En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale rend hommage à la mémoire de l’ancien Secrétaire général, Kofi Annan « fervent défenseur » de la Charte des Nations Unies

Soixante-treizième session,
2e séance plénière - matin
AG/12057

L’Assemblée générale rend hommage à la mémoire de l’ancien Secrétaire général, Kofi Annan « fervent défenseur » de la Charte des Nations Unies

Flûte, tam-tam et chants traditionnels du Ghana; l’Assemblée générale s’est inclinée aujourd’hui devant la mémoire de l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, en présence de ses successeurs, MM. Ban Ki-moon et António Guterres lequel a salué « un homme exceptionnellement chaleureux, accessible et populaire, mais surtout fervent défenseur des valeurs de la Charte des Nations Unies ».

C’est avec une grande tristesse, a avoué la Présidente de l’Assemblée générale, que nous ouvrons cette soixante-treizième session, après la perte du septième Secrétaire général de l’ONU, décédé le 18 août 2018, à Genève.  Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur, qui est seulement la quatrième femme à se hisser à ce poste en 72 ans, a estimé particulièrement juste que cet hommage coïncide avec la Journée internationale de la paix, une cause défendue inlassablement par Kofi Annan, récipiendaire du prix Nobel en 2001, qui avait intitulé son Rapport du Millénaire, « Nous les peuples », les premiers mots de la Charte des Nations Unies.

Les Nations Unies et Kofi Annan étaient inséparables, a confirmé son successeur, M. António Guterres qui a salué un homme « charmant, sage et gentil mais qui savait aussi « sermonner de manière magistralement subtile ».  Ses efforts pour articuler les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont mobilisé le monde autour de l’élimination de la pauvreté et ouvert la voie au Programme de développement durable à l’horizon 2030, « une feuille de route ambitieuse pour un monde meilleur ».  La « voix morale » de Kofi Annan, a estimé M. Guterres, a conduit le monde vers une « compréhension révolutionnaire » de la nécessité de défendre notre humanité commune.  Pour Kofi Annan, les Nations Unies, c’était « le meilleur espoir de l’humanité ».

« Idéalisme et compassion », tels étaient ses moteurs, a poursuivi son successeur immédiat, M. Ban Ki-moon, admiratif devant « une source d’inspiration » et convaincu que l’histoire se souviendra d’« un monument à la vision lumineuse de notre avenir commun ».  Desmond Tutu voyait en lui « un jeune homme devenu un sage », moi j’ai vu « un mentor », a déclaré M. Ban. 

Sage, il l’était, puisque jusqu’à sa mort, Kofi Annan présidait encore « The Elders » réunis par Nelson Mandela en 2007.  Membre de ce « Conseil des Sages », l’ancienne Présidente de l’Irlande et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Mme Mary Robinson, s’est émerveillée devant « la grâce et la dignité » avec lesquelles Kofi Annan a dirigé l’ONU, « une famille qu’il cherchait à protéger comme un père ».  Il connaissait les forces et les faiblesses de chacun, a confirmé Mme Tasa Delenda, ancienne membre du Cabinet de l’ancien Secrétaire général.  Il nous traitait tous sur un pied d’égalité, n’oubliant pas de demander des nouvelles de nos enfants.  J’ai tout de suite vu « ses qualités exceptionnelles », a confié, à son tour, son ami de 40 ans et ancien Chef de Cabinet, M. Iqbal Riza, qui a aussi insisté sur « le charisme et la mémoire sans pareil » de Kofi Annan, premier Secrétaire général à être issu du personnel de l’ONU.

Je me souviens de la première fois qu’il est monté sur cette tribune, « fier et digne », s’est souvenue, émue aux larmes, sa veuve, Mme Nane Annan.  Mon mari, « le rebelle du 38e étage », est parti trop tôt mais il a eu une vie bien remplie.  La vie de mon père a pris fin, a poursuivi son fils, Kojo Annan, mais « sa vision perdure », celle de faire de la paix « une question personnelle ».

Sa vision, a embrayé, le Groupe des États d’Afrique, c’est une approche collective et non exclusive des relations internationales, avec une Afrique, « partie prenante incontournable » au système international.  C’est un homme « pétri de culture, tenace, doté d’un sens inné du devoir » que le Groupe régional a salué, alors que celui des États d’Asie et du Pacifique s’inclinait devant l’homme qui a su « faire entrer l’Organisation dans le nouveau millénaire ».  L’héritage profond de Kofi Annan, selon le Groupe des États d’Europe orientale, restera une source d’inspiration et de créativité pour parvenir, par des actions communes, à un monde meilleur.  C’était un homme pragmatique qui privilégiait le consensus, a souligné le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes.  « Son héritage restera à jamais avec nous. »  Même après avoir quitté l’ONU, il a poursuivi sa lutte pour la paix et la tolérance à travers sa Fondation, ont rappelé les États-Unis.

La présence de deux Secrétaires généraux ici et des nombreux chefs d’État qui sont venus au Ghana prouvent la haute estime et le profond respect dans lesquels était tenu Kofi Annan, s’est réjoui le représentant ghanéen qui a cité les mots de l’ancien Secrétaire général: le leadership n’est pas tant lié à la personne, mais plutôt à ce qu’il faut faire pour parvenir au bien-être de la société et des personnes au service desquelles l’on travaille.

Kofi Annan disait aussi dans son dernier discours à l’Assemblée générale, le 19 décembre 2006: « Oui, je demeure convaincu que la réduction de la fracture passe nécessairement par des Nations véritablement Unies.  Changements climatiques, VIH/sida, équité des échanges commerciaux, migrations, droits de l’homme: on en revient toujours là…  Il est indispensable pour chacun de nous, pour notre village, notre quartier, notre pays, que l’on s’attaque à chacun de ces problèmes…  Chacun de nous doit gagner la confiance de ses frères et sœurs humains, indépendamment de leur race, de leur couleur ou de leur religion, et apprendre à se fier à eux.

C’est en cela que croyaient les fondateurs de l’ONU.  C’est en cela que je crois.  Et c’est en cela que l’immense majorité des gens de ce monde veulent croire…  Ensemble nous avons hissé d’énormes rocs en haut de la montagne, même si quelques-uns nous ont échappé et sont retombés.  Avec ses vents vivifiants et sa vue panoramique sur le monde, cette montagne est le meilleur endroit qui soit…  Oui, ce fut une période difficile et pleine d’embûches, mais aussi une période faite de moments palpitants et enrichissants…  Au moment de céder la place aux autres, je garde, obstinément, espoir dans notre avenir commun. »  C’est d’ailleurs par ces mots que s’est ouverte la cérémonie d’hommage à celui qui a dirigé l’ONU de 1997 à 2006.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les tendances actuelles sapent la solution des deux États, prévient le Coordonnateur pour le processus de paix entre Israël et la Palestine

8358e séance – après-midi
CS/13514

Conseil de sécurité: les tendances actuelles sapent la solution des deux États, prévient le Coordonnateur pour le processus de paix entre Israël et la Palestine

Les tendances actuelles sapent la solution des deux États, a prévenu cet après-midi le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, lors du débat trimestriel du Conseil de sécurité sur la question de Palestine.

Entre le 13 juin et le 12 septembre, la situation entre Israël et la Palestine a été marquée par la poursuite des opérations militaires israéliennes dans le Territoire palestinien, les incertitudes entourant l’avenir du processus de paix et la solution des deux États, le contrôle du Hamas sur Gaza, les actions unilatérales compromettant les efforts de paix, l’affaiblissement de l’appui à l’Autorité palestinienne et les troubles dans la région en général.  Le Coordonnateur spécial n’a pas manqué de s’attarder sur la situation financière « grave » de l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Durant cette période, a-t-il poursuivi, aucune mesure n’a été prise pour stopper les activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.  Quant à la violence, le Coordonnateur spécial a prévenu qu’après le retour au calme dû à l’intervention de l’Égypte et des Nations Unies, les lancements de cerfs-volants et ballons enflammés, les affrontements, les tirs à balles réelles de l’armée israélienne ou les attaques à l’arme blanche par des Palestiniens n’ont pas cessé.  Malgré la résolution 2234 du Conseil de sécurité, les provocations, les incitations et les discours incendiaires sont toujours d’actualité, qu’il s’agisse du Hamas ou des autorités israéliennes. 

Si la signature des Accords d’Oslo, il y a 25 ans, a été un moment historique qui a rempli d’espoir Israéliens et Palestiniens, cette vision « courageuse » s’est malheureusement effacée, s’est désolé le Coordonnateur spécial, alors que pour la France « la vision d’une paix durable a volé en éclats ».  Les deux tiers de l’opinion publique palestinienne estime désormais que la situation a empiré depuis la signature de ces Accords et, ont ajouté les Pays-Bas, plus de 50% des Israéliens et des Palestiniens ne croient plus en la solution des deux États.

Le Coordonnateur spécial a appelé à restaurer l’espoir parce que l’alternative, a-t-il prévenu, ce sont des cycles perpétuels de violence.  Il a été appuyé en ce sens par la plupart des délégations pour lesquelles il faut consacrer des efforts à la reprise de négociations israélo-palestiniennes « dignes de ce nom » et qui exige, ont souligné plusieurs délégations, la fin des colonies de peuplement.   

D’ailleurs, a rappelé le Coordonnateur spécial, en septembre dernier, la Haut-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a demandé aux autorités israéliennes de revenir sur leur décision de démolir le village bédouin de Khan al-Ahmar, prévenant qu’elle « aurait des conséquences humanitaires graves ».  Cet appel avait été relayé en son temps par l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni, a souligné le Coordonnateur spécial.

La reprise des négociations exige aussi, ont argué plusieurs délégations, de régler les causes sous-jacentes des tensions à Gaza, « une poudrière qui risque d’exploser à tout moment » comme l’a dit la France, et « qui n’en a plus pour longtemps », selon le Koweït, compte tenu de sa situation humanitaire et économique d’une gravité sans précédent.  Le processus politique ne pourra pas non plus avancer sans une réconciliation intrapalestinienne et le retour à Gaza de l’Autorité palestinienne, a souligné le Royaume-Uni.

La situation financière « grave » de l’UNRWA a également suscité de vives inquiétudes dans la mesure où elle affecte directement des services « vitaux » à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens.  À cet égard, la Suède a dit organiser, avec la Jordanie, une réunion ministérielle, le 27 septembre, en marge du débat de l’Assemblée générale pour souligner l’importance de l’UNRWA pour la stabilité régionale.

Si, comme l’a rappelé le Coordonnateur spécial, la communauté humanitaire a demandé la somme de 540 millions de dollars pour cette année dont 75% pour Gaza, à ce jour, cet appel n’a été financé qu’à hauteur de 29%.  Il a aussi parlé de la décision des États-Unis de geler un appui économique de plus de 200 millions de dollars à la Cisjordanie et à Gaza et de 25 millions de dollars au réseau des hôpitaux à Jérusalem-Est.  Le 10 septembre, les États-Unis ont fermé le bureau de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington arguant du manque de volonté de l’OLP de reprendre les négociations avec Israël et de son intention de saisir la Cour pénale internationale (CPI).  Cette fermeture est « un coup dur pour notre travail collectif », a commenté la Fédération de Russie.

Les États-Unis ont préféré axer leur intervention sur « le seul pays qui est à la base de l’instabilité au Moyen-Orient »: l’Iran. Après avoir dénoncé les manœuvres iraniennes en Iraq, les États-Unis ont estimé que tous les pays « soucieux du principe de souveraineté nationale » devraient se montrer inquiets.  Tous ceux qui respectent le droit à l’autodétermination du peuple iraquien doivent le défendre, ont-ils martelé.

Les neufs membres du Conseil qui avaient demandé dans une lettre au Secrétariat du Conseil de sécurité que les rapports trimestriels sur l’application de la résolution 2334 soient désormais soumis par écrit, ont réitéré leur demande aujourd’hui.  Il s’agit de la Bolivie, la Chine, la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale, la France, le Kazakhstan, le Koweït, les Pays-Bas, le Pérou et la Suède.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY MALDENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a parlé de la période allant du 13 juin au 12 septembre, marquée par la poursuite des opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien, les incertitudes entourant l’avenir du processus de paix et la solution des deux États, le contrôle du Hamas sur Gaza, les actions unilatérales compromettant les efforts de paix, l’affaiblissement de l’appui à l’Autorité palestinienne et les troubles dans la région en général.  Le Coordonnateur spécial n’a pas manqué de s’attarder sur la situation financière « grave » de l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Durant cette période, a-t-il dit, aucune mesure n’a été prise pour stopper les activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, des peuplements, a-t-il souligné, qui constituent une violation du droit international et un obstacle « majeur » à la paix.  Quant à la violence, autre obstacle à la paix, le Coordonnateur spécial a énuméré les incidents et l’escalade qui ont poussé Israël et le Hamas au plus près de la guerre à au moins à trois occasions.  Le calme a été rétabli après que l’Égypte et les Nations Unies sont intervenues pour désamorcer la situation.  Mais les cerfs-volants et les ballons en feu, les affrontements, les tirs à balles réelles de l’armée israélienne ou les attaques à arme blanche par des Palestiniens n’ont pas cessé.  Malgré la résolution 2234 du Conseil de sécurité, les provocations, les incitations et les discours incendiaires sont toujours proférés, qu’il s’agisse du Hamas ou des autorités israéliennes. 

Le Coordonnateur spécial a tout de même donné quelques bonnes nouvelles dont la restitution par Israël des revenus fiscaux palestiniens, soit 44 millions de dollars, et l’ouverture du point de passage de Rafah.  Mais, a-t-il prévenu, la situation humanitaire, sécuritaire et politique continue de se détériorer à Gaza où l’accord du 12 octobre 2017 n’est toujours pas appliqué, empêchant l’Autorité palestinienne d’exercer ses prérogatives.  À cela, il faut ajouter la crise d’électricité; les Nations Unies n’ayant plus d’argent pour reconstituer les stocks de carburant.  La situation a été aggravée par la fermeture du point de passage de Kerem Shalom et les restrictions imposées par Israël dans les zones de pêche, sans compter les mesures de l’Autorité palestinien pour réduire les salaires, l’offre de carburant et les dépenses générales à Gaza. 

La communauté humanitaire a demandé la somme de 540 millions de dollars pour cette année dont 75% pour Gaza.  À ce jour, l’appel n’a été financé qu’à hauteur de 29%.  Le Coordonnateur spécial a aussi parlé de la suspension par les États-Unis de leur appui économique de plus de 200 millions de dollars à la Cisjordanie et à Gaza et de 25 millions de dollars au réseau des hôpitaux à Jérusalem-Est.  Le 10 septembre, les États-Unis ont fermé le bureau de l’OLP à Washington arguant du manque de volonté de l’Organisation de libération de la Palestine de reprendre les négociations avec Israël et de son intention de saisir la CPI. 

Les tendances actuelles compromettent la solution des deux États, a prévenu le Coordonnateur spécial.  Or il y a 25 ans, les Accords d’Oslo ont été un moment historique qui a rempli d’espoir Israéliens et Palestiniens.  Malheureusement aujourd’hui cette vision courageuse s’est effacée.  Nous devons, a-t-il conclu, restaurer l’espoir parce que l’alternative, ce sont les cycles perpétuels de violence, a insisté le Coordonnateur spécial, en réclamant une solution fondée sur deux États, Israël et la Palestine, vivant côte et à côte, dans la paix et la sécurité, avec Jérusalem comme capitale des deux États, et fondée sur les frontières de 1967, les résolutions des Nations Unies et les accords existants. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré qu’aucune alternative viable à la solution des deux États n’avait émergé depuis Oslo.  Il a mis en cause la politique de colonisation israélienne en zone C et à Jérusalem, qui menace de porter atteinte de manière irréversible à cette solution, et la situation à Gaza, qui peut à tout moment conduire à une escalade de la violence.  Le représentant s’est élevé contre la décision de procéder à la démolition du village de Khan al-Ahmar, rendue par la Cour suprême israélienne, et qui est contraire au droit international humanitaire, ainsi qu’aux propres résolutions du Conseil de sécurité.  Sans compter, a-t-il ajouté, ses conséquences désastreuses sur le plan politique, puisqu’elle ouvrirait la voie à la colonisation de la zone dite E1, d’importance stratégique pour la solution des deux États.  Par ailleurs, depuis six mois, les violences se succèdent à Gaza, sur fond de crise humanitaire d’une gravité sans précédent. 

Après avoir rappelé que la France avait condamné aussi bien l’usage disproportionné et indiscriminé de la force par Israël comme l’instrumentalisation des manifestations par le Hamas et d’autres groupes armés, le représentant a martelé qu’il n’y aurait pas de solution durable à Gaza sans réconciliation interpalestinienne.  Parallèlement à la relance du processus lancé au Caire il y a près d’un an, la France a considéré qu’il fallait apporter tout le soutien nécessaire aux propositions du Coordonnateur spécial visant à la mise en œuvre de projets prioritaires.  De même, une mobilisation sans précédent est nécessaire pour permettre à l’UNRWA de poursuivre ses activités essentielles et de maintenir ses écoles ouvertes sans interruption.  Le délégué a rappelé en conclusion que le Président français, Emmanuel Macron, s’entretiendrait demain avec le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a expliqué que son gouvernement demeure attaché à la solution des deux États et insiste sur le fait que le meilleur moyen d’y aboutir c’est par le biais de négociations entre Israéliens et Palestiniens.  Préoccupée par les derniers développements sur le terrain, qui violent des dispositions clefs de la résolution 2334, la représentante a également fait part de ses inquiétudes quant à la démolition programmée du village de Khan al-Ahmar, exhortant le Gouvernement israélien à y renoncer.  Également inquiète de la situation de l’UNRWA et de son déficit budgétaire, la représentante a assuré que le Royaume-Uni continuera à appuyer l’Office.  Elle a dit redouter les conséquences possibles de la décision de l’Administration américaine de geler son financement de l’Office.  Elle a émis l’espoir que des services vitaux ne seront pas compromis par cette décision et, a donc appelé les États Membres à prendre les mesures qui s’imposent. 

La représentante a également insisté sur l’impératif de gérer la situation humanitaire à Gaza.  Après avoir passé les différentes contributions de son gouvernement, elle a souligné qu’il y va de l’intérêt de tous de voir la paix et la sécurité régner dans cette partie du monde.  Elle a appelé à des progrès tangibles à l’occasion de la Réunion ministérielle sur la situation de l’UNRWA prévue la semaine prochaine en marge de l’Assemblée générale.  Elle a encouragé la réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne « qui devrait reprendre le contrôle sur Gaza ».  En conclusion, elle a exhorté les Israéliens et les Palestiniens à faire preuve de retenue et à désamorcer les tensions.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que les Accords de Camp David et les Accords d’Oslo restent le fondement du processus politique entre Israël et la Palestine.  Le Processus de Madrid, le Quatuor pour le Moyen-Orient, les résolutions du Conseil de sécurité et l’Initiative de paix arabe adhèrent tous à la solution des deux États, a souligné le représentant qui a dénoncé la décision américaine de geler le financement de l’UNRWA et de fermer le Bureau de l’OLP à Washington, « un coup dur pour le travail collectif ».  Il n’est pas trop tard pour annuler ces initiatives, a-t-il encouragé, ajoutant que son pays maintient son invitation aux deux parties à venir discuter à Moscou.  Il a aussi encouragé la réconciliation interpalestinienne, salué l’implication de l’Égypte et de la Jordanie et réclamé un règlement équitable du conflit comme moyen de régler les autres problèmes de la région. 

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a plaidé contre les colonies de peuplement, les démolitions et les expulsions.  Il s’est inquiété en particulier des conséquences humanitaires des démolitions dans la localité de Khan al-Ahmar.  Il s’est aussi inquiété de la situation humanitaire à Gaza.  Il faut, s’est-il impatienté, faire avancer la réconciliation intrapalestinienne pour que l’Autorité palestinienne reprenne le contrôle effectif de Gaza et que les négociations directes avec Israël reprennent.  Il a également plaidé pour que l’UNRWA soit doté de ressources suffisantes et prévisibles.  La violence doit cesser, l’accord politique doit être promu, les violences aveugles du Hamas doivent être condamnées, a insisté le représentant, avant de réclamer la seule solution viable: celle des deux États vivant côte-à-côte dans des frontières sûres et mutuellement reconnues.

Pour M. MA ZHAOXU (Chine), la question de Palestine est au cœur des problèmes du Moyen-Orient.  La Chine, a-t-il souligné, défend la solution des deux États qui « semble pourtant nous échapper ».  Le représentant a exprimé ses préoccupations face à la situation humanitaire à Gaza, « une situation qui reste précaire et qui risque de dégénérer en conflit ouvert ».  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, doit assumer son leadership, en poussant toute la communauté internationale à épouser la solution des deux États, le principe de la terre contre la paix et l’Initiative de paix arabe.  Il est impératif d’obtenir le plein respect des résolutions du Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, qui a exigé d’Israël qu’il mette fin à ses activités de peuplement illégales ainsi qu’au blocus de Gaza. 

La communauté internationale doit rester soudée dans ses efforts visant la reprise des pourparlers entre les Israéliens et les Palestiniens, et, à cet égard, ceux qui ont une influence particulière au Moyen-Orient doivent jouer un rôle constructif.  Reconnaissant la complexité de la question du statut de Jérusalem, le représentant a estimé que toutes les parties devraient respecter le consensus international et le pluralisme de la ville.  « Il ne faut pas perdre de vue le sort des plus de cinq millions de réfugiés palestiniens » auxquels l’UNRWA apporte des services vitaux depuis 65 ans, a ajouté le représentant qui appelé tous les États Membres à remédier au déficit financier de l’Office.  La Chine, a-t-il annoncé, a d’ores et déjà augmenté sa contribution pour cette année.

M. OLOF SKOOG (Suède) a rappelé l’illégalité de la politique de peuplement d’Israël au regard du droit international et estimé que cette politique sape la solution des deux États.  Il a déploré le manque de progrès s’agissant de l’application de la résolution 2334 (2016) et exhorté les États Membres à y remédier.  Le délégué a jugé crucial d’atténuer la grave crise humanitaire à Gaza, avant d’appeler au retour de l’Autorité palestinienne.  M. Skoog a ensuite profondément regretté la décision des États-Unis de ne plus apporter de contributions financières à l’UNRWA, alors que ce pays était traditionnellement le donateur le plus généreux.  L’Agence enregistre un déficit de 186 millions de dollars, a-t-il déploré.  M. Skoog a insisté sur l’engagement de la Suède à appuyer l’UNRWA à un moment aussi critique.  Ces derniers mois, a-t-il rappelé, la Suède et la Jordanie ont mobilisé un soutien politique et financier à l’Office.  Le délégué a appelé à des efforts collectifs accrus pour préserver la solution des deux États et s’est dit surpris qu’aucun rapport du Secrétaire général prévu par la résolution précitée n’ait été communiqué avant cette réunion. 

Après avoir réaffirmé son soutien à la solution des deux États, Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a expliqué que la communauté internationale devrait renforcer sa coopération avec les pays de la région, comme l’Égypte et la Jordanie, qui ont une influence réelle s’agissant de la désescalade des tensions entre Israéliens et Palestiniens.  La représentante s’est toutefois dit préoccupée de la rhétorique incendiaire et les provocations constatées de part et d’autre, lesquelles entravent le processus de paix, tout particulièrement à Gaza.  À cet égard, elle s’est déclarée inquiète de la détérioration de la situation financière de l’UNRWA, soulignant les défis auxquels l’Office fait déjà face dans l’exercice de son mandat pour continuer à fournir des services de base comme l’éducation et la santé.  La représentante a, en conclusion, repris à son compte l’appel lancé par le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies dans le Territoire palestinien occupé pour que soit annulés les projets de démolition à Khan al-Ahmar. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dénoncé les agissements du Gouvernement israélien qui continue son action négative contre les Palestiniens.  Le représentant a aussi dénoncé les attaques meurtrières des forces armées israéliennes contre la population palestinienne.  Il a dit être préoccupé par le chômage massif en particulier des jeunes et des femmes palestiniens.  Il a dénoncé la politisation de l’aide aux réfugiés palestiniens comme en témoigne le gel du financement américain de l’UNRWA.  Il a appelé les États Membres à soutenir l’Office car la crise a pour conséquence la détérioration continue de la situation des réfugiés.  La Bolivie, a indiqué son représentant, appuie toutes les initiatives visant une paix durable entre les deux parties et la seule alternative c’est la solution des deux États et la création d’un État palestinien indépendant et souverain vivant côte à côte avec Israël. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pris note de la situation dangereuse qui règne dans les territoires occupés.  Compte tenu de cette détérioration quotidienne, il a estimé qu’il faut d’abord de nouveaux financements pour répondre à la situation humanitaire à Gaza où il a dit craindre des conséquences catastrophiques pour les hôpitaux et le traitement des eaux.  « Gaza n’a plus que quelques semaines. »  Il a exigé de la communauté internationale de redoubler d’efforts pour protéger les civils et exercer des pressions sur Israël pour qu’il respecte enfin toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

L’exposé de M. Mladenov montre à nouveau que « nous sommes au bord d’une catastrophe », a martelé le représentant, rappelant que le nombre total de morts depuis le début de la Grande marche du retour s’élève à 180 Palestiniens, des crimes que le Koweït condamne catégoriquement.  Il a également dénoncé le plan de démolir le village de Khan al-Ahmar pour « balayer tous les Palestiniens de cette zone » alors même que les colonies de peuplement sont illégales.  Le Koweït, a-t-il prévenu, compte sur des rapports écrits réguliers sur l’application de la résolution 2334.  Abordant aussi la crise financière de l’UNRWA et qui menace directement les réfugiés, il a lancé un appel aux donateurs et à la communauté internationale dans son ensemble, pour qu’ils garantissent un financement durable à l’Office, rappelant que le Koweït a versé plus de 70 millions de dollars ces quatre dernières années. 

Mme MAHLET HAILU GAUDEY(Éthiopie) a dénoncé les actions négatives des parties qui continuent d’alimenter les tensions dans la région.  La déléguée s’est dite attristée par les morts des civils israéliens et palestiniens.  Il est absolument vital, a-t-elle prévenu, que les parties s’abstiennent de tout acte susceptible de freiner les progrès et qui aggraverait les frustrations et la méfiance.  La situation sécuritaire et humanitaire à Gaza est une vraie source de préoccupation et éviter le pire doit être la priorité.  La représentante a souhaité que les manifestations prévues pendant la semaine de haut niveau contribuent à mobiliser l’aide de la communauté internationale, une aide à la hauteur des besoins des Palestiniens. 

L’Éthiopie appuie l’engagement de l’ONU, de l’Égypte et de toutes les parties concernées à régler la situation à Gaza.  Les efforts de l’Égypte pour la réconciliation interpalestinienne sont un pas important et les parties doivent coopérer pour le bien d’un peuple qui a trop longtemps souffert.  Vingt-cinq ans après les Accords d’Oslo, la paix au Moyen-Orient et en Palestine nous échappe toujours, s’est désolée la représentante.  Il faut revigorer et faciliter la reprise des négociations directes.  Il appartient au Conseil de sécurité, a conclu la représentante, de soutenir ces efforts pour la paix entre les Israéliens et les Palestiniens et la paix dans la région du Moyen-Orient. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a indiqué que son pays regrette l’absence d’un cadre de concertation consensuel et viable, depuis l’impasse dans laquelle se trouve les Accords d’Oslo qui avaient pourtant suscité l’espoir d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.  La Côte d’Ivoire réitère son appel aux dirigeants israéliens et palestiniens à faire preuve de dépassement pour renouer le dialogue.  Le représentant a réaffirmé le « soutien ferme » de la Côte d’Ivoire à la solution des deux États, coexistant pacifiquement dans le cadre des frontières de 1967.  Pour M. Ipo, la relance du dialogue n’est pas qu’une simple nécessité, mais avant tout une urgence dont la satisfaction aiderait à circonscrire les guerres potentielles.  C’est tout le sens du soutien de la Côte d’Ivoire à l’initiative lancée par la France, le 15 janvier 2017, et qui a abouti à l’adoption, par 70 États et organisations internationales, d’une Déclaration conjointe réaffirmant l’attachement de la communauté internationale à la solution des deux États. 

Sur le volet humanitaire, la Côte d’Ivoire, a dit le représentant, encourage les donateurs à poursuivre et à multiplier les initiatives d’assistance aux populations palestiniennes en détresse.  Elle salue à cet égard l’annonce faite par la Jordanie d’organiser, le 27 septembre, à New York, une conférence en vue de mobiliser les appuis financiers indispensables à la poursuite des activités de l’UNRWA.  Au sujet du Yémen, la Côte d’Ivoire estime que le pessimisme et l’inaction ne sont pas envisageables, car « ils feraient porter à notre conscience collective le fardeau d’une autre tragédie ».  M. Ipo a également rappelé aux parties en conflit leurs obligations au regard du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Il a aussi appelé à la mise en œuvre du principe de reddition de comptes pour sanctionner les atteintes inacceptables aux droits de l’homme au Yémen.

Concernant la crise syrienne, la Côte d’Ivoire a appelé avec insistance les belligérants à la cessation immédiate des hostilités et à privilégier le dialogue, dans le cadre d’un processus politique inclusif, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité qui définissait la feuille de route du processus de paix en Syrie.  Le représentant a enfin salué les efforts déployés par la communauté internationale qui ont permis la signature de l’Accord de Genève sur le nucléaire iranien.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a rappelé que sa délégation fait partie des 10 signataires de la lettre du 14 mai dernier dans laquelle les auteurs demandaient que soit restaurée la pratique usuelle qui veut que le Conseil de sécurité reçoive des rapports écrits, y compris dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité.  Contrairement au mois de juin dernier au cours duquel un rapport avait été publié le 18 juin, le délégué a regretté que cela ne soit pas le cas aujourd’hui.  Il a appelé les parties israélienne et palestinienne à respecter les résolutions pertinentes adoptées par le Conseil de sécurité au cours des 50 dernières années, soit depuis 1967.  Il a insisté sur la résolution 2334 (2015), plaidant pour l’arrêt des colonies de peuplement.  Le délégué a appelé les autorités israéliennes à mettre un terme aux démolitions et à relocaliser les communautés palestiniennes en Cisjordanie.

Le représentant a souligné l’importance d’un soutien à l’« entité importante » qu’est l’UNRWA compte tenu de son travail et de la situation désespérée à Gaza.  Il a aussi insisté sur l’unité intrapalestinienne, appelant à l’union des diverses factions sous la bannière d’une Autorité palestinienne légitime et démocratique.  Il a invité les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Union européenne et l’ONU à faire revivre le Quatuor, afin de consolider les efforts multilatéraux pour une solution pacifique du conflit.  Enfin, il a appelé les dirigeants israéliens et palestiniens et toutes les parties prenantes, à « prendre des actions concrètes pour préserver la possibilité d’une coexistence pacifique et la solution des deux États ». 

Le 13 septembre a marqué le vingt-cinquième anniversaire de la signature des Accords d’Oslo, a rappelé M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), et, depuis, l’Autorité palestinienne a été mise en place, le transfert des compétences a eu lieu et les institutions palestiniennes ont été jugées aptes à assumer les responsabilités d’un État.  Mais le transfert des responsabilités a cessé, et les divisions entre Gaza et la Cisjordanie ne cessent de se creuser alors que les colonies de peuplements augmentent.  En 1993, il semblait compliqué de déplacer 100 000 colons israéliens.  Mais résoudre aujourd’hui la question de 600 000 colons en Cisjordanie est une tâche « herculéenne ».  Les Pays-Bas, a dit le représentant, condamnent la décision d’Israël d’autoriser la construction de 2 000 nouvelles unités de peuplement, rappelant que ces colonies sont illégales en vertu du droit international et qu’elles minent les perspectives de paix. 

« Trois quart de l’opinion publique palestinienne estime que la situation est pire aujourd’hui qu’avant les Accords d’Oslo », et le soutien à la solution des deux États est passé en dessous de la barre des 50% des côtés israélien et palestinien.  Nous sommes préoccupés par ces tendances et l’absence de mesures pour les inverser, a avoué le représentant, avant d’aborder la question de démolition programmée du village de Khan al-Ahmar en Cisjordanie.  Le représentant a réitéré l’appel de l’Union européenne et des Pays-Bas pour que le Gouvernement israélien reconsidère son plan de démolition, y compris son école, et le déplacement forcé de ses habitants.

Abordant ensuite la situation à Gaza, M. van Oosterom a constaté la dégradation de la situation humanitaire sur place et a noté que la reprise des hostilités a pu être évitée de justesse cette été grâce aux efforts des Nations Unies et de l’Égypte.  Pourtant, les causes sous-jacentes n’ont pas été réglées, a-t-il constaté, citant le taux de chômage de plus de 50% à Gaza et les manifestations le long de la barrière de Gaza dont le nombre des victimes augmente.  S’il a appelé à des manifestations véritablement pacifiques, il a aussi demandé à Israël une réaction proportionnée.  Il a encouragé la relance économique de Gaza, « qui ne devrait pas dépendre de l’aide humanitaire », notamment par l’ouverture prévisible des points de passage tout en tenant compte de la sécurité d’Israël.  Le représentant n’a pas manqué d’exprimer ses préoccupations face à la crise budgétaire de l’UNRWA.  Vingt-cinq ans après Oslo, les Pays-Bas encouragent les Israéliens et les Palestiniens à ne pas se tourner le dos et à s’engager sur la route difficile de la paix.  « Ils sont les seuls à pouvoir prendre les décisions sur les questions liées au statut final », a souligné M. van Oosterom, ajoutant que cela reste possible à condition d’avoir la volonté politique nécessaire.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a constaté que la paix semble éloignée 25 ans après les Accords d’Oslo. Or, il n’y pas de solution militaire à ce conflit et les parties ne devraient pas compliquer une situation déjà complexe.  Rappelant que depuis le début de l’année 2018, des centaines de Palestiniens ont perdu la vie à cause de la violence, le délégué a jugé important qu’Israël comprenne une fois pour toutes que le recours à la force doit être réfléchi et le blocus contre Gaza, cesser.  M. Esono Mbengono s’est aussi dit préoccupé par le manque de progrès dans la réconciliation entre le Fatah et le Hamas.  Il s’est également dit inquiet de la situation financière de l’UNRWA.  Il a conclu en insistant sur le droit des Israéliens et des Palestiniens à vivre dans la paix et la sécurité.  Il a donc appelé au plein respect des résolutions du Conseil de sécurité.

Mme NIKKI R. HAILEY (États-Unis) a attribué à un seul pays les conflits et l’instabilité au Moyen-Orient: l’Iran dont l’empreinte est visible partout dans la région.  Le régime iranien, s’est-elle expliquée, soutient les dictateurs qui gazent leur peuple, alimente les conflits, finance les combattants étrangers et les terroristes.  L’Iran transfert des missiles aux militants, agit contre les intérêts du Conseil de sécurité, en violant la souveraineté du Liban, de la Syrie, du Yémen, sans oublier l’Iraq où ses hommes de main ont reçu du matériel pour fabriquer des missiles.  Le régime iranien, a indiqué la représentante, vient d’ailleurs de tirer un barrage de missiles contre l’Iraq, attaquant le quartier général du Parti démocratique du Kurdistan et tuant, ce faisant, 11 personnes. L’Iran s’emploie aussi à influencer la formation du Gouvernement iraquien avec aux manettes le général Soleimani frappé, par ce Conseil, d’une interdiction de voyager depuis 2015.  L’Iran, a poursuivi la représentante, veut se servir d’un Iraq faible pour financer ses activités terroristes.  Il y a deux semaines, deux forces formées de ses hommes de main ont effectué des tirs de roquette contre l’ambassade américaine à Bagdad et le consulat américain à Bassorah.  La Maison Blanche, a souligné la représentante, n’a pas manqué de lancer une ferme mise en garde à l’Iran et de le prévenir qu’il le tiendra pour responsable de toute attaque de ses hommes de main contre des infrastructures et le personnel américains en Iraq.

La souveraineté est une question qui revient beaucoup au Conseil de sécurité et « à juste titre », a dit la représentante.  C’est un principe dont l’Iraq aussi doit pouvoir se prévaloir.  Or l’Iran, a affirmé la représentante, manifeste un mépris profond pour la souveraineté de l’Iraq.  Il menace les populations pour avancer ses pions politiques et compromet la caractéristique même de la souveraineté, à savoir le monopole d’État sur le recours à la force, en multipliant ses milices.  Non seulement l’ingérence de l’Iraq freine les progrès en Iraq mais elle fait reculer aussi le pays vers le conflit et les divisions, ces mêmes conflits et divisions que l’Iran encourage en Syrie, au Yémen, au Liban et dans le reste du Moyen-Orient.  Tous les États Membres soucieux du principe de souveraineté nationale devraient être préoccupés.  Tous ceux qui respectent le droit à l’autodétermination du peuple iraquien doivent le défendre, a conclu la représentante.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité débat de la reconfiguration de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei

8357e séance – matin
CS/13513

Le Conseil de sécurité débat de la reconfiguration de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a détaillé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, les recommandations du Secrétaire général visant à modifier le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) pour l’adapter « aux réalités actuelles du terrain ».  Si la plupart des délégations ont approuvé ces recommandations, celle du Soudan les a rejetées.

Comme l’indique le Secrétaire général dans sa lettre* adressée au Conseil en date du 23 août, le contexte a sensiblement évolué depuis le déploiement de la Force intérimaire.  Mes recommandations visent à remodeler la Force intérimaire pour la mettre au service du nouvel élan vers un règlement politique de la question d’Abyei et des autres litiges frontaliers qui opposent le Soudan et le Soudan du Sud, écrit le Secrétaire général.

M. Lacroix et l’Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud, M. Nickolay Haysom, qui s’est également s’exprimé, ont tenu à souligner les développements positifs qui se sont produits récemment entre les deux pays, en particulier la facilitation par le Soudan des pourparlers entre parties sud-soudanaises ayant abouti au récent Accord revitalisé de la résolution de la crise au Soudan du Sud.

Les deux hauts fonctionnaires n’ont néanmoins pas fait mystère de l’inégalité des progrès accomplis par les deux pays en vue du règlement de leurs questions frontalières, même si M. Haysom a estimé qu’il y a « de bonnes raisons de croire que la réticence des parties sera surmontée ».

Le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, crucial, qui doit offrir aux parties une zone tampon provisoire sur leur frontière commune, n’est ainsi pas encore pleinement opérationnel.  Le but de cette zone est de leur permettre de négocier pacifiquement les zones contestées.

« Nous ne pouvons appuyer un Mécanisme sous-utilisé et qui n’appuie pas le processus politique en vue d’aboutir à un statut définitif d’Abyei », a déclaré le délégué des États-Unis, tandis que son homologue de la Suède a estimé que « sept ans après la création de la Mission, nous ne sommes toujours pas proches d’une solution politique ».

Le délégué du Soudan du Sud a expliqué que les deux pays n’ont pas pu se voir régulièrement, « notamment parce que la région était jusqu’à présent focalisée sur l’Accord de paix sud-soudanais », tandis que son homologue du Soudan a insisté sur la stabilité sécuritaire à Abyei, grâce aux efforts des deux Gouvernements, avec le soutien de la FISNUA.

Saluée comme « l’une des meilleures missions de paix » de l’ONU par le Koweït, la FISNUA verrait, aux termes de la réforme proposée par le Secrétariat, ses effectifs militaires concentrés le long des frontières d’Abyei, pour prévenir toute incursion armée.  Trois unités de police supplémentaires seraient par ailleurs déployées.  Le plafond actuel de 4 500 membres en tenue ne sera pas modifié, a ajouté M. Lacroix. 

Si les délégations de la Bolivie, du Kazakhstan et de la France ont approuvé les recommandations du Secrétaire général, le représentant de l’Éthiopie a trouvé « difficile de soutenir la proposition de déployer des forces de police aux dépens des plafonds autorisés de personnels militaires ».  Il est prématuré de réduire l’effectif de la composante militaire dans la zone, a-t-il mis en garde.

De son côté, le délégué des États-Unis a estimé que ces recommandations sont « un bon point de départ même si elles ne vont pas assez pas loin ».  S’il a reconnu que la FISNUA fonctionne efficacement, il a invité à avoir une réflexion critique sur son mandat, en tenant compte de ressources financières par définition rares.

Enfin, si le représentant sud-soudanais a estimé que les aménagements prévus au mandat de la FISNUA permettront de renforcer la paix, le délégué du Soudan les a rejetés comme contraires aux arrangements sécuritaires en date de 2011.  « Il revient au Gouvernement du Soudan d’approuver le déploiement de la FISNUA », a-t-il tranché.

*S/2018/778

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2018/778)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a fait le point sur l’appui fourni par la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière et sur les progrès faits par le Soudan et le Soudan du Sud dans la mise en œuvre des critères visés par la résolution 2412 (2018).  S’agissant du premier critère –la facilitation de la liberté de déplacements– les deux pays ont chargé leurs équipes d’agents de surveillance basés dans le quartier général du Mécanisme à Kadugli de fournir les autorisations, a-t-il dit, ajoutant que toutes les patrouilles de la FISNUA ont ainsi été approuvées sans délais depuis avril. 

En ce qui concerne la création de couloirs de passage de la frontière, ce qui correspond à deux autres des critères précités, M. Lacroix a indiqué que les progrès dépendent des efforts de sensibilisation à mener par les parties auprès des communautés vivant dans cette zone.  De tels efforts sont en effet nécessaires pour dissiper les préoccupations de ces communautés, en soulignant auprès d’elles que le marquage des couloirs de passage de la frontière et les opérations du Mécanisme ne préjugent en rien de l’actuel ou futur statut juridique de la frontière, a-t-il dit.  M. Lacroix a indiqué, concernant le Comité commun de démarcation, que les parties n’ont pas été en mesure d’avancer les discussions sur le document de démarcation de la frontière, qui doit guider l’opération de démarcation. 

Malgré les progrès inégaux en vue de remplir les critères visés, les derniers mois ont vu des développements positifs entre les deux pays, a-t-il dit, en citant les efforts du Soudan visant à faciliter les pourparlers entre parties sud-soudanaises à Khartoum.  À cette aune, M. Lacroix a exhorté le Conseil à considérer les recommandations pour la reconfiguration de la Force avancées par le Secrétaire général afin d’adapter la FISNUA aux réalités du terrain. 

Les opérations du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière se sont intensifiées l’année dernière et ont enregistré un élan positif, en raison de la posture proactive de la Force et du Conseil, a-t-il poursuivi.  Ce Mécanisme étant un élément essentiel de la normalisation des relations entre les deux pays, M. Lacroix a préconisé un modeste réajustement du mandat de la Force concernant ce Mécanisme, mais avec les mêmes ressources financières.  Cela permettrait à la Force de mieux appuyer les efforts menés par l’Union africaine pour la démarcation, y compris s’agissant des efforts de sensibilisation précités. 

Dans la zone d’Abyei, M. Lacroix a indiqué que la composante militaire de la Mission concentrerait ses déploiements le long des frontières de ladite zone afin de prévenir toute incursion armée.  Eu égard à l’augmentation des activités criminelles dans la zone, le Secrétaire général recommande par ailleurs le déploiement de trois unités de police supplémentaires afin d’assurer le maintien de l’ordre et de promouvoir la réconciliation entre les communautés locales, sans modifier l’effectif total du personnel en uniforme fixé à 4 500 membres. 

« Des consultations approfondies ont eu lieu entre le Secrétariat, les parties et l’Union africaine afin d’aboutir à ces recommandations dans le but de s’adapter à la situation sur le terrain, en réduisant notamment les troupes dans la zone, en faisant en sorte que la police assure des tâches de maintien de l’ordre et en promouvant des progrès s’agissant du mécanisme de surveillance de la frontière. » Un engagement accru de ce Conseil auprès des parties est nécessaire, pour s’accorder sur un mandat de la FISNUA qui serve les intérêts des parties et des communautés de la zone frontalière, a déclaré le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. 

En conclusion, M. Lacroix a jugé impératif que les missions de paix s’adaptent aux réalités sur le terrain et œuvrent à une solution politique et estimé que l’appui de la FISNUA doit être reconfiguré afin que les parties aboutissent à des progrès tangibles.  C’est le but des recommandations du Secrétaire général, a-t-il conclu. 

M. NICKOLAY HAYSOM, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Soudan et le Soudan du Sud, a fait le point sur les négociations entre le Soudan et le Soudan du Sud au sujet du statut final d’Abyei, dont l’issue rendra possible « un retrait en temps opportun » de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) de la zone.  La guerre civile au Soudan du Sud, qui a démarré en 2013 et s’est intensifiée en 2016, a relégué la question d’Abyei au second plan, a-t-il relevé.  « Néanmoins, nous sommes maintenant convaincus qu’il y a de bonnes raisons de croire que la réticence des parties sera surmontée », s’est félicité le haut fonctionnaire, qui a fait état d’un changement de paradigme remarquable de la part des États membres de la Corne de l’Afrique pour engager les discussions avec leurs voisins.  C’est tout particulièrement vrai de l’Éthiopie et de l’Érythrée, dont le rapprochement a libéré une volonté de chercher des solutions politiques aux différends entre nations autrefois rivales. 

Les efforts de Khartoum pour négocier un accord entre les parties concurrentes dans la guerre civile au Soudan du Sud sont le meilleur exemple de ce changement, selon M. Haysom.  Le Soudan, a-t-il noté, insiste pour dire qu’il agît dans l’intérêt de la paix dans la région et l’établissement de relations de bon voisinage avec le Soudan du Sud.  Ses efforts ont été publiquement salués par Djouba et les autres parties signataires de l’Accord revitalisé de la résolution de la crise au Soudan du Sud (R-ARCISS).  Il n’y a aucun doute que la médiation réussie sur les questions en suspens dans l’accord de paix de l’IGAD par le Soudan a contribué à faire baisser les tensions entre Djouba et Khartoum.  Une partie de l’accord concerne l’établissement d’une coopération concrète entre les deux pays. 

« J’ai encouragé les Gouvernements du Soudan du Sud et du Soudan à élargir leur coopération dans le secteur pétrolier afin d’intensifier les engagements dans d’autres domaines de profits mutuels », a ajouté M. Haysom.  Il semble aussi que la réduction de l’intensité des conflits internes dans les deux pays, en particulier au Soudan du Sud, pourrait permettre une solution à cette question ainsi qu’à d’autres points couverts par leurs accords de coopération signés en 2012. 

La nouvelle donne a en effet permis à des personnalités éminentes concernées par Abyei, comme l’ancien Ministre des affaires étrangères, M. Francis Deng, de lancer une série de discussions informelles à Khartoum.  Leur but est d’ébaucher une feuille de route qui pourrait donner une nouvelle jeunesse à la coopération entre Ngok Dinka et Misseriya et offrir des perspectives pour les discussions sur le statut final d’Abyei.  C’est la première fois depuis 2012, lorsque les deux Présidents ont pris la responsabilité de régler la question d’Abyei, qu’il est possible pour les membres de groupe de pression sur Abyei dans les deux pays de mener des discussions directes sur cette question sensible.

Cette ambiance plus positive entre les deux pays a encouragé le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine à inviter les deux ministres des affaires étrangères des deux États pour une discussion sur Abyei la semaine prochaine.  Cette réunion devrait avoir lieu en marge de la session extraordinaire du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité.  « J’ai personnellement parlé avec les deux ministres séparément pour évaluer leur volonté de parler sur cette question et confirmer que le moment choisi pour une telle discussion était approprié.  Ils se sont montrés partants tout en étant clairs sur le fait qu’ils ne promettent pas un résultat positif », a indiqué M. Haysom.  Mais hier, les deux Gouvernements ont décliné l’offre de discuter la question d’Abyei en marge de la réunion du Mécanisme les 22 et 23 septembre car les deux ministres seront à New York, a poursuivi le haut fonctionnaire.  « Je reste optimiste et espère que leur rencontre aura lieu », a encore indiqué M. Haysom pour qui le fait de mettre la question du statut final d’Abyei sur l’agenda est déjà un point positif.

Concernant la proposition du Secrétaire général sur la FISNUA, il a confirmé que la disposition sur la dimension politique de la mission de la Force lui permettra de mieux gérer les relations intercommunautaires dans la zone d’Abyei et dans les zones frontalières adjacentes, en attendant une solution finale.  « Je peux confirmer que le Soudan et le Soudan du Sud reconnaissent que la FISNUA a contribué incontestablement au maintien de la paix et de la stabilité dans la zone y compris à travers le dialogue intercommunautaire et que cela a évité le retour au conflit à Abyei et, conséquemment, entre les deux pays », a dit le haut fonctionnaire en conclusion.

M. TAYE ATSKE SÉLASSIÉ (Éthiopie) s’est félicité de constater que la situation sécuritaire à Abyei est restée généralement calme au cours de la période considérée, Abyei étant devenu un centre commercial vibrant entre le Soudan et le Soudan du Sud, et une zone où de nombreuses communautés se sont réfugiées.  Le représentant a imputé cette stabilisation à la FISNUA, dont le travail au cours des six dernières années a permis de créer un environnement pacifique dans la zone d’Abyei.  Sans la présence de cette Mission onusienne, a-t-il mis en garde, existe un risque de résurgence des violences intercommunautaires.  Si le Soudan et le Soudan du Sud ont fait des progrès significatifs vers l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, il reste toutefois à mettre en œuvre l’Accord du 20 juin 2011 concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, a fait observer le délégué.  Il a mentionné à cet égard l’échec à établir les institutions intérimaires qui étaient supposées être mises en place en attendant la résolution définitive de la question d’Abyei. 

À la lumière de ces réalités, une reconfiguration du mandat de la FISNUA est envisageable, en vue d’améliorer ses capacités à prêter assistance aux parties pour mettre pleinement en œuvre les accords agréés, ce qui était, a rappelé M. Sélassié, la « raison d’être » même de la Force au moment de son déploiement.  Dans ce contexte, il a rappelé l’attachement de sa délégation au Mécanisme conjoint, qui doit faire l’objet d’une opérationnalisation complète, comme le recommande le Secrétaire général.  Cependant, la délégation éthiopienne n’a pas jugé nécessaire de transférer des troupes présentes dans la zone d’Abyei au Mécanisme conjoint pour rendre ce dernier complètement opérationnel: « Réduire le nombre de troupes aurait des conséquences sérieuses.  Simultanément, nous trouvons difficile de soutenir la proposition de déployer des forces de police aux dépens des plafonds autorisés de personnels militaires.  Il y a certes un mérite particulier à déployer des policiers, en particulier en l’absence de la force de police d’Abyei, mais nous considérons qu’il est prématuré de réduire l’effectif de la composante militaire dans la zone, en l’absence de la pleine mise en œuvre des accords de 2012. »  Le représentant éthiopien s’est ensuite prononcé en faveur du renforcement de la composante civile, et a repris à son compte l’appel du Secrétaire général aux bailleurs de fonds internationaux à financer des projets locaux axés sur la réconciliation et le développement. 

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a pris note des propositions du Secrétaire général dans sa lettre du 20 août, et reconnu l’importance du rôle joué par la FISNUA, qu’il a qualifiée de « l’une des meilleures missions de maintien de la paix des Nations Unies ».  Il s’est également félicité de l’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud.  S’agissant du mandat de la Force, il a estimé qu’il devait tenir compte de l’évolution de la situation depuis l’an dernier. 

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a noté avec regret le peu de progrès réalisés dans la mise en œuvre de accords de coopération de 2012 entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Dans l’attente du règlement final du statut de la zone, il a appelé à mettre en place des institutions communes.  Il a aussi souhaité que les dirigeants soudanais et sud-soudanais accordent une attention diligente à la zone d’Abyei, « au regard de son importance ».  Il s’est ensuite félicité des efforts consentis par la FISNUA afin de garantir la sécurité et la stabilité dans la zone.  Toutefois, s’est-il inquiété, la situation instable pourrait se détériorer en l’absence de règlement politique viable sur le statut final de la zone d’Abyei.

S’agissant de la mise en œuvre de la résolution 2412 (2018), le représentant s’est réjoui du maintien, par les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, de l’autorisation des patrouilles aériennes et terrestres de la FISNUA, et de la reprise des discussions sur les questions relatives à la démarcation de la frontière commune.  Il a cependant regretté les faibles avancées enregistrées en ce qui concerne la finalisation de l’accord sur les trois bases d’opérations restantes du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, et la tenue des réunions du Mécanisme pour les questions politiques et de sécurité.  Il a souhaité que la FISNUA continue de soutenir le Mécanisme et a encouragé les autorités des deux pays à fournir davantage d’efforts en vue de la mise en œuvre des différents accords et des mesures prescrites par la résolution 2412 (2018).

Le délégué a par ailleurs jugé important que le mandat de la FISNUA soit adapté afin de refléter l’évolution de la situation sur le terrain et en vue d’améliorer son efficience en matière de protection des populations.  Il s’est réjoui des clarifications apportées par le Secrétaire général sur l’articulation des rôles que joueront le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA et le bureau de son Envoyé spécial.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a noté, malgré la stabilité de la situation sécuritaire, que les progrès sont encore insuffisants concernant le statut définitif d’Abyei.  En conséquent, le délégué a appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à renforcer le rôle de la Mission dans le règlement des questions frontalières et aboutir à un statut définitif pour Abyei.  Il a souligné le rôle important de la composante police de la FISNUA tout en l’encourageant à poursuivre ses négociations avec les parties en vue d’établir des comités de protection communautaires.  Malgré certains délais s’agissant de l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, le délégué a noté les efforts sérieux accomplis par ces deux pays dans ce but.  « Un tel Mécanisme est crucial pour maintenir la stabilité à Abyei et prévenir tout affrontement le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud. »

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a appuyé l’évaluation du Secrétaire général pour qui « la FISNUA est l’une des opérations de maintien de la paix dont le bilan est le plus positif.  Cette réussite est rendue possible par l’engagement et le dévouement du personnel de la Force, et par l’appui fourni par le Gouvernement éthiopien ».  Aussi, a-t-elle soutenu la proposition de reconfigurer le mandat de la Mission pour qu’elle puisse continuer à aider les parties à mettre en œuvre les accords en suspens.  La représentante a préconisé d’œuvrer à l’atténuation des tensions sur le marché commun d’Amiet, qui est devenu le symbole le plus visible de l’engagement pris par les Ngok Dinka et les Misseriya en faveur de la paix et de la réconciliation.  Ce marché, a-t-elle noté, a donné un nouveau souffle aux relations et au commerce entre les communautés dans l’ensemble de la région.  La Bolivie s’est donc déclarée favorable à la prorogation du mandat de la FISNUA, a déclaré la représentante, qui a cependant souhaité être informée au préalable des vues du Soudan et du Soudan du Sud, et des pays contributeurs de troupes. 

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a rappelé que le Conseil de sécurité avait fixé des objectifs précis aux parties concernant la démarcation de la frontière et a constaté que les progrès accomplis en la matière ne sont pas à la hauteur des attentes.  Il a reconnu que des progrès existent, notant en particulier la délivrance des autorisations nécessaires pour les patrouilles de la FISNUA.  Mais, a-t-il estimé, le bilan est globalement décevant, notamment s’agissant de la mise en place des bases d’opérations du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière ou encore de l’ouverture des couloirs de passage à la frontière.  Tout en ayant conscience du fait que la saison des pluies rend le travail difficile, il a encouragé fortement les parties à faire plus et plus vite pour avancer sur la démarcation des frontières.

Dans ce contexte, a poursuivi le représentant, les recommandations formulées par le Secrétaire général sont d’autant plus importantes.  Il a notamment salué le choix de renforcer la posture politique de la FISNUA, notant que le statu quo politique mène à l’impasse, tout en précisant qu’il ne s’agit en aucun cas de se substituer à l’action du Groupe de haut niveau de l’Union africaine.  Parmi les autres aspects essentiels à ses yeux dans la perspective d’une évolution de la Mission, le délégué a cité la montée en puissance des composantes civile et policière de la Mission, ainsi que le redéploiement et la réduction globale de la composante militaire.  Il a aussi appelé la FISNUA à soutenir les initiatives locales qui sont utiles pour le processus politique tout en jugeant important d’encourager l’équipe de pays de l’ONU à développer des projets axés sur la réconciliation et le développement.

M.  CARL ORRENIUS SKAU (Suède) s’est félicité de la stabilité de la situation sécuritaire à Abyei, même si celle-ci demeure « imprévisible ». La présence continue de la FISNUA demeure cruciale, a-t-il dit.  « Sept ans après la création de la Mission, nous ne sommes toujours pas proches d’une solution politique », a-t-il déploré.  « L’impasse ne peut pas durer indéfiniment et nous devons intensifier nos efforts pour aller de l’avant. » Il a souligné le rôle crucial de la FISNUA pour la normalisation des relations entre les deux pays et appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à renforcer son rôle d’appui au processus politique en vue d’aboutir à un statut définitif d’Abyei.  Le délégué a salué l’importance d’une pleine opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Enfin, il a salué le travail de la FISNUA s’agissant de la violence relative au genre et des droits des enfants. 

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a fait part de sa déception face au peu de progrès dans la démarcation de la frontière et du fait que peu de mesures prévues dans la résolution 2412 (2018) aient été mises en œuvre.  Elle a dit attendre notamment la tenue de la réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité qui devrait insuffler une nouvelle dynamique dans le cadre des efforts visant une solution durable pour la région d’Abyei.

Pour les Pays-Bas, la stabilité dans la région doit rester l’objectif premier, c’est pourquoi le pays soutient les propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général, notamment celle qui prescrit de « créer un espace politique comme prochaine étape ».  Pour les Pays-Bas, l’ajout d’une composante civile à la FISNUA pourrait contribuer à atteindre cet objectif. 

Mme Grégoire Van Haaren a également insisté sur l’importance de l’état de droit et de la responsabilisation.  Il est donc important, au vu de la montée de la criminalité, de renforcer les capacités des communautés locales en matière d’état de droit.  Pour y parvenir, la représentante a souscrit à la proposition du Secrétaire général d’augmenter le nombre de policiers de la Mission et notamment les femmes policiers.

M. JOANNA WRONECKA (Pologne) a estimé que l’absence d’autorités officielles effectives à Abyei a eu pour conséquence une application des lois pour le moins limitée et une gouvernance faible.  La délégation a ensuite rappelé que la responsabilité première dans l’application des accords conclus en 2011 et 2012 incombe au Soudan et au Soudan du Sud.  La Pologne estime donc que le Conseil de sécurité devrait rester uni dans son soutien aux deux Gouvernements pour les aider à établir dans les meilleurs délais le Mécanisme conjoint et à rechercher une solution politique à leur différend.  La délégation a jugé que la proposition de reconfigurer les tâches de la Mission devrait être prise en concertation avec les deux pays concernés, ainsi qu’avec l’Union africaine. 

M. WU HAITAO (Chine) a noté la stabilité de la zone d’Abyei et estimé que l’Accord de paix revitalisé signé le 12 septembre pour la fin du conflit au Soudan du Sud est un autre élément positif.  La volonté des dirigeants du Soudan et du Soudan du Sud doit être respectée concernant le statut définitif de la zone d’Abyei, a-t-il dit, en appelant de ses vœux la prise de « mesures pragmatiques ».  Le délégué a loué le travail accompli par l’Union africaine pour la réconciliation entre les deux pays, ainsi que l’appui fourni par la FINSUA pour l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Évoquant les recommandations du Secrétaire général s’agissant du mandat de la FISNUA, il a jugé crucial de prendre en compte les positions du Soudan, du Soudan du Sud et des pays contributeurs de troupes.  Enfin, le délégué a souligné l’importance d’apporter « des solutions africaines à des défis africains ».

M. PAUL DUCLOS (Pérou) a jugé impératif de réactiver le processus politique et de combler le vide gouvernemental et administratif à Abyei.  Il a misé sur un rôle plus actif pour la FISNUA et sur sa coordination avec la Commission et le Groupe de haut niveau de l’Union africaine, en vue de parvenir à une consolidation de la paix.  La FISNUA, a-t-il estimé, doit pouvoir aider à résoudre les controverses relatives aux frontières.  Il a souligné à cet égard l’importance du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière pour maintenir des relations stables entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Il a aussi espéré que la FISNUA aiderait à renforcer les institutions, celles-ci devant garantir la gouvernance, l’état de droit et l’ordre public à Abyei.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) s’est félicitée des progrès enregistrés dans la mise en œuvre du mandat de la FISNUA, qui est un instrument important pour stabiliser la zone d’Abyei.  Elle s’est toutefois dite préoccupée des tensions et conflits internes récurrents, qui rendent plus que jamais nécessaire pour les deux parties de mettre en œuvre les mesures prévues par des accords de coopération signés en 2012 et relatifs à la gestion des frontières et de la sécurité.  Dans ce contexte, le Conseil de sécurité devrait jouer un rôle constructif à l’appui des efforts déployés par la FISNUA pour remplir son mandat, a estimé le représentant, qui a, en conclusion, apporté son soutien à l’idée que la Mission puisse jouer un rôle encore plus actif dans la recherche d’une solution politique.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a salué les deux pays pour avoir cessé d’entraver les déplacements de la FISNUA, en particulier les patrouilles aériennes, tout en les exhortant à régler les questions en suspens.  Le délégué a notamment jugé cruciaux les efforts de sensibilisation des communautés vivant dans la zone.  Il a appuyé les recommandations du Secrétaire général s’agissant de l’adaptation du mandat de la Force, soulignant la nécessité de réduire « à terme » la composante militaire de la FISNUA et de concentrer ses effectifs le long des frontières de la zone d’Abyei.  Notant que le service de police d’Abyei tarde à être mis en place, il a appuyé le déploiement de trois unités de police supplémentaires tel que préconisé par le Secrétaire général, afin de lutter contre la criminalité dans la zone.  Enfin, le représentant a souligné la nécessité de faire en sorte que la Mission soit dotée des ressources nécessaires. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est félicité de la baisse récente des tensions entre « les deux Soudan », et des efforts déployés par l’UA et l’IGAD dans la normalisation des relations intersoudanaises.  Il a également jugé positives les réunions régulières qui se tiennent entre les communautés ngok dinka et misseriya, dans le cadre d’un effort de réconciliation.  Malheureusement, les dispositions des accords de 2011 et 2012 ne sont toujours pas mises en œuvre, a regretté le délégué, tout en saluant les progrès réalisés vers l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint par les parties.

Concernant la FISNUA, le représentant a rappelé que sa délégation avait appuyé le renouvellement du mandat précédent, et qu’elle était favorable à une prorogation supplémentaire.  Conscient des entraves au processus politique entre Khartoum et Djouba, il a estimé que la Force joue un rôle important en prêtant assistance aux deux capitales pour stabiliser la situation dans la zone d’Abyei.  Au moment de reconfigurer le mandat de la Force, « il faudra respecter les règles fondamentales du maintien de la paix », a préconisé le représentant de la Fédération de Russie, pour qui il est aussi nécessaire de tenir compte des vues des deux pays concernés et des pays fournisseurs de contingents. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a souligné la nécessité de reconfigurer la FISNUA pour l’adapter aux réalités du terrain.  « Les recommandations du Secrétaire général sont un bon point de départ même si elles ne vont pas assez pas loin. » Le délégué a, en particulier, estimé que la composante militaire de la Mission ne se justifiait plus.  Il a ensuite déploré le manque de progrès en vue de l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, avant d’exhorter les parties à œuvrer pour remplir les critères de la résolution 2412 (2018).  « Nous ne pouvons appuyer un Mécanisme sous-utilisé et qui n’appuie pas le processus politique en vue d’aboutir à un statut définitif d’Abyei. »

Le représentant a aussi plaidé pour l’augmentation de la composante policière de la FISNUA lors de la reconfiguration de la Mission, tout en soulignant l’importance d’une composante civile pour créer un espace politique propice à un règlement définitif.  Si la FISNUA fonctionne efficacement, nous devons avoir une réflexion critique sur son mandat, en tenant compte de ressources financières par définition rares, a poursuivi le délégué des États-Unis.  Il doit y avoir une stratégie de sortie, y compris pour les missions qui ont montré leur efficacité, a-t-il conclu. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a salué la lettre du Secrétaire général relative à la reconfiguration du mandat de la FISNUA.  Ses recommandations ont été bien accueillies par les Ngok Dinka, a-t-il dit : les neuf Chefferies ngok dinka ont transmis hier une lettre à cet effet au Conseil de sécurité.  Le représentant a néanmoins exprimé des inquiétudes au sujet de la proposition qui préconise que la FISNUA soutienne l’idée d’une force de police non armée spécialisée dans les migrations des Misseriya.  Il a craint qu’une telle mesure vienne, sur le long terme, légitimiser l’installation illégale sur certaines terres appartenant aux Dinka, ce qui freinerait le retour des déplacés ngok dinka vers leurs terres légitimes. 

En ce qui concerne les rencontres entre le Soudan et le Soudan du Sud, le délégué a expliqué que les deux pays n’ont pu se voir régulièrement, notamment parce que la région était jusqu’à présent focalisée sur l’Accord de paix sud-soudanais.  La réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité est prévue samedi prochain, 22 septembre, à Addis-Abeba, a-t-il annoncé.

Il a ensuite rappelé la disposition de la résolution 2416 (2018) du Conseil de sécurité, qui demandait que « le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine informe le Conseil de sécurité des progrès faits par les parties dans la mise en œuvre de mesures pour appliquer l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei et pour parvenir à un règlement politique sur le statut d’Abyei ».  Étant donné que les deux parties n’ont pu se rencontrer régulièrement, il a proposé qu’elles fassent, ensemble ou séparément, des comptes rendus au Conseil de sécurité.  Il a enfin relevé que si la paix a prévalu à Abyei au cours des récentes années, c’est aussi parce que la FISNUA a bien rempli sa mission. Il a estimé que les aménagements prévus au mandat de celle-ci permettront de renforcer la paix entre les deux parties et entre les communautés d’Abyei.  De ce fait, maintenir la force de la FISNUA tout en la renforçant d’éléments de police semble être une décision prudente et sage du Conseil de sécurité, a-t-il conclu.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a tenu à rappeler la situation qui a permis la conclusion de l’Accord du 30 juillet 2011 entre les Gouvernements soudanais et sud-soudanais concernant le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière et le respect du principe de l’autodétermination par le peuple sud-soudanais.  Selon lui, la stabilité sécuritaire qui prévaut désormais à Abyei est le résultat direct des efforts déployés par les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, avec le soutien de la FISNUA.  En attendant la pleine mise en œuvre des accords en suspens, le représentant a fait observer qu’Abyei fait « partie intégrante » du territoire soudanais.

Le délégué du Soudan a ensuite rejeté les recommandations du Secrétaire général, qu’il a jugées contraires aux arrangements sécuritaires datés de 2011.  Le représentant a également fait valoir qu’il revenait au Gouvernement du Soudan d’approuver le déploiement de la FISNUA, et que cet accord ne serait pas modifié sans l’accord de Khartoum.  Il a par ailleurs appelé le Soudan du Sud à coopérer avec Khartoum et l’UA pour hâter l’établissement des arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei. Le délégué a enfin souligné la nécessité d’examiner la situation d’Abyei dans le cadre d’une approche tenant compte des avis des deux pays et de l’évolution de la situation sur le terrain.  Cela lui a paru d’autant plus justifié que son gouvernement a accueilli, le 12 septembre 2018, les parties au conflit au Soudan du Sud pour la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud (R-ARCSS).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: un Conseil de sécurité circonspect salue l’accord russo-turc d’hier sur Edleb tout en réitérant les appels pour un processus politique ouvert

8355e séance – matin
CS/13509

Syrie: un Conseil de sécurité circonspect salue l’accord russo-turc d’hier sur Edleb tout en réitérant les appels pour un processus politique ouvert

L’accord conclu hier à Sotchi entre la Russie et la Turquie pour créer une zone démilitarisée à Edleb a été salué, ce matin, par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Mark Lowcock, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, et la majorité des membres du Conseil de sécurité réunis pour examiner la situation politique et humanitaire en Syrie.  L’accord est censé faciliter le retrait des groupes terroristes et éviter une catastrophe humanitaire en cas d’offensive armée.

L’Envoyé spécial s’est félicité de ce progrès apporté par la diplomatie: cela permet d’aborder les défis posés par les groupes terroristes tout en protégeant trois millions de civils, dont un million d’enfants.  M. Lowcock, qui est aussi Coordonnateur des secours d’urgence, a fait remarquer qu’« une escalade militaire dans la région aurait pu conduire à la pire tragédie humanitaire du XXIe siècle ».

La plupart des orateurs ont insisté sur l’importance d’un processus politique ouvert pour une sortie de crise en Syrie, avec une première étape urgente: la mise sur pied d’un comité constitutionnel.  Ils ont également présenté leurs condoléances à la Fédération de Russie qui a perdu 15 soldats, hier, lorsqu’un de ses avions de chasse a été abattu, par erreur, par l’artillerie syrienne qui visait en fait l’aviation israélienne, celle-ci ayant procédé à des raids en Syrie.

L’accord sur une zone démilitarisée large de 15 à 20 Km a été élaboré en se basant sur les zones de désescalade prévues par l’accord d’Astana, a expliqué la Turquie.  L’accord prévoit, entre autres, que les armes lourdes soient retirées de la zone d’ici au 10 octobre et que tous les groupes terroristes s’en retirent d’ici au 15 octobre.  De plus, la Russie va s’atteler à empêcher toute opération militaire à Edleb, tandis que les deux signataires vont mener des patrouilles conjointes sur les deux frontières de la zone démilitarisée.  Les deux pays ont décidé de poursuivre leur lutte contre le terrorisme en Syrie, y compris contre les « Unités de protection du peuple kurde du Parti de l’Union démocratique », a précisé le représentant turc.

Pour la Russie, ce document démontre que la Syrie et les garants d’Astana font leur possible pour éviter des souffrances aux civils d’Edleb.  Le représentant russe a ainsi promis que ces efforts se poursuivront, « quels que soient les propos envieux ou empreints de jalousie de certaines délégations ».  Cet accord, a remarqué le délégué de l’Iran, est dans la droite ligne de la détermination exprimée à Téhéran par les Chefs d’État russe, turc et iranien qui ont dit vouloir continuer d’éliminer tous les terroristes tout en tenant compte de l’aspect humanitaire.

M. Lowcock a tout de même mis en garde contre l’utilisation de la force pour démilitariser, car cela poserait un risque pour les civils alors que la démilitarisation a précisément pour but de les protéger.  Il a également recommandé que la distinction entre civils et combattants soit faite dans le respect du droit international et avec des normes claires, notamment en ce qui concerne les femmes et les enfants qui font partie des familles des combattants ou sont considérés comme des proches de ceux-ci.

Toujours au sujet des civils, le Secrétaire général adjoint a indiqué que le Gouvernement syrien lui a fait part de sa préoccupation face au sous-financement de la réponse humanitaire cette année.  Il a dit avoir assuré que les choses pourraient s’améliorer si les missions d’évaluation et l’accès humanitaire des agences s’intensifiaient, y compris pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  « Pourquoi y a-t-il toujours des problèmes d’accès? », a d’ailleurs demandé la représentante du Royaume-Uni.  De son côté, le délégué russe a commenté le rapport du Secrétaire général sur le volet humanitaire en critiquant « un document qui ne donne pas d’informations sur les efforts humanitaires dans les zones qui ne sont pas sous contrôle gouvernemental », parlant même d’un « humanisme sélectif ». 

Pour le plus long terme, des orateurs, dont la Chine, ont appelé la communauté internationale à soutenir les efforts de reconstruction de la Syrie, ce à quoi le délégué des États-Unis a réagi en disant qu’« ils n’obtiendront aucune aide pour reconstruire, certainement pas de nous ».  Il a dit « ne pas imaginer qu’un autre gouvernement puisse expliquer à son peuple pourquoi il enverrait de l’aide au régime barbare d’Assad. »  Même avertissement de la part des Pays-Bas: « Il n’y aura pas d’aide pour la reconstruction de la Syrie tant qu’il n’y aura pas une transition politique durable, et tant que la menace d’une offensive massive planera sur Edleb. »

Au sujet du processus politique, l’Envoyé spécial a envoyé un message aux garants d’Astana: « ils ne doivent pas chercher à s’immiscer dans les questions qu’il m’appartient de résoudre ».  Il leur a reproché de vouloir saper les dispositions de la résolution 2254 (2015) et les 12 principes du processus de Genève endossés pourtant par le Sommet de Sotchi.  « Ma ligne directrice est la résolution 2254 qui donne mandat à l’ONU pour faciliter le processus politique », a-t-il expliqué.  « N’utilisez pas le Conseil de sécurité pour faire pression sur les garants du processus d’Astana qui ont du reste fait plus que quiconque pour la résolution de la crise en Syrie », a retorqué le délégué russe avant d’indiquer que le « trio d’Astana » entend lancer un processus politique.

Au sujet de la création d’un comité constitutionnel syrien, l’Envoyé spécial a dit que les listes du Gouvernement et de l’opposition ont été agréées et qu’il reste maintenant à s’entendre sur la « troisième liste du milieu », celle qui inclue la société civile et que l’ONU pourrait soutenir, pour offrir une crédibilité et une légitimité internationales.  M. de Mistura s’est dit pourtant déçu que la troisième liste pour laquelle il a une responsabilité particulière ait fait l’objet d’interrogations.  C’est à l’ONU et au processus de Genève de faciliter et de finaliser la voie à suivre, a-t-il lancé, alors que pour la France, la solution politique ne saurait se résumer à l’élaboration d’une nouvelle constitution.  Le délégué de ce pays a évoqué d’autres éléments comme la tenue d’élections libres et transparentes, ainsi que la mise en place d’un environnement sûr et neutre, garanti par des mesures de confiance, « qui seul permettra de conférer à l’ensemble du processus une crédibilité suffisante ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2018/845)

Déclarations

M. STAFFAN DE MISTURA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a commencé par relater les derniers développements concernant Edleb.  Hier, le Président russe, M. Vladimir Putin, et son homologue de la Turquie, M. Erdoğan, se sont mis d’accord pour créer une zone démilitarisée dans la zone de désescalade à Edleb.  Le Gouvernement de la Syrie a salué cet accord et a confirmé sa pleine coordination avec la Fédération de Russie.  M. de Mistura s’est félicité de ce progrès de la diplomatie pour aborder les défis posés par les groupes terroristes figurant à la liste du Conseil de sécurité tout en protégeant 3 millions de civils dont un million d’enfants.

« Je remercie les Présidents Putin et Erdoğan pour leur engagement personnel », a-t-il dit en saluant aussi le fort engagement international au sujet des dangers d’une offensive généralisée à Edleb, ainsi que l’appel de la société civile syrienne.  M. de Mistura a en effet reçu une lettre de 13 000 femmes d’Edleb demandant la protection et la sécurité pour leurs familles. 

L’Envoyé spécial a espéré la mise en œuvre rapide de cet accord dans le plein respect du droit international humanitaire, avec un accès humanitaire durable dans le respect de la souveraineté, l’indépendance et l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, et avec une préférence pour le dialogue pour faire face à une situation complexe.

Hier également, alors que la crise à Edleb a été évitée, il a constaté une inquiétante escalade.  La nuit dernière, un avion militaire russe a été abattu, causant la mort de 15 soldats qui étaient à bord.  Le Ministère russe de la défense a déclaré que l’avion avait été accidentellement abattu par le tir d’un avion de chasse du Gouvernement syrien qui répondait à un autre avion de chasse israélien menant une attaque sur la côte.  La Russie a accusé Israël de provocation, mais ce dernier a déclaré que ses avions avaient ciblé des bateaux chargés d’armements qui se dirigeaient au Liban et menaçaient ainsi la sécurité d’Israël; Israël a rejeté la responsabilité sur le Gouvernement syrien de l’incident.  « J’appelle toutes les parties à s’abstenir d’actions militaires qui pourraient faire empirer une situation déjà complexe », a lancé M. de Mistura. 

Il s’est toutefois réjoui, aujourd’hui, de la désescalade dans la majeure partie d’une région: Edleb.  Avec maintenant cet accord, il n’y a pas de raison de ne pas avancer rapidement dans le processus politique, selon lui.  Les Syriens, a-t-il remarqué, se tournent vers l’ONU pour faciliter le processus politique qui les aidera à sortir de la guerre et envisager un avenir meilleur, un avenir qu’ils détermineront de façon indépendante et démocratique.  Cela demande un vrai dialogue et de véritables négociations, un processus crédible et inclusif.  « Ma ligne directrice est la résolution 2254 (2015) qui donne mandat à l’ONU pour faciliter le processus politique.  J’ai toujours cherché les voies et moyens créatifs pour mettre en œuvre la résolution 2254 à la lumière de nombreuses évolutions politiques et militaires mais toujours pour assurer que le processus politique soit crédible et traite les questions qui divisent les Syriens », a expliqué M. de Mistura.

L’Envoyé spécial a rappelé que le Secrétaire général l’avait dépêché au Sommet de Sotchi et que, sur la base des consultations, l’ONU avait des raisons d’espérer que Sotchi pourrait contribuer à accélérer le processus de Genève.  Le résultat du Sommet constitue une partie importante dans le cadre d’un processus politique plus large.  Les termes finaux du comité constitutionnel devraient être finalisés par l’ONU à Genève, a-t-il dit en soulignant son travail minutieux pour faciliter la création dudit comité.  À cet égard, il a dit avoir consulté l’Iran, la Russie et la Turquie, les membres du « Small Group » et d’autres parties prenantes.  Il a aussi été disponible pour entendre les Syriens, le Gouvernement, toute l’opposition et d’autres encore, à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie.

De ces consultations est sortie une formule de participation acceptée par tous: un tiers des délégués devrait venir du Gouvernement, un tiers de l’opposition et le dernier tiers serait constitué d’experts syriens, de la société civile, d’indépendants, de dirigeants tribaux et de femmes.  Chaque groupe serait composé de 50 personnes dont 15 pourraient jouer un rôle spécifique dans l’élaboration du projet de réforme constitutionnelle.  L’Envoyé spécial y a vu une bonne formule pour lancer un processus crédible et inclusif, sur la base de laquelle, trois listes ont émergé: la liste de la délégation gouvernementale avec le soutien de la Russie et de l’Iran; la liste de la délégation de l’opposition soutenue par la Turquie et d’autres États; et la « troisième liste du milieu », qui correspond aux critères de la résolution 2254 et de Sotchi.  M. de Mistura a expliqué que l’ONU pourrait soutenir cette liste, en termes de crédibilité et de légitimité internationales.

De plus, après avoir consulté les garants d’Astana, des suggestions et des options ont été présentées s’agissant du mandat, de la présidence, de la conduite, et de la prise de décisions, afin d’offrir un minimum de points de procédures qui permettraient aux Syriens de se réunir efficacement, et de faire des progrès dans un processus mené par les Syriens et facilité par l’ONU.  « Au début de ce mois, a rappelé l’Envoyé spécial, je disais que nous étions à un moment de vérité », car toutes les opportunités sont réunies pour aborder tous les problèmes.  Qui plus est, une réunion a été organisée les 10 et 11 septembre à Genève pour aller de l’avant.  Les listes du Gouvernement et de l’opposition n’ont pas été contestées.  « Ceci est important. »

M. de Mistura s’est dit pourtant déçu que la troisième liste pour laquelle il a une responsabilité particulière ait fait l’objet d’interrogations.  « On m’a reproché de manquer de la crédibilité et de la légitimité nécessaires pour faciliter le processus », a regretté l’Envoyé spécial.  En outre, d’autres questions sont laissées en suspens comme le règlement intérieur.  Les garants d’Astana, a rapporté M. de Mistura, proposent de continuer les discussions techniques sur la troisième liste avant une autre réunion à Genève en octobre, ce qui ne lui pose pas de problème.  Toutefois, il estime que la troisième liste doit être équilibrée et crédible pour tous les Syriens de tous bords et pour la communauté internationale.  C’est à l’ONU et au processus de Genève de faciliter et de finaliser la voie à suivre, a-t-il lancé en soulignant l’urgence.

« Mon message aux garants d’Astana est clair: ils ne doivent pas chercher à s’immiscer dans les questions qu’il m’appartient de résoudre, que ce soit les listes ou les règles de procédures, ou encore moins la substance du processus, au-delà de ce que dit la résolution 2254 et les 12 principes du processus de Genève endossés par le Sommet de Sotchi. »

Si tout le monde soutient les efforts menés par l’ONU et reconnaît la nécessité d’un processus équilibré et crédible, et des règles de procédures sensibles, nous pouvons aller de l’avant très rapidement, a promis M. de Mistura qui a souhaité voir fixée une date à laquelle la Déclaration finale de Sotchi entrera en vigueur par le lancement du comité constitutionnel.  L’Envoyé spécial compte engager tout le monde, y compris les acteurs internationaux, et toutes les parties syriennes, à commencer par le Gouvernement syrien dont l’implication est importante, si l’on veut que le comité constitutionnel commence son travail.  L’Envoyé spécial a aussi promis de consulter l’opposition et un large éventail des « voix syriennes. »  Il est nécessaire de voir les Syriens commencer à se parler.

À un moment où l’on s’efforce de se concentrer sur les réfugiés et sur la réhabilitation, n’oublions pas que sans processus politique significatif et irréversible et sans véritables mesures sur le terrain, la confiance requise ne se développera pas, a ajouté l’Envoyé spécial qui a rappelé au Conseil la nécessité d’actions concrètes pour libérer les détenus, les personnes enlevées, la remise des dépouilles et l’identification des personnes manquantes.  En outre, l’ONU doit se préparer à des élections présidentielle et parlementaires supervisées par l’ONU avec la participation de tous les Syriens, conformément à la résolution 2254.

Les funérailles la semaine dernière de Kofi Annan, premier Envoyé pour la Syrie, ont été l’occasion pour M. de Mistura de rappeler quelques principes fondamentaux soulignés par l’ancien Secrétaire général: une solution politique et non militaire, un processus de médiation unique mené par l’ONU, fondé sur l’inclusion et le consentement, et soutenu par un Conseil de sécurité soudé.  Il a esquissé la première sortie de crise -le plan en six points, le Communique de Genève-, mais il a dit ne pas pouvoir faire avancer les choses si le Conseil n’est pas uni. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. MARK LOWCOCK, a rappelé qu’il s’est rendu à Damas il y a trois semaines pour discuter avec le Gouvernement syrien.  Dans l’ensemble du pays, a-t-il témoigné, la situation est plus calme qu’elle ne l’était lors de sa dernière visite en janvier dernier, même si les besoins humanitaires restent importants.  Il a indiqué que le Gouvernement lui a fait part de sa préoccupation face au sous-financement de la réponse humanitaire cette année.  Il leur a rétorqué que les choses pourraient s’améliorer si les missions d’évaluation et l’accès humanitaire des agences s’intensifiaient, y compris pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

M. Lowcock a salué l’annonce faite, hier à Sotchi, par la Fédération de Russie et la Turquie concernant une zone tampon à Edleb.  Il a expliqué qu’une escalade militaire dans la région aurait pu conduire à la pire tragédie humanitaire du XXIsiècle: plus de deux millions de personnes auraient pu être déplacées.  « Si l’accord d’hier est respecté, cela empêchera la catastrophe que nous redoutions. »  Il a toutefois attiré l’attention sur le fait que la démilitarisation, pour être effective, doit être mise en œuvre par toutes les parties.  Il a aussi mis en garde contre l’utilisation de la force pour démilitariser, ce qui poserait un risque pour les civils alors que la démilitarisation a précisément pour but de les protéger.

Le Secrétaire général adjoint a souhaité que les civils soient libres de se déplacer et qu’ils reçoivent le soutien nécessaire partout où ils veulent se rendre.  M. Lowcock a également recommandé que la distinction entre civils et combattants soit faite dans le respect du droit international et avec des normes claires, afin d’assurer un traitement humain et pour que des mesures de protection et d’assistance soient appliquées aux civils, notamment les femmes et les enfants qui font partie des familles ou sont considérés comme des proches des combattants.  Que ce soit dans la zone de désescalade ou en dehors, a-t-il résumé, le droit international humanitaire reste en vigueur. 

Sur le plan humanitaire, l’ONU et d’autres organisations humanitaires continuent d’apporter leur assistance à partir de la frontière avec la Turquie, dans le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, ce qui permet ainsi de soutenir près de deux millions de personnes chaque mois dans le nord-ouest de la Syrie.  Rien que cette semaine, plus de 260 000 personnes recevront de la nourriture et des articles non alimentaires, tandis que 60 000 recevront des tentes à Edleb.  Dans la crainte de l’escalade militaire, de la nourriture pour 350 000 personnes et des articles non alimentaires pour 400 000 personnes sont prépositionnés à Edleb.  Des articles d’aide sont également prêts au déploiement à Homs, Alep et à Lattaquié.

Dans d’autres zones du pays, la situation humanitaire reste difficile, a poursuivi M. Lowcock.  À Roukban, à la frontière avec la Jordanie, l’ONU coopère avec le Croissant-Rouge syrien et l’Organisation se tient prête à apporter une assistance humanitaire dans le cadre de convois interinstitutions.  Mais les organisations sont dans l’attente d’un accord du Gouvernement syrien, ainsi que des garanties de la part de la Syrie, de la Fédération de Russie, des forces de la coalition internationale, de la Jordanie et des garanties écrites des groupes armés non étatiques. 

Dans le nord de la Syrie, quelque 153 000 personnes ont pu retourner à Raqqa depuis octobre dernier, même si les conditions de vie n’y sont pas appropriées du fait des engins explosifs et des risques de contamination.  Depuis le début de l’année, des efforts sont entrepris pour renforcer les actions de déminage, y compris des actions d’éducation destinées aux populations.  À Deïr el-Zor, l’attention est maintenant focalisée sur la dernière enclave de Daech en Syrie.  La zone est habitée par environ 20 000 civils et des tracts y sont jetés par avion, invitant les populations à se déplacer avant le début de l’offensive.

Le Secrétaire général adjoint a terminé son exposé en revenant sur l’accord d’hier concernant Edleb.  Selon lui, les populations qui vivent dans cette province doivent désormais se demander « s’il s’agit d’une suspension d’exécution ou du début d’un répit, le premier petit éclat de lumière au bout du tunnel le plus sombre ».

M. JAMES JEFFREY (États-Unis) s’est dit d’emblée attristé par les tragiques pertes de vies humaines causées par la destruction de l’avion russe hier.  « Cet incident regrettable nous rappelle la nécessité de trouver une solution permanente, pacifique et politique au conflit, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité », a-t-il déclaré.  Pour trois millions de Syriens, a-t-il poursuivi, Edleb est le dernier espoir d’échapper au « régime de terreur » de Bashar Al-Assad.  Beaucoup de ces gens, 1,4 million pour être exact, ont déjà fui leur maison auparavant.  Comme l’a déclaré le Président Donald Trump, « Bashar Al-Assad de Syrie ne doit pas attaquer imprudemment Edleb », car il n’y a pas de solution militaire à ce conflit, a mis en garde le représentant.  La Russie veut que le monde croie que « tout reviendra à la normale » à l’issue d’une campagne militaire.  C’est pourquoi ils demandent, selon M. Jeffrey, « les trois R »: la Reconnaissance du régime; l’argent de la Reconstruction; et la pression exercée sur les pays voisins pour qu’ils renvoient les Réfugiés chez eux avant que les conditions de sécurité ne le permettent.

« Mais Assad et les hommes de main qui ont déclenché ces atrocités ne seront jamais les bienvenus dans le monde des nations civilisées », a tranché la délégation américaine.  « Ils n’obtiendront aucune aide pour reconstruire, certainement pas de nous.  Je ne peux imaginer qu’un autre gouvernement puisse expliquer à son peuple pourquoi il enverrait de l’aide au régime barbare d’Assad. »  Pour le représentant, il n’y aura pas de stabilité en Syrie tant que l’Iran et les forces qui agissent pour son compte seront stationnés dans le pays.  « Ces combattants sont responsables de certaines des violences les plus flagrantes perpétrées lors de cette guerre.  Ils ont dirigé la campagne du régime visant à affamer et à l’abandon.  Et maintenant, ils sont à la porte d’Israël.  C’est inacceptable. »  Si la Russie souhaite ramener la paix en Syrie, elle doit s’assurer que l’Iran et ses milices quittent la Syrie une fois pour toutes, a exigé la délégation.

Rappelant que la Russie et la Turquie ont convenu, hier, de stabiliser la situation à Edleb, le représentant a appelé toutes les parties à s’engager dans un cessez-le-feu durable et à prendre des mesures immédiates pour faire progresser le processus de paix à Genève.  Là encore, la seule solution est une solution politique véritable et inclusive.  La semaine dernière, les États-Unis ont rencontré l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, pour déterminer comment faire avancer le processus politique à Genève.  « Cela doit être notre objectif. »  M. de Mistura, « à notre avis », devrait immédiatement aller de l’avant, comme il l’a indiqué, avec la convocation d’un comité constitutionnel, conformément à son mandat.  Le représentant a rappelé que les discussions sur la création de ce comité ont démarré en janvier.  Au début du processus, a-t-il souligné, la Russie avait dit qu’elle était pleinement d’accord avec cette idée et avait promis que ce comité appuierait pleinement le processus de l’ONU à Genève.  Aussi, l’ONU devrait fixer une date pour la première réunion de ce comité et aller de l’avant avec la création d’une nouvelle constitution, a suggéré le délégué qui a aussi dit attendre une mise à jour de ces progrès d’ici au 31 octobre.  Le représentant a demandé instamment aux autres partenaires du Conseil de sécurité d’appuyer une telle approche.

M. OLOF SKOOG, au nom de la Suède et du Koweït, s’est dit encouragé par les déclarations faites après la rencontre d’hier à Sotchi, lui donnant l’espoir que la Russie et la Turquie œuvreront rapidement en faveur du respect d’une cessation des hostilités à Edleb.  Cela est nécessaire pour que les efforts visant à séparer les groupes terroristes désignés en tant que tels par le Conseil des groupes d’opposition soient couronnés de succès, a-t-il déclaré. 

Le Koweït et la Suède ont exhorté de manière constante les garants d’Astana à mettre en œuvre leur accord pour une zone de désescalade à Edleb, a poursuivi le délégué.  Il a assuré que les deux pays continueront d’exhorter la Syrie et ses alliés à prévenir une escalade à Edleb, à garantir un accès humanitaire sans entrave et à respecter le droit international.  Le délégué a jugé urgent le bon avancement du processus politique et apporté son plein soutien au mandat de l’ONU en vue de créer un comité constitutionnel.  « Nous encourageons l’Envoyé spécial à réunir ce comité le plus tôt possible. »  Enfin, il a rappelé que la responsabilité d’éviter une catastrophe à Edleb est toujours entre les mains de la Syrie et des garants d’Astana. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a mentionné les efforts déployés par la France pour éviter la catastrophe que causerait une offensive sur la région d’Edleb, parlant notamment de la réunion quadripartite qui a eu lieu vendredi dernier entre les conseillers diplomatiques de la Turquie, de la Russie, de l’Allemagne et de la France, en vue de trouver des axes de convergence entre le Small Group et le groupe d’Astana.  Selon lui, la Turquie s’est largement mobilisée pour apporter des solutions concrètes.  Il a aussi pris note de l’accord annoncé hier par les Présidents Erdoğan et Putin concernant la mise en place d’une zone démilitarisée.  Il a souligné que la protection des civils doit être une priorité absolue pour l’ensemble des parties prenantes, engageant par ailleurs à respecter les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, dans toute lutte contre le terrorisme.

« C’est tout l’avenir de la Syrie qui se joue maintenant », a déclaré M. Delattre qui a fait savoir que la France ne tolérera pas de nouvel usage d’armes chimiques et se tient prête à réagir.  Pour le délégué, éviter l’escalade à Edleb est d’autant plus nécessaire qu’une solution politique négociée, crédible et acceptable par tous existe.  Les discussions de la semaine dernière à Genève doivent permettre la création à brève échéance d’un comité constitutionnel, « premier jalon du processus politique que la communauté internationale a endossé ».  Mais, a-t-il déploré, les garants d’Astana ont encore émis des réserves sur la composition du comité constitutionnel tel qu’établi par l’Envoyé spécial.

Pour la France, il est temps que l’Envoyé spécial fasse avancer le processus en mettant en place dans les meilleurs délais ledit comité et en prévoyant une date rapprochée pour le lancement de ses travaux.  Les participants au congrès de Sotchi se sont engagés à ce que l’Envoyé spécial, dans le cadre du processus de Genève, ait la responsabilité de la composition de ce comité.

La solution politique ne saurait cependant se résumer à l’élaboration d’une nouvelle constitution, a poursuivi le délégué, qui a appelé à discuter dès à présent de beaucoup d’autres éléments, notamment les modalités d’adoption du nouveau texte constitutionnel, la tenue d’élections libres et transparentes, ainsi que la mise en place d’un environnement sûr et neutre, garanti par des mesures de confiance, « qui seul permettra de conférer à l’ensemble du processus une crédibilité suffisante ».  Il a aussi rappelé les éléments de la feuille de route qu’il a présentés la semaine dernière et qui reposent sur un engagement résolu en faveur d’une cessation des hostilités à Edleb, la poursuite du processus politique et l’appui collectif au lancement des travaux du comité constitutionnel et, enfin, le rassemblement des membres du Conseil autour d’un agenda politique « constructif » en vue d’une résolution pacifique et concertée du conflit.  La reconstruction de la Syrie n’est envisageable que sur cette base, a-t-il affirmé.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée-Équatoriale) a salué l’accord de désescalade signé hier entre les Présidents Putin et Erdoğan.  L’objectif, a-t-il souligné, est notamment de distinguer les forces gouvernementales de celles des groupes armés.  Il a noté que cet accord aiderait à éviter l’offensive du Gouvernement syrien sur Edleb.  Désormais, il faut renforcer le cessez-le-feu et améliorer la situation humanitaire, a ajouté le représentant.  Concernant le processus politique, en particulier la création d’un comité constitutionnel, il a demandé aux garants d’Astana de ne pas faire obstacle aux propositions de l’Envoyé spécial.  Enfin, s’agissant de l’accès humanitaire, il a souligné l’importance cruciale de l’assistance internationale pour les populations civiles. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est félicité du travail accompli par les garants du processus d’Astana, se félicitant du mémorandum d’accord sur la stabilisation de la zone d’Edleb en Syrie, signé le 17 septembre, à Sotchi, par les ministres de la défense russe et turc: « Nous soutenons la création d’une zone-tampon démilitarisée dans la province d’Edleb pour séparer les forces gouvernementales des combattants rebelles qui se trouvent sur place.  Nous saluons la décision majeure de la Turquie et de la Russie de faire entrer en vigueur la zone démilitarisée d’ici au 15 octobre. »

Le représentant a cependant estimé qu’un « paradigme régional innovant » est nécessaire pour soutenir à la fois les processus de Genève et d’Astana, en vue de faire respecter le cessez-le-feu et de promouvoir le processus de paix.  Sa délégation est préoccupée, a-t-il dit, par la sûreté et la protection des civils dans la province de Deïr el-Zor, où les combats ont entraîné le déplacement de plus de 20 000 personnes depuis juillet dernier.  À la lumière de la situation sur le terrain ces derniers jours en Syrie, le Kazakhstan a estimé que les conditions pour un « changement qualitatif » étaient réunies: l’« élimination définitive » des terroristes du pays, le début d’un processus politique, le redressement économique et le retour des réfugiés dans leurs foyers. 

M. DÉSIRÉ WULFRAN G. IPO (Côte d’Ivoire) a mis en garde contre les conséquences humanitaires sans précédent d’une éventuelle offensive des forces armées syriennes sur Edleb, car cela pourrait provoquer un nouvel exode massif.  La Côte d’Ivoire exhorte donc les parties au conflit à la retenue et à prendre les mesures nécessaires afin de garantir un accès sûr, durable et sans entrave pour la fourniture de l’assistance humanitaire.  Il s’agit d’éviter une nouvelle tragédie comme celles ayant eu lieu dans la Ghouta orientale, à Alep et à Homs. 

Le représentant a en outre exhorté toutes les parties, y compris les États, la société civile et les organismes des Nations Unies, à coopérer pleinement avec le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes, ainsi que dans le cadre des poursuites à l’encontre des personnes responsables de crimes les plus graves en Syrie.  Enfin, la Côte d’ivoire exhorte toutes les parties à soutenir l’Envoyé spécial dans sa quête d’une solution politique durable au conflit syrien. 

M. MA ZHAOXU (Chine) a présenté les condoléances de la Chine à la délégation russe après la mort des membres de l’équipage d’un avion militaire russe, hier, en Syrie.  Il a invité toutes les parties ayant une influence en Syrie à mettre tout en œuvre pour une paix durable dans le pays, et la communauté internationale à lutter contre le terrorisme en Syrie.  Une solution politique reste la plus appropriée, a-t-il, dit invitant ainsi la communauté internationale à soutenir l’initiative de l’ONU et le processus d’Astana, afin de parvenir à une solution politique inclusive, qui tienne dûment compte des intérêts des populations syriennes. 

Le représentant s’est dit par ailleurs préoccupé par la situation humanitaire en Syrie, tout en saluant les efforts gouvernementaux dans le cadre de la reconstruction.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir ces efforts, notamment pour le déminage, afin de favoriser le retour des réfugiés.  Et d’ajouter que les efforts humanitaires dans le pays se doivent d’être neutres et apolitiques.  Il a rappelé que la Chine a apporté sa contribution à l’assistance humanitaire au cours des dernière années, promettant que son pays continuerait d’aider la Syrie et ses voisins selon ses capacités. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a axé son intervention sur les aspects internes et externes du conflit.  Concernant l’aspect interne, les choses se normalisent, a-t-elle constaté en évoquant les élections locales tenues dimanche dernier, même si tout le monde ne pouvait pas y participer.  Comme il n’y a pas de solution militaire, nous devons toujours chercher un cadre pour un accord politique entre les Syriens sur une période de transition conformément à la résolution 2254 (2015).  Les Syriens doivent négocier entre eux et c’est la raison pour laquelle nous avons besoin de ranimer le processus politique de Genève, a-t-elle dit en requérant la participation de toutes les parties au conflit, en particulier les autorités syriennes, de bonne foi et sans conditions préalables.

Pour ce qui de la dimension externe de la crise, la représentante a déclaré que toute action prise par quiconque, mais en particulier par les garants d’Astana, même contre les terroristes, ne peut justifier les attaques aveugles contre des civils innocents et les infrastructures civiles, y compris les établissements de santé.  La Russie, la Turquie et l’Iran jouent un rôle particulier à ce sujet, a-t-elle dit en s’inquiétant, à cet égard, de l’escalade des hostilités dans la province d’Edleb.  « Nous sommes aussi profondément préoccupés par la grave situation des plus vulnérables victimes du conflit en particulier les enfants, les femmes, les membres des minorités religieuses ainsi que les personnes déplacées. »  La représentante a appelé à laisser un accès libre et sûr pour l’aide humanitaire, dont l’évacuation médicale volontaire qui devrait être supervisée par l’ONU.  Elle a aussi appelé la Russie, la Turquie et l’Iran à prendre les mesures nécessaires pour assurer l’arrêt des combats et la protection du peuple syrien. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a présenté les condoléances de sa délégation à la Fédération de Russie après la mort des membres de l’équipage d’un avion militaire russe hier en Syrie.  Il a condamné le terrorisme en Syrie et a appelé la communauté internationale à s’assurer que les groupes terroristes soient neutralisés.  Pour le Pérou, le respect de l’intégrité du territoire syrien ne doit pas justifier des actes susceptibles d’affecter les civils. 

Le représentant a ensuite salué l’annonce de la création d’une zone tampon à Edleb afin de séparer les terroristes des autres groupes armés.  Il a invité toutes les parties à protéger la population et à promouvoir un processus politique en Syrie.  Pour le Pérou, il faut mettre en place au plus vite un comité constitutionnel qui comprend des femmes.  Il est aussi important de procéder à la libération des prisonniers et de remettre les dépouilles des combattants décédés aux familles.  « Une paix durable en Syrie passe par le retour des déplacés », a conclu le délégué. 

M. MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a souligné les risques humanitaires liés à une potentielle offensive militaire sur Edleb, appuyant l’appel du Secrétaire général à éviter à tout prix ce scénario « cauchemardesque ».  L’Éthiopie reconnaît toutefois le besoin de combattre les terroristes inscrits sur la liste de l’ONU par le biais d’une coopération et d’une coordination internationale renforcées, tout en trouvant des solutions pour protéger les civils d’Edleb.  Dans ce contexte, elle souhaiterait voir la diplomatie prévaloir.

Son représentant a salué la réunion de Sotchi entre les Présidents russe et turque qui a débouché sur un accord pour mettre en place des zones démilitarisées, sachant que cet accord devrait garantir aussi la protection des civils d’Edleb.  Il a exhorté les garants d’Astana à continuer de travailler ensemble pour trouver une solution durable qui « devrait avoir le soutien de tous les pays qui ont une influence sur les acteurs locaux en Syrie ».  Toutefois, il a appelé à ne pas perdre de vue que le règlement de la crise syrienne passe par un processus politique piloté par les Syriens et facilité par les Nations Unies, même s’il est justifié de se concentrer sur la situation urgente d’Edleb.  Il a appelé toutes les parties syriennes, les garants d’Astana ainsi que tous les autres pays exerçant une influence en Syrie à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial en vue de finaliser la mise en place du comité constitutionnel, ce qui est essentiel pour pouvoir relancer les pourparlers politiques intrasyriens.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a appelé à tout faire pour éviter une offensive générale, reconnaissant que l’accord russo-turque sur une zone démilitarisée autour d’Edleb semble être un pas dans cette direction.  Plaidant pour une désescalade de la situation à Edleb en vue d’éviter à tout prix une catastrophe humanitaire, elle a rappelé qu’une partie des 2,9 millions de civils vivant sur place ont d’ores et déjà pris la fuite au cours des derniers jours.  Saluant l’accord sur une zone démilitarisée de 15 à 20 Km, elle a néanmoins soulevé la question de savoir ce qui risque de se passer d’ici au 15 octobre, date d’entrée en vigueur de cet accord: La Russie et la Turquie seront-elles en mesure de garantir qu’il n’y aura pas de déplacements forcés de civils; l’accès humanitaire sera-t-il possible?, a-t-elle demandé, attendant des clarifications sur ces points de la délégation russe.

À son avis, on ne peut parler de processus politique crédible qu’une fois qu’un comité constitutionnel crédible et inclusif sera constitué.  De plus, il faut permettre à l’Envoyé spécial de compiler la « troisième liste », sans avoir à négocier avec des États.  « Quel est le calendrier; à quel moment le processus de prise de décisions passera des garants d’Astana au comité constitutionnel; qui décidera de son mandat; ce comité travaillera-t-il sur la réforme de la Constitution actuelle ou sur la rédaction d’une nouvelle constitution? »

Sur le plan humanitaire, elle a exigé un accès sans entrave, à la fois transfrontalier et à travers les lignes de démarcation.  Saluant au passage le plan d’action des Nations Unies, elle a martelé que les civils de la région d’Edleb doivent être protégés et leurs besoins couverts.  Elle a également reproché au régime syrien d’empêcher l’ONU de faire des évaluations indépendantes et d’assurer la coordination de l’aide humanitaire, alors même que ce sont là les conditions d’un financement de l’aide basé sur les besoins.  Réitérant aussi le scepticisme de son pays face au concept des « couloirs humanitaires » proposé par la Russie, elle a exigé un processus d’évacuation clair et encadré par les Nations Unies, avec un accès garanti à des abris corrects assurant des conditions d’hygiène, de sécurité, de santé et d’alimentation acceptables.  En conclusion, elle a affirmé à nouveau qu’il n’y aura pas d’aide pour la reconstruction de la Syrie tant qu’il n’y aura pas une transition politique durable, et tant que la menace d’une offensive massive planera sur Edleb. 

Pour Mme KAREN PIERCE(Royaume-Uni), « il n’y a plus de superlatif pour décrire la situation en Syrie ».  Elle a souhaité que l’accord signé hier entre la Turquie et la Russie soit mis en œuvre, exhortant cette dernière, qui est membre permanent du Conseil de sécurité, à agir.  La Russie, a-t-elle poursuivi, doit exercer son influence sur les autorités syriennes, faute de quoi les crimes commis par le Gouvernement syrien pourraient être attribués à la Russie.  Les trois millions d’habitants d’Edleb et les 18 millions de Syriens se demandent pourquoi l’accord ne pouvait pas être mis en œuvre immédiatement, a-t-elle noté. 

Concernant le processus politique, la représentante a apporté son appui et sa confiance à l’Envoyé spécial pour constituer la « troisième liste ».  Pour ce qui est de la situation humanitaire, elle a demandé au représentant de la Syrie « pourquoi il y a toujours des problèmes d’accès? »  La politique de la terre brulée est réelle, a-t-elle constaté.  « Que fait le Gouvernement syrien pour remédier à la situation? »  Elle a aussi rappelé l’annonce du Royaume-Uni qu’il apportera une aide de 40 millions de dollars pour Edleb.

Plus globalement, la représentante a estimé que les perspectives d’une guerre entre les États sont réelles en Syrie, prenant l’exemple des missiles qui sont tirés à partir du territoire syrien contre Israël.  Ce sont des mauvais calculs, a-t-elle averti tout en précisant qu’il s’agit d’une sonnette d’alarme pour l’Iran et le Hezbollah.  Mettre un terme au carnage et au conflit en Syrie serait le meilleur hommage qu’on puisse offrir à Kofi Annan, a-t-elle dit en conclusion.

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a noté que, dans la partie sud-est de la Syrie, les activités militaires se sont réduites grâce au fait que le Gouvernement a récupéré le territoire des mains des groupes armés.  Elle a néanmoins appelé les parties à respecter le droit international et en particulier le droit international humanitaire, afin de garantir la protection des civils, des hôpitaux, des centres éducatifs, ainsi que du personnel humanitaire.  Elle a plaidé pour que les restes explosifs de guerre soient nettoyés dans toute la Syrie de façon urgente.  La représentante a insisté sur la protection à offrir aux 2,1 millions de personnes de la province d’Edleb qui sont dans le besoin, dont 1,4 million de déplacés.

La Bolivie rejette le terrorisme, a-t-elle dit en faisant référence à la violence dans la province d’Edleb.  Tous les efforts de lutte contre les groupes terroristes visés par le Conseil de sécurité ou les groupes armés, pour les séparer de la population civile, doivent prendre en compte la nécessité de protéger les civils, conformément au droit international.  La représentante a salué les initiatives de la Russie, de l’Iran et de la Turquie comme garants du cessez-le-feu et pour promouvoir un régime de stabilité, avant de plaider pour le renforcement des accords d’Astana.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a remercié toutes les délégations ayant présenté leurs condoléances à la sienne à la suite de l’incident d’hier en Syrie.  Une réunion a eu lieu hier à Sotchi et un mémorandum a été signé entre son pays et la Turquie.  Cet accord vise à établir une zone démilitarisée à Edleb afin de parvenir à une cessation durable des hostilités.  Pour la Russie, ce document laisse voir que la Syrie et les garants d’Astana œuvrent pour éviter des souffrances pour les civils d’Edleb.  Il a promis que ce travail se poursuivra, « quels que soient les propos envieux ou empreints de jalousie de certaines délégations ».  Il a aussi assuré que des efforts vont s’intensifier pour la création d’un comité constitutionnel, tout en invitant « les uns et les autres à s’abstenir de toute ingérence qui nuirait au règlement de la crise syrienne ».

Il s’est par la suite adressé directement à l’Envoyé spécial pour la Syrie, lui conseillant de ne point utiliser le Conseil pour faire pression sur les garants du processus d’Astana qui ont du reste « fait plus que quiconque pour la résolution de la crise en Syrie ».  Pour la Fédération de Russie, ceux qui veulent respecter la volonté des Syriens devraient s’abstenir de saper les efforts du « trio d’Astana » qui entend lancer un processus politique.

Le représentant a aussi parlé de la situation humanitaire en Syrie.  Il s’est dit indigné de voir la politisation de l’aide humanitaire et de la reconstruction.  Commentant le rapport du Secrétaire général sur le volet humanitaire, il a dénoncé « un document qui ne donne pas d’informations sur les efforts humanitaires dans les zones qui ne sont pas sous contrôle gouvernemental » comme celles qui sont sous influence de la coalition internationale ou des groupes armés.  « Pas un mot sur Raqqa qui fut dévastée par la coalition », a-t-il objecté en parlant d’un « humanisme sélectif ».  Il n’a pas manqué de critiquer des opérations humanitaires transfrontières dont l’impact a été surestimé.  Pour lui, ces opérations qui portent atteinte à la souveraineté territoriale de la Syrie ne sont pas transparentes et il faut y mettre un terme.

De même, a-t-il ajouté, les sanctions unilatérales n’affectent pas le régime comme vous le dites, mais bien les civils.  Il a ensuite évoqué le retour de déplacés et réfugiés, saluant pour l’occasion les mesures prises par les autorités syriennes dans le but de reconstruire le pays et fournir de l’aide aux gens qui retournent chez eux.  Il a parlé des quelque 1 935 interventions humanitaires de la Fédération de Russie en Syrie et des médecins russes qui soignent plus de 93 000 Syriens.

M. Nebenzia a souligné que, malgré une tendance générale à la stabilisation de la situation sécuritaire en Syrie, des combattants continuent de pilonner les positions gouvernementales, faisant des victimes civiles.  Ces combattants continuent également d’envoyer des drones sur la base russe d’Hmeimim.  Il a par ailleurs affirmé qu’à l’intérieur de la zone de désescalade d’Edleb, des combattants et des Casques blancs tournent des vidéos de scènes évoquant une attaque chimique.  Le Front el-Nosra aurait même transmis des barils de chlore à d’autres groupes terroristes.  Pour la Fédération de Russie, il est clair que ces combattants continuent d’avoir des soutiens extérieurs, mais il a promis que « ceux qui aident les terroristes en Syrie se rendront bientôt compte qu’ils ont eu tort de le faire ». 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a condamné l’agression israélienne d’hier soir contre la Syrie.  L’Armée syrienne est en mesure de purifier le territoire des terroristes, a-t-il assuré.  Le représentant a demandé au Conseil de sécurité d’assumer sa responsabilité en exigeant qu’Israël rende compte de ses crimes en Syrie et ailleurs.  Il a regretté que les deux exposés de MM. de Mistura et Lowcock n’aient évoqué le « rôle subversif » d’Israël en Syrie et le rôle des groupes terroristes dans son pays.  Il a jugé inexcusable qu’ils aient oublié les actes terroristes en Syrie.  « Israël a attaqué le Syrie deux fois cette semaine mais on semble fermer les yeux sur ces attaques », a déploré le délégué en accusant certains membres du Conseil de continuer de nier les informations qui leurs sont communiquées. 

Le représentant a ensuite rapporté à son homologue français des propos qu’auraient tenus l’ancien Ministre des affaires étrangères de la France, M. Rolland Dumas, et d’autres fonctionnaires britanniques.  M. Dumas, a paraphrasé le délégué syrien, a refusé de participer avec « le Royaume-Uni qui avait préparé depuis longtemps l’invasion de la Syrie avant même le ‘‘Printemps arabe’’ ».  « Mais ça, c’était une autre France », a enchaîné le représentant: « c’était la France de Mitterrand, la France de Dominique de Villepin, la France de Rolland Dumas. »

« Pour préserver la vie des Syriens, tous les acteurs doivent travailler avec le Gouvernement syrien et non avec les groupes terroristes quels que soient leurs noms: EIIL, Daesh », a poursuivi le délégué.  Tous ces groupes armés en Syrie ne sont que des groupes terroristes dont les noms ont été génétiquement modifiés, a-t-il ajouté en se demandant pourquoi le Gouvernement français continue de fournir des soutiens à ces groupes qui ont pourtant perpétré des attaques au Bataclan et à Nice.  À son homologue des Pays-Bas, il a demandé si les actes de son gouvernement ne sont pas contraires à son devoir de préserver la sécurité internationale, faisant référence à des divergences entre le procureur et le gouvernement sur des informations concernant la présence de groupes terroristes aux Pays-Bas.

Avant de terminer, le représentant a dit que le Gouvernement syrien respecte son engagement concernant le comité constitutionnel.  Il a salué l’accord signé hier entre la Russie et la Turquie, qui est le fruit de consultations intenses menée par la Russie auprès du Gouvernement syrien.  Il a assuré que la Syrie continuera la guerre contre le terrorisme jusqu’à la victoire finale, soit par la guerre soit par un accord politique, avant de préciser que l’accord d’hier est assorti de délais et qu’il fait partie des accords précédents sur la zone de désescalade.  Cet accord respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie. 

À la représentante du Royaume-Uni, il a indiqué qu’il n’y a pas de représentant du « régime syrien » au Conseil de sécurité, et qu’il répondra à ses interpellations quand elle s’adressera au représentant de l’État syrien.

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a rappelé que le Président Recep Tayyip Erdoğan avait indiqué qu’« Edleb est la dernière sortie avant le péage » et que « si la communauté internationale échoue à agir maintenant, des civils innocents, mais également le monde entier en payeront le prix ».  C’est fort de cette déclaration que les présidents russe et turc se sont rencontrés hier à Sotchi.  Ce Sommet, a-t-il expliqué, fut l’expression de la détermination pour arriver à une solution pacifique dans la perspective d’un désastre humanitaire majeur à Edleb.  L’accord de Sotchi s’est construit sur l’arrangement d’Astana sur les zones de désescalade.  Cet accord prévoit la création d’une zone démilitarisée et les deux parties qui vont continuer à travailler sur les détails de l’accord.

Pour le moment, on en retient ceci: les armes lourdes doivent être retirées de la zone démilitarisée d’ici au 10 octobre; tous les groupes terroristes doivent s’en retirer d’ici au 15 octobre; les postes d’observation turcs seront renforcés; la Fédération de Russie va prendre toutes les mesures pour empêcher toute opération militaire à Edleb; la Turquie et la Fédération de Russie vont mener des patrouilles conjointes sur les deux frontières de la zone démilitarisée.  En plus de cela, le Centre de coordination entre les garants d’Astana va être renforcé afin de consolider le régime de cessez-le-feu, tandis que des mesures additionnelles seront prises afin d’assurer la libre circulation des personnes et des biens. 

Le représentant a assuré que la Turquie et la Fédération de Russie ont décidé de poursuivre leur lutte contre le terrorisme en Syrie, y compris le combat contre les « Unités de protection du peuple kurde du Parti de l’Union démocratique » (PYD/YPG) qui, a-t-il affirmé, entend saper l’intégrité territoriale de la Syrie et représente une « menace directe à la sécurité nationale de la Turquie ». 

Sur la plan politique, la Turquie appelle à l’accélération des efforts pour l’établissement d’un comité constitutionnel crédible et ouvert.  Le pays plaide également pour des élections libres et justes en Syrie, sous la supervision des Nations Unies.  Enfin, le représentant a souhaité qu’il soit tenu compte des légitimes aspirations des populations syriennes.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a salué l’accord entre la Fédération de Russie et la Turquie sur la création d’une zone tampon à Edleb.  Il a expliqué que cet accord découle des principes et de l’esprit du processus d’Astana visant la création de zones de désescalade afin de réduire le risque de faire des victimes civiles dans la lutte contre le terrorisme.  Pour l’Iran, la lutte contre le terrorisme à Edleb fait partie intégrante de la mission de restauration de la paix et de la stabilité en Syrie.  Une mission qui ne doit pas affecter les civils, a-t-il insisté.  L’accord entre la Turquie et la Fédération de Russie est une étape dans ce sens, en droite ligne de la détermination exprimée à Téhéran par les Chefs d’État de ces deux pays et de l’Iran quand ils ont dit vouloir continuer d’éliminer tous les terroristes tout en tenant compte de l’aspect humanitaire. 

L’Iran souhaite en outre que les conditions soient réunies pour un retour sûr et volontaire des réfugiés et déplacés syriens, assurant que cela conduirait à un cessez-le-feu et à un dialogue national, tout en accélérant le processus de réconciliation.  « L’avenir de la Syrie est exclusivement entre les mains des Syriens », a précisé M. Khoshroo en appelant à l’établissement d’un comité constitutionnel.  Il a affirmé que son pays soutient la Syrie dans sa lutte contre les terroristes et qu’il veut également jouer un rôle constructif pour l’avènement de la paix et de la prospérité en Syrie.  Le représentant a terminé son propos en disant que « les allégations de la délégation des États-Unis visent tout simplement à couvrir l’échec des politiques de ce pays en Syrie ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan du Sud: l’Accord revitalisé pour résoudre le conflit suscite de l’espoir au Conseil de sécurité en dépit de certaines préoccupations

8356e séance – après-midi
CS/13510

Soudan du Sud: l’Accord revitalisé pour résoudre le conflit suscite de l’espoir au Conseil de sécurité en dépit de certaines préoccupations

Moins d’une semaine après la signature, le 12 septembre, de l’accord revitalisé pour résoudre le conflit au Soudan du Sud, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a invité, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, à en faire la base d’une paix durable en dépit des « préoccupations légitimes » qui persistent en ce qui concerne l’engagement des parties.

Alors que la crise que connaît le pays entre dans sa cinquième année, M. Jean-Pierre Lacroix a déclaré que « la nécessité d’établir la paix au Soudan du Sud est tellement urgente » qu’il faut se saisir de l’occasion que représente la signature de l’accord, sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), et en faire le socle d’une paix durable.

Tout en reconnaissant qu’il existe un certain nombre de lacunes, ainsi que des questions dont la finalisation reste inachevée, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour le Soudan du Sud a, lui aussi, estimé que « même défectueux », cet accord reste une plateforme utile pour la paix, « si les parties démontrent la volonté politique de le mettre en œuvre et de résister à l’impulsion d’y chercher un avantage politique, tribal ou régional égoïste ».

« Grâce à cet accord, l’écart a été réduit entre les parties sur un certain nombre de questions de gouvernance et de sécurité qui, jusque-là, semblaient insurmontables », s’est félicité M. Nicholas Haysom.

Renchérissant, l’Envoyé spécial de l’IGAD a appelé à ne « pas faire de la perfection l’ennemi du bien ».  M. Ismail Wais a toutefois noté que la mise en œuvre de cet accord nécessitera la mobilisation de tous les acteurs sud-soudanais et des ressources financières nécessaires. 

M. Lacroix a en outre souligné qu’il sera essentiel, pour le Gouvernement du Soudan du Sud et le Mouvement/l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition), d’établir la confiance et de faire preuve de volonté politique pour œuvrer ensemble à la création d’un environnement qui permette à l’ensemble des parties sud-soudanaises, y compris les femmes, de participer à la mise en œuvre de l’accord.

« Le premier pas impératif » est le cessez-le-feu complet et immédiat, selon le Secrétaire général adjoint.  À cet égard, il a jugé gravement préoccupants les accrochages signalés dans les États d’Équatoria-Central et d’Unité dans les jours qui ont suivi la signature de l’accord.  « Nous devons donc envoyer un message fort aux parties pour souligner qu’avec la conclusion de cet accord politique revitalisé, rien ne peut justifier la poursuite de la violence », a martelé M. Lacroix.

Également convaincu qu’aucun accord ne peut durer face à des violations persistantes s’il n’y a pas la moindre sanction, l’Envoyé spécial a en outre appelé la région à se montrer déterminée à faire fonctionner l’accord, y compris en s’en prenant aux violateurs, « même s’il s’agit du Gouvernement du Soudan du Sud ».

Si les membres du Conseil se sont, dans une large mesure, félicités de la signature de l’accord revitalisé, nombre d’entre eux ont toutefois estimé, à l’instar de la Pologne, que les échecs du passé appellent à faire preuve d’un « optimisme prudent ».

Mettant en garde contre « une paix de papier », la France a notamment appelé à rester vigilants sur le respect du cessez-le-feu et la protection des civils, « qui est au cœur du mandat de la MINUSS », ainsi que sur l’accès humanitaire et la protection du personnel humanitaire.

Un changement d’attitude s’impose, et les dirigeants sud-soudanais doivent démontrer que leurs engagements ne resteront pas lettre morte, ont exigé les États-Unis qui ont notamment exhorté le Gouvernement de Salva Kiir à assurer un partage plus équitable des pouvoirs.

Conscient des préoccupations de la communauté internationale, le Soudan du Sud a reconnu que cet accord est « difficile et compliqué », mais il a jugé important de ne pas le remettre en cause et a appelé la communauté internationale à le soutenir. 

Pour l’Éthiopie, cet accord représente une chance « historique » de mettre fin au conflit au Soudan du Sud.  À la différence des accords précédents, toutes les parties l’ont signé, même s’il existe des divergences au sein de l’alliance de l’opposition sud-soudanaise, a remarqué la délégation.

La Fédération de Russie a, elle aussi, appelé à ne pas douter de « la percée » que représente la signature de l’accord revitalisé, ajoutant que les efforts persistants de l’IGAD représentent un exemple édifiant d’une « solution africaine apportée à un problème africain ».

La délégation russe a également averti que les appels lancés en faveur de l’élargissement des régimes de sanctions risquent de durcir les positions des parties et de compliquer toute résolution pacifique du conflit.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2018/831)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a parlé de la signature, le 12 septembre, d’un accord revitalisé pour la résolution du conflit au Soudan du Sud, « fruit d’un récent engagement intensif des dirigeants des régions immédiates à résoudre la crise dans le pays ».  Il s’est aussi félicité des efforts déployés continuellement par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), avec l’appui de l’Union africaine (UA) et des partenaires internationaux, pour rétablir la paix dans le pays.  Selon lui, la signature de l’accord de paix revitalisé marque un jalon important dans cette crise qui entre dans sa cinquième année.

M. Lacroix a expliqué que, tout comme l’accord rédigé en 2015, ce nouveau texte établit une feuille de route pour la paix en mettant l’accent sur les réformes, la transformation politique, la sécurité, le développement socioéconomique et la réconciliation nationale.  Cependant, des préoccupations légitimes persistent en ce qui concerne l’engagement des parties, tandis que de nombreux aspects pratiques liés à la mise en œuvre de l’accord exigent des éclaircissements.  Mais malgré ces préoccupations, a-t-il ajouté, la nécessité d’établir la paix au Soudan du Sud est tellement urgente qu’il faut se saisir de cette occasion et œuvrer ensemble pour faire de cet accord la base d’une paix durable.

M. Lacroix a affirmé qu’il sera essentiel, pour le Gouvernement du Soudan du Mud et le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition), d’établir la confiance et de faire preuve de suffisamment de volonté politique pour œuvrer ensemble à la création d’un environnement qui permette à l’ensemble des parties sud-soudanaises, y compris les femmes, de participer pleinement à la mise en œuvre de l’accord.  Un cessez-le-feu complet et immédiat en est le premier pas impératif, a-t-il ajouté.

Le Sous-Secrétaire général a ensuite qualifié de gravement préoccupant le fait que dans les jours qui ont suivi la signature de l’accord, des accrochages ont été signalés dans deux États: Équatoria-Central et Unité.  Les deux parties semblent avoir mobilisé des renforts pour appuyer des opérations permettant de mettre la main sur des territoires, a-t-il indiqué, se disant préoccupé du risque que d’autres accrochages aient lieu dans les zones où les forces du Gouvernement et de l’opposition sont à proximité, notamment dans certaines régions des États d’Équatoria-Central, d’Équatoria-Occidental, d’Unité et dans l’ouest du Bahr el-Ghazal.  Des rassemblements de combattants, y compris d’enfants, auraient également eu lieu à l’approche de l’intégration des forces de Taban Deng Gai dans l’Armée populaire de libération du Soudan.

M. Lacroix a signalé que la poursuite des combats avait aggravé une situation humanitaire déjà dramatique ainsi que la situation des droits de l’homme dans le pays.  Il a précisé que 1,8 million de personnes sont déplacées et 2,5 millions réfugiées dans des pays voisins.  Le conflit est toujours caractérisé par le niveau extrême de violence infligé aux civils, y compris des cas de violence sexuelle.  « Nous devons donc envoyer un message fort aux parties pour souligner qu’avec la conclusion de cet accord politique revitalisé, rien ne peut justifier la poursuite de la violence. »  Il faut les appeler une fois de plus à faire preuve de leadership pour taire leurs fusils, désengager les forces, assurer la liberté de mouvement de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et des partenaires humanitaires et inverser le lourd tribut humanitaire du conflit.

Le Sous-Secrétaire général a par ailleurs salué le verdict rendu par un tribunal militaire qui a conclu que 10 soldats s’étaient rendus coupables d’avoir commis, en juin 2016, des actes de violence contre des civils dans l’hôtel Terrain à Djouba.  C’est là un premier pas pour rendre justice aux victimes et réduire la culture de l’impunité, s’est-il félicité.

Revenant à la signature de l’accord revitalisé, il a affirmé que celui-ci donne aux Sud-Soudanais l’occasion de tourner une nouvelle page.  Il a reconnu que le chemin qui reste à parcourir sera difficile et a insisté sur le rôle critique que l’IGAD doit continuer de jouer pour inciter les parties à honorer leurs engagements, notamment en veillant à ce que les responsables de toute violation de l’accord soient promptement identifiés et tenus pour responsables.

M. Lacroix a par ailleurs indiqué que si le Conseil de sécurité estimait nécessaire de modifier le mandat de la Mission, certaines considérations devraient guider les délibérations, à commencer par la nécessité de continuer à faire de la protection des civils une priorité clef du mandat, ainsi que le besoin de maintenir une seule force unifiée dotée d’une structure de commandement et de contrôle elle aussi unifiée.  De plus, tout rôle supplémentaire que la MINUSS serait amené à jouer pour appuyer les dispositifs sécuritaires prévus doit se faire dans le respect des principes du maintien de la paix de l’ONU.  Dans un même temps, il faut aussi veiller à ce que toute tâche supplémentaire bénéficie de l’accord « clair et détaillé » des parties au conflit ainsi que des Nations Unies.

M. NICHOLAS HAYSOM, l’Envoyé spécial de l’ONU pour le Soudan du Sud, a informé le Conseil de sécurité de l’état de mise en œuvre de l’accord revitalisé pour résoudre le conflit au Soudan du Sud (R-ARCISS), qui a été signé par plusieurs partis politiques le 12 septembre 2018 à Addis-Abeba, en Éthiopie.  « Lorsque j’ai pris mes fonctions actuelles, il y a deux ans, le Soudan du Sud tentait de mettre en œuvre l’accord de paix.  Il se prépare maintenant à mettre en œuvre une version revitalisée de cet accord, mais après une guerre civile de deux ans et un conflit dévastateur.  La question importante à laquelle nous sommes confrontés est de savoir comment la communauté internationale, et notamment l’ONU, devrait évaluer, soutenir ou répondre à cet important développement », a-t-il expliqué.

Grâce à cet accord, l’écart a été réduit entre les parties sur un certain nombre de questions de gouvernance et de sécurité qui, jusque-là, semblaient insurmontables, s’est félicité l’Envoyé spécial.  Leur effet de levier, la présence d’un protagoniste absent jusque-là, Dr Riek Machar, et une diplomatie vigoureuse, ont permis la signature d’un accord qui envisage une transition préalable de huit mois et une feuille de route transitoire de trois ans.  Il existe néanmoins un certain nombre de lacunes, ainsi que des questions dont la finalisation reste inachevée, et d’autres raisons encore pour affirmer que ce processus nécessitera l’attention constante de la région et de la communauté internationale.  Mais même défectueux, cet accord pourrait encore être une efficace plateforme pour la paix, si les parties démontrent la volonté politique de le mettre en œuvre et de résister à l’impulsion d’y chercher un avantage politique, tribal ou régional égoïste.  « Fondamentalement, nos préoccupations concernent les questions suivantes: inclusivité, force exécutoire, transparence financière, responsabilité politique, faibles niveaux de confiance et arrangements sécuritaires. »

Malgré les efforts de l’équipe de facilitation de l’IGAD, quelques-unes des parties continuent à exprimer des réserves sur le texte.  L’autre problème concerne la manière dont les Soudanais feront de leur Constitution leur nouveau contrat social, a poursuivi l’Envoyé spécial.  « Nous avons déjà noté que les nombreux accords de cessation des hostilités ont été violés dans les heures qui ont suivi le retour des parties à la paix. »  Or, a-t-il fait remarquer, aucun accord ne peut durer face à des violations persistantes s’il n’y a pas la moindre sanction.  Dans ce cas précis, a ajouté l’Envoyé, « nous pensons que la région doit se montrer déterminée à faire fonctionner l’accord, y compris en s’en prenant aux violateurs, même s’il s’agit du Gouvernement du Soudan du Sud ».

La troisième exigence de viabilité de l’accord, ce sont des ressources financières adéquates, en particulier pour veiller au cantonnement immédiat des différentes forces.  Or, a noté l’Envoyé, aucun des donateurs potentiels n’a démontré une volonté de financer ce processus, sauf si l’on prévoit une disposition claire visant à garantir la transparence et la régularité des transactions financières, y compris la responsabilité dans les cas de détournements de fonds publics antérieurs.

L’un des obstacles à la mise en œuvre de l’accord, c’est aussi le faible niveau de confiance entre les parties, a-t-il poursuivi en craignant cet esprit de rivalité au sein du Gouvernement, en vertu du fait que les parties et leurs dirigeants s’affronteront probablement lors des élections à la fin de la transition.  « Ce Conseil devrait exhorter les parties à prendre des mesures de confiance mutuelles pour restaurer la crédibilité du processus de paix et remédier à l’amertume et aux hostilités qui sont l’héritage des quatre dernières années de violences intercommunautaires horrible. »  Ces mesures ne nécessitent, du reste, aucune ressource financière. 

Enfin, l’Envoyé a prôné des arrangements de sécurité détaillés.  En ce qui concerne les sites de cantonnement, il n’y a pas d’accord sur le lieu où ils seront situés, ni sur leur nombre.  On ne sait pas non plus qui sera éligible pour s’y rendre et qui sera responsable de leur maintenance, a encore relevé le haut fonctionnaire.

Par ailleurs, jusqu’au tout dernier moment, les documents produits au cours des négociations n’avaient pas mentionné le sort de la MINUSS, ni les modifications éventuelles à son mandat.  Dans les derniers jours, une proposition qui consistait à ce que le Soudan et l’Ouganda comblent cette lacune a été élargie: ce serait maintenant l’Ouganda, le Soudan, Djibouti et la Somalie qui rejoindraient la force de protection régionale de la MINUSS.  Seul ce Conseil de sécurité peut déterminer la taille et la composition des forces de maintien de la paix des Nations Unies, a noté l’Envoyé spécial en soulignant l’intérêt d’un tel engagement qui lui permettrait de s’impliquer dans l’architecture de sécurité.  Cela créerait un environnement plus propice à une intervention de maintien de la paix, selon lui. 

Ces problèmes n’empêchent pas l’accord R-ARCISS d’être accueilli comme un véritable pas en avant, a conclu l’Envoyé en plaidant pour que les parties montrent un réel engagement en faveur de la paix au Soudan du Sud.  « Ce qui est clair, c’est que la communauté internationale et l’ONU en particulier devront surveiller de près le Sud-Soudan et la mise en œuvre de son dernier accord de paix. »

M. ISMAIL WAIS, Envoyé spécial de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour le Soudan du Sud, s’exprimant depuis Addis-Abeba, a souligné le caractère historique de l’accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud, signé le 12 septembre entre le Président sud-soudanais, Salva Kiir, et son ancien Vice-Président, Riek Machar, sous l’égide de l’IGAD et de l’Éthiopie, mettant fin à cinq années de conflit au Soudan du Sud.  « Cet accord est un jalon important. »  La mise en œuvre de cet accord va nécessiter la mobilisation de tous les acteurs sud-soudanais et des ressources financières nécessaires, en vue de faire advenir un nouveau Soudan du Sud, a-t-il dit.  L’IGAD a par ailleurs décidé que M. Riek Machar pourrait décider de résider dans le pays de son choix parmi les membres de l’IGAD, a expliqué M. Wais.  Enfin, il a déclaré que l’IGAD continuera de dialoguer avec le Conseil de sécurité pour le plein déploiement de la force de protection régionale et pour un éventuel élargissement de son mandat.

Mme GRACE JOHN, Responsable de la Gouvernance et de la paix à Community Empowerment for Progress Organization (CEPO-Soudan du Sud), a déclaré que le Conseil de sécurité devrait appeler l’IGAD à fournir un soutien soutenu et à rester en contact avec les groupes signataires de l’accord revitalisé, qui est « si fragile ».  Elle l’a ensuite exhorté à demander l’établissement, dans les meilleurs délais, du tribunal mixte pour le Soudan du Sud et à appuyer les efforts visant à renforcer le système de justice pénale.  Son organisation a également demandé avec insistance au Conseil de sécurité d’appeler à un soutien renforcé aux initiatives locales de consolidation de la paix, ainsi qu’à la création d’une commission « Vérité, Réconciliation et Apaisement », telle que prévu dans l’accord de paix

En outre, les pays voisins du Soudan du Sud doivent respecter l’embargo sur les armes, a exigé Mme John.  La représentante a aussi recommandé que toutes les parties au conflit mettent en œuvre leur engagement en faveur d’une participation pleine et entière des femmes dans la mise en œuvre de l’accord.  De plus, les parties signataires de l’accord doivent respecter le cessez-le-feu et le mettre en œuvre dans les délais demandés, a poursuivi Mme John.  Enfin, a-t-elle ajouté, l’accès humanitaire et la sûreté des travailleurs humanitaires demeurent une priorité. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) s’est félicité de l’engagement de la région en faveur de l’établissement d’une paix pérenne au Soudan du Sud.  Il a salué la signature de l’accord revitalisé, estimant toutefois que les échecs précédents sont une source de préoccupation.  Il a notamment parlé des nombreuses violations du cessez-le-feu constatées par le passé, le blocus imposé à l’acheminement de l’aide humanitaire, de la mort de 13 travailleurs humanitaires, ainsi que de la situation des prisonniers politiques.  Un changement d’attitude s’impose, a exigé le représentant.  Ce dernier a ensuite appelé à mettre fin aux combats et a exhorté le Gouvernement de Salva Kiir à assurer un partage plus équitable des pouvoirs.

Le délégué a aussi appelé l’IGAD et l’Union africaine à accélérer leurs efforts pour assurer la pleine mise en œuvre de l’accord.  Il faut aussi démontrer que nous sommes prêts à prendre des mesures à l’encontre des individus qui violent les accords, et les États-Unis sont prêts à agir dans ce sens, a–t-il fait savoir.

Le représentant a aussi appelé l’Union africaine à concrétiser la création d’un tribunal hybride.  Il a estimé que le mandat de la MINUSS doit continuer de se concentrer sur la protection des civils.  Le représentant a ensuite noté avec beaucoup de préoccupation la situation humanitaire déplorable du pays, avec 7 millions de personnes, dont 4 millions d’enfants, actuellement dans le besoin.  Il a aussi dénoncé le fait que le Soudan du Sud est l’un des pays les plus dangereux pour les humanitaires.  Pour conclure, le délégué a appuyé les aspirations des Sud-Soudanais en faveur de la paix et a appelé les dirigeants à démontrer que leurs engagements ne resteront pas lettre morte.

M. TAYE ATSKE SELASSIE (Éthiopie) a indiqué qu’il existe désormais une chance historique de mettre fin au conflit au Soudan du Sud depuis la signature de l’accord du 12 septembre sous l’égide de l’IGAD.  Ce qui différencie cet accord des précédents est le fait que toutes les parties l’ont signé, jetant ainsi les bases pour sa bonne mise en œuvre, a-t-il noté.  Conscient des divergences qui existent au sein de l’alliance de l’opposition sud-soudanaise s’agissant de cet accord, le délégué a espéré que les acteurs encore réfractaires s’y rallieront.  Il a dit comprendre les préoccupations de certains membres du Conseil s’agissant de la mise en œuvre de l’accord, au regard des expériences passées.  Mais nous ne devons pas perdre de vue l’importance de cet accord pour le Soudan du Sud et la région entière, a-t-il poursuivi. 

Il a ajouté que les parties, qui connaissent ces préoccupations, devraient œuvrer pour une pleine application de l’accord.  Insistant sur le rôle de ce Conseil pour une telle mise en œuvre, le délégué a espéré qu’il répondra positivement à la demande de l’IGAD d’un plein déploiement de la Force de protection régionale et d’une révision de son mandat.  Enfin, le délégué de l’Éthiopie a rappelé que le plan de réponse humanitaire pour le Soudan du Sud n’est financé qu’à hauteur de 50%.

M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a souligné l’importance d’un véritable processus politique et inclusif, la nécessité d’assurer la responsabilité de tous les acteurs dans le conflit, en mettant aussi l’accent sur le rôle de la MINUSS.  Sur le premier point, le représentant a estimé qu’obtenir un accord sur le partage du pouvoir et la sécurité ne conduira pas automatiquement à une paix durable.  Pour arriver à cette paix, il faut traiter les racines du conflit et obtenir l’engagement et l’inclusion de tous les acteurs.  Le rôle que la région joue est important pour la réussite du processus politique et aussi pour la mise en œuvre des sanctions ciblées et de l’embargo sur les armes imposés par le Conseil, a-t-il ajouté.

Concernant la nécessité d’assurer la responsabilité de tous les acteurs dans le conflit, le représentant a appelé le Gouvernement du Soudan du Sud à mener des enquêtes sur tous les crimes et à traduire tous les auteurs de violence devant la justice, en particulier les responsables de violence sexuelle à l’encontre des femmes et des filles.  Il a estimé que le tribunal mixte pour le Soudan du Sud est un élément clef pour assurer la responsabilité des auteurs et a appelé le Gouvernement à signer le mémorandum d’accord avec l’Union africaine afin de créer ce tribunal.

Concernant la MINUSS, le délégué a dit qu’afin de protéger les civils, la Mission, le personnel de l’ONU et les travailleurs humanitaires doivent avoir un accès sans entrave à toutes les régions du pays.  La liberté de circulation de la Mission et du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu est absolument impérative.  Après la signature du nouvel accord de paix, le maintien et la mise en œuvre du Mécanisme sont essentiels, a-t-il précisé.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité condamne fermement toutes les violations de l’accord d’engagement des forces et assure qu’elles soient traitées adéquatement.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a souhaité que l’accord conclu permette d’avancer vers une paix durable au Soudan du Sud.  Mais, a-t-elle tempéré, « nous savons que les espoirs ont souvent été déçus dans ce pays ».  Elle a donc appelé à la vigilance et à la détermination.  « Vigilance, car c’est sur les actes que nous jugerons les progrès accomplis », a continué Mme Gueguen.  Elle a souhaité que l’accord conclu soit effectivement mis en œuvre sur le terrain car les Sud-Soudanais et la communauté internationale ne veulent pas d’une paix de papier.  « Nous serons donc vigilants sur le respect du cessez-le-feu et vigilants sur la protection des civils qui au cœur du mandat de la MINUSS et des préoccupations du Conseil. » 

« Nous serons également extrêmement vigilants sur l’accès humanitaire et sur la protection des personnels humanitaires. »  Le défi humanitaire est immense, a-t-elle dit en citant le rapport du Secrétaire général: 1,8 million de personnes déplacées; 2,5 millions de personnes réfugiées dans les pays voisins; 60% de la population en situation d’insécurité alimentaire sévère; et 2,4 millions d’enfants privés d’école.  Mais, a poursuivi la représentante, la France reste mobilisée aux côtés de ses partenaires internationaux et régionaux pour accompagner le Soudan du Sud sur le chemin de la paix. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée de l’évolution positive du processus de paix au Soudan du Sud tout en soulignant qu’un optimisme prudent reste de mise.  Elle a noté que l’impact de l’accord doit encore se faire ressentir sur le terrain, et s’est aussi inquiétée de la gravité de la situation humanitaire dans le pays ainsi que des souffrances qu’endure la population civile.  Le moment est venu pour les dirigeants du Soudan du Sud de régler leurs différends et de faire de leur peuple la priorité, a-t-elle exhorté.  La représentante a ensuite insisté sur l’importance de la participation des femmes aux processus politiques dans le pays, en soulignant leur rôle en matière de renforcement des efforts de paix.  La déléguée a en outre appelé à faire traduire en justice les auteurs des attaques dont la MINUSS a été la cible.

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a salué la finalisation de l’accord de paix revitalisé le 12 septembre dernier, lequel accord est un bon exemple de cette approche pertinente consistant à apporter « des solutions africaines à des défis africains ».  Pour instaurer une paix durable au Soudan du Sud, le Conseil de sécurité doit demeurer uni dans son appui à l’IGAD, à l’Union africaine et aux parties sud-soudanaises, en vue de les aider à une bonne mise en œuvre de l’accord précité, a-t-il dit.  Le délégué a par ailleurs exhorté les parties sud-soudanaises à faire montre d’une volonté politique véritable dans cette mise en œuvre, à cesser toute violence et à se conformer au droit international humanitaire.  Enfin, il a condamné la récente attaque perpétrée contre la MINUSS à Yei.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a salué la signature de l’accord revitalisé et espéré que les groupes non signataires se joindront à l’effort.  Il a pris note du rôle joué par l’IGAD et espéré que cette signature permettrait d’écrire une nouvelle page de l’histoire du pays.  Le représentant s’est ensuite inquiété du sort de millions de Sud-Soudanais qui demeurent déplacés ou réfugiés, notant que la vaste majorité d’entre eux souffrent de grave insécurité alimentaire.  Il a espéré que la signature de l’accord permette de créer des sites d’accueil pour les réfugiés.  Le délégué a aussi dénoncé les attaques perpétrées contre les travailleurs humanitaires.  Le représentant a ensuite salué la décision de justice rendue contre 10 membres des forces armées, avant de dénoncer l’attaque dont a été victime la MINUSS dans l’État d’Équatoria.  Le Koweït s’est enfin préoccupé des violations du cessez-le-feu dans l’État de l’Équatoria-Central

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a salué l’accord revitalisé en félicitant l’IGAD et les gouvernements de la sous-région pour leurs bons offices.  Il a en même temps rappelé les violations du cessez-le-feu et le fait que le Soudan du Sud soit le pays le plus violent pour les humanitaires.  Il faut que les parties sud-soudanaises restent engagées à mettre en œuvre le nouvel accord de paix, a-t-il demandé.  Il s’est dit inquiet du nombre élevé de victimes civiles à cause des conflits entre les communautés, s’alarmant aussi du nombre important de déplacements forcés et d’attaques contre les civils.  Le représentant a apprécié à cet égard les initiatives de la MINUSS pour promouvoir la cohésion sociale, le dialogue et la réconciliation, ainsi que ses efforts pour protéger la population. Le Soudan du Sud doit développer ses capacités d’enquête pour pouvoir sanctionner les graves violations et abus de droits de l’homme, a-t-il ajouté.  Il a enfin appelé le Conseil de sécurité à rester uni dans l’appui au processus de paix sud-soudanais.

M. DÉSIRÉ WULFRAN G. IPO (Côte d’Ivoire) a dit que les autorités du Soudan du Sud devaient s’engager en faveur d’une mise en œuvre intégrale et inclusive de l’accord revitalisé afin que les populations puissent jouir des dividendes de la paix et de la stabilité auxquelles elles aspirent depuis plus de cinq ans.  Pour y parvenir, il apparaît indispensable que les autorités bénéficient de l’accompagnement technique et financier de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de l’Union africaine, de l’ONU et des autres partenaires et instaurent un climat favorable à des échanges constructifs, condition sine qua non pour une mise en œuvre effective et efficiente de l’accord. 

Sur le plan sécuritaire, la Côte d’Ivoire a noté avec une vive consternation la persistance des conflits intercommunautaires et des actes de criminalité dans le pays.  Face à cette situation, le délégué a exhorté le Gouvernement à œuvrer davantage à la protection de la population civile.  Il a aussi appelé les parties sud-soudanaises à mettre fin aux affrontements à travers le pays pour donner une chance de succès à la mise en œuvre efficace de l’accord de paix et à l’opérationnalisation des arrangements sécuritaires, conformément aux engagements auxquels elles ont librement souscrit.

Concernant la situation des droits de l’homme, M. Ipo s’est dit vivement préoccupé de la persistance des violences sexuelles, des violences à l’encontre des enfants ainsi que de la destruction des biens et des moyens de subsistance des populations.  Il est donc impérieux, a-t-il dit, de veiller à la mise en œuvre du principe de reddition de comptes afin que les auteurs de violations des droits de l’homme répondent de leurs actes devant les juridictions internationales compétentes.  S’agissant enfin de l’environnement opérationnel, la présence de la MINUSS au Soudan du Sud s’avère nécessaire pour la protection des populations sud-soudanaises et des travailleurs humanitaires, a recommandé la délégation ivoirienne.  Le représentant a appelé en conclusion les autorités à veiller au strict respect de l’accord sur le statut des forces et à mettre fin à toutes les entraves à la mise en œuvre du mandat de la Mission.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a noté l’espoir soulevé par l’accord signé la semaine dernière, même si le chemin reste encore long pour une paix durable au Soudan du Sud.  Il est désormais crucial de le mettre en œuvre, a-t-il dit, en exhortant les parties à traduire leurs engagements en actes.  Il a exhorté le Conseil à tirer les leçons de la situation en Libye où la signature d’un accord politique n’a pas empêché une résurgence de la violence.  Dans ce droit fil, il a déploré la poursuite des attaques contre des travailleurs humanitaires et a regretté les entraves apportées aux déplacements des soldats de la MINUSS.  Les sanctions sont importantes et permettent d’accroître la pression sur les parties pour la bonne mise en œuvre de l’accord, a-t-il déclaré.  « Le processus de paix est à la croisée des chemins ».  En conclusion, le délégué a appelé à la mobilisation de tous les acteurs, en particulier régionaux, et des parties sud-soudanaises pour une paix durable dans le pays.

Pour M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède), l’accord de paix est seulement un premier pas.  « Une volonté politique claire de toutes les parties est maintenant nécessaire pour le mettre en œuvre de manière inclusive et participer dans des activités de consolidation de la paix et de réconciliation », a-t-il dit.  Le représentant s’est déclaré profondément préoccupé des informations au sujet d’opérations militaires.  L’arrêt total des hostilités par toutes les parties, le Gouvernement et les groupes armés doit être sans conditions, a-t-il affirmé.  Il doit y avoir des conséquences pour les violations de l’accord de cessation des hostilités, a-t-il poursuivi, avant d’encourager la région à maintenir sa participation et à continuer de jouer un rôle positif en surveillant la mise en œuvre de l’accord et en tenant les parties pour responsables de leurs actes.

Le représentant a ensuite remercié Mme John de son témoignage qui montre non seulement que ceux qui portent le fardeau du conflit sont les civils, en particulier les femmes et les filles.  Il souligne également l’importance d’assurer la transparence et l’inclusion dans la construction des fondamentaux de la paix.  Celle-ci ne sera viable que si elle inclut toutes les parties prenantes. Dans ce contexte, a ajouté la Suède, nous devons continuer d’assurer la participation effective des jeunes, des femmes et de la société civile.  Les mécanismes de responsabilité et de justice transitionnelle sont tout aussi importants, dont la création du tribunal mixte sans délai, a-t-elle encore plaidé.  L’impunité pour les violations et les abus du droit international humanitaire ne peut être acceptée.  La Suède, a indiqué son représentant, est vivement préoccupée de la situation humanitaire provoquée directement par le conflit.  La livraison rapide, sûre et sans entrave de l’aide humanitaire doit être assurée à travers tout le Soudan du Sud, a-t-il ajouté.

M. WU HAITAO (Chine) a relevé que le processus de paix au Soudan du Sud a sensiblement avancé, grâce à la signature de l’accord revitalisé et à la souplesse affichée par les différentes parties concernées.  Il a noté que la situation demeure toutefois précaire, appelant à inciter les différentes parties à mettre en œuvre les accords de paix et à respecter les cessez-le-feu déjà conclus.  Le représentant a aussi appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer les missions de bons offices des organisations régionales pertinentes et à accorder dans ce contexte un rôle de premier plan à l’IGAD.  Partisan d’un renforcement de l’aide socioéconomique apportée au pays, il s’est dit préoccupé de constater que seule la moitié du plan d’aide humanitaire pour le Soudan du Sud a été financée jusqu’à présent.  Soucieux de privilégier des « solutions africaines aux problèmes africains », le délégué a assuré que son gouvernement ne ménagerait aucun effort pour appuyer le rétablissement d’une paix pérenne au Soudan du Sud.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a salué la signature de l’accord de paix du 12 septembre, même si la situation au Soudan du Sud, en particulier humanitaire, demeure grave.  Le délégué a exhorté les parties sud-soudanaises à faire montre d’une ferme volonté politique en vue de la bonne mise en œuvre de l’accord, qui est la phase la plus difficile de ce processus de paix.  Il a ensuite rappelé que six millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et que quatre millions de personnes sont déplacées, avant de se dire vivement préoccupé par les violences sexuelles qui continuent d’être perpétrées au Soudan du Sud.  Dans ce droit fil et en conclusion, le délégué bolivien s’est félicité de la condamnation de 10 soldats sud-soudanais coupables du meurtre et du viol de travailleurs humanitaires. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que le gage de la stabilité au Soudan du Sud est l’établissement d’un cessez-le-feu durable et le lancement d’un processus de réconciliation nationale.  Il a salué la signature de l’accord revitalisé et a appelé à ne pas douter de la percée que cela représente.  Ce qui importe, c’est la volonté manifestée par les parties de faire preuve de compromis, a-t-il souligné.  Il a aussi salué les efforts persistants de l’IGAD « alors que beaucoup, ici même dans cette salle, perdaient espoir ».  Le représentant y a vu un exemple édifiant d’une solution africaine apportée à un problème africain.

Le délégué a ensuite pris note des appels lancés en faveur de l’élargissement des régimes de sanctions et a averti que toute action dans ce sens risque de durcir les positions des parties et de produire un résultat contraire à celui escompté.  Cela compliquerait, à son avis, toute résolution pacifique du conflit.  Il a rejeté toute tentative de politiser le régime de sanctions.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué la signature de l’accord de paix du 12 septembre.  Le délégué s’est néanmoins dit préoccupé par la poursuite de la violence au Soudan du Sud et a rappelé la nécessité de respecter le droit international humanitaire, les travailleurs humanitaires étant exposés à de graves menaces dans l’exécution de leur mission.  Le délégué a estimé que l’accord précité ouvre un nouvel horizon, celui d’une paix durable, pour autant qu’il soit pleinement mis en œuvre.  La signature de cet accord ne signifie pas la fin du travail de l’ONU et des acteurs régionaux, a-t-il déclaré.  La MINUSS devra notamment apporter un « appui adapté ».  Enfin, il s’est félicité de la condamnation à la perpétuité de 10 soldats sud-soudanais en raison des « faits très graves » qu’ils avaient commis. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a estimé que « les vents de la paix et de l’espoir » soufflaient sur la région.  « Le peuple du Soudan du Sud est enthousiaste à l’idée que les dirigeants du Gouvernement et de l’opposition aient signé l’accord revitalisé pour résoudre le conflit au Soudan du Sud (R-ARCISS) ».  De plus, la déclaration du Président Salva Kiir en date du 15 septembre dans laquelle il s’engage à ce que son gouvernement mette en œuvre l’accord en toute bonne foi et lance un plaidoyer en faveur du pardon et de la réconciliation au peuple sud-soudanais est un appel à l’unité, et ce, « après des années de guerre et de divisions insensées », a noté le représentant.  Nous savons, a-t-il dit, que cet accord est difficile et compliqué, et que la communauté internationale a émis des préoccupations à son sujet.  Toutefois, il est important que ces préoccupations ne le remettent pas en cause, a souhaité M. Malwal, en appelant la communauté internationale à le soutenir. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Présidente de l’Assemblée générale donne le coup d’envoi de la 73e session sur le thème « Démontrer la pertinence des Nations Unies à tous les peuples du monde »

Soixante-treizième session,
1re séance plénière - après-midi
AG/12054

La Présidente de l’Assemblée générale donne le coup d’envoi de la 73e session sur le thème « Démontrer la pertinence des Nations Unies à tous les peuples du monde »

« Démontrer la pertinence des Nations Unies à tous les peuples du monde: Leadership mondial et responsabilités partagées pour des sociétés pacifiques, équitables et durables », c’est le thème qu’a choisi la Présidente de l’Assemblée générale, en donnant aujourd’hui le coup d’envoi de la soixante-treizième session, en présence du Secrétaire général de l’ONU.  Mme Maria Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur, quatrième femme à se hisser à ce poste en 72 ans, a attaché à son thème sept priorités.

« J’ai le respect le plus profond pour les peuples du monde dont le bien-être est notre principal objectif », a déclaré la nouvelle Présidente de l’Assemblée générale qui n’a pas manqué de rendre hommage aux « trois femmes impressionnantes » qui l’ont précédé: l’indienne Vijaya Lakshmi Pandit en 1953, la libérienne Angie Brooksa en 1969; et la bahreïnie Haya Rashed Al Khalifa en 2006.

La nouvelle Présidente s’est attardée sur les sept priorités liées au thème qu’elle s’est choisi: autonomisation des femmes et des filles; promotion du Pacte mondial pour les migrants et les réfugiés; création d’emplois décents pour les jeunes, les femmes et les personnes handicapées; protection de l’environnement et lutte contre la pollution du plastic; sensibilisation à la situation des personnes handicapées, « la plus grande minorité du monde »; revitalisation de l’Assemblée générale, optimisation de ses méthodes de travail et appui à la réforme du Conseil de sécurité; et, enfin, amélioration de la sécurité humaine et implication des jeunes.  Ces priorités, a précisé la Présidente, s’articuleront autour de deux grands concepts et visions stratégiques: la paix et les droits de l’homme pour tous, d’une part, et le multilatéralisme renforcé, d’autre part.

L’Assemblée générale n’est pas seulement le forum le plus démocratique et le plus représentatif au monde.  C’est un espace, a dit la Présidente, qui englobe les cultures les plus diverses, un centre mondial de réflexion et de vision précieux qui a une influence considérable sur le monde, les gouvernements et sur les peuples.  Nous devons tous les jours trouver des solutions aux problèmes les plus difficiles auxquels sont confrontées l’humanité et la planète.  Mais jusqu’ici, nous n’avons pas réussi à susciter la compréhension et l’appui de l’opinion publique, a estimé la Présidente, revenant à son thème: « Démontrer la pertinence des Nations Unies à tous les peuples du monde. »  En rendant l’opinion publique plus consciente de notre travail et des objectifs de l’ONU, nous mobiliserons son appui à la mise en œuvre nationale de nos accords.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne peut se mesurer qu’à l’aune de son impact sur les peuples du monde et cet impact, sur la vie quotidienne et l’avenir, est finalement ce qui rendra l’ONU « pertinente et précieuse » aux yeux de tous.  Il nous faut donc un leadership mondial dans le cadre du multilatéralisme et de nos responsabilités partagées pour parvenir à des « sociétés pacifiques, équitables et durables », a souligné la Présidente qui a parlé des « dettes à honorer » dont une réponse aux migrants et au peuple palestinien.  L’ONU a beaucoup apporté à l’humanité, mais sa pertinence serait renforcée si nos peuples comprenaient le lien direct entre notre travail et leur vie quotidienne, a insisté la Présidente, convaincue que la communication est la clef pour « faire de nos peuples nos meilleurs alliés dans la mise en œuvre des accords signés ici ».

Il est important, a-t-elle poursuivi, que le public connaisse le travail que les 193 États Membres effectueront au cours des 12 prochains mois, a jugé la Présidente.  « Nous examinerons 330 résolutions sur des problèmes mondiaux.  Nous tiendrons plus de 100 séances plénières et un nombre incalculable de séances de travail et de négociations pour parvenir au consensus », a-t-elle énuméré.

Se donnant pour tâche de faciliter ce consensus par le dialogue, la Présidente a rappelé que, « dans cette enceinte », toutes les nations sont sur un pied d’égalité.  Elle a encouragé toutes les délégations à être présentes dans cette salle tout au long de la semaine de haut niveau qui commence le 25 septembre « pour se rencontrer et s’écouter » sur la manière de réaliser nos objectifs communs de paix, de sécurité, de droits de l’homme et de développement durable.

Cette session marque aussi le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  « Parfois, a fait observer la Présidente, nous ne sommes pas conscients qu’en adoptant certaines résolutions ici, nous écrivons l’histoire.  Alors, ensemble, continuons à l’écrire », a-t-elle conclu.

En plus d’être la première femme équatorienne à avoir été Représentante permanente de son pays, ici à New York, Mme Espinosa Garcés est désormais la quatrième femme à présider l’Assemblée générale et la première depuis plus de 10 ans, a commenté le Secrétaire général de l’ONU, certain que cette perspective nouvelle enrichira et fera avancer les travaux.

« Une session chargée nous attend », a prévenu M. António Guterres, réclamant des mesures pour la paix, le financement du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’autonomisation des jeunes dans le monde, l’élimination de la pauvreté et la fin des conflits.  « Je vous encourage à dire à vos leaders de venir à la semaine de haut niveau, la semaine prochaine, prêts à se montrer ambitieux, à coopérer et à trouver des solutions. »  Le Secrétaire général a rappelé les autres rendez-vous importants prévus pour plus tard qui peuvent consolider les acquis sur les problèmes mondiaux. 

M. Guterres a cité la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui aura lieu au mois de décembre en Pologne.  « Notre action et notre ambition sont très loin de ce que nous devons faire pour éviter la catastrophe », a-t-il prévenu.  « Heureusement que la technologie est de notre côté », s’est-il réjoui, notant les progrès sur l’économie verte que l’on peut exploiter.  « Faisons de Katowice un succès », a-t-il lancé.

Le Secrétaire général a également donné rendez-vous à Marrakech au mois de décembre pour adopter officiellement le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  La mise en œuvre de ce Pacte, a-t-il estimé, nous permettra de tirer parti des bénéfices nombreux des migrations, tout en protégeant les gens contre les traversées dangereuses, l’exploitation et la discrimination.

Cette Assemblée, a conclu le Secrétaire général, a un rôle vital à jouer dans ces questions et dans d’autres.  En cette ère « de fragmentation et de polarisation », le monde a besoin que cette Assemblée lui prouve la valeur de la coopération internationale, a affirmé, à son tour, le Secrétaire général, en promettant son plein soutien à Mme Espinosa Garcés.

En fin de séance, l’Assemblée générale a nommé les neuf membres de sa Commission de vérification des pouvoirs: Antigua-et-Barbuda, Chili, Chine, États-Unis, Fédération de Russie, Finlande, Ghana, Palaos et Sierra Leone.  Elle a également noté que les Comores, la Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie sont actuellement en retard dans le paiement de leurs contributions au sens de l’Article 19 de la Charte des Nations Unies -droit de vote-*.  Elle a enfin autorisé certains de ses organes subsidiaires à se réunir au cours de cette première partie de session.**

*A/73/367/Rev.1

**A/73/369

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Afghanistan: à un mois des élections législatives, « l’heure des décisions importantes est venue », dit le Chef de la MANUA au Conseil de sécurité

8354e séance – après-midi
CS/13507

Afghanistan: à un mois des élections législatives, « l’heure des décisions importantes est venue », dit le Chef de la MANUA au Conseil de sécurité

À l’approche des élections législatives, prévues le 20 octobre, « l’heure des décisions importantes est venue pour l’Afghanistan », a déclaré, cet après-midi, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Tadamichi Yamamoto, qui s’est dit préoccupé par plusieurs obstacles susceptibles de faire dérailler un processus électoral sous haute tension.

Devant le Conseil de sécurité, réuni pour son débat trimestriel sur la situation en Afghanistan, le haut fonctionnaire a rappelé que c’est la première fois depuis 2010 que les Afghans se rendent aux urnes pour élire des parlementaires.  Dans le rapport que M. Yamamoto est venu présenter, le Secrétaire général de l’ONU indique que « l’opposition politique n’a cessé de s’intensifier à l’approche du scrutin ».

Le « scepticisme » est en effet de mise, a relevé le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).

« Depuis quelques jours, les partisans d’une coalition de partis politiques ont commencé par bloquer plusieurs commissions électorales provinciales qui demandaient la mise en place de dispositifs de sécurité additionnels », a-t-il expliqué.  Dans ce contexte, pas moins d’un tiers des plus de 7 000 bureaux de vote à travers le pays pourraient ne pas ouvrir en raison de l’insécurité qui y règne, en particulier dans le nord, marqué par les agissements des Taliban et de l’État islamique, a-t-il mis en garde.

Au total, les atteintes à la sécurité survenues dans le nord du pays au cours du premier semestre de 2018 ont augmenté de 17% par rapport à la même période en 2017, précise le Secrétaire général dans son rapport.  Avec 5 122 victimes civiles –1 692 tués et 3 430 blessés– au cours de la même période, l’Afghanistan affiche son bilan le plus noir depuis 2009, date à laquelle la MANUA a commencé à recenser systématiquement les victimes civiles, a constaté à regret le Représentant spécial.

Au cours de ses entrevues avec les acteurs politiques afghans, celui-ci a souligné avec constance trois points essentiels: à savoir que le soutien de la communauté internationale ne saurait être tenu pour acquis; que la conduite et les résultats des élections parlementaires auront des conséquences bien au-delà du choix des candidats, notamment sur la crédibilité de la présidentielle d’avril 2019; et que tous les acteurs et institutions politiques doivent assumer leurs responsabilités dans l’intérêt du peuple afghan.

Le représentant de l’Afghanistan a reconnu que la séance d’aujourd’hui intervenait à un moment « charnière » pour son pays, non seulement en raison des élections imminentes, mais aussi de la conférence ministérielle de Genève, qui doit se tenir le 28 novembre prochain, afin de réaffirmer les engagements internationaux envers la paix, la stabilité, le développement et des progrès en Afghanistan.

Alors que plusieurs membres du Conseil ont exhorté aujourd’hui Kaboul à privilégier la réforme du secteur de la sécurité, le délégué afghan s’est voulu rassurant, arguant que les forces afghanes ne cessaient d’augmenter, le pays envisageant même de tripler la taille de son armée de l’air d’ici à 2020, ce qui permettra de combattre encore plus efficacement les foyers du terrorisme, a-t-il dit.

Une démarche qui s’accompagne d’une volonté d’ouverture, comme en témoigne l’offre de son Président de reprendre sans conditions des pourparlers, accompagnée d’une série de mesures pour faciliter le retour et la réintégration des Taliban dans la société afghane.  Malheureusement, suite à une brève accalmie, les Taliban ont rejeté le second cessez-le-feu proposé par les autorités afghanes, les combats reprenant de plus belle.  À ses yeux, les négociations ne pourront progresser sans un engagement sans faille au niveau régional, notamment de la part du Pakistan, à travers la mise en œuvre complète du Plan d’action Afghanistan-Pakistan pour la paix et la solidarité (APAPPS), signé récemment entre les deux voisins.

« Aucun pays n’a plus à gagner de la paix en Afghanistan que le mien », a rétorqué son homologue du Pakistan, qui a tenu à rappeler qu’il s’agissait du tout premier pays où s’était rendu, le weekend dernier, le nouveau Ministre des affaires étrangères désigné par le Premier Ministre, M. Imran Khan, arrivé au pouvoir en août dernier.

Alors que l’Afghanistan accusait des éléments « extérieurs » de fomenter un « génocide géographique », la Fédération de Russie s’est quant à elle inquiétée du recrutement auquel se livre l’État islamique d’Iraq et du Levant – province du Khorassan dans le nord et l’est du pays.  « Nous sommes victimes du terrorisme international et nous le combattons au nom de vous tous », a assuré aux membres du Conseil Ramiz Bakhtiar, un représentant de la jeunesse d’Afghanistan, laquelle forme les deux tiers de la population afghane.  « Ce sont les jeunes, vos véritables partenaires qui ne souhaitent pas dépendre éternellement du reste du monde et ont l’ambition de faire de leur pays une plateforme de la connectivité internationale », a plaidé le jeune homme.  La Turquie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, l’Inde et la Chine ont clairement exposé leur volonté de réussir l’intégration régionale de l’Afghanistan.

À cet égard, la République islamique d’Iran s’est enorgueillie du plan de développement du port iranien de Chabahar, qui aura selon elle un impact significatif sur la promotion du commerce et de la coopération économique avec l’Afghanistan.  Avant de préciser que « toute tentative de saper ce projet vital ne servirait que les intérêts de ceux qui ne veulent pas la paix et le progrès du peuple afghan ».  L’Inde a pour sa part regretté que la résolution 2405 (2018) du Conseil de sécurité, tout comme le rapport du Secrétaire général à l’ordre du jour de cette séance, ne se penchent pas, selon elle, sur les liens intrinsèques entre terrorisme, extrémisme et production de stupéfiants et exploitation illégale des ressources naturelles afghanes, alors que « 60% des ressources des Taliban sont issues du commerce de l’opium », s’est alarmée la délégation.

SITUATION EN AFGHANISTAN S/2018/824

Déclarations

M. TADAMICHI YAMAMOTO, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a estimé que l’heure des décisions importantes est venue pour ce pays.  « Le peuple afghan doit se rendre aux urnes le 20 octobre pour choisir ses parlementaires pour la première fois depuis 2010.  Des décisions stratégiques, qui s’appuient sur un consensus national, devront être prises pour orienter les prochaines étapes vers la paix », a-t-il anticipé.  Et le 28 novembre, à Genève, le Gouvernement afghan et l’ONU coprésideront une conférence ministérielle sur l’Afghanistan où tous les aspects des efforts déployés dans le pays seront passés en revue et feront l’objet d’engagements mutuels, de la part des autorités afghanes, comme des bailleurs de fonds internationaux. 

S’agissant des élections, bien qu’opérationnellement et techniquement les préparatifs soient en bonne voie, le haut fonctionnaire s’est déclaré profondément préoccupé par des défis politiques susceptibles de remettre en cause les délais serrés et de faire dérailler les scrutins, à moins que tous les dirigeants politiques ne s’engagent en faveur de leur tenue en temps opportun.

Le scepticisme est en effet de mise.  « En dépit d’avancées dans l’organisation, depuis quelques jours, les partisans d’une coalition de partis politiques ont commencé par bloquer plusieurs commissions provinciales d’élections qui demandaient que des dispositifs de sécurité additionnels soient mis en place », a expliqué le Représentant spécial.  En outre, près d’un tiers des plus de 7 000 bureaux de vote pourraient ne pas ouvrir en raison de l’insécurité qui règne dans le pays, a-t-il mis en garde.  « La question principale, ce n’est pas de savoir si les élections seront imparfaites ou non, mais comment les institutions électorales gèreront ces limitations. » 

Au cours de ses entrevues avec les acteurs politiques afghans, j’ai souligné avec constance trois points essentiels, a indiqué le Chef de la MANUA.  Tout d’abord, le soutien de la communauté internationale ne doit pas être tenu pour acquis.  Ensuite, il leur faut prendre conscience que les élections parlementaires ont des conséquences bien au-delà du choix des candidats, y compris sur l’élection présidentielle d’avril 2019, a relevé M. Yamamoto, en faisant allusion aux accusations de fraude électorale.  Enfin, tous les acteurs et institutions politiques doivent assumer leurs responsabilités dans l’intérêt du peuple afghan, a-t-il ajouté, avant d’exhorter la Commission électorale indépendante à redoubler d’efforts pour sensibiliser l’opinion publique à l’importance du processus électoral.

Après avoir évoqué les progrès constatés à l’issue de l’offre du Président Ghani, faite en février dernier, de s’engager à des pourparlers avec les Taliban sans conditions préalables, le Représentant spécial a assuré qu’en dépit de quelques revers depuis, l’Afghanistan est « en meilleure position aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment des 17 dernières années » de trouver une solution négociée au conflit.  Aussi a-t-il exhorté les parties à s’accorder sur des mesures de confiance mutuelles, qu’il s’agisse de remettre en liberté des prisonniers; de mesures dans le domaine agricole; de l’accès à l’éducation et à la santé dans les zones que se disputent les parties au conflit; et de la réduction, voire la cessation, de la violence. 

Rien qu’au cours des six premiers mois de cette année, en effet, la MANUA a enregistré le nombre le plus élevé de pertes civiles depuis qu’elle a commencé à tenir cette comptabilité.  Nous avons récemment perdu une icône de la communauté internationale en la personne de Kofi Annan, qui, en 2001, a débuté son discours d’acceptation du Prix Nobel de la paix par les mots suivants, a conclu le Représentant spécial: « Aujourd’hui, une Afghane naîtra ».  Cette fille est sur le point de devenir une femme, de voter, d’aller à l’université, de poursuivre la vocation de ses rêves.  Sera-t-elle en mesure de le faire?  « Je suis sûr que cette fille suivra de près les développements au cours des mois à venir. »

M. RAMIZ BAKHTIAR, Représentant des jeunes d’Afghanistan, a salué cette opportunité de parler à l’ONU à un moment « où beaucoup d’Afghans se sentent oubliés de la communauté internationale et dépassés par une guerre sans pitié ».  C’est l’occasion pour moi d’attirer l’attention sur la complexité et la réalité nuancée de mon pays, a poursuivi M. Bakhtiar.  « Nous ne sommes pas une nation défaillante, nous sommes une nation résiliente qui est mise à l’épreuve bien plus que la plupart des autres pays », a-t-il fait valoir.  « Nous sommes victimes du terrorisme international et nous le combattons au nom de vous tous », a affirmé le jeune homme, ajoutant que les Afghans sont aux premières lignes d’un combat contre cet ennemi commun. 

Rappelant que les deux tiers de la population afghane a moins de 25 ans, M. Bakhtiar a expliqué que ces jeunes se souviennent « à peine » du temps des Taliban, et encore moins des régimes qui les ont précédés.  Ils font partie d’un nouvel Afghanistan et ont des ambitions similaires à celles des autres jeunes dans le monde, même s’ils diffèrent dans leur manière de penser la relation entre leur pays et le reste du monde dans les 10 à 20 ans à venir, a-t-il expliqué.  « Ce sont vos véritables partenaires qui ne souhaitent pas dépendre éternellement du reste du monde et ont l’ambition de faire de leur pays une plateforme de la connectivité internationale. »  Cette nouvelle génération perçoit la diversité comme un atout, a poursuivi le représentant des jeunes.

Rappelant qu’en 2001 les médias indépendants n’existaient quasiment pas dans son pays, il a affirmé que, de nos jours, ils jouent un rôle de taille en donnant la voix aux Afghans, même si 53 journalistes ont perdu leur vie au cours des quatre dernières années.  Il s’est dit certain que l’Afghanistan ne reculera pas parce que ses milliers de jeunes veulent relever leur pays et restent convaincus que la communauté internationale ne les abandonnera pas.  Ces jeunes appellent le Conseil à se concentrer sur les véritables causes du terrorisme.  Le cas de Rahila, une jeune fille victime d’un attentat sur le chemin de l’école, a illustré la résilience des jeunes afghans par la réaction de son frère qui a créé une bibliothèque à Kaboul en son nom pour poursuivre le rêve de sa sœur d’éduquer les filles afghanes.

« Notre génération croit également en la démocratie et espère que les élections des prochains mois pourront avoir lieu », a assuré M. Bakhtiar même s’il redoute des troubles dans son pays.  En conclusion, il s’est adressé aux membres du Conseil pour leur dire: « Vous avez une responsabilité de premier plan pour que notre gouvernement reste concentré sur ces élections, pour lutter contre la corruption et pour soutenir nos forces de sécurité. »

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a rappelé que la réunion d’aujourd’hui intervenait à un moment charnière pour son pays, à un mois des élections parlementaires, qui seront suivies, en novembre, par la conférence ministérielle de Genève et, en avril 2019, par l’élection présidentielle afghane.

Dans le même temps, a-t-il déclaré, les forces de sécurité afghanes, dont le nombre, le professionnalisme et les capacités ne cessent selon lui d’augmenter, poursuivent le combat national contre les groupes terroristes et extrémistes.  Le pays, a-t-il ajouté, envisage également de tripler la taille de son armée de l’air d’ici à 2020, ce qui permettra de combattre encore plus efficacement le terrorisme.

Abordant la question de la paix avec les Taliban, le représentant a rappelé la nouvelle approche d’ouverture préconisée par son gouvernement, à savoir l’offre d’une reprise sans condition des pourparlers, accompagnée d’une série de mesures pour faciliter le retour et la réintégration des Taliban dans la société afghane.  Cependant, a déploré le représentant, suite à une brève accalmie, les Taliban ont rejeté le second cessez-le-feu proposé par les autorités afghanes et appuyé par le Conseil de sécurité, et les combats ont repris de plus belle.  « Nous ne pourrons réaliser des progrès tangibles, a-t-il ajouté, que si les manipulations, la tromperie et les opportunités gâchées prennent fin ».  À ses yeux, les négociations ne pourront progresser sans un engagement sans faille au niveau régional, notamment du Pakistan, à travers la mise en œuvre complète du Plan d’action Afghanistan-Pakistan pour la paix et la solidarité (APAPPS), signé récemment entre les deux pays.

Or, depuis maintenant un quart de siècle, a déploré le représentant, l’Afghanistan est victime d’un « génocide géographique » de la part de certains éléments de la région, qui souhaitent convertir le pays en « agent de confiance », sous peine de l’affaiblir et de le jeter en pâture au terrorisme.  Ce « génocide », a-t-il poursuivi, se traduit par plus de 10 000 pertes en vies humaines chaque année, des millions de personnes traumatisées et une déstabilisation de l’économie, de la gouvernance et de la vie politique du pays.

En dépit de ces perturbations extérieures, le représentant a déclaré que l’un des éléments clefs de la consolidation des gains dans son pays serait le bon déroulement des futures élections.  Il a ainsi renouvelé la détermination des autorités afghanes à faire en sorte que le scrutin se déroule de manière « libre, équitable, ouverte et transparente ».  Il en va, a-t-il affirmé, de la « future stabilité » du pays.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a, elle aussi, souligné l’importance des élections parlementaires afghanes du 20 octobre et présidentielle du 20 avril 2019, qui doivent être « libres, transparentes et inclusives », y compris pour les femmes et les filles.  Elle a ensuite estimé que l’Afghanistan doit se doter d’institutions publiques fiables et résilientes.  Alors que ce pays est maintenant à mi-chemin de la Décennie de la transformation (2015-2024), la conférence ministérielle de Genève sur l’Afghanistan devrait fournir une opportunité d’évaluer les progrès et d’aligner les priorités de la période restante, a affirmé la représentante.

Dans ce contexte, le Gouvernement afghan devra redoubler d’efforts pour mettre fin à la corruption, renforcer la gouvernance et l’état de droit, et garantir le respect des droits de l’homme, avec le soutien de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  Enfin, pour Mme Gregoire Van Haaren, dans un pays qui compte 63% d’habitants âgés de moins de 25 ans, l’ambition et les engagements des jeunes représentent une opportunité de premier plan pour l’Afghanistan. 

Saluant la volonté de tous les Afghans d’exercer leur droit de vote lors des prochaines élections parlementaires et locales, Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a souligné le rôle de la MANUA en ce sens.  Néanmoins, elle s’est dite préoccupée par la recrudescence des affrontements armés initiés par les Taliban.   Elle a déploré le meurtre de 1 692 civils au cours du premier semestre 2018, ainsi que les attaques perpétrées contre des infrastructures civiles, notamment des écoles et des hôpitaux.  La Bolivie appelle toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme.

Préoccupée en outre par la violence sexuelle et sexiste, Mme Cordova Soria a considéré que les autorités afghanes doivent adopter toutes les mesures nécessaires pour coopérer avec la Commission indépendante des droits de l’homme du pays.  Elle a réitéré que tout acte terroriste est criminel et injustifiable et que la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour aider l’Afghanistan à combattre ce fléau.  

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni), a condamné les derniers attentats terroristes en Afghanistan et a présenté ses condoléances aux familles des victimes.  D’après elle, il faut redoubler d’efforts pour soutenir les forces de sécurité afghanes qui assurent la protection des civils.  Rappelant qu’il s’agit du dernier débat trimestriel du Conseil sur l’Afghanistan avant les élections du 20 octobre, elle a exprimé sa reconnaissance à la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) qui appuie le processus électoral et appelé toutes les parties à coopérer. 

Évoquant les points toujours en suspens, Mme Pierec a souhaité que la liste des électeurs soit publiée au plus tôt au niveau provincial avec un mécanisme de plainte approprié.  Elle a également plaidé pour une bonne stratégie de communication à l’appui de ces élections, ainsi que pour le respect de la sécurité du matériel et des locaux électoraux.  À ceux qui bloquent des centres provinciaux de la Commission électorale, le Royaume-Uni demande de cesser et de se joindre au processus électoral en cours. 

Pour avoir été Ambassadrice du Royaume-Uni en Afghanistan, la représentante s’est dite confiante dans l’avenir de ce « beau pays », même si le relèvement risque de prendre un moment.  La conférence ministérielle de Genève est un rendez-vous important, à ses yeux, pour définir les réformes à engager dans le contexte de cette décennie de transition.  S’agissant du processus de paix avec le Pakistan, elle a soutenu le Gouvernement d’unité nationale dans ses efforts en ce sens.  Elle a toutefois regretté que les Taliban n’aient pas accepté la poursuite du cessez-le-feu que le Président Ghani avait proposé.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est déclaré préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire en Afghanistan, rappelant les nombreuses pertes endurées par les forces de sécurité afghanes face aux attaques de l’État islamique d’Iraq et du Levant – province du Khorāsān.  Il a attiré l’attention sur l’emprise de cette organisation terroriste sur les esprits, en particulier dans le nord et l’est du pays, où elle recrute activement.  Après avoir condamné les violences perpétrées par les Taliban, le représentant a jugé indispensable de recourir davantage aux mécanismes de sanctions en vigueur contre Daech et les groupes et individus qui s’associent à ses agissements. 

La Fédération de Russie a appuyé le Pacte de Paris, qui vise à lutter contre le trafic d’opiacés afghans, et la consommation et les problèmes connexes dans les pays prioritaires touchés le long des routes du trafic.  Plaidant pour l’accélération de la réforme du secteur de la sécurité afghane, le délégué a constaté à regret que la présence de contingents militaires de l’OTAN et des États-Unis depuis 17 ans en Afghanistan n’avait pas donné les résultats escomptés et ne ferait selon lui que conduire à une escalade du conflit.  Or, il n’y a pas de solution militaire à ce conflit, a-t-il tranché, estimant que seules des négociations entre les parties seraient en mesure de parvenir à rétablir la paix, une perspective d’autant plus importante que le pays entre dans une phase électorale.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire en Afghanistan, rappelant que les attentats-suicides avaient fait plus de 1 600 victimes en moins de six mois.  « On ne peut rester indifférent à l’atrocité de ces actes qui frappent le plus souvent les plus vulnérables », a estimé le représentant pour lequel toute solution passe par des négociations politiques et des élections transparentes et inclusives qui donneront la possibilité aux Afghans de choisir la voie à suivre.

S’agissant des facteurs qui exacerbent l’instabilité en Afghanistan, il a estimé que, jusque-là, le statu quo ne s’est pas amélioré « parce que certaines parties privilégient leurs propres intérêts » et non pas ceux du peuple afghan.  Sachant qu’il y a toujours des acteurs qui ne seront pas satisfaits, il n’est « pas surpris » de la recrudescence de la violence et des attaques à la veille des élections en vue de paralyser le processus politique en cours.  Il a exhorté toutes les parties à participer à ce processus pour faciliter la paix et la stabilité en Afghanistan, qui passent par la tenue réussie de ces élections.

Parmi les autres facteurs de déstabilisation de la situation, M. Ndong Mba a dénoncé l’augmentation de la production d’opium, et a félicité le Gouvernement afghan pour ses récents résultats dans la lutte contre les stupéfiants.  La sècheresse grave qui frappe l’Afghanistan et qui a poussé plus de 100 000 personnes à quitter leurs foyers pour chercher de l’eau, est un autre facteur a souligné le représentant qui appelé la communauté internationale à intensifier son aide humanitaire.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a appelé à lutter contre le terrorisme et ses causes profondes, en s’attaquant notamment au crime organisé et en particulier au trafic de drogues.  La classe politique doit rester unie, a-t-il recommandé dans le souci de la stabilité du pays.  Inquiet des menaces de boycott électoral de la part de certains secteurs politiques, il a espéré que les forces politiques et les citoyens pourraient participer en masse aux élections.  Il a souligné l’engagement du Gouvernement en faveur de l’autonomisation des femmes et encouragé à la participation de celles-ci et des jeunes à la vie politique du pays.

Le délégué a aussi souligné l’initiative du Président Ghani de promouvoir des négociations directes avec les Taliban, tout en regrettant que ces derniers n’aient pas respecté le cessez-le-feu proposé pour l’Eïd al-Adha.  Plaidant pour un dialogue intra-afghan, il a misé sur la conférence ministérielle prévue en novembre à Genève pour revitaliser l’engagement en faveur de la paix et du développement de l’Afghanistan.  Renforcer les capacités du pays en matière de défense et de sécurité est un autre élément essentiel selon la délégation, qui a aussi souligné la nécessité d’accompagner les efforts de modernisation de l’économie et de création d’emplois pour les jeunes, ceux-ci constituant 60% de la population.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a estimé que le processus de paix en Afghanistan devrait être mené par les Afghans eux-mêmes, tout en soulignant qu’il ne doit pas retarder le processus électoral.  Sur le plan sécuritaire, Kaboul doit mettre en œuvre le plus rapidement possible le plan de réforme du secteur de la sécurité pour renforcer ses institutions nationales, a poursuivi le représentant.  En ce qui concerne la coopération internationale, elle doit se poursuivre, a-t-il exhorté, en plaçant des espoirs dans la conférence ministérielle qui se tiendra le 28 novembre à Genève.  

La délégation kazakhe s’est dite ensuite encouragée par l’accent mis par le Gouvernement afghan sur le développement socioéconomique du pays, à laquelle tous les pays partenaires de la région d’Asie centrale doivent contribuer.  Elle a, en conclusion, rappelé que les femmes et les jeunes occupent une place centrale dans le cycle de prévention du conflit en Afghanistan.  En témoigne l’engagement de son propre pays, a indiqué M. Umarov qui a rappelé que le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et l’Union européenne lanceraient prochainement un projet pilote pour former professionnellement des Afghanes. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) s’est déclarée préoccupée par l’accroissement de la présence de combattants terroristes étrangers en Afghanistan, ainsi que par la « surenchère » à laquelle se livrent les Taliban et l’État islamique d’Iraq et du Levant au Khorassan.  Elle a déploré la détermination des groupes terroristes à poursuivre, par une stratégie de harcèlement, la déstabilisation du pays « à un moment charnière » en créant un climat d’insécurité permanent et en cherchant à affaiblir les forces afghanes et l’autorité du Gouvernement juste avant les élections.  Également préoccupée par le trafic de drogues qui alimente l’insurrection talibane et menace la vie de milliers d’Afghans, la déléguée a appelé les pays de la région à s’engager résolument contre ce trafic à tous les niveaux.

Passant aux élections parlementaires et locales du 20 octobre prochain, Mme Gueguen a jugé essentiel que la population afghane puisse s’exprimer et être représentée au Parlement.  Elle s’est notamment inquiétée des interrogations subsistantes autour de la préparation des élections et du faible nombre de candidats dans certaines provinces pour les élections des conseils de district.  Elle a soutenu en ce sens le travail de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).

Selon la déléguée, la gravité de la situation sécuritaire et le coût humain du conflit doivent inciter à redoubler d’efforts.  La France, a-t-elle dit, exhorte les Taliban à répondre aux derniers gestes d’ouverture et ainsi permettre le retour de la paix et de la sécurité dans la région.  « Il ne pourra y avoir de solution durable en Afghanistan que politique, négociée dans le cadre d’un processus inclusif mené par les Afghans et pour les Afghans. »

M. MA ZHAOXU (Chine) a salué le travail “gigantesque” abattu par la  Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  Le processus politique est à un tournant en Afghanistan, a constaté le représentant pour lequel la paix et le développement auront des incidences importantes à la fois sur les Afghans mais aussi sur toute la région.  La Chine souhaite contribuer à rétablir la paix et à promouvoir le développement économique en Afghanistan et, pour cela, souhaite que les élections puissent se tenir sans heurts.  Alors que les préparatifs électoraux sont à un moment charnière, les parties politiques doivent régler leurs différends par la négociation et la concertation, a-t-il estimé, appelant la communauté internationale à respecter le droit du peuple afghan à choisir son propre système politique.

M. Ma a également appelé à améliorer la sécurité en Afghanistan en appuyant les capacités des forces afghanes notamment dans leur lutte contre le terrorisme et les stupéfiants.  Les Taliban devraient être exhortés à répondre positivement à l’appel en faveur de la réconciliation nationale et de la paix, a encore estimé le représentant.  S’agissant de la crise humanitaire grave qui prévaut en Afghanistan, il a demandé que l’aide humanitaire soit augmentée et que les pays voisins puissent avoir un soutien international lorsqu’ils accueillent les réfugiés afghans.  La Chine encourage le développement régional, notamment par le biais du projet « La ceinture et la route », et a l’intention de resserrer sa coopération avec l’Afghanistan.  

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a jugé important que les Taliban acceptent l’offre du Président afghan de négocier la paix dans le cadre de pourparlers directs.  S’agissant des élections, la priorité de sa délégation demeure la large participation des femmes en tant que candidates et électrices, une condition sine qua non pour une paix future.  À cet égard, a-t-elle ajouté, des efforts urgents doivent être consentis afin d’apporter un soutien aux organisations d’Afghanes tout au long du processus électoral.  La Pologne a en conclusion apporté son soutien au Gouvernement afghan dans la mise en œuvre de ses programmes de réformes.

Pour M. NAWAF A. S. A. ALAHMAD (Koweït), la phase actuelle, à la veille des élections parlementaires en Afghanistan, est essentielle et délicate.  Elle est marquée par des consultations accrues entre partis politiques et les préparatifs de ces élections qui doivent se tenir le 20 octobre 2018.  À cet égard, il a salué le rôle « vital » de la MANUA ainsi que celui des institutions électorales qui doivent finaliser les listes électorales des candidats et des électeurs et mettre en place les centres de vote.  Il a également salué la signature récente par les Nations Unies et ces institutions électorales d’un document révisé du projet d’assistance électorale des Nations Unies, auquel les donateurs ont garanti un soutien financier supplémentaire de 57 millions de dollars.

Pour le Koweït, les neuf millions d’Afghans qui se sont inscrits pour voter sont la preuve du désir du peuple afghan de s’engager sur la voie de la démocratie, en dépit des menaces sécuritaires.  Le représentant a salué leur courage, et a saisi cette occasion pour demander à nouveau que la solution politique en Afghanistan soit pilotée par les Afghans eux-mêmes.  Le Koweït suit de près l’action politique dans les différentes provinces afghanes, et les alliances politiques à la veille des élections.  Il espère que ces alliances contribueront à réduire les tensions et à placer l’intérêt national au-dessus des intérêts partisans. 

M. Alahmad a appelé le Gouvernement et les autres parties à accorder la priorité aux intérêts à long terme du pays en vue de parvenir à une paix et stabilité durables.  Parallèlement, la communauté internationale doit continuer à soutenir la finalisation d’un règlement politique global en Afghanistan.  Face à la recrudescence récente de la violence et des attentats terroristes, il a affirmé qu’il s’agit de « tentatives désespérées de certains éléments qui ne croient pas en l’option de la démocratie et des droits de l’homme et qui ne souhaitent ni la paix ni la stabilité du pays ».  Il a encouragé les forces de sécurité afghanes à redoubler d’efforts pour protéger les lieux publics et combattre ces groupes, avant de saluer l’engagement de l’OTAN à apporter son soutien financier aux forces de sécurité afghanes jusqu’en 2024.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a salué les progrès accomplis par la Commission électorale indépendante dans l’organisation des futures élections, prévues le 20 octobre prochain.  Il s’est également félicité des contributions financières apportées par un certain nombre de pays pour aider la Commission électorale et la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans cette entreprise.

Toutefois, le représentant a déclaré qu’il demeurait préoccupé par la situation sociopolitique et sécuritaire en Afghanistan, de nature, selon lui, à entraver la bonne tenue du processus électoral.  Il a ainsi déploré la fermeture du siège de la Commission électorale à Kaboul et des commissions locales dans huit autres provinces, en raison de manifestations organisées par des personnes dont les candidatures aux élections ont été rejetées.  Il s’est également inquiété des faibles progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de paix entre le Gouvernement et le parti politique Hezb-i Islami Gulbuddin, qui pourrait selon lui retarder le début des négociations de paix avec les groupes armés à travers le pays.

Sur le plan sécuritaire, le représentant a déploré les attaques récentes de Taliban contre des forces de sécurité afghanes et de la branche locale de Daech contre les populations civiles.  À ses yeux, « ces évènements risquent de compromettre la participation des Afghans au futur scrutin ».  Il a par conséquent appelé la communauté internationale à renforcer son appui aux forces de sécurité afghanes et aux pays contributeurs à la mission Soutien résolu.  Il a salué l’engagement de ces derniers de maintenir leur présence dans le pays, si besoin est, jusqu’en 2024.

M. DAWIT YIRGA WOLDEGERIMA (Éthiopie) a salué la proposition du Président Ghani de négociations directes avec les Taliban, qui a reçu un large soutien de la part des Afghans et de la communauté internationale.  Il a estimé que la sécurité de l’Afghanistan sur le long terme ne pouvait être assurée que dans le cadre d’un processus de réconciliation dirigé par les Afghans eux-mêmes.  À cet égard, la tenue réussie d’élections parlementaires inclusives en octobre revêt une importance capitale, a noté le représentant.  Celui-ci a toutefois rappelé qu’un succès électoral demeurerait inefficace tant qu’un pourcentage significatif de la population vivra dans l’insécurité. 

En l’absence d’une croissance économique durable et inclusive, les défis sécuritaires auxquels fait face l’Afghanistan ne pourront être surmontés, a mis en garde le délégué.  C’est la raison pour laquelle Kaboul a besoin d’un soutien de la part de la communauté internationale pour mettre en œuvre son agenda de réformes tel qu’envisagé dans le Cadre national pour la paix et le développement en Afghanistan.  M. WOLDEGERIMA a émis l’espoir en conclusion que la conférence ministérielle de Genève offre une occasion valable aux partenaires de renouveler leur engagement vis-à-vis de l’Afghanistan.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a salué les mesures sans précédent prises par le Gouvernement afghan pour parvenir à la paix et déploré le refus par les Taliban d’un cessez-le-feu bilatéral.  Il a exhorté les Taliban à s’engager dans des pourparlers avec le Gouvernement, avant d’insister sur l’importance des élections à venir.  Il est de la responsabilité du Gouvernement, de l’opposition et des organes électoraux de veiller au déroulement d’élections libres, inclusives et légitimes, a-t-il dit, en souhaitant une large participation des femmes, notamment en zone rurale.

Le délégué a déploré la détérioration de la situation humanitaire, ainsi que les attaques ciblées contre les écoles de filles, les minorités religieuses et les journalistes.  Si la situation paraît très sombre, des efforts renouvelés en faveur du processus de paix pourraient apporter un changement de trajectoire, a conclu le délégué.

La semaine dernière, a rappelé M. JONATHAN COHEN (États-Unis), un homme armé d’explosifs s’est fait exploser au milieu d’une foule qui manifestait contre un commandant de police corrompu, dans l’est de l’Afghanistan.  Selon M. Cohen, l’attentat a fait 70 morts et des centaines de blessés.  Plus tôt, le même jour, a-t-il poursuivi, un garçon de 14 ans a été tué et quatre autres blessés dans deux explosions devant une école à Jalalabad. 

Pour le représentant, à l’approche des élections parlementaires d’octobre, il ne fait aucun doute que les attaques des groupes extrémistes violents vont s’intensifier, afin de semer la peur parmi la population.  Dans ce contexte, M. Cohen a déclaré que les États-Unis appuyaient pleinement la tenue d’élections législatives en Afghanistan le 20 octobre prochain, puis le scrutin présidentiel d’avril 2019.

Cependant, a-t-il ajouté, cela ne se fera pas sans efforts.  « Construire une démocratie implique nécessairement de créer un climat de confiance parmi les individus dans l’intégrité du système », a-t-il déclaré, ajoutant que les électeurs ont aussi besoin de croire en la capacité et la volonté des élus d’améliorer leur vie quotidienne.  À ses yeux, cela suppose, dans un premier temps, un enregistrement des électeurs aussi précis et transparent que possible, en veillant notamment à ce que les femmes puissent participer et faire entendre leur voix.  Plus fondamentalement, a-t-il ajouté, cela dépend de la capacité des autorités à garantir la sécurité de ceux qui font campagne et des électeurs.

Dans ce cadre, le représentant s’est félicité des efforts déployés par le Gouvernement afghan pour faire avancer le processus de paix avec les Taliban.  « Le peuple afghan souhaite la paix, le Président Ghani a répondu à leur appel », a-t-il estimé, ajoutant que la balle était désormais dans le camp des Taliban.  « Ils doivent venir à la table et entamer des pourparlers de paix sans conditions préalables », a-t-il insisté, sous peine de sombrer dans l’obsolescence.

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a estimé qu’à un mois de la tenue des élections parlementaires afghanes, les critiques « sérieuses et récurrentes » portées contre le processus électoral sont préoccupantes, de même que l’insécurité persistante et le paysage politique éclaté continuent d’être une source d’inquiétudes.  Le représentant a rappelé que son pays est prêt à soutenir le processus de réconciliation, dirigé par les Afghans eux-mêmes. 

La stabilité, sécurité et la prospérité de l’Afghanistan sont d’une importance capitale pour les pays de la région, a-t-il souligné, en expliquant que c’était là la raison du soutien d’Ankara à Kaboul. « Nous sommes heureux de coprésider le Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie » sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan cette année, aux côtés de l’Afghanistan », s’est enorgueilli le délégué, avant de préciser que la seconde réunion des responsables du Processus se tiendrait à New York le 28 septembre, en marge de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a regretté la longue guerre qui se poursuit en Afghanistan, exacerbée par les tensions ethniques et régionales, par le terrorisme et des conditions économiques précaires.  Reprenant les propos de Human Rights Watch, elle a affirmé que ce sont « les civils qui perdent la guerre en Afghanistan », et souligné qu’aucun pays n’a plus à gagner de la paix en Afghanistan que le sien.  Lors de sa première allocution, a relevé la représentante, le Premier Ministre pakistanais, M. Imran Khan, a réaffirmé l’appui du Pakistan à la paix et la sécurité en Afghanistan, qui est d’ailleurs le premier pays où s’est rendu le nouveau Ministre des affaires étrangères le weekend dernier.  Son message à Kaboul consistait à dire que le Pakistan était prêt à jouer un rôle constructif en ce sens.

Le Pakistan salue le fait que l’Administration américaine a reconnu qu’un règlement politique négocié est la meilleure option pour mettre fin à « sa plus longue guerre ».  C’était la position défendue par le Pakistan depuis des décennies, et les Nations Unies et la communauté internationale ont également toujours soutenu qu’il n’existait pas de solution militaire à ce conflit dont la fin passe par un règlement négocié.  La représentante a reconnu qu’il est difficile d’engager un processus de négociation, rappelant certaines tentatives qui ont échoué à cause d’actions unilatérales et le manque de confiance mutuelle entre les principaux antagonistes.  Il est essentiel, à ses yeux, que les parties afghanes fassent preuve de la flexibilité nécessaire pour entamer des négociations sérieuses sans quoi le règlement politique risque d’accuser des retards. 

Pour sa part, le Pakistan ne ménagera aucun effort pour encourager et soutenir tout effort pour lancer un processus de paix crédible, a assuré la représentante.  Elle a souligné l’importance de la coopération entre le Pakistan et l’Afghanistan pour réaliser la paix et la sécurité en Afghanistan mais aussi dans toute la région.  Ainsi le renforcement de leurs relations bilatérales est une priorité pour le nouveau Gouvernement pakistanais et le Plan d’action Afghanistan-Pakistan pour la paix et la solidarité (APAPPS), lancé en juillet à Kaboul, offre le cadre idoine pour un engagement constructif en ce sens, a-t-elle précisé; l’opérationnalisation de ses cinq groupes de travail permettra de se pencher sur toutes les questions bilatérales, y compris l’élargissement de l’interaction économique entre les deux pays, la gestion des frontières et le rapatriement des réfugiés, a ajouté Mme Lodhi. 

M. RICHARD ARBEITER (Canada) a estimé que l’accès équitable aux services sociaux en Afghanistan reste un élément essentiel de soutien aux jeunes.  Ceci est particulièrement important pour les filles et les jeunes issus des minorités ethniques et religieuses.  Concernant la conférence ministérielle de Genève qui aura lieu en novembre, le représentant a déclaré que sa délégation avait hâte d’y participer pour écouter l’évaluation du Gouvernement afghan de ses progrès, l’identification des progrès à réaliser et son approche envisagée pour surmonter les obstacles. 

Sur les élections, M. Arbeiter a ajouté que le Canada reste déterminé à soutenir l’Afghanistan qui cherche à tirer parti de sa diversité, notamment en favorisant la pleine participation des femmes et des communautés marginalisées à ces élections.  « Nous encourageons les autorités nationales afghanes à continuer de lutter activement contre les irrégularités et à promouvoir et protéger le droit des membres des communautés rurales, en particulier les femmes candidates et électrices, de participer aux affaires publiques et à la vie politique. »  Leur inclusion est essentielle à l’intégrité des élections, a estimé le représentant. 

Face à la dégradation de la situation sécuritaire en Afghanistan ces derniers mois, M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a appelé à renforcer le soutien collectif pour « contrer l’inhumanité de ceux qui se sont alliés pour brutalement s’attaquer au peuple afghan ».  Il a encouragé le Conseil de sécurité à « revoir » son approche de la situation en Afghanistan, estimant que les développements actuels méritent une attention à la hauteur des dangers qu’ils représentent pour la paix et la sécurité régionale.  Il a regretté que les Taliban aient rejeté tous les efforts de paix du Gouvernement afghan au cours des derniers mois, y compris le maintien du cessez-le-feu, les accusant de traiter ces gestes d’ouverture avec dédain et dénonçant l’intensification de leur offensive alors que le pays prépare ses élections. 

Rappelant que les Taliban, le réseau Haqqani, mais aussi l’EILL, Al-Qaida et Jaish e Mohammed se financent par l’extorsion mais également grâce au soutien de cartels de stupéfiants et autres, M. Akbarrudin a affirmé que 60% des ressources des Taliban sont issues du commerce de l’opium.  Soulignant les liens intrinsèques entre terrorisme, extrémisme et production de stupéfiants et exploitation illégale des ressources naturelles afghanes, il a regretté que la résolution 2405 (2018) du Conseil de sécurité, tout comme le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan, n’adressent pas ce problème de manière adéquate.  L’Inde appelle les membres du Conseil à « répliquer le succès de la communauté internationale dans la lutte contre le trafic illicite de pétrole de l’EILL en Syrie et en Iraq en paralysant le trafic illicite de stupéfiants des Taliban ». 

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déploré l’augmentation de la violence ces dernières semaines, y compris l’attaque des Taliban contre Ghazni.  Il a apporté l’appui de l’Union européenne au processus de paix, en particulier dans sa dimension régionale, « un Afghanistan stable et prospère étant dans l’intérêt de tous ses voisins ».  Il a espéré que la prochaine conférence ministérielle de Genève verra un agrément sur des mesures durables contre la corruption et de promotion des droits de l’homme.

M. de Almeida a indiqué que l’Union européenne a engagé 15,5 millions d’euros à l’appui des prochaines élections parlementaires, avant d’inviter le Gouvernement à renforcer son action s’agissant de l’élimination de la violence faite aux femmes, de la protection des enfants et de la prévention de la torture.  L’Afghanistan est à un tournant, a conclu le délégué, en soulignant la nécessité de ne pas gaspiller l’élan positif pour la paix généré en juin dernier.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a déclaré que le Processus de Kaboul, soutenu par la Conférence de Tachkent, devait constituer la base d’un processus de paix global et inclusif, et dirigé par les Afghans.  Il est primordial que la communauté internationale et les pays de la région donnent un soutien concerté aux efforts de paix du Gouvernement.  Notant que depuis 2009, il n’y a jamais eu autant de victimes civiles, le délégué a déploré que les Taliban n’aient pas répondu positivement aux signaux du Gouvernement.  Il a appelé les Talibans à participer aux négociations de paix. 

En outre, l’importance du processus électoral ne peut être sous-estimée, a poursuivi le représentant.  Il a appelé les dirigeants politiques à chercher des solutions afin de renforcer la confiance et les Taliban à ne pas saboter le processus électoral par la violence ou d’autres formes d’intimidation.  Il a ajouté que l’insécurité, la pauvreté et le chômage continuent d’avoir de lourdes conséquences sur la jeunesse afghane.  Les conditions de sécheresse ont affecté les moyens de subsistance et ont entraîné des déplacements de populations supplémentaires; l’impatience du peuple afghan et en particulier de sa jeunesse, pour une paix durable est de plus en plus claire. 

M. Pecsteen de Buytswerve a aussi déploré les attaques récentes contre les écoles qui empiètent sur le droit fondamental des jeunes à l’éducation et démontrent l’importance de la mise en œuvre rapide et complète de la Déclaration dite « safe school ».  Saluant la criminalisation des infractions liées aux enfants dans le nouveau Code pénal, il a appelé le Gouvernement à l’appliquer.  « Nous sommes aussi très préoccupés par l’emploi d’enfants soldats et par des rapports faisant état d’abus sexuels sur des garçons ainsi que de violences contre les femmes », a également dit le délégué.

Mme ZAPPIA (Italie) a déclaré que son pays soutient l’Afghanistan dans ses efforts pour rétablir la paix et la stabilité sur son territoire, estimant que la seule voie pour y parvenir est une solution politique.  À cet égard, elle s’est félicitée des efforts déployés par le Gouvernement, qui a proposé des pourparlers directs avec les Taliban, même si elle a regretté que le deuxième cessez-le-feu pour l’Eïd al-Fitr ait été refusé par eux.

Après avoir apporté son soutien aux Afghanes, qu’elle a encouragé à participer aux élections législatives, la représentante a salué le travail exceptionnel accompli par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans un environnement sécuritaire particulièrement dangereux.

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a assuré que la perspective de la stabilité et du développement durable en Asie centrale est directement tributaire de la paix durable en Afghanistan.  Il a rappelé que son pays a accueilli une conférence ministérielle sur l’Afghanistan en mars dernier, à l’initiative des Présidents des deux pays.  À la fin de cette rencontre, les dirigeants de 21 États et d’organisations internationales telles que l’ONU, l’Union européenne, l’OTAN et l’Organisation de Shanghai pour la coopération ont adopté la Déclaration de Tashkent dans laquelle ils ont appelé la communauté internationale à soutenir la proposition du Gouvernement de négocier avec les Taliban sans conditions préalables.  

Le représentant a dit que l’Ouzbékistan facilite les liens entre les deux parties, en insistant sur le fait que la paix dans le pays passe par la réconciliation nationale avec l’implication des Taliban dans le processus de négociations.   

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a souligné que, pour la première fois, les institutions afghanes vont entièrement prendre en main l’organisation des élections.  Grâce à leurs efforts, a-t-il dit, les préparatifs vont bon train en dépit de tous les obstacles.  Pour l’Allemagne, il est important que ces élections législatives qui ont été plusieurs fois reportées aient lieu en temps voulu et de manière libre, juste et transparente.  Le processus électoral doit respecter la Constitution du pays, a noté le délégué en ajoutant que les dirigeants politiques ont une grande responsabilité à cet égard et il faut le leur rappeler, car le peuple afghan ne mérite pas moins que cela.

Après l’offre d’un cessez-le-feu en juin et la promesse de pourparlers sans conditions faite par le Gouvernement, l’Allemagne juge qu’il faut désormais focaliser les efforts sur l’initiation de pourparlers directs entre le Gouvernement afghan et les Taliban.  « Il y a une opportunité de mettre fin au conflit afghan », a argué M. Schulz, précisant que cela est possible si les Afghans et la communauté internationale apportent leur soutien commun.  Il a aussi salué la présence d’un représentant de la jeunesse afghane au Conseil de sécurité aujourd’hui, prédisant qu’un jour, cette jeunesse va définir le destin du pays et doit donc être préparée à assumer cette responsabilité. 

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a déclaré que son pays contribuerait à hauteur de 5 millions de dollars au programme d’appui électoral des Nations Unies, afin d’accompagner le bon déroulement des élections parlementaires afghanes, le mois prochain, et l’élection présidentielle, en 2019.  Estimant que 2018 est une année particulièrement « sanglante » pour la population civile du pays comme pour les forces de sécurité afghanes, la représentante a condamné les attaques « brutales et illégitimes » perpétrées par des factions insurgées, des groupes inspirés par Daech, Al-Qaida et d’autres organisations terroristes qui sévissent en Afghanistan.  « Ensemble, avec nos partenaires et alliés de la mission Soutien résolu menée par l’OTAN, l’Australie s’engage à appuyer l’Afghanistan pour relever les défis posés par ces groupes », a-t-elle déclaré.

La représentante a ensuite loué les autorités afghanes pour leur recherche du dialogue avec les Taliban, jugeant « audacieuse et sans précédent » l’approche développée par le Président Ashraf Ghani, y compris son offre, en février dernier, de retourner à la table des négociations sans préconditions; son annonce, en juin, d’un cessez-le-feu unilatéral; et son appel aux Taliban, en août, à prendre part à une prolongation du cessez-le-feu.  Le représentant a appelé les Taliban à faire « honorablement » suite à cette dernière offre et à jeter les bases d’un processus politique ouvert.  Il a également appelé les pays voisins de l’Afghanistan, dont le Pakistan, à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ramener les Taliban à la table des négociations.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a appelé à un soutien international plus robuste et durable en faveur de l’Afghanistan, notamment pour faire face aux défis du pays.  En tant que voisin de l’Afghanistan, l’Iran continue de participer aux efforts régionaux en soutien à la paix, à la stabilité et au développement du pays.  C’est dans cette perspective que s’inscrit le plan de développement du port iranien de Chabahar qui aura un impact significatif sur la promotion du commerce et de la coopération économique avec l’Afghanistan.  « Toute tentative de saper ce projet vital ne servirait que les intérêts de ceux qui ne veulent pas la paix et le progrès du peuple afghan », a-t-il affirmé.

M. Al Habib a souligné que la sécurité reste le défi le plus important de l’Afghanistan, et les efforts de lutte contre le terrorisme doivent être la priorité majeure.  L’Iran s’inquiète également des victimes parmi les civils, y compris au sein de la communauté chiite du pays, tout en appelant à changer cette donne.  Le représentant a plaidé pour des efforts en vue de la tenue des prochaines élections en Afghanistan.  Il a enfin rappelé que de nombreux défis demeurent, tout en saluant la programmation, à Genève, d’une conférence ministérielle sur l’Afghanistan en novembre prochain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président sortant de l’Assemblée générale identifie six tendances majeures dont les menaces contre le multilatéralisme

Soixante-douzième session,
117e séance plénière - après-midi
AG/12052

Le Président sortant de l’Assemblée générale identifie six tendances majeures dont les menaces contre le multilatéralisme

M. Miroslav Lajčák a achevé, cet après-midi, son mandat de Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, en lançant une véritable mise en garde contre les menaces qui pèsent sur le multilatéralisme, une des « six tendances majeures » qu’il a identifiées.  En présence du Secrétaire général de l’ONU, M Lajčák a cédé le marteau à Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur, la quatrième femme à prendre la tête de l’organe « le plus représentatif » des Nations Unies.

Les défis de la paix, la protection de la planète, l’adaptation de l’Assemblée générale aux réalités du monde, la réforme des Nations Unies, le rétrécissement de l’espace de dialogue et les menaces sur le multilatéralisme sont les « six tendances majeures » que le Président sortant de l’Assemblée générale a identifiées.

Certains des principes les plus fondamentaux des Nations Unies s’érodent, s’est alarmé M. Miroslav Lajčák.  Nous voyons le retour « dangereux » des « clubs exclusifs », du bilatéralisme et des « petites alliances ».  Le système de 1945 basé sur des règles est menacé; certains voulant retourner à un monde où les règles étaient édictées par les grandes puissances.  Nous vivons dans un monde « complexe et incertain », a poursuivi le Président sortant, inquiet de la tentation de s’isoler, de couper les ponts, d’ériger des murs et de ne travailler qu’à sa propre défense.  Il est toujours temps de contrer cette tendance, a affirmé le Président sortant, en ajoutant: « n’attendons pas qu’une catastrophe nous secoue pour réaliser que le multilatéralisme est la seule façon d’avancer ».

M. Lajčák a prévenu que la nouvelle approche de la « pérennisation de la paix » ne saurait rester un concept voire une aspiration.  Elle doit prendre la forme d’un véritable « manuel des opérations » et guider le vrai travail sur le terrain.  Le temps presse, s’est impatienté le Président sortant.  Nous vivons toujours dans un monde sans équité où les grandes décisions sont prises dans des salles comme celles-ci, « par des gens comme nous » alors que les vrais besoins sont à l’extérieur, du côté des gens qui vivent dans la pauvreté, qui ressentent l’impact des changements climatiques et qui contemplent l’avenir avec crainte.  Or sans financement, a prévenu le Président sortant, nous ne tiendrons pas nos promesses.  Il nous faut de nouveaux partenariats, en particulier avec le secteur privé.  « Réveillons-nous avant que la fenêtre des opportunités ne se referme. »

L’Assemblée générale, a poursuivi le Président sortant, n’a jamais été confrontée à des changements aussi importants et aussi rapides dans le monde.  En tant qu’organe « le plus représentatif » des Nations Unies, elle doit s’adapter et s’attaquer à des questions telles que l’intelligence artificielle ou la protection des données, « pas dans une bulle » mais avec l’apport des scientifiques, des universitaires et des techniciens, sans oublier les parlementaires, les journalistes et les jeunes. 

Les Nations Unies, a insisté le Président sortant, doivent évoluer, s’adapter et se moderniser.  Si pertinentes soient-elles, les résolutions resteront vaines sans un financement pour leur mise en œuvre.  On ne peut parler de réforme des Nations Unies sans parler de la revitalisation de l’Assemblée générale et encore moins des modifications à apporter à la composition du Conseil de sécurité dont les questions sont des « questions de vie ou de mort » et sur lequel les yeux du monde sont rivés.

Nous devrons, a pronostiqué le Président sortant, faire des choix: entre une meilleure vie pour tous et les inégalités grandissantes, entre la paix et les souffrances humaines.  Nous pouvons choisir de transformer les tendances actuelles en opportunités, pour réguler les mouvements de population ou combattre les changements climatiques.  Nous pouvons aussi choisir une autre voie, celle de se battre les uns contre les autres au lieu de travailler ensemble.

Le Président sortant a conclu en paraphrasant Nelson Mandela auquel l’Assemblée générale rendra hommage le 21 septembre: « Je garde l’espoir qu’un groupe de leaders a émergé dans mon pays, dans ma région, dans mon continent et dans le monde.  Des leaders qui ne laisseront personne se voir privé de sa liberté, se transformer en réfugié, être condamné à la faim et dépouillé de sa dignité. »  Il nous faut, a ajouté le Président sortant, du leadership et de la vision. 

M. Miroslav Lajčák a reçu les félicitations du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, pour avoir su obtenir l’adoption de résolutions importantes sur le pilier « paix et sécurité » et le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  « Vous avez su démontrer que cette instance est capable d’aborder certaines des questions les plus pressantes pour l’humanité », a noté M. Guterres.

Après les deux interventions, la Présidente de la soixante-treizieme session de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur, a prêté serment et pris le marteau des mains de son prédécesseur.

La soixante-douzième session de l’Assemblée générale s’est terminée avec la traditionnelle minute de silence consacrée à la prière ou à la méditation.  La soixante-treizième session s’ouvrira demain, mardi 18 septembre, à 15 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale rendra hommage le 21 septembre à la mémoire de Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’ONU

Soixante-douzième session,
116e séance plénière – matin
AG/12051

L’Assemblée générale rendra hommage le 21 septembre à la mémoire de Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’ONU

L’Assemblée générale a annoncé aujourd’hui pour le 21 septembre, une cérémonie d’hommage à la mémoire de l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, décédé le 18 août dernier, au cours de laquelle M. Ban Ki-moon, prédécesseur du Chef de l’Organisation actuel devrait faire une déclaration.  L’Assemblée a aussi ajouté des questions à l’ordre du jour de ses trois prochaines sessions et adopté le rapport de son Groupe de travail spécial sur la revitalisation de ses travaux.*

Le Groupe de travail réfléchit au rôle et à l’autorité de l’Assemblée générale, à ses méthodes de travail, au renforcement de la responsabilité, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Bureau de son Président et à la sélection et à la nomination du Secrétaire général et des autres chefs de secrétariat.  Dans une résolution de 101 paragraphes, il a recommandé à l’Assemblée, qui l’a suivi de revoir, dès cette soixante-treizième session, le serment du Secrétaire général.  L’Assemblée a aussi accepté de définir la répartition des présidences de ses grandes commissions pour ses 10 prochaines sessions, soit à partir de 2020, en assurant une rotation entre les cinq groupes régionaux.

Quel est le modèle appliqué à cette rotation? se sont demandé le Groupe des États d’Afrique et le Mouvement des pays non alignés, par la voix de Madagascar et de l’Algérie, lesquels ont demandé davantage d’efforts, de soutien et de volonté politique pour surmonter les divergences persistantes sur les quatre thèmes de la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.  Ils ont souhaité une évaluation approfondie de l’état de mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée et une bonne identification des lacunes et de leurs causes pour éliminer les obstacles à la revitalisation des travaux.  

L’Union européenne s’est, pour sa part, dite déçue que le paragraphe sur la participation de la société civile n’ait pas été conservé dans la résolution et a regretté l’absence d’accord sur l’affectation du personnel au Bureau du Président de l’Assemblée générale.

Saluées également par le Mouvement des pays non alignés, les résolutions « historiques » 69/321, 70/305 et 71/323, qui ont permis d’améliorer le processus de sélection et de nomination du Secrétaire général, ont été vues par le Groupe des États d’Afrique, comme des « résolutions clefs » de la revitalisation de l’Assemblée générale, une revitalisation, a dit l’Algérie, qui vise à faire de cet organe un véritable « parlement universel des nations ».  L’Algérie a appelé les États à faire preuve de souplesse et à tenir compte, dès le « projet zéro », des propositions faites par le Mouvement pays des non alignés.

L’Assemblée générale, qui avait décidé d’examiner tous les trois ans la question de l’« élimination des mesures économiques coercitives unilatérales et extraterritoriales utilisées pour exercer une pression politique et économique », s’y attèlera à sa soixante-quinzième session.  À la session précédente, elle a prévu de se pencher sur les questions de l’« appui du système des Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies », des « mesures et propositions de réforme des Nations Unies ».

À cette soixante-treizième session, elle s’attaquera aux questions de la « prévention des conflits armés », du « renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends, la prévention et le règlement des conflits », de la « zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud » et de la « situation dans les territoires occupés de l’Azerbaïdjan ».  L’Arménie s’est dissociée de la décision d’inscrire cette dernière question à l’ordre du jour, avant que le Président de l’Assemblée générale ne rappelle que la demande de l’Azerbaïdjan d’examiner cette question au cours de cette session avait déjà été approuvée.  Durant cette session, l’Assemblée examinera aussi la « question de l’île comorienne de Mayotte ».

Par ailleurs, contrairement aux dispositions de la résolution A/RES/72/268, l’Assemblée générale a décidé que la réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose, prévue le 26 septembre 2018, ouvrira ses portes à 10 heures et non plus à 10 h 30.  Après les déclarations liminaires, la séance plénière aura lieu de 11 heures à 13 heures puis de 15 heures à 17 h 30.

Avant cela, le 21 septembre, l’Assemblée a prévu une cérémonie d’hommage à l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, décédé à Genève le 18 août dernier.  Sont attendues des interventions de l’ancien Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, de l’ancienne Présidente de l’Irlande et membre des « Sages », Mme Mary Robinson, et de la veuve de Kofi Annan, Mme Nane Annan.

L’Assemblée générale se réunit de nouveau cet après-midi pour entendre la dernière déclaration du Président de sa soixante-douzième session.

*A/72/896

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Échanges très vifs au Conseil de sécurité sur l’application du régime de sanctions frappant la République populaire démocratique de Corée

8353e séance – matin
CS/13506

Échanges très vifs au Conseil de sécurité sur l’application du régime de sanctions frappant la République populaire démocratique de Corée

« Mensonges », « tricherie », « position destructrice ».  Les échanges entre les délégations des États-Unis et de la Fédération de Russie ont été d’une rare acrimonie aujourd’hui devant le Conseil de sécurité s’agissant de l’application du régime de sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC), alors que l’unité du Conseil avait jusqu’à présent prévalu sur ce sujet. 

À l’entame de cette séance, convoquée à la demande des États-Unis, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Mme Rosemary DiCarlo, a noté les récents développements positifs enregistrés dans la péninsule coréenne, tels que l’apaisement des tensions militaires, la réouverture des canaux de communication ou bien encore le récent sommet à Singapour entre les dirigeants de la RPDC et des États-Unis. 

Ces développements positifs devraient contribuer à un environnement propice à une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne, a-t-elle espéré, en rappelant la gravité de la situation il y a encore un an.  Enfin, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques a encouragé tous les États Membres à pleinement mettre en œuvre les résolutions du Conseil. 

Cette question a été au cœur des échanges très vifs entre la délégation des États-Unis et celle de la Fédération de Russie, la première accusant ce pays de « tricher » et de s’employer « à court-circuiter » les sanctions, alors que la Russie avait voté à 11 reprises en faveur de ce régime.  La RPDC est frappée par le régime de sanctions le plus sévère au monde, ses exportations de pétrole étant notamment soumises à des quotas. 

« La Russie mène une campagne auprès du Conseil pour dissimuler les violations des sanctions commises par ce pays et d’autres États », a également affirmé la représentante américaine, qui a dit disposer de preuves « flagrantes et systématiques ».  Elle a aussi avancé que le Patriote, un navire russe, a transféré illégalement des produits pétroliers à un navire de la RPDC, plus tôt, cette année. 

La représentante américaine a accusé la Russie d’avoir fait pression sur le Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions établi en vertu de la résolution 1718 (2006) pour que les preuves détaillées de violations russes des sanctions contre la RPDC soient effacées de leur dernier rapport, alors même que ces preuves figuraient dans une version initiale du document. 

Cette entrave était si « flagrante », a déclaré la représentante, que les États-Unis n’ont eu d’autre choix que celui de s’opposer à la publication du rapport.  Enfin, s’interrogeant sur les raisons pour lesquelles la Russie souhaite une suppression des sanctions, la déléguée a avancé que ce pays cherche à ce que le Transsibérien soit à terme connecté à la RPDC, dans le but d’étendre ses activités portuaires. 

Le délégué russe a vivement répondu à la déléguée des États-Unis, en accusant ce pays d’avoir transformé cette séance consacrée à la RPDC « en séance consacrée à la Russie » et de vouloir faire du Conseil de sécurité des Nations Unies « le Conseil de sécurité des États-Unis ».  Mon pays n’a pas fait pression sur le Groupe d’experts, a-t-il tranché. 

Le délégué russe a déploré que ce dernier soit devenu « l’otage de Washington » et jugé impartial son premier rapport.  Il a accusé la délégation des États-Unis d’avoir empêché la communication du dernier rapport au Conseil, qui prenait en compte les observations de la Russie, en l’exhortant à le publier, puisqu’il n’existe pas d’autres versions.  « La balle est dans votre camp. »

S’agissant du bateau russe Patriote, le Groupe d’experts a conclu qu’il n’a pas violé le régime de sanctions, pas plus que les entreprises russes, a-t-il expliqué.  « Qui répand des mensonges? »  Enfin, le représentant russe a invité le Conseil à contribuer au rapprochement des deux Corées par des mesures adaptées, en fustigeant la position « destructrice » des États-Unis. 

Si le délégué de la France a demandé que le rapport du Groupe d’experts soit publié rapidement, exprimant son « extrême vigilance » vis-à-vis de toute tentative d’« instrumentalisation », son homologue du Kazakhstan a jugé crucial que tous les faits présentés soient rigoureux et avérés.  Le représentant chinois, qui a affirmé que son pays ne permettrait jamais à ses citoyens et entreprises de violer les résolutions du Conseil, a, comme nombre de délégations, appelé à la préservation de l’unité du Conseil.

Enfin, alors que les leaders de la RPDC et de la République de Corée se rencontrent demain, le délégué de ce dernier pays a estimé que le « tournant » récent constaté dans la péninsule a pu être pris grâce à une combinaison d’« outils diplomatiques » et à un Conseil « uni ».  « La mise en œuvre scrupuleuse des sanctions et le dialogue sont des éléments qui se renforcent mutuellement, comme les deux roues d’une bicyclette tournant à l’unisson », a-t-il conclu. 

NON PROLIFÉRATION/RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

« Il y a eu de récents développements positifs s’agissant des programmes nucléaire et balistique de la RPDC ces derniers mois », a déclaré Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques.  Le 20 avril, a-t-elle indiqué, la RPDC a annoncé une cessation immédiate de ses essais nucléaires et de ses tirs de missiles d’une certaine portée.  Elle a signalé que le pays aurait également démantelé son site d’essais nucléaires de Punggye-ri le 24 mai, sa structure de lancement de missile de Iha-Ri également en mai et son site de lancement satellitaire de Sohae en juillet, même si aucun expert international n’a pas pu vérifier ces activités. 

Au nombre des signes attestant de la poursuite d’une activité nucléaire et balistique de la RPDC, Mme DiCarlo a indiqué que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’est toujours pas en mesure de se rendre dans le pays et de vérifier la déclaration de la RPDC comme prévu par l’accord de garanties.  Dans son rapport soumis le 20 août, le Directeur général de l’AIEA a indiqué avoir observé des signes attestant de l’opération continue d’un réacteur de production de plutonium, d’un laboratoire radiochimique et d’une installation supposée d’enrichissement d’uranium à Yongbyon.

Elle a salué l’engagement du Chef de la RPDC de parvenir à une dénucléarisation de la péninsule coréenne et espéré que ces développements positifs, ainsi que les sommets importants entre les leaders des États-Unis et de la RPDC, contribueront à un environnement propice à la promotion d’une paix durable et à une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule, conformément aux résolutions du Conseil. 

Rappelant qu’il y a un an la situation dans la péninsule était la plus périlleuse qui soit pour la paix et la sécurité internationales, Mme DiCarlo a estimé qu’il y avait eu des progrès s’agissant de la restauration de la confiance, de l’apaisement des tensions militaires et de la réouverture des canaux de communication.  Ce sont pour elle de bonnes bases pour parvenir à des avancées tangibles sur les questions clefs.  « Nous encourageons tous les États Membres à pleinement mettre en œuvre les résolutions du Conseil. »

Mme DiCarlo a indiqué que, selon la résolution 84 (1950) du Conseil, l’appui militaire fourni par les pays à la République de Corée doit être mis à disposition du « commandement unifié des États-Unis » qui, selon ce texte, est autorisé à utiliser le drapeau des Nations Unies au cours de ses opérations, aux côtés des drapeaux des nations participantes.  Le 25 juillet 1950, les États-Unis ont établi ce commandement unifié et utilisé pour la première fois le nom de commandement des Nations Unies.  Cependant, ce nom de « commandement des Nations Unies » ne veut pas dire que c’est une opération ou entité de l’ONU, a-t-elle expliqué.  « De plus, il n’a pas été créé en tant qu’organe subsidiaire du Conseil et n’est pas financé par le budget de l’ONU. »

Enfin, la Secrétaire générale adjointe a indiqué que le Chef de l’ONU compte œuvrer dans les prochains jours à une dénucléarisation de la péninsule et espère que le sommet intracoréen imminent et le sommet prévu RPDC-États-Unis contribuera à cet objectif. 

« Les sanctions sont simplement des mots sur une page, sauf si elles sont mises en œuvre », a déclaré Mme Nikky R. Haley (États-Unis).  Or, a-t-elle ajouté, si les sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ne sont pas mises en œuvre, il faut être en mesure de comprendre pourquoi, en particulier l’interdiction des importations et exportations en provenance et en direction du pays qui touche les produits pétroliers, limités à hauteur de 500 000 barils par an. 

La représentante a rappelé que la Fédération de Russie avait voté en faveur de ce régime de sanctions à 11 reprises.  Cependant, a-t-elle ajouté, la Russie demande aujourd’hui d’assouplir ces sanctions.  Pourquoi le pays fait-il marche arrière? s’est-elle interrogée.  Selon elle, la réponse est simple: la Russie « triche » et « s’emploie à court-circuiter » le régime de sanctions contre la RPDC.  La Russie, a-t-elle également affirmé, mène une campagne auprès du Conseil pour dissimuler les violations des sanctions commises par ce pays et d’autres États.  La représentante a dit disposer de preuves « flagrantes et systématiques » de ces violations.

La RPDC triche aussi, a poursuivi Mme Haley, surtout par le transbordement de marchandises interdites, en particulier le pétrole.  Le Patriote, un navire russe, a ainsi été filmé en train de transférer des produits pétroliers à un navire de la RPDC plus tôt cette année.  La représente a mentionné l’existence de 148 cas similaires de navires pétroliers fournissant des produits par transbordement illégal de navire à navire.  Il s’agit d’un dépassement de plus de 100% du quota de barils défini en 2018 pour le pays, a-t-elle déploré.

Quand nous avons demandé à l’ONU de faire inscrire sur la liste des violations des sanctions du Comité des sanctions des exemples comme celui du Patriote, a dénoncé la représentante, la Russie s’y est opposée.  Et lorsque la RPDC a commencé à fabriquer des missiles intercontinentaux, la Russie a aussi fait obstacle à l’application des sanctions pour limiter ce programme, s’est-elle encore insurgée. 

Mme Haley a accusé la Russie d’avoir fait pression sur le Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions pour que les preuves détaillées de violations russes des sanctions contre la RPDC soient effacées de leur dernier rapport, alors même que ces preuves figuraient dans une version initiale du document.  Cette entrave était si « flagrante », a déclaré la représentante, que les États-Unis n’ont eu d’autre choix que celui de s’opposer à la publication du rapport.

La représentante a encore appelé à s’interroger sur les raisons pour lesquelles la Russie souhaite une suppression des sanctions.  Selon elle, le pays agit de la sorte pour que le Transsibérien soit à terme connecté à la RPDC, dans le but d’étendre les activités portuaires russes.  Dans ce contexte, Mme Haley a appelé à ne pas mettre fin aux sanctions contre la RPDC et a sommé la Russie de cesser de violer continuellement ces dernières.

M. OLOF SKOOG (Suède) a indiqué que l’unité du Conseil est cruciale pour parvenir à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.  Le Conseil doit rester soudé dans la mise en œuvre des sanctions, a-t-il dit.  Des violations préoccupantes du régime de sanctions se poursuivent, a-t-il noté, en louant le travail du Groupe d’experts et en fustigeant toute interférence dans ses activités.  M. Skoog a encouragé la poursuite du dialogue intracoréen et souligné l’importance du dernier sommet RPDC-États-Unis à Singapour.  L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit jouer un rôle dans la vérification de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a-t-il déclaré.  « Seule une diplomatie créative permettra de régler durablement la situation. »  Enfin, soulignant la gravité de la situation humanitaire en RPDC, le délégué de la Suède a demandé une meilleure mise en œuvre des exemptions humanitaires aux sanctions prévues par les résolutions du Conseil. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) s’est félicité que les évolutions des derniers mois ont contribué à réduire les tensions, citant la relance du dialogue intercoréen et l’intensification des échanges entre toutes les parties.  Il reste selon lui beaucoup à faire, a-t-il nuancé, en rappelant que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait indiqué, le mois dernier, que la Corée du Nord poursuivait son programme nucléaire, tout en violant les sanctions et les contournant en exploitant les lacunes du système ou des dispositifs de certains États, quand ce n’est pas leur manque de volonté.  « Il ne s’agit pas seulement des sanctions dans le domaine du pétrole: l’ensemble des sanctions est concerné, du charbon au secteur financier », s’est alarmé le délégué.

Aussi le Conseil de sécurité a-t-il besoin d’une mise en œuvre « stricte, entière et à l’unisson » des sanctions qui, plus que jamais, sont essentielles pour maintenir la pression sur la RPDC.  En outre, un suivi rigoureux des agissements nord-coréens est nécessaire, par le biais du Comité des sanctions et des experts qui lui sont rattachés.  La France a, à cet égard, regretté le blocage du dernier rapport du Groupe d’experts, chargé de surveiller la mise en œuvre des mesures de sanctions, et formé le souhait qu’il soit publié rapidement, exprimant son « extrême vigilance » vis-à-vis de toute tentative d’« instrumentalisation ».  M. Delattre a de plus considéré qu’il fallait être prêt à renforcer les sanctions au besoin et soutenir les discussions en cours sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

M. MA ZHAOXU (Chine) a souligné les changements positifs intervenus ces dernières années dans la péninsule coréenne, notamment la reprise du dialogue entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Le représentant a appelé les deux pays à s’appuyer sur cette reprise du dialogue pour parvenir à une solution politique à la crise.  Il s’est également félicité des efforts de la RPDC pour démanteler son programme nucléaire.

Au vu de l’évolution de la situation depuis 2016, le représentant a appelé à respecter l’objectif de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, condition selon lui sine qua non de la paix durable dans la zone.  À cette fin, il a estimé que la fin des tests balistiques et la clôture des sites balistiques en RPDC constituaient un pas en avant pour restaurer la confiance entre les parties et parvenir à cette dénucléarisation.  Le représentant a également appelé les parties à persévérer pour parvenir à une paix durable dans la péninsule, ajoutant que le recours à la force n’apporterait rien d’autre que des conséquences « désastreuses ». 

En tant que voisin proche de la péninsule, le représentant a estimé que la Chine maintenait des relations « responsables » avec les parties concernées, qui ont selon lui eu une influence positive dans la zone.  Il a plaidé en faveur de l’initiative de « suspension contre suspension » pour résoudre la question, à savoir, d’une part, la dénucléarisation de la péninsule par la RPDC, et d’autre part, la suspension des exercices militaires des États-Unis et de la Corée du Sud. 

S’agissant des transferts illégaux de pétrole vers la RPDC, le représentant a affirmé que la Chine ne permettrait jamais aux citoyens chinois et aux entreprises du pays de violer les résolutions du Conseil de sécurité, même si cette mesure coûte cher à son pays.  Enfin, il a espéré que les États-Unis et la RPDC maintiendront le dialogue actuel, jusqu’à ce que des résultats tangibles soient obtenus.  Il a également appelé le Conseil à faire preuve d’unité sur cette question. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a rappelé qu’il y a un an la situation dans la péninsule coréenne était extrêmement tendue et faisait craindre un affrontement militaire.  Depuis, les tensions sont allées en diminuant, a-t-il noté, en souhaitant que le sommet intracoréen de demain soit fructueux.  Il a exhorté le Conseil à rester uni dans la mise en œuvre de ses sanctions, loué le professionnalisme du travail accompli par le Groupe d’experts et jugé très préoccupantes les atteintes à l’unité du Conseil s’agissant de ce Groupe d’experts.  S’il est bien conscient des changements à apporter aux procédures de travail du Groupe d’experts, le délégué du Koweït a indiqué que, tant que ces changements ne seront pas apportés, il n’y a pas d’autre choix que de suivre les procédures existantes. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a appelé les membres permanents du Conseil de sécurité à faire preuve d’unité sur la question de la RPDC.  À ce titre, il a demandé à ce que les travaux du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions 1718 soient menés de manière « consensuelle ».  S’agissant des rapports du Groupe d’experts, le représentant a estimé qu’il convenait de respecter les informations fournies dans ces documents, tout en prenant en compte les préoccupations spécifiques de certains États Membres concernés.  Le représentant a rappelé que la position de son pays demeurait en faveur de la dénucléarisation de la RPDC.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a rappelé que l’unité du Conseil est cruciale sur ce dossier et indiqué qu’une chance de succès existe pour parvenir à un règlement de la situation dans la péninsule coréenne.  C’est pourquoi, je ne comprends pas les récentes atteintes portées à l’unité du Conseil, a-t-elle dit.  « Il n’y a pas d’équivalence entre la possession d’armes nucléaires et les manœuvres militaires conjointes dans la péninsule coréenne. » Elle s’est félicitée des assurances prodiguées par la délégation de la Chine aujourd’hui s’agissant de la mise en œuvre des sanctions.  Il faut une surveillance accrue des exportations de pétrole et de charbon de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dans la mesure où les plafonds fixés par les résolutions du Conseil ont probablement été dépassés, a-t-elle dit. 

Mme Pierce a exhorté les cinq membres permanents à veiller à ce que les sanctions soient respectées.  Le rapport du Groupe d’experts doit être présenté dans sa version originale, a-t-elle déclaré, en soulignant l’importance cruciale de l’indépendance dudit Groupe pour la bonne mise en œuvre des sanctions.  Enfin, louant les contacts étroits noués entre la RPDC et les États-Unis, Mme Pierce a déclaré que la RPDC n’a pas encore pris les mesures décisives pour parvenir à une dénucléarisation de la péninsule coréenne. 

M. LEON H. KACOU ADOM (Côte d’Ivoire) s’est félicité des signes d’apaisement récemment observés dans la péninsule coréenne, qui témoignent selon lui du « nouvel état d’esprit » des principaux acteurs de la crise.  Pour le représentant, cette dynamique positive a culminé avec le sommet historique, organisé le 12 juin dernier à Singapour, entre les leaders des États-Unis et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il a en outre dit attendre avec intérêt les conclusions du troisième sommet en moins d’un an, prévu du 18 au 20 septembre prochain, entre les dirigeants des deux Corées.  Le représentant a appelé les deux pays à maintenir le niveau de dialogue actuel, en vue de la signature d’un traité de paix entre les deux pays, qui constituerait selon lui un pas important vers la dénucléarisation de la péninsule.  Il s’est également dit satisfait de l’ouverture, le 14 septembre, d’un bureau de liaison commun, qui constitue pour lui un jalon important vers l’ouverture réciproque de représentations diplomatiques.

Toutefois, le représentant s’est dit préoccupé par l’impasse dans laquelle se trouve le Comité des sanctions, suite à la présentation du rapport à mi-parcours du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité.  Ce rapport dont la publication se fait attendre, a-t-il poursuivi, est aujourd’hui source de dissensions entre certains membres du Comité.  Pour lui, le principal facteur de blocage est lié au calcul du quota de pétrole que la RPDC est autorisée à importer chaque année.  Le représentant a estimé que tous les membres devaient s’accorder par consensus sur cette question, de nature selon lui à freiner la mise en œuvre de la résolution 2397 (2017), la situation sur le terrain et les espoirs de dénucléarisation.  Il a ainsi appelé le Conseil à retrouver l’unité qui a longtemps prévalu entre ces membres sur la question.

Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par les informations faisant état de violations récurrentes par la RPDC des sanctions du Conseil, au travers d’opérations illicites de transbordement de produits pétroliers, de commerce illicite d’armes et de transactions financières illégales.  Il s’est également inquiété du prolongement des délais d’examen des exemptions à caractère humanitaire.  Le représentant a appelé à trouver le « parfait équilibre » entre la mise en œuvre des sanctions et les impératifs humanitaires, compte tenu de la forte sécheresse qui sévit en RPDC. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit très préoccupé par la grave menace à la paix et à la sécurité internationales que représente le programme nucléaire et de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  D’après lui, le Conseil de sécurité doit surveiller la situation de près et répondre de façon adéquate à toute violation, où qu’elle se produise.  Il a salué l’unité du Conseil à ce sujet, ainsi que les efforts diplomatiques de haut niveau déployés par les autorités sud-coréennes et américaines. 

Le représentant a également souligné que le régime des sanctions doit servir à amener le Gouvernement nord-coréen à la table des négociations, et qu’il ne doit pas provoquer une détérioration de la situation humanitaire dans le pays. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a vu cette réunion comme une occasion de marquer l’unité du Conseil par rapport à l’application du régime de sanctions des Nations Unies imposé à la RPDC.  « Ces mesures ne peuvent être efficaces que si elles sont appliquées pleinement et de manière honnête par tous les États. »  Le seul objectif de ces sanctions est de limiter les possibilités de financement des activités militaires illégales de la RPDC, a rappelé la représentante, ajoutant que dès qu’une solution politique sera trouvée par rapport au désarmement nucléaire et au programme de missiles balistiques, « ces mesures restrictives pourraient être allégées ».  Mais, pour parvenir à un tel accord politique, la RPDC doit prendre des mesures concrètes qui prouvent sa véritable volonté de dénucléariser, a-t-elle précisé.  Elle a regretté que Pyongyang n’ait toujours pas mis un terme à ses programmes de missiles nucléaires et balistiques et persiste à défier les résolutions du Conseil de manière de plus en plus sophistiquée.  Elle a estimé que, indépendamment de certaines difficultés politiques ou juridiques, tous les États doivent respecter leurs obligations prévues par les résolutions du Conseil de sécurité, ajoutant que la paix dans la péninsule coréenne ne peut se faire que par le dialogue. 

Appuyant également les efforts diplomatiques en cours, la représentante a espéré que le troisième sommet intercoréen, qui commence demain à Pyongyang, permettrait de relancer le dialogue dans la péninsule.  La Pologne soutient pleinement les travaux du Comité 1718 dont « le travail est essentiel pour parvenir à un désarmement total, vérifiable et irréversible dans la péninsule coréenne », mais est « déçue » que le rapport de mi-parcours de son Groupe d’experts n’ait pu être publié à ce jour, et « préoccupée » par le fait qu’un État Membre du Conseil ait activement interféré dans les conclusions de ce rapport après qu’il a été soumis au Comité.  « C’est tout simplement inacceptable », s’est-elle indignée, appelant à préserver l’indépendance et l’impartialité de ce Groupe d’experts.  « On peut ne pas être d’accord avec ses conclusions, mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’indépendance du Groupe. »  De manière générale, la Pologne a plaidé pour plus de flexibilité pour les présidents des comités de sanctions et autres organes subsidiaires du Conseil de sécurité, des postes qui sont toujours occupés par des membres non permanents du Conseil.

M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a assuré du soutien des Pays-Bas aux efforts diplomatiques en cours avec la RPDC.  Il a espéré qu’il sera possible d’aller encore plus loin lors du prochain sommet intercoréen et lors du potentiel second sommet entre les États-Unis et la RPDC.  Parallèlement, il faut maintenir la pression sur la RPDC, a poursuivi le représentant.  Il a estimé qu’il était trop tôt pour parler d’allègement des sanctions et cela aussi longtemps que le pays poursuit ses programmes de missiles nucléaires et balistiques et persiste à chercher à « échapper aux sanctions » en vue de faire avancer ces programmes, mais également tant que certains pays ne respectent pas le régime de sanctions.  À cet égard, il s’est dit préoccupé par l’augmentation marquée des transferts de pétrole de bateau à bateau, ainsi que le recours aux sociétés écrans et aux diplomates nord-coréens pour échapper aux sanctions financières.  Il a également dénoncé les tentatives de la RPDC d’approvisionner certains acteurs au Moyen-Orient en armes et équipements militaires, ajoutant que ces questions devraient alarmer la communauté internationale. 

Compte tenu de ce qui précède, les Pays-Bas exhortent tous les États Membres à pleinement respecter le régime de sanctions des Nations Unies.  En tant que Président du Comité de sanctions 1718, il a assuré qu’il ferait son possible en ce sens.  M. van Oosterom a saisi cette occasion pour souligner l’importance du Comité 1718 et de son Groupe d’experts, rappelant que le régime de sanctions contre la RPDC est désormais le plus vaste et le plus compliqué de tous.  « Les rapports du Groupe d’experts sont la pierre angulaire » de ce régime de sanctions puisqu’ils servent de base à la prise de décisions du Comité et du Conseil de sécurité, a-t-il fait remarquer.  Il est donc important que ces rapports soient rendus publics pour maintenir la pression sur la RPDC, a estimé le représentant.

M. VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a réaffirmé son attachement à la pleine application des résolutions du Conseil de sécurité relatives à la situation dans la péninsule coréenne.  Il a réitéré que les sanctions ne doivent pas être une fin en soi, mais qu’elles doivent servir à rapprocher les parties de la table des négociations, et permettre un dialogue transparent où prime leur volonté.  Le représentant s’est dit préoccupé par le fait que l’imposition de sanctions affecte directement la population de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Le délégué a appuyé une solution dialoguée entre les parties qui conduise à la dénucléarisation totale de la péninsule coréenne.  À cet égard, il a salué les progrès réalisés dans le cadre du dialogue intercoréen et la Déclaration de Panmunjon pour la paix, la prospérité et l’unification de la péninsule coréenne du 17 avril 2018, et le rapprochement des familles organisé le 20 août dernier.  Enfin, il a espéré que la rencontre de haut niveau de Singapour entre la RPDC et les États-Unis permettra de conjuguer les efforts en ce sens. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a noté les développements historiques enregistrés récemment dans la péninsule coréenne qui attestent de la pertinence de la voie politique et diplomatique pour régler ce dossier.  « L’unité de ce Conseil doit être préservée pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule », a-t-il lancé.  Appuyant le Comité 1718, il a reconnu la complexité et l’ampleur de la charge du travail du Groupe d’experts assistant ce Comité.  S’il est possible que les conclusions de ce Groupe puissent être source de désaccords entre États Membres, il est crucial que tous les faits présentés soient rigoureux et avérés, a-t-il déclaré.  Il a ainsi exprimé certaines préoccupations s’agissant de certaines données statistiques prises en compte par le Groupe.  Aujourd’hui, la situation dans la péninsule coréenne est beaucoup plus favorable et cela doit nous inciter à nous concentrer sur la promotion de la bonne volonté et de concessions mutuelles, a conclu le délégué. 

M. SELLASSIE (Éthiopie) a appelé toutes les parties à maintenir la dynamique positive des derniers mois.  Selon lui, le Conseil de sécurité doit appuyer ces efforts, notamment dans la perspective de la tenue d’un troisième sommet intercoréen dans les prochains jours.  Face, par ailleurs, aux lacunes dans la mise en œuvre des sanctions du Conseil, le représentant a estimé que les travaux du Groupe d’experts du Comité des sanctions 1718 étaient d’une importance capitale pour veiller à la bonne application des sanctions.  Enfin, le représentant a appelé les membres du Conseil à préserver leur unité sur la question, en vue de parvenir à la dénucléarisation de la péninsule.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué que la convocation de cette réunion par les États-Unis est une bonne chose.  Mais pourquoi vous opposez-vous à l’adoption d’une déclaration présidentielle pour appuyer les développements positifs dans la péninsule coréenne? a-t-il lancé à la déléguée américaine.  Il a détaillé ces développements, dont l’établissement d’un bureau de liaison intercoréen, tout en notant les difficultés - « et c’est un euphémisme » - rencontrées dans le rapprochement entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et les États-Unis.  « Toute exigence formulée à l’adresse de la RPDC doit s’accompagner de concessions et non pas de promesses », a-t-il dit, en fustigeant la sortie des États-Unis de l’accord sur le programme nucléaire iranien. 

M. Nebenzia a estimé que les sanctions ne sont pas une fin en soi et ne doivent pas se substituer à la diplomatie.  S’agissant du rapport du Groupe d’experts du Comité des sanctions, il a accusé les États-Unis d’avoir voulu imposer leur propre vision des choses et de transformer cette séance consacrée à la RPDC « en séance consacrée à la Russie ».  Mon pays n’a pas fait pression sur le Groupe d’experts, a-t-il tranché, en déplorant que ce dernier soit devenu politisé et « l’otage de Washington ».  Son premier rapport ne respectait pas les critères d’impartialité prévus par le règlement encadrant le fonctionnement du Comité 1718. 

Le délégué a déclaré que les observations de son pays ont été bien reçues par le Groupe d’experts et que son pays n’a fait que répondre aux questions et aux accusations relayées par les États-Unis aujourd’hui.  La déléguée des États-Unis, dans son intervention, n’a pas dit que les experts américains avaient accepté notre position de compromis, a-t-il poursuivi.  « Que s’est-il passé dans les dernières heures? »  C’est vous qui avez empêché la communication du dernier rapport au Conseil, signé par tous les experts, y compris américains, parce ce que vous ne supportez pas que le rapport diffère de vos vues, a-t-il dit.  « La balle est dans votre camp. »

S’agissant du bateau russe Patriote, le Groupe d’experts a conclu qu’il n’a pas violé le régime de sanctions, pas plus que les entreprises russes, a-t-il expliqué.  « Qui répand des mensonges? »  Les développements récents doivent être pris en compte s’agissant de la question des sanctions, a-t-il dit.  Le commandement unifié des États-Unis battant pavillon de l’ONU a empêché toute mesure visant à restaurer des communications ferroviaires entre les deux Corées, a-t-il dit, en faisant allusion à des articles de presse selon lesquels l’ONU s’opposerait à des projets de coopération intercoréens.  « Ce commandement unifié serait-il le nouveau mur de Berlin? »  Il a dénoncé la manière agressive avec laquelle les États-Unis veulent se substituer au Conseil et le transformer en « Conseil de sécurité des États-Unis ».

M. Nebenzia a en outre indiqué que ce commandement, mis en place en 1950 à la suite de séances du Conseil que l’URSS avait boycottées, n’a plus aucun sens depuis que les deux Corées sont devenues Membres à part entière de l’ONU et que des efforts de paix sont en cours.  « Il faut un mécanisme de retrait de ce commandement ».

Enfin, le représentant a invité le Conseil à contribuer au rapprochement des deux Corées et à envisager la mise en place de mesures adaptées, en fustigeant la position « destructrice » des États-Unis qui voient dans le Comité 1718 une « matraque » à utiliser contre la RPDC sous couvert du Conseil et refusent que d’autres pays puissent avoir des relations humanitaires, sportives et diplomatiques avec la RPDC.  « Le consensus, même autour des questions techniques, est devenu impossible au sein du Comité », a-t-il conclu. 

« Nier, distraire et mentir, nous avons entendu cette rengaine à de nombreuses reprises », a déclaré Mme NIKKI HALEY (États-Unis) dans la foulée de l’intervention de son homologue russe, en référence aux agissements récents de la Fédération de Russie en Syrie, au Royaume-Uni et désormais, selon elle, en République populaire démocratique de Corée (RPDC).  « Vous avez été pris la main dans le sac », a-t-elle lancé à l’attention du pays.  « Mentir, tricher est devenu la norme de la culture russe », a martelé Mme Haley, avant de déclarer: si vous ne niez pas le contenu du rapport du Groupe d’experts du Comité des sanctions 1718, j’en conclus donc que vous ne vous opposez pas à la publication de ce rapport. 

Dix mois après sa dernière intervention en date au Conseil de sécurité, M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a déclaré que des changements spectaculaires avaient eu lieu dans la péninsule coréenne et en Asie du Nord.  Les Jeux olympiques de Pyongyang, qui se sont déroulés en février dernier, ont fourni « une fenêtre d’opportunités » pour atténuer les tensions dans la sous-région et les dirigeants des deux Corées et les États-Unis n’ont pas manqué de la saisir.  Dans la foulée, deux sommets intercoréens se sont tenus en avril et mai après un hiatus de 11 ans, puis, en juin à Singapour, ce fut le tour du Sommet entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui a ouvert un nouveau chapitre dans les relations entre ces deux pays.  Aux « tensions qui ne cessaient de s’aggraver » succèdent maintenant des « efforts diplomatiques » de part et d’autre.  Ce tournant a pu être pris selon lui grâce à une combinaison d’« outils diplomatiques » et à un Conseil de sécurité « uni » dans sa réponse, faite de mise en œuvre intégrale du régime de sanctions par ses membres et d’ouverture au dialogue. 

Le représentant a annoncé que, dans quelques heures, le Président de la République de Corée, M. Moon Jae-in, se rendrait à Pyongyang pour le troisième Sommet intercoréen, qui devrait revigorer encore davantage le processus diplomatique actuel et déboucher sur un résultat significatif, lequel devrait aider en retour à relancer les négociations à l’arrêt entre les États-Unis et la RPDC.  « Aucun doute, la route qui s’ouvre devant nous sera semée d’embûches », a mis en garde le représentant.  Pour sa délégation, la mise en œuvre scrupuleuse des sanctions et le dialogue sont des éléments qui se renforcent mutuellement, « comme les deux roues d’une bicyclette tournant à l’unisson ».  M. Cho a ensuite estimé que le fait de débattre des actions du commandement de l’ONU sur un sujet spécifique qui ne fait pas partie de l’ordre du jour, en particulier lors de cette réunion publique du Conseil de sécurité, est « plutôt inopportun ».

« Nous sommes à un tournant critique », a estimé M. KORO BESSHO (Japon), appelant la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à saisir l’opportunité qui lui est donnée, en procédant au démantèlement « complet, vérifiable et irréversible » de tous ses missiles balistiques et armes de destruction massive, dans le respect des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité sur la question.  Quant au Conseil, le représentant a appelé ses membres à ne pas dévier de leur détermination à mettre en œuvre intégralement les résolutions qu’ils ont adoptées.  « L’heure n’est pas encore à l’allégement ou à la levée des sanctions », a-t-il ainsi estimé, arguant du fait que la RPDC n’aurait alors plus aucune incitation à se dénucléariser.

Le représentant a dit partager l’avis des États-Unis, selon lequel la RPDC a dépassé son quota annuel de produits pétroliers raffinés pour 2018, tel que défini par la résolution 2397 (2017) du Conseil.  « Il est important que tous les États membres du Conseil cessent immédiatement de fournir du pétrole raffiné à la RPDC », a-t-il déclaré, ajoutant que son pays, aux côtés des États-Unis, se livrait à des activités aériennes de contrôle et de surveillance contre les activités maritimes illicites, notamment le transbordement de navire à navire. 

Condamnant les « efforts cyniques » visant à bafouer le régime de sanctions actuel, le représentant a appelé les membres du Conseil à maintenir leur unité sur la question et à ne pas perdre de vue l’objectif commun de parvenir à une dénucléarisation complète de la péninsule.

Dans une reprise de parole, le délégué russe a déclaré que son pays est prêt à accepter la publication d’un rapport recueillant les observations de son pays.  « C’est vous qui vous opposez à la publication de ce rapport, dont il n’y a pas d’autre version », a-t-il lancé à la délégation américaine, en l’exhortant à le rendre public. 

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