Armes de destruction massive: le Conseil de sécurité examine le travail du Comité 1540 dans le contexte d’une menace « claire et actuelle »
Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le Président du Comité du Conseil de sécurité établi en vertu de la résolution 1540 (2004), l’Ambassadeur Sacha Sergio Llorentty Solíz, représentant de la Bolivie, venu présenter les travaux récents et les projets pour l’année en cours du Comité, lequel venait juste d’adopter son programme de travail. Au-delà de ces travaux, les membres du Conseil ont rappelé le rôle essentiel de la résolution 1540 (2004) pour lutter contre la menace « claire et actuelle » de voir des armes de destruction massive tomber dans les mains de groupes non étatiques, y compris terroristes. Les attaques chimiques en Syrie et l’affaire de Salisbury au Royaume-Uni ont de nouveau été évoquées.
Le Comité 1540 compte en particulier tenir cette année des discussions sur les moyens de renforcer les lois nationales visant à lutter contre le risque de prolifération et tenir compte de la nature constamment évolutive de la menace. L’une des priorités du Comité est d’examiner les rapports nationaux que les États Membres doivent remettre périodiquement afin de rendre compte des mesures prises pour remplir les obligations mises à leur charge par la résolution 1540, un texte, a rappelé la représentante des États-Unis, qui « n’est pas facultatif ». De fait, si 180 États ont désormais remis au moins leur rapport initial, 13 n’en ont jamais présenté.
Superviser la « plateforme de coopération » que constitue la résolution 1540 n’est pas une gageure, a poursuivi le Président du Comité, affirmant que sans celle-ci, il serait impossible de s’attaquer, à l’échelle mondiale, au problème de la prolifération des armes de destruction massive.
La coopération est un aspect sur lequel beaucoup des intervenants ont insisté, et en premier lieu la Fédération de Russie. Celle-ci voit dans la résolution 1540 -qu’elle avait coparrainée avec les États-Unis- un « instrument de coopération et de service, et non de contrainte ». Ce n’est qu’en « travaillant ensemble dans le cadre des institutions que nous avons nous-mêmes mises en place que nous pourrons vaincre la menace », a pour sa part affirmé la représentante de la Suède, Vice-Présidente du Comité.
M. Llorentty Solíz a également mis l’accent sur les activités de plaidoyer et d’assistance du Comité, ces dernières étant très importantes pour permettre à tous les États de s’acquitter de leurs obligations. L’Éthiopie, qui a déploré le « retard » de l’Afrique –11 des 13 États qui n’ont jamais remis de rapport sont africains- a invité le Comité 1540 à renforcer sa coopération avec l’Union africaine et à perfectionner son cadre d’assistance pour combler les lacunes existantes.
Plusieurs délégations ont d’ailleurs insisté sur la coopération avec les organisations internationales et régionales. La Fédération de Russie a toutefois rappelé de que c’est aux gouvernements et aux États qu’incombe la mise en œuvre de la résolution. Certes, les organisations internationales et régionales, le secteur privé, les secteurs scientifique et académique et encore certaines branches de la société civile peuvent jouer un rôle utile, mais cette contribution reste secondaire par rapport au rôle des États, a argué le représentant russe.
Si les travaux du Comité ont été salués par la plupart des délégations, certaines -en particulier les États-Unis- ont regretté qu’il lui ait fallu trois mois pour adopter son programme de travail annuel. La Fédération de Russie a salué à ce sujet la « souplesse du Président », qui a permis d’inclure toutes les préoccupations exprimées par les différentes délégations, tandis que le Royaume-Uni a déploré qu’un « membre du Conseil ait cherché à entraver et diluer » les travaux du Comité. Celui-ci s’est réuni une fois en deux mois et ne s’est pas fixé des objectifs clairs, a accusé la représentante britannique en soulignant le « programme de travail ambitieux » du Comité. Tout en se disant « satisfait » de l’accord obtenu, son homologue des Pays-Bas a invité le Comité à « ne pas se montrer complaisant » et à travailler de manière efficace.
C’est que la possession d’armes de destruction massive par des groupes terroristes -et leur utilisation- est, comme l’a constaté la Pologne, passée de « menace » à « terrible réalité ». Rappelant que les terroristes de Daech avaient mis la main sur des armes chimiques, le représentant de la Fédération de Russie s’est lui aussi alarmé du « phénomène terrible du terrorisme chimique » et a demandé une action d’urgence.
L’usage répété d’armes chimiques en Syrie s’est ainsi de nouveau retrouvé au centre des préoccupations du Conseil de sécurité. Certains membres, comme la Suède ou la Guinée équatoriale, ont une fois encore déploré l’incapacité du Conseil à mettre en place un nouveau mécanisme d’enquête et de désignation sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, afin de « montrer au monde que ces armes restent inacceptables ».
Pour de nombreux intervenants, les « immenses pressions » qui pèsent sur le cadre mondial de non-prolifération ne tiennent pas seulement à la menace terroriste. En citant « la réémergence des armes chimiques », le représentant de la France a ainsi parlé de « la Syrie, avec leur emploi par le régime d’Assad et Daech », de l’attaque de Salisbury au Royaume-Uni, ainsi que du « risque persistant d’une Corée du Nord nucléaire ». La situation en République populaire démocratique de Corée a également été mentionnée par les délégations des États-Unis et du Pérou.
NON-PROLIFÉRATION DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE
Déclarations
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), Président du Comité du Conseil de sécurité établi en vertu de la résolution 1540 (2004), a rappelé l’importance de ladite résolution dans le cadre de l’effort mondial de prévention de la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs au profit de groupes non étatiques, y compris terroristes. C’est là, a-t-il insisté, une menace claire et actuelle. Superviser la plateforme de coopération que représente la résolution 1540 n’est pas une gageure, a-t-il affirmé, ajoutant que, sans coopération, il serait impossible de s’attaquer au problème à l’échelle mondiale. C’est dans ce cadre que M. Llorentty Solíz a dit vouloir rendre compte au Conseil de sécurité.
En 2018, le Comité 1540 continue de s’appuyer sur l’élan donné lors de son examen de 2016 et de l’adoption de la résolution 2325 (2016) qui vise la pleine mise en œuvre par tous les États de l’ensemble des obligations résultant de la résolution 1540. À cette fin, le Comité entend tenir des discussions sur les moyens de renforcer les lois nationales pertinentes, prendre note de la nature constamment évolutive des risques de prolifération et organiser des réunions à huis clos avec des experts sur les autres questions mises en lumière dans la résolution 2325.
Les rapports nationaux sur l’état de mise en œuvre de la résolution 1540 restent une des priorités du Comité 1540, a poursuivi son président, qui s’est félicité que deux nouveaux pays –le Zimbabwe et la Guinée équatoriale- aient présenté leur premier rapport en 2017, tandis que le Timor-Leste en a fait de même au début de cette année. Ce qui porte à 180 le nombre d’États qui se sont soumis à cette obligation. Mais il a fait observer que 13 États n’avaient toujours pas présenté de tels rapports. M. Llorentty Solíz a également indiqué que 101 États avaient désormais informé le Comité de l’existence d’un point de contact national pour la mise en œuvre de la résolution 1540. Il a rappelé que le Comité avait tenu en 2017, en Chine, un séminaire de formation sur ce point.
Poursuivant son exposé, M. Llorentty Solíz a détaillé les mesures prises pour encourager l’adoption de plans nationaux d’action volontaire pour la mise en œuvre de la résolution 1540, notamment la tenue de séminaires organisés par le Groupe d’experts du Comité. Ce dernier a par ailleurs continué de promouvoir le partage d’expériences, a dit M. Llorentty Solíz qui a cité en exemple les examens par les pairs entrepris l’an dernier par la Colombie et le Chili, et par le Bélarus, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Le Président du Comité a également mentionné les nouvelles demandes d’assistance reçues l’an dernier, de la part du Belize, du Kenya et du Tadjikistan, ainsi que toute une série d’échanges d’informations, séminaires et autres formes de plaidoyers entreprises par le Comité l’an dernier. Il a notamment signalé que la Bolivie prévoyait d’organiser, en coopération avec le Comité, une Conférence des États d’Amérique latine et de la Caraïbe sur la mise en œuvre de la résolution et son suivi à La Paz, les 9 et 10 mai prochains, et fait savoir que le Comité envisageait la tenue d’une autre conférence régionale d’assistance cette année.
M. Llorentty Solíz a par ailleurs rappelé qu’en décembre dernier, le Secrétaire général avait, après consultation du Comité 1540, nommé six nouveaux membres du Groupe d’experts, ajoutant que la nomination d’un coordonnateur devrait suivre prochainement.
M. Llorentty Solíz a ensuite présenté les présidents des différents groupes de travail du Comité et a remercié les États qui ont apporté des contributions au Fonds d’affectation spéciale pour les activités de désarmement à l’échelle mondiale et régionale en lien direct avec la mise en œuvre de la résolution 1540. Sans de telles contributions, le travail du Comité serait gravement affecté, a affirmé son président.
Le Président du Comité a rappelé que des objectifs de coopération spécifiques avec des organisations régionales et internationales avaient été prévus par la résolution 2325. Il a fait état de la réunion tenue cette année par le Groupe d’experts du Comité avec l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme sur les moyens de collaborer, notamment en ce qui concerne le risque de mauvaise utilisation par des acteurs non étatiques des nouvelles découvertes scientifiques ou technologiques. Il s’est également prononcé pour un dialogue actif entre les États et l’industrie dans le cadre du Processus de Wiesbaden.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré que le Comité 1540 est un élément vital de l’ordre international. Elle a prévenu que l’emploi d’armes chimiques pourrait devenir monnaie courante dans les combats, comme l’ont montré les événements des dernières semaines. La déléguée a insisté sur le danger posé par l’emploi de telles armes par des groupes non étatiques, avant de dénoncer leur usage par des acteurs étatiques à Douma et à Salisbury. S’agissant de l’attaque de Salisbury, elle a demandé une réunion du Conseil la semaine prochaine pour examiner les conclusions de l’OIAC sur ladite attaque.
La représentante a mis en garde contre l’emploi en toute impunité des armes de destruction massive, « un véritable cauchemar pour les civils », a-t-elle dit. « Nous ne devons pas simplement condamner cet emploi mais agir pour que les responsables répondent de leurs actes », a-t-elle souhaité. Mme Pierce a regretté qu’un membre du Conseil ait cherché à entraver et diluer les travaux du Comité. Ce Comité s’est réuni une fois en deux mois et ne s’est pas fixé des objectifs clairs, a-t-elle déclaré, en disant ne pas comprendre qu’un État Membre puisse vouloir entraver le travail du Comité. « Nous avons un programme de travail ambitieux et devons le mettre en œuvre », a conclu la représentante.
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déclaré que son pays a présenté son premier rapport au Comité 1540 en 2017 et qu’il continue d’œuvrer à la pleine application de la résolution 1540 (2004). Il a dit sa préoccupation devant le risque que des armes de destruction massive tombent entre les mains de groupes non étatiques. Il a donc plaidé pour que les États développés aident les États en développement à tout faire pour que les terroristes ne mettent pas la main sur des matières premières nécessaires à la confection de telles armes.
Le représentant a aussi demandé la destruction de toutes les armes de destruction massive afin que l’humanité ne vive pas avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Il a ensuite dénoncé l’impuissance du Conseil de sécurité face à l’emploi d’armes chimiques en Syrie. « Est-ce si difficile de nous mettre d’accord sur un mécanisme d’attribution des responsabilités? » a-t-il demandé. Le représentant a jugé urgent de travailler sur une nouvelle résolution en vue de créer un tel mécanisme.
M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a cité les menaces pesant sur le régime de non-prolifération, parmi lesquelles « le risque persistant d’une Corée du Nord nucléaire, la poursuite d’activités déstabilisatrices au Moyen-Orient et la réémergence des armes chimiques, en Syrie avec son emploi par le régime d’Assad et Daech, à Salisbury et ailleurs ». Le risque de voir des acteurs non étatiques mettre la main sur des matériels sensibles est une dangereuse réalité, a-t-il poursuivi, en soulignant la « raison d’être » plus que jamais d’actualité du Comité 1540. Pour M. Michon, ce comité est l’architecte de l’action de tous les États face à la prolifération.
Le délégué a souligné la nécessité de prévenir et réprimer le financement de la prolifération, de sécuriser les biens et matériels sensibles et renforcer les contrôles aux exportations. Mon pays est particulièrement impliqué dans la prévention des risques d’acquisition par des terroristes de matières nucléaires et radioactives sensibles, notamment les sources radioactives dont nous appelons à renforcer la sécurité, a-t-il déclaré.
Le représentant français a dit attacher une importance particulière au renforcement de la dimension régionale de la logique d’assistance et à une mise en cohérence accrue des besoins et de l’offre proposée. M. Michon a appelé au renforcement des synergies à l’extérieur de l’ONU, comme l’AIEA, l’OIAC, l’Organisation mondiale des douanes notamment, ou en son sein, avec les comités traitant du terrorisme. « Il ne peut y avoir d’alternative au régime de non-prolifération », a-t-il conclu.
Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a rappelé que la résolution 1540 (2004) avait, à l’époque de son adoption, été considérée comme un jalon et une résolution phare, et qu’elle était devenue depuis un des éléments centraux du régime mondial de non-prolifération des armes de destruction massive. L’utilisation de telles armes en Malaisie ou au Royaume-Uni, et leur usage « systématique et honteux » en Syrie montrent bien que la question est d’actualité, a argué la représentante, qui a aussi dénoncé l’irresponsabilité de ceux qui prennent le risque de les laisser tomber entre les mains d’acteurs non étatiques.
Les États-Unis continueront à mettre l’accent sur le renforcement des mesures de non-prolifération, afin d’assurer leur propre sécurité et celle du monde, a poursuivi Mme Tachco. Pour la représentante, la pleine application de la résolution 1540 est essentielle. Les États-Unis continueront donc d’appuyer les organisations régionales et internationales qui traitent de la question, de même qu’ils poursuivront leur coopération bilatérale avec leurs nombreux partenaires, auxquels, a rappelé la représentante, ils ont déjà accordé « des centaines de millions de dollars » à ce titre. Mme Tachco a en outre félicité la Bolivie pour l’organisation d’une conférence régionale le mois prochain à La Paz et précisé que les États-Unis avaient financé la coordination de l’événement au sein de l’Organisation des États américains (OEA).
Mme Tachco a toutefois déploré que le Comité ait mis près de trois mois pour adopter son plan de travail pour 2018. Se félicitant néanmoins que le Comité entende s’attaquer aux menaces les plus actuelles, la représentante a estimé qu’il devrait se réunir plus régulièrement et adopter une stratégie claire. Il devrait notamment lancer dès maintenant le processus officiel de nomination d’un coordonnateur de son Groupe d’experts, a-t-elle recommandé. Rappelant que la résolution 2325 (2016) traite aussi des défis présentés par les transferts de technologies, elle a souhaité que le Comité se saisisse des importantes ressources offertes par l’industrie et le secteur privé.
Les dispositions de la résolution 1540 « ne sont pas facultatives », elles lient tous les États Membres, a rappelé la représentante, qui a conclu en affirmant que, dans le contexte actuel, il n’existe pas de plus grands risques qu’un « programme d’armes nucléaires non officiellement mentionné ».
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a déclaré que la menace d’emploi d’armes de destruction massive est et demeure bien réelle. Il a insisté sur l’importance de la résolution 1540 (2004) pour faire face à ladite menace et compléter le travail accompli par l’AIEA dans le domaine de la sécurité nucléaire. « La pleine application de cette résolution doit être notre priorité à tous », a-t-il déclaré. Le délégué s’est ensuite dit satisfait de l’accord conclu relatif au programme de travail du Comité 1540 et salué son homologue de la Bolivie pour ce résultat. « Mais nous ne devons pas nous montrer complaisants », a-t-il poursuivi, en exhortant le Comité à travailler de manière efficace, dans la lignée des mesures prévues par la résolution 2325 (2016). Enfin, le représentant des Pays-Bas a apporté son soutien au Comité 1540.
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a dit appuyer pleinement la mise en œuvre des différents instruments de non-prolifération portant sur les diverses armes de destruction massive. En traitant des risques liés à la prolifération des armes de destruction massive aux mains d’acteurs non étatiques, la résolution 1540 joue un rôle particulièrement important, a estimé la représentante, qui s’est inquiétée de la prolifération de telles armes aux mains de groupes terroristes, devenue « une terrible réalité ». Elle a rappelé à cet égard que le défunt Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU avait attribué certaines des attaques à l’arme chimique menées en Syrie à Daech.
Mme Wronecka a ensuite cité différentes entités, notamment européennes, qui disposent d’outils permettant aux États de mieux mettre en œuvre leurs obligations au titre de la résolution 1540. Concernant le Groupe d’experts du Comité 1540, la représentante a demandé qu’il se réunisse mensuellement et a souhaité que la sélection du nouveau coordonnateur du Groupe d’experts soit rapidement achevée.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a jugé le travail du Comité 1540 plus pertinent que jamais. Il a assuré que son pays continuera de contribuer au Fonds d’affectation spéciale pour les activités de désarmement à l’échelle mondiale et régionale en vue d’appuyer ledit comité. Le délégué a insisté sur le danger posé par l’emploi d’armes de destruction massive par des groupes non étatiques et salué le travail accompli par le Comité face à une telle menace. Il s’est ensuite dit en faveur de la reprise des sommets sur la sûreté nucléaire tels qu’organisés entre 2010 et 2016, avant de mentionner l’initiative de son pays en vue de la création d’un registre de l’ONU sur les développements scientifiques conduisant à la création et à l’avancement des armes de destruction massive. Enfin, le représentant a apporté son soutien au programme de travail du Comité 1540 et souhaité sa bonne exécution.
M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a rappelé que, 14 ans après l’adoption de la résolution 1540, le monde continuait de vivre sous la menace persistante des armes de destruction massive, qui constituent un véritable défi à la non-prolifération. Malgré des succès, il reste beaucoup à faire, a estimé le représentant, et ce, du fait de la menace d’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques. C’est pourquoi la Côte d’Ivoire appuie fortement l’option qui consiste à prévenir la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, avec la mise en place de dispositifs de contrôle appropriés.
Le représentant a notamment attiré l’attention sur les importants stocks de matières fissiles qui échappent à toute réglementation internationale et pourraient être utilisés pour fabriquer des armes de destruction massive. Il a aussi appelé les États à respecter leurs engagements au titre de la Convention sur les armes chimiques avant de mettre en avant l’importance du renforcement des capacités nationales, de l’assistance et de la sensibilisation.
M. Tanoh-Boutchoué s’est félicité du rôle et du travail du Comité 1540, et notamment de sa coopération accrue avec les organisations internationales et avec les organisations régionales et sous-régionales. Il s’est également félicité du second examen approfondi du Comité, mené en 2016, et de l’adoption par le Comité de son programme de travail.
M. WU HAITAO (Chine) a salué le travail accompli par le Comité 1540 ayant conduit à des « résultats positifs » s’agissant du renforcement du régime de non-prolifération, même si la situation globale demeure difficile. Chaque pays doit œuvrer au renforcement de la sécurité internationale, sur la base d’une coopération pragmatique, a-t-il prôné. Il a rappelé que la responsabilité première de la non-prolifération incombe aux gouvernements, avant de souligner l’importance de l’assistance technique à apporter aux pays en développement dans ce domaine. La résolution 1540 (2004) doit être appliquée intégralement et le Comité 1540 doit travailler efficacement, a-t-il souhaité. « La Chine est contre la prolifération », a conclu le délégué.
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004), 180 États ayant présenté leur rapport en vertu de cette résolution. Sur les 13 pays qui ne l’ont pas encore fait, 11 se trouvent en Afrique, a-t-il déploré en relevant que « l’Afrique est en retard » sur ce plan. M. Alemu a appelé le Comité 1540 à renforcer sa coopération avec l’Union africaine ainsi qu’à perfectionner son cadre d’assistance pour combler les lacunes existantes. Une coopération accrue entre le Groupe d’experts du Comité 1540 et les groupes d’experts prévus par les résolutions 1526 (2004) et 2253 (2015) concernant les Taliban, Al-Qaida et Daech devrait être envisagée, a-t-il ajouté. Enfin, le délégué a réaffirmé l’engagement de l’Éthiopie afin que des armes de destruction massive ne tombent pas entre les mains de groupes terroristes.
M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a salué la souplesse du Président du Comité 1540, estimant qu’il avait permis d’inclure toutes les préoccupations exprimées dans le programme de travail. Face au risque de prolifération d’armes de destruction massive dans les mains d’acteurs non étatiques, le représentant a salué le rôle crucial joué par la résolution 1540, dont, a-t-il rappelé, les coauteurs avaient été la Fédération de Russie et les États-Unis. Cette résolution représente un « socle » pour éviter que les armes de destruction massive ne tombent aux mains d’acteurs non étatiques, a estimé le représentant, qui l’a présentée comme un « instrument de coopération et de service, et non de contrainte ». C’est aux gouvernements et aux États qu’incombe la mise en œuvre de la résolution 1540, a-t-il par ailleurs insisté. Si les organisations internationales et régionales, le secteur privé, les secteurs scientifique et académique et encore certaines branches de la société civile peuvent jouer un rôle utile, celui-ci reste secondaire par rapport à celui des États, a-t-il argué.
Le représentant a ensuite dit son opposition à la création de « nouvelles structures bureaucratiques », de même qu’à la formulation de « propositions radicales et non approfondies » qui risqueraient selon lui de gêner les travaux du Comité. Ce dernier doit être guidé par le principe de coopération et de « non-nuisance », a poursuivi le représentant.
Rappelant que l’État islamique d’Iraq et du Levant avait mis la main sur des armes chimiques, M. Safronkov s’est alarmé du « phénomène terrible du terrorisme chimique » et a demandé une action d’urgence. Il a appelé à bien comprendre la dynamique de la situation en Syrie en affirmant que les terroristes qui ont acquis la maîtrise d’armes chimiques en Syrie « vont chercher à se réfugier dans les pays tiers ». Concernant la Ghouta orientale, il a souhaité que les experts de l’OIAC puissent enquêter sur les allégations concernant l’attaque de Douma. Enfin, abordant l’attaque chimique de Salisbury, le représentant a affirmé que la Fédération de Russie « attend une enquête approfondie et des réponses aux questions que nous avons posées », et a dénoncé les « remarques sans fondement » de la représentante du Royaume-Uni.
Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) s’est félicitée de l’évolution importante du travail du Comité l’an passé et en particulier de la nomination de six nouveaux experts en décembre dernier, en relevant que trois avaient déjà pris leurs fonctions. Elle a souhaité une rapide nomination du coordonnateur du Groupe d’experts et s’est dite heureuse que le programme de travail du Comité ait pu être adopté ce matin. En outre, elle a encouragé l’intensification de la coopération entre le Comité 1540 et le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, ainsi qu’avec d’autres comités.
La Suède appuie le renforcement de tous les régimes de non-prolifération d’armes de destruction massive, alors même que le cadre mondial de non-prolifération subit d’« immenses pressions », a poursuivi Mme Schoulgin Nyoni, qui a illustré cette pression par l’usage répété d’armes chimiques. « Nous devons montrer au monde que ces armes restent inacceptables », a répété la représentante, qui a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de mettre en place un nouveau mécanisme d’enquête sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.
Rappelant les risques inhérents aux transferts de technologies, un problème soulevé de manière récurrente lors de l’examen approfondi de 2016, Mme Schoulgin Nyoni a assuré qu’en tant que Vice-Présidente du Comité 1540, la Suède étudiait actuellement les moyens de poursuivre les efforts sur cette question. La Suède contribue aussi à la mise en œuvre de la résolution 1540 par son programme de coopération en matière de sûreté nucléaire et son engagement dans le cadre du partenariat mondial du G7, au sein duquel la Suède copréside le sous-groupe sur la biosécurité. À l’heure où la menace que représentent pour la paix et la sécurité internationales les armes de destruction massive est claire et actuelle, « ce n’est qu’en travaillant ensemble dans le cadre des institutions que nous avons nous-mêmes mises en place que nous pourrons vaincre la menace », a conclu Mme Schoulgin Nyoni.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) en vue de son universalisation. Il a souhaité que les 13 États qui n’ont pas fourni de rapport malgré ce qui est prévu par la résolution le fassent le plus rapidement possible. Le représentant du Koweït a soutenu le programme de travail du Comité 1540 et exhorté tous les États Membres à soutenir ce comité. Il s’est dit très préoccupé par les menaces pesant sur le régime de non-prolifération, en évoquant la « tragédie syrienne » et l’emploi d’armes chimiques à Douma. Enfin, le délégué s’est dit en faveur en l’élimination totale des armes de destruction massive dans le monde, « à commencer par le Moyen-Orient », a-t-il précisé.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a mis en exergue le travail réalisé par le Comité 1540 et appelé tous les États à veiller à appliquer pleinement la résolution 1540. Le Pérou s’est toujours engagé en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive, ainsi que pour un désarmement mondial, a affirmé le représentant, qui a rappelé la menace que représente le passage de telles armes dans les mains de groupes terroristes. C’est la plus grande menace pour la paix et la sécurité internationales à l’heure actuelle, a estimé le représentant. Il a également cité le défi majeur que représente le programme nucléaire militaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), avant d’insister sur l’importance du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien.
Le représentant a ensuite abordé le problème de l’utilisation abusive des progrès scientifiques pour faciliter le transfert illicite de technologies. Il a prôné à cet égard que tous les pays se dotent de mesures nationales efficaces de contrôle, comme le demande la résolution 2325 (2016).