En cours au Siège de l'ONU

8244e séance – matin
CS/13318

Moyen-Orient: Le Coordonnateur spécial met en garde contre une « implosion » de Gaza et un nouveau conflit entre le Hamas et Israël

À l’occasion du deuxième débat trimestriel de l’année consacré à la situation au Moyen-Orient, et plus particulièrement au conflit israélo-palestinien, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, a mis en garde, ce matin, devant le Conseil de sécurité, contre une « implosion » de la bande de Gaza, décrite comme une véritable « poudrière ».  Alors que les manifestations qui se déroulent chaque vendredi à Gaza depuis le 30 mars ont déjà fait au moins 35 morts et près de 5 000 blessés, M. Mladenov a agité le spectre d’un nouveau conflit entre le Hamas et Israël, dont les conséquences seraient dévastatrices.

C’est « le cœur lourd » que M. Mladenov a pris la parole, en appelant d’emblée à la « désescalade » au Moyen-Orient, où se joue une bataille entre « radicaux et modérés ».  « Chaque acteur au Moyen-Orient doit s’éloigner du précipice » a-t-il plaidé, tout en rappelant que la question de Palestine reste un élément central du « bourbier régional ».

Le Coordonnateur spécial a décrit une bande de Gaza « en train d’imploser sous le poids d’une combinaison explosive de facteurs humanitaires, politiques et sécuritaires négatifs ».  Parmi ces facteurs, il a cité la réduction de 30% des salaires des fonctionnaires de la zone décidée par l’Autorité palestinienne, l’impasse dans laquelle se trouvent les efforts visant à restaurer le contrôle de cette dernière à Gaza ou encore le manque de ressources de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.

Autre facteur inquiétant, les manifestations de la « grande marche du retour », qui doivent s’achever le 15 mai.  Face au lourd bilan, M. Mladenov a appelé les forces de sécurité israéliennes à faire un usage proportionné de la force, tout en demandant au Hamas d’éviter toute action violente.  Il s’agit pour le Coordonnateur spécial d’empêcher une nouvelle guerre dans la bande, qui aurait des conséquences dévastatrices pour les Palestiniens de Gaza et saperait la stabilité en Cisjordanie.  Pour M. Mladenov, Gaza n’est toutefois « qu’une partie de l’histoire ».  Répétant une nouvelle fois que « le conflit israélo-palestinien est une constante source d’oxygène pour les éléments radicaux dans toute la région », il a appelé à réaliser enfin la solution des deux États.

C’est une toute autre vision des manifestations actuelles qu’a présentée au Conseil le représentant d’Israël, pour qui les manifestations prétendument pacifiques décrites par les Palestiniens dissimulent une instrumentalisation par le Hamas d’hommes et de femmes innocents pour servir ses propres desseins.  « Il n’y a rien de pacifique dans le fait de placer des explosifs sur la barrière séparant Israël de Gaza », a-t-il ainsi dénoncé, affirmant que « les terroristes se cachent en laissant leur peuple mourir, voire même en espérant qu’il meure ».  Il a reçu un ferme soutien de la représentante des États-Unis, qui a dénoncé l’utilisation de « boucliers humains » par le Hamas et le Hezbollah, les comparant aux tactiques de Daech et invitant « ceux qui se préoccupent des enfants à Gaza à dénoncer le Hamas ».

Souvent accusé de faire un usage excessif de la force pour réprimer les protestations, le représentant d’Israël a assuré que son pays était prêt à mener des enquêtes, lorsque c’est nécessaire, sur les incidents dont seraient responsables ses propres forces de sécurité.  « Mais permettez-moi d’être clair », a-t-il ajouté, « Israël ne s’excusera jamais de se défendre ».

« Pourquoi la Puissance occupante est-elle si surprise qu’un peuple se soulève pour demander sa dignité et sa liberté? » a demandé pour sa part l’Observateur permanent de l’État de Palestine, qui a affirmé que, « contrairement à ce que dit la propagande israélienne, ces manifestations sont pacifiques ».  Il a qualifié de « terrorisme » le fait que les autorités israéliennes aient ordonné à leurs forces militaires de tirer sur des manifestants.

Parmi la cinquantaine d’intervenants, beaucoup ont blâmé, à l’image de la France, la réponse « inadéquate et disproportionnée » des forces de sécurité israéliennes, tout en dénonçant la « récupération » de ces manifestations par le Hamas.  Les Palestiniens ont le droit de manifester pacifiquement, tandis qu’Israël a le droit de réagir face à des actes violents, tout en faisant un usage proportionné de la force, a résumé le représentant du Pérou.

Tout en appelant la communauté internationale à demander des réponses à Israël, l’Observateur permanent de la Palestine a dénoncé « l’injustifiable incapacité du Conseil de sécurité à traiter de cette situation », vite appuyé par de nombreux représentants de pays arabes ou musulmans, dont celui du Koweït, membre du Conseil, qui s’est étonné que celui-ci n’ait pas condamné la manière dont les manifestations « pacifiques » ont été réprimées.  La France a elle aussi encouragé le Conseil à adopter « une expression publique claire ».

Alors que, selon M. Mladenov, la perspective de paix entre Israéliens et Palestiniens s’éloigne, un grand nombre de délégations, à l’instar de celles de la Bolivie, de l’Égypte ou des Pays-Bas, ont de nouveau appelé à réaliser la solution des deux États, ajoutant que Jérusalem devait être considérée comme la future capitale de ces deux États.  Plusieurs ont de ce fait déploré la prochaine cérémonie de transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, dont la Fédération de Russie a dénoncé le « potentiel de déstabilisation ».

Dédié à la situation au Moyen-Orient dans son ensemble, ce débat ouvert a aussi permis à de nombre d’États non membres du Conseil de sécurité de s’exprimer sur la situation en Syrie, en particulier pour condamner le recours à des armes chimiques et demander que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques puisse enquêter sur les allégations d’une attaque chimique à Douma au début du mois.  La situation au Yémen et les prochaines élections au Liban ont également été abordées.

Enfin, plusieurs délégations ont pris la défense du Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien, le représentant israélien ayant en effet appelé les États-Unis à le modifier, afin d’en prolonger la durée d’application ou de le rendre caduque.  « Ce plan est l’accord clef qui rend le monde plus sûr et contribue à la stabilité mondiale », a répondu la représentante du Royaume-Uni, alors que le représentant iranien dénonçait en fin de séance les propos « iranophobes » de ceux qui cherchent à créer un « ennemi imaginaire » afin de « vendre des armes ou de les utiliser pour perpétuer l’occupation ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a déclaré que « ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient a des répercussions immédiates sur le reste du monde », en soulignant la bataille qui s’y joue entre modérés et radicaux. « Les anciennes blessures continuent de saigner, au risque d’une nouvelle guerre », a-t-il ajouté, indiquant que le conflit israélo-palestinien se poursuit sans aucune perspective d’une solution politique.

Estimant que « Gaza est au bord de l’explosion », M. Mladenov a mis en garde contre les risques d’une plus grande déflagration encore, dans un environnement dangereux et volatile. « En Syrie, au Yémen ou à Gaza, un mot est critique : désescalade », a-t-il dit, en appelant à une désescalade des manœuvres de renforcement militaire et de la rhétorique employée. « Chaque acteur au Moyen-Orient doit s’éloigner du précipice », a-t-il averti, ajoutant qu’il n’y avait pas de solution militaire aux conflits dans la région.

Pour le Coordonnateur spécial, la Palestine reste un élément central du « bourbier régional » et Gaza est « en train d’imploser sous le poids d’une combinaison explosive de facteurs humanitaires, politiques et sécuritaires négatifs ».  M. Mladenov a mis en garde contre la survenue d’un nouveau conflit entre le Hamas et Israël, qui aurait des conséquences dévastatrices pour les Palestiniens de Gaza et saperait la stabilité en Cisjordanie. Il a affirmé dire cela « le cœur lourd et dans l’espoir que nous ferons tout notre possible, dans l’esprit de la diplomatie préventive ».

M. Mladenov a évoqué les manifestations de la « grande marche du retour » à Gaza, entamées depuis quatre semaines, au cours desquelles 35 Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes. « Aucune victime israélienne n’est à déplorer », a-t-il précisé.  Mettant en garde contre les risques de tout incident supplémentaire, il a exhorté Israël à faire un usage proportionné de la force, toute force létale devant être employée en dernier ressort. Pour leur part, le Hamas et les responsables des protestations devraient faire en sorte que les manifestants se tiennent à distance de la clôture de sécurité et prévenir toute action violente et provocation. 

M. Mladenov a déploré la mort de quatre enfants lors de ces manifestations, avant de rappeler, dans les termes les plus forts, que les enfants ne doivent pas être visés.  Les civils doivent pouvoir exercer leur droit de manifester pacifiquement, a-t-il ajouté, tout en demandant l’arrêt des forages de tunnels et des tirs de roquettes depuis Gaza.

Le Coordonnateur spécial a insisté sur la détérioration de la situation humanitaire à Gaza à la suite de la réduction de 30% des salaires des fonctionnaires de la zone, décidée sans préavis par l’Autorité palestinienne. Les conséquences de cette décision sont dévastatrices, a-t-il dit, les services publics étant au bord de l’effondrement.  Il a appelé l’Autorité palestinienne à revenir sur cette décision, avant d’exhorter Israël à assouplir les restrictions apportées à l’approvisionnement de Gaza.  M. Mladenov a également déploré la cessation des efforts visant à restaurer le contrôle de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza.  Malgré les efforts de l’Égypte, la mise en œuvre de l’Accord du Caire est dans l’impasse, a-t-il constaté.

Qualifiant la situation à Gaza de véritable « poudrière », M. Mladenov a appelé tous les acteurs à empêcher une nouvelle guerre dans la bande.  Les événements tragiques à Gaza ont renforcé les risques d’implosion et d’explosion, avec potentiellement des conséquences graves pour la région, a-t-il averti, en soulignant la vulnérabilité des camps de Palestiniens au Liban, en Jordanie ou en Syrie.

La situation financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) est très préoccupante, ses opérations n’étant financées que jusqu’à l’été, a en outre rappelé, M. Mladenov, qui a jugé l’UNRWA essentiel pour les Palestiniens et a exhorté les États Membres à assurer son financement.

Aucun plan pour la construction de colonies n’a été récemment approuvé en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, a poursuivi le Coordonnateur spécial, avant de rappeler l’illégalité de telles implantations.

M. Mladenov a encore noté les préparatifs des premières élections législatives depuis près de 10 ans au Liban, avant de décrire une situation toujours tendue autour de la Ligne bleue au sud de ce pays.

En résumé, le Coordonnateur spécial a estimé que « ce qui se passe à Gaza est une injustice qu’aucun homme, femme et enfant devrait subir: les conditions de vie déplorables et le risque grandissant d’un nouveau conflit ».  Les habitants de Gaza ne doivent pas vivre dans des frontières qu’ils ne peuvent pas franchir et sous le contrôle du Hamas, qui investit dans des activités militantes aux dépens de la population.  « Je pense qu’il y a une stratégie de sortie », a-t-il toutefois ajouté, en appelant les parties à trouver les solutions pratiques pour Gaza.

« Mais Gaza n’est qu’une partie de l’histoire », a encore fait observer M. Mladenov, qui a appelé à un renforcement des efforts visant à réaliser la solution des deux États, bien que les perspectives de paix s’éloignent de plus en plus, ce qui fait le jeu des extrémistes.  « Le conflit israélo-palestinien est une constante source d’oxygène pour les militants et les éléments radicaux dans toute la région », a-t-il conclu.

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a évoqué la situation terrible dans la bande de Gaza, où deux millions de Palestiniens, en majorité des réfugiés, sont soumis depuis plus de 10 ans à un blocus israélien.  Ce blocus a aggravé la misère infligée au peuple palestinien par 50 ans d’occupation militaire israélienne et 70 ans de déni de leur droit au retour depuis le déracinement de la Nakba, a-t-il ajouté.

Et pourtant, a poursuivi M. Mansour, en dépit de toutes les crises, notre peuple, à Gaza, dans la Palestine occupée et dans les camps de réfugiés en Jordanie, au Liban et en Syrie, est resté patient et inébranlable.  Cet esprit est au cœur de la « grande marche du retour » lancée par les Palestiniens à Gaza le 30 mars dernier.

Contrairement à la propagande israélienne, ces manifestations sont pacifiques, a affirmé M. Mansour.  Exerçant leur droit de réunion pacifique, des hommes, des femmes et des jeunes manifestent contre une oppression qui n’est plus supportable et réclament que leurs voix soient entendues.

« Pourquoi la Puissance occupante est-elle si surprise qu’un peuple se soulève pour demander sa dignité et sa liberté? » a demandé l’Observateur permanent.  « Pourquoi est-elle si choquée qu’un peuple utilise tous les moyens pacifiques possibles pour mettre fin à sa persécution? »  Et, a-t-il protesté, « pourquoi les autorités israéliennes ont-elles ordonné à leurs forces militaires de tirer sur des manifestants pacifiques? » 

M. Mansour a noté qu’au moins 41 Palestiniens avaient été tués et plus de 5 000 autres blessés depuis le début des manifestations.  D’après lui, le fait de prendre des manifestants pour cibles constitue « du terrorisme », dans tous les sens du terme.  « La communauté internationale doit demander des réponses à Israël », a-t-il martelé, ajoutant que « l’incapacité du Conseil de sécurité à traiter de cette situation est injustifiable ». 

Le Conseil doit parler d’une seule voix pour condamner ces crimes, demander qu’il y soit mis fin, y compris la levée complète de l’embargo, demander une enquête, et garantir la protection du peuple palestinien sur la base du droit international, a exigé M. Mansour.

Mais, s’il a salué l’appel du Secrétaire général pour une enquête indépendante et transparente sur les tueries récentes et demandé qu’elle soit rapidement lancée via un mécanisme international, l’Observateur permanent a toutefois estimé qu’une telle enquête ne constituait pas une fin en soi. 

« La vérité est qu’Israël ne veut pas la paix », a accusé M. Mansour, qui a jugé « totalement illogique » de récompenser le comportement illégal d’Israël en appuyant sa « candidature éhontée » pour un siège non permanent au Conseil de sécurité.  Si Israël cherchait véritablement la paix, nous ne serions pas aujourd’hui témoins des meurtres de tant de Palestiniens, a-t-il insisté.  « Ils ont été tués car ils sont Palestiniens, car ils ne sont pas juifs, dans une campagne de nettoyage ethnique, de colonisation et de déshumanisation du peuple palestinien. »

Des milliers de personnes sont encore emprisonnées et torturées, en violation flagrante du droit international humanitaire et des droits de l’homme, pour avoir rejeté l’occupation illégale et la violation de leurs droits, a encore accusé M. Mansour, qui a parlé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Pourtant, a encore assuré M. Mansour, le peuple palestinien reste attaché à la recherche d’une solution juste et pacifique.  C’est la raison pour laquelle le Président Mahmoud Abbas est venu au Conseil le 20 février dernier.  Une fois de plus, nous avons lancé un appel pour nos droits et tendu la main de la paix. 

Le plan de paix, qui se fonde sur les paramètres d’une solution pacifique conformément aux résolutions de l’ONU, aux Principes de Madrid et à l’Initiative de paix arabe, représente « une tentative sérieuse d’éviter de tomber dans l’abime », a insisté M. Mansour.   

Néanmoins, a-t-il regretté, nous pouvons réaffirmer à l’envie notre attachement à la paix et redoubler d’efforts, Israël continue de répondre en utilisant l’agression et le mépris.  L’Observateur permanent a reproché à Israël d’avoir ignoré à dessein la volonté de la communauté internationale et opté pour des politiques de peuplement et d’annexion, détruisant la solution des deux États.  La paix ne sera pas possible sans respect du droit international et des droits inaliénables du peuple palestinien, surtout le droit à l’autodétermination, a-t-il averti.

M. Mansour a en outre affirmé que la décision des États-Unis sur le statut de Jérusalem avait une incidence négative sur les chances de reprendre les pourparlers de paix.  « Jérusalem-Est est la capitale de l’État de Palestine », a-t-il affirmé, jugeant en conséquence « regrettable de voir que quelques États encouragent cette impunité ».  Pour lui, ces décisions récentes sont synonymes de complicité avec les violations commises par Israël et devraient être annulées séance tenante.

« Nous continuerons d’utiliser tous les moyens pacifiques, diplomatiques et juridiques pour défendre notre population et protéger nos terres », a conclu M. Mansour avant d’enjoindre la communauté internationale d’afficher sa solidarité constante avec le peuple palestinien. 

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a accusé le Hamas d’avoir, ces dernières semaines, orchestré une série de « provocations » et de « confrontations » le long de la barrière de sécurité entre Israël et Gaza.  « Le Hamas et l’Autorité palestinienne continuent de prétendre que ces événements sont des manifestations pacifiques de solidarité », a poursuivi le représentant, pour qui « il n’y a rien de pacifique dans le fait de placer des explosifs sur la barrière séparant Israël de Gaza ». 

Pour M. Danon, au travers des émeutes du mois écoulé, le Hamas n’a fait qu’instrumentaliser des hommes et des femmes innocents pour servir ses propres desseins.  « Les terroristes se cachent en laissant leur peuple mourir, voire même en espérant qu’il meure », a-t-il affirmé.

S’agissant de la répression de ces émeutes, Israël est prêt à mener des enquêtes, lorsque nécessaire, sur les incidents dont seraient responsables ses propres forces de sécurité.  « Mais permettez-moi d’être clair », a ajouté le représentant, « Israël ne s’excusera jamais de défendre son pays ». 

Selon le représentant, les objectifs du Hamas sont plus qu’évidents: infiltrer le territoire israélien, « à l’air libre ou en sous-sol », et nuire au plus grand nombre d’innocents possibles, comme en témoigne, selon lui, la découverte, il y a deux semaines, du « plus long et plus profond tunnel de la terreur jamais découvert ».

Par ailleurs, le représentant a estimé que les menaces posées par le Hamas, le Hezbollah et le « régime d’Assad » en Syrie menaient toutes à une même source: l’Iran.  En février, a-t-il notamment déclaré, le régime iranien a lancé en Israël, depuis la Syrie, un véhicule aérien téléguidé, abattu par l’aviation israélienne.  « Lorsque nous avons analysé les restes du drone, nous avons découvert qu’il contenait des matières explosives », a-t-il affirmé. 

Face à de telles pratiques, le représentant a appelé les États-Unis à modifier les termes du Plan d’action global commun afin d’en prolonger la durée d’application ou, si cela n’est pas possible, de le rendre caduque.  Il a également appelé à mettre en place davantage de suivi des flux financiers iraniens, ces derniers étant en augmentation depuis la levée des sanctions dans le cadre du Plan d’action.

Cet argent, M. Danon a affirmé que l’Iran l’utilisait pour financer les activités terroristes du Hezbollah, lequel s’en serait servi pour produire des armes et semer la terreur au Liban et en Syrie.  Par conséquent, le représentant a estimé que les signataires du Plan d’action global commun devaient désormais choisir entre procéder aux changements nécessaires à l’accord ou laisser l’Iran soutenir le terrorisme dans la région.

Sur ce point, M. Danon a clairement affiché la position de son pays.  « Nous ne permettrons pas que des régimes recherchant la destruction d’Israël acquièrent des armes nucléaires », a-t-il dit.  « Un point c’est tout. »

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a dénoncé l’utilisation de civils innocents en tant que boucliers humains, un « acte lâche » qu’elle a dit avoir constaté dans de nombreux conflits au Moyen-Orient, notamment de la part de Daech et du Hezbollah.  Elle a dénoncé les stocks d’armes du Hezbollah entreposés dans des villages libanais, ajoutant qu’au Yémen, les houthistes en faisaient autant.  La semaine dernière, le Hamas a placé des armes dans des écoles et des installations onusiennes, a-t-elle affirmé, en accusant l’Iran de parrainer ces groupes. L’Iran veut déstabiliser la région, en livrant des armes au Yémen et en faisant voler des drones au-dessus du territoire israélien, a-t-elle accusé.

Mettant de nouveau en garde contre le danger posé par les groupes non étatiques qui usent des civils comme boucliers humains, Mme Haley a jugé intolérable la mise en danger des civils pour poursuivre des objectifs politiques et dénoncé cette tactique.  Ceux qui se préoccupent des enfants à Gaza devraient dénoncer le Hamas, qui utilise les enfants comme boucliers humains, a-t-elle insisté, ajoutant que le Conseil devait « se montrer à la hauteur de cette menace et y remédier ».

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est dite très préoccupée par la flambée de violence à Gaza, a exhorté Israël à faire montre de retenue dans sa riposte aux manifestations et a appelé tous les acteurs à respecter leurs obligations en vertu du droit international.  Considérant que le Hamas et ses affiliés avaient exploité cette situation, la représentante a aussi reconnu le droit d’Israël de se protéger.  Elle s’est prononcée en faveur d’une enquête transparente et indépendante et a salué l’engagement d’Israël à procéder à une enquête sur ses opérations. 

La préoccupation immédiate est d’éviter toute violence supplémentaire et une escalade des tensions, a poursuivi Mme Pierce, qui a demandé à Israël d’éviter d’utiliser des balles réelles et aux Palestiniens de ne pas recourir à la violence.  Les Palestiniens ont le droit de manifester pacifiquement mais ceux qui ont une influence sur le Hamas doivent le décourager de recourir à des tactiques violentes, a-t-elle insisté. 

En outre, a poursuivi la représentante, les parties doivent mettre tout en œuvre pour s’attaquer aux causes profondes de la crise économique.  Ainsi Israël doit-il mettre fin aux restrictions de la liberté de circulation des biens et des personnes.  Quant au Hamas, il doit également décider s’il est prêt à travailler en faveur du bien de Gaza et de son peuple, ou s’il va continuer sur la voie de la terreur.  Mme Pierce a appuyé la réconciliation avec le Hamas et souhaité que l’Autorité palestinienne restaure son autorité sur Gaza.  Il convient urgemment de reprendre les négociations, a-t-elle conclu, et le Royaume-Uni s’est engagé à mettre tout en œuvre à cette fin.

Par ailleurs, Mme Pierce a qualifié le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien d’« accord clef qui rend le monde plus sûr et contribue à la stabilité mondiale ».

M. ZHAOXU MA (Chine) a souligné l’urgence d’un règlement de la question de la Palestine en vue d’un apaisement au Moyen-Orient. Le Conseil doit rester uni et avancer en vue d’un tel règlement, a-t-il dit, en rappelant que la solution des deux États demeure la seule possible.  Pour la Chine, la résolution 2334 (2016) doit être pleinement mise en œuvre.  Le représentant a appelé les parties à la retenue et à s’engager dans un dialogue constructif et rappelé que la Chine appuie la création d’un État palestinien indépendant.  La Chine continuera de jouer un rôle constructif dans le processus de règlement du conflit israélo-palestinien, a poursuivi M. Ma, tout en reconnaissant la complexité de la situation concernant Jérusalem.  Il a également souligné la gravité de la situation humanitaire à Gaza et insisté sur le rôle clef joué par l’UNRWA, appelant en conclusion les États Membres à faire tout leur possible pour appuyer les activités de l’Office.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que les événements des dernières semaines à Gaza illustraient de nouveau tragiquement les conséquences humaines de l’impasse du conflit israélo-palestinien.  Outre le risque permanent d’escalade armée, le représentant a pointé du doigt le bilan « dramatique » de la répression israélienne des manifestations qui ont lieu depuis plus d’un mois à Gaza.  Selon lui, le bilan très lourd de ces manifestations, dans lesquelles 35 personnes au moins ont trouvé la mort, est directement lié à la réponse « inadéquate et disproportionnée » des forces de sécurité israéliennes.  « Toute la lumière devra être faite sur ces graves événements », a-t-il déclaré, appelant Israël à faire preuve de retenue dans l’usage de la force.

Parallèlement, M. Delattre a appelé les manifestants à s’abstenir de tout débordement et de toute violence, mettant en garde ceux, au premier rang desquels le Hamas, qui tenteraient de récupérer et d’instrumentaliser ces manifestations, notamment afin de remettre en cause la sécurité d’Israël le long de la barrière de sécurité. 

Plus généralement, le représentant a estimé que les violences des dernières semaines étaient indissociables de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, marquée depuis environ un an par une dégradation, une tendance qui vient s’ajouter au problème structurel du blocus israélien, qui dure depuis plus d’une décennie.  Pour M. Delattre, une telle situation ne pourra pas non plus s’améliorer sans la mise en œuvre complète de l’accord conclu au Caire en octobre dernier entre le Fatah et le Hamas et censé aboutir au plein exercice, par l’Autorité palestinienne, de ses compétences à Gaza.  C’est d’autant plus important, a-t-il conclu, qu’il n’y aura pas d’État palestinien sans Gaza, « et donc pas d’accord de paix viable avec Israël sans unité palestinienne ».

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a jugé « extrêmement alarmants » les événements des dernières semaines à Gaza, qui ont rendu la situation sur le terrain « fortement volatile », au point de faire craindre un débordement du conflit sur l’ensemble de la région.  Pour éviter que cela ne se produise, la représentante a appelé Israël à faire preuve de retenue dans son recours à la violence à l’encontre des manifestants non armés, tout en défendant ses intérêts légitimes de sécurité.  Dans le même temps, elle a appelé les organisateurs à éviter les incitations à la violence et l’instrumentalisation des manifestants.  « Nous appelons toutes les parties à agir avec le plus de discernement et de responsabilité possible », a-t-elle résumé.

S’agissant de Jérusalem, Mme Wronecka a rappelé son attachement à la solution des deux États, en vertu de laquelle chaque partie au conflit serait à même de réaliser ses aspirations, à savoir, d’une part, le droit des Palestiniens à l’autodétermination et à l’indépendance, et d’autre part, le droit des Israéliens à la sécurité et à la normalisation de leurs relations avec les États arabes.  À cette fin, la représentante a appelé les Palestiniens à hâter leur processus de réconciliation politique, notamment pour faire en sorte que l’Autorité palestinienne puisse à nouveau assumer ses responsabilités à Gaza.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie), qui s’est dit effaré par la situation humanitaire au Moyen-Orient, a constaté que les crises syrienne et yéménite étaient loin d’une solution politique.  Préoccupé par la situation à Gaza et la perte en vies humaines, il a exhorté toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue.  Soulignant la nécessité de revitaliser l’économie de Gaza, il a estimé qu’il fallait permettre à l’Autorité palestinienne de contrôler Gaza conformément à l’Accord du Caire.  

L’Éthiopie, a réaffirmé M. Alemu, a toujours appuyé le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et le droit de la Palestine d’exister en tant qu’État libre et indépendant.  Cependant, il a déploré les actions récentes qui remettent en cause les progrès vers la solution des deux États et a appelé à l’intensification des efforts internationaux et régionaux pour y remédier.  La tragédie à Gaza, a-t-il ajouté, montre que l’exigence de justice ne disparaîtra pas.

Quant à la reprise des négociations, elle requiert le soutien de toutes les parties, a estimé M. Alemu, pour qui le Conseil de sécurité doit s’acquitter de ses responsabilités et appuyer les efforts faits dans l’intérêt de la paix entre les Israéliens et les Palestiniens. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déploré les conséquences humanitaires catastrophiques des conflits au Moyen-Orient, comme au Yémen et à Gaza.  Il n’y aura pas de paix dans la région sans un règlement durable du conflit entre Israéliens et Palestiniens, a-t-il estimé.  Il a souligné l’importance de prévenir l’escalade et appelé à la retenue les parties, qui doivent s’engager dans un dialogue constructif et éviter toute décision unilatérale.

M. Ndong Mba a demandé la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) et plaidé pour la solution des deux États, la seule possible à ses yeux.  La communauté internationale doit intensifier ses efforts diplomatiques en ce sens.  Les revendications palestiniennes sont justes, tandis qu’Israël a le droit de vivre dans la sécurité, a poursuivi le représentant.  Enfin, ce dernier a condamné les violences qui ont émaillé la « grande marche du retour » à Gaza, et exhorté la communauté internationale à remédier à la grave situation humanitaire à Gaza et à appuyer l’UNRWA.  

M. THÉODORE DAH (Côte d’Ivoire) a déploré le lourd bilan des manifestations relatives à « la grande marche du retour » à Gaza.  Il a exhorté les parties à la retenue et à s’engager dans un dialogue constructif, avant de se dire préoccupé par la situation humanitaire à Gaza.  Il a appuyé la proposition du Président de l’Autorité palestinienne d’organiser à la mi-mai une conférence internationale de paix.

À propos du reste du Moyen-Orient, le représentant a demandé la pleine mise en œuvre de la résolution 2401 (2018) qui demande une trêve humanitaire en Syrie et rappelé qu’il n’y avait pas de solution militaire à cette crise.  Il a appelé les parties yéménites à revenir à la table des négociations et condamné les frappes aériennes sur un mariage à Hajjah, dans le nord-est du pays, qui auraient causé la mort d’au moins 50 civils.  Enfin, il a réaffirmé son soutien au Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a reconnu que le Moyen-Orient traversait une période historique très difficile.  Les conflits en Syrie et au Yémen restent à résoudre et il faut se préoccuper de la situation en Libye, du relèvement en Iraq, et de la stabilité au Liban.  « Au cœur du chaos, on retrouve des expériences géopolitiques menées de l’extérieur », a dénoncé M. Safronkov.  L’évolution de la situation dans les territoires palestiniens occupés suscite de graves préoccupations en raison de l’absence de progrès, a ajouté le représentant, qui y a vu « un vide comblé par des discours de provocation et des décisions unilatérales ».

Déplorant l’escalade des tensions à Gaza et le nombre élevé de victimes, M. Safronkov a rappelé le droit de manifestation pacifique et condamné toute action terroriste, ainsi que toute action disproportionnée contre des civils.  La probabilité de voir la situation se détériorer est élevée, a-t-il mis en garde.  D’après lui la prochaine cérémonie de transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem a « un véritable potentiel de déstabilisation, dont l’impact se fera sentir dans l’ensemble de la région ».

Selon M. Safronkov, il faut urgemment redoubler d’efforts afin de relancer le processus politique entre les Palestiniens et les Israéliens sur la base du droit international, connu de tous, et de parvenir à la solution des deux États.  À ce sujet, il a réitéré la proposition de la Russie d’organiser un sommet entre les responsables israéliens et palestiniens.  Convaincu qu’un des obstacles à la paix est la fracture au sein des rangs palestiniens, il a jugé essentiel que toutes les parties palestiniennes confirment leur attachement à la mise en œuvre des accords conclus, en octobre 2017, au Caire. Il est également impératif de poursuivre l’assistance humanitaire aux Palestiniens.

La Russie, a assuré son représentant, est en faveur d’un travail positif et fédérateur sur la question du Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, tant au Conseil de sécurité qu’avec l’ensemble de la communauté internationale.  Il a suggéré un examen complet de la situation au Moyen-Orient.

Enfin, M. Safronkov a jugé essentiel de rétablir la confiance entre le monde arabe et l’Iran et estimé que le Plan d’action global commun jouerait, à cet égard, un rôle décisif.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a d’abord abordé le dossier syrien en exprimant sa profonde préoccupation quant au sort de milliers de civils, dont des réfugiés palestiniens, après plus d’un mois de violence accrue et d’intenses combats dans la région de Yarmouk.  Il a appelé les parties à épargner les civils et les infrastructures civiles, souhaitant aussi que les personnes qui le désirent puissent quitter les lieux du conflit. 

Passant au Liban, le représentant a appelé de ses vœux la consolidation de la Constitution du pays et de son processus démocratique, appelant aussi les Forces armées libanaises à jouer un rôle essentiel dans le maintien de la sécurité le long de la frontière avec la Syrie et dans tout le Liban, notamment pour contrer la menace de Daech et d’el-Nosra.

À propos de l’Iraq, M. Umarov a soutenu le processus de consolidation de l’État et notamment de la Constitution.  Le retour du pays à la stabilité doit être basé sur l’égalité des droits et la justice pour tous les citoyens, a-t-il plaidé.  Il s’est dit très choqué par le sort d’une femme turque de 42 ans, Amina Hassan, qui n’a eu que deux minutes pour se défendre alors qu’elle était accusée de soutenir l’État islamique.  Son procès a duré en tout 10 minutes avant qu’elle ne soit condamnée à mort par pendaison. Il y a eu 14 peines de mort prononcées en l’espace de deux heures d’audience, a-t-il déploré. 

Le représentant a par ailleurs estimé que le conflit au Yémen n’aura pas de solution militaire, mais sera résolu par le dialogue national et inclusif.  Il a souhaité que toutes les parties se réengagent à établir un nouveau régime pour la cessation des hostilités.  Il a également jugé inacceptable de tirer des missiles contre des cibles civiles sur le territoire de l’Arabie saoudite. 

Enfin, concernant le processus de paix au Moyen-Orient, M. Umarov a soutenu la solution des deux États et appelé à la reprise des négociations, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et d’autres initiatives en cours.  Quant à la situation à Gaza, il a réitéré que les forces de sécurité israéliennes devaient protéger les civils et a appelé les Palestiniens à éviter les frictions à la barrière de Gaza.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a cité comme bilan des quatre dernières semaines de manifestations à Gaza le chiffre de 30 morts, dont 3 mineurs.  Le représentant a appelé Israël à assurer que ses réponses soient proportionnelles et conformes aux obligations du droit international, estimant que le nombre élevé de victimes, y compris le journaliste Yasser Murtaga, suscitait des questions concernant la proportionnalité de la réponse d’Israël, y compris face au droit de protester pacifiquement.

Les faits doivent être établis concernant les informations faisant état d’attaques violentes contre Israël sous le couvert des protestations, a poursuivi M. van Oosterom, qui a aussi appelé l’autorité de fait à Gaza et l’Autorité palestinienne à s’assurer que ces protestations demeurent pacifiques.  Il a appelé toutes les parties à s’abstenir de déclarations belliqueuses et a demandé une enquête indépendante et transparente.  Le représentant a également pris note de la création d’un mécanisme d’évaluation des faits par les Forces de défenses israéliennes pour examiner leurs actions et d’autres incidents spécifiques depuis le 30 mars 2018.

L’aggravation de la crise à Gaza exige une solution, a estimé M. van Oosterom, qui s’est dit préoccupé des difficultés financières de l’UNRWA.  Il a appelé Israël à alléger les restrictions à la circulation des biens et des personnes, et le Hamas à mettre fin à ses efforts pour acquérir des armes et rebâtir son infrastructure militaire.  Il a dit soutenir les efforts pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous l’unique et légitime Autorité palestinienne.  Toutes les factions palestiniennes doivent travailler ensemble pour dépasser l’impasse actuelle, a-t-il ajouté.

Rappelant que le droit international, y compris le droit humanitaire et les droits de l’homme, était la pierre angulaire de la paix et de la sécurité dans la région, M. van Oosterom a cité les résolutions 2334 (2016) et 478 (1980) du Conseil de sécurité, qui jettent les bases d’une solution durable au conflit.  Seules les parties concernées pourront conclure un accord sur la question du statut final, y compris Jérusalem et les réfugiés, a-t-il rappelé, tout en appelant chacun à s’abstenir d’actions unilatérales qui rendraient difficile la solution des deux États. 

Par ailleurs, le représentant a encouragé les Libanais à voter, le 6 mai prochain, à l’occasion des premières élections législatives organisées depuis 2009, y voyant l’occasion pour la population de renforcer l’élan acquis lors des conférences de Rome, Paris et Bruxelles dans le cadre d’une compétition pacifique.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a mentionné le « moment charnière » que connaît le conflit israélo-palestinien et insisté sur le caractère pacifique de la « grande marche du retour » à Gaza.  Il a déploré que le Conseil de sécurité n’ait pas condamné le lourd bilan humain de ces manifestations légitimes.  Israël, Puissance occupante, ne remplit aucun critère pour siéger au Conseil de sécurité, a-t-il affirmé, rejetant la candidature annoncée de ce pays.  M. Alotaibi a dénoncé la non-application de la résolution 2334 (2016) et déclaré nulles et non avenues les décisions sur le transfert d’ambassades à Jérusalem.  Il a demandé le règlement de toutes les questions du statut final en vue de la création d’un État palestinien indépendant, avant d’affirmer en conclusion que « la cause palestinienne est juste ».

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a cité le dernier rapport en date de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) selon lequel, entre le 15 et le 20 avril, au cours de la quatrième mobilisation de la « marche du retour », quatre Palestiniens avaient été tués, dont un enfant, et 832 blessés par les Forces de défense israéliennes, alors qu’ils demandaient la levée du blocus subi à Gaza depuis plus de 11 ans.  Pour le représentant, il y a des preuves suffisantes qu’Israël viole le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et les Conventions de Genève de 1949.  Le Conseil de sécurité doit donc exiger du Gouvernement d’Israël qu’il remplisse son obligation internationale de protéger les civils palestiniens qui se sont mobilisés.  Le Conseil doit aussi exiger des instances internationales qu’elles mènent sans tarder une enquête sur ce qui s’est passé les trois dernières semaines « à la frontière entre Gaza et Israël ».

M. Llorentty Solíz a condamné la décision du Gouvernement des États-Unis et d’autres de déménager leurs ambassades à Jérusalem, prévenant que, plus on se rapproche de la date, plus les tensions et la violence augmentent.  Il a aussi dénoncé l’intention du Gouvernement d’Israël de construire d’autres logements dans les territoires palestiniens occupés, en violation de la résolution 2334 (2016) et d’autres, soulignant l’illégalité de telles constructions.  Il a ensuite exprimé ses préoccupations quant aux capacités de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), avant d’appeler à une solution pacifique du conflit israélo-palestinien, la seule solution à ses yeux étant celle des deux États.  Pour finir, le représentant a lu le texte d’un jeune palestinien qui vit dans un camp de réfugiés au Liban et souhaite attirer l’attention sur le sort de son peuple et sa soif de liberté et de justice.

M. OLOF SKOOG (Suède) a noté que, depuis le début des événements tragiques à Gaza le 30 mars, 34 Palestiniens avaient été tués et des milliers d’autres blessés par les forces de sécurité israéliennes, qui ont tiré à balles réelles, y compris contre des enfants.  Comme les six rapporteurs spéciaux mandatés par le Conseil des droits de l’homme, la Suède condamne ces crimes.  Israël, a poursuivi le représentant, a le droit de se protéger, mais les mesures utilisées doivent toujours être proportionnées.  Il a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’une enquête indépendante et transparente.  Il a également jugé impératif que tous les acteurs, y compris ceux qui organisent les manifestations, fassent de la protection des enfants une priorité.

Ces événements, a noté M. Skoog, ne se produisent pas dans le vide: Gaza, qui a en gros la taille de la ville de New York, est au bord de la faillite sociale et économique.  « Nous devons éviter un désastre humanitaire », a-t-il plaidé.  Il a notamment souhaité l’arrêt de la politique de fermeture d’Israël, qui entrave la reconstruction et empêche tout développement économique.  Il a aussi appelé toutes les factions palestiniennes à redoubler d’efforts pour la réconciliation, permettant à l’Autorité palestinienne d’assumer ses responsabilités à Gaza.  

S’agissant du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, prévu à la mi-mai, M. Skoog a réitéré la position de la Suède et de l’Union européenne sur le statut final de Jérusalem, à savoir qu’elle est vue comme la capitale future des deux États.  Au regard de la violence récente sur le terrain, il a exhorté toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à prendre des mesures de désescalade, un effort auquel doit contribuer le Conseil de sécurité.  À cet égard, il a jugé utile d’examiner le plan du Président Abbas pour organiser une conférence internationale et établir un mécanisme unilatéral pour la paix.     

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit préoccupé par l’instabilité dans la région et la violence à Gaza.  Il a reconnu le droit à manifester pacifiquement des Palestiniens, tout en reconnaissant le droit d’Israël à réagir face à des actes violents, mais en rappelant aussi que l’usage de la force doit se faire de manière proportionnée.  Le représentant a plaidé pour un financement pérenne de l’UNRWA et exhorté les parties à œuvrer en vue de réaliser la solution des deux États.  Il a dénoncé la construction des colonies de peuplement israéliennes, qui compromet la solution précitée.  En conclusion, M. Meza-Cuadra a plaidé pour la retenue et un dialogue constructif au Moyen-Orient.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a noté que le Sommet arabe de Dahran, qui s’est tenu à la mi-avril en Arabie saoudite, avait mis une fois de plus l’accent sur le droit de l’État de Palestine à sa souveraineté sur tous les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est.  À cette occasion, a-t-elle rappelé, les dirigeants arabes ont unanimement condamné et rejeté la décision de reconnaître Jérusalem en tant que capitale d’Israël, et d’y transférer l’ambassade des États-Unis.  Par ailleurs, le Liban condamne le meurtre de civils innocents à Gaza et souhaite également une commission d’enquête internationale pour traduire en justice les responsables.  Combien faudra-t-il d’innocents tués, de sommets, d’appels et de condamnations pour que le Conseil de sécurité assume la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales qui est la sienne? a demandé Mme Mudallali.  

Par ailleurs, le Liban, qui accueille plus de 1,2 million de réfugiés syriens, appelle à une solution politique au conflit en Syrie.  Dans une région en plein bouleversement, le pays s’efforce de maintenir sa stabilité et se félicite de l’appui apporté par les conférences de Rome, de Paris et de Bruxelles, qui viennent de se tenir en mars et avril.

Mme Mudallali a ensuite rappelé que, le 6 mai prochain, les Libanais allaient voter pour un nouveau parlement.  Toutefois, le Liban continue de faire face à des défis, notamment du fait des violations israéliennes quotidiennes de sa souveraineté, a fait observer la représentante, pour qui les efforts de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) ne sauraient remplacer la pleine mise en œuvre des résolutions des Nations Unies qui demandent le retrait complet d’Israël du Territoire palestinien occupé et le respect des frontières terrestres et maritimes du Liban.  

M. KORO BESSHO (Japon) a, évoquant la situation à Gaza, défendu le droit des Palestiniens de manifester pacifiquement, ainsi que le droit d’Israël de veiller à sa sécurité.  Il a appelé les parties à la retenue et à tout faire pour prévenir l’escalade, avant de demander une enquête sur les violences à Gaza.  Abordant la « crise budgétaire » à l’UNRWA, M. Bessho a annoncé une contribution supplémentaire de son pays de 10 millions de dollars.  « Une paix durable ne pourra découler que de négociations entre les parties », a-t-il ajouté, avant de rappeler le soutien de son pays à la solution desà deux États, la seule qui permette de prendre en compte les aspirations des deux parties.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a condamné l’occupation israélienne depuis plus de cinq décennies des territoires libanais et syrien.  En dépit de cette occupation illégale et des autres violations répétées des résolutions du Conseil de sécurité par Israël, certains États, en particulier les États-Unis, continuent de fournir une aide à ce pays, a déploré le représentant.  Quant aux événements des dernières semaines, le représentant a condamné la répression violente perpétrée par les forces de sécurité israéliennes à l’encontre des manifestations pacifiques à Gaza.

Dans ce contexte, M. Ja’afari a regretté que le rapport du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient n’ait pas mentionné les agissements d’Israël dans le Golan syrien, alors même que ces agissements rentrent, selon lui, dans le cadre du mandat M. Mladenov.  De même, s’est-il interrogé, pourquoi le rapport ne mentionne-t-il pas les problématiques ayant trait à la gestion de l’eau et de l’énergie dans le Golan, à commencer par les tentatives de certaines compagnies d’extraire du pétrole dans la zone, au mépris du droit international?  « La Syrie dispose d’un droit souverain et inaliénable sur le Golan », a protesté le représentant, pour qui « les colons israéliens devront quitter la zone tôt ou tard ».  Aussi a-t-il appelé en conclusion le Conseil à agir pour faire en sorte de mettre fin à l’occupation d’Israël dans le Golan syrien, au mépris des résolutions du Conseil.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déploré que de nombreux enfants soient tombés sous les balles de l’occupant israélien alors qu’ils manifestaient de façon pacifique pour leurs droits légitimes.  Les Palestiniens n’ont rien revendiqué d’autre que leurs droits au retour, à l’autodétermination, à l’établissement d’un État indépendant avec Jérusalem comme capitale, et le droit de faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, a-t-il insisté.  Il a demandé une commission d’enquête internationale pour faire la lumière sur la journée du 13 mars 2018, afin qu’Israël rende des comptes.  Le représentant a en outre insisté sur la centralité de la question palestinienne pour tous les pays arabes, plaidant pour le retrait d’Israël de tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan.

M. Al-Mouallimi a, par ailleurs, dénoncé l’ingérence continue et flagrante de l’Iran dans les affaires des pays arabes, l’accusant de propager le terrorisme.  Il est le premier soutien du Hezbollah, a affirmé le représentant, qui a reproché à l’Iran d’attiser la guerre en Syrie et d’exercer un blocus et une purification ethnique au Yémen en soutenant les milices houthistes, l’accusant de leur fournir les missiles qui ont été lancés contre son pays.  Des rapports indépendants des Nations Unies ont démontré que ces missiles ont été fabriqués en Iran, a-t-il insisté.  Face aux violations répétées des résolutions de l’ONU par l’Iran qui, par ses actes, continue de saper la paix et la sécurité internationales, il est grand temps que le Conseil de sécurité adopte une position stricte, a poursuivi le représentant.  Enfin, M. Al-Mouallimi a déploré l’attaque à l’arme chimique infligée à sa propre population par le régime syrien.

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a rappelé que le peuple palestinien vivait depuis des décennies sous le joug de l’occupation israélienne, au mépris de toutes les normes de droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Pour mettre un terme à cette situation, le représentant a appelé la communauté internationale à rejeter unanimement la politique du statu quo mise en œuvre par Israël.  

Lors d’une réunion récente des États de la Ligue arabe, le 15 avril dernier en Arabie saoudite, ces derniers ont souligné l’importance d’une paix durable au Moyen-Orient, a rappelé M. Khiari.  À cette occasion, ils ont rappelé leur attachement au statut de Jérusalem–Est en tant que future capitale de la Palestine.  Ils ont par conséquent appelé la communauté internationale à ne pas établir de missions diplomatiques à Jérusalem et à ne pas reconnaître la ville comme capitale d’Israël.  Réaffirmant, en outre, l’attachement des dirigeants arabes à la solution des deux États, le représentant a rejeté toute mesure unilatérale israélienne visant à saper cette solution et à modifier le statu quo sur le terrain.

Cette séance, a poursuivi M. Khiari, intervient alors que les autorités israéliennes répriment dans le sang des manifestations pacifiques à Gaza.  Il a appelé à mettre sur pied une enquête transparente et indépendante sur ces « effusions de sang », qui en sont maintenant à leur quatrième semaine.  Le représentant a également appelé Israël à faire preuve de retenue dans son recours à la violence à l’encontre de manifestants pacifiques. 

Face à la difficile situation humanitaire à Gaza, le représentant a appelé la communauté internationale à garantir la viabilité de l’UNRWA, qui apporte une aide précieuse aux réfugiés dans la zone.  Il a également appelé à engager les démarches nécessaires pour que la Palestine devienne un États Membre à part entière de l’Organisation.  Enfin, il a demandé aux parties de retourner à la table des négociations pour faire avancer la solution des deux États.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a fait part de son inquiétude face à la situation à Gaza, qui rappelle à chacun combien la situation est insoutenable sur le terrain.  L’Union européenne considère comme prioritaire d’aider à une désescalade de la situation.  Attachée à la solution des deux États, l’Union européenne estime qu’il faut éviter toute action de nature à la saper davantage.

L’Union européenne a suivi de près les protestations à la frontière de Gaza, déplorant les nombreuses personnes tuées, y compris des enfants et des journalistes, a poursuivi le représentant.  L’Union européenne est favorable à une enquête transparente et indépendante car il faut établir des faits, y compris concernant les attaques violentes qui seraient menées contre Israël sous couverture de manifestations.  M. Vale de Almeida a demandé aux parties d’agir avec retenue et en faisant preuve de responsabilité.  Israël doit respecter et garantir la liberté de manifestation et d’expression et s’abstenir de tout usage disproportionné de la force quand il défend son droit légitime.  L’Union européenne estime que l’évolution de la situation à Gaza pourrait être lourde de conséquence sur la sécurité régionale et internationale.  Elle exhorte le Conseil de sécurité à agir pour une désescalade.

S’agissant de la Syrie, l’Union européenne condamne l’emploi répété d’armes chimiques par le régime en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Elle considère l’attaque de Douma comme un affront à l’humanité et regrette les multiples vetos opposés par la Fédération de Russie aux projets de résolution du Conseil de sécurité.  M. Vale de Almeida a conclu en réitérant l’appui de l’Union européenne aux enquêtes en cours menées par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et sa volonté de lutter contre la tendance émergente à recourir à des armes chimiques.

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a réitéré le soutien de son pays à la solution des deux États pour un règlement permanent du conflit israélo-palestinien, la question du statut final de Jérusalem devant être définie par des négociations entre Israël et la Palestine.  Préoccupé par la situation dans la bande de Gaza, il a souligné le droit des civils de manifester pacifiquement et appelé les parties à la retenue.

S’agissant du conflit en Syrie, M. Duque Estrada Meyer a jugé impératif d’enquêter sur toutes les allégations relatives à l’usage d’armes chimiques et, si elles sont confirmées, de traduire les responsables en justice.  Il a redit le plein appui du Brésil aux efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, et aux négociations politiques de Genève.

À propos du Yémen, le représentant a estimé que la seule voie pour mettre fin au conflit et à la crise humanitaire était politique, à travers un dialogue inclusif.  Il a salué les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Martin Griffiths, et a invité tous les États Membres à respecter la résolution 2216 (2015) du Conseil relative à l’embargo sur les armes à destination du Yémen.   

M. AZIZ PAHAD (Afrique du Sud) a estimé que les récents événements de Gaza étaient symptomatiques de l’absence de volonté de résoudre le conflit israélo-palestinien.  Il a ainsi appelé le Conseil à mettre un terme à ses divisions internes, lesquelles ne contribuent selon lui qu’à pérenniser le conflit.  Condamnant le recours excessif à la force contre les manifestants à Gaza par les forces de sécurité israéliennes ces dernières semaines, le représentant a affirmé que cette population, en butte au blocus illégal imposé par Israël, s’efforçait simplement de se faire entendre.

« Le processus de paix est dans l’impasse », a en outre regretté le représentant, mentionnant la perte de confiance réciproque entre les parties, dont la région entière risque à terme de faire les frais.  M. Pahad a appelé la région à prendre exemple sur ce qu’a accompli l’Afrique du Sud pour surmonter ses divisions internes.  « La réalisation de la paix incombe avant tout aux Israéliens et aux Palestiniens », a-t-il insisté.

Le représentant a par ailleurs mentionné le sort injustement infligé aux enfants palestiniens détenus en Israël.  « Cette situation ne peut qu’alimenter la haine », a-t-il noté, exhortant les autorités israéliennes à y mettre fin.  Enfin, M. Pahad a appelé les États Membres à tout faire pour pérenniser le financement de l’UNRWA, qui souffre d’un déficit de ressources chronique.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a estimé que l’occupation israélienne de la Palestine constituait la pierre angulaire des conflits au Moyen-Orient.  « L’injustice se prolonge depuis plus de sept décennies, intensifiée par l’expansionnisme d’Israël et ses politiques d’apartheid à l’encontre des Palestiniens et de la région », a-t-il encore déploré, pointant du doigt les tentatives d’Israël et des États-Unis de masquer leur agressivité croissante au Moyen-Orient.  Pendant ce temps, a-t-il insisté, les territoires palestiniens et le Golan syrien continuent de subir une occupation illégale.

Chaque fois que nous nous réunissons, a par ailleurs déploré le représentant, nous prenons connaissance de la construction de nouvelles colonies illégales et de l’élaboration de nouvelles politiques agressives.  « Le régime israélien travaille désormais jour et nuit pour réduire à néant le droit des Palestiniens et pour asseoir encore davantage son occupation », a-t-il accusé.  En dépit de cette situation, a ironisé le représentant, Israël, un « régime voyou par définition », se targue d’être la seule démocratie du Moyen-Orient.  Or, selon lui, les agissements du pays dans la région ne diffèrent en rien des agissements des États-Unis à l’encontre des populations amérindiennes.

Condamnant tant la volonté israélienne de remettre en cause le statu quo sur l’esplanade des mosquées que le transfert imminent de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, M. Khoshroo a, enfin, appelé à mettre un terme à l’impunité dont bénéficie Israël et a réaffirmé son soutien au droit des Palestiniens à l’autodétermination.

M. TORE HATTREM (Norvège) a regretté l’aggravation des tensions au Moyen-Orient, qui rendent encore plus difficile d’impliquer Israël et la Palestine dans un processus politique.  Pour la Norvège, il est dès lors impératif de réfléchir à des initiatives politiques susceptibles de mener à de nouvelles négociations sur la solution des deux États.

La Norvège est profondément préoccupée par les violences à la frontière entre Israël et la Palestine.  Nous exhortons les parties à agir avec responsabilité et retenue et à s’abstenir de toute action qui pourrait engendrer une escalade des violences et des pertes en vies humaines, a déclaré M. Hattrem, qui a jugé inacceptable l’usage de la force létale contre des manifestants pacifiques désarmés.  Le représentant a estimé que, si Israël a le droit légitime de protéger ses frontières, toute utilisation de la force doit être proportionnée.  En outre, les incidents les plus graves doivent faire l’objet d’une enquête transparente et indépendante.  Le représentant a également jugé impératif que l’Autorité palestinienne rétablisse son autorité à Gaza, dont le blocus doit cesser.

S’agissant de la situation en Syrie, une source de grande préoccupation pour la Norvège, M. Hattrem a déploré l’utilisation d’armes chimiques et a demandé un accès sans entrave sur le terrain aux équipes de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Il a, en outre, appelé le Conseil de sécurité à créer un mécanisme permettant d’amener les auteurs de ces actes à rendre des comptes.

Évoquant ensuite le dossier iranien, le représentant a indiqué que la Norvège appuyait pleinement le Plan d’action global commun, signé en 2015, qu’elle considère comme un jalon important sur la voie de la paix et de la sécurité internationales.  L’Iran a respecté sa part du contrat et il est dès lors crucial de s’assurer que cet accord survive, a estimé M. Hattrem.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) s’est inquiété de la paralysie du Conseil de sécurité à propos de la situation en Syrie.  Pas moins de 12 vetos ont été enregistrés, a-t-il rappelé, critiquant par ailleurs comme inefficaces les rares décisions qui ont été prises, comme la résolution 2401 (2018) qui demande un cessez-le-feu de 30 jours consécutif pour des raisons humanitaires.  Or le conflit syrien, caractérisé par des violations massives du droit international humanitaire, menace aujourd’hui la stabilité de la région et au-delà, a affirmé le représentant, qui a appuyé le projet mécanisme de la responsabilité pour la Syrie, qui devrait être bientôt opérationnel et qui est déjà en mesure de recevoir des informations et des preuves, y compris sur l’usage d’armes chimiques.

Pour M. Wenaweser, le processus de paix au Moyen-Orient, qui est déjà dans l’impasse, est compromis encore plus avant par les développements récents à Gaza.  Le représentant a appuyé l’appel du Secrétaire général pour une enquête indépendante et transparente et a rappelé que la situation en Palestine fait l’objet d’un examen préliminaire de la part du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).  Il a également dit suivre de près les discussions sur une action possible de la part du Conseil des droits de l’homme.  Par ailleurs, il a salué la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité qui demande un accès humanitaire accru au Yémen. 

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela), au nom du Mouvement des non-alignés, a réaffirmé le soutien du Mouvement à la solution des deux États.  Il a cependant regretté les agissements d’Israël, qui ne cesse selon lui de saper les bases de cette solution.  « Nous ne pouvons plus permettre que les souffrances infligées au peuple palestinien héroïque se poursuivent », a-t-il protesté, appelant le Conseil à assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix dans la région.

Le représentant a par ailleurs rejeté la volonté israélienne de modifier le statut juridique du Golan arabe syrien, tentative qu’il a considérée comme « nulle et non avenue ».  Il a ainsi appelé Israël à se retirer du Golan arabe syrien comme le demande la résolution 242 (1967) du Conseil, et à respecter le tracé de la frontière d’avant le 4 juin 1967. 

Vivement préoccupé par la situation humanitaire à Gaza, le représentant a, d’autre part, appelé à une levée totale du blocus israélien qui affecte la population de la bande.  Eu égard à l’occupation « illégitime et belliqueuse » par Israël du Territoire palestinien, notamment à Jérusalem-Est, M. Moncada a estimé que la répression dans le sang des manifestations pacifiques récentes à Gaza par les forces de sécurité israéliennes était inacceptable.  Il a appelé le Conseil de sécurité à garantir qu’Israël rendra des comptes en la matière, via l’ouverture d’enquêtes sur les abus des forces israéliennes.  Toutefois, face à ce qu’il a présenté comme l’incapacité d’Israël à s’acquitter de ses responsabilités vis-à-vis du peuple palestinien en tant que Puissance occupante, le représentant a appelé le Conseil à garantir de lui-même la protection des civils palestiniens.

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a déploré que l’occupation illégale se poursuive dans les territoires palestiniens.  Les Palestiniens sont privés de leurs droits les plus fondamentaux et des générations de Palestiniens sont victimes de violence systématique et de discrimination, a affirmé le représentant.  Pour lui, le retard dans la mise en œuvre du processus de paix et l’impasse qui prévaut attisent la violence et créent un nouveau cycle.  La poursuite des colonies de peuplement est un obstacle à la paix et vise à modifier la composition démographique et le statut de Jérusalem.  L’inaction face à la persistance des violations et le non-respect du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2334 (2016) encouragent Israël à poursuivre dans la même voie.

Ce qui nous a été donné de voir lors de la « grande marche du retour » en est un triste exemple, a déclaré M. Sinirlioğlu, qui a condamné Israël pour son recours délibéré à la force contre des manifestants pacifiques.  Israël doit respecter ses obligations en vertu du droit international, des droits de l’homme et du droit humanitaire, a poursuivi le représentant.

Pour la Turquie, les derniers développements soulignent l’urgence de redynamiser le processus de paix.  Le Conseil de sécurité ne peut pas fermer les yeux et doit prendre des mesures pour cesser le ciblage des civils.

Abordant ensuite la situation en Syrie, le représentant a affirmé que la Turquie poursuivait ses efforts pour rétablir le calme dans le pays et faire avancer le processus de paix.  Il a rappelé le plein soutien qu’apporte son pays à tous les efforts internationaux à cette fin.

Mgr SIMON KASSAS, Observateur du Saint-Siège, a mentionné les nombreux défis auxquels fait face le Moyen-Orient, y compris la croissance démographique, le chômage, l’effondrement des institutions d’État, l’arrivée en masse de migrants, le terrorisme et les crises humanitaires.  Il a en outre condamné le « mépris pour la vie humaine » dont font preuve les parties aux conflits en cours en Syrie et au Yémen.

S’agissant du conflit israélo-palestinien, l’observateur a réaffirmé le soutien du Saint-Siège à la solution des deux États, seule solution viable, selon lui, pour garantir la paix dans la zone.  Il a par conséquent appelé les parties à prendre des mesures propices à un retour à la table des négociations, à l’opposé des événements des dernières semaines à Gaza.

Mgr Kassas a en outre appelé à maintenir le « statut historique de la ville sainte », qui vise à préserver le caractère unique de Jérusalem.  Il a enfin renouvelé l’appel lancé cette année par le pape François, qui a encouragé tous ceux ayant des responsabilités politiques dans la région à faire en sorte que la justice et la paix puissent l’emporter.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a souligné qu’à la veille du soixante-dixième anniversaire de la guerre de 1948, qui sera célébré le 15 mai prochain, des manifestations seraient organisées.  Cette campagne vise au retour des Palestiniens expulsés en 1948, a rappelé le représentant, qui a regretté que, depuis le 30 mars 2018, au moins 33 personnes aient perdu la vie sous les balles israéliennes.  Les civils doivent pouvoir exercer leur droit de manifester pacifiquement, a déclaré M. Gertze, qui a rappelé les différentes résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et regretté la reconnaissance, par les États-Unis, de Jérusalem en tant que capitale d’Israël, mesure qui va à l’encontre des résolutions du Conseil.  Une telle décision est de nature à compliquer la solution viable des deux États, a en outre estimé M. Gertze.

Entre décembre 2017 et mars 2018, 22 programmes de colonies illégales représentant 1500 logements ont été approuvés par les autorités israéliennes, a rappelé M. xxx, qui y a vu un obstacle majeur au processus de paix. Le représentant a dénoncé les destructions de logements palestiniens comme un autre obstacle à la paix. Il a, en outre, fait part de sa préoccupation devant la situation humanitaire déplorable qui prévaut à Gaza.

Par ailleurs, abordant le conflit en Syrie, le représentant a condamné l’utilisation des armes chimiques, tout en mettant en garde contre toute action unilatérale.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a condamné l’escalade militaire israélienne à l’encontre des manifestants de Gaza, qui sape les efforts de paix.  Tout en réaffirmant le soutien de son pays envers la solution des deux États et l’Initiative de paix arabe, la représentante a condamné l’occupation par Israël de tous les territoires arabes, y compris le Golan arabe syrien.  Cette occupation et toutes les activités de colonisation israéliennes doivent prendre fin, a-t-elle ajouté. 

S’agissant de la Syrie, la représentante a condamné l’utilisation d’armes chimiques au début du mois.  Elle a apporté son soutien aux représailles militaires des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France contre des cibles militaires du régime syrien.  Elle a également appuyé tous les efforts visant à un règlement pacifique du conflit, dans le respect des aspirations du peuple syrien et de l’unité du pays.

Dans ce contexte de tensions internationales considérables, Mme Al-Thani a rappelé que son propre pays faisait l’objet d’un « blocus unilatéral, injustifié et sans fondement », désormais entré dans sa deuxième année, en vertu d’intérêts nationaux contraires à la paix et à la sécurité internationales.  Cette crise « montée de toute pièce » dont le Qatar est la cible doit prendre fin et céder la place au dialogue, en application de la Charte des Nations Unies, a-t-elle conclu.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que le Secrétaire général avait tiré le signal d’alarme, mettant en garde contre un retour à la guerre froide qui laisse présager la poursuite des conflits existants et un risque de conflits encore plus importants.  Personne n’a subi autant d’injustice depuis 70 ans que le peuple palestinien qui vit dans des conditions semblables à l’apartheid, a ensuite affirmé la représentante.  Elle en a voulu pour preuve le fait qu’une manifestation pacifique se soit transformée en scène de guerre, affirmant que le monde avait été témoin de l’assassinat d’innocents.

Malgré cela, le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de demander une enquête indépendante et encore moins de condamner ce qui constitue pour elle un « mépris arrogant », a déploré Mme Lodhi.  La paix ne peut être obtenue en niant ses droits à un peuple, a-t-elle averti, estimant que la poursuite de l’occupation israélienne n’était pas propice à la paix.  Elle a, en outre, estimé déplorables les contraintes imposées à l’UNRWA.  Aujourd’hui, les perspectives d’un règlement du conflit israélo-palestinien sont plus sombres que jamais et la région se trouve à une croisée des chemins dangereuse, a poursuivi la représentante.

Mme Lodhi a également fait part de sa préoccupation face à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, un acte qu’elle a vivement condamné, tout en se félicitant de la visite sur le terrain d’équipes de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Elle a, de même, déploré la situation tragique au Yémen et s’est félicitée de la prochaine tenue d’élections en Iraq, y voyant un jalon sur la voie de la démocratie dans ce pays.

Pour M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc), force est de reconnaître que les tensions au Moyen-Orient ont été omniprésentes sur la scène internationale ces derniers temps, et ce, au détriment de la question palestinienne.  Parallèlement, le représentant a déploré la poursuite de la politique israélienne d’agression, de « judaïsation » et de colonisation à l’encontre des Palestiniens.

Le recours à la force contre des civils désarmés est déplorable, a par ailleurs déclaré M. Atlassi, en référence aux événements récents à Gaza.  La violence à l’encontre des Palestiniens, a-t-il ajouté, n’a jamais servi la paix, pas plus que la colonisation de leurs territoires, qui n’a de cesse de se poursuivre au mépris de la communauté internationale.

En tant que lieu saint de l’islam, la ville de Jérusalem bénéficie d’un statut spécial qui ne doit pas être remis en cause, sous peine de saper les efforts de paix internationaux, a déclaré M. Atlassi.  Le représentant a enfin appelé la communauté internationale à tout faire pour ramener les parties à la table des négociations, afin de parvenir à une solution des deux États.

Pour M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, la réunion de ce jour intervient alors qu’à l’échelle internationale et régionale des conflits se poursuivent, menaçant le système multilatéral et notamment le Conseil de sécurité, qui risque d’y perdre sa légitimité.  De nombreux innocents perdent la vie dans plusieurs régions du monde arabe, notamment en Palestine, en Syrie, en Libye et le Conseil de sécurité reste inactif du fait de la paralysie que connaissent ses mécanismes décisionnels, a déploré M. Abdelaziz.  L’Observateur permanent a souligné que ces crises étaient exacerbées par l’incapacité du Conseil de sécurité et de ses mécanismes à offrir des perspectives claires qui pourraient constituer un pas vers la paix et la sécurité au Moyen-Orient.

Les territoires arabes ne doivent pas être utilisés par les grandes puissances, a affirmé M. Abdelaziz, qui a exhorté le Conseil à cesser sa politique de « deux poids, deux mesures » face aux enjeux dans la région, sous peine de perdre sa légitimité.  La solution des deux États est en danger et doit être sauvegardée comme base des négociations.  C’est à travers des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens que le statut final de Jérusalem pourra être défini, a encore déclaré l’Observateur permanent.

En attendant, la Ligue des États arabes continuera à appeler à la protection du peuple palestinien, particulièrement après le triste épisode de la manifestation « de la grande marche du retour ».  Dans ce contexte, M. Abdelaziz a demandé au Conseil de répondre à l’appel du Secrétaire général pour une enquête impartiale autour de cet événement.  Les violations perpétrées par Israël sont des menaces graves qui pèsent sur la paix et la sécurité régionales, a-t-il poursuivi, estimant, dès lors, qu’Israël ne saurait prétendre à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité, ce pays ne réunissant pas, à ses yeux, les conditions exigées par la Charte des Nations Unies.

Mme LORATO MOTSUMI (Botswana) a appelé à une intensification des efforts en vue de parvenir à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, facilitée par l’ONU, le Quatuor, l’Initiative de paix arabe et le mandat de la Conférence de Madrid.  Après avoir dénoncé « les actions unilatérales qui manquent de légitimité et risquent de saper les perspectives de paix », elle a condamné les colonies de peuplement illégales, la répression des droits des manifestants pacifiques et le manque de progrès sur les questions liées au statut final.  Mme Motsumi a réitéré l’appui de son pays à la solution des deux États et réaffirmé sa solidarité avec la cause du peuple palestinien. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a dénoncé l’impuissance de la communauté internationale à mettre en œuvre la solution des deux États au Moyen-Orient.  Appelant le Conseil de sécurité à « sortir de sa dangereuse inertie », il a jugé crucial de remettre la question palestinienne à l’ordre du jour.  Préoccupé par l’escalade de la violence à Gaza, il a rappelé que le meurtre de civils non armés violait tous les principes de droit international et la dignité humaine.  À titre d’exemple positif, il a cité la résolution 2334 (2016) du Conseil qui réaffirme l’illégalité des colonies de peuplement juives dans le Territoire palestinien occupé.  À cet égard, M. Djani a prié les États de s’abstenir de toute provocation ou déclaration contraire aux résolutions du Conseil relatives au statut de Jérusalem. 

Abordant le conflit syrien, M. Djani a appelé toutes les parties à respecter le droit international et à garantir la sécurité des civils.  Il a plaidé pour une solution qui respecte la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie.  La communauté internationale, a-t-il ajouté, doit continuer de faire pression pour la cessation des hostilités et un accès humanitaire sans entrave.

M. ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a condamné « l’agression criminelle » perpétrée par l’armée israélienne contre la population de Gaza, le 30 mars dernier.  Cet acte brutal, d’une violence disproportionnée, a-t-elle dit, n’a eu pour effet que de saper les efforts de paix dans la région.  La représentante a jugé particulièrement regrettable que le Conseil de sécurité, « en raison de l’obstruction de l’un de ses membres », n’ait pas été en mesure de condamner cet acte ou encore de protéger les Palestiniens, alors même qu’une action urgente de la communauté internationale s’impose.   La représentante a également appelé Israël à mettre immédiatement un terme à son occupation des territoires palestiniens et à ces pratiques de colonisation « agressives ».

En outre, Mme Rodríguez Camejo a rappelé que son pays défendait une solution au conflit juste, sur la base du principe des deux États et des frontières d’avant 1967.  Elle s’est ainsi opposée à la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem en tant que capitale d’Israël, une décision qui vise, selon elle, à modifier le statut historique de la ville et à saper les efforts de paix, au mépris de la Charte des Nations Unies et du droit international.

Par ailleurs, la représentante a condamné l’attaque perpétrée le 13 avril dernier par les États-Unis et leurs alliés contre des installations militaires et civiles en République arabe syrienne, sous prétexte de l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien, et ce, avant même que l’enquête en cours ne fournisse ses conclusions.  À ses yeux, cette attaque unilatérale constitue une nouvelle violation flagrante des principes de la Charte des Nations Unies et du droit international. 

Enfin, la représentante a appelé Israël à restituer le Golan arabe syrien occupé, condamnant toute tentative israélienne de remettre en cause le statut de ce territoire.

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) a souligné l’importance de ce débat compte tenu de l’évolution constante de la dynamique politique et de la situation sur le terrain.  La poursuite de la violence laisse présager de graves conséquences sur la paix et la sécurité internationales, s’est-elle inquiétée.

La paix au Moyen-Orient ne peut se faire sans une solution viable à la question israélo-palestinienne, a insisté Mme Zahir.  Les Maldives, qui ont toujours cherché à trouver des solutions innovantes et pacifiques en prônant le dialogue, ont ainsi apporté leur soutien à l’appel lancé au Conseil de sécurité en février dernier par le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, pour la tenue d’une conférence internationale de paix visant à relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens.  La représentante a encouragé Israël à s’y engager de bonne foi.

Il faut, en outre, encourager l’action sur le terrain pour réduire les souffrances des populations, a poursuivi Mme Zahir, qui a fait part de sa préoccupation face au déficit financier de l’UNRWA et a exhorté les États Membres à se pencher sur la question.  Réitérant son appui à la solution des deux États, la représentante a appelé le Conseil de sécurité à adopter des mesures concrètes pour honorer son mandat.  Elle a conclu en préconisant à la communauté internationale de travailler à l’unisson pour trouver des solutions pertinentes et se concentrer sur la pérennisation de la paix.

M. CARMELO INGUANEZ (Malte) s’est dit convaincu que la communauté internationale devait sauvegarder la solution des deux États.  À cet égard, il a jugé important de maintenir un consensus international sur la question du statut final de Jérusalem.  En outre, Malte s’oppose aux activités de peuplement illégales qui sont un obstacle à la paix.  M. Inguanez a également condamné tous les actes de violence commis par toutes les parties, en particulier contre des civils et des mineurs, et a appelé au respect de la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Pour le représentant, la réconciliation intrapalestinienne est un élément clef pour réaliser la solution des deux États et améliorer la situation humanitaire à Gaza.  Il a salué en ce sens le rôle de médiation joué par l’Égypte et a plaidé pour mettre fin au blocus.  Par ailleurs, M. Inguanez a mis l’accent sur la reprise du dialogue intersyrien sous l’égide de l’ONU, à Genève, comme cela a été souligné hier à la Conférence de Bruxelles sur le financement de l’aide humanitaire à la Syrie.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) s’est alarmé de la situation en Palestine et a estimé que les efforts internationaux devaient se poursuivre sur une voie qui permette la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens.  Il a insisté sur la pertinence de la diplomatie multilatérale et a souligné qu’une approche multilatérale était le seul moyen de répondre à ce « dilemme ».  Il a appelé au plein respect des résolutions sur la question israélo-palestinienne et a encouragé Israël à prendre des mesures concrètes pour geler ses activités de peuplement dans les territoires occupés.  Les dirigeants palestiniens doivent quant à eux démontrer leur volonté de retourner à la table des négociations, notamment en renforçant leurs efforts pour forger une unité et traiter du militantisme.  Il ne fait aucun doute que la violence et les actions unilatérales ne permettront pas de résoudre ce vieux conflit, a-t-il souligné.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO, Vice-Présidente du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que le mois écoulé était venu rappeler la raison pour laquelle le conflit israélo-palestinien doit demeurer une priorité du Conseil de sécurité.  Lors des récentes manifestations de civils palestiniens, a-t-elle déploré, 37 manifestants ont été tués et plus 4 900 autres blessés en raison de l’usage excessif de la force par Israël, notamment pour disperser la manifestation de la « grande marche du retour » le long de la clôture frontalière entre Gaza et Israël.  Elle a réclamé une enquête indépendante et transparente sur ces incidents.  Elle a aussi condamné l’attaque perpétrée le 13 mars contre le convoi du Premier Ministre palestinien et a appelé les parties palestiniennes à œuvrer en faveur de l’unité.

La Vice-Présidente du Comité a ensuite invité les États Membres à participer, les 17 et 18 mai, à New York, à un forum intitulé « 70 ans après 1948 - les enseignements nécessaires pour une paix durable ».

Mme Rubiales de Chamorro a par ailleurs engagé les donateurs à intervenir promptement pour appuyer les activités de l’UNRWA, notamment face à l’aggravation de la situation humanitaire dans la bande de Gaza.  Elle a regretté qu’Israël ait décidé de poursuivre la construction de colonies de peuplement et encouragé à suivre l’exemple du Parlement danois et de la Commission européenne qui, a-t-elle expliqué, ont décidé de faire une distinction entre le territoire d’Israël et les territoires occupés depuis 1967.

Enfin, la Vice-Présidente du Comité a averti que la décision unilatérale de certains États de relocaliser leur ambassade à Jérusalem était en train de faire reculer de manière irréversible les perspectives de paix et d’une solution des deux États.  Elle a appuyé l’initiative de paix présentée par le Président Mahmoud Abbas.

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a blâmé la défiance d’Israël pour l’absence de solution au conflit israélo-palestinien.  Il a condamné l’usage excessif de la force par Israël dans sa réponse aux manifestants palestiniens impliqués dans la « grande marche du retour » à Gaza.  Rappelant qu’il appartient à tous les États Membres des Nations Unies de trouver une solution juste et pacifique au conflit, le représentant s’est dit très préoccupé par la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et de transférer leur ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.  Non seulement cette décision sape les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, mais elle risque de conforter Israël dans son occupation brutale, a-t-il estimé.  Pour sa part, la Malaisie continuera d’assister le peuple palestinien et les réfugiés palestiniens, notamment via l’UNRWA.

Par ailleurs, M. Mayong Onon s’est inquiété de la situation humanitaire en Syrie et a appelé toutes les parties au conflit à respecter leurs obligations au regard du droit international humanitaire.  Il a répété qu’il n’y avait pas de solution militaire au conflit syrien et a condamné fermement l’usage d’armes chimiques par quelque partie que ce soit.     

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a estimé que la désescalade des tensions sur le terrain constituait un prérequis pour la reprise des négociations.  À ce titre, elle a appelé toutes les parties à respecter le droit international, à faire preuve de retenue et à s’abstenir de tout acte de provocation.  La représentante a également appelé Israël à mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens, au blocus de Gaza, ainsi qu’à sa politique de colonisation des territoires palestiniens.  Elle a en outre réaffirmé son appui sans réserve à la volonté légitime des Palestiniens de pouvoir jouir d’un État à part entière et à leur droit à l’autodétermination.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a rappelé que le droit des Palestiniens à créer un État indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, est inaliénable en vertu du droit international.  Ce droit n’a pas expiré, même s’il est difficile de le réaliser sans lutter contre les causes profondes du problème, à savoir l’occupation, a poursuivi le représentant.

Pour M. Edrees, les Palestiniens sont victimes d’une occupation continue et chaque parcelle de leur terre a été expropriée.  C’est un peuple qui souffre de l’apartheid, a-t-il affirmé en évoquant le mur de séparation et la situation à Gaza.  Le représentant a appelé à concrétiser la solution des deux États, afin que les deux peuples puissent vivre dans la paix et la sécurité et que les Palestiniens soient traités sur un pied d’égalité par rapport aux autres peuples du monde.  Il a mis en garde contre les conséquences de cette question, dont les dimensions dépassent la région.  S’élevant contre l’arbitraire, il a affirmé que vivre en paix et en sécurité est un droit pour toutes les personnes qui vivent dans la région, y compris pour les Palestiniens.

M. EINAR GUNNARSSON (Islande) a affirmé que l’emploi d’armes chimiques par le Gouvernement syrien était bien étayé, tout en reconnaissant que l’enquête sur les « informations choquantes » venant de Douma devait encore aboutir.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à faire preuve d’unité sur cette question, dans l’intérêt des Syriens mais aussi pour « sauver » le régime international de non-prolifération.  L’Assemblée générale se retrouve encore une fois à devoir trouver des alternatives à l’action du Conseil de sécurité, a-t-il déploré.

Le représentant a indiqué que l’Islande avait augmenté ses contributions en appui à l’aide humanitaire en Syrie, et que celles-ci devraient atteindre 9 millions de dollars pour la période 2017-2020.  Il a ensuite engagé le Gouvernement syrien et ses alliés à démontrer leur réel engagement en faveur d’un règlement politique négocié.

Au sujet du Yémen, M. Gunnarsson a souligné que la recherche d’une solution politique devait se faire sans exclusive, notamment en ce qui concerne les femmes, engageant par ailleurs les acteurs externes à ne pas saboter les pourparlers dans « l’espoir erroné » d’obtenir d’un avantage militaire.

M. MOHAMED SAHIB MAJEED (Iraq), au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a noté la tension grandissante à Gaza et déploré les tirs à balles réelles de l’armée israélienne sur des manifestants qui protestaient contre l’injustice de l’occupation.  Le Conseil doit prendre des mesures rapides afin de remédier à cette situation, a-t-il demandé.  Le représentant a ensuite réclamé la levée du blocus qui frappe Gaza et a appelé les parties à œuvrer pour empêcher toute escalade.  Pour M. Majeed, les actions illicites d’Israël risquent d’alimenter la radicalisation dans la région.  Il a condamné la poursuite des colonies de peuplement israéliennes, ajoutant que la communauté internationale devait assumer ses responsabilités et faire en sorte que les résolutions onusiennes soient appliquées.  Le Conseil doit veiller à maintenir la solution des deux États, a-t-il encore affirmé, avant de conclure en insistant sur la nécessité d’un financement pérenne de l’UNRWA.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a déclaré qu’il fallait unir les efforts pour relever les défis au Moyen-Orient.  Hélas, les divisions au sein du Conseil de sécurité et son inaptitude à régler le conflit israélo-palestinien ne font que renforcer l’instabilité dans la région et saper les possibilités de règlement, a-t-elle déploré, et ce, alors que l’élimination totale des groupes terroristes doit passer par une vision commune.  Compte tenu de la centralité de la question palestinienne, la représentant a exhorté la communauté internationale à donner la priorité à une solution globale.  « Des solutions temporaires et morcelées ne suffiront plus », a-t-elle averti.

Le peuple palestinien continue de pâtir de l’occupation et de violations systématiques de ses droits, ce qui met en danger les perspectives d’une paix durable, a résumé Mme Bahous.  Elle a appelé de ses vœux un consensus international pour mettre un terme au conflit, sur la base d’une solution des deux États.  La paix est une valeur à laquelle nous n’avons cessé de nous attacher lors des sommets arabes, présidés par la Jordanie, l’année dernière, et par l’Arabie saoudite, cette année, a précisé la représentante.  Elle a aussi souligné l’importance d’une mise en œuvre effective des résolutions du Conseil de sécurité, en particulier de la résolution 2334 (2016) qui condamne les colonies illégales de peuplement israéliennes.

Mme Bahous a condamné les attaques illégales d’Israël contre le territoire palestinien et notamment les violations de la mosquée Al-Aqsa « au mépris des sentiments des musulmans ».  Évoquant le statut juridique de Jérusalem-Est, elle a estimé que « Jérusalem est la clef de la paix dans la région » et rappelé l’importance de la ville pour les trois grandes religions monothéistes.  Elle a dénoncé les violences commises contre des civils dans la bande de Gaza, les manifestations pacifiques constituant un droit des Palestiniens.  Enfin, elle a appuyé la demande de l’État de Palestine pour obtenir un statut de membre à part entière à l’ONU et appelé la communauté internationale à venir en aide aux réfugiés palestiniens et à fournir un soutien financier à l’UNRWA.

Le conflit Syrien ne pourra être réglé que par le biais d’une solution politique, a encore déclaré Mme Bahous, qui a rappelé le soutien de la Jordanie en appuyant les pourparlers de Genève sous les auspices de l’ONU.  Elle a dit craindre que les combats actuels jouent en faveur des groupes extrémistes.  Enfin, elle a condamné l’emploi d’armes chimiques par qui que ce soit et souligné la nécessité de mener une enquête internationale à ce sujet.  

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a demandé une intensification des efforts internationaux en vue de régler la situation au Moyen-Orient et a souligné la légitimité des revendications des Palestiniens.  « La solution des deux États est la seule possible », a-t-il affirmé, ajoutant que le statut de Jérusalem serait réglé lors des négociations.

Par ailleurs, le Bahreïn entend jouer tout son rôle pour protéger la légitimité au Yémen face aux milices putschistes qui menacent la sécurité des civils.  Le représentant a dénoncé les tirs de ces milices, appuyées par l’Iran, contre l’Arabie saoudite.  Enfin, il a demandé pour la Syrie une solution politique basée sur le Communiqué de Genève.

M. TAREQ MD. ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a appuyé le plan de paix présenté par le Président de l’État de Palestine au Conseil de sécurité, le 20 février dernier.  Il a exhorté toutes les parties concernées à donner à ce plan l’attention qu’il mérite, le statu quo sur la question de Palestine n’étant pas acceptable.  Après les manifestations et la violence à Gaza, le représentant a prié le Conseil de prendre fermement position contre le meurtre de civils palestiniens innocents et appuyé l’appel du Secrétaire général pour une enquête indépendante et transparente.  Il a demandé à Israël, Puissance occupante, de se conformer à ses obligations au regard du droit international humanitaire et des résolutions pertinentes du Conseil.

Le Bangladesh insiste sur la levée du blocus israélien de la bande de Gaza, a poursuivi M. Islam.  Les provocations vis-à-vis de Jérusalem-Est occupée et de la mosquée Al-Aqsa doivent cesser.  Le représentant s’est aussi dit préoccupé par la non-application de la résolution 2234 (2016) du Conseil sur les colonies de peuplement israéliennes.  Il a enfin insisté sur l’importance d’un financement durable de l’UNWRA.   

Reprenant la parole, le représentant de l’Iran a déploré certaines interventions « iranophobes » proférées ce jour.  Certaines délégations ont besoin de créer un ennemi imaginaire pour vendre leurs armes ou encore pour perpétuer l’occupation grâce à ces armes, a-t-il dit.  Le représentant a dénoncé les politiques agressives du « régime israélien », avant d’ajouter que la présence « consultative » de l’Iran en Syrie avait été sollicitée par ce pays pour lutter contre le terrorisme et était donc légale.  Il a rejeté catégoriquement les allégations d’Israël, ainsi que son cynisme.

Le représentant a en outre dénoncé les propos de son homologue saoudien, avant de mentionner l’agression wahhabite au Yémen.  Il a enfin dénoncé les ventes, par les États-Unis, d’armes destinées au Yémen, avant de condamner les crimes contre l’humanité commis par la coalition internationale au Yémen.

La représentante d’Israël a tenu à répondre à diverses interventions.  Arguant que les manifestations palestiniennes à Gaza ne sont pas entièrement pacifiques, elle a mentionné le lancement de cocktails Molotov et le tir de roquettes.  Elle a ensuite reproché à la délégation de la Bolivie, une délégation qui n’a jamais contacté celle d’Israël depuis qu’elle siège au Conseil de sécurité, d’avoir prononcé « une déclaration incorrecte ».  Elle a estimé que le Hezbollah jouait un rôle important au sein du Gouvernement libanais et que celui-ci discriminait systématiquement les Libanais d’origine palestinienne.  Enfin, Mme Meitzad a accusé l’Iran d’être « l’un des parrains principaux du terrorisme dans le monde », et d’alimenter des conflits en Syrie, en Iraq, au Yémen et ailleurs.

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