Débat de haut niveau à l’Assemblée générale: les délégations s’expriment sur les réformes envisagées pour la consolidation et la pérennisation de la paix
L’Assemblée générale a poursuivi aujourd’hui son débat de haut niveau sur la consolidation et la pérennisation de la paix. L’occasion pour les délégations d’apporter leur soutien aux initiatives engagées par le Secrétaire général, M. António Guterres, pour fluidifier le fonctionnement interne de l’Organisation à la faveur de l’efficacité de ses travaux dans ce domaine et pour développer davantage sa coopération fructueuse avec les acteurs extérieurs (organisations régionales, société civile, secteur privé). Les États Membres ont reconnu le rôle irremplaçable de l’ONU, qui plus est à un « moment charnière » où l’Organisation est appelée à restructurer ses trois piliers -paix et sécurité, droits de l’homme, développement– pour gagner en efficacité et pour inclure toutes les parties prenantes.
Dans leur ensemble, la soixantaine de délégations qui se sont exprimées ont apprécié le rôle primordial de l’ONU. Celle de Chypre, qui s’est déclarée déterminée à trouver une solution à la question de la partition de l’île, a rappelé que les Nations Unies restaient « le seul forum » dans lequel une solution à l’amiable pouvait être discutée pour réunir les deux côtés de l’île. Néanmoins, beaucoup d’intervenants ont insisté pour dire que la consolidation de la paix demeurait sous la responsabilité de chaque gouvernement: la Libye a ainsi récusé toute ingérence dans les affaires internes des États. Le Mexique a dit s’attendre à ce que le concept de pérennisation de la paix continue d’être appliqué par les États dans le respect du principe de l’appropriation nationale.
Autre constat, l’approche multilatérale pour résoudre un conflit semble remporter le plus d’adhésion parmi les États Membres. Elle a été plébiscitée lors de cette seconde journée de débat: le Chili a ainsi appelé à « renforcer le multilatéralisme afin d’apporter des réponses plus cohérentes aux problèmes mondiaux ». Cette approche a pour avantage de mieux faire porter la voix des pays de stature modeste, a souligné le Yémen, pour qui la diplomatie multilatérale « a prouvé sa capacité à sauvegarder les intérêts des pays, y compris les plus petits ». Cuba, elle, a soutenu que « parvenir à une paix pérenne dépendra d’un contexte international favorable reposant sur le respect du multilatéralisme, le respect de la Charte des Nations Unies et la coopération entre pays ».
Cohérence, approche holistique ont aussi été des éléments de langage très entendus à la tribune. Il s’agit, pour les États Membres, d’imprimer leur volonté d’un dialogue renforcé sur deux plans: à l’intérieur de l’Organisation (entre ses différents organes et commissions), et vers l’extérieur. L’Italie a parfaitement résumé ce souhait de « développer des synergies entre les niveaux international, national, régional ou sous-régional, les institutions financières internationales, la société civile, les organisations de femmes, de jeunes, et le secteur privé ». La Jamaïque a jugé important de renforcer la cohérence à tous les niveaux et entre toutes les parties prenantes, tandis que le Pakistan jugeait « vital de favoriser une meilleure cohérence et synergie à travers le système des Nations Unies ainsi que l’amélioration des capacités du Bureau d’appui à la consolidation de la paix ».
La question essentielle du financement a aussi été abordée, en particulier pour le Fonds pour la consolidation de la paix. Le Libéria a soutenu qu’un financement adéquat serait un investissement avisé de la part des États Membres, après avoir rappelé que selon la Banque mondiale, la prévention d’un conflit dans un pays donné permettrait d’économiser entre 5 et 70 milliards de dollars pour le pays et la communauté internationale dans son ensemble. Ainsi, « au lieu d’investir dans des munitions et des tanks, nous investirions dans des écoles, des hôpitaux, des routes », a fait remarquer le Libéria.
Plusieurs pays, comme la Norvège ou l’Italie, se sont félicités d’avoir augmenté leur contribution à ce fonds, invitant les autres États Membres à faire de même. De son côté, le Honduras a salué le feu vert donné à la création, par le biais du Fonds, d’un projet trinational visant à renforcer la résilience et la cohésion entre le Guatemala, le Honduras et El Salvador, tandis que le Tchad a salué le « précieux accompagnement » apporté à son pays par le Fonds et le Bureau d’appui, ainsi que son travail de financement des communautés locales impliquées dans des activités de prévention et de médiation.
De nombreuses délégations ont aussi insisté sur les droits de l’homme, comme la Finlande, ou encore le Danemark, qui a plaidé pour que les questions de droits de l’homme figurent au cœur du maintien de la paix de l’ONU. Candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021, il a remarqué que les violations de ces droits étaient souvent les indicateurs d’un conflit potentiel. Faisant écho à ces arguments, le Liechtenstein a mis en évidence le lien entre paix, justice et institutions efficaces, l’objet précisément de l’objectif 16 du Programme 2030.
La discussion a également tourné autour du troisième pilier de l’action de l’ONU: le développement. « Sans développement durable, pas de paix durable », a martelé le représentant du Cambodge à l’instar de ses collègues soucieux de ne laisser personne de côté.
Thème transversal de cette réunion, la question de l’inclusion a été abordée avec plusieurs exemples concrets, saillants et encourageants. Le Népal s’est notamment félicité que malgré des catastrophes naturelles et des crises socioéconomiques ayant secoué le pays ces dernières années, le pays a adopté en 2015 une constitution inspirée de la Déclaration universelle des droits de l’homme et a démocratiquement élu un corps politique profondément diversifié, composé de 41% de femmes.
L’Assemblée générale poursuivra et achèvera cette réunion de haut niveau demain, jeudi 26 avril, à partir de 10 heures.
SUITE DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA CONSOLIDATION ET LA PÉRENNISATION DE LA PAIX (A/72/L.49)
Déclarations
Au nom du Réseau Sécurité humaine, M. MELITÓN ALEJANDRO ARROCHA RUÍZ (Panama) a plaidé pour le concept de sécurité humaine qui préconise une approche holistique centrée sur l’élément humain pour répondre aux défis multidimensionnels relatifs à la paix et à la sécurité, le développement et les droits de l’homme. Il s’est dit convaincu que l’approche basée sur la sécurité humaine est indispensable pour créer des synergies entre les piliers du système des Nations Unies et pour une réponse plus intégrée, stratégique et cohérente du système des Nations Unies vers une paix et un développement durables. Bien que nous soyons encouragés par les discussions autour de la prévention et de la pérennisation de la paix, le Réseau demeure préoccupé, a-t-il dit, par le niveau inacceptable des souffrances humaines résultant de la recrudescence des conflits violents ces dernières années. Des violences, a-t-il détaillé, plus complexes et difficiles et qui affectent les populations et débordent au-delà des frontières. À cet égard, a-t-il argué, se concentrer sur l’approche de sécurité humaine peut être particulièrement utile à travers, notamment, le soutien apporté aux gouvernements et au système des Nations Unies dans la conception et la mise en œuvre de politiques et stratégies qui traitent des causes profondes des conflits.
M. JONAS BERING LIISBERG, Secrétaire d’État auprès du Ministère des affaires étrangères du Danemark, a vu dans le concept de pérennisation de la paix un cadre précieux pour l’ensemble des trois piliers de l’ONU, notant toutefois que pour en faire une réalité, une action audacieuse s’impose. Il a appelé les États Membres à investir davantage dans le cadre multilatéral en faveur de la paix et de la sécurité. En la matière, le Danemark, a-t-il indiqué, met l’accent, dans le cadre de sa stratégie humanitaire et de développement, sur la promotion de la stabilité et l’appui des plus vulnérables en situation fragile. Un accent important est également placé sur la création de liens plus étroits entre les efforts de développement, humanitaires et en faveur de la paix.
M. Bering Liisberg a en outre constaté que les violations des droits de l’homme sont souvent les indicateurs d’un conflit potentiel et a mis en garde contre le risque d’échec des efforts de pérennisation de la paix si on ne met pas l’accent sur les droits de l’homme et les valeurs qui figurent au cœur de l’Organisation. En tant que candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021, a-t-il ajouté, le Danemark continuera de plaider pour que les questions de droits de l’homme figurent au cœur du maintien de la paix de l’ONU.
Mme ANNE SIPILAINEN, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Finlande, a promis au Secrétaire général tout l’appui de son pays pour rendre l’ONU capable de répondre de manière plus intégrée à des situations de conflit souvent complexes. Le concept plus large de pérennisation de la paix est, selon la Finlande, un bon cadre pour surmonter les silos. L’ONU doit faire plus pour mieux intégrer l’approche de la prévention et, pour la Finlande, le cadre international des droits de l’homme offre une base essentielle à la pérennisation de la paix. Les perspectives d’une paix durable, d’un développement durable et de sociétés prospères seront bien meilleures si nous accordons l’attention requise à l’inclusion, a insisté la Sous-Secrétaire d’État. L’approche inclusive de la consolidation de la paix est nécessaire pour parvenir à des résultats permanents et la pérennisation de la paix exige l’implication de tous les acteurs de la société, dont les jeunes, les femmes et la société civile.
Il faut, a insisté la Sous-Secrétaire d’État, intégrer la perspective genre dans tous les piliers du travail de l’ONU et renforcer la protection des femmes et des filles. La Finlande a d’ailleurs lancé son troisième plan national d’action sur les femmes, la paix et la sécurité qui incorpore de nouveaux aspects de la sécurité humaine liés à la situation des migrants et des réfugiés, au contrôle des armes, au désarmement, à la non-prolifération et à l’extrémisme violent. Le plan part du postulat que les processus plus inclusifs contribuent à une paix plus durable. La prévention et la médiation sont des outils « très rentables » auxquels l’ONU devrait recourir plus systématiquement. Le renforcement de la médiation a toujours été l’une des priorités de la Finlande aux Nations Unies, a souligné la Sous-Secrétaire d’État.
M. JUAN JOSÉ IGNACIO GÓMEZ CAMACHO (Mexique), s’exprimant au nom du Groupe des Amis de la pérennisation de la paix, a précisé que ce groupe, composé de 40 États Membres, se concentrait sur le renforcement du dialogue et de la pérennisation de la paix, en tant qu’objectif et processus. Il s’est formé à la suite de l’adoption des résolutions identiques adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité il y a deux ans après l’examen de l’architecture de consolidation de la paix. En deux ans, des progrès ont été enregistrés pour une approche plus inclusive et intégrée en ce domaine, notamment pour examiner les causes sous-jacentes des conflits, au lieu de se contenter de répondre aux crises, a précisé le représentant.
M. Gómez Camacho a dit s’attendre à ce que le concept de pérennisation de la paix continue d’être appliqué par les États dans le respect du principe de l’appropriation nationale. Il a reconnu qu’il fallait faire davantage pour améliorer la cohérence du système des Nations Unies, les capacités de prévention des conflits, l’attention portée au terrain, l’utilisation des partenariats et la réalisation d’un financement durable. Il a vu dans l’adoption d’une nouvelle résolution sur la consolidation et la pérennisation de la paix le reflet de l’engagement des États Membres, jusqu’au prochain examen du dispositif en 2020.
M. LEWIS GARSEEDAH BROWN II (Libéria) a indiqué que la prévention d’un conflit dans un pays donné permet, selon la Banque mondiale, d’économiser entre 5 et 70 milliards de dollars pour le pays et la communauté internationale dans son ensemble. C’est pourquoi il a déploré la raréfaction des engagements financiers en faveur des efforts de consolidation de la paix et appelé les États Membres à renflouer le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix. Il a aussi exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts des pays hôtes pour bâtir une paix durable. « Lorsque la pérennisation de la paix est le but à atteindre, aucun mur n’est assez solide pour nous séparer », a-t-il affirmé.
Le délégué a ensuite rendu hommage à la résilience de son peuple après le conflit qui a déchiré le Libéria, avant d’imaginer « ce que nous pourrions faire, si au lieu d’investir dans des munitions et des tanks, nous investissions dans des écoles, des hôpitaux, des routes ». « Nous engager dans la voie de la prévention des conflits et de la pérennisation de la paix nous donne la chance de rehausser notre humanité et d’altérer la trajectoire contemporaine faite de peur et de guerre ». En conclusion, M. Brown a indiqué que c’est la voie dans laquelle le Libéria s’est résolument engagé, avant d’exhorter la communauté internationale à appuyer son pays.
Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a d’abord préconisé pour l’Organisation un « retour à l’essentiel » et aux principes fondateurs de la Charte des Nations Unies pour « sauver les générations futures du fléau de la guerre ». Soutenant l’initiative du Secrétaire général et sa volonté de concentrer les efforts de l’ONU sur la prévention des conflits, elle a pris pour exemple la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) déployée dans le sud du Liban. Néanmoins, elle a aussi remarqué que la racine des conflits, en l’occurrence « l’occupation, les inégalités et l’exclusion », devaient être traitées en amont pour obtenir une paix durable. Elle a aussi mis en avant la stratégie de prévention nationale de l’extrémisme violent adoptée par le Gouvernement libanais, avant de souligner l’importance de l’éducation et de se féliciter de mesures économiques prises par le Liban pour créer des emplois pour les jeunes « et leur donner espoir pour le futur ». La représentante a enfin attiré l’attention sur l’initiative proposée par le Président Michel Aoun de donner au Liban un statut de centre permanent pour le dialogue entre les civilisations et les religions, sous les auspices des Nations unies.
M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a insisté sur l’importance de la diplomatie préventive, ainsi que sur les efforts de médiation initiés par l’ONU, de même que sur les liens entre paix, sécurité et développement. Il a appelé l’ONU à adopter des solutions novatrices pour répondre aux défis d’une époque en évolution constante et rapide, récusant toutefois toute ingérence dans les affaires internes des États. Il a aussi jugé la responsabilisation difficile avec les mécanismes actuels de nomination des responsables de l’ONU, avant de plaider pour une meilleure distribution géographique et égalité entre les sexes dans les cadres de l’Organisation. Le représentant a ensuite appuyé les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales. Il a aussi appelé à intégrer les femmes et les jeunes aux efforts de consolidation et de pérennisation de la paix.
Pour ce qui est des prochains rapports, il a souhaité qu’ils portent également sur le rôle des médias et leur capacité à intervenir auprès du public. Inquiet du rôle négatif joué par les médias dans l’évolution de certains conflits, il a réclamé la création d’un mécanisme pour combattre les rhétoriques haineuses, notant que de nombreux groupes terroristes utilisent les médias et les réseaux sociaux pour diffuser leur message de haine. Il importe aussi de cibler les organisations caritatives qui permettent de financer les activités de ces groupes, a-t-il ajouté.
Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba), qui a déclaré adopter la position du Venezuela au nom des pays des non alignés, a aussi épousé l’avis des autres États Membres quant à la nécessaire augmentation des fonds alloués au maintien de la paix. « Parvenir à une paix durable et pérenne dépendra d’un contexte international favorable reposant sur le respect du multilatéralisme, le respect de la Charte des Nations Unies et la coopération entre pays. » Plaidant pour un ordre international « plus juste et équitable », elle a assuré que les efforts pour pérenniser la paix seront vains si régnait la règle du « deux poids, deux mesures, le recours à la force ou à la coercition contre des États souverains ». La représentante a aussi observé des « problèmes sociaux complexes » dans certains États, des « modes de production irrationnels, l’exploitation et le pillage ». À cet égard, le Gouvernement cubain souscrit aux objectifs du Programme 2030, a-t-elle dit en souhaitant que l’ONU soit prête à accompagner les États Membres dans leurs efforts.
Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) s’est inquiétée du fait que les dépenses en armement ont atteint des sommets inégalés depuis la guerre froide, notant par ailleurs que la pérennisation de la paix par le bais de la lutte contre la pauvreté permettra de réaliser de nombreux objectifs du Programme 2030. Elle a appelé à appuyer le Bureau d’appui à la consolidation de la paix avant d’insister sur l’importance de l’appropriation nationale et sur le financement des projets élaborés au sein des pays.
La représentante est ensuite revenue sur l’adoption de la résolution 2250 (2015) sur les jeunes, la paix et la sécurité, qui avait été portée par le Jordanie au Conseil de sécurité. Elle a aussi insisté sur le rôle des femmes au sein des opérations de maintien de la paix et a appelé à lever les obstacles qui entravent la participation des femmes aux processus de paix. Elle a également invité à préserver le dialogue entre les différentes confessions, évoquant les efforts lancés par la Jordanie à cette fin. La représentante a enfin attiré l’attention sur la question palestinienne dont la résolution est fondamentale pour sa région, plaidant pour la solution des deux États. Une solution politique à la crise syrienne s’impose également, a-t-elle ajouté sans oublier de rappeler que son pays accueille actuellement le plus grand nombre de réfugiés au monde, avec le poids financier qui en résulte.
M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a insisté sur trois points importants visant à une approche plus coordonnée de l’action des Nations Unies pour la réalisation des objectifs contenus dans la Charte. Le premier point est au cœur du programme de consolidation et de pérennisation de la paix, a dit le délégué pour qui, « il n’y a pas une approche uniforme ». En effet, a-t-il poursuivi, l’ONU obtient de meilleurs résultats en soutenant les gouvernements dans la réalisation de leurs objectifs prioritaires nationaux. L’exemple de son pays est riche en enseignements à cet égard, a-t-il fait observer, rappelant que Singapour a œuvré de concert avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour la promotion de son économie et l’édification d’un service public basé sur la bonne gouvernance et de solides institutions.
M. Gafoor croit également, et c’est son deuxième point, au rôle des organisations régionales pour favoriser la paix et le développement. Il a cité, dans ce contexte l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et son action majeure dans la promotion de la paix et la stabilité dans la région. Il a, dans un troisième point, souligné le soutien de son pays aux objectifs du Secrétaire général pour l’édification d’une ONU robuste qui puisse ainsi mettre en œuvre ses mandats de manière efficace, y compris en matière de pérennisation de la paix. Et de conclure sur la nécessité pour les États Membres de donner effet aux obligations de la Charte en fournissant à l’ONU les moyens et outils pour accomplir son action.
M. MA ZHAOXU (Chine)a souligné que la consolidation et la pérennisation de la paix doivent respecter la souveraineté des États, et tenir notamment compte des différents niveaux de développement de chacun. Il a aussi appelé à renforcer les capacités nationales tout en privilégiant la transition vers la reconstruction. Le représentant a ensuite recommandé d’éliminer les causes des conflits moyennant un cadre de gouvernance internationale basé sur le Programme 2030. En outre, les partenariats pour le développement doivent être renforcés et les États doivent s’acquitter de leurs engagements en la matière. Il a aussi appelé à renforcer les capacités d’intégration de l’ONU ainsi que les partenariats avec les organisations régionales. Il faut dégager des synergies et créer des mandats communs, a-t-il souligné, et un appui à l’Union africaine s’impose également. Enfin, il a appelé les institutions financières internationales à garantir le développement socioéconomique des pays.
M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a appelé à faire mieux pour le peuple syrien, les Rohingya et les communautés d’Iraq et d’Afghanistan. Il a aussi dénoncé les incursions de la Russie en Crimée et en Géorgie, déplorant que cela ait généré une instabilité accrue. Le représentant a estimé que le système des coordonnateurs résidents pourrait jouer un plus grand rôle dans la pérennisation de la paix en permettant à l’ONU de tenir davantage compte de l’analyse des risques du conflit dans leurs efforts de développement. Il a également plaidé pour une pleine participation des femmes à la pérennisation de la paix souhaitant même qu’elles y jouent un rôle central. Il s’est félicité d’ailleurs que le Fonds pour la consolidation de la paix ait dépassé l’objectif de 15% pour les projets d’autonomisation des femmes, avant de saluer la décision de porter l’objectif à 30% dans le cadre du nouveau plan d’activité du Secrétaire général.
Le représentant a ensuite souligné l’importance de la planification et de la bonne exécution des transitions et des retraits des missions, pour protéger les progrès et les investissements en faveur de la stabilité. Ces transitions, a-t-il recommandé, doivent viser sciemment à favoriser la stabilité à long terme et à garantir un transfert efficace des responsabilités entre les institutions onusiennes chargées de la paix et de la stabilité et celles du système de développement. Enfin, il a jugé crucial d’assurer un financement prévisible et durable pour la prévention et la consolidation de la paix, notamment en assurant une meilleure coordination entre les contributeurs. Il a aussi noté que les donateurs ont un rôle important à jouer pour remédier à la fragmentation du financement.
Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque), dont le pays met en œuvre un plan national de développement, a considéré que la consolidation et la pérennisation de la paix s’inscrivent à long terme dans les objectifs de développement durable. Elle a également jugé important de renforcer la cohérence à tous les niveaux et entre toutes les parties prenantes. L’ONU doit se mobiliser pour faire en sorte que la paix ne soit pas seulement maintenue et restaurée mais également « cultivée », a-t-elle plaidé. Dans la réponse à apporter aux causes sous-jacentes des conflits, Mme Mills a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire et de l’interaction avec les organisations régionales et sous-régionales. Elle a encouragé la participation des femmes et des jeunes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Pour sa part, la Jamaïque a contribué à cet effort en participant à diverses opérations de maintien de la paix à travers le monde.
M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a vu l’approche commune et globale en réponse aux défis émergents et non traditionnels comme « une nouvelle époque ». Mettant l’accent sur la nécessité d’unifier le concept de pérennisation de la paix entre tous les États, il a aussi nuancé cette tendance en défendant la prise en compte de la spécificité de chaque conflit. « Il n’existe pas de solution unique », a-t-il expliqué. Pour un règlement durable, il a aussi jugé indispensable de traiter les causes profondes, sociales, politiques et géostratégiques. Souhaitant que l’ONU accompagne davantage les efforts des États sortis d’un conflit violent, le représentant a défendu le concept de réconciliation globale et collective, ainsi que la participation de la société civile dans le processus de reconstruction, notamment les femmes et les jeunes. Évoquant la situation au Sahel, le délégué a soutenu que les efforts de partenariat entre les organisations régionales comme la Ligue des États arabes et l’Union africaine étaient essentiels.
M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a salué les propositions budgétaires présentées par le Secrétaire général dans son rapport. Les approches novatrices dans ce domaine méritent d’être examinées, notamment en ce qui concerne la mobilisation de fonds auprès du secteur privé, a-t-il estimé, tout en affirmant que la source de financement la plus prévisible demeure l’augmentation des contributions au budget ordinaire. Il a appelé à affecter les contributions non dépensées et les économies réalisées à la consolidation de la paix. Après avoir appelé les États Membres à honorer leurs engagements en matière de financement, le représentant a appelé à l’élaboration de mandats clairs.
M. Chandrtri a relevé que la consolidation et la pérennisation de la paix privilégient la responsabilisation nationale, mais a toutefois estimé que cela ne doit pas empêcher la communauté internationale d’agir promptement pour prévenir un conflit ou des atrocités de masse. « Nos tentatives précédentes, notamment en ce qui concerne la responsabilité de protéger, ont perdu leur élan », a-t-il déploré, rappelant les différentes interprétations du concept par les États Membres. Il a toutefois appelé à concrétiser un cadre substantif relativement à cet objectif, pour faire face à toute « complication interprétative » et mettre en œuvre les mesures nécessaires pour atteindre une paix durable.
Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar)a souligné qu’il ne peut y avoir de développement durable sans paix, ni paix sans développement durable. Elle est revenue sur les sept décennies de conflit interne qu’a connues son pays et a indiqué qu’un nouveau jalon avait été franchi en février pour le résoudre, lorsque deux groupes ethniques supplémentaires ont signé l’accord de cessez-le-feu national, amenant ainsi à 10 le nombre de signataires. Des progrès ont également pu être réalisés lors des deux conférences d’union pour la paix, permettant notamment de définir 37 principes clefs pour l’établissement d’une union fédérale démocratique. Une troisième session de la conférence est prévue le mois prochain.
La représentante a indiqué que le processus de paix entamé en 2016 se poursuit malgré de nombreuses difficultés, avertissant qu’à moins de trouver une solution rapide aux problèmes du pays, les souffrances de la population se prolongeront. Mon gouvernement, a-t-elle assuré, ne veut pas faire du Myanmar une nation divisée par les croyances religieuses, l’ethnicité ou l’idéologie politique. C’est uniquement en éliminant les causes de la haine et de la peur qu’il sera possible d’« ôter » le conflit du Myanmar, a-t-elle plaidé.
M. SALIOU NIANG DIENG (Sénégal) s’est félicité de « la vision novatrice » et de « la pertinence » du récent rapport sur la pérennisation de la paix, et s’est montré optimiste pour l’avenir, sans perdre de vue la complexité des défis à relever. Mettant l’accent sur la coopération entre les acteurs régionaux et les organisations internationales comme gage du succès, M. Dieng a appelé à un renforcement des liens avec l’Union africaine dans le domaine de la prévention des conflits. « Ce sont des initiatives qu’il convient de multiplier », a-t-il plaidé, prenant aussi pour exemple la coopération entre l’ONU et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Gambie. Enfin, il s’est attardé sur l’exemple gambien, mettant l’accent sur la nécessité d’allouer des fonds pour des pays tels que la Gambie « pendant de longues périodes », déplorant que l’apport financier soit imprévisible. Il a donc invité les États Membres à prendre des engagements forts en ce sens.
M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) a appelé à mettre en œuvre les résolutions jumelles de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. La concrétisation des objectifs de développement durable est aussi essentielle pour mettre en œuvre le concept de pérennisation de la paix, a-t-il souligné, y voyant même une condition préalable. Il a aussi insisté sur la pertinence de placer la promotion des droits de l’homme au cœur de la prévention des conflits, relevant qu’il existe un lien clair entre les violations des droits de l’homme et l’émergence de conflits. Le représentant a ensuite attiré l’attention sur la responsabilité première des États souverains à assurer la pérennisation de la paix, que ce soit en mettant en œuvre la vision du Secrétaire général, ou en garantissant à leur population une vie empreinte de liberté.
M. KORO BESSHO (Japon) s’est réjoui des efforts entrepris pour passer à une stratégie préventive des conflits. Il a estimé que pour changer la donne sur le terrain, il fallait prendre des mesures concrètes. Le Japon soutient de telles mesures, notamment en Somalie, a-t-il ajouté. Un redéploiement des ressources humaines est également nécessaire, a poursuivi le représentant japonais pour viser une plus grande efficacité. Il a indiqué que son pays continuait de se focaliser sur les questions transfrontières au sein de la Commission de consolidation de la paix (CCP) dont il est membre. Enfin, le délégué a mis en avant l’importance de la recherche de nouvelles ressources pour financer la pérennisation de la paix. Dans cette optique, il a proposé d’augmenter les partenariats entre l’Organisation et le secteur privé.
M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a estimé impossible de parler de pérennisation de la paix, sans se pencher sur les facteurs qui la mette en péril, citant notamment la pauvreté. La consolidation de la paix, a-t-il dit, doit maximiser les possibilités sur les plans du commerce et des investissements. Face à l’évolution des conflits, il a reconnu qu’une nouvelle stratégie s’impose. Il a appelé à tenir compte des liens entre les défis à la paix et les risques qu’encourent les petites États insulaires en développement. Il a déploré que les concepts de consolidation et de pérennisation de la paix ne soient pas bien adaptés à la multiplicité des problèmes auxquels font face ces États, à commencer par les changements climatiques. Il a exhorté la communauté internationale à reconnaître leur vulnérabilité particulière et à mettre sur pied des mesures coordonnées pour aborder les problèmes de sécurité de manière intégrale.
M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen) a salué le rôle primordial qu’a joué l’ONU au Yémen à partir de 2011, ce qui a abouti au projet de constitution de la République yéménite. À propos des milices houthistes, il a rappelé que trois envoyés spéciaux du Secrétaire général avaient été nommés pour négocier la paix entre le Gouvernement yéménite et les rebelles. « Hélas, ces initiatives ont échoué, vu l’intransigeance des milices houthistes appuyées par l’Iran », a-t-il dit, avant de dénoncer « les interventions iraniennes dans la région ». Déclarant chercher une paix durable pour son pays, le représentant a dit vouloir augmenter les financements pour soutenir la prévention des conflits, et développer la diplomatie multilatérale, « qui a prouvé sa capacité à sauvegarder les intérêts des pays, y compris les plus petits ». Il s’est enfin félicité de l’augmentation des effectifs yéménites dans les troupes onusiennes de maintien de la paix.
M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES (Guatemala) a rappelé que le Gouvernement guatémaltèque avait signé un accord de paix après 36 années de conflit. Il a dénoncé les doctrines politiques étrangères qui avaient fragilisé, dans le passé, les institutions de l’État, expliquant que les séquelles de cette situation avaient poussé le Guatemala à se tourner vers l’ONU dans le but de renforcer ses capacités nationales, notamment dans le secteur de la justice. L’appropriation nationale a ainsi pu se faire, permettant de renforcer la confiance de la population, s’est-il félicité. Il a assuré que le renforcement des institutions et de l’État de droit se poursuivait, de même que la lutte contre la corruption et l’impunité.
Le représentant a ensuite parlé du scrutin organisé le 15 avril eu égard au différend territorial qui oppose le Guatemala au Belize. Le Guatemala a opté pour une solution pacifique, afin de définir un avenir prospère garantissant la sécurité territoriale et une coexistence populaire entre les deux peuples, s’est-t-il félicité. Il a par ailleurs évoqué le rôle de la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA) et a appelé le Secrétariat à faire preuve de plus d’efficacité lors de la mise en œuvre des mandats sur le terrain.
M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a souhaité mettre l’accent sur la prévention, s’alignant sur la position du Secrétariat général. Il a aussi loué le souci d’inclusion dans le processus et la volonté d’y faire davantage participer les femmes et les jeunes. Il a fait remarquer que, ces trois dernières années, Sri Lanka avait lancé de nombreuses initiatives pour consolider et pérenniser la paix. « Ce chemin a été semé d’embuches », a-t-il nuancé, tout en déclarant rester optimiste pour l’avenir, notamment via le soutien financier de l’ONU. L’Organisation a joué, selon lui, un grand rôle pour mettre le pays sur la voie de la paix durable. « Notre gouvernement et l’ONU travaillent en partenaires », s’est-il réjoui.
M. OMAR HILALE (Maroc) a appelé à mettre en place une approche cohérente et coordonnée pour appuyer les pays sortant d’un conflit. Il a indiqué que son pays consacre un « concept triptyque » à cette question qui met l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale et de la souveraineté, de l’inclusivité, et des partenariats coopératifs. Il a aussi souligné que seule une ONU plus forte peut aider efficacement les États, insistant par ailleurs sur l’impératif de stopper les conflits avant leur éclatement. Le représentant a assuré que le Maroc ne ménageait aucun effort pour appuyer les préceptes de médiation et soutenir la paix, notamment par l’intermédiaire de la coopération Sud-Sud et triangulaire. Le Maroc espère aussi créer une espace de coprospérité dans la région, a-t-il ajouté.
Le représentant a ensuite fait savoir que plus de 1 600 militaires marocains sont actuellement déployés au service de la protection de la paix dans le monde. Il a salué le rôle plus éminent que sera amené à assumer la Commission de consolidation de la paix (CCP) à l’avenir. « Il faut faire de la paix un droit et non pas un privilège », a-t-il déclaré, avant d’exhorter les États à faire preuve de créativité pour que la paix devienne une réalité palpable pour chaque individu.
M. ALI ALIFEI MOUSTAPHA (Tchad) a rappelé que son pays avait servi de cadre à des violences inouïes, et que le peuple tchadien avait fourni beaucoup d’efforts pour parvenir à la paix, notamment via des mécanismes de réconciliation de la paix, comme le Comité national du dialogue national. Il a salué le « précieux accompagnement » apporté par le Fonds pour la consolidation de la paix et le Bureau d’appui, et son travail de financement des communautés locales impliquées dans des activités de prévention et de médiation. Louant le « génie créateur » des jeunes et des femmes et leur rôle éminent joué dans un effort tourné vers leur plus grande participation à la société civile tchadienne, M. Moustapha s’est aussi félicité du repositionnement du système de développement des Nations Unies et a renouvelé son soutien à la vision du Secrétaire général.
Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a réclamé une démarche holistique pour la consolidation et la pérennisation de la paix, qui tienne compte des souhaits des femmes et des enfants. Elle a appelé à répondre aux causes de l’instabilité moyennant des investissements dans le développement. Il faut, a-t-elle ajouté, garantir la pleine participation des femmes dans ces efforts en faveur d’une paix durable. Il faut aussi dégager des synergies entre les organisations internationales, régionales et inter-régionales. Elle a aussi appelé à promouvoir une culture de médiation dans la politique internationale. La représentante a, par ailleurs, salué le feu vert donné à la création, par le biais du Fonds pour la consolidation de la paix, d’un projet trinational visant à renforcer la résilience et la cohésion entre le Guatemala, le Honduras et El Salvador. Le Honduras, a-t-elle souligné, est confiant que la voie idoine pour prévenir les conflits est celle de la diplomatie préventive et du dialogue.
Pour emprunter la voie de la paix pérenne, il faut appréhender les causes et la nature des conflits, sans quoi une paix durable ne peut être réalisée, a fait valoir Mme MALEEHA LODHI (Pakistan). Pauvreté, occupation étrangère, interférence étrangère, injustice politique et économique, changements climatiques, tensions ethniques, tribales et religieuses, sont là quelques-uns des nombreux fléaux à l’origine des conflits, selon Mme Lodhi qui voit dans les recommandations du Secrétaire général une bonne base pour agir. En effet, a-t-elle poursuivi, outre la compréhension des causes profondes des conflits, il est vital de favoriser une meilleur cohérence et synergie à travers le système des Nations Unies et l’amélioration des capacités du Bureau d’appui à la consolidation de la paix. La déléguée croit fermement que pour que des initiatives de paix soient pérennes, elles doivent être assumées localement, ancrées au niveau régional et soutenues au plan international. Elle a, en conclusion, plaidé pour une meilleure restructuration et hiérarchisation des besoins en financement des activités de consolidation de la paix, soulignant que l’option suggérée par le Secrétaire général doit être examinée avec attention.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a rappelé à la mémoire des États le concept de rétablissement de la paix qui avait été examiné par l’ancien Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali. Il a souligné des liens intrinsèques entre paix et sécurité, jugeant par ailleurs nécessaire d’examiner en profondeur le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP), notant son « importance primordiale ». La politique extérieure du Koweït privilégie la médiation et le règlement pacifique des différends, ainsi que la diplomatie préventive, a-t-il indiqué.
Pour Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam), il est temps pour les Nations Unies d’adopter une approche plus holistique, intégrée et centrée sur l’élément humain pour la pérennisation de la paix. Cette approche devrait, selon elle, se concentrer en priorité sur la prévention des conflits, la promotion des synergies ainsi qu’une transition harmonieuse du maintien de la paix vers les activités de consolidation de la paix dans le cadre d’une appropriation nationale. Pour ce faire, elle a plaidé pour que tous les différends et conflits soient résolus à travers des moyens pacifiques, conformément à la Charte des Nations Unies et du droit international, y compris le principe de non-interférence dans les affaires intérieures d’un pays et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale. De plus, a-t-elle indiqué, la pérennisation de la paix n’est possible qu’en traitant les causes profondes des conflits. Elle a, en outre, estimé impératif, pour la réalisation d’une paix et d’un développement durables, la mise en place d’un partenariat durable et efficace ainsi que d’une coopération entre l’ONU, les organisations régionales et sous-régionales, les gouvernements nationaux, les autres parties, notamment les femmes et les jeunes. Elle a conclu en appelant à allouer des ressources adéquates à la mise en œuvre de l’important programme de consolidation et de pérennisation de la paix.
M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a appelé à renforcer l’efficacité des activités de l’ONU dans l’ensemble de son action en faveur de la paix, estimant que pour faire face à l’augmentation des défis complexes, il convient de dépasser la fragmentation pour promouvoir une approche cohérente et holistique. Le représentant a aussi insisté sur l’importance, pour l’ONU, de travailler de manière effective avec les organisations régionales, les institutions financières internationales, le secteur privé et la société civile. La Commission de consolidation de la paix (CCP), a-t-il ajouté, est particulièrement bien située au sein du système pour créer de tels partenariats. D’ailleurs, pendant sa présidence de la CCP, la République de Corée a facilité le dialogue entre la CCP et la Banque mondiale. Le représentant a aussi appelé à renforcer le travail avec le secteur privé et la société civile.
M. Cho est ensuite revenu sur la tenue, à Séoul, en octobre 2017, de la Conférence asiatique pour la prévention et la pérennisation de la paix. Il a indiqué que des conflits de faible intensité persistent dans le continent, et que la politisation croissante des identités ethniques et religieuses à travers l’Asie nécessite d’élaborer des stratégies de consolidation de la paix à long terme pour répondre aux tensions ethniques et promouvoir l’unité. Il a aussi souligné que le développement économique et l’éducation sont les principaux moteurs de la consolidation de la paix dans de nombreux pays asiatiques. Dans mon pays, après la fin de la guerre de Corée, plus de deux tiers de l’aide étrangère ont été orientés vers la création du secteur privé, a-t-il rappelé, expliquant que ce partenariat public-privé avait été essentiel au développement économique rapide du pays.
Mme MARÍA DEL CARMEN DOMÍNGUEZ ÁLVAREZ (Chili) a appelé à renforcer le multilatéralisme afin d’apporter des réponses plus cohérentes aux problèmes mondiaux. Elle s’est inquiétée des nouveaux défis et obstacles à la paix et à la sécurité, citant notamment le terrorisme, le crime organisé, le trafic de stupéfiants et d’armes, le blanchiment d’argent et la traite des personnes, ainsi que les catastrophes naturelles, la propagation de maladies et les changements climatiques. Elle a préconisé une approche pluridimensionnelle qui permette d’en combattre les causes. La représentante a aussi appelé à investir davantage dans la prévention. Elle a prôné une démarche préventive centrée sur l’alerte précoce plutôt que sur les interventions. En outre, une réforme concrète et pratique du Conseil de sécurité devrait également permettre de renforcer l’action de l’Organisation et lui permettre de mieux répondre aux causes des conflits et de mieux appuyer la reconstruction postconflit.
Mme ADALJIZA ALBERTINA XAVIER REIS MAGNO, Vice-Ministre pour les affaires étrangères et la coopération du Timor-Leste, a insisté sur l’importance du respect du principe de l’appropriation nationale. En tant que pays en situation postconflit, le Timor-Leste a dû se réconcilier avec son passé, panser ses plaies et encourager la paix avec son voisin immédiat, a souligné la représentante. Elle a expliqué que le processus d’édification de l’État, qui vise à assurer une stabilité durable et la prospérité, était étroitement lié à la réconciliation nationale. Des mesures ont été prises pour rétablir la confiance, normaliser le quotidien et répondre aux besoins de la majorité de la population qui a été durement éprouvée par le conflit.
Elle a aussi indiqué que la population du Timor-Leste est constituée à 70% de jeunes qui sont nés durant le conflit et qui ont vu leur éducation interrompue. Des efforts sont donc nécessaires pour assurer la résilience sociale et le développement durable, en vue de l’avènement d’une société exempte de conflits. Pour la Vice-Ministre, les avancées réalisées par le Timor-Leste illustrent à quel point la paix et le développement ne peuvent progresser que lorsqu’une structure solide a été construite. En la matière, un niveau élevé d’engagement politique s’impose, a-t-elle souligné.
On ne saurait insister assez sur l’importance de cette question qui a placé la consolidation et la pérennisation de la paix à l’avant-plan des travaux de l’ONU, a souligné M. AZIZ PAHAD, Envoyé spécial du Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, pour qui il est difficile d’imaginer une paix durable sans réforme du secteur de la sécurité. L’Afrique du Sud partage la vision du Secrétaire général qui met l’accent sur la culture de la prévention des conflits pour éviter que les pays ne sombrent à nouveau dans les conflits et ce, à travers une contribution positive de la communauté internationale à la stabilité, à la croissance économique et au développement des pays sortant de conflits. Sa délégation appuie également un financement durable et prévisible pour le Fonds pour la consolidation de la paix. La délégation, qui s’est dite satisfaite des différentes options de financement proposées par le Secrétaire général, a suggéré la mise en place d’un mécanisme permettant d’accueillir les avis des uns et des autres. De plus, il a appelé à l’élaboration d’un rapport global sur le financement des activités de consolidation de la paix basé sur les recommandations et options du Secrétaire général.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a constaté que l’ampleur et la complexité des défis qu’affrontent les sociétés touchées par un conflit font que les approches simplistes qui privilégient la justice au détriment de la paix, et vice-versa, sont vouées à l’échec. C’est pourquoi il a préconisé que la pérennisation de la paix et l’obtention de la justice soient considérées ensemble, « car elles sont interdépendantes ». Il a aussi affirmé qu’il ne peut y avoir de paix durable sans atteindre l’objectif 16 de développement durable qui a pour thème « paix, justice et institutions efficaces ».
La justice pénale est un élément central de ce débat, a-t-il poursuivi, car elle sert non seulement à consolider la paix, mais également à prévenir les cycles de violence et à appuyer les processus de réconciliation. Il a rappelé l’importance de la création de la Cour pénale internationale et a vu dans l’adhésion au Statut de Rome un élément essentiel pour renforcer le respect de l’état de droit et de ses institutions. Enfin, M. Wenaweser a salué l’adhésion de Saint-Vincent-et-les Grenadines au Code de conduite contre les crimes d’atrocité de masse du Conseil de sécurité.
M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a insisté sur l’importance de la dimension régionale dans tous les efforts visant à renforcer la cohérence des processus de consolidation et de pérennisation de la paix. En effet, a-t-il argué, l’appui le plus déterminant est généralement celui que peuvent fournir d’autres États Membres de la région à laquelle appartient le pays concerné, souvent en raison de la proximité géographique, culturelle et historique. Pour lui, les acteurs régionaux doivent être « consultés et écoutés » afin de réduire sensiblement le déficit de plus en plus grandissant entre les positions régionales et celles d’autres acteurs en dehors de la région. Une approche qui cadre bien, selon lui, avec le principe de subsidiarité de l’Union africaine et dont l’objectif est d’éviter des mécanismes parallèles qui pourraient miner des efforts régionaux.
Le représentant a aussi fait valoir que les activités de consolidation de la paix ont besoin d’un financement suffisant, prévisible et durable face aux défis tels que la fragmentation du système et le manque de ressources spécialement affectées à la maîtrise des risques liés aux conflits, y compris en période de transition. Pour cela, il a estimé que les contributions statutaires amélioreraient considérablement la prévisibilité et la viabilité du financement de la consolidation de la paix. M. Shingiro a, en outre, souligné le rôle essentiel de la femme et de la jeunesse dans les efforts de paix car celle-ci n’est pas une « affaire de l’élite politique uniquement ». Il a estimé, en conclusion, que la pérennisation de la paix ne doit pas être perçue comme une « opération ponctuelle » mais un processus multisectoriel, endogène et continu.
M. ADIKALIE FODAY SUMAH (Sierra Leone) a estimé que les résolutions « jumelles » adoptées en 2016 par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité sur l’architecture de consolidation de la paix avaient offert à l’ONU et à ses États Membres des fondations solides pour surmonter les défis posés par les nouvelles menaces émergentes non traditionnelles. Citant l’étude conjointe ONU-Banque mondiale, M. Sumah a souligné que la prévention des conflits pouvait épargner à la communauté internationale quelque 1,5 milliard de dollars par an et éviter un manque à gagner pour les pays de l’ordre de 33 milliards. Il lui a dès lors paru essentiel d’investir dans la pérennisation de la paix afin de parvenir à la réalisation de l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ne laisser personne de côté.
M. Sumah a souhaité partager l’expérience de la Sierra Leone, qui a franchi une étape importante en matière de consolidation de la paix et de la démocratie grâce à une transition pacifique d’un gouvernement à un autre et cela, à la faveur d’élections libres et transparentes. Ces progrès n’ont pas été réalisés du jour au lendemain, a averti le représentant, mais ils illustrent bien l’important investissement consenti par les gouvernements successifs et la communauté internationale en matière de consolidation et de pérennisation de la paix, par l’édification d’institutions démocratiques et de la bonne gouvernance. M. Sumah a rappelé l’apport et le soutien de la communauté internationale et des donateurs, accordant une place particulière à la Commission de consolidation de la paix et au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.
M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a affirmé que la consolidation de la paix implique non seulement de faire taire les canons, mais aussi de bâtir des institutions publiques solides et de favoriser l’émergence d’une conscience citoyenne. Il a aussi estimé qu’à l’ONU, les activités liées à la paix ne doivent pas être l’apanage d’un seul bureau. Il a indiqué que son pays appuie l’élargissement de la pérennisation de la paix, saluant à cet égard les efforts visant à faire davantage le lien entre prévention et développement. Il a aussi appelé à renforcer la CCP.
Le représentant a ensuite rappelé qu’El Salvador était sorti d’un conflit armé il y a 26 ans avec l’appui de l’ONU. Une paix durable, a-t-il souligné, passe par l’implication des femmes et des jeunes. Il a aussi réclamé un financement stratégique pour appuyer les efforts de consolidation et de pérennisation de la paix. Il faut, a-t-il poursuivi, examiner en profondeur les questions liées à la paix dans toutes leurs dimensions. Il a aussi insisté sur l’importance de réaliser l’objectif 16 de développement durable car « il n’y aura pas de développement durable sans paix, ni de paix sans développement durable ».
M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a affirmé que la consolidation et la pérennisation de la paix sont des responsabilités de l’ONU qui se renforcent mutuellement. Il a appuyé l’accent mis sur la prévention de conflits, le renforcement des capacités de médiation de l’ONU et les efforts déployés en matière de parité. Il a appelé à répondre aux problèmes liés à la fragmentation, soulignant que pour être efficace, l’Organisation doit enclencher des « changements culturels ». Il en va de même pour les États Membres qui ont le privilège de siéger au Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, suggérant notamment de rendre les consultations plus effectives et de mieux réfléchir à ce qui figure dans les résolutions. Il a aussi fait part de son ferme appui au processus de réforme lancé par le Secrétaire général.
M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a jugé impératif, pour réduire les probabilités des conflits et la recrudescence des violences dans les pays sortant d’un conflit, d’adopter une approche holistique face aux questions liées notamment aux inégalités, au chômage, à la pauvreté, aux abus en matière des droits de l’homme, à la répartition des ressources, aux changements climatiques, à la justice et à la criminalité nationale et transnationale.
M. Mero s’est dit convaincu que, pour parvenir à un système des Nations Unies résolument orienté vers la prévention, les droits de l’homme et le développement durable, il était essentiel d’investir dans l’élément humain, y compris dans les partenaires gouvernementaux, les artisans locaux de la paix ainsi que dans le personnel des Nations Unies. Pour lui, le système des Nations Unies et ses agences disposent des moyens et de la détermination nécessaires. Néanmoins, face au défi du financement, il a estimé nécessaire que les Nations Unies présentent une analyse globale sur l’état du Fonds pour la consolidation de la paix.
M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a souligné l’attachement de son pays aux principes de base des relations internationales, en tête desquels figurent la consolidation et la pérennisation de la paix. Pour lui, le pilier de ces deux concepts est la réalisation de la justice. Car, a-t-il insisté, « sans justice, pas de paix ». Il a cité le cas du peuple palestinien comme preuve de cette injustice et de la paix qui tarde à se réaliser. Ce peuple, a-t-il poursuivi, continue de subir le joug de l’occupation sans pouvoir réaliser ses aspirations légitimes pour un État indépendant. Il a rappelé que l’Arabie saoudite avait présenté de nombreuses initiatives pour la paix, notamment l’Initiative de paix arabe en 2002.
Il a aussi mentionné l’initiative de son pays s’agissant du Yémen, qui a permis une passation pacifique du pouvoir avant que les putschistes houthistes ne s’emparent du pouvoir avec l’aide de l’Iran. L’Arabie saoudite a également œuvré en Syrie, en Libye, en Afghanistan et dans bien d’autre pays pour appuyer la conciliation entre frères et propager la culture du dialogue, de la tolérance et de l’entente sur le plan interne comme à l’international. Il en veut pour preuve les nombreuses initiatives dans ce sens, notamment le Centre mondial de lutte contre les pensées extrémistes et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme. Il a appelé l’ONU à jouer un rôle plus efficace en renforçant le développement durable notamment pour les pays en développement. Pour notre part, a-t-il conclu, nous sommes proactifs tout en respectant la souveraineté et l’intégrité des États.
M. CARMELO INGUANEZ (Malte) a indiqué que son pays est préoccupé par les conflits dans son voisinage immédiat et a regretté les répercussions sur les populations civiles. Malte a toujours cherché à contribuer aux efforts visant à renforcer le dispositif de la paix tel qu’il existe actuellement et à consolider les actions propices au maintien de la paix. À cet égard, le délégué a fait part de sa haute appréciation de l’action initiée par le Secrétaire général et le Président de l’Assemblée générale. Son pays continuera de soutenir pleinement leurs efforts, a-t-il assuré.
Malte croit fermement à la nécessité d’identifier les causes profondes des conflits en vue de bâtir des sociétés résilientes et de prévenir les conflits violents. Il est impératif de détecter les obstacles et défis avant qu’ils n’atteignent des proportions graves et d’œuvrer pour réduire leurs effets négatifs qui pourraient devenir hors de contrôle, a-t-il averti. Les gouvernements devraient travailler vers la création et l’accroissement des opportunités d’emploi, offrir aux citoyens les moyens de réaliser leurs aspirations, a préconisé le délégué, en soulignant à cet égard le rôle crucial de la société civile, des femmes et des jeunes. Un intérêt particulier devrait être accordé à l’état de droit, la reddition de comptes, l’accès à la justice et les droits de l’homme, a-t-il conclu.
Lors de l’adoption, en 2016, des résolutions « jumelles » sur la consolidation et la pérennisation de la paix, « nous avons affirmé que la paix devrait agir au niveau des trois piliers des Nations Unies et devrait impliquer tout le système de l’ONU », a rappelé Mme AUDRA PLEPYTĖ (Lituanie). C’est pourquoi, elle a salué et soutenu la vision du Secrétaire général concernant les réformes de l’Organisation, des réformes nécessaires pour permettre à l’ONU de se concentrer véritablement sur la paix durable. Elle a de même mis l’accent sur la notion d’inclusivité et sur le financement des activités de prévention pour une paix durable. Car, a-t-elle expliqué, quand les efforts de la consolidation de la paix reposent sur des consultations sociales inclusives où personne n’est laissé de côté, cela génère des institutions légitimes et rétablit la confiance dans les États. À cet égard, elle a souligné le rôle de la femme, des jeunes et de la société de civile. Elle a, par ailleurs, appelé à des moyens de financement innovants: il faut « mieux » dépenser les deniers de l’Organisation et non pas « plus » dépenser, a-t-elle insisté, avant d’appeler à œuvrer de concert pour mettre en application les recommandations du Secrétaire général.
M. JAN KICKERT (Autriche) a vu dans le renforcement de l’engagement de l’ONU en matière de prévention de conflit, l’occasion pour les États Membres de valoriser l’appui international offert avant l’irruption potentielle d’un conflit, ainsi que durant les phases de transition postconflit. Il a salué la proposition de créer une nouvelle génération d’équipes de pays. Le représentant a noté qu’il sera impossible de progresser sans aider les pays à renforcer leurs capacités à protéger leur propre population. « On ne peut pas non plus continuer de détourner le regard lors des atrocités de masse », a-t-il ajouté.
M. Kickert a également appelé à redoubler d’efforts pour assurer la pleine mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité, soulignant que c’est là un élément central de la pérennisation de la paix. Il a par ailleurs fait savoir que l’Autriche participe à des projets visant à renforcer le cadre de prévention de conflit de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ainsi que le Mécanisme d’alerte précoce de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).
M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a vu dans la montée du terrorisme, la menace séparatiste et la discrimination, entre autres, les principaux obstacles à la paix, à la sécurité et au développement durable. Il a appelé au plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, en plaidant aussi pour l’inviolabilité des frontières. Il a souligné que le principe du règlement pacifique des litiges internationaux et le concept de prévention ne sauraient être interprétés comme justifiant la persistance de situations constitutives de violations de la Charte des Nations Unies. Le représentant a jugé « inacceptable et intolérable » que des agressions armées contre des États souverains se poursuivent malgré les résolutions du Conseil de sécurité. Il a vivement dénoncé le fait que l’Azerbaïdjan soit l’objet d’une « agression armée » et d’un « nettoyage ethnique ».
Mme GILLIAN BIRD (Australie) s’est félicitée du nouvel agenda en matière de pérennisation de la paix, le décrivant comme ayant le potentiel de transformer l’Organisation et d’améliorer son efficacité. « S’il est bien mené, il rendra l’ONU davantage prête à relever les défis modernes et lui permettra de faire respecter ses principes fondateurs dans le monde d’aujourd’hui. » Saluant les efforts continus des États Membres pour bâtir un processus de consolidation de la paix qui inclue tout le monde, elle a rappelé l’accent mis, dans les résolutions, sur la responsabilité première des gouvernements nationaux pour maintenir une paix durable.
La représentante a aussi remarqué que la pérennisation de la paix nécessitait des initiatives à travers tout le système de l’ONU, pas seulement dans les domaines de consolidation de la paix. « Les États Membres se sont clairement exprimés sur le fait que le système dans son ensemble devait appuyer énergiquement cet agenda, sans délai. » Mme Bird a enfin invité l’Organisation à resserrer ses liens et sa collaboration entre ses différentes branches, mais aussi avec l’extérieur, sur le terrain et avec le secteur privé, pour rendre son action plus efficace.
M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre) a dit soutenir les efforts de réforme du Secrétaire général et a plaidé en faveur d’une approche où les États Membres sont responsables de la pérennisation de la paix, tout en bénéficiant du soutien de la communauté internationale. Rappelant que le cas de Chypre était pertinent, il a salué la valeur du travail que mène la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre. Se déclarant déterminé à trouver une solution à la question chypriote, il a rappelé que les Nations Unies restaient le seul forum dans lequel une solution à l’amiable pouvait être discutée pour réunir les deux côtés de l’île, une solution qu’il espère pour le peuple de Chypre.
Pour M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), au vu de la situation internationale qui prévaut actuellement, il est évident que la pérennisation de la paix est un impératif pour l’ONU et ses États Membres. Son pays, a-t-il dit, fait de la paix durable un élément essentiel de sa politique. La prévention des conflits, le maintien de la paix et la reddition de comptes sont des priorités essentielles en ce sens qu’elles sont liées à la pérennisation de la paix, a-t-il fait observer. Il a, à cet égard, développé trois points qui, selon lui, contribuent à la réalisation d’une paix durable.
Il faut tout d’abord viser l’appropriation nationale, a-t-il dit: « Nous avons la responsabilité de bâtir une paix durable au plan national. » Réaliser les objectifs de développement durable, c’est, à son avis, s’attaquer aux causes profondes des conflits et, partant, prévenir les conflits. Il a, ensuite, encouragé à renforcer les approches inclusives arguant que l’exclusion économique et sociale peut contribuer à la perpétuation des conflits. Le délégué a, enfin, préconisé, d’abattre les cloisons et de renforcer les partenariats, en commençant par renforcer la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix. Il a encouragé l’ONU à renforcer ses partenariats, notamment avec la Banque mondiale pour créer des synergies sur le terrain. Pour leur part, les Pays-Bas, membre non permanent au Conseil de sécurité, continueront de déployer leurs efforts au sein de l’organe exécutif en faveur de la consolidation et de la pérennisation de la paix.
Pour M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana), il revient en premier lieu aux États Membres d’assumer la responsabilité liée à la prévention de conflits et à la pérennisation de la paix. Le délégué a aussi estimé que la prévention et la pérennisation de la paix ne doivent pas être considérées comme une menace pour la souveraineté, notant par ailleurs que le succès des mécanismes d’alerte et de réaction précoces dépend de la confiance entre les États Membres, sans oublier l’importance de la volonté politique.
Le représentant a appelé les États Membres à investir dans l’inclusivité pour permettre à chacun de profiter des dividendes de la diversité au lieu de considérer celle-ci comme une menace. Il a aussi insisté sur le rôle de lanceur d’alerte de la société civile, ainsi que sur l’importance de la participation des femmes et des jeunes. M. Ntwaagae a appelé à accorder la priorité aux partenariats et à la coopération avec les organisations régionales, notant que l’ONU ne peut pas assurer la pérennisation de la paix à elle seule. Il a par ailleurs vu dans les prochaines négociations de la Cinquième Commission sur le pilier « paix et sécurité » l’occasion de financer les initiatives de pérennisation de la paix.
M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a appuyé les efforts visant à renforcer la cohérence du système de l’ONU, ainsi que les capacités des coordonnateurs résidents, et à revitaliser le Bureau d’appui à la consolidation de la paix. La prévisibilité et la pérennité du financement doivent aussi être assurées, a-t-il ajouté. En outre, les efforts déployés dans les domaines de la consolidation et de la pérennisation de la paix doivent être étroitement liés au recalibrage du système de développement, à la réforme de la gestion et à la restructuration du pilier paix et sécurité de l’ONU.
Il a relevé que de nombreux actes de violence dirigés contre les États sont le résultat de politiques d’exclusion découlant d’un manque de représentation, d’un secteur de la sécurité abusif ou de l’échec à protéger les droits de l’homme. Afin de mieux comprendre le rôle joué par la réforme du secteur de la sécurité dans la pérennisation de la paix, la Slovaquie et l’Afrique du Sud ont coprésidé, hier, une table ronde de haut niveau sur la réforme du secteur de la sécurité et la pérennisation de la paix, a indiqué le représentant.
M. SURENDRA THAPA (Népal) a rappelé que pérennisation de la paix, développement et droits de l’homme étaient intrinsèquement liés et qu’ils se nourrissaient l’un l’autre, avant d’insister sur la nécessité de traiter la cause profonde des conflits selon une approche inclusive. Il a prôné le renforcement du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et le développement de « charnières » entre le pilier « sécurité » et le pilier « paix » composant, avec le pilier « droit de l’Homme », les soubassements de l’Organisation. Il a noté que malgré des catastrophes naturelles et d’autres crises socioéconomiques qui ont secoué le pays ces dernières années, le Népal s’est relevé avec succès, adoptant en 2015 une constitution inspirée de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le Népal a maintenant un corps politique diversifié, composé de 41% d’élues. Enfin, le représentant a souligné que même lorsque le pays était en proie à des tensions internes, il était resté un contributeur important en troupes onusiennes.
M. ROBERT SISILO (Îles Salomon) a indiqué que son pays avait lui aussi connu, en 1998, les affres du conflit, mais que la paix avait pu être rétablie grâce au déploiement de la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon (RAMSI) en juillet 2003. Avec l’assistance de la Mission, la force de police du pays a pu être renforcée, et cinq policiers des îles Salomon ont depuis achevé leur déploiement au sein des missions de l’ONU au Darfour et au Soudan, a-t-il fait valoir. Quatre autres sont toujours déployés au Darfour et devraient prochainement être rejoints par trois autres de leurs concitoyens, dont deux femmes. Le représentant a insisté sur l’importance de ces déploiements, expliquant qu’ils favorisent le partage des expériences et des leçons apprises. Il a ensuite salué l’appui octroyé par la CCP à la prévention et la pérennisation de la paix dans les Îles Salomon.
Le représentant a aussi appelé à fournir un financement ciblé aux activités qui appuient les contributions de jeunes à la pérennisation de la paix, et à augmenter les fonds en appui à l’autonomisation des femmes et des filles en situation de conflit. Il a par ailleurs averti que les changements climatiques risquent de déclencher des conflits. Il a indiqué que son pays avait déjà perdu plusieurs îles en raison de la montée du niveau de la mer: il doit à présent relocaliser leurs habitants dans d’autres régions du pays, notamment aux alentours de centres urbains déjà surpeuplés. Un climat instable et le déplacement de population risquent d’exacerber certains facteurs de conflit comme les pressions migratoires, les chocs culturels et la compétition pour les ressources. Il a voulu que les efforts de réforme prennent « très au sérieux » cette menace croissante. Il a réitéré l’appel de son gouvernement pour la nomination d’une représentant spécial pour le climat et la sécurité.
M. ROLANDO CASTRO CÓRDOBA (Costa Rica) a appelé à promouvoir les efforts menés par l’ONU pour renforcer son action en termes de consolidation et de pérennisation de la paix. Il a axé son intervention sur trois volets essentiels, à savoir les droits de l’homme, le développement durable et l’éducation. Les droits de l’homme sont au cœur même de la pérennisation de la paix, a-t-il affirmé. Pour lui, ils sont le meilleur outil disponible et demeurent indissociables de l’état de droit. Évoquant ensuite la question du développement durable, il a souligné qu’en l’absence de celui-ci, on ne peut atteindre une paix durable. Par conséquent, a-t-il conclu, « il nous faut concentrer nos actions sur des stratégies inclusives, avec notamment l’émancipation des femmes et l’inclusion des jeunes ». Quant à l’éducation, le délégué l’a vue comme un instrument de prévention des conflits, un jalon pour jeter les fondements du développement durable. Il a cité, à cet égard, l’expérience concluante de son pays en la matière.
Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a vu dans les recommandations et points de vue contenus dans le rapport du Secrétaire général sur « la consolidation et la pérennisation de la paix » un moyen d’apporter des solutions pratiques aux questions du fonctionnement de l’architecture de consolidation de la paix. Ils constituent également la base des discussions futures entre les États Membres, a poursuivi Mme Moldoisaeva, pour qui la pérennisation de la paix est une tâche qui incombe aussi bien aux gouvernements qu’aux autres parties, notamment à travers l’établissement de priorités, la mise en œuvre de stratégies et la gestion intégrées des activités pour la préservation d’une paix inclusive.
Elle a de même appuyé la nécessité de surmonter l’absence de cohésion entre les intervenants du système des Nations Unies et, partant, accroître ses capacités. Ce qui, a-t-elle poursuivi, lui permettra de renforcer sa capacité à soutenir les États Membres dans leurs efforts pour l’instauration et la pérennisation de la paix, et de réagir rapidement et de manière efficace aux crises et conflits. Elle a, par ailleurs, plaidé, pour une participation accrue des femmes dans la consolidation et la pérennisation de la paix et une plus grande implication des jeunes. La déléguée a appelé, en conclusion, à se pencher sur l’une des préoccupations majeures, à savoir la question du financement dans le domaine de la consolidation de la paix.
M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a annoncé l’augmentation de la contribution de son pays au Fonds pour la consolidation de la paix et au Département des affaires politiques. Par ce geste, l’Italie réaffirme son soutien entier aux efforts du Secrétaire général pour la mise en pratique de ses recommandations, notamment le resserrement des liens entre prévention et médiation, d’un côté, et promotion du respect des droits de l’homme, de l’autre. Il a apprécié cette « vision complète et cohérente, pour obtenir la paix, la sécurité, la croissance économique et sociale ».
Soulignant l’approche « holistique » du Programme 2030, il a mis l’accent sur les régions du Sahel, de la Corne de l’Afrique et de la mer Méditerranée, dont la situation actuelle « nécessite un engagement actif de tous les États Membres ». Louant « la capacité sans égal » de l’ONU, le représentant italien a encouragé l’Organisation à poursuivre ses efforts, notamment au niveau de la CCP, ainsi qu’à « développer des synergies entre les niveaux international, national, régional ou sous-régional, les institutions financières internationales, la société civile, les organisations de femmes, de jeunes, et le secteur privé ».
M. RY TUY (Cambodge) a salué l’initiative du Président de l’Assemblée générale de tenir ce débat ainsi que le rapport « clairvoyant » du Secrétaire général sur la consolidation et la pérennisation de la paix. Les objectifs de développement durable et leur pleine mise en œuvre doivent à son avis servir de point de départ pour une paix durable dans le monde entier. Car, a-t-il averti, « sans développement durable, pas de paix durable »: les deux se renforcent mutuellement. Il a appelé à investir dans l’éducation et la formation d’une main d’œuvre de qualité pour réduire les inégalités. La promotion de l’inclusion, a-t-il ajouté, est un rempart contre la pauvreté et, partant, les extrémismes.
La pérennisation de la paix dans le monde exige un effort coordonné surtout pour les pays en situation de postconflit, a poursuivi le représentant. Il a souligné le rôle important des opérations de maintien de la paix de l’ONU, soulignant qu’au cours de la dernière décennie, son pays y a contribué en déployant 5 000 Casques bleus. Le Cambodge est attaché au principe du règlement pacifique des différends, a-t-il enfin déclaré en soulignant aussi l’importance du respect de la souveraineté et de la non-ingérence.
M. KANISSON COULIBALY (Mali) a souligné que le développement durable et social, la croissance économique soutenue, la bonne gouvernance et l’élimination de la pauvreté, sur une base inclusive, constituent un préalable indispensable à la pérennisation de la paix. Il a rappelé que son pays est engagé dans une dynamique de sortie de crise, matérialisée par l’Accord pour la paix et la réconciliation. À cet égard, la mise en place des autorités intérimaires dans les régions du nord du pays, l’effectivité du Mécanisme opérationnel de coordination, le processus de désarmement, démobilisation et réintégration et la réforme du secteur de la sécurité sont des actions fortes qui méritent d’être soulignées. Il a ensuite indiqué que le Fonds pour la consolidation de la paix, au-delà des frontières maliennes, s’investit dans la région du Liptako-Gourma, avant de se féliciter que le G5 Sahel soit une initiative unanimement saluée pour la consolidation et la pérennisation de la paix.
M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a rappelé les résolutions jumelles « historiques » adoptées en avril 2016 concernant la consolidation de la paix. Le débat d’aujourd’hui sur la pérennisation de la paix illustre un changement de paradigme ainsi que notre perception de la paix et la façon de résoudre les conflits dans le monde, a-t-il avancé. Le délégué a souhaité que la consolidation de la paix s’appuie sur une approche plus coordonnée, intégrée et inclusive. Il s’agit pour l’ensemble du système des Nations Unies d’adopter une approche globale, de concert avec toutes les parties prenantes, particulièrement avec la participation des femmes et des jeunes. Le représentant a plaidé en faveur de l’appropriation nationale tout en souhaitant une implication des organisations régionales et sous-régionales, de la société civile, des médias, du secteur privé et des institutions financières internationales. « Nous sommes d’avis, a-t-il conclu, que pour bâtir une paix durable, il faut un financement prévisible, sûr et suffisant. » Car la paix est une chose fragile et sa pérennisation requiert courage et volonté politique, a-t-il rappelé.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a souligné que la réalisation des objectifs de développement durable était la meilleure manière d’assurer la pérennisation et la consolidation de la paix dans le monde. S’attaquer aux causes profondes des conflits, notamment les inégalités, la pauvreté et le chômage des jeunes, constitue l’arme pacificatrice par excellence, a-t-il estimé. Il a aussi insisté sur la participation effective des femmes et des jeunes à tous les niveaux des différents mécanismes et institutions de prévention. L’appui financier, matériel et technologique en faveur de la mise en œuvre du Programme 2030 est un autre impératif pour la promotion d’une paix durable, a-t-il ajouté, de même que le financement de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, entre autres.
Ce financement, a-t-il poursuivi, doit également permettre le renforcement des capacités des pays qui, à l’instar du Gabon, font face à de nouvelles menaces sécuritaires, telles que le braconnage et le trafic illicite d’espères sauvages. Le représentant a aussi appelé à consolider les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales. Il a par ailleurs averti que les effets des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement, conjugués à la croissance démographique, réduisent considérablement l’accès du plus grand nombre aux ressources existantes. Cette situation, a-t-il mis en garde, pourrait constituer dans un future proche une source d’instabilité dans certaines régions.
M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a rappelé que l’Équateur avait été un des premiers pays à signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Il a aussi parlé de l’appui accordé par son pays au processus de paix en Colombie, indiquant avoir accueilli 62 000 réfugiés colombiens. En outre, 200 000 ressortissants colombiens ont fait une demande d’asile politique en Équateur, a-t-il ajouté. Le représentant a déploré les revers qu’a subis récemment le processus de paix, dénonçant notamment l’exécution de trois journalistes équatoriens par un groupe dissident des FARC impliqué dans le trafic de drogue et, il y a deux jours, la séquestration d’un couple équatorien vivant dans la zone frontière entre les deux pays. Il a ensuite évoqué la bonne résolution du différend qui avait opposé l’Équateur au Pérou dans le passé.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a salué une réunion de haut niveau qui se tient à son avis à point nommé, ainsi que le rapport du Secrétaire général qui détaille son approche en matière de réformes dans le but d’améliorer l’action des Nations Unies. Une réforme qui pourra contribuer, a-t-il espéré, à résoudre le morcellement de l’action des Nations Unies en en renforçant la cohérence. L’Argentine estime que les missions de maintien de la paix de l’ONU pourraient aider à mettre en œuvre le Programme 2030. La délégation a, en outre, insisté sur la nécessité d’identifier les causes profondes des conflits et d’y répondre en se basant naturellement sur l’appropriation nationale. Il est nécessaire, a-t-il conclu, de parvenir à un financement approprié et prévisible par l’entremise du Fonds pour la consolidation de la paix. Il a fait part de la disposition de son pays à débattre les propositions du Secrétaire général à cet égard.
M. KHALIFA ALI ISSA AL HARTHY (Oman) a appelé à ne pas sacrifier les principes fondamentaux de la paix, estimant que si l’ONU avait concentré ses efforts sur la prévention, il aurait été possible de faire des économies à la faveur du développement durable. Il a souligné que la pérennisation de la paix dépend du consensus national et a appelé l’ONU à appuyer les pays dans la mise en œuvre de processus de paix adaptés aux circonstances sur le terrain. Le représentant a aussi appelé à éviter les politiques de « deux poids, deux mesures », déplorant que l’ONU ne bénéficie de la confiance de nombreuses régions du monde. Il a formulé l’espoir que le lancement de cette réforme soit le gage d’un nouveau départ.
Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a estimé ce débat essentiel pour faire avancer la consolidation et la pérennisation de la paix. Elle a souligné la complexité et la prolongation des conflits existants et leur lien avec le crime organisé, l’extrémisme et le terrorisme. C’est pourquoi elle a salué les efforts du Secrétaire général de l’ONU qui propose de restructurer le pilier paix et sécurité de Nations Unies. Elle a de même loué l’action du Chef de l’ONU qui a intégré la notion du genre et la participation des jeunes dans les travaux de l’Organisation. Elle a cependant souhaité une clarification sur l’impact potentiel de la restructuration des trois piliers sur le principe de souveraineté des pays ainsi que sur la représentation géographique juste et équitable des États Membres. Elle a souligné la nécessité d’organiser des réunions régulières pour se pencher sur cette question dans l’attente d’un rapport plus exhaustif du Secrétaire général.
M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a tout d’abord indiqué que Boko Haram ne détient plus de territoires dans son pays. Il a estimé que la pérennisation de la paix ne doit pas empiéter sur la souveraineté, ni servir de prétexte à cette fin. Il a salué l’accent mis sur la prévention et a réclamé la création d’un mécanisme d’alerte précoce et d’intervention rapide. Il a insisté sur l’importance du Fonds pour la consolidation de la paix. Pour lui, la résolution que doit adopter l’Assemblée générale marque un pas important en avant pour l’ONU.
Le représentant a ensuite rappelé la participation active du Nigéria aux missions de maintien de la paix de l’ONU, précisant qu’il avait déployé du personnel dans 25 missions, faisant de lui le quatrième plus important pays contributeur de troupes et de personnel de police. Dans le cadre de sa réforme du secteur de la sécurité, a-t-il poursuivi, le Nigéria a mis en place un système de contrôle des dépenses liées à la défense. Il a aussi insisté sur l’importance de la contribution des femmes à la pérennisation de la paix. Préoccupé par le chômage des jeunes, le Gouvernement a en outre mis sur pied un programme de création d’emplois. Des initiatives ont aussi été lancées pour combattre la corruption.
Mme KUMBIRAYI TAREMBA (Zimbabwe) a rappelé la nécessité des investissements dans la prévention des conflits, d’autant plus importante qu’elle permet de libérer des ressources nécessaires au développement des pays. Considérant le développement durable comme « la clef » permettant d’atteindre une paix pérenne, la représentante a approuvé les résolutions jumelles adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale en 2016, et reconnu la responsabilité des États Membres dans la poursuite des objectifs de consolidation et de pérennisation de la paix. Approuvant les résultats du rapport du Secrétariat général en la matière, et reconnaissant l’ambition de son projet, la déléguée a néanmoins relevé un déséquilibre dans les investissements de l’Organisation dans les opérations de maintien de la paix, qui, a-t-elle noté, surpassent de loin ceux dans la prévention des conflits. Partant de ce constat, elle a réclamé un examen scrupuleux et complet des dépenses, ainsi qu’un rééquilibrage en faveur de l’investissement des activités de consolidation de la paix.