En cours au Siège de l'ONU

8229e séance – matin
CS/13290

Vive impatience au Conseil de sécurité devant les retards pris dans l’application de l’accord de paix au Mali

Plusieurs délégations ont exprimé, ce matin, au Conseil de sécurité, leur vive impatience devant les retards pris dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  « Les progrès sont minces malgré les sonnettes d’alarme que nous ne cessons de tirer », a asséné la déléguée des États-Unis. 

S’il a fait état d’une dynamique positive, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, M. Mahamat Saleh Annadif, a néanmoins estimé qu’il était temps de « passer des promesses aux actes ».  Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mali, M. Tiéman Hubert Coulibaly, a dit comprendre « l’impatience » du Conseil, tout en faisant valoir la volonté ferme du Gouvernement malien de mener à bien le processus de paix.

Premier orateur à s’exprimer, M. Annadif, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation au Mali, a, au nombre des progrès accomplis, mentionné la signature le 22 mars 2018 d’une feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par le Comité de suivi de l’Accord. 

Les trois derniers mois se sont caractérisés par le renforcement de la confiance entre les parties signataires de l’Accord, dont la visite du nouveau Premier Ministre, M. Soumeylou Boubeye Maïgha, dans les régions du nord est une illustration, a déclaré le Représentant spécial.  « Cette visite concrétise le retour progressif de l’autorité de l’État dans ces régions. »

Le Représentant spécial a replacé cette « dynamique positive » dans un contexte politique marqué par la tenue prochaine de l’élection présidentielle cet été et des législatives en novembre et décembre.  « Les acteurs maliens ne doivent pas oublier que la mise en œuvre de l’Accord doit demeurer une priorité et ne pas devenir un enjeu politique ». 

M. Annadif a souhaité que les deux chantiers soient menés à leur terme de manière concomitante en comptant sur la nouvelle dynamique insufflée par le nouveau Premier Ministre, « qui demeure certes nécessaire mais pas suffisante, au vu des retards accusés ». 

Le Représentant spécial a demandé que la feuille de route du 22 mars ne soit pas une signature de plus et appelé à des « élections consensuelles, apaisées et surtout crédibles ».  « Le contraire serait d’ajouter une crise à la crise et c’est le camp des ennemis de la paix qui en sortirait vainqueur », a averti M. Annadif. 

Certaines délégations n’ont pas dissimulé leur impatience devant les retards pris, qui sont, selon la représentante du Royaume-Uni, « une source de frustration pour le Conseil ».  Les espoirs suscités par l’adoption du chronogramme n’ont pas été concrétisés, alors que « le temps presse », a renchéri la représentante des États-Unis. 

Rappelant qu’il ne saurait y avoir de stabilité au Sahel sans pleine mise en œuvre de l’accord de paix, le représentant français a dit attendre « toujours les mêmes mesures » de la part des parties maliennes, s’agissant notamment des processus de décentralisation et de désarmement, démobilisation et réintégration. 

De son côté, le Président du Comité du Conseil de sécurité établi en application de la résolution 2374 (2017) a présenté le premier rapport de ce Comité créé en septembre dernier.  Il a indiqué que sa visite à Bamako, en mars, lui a permis de discuter avec les parties maliennes de la manière dont les sanctions peuvent contribuer à l’application de l’Accord. 

Si cette résolution est un premier pas, le délégué de la France a déclaré qu’il fallait « aller plus loin ».  La France va ainsi engager dans les prochaines semaines un travail « visant à identifier ceux qui font obstruction à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui devra aboutir à des propositions de désignation », a-t-il dit. 

« L’ensemble des acteurs maliens doivent avoir conscience que le Conseil de sécurité les prend pleinement au mot dans la mise en œuvre de leurs engagements », a-t-il encore ajouté.  Son homologue de la Fédération de la Russie a, lui, rappelé que les sanctions doivent être envisagées en dernier recours. 

Le Ministre des affaires étrangères malien s’est voulu rassurant en insistant sur la « volonté ferme » de son gouvernement de mener à bien ce processus de paix.  Il a insisté sur les acquis, certes fragiles, de cet accord, notamment « l’arrêt total de toute belligérance entre les parties signataires » et « la tentative de révision de la Constitution ». 

M. Coulibaly a également insisté sur la détermination de son gouvernement pour la tenue d’un premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet.  « La paix est possible au Mali », a-t-il conclu, en affirmant que la réconciliation est proche. 

Alors que le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont M. Annadif est le Chef, fait l’objet d’un examen stratégique, le délégué des Pays-Bas a souhaité qu’une « réflexion franche » soit menée sur les capacités de la Mission face aux attaques asymétriques qui la ciblent.

Plusieurs délégations, dont celle de la Fédération de Russie, ont demandé que la MINUSMA soit dotée des éléments habilitants nécessaires.  S’il s’est réjoui de l’offre du Canada de déployer six hélicoptères dans les prochains mois, le Représentant spécial a toutefois indiqué que cela restait en deçà des besoins réels. 

Enfin, les délégations ont rendu hommage aux trois Casques bleus de la MINUSMA tués la semaine dernière.

* S/2018/273

LA SITUATION AU MALI

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2018/273)

Déclarations

M. MAHAMAT SALEH ANNADIF, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, a noté un renforcement de la confiance, au cours des trois derniers mois, entre les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  La visite du nouveau Premier Ministre dans les régions du nord concrétise le retour progressif de l’autorité de l’État dans ces régions, notamment à Kidal, a-t-il dit.  Comme autres avancées, il a noté l’adoption, en février 2018, d’un projet de loi portant création des collectivités territoriales des régions de Ménaka et Taoudéni et la signature, le 22 mars 2018, d’une feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par le Comité de suivi de l’Accord.  Les ateliers sur le pré-enregistrement des combattants éligibles au programme de désarmement, démobilisation et réintégration tenus à Kidal, Tombouctou, Ménaka et Gao en février 2018 sont de réels progrès, a-t-il ajouté. 

Le Représentant spécial a replacé cette dynamique positive s’agissant de la mise en œuvre de l’Accord dans un contexte politique marqué par la tenue prochaine de l’élection présidentielle, le premier tour étant prévu le 29 juillet et le second tour le 12 août, et des législatives en novembre et décembre.  M. Annadif a mentionné les contacts inclusifs développés par la MINUSMA avec les acteurs politiques et les mouvements signataires de l’Accord pour qu’ils s’engagent dans un processus consensuel conduisant à des élections crédibles et apaisées. 

M. Annadif a noté la dégradation de la situation sécuritaire avec parfois des « débordements assez graves en matière de droits de l’homme ».  Un projet de loi d’entente nationale est en discussion, qui devrait constituer une entente majeure sur la voie de la réconciliation nationale, a-t-il poursuivi.  « Le transfèrement de M. Alhassan Ag Abdoul Aziz à la Cour pénale internationale le 31 mars prouve que réconciliation ne rime pas nécessairement avec impunité. »  Il a insisté sur l’appui constant de la MINUSMA au Pôle judiciaire spécialisé, qui a notamment permis la validation de la politique nationale 2018-2020 de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme. 

Les réalisations de la Mission sont cependant ternies par le nombre croissant de victimes causées par des engins explosifs improvisés ou des tirs de roquette, a-t-il dit, en déplorant la mort de deux Casques bleus tchadiens la semaine dernière.  Le Représentant spécial a dit placer beaucoup d’espoir dans l’arrivée de convois de compagnies de combat, avant d’insister sur le déficit important en hélicoptères.  « Nous plaçons beaucoup d’espoir dans la promesse du Canada de déployer six hélicoptères dans les prochains mois », a-t-il dit, précisant que cette offre reste en deçà des besoins réels. 

M. Annadif a souhaité que les recommandations, qui doivent être bientôt formulées dans le cadre de l’examen stratégique de la Mission et qui doivent guider les discussions sur le renouvellement de son mandat, permettront une meilleure adéquation entre le mandat, les réalités et contraintes du terrain, et les attentes des populations.  Il s’est félicité du démarrage des travaux du Groupe d’experts sur le régime de sanctions.  Ce régime peut renforcer la responsabilisation et l’adhésion des parties en faveur de l’Accord, a-t-il dit.  Le Représentant spécial a précisé que la MINUSMA a déjà défini les grandes lignes de son appui à la Force conjointe du G5 Sahel, avant de saluer le travail accompli par le Fonds pour la consolidation de la paix pour promouvoir la sécurité dans la Liptako-Gourma. 

« Les acteurs maliens ne doivent pas oublier, en cette année électorale, que la mise en œuvre de l’Accord doit demeurer une priorité et ne surtout pas devenir un enjeu politique. »  Les deux chantiers doivent être menés à leur terme de manière concomitante en comptant sur la nouvelle dynamique insufflée par le nouveau Premier Ministre, qui demeure certes nécessaire mais pas suffisante, au vu des retards accusés, a-t-il poursuivi.

Il a reconnu, au niveau de l’Accord de paix, la complexité du processus.  Ce Conseil se doit d’interpeller les parties signataires pour que la feuille de route du 22 mars ne reste pas une signature de plus, a déclaré M. Annadif.  « Il est temps de passer des promesses aux actes en respectant les échéances convenues. »  Le Représentant spécial a noté l’unanimité de toute la classe politique malienne sur la tenue d’élections crédibles et transparentes, dans les délais fixés.  « Autant les élections de 2013 ont rétabli l’ordre constitutionnel au Mali, autant celles de 2018 doivent confirmer l’ancrage démocratique irréversible du pays. »

S’agissant des préparatifs, il a mentionné la commande en cours pour produire huit millions de cartes d’électeurs.  Il a néanmoins exprimé des doutes, compte tenu de l’échéancier serré, sur le fait que ces cartes puissent être distribuées à temps.  Le Conseil doit non seulement appeler la classe politique malienne au respect du calendrier mais aussi l’encourager à aller vers des élections consensuelles, apaisées et surtout crédibles, a plaidé le Représentant spécial.  « Le contraire serait d’ajouter une crise à la crise et c’est le camp des ennemis de la paix qui en sortirait vainqueur », a conclu M. Annadif, ajoutant que les ennemis de la paix ne méritent pas un tel « cadeau ». 

M. OLOF SKOOG (Suède), Président du Comité du Conseil de sécurité établi en application de la résolution 2374 (2017), a présenté le premier rapport du Comité créé en septembre dernier, qui porte sur la période allant de sa création au 4 avril dernier.  Durant cette période, le Comité a entrepris ses travaux préparatoires et d’organisation et a adopté ses lignes de conduite; le 1er février, son Groupe d’experts a commencé son travail, a expliqué M. Skoog.  Celui-ci a ensuite rappelé qu’il s’était rendu lui-même à Bamako, accompagné d’autres membres du Comité, les 26 et 27 mars, ce qui a permis au Comité de recueillir des informations de première main et de discuter avec les différentes parties maliennes de la manière dont les sanctions décidées par la résolution 2374 pouvaient contribuer au processus de paix au Mali, y compris à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  M. Skoog a annoncé qu’il ferait rapport, verbalement et par écrit, au Comité de ses observations sur cette visite. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rendu hommage aux trois Casques bleus de la MINUSMA tués la semaine dernière, avant de rappeler combien est dangereux l’environnement dans lequel évolue la Mission, dont il a rappelé le rôle central pour promouvoir l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et protéger le peuple malien de ceux qui s’y opposent par tous les moyens, y compris par la criminalité et le terrorisme.  Il a aussi rappelé que la France paye elle-même le prix, puisque deux de ses soldats ont été tués dans le pays le 21 février. 

Jugeant importante la réunion de ce jour s’agissant du suivi de la mise en œuvre de l’Accord, il a dit que la France appréciait l’action menée par le Gouvernement malien depuis la dernière réunion du Conseil sur le pays pour favoriser le consensus sur le processus électoral et rétablir la présence de l’administration dans le centre du pays.  Il a aussi salué la récente visite du Premier Ministre malien à Kidal, dans le nord, premier déplacement de ce niveau depuis presque quatre ans. 

Mais M. Delattre a aussi constaté qu’au lendemain de l’échéance fixée « par les parties maliennes elles-mêmes » dans le chronogramme d’actions prioritaires, une « large majorité » des engagements n’ont pas été mis en œuvre, ce qui menace les acquis et la pertinence même de l’Accord.  Or, les échéances électorales prévues rendent d’autant plus nécessaires et urgents des progrès sur divers points couverts par l’Accord, a fait observer le représentant qui a prévenu qu’« il ne saurait y avoir de stabilité durable dans l’ensemble du Sahel sans pleine mise en œuvre de l’accord de paix malien ».

La France attend « toujours les mêmes mesures » de la part des parties maliennes, a expliqué M. Delattre, qui a notamment cité l’urgence de réaliser des progrès dans le processus de décentralisation, dans la sécurité et dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration.  Le représentant a pris note avec satisfaction de l’initiative du Premier Ministre malien d’une nouvelle feuille de route annonçant la mise en œuvre des mesures attendues de la part des parties maliennes selon un calendrier révisé, mais il a fait observer que cette « nouvelle feuille de route, qui n’est malheureusement pas la première, ne peut faire oublier le fait que les engagements souscrits en janvier dernier n’ont, une nouvelle fois, pas été respectés ». 

M. Delattre a rappelé qu’aux termes mêmes de l’accord de paix, la responsabilité du Conseil de sécurité consiste à prendre des mesures nécessaires pour encourager les parties à se conformer aux engagements qu’elles ont consentis.  S’il a rappelé que l’adoption de sanctions dans le cadre de la résolution 2374 (2017) avait été un premier pas en ce sens, il a ajouté que « les retards enregistrés nous contraignent à devoir aller plus loin ».  Estimant que « nous n’avons plus le temps d’attendre », il a affirmé que la France engagerait dans les prochaines semaines avec ses partenaires un travail « visant à identifier ceux qui font obstruction à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui devra aboutir à des propositions de désignation ».  L’ensemble des acteurs maliens doivent avoir conscience que le Conseil de sécurité les prend pleinement au mot dans la mise en œuvre de leurs engagements, a-t-il encore ajouté.

Quant à la MINUSMA, malgré ses difficultés, elle demeure un « instrument indispensable pour assurer la stabilité du Mali », en complément des autres forces de sécurité présentes sur le terrain, a affirmé M. Delattre qui a jugé déterminant son soutien au processus de l’élection présidentielle cet été.  Il a demandé à tous les États Membres de se mobiliser pour fournir à la Mission des « capacités et équipements à la hauteur de son mandat ».  C’est pour la France « un point absolument essentiel », a-t-il précisé, avant d’appeler à travailler de toute urgence avec le Secrétariat, car « des solutions techniques existent et sont disponibles à court terme ».

Rappelant que l’examen stratégique en cours de la MINUSMA est une « opportunité précieuse pour améliorer la performance et les résultats de la Mission », M. Delattre a estimé que tout le monde avait à y gagner.  Il a dit espérer notamment « un meilleur séquençage des tâches du mandat ».  Par ailleurs, la France se félicite de la signature « dans des délais record » de l’arrangement technique entre les Nations Unies, l’Union européenne et le G5 prévu par la résolution 2391 (2017). 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a mentionné les défis qui subsistent au Mali, en particulier l’activité des groupes terroristes.  Le Gouvernement malien doit renforcer sa présence dans tout le pays et a besoin, pour cela, d’un appui technique, a-t-il dit.  Il a demandé à toutes les parties, en cette année électorale, d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, qui demeure le seul cadre inclusif pour un règlement de la situation dans ce pays.  Le délégué a salué l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, avant de plaider pour un appui renforcé aux forces de sécurité maliennes pour qu’elles puissent faire face aux attaques asymétriques.  Enfin, le représentant de la Guinée équatoriale a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte son appui à la mise en œuvre du Plan de réponse humanitaire au Mali.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rendu hommage aux Casques bleus de la MINUSMA tués et a condamné fermement les attaques terroristes qui ont coûté la vie à des Casques bleus et à des civils innocents.  Il a salué le travail « vital et indispensable » de la MINUSMA, en rappelant qu’il est effectué dans un environnement particulièrement dangereux.  Il a également salué la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), l’opération française Barkhane et celle de l’Union européenne. 

Sur le plan politique, le représentant a appelé les différentes parties maliennes à travailler pour garantir la tenue sans heurt des diverses élections à venir.  Il a salué l’élaboration d’un nouveau chronogramme des actions prioritaires et a appelé à sa mise en œuvre rapide.  Tous ceux qui créent des obstacles à la mise en œuvre de cet accord devraient faire l’objet de mesures dans le cadre de la résolution 2374, a estimé le représentant, qui a dénoncé la volonté des terroristes de saper l’autorité et la présence de l’État dans le nord et le centre du Mali. 

Constatant la dégradation de la présence de l’État malien dans ces régions, ainsi que celle de la situation humanitaire, M. Alemu a appelé à prendre des mesures d’urgence pour y faire face.  Avant la crise, le Mali était un exemple et « un phare » pour l’Afrique, a rappelé le représentant qui a estimé qu’il devait pouvoir le redevenir, tout en ajoutant que l’appui international au pays ne pouvait pas être uniquement axé sur la sécurité. 

M. ZHANG DIANBIN (Chine) a noté la dynamique encourageante s’agissant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, tout en rappelant la gravité de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du pays.  Les activités de groupes terroristes grèvent le processus de paix, a-t-il affirmé.  Le délégué a appelé les parties signataire à pleinement appliquer l’Accord en vue de bien mener la reconstruction du pays.  En ce qui concerne la communauté internationale, elle doit respecter la souveraineté du Mali et renforcer ses capacités, a-t-il ajouté.

Le représentant a exhorté le Comité des sanctions à jouer un rôle constructif dans la mise en œuvre de l’Accord.  Le délégué a prôné une coopération régionale pour faire face aux activités terroristes et salué à cet égard l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  Le représentant a appelé la MINUSMA à coopérer étroitement avec le Gouvernement malien, avant de demander « des informations à jour » sur l’appui de la Mission à la Force conjointe du G5 Sahel.  Enfin, rappelant que 400 soldats chinois sont déployés au sein de la MINUSMA, le représentant a souhaité un dialogue accru avec les pays contributeurs de troupes en vue d’une meilleure exécution du mandat de la Mission.

M. OLOF SKOOG (Suède) a reconnu que des progrès avaient été réalisés au Mali mais a rappelé ses préoccupations concernant la sécurité et le rythme de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Il a salué le travail de la MINUSMA, faisant observer qu’elle opère dans des circonstances souvent difficiles et dangereuses.  Rappelant que le Gouvernement malien était responsable au premier chef de la lutte contre la violence et l’impunité, il a salué les nouveaux plans ambitieux du Gouvernement pour rétablir la sécurité, notamment dans le centre du pays.  La présence de la MINUSMA reste un facteur crucial pour la stabilité au Mali, a estimé le représentant, qui a dit attendre avec intérêt les conclusions de l’examen stratégique de la Mission en cours. 

Disant partager le « sentiment d’impatience » exprimé par le Conseil de sécurité dans sa déclaration à la presse du 24 janvier, M. Skoog a estimé que les efforts devraient pouvoir se traduire en actions tangibles.  Il a regretté que la majorité des échéances fixées dans le calendrier adopté en janvier n’aient pas été respectées et a souhaité qu’il n’y ait aucun nouveau retard ou ajustement à ce chronogramme.  Une mise en œuvre réussie de l’Accord est une condition préalable à des élections réussies, a fait valoir M. Skoog, qui a souhaité que les élections soient menées légitimement, et que les calendriers électoraux soient respectés.  Le représentant a par ailleurs salué l’appel du Secrétaire général en faveur d’une plus grande inclusion des femmes et des jeunes dans tous les mécanismes d’application de l’Accord. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a condamné les attaques perpétrées contre les Casques bleus au Mali.  « Nous souhaitons tous aider la MINUSMA afin qu’elle réalise ses objectifs », a-t-elle enchaîné.  Elle a aussi salué l’engagement renouvelé du Gouvernement du Mali et des parties signataires en faveur de l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, tout en notant les retards pris, « source de frustration pour ce Conseil, dont la patience est mise à l’épreuve », a-t-elle dit.  Pour elle, « les progrès accomplis ne suffisent pas ».

La représentante a déploré que les dates fixées aient été modifiées à de nombreuses reprises.  Ces retards pourraient avoir une incidence sur la tenue des élections prévues cette année, a-t-elle craint.  La déléguée a appuyé la prise de sanctions en vue de favoriser la mise en œuvre de l’Accord.  Le mandat de la Mission, qui sera renouvelé en juin, doit être clair et axé sur la mise en œuvre de l’Accord, a-t-elle poursuivi.  Mme Pierce a aussi invité les États Membres à combler les déficits en véhicules blindés et en hélicoptères de la Mission.  En conclusion, elle s’est dite vivement préoccupée par les informations faisant état d’exécutions sommaires et d’autres violations graves des droits de l’homme au Mali. 

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a estimé que l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali devait être la priorité du Conseil de sécurité dans le dossier malien.  Il a encouragé toutes les parties concernées à opérationnaliser le chronogramme des actions prioritaires, tout en respectant les autres dispositions de l’Accord.  Il a notamment plaidé pour une accélération du processus de décentralisation, notamment parce qu’il contribue au processus de réconciliation nationale.  Le délégué a aussi apporté son soutien à la stratégie de développement multidimensionnel adoptée par le Gouvernement et a jugé importante l’intégration des femmes et des jeunes dans le processus de paix. 

La tenue d’élections, justes, équitables et transparentes est essentielle dans un pays qui est considéré comme une grande démocratie, a poursuivi M. Tumysh.  Le représentant s’est aussi inquiété de la dégradation de la situation humanitaire et de la détérioration de la sécurité dans le centre et le nord du pays.  Pour ce qui est de la MINUSMA, M. Tumysh a appelé la communauté internationale à fournir à ses contingents les moyens nécessaires afin qu’elle puisse protéger la population tout en se protégeant elle-même.  Le représentant a en outre rappelé le soutien de son pays à la Force conjointe du G5 Sahel, avant de condamner les attaques terroristes contre les civils, la MINUSMA et les représentants de l’autorité de l’État malien. 

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a estimé que les espoirs suscités par l’adoption du chronogramme n’avaient pas été concrétisés, alors que « le temps presse pour le processus de paix au Mali ».  Les progrès sont minces malgré les sonnettes d’alarme que nous ne cessons de tirer, a déclaré la représentante en insistant sur le fait que « nous n’avons plus de temps à perdre ».

La déléguée a mentionné la détérioration de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du Mali, déplorant que les extrémistes violents, profitant de l’absence des autorités sur le terrain, tissent des liens avec les populations locales.  « Le danger ne cesse de croître », a-t-elle prévenu.  Elle a souligné que le Gouvernement, lorsqu’il est présent, devait encore être vu comme une force positive.  À ce titre, elle s’est dite vivement préoccupée par les informations faisant état de graves violations perpétrées par les forces de sécurité maliennes.  La déléguée a, enfin, salué l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  La situation au Mali est grave, a-t-elle conclu en exprimant son impatience de voir des progrès.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a dit suivre avec préoccupation l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés par les terroristes et s’est dit préoccupé par la détérioration de la sécurité dans le pays, dont sont victimes tant des Casques bleus que des civils ou des membres des forces de sécurité maliennes.  Il s’est félicité de la coopération entre la MINUSMA et d’autres partenaires internationaux pour renforcer les capacités de ces dernières.  Rappelant le rôle indispensable de la Mission, il a dit attendre avec impatience les résultats de son examen stratégique en cours. 

Le représentant s’est félicité de la signature, le 21 mars, de la nouvelle feuille de route par toutes les parties concernées et a invité celles-ci à respecter le calendrier fixé.  Voyant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali comme « la solution » pour le pays, il a demandé aux autorités maliennes de créer un environnement propice, en prenant des mesures telles que les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration ou encore de décentralisation.  Le manque de présence de l’État et l’absence de services sociaux de base dans le nord du pays risquent de menacer l’Accord, a-t-il averti.

Le représentant a salué les efforts de la MINUSMA et du Gouvernement pour préparer les élections, qu’il a souhaitées honnêtes et pacifiques.  Il a en outre demandé à toutes les parties de s’acquitter de leurs engagements en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Il s’est notamment félicité de l’adoption par le Gouvernement de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et a demandé aux différentes parties d’assurer la sécurité des acteurs humanitaires. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a jugé que la tenue des élections, dans les délais prévus, sera essentielle pour apaiser les tensions au Mali.  Elle a appuyé les actions du Conseil de sécurité contre des individus et entités qui peuvent compromettre le processus de paix au Mali.  La déléguée a ensuite insisté sur la gravité de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du pays, en raison des activités des groupes terroristes.

La représentante de la Pologne s’est aussi inquiétée des lacunes de la MINUSMA en termes de capacité, avant de dénoncer les attaques perpétrées contre ses Casques bleus.  Elle a souhaité des informations sur l’appui logistique que doit apporter la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel.  Nous attendons avec impatience les recommandations formulées dans le cadre de l’examen stratégique de la Mission, a-t-elle conclu.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a rappelé le soutien de son pays à la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, « seul cadre pour un règlement pacifique et durable de la crise actuelle ».  Partageant les inquiétudes exprimées face aux retards dans l’application de l’Accord, il a appelé tous les acteurs à s’impliquer véritablement dans sa mise en œuvre, en vue notamment de respecter le calendrier électoral.  « Le temps presse », a-t-il ajouté. 

Le représentant a donc salué l’adoption d’un nouveau chronogramme d’actions prioritaires définies par l’Accord, notamment dans les domaines suivants: réformes politiques et institutionnelles, défense et sécurité, développement économique et social, élections, justice et réconciliation.  Il a préconisé un consensus national et a salué la récente visite du Premier Ministre dans le nord du pays, y voyant une occasion de « briser le mur de méfiance » et de faire baisser les tensions intercommunautaires. 

Face aux menaces à l’encontre de la sécurité, il est urgent que la MINUSMA continue de soutenir les efforts de redéploiement de l’Administration nationale et de renforcement des capacités des institutions en charge de la sécurité, a poursuivi le représentant.  Condamnant les attaques menées contre la MINUSMA, M. Tanoh-Boutchoué a interpellé le Conseil de sécurité sur la nécessité de renforcer les capacités de la Mission, y compris pour assurer sa propre protection et celle des convois d’approvisionnement contre les attaques terroristes, ou en matière logistique.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de la convergence de vues et de l’unité d’action entre les membres du Conseil sur l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel et la signature de l’accord technique conclu entre l’ONU, l’Union européenne et les États du G5 Sahel à la suite de l’adoption de la résolution 2391 (2017).

Enfin, le représentant a rappelé la nécessité de prendre des initiatives fortes visant à répondre aux défis du développement, comme l’emploi des jeunes et des femmes et leur implication dans la vie politique, la lutte contre la pauvreté et les disparités régionales.  C’est en traitant de ces causes profondes du conflit et de leurs effets que nous pourrons reconstruire les fondations d’une paix et d’une sécurité durables, a-t-il rappelé. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a souligné la rapide évolution des défis que la MINUSMA doit relever depuis son déploiement en 2013.  Les attaques asymétriques persistent et participent de la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord et le centre du pays, a-t-il poursuivi.  Il a rappelé le lourd bilan humain payé par les forces de sécurité maliennes, avant d’encourager une posture plus active de la MINUSMA dans l’appui qu’elle apporte à ces forces.  Il a ensuite salué les efforts régionaux pour réagir à la situation au Mali, ainsi que l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  Le représentant de la Bolivie a enfin déclaré que la situation actuelle au Mali et la militarisation du Sahel découlent de l’intervention étrangère en Libye en 2011. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a rappelé les « 35 ans de coopération au développement » de son pays avec le Mali, ajoutant que les Pays-Bas contribuent aux forces de la MINUSMA depuis 2014.  Il a estimé que la séance de ce jour donnait l’occasion de traduire en mesures concrètes les ambitions exprimées il y a deux semaines lors du débat du Conseil de sécurité organisé par son pays sur les moyens d’améliorer les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Il s’est ensuite consacré à trois aspects, qui forment « la règle des trois P ».

Le représentant a d’abord rappelé la primauté du politique: les opérations de maintien de la paix doivent soutenir en premier lieu un processus politique, jugeant essentiel l’appui de la MINUSMA à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  Mais il a jugé « beaucoup trop lents, et ce, depuis bien trop longtemps », les progrès, rappelant que les mesures les plus urgentes concernent la décentralisation, la réforme du secteur de la sécurité et le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants.  « Nous attendons des acteurs maliens des résultats sur ce terrain », a exprimé M. van Oosterom. 

Le deuxième « P » concerne la performance de la MINUSMA.  M. van Oosterom a demandé une « réflexion franche » sur le mandat de la Mission et les capacités nécessaires pour le mettre pleinement en œuvre, misant à cet égard sur l’examen stratégique entrepris.  Rappelant les récentes attaques terroristes contre la Mission, il a estimé qu’elles devraient rappeler les États Membres à leur responsabilité de fournir à la MINUSMA « un équipement approprié, tant au niveau des troupes que des capacités ». 

Enfin, le représentant a abordé la prévention de l’impunité.  Il a estimé que l’absence de mise en cause des auteurs des violations des droits de l’homme au Mali favorisait l’instabilité et le jihadisme.  Constatant que le pays était devenu en peu de temps un « foyer de terrorisme, de violences intercommunautaires, d’immigration clandestine et de criminalité organisée », il a jugé essentiel à la stabilité le rétablissement des institutions étatiques, tout en faisant observer qu’il fallait aussi qu’il se déroule dans un cadre ne laissant aucune place à l’impunité.  Il a cité à cet égard la récente découverte d’un charnier dans le centre du pays, y voyant une illustration de l’ampleur des problèmes.  Appelant le Gouvernement à faire en sorte que les coupables répondent de leurs actes, il a rappelé qu’il ne serait possible de rétablir la confiance de la population qu’en faisant preuve d’un engagement sans faille en faveur de l’état de droit.  Il s’est félicité en ce sens de la remise par le Mali de M. Al Hassan à la Cour pénale internationale (CPI).

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a exhorté les parties maliennes à reconnaître que la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali est dans leur intérêt.  Il a espéré que l’adoption le 22 mars dernier d’une feuille de route donnerait un nouvel élan en ce sens.  Sur le plan sécuritaire, il a noté que les extrémistes sont en train de relever la tête dans le centre du pays.  Le délégué russe a toutefois souhaité que les élections prévues cette année se tiennent dans un climat apaisé.  Il a souligné la nécessité que la MINUSMA soit « enfin » pleinement opérationnelle et dispose des équipements nécessaires, plaidant pour que les pays contributeurs de troupes honorent leurs engagements.

Le délégué a aussi salué l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel et les succès récents qu’elle a engrangés.  Les sanctions doivent être une mesure de dernier recours, a-t-il poursuivi.  Enfin, le représentant a imputé la déstabilisation actuelle au Sahel à l’intervention en Libye en 2011.  Les États Membres doivent méditer cette leçon, a-t-il conclu.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a noté avec préoccupation la détérioration des conditions de sécurité et de la situation humanitaire au Mali, en particulier dans le centre et le nord du pays.  Il a souligné l’importance de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015 et a encouragé la promotion de la réforme du secteur de la sécurité, de la décentralisation et du développement économique et social.  Il s’est félicité des efforts menés par le Gouvernement en matière de désarmement, démobilisation et réintégration, tout en l’invitant à accélérer le rythme des réformes.

Le représentant a insisté sur le rôle de la MINUSMA pour aider le pays à avancer dans le processus devant mener à des élections libres et équitables, un processus qui doit être « honnête, transparent et inclusif » et permettre une plus grande implication des femmes et des jeunes.  M. Meza-Cuadra a ensuite rappelé le lien entre terrorisme et criminalité transnationale organisée pour insister sur la nécessité de renforcer la riposte régionale, notamment en améliorant le soutien opérationnel et logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.  À cet égard, il s’est félicité de l’accord conclu entre les Nations Unies, l’Union européenne et les États membres du G5 Sahel.  En revanche, il a fait observer que les effectifs autorisés de la MINUSMA n’étaient toujours pas déployés à 100% et que les capacités de la Mission restaient insuffisantes. 

M. TIÉMAN HUBERT COULIBALY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a rappelé les quatre objectifs prioritaires du Président Ibrahim Boubacar Keita, qui s’inscrivent dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, et s’est félicité que le rapport du Secrétaire général reconnaisse cette « nouvelle dynamique impulsée au processus de paix ».  La tournée du Chef du gouvernement en mars dans les régions du nord et du centre a incarné l’espoir d’une paix et d’une réconciliation véritables, a-t-il ajouté.

Disant comprendre les impatiences concernant les retards dans la mise en œuvre de certaines dispositions de l’Accord, il a voulu rassurer sur la volonté ferme du Gouvernement de mener à bien ce processus de paix, sur la base de l’engagement résolu de toutes les parties concernées – y compris le Gouvernement, les mouvements signataires de l’Accord et les partenaires.

Le Ministre a évoqué les premiers acquis de cet accord, à savoir l’arrêt total de toute belligérance entre les parties signataires; le redéploiement progressif de l’administration dans les régions du nord et du centre à travers la nomination récente de préfets et sous-préfets; le renforcement en cours des autorités intérimaires avec l’allocation de ressources budgétaires importantes malgré des moyens limités; l’adoption le 22 mars de la feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par la vingt-troisième session du Comité de suivi de l’Accord; ou encore la tenue d’un atelier de haut niveau sur la réforme du secteur de la sécurité.

M. Coulibaly a ajouté à cette liste les discussions constructives sur le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), la gouvernance et la présence territoriale de l’État et le code des collectivités.  La tentative de révision de la Constitution est un autre signal fort de la volonté du Chef de l’État de mettre en œuvre les dispositions de l’Accord, a-t-il ajouté.  Mais « ces acquis sont fragiles, je le sais », a concédé M. Coulibaly en faisant référence à l’environnement complexe et difficile, caractérisé par les activités des organisations liées au terrorisme, à l’extrémisme violent et aux trafics en tout genre. 

Abordant le deuxième objectif prioritaire fixé par le Président –l’endiguement de l’insécurité grandissante dans les régions du centre–, le Ministre a loué les résultats de l’opérationnalisation du Plan de sécurisation intégrée de ces régions.  Il a assuré que l’État malien devait marquer de plus en plus sa présence et assurer les services sociaux de base aux populations de ces régions.  Les dimensions régionales de l’insécurité relèvent du mandat de la Force conjointe du G5 Sahel, a-t-il rappelé à ce propos en disant vouloir poursuivre son soutien à ce mécanisme.

Comme troisième priorité, le Ministre a cité l’organisation des élections en 2018 en assurant de la détermination du Gouvernement pour la tenue d’un premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet, avec un cadre de concertation régulier de tous les acteurs et des dispositions matérielles et logistiques déjà prises.  Il a souligné l’importance du respect des délais constitutionnels pour ces élections, ce à quoi le Gouvernement s’est engagé, tout en sollicitant le soutien de la communauté internationale.

Venant aux questions de droits de l’homme au Mali, le Ministre a dit que le Gouvernement avait fait ouvrir des enquêtes sur toutes les allégations de violations supposément commises dans le cadre des opérations de contre-terrorisme menées par les forces armées maliennes.  Il a parlé de la politique de tolérance zéro adoptée et affirmé qu’« aucune impunité ne sera accordée ».  En revanche, il a dit que le Gouvernement rejette les allégations contenues dans le rapport du Secrétaire général selon lesquelles l’armée malienne n’aurait rien fait pour empêcher les incendies des maisons des Peuls dans la région de Mopti, ainsi que des allégations concernant trois enfants détenus à Bamako.  Il a précisé que les trois enfants en question ont été remis à la Direction régionale de la femme et de l’enfant.

M. Coulibaly a salué la bonne collaboration entre le Gouvernement et la Division des droits de l’homme de la MINUSMA, ainsi que la nomination par le Secrétaire général des Nations Unies, à la demande de son gouvernement, des membres de la Commission d’enquête internationale sur les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises au Mali depuis janvier 2012.  Il s’est aussi félicité de la visite du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2374 le mois dernier.

Sur la situation humanitaire, qui demeure une priorité pour le Gouvernement, le Ministre a parlé en particulier des efforts menés sur le plan de l´éducation, avec notamment la réouverture des écoles, le recrutement d’enseignants et l’intégration des écoles coraniques des régions du centre dans le système de l’éducation formelle.  Il a appelé à honorer les engagements pour combler l’écart entre les ressources disponibles –environ 8 millions de dollars– et les besoins humanitaires urgents – estimés à 263 millions de dollars.

Enfin, le Ministre malien a souligné la nécessité de mobiliser des moyens accrus pour la MINUSMA, pour qu’elle soit à même de s’acquitter pleinement de son mandat.  Il a fondé l’espoir que l’examen stratégique indépendant en cours aboutisse à des recommandations pour l’élaboration de règles d’engagement capables d’inverser la tendance des attaques asymétriques à répétition contre les Casques bleus.

« La paix est donc possible au Mali », a conclu le Ministre en affirmant que la paix durable et la réconciliation sont proches, et en saluant le « travail remarquable » qu’accomplit la MINUSMA.

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