En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale engage à contribuer au nouveau Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière et proclame le 3 juin « Journée mondiale de la bicyclette »

Soixante-douzième session,
82e séance plénière – matin
AG/12008

L’Assemblée générale engage à contribuer au nouveau Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière et proclame le 3 juin « Journée mondiale de la bicyclette »

Aujourd’hui comme chaque jour, 3 400 personnes ont perdu la vie dans des accidents de la circulation.  C’est le bilan de ces accidents dans le monde qui a conduit l’Assemblée générale à adopter, ce matin, une résolution visant l’« amélioration de la sécurité routière », après que la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a annoncé la création effective du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière.

L’Assemblée, qui a également proclamé le 3 juin « Journée mondiale de la bicyclette », s’est aussi prononcée sur d’autres sujets, comme la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles, et le sauvetage de la mer d’Aral. 

Les accidents de la route, qui sont la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes âgés de 15 à 29 ans, font plus de 1,3 million de décès par an et jusqu’à 50 millions de blessés, dont 90% des victimes dans les pays en développement.  Face à cette « crise humanitaire silencieuse », selon les mots de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, une quinzaine de délégations ont fait part de leur inquiétude: au rythme actuel, la cible 3.6 des objectifs de développement durable -diminuer de moitié, à l’échelle mondiale, le nombre de décès et de blessures dus à des accidents de la route- ne sera pas atteinte d’ici à 2020.

La création du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière fait suite à la demande de l’Assemblée générale au Secrétaire général, a indiqué Mme Mohammed en précisant que cet effort doit permettre de soutenir la mise en œuvre du Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020 et les objectifs de développement durable en rapport avec la sécurité routière.

« Avec ce Fonds et la résolution de ce jour, il existe une nouvelle possibilité de synergie, d’efficacité et d’action coordonnée », s’est-elle félicitée en notant que la communauté internationale a « une chance de sauver la vie de millions de personnes à travers le monde, et de prévenir les blessures, les souffrances et les pertes d’opportunités liées aux accidents de la route ».   

L’Assemblée générale s’est donc félicitée de la mise en place du Fonds et a engagé tous les acteurs de la sécurité routière à y contribuer.  Elle a aussi préconisé la tenue, à un moment opportun après 2020, d’une réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde, qui visera à évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des cibles du Programme 2030 liées à cette question.  Ladite réunion interviendra la même année que la troisième Conférence mondiale sur la sécurité routière qui aura lieu en Suède.

Cette adoption a été l’occasion pour plusieurs délégations de présenter les mesures prises ou envisagées dans la lutte contre les accidents de la circulation dont le coût économique pour certains pays atteint 5% du produit intérieur brut (PIB) annuel.  Pourtant, ont-ils noté, la très grande majorité des décès et des traumatismes dus aux accidents de la circulation sont évitables.  C’est pour renforcer la lutte contre ce fléau que certains ont proposé une nouvelle Décennie d’action pour la sécurité routière entre 2021-2030. 

Dans la résolution adoptée, l’Assemblée encourage également les États Membres à promouvoir des modes de transport de qualité, écologiques, sûrs et accessibles, à un coût abordable, en particulier des modes de transport publics et non motorisés.  Les vélos, qui sont utilisés chaque jour par un milliard de personnes dans le monde, seront d’ailleurs désormais à l’honneur chaque 3 juin pour la « Journée mondiale de la bicyclette ».  Le texte adopté à ce sujet précise que l’utilisation de la bicyclette comme moyen de transport permet d’améliorer la santé de manière générale.

La santé était encore au cœur des préoccupations de l’Assemblée générale lors de cette séance qui a conduit à l’adoption d’une autre résolution prévoyant la tenue d’une réunion de haut niveau sur l’état des lieux de la prévention et de la maîtrise des maladies non transmissibles.  Celle-ci se tiendra à New York au troisième jour du débat général de sa soixante-treizième session.

Par un autre texte, l’Assemblée générale a demandé de renforcer la coopération et la coordination entre le système des Nations Unies et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral qui dépérit depuis des décennies, avec un impact néfaste sur la faune, la flore et la vie des populations.

Par ailleurs, l’Assemblée générale a décidé que le thème principal de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud s’intitulera « Rôle de la coopération Sud-Sud et mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030: difficultés et perspectives ». 

Enfin, elle a autorisé le Secrétaire général à fournir gracieusement des locaux à l’« Association internationale des Représentants permanents auprès de l’Organisation des Nations Unies », une association qui existe depuis 1988. 

AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE MONDIALE

Projet de résolution (A/72/L.48)

L’Assemblée générale a adopté par consensus la résolution intitulée « Amélioration de la sécurité routière mondiale » aux termes de laquelle elle se félicite de la mise en place du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière, destiné à appuyer l’action menée en vue de la réalisation des objectifs de développement durable liés à la sécurité routière et des autres cibles mondiales en la matière.  L’Assemblée engage tous les acteurs de la sécurité routière à y contribuer.

L’Assemblée note en effet que les accidents constituent la principale cause de décès et de traumatismes à l’échelle mondiale, tuant plus de 1,3 million de personnes et faisant jusqu’à 50 millions de blessés par an, 90% des victimes étant dans les pays en développement.  Qui plus est, elle se dit préoccupée par le fait que les accidents de la circulation sont la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes âgés de 15 à 29 ans.

Au rythme de progression actuel, la cible 3.6 des objectifs de développement durable ne sera pas atteinte, constate l’Assemblée qui invite de nouveau les États Membres et la communauté internationale à intensifier leur collaboration à l’échelle nationale, régionale et internationale, afin d’atteindre les cibles ambitieuses ayant trait à la sécurité routière définies dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Ce texte encourage également les États Membres à promouvoir des modes de transport de qualité, écologiques, sûrs et accessibles, à un coût abordable, en particulier des modes de transport publics et non motorisés. 

L’Assemblée préconise enfin la tenue, à un moment opportun après 2020, d’une réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde, qui visera à évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des cibles du Programme 2030 liées à la sécurité routière.

Avant l’adoption de ce texte, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a souligné le nombre important de morts et de blessés que font les accidents de la route chaque année, se désolant que ces accidents soient la principale cause de décès des jeunes et soient, en outre, responsables de la pauvreté de millions de personnes.  Pas plus tard que la semaine dernière, les réalités personnelles profondément affligeantes derrière de telles statistiques nous ont été rappelées, a-t-elle dit en citant les accidents de la route tragiques au Canada et en Inde et qui ont complètement bouleversé des familles et des communautés.  Elle a présenté ses sincères condoléances à tous ceux qui ont été touchés par ces événements.

Pour l’avenir, Mme Mohammed a souligné l’importance de tenir compte de la croissance de l’urbanisation, de la motorisation, du développement des infrastructures et du nombre de véhicules dans le monde.  C’est pourquoi, a-t-elle plaidé, il faut mettre en place des mesures pour éviter que le nombre de morts et de blessés du fait d’accidents de la route ne continue de s’élever.

La Vice-Secrétaire générale a misé sur la troisième conférence mondiale de haut niveau sur la sécurité routière qui aura lieu en Suède en 2020, espérant qu’elle apporte une contribution importante.  Elle a indiqué qu’après la demande faite par l’Assemblée générale au Secrétaire général, le Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière est donc créé pour soutenir la mise en œuvre du Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020 et les objectifs de développement durable en rapport avec la sécurité routière.  Elle a remercié les entités du secteur privé qui ont promis des contributions initiales au Fonds. 

Maintenant, a invité la Vice-Secrétaire générale, nous devons commencer à mettre en commun nos ressources et notre expertise pour avoir un réel impact sur nos objectifs mondiaux pendant les trois années restantes de la Décennie d’action pour la sécurité routière et au cours de la durée du Programme 2030.  Avec la résolution de ce jour et la création du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la sécurité routière, il existe une nouvelle possibilité de synergie, d’efficacité et d’action coordonnée, s’est-elle félicitée.  Et par cette action, « nous avons une chance de sauver la vie de millions de personnes à travers le monde, et de prévenir les blessures, les souffrances et les pertes d’opportunités liées aux accidents de la route ».  Elle a conclu son intervention en lançant un appel à tous les acteurs de la sécurité routière, y compris les États Membres, pour qu’ils contribuent au Fonds et redoublent d’efforts pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de sécurité routière.

M. ALEKSANDR V. GOROVOY, Premier Vice-Ministre de l’intérieur de la Fédération de Russie, a présenté le projet de résolution, avant de saluer la diminution du nombre de morts sur les routes de son pays au cours des six dernières années, qui a baissé d’un tiers du fait des mesures prises par son gouvernement.  Il a expliqué que ce texte se focalise sur le renforcement de la coopération multilatérale pour réduire le nombre de victimes des accidents de la circulation.  Le document souligne qu’une réponse mondiale aux défis de la sécurité routière n’est possible qu’avec la participation de toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé et la société civile, a-t-il fait remarquer.

M. GERARDUS VAN DEN AKKER, de l’Union européenne, a dit que l’objectif poursuivi est d’arriver à ce qu’il n’y ait plus de mort sur les routes de l’Union européenne d’ici à 2050.  Le Cadre européen de sécurité routière 2011-2020 guide les efforts des États en ce sens, a-t-il indiqué en énonçant ses priorités, par exemple la réduction des accidents de la route en zone rurale ou encore la protection des usagers vulnérables - les piétons, les cyclistes, les motocyclistes, les enfants et les personnes âgées.  Ces mesures ont permis, s’est-il félicité, la baisse du nombre de morts sur les routes de 20% entre 2010 et 2017.  L’Union européenne voulant faire davantage de progrès, elle a adopté la Déclaration de La Valette en mars 2017, un guide pour l’application du nouveau cadre politique 2020-2030 sur la sécurité routière au sein de l’Union européenne.

Mme ISABELLE F. PICCO (Monaco) a dit que son pays privilégie la prévention et en premier lieu l’éducation des futurs usagers.  Les autorités insistent donc sur l’enseignement des risques et des règles applicables pour chacun des types d’usagers de la route.  Un enseignement, du reste obligatoire, est intégré dans le cursus scolaire dès le collège.  En outre, Monaco punit sévèrement les usagers qui adoptent des comportements dangereux tels que la conduite sous l’emprise d’alcool ou de substance psychoactive, a précisé la représentante.

Le Ministre des infrastructures du Luxembourg, M. FRANÇOIS BAUSCH, a regretté que 3 400 personnes perdent la vie chaque jour du fait des accidents de la circulation dans le monde.  Le nombre de morts dans ces circonstances sur 200 jours est équivalent à la population de son pays, a-t-il dit en imaginant ainsi le Luxembourg rayé de la carte de la terre en une si courte période.  Il a rappelé que dans les années 1970, le Luxembourg comptait 100 décès par an du fait des accidents de la circulation.  En 2010, on en était à 32, soit une baisse de 68%, s’est-il enorgueilli avant de citer un éventail de mesures prises par son gouvernement qui vise maintenant l’objectif de zéro décès.

Mme SIGRUN RAWET (Suède) a dit que son pays serait honoré d’accueillir, en 2020, la troisième Conférence mondiale de haut niveau sur la sécurité routière.  Dans son pays, les autorités travaillent à rendre concrète la stratégie « vision zéro » adoptée en 1997 pour réduire les pertes en vies humaines des suites d’accidents de la route.

M. MAJID YAHYA KHALIFA AL MUGHAIRI (Oman) a salué la réduction des accidents de la route dans le sultanat, et ce, malgré l’augmentation considérable du nombre de voitures en circulation sur son territoire.

Le Prince MICHAEL DE KENT, membre de la famille royale du Royaume-Uni, a rendu hommage au réseau routier britannique qui est « l’un des plus sûrs au monde ».  Cela est dû aux mesures prises par son gouvernement qui a vu passer le nombre de morts sur les routes de 7 000 en 1931, quand le pays comptait à peine 2,3 millions de véhicules, à 1 700 de nos jours avec pourtant 38 millions d’automobiles.  Sur le plan international, le Ministère britannique du développement international (DFID) participe à des programmes de sécurité routière de la Banque mondiale. 

M. LLEW O’BRIEN, membre du Parlement d’Australie, a indiqué que son pays avait adopté une approche sûre dans le domaine de la sécurité routière, insistant sur l’importance de l’échange d’expériences et de bonnes pratiques entre États sur la question.  C’est dans cette optique que l’Australie a accueilli les manifestations de la Semaine de la sécurité routière de 2017 des pays du Pacifique occidental.

M. ANDRIAN CANDU, Président du Parlement de Moldova, a plaidé pour des mesures législatives, des campagnes de sensibilisation et la mise en place d’infrastructures adéquates afin de réduire le nombre de victimes d’accidents de la route.  Son pays a vu une baisse des morts sur ses routes de 30% entre 2010 et 2016, mais vit une remontée des chiffres ces derniers temps. 

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a témoigné que les campagnes de sensibilisation sur la sécurité routière sont de mise dans son pays, notamment dans les régions rurales.  Le but est de connecter les producteurs locaux aux marchés pour lutter contre la pauvreté, mais en toute sécurité.

M. CESAR V. SARMIENTO (Philippines) a parlé des sept mesures clefs prises par son gouvernement, y compris des lois.  Ces mesures concernent l’usage obligatoire de ceintures de sécurité; le port obligatoire du casque pour les motocyclistes; la lutte contre l’usage de l’alcool et des drogues par les usagers de la route; l’interdiction aux motocyclistes de transporter des enfants; la lutte contre les distractions pour ceux qui sont pris en flagrant délit d’utilisation de téléphone au volant; les limitations de vitesse partout; et les tests antidrogues auxquels sont soumis les usagers de la route voulant faire prolonger leur permis de conduire.

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a insisté pour sa part sur la nécessité de mobiliser un engagement politique renforcé et de disposer de davantage de fonds si l’on veut réaliser la cible 3.6 des objectifs de développement durable d’ici à 2020.  La tolérance zéro en matière d’usage de l’alcool par les automobilistes a permis de faire baisser le nombre de victimes des accidents de la route dans son pays, a-t-il noté.  En janvier dernier, la Congrès brésilien a approuvé une loi qui vise la diminution de moitié du nombre de victimes de la route d’ici à 10 ans.  Il a rappelé que c’est le Brésil qui avait abrité la deuxième Conférence mondiale de haut niveau sur la sécurité routière en 2015.

Mme OLGA SEHNALOVÁ (République tchèque) a salué particulièrement la directive européenne qui a établi un numéro vert des secours sur les routes, le 112, une mesure qui a le potentiel de sauver 2 500 vies par an.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a souligné que le territoire de son pays est constitué à 85% de montagnes, ce qui rend difficile la construction des routes.  Il a également attiré l’attention sur le caractère dangereux du transport sur ces routes de montagne ainsi que son coût élevé.

Mme GIRON (Espagne) a dit que son pays avait connu son record de morts sur les routes en 1989, soit 5 940.  L’Espagne a ensuite connu, entre 2004 et 2014, une réduction de 62% du nombre d’accidents de la route.  Le pays entend réviser sa stratégie nationale de sécurité routière afin d’y intégrer les vélos et d’impliquer davantage les communautés locales et la société civile dans la prévention, notamment les victimes d’accidents et les membres de leur famille.  Elle a également prôné la recherche et l’innovation en matière de sécurité routière.  Un thème qui sera débattu la semaine prochaine au cours de la septième assemblée générale de l’Observatoire ibéro-américain sur la sécurité routière, a-t-elle annoncé.

M. ALADE AKINREMI BOLAJI (Nigéria) a indiqué que son pays avait créé en octobre 2017 un fonds d’affectation spéciale pour les routes afin d’accélérer la mise en place d’infrastructures routières.  Ce fonds bénéficie d’un budget de 37 millions de dollars rien que pour 2018 et entend débloquer 700 millions de dollars au cours de la prochaine décennie afin de sauver cinq millions de vie et éviter 50 millions de blessés au Nigéria du fait des accidents de la route.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a relevé que son pays était l’un des plus atteints par les accidents de la circulation du fait des comportements des usagers de la route qui conduisent en état d’ébriété, ne portent pas de casque à moto ou de ceinture de sécurité en voiture.  Les autorités entendent renforcer le cadre législatif entourant la sécurité routière et améliorer la collecte des données relatives aux accidents de la route, a-t-il dit avant de mentionner aussi l’introduction de cours sur la sécurité routière dès le primaire.

Mme LIANA GHUKASYAN, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a parlé des accidents de la route comme d’une « crise humanitaire silencieuse » car peu évoquée par les décideurs malgré le 1,3 million de morts par an dans le monde.  En attendant la fin de la Décennie mondiale, elle a invité les États à mettre en œuvre les 12 objectifs généraux volontaires concernant les facteurs d’insécurité routière et des mécanismes de prestation de services.

M. DAVID ASHLEY BAGWELL (États-Unis) a dit que son pays se dissociait de certains paragraphes du dispositif, précisant notamment que ce texte n’est pas contraignant et ne donne pas lieu à des engagements financiers de la part des États Membres.  Il a insisté sur le fait que chaque pays est libre d’appliquer ce texte en tenant compte de ses propres priorités nationales et de sa législation, rappelant en outre que les « normes techniques » dont il est fait mention dans le préambule ne sont pas des normes approuvées par l’Assemblée générale de l’ONU et pourraient prêter à confusion.  

Adoption de la résolution sur « Le sport au service du développement et de la paix: édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique » (A/72/L.43)

Le 3 juin sera désormais la Journée mondiale de la bicyclette en vertu de ce texte adopté par consensus par l’Assemblée générale.  L’Assemblée encourage ainsi les États Membres à adopter des politiques et des mesures destinées à protéger activement les piétons et à promouvoir l’utilisation de la bicyclette comme moyen de transport, en vue d’améliorer la santé de manière générale, s’agissant en particulier de la prévention des blessures et des maladies non contagieuses.

Les États Membres devront adopter les meilleures pratiques et les moyens permettant de promouvoir l’utilisation de la bicyclette auprès de tous les membres de la société, encourage l’Assemblée qui se félicite, à cet égard, des initiatives visant à organiser des promenades à bicyclette aux échelles nationale et locale en tant que moyen de fortifier la santé et le bien-être physiques et mentaux et de développer une culture du cyclisme dans la société.

En présentant ce texte, Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a indiqué qu’environ un milliard de personnes se déplacent à vélo chaque jour dans le monde.  La Journée entend donc célébrer cet outil qu’utilisent les Hommes depuis déjà deux siècles, à la fois pour le transport et pour le sport.

Décision sur la question « Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes » (A/72/L.47)

L’Assemblée générale a décidé que le thème principal de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud s’intitulera « Rôle de la coopération Sud-Sud et mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030: difficultés et perspectives ».

Après l’adoption de cette décision, le délégué de l’Égypte, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a tenu à préciser que la coopération Sud-Sud ne remplace pas la coopération Nord-Sud mais la complète.  Le G77 attend également que le Corps commun d’inspection présente, d’ici à la fin de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, un rapport sur les progrès de la mise en œuvre des recommandations formulées par cette dernière sur le renforcement du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud.

Le représentant des États-Unis a dit que son pays estime que l’on n’a pas besoin de se servir de plateformes multilatérales comme l’ONU pour glorifier des actions de coopération bilatérale de dirigeants de certains pays.

La Représentante de l’Union européenne a proposé que la résolution annuelle de l’Assemblée générale sur la coopération Sud-Sud soit désormais remplacée par une décision portant sur le document final qui sera adopté au cours de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud.

Adoption d’une résolution sur le thème « Développement durable » (A/72/L.42)

Dans cette résolution, intitulée « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral » et adoptée par consensus, l’Assemblée générale note qu’il importe de renforcer la coopération et la coordination entre le système des Nations Unies et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral.  Elle invite le Secrétaire général à tenir à cette fin des consultations régulières avec le Président du Comité exécutif du Fonds dans le cadre des structures et mécanismes interorganisations compétents.  L’Assemblée invite également les institutions spécialisées et les divers organismes, fonds et programmes des Nations Unies, ainsi que les institutions financières internationales, à resserrer leurs liens de coopération avec le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral.

En présentant ce texte, Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a expliqué la nécessité de sauver ce lac qui fut, dans les années 1960, le quatrième plus large du monde, abritant la pratique de ports et l’exploitation de pêcheries.  Ce lac s’est rétréci au cours des cinq dernières décennies et se retrouve maintenant 15 fois plus petit que sa taille originelle.  Le niveau des eaux a baissé de 29 mètres, a encore indiqué la représentante en précisant que sa surface est désormais formée de 5,5 millions d’hectares de sel et de sable, ce qui a un effet néfaste sur la faune, la flore et la vie des populations.

La représentante du Kirghizistan a fait valoir que son pays s’était retiré du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral du fait des mésententes entre ses membres.  Son pays est ouvert à tout consensus pour le rendre plus efficient et réceptif aux besoins et priorités des États concernés.

Le représentant de l’Afghanistan a dit que son pays était prêt à continuer de coopérer avec le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral auprès duquel il a le statut d’observateur.

Adoption d’une résolution sur la question de la « Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire » (A/72/L.46

Toujours par consensus, l’Assemblée générale a adopté la résolution intitulée « Portée, modalités, forme et organisation de la troisième Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles ».

Elle décide ainsi de faire convoquer, par son président, une réunion de haut niveau d’une journée dédiée à l’état des lieux de la prévention et de la maîtrise des maladies non transmissibles, qui se tiendra à New York, au troisième jour du débat général de sa soixante-treizième session, de 10 heures à 13 heures et de 15 heures à 18 heures.  Cette réunion de haut niveau portera sur le thème suivant: « Développer les solutions multipartites et multisectorielles de prévention et de maîtrise des maladies non transmissibles dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

La réunion de haut niveau devra déboucher sur l’adoption d’un document final concis et pragmatique, qui s’inspirera des opportunités et des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des précédents engagements, qui fera l’objet d’un consensus préalable obtenu au terme de négociations intergouvernementales, et que son président présentera à l’Assemblée pour adoption.

Après l’adoption de cette résolution, le représentant des États-Unis a dit que son pays était prêt à partager son expérience dans la lutte contre les maladies non transmissibles. 

Adoption d’une résolution sur le « Renforcement du système des Nations Unies » (A/72/L.45)

La résolution sur l’« Association internationale des Représentants permanents auprès de l’Organisation des Nations Unies » a également été adoptée par consensus par l’Assemblée générale.  Présentée par le Honduras, qui a qualifié cette association d’« atout pour les Nations Unies et pour la communauté internationale », ce texte invite les États Membres de l’ONU à appuyer les travaux de l’Association et engage les représentants permanents actuellement en fonctions et leurs prédécesseurs à participer aux manifestations et réunions qu’elle organise.

Par ce texte, l’Assemblée autorise le Secrétaire général à continuer de fournir gracieusement des locaux à l’Association, dans les limites des ressources disponibles, et à remplacer son bureau actuel par un espace plus adapté où l’Association pourra tenir ses réunions.  Elle lui demande également de doter l’Association d’une page Web distincte qui sera hébergée dans la section consacrée aux délégués du site Web de l’Organisation et dont le contenu sera fourni par l’Association et complété occasionnellement par des informations sur ses activités récentes.

Après l’adoption de ce texte, le délégué du Bélarus, M. ANDREI DAPKIUNAS, a tenu à préciser que cette association, créée en 1988, n’est « pas un club de loisirs, ni un syndicat d’ambassadeurs ».  C’est plutôt un « outil sous-estimé » permettant de briser les murs du formalisme des Nations Unies, a-t-il précisé.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la population et du développement: le monde comptera en 2030, date butoir du Programme de développement durable, 8,6 milliards de personnes

Cinquante et unième session,
7e séance – matin
POP/1076

Commission de la population et du développement: le monde comptera en 2030, date butoir du Programme de développement durable, 8,6 milliards de personnes

Le temps de réaliser avec succès ou pas les 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le monde se sera alourdi d’un milliard de personnes.  C’est ce qu’a appris aujourd’hui la Commission de la population et du développement d’un rapport* du Secrétaire général sur les tendances démographiques mondiales.  La Commission a aussi entendu plusieurs agences de l’ONU et des ONG deviser sur le thème de la session « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales ». 

La population mondiale, qui a atteint les 7,6 milliards de personnes en 2017, devrait avoisiner les 8,6 milliards en 2030, l’essentiel de la croissance étant imputable à l’Afrique et à l’Asie, avec 400 millions de personnes chacune.  La pyramide des âges devrait aussi connaître des changements rapides, avec des conséquences importantes pour le développement durable.

Le nombre des « mégalopoles » ou villes de plus de 10 millions d’habitants, qui est aujourd’hui de 33, devrait passer à 41 en 2030, toutes les nouvelles mégalopoles étant projetées dans les régions les moins développées.  Pôles d’attraction, ces mégapoles se partagent les migrants internationaux ou personnes vivant dans un pays autre que leur pays de naissance dont le nombre a continué de croître ces dernières années, pour atteindre le record mondial de 258 millions en 2017.  Migrants internes et internationaux se chiffrent aujourd’hui à un milliard.

« Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales », le thème de la Commission s’explique.  En Jamaïque, par exemple, sur une population totale estimée à 2,7 millions de personnes, une moyenne de 20 000 part chaque année depuis les années 50, ce qui fait qu’environ 50% des Jamaïcains vivent à l’étranger.  L’Azerbaïdjan connaît en ce moment une immigration intense qui s’explique par la stabilité sociale, politique et macroéconomique, l’afflux de capitaux étrangers, la rapidité du développement économique et la réalisation de projets de grande envergure dans le domaine de l’extraction et du transport du pétrole et du gaz.  Au total, la région Asie-Pacifique abrite 63 millions de migrants.  Une migration, a alerté l’ONG « ARROW », qui a souvent le visage d’une jeune femme, occupant un emploi peu qualifié, vulnérable à la discrimination, à la violence et à l’exploitation, sans protection sociale ni accès à la santé sexuelle et reproductive, alors même que les droits à cette santé sont essentiels à la durabilité des villes, a prévenu « Family Planning New Zealand ». 

L’ONG a donné l’exemple de Kiribati où 27% des femmes mariées en âge de procréer ne veulent pas d’enfants sans pour autant utiliser un moyen contraceptif.  Beaucoup d’entre elles vivent dans une capitale déjà surpeuplée qui continue d’attirer la majorité des migrants internes, présentant en conséquence, tous les problèmes écologiques, sanitaires et économiques que l’on peut craindre.  La population de Tawara-Sud pourrait ainsi augmenter de 70% d’ici à 2050, ce qui est intenable, compte tenu des changements climatiques. 

Améliorer les recensements et les sondages des ménages est « crucial » pour élaborer des politiques factuelles sur des villes durables, la mobilité humaine et les migrations internationales, a estimé l’Allemagne qui s’est félicitée avec d’autres du travail remarquable de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.  La collecte de données n’est pas une fin en soi mais des données exactes, en temps voulu et exhaustives sont utiles pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a insisté l’Allemagne. 

Pour bien comprendre les phénomènes démographiques et leur impact, il faut des « données harmonisées et comparables entre pays », a souligné la Norvège qui a appuyé l’ajout de la variable « motifs » dans le « Manuel des Nations Unies sur l’évaluation des migrations internationales dans le cadre des recensements du cycle 2020 ».  Les « motifs », a-t-elle insisté, sont une question clef qui doit être incorporée dans un questionnaire de recensement pour identifier le nombre des réfugiés et les populations qui s’y apparentent.

La Commission, qui a débuté ses travaux lundi dernier, tiendra demain vendredi 13 avril après-midi, à partir de 15 heures, la dernière séance de sa session 2018. 

EXÉCUTION DU PROGRAMME ET FUTUR PROGRAMME DE TRAVAIL DU SECRÉTARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION

Pour l’examen de cette question, la Commission était saisie du Rapport du Secrétaire général (E/CN.9/2018/6) qui dresse le bilan des activités menées en 2017, dans le domaine de la population, par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales.  Il porte notamment sur: les travaux d’analyse des tendances mondiales de la fécondité, de la mortalité et des migrations; l’élaboration des estimations et projections démographiques à l’échelle mondiale; le suivi des politiques démographiques; l’étude des corrélations entre la population et le développement durable; la diffusion de données démographiques; la coopération technique et les activités de renforcement des capacités en faveur des États Membres; l’appui aux mécanismes intergouvernementaux par l’établissement de rapports du Secrétaire général et d’autres documents à l’intention des organes délibérants, l’organisation de réunions de groupes d’experts et le suivi des objectifs de développement arrêtés au niveau international.

L’objectif du programme de travail sur la population est d’améliorer l’aptitude de la communauté internationale à faire face efficacement aux enjeux de population actuels et futurs et à prendre en compte la dimension démographique dans les programmes de développement aux niveaux national et international.  La Commission de la population et du développement, en tant qu’organe directeur de la Division de la population, formule des lignes directrices sur le programme de travail lors de sa session annuelle.

Déclarations

M. JUAN CARLOS ALFONSO FRAGA (Cuba) a souligné que le suivi des accords internationaux, notamment les cibles et objectifs du développement durable, est d’une importance toute particulière.  Il a reconnu que les projections démographiques élaborées par la Division de la population sont importantes, mais a toutefois souligné que l’évaluation des objectifs de développement durable doit d’abord se fonder sur les statistiques nationales, notamment en ce qui concerne les données ventilées par sexe.

Mme REIKO HAYASHI (Japon) a voulu en savoir plus sur la réforme envisagée de la Division de la population.

Des données fiables, harmonisées et comparables entre pays, a souligné Mme SILJE VATNE PETTERSEN (Norvège), sont essentielles pour mieux comprendre les phénomènes et tendances démographiques.  C’est la base même des politiques et analyses fondées sur les faits, tant au niveau national qu’au niveau international.  La représentante a tout de même reconnu que parvenir à des données comparables est extrêmement difficile et a, à cet égard, salué le travail de la Division de la population.  Elle s’est d’ailleurs félicitée de l’accent placé sur des données comparables de haute qualité dans les négociations sur les pactes mondiaux pour les migrations sûres, ordonnées et régulières et pour les réfugiés.  Elle a dit espérer des recommandations de la part du Groupe d’expert de la Commission des statistiques sur les données relatives aux réfugiés et aux déplacés.  Elle a aussi appuyé l’ajout de la variable « motifs » dans le Manuel des Nations Unies sur l’évaluation des migrations internationales dans le cadre des recensements du cycle 2020.  Les « motifs », a-t-elle insisté, sont une question clef qui doit être incorporée dans un questionnaire de recensement pour identifier le nombre des réfugiés et les populations qui s’y apparentent.  La Norvège s’engage à aider les pays du Sud à mettre en œuvre les recommandations du Groupe d’experts dont il fait partie, a conclu la représentante.

Mme MENGJUN TANG (Chine) a salué le travail de la Division de la population dont les produits aident les pays à élaborer leurs politiques sur la population et à faire des projections démographiques et des analyses.  La représentant s’est particulièrement félicitée de l’aide que la Division a offerte à son pays et a souhaité qu’elle continue son travail en recourant plus systématiquement aux nouvelles technologies.

Mme MARTINA HEMMERSBACH (Allemagne) s’est félicitée des initiatives du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et de la Division de la population pour resserrer leurs liens avec le milieu universitaire, améliorant ainsi l’accessibilité, l’utilisation et la visibilité des données.  Le rôle de la Division, qui est de produire des données mais aussi de les analyser et de les interpréter, en fait un partenaire indispensable de la communauté internationale dont l’expertise est très recherchée.  La collecte de données n’est pas une fin en soi mais des données exactes, en temps voulu et exhaustives sont utiles pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a insisté la représentante.  Améliorer les recensements et les sondages des ménages est crucial pour élaborer des politiques factuelles sur des villes durables, la mobilité humaine et les migrations internationales.  L’Allemagne vient de booster les progrès méthodologiques de la recherche sur la population et élargit les infrastructures de recherche nécessaires à l’analyse des liens entre migrations internes et internationales, mobilité humaine et urbanisation, dans le contexte national.  L’Allemagne travaillera avec la Division de la population, le FNUAP, les États Membres et les partenaires intéressés pour promouvoir et faire avancer la collecte et l’utilisation des données démographiques et parvenir ainsi à des décisions politiques basées sur des faits. 

Mme SHORT (États-Unis) s’est attardée sur quelques produits de la Division de la population pour s’en féliciter.  Le travail de la Division, a-t-elle insisté, aide la communauté internationale à faire la lumière sur les interconnexions, les défis et les progrès réalisés pour intégrer les questions liées à la population, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des politiques et programmes de développement durable.  L’expansion du site Web de la Division ouvre à l’opinion publique l’accès aux informations sur la population, s’est encore félicitée la représentante.  Elle a remercié la Division pour son rôle de leadership dans la coopération technique, y compris l’organisation et la conduite de réunions d’experts et d’ateliers en collaboration avec de nombreuses organisations dans le monde.  Le Bureau du recensement des États-Unis a d’ailleurs été heureux de participer avec la Division au Groupe de travail sur l’étude de la mortalité maternelle.  La représentant a remercié la Division pour avoir mis sur son site Web le Manuel révisé de l’étude sur la mortalité liée à la grossesse que le Bureau américain du recensement a produite avec le Groupe de travail. 

En réponse à la question du Japon M. JOHN WILMOTH, Directeur de la Division de la population, a expliqué que le Secrétaire général envisage une réforme du Département des affaires économiques et sociales (DAES) pour le rendre plus efficace.  C’est dans ce contexte, que la restructuration de la Division de la population est en cours.  Je suis « obsédé », a avoué le Directeur, par l’efficacité et la faculté de la Division de travailler avec moins de ressources.  Les doublons vont donc être supprimés et les méthodes de travail réexaminées.

Le délégué du Mexique a formulé l’espoir que cette réforme permettra aussi de rendre plus efficaces les travaux de la Commission.

Mesures pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement aux niveaux mondial, régional et national

Débat général sur le thème « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales »

Mme TONI SHAE FRECKLETON (Jamaïque) a dit que son pays est principalement un pays d’émigration.  Sur une population totale estimée à 2,7 millions de personnes, les données montrent qu’une moyenne de 20 000 Jamaïcains partent chaque année depuis les années 50, ce qui fait qu’environ 50% des Jamaïcains vit à l’étranger.  Pour ceux qui sont dans le pays, 54% d’entre eux vit dans les zones urbaines, une tendance qui devrait s’accroître rapidement.  Pour faire face à ces dynamiques et encourager le développement durable des villes, la Jamaïque a adopté la loi sur la gouvernance locale, amélioré la participation des citoyens à la prise de décisions par la mise en œuvre de cadres locaux de planification du développement durable, élaboré un plan national d’aménagement territorial et réexaminé la stratégie nationale de relocalisation.  Une initiative sur des villes durables et émergentes (ESCI) a été lancée en 2015.  La Jamaïque s’efforce aussi d’améliorer la collecte des données.  Quant aux migrations internationales, l’idée est de bien les mesurer, les surveiller et les intégrer pour qu’elles servent les objectifs de développement national fixés dans la « Vision 2030 Jamaica ».  La représentante a reconnu que c’est le manque de données fiables et ventilées de l’urbanisation et les migrations internes et internationales qui limitent la capacité du pays à planifier efficacement au niveau local. 

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a dit que son pays comptait actuellement 10 millions d’habitants dont 53% vit dans les villes.  Le Gouvernement n’épargne aucun effort pour améliorer les infrastructures urbaines et l’accès de la population aux services sociaux de base.  En 2016, une Agence de construction des logements a été créée au profit des familles à faible revenu.  L’Azerbaïdjan connaît en ce moment une immigration intense qui s’explique par la stabilité sociale, politique et macroéconomique, l’afflux de capitaux étrangers, la rapidité du développement économique et la réalisation de projets internationaux et régionaux de grande envergure dans le domaine de l’extraction et du transport du pétrole et du gaz.  Le Gouvernement a mis en place le cadre nécessaire à l’application des instruments internationaux relatifs aux droits et libertés des travailleurs migrants.  La création d’un « guichet unique » a permis d’assouplir et de rendre plus performante et plus efficace, la gestion des flux migratoires. 

M. NAGESH KUMA, Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique – CESAP, a indiqué que la région est confrontée au vieillissement de sa population qui a pris un rythme particulièrement rapide.  La CESAP aide les pays à relever ce défi mais aussi celui des jeunes qui pâtissent des fractures énormes entre zones rurales et urbaines et entre classes sociales.  La région abrite par ailleurs 63 millions de migrants.  La CESAP se prépare déjà à aider les États à mettre en œuvre le futur pacte mondial sur des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Mme ELLIOTT, Programme alimentaire mondial – PAM, a indiqué que la politique du PAM sur l’insécurité alimentaire dans les zones urbaines, adoptée en 2002, est en train d’être révisée, ajoutant que l’agence fait face à un niveau sans précédent de besoins humanitaires dans les villes, par exemple, après les séismes qui ont frappé Haïti et le Népal, ou dans le contexte des conflits en Iraq, au Yémen et en République arabe syrienne.  Mme Elliott a estimé que pour contenir les mouvements migratoires des zones rurales aux zones urbaines, il faut aider les communautés rurales à s’adapter aux changements biophysiques et à renforcer leur productivité.  S’agissant des migrations internationales, il a appelé à une collaboration étroite entre les États pour assurer des migrations sûres et ordonnées.  Il s’agit, a-t-elle précisé, d’offrir aux migrants vulnérables une aide alimentaire, sans oublier les besoins nutritionnels spécifiques des enfants en bas âge, des jeunes et des femmes enceintes ou qui allaitent.

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que l’exode rural et les migrations internes et internationales influencent non seulement la répartition de la population mondiale mais aussi celle des moyens de subsistance.  Ils déterminent les choix de développement.  Celui des zones rurales affectées par l’exode dépend en effet d’une bonne répartition des ressources entre elles et les zones urbaines.  La stratégie la plus efficace est d’investir dans les petites villes des zones rurales pour garantir une base élargie de développement économique.  Il faut investir dans les gens, les économies locales et exploiter au mieux l’interconnexion entre zones rurales et zones urbaines. 

Mme MARINE DAVTYAN, ONUSIDA, a souligné que toute personne en mouvement doit pouvoir exercer son droit à la santé, ce qui inclut, a-t-elle ajouté, des efforts pour réduire la vulnérabilité des migrants au VIH/sida et assurer leur accès aux traitements.  Elle a également souligné que toute personne, y compris celles qui vivent avec le VIH/sida, doit pouvoir jouir de sa liberté de mouvement.  Elle a dénoncé les plus de 35 pays qui imposent une forme ou l’autre de restrictions à l’entrée où la résidence des personnes vivant avec le VIH/sida.  Elle a dénoncé les dépistages dans les procédures de demande de visa, les passeports rejetés en cas de résultat positif, et les expulsions de toute personne vivant avec le VIH/sida.  Traitées, ces personnes peuvent, comme toutes les autres, être des éléments productifs de la société.

Mme SAI JYOTHIRMAI RACHERLA, du Centre de recherche et de ressources pour les femmes d’Asie-Pacifique – (ARROW), intervenant également au nom de 114 organisations de la région, a indiqué que « la migration du travail » a le visage d’une jeune femme, dans un emploi peu qualifié, vulnérable à la discrimination, à la violence et à l’exploitation, sans protection sociale ni accès à la santé sexuelle et reproductive.  L’égalité entre les sexes, la santé sexuelle et reproductive et le respect des droits des femmes et des filles seront essentiels pour avoir des villes durables, une bonne mobilité humaine et des migrations sûres.  La représentante a assigné 11 tâches spécifiques aux États dont la ratification de la Convention internationale sur la protection de tous les migrants et des membres de leurs familles; la confirmation de l’engagement en faveur du Programme d’action du Caire; la promotion de la coopération bilatérale et de celle entre les pays d’origine et de destination pour veiller au bon traitement des travailleurs migrants; l’élargissement de l’accès à la santé sexuelle et reproductive, y compris à l’avortement médicalisé; l’abrogation des mesures punitives , comme le dépistage ou l’expulsion des migrantes vivant avec le VIH/sida; l’amélioration des données sur les migrantes; le renforcement de la lutte contre toutes les formes de violence, et de celle sur la traite des travailleuses migrantes.

En tant que citoyenne de l’Irlande, où l’avortement est toujours pénalisé, Mme ANNA KATE DEVEREUX, Rutgers, a, au nom du partenariat « Right Here, Right Now », indiqué que sur les 18 pays membres de son partenariat, seul le Népal n’impose aucune restriction à l’avortement médicalisé.  L’avortement est certes légal au Kenya, dans certaines circonstances, mais pour une fille des bidonvilles de Nairobi, les services sont hors de portée.  Aujourd’hui dans le monde, les avortements à risques provoquent chaque année des dizaines de milliers de morts.  Parler d’avortement est indispensable puisque les jeunes migrantes et migrants, qui vivent dans des abris de fortune dans les villes, sont disproportionnellement concernés par la question et en réalité, par la violation constante de leurs droits sexuels et reproductifs.  La représentante a donc exhorté les gouvernements à prévenir le recours à l’avortement, en garantissant une éducation sexuelle complète de qualité et en fournissant des contraceptifs modernes abordables ainsi que des services de santé facilement accessibles pour les jeunes.  Elle les a aussi exhortés à assurer l’accès des femmes et des filles à un avortement sûr et légal, et ce à leur demande et quels que soient leur âge ou leur statut migratoire.  « Moi qui grandis dans un pays qui ne respecte pas mes droits reproductifs, je vous implore d’écouter la voix des jeunes qui répètent ces mots: notre corps, notre choix », a conclu la jeune femme.

Après avoir souligné l’augmentation de la population urbaine, le représentant de l’« International Federation for Family Development(IFFD) » a expliqué que son organisation, présente dans 66 pays, dirige le projet « Villes inclusives pour des familles durables ».  L’idée est que l’urbanisme doit tenir compte de tous les types de familles et de groupes sociaux, promouvoir une planification urbaine et environnementale souple et faciliter l’accès au logement, y compris par la cohabitation, l’économie d’énergie et les arrangements intergénérationnels.  Il s’agit aussi d’améliorer le lien entre les nouvelles technologies et l’intégration sociale et de combler le fossé numérique grâce à la formation des personnes âgées, entre autres.  L’accent doit être mis sur la création de crèches à proximité des maisons ou des lieux de travail et sur des stratégies pour former les jeunes à devenir parents et à interagir avec les personnes âgées.  L’organisation prône aussi la reconnaissance du travail non rémunéré, et ce qu’elle recherche au bout du compte, c’est un environnement accueillant dans les villes, fondé sur la solidarité, le soutien mutuel et l’interaction sociale, grâce à la promotion du volontariat, à une police de proximité, à des caméras, à l’éclairage public et pourquoi pas à la formation de la population aux premiers soins en cas de catastrophes naturelles ou d’attaques terroristes.

Mme MARTHA GEARY NICHOL de « Family Planning New Zealand » a expliqué que les droits à la santé sexuelle et reproductive sont essentiels à la durabilité des villes.  Elle a donné l’exemple de Kiribati où 27% des femme mariées en âge de procréer ne veulent pas d’enfants mais n’utilisent aucune forme de contraception.  Beaucoup d’entre elles vivent dans une capitale déjà surpeuplée qui continue d’attirer la majorité des migrants internes, présentant en conséquence, tous les problèmes écologiques, sanitaires et économiques que l’on peut craindre.  La population de Tawara-Sud pourrait augmenter de 70% d’ici à 2050, ce qui est intenable, compte tenu des changements climatiques.  Les gouvernements et les ONG, a conseillé la représentante, doivent se préparer à répondre aux besoins des migrants en matière de santé sexuelle et reproductive après les catastrophes naturelles.  Le train de mesures sur les premiers services minimaux a très bien fonctionné l’année dernière après l’éruption volcanique et l’évacuation de presque toute la population de l’île d’Ambae à Vanuatu. 

Mme PATRICIA STALEY, Comité international catholique des infirmières et assistantes médico-sociales – (CICIAMS), a parlé des catastrophes, de la pauvreté et de la violence dans les villes.  Elle a aussi parlé de la mobilité des personnes vulnérables, en citant les chiffres des flux d’émigration et d’immigration.  Elle a terminé par une phrase du pape François: « Les migrants ne sont pas des pions sur l’échiquier de l’humanité.  Ce sont des enfants, des femmes et des hommes qui quittent ou sont forcés de quitter ce qu’ils ont, pour l’une ou l’autre raison, et qui partagent le désir légitime de savoir et d’avoir, mais surtout, d’être plu ».

Avant de lire son discours, le représentant de Center for Family & Human Rights (C-FAM) a dénoncé ces délégations qui parlent aussi légèrement de l’avortement, en oubliant sans doute que « nous avons tous commencé notre vie sous la forme d’un embryon ».  Le représentant a aussi dénoncé le fait que la famille ne reçoive pas l’attention qu’elle mérite de la part de la communauté internationale.  On ne parle de famille et des droits de l’homme que quand il s’agit de planification familiale.  La famille est même devenue un sujet de polémique, source d’acrimonies et de désaccords pendant les négociations internationales.  Le représentant a vu là un problème parce que c’est bien cela qui empêche d’aider les familles qui, dans le monde entier, ont besoin de lois, de politiques et de programmes pour protéger et renforcer leur rôle de première ligne de défense contre les abus et l’exploitation. 

La Déclaration universelle des droits de l’homme, a rappelé le représentant, définit la famille comme l’unité naturelle et fondamentale de la société et affirme que la famille a droit à la protection de la société et de l’État.  La Déclaration ajoute que les hommes et les femmes ont le même droit de se marier librement et de fonder une famille dans laquelle ils sont égaux en droits.  D’autres textes consacrent la responsabilité première des parents de choisir eux-mêmes le type d’éducation qu’ils veulent donner à leurs enfants, de préserver le droit de l’enfant à l’identité culturelle et religieuse et surtout dans le contexte de la mobilité humaine, de réaliser le droit de l’enfant de savoir et d’être pris en charge par la mère et le père avec lesquels il doit être réuni le plus rapidement possible. 

Mme BRUNEEL, Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine, a souligné que le droit à la santé est un droit fondamental, et que les soins doivent être accessibles à tous, sans aucune discrimination liée au sexe, l’âge ou l’orientation sexuelle.  Elle a exhorté les États à prendre des mesures spécifiques allant dans ce sens, et à accorder la priorité aux plus vulnérables.

Mme ALEXANDRA ROSE, World Youth Alliance, s’est présentée comme coalition mondiale de plus de 200 000 jeunes dans plus de 130 pays, dévoués à la promotion de la dignité humaine dans les politiques et la culture.  Elle a par exemple dit que les politiques de la population doivent être centrées sur les gens et non sur des tendances démographiques ou des politiques sociales polémiques.  Elle a mis en avant le « Human Dignity Curriculum » qui apprend aux enfants la dignité humaine.  Elle a exhorté les gouvernements à se concentrer sur l’objectif 16 du Programme 2030 relatif aux sociétés pacifiques et inclusives, pour mettre fin aux migrations involontaires.  À cet égard, elle a appelé à des lois qui protègent le regroupement familial des migrants.  Plaidant aussi pour leur accès à la justice, elle a conclu: « quand les gens peuvent compter sur des institutions justes, ils sont mieux à même d’exploiter leurs talents d’innovation, de créativité et d’entreprenariat dans l’intérêt commun et de se sortir de la pauvreté ». 

Mme WERONIKA JANCZUK, FEMM Foundation, a dit que les femmes doivent recevoir une éducation sur la santé pour pouvoir faire des choix éclairés et planifier leur carrière et leur vie de famille.  Les femmes qui comprennent leur santé, savent poser les bonnes questions au médecin et guider ce dernier vers les soins les plus appropriés.  Elles peuvent surtout décider du nombre d’enfants qu’elles veulent avoir.  Les recherches montrent que seulement 3% des femmes savent interpréter les signes comme l’ovulation.  Très peu de femmes savent que l’équilibre hormonal est un facteur fondamental d’une bonne santé reproductive qui a un lien direct avec la procréation.  Les chercheurs de la FEMM ont créé un programme de prise en charge médicale avec des protocoles et des traitements pour le déséquilibre hormonal.  Quelque 500 médecins ont été formés à ces protocoles et, avec les traitements, les femmes ont non seulement des informations et une meilleure compréhension de leur corps mais aussi des options concrètes. 

M. SAJEDA AMIN, Union internationale pour l’étude scientifique de la population – (IUSSP) a indiqué que son organisation lance de nouvelles initiatives sur les « villes durables, la mobilité humaine et les migrations internationales ».  Il a cité une équipe de travail sur les migrations internationales ainsi que des recherches pour renforcer la base des preuves de la place de la planification familiale dans les centres urbains en croissance rapide en Asie et en Afrique.  Se félicitant de liens de son organisation avec le Conseil économique et social, il a indiqué que le Directeur de la Division de la population est membre de la Conférence internationale sur la population de l’IUSSP qui compte beaucoup sur les données et les publications de la Division. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Armes de destruction massive: le Conseil de sécurité examine le travail du Comité 1540 dans le contexte d’une menace « claire et actuelle »

8230e séance – matin
CS/13292

Armes de destruction massive: le Conseil de sécurité examine le travail du Comité 1540 dans le contexte d’une menace « claire et actuelle »

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le Président du Comité du Conseil de sécurité établi en vertu de la résolution 1540 (2004), l’Ambassadeur Sacha Sergio Llorentty Solíz, représentant de la Bolivie, venu présenter les travaux récents et les projets pour l’année en cours du Comité, lequel venait juste d’adopter son programme de travail.  Au-delà de ces travaux, les membres du Conseil ont rappelé le rôle essentiel de la résolution 1540 (2004) pour lutter contre la menace « claire et actuelle » de voir des armes de destruction massive tomber dans les mains de groupes non étatiques, y compris terroristes.  Les attaques chimiques en Syrie et l’affaire de Salisbury au Royaume-Uni ont de nouveau été évoquées. 

Le Comité 1540 compte en particulier tenir cette année des discussions sur les moyens de renforcer les lois nationales visant à lutter contre le risque de prolifération et tenir compte de la nature constamment évolutive de la menace.  L’une des priorités du Comité est d’examiner les rapports nationaux que les États Membres doivent remettre périodiquement afin de rendre compte des mesures prises pour remplir les obligations mises à leur charge par la résolution 1540, un texte, a rappelé la représentante des États-Unis, qui « n’est pas facultatif ».  De fait, si 180 États ont désormais remis au moins leur rapport initial, 13 n’en ont jamais présenté. 

Superviser la « plateforme de coopération » que constitue la résolution 1540 n’est pas une gageure, a poursuivi le Président du Comité, affirmant que sans celle-ci, il serait impossible de s’attaquer, à l’échelle mondiale, au problème de la prolifération des armes de destruction massive.

La coopération est un aspect sur lequel beaucoup des intervenants ont insisté, et en premier lieu la Fédération de Russie.  Celle-ci voit dans la résolution 1540 -qu’elle avait coparrainée avec les États-Unis- un « instrument de coopération et de service, et non de contrainte ».  Ce n’est qu’en « travaillant ensemble dans le cadre des institutions que nous avons nous-mêmes mises en place que nous pourrons vaincre la menace », a pour sa part affirmé la représentante de la Suède, Vice-Présidente du Comité.

M. Llorentty Solíz a également mis l’accent sur les activités de plaidoyer et d’assistance du Comité, ces dernières étant très importantes pour permettre à tous les États de s’acquitter de leurs obligations.  L’Éthiopie, qui a déploré le « retard » de l’Afrique –11 des 13 États qui n’ont jamais remis de rapport sont africains- a invité le Comité 1540 à renforcer sa coopération avec l’Union africaine et à perfectionner son cadre d’assistance pour combler les lacunes existantes. 

Plusieurs délégations ont d’ailleurs insisté sur la coopération avec les organisations internationales et régionales.  La Fédération de Russie a toutefois rappelé de que c’est aux gouvernements et aux États qu’incombe la mise en œuvre de la résolution.  Certes, les organisations internationales et régionales, le secteur privé, les secteurs scientifique et académique et encore certaines branches de la société civile peuvent jouer un rôle utile, mais cette contribution reste secondaire par rapport au rôle des États, a argué le représentant russe. 

Si les travaux du Comité ont été salués par la plupart des délégations, certaines -en particulier les États-Unis- ont regretté qu’il lui ait fallu trois mois pour adopter son programme de travail annuel.  La Fédération de Russie a salué à ce sujet la « souplesse du Président », qui a permis d’inclure toutes les préoccupations exprimées par les différentes délégations, tandis que le Royaume-Uni a déploré qu’un « membre du Conseil ait cherché à entraver et diluer » les travaux du Comité.  Celui-ci s’est réuni une fois en deux mois et ne s’est pas fixé des objectifs clairs, a accusé la représentante britannique en soulignant le « programme de travail ambitieux » du Comité.  Tout en se disant « satisfait » de l’accord obtenu, son homologue des Pays-Bas a invité le Comité à « ne pas se montrer complaisant » et à travailler de manière efficace.

C’est que la possession d’armes de destruction massive par des groupes terroristes -et leur utilisation- est, comme l’a constaté la Pologne, passée de « menace » à « terrible réalité ».  Rappelant que les terroristes de Daech avaient mis la main sur des armes chimiques, le représentant de la Fédération de Russie s’est lui aussi alarmé du « phénomène terrible du terrorisme chimique » et a demandé une action d’urgence. 

L’usage répété d’armes chimiques en Syrie s’est ainsi de nouveau retrouvé au centre des préoccupations du Conseil de sécurité.  Certains membres, comme la Suède ou la Guinée équatoriale, ont une fois encore déploré l’incapacité du Conseil à mettre en place un nouveau mécanisme d’enquête et de désignation sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, afin de « montrer au monde que ces armes restent inacceptables ».

Pour de nombreux intervenants, les « immenses pressions » qui pèsent sur le cadre mondial de non-prolifération ne tiennent pas seulement à la menace terroriste.  En citant « la réémergence des armes chimiques », le représentant de la France a ainsi parlé de « la Syrie, avec leur emploi par le régime d’Assad et Daech », de l’attaque de Salisbury au Royaume-Uni, ainsi que du « risque persistant d’une Corée du Nord nucléaire ».  La situation en République populaire démocratique de Corée a également été mentionnée par les délégations des États-Unis et du Pérou.

NON-PROLIFÉRATION DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE

Déclarations

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), Président du Comité du Conseil de sécurité établi en vertu de la résolution 1540 (2004), a rappelé l’importance de ladite résolution dans le cadre de l’effort mondial de prévention de la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs au profit de groupes non étatiques, y compris terroristes.  C’est là, a-t-il insisté, une menace claire et actuelle.  Superviser la plateforme de coopération que représente la résolution 1540 n’est pas une gageure, a-t-il affirmé, ajoutant que, sans coopération, il serait impossible de s’attaquer au problème à l’échelle mondiale.  C’est dans ce cadre que M. Llorentty Solíz a dit vouloir rendre compte au Conseil de sécurité. 

En 2018, le Comité 1540 continue de s’appuyer sur l’élan donné lors de son examen de 2016 et de l’adoption de la résolution 2325 (2016) qui vise la pleine mise en œuvre par tous les États de l’ensemble des obligations résultant de la résolution 1540.  À cette fin, le Comité entend tenir des discussions sur les moyens de renforcer les lois nationales pertinentes, prendre note de la nature constamment évolutive des risques de prolifération et organiser des réunions à huis clos avec des experts sur les autres questions mises en lumière dans la résolution 2325.

Les rapports nationaux sur l’état de mise en œuvre de la résolution 1540 restent une des priorités du Comité 1540, a poursuivi son président, qui s’est félicité que deux nouveaux pays –le Zimbabwe et la Guinée équatoriale- aient présenté leur premier rapport en 2017, tandis que le Timor-Leste en a fait de même au début de cette année.  Ce qui porte à 180 le nombre d’États qui se sont soumis à cette obligation.  Mais il a fait observer que 13 États n’avaient toujours pas présenté de tels rapports.  M. Llorentty Solíz a également indiqué que 101 États avaient désormais informé le Comité de l’existence d’un point de contact national pour la mise en œuvre de la résolution 1540.  Il a rappelé que le Comité avait tenu en 2017, en Chine, un séminaire de formation sur ce point.

Poursuivant son exposé, M. Llorentty Solíz a détaillé les mesures prises pour encourager l’adoption de plans nationaux d’action volontaire pour la mise en œuvre de la résolution 1540, notamment la tenue de séminaires organisés par le Groupe d’experts du Comité.  Ce dernier a par ailleurs continué de promouvoir le partage d’expériences, a dit M. Llorentty Solíz qui a cité en exemple les examens par les pairs entrepris l’an dernier par la Colombie et le Chili, et par le Bélarus, le Kirghizistan et le Tadjikistan.  Le Président du Comité a également mentionné les nouvelles demandes d’assistance reçues l’an dernier, de la part du Belize, du Kenya et du Tadjikistan, ainsi que toute une série d’échanges d’informations, séminaires et autres formes de plaidoyers entreprises par le Comité l’an dernier.  Il a notamment signalé que la Bolivie prévoyait d’organiser, en coopération avec le Comité, une Conférence des États d’Amérique latine et de la Caraïbe sur la mise en œuvre de la résolution et son suivi à La Paz, les 9 et 10 mai prochains, et fait savoir que le Comité envisageait la tenue d’une autre conférence régionale d’assistance cette année.

M. Llorentty Solíz a par ailleurs rappelé qu’en décembre dernier, le Secrétaire général avait, après consultation du Comité 1540, nommé six nouveaux membres du Groupe d’experts, ajoutant que la nomination d’un coordonnateur devrait suivre prochainement.

M. Llorentty Solíz a ensuite présenté les présidents des différents groupes de travail du Comité et a remercié les États qui ont apporté des contributions au Fonds d’affectation spéciale pour les activités de désarmement à l’échelle mondiale et régionale en lien direct avec la mise en œuvre de la résolution 1540.  Sans de telles contributions, le travail du Comité serait gravement affecté, a affirmé son président. 

Le Président du Comité a rappelé que des objectifs de coopération spécifiques avec des organisations régionales et internationales avaient été prévus par la résolution 2325.  Il a fait état de la réunion tenue cette année par le Groupe d’experts du Comité avec l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme sur les moyens de collaborer, notamment en ce qui concerne le risque de mauvaise utilisation par des acteurs non étatiques des nouvelles découvertes scientifiques ou technologiques.  Il s’est également prononcé pour un dialogue actif entre les États et l’industrie dans le cadre du Processus de Wiesbaden.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré que le Comité 1540 est un élément vital de l’ordre international.  Elle a prévenu que l’emploi d’armes chimiques pourrait devenir monnaie courante dans les combats, comme l’ont montré les événements des dernières semaines.  La déléguée a insisté sur le danger posé par l’emploi de telles armes par des groupes non étatiques, avant de dénoncer leur usage par des acteurs étatiques à Douma et à Salisbury.  S’agissant de l’attaque de Salisbury, elle a demandé une réunion du Conseil la semaine prochaine pour examiner les conclusions de l’OIAC sur ladite attaque.

La représentante a mis en garde contre l’emploi en toute impunité des armes de destruction massive, « un véritable cauchemar pour les civils », a-t-elle dit.  « Nous ne devons pas simplement condamner cet emploi mais agir pour que les responsables répondent de leurs actes », a-t-elle souhaité.  Mme Pierce a regretté qu’un membre du Conseil ait cherché à entraver et diluer les travaux du Comité.  Ce Comité s’est réuni une fois en deux mois et ne s’est pas fixé des objectifs clairs, a-t-elle déclaré, en disant ne pas comprendre qu’un État Membre puisse vouloir entraver le travail du Comité.  « Nous avons un programme de travail ambitieux et devons le mettre en œuvre », a conclu la représentante. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déclaré que son pays a présenté son premier rapport au Comité 1540 en 2017 et qu’il continue d’œuvrer à la pleine application de la résolution 1540 (2004).  Il a dit sa préoccupation devant le risque que des armes de destruction massive tombent entre les mains de groupes non étatiques.  Il a donc plaidé pour que les États développés aident les États en développement à tout faire pour que les terroristes ne mettent pas la main sur des matières premières nécessaires à la confection de telles armes.

Le représentant a aussi demandé la destruction de toutes les armes de destruction massive afin que l’humanité ne vive pas avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête.  Il a ensuite dénoncé l’impuissance du Conseil de sécurité face à l’emploi d’armes chimiques en Syrie.  « Est-ce si difficile de nous mettre d’accord sur un mécanisme d’attribution des responsabilités? » a-t-il demandé.  Le représentant a jugé urgent de travailler sur une nouvelle résolution en vue de créer un tel mécanisme. 

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a cité les menaces pesant sur le régime de non-prolifération, parmi lesquelles « le risque persistant d’une Corée du Nord nucléaire, la poursuite d’activités déstabilisatrices au Moyen-Orient et la réémergence des armes chimiques, en Syrie avec son emploi par le régime d’Assad et Daech, à Salisbury et ailleurs ».  Le risque de voir des acteurs non étatiques mettre la main sur des matériels sensibles est une dangereuse réalité, a-t-il poursuivi, en soulignant la « raison d’être » plus que jamais d’actualité du Comité 1540.  Pour M. Michon, ce comité est l’architecte de l’action de tous les États face à la prolifération. 

Le délégué a souligné la nécessité de prévenir et réprimer le financement de la prolifération, de sécuriser les biens et matériels sensibles et renforcer les contrôles aux exportations.  Mon pays est particulièrement impliqué dans la prévention des risques d’acquisition par des terroristes de matières nucléaires et radioactives sensibles, notamment les sources radioactives dont nous appelons à renforcer la sécurité, a-t-il déclaré. 

Le représentant français a dit attacher une importance particulière au renforcement de la dimension régionale de la logique d’assistance et à une mise en cohérence accrue des besoins et de l’offre proposée.  M. Michon a appelé au renforcement des synergies à l’extérieur de l’ONU, comme l’AIEA, l’OIAC, l’Organisation mondiale des douanes notamment, ou en son sein, avec les comités traitant du terrorisme.  « Il ne peut y avoir d’alternative au régime de non-prolifération », a-t-il conclu. 

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a rappelé que la résolution 1540 (2004) avait, à l’époque de son adoption, été considérée comme un jalon et une résolution phare, et qu’elle était devenue depuis un des éléments centraux du régime mondial de non-prolifération des armes de destruction massive.  L’utilisation de telles armes en Malaisie ou au Royaume-Uni, et leur usage « systématique et honteux » en Syrie montrent bien que la question est d’actualité, a argué la représentante, qui a aussi dénoncé l’irresponsabilité de ceux qui prennent le risque de les laisser tomber entre les mains d’acteurs non étatiques. 

Les États-Unis continueront à mettre l’accent sur le renforcement des mesures de non-prolifération, afin d’assurer leur propre sécurité et celle du monde, a poursuivi Mme Tachco.  Pour la représentante, la pleine application de la résolution 1540 est essentielle.  Les États-Unis continueront donc d’appuyer les organisations régionales et internationales qui traitent de la question, de même qu’ils poursuivront leur coopération bilatérale avec leurs nombreux partenaires, auxquels, a rappelé la représentante, ils ont déjà accordé « des centaines de millions de dollars » à ce titre.  Mme Tachco a en outre félicité la Bolivie pour l’organisation d’une conférence régionale le mois prochain à La Paz et précisé que les États-Unis avaient financé la coordination de l’événement au sein de l’Organisation des États américains (OEA). 

Mme Tachco a toutefois déploré que le Comité ait mis près de trois mois pour adopter son plan de travail pour 2018.  Se félicitant néanmoins que le Comité entende s’attaquer aux menaces les plus actuelles, la représentante a estimé qu’il devrait se réunir plus régulièrement et adopter une stratégie claire.  Il devrait notamment lancer dès maintenant le processus officiel de nomination d’un coordonnateur de son Groupe d’experts, a-t-elle recommandé.  Rappelant que la résolution 2325 (2016) traite aussi des défis présentés par les transferts de technologies, elle a souhaité que le Comité se saisisse des importantes ressources offertes par l’industrie et le secteur privé. 

Les dispositions de la résolution 1540 « ne sont pas facultatives », elles lient tous les États Membres, a rappelé la représentante, qui a conclu en affirmant que, dans le contexte actuel, il n’existe pas de plus grands risques qu’un « programme d’armes nucléaires non officiellement mentionné ».

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a déclaré que la menace d’emploi d’armes de destruction massive est et demeure bien réelle.  Il a insisté sur l’importance de la résolution 1540 (2004) pour faire face à ladite menace et compléter le travail accompli par l’AIEA dans le domaine de la sécurité nucléaire.  « La pleine application de cette résolution doit être notre priorité à tous », a-t-il déclaré.  Le délégué s’est ensuite dit satisfait de l’accord conclu relatif au programme de travail du Comité 1540 et salué son homologue de la Bolivie pour ce résultat.  « Mais nous ne devons pas nous montrer complaisants », a-t-il poursuivi, en exhortant le Comité à travailler de manière efficace, dans la lignée des mesures prévues par la résolution 2325 (2016).  Enfin, le représentant des Pays-Bas a apporté son soutien au Comité 1540. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a dit appuyer pleinement la mise en œuvre des différents instruments de non-prolifération portant sur les diverses armes de destruction massive.  En traitant des risques liés à la prolifération des armes de destruction massive aux mains d’acteurs non étatiques, la résolution 1540 joue un rôle particulièrement important, a estimé la représentante, qui s’est inquiétée de la prolifération de telles armes aux mains de groupes terroristes, devenue « une terrible réalité ».  Elle a rappelé à cet égard que le défunt Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU avait attribué certaines des attaques à l’arme chimique menées en Syrie à Daech.

Mme Wronecka a ensuite cité différentes entités, notamment européennes, qui disposent d’outils permettant aux États de mieux mettre en œuvre leurs obligations au titre de la résolution 1540.  Concernant le Groupe d’experts du Comité 1540, la représentante a demandé qu’il se réunisse mensuellement et a souhaité que la sélection du nouveau coordonnateur du Groupe d’experts soit rapidement achevée. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a jugé le travail du Comité 1540 plus pertinent que jamais.  Il a assuré que son pays continuera de contribuer au Fonds d’affectation spéciale pour les activités de désarmement à l’échelle mondiale et régionale en vue d’appuyer ledit comité.  Le délégué a insisté sur le danger posé par l’emploi d’armes de destruction massive par des groupes non étatiques et salué le travail accompli par le Comité face à une telle menace.  Il s’est ensuite dit en faveur de la reprise des sommets sur la sûreté nucléaire tels qu’organisés entre 2010 et 2016, avant de mentionner l’initiative de son pays en vue de la création d’un registre de l’ONU sur les développements scientifiques conduisant à la création et à l’avancement des armes de destruction massive.  Enfin, le représentant a apporté son soutien au programme de travail du Comité 1540 et souhaité sa bonne exécution. 

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a rappelé que, 14 ans après l’adoption de la résolution 1540, le monde continuait de vivre sous la menace persistante des armes de destruction massive, qui constituent un véritable défi à la non-prolifération.  Malgré des succès, il reste beaucoup à faire, a estimé le représentant, et ce, du fait de la menace d’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques.  C’est pourquoi la Côte d’Ivoire appuie fortement l’option qui consiste à prévenir la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, avec la mise en place de dispositifs de contrôle appropriés. 

Le représentant a notamment attiré l’attention sur les importants stocks de matières fissiles qui échappent à toute réglementation internationale et pourraient être utilisés pour fabriquer des armes de destruction massive.  Il a aussi appelé les États à respecter leurs engagements au titre de la Convention sur les armes chimiques avant de mettre en avant l’importance du renforcement des capacités nationales, de l’assistance et de la sensibilisation. 

M. Tanoh-Boutchoué s’est félicité du rôle et du travail du Comité 1540, et notamment de sa coopération accrue avec les organisations internationales et avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il s’est également félicité du second examen approfondi du Comité, mené en 2016, et de l’adoption par le Comité de son programme de travail. 

M. WU HAITAO (Chine) a salué le travail accompli par le Comité 1540 ayant conduit à des « résultats positifs » s’agissant du renforcement du régime de non-prolifération, même si la situation globale demeure difficile.  Chaque pays doit œuvrer au renforcement de la sécurité internationale, sur la base d’une coopération pragmatique, a-t-il prôné.  Il a rappelé que la responsabilité première de la non-prolifération incombe aux gouvernements, avant de souligner l’importance de l’assistance technique à apporter aux pays en développement dans ce domaine.  La résolution 1540 (2004) doit être appliquée intégralement et le Comité 1540 doit travailler efficacement, a-t-il souhaité.  « La Chine est contre la prolifération », a conclu le délégué. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004), 180 États ayant présenté leur rapport en vertu de cette résolution.  Sur les 13 pays qui ne l’ont pas encore fait, 11 se trouvent en Afrique, a-t-il déploré en relevant que « l’Afrique est en retard » sur ce plan.  M. Alemu a appelé le Comité 1540 à renforcer sa coopération avec l’Union africaine ainsi qu’à perfectionner son cadre d’assistance pour combler les lacunes existantes.  Une coopération accrue entre le Groupe d’experts du Comité 1540 et les groupes d’experts prévus par les résolutions 1526 (2004) et 2253 (2015) concernant les Taliban, Al-Qaida et Daech devrait être envisagée, a-t-il ajouté.  Enfin, le délégué a réaffirmé l’engagement de l’Éthiopie afin que des armes de destruction massive ne tombent pas entre les mains de groupes terroristes. 

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a salué la souplesse du Président du Comité 1540, estimant qu’il avait permis d’inclure toutes les préoccupations exprimées dans le programme de travail.  Face au risque de prolifération d’armes de destruction massive dans les mains d’acteurs non étatiques, le représentant a salué le rôle crucial joué par la résolution 1540, dont, a-t-il rappelé, les coauteurs avaient été la Fédération de Russie et les États-Unis.  Cette résolution représente un « socle » pour éviter que les armes de destruction massive ne tombent aux mains d’acteurs non étatiques, a estimé le représentant, qui l’a présentée comme un « instrument de coopération et de service, et non de contrainte ».  C’est aux gouvernements et aux États qu’incombe la mise en œuvre de la résolution 1540, a-t-il par ailleurs insisté.  Si les organisations internationales et régionales, le secteur privé, les secteurs scientifique et académique et encore certaines branches de la société civile peuvent jouer un rôle utile, celui-ci reste secondaire par rapport à celui des États, a-t-il argué. 

Le représentant a ensuite dit son opposition à la création de « nouvelles structures bureaucratiques », de même qu’à la formulation de « propositions radicales et non approfondies » qui risqueraient selon lui de gêner les travaux du Comité.  Ce dernier doit être guidé par le principe de coopération et de « non-nuisance », a poursuivi le représentant.

Rappelant que l’État islamique d’Iraq et du Levant avait mis la main sur des armes chimiques, M. Safronkov s’est alarmé du « phénomène terrible du terrorisme chimique » et a demandé une action d’urgence.  Il a appelé à bien comprendre la dynamique de la situation en Syrie en affirmant que les terroristes qui ont acquis la maîtrise d’armes chimiques en Syrie « vont chercher à se réfugier dans les pays tiers ».  Concernant la Ghouta orientale, il a souhaité que les experts de l’OIAC puissent enquêter sur les allégations concernant l’attaque de Douma.  Enfin, abordant l’attaque chimique de Salisbury, le représentant a affirmé que la Fédération de Russie « attend une enquête approfondie et des réponses aux questions que nous avons posées », et a dénoncé les « remarques sans fondement » de la représentante du Royaume-Uni. 

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) s’est félicitée de l’évolution importante du travail du Comité l’an passé et en particulier de la nomination de six nouveaux experts en décembre dernier, en relevant que trois avaient déjà pris leurs fonctions.  Elle a souhaité une rapide nomination du coordonnateur du Groupe d’experts et s’est dite heureuse que le programme de travail du Comité ait pu être adopté ce matin.  En outre, elle a encouragé l’intensification de la coopération entre le Comité 1540 et le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, ainsi qu’avec d’autres comités.

La Suède appuie le renforcement de tous les régimes de non-prolifération d’armes de destruction massive, alors même que le cadre mondial de non-prolifération subit d’« immenses pressions », a poursuivi Mme Schoulgin Nyoni, qui a illustré cette pression par l’usage répété d’armes chimiques.  « Nous devons montrer au monde que ces armes restent inacceptables », a répété la représentante, qui a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de mettre en place un nouveau mécanisme d’enquête sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. 

Rappelant les risques inhérents aux transferts de technologies, un problème soulevé de manière récurrente lors de l’examen approfondi de 2016, Mme Schoulgin Nyoni a assuré qu’en tant que Vice-Présidente du Comité 1540, la Suède étudiait actuellement les moyens de poursuivre les efforts sur cette question.  La Suède contribue aussi à la mise en œuvre de la résolution 1540 par son programme de coopération en matière de sûreté nucléaire et son engagement dans le cadre du partenariat mondial du G7, au sein duquel la Suède copréside le sous-groupe sur la biosécurité.  À l’heure où la menace que représentent pour la paix et la sécurité internationales les armes de destruction massive est claire et actuelle, « ce n’est qu’en travaillant ensemble dans le cadre des institutions que nous avons nous-mêmes mises en place que nous pourrons vaincre la menace », a conclu Mme Schoulgin Nyoni.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) en vue de son universalisation.  Il a souhaité que les 13 États qui n’ont pas fourni de rapport malgré ce qui est prévu par la résolution le fassent le plus rapidement possible.  Le représentant du Koweït a soutenu le programme de travail du Comité 1540 et exhorté tous les États Membres à soutenir ce comité.  Il s’est dit très préoccupé par les menaces pesant sur le régime de non-prolifération, en évoquant la « tragédie syrienne » et l’emploi d’armes chimiques à Douma.  Enfin, le délégué s’est dit en faveur en l’élimination totale des armes de destruction massive dans le monde, « à commencer par le Moyen-Orient », a-t-il précisé.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a mis en exergue le travail réalisé par le Comité 1540 et appelé tous les États à veiller à appliquer pleinement la résolution 1540.  Le Pérou s’est toujours engagé en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive, ainsi que pour un désarmement mondial, a affirmé le représentant, qui a rappelé la menace que représente le passage de telles armes dans les mains de groupes terroristes.  C’est la plus grande menace pour la paix et la sécurité internationales à l’heure actuelle, a estimé le représentant.  Il a également cité le défi majeur que représente le programme nucléaire militaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), avant d’insister sur l’importance du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien. 

Le représentant a ensuite abordé le problème de l’utilisation abusive des progrès scientifiques pour faciliter le transfert illicite de technologies.  Il a prôné à cet égard que tous les pays se dotent de mesures nationales efficaces de contrôle, comme le demande la résolution 2325 (2016).

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la population et du développement: la question de l’accès à la santé sexuelle et reproductive s’invite au débat sur la mobilité humaine

Cinquante et unième session,
5e et 6e séances – matin & après-midi
POP/1075

Commission de la population et du développement: la question de l’accès à la santé sexuelle et reproductive s’invite au débat sur la mobilité humaine

En 15 ans, la population des Émirats arabes unis a augmenté de 300%, montrant bien la pertinence du thème « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales » dont débat la Commission de la population et du développement depuis trois jours, avec un accent particulier aujourd’hui sur l’accès des migrants à la santé sexuelle et reproductive.

La ville de Dubaï compte 91% d’habitants nés à l’étranger, suivie par Bruxelles avec 71%, puis Toronto, Oakland et Sydney.  Sans les migrants, les Émirats arabes unis n’auraient jamais pu se développer comme ils l’ont fait, a souligné la représentante émiratie.  En moyenne, les migrants internes ou internationaux, au nombre d’un milliard dans le monde, représentent 9% du PIB mondial, soit 6 300 milliards de dollars, a renchéri la représentante du Forum économique mondial.  C’est la Chine et l’Inde qui abritent toutes les deux la moitié des personnes en mouvement, suivies des États-Unis, de l’Arabie saoudite, de l’Allemagne et de la France.

Le Sénégal, foyer de départs massifs, est aussi devenu un pays de destination, avec de réels défis de gestion et de prise en charge du phénomène migratoire.  La Libye, fragilisée, passe pour un pays de transit aux prises avec les réseaux criminels de l’émigration clandestine et de la traite des personne.  La Sri Lanka est le pays d’origine par excellence avec 1,9 million de Sri-Lankais à l’étranger et 800 départs quotidiens.

« Nous sommes ici pour parler des gens qui partent, soit en quête d'opportunités, soit en quête de sécurité », a plaidé la jeune ambassadrice des Pays-Bas sur les droits à la santé sexuelle et reproductive, des droits, a-t-elle dit, qui touchent « à l’amour, au sexe et à la vie ».  Des questions, a-t-elle poursuivi, qui concernent les jeunes filles forcées de se marier, les jeunes transsexuels confrontés à la discrimination et la violence ou les jeunes couples privés d’informations sexuelles et d’accès aux méthodes contraceptives.  De telles situations ne sont pas rares et elles s’aggravent avec la mobilité humaine, a insisté la jeune ambassadrice.  Elle a rappelé aux États qu’il est de leur intérêt d’avoir une population en bonne santé et informée et a conclu: « J’appelle les gouvernements à intégrer le droit à la santé sexuelle et reproductive dans toutes leurs interventions politiques pour ne laisser personne de côté ».

La Tunisie a aussi prévenu: un jeune, fille ou garçon, sexuellement frustré ou mal informé, représentera un fardeau pour les pays en développement.  Un jeune moralement et intellectuellement réprimé ne connaît pas la culture des droits de l’homme, la modernité et la tolérance et risque de devenir l’oppresseur des générations futures ainsi qu’une proie facile pour la radicalisation.  Les filles privées de leur droit à l’éducation et victimes de mariage précoce et/ou de mutilations génitales transmettront leur mal de vivre à leurs enfants.  Sans respect pour les principes de la pensée critique, des droits de l’homme, de l’acceptation de la diversité et de la tolérance, tout système de développement social sera voué à l’échec.

Avant d’ouvrir son débat, la Commission a observé une minute de silence en hommage aux 257 victimes de l’accident d’avion qui s’est produit près d’Alger.  Elle a aussi tenu une table ronde sur le thème « Les villes à la pointe de l’accueil des migrants » et poursuivra son débat général, demain jeudi 12 avril, à partir de 10 heures. 

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, RÉGIONAL ET NATIONAL

Débat général sur le thème « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales »

M. MDUDUZI DUNCAN DIAMINI, Ministre de l’administration du Tinkhundla et du développement du Swaziland, a indiqué que son pays ne compte pas beaucoup de grandes villes et qu’environ 30% de la population vit dans des zones urbaines et périurbaines.  Jusqu’à présent le pays avait deux types de gouvernements locaux, l’un rural et l’autre urbain, mais un système unifié de gouvernance est en train d’être établi, a-t-il ajouté.  Pour stopper les établissements urbains non planifiés, le Gouvernement a créé des programmes de logements abordables.  Il s’est aussi engagé à créer des villes durables et forger des partenariats pour, entre autres, augmenter de 28% en 2014, à 35% d’ici à 2020, l’énergie renouvelable.  Un fonds de développement a également été établi pour faire face au défi du développement inégal, facteur de migration interne.  Le Swaziland vient en outre d’achever un recensement numérique sur la population et le logement.

Poursuivant, le Ministre a parlé de l’adoption récente de la loi sur les réfugiés et a indiqué que le Gouvernement veille à ce que les délais d’hébergement dans les centres de réception se situent entre trois et six mois.  Passé ce délai, les réfugiés obtiennent un passeport et sont intégrés à la société.  Le Swaziland s’enorgueillit d’ailleurs du fait que d’anciens réfugiés travaillent à présent comme médecins, techniciens en radiologie ou enseignants.

M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a indiqué que son pays met en œuvre le Programme d’action du Caire sur la population et le développement, dans le respect de sa législation nationale et de sa particularité culturelle.  Il a souligné que la phase de transition « turbulente » de la Libye, après la révolution de 2011, a provoqué des déplacements massifs de la population.  Il a aussi dit attendre avec intérêt la conclusion du pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, s’inquiétant de la nette augmentation du nombre de migrants en situation irrégulière sur le territoire libyen.  Ces migrants et les réseaux criminels qui les exploitent, a-t-il accusé, profitent de la situation « fragile » dans laquelle se trouve la Libye.  Pour le représentant, la solution exige que l’on appuie les efforts de développement des pays d’origine.  Il est injuste que des pays de transit comme la Libye, qui est dans une situation « instable », ait à assumer la responsabilité de gérer les migrations irrégulières.  Cette responsabilité devrait revenir aux pays d’origine qui doivent s’attaquer aux réseaux criminels.

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a déclaré que son pays fait face ces derniers temps à la mobilité humaine entre les zones rurales et urbaines.  L’augmentation de la population urbaine qui tourne autour de 65% a obligé les autorités à se focaliser sur les politiques et stratégies de développement urbain.  Il s’agit de créer de bonnes infrastructures urbaines et d’élargir l’accès aux services de base dont l’éducation, la santé, le logement, l’eau, l’assainissement et le travail décent.  Pour cela, le pays a lancé un ensemble de politiques et noué des partenariats.  Pour compenser l’accélération de la croissance urbaine, il faut créer des opportunités économiques et sociales dans les zones rurales. 

La jeune ambassadrice des Pays-Bas sur les droits sur la santé sexuelle et reproductive, Mme MELODI TAMARZIANS, a relevé qu’elle était probablement la plus jeune participante.   Nous sommes ici, a-t-elle dit, pour parler des gens qui partent, soit en quête d'opportunités dans les villes, soit en quête de sécurité.  Je suis ici pour parler de l’importance des droits à la santé sexuelle et reproductive parce que ces droits nous touchent chaque jour et partout.  C’est une question d’amour, de sexe et de vie, a-t-elle asséné, en parlant d’une question qui concerne les jeunes filles forcées de se marier, les jeunes transsexuels confrontés à la discrimination et la violence ou les jeunes couples privés d’informations sexuelles et d’accès aux méthodes contraceptives.  De telles situations ne sont pas rares et elles s’aggravent avec la mobilité humaine. 

Comme les plus petites anecdotes racontent les plus grandes histoires, la jeune ambassadrice a parlé, entre autres, d’une jeune Mozambicaine violée, puis enceinte et enfin retrouvée presque morte après un avortement dangereux car si l’avortement n’est pas illégal au Mozambique, l’accès à des services de santé reproductive adaptés aux jeunes et à une éducation sexuelle complète est limité. 

Si une adolescente ne peut pas aller à l’école parce qu’elle n’a pas de serviette hygiénique, si elle est forcée de se marier, si elle tombe enceinte et ne peut pas avorter à l’hôpital, si elle n’a pas accès à des contraceptifs gratuits et à des informations pertinentes sur la sexualité à l’école, elle, et les jeunes comme elle, se berce d’idées fausses et se prive de services essentiels, mettant sa santé en danger.

Il est de l’intérêt des États d’avoir une population en bonne santé et informée, a souligné la jeune ambassadrice, en quittant la sphère des droits de l’homme.  Chaque pays doit assumer une plus grande responsabilité s’agissant de la santé et du bien-être de sa propre population, en investissant davantage dans les droits à la santé sexuelle et reproductive.

Les jeunes doivent avoir leur mot à dire car ils sont ceux qui vivent la réalité derrière les politiques.  Nous avons, a plaidé la jeune ambassadrice, le droit « fondamental » d’explorer et d’exprimer notre propre identité: sans honte, sans discrimination et sans menacer notre santé ou notre vie.  Cela n’a rien à voir avec l’âge, l’origine et encore moins avec la manière dont un gouvernement voit tout cela.  « J’appelle les gouvernements à intégrer le droit à la santé sexuelle et reproductive dans toutes leurs interventions politiques pour ne laisser personne de côté », a-t-elle insisté.

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a affirmé que son pays est en train de sortir de sept années de guerre « contre le terrorisme ».  La priorité est d’assurer le retour des réfugiés et des déplacés dans la dignité et de leur garantir des services sociaux, des infrastructures de base et de bonnes conditions de réinsertion économique.  Le Gouvernement s’efforce de prévenir tout changement démographique dans les villes et de préserver la diversité du tissu social, dans tous ses efforts de planification, de reconstruction et de réhabilitation.  Le succès de ces efforts dépend aussi de la levée des mesures économiques coercitives imposées par les États-Unis et l’Union européenne au peuple syrien.  Le Gouvernement doit en effet s’atteler à la réhabilitation du secteur de la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive, et à la création d’emplois pour les jeunes.  La représentante a donc vivement dénoncé les « faux obstacles » auxquels les agences de l’ONU quand il s’agit d’appuyer financièrement les plans nationaux de développement, à cause des « politiques interventionnistes » de certains États.

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a dit que son pays était l’une des nations très urbanisées d’Afrique subsaharienne avec 39,5% de la population dans les zones urbaines, un taux qui devrait passer à 45,5% avant 2030.  Cette situation représente un défi pour le développement durable car la capacité des grandes villes, dans la plupart des cas, a été dépassée.  Pour inverser cette tendance, le Gouvernement a mis en place des mesures pour améliorer les services de base dans les zones rurales, réduire ainsi le taux de différence entre la campagne et les villes et libérer un espace pour le développement durable des villes.  La Zambie, a poursuivi le représentant, est aussi un pays d’origine, de transit et de destination pour les travailleurs migrants, les demandeurs d’asile, les clandestins ou encore les victimes de la traite des personnes.  Cela fait plus de 50 ans que la Zambie accueille des réfugiés et des demandeurs d’asile des pays voisins et de la région des Grands Lacs dont le nombre dépasse désormais les 70 000 personnes.  Le Gouvernement a besoin de plus de soutien dans ce domaine.

M. IGOR KHARITONOV (Fédération de Russie) a jugé crucial d’exploiter la science de l’urbanisme, en gardant à l’esprit les besoins des jeunes.  Il a dit espérer que le futur pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières répondra véritablement aux défis actuels.  Ces 20 dernières années, a-t-il poursuivi, les flux migratoires ont permis d’inverser de 50% la courbe du déclin démographique dans la Fédération de Russie.  Sur le plan économique, les migrants ont contribué à améliorer la compétitivité du pays.  Grâce à l’accord sur le marché commun avec les pays de la communauté eurasiatique, les migrants obtiennent facilement un permis de travail et des avantages sociaux.  Le représentant a insisté sur l’importance des données et de leur fiabilité.  Il a conclu en insistant aussi sur le respect de la souveraineté des États, seuls habilités à décider des politiques migratoires. Examiner cette question sous le seul angle des droits de l’homme serait contreproductif, a-t-il prévenu.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a insisté sur le fait que les migrants jouent un rôle important dans la croissance économique des pays d’origine et de destination et a appelé les gouvernements à tout faire pour réduire le coût des envois de fonds.  Il a aussi estimé que la Commission de la population et du développement a tout à fait le droit de faire une contribution aux négociations sur le futur pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Parlant de son pays, le représentant a estimé que l’urbanisation est une occasion à saisir pour le développement économique.  Le Népal, où 60% des gens font partie de la population active, compte tirer parti du dividende démographique.  Pays enclavé, il a besoin d’une somme 17 milliards de dollars pour réaliser tous les objectifs de développement durable. 

M. NYI NYI (Myanmar) a indiqué que comme ses voisins, le Myanmar, connaît des taux importants de migrations internes et internationales, en particulier au cours de cette dernière décennie.  Selon les dernières données, 19,3% de la population aurait déménagé au moins une fois.  L’ancienne capitale, Yangon, qui compte déjà plus de cinq millions d’habitants, est la destination de choix dont la population devrait augmenter rapidement dans les prochaines décennies.  Le pays a donc lancé un « Plan-cadre » pour le logement et autres projets d’infrastructures.  À ce jour, 4,25 millions de Birmans vivent à l’étranger dont plus de 70% en Thaïlande.  Le Myanmar a mis en place un système national de vérification pour les migrants sans papier visant à leur donner un permis de travail à l’étranger ou un passeport temporaire.  Avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Myanmar a effectué un recensement en 2014, le premier depuis 30 ans, dont les résultats permettent d’affiner les politiques, y compris sur la migration.  Le Myanmar s’attache maintenant à développer un système national d’identification électronique.

Mme MALILIGA PESETA (Samoa) a dit que, pays aux ressources limitées, le Samoa a intégré les questions de population comme partie importante de son cadre national de développement durable et a réaffirmé son engagement, en lançant le plan d’action sur la population 2016-2020.  Le Gouvernement s’efforce de diffuser largement les données sur la population et de veiller à ce que les planificateurs aient les compétences nécessaires pour intégrer ces données dans les plans nationaux et sectoriels de développement.  Comme tous les petits États insulaires en développement, le Samoa est vulnérable aux effets des changements climatiques et subit la fréquence et l’intensité accrue des catastrophes dans la région. Les derniers cyclones et inondations ont dévasté l’île et ses voisins, et détruit les infrastructures, conduisant à la réinstallation des communautés dans des zones plus élevées.  C’est le droit au développement qui a été affecté, a souligné le représentant. 

M. LEWIS GARSEEDAH BROWN II(Libéria) a mis l’accent sur l’importance de la mobilisation des ressources pour mettre en œuvre les mesures du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Les objectifs de ce Programme d’action exigent des ressources supplémentaires en particulier dans les domaines sociaux et économiques pour réduire les inégalités et répondre aux préoccupations environnementales. 

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a indiqué que plus d’un million de Tunisiens vivent à l’étranger, dont 83% en Europe.  Il a appelé au plein respect des droits et libertés fondamentales des réfugiés et des migrants, avertissant par ailleurs que les déplacements forcés et la migration irrégulière à large échelle présentent de nombreux défis sécuritaires, économiques et sociaux pour les pays de transit et de destination.  Il a souhaité une plus grande coopération entre les pays d’origine, de transit et de destination pour faire face au phénomène.

S’agissant du Programme d’action du Caire, le représentant a souligné que l’élimination des mariages précoces et la facilité d’accès aux contraceptifs sont essentielles pour permettre aux femmes d’achever leurs études et entrer dans la vie active.  Il a aussi insisté sur l’importance de l’éducation sexuelle, notamment pour assurer l’équilibre psychologique des jeunes et leur bonne intégration sociale.  Il a rappelé que l’avortement est légal dans son pays depuis 1973 et que la planification familiale y a été lancée en 1966. La Tunisie connaît aussi des taux importants de scolarisation, notamment chez les filles, et a par ailleurs adopté, en juillet 2017, une loi complète pour combattre la violence contre les femmes.

Poursuivant, le représentant a affirmé qu’un jeune, fille ou garçon, sexuellement frustré ou mal informé, représentera un fardeau pour les pays en développement.  Un jeune moralement et intellectuellement réprimé ne connaît pas la culture des droits de l’homme, la modernité et la tolérance et risque de devenir l’oppresseur des générations futures ainsi qu’une proie facile pour la radicalisation, a-t-il averti. En outre, les filles privées de leur droit à l’éducation et victimes de mariage précoce et/ou de mutilations génitales transmettront leur mal de vivre à leurs enfants. C’est pour cela que la Tunisie insiste sur l’importance d’intégrer l’éducation sexuelle à tous les programmes éducatifs qui, a-t-il ajouté, doit aussi reposer sur la pensée critique, les droits de l’homme, l’acceptation de la diversité et la tolérance. Sans respect pour ces principes, tout système de développement social sera voué à l’échec, a-t-il mis en garde.

Mme ROSAJILDA VÉLEZ (Républicaine dominicaine) a dit que son pays est le premier en termes de population immigrée et troisième en termes de diaspora dans la région: 1,3 million de Dominicains vivent à l’étranger et 571 000 immigrés vivent en République dominicaine, représentant 5,6% de la population.  Sur ce nombre, 4% sont des ressortissants d’Haïti.  Le nombre des jeunes diminue et celui des adultes augmente dans un pays où l’espérance de vie est de 73 ans.  Selon les données, 80% de la population vivra dans les zones urbaines d’ici à 2030.  L’exode rural touche surtout les femmes.  La croissance économique, a poursuivi le représentant, a attiré les migrants, poussant le Gouvernement à créer des institutions d’appui.  Aussi 65% des migrants ont bénéficié de la loi sur la régulation des étrangers dont 11 000 étaient inscrits en 2015, à la sécurité sociale, et leurs proches, en 2017.  Le Gouvernement a aussi créé un parquet spécial contre la traite des personnes et l’Institut des dominicains de l’étranger pour impliquer la diaspora dans le développement national.  La place de la République dominicaine dans l’Indice de développement humain s’explique aussi par les progrès dans les politiques migratoires.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a voulu que la résolution que la Commission doit adopter sur le thème de la session parle de l’amélioration de la vie dans les bidonvilles, du droit de retour dans le pays d’origine et de l’accès aux services sociaux de base.  Le texte ne doit pas oublier le problème de la pollution urbaine.  El Salvador, a-t-il poursuivi, s’est doté d’un plan de mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes d’ONU-Habitat, et souligne que les migrations internationales sont un moteur économique, tant pour les pays d’origine que de destination.  Le représentant a donc appelé à de bonnes réglementations pour exploiter ce potentiel, ce faisant, il a réclamé une plus grande synergie entre les différents organes concernés de l’ONU.

Mme LAURIE SHESTACK PHIPPS (États-Unis) a affirmé que son gouvernement traite des causes sous-jacentes de la migration clandestine, dans les pays d’origine et grâce à des programmes sur l’éducation et les activités génératrices de revenus.  Les États-Unis, a-t-elle aussi affirmé, sont les champions de l’aide humanitaire à ceux qui ont fui la persécution, la torture et les conflits et encouragent les autres gouvernements à faire de même.  Développer de bons processus de collecte de données sur la migration est important pour une bonne gestion de cette migration et des politiques de développement efficaces.  C’est essentiel, a insisté la représentante, pour identifier les besoins des migrants.  D’ailleurs, de plus en plus de pays incluent des indicateurs sur les migrations internationales dans leurs recensements et dossiers administratifs.  Comme les flux de population restent difficiles à évaluer, les États-Unis ont joué un rôle actif dans l’élaboration des recommandations internationales sur les données de la migration.  Ils sont disposés à aider les pays à développer leur capacité de collecte, d’analyse et de diffusion de ces données. 

M. MADHUKA SANJAYA WICKRAMARACHCHI WICKRAMARACHCHIGE (Sri Lanka) a indiqué que dans son pays, la grande vague d’émigration a eu lieu dans les années 70 avec le boom du pétrole au Moyen-Orient.  Aujourd’hui, 1,9 million de Sri-Lankais travaillent à l’étranger et on estime que 800 personnes quittent le pays chaque jour.  Il a aussi indiqué qu’en Asie du Sud, l’urbanisation a été relativement lente: au Sri Lanka, la population urbaine est passée de 16% en 1960 à seulement 18% en 2016.  Aujourd’hui la tendance de la migration interne est plutôt des villes vers les banlieues.  Revenant aux Sri-Lankais de l’étranger, le représentant a indiqué que la priorité du Gouvernement est surtout leur santé.  Un Cadre de coordination interministérielle et interagences a été mis en place pour s’occuper de la santé des travailleurs migrants à leur départ, pendant leur séjour à l’étranger et à leur retour.  Tous les rapatriés ont droit à une visite médicale.  S’agissant de l’urbanisation, le représentant a fait part du « Western Region Megapolis Planning Project » qui vise à créer, d’ici à 2030, une mégapole dans la région ouest du pays, en tenant compte des besoins du nombre croissant de personnes âgées vivant en zones rurales.

M. THAVRAK TUON (Cambodge) a déclaré que son pays connaît une situation démographique dynamique avec un exode rural important.  Les politiques nationales de la population et du vieillissement mettent d’ailleurs l’accent sur la migration interne et l’urbanisation, avec le but de réduire les coûts sociaux et écologiques.  La priorité est aussi de rééquilibrer les conséquences des mouvements migratoires et de veiller au respect des droits des déplacés et des réfugiés.  Mais ces défis ne peuvent être résolus seuls.  Il faut une coopération régionale et internationale et une approche stratégique fondée sur des données fiables.

M. ABDOULIE BAH (Gambie) a indiqué que son pays connaît un taux important d’exode rural: plus de la moitié de la population (57,8%) vit dans les villes, ce qui est bien au-dessus de la moyenne de 42% du continent.  Cette population urbaine compte de nombreux jeunes qui souffrent d’un taux élevé du chômage et de la pauvreté, notamment dans la région de Banjul.  L’urbanisation du pays est dangereuse du fait de sa rapidité, de sa nature incontrôlée, des constructions dans des zones inondables et de l’absence de plans d’urbanisme.  La Gambie a aussi été frappée par une « avalanche » qui est un défi pour son développement: de nombreux jeunes sont partis pour l’Europe, en passant par l’Afrique du Nord pour rejoindre la Méditerranée.  Le nombre de Gambiens qui ont emprunté cette route a augmenté de 41% entre 2015 et 2016. La Gambie vient donc d’adopter pour la première fois sa politique nationale des migrations et a intégré ces questions dans son plan national de développement 2018-2021.  Le Gouvernement entend ainsi créer des politiques favorables au maintien des Gambiens dans leur pays mais elles coûtent cher et nécessitent des investissements massifs.  Le représentant a dit compter sur les donateurs et les partenaires.

M. PARDO (Bolivie) a dit que « vivre bien » est le leitmotiv de son Gouvernement pour sa population.  L’objectif est de réduire l’extrême pauvreté et les inégalités, et préserver l’équilibre avec la Terre nourricière.  Le Gouvernement a élaboré une politique de planification ordonnée aux niveaux national et régional pour prendre en charge les migrations internes.  Ces migrations modifient le profil démographique et le modèle économique de chaque région.  Les migrants ne sont pas homogènes et ne migrent pas pour les mêmes raisons.  Il faut donc des politiques adaptées à chaque région et bien tenir compte du fait que la migration des jeunes entraîne le chômage urbain, fait reculer la qualité des services sociaux, est porteuse de violence et susceptible d’engendrer des inégalités entre les régions.  Il est important, a insisté le représentant, d’intégrer la migration dans les politiques de développement et dans le travail de toutes les institutions nationales et régionales. 

M. ABDUL SHUKUR ABDULLAH (Malaisie) a indiqué que le taux d’urbanisation de son pays avait triplé depuis 2010 et que cette tendance devrait se poursuivre.  Outre l’exode rural, la migration interne de la Malaisie est caractérisée par des mouvements intra-urbains.  Parmi les défis engendrés par le phénomène, il a cité la pollution, le logement et la hausse du coût de la vie.  Pour y faire face, le Gouvernement a mis en place une politique pour des villes sûres et durables.  Un programme de logement abordable a aussi été initié.  Le représentant a ensuite indiqué que la Malaisie est aussi devenue un des principaux pays de destination, où vivaient plus de trois millions de travailleurs migrants en 2010.  Un programme spécial visant à faciliter le recrutement de travailleurs étrangers tout en veillant à leur bien-être a été lancé.  La Malaisie compte aussi réduire sa dépendance aux travailleurs non qualifiés et encourager les flux de travailleurs hautement qualifiés.  Elle a en outre fixé un plafond de 15% pour le nombre des travailleurs étrangers.  Un guichet unique a aussi été créé pour tout candidat étranger au marché de l’emploi malaisien.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a attiré l’attention sur le programme quinquennal de soutien à la relance économique 2015-2019, avant de préciser qu’à travers la politique mise en œuvre depuis 2006, l’Algérie a placé la ville au centre d’une démarche de développement durable territorial autant comme élément de rééquilibrage du système d’armature urbaine nationale que comme moteur du développement local.  Connu comme pays de transit et de destination des migrants, l’Algérie est confrontée, ces dernières années, à des flux migratoires sans précédent.  Le dispositif juridique mis en place pour faire face à ce phénomène tient compte des engagements internationaux en matière de respect de la dignité et des droits de l’homme notamment des personnes vulnérables.  Il permet aux nombreux migrants de bénéficier de mission de facilitation en termes de séjour, de scolarisation, de soins médicaux et de travail.

L’Algérie défend et promeut constamment une approche globale et intégrée de la question migratoire basée sur la nécessité de traiter aussi bien les aspects sécuritaires, les questions liées aux droits de l’homme, que les causes profondes de la migration irrégulière.  Les négociations en cours visant à aboutir à un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ont mis en relief l’ampleur du défi auquel fait face la communauté internationale.  Il est également important de renforcer la coopération internationale et l’assistance technique pour soutenir les pays à élaborer des plans d’actions cohérents et coordonnés, en particulier en matière d’emploi des jeunes.  Le FNUAP, le BIT et l’UNESCO et les autres institutions spécialisées de l’ONU, devraient apporter une contribution significative à travers des actions ciblées, notamment en matière d’établissement des rapports et des études de recherche ainsi que l’organisation d’ateliers d’information et de sensibilisation.  L’Algérie, a conclu le représentant, souhaite que la Commission prenne en considération l’engagement d’enrichir le débat autour d’un programme d’action actualisé sur la population et le développement, notamment pour les pays en développement.  À ce titre, il importe de souligner l’intérêt de la mise en place d’un organisme technique pour la prise en charge de ces questions, à l’instar de celui de l’Union africaine.

Mme ENYONAM VICTORINE BADOHOUN WOMITSO (Togo) a indiqué que son pays n’est pas épargné par l’exode rural qui draine vers les villes des milliers de jeunes qui sont souvent candidats à la migration internationale.  Elle a assuré que le Togo s’emploie à apporter des réponses idoines aux défis liés à l’urbanisation, citant notamment la mise en œuvre de sa Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi qui vise, a-t-elle expliqué, à accroitre le potentiel d’accueil des villes, ainsi que l’insertion professionnelle des jeunes.

Pour ce qui est de la gestion de la migration internationale, le Gouvernement a élaboré des stratégies nationales ainsi qu’un plan de mobilisation de sa diaspora.  Parmi les autres mesures prises par son gouvernement, elle a cité la création de la campagne de sensibilisation contre la migration irrégulière, la mise en place d’antenne pour la délivrance de pièces de voyage au niveau des représentations diplomatiques, et l’établissement du e-visa.  Le Gouvernement continue toutefois de faire face à un certain nombre de défis liés, entre autres, à la production agricole en milieu rural, la pauvreté, la gestion des masses urbaines et le phénomène migratoire.  La représentante a par ailleurs appelé à une coopération internationale soutenue pour faciliter la migration et la mobilité sûres, régulières et responsables.

M. WILBERFORCE KISAMBA‑MUGERWA (Ouganda) a expliqué que compte tenu du taux de fécondité élevé, le pays a une population jeune: 47,9% de la population totale a moins de 15 ans.  Les jeunes forment la majorité des migrants vers les villes, avec de graves implications comme le chômage, la criminalité et l’apparition des bidonvilles.  Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a adopté le « Grand Kampala », une stratégie de développement reposant sur quatre piliers: les infrastructures de développement, le tourisme, la création d’emplois pour les jeunes et la gestion de l’environnement.  La stratégie vise aussi l’adoption de mécanismes conjoints de planification avec les municipalités voisines pour harmoniser les plans de développement. 

L’Ouganda prend aussi des mesures pour initier une transition démographique afin de faire baisser rapidement le taux de fécondité et tirer parti du dividende démographique.  Le Gouvernement concentre donc ses efforts sur l’accès à la planification familiale et des investissements dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’économie en particulier la création d’emploi et la gouvernance.  Le Gouvernement a lancé la politique de la jeunesse 2016 et son plan d’action. S’agissant de la mobilité humaine et la migration, l’Ouganda accueille plus de 1,4 million de réfugiés et de demandeurs d’asile des deux pays voisins, ce qui met une pression sur les services sociaux y compris les centres d’accueil.  

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a indiqué que le pays fait face à une mobilité sans précédent vers les centres urbains, engendrant une véritable transformation au détriment de l’économie agricole.  Le Bangladesh attend avec intérêt la conclusion des négociations sur le futur pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui, a-t-il estimé, doit se fonder sur une meilleure compréhension du principe de la responsabilité partagée.  Face au phénomène des migrations internationales, il faut célébrer la diversité culturelle et édifier des communautés résilientes, en sachant que le protectionnisme ne paie pas.

Mme JOSESPHINE KIBARU-MBAE, Directrice générale du Conseil national pour la population et le développement du Kenya, a dit que le Gouvernement fait face au défi de la migration rurale et urbaine qui ralentit le développement dans les zones rurales à cause du manque de main-d'œuvre qualifiée.  Pour parer à la croissance démographique dans les grandes agglomérations urbaines, le Gouvernement a mis en place le programme d’amélioration des bidonvilles et un autre pour la réadaptation des familles de la rue afin d’assurer la disponibilité des terres, des logements, des services et des moyens de subsistance pour les pauvres des villes.  Après avoir énuméré le cadre juridique kényan, la représentante a déclaré que la migration rurale et urbaine rapide pose des défis aux autorités municipales qui ont des problèmes à assurer les services adéquats aux citadins et aux habitants des zones périurbaines. 

Le Gouvernement a aussi créé un fonds de réinstallation et est en train d’élaborer une politique pour les déplacés.  Il s’est doté, depuis 2009, d’une politique de migration et de nationalité, et depuis 2011, d’une politique sur la citoyenneté et l'immigration.  Il a également adopté des codes, des lois et des politiques sur la lutte contre la traite des personnes et des migrants, sur les envois de fonds et les réfugiés.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a annoncé que son pays abrite 700 000 des travailleurs migrants mais qu’en 2017, il a reçu 2,2 milliards d’envois de fonds de sa propre diaspora.  En matière de migration, ce sont les jeunes migrants de 18 à 29 ans qui ont le plus de problèmes, vulnérables qu’ils sont à la violence, à la discrimination et à la traite des personnes.  Pour contrer le décalage entre les villes et la campagne, après l’exode rural, le Gouvernement a élaboré une politique nationale qui s’étale jusqu’en 2030.  Il s’agit d’investir dans les régions pour créer des opportunités d’emplois et d’intensifier les programmes d’éducation et de formation professionnelle, en faisant appel aux ONG.  Mais ces mesures se heurtent au manque de financement, a avoué la représentante.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a indiqué que le principal défi pour son pays est de veiller à ce que l’urbanisation soit durable car un tiers de la population vit dans la capitale, les deux tiers restants étant répartis entre 188 îles, dont certaines comptent moins de 300 habitants, ce qui représente des défis énormes dans l’accès aux services sociaux de base.  Le Gouvernement s’efforce d’attirer des investisseurs pour appuyer les communautés locales et accélérer le développement.

Mme RENE LAUER (Luxembourg) a déclaré que depuis le siècle dernier, l’évolution démographique a été au centre du développement économique de Luxembourg qui reconnaît que sa position géographie est un avantage non négligeable.  La moitié des résidents n’ont pas la nationalité luxembourgeoise et deux tiers des salariés ne sont pas luxembourgeois.  Le Luxembourg est donc une société multiculturelle et c’est au niveau de l’éducation que le problème de l’apprentissage des langues étrangères se pose.  Les responsables tentent d’y apporter les solutions nécessaires.  Sur le plan international, le Luxembourg a depuis 2000, atteint l’objectif de consacrer 0,7% de son PNB à l’aide publique au développement (APD).  En 2017, il a versé 2 millions d’euros au FNUAP, dans le cadre d’une initiative néerlandaise sur la santé maternelle. 

Mme HESSA MUNEER MOHAMMED RASHED ALATEIBI (Émirats arabes unis) a souligné que la migration est un facteur essentiel du développement, faisant observer que son pays n’aurait jamais pu se développer sans les contributions importantes de ses migrants.  Elle a estimé que le prochain pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières jouera un rôle clef pour atteindre les objectifs que s’est fixés la Commission.  La représentante a par ailleurs indiqué que son pays a enregistré une augmentation de 300% de sa population, ces 15 dernières années.  Le Gouvernement suit de près l’impact de cette évolution, y compris sur le plan environnemental.  Il s’est d’ailleurs doté d’un Ministère chargé de l’intégration.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a dit que ces dernières années, son pays a connu une intensification et une diversification des migrations internes et internationales.  Le Sénégal est devenu à la fois un foyer de départ massif, un espace de transit et une destination pour des migrants en provenance d’autres pays.  Ces dynamiques posent de réels défis de gestion et de prise en charge du phénomène migratoire par l’État et par les autres acteurs.  Le Sénégal vient d’adopter une politique nationale intégrée de migration qui vise à faire de la variable migratoire un levier de croissance, de capture du dividende démographique et de développement durable.  Le plan d’action qui accompagne cette politique s’articule autour de 11 axes répartis dans quatre domaines d’activités stratégiques: gestion des données, économie et emploi; droits humains et genre; santé et environnement; et gestion intégrée des frontières.  Le Gouvernement est soucieux de trouver des solutions pour faciliter l’insertion économique et social des jeunes, y compris dans leurs collectivités locales d’origine.  Il a mis en œuvre des programmes de promotion de l’emploi des jeunes en mettant l’accent sur l’information sur les opportunités d’emploi, le développement de l’entreprenariat et du microcrédit ainsi que la création de cadres de concertation et de participation au niveau local.  Pour assurer des résultats satisfaisants, un schéma de coordination et de suivi de la mise en œuvre de cette politique est proposé. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a appelé à combattre le fléau de la pauvreté et des inégalités, moteur de la migration interne et de mouvements transfrontaliers.  Pour cela, a-t-il dit, il faut des investissements fiables sur le long terme, dans l’éducation, la santé, la planification urbaine et les politiques d’emplois décents, ainsi que dans la protection sociale, les infrastructures et le logement.  Il a constaté que de nombreux États ont été pris au dépourvu par le flux massif de migrants et de réfugiés et n’avaient pas les capacités pour les intégrer correctement.  Il s’est aussi inquiété du fait que l’absence de voie de régularisation, notamment pour les migrants dans les situations les plus vulnérables, pousse de nombreuses personnes à emprunter des voies dangereuses, au risque de tomber dans la traite, l’esclavage et autres formes d’exploitation.

Pour le Saint-Siège, tout État qui cherche à gérer ses frontières de manière efficace doit également être responsable du bien commun de ses voisins.  Il n’y a pas de raccourci à la coopération internationale et les solutions à court terme qui profitent de la peur pour fermer les frontières ne déboucheront que sur des crises encore plus ingérables, a-t-il prévenu.  Il a souhaité que cette Commission soit l’occasion pour les États de s’engager en faveur d’une « culture de la rencontre » souhaitée par le pape François.

M. ABDULLAH ABU SHAWESH (État de Palestine) a dit que les migrations perturbent les plans et les efforts de développement des Palestiniens.  La veille de la naissance de l’État d’Israël, en 1948, les réfugiés palestiniens représentaient le double des Israéliens.  Cinquante ans plus tard, les Palestiniens comptent pour 21% de moins que les Israéliens, ce qui représente une baisse de 140% de la population palestinienne.  Cette domination géographique israélienne repose sur la religion car les non-Juifs ne peuvent obtenir la nationalité israélienne.  L’objectif d’Israël est de changer la composition démographie de la Palestine, en particulier Jérusalem, capitale de la Palestine.  Israël impose des impôts excessifs sur le logement et confisque les terres de Palestiniens.  Les colonies israéliennes s’élargissent et 600 000 colons habitent désormais dans les territoires occupés, violant les droits des Palestiniens notamment dans la ville d’Hébron où la population vit dans la peur des 7 000 colons.  Quelque 200 000 Palestiniens y sont assiégés.  La situation démographique en Palestine implique donc une approche spéciale en termes de démographie et de développement, a conclu le représentant.

Au nom des 22 entités de l’ONU du Groupe mondial sur la migration (GMG), M. ASHRAF EL NOUR, Directeur du Bureau de New York de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a souligné que le Programme d’action du Caire offre des recommandations fortes et contraignantes sur les valeurs qui doivent guider les approches internationales et nationales des migrations internationales.  Parmi ces valeurs, on retrouve l’humanité, la dignité et les droits de l’homme de tous, indépendamment de leur statut.  Ces valeurs reconnaissent aussi le coût élevé des inégalités. 

Les villes sont le centre d’activités sociales, économiques et politiques.  Les mouvements de population des zones rurales vers les villes, entre les villes et vers les pays étrangers vont continuer de façonner les dynamiques de la population.  Pour certains, les villes servent de point de départ vers de nouvelles destinations et l’engagement des autorités municipales est crucial.  De plus en plus, les réseaux de maires s’échangent les bonnes pratiques et sensibilisent sur le rôle des gouvernements locaux.

Le Nouveau Programme pour les villes, adopté à Quito, reconnaît l’importance du rôle des villes pour faire face aux multiples formes de discriminations et inégalités, y compris celles basées sur le statut migratoire, et souligne que notre engagement en faveur des droits de l’homme des migrants, dont la non-discrimination en matière d’accès aux services de base.  Les fora annuels des maires sur la migration et le développement et la Conférence mondiale sur les villes et les migrants de Malines, en Belgique, ont confirmé le rôle grandissant des villes dans la gestion des migrants et des migrations, a rappelé M. El Nour.  En 2017 toujours, les préparatifs du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ont permis à de nombreux États et parties prenantes de souligner que c’est au niveau local que les migrations ont lieu.

Le GMG souligne qu’étant donné que les migrants s’installent dans des communautés locales où ils contribuent à l’économie, créent des réseaux sociaux, enrichissent la culture et l’accès aux services, l’approche de la gestion des migrations doit tenir compte des niveaux régionaux, locaux et municipaux.  Les autorités locales ne doivent pas seulement être impliquées dans la mise en œuvre des programmes sur les migrations, mais participer également à l’élaboration des politiques.  Les mouvements de populations doivent être pris en compte dans la planification urbaine.  Il s’agit par exemple de tenir compte de l’impact qu’auront les migrations sur les infrastructures, l’accès aux services, la protection sociale, la santé et les services sanitaires, la sécurité alimentaire, le développement économique et la durabilité environnementale.  Cela revient aussi à tenir compte du respect des droits et besoins fondamentaux des migrants dans la planification, la construction et la gestion des villes.  Enfin, pour le GMG, il faut équiper les villes et les autorités locales d’outils et de ressources pour bien gérer l’installation de nouveaux arrivants.  Il est important de faire respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales des migrants et des populations locales, pour lutter contre la discrimination, la xénophobie et le racisme.  M. El Nour a enfin plaidé pour la collaboration entre villes par le biais de la coopération décentralisée et de la coopération Sud-Sud.

M. HU HONGTAO, Partenaires pour la population et le développement, a parlé du contexte démographique unique des zones urbaines des pays en développement, comme un champ de recherche intéressant.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a constaté que dans trop de pays du monde, les travailleurs migrants font face à la discrimination, travaillent souvent dans des conditions précaires, et sont fréquemment l’objet d’exploitation, une situation qui, a-t-il averti, peut aboutir à la traite ou à la servitude pour dette.  Ce qui pouvait sembler être un passeport pour la prospérité peut déboucher sur la perte du passeport lui-même et le travail forcé, a-t-il commenté.  Il a fait observer que la migration des travailleurs peut être bénéfique pour les travailleurs, leur famille et les communautés hôtes si elle est bien gérée, équitable et effective.  Ce faisant, elle peut rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché du travail, faciliter l’acquisition et le transfert des compétences, contribuer aux systèmes de protection sociale et appuyer l’innovation entrepreneuriale.  L’approche « travail décent » de l’OIT trace la voie à suivre pour l’élaboration d’une gouvernance équitable de la migration des travailleurs.

Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a souligné qu'à l'heure actuelle, 54% de la population mondiale vit dans des villes exposées à de nombreux risques.  Comme nous vivons dans un monde numérique interconnecté, des normes communes sont nécessaires.  La déléguée a appelé au développement de villes intelligentes et durables.  Elle a mis en exergue la Charte des Nations Unies sur le logement durable qui constitue un cadre pour des villes plus intelligentes et plus durables.  La CEE s'est engagée à développer la capacité des autorités locales de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, en particulier dans les villes à faible revenu.  Elle a également accueilli des forums régionaux pour examiner les engagements mondiaux pour les villes et s'est engagée à faire des villes de meilleurs endroits pour vivre afin de s'assurer que personne ne soit laissé de côté.

M. PAULO MURAD SAAD, Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a parlé des différentes initiatives et partenariats lancés par la CEPALC dans le cadre des négociations sur le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  La Conférence sud-américaine sur les migrations et d’autres organes subsidiaires offrent l’occasion de discuter des questions importantes concernant la migration.

Droit de réponse

La représentante d’Israël a regretté la rhétorique de la délégation palestinienne qui, a-t-elle affirmé, préfère accuser plutôt que balayer devant sa porte.  Les autorités palestiniennes, a-t-elle accusé à son tour, détournent l’argent des projets de développement pour financer le terrorisme.  L’année dernière, c’est une somme de 345 millions de dollars qui a été détournée.  La « revendication » sur le droit au retour des réfugiés palestiniens n’a pas sa place dans cette Commission, a souligné la représentante qui a renvoyé cette matière aux négociations directes sur le statut final.

C’est toujours la même rengaine, a ironisé le représentant de la Palestine qui a affirmé que tous ses propos sont prouvés par la recherche universitaire.  Ce sont bien 700 « colons criminels » qui vivent à Hébron, retenant en otage toute une population.

Discussion interactive sur le thème « Les villes à la pointe de l’accueil des migrants: expériences et enseignements tirés »

Ce sujet est un des plus grands paradoxes du moment, a déclaré d’emblée M. DOUG SANDERS, journaliste au « Globe and Mail » de Toronto.  Les migrations internationales font l’objet des politiques nationales alors que leurs effets relèvent essentiellement des politiques urbaines.  Or les villes ont très peu d’influence sur les politiques nationales, a-t-il fait observer, notant le manque de recherches sur l’impact de la migration sur l’urbanisation.

La migration est un réseau de personnes au sein d’une région urbaine dans un pays donné et parmi les obstacles qui entravent l’installation des migrants, le journaliste a vu en premier lieu le logement, l’accès aux services, comme la santé et l’éducation, mais aussi l’accès aux capitaux.  En effet, les migrants ne sont pas simplement de la main-d’œuvre.  Ils ont aussi capables de créer des entreprises.

Les migrants contribuent à hauteur de 6 300 milliards de dollars, soit 9%, du PIB mondial, a indiqué Mme ALICE CHARLES, Chargée des villes et du développement humain auprès du Forum économique mondial.  Dans le monde actuel, un milliard de personnes ont migré que ce soit à l’échelon national ou international, la Chine et l’Inde recensant sans doute à elles deux la moitié des personnes en mouvement.  Les principaux pays de destination sont les États-Unis et l’Arabie saoudite, ainsi que l’Allemagne et la France, tandis que les principaux corridors de migration relient la Syrie à la Turquie, la Syrie au Liban et le Soudan du Sud à l’Ouganda.

La ville de Dubaï compterait 91% d’habitants nés à l’étranger, et Bruxelles 71%, suivi de Toronto, Oakland et Sydney.  Parmi les principaux défis de ces villes, elle a cité l’accès à des logements décents et abordables, aux soins de santé, dont la santé mentale, et à l’éducation.  Parmi les meilleures pratiques, Mme Charles a parlé de la ville de Calgary, où un programme permet aux migrants de vivre pendant un certain temps chez l’habitant pour faciliter l’intégration.  Elle a aussi attiré l’attention sur le programme de la ville de New York qui distribue des cartes d’identité municipales aux migrants, leur ouvrant l’accès à la santé.  La ville de Berlin a su mettre en place une stratégie novatrice pour réquisitionner les espaces vides.

Les villes doivent se montrer prêtes à faire face à ces mouvements inéluctables de migrants, a enchaîné M. HAZEM GALAL, Chef du secteur des villes et du gouvernement local de PwC, qui a mis en garde contre les répercussions négatives d’un sentiment de rejet.  Pour créer un « cercle vertueux », il a prôné la cohérence des politiques d’intégration, sans négliger l’accueil personnalisé, qui, a-t-il souligné, joue un rôle essentiel.  Il a par exemple conseillé de suivre les messages échangés dans les médias sociaux et rectifier les informations erronées.  Il a aussi encouragé les autorités à faire participer les migrants à la prise de décisions qui les concernent et à ne pas hésiter à faire appel au secteur privé.  M. Galal a rappelé, à cet égard, le débat sur l’impact des politiques migratoires américaines sur la compétitivité de la Sillicon Valley.  C’est aussi le secteur privé qui a le premier parlé du travail à distance pour les réfugiés vivant dans les camps.

Il nous faut un « diagnostic » précis de la situation pour assurer l’intégration des migrants, a poursuivi Mme MARCELA CERRUTTI, du Conseil national scientifique et de recherche technique de l’Argentine.  Des informations démographiques de base doivent être collectées car il faut bien comprendre les conditions sociopolitiques qui ont débouché sur certains problèmes précis, comme la ségrégation dans les villes, et identifier les causes de l’intolérance et de la xénophobie.

La panéliste s’est ensuite attardé sur l’impact de l’Accord de résidence du Marché commun du Sud (MERCOSUR) qui, a-t-elle indiqué, a permis de réduire le nombre de migrants sans papier.  En conséquence, ils paient des impôts et bénéficient de la sécurité sociale, améliorant ainsi de manière notable leur insertion dans leur ville d’accueil.

L’Afrique qui accueille de plus en plus de migrants internationaux, souvent originaire d’Asie, voit naître des problèmes dont le moindre n’est pas la propriété foncière, a fait observer la Zambie.  Comment faire que les locaux cessent de penser qu’on cherche à leur arracher leur terre?  Comment faire pour que les communautés d’accueil ne voient pas les migrants comme une menace? a ajouté le Nigéria.  La première chose à faire c’est accorder un statut de résident aux migrants, a répondu la panéliste de l’Argentine, et sensibiliser l’opinion publique pour contrer les préjugés.  Il ne faut pas non plus négliger l’importance des programmes d’apprentissage des langues locales pour faciliter l’insertion des migrants, a ajouté la panéliste du Forum économique mondial.

S’il est contreproductif d’ordonner aux migrants où s’installer, a ajouté le journaliste du Globe and Mail, il faut toutefois planifier et anticiper où ils peuvent s’installer, en gardant notamment à l’esprit les perspectives économiques qui s’offrent à eux.  La préparation est essentielle, a-t-il souligné, que ce soit en termes de logement, de système d’approvisionnement en eau ou d’assainissement.  L’exode rural finira par engendrer des migrations internationales pour compenser le déclin démographique engendré par une population de plus en plus urbaine.  La migration interne vers les villes provoque une diminution significative de la taille des familles, comme en Iran où les familles ont en moyenne moins de deux enfants contre huit dans les années 1980. Certes, mais il faut garder à l’esprit que le vieillissement de la population est inévitable, et que la migration peut uniquement contribuer à ralentir ce phénomène, a interjeté le panéliste, M. JOHN WILMOTH, de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales.

La République dominicaine a expliqué que pour contrôler les flux de migrants venant d’Haïti, l’on a envisagé de créer des entreprises dans la zone frontalière, ce qui permet aux travailleurs de rentrer chez eux à la fin de la journée.  Cet exemple a poussé le panéliste de PwC à insister sur l’élargissement des processus de recrutement, car les travailleurs migrants sont souvent plus « fidèles » que les nationaux.  La République dominicaine ayant mis l’accent sur l’importance de bien former les autorités locales, la panéliste du Forum économique mondial a conseillé la création de « réseaux de maires » qui pourraient ainsi partager leur expérience, à l’instar du maire d’Athènes qui, a-t-elle expliqué, a créé un réseau avec Amman et Los Angeles pour trouver des solutions à des problèmes précis.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Vive impatience au Conseil de sécurité devant les retards pris dans l’application de l’accord de paix au Mali

8229e séance – matin
CS/13290

Vive impatience au Conseil de sécurité devant les retards pris dans l’application de l’accord de paix au Mali

Plusieurs délégations ont exprimé, ce matin, au Conseil de sécurité, leur vive impatience devant les retards pris dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  « Les progrès sont minces malgré les sonnettes d’alarme que nous ne cessons de tirer », a asséné la déléguée des États-Unis. 

S’il a fait état d’une dynamique positive, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, M. Mahamat Saleh Annadif, a néanmoins estimé qu’il était temps de « passer des promesses aux actes ».  Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mali, M. Tiéman Hubert Coulibaly, a dit comprendre « l’impatience » du Conseil, tout en faisant valoir la volonté ferme du Gouvernement malien de mener à bien le processus de paix.

Premier orateur à s’exprimer, M. Annadif, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation au Mali, a, au nombre des progrès accomplis, mentionné la signature le 22 mars 2018 d’une feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par le Comité de suivi de l’Accord. 

Les trois derniers mois se sont caractérisés par le renforcement de la confiance entre les parties signataires de l’Accord, dont la visite du nouveau Premier Ministre, M. Soumeylou Boubeye Maïgha, dans les régions du nord est une illustration, a déclaré le Représentant spécial.  « Cette visite concrétise le retour progressif de l’autorité de l’État dans ces régions. »

Le Représentant spécial a replacé cette « dynamique positive » dans un contexte politique marqué par la tenue prochaine de l’élection présidentielle cet été et des législatives en novembre et décembre.  « Les acteurs maliens ne doivent pas oublier que la mise en œuvre de l’Accord doit demeurer une priorité et ne pas devenir un enjeu politique ». 

M. Annadif a souhaité que les deux chantiers soient menés à leur terme de manière concomitante en comptant sur la nouvelle dynamique insufflée par le nouveau Premier Ministre, « qui demeure certes nécessaire mais pas suffisante, au vu des retards accusés ». 

Le Représentant spécial a demandé que la feuille de route du 22 mars ne soit pas une signature de plus et appelé à des « élections consensuelles, apaisées et surtout crédibles ».  « Le contraire serait d’ajouter une crise à la crise et c’est le camp des ennemis de la paix qui en sortirait vainqueur », a averti M. Annadif. 

Certaines délégations n’ont pas dissimulé leur impatience devant les retards pris, qui sont, selon la représentante du Royaume-Uni, « une source de frustration pour le Conseil ».  Les espoirs suscités par l’adoption du chronogramme n’ont pas été concrétisés, alors que « le temps presse », a renchéri la représentante des États-Unis. 

Rappelant qu’il ne saurait y avoir de stabilité au Sahel sans pleine mise en œuvre de l’accord de paix, le représentant français a dit attendre « toujours les mêmes mesures » de la part des parties maliennes, s’agissant notamment des processus de décentralisation et de désarmement, démobilisation et réintégration. 

De son côté, le Président du Comité du Conseil de sécurité établi en application de la résolution 2374 (2017) a présenté le premier rapport de ce Comité créé en septembre dernier.  Il a indiqué que sa visite à Bamako, en mars, lui a permis de discuter avec les parties maliennes de la manière dont les sanctions peuvent contribuer à l’application de l’Accord. 

Si cette résolution est un premier pas, le délégué de la France a déclaré qu’il fallait « aller plus loin ».  La France va ainsi engager dans les prochaines semaines un travail « visant à identifier ceux qui font obstruction à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui devra aboutir à des propositions de désignation », a-t-il dit. 

« L’ensemble des acteurs maliens doivent avoir conscience que le Conseil de sécurité les prend pleinement au mot dans la mise en œuvre de leurs engagements », a-t-il encore ajouté.  Son homologue de la Fédération de la Russie a, lui, rappelé que les sanctions doivent être envisagées en dernier recours. 

Le Ministre des affaires étrangères malien s’est voulu rassurant en insistant sur la « volonté ferme » de son gouvernement de mener à bien ce processus de paix.  Il a insisté sur les acquis, certes fragiles, de cet accord, notamment « l’arrêt total de toute belligérance entre les parties signataires » et « la tentative de révision de la Constitution ». 

M. Coulibaly a également insisté sur la détermination de son gouvernement pour la tenue d’un premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet.  « La paix est possible au Mali », a-t-il conclu, en affirmant que la réconciliation est proche. 

Alors que le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont M. Annadif est le Chef, fait l’objet d’un examen stratégique, le délégué des Pays-Bas a souhaité qu’une « réflexion franche » soit menée sur les capacités de la Mission face aux attaques asymétriques qui la ciblent.

Plusieurs délégations, dont celle de la Fédération de Russie, ont demandé que la MINUSMA soit dotée des éléments habilitants nécessaires.  S’il s’est réjoui de l’offre du Canada de déployer six hélicoptères dans les prochains mois, le Représentant spécial a toutefois indiqué que cela restait en deçà des besoins réels. 

Enfin, les délégations ont rendu hommage aux trois Casques bleus de la MINUSMA tués la semaine dernière.

* S/2018/273

LA SITUATION AU MALI

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2018/273)

Déclarations

M. MAHAMAT SALEH ANNADIF, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, a noté un renforcement de la confiance, au cours des trois derniers mois, entre les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  La visite du nouveau Premier Ministre dans les régions du nord concrétise le retour progressif de l’autorité de l’État dans ces régions, notamment à Kidal, a-t-il dit.  Comme autres avancées, il a noté l’adoption, en février 2018, d’un projet de loi portant création des collectivités territoriales des régions de Ménaka et Taoudéni et la signature, le 22 mars 2018, d’une feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par le Comité de suivi de l’Accord.  Les ateliers sur le pré-enregistrement des combattants éligibles au programme de désarmement, démobilisation et réintégration tenus à Kidal, Tombouctou, Ménaka et Gao en février 2018 sont de réels progrès, a-t-il ajouté. 

Le Représentant spécial a replacé cette dynamique positive s’agissant de la mise en œuvre de l’Accord dans un contexte politique marqué par la tenue prochaine de l’élection présidentielle, le premier tour étant prévu le 29 juillet et le second tour le 12 août, et des législatives en novembre et décembre.  M. Annadif a mentionné les contacts inclusifs développés par la MINUSMA avec les acteurs politiques et les mouvements signataires de l’Accord pour qu’ils s’engagent dans un processus consensuel conduisant à des élections crédibles et apaisées. 

M. Annadif a noté la dégradation de la situation sécuritaire avec parfois des « débordements assez graves en matière de droits de l’homme ».  Un projet de loi d’entente nationale est en discussion, qui devrait constituer une entente majeure sur la voie de la réconciliation nationale, a-t-il poursuivi.  « Le transfèrement de M. Alhassan Ag Abdoul Aziz à la Cour pénale internationale le 31 mars prouve que réconciliation ne rime pas nécessairement avec impunité. »  Il a insisté sur l’appui constant de la MINUSMA au Pôle judiciaire spécialisé, qui a notamment permis la validation de la politique nationale 2018-2020 de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme. 

Les réalisations de la Mission sont cependant ternies par le nombre croissant de victimes causées par des engins explosifs improvisés ou des tirs de roquette, a-t-il dit, en déplorant la mort de deux Casques bleus tchadiens la semaine dernière.  Le Représentant spécial a dit placer beaucoup d’espoir dans l’arrivée de convois de compagnies de combat, avant d’insister sur le déficit important en hélicoptères.  « Nous plaçons beaucoup d’espoir dans la promesse du Canada de déployer six hélicoptères dans les prochains mois », a-t-il dit, précisant que cette offre reste en deçà des besoins réels. 

M. Annadif a souhaité que les recommandations, qui doivent être bientôt formulées dans le cadre de l’examen stratégique de la Mission et qui doivent guider les discussions sur le renouvellement de son mandat, permettront une meilleure adéquation entre le mandat, les réalités et contraintes du terrain, et les attentes des populations.  Il s’est félicité du démarrage des travaux du Groupe d’experts sur le régime de sanctions.  Ce régime peut renforcer la responsabilisation et l’adhésion des parties en faveur de l’Accord, a-t-il dit.  Le Représentant spécial a précisé que la MINUSMA a déjà défini les grandes lignes de son appui à la Force conjointe du G5 Sahel, avant de saluer le travail accompli par le Fonds pour la consolidation de la paix pour promouvoir la sécurité dans la Liptako-Gourma. 

« Les acteurs maliens ne doivent pas oublier, en cette année électorale, que la mise en œuvre de l’Accord doit demeurer une priorité et ne surtout pas devenir un enjeu politique. »  Les deux chantiers doivent être menés à leur terme de manière concomitante en comptant sur la nouvelle dynamique insufflée par le nouveau Premier Ministre, qui demeure certes nécessaire mais pas suffisante, au vu des retards accusés, a-t-il poursuivi.

Il a reconnu, au niveau de l’Accord de paix, la complexité du processus.  Ce Conseil se doit d’interpeller les parties signataires pour que la feuille de route du 22 mars ne reste pas une signature de plus, a déclaré M. Annadif.  « Il est temps de passer des promesses aux actes en respectant les échéances convenues. »  Le Représentant spécial a noté l’unanimité de toute la classe politique malienne sur la tenue d’élections crédibles et transparentes, dans les délais fixés.  « Autant les élections de 2013 ont rétabli l’ordre constitutionnel au Mali, autant celles de 2018 doivent confirmer l’ancrage démocratique irréversible du pays. »

S’agissant des préparatifs, il a mentionné la commande en cours pour produire huit millions de cartes d’électeurs.  Il a néanmoins exprimé des doutes, compte tenu de l’échéancier serré, sur le fait que ces cartes puissent être distribuées à temps.  Le Conseil doit non seulement appeler la classe politique malienne au respect du calendrier mais aussi l’encourager à aller vers des élections consensuelles, apaisées et surtout crédibles, a plaidé le Représentant spécial.  « Le contraire serait d’ajouter une crise à la crise et c’est le camp des ennemis de la paix qui en sortirait vainqueur », a conclu M. Annadif, ajoutant que les ennemis de la paix ne méritent pas un tel « cadeau ». 

M. OLOF SKOOG (Suède), Président du Comité du Conseil de sécurité établi en application de la résolution 2374 (2017), a présenté le premier rapport du Comité créé en septembre dernier, qui porte sur la période allant de sa création au 4 avril dernier.  Durant cette période, le Comité a entrepris ses travaux préparatoires et d’organisation et a adopté ses lignes de conduite; le 1er février, son Groupe d’experts a commencé son travail, a expliqué M. Skoog.  Celui-ci a ensuite rappelé qu’il s’était rendu lui-même à Bamako, accompagné d’autres membres du Comité, les 26 et 27 mars, ce qui a permis au Comité de recueillir des informations de première main et de discuter avec les différentes parties maliennes de la manière dont les sanctions décidées par la résolution 2374 pouvaient contribuer au processus de paix au Mali, y compris à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  M. Skoog a annoncé qu’il ferait rapport, verbalement et par écrit, au Comité de ses observations sur cette visite. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rendu hommage aux trois Casques bleus de la MINUSMA tués la semaine dernière, avant de rappeler combien est dangereux l’environnement dans lequel évolue la Mission, dont il a rappelé le rôle central pour promouvoir l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et protéger le peuple malien de ceux qui s’y opposent par tous les moyens, y compris par la criminalité et le terrorisme.  Il a aussi rappelé que la France paye elle-même le prix, puisque deux de ses soldats ont été tués dans le pays le 21 février. 

Jugeant importante la réunion de ce jour s’agissant du suivi de la mise en œuvre de l’Accord, il a dit que la France appréciait l’action menée par le Gouvernement malien depuis la dernière réunion du Conseil sur le pays pour favoriser le consensus sur le processus électoral et rétablir la présence de l’administration dans le centre du pays.  Il a aussi salué la récente visite du Premier Ministre malien à Kidal, dans le nord, premier déplacement de ce niveau depuis presque quatre ans. 

Mais M. Delattre a aussi constaté qu’au lendemain de l’échéance fixée « par les parties maliennes elles-mêmes » dans le chronogramme d’actions prioritaires, une « large majorité » des engagements n’ont pas été mis en œuvre, ce qui menace les acquis et la pertinence même de l’Accord.  Or, les échéances électorales prévues rendent d’autant plus nécessaires et urgents des progrès sur divers points couverts par l’Accord, a fait observer le représentant qui a prévenu qu’« il ne saurait y avoir de stabilité durable dans l’ensemble du Sahel sans pleine mise en œuvre de l’accord de paix malien ».

La France attend « toujours les mêmes mesures » de la part des parties maliennes, a expliqué M. Delattre, qui a notamment cité l’urgence de réaliser des progrès dans le processus de décentralisation, dans la sécurité et dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration.  Le représentant a pris note avec satisfaction de l’initiative du Premier Ministre malien d’une nouvelle feuille de route annonçant la mise en œuvre des mesures attendues de la part des parties maliennes selon un calendrier révisé, mais il a fait observer que cette « nouvelle feuille de route, qui n’est malheureusement pas la première, ne peut faire oublier le fait que les engagements souscrits en janvier dernier n’ont, une nouvelle fois, pas été respectés ». 

M. Delattre a rappelé qu’aux termes mêmes de l’accord de paix, la responsabilité du Conseil de sécurité consiste à prendre des mesures nécessaires pour encourager les parties à se conformer aux engagements qu’elles ont consentis.  S’il a rappelé que l’adoption de sanctions dans le cadre de la résolution 2374 (2017) avait été un premier pas en ce sens, il a ajouté que « les retards enregistrés nous contraignent à devoir aller plus loin ».  Estimant que « nous n’avons plus le temps d’attendre », il a affirmé que la France engagerait dans les prochaines semaines avec ses partenaires un travail « visant à identifier ceux qui font obstruction à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui devra aboutir à des propositions de désignation ».  L’ensemble des acteurs maliens doivent avoir conscience que le Conseil de sécurité les prend pleinement au mot dans la mise en œuvre de leurs engagements, a-t-il encore ajouté.

Quant à la MINUSMA, malgré ses difficultés, elle demeure un « instrument indispensable pour assurer la stabilité du Mali », en complément des autres forces de sécurité présentes sur le terrain, a affirmé M. Delattre qui a jugé déterminant son soutien au processus de l’élection présidentielle cet été.  Il a demandé à tous les États Membres de se mobiliser pour fournir à la Mission des « capacités et équipements à la hauteur de son mandat ».  C’est pour la France « un point absolument essentiel », a-t-il précisé, avant d’appeler à travailler de toute urgence avec le Secrétariat, car « des solutions techniques existent et sont disponibles à court terme ».

Rappelant que l’examen stratégique en cours de la MINUSMA est une « opportunité précieuse pour améliorer la performance et les résultats de la Mission », M. Delattre a estimé que tout le monde avait à y gagner.  Il a dit espérer notamment « un meilleur séquençage des tâches du mandat ».  Par ailleurs, la France se félicite de la signature « dans des délais record » de l’arrangement technique entre les Nations Unies, l’Union européenne et le G5 prévu par la résolution 2391 (2017). 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a mentionné les défis qui subsistent au Mali, en particulier l’activité des groupes terroristes.  Le Gouvernement malien doit renforcer sa présence dans tout le pays et a besoin, pour cela, d’un appui technique, a-t-il dit.  Il a demandé à toutes les parties, en cette année électorale, d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, qui demeure le seul cadre inclusif pour un règlement de la situation dans ce pays.  Le délégué a salué l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, avant de plaider pour un appui renforcé aux forces de sécurité maliennes pour qu’elles puissent faire face aux attaques asymétriques.  Enfin, le représentant de la Guinée équatoriale a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte son appui à la mise en œuvre du Plan de réponse humanitaire au Mali.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rendu hommage aux Casques bleus de la MINUSMA tués et a condamné fermement les attaques terroristes qui ont coûté la vie à des Casques bleus et à des civils innocents.  Il a salué le travail « vital et indispensable » de la MINUSMA, en rappelant qu’il est effectué dans un environnement particulièrement dangereux.  Il a également salué la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), l’opération française Barkhane et celle de l’Union européenne. 

Sur le plan politique, le représentant a appelé les différentes parties maliennes à travailler pour garantir la tenue sans heurt des diverses élections à venir.  Il a salué l’élaboration d’un nouveau chronogramme des actions prioritaires et a appelé à sa mise en œuvre rapide.  Tous ceux qui créent des obstacles à la mise en œuvre de cet accord devraient faire l’objet de mesures dans le cadre de la résolution 2374, a estimé le représentant, qui a dénoncé la volonté des terroristes de saper l’autorité et la présence de l’État dans le nord et le centre du Mali. 

Constatant la dégradation de la présence de l’État malien dans ces régions, ainsi que celle de la situation humanitaire, M. Alemu a appelé à prendre des mesures d’urgence pour y faire face.  Avant la crise, le Mali était un exemple et « un phare » pour l’Afrique, a rappelé le représentant qui a estimé qu’il devait pouvoir le redevenir, tout en ajoutant que l’appui international au pays ne pouvait pas être uniquement axé sur la sécurité. 

M. ZHANG DIANBIN (Chine) a noté la dynamique encourageante s’agissant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, tout en rappelant la gravité de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du pays.  Les activités de groupes terroristes grèvent le processus de paix, a-t-il affirmé.  Le délégué a appelé les parties signataire à pleinement appliquer l’Accord en vue de bien mener la reconstruction du pays.  En ce qui concerne la communauté internationale, elle doit respecter la souveraineté du Mali et renforcer ses capacités, a-t-il ajouté.

Le représentant a exhorté le Comité des sanctions à jouer un rôle constructif dans la mise en œuvre de l’Accord.  Le délégué a prôné une coopération régionale pour faire face aux activités terroristes et salué à cet égard l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  Le représentant a appelé la MINUSMA à coopérer étroitement avec le Gouvernement malien, avant de demander « des informations à jour » sur l’appui de la Mission à la Force conjointe du G5 Sahel.  Enfin, rappelant que 400 soldats chinois sont déployés au sein de la MINUSMA, le représentant a souhaité un dialogue accru avec les pays contributeurs de troupes en vue d’une meilleure exécution du mandat de la Mission.

M. OLOF SKOOG (Suède) a reconnu que des progrès avaient été réalisés au Mali mais a rappelé ses préoccupations concernant la sécurité et le rythme de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Il a salué le travail de la MINUSMA, faisant observer qu’elle opère dans des circonstances souvent difficiles et dangereuses.  Rappelant que le Gouvernement malien était responsable au premier chef de la lutte contre la violence et l’impunité, il a salué les nouveaux plans ambitieux du Gouvernement pour rétablir la sécurité, notamment dans le centre du pays.  La présence de la MINUSMA reste un facteur crucial pour la stabilité au Mali, a estimé le représentant, qui a dit attendre avec intérêt les conclusions de l’examen stratégique de la Mission en cours. 

Disant partager le « sentiment d’impatience » exprimé par le Conseil de sécurité dans sa déclaration à la presse du 24 janvier, M. Skoog a estimé que les efforts devraient pouvoir se traduire en actions tangibles.  Il a regretté que la majorité des échéances fixées dans le calendrier adopté en janvier n’aient pas été respectées et a souhaité qu’il n’y ait aucun nouveau retard ou ajustement à ce chronogramme.  Une mise en œuvre réussie de l’Accord est une condition préalable à des élections réussies, a fait valoir M. Skoog, qui a souhaité que les élections soient menées légitimement, et que les calendriers électoraux soient respectés.  Le représentant a par ailleurs salué l’appel du Secrétaire général en faveur d’une plus grande inclusion des femmes et des jeunes dans tous les mécanismes d’application de l’Accord. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a condamné les attaques perpétrées contre les Casques bleus au Mali.  « Nous souhaitons tous aider la MINUSMA afin qu’elle réalise ses objectifs », a-t-elle enchaîné.  Elle a aussi salué l’engagement renouvelé du Gouvernement du Mali et des parties signataires en faveur de l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, tout en notant les retards pris, « source de frustration pour ce Conseil, dont la patience est mise à l’épreuve », a-t-elle dit.  Pour elle, « les progrès accomplis ne suffisent pas ».

La représentante a déploré que les dates fixées aient été modifiées à de nombreuses reprises.  Ces retards pourraient avoir une incidence sur la tenue des élections prévues cette année, a-t-elle craint.  La déléguée a appuyé la prise de sanctions en vue de favoriser la mise en œuvre de l’Accord.  Le mandat de la Mission, qui sera renouvelé en juin, doit être clair et axé sur la mise en œuvre de l’Accord, a-t-elle poursuivi.  Mme Pierce a aussi invité les États Membres à combler les déficits en véhicules blindés et en hélicoptères de la Mission.  En conclusion, elle s’est dite vivement préoccupée par les informations faisant état d’exécutions sommaires et d’autres violations graves des droits de l’homme au Mali. 

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a estimé que l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali devait être la priorité du Conseil de sécurité dans le dossier malien.  Il a encouragé toutes les parties concernées à opérationnaliser le chronogramme des actions prioritaires, tout en respectant les autres dispositions de l’Accord.  Il a notamment plaidé pour une accélération du processus de décentralisation, notamment parce qu’il contribue au processus de réconciliation nationale.  Le délégué a aussi apporté son soutien à la stratégie de développement multidimensionnel adoptée par le Gouvernement et a jugé importante l’intégration des femmes et des jeunes dans le processus de paix. 

La tenue d’élections, justes, équitables et transparentes est essentielle dans un pays qui est considéré comme une grande démocratie, a poursuivi M. Tumysh.  Le représentant s’est aussi inquiété de la dégradation de la situation humanitaire et de la détérioration de la sécurité dans le centre et le nord du pays.  Pour ce qui est de la MINUSMA, M. Tumysh a appelé la communauté internationale à fournir à ses contingents les moyens nécessaires afin qu’elle puisse protéger la population tout en se protégeant elle-même.  Le représentant a en outre rappelé le soutien de son pays à la Force conjointe du G5 Sahel, avant de condamner les attaques terroristes contre les civils, la MINUSMA et les représentants de l’autorité de l’État malien. 

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a estimé que les espoirs suscités par l’adoption du chronogramme n’avaient pas été concrétisés, alors que « le temps presse pour le processus de paix au Mali ».  Les progrès sont minces malgré les sonnettes d’alarme que nous ne cessons de tirer, a déclaré la représentante en insistant sur le fait que « nous n’avons plus de temps à perdre ».

La déléguée a mentionné la détérioration de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du Mali, déplorant que les extrémistes violents, profitant de l’absence des autorités sur le terrain, tissent des liens avec les populations locales.  « Le danger ne cesse de croître », a-t-elle prévenu.  Elle a souligné que le Gouvernement, lorsqu’il est présent, devait encore être vu comme une force positive.  À ce titre, elle s’est dite vivement préoccupée par les informations faisant état de graves violations perpétrées par les forces de sécurité maliennes.  La déléguée a, enfin, salué l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  La situation au Mali est grave, a-t-elle conclu en exprimant son impatience de voir des progrès.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a dit suivre avec préoccupation l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés par les terroristes et s’est dit préoccupé par la détérioration de la sécurité dans le pays, dont sont victimes tant des Casques bleus que des civils ou des membres des forces de sécurité maliennes.  Il s’est félicité de la coopération entre la MINUSMA et d’autres partenaires internationaux pour renforcer les capacités de ces dernières.  Rappelant le rôle indispensable de la Mission, il a dit attendre avec impatience les résultats de son examen stratégique en cours. 

Le représentant s’est félicité de la signature, le 21 mars, de la nouvelle feuille de route par toutes les parties concernées et a invité celles-ci à respecter le calendrier fixé.  Voyant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali comme « la solution » pour le pays, il a demandé aux autorités maliennes de créer un environnement propice, en prenant des mesures telles que les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration ou encore de décentralisation.  Le manque de présence de l’État et l’absence de services sociaux de base dans le nord du pays risquent de menacer l’Accord, a-t-il averti.

Le représentant a salué les efforts de la MINUSMA et du Gouvernement pour préparer les élections, qu’il a souhaitées honnêtes et pacifiques.  Il a en outre demandé à toutes les parties de s’acquitter de leurs engagements en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Il s’est notamment félicité de l’adoption par le Gouvernement de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et a demandé aux différentes parties d’assurer la sécurité des acteurs humanitaires. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a jugé que la tenue des élections, dans les délais prévus, sera essentielle pour apaiser les tensions au Mali.  Elle a appuyé les actions du Conseil de sécurité contre des individus et entités qui peuvent compromettre le processus de paix au Mali.  La déléguée a ensuite insisté sur la gravité de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du pays, en raison des activités des groupes terroristes.

La représentante de la Pologne s’est aussi inquiétée des lacunes de la MINUSMA en termes de capacité, avant de dénoncer les attaques perpétrées contre ses Casques bleus.  Elle a souhaité des informations sur l’appui logistique que doit apporter la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel.  Nous attendons avec impatience les recommandations formulées dans le cadre de l’examen stratégique de la Mission, a-t-elle conclu.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a rappelé le soutien de son pays à la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, « seul cadre pour un règlement pacifique et durable de la crise actuelle ».  Partageant les inquiétudes exprimées face aux retards dans l’application de l’Accord, il a appelé tous les acteurs à s’impliquer véritablement dans sa mise en œuvre, en vue notamment de respecter le calendrier électoral.  « Le temps presse », a-t-il ajouté. 

Le représentant a donc salué l’adoption d’un nouveau chronogramme d’actions prioritaires définies par l’Accord, notamment dans les domaines suivants: réformes politiques et institutionnelles, défense et sécurité, développement économique et social, élections, justice et réconciliation.  Il a préconisé un consensus national et a salué la récente visite du Premier Ministre dans le nord du pays, y voyant une occasion de « briser le mur de méfiance » et de faire baisser les tensions intercommunautaires. 

Face aux menaces à l’encontre de la sécurité, il est urgent que la MINUSMA continue de soutenir les efforts de redéploiement de l’Administration nationale et de renforcement des capacités des institutions en charge de la sécurité, a poursuivi le représentant.  Condamnant les attaques menées contre la MINUSMA, M. Tanoh-Boutchoué a interpellé le Conseil de sécurité sur la nécessité de renforcer les capacités de la Mission, y compris pour assurer sa propre protection et celle des convois d’approvisionnement contre les attaques terroristes, ou en matière logistique.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de la convergence de vues et de l’unité d’action entre les membres du Conseil sur l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel et la signature de l’accord technique conclu entre l’ONU, l’Union européenne et les États du G5 Sahel à la suite de l’adoption de la résolution 2391 (2017).

Enfin, le représentant a rappelé la nécessité de prendre des initiatives fortes visant à répondre aux défis du développement, comme l’emploi des jeunes et des femmes et leur implication dans la vie politique, la lutte contre la pauvreté et les disparités régionales.  C’est en traitant de ces causes profondes du conflit et de leurs effets que nous pourrons reconstruire les fondations d’une paix et d’une sécurité durables, a-t-il rappelé. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a souligné la rapide évolution des défis que la MINUSMA doit relever depuis son déploiement en 2013.  Les attaques asymétriques persistent et participent de la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord et le centre du pays, a-t-il poursuivi.  Il a rappelé le lourd bilan humain payé par les forces de sécurité maliennes, avant d’encourager une posture plus active de la MINUSMA dans l’appui qu’elle apporte à ces forces.  Il a ensuite salué les efforts régionaux pour réagir à la situation au Mali, ainsi que l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  Le représentant de la Bolivie a enfin déclaré que la situation actuelle au Mali et la militarisation du Sahel découlent de l’intervention étrangère en Libye en 2011. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a rappelé les « 35 ans de coopération au développement » de son pays avec le Mali, ajoutant que les Pays-Bas contribuent aux forces de la MINUSMA depuis 2014.  Il a estimé que la séance de ce jour donnait l’occasion de traduire en mesures concrètes les ambitions exprimées il y a deux semaines lors du débat du Conseil de sécurité organisé par son pays sur les moyens d’améliorer les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Il s’est ensuite consacré à trois aspects, qui forment « la règle des trois P ».

Le représentant a d’abord rappelé la primauté du politique: les opérations de maintien de la paix doivent soutenir en premier lieu un processus politique, jugeant essentiel l’appui de la MINUSMA à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  Mais il a jugé « beaucoup trop lents, et ce, depuis bien trop longtemps », les progrès, rappelant que les mesures les plus urgentes concernent la décentralisation, la réforme du secteur de la sécurité et le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants.  « Nous attendons des acteurs maliens des résultats sur ce terrain », a exprimé M. van Oosterom. 

Le deuxième « P » concerne la performance de la MINUSMA.  M. van Oosterom a demandé une « réflexion franche » sur le mandat de la Mission et les capacités nécessaires pour le mettre pleinement en œuvre, misant à cet égard sur l’examen stratégique entrepris.  Rappelant les récentes attaques terroristes contre la Mission, il a estimé qu’elles devraient rappeler les États Membres à leur responsabilité de fournir à la MINUSMA « un équipement approprié, tant au niveau des troupes que des capacités ». 

Enfin, le représentant a abordé la prévention de l’impunité.  Il a estimé que l’absence de mise en cause des auteurs des violations des droits de l’homme au Mali favorisait l’instabilité et le jihadisme.  Constatant que le pays était devenu en peu de temps un « foyer de terrorisme, de violences intercommunautaires, d’immigration clandestine et de criminalité organisée », il a jugé essentiel à la stabilité le rétablissement des institutions étatiques, tout en faisant observer qu’il fallait aussi qu’il se déroule dans un cadre ne laissant aucune place à l’impunité.  Il a cité à cet égard la récente découverte d’un charnier dans le centre du pays, y voyant une illustration de l’ampleur des problèmes.  Appelant le Gouvernement à faire en sorte que les coupables répondent de leurs actes, il a rappelé qu’il ne serait possible de rétablir la confiance de la population qu’en faisant preuve d’un engagement sans faille en faveur de l’état de droit.  Il s’est félicité en ce sens de la remise par le Mali de M. Al Hassan à la Cour pénale internationale (CPI).

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a exhorté les parties maliennes à reconnaître que la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali est dans leur intérêt.  Il a espéré que l’adoption le 22 mars dernier d’une feuille de route donnerait un nouvel élan en ce sens.  Sur le plan sécuritaire, il a noté que les extrémistes sont en train de relever la tête dans le centre du pays.  Le délégué russe a toutefois souhaité que les élections prévues cette année se tiennent dans un climat apaisé.  Il a souligné la nécessité que la MINUSMA soit « enfin » pleinement opérationnelle et dispose des équipements nécessaires, plaidant pour que les pays contributeurs de troupes honorent leurs engagements.

Le délégué a aussi salué l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel et les succès récents qu’elle a engrangés.  Les sanctions doivent être une mesure de dernier recours, a-t-il poursuivi.  Enfin, le représentant a imputé la déstabilisation actuelle au Sahel à l’intervention en Libye en 2011.  Les États Membres doivent méditer cette leçon, a-t-il conclu.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a noté avec préoccupation la détérioration des conditions de sécurité et de la situation humanitaire au Mali, en particulier dans le centre et le nord du pays.  Il a souligné l’importance de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015 et a encouragé la promotion de la réforme du secteur de la sécurité, de la décentralisation et du développement économique et social.  Il s’est félicité des efforts menés par le Gouvernement en matière de désarmement, démobilisation et réintégration, tout en l’invitant à accélérer le rythme des réformes.

Le représentant a insisté sur le rôle de la MINUSMA pour aider le pays à avancer dans le processus devant mener à des élections libres et équitables, un processus qui doit être « honnête, transparent et inclusif » et permettre une plus grande implication des femmes et des jeunes.  M. Meza-Cuadra a ensuite rappelé le lien entre terrorisme et criminalité transnationale organisée pour insister sur la nécessité de renforcer la riposte régionale, notamment en améliorant le soutien opérationnel et logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.  À cet égard, il s’est félicité de l’accord conclu entre les Nations Unies, l’Union européenne et les États membres du G5 Sahel.  En revanche, il a fait observer que les effectifs autorisés de la MINUSMA n’étaient toujours pas déployés à 100% et que les capacités de la Mission restaient insuffisantes. 

M. TIÉMAN HUBERT COULIBALY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a rappelé les quatre objectifs prioritaires du Président Ibrahim Boubacar Keita, qui s’inscrivent dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, et s’est félicité que le rapport du Secrétaire général reconnaisse cette « nouvelle dynamique impulsée au processus de paix ».  La tournée du Chef du gouvernement en mars dans les régions du nord et du centre a incarné l’espoir d’une paix et d’une réconciliation véritables, a-t-il ajouté.

Disant comprendre les impatiences concernant les retards dans la mise en œuvre de certaines dispositions de l’Accord, il a voulu rassurer sur la volonté ferme du Gouvernement de mener à bien ce processus de paix, sur la base de l’engagement résolu de toutes les parties concernées – y compris le Gouvernement, les mouvements signataires de l’Accord et les partenaires.

Le Ministre a évoqué les premiers acquis de cet accord, à savoir l’arrêt total de toute belligérance entre les parties signataires; le redéploiement progressif de l’administration dans les régions du nord et du centre à travers la nomination récente de préfets et sous-préfets; le renforcement en cours des autorités intérimaires avec l’allocation de ressources budgétaires importantes malgré des moyens limités; l’adoption le 22 mars de la feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par la vingt-troisième session du Comité de suivi de l’Accord; ou encore la tenue d’un atelier de haut niveau sur la réforme du secteur de la sécurité.

M. Coulibaly a ajouté à cette liste les discussions constructives sur le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), la gouvernance et la présence territoriale de l’État et le code des collectivités.  La tentative de révision de la Constitution est un autre signal fort de la volonté du Chef de l’État de mettre en œuvre les dispositions de l’Accord, a-t-il ajouté.  Mais « ces acquis sont fragiles, je le sais », a concédé M. Coulibaly en faisant référence à l’environnement complexe et difficile, caractérisé par les activités des organisations liées au terrorisme, à l’extrémisme violent et aux trafics en tout genre. 

Abordant le deuxième objectif prioritaire fixé par le Président –l’endiguement de l’insécurité grandissante dans les régions du centre–, le Ministre a loué les résultats de l’opérationnalisation du Plan de sécurisation intégrée de ces régions.  Il a assuré que l’État malien devait marquer de plus en plus sa présence et assurer les services sociaux de base aux populations de ces régions.  Les dimensions régionales de l’insécurité relèvent du mandat de la Force conjointe du G5 Sahel, a-t-il rappelé à ce propos en disant vouloir poursuivre son soutien à ce mécanisme.

Comme troisième priorité, le Ministre a cité l’organisation des élections en 2018 en assurant de la détermination du Gouvernement pour la tenue d’un premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet, avec un cadre de concertation régulier de tous les acteurs et des dispositions matérielles et logistiques déjà prises.  Il a souligné l’importance du respect des délais constitutionnels pour ces élections, ce à quoi le Gouvernement s’est engagé, tout en sollicitant le soutien de la communauté internationale.

Venant aux questions de droits de l’homme au Mali, le Ministre a dit que le Gouvernement avait fait ouvrir des enquêtes sur toutes les allégations de violations supposément commises dans le cadre des opérations de contre-terrorisme menées par les forces armées maliennes.  Il a parlé de la politique de tolérance zéro adoptée et affirmé qu’« aucune impunité ne sera accordée ».  En revanche, il a dit que le Gouvernement rejette les allégations contenues dans le rapport du Secrétaire général selon lesquelles l’armée malienne n’aurait rien fait pour empêcher les incendies des maisons des Peuls dans la région de Mopti, ainsi que des allégations concernant trois enfants détenus à Bamako.  Il a précisé que les trois enfants en question ont été remis à la Direction régionale de la femme et de l’enfant.

M. Coulibaly a salué la bonne collaboration entre le Gouvernement et la Division des droits de l’homme de la MINUSMA, ainsi que la nomination par le Secrétaire général des Nations Unies, à la demande de son gouvernement, des membres de la Commission d’enquête internationale sur les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises au Mali depuis janvier 2012.  Il s’est aussi félicité de la visite du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2374 le mois dernier.

Sur la situation humanitaire, qui demeure une priorité pour le Gouvernement, le Ministre a parlé en particulier des efforts menés sur le plan de l´éducation, avec notamment la réouverture des écoles, le recrutement d’enseignants et l’intégration des écoles coraniques des régions du centre dans le système de l’éducation formelle.  Il a appelé à honorer les engagements pour combler l’écart entre les ressources disponibles –environ 8 millions de dollars– et les besoins humanitaires urgents – estimés à 263 millions de dollars.

Enfin, le Ministre malien a souligné la nécessité de mobiliser des moyens accrus pour la MINUSMA, pour qu’elle soit à même de s’acquitter pleinement de son mandat.  Il a fondé l’espoir que l’examen stratégique indépendant en cours aboutisse à des recommandations pour l’élaboration de règles d’engagement capables d’inverser la tendance des attaques asymétriques à répétition contre les Casques bleus.

« La paix est donc possible au Mali », a conclu le Ministre en affirmant que la paix durable et la réconciliation sont proches, et en saluant le « travail remarquable » qu’accomplit la MINUSMA.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Trois projets de résolution rejetés en une séance: le Conseil de sécurité étale ses divisions sur la question des armes chimiques en Syrie

8228e séance – après-midi
CS/13288

Trois projets de résolution rejetés en une séance: le Conseil de sécurité étale ses divisions sur la question des armes chimiques en Syrie

Réuni pour la quatrième fois en six jours pour traiter de la question des armes chimiques, le Conseil de sécurité s’est encore déchiré, cet après-midi, à l’occasion d’un triple vote sur deux projets de résolution visant à mettre en place un nouveau mécanisme international d’enquête sur l’utilisation de telles armes en Syrie, et un troisième, minimaliste, qui apportait un « soutien sans réserve » à la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dans ce pays.  Aucun des textes n’a été adopté: la Fédération de Russie a opposé son veto à un projet de résolution des États-Unis, avant de voir ses propres textes rejetés par le Conseil.

Dans une atmosphère tendue, marquée par de vives accusations réciproques entre quatre des cinq membres permanents du Conseil, le projet des États-Unis a obtenu 12 voix en sa faveur, mais a été rejeté du fait du vote négatif de la Fédération de Russie, rejointe par la Bolivie, tandis que la Chine s’abstenait.  Dans un deuxième temps, le projet concurrent de la Fédération de Russie, déjà présenté le 23 janvier, n’a reçu le soutien que de 6 membres.

Ces deux textes prévoyaient la création d’un nouveau « Mécanisme d’enquête indépendant de l’ONU » pour une période d’un an, présenté comme indépendant et qui aurait pu bénéficier du soutien de l’OIAC.  Mais le texte américain demandait au nouveau mécanisme « d’identifier dans toute la mesure possible les personnes, entités, groupes ou gouvernements qui ont perpétré, organisé ou commandité » l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, alors que le texte russe le chargeait de mener ses enquêtes « sur la base d’éléments de preuve crédibles, vérifiés et corroborés, recueillis lors de visites sur site » et soulignait que « le Conseil de sécurité en examinera de façon approfondie les conclusions ».

D’entrée, la France avait présenté le point de vue des pays occidentaux membres du Conseil:  seule la conjonction des deux critères retenus par le projet américain –indépendance et mandat d’attribution des responsabilités– rendrait ce mécanisme opérant.  « Aucune formule dégradée ou diluée par rapport au projet de résolution proposé par les États-Unis » ne serait acceptable.  Le vote devait constituer « un moment de vérité ».

Mais la Fédération de Russie s’est vivement opposée à un texte qui ne visait selon elle qu’à « rétablir à l’identique le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU », qualifié de « marionnette dans les mains des forces anti-Damas » qui s’est « couvert d’opprobre » en proférant des condamnations contre un pays souverain sans éléments de preuve fiables.  Répétant comme la veille qu’« aucune trace chimique n’a été retrouvée » à Douma, il a demandé de nouveau aux pays occidentaux pourquoi ils voulaient une enquête « alors qu’ils avaient déjà désigné les coupables » et a accusé les auteurs du projet de résolution de « miser sur le fait que le texte ne sera pas adopté pour justifier l’usage de la force contre la Syrie ». 

La Fédération de Russie a donc opposé son veto au projet de résolution américain, suscitant la colère du Royaume-Uni, qui l’a accusée de faire « n’importe quoi pour protéger la Syrie », au prix de sa propre crédibilité en tant que membre du Conseil.  Jugeant « honteux » que la Russie a eu recours à son douzième veto depuis le début de la crise syrienne -pour la sixième fois sur la question des armes chimiques- la représentante britannique a cité Lénine pour rétorquer à son homologue russe, qui avait ironisé d’avance sur le décompte à venir des vetos, que « la quantité a une qualité qui lui est propre ».

Le projet que présentait la Fédération de Russie n’a ensuite obtenu que 6 voix en sa faveur: celles de la Bolivie, de la Chine, de l’Éthiopie, de la Guinée équatoriale, du Kazakhstan et la sienne.  Sept pays ont voté contre (États-Unis, France, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Royaume-Uni et Suède), et 2 se sont abstenus (Côte d’Ivoire et Koweït).  Son auteur avait fait valoir que le texte « éliminait les vides juridiques qui permettent de manipuler l’enquête et de la mettre au profit des opposants à Damas » et rendait les méthodes du nouveau mécanisme conformes à la Convention sur les armes chimiques.  Mais pour le Royaume-Uni, il s’agissait d’un « texte de distraction », que la Russie faisait « tourner depuis des semaines » sans chercher à gagner des soutiens.  Un reproche repris par les États-Unis, qui ont fait valoir qu’eux, au contraire, avaient tenté de satisfaire certaines des demandes de la Russie en amendant leur propre projet.

Après ce double rejet, plusieurs membres non permanents ont dit leur frustration, à l’image de l’Éthiopie, qui avait voté pour les deux projets « afin de lutter contre l’impunité ».  Le représentant du Koweït a « demandé pardon aux populations de Syrie et en particulier aux victimes » d’avoir été incapables de créer ce mécanisme d’attribution des responsabilités. 

Parlant d’un sentiment de « tragique déjà vu », le représentant de la Suède a pour sa part évoqué un projet de texte que sa délégation avait fait distribuer la veille.

Sur la base de ce document, la Fédération de Russie a présenté un autre projet de résolution, par lequel le Conseil aurait « exprimé son soutien sans réserve à la Mission d’établissement des faits de l’OIAC » et se serait félicité de la décision de cette Organisation de dépêcher les experts de celle-ci afin d’enquêter à Douma, « conformément à la Convention sur les armes chimiques ».

Mais ce texte minimaliste a été à son tour rejeté, n’obtenant que 5 voix en sa faveur (Bolivie, Chine, Éthiopie, Fédération de Russie et Kazakhstan), contre 4 (États-Unis, France, Pologne et Royaume-Uni) et 6 abstentions (Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, Koweït, Pays-Bas, Pérou et Suède).

La Suède, qui en était à l’origine, a expliqué son abstention par le fait que le projet modifié ne traitait pas clairement de la question de l’attribution des responsabilités, un argument également utilisé par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Pologne pour justifier leur opposition.  Les États-Unis ont en outre fait valoir que le texte était inutile puisque l’équipe de la Mission d’établissement des faits était d’ores et déjà en route pour Douma.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Présentation et décision sur le projet de résolution présenté par les États-Unis (S/2018/321)

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a accusé le « régime de Damas » de ne s’être jamais conformé à la résolution 2118 (2013) et de n’avoir jamais renoncé à l’utilisation d’armes chimiques contre sa propre population.  Les attaques de Douma ont illustré une fois de plus l’abjecte brutalité de la stratégie militaire déterminée du régime syrien, a-t-il déclaré.  « La France mettra tout en œuvre pour empêcher l’impunité chimique », a poursuivi le représentant en déplorant « la mort » du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  Il a apporté son soutien à l’initiative américaine destinée à rétablir un mécanisme indépendant, fondé sur une approche équilibrée et tenant compte des préoccupations exprimées par chaque membre de ce Conseil.  Seule la conjonction des deux critères retenus par ce projet –indépendance et mandat d’attribution des responsabilités– rendra ce mécanisme opérant, a-t-il affirmé.  « La France n’acceptera aucune formule dégradée ou diluée par rapport au projet de résolution proposé par les États-Unis », a-t-il affirmé, estimant que le vote d’aujourd’hui constituait « un moment de vérité ».

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a affirmé avant le vote sur le projet de résolution présenté par son pays que le Conseil de sécurité était arrivé à un tournant, après les images de la dernière attaque chimique à Douma, en Syrie, le 7 avril.  Nous présentons un texte qui vise à créer un mécanisme indépendant chargé d’attribuer les responsabilités, a-t-elle affirmé, ajoutant que les États-Unis avaient repris toutes les propositions de la Fédération de Russie.  Nous avons amendé le texte pour tenir compte des avis de tous les membres du Conseil de sécurité, a-t-elle affirmé.  Ce texte exige un accès sans entrave à Douma, C’est un minimum que le Conseil de sécurité peut adopter à l’unanimité.  La différence avec le texte proposé par la Russie tient à ce que la résolution américaine garantit l’indépendance du mécanisme, ce qui n’est pas le cas du texte russe, par lequel la Fédération de Russie veut pouvoir choisir les enquêteurs et amender les conclusions de l’enquête.  Les États-Unis ne demandent pas à réviser la conclusion de l’enquête et ne choisiront pas les enquêteurs, a expliqué Mme Haley.  

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déploré que les États-Unis fassent un pas de plus vers la confrontation en mettant aux voix un projet qui n’a pas le soutien des membres du Conseil.  Ce texte vise à rétablir à l’identique le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU, a-t-il dit, qu’il a qualifié de « marionnette dans les mains des forces anti-Damas » qui s’est « couvert d’opprobre » en proférant des condamnations contre un pays souverain sans éléments de preuve fiables.  Le représentant a souligné la nécessité que le Conseil identifie les responsables de l’emploi d’armes chimiques, ajoutant que les enquêtes sur place devaient être « obligatoires », seule manière, selon lui, d’aboutir à des conclusions fiables.  Ce qui est présenté comme des critères d’indépendance, c’est en fait « l’anarchie et la manipulation totale », a-t-il accusé.

Les auteurs du texte présenté savent que le projet ne sera pas adopté et, ce faisant, sapent sciemment la crédibilité du Conseil, a poursuivi M. Nebenzia, pour qui cette « provocation » d’aujourd’hui n’a rien à voir avec le souci d’enquêter sur les faits qui se sont déroulés à Douma.

« Pourquoi vouloir une enquête alors que vous avez déjà désigné les coupables », a lancé M. Nebenzia à l’adresse des pays occidentaux, avant d’ajouter: « Vous ne voulez pas entendre le fait qu’à Douma, aucune trace chimique n’a été retrouvée. »  Pour lui, les auteurs du projet de résolution misent sur le fait que le texte ne sera pas adopté pour justifier l’usage de la force contre la Syrie.  Il a évoqué les décisions en cours à Washington en dénonçant une propagande antirusse.  Le délégué a expliqué que son pays s’opposerait au texte en invoquant la défense du droit international, avant de rappeler que la Russie a été invitée à agir en Syrie par le Gouvernement de ce pays.  « Vous protégez les terroristes », a-t-il lancé aux États-Unis, en appelant ce pays à se « ressaisir » et à renoncer à toute aventure militaire en Syrie.  En conclusion, il a demandé aux États-Unis de renoncer à mettre aux voix un projet que la Fédération de Russie « ne peut pas approuver ».

Mis aux voix, le projet de résolution présenté par les États-Unis obtient 13 voix en sa faveur, 2 voix contre (Fédération de Russie et Bolivie) et une abstention (Chine)

Après le vote, Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a parlé de « triste jour » pour le Conseil de sécurité, pour la cause des normes universelles et pour le régime de non-prolifération.  Mais c’est surtout un triste jour pour les habitants de Douma, qui ne bénéficient plus d’aucune protection de la part de la communauté internationale.  Le 9 avril, 14 membres du Conseil avaient demandé une enquête, avec plusieurs membres permanents qui faisaient pression pour faire respecter l’interdiction universelle des armes de destruction massive.

Avec son veto, la Fédération de Russie a franchi une ligne, a ajouté la représentante, pour qui l’histoire se répète un an après Khan Cheikhoun.  Elle a rappelé qu’à l’automne dernier, ce pays avait opposé son veto à un renouvellement du mandat du Mécanisme d’enquête conjoint à trois reprises, parce qu’il préférait franchir une ligne sur les armes de destruction massive que de risquer de sanctionner la Syrie.

« Il n’y pas de trace d’attaque chimique à Douma? » a demandé la représentante.  Mais, a-t-elle fait observer, « la Fédération de Russie n’a pas été autorisée à mener une enquête en Syrie au nom du Conseil de sécurité ».  Un mécanisme d’enquête indépendant était nécessaire, un mécanisme qui avait la confiance du Conseil, des membres de l’ONU et du peuple syrien, a poursuivi Mme Pierce.  Alors que les attaques à l’arme chimique se poursuivent depuis novembre, la Fédération de Russie « fera n’importe quoi pour protéger la Syrie », au prix de sa propre crédibilité « en tant que membre du Conseil de sécurité, partisan déclaré de la paix en Syrie et État partie à la Convention sur les armes chimiques, a accusé la représentante.

Répétant qu’avec son veto, la crédibilité de la Russie comme membre du Conseil de sécurité était désormais en doute, Mme Pierce a jugé « honteux » qu’elle ait bloqué le projet des États-Unis.  Faisant allusion au nombre de vetos opposés par la Fédération de Russie, elle a cité Lénine, pour qui « la quantité avait une qualité qui lui était propre ».

M. WU HAITAO (Chine) a expliqué son abstention par le fait qu’il existait selon lui un consensus sur la création d’un mécanisme d’enquête.  L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) doit rester chargée de la question des armes chimiques en Syrie.  Il a estimé que le projet américain contenait des « éléments de consensus » mais que certaines « mesures spécifiques » ignoraient des préoccupations de certains membres du Conseil destinées à améliorer le travail du mécanisme, préoccupations qui avaient déjà été soulevées à l’époque du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  La Chine est « prête à travailler avec toutes les parties pour trouver un règlement politique à la question syrienne, a-t-il ajouté.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a dit avoir voté en faveur du projet de résolution présenté par les États-Unis car il assurait le respect du principe de responsabilité, notamment dans l’utilisation d’armes chimiques.  En outre, ce texte offrait des garanties de neutralité des résultats de l’enquête.  La Côte d’Ivoire est solidaire de peuple syrien, a réitéré le représentant, qui a regretté que la division du Conseil de sécurité n’ait pas permis l’adoption du texte.

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a souligné la pertinence du projet de résolution américain et déploré le nouveau veto russe.  La Russie a de nouveau sapé la capacité du Conseil à s’acquitter de ses responsabilités, a-t-il dit, en disant sa vive déception.  Il a dit appuyer l’enquête de la Mission d’établissement des faits de l’OIAC en Syrie.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a expliqué qu’il appuyait le travail de l’OIAC et de son mécanisme d’enquête indépendant, mais qu’il avait voté contre le projet de résolution présenté par les États-Unis car il allait à l’encontre de l’usage qui veut que l’on ne mette pas aux voix une résolution dont on sait qu’elle ne sera pas adoptée.  Le représentant a en outre dénoncé des menaces unilatérales de recours à la force « qui vont à l’encontre de la Charte des Nations Unies » et seraient « totalement illégales », notamment parce qu’elles porteraient atteinte à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de la République arabe syrienne, et viendraient saper les accords en cours de discussion.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a dit avoir voté en faveur du projet de résolution américain avant de déplorer le douzième veto russe sur la question de Syrie.  La Russie endosse la lourde responsabilité de voir l’emploi d’armes chimiques se poursuivre en Syrie, a-t-il dit, avant d’annoncer que son pays voterait contre le projet de résolution russe, nettement « insuffisant ».  Il a néanmoins exhorté le Conseil à continuer d’agir pour assurer une responsabilisation en Syrie. 

Présentation et décision sur le projet de résolution présenté par la Fédération de Russie (S/2018/175)

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé que le projet de résolution de son pays avait été présenté en janvier dernier, mais rejeté d’emblée par le « camp occidental ». Le texte proposé élimine les vides juridiques qui permettent de manipuler l’enquête et la mettre au profit des opposants à Damas, a-t-il affirmé, ajoutant qu’il s’agissait simplement de   mettre en conformité les méthodes du nouveau mécanisme avec la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Affirmant que son indépendance était garantie, il a exhorté tous les pays à voter en faveur.

Mis aux voix, le projet de résolution est rejeté par 6 voix pour (Bolivie, Chine, Éthiopie, Fédération de Russie, Guinée équatoriale et Kazakhstan), 7 contre (États-Unis France, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Royaume-Uni et Suède) et 2 abstentions (Côte d’Ivoire et Koweït)

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a dit avoir voté contre le projet de résolution russe car il ne répondait pas aux préoccupations des membres du Conseil.  Ce texte est un « texte de distraction », qui ne fait rien pour nous rapprocher d’un processus politique, a-t-elle affirmé.  Il n’est pas en mesure de créer le mécanisme indépendant que tous veulent et la Fédération de Russie le fait « tourner depuis des semaines » rechercher à gagner des soutiens.  Faisant référence à l’expression « capable de déterminer au-delà de tout doute raisonnable des faits » utilisée par le texte à propos de la capacité du mécanisme nouvellement créé, elle a estimé que l’expression était inappropriée et relevait du droit pénal.  « Si la Fédération de Russie veut une enquête pénale, qu’elle saisisse la Cour pénale internationale », a-t-elle lancé.  Estimant que le texte russe se « distingue par son arrogance à couper le souffle » en « plaçant les États au-dessus du droit international », elle a estimé que cela seul justifiait déjà un vote d’opposition.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a déploré que la Russie ait de nouveau protégé aujourd’hui la Syrie.  La Russie ne reculera devant rien dans ce but, jetant, ce faisant, aux orties la crédibilité du Conseil, a-t-elle déploré, parlant de « farce ».  Pour la représentante, le projet de texte des États-Unis prenait en compte les préoccupations de la Russie, « laquelle nous a surpris en présentant un projet, qui lui, ne prenait en compte les préoccupations d’aucun pays ».   

Mme Haley a ensuite rappelé les deux différences clefs entre les deux projets de résolution.  Avec le sien, la Russie voulait se réserver la possibilité de choisir les enquêteurs et faire en sorte que le Conseil évalue les responsabilités, a-t-elle argué, avant de demander: « Est-ce cela un mécanisme indépendant? »  Elle a déploré, « en ce jour triste », le sixième veto de la Russie sur la question de l’emploi d’armes chimiques.  « L’Histoire se souviendra de ce jour où la Russie a préféré protéger un monstre plutôt que des vies humaines », a-t-elle conclu.

M. WU (Chine) a estimé que le projet de la Fédération de Russie contenait des éléments positifs et proposait des améliorations de l’ancien mécanisme.  Ces éléments coïncident avec les préoccupations de la Chine, a ajouté le représentant, qui a regretté que le projet de résolution n’ait pas été adopté.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est dit frustré que le Conseil de sécurité n’ait pu adopter aucune des deux résolutions.  Nous avons voté en faveur de la résolution de la Fédération de Russie parce que nous voulions disposer d’un nouveau mécanisme chargé d’attribuer les responsabilités, a-t-il expliqué.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a expliqué avoir voté pour les deux projets de résolution successifs afin de lutter contre l’impunité.  Il a dit n’être pas surpris par les votes d’aujourd’hui, avant d’appeler à l’unité.  Nous ne pouvons pas nous réjouir de la situation, a-t-il conclu en insistant sur sa profonde déception.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a estimé que ce jour était un jour triste.  « Nous demandons pardon aux populations de Syrie et en particulier aux victimes », a-t-il ajouté.  Nous demandons pardon car nous n’étions pas capables de créer ce mécanisme d’attribution des responsabilités.  Nous demandons pardon car nous sommes incapables de mettre un terme aux violations des droits de l’homme en Syrie et des résolutions du Conseil de sécurité.  Nous demandons pardon car nous n’avons pas pu demander des comptes à ceux qui ont commis ces crimes.

Pourtant, il faut mettre un terme à l’usage des armes chimiques en Syrie, a poursuivi le représentant, qui a expliqué avoir voté contre le projet de résolution de la Fédération de Russie car il portait atteinte à la crédibilité de tout mécanisme d’enquête.  Ces votes encouragent les utilisateurs d’armes chimiques à le faire de nouveau, a-t-il affirmé avant d’ajouter que le droit de veto ne devrait pas être appliqué pour de tels crimes.

M. OLOF SKOOG (Suède) a partagé son sentiment d’un « tragique déjà vu » aujourd’hui.  Mais nous n’allons pas jeter l’éponge, a-t-il assuré, estimant que le peuple syrien n’en attendait pas moins de nous avant d’exhorter le Conseil à s’unir.  Pour la Suède, le Conseil doit rester saisi de cette question.  Le représentant a évoqué le projet de texte que sa délégation avait fait distribuer hier auprès des membres du Conseil.

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a déclaré qu’avant de punir quelqu’un, il fallait prouver sa culpabilité.  L’utilisation d’armes chimiques en Syrie est une grave réalité et l’établissement des responsabilités dans l’usage de ces armes est nécessaire.  Le Kazakhstan a soutenu les projets des États-Unis et de la Fédération de Russie.  Il faut travailler ensemble pour maintenir la paix et la sécurité internationales, a ajouté le représentant.

M. LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a rappelé que tous les empires se croient dotés d’une supériorité morale par rapport aux autres.  L’objectif des empires est de conforter leur domination, a-t-il accusé.  Le Conseil ne doit pas abandonner, a-t-il poursuivi, en mettant en garde contre toute action unilatérale.

Présentation et décision sur un autre projet de résolution (S/2018/322)

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a réitéré que les enquêtes menées par les spécialistes russes avaient confirmé que l’utilisation d’armes chimiques n’était pas avérée à Douma.  La Fédération de Russie a demandé au Gouvernement syrien d’envoyer ces résultats à l’OIAC et d’inviter l’OIAC à venir en Syrie, a expliqué le représentant qui a une nouvelle fois demandé pourquoi l’usage d’armes chimiques serait utile à Damas alors que, déjà, tous les rebelles ont été évacués de Douma. 

Accusant une nouvelle fois les États-Unis de provocation, M. Nebenzia a dit encourager, « comme la Suède », la Syrie à inviter l’OIAC en Syrie.  Cela permettrait de définir ce qui s’est passé ou ce qui ne s’est pas passé, a-t-il ajouté, disant son opposition à un mécanisme d’attribution des responsabilités, dont la mise en place « prendrait des semaines ».  Selon nos informations, deux groupes d’experts de l’OIAC arriveraient à Douma cette semaine, a encore indiqué le représentant. 

M. SKOOG (Suède) a dit n’être pas convaincu par la pertinence d’un troisième vote pour montrer une action forte du Conseil.  Il a donc demandé une suspension de séance.

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit sa perplexité devant la déclaration de son homologue suédois, avant d’accéder à sa demande.  Il a néanmoins affirmé son intention de mettre le projet de résolution aux voix aujourd’hui.

Mis aux voix, le projet de résolution est rejeté par 5 voix pour (Bolivie, Chine, Éthiopie, Fédération de Russie, Kazakhstan, 4 contre (France, États-Unis, Pologne, Royaume-Uni) et 6 abstentions (Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, Koweït, Pays-Bas, Pérou, Suède)

Mme PIERCE (Royaume-Uni) a insisté sur le fait que le nouveau texte russe rejeté ne prévoyait pas la création d’un mécanisme d’établissement des faits.  C’est pourtant la première étape pour établir ensuite les responsabilités, a-t-elle fait observer.  On a voulu que le texte prévoie la création d’un mécanisme indépendant chargé d’attribuer la responsabilité des attaques chimiques mais la Fédération de Russie n’a pas voulu ajouter ce petit plus.  C’est la raison pour laquelle nous avons voté contre ce texte, a-t-elle expliqué.  

M. WU (Chine) a donné son appui aux enquêteurs de l’OIAC et rappelé que le projet russe condamnait catégoriquement les attaques chimiques en Syrie.  Ce projet est conforme à notre position, a-t-il conclu pour expliquer son vote positif.

M. OLOF SKOOG (Suède) a expliqué son abstention par le fait que le projet de résolution ne traitait pas clairement de la question de l’attribution des responsabilités.  Nous avons présenté un projet de texte clair, qui établissait notamment un mécanisme indépendant et impartial, a-t-il expliqué, mais « malheureusement nous n’avons pas pu progresser ».  Il a cependant exprimé l’espoir d’une responsabilisation dans l’avenir, s’agissant de l’emploi d’armes chimiques en Syrie.

M. NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est dit frustré par le résultat de ce vote et par le fait que le texte ait été présenté très tard.   

M. RADOMSKI (Pologne) a dit avoir voté contre le texte de la Fédération de Russie parce que le Conseil de sécurité doit rétablir un mécanisme de responsabilité en Syrie.  Or, cette disposition n’est pas prévue par le texte de la Fédération de Russie.

Mme NIKKI HALEY (États-Unis) a dit avoir essayé de « voir ce qu’il y a de bon dans la position de la Russie ».  Ce pays est très cohérent dans ses positions et excelle dans les jeux, a-t-elle dit, en dénonçant le sixième veto de ce pays s’agissant de l’emploi d’armes chimiques en Syrie.  La Russie va continuer de jouer à ce petit jeu, a-t-elle averti.  Elle a reproché à la Fédération de Russie d’avoir présenté ce nouveau projet de résolution, ce matin à 11 heures, sans qu’un temps suffisant n’ait été ménagé pour des consultations.  Mme Haley a en outre indiqué que l’équipe de la Mission d’établissement des faits était d’ores et déjà en route pour Douma.  Le projet russe cherchait de plus à « microgérer » la Mission, a-t-elle accusé.  C’est pourquoi les États-Unis ont voté contre ce texte.

M. ALEMU (Éthiopie) a expliqué que son pays avait voté pour le texte, qui protégeait la Mission d’établissement des faits et ne présentait pas de faiblesse.  Évidemment, le projet de résolution n’aurait pas permis d’attribuer les responsabilités et mais aurait permis de savoir si des armes chimiques avaient été employées à Douma, ce qui aurait constitué un grand pas en avant, a-t-il poursuivi.  La Mission d’établissement des faits aurait eu besoin de cet appui du Conseil, a-t-il conclu.

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est dit très inquiet.  Le texte présenté était impeccable et identique à celui d’hier.  Pour lui, la seule explication de ces votes contre est qu’il s’agit d’un texte russe.  « Abstenez-vous de vos plans pour la Syrie », a ensuite lancé le représentant à ses homologues américains et anglais.  Il a dit espérer que la Mission d’établissement des faits de l’OIAC pourrait se rendre rapidement à Douma.  L’armée russe et l’armée syrienne assureront sa sécurité, a-t-il assuré. 

M. ALOTAIBI (Koweït) s’est dit déçu des dissensions au sein du Conseil de sécurité.  Certes, la Mission d’établissement des faits de l’OIAC se rendra sur le terrain mais ce que nous voulons, c’est un mécanisme indépendant chargé d’établir les responsabilités des attaques, a-t-il précisé.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a indiqué qu’il avait voté en faveur du second projet russe afin de répondre à cette simple question: « Que s’est-il passé sur le terrain? »  Il a souhaité l’envoi de la Mission d’établissement des faits à Douma.  Nous devons savoir ce qui s’est passé là-bas et déterminer si une attaque chimique s’est bel et bien produite, a-t-il dit.  Il a rappelé que son pays ne prenait pas parti et souhaitait seulement recevoir des informations objectives sur ce qui s’est passé.  Le délégué a exhorté le Conseil à faire montre d’objectivité et à s’appuyer sur des faits clairs présentés par les organisations compétentes.

M. DELATTRE (France) a déploré la poursuite par la Russie de sa « double stratégie d’obstruction et de diversion ».  Le projet russe visait à brouiller les pistes et n’était pas à la hauteur des enjeux, a-t-il dit.  Il a indiqué que la Russie ne veut pas d’un mécanisme d’attribution des responsabilités indépendant.  Le projet russe était un écran de fumée, c’est pourquoi nous avons voté contre, a-t-il poursuivi, avant d’affirmer qu’en raison de la gravité des enjeux, la France ne baisserait pas les bras.

M. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a dit s’être abstenu car le texte proposé était trop restreint et n’expliquait pas le mandat du mécanisme d’attribution des faits, qui doit être indépendant, neutre et impartial, a-t-il rappelé. 

M. LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dit avoir voté pour le projet russe, car il n’y a trouvé aucune raison qui justifie que l’on s’y oppose.  Le Conseil de sécurité doit assumer sa responsabilité car, « uni », il pourra trouver les responsables de ces attaques, a-t-il ajouté.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a expliqué son abstention par le fait qu’il fallait un mécanisme indépendant chargé d’attribuer la responsabilité des attaques.  Le représentant a exhorté les membres du Conseil de sécurité à travailler davantage pour trouver un terrain d’entente.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé aux représentants de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis, qui ont quitté la salle, que leurs pays étaient « des spécialistes des violations du régime de non-prolifération ».  Le Royaume-Uni a notamment procédé à ses essais nucléaires dans ses anciennes colonies, a-t-il accusé.  Le représentant a en outre mentionné l’accord de vente d’armes signé par le Royaume-Uni avec l’Arabie saoudite « afin que ce dernier pays continue de tuer des civils au Yémen » et de précipiter la région entière dans une guerre sans fin.  Ces trois pays sont des monstres qui parrainent le terrorisme dans mon pays, comme ils l’ont fait par le passé dans d’autres pays, a martelé M. Ja’afari, qui a notamment accusé le « monstre américain » de refuser de détruire son arsenal chimique. 

Le représentant s’est félicité du déplacement de la Mission d’établissement des faits et l’a assurée de la coopération de son pays.  Il a dénoncé le projet de résolution des États-Unis, l’accusant de n’avoir cherché qu’à « cloner » le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  Ce sont la France, le Royaume-Uni et les États-Unis qui ont sabordé ce Mécanisme, en s’appuyant sur des éléments de preuve avancés par des groupes terroristes, a-t-il affirmé.  Il a ensuite mis en avant la ressemblance du scénario de ce jour avec celui qui avait prévalu il y a un an, après l’attaque de Khan Cheikhoun, et pourfendu « la loi du plus fort » prônée par les trois pays précités, ainsi que leur appétit de conquête. 

M. Ja’afari a exhorté le Conseil à s’opposer aux visées de ces trois pays et à faire respecter le multilatéralisme.  Mon pays condamne fermement l’emploi d’armes chimiques, a-t-il déclaré.  Aux puissances occidentales qu’il a accusées de s’apprêter à attaquer la Syrie, il a affirmé en conclusion que leurs manœuvres ne feront jamais changer son pays de cap. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement se penche sur les défis de la migration interne pour l’urbanisation

Cinquante et unième session,
4e séance – matin
POP/1074

La Commission de la population et du développement se penche sur les défis de la migration interne pour l’urbanisation

Les défis des migrations internes pour l’urbanisation ont mobilisé, aujourd’hui, l’attention de la Commission de la population et du développement, au deuxième jour du débat général, qui a également été marqué par les préoccupations sur la situation des femmes migrantes.

La Commission a entamé hier les travaux de sa session 2018 sur le thème « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales ».

Les migrants internes représentent des défis qui exigent des villes qu’elles deviennent « intelligentes », a souligné le Nigéria, pays le plus peuplé d’Afrique où, d’ici à 2050, 70% de la population vivra dans les zones urbaines.

Confronté à un phénomène similaire, l’Inde, qui abrite un sixième de la population mondiale, où l’innovation et les nouvelles technologies sont au cœur du développement et où des « solutions intelligentes » sont appliquées à différents contextes, a dit miser sur un développement urbain inclusif et durable, comme en témoigne la création, autour des villes, de nouvelles zones bien planifiées et bien pourvues en services ou « zones vertes » pour accueillir une population en croissance rapide.

Cet afflux vers les villes est souvent porteur de nombreux défis qu’il est difficile de relever, à l’instar de la Mongolie où la densité de la population urbaine dans la capitale est telle que le taux de pollution compromet l’offre de services sociaux de qualité.

C’est le logement qui est « le grand défi des villes », a estimé la Ministre de la population du Niger, pays où le taux d’urbanisation avoisine les 22,5%.  La Ministre a reconnu que les conditions de vie en milieu urbain sont « très difficiles » avec des logements constitués essentiellement de l’autoconstruction par les ménages et des retards importants en matière d’infrastructures urbaines.

Le même tableau est visible en Sierra Leone où les déplacements forcés provoqués par le conflit des années 90 ont donné lieu à une augmentation constante du nombre de logements informels aux alentours des villes, une situation qui rend « intenable » l’offre des services sociaux et multiplie les victimes des coulées de boue et autres inondations: plus de 1 000 morts lors de la dernière catastrophe naturelle dans la capitale.

La Sierra Leone s’est dite préoccupée du sort des jeunes qui représentent 80% de la population et qui sont nombreux à partir à la recherche d’une meilleure vie ailleurs, sans pour autant être épargnés des dangers de l’expérience « effroyable » d’une traversée clandestine de la Méditerranée, en particulier pour les filles.

La Côte d’Ivoire a fait observer que sur son sol, la mobilité humaine touche de plus en plus de femmes, tant au niveau des migrations internes qu’internationales.  Les données montrent que 54,2% des immigrées préfèrent s’installer en milieu urbain, une situation qui crée des opportunités d’autonomisation économique mais qui les expose aussi à l’exploitation, la violence et la maltraitance.

Les femmes migrantes, a renchéri l’Afrique du Sud, sont souvent contraintes à travailler dans des conditions précaires et pâtissent en outre d’un manque d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, avec pour résultat un nombre important de grossesses non désirées.  L’Afrique du Sud a plaidé pour que les États intègrent des politiques de santé sexuelle et reproductive à leurs stratégies de gestion des migrations.

Le rapport du Secrétaire général note que les migrantes affichent un taux d’activité plus important que celui des femmes non migrantes: 72,7% contre 63,9%.  Dans certains secteurs, les migrantes représentent une part importante de la force de travail, notamment dans le secteur de l’emploi domestique où une travailleuse sur six dans le monde est une migrante.

Le débat a également été marqué par l’intervention du Japon qui doit, quant à lui, affronter un véritable déclin démographique.  La migration de remplacement n’est pas le premier choix mais, a reconnu le Japon, 48% de la baisse de la population a pu être résorbé en 2016 par l’augmentation du nombre d’étrangers dans le pays, lesquels étaient au nombre de 2,4 millions en 2017. 

Après le débat général, les délégations ont discuté des « villes portes d’entrée » des migrations internationales avec Mme Marie Price, professeure de géographie et des affaires internationales à la « George Washington University ».

La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 11 avril, à partir de 10 heures.

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, RÉGIONAL ET NATIONAL

Débat général sur le thème « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales »

Mme AISSATA ISSA MAIGA AMADOU, Ministre de la population du Niger, a indiqué qu’avec le phénomène important de l’exode rural, l’extension de l’urbanisation a fortement contribué à la transformation sociale du pays, précisant que le Niger a un taux d’urbanisation d’environ 22,5% et que la population urbaine croît à peu près deux fois plus vite que la population rurale.  Le logement, « qui est le grand défi des villes », est constitué essentiellement de l’autoconstruction par les ménages, l’intervention des pouvoirs publics ayant surtout porté sur des opérations de lotissements souvent non viabilisés.  Le Niger, a reconnu la Ministre, connaît, par rapport aux autres pays de la sous-région, un retard important en matière d’infrastructures urbaines, ce qui rend les conditions de vie en milieu urbain « très difficiles ».  La Ministre a attiré l’attention sur les vastes programmes tels que « Niamey Nyala » qui ambitionnent de moderniser la ville de Niamey à l’horizon 2030.

La Ministre a ensuite affirmé que, dans son pays, les mouvements sont essentiellement des migrations saisonnières internes ou vers les pays voisins, y compris vers la Libye et l’Algérie.  Le fruit des mouvements migratoires des Nigériens représente un enjeu important de développement.  Les transferts provenant des migrants installés dans la sous-région contribuent de manière significative à la subsistance des familles et même aux investissements collectifs dans les communautés d’origine.  En période de crise alimentaire, ces transferts constituent généralement une stratégie d’adaptation vitale pour atténuer les risques de désertion des campagnes, l’insécurité alimentaire et la malnutrition. 

Le Niger se trouve en outre au « carrefour » d’une zone de transit clef dans un système complexe qui attire un nombre croissant de ressortissants de pays voisins qui s’exposent à la traversée périlleuse du désert d’Agadez pour se diriger vers le nord.  Le Niger a observé le flux important de ce phénomène lors de la crise libyenne, a rappelé la Ministre dont le pays s’est trouvé face à divers enchaînements malheureux dont un mouvement croissant de réfugiés, la traite des personnes et des trafics illicites de toute nature, en plus des problèmes sécuritaires. 

Mme TANMAYA LAL (Inde) a souligné que son pays, qui représente un sixième de la population mondiale, connaît aussi une urbanisation rapide.  Le Gouvernement accorde la priorité à la construction de villes durables, intelligentes et résilientes pour relever les défis d’une telle urbanisation.  Le « système municipal » renforcé a fait des villes, des entités plus inclusives et plus autonomes.  L’intégration est en effet la pierre angulaire des initiatives indiennes en matière de logement et de développement urbain.  Le Gouvernement a lancé la « Mission Atal pour le rajeunissement et la transformation urbaine (AMRUT) » qui se focalise sur le développement d’infrastructures urbaines de base avec des dispositions spéciales sur les personnes âgées et les personnes handicapées.  La « mission ville intelligente » a été lancée pour promouvoir un développement urbain inclusif et durable, en trouvant des « solutions intelligentes » pour des villes qui ont déjà les infrastructures mais qui devaient les réadapter.  Ont aussi été créées autour des villes de nouvelles zones bien planifiées et bien pourvues en services ou « zones vertes » pour accueillir une population en croissance rapide.  L’innovation et les nouvelles technologies sont au cœur du développement et des « solutions intelligentes » applicables à différents contextes, a conclu le représentant. 

Mme BAYARMAA NARANTUYA (Mongolie) a indiqué que les migrations internes et externes ont augmenté de manière notable dans son pays, provoquant une augmentation de 60% de la population urbaine, dont 70% dans la capitale.  La densité de la population y est telle que le taux de pollution compromet l’offre de services sociaux de qualité.  La Mongolie connaît aussi un taux élevé de chômage.  La représentante a assuré que son Gouvernement s’efforce d’améliorer son cadre législatif sur les migrations, dont la mise à jour de la légalisation sur les travailleurs étrangers. 

M. JOSEPH KOBENAN TANO (Côte d’Ivoire) a indiqué que malgré les avancées notables réalisées par son Gouvernement dans la prise en compte des questions de population, des défis restent à relever, citant notamment la transition démographique, la croissance très rapide de la population et le développement durable des villes.  La Côte d’Ivoire poursuit donc ses efforts pour réaliser la « révolution contraceptive », renforcer l’offre de soins aux populations, appuyer la scolarisation et faciliter l’insertion professionnelle des jeunes.

Le représentant a expliqué que la mobilité interne représente 74,5% des mouvements migratoires et touche 30% de la population totale.  Il a fait savoir que 57% des migrants internes s’installent dans les zones urbaines, notamment à Abidjan qui accueille 26,3% de cette population, et que dans l’ensemble, la proportion des femmes qui se déplacent (50,1%) est relativement plus élevée que celle des hommes (49,9%).

La Côte d’Ivoire compte aussi parmi les pays ayant la plus forte proportion d’immigrants, qui représente 10% de la population totale, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que si la majorité de cette population s’installe dans les zones rurales (54%), les femmes immigrées privilégient le milieu urbain (54,2%).  Le taux d’urbanisation est de 50,2%, a-t-il indiqué, et sera d’environ 60% en 2020 et 70% en 2050.  Face à ce mouvement, le Gouvernement a lancé en 2012 le programme de construction de 60 000 logements sociaux, accompagné d’actions liées à l’assainissement, à l’eau potable et à la protection de l’environnement.

Le délégué a fait remarquer que la mobilité humaine touche de plus en plus de femmes, tant au niveau des migrations internes (47,6% en 1998 et 50,1% en 2014) qu’internationales (41,8% en 1998 et 42,2% en 2014).  Cette situation crée des opportunités d’autonomisation économique mais peut aussi mener à l’exploitation, la violence et la maltraitance des femmes et des filles migrantes.  Pour remédier à cette situation, la Côte d’Ivoire a adopté deux plans d’action de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants ainsi qu’un Plan de lutte contre la traite des personnes.

Mme ELENA DOBRE (Roumanie) a énuméré les politiques et programmes de son gouvernement pour la population et le développement.  Ces mesures visent à améliorer la qualité de vie de tous les citoyens, promouvoir l’intégration sociale et la réduction de la pauvreté en assurant sans aucune discrimination l’accès de tous à la santé, l’éducation, la protection sociale, y compris les services sociaux et les minima sociaux.  S’agissant de la mobilité humaine et des migrations internationales, la Roumanie continue d’être essentiellement un pays d’émigration qui est la deuxième cause du déclin de la population.  En 2016, l’équilibre des migrations internationales était négatif.  Le nombre d’émigrés a dépassé celui des immigrés avec plus de 76 000 personnes.  Les hommes ont émigré à une proportion plus élevée que les femmes avec 55,4%.  Ils constituent aussi la majorité totale des immigrés avec un taux de 53,6%.  Quelque deux millions de Roumains travaillent à l’étranger et la mobilité professionnelle interne représente près de 10% de la population.

La stratégie nationale d’immigration 2015-2018 reconnaît que la migration est un processus à gérer et non un problème à régler.  Elle a pour objectif de promouvoir la migration légale, de renforcer le contrôle du droit de séjour des étrangers et d’améliorer le système national du droit d’asile, afin d’assurer la conformité des normes nationales, européennes et internationales.  Membre de l’Union européenne, la Roumanie participe activement à la recherche de solutions durables pour la protection et l’intégration sociale des étrangers.  La représentante a énuméré les efforts du Gouvernement pour promouvoir la migration légale dont la facilitation de l’accès des étrangers au territoire roumain pour autant qu’ils correspondent aux offres d’emploi, et à l’enseignement supérieur.  La Roumanie s’efforce aussi de faciliter l’entrée des investisseurs étrangers sur son sol. 

Étant donné que le Maroc devient de plus en plus un pays de destination, le Roi, a expliqué M. OMAR HILALE, a lancé l’Alliance sur la migration et le développement qui encourage la protection des droits fondamentaux des migrants sur la base de la responsabilité partagée et le renforcement de la coopération entre les États de l’espace euro-africain.  Cette initiative vise, entre autres, à mettre en place des mesures d’accompagnement en faveur des migrants pour leur permettre une intégration réussie et efficace, et une contribution à la vie sociale marocaine.  Le Maroc, a insisté le représentant, demeure en faveur de solutions qui tiennent compte de la dignité des migrants et de la nécessité de garantir leurs droits fondamentaux, de s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène et de dépasser l’approche « purement sécuritaire ».  Dans ce cadre, le Maroc s’est doté depuis 2013 d’une nouvelle politique de migration qui prévoit l’intégration socioéconomique des migrants.  Le Maroc a lancé deux campagnes de régularisation des migrants durant lesquelles plus de 85% des demandes ont été acceptées.  Ces campagnes ont permis aux migrants de bénéficier d’un accès plein et entier aux services publics et à l’emploi et à titre d’exemple, 25 000 cartes de soins RAMED ont été distribuées. 

Le Gouvernement marocain a aussi entamé en parallèle un processus de régularisation des réfugiés placé sous le mandat du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  Le pays vient aussi de se doter d’une loi sur la traite des êtres humains et élabore deux projets de loi sur la migration et l’asile.  Le représentant n’a pas manqué d’exprimer le vœu que les négociations intergouvernementales en cours sur le pacte mondial pour les migrations, qui devra être adopté en décembre prochain au Maroc, aboutira à un texte garantissant une bonne gouvernance des migrations et un espace favorisant l’intégration et le respect des droits des migrants et celui de la souveraineté des États Membres.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a rappelé que son pays accueille 3,5 millions de réfugiés syriens dont 6.5% sont dans des centres temporaires et le reste dispersé au sein de la population.  Ces réfugiés ont accès à la santé, à l’éducation et au travail.  Le plus important est sans doute l’éducation car elle est essentielle pour les jeunes, a dit le représentant, en voyant dans ces jeunes, ceux qui bâtiront la nouvelle Syrie.  La Turquie a aussi prévu de créer 30 autres centres qui pourront accueillir plus d’un million de femmes et de filles car l’objectif est « de ne laisser personne de côté ». 

Mme ELHAM ABDALLA MOHAMED BABIKER (Soudan) a indiqué que son gouvernement s’emploie à adopter des politiques d’urbanisation et de gestion des flux migratoires.  Au Soudan, le nombre des habitants en zones urbaines était de 13,5 millions en 2015, et devrait atteindre les 21 millions en 2030 et 38 millions en 2050.  Les mouvements des biens et des personnes ont fait de Khartoum une importante métropole, dont la zone habitée est passée de 20 000 à plus de 80 000 hectares en 2018.  Le Gouvernement a créé un fonds pour la construction de logements au profit des familles pauvres mais le financement fait toujours défaut.  Néanmoins, des progrès notables ont été réalisés pour assurer la qualité des logements, le pourcentage des taudis étant passé de 60% en 1980 à moins de 20% en 2014.  Des progrès ont aussi été réalisés s’agissant de l’accès à l’eau potable et à l’électricité.  À Khartoum, 90% de la population a accès à l’assainissement contre un peu plus de 50% dans tout le pays.

Le Soudan, a poursuivi la représentant, est un pays d’origine, de transit et de destination de la migration irrégulière, n’échappant pas au fléau de la traite des personnes.  En 2005, le pays comptait 500 000 immigrés contre 2 millions en 2018, principalement de l’Érythrée, du Yémen et du Soudan du Sud.  Ces migrants pèsent sur l’économie et le Soudan doit trouver des solutions sans aucune aide de la communauté internationale.  Le nombre des émigrés soudanais est passé de 600 000 en 1990 a plus d’un million aujourd’hui.  Mais en raison des sanctions imposées au pays, les envois de fonds sont restés sporadiques.  Le pays attend la levée des sanctions pour mettre en place une politique « ciblée » des migrations.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a dit que le Gouvernement a réalisé des progrès substantiels dans la réalisation de ses engagements découlant de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994.  Ces réalisations ont été faites en particulier pour les femmes qui sont de véritables partenaires au développement.  Le Gouvernement cherche aussi à trouver l’équilibre entre la population et l’environnement et a lancé un plan d’action pour les femmes et les changements climatiques dont la stratégie repose sur la réduction de la concentration démographique dans les zones urbaines.  L’objectif est de faire en sorte que les populations n’aient pas à quitter leur lieu d’origine

M. ADIKALIE FODAY SUMAH (Sierra Leone) a indiqué qu’au rythme actuel, la population sierra-léonaise passera d’un peu plus de 7 millions à au moins 10 millions d’ici à 2026. Les jeunes représentent 80% de la population et nécessitent des investissements sociaux et économiques.  Le représentant s’est dit préoccupé que beaucoup de ces jeunes aient été contraints de quitter le pays à la recherche d’une meilleure vie ailleurs, sans pour autant être épargnés des dangers d’une traversée clandestine de la Méditerranée.  Le représentant a parlé d’une expérience « effroyable », en particulier pour les filles.  Compte tenu de cette situation, le débat sur l’élaboration du prochain plan de développement porte principalement sur la création d’emplois, l’accès à la santé sexuelle et reproductive, l’autonomisation des femmes et des filles et la promotion de l’économie rurale et agricole.

Par ailleurs, les déplacements forcés provoqués par le conflit des années 90 ont donné lieu à une augmentation constante du nombre de logements informels aux alentours des villes, une situation qui, a déploré le représentant, rend « intenable » l’offre des services sociaux.  Les coulées de boue et autres inondations ont déjà provoqué la mort de plus de 1 000 personnes dans la capitale.  L’Agence de protection de l’environnement s’efforce de répondre aux préoccupations environnementales dans et aux alentours des villes.

La Sierre Leone s’est par ailleurs fixé pour objectif de réduire de 16,8% à 5% la proportion de personnes vivant dans des logements informels dans la capitale et à faire passer de 16,7% à 2% le nombre de ménages dans les bidonvilles à Freetown.  Des objectifs ont aussi été établis pour l’accès à l’eau potable, la réduction de la pollution de l’air, la gestion des déchets et la création d’espaces verts.

M. DURUIHEOMA EZE (Nigéria) a déclaré qu’aucun gouvernement au monde ne peut relever seul les défis de l’urbanisation et de la migration.  Les migrations touchent les adolescents, les femmes et les filles et la population active.  L’urbanisation est irréversible et a une répercussion sur la vie des gens.  Le Nigéria est le pays le plus peuplé d’Afrique et le septième au monde.  Ces 50 dernières années, la population urbaine a augmenté de plus de 6%, une situation qui a des conséquences sur les infrastructures civiles et les services sociaux.  D’ici à 2050, 70% de la population du Nigéria habiteront dans les villes.  Les migrants internes représentent des défis qui exigent des villes qu’elles deviennent « intelligentes ». 

Aujourd’hui, les villes du nord-est du Nigéria abritent 1,7 million de migrants internes.  Mais ces villes comme les autres sont frappées par la pauvreté, le chômage frappe 18% de tous les citadins et l’accès à la santé reste inéquitable.  Le Gouvernement, qui s’attaque à ces problèmes, a aussi élaboré sa politique nationale des migrations pour protéger les Nigérians de l’extérieur et les étrangers au Nigéria.  La politique a par exemple consisté à sécuriser les envois des fonds des émigrés.  Le représentant a conclu en exprimant la détermination de son pays à mâter l’insurrection dans le nord-est du pays.

Le Japon, a confié, Mme REIKO HAYASHI (Japon), est entré dans une phase de déclin « constant » de la population qui a donné de l’importance aux questions de migrations internes et internationales.  Malgré cette tendance, la région de Tokyo est toujours l’agglomération la plus importante au monde, avec une population en constante croissance.  Tokyo est en effet la destination de choix pour les Japonais qui ont l’intention de migrer dans les cinq prochaines années. Il s’agit là d’une immigration qui retarde véritablement la baisse de la population de la ville.  En réponse à cette concentration, des mesures ont été prises pour revitaliser les autres régions.  L’innovation, le retour des retraités et la promotion des universités et des industries locales sont encouragés par des subsides d’État et autres stratégies prévues par la « loi pour surmonter le déclin démographique et revitaliser l’économie locale ».  Même s’il n’est ni faisable ni correct de stopper la libre circulation des personnes, encourager ne fut-ce qu’un petit nombre de gens à rester là où ils sont ou à partir vers des villes moins peuplées peut être utile, a expliqué la représentante.  Les villes sont encouragées à créer des plans de partage de l’espace pour rendre les zones peuplées plus efficaces, plus compactes et mieux connectées au réseau des transports. 

Quant aux migrations internationales, le nombre d’étrangers vivant au Japon augmente constamment: en juin 2017, le pays comptait quelque 2,4 millions de ressortissants de 197 pays et territoires différents.  La migration de remplacement n’est pas le premier choix du Japon mais, en réalité, 48% du déclin démographique a pu être résorbé en 2016 par l’augmentation du nombre des étrangers.  S’agissant du tourisme, le Japon, qui reçoit actuellement 20 millions de visiteurs, vise maintenant les 40 millions d’ici à 2020 et, en conséquence, s’attache au renforcement des douanes et du contrôle aux frontières.  Des mesures comme le relevé des empreintes digitales, la reconnaissance faciale ou encore le système des données biométriques (BIOCART) ont été introduites.  La représentante a aussi indiqué que depuis 2016, des mesures pour encourager la migration en Asie des professionnels de la santé ont été prises.  Ces professionnels pourront ainsi mettre en pratique les connaissances qu’ils ont acquises au Japon dans leur propre pays.  Pour qu’elles profitent à tous, en particulier aux migrants eux-mêmes, les migrations internationales doivent être gérées dans le cadre d’une collaboration entre les pays d’origine et les pays de destination, a conclu la représentante.

M. JUAN CARLOS MENDOZA (Costa Rica) a estimé que la croissance des villes devrait être une croissance solidaire qui réduit la marginalisation sociale.  Les investissements sociaux dans les bidonvilles ont des effets multiplicateurs comme la baisse de la criminalité et de la pauvreté, la cohésion et l’intégration sociales.  Le lien entre mobilité humaine et urbanisation exige de repenser les modalités d’accès aux services sociaux de base, comme les services de santé sexuelle et reproductive.  Gérer les migrations internationales, c’est prendre des mesures pour protéger les migrants vulnérables y compris contre l’exploitation sexuelle et les conditions de travail abusives.  L’autonomisation des femmes migrantes est d’ailleurs une priorité du Costa Rica, a indiqué le représentant qui a jugé nécessaire de faire des mouvements humains un « axe central » des plans de développement.  Au Costa Rica, le Gouvernement a adopté des politiques pour adapter les villes aux nouvelles réalités.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a longuement insisté sur l’importance de l’égalité entre les sexes pour le développement durable.  Il s’est enorgueilli du cadre dont s’est doté son pays sur le mariage homosexuel et l’identité sexuelle, sans oublier la santé sexuelle et reproductive.  La loi sur l’avortement prévoit l’interruption de grossesse jusqu’à la douzième semaine sur simple demande de la femme, jusqu’à la quatorzième semaine si la grossesse est le résultat d’un viol et à n’importe quel moment si la grossesse met en danger la vie de la mère ou si une déformation importante est détectée dans le fœtus.  Le représentant a poursuivi en indiquant que l’arrivée de « contingents » de personnes âgées, a poussé l’État à se montrer créatif pour faciliter l’accès aux services sociaux de base.  L’Uruguay est en train de devenir un pays d’immigration, ce qui pose le défi de l’interculturalité.  Le Gouvernement cherche à préserver les droits des migrants et à veiller à leur intégration, en ciblant en premier lieu les personnes les plus vulnérables.  Pour l’Uruguay, le Programme d’action du Caire doit demeurer « la stratégie d’orientation de l’avenir de l’humanité ».

M. JEAN GABRIEL RANDRIANARISON, Secrétaire général du ministère de l’économie et du plan de Madagascar, a dit que la mobilité urbaine et l’exode rural est une réalité à laquelle le pays doit faire face.  Selon une estimation, en 2014, 34% de la population malgache vivait en milieu urbain, dans la capitale mais aussi dans les autres grandes villes.  D’ici à 20 ans, la moitié de la population vivra dans les villes.  Ces dernières années, Madagascar a reconnu la migration et la diaspora comme des générateurs de développement.  A donc été créée au sein du Ministère des affaires étrangères, une Direction de la diaspora dont la mission principale est de renforcer le lien entre la diaspora et le Madagascar.  En novembre 2017, un Forum de la diaspora a ainsi réuni à Madagascar la diaspora du monde entier pour échanger sur les moyens d’en faire un véritable acteur du développement. 

Concernant l’urbanisation, la « Vision à l’horizon 2030 » prône une émergence harmonieuse.  Outre les moteurs de croissance qui y sont stipulés, l’urbanisation occupe une grande place en raison de son caractère transversal et en tant que secteur « support ».  Il est aussi envisagé de mettre en place et opérationnaliser quatre pôles de croissance repartis dans toute l’île en vue de prévenir les migrations internes entre les villes.  Au niveau du Ministère de l’intérieur et de la décentralisation, une politique de migration est en phase de finalisation.  Une importance majeure est cependant accordée à l’amélioration de la statistique nationale.  Le recensement général de la population et de l’habitation est en cours, tous les préparatifs techniques à cet effet sont déjà financièrement prêts, à savoir la cartographie.  Le dénombrement aura lieu bientôt.  Le Gouvernement vient de lancer la réactualisation de la politique nationale de la population qui va se focaliser principalement sur la migration et l’urbanisation. 

M. JACQUES VAN ZUYDAM (Afrique du Sud) a indiqué que son pays connaît une forte croissance démographique dans ses grandes villes en raison, a-t-il supposé, de la mobilité croissante de la population nationale.  Face au phénomène, le Gouvernement met l’accent sur la création d’emplois et l’amélioration des réseaux de transport et autres services publics.  L’Afrique du Sud connaît également un niveau élevé de migration circulaire national et international.  Le représentant s’est dit préoccupé du sort des femmes migrantes qui sont particulièrement vulnérables et contraintes à travailler dans des conditions précaires.  Les migrants sont aussi vulnérables à la tuberculose, au VIH/sida et aux autres maladies infectieuses, et pâtissent en outre d’un manque d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, avec pour résultat un nombre important de grossesses non désirées.  La situation est particulièrement difficile pour les membres de la communauté LGBT, a insisté le représentant, en appelant les États à intégrer des politiques de santé sexuelle et reproductive à leurs stratégies de gestion des migrations.

M. MUHAMMAD RIZAL MARTUA DAMANIK (Indonésie) a partagé plusieurs progrès au niveau national.  En premier lieu, le représentant a indiqué que pour réduire l’urbanisation, le Gouvernement a promu le développement rural par l’introduction du « Grand Design for Population Development » qui est mis en place au niveau national.  Un budget spécifique a été consacré aux infrastructures et au renforcement des capacités humaines dans les villages avec pour objectif de stimuler la création d’emplois et la croissance économique.  En second lieu, le pays a créé un indice de développement centré sur la population pour veiller à ce qu’elle profite des progrès en matière de développement.  En troisième lieu, l’Indonésie a élaboré des programmes de réduction des risques de catastrophes pour renforcer la résilience urbaine. 

M. Damanik a suggéré aux Nations Unies de se focaliser sur trois domaines.  Les Nations Unies devraient aider les Etats à développer et améliorer les données, comme composantes essentielles du processus de prise de décisions, avec une attention spéciale sur l’explosion de la population jeune et productive.  Les Nations Unies devraient aussi faciliter le transfert des technologies et de l’innovation, en particulier la production d’infrastructures de télédétection et d’imagerie satellitaire afin de relever l’empreinte de la migration et cartographier les ressources, lesquelles sont essentielles pour l’élaboration des plans nécessaires au partage de l’espace et au développement.  Les Nations Unies devraient également aider les États à élaborer un agenda du développement propre à bien exploiter le rôle des migrants comme « agents du développement », un tel agenda devant inclure des programmes pour émanciper les migrants et leurs familles, lesquels pourraient ainsi contribuer à l’économie.  À cet égard, la protection et la promotion des droits des migrants, en particulier des travailleurs migrants, sont fondamentales pour réaliser les objectifs de développement durable.

Débat interactif

Dans les villes du monde, a expliqué MARIE PRICE, Professeur de géographie et des affaires internationales à la « George Washington University », les migrants sont devenus une partie intégrante de la population active et de la vie sociale.  Certaines villes servent d’ailleurs de « porte d’entrée » aux migrations internationales.  Les 22 plus grandes « villes portes d’entrée » abritent plus d’un million de résidents nés à l’étranger.  La Professeure a cité les données de l’ONU qui montrent une croissance absolue du nombre de migrants mais proportionnellement, ce nombre ne représentait que 3,3% de la population mondiale en 2015 et 3,4% en 2017.  Tous les pays sont des pays d’origine et de destination mais l’intensité des flux et les taux nets de migration varient énormément.  Dans les pays développés, les immigrés représentent une grande partie de la population autour de 12% en 2017 contre 2% dans les pays en développement. 

En 2011 à Toronto, par exemple, 46% de la population était né à l’étranger.  Il n’est donc pas étonnant que la « migration de masse » fasse naître des préoccupations et devienne une caractéristique du « stress géopolitique » même si les migrants contribuent énormément au travail, à l’entreprenariat et à la diversité culturelle. 

En se concentrant sur les migrations urbaines et les établissements humains dans les « villes portes d’entrée », on peut voir comment des processus mondiaux « se localisent », qu’il s’agisse des très visibles « Chinatowns », des quartiers habités majoritairement par des travailleurs étrangers ou des bien moins visibles « nounous étrangères » dans les quartiers huppés.  En regardant mieux, on peut distinguer les zones urbaines établies comme New York et Buenos Aires, émergentes comme Séoul, Santiago ou Johannesburg ou simplement des villes de passage. 

Cartographier les « villes portes d’entrée » du monde permet de voir où les circuits migratoires se forment et la capacité d’absorption de telle ou telle ville.  Shanghai, par exemple, qui a une population de 20 millions de personnes ne compte que 200 000 de gens nés à l’étranger principalement du Japon, des Etats-Unis, de la République de Corée, de la France et de l’Allemagne. 

Les migrations changent la composition ethnique, linguistique et culturelle des principales « villes portes d’entrée ».  La lecture des données montre la nécessité d’harmoniser les définitions et les catégories des agglomérations urbaines et des migrants qui y travaillent et s'y installent.  Nous devons mieux étudier, a estimé la professeure, la mobilité à court-terme et la circularité dans ces flux de migrants plutôt que d'assumer que les gens restent là où ils arrivent.  En collectant les données sur les ressortissants nés à l’étranger, les gouvernements peuvent étudier la « balance urbaine » et pas seulement « la balance nationale ».  Ils pourront ainsi mieux comprendre comment une mobilité humaine en intensification influence la vie et la durabilité urbaines.

L’Allemagne a voulu en savoir plus sur les pratiques exemplaires en matière d’accueil des migrants.  La professeure a répondu que comme chaque ville est différente, les autorités municipales devraient élaborer des questionnaires qui répondent à leurs propres attentes et besoins.  Il faut toujours commencer par l’histoire des migrants, leur origine, langue, culture et compétence.  La Gambie s’est étonnée que l’oratrice n’ait pas abordé la question de l’octroi de la nationalité ou de la citoyenneté.  Si la Déclaration universelle des droits de l’homme consacre la liberté de mouvement, elle n’oblige pas les États à recevoir ou à accueillir les migrants, a répondu la professeure.  Il revient aux villes d’inventer elles-mêmes leur politique d’intégration des migrants.  Dans beaucoup de pays, l’octroi de la nationalité n’est pas automatique et le droit du sol n’est pas universel.  Haïti s’est inquiété de la situation de ces enfants nés de parents étrangers et qui sont renvoyés dans un pays qu’ils ne connaissent pas du tout et où ils ne connaissent presque personne.  Il faut être proactif pour répondre aux besoins des migrants, a conseillé la professeure, en donnant l’exemple des Philippines qui ont créé un Bureau d’information pour les migrants. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial pour les Grands Lacs note un manque de confiance entre les pays de la région défavorable à la mise en œuvre de l’Accord-cadre

8227e séance – matin
CS/13286

Devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial pour les Grands Lacs note un manque de confiance entre les pays de la région défavorable à la mise en œuvre de l’Accord-cadre

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, M. Said Djinnit, a regretté, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le manque de confiance entre les pays de la région qui continue de saper les progrès en vue de la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région, cinq ans après sa signature le 24 février 2013.

Au cours d’une séance consacrée à l’examen de la situation dans la région des Grands Lacs, principalement en RDC et au Burundi, et au dernier rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre*, l’Envoyé spécial a insisté sur le fait que la paix dans l’une des régions les « plus volatiles et les plus complexes du continent » passe par des mesures visant à dissiper la méfiance entre le Burundi, l’Ouganda, la RDC et le Rwanda. 

En RDC, l’Envoyé a déploré une situation sécuritaire préoccupante où les « forces négatives » sévissent dans l’est du pays, attaquant et terrifiant la population, provoquant souffrances et déplacements et renforçant le manque de confiance entre les pays de la région.  Il est tout de même revenu sur quelques progrès tels que la défaite du M23 et l’affaiblissement des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ou encore la création de mécanismes de renforcement de la confiance et le renforcement de la coopération économique et de l’intégration. 

M. Said Djinnit a souligné que l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC contribuait à financer les « forces négatives » et à priver le pays des fonds qui pourraient servir à la croissance et au développement.  Au cours d’une réunion à Addis-Abeba en février dernier, il a été noté que, même si les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre sont lents, cet accord demeure « un outil crucial pour la promotion de la coopération, de la paix et de la stabilité dans la région », en complément du Pacte de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).  Il faut donc tenir compte des avantages comparatifs de chaque instrument afin d’éviter des chevauchements de mandats et d’assurer complémentarité et synergie entre ces deux mécanismes. 

Au nom de son chef d’État, qui est à la fois Président du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), le représentant du Congo a rappelé que Brazzaville a accueilli, le 19 octobre 2017, le Sommet de la CIRGL et la réunion du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre.  Le Mécanisme a retenu trois recommandations majeures: neutralisation des forces négatives; rapatriement des combattants désarmés; et dialogues et processus politiques dans la région, lesquels sont des recommandations clefs de l’Accord-cadre. 

Alors que le renforcement de l’efficacité de la brigade d’intervention de la MONUSCO est en cours d’examen, l’Envoyé spécial a souligné l’importance de s’attaquer au financement des groupes armés, en luttant contre l’exploitation illicite et le trafic des ressources naturelles.  Il a aussi invité toutes les parties à s’engager dans le rapatriement des combattants étrangers désarmés et de leur famille, et a souligné que le Mécanisme entend lancer cet exercice à Goma à la fin du mois.

En ce qui concerne le soutien au dialogue politique et au processus électoral, l’Envoyé spécial a indiqué qu’en RDC, en dépit des progrès dans la préparation des élections, des tensions persistent entre le Gouvernement et l’opposition sur les conditions de l’organisation des élections de décembre 2018 que la plupart des membres du Conseil de sécurité ont souhaitées crédibles et pacifiques.

Insistant sur le respect de la souveraineté nationale, la Fédération de Russie a plaidé pour l’implication des pays de la région, des organisations sous-régionales et de la communauté internationale.  Son homologue de la Suède a souligné combien il est important que la voix des femmes de la région soit entendue dans les processus politiques.

Si l’Éthiopie a exhorté les responsables congolais à faire preuve de retenue dans ce processus électoral, le représentant de la France a demandé le respect du calendrier électoral et la mise en place d’un climat apaisé « dans lequel tous les candidats peuvent se déclarer et faire campagne librement sans craintes de représailles ».  Les élections ne sauraient être une fin en soi, a tempéré le délégué du Congo pour qui la pérennisation de la paix et de la stabilité dans la sous-région, à laquelle les peuples aspirent, nécessite aussi d’autres ressorts. 

Face à l’inquiétude de plusieurs pays, dont la Suède, la Pologne et les États-Unis s’agissant de la situation politique tendue au Burundi avant le référendum constitutionnel, le délégué du Congo a plutôt noté que la libération de 740 prisonniers, dont une majorité était condamnée pour participation au mouvement insurrectionnel de 2015, est un motif d’apaisement.  Il a assuré que le Président Sassou Nguesso poursuit également ses efforts pour décrisper le climat et améliorer les relations entre le Rwanda et le Burundi.

Préoccupés par le nombre croissant de réfugiés et de déplacés dans la région, la plupart des orateurs ont appelé à une assistance humanitaire appropriée, regardant vers la Conférence des donateurs prévue le 13 avril à Genève. 

* S/2018/209

LA SITUATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS

Rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région (S/2018/209)

Déclarations

M. SAID DJINNIT, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a déclaré que les « forces négatives » dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), y compris les Forces démocratiques alliées (ADF), continuaient d’attaquer et de terrifier la population, provoquant souffrances et déplacements et renforçant le manque de confiance entre les pays de la région.  Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) restent, pour leur part, actives et exercent un contrôle sur leurs anciens membres désarmés et les membres de leur famille vivant dans des camps de transit, dont la présence renforce du reste les tensions avec la population locale.  La question des anciens membres du M23 qui sont au Rwanda et en Ouganda reste encore à être traitée, a-t-il ajouté. 

M. Djinnit a rappelé qu’à la réunion du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, le 19 octobre dernier à Brazzaville, les pays signataires et les garants avaient, entre autres, décidé de renforcer la brigade d’intervention de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de rapatrier, sans conditions et au plus tard le 20 octobre 2018, les membres des FDLR désarmés et les membres de leur famille qui vivent dans des camps en RDC, ainsi que des anciens combattants du M23 qui demeurent au Rwanda et en Ouganda.  Le Mécanisme entend lancer le rapatriement des combattants désarmés et des membres de leur famille à Goma à la fin de ce mois.

En ce qui concerne le soutien au dialogue pacifique et au processus électoral, l’Envoyé spécial a dit mettre l’accent sur la situation en RDC et au Burundi, deux des principaux États parties à l’Accord-cadre. 

En RDC, en dépit des progrès dans la préparation des élections, des tensions persistent entre le Gouvernement et l’opposition sur les conditions de l’organisation des élections.  M. Djinnit a insisté sur la mobilisation du soutien régional et international pour la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016 et la tenue d’élections crédibles et pacifiques.  À cet égard, l’Envoyé spécial a dit avoir engagé des contacts avec les garants de l’Accord-cadre et les dirigeants régionaux, particulièrement le Président de la République du Congo, M. Denis Sassou Nguesso, et celui de l’Angola, M. João Lourenco, ainsi qu’avec l’Union africaine et d’autres partenaires.

En ce qui concerne le Burundi, la situation politique et des droits de l’homme y reste préoccupante, notamment du fait que le pays va vers un référendum constitutionnel.  En consultation avec l’Envoyé du Secrétaire général, M. Michel Kafando, M. Djinnit dit avoir encouragé les dirigeants régionaux à rester informés sur la crise et à soutenir les efforts de facilitation de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), afin d’assurer le progrès du dialogue interburundais et maintenir l’héritage de l’Accord d’Arusha.

Le troisième point majeur tient aux causes profondes des conflits dans la région.  L’Envoyé spécial a relevé que la poursuite de l’exploitation illégale du commerce des ressources naturelle en RDC contribuait à financer les « forces négatives » et à priver le pays des fonds pouvant servir à la croissance et au développement.  Il a invité les pays de la région à lutter contre ce commerce illégal.  De même, les violations des droits de l’homme et l’impunité restent au cœur de l’instabilité dans la région.  Des cas récents d’extradition de dirigeants de groupes armés sont encourageants, mais des efforts plus concertés sont nécessaires pour renforcer la coopération judiciaire.  C’est pourquoi les services de M. Djinnit et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) œuvrent à l’opérationnalisation du Réseau de coopération judiciaire de la région des Grands Lacs, établi en 2016.  C’est également avec l’appui de la CIRGL et de l’équipe régionale des Nations Unies que des consultations des parties prenantes sur la question des déplacements forcés sont en préparation, afin de sensibiliser sur l’ampleur du problème et d’y trouver des solutions durables et aux conflits dans la région. 

L’ONU soutient également les femmes, les jeunes et la société civile afin que ces groupes puissent jouer un rôle clef dans la promotion des objectifs de l’Accord-cadre.  La promotion du rôle des femmes dans la paix et le processus politique est l’objet d’une mission en préparation au Burundi, en RDC, en République centrafricaine (RCA) et au Soudan du Sud avec la collaboration de la CIRGL et de l’Union africaine. 

L’Envoyé spécial a souligné que son bureau avait continué à mobiliser les dirigeants de la région à travers les mécanismes de gestion de l’Accord-cadre, notamment pour promouvoir le dialogue et la coopération entre les pays signataires de ce texte.  Il a souligné qu’au cours d’une réunion à Addis-Abeba en février dernier, et portant sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre, il a été noté que, même si les progrès dans sa mise en œuvre sont lents, l’Accord-cadre demeure un outil crucial pour la promotion de la coopération, de la paix et de la stabilité dans la région, en complément du Pacte de la CIRGL.  M. Djinnit a cité quelques progrès, tels que la défaite du M23 et l’affaiblissement des FDLR, tout comme l’établissement des mécanismes de renforcement de la confiance, ainsi que le renforcement de la coopération économique et de l’intégration.  Néanmoins, a-t-il regretté, le manque de confiance entre les pays de la région continue de saper les progrès. 

Pour parvenir à la paix dans la région, l’Envoyé spécial a donc prôner de prendre des mesures pour dissiper la méfiance entre les pays des Grands Lacs, à savoir la RDC, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.  Il a indiqué qu’au cours de sa rencontre, le 29 mars dernier, avec le Président Sassou Nguesso, qui est Président de la CIRGL et Président du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre, avaient été évoquées les possibilités de renforcement des relations entre ces pays par le recours aux bons offices des dirigeants de la région.  En outre, alors que le renforcement de l’efficacité de la brigade d’intervention de la MONUSCO est en cours d’examen, l’Envoyé spécial a souligné l’importance de s’attaquer au financement des groupes armés en luttant contre l’exploitation illicite et le trafic des ressources naturelles.  Il a aussi invité toutes les parties à s’engager dans le rapatriement des combattants étrangers désarmés.

Il ne faut pas non plus perdre de vue la situation au Burundi, a poursuivi l’Envoyé spécial, notant qu’un plus grand engagement des dirigeants de la région et de l’Union africaine, avec le soutien des Nations Unies, était nécessaire afin de revigorer le dialogue entre tous les acteurs du pays. 

M. Djinnit a également invité les pays de la région et les acteurs humanitaires à s’entendre pour proposer des solutions régionales durables à la crise humanitaire préoccupante qui sévit dans les Grands Lacs.  Il a également évoqué le problème du chevauchement des mandats et des objectifs entre l’Accord-cadre et le Pacte de la CIRGL, en tenant compte des avantages comparatifs de chaque instrument et de la nécessité d’assurer complémentarité et synergie entre ces deux mécanismes. 

En conclusion, M. Djinnit a rappelé que les Grands Lacs restaient l’une des régions les plus volatiles et les plus complexes du continent, alors même qu’ils pourraient sensiblement contribuer à la stabilité et au développent de l’Afrique.  Il a donc invité le Conseil de sécurité à continuer d’exhorter toutes les parties prenantes à œuvrer en faveur de l’objectif commun d’une paix et d’une stabilité durables.

M. RAYMOND SERGE BALÉ (République du Congo), s’est exprimé au nom du Président Sassou Nguesso, Président du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).  Cinq ans après la signature, le 24 février 2013, de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région, il est temps d’évaluer le degré d’engagement de chacun des signataires, a-t-il estimé.  Il a rappelé que, le 19 octobre 2017 à Brazzaville, ont eu lieu conjointement le septième Sommet de la CIRGL et la huitième Réunion du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre.  Cette rencontre a adopté les recommandations du Mécanisme d’autofinancement de l’initiative régionale sur la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, afin d’éradiquer le fléau et de parvenir, à terme, à la gestion durable des ressources naturelles.  Le Mécanisme a retenu trois recommandations majeures: neutralisation des forces négatives; rapatriement des combattants désarmés; et dialogues et processus politiques dans la région. 

M. Balé a évoqué la réunion tripartite sur la situation politique et sécuritaire de la région, entre les Présidents des deux Congo et de l’Angola, à Brazzaville, le 9 décembre dernier, et à Kinshasa, le 14 février de cette année.  Il a annoncé qu’une troisième réunion du genre aura lieu à Luanda.  En outre, le Président Sassou Nguesso a reçu, le 9 janvier dernier, le Président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, à la suite de la répression des marches des catholiques qui ont eu lieu le 31 décembre 2017 à Kinshasa.

Le représentant a salué les avancées du processus électoral en RDC, mais a parlé de nombreux défis qui pourraient compromettre la réussite du processus, notamment le respect de la feuille de route par l’ensemble de la classe politique; le financement des élections et la logistique indispensable à sa réalisation; des difficultés pour atténuer les revendications de l’opposition désormais reprises par l’Église catholique; et la sécurisation du pays par rapport à l’activisme des groupes armés.  Il a noté que l’appui et l’accompagnement de la communauté internationale s’avéraient déterminants, soulignant aussi le respect de la souveraineté et de l’indépendance de la RDC. 

En ce qui concerne le Kenya, M. Balé a salué l’engagement pris, le 9 mars dernier, par le Président, M. Uhuru Kenyatta, et le chef de l’opposition, M. Raila Odinga, qui ont décidé de réconcilier le pays.  Le Président de la CIRGL et du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre et ses pairs ont par ailleurs déploré la persistance de la violence en République centrafricaine (RCA) et réitéré leur appel à la communauté internationale afin qu’elle apporte son soutien plus ferme au processus de stabilisation et de réconciliation nationale.  Le processus de dialogue conduit par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) au Soudan du Sud est du reste suivi avec attention.

Pour le cas du Burundi, le suivi du processus a permis de noter qu’un référendum constitutionnel est prévu en mai 2018, même si le processus de dialogue conduit par la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), bien que grippé, devra être relancé sous l’impulsion du Médiateur, le Président Museveni, et le Facilitateur, l’ancien Président Mkapa.  M. Balé a estimé que la libération de 740 détenus prisonniers, dont une majorité condamnée pour participation au mouvement insurrectionnel de 2015, est un motif d’apaisement dans la crise sociopolitique dans le pays.  Le Président Sassou Nguesso poursuit également ses efforts pour décrisper le climat et améliorer les relations entre le Rwanda et le Burundi. 

Revenant à la situation en RDC, M. Balé a invité la communauté internationale à se projeter au-delà des échéances électorales qui ne sauraient être une fin en soi.  Pour lui, la pérennisation de la paix et de la stabilité dans la sous-région, à laquelle les peuples aspirent, nécessite aussi d’autres ressorts que les consultations électorales.  Il a rappelé que la RDC était le « centre névralgique de la région des Grands Lacs », faisant observer que ce n’est pas en vain qu’elle constitue la pierre angulaire de l’Accord-cadre.  Il faut donc l’aider à recouvrer une stabilité durable pour qu’elle joue le rôle auquel ses immenses potentialités la prédisposent, a-t-il conclu. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a souligné l’importance d’élections crédibles et acceptées par tous en République démocratique du Congo, qu’il a jugées cruciales pour la stabilité du pays et de la région.  À cette fin, le représentant a demandé le respect du calendrier électoral et la mise en place d’un climat apaisé « dans lequel tous les candidats peuvent se déclarer et faire campagne librement sans craintes de représailles ».  « Le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales est crucial », a-t-il ajouté.

M. Delattre a également plaidé pour une meilleure intégration régionale, afin de garantir la bonne coopération entre les États de la région.  « C’est un objectif privilégié par l’Union africaine et par la France, qui a adapté ses politiques de soutien et ses instruments afin d’inscrire son action dans une perspective régionale », a-t-il expliqué.  L’Institut français de Goma, -« la Halle des volcans »- inauguré il y a six mois, souhaite s’adresser à la jeunesse de toute la région, a-t-il déclaré. 

Le règlement du défi posé par les « forces négatives » dans la région requiert tout d’abord un engagement militaire, a estimé M. Delattre, pour qui c’est notamment le rôle de la brigade d’intervention de la MONUSCO fournie par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Pour le représentant, le mandat renouvelé de la MONUSCO doit lui permettre de mener des « actions offensives décisives ».  Il a ensuite plaidé pour une action politique pour démobiliser, rapatrier et réintégrer ces combattants dans leur pays d’origine, avant d’appeler à une lutte accrue contre les trafics illégaux de ressources naturelles.  « Tant que ces trafics subsisteront, aucune stabilisation durable ne pourra être envisagée », a-t-il dit, avant de demander une action forte et concertée des pays de la région et un engagement continu des partenaires internationaux pour la transparence des industries extractives et une meilleure traçabilité des minerais. 

« Cinq ans après la signature de l’Accord-cadre, des progrès visibles et notables dans sa mise en œuvre seraient un signe extrêmement positif de l’engagement de tous les pays signataires pour la stabilité et le développement de la région des Grands Lacs », a conclu M. Delattre. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a jugé inquiétant l’état de la sécurité dans la région des Grands Lacs, tout en notant « les progrès modestes » accomplis jusqu’à présent.  Il a souligné l’importance du rôle joué par les « forces négatives » et a dit espérer que le Conseil accorderait à cette question l’attention nécessaire.  Il a appelé à la bonne tenue des élections en République démocratique du Congo et exhorté les responsables congolais à faire preuve de retenue.  Il a souligné l’importance du rôle joué par le Président Sassou Nguesso, du Congo, avant de demander la pleine application de l’Accord d’Arusha au Burundi. 

L’application de l’Accord-cadre est cruciale pour toute la région, a poursuivi le représentant, tout en notant les difficultés qui subsistent.  Enfin, M. Alemu a dit son accord avec le constat établi dans le rapport du Secrétaire général sur la situation dans la région des Grands Lacs. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a rappelé que la stabilité dans la région des Grands Lacs avait un impact sur celle de tout le continent.  Les acteurs de la région peuvent s’appuyer, a-t-il dit, sur l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région.  Soulignant qu’avec la paix, les énormes sommes d’argent englouties dans le conflit pourraient être réorientées vers le développement, il a invité les pays de la région à régler leurs différends par le dialogue. 

Insistant sur le respect de la souveraineté nationale, le représentant a plaidé pour l’implication des pays de la région, des organisations sous-régionales et de la communauté internationale pour la paix en République démocratique du Congo.  Il a tenu à faciliter le Président du Congo, M. Sassou Nguesso, pour sa présidence des deux mécanismes et les efforts consentis, avec son pair d’Angola, pour la paix en RDC.  Il a jugé cruciale la tenue des élections en décembre prochain en RDC, de même que la période postélectorale qui s’ensuivra.  Il a enfin invité la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) à travailler étroitement avec les autorités de la RDC, avant de se féliciter d’une normalisation en cours de la situation au Burundi. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a fait observer que la situation en République démocratique du Congo affectait toute la région, et que tout ce qui se passerait en RDC au cours des prochains mois serait décisif pour la stabilité de toute la région.  Le Royaume-Uni appuie la mise en œuvre de l’Accord-cadre et attend la tenue des élections en décembre prochain.

Le Royaume-Uni est préoccupé par le non-rapatriement des combattants désarmés et par la prolifération de la violence dans certaines régions de la RDC, qui a conduit 4,5 millions de Congolais à fuir leur domicile.  Le Royaume-Uni invite donc les acteurs de la région à s’unir et à coopérer. 

Mme Pierce a déclaré que seules des élections crédibles qui respectent la Constitution sont gage de la sortie de crise en RDC, insistant sur l’importance du respect du code électoral et des dispositifs de l’Accord du 31 décembre 2016, notamment la libération des prisonniers politiques. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que l’Accord-cadre était la pierre angulaire de la stabilité de la région, ajoutant que son application devait se faire dans le respect de la souveraineté des pays de la région.  Il a demandé des efforts accrus contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), avant de déplorer la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord-cadre.  La République démocratique du Congo et la Mission des Nations Unies dans ce pays doivent coopérer pleinement, a poursuivi le représentant en insistant sur le rôle déstabilisateur des « forces négatives » en RDC. 

M. Polyanskiy a demandé le rétablissement de l’autorité de l’État congolais dans les zones libérées des rebelles et regretté que des personnes déplacées soient recrutées par les forces négatives.  Une autre menace est la présence en RDC d’éléments sud-soudanais fidèles à Riek Machar, a ajouté le représentant.  Ce dernier a enfin estimé que toute solution politique intérieure dans les pays connaissant des tensions électorales serait favorable à la stabilité régionale, mais a ajouté qu’imposer des solutions de l’extérieur était inacceptable. 

M. ZHANG DIANBIN (Chine) a insisté sur la fragilité de la situation dans la région des Grands Lacs, avant de plaider pour des « solutions africaines à des défis africains ».  Il a apporté son soutien à l’Union africaine et à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et salué la coopération des pays de la région pour faire face à la menace posée par les groupes armés.  La MONUSCO doit apporter son soutien au Gouvernement de la RDC face à ces groupes armés, a-t-il déclaré.  Enfin, le représentant a appuyé le processus de paix et rappelé l’aide que son pays apporte au développement des secteurs agricoles et des infrastructures des pays de la région des Grands Lacs. 

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a salué des progrès dans les Grands Lacs, même si les perspectives de paix et de sécurité durables dans la région continuent de se heurter à des défis sécuritaires, politiques et humanitaires.  Il a invité l’Envoyé spécial du Secrétaire général à poursuivre ses efforts en vue de la mise en œuvre effective de l’Accord-cadre.  En ce qui concerne la RDC, la Côte d’Ivoire appelle toutes les parties à la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre dans un climat apaisé, en vue de la tenue effective d’élections crédibles le 23 décembre prochain.

La Côte d’Ivoire salue les efforts du Facilitateur pour le Burundi, M. Benjamin Mkapa, en vue de relancer le dialogue politique interburundais, sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE).  Le représentant a salué la décision prise par les chefs d’État de la CAE, lors du sommet du 23 février dernier en Ouganda, de continuer de soutenir le processus politique burundais. 

M. Tanoh-Boutchoué a par ailleurs déploré la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire en RDC, notamment dans l’est du pays, et a salué la volonté des Nations Unies de neutraliser les groupes armés à travers le renforcement des moyens de la brigade d’intervention de la force de la MONUSCO, en collaboration avec les autorités congolaises.  Le représentant a également salué les efforts déployés par la communauté internationale, les organisations humanitaires, les États voisins et les ONG locales, en vue d’apporter une assistance humanitaire aux populations dans le besoin, et il a encouragé les donateurs à contribuer au succès de la conférence internationale humanitaire de haut niveau pour la RDC, prévue le 13 avril 2018 à Genève.  Il a conclu en appelant au soutien des Nations Unies et de l’ensemble de la communauté internationale pour une meilleure mise en œuvre de l’Accord-cadre, le jugeant indispensable pour la paix et la stabilité dans cette partie du continent africain. 

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) a salué les efforts des pays signataires pour la mise en œuvre de l’Accord-cadre, jugeant cette dernière vitale pour la stabilité de la région.  Il s’est dit préoccupé par les cycles récurrents de violence et de conflits et la détérioration de la situation humanitaire dans la région.  Il a notamment appelé à renforcer les capacités des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans leur lutte contre les groupes armés, avec l’assistance de la brigade d’intervention de la MONUSCO.  Il a aussi appelé au rapatriement des combattants désarmés en RDC et dans les pays voisins, souhaitant que la réunion des garants de l’Accord-cadre, qui a eu lieu à Addis-Abeba du 24 au 26 février dernier, produise des résultats positifs. 

Le Kazakhstan est préoccupé par le manque de progrès dans le dialogue interburundais et invite toutes les parties prenantes à faire des efforts pour établir un dialogue constructif, dans l’esprit de l’Accord d’Arusha. 

M. Temenov a indiqué que la souffrance de 11 millions de déplacés de la région devait être au cœur des actions de la communauté internationale, assurant que les engagements des donateurs étaient cruciaux, notamment à l’occasion de la conférence des donateurs qui aura lieu à Genève, le 13 avril.  Le représentant a en outre souligné l’importance de la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région, rappelant que les fruits de ces trafics alimentent les groupes armés.  Il a insisté sur le besoin de renforcer le lien entre sécurité et développement dans le cadre des mesures pour venir à bout de la crise politique, sécuritaire et socioéconomique de la région.

M. OLOF SKOOG (Suède) a appuyé les efforts régionaux robustes consentis pour mettre en œuvre l’Accord-cadre, en particulier la revitalisation du Mécanisme régional de suivi et l’engagement des présidents de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.  L’ONU a un rôle important d’appui à ces efforts à jouer, a-t-il estimé. 

Jugeant que la situation en RDC était la plus pressante, le représentant a appelé tous les acteurs à appuyer la tenue d’élections crédibles, transparentes, inclusives et pacifiques dans ce pays le 23 décembre prochain. 

Le représentant a souligné combien il est important que la voix des femmes de la région soit entendue et a demandé qu’elles jouent un rôle accru dans les processus politiques dans la région, en particulier dans un contexte d’élections.  Beaucoup doit encore être fait pour mettre en œuvre les Déclarations de Nairobi et prendre les mesures nécessaires pour promouvoir le processus de désarmement, démobilisation, réintégration, et réinstallation ou rapatriement, a conclu M. Skoog. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a souligné les difficultés graves que connaît la région des Grands Lacs, en particulier la détérioration de la situation humanitaire.  Pour les surmonter, le représentant a appelé à une coopération régionale forte, en soulignant le rôle de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Il a souligné l’importance de la neutralisation des groupes armés et de la promotion des droits de l’homme pour que l’impunité ne prévale pas. 

Nous devons remédier aux causes profondes des souffrances des populations, a poursuivi M. Alotaibi, qui a rappelé les espoirs soulevés par la signature, il y a cinq ans, de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, avant de déploré que les souffrances soient toujours aussi aiguës.  Enfin, le représentant a plaidé pour une unification des efforts des gouvernements de la région pour faire face à la menace grave posée par les groupes armés au plan régional. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a mentionné les progrès significatifs accomplis depuis la signature de l’Accord-cadre, tels que la réduction de la présence de groupes armés étrangers, même si des « défis sérieux » subsistent.  Des membres de groupes armés, y compris les ex-combattants du M23 et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), n’ont pas encore été rapatriés, a-t-il fait observer, en jugeant que l’Accord-cadre était l’instrument idoine pour régler ces défis.  Le représentant a ensuite exhorté les Gouvernements de la RDC et du Burundi à respecter les droits humains et à ménager un espace politique suffisant pour les partis pacifiques, les médias et la société civile.  Ils détiennent la clef des portes ouvrant sur la stabilité, a-t-il déclaré. 

Pour M. van Oosterom, seuls des efforts régionaux permettront de régler les défis actuels.  Le représentant a souligné le rôle crucial joué par l’Union africaine, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.  Enfin, il a cité un proverbe africain: « Lorsqu’un homme est piqué par une abeille, il ne détruit pas toutes les ruches. »  Il en va de même pour l’Accord-cadre: des défis demeurent mais avec les efforts nécessaires, sa mise en œuvre peut être renforcée, a conclu le représentant. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a rappelé que la signature de l’Accord-cadre, il y a cinq ans, avait suscité des espoirs, avant d’inviter les signataires à œuvrer à sa mise en œuvre afin de parvenir à la stabilité dans la région.  Il a rappelé que cette région, l’une des plus riches en ressources naturelles, était victime des actions des multinationales qui utilisent des mécanismes néocoloniaux pour exploiter les ressources de la région.  La Bolivie est également préoccupée par la situation humanitaire dans la région, avec des millions de déplacés et de réfugiés.  Enfin, le représentant a salué les processus électoraux en cours dans la région et insisté sur le fait que l’Accord-cadre était un exemple qui devrait être reproduit.

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a déclaré qu’il fallait rétablir l’état de droit et restaurer le processus électoral, notamment au vu des tensions politiques en RDC, au Burundi, en République centrafricaine et au Soudan du Sud.  Il a également demandé de renforcer la lutte contre les activités commerciales illégales, afin d’inciter les combattants à se lancer dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration. 

Le représentant s’est dit préoccupé par le nombre de déplacés et de réfugiés et la grave crise humanitaire sévère qui s’ensuit dans la région.  Il a souhaité que des efforts supplémentaires soient consentis pour la mise en œuvre de l’Accord-cadre, invitant enfin la communauté internationale à continuer d’accorder une attention particulière à la situation dans la région des Grands Lacs.

Mme ELAINE MARIE FRENCH (États-Unis) a rappelé le lien entre la stabilité en RDC et la stabilité dans l’ensemble de la région, avant de dénoncer les activités des groupes armés.  La représentante a déploré la lenteur du processus électoral en RDC et exhorté l’Envoyé spécial à se concentrer sur l’avancement de celui-ci.  La RDC doit organiser des élections crédibles pour une transition pacifique du pouvoir, a-t-elle rappelé, avant de mettre en exergue le rôle de la Communauté de développement de l’Afrique australe et de l’Union africaine à cette fin. 

Mme French s’est dite préoccupée par le prochain référendum sur une réforme constitutionnelle au Burundi, estimant qu’il pourrait exacerber les tensions.  L’irrespect de l’Accord d’Arusha nourrit les tensions au Burundi et dans la région, a-t-elle affirmé.  Enfin, elle a demandé à l’Envoyé spécial d’œuvrer au renforcement du Mécanisme régional de suivi. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a indiqué que seule une approche régionale cohérente permettrait de régler les défis de la région et d’instaurer une paix durable.  Le représentant a insisté sur la nécessité de respecter le calendrier électoral en RDC et de promouvoir le dialogue interburundais.  Il s’est dit préoccupé par la situation humanitaire dans la région des Grands Lacs, qui compte 11 millions de personnes déplacées, plaidant pour que soit apportée une protection adéquate aux femmes et aux enfants.  Enfin, il a demandé une action coordonnée et robuste face aux groupes armés de la région. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Haïti: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINUJUSTH jusqu’au 15 février 2019 et envisage son retrait « à compter du 15 octobre 2019 »

8226e séance – matin
CS/13285

Haïti: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINUJUSTH jusqu’au 15 février 2019 et envisage son retrait « à compter du 15 octobre 2019 »

La Chine et la Fédération de Russie s’abstiennent du fait d’une référence élargie au Chapitre VII de la Charte, également contestée par Haïti

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger d’un an, jusqu’au 15 février 2019, le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), tout en en préparant activement un retrait envisagé « à compter du 15 octobre 2019 ».  La Fédération de Russie et la Chine se sont abstenues lors du vote, estimant que la référence au Chapitre VII de la Charte avait été étendue de manière inappropriée, et le représentant d’Haïti a également émis des « réserves » sur cette référence. 

Adoptée par 13 voix pour, zéro contre et 2 abstentions, une semaine après le premier débat du Conseil consacré à la MINUJUSTH depuis son entrée en fonctions le 15 octobre dernier, la résolution 2410 (2018) rappelle que la Mission a pour mandat « d’aider le Gouvernement à renforcer les institutions de l’état de droit en Haïti, à appuyer et à développer encore la Police nationale d’Haïti (PNH) et à suivre la situation en matière de droits de l’homme, à en rendre compte et à l’analyser ». 

Le Conseil réaffirme que, dans le contexte de l’amélioration de l’état de droit en Haïti, il est essentiel de renforcer le secteur de la justice et les moyens de la Police nationale d’Haïti.  À cette fin, il encourage le Gouvernement, en collaboration avec la MINUJUSTH, à œuvrer à l’application des 11 critères pour la stratégie de sortie de la MINUJUSTH, établis par le Secrétaire général dans son rapport daté du 20 mars.  La résolution cite ainsi « l’adoption des projets de code pénal et de code de procédure pénale, le renforcement des systèmes judiciaire et pénitentiaire haïtiens, l’augmentation des mécanismes internes de contrôle et de responsabilisation dans les secteurs de la police, l’administration pénitentiaire et de la justice, la mise en place d’un conseil électoral permanent, l’adoption de la loi sur l’entraide judiciaire, le règlement de la question du placement en détention provisoire prolongée, et l’approbation de mesures de lutte contre la violence communautaire ». 

En outre, le Conseil engage le Gouvernement à « prendre de toute urgence » les mesures appropriées pour faire en sorte que la Police nationale d’Haïti et l’appareil judiciaire respectent et défendent les droits de l’homme comme élément essentiel de la stabilité d’Haïti.  Il demande à la MINUJUSTH d’assurer un suivi et de fournir un appui en la matière.

Le Conseil, qui envisage « d’adapter le mandat de la MINUJUSTH et ses effectifs de police, s’il y a lieu, pour préserver les progrès accomplis par Haïti dans l’instauration d’une sécurité et d’une stabilité durables » autorise par ailleurs la Mission à « user de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat » d’appui et de renforcement de la PNH et à « protéger les civils menacés de violences physiques imminentes, dans la limite de ses moyens et de ses zones de déploiement ».

En même temps, dans l’optique d’un retrait de la Mission, envisagé « à compter du 15 octobre 2019 », le Conseil décide d’une réduction du nombre des unités de police constituées, qui sera ramené « entre le 15 octobre 2018 et le 15 avril 2019 » à cinq, contre sept actuellement.  Le nombre des autres policiers sera maintenu à 295. 

La résolution prépare en effet activement la stratégie de sortie de la Mission et prie le Secrétaire général de lui fournir à cette fin toute une série de rapports. 

Ainsi, le Secrétaire général devra, à partir du 1er juin prochain, présenter tous les 90 jours au Conseil de sécurité un rapport sur l’application de la présente résolution, ainsi que les « progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie de retrait ». 

À cette fin, le Secrétaire général devra, dès son rapport de juin, présenter « des dates et des indicateurs plus précis en vue de la réalisation des objectifs fixés » établis en partenariat avec le Gouvernement et l’équipe de pays des Nations Unies.  En outre, dans son rapport du 1er septembre 2018, il devra présenter « un état actualisé de l’avancement du calendrier de transfert des tâches et responsabilités au Gouvernement », en vue d’un retrait progressif de la Mission et d’une « intensification approximative des activités et programmes pertinents de l’équipe de pays des Nations Unies d’ici au 15 octobre 2019 ».

Par ailleurs, le Secrétaire général devra « dépêcher une mission d’évaluation stratégique en Haïti d’ici au 15 février 2019 » et formuler au Conseil, dans le rapport trimestriel d’évaluation du 1er mars 2019, des recommandations sur le rôle futur de l’ONU en Haïti, notamment toutes recommandations en faveur d’un retrait progressif ou d’une sortie.  Le Conseil « affirme son intention d’envisager, en fonction des conclusions de son examen des conditions de sécurité sur le terrain et de la capacité globale d’Haïti d’assurer la stabilité, le retrait de la MINUJUSTH et le passage à une présence des Nations Unies autre qu’une opération de maintien de la paix à compter du 15 octobre 2019 ».

Immédiatement après le vote, le représentant de la Fédération de Russie a expliqué son abstention par le fait que, malgré une évolution favorable de la situation en Haïti, certains éléments clefs du texte avaient été renforcés, notamment la possibilité de recourir au Chapitre VII, qui porte sur « l’action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’actes d’agression ».  Auparavant, ce recours se limitait aux activités devant garantir la sécurité physique des habitants et des Casques bleus eux-mêmes, a–t-il poursuivi, faisant état de sa « surprise » face à un renforcement « inexpliqué » de la pression ainsi exercé par la Mission. 

La situation en Haïti constitue-t-elle une menace pour la paix ou est-ce une tentative supplémentaire de certains pays d’utiliser le Conseil pour faire pression sur un État souverain? a demandé le représentant russe, qui a répété que la situation qui prévaut en Haïti ne relève pas du Chapitre VII et déploré que la position de Port-au-Prince ait été ignorée.  « Le Chapitre VII, s’il s’applique en Haïti, doit être envisagé uniquement pour des questions de sécurité physique », a-t-il tranché.

La position de la Fédération de Russie a été partagée en partie par les délégations de la Bolivie et de la Guinée équatoriale, qui ont néanmoins voté en faveur du projet de résolution.  La Guinée équatoriale estime notamment que la résolution aurait dû être adoptée en application du Chapitre VI de la Charte –le règlement pacifique des différends- et la Bolivie a regretté qu’on ait renoncé au libellé employé ces 14 dernières années.  Comme la Chine, la Bolivie regrette en outre que la position de certains membres du Conseil n’ait pas été prise en compte. 

Le représentant russe, qui a par ailleurs déploré que le texte adopté laisse de côté les agissements d’organisations non gouvernementales accréditées auprès de l’ONU susceptibles de constituer des atteintes sexuelles, a également dit savoir qu’il existe « des tensions » entre le Chef de la MINUJUSTH et les autorités haïtiennes. 

De fait, le représentant d’Haïti a jugé « surprenante » la mention du Chapitre VII dans le cadre d’un « mandat d’accompagnement » du Gouvernement de son pays.  Insistant notamment sur cette référence au Chapitre VII, il a en outre exprimé ses « réserves » sur les aspects du préambule et des parties du dispositif de la résolution n’ayant pas fait l’objet de consensus au sein du Conseil.

Pays porte-plume, les États-Unis ont déploré que certains membres aient « essayé de créer la confusion » s’agissant du libellé du texte.  Nous sommes ici pour réaffirmer notre soutien à Haïti et à son gouvernement, a affirmé la représentante, appuyée par ses homologues du Royaume-Uni, de la France et des Pays-Bas.  Ces derniers ont, tout comme leurs collègues éthiopien, péruvien et polonais, regretté que le Conseil n’ait pas pu adopter le texte à l’unanimité. 

Il est regrettable que le Conseil n’ait pas pu conserver sa pratique antérieure, s’agissant des textes relatifs à Haïti, a ainsi déploré le représentant de la Pologne, pour qui cette absence d’unanimité constitue « un message négatif envoyé à un pays qui est en pleine phase de transition ». 

Le représentant du Pérou a pour sa part souligné que le rôle du Conseil allait au-delà du mandat de la Mission et rappelé l’importance d’une relation dynamique entre les Nations Unies et Haïti.  Dans le même sens, le Royaume-Uni a appelé de ses vœux une coopération accrue entre les autorités haïtiennes, la MINUJUSTH et l’équipe de pays de l’ONU, tout en jugeant nécessaire de recourir au Chapitre VII afin de mettre pleinement en œuvre le mandat de la Mission. 

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI

Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (S/2018/241)

Texte du projet de résolution (S/2018/286)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant ses résolutions antérieures sur Haïti, en particulier ses résolutions 2350 (2017), 2313 (2016), 2243 (2015), 2180 (2014), 2119 (2013), 2070 (2012), 2012 (2011), 1944 (2010), 1927 (2010), 1908 (2010), 1892 (2009), 1840 (2008), 1780 (2007), 1743 (2007), 1702 (2006), 1658 (2006), 1608 (2005), 1601 (2005), 1576 (2004), 1529 (2004) et 1542 (2004),

Constatant qu’au cours de l’année écoulée Haïti a fait des progrès considérables vers la stabilité et la démocratie, l’amélioration de la sécurité et de la situation humanitaire et la consolidation de ses institutions démocratiques grâce à un transfert pacifique du pouvoir, avec notamment l’appui de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité d’Haïti,

Considérant que, de manière générale, la situation en matière de sécurité est restée stable depuis qu’il a adopté sa résolution 2350 (2017), ce qui a permis de fermer la MINUSTAH, de réduire les effectifs militaires et d’effectuer une transition en bon ordre vers la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH),

Notant le rôle joué par la MINUJUSTH pour ce qui est d’aider toutes les branches de l’État haïtien à renforcer les institutions de l’état de droit, d’appuyer et développer encore la Police nationale d’Haïti pour qu’elle puisse améliorer la sécurité en Haïti, et de suivre la situation des droits de l’homme, en rendre compte et l’analyser, soulignant qu’il importe que les Nations Unies et la communauté internationale continuent d’appuyer la sécurité et le développement d’Haïti à long terme, en particulier en renforçant les capacités du Gouvernement, en se fondant sur les réalisations de ces dernières années et en les consolidant, et encourageant les autorités haïtiennes à parer aux risques d’instabilité qui persistent de longue date,

Rappelant ses résolutions 1645 (2005) et 2282 (2016) et réaffirmant que c’est au Gouvernement qu’il incombe au premier chef d’appliquer ses stratégies de consolidation et pérennisation de la paix pour faire face aux difficultés étroitement liées entre elles que connaît le pays, faisant valoir que le développement durable contribue à la consolidation et à la pérennisation de la paix et soulignant à cet égard l’importance des principes d’appropriation et d’inclusion ainsi que le rôle que la société civile peut jouer pour faire progresser les processus et les objectifs nationaux de consolidation de la paix afin de garantir que les besoins de tous les segments de la société soient pris en compte,

Constatant qu’Haïti fait face à des défis humanitaires majeurs et affirmant que pour asseoir durablement la stabilité, il est essentiel de faire progresser la reconstruction et le développement économique et social du pays grâce à une aide internationale au développement efficace et coordonnée et à un renforcement des moyens dont disposent ses institutions pour tirer parti de cette aide,

Réaffirmant que la sécurité doit aller de pair avec un développement durable sur les plans économique, social et environnemental, y compris grâce à des initiatives en matière de réduction des risques et de préparation aux catastrophes naturelles dans un pays qui y est extrêmement vulnérable, et que le Gouvernement est appelé à jouer un rôle de premier plan dans ces initiatives avec l’aide de l’équipe de pays des Nations Unies,

Réaffirmant également qu’il encourage la MINUJUSTH, agissant en coopération avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et les acteurs internationaux compétents, à continuer d’aider le Gouvernement à combattre efficacement la traite des êtres humains, conformément à la résolution 2388 (2017), ainsi que les autres formes de criminalité transnationale organisée, à savoir les trafics de stupéfiants et d’armes en Haïti, conformément au droit international,

Rappelant la résolution 71/161 de l’Assemblée générale relative à la Nouvelle stratégie de lutte contre le choléra en Haïti de l’Organisation des Nations Unies, notant que le nombre des cas présumés de choléra continue de diminuer et réaffirmant qu’il importe que la communauté internationale continue d’appuyer l’action menée par l’ONU pour lutter contre le choléra en Haïti,

Soulignant qu’il importe que le Gouvernement et ses partenaires internationaux et régionaux apportent un concours effectif au Plan stratégique 2017-2021 de la Police nationale d’Haïti afin de mieux préparer la Police nationale à répondre aux troubles de l’ordre public et à gérer les menaces contre la sécurité et de réduire le besoin d’un appui de la communauté internationale,

Rappelant ses résolutions 2378 (2017) et 2382 (2017), par lesquelles il a prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris celles portant sur l’exécution de ces opérations, soient centralisées pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis,

Reconnaissant que, pour promouvoir l’état de droit et la sécurité en Haïti, il est essentiel de renforcer les institutions nationales des droits de l’homme, notamment en faisant respecter le droit à un procès équitable, en facilitant l’accès à la justice, en luttant contre la corruption et l’impunité, en luttant contre la criminalité et la violence sexuelle et sexiste, en appliquant le principe de responsabilité et en faisant respecter les droits humains, y compris ceux des femmes et des enfants,

Affirmant l’importance d’une étroite coordination entre la MINUJUSTH et l’équipe de pays des Nations Unies et engageant la MINUJUSTH, agissant conformément à la stratégie de sortie sur deux ans et à ses objectifs, à chercher en étroite collaboration avec l’équipe de pays des Nations Unies les moyens de combler les éventuels déficits de capacités pour préparer la réduction des effectifs de la Mission, et engageant également la MINUJUSTH, l’équipe de pays des Nations Unies et tous les organismes concernés des Nations Unies à coordonner étroitement leur action, en consultation avec le Gouvernement, dans le cadre du transfert des responsabilités,

Accueillant avec satisfaction le rapport du 20 mars 2018 du Secrétaire général (S/2018/241), y compris la stratégie de sortie et ses objectifs,

Conscient que la Charte des Nations Unies lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger le mandat de la MINUJUSTH jusqu’au 15 avril 2019 afin d’aider le Gouvernement à renforcer les institutions de l’état de droit en Haïti, à appuyer et à développer encore la Police nationale d’Haïti, et à suivre la situation en matière de droits de l’homme, à en rendre compte et à l’analyser, dans le but de déterminer s’il y a lieu ou non de le renouveler;

2.    Réaffirme que, dans le contexte de l’amélioration de l’état de droit en Haïti, il est essentiel de renforcer le secteur de la justice et les moyens de la Police nationale d’Haïti pour que le Gouvernement puisse rapidement assumer la pleine responsabilité de la sécurité nationale;

3.    Décide que la composante de police de la MINUJUSTH conservera sept unités de police constituées et 295 policiers hors unités constituées jusqu’au 15 octobre 2018, et que la composante de police de la MINUJUSTH sera ramenée à cinq unités de police constituées entre le 15 octobre 2018 et le 15 avril 2019 et gardera 295 policiers jusqu’au 15 avril 2019, toute réduction des effectifs devant tenir compte de l’évolution de la situation en matière de sécurité en Haïti et être ajustée en conséquence;

4.    Prie le Secrétaire général de lui rendre compte, dans des rapports  qu’il lui présentera tous les 90 jours à partir du 1er juin 2018, de l’application de la présente résolution, y compris des éventuels cas de non-exécution du mandat et des mesures prises pour y remédier;

5.    Prie en outre le Secrétaire général, dans son rapport du 1er juin 2018, en partenariat avec le Gouvernement et l’équipe de pays des Nations Unies, d’établir des dates et des indicateurs plus précis en vue de la réalisation des objectifs fixés, aux fins d’un transfert des tâches et des responsabilités au Gouvernement, en coordination avec l’équipe de pays des Nations Unies, comme le prévoit la stratégie de sortie sur deux ans figurant dans son rapport en date du 20 mars 2018;

6.    Prie le Secrétaire général de lui faire part, dans les rapports qu’il lui présentera tous les 90 jours à compter du 1er juin 2018, des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie de retrait assortie d’objectifs, notamment au regard des indicateurs, étapes et cibles définis pour atteindre les objectifs fixés, et des effectifs de la mission prévus au titre de la stratégie;

7.    Encourage le Gouvernement, en collaboration avec la MINUJUSTH, dans le cadre des tâches qui lui ont été dévolues en matière d’état de droit en vertu de son mandat et conformément à la stratégie de sortie sur deux ans assortie d’objectifs clairs, à œuvrer notamment à l’application des critères établis, y compris à l’adoption des projets de code pénal et de code de procédure pénale, au renforcement des systèmes judiciaire et pénitentiaire haïtiens, à l’augmentation des mécanismes internes de contrôle et de responsabilisation dans les secteurs de la police, de l’administration pénitentiaire et de la justice, à la mise en place d’un conseil électoral permanent, à l’adoption de la loi sur l’entraide judiciaire, au règlement de la question du placement en détention provisoire prolongée, et à l’approbation de mesures de lutte contre la violence communautaire;

8.    Prie en outre le Secrétaire général de lui soumettre, dans son rapport du 1er septembre 2018, un état actualisé de l’avancement du calendrier de transfert des tâches et responsabilités au Gouvernement, en coordination avec l’équipe de pays des Nations Unies, en vue d’un retrait de la mission et d’une progressive montée en puissance des activités et programmes pertinents de l’équipe de pays des Nations Unies d’ici au 15 octobre 2019, tout en s’inspirant des objectifs fixés dans le cadre de la stratégie de sortie prévue sur deux ans;

9.    Prie le Secrétaire général de dépêcher une mission d’évaluation stratégique en Haïti d’ici au 15 février 2019 et, en conséquence, de lui formuler, dans le quatrième rapport d’évaluation de 90 jours qu’il lui présentera au plus tard le 1er mars 2019, des recommandations sur le rôle futur de l’ONU en Haïti, notamment toutes recommandations en faveur d’un retrait progressif ou d’une sortie;

10.   Affirme son intention d’envisager, en fonction des conclusions de son examen des conditions de sécurité sur le terrain et de la capacité globale d’Haïti d’assurer la stabilité, le retrait de la MINUJUSTH et le passage à une présence des Nations Unies autre qu’une opération de maintien de la paix à compter du 15 octobre 2019;

11.   Engage le Gouvernement à prendre de toute urgence les mesures appropriées pour faire en sorte, avec l’appui de la communauté internationale et selon que de besoin, que la Police nationale d’Haïti et l’appareil judiciaire respectent et défendent les droits de l’homme comme élément essentiel de la stabilité d’Haïti et demande à la MINUJUSTH d’assurer un suivi et de fournir un appui en la matière, conformément à son mandat;

12.   Prie le Représentant spécial du Secrétaire général de continuer à jouer un rôle de bons offices et de sensibilisation politique aux fins de la bonne exécution du mandat, y compris par l’élaboration, en étroite coordination avec le Gouvernement, d’une stratégie visant à résoudre les problèmes politiques afin d’avancer sur la voie de l’établissement d’un état de droit et de créer une dynamique de progrès systématiques;

13.   Demande instamment au Représentant spécial du Secrétaire général et à la MINUJUSTH de travailler en étroite coordination avec le Gouvernement et prie instamment ce dernier de faciliter le mandat et les opérations de la Mission;

14.   Autorise la MINUJUSTH à user de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat en vue d’appuyer et de renforcer la Police nationale d’Haïti;

15.   Autorise également la MINUJUSTH à protéger les civils menacés de violences physiques imminentes, dans la limite de ses moyens et de ses zones de déploiement, s’il y a lieu;

16.   Prie le Secrétaire général de veiller à ce que la MINUJUSTH conserve les moyens, notamment médicaux et aériens, dont elle a besoin pour pouvoir déployer rapidement des forces de sécurité dans tout le pays à l’appui de la Police nationale d’Haïti;

17.   Réaffirme combien il importe que la MINUJUSTH tienne pleinement compte, dans tous les aspects de son mandat, de la question transversale que constitue la problématique femmes-hommes et aide le Gouvernement haïtien à garantir la participation et la représentation pleines et effectives des femmes à tous les niveaux;

18.   Se félicite des initiatives du Secrétaire général d’instaurer, dans toutes les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, une culture de l’efficacité qui donne effet à la Politique relative à la vérification et à l’amélioration de la préparation opérationnelle, de conduire des évaluations de la performance notamment des effectifs de police, et d’utiliser le Système de préparation des moyens de maintien de la paix afin que les décisions en matière de déploiement, de remédiation et de rapatriement du personnel des Nations Unies soient fondées sur les résultats, et lui demande de poursuivre ses efforts à cet égard;

19.   Rappelle sa résolution 2272 (2016) et toutes les autres résolutions des Nations Unies pertinentes, et prie le Secrétaire général de continuer de prendre toutes les mesures nécessaires pour que l’ensemble du personnel de la MINUJUSTH observe scrupuleusement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et de le tenir informé à ce sujet, et exhorte les pays qui fournissent des contingents et du personnel de police à redoubler d’efforts pour prévenir les comportements répréhensibles et à veiller à ce que tous les cas dans lesquels leur personnel serait impliqué fassent l’objet d’enquêtes crédibles et transparentes et à ce que les personnes responsables soient sanctionnées;

20.   Entend continuer à examiner la situation en Haïti et envisager d’adapter le mandat de la MINUJUSTH et ses effectifs de police, s’il y a lieu, pour préserver les progrès accomplis par Haïti dans l’instauration d’une sécurité et d’une stabilité durables;

21.   Décide de rester activement saisi de la question.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement ouvre sa session 2018 sur le thème « villes durables, mobilité humaine et migrations internationales »

Cinquante et unième session,
2e et 3e séances – matin & après-midi
POP/1072

La Commission de la population et du développement ouvre sa session 2018 sur le thème « villes durables, mobilité humaine et migrations internationales »

« Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales », ce thème choisi cette année par la Commission de la population et du développement, qui a ouvert sa session 2018 aujourd’hui, touche à des questions « très importantes et très complexes ».  Il s’agit, s’est expliquée la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), de questions « qui parlent des gens, de leur vie, de leur santé, de leurs droits, de leur sécurité et de leurs opportunités ».

Le défi de la Commission sera d’examiner ce thème « dans toute sa complexité », a acquiescé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.  Comme le départ des jeunes peut signifier des pertes pour leur pays d’origine, on ne peut parler de migration sans parler de développement durable et de la nécessité pour les gouvernements d’investir dans les gens et de construire des villes inclusives et durables, a ajouté Mme Amina J. Mohammed.

Les enjeux ont été mis en évidence par le Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales.  M. Elliot Harris a rappelé que la population urbaine mondiale est passée de 750 millions de personnes dans les années 1950, à environ 4 milliards à l’heure actuelle, une croissance qui a radicalement changé le paysage des établissements humains, « avec toutes les conséquences que cela entraîne sur les conditions de vie, l’environnement et le développement durable ».  Dans certains pays aux villes mal préparées, l’afflux massif de nouveaux arrivants a même provoqué la chute du PIB, a mis en garde le Président-Directeur général du GORA Corp, M. Gora Mboup.

Dans son rapport, le Secrétaire général indique que la part de la population mondiale vivant en milieu urbain devrait passer de 55% en 2018 à 60% en 2030 pour atteindre 47% en Afrique, 56% en Asie, 71% en Océanie, 77% en Europe et plus de 80% dans les Amériques.

L’urbanisation incontrôlée peut limiter les possibilités et accentuer les inégalités, prévient, à son tour le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), dans son rapport.  À l’heure actuelle, environ 828 millions de personnes, soit un citadin sur trois, vit dans des taudis, c’est-à-dire dans un logement dépourvu d’accès à une source d’eau améliorée ou à des installations sanitaires améliorées ou encore caractérisé par un espace de vie insuffisant. 

La question est de savoir comment assurer aux nouveaux arrivants et aux communautés d’accueil une vie meilleure? a résumé la Directrice exécutive du FNUAP.  Mme Natalia Kanem a misé sur les jeunes et le dividende démographique qui est devenu « un cri de ralliement ».  La Directrice exécutive a cité une étude du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et du FNUAP qui détruit le mythe « explosion démographique des jeunes égale risque accru de violence ».  L’étude montre au contraire comment tous les jours, des jeunes travaillent dans leurs communautés pour apporter la paix, améliorer la gouvernance et défendre les droits de l’homme.  Les jeunes peuvent contribuer au développement économique de leur société, « à condition de pouvoir exploiter leur potentiel », a reconnu l’Union européenne. 

Même son de cloche du côté du Groupe des États d’Afrique qui a reconnu que le continent, où d’ici à 2063, 62% des 2,5 milliards d’Africains vivront dans les villes, a tout intérêt à libérer « l’énergie créative » des jeunes, en augmentant les investissements dans l’éducation, la formation professionnelle, la santé et le logement.  La Norvège a ajouté l’autonomisation des femmes et leur droit de décider de leur corps et de leur sexualité.  « Nous ne pouvons pas accepter que la religion ou de soi-disant valeurs traditionnelles soient utilisées comme une excuse pour priver les femmes de leurs droits. »

Pour aller de l’avant, a conseillé la Vice-Secrétaire générale, nous devons comprendre la situation en constante mutation dans laquelle nous opérons.  Il est essentiel de générer et d’utiliser des données qui permettent une meilleure intégration des changements démographiques dans la planification des politiques et les interventions.  « L’histoire de l’humanité, c’est l’histoire de la mobilité humaine », a-t-elle rappelé, en parlant de questions reprises dans le Programme d’action du Caire sur la population et le développement mais aussi dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Nouveau Programme pour les villes. 

Nul doute qu’elles seront au cœur des futurs pactes mondiaux pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, et sur les réfugiés que l’Assemblée générale négocie en ce moment.  L’Union européenne a d’ailleurs mis en garde contre les chevauchements et s’est félicitée que le Président de la Commission ait proposé que la résolution sur le thème de cette année se concentre sur le lien entre urbanisation et migration. 

En début de séance, la Commission a élu Mme Nicola Barker-Murphy, de la Jamaïque, et MM René Lauer, du Luxembourg, et Jawad Ali, du Pakistan, aux vice-présidences.  Le représentant pakistanais assumera également les fonctions de Rapporteur.

La Commission, qui a adopté son ordre du jour provisoire et approuvé l’organisation de ses travaux, poursuivra ses travaux demain, mardi 10 avril, à partir de 10 heures.

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, RÉGIONAL ET NATIONAL

Déclarations liminaires

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a souligné que le thème de cette année « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales » renvoie à l’engagement commun en faveur d’un monde inclusif durable.  Nous vivons, a constaté la Vice-Secrétaire générale, dans un monde démographiquement dynamique et divers où les populations sont plus que jamais liées, par l’information, la communication, le commerce et la mobilité.  Les pays ont des structures d’âge de plus en plus différentes et nous voyons des niveaux élevés d’urbanisation en Europe et en Amérique et une croissance urbaine rapide en Asie et en Afrique.  Les gens circulent à un rythme plus rapide dans leurs frontières et la migration internationale devient plus complexe, davantage de pays étant à la fois pays d’origine, de transit et de destination.

Ces dynamiques viennent de plusieurs facteurs et d’abord les conflits, les faibles perspectives économiques et les changements climatiques qui poussent les gens à partir.  Mais il faut aussi tenir compte des gens qui partent tout simplement à la recherche d’un meilleur emploi et d’une meilleure éducation ou pour rejoindre des membres de leurs cercles social ou familial.  La migration est une caractéristique essentielle de notre monde et dans une large mesure, elle fait une contribution positive à la société. 

Pourtant les préoccupations sont bien réelles et le défi de la Commission sera d’examiner le thème de cette année dans toute sa complexité, a prévenu la Vice-Secrétaire générale.  Par exemple, le départ des jeunes peut signifier des pertes pour leur pays d’origine.  On ne peut donc parler de migration et d’urbanisation sans parler de développement durable et de la nécessité pour les gouvernements et la communauté d’investir dans les gens et de construire des villes inclusives et durables.  La Vice-Secrétaire générale a donné l’exemple de Sao Paolo, une ville qui a réussi à gérer la migration grâce à ses structures et institutions de gouvernance, ses politiques et sa législation.  La ville a d’ailleurs lancé une campagne de sensibilisation à la xénophobie.  Les villes sont aussi en première ligne dans l’accueil des réfugiés.  À Londres, par exemple, un nouveau schéma a été lancé pour encourager les groupes communautaires à parrainer une famille de réfugiés.  Un service en ligne permet à tout individu de soutenir des réfugiés, laissant ainsi aux autorités locales l’occasion de se concentrer sur les services publics. 

Pour aller de l’avant, a insisté la Vice-Secrétaire générale, nous devons comprendre la situation changeante dans laquelle nous opérons.  Il est essentiel de générer et d’utiliser des données qui permettent une meilleure intégration des changements démographiques dans la planification des politiques et les interventions.  La Vice-Secrétaire générale a donné l’exemple de la Zambie, qui, avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), génère des indicateurs de développement au niveau des districts, lesquels ont enrichi le septième plan national de développement et permis de mobiliser des investissements dans les secteurs de la santé et de l’éducation au profit des enfants et des jeunes.  Un autre bon exemple est l’étude menée en République dominicaine qui montre la contribution des migrants haïtiens au PNB mais aussi leur manque d’accès aux services. 

La réforme du système de développement des Nations Unies nous permettra, a promis la Vice-Secrétaire générale, de mieux aider les gouvernements.  Les coordonnateurs résidents pourront ainsi mettre les meilleurs talents de l’ONU au service des gouvernements et améliorer la capacité d’une nouvelle génération d’équipes de pays de faire de la planification et de la programmation, en se fondant sur des changements démographiques complexes et en constante mutation, y compris en travaillant avec les gouvernements pour améliorer la collecte, l’analyse et l’utilisation des données.  Les réformes aideront aussi l’ONU à aider plus efficacement les gouvernements à améliorer leur planification et leur gouvernance des villes et en faire des centres de la diversité, de l’intégration et de la tolérance. 

L’histoire de l’humanité, c’est l’histoire de la mobilité humaine, celle de gens qui partent à la recherche d’une vie meilleure qu’il s’agisse de moyens financiers, d’accès à l’éducation et à un emploi décent ou d’une meilleure protection de leur liberté personnelle, a conclu la Vice-Secrétaire générale. 

Le thème de cette année touche à des questions « très importantes et très complexes », a prévenu la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Mme NATALIA KANEM.  Il s’agit, s’est-elle expliquée, de questions qui parlent des gens, de leur vie, de leur santé, de leurs droits, de leur sécurité et de leurs opportunités.  Citant un sondage effectué par le FNUAP auprès des jeunes au Caire, à Beyrouth et à Tunis, la Directrice exécutive a constaté que ces jeunes parlent surtout de désespoir des villes qu’ils ont quittées, de l’insécurité et des troubles.  Ils ont aussi avoué que, partis, ils sont confrontés à des menaces, des abus et à des situations bien plus difficiles que celles qu’ils imaginaient.  Mais si c’était à refaire, ils le referaient, ont-ils tous admis. 

Aujourd’hui, le monde compte un milliard de migrants et rien que l’année dernière, plus de 65 millions de gens ont dû fuir de chez eux, « un record », a souligné la Directrice exécutive.  La majorité d’entre eux se concentrent dans les villes, avec l’espoir d’une vie meilleure.  La question est de savoir comment assurer cette vie meilleure pour eux et pour ceux qui les accueillent dans leurs villes?  Les gouvernements, a-t-elle répondu, reconnaissent l’importance d’investir dans les jeunes.  C’est la raison pour laquelle le dividende démographique, découlant de l’accès aux jeunes à l’éducation et aux opportunités économiques, est devenu « un cri de ralliement ».  La Directrice exécutive a attiré l’attention sur une étude du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et du FNUAP qui montre qu’un jeune sur quatre dans le monde est affecté par la violence ou un conflit armé.  L’étude détruit le mythe « explosion démographique des jeunes égale risque accru de violence ».  Elle montre au contraire comment tous les jours, les jeunes travaillent dans leurs communautés pour apporter la paix, améliorer la gouvernance et défendre les droits de l’homme. 

Investissons dans les jeunes, a encouragé la Directrice exécutive, et plaçons notre confiance en eux pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés.  « Le dividende démographique peut conduire au dividende pacifique », a-t-elle dit, avant de tuer un autre mythe: le développement élargit l’horizon et les aspirations et offre les moyens de partir.  Contrairement à ce qu’on pense, les gens des pays les moins avancés sont les moins susceptibles de partir. 

Passant à la protection de ceux qui ont réussi à partir, la Directrice exécutive a insisté sur le fait que le non accès aux services de santé sexuelle et reproductive est une des causes principales des morts et des maladies parmi les femmes et les filles déplacées.  Le FNUAP dit: « des accouchements sûrs, même ici », a déclaré la Directrice exécutive, parce que migrer enceinte accroît les risques de complication.  La santé sexuelle et reproductive doit être ouverte à tous les migrants, y compris les réfugiés et il faut lever les barrières des coûts, des centres de santé débordés, de la langue, du manque de transport, de la pollution ou encore du logement indécent.  Des services pour tous peuvent contribuer à atténuer la méfiance entre les gens et à lutter contre la discrimination, la xénophobie, le racisme voire la violence. 

Plus une personne bouge moins elle a de chance d’apparaître dans les données, a prévenu la Directrice exécutive, en conclusion.  Elle a donc insisté sur la qualité des données pour comprendre les motivations et les conditions de vie des migrants.  À la veille de son cinquantième anniversaire, le FNUAP se concentre sur trois résultats stratégiques: zéro demande non satisfaite en matière de planification familiale, zéro mortalité maternelle due à un évènement évitable et zéro violence et pratique néfaste contre les femmes et les filles.  La Directrice exécutive a averti que le financement de la collecte des données et de l’analyse des politiques stagnent depuis 2005 et celui de la santé sexuelle et reproductive, depuis 2011.

M. ELLIOT C. HARRIS, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique et Économiste en chef de l’ONU, a souligné que malgré l’évolution des défis démographiques, deux choses sont restées constantes au cours des derniers 70 ans, à savoir la valeur intrinsèque du travail de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DAES) qui produit l’information essentielle sur les tendances et politiques démographiques pour éclairer les délibérations de la Commission de la population et du développement.  Le second élément est le besoin de la Commission de prodiguer des conseils avisés aux gens chargés d’élaborer les politiques sur les tendances démographiques actuelles et futures.

M. Elliot a souligné que le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, adopté au Caire en 1994, a été, est et restera une étape historique pour le développement humain, mettant en évidence les liens indispensables entre tous les domaines de la population et du développement.  Ce Programme d’action doit continuer d’éclairer nos actions mondiales, a-t-il plaidé, y compris, sur « les villes durables, la mobilité humaine et les migrations internationales ».  Il a rappelé que dans les années 1950, environ 750 millions de personnes vivaient dans des villes, alors que de nos jours, la population urbaine est constituée d’environ 4 milliards de personnes.  Cette croissance change radicalement le paysage des établissements humains, a-t-il relevé tout en notant qu’elle a des conséquences sur les conditions de vie, l’environnement et le développement durable. 

L’Économiste en chef de l’ONU a noté que la mobilité humaine ne cesse de croître, avec un nombre de migrants internationaux se chiffrant à 160 millions au moment de la Conférence du Caire en 1994 et à 258 millions aujourd’hui.  Une urbanisation rapide et une mauvaise gestion des migrations posent des défis sérieux au développement durable, a-t-il prévenu.  Les gouvernements nationaux et locaux doivent travailler ensemble pour mettre en œuvre les politiques qui tirent parti des bénéfices de l’urbanisation et des migrations internationales, tout en atténuant leurs aspects négatifs potentiels. 

Le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique a par ailleurs rappelé que le Département des affaires économiques et social travaille en collaboration avec des agences des Nations Unies, la communauté des chercheurs et la société civile.  Le Département est conscient de l’importance des partenariats, car venir à bout des défis majeurs du développement mondial exige du système des Nations Unies qu’il soit « uni dans l’action ».  Il a rappelé que l’ONU a entrepris une réforme transformative, une « route vers une meilleure ONU », le but étant de démonter les silos institutionnels au lieu d’en créer de nouveaux.  Il a souhaité que la présente session enrichisse vraiment les négociations sur le futur pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Le Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, M. JOHN WILMOTH, a constaté que le débat sur les changements démographiques se concentre souvent sur quatre mégatendances: la croissance de la population, le vieillissement de la population, l’urbanisation et la migration internationale.  Ces mégatendances sont particulièrement importantes dans le contexte du Programme de développement à l’horizon 2030 puisque chacune d’entre elles est à la fois la cause et la conséquence d’autres processus majeurs du processus de développement.  L’année dernière, l’attention s’était focalisée sur le vieillissement de la population.  Cette année, ce sera l’urbanisation et la migration internationale.

La Commission, qui cette année, va mettre sa pierre à l’édifice du futur pacte mondial pour des migrations sûres, a cette caractéristique séduisante qu’elle travaille sur les trois piliers du développement durable: social, économique et environnemental.  En effet, depuis Thomas Malthus, les questions de population sont considérées comme des questions de viabilité des activités humaines, en tenant compte de la taille et des caractéristiques de la population mais aussi de la trajectoire anticipée du changement.

Débat général sur le thème « Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales »

Au nom du G77 et la Chine, M. MOHAMED EDREES (Égypte) a appelé les organisations internationales et régionales, et la société civile, à travailler de concert pour promouvoir le renforcement des capacités et la coopération technique et contribuer ainsi à l’amélioration de la collecte, de la diffusion et de l’analyse des données sur les villes durables et la mobilité humaine.  Il a aussi appelé les États à honorer leurs engagements à assurer le plein respect des droits des réfugiés, des personnes déplacées et des migrants, « quel que soit leur statut », et à appuyer les villes d’accueil, conformément à la coopération internationale.  Dans cet environnement de ralentissement économique, d’instabilité financière, d’insécurité alimentaire, de crise de l’eau potable et d’impacts négatifs des changements climatiques, sans compter la résistance antimicrobienne et les maladies nouvelles et émergentes, le G77 et la Chine plaident pour le renforcement des efforts collectifs pour s’attaquer aux questions de population et de développement de manière intégrée et globale.

M. PHILIPP CHARWATH (Autriche), au nom de l’Union européenne, a estimé que pour créer des villes durables, l’innovation est essentielle.  Elle permet d’exploiter le potentiel économique et de tirer parti de la forte densité de population, comme un système de transport et de logements plus énergétiquement efficace et des services de base plus rentables. 

L’autre défi est d’assurer l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive à des populations en croissance rapide, en particulier les adolescents, les femmes et les filles, les personnes vulnérables.  À cet égard, il faut reconnaître le fardeau disproportionné du VIH-sida et des grossesses non désirées que portent les adolescentes et les jeunes femmes et la nécessité de politiques ciblées et d’investissements pour assurer un accès à la santé sexuelle et reproductive, aux contraceptifs modernes et à une éducation sexuelle complète.

Il faut, a insisté le représentant, tenir compte de la « grande cohorte » des jeunes dans les villes.  Il faut investir dans les jeunes car ils peuvent contribuer au développement économique s’ils ont les moyens d’exploiter leur potentiel.  Pour profiter du dividende démographique, il faut donc accorder une attention particulière aux droits de l’homme de tous les enfants, adolescents et jeunes, sans distinction d’aucune sorte, dont l’orientation et l’identité sexuelles. 

Le représentant a estimé que les questions de la mobilité humaine et des migrations internationales relèvent exclusivement du futur pacte mondial sur les migrations.  Il s’est donc félicité que le Président de la Commission ait proposé que la résolution sur le thème de cette année se concentre sur le lien entre urbanisation et migration.  Évitons les chevauchements, a voulu le représentant. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. ALADE AKINREMI BOLAJI (Nigéria) a souligné que l’Afrique est une des « composantes majeures » de l’accélération de l’urbanisation dans le monde, le continent devant compter, dans les 15 prochaines années, davantage de zones urbaines que rurales et 55% de citadins.  Selon ONU-Habitat, la contribution de l’Afrique à l’urbanisation mondiale doit passer de 11,3% en 2010 à 20,2%.  Mais la faculté des villes africaines à faire face à l’accélération de la mobilité humaine, notamment en ce qui concerne l’emploi, les services sociaux de base et la sécurité, s’avère limités.  Cette situation, a-t-il expliqué, rend les autorités et bien souvent les communautés urbaines à l’exode rural.

En Afrique, la migration et la mobilité humaine sont liées au terrorisme, aux guerres civiles, à la sécheresse ou aux catastrophes naturelles mais dominées par l’exode rural.  Selon les estimations, d’ici à 2063, 62% d’une population de 2,5 milliards d’Africains vivront dans les villes.  L’Afrique doit donc miser sur le renforcement des capacités humaines, la création d’emplois et l’élargissement de l’accès aux services sociaux de base.

L’Afrique doit promouvoir une utilisation durable de l’espace, en favorisant des transports publics bien intégrés et des économies d’énergie.  Elle a tout intérêt à libérer « l’énergie créative » des jeunes, en augmentant les investissements dans l’éducation, à la formation professionnelle, à la santé et au logement.  Cela nécessitera l’amélioration des systèmes juridiques, institutionnels et réglementaires mais aussi la mobilisation de financements innovants.

L’Afrique, a poursuivi le représentant, s’engage à coopérer pour assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières et à veiller au plein respect des droits et au traitement humain des migrants, quel que soit leur statut.  Le continent s’engage à veiller à la libre circulation des personnes et des biens pour promouvoir les liens entre zones rurales et urbaines et l’intégration régionale.  Les politiques migratoires doivent être formulées de manière à maximiser les bénéfices des migrations et à en minimiser les coûts et les répercussions.

Ces politiques doivent donc se baser sur des faits et tenir compte de la situation des plus vulnérables, à commencer par les femmes et les enfants.  Il faut, a conclu le représentant, des partenariats bilatéraux, régionaux et internationaux pour réduire les obstacles à la libre circulation et assurer le plein respect des droits des migrants.  La migration doit devenir « un instrument de développement mutuel », a insisté le représentant, en plaidant pour des politiques de promotion de l’intégration des migrants et des rapatriés.

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), M. CELESTE KINSEY (Canada) a demandé la pleine mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Il a souligné que la pleine réalisation des droits humains, y compris les droits à la santé sexuelle et reproductive, l’éradication de la pauvreté, la promotion de l’égalité entre les genres et l’autonomisation de toutes les femmes et filles, est essentielle à l’édification d’un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère.  Il a mentionné les principes qui, selon lui, devraient guider les négociations.  En premier lieu, la réalisation du potentiel humain n’est pas possible sans le respect des droits humains de tous, a-t-il déclaré.  « Cela veut dire qu’il faut remédier efficacement aux discriminations, à la violence et aux violations persistantes des droits humains, y compris à l’encontre des femmes et des filles. »

En second lieu, le développement ne peut être durable s’il n’est pas égalitaire et inclusif, a-t-il poursuivi, en appelant à la création de partenariats solides avec la société civile.  Il a encouragé les États à faire en sorte que les réponses apportées à l’urbanisation, à la mobilité humaine et aux migrations internationales visent à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, « y compris pour les groupes marginalisés et vulnérables, tels que les migrants, les réfugiés et les LGBTIQ2 ».  Enfin, le délégué a souligné l’importance d’éviter tout doublon dans les négociations en cours sur les deux pactes internationaux.

M. SALEH BIN MOHAMMAD AL NABIT (Qatar) a reconnu que la migration et le développement sont les deux faces d’une même pièce.  Des migrations non réglementées constituent un défi majeur, et l’important est d’investir dans et pour les populations.  Le Qatar ne ménage aucun effort pour aider les réfugiés et les personnes déplacées, en particulier les jeunes victimes de conflits.  Le Qatar participe activement à la lutte contre la traite de personnes, l’esclavage, le travail forcé et le travail des enfants.  Mais, a souligné le représentant, mon pays est confronté depuis 10 mois à un blocus qui limite l’importation de marchandises, dont la nourriture et les médicaments. 

Avec une population estimée à 105 millions d’habitants, l’équilibre entre croissance démographique et croissance économique est plus que jamais pressant pour les Philippines, a relevé M. ERNESTO M. PERNIA.  Le pays tient compte de sa jeunesse et de sa population active croissante qui offre la possibilité de tirer parti du dividende démographique.  Des réformes politiques sont en cours dans les secteurs de l’éducation et de la santé, et le Gouvernement entend mettre en œuvre la loi sur la parenté responsable et la santé reproductive, laquelle institutionnalise les principes et objectifs de la Conférence du Caire.  Le représentant a annoncé que son pays autorise désormais les méthodes modernes de planification familiale.  L’utilisation des contraceptifs est passée de 38% en 2013 à 40% en 2017, ce qui a conduit à une baisse du taux de fertilité, de 3 enfants en 2013 à 2,7 enfants en 2017.

M. Pernia a souligné que la moitié de la population philippine vit dans les villes, ce qui fait de son pays, l’un des champions de l’urbanisation de la région Asie-Pacifique.  Le Gouvernement a lancé un vaste plan d’’infrastructures pour créer des villes durables et le programme « Construire, Construire, Construire » accorde ainsi la priorité, pour les quatre prochaines années, aux infrastructures essentielles afin de renforcer la mobilité humaine et la connectivité tout en impulsant la croissance économique.  Un autre programme, « Vert, Vert, Vert » envisage de transformer les 145 villes du pays en communautés durables, conformément au Nouveau Programmes pour les villes.  Tous les gouvernements locaux doivent préparer et mettre en œuvre des plans de gestion des terres et des politiques de zonage, dont l’établissement et l’utilisation de systèmes d’information sur les migrations afin de suivre les mouvements de la population dans le pays.  Le Gouvernement entend aussi lancer la toute première enquête nationale sur les migrations cette année afin d’établir des données sur les modèles migratoires.

Le pays compte 10 millions d’émigrés qui contribuent à l’économie nationale grâce à l’envoi de fonds.  Les Philippines ont donc établi des partenariats internationaux pour veiller au respect des droits des Philippins de l’étranger.  Le représentant a invité les pays développés et les partenaires à aider les pays en développement, y compris les pays à revenu intermédiaire, à renforcer leurs capacités de relever les défis liés à la viabilité des villes, à la mobilité humaine et aux migrations internationales.

M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a jugé nécessaire d’élaborer un programme de mobilité à l’échelle nationale qui permettrait d’assurer une migration ordonnée, sûre et régulière.  Le Bélarus est frappé par le phénomène de l’exode rural.  Pour y faire face, le Gouvernement a mis en place une politique de développement des villes moyennes et petites.  Il a adopté une politique visant à réguler les migrations internes et à encourager la création de villes respectueuses de l’environnement.  Cette politique veut préserver les capacités du milieu rural de protéger son environnement.  Un projet pilote baptisé « la campagne de l’avenir » aide les familles à retourner en zone rurale.  Le projet « la petite patrie » vise à préserver le patrimoine des campagnes et son environnement.  Le représentant a ensuite souligné l’importance des données statistiques « essentielles pour pouvoir prendre des mesures de développement durable en faveur des populations ». 

Mme CUI LI, Vice-Ministre de la Commission nationale de la santé et de la planification familiale de la Chine, a indiqué que son pays compte la plus importante population de migrants au monde, 244 millions de personnes, soit 18% de la population nationale.  Elle a expliqué que les trois quarts de ces migrants sont originaires des zones rurales et que cette migration à large échelle avait permis d’optimiser la production tant dans les zones urbaines que rurales et d’élever le niveau de vie de la population.  La Chine est toutefois entrée dans une période de transition critique, les mouvements de population connaissant un ralentissement et le pays étant affronté au phénomène de vieillissement de sa population.  Ces dernières années, la Chine a mis l’accent sur l’accès des migrants aux services de la santé.  Elle plaide pour que l’on tienne compte de la mobilité humaine dans les programmes de développement.  Les acquis du développement doivent être accessibles à tous et promouvoir un accès équitable aux services publics.  La représentante a appelé à une meilleure collaboration afin de pouvoir élaborer les bonnes stratégies démographiques et mieux analyser les flux migratoires.

M. TAREK TAWFIK, Vice-Ministre de la santé de l’Égypte, a dit que dès les années 60, le Gouvernement a adopté des politiques de développement de nouvelles villes.  Des sites ont été identifiés pour créer ces nouvelles zones urbaines qui devaient accueillir plus de 20 millions d’habitants et en 1988, une loi sur leur gestion a été adoptée.  Compte tenu de l’importante diaspora égyptienne, le Gouvernement accorde une attention particulière aux questions d’urbanisation et de migrations.  Cette diaspora envoie chaque année au pays quelque 17 milliards de dollars, soit plus que les recettes du tourisme ou l’aide publique au développement (APD).  L’Égypte participe activement à la lutte contre la migration clandestine et coopère dûment avec les pays de destination, dans le cadre d’accords bilatéraux.  En 2010, des lois contre la migration clandestine et la traite des personnes ont été adoptées, suivies en 2017 par la Commission nationale de lutte contre la migration clandestine.

Mme PATRICIA CHEMOR RUIZ, Conseil national de la population du Mexique, a appelé à une bonne urbanisation, avertissant qu’une expansion non contrôlée des villes exacerbe les inégalités.  La représentante a affirmé que son pays déploie de nombreux efforts pour connecter les milliers de localités isolées au réseau des services sociaux.  Elle a, à son tour, plaidé pour des investissements dans les talents des populations, dont les jeunes qui doivent se voir offrir des opportunités d’emploi à l’étranger.  Pour sa part, le Mexique s’est engagé à adopter des politiques favorables aux 8,5 millions de migrants de la région, car pour le pays, la migration est une chance à saisir.

M. RENATA SZCZĘCH (Pologne) a souligné l’importance du rôle des villes dans le développement socioéconomique et détaillé la politique urbaine de son pays, une politique qui vise à renforcer la capacité des villes à créer des emplois et à améliorer la qualité de vie de ses habitants.  Le délégué a également mentionné le rôle actif joué par la Pologne dans la mise en œuvre du programme urbain de l’Union européenne.  Il a estimé que les négociations sur les deux pactes relatifs aux migrations et aux réfugiés ont pour objectif d’établir le cadre d’une large coopération internationale.  Ce cadre, a-t-il estimé, doit nous aider à regagner le contrôle des mouvements migratoires, tout en nous permettant d’apporter une aide importante à ceux qui en ont besoin, en premier lieu dans leur région d’origine.

S’il a reconnu la contribution potentielle des migrants au développement durable, le représentant a estimé que l’ampleur sans précédent des migrations clandestines rend quasiment impossible toute influence positive.  Il faut des politiques pour des migrations régulières, ordonnées et sûres, contrôlées par des États souverains et responsables qui coopèrent dans un cadre commun équilibré, a-t-il insisté.  La Pologne cherche à attirer des travailleurs migrants qualifiés pour remédier à la diminution de sa population active, a dit le représentant en s’enorgueillissant du rôle clef de la Pologne dans la stabilisation de la situation migratoire en Europe.  La majorité des migrants en Pologne sont des Ukrainiens qui bénéficient de facilités pour accéder au marché de l’emploi.

Mme GIFTY TWUM-AMPOFO, Vice-Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Ghana, a déclaré que la croissance urbaine au Ghana a été principalement le fait de l’exode rural et d’une hausse naturelle de la démographie due au taux élevé de fertilité provoqué par les mariages et les grossesse précoces, l’offre insuffisante de planification familiale dans les zones rurales et les taux élevés de pauvreté.  La population du Grand Accra grandit à un taux de 3,1% contre 2,4% pour tout le pays.  Accra abrite la moitié de la population du Grand Accra.  En conséquence, la capitale et les autres zones urbaines devaient faire face à l’émergence des bidonvilles et ses corollaires dont l’évacuation des déchets et la pression sur les infrastructures sociales et économiques.

Pour créer des villes durables, le Ghana a élaboré un cadre de politique urbaine qui a pour objectif de promouvoir des établissements urbains durables, intégrés dans l’espace et développés avec logements, infrastructures adéquates, institutions efficientes et environnement de vie et de travail sain.  Deux nouveaux ministères dont l’un chargé des bidonvilles et des centres urbains et l’autre chargé de l’eau et de l’assainissement ont été créés.

Au niveau international, le Ghana qui était un pays d’accueil de migrants est devenu un pays d’origine.  Des jeunes ghanéens partent pour des voyages périlleux dans le désert par des moyens peu orthodoxes pour l’Europe et autres destinations.  Face à cette situation, le Gouvernement a élaboré sa politique nationale de migration pour gérer les flux migratoires par la réduction de la pauvreté et le développement durable.  Le Gouvernement a aussi pris des mesures pour éliminer les facteurs qui poussent les gens à migrer et aider à endiguer les migrations internes et internationales par un certain nombre de mesures concrètes.  Ces mesures et initiative vont de l’éducation aux opportunités économiques pour la jeunesse. 

Mme MAYSOON AL-ZOUBI (Jordanie) a souligné que les migrations internationales et la mobilité humaine occupent le devant de la scène internationale depuis 70 ans mais la scène jordanienne aussi, depuis que des vagues de migrants ont été forcés de fuir les conflits et les guerres dans leur pays pour se réfugier dans le Royaume hachémite.  Ces migrations ont affecté différents aspects de la vie jordanienne et lourdement pesé sur les ressources limitées du pays.  La Jordanie, a insisté la représentante, joue un rôle humanitaire « indéniable » puisqu’elle a accueilli 1,3 million de réfugiés syriens, ces sept dernières années, malgré la rareté de ses ressources et le peu de soutien de la communauté internationale.  Cet afflux massif a fait augmenter le taux de croissance démographique, altérer la structure de la population et retarder la réalisation du dividende démographique. 

Le grand nombre de Syriens qui s’est déversé sur le marché de l’emploi jordanien, en particulier dans le secteur informel, a fait chuter drastiquement l’offre d’emplois aux Jordaniens.  De même, l’augmentation des taux des mariages précoces, des naissances non déclarées et du travail des enfants syriens a eu une incidence culturelle et sociale négative.  Malgré tout, la Jordanie reste sur sa voie humanitaire et continue d’être un modèle de leadership régional et mondial face à la crise des réfugiés.  Le succès de modèle, a prévenu la représentante, exige néanmoins un appui soutenu et renforcé de la part des partenaires clefs pour préserver la résilience de la Jordanie et atténuer l’impact de ces crises régionales sans précédent.  Le pays, qui compte désormais près de 2,9 millions non-Jordaniens, connait une explosion de la population qui rend difficile la récolte des fruits du dividende démographique, a insisté une dernière fois la représentante. 

La diversité est un trait caractéristique des Brésiliens, s’est enorgueilli M. HUSSEIN KALOUT (Brésil).  Le pays, a-t-il insisté, tire sa force de sa diversité.  La migration est un phénomène humain à gérer et non un problème à résoudre.  Dans toutes les politiques, l’accent doit être mis sur l’être humain, le genre, la situation des enfants et les droits de l’homme.  Ces politiques doivent reconnaître que les migrants et la migration apportent des avantages significatifs aux pays d’origine comme aux pays de destination, dont le rajeunissement de la population et l’apport de compétences et de connaissances.  Les migrants, a insisté le représentant, créent des entreprises et donc des revenus et des investissements. 

C’est la lutte contre la discrimination, la pénalisation de la migration, le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui doit être au cœur de nos débats, a estimé le représentant.  Les compatriotes qui vivent à l’étranger doivent être traités avec dignité et avoir accès à la justice, à la santé sexuelle et reproductive, à l’éducation et à un travail décent.  Depuis 2017, le Brésil s’est doté d’un cadre juridique qui est peut-être l’un des plus modernes au monde.  La nouvelle loi élargit les droits civiques, sociaux, culturels et économiques et les libertés fondamentales aux migrants, y compris les droits à la santé, l’éducation, la liberté d’expression et d’association, la protection de l’emploi, la possession d’avoirs financiers et non financiers.  La loi dispose que nul ne peut être incarcéré en raison de son statut migratoire.

M. VICTOR MORARU (République de Moldova) a dit que son pays faisait face au vieillissement de la population et à la baisse du taux de fécondité et de l’espérance de vie.  Ces tendances ont été exacerbées par l’émigration.  La fuite des cerveaux affecte véritablement le développement durable du pays.  En 2017, avec le soutien du FNUAP, une « nouvelle vision conceptuelle » a été élaborée dont la priorité est le bien-être démographique et non plus la sécurité démographique.  Pour y parvenir, des politiques proactives ont été mises en place pour réformer la politique de l’emploi et de la santé, sans oublier les congés parentaux pour mieux concilier vie familiale et vie professionnelle.  Pour contrer l’émigration, le Gouvernement a mis en œuvre des réformes politiques importantes dans les domaines économiques, judiciaires, sociaux et éducatifs.  La modernisation des infrastructures, des services publics, du climat des affaires et des lois pour les petites et moyennes entreprises, sans oublier la lutte contre la corruption a aussi été lancée. 

Le Gouvernement fait en sorte que le système éducatif réponde aux besoins du marché du travail.  Il a amélioré les cadres politiques et institutionnels du secteur de l’éducation pour promouvoir l’enseignement technique et professionnel et développer des partenariats entre le marché du travail et les instituts de formation.  Le représentant a insisté sur la coopération internationale et les partenariats entre pays d’origine, de transit et de destination.  À cet égard, le « Partenariat sur la mobilité » entre la République de Moldova et l’Union européenne offre un important instrument pour faire face à la question de la gestion des frontières, de la migration irrégulière, de la lutte contre la traite des personnes et du lien entre migration et développement.  La République de Moldova s’active sur le front des accords bilatéraux, s’agissant en particulier des droits de l’homme des migrants. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a vu dans les négociations de la Commission un processus complémentaire à celles sur le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  De même, il a jugé importantes les lignes directrices politiques que la Commission peut apporter aux futures discussions du Forum politique de haut niveau en vue de la réalisation de l’objectif 11 du développement durable relatif aux villes et aux communautés durables. 

L’Argentine est le pays d’Amérique latine qui reçoit le plus grand nombre de migrants, a rappelé le représentant, qui a cité le chiffre de 1,35 million permis de résidence que son pays a accordés depuis 2012, conformément à une politique migratoire « historiquement ouverte et accueillante », respectueuse des droits humains des migrants et partant du principe que la migration enrichit la société d’un apport multiculturel en plus de contribuer au commerce, au tourisme et au développement du pays.  En outre, l’Argentine a ratifié la plus grande partie des instruments internationaux de protection des migrants, réfugiés et apatrides.

L’Argentine espère que le Programme d’action du Caire et le Consensus de Montevideo contribuent avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 à aborder ces questions dans la perspective des droits de l’homme.  Pour le représentant, il est évident que les thèmes de la population sont liés d’une manière ou d’une autre à ceux des objectifs de développement durable.  Au-delà des thèmes propres aux travaux de la Commission, il a plaidé pour que celle-ci traite de questions transversales mentionnées dans le Programme d’action. 

Le représentant a souhaité que la Commission de la population continue d’être un espace de discussions constructives, ce qui est nécessaire pour dégager des consensus qui permettront d’apporter des réponses cohérentes et complètes aux questions relatives aux villes durables et à la migration.  Il a regretté qu’après le succès de la session de 2016, il n’ait pas été possible à la dernière session de parvenir à un résultat négocié.  L’Argentine renouvèle donc son engagement en faveur du multilatéralisme et du travail de la Commission et s’engage à travailler de manière constructive à cette session, a conclu le représentant.

M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a révélé que son pays a attiré des millions de travailleurs migrants temporaires et permanents, légaux et illégaux, des pays voisins et d’ailleurs.  En 2016, près de quatre millions de non-thaïlandais vivaient dans le pays, avec une contribution à l’économie nationale estimée à 2 milliards de dollars par an ou autour de 6,2% du PIB.  Face à ces tendances et ces défis, le Gouvernement a élaboré un plan national de développement de la population de 20 ans avec une attention particulière sur l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et la création de villes et établissements humains ouverts à tous, sûrs, résilients et durables. 

Promouvoir un accès équitable et abordable aux infrastructures sociales de base comme les services de santé, le transport public, l’éducation contribue à des villes durables et a un impact positif sur la mobilité humaine.  Se basant sur sa couverture sanitaire universelle, le Gouvernement a approuvé, en 2001, un programme obligatoire d’assurance médicale pour les migrants.  Les enfants de migrants ont accès à l’éducation de base de neuf ans indépendamment de leur nationalité ou statut juridique.  Chaque société doit pouvoir trouver ses propres moyens de faire face aux changements démographiques de manière équilibrée, bien planifiée et globale.    

M. GUSTAVE BAMBARA (Burkina Faso) a constaté que les pays en développement sont dans une dynamique urbaine qui nécessite une nouvelle vision pour mettre l’urbanisation au service du développement culturel et social, de la protection de l’environnement et d’une croissance économique durable.  Il a expliqué que son pays connait un taux d’urbanisation rapide, la population urbaine étant passé de 12,7% en 1985 à 22,7% en 2006, et estimé à 31,5% en 2016.  Il a indiqué qu’outre l’augmentation de besoins fondamentaux comme le logement, l’eau et l’emploi, la situation engendre des défis liés à la maîtrise de l’étalement urbain et la construction d’habitats précaires.

Le représentant a indiqué que le plan national de développement économique et social du Burkina Faso pour la période 2016-2020 porte notamment sur la promotion de la santé des populations et l’accélération de la transition démographique.  La mise en œuvre du plan, conjugué à la politique nationale de l’habitat et du développement urbain, doit ainsi permettre au pays de contrôler la dynamique de l’urbanisation en réduisant les mouvements de population vers les grandes villes.  Dans cette perspective, a-t-il poursuivi, le Burkina Faso entend mettre en place un mécanisme de protection sociale pour tous, garantir la sécurité alimentaire, promouvoir l’accès à l’éducation, créer des emplois décents dans les zones rurales et construire des villes durables, entre autres.  Le pays entend aussi protéger l’accès des migrants au travail, au logement et aux services sociaux de base.

M. TORE HATTREM (Norvège) a rappelé que 50% de la demande en moyens contraceptifs n’est pas satisfaite dans 45 pays et que, globalement, les complications de grossesse et postaccouchement sont la première cause de mortalité chez les femmes âgées de 15 à 19 ans.  La pauvreté a le visage d’une femme, a-t-il poursuivi, en notant que, parmi les 815 millions de personnes qui ont faim dans le monde, 6 sur 10 sont des femmes.  M. Hattrem a jugé essentiel d’autonomiser les femmes et défendu leur droit de décider de leur corps et de leur sexualité.  Une éducation sexuelle complète est cruciale.  « Nous ne pouvons pas accepter que la religion ou de soi-disant valeurs traditionnelles soient utilisées comme une excuse pour priver les femmes de leurs droits », a-t-il prévenu.  Il a demandé la lutte contre les mariages précoces et forcés et rappelé que la protection des droits de l’homme n’est pas le produit du développement mais un contributeur important au développement.

Le délégué a souligné l’importance de la question des migrations, puisque pratiquement tous les pays sont des points de départ, de transit ou de destination.  Si migrer peut autonomiser les hommes et les femmes en leur offrant de nouvelles opportunités, ce n’est pas sans risques, a-t-il reconnu, en parlant de risques plus élevés pour les femmes, les jeunes et les enfants.  « Nous devons faire plus pour protéger les migrants vulnérables, y compris les femmes et les enfants, des abus sexuels et garantir leur accès aux services de santé sexuelle et reproductive nécessaires. »

M. Hattrem a mentionné les « dilemmes » auxquels fait face la Commission cette année.  « Puisque nous négocions de manière parallèle un pacte mondial pour des migrations et un autre sur les réfugiés, nous devons éviter les chevauchements.  Il a voulu que l’on fasse fond sur ce qui a déjà été agréé, y compris la nécessité de normes internationales en matière de statistiques.  Il a rappelé que son pays ne fait pas la distinction entre migrants en situation régulière et en situation irrégulière s’agissant de l’accès aux services sociaux et médicaux.  Cependant, comme nous l’avons expliqué lors des négociations sur les pactes mondiaux, nous devons faire une distinction entre migrants en situation régulière et en situation irrégulière s’agissant du niveau des services fournis, à l’exception des enfants qui doivent pouvoir recevoir toutes les prestations indépendamment de leur situation. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a souligné que les villes sont les moteurs de la croissance économique, ces dernières offrant de meilleures perspectives de revenus et étant d’importants marchés.  Mais l’urbanisation peut aussi être marquée par la pauvreté et la marginalisation, a-t-il averti, à l’instar des établissements informels où vivent 880 millions de personnes, soit plus des populations combinées de l’Union européenne et des États-Unis.  Il a souligné que l’action au niveau des villes sera essentielle à la réalisation du développement durable, deux tiers des objectifs de ce développement pouvant de surcroît seulement être réalisés « dans et avec les villes ».

Le représentant a estimé que pour être bénéfique aux pays d’origine, de transit et de destination, et aux migrants eux-mêmes, la migration doit être bien gérée et se dérouler de manière sûre, ordonnée et régulière.  Il a rappelé certaines des contributions de l’Allemagne à l’élaboration du futur pacte mondial pour les migrations.

Le délégué a constaté qu’en 2017, les femmes représentaient 50% des migrants internationaux.  Il a averti que dans les contextes de conflits, caractérisés par l’effondrement des systèmes d’appui, de santé et de droits sexuels et reproductifs, des femmes et des filles se retrouvent menacées.  Quelque 60% des cas de mortalité maternelle ont lieu dans des « contextes fragiles ».  Le représentant a indiqué que la politique de coopération au développement de l’Allemagne accorde la priorité à la promotion de la santé et des droits sexuels et reproductifs.  Le Gouvernement allemand, plaide de surcroît fermement en faveur d’une politique de planification familiale sexospécifique et axée sur le respect des droits ainsi que pour une éducation sexuelle qui tiennent compte de l’orientation sexuelle et de la diversité de genre.  Il a aussi insisté sur l’importance des données pour appuyer la planification politique.  Il a fait part d’une initiative de son pays qui permet d’aider les pays partenaires à recueillir et analyser les données nécessaires à l’élaboration des politiques démographiques ou urbaines.

M. JUAN CARLOS ALFONSO PRAGA (Cuba) a dit qu’en matière de développement, le Gouvernement a pris des mesures conformes à ses engagements internationaux comme les objectifs de développement durable.  Le développement social est l’élément fondateur de ces mesures.  Cuba est un pays à revenu intermédiaire grâce notamment à la performance de son système éducatif et de santé, et ce, en dépit du blocus économique imposé par les États-Unis.  La principale caractéristique de la population est son faible taux de croissance depuis 40 ans.  Depuis 2013, Cuba a modifié la loi sur la migration circulaire ou le retour des réfugiés immatriculés.  Cinquante-cinq pour cent de la population vivent dans 54 villes qui ont toutes élaboré des plans d’occupation des sols.  Près de 70% du budget du pays sont consacrés à la santé, l’éducation, la population et les logements.  Les pauvres, a prévenu le représentant, réclament dans le monde entier une meilleure redistribution des richesses et une meilleure protection de l’environnement.

M. SHAZAD NAWAZ CHEEMA (Pakistan) a dit que les neuf millions de Pakistanais dans le monde contribuent activement au développement du pays et de leurs communautés d’accueil.  Le Pakistan est l’un des pays les plus peuplés au monde et plus de 60% de sa population ont moins de 21 ans.  Ce dividende démographique peut être utilisé pour la croissance économique et, pour ce faire, le Gouvernement a développé une feuille de route du développement axé sur les jeunes.  Il est aussi disposé à travailler avec le reste du monde pour gérer les migrations internationales.  Le Gouvernement a d’ailleurs créé un groupe de travail à cet égard.  Le Pakistan, pour sa part, met l’accent sur le développement du milieu rural, la lutte contre la pauvreté et la création de projets d’appui aux objectifs de développement durable.

Mme FATEMEH ALIPANAH (République islamique d’Iran) a souligné que les zones urbaines bien planifiées sont importantes pour la croissance économique et le développement des sociétés.  Cependant les zones urbaines font face à des défis notables sur le plan de la durabilité, que ce soit en matière d’infrastructures, d’éducation, d’emploi et de services, notamment dans les pays en développement où se trouve la majorité des « mégavilles ».  Elle a voulu que l’on réponde à ces défis en promouvant la coopération internationale, et en renforçant les capacités et le transfert de technologies, entre autres.  La représentante a ensuite insisté sur la responsabilité première des gouvernements, s’agissant de l’élaboration des politiques urbaines et migratoires, notamment en ce qui concerne les exigences d’entrée, de résidence et d’emploi.

Elle a indiqué que plus de 70% de la population de l’Iran vit dans une zone urbaine, ce qui est largement au-dessus de la moyenne mondiale.  Face à ce phénomène, le Gouvernement a mis sur pied de nombreuses initiatives axées, entre autres, sur l’autonomisation des femmes, des jeunes et des personnes âgées, ainsi que sur l’élimination de la pauvreté et des inégalités dans les zones urbaines.  Elle a par ailleurs indiqué que son pays accueillera, du 22 au 24 octobre, à Téhéran, la septième Conférence ministérielle Asie-Pacifique sur le logement et le développement urbain.

Mme SANDRA MORENO (Honduras) a souligné que la migration est une composante essentielle de la transition urbaine.  Elle appelé au renforcement des synergies entre migration et développement à tous les niveaux et à la promotion de politiques migratoires planifiées et bien gérées.  Elle a indiqué que dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes, le taux d’urbanisation, qui était de 41% en 1950, est passé à 70% en 2010 et que dans 20 ans, 90% de la population de la région vivra en zone urbaine.

Au Honduras, 40% de la population vit en zone urbaine, un taux qui devrait doubler à l’avenir.  Cette situation nécessite l’élargissement de l’accès des personnes vulnérables aux services de base et l’élimination des bidonvilles.  La représentante a parlé de la situation à Tegucigalpa, qui connaît le taux de pauvreté urbaine le plus important du pays.  Une stratégie a été lancée pour garantir l’accès de tous à des logements et à des services adéquats afin de prévenir, notamment, la prolifération des bidonvilles.  Grâce à ces initiatives, la capitale hondurienne est sur le point de devenir une ville durable, s’est-elle félicitée.

Mme ANAT FISHER-TSIN (Israël) a dit que son pays avait mis en œuvre un processus d’absorption fiable centré sur des services sociaux améliorés, la formation linguistique et la construction de communautés.  Dans les années 90, Israël a accueilli près d’un million de juifs de l’ancienne Union soviétique.  Afin d’absorber sans heurt cette vague de nouveaux immigrés, les dirigeants israéliens ont organisé des programmes d’intégration et adapté les services sociaux.  Le Gouvernement a créé des bourses de soutien pour les nouveaux migrants, des programmes de formation linguistique pour les enfants et les adultes, et a alloué aux autorités locales des fonds pour développer les services en faveur des immigrés.  Israël a encouragé les immigrés à s’établir dans des villes fortes et améliorées.  Le Gouvernement les a aidés à trouver et acheter des maisons et encouragé les propriétaires à louer leurs appartements aux immigrés, en offrant des exemptions fiscales sur les revenus tirés des loyers. 

Les employeurs qui ont recruté des immigrés ont reçu des aides financières et de nombreux programmes de formation professionnelle.  Cette approche promeut non seulement la cohésion sociale et l’intégration économique mais aussi la viabilité, en particulier pour les plus jeunes générations.  Israël donne la priorité à l’accès à l’éducation.  Les enfants des migrants ont droit à des aides scolaires de la maternelle au lycée.  Les étudiants migrants ont droit aux bourses d’études et peuvent participer aux cours préparatoires aux universités et recevoir des conseils gratuits.  C’est le succès des jeunes qui permet aux sociétés de prospérer.

La représentante a estimé que l’autonomisation des femmes est la priorité des priorités.  Le Gouvernement donne aux femmes migrantes des programmes de formation qui leur permettent d’acquérir des compétences professionnelles et de poursuivre des opportunités économiques et d’être des leaders.  Aujourd’hui, près des 40% de la population israélienne sont de la première génération d’immigrés et 40% sont de la deuxième génération née en Israël.  Notre population d’immigrés fait partie intégrante de notre société et a contribué à la croissance économique, aux découvertes scientifiques et aux développements technologiques.  Elle a enrichi notre pays avec son art, sa musique et sa cuisine.  En 70 ans, les immigrés ont tissé des fils encore plus colorés dans le riche tissu d’Israël, s’est réjouie la représentante. 

Pour Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur), il est impératif de traiter correctement des questions du mouvement des populations des campagnes vers les villes, entre villes de taille différentes  ou encore d’un pays à un autre, en tenant compte du fait que les villes sont le centre de l’activité sociale, économique et politique et que s’y concentre une part toujours croissante de la population mondiale.  Elle a également rappelé que la Conférence mondiale sur la population et le développement de 1994 avait reconnu le lien étroit entre migration, urbanisation et développement, ainsi que les risques liés à une concentration excessive ou à une croissance effrénée de l’urbanisation.

La représentante a rappelé que la Conférence Habitat III a établi une nouvelle feuille de route pour faire de l’urbanisation le moteur d’une croissance économique durable et inclusive, du développement social et culturel et de la protection de l’environnement.  Elle a réitéré l’engagement de l’Équateur en faveur du Nouveau Programme des villes, dont la mise en œuvre contribuera à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Mme Yánez Loza a également rappelé le rôle joué par la Conférence de haut niveau de 2006 sur la migration internationale et le développement et la Déclaration adoptée lors de la seconde réunion de ce type en 2013, qui reconnaissait la mobilité humaine comme un facteur fondamental du développement durable.

La représentante a ensuite présenté les efforts de son pays pour incorporer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans son système de planification nationale, dont le principal est le Plan national de développement « Toute une vie » qui porte sur la période 2017-2021.  De même, pour faciliter la mobilité humaine, l’Équateur a pris des initiatives pour que ses ressortissants et les étrangers sur son sol bénéficient sur un pied d’égalité des services sociaux, tels que l’éducation, la santé, la protection sociale ou l’emploi.

M. MARKUS SCHWYN (Suisse) a indiqué que le potentiel de développement qu’offre la migration peut être davantage utilisé si les questions de migration sont systématiquement intégrées dans les politiques sectorielles ou dans les stratégies de développement régionales, nationales ou locales.  Il a indiqué que la Suisse cible l’intégration des migrants et des réfugiés dans les mesures d’accompagnement concernant l’utilisation potentielle de leur force de travail.  À cette fin, le Gouvernement vise à relever le niveau de qualification des travailleurs « indigènes » et étrangers et à intégrer les réfugiés reconnus et les personnes admises à titre provisoire au marché du travail.  Il a expliqué qu’en Suisse, 2,5 millions de personnes âgées de 15 ans ou plus sont issues de la migration, et que leur intégration constitue un enjeu majeur de la société.  À cette fin, des données fiables et différenciées ont été établies.  Il a ensuite parlé du projet « City Statistics », établi pour le « monitorage » des villes durables et qui fournit des informations et des points de comparaison sur plusieurs aspects des conditions de vie dans les villes suisses et européennes.

Débat interactif

Cette discussion a été l’occasion pour le Président-Directeur général du GORA Corp, M. GORA MBOUP de faire un exposé sur l’urbanisation et la migration.  Les migrations sont essentielles pour les villes en particulier celles qui font face au vieillissement de leur population, a souligné l’ancien Chef de l’observatoire mondial des villes d’ONU-Habitat.  C’est la recherche d’emploi, l’accès à une meilleure éducation, les conflits et les catastrophes qui poussent les gens à partir pour les villes.  Dans des villes non préparées, l’afflux massif de nouveaux arrivants s’accompagnent de l’apparition des bidonvilles comme en Afrique où deux tiers des citadins vivent dans ce genre de quartiers, sans confort et risquant à tout moment d’être expulsés.  Dans certains pays africains, l’urbanisation accélérée a même fait chuter le PIB.  Pour contribuer au développement, l’urbanisation doit être règlementée.

Dans une ville comme Dubaï, 10% seulement de la population est émiratie, le reste est constitué de migrants qui forment le gros de la population active et font tourner l’économie.  Aux États-Unis, les migrants ont contribué à la renaissance de villes comme Detroit et dans les villes européennes, ils ont inversé la courbe du vieillissement de la population. 

Les migrants apportent aussi des solutions à leur pays d’origine: en 2016, leurs envois de fonds s’élevaient à 575 milliards de dollars, soit plus que l’aide publique au développement (APD).  Partenaires au développement, les migrants assurent un tiers du PIB dans certains pays, donc sans eux, les gens seraient encore plus tentés de fuir leur pays.  Mais tous les migrants ne sont pas des pourvoyeurs de fonds.  Il y a aussi les réfugiés qui désormais sont les boucs émissaires des partis politiques et de leurs discours populistes.  La crise des migrants continue de frapper, comme en atteste le chiffre de 3108 morts en 2017. 

M. GORA MBOUP a plaidé pour un partenariat mondial impliquant les gouvernements, les institutions financières, le secteur privé et les migrants qui devront être traités comme des partenaires.

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