En cours au Siège de l'ONU

Pour la deuxième année consécutive, la Commission de la population et du développement se sépare sur un échec

Cinquante et unième session,
8e séance – après-midi
POP/1077

Pour la deuxième année consécutive, la Commission de la population et du développement se sépare sur un échec

La Commission, qui a commencé ses travaux le 9 avril dernier, a fermé ses portes ce soir, en confirmant ce qui est devenu une tradition: depuis 2015, elle ne s’est quittée, qu’une seule fois, en 2016, avec un texte de consensus.  Aujourd’hui, devant l’échec de la Commission à se mettre d’accord sur une résolution relative au thème annuel « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales », la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) n’a pu s’empêcher d’avouer sa « déception ».

Mme Natalia Kanem a parlé d’un « frein » à la mise en œuvre du Programme d’action sur la population et le développement, adopté au Caire en 1994, qui dit: « Les migrants et les personnes déplacées n’ont qu’un accès limité aux soins de santé en matière de reproduction.  Leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs sont gravement menacés. »

La Directrice du FNUAP a offert aux délégations un « instantané » des énormes « défis » auxquels nous faisons face.  Elle a rapporté les propos d’une jeune somalienne: « nous avons dû partir parce qu’il y avait beaucoup de violence, beaucoup de combats.  Il n’y avait pas de paix et il n’y avait pas d’avenir, pas d’éducation, rien.  Alors nous avons été obligés de fuir ici au Kenya ».  Le Programme d’action du Caire, a poursuivi la Directrice exécutive du FNUAP, exige des directives concrètes en écho aux besoins, aux droits et au bien-être des millions de femmes et de filles vulnérables de chaque partie du monde mais voilà que les questions des villes durables, de la mobilité humaine et des migrations internationales sont plus controversées que jamais, a-t-elle « sincèrement regretté ».

Mme Kanem a estimé que le texte du Président de la Commission « contenait la plupart de ce dont le monde a besoin pour assurer la durabilité des villes, le mouvement de personnes et des migrations sûres, et leurs implications sur le développement durable ».  Le texte, a-t-elle insisté, reflétait adéquatement la réalité des pays et de leur peuple, veillant à ne laisser personne de côté.

Au-delà de ces murs, a-t-elle dit aux délégations, des millions de personnes, dans vos pays et dans vos communautés, dépendent de progrès réels.  Alors que les villes s’étendent, que les gens recherchent sûreté, sécurité, nouvelles connexions et nouvelles opportunités, nous devons continuer à faire notre travail pour améliorer leur vie.  La Directrice exécutive a voulu faire entendre une autre voix.  « La vôtre », a-t-elle dit aux délégations, celle des 179 gouvernements qui, il y a 24 ans, ont dégagé un « consensus puissant » sur le Programme d’action du Caire.  Quand la Commission se réunira l’année prochaine et marquera le vingt-cinquième anniversaire du rendez-vous cairote, « j’espère que votre compréhension des défis aura renouvelé et redynamisé la volonté de parvenir à un consensus et à veiller à ce que personne ne soit laissé de côté », a conclu la Directrice exécutive du FNUAP.

Le Président de la Commission, M. Ion Jinga, avait en effet vanté les mérites d’un texte « équilibré », ne préjugeant nullement de l’issue des négociations sur le pacte pour des migrations sûres, régulières et ordonnées.  Le texte avait un libellé déjà agréé sur les migrations et la santé sexuelle et reproductive.  Il contenait une disposition sur « l’esprit » de la souveraineté, bien que le mot lui-même n’y figurait pas en tant que tel. 

L’invocation de l’esprit n’a pas suffi au Groupe des États d’Afrique qui réclamait une manifestation plus concrète.  Les États-Unis ont aussi fait valoir le droit « souverain » de chaque État à réglementer l’entrée et le séjour des étrangers.  L’Australie a aussi boudé un texte qui parle d’« États » au lieu d’« États Membres ».  L’Algérie s’est étonnée du manque de référence à l’autodétermination.  Les États-Unis ont également critiqué les mentions « non justifiées et trop nombreuses » de la santé sexuelle et reproductive.  Ils ont réitéré qu’ils ne reconnaissent pas l’avortement comme méthode de planification familiale.  C’est bien l’accent que certains ont voulu placer sur ces questions qui a fait dérailler le processus, a confirmé le Saint-Siège, en condamnant le « mépris permanent des délégations ».

La Tunisie, longuement applaudie, a milité au contraire pour les droits sexuels et reproductifs et fait valoir le droit de chaque individu de vivre librement sa sexualité, un principe, a-t-elle souligné, réaffirmé depuis 1994 et sous-tendant le développement durable et la justice sociale.  Ces droits sont essentiels à la justice sociale, a renchéri l’Afrique du Sud.  Progressons sur les idées qui nous unissent et non sur celles qui nous divisent, ont encouragé les Philippines.  La situation actuelle est d’autant plus malheureuse que le texte du Président reposait sur des libellés convenus, a tout de même rappelé le Brésil qui s’est alarmé d’une situation qui remet dangereusement en cause le travail de la Commission.

En dépit de cet échec, a rassuré l’Afrique du Sud, les États se sont mis d’accord sur de nombreux paragraphes individuels et ont pris l’engagement de travailler à un accord.  Le Sous-Secrétaire général au développement économique n’a pas dit autre chose.  M. Elliot Harris a noté que malgré l’absence de consensus, la Commission a souligné l’importance du Programme d’action du Caire et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

La Commission a tout de même réussi à adopter une décision sur le rapport sur les flux de ressources financières devant concourir à la poursuite de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement ».  Par ce texte, elle recommande au Conseil économique et social que les prochaines éditions du rapport parlent de l’aide publique au développement (APD), de la santé, de l’autonomisation des femmes et de l’éducation et du thème annuel qui, l’année prochaine, sera « Population, sécurité alimentaire, nutrition et développement durable ».

Le Mexique a relevé un manque de cohérence puisque, par souci d’harmonisation avec l’ECOSOC, les thèmes doivent correspondre à ceux du Forum politique de haut niveau.

Avant de fermer ses portes, la Commission a élu Mme Yuliana Angelova, de la Bulgarie, à sa vice-présidence, les autres vice-présidents et le Président, devant être élus ultérieurement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 23 avril 2018 le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA)

8232e séance – matin
CS/13295

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 23 avril 2018 le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA)

Le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, à l’unanimité la résolution 2411 (2018) par laquelle il décide de « proroger jusqu’au 23 avril 2018 le mandat » de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA).

L’Abyei est un territoire situé entre le Soudan et le Soudan du Sud et revendiqué par les deux États.  La FISNUA a été créée par le Conseil de sécurité le 27 juin 2011 par la résolution 1990 (2011).  Son mandat a été renouvelé régulièrement depuis, mais modifié par les résolutions 2024 (2011) et 2075 (2012).

L’an dernier, le Conseil avait manifesté son impatience face à l’absence de progrès, notamment dans la mise en œuvre du « Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière » créé six ans plus tôt.  Le 15 novembre 2017, il avait, par sa résolution 2386 (2017), prorogé le mandat de la FISNUA jusqu’au 15 mai 2018 mais n’avait prolongé que de cinq mois, jusqu’au 15 avril, l’appui de la FISNUA au Mécanisme conjoint, avertissant qu’il s’agissait de la dernière prorogation, à moins que les parties ne prennent des mesures concrètes.  Il avait en outre décidé de réduire l’effectif maximum autorisé de la Force à 4 235 militaires à compter du 15 avril, « à moins que le Soudan et le Soudan du Sud ne prennent des mesures précises » et « susceptibles de le convaincre de renouveler, à cette date, l’appui de la Force au Mécanisme ». 

Le Conseil reste cependant « activement saisi de la question », au motif que la situation qui règne à Abyei et le long de la frontière entre les deux pays « continue de menacer gravement la paix et la sécurité internationales ».

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DE SUD

Texte du projet de résolution (2018/341)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations du Président concernant la situation au Soudan et au Soudan du Sud, notamment ses résolutions 1990 (2011), 2024 (2011), 2032 (2011), 2046 (2012), 2047 (2012), 2075 (2012), 2104 (2013), 2126 (2013), 2156 (2014), 2179 (2014), 2205 (2015), 2230 (2015), 2251 (2015), 2287 (2016), 2318 (2016), 2352 (2017), 2386 (2017) et les déclarations du Président S/PRST/2012/19 et S/PRST/2013/14, ainsi que les déclarations du Président à la presse des 18 juin 2012, 21 septembre 2012, 28 septembre 2012, 6 mai 2013, 14 juin 2013, 14 février 2014, 17 mars 2014, 11 décembre 2014 et 27 novembre 2015,

Constatant que la situation qui règne à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud continue de menacer gravement la paix et la sécurité internationales,

1.    Décide de proroger jusqu’au 23 avril 2018 le mandat de la FISNUA modifié par sa résolution 2024 (2011) et le paragraphe 1 de sa résolution 2075 (2012);

2.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Face aux risques d’escalade militaire au Moyen-Orient, le Secrétaire général exhorte les États Membres à agir de manière responsable

8231e séance – matin
CS/13293

Face aux risques d’escalade militaire au Moyen-Orient, le Secrétaire général exhorte les États Membres à agir de manière responsable

Ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a exhorté les États Membres à agir de manière responsable au Moyen-Orient, région plongée dans le « chaos » en raison notamment du conflit en Syrie, afin d’empêcher que « la situation n’échappe à tout contrôle ». 

Alors que la représentante des États-Unis a indiqué qu’aucune décision n’avait encore été prise s’agissant de la riposte à l’emploi allégué d’armes chimiques à Douma, en Syrie, le 7 avril, les délégations ont fait part de leurs inquiétudes devant les risques d’escalade, celle du Kazakhstan décelant dans les tensions actuelles « les contours d’une guerre mondiale ».

À l’entame de son intervention, le Secrétaire général a dressé un tableau très sombre de la situation au Moyen-Orient, traversé de « lignes de fracture qui s’entrecroisent et créent une situation extrêmement volatile, avec des risques d’escalade, de fragmentation et de division ».

Ces multiples lignes de fracture se reflètent dans une multiplicité de conflits, liés les uns aux autres à des degrés divers, plusieurs étant, eux, clairement liés au terrorisme international, a-t-il dit.  S’il a mentionné les conflits au Yémen, en Libye, entre Israéliens et Palestiniens, M. Guterres a longuement insisté sur la guerre en Syrie, qui est « la menace la plus grave à la paix et à la sécurité internationales ».

Détaillant « la litanie des horreurs » commises en Syrie, M. Guterres s’est dit indigné par les informations faisant état de l’emploi d’armes chimiques dans ce pays, « violation ignominieuse du droit international ».  Il a apporté son soutien à la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), dont une équipe est attendue à Douma. 

Le Secrétaire général a exhorté le Conseil à poursuivre ses efforts pour établir un mécanisme d’attribution des responsabilités « impartial, objectif et indépendant » sur l’emploi de ces armes, afin que l’impunité ne l’emporte pas.  Saisi de trois projets de résolution, le Conseil de sécurité n’était pas parvenu, plus tôt dans la semaine, à créer un tel mécanisme. 

Les tensions grandissantes et l’incapacité à parvenir à un compromis s’agissant de ce mécanisme font courir le risque d’« une escalade militaire de grande ampleur », a-t-il mis en garde.  « C’est le risque auquel nous faisons face aujourd’hui, que les choses échappent à tout contrôle. » 

Une inquiétude partagée par le délégué de la Fédération de Russie, qui a fustigé les menaces d’une intervention militaire des États-Unis et de ses alliés en Syrie.  « Nous ne saurons laisser faire cela, sachant que des militaires russes se trouvent en Syrie », a-t-il déclaré, en dénonçant la « rhétorique militariste au niveau le plus élevé à Washington ».

Ce pays, a-t-il dit et répété, n’est « pas digne du statut d’un membre permanent du Conseil de sécurité ».  Ce statut implique des responsabilités importantes et « pas seulement le droit d’utiliser la matraque quand on le décide », a asséné le délégué russe. 

Son homologue de la Bolivie lui a emboîté le pas, en rappelant que, selon la Charte des Nations Unies, l’emploi de la force n’est licite qu’en cas de légitime défense ou lorsque le Conseil l’autorise.  « Le Conseil ne doit pas devenir un pion sur l’échiquier de la guerre », a-t-il dit.  « Agir militairement en contournant le Conseil irait à l’encontre du droit international », a renchéri le représentant de la Chine. 

De son côté, le délégué syrien a déclaré que si la France, le Royaume-Uni et les États-Unis attaquent la Syrie, « nous n’aurons pas d’autre choix que d’user de la légitime défense, comme prévu par l’Article 51 de la Charte ».  « C’est une promesse, pas une menace », a-t-il dit. 

« Mon président n’a pas encore pris de décision, mais si mon pays et ses alliés décidaient d’agir, ce serait pour défendre le droit international qui protège toutes les nations du monde », avait prévenu la déléguée des États-Unis, appuyée par son homologue du Royaume-Uni.

« Si la Russie s’était acquittée de ses obligations de garantir la destruction du stock d’armes chimiques syrien, nous ne serions pas ici aujourd’hui », a-t-elle argué.  La représentante a accusé la Russie d’avoir « tué » le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU et de ne reculer devant rien pour « protéger le régime d’Assad ».

« En décidant une nouvelle fois de recourir aux armes chimiques, le régime a atteint, le 7 avril dernier, un point de non-retour », a déclaré le représentant de la France.  Il a estimé que l’attaque de Douma, dont le « régime de Bashar Al-Assad » est, selon lui, l’auteur, est « la marque d’une escalade cynique ».  La France, a-t-il dit, prendra ses responsabilités pour mettre fin à une menace intolérable à notre sécurité collective. 

Plusieurs délégations ont prôné l’apaisement, comme celle du Kazakhstan qui a appelé à « faire preuve de retenue et observer une pause », en observant que toute action militaire serait indésirable et aurait de graves conséquences.  Le représentant de la Côte d’Ivoire n’a pas dit autre chose en exhortant les parties à la retenue et « au bon sens » pour préserver la paix et la sécurité internationales, « notre héritage commun ». 

Les efforts du Secrétaire général, qui a offert ses bons offices sur ce dossier, ont été salués par la Guinée équatoriale et la Suède.  Cette dernière délégation a présenté une proposition qu’elle a distribuée hier à ses collègues qui, entre autres, demande au Secrétaire général d’envoyer immédiatement en Syrie une mission de haut niveau de désarmement. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

La situation au Moyen-Orient

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a dit que le chaos règne au Moyen-Orient, constituant une menace à la paix et à la sécurité internationales.  La région est confrontée à un véritable nœud gordien: les lignes de fracture s’entrecroisent et créent une situation extrêmement volatile, avec des risques d’escalade, de fragmentation et de division.  « Nous voyons une multiplicité de divisions. »

Il a souligné en premier lieu que la guerre froide est de retour, avec une différence, puisque les mécanismes de sauvegarde destinés à gérer les risques d’escalade n’existent plus.  Comme seconde ligne de fracture, M. Guterres a cité le conflit israélo-palestinien, la troisième étant le clivage sunnite-chiite.  « Il est important de noter que les clivages religieux apparents sont en temps normal le produit de manipulations politiques et géostratégiques », a dit le Secrétaire général pour qui ces multiples lignes de fracture se reflètent dans une multiplicité de conflits, liés les uns aux autres à des degrés divers, plusieurs étant, eux, clairement liés au terrorisme international.  Par conséquent, « plusieurs formes d’escalade sont possibles ».

Notant les récentes violences à Gaza, il a appelé à une enquête indépendante et transparente sur ces incidents et exhorté les parties concernées à s’abstenir de tout acte susceptible de faire davantage de victimes.  « Cette tragédie souligne l’urgence de revitaliser le processus de paix en vue de promouvoir la solution des deux États. »

Venant à la situation au Yémen, M. Guterres a déploré le « désastre humanitaire le plus grave au monde » et plaidé pour un règlement politique par le biais d’un dialogue intra-yéménite.  En Libye, le Secrétaire général a exhorté les parties à appuyer le travail de son Représentant spécial, jugeant que le temps est venu de mettre fin au conflit dans ce pays.  M. Guterres a ensuite espéré que les prochaines élections en Iraq consolideront les gains enregistrés dans ce pays, parmi lesquels la défaite de Daech et des risques de fragmentation surmontés. 

Pour ce qui est du Liban, « il est absolument essentiel d’éviter un nouveau conflit Israël-Hezbollah », a-t-il dit, en appelant à promouvoir les engagements concernant ce pays, y compris la politique de dissociation. 

M. Guterres a déclaré que les liens avec le conflit syrien sont évidents dans les récentes confrontations entre l’Iran et Israël en Syrie.  « La Syrie représente aujourd’hui la menace la plus grave à la paix et à la sécurité internationales. »  M. Guterres a déploré les confrontations et les guerres par procuration opposant plusieurs armées nationales, des groupes d’opposition armés, des combattants étrangers et plusieurs organisations terroristes.  « Je le répète: il n’y a pas de solution militaire au conflit », a-t-il dit, en appelant à une solution politique, dans le respect de la résolution 2254 (2015).

Le Secrétaire général a fait la liste interminable des horreurs commises en Syrie, parmi lesquelles les attaques contre les civils, des actes de torture et l’emploi d’armes chimiques.  M. Guterres a déploré la non-application de la résolution 2401 (2018) qui réclamait une cessation des hostilités à des fins humanitaires.  « Le tableau est sombre en Syrie. »

Il s’est dit indigné par les informations faisant état de l’emploi d’armes chimiques en Syrie et a réitéré sa ferme condamnation d’un tel emploi, quelles que soient les parties ou les circonstances.  « Leur emploi est une ignominieuse et claire violation du droit international. »  Au regard de la gravité de ces allégations, M. Guterres a demandé une enquête approfondie, par le biais d’une expertise impartiale, indépendante et professionnelle, avant d’apporter son plein soutien à l’OIAC et à la Mission d’établissement des faits.  Cette mission devrait se voir accorder le plein accès en Syrie, a-t-il dit, notant qu’une première mission est déjà dans le pays et qu’une seconde doit s’y rendre aujourd’hui ou demain.  « Mais nous devons aller plus loin », a-t-il demandé.

Il a regretté l’incapacité du Conseil de s’accorder sur un nouveau mécanisme d’attribution des responsabilités après la fin du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  Il a souligné l’importance d’éviter l’impunité s’agissant de l’emploi d’armes chimiques et exhorté tous les États Membres à agir de manière responsable en ces périlleuses circonstances.  « J’exhorte le Conseil à assumer ses responsabilités et à ne pas cesser ses efforts pour agréer un mécanisme d’attribution des responsabilités impartial, objectif et indépendant. »

Le Secrétaire général a déclaré que les tensions grandissantes et l’incapacité à parvenir à un compromis s’agissant d’un tel mécanisme menacent d’aboutir à une escalade militaire de grande ampleur.  « Je réitère ma profonde préoccupation devant les risques de l’impasse actuelle et souligne la nécessité d’éviter que la situation n’échappe à tout contrôle », a-t-il conclu.  « C’est le risque auquel nous faisons face aujourd’hui, que les choses échappent à tout contrôle. » 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que les « paroles d’autorité » du Secrétaire général dressaient un « tableau inquiétant » de la situation.  Reconnaissant qu’il existe « de nombreuses blessures » au Moyen-Orient, il a toutefois ajouté que la crise la plus urgente est celle qui concerne la situation en Syrie.

Le monde -la Fédération de Russie aussi– a reçu, il y a deux jours, des mises en garde, des menaces de la part des États-Unis et de ses alliés, a rappelé le représentant.  Or, a-t-il souligné, « des militaires russes se trouvent en Syrie » pour lutter contre le terrorisme international.  En outre, a poursuivi M. Nebenzia, on continue d’entendre des propos durs et dangereux à l’égard d’un État souverain de la part de Washington et d’autres.  Il a dénoncé une « rhétorique militariste », y compris « au niveau le plus élevé à Washington », qu’il a accusé d’avoir pris la direction d’un « scénario militaire en Syrie ».  « Nous ne saurons laisser faire cela, sachant que des militaires russes se trouvent en Syrie », a-t-il insisté, ajoutant que, pendant ce temps, certains regardent et d’autres se font les instigateurs des propos de Washington, devenant ainsi des complices de leur aventure militaire.

« Étrangement, aujourd’hui personne ne parle de diplomatie préventive », a remarqué M. Nebenzia, qui a ajouté « qu’avant même que les incendies se produisent », des coupables ont été désignés et apparemment il faudrait les punir immédiatement.

Nous nous souvenons des « expériences » menées en Iraq et en Libye, qui montrent que les États-Unis considèrent le Conseil de sécurité comme un de leurs outils, a encore accusé M. Nebenzia, qui a dénoncé un « comportement irresponsable » des États-Unis.  Ce pays, a-t-il dit et répété, n’est « pas digne du statut d’un membre permanent du Conseil de sécurité ».  Ce statut implique des responsabilités importantes et « pas seulement le droit d’utiliser la matraque quand on le décide », a-t-il  poursuivi. 

« Qui peut profiter d’une frappe sur l’armée syrienne, qui se bat depuis longtemps contre le terrorisme et a remporté de nombreuses victoires dans ce domaine? » a encore demandé le représentant.  « Est-ce vraiment pour semer le chaos que vous faites cela? »

M. Nebenzia a une nouvelle fois affirmé qu’il n’y avait « pas de trace » d’attaque chimique à Douma.  Les experts russes envoyés sur place n’en ont pas trouvée, et la population de Douma n’est pas au courant, a-t-il affirmé, ajoutant avoir « des preuves d’une provocation de services secrets étrangers ».  C’est pour lui une « répétition » de ce qui s’est passé il y a un an à Khan Cheïkhoun.  Rappelant que la Mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) va venir travailler en Syrie, il a espéré qu’elle pourrait mener sa mission librement.

Pour sa part, la Fédération de Russie continue de travailler d’arrache-pied à une désescalade, a affirmé le représentant.  Son pays a présenté une résolution en faveur d’une enquête sur place, un texte « bloqué de façon irresponsable par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France », a regretté M. Nebenzia, qui a dénoncé les théories du complot.

« Après des années en Syrie, nous avons réussi à stabiliser une grande partie du pays », a poursuivi M. Nebenzia.  « Nous soutenons le processus politique, nous assistons à un début de réconciliation nationale, nous luttons contre le terrorisme. »  « Nous avons reconnu votre contribution mais c’est toujours votre définition du terrorisme qui prévaut », a-t-il noté, et ce, alors que la Fédération de Russie est « presque le seul pays » qui s’attèle à mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) sur le processus de Genève.  Pour illustrer son propos, il a cité la tenue réussie du Congrès national syrien de Sotchi.  « Combien de villes avez-vous pacifiées?  Combien de groupes armés avez-vous convaincu de venir discuter? » a-t-il ensuite demandé. 

« Les gens qui ont été libérés sont heureux », a encore affirmé le représentant, ajoutant que « les images existent mais les médias occidentaux ne les montrent pas ».  Cela ne vous intéresse plus car ces régions sont désormais contrôlées par le Gouvernement, a-t-il avancé. 

M. Nebenzia a répété que les événements « prennent une tournure dangereuse » et menacent d’avoir des conséquences très graves pour la paix et la sécurité mondiales.  Il en a rendu responsables les États-Unis et leurs alliés, jugeant dommage que « la Vieille Europe » les soutienne.  La Fédération de Russie est prête à coopérer avec tous ses partenaires pour résoudre les problèmes par la voie du dialogue, a réaffirmé M. Nebenzia, qui a appelé en conclusion tous les partenaires à y contribuer. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) s’est dite atterrée par les propos du délégué russe.  Elle a trouvé étrange cette réunion demandée par la Russie qui ignore sa propre responsabilité en Syrie.  « Plutôt que de débattre des menaces unilatérales pesant sur la Syrie, nous devrions discuter de l’emploi d’armes chimiques, qui est une violation grotesque du droit international », a-t-elle asséné.  Mme Haley a estimé que « les armes chimiques sont un fléau devant lequel nous ne devons pas rester impuissants ».

La déléguée a mentionné les différents instruments internationaux élaborés face à la menace posée par les armes chimiques, comme la Convention sur les armes chimiques, à laquelle la Russie et les États-Unis sont parties et même le « régime d’Assad ».  « Nous sommes d’accord sur le principe d’interdiction des armes chimiques », a-t-elle constaté.

Pour la représentante, il faut débattre des actions qui ont conduit jusqu’ici, non pas des pays qui auront peut-être le courage de s’élever contre l’emploi d’armes chimiques.  Mme Haley a accusé la Russie de ne reculer devant rien pour défendre l’emploi d’armes chimiques.  « C’est la Russie qui a tué le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU, qui a employé son veto à six reprises sur ce sujet », a-t-elle martelé.  « C’est la Russie et la Russie seule qui a usé de son veto à 12 reprises pour protéger Assad. »  Si la Russie s’était acquittée de ses obligations de garantir la destruction du stock d’armes chimiques syrien, nous ne serions pas ici aujourd’hui, a-t-elle poursuivi.  La déléguée a déclaré que le comportement de la Russie dégradait les normes internationales sur l’emploi d’armes chimiques. 

« Mon président n’a pas encore pris de décision, mais si mon pays et ses alliés décidaient d’agir, ce serait pour défendre le droit international qui protège toutes les nations du monde », a déclaré la représentante des États-Unis.  La déléguée a indiqué que le « régime d’Assad » aurait utilisé au moins 50 fois des armes chimiques, 200 fois selon certaines estimations.  La Russie était censée garantir qu’Assad n’utilise pas des armes chimiques, mais elle a fait tout le contraire, a-t-elle constaté.  « Tout ce que l’ONU défend est en train d’être sapé en Syrie avec l’aide d’un membre permanent », a-t-elle conclu, en assurant que les États-Unis et les alliés continueraient de défendre la vérité et la fin de l’emploi d’armes chimiques. 

M. MA ZHAOXU (Chine) a dit apprécier grandement les efforts inlassables du Secrétaire général.  « La situation en Syrie est dangereuse, nous sommes entre la paix et la guerre », a-t-il estimé en exprimant ses inquiétudes face à l’escalade des tensions.  Le représentant a estimé que la grande priorité était de lancer une enquête impartiale et objective permettant d’apporter des conclusions fiables.  Agir militairement en contournant le Conseil de sécurité irait à l’encontre du droit international et de toutes les normes internationales, a-t-il rappelé.  Il a aussi demandé que soit respectée la souveraineté internationale de la Syrie.  Il ne peut y avoir de solution militaire à la crise syrienne, la seule solution est politique, a argué M. Ma, qui a assuré que la Chine appuie les Nations Unies.  La Chine, a-t-il insisté, appelle la communauté internationale à poursuivre ses efforts diplomatiques pour régler les difficultés sur le terrain sans recourir à la force et en laissant les Nations Unies jouer le rôle de médiateur principal.

Le représentant a assuré que les populations du monde recherchent la paix, répétant que la situation en Syrie menace la paix et la stabilité « au Moyen-Orient et dans le monde en général ».  Il a parlé de « moment charnière pour le Conseil de sécurité » et pour sa crédibilité.  Le Conseil de sécurité devrait faire de son mieux pour agir dans le consensus et mériter la confiance que la communauté internationale a placée en lui, a-t-il prôné.  Il a assuré en conclusion que la Chine restait prête à poursuivre ses efforts inlassables pour protéger la paix.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé qu’à la séance du Conseil de sécurité du 27 septembre 2013, jour de l’adoption de la résolution 2118 (2013), le Conseil avait caractérisé de manière unanime que la situation en Syrie constituait « une menace grave à la paix et à la sécurité internationales » à la suite des effroyables attaques chimiques dans la Ghouta orientale.  « Face à ceux qui souhaitent créer la confusion, allant jusqu’à accuser les populations syriennes de s’être gazées elles-mêmes, face à ceux qui suggèrent un complot, nous devons en revenir à des faits simples », a proposé M. Delattre.  Pour lui, la crise syrienne constitue une menace à la sécurité internationale du fait du recours répété, organisé et systématisé aux armes chimiques par le « régime de Bashar Al-Assad qui a de nouveau franchi un seuil dans l’horreur » avec les deux attaques de Douma, le 7 avril dernier.

Pour la France, tout concorde: les éléments recueillis sur place, les symptômes des victimes, la complexité du maniement des substances utilisées, ainsi que la détermination des forces du régime à soumettre le plus vite possible, et par tous les moyens, les dernières poches de résistance à Douma.  Il s’agit « d’un modus operandi parfaitement connu et documenté », puisqu’un mécanisme indépendant créé à l’initiative du Conseil de sécurité a déjà établi, à au moins quatre reprises depuis 2015, l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Damas à Sarmin, à Talmenes, à Qmenas et à Khan Cheïkhoun, a argué le représentant.  « Un mécanisme d’enquête qu’un membre permanent du Conseil de sécurité a décidé, en novembre dernier, de contraindre au silence. »

Le représentant a déclaré que « la politique chimique du régime de Bashar Al-Assad constitue l’une des violations les plus graves de toutes les normes qui garantissent notre sécurité collective », rappelant que l’emploi d’armes chimiques contre des populations civiles, interdit dès 1925 dans le Protocole de Genève, est constitutif de crime de guerre au sens du statut de la Cour pénale internationale (CPI).  Il a estimé que cette guerre chimique est « l’outil d’accélération d’une politique délibérée de soumission par la terreur » qui, en sept années, a causé la mort de 400 000 personnes, de nombreuses destructions et un exode massif de réfugiés et de déplacés, et qui a fait le lit du terrorisme international.  Pour la France, ce tableau effrayant est celui de l’une des menaces les plus flagrantes à la paix et à la sécurité internationales de l’ère contemporaine.  Et c’est aussi « le bilan de ceux qui, envers et contre tout, continuent de le soutenir et de l’appuyer ». 

Pour M. Delattre, « si la Syrie a continué d’utiliser des substances toxiques à des fins militaires, c’est qu’elle a conservé la capacité de les utiliser et de les fabriquer », en contravention avec ses engagements internationaux.  Pour lui, ce sont ces capacités non déclarées de la Syrie « que nous avons de nouveau vues en action le 7 avril ».  Il a relevé que le Conseil de sécurité est donc fondé à se réunir sur cette violation du droit international et de ses propres résolutions.  De plus, le Conseil serait à son avis « plus que fondé encore à faire ce à quoi il s’est engagé, c’est-à-dire prendre des mesures sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies ». 

M. Delattre a regretté que face aux atrocités de masse commises en Syrie, l’action du Conseil de sécurité soit, depuis plusieurs années, paralysée par les vetos successifs de la Russie, pays qu’il a accusé de vouloir ainsi protéger le pouvoir syrien et de « lui garantir un régime d’impunité ».

« Je le dis solennellement, en décidant une nouvelle fois de recourir aux armes chimiques, le régime a atteint, le 7 avril dernier, un point de non-retour », a déclaré le représentant.  La France, a-t-il promis, prendra ses responsabilités pour mettre fin à une menace intolérable à notre sécurité collective, et pour faire enfin respecter le droit international et les dispositions prises, depuis des années, par le Conseil de sécurité.  Il a souligné que l’attaque de Douma, alors que les derniers combattants étaient prêts à négocier leur reddition, « est la marque d’une escalade gratuite et cynique ».

La France juge essentiel de lutter contre l’impunité de ceux qui sont responsables de l’emploi de telles armes, et plus largement, de ceux qui sont responsables des crimes les plus graves commis en Syrie.  L’engagement de la France en ce sens est entier, a assuré M. Delattre en s’appuyant sur le partenariat international contre l’impunité d’utilisation d’armes chimiques que le pays a initié en janvier dernier. 

Le délégué a enfin plaidé pour la mise en œuvre de la résolution 2401 (2018) sur l’accès humanitaire, un texte qui n’a rien perdu de son actualité, pour que les convois humanitaires puissent parvenir en sécurité dans la Ghouta orientale et que la protection des civils fuyant les hostilités ou nécessitant un traitement médical puisse être assurée.  Enfin, la France indique que la crise syrienne ne peut être durablement résolue que dans le cadre d’une solution politique et sur la base de la pleine mise en œuvre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  Il a invité ceux qui s’inquiètent aujourd’hui des conséquences de la crise syrienne à les rejoindre et à contraindre enfin le régime à accepter une logique de négociation sous l’égide des Nations Unies. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a dit que la situation débattue aujourd’hui découle uniquement de l’emploi d’armes chimiques en Syrie.  « Il est très probable que le régime d’Assad, qui a employé de telles armes à plusieurs reprises, soit responsable de l’attaque de Douma », a-t-elle dit.  Mme Pierce a promis que son pays continuerait d’œuvrer avec ses alliés pour une riposte internationale.  Évoquant la guerre froide, elle a rappelé que son pays et la Russie étaient côte à côte en 1945 et aussi en 1995, s’agissant des accords de Dayton.  Elle a regretté que, « en 2018, la Russie refuse de coopérer avec nous pour régler la situation en Syrie et refuse d’agréer un mécanisme d’attribution des responsabilités ».

Mme Pierce a exprimé son soutien au travail de la Mission d’établissement des faits, avant d’accuser la Russie de participer à l’érosion des normes internationales par ses agissements, comme dans l’attaque de Salisbury.  « Le peuple britannique n’est pas russophobe et préfèrerait une relation productive avec ce pays », a-t-elle dit.  « Mais nous sommes tous à la merci d’un veto russe et nous ne sacrifierons pas l’ordre international parce que la Russie veut protéger son allié », a tranché Mme Pierce.  Elle a accusé la Russie de ne pas vouloir promouvoir le processus de Genève mais de protéger le régime syrien et de procéder à une grave « distorsion des faits » à l’ONU.  « Ce que fait la Russie est dangereux », a-t-elle conclu. 

M. OLOF SKOOG (Suède) a dit qu’il était profondément préoccupé que le Conseil de sécurité ne soit pas en mesure de se mettre d’accord et d’aller de l’avant sur une réponse substantielle, rapide et unifiée à l’utilisation des armes chimiques en Syrie.  « Nous regrettons que la Russie ait une fois de plus utilisé son droit de veto et empêché le Conseil d’agir. »  Il a rappelé les efforts menés ces derniers jours pour essayer d’assurer que tous les moyens pacifiques de répondre soient épuisés.  Il a apprécié que le Secrétaire général ait offert son appui à ces efforts par ses bons offices.  Pour lui, c’est une occasion qui aurait dû être saisie.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il expliqué, la Suède a fait hier une proposition qui contient quatre éléments.

En premier lieu, elle condamne dans les termes les plus forts toute utilisation d’armes chimiques en Syrie et s’alarme de l’incident qui aurait eu lieu à Douma la semaine dernière, en arguant que l’utilisation d’armes chimiques constitue une violation du droit international.  En second lieu, elle demande un accès total et la coopération avec la Mission d’établissement des faits de l’OIAC au motif qu’il faut établir les faits concernant ce qui s’est passé à Douma.

En troisième point, elle exprime la détermination du Conseil à créer un mécanisme impartial et indépendant d’attribution des responsabilités, fondé sur la proposition du Secrétaire général, en faisant valoir que les auteurs des attaques chimiques doivent être identifiés et rendre des comptes.  Quatrièmement, la proposition demande au Secrétaire général d’envoyer immédiatement une mission de haut niveau de désarmement en Syrie.  Il faut en effet résoudre toutes les questions en suspens sur les armes chimiques et débarrasser la Syrie une bonne fois pour toutes de toutes armes de ce type qui pourraient encore exister dans le pays.  Une telle mission ajouterait un levier politique et diplomatique au travail technique et professionnel mené par l’OIAC, a expliqué le représentant de la Suède. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a affirmé que la position de son pays dans de telles situations était toujours en faveur du dialogue et du règlement pacifique des différends.  La Guinée équatoriale est totalement opposée à l’usage de la force, a-t-il dit, arguant que, loin de résoudre les problèmes, la force pouvait au contraire contribuer à créer davantage de souffrances, de chaos et de désordre, comme on l’a vu en Libye avec des conséquences qui affectent toute la région saharienne.  « La rhétorique employée nous préoccupe », a poursuivi le représentant, s’inquiétant de « sa consonance qui semble dangereusement familière ».  Il a appelé les puissances à faire preuve du sens de la responsabilité, en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité qui détiennent une responsabilité particulière pour défendre la crédibilité du Conseil. 

Le représentant a ensuite posé une série de questions: « À qui bénéficie l’incapacité du Conseil de sécurité de prendre des décisions?  Sommes-nous en train de contribuer à délégitimer le Conseil?  Sommes-nous en train d’éroder activement la pertinence même du Conseil dans le paysage politique international?  Si le Conseil de sécurité ne peut prendre de décisions, combien de temps la communauté internationale va-t-elle prendre pour retirer la foi et l’espoir qu’elle a placés en lui? »  Alors qu’il ne peut y avoir de solution militaire en Syrie, le représentant a jugé frustrant de constater l’absence de tout progrès sur le plan politique.  Il a appelé le Conseil à faire preuve de responsabilité et à créer un mécanisme international indépendant et impartial d’enquête et de désignation pour expliquer ce qui s’est passé à Douma et définir les responsabilités.  Il a enfin jugé que les bons offices qu’a proposés le Secrétaire général devaient être pris en compte et vus comme une occasion à saisir. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a déploré que certains membres du Conseil refusent de débattre de la raison qui a motivé la convocation de cette réunion, qui résulte du « fait qu’un pays a menacé d’utiliser unilatéralement la force ».  Il a demandé une enquête transparente et impartiale pour identifier les responsables de l’emploi d’armes chimiques.  Il a souhaité une enquête dépolitisée et regretté que le Conseil ne soit pas parvenu à cet objectif.  « Nous sommes ici pour débattre de la menace d’emploi de la force brandie par un pays », a-t-il répété, en rappelant que la justification du système international est précisément d’éviter une telle situation.  La Charte de l’ONU interdit les actions unilatérales, a-t-il poursuivi.

Le délégué a rappelé que le Conseil représente les 193 États Membres de l’ONU et ne doit pas être utilisé comme « un pion sur l’échiquier de la guerre, de la géopolitique et des intérêts mesquins ».  Il a cité l’Article 4 de la Charte, qui interdit de recourir à la menace, « à la menace » a-t-il insisté, ou à l’emploi de la force.  Répondant à la déléguée britannique, il a déploré que les projets de résolution soient présentés uniquement pour des chaînes de télévision et mis aux voix alors qu’un veto est inévitable.  Invoquant l’opération Condor en Bolivie, le délégué a dénoncé ces pays qui, lorsque les droits de l’homme et la démocratie ne leur conviennent pas, financent des coups d’État.  L’emploi de la force n’est licite qu’en cas de légitime défense ou lorsque le Conseil l’autorise, a-t-il rappelé. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a parlé d’une menace à la paix et la sécurité internationales qui risque encore de s’aggraver si les résolutions du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient ne sont pas mises en œuvre, en citant aussi les violations de ces résolutions par Israël, violations qui viennent encore de faire des dizaines de morts et des centaines de blessés du fait d’un recours excessif à la force.  Le représentant a déploré que le Conseil ne se prononce pas sur ces actes d’oppression.  Les forces israéliennes ne devraient pas être une exception à l’obligation qu’ont tous les États de respecter les résolutions du Conseil, a-t-il avancé.

« La réunion d’aujourd’hui n’aurait pas lieu d’être si nous nous étions mis d’accord sur la création d’un nouveau mécanisme d’enquête impartial et indépendant sur la situation en Syrie », a ajouté le représentant, qui a déploré la violation flagrante de la résolution 2401 (2018), toujours pas mise en œuvre.  Il a soutenu l’appel du Secrétaire général en faveur d’un nouveau mécanisme d’enquête et de désignation des responsables, tout en apportant son soutien à la mission actuelle de l’OIAC.  Les membres du Conseil de sécurité devraient consentir tous les efforts possibles pour s’accorder en vue de créer un tel mécanisme, a souhaité M. Alotaibi.  Face aux graves violations des droits de l’homme en jeu, le Koweït plaide aussi pour un moratoire sur l’utilisation du droit de veto en cas de commission de crimes atroces.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a dit apercevoir derrière les tensions actuelles les contours d’une guerre mondiale.  Pour lui, l’heure est venue de mettre en place une stratégie de diplomatie préventive afin d’éviter les graves conséquences qu’aurait une intervention militaire.  « Il nous incombe à tous de défendre le droit international », a poursuivi le représentant, en rappelant l’interdiction du recours à la force par le droit international, à moins que le Conseil ne l’ait autorisé.  Le représentant a appelé de ses vœux la reprise des discussions à Genève et à Astana. 

S’agissant de l’attaque de Douma, le délégué a prôné la patience et invité à agir en se basant sur des faits vérifiés.  Il faut attendre que la Mission d’établissement des faits soit pleinement déployée et qu’elle nous fasse parvenir ses rapports, a-t-il déclaré, en notant que le Gouvernement syrien vient d’accorder des visas aux enquêteurs.  Toute action militaire serait indésirable et aurait de graves conséquences, a-t-il mis en garde.  « Il faut faire preuve de retenue et observer une pause. »

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a remercié le Secrétaire général de ses efforts pour « éviter que se produise ce qui peut être évité ».  Rappelant les propos de M. Guterres sur le retour de la guerre froide dans un contexte moins bien géré qu’à l’époque, le représentant a dit vouloir se concentrer sur la « poudrière » que représente aujourd’hui la Syrie.  Il a déploré l’incapacité du Conseil à s’entendre pour créer un mécanisme d’enquête professionnel et indépendant capable d’enquêter sur les attaques présumées à l’arme chimique et d’en désigner les responsables, en particulier dans le cadre d’une question qui est dans l’intérêt de tous.  Le représentant a réclamé la création d’un tel mécanisme, tout en exprimant son soutien au travail de la Mission d’établissement des faits de l’OIAC.

« Nous devons établir nos priorités », a déclaré M. Alemu, qui a rappelé l’importance d’éviter que la situation échappe à tout contrôle.  Rappelant que le tout premier discours du Secrétaire général au Conseil avait mis l’accent sur la priorité que devrait être la prévention, le représentant a appelé à la recherche d’une véritable diplomatie préventive.  « Il est temps de nous unir et d’agir d’une même voix », a-t-il lancé en exigeant d’abord que le Conseil de sécurité soit uni.  « C’est une tâche ardue, mais il n’existe aucune autre possibilité saine », a affirmé le représentant, pour qui « le Secrétaire général a raison et le Conseil devrait l’écouter ». 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a rappelé que c’était la Russie qui avait demandé la réunion du Conseil de sécurité d’aujourd’hui.  Ces derniers jours, a-t-il relevé, les propositions de la délégation russe semblent être conçues pour protéger un État en particulier: le régime syrien.  Le représentant a rappelé que la Charte des Nations Unies commençait par ces mots: « Nous, les peuples des Nations Unies. »  Or, tandis que la Russie est occupée à couvrir les crimes de son allié, les peuples de toutes les nations sont consternés par l’utilisation continue de toutes sortes de violence par le régime syrien contre son propre peuple, a-t-il remarqué.  Les Pays-Bas estiment que la communauté internationale doit pleinement respecter la norme suivant laquelle l’utilisation des armes chimiques n’est jamais admissible. 

Les images de l’attaque de la semaine dernière à Douma sont consternantes, a estimé le représentant, qui a noté que, une fois encore, des atrocités ont été infligées à la population civile syrienne.  « Nous avons tous vu les reportages faisant état de dizaines de morts et des centaines de blessés. »  Les Pays-Bas, qui croient que le régime syrien est probablement le responsable de l’attaque, sont partisans de longue date de la lutte contre l’impunité quand il s’agit d’armes chimiques.  Malheureusement, toutes les tentatives d’y parvenir au Conseil de sécurité ont échoué. 

Le délégué a estimé que les États ne doivent pas seulement chérir la paix en tant qu’idéal mais doivent aussi utiliser les moyens de régler les conflits entre les nations conformément aux principes relevant du droit et de la justice.  Certains, a-t-il noté, semblent toutefois plus intéressés à abuser de ces moyens de règlement des conflits.  Il a cité à cet égard le veto russe qui, en début de semaine, a encore une fois bloqué l’action au Conseil de sécurité.  « Nous ne nous contenterons pas moins d’une enquête indépendante et impartiale pour que les coupables de cette attaque vicieuse soient identifiés et tenus pour responsables. »  Le représentant a dit qu’aucun veto ne pourrait effacer de sa mémoire les résultats douloureusement clairs présentés dans les rapports du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU en ce qui concerne l’utilisation d’armes chimiques par le régime d’Assad et Daech. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a constaté avec tristesse, que, même avec les résolutions du Conseil de sécurité adoptées à l’unanimité comme la 2401 (2018), il n’y a toujours pas de progrès sur le terrain en Syrie.  Pour la représentante, il faudrait au moins veiller à ce que les convois d’assistance humanitaire vitale parviennent à tous ceux qui en ont besoin, ce qui, a-t-elle rappelé, ne concerne pas seulement la Ghouta orientale.  La communauté internationale constate que nous ne sommes pas d’accord sur certains des principes les plus fondamentaux du droit international humanitaire, a déploré Mme Wronecka. 

Abordant le volet chimique, la représentante a rappelé qu’il y un siècle, l’utilisation d’armes chimiques était « normale », mais a aussi souligné qu’on avait commémoré le centenaire de la fin de l’utilisation de telles armes – celles utilisées lors de la Première Guerre mondiale.  Or, aujourd’hui, les armes chimiques qu’on croyait reléguées à l’Histoire réapparaissent et sont même utilisées contre des civils.  Rappelant que l’emploi d’armes chimiques est inacceptable, Mme Wronecka s’est demandé si le Conseil de sécurité pouvait se permettre de revenir sur les succès du régime international d’interdiction des armes chimiques.  Elle a regretté le veto opposé mardi à la création d’un mécanisme international d’enquête et de désignation sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, tout en se félicitant du déploiement de la Mission d’établissement des faits de l’OIAC. 

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a dit sa préoccupation devant l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil de sécurité dans la mise en place d’un mécanisme d’attribution des responsabilités s’agissant de l’emploi d’armes chimiques en Syrie.  Il a apporté son soutien à la Mission d’établissement des faits de l’OIAC et exhorté le Conseil à s’unir pour créer le mécanisme précité.  Le représentant a dit craindre la possibilité d’actions unilatérales de certains membres du Conseil et exhorté les parties à la retenue et « au bon sens » pour préserver la paix et la sécurité internationales, « notre héritage commun ».  La réponse à la crise en Syrie ne saurait être militaire et doit être recherchée dans le cadre d’un dialogue et d’un processus politique inclusif, a conclu le délégué ivoirien. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué la disposition du Secrétaire général à contribuer à la recherche d’une solution face à l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil de sécurité.  Le Pérou, a-t-il dit, est profondément préoccupé par la division du Conseil, en particulier celle qui affecte ses membres permanents et sape sa capacité à maintenir la paix et la sécurité internationales et à résoudre les conflits et crises humanitaires dont il est saisi.  Il a constaté avec vive inquiétude que le conflit syrien restait le théâtre de crises atroces commises en toute impunité, un conflit qui a dégénéré en menace grave à la paix et la sécurité internationales.  Après les allégations de nouvelles attaques chimiques, le Conseil de sécurité doit reprendre les négociations à la fois pour que la Mission d’établissement des faits de l’OIAC ait plein accès à Douma et pour créer un mécanisme international de désignation indépendant, impartial et objectif.

Rappelant qu’il ne peut y avoir de solution militaire à la crise syrienne, le représentant a rappelé que « toute réponse à la barbarie » doit être conforme au droit international et pleinement respecter le droit international.  Il a aussi rappelé que, par sa résolution 2401 (2018), le Conseil avait imposé un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien.  Les risques de l’impasse actuelle sont particulièrement préoccupants, a répété le représentant, qui a jugé impossible de ne pas mettre fin aux souffrances du peuple syrien et de ne pas poursuivre les auteurs des crimes atroces. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a souligné que l’emploi d’armes chimiques est un crime de guerre.  « Mais la guerre en soi n’est-elle pas un crime? » a-t-il observé.  Il est revenu sur les propos de la déléguée américaine selon laquelle le Gouvernement syrien a utilisé des armes chimiques à 50 reprises ayant fait 200 victimes.  « Mon pays aurait engrangé des succès contre les terroristes en utilisant des armes chimiques à 50 reprises qui auraient fait 200 victimes? » a-t-il demandé.  « Mais comment est-ce possible? »

Il a déploré que son homologue américaine n’ait pas exprimé son indignation devant l’emploi d’agent orange au Viet Nam en 1961 ou de soufre à Raqqa plus récemment.  Il a également accusé les États-Unis d’avoir utilisé des armes chimiques en Iraq.  « À une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire », a-t-il dit en citant George Orwell.  La vérité est que trois membres du Conseil cherchent à entraîner le monde dans l’abysse, a-t-il affirmé, en rappelant l’interdiction de l’usage de la force prévue par la Charte des Nations Unies.  Le délégué a en outre déploré le « mensonge américain » s’agissant de l’Iraq, avant d’avancer que M. Nicolas Sarkozy, Président de la France en 2011, avait voulu couvrir les soupçons de corruption en se lançant dans une aventure militaire en Libye.

« La vérité est que le Gouvernement syrien a libéré des milliers de civils pris en otage par les groupes terroristes dans la Ghouta orientale », a tranché le représentant.  Il a dénoncé les vidéos montées de toutes pièces par les Casques blancs avec l’assistance des services des pays occidentaux. 

Mon pays a pris toutes les dispositions pour que la Mission d’établissement des faits de l’OIAC puisse rapidement accomplir son travail sur place, a-t-il dit.  Il a souhaité que le Conseil s’oppose à la loi du plus fort, dénonçant ceux qui utilisent son enceinte pour proférer des mensonges.  Il a déploré le silence des autres membres du Conseil face à la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, en raison des pressions exercées par ces derniers.  « Si ces trois pays nous attaquent, nous n’aurons pas d’autre choix que d’user de la légitime défense, comme prévu par l’Article 51 de la Charte », a-t-il mis en garde tout en précisant que « c’est une promesse, pas une menace ».  « Le bruit de la vérité est plus fort que le bruit des canons », a-t-il dit en concluant son intervention.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du désarmement complète son bureau et élit le représentant de la République Tchèque

Session de 2018,
372e séance – après-midi
CD/3768

La Commission du désarmement complète son bureau et élit le représentant de la République Tchèque

Avant de reprendre ses négociations, la Commission du désarmement a tenu, cet après-midi, une brève séance publique pour élire M. René Zelený, de la République tchèque, à une de ses vice-présidences.

M. Zelený rejoint MM. Mustapha Abbani, de l’Algérie; Bassem Hassan, de l’Égypte; Volodymyr Leschenko, de l’Ukraine; Nirupam Dev Nath, du Bangladesh; et Surendra Thapa, du Népal.  La Commission est présidée par Mme Gillian Bird, de l’Australie, et la Représentante de la Jamaïque, Mme Diedre Nichole Mills, fait office de Rapporteur. 

La Commission, dont les travaux ont commencé le 2 avril dernier, négocie au sein du Groupe de travail I sur le désarmement nucléaire et du Groupe de travail II sur les mesures de confiance à établir pour éviter une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. 

Créée en 1978, la Commission du désarmement, qui devrait fermer ses portes le 20 avril, est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale qui se réunit annuellement mais qui fonctionne par cycle de négociations triennales.  Elle soumet pour approbation ses recommandations à l’Assemblée générale.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Décolonisation: le Séminaire régional pour le Pacifique se déroulera du 9 au 11 mai à la Grenade

Soixante-douzième session,
2e séance plénière – matin
AG/COL/3317

Décolonisation: le Séminaire régional pour le Pacifique se déroulera du 9 au 11 mai à la Grenade

Le Comité spécial de la décolonisation a décidé, cet après-midi, que le Séminaire régional pour le Pacifique se déroulera, cette année, du 9 au 11 mai, à la Grenade.  Plusieurs délégations ont profité de la séance pour exprimer leur satisfaction après la récente mission de visite du Comité en Nouvelle-Calédonie.

Le Séminaire régional pour le Pacifique aura pour thème: « Mise en œuvre de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme: problèmes sociaux, économiques et environnementaux liés à la réalisation des objectifs de développement durable dans les territoires non autonomes ».

La représentante de la Grenade, pays hôte, a formulé l’espoir que ce séminaire tiendra des discussions concrètes sur la situation dans les 17 territoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour du Comité spécial.  « Il nous tarde de voir l’avènement du jour où tous les peuples jouiront du droit à l’autodétermination », a-t-elle lancé, avant de noter que c’est la deuxième fois que la Grenade accueille le Séminaire.  Et après un travail acharné, a-t-elle ajouté avec une touche d’humour, vous aurez tous l’occasion de découvrir pourquoi la Grenade est surnommée l’« île aux épices ».

L’objet du Séminaire, dont les directives et le règlement intérieur ont également été approuvés aujourd’hui, est de recueillir les points de vue des représentants des territoires non autonomes, des experts, de la société civile, des États Membres et autres parties prenantes, pour aider le Comité spécial à définir les politiques et les modalités pratiques susceptibles d’être retenues dans le processus de décolonisation.

Les débats permettront au Comité spécial d’analyser et d’évaluer la situation des territoires non autonomes ainsi que les moyens par lesquels le système des Nations Unies et l’ensemble de la communauté internationale pourraient améliorer les programmes d’assistance aux territoires.

Le Séminaire sera dirigé par le Président du Comité spécial, secondé par son conseiller, des membres du Bureau et quatre autres membres représentant les Groupes des États d’Afrique, des États d’Asie et du Pacifique, États d’Europe orientale et des États d’Amérique latine et des Caraïbes.

Les invitations seront envoyées dès demain et l’urgence de les envoyer aux représentants des territoires non autonomes, dont les frais de déplacement sont assumés par l’ONU, a été soulignée à plusieurs reprises.  Le représentant du Nicaragua a rappelé que leur présence est essentielle aux travaux du Comité spécial.  Son homologue de l’Équateur est également intervenu pour s’assurer que les territoires non autonomes jouiront d’un même niveau de représentation que les puissances administrantes.

Celle de l’Équateur a salué le fait que le Séminaire se concentre sur les voies et moyens de réaliser les objectifs de développement durable dans les territoires non autonomes.  Il n’y a pas de meilleure façon de les réaliser que dans une atmosphère de liberté et d’autodétermination, a-t-elle lancé!  Il est en effet important de voir comment mettre le développement durable au service de la consolidation de la souveraineté des territoires non autonomes », a renchéri la représentante du Venezuela, pour qui les peuples non autonomes ont « plus que jamais » besoin de l’aide de l’ONU pour pouvoir jouir de leurs droits.

Les délégués de l’Inde et de l’Indonésie ont aussi salué le thème du Séminaire et souhaiter plein succès à la Grenade.  Leur homologue du Chili a rappelé l’importance de disposer des documents de travail dans les six langues officielles de l’ONU afin de faire vivre « l’esprit du multilinguisme ».

« Ce séminaire vient à point nommé, compte tenu des efforts pour combattre la pauvreté », a commenté à son tour le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a exigé des puissances administrantes qu’elles rendent des comptes sur la mise en œuvre de la Décennie.  Alors que les vestiges du colonialisme continuent de jeter une ombre sur l’avenir de peuples des territoires non autonomes, de nouvelles solutions s’imposent, a-t-il estimé.

Le délégué a par ailleurs regretté que la région du Pacifique soit dans l’impossibilité d’accueillir le Séminaire, une déception partagée par le représentant des Fidji, qui a rappelé que son pays vient d’être frappé par plusieurs cyclones et qu’une visite du Comité en ce moment ne serait pas opportune.  Au final une visite dans l’« île aux épices » sera beaucoup plus agréable qu’une rencontre avec un cyclone, s’est-il résigné.

La France a reçu les hommages de plusieurs membres du Comité spécial pour la récente visite qu’ils ont pu effectuer en Nouvelle-Calédonie, au mois de mars.  La France est la première Puissance administrante à avoir autorisé une mission du Comité spécial dans un de ses territoires, a rappelé le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

L’objectif était de collecter des informations de première main sur la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa et de soutenir la Nouvelle-Calédonie dans le contexte des préparatifs du référendum de 2018.

Le délégué de Cuba a parlé d’une mission « très intense » au cours de laquelle la délégation qu’il présidait a pris part à 35 réunions en cinq jours.  Il s’est félicité de l’atmosphère de « grande confiance » qui a régné.  Sur place, a-t-il confié, nous avons pu constater que les préoccupations de la mission de 2014 s’étaient dissipées.  Nous avons cette fois-ci été chaleureusement salués, certains acteurs ayant même exprimé le souhait de voir l’ONU présente le 4 novembre, a-t-il affirmé.

Le représentant cubain a également avoué qu’il avait été décidé de ne divulguer aucune information à la presse sur le déroulement de la mission, « vu la nature délicate de la question ».  Il a en revanche précisé que le rapport de la mission sera prêt au début du mois de juin.

La prochaine réunion du Comité spécial sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale engage à contribuer au nouveau Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière et proclame le 3 juin « Journée mondiale de la bicyclette »

Soixante-douzième session,
82e séance plénière – matin
AG/12008

L’Assemblée générale engage à contribuer au nouveau Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière et proclame le 3 juin « Journée mondiale de la bicyclette »

Aujourd’hui comme chaque jour, 3 400 personnes ont perdu la vie dans des accidents de la circulation.  C’est le bilan de ces accidents dans le monde qui a conduit l’Assemblée générale à adopter, ce matin, une résolution visant l’« amélioration de la sécurité routière », après que la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a annoncé la création effective du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière.

L’Assemblée, qui a également proclamé le 3 juin « Journée mondiale de la bicyclette », s’est aussi prononcée sur d’autres sujets, comme la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles, et le sauvetage de la mer d’Aral. 

Les accidents de la route, qui sont la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes âgés de 15 à 29 ans, font plus de 1,3 million de décès par an et jusqu’à 50 millions de blessés, dont 90% des victimes dans les pays en développement.  Face à cette « crise humanitaire silencieuse », selon les mots de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, une quinzaine de délégations ont fait part de leur inquiétude: au rythme actuel, la cible 3.6 des objectifs de développement durable -diminuer de moitié, à l’échelle mondiale, le nombre de décès et de blessures dus à des accidents de la route- ne sera pas atteinte d’ici à 2020.

La création du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière fait suite à la demande de l’Assemblée générale au Secrétaire général, a indiqué Mme Mohammed en précisant que cet effort doit permettre de soutenir la mise en œuvre du Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020 et les objectifs de développement durable en rapport avec la sécurité routière.

« Avec ce Fonds et la résolution de ce jour, il existe une nouvelle possibilité de synergie, d’efficacité et d’action coordonnée », s’est-elle félicitée en notant que la communauté internationale a « une chance de sauver la vie de millions de personnes à travers le monde, et de prévenir les blessures, les souffrances et les pertes d’opportunités liées aux accidents de la route ».   

L’Assemblée générale s’est donc félicitée de la mise en place du Fonds et a engagé tous les acteurs de la sécurité routière à y contribuer.  Elle a aussi préconisé la tenue, à un moment opportun après 2020, d’une réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde, qui visera à évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des cibles du Programme 2030 liées à cette question.  Ladite réunion interviendra la même année que la troisième Conférence mondiale sur la sécurité routière qui aura lieu en Suède.

Cette adoption a été l’occasion pour plusieurs délégations de présenter les mesures prises ou envisagées dans la lutte contre les accidents de la circulation dont le coût économique pour certains pays atteint 5% du produit intérieur brut (PIB) annuel.  Pourtant, ont-ils noté, la très grande majorité des décès et des traumatismes dus aux accidents de la circulation sont évitables.  C’est pour renforcer la lutte contre ce fléau que certains ont proposé une nouvelle Décennie d’action pour la sécurité routière entre 2021-2030. 

Dans la résolution adoptée, l’Assemblée encourage également les États Membres à promouvoir des modes de transport de qualité, écologiques, sûrs et accessibles, à un coût abordable, en particulier des modes de transport publics et non motorisés.  Les vélos, qui sont utilisés chaque jour par un milliard de personnes dans le monde, seront d’ailleurs désormais à l’honneur chaque 3 juin pour la « Journée mondiale de la bicyclette ».  Le texte adopté à ce sujet précise que l’utilisation de la bicyclette comme moyen de transport permet d’améliorer la santé de manière générale.

La santé était encore au cœur des préoccupations de l’Assemblée générale lors de cette séance qui a conduit à l’adoption d’une autre résolution prévoyant la tenue d’une réunion de haut niveau sur l’état des lieux de la prévention et de la maîtrise des maladies non transmissibles.  Celle-ci se tiendra à New York au troisième jour du débat général de sa soixante-treizième session.

Par un autre texte, l’Assemblée générale a demandé de renforcer la coopération et la coordination entre le système des Nations Unies et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral qui dépérit depuis des décennies, avec un impact néfaste sur la faune, la flore et la vie des populations.

Par ailleurs, l’Assemblée générale a décidé que le thème principal de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud s’intitulera « Rôle de la coopération Sud-Sud et mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030: difficultés et perspectives ». 

Enfin, elle a autorisé le Secrétaire général à fournir gracieusement des locaux à l’« Association internationale des Représentants permanents auprès de l’Organisation des Nations Unies », une association qui existe depuis 1988. 

AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE MONDIALE

Projet de résolution (A/72/L.48)

L’Assemblée générale a adopté par consensus la résolution intitulée « Amélioration de la sécurité routière mondiale » aux termes de laquelle elle se félicite de la mise en place du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière, destiné à appuyer l’action menée en vue de la réalisation des objectifs de développement durable liés à la sécurité routière et des autres cibles mondiales en la matière.  L’Assemblée engage tous les acteurs de la sécurité routière à y contribuer.

L’Assemblée note en effet que les accidents constituent la principale cause de décès et de traumatismes à l’échelle mondiale, tuant plus de 1,3 million de personnes et faisant jusqu’à 50 millions de blessés par an, 90% des victimes étant dans les pays en développement.  Qui plus est, elle se dit préoccupée par le fait que les accidents de la circulation sont la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes âgés de 15 à 29 ans.

Au rythme de progression actuel, la cible 3.6 des objectifs de développement durable ne sera pas atteinte, constate l’Assemblée qui invite de nouveau les États Membres et la communauté internationale à intensifier leur collaboration à l’échelle nationale, régionale et internationale, afin d’atteindre les cibles ambitieuses ayant trait à la sécurité routière définies dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Ce texte encourage également les États Membres à promouvoir des modes de transport de qualité, écologiques, sûrs et accessibles, à un coût abordable, en particulier des modes de transport publics et non motorisés. 

L’Assemblée préconise enfin la tenue, à un moment opportun après 2020, d’une réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde, qui visera à évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des cibles du Programme 2030 liées à la sécurité routière.

Avant l’adoption de ce texte, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a souligné le nombre important de morts et de blessés que font les accidents de la route chaque année, se désolant que ces accidents soient la principale cause de décès des jeunes et soient, en outre, responsables de la pauvreté de millions de personnes.  Pas plus tard que la semaine dernière, les réalités personnelles profondément affligeantes derrière de telles statistiques nous ont été rappelées, a-t-elle dit en citant les accidents de la route tragiques au Canada et en Inde et qui ont complètement bouleversé des familles et des communautés.  Elle a présenté ses sincères condoléances à tous ceux qui ont été touchés par ces événements.

Pour l’avenir, Mme Mohammed a souligné l’importance de tenir compte de la croissance de l’urbanisation, de la motorisation, du développement des infrastructures et du nombre de véhicules dans le monde.  C’est pourquoi, a-t-elle plaidé, il faut mettre en place des mesures pour éviter que le nombre de morts et de blessés du fait d’accidents de la route ne continue de s’élever.

La Vice-Secrétaire générale a misé sur la troisième conférence mondiale de haut niveau sur la sécurité routière qui aura lieu en Suède en 2020, espérant qu’elle apporte une contribution importante.  Elle a indiqué qu’après la demande faite par l’Assemblée générale au Secrétaire général, le Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière est donc créé pour soutenir la mise en œuvre du Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020 et les objectifs de développement durable en rapport avec la sécurité routière.  Elle a remercié les entités du secteur privé qui ont promis des contributions initiales au Fonds. 

Maintenant, a invité la Vice-Secrétaire générale, nous devons commencer à mettre en commun nos ressources et notre expertise pour avoir un réel impact sur nos objectifs mondiaux pendant les trois années restantes de la Décennie d’action pour la sécurité routière et au cours de la durée du Programme 2030.  Avec la résolution de ce jour et la création du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la sécurité routière, il existe une nouvelle possibilité de synergie, d’efficacité et d’action coordonnée, s’est-elle félicitée.  Et par cette action, « nous avons une chance de sauver la vie de millions de personnes à travers le monde, et de prévenir les blessures, les souffrances et les pertes d’opportunités liées aux accidents de la route ».  Elle a conclu son intervention en lançant un appel à tous les acteurs de la sécurité routière, y compris les États Membres, pour qu’ils contribuent au Fonds et redoublent d’efforts pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de sécurité routière.

M. ALEKSANDR V. GOROVOY, Premier Vice-Ministre de l’intérieur de la Fédération de Russie, a présenté le projet de résolution, avant de saluer la diminution du nombre de morts sur les routes de son pays au cours des six dernières années, qui a baissé d’un tiers du fait des mesures prises par son gouvernement.  Il a expliqué que ce texte se focalise sur le renforcement de la coopération multilatérale pour réduire le nombre de victimes des accidents de la circulation.  Le document souligne qu’une réponse mondiale aux défis de la sécurité routière n’est possible qu’avec la participation de toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé et la société civile, a-t-il fait remarquer.

M. GERARDUS VAN DEN AKKER, de l’Union européenne, a dit que l’objectif poursuivi est d’arriver à ce qu’il n’y ait plus de mort sur les routes de l’Union européenne d’ici à 2050.  Le Cadre européen de sécurité routière 2011-2020 guide les efforts des États en ce sens, a-t-il indiqué en énonçant ses priorités, par exemple la réduction des accidents de la route en zone rurale ou encore la protection des usagers vulnérables - les piétons, les cyclistes, les motocyclistes, les enfants et les personnes âgées.  Ces mesures ont permis, s’est-il félicité, la baisse du nombre de morts sur les routes de 20% entre 2010 et 2017.  L’Union européenne voulant faire davantage de progrès, elle a adopté la Déclaration de La Valette en mars 2017, un guide pour l’application du nouveau cadre politique 2020-2030 sur la sécurité routière au sein de l’Union européenne.

Mme ISABELLE F. PICCO (Monaco) a dit que son pays privilégie la prévention et en premier lieu l’éducation des futurs usagers.  Les autorités insistent donc sur l’enseignement des risques et des règles applicables pour chacun des types d’usagers de la route.  Un enseignement, du reste obligatoire, est intégré dans le cursus scolaire dès le collège.  En outre, Monaco punit sévèrement les usagers qui adoptent des comportements dangereux tels que la conduite sous l’emprise d’alcool ou de substance psychoactive, a précisé la représentante.

Le Ministre des infrastructures du Luxembourg, M. FRANÇOIS BAUSCH, a regretté que 3 400 personnes perdent la vie chaque jour du fait des accidents de la circulation dans le monde.  Le nombre de morts dans ces circonstances sur 200 jours est équivalent à la population de son pays, a-t-il dit en imaginant ainsi le Luxembourg rayé de la carte de la terre en une si courte période.  Il a rappelé que dans les années 1970, le Luxembourg comptait 100 décès par an du fait des accidents de la circulation.  En 2010, on en était à 32, soit une baisse de 68%, s’est-il enorgueilli avant de citer un éventail de mesures prises par son gouvernement qui vise maintenant l’objectif de zéro décès.

Mme SIGRUN RAWET (Suède) a dit que son pays serait honoré d’accueillir, en 2020, la troisième Conférence mondiale de haut niveau sur la sécurité routière.  Dans son pays, les autorités travaillent à rendre concrète la stratégie « vision zéro » adoptée en 1997 pour réduire les pertes en vies humaines des suites d’accidents de la route.

M. MAJID YAHYA KHALIFA AL MUGHAIRI (Oman) a salué la réduction des accidents de la route dans le sultanat, et ce, malgré l’augmentation considérable du nombre de voitures en circulation sur son territoire.

Le Prince MICHAEL DE KENT, membre de la famille royale du Royaume-Uni, a rendu hommage au réseau routier britannique qui est « l’un des plus sûrs au monde ».  Cela est dû aux mesures prises par son gouvernement qui a vu passer le nombre de morts sur les routes de 7 000 en 1931, quand le pays comptait à peine 2,3 millions de véhicules, à 1 700 de nos jours avec pourtant 38 millions d’automobiles.  Sur le plan international, le Ministère britannique du développement international (DFID) participe à des programmes de sécurité routière de la Banque mondiale. 

M. LLEW O’BRIEN, membre du Parlement d’Australie, a indiqué que son pays avait adopté une approche sûre dans le domaine de la sécurité routière, insistant sur l’importance de l’échange d’expériences et de bonnes pratiques entre États sur la question.  C’est dans cette optique que l’Australie a accueilli les manifestations de la Semaine de la sécurité routière de 2017 des pays du Pacifique occidental.

M. ANDRIAN CANDU, Président du Parlement de Moldova, a plaidé pour des mesures législatives, des campagnes de sensibilisation et la mise en place d’infrastructures adéquates afin de réduire le nombre de victimes d’accidents de la route.  Son pays a vu une baisse des morts sur ses routes de 30% entre 2010 et 2016, mais vit une remontée des chiffres ces derniers temps. 

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a témoigné que les campagnes de sensibilisation sur la sécurité routière sont de mise dans son pays, notamment dans les régions rurales.  Le but est de connecter les producteurs locaux aux marchés pour lutter contre la pauvreté, mais en toute sécurité.

M. CESAR V. SARMIENTO (Philippines) a parlé des sept mesures clefs prises par son gouvernement, y compris des lois.  Ces mesures concernent l’usage obligatoire de ceintures de sécurité; le port obligatoire du casque pour les motocyclistes; la lutte contre l’usage de l’alcool et des drogues par les usagers de la route; l’interdiction aux motocyclistes de transporter des enfants; la lutte contre les distractions pour ceux qui sont pris en flagrant délit d’utilisation de téléphone au volant; les limitations de vitesse partout; et les tests antidrogues auxquels sont soumis les usagers de la route voulant faire prolonger leur permis de conduire.

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a insisté pour sa part sur la nécessité de mobiliser un engagement politique renforcé et de disposer de davantage de fonds si l’on veut réaliser la cible 3.6 des objectifs de développement durable d’ici à 2020.  La tolérance zéro en matière d’usage de l’alcool par les automobilistes a permis de faire baisser le nombre de victimes des accidents de la route dans son pays, a-t-il noté.  En janvier dernier, la Congrès brésilien a approuvé une loi qui vise la diminution de moitié du nombre de victimes de la route d’ici à 10 ans.  Il a rappelé que c’est le Brésil qui avait abrité la deuxième Conférence mondiale de haut niveau sur la sécurité routière en 2015.

Mme OLGA SEHNALOVÁ (République tchèque) a salué particulièrement la directive européenne qui a établi un numéro vert des secours sur les routes, le 112, une mesure qui a le potentiel de sauver 2 500 vies par an.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a souligné que le territoire de son pays est constitué à 85% de montagnes, ce qui rend difficile la construction des routes.  Il a également attiré l’attention sur le caractère dangereux du transport sur ces routes de montagne ainsi que son coût élevé.

Mme GIRON (Espagne) a dit que son pays avait connu son record de morts sur les routes en 1989, soit 5 940.  L’Espagne a ensuite connu, entre 2004 et 2014, une réduction de 62% du nombre d’accidents de la route.  Le pays entend réviser sa stratégie nationale de sécurité routière afin d’y intégrer les vélos et d’impliquer davantage les communautés locales et la société civile dans la prévention, notamment les victimes d’accidents et les membres de leur famille.  Elle a également prôné la recherche et l’innovation en matière de sécurité routière.  Un thème qui sera débattu la semaine prochaine au cours de la septième assemblée générale de l’Observatoire ibéro-américain sur la sécurité routière, a-t-elle annoncé.

M. ALADE AKINREMI BOLAJI (Nigéria) a indiqué que son pays avait créé en octobre 2017 un fonds d’affectation spéciale pour les routes afin d’accélérer la mise en place d’infrastructures routières.  Ce fonds bénéficie d’un budget de 37 millions de dollars rien que pour 2018 et entend débloquer 700 millions de dollars au cours de la prochaine décennie afin de sauver cinq millions de vie et éviter 50 millions de blessés au Nigéria du fait des accidents de la route.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a relevé que son pays était l’un des plus atteints par les accidents de la circulation du fait des comportements des usagers de la route qui conduisent en état d’ébriété, ne portent pas de casque à moto ou de ceinture de sécurité en voiture.  Les autorités entendent renforcer le cadre législatif entourant la sécurité routière et améliorer la collecte des données relatives aux accidents de la route, a-t-il dit avant de mentionner aussi l’introduction de cours sur la sécurité routière dès le primaire.

Mme LIANA GHUKASYAN, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a parlé des accidents de la route comme d’une « crise humanitaire silencieuse » car peu évoquée par les décideurs malgré le 1,3 million de morts par an dans le monde.  En attendant la fin de la Décennie mondiale, elle a invité les États à mettre en œuvre les 12 objectifs généraux volontaires concernant les facteurs d’insécurité routière et des mécanismes de prestation de services.

M. DAVID ASHLEY BAGWELL (États-Unis) a dit que son pays se dissociait de certains paragraphes du dispositif, précisant notamment que ce texte n’est pas contraignant et ne donne pas lieu à des engagements financiers de la part des États Membres.  Il a insisté sur le fait que chaque pays est libre d’appliquer ce texte en tenant compte de ses propres priorités nationales et de sa législation, rappelant en outre que les « normes techniques » dont il est fait mention dans le préambule ne sont pas des normes approuvées par l’Assemblée générale de l’ONU et pourraient prêter à confusion.  

Adoption de la résolution sur « Le sport au service du développement et de la paix: édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique » (A/72/L.43)

Le 3 juin sera désormais la Journée mondiale de la bicyclette en vertu de ce texte adopté par consensus par l’Assemblée générale.  L’Assemblée encourage ainsi les États Membres à adopter des politiques et des mesures destinées à protéger activement les piétons et à promouvoir l’utilisation de la bicyclette comme moyen de transport, en vue d’améliorer la santé de manière générale, s’agissant en particulier de la prévention des blessures et des maladies non contagieuses.

Les États Membres devront adopter les meilleures pratiques et les moyens permettant de promouvoir l’utilisation de la bicyclette auprès de tous les membres de la société, encourage l’Assemblée qui se félicite, à cet égard, des initiatives visant à organiser des promenades à bicyclette aux échelles nationale et locale en tant que moyen de fortifier la santé et le bien-être physiques et mentaux et de développer une culture du cyclisme dans la société.

En présentant ce texte, Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a indiqué qu’environ un milliard de personnes se déplacent à vélo chaque jour dans le monde.  La Journée entend donc célébrer cet outil qu’utilisent les Hommes depuis déjà deux siècles, à la fois pour le transport et pour le sport.

Décision sur la question « Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes » (A/72/L.47)

L’Assemblée générale a décidé que le thème principal de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud s’intitulera « Rôle de la coopération Sud-Sud et mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030: difficultés et perspectives ».

Après l’adoption de cette décision, le délégué de l’Égypte, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a tenu à préciser que la coopération Sud-Sud ne remplace pas la coopération Nord-Sud mais la complète.  Le G77 attend également que le Corps commun d’inspection présente, d’ici à la fin de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, un rapport sur les progrès de la mise en œuvre des recommandations formulées par cette dernière sur le renforcement du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud.

Le représentant des États-Unis a dit que son pays estime que l’on n’a pas besoin de se servir de plateformes multilatérales comme l’ONU pour glorifier des actions de coopération bilatérale de dirigeants de certains pays.

La Représentante de l’Union européenne a proposé que la résolution annuelle de l’Assemblée générale sur la coopération Sud-Sud soit désormais remplacée par une décision portant sur le document final qui sera adopté au cours de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud.

Adoption d’une résolution sur le thème « Développement durable » (A/72/L.42)

Dans cette résolution, intitulée « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral » et adoptée par consensus, l’Assemblée générale note qu’il importe de renforcer la coopération et la coordination entre le système des Nations Unies et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral.  Elle invite le Secrétaire général à tenir à cette fin des consultations régulières avec le Président du Comité exécutif du Fonds dans le cadre des structures et mécanismes interorganisations compétents.  L’Assemblée invite également les institutions spécialisées et les divers organismes, fonds et programmes des Nations Unies, ainsi que les institutions financières internationales, à resserrer leurs liens de coopération avec le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral.

En présentant ce texte, Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a expliqué la nécessité de sauver ce lac qui fut, dans les années 1960, le quatrième plus large du monde, abritant la pratique de ports et l’exploitation de pêcheries.  Ce lac s’est rétréci au cours des cinq dernières décennies et se retrouve maintenant 15 fois plus petit que sa taille originelle.  Le niveau des eaux a baissé de 29 mètres, a encore indiqué la représentante en précisant que sa surface est désormais formée de 5,5 millions d’hectares de sel et de sable, ce qui a un effet néfaste sur la faune, la flore et la vie des populations.

La représentante du Kirghizistan a fait valoir que son pays s’était retiré du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral du fait des mésententes entre ses membres.  Son pays est ouvert à tout consensus pour le rendre plus efficient et réceptif aux besoins et priorités des États concernés.

Le représentant de l’Afghanistan a dit que son pays était prêt à continuer de coopérer avec le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral auprès duquel il a le statut d’observateur.

Adoption d’une résolution sur la question de la « Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire » (A/72/L.46

Toujours par consensus, l’Assemblée générale a adopté la résolution intitulée « Portée, modalités, forme et organisation de la troisième Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles ».

Elle décide ainsi de faire convoquer, par son président, une réunion de haut niveau d’une journée dédiée à l’état des lieux de la prévention et de la maîtrise des maladies non transmissibles, qui se tiendra à New York, au troisième jour du débat général de sa soixante-treizième session, de 10 heures à 13 heures et de 15 heures à 18 heures.  Cette réunion de haut niveau portera sur le thème suivant: « Développer les solutions multipartites et multisectorielles de prévention et de maîtrise des maladies non transmissibles dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

La réunion de haut niveau devra déboucher sur l’adoption d’un document final concis et pragmatique, qui s’inspirera des opportunités et des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des précédents engagements, qui fera l’objet d’un consensus préalable obtenu au terme de négociations intergouvernementales, et que son président présentera à l’Assemblée pour adoption.

Après l’adoption de cette résolution, le représentant des États-Unis a dit que son pays était prêt à partager son expérience dans la lutte contre les maladies non transmissibles. 

Adoption d’une résolution sur le « Renforcement du système des Nations Unies » (A/72/L.45)

La résolution sur l’« Association internationale des Représentants permanents auprès de l’Organisation des Nations Unies » a également été adoptée par consensus par l’Assemblée générale.  Présentée par le Honduras, qui a qualifié cette association d’« atout pour les Nations Unies et pour la communauté internationale », ce texte invite les États Membres de l’ONU à appuyer les travaux de l’Association et engage les représentants permanents actuellement en fonctions et leurs prédécesseurs à participer aux manifestations et réunions qu’elle organise.

Par ce texte, l’Assemblée autorise le Secrétaire général à continuer de fournir gracieusement des locaux à l’Association, dans les limites des ressources disponibles, et à remplacer son bureau actuel par un espace plus adapté où l’Association pourra tenir ses réunions.  Elle lui demande également de doter l’Association d’une page Web distincte qui sera hébergée dans la section consacrée aux délégués du site Web de l’Organisation et dont le contenu sera fourni par l’Association et complété occasionnellement par des informations sur ses activités récentes.

Après l’adoption de ce texte, le délégué du Bélarus, M. ANDREI DAPKIUNAS, a tenu à préciser que cette association, créée en 1988, n’est « pas un club de loisirs, ni un syndicat d’ambassadeurs ».  C’est plutôt un « outil sous-estimé » permettant de briser les murs du formalisme des Nations Unies, a-t-il précisé.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la population et du développement: le monde comptera en 2030, date butoir du Programme de développement durable, 8,6 milliards de personnes

Cinquante et unième session,
7e séance – matin
POP/1076

Commission de la population et du développement: le monde comptera en 2030, date butoir du Programme de développement durable, 8,6 milliards de personnes

Le temps de réaliser avec succès ou pas les 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le monde se sera alourdi d’un milliard de personnes.  C’est ce qu’a appris aujourd’hui la Commission de la population et du développement d’un rapport* du Secrétaire général sur les tendances démographiques mondiales.  La Commission a aussi entendu plusieurs agences de l’ONU et des ONG deviser sur le thème de la session « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales ». 

La population mondiale, qui a atteint les 7,6 milliards de personnes en 2017, devrait avoisiner les 8,6 milliards en 2030, l’essentiel de la croissance étant imputable à l’Afrique et à l’Asie, avec 400 millions de personnes chacune.  La pyramide des âges devrait aussi connaître des changements rapides, avec des conséquences importantes pour le développement durable.

Le nombre des « mégalopoles » ou villes de plus de 10 millions d’habitants, qui est aujourd’hui de 33, devrait passer à 41 en 2030, toutes les nouvelles mégalopoles étant projetées dans les régions les moins développées.  Pôles d’attraction, ces mégapoles se partagent les migrants internationaux ou personnes vivant dans un pays autre que leur pays de naissance dont le nombre a continué de croître ces dernières années, pour atteindre le record mondial de 258 millions en 2017.  Migrants internes et internationaux se chiffrent aujourd’hui à un milliard.

« Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales », le thème de la Commission s’explique.  En Jamaïque, par exemple, sur une population totale estimée à 2,7 millions de personnes, une moyenne de 20 000 part chaque année depuis les années 50, ce qui fait qu’environ 50% des Jamaïcains vivent à l’étranger.  L’Azerbaïdjan connaît en ce moment une immigration intense qui s’explique par la stabilité sociale, politique et macroéconomique, l’afflux de capitaux étrangers, la rapidité du développement économique et la réalisation de projets de grande envergure dans le domaine de l’extraction et du transport du pétrole et du gaz.  Au total, la région Asie-Pacifique abrite 63 millions de migrants.  Une migration, a alerté l’ONG « ARROW », qui a souvent le visage d’une jeune femme, occupant un emploi peu qualifié, vulnérable à la discrimination, à la violence et à l’exploitation, sans protection sociale ni accès à la santé sexuelle et reproductive, alors même que les droits à cette santé sont essentiels à la durabilité des villes, a prévenu « Family Planning New Zealand ». 

L’ONG a donné l’exemple de Kiribati où 27% des femmes mariées en âge de procréer ne veulent pas d’enfants sans pour autant utiliser un moyen contraceptif.  Beaucoup d’entre elles vivent dans une capitale déjà surpeuplée qui continue d’attirer la majorité des migrants internes, présentant en conséquence, tous les problèmes écologiques, sanitaires et économiques que l’on peut craindre.  La population de Tawara-Sud pourrait ainsi augmenter de 70% d’ici à 2050, ce qui est intenable, compte tenu des changements climatiques. 

Améliorer les recensements et les sondages des ménages est « crucial » pour élaborer des politiques factuelles sur des villes durables, la mobilité humaine et les migrations internationales, a estimé l’Allemagne qui s’est félicitée avec d’autres du travail remarquable de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.  La collecte de données n’est pas une fin en soi mais des données exactes, en temps voulu et exhaustives sont utiles pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a insisté l’Allemagne. 

Pour bien comprendre les phénomènes démographiques et leur impact, il faut des « données harmonisées et comparables entre pays », a souligné la Norvège qui a appuyé l’ajout de la variable « motifs » dans le « Manuel des Nations Unies sur l’évaluation des migrations internationales dans le cadre des recensements du cycle 2020 ».  Les « motifs », a-t-elle insisté, sont une question clef qui doit être incorporée dans un questionnaire de recensement pour identifier le nombre des réfugiés et les populations qui s’y apparentent.

La Commission, qui a débuté ses travaux lundi dernier, tiendra demain vendredi 13 avril après-midi, à partir de 15 heures, la dernière séance de sa session 2018. 

EXÉCUTION DU PROGRAMME ET FUTUR PROGRAMME DE TRAVAIL DU SECRÉTARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION

Pour l’examen de cette question, la Commission était saisie du Rapport du Secrétaire général (E/CN.9/2018/6) qui dresse le bilan des activités menées en 2017, dans le domaine de la population, par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales.  Il porte notamment sur: les travaux d’analyse des tendances mondiales de la fécondité, de la mortalité et des migrations; l’élaboration des estimations et projections démographiques à l’échelle mondiale; le suivi des politiques démographiques; l’étude des corrélations entre la population et le développement durable; la diffusion de données démographiques; la coopération technique et les activités de renforcement des capacités en faveur des États Membres; l’appui aux mécanismes intergouvernementaux par l’établissement de rapports du Secrétaire général et d’autres documents à l’intention des organes délibérants, l’organisation de réunions de groupes d’experts et le suivi des objectifs de développement arrêtés au niveau international.

L’objectif du programme de travail sur la population est d’améliorer l’aptitude de la communauté internationale à faire face efficacement aux enjeux de population actuels et futurs et à prendre en compte la dimension démographique dans les programmes de développement aux niveaux national et international.  La Commission de la population et du développement, en tant qu’organe directeur de la Division de la population, formule des lignes directrices sur le programme de travail lors de sa session annuelle.

Déclarations

M. JUAN CARLOS ALFONSO FRAGA (Cuba) a souligné que le suivi des accords internationaux, notamment les cibles et objectifs du développement durable, est d’une importance toute particulière.  Il a reconnu que les projections démographiques élaborées par la Division de la population sont importantes, mais a toutefois souligné que l’évaluation des objectifs de développement durable doit d’abord se fonder sur les statistiques nationales, notamment en ce qui concerne les données ventilées par sexe.

Mme REIKO HAYASHI (Japon) a voulu en savoir plus sur la réforme envisagée de la Division de la population.

Des données fiables, harmonisées et comparables entre pays, a souligné Mme SILJE VATNE PETTERSEN (Norvège), sont essentielles pour mieux comprendre les phénomènes et tendances démographiques.  C’est la base même des politiques et analyses fondées sur les faits, tant au niveau national qu’au niveau international.  La représentante a tout de même reconnu que parvenir à des données comparables est extrêmement difficile et a, à cet égard, salué le travail de la Division de la population.  Elle s’est d’ailleurs félicitée de l’accent placé sur des données comparables de haute qualité dans les négociations sur les pactes mondiaux pour les migrations sûres, ordonnées et régulières et pour les réfugiés.  Elle a dit espérer des recommandations de la part du Groupe d’expert de la Commission des statistiques sur les données relatives aux réfugiés et aux déplacés.  Elle a aussi appuyé l’ajout de la variable « motifs » dans le Manuel des Nations Unies sur l’évaluation des migrations internationales dans le cadre des recensements du cycle 2020.  Les « motifs », a-t-elle insisté, sont une question clef qui doit être incorporée dans un questionnaire de recensement pour identifier le nombre des réfugiés et les populations qui s’y apparentent.  La Norvège s’engage à aider les pays du Sud à mettre en œuvre les recommandations du Groupe d’experts dont il fait partie, a conclu la représentante.

Mme MENGJUN TANG (Chine) a salué le travail de la Division de la population dont les produits aident les pays à élaborer leurs politiques sur la population et à faire des projections démographiques et des analyses.  La représentant s’est particulièrement félicitée de l’aide que la Division a offerte à son pays et a souhaité qu’elle continue son travail en recourant plus systématiquement aux nouvelles technologies.

Mme MARTINA HEMMERSBACH (Allemagne) s’est félicitée des initiatives du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et de la Division de la population pour resserrer leurs liens avec le milieu universitaire, améliorant ainsi l’accessibilité, l’utilisation et la visibilité des données.  Le rôle de la Division, qui est de produire des données mais aussi de les analyser et de les interpréter, en fait un partenaire indispensable de la communauté internationale dont l’expertise est très recherchée.  La collecte de données n’est pas une fin en soi mais des données exactes, en temps voulu et exhaustives sont utiles pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a insisté la représentante.  Améliorer les recensements et les sondages des ménages est crucial pour élaborer des politiques factuelles sur des villes durables, la mobilité humaine et les migrations internationales.  L’Allemagne vient de booster les progrès méthodologiques de la recherche sur la population et élargit les infrastructures de recherche nécessaires à l’analyse des liens entre migrations internes et internationales, mobilité humaine et urbanisation, dans le contexte national.  L’Allemagne travaillera avec la Division de la population, le FNUAP, les États Membres et les partenaires intéressés pour promouvoir et faire avancer la collecte et l’utilisation des données démographiques et parvenir ainsi à des décisions politiques basées sur des faits. 

Mme SHORT (États-Unis) s’est attardée sur quelques produits de la Division de la population pour s’en féliciter.  Le travail de la Division, a-t-elle insisté, aide la communauté internationale à faire la lumière sur les interconnexions, les défis et les progrès réalisés pour intégrer les questions liées à la population, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des politiques et programmes de développement durable.  L’expansion du site Web de la Division ouvre à l’opinion publique l’accès aux informations sur la population, s’est encore félicitée la représentante.  Elle a remercié la Division pour son rôle de leadership dans la coopération technique, y compris l’organisation et la conduite de réunions d’experts et d’ateliers en collaboration avec de nombreuses organisations dans le monde.  Le Bureau du recensement des États-Unis a d’ailleurs été heureux de participer avec la Division au Groupe de travail sur l’étude de la mortalité maternelle.  La représentant a remercié la Division pour avoir mis sur son site Web le Manuel révisé de l’étude sur la mortalité liée à la grossesse que le Bureau américain du recensement a produite avec le Groupe de travail. 

En réponse à la question du Japon M. JOHN WILMOTH, Directeur de la Division de la population, a expliqué que le Secrétaire général envisage une réforme du Département des affaires économiques et sociales (DAES) pour le rendre plus efficace.  C’est dans ce contexte, que la restructuration de la Division de la population est en cours.  Je suis « obsédé », a avoué le Directeur, par l’efficacité et la faculté de la Division de travailler avec moins de ressources.  Les doublons vont donc être supprimés et les méthodes de travail réexaminées.

Le délégué du Mexique a formulé l’espoir que cette réforme permettra aussi de rendre plus efficaces les travaux de la Commission.

Mesures pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement aux niveaux mondial, régional et national

Débat général sur le thème « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales »

Mme TONI SHAE FRECKLETON (Jamaïque) a dit que son pays est principalement un pays d’émigration.  Sur une population totale estimée à 2,7 millions de personnes, les données montrent qu’une moyenne de 20 000 Jamaïcains partent chaque année depuis les années 50, ce qui fait qu’environ 50% des Jamaïcains vit à l’étranger.  Pour ceux qui sont dans le pays, 54% d’entre eux vit dans les zones urbaines, une tendance qui devrait s’accroître rapidement.  Pour faire face à ces dynamiques et encourager le développement durable des villes, la Jamaïque a adopté la loi sur la gouvernance locale, amélioré la participation des citoyens à la prise de décisions par la mise en œuvre de cadres locaux de planification du développement durable, élaboré un plan national d’aménagement territorial et réexaminé la stratégie nationale de relocalisation.  Une initiative sur des villes durables et émergentes (ESCI) a été lancée en 2015.  La Jamaïque s’efforce aussi d’améliorer la collecte des données.  Quant aux migrations internationales, l’idée est de bien les mesurer, les surveiller et les intégrer pour qu’elles servent les objectifs de développement national fixés dans la « Vision 2030 Jamaica ».  La représentante a reconnu que c’est le manque de données fiables et ventilées de l’urbanisation et les migrations internes et internationales qui limitent la capacité du pays à planifier efficacement au niveau local. 

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a dit que son pays comptait actuellement 10 millions d’habitants dont 53% vit dans les villes.  Le Gouvernement n’épargne aucun effort pour améliorer les infrastructures urbaines et l’accès de la population aux services sociaux de base.  En 2016, une Agence de construction des logements a été créée au profit des familles à faible revenu.  L’Azerbaïdjan connaît en ce moment une immigration intense qui s’explique par la stabilité sociale, politique et macroéconomique, l’afflux de capitaux étrangers, la rapidité du développement économique et la réalisation de projets internationaux et régionaux de grande envergure dans le domaine de l’extraction et du transport du pétrole et du gaz.  Le Gouvernement a mis en place le cadre nécessaire à l’application des instruments internationaux relatifs aux droits et libertés des travailleurs migrants.  La création d’un « guichet unique » a permis d’assouplir et de rendre plus performante et plus efficace, la gestion des flux migratoires. 

M. NAGESH KUMA, Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique – CESAP, a indiqué que la région est confrontée au vieillissement de sa population qui a pris un rythme particulièrement rapide.  La CESAP aide les pays à relever ce défi mais aussi celui des jeunes qui pâtissent des fractures énormes entre zones rurales et urbaines et entre classes sociales.  La région abrite par ailleurs 63 millions de migrants.  La CESAP se prépare déjà à aider les États à mettre en œuvre le futur pacte mondial sur des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Mme ELLIOTT, Programme alimentaire mondial – PAM, a indiqué que la politique du PAM sur l’insécurité alimentaire dans les zones urbaines, adoptée en 2002, est en train d’être révisée, ajoutant que l’agence fait face à un niveau sans précédent de besoins humanitaires dans les villes, par exemple, après les séismes qui ont frappé Haïti et le Népal, ou dans le contexte des conflits en Iraq, au Yémen et en République arabe syrienne.  Mme Elliott a estimé que pour contenir les mouvements migratoires des zones rurales aux zones urbaines, il faut aider les communautés rurales à s’adapter aux changements biophysiques et à renforcer leur productivité.  S’agissant des migrations internationales, il a appelé à une collaboration étroite entre les États pour assurer des migrations sûres et ordonnées.  Il s’agit, a-t-elle précisé, d’offrir aux migrants vulnérables une aide alimentaire, sans oublier les besoins nutritionnels spécifiques des enfants en bas âge, des jeunes et des femmes enceintes ou qui allaitent.

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que l’exode rural et les migrations internes et internationales influencent non seulement la répartition de la population mondiale mais aussi celle des moyens de subsistance.  Ils déterminent les choix de développement.  Celui des zones rurales affectées par l’exode dépend en effet d’une bonne répartition des ressources entre elles et les zones urbaines.  La stratégie la plus efficace est d’investir dans les petites villes des zones rurales pour garantir une base élargie de développement économique.  Il faut investir dans les gens, les économies locales et exploiter au mieux l’interconnexion entre zones rurales et zones urbaines. 

Mme MARINE DAVTYAN, ONUSIDA, a souligné que toute personne en mouvement doit pouvoir exercer son droit à la santé, ce qui inclut, a-t-elle ajouté, des efforts pour réduire la vulnérabilité des migrants au VIH/sida et assurer leur accès aux traitements.  Elle a également souligné que toute personne, y compris celles qui vivent avec le VIH/sida, doit pouvoir jouir de sa liberté de mouvement.  Elle a dénoncé les plus de 35 pays qui imposent une forme ou l’autre de restrictions à l’entrée où la résidence des personnes vivant avec le VIH/sida.  Elle a dénoncé les dépistages dans les procédures de demande de visa, les passeports rejetés en cas de résultat positif, et les expulsions de toute personne vivant avec le VIH/sida.  Traitées, ces personnes peuvent, comme toutes les autres, être des éléments productifs de la société.

Mme SAI JYOTHIRMAI RACHERLA, du Centre de recherche et de ressources pour les femmes d’Asie-Pacifique – (ARROW), intervenant également au nom de 114 organisations de la région, a indiqué que « la migration du travail » a le visage d’une jeune femme, dans un emploi peu qualifié, vulnérable à la discrimination, à la violence et à l’exploitation, sans protection sociale ni accès à la santé sexuelle et reproductive.  L’égalité entre les sexes, la santé sexuelle et reproductive et le respect des droits des femmes et des filles seront essentiels pour avoir des villes durables, une bonne mobilité humaine et des migrations sûres.  La représentante a assigné 11 tâches spécifiques aux États dont la ratification de la Convention internationale sur la protection de tous les migrants et des membres de leurs familles; la confirmation de l’engagement en faveur du Programme d’action du Caire; la promotion de la coopération bilatérale et de celle entre les pays d’origine et de destination pour veiller au bon traitement des travailleurs migrants; l’élargissement de l’accès à la santé sexuelle et reproductive, y compris à l’avortement médicalisé; l’abrogation des mesures punitives , comme le dépistage ou l’expulsion des migrantes vivant avec le VIH/sida; l’amélioration des données sur les migrantes; le renforcement de la lutte contre toutes les formes de violence, et de celle sur la traite des travailleuses migrantes.

En tant que citoyenne de l’Irlande, où l’avortement est toujours pénalisé, Mme ANNA KATE DEVEREUX, Rutgers, a, au nom du partenariat « Right Here, Right Now », indiqué que sur les 18 pays membres de son partenariat, seul le Népal n’impose aucune restriction à l’avortement médicalisé.  L’avortement est certes légal au Kenya, dans certaines circonstances, mais pour une fille des bidonvilles de Nairobi, les services sont hors de portée.  Aujourd’hui dans le monde, les avortements à risques provoquent chaque année des dizaines de milliers de morts.  Parler d’avortement est indispensable puisque les jeunes migrantes et migrants, qui vivent dans des abris de fortune dans les villes, sont disproportionnellement concernés par la question et en réalité, par la violation constante de leurs droits sexuels et reproductifs.  La représentante a donc exhorté les gouvernements à prévenir le recours à l’avortement, en garantissant une éducation sexuelle complète de qualité et en fournissant des contraceptifs modernes abordables ainsi que des services de santé facilement accessibles pour les jeunes.  Elle les a aussi exhortés à assurer l’accès des femmes et des filles à un avortement sûr et légal, et ce à leur demande et quels que soient leur âge ou leur statut migratoire.  « Moi qui grandis dans un pays qui ne respecte pas mes droits reproductifs, je vous implore d’écouter la voix des jeunes qui répètent ces mots: notre corps, notre choix », a conclu la jeune femme.

Après avoir souligné l’augmentation de la population urbaine, le représentant de l’« International Federation for Family Development(IFFD) » a expliqué que son organisation, présente dans 66 pays, dirige le projet « Villes inclusives pour des familles durables ».  L’idée est que l’urbanisme doit tenir compte de tous les types de familles et de groupes sociaux, promouvoir une planification urbaine et environnementale souple et faciliter l’accès au logement, y compris par la cohabitation, l’économie d’énergie et les arrangements intergénérationnels.  Il s’agit aussi d’améliorer le lien entre les nouvelles technologies et l’intégration sociale et de combler le fossé numérique grâce à la formation des personnes âgées, entre autres.  L’accent doit être mis sur la création de crèches à proximité des maisons ou des lieux de travail et sur des stratégies pour former les jeunes à devenir parents et à interagir avec les personnes âgées.  L’organisation prône aussi la reconnaissance du travail non rémunéré, et ce qu’elle recherche au bout du compte, c’est un environnement accueillant dans les villes, fondé sur la solidarité, le soutien mutuel et l’interaction sociale, grâce à la promotion du volontariat, à une police de proximité, à des caméras, à l’éclairage public et pourquoi pas à la formation de la population aux premiers soins en cas de catastrophes naturelles ou d’attaques terroristes.

Mme MARTHA GEARY NICHOL de « Family Planning New Zealand » a expliqué que les droits à la santé sexuelle et reproductive sont essentiels à la durabilité des villes.  Elle a donné l’exemple de Kiribati où 27% des femme mariées en âge de procréer ne veulent pas d’enfants mais n’utilisent aucune forme de contraception.  Beaucoup d’entre elles vivent dans une capitale déjà surpeuplée qui continue d’attirer la majorité des migrants internes, présentant en conséquence, tous les problèmes écologiques, sanitaires et économiques que l’on peut craindre.  La population de Tawara-Sud pourrait augmenter de 70% d’ici à 2050, ce qui est intenable, compte tenu des changements climatiques.  Les gouvernements et les ONG, a conseillé la représentante, doivent se préparer à répondre aux besoins des migrants en matière de santé sexuelle et reproductive après les catastrophes naturelles.  Le train de mesures sur les premiers services minimaux a très bien fonctionné l’année dernière après l’éruption volcanique et l’évacuation de presque toute la population de l’île d’Ambae à Vanuatu. 

Mme PATRICIA STALEY, Comité international catholique des infirmières et assistantes médico-sociales – (CICIAMS), a parlé des catastrophes, de la pauvreté et de la violence dans les villes.  Elle a aussi parlé de la mobilité des personnes vulnérables, en citant les chiffres des flux d’émigration et d’immigration.  Elle a terminé par une phrase du pape François: « Les migrants ne sont pas des pions sur l’échiquier de l’humanité.  Ce sont des enfants, des femmes et des hommes qui quittent ou sont forcés de quitter ce qu’ils ont, pour l’une ou l’autre raison, et qui partagent le désir légitime de savoir et d’avoir, mais surtout, d’être plu ».

Avant de lire son discours, le représentant de Center for Family & Human Rights (C-FAM) a dénoncé ces délégations qui parlent aussi légèrement de l’avortement, en oubliant sans doute que « nous avons tous commencé notre vie sous la forme d’un embryon ».  Le représentant a aussi dénoncé le fait que la famille ne reçoive pas l’attention qu’elle mérite de la part de la communauté internationale.  On ne parle de famille et des droits de l’homme que quand il s’agit de planification familiale.  La famille est même devenue un sujet de polémique, source d’acrimonies et de désaccords pendant les négociations internationales.  Le représentant a vu là un problème parce que c’est bien cela qui empêche d’aider les familles qui, dans le monde entier, ont besoin de lois, de politiques et de programmes pour protéger et renforcer leur rôle de première ligne de défense contre les abus et l’exploitation. 

La Déclaration universelle des droits de l’homme, a rappelé le représentant, définit la famille comme l’unité naturelle et fondamentale de la société et affirme que la famille a droit à la protection de la société et de l’État.  La Déclaration ajoute que les hommes et les femmes ont le même droit de se marier librement et de fonder une famille dans laquelle ils sont égaux en droits.  D’autres textes consacrent la responsabilité première des parents de choisir eux-mêmes le type d’éducation qu’ils veulent donner à leurs enfants, de préserver le droit de l’enfant à l’identité culturelle et religieuse et surtout dans le contexte de la mobilité humaine, de réaliser le droit de l’enfant de savoir et d’être pris en charge par la mère et le père avec lesquels il doit être réuni le plus rapidement possible. 

Mme BRUNEEL, Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine, a souligné que le droit à la santé est un droit fondamental, et que les soins doivent être accessibles à tous, sans aucune discrimination liée au sexe, l’âge ou l’orientation sexuelle.  Elle a exhorté les États à prendre des mesures spécifiques allant dans ce sens, et à accorder la priorité aux plus vulnérables.

Mme ALEXANDRA ROSE, World Youth Alliance, s’est présentée comme coalition mondiale de plus de 200 000 jeunes dans plus de 130 pays, dévoués à la promotion de la dignité humaine dans les politiques et la culture.  Elle a par exemple dit que les politiques de la population doivent être centrées sur les gens et non sur des tendances démographiques ou des politiques sociales polémiques.  Elle a mis en avant le « Human Dignity Curriculum » qui apprend aux enfants la dignité humaine.  Elle a exhorté les gouvernements à se concentrer sur l’objectif 16 du Programme 2030 relatif aux sociétés pacifiques et inclusives, pour mettre fin aux migrations involontaires.  À cet égard, elle a appelé à des lois qui protègent le regroupement familial des migrants.  Plaidant aussi pour leur accès à la justice, elle a conclu: « quand les gens peuvent compter sur des institutions justes, ils sont mieux à même d’exploiter leurs talents d’innovation, de créativité et d’entreprenariat dans l’intérêt commun et de se sortir de la pauvreté ». 

Mme WERONIKA JANCZUK, FEMM Foundation, a dit que les femmes doivent recevoir une éducation sur la santé pour pouvoir faire des choix éclairés et planifier leur carrière et leur vie de famille.  Les femmes qui comprennent leur santé, savent poser les bonnes questions au médecin et guider ce dernier vers les soins les plus appropriés.  Elles peuvent surtout décider du nombre d’enfants qu’elles veulent avoir.  Les recherches montrent que seulement 3% des femmes savent interpréter les signes comme l’ovulation.  Très peu de femmes savent que l’équilibre hormonal est un facteur fondamental d’une bonne santé reproductive qui a un lien direct avec la procréation.  Les chercheurs de la FEMM ont créé un programme de prise en charge médicale avec des protocoles et des traitements pour le déséquilibre hormonal.  Quelque 500 médecins ont été formés à ces protocoles et, avec les traitements, les femmes ont non seulement des informations et une meilleure compréhension de leur corps mais aussi des options concrètes. 

M. SAJEDA AMIN, Union internationale pour l’étude scientifique de la population – (IUSSP) a indiqué que son organisation lance de nouvelles initiatives sur les « villes durables, la mobilité humaine et les migrations internationales ».  Il a cité une équipe de travail sur les migrations internationales ainsi que des recherches pour renforcer la base des preuves de la place de la planification familiale dans les centres urbains en croissance rapide en Asie et en Afrique.  Se félicitant de liens de son organisation avec le Conseil économique et social, il a indiqué que le Directeur de la Division de la population est membre de la Conférence internationale sur la population de l’IUSSP qui compte beaucoup sur les données et les publications de la Division. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Armes de destruction massive: le Conseil de sécurité examine le travail du Comité 1540 dans le contexte d’une menace « claire et actuelle »

8230e séance – matin
CS/13292

Armes de destruction massive: le Conseil de sécurité examine le travail du Comité 1540 dans le contexte d’une menace « claire et actuelle »

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le Président du Comité du Conseil de sécurité établi en vertu de la résolution 1540 (2004), l’Ambassadeur Sacha Sergio Llorentty Solíz, représentant de la Bolivie, venu présenter les travaux récents et les projets pour l’année en cours du Comité, lequel venait juste d’adopter son programme de travail.  Au-delà de ces travaux, les membres du Conseil ont rappelé le rôle essentiel de la résolution 1540 (2004) pour lutter contre la menace « claire et actuelle » de voir des armes de destruction massive tomber dans les mains de groupes non étatiques, y compris terroristes.  Les attaques chimiques en Syrie et l’affaire de Salisbury au Royaume-Uni ont de nouveau été évoquées. 

Le Comité 1540 compte en particulier tenir cette année des discussions sur les moyens de renforcer les lois nationales visant à lutter contre le risque de prolifération et tenir compte de la nature constamment évolutive de la menace.  L’une des priorités du Comité est d’examiner les rapports nationaux que les États Membres doivent remettre périodiquement afin de rendre compte des mesures prises pour remplir les obligations mises à leur charge par la résolution 1540, un texte, a rappelé la représentante des États-Unis, qui « n’est pas facultatif ».  De fait, si 180 États ont désormais remis au moins leur rapport initial, 13 n’en ont jamais présenté. 

Superviser la « plateforme de coopération » que constitue la résolution 1540 n’est pas une gageure, a poursuivi le Président du Comité, affirmant que sans celle-ci, il serait impossible de s’attaquer, à l’échelle mondiale, au problème de la prolifération des armes de destruction massive.

La coopération est un aspect sur lequel beaucoup des intervenants ont insisté, et en premier lieu la Fédération de Russie.  Celle-ci voit dans la résolution 1540 -qu’elle avait coparrainée avec les États-Unis- un « instrument de coopération et de service, et non de contrainte ».  Ce n’est qu’en « travaillant ensemble dans le cadre des institutions que nous avons nous-mêmes mises en place que nous pourrons vaincre la menace », a pour sa part affirmé la représentante de la Suède, Vice-Présidente du Comité.

M. Llorentty Solíz a également mis l’accent sur les activités de plaidoyer et d’assistance du Comité, ces dernières étant très importantes pour permettre à tous les États de s’acquitter de leurs obligations.  L’Éthiopie, qui a déploré le « retard » de l’Afrique –11 des 13 États qui n’ont jamais remis de rapport sont africains- a invité le Comité 1540 à renforcer sa coopération avec l’Union africaine et à perfectionner son cadre d’assistance pour combler les lacunes existantes. 

Plusieurs délégations ont d’ailleurs insisté sur la coopération avec les organisations internationales et régionales.  La Fédération de Russie a toutefois rappelé de que c’est aux gouvernements et aux États qu’incombe la mise en œuvre de la résolution.  Certes, les organisations internationales et régionales, le secteur privé, les secteurs scientifique et académique et encore certaines branches de la société civile peuvent jouer un rôle utile, mais cette contribution reste secondaire par rapport au rôle des États, a argué le représentant russe. 

Si les travaux du Comité ont été salués par la plupart des délégations, certaines -en particulier les États-Unis- ont regretté qu’il lui ait fallu trois mois pour adopter son programme de travail annuel.  La Fédération de Russie a salué à ce sujet la « souplesse du Président », qui a permis d’inclure toutes les préoccupations exprimées par les différentes délégations, tandis que le Royaume-Uni a déploré qu’un « membre du Conseil ait cherché à entraver et diluer » les travaux du Comité.  Celui-ci s’est réuni une fois en deux mois et ne s’est pas fixé des objectifs clairs, a accusé la représentante britannique en soulignant le « programme de travail ambitieux » du Comité.  Tout en se disant « satisfait » de l’accord obtenu, son homologue des Pays-Bas a invité le Comité à « ne pas se montrer complaisant » et à travailler de manière efficace.

C’est que la possession d’armes de destruction massive par des groupes terroristes -et leur utilisation- est, comme l’a constaté la Pologne, passée de « menace » à « terrible réalité ».  Rappelant que les terroristes de Daech avaient mis la main sur des armes chimiques, le représentant de la Fédération de Russie s’est lui aussi alarmé du « phénomène terrible du terrorisme chimique » et a demandé une action d’urgence. 

L’usage répété d’armes chimiques en Syrie s’est ainsi de nouveau retrouvé au centre des préoccupations du Conseil de sécurité.  Certains membres, comme la Suède ou la Guinée équatoriale, ont une fois encore déploré l’incapacité du Conseil à mettre en place un nouveau mécanisme d’enquête et de désignation sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, afin de « montrer au monde que ces armes restent inacceptables ».

Pour de nombreux intervenants, les « immenses pressions » qui pèsent sur le cadre mondial de non-prolifération ne tiennent pas seulement à la menace terroriste.  En citant « la réémergence des armes chimiques », le représentant de la France a ainsi parlé de « la Syrie, avec leur emploi par le régime d’Assad et Daech », de l’attaque de Salisbury au Royaume-Uni, ainsi que du « risque persistant d’une Corée du Nord nucléaire ».  La situation en République populaire démocratique de Corée a également été mentionnée par les délégations des États-Unis et du Pérou.

NON-PROLIFÉRATION DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE

Déclarations

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), Président du Comité du Conseil de sécurité établi en vertu de la résolution 1540 (2004), a rappelé l’importance de ladite résolution dans le cadre de l’effort mondial de prévention de la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs au profit de groupes non étatiques, y compris terroristes.  C’est là, a-t-il insisté, une menace claire et actuelle.  Superviser la plateforme de coopération que représente la résolution 1540 n’est pas une gageure, a-t-il affirmé, ajoutant que, sans coopération, il serait impossible de s’attaquer au problème à l’échelle mondiale.  C’est dans ce cadre que M. Llorentty Solíz a dit vouloir rendre compte au Conseil de sécurité. 

En 2018, le Comité 1540 continue de s’appuyer sur l’élan donné lors de son examen de 2016 et de l’adoption de la résolution 2325 (2016) qui vise la pleine mise en œuvre par tous les États de l’ensemble des obligations résultant de la résolution 1540.  À cette fin, le Comité entend tenir des discussions sur les moyens de renforcer les lois nationales pertinentes, prendre note de la nature constamment évolutive des risques de prolifération et organiser des réunions à huis clos avec des experts sur les autres questions mises en lumière dans la résolution 2325.

Les rapports nationaux sur l’état de mise en œuvre de la résolution 1540 restent une des priorités du Comité 1540, a poursuivi son président, qui s’est félicité que deux nouveaux pays –le Zimbabwe et la Guinée équatoriale- aient présenté leur premier rapport en 2017, tandis que le Timor-Leste en a fait de même au début de cette année.  Ce qui porte à 180 le nombre d’États qui se sont soumis à cette obligation.  Mais il a fait observer que 13 États n’avaient toujours pas présenté de tels rapports.  M. Llorentty Solíz a également indiqué que 101 États avaient désormais informé le Comité de l’existence d’un point de contact national pour la mise en œuvre de la résolution 1540.  Il a rappelé que le Comité avait tenu en 2017, en Chine, un séminaire de formation sur ce point.

Poursuivant son exposé, M. Llorentty Solíz a détaillé les mesures prises pour encourager l’adoption de plans nationaux d’action volontaire pour la mise en œuvre de la résolution 1540, notamment la tenue de séminaires organisés par le Groupe d’experts du Comité.  Ce dernier a par ailleurs continué de promouvoir le partage d’expériences, a dit M. Llorentty Solíz qui a cité en exemple les examens par les pairs entrepris l’an dernier par la Colombie et le Chili, et par le Bélarus, le Kirghizistan et le Tadjikistan.  Le Président du Comité a également mentionné les nouvelles demandes d’assistance reçues l’an dernier, de la part du Belize, du Kenya et du Tadjikistan, ainsi que toute une série d’échanges d’informations, séminaires et autres formes de plaidoyers entreprises par le Comité l’an dernier.  Il a notamment signalé que la Bolivie prévoyait d’organiser, en coopération avec le Comité, une Conférence des États d’Amérique latine et de la Caraïbe sur la mise en œuvre de la résolution et son suivi à La Paz, les 9 et 10 mai prochains, et fait savoir que le Comité envisageait la tenue d’une autre conférence régionale d’assistance cette année.

M. Llorentty Solíz a par ailleurs rappelé qu’en décembre dernier, le Secrétaire général avait, après consultation du Comité 1540, nommé six nouveaux membres du Groupe d’experts, ajoutant que la nomination d’un coordonnateur devrait suivre prochainement.

M. Llorentty Solíz a ensuite présenté les présidents des différents groupes de travail du Comité et a remercié les États qui ont apporté des contributions au Fonds d’affectation spéciale pour les activités de désarmement à l’échelle mondiale et régionale en lien direct avec la mise en œuvre de la résolution 1540.  Sans de telles contributions, le travail du Comité serait gravement affecté, a affirmé son président. 

Le Président du Comité a rappelé que des objectifs de coopération spécifiques avec des organisations régionales et internationales avaient été prévus par la résolution 2325.  Il a fait état de la réunion tenue cette année par le Groupe d’experts du Comité avec l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme sur les moyens de collaborer, notamment en ce qui concerne le risque de mauvaise utilisation par des acteurs non étatiques des nouvelles découvertes scientifiques ou technologiques.  Il s’est également prononcé pour un dialogue actif entre les États et l’industrie dans le cadre du Processus de Wiesbaden.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré que le Comité 1540 est un élément vital de l’ordre international.  Elle a prévenu que l’emploi d’armes chimiques pourrait devenir monnaie courante dans les combats, comme l’ont montré les événements des dernières semaines.  La déléguée a insisté sur le danger posé par l’emploi de telles armes par des groupes non étatiques, avant de dénoncer leur usage par des acteurs étatiques à Douma et à Salisbury.  S’agissant de l’attaque de Salisbury, elle a demandé une réunion du Conseil la semaine prochaine pour examiner les conclusions de l’OIAC sur ladite attaque.

La représentante a mis en garde contre l’emploi en toute impunité des armes de destruction massive, « un véritable cauchemar pour les civils », a-t-elle dit.  « Nous ne devons pas simplement condamner cet emploi mais agir pour que les responsables répondent de leurs actes », a-t-elle souhaité.  Mme Pierce a regretté qu’un membre du Conseil ait cherché à entraver et diluer les travaux du Comité.  Ce Comité s’est réuni une fois en deux mois et ne s’est pas fixé des objectifs clairs, a-t-elle déclaré, en disant ne pas comprendre qu’un État Membre puisse vouloir entraver le travail du Comité.  « Nous avons un programme de travail ambitieux et devons le mettre en œuvre », a conclu la représentante. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déclaré que son pays a présenté son premier rapport au Comité 1540 en 2017 et qu’il continue d’œuvrer à la pleine application de la résolution 1540 (2004).  Il a dit sa préoccupation devant le risque que des armes de destruction massive tombent entre les mains de groupes non étatiques.  Il a donc plaidé pour que les États développés aident les États en développement à tout faire pour que les terroristes ne mettent pas la main sur des matières premières nécessaires à la confection de telles armes.

Le représentant a aussi demandé la destruction de toutes les armes de destruction massive afin que l’humanité ne vive pas avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête.  Il a ensuite dénoncé l’impuissance du Conseil de sécurité face à l’emploi d’armes chimiques en Syrie.  « Est-ce si difficile de nous mettre d’accord sur un mécanisme d’attribution des responsabilités? » a-t-il demandé.  Le représentant a jugé urgent de travailler sur une nouvelle résolution en vue de créer un tel mécanisme. 

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a cité les menaces pesant sur le régime de non-prolifération, parmi lesquelles « le risque persistant d’une Corée du Nord nucléaire, la poursuite d’activités déstabilisatrices au Moyen-Orient et la réémergence des armes chimiques, en Syrie avec son emploi par le régime d’Assad et Daech, à Salisbury et ailleurs ».  Le risque de voir des acteurs non étatiques mettre la main sur des matériels sensibles est une dangereuse réalité, a-t-il poursuivi, en soulignant la « raison d’être » plus que jamais d’actualité du Comité 1540.  Pour M. Michon, ce comité est l’architecte de l’action de tous les États face à la prolifération. 

Le délégué a souligné la nécessité de prévenir et réprimer le financement de la prolifération, de sécuriser les biens et matériels sensibles et renforcer les contrôles aux exportations.  Mon pays est particulièrement impliqué dans la prévention des risques d’acquisition par des terroristes de matières nucléaires et radioactives sensibles, notamment les sources radioactives dont nous appelons à renforcer la sécurité, a-t-il déclaré. 

Le représentant français a dit attacher une importance particulière au renforcement de la dimension régionale de la logique d’assistance et à une mise en cohérence accrue des besoins et de l’offre proposée.  M. Michon a appelé au renforcement des synergies à l’extérieur de l’ONU, comme l’AIEA, l’OIAC, l’Organisation mondiale des douanes notamment, ou en son sein, avec les comités traitant du terrorisme.  « Il ne peut y avoir d’alternative au régime de non-prolifération », a-t-il conclu. 

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a rappelé que la résolution 1540 (2004) avait, à l’époque de son adoption, été considérée comme un jalon et une résolution phare, et qu’elle était devenue depuis un des éléments centraux du régime mondial de non-prolifération des armes de destruction massive.  L’utilisation de telles armes en Malaisie ou au Royaume-Uni, et leur usage « systématique et honteux » en Syrie montrent bien que la question est d’actualité, a argué la représentante, qui a aussi dénoncé l’irresponsabilité de ceux qui prennent le risque de les laisser tomber entre les mains d’acteurs non étatiques. 

Les États-Unis continueront à mettre l’accent sur le renforcement des mesures de non-prolifération, afin d’assurer leur propre sécurité et celle du monde, a poursuivi Mme Tachco.  Pour la représentante, la pleine application de la résolution 1540 est essentielle.  Les États-Unis continueront donc d’appuyer les organisations régionales et internationales qui traitent de la question, de même qu’ils poursuivront leur coopération bilatérale avec leurs nombreux partenaires, auxquels, a rappelé la représentante, ils ont déjà accordé « des centaines de millions de dollars » à ce titre.  Mme Tachco a en outre félicité la Bolivie pour l’organisation d’une conférence régionale le mois prochain à La Paz et précisé que les États-Unis avaient financé la coordination de l’événement au sein de l’Organisation des États américains (OEA). 

Mme Tachco a toutefois déploré que le Comité ait mis près de trois mois pour adopter son plan de travail pour 2018.  Se félicitant néanmoins que le Comité entende s’attaquer aux menaces les plus actuelles, la représentante a estimé qu’il devrait se réunir plus régulièrement et adopter une stratégie claire.  Il devrait notamment lancer dès maintenant le processus officiel de nomination d’un coordonnateur de son Groupe d’experts, a-t-elle recommandé.  Rappelant que la résolution 2325 (2016) traite aussi des défis présentés par les transferts de technologies, elle a souhaité que le Comité se saisisse des importantes ressources offertes par l’industrie et le secteur privé. 

Les dispositions de la résolution 1540 « ne sont pas facultatives », elles lient tous les États Membres, a rappelé la représentante, qui a conclu en affirmant que, dans le contexte actuel, il n’existe pas de plus grands risques qu’un « programme d’armes nucléaires non officiellement mentionné ».

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a déclaré que la menace d’emploi d’armes de destruction massive est et demeure bien réelle.  Il a insisté sur l’importance de la résolution 1540 (2004) pour faire face à ladite menace et compléter le travail accompli par l’AIEA dans le domaine de la sécurité nucléaire.  « La pleine application de cette résolution doit être notre priorité à tous », a-t-il déclaré.  Le délégué s’est ensuite dit satisfait de l’accord conclu relatif au programme de travail du Comité 1540 et salué son homologue de la Bolivie pour ce résultat.  « Mais nous ne devons pas nous montrer complaisants », a-t-il poursuivi, en exhortant le Comité à travailler de manière efficace, dans la lignée des mesures prévues par la résolution 2325 (2016).  Enfin, le représentant des Pays-Bas a apporté son soutien au Comité 1540. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a dit appuyer pleinement la mise en œuvre des différents instruments de non-prolifération portant sur les diverses armes de destruction massive.  En traitant des risques liés à la prolifération des armes de destruction massive aux mains d’acteurs non étatiques, la résolution 1540 joue un rôle particulièrement important, a estimé la représentante, qui s’est inquiétée de la prolifération de telles armes aux mains de groupes terroristes, devenue « une terrible réalité ».  Elle a rappelé à cet égard que le défunt Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU avait attribué certaines des attaques à l’arme chimique menées en Syrie à Daech.

Mme Wronecka a ensuite cité différentes entités, notamment européennes, qui disposent d’outils permettant aux États de mieux mettre en œuvre leurs obligations au titre de la résolution 1540.  Concernant le Groupe d’experts du Comité 1540, la représentante a demandé qu’il se réunisse mensuellement et a souhaité que la sélection du nouveau coordonnateur du Groupe d’experts soit rapidement achevée. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a jugé le travail du Comité 1540 plus pertinent que jamais.  Il a assuré que son pays continuera de contribuer au Fonds d’affectation spéciale pour les activités de désarmement à l’échelle mondiale et régionale en vue d’appuyer ledit comité.  Le délégué a insisté sur le danger posé par l’emploi d’armes de destruction massive par des groupes non étatiques et salué le travail accompli par le Comité face à une telle menace.  Il s’est ensuite dit en faveur de la reprise des sommets sur la sûreté nucléaire tels qu’organisés entre 2010 et 2016, avant de mentionner l’initiative de son pays en vue de la création d’un registre de l’ONU sur les développements scientifiques conduisant à la création et à l’avancement des armes de destruction massive.  Enfin, le représentant a apporté son soutien au programme de travail du Comité 1540 et souhaité sa bonne exécution. 

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a rappelé que, 14 ans après l’adoption de la résolution 1540, le monde continuait de vivre sous la menace persistante des armes de destruction massive, qui constituent un véritable défi à la non-prolifération.  Malgré des succès, il reste beaucoup à faire, a estimé le représentant, et ce, du fait de la menace d’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques.  C’est pourquoi la Côte d’Ivoire appuie fortement l’option qui consiste à prévenir la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, avec la mise en place de dispositifs de contrôle appropriés. 

Le représentant a notamment attiré l’attention sur les importants stocks de matières fissiles qui échappent à toute réglementation internationale et pourraient être utilisés pour fabriquer des armes de destruction massive.  Il a aussi appelé les États à respecter leurs engagements au titre de la Convention sur les armes chimiques avant de mettre en avant l’importance du renforcement des capacités nationales, de l’assistance et de la sensibilisation. 

M. Tanoh-Boutchoué s’est félicité du rôle et du travail du Comité 1540, et notamment de sa coopération accrue avec les organisations internationales et avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il s’est également félicité du second examen approfondi du Comité, mené en 2016, et de l’adoption par le Comité de son programme de travail. 

M. WU HAITAO (Chine) a salué le travail accompli par le Comité 1540 ayant conduit à des « résultats positifs » s’agissant du renforcement du régime de non-prolifération, même si la situation globale demeure difficile.  Chaque pays doit œuvrer au renforcement de la sécurité internationale, sur la base d’une coopération pragmatique, a-t-il prôné.  Il a rappelé que la responsabilité première de la non-prolifération incombe aux gouvernements, avant de souligner l’importance de l’assistance technique à apporter aux pays en développement dans ce domaine.  La résolution 1540 (2004) doit être appliquée intégralement et le Comité 1540 doit travailler efficacement, a-t-il souhaité.  « La Chine est contre la prolifération », a conclu le délégué. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004), 180 États ayant présenté leur rapport en vertu de cette résolution.  Sur les 13 pays qui ne l’ont pas encore fait, 11 se trouvent en Afrique, a-t-il déploré en relevant que « l’Afrique est en retard » sur ce plan.  M. Alemu a appelé le Comité 1540 à renforcer sa coopération avec l’Union africaine ainsi qu’à perfectionner son cadre d’assistance pour combler les lacunes existantes.  Une coopération accrue entre le Groupe d’experts du Comité 1540 et les groupes d’experts prévus par les résolutions 1526 (2004) et 2253 (2015) concernant les Taliban, Al-Qaida et Daech devrait être envisagée, a-t-il ajouté.  Enfin, le délégué a réaffirmé l’engagement de l’Éthiopie afin que des armes de destruction massive ne tombent pas entre les mains de groupes terroristes. 

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a salué la souplesse du Président du Comité 1540, estimant qu’il avait permis d’inclure toutes les préoccupations exprimées dans le programme de travail.  Face au risque de prolifération d’armes de destruction massive dans les mains d’acteurs non étatiques, le représentant a salué le rôle crucial joué par la résolution 1540, dont, a-t-il rappelé, les coauteurs avaient été la Fédération de Russie et les États-Unis.  Cette résolution représente un « socle » pour éviter que les armes de destruction massive ne tombent aux mains d’acteurs non étatiques, a estimé le représentant, qui l’a présentée comme un « instrument de coopération et de service, et non de contrainte ».  C’est aux gouvernements et aux États qu’incombe la mise en œuvre de la résolution 1540, a-t-il par ailleurs insisté.  Si les organisations internationales et régionales, le secteur privé, les secteurs scientifique et académique et encore certaines branches de la société civile peuvent jouer un rôle utile, celui-ci reste secondaire par rapport à celui des États, a-t-il argué. 

Le représentant a ensuite dit son opposition à la création de « nouvelles structures bureaucratiques », de même qu’à la formulation de « propositions radicales et non approfondies » qui risqueraient selon lui de gêner les travaux du Comité.  Ce dernier doit être guidé par le principe de coopération et de « non-nuisance », a poursuivi le représentant.

Rappelant que l’État islamique d’Iraq et du Levant avait mis la main sur des armes chimiques, M. Safronkov s’est alarmé du « phénomène terrible du terrorisme chimique » et a demandé une action d’urgence.  Il a appelé à bien comprendre la dynamique de la situation en Syrie en affirmant que les terroristes qui ont acquis la maîtrise d’armes chimiques en Syrie « vont chercher à se réfugier dans les pays tiers ».  Concernant la Ghouta orientale, il a souhaité que les experts de l’OIAC puissent enquêter sur les allégations concernant l’attaque de Douma.  Enfin, abordant l’attaque chimique de Salisbury, le représentant a affirmé que la Fédération de Russie « attend une enquête approfondie et des réponses aux questions que nous avons posées », et a dénoncé les « remarques sans fondement » de la représentante du Royaume-Uni. 

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) s’est félicitée de l’évolution importante du travail du Comité l’an passé et en particulier de la nomination de six nouveaux experts en décembre dernier, en relevant que trois avaient déjà pris leurs fonctions.  Elle a souhaité une rapide nomination du coordonnateur du Groupe d’experts et s’est dite heureuse que le programme de travail du Comité ait pu être adopté ce matin.  En outre, elle a encouragé l’intensification de la coopération entre le Comité 1540 et le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, ainsi qu’avec d’autres comités.

La Suède appuie le renforcement de tous les régimes de non-prolifération d’armes de destruction massive, alors même que le cadre mondial de non-prolifération subit d’« immenses pressions », a poursuivi Mme Schoulgin Nyoni, qui a illustré cette pression par l’usage répété d’armes chimiques.  « Nous devons montrer au monde que ces armes restent inacceptables », a répété la représentante, qui a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de mettre en place un nouveau mécanisme d’enquête sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. 

Rappelant les risques inhérents aux transferts de technologies, un problème soulevé de manière récurrente lors de l’examen approfondi de 2016, Mme Schoulgin Nyoni a assuré qu’en tant que Vice-Présidente du Comité 1540, la Suède étudiait actuellement les moyens de poursuivre les efforts sur cette question.  La Suède contribue aussi à la mise en œuvre de la résolution 1540 par son programme de coopération en matière de sûreté nucléaire et son engagement dans le cadre du partenariat mondial du G7, au sein duquel la Suède copréside le sous-groupe sur la biosécurité.  À l’heure où la menace que représentent pour la paix et la sécurité internationales les armes de destruction massive est claire et actuelle, « ce n’est qu’en travaillant ensemble dans le cadre des institutions que nous avons nous-mêmes mises en place que nous pourrons vaincre la menace », a conclu Mme Schoulgin Nyoni.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) en vue de son universalisation.  Il a souhaité que les 13 États qui n’ont pas fourni de rapport malgré ce qui est prévu par la résolution le fassent le plus rapidement possible.  Le représentant du Koweït a soutenu le programme de travail du Comité 1540 et exhorté tous les États Membres à soutenir ce comité.  Il s’est dit très préoccupé par les menaces pesant sur le régime de non-prolifération, en évoquant la « tragédie syrienne » et l’emploi d’armes chimiques à Douma.  Enfin, le délégué s’est dit en faveur en l’élimination totale des armes de destruction massive dans le monde, « à commencer par le Moyen-Orient », a-t-il précisé.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a mis en exergue le travail réalisé par le Comité 1540 et appelé tous les États à veiller à appliquer pleinement la résolution 1540.  Le Pérou s’est toujours engagé en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive, ainsi que pour un désarmement mondial, a affirmé le représentant, qui a rappelé la menace que représente le passage de telles armes dans les mains de groupes terroristes.  C’est la plus grande menace pour la paix et la sécurité internationales à l’heure actuelle, a estimé le représentant.  Il a également cité le défi majeur que représente le programme nucléaire militaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), avant d’insister sur l’importance du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien. 

Le représentant a ensuite abordé le problème de l’utilisation abusive des progrès scientifiques pour faciliter le transfert illicite de technologies.  Il a prôné à cet égard que tous les pays se dotent de mesures nationales efficaces de contrôle, comme le demande la résolution 2325 (2016).

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la population et du développement: la question de l’accès à la santé sexuelle et reproductive s’invite au débat sur la mobilité humaine

Cinquante et unième session,
5e et 6e séances – matin & après-midi
POP/1075

Commission de la population et du développement: la question de l’accès à la santé sexuelle et reproductive s’invite au débat sur la mobilité humaine

En 15 ans, la population des Émirats arabes unis a augmenté de 300%, montrant bien la pertinence du thème « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales » dont débat la Commission de la population et du développement depuis trois jours, avec un accent particulier aujourd’hui sur l’accès des migrants à la santé sexuelle et reproductive.

La ville de Dubaï compte 91% d’habitants nés à l’étranger, suivie par Bruxelles avec 71%, puis Toronto, Oakland et Sydney.  Sans les migrants, les Émirats arabes unis n’auraient jamais pu se développer comme ils l’ont fait, a souligné la représentante émiratie.  En moyenne, les migrants internes ou internationaux, au nombre d’un milliard dans le monde, représentent 9% du PIB mondial, soit 6 300 milliards de dollars, a renchéri la représentante du Forum économique mondial.  C’est la Chine et l’Inde qui abritent toutes les deux la moitié des personnes en mouvement, suivies des États-Unis, de l’Arabie saoudite, de l’Allemagne et de la France.

Le Sénégal, foyer de départs massifs, est aussi devenu un pays de destination, avec de réels défis de gestion et de prise en charge du phénomène migratoire.  La Libye, fragilisée, passe pour un pays de transit aux prises avec les réseaux criminels de l’émigration clandestine et de la traite des personne.  La Sri Lanka est le pays d’origine par excellence avec 1,9 million de Sri-Lankais à l’étranger et 800 départs quotidiens.

« Nous sommes ici pour parler des gens qui partent, soit en quête d'opportunités, soit en quête de sécurité », a plaidé la jeune ambassadrice des Pays-Bas sur les droits à la santé sexuelle et reproductive, des droits, a-t-elle dit, qui touchent « à l’amour, au sexe et à la vie ».  Des questions, a-t-elle poursuivi, qui concernent les jeunes filles forcées de se marier, les jeunes transsexuels confrontés à la discrimination et la violence ou les jeunes couples privés d’informations sexuelles et d’accès aux méthodes contraceptives.  De telles situations ne sont pas rares et elles s’aggravent avec la mobilité humaine, a insisté la jeune ambassadrice.  Elle a rappelé aux États qu’il est de leur intérêt d’avoir une population en bonne santé et informée et a conclu: « J’appelle les gouvernements à intégrer le droit à la santé sexuelle et reproductive dans toutes leurs interventions politiques pour ne laisser personne de côté ».

La Tunisie a aussi prévenu: un jeune, fille ou garçon, sexuellement frustré ou mal informé, représentera un fardeau pour les pays en développement.  Un jeune moralement et intellectuellement réprimé ne connaît pas la culture des droits de l’homme, la modernité et la tolérance et risque de devenir l’oppresseur des générations futures ainsi qu’une proie facile pour la radicalisation.  Les filles privées de leur droit à l’éducation et victimes de mariage précoce et/ou de mutilations génitales transmettront leur mal de vivre à leurs enfants.  Sans respect pour les principes de la pensée critique, des droits de l’homme, de l’acceptation de la diversité et de la tolérance, tout système de développement social sera voué à l’échec.

Avant d’ouvrir son débat, la Commission a observé une minute de silence en hommage aux 257 victimes de l’accident d’avion qui s’est produit près d’Alger.  Elle a aussi tenu une table ronde sur le thème « Les villes à la pointe de l’accueil des migrants » et poursuivra son débat général, demain jeudi 12 avril, à partir de 10 heures. 

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, RÉGIONAL ET NATIONAL

Débat général sur le thème « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales »

M. MDUDUZI DUNCAN DIAMINI, Ministre de l’administration du Tinkhundla et du développement du Swaziland, a indiqué que son pays ne compte pas beaucoup de grandes villes et qu’environ 30% de la population vit dans des zones urbaines et périurbaines.  Jusqu’à présent le pays avait deux types de gouvernements locaux, l’un rural et l’autre urbain, mais un système unifié de gouvernance est en train d’être établi, a-t-il ajouté.  Pour stopper les établissements urbains non planifiés, le Gouvernement a créé des programmes de logements abordables.  Il s’est aussi engagé à créer des villes durables et forger des partenariats pour, entre autres, augmenter de 28% en 2014, à 35% d’ici à 2020, l’énergie renouvelable.  Un fonds de développement a également été établi pour faire face au défi du développement inégal, facteur de migration interne.  Le Swaziland vient en outre d’achever un recensement numérique sur la population et le logement.

Poursuivant, le Ministre a parlé de l’adoption récente de la loi sur les réfugiés et a indiqué que le Gouvernement veille à ce que les délais d’hébergement dans les centres de réception se situent entre trois et six mois.  Passé ce délai, les réfugiés obtiennent un passeport et sont intégrés à la société.  Le Swaziland s’enorgueillit d’ailleurs du fait que d’anciens réfugiés travaillent à présent comme médecins, techniciens en radiologie ou enseignants.

M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a indiqué que son pays met en œuvre le Programme d’action du Caire sur la population et le développement, dans le respect de sa législation nationale et de sa particularité culturelle.  Il a souligné que la phase de transition « turbulente » de la Libye, après la révolution de 2011, a provoqué des déplacements massifs de la population.  Il a aussi dit attendre avec intérêt la conclusion du pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, s’inquiétant de la nette augmentation du nombre de migrants en situation irrégulière sur le territoire libyen.  Ces migrants et les réseaux criminels qui les exploitent, a-t-il accusé, profitent de la situation « fragile » dans laquelle se trouve la Libye.  Pour le représentant, la solution exige que l’on appuie les efforts de développement des pays d’origine.  Il est injuste que des pays de transit comme la Libye, qui est dans une situation « instable », ait à assumer la responsabilité de gérer les migrations irrégulières.  Cette responsabilité devrait revenir aux pays d’origine qui doivent s’attaquer aux réseaux criminels.

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a déclaré que son pays fait face ces derniers temps à la mobilité humaine entre les zones rurales et urbaines.  L’augmentation de la population urbaine qui tourne autour de 65% a obligé les autorités à se focaliser sur les politiques et stratégies de développement urbain.  Il s’agit de créer de bonnes infrastructures urbaines et d’élargir l’accès aux services de base dont l’éducation, la santé, le logement, l’eau, l’assainissement et le travail décent.  Pour cela, le pays a lancé un ensemble de politiques et noué des partenariats.  Pour compenser l’accélération de la croissance urbaine, il faut créer des opportunités économiques et sociales dans les zones rurales. 

La jeune ambassadrice des Pays-Bas sur les droits sur la santé sexuelle et reproductive, Mme MELODI TAMARZIANS, a relevé qu’elle était probablement la plus jeune participante.   Nous sommes ici, a-t-elle dit, pour parler des gens qui partent, soit en quête d'opportunités dans les villes, soit en quête de sécurité.  Je suis ici pour parler de l’importance des droits à la santé sexuelle et reproductive parce que ces droits nous touchent chaque jour et partout.  C’est une question d’amour, de sexe et de vie, a-t-elle asséné, en parlant d’une question qui concerne les jeunes filles forcées de se marier, les jeunes transsexuels confrontés à la discrimination et la violence ou les jeunes couples privés d’informations sexuelles et d’accès aux méthodes contraceptives.  De telles situations ne sont pas rares et elles s’aggravent avec la mobilité humaine. 

Comme les plus petites anecdotes racontent les plus grandes histoires, la jeune ambassadrice a parlé, entre autres, d’une jeune Mozambicaine violée, puis enceinte et enfin retrouvée presque morte après un avortement dangereux car si l’avortement n’est pas illégal au Mozambique, l’accès à des services de santé reproductive adaptés aux jeunes et à une éducation sexuelle complète est limité. 

Si une adolescente ne peut pas aller à l’école parce qu’elle n’a pas de serviette hygiénique, si elle est forcée de se marier, si elle tombe enceinte et ne peut pas avorter à l’hôpital, si elle n’a pas accès à des contraceptifs gratuits et à des informations pertinentes sur la sexualité à l’école, elle, et les jeunes comme elle, se berce d’idées fausses et se prive de services essentiels, mettant sa santé en danger.

Il est de l’intérêt des États d’avoir une population en bonne santé et informée, a souligné la jeune ambassadrice, en quittant la sphère des droits de l’homme.  Chaque pays doit assumer une plus grande responsabilité s’agissant de la santé et du bien-être de sa propre population, en investissant davantage dans les droits à la santé sexuelle et reproductive.

Les jeunes doivent avoir leur mot à dire car ils sont ceux qui vivent la réalité derrière les politiques.  Nous avons, a plaidé la jeune ambassadrice, le droit « fondamental » d’explorer et d’exprimer notre propre identité: sans honte, sans discrimination et sans menacer notre santé ou notre vie.  Cela n’a rien à voir avec l’âge, l’origine et encore moins avec la manière dont un gouvernement voit tout cela.  « J’appelle les gouvernements à intégrer le droit à la santé sexuelle et reproductive dans toutes leurs interventions politiques pour ne laisser personne de côté », a-t-elle insisté.

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a affirmé que son pays est en train de sortir de sept années de guerre « contre le terrorisme ».  La priorité est d’assurer le retour des réfugiés et des déplacés dans la dignité et de leur garantir des services sociaux, des infrastructures de base et de bonnes conditions de réinsertion économique.  Le Gouvernement s’efforce de prévenir tout changement démographique dans les villes et de préserver la diversité du tissu social, dans tous ses efforts de planification, de reconstruction et de réhabilitation.  Le succès de ces efforts dépend aussi de la levée des mesures économiques coercitives imposées par les États-Unis et l’Union européenne au peuple syrien.  Le Gouvernement doit en effet s’atteler à la réhabilitation du secteur de la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive, et à la création d’emplois pour les jeunes.  La représentante a donc vivement dénoncé les « faux obstacles » auxquels les agences de l’ONU quand il s’agit d’appuyer financièrement les plans nationaux de développement, à cause des « politiques interventionnistes » de certains États.

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a dit que son pays était l’une des nations très urbanisées d’Afrique subsaharienne avec 39,5% de la population dans les zones urbaines, un taux qui devrait passer à 45,5% avant 2030.  Cette situation représente un défi pour le développement durable car la capacité des grandes villes, dans la plupart des cas, a été dépassée.  Pour inverser cette tendance, le Gouvernement a mis en place des mesures pour améliorer les services de base dans les zones rurales, réduire ainsi le taux de différence entre la campagne et les villes et libérer un espace pour le développement durable des villes.  La Zambie, a poursuivi le représentant, est aussi un pays d’origine, de transit et de destination pour les travailleurs migrants, les demandeurs d’asile, les clandestins ou encore les victimes de la traite des personnes.  Cela fait plus de 50 ans que la Zambie accueille des réfugiés et des demandeurs d’asile des pays voisins et de la région des Grands Lacs dont le nombre dépasse désormais les 70 000 personnes.  Le Gouvernement a besoin de plus de soutien dans ce domaine.

M. IGOR KHARITONOV (Fédération de Russie) a jugé crucial d’exploiter la science de l’urbanisme, en gardant à l’esprit les besoins des jeunes.  Il a dit espérer que le futur pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières répondra véritablement aux défis actuels.  Ces 20 dernières années, a-t-il poursuivi, les flux migratoires ont permis d’inverser de 50% la courbe du déclin démographique dans la Fédération de Russie.  Sur le plan économique, les migrants ont contribué à améliorer la compétitivité du pays.  Grâce à l’accord sur le marché commun avec les pays de la communauté eurasiatique, les migrants obtiennent facilement un permis de travail et des avantages sociaux.  Le représentant a insisté sur l’importance des données et de leur fiabilité.  Il a conclu en insistant aussi sur le respect de la souveraineté des États, seuls habilités à décider des politiques migratoires. Examiner cette question sous le seul angle des droits de l’homme serait contreproductif, a-t-il prévenu.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a insisté sur le fait que les migrants jouent un rôle important dans la croissance économique des pays d’origine et de destination et a appelé les gouvernements à tout faire pour réduire le coût des envois de fonds.  Il a aussi estimé que la Commission de la population et du développement a tout à fait le droit de faire une contribution aux négociations sur le futur pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Parlant de son pays, le représentant a estimé que l’urbanisation est une occasion à saisir pour le développement économique.  Le Népal, où 60% des gens font partie de la population active, compte tirer parti du dividende démographique.  Pays enclavé, il a besoin d’une somme 17 milliards de dollars pour réaliser tous les objectifs de développement durable. 

M. NYI NYI (Myanmar) a indiqué que comme ses voisins, le Myanmar, connaît des taux importants de migrations internes et internationales, en particulier au cours de cette dernière décennie.  Selon les dernières données, 19,3% de la population aurait déménagé au moins une fois.  L’ancienne capitale, Yangon, qui compte déjà plus de cinq millions d’habitants, est la destination de choix dont la population devrait augmenter rapidement dans les prochaines décennies.  Le pays a donc lancé un « Plan-cadre » pour le logement et autres projets d’infrastructures.  À ce jour, 4,25 millions de Birmans vivent à l’étranger dont plus de 70% en Thaïlande.  Le Myanmar a mis en place un système national de vérification pour les migrants sans papier visant à leur donner un permis de travail à l’étranger ou un passeport temporaire.  Avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Myanmar a effectué un recensement en 2014, le premier depuis 30 ans, dont les résultats permettent d’affiner les politiques, y compris sur la migration.  Le Myanmar s’attache maintenant à développer un système national d’identification électronique.

Mme MALILIGA PESETA (Samoa) a dit que, pays aux ressources limitées, le Samoa a intégré les questions de population comme partie importante de son cadre national de développement durable et a réaffirmé son engagement, en lançant le plan d’action sur la population 2016-2020.  Le Gouvernement s’efforce de diffuser largement les données sur la population et de veiller à ce que les planificateurs aient les compétences nécessaires pour intégrer ces données dans les plans nationaux et sectoriels de développement.  Comme tous les petits États insulaires en développement, le Samoa est vulnérable aux effets des changements climatiques et subit la fréquence et l’intensité accrue des catastrophes dans la région. Les derniers cyclones et inondations ont dévasté l’île et ses voisins, et détruit les infrastructures, conduisant à la réinstallation des communautés dans des zones plus élevées.  C’est le droit au développement qui a été affecté, a souligné le représentant. 

M. LEWIS GARSEEDAH BROWN II(Libéria) a mis l’accent sur l’importance de la mobilisation des ressources pour mettre en œuvre les mesures du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Les objectifs de ce Programme d’action exigent des ressources supplémentaires en particulier dans les domaines sociaux et économiques pour réduire les inégalités et répondre aux préoccupations environnementales. 

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a indiqué que plus d’un million de Tunisiens vivent à l’étranger, dont 83% en Europe.  Il a appelé au plein respect des droits et libertés fondamentales des réfugiés et des migrants, avertissant par ailleurs que les déplacements forcés et la migration irrégulière à large échelle présentent de nombreux défis sécuritaires, économiques et sociaux pour les pays de transit et de destination.  Il a souhaité une plus grande coopération entre les pays d’origine, de transit et de destination pour faire face au phénomène.

S’agissant du Programme d’action du Caire, le représentant a souligné que l’élimination des mariages précoces et la facilité d’accès aux contraceptifs sont essentielles pour permettre aux femmes d’achever leurs études et entrer dans la vie active.  Il a aussi insisté sur l’importance de l’éducation sexuelle, notamment pour assurer l’équilibre psychologique des jeunes et leur bonne intégration sociale.  Il a rappelé que l’avortement est légal dans son pays depuis 1973 et que la planification familiale y a été lancée en 1966. La Tunisie connaît aussi des taux importants de scolarisation, notamment chez les filles, et a par ailleurs adopté, en juillet 2017, une loi complète pour combattre la violence contre les femmes.

Poursuivant, le représentant a affirmé qu’un jeune, fille ou garçon, sexuellement frustré ou mal informé, représentera un fardeau pour les pays en développement.  Un jeune moralement et intellectuellement réprimé ne connaît pas la culture des droits de l’homme, la modernité et la tolérance et risque de devenir l’oppresseur des générations futures ainsi qu’une proie facile pour la radicalisation, a-t-il averti. En outre, les filles privées de leur droit à l’éducation et victimes de mariage précoce et/ou de mutilations génitales transmettront leur mal de vivre à leurs enfants. C’est pour cela que la Tunisie insiste sur l’importance d’intégrer l’éducation sexuelle à tous les programmes éducatifs qui, a-t-il ajouté, doit aussi reposer sur la pensée critique, les droits de l’homme, l’acceptation de la diversité et la tolérance. Sans respect pour ces principes, tout système de développement social sera voué à l’échec, a-t-il mis en garde.

Mme ROSAJILDA VÉLEZ (Républicaine dominicaine) a dit que son pays est le premier en termes de population immigrée et troisième en termes de diaspora dans la région: 1,3 million de Dominicains vivent à l’étranger et 571 000 immigrés vivent en République dominicaine, représentant 5,6% de la population.  Sur ce nombre, 4% sont des ressortissants d’Haïti.  Le nombre des jeunes diminue et celui des adultes augmente dans un pays où l’espérance de vie est de 73 ans.  Selon les données, 80% de la population vivra dans les zones urbaines d’ici à 2030.  L’exode rural touche surtout les femmes.  La croissance économique, a poursuivi le représentant, a attiré les migrants, poussant le Gouvernement à créer des institutions d’appui.  Aussi 65% des migrants ont bénéficié de la loi sur la régulation des étrangers dont 11 000 étaient inscrits en 2015, à la sécurité sociale, et leurs proches, en 2017.  Le Gouvernement a aussi créé un parquet spécial contre la traite des personnes et l’Institut des dominicains de l’étranger pour impliquer la diaspora dans le développement national.  La place de la République dominicaine dans l’Indice de développement humain s’explique aussi par les progrès dans les politiques migratoires.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a voulu que la résolution que la Commission doit adopter sur le thème de la session parle de l’amélioration de la vie dans les bidonvilles, du droit de retour dans le pays d’origine et de l’accès aux services sociaux de base.  Le texte ne doit pas oublier le problème de la pollution urbaine.  El Salvador, a-t-il poursuivi, s’est doté d’un plan de mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes d’ONU-Habitat, et souligne que les migrations internationales sont un moteur économique, tant pour les pays d’origine que de destination.  Le représentant a donc appelé à de bonnes réglementations pour exploiter ce potentiel, ce faisant, il a réclamé une plus grande synergie entre les différents organes concernés de l’ONU.

Mme LAURIE SHESTACK PHIPPS (États-Unis) a affirmé que son gouvernement traite des causes sous-jacentes de la migration clandestine, dans les pays d’origine et grâce à des programmes sur l’éducation et les activités génératrices de revenus.  Les États-Unis, a-t-elle aussi affirmé, sont les champions de l’aide humanitaire à ceux qui ont fui la persécution, la torture et les conflits et encouragent les autres gouvernements à faire de même.  Développer de bons processus de collecte de données sur la migration est important pour une bonne gestion de cette migration et des politiques de développement efficaces.  C’est essentiel, a insisté la représentante, pour identifier les besoins des migrants.  D’ailleurs, de plus en plus de pays incluent des indicateurs sur les migrations internationales dans leurs recensements et dossiers administratifs.  Comme les flux de population restent difficiles à évaluer, les États-Unis ont joué un rôle actif dans l’élaboration des recommandations internationales sur les données de la migration.  Ils sont disposés à aider les pays à développer leur capacité de collecte, d’analyse et de diffusion de ces données. 

M. MADHUKA SANJAYA WICKRAMARACHCHI WICKRAMARACHCHIGE (Sri Lanka) a indiqué que dans son pays, la grande vague d’émigration a eu lieu dans les années 70 avec le boom du pétrole au Moyen-Orient.  Aujourd’hui, 1,9 million de Sri-Lankais travaillent à l’étranger et on estime que 800 personnes quittent le pays chaque jour.  Il a aussi indiqué qu’en Asie du Sud, l’urbanisation a été relativement lente: au Sri Lanka, la population urbaine est passée de 16% en 1960 à seulement 18% en 2016.  Aujourd’hui la tendance de la migration interne est plutôt des villes vers les banlieues.  Revenant aux Sri-Lankais de l’étranger, le représentant a indiqué que la priorité du Gouvernement est surtout leur santé.  Un Cadre de coordination interministérielle et interagences a été mis en place pour s’occuper de la santé des travailleurs migrants à leur départ, pendant leur séjour à l’étranger et à leur retour.  Tous les rapatriés ont droit à une visite médicale.  S’agissant de l’urbanisation, le représentant a fait part du « Western Region Megapolis Planning Project » qui vise à créer, d’ici à 2030, une mégapole dans la région ouest du pays, en tenant compte des besoins du nombre croissant de personnes âgées vivant en zones rurales.

M. THAVRAK TUON (Cambodge) a déclaré que son pays connaît une situation démographique dynamique avec un exode rural important.  Les politiques nationales de la population et du vieillissement mettent d’ailleurs l’accent sur la migration interne et l’urbanisation, avec le but de réduire les coûts sociaux et écologiques.  La priorité est aussi de rééquilibrer les conséquences des mouvements migratoires et de veiller au respect des droits des déplacés et des réfugiés.  Mais ces défis ne peuvent être résolus seuls.  Il faut une coopération régionale et internationale et une approche stratégique fondée sur des données fiables.

M. ABDOULIE BAH (Gambie) a indiqué que son pays connaît un taux important d’exode rural: plus de la moitié de la population (57,8%) vit dans les villes, ce qui est bien au-dessus de la moyenne de 42% du continent.  Cette population urbaine compte de nombreux jeunes qui souffrent d’un taux élevé du chômage et de la pauvreté, notamment dans la région de Banjul.  L’urbanisation du pays est dangereuse du fait de sa rapidité, de sa nature incontrôlée, des constructions dans des zones inondables et de l’absence de plans d’urbanisme.  La Gambie a aussi été frappée par une « avalanche » qui est un défi pour son développement: de nombreux jeunes sont partis pour l’Europe, en passant par l’Afrique du Nord pour rejoindre la Méditerranée.  Le nombre de Gambiens qui ont emprunté cette route a augmenté de 41% entre 2015 et 2016. La Gambie vient donc d’adopter pour la première fois sa politique nationale des migrations et a intégré ces questions dans son plan national de développement 2018-2021.  Le Gouvernement entend ainsi créer des politiques favorables au maintien des Gambiens dans leur pays mais elles coûtent cher et nécessitent des investissements massifs.  Le représentant a dit compter sur les donateurs et les partenaires.

M. PARDO (Bolivie) a dit que « vivre bien » est le leitmotiv de son Gouvernement pour sa population.  L’objectif est de réduire l’extrême pauvreté et les inégalités, et préserver l’équilibre avec la Terre nourricière.  Le Gouvernement a élaboré une politique de planification ordonnée aux niveaux national et régional pour prendre en charge les migrations internes.  Ces migrations modifient le profil démographique et le modèle économique de chaque région.  Les migrants ne sont pas homogènes et ne migrent pas pour les mêmes raisons.  Il faut donc des politiques adaptées à chaque région et bien tenir compte du fait que la migration des jeunes entraîne le chômage urbain, fait reculer la qualité des services sociaux, est porteuse de violence et susceptible d’engendrer des inégalités entre les régions.  Il est important, a insisté le représentant, d’intégrer la migration dans les politiques de développement et dans le travail de toutes les institutions nationales et régionales. 

M. ABDUL SHUKUR ABDULLAH (Malaisie) a indiqué que le taux d’urbanisation de son pays avait triplé depuis 2010 et que cette tendance devrait se poursuivre.  Outre l’exode rural, la migration interne de la Malaisie est caractérisée par des mouvements intra-urbains.  Parmi les défis engendrés par le phénomène, il a cité la pollution, le logement et la hausse du coût de la vie.  Pour y faire face, le Gouvernement a mis en place une politique pour des villes sûres et durables.  Un programme de logement abordable a aussi été initié.  Le représentant a ensuite indiqué que la Malaisie est aussi devenue un des principaux pays de destination, où vivaient plus de trois millions de travailleurs migrants en 2010.  Un programme spécial visant à faciliter le recrutement de travailleurs étrangers tout en veillant à leur bien-être a été lancé.  La Malaisie compte aussi réduire sa dépendance aux travailleurs non qualifiés et encourager les flux de travailleurs hautement qualifiés.  Elle a en outre fixé un plafond de 15% pour le nombre des travailleurs étrangers.  Un guichet unique a aussi été créé pour tout candidat étranger au marché de l’emploi malaisien.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a attiré l’attention sur le programme quinquennal de soutien à la relance économique 2015-2019, avant de préciser qu’à travers la politique mise en œuvre depuis 2006, l’Algérie a placé la ville au centre d’une démarche de développement durable territorial autant comme élément de rééquilibrage du système d’armature urbaine nationale que comme moteur du développement local.  Connu comme pays de transit et de destination des migrants, l’Algérie est confrontée, ces dernières années, à des flux migratoires sans précédent.  Le dispositif juridique mis en place pour faire face à ce phénomène tient compte des engagements internationaux en matière de respect de la dignité et des droits de l’homme notamment des personnes vulnérables.  Il permet aux nombreux migrants de bénéficier de mission de facilitation en termes de séjour, de scolarisation, de soins médicaux et de travail.

L’Algérie défend et promeut constamment une approche globale et intégrée de la question migratoire basée sur la nécessité de traiter aussi bien les aspects sécuritaires, les questions liées aux droits de l’homme, que les causes profondes de la migration irrégulière.  Les négociations en cours visant à aboutir à un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ont mis en relief l’ampleur du défi auquel fait face la communauté internationale.  Il est également important de renforcer la coopération internationale et l’assistance technique pour soutenir les pays à élaborer des plans d’actions cohérents et coordonnés, en particulier en matière d’emploi des jeunes.  Le FNUAP, le BIT et l’UNESCO et les autres institutions spécialisées de l’ONU, devraient apporter une contribution significative à travers des actions ciblées, notamment en matière d’établissement des rapports et des études de recherche ainsi que l’organisation d’ateliers d’information et de sensibilisation.  L’Algérie, a conclu le représentant, souhaite que la Commission prenne en considération l’engagement d’enrichir le débat autour d’un programme d’action actualisé sur la population et le développement, notamment pour les pays en développement.  À ce titre, il importe de souligner l’intérêt de la mise en place d’un organisme technique pour la prise en charge de ces questions, à l’instar de celui de l’Union africaine.

Mme ENYONAM VICTORINE BADOHOUN WOMITSO (Togo) a indiqué que son pays n’est pas épargné par l’exode rural qui draine vers les villes des milliers de jeunes qui sont souvent candidats à la migration internationale.  Elle a assuré que le Togo s’emploie à apporter des réponses idoines aux défis liés à l’urbanisation, citant notamment la mise en œuvre de sa Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi qui vise, a-t-elle expliqué, à accroitre le potentiel d’accueil des villes, ainsi que l’insertion professionnelle des jeunes.

Pour ce qui est de la gestion de la migration internationale, le Gouvernement a élaboré des stratégies nationales ainsi qu’un plan de mobilisation de sa diaspora.  Parmi les autres mesures prises par son gouvernement, elle a cité la création de la campagne de sensibilisation contre la migration irrégulière, la mise en place d’antenne pour la délivrance de pièces de voyage au niveau des représentations diplomatiques, et l’établissement du e-visa.  Le Gouvernement continue toutefois de faire face à un certain nombre de défis liés, entre autres, à la production agricole en milieu rural, la pauvreté, la gestion des masses urbaines et le phénomène migratoire.  La représentante a par ailleurs appelé à une coopération internationale soutenue pour faciliter la migration et la mobilité sûres, régulières et responsables.

M. WILBERFORCE KISAMBA‑MUGERWA (Ouganda) a expliqué que compte tenu du taux de fécondité élevé, le pays a une population jeune: 47,9% de la population totale a moins de 15 ans.  Les jeunes forment la majorité des migrants vers les villes, avec de graves implications comme le chômage, la criminalité et l’apparition des bidonvilles.  Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a adopté le « Grand Kampala », une stratégie de développement reposant sur quatre piliers: les infrastructures de développement, le tourisme, la création d’emplois pour les jeunes et la gestion de l’environnement.  La stratégie vise aussi l’adoption de mécanismes conjoints de planification avec les municipalités voisines pour harmoniser les plans de développement. 

L’Ouganda prend aussi des mesures pour initier une transition démographique afin de faire baisser rapidement le taux de fécondité et tirer parti du dividende démographique.  Le Gouvernement concentre donc ses efforts sur l’accès à la planification familiale et des investissements dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’économie en particulier la création d’emploi et la gouvernance.  Le Gouvernement a lancé la politique de la jeunesse 2016 et son plan d’action. S’agissant de la mobilité humaine et la migration, l’Ouganda accueille plus de 1,4 million de réfugiés et de demandeurs d’asile des deux pays voisins, ce qui met une pression sur les services sociaux y compris les centres d’accueil.  

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a indiqué que le pays fait face à une mobilité sans précédent vers les centres urbains, engendrant une véritable transformation au détriment de l’économie agricole.  Le Bangladesh attend avec intérêt la conclusion des négociations sur le futur pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui, a-t-il estimé, doit se fonder sur une meilleure compréhension du principe de la responsabilité partagée.  Face au phénomène des migrations internationales, il faut célébrer la diversité culturelle et édifier des communautés résilientes, en sachant que le protectionnisme ne paie pas.

Mme JOSESPHINE KIBARU-MBAE, Directrice générale du Conseil national pour la population et le développement du Kenya, a dit que le Gouvernement fait face au défi de la migration rurale et urbaine qui ralentit le développement dans les zones rurales à cause du manque de main-d'œuvre qualifiée.  Pour parer à la croissance démographique dans les grandes agglomérations urbaines, le Gouvernement a mis en place le programme d’amélioration des bidonvilles et un autre pour la réadaptation des familles de la rue afin d’assurer la disponibilité des terres, des logements, des services et des moyens de subsistance pour les pauvres des villes.  Après avoir énuméré le cadre juridique kényan, la représentante a déclaré que la migration rurale et urbaine rapide pose des défis aux autorités municipales qui ont des problèmes à assurer les services adéquats aux citadins et aux habitants des zones périurbaines. 

Le Gouvernement a aussi créé un fonds de réinstallation et est en train d’élaborer une politique pour les déplacés.  Il s’est doté, depuis 2009, d’une politique de migration et de nationalité, et depuis 2011, d’une politique sur la citoyenneté et l'immigration.  Il a également adopté des codes, des lois et des politiques sur la lutte contre la traite des personnes et des migrants, sur les envois de fonds et les réfugiés.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a annoncé que son pays abrite 700 000 des travailleurs migrants mais qu’en 2017, il a reçu 2,2 milliards d’envois de fonds de sa propre diaspora.  En matière de migration, ce sont les jeunes migrants de 18 à 29 ans qui ont le plus de problèmes, vulnérables qu’ils sont à la violence, à la discrimination et à la traite des personnes.  Pour contrer le décalage entre les villes et la campagne, après l’exode rural, le Gouvernement a élaboré une politique nationale qui s’étale jusqu’en 2030.  Il s’agit d’investir dans les régions pour créer des opportunités d’emplois et d’intensifier les programmes d’éducation et de formation professionnelle, en faisant appel aux ONG.  Mais ces mesures se heurtent au manque de financement, a avoué la représentante.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a indiqué que le principal défi pour son pays est de veiller à ce que l’urbanisation soit durable car un tiers de la population vit dans la capitale, les deux tiers restants étant répartis entre 188 îles, dont certaines comptent moins de 300 habitants, ce qui représente des défis énormes dans l’accès aux services sociaux de base.  Le Gouvernement s’efforce d’attirer des investisseurs pour appuyer les communautés locales et accélérer le développement.

Mme RENE LAUER (Luxembourg) a déclaré que depuis le siècle dernier, l’évolution démographique a été au centre du développement économique de Luxembourg qui reconnaît que sa position géographie est un avantage non négligeable.  La moitié des résidents n’ont pas la nationalité luxembourgeoise et deux tiers des salariés ne sont pas luxembourgeois.  Le Luxembourg est donc une société multiculturelle et c’est au niveau de l’éducation que le problème de l’apprentissage des langues étrangères se pose.  Les responsables tentent d’y apporter les solutions nécessaires.  Sur le plan international, le Luxembourg a depuis 2000, atteint l’objectif de consacrer 0,7% de son PNB à l’aide publique au développement (APD).  En 2017, il a versé 2 millions d’euros au FNUAP, dans le cadre d’une initiative néerlandaise sur la santé maternelle. 

Mme HESSA MUNEER MOHAMMED RASHED ALATEIBI (Émirats arabes unis) a souligné que la migration est un facteur essentiel du développement, faisant observer que son pays n’aurait jamais pu se développer sans les contributions importantes de ses migrants.  Elle a estimé que le prochain pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières jouera un rôle clef pour atteindre les objectifs que s’est fixés la Commission.  La représentante a par ailleurs indiqué que son pays a enregistré une augmentation de 300% de sa population, ces 15 dernières années.  Le Gouvernement suit de près l’impact de cette évolution, y compris sur le plan environnemental.  Il s’est d’ailleurs doté d’un Ministère chargé de l’intégration.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a dit que ces dernières années, son pays a connu une intensification et une diversification des migrations internes et internationales.  Le Sénégal est devenu à la fois un foyer de départ massif, un espace de transit et une destination pour des migrants en provenance d’autres pays.  Ces dynamiques posent de réels défis de gestion et de prise en charge du phénomène migratoire par l’État et par les autres acteurs.  Le Sénégal vient d’adopter une politique nationale intégrée de migration qui vise à faire de la variable migratoire un levier de croissance, de capture du dividende démographique et de développement durable.  Le plan d’action qui accompagne cette politique s’articule autour de 11 axes répartis dans quatre domaines d’activités stratégiques: gestion des données, économie et emploi; droits humains et genre; santé et environnement; et gestion intégrée des frontières.  Le Gouvernement est soucieux de trouver des solutions pour faciliter l’insertion économique et social des jeunes, y compris dans leurs collectivités locales d’origine.  Il a mis en œuvre des programmes de promotion de l’emploi des jeunes en mettant l’accent sur l’information sur les opportunités d’emploi, le développement de l’entreprenariat et du microcrédit ainsi que la création de cadres de concertation et de participation au niveau local.  Pour assurer des résultats satisfaisants, un schéma de coordination et de suivi de la mise en œuvre de cette politique est proposé. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a appelé à combattre le fléau de la pauvreté et des inégalités, moteur de la migration interne et de mouvements transfrontaliers.  Pour cela, a-t-il dit, il faut des investissements fiables sur le long terme, dans l’éducation, la santé, la planification urbaine et les politiques d’emplois décents, ainsi que dans la protection sociale, les infrastructures et le logement.  Il a constaté que de nombreux États ont été pris au dépourvu par le flux massif de migrants et de réfugiés et n’avaient pas les capacités pour les intégrer correctement.  Il s’est aussi inquiété du fait que l’absence de voie de régularisation, notamment pour les migrants dans les situations les plus vulnérables, pousse de nombreuses personnes à emprunter des voies dangereuses, au risque de tomber dans la traite, l’esclavage et autres formes d’exploitation.

Pour le Saint-Siège, tout État qui cherche à gérer ses frontières de manière efficace doit également être responsable du bien commun de ses voisins.  Il n’y a pas de raccourci à la coopération internationale et les solutions à court terme qui profitent de la peur pour fermer les frontières ne déboucheront que sur des crises encore plus ingérables, a-t-il prévenu.  Il a souhaité que cette Commission soit l’occasion pour les États de s’engager en faveur d’une « culture de la rencontre » souhaitée par le pape François.

M. ABDULLAH ABU SHAWESH (État de Palestine) a dit que les migrations perturbent les plans et les efforts de développement des Palestiniens.  La veille de la naissance de l’État d’Israël, en 1948, les réfugiés palestiniens représentaient le double des Israéliens.  Cinquante ans plus tard, les Palestiniens comptent pour 21% de moins que les Israéliens, ce qui représente une baisse de 140% de la population palestinienne.  Cette domination géographique israélienne repose sur la religion car les non-Juifs ne peuvent obtenir la nationalité israélienne.  L’objectif d’Israël est de changer la composition démographie de la Palestine, en particulier Jérusalem, capitale de la Palestine.  Israël impose des impôts excessifs sur le logement et confisque les terres de Palestiniens.  Les colonies israéliennes s’élargissent et 600 000 colons habitent désormais dans les territoires occupés, violant les droits des Palestiniens notamment dans la ville d’Hébron où la population vit dans la peur des 7 000 colons.  Quelque 200 000 Palestiniens y sont assiégés.  La situation démographique en Palestine implique donc une approche spéciale en termes de démographie et de développement, a conclu le représentant.

Au nom des 22 entités de l’ONU du Groupe mondial sur la migration (GMG), M. ASHRAF EL NOUR, Directeur du Bureau de New York de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a souligné que le Programme d’action du Caire offre des recommandations fortes et contraignantes sur les valeurs qui doivent guider les approches internationales et nationales des migrations internationales.  Parmi ces valeurs, on retrouve l’humanité, la dignité et les droits de l’homme de tous, indépendamment de leur statut.  Ces valeurs reconnaissent aussi le coût élevé des inégalités. 

Les villes sont le centre d’activités sociales, économiques et politiques.  Les mouvements de population des zones rurales vers les villes, entre les villes et vers les pays étrangers vont continuer de façonner les dynamiques de la population.  Pour certains, les villes servent de point de départ vers de nouvelles destinations et l’engagement des autorités municipales est crucial.  De plus en plus, les réseaux de maires s’échangent les bonnes pratiques et sensibilisent sur le rôle des gouvernements locaux.

Le Nouveau Programme pour les villes, adopté à Quito, reconnaît l’importance du rôle des villes pour faire face aux multiples formes de discriminations et inégalités, y compris celles basées sur le statut migratoire, et souligne que notre engagement en faveur des droits de l’homme des migrants, dont la non-discrimination en matière d’accès aux services de base.  Les fora annuels des maires sur la migration et le développement et la Conférence mondiale sur les villes et les migrants de Malines, en Belgique, ont confirmé le rôle grandissant des villes dans la gestion des migrants et des migrations, a rappelé M. El Nour.  En 2017 toujours, les préparatifs du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ont permis à de nombreux États et parties prenantes de souligner que c’est au niveau local que les migrations ont lieu.

Le GMG souligne qu’étant donné que les migrants s’installent dans des communautés locales où ils contribuent à l’économie, créent des réseaux sociaux, enrichissent la culture et l’accès aux services, l’approche de la gestion des migrations doit tenir compte des niveaux régionaux, locaux et municipaux.  Les autorités locales ne doivent pas seulement être impliquées dans la mise en œuvre des programmes sur les migrations, mais participer également à l’élaboration des politiques.  Les mouvements de populations doivent être pris en compte dans la planification urbaine.  Il s’agit par exemple de tenir compte de l’impact qu’auront les migrations sur les infrastructures, l’accès aux services, la protection sociale, la santé et les services sanitaires, la sécurité alimentaire, le développement économique et la durabilité environnementale.  Cela revient aussi à tenir compte du respect des droits et besoins fondamentaux des migrants dans la planification, la construction et la gestion des villes.  Enfin, pour le GMG, il faut équiper les villes et les autorités locales d’outils et de ressources pour bien gérer l’installation de nouveaux arrivants.  Il est important de faire respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales des migrants et des populations locales, pour lutter contre la discrimination, la xénophobie et le racisme.  M. El Nour a enfin plaidé pour la collaboration entre villes par le biais de la coopération décentralisée et de la coopération Sud-Sud.

M. HU HONGTAO, Partenaires pour la population et le développement, a parlé du contexte démographique unique des zones urbaines des pays en développement, comme un champ de recherche intéressant.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a constaté que dans trop de pays du monde, les travailleurs migrants font face à la discrimination, travaillent souvent dans des conditions précaires, et sont fréquemment l’objet d’exploitation, une situation qui, a-t-il averti, peut aboutir à la traite ou à la servitude pour dette.  Ce qui pouvait sembler être un passeport pour la prospérité peut déboucher sur la perte du passeport lui-même et le travail forcé, a-t-il commenté.  Il a fait observer que la migration des travailleurs peut être bénéfique pour les travailleurs, leur famille et les communautés hôtes si elle est bien gérée, équitable et effective.  Ce faisant, elle peut rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché du travail, faciliter l’acquisition et le transfert des compétences, contribuer aux systèmes de protection sociale et appuyer l’innovation entrepreneuriale.  L’approche « travail décent » de l’OIT trace la voie à suivre pour l’élaboration d’une gouvernance équitable de la migration des travailleurs.

Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a souligné qu'à l'heure actuelle, 54% de la population mondiale vit dans des villes exposées à de nombreux risques.  Comme nous vivons dans un monde numérique interconnecté, des normes communes sont nécessaires.  La déléguée a appelé au développement de villes intelligentes et durables.  Elle a mis en exergue la Charte des Nations Unies sur le logement durable qui constitue un cadre pour des villes plus intelligentes et plus durables.  La CEE s'est engagée à développer la capacité des autorités locales de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, en particulier dans les villes à faible revenu.  Elle a également accueilli des forums régionaux pour examiner les engagements mondiaux pour les villes et s'est engagée à faire des villes de meilleurs endroits pour vivre afin de s'assurer que personne ne soit laissé de côté.

M. PAULO MURAD SAAD, Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a parlé des différentes initiatives et partenariats lancés par la CEPALC dans le cadre des négociations sur le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  La Conférence sud-américaine sur les migrations et d’autres organes subsidiaires offrent l’occasion de discuter des questions importantes concernant la migration.

Droit de réponse

La représentante d’Israël a regretté la rhétorique de la délégation palestinienne qui, a-t-elle affirmé, préfère accuser plutôt que balayer devant sa porte.  Les autorités palestiniennes, a-t-elle accusé à son tour, détournent l’argent des projets de développement pour financer le terrorisme.  L’année dernière, c’est une somme de 345 millions de dollars qui a été détournée.  La « revendication » sur le droit au retour des réfugiés palestiniens n’a pas sa place dans cette Commission, a souligné la représentante qui a renvoyé cette matière aux négociations directes sur le statut final.

C’est toujours la même rengaine, a ironisé le représentant de la Palestine qui a affirmé que tous ses propos sont prouvés par la recherche universitaire.  Ce sont bien 700 « colons criminels » qui vivent à Hébron, retenant en otage toute une population.

Discussion interactive sur le thème « Les villes à la pointe de l’accueil des migrants: expériences et enseignements tirés »

Ce sujet est un des plus grands paradoxes du moment, a déclaré d’emblée M. DOUG SANDERS, journaliste au « Globe and Mail » de Toronto.  Les migrations internationales font l’objet des politiques nationales alors que leurs effets relèvent essentiellement des politiques urbaines.  Or les villes ont très peu d’influence sur les politiques nationales, a-t-il fait observer, notant le manque de recherches sur l’impact de la migration sur l’urbanisation.

La migration est un réseau de personnes au sein d’une région urbaine dans un pays donné et parmi les obstacles qui entravent l’installation des migrants, le journaliste a vu en premier lieu le logement, l’accès aux services, comme la santé et l’éducation, mais aussi l’accès aux capitaux.  En effet, les migrants ne sont pas simplement de la main-d’œuvre.  Ils ont aussi capables de créer des entreprises.

Les migrants contribuent à hauteur de 6 300 milliards de dollars, soit 9%, du PIB mondial, a indiqué Mme ALICE CHARLES, Chargée des villes et du développement humain auprès du Forum économique mondial.  Dans le monde actuel, un milliard de personnes ont migré que ce soit à l’échelon national ou international, la Chine et l’Inde recensant sans doute à elles deux la moitié des personnes en mouvement.  Les principaux pays de destination sont les États-Unis et l’Arabie saoudite, ainsi que l’Allemagne et la France, tandis que les principaux corridors de migration relient la Syrie à la Turquie, la Syrie au Liban et le Soudan du Sud à l’Ouganda.

La ville de Dubaï compterait 91% d’habitants nés à l’étranger, et Bruxelles 71%, suivi de Toronto, Oakland et Sydney.  Parmi les principaux défis de ces villes, elle a cité l’accès à des logements décents et abordables, aux soins de santé, dont la santé mentale, et à l’éducation.  Parmi les meilleures pratiques, Mme Charles a parlé de la ville de Calgary, où un programme permet aux migrants de vivre pendant un certain temps chez l’habitant pour faciliter l’intégration.  Elle a aussi attiré l’attention sur le programme de la ville de New York qui distribue des cartes d’identité municipales aux migrants, leur ouvrant l’accès à la santé.  La ville de Berlin a su mettre en place une stratégie novatrice pour réquisitionner les espaces vides.

Les villes doivent se montrer prêtes à faire face à ces mouvements inéluctables de migrants, a enchaîné M. HAZEM GALAL, Chef du secteur des villes et du gouvernement local de PwC, qui a mis en garde contre les répercussions négatives d’un sentiment de rejet.  Pour créer un « cercle vertueux », il a prôné la cohérence des politiques d’intégration, sans négliger l’accueil personnalisé, qui, a-t-il souligné, joue un rôle essentiel.  Il a par exemple conseillé de suivre les messages échangés dans les médias sociaux et rectifier les informations erronées.  Il a aussi encouragé les autorités à faire participer les migrants à la prise de décisions qui les concernent et à ne pas hésiter à faire appel au secteur privé.  M. Galal a rappelé, à cet égard, le débat sur l’impact des politiques migratoires américaines sur la compétitivité de la Sillicon Valley.  C’est aussi le secteur privé qui a le premier parlé du travail à distance pour les réfugiés vivant dans les camps.

Il nous faut un « diagnostic » précis de la situation pour assurer l’intégration des migrants, a poursuivi Mme MARCELA CERRUTTI, du Conseil national scientifique et de recherche technique de l’Argentine.  Des informations démographiques de base doivent être collectées car il faut bien comprendre les conditions sociopolitiques qui ont débouché sur certains problèmes précis, comme la ségrégation dans les villes, et identifier les causes de l’intolérance et de la xénophobie.

La panéliste s’est ensuite attardé sur l’impact de l’Accord de résidence du Marché commun du Sud (MERCOSUR) qui, a-t-elle indiqué, a permis de réduire le nombre de migrants sans papier.  En conséquence, ils paient des impôts et bénéficient de la sécurité sociale, améliorant ainsi de manière notable leur insertion dans leur ville d’accueil.

L’Afrique qui accueille de plus en plus de migrants internationaux, souvent originaire d’Asie, voit naître des problèmes dont le moindre n’est pas la propriété foncière, a fait observer la Zambie.  Comment faire que les locaux cessent de penser qu’on cherche à leur arracher leur terre?  Comment faire pour que les communautés d’accueil ne voient pas les migrants comme une menace? a ajouté le Nigéria.  La première chose à faire c’est accorder un statut de résident aux migrants, a répondu la panéliste de l’Argentine, et sensibiliser l’opinion publique pour contrer les préjugés.  Il ne faut pas non plus négliger l’importance des programmes d’apprentissage des langues locales pour faciliter l’insertion des migrants, a ajouté la panéliste du Forum économique mondial.

S’il est contreproductif d’ordonner aux migrants où s’installer, a ajouté le journaliste du Globe and Mail, il faut toutefois planifier et anticiper où ils peuvent s’installer, en gardant notamment à l’esprit les perspectives économiques qui s’offrent à eux.  La préparation est essentielle, a-t-il souligné, que ce soit en termes de logement, de système d’approvisionnement en eau ou d’assainissement.  L’exode rural finira par engendrer des migrations internationales pour compenser le déclin démographique engendré par une population de plus en plus urbaine.  La migration interne vers les villes provoque une diminution significative de la taille des familles, comme en Iran où les familles ont en moyenne moins de deux enfants contre huit dans les années 1980. Certes, mais il faut garder à l’esprit que le vieillissement de la population est inévitable, et que la migration peut uniquement contribuer à ralentir ce phénomène, a interjeté le panéliste, M. JOHN WILMOTH, de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales.

La République dominicaine a expliqué que pour contrôler les flux de migrants venant d’Haïti, l’on a envisagé de créer des entreprises dans la zone frontalière, ce qui permet aux travailleurs de rentrer chez eux à la fin de la journée.  Cet exemple a poussé le panéliste de PwC à insister sur l’élargissement des processus de recrutement, car les travailleurs migrants sont souvent plus « fidèles » que les nationaux.  La République dominicaine ayant mis l’accent sur l’importance de bien former les autorités locales, la panéliste du Forum économique mondial a conseillé la création de « réseaux de maires » qui pourraient ainsi partager leur expérience, à l’instar du maire d’Athènes qui, a-t-elle expliqué, a créé un réseau avec Amman et Los Angeles pour trouver des solutions à des problèmes précis.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Vive impatience au Conseil de sécurité devant les retards pris dans l’application de l’accord de paix au Mali

8229e séance – matin
CS/13290

Vive impatience au Conseil de sécurité devant les retards pris dans l’application de l’accord de paix au Mali

Plusieurs délégations ont exprimé, ce matin, au Conseil de sécurité, leur vive impatience devant les retards pris dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  « Les progrès sont minces malgré les sonnettes d’alarme que nous ne cessons de tirer », a asséné la déléguée des États-Unis. 

S’il a fait état d’une dynamique positive, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, M. Mahamat Saleh Annadif, a néanmoins estimé qu’il était temps de « passer des promesses aux actes ».  Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mali, M. Tiéman Hubert Coulibaly, a dit comprendre « l’impatience » du Conseil, tout en faisant valoir la volonté ferme du Gouvernement malien de mener à bien le processus de paix.

Premier orateur à s’exprimer, M. Annadif, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation au Mali, a, au nombre des progrès accomplis, mentionné la signature le 22 mars 2018 d’une feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par le Comité de suivi de l’Accord. 

Les trois derniers mois se sont caractérisés par le renforcement de la confiance entre les parties signataires de l’Accord, dont la visite du nouveau Premier Ministre, M. Soumeylou Boubeye Maïgha, dans les régions du nord est une illustration, a déclaré le Représentant spécial.  « Cette visite concrétise le retour progressif de l’autorité de l’État dans ces régions. »

Le Représentant spécial a replacé cette « dynamique positive » dans un contexte politique marqué par la tenue prochaine de l’élection présidentielle cet été et des législatives en novembre et décembre.  « Les acteurs maliens ne doivent pas oublier que la mise en œuvre de l’Accord doit demeurer une priorité et ne pas devenir un enjeu politique ». 

M. Annadif a souhaité que les deux chantiers soient menés à leur terme de manière concomitante en comptant sur la nouvelle dynamique insufflée par le nouveau Premier Ministre, « qui demeure certes nécessaire mais pas suffisante, au vu des retards accusés ». 

Le Représentant spécial a demandé que la feuille de route du 22 mars ne soit pas une signature de plus et appelé à des « élections consensuelles, apaisées et surtout crédibles ».  « Le contraire serait d’ajouter une crise à la crise et c’est le camp des ennemis de la paix qui en sortirait vainqueur », a averti M. Annadif. 

Certaines délégations n’ont pas dissimulé leur impatience devant les retards pris, qui sont, selon la représentante du Royaume-Uni, « une source de frustration pour le Conseil ».  Les espoirs suscités par l’adoption du chronogramme n’ont pas été concrétisés, alors que « le temps presse », a renchéri la représentante des États-Unis. 

Rappelant qu’il ne saurait y avoir de stabilité au Sahel sans pleine mise en œuvre de l’accord de paix, le représentant français a dit attendre « toujours les mêmes mesures » de la part des parties maliennes, s’agissant notamment des processus de décentralisation et de désarmement, démobilisation et réintégration. 

De son côté, le Président du Comité du Conseil de sécurité établi en application de la résolution 2374 (2017) a présenté le premier rapport de ce Comité créé en septembre dernier.  Il a indiqué que sa visite à Bamako, en mars, lui a permis de discuter avec les parties maliennes de la manière dont les sanctions peuvent contribuer à l’application de l’Accord. 

Si cette résolution est un premier pas, le délégué de la France a déclaré qu’il fallait « aller plus loin ».  La France va ainsi engager dans les prochaines semaines un travail « visant à identifier ceux qui font obstruction à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui devra aboutir à des propositions de désignation », a-t-il dit. 

« L’ensemble des acteurs maliens doivent avoir conscience que le Conseil de sécurité les prend pleinement au mot dans la mise en œuvre de leurs engagements », a-t-il encore ajouté.  Son homologue de la Fédération de la Russie a, lui, rappelé que les sanctions doivent être envisagées en dernier recours. 

Le Ministre des affaires étrangères malien s’est voulu rassurant en insistant sur la « volonté ferme » de son gouvernement de mener à bien ce processus de paix.  Il a insisté sur les acquis, certes fragiles, de cet accord, notamment « l’arrêt total de toute belligérance entre les parties signataires » et « la tentative de révision de la Constitution ». 

M. Coulibaly a également insisté sur la détermination de son gouvernement pour la tenue d’un premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet.  « La paix est possible au Mali », a-t-il conclu, en affirmant que la réconciliation est proche. 

Alors que le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont M. Annadif est le Chef, fait l’objet d’un examen stratégique, le délégué des Pays-Bas a souhaité qu’une « réflexion franche » soit menée sur les capacités de la Mission face aux attaques asymétriques qui la ciblent.

Plusieurs délégations, dont celle de la Fédération de Russie, ont demandé que la MINUSMA soit dotée des éléments habilitants nécessaires.  S’il s’est réjoui de l’offre du Canada de déployer six hélicoptères dans les prochains mois, le Représentant spécial a toutefois indiqué que cela restait en deçà des besoins réels. 

Enfin, les délégations ont rendu hommage aux trois Casques bleus de la MINUSMA tués la semaine dernière.

* S/2018/273

LA SITUATION AU MALI

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2018/273)

Déclarations

M. MAHAMAT SALEH ANNADIF, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, a noté un renforcement de la confiance, au cours des trois derniers mois, entre les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  La visite du nouveau Premier Ministre dans les régions du nord concrétise le retour progressif de l’autorité de l’État dans ces régions, notamment à Kidal, a-t-il dit.  Comme autres avancées, il a noté l’adoption, en février 2018, d’un projet de loi portant création des collectivités territoriales des régions de Ménaka et Taoudéni et la signature, le 22 mars 2018, d’une feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par le Comité de suivi de l’Accord.  Les ateliers sur le pré-enregistrement des combattants éligibles au programme de désarmement, démobilisation et réintégration tenus à Kidal, Tombouctou, Ménaka et Gao en février 2018 sont de réels progrès, a-t-il ajouté. 

Le Représentant spécial a replacé cette dynamique positive s’agissant de la mise en œuvre de l’Accord dans un contexte politique marqué par la tenue prochaine de l’élection présidentielle, le premier tour étant prévu le 29 juillet et le second tour le 12 août, et des législatives en novembre et décembre.  M. Annadif a mentionné les contacts inclusifs développés par la MINUSMA avec les acteurs politiques et les mouvements signataires de l’Accord pour qu’ils s’engagent dans un processus consensuel conduisant à des élections crédibles et apaisées. 

M. Annadif a noté la dégradation de la situation sécuritaire avec parfois des « débordements assez graves en matière de droits de l’homme ».  Un projet de loi d’entente nationale est en discussion, qui devrait constituer une entente majeure sur la voie de la réconciliation nationale, a-t-il poursuivi.  « Le transfèrement de M. Alhassan Ag Abdoul Aziz à la Cour pénale internationale le 31 mars prouve que réconciliation ne rime pas nécessairement avec impunité. »  Il a insisté sur l’appui constant de la MINUSMA au Pôle judiciaire spécialisé, qui a notamment permis la validation de la politique nationale 2018-2020 de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme. 

Les réalisations de la Mission sont cependant ternies par le nombre croissant de victimes causées par des engins explosifs improvisés ou des tirs de roquette, a-t-il dit, en déplorant la mort de deux Casques bleus tchadiens la semaine dernière.  Le Représentant spécial a dit placer beaucoup d’espoir dans l’arrivée de convois de compagnies de combat, avant d’insister sur le déficit important en hélicoptères.  « Nous plaçons beaucoup d’espoir dans la promesse du Canada de déployer six hélicoptères dans les prochains mois », a-t-il dit, précisant que cette offre reste en deçà des besoins réels. 

M. Annadif a souhaité que les recommandations, qui doivent être bientôt formulées dans le cadre de l’examen stratégique de la Mission et qui doivent guider les discussions sur le renouvellement de son mandat, permettront une meilleure adéquation entre le mandat, les réalités et contraintes du terrain, et les attentes des populations.  Il s’est félicité du démarrage des travaux du Groupe d’experts sur le régime de sanctions.  Ce régime peut renforcer la responsabilisation et l’adhésion des parties en faveur de l’Accord, a-t-il dit.  Le Représentant spécial a précisé que la MINUSMA a déjà défini les grandes lignes de son appui à la Force conjointe du G5 Sahel, avant de saluer le travail accompli par le Fonds pour la consolidation de la paix pour promouvoir la sécurité dans la Liptako-Gourma. 

« Les acteurs maliens ne doivent pas oublier, en cette année électorale, que la mise en œuvre de l’Accord doit demeurer une priorité et ne surtout pas devenir un enjeu politique. »  Les deux chantiers doivent être menés à leur terme de manière concomitante en comptant sur la nouvelle dynamique insufflée par le nouveau Premier Ministre, qui demeure certes nécessaire mais pas suffisante, au vu des retards accusés, a-t-il poursuivi.

Il a reconnu, au niveau de l’Accord de paix, la complexité du processus.  Ce Conseil se doit d’interpeller les parties signataires pour que la feuille de route du 22 mars ne reste pas une signature de plus, a déclaré M. Annadif.  « Il est temps de passer des promesses aux actes en respectant les échéances convenues. »  Le Représentant spécial a noté l’unanimité de toute la classe politique malienne sur la tenue d’élections crédibles et transparentes, dans les délais fixés.  « Autant les élections de 2013 ont rétabli l’ordre constitutionnel au Mali, autant celles de 2018 doivent confirmer l’ancrage démocratique irréversible du pays. »

S’agissant des préparatifs, il a mentionné la commande en cours pour produire huit millions de cartes d’électeurs.  Il a néanmoins exprimé des doutes, compte tenu de l’échéancier serré, sur le fait que ces cartes puissent être distribuées à temps.  Le Conseil doit non seulement appeler la classe politique malienne au respect du calendrier mais aussi l’encourager à aller vers des élections consensuelles, apaisées et surtout crédibles, a plaidé le Représentant spécial.  « Le contraire serait d’ajouter une crise à la crise et c’est le camp des ennemis de la paix qui en sortirait vainqueur », a conclu M. Annadif, ajoutant que les ennemis de la paix ne méritent pas un tel « cadeau ». 

M. OLOF SKOOG (Suède), Président du Comité du Conseil de sécurité établi en application de la résolution 2374 (2017), a présenté le premier rapport du Comité créé en septembre dernier, qui porte sur la période allant de sa création au 4 avril dernier.  Durant cette période, le Comité a entrepris ses travaux préparatoires et d’organisation et a adopté ses lignes de conduite; le 1er février, son Groupe d’experts a commencé son travail, a expliqué M. Skoog.  Celui-ci a ensuite rappelé qu’il s’était rendu lui-même à Bamako, accompagné d’autres membres du Comité, les 26 et 27 mars, ce qui a permis au Comité de recueillir des informations de première main et de discuter avec les différentes parties maliennes de la manière dont les sanctions décidées par la résolution 2374 pouvaient contribuer au processus de paix au Mali, y compris à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  M. Skoog a annoncé qu’il ferait rapport, verbalement et par écrit, au Comité de ses observations sur cette visite. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rendu hommage aux trois Casques bleus de la MINUSMA tués la semaine dernière, avant de rappeler combien est dangereux l’environnement dans lequel évolue la Mission, dont il a rappelé le rôle central pour promouvoir l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et protéger le peuple malien de ceux qui s’y opposent par tous les moyens, y compris par la criminalité et le terrorisme.  Il a aussi rappelé que la France paye elle-même le prix, puisque deux de ses soldats ont été tués dans le pays le 21 février. 

Jugeant importante la réunion de ce jour s’agissant du suivi de la mise en œuvre de l’Accord, il a dit que la France appréciait l’action menée par le Gouvernement malien depuis la dernière réunion du Conseil sur le pays pour favoriser le consensus sur le processus électoral et rétablir la présence de l’administration dans le centre du pays.  Il a aussi salué la récente visite du Premier Ministre malien à Kidal, dans le nord, premier déplacement de ce niveau depuis presque quatre ans. 

Mais M. Delattre a aussi constaté qu’au lendemain de l’échéance fixée « par les parties maliennes elles-mêmes » dans le chronogramme d’actions prioritaires, une « large majorité » des engagements n’ont pas été mis en œuvre, ce qui menace les acquis et la pertinence même de l’Accord.  Or, les échéances électorales prévues rendent d’autant plus nécessaires et urgents des progrès sur divers points couverts par l’Accord, a fait observer le représentant qui a prévenu qu’« il ne saurait y avoir de stabilité durable dans l’ensemble du Sahel sans pleine mise en œuvre de l’accord de paix malien ».

La France attend « toujours les mêmes mesures » de la part des parties maliennes, a expliqué M. Delattre, qui a notamment cité l’urgence de réaliser des progrès dans le processus de décentralisation, dans la sécurité et dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration.  Le représentant a pris note avec satisfaction de l’initiative du Premier Ministre malien d’une nouvelle feuille de route annonçant la mise en œuvre des mesures attendues de la part des parties maliennes selon un calendrier révisé, mais il a fait observer que cette « nouvelle feuille de route, qui n’est malheureusement pas la première, ne peut faire oublier le fait que les engagements souscrits en janvier dernier n’ont, une nouvelle fois, pas été respectés ». 

M. Delattre a rappelé qu’aux termes mêmes de l’accord de paix, la responsabilité du Conseil de sécurité consiste à prendre des mesures nécessaires pour encourager les parties à se conformer aux engagements qu’elles ont consentis.  S’il a rappelé que l’adoption de sanctions dans le cadre de la résolution 2374 (2017) avait été un premier pas en ce sens, il a ajouté que « les retards enregistrés nous contraignent à devoir aller plus loin ».  Estimant que « nous n’avons plus le temps d’attendre », il a affirmé que la France engagerait dans les prochaines semaines avec ses partenaires un travail « visant à identifier ceux qui font obstruction à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui devra aboutir à des propositions de désignation ».  L’ensemble des acteurs maliens doivent avoir conscience que le Conseil de sécurité les prend pleinement au mot dans la mise en œuvre de leurs engagements, a-t-il encore ajouté.

Quant à la MINUSMA, malgré ses difficultés, elle demeure un « instrument indispensable pour assurer la stabilité du Mali », en complément des autres forces de sécurité présentes sur le terrain, a affirmé M. Delattre qui a jugé déterminant son soutien au processus de l’élection présidentielle cet été.  Il a demandé à tous les États Membres de se mobiliser pour fournir à la Mission des « capacités et équipements à la hauteur de son mandat ».  C’est pour la France « un point absolument essentiel », a-t-il précisé, avant d’appeler à travailler de toute urgence avec le Secrétariat, car « des solutions techniques existent et sont disponibles à court terme ».

Rappelant que l’examen stratégique en cours de la MINUSMA est une « opportunité précieuse pour améliorer la performance et les résultats de la Mission », M. Delattre a estimé que tout le monde avait à y gagner.  Il a dit espérer notamment « un meilleur séquençage des tâches du mandat ».  Par ailleurs, la France se félicite de la signature « dans des délais record » de l’arrangement technique entre les Nations Unies, l’Union européenne et le G5 prévu par la résolution 2391 (2017). 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a mentionné les défis qui subsistent au Mali, en particulier l’activité des groupes terroristes.  Le Gouvernement malien doit renforcer sa présence dans tout le pays et a besoin, pour cela, d’un appui technique, a-t-il dit.  Il a demandé à toutes les parties, en cette année électorale, d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, qui demeure le seul cadre inclusif pour un règlement de la situation dans ce pays.  Le délégué a salué l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, avant de plaider pour un appui renforcé aux forces de sécurité maliennes pour qu’elles puissent faire face aux attaques asymétriques.  Enfin, le représentant de la Guinée équatoriale a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte son appui à la mise en œuvre du Plan de réponse humanitaire au Mali.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rendu hommage aux Casques bleus de la MINUSMA tués et a condamné fermement les attaques terroristes qui ont coûté la vie à des Casques bleus et à des civils innocents.  Il a salué le travail « vital et indispensable » de la MINUSMA, en rappelant qu’il est effectué dans un environnement particulièrement dangereux.  Il a également salué la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), l’opération française Barkhane et celle de l’Union européenne. 

Sur le plan politique, le représentant a appelé les différentes parties maliennes à travailler pour garantir la tenue sans heurt des diverses élections à venir.  Il a salué l’élaboration d’un nouveau chronogramme des actions prioritaires et a appelé à sa mise en œuvre rapide.  Tous ceux qui créent des obstacles à la mise en œuvre de cet accord devraient faire l’objet de mesures dans le cadre de la résolution 2374, a estimé le représentant, qui a dénoncé la volonté des terroristes de saper l’autorité et la présence de l’État dans le nord et le centre du Mali. 

Constatant la dégradation de la présence de l’État malien dans ces régions, ainsi que celle de la situation humanitaire, M. Alemu a appelé à prendre des mesures d’urgence pour y faire face.  Avant la crise, le Mali était un exemple et « un phare » pour l’Afrique, a rappelé le représentant qui a estimé qu’il devait pouvoir le redevenir, tout en ajoutant que l’appui international au pays ne pouvait pas être uniquement axé sur la sécurité. 

M. ZHANG DIANBIN (Chine) a noté la dynamique encourageante s’agissant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, tout en rappelant la gravité de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du pays.  Les activités de groupes terroristes grèvent le processus de paix, a-t-il affirmé.  Le délégué a appelé les parties signataire à pleinement appliquer l’Accord en vue de bien mener la reconstruction du pays.  En ce qui concerne la communauté internationale, elle doit respecter la souveraineté du Mali et renforcer ses capacités, a-t-il ajouté.

Le représentant a exhorté le Comité des sanctions à jouer un rôle constructif dans la mise en œuvre de l’Accord.  Le délégué a prôné une coopération régionale pour faire face aux activités terroristes et salué à cet égard l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  Le représentant a appelé la MINUSMA à coopérer étroitement avec le Gouvernement malien, avant de demander « des informations à jour » sur l’appui de la Mission à la Force conjointe du G5 Sahel.  Enfin, rappelant que 400 soldats chinois sont déployés au sein de la MINUSMA, le représentant a souhaité un dialogue accru avec les pays contributeurs de troupes en vue d’une meilleure exécution du mandat de la Mission.

M. OLOF SKOOG (Suède) a reconnu que des progrès avaient été réalisés au Mali mais a rappelé ses préoccupations concernant la sécurité et le rythme de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Il a salué le travail de la MINUSMA, faisant observer qu’elle opère dans des circonstances souvent difficiles et dangereuses.  Rappelant que le Gouvernement malien était responsable au premier chef de la lutte contre la violence et l’impunité, il a salué les nouveaux plans ambitieux du Gouvernement pour rétablir la sécurité, notamment dans le centre du pays.  La présence de la MINUSMA reste un facteur crucial pour la stabilité au Mali, a estimé le représentant, qui a dit attendre avec intérêt les conclusions de l’examen stratégique de la Mission en cours. 

Disant partager le « sentiment d’impatience » exprimé par le Conseil de sécurité dans sa déclaration à la presse du 24 janvier, M. Skoog a estimé que les efforts devraient pouvoir se traduire en actions tangibles.  Il a regretté que la majorité des échéances fixées dans le calendrier adopté en janvier n’aient pas été respectées et a souhaité qu’il n’y ait aucun nouveau retard ou ajustement à ce chronogramme.  Une mise en œuvre réussie de l’Accord est une condition préalable à des élections réussies, a fait valoir M. Skoog, qui a souhaité que les élections soient menées légitimement, et que les calendriers électoraux soient respectés.  Le représentant a par ailleurs salué l’appel du Secrétaire général en faveur d’une plus grande inclusion des femmes et des jeunes dans tous les mécanismes d’application de l’Accord. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a condamné les attaques perpétrées contre les Casques bleus au Mali.  « Nous souhaitons tous aider la MINUSMA afin qu’elle réalise ses objectifs », a-t-elle enchaîné.  Elle a aussi salué l’engagement renouvelé du Gouvernement du Mali et des parties signataires en faveur de l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, tout en notant les retards pris, « source de frustration pour ce Conseil, dont la patience est mise à l’épreuve », a-t-elle dit.  Pour elle, « les progrès accomplis ne suffisent pas ».

La représentante a déploré que les dates fixées aient été modifiées à de nombreuses reprises.  Ces retards pourraient avoir une incidence sur la tenue des élections prévues cette année, a-t-elle craint.  La déléguée a appuyé la prise de sanctions en vue de favoriser la mise en œuvre de l’Accord.  Le mandat de la Mission, qui sera renouvelé en juin, doit être clair et axé sur la mise en œuvre de l’Accord, a-t-elle poursuivi.  Mme Pierce a aussi invité les États Membres à combler les déficits en véhicules blindés et en hélicoptères de la Mission.  En conclusion, elle s’est dite vivement préoccupée par les informations faisant état d’exécutions sommaires et d’autres violations graves des droits de l’homme au Mali. 

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a estimé que l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali devait être la priorité du Conseil de sécurité dans le dossier malien.  Il a encouragé toutes les parties concernées à opérationnaliser le chronogramme des actions prioritaires, tout en respectant les autres dispositions de l’Accord.  Il a notamment plaidé pour une accélération du processus de décentralisation, notamment parce qu’il contribue au processus de réconciliation nationale.  Le délégué a aussi apporté son soutien à la stratégie de développement multidimensionnel adoptée par le Gouvernement et a jugé importante l’intégration des femmes et des jeunes dans le processus de paix. 

La tenue d’élections, justes, équitables et transparentes est essentielle dans un pays qui est considéré comme une grande démocratie, a poursuivi M. Tumysh.  Le représentant s’est aussi inquiété de la dégradation de la situation humanitaire et de la détérioration de la sécurité dans le centre et le nord du pays.  Pour ce qui est de la MINUSMA, M. Tumysh a appelé la communauté internationale à fournir à ses contingents les moyens nécessaires afin qu’elle puisse protéger la population tout en se protégeant elle-même.  Le représentant a en outre rappelé le soutien de son pays à la Force conjointe du G5 Sahel, avant de condamner les attaques terroristes contre les civils, la MINUSMA et les représentants de l’autorité de l’État malien. 

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a estimé que les espoirs suscités par l’adoption du chronogramme n’avaient pas été concrétisés, alors que « le temps presse pour le processus de paix au Mali ».  Les progrès sont minces malgré les sonnettes d’alarme que nous ne cessons de tirer, a déclaré la représentante en insistant sur le fait que « nous n’avons plus de temps à perdre ».

La déléguée a mentionné la détérioration de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du Mali, déplorant que les extrémistes violents, profitant de l’absence des autorités sur le terrain, tissent des liens avec les populations locales.  « Le danger ne cesse de croître », a-t-elle prévenu.  Elle a souligné que le Gouvernement, lorsqu’il est présent, devait encore être vu comme une force positive.  À ce titre, elle s’est dite vivement préoccupée par les informations faisant état de graves violations perpétrées par les forces de sécurité maliennes.  La déléguée a, enfin, salué l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  La situation au Mali est grave, a-t-elle conclu en exprimant son impatience de voir des progrès.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a dit suivre avec préoccupation l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés par les terroristes et s’est dit préoccupé par la détérioration de la sécurité dans le pays, dont sont victimes tant des Casques bleus que des civils ou des membres des forces de sécurité maliennes.  Il s’est félicité de la coopération entre la MINUSMA et d’autres partenaires internationaux pour renforcer les capacités de ces dernières.  Rappelant le rôle indispensable de la Mission, il a dit attendre avec impatience les résultats de son examen stratégique en cours. 

Le représentant s’est félicité de la signature, le 21 mars, de la nouvelle feuille de route par toutes les parties concernées et a invité celles-ci à respecter le calendrier fixé.  Voyant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali comme « la solution » pour le pays, il a demandé aux autorités maliennes de créer un environnement propice, en prenant des mesures telles que les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration ou encore de décentralisation.  Le manque de présence de l’État et l’absence de services sociaux de base dans le nord du pays risquent de menacer l’Accord, a-t-il averti.

Le représentant a salué les efforts de la MINUSMA et du Gouvernement pour préparer les élections, qu’il a souhaitées honnêtes et pacifiques.  Il a en outre demandé à toutes les parties de s’acquitter de leurs engagements en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Il s’est notamment félicité de l’adoption par le Gouvernement de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et a demandé aux différentes parties d’assurer la sécurité des acteurs humanitaires. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a jugé que la tenue des élections, dans les délais prévus, sera essentielle pour apaiser les tensions au Mali.  Elle a appuyé les actions du Conseil de sécurité contre des individus et entités qui peuvent compromettre le processus de paix au Mali.  La déléguée a ensuite insisté sur la gravité de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du pays, en raison des activités des groupes terroristes.

La représentante de la Pologne s’est aussi inquiétée des lacunes de la MINUSMA en termes de capacité, avant de dénoncer les attaques perpétrées contre ses Casques bleus.  Elle a souhaité des informations sur l’appui logistique que doit apporter la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel.  Nous attendons avec impatience les recommandations formulées dans le cadre de l’examen stratégique de la Mission, a-t-elle conclu.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a rappelé le soutien de son pays à la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, « seul cadre pour un règlement pacifique et durable de la crise actuelle ».  Partageant les inquiétudes exprimées face aux retards dans l’application de l’Accord, il a appelé tous les acteurs à s’impliquer véritablement dans sa mise en œuvre, en vue notamment de respecter le calendrier électoral.  « Le temps presse », a-t-il ajouté. 

Le représentant a donc salué l’adoption d’un nouveau chronogramme d’actions prioritaires définies par l’Accord, notamment dans les domaines suivants: réformes politiques et institutionnelles, défense et sécurité, développement économique et social, élections, justice et réconciliation.  Il a préconisé un consensus national et a salué la récente visite du Premier Ministre dans le nord du pays, y voyant une occasion de « briser le mur de méfiance » et de faire baisser les tensions intercommunautaires. 

Face aux menaces à l’encontre de la sécurité, il est urgent que la MINUSMA continue de soutenir les efforts de redéploiement de l’Administration nationale et de renforcement des capacités des institutions en charge de la sécurité, a poursuivi le représentant.  Condamnant les attaques menées contre la MINUSMA, M. Tanoh-Boutchoué a interpellé le Conseil de sécurité sur la nécessité de renforcer les capacités de la Mission, y compris pour assurer sa propre protection et celle des convois d’approvisionnement contre les attaques terroristes, ou en matière logistique.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de la convergence de vues et de l’unité d’action entre les membres du Conseil sur l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel et la signature de l’accord technique conclu entre l’ONU, l’Union européenne et les États du G5 Sahel à la suite de l’adoption de la résolution 2391 (2017).

Enfin, le représentant a rappelé la nécessité de prendre des initiatives fortes visant à répondre aux défis du développement, comme l’emploi des jeunes et des femmes et leur implication dans la vie politique, la lutte contre la pauvreté et les disparités régionales.  C’est en traitant de ces causes profondes du conflit et de leurs effets que nous pourrons reconstruire les fondations d’une paix et d’une sécurité durables, a-t-il rappelé. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a souligné la rapide évolution des défis que la MINUSMA doit relever depuis son déploiement en 2013.  Les attaques asymétriques persistent et participent de la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord et le centre du pays, a-t-il poursuivi.  Il a rappelé le lourd bilan humain payé par les forces de sécurité maliennes, avant d’encourager une posture plus active de la MINUSMA dans l’appui qu’elle apporte à ces forces.  Il a ensuite salué les efforts régionaux pour réagir à la situation au Mali, ainsi que l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  Le représentant de la Bolivie a enfin déclaré que la situation actuelle au Mali et la militarisation du Sahel découlent de l’intervention étrangère en Libye en 2011. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a rappelé les « 35 ans de coopération au développement » de son pays avec le Mali, ajoutant que les Pays-Bas contribuent aux forces de la MINUSMA depuis 2014.  Il a estimé que la séance de ce jour donnait l’occasion de traduire en mesures concrètes les ambitions exprimées il y a deux semaines lors du débat du Conseil de sécurité organisé par son pays sur les moyens d’améliorer les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Il s’est ensuite consacré à trois aspects, qui forment « la règle des trois P ».

Le représentant a d’abord rappelé la primauté du politique: les opérations de maintien de la paix doivent soutenir en premier lieu un processus politique, jugeant essentiel l’appui de la MINUSMA à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  Mais il a jugé « beaucoup trop lents, et ce, depuis bien trop longtemps », les progrès, rappelant que les mesures les plus urgentes concernent la décentralisation, la réforme du secteur de la sécurité et le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants.  « Nous attendons des acteurs maliens des résultats sur ce terrain », a exprimé M. van Oosterom. 

Le deuxième « P » concerne la performance de la MINUSMA.  M. van Oosterom a demandé une « réflexion franche » sur le mandat de la Mission et les capacités nécessaires pour le mettre pleinement en œuvre, misant à cet égard sur l’examen stratégique entrepris.  Rappelant les récentes attaques terroristes contre la Mission, il a estimé qu’elles devraient rappeler les États Membres à leur responsabilité de fournir à la MINUSMA « un équipement approprié, tant au niveau des troupes que des capacités ». 

Enfin, le représentant a abordé la prévention de l’impunité.  Il a estimé que l’absence de mise en cause des auteurs des violations des droits de l’homme au Mali favorisait l’instabilité et le jihadisme.  Constatant que le pays était devenu en peu de temps un « foyer de terrorisme, de violences intercommunautaires, d’immigration clandestine et de criminalité organisée », il a jugé essentiel à la stabilité le rétablissement des institutions étatiques, tout en faisant observer qu’il fallait aussi qu’il se déroule dans un cadre ne laissant aucune place à l’impunité.  Il a cité à cet égard la récente découverte d’un charnier dans le centre du pays, y voyant une illustration de l’ampleur des problèmes.  Appelant le Gouvernement à faire en sorte que les coupables répondent de leurs actes, il a rappelé qu’il ne serait possible de rétablir la confiance de la population qu’en faisant preuve d’un engagement sans faille en faveur de l’état de droit.  Il s’est félicité en ce sens de la remise par le Mali de M. Al Hassan à la Cour pénale internationale (CPI).

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a exhorté les parties maliennes à reconnaître que la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali est dans leur intérêt.  Il a espéré que l’adoption le 22 mars dernier d’une feuille de route donnerait un nouvel élan en ce sens.  Sur le plan sécuritaire, il a noté que les extrémistes sont en train de relever la tête dans le centre du pays.  Le délégué russe a toutefois souhaité que les élections prévues cette année se tiennent dans un climat apaisé.  Il a souligné la nécessité que la MINUSMA soit « enfin » pleinement opérationnelle et dispose des équipements nécessaires, plaidant pour que les pays contributeurs de troupes honorent leurs engagements.

Le délégué a aussi salué l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel et les succès récents qu’elle a engrangés.  Les sanctions doivent être une mesure de dernier recours, a-t-il poursuivi.  Enfin, le représentant a imputé la déstabilisation actuelle au Sahel à l’intervention en Libye en 2011.  Les États Membres doivent méditer cette leçon, a-t-il conclu.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a noté avec préoccupation la détérioration des conditions de sécurité et de la situation humanitaire au Mali, en particulier dans le centre et le nord du pays.  Il a souligné l’importance de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015 et a encouragé la promotion de la réforme du secteur de la sécurité, de la décentralisation et du développement économique et social.  Il s’est félicité des efforts menés par le Gouvernement en matière de désarmement, démobilisation et réintégration, tout en l’invitant à accélérer le rythme des réformes.

Le représentant a insisté sur le rôle de la MINUSMA pour aider le pays à avancer dans le processus devant mener à des élections libres et équitables, un processus qui doit être « honnête, transparent et inclusif » et permettre une plus grande implication des femmes et des jeunes.  M. Meza-Cuadra a ensuite rappelé le lien entre terrorisme et criminalité transnationale organisée pour insister sur la nécessité de renforcer la riposte régionale, notamment en améliorant le soutien opérationnel et logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.  À cet égard, il s’est félicité de l’accord conclu entre les Nations Unies, l’Union européenne et les États membres du G5 Sahel.  En revanche, il a fait observer que les effectifs autorisés de la MINUSMA n’étaient toujours pas déployés à 100% et que les capacités de la Mission restaient insuffisantes. 

M. TIÉMAN HUBERT COULIBALY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a rappelé les quatre objectifs prioritaires du Président Ibrahim Boubacar Keita, qui s’inscrivent dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, et s’est félicité que le rapport du Secrétaire général reconnaisse cette « nouvelle dynamique impulsée au processus de paix ».  La tournée du Chef du gouvernement en mars dans les régions du nord et du centre a incarné l’espoir d’une paix et d’une réconciliation véritables, a-t-il ajouté.

Disant comprendre les impatiences concernant les retards dans la mise en œuvre de certaines dispositions de l’Accord, il a voulu rassurer sur la volonté ferme du Gouvernement de mener à bien ce processus de paix, sur la base de l’engagement résolu de toutes les parties concernées – y compris le Gouvernement, les mouvements signataires de l’Accord et les partenaires.

Le Ministre a évoqué les premiers acquis de cet accord, à savoir l’arrêt total de toute belligérance entre les parties signataires; le redéploiement progressif de l’administration dans les régions du nord et du centre à travers la nomination récente de préfets et sous-préfets; le renforcement en cours des autorités intérimaires avec l’allocation de ressources budgétaires importantes malgré des moyens limités; l’adoption le 22 mars de la feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par la vingt-troisième session du Comité de suivi de l’Accord; ou encore la tenue d’un atelier de haut niveau sur la réforme du secteur de la sécurité.

M. Coulibaly a ajouté à cette liste les discussions constructives sur le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), la gouvernance et la présence territoriale de l’État et le code des collectivités.  La tentative de révision de la Constitution est un autre signal fort de la volonté du Chef de l’État de mettre en œuvre les dispositions de l’Accord, a-t-il ajouté.  Mais « ces acquis sont fragiles, je le sais », a concédé M. Coulibaly en faisant référence à l’environnement complexe et difficile, caractérisé par les activités des organisations liées au terrorisme, à l’extrémisme violent et aux trafics en tout genre. 

Abordant le deuxième objectif prioritaire fixé par le Président –l’endiguement de l’insécurité grandissante dans les régions du centre–, le Ministre a loué les résultats de l’opérationnalisation du Plan de sécurisation intégrée de ces régions.  Il a assuré que l’État malien devait marquer de plus en plus sa présence et assurer les services sociaux de base aux populations de ces régions.  Les dimensions régionales de l’insécurité relèvent du mandat de la Force conjointe du G5 Sahel, a-t-il rappelé à ce propos en disant vouloir poursuivre son soutien à ce mécanisme.

Comme troisième priorité, le Ministre a cité l’organisation des élections en 2018 en assurant de la détermination du Gouvernement pour la tenue d’un premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet, avec un cadre de concertation régulier de tous les acteurs et des dispositions matérielles et logistiques déjà prises.  Il a souligné l’importance du respect des délais constitutionnels pour ces élections, ce à quoi le Gouvernement s’est engagé, tout en sollicitant le soutien de la communauté internationale.

Venant aux questions de droits de l’homme au Mali, le Ministre a dit que le Gouvernement avait fait ouvrir des enquêtes sur toutes les allégations de violations supposément commises dans le cadre des opérations de contre-terrorisme menées par les forces armées maliennes.  Il a parlé de la politique de tolérance zéro adoptée et affirmé qu’« aucune impunité ne sera accordée ».  En revanche, il a dit que le Gouvernement rejette les allégations contenues dans le rapport du Secrétaire général selon lesquelles l’armée malienne n’aurait rien fait pour empêcher les incendies des maisons des Peuls dans la région de Mopti, ainsi que des allégations concernant trois enfants détenus à Bamako.  Il a précisé que les trois enfants en question ont été remis à la Direction régionale de la femme et de l’enfant.

M. Coulibaly a salué la bonne collaboration entre le Gouvernement et la Division des droits de l’homme de la MINUSMA, ainsi que la nomination par le Secrétaire général des Nations Unies, à la demande de son gouvernement, des membres de la Commission d’enquête internationale sur les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises au Mali depuis janvier 2012.  Il s’est aussi félicité de la visite du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2374 le mois dernier.

Sur la situation humanitaire, qui demeure une priorité pour le Gouvernement, le Ministre a parlé en particulier des efforts menés sur le plan de l´éducation, avec notamment la réouverture des écoles, le recrutement d’enseignants et l’intégration des écoles coraniques des régions du centre dans le système de l’éducation formelle.  Il a appelé à honorer les engagements pour combler l’écart entre les ressources disponibles –environ 8 millions de dollars– et les besoins humanitaires urgents – estimés à 263 millions de dollars.

Enfin, le Ministre malien a souligné la nécessité de mobiliser des moyens accrus pour la MINUSMA, pour qu’elle soit à même de s’acquitter pleinement de son mandat.  Il a fondé l’espoir que l’examen stratégique indépendant en cours aboutisse à des recommandations pour l’élaboration de règles d’engagement capables d’inverser la tendance des attaques asymétriques à répétition contre les Casques bleus.

« La paix est donc possible au Mali », a conclu le Ministre en affirmant que la paix durable et la réconciliation sont proches, et en saluant le « travail remarquable » qu’accomplit la MINUSMA.

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