la résolution.  Ces trois groupes –Jeïch el-Islam, Feïlaq el-Rahman et Ahrar el-Cham- ont également promis de garantir un accès humanitaire sûr et d’expulser de la Ghouta orientale les groupes armés comme le Front el-Nosra et Al-Qaida, a-t-il dit.  Il a déploré qu’aucune réunion n’ait pu avoir lieu entre ces trois groupes, le Gouvernement syrien et la Fédération de Russie.  M. Guterres a insisté sur les frappes et l’offensive conduites par le Gouvernement, ce dernier contrôlant désormais 60% de la Ghouta orientale alors qu’il n’en contrôlait que 10% le 3 mars dernier.  M. Guterres a indiqué que les réunions des 8 et 10 mars entre des responsables russes et Jeïch el-Islam ont conduit au retrait des combattants d’el-Nosra de l’enclave assiégée.  Il n’a en revanche pas été possible d’organiser une rencontre entre la Fédération de Russie et Feïlaq el-Rahman, la première voulant une réunion sur le terrain et le dernier insistant sur une rencontre à Genève, a-t-il précisé.

Le soir du 10 mars, la Fédération de Russie a informé l’ONU qu’un cessez-le-feu unilatéral serait mis en œuvre à minuit, a ajouté le Secrétaire général, avant de mentionner un autre accord entre les responsables russes et Jeïch el-Islam sur les évacuations médicales.  Le Secrétaire général a précisé que la Ghouta orientale est désormais divisée en trois poches et que l’ONU fait tout son possible pour mettre en œuvre la résolution.

L’aide humanitaire n’a pas pu être acheminée comme prévu: un convoi de 19 camions de l’ONU n’a pu apporter de l’aide qu’à 33 500 personnes sur les 40 250 au nord de Homs, le 4 mars.  Peu de civils ont pu quitter la Ghouta orientale, a déploré le Secrétaire général.  Dans ce contexte, même si la pause russe de cinq heures n’est pas suffisante pour garantir un accès humanitaire sans entrave comme le demande la résolution, l’ONU a envoyé le 5 mars un convoi interagences de 46 camions à Douma avec de la nourriture pour 27 500 personnes, soit un tiers des personnes dans le besoin.  Les autorités syriennes ont par ailleurs saisi des articles médicaux, en violation de la résolution, a dénoncé le Secrétaire général qui a déploré que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) se soit vu refuser l’accès à la Ghouta orientale.  Le 9 mars, un convoi de 13 camions a pu finir son déchargement mais nous sommes loin de l’accès humanitaire sans entrave demandé par la résolution, a prévenu le Secrétaire général.  Il a ajouté que plus de 1 000 personnes attendent toujours leur évacuation médicale et mentionné les nouvelles allégations d’utilisation de gaz de chlore.  Le Secrétaire général a appelé le Conseil à rester uni sur cette question.  « Si nous ne pouvons pas vérifier ces allégations, nous ne pouvons pas les ignorer. »

En conclusion, M. Guterres a jugé qu’il est encore possible d’appliquer la résolution 2401 (2018).  « Il est possible d’avoir une cessation des hostilités, il est possible d’acheminer l’aide humanitaire, il est possible d’évacuer les malades et les blessés, il est possible d’expulser les combattants terroristes des zones de conflit sans mener des attaques indiscriminées contre les civils. »  Nous ne pouvons pas laisser tomber les bras, a prévenu le Secrétaire général qui a demandé la pleine application de la résolution sur tout le territoire syrien, avant de plaider pour une solution politique.  « Je n’ai pas renoncé à l’espoir de voir la Syrie renaître de ses cendres. »

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a présenté une déclaration conjointe avec la Suède, les deux « porte-plume » des aspects humanitaires du travail du Conseil de sécurité sur la Syrie.  Le représentant a rappelé que 15 jours s’étaient écoulés depuis l’adoption à l’unanimité de la résolution 2401 (2018), qui demande une cessation des hostilités « sans délai » pour au moins 30 jours consécutifs dans l’ensemble de la Syrie afin de faciliter la fourniture de l’aide humanitaire à tous ceux qui en ont besoin, permettre les évacuations médicales et mettre fin au siège des zones résidentielles.  C’est avec un « profond regret » que nous constatons une « claire absence de mise en œuvre » de la résolution, a déploré le représentant, qui a également noté les entraves posées à l’acheminement de l’aide humanitaire, en particulier dans la Ghouta orientale.  Imputant la situation aux autorités syriennes, le représentant a souligné que la Ghouta orientale est considérée comme une zone cruciale.

Le Koweït et la Suède suivent donc, a-t-il dit, avec une grande préoccupation cette situation.  Le représentant a fait spécifiquement référence à ce qui s’est passé le 5 mars à Douma, dans la Ghouta orientale, où le nombre de bénéficiaires de l’aide a dû être réduit de moitié par rapport à ce qui était prévu car les autorités syriennes ont retiré « sans justification claire » l’ensemble des fournitures médicales du convoi humanitaire.  Le représentant a exigé du Gouvernement syrien qu’il autorise « deux convois humanitaires par semaine » vers la Ghouta orientale.  Il s’est en revanche réjoui de l’accès du convoi humanitaire à Douma, le 9 mars.  Il a en outre réitéré l’exigence du Conseil de sécurité s’agissant des évacuations médicales « sans conditions ».

Le représentant a pris note de la poursuite des combats, y compris des frappes aériennes, et a estimé qu’une trêve de cinq heures par jour dans la Ghouta orientale ne permettait pas d’assurer l’assistance humanitaire exigée par le Conseil de sécurité.  Il a en outre affirmé que ne se trouvaient dans la Ghouta orientale « pas plus de 350 membres » des groupes terroristes affiliés à el-Nosra.  « Il n’est pas acceptable » d’invoquer la lutte contre le terrorisme pour empêcher la mise en œuvre de la résolution, a affirmé le représentant, qui a en outre noté l’accord donné par certains groupes armés d’opposition de la Ghouta orientale pour mettre en œuvre la résolution 2401 et expulser les combattants affiliés à el-Nosra.

Le rapport que le Secrétaire général a présenté ce matin est un des outils de suivi de la mise en œuvre de la résolution, a estimé le représentant, qui a ajouté que les principaux mécanismes restaient toutefois les accords de cessation des hostilités acceptés par les parties, à savoir les accords d’Astana et celui qui découle du Groupe international de soutien pour la Syrie.  La résolution, a-t-il rappelé, insiste sur la nécessité d’opérationnaliser réellement ces différents accords.

Le représentant a demandé une nouvelle fois aux différentes parties de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre la résolution 2401 2018), dont il a rappelé le caractère humanitaire.  Il s’est dit déterminé à suivre de près cette mise en œuvre.  Rappelant que l’on entre désormais dans la huitième année du conflit en Syrie, il a plaidé pour que l’on n’abandonne pas le peuple syrien.  L’absence de solution politique basée sur la résolution 2254 ne peut qu’entraîner une détérioration encore plus grave de la situation humanitaire, a prévenu le représentant.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé que la Russie a voté en faveur de la résolution 2401 (2018) et s’est donc engagée « devant le monde entier » à l’appliquer.  Aujourd’hui, nous voyons que cet engagement n’a pas été tenu, alors que les bombes continuent de s’abattre sur les enfants de la Ghouta orientale, a-t-elle dénoncé.  Nous devons nous demander, a estimé la représentante, si la Russie a encore de l’influence sur le « régime d’Assad » pour stopper l’horrible destruction des hôpitaux, des cliniques, des ambulances et l’utilisation des armes chimiques dans des villages?  Ne serait-ce pas plutôt le contraire?  La Russie serait-elle l’instrument d’Assad ou pire de l’Iran?  Nous devons nous poser ces questions parce que nous savons que la Russie poursuit elle-même ses propres bombardements, a dit la représentante.  Ces 16 derniers jours, s’est-elle alarmée, plus de 500 civils ont perdu la vie.  Des milliers de Syriens attendent désespérément des médicaments et personne n’a encore été évacué.  Quand est-ce que les plus de 1 000 personnes identifiées sur la liste de l’ONU seront-elles évacuées? s’est impatientée la représentante.  Il n’y a pas de cessez-le-feu, a-t-elle tranché, et c’est le régime d’Assad, l’Iran et la Russie qui continuent la guerre contre leurs opposants politiques.  La représentante a cité une autre raison pour laquelle les Syriens et les Russes n’ont jamais eu l’intention de mettre en œuvre le cessez-le-feu: ils ont tout planifié comme en atteste le fait que, ces deux dernières semaines, ils n’ont cessé de traiter tout groupe d’opposition de groupe terroriste.  Pourquoi?  Pour pouvoir exploiter la résolution qui autorise les opérations militaires contre Daech and Al-Qaida.

Ils prétendent, a poursuivi la représentante, se battre contre les terroristes mais leurs bombes s’abattent sur des hôpitaux, des écoles et des citoyens ordinaires.  Ils ont, a-t-elle accusé, « délibérément et avec préméditation » exploité le vide qu’ils ont négocié dans le cessez-le-feu pour pouvoir continuer à affamer et à s’acharner sur des centaines de milliers de civils syriens.  Ils sont se moqué de ce processus et de cette institution, s’est scandalisée la représentante, arguant qu’au nom du peuple syrien et de l’intégrité de ce Conseil, « nous devons répondre et prendre des mesures ».  La représentante a rappelé que dès l’adoption de la résolution, son pays avait prévenu qu’il agirait si le cessez-le-feu n’était pas respecté.  Or il ne l’a pas été.  Les États-Unis, a-t-elle annoncé, ont donc rédigé un nouveau projet de cessez-le-feu qui ne laisse aucune place aux manigances.  « Il est simple, direct et contraignant. »  Il ne contient aucun « vide antiterroriste » qu’Assad, l’Iran et les Russes pourraient exploiter et il se concentre sur la zone que le Secrétaire général a identifiée, à savoir Damas et la Ghouta orientale.  La représentante a aussi rappelé ce qu’elle avait dit il y a un an, après les incidents sur le gaz sarin: devant quiconque veut imposer sa volonté par des attaques chimiques et des souffrances humaines, en particulier le régime hors-la-loi de Syrie, les États-Unis sont prêts à agir s’ils le doivent.  Ce n’est pas la voie que nous préférons, a rassuré la représentante mais c’est une voie que nous emprunterons, comme nous l’avons prouvé par le passé, une voie que nous sommes prêts à emprunter une nouvelle fois, a-t-elle averti.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que son pays avait voté en faveur de la résolution 2401 (2018) parce qu’il était fatigué de voir les massacres commis en Syrie, tout en accusant la Fédération de Russie d’avoir cherché par tous les moyens à affaiblir les termes du texte avant son adoption.  On pouvait espérer que ce texte adopté à l’unanimité serait ensuite mis en œuvre, a noté le représentant, qui a pourtant noté qu’elle n’avait pas été mise en œuvre.

Il a accusé la Fédération de Russie d’avoir mené plusieurs dizaines de frappes aériennes dans la Ghouta orientale depuis l’adoption de la résolution, alors que cette dernière est officiellement une zone de désescalade. 

Il a répété que les membres de groupes terroristes dans la Ghouta orientale représentaient « moins de 0,1% » de la population présente dans la zone, alors que les autres groupes armés d’opposition ont été invités par la Russie à participer au processus d’Astana.

Le représentant a également rappelé qu’un seul convoi avait pu, en 16 jours, entrer dans la Ghouta orientale et n’avait pu apporter que la moitié de l’assistance humanitaire prévue, du fait de l’obstruction du régime.  Il n’est pas vrai que le passage d’un seul convoi soit un progrès, a-t-il affirmé, assurant que le régime syrien allait continuer de pilonner la Ghouta orientale jusqu’à la chute de l’enclave avec l’appui de la Fédération de Russie.

Il a répété qu’il « y aurait des comptes à rendre pour tous les crimes commis », ajoutant qu’à cette occasion « le rôle de la Russie ne sera pas oublié ».

Il a conclu en faisant observer que si la Russie pouvait obtenir un cessez-le-feu de cinq heures par jour, elle pouvait sans doute obtenir beaucoup plus.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rendu hommage aux acteurs humanitaires qui travaillent dans des conditions extrêmement difficiles en Syrie malgré l’adoption récente, à l’unanimité, d’une résolution exigeant une cessation immédiate des hostilités pour 30 jours ainsi qu’un accès humanitaire sans entrave.  En tant que membre permanent du Conseil et garant d’Astana, « cette responsabilité incombait tout particulièrement à la Russie », a fait valoir le représentant, avant de dénoncer le fait que, depuis le 24 février, les victimes ont continué de se compter « par centaines » chaque semaine. 

Non seulement le régime poursuit, « avec le soutien de la Russie et de l’Iran », une offensive terrestre et aérienne qu’il n’a jamais eu l’intention d’arrêter, mais il prend délibérément pour cible les populations civiles « pour semer la terreur et la mort », a dénoncé M. Delattre.  « L’enfer sur terre que connaît la Ghouta orientale n’est pas seulement l’effet de la politique du régime.  C’est l’objectif même, assumé, de sa folie meurtrière », a-t-il ajouté, condamnant les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité dont le « régime aura à répondre ».  Estimant que seule la Russie peut arrêter le « régime syrien », il l’a accusée de ne pas vouloir ou de ne pas avoir le pouvoir d’exercer les pressions suffisantes. 

Après avoir recensé les nombreuses violations du cessez-le-feu commis par le Gouvernement syrien « avec la complicité de la Russie et de l’Iran », il a condamné les entraves « délibérées » à l’entrée de l’aide humanitaire et aux évacuations médicales.  « La France n’est pas dans la posture, elle est dans l’action », a continué M. Delattre, rappelant les efforts de son pays pour assurer la mise en œuvre de la résolution 2401 (2018).  Il a souligné à cet égard trois éléments « essentiels », soit la mise en place d’un dispositif de suivi capable de mettre une pression « maximale » sur les parties; le départ de la Ghouta orientale des combattants terroristes, tel que proposé par les trois groupes armés; et la négociation politique, qui va de pair avec une cessation durable des hostilités, conformément à la résolution 2254 (2015).   

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné la nécessité pour le Conseil de rester uni pour régler la crise en Syrie.  Mon pays est très attaché à la pleine mise en œuvre de la résolution 2401 (2018), a-t-il dit, en citant les « actions concrètes » prises par la Fédération de Russie, alors que d’autres préfèrent l’accuser et rester assis confortablement.  Le représentant a reproché à son homologue français d’avoir cité le nom de son pays à 16 reprises.  Il a rappelé que la résolution ne demande pas un cessez le feu « immédiat », « une utopie ».  Pour qu’elle soit durable, s’est-il expliqué, toute pause humanitaire doit être précédée d’un accord entre les parties.  « C’est la seule voie réaliste. »  Le délégué a rappelé que le Gouvernement syrien est prêt à mettre en œuvre la résolution, tout en demandant la fin des attaques lancées contre Damas.  La banlieue de Damas ne peut devenir une pépinière de groupes terroristes, a prévenu le représentant, affirmant que ce sont les groupes terroristes de la Ghouta orientale qui coordonnent leurs activités et planifient le bombardement des couloirs humanitaires.  Pourquoi sommes-nous les seuls à vouloir chasser le front el-Nosra de la Ghouta orientale? a-t-il demandé, parlant d’un groupe terroriste « politiquement protégé » afin de maintenir un foyer de tensions près de Damas.  Qui va contrôler l’application de la résolution par les groupes terroristes? a-t-il lancé, répondant que ce n’est pas à la Russie et à l’Iran de s’acquitter de cette tâche.

Le délégué a déclaré que les combattants terroristes ont continué leurs frappes contre Damas, y compris contre les hôpitaux, depuis l’adoption de la résolution.  Quelle est la source des chiffres de l’ONU sur les victimes civiles? a-t-il demandé, dénonçant la politisation de la situation.  Il a accusé les groupes terroristes d’avoir exécuté des personnes qui tentaient de s’enfuir et d’utiliser les civils comme bouclier humain.  Il a indiqué que des réunions entre responsables russes et Jeïch el-Islam ont conduit à l’expulsion des combattants d’el-Nosra de l’enclave assiégée le 9 mars.  Les autres combattants d’el-Nosra ont décidé de poursuivre les combats en enrôlant de force des civils, a-t-il dit.  Il a indiqué que certains médicaments inclus dans les convois humanitaires n’étaient pas déclarés et rejeté les « allégations mensongères » sur le bombardement de convois lors du déchargement de leur livraison.  Les combattants de Jeïch el-Islam ont profité des 5 heures de pause pour se reposer, se remobiliser et tendre de nouvelles embuscades aux soldats de l’armée syrienne, a-t-il fait valoir.  Il a rappelé que la résolution ne parle pas que de la Ghouta orientale, rappelant les victimes civiles à Edleb et demandant l’envoi d’une mission d’évaluation à Raqqa, ville bombardée par la coalition.  « Quand cette mission aura-t-elle lieu? » s’est-il impatienté.  Le représentant a dénoncé la campagne de désinformation visant à accuser Damas d’employer des armes chimiques et a rappelé que l’application de la résolution n’incombe pas qu’à la Russie.  Aujourd’hui, quatre membres du Conseil organisent une réunion selon la formule Arria avec des membres de l’opposition syrienne.  S’il n’a pas douté qu’une telle réunion fera l’objet d’une abondante couverture médiatique, le délégué a rappelé que l’ONU ne doit pas être utilisée à des fins politiques.  Les habitants de Raqqa devraient eux aussi pouvoir s’exprimer, a conclu le représentant.

M. ZHAOXU MA (Chine) a affirmé que son pays s’efforçait de venir en aide à la population syrienne, y compris, le mois dernier, par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Tout agissement contre des civils ne saurait être toléré, a déclaré le représentant qui a rappelé que le Conseil de sécurité avait su faire preuve d’unité en adoptant la résolution 2401 et, depuis lors, des convois d’assistance humanitaires des Nations Unies ont pu entrer dans la Ghouta orientale, des « couloirs humanitaires » ont été mis en place et des blessés ont pu être évacués.  Le représentant a tout de même noté que ces couloirs humanitaires avaient été pris pour cible, ce qui a empêché de les utiliser pleinement.  Il a rappelé l’importance des processus politiques en cours, notamment le processus de Genève, et affirmé que la Chine continuerait d’œuvrer à leur succès.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a rendu hommage aux efforts des Nations Unies et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour tenter de fournir des services vitaux, d’effectuer des centaines d’évacuations et de faire parvenir des convois aux régions assiégées, en particulier la Ghouta orientale, malgré les risques encourus par leur personnel. 

Il a invité le Conseil de sécurité à aider le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à mettre en œuvre ses programmes opérationnels d’urgence et à assurer la protection des acteurs humanitaires et médicaux.  Il a joint sa voix à toutes celles demandant à toutes les parties de faciliter un accès sûr, sans entrave et inconditionnel à tous en Syrie et à prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils et les infrastructures civiles.

Le Kazakhstan estime qu’il est tout aussi important de continuer de promouvoir un accord politique et pense que le processus d’Astana a un grand potentiel.  Dans ce domaine, le Kazakhstan continue de soutenir fermement la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et d’appeler le Groupe international de soutien pour la Syrie et d’autres pays à mettre en œuvre les mesures prévues par le Communiqué de Genève.

Il s’inquiète des difficultés à mettre en œuvre la résolution 2401 (2018) et appelle la communauté internationale à user de son influence sur les parties en conflit pour qu’elles coopèrent avec les Nations Unies.  Estimant que la mise en œuvre de la résolution est une responsabilité collective, le représentant a rendu hommage aux efforts de la Fédération de Russie dans ce domaine.

Le représentant a en outre rappelé que son pays, pleinement engagé dans la lutte contre le terrorisme, n’en jugeait pas moins inadmissible d’utiliser cette lutte pour s’ingérer dans les affaires d’États souverains. 

Le Kazakhstan, a-t-il rappelé, souhaite un renforcement de la paix et de la stabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient et estime que le seul moyen de résoudre la crise est la négociation, basée sur des mesures d’établissement de la confiance.  Il estime notamment que l’expulsion des groupes terroristes de la Ghouta orientale pourrait contribuer à calmer la situation dans le secteur.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déploré que, deux semaines après l’adoption unanime de la résolution 2401 (2018) par le Conseil de sécurité, les progrès dans la mise en œuvre soient très insuffisants.  Le cessez-le-feu ne s’est pas concrétisé et le conflit se poursuit avec son cortège de victimes civiles et de violations du droit international et du droit international humanitaire.  Il faut donc redoubler d’efforts, a poursuivi le représentant, et le Conseil de sécurité doit maintenir son unité face à sa responsabilité de protéger la population syrienne, en adoptant toute mesure capable d’assurer l’application immédiate de la résolution. 

La responsabilité d’agir est évidemment plus grande pour les États qui ont les moyens d’influencer la situation sur le terrain et notamment les garants des « zones de désescalade », a-t-il ajouté, estimant que le processus d’Astana était appelé à jouer un « rôle fondamental » en ce sens.

Si la situation est particulièrement grave dans la Ghouta orientale, elle l’est aussi à Edleb, Afrin, Rukban et Raqqa, entre autres, a rappelé le délégué péruvien, pour qui le cessez-le-feu doit s’appliquer sur l’ensemble du territoire syrien et permettre une assistance humanitaire durable, sûre et sans obstacle.  Il a demandé au Gouvernement syrien de mettre le cessez-le-feu en œuvre immédiatement.

Le représentant a également rappelé que la lutte contre le terrorisme ne devait pas servir d’excuse à la violation des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Le Pérou appuie la proposition de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, de favoriser le dialogue entre les groupes d’opposition et les autres parties au conflit, et notamment avec les groupes d’opposition qui se sont dits prêts à respecter la trêve et à expulser de la Ghouta orientale les membres des organisations terroristes liées au Front el-Nosra.

Il reste engagé en faveur d’une solution politique qui mettra fin au désastre humanitaire qui se poursuit et assure la responsabilisation des auteurs des crimes commis dans le pays, y compris le recours à des armes chimiques.

En conclusion, le représentant a rappelé le plein soutien du Pérou aux efforts du Secrétaire général.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déploré la poursuite des combats dans la Ghouta orientale malgré la résolution 2401 (2018), ainsi que la confiscation d’articles médicaux dans les convois humanitaires.  Il a demandé la mise en place d’un mécanisme de paix cohérent, avant d’exhorter les membres du Conseil qui ont de l’influence d’intensifier leur engagement diplomatique en vue d’un règlement politique.  Le délégué s’est dit indigné par la poursuite des combats à Edleb.  Nous devons afficher un front uni pour expulser les groupes terroristes comme el-Nosra et Al-Qaida, a-t-il dit, avant de plaider une nouvelle fois pour une solution politique.  Nous devrions avoir honte aujourd’hui, car la résolution n’est pas appliquée, a-t-il conclu.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est avouée prise d’un « sentiment d’urgence » face à la mise en œuvre de la résolution 2401, dont elle a dit mesurer la difficulté à l’appliquer sur le terrain.  Nous comprenons bien que « la solution n’est pas entièrement entre nos mains », a ajouté la représentante, mais nous devons faire tout notre possible pour que l’assistance humanitaire arrive à ceux qui en ont besoin.  La représentante a renouvelé le soutien de son pays aux efforts du Secrétaire général et de son Envoyé spécial en vue d’une solution politique.  Elle a également rappelé qu’il appartenait au peuple syrien de décider de son avenir.  Elle a estimé que la lutte contre le terrorisme ne pouvait justifier la poursuite des combats et les violations du droit international et du droit international humanitaire.  Face à la violence, il faut toujours réagir de manière proportionnée, a-t-elle ajouté, estimant que le cessez-le-feu prévu par la résolution 2401 devait être « respecté à la lettre » et ajoutant qu’une trêve quotidienne de cinq heures « ne suffisait pas ».

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a regretté que la résolution 2401 (2018) n’ait pas connu la mise en œuvre espérée.  Les situations humanitaire et sécuritaire restent préoccupantes, a-t-il dit, en dénonçant les attaques contre le personnel médical et humanitaire.  Il a de nouveau demandé la cessation immédiate des hostilités, afin de permettre un accès sûr, durable et sans entrave des convois humanitaires, en particulier dans la Ghouta orientale.  Le délégué s’est réjoui des informations faisant état, depuis quelques jours, de ce que le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge arabe syrien aient de nouveau pu entrer à Douma.  Enfin, soulignant l’importance d’une solution politique, il s’est félicité de la rencontre à Genève entre l’Envoyé spécial pour la Syrie et les trois garants du processus d’Astana pour relancer le processus politique syrien.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a salué les efforts du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), de la Russie et de toutes les agences internationales humanitaires qui sont parvenues à apporter une assistance humanitaire tant attendue à la Ghouta orientale.  Il a souhaité que ces efforts puissent se renouveler dans d’autres villes comme Edleb, Raqqa, Afrin et Al-Rukban, afin qu’on atteigne le plus grand nombre possible de civils.  En ce sens, il a appelé le Gouvernement syrien à « poursuivre sa coopération » avec l’OCHA et à la renforcer.  Il a déploré la poursuite des attaques et a exigé que soient respectés le droit international et le droit international humanitaire.

La Bolivie juge nécessaire de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter la réorganisation des groupes terroristes ou l’apparition de nouveaux.  Elle soutient donc les accords existants qui permettent la réduction de la violence et le respect du cessez-le-feu, le travail sur le retour des déplacés et des réfugiés, la promotion de la confiance et l’amélioration de la situation humanitaire dans les zones de désescalade.  La Bolivie, a ajouté son représentant, appelle toutes les parties à poursuivre leurs efforts pour obtenir une pleine mise en œuvre de la résolution 2401.  Elle insiste sur l’importance de maintenir l’unité du Conseil de sécurité.  Le représentant a conclu en rappelant qu’il n’y existe aucune solution militaire à la situation en Syrie.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souligné les difficultés dans la mise en œuvre de la résolution 2401 (2018) et déploré la poursuite des activités militaires en Syrie, dans la Ghouta orientale en particulier.  Toutes les parties doivent mettre en œuvre ce texte, a-t-il dit, en exhortant les acteurs qui ont de l’influence à exercer les « pressions nécessaires ».  Il a rappelé que le conflit syrien entre dans sa huitième année et exhorté le Conseil à assumer ses responsabilités pour régler la crise.  Le Conseil a un rôle indispensable à jouer, a-t-il dit.  En conclusion, M. Alemu a espéré que l’esprit de consensus qui a permis l’adoption de la résolution perdurera.  La bonne coopération des États ayant de l’influence est cruciale, a-t-il conclu.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (­Pays-Bas) a dénoncé le fait qu’un jour après l’adoption de la résolution 2401 (2018), le régime syrien, appuyé par la Russie et l’Iran, aient lancé la plus violente offensive terrestre pour conquérir l’enclave de la Ghouta orientale.  « Cette offensive continue au moment où nous parlons », a constaté le représentant pour qui le Conseil de sécurité doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir la pleine mise en œuvre de la résolution 2401.  À cet égard, il a souligné trois points: la livraison immédiate de l’aide humanitaire, la surveillance de la cessation des hostilités et la crédibilité du Conseil.  S’agissant de la livraison de l’aide, M. van Oosterom a appelé toutes les parties à permettre immédiatement un accès durable et sans entrave à la population, dans la Ghouta orientale et ailleurs en Syrie.

Pour ce qui est de la cessation des hostilités, le représentant a estimé nécessaire un mécanisme de surveillance robuste.  Il a souligné une fois de plus que l’exception prévue dans la résolution pour la lutte contre les groupes terroristes ne saurait servir d’excuse pour ignorer les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.  L’Envoyé spécial pour la Syrie devrait faciliter les négociations entre les groupes armés de l’opposition, le régime syrien et la Russie afin de mettre en œuvre la résolution 2401 (2018), a dit le représentant.  Notant l’évacuation de 13 combattants terroristes emprisonnés, M. van Oosterom a jugé crucial que de telles évacuations se fassent de manière sûre et ordonnée.  Il a appelé l’ONU à mettre en place les mécanismes de surveillance à cet égard.

Il a aussi appelé la Russie à accepter l’offre de l’Envoyé spécial de faciliter d’autres évacuations de groupes terroristes inscrits sur la liste de l’ONU.  Les civils ne devraient jamais être forcés de partir contre leur volonté et les déplacements forcés pourraient constituer un crime de guerre, a-t-il averti.

En ce qui concerne la crédibilité du Conseil de sécurité, le représentant a déclaré qu’il était vital pour un ordre international fondé sur des règles que les décisions du Conseil soient respectées et mises en œuvre.  Mais la responsabilité et l’obligation d’exécuter ces décisions reposent sur chaque État Membre individuellement.  Les souffrances en Syrie, en particulier dans la Ghouta orientale, doivent s’arrêter maintenant.  Il faut une cessation totale des hostilités dans toute la Syrie, y compris dans la Ghouta orientale, Edleb et Afrin.  Nous appelons la Fédération de Russie en particulier à user de son influence et à faire tout son possible pour y parvenir, a martelé le représentant.

L’on se demande comment le régime syrien pense obtenir la légitimité de gouverner un peuple qu’il soumet ou tue, a dit le représentant.  Nous voyons, s’est-il désolé, des crimes de guerre voire des crimes contre l’humanité, a dit le représentant en reprenant les propos du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  Il a appelé les membres du Conseil de sécurité à soutenir le renvoi de la catastrophe humanitaire en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI). 

Le représentant a également exhorté tous les États à renforcer leur appui au mécanisme international, impartial et indépendant même si la priorité est de secourir immédiatement les millions de personnes qui ont besoin d’aide humanitaire en Syrie.  Il faut pour cela une cessation immédiate et durable des hostilités et une pause de 30 jours au moins dans les affrontements.  Tout échec exigera du Conseil qu’il aille au-delà de ce qu’il a fait jusqu’ici.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a relevé que le Secrétaire général a reconnu « avec humilité » dans son exposé, qu’il n’avait pas toutes les informations nécessaires, du fait que l’ONU n’est pas présente sur l’ensemble du territoire syrien.  Rappelant que certains États membres du Conseil de sécurité avaient fermé leur ambassade dans le pays et ne disposaient pas de sources propres d’informations, s’en remettant à des informations publiques, il a estimé qu’ils n’étaient « d’aucune utilité » pour le peuple syrien.

Le Gouvernement syrien est toujours prêt à mettre en œuvre les initiatives internationales qui sont de nature à servir le peuple syrien, et notamment à mettre fin à l’effusion de sang, a affirmé le représentant, qui a rappelé que son pays avait fait part de sa « satisfaction » après l’adoption de la résolution 2401.  Nous sommes déterminés à aider la population de la Ghouta orientale, a encore affirmé M. Jaafari, qui a assuré que « des pauses humanitaires » étaient observées.  En outre, a-t-il ajouté, deux couloirs humanitaires sûrs ont été ouverts pour permettre aux civils de quitter la Ghouta orientale, et des convois du Comité international de la Croix-Rouge ont été envoyés dans la Ghouta les 5 et 9 mars.  Mais il a affirmé que les groupes terroristes, « encouragés par leurs commanditaires, certains étant membres du Conseil de sécurité », avaient poursuivi leurs attaques, faisant de nombreuses victimes et empêchant les populations civiles de quitter la Ghouta orientale, « afin de continuer à les utiliser comme boucliers humains ».  Il a ainsi accusé un de ces groupes terroristes, « présenté comme un groupe modéré par certains membres du Conseil de sécurité », d’avoir ciblé volontairement des groupes de civils qui cherchaient à quitter la Ghouta orientale par les couloirs humanitaires.

La situation en Syrie ne concerne pas seulement la Ghouta orientale, a poursuivi le représentant, qui a demandé une mission humanitaire à Raqqa, « ville qui a été détruite par la coalition internationale dirigée par les États-Unis ».  Le représentant a également mentionné Rukban et Afrin, où aucun convoi n’a pu être envoyé car les Nations Unies « n’ont pas apporté les garanties nécessaires ».

À chaque pas que l’armée syrienne fait contre les terroristes, une campagne de désinformation est lancée » a affirmé M. Ja’afari, qui a accusé notamment le Qatar de se préoccuper surtout du sort et du « recyclage » des terroristes ailleurs dans le monde.   Il a souhaité que le Secrétaire général parle aussi des agissements des forces turques qui occupent le territoire syrien à Afrin et a dénoncé « l’occupation » des forces américaines sur le territoire syrien. 

Enfin, le représentant a estimé que la représentante des États-Unis, avait, « encore et toujours » porté des accusations contre la Syrie et l’avait « menacée » de mesures unilatérales qu’il a qualifiées de « déclarations irresponsables et d’encouragements directs aux terroristes ».  Il a appelé les États-Unis et le Royaume-Uni à « mettre fin à leurs violations des résolutions du Conseil de sécurité » contre le terrorisme.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: le Secrétaire général, aux côtés des femmes de la société civile, plaide pour l’égalité en milieu rural

Soixante-deuxième session,
2e et 3e séances – matin & après-midi
FEM/2133

Commission de la condition de la femme: le Secrétaire général, aux côtés des femmes de la société civile, plaide pour l’égalité en milieu rural

La Commission de la condition de la femme a donné, ce matin, le coup d’envoi des travaux de sa soixante-deuxième session sous la présidence de Mme Geraldine Byrne Nason, Représentante permanente de l’Irlande auprès des Nations Unies, en entendant les témoignages poignants de deux « femmes rurales », illustrant le thème de la session, l’une d’elles ayant quitté sa communauté et pris l’avion pour la première fois pour se rendre à New York.

La jeune kenyane Purity Soinato Oiyie a ainsi monté les « grandes marches » de la salle de l’Assemblée générale parée d’un collier masaï portant l’inscription « Stop MGF » (arrêtez les mutilations génitales féminines), affichant ainsi ses convictions pour une lutte qui lui est chère: lorsqu’elle était enfant, son père voulait la faire exciser et la marier de force à un homme de 70 ans.  Si ce n’était sa fugue et l’aide de la police à l’époque, elle n’aurait pas pris la parole aujourd’hui, à la même tribune que le Secrétaire général et d’autres hauts fonctionnaires des Nations Unies.

À ses côtés, une militante quechua du mouvement des femmes autochtones des Amériques, Mme Tarcila Rivera Zea, a témoigné des trésors que représentent l’alphabétisation et l’accès à l’information pour sortir les femmes rurales de la pauvreté.

La participation et l’accès des femmes aux médias et aux technologies de l’information et des communications figurent parmi les questions qui seront examinées au cours des deux semaines que durera la session, outre le thème prioritaire portant sur les femmes rurales.  Au programme chargé de débats, tables rondes et consultations, s’ajoute une multitude d’évènements parallèles permettant des échanges plus spécialisés entre États Membres, agences de l’ONU et organisations de la société civile.

La Commission, qui est un organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), abordera ces questions en gardant à l’esprit la place centrale de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, comme l’a rappelé la Présidente de l’ECOSOC, Mme Marie Chatardova. 

En ouvrant la session, le Secrétaire général, M. António Guterres, s’est dit « fier féministe », avant de dénoncer vivement l’effet préjudiciable du patriarcat.  Il a appelé à changer la dynamique de pouvoir qui favorise la discrimination et la violence à l’encontre des femmes, un appel qui a résonné vivement dans une salle pleine à craquer.

De « MeeToo », à « Time is Up » en passant par « The Time is Now », les femmes et les filles dénoncent les comportements abusifs et les attitudes discriminatoires, a-t-il salué, avant que la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, Mme Dubravka Šimonović, n’évoque aussi le mouvement argentin « Ni Una menos », qui lutte contre la violence basée sur le sexe.

En dépit du fait que les femmes rurales sont souvent l’épine dorsale de leur famille et communauté, elles sont fréquemment marginalisées, s’est inquiété M. Guterres, ce qui est une aberration quand on sait que beaucoup de ces femmes sont expertes dans la résistance aux chocs climatiques et en matière de développement durable.  Elles sont à l’origine de nombreuses initiatives importantes dans ces domaines, a confirmé le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, en regrettant qu’elles soient « insuffisamment présentes dans les salles de réunion des Nations Unies ».

La Présidente de la Commission n’a pas dit autre chose en qualifiant les femmes rurales de véritables « agents de changement ».  Mais pour que ces femmes réalisent leur potentiel, il faut commencer par rejeter les pratiques qui normalisent l’inégalité entre les sexes, l’exclusion et la discrimination, a plaidé la Directrice exécutive d’ONU-Femmes.

Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka a notamment pointé le fait que les femmes constituent 60% de la main-d’œuvre agricole dans certaines régions, mais que seules 13% d’entre elles sont propriétaires des terres qu’elles cultivent à l’échelle mondiale, un problème auquel s’ajoutent ceux de l’analphabétisme, des mariages précoces, de la discrimination et du manque de capacités. Pour remédier à cette situation, elle a recommandé d’améliorer l’accès des femmes en milieu rural à la technologie, aux infrastructures sanitaires, à des modes de transport adéquats, au crédit et aux marchés.

La situation des femmes rurales, examinée en détail dans le rapport* du Secrétaire général intitulé « Problèmes à régler et possibilités à exploiter pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural », a aussi été longuement débattu au cours de quatre tables rondes ministérielles tenues dans l’après-midi en parallèle avec le débat général.

L’ouverture des travaux de cette session a également été marquée par les inquiétudes de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, qui a parlé de « ressac idéologique » en évoquant le mouvement sur « l’idéologie du genre » présent en Amérique latine et dans certains pays d’Europe.  Plus positivement, elle s’est appuyée sur le « mouvement transformateur » #MeToo pour appeler à faire de ces « quelques mots puissants » le guide des travaux de cette session.

En début de séance, la Commission a élu son bureau pour la présente session ainsi que pour la suivante.  En plus de la Présidente, la Commission aura comme Vice-Présidents M. Mauricio Carabali Baquero (Colombie), M. Shah Asif Rahman (Bangladesh) et Mme Rena Tasuja (Estonie), tandis que Mme Koki Muli Grignon (Kenya) occupera le poste de Rapporteur.  Pour les deux mêmes sessions, le Groupe de travail chargé des communications relatives à la condition de la femme sera dirigé par la Belgique, avec comme membres le Nigéria, le Qatar et la Fédération de Russie.

La Commission de la condition de la femme, qui a également adopté l’ordre du jour provisoire* de la session, poursuivra ses travaux demain, mardi 13 mars, à partir de 10 heures.

*E/CN.6/2018/1 et E/CN.6/2018/1/Add.1

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ DES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE » (E/CN.6/2018/2 ET E/CN.6/2018/5)

Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2018/3)

Thème prioritaire: problèmes à régler et possibilités à exploiter pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural

Thème de l’évaluation: participation et accès des femmes aux médias et aux technologies de l’information et des communications, et incidence et intérêt de ceux-ci pour la promotion et l’autonomisation des femmes (E/CN.6/2018/4)

Questions nouvelles, tendances, domaines d’intervention et approches novatrices des problèmes ayant des répercussions sur la condition de la femme et sur l’égalité des sexes

Prise en compte de la problématique hommes-femmes, situations et questions intéressant les programmes (E/CN.6/2018/6, E/CN.6/2018/7, E/CN.6/2018/8 et E/CN.6/2018/8/Corr.1, E/CN.6/2018/9 et E/CN.6/2018/12

Déclarations

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), Présidente de la Commission de la condition de la femme, a fait part de son émotion d’être élue à la tête de cette Commission en cette semaine de commémoration de la Saint Patrick.  Elle a salué la présence de la société civile dont « l’énergie et le dynamisme viennent rappeler que les résolutions adoptées au cours de la présente session ne resteront pas dans cette enceinte onusienne: elles auront des répercussions dans tous les coins du monde ».  « Nous avons entendu de grands discours, maintenant nous voulons des résultats concrets, et c’est ce à quoi cette session va s’atteler », a-t-elle annoncé.  Elle a souhaité que la Commission de la condition de la femme ne reste pas connue comme un acronyme (CSW), mais plutôt qu’elle devienne un instrument pour changer la vie des femmes et des filles du monde entier.

Mme Byrne Nason a ensuite parlé de la condition des femmes rurales de son pays, l’Irlande, soulignant leur dynamisme et voyant en elles de véritables « agents de changement ».  Elle a souhaité que les femmes rurales du monde entier soient également des agents de changement, déplorant le fait que ces femmes et filles des zones rurales soient les plus en retard sur la société.  Elle a en même temps reconnu le travail de celles parmi elles qui, en tant que militantes et actrices de la société civile, participent à la lutte contre la pauvreté en milieu rural.  « J’espère que notre travail permettra aux femmes et filles du monde rural de se rapprocher de la table de négociations », a déclaré la Présidente de la Commission, tout en invitant les femmes rurales de la salle à se lever, sous des salves d’applaudissements.

« Notre engagement de ne laisser personne de côté va se manifester par des changements dans nos législations », a espéré la Présidente de la Commission, avant d’appeler les délégations représentées à la présente session à « travailler pour que la discrimination à l’égard des femmes et des filles soit une histoire du passé ».  « L’époque où les femmes étaient en deuxième position est derrière nous », a-t-elle conclu.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général des Nations Unies, s’est félicité du fait que les femmes sont en train de raconter leurs histoires et de susciter des conversations « provocantes et nécessaires » dans le monde entier.  De « MeeToo », à « Time is Up » en passant par « The Time is Now », les femmes et les filles dénoncent les comportements abusifs et les attitudes discriminatoires, a-t-il salué, déclarant dans la foulée que « le pouvoir n’a pas été conçu pour être donné, mais pour être pris ».

Le Secrétaire général a noté que des siècles de patriarcat et de discrimination avaient eu un effet préjudiciable, dénonçant notamment les attitudes sexistes et les stéréotypes qui sont répandus au sein des gouvernements, du secteur privé, du milieu universitaire, ainsi que dans les filières de la culture, la science et la technologie, « et même dans la société civile et les organisations internationales comme les Nations Unies ».

Les femmes, « pionnières de la science et des mathématiques », occupent moins de 30% des emplois dans le secteur de la recherche et du développement, a-t-il dénoncé, pointant aussi le fait que cette année, à la cérémonie des Oscars, 33 hommes ont obtenu une statuette, contre seulement 6 femmes.  Il s’est également inquiété du fait que les femmes « négociatrices et communicatrices talentueuses » représentent seulement 20% des ambassadeurs dans le monde.  Ce n’est que lorsque nous aurons changé des statistiques comme celles-ci que nous pourrons véritablement dire que nous sommes entrés dans une nouvelle ère pour les femmes et les filles, a-t-il insisté.

M. Guterres a aussi fait observer qu’une fille née dans la pauvreté est plus susceptible d’être déscolarisée, de se marier jeune et d’être victime de violence, entre autres, et de transmettre ensuite ce legs à ses propres enfants. En outre, a-t-il relevé, les veuves, les femmes autochtones ou handicapées ainsi que celles qui ne correspondent pas aux normes de genre font face aux plus grands défis d’entre tous.  Le Secrétaire général a souligné qu’en « bâtissant » l’égalité, on ne donne pas seulement aux femmes l’opportunité d’atteindre leur plein potentiel, on bâtit également des sociétés plus stables.

Abordant la situation particulière des femmes rurales, le Secrétaire général a noté qu’alors que ces dernières font face à une marginalisation notable, elles sont pourtant souvent l’épine dorsale de leur famille et communauté, susceptibles en outre d’être expertes dans la résistance aux chocs climatiques et le développement durable.  « Nous parlons souvent de l’autonomisation des femmes.  Quand les femmes agissent déjà, nous devons les écouter et les soutenir. »  C’est ce que fait la Commission de la condition de la femme, a rappelé à cet égard M. Guterres.

Plus concrètement, le Secrétaire général a mentionné le partenariat entre l’ONU et l’Union européenne dans le cadre de l’initiative « Spotlight », qui vise à mettre un terme à la violence contre les femmes et les filles.  Il a également mis en exergue l’importance de l’autonomisation des femmes à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et sa promesse de ne laisser personne de côté.

Poursuivant, M. Guterres a indiqué que depuis le début de son mandat de Secrétaire général, la parité avait été, pour la première fois, atteinte au sein du Conseil de direction.  Il a précisé que sa feuille de route vise le même objectif pour les fonctionnaires de haut niveau d’ici à 2021 et pour tout le personnel au sein du système de l’ONU d’ici à 2028.  Il s’est aussi félicité du fait que les femmes occupent dorénavant, pour la première fois, un tiers des postes de chefs et de chefs adjoints de missions de maintien de la paix.  Il a également parlé de son « engagement total » dans la politique de tolérance zéro, citant à cet égard son initiative pour faire face au problème de l’exploitation et les abus sexuels commis par des représentants de l’ONU.

Le Secrétaire général a poursuivi son intervention en soulignant que, pour réaliser des progrès en faveur des femmes et des filles, il importe de changer la dynamique de pouvoir qui favorise la discrimination et la violence.  C’est pourquoi, a-t-il affirmé, tous les hommes doivent appuyer le droit des femmes et l’égalité des sexes.  Et c’est pourquoi, a-t-il encore dit, « je me considère comme un fier féministe ».

Après avoir insisté sur la nature essentielle du travail de la Commission pour combattre les stéréotypes et la discrimination dont pâtissent les femmes et les filles, M. Guterres a exhorté chacun, « des écoles jusqu’aux bureaux, en passant par les laboratoires, le cinéma, la publicité et les médias », à souligner que « les capacités des femmes sont sans limites, et leurs ambitions infinies ».  Ce travail est essentiel pour créer un monde plus juste et plus décent pour tous, a-t-il affirmé.

Mme MARIE CHATARDOVA (Tchéquie), Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a souligné qu’elle était « seulement » la troisième femme à ce poste sur les 72 présidents que l’ECOSOC a connus.  Elle a indiqué que le Forum politique de haut niveau de juillet prochain avait prévu d’examiner la mise en œuvre de certains des objectifs de développement durable, tout en rappelant la place centrale de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes et des filles pour le progrès dans la mise en œuvre de tous ces objectifs, comme le veut le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

La Présidente de l’ECOSOC a rappelé l’importance de la contribution des femmes et des filles rurales pour l’édification de sociétés résilientes et prospères.  Selon elle, l’inclusion est un élément clef pour parvenir à des sociétés résilientes dans les dimensions économiques, sociales et environnementales du développement durable.  C’est pourquoi, a-t-elle indiqué, l’une des priorités de sa présidence est de développer des initiatives visant à promouvoir des sociétés durables, résilientes et inclusives grâce à la participation de tous.  Elle a par exemple signalé la tenue d’une réunion spéciale de l’ECOSOC, en mai prochain, pour explorer et faire avancer ces questions.  Cette réunion est précédée d’une série de dialogues préparatoires avec les États Membres, la société civile, les universités et le secteur privé.   

Mme Chatardova a ensuite rappelé que la Commission de la condition de la femme avait, au cours des deux dernières années, placé la barre très haut en fournissant une feuille de route complète pour veiller à ce que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 prenne en compte l’égalité des sexes, et pour que l’on arrive à l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine mutation.  Elle a souhaité que ces résultats continuent de guider les États Membres et toutes les autres parties prenantes dans leur travail de mise en œuvre de l’ensemble du Programme 2030, de façon à ce que leurs efforts contribuent à un réel changement et à des améliorations réelles de la situation des femmes et des filles sur le terrain. 

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a rappelé le rôle « fondamental » de la Commission de la condition de la femme qui, a–t-il rappelé, a contribué à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme et à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  « Je n’ai jamais vu les Nations Unies aussi énergétiques que pendant les travaux de la Commission », s’est-il félicité sous une clameur enthousiaste, regrettant toutefois qu’il n’en soit pas de même tout au long de l’année.

M. Lajčák a ensuite insisté sur l’importance de tenir compte des femmes rurales dans tous les travaux de l’ONU.  Rappelant que 50% des femmes rurales n’ont pas accès à l’alphabétisation, il a invité à bien comprendre l’impact que cela a sur leur vie.  À son avis, il ne faut pas seulement parler de l’important taux de chômage dans les zones rurales, mais il faut aussi répondre au problème de l’écart salarial important entre les genres, qui peut atteindre 40% dans ces zones.  Boudées par les journaux et les médias, souvent marginalisées lors des processus de prise de décisions, les femmes rurales ne sont pas non plus suffisamment présentes dans les salles de réunion des Nations Unies, a-t-il aussi déploré.

Pourtant, a-t-il enchaîné, les femmes rurales, sont souvent à l’origine de nombreuses initiatives importantes.  Il a cité en exemple une jeune femme du Kenya qui a mis sur pied un système d’irrigation dans le but de faire face aux aléas des changements climatiques.  « L’égalité des sexes est la priorité des priorités », a conclu le Président de l’Assemblée générale, avant d’exhorter les États Membres à faire en sorte que tous leurs engagements en ce sens se concrétisent sur le terrain.

Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a estimé que le statut des femmes en milieu rural, thème de la soixante-deuxième session de la Commission de la condition de la femme, est l’une des plus importantes questions qui puisse être débattue.  Notant que le secteur de l’agriculture emploie près du tiers des femmes qui travaillent, elle a déclaré que le statut des femmes rurales touche à la lutte contre la pauvreté et l’inégalité, et fait partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Alors que les femmes constituent 60% de la main-d’œuvre agricole dans certaines régions, seules 13% d’entre elles sont propriétaires des terres qu’elles cultivent à l’échelle mondiale, a-t-elle noté.  L’analphabétisme, le mariage en bas âge et la discrimination sont autant de défis auxquels sont confrontées les femmes et les filles en milieu rural, a-t-elle aussi relevé, ajoutant que leurs capacités limitées les empêchent de parvenir à des solutions à même de corriger la situation. 

Selon le rapport sur l’écart entre les sexes dans le monde du Forum économique mondial de 2017, ledit écart s’est élargi pour la première fois depuis 2006, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, pour qui il y a urgence à agir.  Cette session représente à ses yeux une occasion unique d’agir pour accélérer les progrès, bâtir un consensus large et partager les meilleures pratiques afin de permettre à la Commission de soutenir « les plus pauvres des pauvres ».  « Il faut refuser d’accepter les pratiques qui ont conduit à la normalisation des inégalités entre les sexes, des inconduites sexuelles, de l’exclusion et de la discrimination dans tous les milieux », a martelé Mme Mlambo-Ngcuka. 

Pour ce faire, les femmes en milieu rural doivent avoir accès à la technologie, à des infrastructures sanitaires, à des modes de transport adéquats, au crédit et aux marchés, a-t-elle soutenu, saluant l’initiative « Spotlight », de l’Union européenne et de l’ONU, qui fournit des investissements conséquents dans la lutte contre la violence envers les femmes en Afrique, en Asie et en Amérique latine. 

Le fait que la parité hommes-femmes ait été atteinte au sein de l’équipe dirigeante de l’ONU montre qu’un changement est possible, selon Mme Mlambo-Ngcuka, qui a également cité en exemple le mouvement « MeToo ».  Rappelant les premiers mots de la Charte des Nations Unies, elle a insisté sur l’importance d’écouter les femmes et les filles en milieu rural et d’accélérer le rythme des changements. 

Mme CORNELIA RICHTER, Vice-Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), s’exprimant au nom des trois agences des Nations Unies basées à Rome -l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et la FIDA-, a salué le choix du thème de la présente session de la Commission de la condition de la femme, qui est consacrée aux femmes et aux filles en milieu rural.  Elle a souligné qu’alors que les femmes font entendre leur voix à travers le monde pour combattre l’injustice, l’inégalité et les abus, celles qui vivent en région éloignée courent le risque d’être laissées pour compte.  Comme le note le rapport du Secrétaire général, les femmes des milieux ruraux vivent une situation pire que celles des milieux urbains selon presque tous les indicateurs du développement, a-t-elle relevé.  Pour elle, il est de la responsabilité des agences de l’ONU d’assurer leur autonomisation pour réaliser les objectifs de développement durable.

Alors que d’importants progrès ont été réalisés dans la sécurité alimentaire, la nutrition, la santé maternelle et la fréquentation scolaire des filles, les femmes demeurent plus à risque que les hommes de souffrir de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, a relevé Mme Richter.  Elle s’est dite préoccupée par la discrimination qui prive les femmes d’accès à la propriété foncière, sachant que celle-ci est la source d’une plus grande productivité agricole et de moyens de subsistance durables.  Les agences onusiennes basées à Rome sont résolues à assurer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes en milieu rural, et à répondre aux besoins nutritionnels des femmes et des filles, a déclaré Mme Richter, ajoutant que le Comité de la sécurité alimentaire mondiale avait adopté les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire. 

Par ailleurs, les trois agences contribuent, par le programme conjoint d’autonomisation économique des femmes en milieu rural et l’école pratique d’agriculture, à l’amélioration des conditions de vie, de la productivité et du respect des droits des femmes, a-t-elle noté. 

Afin de continuer sur cette lancée, Mme Richter a plaidé pour l’élimination des obstacles juridiques à l’autonomisation des femmes, l’adoption de politiques agricoles tenant compte du genre, un meilleur accès à l’éducation et aux technologies, un renforcement des institutions et des organisations rurales, ainsi qu’une meilleure compréhension de la contribution des femmes en milieu rural et des difficultés auxquelles elles font face.  

Au cours d’une intervention conjointe qui a pris la forme d’une conversation, la Péruvienne TARCILA RIVERA ZEA, militante quechua et leader au sein du mouvement des femmes autochtones des Amériques, a témoigné que c’est sur les conseils de sa mère, elle-même illettrée, qu’elle avait appris à lire et à écrire à l’âge de 10 ans.  Elle a aussi insisté sur l’importance de reconnaître la complexité des questions auxquelles doivent faire face les femmes et les filles vivant en milieu rural.

Son interlocutrice, Mme PURITY SOINATO OIYIE, une jeune kenyane de 22 ans originaire de la communauté masaï, a expliqué que, pour participer aux travaux de la Commission, elle avait pris l’avion et quitté sa communauté pour la première fois de sa vie.  Elle a raconté avec émerveillement ses impressions lorsqu’elle a vu le bâtiment du Siège des Nations Unies et les « grandes marches » menant à l’Assemblée générale.  Elle a ensuite demandé à Mme Rivera Zea de mettre l’accent sur ce que, à son avis, la jeune génération devrait apprendre.

Celle-ci a alors évoqué l’histoire du mouvement des femmes dans lequel elle milite, en soulignant l’importance pour les femmes d’être fortes.  À l’époque, a-t-elle raconté, on pensait que l’élément clef était l’éducation et l’information, car c’est seulement en sachant lire et en étant informée qu’il est possible de prendre conscience de nos droits.  « Nous rêvions d’un avenir meilleur pour nos filles, c’est pour cela que nous sommes ici », a-t-elle reconnu, avant de s’interroger sur les problèmes auxquels fait face la génération actuelle.  « Vous avez 22 ans, vous êtes ici entourée d’hommes et de femmes puissants.  Quels sont vos rêves?  Comment vous représentez-vous l’avenir », a-t-elle interrogé sa collègue.

Mme Soinato Oiyie, qui était parée d’un collier masaï avec au centre l’inscription « Stop MGF » (arrêtez les mutilations génitales féminines), a alors indiqué que lorsqu’elle était en classe de sixième, son père voulait la faire mutiler et la marier de force à un homme de 70 ans.  Mais elle s’était enfuie et avait été sauvée par la police avant d’être envoyée dans un centre de protection.  Seulement, lorsque son père avait pris connaissance de sa fugue, il avait violement battu sa mère, tandis qu’il renvoyait son frère de la maison pour qu’il gagne de l’argent: il fallait rassembler les fonds nécessaires pour dédommager la famille du fiancé comme l’exige leur coutume.  Mme Soinato Oiyie a indiqué qu’elle avait alors vécu huit ans dans le centre d’accueil pour ensuite devenir la première jeune femme de sa communauté à achever des études universitaires.  « J’espère à présent obtenir une maîtrise et, qui sait, un doctorat », a-t-elle exprimé, ses propos étant accueillis par des applaudissements.

L’interrompant brièvement, Mme Rivera Zea s’est vivement félicitée du fait que la génération de sa collègue puisse envisager d’aller à l’université.  « Pour la mienne, ce n’était tout simplement pas possible », s’est-elle remémorée.

Poursuivant, Mme Soinato Oiyie a expliqué que depuis l’obtention de son diplôme, elle s’évertuait à donner des conseils aux jeunes filles de sa communauté en se basant sur sa propre expérience, pour les encourager à aller à l’école et à ne pas se marier si jeune.  « Imaginez si j’étais mariée à cet homme de 70 ans!  Je ne suis peut-être pas la plus belle, a-t-elle lancé avec humour, mais maintenant je peux me marier n’importe où avec la personne que j’aime. »

Mme DALIA LEINARTE, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a présenté le rapport de son organe.  Elle a rappelé que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes comptait 189 parties et demeurait le seul instrument des droits de l’homme offrant une protection complète aux femmes.  L’année dernière, a-t-elle poursuivi, le Comité a continué de promouvoir le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en se focalisant sur trois priorités.

La première est d’encourager les États parties à faire des rapports sur les efforts qu’ils consentent pour la réalisation des cibles relatives à l’égalité des genres.  Une révision des règles relatives à l’établissement de ces rapports est ainsi en cours afin d’intégrer cet aspect.  Deuxièmement, le Comité a contribué à la mise au point d’indicateurs pour mesurer la mise en œuvre de l’objectif d’égalité des genres.  Et troisièmement, le Comité a fait des propositions de fond à la session 2017 du Forum politique de haut niveau, identifiant ainsi des étapes concrètes que les États se doivent de suivre pour assurer le respect des droits des femmes et réaliser les objectifs de développement durable sur l’éradication de la pauvreté et la promotion de la prospérité dans un monde en mutation.

En ce qui concerne l’autonomisation des femmes rurales, Mme Leinarte a rappelé que la Convention susmentionnée était le seul traité international garantissant la protection des femmes rurales, notamment en son article 14.  Le Comité a rappelé aux États parties que sa Recommandation 34 (2016) sur les droits des femmes rurales les invite à promouvoir la participation de ces dernières à la vie politique, à la prise de décisions sur les questions de développement rural et de formulation de politiques visant la promotion des opportunités génératrices de revenus, ou encore à l’autonomisation économique, la sécurité alimentaire, la réponse face aux catastrophes et la réduction des risques qui y sont liés tout comme les changements climatiques.  Justement, le 7 mars dernier, le Comité a adopté la Recommandation générale 37 (2018) pour rappeler que les femmes rurales ont le droit de participer à la planification des activités de développement et à celles relatives aux réformes agricoles, lesquelles sont essentielles pour l’élaboration et la mise en œuvre effective des programmes de réduction de risques de catastrophe et de ceux sur les changements climatiques.

En outre, le Comité a souligné l’importance de l’éducation comme instrument d’autonomisation des femmes et des filles.  C’est pourquoi sa Recommandation 36 (2017) sur « le droit à l’éducation des filles et femmes » relève l’importance de l’accès pour les femmes aux technologies de l’information et des communications (TIC) pour leur essor et leur autonomisation.  Cette recommandation suggère que lorsque les fonds manquent, les TIC doivent être mises à profit pour faciliter l’éducation des femmes et des filles par le biais de l’éducation à distance.  Cette recommandation prévient aussi que les TIC et certains médias sociaux sont souvent utilisés pour les brimades en ligne, notamment contre les adolescentes qui risquent deux fois plus que les garçons d’en être les victimes ou les auteurs.

Une nouvelle Recommandation, la 35 (2017), portant sur l’élimination de la violence sexiste, indique que l’exposition des femmes à la violence est liée à diverses formes d’inégalités et qu’elle est généralement la conséquence de formes croisées de discriminations.  Le Comité se félicite du reste de voir que l’interdiction de la violence sexiste à l’encontre des femmes est en passe de devenir un principe du droit international coutumier.

En novembre dernier, a poursuivi Mme Leinarte, le Comité a invité le Myanmar à lui soumettre un rapport exceptionnel, d’ici la fin du mois de mai 2018, sur les cas de violence sexuelle, y compris les viols, contre les femmes et filles Rohingya par les forces de sécurité.  Le Gouvernement du Myanmar doit également fournir des informations sur les mesures prises pour assurer le retour volontaire et sûr de ces femmes, ainsi que leur réintégration économique, et les dédommagements pour perte de terre ou de biens.

Mme Leinarte a enfin déploré le manque de ressources du Comité, ce qui a un impact négatif sur son travail: 30 rapports sont en retard d’examen.  Sans des ressources adéquates, a-t-elle averti, le Comité ne pourra pas mettre en œuvre la résolution 68/268 de l’Assemblée générale intitulée « Renforcement et amélioration du fonctionnement de l’ensemble des organes conventionnels des droits de l’homme ».

Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, s’est plainte de la réponse insuffisante des États qui, s’est–elle inquiétée, conduit à une normalisation de la violence faite aux femmes et de leur harcèlement.  Elle s’est félicitée de l’élan vers un changement notable qui semble être à l’œuvre dans le monde entier depuis le lancement du « mouvement transformateur » #MeToo.  Elle s’est dite convaincue que ces quelques mots puissants devaient servir de guide aux travaux de cette session.  Elle a aussi attiré l’attention sur le mouvement Ni Una menos, un mouvement argentin qui dénonce le féminicide et qui appelle à l’établissement d’observatoires sur ce crime dans le monde entier.

La Rapporteuse s’est toutefois inquiétée de l’émergence d’un « ressac idéologique » sous la forme du mouvement sur « l’idéologie du genre » qui est en train de se propager en Amérique latine et dans certains pays d’Europe.  Ce mouvement, a-t-elle estimé, utilise une fausse interprétation de la terminologie « genre » pour l’étiqueter comme une idéologie nuisible aux familles et s’opposer à l’adoption de lois favorables à l’égalité des sexes.  Elle a appelé à la promotion d’une interprétation « constructive, positive et véridique » du terme « genre » et à combattre ce « contrecourant régressif » à l’égard des femmes en promouvant la nouvelle recommandation 35 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui porte sur la violence sexiste faite aux femmes.

Mme Šimonović a par ailleurs indiqué que dans le cadre de son mandat, une initiative avait été lancée pour établir une coopération institutionnelle thématique entre l’ONU et les principaux mécanismes indépendants régionaux qui traitent du problème de la violence faite aux femmes.

La Rapporteuse spéciale a ensuite fait observer que si l’accès et la représentation des femmes dans le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) sont extrêmement importants pour accélérer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, les TIC sont en même temps à l’origine de cas de violence cybernétiques qui sont souvent le prolongement d’actes de violence sexistes commis hors ligne.  Elle a indiqué qu’elle comptait consacrer un prochain rapport à cette question importante.

Mme Šimonović s’est aussi souciée du fait que de nombreux États semblent considérer l’établissement de centres d’accueil pour les femmes qui ont besoin d’un refuge comme un « engagement volontaire » et non pas comme une partie intégrale de leurs obligations en matière de respect des droits de l’homme.  Elle a rappelé son appel en faveur de l’établissement d’une base de données sur ces centres, ainsi que pour la mise en œuvre à l’échelle mondiale d’un plan d’action de lutte contre la violence faite aux femmes.

Tables rondes

Thème A: bonnes pratiques en matière d’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural, notamment grâce à l’accès à l’éducation, aux infrastructures et à la technologie, à la sécurité alimentaire et à la nutrition

« Nous, les femmes rurales, nous ne sommes pas un fardeau » a lancé, d’une voix cassée par l’émotion, Mme Luz Haro Guanga, de l’Équateur, au cours de ce débat ministériel, tenu en deux sessions d’une heure et demie chacune, et à laquelle ont pris part une trentaine de ministres venus partager les bonnes pratiques en matière d’autonomisation des femmes rurales.

Si les échanges ont confirmé la nécessité de redoubler d’efforts pour qu’aucune femme ou fille rurale ne soit laissée pour compte, le témoignage de l’Équateur a été parmi les plus émouvants, car son auteure, elle-même femme rurale de 69 ans, a parlé de son parcours de jeune fille marchant pieds nus dans les montagnes de son village, avant de décrocher, à 35 ans, un diplôme universitaire lui ouvrant les portes de l’autonomie.  Elle a plaidé la cause de « ces centaines de milliers de femmes rurales du monde qui souffrent en silence ».  « Je suis fière d’être une paysanne équatorienne », a-t-elle lancé entre deux sanglots, avant d’inviter ces femmes rurales à aller à l’école pour s’en sortir comme elle l’a fait.

Accès à l’éducation

De nombreux intervenants, présentant les méthodes qui ont fait leurs preuves dans leur pays, ont également souligné le rôle crucial de l’éducation pour autonomiser les femmes et les filles rurales.  En Guinée, a dit sa représentante, le Gouvernement offre des bourses scolaires aux filles rurales, tout en offrant des formations à celles qui ont quitté l’école.  En Côte d’Ivoire, les enfants de 6 à 16 ans bénéficient depuis 2015 d’une scolarisation gratuite, ce qui a fait diminuer le taux d’abandon scolaire, a témoigné la Ministre des femmes, de la protection de l’enfance et de la solidarité.

Son homologue du Paraguay a salué la parité scolaire parfaite entre filles et garçons dans son pays, tandis que la Ministre de la promotion de la femme et de la famille du Cameroun saluait la politique de gratuité de l’éducation primaire adoptée par son gouvernement qui a, en plus, recruté des enseignants pour les déployer en priorité dans les zones rurales.  Le taux d’alphabétisation est ainsi passé de 34% en 2011 à 77% en 2017. 

La même courbe ascendante a été constatée au Kenya où la gratuité de l’école primaire a permis d’augmenter le taux de fréquentation scolaire, a dit la représentante du Gouvernement.  Une représentante du Ministère coréen du genre, de l’égalité et de la famille s’est, quant à elle, vantée d’un taux de scolarisation de 100% dans son pays, aussi bien en zone urbaine que dans les régions rurales. 

Malheureusement, le bilan des actions menées n’est pas toujours aussi positif.  En Afghanistan par exemple, 90% des femmes ne savent ni lire ni écrire, a dit son Ministre de la femme.  La Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du Mali, dont le pays vit un conflit armé, a dépeint une situation désastreuse faite d’enlèvements d’élèves, de viols, d’enrôlements d’enfants soldats et de destruction d’infrastructures scolaires.  Elle a invité la communauté internationale à soutenir la femme malienne en appuyant notamment la reconstruction des infrastructures.

Accès aux infrastructures et à la technologie

Justement, les infrastructures sont cruciales pour soutenir l’autonomisation de la femme rurale, ont soutenu plusieurs délégations.  Il faut par exemple s’assurer qu’Internet est présent partout, même dans les zones les plus reculées du pays, comme c’est le cas en Estonie

En Guinée, l’État a engagé la construction de 9 500 écoles dans les zones rurales, en plus de 10 000 points d’eau aménagés et l’entretien de 4 500 Km de routes rurales pour faciliter les déplacements des femmes et filles qui y vivent.  Au Niger, des efforts ont permis d’améliorer les conditions d’hygiène et d’assainissement au bénéfice des femmes rurales par la construction de latrines modernes et des systèmes d’adduction d’eau. 

Au Maroc, le « Plan Maroc vert », a témoigné le Secrétaire d’État auprès du Ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, a permis notamment l’électrification des zones rurales reculées, surtout dans les régions montagneuses. 

Le Rwanda s’est engagé à créer des infrastructures de technologies de l’information et des communications (TIC) afin de promouvoir un gouvernement électronique.  Pour le pays, la « métamorphose numérique » est en marche, a affirmé la Ministre du genre et de la promotion de la famille.  Conscientes de l’importance de la technologie, les autorités rwandaises se sont notamment engagées à offrir un ordinateur à chaque élève.

Un programme similaire a permis de distribuer six millions de tablettes et d’ordinateurs portables au Venezuela.  La représentante de ce pays s’est aussi félicitée de la révolution initiée par l’ancien Président Hugo Chavez en 1999, ce qui a permis de faire du pays le second dans la région en matière d’alphabétisation.

La Ministre des femmes, du revenu et des services financiers de l’Australie a salué le vaste réseau Internet à larges bandes passantes qui a permis d’effacer les zones d’ombres dans les zones rurales de son pays.  En ce qui concerne la Suisse, les agriculteurs et agricultrices reçoivent des informations utiles par le biais de leur téléphone portable, a indiqué le délégué helvète, tandis que la représentante de la Chine a déclaré que la formation au commerce électronique dispensée dans son pays encourage les femmes rurales à participer à l'économie numérique.

Malgré tous ces efforts, et alors même que les technologies mobiles sont de plus en plus répandues, la fracture numérique est encore bien réelle, en particulier sur le plan sexospécifique: la plupart des 3,9 milliards de personnes déconnectées qui vivent dans les zones rurales, sont plus pauvres, moins instruites et sont généralement des femmes et des filles, relève le Secrétaire général dans son rapport sur les « Problèmes à régler et possibilités à exploiter pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural » (E/CN.6/2018/3).

Accès à la sécurité alimentaire, à la nutrition et à la propriété des terres agricoles

La situation n’est pas différente en matière de sécurité alimentaire et de nutrition.  Le rapport souligne en effet qu’un milliard de personnes vivent toujours dans des conditions de pauvreté et d’insécurité alimentaire inacceptables, lesquelles sont en majorité concentrées dans les zones rurales.  La base de données Genre et droit à la terre de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) laisse par exemple apparaître que moins de 20% des propriétaires fonciers dans le monde sont des femmes, ce qui renforce leur insécurité alimentaire par rapport aux hommes.

Dans 59% des pays recensés par l’étude de la FAO, s’il existe des lois garantissant aux femmes et aux hommes les mêmes droits, les coutumes et les pratiques religieuses sont discriminatoires à l’égard des femmes et sapent l’application intégrale des législations nationales.  Dans 4% de ces pays, la loi dénie expressément aux femmes le droit de posséder, d’occuper ou de contrôler la terre, alors qu’à l’échelle mondiale, près d’un tiers des femmes actives travaillent dans le secteur agricole, notamment dans la foresterie et la pêche.

C’est dans ce contexte que le Secrétaire général du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse a déploré le fait qu’à peine 6% des femmes de son pays sont propriétaires d’entreprises agricoles.  En Italie en revanche, près du tiers des entreprises agricoles ont une femme à leur tête et le Gouvernement a créé un fonds spécial pour les soutenir, a témoigné la Vice-Ministre du développement économique de l’Italie.

La Suisse a quand même entrepris de réviser ses lois pour protéger les droits fonciers des femmes en cas de divorce, tandis que la République dominicaine a lancé une réforme pour que les femmes rurales aient accès à la propriété foncière, a expliqué la Ministre de la femme de ce pays.

Comme autre exemple de bonne pratique pour autonomiser les femmes rurales, la Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria a expliqué que les coopératives des femmes dans son pays ont des facilités d’accès aux prêts afin de favoriser leur épanouissement économique à travers les activités agraires.  Dans le même ordre d’idées, 35 000 femmes rurales ont reçu des financements directs pour l’agriculture en République islamique d’Iran

Après les tables rondes, le Directeur exécutif adjoint d’ONU-Femmes, M. Yannick Glemarec, a fait le résumé de ces bonnes pratiques partagées par les États au cours des deux sessions qui étaient présidées respectivement par M. Indrek Saar, Ministre de la culture de l’Estonie, et par Mme Margaret Kobia, responsable des services publics, de la jeunesse et du genre au sein du Gouvernement kenyan.

Thème B: bonnes pratiques en matière d’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural, notamment grâce à la prévention de la violence sexiste et à la promotion de l’accès à la justice, aux services sociaux et aux soins de santé

Une quarantaine de ministres et autres hauts responsables des gouvernements ont attiré l’attention sur les mesures prises pour faire face à la prévalence, en milieu rural, de certaines pratiques nuisibles, mais aussi aux problème liés au manque d’accès à la justice et à l’éloignement des infrastructures de santé, sans oublier l’absence de services adéquats et de professionnels qualifiés.

La première table ronde était présidée par Mme MARTHA ORDOÑEZ, Conseillère de la Présidence de la Colombie pour l’égalité des sexes qui a indiqué que dans son pays, la violence faite aux femmes a été normalisée, à tel point que 45% des fonctionnaires chargés d’aider les victimes ne voient pas la nécessité de changer les choses.  Cette attitude a été confirmée par la Ministre de la santé et de la protection sociale de l’Albanie.  Mme Ogerta Manastirliu a avoué que les inégalités sont acceptées dans le milieu rural de son pays où vivent 42% de la population, dont 47% de femmes, une situation qui rend l’application des lois particulièrement difficile.  Néanmoins, l’amendement à la loi sur la violence domestique a eu des répercussions « directes », s’est-elle félicitée; l’année 2017 ayant été celle d’une hausse de 10% des plaintes par rapport à 2016.

 « Les lois ne suffisent pas.  Il faut avant tout sensibiliser la population », a prévenu la Ministre des affaires étrangères, de la justice et de la culture du Liechtenstein.  Elle a parlé d’une campagne novatrice lancée par son gouvernement consistant à ce que chaque boulangerie emballe le pain dans un sachet où sont imprimés des informations et des numéros de téléphone.  Un programme similaire existe aussi en Espagne où on a distribué des milliers de kits de détection de la violence domestique par le biais des pharmacies, a indiqué la Directrice générale de l’Institut de la femme et de l’égalité de l’Espagne.

Encore faut-il mieux coordonner les efforts de la police, des services sociaux et des ménages, a tempéré la Ministre des affaires familiales et des services sociaux de la Finlande.  La sensibilisation de toutes les catégories de profession est essentielle, a renchéri la Secrétaire d’État à l’égalité des sexes de la Suède.  Elle a précisé que depuis l’été, chaque catégorie de travailleurs, des dentistes aux professeurs, doit suivre une formation sur la détection de la violence sexiste.  En outre, le site Internet Youmo met des informations à la disposition des jeunes d’origine différente, les migrants notamment, dans leur langue maternelle pour les sensibiliser à l’importance de l’égalité et du consentement s’agissant des relations sexuelles.  La Ministre finlandaise a elle aussi parlé d’une approche novatrice pour aider les hommes violents à modifier leur comportement.  La sensibilisation, a-t-elle insisté, doit commencer dès le plus jeune âge.  Abondant dans ce sens, la Ministre des pêches, de l’égalité des chances et de la coopération nordique du Danemark, a attiré l’attention sur la nécessité d’analyser la manière dont on parle de la masculinité.  Le Honduras, a dit sa Ministre chargée de l’Institut national de la femme, a adopté une loi contre le harcèlement scolaire pour encourager le vivre ensemble.

L’émergence de nouveaux défis liés à Internet a été évoquée par la Secrétaire d’État parlementaire de l’Allemagne, tandis que la Secrétaire d’État pour l’égalité des sexes de la France a évoqué l’adoption de la « grande loi » sur le cyberharcèlement et la cyberviolence mais aussi le harcèlement de rue, et même la création d’une plateforme de géolocalisation des centres d’accueil.  L’accès des victimes à ce type de structures demeure un problème surtout dans les zones rurales, a reconnu la Vice-Ministre des droits de l’homme, de l’égalité de chances et de la législation de la République tchèque.  Toujours à propos de loi, la Magistrate du tribunal électoral du Mexique, a indiqué que son gouvernement est sur le point d’adopter une loi sur la violence politique liée au genre.  Pour les victimes des violences sexistes, a expliqué, la Ministère du genre de la Zambie, mon pays vient de mettre au point un programme de redistribution des terres en faveur des femmes rurales ainsi qu’un système de transfert d’argent dont ont bénéficié 242 000 victimes, dont 70% de femmes.  C’est une aide juridique gratuite qui est offerte à nos victimes, a indiqué la représentante de la Commission nationale pour les femmes, la famille et la politique démographique du Kazakhstan.  Le problème de l’excision a été abordé par un membre du Parlement ougandais qui a cité un programme permettant aux étudiantes de rester à l’internat pendant les vacances scolaires.  La Ministre du développement social de la Jordanie, a, quant à elle, évoqué le problème de la violence sexiste parmi les migrants.

Accès à la justice et aux services sociaux

Pour assurer l’application du droit dans les milieux ruraux, la Ministre des politiques familiales et sociales de la Turquie, a indiqué que son gouvernement a créé des unités spéciales composées d’une majorité de femmes.  C’est une aide juridique gratuite et un programme de sensibilisation au harcèlement sexuel qui ont été mis au point en Malaisie, a indiqué la représentante du Ministère de la femme, de la famille et de la communauté de la Malaisie.  Le problème, a constaté la Ministre de la femme, de la solidarité nationale et de la famille du Burkina Faso, c’est la connaissance des lois.  La Ministre a souligné que malgré les différentes lois sur la prévention de la violence et la prise en charge des victimes ou encore sur le régime foncier rural consacrant l’égalité d’accès à la terre, la majorité de la population est toujours dans l’ignorance.  Les textes donc été vulgarisés et traduits dans les principales langues du pays.

Une initiative similaire a aussi été lancée au Pérou où les textes sont traduits en quechua et autres langues autochtones, a indiqué la Ministre péruvienne de la condition de la femme et des populations vulnérables, qui a aussi évoqué un accord plénier pour la prise en charge des femmes autochtones.  Ce n’est pas facile.  Cela exige un vrai dialogue interculturel car la violence est malheureusement encore tolérée dans le pays, surtout dans les zones rurales, a-t-elle déploré.

Autonomisation économique

La Ministre burkinabè s’est aussi souciée de la question de l’autonomisation économique des femmes et a parlé d’un « centre d’incubation agricole » qui permet d’encadrer l’entreprenariat féminin pour aider les femmes à sortir du secteur informel.  Au Sri Lanka, une collaboration entre le Gouvernement, les banques et le secteur privé permet d’appuyer les PME des femmes rurales mais aussi de promouvoir la responsabilité sociale des entreprises, s’est enorgueillie la Ministre sri-lankaise de la femme et de l’enfance.  Son homologue des affaires féminines de l’État de Palestine n’a pas manqué d’attirer l’attention sur l’impact de l’occupation israélienne sur la situation de ses compatriotes, établissant un lien direct entre leur autonomisation et le développement, tandis que la Ministre des affaires sociales du Yémen a souligné que le conflit qui ravage son pays affecte durement les femmes rurales, évoquant notamment le manque d’eau potable et la propagation des maladies.  La Ministre de la condition de la femme du Maroc a vivement dénoncé la « violence économique » dont pâtissent les femmes rurales, dont 93% travaillent dans l’élevage et l’agriculture.  Or, la plus grande majorité d’entre elles ne sont pas rémunérées car elles travaillent dans un système qui privilégie l’économie familiale.

La Ministre a aussi attiré l’attention sur le problème de l’éloignement des infrastructures de santé qui fait qu’il n’est pas inhabituel pour une femme enceinte d’accoucher sur le bord de la route, avec les risques que l’on sait pour le nouveau-né.  Le Maroc a mis sur pied un système de maternités de proximité.  Il y a une dimension culturelle au manque de fréquentation des hôpitaux en milieu rural, a fait observer la Ministre du bien-être social, du genre et de l’enfance de la Sierra Leone dont le Gouvernement a formé des sages-femmes « traditionnelles ».

Soins de santé 

Dans son intervention, la Ministre burkinabè a par ailleurs attiré l’attention sur l’importance de la santé sexuelle et reproductive en milieu rural, précisant que son gouvernement envisage d’assurer la gratuité des méthodes contraceptives dans un très proche avenir.  Cette approche est déjà une réalité en Slovénie.  La Ministère slovène du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances a aussi parlé des unités mobiles de dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus.  Le Gouvernement cible aussi les femmes exclues, les migrantes notamment, victimes de violences.  Pour sa part, la Ministre de la femme et des droits de l’homme de la Somalie a parlé des défis liés à la collecte de données ventilées par sexe dans les zones rurales.  Elle a aussi évoqué la vulnérabilité particulière des femmes rurales obligées de se déplacer en raison des changements climatiques, mais aussi des conflits.

Le deuxième segment de cette table ronde était présidé par M. ISSA BIN SAAD AL JAFALI AL NUAIMI, Ministre du développement administratif, du travail et des affaires sociales du Qatar, qui a affirmé que son pays ne dispose pas de zones rurales à proprement parler.  Une ligne téléphonique a été mise en place pour signaler anonymement les cas de violence et de maltraitance.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix achève sa session 2018

257e séance - soir    
AG/PK/233

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix achève sa session 2018

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a terminé ses travaux, vendredi 9 mars, dans la soirée, en adoptant sans vote son rapport dont la version finale, qui n’est pas encore publiée*, sera soumise à l’approbation de l’Assemblée générale.  

Présenté par le Rapporteur, M. Mohammad Helmy Ahmad Aboulwafa, de l’Égypte, le rapport est comme d’habitude subdivisé en plusieurs sections dont la première contient une introduction.  La deuxième section couvre des questions d’organisation*, y compris l’ouverture et la durée de la session, l’élection des membres du bureau, l’adoption de l’ordre du jour**, et des procédures du Comité.  Les sections III et IV se réfèrent à l’examen par le Comité spécial de ses propositions de fond, recommandations et conclusions présentées par le Groupe de travail plénier.

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a ouvert sa session 2018, le 12 février dernier, avec de multiples appels au changement dans le pilier « paix et sécurité » de l’ONU.  « Il est temps d’avoir de franches discussions.  Des discussions qui reconnaissent le fait que les opérations de maintien de la paix sont soumises à une pression considérable et qu’elles prennent des risques énormes », avait déclaré le Représentant du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, au premier jour de la session. 

« Notre structure et notre culture de travail ne cadrent plus avec la réalité des menaces complexes à la paix et la sécurité », avait-il précisé, attirant l’attention sur les réformes du Secrétaire général qui visent à rendre le système des Nations Unies mieux à même de prévenir la naissance, l’escalade, la poursuite ou la résurgence d’un conflit. 

Nous avons besoin, s’était expliqué le fonctionnaire du Département des opérations de maintien de la paix, de mandats clairs et applicables, d’un engagement politique cohérent, de ressources suffisantes, d’un bon capital humain et du consentement durable des parties au conflit.  Au nom du Secrétariat de l’ONU, il avait promis un leadership de qualité, de meilleures performances, des analyses pointues, des rapports honnêtes, une bureaucratie allégée, une redevabilité claire et un meilleur soutien aux pays contributeurs de contingents.

Le Comité spécial est chargé d’améliorer le fonctionnement des 15 opérations et 91 566 soldats et policiers issus de 125 pays.  Les opérations emploient aussi 13 715 civils. 

* A/AC.121/2018/L.2 et A/AC.121/2018/L.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Devant le Conseil de sécurité, le Président en exercice de l’OSCE présente ses priorités sur le thème « Dialogue, appropriation et responsabilité »

8200e séance - après-midi
CS/13241

Devant le Conseil de sécurité, le Président en exercice de l’OSCE présente ses priorités sur le thème « Dialogue, appropriation et responsabilité »

Le Conseil de sécurité a tenu, cet après-midi, son dialogue annuel avec la présidence en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), assurée actuellement par le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie.  M. Angelino Alfano a rappelé le rôle de cette Organisation qui regroupe 57 membres et précisé les priorités qu’il entendait lui fixer en 2018, sous la devise « Dialogue, appropriation et responsabilité ».  

Un soutien a été apporté à l’action de l’Organisation, y compris dans le conflit ukrainien, lequel a été au centre de plusieurs interventions et a opposé la Fédération de Russie à plusieurs membres occidentaux du Conseil de sécurité.

Le Président en exercice de l’OSCE a présenté les avantages liés à la structure et la composition de son Organisation: la diversité de ses membres; leur égalité juridique qui oblige à rechercher une position commune dont la mise en œuvre est ensuite facilitée, ou encore l’absence de structure juridique rigide, qui permet de réagir rapidement aux crises.  Du fait des risques de sécurité en Europe, un tel lieu de dialogue est de grande valeur, a ajouté M. Angelino Alfano, pour qui, solutions ou pas, le dialogue contribue toujours à la confiance.

Pour le Ministre, le triptyque « Dialogue, appropriation et responsabilité », sous lequel sa présidence entend agir permettra de renforcer le multilatéralisme, lequel est par ailleurs une caractéristique déterminante de la politique étrangère de l’Italie.  M. Alfano a mis l’accent sur le renforcement du dialogue entre l’OSCE et les pays partenaires du sud de la Méditerranée, invoquant l’« esprit d’Helsinki » qui avait permis il y a plus de 40 ans de faciliter le dialogue entre l’Est et l’Ouest pour créer un « esprit de Palerme » comparable , après la Conférence méditerranéenne tenue l’an dernier dans la ville sicilienne entre les États membres de l’OSCE et leurs partenaires méditerranéens.  Il a aussi annoncé qu’une attention particulière serait consacrée aux menaces transnationales, à la lutte contre la corruption, à la sécurité mais aussi aux diverses activités contribuant à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Rappelant que l’OSCE avait « toujours promu la vision d’une sécurité globale qui inclut le développement durable et les droits de l'homme », le Ministre a annoncé qu’une des priorités de sa présidence serait la lutte contre la traite des êtres humains.  Favorable à la définition de cadres pour une migration régulière et sûre reposant sur la responsabilité partagée et la solidarité internationale, l’OSCE soutient l’approche onusienne des pactes sur les migrations et les réfugiés, a-t-il ajouté, suscitant l’approbation des membres africains et latino-américains du Conseil de sécurité.

M. Alfano a aussi consacré une partie importante de son exposé aux questions de sécurité.  Face à la crise ukrainienne, il a parlé de son premier déplacement de Président de l’OSCE à Kiev, à Moscou et dans le Donbass, invoquant la nécessité de rétablir la confiance dans son Organisation, mise à rude épreuve.  Il a aussi estimé que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine était « un succès », malgré des conditions difficiles.  La Vice-Ministre suédoise des affaires étrangères a confirmé que « l’agression continue » de la Fédération de Russie avait mis à rude épreuve la confiance et l’ordre sécuritaire européens. 

« L’agression russe » a été évoquée par tous les membres occidentaux du Conseil de sécurité dont la France ou les Pays-Bas qui ont appelé à l’application complète des accords de Minsk.  Les États-Unis et le Royaume-Uni ont clairement demandé à la Fédération de Russie de retirer ses forces du pays.

Regrettant que « certaines délégations ne puissent s’empêcher » de parler de l’Ukraine, la Fédération de Russie, favorable à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, a accusé le Gouvernement ukrainien de « cultiver une haine de la Russie », de profiter de la « grande indulgence » de l’Occident et d’avoir cherché à saboter « dès le premier jour » les accords de Minsk, citant en particulier une récente loi ukrainienne visant à une réintégration complète du Donbass dans l’Ukraine, alors que lesdits accords prévoient une certaine autonomie. 

Il est d’autres conflits en Europe, dit « prolongés » ou « gelés », que l’OSCE tente de résoudre, en agissant sur le terrain.  M. Alfano a cité la Géorgie, le Haut-Karabakh ou encore la Transnistrie.  La France a invité l’Organisation à mettre l’accent sur ces questions, qui sont apparues moins conflictuelles, puisque la Fédération de Russie s’est dite « prête à coopérer » sur la Transnistrie ou encore le Haut-Karabakh, tout en rendant hommage aussi à la Mission de l’OSCE au Kosovo.

EXPOSÉ DU PRÉSIDENT EN EXERCICE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE

M. ANGELINO ALFANO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie et Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), s’est dit convaincu que l’OSCE était essentielle pour plusieurs régions: la diversité de ses membres; leur égalité, chacun disposant d’une voix; l’absence de structure juridique rigide, qui permet  de réagir rapidement aux crises politiques; et la recherche du nécessaire consensus qui incite à rechercher une position commune, laquelle facilite ensuite la mise en œuvre des actions.  Du fait des risques de sécurité en Europe, un tel lieu de dialogue est de grande valeur, a ajouté M. Alfano: même si le dialogue ne conduit pas forcément à des solutions, il peut consolider la confiance entre les parties.  La confiance est porteuse de résultats à long terme et, à l’OSCE, la confiance est un élément important parce que les discussions s’inspirent des principes d’égalité et de neutralité. 

La sécurité est un « bien public commun », a rappelé M. Alfano, qui s’est dit convaincu que le principe de sécurité collective, sur lequel repose l’OSCE, est le bon.  Il permet notamment de travailler avec les Nations Unies ou encore l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

La devise de la présidence italienne de l’OSCE est « dialogue, appropriation et responsabilité », a expliqué M. Alfano, pour qui il s’agit d’un moyen de renforcer au sein de l’Organisation le multilatéralisme, lequel est par ailleurs une caractéristique déterminante de la politique étrangère de l’Italie.  L’OSCE a fait ses preuves dans ce domaine, a affirmé M. Alfano, qui a cité en exemple le dialogue structuré sur les défis et risques actuels et futurs dans la région de l’OSCE, un « format informel qui permet d’avoir un dialogue franc et inclusif sur les questions de sécurité complexes », a-t-il expliqué.  En outre, la devise de la présidence actuelle permet de regarder sur un pied d’égalité les différentes sous-régions: euroméditerranéenne, euro-atlantique ou euro-asiatique.  Elle est transparente et inclusive, et elle est ferme dans ses principes.

La crise ukrainienne met à rude épreuve les valeurs fondamentales de l’Organisation, a reconnu le Ministre, car elle crée une crise de confiance.  Il faut donc rétablir cette confiance.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, sa première mission a été un déplacement à Kiev, à Moscou et dans le Donbass pour délivrer un message clair en faveur de la mise en œuvre complète des accords de Minsk.  Le Ministre a en outre affirmé que la Mission spéciale d’observation de l'OSCE en Ukraine était « un succès », malgré des conditions difficiles.  Il a jugé positif le fait que tant la Fédération de Russie que l’Ukraine aient reconnu la nécessité d’une mission d’appui des Nations Unies, tout en jugeant essentielle une coordination constante avec l’OSCE.

Au-delà de la crise ukrainienne, l’OSCE met aussi l’accent sur les conflits prolongés, a poursuivi le Ministre.  Ainsi, elle appuie les discussions de Genève sur la Géorgie, tout en promouvant un dialogue informel.  Concernant le Haut-Karabakh, l’Organisation poursuit le travail des coprésidents du Groupe de Minsk pour une solution définitive au conflit.  Enfin, elle cherche à profiter de l’élan positif en Transnistrie. 

Les questions de sécurité opposent aujourd’hui comme hier l’Est et l’Ouest, mais il faut aussi regarder vers le Sud et la Méditerranée, a poursuivi M. Alfano, qui a insisté sur le fait que la Méditerranée a beau être une petite mer, elle compte pour beaucoup en matière de sécurité mondiale.  Il est donc essentiel pour l’OSCE d’intensifier son dialogue et sa coopération avec les pays partenaires du sud de la Méditerranée.  Il a rappelé à cet égard la Conférence méditerranéenne de Palerme organisée en octobre dernier et a souhaité que l’« esprit de Palerme » contribue à faciliter le dialogue entre pays riverains de la Méditerranée et à construire un véritable partenariat entre les 57 membres de l’OSCE et leurs partenaires méditerranéens, comme l’« esprit d’Helsinki » avait pu le faire il y plus de 40 ans entre l’Est et l’Ouest.

L’OSCE accorde une attention particulière aux menaces transnationales comme le terrorisme et la radicalisation; le trafic d’armes, de drogue, de biens culturels ou encore de déchets dangereux; les liens entre terrorisme et crime organisé, le blanchiment international d’argent, et les sources de financement des groupes terroristes.  Elle met aussi l’accent sur la lutte contre la corruption et considère comme une priorité stratégique la cybersécurité.  La présidence italienne entend en outre mettre l’accent sur la croissance, l’innovation, le capital humain, la bonne gouvernance et la transition vers des énergies « vertes », et contribuer ainsi à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Alfano l’a rappelé: « l’OSCE a toujours promu la vision d’une sécurité collective qui inclut le développement durable et les droits de l’homme ».

Le Ministre a également mis l’accent sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, « qui ont toujours été des priorités de l’Italie ».  Il a cité à cet égard le plan d’action de l’OSCE pour la promotion de l’égalité entre les sexes.   

Rappelant que sera célébrée cette année le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, M. Alfano a annoncé qu’une des priorités de sa présidence serait la lutte contre la traite des êtres humains.  En même temps, l’Italie reste attachée à la définition de cadres pour une migration sûre et régulière, fondée sur une responsabilité partagée et la solidarité internationale.  Il est essentiel que les pays d’origine, de transit et de destination discutent à la même table, a expliqué M. Alfano.  C’est pourquoi l’OSCE soutient l’approche onusienne des pactes sur les migrations et les réfugiés.

Enfin, l’Italie fait de la lutte contre toutes les formes d’intolérance et de discrimination une des priorités de sa présidence de l’OSCE.  Le Ministre a rappelé que le premier grand rendez-vous de la présidence italienne avait été la Conférence de Rome sur l’antisémitisme, tenue à Rome le 29 janvier, qui a réuni des dirigeants politiques et religieux chrétiens, juifs et musulmans.  Nous ne pourrons parvenir à la sécurité que lorsque nous admettrons que nous appartenons tous à la même race humaine et que défendre la dignité humaine est essentiel à notre liberté, a conclu M. Alfano.

Déclarations

Mme ANNIKA SÖDER, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Suède, a constaté que certains défis portent atteinte aux principes fondamentaux de l’OSCE et a jugé essentiel, pour l’entité, de privilégier un dialogue franc et ouvert entre les États participants afin de rétablir le respect dans les principes et engagements agréés.  Elle a aussi jugé « vital » de préserver les dimensions humaines de l’OSCE ainsi que ses institutions autonomes.

La Vice-Ministre a constaté que « l’agression continue » de la Fédération de Russie contre l’Ukraine avait mis à rude épreuve la confiance et l’ordre sécuritaire européens.  Elle a pointé du doigt les annexions illégales de la Crimée et de Sébastopol qu’elle a qualifiées de violations les plus flagrantes de l’ordre sécuritaire européen depuis la fin de la guerre froide.  Elle a fait part du ferme appui de la Suède à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, et a exigé que celle-ci se voit accorder un accès total et sans entrave.  Elle a en outre estimé que le déploiement potentiel de toute mission de l’ONU dans l’est de l’Ukraine doit avoir pour objectif de rétablir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

Mme Söder a ensuite estimé que les conflits prolongés en Géorgie, dans la République de Moldova et dans le Haut-Karabakh représentent aussi une violation des acquis communs de l’OSCE.  Elle a appuyé les mesures de consolidation de la paix et de règlement de conflits en Géorgie, citant notamment la coprésidence des discussions internationales de Genève ainsi que la Mission de surveillance de l’Union européenne.  Elle a appelé l’ONU et l’OSCE à renforcer leur coopération et leur dialogue, ainsi que la coordination de leurs activités de prévention des conflits et de consolidation de la paix.  En la matière, elle a salué la « coopération informelle » en Ukraine entre la Mission spéciale d’observation de l’OSCE et la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine de l’ONU.

Mme MAIRA MARIELA MACDONAL ÁLVAREZ (Bolivie) a salué la présidence italienne de l’OSCE et son objectif de promouvoir un rapprochement centré sur le respect des différences culturelles et la lutte contre le racisme et l’intolérance.  Elle a insisté sur le fait que tout conflit interne doit être résolu dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international.  Elle a encouragé à cet égard le recours à la diplomatie préventive, aux négociations et à la médiation.  La représentante a soutenu la proposition italienne de s’inspirer plus systématiquement des meilleures pratiques et de maintenir le dialogue entre les parties afin de stabiliser les États.  Elle a prôné une approche globale pour prévenir la radicalisation et le terrorisme, tout en s’attaquant aux causes profondes des conflits et en mettant l’accent sur le rôle des femmes et des jeunes.  Par ailleurs, la représentante a salué l’approche de l’Italie fondée sur le potentiel économique des migrations et la lutte contre l’intolérance.  Enfin, Elle a souhaité un renforcement des liens entre l’OSCE et l’ONU afin d’assurer la paix et la sécurité internationales.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a affirmé que la crise ukrainienne constitue l’une des violations les plus graves et les plus dangereuses des principes fondateurs de l’OSCE, mais aussi des principes de la Charte de l’ONU.  Elle a indiqué que la France, en lien avec l’Allemagne, est déterminée à poursuivre ses efforts de médiation au sein du format Normandie.  Chaque résultat obtenu dans ce format compte, a-t-elle affirmé, citant notamment l’échange de prisonniers, en décembre dernier, entre l’État ukrainien et les séparatistes.  Elle a aussi souligné que seuls les progrès dans ce format permettront d’accompagner la mise en œuvre des accords de Minsk.  La représentante a aussi jugé déterminant que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE soit en mesure d’exercer son mandat pleinement et sans entrave.  La France appelle « une nouvelle fois » au respect de la liberté de mouvement de ses observateurs, a-t-elle indiqué, avant de souligner que l’implication de l’OSCE dans la tenue de futures élections locales dans le Donbass sera nécessaire, « selon des modalités qui restent à déterminer ».

Poursuivant, Mme Gueguen a indiqué que la diversification des menaces doit encourager les 57 membres de l’OSCE à abandonner les postures politiques pour retrouver « l’esprit d’Helsinki » qui avait permis, il y a plus de 40 ans, de faire émerger une vision commune pour la sécurité en Europe.  Elle a estimé que le travail de l’OSCE doit mettre l’accent sur la résolution des conflits régionaux, évoquant notamment « au-delà du cas ukrainien », les conflits gelés du Haut-Karabakh, de la Transnistrie et des territoires séparatistes de la Géorgie.  Elle a aussi appelé l’OSCE à œuvrer en faveur de la préservation des instruments de confiance et de transparence militaire sur le continent européen, appelant notamment à préserver la mise en œuvre et la pertinence des traités de maîtrise des armements et les mesures de confiance, y compris en les adaptant aux réalités modernes.

Mme Gueguen a par ailleurs appelé à préserver la dimension humaine du travail de l’OSCE et a soutenu l’approche visant à promouvoir l’universalité et l’indivisibilité de l’ensemble des droits fondamentaux.  Elle a également jugé nécessaire de développer le rôle opérationnel de l’OSCE en réponse à certains défis émergents au niveau régional comme la lutte contre la traite des êtres humains, la prévention de la radicalisation et les conséquences des changements climatiques sur la sécurité.  Il importe, sur chacune de ces thématiques, que l’OSCE travaille à faire émerger des réponses concrètes allant au-delà des simples prises de position publiques, a-t-elle insisté.

S’inspirant de l’intervention du Président de l’OSCE, M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a tout d’abord souhaité que le Président de la Ligue des États arabes puisse lui aussi faire un exposé annuel au Conseil de sécurité.  Il a insisté sur l’importance du soutien des organisations régionales et sous-régionales au travail du Conseil de sécurité et de l’ONU.  Il a fait observer que l’extrémisme ne concerne pas une religion donnée et a appelé les membres du Conseil à renforcer leurs efforts communs pour faire face au défi de l’extrémisme violent et de la radicalisation.  Le représentant a constaté que l’OSCE avait largement contribué aux efforts déployés par l’ONU en matière de prévention de conflit, pendant les conflits et après les conflits.  Il a insisté sur le rôle que doit jouer l’OSCE pour sortir des conflits gelés.  Il a aussi souhaité qu’une solution soit apportée à la crise ukrainienne grâce au dialogue et au format Normandie.

M. YERKIN AKHINZHANOV (Kazakhstan) a encouragé l’OSCE à développer davantage son outil de prévention pour s’attaquer aux conflits actuels et aux menaces du terrorisme, de la radicalisation, du trafic d’êtres humains et du flux non contrôlé des migrants.  Le représentant a dit soutenir la priorité de l’OSCE de trouver une solution pacifique au conflit en et autour de l’Ukraine, sur la base des accords de Minsk.  Il a réitéré son appui aux activités de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine à laquelle des représentants du Kazakhstan contribuent. 

En général, la position du Kazakhstan sur les conflits reste claire et inchangée.  En tant que membre du Conseil de sécurité, le pays tient à la mise en œuvre de ses résolutions et en tant que participant à l’OSCE, il réaffirme l’importance de la plateforme régionale offerte par l’Organisation.  Le représentant a assuré que son pays adhérait à une approche équilibrée et réaliste du règlement des conflits, fondée sur les principes fondamentaux du droit international.  Face aux menaces transnationales, nous encourageons aussi la promotion de la coopération entre l’OSCE et l’Union économique eurasienne, la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie, l’Organisation de coopération de Shanghai et l’Organisation du Traité de sécurité collective qui toutes jouent un rôle important dans le développement de la coopération régionale et sous-régionale.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est inquiété de la complexification des conflits qui mettent à mal la capacité des États à trouver des solutions durables.  Il a salué le programme de travail de la présidence italienne de l’OSCE, insistant sur l’importance qu’il y a à renforcer le multilatéralisme.  Il a rappelé que l’OSCE avait été créée pour renforcer les mécanismes de l’ONU et a jugé « très important » de poursuivre son étroite coopération avec l’ONU.  Il a aussi appelé à promouvoir une plus grande coopération entre l’OSCE et les organisations régionales et sous-régionales africaines, notamment pour ce qui a trait à l’axe méditerranéen.

Le représentant a fait observer que les conflits gelés nourrissent la radicalisation.  Il a salué les efforts de l’OSCE qui ont permis d’éviter une intensification des conflits dans le Haut-Karabakh et en Géorgie, entre autres.  Il a appelé à une nouvelle démarche pour mettre fin à ces crises.  Le délégué équatoguinéen a salué l’intention de la présidence italienne de s’attaquer au défi de la migration en Méditerranée et au problème de l’intolérance religieuse et de la xénophobie.  Il a jugé pertinent d’inclure, dans les plans d’exécution, les recommandations du Secrétaire général sur la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine, en mettant l’accent sur les femmes et les filles.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a estimé que les priorités présentées par l’Italie pour sa présidence de l’OSCE sont conformes à celles de l’ONU et du Conseil de sécurité.  Conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, le Pérou juge nécessaire de renforcer les synergies entre les organisations régionales afin de prévenir et de répondre de manière efficace aux conflits.  Le représentant a estimé que l’OSCE a un rôle essentiel à jouer dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, compte tenu du concept de « sécurité collective », fondé sur le respect des droits de l’homme.  Il a salué le fait que le Protocole de Palerme soit élargi à la Méditerranée afin de protéger les migrants victimes des conflits et des crises humanitaires.  De même, il s’est félicité du travail de l’OSCE en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Enfin, le représentant a salué les mécanismes de règlement pacifique des conflits et des différends offerts par l’OSCE à ses membres d’Europe et d’Asie centrale.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a pleinement approuvé les priorités de la présidence italienne, et notamment la résolution des crises en Ukraine et autour de ce pays.  La situation politico-militaire en Europe s’est détériorée de manière significative ces dernières années, a reconnu la représentante, en rejetant la faute sur l’affaiblissement de certains principes qui étaient jusqu’alors communs aux membres de l’OSCE.  Elle a considéré comme un « problème majeur », « l’agression russe » en Ukraine et s’est félicitée de la visite de M. Alfano dans la région.  Le recours à la force ne peut être un instrument acceptable des relations entre États, a-t-elle martelé.

La Pologne continuera d’appuyer la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine et en souhaite d’ailleurs le renforcement.  Elle appuie aussi les structures autonomes de l’OSCE, y compris le Centre pour les institutions démocratiques et les droits de l’homme, établi à Varsovie.  La représentante a également salué le rôle joué par l’OSCE en Géorgie, dans le Haut-Karabakh et en Transnistrie.  Enfin, elle a demandé le renforcement de la lutte contre toutes les formes d’intolérance et de discrimination, notamment par le biais de l’éducation.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a affirmé que les actions menées par l’OSCE en Europe, et la CEDEAO, en Afrique de l’ouest, montrent à suffisance que les organisations régionales peuvent être des outils efficaces de soutien à l’ONU en matière de prévention et de règlement des conflits.  Il a notamment salué « l’appui actif » que fournit l’OSCE aux mécanismes en place visant à régler les conflits du Haut-Karabakh, de l’Abkhazie et de l’Ossétie, et à faire avancer les pourparlers de paix concernant la Transnistrie et la Géorgie.  Il a également parlé du rôle de l’Organisation dans la stabilisation du Kosovo et le suivi de l’application des accords de Minsk.  Le représentant a appelé à un renforcement de la coopération entre l’OSCE et l’ONU.  Il a salué l’intérêt accordé par la présidence italienne aux questions migratoires, à la lutte contre la corruption et aux nouvelles menaces transnationales comme le terrorisme, la cybercriminalité et le trafic des êtres humains.

Mme ELAINE MARIE FRENCH (États-Unis) a rappelé le rôle essentiel joué par l’OSCE pour mettre en place une architecture solide de sécurité en Europe.  Les États-Unis, a-t-elle dit, réaffirment leur attachement à cet effort essentiel et pour préserver ce rôle, ils appuient la poursuite du « Dialogue structuré sur les défis et risques actuels et futur dans la région de l’OSCE ».  L’Organisation, a reconnu la représentante, est confrontée à la crise en Ukraine, une crise, a-t-elle estimé, totalement imputable à l’« agression russe ».  La représentante s’est félicitée des efforts de l’OSCE, et notamment de sa Mission spéciale d’observation, dans laquelle elle a vu une source d’informations impartiales et essentielles, tout en jugeant « fondamentale » la sécurité des observateurs.  Les États-Unis, a-t-elle ajouté, appuient la mise en œuvre complète des accords de Minsk par toutes les parties et estiment que la Fédération de Russie pourrait contribuer à la paix en retirant ses troupes.  La représentante n’a pas manqué de dénoncer l’annexion de la Crimée et de rappeler l’importance de l’OSCE de mettre fin aux conflits gelés dans le Haut-Karabakh, en Géorgie ou encore en Transnistrie.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a salué la contribution significative de l’OSCE au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle a estimé que l’approche globale de l’Organisation qui tient compte des facteurs politico-militaires, économiques, environnementaux et sociaux, est conforme au nouveau paradigme mondial en matière de paix et de développement durables.  Elle a noté le rôle important joué par l’OSCE pour prévenir et résoudre les conflits en Europe et en Asie centrale, ajoutant que le dialogue et la négociation constituent la seule façon de parvenir à une solution politique durable.  Comme ailleurs dans le monde, la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent représente une menace sérieuse pour les États membres de l’OSCE, a relevé Mme Guadey, qui a jugé approprié l’accent mis sur la paix durable par la présidence italienne.  Alors que la criminalité transnationale organisée et la traite des personnes comptent parmi les problèmes les plus graves auxquels est confrontée l’Europe, le représentant a dit comprendre que l’Italie fasse de la Méditerranée une priorité de sa présidence. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a indiqué que le mois dernier marquait le quatrième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine et a déploré qu’un membre permanent du Conseil de sécurité continue ainsi d’alimenter un conflit qui a fait plus 10 300 morts sans compter les blessés et les personnes en besoin d’aide humanitaire.  Plus de 1 000 soldats et mercenaires ont perdu la vie, a souligné le représentant.  Constatant que la Fédération de Russie est elle aussi en deuil, il a appelé à la mise en œuvre des accords de Minsk et a salué le renouvellement de l’engagement du groupe trilatéral à respecter le cessez-le-feu.  Il a plaidé pour que l’on autorise la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine à se rendre dans l’ensemble du territoire ukrainien et s’est inquiété des menaces proférées contre ses membres.  Le représentant a demandé à la Fédération de Russie de retirer ses troupes et de faire preuve de volonté politique pour trouver une issue au conflit.  Il a annoncé la tenue prochaine d’une réunion sous la formule Arria pour débattre de cette situation, avant de saluer le fait que la présidence italienne compte mettre l’accent sur la migration et le règlement des conflits gelés.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné que l’action de l’OSCE était particulièrement importante pour le continent européen, ajoutant que son pays voit l’Organisation comme un « mécanisme extrêmement utile pour la sécurité en Europe, qui doit être égalitaire et indivisible ».  La Fédération de Russie est attachée aux principes d’Helsinki et déterminée à honorer ses engagements à ce titre, a ajouté le représentant, qui a ensuite déploré que les appels de son pays à un dialogue mené sur un pied d’égalité n’aient toujours pas été entendus.  Il a ainsi accusé les « partenaires de la Russie » de continuer de présenter son pays comme une menace à la paix et à la sécurité internationales et de « créer des clubs fermés dans lesquels la sécurité des uns est assurée aux dépens de celle des autres ».

Il est « plus important que jamais », a jugé le représentant, de renforcer la coopération multilatérale, notamment dans les organisations internationales.  Il a rappelé que l’OSCE est appelée à mettre en œuvre les principes et buts des Nations Unies, tant dans le cadre de son mandat que dans sa couverture géographique.  La Fédération de Russie, a insisté le représentant, attend beaucoup d’une telle coopération, compte tenu des projets déjà réalisés, par exemple dans la lutte contre le trafic de drogue, le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, le blanchiment d’argent, la traite des personnes ou encore les migrations illégales.  L’OSCE complète aussi les efforts des Nations Unies pour renforcer la confiance dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, dont la cybersécurité. 

Illustrant l’importance que son pays accorde à l’OSCE, le représentant a cité la Mission de l’Organisation au Kosovo ou encore son rôle dans le Caucase.  La Fédération de Russie, a-t-il affirmé, est prête à coopérer sur la Transnistrie ou encore sur le Haut-Karabakh.  Regrettant que « certaines délégations ne puissent s’empêcher » de parler de l’Ukraine, le représentant a rappelé que la crise ukrainienne était à l’origine une crise interne.  Une ingérence occidentale a abouti au remplacement d’un Gouvernement par un autre qui avait pour but d’éliminer toute trace de la culture russe, ce qui a été jugé inacceptable par une partie de la population ukrainienne, a fait valoir le représentant.  Il a accusé l’Ukraine de « s’en prendre à ces propres ressortissants et de cultiver une haine de la Russie ».  Il a accusé les autorités de Kiev et leurs « parrains occidentaux » de rejeter toute approche constructive.  Le Gouvernement ukrainien, a-t-il dénoncé, profite de la « grande indulgence » de l’Occident et a cherché à saboter « dès le premier jour » les accords de Minsk.  Le représentant a cité en particulier une récente loi ukrainienne visant à une réintégration complète du Donbass dans l’Ukraine, alors que les accords de Minsk prévoient une certaine autonomie.  La Fédération de Russie, a-t-il assuré, soutient le rôle de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine.  Il a appelé la présidence italienne à « continuer de faire preuve d’objectivité » dans le cadre de la Mission et de faciliter un dialogue direct.  

M. WU HAITAO (Chine) a souligné qu’aucun pays ne peut faire cavalier seul face aux défis actuels.  Il a fait part de son attachement aux mécanismes régionaux, en vantant leurs atouts pour régler les crises.  Il a salué la décision de la présidence italienne de promouvoir le dialogue et de renforcer la lutte contre les fléaux mondiaux.  Il a appelé l’OSCE à continuer de jouer un rôle constructif pour appuyer la paix et la stabilité, l’engageant notamment à trouver une issue à la crise en Ukraine par la mise en œuvre des accords de Minsk.  Il a aussi engagé la communauté internationale à déployer tous les efforts diplomatiques pour résoudre le dossier ukrainien et favoriser ainsi la promotion du développement socioéconomique du pays.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) s’est focalisé sur trois points.  Premièrement, l’OSCE en tant qu’organisation régionale, joue un rôle central dans la prévention et la résolution des conflits et l’alerte précoce dans la région.  Elle joue aussi un rôle crucial dans la quête de solutions pacifiques aux conflits gelés sur le territoire de la Géorgie, en République de Moldova et en Azerbaïdjan.  Ces conflits doivent être résolus en vertu du droit international et des engagements de l’OSCE.  En deuxième lieu, l’OSCE en tant qu’organisation pour le dialogue et la promotion du règlement pacifique des conflits en Europe, est capable de gérer toutes les dimensions de la sécurité: politico-militaire, économique, environnementale et humaine. 

Les bureaux de l’OSCE et les institutions indépendantes jouent un rôle important à cet égard notamment le Haut-Commissariat pour les minorités nationales, le Rapporteur de la liberté de la presse et le bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme.  L’OSCE offre un espace de dialogue dans ces dimensions et le fait de manière inclusive.  Troisièmement, en ce qui concerne la situation en Ukraine, les Pays-Bas appellent toutes les parties à mettre pleinement en œuvre les accords de Minsk.  Cela devrait commencer par le retrait des armes lourdes et un cessez-le-feu durable.  Il est absolument nécessaire que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE soit autorisée à faire son travail sans entrave.  Les observateurs doivent avoir un accès total, sûr et sans entrave à toutes les zones du conflit.  Les obstructions au travail de la Mission ou les menaces contre son personnel sont inacceptables et doivent immédiatement s’arrêter, a martelé le représentant.  En outre, la résolution 2166 (2014) exige que les auteurs de l’accident du vol MH-17 rendent des comptes et que tous les États coopèrent pleinement aux efforts pour établir les responsabilités.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MANUA et entend des appels pour que les Taliban acceptent la récente offre de paix du Président afghan

8199e séance – matin
CS/13240

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MANUA et entend des appels pour que les Taliban acceptent la récente offre de paix du Président afghan

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) jusqu’au 17 mars 2019, au cours d’une séance marquée par de nombreux appels, en particulier du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Tadamichi Yamamoto, pour que les Taliban répondent positivement à la proposition de paix « sans précédent » faite, il y a une semaine dans le cadre du Processus de Kaboul, par le Président afghan, M. Ashraf Ghani. 

En cette Journée internationale des femmes, les membres du Conseil, dont la Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, Mme Sigrid Kaag, qui présidait la séance, ont également rendu un vibrant hommage aux femmes afghanes. 

Par la résolution 2405 (2018), adoptée à l’unanimité, le Conseil rappelle les composantes essentielles du mandat de la Mission, dont l’apport d’une aide sous forme de bons offices au processus de paix afghan, un appui aux élections législatives et présidentielle prévues en 2018 et en 2019, la surveillance de la situation des droits de l’homme et la promotion d’une bonne gouvernance et de la coopération régionale. 

Le texte prend note des conclusions de l’examen stratégique de la Mission et demande l’application des recommandations du Secrétaire général, en vue « d’aligner les tâches fonctionnelles » de la Mission sur la priorité accordée à la prévention et au règlement des conflits, à l’appui d’un « dialogue intra-afghan visant à établir un cadre politique stable ». 

Les membres du Conseil se félicitent en outre des efforts de paix du Gouvernement, notamment la création du Haut Conseil pour la paix.  Ils demandent à tous les partenaires régionaux et internationaux du pays de soutenir la paix et la réconciliation, pour que commencent rapidement les pourparlers directs entre le Gouvernement et les Taliban.

De tels pourparlers ont été au cœur de l’intervention du Représentant spécial, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur la question.  En saluant la proposition de paix faite par le Président Ashraf Ghani, M. Yamamoto a estimé qu’il incombait maintenant aux Taliban d’entamer des pourparlers directs avec le Gouvernement, un avis partagé par une majorité des délégations.  Le délégué du Royaume-Uni a néanmoins regretté que cette offre de paix ne figure pas dans la résolution adoptée aujourd’hui. 

Le représentant de l’Afghanistan a, lui, déclaré que si les Taliban répondent positivement, « ils pourront alors devenir des citoyens comme les autres et être autorisés à s’engager dans la vie politique dans le respect des règles de la démocratie, en bénéficiant d’une levée des sanctions prises contre eux par le Conseil ».  Mais « en échange, ils doivent abandonner la violence ».

De son côté, la Directrice exécutive d’Organization for policy Research and Developement studies (DROPS), Mme Mariam Safi, a souligné que les résultats du processus de paix auront une incidence directe sur les droits des femmes, expliquant que celles-ci craignent de nouvelles violences à leur encontre après la réintégration des anciens combattants.

Mme Safi a également demandé au Conseil de persuader le Pakistan de participer réellement à tous les efforts de lutte contre le terrorisme et de soutenir le dialogue afghan pour la paix.  Le représentant afghan a, lui, accusé « les parrains régionaux du terrorisme » d’exploiter la dynamique démocratique en Afghanistan pour semer la discorde, se demandant quand ces parrains rendraient des comptes pour les attaques terroristes commises en Afghanistan.  Mais il a apprécié la réduction de l’aide accordée à « l’État concerné » et son inclusion sur la liste de surveillance du Groupe d’action financière (GAFI).

L’Inde, la Fédération de Russie et les États-Unis ont également insisté sur la dimension régionale du conflit afghan, la déléguée américaine jugeant la situation actuelle non satisfaisante, tandis que son homologue de l’Inde a demandé qu’il soit remédié à l’appui transfrontalier apporté aux groupes terroristes opérant en Afghanistan. 

Pour la représentante du Pakistan, la menace terroriste dans son pays émane principalement de l’Afghanistan.  « Sur les 131 actes terroristes dernièrement recensés au Pakistan, 123 ont été conçus et planifiés à partir de l’Afghanistan », a-t-elle dit avant de prévenir que son pays ne céderait devant aucune tentative d’intimidation. 

Les délégations ont été unanimes pour réclamer une autonomisation accrue des femmes afghanes, dont la vie, selon Mme Habiba Sarabi, du Haut Conseil pour la paix, a connu des changements « remarquables » depuis 17 ans.  Aujourd’hui, des femmes occupent des postes importants dans l’administration nationale et provinciale, y compris 242 procureures et 300 juges, a-t-elle relevé, et les filles représentent 40% des enfants scolarisés.

« L’Afghanistan est l’un des deux pays d’Asie du Sud à avoir un plan d’action national pour les femmes, la paix et la sécurité », s’est félicitée la Ministre adjointe des affaires étrangères de la Suède, Mme Annika Söder en citant le plan d’application de la résolution 1325 (2000) dont beaucoup se sont félicités.

Mme Safi a cependant estimé que la voix des femmes dans les processus de prise de décisions était souvent symbolique et qu’il existait une grande différence entre la rhétorique sur l’appropriation locale et la réalité.  Le Représentant spécial a précisé que plus de 1 200 femmes, l’année dernière, avaient été tuées et blessées lors d’attaques et d’affrontements. 

À cet égard, la résolution demande des efforts accrus pour assurer une pleine participation des femmes aux pourparlers de paix et pour mieux les protéger contre la violence.  Visant les groupes terroristes, la Ministre des affaires étrangères de l’Australie, Mme Julie Bishop, a jugé « qu’il n’y a pas de place dans notre monde pour une doctrine qui définit les femmes et les filles comme des citoyens de seconde classe ».

* A/72/768–S/2018/165

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2018/165)

Texte du projet de résolution (S/2018/198)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur l’Afghanistan, en particulier sa résolution 2344 (2017) portant prorogation jusqu’au 17 mars 2018 du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA),

Mettant l’accent sur le rôle important que l’Organisation des Nations Unies continuera de jouer dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan,

Rappelant sa récente visite à Kaboul, du 13 au 15 janvier, qui visait à témoigner de l’appui continu et indéfectible de la communauté internationale à l’instauration de la paix, de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité en Afghanistan,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan, ainsi que son appui continu au Gouvernement et au peuple afghans, qui reconstruisent leur pays et renforcent leurs institutions démocratiques,

Soulignant qu’il est important qu’un processus politique global et inclusif, dirigé et contrôlé par les Afghans, soutienne l’entreprise de réconciliation de tous ceux qui y sont disposés, ainsi qu’il ressort, d’une part, du communiqué de la Conférence de Kaboul et, d’autre part, des conclusions détaillées de la Conférence de Bonn, en vue de bâtir un avenir où tous les Afghans vivront unis dans la paix et la prospérité, et se félicitant des efforts menés pour faire avancer le processus de paix, notamment par l’intermédiaire du Haut Conseil pour la paix,

Soulignant le rôle crucial du Processus de Kaboul et se félicitant du consensus stratégique qui s’est établi entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale quant au Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie,

Se réjouissant que le Gouvernement d’unité nationale entame sa quatrième année au pouvoir et soulignant qu’il importe que toutes les parties en Afghanistan œuvrent dans le cadre de ce gouvernement pour bâtir un avenir où tous les Afghans vivront unis dans la paix et la prospérité,

Rappelant que la Commission électorale indépendante de l’Afghanistan a annoncé la tenue d’élections au Parlement et aux conseils de district pour 2018, soulignant qu’il importe que des progrès rapides soient accomplis en ce qui concerne la réforme électorale en Afghanistan et la tenue d’élections crédibles et ouvertes à tous s’agissant des élections au Parlement et aux conseils de district en 2018 et de l’élection présidentielle en 2019, et insistant sur la nécessité que la MANUA continue de fournir un appui dans ce domaine si les autorités afghanes le demandent,

Soulignant qu’il importe d’adopter une stratégie globale pour régler les problèmes liés à la sécurité, à la situation économique, à la gouvernance et au développement en Afghanistan, qui ont un caractère interdépendant, et conscient qu’il n’y a pas de solution purement militaire pour assurer la stabilité dans ce pays,

Réaffirmant qu’il convient de renforcer la coopération régionale, interrégionale et internationale, en vue de bâtir pour l’humanité un avenir commun, afin de promouvoir l’instauration durable de la paix, de la sécurité, de la prospérité, du développement durable et des droits de l’homme en Afghanistan, et saluant les actions conjointes menées pour renforcer le dialogue et la collaboration et favoriser la réalisation d’objectifs communs en matière de développement économique dans toute la région,

Conscient, à cet égard, de l’effet positif et de l’importance continue des engagements internationaux pris lors du Sommet de Varsovie organisé par l’OTAN en 2016 et réaffirmés en 2017, et lors de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan en 2016, et se réjouissant de la stratégie des États-Unis pour l’Afghanistan, annoncée le 21 août 2017, et de la stratégie de l’Union européenne pour l’Afghanistan, adoptée le 16 octobre 2017, éléments essentiels d’un appui international soutenu en faveur de la sécurité, du développement et de la stabilité en Afghanistan,

Saluant la contribution du Groupe de contact international aux efforts des Nations Unies visant à coordonner et renforcer le soutien de la communauté internationale en faveur de l’Afghanistan,

Prenant note de la septième Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan, tenue à Achgabat les 14 et 15 novembre 2017, et de la Conférence ministérielle de suivi de la Conférence sur la sécurité et la coopération au cœur de l’Asie, tenue le 1er décembre 2017 à Bakou,

Soulignant qu’il importe que les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes soient opérationnelles, professionnelles, inclusives et viables pour répondre aux besoins de sécurité du pays, insistant sur le fait que la communauté internationale s’est engagée à concourir à leur renforcement, louant la résilience, les progrès et le courage exceptionnel dont font preuve ces forces ainsi que le rôle de premier plan qu’elles jouent pour assurer la sécurité de leur pays et lutter contre le terrorisme international, et se félicitant à cet égard de la volonté constante d’améliorer l’efficacité et la responsabilisation des institutions nationales afghanes de sécurité,

Se déclarant profondément préoccupé par le haut degré de violence qui persiste en Afghanistan, notamment par le nombre de victimes civiles, condamnant avec la plus grande fermeté toutes les activités terroristes et tous les attentats violents, réaffirmant que les attaques visant délibérément des civils sont prohibées par le droit international humanitaire et peuvent constituer des crimes de guerre et demandant que le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme soient respectés,

Conscient des menaces alarmantes que représentent continuellement les Taliban, notamment le Réseau Haqqani, ainsi qu’Al-Qaida, les éléments affiliés à l’EIIL, et d’autres groupes terroristes, groupes extrémistes violents et groupes armés illégaux, ainsi que des difficultés rencontrées pour lutter contre ces menaces, et s’inquiétant vivement des incidences néfastes des actes de violence et de terrorisme perpétrés par l’ensemble des groupes susvisés sur la capacité du Gouvernement afghan de garantir l’état de droit, d’assurer au peuple afghan la sécurité et les services essentiels et de veiller à l’amélioration de la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales et à leur protection,

Se déclarant préoccupé par la grave menace que les mines antipersonnel, restes explosifs de guerre et engins explosifs improvisés représentent pour la population civile, et notant qu’il faut renforcer la coordination et l’échange d’informations, aussi bien entre les États Membres qu’avec le secteur privé,

Se déclarant vivement préoccupé par la présence en Afghanistan d’éléments affiliés à l’EIIL et par leurs activités croissantes, qui constituent une grave menace pour la sécurité de l’Afghanistan et des pays de la région, y compris l’Asie centrale, et exprimant son appui aux efforts déployés par les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes pour lutter contre ce phénomène et à l’assistance fournie par les partenaires internationaux de l’Afghanistan à cet égard,

Réaffirmant que tous les belligérants doivent prendre toutes les mesures possibles pour assurer la protection des civils, spécialement des femmes, des enfants et des déplacés, notamment contre la violence sexuelle et sexiste, et que les auteurs de tels actes de violence doivent être amenés à en répondre,

Prenant acte de la poursuite des travaux du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011) et de la coopération que le Gouvernement afghan, le Haut Conseil de la paix et la MANUA continuent d’apporter au Comité, plus particulièrement à son Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions, et constatant avec inquiétude que les Taliban coopèrent de plus en plus avec d’autres organisations qui se livrent à des activités criminelles,

Se disant gravement préoccupé par le nombre toujours très élevé de victimes civiles, relevé dans le rapport de la MANUA sur la protection des civils dans les conflits armés paru en février 2018, et condamnant les attentats-suicides, souvent commis dans des zones densément peuplées, et les assassinats ciblés, en particulier de femmes et de filles, notamment de femmes occupant des postes de haut niveau ou promouvant les droits des femmes, ainsi que de journalistes,

Se disant gravement préoccupé également par la forte croissance de la culture, de la production, du commerce et du trafic de drogues illicites en Afghanistan, dont il est fait état dans l’Enquête sur la production d’opium en Afghanistan publiée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) le 15 novembre 2017, encourageant le Gouvernement afghan, appuyé par la communauté internationale et ses partenaires régionaux, à redoubler d’efforts, en application du principe de la responsabilité commune et partagée, pour lutter contre la production et le trafic de drogue dans le pays de façon équilibrée et intégrée, et conscient du rôle important que joue l’ONUDC à cet égard,

Réaffirmant que l’égalité des sexes et l’autonomisation, l’éducation, les droits fondamentaux et la pleine participation des femmes et des filles à la prise de décisions à tous les niveaux sont déterminants pour le maintien de la paix et de la sécurité en Afghanistan, exhortant à la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), et insistant sur la nécessité de protéger les défenseurs des droits des femmes,

Se déclarant profondément préoccupé par la situation humanitaire en Afghanistan, et soutenant le Gouvernement afghan dans le rôle essentiel qu’il joue pour ce qui est de procurer une assistance humanitaire à ses citoyens en coordination avec les organismes, fonds et programmes des Nations Unies qui assurent l’acheminement efficient et efficace de l’aide humanitaire, en application de l’initiative Unité d’action des Nations Unies,

1.    Accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général en date du 27 février 2018 (S/2018/165);

2.    Salue la détermination de l’Organisation des Nations Unies à collaborer durablement avec le Gouvernement et le peuple afghans, notamment durant toute la Décennie de la transformation, réaffirme son soutien sans réserve aux activités de la MANUA et du Représentant spécial du Secrétaire général, et insiste sur la nécessité de continuer à doter la MANUA de ressources suffisantes pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat;

3.    Prend note avec satisfaction des conclusions de l’examen stratégique de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan, des tâches qui lui sont confiées, des priorités définies et des ressources correspondantes et demande que les recommandations du Secrétaire général soient appliquées, notamment en vue d’aligner les tâches fonctionnelles dont s’acquitte la Mission à l’appui des efforts de paix sur la priorité accordée par le Secrétaire général à l’intégration de la prévention des conflits, du règlement des conflits et de la consolidation de la paix dans les trois piliers de l’action de l’Organisation des Nations Unies en Afghanistan, notamment à l’appui d’un dialogue intra-afghan visant à établir un cadre politique stable et sans exclusive;

4.    Décide de proroger jusqu’au 17 mars 2019 le mandat de la MANUA, tel que défini dans ses résolutions 1662 (2006), 1746 (2007), 1806 (2008), 1868 (2009), 1917 (2010), 1974 (2011), 2041 (2012), 2096 (2013), 2145 (2014), 2210 (2015), 2274 (2016), 2344 (2017), ainsi qu’aux paragraphes 6 et 7 ci-dessous;

5.    Considère que le mandat renouvelé de la MANUA appuie l’idée de voir l’Afghanistan assumer pleinement le contrôle et la prise en charge des domaines de la sécurité, de la gouvernance et du développement, conformément aux objectifs de la Décennie de la transformation (2015-2024) et aux accords que le pays a conclus avec la communauté internationale aux conférences internationales de Kaboul (2010), de Londres (2010 et 2014), de Bonn (2011), de Tokyo (2012) et de Bruxelles (2016) et aux sommets tenus par l’OTAN à Lisbonne (2010), à Chicago (2012), au pays de Galles (2014), à Varsovie (2016) et à Bruxelles (2017);

6.    Décide que la MANUA et le Représentant spécial du Secrétaire général, agissant dans les limites de leur mandat et dans le respect de la souveraineté afghane, ainsi que de la prise en main et de la direction du pays par les Afghans, continueront à piloter et coordonner les activités civiles internationales, en étroite coopération avec le Gouvernement afghan et conformément aux communiqués des Conférences de Londres, de Kaboul, de Tokyo et de Bruxelles et aux conclusions de la Conférence de Bonn, en s’attachant en particulier à réaliser les priorités suivantes:

a)    Apporter, si le Gouvernement afghan le demande et en étroite consultation avec lui, une aide sous forme de campagnes de communication et de bons offices au processus de paix dirigé et contrôlé par les Afghans, notamment en appuyant le Haut Conseil pour la paix et les activités qu’il mène et en proposant et facilitant, toujours en étroite consultation avec le Gouvernement afghan, la mise en œuvre de mesures de confiance, dans le cadre posé par la Constitution afghane et dans le plein respect de l’application des mesures et procédures définies dans ses résolutions 1267 (1999), 1988 (2011), 1989 (2011), 2082 (2012), 2083 (2012) et 2255 (2015), et dans toute autre résolution qu’il a adoptée sur la question;

b)    Apporter, à la demande des autorités afghanes, un appui à l’organisation des élections à venir en Afghanistan, notamment les élections législatives et les élections des conseils de district prévues pour 2018 et l’élection présidentielle prévue pour 2019, renforcer, à l’appui des efforts déployés par le Gouvernement afghan, tout particulièrement dans le domaine de la réforme électorale, la pérennité et l’intégrité du processus électoral et son ouverture à tous, comme convenu aux Conférences de Londres, de Kaboul, de Bonn, de Tokyo et de Bruxelles ainsi qu’au Sommet de Chicago, et offrir aux institutions afghanes participant au processus une aide au renforcement des capacités et une assistance technique, en étroites consultation et coordination avec le Gouvernement afghan;

c)    Promouvoir, en tant que coprésidents du Conseil commun de coordination et de suivi, une plus grande cohérence de l’appui offert par la communauté internationale à la concrétisation des priorités du Gouvernement afghan en matière de développement et de gouvernance, notamment en apportant un soutien à l’élaboration des programmes prioritaires nationaux et à la planification de leur exécution, en mobilisant des moyens, en coordonnant l’action des donateurs et organismes internationaux, en facilitant et coorganisant des rencontres sur les politiques de développement qui visent notamment à mettre en place des cadres de responsabilité mutuelle et à en assurer le suivi, et à promouvoir un échange d’informations et une analyse cohérents et la conception et la fourniture d’une aide au développement, dans le respect de la souveraineté afghane, ainsi que de la prise en main et de la direction du pays par les Afghans, et en orientant les contributions des organismes, fonds et programmes des Nations Unies sur la base du principe d’unité d’action des Nations Unies, en particulier pour ce qui est de la lutte contre les stupéfiants et des activités de reconstruction et de développement; en même temps, coordonner, toujours dans le respect de la souveraineté afghane, ainsi que de la prise en main et de la direction du pays par les Afghans, les activités des partenaires internationaux aux fins du suivi, en particulier grâce à l’échange d’informations, accorder la priorité aux efforts déployés pour accroître la part de l’aide au développement qui est fournie par l’intermédiaire du Gouvernement afghan, conformément aux engagements pris aux Conférences de Kaboul et de Tokyo, et appuyer l’action menée pour accroître la responsabilité mutuelle et la transparence ainsi que l’efficacité de l’utilisation de l’aide, conformément aux engagements pris aux Conférences de Kaboul, de Tokyo et de Bruxelles, y compris en ce qui concerne le rapport coût-efficacité;

d)    Soutenir la coopération régionale, en vue d’aider l’Afghanistan à se prévaloir de la place qu’il occupe au cœur de l’Asie pour promouvoir cette coopération et s’appuyer sur ce qui a déjà été réalisé pour faire avancer l’Afghanistan sur la voie de la stabilité et de la prospérité;

e)    Continuer, avec l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, de coopérer avec la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan et d’en renforcer les capacités, et de coopérer avec le Gouvernement afghan et les organisations non gouvernementales étrangères et afghanes concernées afin d’assurer le suivi de la situation des civils, de coordonner l’action menée pour assurer la protection des civils, de surveiller les lieux de détention, de promouvoir l’application du principe de responsabilité et d’aider à réaliser intégralement les libertés fondamentales et les dispositions relatives aux droits de l’homme inscrites dans la Constitution afghane et dans les traités internationaux auxquels l’Afghanistan est partie, en particulier ceux qui concernent le plein exercice des droits fondamentaux des femmes, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes;

f)    Se concerter et coopérer étroitement, selon qu’il conviendra, avec la mission non militaire Soutien résolu, dont la mise en place a été convenue par l’OTAN et l’Afghanistan, et avec le Haut-Représentant civil de l’OTAN;

7.    Demande à la MANUA et au Représentant spécial de redoubler d’efforts en vue d’améliorer la cohérence, la coordination et l’efficacité des organismes, fonds et programmes compétents des Nations Unies en Afghanistan sur la base du principe d’unité d’action des Nations Unies, en étroite coopération avec le Gouvernement afghan, de manière à optimiser l’efficacité collective de ces entités en pleine conformité avec le programme de réforme défini par le Gouvernement afghan, et de continuer de piloter, dans le plein respect de la souveraineté afghane, ainsi que de la prise en main et de la direction du pays par les Afghans, les efforts civils internationaux visant à renforcer le rôle des institutions afghanes afin qu’elles puissent s’acquitter de leurs responsabilités, en mettant tout particulièrement l’accent sur le renforcement des capacités dans les domaines clefs recensés par le Gouvernement afghan, l’objectif étant de passer progressivement à un système de mise en œuvre national reposant sur une stratégie claire et concrète en vue de transférer à l’Afghanistan, dans le cadre d’une transition fondée sur le respect de conditions acceptées de part et d’autre, la gestion et la maîtrise de tous les programmes et activités des Nations Unies, ce qui impliquera notamment un recours accru aux systèmes nationaux, dans les domaines prioritaires suivants:

a) Moyennant une présence adéquate de la Mission, à déterminer en pleine consultation et en étroite coopération avec le Gouvernement afghan, appui à l’action que mène celui-ci pour mettre en œuvre le Processus de Kaboul dans tout le pays, notamment grâce au renforcement de la coopération avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, conformément aux politiques gouvernementales;

b)    Appui à l’action menée par le Gouvernement afghan dans l’exécution de ses engagements, tels qu’ils ont été énoncés aux Conférences de Londres, de Kaboul, de Bonn et de Tokyo, pour améliorer la gouvernance et renforcer l’état de droit, y compris la justice transitionnelle, l’exécution du budget et la lutte contre la corruption dans tout le pays conformément au Processus de Kaboul et au Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie, l’objectif étant d’apporter les bienfaits de la paix et d’assurer des services de façon opportune et durable;

c)    Coordination et facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire, à l’appui du Gouvernement afghan, notamment, et dans le respect des principes humanitaires, en vue de renforcer les capacités du Gouvernement, y compris en apportant un soutien efficace aux autorités nationales et locales en matière d’assistance et de protection des déplacés, et de créer des conditions propices au retour volontaire et durable, dans la sécurité et la dignité, des réfugiés des pays voisins et autres et des personnes déplacées dans le pays, en accordant une attention particulière aux solutions favorisant le développement dans les zones accueillant un grand nombre de réfugiés et de déplacés;

8.    Demande à toutes les parties afghanes et autres internationales de se concerter avec la MANUA dans le cadre de l’exécution de son mandat et de l’action qu’elle mène pour promouvoir dans tout le pays la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies et du personnel associé;

9.    Souligne qu’il est crucial de pouvoir compter sur une présence ininterrompue et adéquate de la MANUA et des autres organismes, fonds et programmes des Nations Unies à l’échelon infranational, dans les provinces, à l’appui du Gouvernement afghan et en étroites consultation et coordination avec lui, pour répondre aux besoins et assurer la sécurité, sur la base du principe d’unité d’action des Nations Unies et conformément à l’objectif d’efficacité de l’ensemble du système des Nations Unies;

10.   Se félicite des efforts que ne cesse de déployer le Gouvernement afghan en vue de faire avancer le processus de paix, comme en témoignent notamment la création du Haut Conseil de la paix et des comités provinciaux pour la paix et la mise en œuvre du Programme afghan pour la paix et la réintégration, pour faciliter un dialogue sans exclusive mené et contrôlé par les Afghans sur la réconciliation et la participation politique, y compris la participation des femmes et des groupes de défense des droits des femmes, ainsi qu’il ressort du Communiqué de la Conférence de Kaboul consacré au dialogue avec tous ceux qui, dans le cadre de ce processus, renoncent à la violence, n’ont pas de lien avec des organisations terroristes internationales, respectent la Constitution et souhaitent participer à l’édification d’un Afghanistan pacifique, ainsi que des principes et des résultats détaillés découlant des conclusions de la Conférence de Bonn, et encourage le Gouvernement afghan à se prévaloir des bons offices offerts par la MANUA pour faciliter ce processus, le cas échéant, en appliquant pleinement les mesures et procédures définies dans ses résolutions pertinentes;

11.   Souligne que la MANUA a pour rôle d’appuyer, si le Gouvernement afghan le lui demande et en étroite consultation avec lui, un processus de paix sans exclusive mené et contrôlé par les Afghans, tout en continuant de suivre, notamment en collaboration avec la Commission afghane indépendante des droits de l’homme, les résultats du processus de paix susmentionné, compte tenu des engagements énoncés dans le Communiqué adopté à l’issue de la Conférence de Kaboul et les Conclusions de la Conférence de Bonn, et encourage la communauté internationale à appuyer les efforts déployés par le Gouvernement afghan à cet égard;

12.   Demande à tous les partenaires régionaux et internationaux de l’Afghanistan de poursuivre leur action en vue de soutenir la paix et la réconciliation dans le pays, dans le cadre du Processus de Kaboul pour la coopération en faveur de la paix et de la sécurité, engagé le 6 juin 2017 à Kaboul sous la direction du Gouvernement afghan, en s’efforçant d’entamer rapidement des pourparlers directs entre le Gouvernement afghan et les représentants autorisés des groupes talibans, et se félicite de la poursuite des efforts internationaux visant à promouvoir la paix et la stabilité en Afghanistan;

13.   Se félicite de l’adoption du Plan stratégique pour la paix et la réconciliation présenté par le Haut Conseil pour la paix afghan, demande qu’il soit effectivement appliqué, souligne que l’accord de paix qu’ont signé le Gouvernement afghan et le Haut Conseil pour la paix avec le Hezb-i-Islami le 29 septembre 2016 est une avancée importante dans l’action globale menée par le Gouvernement en faveur de la paix, et demande qu’il soit effectivement appliqué;

14.   Souligne l’importance qu’il attache à un développement démocratique durable de l’Afghanistan fondé sur des élections inclusives, transparentes et crédibles, se félicite à cet égard de l’organisation prochaine des élections législatives et des élections des conseils de district prévues pour 2018 ainsi que de l’élection présidentielle prévue pour 2019, conformément aux recommandations formulées à cet effet lors de conférences internationales et à l’engagement pris par le Gouvernement afghan d’améliorer encore le processus électoral, souligne qu’il importe d’accélérer les progrès à cet égard, et prie la MANUA de fournir, à la demande du Gouvernement afghan, une assistance aux institutions afghanes compétentes en vue d’appuyer l’intégrité du processus électoral et son ouverture à tous, y compris en prenant des mesures pour permettre aux femmes d’y participer pleinement en toute sécurité, en qualité tant d’électrices que de candidates;

15.   Accueille avec satisfaction le nouveau cadre national pour la paix et le développement en Afghanistan qui définit les priorités stratégiques du pays en vue d’atteindre l’autonomie, ainsi que la présentation de cinq nouveaux programmes nationaux prioritaires, concernant respectivement l’établissement d’une charte des citoyens, l’autonomisation économique des femmes, le développement urbain, l’agriculture et les infrastructures nationales, propres à améliorer les conditions qui permettront de progresser vers le développement durable et la stabilité, se félicite de l’appui à long terme de la communauté internationale à l’Afghanistan sur la base de la responsabilité mutuelle, ainsi qu’il est défini dans le Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie, et souligne qu’il importe au plus haut point de poursuivre la mise en œuvre progressive du programme de réforme et des programmes prioritaires nationaux, ainsi que la réalisation progressive des objectifs de développement et de gouvernance arrêtés dans le Cadre de responsabilité mutuelle;

16.   Demande aux organisations et donateurs internationaux ainsi qu’au Gouvernement afghan d’honorer les engagements qu’ils ont pris aux Conférences de Kaboul, de Bonn, de Tokyo, de Londres et de Bruxelles;

17.   Demande aux organismes des Nations Unies, ainsi qu’à la communauté internationale dans son ensemble, d’appuyer la mise en œuvre des réformes prévues par le Gouvernement afghan;

18.   Réaffirme que le Conseil commun de coordination et de suivi joue un rôle central, dans le respect de la souveraineté afghane, ainsi que de la prise en main et de la direction du pays par les Afghans, en assurant la coordination, la facilitation et le suivi de l’exécution du programme de réforme du Gouvernement afghan, et demande à tous les intéressés de renforcer leur coopération avec le Conseil commun à cet égard;

19.   Réaffirme qu’il importe de mettre en place un cadre global permettant de rendre le secteur de la sécurité afghan plus fonctionnel, plus professionnel et plus responsable, conformément à sa résolution 1325 (2000) et aux résolutions qui ont suivi sur les femmes, la paix et la sécurité, notamment la résolution 2242 (2015), en instaurant des procédures d’habilitation appropriées, en veillant à ce que les femmes soient pleinement mobilisées et participent à part entière, sur un pied d’égalité avec les hommes, à toutes les étapes de la réforme du secteur de la sécurité et en mettant l’accent sur la formation, notamment au sujet des droits des femmes et de l’enfant, afin d’appuyer la mise en œuvre du Plan d’action national afghan donnant suite à sa résolution 1325 (2000), et souligne l’importance de l’engagement à long terme pris par le Gouvernement afghan et la communauté internationale d’assurer la création d’une force de sécurité et de défense nationale afghane fonctionnelle, professionnelle et pérenne;

20.   Se félicite à cet égard que l’armée nationale afghane continue de se développer et soit de plus en plus à même de planifier et de mener des opérations et se déclare favorable aux efforts de formation et d’assistance qui continuent d’être faits, notamment grâce à l’apport de formateurs, de ressources et d’équipes consultatives, aux conseils qui sont donnés en vue d’une planification durable de la défense et à l’assistance fournie dans le cadre des initiatives de réforme de la défense;

21.   Prend note avec satisfaction de l’action que continuent de mener les autorités afghanes pour renforcer les capacités de la Police nationale afghane, invite à faire des efforts supplémentaires à cette fin, y compris à honorer l’engagement pris par le Ministère de l’intérieur et la Police nationale afghane d’élaborer une stratégie efficace et coordonnée visant à recruter plus de femmes au sein de la Police nationale afghane et à mieux les retenir, les former et renforcer leurs capacités, à mettre pleinement en œuvre le Plan d’action national afghan relatif à sa résolution 1325 et à poursuivre la mise en œuvre de leur stratégie de prise en compte de la problématique hommes-femmes, souligne l’importance de l’assistance internationale fournie sous forme d’un appui financier et d’un apport en personnel de formation et d’encadrement, et note qu’il importe, pour garantir sa sécurité à long terme, que l’Afghanistan dispose d’une force de police suffisante et capable;

22.   Se déclare de nouveau préoccupé par l’état de la sécurité en Afghanistan, en particulier par les actes de violence et les attentats perpétrés dans la région par les Taliban, notamment le Réseau Haqqani, ainsi que par Al-Qaida, les groupes affiliés à l’EIIL (Daech) et d’autres groupes terroristes, des groupes violents et extrémistes, des groupes armés illégaux, les criminels et les combattants terroristes étrangers, et, à ce propos, demande à tous les États d’intensifier leur coopération en matière de sécurité régionale et internationale afin de renforcer l’échange d’informations, les contrôles aux frontières, le maintien de l’ordre et la justice pénale en vue de mieux contrer la menace, notamment le retour des combattants terroristes étrangers;

23.   Condamne avec la plus grande fermeté tous les attentats visant des civils et les forces afghanes et internationales, qu’il s’agisse d’attentats commis à l’aide d’engins explosifs improvisés, d’attentats-suicides, d’assassinats ou d’enlèvements, qui nuisent à l’entreprise de stabilisation, de reconstruction et de développement de l’Afghanistan, et condamne également l’utilisation de civils comme boucliers humains par les Taliban, notamment le Réseau Haqqani, ainsi que par Al-Qaida, les groupes affiliés à l’EIIL (Daech), d’autres groupes terroristes, des groupes extrémistes violents et des groupes armés illégaux, souligne qu’il faut amener les auteurs, organisateurs, financiers et instigateurs de ces actes à en répondre et les traduire en justice et demande instamment à tous les États de coopérer activement à cet effet avec le Gouvernement afghan et toute autre autorité compétente, conformément aux obligations que leur imposent le droit international et ses résolutions pertinentes;

24.   Condamne fermement la poursuite des livraisons d’armes, notamment d’armes légères et de petit calibre, de matériel militaire et de composants d’engins explosifs improvisés aux Taliban, notamment au Réseau Haqqani, ainsi qu’à Al-Qaida, aux groupes affiliés à l’EIIL (Daech) et à d’autres groupes terroristes, à des groupes extrémistes violents, à des groupes armés illégaux et à des criminels, et encourage les États Membres à échanger des informations, à nouer des partenariats et à se doter de stratégies et de moyens leur permettant de lutter contre les engins explosifs improvisés;

25.   Condamne avec la plus grande fermeté tous les actes de violence commis à l’encontre d’agents diplomatiques et consulaires ou d’autres représentants de la communauté internationale en Afghanistan;

26.   Condamne fermement la poursuite des attaques contre le personnel humanitaire et les agents de l’aide au développement, et exhorte toutes les parties au conflit à respecter pleinement le droit international humanitaire, et à coopérer entièrement avec les organismes des Nations Unies et les autres organisations humanitaires et à garantir au personnel humanitaire un accès sûr, rapide et sans entrave aux populations civiles touchées, y compris les réfugiés et les déplacés, et la possibilité d’acheminer fournitures et matériel pour pouvoir remplir efficacement sa mission auprès de ces populations;

27.   Réaffirme que toutes les parties à un conflit armé doivent s’acquitter pleinement des obligations qui leur incombent en vertu du droit international, notamment du droit international humanitaire, d’assurer le respect et la protection des agents humanitaires et du personnel médical, de leurs moyens de transport et de leur matériel, ainsi que des hôpitaux et des autres installations médicales;

28.   Renouvelle son soutien au Gouvernement afghan et, en particulier, aux Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, dans leur mission de sécurisation du pays et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, et engage le Gouvernement afghan, aidé en cela par la communauté internationale, à continuer à faire face à la menace que font peser sur la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan les Taliban, notamment le Réseau Haqqani, ainsi qu’Al-Qaida, les groupes affiliés à l’EIIL (Daech) et d’autres groupes extrémistes violents, les groupes armés illégaux, les criminels et ceux qui se livrent à la production ou au trafic de stupéfiants;

29.   Souligne qu’une véritable coopération inter et intra-institutions des services de répression et de sécurité est un élément essentiel de toute stratégie efficace de lutte contre le terrorisme et encourage l’Afghanistan à renforcer encore la coordination, à la fois entre les organes chargés de l’application des lois et avec leurs homologues d’autres États, salue l’action qu’il continue de mener pour se doter d’une stratégie nationale globale et intégrée de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant déboucher sur le terrorisme, et l’exhorte, avec l’appui de la communauté internationale, à poursuivre l’élaboration de cette stratégie ainsi que des mécanismes efficaces de sa mise en œuvre, compte tenu de l’attention qu’il convient de porter aux conditions pouvant déboucher sur le terrorisme, conformément aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international, et rappelle les recommandations et les besoins d’assistance technique connexes recensés dans le rapport sur la visite ciblée du Comité contre le terrorisme en Afghanistan;

30.   Encourage la collaboration des populations locales et des organisations non gouvernementales compétentes ainsi que la participation et l’autorité des femmes et des organisations de femmes au titre de la formulation et de la mise en œuvre de stratégies de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant déboucher sur le terrorisme, notamment dans le cadre de la répression de l’incitation à commettre des actes terroristes, de la diffusion de messages visant à lutter contre la propagande et d’autres interventions pertinentes, et en renforçant leur capacité de le faire efficacement;

31.   Souligne l’importance des stratégies nationales pertinentes de poursuites, de réinsertion et de réintégration des combattants terroristes étrangers;

32.   Se félicite des résultats obtenus à ce jour dans l’exécution du Programme de lutte antimines pour l’Afghanistan, notamment la ratification du Protocole V relatif aux restes explosifs de guerre à la Convention de 1980 sur certaines armes classiques, et encourage le Gouvernement afghan, avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies et de toutes les parties intéressées, à poursuivre son action en vue d’enlever et de détruire les mines antipersonnel et antichars et les restes explosifs de guerre et de fournir une aide en vue de soigner les victimes et d’assurer leur réadaptation et leur réinsertion économique et sociale;

33.   Se dit préoccupé par le nombre toujours très élevé de victimes parmi les enfants et le recrutement et l’utilisation d’enfants en Afghanistan, notamment par des groupes terroristes et extrémistes, félicite le Gouvernement afghan d’avoir adopté une législation interdisant l’utilisation et le recrutement d’enfants dans ses forces armées et créé des unités locales de protection de l’enfance, et salue les progrès réalisés dans l’application du Plan d’action pour la prévention du recrutement de mineurs, souligne la nécessité de protéger les écoles et les hôpitaux, condamne de nouveau fermement toutes les violations et exactions commises contre des enfants dans des situations de conflit armé, et demande que les responsables soient traduits en justice, et, à cet égard, prie la MANUA de continuer à appuyer les efforts visant à renforcer la protection des enfants touchés par les conflits armés, y compris la collaboration avec le Gouvernement afghan afin de mettre pleinement en œuvre le Plan d’action et la Feuille de route, et les actions menées pour promouvoir la responsabilisation et lutter contre les autres violations et sévices, notamment la violence sexuelle contre les enfants, et prie le Secrétaire général de continuer à accorder la priorité aux activités et capacités de protection de l’enfance de la MANUA et de faire figurer dans ses rapports futurs la question des enfants et des conflits armés dans le pays, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité;

34.   Engage les États à renforcer leurs efforts ainsi que la coopération internationale et régionale pour parer à la menace que font peser sur la communauté internationale la production, le trafic, et la consommation de drogues illicites en provenance d’Afghanistan qui constituent une part substantielle des ressources financières des Taliban et de leurs associés et pourraient également profiter à Al-Qaida, l’EIIL (Daech) et d’autres groupes terroristes affiliés, et à agir conformément au principe de responsabilité commune et partagée de la résolution du problème de la drogue en Afghanistan, notamment grâce à la coopération dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants et les précurseurs, en mettant également l’accent sur l’importance de la coopération en matière de gestion des frontières, insiste sur la nécessité de renforcer l’appui régional et international au Plan afghan de lutte contre les stupéfiants, et salue l’action que continue de mener l’ONUDC pour doter le Ministère afghan de lutte contre les stupéfiants des moyens de le mettre en œuvre, apprécie les travaux menés au titre de l’Initiative du Pacte de Paris, de son processus dit « Paris-Moscou » et par ses partenaires, dont l’Union européenne, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l’Organisation du Traité de sécurité collective et l’Organisation de Shanghai pour la coopération, ainsi que l’action du Centre régional d’information et de coordination d’Asie centrale pour la lutte contre le trafic illicite de stupéfiants, de substances psychotropes et de leurs précurseurs, et encourage le Comité créé par la résolution 1988 (2011) et le Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) à continuer de s’intéresser aux liens entre le produit de la criminalité organisée, notamment la production illicite et le trafic de stupéfiants et de leurs précurseurs, et le financement, respectivement, des Taliban, notamment du Réseau Haqqani, de l’EIIL (également appelé Daech), d’Al-Qaida, et des personnes, groupes, entreprises ou entités qui leur sont associés;

35.   Souligne à nouveau combien il importe d’accélérer la mise en place d’une justice équitable et transparente, de mettre fin à l’impunité et de contribuer à l’affirmation de l’état de droit dans l’ensemble du pays, souligne qu’il importe de progresser encore sur la voie de la reconstruction et de la réforme du secteur pénitentiaire en Afghanistan afin que la légalité et les droits de l’homme y soient mieux respectés et que les organisations compétentes aient accès, le cas échéant, à toutes les prisons et à tous les lieux de détention en Afghanistan, accueille avec satisfaction le Plan national relatif à l’élimination de la torture ainsi que le Code pénal révisé et les initiatives du Gouvernement afghan visant à assurer la cohérence avec les obligations et les engagements internationaux de l’Afghanistan, souligne la nécessité de mettre pleinement en œuvre ces initiatives, invite le Gouvernement afghan à honorer l’engagement qu’il a pris de ratifier le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture, et demande que soit pleinement respecté le droit international, dont le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme;

36.   Salue les engagements que le Gouvernement afghan a pris dans le domaine de la lutte contre la corruption et se félicite à cet égard de la création du Haut Conseil de l’état de droit, de la gouvernance, de la justice et de la lutte contre la corruption, du Centre de justice anticorruption et de la Commission nationale des marchés publics, et de l’adoption de la stratégie nationale de lutte contre la corruption le 28 septembre, et appelle à sa mise en œuvre effective, encourage toutes les institutions afghanes, notamment les pouvoirs exécutif et législatif, à combattre la corruption et asseoir les principes de bonne gouvernance, se félicite des progrès accomplis à cet égard, et souligne que les initiatives nationales visant à appliquer les plans de lutte contre la corruption doivent être poursuivies et que la communauté internationale doit continuer à prêter son concours technique à cet égard;

37.   Demande que soient pleinement respectés et protégés les droits de l’homme et les libertés fondamentales, conformément au droit international, notamment le droit humanitaire international, sur tout le territoire afghan, et se dit préoccupé par les restrictions continues de la liberté des médias, y compris les attaques contre les journalistes perpétrées par des terroristes et des groupes extrémistes et criminels ainsi que par les informations faisant état de menaces contre des défenseurs des droits de l’homme, la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan, des personnalités religieuses ainsi que des enquêteurs, juges et procureurs;

38.   Demande de redoubler d’efforts pour garantir les droits des femmes et des filles et de veiller à ce qu’elles soient protégées contre la violence et les mauvais traitements, y compris contre la violence sexuelle et sexiste, et que les auteurs de ces actes en soient tenus responsables, et souligne qu’il importe de garantir une protection égale devant la loi et une égalité devant les tribunaux, conformément au droit international, et l’égalité d’accès à la justice, notamment par des objectifs mesurables et orientés vers l’action et l’intégration de compétences, de connaissances et de moyens d’action en matière d’égalité des sexes;

39.   Se félicite de la volonté du Gouvernement afghan de donner aux femmes une autonomie politique et économique, réaffirme à cet égard qu’il importe d’accroître leur participation pleine et effective à la prise de décisions, y compris dans les pourparlers de paix et les stratégies globales de consolidation de la paix aux niveaux national et infranational, lui demande de mettre pleinement en œuvre et de financer le Plan d’action national 1325, l’encourage à trouver de nouveaux moyens de promouvoir la participation des femmes au processus de paix dirigé et contrôlé par les Afghans, et sollicite l’appui de la MANUA à cet égard, et prie le Secrétaire général de continuer de donner dans ses rapports des informations pertinentes sur l’intégration des femmes à la vie politique, économique et sociale de l’Afghanistan et demande également aux membres de la communauté internationale de lui fournir une assistance en tant que de besoin;

40.   Réaffirme son soutien à l’action que mène actuellement l’Afghanistan au niveau régional, dans le cadre du Processus d’Istanbul sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan et des sommets de la Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan, salue les initiatives visant à renforcer la confiance et la coopération mutuelles, dont celles de l’Organisation de la coopération islamique, de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, y compris de son groupe de contact sur l’Afghanistan qui s’est réuni à Moscou le 11 octobre 2017, de l’Organisation du Traité de sécurité collective, de l’Association sud-asiatique de coopération régionale et de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie, ainsi que celles prises dans le cadre du dialogue de Moscou, du Groupe de coordination quadrilatérale composé de l’Afghanistan, de la Chine, du Pakistan et des États-Unis d’Amérique, du Sommet trilatéral sur l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan, du Sommet trilatéral sur l’Afghanistan, le Pakistan et la Turquie, du Sommet trilatéral sur l’Afghanistan, le Pakistan et le Royaume-Uni, du Dialogue des ministres des affaires étrangères de la Chine, de l’Afghanistan et du Pakistan et du Mécanisme quadrilatéral de coopération et de coordination dans la lutte contre le terrorisme constitué de l’Afghanistan, de la Chine, du Pakistan et du Tadjikistan;

41.   Salue les efforts déployés pour renforcer la coopération économique régionale, notamment les mesures prises pour faciliter les liaisons, le commerce et le transit au niveau régional, en particulier dans le cadre d’initiatives régionales de développement comme celles baptisées « Ceinture économique de la Route de la soie et Route de la soie maritime du XXIe siècle », de projets régionaux de développement comme le projet de construction d’une conduite de gaz naturel dans la zone Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, le projet pour le commerce et l’approvisionnement en électricité en Asie centrale et en Asie du Sud (CASA-1000), le projet de port de Chabahar entre l’Afghanistan, l’Inde et la République islamique d’Iran, l’accord pour la création du Couloir lapis-lazuli de transit, commerce et transport et le projet de lignes ferroviaires entre Aqineh et le Turkménistan et entre Hérat et Khawaf, et d’accords bilatéraux de commerce et de transit, d’une coopération consulaire élargie pour l’octroi de visas et de la facilitation des voyages d’affaires, et pour favoriser le commerce international, accroître les investissements étrangers et développer les infrastructures, notamment en ce qui concerne les raccordements, l’offre énergétique, les transports et la gestion intégrée des frontières, afin de promouvoir une croissance économique durable et la création d’emplois en Afghanistan et dans la région, et exhorte à cet égard toutes les parties prenantes à garantir l’instauration d’un climat sûr, propice à la pleine mise en œuvre de ces initiatives de développement et accords commerciaux;

42.   Rappelle que la coopération régionale en matière de sécurité est essentielle pour maintenir la stabilité en Afghanistan et dans la région, salue les progrès accomplis par l’Afghanistan et les partenaires régionaux dans ce domaine, et invite l’Afghanistan et les partenaires et organisations régionaux à continuer de s’employer à affermir leurs partenariats et leur coopération, notamment pour renforcer les capacités des forces de sécurité afghanes et améliorer la sécurité dans la région;

43.   S’inquiète que le nombre de déplacés et de réfugiés afghans reste important, invite vivement le Gouvernement afghan à redoubler d’efforts pour garantir la protection de toutes les personnes déplacées conformément à la politique nationale en la matière, et en faisant du rapatriement librement consenti, en toute sécurité et dans la dignité, et de la réinsertion des réfugiés afghans, l’une de ses plus hautes priorités nationales, encourage tous les efforts qu’il déploie pour mettre en œuvre cet engagement, et demande que la communauté internationale poursuive et renforce son aide à cet égard;

44.   Prie le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois un rapport sur l’évolution de la situation en Afghanistan dans lequel seront évalués les progrès réalisés au regard des critères définis pour mesurer et suivre l’avancement de la mise en œuvre du mandat, y compris au niveau infranational, et des priorités de la MANUA définies dans la présente résolution;

45.   Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations

M. TADAMICHI YAMAMOTO, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, s’est dit impressionné par la résilience des femmes afghanes, qui jouent un rôle crucial pour maintenir la cohésion de la société.  Il a souligné le succès du Processus de Kaboul qui s’est déroulé il y a une semaine, ajoutant que toutes les parties concernées, y compris les Taliban, ont agréé l’idée qu’un règlement politique négocié est la seule manière de mettre fin au conflit.  Le Président Ashraf Ghani a fait une proposition de paix aux Taliban sans conditions préalables et esquissé une voie pour des négociations en prenant une série de mesures concrètes pour créer l’espace propice à l’ouverture de pourparlers, a-t-il dit.  « L’offre de négociation est sur la table », a-t-il noté, ajoutant qu’il incombe désormais aux Taliban de faire leur propre proposition et d’entamer des pourparlers directs avec le Gouvernement.  Il a estimé que l’argument des Taliban, selon lequel ils ne parleront pas au Gouvernement parce que le conflit n’oppose pas des parties afghanes, déforme la réalité.  Des dizaines de milliers d’Afghans sont tués et blessés chaque année en raison d’affrontements entre les Taliban et les forces gouvernementales, a-t-il argué.

M. Yamamoto a déclaré qu’un processus de paix a davantage de chance de réussir lorsque les femmes font partie des négociations, saluant à cet égard l’intention du Président afghan de les inclure.  Faire la paix demande du courage, de la détermination et l’unité de la nation, a-t-il dit.  À ce titre, le Représentant spécial s’est dit préoccupé par certaines actions susceptibles de nourrir les tensions sociales et a exhorté les dirigeants afghans à mettre l’intérêt du pays au-dessus de toute considération partisane.  L’impasse politique persistante autour de la province de Balkh doit être réglée rapidement grâce à une solution négociée, a-t-il déclaré, en espérant que cette situation ne sape pas l’autorité du Gouvernement.  M. Yamamoto a souligné l’importance de la tenue des élections parlementaires en 2018 et de l’élection présidentielle en 2019.  La Commission électorale indépendante travaille d’arrache-pied mais le calendrier est serré, a-t-il reconnu en précisant que, selon la déclaration du Président de la Commission, les élections devraient être reportées au-delà de leur date prévue de juillet 2018 mais devraient se dérouler cette année.  Il a appelé les autorités à intensifier leurs efforts en vue de permettre à tous les Afghans éligibles de voter en leur délivrant notamment une carte d’identité.  Nous travaillons étroitement avec la Commission en appuyant ses opérations et en la conseillant sur ses décisions afin de dissiper le scepticisme qui entoure le processus électoral, a-t-il indiqué en relevant cependant que « ce scepticisme demeure profond ».

M. Yamamoto a salué l’entrée en vigueur d’un nouveau code pénal, ainsi que l’adoption par le Cabinet afghan d’un amendement destiné à protéger juridiquement les femmes de toute violence.  Il a précisé que plus de 1 200 femmes, l’année dernière, avaient été tuées et blessées lors d’attaques et d’affrontements, avant de se dire préoccupé par l’augmentation du nombre de victimes civiles causées par l’État islamique d’Iraq et du Levant – province du Khorassan.  Ce dernier a élargi sa présence géographique dans le nord du pays depuis son bastion dans l’est, a-t-il averti.

Abordant la question des réfugiés et personnes déplacées, le Représentant spécial a indiqué que 1,5 million d’entre eux étaient revenus en Afghanistan en 2016 et 2017, mettant en difficulté les services sociaux du pays.  Il est probable que des centaines de milliers d’Afghans soient contraints de quitter le Pakistan cette année pour revenir dans leur pays, a-t-il dit, en soulignant la responsabilité des autorités de les prendre en charge.  M. Yamamoto a salué l’inauguration de la construction en Afghanistan du gazoduc traversant le Turkménistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde, « un succès de la coopération régionale ».  Enfin, M. Yamamoto a noté les tâches importantes de la MANUA cette année, en particulier l’appui aux efforts de paix et à la lutte contre la corruption. 

Mme HABIBA SARABI, du Haut Conseil pour la paix de l’Afghanistan, s’est dite honorée d’avoir l’occasion de représenter les femmes afghanes devant le Conseil de sécurité.  La vie des femmes afghanes a connu des changements « remarquables » depuis 17 ans, s’est félicitée Mme Sarabi, en citant aussi bien leurs efforts constants que la Constitution du pays, qui leur a permis de prendre part aux débats politiques et sociaux du pays.  Elle a rappelé que l’Afghanistan avait adhéré à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et adopté la loi sur l’élimination de la violence contre les femmes.  Aujourd’hui, des femmes occupent des postes importants dans l’administration nationale et provinciale, y compris 242 procureures et 300 juges, a-t-elle relevé, notant aussi que les filles représentent 40% des enfants scolarisés.

Signe des progrès réalisés par les femmes dans le monde des affaires, une chambre de commerce des femmes a été mise sur pied pour soutenir les petites et moyennes entreprises.  Mme Sarabi a également souligné la participation des femmes au processus de paix, notamment au sein du Haut Conseil pour la paix, qui reconnaît qu’il ne peut y avoir de paix sans une participation significative des femmes. 

S’agissant du second Processus de Kaboul, elle a souligné que le Président afghan était ouvert à la reconnaissance des Taliban comme parti politique, à la condition qu’ils s’engagent à respecter l’état de droit et les droits des femmes, conformément à la Constitution.  En conclusion, Mme Sarabi a déclaré que le respect des droits des femmes est une condition préalable à tout dialogue pour la paix et la réconciliation. 

Mme MARIAM SAFI, Directrice exécutive d’Organization for policy Research and Developement studies (DROPS), a fait état de nombreux progrès accomplis depuis 2001, marqués notamment par l’émergence d’une nouvelle génération active de jeunes, la représentation des femmes dans tous les secteurs de la société afghane et le renforcement d’un système démocratique de gouvernance.  Et, pourtant, a-t-elle ajouté, malgré les engagements pris en 2014 dans le cadre d’un code de conduite sur la protection des civils, les Taliban ont continué de lancer des attaques dans les zones fortement peuplées sans tenir compte des civils.  Elle a imploré le Conseil de sécurité de veiller à ce que la justice de transition ne soit pas mise en cause dans le cadre de la recherche de la paix et de la réconciliation.  L’accord de paix signé avec le Hezb-i-Islami en septembre 2016 montre que la paix est possible en Afghanistan, a-t-elle estimé, mais elle a fait aussitôt observer qu’il montrait aussi que les acteurs pouvaient facilement mettre de côté le besoin d’une réconciliation communautaire, exclure les femmes et la société civile et prendre des mesures qui renforcent la culture de l’impunité.

Pour Mme Safi, si les questions de sécurité restent la principale préoccupation, elles ne sont pas la seule cause de désespoir pour les Afghans.  L’insécurité et l’instabilité politique sont liées et contribuent toutes deux à l’émigration des Afghans.  Pour la première fois, on voit de jeunes Afghanes entreprendre le périlleux voyage vers l’étranger, a-t-elle remarqué.  

Rappelant « l’offre de paix » présentée la semaine dernière aux Taliban par le Gouvernement afghan dans le cadre de la deuxième session du Processus de Kaboul, Mme Safi a fait observer qu’il existait un large consensus au sein de la population afghane sur le besoin de paix, mais aussi de grandes différences sur le meilleur moyen d’y parvenir.  Les différences portent notamment sur le mouvement opportun pour de telles négociations, les lignes rouges à ne pas franchir dans les négociations, le devenir de la justice en cas d’accord, les droits des femmes, la participation des femmes aux négociations, l’après-accord et le sens même de la paix pour les différents secteurs de la société afghane.  Mme Safi a en particulier rappelé que, pour les femmes afghanes, il était absolument nécessaire que l’État définisse le type de paix qui doit résulter des négociations.  Les femmes estiment en effet que leurs droits sont intimement liés aux résultats du processus de paix et ne veulent pas que 17 années de progrès soient considérées comme négociables.  Or, elles craignent notamment que la réintégration des anciens combattants, surtout dans les zones rurales, ne résulte en de nouvelles violences contre les femmes, y compris à titre de représailles. 

Mme Safi a également dénoncé les revers dans la mise en œuvre du plan d’action national adopté par le Gouvernement dans le droit fil de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, estimant que la voix des femmes dans les processus de prise de décisions était souvent symbolique et qu’il existait une grande différence entre la rhétorique sur l’appropriation locale et la réalité.  En outre, le Gouvernement afghan reste faible, du fait de son manque de financements.  Mme Safi a appelé le Conseil de sécurité à suivre de très près tout éventuel amendement à la Constitution afghane dans le cadre du processus de paix.  Le passé nous enseigne qu’un appui à un processus de paix mené par les Afghans ne suffira pas à lutter contre le terrorisme, a-t-elle averti, avant de demander au Conseil de sécurité et à la communauté internationale de persuader le Pakistan de participer réellement à tous les efforts de lutte contre le terrorisme et de soutenir le dialogue afghan pour la paix. 

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a indiqué que les groupes terroristes, malgré les efforts pour les démanteler, demeuraient une menace pour le pays.  Comme points positifs, il a mentionné le processus de dialogue national en cours en Afghanistan autour de questions cruciales pour l’avenir du pays, le succès des efforts de paix et la préparation des prochaines élections cette année.  Saluant la récente visite effectuée par le Conseil de sécurité dans son pays, M. Saikal a rappelé la requête de son gouvernement de voir le Conseil résoudre les problèmes du parrainage des groupes terroristes et des sanctuaires régionaux dont ces derniers bénéficient.  Il a salué les récentes mesures visant à promouvoir une véritable coopération antiterroriste.  La réduction de l’aide accordée à l’État concerné et son inclusion sur la liste de surveillance du Groupe d’action financière (GAFI) est une tentative renouvelée d’encourager une action véritable afin de vaincre le terrorisme, a-t-il déclaré.  Le représentant a déploré cependant que, quelques jours seulement après la visite du Conseil, les parrains régionaux du terrorisme ont déclenché une nouvelle vague d’attaques terroristes.  Il a dénoncé en particulier la sauvagerie de la récente attaque conduite par le réseau Haqqani des Taliban contre l’hôtel Intercontinental à Kaboul.  « Quand est-ce que les parrains régionaux de ces attaques rendront-ils des comptes? » a-t-il demandé.

Le délégué a noté la proposition sans précédent faite par le Président Ghani aux Taliban, pour des pourparlers directs sans conditions.  Si les Taliban répondent positivement, ils pourront alors devenir des citoyens comme les autres et être autorisés à s’engager dans la vie politique dans le respect des règles de la démocratie, en bénéficiant d’une levée des sanctions prises contre eux par le Conseil, a-t-il dit.  « En échange, ils doivent abandonner la violence », a-t-il demandé, en les exhortant à saisir cette chance historique. 

Le délégué a dénoncé les tentatives des parrains régionaux du terrorisme visant à déformer la réalité en ce qui concerne leurs agissements.  Pour répondre « aux preuves irréfutables de leur complicité dans l’appui donné aux groupes terroristes », ces parrains accusent l’Afghanistan d’offrir à ces groupes des sanctuaires régionaux, a-t-il déclaré.  « Ces parrains régionaux exploitent la dynamique démocratique en Afghanistan pour semer la discorde et présentent leurs attaques terroristes savamment orchestrées comme une guerre civile », a-t-il accusé.  « À la lumière des attaques terroristes perpétrées dans le monde, le temps est venu d’ouvrir le débat sur le parrainage régional des groupes terroristes exportés dans notre pays. » 

Pour M. Saikal, l’objectif du Processus de Kaboul n’est pas seulement de parler aux Taliban: ce processus vise à mettre fin au conflit, à parvenir à la paix et à préserver l’ordre démocratique.  « Les Taliban ne devront pas être autorisés à faire un mauvais usage de l’opportunité actuelle comme ils ont pu le faire par le passé. » 

Le représentant afghan a ensuite réaffirmé l’engagement de son gouvernement d’œuvrer à l’autonomisation des femmes et souligné le grand nombre de femmes occupant des postes de ministres, de parlementaires et d’ambassadeurs.  Il a salué le renouvellement du mandat de la MANUA, avant de dire que la lutte contre le trafic de stupéfiants est l’une des priorités de son pays.  Les saisies d’opium ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2012, a-t-il donné en exemple.  Enfin, M. Saikal a demandé le financement du plan de réponse humanitaire commun en faveur des réfugiés pour les années 2018 à 2021.  En 2018, 437 millions de dollars sont nécessaires pour apporter une aide à 2,8 millions de personnes dans le besoin, a-t-il signalé.

Mme SIGRID KAAG, Ministre du commerce international et de la coopération au développement des Pays-Bas, a rappelé l’importance de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité du 31 octobre 2000 et le rôle que les Pays-Bas, alors membre du Conseil, avaient joué pour son adoption.  Ce texte, a-t-elle ajouté, est un cadre politique qui montre clairement que, sans les femmes, la paix n’a aucune chance, mais aussi qu’il est de la responsabilité des femmes d’apporter la paix.  La Ministre a ensuite noté que l’Afghanistan faisait partie de la minorité de pays qui avaient adopté un plan national d’action pour assurer la mise en œuvre de la résolution, mais elle a regretté le grand fossé qui existe dans ce pays entre les normes mises en place en faveur des femmes et l’amère réalité.  Ainsi, a relevé Mme Kaag, il existe trop peu de négociations de paix dans lesquelles les femmes jouent un rôle actif.  En outre, la résolution 1325 ne concerne pas seulement la participation des femmes, mais aussi leur protection contre les violences sexuelles et sexistes en situation de conflit.

Mme Kaag a estimé qu’il existait clairement des raisons d’espérer pour les femmes afghanes, rappelant notamment qu’elles avaient obtenu le droit de vote en 1919, et qu’il existait aujourd’hui 250 femmes juges et 68 députées.  Mais, a-t-elle ajouté, si de nombreuses femmes afghanes montrent qu’avec du courage et de la persévérance, presque tout est possible, trop d’autres vivent dans une situation si difficile qu’elle en est insurmontable sans notre aide.  S’il est clair que de nombreux progrès ont été réalisés depuis la chute du régime des Taliban, beaucoup de ces réformes restent fragiles et le pays continue de connaître de nombreux défis, a-t-elle noté en citant les attaques violentes, la pauvreté, la corruption, la discrimination et le manque d’opportunités pour les jeunes. 

La Ministre a rappelé qu’il ne pouvait y avoir de paix sans négociations inclusives menées par le Gouvernement afghan et estimé qu’à cette fin, le Processus de Kaboul constitue l’instrument adéquat.  Pour Mme Kaag, la communauté internationale doit pour sa part concentrer son énergie à soutenir les pourparlers de paix, car la solution est politique.  Les pays donateurs doivent en outre unir leurs efforts, alors que, trop souvent, ils ont des objectifs parallèles, voire conflictuels.  Il faut aussi une approche qui intègre la sécurité mais aussi le développement et les droits de l’homme, ce qui exige de la créativité.  Les Pays-Bas entendent être un partenaire constructif et fiable pour l’Afghanistan, comme ils le sont depuis 17 ans, notamment en soutenant le Fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan, a assuré la Ministre qui a conclu son intervention en saluant la décision du Secrétaire général d’accueillir à Genève une conférence ministérielle sur l’Afghanistan le 28 novembre prochain. 

Mme ANNIKA SÖDER, Ministre adjointe des affaires étrangères de la Suède, a souligné l’importance de la participation des femmes comme agents électoraux, électrices et candidates au moment où l’Afghanistan se prépare à des élections en 2018 et 2019.  La Ministre a souhaité que le Gouvernement et les organes de gestion des élections prévoient les étapes nécessaires pour développer et mettre en œuvre des plans pour garantir la sécurité et la tenue d’élections sensibles au genre, afin de créer un environnement dans lequel les femmes et les hommes peuvent concourir à des postes électifs, mener librement des campagnes et voter.

Mme Söder a ensuite suggéré quatre domaines d’action où des efforts intensifiés pourraient faire la différence pour les Afghanes, le premier étant l’accès sûr aux soins de santé et à l’éducation, et le deuxième, l’investissement dans les femmes.  L’Afghanistan est l’un des deux pays d’Asie du Sud à avoir un plan national d’action pour les femmes, la paix et la sécurité, a-t-elle fait remarquer en appelant à fournir des ressources humaines et financières adéquates pour sa mise en œuvre.  En troisième lieu, elle a salué les efforts du Gouvernement pour prévenir la violence contre les femmes, l’encourageant à veiller à ce que toute la législation sur cette question soit intégrée dans le Code pénal.  La Ministre a exprimé à ce propos son soutien à l’organisation « Women for Afghan Women » qui travaille à la création d’un système national de prévention de la violence sexiste.  Enfin, elle a plaidé pour que les femmes soient présentes dans toutes les sphères de la société afghane, jugeant encourageante l’augmentation sensible du nombre de femmes au sein de la police et de l’armée.  La Ministre a salué en passant la nouvelle loi contre le harcèlement, en demandant qu’elle soit entièrement appliquée. 

Mme RUTH ANDREYEVA (Royaume-Uni) s’est réjouie de voir autant de femmes présentes au Conseil aujourd’hui.  Les femmes ont un rôle clef à jouer pour assurer l’avenir du pays, a-t-elle dit.  Elle a salué la révision du Code pénal afghan qui protège davantage les femmes et souhaité sa pleine mise en œuvre pour une bonne reddition de comptes des actes de violence commis contre elles.  La présence de la MANUA est essentielle, a-t-elle aussi déclaré en souhaitant la mise en œuvre de l’examen stratégique de la Mission afin de la rendre plus efficace.  La représentante s’est d’ailleurs félicitée que cet aspect figure dans la résolution adoptée aujourd’hui.

Mme Andreyeva a souligné la nécessité d’un processus politique dirigé par les Afghans eux-mêmes, avant de saluer « l’offre audacieuse » faite par le Président Ghani, offre qui donne la possibilité aux Taliban de s’intégrer dans la société afghane.  Elle a en revanche déploré que cet aspect n’ait pas pu être inclus dans la résolution.  Enfin, la déléguée britannique a jugé cruciale la tenue des prochaines élections pour la stabilité du pays et demandé l’achèvement rapide de l’inscription des électeurs sur les listes électorales. 

M. MA ZHAOXU (Chine) a rappelé le rôle que les femmes jouent pour la paix dans le monde, y compris celles qui servent comme Casques bleus dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Il a ensuite rappelé l’importance de la paix en Afghanistan pour la région tout entière.  C’est pourquoi, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit continuer d’appuyer ce pays, pour l’aider à relever ses défis politiques, économiques et de développement.  La résolution qui vient d’être adoptée par le Conseil de sécurité indique que toutes les parties doivent pouvoir bénéficier de l’initiative des Routes de la soie, a fait observer le représentant.  La Chine continuera de travailler avec toutes les parties pour que l’Afghanistan puisse tirer pleinement parti de tous ces atouts et participer à l’intégration régionale.

Par ailleurs, la réconciliation nationale étant essentielle, la Chine appuie le processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes et a participé à ce titre à la deuxième réunion du Processus de Kaboul en février, a dit le représentant en assurant que son pays était prêt à se joindre à la communauté internationale pour contribuer à la création d’un climat propice à des pourparlers de paix entre le Gouvernement et les Taliban.  Le représentant a également rappelé que son pays avait accueilli le dialogue des Ministres des affaires étrangères de l’Afghanistan et du Pakistan, avant de mentionner le rôle de l’Organisation de coopération de Shanghai et de se féliciter du travail de la MANUA. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souligné les efforts louables du Gouvernement afghan pour promouvoir la stabilité du pays.  En même temps, il s’est dit préoccupé par la persistance de la violence en Afghanistan et a condamné les récentes attaques terroristes.  Le délégué a également souligné la nécessité de lutter contre la corruption et contre le trafic de stupéfiants.

Le représentant a ensuite demandé la tenue d’élections inclusives et justes en 2018 et 2019, espérant qu’elles voient une participation élevée des femmes et des jeunes.  En cette journée du 8 mars, le représentant a rappelé, en conclusion, qu’une participation accrue des femmes permettait de renforcer la résilience d’une société et d’accroître les chances de succès d’un processus de paix. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a rappelé que les femmes et les enfants constituaient la partie la plus vulnérable de la société afghane, et pris note des efforts consentis par le Gouvernement afghan, qui notamment met en application sa loi sur l’élimination de la violence à l’encontre des femmes ainsi que les dispositions de la résolution 1325 (2000).  Elle a misé sur le plan national d’action à long terme pour promouvoir une participation effective des femmes au processus de paix.  Pour l’Éthiopie, la stabilité en Afghanistan ne sera obtenue que par le biais d’un processus inclusif de réconciliation et un processus politique menés par les Afghans eux-mêmes.  C’est pourquoi elle juge positive l’offre de paix présentée par le Gouvernement aux Taliban dans le cadre du Processus de Kaboul, souhaite que la réponse de ces derniers soit positive et que s’engagent des pourparlers directs.  L’Éthiopie rappelle en outre que les acteurs internationaux et régionaux ont un rôle clef à jouer et se félicite donc de la déclaration du 28 février, qui soutient le Processus de Kaboul tout en réaffirmant son engagement à lutter contre le terrorisme.

Mme Guadey s’est inquiétée des tensions entre la présidence et le parti Jamiat-e-Islami, qui pourrait saper l’unité nationale, et a appelé les acteurs concernés à résoudre pacifiquement leurs différends, afin de pouvoir concentrer leurs efforts sur les multiples défis auxquels le pays reste confronté.  Elle a également jugé très important que les prochaines élections parlementaires et locales puissent se tenir à la date prévue, et a noté les progrès réalisés dans leur préparation, progrès qu’il faut accélérer.  La représentante a jugé essentiel que la communauté internationale apporte un soutien coordonné et global au pays pour lui permettre de mener ses réformes politiques et ses priorités en matière de développement, comme prévu dans le cadre national afghan pour la paix et le développement.  Enfin, elle s’est félicitée de la prorogation à l’unanimité du mandat de la MANUA. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a apporté son plein soutien au travail de la MANUA.  Elle a dit considérer le Processus de Kaboul comme un cadre prospectif permettant de réunir un grand nombre d’acteurs internationaux et régionaux, y compris les Nations Unies et l’Union européenne.  Dans ce contexte, elle a appelé le Gouvernement afghan à mettre en place, après consultation des femmes membres du Haut Conseil pour la paix, des procédures claires concernant la participation des femmes à tous les stades des négociations de paix avec les Taliban et d’autres acteurs du conflit.  Le combat contre les Taliban affecte les femmes, qui représentent 12% des victimes civiles liées au conflit, a rappelé la représentante, qui a également fait observer que le premier signe de la présence de Taliban était la fermeture des écoles aux filles et la réclusion des femmes. 

Mme Wronecka a rappelé que les femmes ne jouaient pas encore un rôle suffisamment important dans les processus de décision, même si leur proportion au sein du Haut Conseil pour la paix a augmenté jusqu’à représenter 20%.  Dans les vraies négociations, la voix des femmes est encore absente, a-t-elle regretté, tout en reconnaissant les efforts du Gouvernement pour renforcer leur présence dans la police et le secteur de la sécurité.  Ainsi, a-t-elle rappelé, aucune femme ne siège au Conseil national de sécurité, où la plupart des grandes décisions politiques et de sécurité sont prises.  La représentante a donc salué le rôle joué par les Nations Unies et notamment ONU-Femmes pour aider le Gouvernement afghan à donner davantage de pouvoir aux femmes.  Elle a aussi mis en avant les engagements pris en la matière lors du Sommet de Varsovie de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en 2016.

Après avoir rappelé le soutien de la Pologne aux activités de la MANUA visant à limiter le nombre des victimes civiles, et notamment des enfants, la représentante a mis l’accent sur les graves conséquences de la forte augmentation de la production et du trafic des drogues illicites en Afghanistan.  Elle a appelé le Gouvernement afghan et ses partenaires à renforcer leurs efforts de lutte contre ce fléau.  Enfin, elle a estimé que les prochaines élections parlementaires et locales constituaient une tâche importante pour le Gouvernement, qui doit veiller à un scrutin inclusif et transparent.  Elle a encouragé la MANUA à apporter son soutien au Gouvernement dans ce domaine, insistant pour qu’une des priorités du scrutin soit une forte participation des femmes, tant comme électrices que comme candidates. 

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a condamné la série d’attaques meurtrières qui ont endeuillé récemment l’Afghanistan, évoquant notamment les trois attentats qui ont eu lieu le 20 et le 27 janvier à Kaboul et à Jalalabad.  Il s’est félicité de la tenue, le 28 février, de la deuxième réunion du Processus de Kaboul, y voyant une étape importante sur la voie de la paix et de la réconciliation en Afghanistan.  De même, il a vu la « main tendue » du Président Ashraf Ghani aux Taliban comme un pas décisif vers des négociations franches entre ces derniers et le Gouvernement.  Le représentant a par ailleurs encouragé les parties prenantes afghanes à un dialogue ouvert sur la base des acquis de la Constitution de 2004, notamment le respect des droits des femmes. 

Évoquant ensuite la célébration de la Journée internationale consacrée aux droits des femmes, M. Tanoh-Boutchoué a rendu un hommage appuyé aux femmes afghanes pour leur importante contribution au processus de réconciliation et aux efforts de paix dans leur pays.  Il a appelé le Conseil de sécurité à donner aux femmes afghanes les moyens dont elles ont besoin pour consolider leur place au sein de la société et leur participation aux initiatives en faveur de la paix, tout en renforçant la protection de leurs droits.  Il a salué le lancement, en 2015, par le Gouvernement afghan, du plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325, avant de plaider en faveur de la mise en place d’un mécanisme de financement de ce plan.

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a salué le renouvellement du mandat de la MANUA avec l’espoir qu’elle s’acquitte de ses tâches le plus efficacement possible.  Elle a salué la proposition audacieuse faite récemment par le Gouvernement afghan et exhorté les Taliban à y répondre favorablement.  « La porte de la paix est ouverte », a-t-elle dit.  Elle a ensuite déclaré que les Taliban ont l’obligation de dire comment ils comptent s’intégrer à une société afghane démocratique, où le respect des droits des femmes est de mise.

La représentante a par ailleurs exhorté les pays voisins à aider à mettre fin au conflit en Afghanistan, jugeant non satisfaisante la situation actuelle.  Elle a exhorté le Gouvernement afghan à continuer d’accroître le rôle des femmes dans la société, avant d’appeler à la tenue d’élections justes et inclusives en 2018 et 2019.  « Ces élections sont vitales », a-t-elle dit.  Enfin, la déléguée s’est félicitée des nombreux signes de progrès détectés dans le pays et promis l’appui des États-Unis pour les préserver. 

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a dit apprécier le rôle crucial joué par la MANUA et toutes les agences des Nations Unies dans leur appui au peuple afghan et en faveur de la paix et la réconciliation, ainsi que dans les efforts visant à améliorer l’inclusivité des processus électoraux et une meilleure coordination de l’assistance internationale à l’Afghanistan.  Tout en se félicitant d’une baisse en 2016 des pertes humaines dans la population civile, elle s’est dite alarmée par leur niveau ainsi que par les attentats commis depuis le début de l’année.  Elle a appelé toutes les parties concernées à prendre des mesures pour protéger les civils et notamment les femmes et les enfants.  Rappelant que les violences sexuelles et sexistes en Afghanistan continuaient de préoccuper le monde, elle a apprécié l’entrée en vigueur du nouveau Code pénal et de la loi sur l’élimination des violences contre les femmes, en ajoutant qu’il fallait veiller à leur bonne application. 

La représentante a salué les efforts du Gouvernement afghan en faveur de la paix, en particulier son offre de paix du 28 février dernier.  Mais elle a déploré la faible présence de femmes dans les négociations de paix de haut niveau, ainsi que leur présence toujours limitée dans les organes de l’État.  Elle a estimé que le temps était venu de donner aux femmes leur pleine part, notamment dans le cadre de la mise en œuvre du  Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit que le 8 mars est un jour férié en Russie, pendant lequel les femmes se reposent.  Il s’est dit très préoccupé par la situation en Afghanistan et notamment par la récente série d’attaques terroristes qui ont frappé le pays.  La présence de Daech est un facteur majeur de déstabilisation, a-t-il observé, en déplorant la présence de camps d’entraînement de Daech dans le pays par lesquels passent des citoyens russes et d’Asie centrale.  Il a souligné l’importance de la présence de l’ONU dans le pays, même si la MANUA n’est pas la panacée.  Il a souhaité que la Mission s’acquitte de ses missions le plus efficacement possible.

Le délégué russe a ensuite déploré que les préoccupations de son pays concernant la présence de Daech aient été ignorées lors des négociations.  La production d’opium a atteint un niveau sans précédent, a-t-il poursuivi, en demandant des efforts accrus pour lutter contre le trafic de stupéfiants.  Il a demandé de ne pas miser uniquement sur la pression militaire pour œuvrer à la réconciliation du pays, a-t-il dit, en demandant une solution politique négociée.  Enfin, il a insisté sur la dimension régionale du conflit afghan, avant d’appeler à la bonne tenue des élections prévues en 2018 et 2019.  Il faut éviter de polariser la société afghane, a-t-il déclaré, en appelant à une bonne concertation entre tous les acteurs. 

Mme CARLA CECILIA CARDONA MOSCOSO (Bolivie) a expliqué que, dans son pays, les femmes étaient un symbole de vitalité et de force.  Les femmes afghanes méritent des hommages à d’autres occasions que le 8 mars et elles devraient surtout pouvoir jouer un rôle dans la vie du pays et bénéficier de mesures concrètes, d’autant que, sans une participation minimale des femmes, la paix est impossible.  La représentante s’est toutefois dite très préoccupée par la hausse du nombre d’incidents violents depuis le début de l’année, qui ont fait de nombreuses victimes civiles.  Selon elle, l’insécurité restera latente tant que des organisations terroristes resteront implantées dans diverses parties du pays.  Elle s’est ensuite prononcée pour des négociations politiques et a souhaité des progrès dans la préparation des élections prévues à l’automne. 

La représentante s’est inquiétée des déplacements de populations qui n’ont pas de perspective de retour rapide.  Les pays de la région devraient éviter d’agir de manière à ce que le retour des réfugiés se fasse dans l’insécurité, a-t-elle prôné.  Enfin, elle a rappelé qu’il n’y avait pas de solution militaire à la situation que connaît l’Afghanistan et a dit soutenir tout processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes, y compris l’actuel Processus de Kaboul. 

M. VASSILENKO (Kazakhstan) a annoncé que durant l’automne 2018, le Kazakhstan organisera une conférence sur l’élargissement des droits des Afghanes dans les domaines socioéconomique, politique, le partage d’expérience en matière de développement, l’égalité des sexes et les droits des femmes en Afghanistan.  Le Kazakhstan continuera aussi le programme d’éducation pour les Afghans, financé conjointement avec l’Union européenne à hauteur de 50 millions de dollars pour la période 2010 à 2021, qui bénéficiera à environ un millier d’Afghans qui vont poursuivre leurs études dans les universités kazakhes. 

Rappelant que le nombre des victimes des attaques terroristes ne fait qu’augmenter en Afghanistan, le représentant a conseillé d’étudier attentivement la proposition de négociations de paix du Président Ghani.  Il a ajouté qu’il était indispensable d’envisager de reconnaître les Taliban en tant que parti politique, plaidant aussi pour un cessez-le-feu, des mesures transitoires de confiance ouvrant la voie aux élections, la révision ou l’introduction d’amendements à la Constitution de l’Afghanistan, le traitement des plaintes, la possibilité de libération des Taliban incarcérés et de retrait des Taliban de la liste de sanctions de l’ONU. 

Les problèmes politiques et économiques ainsi que les menaces sécuritaires auxquels l’Afghanistan fait face exigent un soutien permanent des pays de la région, de la communauté internationale, de l’ONU et surtout du Conseil de sécurité, a enfin déclaré le représentant en assurant que son pays continuait de promouvoir un modèle de développement durable pour l’Afghanistan, qui est axé sur trois domaines: la relation entre la sécurité et le développement, l’approche régionale et le principe d’une « ONU unie ».

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué le rôle fondamental joué par la MANUA et s’est félicité du renouvellement de son mandat.  Tous les responsables politiques afghans doivent mettre l’intérêt du pays au-dessus de toute autre considération, a-t-il dit, en appelant à la tenue des élections dans les délais prévus.  Le délégué a demandé le bon achèvement des préparatifs de ces élections, en insistant sur une participation accrue des femmes.  Il a déploré les tensions grandissantes entre les partis politiques, avant de se dire préoccupé par la persistance de la violence dans le pays.  Près de 63% des incidents sécuritaires recensés dans le pays en 2017 sont le fait d’affrontements, a-t-il précisé.  Le délégué a ensuite dénoncé les attaques terroristes.  Il a rendu hommage aux femmes afghanes et souhaité qu’elles jouissent de la totalité de leurs droits civils et politiques.  Enfin, le délégué s’est dit convaincu que seul un règlement politique négocié permettra de ramener la paix en Afghanistan. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) a condamné fermement les attentats terroristes qui ont touché Kaboul et Jalalabad.  Elle a appelé à la protection des civils par toutes les parties et a salué les efforts des autorités afghanes dans ce sens, ainsi que la « détermination » des forces de sécurité afghanes dans leur combat contre le terrorisme.  La France salue également les engagements pris à Kaboul le 28 février par l’ensemble des pays voisins de l’Afghanistan pour une coopération accrue avec les autorités afghanes afin de combattre la double menace du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée. 

La représentante a ensuite appelé à renforcer, dans le cadre de l’initiative du Pacte de Paris, les efforts continus du Gouvernement contre le trafic de stupéfiants.  Elle a également condamné les exécutions de femmes décrétées par les « cours talibanes » et les nombreux cas de violences sexuelles, pour ensuite saluer le lancement d’un plan d’action pour éliminer les mariages précoces pour la période 2017-2021.

Mme Gueguen a enchaîné en saluant la proposition de pourparlers de paix inconditionnels faite par le Président Ashraf Ghani aux Taliban à l’occasion de la deuxième conférence du Processus de Kaboul et qui, a-t-elle expliqué, leur propose une reconnaissance en tant que force politique.  Elle a aussi salué les efforts des autorités pour établir un large consensus national soutenant l’offre de paix.  La représentante s’est félicitée de la hausse du nombre de femmes au sein du Haut Conseil pour la paix et la mise en œuvre progressive du plan d’action national pour l’agenda « femmes, paix et sécurité ».  Elle a appelé à faire un « saut qualitatif » et à s’assurer que les femmes afghanes participent pleinement à l’ensemble des processus de décision, réclamant notamment une plus forte participation au Secrétariat conjoint du Haut Conseil où il n’y a que trois femmes.

La déléguée a également jugé essentiel que les femmes puissent participer pleinement aux processus électoraux, en tant qu’électrices et en tant que candidates.  Ceci implique, a-t-elle estimé, des efforts renouvelés pour les aider à prendre conscience de l’importance de chaque vote et pour protéger les femmes qui ont décidé de se présenter en tant que candidates.  Elle a par ailleurs insisté sur l’importance du soutien international et de la MANUA à l’Afghanistan.

Mme JULIE BISHOP, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a jugé vital que la communauté internationale continue de soutenir le peuple afghan dans ses efforts pour vaincre le terrorisme et développer le pays.  « Il n’y a pas de place dans notre monde pour une doctrine qui définit les femmes et les filles comme des citoyens de seconde classe », a martelé la Ministre, ajoutant que la poursuite de la lutte contre l’extrémisme est vitale pour de nombreuses communautés.  Mme Bishop a réaffirmé l’engagement de l’Australie à maintenir son contingent de 300 militaires, sous l’égide de l’OTAN, afin de former et de conseiller les forces de sécurité afghanes. 

L’Australie a contribué 1,34 milliard au développement de l’Afghanistan, a rappelé la Ministre, pour qui une croissance économique durable est la clef pour sortir le peuple afghan de la pauvreté.  En cette Journée internationale des femmes, elle s’est félicitée des progrès réalisés dans l’éducation des filles et la participation des femmes à l’économie, alors que leurs droits sont peu à peu enchâssés dans l’ordre juridique du pays.  Après avoir annoncé l’octroi de 60 millions de dollars pour l’aide aux réfugiés et aux personnes déplacées en Afghanistan et au Pakistan, elle a dit espérer que la conférence ministérielle qui se tiendra à Genève en 2018 sera l’occasion pour l’Afghanistan de démontrer les progrès réalisés vers un règlement politique du conflit. 

Mme KERSTIN PUERSCHEL (Allemagne) a déclaré qu’en Afghanistan, la seule solution viable est une paix négociée, sans perdants.  L’offre du Président Ghani de tenir des pourparlers avec les Taliban, sans conditions préalables, est une importante étape vers un processus de paix entre les Afghans, selon la représentante, qui a rappelé que les participants à la conférence de Kaboul avaient apporté leur appui total à cette offre.  Aujourd’hui, il appartient aux Taliban d’y répondre.  « Nous sommes, en outre, encouragés par les étapes franchies pour préparer les élections législatives et des conseils des districts », a-t-elle poursuivi en saluant la présentation du concept d’inscription sur la liste électorale et la nomination d’un nouveau membre de la Commission électorale indépendante, « un nouvel élan au processus ».  Le report de la date du scrutin de juillet vers la fin de l’année 2018 semble réaliste, a-t-elle dit en souhaitant toutefois que les préparatifs électoraux s’accélèrent.

La représentante a ensuite salué les réformes annoncées du secteur de la sécurité qui visent à améliorer le professionnalisme de l’armée nationale afghane, en particulier grâce au retrait des centaines de généraux et à l’arrivée d’une nouvelle génération de chefs militaires.  Pour former, conseiller et aider les forces nationales de sécurité afghanes, l’Allemagne entend augmenter la taille de ses troupes engagées au sein de la mission Soutien résolu de 300 à 1 300 soldats.  Cela ferait de l’Allemagne le deuxième plus grand contributeur de troupes à cette mission après les États-Unis, a-t-elle souligné.  Après avoir salué l’intention du Gouvernement afghan d’accroître la représentation des femmes dans l’administration publique à 24% avant la fin de l’année, la représentante a souligné l’importance d’appliquer la loi sur l’élimination de la violence contre les femmes.  De nombreux cas ne sont pas portés devant les tribunaux, a-t-elle déploré.  Avant de terminer, elle a invité l’assistance à la première mondiale du documentaire « We the Women of Afghanistan: a silent revolution », à la « German House », ce jeudi, à 12 h 30. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) s’est félicité que la participation croissante des femmes afghanes à différents aspects de la vie contribue à l’avenir de paix et de prospérité de leur pays.  Ces femmes méritent l’admiration et le plein soutien de la communauté internationale, a-t-il ajouté.  Il a rappelé la nécessité de consolider les acquis des 16 dernières années, ce qui exige un soutien constant de la communauté internationale au Gouvernement afghan et à son peuple.  C’est pourquoi le représentant s’est félicité du rôle croissant accordé par le Conseil de sécurité à la situation dans le pays et de la reconduction pour un an de la MANUA, que la Turquie appuie.

Le représentant a rappelé la présence de la Turquie lors de la deuxième réunion du Processus de Kaboul, ainsi que son soutien à un processus de paix piloté par les Afghans.  Il a rappelé l’appel de son pays à tous les groupes afghans pour qu’ils dénoncent la violence, reconnaissent le Gouvernement et deviennent une composante légitime de la vie politique du pays.  Il a non seulement souhaité une réponse positive des Taliban à l’offre de paix du Président Ghani, mais a aussi invité le Gouvernement d’union nationale à se montrer lui-même plus inclusif pour surmonter les tensions ethniques et s’assurer le soutien de toutes les composantes de la société afghane en cette période critique.  Enfin, la Turquie juge essentielle, pour le succès en Afghanistan, une collaboration régionale renforcée, a dit le représentant en espérant que le dialogue et un engagement plus poussé permettraient une telle collaboration.  Pour sa part, la Turquie continuera d’y contribuer, y compris par le biais du Processus d’Istanbul, a-t-il conclu.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) s’est félicité de l’adoption à l’unanimité de la résolution prorogeant d’un an le mandat de la MANUA, une mission qui joue à son avis un rôle essentiel dans le cadre du partenariat entre l’Afghanistan et la communauté internationale.  Après avoir condamné les attaques terroristes commises au cours des dernières semaines en Afghanistan, il a jugé inquiétant le niveau de violence du conflit et tragiques ses conséquences pour la population civile.  Dans ce contexte, M. Lambertini a salué l’offre de paix « courageuse » faite par le Président afghan aux Taliban dans le cadre du Processus de Kaboul avant d’inviter les Taliban à saisir cette « fenêtre d’opportunité » pour avoir un dialogue sincère.  Le représentant, conscient néanmoins des difficultés de créer un consensus national, a averti que les femmes afghanes devaient avoir un « rôle important et actif » à jouer.  De plus, a-t-il ajouté, les droits inscrits dans la Constitution et les autres progrès civils et sociaux réalisés durant les 16 années écoulées doivent être protégés et promus, comme le Gouvernement afghan s’y est engagé.

Le représentant a rappelé que le soutien du peuple afghan au processus de paix serait renforcé par la cohésion nécessaire entre les différents groupes politiques et par la capacité du Gouvernement à satisfaire les besoins de sa population et à entreprendre les réformes nécessaires.  La tenue dans les délais d’élections parlementaires puis présidentielle transparentes et inclusives sera une contribution importante, a-t-il ajouté.  Enfin, il a appelé à un effort « décisif et commun » pour vaincre le terrorisme et l’extrémisme violent.  L’Italie, a-t-il rappelé, apporte sa contribution par le biais de son soutien à la formation et au renforcement des capacités des forces nationales de sécurité afghanes.  Mais, a-t-il ajouté, pour vaincre les groupes terroristes, il est aussi nécessaire de faire collaborer les différents acteurs régionaux, ce qui s’applique aussi à la criminalité transnationale et au trafic de drogues.  Il a donc plaidé pour que soient réalisés des progrès concrets en ce sens.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a condamné fermement la série d’attaques terroristes qui a récemment frappé l’Afghanistan, dénonçant la présence de groupes terroristes dans le pays qui constitue en outre une menace pour la stabilité du Pakistan et de toute la région.  Elle a salué l’offre de paix du Président Ghani et appelé de ses vœux un processus politique de réconciliation.  La représentante a aussi renouvelé son appel aux Taliban pour qu’ils renoncent à la violence et rejoignent le processus de paix.  Mais le recours à la force ne fera que susciter des attaques des groupes rebelles et saper le processus de paix, a-t-elle prévenu en insistant pour dire qu’aucune partie ne peut parvenir à la victoire militaire.  Elle a estimé que tous les pays pertinents, y compris les États-Unis, doivent contribuer au succès dudit processus, tandis que la communauté internationale doit s’opposer à toute tentative visant à faire dérailler les efforts de paix du Président Ghani.

Le Gouvernement ne contrôle que 18% des districts afghans, a rappelé la déléguée en soulignant la nécessité de vaincre Daech.  Elle a en outre demandé de redoubler d’efforts pour éviter que les groupes terroristes ne profitent du trafic de stupéfiants comme actuellement.  Le Pakistan a tout intérêt à un Afghanistan stable, a-t-elle déclaré en soulignant que 200 000 soldats pakistanais ont été déployés pour vaincre les groupes terroristes, car « la menace terroriste au Pakistan émane principalement de l’Afghanistan ».  Sur les 131 actes terroristes dernièrement recensés au Pakistan, 123 ont été conçus et planifiés depuis l’Afghanistan, a-t-elle précisé.  Elle a donc demandé l’élimination des sanctuaires en Afghanistan depuis lesquels les groupes terroristes mènent leurs attaques contre le Pakistan.  La représentante a ensuite rappelé l’hospitalité offerte par son pays à des dizaines de milliers de réfugiés afghans.  Toutes les parties doivent s’abstenir de toute campagne de diabolisation visant un pays, a-t-elle déclaré, en ajoutant que le sien ne cèderait devant aucune tentative d’intimidation.  « Mon pays soutient le peuple afghan et les femmes afghanes », a conclu la représentante pakistanaise. 

M. MICHAEL BONSER (Canada) a jugé plus essentiel que jamais, dans la foulée de la récente poussée de violence, que le Gouvernement afghan, les insurgés armés et toutes les parties au conflit s’assoient ensemble en vue de tenir des négociations sincères.  Il a notamment exhorté les Taliban et les autres groupes d’insurgés à cesser toute violence et à respecter une paix négociée.  Il a salué la tenue, le 28 février, de la conférence sur le Processus de Kaboul.

Le représentant a ensuite souligné que pour assurer un avenir paisible, stable et prospère, les femmes doivent prendre part, sur un pied d’égalité avec les hommes, à la prise de décisions à tous les niveaux en ce qui a trait à la politique, la société et l’économie.  Il a appelé à permettre aux femmes de jouer un rôle prépondérant dans les négociations de paix.  Il a également relevé que les femmes occupent moins du tiers des sièges au Parlement afghan et a jugé particulièrement important de veiller à ce que les femmes soient incluses de manière significative, tant comme candidates qu’électrices informées, lors des prochaines élections.

M. Bonser s’est aussi préoccupé du fait que les statistiques sur l’égalité entre les sexes en Afghanistan demeurent parmi les pires au monde et que les groupes ethniques et religieux marginalisés, ainsi que les journalistes, les défenseurs des droits de la personne et les organisations de la société civile continuent d’être délibérément pris pour cible.  Il a fait part de la détermination du Canada à contribuer à l’amélioration des systèmes de gouvernance et à combler les besoins fondamentaux du peuple afghan, moyennant notamment son soutien aux forces nationales de défense et de sécurité afghanes et sa contribution importante à la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a déploré le manque de résultats des efforts internationaux face aux acteurs qui appuient les groupes terroristes en Afghanistan, tels que les Taliban, le réseau Haqqani, Daech et Al-Qaida, et leur offrent des sanctuaires.  Le défi de cet appui transfrontalier doit être réglé, a-t-il dit.  Le délégué a remarqué que les femmes afghanes étaient les plus touchées par le conflit.  L’Afghanistan a néanmoins fait des progrès considérables depuis ces jours où les Taliban réduisaient les femmes au rang de citoyens de seconde classe, a-t-il déclaré, en appelant à la consolidation des avancées s’agissant des droits des femmes.

L’Inde, a-t-il ensuite rappelé, a investi depuis 2002 plus de 2 milliards de dollars pour la reconstruction de l’Afghanistan.  Le représentant a aussi insisté sur le travail des organisations non gouvernementales indiennes pour promouvoir l’autonomisation des femmes afghanes.  Le délégué a appelé la communauté internationale à appuyer totalement les efforts du Gouvernement afghan pour encourager les groupes armés à renoncer à la violence et rejoindre le processus de réconciliation.  L’opposition armée doit néanmoins clairement savoir que la violence ne sera pas tolérée, a conclu le représentant de l’Inde. 

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a déploré que l’insécurité soit toujours un défi majeur pour l’Afghanistan, comme l’ont montré les sanglants attentats perpétrés à Kaboul depuis le début de l’année, qui ont fait des centaines de victimes.  Il a notamment relevé que le groupe « État islamique d’Iraq et du Levant – province de Khorassan » restait opérationnel.  La République islamique d’Iran soutient pleinement la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan ainsi que le développement durable du pays par le biais d’un processus de paix et de réconciliation piloté par les Afghans, a-t-il dit en expliquant pourquoi son pays avait volontiers accepté de participer à la deuxième réunion du Processus de Kaboul et fait sienne sa Déclaration finale.  Pour sa part, la communauté internationale doit soutenir le Gouvernement afghan dans sa lutte contre le terrorisme et les groupes criminels, ainsi que pour faire face à ses autres difficultés, économiques, de sécurité ou politiques, a-t-il plaidé.

Le représentant a ensuite mis l’accent sur la coopération régionale, remerciant au passage le Kazakhstan pour avoir, durant sa présidence du Conseil en janvier, organisé un débat sur le partenariat régional en Asie centrale et en Afghanistan.  « Le monde ne devrait regarder la situation en Afghanistan comme un terrain de compétition, mais comme une occasion d’établir la paix, la sécurité et la stabilité par le développement », a-t-il  déclaré.  M. Khoshroo a rappelé que son pays accueillait depuis plus de 30 ans des millions de réfugiés afghans en leur fournissant des services de base, y compris la scolarisation de 400 000 enfants afghans sans papiers.  Dans ce contexte, il s’est félicité des efforts visant à renforcer la coopération régionale en précisant que son pays avait participé en 10 ans à plus de 300 projets de développement pour environ 500 millions de dollars.  Rappelant ensuite la hausse considérable de la production et du trafic de drogues en Afghanistan l’an dernier, M. Khoshroo a appelé la communauté internationale à soutenir les projets régionaux qui visent à contrer cette tendance.  Enfin, il a apporté le soutien de son pays à la MANUA et aux agences des Nations Unies présentes en Afghanistan, rappelant que ce dernier pays avait besoin d’un partenariat durable respectueux de son rôle dirigeant.

Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne (UE), a salué la tenue, le 28 février, de la réunion organisée dans le cadre du Processus de Kaboul et l’offre de paix présentée à cette occasion par le Gouvernement aux Taliban.  Elle a appelé ces derniers à s’en saisir.  La représentante a ensuite indiqué que le respect des droits de l’homme, la participation équitable des femmes et la tenue d’élections démocratiques continuent d’être le point focal de l’action de l’UE dans le pays, précisant que les droits de l’homme constituent à présent une partie intégrante de l’Accord de coopération sur le partenariat et le développement.  Elle s’est inquiétée de la fragilité de la situation des droits de l’homme dans le pays, se félicitant toutefois de l’adoption récente d’une loi sur la protection de l’enfance et d’un plan d’action national pour l’élimination des mariages précoces ainsi que du lancement d’un programme pour appuyer l’autonomisation économique des femmes.  Elle a également cité les efforts déployés pour améliorer la loi sur les rassemblements, les grèves et les manifestations, ainsi que la mise en œuvre du plan d’action national pour l’application de la résolution 1325.  Elle a toutefois estimé qu’il fallait des efforts supplémentaires pour renforcer la participation des femmes à la vie publique, au processus de réconciliation ainsi que leur autonomisation économique.

Après avoir fait part de l’appui de l’UE au processus électoral en Afghanistan, Mme Adamson a soulevé la question de la migration.  Elle a notamment parlé des efforts lancés dans le cadre de l’initiative UE-Afghanistan « Joint Way Forward », qui visent à prévenir la migration irrégulière et à favoriser le retour des migrants irréguliers, ainsi qu’à combattre les passages clandestins et la traite.  L’objectif, a-t-elle encore expliqué, est d’établir un processus rapide et gérable pour assurer le retour dans la dignité des ressortissants afghans qui ne remplissent pas les conditions pour entrer ou résider sur le territoire de l’UE.  En outre, l’UE consacre 200 millions d’euros pour aider les réfugiés afghans qui se trouvent dans des pays voisins de l’Afghanistan, a-t-elle ajouté.  La déléguée s’est ensuite préoccupée de la persistance du taux élevé de la violence dans le pays et a exhorté les parties à protéger la population civile - les femmes et les enfants notamment.  Elle a aussi fait part de ses inquiétudes causées par la nette augmentation de la production d’opium qui a enregistré une hausse de 83% entre 2016 et 2017.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a apporté son soutien résolu aux efforts de la communauté internationale pour assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité de l’Afghanistan.  Elle a rappelé que la Belgique avait offert régulièrement des contributions au Fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan et affirmé qu’elle continuerait d’investir dans la sécurité du peuple afghan, notamment en augmentant sa présence de près de 100 militaires dès le mois prochain.  La représentante a souligné le rôle « indispensable » de la MANUA et des autres agences des Nations Unies en Afghanistan afin d’encourager la paix et la réconciliation, surveiller et promouvoir les droits de l’homme et coordonner l’assistance de la communauté internationale.  Elle a aussi félicité le Gouvernement afghan pour avoir adhéré en août dernier à la Convention sur certaines armes classiques et ses cinq protocoles. 

Mme Van Vlierberge a ensuite déploré que les Afghanes continuent de subir les conséquences du conflit, d’autant qu’elles détiennent la clef pour aboutir à plus de paix et de sécurité.  La représentante a rappelé qu’il existe en effet une corrélation directe entre le niveau d’éducation des femmes et le développement durable.  Dès lors, « encourager les droits des femmes n’est pas seulement une question de rectitude politique ni un débat moral, c’est une recette prouvée pour le succès », a-t-elle affirmé.  La représentante a salué les efforts en ce sens du Gouvernement afghan, constatant que les pertes humanitaires attribuées aux forces gouvernementales avaient baissé de 19% l’an dernier.  Elle a noté en outre que les femmes sont plus nombreuses à occuper des postes gouvernementaux importants et s’est félicitée de la confirmation récente de la loi sur l’élimination des violences contre les femmes, en disant attendre avec impatience sa mise en œuvre.  Pour la représentante, les prochaines élections seront une occasion importante d’accroître la participation des femmes à la vie publique, en tant qu’électrices, militantes ou candidates. 

Mme Van Vlierberge a également noté le rôle joué par les femmes lors de la deuxième réunion du Processus de Kaboul, en tant que membres du Haut Conseil pour la paix.  La Belgique soutient pleinement la Déclaration publique du processus de paix et estime qu’il appartient désormais aux Taliban de répondre à l’offre de paix, a-t-elle dit avant de féliciter l’Ouzbékistan d’avoir organisé une conférence internationale sur la paix et le développement en Afghanistan.

 

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