Conseil de sécurité: le Secrétaire général réclame le respect de la trêve humanitaire de 30 jours prévue par la résolution 2401 du 3 mars 2018
Le Secrétaire général, M. António Guterres, a déclaré, ce matin, devant le Conseil de sécurité que la résolution 2401 (2018), qui demande sans délai une cessation des hostilités d’au moins 30 jours consécutifs en Syrie pour acheminer de l’aide humanitaire, en particulier dans l’enclave assiégée de la Ghouta orientale, n’était toujours pas appliquée, 15 jours après son adoption. Il a néanmoins jugé qu’il était toujours possible de la mettre en œuvre et confié son espoir « de voir la Syrie renaître de ses cendres ». Lors du débat qui a suivi l’exposé du Secrétaire général, les pays occidentaux et la Fédération de Russie se sont rejetés la responsabilité de la non-application de la résolution.
« Nous ne devrions suivre qu’un seul ordre du jour: mettre fin aux souffrances du peuple syrien et trouver une solution politique au conflit », a déclaré le Secrétaire général à l’entame de son propos, en se disant profondément déçu par tous ceux qui laissent le bain de sang continuer en Syrie « en agissant ou en n’agissant pas, par dessein ou par indifférence ».
Depuis l’adoption de la résolution 2041, M. Guterres a dit avoir constaté une intensification des frappes et des combats dans la Ghouta orientale, véritable « enfer sur terre ». Contrairement à ce que demande la résolution, il n’y a pas d’accès humanitaire sûr et sans entrave et aucun siège n’a été levé, a poursuivi M. Guterres. « À notre connaissance, aucun malade ni blessé n’a pu être évacué. » À l’instar de nombreuses délégations, le Secrétaire général a également jugé que la proposition russe d’une pause humanitaire de cinq heures par jour n’était pas suffisante.
L’ONU, qui n’a qu’un accès limité sur le terrain, a envoyé, le 5 mars, un convoi interagences de 46 camions à Douma avec de la nourriture pour 27 500 personnes, soit un tiers des personnes dans le besoin, a-t-il déclaré. Le Secrétaire général a par ailleurs déploré que les autorités syriennes aient saisi des articles médicaux de ce convoi, en violation de la résolution. « Le 9 mars, un convoi de 13 camions a pu finir son déchargement mais nous sommes loin de l’accès humanitaire sans entrave demandé par la résolution », a prévenu le Secrétaire général.
M. Guterres a néanmoins jugé qu’il était « possible d’avoir une cessation des hostilités, possible d’acheminer l’aide humanitaire, possible d’évacuer les malades et les blessés et possible d’expulser les combattants terroristes des zones de conflit sans mener des attaques indiscriminées contre les civils ». « Nous ne pouvons pas laisser tomber les bras », a plaidé le Secrétaire général.
Même son de cloche du côté du représentant du Koweït, pays porte-plume de la résolution avec la Suède, qui a exprimé son « profond regret » devant la « claire absence de mise en œuvre » de la résolution et exigé du Gouvernement syrien qu’il autorise « deux convois humanitaires par semaine » vers la Ghouta orientale. « Il n’est pas acceptable d’invoquer la lutte contre le terrorisme pour empêcher la mise en œuvre de la résolution », a prévenu le représentant, en affirmant que ne se trouvent dans la Ghouta orientale « pas plus de 350 membres » des groupes terroristes affiliés à el-Nosra. À l’instar du Secrétaire général, le délégué a noté l’accord donné par certains groupes armés d’opposition de la Ghouta orientale pour mettre en œuvre la résolution 2401 (2018) et expulser les combattants affiliés à el-Nosra.
Les pays occidentaux ont imputé à la Fédération de Russie la non-application de la résolution, la déléguée des États-Unis estimant que ce pays a violé l’engagement qu’il avait pris « devant le monde entier » en votant en faveur de ce texte. La représentante a dit comprendre que les Syriens et les Russes n’avaient jamais eu l’intention de mettre en œuvre le cessez-le-feu: « ils ont tout planifié comme en atteste le fait que, ces deux dernières semaines, ils n’ont cessé de traiter tout groupe d’opposition de groupe terroriste ». « Pourquoi? Pour pouvoir exploiter la résolution qui autorise les opérations militaires contre Daech and Al-Qaida », a-t-elle dit. « Il y aura des comptes à rendre pour tous les crimes commis en Syrie », a déclaré son homologue du Royaume-Uni, avant d’ajouter qu’à cette occasion « le rôle de la Russie ne sera pas oublié ».
« Mon pays est très attaché à la pleine mise en œuvre de la résolution 2401 (2018) », a rétorqué le représentant russe, en citant les « actions concrètes » prises par son pays, alors que d’autres préfèrent l’accuser et rester assis confortablement. Il a rappelé que la résolution ne demande pas un cessez le feu « immédiat », « une utopie ». Pour qu’elle soit durable, s’est-il expliqué, toute pause humanitaire doit être précédée d’un accord entre les parties. « C’est la seule voie réaliste. »
« Pourquoi sommes-nous les seuls à vouloir chasser le front el-Nosra de la Ghouta orientale »? a demandé le représentant russe, en parlant d’un groupe terroriste « politiquement protégé » afin de maintenir un foyer de tensions près de Damas. Le délégué a en outre demandé l’envoi d’une mission d’évaluation à Raqqa, ville bombardée par la coalition.
Une demande relayée par le représentant syrien, qui a par ailleurs assuré que « des pauses humanitaires » étaient observées dans la Ghouta orientale et que deux couloirs humanitaires sûrs y avaient été ouverts. Mais les groupes terroristes, « encouragés par leurs commanditaires, certains étant membres du Conseil de sécurité » ont poursuivi leurs attaques, faisant de nombreuses victimes et empêchant les populations civiles de quitter la Ghouta orientale, « afin de continuer à les utiliser comme boucliers humains ».
Le délégué syrien a dénoncé les accusations formulées contre son pays par la représentante des États-Unis, ainsi que ses menaces de mesures unilatérales. La déléguée américaine a annoncé que son pays rédigeait un nouveau projet de cessez-le-feu « simple, direct et contraignant » qui ne laisse aucune place « aux manigances » et qui ne « contient aucun vide antiterroriste qu’Assad, l’Iran et les Russes pourraient exploiter ».
SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Déclarations
« En 2017, plus d’enfants ont été tués en Syrie que depuis le début de la guerre », a dit M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, en se disant profondément attristé par les souffrances du peuple syrien. « Je suis très déçu par tous ceux qui, année après année, en agissant ou en n’agissant pas, par dessein ou par indifférence, ont permis cet état de fait », a–t-il poursuivi, en confiant son chagrin et sa frustration. « Nous ne devrions suivre qu’un seul ordre du jour: mettre fin aux souffrances du peuple syrien et trouver une solution politique au conflit. »
M. Guterres a souligné que l’ONU ne peut avoir une vision d’ensemble de la manière dont la résolution 2401 (2018) est mise en œuvre, à cause de l’accès limité sur le terrain. Si le conflit a diminué en intensité dans certaines zones, il n’y a pas eu de cessation des hostilités, a-t-il déploré, rappelant que la résolution réclame précisément cela. La violence se poursuit dans la Ghouta orientale et au-delà, à Afrin, dans certaines parties d’Edleb et à Damas, a déclaré M. Guterres.
Il a parlé d’une intensification des frappes et des combats dans la Ghouta orientale depuis l’adoption de la résolution, lesquels ont fait des centaines de victimes civiles. Contrairement à ce que demande la résolution, il n’y a pas d’accès humanitaire sûr et sans entrave et aucun siège n’a été levé, a poursuivi M. Guterres. « À notre connaissance, aucune personne gravement malade ou blessée n’a pu être évacuée. »
Estimant que la situation dans la Ghouta orientale est « l’enfer sur terre », il a noté la proposition russe d’une pause humanitaire de cinq heures par jour et indiqué que trois groupes de l’opposition armée ont adressé une lettre au Président du Conseil, dans laquelle ils s’engagent à mettre en œuvre la résolution. Ces trois groupes –Jeïch el-Islam, Feïlaq el-Rahman et Ahrar el-Cham- ont également promis de garantir un accès humanitaire sûr et d’expulser de la Ghouta orientale les groupes armés comme le Front el-Nosra et Al-Qaida, a-t-il dit. Il a déploré qu’aucune réunion n’ait pu avoir lieu entre ces trois groupes, le Gouvernement syrien et la Fédération de Russie. M. Guterres a insisté sur les frappes et l’offensive conduites par le Gouvernement, ce dernier contrôlant désormais 60% de la Ghouta orientale alors qu’il n’en contrôlait que 10% le 3 mars dernier. M. Guterres a indiqué que les réunions des 8 et 10 mars entre des responsables russes et Jeïch el-Islam ont conduit au retrait des combattants d’el-Nosra de l’enclave assiégée. Il n’a en revanche pas été possible d’organiser une rencontre entre la Fédération de Russie et Feïlaq el-Rahman, la première voulant une réunion sur le terrain et le dernier insistant sur une rencontre à Genève, a-t-il précisé.
Le soir du 10 mars, la Fédération de Russie a informé l’ONU qu’un cessez-le-feu unilatéral serait mis en œuvre à minuit, a ajouté le Secrétaire général, avant de mentionner un autre accord entre les responsables russes et Jeïch el-Islam sur les évacuations médicales. Le Secrétaire général a précisé que la Ghouta orientale est désormais divisée en trois poches et que l’ONU fait tout son possible pour mettre en œuvre la résolution.
L’aide humanitaire n’a pas pu être acheminée comme prévu: un convoi de 19 camions de l’ONU n’a pu apporter de l’aide qu’à 33 500 personnes sur les 40 250 au nord de Homs, le 4 mars. Peu de civils ont pu quitter la Ghouta orientale, a déploré le Secrétaire général. Dans ce contexte, même si la pause russe de cinq heures n’est pas suffisante pour garantir un accès humanitaire sans entrave comme le demande la résolution, l’ONU a envoyé le 5 mars un convoi interagences de 46 camions à Douma avec de la nourriture pour 27 500 personnes, soit un tiers des personnes dans le besoin. Les autorités syriennes ont par ailleurs saisi des articles médicaux, en violation de la résolution, a dénoncé le Secrétaire général qui a déploré que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) se soit vu refuser l’accès à la Ghouta orientale. Le 9 mars, un convoi de 13 camions a pu finir son déchargement mais nous sommes loin de l’accès humanitaire sans entrave demandé par la résolution, a prévenu le Secrétaire général. Il a ajouté que plus de 1 000 personnes attendent toujours leur évacuation médicale et mentionné les nouvelles allégations d’utilisation de gaz de chlore. Le Secrétaire général a appelé le Conseil à rester uni sur cette question. « Si nous ne pouvons pas vérifier ces allégations, nous ne pouvons pas les ignorer. »
En conclusion, M. Guterres a jugé qu’il est encore possible d’appliquer la résolution 2401 (2018). « Il est possible d’avoir une cessation des hostilités, il est possible d’acheminer l’aide humanitaire, il est possible d’évacuer les malades et les blessés, il est possible d’expulser les combattants terroristes des zones de conflit sans mener des attaques indiscriminées contre les civils. » Nous ne pouvons pas laisser tomber les bras, a prévenu le Secrétaire général qui a demandé la pleine application de la résolution sur tout le territoire syrien, avant de plaider pour une solution politique. « Je n’ai pas renoncé à l’espoir de voir la Syrie renaître de ses cendres. »
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a présenté une déclaration conjointe avec la Suède, les deux « porte-plume » des aspects humanitaires du travail du Conseil de sécurité sur la Syrie. Le représentant a rappelé que 15 jours s’étaient écoulés depuis l’adoption à l’unanimité de la résolution 2401 (2018), qui demande une cessation des hostilités « sans délai » pour au moins 30 jours consécutifs dans l’ensemble de la Syrie afin de faciliter la fourniture de l’aide humanitaire à tous ceux qui en ont besoin, permettre les évacuations médicales et mettre fin au siège des zones résidentielles. C’est avec un « profond regret » que nous constatons une « claire absence de mise en œuvre » de la résolution, a déploré le représentant, qui a également noté les entraves posées à l’acheminement de l’aide humanitaire, en particulier dans la Ghouta orientale. Imputant la situation aux autorités syriennes, le représentant a souligné que la Ghouta orientale est considérée comme une zone cruciale.
Le Koweït et la Suède suivent donc, a-t-il dit, avec une grande préoccupation cette situation. Le représentant a fait spécifiquement référence à ce qui s’est passé le 5 mars à Douma, dans la Ghouta orientale, où le nombre de bénéficiaires de l’aide a dû être réduit de moitié par rapport à ce qui était prévu car les autorités syriennes ont retiré « sans justification claire » l’ensemble des fournitures médicales du convoi humanitaire. Le représentant a exigé du Gouvernement syrien qu’il autorise « deux convois humanitaires par semaine » vers la Ghouta orientale. Il s’est en revanche réjoui de l’accès du convoi humanitaire à Douma, le 9 mars. Il a en outre réitéré l’exigence du Conseil de sécurité s’agissant des évacuations médicales « sans conditions ».
Le représentant a pris note de la poursuite des combats, y compris des frappes aériennes, et a estimé qu’une trêve de cinq heures par jour dans la Ghouta orientale ne permettait pas d’assurer l’assistance humanitaire exigée par le Conseil de sécurité. Il a en outre affirmé que ne se trouvaient dans la Ghouta orientale « pas plus de 350 membres » des groupes terroristes affiliés à el-Nosra. « Il n’est pas acceptable » d’invoquer la lutte contre le terrorisme pour empêcher la mise en œuvre de la résolution, a affirmé le représentant, qui a en outre noté l’accord donné par certains groupes armés d’opposition de la Ghouta orientale pour mettre en œuvre la résolution 2401 et expulser les combattants affiliés à el-Nosra.
Le rapport que le Secrétaire général a présenté ce matin est un des outils de suivi de la mise en œuvre de la résolution, a estimé le représentant, qui a ajouté que les principaux mécanismes restaient toutefois les accords de cessation des hostilités acceptés par les parties, à savoir les accords d’Astana et celui qui découle du Groupe international de soutien pour la Syrie. La résolution, a-t-il rappelé, insiste sur la nécessité d’opérationnaliser réellement ces différents accords.
Le représentant a demandé une nouvelle fois aux différentes parties de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre la résolution 2401 2018), dont il a rappelé le caractère humanitaire. Il s’est dit déterminé à suivre de près cette mise en œuvre. Rappelant que l’on entre désormais dans la huitième année du conflit en Syrie, il a plaidé pour que l’on n’abandonne pas le peuple syrien. L’absence de solution politique basée sur la résolution 2254 ne peut qu’entraîner une détérioration encore plus grave de la situation humanitaire, a prévenu le représentant.
Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé que la Russie a voté en faveur de la résolution 2401 (2018) et s’est donc engagée « devant le monde entier » à l’appliquer. Aujourd’hui, nous voyons que cet engagement n’a pas été tenu, alors que les bombes continuent de s’abattre sur les enfants de la Ghouta orientale, a-t-elle dénoncé. Nous devons nous demander, a estimé la représentante, si la Russie a encore de l’influence sur le « régime d’Assad » pour stopper l’horrible destruction des hôpitaux, des cliniques, des ambulances et l’utilisation des armes chimiques dans des villages? Ne serait-ce pas plutôt le contraire? La Russie serait-elle l’instrument d’Assad ou pire de l’Iran? Nous devons nous poser ces questions parce que nous savons que la Russie poursuit elle-même ses propres bombardements, a dit la représentante. Ces 16 derniers jours, s’est-elle alarmée, plus de 500 civils ont perdu la vie. Des milliers de Syriens attendent désespérément des médicaments et personne n’a encore été évacué. Quand est-ce que les plus de 1 000 personnes identifiées sur la liste de l’ONU seront-elles évacuées? s’est impatientée la représentante. Il n’y a pas de cessez-le-feu, a-t-elle tranché, et c’est le régime d’Assad, l’Iran et la Russie qui continuent la guerre contre leurs opposants politiques. La représentante a cité une autre raison pour laquelle les Syriens et les Russes n’ont jamais eu l’intention de mettre en œuvre le cessez-le-feu: ils ont tout planifié comme en atteste le fait que, ces deux dernières semaines, ils n’ont cessé de traiter tout groupe d’opposition de groupe terroriste. Pourquoi? Pour pouvoir exploiter la résolution qui autorise les opérations militaires contre Daech and Al-Qaida.
Ils prétendent, a poursuivi la représentante, se battre contre les terroristes mais leurs bombes s’abattent sur des hôpitaux, des écoles et des citoyens ordinaires. Ils ont, a-t-elle accusé, « délibérément et avec préméditation » exploité le vide qu’ils ont négocié dans le cessez-le-feu pour pouvoir continuer à affamer et à s’acharner sur des centaines de milliers de civils syriens. Ils sont se moqué de ce processus et de cette institution, s’est scandalisée la représentante, arguant qu’au nom du peuple syrien et de l’intégrité de ce Conseil, « nous devons répondre et prendre des mesures ». La représentante a rappelé que dès l’adoption de la résolution, son pays avait prévenu qu’il agirait si le cessez-le-feu n’était pas respecté. Or il ne l’a pas été. Les États-Unis, a-t-elle annoncé, ont donc rédigé un nouveau projet de cessez-le-feu qui ne laisse aucune place aux manigances. « Il est simple, direct et contraignant. » Il ne contient aucun « vide antiterroriste » qu’Assad, l’Iran et les Russes pourraient exploiter et il se concentre sur la zone que le Secrétaire général a identifiée, à savoir Damas et la Ghouta orientale. La représentante a aussi rappelé ce qu’elle avait dit il y a un an, après les incidents sur le gaz sarin: devant quiconque veut imposer sa volonté par des attaques chimiques et des souffrances humaines, en particulier le régime hors-la-loi de Syrie, les États-Unis sont prêts à agir s’ils le doivent. Ce n’est pas la voie que nous préférons, a rassuré la représentante mais c’est une voie que nous emprunterons, comme nous l’avons prouvé par le passé, une voie que nous sommes prêts à emprunter une nouvelle fois, a-t-elle averti.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que son pays avait voté en faveur de la résolution 2401 (2018) parce qu’il était fatigué de voir les massacres commis en Syrie, tout en accusant la Fédération de Russie d’avoir cherché par tous les moyens à affaiblir les termes du texte avant son adoption. On pouvait espérer que ce texte adopté à l’unanimité serait ensuite mis en œuvre, a noté le représentant, qui a pourtant noté qu’elle n’avait pas été mise en œuvre.
Il a accusé la Fédération de Russie d’avoir mené plusieurs dizaines de frappes aériennes dans la Ghouta orientale depuis l’adoption de la résolution, alors que cette dernière est officiellement une zone de désescalade.
Il a répété que les membres de groupes terroristes dans la Ghouta orientale représentaient « moins de 0,1% » de la population présente dans la zone, alors que les autres groupes armés d’opposition ont été invités par la Russie à participer au processus d’Astana.
Le représentant a également rappelé qu’un seul convoi avait pu, en 16 jours, entrer dans la Ghouta orientale et n’avait pu apporter que la moitié de l’assistance humanitaire prévue, du fait de l’obstruction du régime. Il n’est pas vrai que le passage d’un seul convoi soit un progrès, a-t-il affirmé, assurant que le régime syrien allait continuer de pilonner la Ghouta orientale jusqu’à la chute de l’enclave avec l’appui de la Fédération de Russie.
Il a répété qu’il « y aurait des comptes à rendre pour tous les crimes commis », ajoutant qu’à cette occasion « le rôle de la Russie ne sera pas oublié ».
Il a conclu en faisant observer que si la Russie pouvait obtenir un cessez-le-feu de cinq heures par jour, elle pouvait sans doute obtenir beaucoup plus.
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rendu hommage aux acteurs humanitaires qui travaillent dans des conditions extrêmement difficiles en Syrie malgré l’adoption récente, à l’unanimité, d’une résolution exigeant une cessation immédiate des hostilités pour 30 jours ainsi qu’un accès humanitaire sans entrave. En tant que membre permanent du Conseil et garant d’Astana, « cette responsabilité incombait tout particulièrement à la Russie », a fait valoir le représentant, avant de dénoncer le fait que, depuis le 24 février, les victimes ont continué de se compter « par centaines » chaque semaine.
Non seulement le régime poursuit, « avec le soutien de la Russie et de l’Iran », une offensive terrestre et aérienne qu’il n’a jamais eu l’intention d’arrêter, mais il prend délibérément pour cible les populations civiles « pour semer la terreur et la mort », a dénoncé M. Delattre. « L’enfer sur terre que connaît la Ghouta orientale n’est pas seulement l’effet de la politique du régime. C’est l’objectif même, assumé, de sa folie meurtrière », a-t-il ajouté, condamnant les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité dont le « régime aura à répondre ». Estimant que seule la Russie peut arrêter le « régime syrien », il l’a accusée de ne pas vouloir ou de ne pas avoir le pouvoir d’exercer les pressions suffisantes.
Après avoir recensé les nombreuses violations du cessez-le-feu commis par le Gouvernement syrien « avec la complicité de la Russie et de l’Iran », il a condamné les entraves « délibérées » à l’entrée de l’aide humanitaire et aux évacuations médicales. « La France n’est pas dans la posture, elle est dans l’action », a continué M. Delattre, rappelant les efforts de son pays pour assurer la mise en œuvre de la résolution 2401 (2018). Il a souligné à cet égard trois éléments « essentiels », soit la mise en place d’un dispositif de suivi capable de mettre une pression « maximale » sur les parties; le départ de la Ghouta orientale des combattants terroristes, tel que proposé par les trois groupes armés; et la négociation politique, qui va de pair avec une cessation durable des hostilités, conformément à la résolution 2254 (2015).
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné la nécessité pour le Conseil de rester uni pour régler la crise en Syrie. Mon pays est très attaché à la pleine mise en œuvre de la résolution 2401 (2018), a-t-il dit, en citant les « actions concrètes » prises par la Fédération de Russie, alors que d’autres préfèrent l’accuser et rester assis confortablement. Le représentant a reproché à son homologue français d’avoir cité le nom de son pays à 16 reprises. Il a rappelé que la résolution ne demande pas un cessez le feu « immédiat », « une utopie ». Pour qu’elle soit durable, s’est-il expliqué, toute pause humanitaire doit être précédée d’un accord entre les parties. « C’est la seule voie réaliste. » Le délégué a rappelé que le Gouvernement syrien est prêt à mettre en œuvre la résolution, tout en demandant la fin des attaques lancées contre Damas. La banlieue de Damas ne peut devenir une pépinière de groupes terroristes, a prévenu le représentant, affirmant que ce sont les groupes terroristes de la Ghouta orientale qui coordonnent leurs activités et planifient le bombardement des couloirs humanitaires. Pourquoi sommes-nous les seuls à vouloir chasser le front el-Nosra de la Ghouta orientale? a-t-il demandé, parlant d’un groupe terroriste « politiquement protégé » afin de maintenir un foyer de tensions près de Damas. Qui va contrôler l’application de la résolution par les groupes terroristes? a-t-il lancé, répondant que ce n’est pas à la Russie et à l’Iran de s’acquitter de cette tâche.
Le délégué a déclaré que les combattants terroristes ont continué leurs frappes contre Damas, y compris contre les hôpitaux, depuis l’adoption de la résolution. Quelle est la source des chiffres de l’ONU sur les victimes civiles? a-t-il demandé, dénonçant la politisation de la situation. Il a accusé les groupes terroristes d’avoir exécuté des personnes qui tentaient de s’enfuir et d’utiliser les civils comme bouclier humain. Il a indiqué que des réunions entre responsables russes et Jeïch el-Islam ont conduit à l’expulsion des combattants d’el-Nosra de l’enclave assiégée le 9 mars. Les autres combattants d’el-Nosra ont décidé de poursuivre les combats en enrôlant de force des civils, a-t-il dit. Il a indiqué que certains médicaments inclus dans les convois humanitaires n’étaient pas déclarés et rejeté les « allégations mensongères » sur le bombardement de convois lors du déchargement de leur livraison. Les combattants de Jeïch el-Islam ont profité des 5 heures de pause pour se reposer, se remobiliser et tendre de nouvelles embuscades aux soldats de l’armée syrienne, a-t-il fait valoir. Il a rappelé que la résolution ne parle pas que de la Ghouta orientale, rappelant les victimes civiles à Edleb et demandant l’envoi d’une mission d’évaluation à Raqqa, ville bombardée par la coalition. « Quand cette mission aura-t-elle lieu? » s’est-il impatienté. Le représentant a dénoncé la campagne de désinformation visant à accuser Damas d’employer des armes chimiques et a rappelé que l’application de la résolution n’incombe pas qu’à la Russie. Aujourd’hui, quatre membres du Conseil organisent une réunion selon la formule Arria avec des membres de l’opposition syrienne. S’il n’a pas douté qu’une telle réunion fera l’objet d’une abondante couverture médiatique, le délégué a rappelé que l’ONU ne doit pas être utilisée à des fins politiques. Les habitants de Raqqa devraient eux aussi pouvoir s’exprimer, a conclu le représentant.
M. ZHAOXU MA (Chine) a affirmé que son pays s’efforçait de venir en aide à la population syrienne, y compris, le mois dernier, par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Tout agissement contre des civils ne saurait être toléré, a déclaré le représentant qui a rappelé que le Conseil de sécurité avait su faire preuve d’unité en adoptant la résolution 2401 et, depuis lors, des convois d’assistance humanitaires des Nations Unies ont pu entrer dans la Ghouta orientale, des « couloirs humanitaires » ont été mis en place et des blessés ont pu être évacués. Le représentant a tout de même noté que ces couloirs humanitaires avaient été pris pour cible, ce qui a empêché de les utiliser pleinement. Il a rappelé l’importance des processus politiques en cours, notamment le processus de Genève, et affirmé que la Chine continuerait d’œuvrer à leur succès.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a rendu hommage aux efforts des Nations Unies et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour tenter de fournir des services vitaux, d’effectuer des centaines d’évacuations et de faire parvenir des convois aux régions assiégées, en particulier la Ghouta orientale, malgré les risques encourus par leur personnel.
Il a invité le Conseil de sécurité à aider le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à mettre en œuvre ses programmes opérationnels d’urgence et à assurer la protection des acteurs humanitaires et médicaux. Il a joint sa voix à toutes celles demandant à toutes les parties de faciliter un accès sûr, sans entrave et inconditionnel à tous en Syrie et à prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils et les infrastructures civiles.
Le Kazakhstan estime qu’il est tout aussi important de continuer de promouvoir un accord politique et pense que le processus d’Astana a un grand potentiel. Dans ce domaine, le Kazakhstan continue de soutenir fermement la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et d’appeler le Groupe international de soutien pour la Syrie et d’autres pays à mettre en œuvre les mesures prévues par le Communiqué de Genève.
Il s’inquiète des difficultés à mettre en œuvre la résolution 2401 (2018) et appelle la communauté internationale à user de son influence sur les parties en conflit pour qu’elles coopèrent avec les Nations Unies. Estimant que la mise en œuvre de la résolution est une responsabilité collective, le représentant a rendu hommage aux efforts de la Fédération de Russie dans ce domaine.
Le représentant a en outre rappelé que son pays, pleinement engagé dans la lutte contre le terrorisme, n’en jugeait pas moins inadmissible d’utiliser cette lutte pour s’ingérer dans les affaires d’États souverains.
Le Kazakhstan, a-t-il rappelé, souhaite un renforcement de la paix et de la stabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient et estime que le seul moyen de résoudre la crise est la négociation, basée sur des mesures d’établissement de la confiance. Il estime notamment que l’expulsion des groupes terroristes de la Ghouta orientale pourrait contribuer à calmer la situation dans le secteur.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déploré que, deux semaines après l’adoption unanime de la résolution 2401 (2018) par le Conseil de sécurité, les progrès dans la mise en œuvre soient très insuffisants. Le cessez-le-feu ne s’est pas concrétisé et le conflit se poursuit avec son cortège de victimes civiles et de violations du droit international et du droit international humanitaire. Il faut donc redoubler d’efforts, a poursuivi le représentant, et le Conseil de sécurité doit maintenir son unité face à sa responsabilité de protéger la population syrienne, en adoptant toute mesure capable d’assurer l’application immédiate de la résolution.
La responsabilité d’agir est évidemment plus grande pour les États qui ont les moyens d’influencer la situation sur le terrain et notamment les garants des « zones de désescalade », a-t-il ajouté, estimant que le processus d’Astana était appelé à jouer un « rôle fondamental » en ce sens.
Si la situation est particulièrement grave dans la Ghouta orientale, elle l’est aussi à Edleb, Afrin, Rukban et Raqqa, entre autres, a rappelé le délégué péruvien, pour qui le cessez-le-feu doit s’appliquer sur l’ensemble du territoire syrien et permettre une assistance humanitaire durable, sûre et sans obstacle. Il a demandé au Gouvernement syrien de mettre le cessez-le-feu en œuvre immédiatement.
Le représentant a également rappelé que la lutte contre le terrorisme ne devait pas servir d’excuse à la violation des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Le Pérou appuie la proposition de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, de favoriser le dialogue entre les groupes d’opposition et les autres parties au conflit, et notamment avec les groupes d’opposition qui se sont dits prêts à respecter la trêve et à expulser de la Ghouta orientale les membres des organisations terroristes liées au Front el-Nosra.
Il reste engagé en faveur d’une solution politique qui mettra fin au désastre humanitaire qui se poursuit et assure la responsabilisation des auteurs des crimes commis dans le pays, y compris le recours à des armes chimiques.
En conclusion, le représentant a rappelé le plein soutien du Pérou aux efforts du Secrétaire général.
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déploré la poursuite des combats dans la Ghouta orientale malgré la résolution 2401 (2018), ainsi que la confiscation d’articles médicaux dans les convois humanitaires. Il a demandé la mise en place d’un mécanisme de paix cohérent, avant d’exhorter les membres du Conseil qui ont de l’influence d’intensifier leur engagement diplomatique en vue d’un règlement politique. Le délégué s’est dit indigné par la poursuite des combats à Edleb. Nous devons afficher un front uni pour expulser les groupes terroristes comme el-Nosra et Al-Qaida, a-t-il dit, avant de plaider une nouvelle fois pour une solution politique. Nous devrions avoir honte aujourd’hui, car la résolution n’est pas appliquée, a-t-il conclu.
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est avouée prise d’un « sentiment d’urgence » face à la mise en œuvre de la résolution 2401, dont elle a dit mesurer la difficulté à l’appliquer sur le terrain. Nous comprenons bien que « la solution n’est pas entièrement entre nos mains », a ajouté la représentante, mais nous devons faire tout notre possible pour que l’assistance humanitaire arrive à ceux qui en ont besoin. La représentante a renouvelé le soutien de son pays aux efforts du Secrétaire général et de son Envoyé spécial en vue d’une solution politique. Elle a également rappelé qu’il appartenait au peuple syrien de décider de son avenir. Elle a estimé que la lutte contre le terrorisme ne pouvait justifier la poursuite des combats et les violations du droit international et du droit international humanitaire. Face à la violence, il faut toujours réagir de manière proportionnée, a-t-elle ajouté, estimant que le cessez-le-feu prévu par la résolution 2401 devait être « respecté à la lettre » et ajoutant qu’une trêve quotidienne de cinq heures « ne suffisait pas ».
M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a regretté que la résolution 2401 (2018) n’ait pas connu la mise en œuvre espérée. Les situations humanitaire et sécuritaire restent préoccupantes, a-t-il dit, en dénonçant les attaques contre le personnel médical et humanitaire. Il a de nouveau demandé la cessation immédiate des hostilités, afin de permettre un accès sûr, durable et sans entrave des convois humanitaires, en particulier dans la Ghouta orientale. Le délégué s’est réjoui des informations faisant état, depuis quelques jours, de ce que le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge arabe syrien aient de nouveau pu entrer à Douma. Enfin, soulignant l’importance d’une solution politique, il s’est félicité de la rencontre à Genève entre l’Envoyé spécial pour la Syrie et les trois garants du processus d’Astana pour relancer le processus politique syrien.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a salué les efforts du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), de la Russie et de toutes les agences internationales humanitaires qui sont parvenues à apporter une assistance humanitaire tant attendue à la Ghouta orientale. Il a souhaité que ces efforts puissent se renouveler dans d’autres villes comme Edleb, Raqqa, Afrin et Al-Rukban, afin qu’on atteigne le plus grand nombre possible de civils. En ce sens, il a appelé le Gouvernement syrien à « poursuivre sa coopération » avec l’OCHA et à la renforcer. Il a déploré la poursuite des attaques et a exigé que soient respectés le droit international et le droit international humanitaire.
La Bolivie juge nécessaire de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter la réorganisation des groupes terroristes ou l’apparition de nouveaux. Elle soutient donc les accords existants qui permettent la réduction de la violence et le respect du cessez-le-feu, le travail sur le retour des déplacés et des réfugiés, la promotion de la confiance et l’amélioration de la situation humanitaire dans les zones de désescalade. La Bolivie, a ajouté son représentant, appelle toutes les parties à poursuivre leurs efforts pour obtenir une pleine mise en œuvre de la résolution 2401. Elle insiste sur l’importance de maintenir l’unité du Conseil de sécurité. Le représentant a conclu en rappelant qu’il n’y existe aucune solution militaire à la situation en Syrie.
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souligné les difficultés dans la mise en œuvre de la résolution 2401 (2018) et déploré la poursuite des activités militaires en Syrie, dans la Ghouta orientale en particulier. Toutes les parties doivent mettre en œuvre ce texte, a-t-il dit, en exhortant les acteurs qui ont de l’influence à exercer les « pressions nécessaires ». Il a rappelé que le conflit syrien entre dans sa huitième année et exhorté le Conseil à assumer ses responsabilités pour régler la crise. Le Conseil a un rôle indispensable à jouer, a-t-il dit. En conclusion, M. Alemu a espéré que l’esprit de consensus qui a permis l’adoption de la résolution perdurera. La bonne coopération des États ayant de l’influence est cruciale, a-t-il conclu.
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a dénoncé le fait qu’un jour après l’adoption de la résolution 2401 (2018), le régime syrien, appuyé par la Russie et l’Iran, aient lancé la plus violente offensive terrestre pour conquérir l’enclave de la Ghouta orientale. « Cette offensive continue au moment où nous parlons », a constaté le représentant pour qui le Conseil de sécurité doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir la pleine mise en œuvre de la résolution 2401. À cet égard, il a souligné trois points: la livraison immédiate de l’aide humanitaire, la surveillance de la cessation des hostilités et la crédibilité du Conseil. S’agissant de la livraison de l’aide, M. van Oosterom a appelé toutes les parties à permettre immédiatement un accès durable et sans entrave à la population, dans la Ghouta orientale et ailleurs en Syrie.
Pour ce qui est de la cessation des hostilités, le représentant a estimé nécessaire un mécanisme de surveillance robuste. Il a souligné une fois de plus que l’exception prévue dans la résolution pour la lutte contre les groupes terroristes ne saurait servir d’excuse pour ignorer les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution. L’Envoyé spécial pour la Syrie devrait faciliter les négociations entre les groupes armés de l’opposition, le régime syrien et la Russie afin de mettre en œuvre la résolution 2401 (2018), a dit le représentant. Notant l’évacuation de 13 combattants terroristes emprisonnés, M. van Oosterom a jugé crucial que de telles évacuations se fassent de manière sûre et ordonnée. Il a appelé l’ONU à mettre en place les mécanismes de surveillance à cet égard.
Il a aussi appelé la Russie à accepter l’offre de l’Envoyé spécial de faciliter d’autres évacuations de groupes terroristes inscrits sur la liste de l’ONU. Les civils ne devraient jamais être forcés de partir contre leur volonté et les déplacements forcés pourraient constituer un crime de guerre, a-t-il averti.
En ce qui concerne la crédibilité du Conseil de sécurité, le représentant a déclaré qu’il était vital pour un ordre international fondé sur des règles que les décisions du Conseil soient respectées et mises en œuvre. Mais la responsabilité et l’obligation d’exécuter ces décisions reposent sur chaque État Membre individuellement. Les souffrances en Syrie, en particulier dans la Ghouta orientale, doivent s’arrêter maintenant. Il faut une cessation totale des hostilités dans toute la Syrie, y compris dans la Ghouta orientale, Edleb et Afrin. Nous appelons la Fédération de Russie en particulier à user de son influence et à faire tout son possible pour y parvenir, a martelé le représentant.
L’on se demande comment le régime syrien pense obtenir la légitimité de gouverner un peuple qu’il soumet ou tue, a dit le représentant. Nous voyons, s’est-il désolé, des crimes de guerre voire des crimes contre l’humanité, a dit le représentant en reprenant les propos du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Il a appelé les membres du Conseil de sécurité à soutenir le renvoi de la catastrophe humanitaire en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI).
Le représentant a également exhorté tous les États à renforcer leur appui au mécanisme international, impartial et indépendant même si la priorité est de secourir immédiatement les millions de personnes qui ont besoin d’aide humanitaire en Syrie. Il faut pour cela une cessation immédiate et durable des hostilités et une pause de 30 jours au moins dans les affrontements. Tout échec exigera du Conseil qu’il aille au-delà de ce qu’il a fait jusqu’ici.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a relevé que le Secrétaire général a reconnu « avec humilité » dans son exposé, qu’il n’avait pas toutes les informations nécessaires, du fait que l’ONU n’est pas présente sur l’ensemble du territoire syrien. Rappelant que certains États membres du Conseil de sécurité avaient fermé leur ambassade dans le pays et ne disposaient pas de sources propres d’informations, s’en remettant à des informations publiques, il a estimé qu’ils n’étaient « d’aucune utilité » pour le peuple syrien.
Le Gouvernement syrien est toujours prêt à mettre en œuvre les initiatives internationales qui sont de nature à servir le peuple syrien, et notamment à mettre fin à l’effusion de sang, a affirmé le représentant, qui a rappelé que son pays avait fait part de sa « satisfaction » après l’adoption de la résolution 2401. Nous sommes déterminés à aider la population de la Ghouta orientale, a encore affirmé M. Jaafari, qui a assuré que « des pauses humanitaires » étaient observées. En outre, a-t-il ajouté, deux couloirs humanitaires sûrs ont été ouverts pour permettre aux civils de quitter la Ghouta orientale, et des convois du Comité international de la Croix-Rouge ont été envoyés dans la Ghouta les 5 et 9 mars. Mais il a affirmé que les groupes terroristes, « encouragés par leurs commanditaires, certains étant membres du Conseil de sécurité », avaient poursuivi leurs attaques, faisant de nombreuses victimes et empêchant les populations civiles de quitter la Ghouta orientale, « afin de continuer à les utiliser comme boucliers humains ». Il a ainsi accusé un de ces groupes terroristes, « présenté comme un groupe modéré par certains membres du Conseil de sécurité », d’avoir ciblé volontairement des groupes de civils qui cherchaient à quitter la Ghouta orientale par les couloirs humanitaires.
La situation en Syrie ne concerne pas seulement la Ghouta orientale, a poursuivi le représentant, qui a demandé une mission humanitaire à Raqqa, « ville qui a été détruite par la coalition internationale dirigée par les États-Unis ». Le représentant a également mentionné Rukban et Afrin, où aucun convoi n’a pu être envoyé car les Nations Unies « n’ont pas apporté les garanties nécessaires ».
À chaque pas que l’armée syrienne fait contre les terroristes, une campagne de désinformation est lancée » a affirmé M. Ja’afari, qui a accusé notamment le Qatar de se préoccuper surtout du sort et du « recyclage » des terroristes ailleurs dans le monde. Il a souhaité que le Secrétaire général parle aussi des agissements des forces turques qui occupent le territoire syrien à Afrin et a dénoncé « l’occupation » des forces américaines sur le territoire syrien.
Enfin, le représentant a estimé que la représentante des États-Unis, avait, « encore et toujours » porté des accusations contre la Syrie et l’avait « menacée » de mesures unilatérales qu’il a qualifiées de « déclarations irresponsables et d’encouragements directs aux terroristes ». Il a appelé les États-Unis et le Royaume-Uni à « mettre fin à leurs violations des résolutions du Conseil de sécurité » contre le terrorisme.