En cours au Siège de l'ONU

Réunion de haut niveau sur l’élimination des armes nucléaires: craintes d’une nouvelle course aux armements entre les grandes puissances

Soixante-treizième session,
Réunion plénière de haut niveau - matin & après-midi
AG/12065

Réunion de haut niveau sur l’élimination des armes nucléaires: craintes d’une nouvelle course aux armements entre les grandes puissances

Fait inhabituel, ni le dossier nucléaire de l’Iran, ni celui de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n’étaient au centre des préoccupations des plus de 60 États qui se sont exprimés aujourd’hui, lors de la Réunion de haut niveau pour « célébrer et promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires ».  Au cours de cette rencontre à laquelle a participé le Secrétaire général de l’ONU, les intervenants ont plutôt lancé des mises en garde contre les signes avant-coureurs d’une nouvelle course aux armements entre puissances nucléaires, en particulier les États-Unis et la Fédération de Russie.  Seule puissance présente à la Réunion, la Chine s’est voulue rassurante, affirmant qu’elle défendait « depuis toujours » la vision d’un monde exempt d’armes nucléaires, à l’intérieur du cadre international actuel de non-prolifération.

Albert Einstein n’a pas vécu assez longtemps pour voir que ses appels contre la course à l’armement nucléaire « sont tombés dans l’oreille d’un sourd », a ironisé le Président de Cuba, M. Miguel Díaz-Canel Bermúdez, premier pays à monter à la tribune.  Face à lui, un parterre de hauts responsables, dont de nombreux chefs d’État et de gouvernement, était venu assister à la manifestation, organisée en marge du deuxième jour du soixante-treizième débat annuel de l’Assemblée générale. 

Force est en effet de constater, a déploré le Président de la République des Palaos, M. Tommy Esang Remengesau Jr., que la course à l’armement nucléaire se poursuit entre certains États, malgré les conséquences horribles de ces armes et de leurs essais, notamment dans le Pacifique.  Si cette course a commencé, a estimé le Ministre des affaires étrangères de l’Iran, M. Mohammad Javad Zarif, c’est parce qu’un État a décidé unilatéralement d’acquérir davantage d’armes nucléaires.  Le Ministre a dénoncé la tendance actuelle de certains pays, dont les États-Unis, à moderniser leurs arsenaux nucléaires, en violation flagrante de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  « Nous ne sommes qu’au début d’une nouvelle course à l’armement nucléaire », a-t-il mis en garde.

Nous avons toujours appuyé l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires, a affirmé M. Sun Lei, Conseiller de la Mission permanente de la Chine auprès de l’ONU et seul représentant du « club nucléaire » à la Réunion.  M. Sun s’est dit en faveur du désarmement et de la non-prolifération pour créer un « ordre sécurisé et pacifique » à l’abri des risques inhérents aux armes nucléaires.  D’ici là, il a appelé à la création de zones exemptes d’armes nucléaires et au respect des cadres internationaux existants, dont la Conférence du désarmement.  « Ce n’est que de cette façon que nous pourrons trouver des solutions durables », a-t-il dit.

À l’entame de la réunion, le Secrétaire général de l’ONU s’était également montré positif.  Les États-Unis et la Fédération de Russie, qui détiennent la majorité des armes nucléaires dans le monde, ont fait des « progrès énormes » dans la réduction de leurs arsenaux, a salué M. António Guterres, appelant les deux Gouvernements à renouer le dialogue pour maintenir leur « tendance historique » à la réduction bilatérale de leurs arsenaux.  Aux yeux du Secrétaire général, la première étape serait de prolonger de cinq ans le nouveau traité russo-américain de désarmement nucléaire START et d’entamer des discussions sur un futur accord.  Les deux pays devraient également tenter de résoudre leur différend sur le Traité russo-américain relatif aux forces nucléaires à portée intermédiaire.

Ne perdons pas de vue les avancées récentes, a en effet acquiescé la Présidente de l’Assemblée générale, María Fernanda Espinosa-Garcés, en référence à l’adoption, en 2017, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, après des négociations boycottées par les cinq puissances nucléaires.  Ce texte très abouti, s’est félicitée la Présidente, comprend non seulement des interdictions concernant la mise au point, l’utilisation et le stockage des armes nucléaires, mais aussi la menace de les utiliser.  Pour parvenir à l’élimination des 15 000 ogives nucléaires encore en activité, Mme Espinosa-Garcés a appelé tous les participants à la Réunion à ratifier le Traité, dont l’entrée en vigueur est prévue après 50 ratifications. 

De nombreux participants ont aussi plaidé pour l’entrée en vigueur d’un second instrument: le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  Entre 1946 et 1958, a rappelé le Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, M. John Silk, 67 armes nucléaires ont détoné dans mon pays.  Les conséquences de ces essais nucléaires sur notre terre, notre culture et notre santé, a déclaré le Ministre, se font toujours ressentir et se feront ressentir pendant encore plusieurs générations.  « Aucun peuple ne devrait avoir à supporter ce fardeau », a insisté M. Silk. 

Or, les réparations reçues ont été « inadéquates et incomplètes », a dénoncé le Président de la République des Palaos, M. Tommy Esang Remengesau Jr.  Ce sont ces insuffisances, a expliqué à sa suite le Premier Ministre des Fidji, M. Josaia V. Bainimarama, qui ont incité mon gouvernement à débloquer la somme de 2,5 millions de dollars en 2015 pour dédommager les personnes exposées aux radiations.  « Je ne dis pas cela pour montrer du doigt les coupables », a affirmé le Premier Ministre.  « Je le dis simplement pour souligner que, 50 ans après, les victimes souffrent encore. »  Rappelant que le Pacifique Sud est une zone exempte d’armes nucléaires depuis 1986, le Premier Ministre de Samoa, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi, a insisté sur le fait que l’élimination totale des armes nucléaires est la seule voie acceptable.

En tant que représentant du seul pays à avoir subi un bombardement nucléaire, M. Tomoyuki Yoshida, du Japon, a salué les efforts inlassables des Hibakusha, les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki, pour sensibiliser l’opinion publique internationale à la réalité de la bombe atomique.  « Au cours des 73 dernières années, aucune arme nucléaire n’a été utilisée », s’est réjoui M. Yoshida, rappelant que les arsenaux nucléaires dans le monde ont été réduits de 85% depuis la fin de la guerre froide. 

Toutefois, le représentant japonais a estimé que la non-prolifération était une question au moins aussi importante que le désarmement nucléaire.  Il a appelé au démantèlement des programmes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), tout en prenant note des développements positifs, dont les trois Sommets intercoréens et la rencontre entre les dirigeants des États-Unis et de la RPDC, en juin dernier, à Singapour.  Le temps est venu pour la RPDC de prendre des mesures concrètes vers la dénucléarisation, a-t-il estimé.

S’agissant du nucléaire iranien, autre grand dossier de la non-prolifération, plusieurs délégations ont déploré le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun.  Ce Plan est un « modèle exemplaire de dialogue » a estimé le premier concerné, le Ministre des affaires étrangères de l’Iran, M. Mohammad Javad Zarif.  Les 12 rapports publiés par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur la mise en œuvre du Plan ont confirmé le plein respect des termes de l’accord par l’Iran, a-t-il rappelé.  Dans ces conditions, le Ministre a jugé le retrait américain « injustifié », tout comme les sanctions extraterritoriales « illégales » imposées par les États-Unis à son pays.  « Nous continuerons à travailler à l’application du Plan avec les signataires », a-t-il déclaré. 

L’Iran a beau respecter l’accord, a déclaré le M. Abdallah Yahya A. Al-Mouallimi, Représentant permanent de l’Arabie saoudite, la présence d’un réacteur nucléaire iranien sur une faille sismique pourrait mettre à mal la région tout entière et contaminer les eaux territoriales.  Il a appelé l’Iran à respecter les normes de sûreté, afin d’éviter un nouveau Tchernobyl.  Le représentant saoudien a en outre fustigé Israël qui continue de s’opposer à l’ambition des peuples de la région de se débarrasser de la menace nucléaire.  L’entêtement d’Israël à bafouer le TNP, avec le soutien de certaines puissances, a également été dénoncé, par M. Khalifa Al Harty, Représentant permanent d’Oman auprès des Nations Unies, comme un obstacle à l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Le représentant omanais s’exprimait au nom de la Ligue des États arabes.

Plusieurs États ont enfin appelé à la lutte contre la cybercriminalité nucléaire et à des efforts renouvelés pour barrer l’accès des groupes non étatiques aux armes nucléaires, tout en invitant les puissances nucléaires à accélérer leurs efforts de désarmement.  « Si nous n’avançons pas, nous reculerons », a prévenu le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Kairat Abdrakhmanov.  « Nous devons créer un nouvel élan mondial. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: Face à un monde marqué par une crise de confiance et « de plus en plus chaotique », les tenants d’un multilatéralisme rénové et du « patriotisme » s’opposent

Soixante-treizième session,
6e & 7e séances plénières - Matin & après-midi
AG/12062

Assemblée générale: Face à un monde marqué par une crise de confiance et « de plus en plus chaotique », les tenants d’un multilatéralisme rénové et du « patriotisme » s’opposent

 

Réunis pour le débat annuel de l’Assemblée générale, les dirigeants du monde ont commencé aujourd’hui à présenter leur point de vue sur les causes de la « confiance fragilisée » des peuples dans la gouvernance mondiale et les remèdes à y apporter.  Face à un ordre mondial « de plus en plus chaotique », le Président des États-Unis a, comme l’an passé, mis en avant le « patriotisme ».  La plupart des autres dirigeants ont, en revanche, plaidé pour un multilatéralisme renouvelé présenté comme la seule réponse possible aux défis mondiaux.  Ils ont dénoncé l’unilatéralisme et le « fracas des nationalismes », les accusant de « conduire toujours vers l’abîme ».

D’ici au 1er octobre, les dignitaires des 193 États Membres, ainsi que du Saint-Siège, de l’État de Palestine et de l’Union européenne, doivent prendre la parole devant le principal organe plénier des Nations Unies.  Quelque 96 chefs d’État, 4 vice-présidents et 41 chefs de gouvernement sont attendus.  Ce mardi, ce sont 31 chefs d’État et trois premiers ministres qui se sont exprimés après la présentation par le Secrétaire général de son rapport annuel et le discours d’ouverture de la Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur.

Le Secrétaire général a déploré le « syndrome du déficit de confiance » qui affecte aussi bien les institutions nationales que les relations entre États ou encore l’idée d’un ordre mondial reposant sur des règles.  Ces rapports de pouvoir « moins clairs » font peser une menace sur le multilatéralisme « au moment même où nous en avons le plus besoin », en particulier pour résoudre les défis mondiaux, a poursuivi M. António Guterres.  Le Secrétaire général a rappelé son attachement à un tel monde, tout en insistant sur la nécessité de le réformer pour le redynamiser et le renforcer, en plaçant l’Organisation des Nations Unies en son centre.

Le défi mondial le plus largement abordé a sans doute été les changements climatiques qui, comme l’a rappelé le Président des Seychelles, M. Danny Faure, font peser « une menace existentielle » sur certains États.  De très nombreux dirigeants ont estimé avec le Secrétaire général qu’il était essentiel de garantir la mise en œuvre de l’Accord de Paris voire de l’accélérer.  Le Président de la France, M. Emmanuel Macron, s’est prononcé en ce sens, ajoutant, en référence au retrait des États-Unis de l’Accord en début d’année: « Si un membre ne veut pas avancer, nous avancerons quand même, avec d’autres partenaires ».  Son homologue américain, M. Donald Trump, est resté silencieux sur la question tout en proposant, au nom d’une indépendance énergétique qu’il a jugée cruciale, d’exporter « partout dans le monde un pétrole abondant et abordable, un charbon propre et du gaz naturel ».

La question climatique n’a été que l’une des illustrations de l’opposition entre les États-Unis et la France, dont le Président s’est présenté comme le chantre d’un multilatéralisme modernisé.  S’il a dit ne pas croire « à un peuple mondialisé qui n’existe pas » et rejeté le « discours d’ouverture inconditionnelle » face aux flux migratoires, M. Macron a rappelé aux dirigeants du monde que « les génocides qui ont fait que vous êtes là aujourd’hui ont été nourris par les succès d’estrade que nous applaudissons ».  Défendre le multilatéralisme « peut ne plus être à la mode; alors, ne soyons pas à la mode », a-t-il lancé, en appelant les dirigeants du monde « à ne pas s’habituer ni à accepter » ces formes d’unilatéralisme.

Face au Président Trump qui invitait ses pairs à suivre l’exemple d’un patriotisme « donnant la préférence à l’indépendance et à la coopération internationale » plutôt qu’à une gouvernance mondiale, M. Macron, « l’universalisme chevillé au corps », a plaidé pour un « nouvel équilibre reposant sur de nouvelles formes de coopération régionale et internationale ».  Il a présenté à cette fin trois principes: respect des souverainetés, renforcement de la coopération régionale et apport de garanties internationales plus robustes, afin de « trouver ensemble un nouvel équilibre mondial, forger ensemble un nouveau modèle ».

À l’image du Président français qui a refusé de laisser le principe de souveraineté des peuples « dans les mains des nationalistes », plusieurs chefs d’État ont, tel le Président du Mexique, M. Enrique Peña Nieto, vu dans le multilatéralisme « le meilleur moyen de défendre la souveraineté et la dignité de chaque État tout en contribuant à la sécurité et au bien-être de la communauté des nations ».

Pour la France, un des exemples du succès des garanties internationales se trouve dans le Plan d'action global commun de Vienne sur le nucléaire iranien, dénoncé, au contraire, comme « horrible » par le Président Donald Trump, qui en a retiré son pays en mai dernier. Aujourd’hui, le Chef de l’État américain s’en est violemment pris à l’Iran et à son « régime corrompu », annonçant de nouvelles sanctions unilatérales.  Le Président iranien, M. Hassan Rouhani, qui a comparé ces sanctions à du « terrorisme économique », a préféré saluer « la position unie et catégorique » de la communauté internationale vis-à-vis du retrait américain, avant d’exhorter l’ONU à faire en sorte qu’aucun État ne puisse se dérober à ses engagements internationaux.

C’est aussi l’action collective qui permettra de maîtriser les crises au Moyen-Orient, a estimé le Roi de Jordanie Abdallah II, en référence tant à la Syrie qu’à la « crise principale: le refus prolongé d’un État palestinien ».  Ces deux crises ont en outre amené le Président de la Turquie, M. Recep Tayyip Erdoğan, à accuser le Conseil de sécurité de ne plus servir que les intérêts de ses cinq membres permanents dotés du droit de veto.  La réforme des Nations Unies ne peut se limiter à celle de son budget, a-t-il tranché, alors que plusieurs autres chefs d’État, dont les Présidents du Mexique, du Brésil et du Nigéria, réclamaient eux aussi une réforme du Conseil de sécurité comme condition d’une ONU plus performante.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, mercredi 26 septembre, à partir de 9 heures.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION

Présentation du rapport par le Secrétaire général de l’ONU

À l’ouverture du débat général de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale de l’ONU, le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a parlé du « syndrome du déficit de confiance » dont souffre le monde aujourd’hui, qui se manifeste au niveau des institutions nationales, entre États, ou dans l’ordre mondial fondé sur des règles.

« Aujourd’hui, l’ordre mondial est de plus en plus chaotique » et les rapports de pouvoir « moins clairs » qu’auparavant, a-t-il poursuivi, mettant en garde contre la menace qui pèse sur le multilatéralisme « au moment même où nous en avons le plus besoin ».

Certes, a-t-il reconnu, « nous avons élevé le niveau de vie de millions de personnes, bâti la paix dans des pays troublés et –en tout état de cause– évité une troisième guerre mondiale », mais rien de ce qui précède n’est « à jamais acquis ». 

De fait, la confiance dans la gouvernance mondiale est « fragilisée, alors que les institutions et les mentalités du XXsiècle ne sont plus adaptées aux défis du XXIsiècle », a-t-il fait observer.  S’il est vrai que « nous nous dirigeons vers un monde multipolaire », cela ne « garantira pas la paix ni ne résoudra les problèmes du monde », a-t-il dit. 

Aujourd’hui, alors que l’équilibre entre puissances se modifie, le risque d’affrontement peut encore s’aggraver, a-t-il mis en garde car le « conflit n’est jamais inévitable », a poursuivi M. Guterres citant le politologue Graham Allison.  En effet, ce sont des dirigeants déterminés à coopérer sur le plan stratégique et à gérer des intérêts divergents qui peuvent nous éviter la guerre et orienter le monde sur la voie de la sécurité, car les dirigeants ont le « devoir de promouvoir le bien-être de leurs peuples ».

Mais pour lui, il faut en faire plus.  Ensemble, en tant que gardiens du bien commun, « nous avons également le devoir de promouvoir et de soutenir un système multilatéral réformé, redynamisé et renforcé » et renouveler « notre attachement à un ordre fondé sur des règles », qui place l’Organisation des Nations Unies en « son centre et s’appuie » sur les institutions et les traités qui donnent vie à la Charte.

C’est pourquoi le Secrétaire général a dit être « résolument engagé à réformer » l’Organisation et à la rendre mieux à même de répondre aux besoins et aux aspirations des « peuples des Nations Unies ».

Regrettant que les défis qu’il avait mis en lumière l’année dernière devant cette même tribune soient toujours d’actualité, notamment les guerres en Syrie et au Yémen, le conflit israélo-palestinien, la question du peuple rohingya, la menace terroriste, le péril nucléaire, les inégalités sapant la confiance dans le contrat social ainsi que les discriminations que subissent migrants et réfugiés, il a souligné « l’obligation de changer de cap et de relever les défis qui se présentent », préconisant de « nous fonder sur les faits, et non céder à la peur; écouter la raison, et non caresser des chimères ».

Pour ce faire, M. Guterres a suggéré de placer la prévention au « cœur de notre action », estimant que la présente session de l’Assemblée générale constitue une occasion unique d’aller de l’avant.

Il s’est félicité, à cet égard, de l’appui solide qu’a reçu son initiative intitulée « Action pour le maintien de la paix », à laquelle 148 États et organisations ont adhéré.  L’initiative a pour but de contribuer au succès des missions que nous envoyons dans des régions à l’instabilité chronique.

Mais aujourd’hui, il « veut se centrer sur deux défis transcendants » qui, l’année dernière, ont acquis un caractère d’urgence absolue: les changements climatiques et les nouveaux risques liés aux progrès de la technologie.

D’abord les changements climatiques qui constituent, selon lui, une « menace directe pour notre existence » car « nous sommes à un moment charnière ».  Il a appelé à changer de « cap dans les deux années à venir », au risque de « perdre le contrôle de la situation ».  Pour ce faire, « nous devons garantir la mise en œuvre de l’Accord de Paris », qui a le « potentiel immense de nous mettre sur la bonne voie – mais ses objectifs sont loin d’être atteints.  Et pourtant ils ne représentent que le strict minimum pour éviter les pires retombées des changements climatiques ».

À cet égard, il a insisté sur le caractère décisif de la prochaine Conférence des Parties –COP24–, qui se tiendra en Pologne, en décembre:  il faut « absolument qu’elle réussisse », a-t-il martelé, mettant en garde contre les désaccords entre États Membres, qui « nous ont paralysés à Copenhague ».  Des désaccords qui ne peuvent se reproduire à Katowice, a-t-il lancé.

Mais fort heureusement, « l’évolution technologique est notre alliée », a-t-il rassuré, notant que l’énergie verte est plus compétitive que jamais, promettant que si « nous nous engageons sur la bonne voie », l’action climatique pourrait représenter « 26 milliards de dollars de plus pour l’économie mondiale d’ici à 2030 » et les politiques en faveur d’une économie verte pourraient « créer 24 millions d’emplois ».  De plus en plus d’entreprises et d’investisseurs constatent que l’économie verte est rentable, a-t-il ajouté.  « Nous nous devons d’agir dès aujourd’hui.  Le monde a besoin que nous soyons tous des champions de l’action climatique. »

S’agissant des progrès technologiques, il a estimé nécessaire de renforcer la confiance entre les nations et en leur sein, si « nous voulons assurer une utilisation responsable des technologies nouvelles ».  Il a engagé à utiliser l’ONU comme « instance pour attirer l’attention du monde sur ces questions cruciales » et favoriser l’instauration d’un « avenir numérique sûr et bénéfique à tous ».  Il a cité les laboratoires d’innovation créés notamment au sein de son Cabinet, et le Groupe de haut niveau sur la coopération numérique établi en juillet dernier.

En dépit du chaos et de la confusion qui règnent dans notre monde, le Secrétaire général a voulu conclure sur les « vents d’espoir » qu’il voit souffler à travers le globe, illustrés notamment par la signature de l’accord de paix historique entre les dirigeants de l’Éthiopie et de l’Érythrée, il y a quelques jours en Arabie saoudite; la signature d’un accord de paix entre les deux dirigeants rivaux au Soudan du Sud; « la courageuse initiative » du Sommet de Singapour entre les dirigeants des États-Unis et de la République populaire démocratique de Corée.

Le Secrétaire général a également cité l’attachement de la population à la paix en Colombie, la transition politique pacifique en Ouzbékistan, et encore les progrès du règlement des différends entre la Grèce et l’ex-République yougoslave de Macédoine.  À cela s’ajoutent le succès des opérations de maintien de la paix au Libéria et ailleurs en Afrique de l’Ouest, la participation centrale des jeunes d’Arménie à la transition politique, l’adoption de pactes mondiaux sur les réfugiés et les migrations, la sortie de l’extrême pauvreté de centaines de millions de personnes depuis 30 ans, et les progrès dans l’égalité des sexes.

Pour M. Guterres « notre avenir repose sur la solidarité », c’est pourquoi « nous devons rétablir la confiance rompue », « revitaliser notre projet multilatéral et défendre la « dignité de tous ».

Ouverture du débat général

« L’apport des Nations Unies à l’humanité a été immense », a déclaré la Présidente de l’Assemblée générale, Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA-GARCÉS, ajoutant que l’essor du droit international, la promotion de la paix, les droits de l’homme, la protection de l’environnement et les objectifs de développement durable dérivaient tous des travaux de cette même Assemblée.  En ce sens, l’ONU, 73 ans après sa création, n’a, selon elle, rien perdu de sa pertinence et le multilatéralisme continue d’être la seule réponse possible aux défis globaux rencontrés par les États Membres.

Aux vues des souffrances humaines, des guerres, des conflits, des crises économiques et de la détérioration de l’environnement qui affectent sans distinction l’humanité tout entière, la Présidente a plaidé en faveur d’un agenda multilatéral basé sur trois grands principes: le leadership global, les responsabilités partagées et l’action collective.

Le leadership global, a-t-elle expliqué, pour identifier des solutions communes à des problèmes mondiaux et prendre des mesures adaptées.  La responsabilité partagée, a poursuivi Mme Espinosa-Garcés, parce que nous avons tous le devoir de veiller à la cohésion sociale et au respect de la dignité humaine, mais aussi au salut de la planète.  Enfin, a-t-elle dit, l’action collective, parce que les problèmes les plus sensibles de l’humanité nous concernent tous. 

La Présidente a ensuite proposé d’articuler ces trois grands principes autour de sept axes prioritaires, à commencer par l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes, dont le manque de participation économique freine selon elle le développement global.  Pour Mme Espinosa-Garcés, une participation accrue des femmes à l’économie serait susceptible d’engendrer une hausse de 25% du produit intérieur brut mondial d’ici à 2025.

Par ailleurs, la Présidente a appelé à mettre en œuvre des nouveaux pactes mondiaux sur les migrations et les réfugiés, au bénéfice des 260 millions de migrants et des près de 25 millions de réfugiés qui ont été forcés de quitter leur maison par la violence et les conflits.

Générer des opportunités de travail décentes pour tous doit également être une priorité, a poursuivi Mme Espinosa-Garcés, de même que réaliser des progrès dans les accords pour freiner les changements climatiques.  Sur ce point, elle a notamment mentionné les milliers de personnes ayant trouvé la mort dans des ouragans en 2017 et le problème de la contamination plastique des océans. 

Entre autres axes prioritaires, la Présidente a également appelé à renforcer l’engagement des États Membres en faveur des personnes handicapées; à redynamiser les Nations Unies pour réformer le système onusien, renforcer le processus de revitalisation de l’Assemblée et améliorer son rôle dans les prises de décisions; et à œuvrer pour la paix et la sécurité mondiales, en donnant notamment davantage de poids à la jeunesse dans la prévention des conflits.

Outre ces axes prioritaires, la Présidente a de manière générale appelé les États Membres à maintenir leur engagement à réaliser les objectifs de développement durable, afin que chacun puisse vivre dans la dignité et la paix.  En ce sens, elle a jugé nécessaire de prendre en compte les pays les plus vulnérables, comme les petits États insulaires en développement, les pays sans littoral et les pays les moins avancés. 

Mme Espinosa-Garcés a aussi renouvelé son engagement envers l’Afrique et ses peuples.  « Dédions nos meilleurs efforts pour accélérer la réalisation du programme de développement de l’Afrique », a-t-elle déclaré.  « Ne parlons pas seulement avec l’Afrique, mais agissons avec l’Afrique. »

Outre ce continent, la Présidente a déclaré que l’un des défis en suspens de cette Organisation demeurait de parvenir à une paix « définitive et durable » au Moyen-Orient.

En ce soixante-dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Mme Espinosa-Garcés a également estimé que la défense des droits de l’homme devait être au centre des priorités mondiales.

Enfin, en ce début de débat général, la Présidente a appelé les leaders du monde entier à se montrer à la hauteur des besoins des peuples et à ne ménager aucun effort pour édifier un ordre mondial pacifique, plus sûr et plus humain.  « Construisons des Nations Unies qui soient davantage pertinentes pour tous », a-t-elle conclu.

Déclarations

M. MICHEL TEMER, Président du Brésil, a considéré comme un honneur d’inaugurer le débat général de cette soixante-treizième Assemblée, et s’est réjoui que Mme María Fernanda Espinosa-Garcés soit la première personnalité sud-américaine à présider l’Assemblée, saluant aussi le Secrétaire général, qui partage avec lui le même idiome. 

« Combien d’orateurs se sont succédé à ce podium pour réclamer des améliorations de l’ordre international que nous avons construit durant des décennies? » s’est d’emblée demandé le Chef d’État.  « Probablement beaucoup.  Moi-même inclus.  Je crois que nous avions raison; hier comme aujourd’hui, nos paroles demeurent de bon sens.  Cependant, si nous voulons vraiment améliorer l’ordre mondial, une autre tâche est nécessaire, celle de soutenir l’intégrité de notre système.  Un système qui, quoiqu’imparfait, n’a jamais cessé de promouvoir les progrès du genre humain. »

Évoquant « à certains moments, un ciel obscurci par les forces isolationnistes et l’unilatéralisme, d’une manière de moins en moins exceptionnelles », il a ajouté que ces forces « ne sauraient ni ne peuvent nous intimider ».  Il s’est dit conscient que le développement du Brésil repose « sur l’ouverture sur le monde, pour que le commerce international et les investissements prospèrent ».  C’est « précisément en s’ouvrant aux autres que nous construirons un monde meilleur, et non l’inverse », a insisté M. Temer, avant de déclarer travailler à une politique universaliste.  « Dans le Marché commun du Sud (Mercosur), nous avons abattu les barrières commerciales et avons atteint de nouveaux succès », a-t-il affirmé en disant aussi avoir resserré les liens avec les pays de l’Alliance du pacifique et des partenaires de tous les continents: l’Union européenne, le Maroc, la Tunisie, le Canada, la Corée du Sud ou encore le Liban.

Le Président brésilien a évoqué le protectionnisme comme « un chant de sirène qui sécurise », qui peut séduire, mais qui au final nuit à l’objectif d’atteindre une prospérité globale.  Face à l’intolérance, il a mis en avant les valeurs de « dialogue » et de « solidarité ».  Citant le chiffre de 250 millions de migrants à travers le monde, M. Temer a appelé à la compassion et l’entraide.  « Il est notre devoir de les protéger et c’est dans ce cadre que fut créé le Pacte mondial pour les migrations », a-t-il rappelé.

En l’occurrence, le Brésil absorbe actuellement une large population de migrants vénézuéliens - plus d’un million, a-t-il dit.  « Le Brésil a accueilli tous les migrants les bras ouverts » et leur a offert toute l’assistance nécessaire en collaboration avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés, en fournissant des visas de travail, une scolarité pour les enfants ainsi qu’une assistance médicale.  « Mais nous savons que la solution à cette crise migratoire sera trouvée quand notre voisin vénézuélien reprendra le chemin du développement. »  Il a donné l’exemple de son pays qui, l’an dernier, a adopté une nouvelle loi sur l’immigration, plus moderne, qui reconnaît la valeur ajoutée des immigrés et leur accorde de vastes droits, et notamment le droit de rester au Brésil en tant qu’immigrants.

Qualifiant l’esprit de dialogue et de solidarité d’antidote aux plaies actuelles et de pierre angulaire de la diplomatie brésilienne dans la crise qui secoue le Moyen-Orient, M. Temer a salué le soixante-dixième anniversaire de l’État d’Israël et redit son attachement à la solution des deux États dans le conflit qui l’oppose à l’Autorité palestinienne.  Il a aussi réitéré son engagement en faveur de la dénucléarisation et de la paix dans la péninsule coréenne.

« Nous devons réformer le Conseil de Sécurité qui reflète un monde qui n’existe plus », a aussi exigé M. Temer, appelant de ses vœux un renouveau du multilatéralisme, avant de lancer en conclusion un plaidoyer contre la déforestation, pour la maîtrise du réchauffement climatique, et la lutte contre le trafic de drogue. 

M. LENÍN MORENO GARCÉS, Président de l’Équateur, a entamé son discours par un tour d’horizon des priorités du programme équatorien de développement social, intitulé « Toute une vie ».  Ces priorités, a-t-il dit, sont centrées sur les mères et leurs enfants -avant et après la naissance- afin de veiller à ce que ces derniers puissent bénéficier d’une éducation de qualité, notamment sur le plan scientifique et technologique.

Faisant le trait d’union entre ce plan et les problématiques mondiales, le Président a appelé à ce que les discussions du débat général de l’Assemblée se traduisent par la conclusion d’accords et d’engagements concrets, notamment dans le domaine de la santé.  « Il est scandaleux, injuste et immoral », a-t-il en effet jugé, que l’accès à des médicaments capables de sauver des vies soit restreint, bien souvent en raison de la priorité accordée à la propriété intellectuelle et aux profits des grandes entreprises pharmaceutiques.  À ses yeux, l’ONU a le devoir et la capacité de peser sur ces questions, afin d’améliorer la vie des citoyens mondiaux.

Dans le même ordre d’idées, M. Moreno Garcés a appelé les États Membres à ne pas perdre de vue « l’idéal de paix et de vie commune » qui a donné naissance à l’ONU.  En ce sens, l’Organisation doit, selon lui, être le cadre privilégié des discussions concernant les problèmes, « petits ou grands », entre États.

Outre les gouvernants, le Président équatorien a mentionné le rôle du secteur privé sur la scène internationale, et notamment la réalisation des objectifs de développement durable.  Ce secteur, a-t-il dit, est aujourd’hui « davantage conscient » de sa responsabilité sociale, au-delà des simples logiques de profit, de production et d’emploi.

Le Président a par ailleurs appelé l’Organisation à lutter contre toutes les « barrières » qui empêchent les individus de se réaliser, qu’il s’agisse des maltraitances, de la xénophobie, du racisme, de l’injustice, du machisme ou des inégalités.  Il a estimé que des textes comme la Convention des Nations Unies relatives aux droits des personnes handicapées constituaient des instruments efficaces de lutte contre ces différentes entraves. 

M. Moreno Garcés a mentionné un autre texte célèbre, qui affirme selon lui l’égalité entre les hommes, mais aussi le droit de ces derniers à la vie, à la liberté et au bonheur: la Déclaration d’indépendance des États-Unis.  Or, le Président a déclaré ne pas comprendre comment le pays qui a produit une telle Déclaration est aujourd’hui capable d’imposer un blocus contre le peuple cubain « sans défense ».

Dans le même ordre d’idées, le Président s’est dit consterné par le fait que les grandes puissances dépensent leurs ressources pour s’armer, au lieu d’investir dans le développement des peuples.  Je ne comprends pas, a-t-il poursuivi, comment ces pays sont incapables d’intervenir dans des conflits externes « sans aider à les résoudre, sans les aggraver et sans les prolonger ».

C’est sans doute parce que les « banquiers ont pris d’assaut les porte-monnaie des Équatoriens », a par ailleurs déclaré le Président, que ces derniers ont bien souvent été contraints de rechercher une vie meilleure loin de leur terre. 

Inversement, M. Moreno Garcés a déclaré qu’au moins 6 000 citoyens vénézuéliens trouvaient chaque jour refuge en Équateur.  « Nous avons exhorté le Gouvernement et le peuple vénézuéliens à résoudre leur crise par un dialogue national de bonne foi et ouvert », a-t-il déclaré, appelant tous les pays de la région à faire preuve de solidarité envers les réfugiés du Venezuela et à entreprendre une « action à l’échelle du continent » pour trouver une solution structurelle au problème actuel.  Dans ce cadre, il a souhaité que le Pacte mondial pour les migrations, adopté en juillet dernier, ne reste pas lettre morte.

Face à la crise que traverse le Venezuela, mais aussi le Nicaragua, le Président a appelé l’Amérique latine à consolider la démocratie, au lieu de mettre en place des « gouvernements autoritaires, corrompus et populistes ».  L’Équateur n’est lui-même pas exempt de difficultés concernant la paix à l’intérieur du pays, a-t-il ajouté, expliquant que la frontière nord du pays était sous le coup de la délinquance internationale et du trafic de drogue.

M. Moreno Garcés a enfin félicité Mme María Fernanda Espinosa-Garcés, de l’Équateur, pour son élection en tant que première femme latino-américaine à présider l’Assemblée. 

M. DONALD TRUMP, Président des États-Unis d’Amérique, a commencé par présenter « les progrès extraordinaires » accomplis par son gouvernement, estimant que ce dernier avait en deux ans réalisé « presque plus que toute autre administration dans l’histoire de notre pays ».  Il a ainsi parlé de « l’essor sans précédent de l’économie américaine », du « niveau sans précédent de sa bourse » et du taux de chômage « le plus bas en 15 ans ».  Au titre de ces réalisations, il a mentionné non seulement la création d’un « demi-million de nouveaux emplois dans le secteur industriel, des réductions d’impôts inédites mais aussi « la construction d’un mur à la frontière » et le fait d’avoir obtenu « un financement record pour notre armée, qui sera bientôt plus puissante qu’elle ne l’a jamais été ».  « Les États-Unis sont plus forts, plus sûrs, plus riches qu’il y a deux ans quand j’ai pris mes fonctions », s’est-il félicité.

Nous défendons l’Amérique, son peuple et nous défendons également le monde, a poursuivi M. Trump, parlant à cet égard d’« excellente nouvelle pour le monde entier ».  Estimant que les représentants présents dans la salle étaient chacun porteur d’une « culture distincte, d’une histoire riche », le Président a ensuite affirmé que « l’Amérique choisira toujours l’indépendance et la coopération internationale, plutôt que la gouvernance internationale », et a invité chaque pays à « défendre ses propres traditions et ses propres cultures ».  Nous ne voulons pas vous imposer notre manière de vivre, mais respectez notre souveraineté, a-t-il lancé. 

M. Trump a ensuite recensé plusieurs changements survenus depuis un an et jugés positifs.  Il a rappelé que son pays avait « pris contact avec la Corée du Nord pour dissiper le spectre du conflit », mettant en avant sa rencontre en personne avec le Président Kim Jong Un et les « progrès encourageants » en matière de dénucléarisation, tout en en remerciant les dirigeants de la République de Corée, du Japon et de la Chine.  Reconnaissant néanmoins qu’il restait encore beaucoup à faire, il a précisé que les sanctions imposées à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) resteraient en place « jusqu’à la dénucléarisation ».

M. Trump a ensuite fait état de « changements » au Moyen-Orient, notamment dans la lutte contre le terrorisme.  Faisant état d’efforts pour mettre fin à « l’horrible conflit » au Yémen, il a insisté sur la construction d’une alliance stratégique dans la région, notamment avec les États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), et sur le rôle qu’y joue l’armée des États-Unis. 

Après avoir cité la défaite de l’État islamique d’Iraq et du Levant, M. Trump a abordé la « tragédie qui perdure en Syrie et nous fend le cœur ».  Il a préconisé une désescalade du conflit et « une solution politique qui respecte la volonté du peuple syrien ».  Il a souhaité la reprise du processus de paix, tout en prévenant que les États-Unis « réagiraient si le régime syrien d’Assad » utilisait des armes chimiques.  Il a enfin félicité les pays de la région « comme la Jordanie », pour leur « politique de compassion » qui consiste à héberger les réfugiés au plus près de leur foyer afin de faciliter leur retour futur, et ce, « à un moindre coût ».

Le Président s’en est ensuite pris au « régime corrompu de l’Iran », accusé de ne pas respecter ses voisins ni les droits souverains des nations, et aux dirigeants iraniens, accusés de « piller leur nation pour semer le chaos au Moyen-Orient ».  Affirmant que « le peuple iranien est indigné à juste titre » par ces détournements à des fins d’enrichissement personnel ou destinés à soutenir leurs alliés dans les pays voisins, il a affirmé que c’était la raison pour laquelle « tant de pays au Moyen-Orient » avaient soutenu sa décision de retirer les États-Unis de « l’horrible » Accord de 2015 sur le nucléaire iranien.  Ce dernier a été présenté comme « une manne pour le régime iranien » accusé d’avoir utilisé l’argent débloqué du fait de l’Accord pour accroître ses capacités nucléaires, financer les massacres au Yémen, ou encore intensifier la répression intérieure.  M. Trump a ainsi justifié les « nouvelles sanctions fortes » prises à l’encontre de l’Iran, tout en ajoutant que de nouvelles sanctions seraient « imposées le 5 novembre » et qu’il « y en aurait encore d’autres ».  Il a appelé toutes les nations à « isoler le régime iranien et à soutenir le peuple iranien qui lutte pour se réapproprier son destin ». 

Toujours à propos du Moyen-Orient, M. Trump a rappelé le déplacement de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, revendiquant le droit souverain de son pays de le faire et parlant de reconnaissance de faits évidents.  Les États-Unis ne se laisseront pas prendre en otage par d’anciens dogmes ou des idéologies discréditées, a-t-il ajouté, sans les préciser. 

Le commerce doit être juste et réciproque, a ensuite souligné le Président, qui a longuement justifié le refus des États-Unis de « se laisser exploiter plus longtemps » après des décennies d’ouverture qui n’ont pas été récompensées par un accès juste et réciproque en retour.  Accusant certains États d’avoir manipulé leur monnaie ou utilisé d’autres stratagèmes, y compris le vol de la propriété intellectuelle, citant nommément la Chine, il a justifié la dénonciation d’accords anciens jugés injustes et la négociation de nouveaux traités.  L’Amérique ne s’excusera jamais parce qu’elle protège ses ressortissants, a-t-il encore expliqué. 

M. Trump a également rappelé le retrait cette année des États-Unis du Conseil des droits de l’homme, rappelant qu’aucune mesure n’avait été prise pour le réformer en profondeur, malgré les demandes de son pays.  « Nous n’y retournerons pas, à moins qu’il y ait de vraies réformes », a affirmé le Président, qui a ajouté qu’il en irait de même pour la Cour pénale internationale (CPI), qui n’a pour les États-Unis « ni légitimité, ni compétence, ni autorité ». 

M. Trump a également confirmé que les États-Unis ne participeraient pas au nouveau Pacte mondial pour des migrations.  Pour lui, la seule solution à long terme est d’aider les personnes à prospérer et faire leur vie dans leur pays, en faisant en sorte que leur pays soit meilleur.  Il a au contraire dénoncé les menaces sur la souveraineté résultant de migrations incontrôlées, tout en dénonçant la traite des êtres humains, « horrible et cruelle », et en rendant la migration illégale responsable de la criminalité organisée et du trafic de drogue. 

M. Trump a dénoncé « le régime socialiste de Maduro et ses parrains cubains », l’accusant d’avoir poussé le pays vers la faillite.  Là où le socialisme, le communisme, ont été introduits, il n’y a eu que déchéance et souffrance, a-t-il ajouté, invitant « toutes les nations du monde à résister au socialisme », avant d’appeler au « rétablissement de la démocratie au Venezuela » en annonçant de nouvelles sanctions contre le « régime oppressif » de ce pays. 

Les États-Unis sont le plus grand donateur d’aide « mais on ne nous donne pas beaucoup d’aide », a ensuite déclaré M. Trump, qui a annoncé un « grand examen » de la politique d’aide américaine.  « À l’avenir, les États-Unis ne verseront de l’aide qu’à ceux qui nous respectent et qui sont nos amis », a-t-il averti.

Tout en affirmant que « les Nations Unies ont un potentiel illimité », M. Trump a déclaré qu’à l’avenir les États-Unis ne paieraient « pas plus de 25% du budget de maintien de la paix ».  Il a en outre préconisé de passer de quotes-parts de contributions au budget de l’ONU à un système de contributions volontaires.  « Si chacun paye sa part, alors nous pourrons promouvoir les aspects les plus nobles des Nations Unies », a-t-il estimé.

Après avoir insisté sur l’aspect capital de la sécurité énergétique, affirmé que les États-Unis, « les plus grands producteurs d’énergie », étaient prêts à « exporter partout dans le monde un pétrole abondant et abordable, un charbon propre et un gaz naturel », accusé l’OPEP de « tricher et faire payer le prix fort aux nations » et affirmé en passant que l’Allemagne allait « devenir entièrement dépendante de l’énergie russe si elle ne change pas immédiatement de cap », M. Trump a affirmé que son pays ne renoncerait « jamais à son rejet de l’idéologie mondialiste et embrassait la doctrine du patriotisme ».

C’est par la défense du patriotisme que le Président a conclu son discours.  Parlant du « cœur de patriote qui bat », d’une « passion qui consume le cœur des patriotes et l’âme des nations », présentée comme « source d’inspiration pour les révolutions, l’art ou les découvertes scientifiques », il a exhorté à « ne pas la gommer, mais à l’embrasser ».  Il faut « se fonder sur cette volonté de rendre nos nations plus grandes, défendre les fondements des nations souveraines et indépendantes, seuls vecteurs ayant permis de faire fleurir la liberté » et où la démocratie a perduré, a poursuivi M. Trump.  Pour le Président des États-Unis, « nous trouverons de nouvelles solutions pour la coopération, une nouvelle passion pour faire la paix, de nouvelles déterminations, de nouveaux objectifs et ce sera un monde plus beau dans lequel il fera bon vivre ».  Appelant à choisir « la paix et la liberté plutôt que la domination et la défaite », il a conclu en appelant à la défense de nations pour toujours fortes, souveraines, justes et reconnaissantes « pour la volonté et la gloire de Dieu ».

M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Turquie, a rappelé que les Nations Unies avaient beaucoup fait et beaucoup réussi au long des 73 années de leur existence, pour aussitôt ajouter qu’elles s’étaient au fil du temps éloignées des attentes de l’humanité en matière de paix et de bien-être.  Il s’en est pris au Conseil de sécurité, l’accusant de ne plus servir que les intérêts de ses cinq membres permanents dotés du droit de veto « en ignorant l’oppression dans le reste du monde », comme l’ont montré les massacres commis sous ses yeux en Bosnie, au Rwanda, en Somalie dans le passé, au Myanmar récemment et en Palestine aujourd’hui.  Face à ceux qui ne haussent pas la voix, « voire qui réduisent leur aide, encourageant ainsi leurs oppresseurs », la Turquie continuera de se placer aux côtés des Palestiniens, a promis M. Erdoğan, qui a souligné une nouvelle fois la nécessité de réformer la structure et le fonctionnement du Conseil de sécurité: « le monde est plus grand que les Cinq », a-t-il lancé, affirmant en outre qu’il fallait rendre l’ONU plus efficace, mais ne pas limiter la réforme à celle de son budget.

Citant ensuite le poète mystique Djalāl ad-Dīn Muḥammad Balkhi, dit Rûmî, M. Erdoğan a insisté sur la nécessité pour les Nations Unies de promouvoir la justice, « qui apporte ordre et bonheur » dans le monde.  Parlant d’un « cercle de justice » aujourd’hui brisé, il a illustré ses propos en opposant l’égale richesse des 62 personnes les plus riches du monde et celle des 3,6 milliards les plus pauvres, mais aussi les 821 millions qui souffrent de la faim aux 672 millions d’obèses, ou encore en soulignant que la mortalité infantile en Afrique est neuf fois supérieure à celle de New York. 

La Turquie apporte sa contribution à cette quête de justice par sa politique humanitaire mondiale, a ensuite expliqué M. Erdoğan, qui a cité l’accueil par son pays de « 4 millions de réfugiés, dont 3,5 millions de Syriens », et les services « sans comparaison dans le monde » qui leur sont apportés, pour un montant de 32 milliards de dollars, qu’il a comparés au 1,7 milliard d’euros et aux 600 millions de dollars reçus à ce jour par son pays de la part de l’Union européenne et d’organisations internationales.  Il a donc demandé un soutien « plus abondant et plus souple ». 

Le Président a également mentionné l’assistance apportée dans la zone de désescalade d’Edleb en Syrie, ainsi que les efforts diplomatiques de la Turquie dans le conflit syrien, mentionnant les processus de Genève et d’Astana, la lutte contre Daech et contre le terrorisme.  Appelant à la coopération pour résoudre les conflits dans de multiples régions de monde, M. Erdoğan a également mis en avant les efforts de son pays, « devenu cette année le premier donateur d’assistance humanitaire dans le monde, et le sixième pour l’aide au développement ».

M. Erdoğan a aussi décrit les efforts de son pays en faveur de la médiation, notamment au sein de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) ou de l’Alliance des civilisations, ainsi que pour lutter contre le racisme ou l’islamophobie, « notamment en Europe ».  Il s’est ensuite lancé dans une longue diatribe contre le terrorisme et en particulier l’organisation « FETÖ » (le mouvement Gülen), qu’il a rendu responsable de la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, avant de reprocher aux États-Unis et à l’Europe de « n’avoir pas compris le danger » et de les inviter à cesser de soutenir ce mouvement.

M. Erdoğan a fait part de son inquiétude face au risque de guerre commerciale, rappelant que de telles guerres avaient toujours, en tout temps, nui à l’humanité.  Alors que nous devrons travailler ensemble à réaliser les objectifs de développement durable du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « personne ne veut voir le monde subir une nouvelle rupture économique », a-t-il affirmé, avant de dénoncer « certains pays qui cherchent de manière persistance à créer le chaos ».  Favorable à la libre circulation des biens et des personnes, la Turquie souhaite que les difficultés soient résolues par le biais du dialogue constructif, sur une base d’égalité, a plaidé le Président.

Enfin, M. Erdoğan a appelé à la mise en place d’une « Organisation des Nations Unies de la jeunesse », en proposant qu’elle établisse son siège à Istanbul.  Il a conclu en rappelant que la troisième Assemblée mondiale des personnes âgées s’y tiendra le 10 décembre prochain.

En dépit d’un sens inégalé de la solidarité transnationale, a estimé M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, l’Afrique s’est souvent illustrée par ses divisions et disfonctionnements internes, un état de fait qui a selon lui empêché le continent de faire avancer des intérêts communs.  « Nous avons confié à d’autres la responsabilité de notre futur, non pas par la force, mais par défaut », a ainsi déploré le Président.

Cependant, pour M. Kagame, la tendance actuelle sur le continent est à « une coopération plus productive », aussi bien à travers l’Union africaine (UA) que les communautés économiques régionales.  À ses yeux, les États d’Afrique sont désormais capables de se concentrer sur leurs besoins urgents, de maintenir l’ordre sur leur territoire et de changer la façon dont ils font des affaires.  C’est la raison pour laquelle l’UA a selon lui entamé une réforme financière et institutionnelle majeure il y a trois ans.

« Nous en récoltons aujourd’hui les résultats tangibles », a estimé M. Kagamé, pour qui la nouvelle discipline financière a contribué à diminuer de 12% le budget de l’UA cette année.  Dans le même temps, la part de ce budget financée par les États membres de l’organisation régionale a fortement augmenté.  Les contributions au Fonds pour la paix, qui finance les opérations d’appui à la paix de l’UA, sont à leur plus haut niveau depuis la création du Fonds en 1993.  Plus tôt cette année, l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine a été signé après plusieurs décennies de négociations.  M. Kagame a estimé que ces différentes avancées permettraient aux États d’Afrique de réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030, y compris la création de nouveaux partenariats public-privé.

Au-delà de la dimension économique, le Président a en outre estimé que 2018 avait été le théâtre de transitions politiques clefs et de résolutions pacifiques des conflits, en particulier dans la Corne de l’Afrique.  Il a appelé le Conseil de sécurité à collaborer étroitement avec l’UA pour accompagner ce processus de normalisation.  Au Zimbabwe, a-t-il poursuivi, la communauté internationale doit également encourager de manière soutenue les prochaines étapes du processus de paix.

Toutefois, le Président a reconnu que de nombreuses questions sécuritaires demeuraient irrésolues sur le continent, notamment en République centrafricaine, en Libye, dans le Sahel et au Soudan du Sud.  À ses yeux, l’Afrique et le monde doivent travailler de concert pour « prendre les décisions qui s’imposent, harmoniser les initiatives qui font doublons et s’assurer que les accords sont respectés » sur ces dossiers.

C’est dans cet état d’esprit, a poursuivi M. Kagame, que l’UA et les Nations Unies sont sur le point d’ouvrir une nouvelle page de leur coopération, avec pour « base solide » les missions d’appui à la paix mandatées par l’UA.  Dans ce contexte, le Président a estimé que la représentation diplomatique de l’UA à l’ONU devait désormais jouir d’un statut et d’un poids équivalents aux autres organisations régionales majeures.

Dans le même ordre d’idées, le Président a dénoncé la gouvernance mondiale « à deux vitesses » en vertu de laquelle « un petit nombre d’États dictent les normes en fonction desquelles d’autres doivent être jugés ».  C’est en s’attaquant à cette injustice au cœur même du système onusien que l’Organisation sera à même de raviver sa légitimité, a-t-il conclu.

M. ENRIQUE PEÑA NIETO, Président du Mexique, dans sa dernière intervention à l’Assemblée générale à ce titre, a assuré que son pays, qui compte parmi les 10 nations les plus peuplées et les 15 plus grandes économies du monde, est « un acteur mondial responsable ».  La promotion du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques sont des priorités.  Avec la Suisse, le Mexique s’efforce également depuis deux ans de faire du respect des droits de l’homme de tous les migrants, quel que soit leur statut, l’un des principes directeurs du Pacte mondial pour des migrations ordonnées, sûres et régulières. 

Après plus de deux décennies d’absence, le Mexique participe de nouveau aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, s’est félicité le Président.  Le pays, qui s’est également illustré par sa lutte pour l’élimination de toutes les armes de destruction massive, a ratifié en janvier dernier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  De même, a averti M. Peña Nieto, le trafic des armes illicites représente un fléau auquel il faut s’attaquer de toute urgence.  Le régime international de contrôle des drogues doit aussi permettre, selon lui, de passer de la simple interdiction à une régulation efficace qui conjugue les approches de prévention, de santé publique et de droits de l’homme.

Reconnaissant que son pays soit confronté à de graves défis en matière de droits de l’homme, le dirigeant mexicain a assuré qu’il avait mis en place des politiques publiques spécifiques pour y répondre et qu’il était ouvert à la surveillance internationale.  Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par « l’usurpation du pouvoir, la violation systématique des droits politiques, la rupture de l’ordre démocratique et la crise humanitaire » dans certaines parties du continent américain.

Au niveau international, M. Peña Nieto a dénoncé ensuite « les politiques qui promeuvent l’exclusion; l’exclusion politique des minorités; l’exclusion sociale des groupes vulnérables; l’exclusion économique des moins favorisés; l’exclusion culturelle de ceux qui vivent ou pensent de manière différente ».  D’après lui, le multilatéralisme est le meilleur moyen de défendre la souveraineté et la dignité de chaque État, tout en contribuant à la sécurité et au bien-être de la communauté des nations.

En ce sens, M. Peña Nieto a appelé les États Membres à parvenir à un consensus sur une réforme du Conseil de sécurité qui n’admette pas de nouveaux membres permanents et permette aux membres non permanents de participer plus longtemps à ses travaux.  Il les a aussi priés de respecter les résolutions du Conseil, notamment en ce qui concerne la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Après avoir souhaité que le Programme 2030 se transforme en « guide mondial efficace pour que personne ne soit laissé de côté », il a salué la nomination de Mme Michelle Bachelet au poste de Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. 

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, a rappelé que les participants au débat étaient les « héritiers d’un formidable espoir » et que les Nations Unies avaient « eu des résultats »: la diffusion des droits de l’homme, le développement du commerce et de la prospérité, le recul de la pauvreté.  Mais il a aussi appelé à regarder « avec lucidité » la « crise profonde de l’ordre international westphalien », constatant que les dérives climatiques, économiques, financières ou environnementales n’avaient « pas trouvé de réponse ».  Née d’une espérance, l’ONU « peut devenir comme la Société des Nations avant elle, le symbole d’une impuissance », a averti M. Macron, pour qui « les responsables de ce délitement sont ici, ce sont les dirigeants que nous sommes ».

Face à cette situation, le Président a dit voir trois voies possibles.  La première consisterait à penser qu’il ne s’agit que d’un « moment », « une parenthèse » avant un retour à la normale.  Mais il a dit ne pas y croire, voyant dans la crise actuelle « l’expression de notre insuffisance passée ». 

Une deuxième voie serait « la voie du plus fort, la tentation de chacun de suivre sa propre voie ».  Mais pour M. Macron, l’unilatéralisme « nous conduit directement au repli et au conflit, à la confrontation généralisée de tous contre tous », et nuit à chacun et même, à terme, à « celui qui se croit le plus fort ».  La loi du plus fort ne protège aucun peuple contre quelque menace que ce soit, a insisté le Président, qui a dit à plusieurs reprises « ne pas y croire », « quand bien même elle s’habillerait d’une forme de légitimité là où elle a perdu toute forme de légalité ».

M. Macron a cité plusieurs exemples à cet égard, et en premier lieu celui de l’Iran.  Pour lui, ce qui a permis de redresser la situation avec l’Iran, qui a stoppé la voie vers le nucléaire militaire, « c’est l’Accord de Vienne de 2015 ».  Il a donc plaidé pour un accord « plus vaste », qui prenne en compte « tous les problèmes résultant des politiques iraniennes ».  De même, pour régler les déséquilibres commerciaux, il faut des règles communes et « en aucun cas un traitement bilatéral de tous nos différends commerciaux et un nouveau protectionnisme, a martelé le Président.  Autre exemple, M. Macron a dénoncé, dans le conflit israélo-palestinien, les solutions unilatérales, affirmant qu’il n’existe pas d’alternative crédible à la solution des deux États, et appelant Israël à renoncer à la « politique du fait accompli, qui menace la possibilité même d’aboutir à un accord de paix ».  Il s’est dit en revanche prêt à « sortir des dogmes » et à prendre de nouvelles initiatives. 

M. Macron s’est donc prononcé pour une troisième voie, « sans doute la plus difficile, la plus exigeante », qui consiste à « trouver ensemble un nouvel équilibre mondial, à forger ensemble un nouveau modèle ».  Rappelant les diverses étapes qu’a connues le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, M. Macron, face à la nouvelle instabilité du monde, a plaidé pour un nouvel équilibre reposant sur de nouvelles formes de coopération régionale et internationale.  Il a présenté en ce sens trois principes: le respect des souverainetés, principe qui se trouve « au fondement de la Charte », le renforcement de la coopération régionale et l'apport de garanties et sauvegardes internationales plus solides.

« Je ne crois pas en un grand peuple mondialisé; ça n’existe pas », a affirmé M. Macron.  En revanche, face aux « défis démographique, climatique et numérique », il a dit sa foi en des valeurs universelles, « à la défense non négociable de nos valeurs », comme l’égalité des individus ou l’égalité entre les sexes.  De même, a-t-il plaidé, les droits de l’homme « ne sont pas un fait culturel, mais un corpus juridique consacré par les traités internationaux ».  Pour M. Macron, leur universalité n’est pas contraire à la souveraineté des peuples.

Disant croire profondément à la souveraineté des peuples et, dans le même temps, à une coopération renforcée aux formes multiples et à une légitimité renouvelée des Nations Unies, le Président a cité plusieurs exemples liés aux conflits, en premier lieu la Syrie, où la solution devra être soutenue par les États garants du processus d’Astana, d’autres États régionaux ou autres, sous l’égide des Nations Unies.  De même, face au terrorisme, « nous sommes forts quand les États peuvent compter sur leurs propres forces et s’appuyer sur des formes de coopération régionale », a poursuivi le Président, qui a cité comme modèles les forces conjointes mises en place au Sahel et dans la région du bassin du lac Tchad.

À cet égard, il a plaidé pour une meilleure articulation des actions de l’ONU et de l’Union africaine et souhaité l’adoption en ce sens d’une résolution du Conseil de sécurité avant la fin de l’année.  Citant encore les premiers résultats de l’Alliance pour le Sahel pour « lutter contre les racines du désespoir qui ont permis aux terroristes de capturer les âmes », il a insisté sur « les principes de la souveraineté des peuples, de l’engagement régional et d’un vrai soutien de la communauté internationale ».

De même, M. Macron a dit ne pas croire au « discours d’ouverture inconditionnelle » face aux flux migratoires, mais pas davantage au « discours mensonger de ceux, en Europe ou ailleurs », qui affirment que leurs peuples seront mieux abrités derrière des murs.  Il s’est donc prononcé pour des mobilités internationales « choisies et non subies », tout en appelant à s’attaquer aux causes profondes des migrations subies et à démanteler les réseaux de trafiquants, avant de rappeler le soutien de la France au Pacte mondial sur les migrations.

 « Je ne laisserai en rien le principe de souveraineté des peuples dans les mains des nationalistes, qui veulent utiliser le principe de souveraineté des peuples pour porter atteinte à nos valeurs », a martelé le Président français, pour qui il faut « restaurer un multilatéralisme fort, réellement capable de régler les conflits mais aussi de s’attaquer aux causes » des dérèglements et des déséquilibres.

« Qu’est-ce qui fait renaître les nationalismes?  Le doute sur notre Assemblée, les crises que nous n’avons pas su régler », a répondu M. Macron, qui a appelé à regarder ensemble et en face les failles de l’ordre international.  Pour lui, nous n’avons pas vraiment apporté une réponse aux laissés-pour-compte de la mondialisation ni remédié à l’hyperconcentration des richesses.  Or, « nous devons une réponse » aux 265 millions d’enfants qui n’ont pas accès à l’école, aux 700 millions d’enfants qui vivent dans les régions les plus exposées aux changements climatiques, aux 200 millions de femmes qui n’ont pas accès à la contraception, au milliard de femmes qui ne sont pas protégées par la loi en cas de violences conjugales, ainsi qu’aux aspirations de la jeunesse, a poursuivi le Président. 

Si beaucoup de progrès ont permis de réduire les inégalités, le combat est loin d’être achevé, a insisté le Président, qui a annoncé une série d’initiatives et de mesures.  Ainsi, a-t-il déclaré, la France augmentera son aide au développement d’un milliard dès 2019 et ses crédits humanitaires de 40%.  En outre, la lutte contre les inégalités sera la priorité de la présidence française du G7 en 2019.  Le Président compte, lors du prochain débat général, rendre compte des résultats du Sommet du G7 qui se tiendra peu avant à Biarritz.

M. Macron a également dit vouloir s’attaquer aux « inégalités de destins », dans lesquelles il voit une « aberration morale ».  Se félicitant des résultats de la conférence mondiale pour le financement de l’éducation tenue à Dakar l’an dernier, il a appelé à un grand élan mondial pour l’éducation, présentée comme « un pilier, avec la santé, des sociétés du XXIe siècle ».  De même, il a souhaité faire de l’égalité de genre une grande cause mondiale, comme il l’a fait en France pour la durée de son quinquennat, et a annoncé que 50% de l’aide au développement de la France irait à des projets en ce sens.  Il a également annoncé diverses initiatives dans le domaine de la santé. 

M. Macron a appelé à lutter contre les urgences environnementales, un combat qui doit nous rassembler ».  Même ceux qui en contestent la réalité en subissent les conséquences; en affaiblissant l’action collective, certains ne font que s’exposer davantage eux-mêmes, a-t-il averti.

À cet égard, « la décomposition annoncée de l’Accord de Paris a été déjouée », a affirmé le Président, car, « malgré la décision des États-Unis, nous avons su rester unis ».  Il a ainsi rappelé la tenue du Sommet One Planet en décembre dernier et la création de l’Alliance solaire internationale à New Dehli.  « Accélérons le mouvement », a-t-il ensuite lancé, appelant à conclure en 2020 un pacte mondial pour un environnement ambitieux.  Il a aussi suggéré de ne plus signer d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas l’Accord de Paris et de mobiliser les fonds souverains pour une politique « à bas carbone ».  La France continuera d’exercer avec tous ceux qui le veulent le leadership, a encore affirmé M. Macron, qui a averti: « Si un membre ne veut pas avancer, nous avancerons quand même, avec d’autres partenaires ».

La défiance, les tentations de repli, se nourrissent des inégalités et de notre incapacité collective à y répondre avec efficacité, a répété le Président, qui a dénoncé tant la tentation de « toujours s’aligner vers le bas, comme nous l’avons fait depuis des décennies » que celle du repli protectionniste, qui ne fait qu’accroître les tensions sans rien régler des inégalités profondes.  Le Président a ensuite proposé une réforme en profondeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la mise en place d’un système dont le G7 réformé serait le moteur, avec l’appui de l’ONU et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Il a aussi appelé à une plus grande participation des grands acteurs non étatiques privés, comme les géants d’Internet, qui « contribuent à changer le monde mais ne participent pas assez à la lutte contre les inégalités ».  Il a enfin demandé que toute sa place soit faite à l’Afrique. 

Alors que notre système collectif se fracture, nous n’en avons jamais tant eu besoin, a déclaré M. Macron, qui a cité en ce sens l’UNESCO, le Conseil des droits de l’homme, la CPI et l’UNRWA, précisant que ce dernier visait avant tout à éduquer des enfants et annonçant que la France augmenterait sa contribution.  Enfin, rappelant que la capacité des Nations Unies à répondre ensemble était trop souvent entravée par les divisions du Conseil de sécurité, il a réaffirmé le soutien de la France à l’élargissement de cet organe dans ses deux catégories de membres ainsi que son souhait de voir encadrer l’exercice du droit de veto en cas d’atrocités de masse. 

« Beaucoup peuvent être fatigués du multilatéralisme, a reconnu M. Macron avant de conclure, et dans un monde où dire les pires choses peut être à la mode, défendre le multilatéralisme peut ne plus être à la mode ».  « Mais ne soyons pas à la mode », a-t-il suggéré, car « les génocides qui ont fait que vous êtes là aujourd’hui ont été nourris par les succès d’estrade que nous applaudissons ».  « Non, je ne m’y résous pas; Ne vous habituez pas; n’acceptez pas ces formes d’unilatéralisme », a encore lancé le Président, affirmant avoir « l’universalisme chevillé au corps ».  « Le fracas du nationalisme conduit toujours vers l’abîme et les ressentiments accumulés face à l’ordre international peuvent conduire deux fois dans une vie humaine à un déchainement mondial de la violence », référence aux deux guerres mondiales du XXe siècle, a-t-il averti.

M. DANNY FAURE, Président des Seychelles, a déclaré que les valeurs de la coopération sont essentielles pour assurer la poursuite de la paix et de la prospérité de « toutes nos nations ».  Nous ne pouvons pas laisser ces valeurs être menacées, a-t-il affirmé, nous devons continuer d’accepter le multilatéralisme.  Les Seychelles apportent leur plein appui à l’évolution et aux progrès qui verront le jour dans le cadre de la réforme des Nations Unies, a fait savoir M. Faure avant d’annoncer que les Seychelles et l’équipe de pays de l’ONU avaient signé, le 30 août, le tout premier Cadre de partenariat stratégique pour la période 2019-2023.

Le Président des Seychelles a ensuite indiqué qu’au cours de son mandat, il s’était évertué à veiller à ce que les institutions servent non seulement l’intérêt du peuple, mais lui fournisse les recours nécessaires « s’il en ressentait le besoin ».  Il a appelé les économies avancées à appuyer le renforcement des institutions des pays en développement, « non pas avec des dons mais en privilégiant le partage des expertises et des meilleures pratiques ».  Ce n’est que par le renforcement de nos institutions que nous pourrons veiller au respect des droits de l’homme, de l’état de droit et de l’indépendance judiciaire, ce qui, a-t-il ajouté, créera un avenir favorable à « un ordre démocratique vibrant ».

M. Faure a fait observer qu’en tant qu’insulaire, il lui est impossible de dissocier le concept d’une paix et d’une prospérité durables des périls des changements climatiques, évoquant la « menace existentielle » qu’ils représentent, avec l’érosion du littoral, l’imprévisibilité de la météo, et leur impact sur les récifs de coraux et la montée du niveau de la mer.  « Si nous n’honorons pas les engagements pris à Paris où à la COP23, à Bonn, l’an dernier, nous atteindrons une crise inéluctable », a-t-il averti.

Le Président a également attiré l’attention sur les possibilités inexploitées que recèlent les océans.  En début d’année, les Seychelles ont initié une feuille de route et un cadre de politique stratégique pour l’économie bleue dans le but, a-t-il expliqué, de décupler le potentiel économique de leurs eaux territoriales tout en les protégeant pour les générations à venir.  « Pour nous, l’économie bleue est la prochaine frontière du développement. »  Il s’agit, a-t-il précisé, de privilégier un développement durable sur la base des océans, axé sur la diversification économique, la prospérité partagée, la sécurité alimentaire ainsi que la santé et la productivité des océans. 

Les Seychelles, a-t-il encore dit, sont en train de passer de la dépendance envers les donateurs bilatéraux à la création de sources novatrices de financement pour leur économie bleue.  M. Faure n’en a pas moins reconnu que cela ne suffira pas pour répondre à toutes les obligations des Seychelles en matière de développement durable et d’action climatique découlant du Programme 2030, de l’Accord de Paris, et des Orientations de Samoa pour les petits États insulaires en développement (PEID).  C’est pour cela, a-t-il souligné, que les Seychelles continuent de réclamer un indice de vulnérabilité et de résilience précis pour les PEID afin de mieux refléter les réalités qu’ils affrontent.  L’agenda des PEID est inextricablement lié à celui de l’humanité, a-t-il affirmé.

M. MARTÍN VIZCARRA CORNEJO, Président du Pérou, s’est félicité d’avoir su traverser, au cours des six premiers mois de son mandat, une série de crises politiques et institutionnelles, dans le respect de la Constitution.  Ce faisant, il a estimé avoir apporté à son pays la stabilité politique longtemps recherchée.  Il a rappelé la tenue récente du Sommet des Amériques, qui a mené à la signature du Compromis de Lima sur la gouvernance démocratique et la corruption, qui prévoit 57 mesures destinées à renforcer la coopération régionale en matière de lutte contre la corruption.  « Rien ne peut se construire sur la base d’entités corrompues », a-t-il dit.  Il a également fait état de l’adoption par son gouvernement de la Politique générale de gouvernance 2021 et du Plan national d’intégrité et de lutte contre la corruption 2018-2021.  De plus, un projet de loi relatif à la réforme du système judiciaire et politique sera soumis à un référendum le 9 décembre prochain. 

Le Pérou compte promouvoir l’adoption d’une résolution en lien avec la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption afin de renforcer la coopération entre les États pour combattre ce « fléau », a poursuivi le Président, tout en invitant les États Membres à réaffirmer leur engagement à cet égard.  « La corruption détourne 5% du PIB mondial au profit de quelques-uns, au lieu d’allouer ces ressources à la mise en œuvre des objectifs de développement durable pour ceux qui en ont besoin », a dénoncé M. Vizcarra Cornejo. 

Considérant la biodiversité comme le principal « capital naturel » dont dispose le Pérou, il a plaidé en faveur de l’adoption d’un cadre juridique permettant d’assurer des investissements prévisibles dans la lutte contre les changements climatiques.  « Notre population la plus pauvre est aussi la plus vulnérable aux effets des changements climatiques » a-t-il relevé, avant de vanter l’adoption d’un plan d’action national à ce sujet.  Après avoir réaffirmé son engagement à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a déclaré vouloir s’attaquer en priorité à la violence et à la discrimination contre les femmes, afin de mettre un terme aux inégalités structurelles dont elles sont victimes. 

Dans un contexte international marqué par la résurgence du nationalisme et du protectionnisme économique, de la discrimination et de la xénophobie, le Président péruvien a réaffirmé l’engagement de son pays envers le multilatéralisme et les principes de la Charte des Nations Unies.  En tant que membre du Conseil de sécurité, le Pérou entend contribuer pleinement à la paix et à la sécurité internationales, notamment au sein des opérations de maintien de la paix. 

Évoquant la « vocation démocratique » du Pérou, M. Vizcarra Cornejo a condamné la rupture de l’ordre constitutionnel au Venezuela et jugé illégitimes les élections du 20 mai 2018.  Après avoir exprimé sa solidarité avec le peuple vénézuélien, il a rappelé l’adoption par son gouvernement de mesures afin de régulariser la situation des 450 000 Vénézuéliens arrivés au Pérou en quête d’un « avenir digne », une situation sans précédent dans la région. 

M. ABDULLAH II IBN AL HUSSEIN, Roi de Jordanie, a entamé son discours par un plaidoyer en faveur de l’action collective.  « Lorsque les États Membres s’unissent derrière une cause commune, nous en sortons tous gagnants », a-t-il dit, rappelant le rôle clef de l’action collective dans la maîtrise des crises de sa région, « y compris la crise principale: le refus prolongé d’un État palestinien ». 

Chacune des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur cette question, a-t-il dit, reconnaît le droit du peuple palestinien à la paix, à la dignité et à l’espoir.  « C’est l’essence de la solution des deux États, la seule voie possible vers une paix complète et durable », a estimé le Roi de Jordanie, appelant de ces vœux la création d’un État palestinien d’après le tracé des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Cet État, a-t-il poursuivi, coexisterait pacifiquement avec celui d’Israël, qui serait lui pleinement intégré dans la région et reconnu par tous les pays arabes et musulmans à travers le monde.  Ces derniers sont, selon lui, acquis à la cause d’une paix complète depuis longtemps, comme en témoigne depuis maintenant 16 ans l’Initiative de paix arabe.

Quelle est l’alternative proposée par certain à cette vision? s’est interrogé le souverain, « un État unique binational, dont les fondations même iraient à l’encontre de l’égalité de son propre peuple? »  À ses yeux, il s’agit là de la « réalité veule et antidémocratique » d’une solution basée sur un État unique.  Ce n’est pas une alternative, a-t-il insisté, mais « un abandon de la paix, une nouvelle façon d’abdiquer du travail de réconciliation et le contraire de ce dont les deux parties ont besoin ».

Le Roi Abdullah II a ainsi appelé Palestiniens et Israéliens à travailler de concert pour parvenir à un accord.  « Un accord unilatéral n’existe pas », a-t-il dit, appelant également les pays de la région à se garder de prendre des mesures susceptibles de compromettre les négociations, telles que des annexions illégales, des confiscations de terres ou des menaces d’usage de la force.  Il nous faut également soutenir financièrement l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

En tant que gardien des sites religieux chrétiens et musulmans à Jérusalem, le souverain a également exhorté la communauté internationale à défendre « l’héritage et la paix » de la ville sainte et à s’opposer aux tentatives visant à remettre en cause son statut historique. 

Outre le conflit israélo-palestinien, le Roi de Jordanie a rappelé que l’action collective était également vitale pour résoudre d’autres conflits et crises à travers le monde.  Sur cette base, il a indiqué que son pays continuerait d’appuyer les efforts multilatéraux pour aider la Syrie à trouver une solution politique à sa crise actuelle, sur la base du processus de Genève et de la résolution 2254 du Conseil de sécurité, afin de préserver l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.

Mettre en œuvre une réponse globale pour lutter contre le terrorisme exige également une action collective, a poursuivi le souverain, pour qui le combat contre les « hors la loi de l’Islam » n’est pas fini.  Pour gagner cette guerre, les États Membres doivent selon lui adopter une approche globale, basée sur l’ouverture et l’espoir.  « Sur Internet comme dans le monde réel, nous devons contrer toutes, et je dis bien toutes les idéologies de haine, y compris l’islamophobie », a-t-il déclaré.

Le Roi Abdullah II a enfin appelé à renforcer la réponse collective à la crise globale des réfugiés.  Comme beaucoup d’entre vous le savent, a-t-il dit, la Jordanie porte de manière disproportionnée le « fardeau » de cette crise.  « Nous avons partagé nos maigres ressources, notre nourriture et notre énergie, notre eau précieuse », a-t-il rappelé, expliquant que cette crise a limité la croissance économique jordanienne.  À ses yeux, le sacrifice consenti par les pays d’accueil ne pourra se poursuivre que si les pays donateurs tiennent leur promesse en matière de développement et d’aide humanitaire.

CHEIKH TAMIM BIN HAMAD AL-THANI, Émir du Qatar, a rappelé la dimension transnationale des crises contemporaines, qui exigent des solutions multilatérales.  Un an après l’imposition du blocus à l’encontre de son pays, de nombreux faits ont été rendus publics sur la campagne de désinformation lancée contre le Qatar pour justifier des mesures préméditées, a affirmé le dirigeant.  « En dépit de toutes les mesures prises pour porter préjudice à la sécurité et à la stabilité du Qatar et accabler son peuple, notre pays est parvenu à renforcer son rôle de partenaire actif dans les arènes régionale et internationale, tandis que son économie poursuit sa croissance », s’est enorgueilli M. Al-Thani. 

En outre, l’État qatari a réussi à se maintenir parmi les pays les plus avancés de la région, notamment à l’aune des critères de sécurité humaine et de développement humain, a poursuivi l’Émir.  Pour lui, il n’est pas raisonnable que les divergences de vues sur la meilleure manière de résoudre les crises régionales puissent paralyser l’efficacité d’une organisation régionale aussi importante que le Conseil de coopération du Golfe.  « Le blocus du Qatar a porté atteinte à la réputation de ses États membres, et la paralysie qui en résulte affaiblit le rôle auquel aspire le Conseil sur les plans régional et global », a ajouté le Chef d’État.

C’est d’autant plus vrai que peu de progrès ont été accomplis en ce qui concerne les questions en suspens au Moyen-Orient, en particulier la cause palestinienne, « l’un des derniers vestiges du monde colonial » dans le monde, a déploré le Cheikh.  Après avoir réaffirmé l’importance de négociations entre les parties au conflit à l’appui de la solution des deux États, il a regretté qu’Israël « rejette » cette option juste.  L’Émir du Qatar a également estimé que l’échec à dissuader le régime syrien de commettre des crimes dans le cadre de « la guerre qu’il mène contre son propre peuple », comme à établir ses responsabilités, est de nature à faire perdre « tout sens » au droit international et aux droits de l’homme.

Il a ensuite confirmé la position ferme de son pays à propos du conflit au Yémen, rappelant que les parties doivent œuvrer à la réconciliation nationale et à la fin du conflit sur la base de la résolution 2216 du Conseil de sécurité, de l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe, et des résultats du dialogue national.  Le Cheikh a saisi l’occasion pour annoncer l’accord passé par son pays et l’ONU pour lutter contre le choléra au Yémen en soutenant des projets visant à éradiquer les causes de la maladie et à endiguer l’épidémie. 

Au sujet de la crise libyenne, il a noté que l’intervention étrangère dans ce pays ne fait que compliquer la situation et empêche de parvenir à un consensus national.  Il a réitéré le soutien du Qatar à l’Accord politique de Skhirat signé en décembre 2015.  Rejetant toutes les formes de terrorisme, l’Émir a rappelé en conclusion que la guerre que mène la communauté internationale contre ce fléau ne pourra être remportée que sur la base d’une coopération sans faille des États Membres, de l’harmonisation des normes existantes dans le domaine de la lutte antiterroriste, à commencer par une définition commune de la notion de terrorisme, et d’une prise en considération des causes profondes du phénomène.

M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a dénoncé le mépris de certains États pour les règles internationales.  La préservation de la sécurité de tous, qui soit la moins onéreuse possible, n’est possible que grâce à la coordination internationale, a-t-il dit.  Il est regrettable de voir des dirigeants internationaux encourager les tendances extrémistes, racistes et xénophobes, de manière guère éloignée du nazisme, et fouler aux pieds le droit international, a-t-il accusé, en qualifiant « d’acte immoral » la convocation demain d’une séance de haut niveau du Conseil de sécurité.  M. Rouhani a appelé à dissiper l’illusion selon laquelle il est possible d’accéder à plus de sécurité aux dépens de celle des autres.  Loin de faire montre de force, ceux qui défient le multilatéralisme font, au contraire, preuve de faiblesse et d’une incapacité à comprendre un monde interconnecté et complexe, a-t-il analysé.  « Ceux qui recherchent l’hégémonie sont des fauteurs de guerre et des ennemis de la paix. »

Les États-Unis, « tout du moins l’administration actuelle », semblent déterminés à ce que les institutions internationales soient frappées de paralysie, a déclaré le Président.  Il a déploré le récent retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, au mépris du droit international et des obligations contractées par le prédécesseur du Président américain actuel.  Les États-Unis ne se cachent pas de vouloir renverser le Gouvernement iranien qui l’invite pourtant à des pourparlers, a-t-il observé.  Il a indiqué que le respect par son pays du Traité sur la non-prolifération et les négociations ayant abouti au Plan d’action global commun précité attestent du respect de l’Iran pour le multilatéralisme.  Le Président iranien a ensuite loué « la position unie et catégorique » de la communauté internationale vis-à-vis du retrait américain et rappelé que le Plan d’action a été entériné par le Conseil de sécurité à l’unanimité de ses membres dans la résolution 2231 (2015). 

L’Iran a respecté ses engagements dans le cadre de ce Plan d’action, comme l’ont montré 12 rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), alors que les États-Unis n’ont pas respecté les leurs, sous des motifs fallacieux, a tranché M. Rouhani.  Il a exhorté l’ONU à faire en sorte qu’aucun État ne puisse se dérober à l’exécution de ses engagements internationaux, avant de dénoncer les menaces américaines contre les pays qui appliquent la résolution précitée.  C’est la première fois qu’un pays encourage des violations du droit international, a-t-il déclaré, en dénonçant également la position des États-Unis vis-à-vis de la CPI.  M. Rouhani a appelé les autres parties signataires du Plan d’action à continuer d’appuyer la mise en œuvre de cet instrument, qui constitue, selon lui, un « succès très important de la diplomatie ». 

Les sanctions unilatérales s’apparentent à du terrorisme économique, a asséné le Président iranien.  Les nouvelles sanctions américaines portent préjudice non seulement au peuple iranien, mais aussi aux peuples des autres pays, a noté M. Rouhani tout en disant que l’Iran a montré qu’il a pu surmonter ce défi.  L’Iran et les Iraniens n’ont jamais rompu, ils n’ont même pas ployé face à ces sanctions, a-t-il insisté, ajoutant, « sans ambigüité », que la politique des États-Unis vis-à-vis de l’Iran est injuste depuis le début. 

Déclarant que l’Iran, par sa longue histoire, sa position géographique exceptionnelle notamment, est « une réalité indéniable », il a dénoncé l’autoritarisme et le harcèlement des États-Unis, ainsi que leur position, selon laquelle la loi du plus fort fait foi.  Aucune nation ne peut être amenée à négocier par la force, sous peine de faire mûrir les raisins de la colère, a-t-il mis en garde.  Pour lui, il n’y a rien de préférable au dialogue, pourvu qu’il ait lieu dans les deux sens; la résolution 2231 (2015) n’est pas qu’une simple « feuille de papier. »

« Nous vous invitons à revenir à la table des négociations que vous avez quittée.  Si vous n’aimez pas ce Plan d’action car il est le fruit de vos opposants politiques, alors revenez à la résolution, revenez au sein des organisations internationales, n’imposez pas de sanctions », a-t-il prié, ajoutant que « sanctions et extrémisme sont les deux faces d’une même médaille ». 

Le Président a indiqué que les deux parties peuvent encore s’écouter, sans qu’il soit nécessaire de prendre des photographies.  « J’entame le dialogue ici même », a-t-il dit, tout en déclarant que l’ONU ne fait pas partie de l’Administration américaine.  « Le dialogue peut être repris au même point et par la même personne qui a quitté la table des négociations », a-t-il estimé en précisant qu’il faudrait d’abord cesser les menaces.

« Notre position est claire, c’est engagement pour engagement, menace pour menace, violation pour violation et œil pour œil ».  Ce que dit l’Iran est clair, pas de menace, pas de guerre, a-t-il déclaré, en soulignant l’engagement de l’Iran pour la paix et la position de son pays aux avant-postes de la lutte contre le terrorisme.  « Nous pleurons le martyre des dizaines d’innocents assassinés samedi dernier par des terroristes. »

M. Rouhani a noté que l’Iran continuera de condamner tous les actes de terrorisme, avant de s’étonner que des dirigeants d’organisations terroristes puissent opérer librement dans les pays occidentaux et même recevoir des financements de leur part. 

« En Syrie, nous avons constamment souligné que la crise ne pourra être réglée que par un dialogue intrasyrien. »  Il a ajouté que la présence de conseillers militaires iraniens en Syrie s’est faite à la demande de la Syrie et dans le respect du droit international.  L’Iran, la Russie et la Turquie ont, par le biais du processus d’Astana, empêché une escalade sanglante à Edleb, a-t-il fait remarquer.  Il a ensuite dénoncé les crimes et destructions commises au Yémen, des « crimes contre l’humanité », et appelé à des pourparlers interyéménites, sans ingérence, pour régler la situation dans ce pays. 

La crise la plus urgente au Moyen-Orient est la question de la Palestine, a poursuivi M. Rouhani, en fustigeant les « crimes innombrables commis par Israël » avec le soutien des États-Unis.  Israël pose la plus grave menace à la paix, a-t-il estimé, en qualifiant de « consternante » la décision des États-Unis de transférer leur ambassade à Jérusalem et de « raciste, digne de l’apartheid » la récente loi israélienne sur l’État nation.  Il a marqué son attachement à une coopération avec tous les pays du Golfe persique, selon le même modèle qui a permis la signature récente, avec quatre autres pays, d’une convention sur le statut juridique de la mer Caspienne.  « Nous ne recherchons pas la guerre avec qui que ce soit. »

« L’Iran n’a pas besoin d’un empire, il est un empire par sa culture et sa civilisation, non pas par la domination politique. » Gardien scrupuleux de l’ordre international, l’Iran, a poursuivi son Président, avait décelé la nature fasciste du régime bassiste en Iraq avant même l’invasion du Koweït.  L’Iran a lutté contre les Taliban et Al-Qaida avant même les attaques terroristes de New York, et l’Iran a combattu Daech et son interprétation fallacieuse de l’Islam avant même les attentats de Londres, de Paris et de Bruxelles, a-t-il rappelé.  « Cessez d’imposer des sanctions, mettez un terme à l’extrémisme », a déclaré le Président iranien, ajoutant, en conclusion, que le monde n’aura pas de meilleur allié que l’Iran « si c’est bien la paix que vous recherchez ».

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a rappelé que son pays avait toujours été un avocat convaincu de la coopération multilatérale.  En Finlande, a-t-il expliqué, la capacité à s’accorder sur des règles communes est une pierre angulaire de la sécurité et du bien-être nationaux.  De même, sur le plan mondial, des solutions et des règles communes sont nécessaires pour traiter les défis les plus pressants de notre temps. 

Mais malheureusement, a poursuivi M. Niinistö, il y a des raisons aujourd’hui de s’inquiéter pour tous ceux qui croient au multilatéralisme.  Le système international construit ensemble est visiblement sous pression, ses capacités et sa crédibilité sont remises en question.  Pour la Finlande, qui place les Nations Unies au cœur du système multilatéral, « la défense du multilatéralisme commence donc ici même ».  L’ONU et ses Membres doivent montrer ici leur volonté d’agir ensemble, non pas l’un contre l’autre, a-t-il plaidé.  La Finlande appuie le programme de réforme du Secrétaire général et estime qu’il est temps de le mettre en place: pour être crédibles, les Nations Unies doivent pratiquer ce qu’elles prêchent, a martelé le Président. 

Les trois piliers de l’ONU que sont la paix et la sécurité internationales, les droits de l’homme et le développement ont passé l’épreuve du temps, a estimé M. Niinistö, pour qui, toutefois, beaucoup des défis actuels font fi des frontières entre ces piliers, comme en témoignent les principales réalisations récentes des Nations Unies: le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur le climat et les pactes mondiaux sur les migrations et les réfugiés. 

Le Président a ensuite insisté sur les changements climatiques, notamment dans la région de l’Arctique, qui se réchauffe à une vitesse « alarmante ».  Ce n’est pas un simple problème régional: il représente une menace pour tout le système climatique mondial, a-t-il mis en garde.  Par ailleurs, si les changements climatiques ne sont pas traités, ils entraîneront de nouveaux flots migratoires.  « Il n’existe pas de solution facile à la question migratoire, mais ne rien faire n’est pas une solution », a poursuivi M. Niinistö, qui a réitéré son soutien au Pacte mondial pour les migrations et a annoncé sa participation à la conférence de Marrakech qui doit le ratifier en décembre prochain.

M. Niinistö a ensuite rappelé les souffrances provoquées par la persistance des conflits.  Il s’est dit encouragé par les efforts visant à parvenir à un dialogue authentique entre la République populaire démocratique de Corée et la communauté internationale, efforts qui doivent se poursuivre.  Il a rappelé l’utilité des opérations de maintien de la paix, tout en précisant qu’elles doivent s’adapter au changement, et a réitéré le soutien de son pays à l’initiative du Secrétaire général « Action pour le maintien de la paix ».  Il a également rappelé l’importance de la prévention et de la médiation. 

Le Président a insisté sur l’importance de la participation des femmes et des jeunes, notamment dans le domaine du maintien de la paix.  Enfin, il a attiré l’attention sur le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et rappelé que la Finlande prenait très au sérieux les mécanismes de responsabilisation pour les crimes de droit international.  Il a appelé les États Membres et le Secrétaire général à maintenir en permanence les questions des droits de l’homme, de la non-discrimination et de l’égalité de genre parmi les priorités de l’ONU.

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a regretté que plusieurs crises et menaces à la paix et à la sécurité desquelles l’Assemblée générale a parlé l’année dernière comme elle l’a fait les années précédentes, n’aient toujours pas été résolues, dont le terrorisme international et local de Boko Haram et des Chabab.  Les soulèvements terroristes qui frappent en particulier le Sahel et le bassin du lac Tchad sont alimentés en partie par des dynamiques et des facteurs locaux, mais de plus en plus par « le mouvement jihadiste international », composé des combattants qui ont fui l’Iraq et la Syrie et par les armes venues de la désintégration de la Libye.  Passant en revue d’autres crises dans le monde, le Président a souligné que l’immigration clandestine n’est pas seulement une conséquence des conflits mais aussi des effets des changements climatiques et du manque d’opportunités « chez soi ».  C’est le cas du Nigéria et de ses voisins du bassin du lac Tchad qui subissent le rétrécissement du lac et le dessèchement des terres autrefois fertiles.  Le lac, a rappelé le Président, nourrissait plus de 45 millions d’habitants, condamnés désormais à la pauvreté et exposés aux activités des groupes terroristes et extrémistes.  Cette instabilité a provoqué des mouvements de populations dans la sous-région qui ont conduit à des tensions économiques intenses entre agriculteurs et éleveurs, a poursuivi M. Buhari. 

C’est la raison pour laquelle, s’est expliqué le Président, nous appelons la communauté internationale à renouveler ses efforts de reconstitution du lac Tchad.  Il nous faut une coopération forte entre l’ONU, les gouvernements nationaux et les organisations régionales et sous-régionales comme la Commission du bassin du lac Tchad, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine, pour renforcer nos capacités de prévention et de gestion des conflits, et de consolidation de la paix. 

Lutter contre la corruption « une cause qui nous concerne tous », résoudre les conflits dans le monde, vaincre le terrorisme, combattre le trafic d’armes et contenir les migrations sont, a conclu le Président, des défis qui ne peuvent être relevés que grâce à la coopération multilatérale et à une action concertée.  Le seul cadre institutionnel que nous ayons pour ce faire est l’ONU, a-t-il souligné.  Il a donc appelé à l’accélération des réformes, en particulier celle du Conseil de sécurité qui doit être « plus équitable et plus représentatif de la communauté internationale ».  Un Conseil composé de plus de membres permanents et non permanents serait conforme au consensus international et à notre intérêt commun.  Il est grand temps d’arrêter de « tourner autour du pot » et de fixer des critères et un calendrier réalistes pour ces réformes, a martelé le Président. 

Pour sa toute première intervention au débat général de l’Assemblée générale en sa qualité de Chef d’État, M. MATAMELA CYRIL RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud, s’est félicité que l’Assemblée ait proclamé la période 2019-2028 Décennie de la paix Nelson Mandela.  Dans un « océan de doutes », l’ONU reste selon lui l’outil le plus puissant dont dispose la communauté internationale pour régler les crises et résoudre des problèmes auxquels seul le multilatéralisme peut répondre.  Or, l’un des obstacles persistants à la réalisation de la prospérité mondiale, c’est l’exclusion de millions de jeunes gens âgés de moins de 30 ans, hommes et femmes.  Dans ce contexte, a estimé le Chef d’État, nous devons privilégier l’intérêt des jeunes, en particulier les femmes qui sont souvent plus vulnérables.  Nous devons agir, avec à l’esprit le « même sentiment d’urgence » que pour mettre fin aux conflits prolongés, comme celui qui touche les Palestiniens depuis des décennies, a exhorté le Président.  « Il nous faut faire tout notre possible pour nous attaquer au chômage des jeunes et tirer le meilleur parti de la révolution dite numérique », a-t-il ajouté.

En vue de mieux répondre aux défis contemporains, des institutions comme l’ONU, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doivent être réformées et renforcées, a recommandé le dirigeant.  C’est tout particulièrement vrai du Conseil de sécurité, auquel l’Afrique du Sud sera candidate pour siéger entre 2019 et 2020.  L’histoire de l’économie mondiale le démontre, a argué M. Ramaphosa: aucun pays ne peut prospérer durablement au détriment des autres.  Il faut donc assumer nos responsabilités collectives, comme s’efforce de le faire l’Afrique du Sud, en respectant les dispositions du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  « Pris ensemble, ces instruments reflètent notre engagement commun à faire échec à la pauvreté, au sous-développement et la détérioration de l’environnement », a résumé le Président.  L’Afrique, qui a la population la plus jeune au monde, peut, a conclu M. Ramaphosa, devenir la « prochaine frontière de la croissance mondiale ».  C’est cette génération-là qui changera le monde, a-t-il lancé en conclusion.

M. ARTHUR PETER MUTHARIKA (Malawi) a rappelé que Kofi Annan fut une voix qui militait pour la paix, une voix des sans voix, la conscience et l’arbitre moral du monde.  Il s’est également souvenu que le regretté Secrétaire général brandissait le drapeau de la paix au milieu des tumultes.  Le Président a demandé à l’Assemblée générale de se lever et de marcher dans la défense de la paix.  Pour M. Mutharika, « nous ne pouvons pas être ici à l’Assemblée quand des communautés sont chassées de chez elles, obligées d’abandonner leur pays et condamnées à errer.  Selon le Chef de l’État, « l’histoire jugera notre génération sur la manière avec laquelle elle a défendu la vie humaine et protégé cette planète menacée ».  Il est de notre responsabilité commune, a-t-il martelé, de rechercher la paix, de défendre la paix et d’essayer de faire revenir à la raison « ceux qui font la guerre à la paix ». 

Le Président du Malawi a souligné qu’à l’Assemblée générale, il n’y a ni minorité ni petite nation mais des pays qui composent les Nations Unies.  Inégalités économiques ou pas, nous avons tous quelque chose à offrir à l’humanité, a-t-il dit, estimant naturellement que ceux qui ont plus doivent donner plus car le pouvoir s’accompagne de responsabilité.  Le leadership n’est pas un prestige mais une responsabilité.  Leadership mondial veut dire responsabilité mondiale, a insisté le Président qui a annoncé la convocation du Forum de haut niveau sur l’objectif 16 de développement durable -sociétés pacifiques- au Malawi en 2019.

M. Mutharika a poursuivi en exhortant les gouvernements, les chefs d’entreprise, les investisseurs et la société civile à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020, afin d’atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Le Malawi, a-t-il dit, plaide pour des financements adéquats, prévisibles et durables tels que le Fonds vert pour le climat. 

Le Président a conclu sur la réforme du Conseil de sécurité, réclamant, conformément à la Position commune africaine, deux sièges permanents avec droit de veto et au moins cinq sièges non permanents car « la ségrégation de l’Afrique » doit prendre fin.  L’ONU ne devrait pas prêcher la démocratie si elle ne l’applique pas elle-même.  Aujourd’hui, c’est près du tiers des États Membres qui demande justice, a fait observer le Président.  L’ONU, a-t-il conclu, ne saurait parler de leadership mondial si elle ne tient pas compte du leadership africain dans sa prise de décisions.  « Il est temps d’entendre la voix de l’Afrique. »

M. JIMMY MORALES, Président du Guatemala, a remercié la communauté internationale pour l’aide humanitaire apportée à son pays à la suite de l’éruption, le 3 juin dernier, du volcan de Fuego, qui a fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, sans compter des dommages matériels innombrables.

M. Morales a profité de cette première journée du débat général pour renouveler l’engagement de son pays en faveur de la paix, comme en témoigne selon lui la volonté du Guatemala de régler « de façon pacifique et définitive » les différends territorial, insulaire et maritime qui l’opposent au Belize depuis plus d’un siècle et demi.  À cette fin, le 15 avril dernier, un référendum a eu lieu dans le pays pour décider de soumettre le cas à la Cour internationale de Justice (CIJ), ce que les citoyens guatémaltèques ont approuvé à 96%.  Le Président s’est félicité de la décision du Belize d’organiser un référendum similaire, le 10 avril 2019.

Outre la résolution des différends par la voie du dialogue, M. Morales a déclaré que l’intégration économique régionale contribuait également à la paix dans la région.  Sur ce point, il a estimé qu’un « pas historique » avait été franchi en 2018, avec l’établissement d’une union douanière entre le Guatemala, le Honduras et El Salvador.  Cela signifie, a-t-il spécifié, que 80% du commerce bilatéral en Amérique centrale bénéficiera de la libre circulation des biens et des marchandises.  « Cette union douanière transforme les trois pays d’Amérique centrale en un marché de 32 millions de personnes », a-t-il salué.

Sur le plan sécuritaire, M. Morales a mentionné l’ampleur des menaces transnationales pesant sur son pays, dont le trafic de drogue.  Avec l’aide des États-Unis, a-t-il indiqué, les forces de sécurité guatémaltèques ont éradiqué plus de 417 millions de plante de pavot, d’une valeur totale de 1,4 milliard de dollars.  En deux ans, a poursuivi le Président, son pays a saisi une quantité de drogues supérieures à celle des huit dernières années. 

Outre la lutte contre le trafic de drogue, M. Morales a insisté sur les efforts de son gouvernement pour mettre fin à la corruption et pour instaurer plus de transparence dans la vie publique.  Il a toutefois admis que cela n’était pas chose aisée, après presque quatre décennies d’un conflit armé qui a fortement affaibli les institutions nationales. 

Tout en remerciant la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) pour son appui aux autorités guatémaltèques dans cette lutte contre le crime organisé, M. Morales a appelé le Secrétaire général à publier le détail des ressources utilisées depuis la création de la Commission, et ce, afin de rendre des comptes à la communauté internationale.

M. Morales a également souhaité expliciter les raisons pour lesquelles son pays n’a pas souhaité proroger pour la sixième fois le mandat de la Commission.  En premier lieu, a-t-il dit, parce que la CICIG a « violé » la Constitution du Guatemala et outrepassé son mandat, en manipulant la justice et en remettant en cause la présomption d’innocence et le bon déroulement des affaires judiciaires.  En second lieu, parce que le Commissaire de la CICIG, Iván Velásquez, s’est mêlé des affaires intérieures du pays, au point de créer une « atmosphère d’instabilité ». 

Pour le Président, la CICG s’est également illustrée au cours des dernières années par son refus de rendre des comptes à la communauté internationale.  Il s’est plaint de « l’indifférence » et de la « passivité » du Secrétaire général de l’ONU sur la question, en dépit des préoccupations personnellement exprimées à ce dernier s’agissant des mauvaises pratiques de la CICIG et de son Commissaire, notamment les « poursuites illégales » dont ont, selon lui, été victimes de nombreuses familles guatémaltèques. 

« En résumé, la CICIG en est venue à être une menace pour la paix au Guatemala », a conclu le Président, rejetant le « système de terreur » mis en place par la Commission.  Selon lui, l’idéal de la Commission s’est perdu dans le dédale de la bureaucratie onusienne et le « culte de la personnalité ».  Ce qui est certain, a-t-il déploré, c’est que le pays est désormais polarisé comme il ne l’avait plus été depuis des décennies, voire même plus que durant le conflit armé.

Pour mettre fin à cette situation, le Président a appelé le Secrétaire général à nommer, de concert avec son gouvernement, un nouveau commissaire pour procéder au transfert des capacité techniques de la CICIG aux institutions nationales correspondantes.

Comment peut-on, s’est demandé M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, blâmer un Arabe qui doute de la crédibilité des Nations Unies et des valeurs qu’elles prétendent défendre alors que sa région est menacée par la désintégration et l’effondrement de l’État-nation, ouvrant la voie au terrorisme et au sectarisme? Comment peut-on, a poursuivi le Président, blâmer un Arabe qui s’étonne que le peuple palestinien soit privé de son droit légitime de vivre dans la paix et la dignité dans un État indépendant qui reflète son identité nationale, ses espoirs et ses aspirations?  Comment peut-on, a-t-il encore demandé, minimiser les plaintes d’un Africain devant l’inefficacité de l’ordre mondial quand son continent souffre d’un ordre économique qui perpétue la pauvreté et les inégalités, alimente les crises sociales et politiques et n’offre aucune perspective de progrès et de développement?

Ces questions, le Chef de l’État a dit les poser en sa qualité de Président du Groupe des 77 et de la Chine « lequel représente la majorité de la population de la planète » et qui a donc un intérêt tout particulier à renforcer le rôle des Nations Unies.  Le Président a résumé la vision de son pays en trois principes, le premier étant que l’on ne peut progresser dans l’édification d’un ordre international efficace si son principal élément constitutif, l’État-nation, risque la désintégration.  La désintégration des nations, qu’elle soit provoquée par un conflit civil ou une régression vers des intérêts sectaires, mène aux phénomènes les plus dangereux de l’heure: conflits armés, traite des êtres humains, migration irrégulière, criminalité organisée, commerce illicite d’armes et de drogues. 

La seule sortie des crises, en Syrie et au Yémen, a, par exemple, estimé le Président, c’est le rétablissement de l’État-nation et la protection de la souveraineté et des institutions publiques.  L’Égypte, a prévenu le Président, rejette toute exploitation de ces crises pour laisser la voie à des interventions régionales ou créer un environnement propice au terrorisme, à l’extrémisme et au sectarisme.  Le même principe s’applique à la Libye. 

Le deuxième principe, a poursuivi le Président, c’est l’engagement de tous en faveur de solutions pacifiques et durables aux conflits, « raison d’être de l’ONU ».  Le Président est donc revenu sur la cause palestinienne, « l’exemple parfait », selon lui, de l’échec du système international.  À ce propos, il a souligné que les Arabes tendent toujours la main de la paix. 

Le troisième principe, c’est l’engagement à réaliser le développement durable et à cet égard, le Président a estimé que la réforme de l’architecture économique et financière mondiale ne saurait plus tarder.

La préservation de l’État-nation, le règlement pacifique des différends et le renforcement de la coopération exigent, a conclu le Président, des partenariats véritables entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Il a d’ailleurs salué le succès du partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine, « un modèle de partage des fardeaux et d’optimisation des avantages comparatifs ».  L’Égypte assumera la présidence de l’Union africaine en 2019, a rappelé le Président Al Sisi, qui a, une nouvelle fois, défendu son idée de créer un cadre international pour développer des politiques et renforcer la coopération contre le terrorisme et la propagande terroriste. 

Ayant lancé au début de l’année, l’opération « Sinaï 2018 », l’Égypte peut dire aujourd’hui que le niveau de financement, de sophistication des armes et de la formation et des moyens de communication des groupes terroristes, sans oublier la facilité avec laquelle se déplacent les combattants terroristes étrangers, pointent vers la nécessité « inévitable » d’un système mondial.  Enfin, le Président a jugé important de corriger les graves lacunes en matière de droits de l’homme, sans manquer de dénoncer ceux qui se livrent à des campagnes de diffamation médiatiques et à la politisation des mécanismes existants, tout en refusant de mettre tous les droits de l’homme sur un pied d’égalité dont les droits économiques, sociaux et culturels. 

M. MARIO ABDO BENĺTEZ, Président du Paraguay, a rappelé l’attachement de son pays à la liberté, à la justice et à la dignité.  « Nous avons soif de paix », a-t-il dit.  Il a appelé au renforcement de l’Assemblée générale –voix des pays du monde entier– et à la réforme du Conseil de sécurité afin de rendre cet organe plus représentatif.  Le Conseil devrait accueillir davantage de pays en développement, a-t-il dit, en souhaitant la suppression du droit de veto.  Le Président a appuyé les propositions de réforme du Secrétaire général, estimant que la lutte contre la pauvreté doit être pensée comme « un défi humain » et pas comme un indicateur économique. 

Tirons profit du dividende démographique pour jeter les bases d’un monde meilleur, a déclaré M. Benitez, en louant le potentiel extraordinaire des jeunes.  Il a aussi insisté sur la nécessité de promouvoir le rôle des femmes, comme c’est le cas au Paraguay, et souligné « l’obligation morale » de faire respecter les droits des peuples autochtones.  M. Benitez a aussi condamné le terrorisme et la criminalité sous toutes leurs formes.  Dès mon entrée en fonctions, a-t-il affirmé, j’ai mis en place des mesures vigoureuses contre le trafic de stupéfiants et promis d’éradiquer les organisations criminelles. 

Le Président n’a pas manqué de défendre l’Accord de Paris sur le climat, soulignant que son pays est dans le peloton de tête des promoteurs des énergies renouvelables.  Nous devons aussi, a-t-il poursuivi, nous engager résolument contre le fléau de la corruption.  Le Paraguay a fait le pari d’une intégration régionale approfondie, a poursuivi le Président, exprimant sa solidarité avec les peuples du Venezuela et du Nicaragua « qui souffrent des abus de leurs dirigeants ». 

Insistant sur la vulnérabilité particulière des pays en développement sans littoral, il a réclamé la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Vienne.  Il a conclu en appuyant « la demande légitime » de Taiwan de siéger à l’Assemblée générale, au nom du « principe d’universalité » qui est la marque de l’ONU.  Promouvons l’amitié, mobilisons les ressources nécessaires à la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et que Dieu bénisse les Nations Unies, a conclu le Président. 

M. MAURICIO MACRI, Président de l’Argentine, a souligné que son pays traversait une période de changements profonds.  « Mais nous changeons sans prendre de raccourcis et sans compromettre le futur », a-t-il assuré.  « Nous sommes en train de bâtir des consensus pour un développement équitable et durable. »  Il a replacé l’Argentine dans le contexte de l’intégration régionale, et de la coopération entre les pays du MERCOSUR et de l’Alliance du Pacifique, dans le respect des valeurs de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme. 

Préoccupé par la situation des droits de l’homme au Venezuela, le Président argentin a indiqué qu’il porterait à l’attention de la Cour pénale internationale (CPI) « les crimes contre l’humanité de la dictature vénézuélienne ».  Il a appelé ce pays à reconnaitre la crise humanitaire pour que puisse se déployer l’aide internationale.  Pour sa part, a précisé M. Macri, l’Argentine a accueilli 130 000 Vénézuéliens. 

Par ailleurs, le Chef de l’État a plaidé pour la création d’une instance judiciaire complémentaire au niveau régional pour lutter contre la criminalité organisée.  Condamnant le terrorisme sous toutes ses formes, il a rappelé que cinq ressortissants argentins avaient été tués dans un attentat à Manhattan le 31 octobre 2017. 

M. Macri a ensuite tenu à réaffirmer « les droits souverains légitimes et imprescriptibles » de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes avoisinants.  Il a également réaffirmé l’engagement de son gouvernement dans la nouvelle phase de sa relation avec le Royaume-Uni, fondée sur le renforcement de la confiance.

Enfin, le Président a annoncé que l’Argentine accueillera en 2019 la Conférence de haut niveau sur la coopération Sud-Sud.  Le pays se prépare en outre à présider le G20 à Buenos Aires, le 30 novembre prochain, puis la Conférence des Parties chargées d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en 2020. 

« Si nous sommes réunis ici, nous le devons à ceux qui, après la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, ont cru qu’un ordre international basé sur des règles internationales et le dialogue -et pas sur le seul rapport de force- nous conduirait à la paix et la prospérité », a rappelé d’emblée M. ALAIN BERSET, Président de la Confédération suisse.  « Ils avaient raison », a-t-il estimé, compte tenu de l’ampleur et de l’intensification des défis et des transformations auxquels le monde doit faire face, et auxquels personne ni aucun pays n’est en mesure de répondre seul.  « C’est notre responsabilité commune, la responsabilité de chaque État Membre de l’ONU » de faire en sorte que les institutions internationales soient en mesure de nous épauler dans cette tâche, a estimé M. Berset avant de noter la tendance actuelle à chercher les réponses à ces problèmes - comme la mondialisation, les changements climatiques, les inégalités ou encore l’extrémisme - dans un repli nationaliste et une méfiance croissante à l’égard de la coopération entre États. 

« Nous assistons à une refonte de l’ordre mondial, à l’émergence de nouveaux acteurs, à l’apparition d’une nouvelle classe moyenne », a-t-il remarqué, mais ce qui le préoccupe, c’est que ces changements vont de pair avec « une érosion du système international fondé sur le droit ».  « Nous assistons réellement à une crise du multilatéralisme », a-t-il averti, ce qui lui semble paradoxal au moment même où le monde cherche à définir les grands axes de la gouvernance mondiale de demain. 

Pour la Suisse, l’ONU est la pierre angulaire de la coexistence pacifique de tous les États, dans le respect de règles bien définies en commun.  Elle est indispensable et idéalement placée pour affronter les combats contemporains, notamment le combat contre les inégalités.  « Mais pour pouvoir remplir son rôle, l’ONU doit être forte », et, dans cet esprit, la Suisse soutient activement le programme de réformes lancé par le Secrétaire général de l’ONU, qui a pour objectif d’assurer la pertinence et l’efficacité de l’ONU face aux défis du monde actuel.

La Suisse est déterminée à construire un multilatéralisme meilleur qui doit être en mesure de répondre à ceux qui cherchent, dans l’autorité et l’unilatéralisme, la solution aux faiblesses du système actuel.  Le Président a brossé le tableau de l’engagement suisse dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et plus précisément la mise en place d’un mécanisme de suivi et de meilleures données statistiques.  Il a aussi insisté sur le soutien de son pays au travail du Conseil des droits de l’homme et de la Cour pénale internationale (CPI).  La Suisse cherche aussi à établir des ponts, soutenir des négociations et des médiations et mettre à la disposition des pays, des organisations internationales et régionales sa diplomatie de bons offices dans le but de contribuer à la résolution de conflits ou faire avancer certaines thématiques, dont le Pacte mondial pour les migrations.  M. Berset a également plaidé pour que Genève devienne « une plateforme de dialogue pour les nouveaux thèmes situés à l’interface entre la politique, la société, l’innovation, la science et l’économie ». 

Constatant que le protectionnisme commercial et l’égoïsme avaient actuellement « le vent en poupe », M. Berset a affirmé qu’hier comme aujourd’hui, ces pratiques de repli n’apporteront pas de réponse aux dysfonctionnements et aux déséquilibres du monde dans lequel nous vivons.  « Le malaise actuel est une mise en garde » et doit conduire à tout faire pour éviter l’avènement d’un monde du « chacun pour soi » et pour privilégier la coopération entre États et l’engagement en faveur des biens communs universels.  Le monde ne doit pas être un jeu à somme nulle, a estimé M. Berset, pour lequel il doit être un jeu à somme positive où la coopération ne fait que des gagnants.

M. MAITHRIPALA SIRISENA, Président du Sri Lanka, s’est félicité des progrès que son pays a enregistrés ces trois dernières années et demi.  Arrivé à la tête de la présidence en janvier 2015, « à une époque où les pouvoirs du Président étaient excessifs, comparables à ceux d’un Empereur », le Chef de l’État a dit avoir pris l’initiative de transférer les pouvoirs au Parlement, tout en prenant des mesures pour consolider la démocratie, les droits de l’homme et les libertés fondamentales, sans oublier la liberté de la presse et l’indépendance de la justice.  Sri Lanka n’est plus le pays qu’il était il y a trois ans et demi, a assuré le Président. 

S’agissant de la politique internationale, il s’est attardé sur la question des réfugiés, une question complexe qui exige des efforts renforcés.  Une meilleure attention doit aussi être accordée à la cause palestinienne que le Sri Lanka appuie sans réserve.  Le Président s’est également attardé sur l’impact de la pauvreté dans le monde.  Il a appelé les Nations Unies à s’impliquer davantage contre un fléau qui affecte des centaines de millions de personnes dans le monde et exacerbé par les inégalités sociales, la mauvaise répartition des richesses et les changements climatiques.  Le trafic d’armes, de drogues ou de faux médicaments sont les autres fléaux qu’a dénoncés le Président, lequel a dit avoir apprécié l’appel lancé hier par le Président Donald Trump contre la drogue.  Il a aussi salué l’Accord de Paris que son pays a dûment ratifié. 

Sri Lanka, a conclu le Président, savoure aujourd’hui après 30 ans de conflit, une transformation impressionnante, favorisant la réconciliation nationale et la prévention d’un autre conflit.  Le pays, qui a vaincu l’une des organisations terroristes les plus dangereuses au monde, demande, 10 ans après le rétablissement, qu’on le regarde sous un autre angle.  Mon pays, s’est enorgueilli le Président, vit aujourd’hui dans la paix avec une prospérité économique pointant à l’horizon.  Laissez-nous, a-t-il plaidé, résoudre nos problèmes nous-mêmes.  Nous acceptons la coopération internationale mais nous refusons toute influence extérieure.  Laissez-nous la marge de manœuvre nécessaire.  C’est notre droit, un droit qui doit être respecté, a ajouté le Président dont l’objectif ultime est de faire disparaître la peur et la suspicion entre les différents groupes ethniques de son pays. 

La défense du multilatéralisme va de soi, a déclaré M. BORUT PAHOR, Président de la Slovénie.  Aucun État, aucune nation ne sortira gagnant s’il ne lutte que pour ses propres intérêts, s’est-il expliqué.  Nous devons tous, a poursuivi le Président, faire de l’ONU une Organisation réformée plus forte et plus efficace pour la rendre capable de contribuer au règlement des questions les plus pressantes de notre temps.  Le Président a fermement appuyé les efforts de réforme du Secrétaire général.  Si nous voulons créer un monde plus stable, plus pacifique et plus juste, nous devons adhérer, a dit le Président, au droit international.  Comme je viens d’un pays voisin de la région des Balkans occidentaux, je ne saurais trop souligner l’importance du droit international et des jugements rendus par les tribunaux internationaux, a-t-il ajouté.  Accepter les faits historiques, qu’ils soient douloureux ou pas, est la base de la stabilité et des progrès, a martelé le Président qui, au nom de la stabilité, a appuyé l’adhésion des pays de la région à l’alliance euro-atlantique. 

Insistant sur son attachement aux droits de l’homme, le Chef de l’État a appelé les membres du Conseil de sécurité à ne pas voter contre les résolutions qui cherchent à prévenir ou à mettre fin à des crimes de génocide, contre l’humanité et de guerre.  En tant que Président actuel du Conseil des droits de l’homme, il a dit espérer que les États-Unis, promoteurs traditionnels de ces droits, continueront à les défendre.  Face aux fléaux de la guerre, de l’extrémisme violent et du terrorisme, de l’impunité des parties à un conflit, de la prolifération nucléaire, des crises humanitaires, de la violence sexuelle dans les conflits armés ou encore des migrations irrégulières, nous avons besoin plus que jamais d’un système multilatéral fort qui mette l’accent sur le « faire plus collectivement, en temps voulu et plus efficacement », a conclu le Président qui n’a pas oublié de mentionner les efforts slovènes dans le domaine de la coopération au développement. 

M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a regretté que, 73 ans après la création de l’ONU, la structure économique de l’Afrique ait peu évolué, une préoccupation qui a été exprimée à maintes reprises sur la scène régionale et internationale.  Dès lors, la mise en œuvre effective du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 présente des opportunités considérables pour revitaliser la croissance africaine et accélérer sa transformation.  Pour réaliser sa propre vision, a dit le Président, la Zambie devra surmonter un certain nombre d’obstacles, à commencer par sa dépendance aux matières premières, dont les prix ont chuté sur le marché international.  La Zambie est donc déterminée à diversifier son économie et à développer les secteurs de l’agriculture, du tourisme et de l’énergie, en mettant en place des cadres politiques propices à l’investissement et à la modernisation des infrastructures.  Pour y parvenir, a toutefois noté M. Lungu, la coopération internationale sera nécessaire.

Des progrès ont déjà été constatés, a assuré le Président, faisant valoir la construction de nouvelles routes et la réhabilitation des anciennes, l’expansion et la construction de centrales hydroélectriques, le développement des énergies renouvelables, notamment le solaire, la remise en état des lignes ferroviaires, et la construction et la modernisation des aéroports.  En outre, des réformes structurelles ont été lancées, en vue d’améliorer la mobilisation des ressources domestiques et d’élargir l’assiette fiscale. 

Revenant à l’ONU, le Chef de l’État a apporté son soutien à la résolution 2378 (2017), relative à la réforme du maintien de la paix, et qui place au premier plan les États Membres s’agissant de la médiation, des accords de cessez-le-feu, de la surveillance et de la mise en œuvre de tous les accords de paix.  Le Président a dit avoir renforcé la participation de son pays aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, en augmentant le nombre de troupes déployées, en particulier les femmes.  Il a réitéré la volonté de son pays de lutter contre la discrimination à l’encontre des femmes et des filles, ce dont témoigne la « Politique d’embauche 50-50 » qui exige des établissements scolaires l’inscription d’un nombre égal de garçons et de filles.  En conclusion, il a souligné l’importance du principe de responsabilité partagée s’agissant de l’accueil des migrants, en fonction des capacités nationales et des ressources disponibles. 

Le Président de la République démocratique du Congo, M. JOSEPH KABILA KABANGE, s’est félicité de ce que la paix se soit consolidée au centre de son pays, le « défi de la sécurité » restant entier dans la région du nord-est, à cause de la persistance des activités terroristes.  Mais M. Kabila s’est dit déterminé à poursuivre son action en faveur de la paix, de la stabilité et de la « sécurisation » du processus électoral.  Il a salué à cet égard les efforts déployés par la classe politique congolaise afin de parvenir à un « consensus global » sur le processus électoral.  Malgré les « défis énormes », notamment dans la constitution du fichier électoral, le Président a réaffirmé le caractère « irréversible » des élections d’ici à la fin de 2018.  « Tout sera mis en œuvre afin de garantir le caractère apaisé et paisible desdits scrutins, gage de la consolidation de la stabilité politique et économique dont la République démocratique du Congo (RDC) a tant besoin pour son émergence », a affirmé le Président congolais. 

M. Kabila Kabange a estimé que l’efficacité des Nations Unies est tributaire de sa capacité à « préserver les idéaux » qui ont permis sa création.  Nous ne saurons faire de l’ONU, une Organisation pour tous, si l’ingérence caractérisée de certains gouvernements est « dangereusement tolérée, sinon banalisée ».  Le Président a en effet dénoncé toute ingérence dans le processus électoral, expliquant par-là la décision de son pays de financer l’entièreté de ses coûts opérationnels.  Il a aussi dénoncé la « diplomatie à géométrie variable » instrumentalisée à outrance par certains pour « affaiblir » des pays qui ont pourtant décidé de se tourner résolument vers le progrès.  Pour sa part, la RDC, « quoique vieille seulement de 58 ans d’âge et d’une quinzaine d’années de démocratie » est fière de partager son expérience tant au Conseil des droits de l’homme que dans d’autres fora régionaux et internationaux, « en toute humilité mais sans complexe », ayant présent à l’esprit que le chemin à parcourir est encore long. 

De même, a-t-il poursuivi, nous ne pouvons faire de l’ONU une Organisation pour tous, tant que la faune et la flore des pays détenteurs des grands massifs forestiers ne serviront que d’ornement » sous le prétexte « bien choisi » de faire office de « poumon de l’humanité, sinon de réparateur des dégâts environnementaux causés par les industries du Nord », sans contreparties « conséquentes » pour les populations locales, compte tenu des engagements maintes fois souscrits mais jamais tenus. 

L’Afrique, a poursuivi le Président Kabila Kabange, souhaite « mieux faire entendre sa voix », grâce à une meilleure représentativité à l’ONU, dont « l’essentiel » des actions la concerne.  Vingt ans après le déploiement des forces onusiennes en RDC et en raison de leurs résultats « largement mitigés », la RDC, a conclu le Président, réitère son exigence de voir le lancement effectif du retrait de la force multilatérale des opérations de maintien de la paix en RDC, il a exigé le début « effectif et substantiel » du retrait des forces onusiennes. 

M. SOORONBAI JEENBEKOV, Président du Kirghizistan, a expliqué qu’après le transfert du pouvoir à l’automne 2017, son pays a connu une période de stabilité politique et sociale.  C’est bien la démocratie parlementaire qui est la mieux indiquée au Kirghizistan, a estimé le Président qui a souligné le caractère « crucial » de la coopération entre les pays d’Asie centrale.  Dans ce contexte, il a appelé à de nouvelles approches pour la gestion régionale de l’eau et de l’énergie.

Sur le plan international, il a conseillé aux pays d’œuvrer de concert contre le terrorisme, le trafic de drogues, la traite des êtres humains, les flux illicites d’armes et le blanchiment d’argent.  « C’est très important pour mon pays qui se trouve au carrefour du trafic de stupéfiants », a-t-il expliqué.  Il a également fait observer que son pays est véritablement victime des changements climatiques, un fléau qui survient après la radioactivité émanant des activités nucléaires de l’époque soviétique.  C’est pourquoi le Kirghizistan organise une manifestation parallèle sur les dangers de l’uranium, le 27 septembre, au Siège de l’ONU. 

M. Jeenbekov a ensuite appelé l’ONU au changement, des changements qui s’appuient sur les principes d’universalité et de représentation géographique équitable, et c’est pour attirer l’attention de la communauté internationale sur les petits États que le Kirghizistan se porte candidat à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2027-2028, a annoncé le Président, au nom d’un pays qui n’a jamais été membre du Conseil de sécurité et dont la présence renforcerait la confiance et l’égalité de tous les membres, et par conséquent, la crédibilité de l’Organisation. 

Pour M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, aucun pays ne peut relever seul les nombreux défis auxquels est confrontée l’humanité.  Notre salut réside dans le renforcement des institutions multilatérales et de la coopération internationale, a-t-il argué, appelant les États Membres à participer davantage au travail des Nations Unies.  Pour réaliser des progrès dans la lutte contre les changements climatiques et le terrorisme, il faut rétablir la confiance en un ordre international basé sur des règles, a estimé le Président.  Pour sa part, la Gambie a été en mesure de rétablir la démocratie et l’état de droit après « l’impasse politique » de 2016, et ce, avec l’appui de ses partenaires.  Depuis, le pays a tenu des élections législatives et locales, et revu le processus électoral dans son ensemble, a-t-il noté. 

M. Barrow s’est dit « résolu » à poursuivre les réformes institutionnelles et constitutionnelles afin de remettre la Gambie sur la voie de la démocratie et des droits de l’homme.  Alors que les Gambiens ont voté en 2016 pour « prendre en charge leur destinée », il s’est engagé à mettre en œuvre le Plan de développement national 2018-2021, qui vise à « transformer » la Gambie dans les domaines prioritaires des infrastructures, de la production agricole et de l’emploi.  Afin de rendre à la Gambie son avenir, le Président Barrow compte assurer l’autosuffisance alimentaire et la sécurité énergétique de son pays, et en faire une destination à même d’attirer les investissements.  Il a remercié à cet égard les engagements pris par les Nations Unies, l’Union européenne et la Banque mondiale pour soutenir le développement de la Gambie lors d’une rencontre des donateurs qui s’est tenue à Bruxelles. 

Afin de poursuivre la transformation du pays et assurer la mise en œuvre du Plan de développement national, M. Barrow compte aussi faire usage des talents et des ressources de la diaspora gambienne.  Alors que le nombre de jeunes migrants originaires de la Gambie est en baisse, il a considéré que les interventions visant à contenir la migration devraient être accompagnées de mesures incitatives, une question qu’il entend aborder à la Conférence de Marrakech sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, prévue en décembre 2018. 

La Gambie, a poursuivi le Président, appuie pleinement la mise en œuvre du Plan des Nations Unies pour le Sahel afin de ramener la paix et la sécurité dans la région.  Il s’est dit encouragé par cette nouvelle stratégie, qui envisage le Sahel comme une terre d’opportunités plutôt que de désespoir.  Il s’est toutefois inquiété de l’état actuel des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, plaidant pour que la mise à disposition des ressources essentielles au bon déroulement des opérations fasse partie des priorités de la réforme proposée par le Secrétaire général. 

Après avoir défendu la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période de 2020 à 2022, Mme HILDA C. HEINE, Présidente des Îles Marshall, a dit que les petits États peuvent avoir un rôle unique dans le système multilatéral.  Nous constituons le quart des États Membres mais le système des Nations Unies investit-il équitablement en nous? a-t-elle demandé.  Nous aurons du mal à réaliser les objectifs de développement durable si une attention urgente n’est pas accordée à la fois à notre capacité à collecter nos propres données et à les faire accepter par le système international.  Bon nombre de nos principaux indicateurs de développement social stagnent et, même si nous essayons de changer tout cela, nous ne pouvons le faire sans un système international directement axé sur nos caractéristiques uniques, a ajouté la Présidente.  Soutenant les propositions de réforme du Secrétaire général, Mme Heine a dit que cette année est une excellente occasion de faire des « Orientations de Samoa » une véritable occasion de changer le système. 

Le Sommet sur le climat de 2019 sera aussi l’occasion de mettre en œuvre l’Accord de Paris en répondant au besoin urgent d’une action renforcée et d’une véritable ambition d’échelle.  Ce n’est pas seulement une promesse morale mais bien une réalité économique; les marchés de l’énergie montrant déjà la voie vers de meilleurs choix.  Les Îles Marshall quant à elles ont décidé de faire la transition vers l’objectif « zéro émission » d’ici à 2050, a rappelé la Présidente.  En tant que Présidente du Forum sur la vulnérabilité climatique, elle a appelé les dirigeants du monde à participer à un sommet virtuel en ligne, le 22 novembre, pour faire en sorte qu’aucune personne et qu’aucun pays ne soit laissé de côté.  Elle a aussi annoncé que la semaine prochaine, son pays organise le lancement de l’initiative régionale pour un Pacifique sans pêche illicite, non déclarée et non réglementée. 

Première femme Chef d’État de la région, Mme Heine a demandé à l’ONU d’accélérer ses efforts pour assurer que toutes les femmes aient un rôle à jouer dans les processus de décisions à tous les niveaux y compris aux plus hauts niveaux politique, économique et du développement.  Rappelant que 67 essais nucléaires avaient été menés entre 1946 et 1958 dans le Pacifique, la Présidente a indiqué que son gouvernement vient de créer une commission nationale pour travailler avec les communautés locales, les agences régionales et internationales et élaborer une « stratégie de justice nucléaire ». 

M. DANILO MEDINA SÁNCHEZ, Président de la République dominicaine, a rappelé que l’année prochaine, son pays sera pour la première fois, membre non permanent du Conseil de sécurité.  Le respect de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté et de la diversité sera le phare qui guidera notre travail au Conseil, a-t-il promis.  Il est clair qu’un espace traitant de problèmes susceptibles de modifier l’histoire et le destin de millions de personnes n’est pas le lieu pour des solutions faciles et irréalistes, a averti le Président.  Dans ce contexte, notre pays emploiera toujours le Conseil comme un organe de dialogue, de compréhension et de recherche de solutions pacifiques.  Nous serons toujours disposés à faire ce qu’il faut pour trouver un terrain d’entente et soutenir le consensus comme meilleur outil pour la paix et le développement. 

M. Medina Sánchez a ajouté qu’en 70 ans, l’ONU a joué un rôle central dans le maintien d’un monde plus stable et plus sûr.  Toutefois, cette stabilité ne saurait être prise pour acquise.  Nous ne devons pas baisser la garde.  Dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, 35% de la population appartiennent à ce qu’on appelle la « classe vulnérable », ce qui signifie que tout revers peut les ramener dans la pauvreté.  Sur le plan sécuritaire, il y a des territoires dans les Amériques comme partout dans le monde où vivre pacifiquement et sans peur est une utopie, compte tenu de la criminalité organisée.  Qu’est-ce que nous pouvons faire pour bâtir un monde plus stable? s’est interrogé le Président qui a identifié les principales menaces à la stabilité et à la sécurité mondiales: les changements climatiques, le trafic de stupéfiants et la criminalité organisée. 

Commençant par les conséquences des catastrophes naturelles, il a dit que son pays s’est fermement engagé à prévenir les conséquences des changements climatiques, en se focalisant sur les actions locales, nationales et internationales.  Au niveau local, c’est là que le travail de construction, de préparation et de sensibilisation doit commencer, que le Gouvernement a le plus de capacité d’action, que la résilience est renforcée, que les communautés qui vivent autour de nos bassins versants les plus importants sont appelées à partir.

Au niveau national, nous travaillons également sans relâche, tant dans nos stratégies de réaction rapide que dans le domaine de la prévention.  Ainsi, par exemple, nous plantons des millions d’arbres sur notre territoire, tout en investissant dans les énergies renouvelables comme jamais auparavant, a annoncé le Président.  Ces mesures soutiennent nos économies mais aussi nous aideront à réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 25% avant 2030.  Cet objectif nous remplit de satisfaction.  Toutefois, la lutte contre les changements climatiques est la tâche de tout le monde et c’est la raison pour laquelle le niveau international est vital.  Il doit être le plus large et le plus généralisé possible.  S’il n’y a pas de volonté politique, la plupart des efforts resteront vains et auront un impact négatif sur tous les gains réalisés aux niveaux local et national. 

M. Medina Sánchez a également souligné l’urgence du financement et de l’opérationnalisation des initiatives telles que le Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques, qui permettra de compenser la destruction des infrastructures et des écosystèmes, et d’atténuer la vulnérabilité des populations.  Nous jugeons inévitable que les pays qui ont le plus contribué aux émissions des gaz responsables des changements climatiques contribuent proportionnellement à ce Mécanisme, a tranché le Président dominicain estimant que la lutte contre le trafic de stupéfiants et la criminalité organisée doit aussi être menée aux niveaux local, national et international pour obtenir les meilleurs résultats. 

M. BAKIR IZETBEGOVIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, s’est attardé sur trois questions qui, a-t-il dit, sont essentielles pour résoudre les problèmes auxquels le monde fait face: le multilatéralisme, le droit international et un ordre international fondé sur des règles.  Qu’il s’agisse de la prévention ou du règlement des conflits, de la sécurité, du développement, des changements climatiques, de la prolifération nucléaire, du terrorisme, des migrations ou des droits de l’homme, aucun pays ne peut y faire face seul.  Il faut des réponses multilatérales fondées sur le dialogue et la coopération entre toutes les nations.  Il faut, a ajouté le Président, faire preuve de responsabilité et respecter les normes internationales agréées. 

Or, a-t-il déploré, nous assistons aujourd’hui à des attaques contre l’ordre international fondé sur des règles et sur les objectifs, les principes et les normes du droit international, avec les menaces que cela suppose sur la paix et la sécurité internationales.  Le Président a cité un champion du multilatéralisme, l’ancien Secrétaire général Kofi Annan: « Plus que jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité, nous partageons le même destin que nous ne pouvons maîtriser que si nous y faisons face ensemble, et c’est la raison pour laquelle nous avons les Nations Unies ».  Nous devons, a martelé le Président, réaffirmer le rôle de l’ONU comme « véritable incarnation du multilatéralisme ».  Le Président a donc fermement appuyé la réforme de l’Organisation pour que « la voix de tous les États Membres soit démocratiquement représentée ». 

Nos réponses aux crises modernes, s’est une nouvelle fois lamenté le Président, sont malheureusement marquées par un mépris à l’égard du droit international, du multilatéralisme et d’un ordre international fondé sur des règles.  Il a cité la Syrie, dont le conflit entre dans sa huitième année ou encore le conflit israélo-palestinien, vieux de plus de 50 ans.  Le Président a conclu en se désolant devant un monde caractérisé par la pauvreté et l’exclusion, le terrorisme et l’extrémisme violent, la prolifération nucléaire.  Il s’est félicité de la vision du Secrétaire général qui veut faire de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix, les priorités des Nations Unies, lesquelles peuvent tirer parti de la pleine mise en œuvre du Programme 2030, a souligné le Président. 

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a rendu hommage à la mémoire de l’ancien Secrétaire général M. Koffi Annan, ainsi qu’au Secrétaire général António Guterres pour sa volonté réformatrice.  Fervent soutien du multilatéralisme, il s’est déclaré conscient du rôle de premier plan des Nations Unies dans la résolution pacifique des différends, la conclusion d’accords comme l’Accord de Paris sur les changements climatiques ou encore la protection des droits de l’homme.  Il a en outre souligné le rôle de premier plan joué par les Nations Unies dans le développement durable.

« Les Nations Unies sont un forum où les objectifs communs sont respectés », a-t-il déclaré.  Il a appuyé les efforts du Secrétaire général pour réformer le système des Nations Unies dans le but de répondre aux nouveaux défis qui se présentent.  À cet égard, M. Nyusi a loué la méthode utilisée par le Secrétaire général et appelé de ses vœux une réforme du Conseil de sécurité, sans laquelle sa capacité d’action serait réduite.  « Ces réformes permettront de veiller à ce que les Nations Unies gardent leur pertinence aux yeux de tous. »

Le Mozambique, a poursuivi le Président, s’est engagé à un dialogue constructif pour bâtir une paix durable qui favorise la réconciliation et le développement économique.  « Je me suis personnellement engagé en faveur de la paix », a-t-il souligné, tout en déplorant que son pays continue d’être le terrain de conflits, « car des armes sont vendues illégalement ».  Il a indiqué qu’en juillet 2018, un amendement à la Constitution a introduit une certaine décentralisation qui a permis d’engager le processus de désarmement.  « De nombreux partis politiques vont participer à des élections générales, ce qui prouve que le Mozambique est du côté de la démocratie », s’est-il félicité.  Le Président a saisi l’occasion pour remercier la communauté internationale pour son soutien.  « Nous sommes déterminés à vivre en paix, mais la criminalité organisée trouble la tranquillité dans certains districts ».  Tout en rappelant que le droit le plus fondamental de la personne est le droit à la vie, il a souligné que son pays a besoin d’aide.

En ce qui concerne les changements climatiques, M. Nyusi a rappelé que le Mozambique a adopté une loi sur la biodiversité et entrepris de protéger les énergies naturelles et la gestion durable des écosystèmes.  Il a lancé un appel à la contribution internationale pour renforcer les capacités dans ce domaine.

Selon le Premier Ministre du Japon, M. SHINZO ABE, depuis la Seconde Guerre mondiale, l’existence d’un système économique international libre, ouvert et basé sur les règles a permis au Japon de bénéficier d’une croissance soutenue, et aux citoyens des pays asiatiques d’accéder à la classe moyenne.  Qui donc prendrait sa place si le Japon devait cesser de maintenir et de renforcer ce système, dont il a profité plus que toute autre nation? s’est-il demandé.  C’est là une énorme responsabilité, a estimé le Premier Ministre, ajoutant que le Japon a pour mission de partager les avantages des échanges commerciaux dans le monde. 

Après la signature d’un accord de partenariat avec l’Union européenne et l’engagement du Japon envers l’Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Abe s’est dit prêt à déployer tous les efforts nécessaires pour mener à bien les négociations sur le Partenariat économique régional global, en vue de créer une vaste zone de libre-échange en Asie de l’Est.  Décrivant les liens commerciaux qui unissent le Japon et les États-Unis, il a noté que les investissements japonais ont entraîné la création de 856 000 emplois dans ce pays.  Alors que son pays exporte 1,74 million de véhicules aux États-Unis, plus de 3,77 millions de voitures sont assemblées sur le sol américain, a-t-il ajouté, voyant là une situation profitable aux deux pays. 

« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre un terme aux vieilles structures d’après-guerre en Asie du Nord-Est », a déclaré le Premier Ministre japonais.  Il a rappelé sa rencontre récente avec le Président russe, M. Vladimir Putin, afin de résoudre le différend territorial qui oppose les deux pays depuis plus de 70 ans et de conclure un traité de paix.  Après avoir longtemps exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à cesser ses enlèvements et ses essais nucléaires et balistiques, et appuyé les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, le Premier Ministre a dit suivre avec la plus grande attention les changements en cours.  La RPDC se trouve à un carrefour, a relevé M. Abe: elle peut saisir « l’occasion historique » qui lui est offerte, ou l’ignorer.  La volonté du Japon de mettre fin à un « passé malheureux » et de normaliser ses relations avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ne changera pas, a-t-il martelé, tout en s’engageant à rapatrier les Japonais kidnappés.  Le Premier Ministre Abe s’est dit prêt à rencontrer le Président Kim Jong Un pour discuter de ces questions.  S’agissant de la Chine, il a rappelé qu’il y a prévu une visite le mois prochain, laquelle sera suivie d’une invitation au Président chinois à visiter le Japon. 

Lorsque la « structure de confrontation » en Asie du Nord-Est aura été éliminée, M. Abe a dit vouloir mettre en place un corridor maritime joignant la mer du Japon à l’océan Arctique, une voie appelée à gagner en importance, selon lui.  De même, a-t-il poursuivi, sa stratégie « Indopacifique libre et ouverte » permettra, de concert avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, de développer le potentiel commercial sur les océans Indien et Pacifique.  Or, tous ces projets ne pourront être réalisés que dans le cadre d’un système basé sur des règles et sur l’état de droit.  Il s’agit là, a dit le Premier Ministre, de la « noble mission » du Japon. 

« Un vent nouveau soufflera bientôt sur le Japon », a poursuivi M. Abe, alors que, pour la première fois en 200 ans, un empereur est sur le point d’abdiquer.  En juin 2019, le Japon sera l’hôte du Sommet du G20, puis de la Conférence internationale sur le développement de l’Afrique, et des Jeux olympiques, en 2020, à Tokyo.  Le Premier Ministre a noté en concluant que l’absence de progrès dans la réforme du Conseil de sécurité finit par remettre en cause la pertinence des Nations Unies au XXIe siècle. 

M. NIKOL PASHINYAN, Premier Ministre de l’Arménie, s’est réjoui de son accession au poste de Premier Ministre, après une « révolution du velours » sans violence, sans victime et sans désordre.  C’était une « révolution d’amour et de solidarité » qui a mobilisé les populations dans une marche vers la capitale, Erevan.  Le Premier Ministre s’est félicité de la nouvelle culture politique du pays, évoquant par exemple les félicitations adressées par les vainqueurs à tous les candidats malheureux aux dernières élections municipales.  Le pays est maintenant prêt pour des élections législatives, a-t-il relevé en promettant qu’il ne sera pas possible de manipuler le processus électoral ou de saper la confiance des citoyens.  Le Premier Ministre a expliqué que la situation actuelle en Arménie n’est pas juste un changement de gouvernement ou de parti au pouvoir.  Il s’agit plutôt, a-t-il assuré, de l’émergence d’un nouveau système politique et de gouvernance dans lequel le peuple dirige directement les affaires publiques.

Mais, a promis M. Pashinyan, la politique extérieure reste la même.  L’Arménie est toujours disposée à dialoguer de manière constructive avec tous ses partenaires, au nom du multilatéralisme.  La diaspora arménienne est éparpillée dans le monde entier et celle de la Syrie fait face à des menaces existentielles, a fait observer le Premier Ministre.  Il a ajouté que le règlement du conflit du Haut-Karabakh reste un élément crucial de la politique extérieure de l’Arménie.  Toute tentative de résoudre ce conflit par les armes est une menace directe à la sécurité, à la démocratie et aux droits de l’homme, a tranché le Premier Ministre.  Il a promis que l’Arménie restera fidèle aux bons offices des Coprésidents du Groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), seul groupe habilité à gérer ce conflit. 

Le Premier Ministre a invité l’Azerbaïdjan à renoncer à ses velléités militaires et à mettre en œuvre les accords existants.  Si l’Azerbaïdjan veut vraiment résoudre ce conflit, il doit commencer par la question du Haut-Karabagh.  Le Premier Ministre a accusé les dirigeants azéris de vouloir « chasser » tous les Arméniens d’un territoire qui ne fait pourtant pas partie de l’Azerbaïdjan, « à moins que l’on ne veuille déclencher un second génocide arménien ».  En ce soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, l’Arménie compte organiser une série de discussions.  « Vivre ensemble » est d’ailleurs le thème du dix-septième Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie qui se tiendra en octobre prochain à Erevan, une ville presque trois fois millénaire.

M. SAAD-EDDINE EL OTHMANI, Premier Ministre du Maroc, a dit qu’il faut trouver des approches innovantes pour faire avancer le multilatéralisme qui connaît une crise conceptuelle.  Il faut, pour ce faire, rendre les organisations internationales plus efficaces et mieux à même de s’adapter aux changements du monde.  Il a invité la communauté internationale à se souvenir de deux moments historiques qui ont permis à l’ONU d’avancer: la première mission de maintien de la paix de l’ONU créée il y a 70 ans, et la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée le 10 décembre 1948 qui a ouvert la voie à d’autres instruments importants. 

Le Premier Ministre a estimé que le monde a plus que jamais besoin d’une approche consensuelle pour faire face à des défis comme les changements climatiques ou la question des migrations.  Il a rappelé qu’à la Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies (COP 22) en 2016 au Maroc, les engagements de l’Accord de Paris avaient été renforcés.  La communauté internationale va une nouvelle fois se retrouver au Maroc, les 10 et 11 décembre prochains, pour adopter le Pacte mondial pour les migrations qui sont, pour le Maroc, une dynamique importante pour le développement des sociétés.   

M. El Othmani a ensuite invité les Nations Unies à relancer le processus politique visant la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il a rejeté toute idée de porter atteinte au statut juridique et historique de la vieille ville.  Il a également dénoncé « l’ingérence de certaines puissances dans les affaires intérieures des pays arabes » et demandé à ces puissances de mettre fin à des pratiques contraires au droit international. 

S’agissant du Sahara marocain, « source d’instabilité et obstacle à l’intégration du Maghreb », le Premier Ministre a demandé à l’Algérie de « prendre ses responsabilités politiques et historiques ».  « C’est bien l’Algérie qui a créé cette crise », a-t-il accusé, avant de réitérer le soutien de son pays aux initiatives du Secrétaire général de l’ONU et de son Envoyé personnel.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale proclame la période 2019-2028 « Décennie Nelson Mandela pour la paix »

Soixante-treizième session,
4e & 5e séances plénières – matin & après-midi
AG/12060

L’Assemblée générale proclame la période 2019-2028 « Décennie Nelson Mandela pour la paix »

L’Assemblée générale a adopté ce matin, à l’unanimité et sous les applaudissements, une déclaration* politique proclamant la période 2019-2028 « Décennie Nelson Mandela pour la paix ».  Cette adoption fut le point d’orgue du Sommet pour la paix, organisé aujourd’hui en son nom.  Le parcours unique du leader sud-africain, disparu en 2013, a inspiré les déclarations à la tribune de près d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement.  Nelson Mandela fut « l’un des grands leaders de notre temps, qui nous a enseigné qu’il est possible de pardonner », a résumé la Présidente de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa-Garcés, à l’ouverture de la séance.

La Déclaration politique adoptée au Sommet de la paix Nelson Mandela exhorte tous les États Membres, pendant les 10 prochaines années, à « redoubler d’efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales, du développement et des droits de l’homme ».  « Résolus à passer des paroles aux actes », les chefs d’État et de gouvernement s’engagent ainsi à « bâtir un monde juste, pacifique, prospère, ouvert à tous et équitable, et à raviver les valeurs défendues par Nelson Mandela », en plaçant la dignité humaine au centre de leurs actions.

Nelson Mandela, « fondateur de notre démocratie », a rappelé M. Cyril Ramaphosa, Président de l’Afrique du Sud, laisse un héritage en forme d’antidotes aux blocages diplomatiques d’aujourd’hui.  Selon sa veuve et personnalité éminente, Mme Graça Machel, Nelson Mandela croyait fermement qu’il n’y a rien de plus sacré que la protection des droits de tous les êtres humains, contrairement à « la préservation de l’ego, la politique partisane, et les considérations géopolitiques ».

Voyant en Mandela « l’un des plus grands dirigeants de l’histoire », le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a rappelé qu’en sa qualité de sage respecté, l’ancien Président de l’Afrique du Sud a chéri « l’idéal d’une société démocratique et libre, une cause primordiale pour laquelle il était prêt à lutter, et mourir ».  M. Guterres a évoqué « la fierté » ressentie par l’Organisation pour avoir joué un rôle de levier, de soutien et de relais dans la lutte des Sud-Africains pour la fin de l’apartheid.  Pour le Secrétaire général, cette époque est un des succès phares de l’ONU.

Mais en ces temps de repli sur soi, « que nous aurait-il dit? » s’est interrogé le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat.  « Pas de résoudre nos conflits par le feu, le sang et la haine.  Mais de redoubler d’efforts.  D’oser lutter, d’oser vaincre. »

La journée fut lourde de sens pour de nombreux dirigeants: « rendre hommage à Nelson Mandela aujourd’hui n’est pas un devoir de routine mais un devoir de cœur, un devoir d’humilité », a dit le Président du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keïta.  Beaucoup ont décelé dans la vie de « Madiba », comme il a été affectueusement surnommé à de nombreuses reprises, un parallèle avec le destin de leur propre pays.  Le Premier Ministre irlandais, M. Leo Varadkar, a comparé la fin des troubles en Irlande du Nord avec celle de l’apartheid en Afrique du Sud.  « Grâce à ses mots et ses actes, Mandela a montré que la paix ne se faisait pas avec ses amis, mais avec ses ennemis », et que l’on pouvait libérer d’un même geste prisonniers et geôliers.

« Même si les plaies étaient encore béantes, Mandela avait compris qu’elles pouvaient être utilisées pour un avenir durable », a analysé pour sa part le Chef de l’État rwandais M. Paul Kagame.  « Mandela a fait ce qui était juste, même lorsque c’était impopulaire.  Au Rwanda, notre histoire tragique nous a appris l’humilité et la réconciliation pour le bien de l’État. »

Nelson Mandela a laissé une empreinte indélébile, il a consacré sa vie à lutter pour le peuple africain et son développement, a renchéri le Président du Ghana, M. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo.  « Un engagement qui lui a valu 27 ans d’emprisonnement, mais aussi une place dans le panthéon des dirigeants africains » pour avoir été l’homme qui a su garder son calme et inviter ses ennemis à la table des négociations.

D’un ton urgent, le Secrétaire général d’Amnesty International M. Kumi Naidoo, représentant la société civile, a exhorté les États Membres à mettre fin aux tragédies actuelles en s’inspirant de Nelson Mandela.  « Alors que l’esprit de Madiba est parmi nous, ne vous adaptez pas au génocide dont sont victimes les Rohingya; ne vous adaptez pas aux Palestiniens de Gaza vivant sous un blocus implacable, à la domination sur les peuples autochtones, aux conflits en Syrie et en Afghanistan, à la marginalisation des handicapés, des jeunes et des enfants », a-t-il martelé.

Le Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, M. Adel Ahmed Al-Jubeir, qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a salué en Nelson Mandela « le premier défenseur des causes arabes ».  De son côté, le Ministre des affaires étrangères de Singapour, M. Vivian Balakrishnan, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a assuré que le message de Nelson Mandela continuait de résonner dans cette région du monde. 

Si les chefs d’État de tous les continents ont déclaré prendre Nelson Mandela pour modèle, l’un d’eux, M. Maithripala Sirisena, Président de Sri Lanka, a toutefois regretté qu’il n’existe plus de leaders d’une telle trempe dans le monde actuel.

Pour finir d’entendre la soixantaine d’intervenants qui n’ont pas eu le temps de s’exprimer aujourd’hui, l’Assemblée générale consacrera une deuxième journée a ce sommet le mardi 2 octobre.

*A/73/L.1

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU « SOMMET DE LA PAIX NELSON MANDELA »

Déclarations

La Présidente de l’Assemblée générale, Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA-GARCÉS, s’est dite honorée de célébrer la mémoire de Nelson Mandela, « l’un des grands leaders de notre temps qui nous a enseigné qu’il est possible de pardonner ».  « Cinq ans après sa mort, l’héritage de Nelson Mandela est plus vivant que jamais », a déclaré la Présidente, ajoutant qu’il a toujours été guidé par les principes de la Charte des Nations Unies.  Pour elle, Nelson Mandela incarnait les valeurs de paix, de solidarité, de coopération et de respect de tous les êtres humains, sans distinction de race ou de religion.  L’amour de Madiba pour l’Afrique du Sud « brillait dans ses yeux », et il se refusait à accepter les injustices de son temps, a-t-elle relevé, ajoutant qu’il représentait une « lueur d’espoir » dans un monde déchiré par les conflits et la souffrance. 

Après avoir évoqué les menaces à la paix et la sécurité internationales, elle a déclaré qu’il incombe à chacun de nous de résoudre ces problèmes ensemble.  Nous vivons à une époque où les principes de la Charte des Nations Unies et du multilatéralisme sont remis en cause, a-t-elle déploré.  « Nous éloigner du multilatéralisme revient à mettre en péril l’avenir de notre espèce et de notre planète », a prévenu Mme Espinosa-Garcés, notant que l’Assemblée générale représente l’espace le plus représentatif et légitime dont nous disposons pour assurer la poursuite du dialogue et la réconciliation.  La Déclaration politique que nous adopterons aujourd’hui démontre le rôle central joué par l’Assemblée dans la réalisation d’accords mondiaux sur la paix et la sécurité internationales, a estimé la Présidente.  La Déclaration de paix Nelson Mandela réaffirme l’engagement des États Membres à respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance et le droit des peuples à l’autodétermination. 

Voyant en Nelson Mandela « l’un des plus grands dirigeants de l’histoire », M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’en sa qualité de sage respecté, l’ancien Président de l’Afrique du Sud a chéri « l’idéal d’une société démocratique et libre, une cause primordiale pour laquelle il était prêt à lutter, et mourir ».

Rappelant que Nelson Mandela était devenu le point de ralliement d’un mouvement planétaire qui a conduit à la fin de l’apartheid, le Secrétaire général a, dans le même temps, mis en avant le rôle des Nations Unies dans le processus d’accès à la démocratie pour l’Afrique du Sud, et « la fierté » ressentie par l’Organisation pour avoir joué un rôle de levier, de soutien et de relais dans la lutte des Sud-Africains pour la fin de l’apartheid.  Pour le Secrétaire général, cette époque est un des succès phares de l’ONU.

« Nous devrions nous laisser inspirer par cet homme exemplaire et hors du commun, sa sagesse et son courage », a ajouté M. Guterres, qui a mis en parallèle l’esprit de grands textes fondateurs du droit international comme la Charte des Nations Unies, ou encore la Déclaration universelle des droits de l’homme, et l’apport du grand homme à l’histoire et l’espoir qu’il inspire encore pour bâtir une civilisation « de paix, de prospérité, et développement durable inclusif ».

Pour M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine, « la vie, le combat, l’œuvre et le symbole de Nelson Mandela dépassent notre imagination ».  Il a été « l’incarnation de la plénitude et de l’épanouissement », a-t-il rappelé, « jetant ses lumières dans cette salle et dans tous les recoins de la planète pour la paix et l’égalité entre les hommes ».  En souvenir, les chefs des États membres de l’Union africaine ont désigné la décennie 2014-2024 « Décennie Mandela » sur le continent. 

L’Assemblée générale des Nations Unies, en 2017, avait convoqué une réunion plénière de haut niveau pour marquer le centenaire de la naissance de Nelson Mandela, a rappelé le Président.  Mandela, un « géant grandi dans les souffrances, l’épreuve et l’adversité », a consacré sa sagesse, son courage, sa pensée, son éthique, son humanisme et toute sa foi à la liberté de l’homme.  « De l’homme noir », a-t-il souligné, mais plus généralement « de l’Homme en ce qu’il se confond avec l’histoire et en ce que l’histoire se confond avec lui ».

M. Mahamat s’est aussi déclaré fier d’avoir Nelson Mandela comme « symbole suprême de l’homme africain ».  En ces temps de repli sur soi, « que nous aurait-t-il dit? » s’est-il interrogé face à l’Assemblée générale.  « Pas de résoudre nos conflits par le feu, le sang et la haine.  Mais de redoubler d’efforts.  D’oser lutter, d’oser vaincre. »

M. CYRIL RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud, a salué la tenue de ce sommet de la paix en l’honneur du « fondateur de notre démocratie ».  La signature de la Charte des Nations Unies, il y a 70 ans, est intervenue dans un monde bien différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, a-t-il déclaré.  Nelson Mandela allait représenter les espoirs de millions de Sud-Africains victimes de l’exclusion en raison de la couleur de leur peau.  Il a évoqué les nombreux troubles qui ont affecté notre monde, notamment le génocide au Rwanda et le massacre de Srebrenica.  Des menaces continuent de peser sur la paix et la sécurité internationales, a déploré le Président, évoquant les conflits au Sahara Occidental et en Palestine, le nombre croissant de réfugiés et le terrorisme, autant de défis auxquels doit faire face l’humanité. 

L’ONU ne peut pas reposer que sur les seuls intérêts politiques des États, a prévenu M. Cyril Ramaphosa, notant que l’Organisation ne peut faire face à ces problèmes que si les dirigeants politiques sont à la hauteur.  Nous devons prendre les mesures qui s’imposent pour faire cesser les guerres qui continuent de faire des victimes, a plaidé le Président.  Les femmes ont un rôle particulier à jouer dans la transition politique et les négociations de paix, a-t-il relevé, ajoutant qu’elles doivent être au premier rang lorsqu’il s’agit de paix et de sécurité.  M. Ramaphosa a rappelé que son pays est sur le point de ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  « Pourquoi les nations ont-elles besoin d’armes de destruction massive? » s’est demandé Nelson Mandela lors de sa dernière allocution devant l’Assemblée générale.  C’est là une question qui demeure sans réponse, a conclu M. Ramaphosa.

M. LEO VARADKAR, Premier Ministre de l’Irlande, a insisté sur l’héritage immense laissé par Nelson Mandela, un homme que l’Irlande a soutenu sans relâche dans sa lutte.  « Dans les combats et les triomphes d’un seul individu, nous reconnaissons les difficultés de toute l’humanité pour accéder à la liberté, peu importe sa race, sa couleur ou sa religion, et où l’impossible peut devenir réalité. »

M. Varadkar a dressé des parallèles entre l’histoire tourmentée de l’Afrique du Sud et les décennies de violence dont l’Irlande a été le théâtre, entre la fin de l’apartheid et l’issue positive concrétisée par le processus de paix en Irlande du Nord.  Ce dernier a pu aboutir « grâce à l’aide du monde entier y compris ici, aux Nations Unies », a-t-il pointé.

Grâce à ses mots et ses actes, « Mandela a montré que la paix ne se faisait pas avec ses amis mais avec ses ennemis », qu’il fallait ouvrir ses bras au pardon, et que l’on pouvait libérer les prisonniers et les geôliers « d’un même geste ».  Le Premier Ministre s’est rappelé quand, petit garçon, il avait regardé Nelson Mandela à la télévision, à l’occasion d’une invitation par le Parlement irlandais.  « Ses mots ont été source d’inspiration, notamment quand il a rendu hommage à ceux qui se battaient pour la liberté. »

« Son héritage international, a-t-il assuré, son message, continueront de vivre et d’être entendus pour l’éternité. »  M. Varadkar a estimé qu’il faudrait donner aux opprimés du monde entier une voix, dans le double cadre du multilatéralisme et de la liberté de l’individu.  « Il nous faut donner aux jeunes davantage de pouvoir », a-t-il conclu.

Mme GRAÇA MACHEL, personnalité éminente, veuve de Nelson Mandela, s’est exprimée en tant que militante des droits de l’homme et citoyenne engagée du monde.  Célébrer la vie de Nelson Mandela et sa contribution au monde a deux facettes: s’inspirer de ses valeurs et imiter son engagement pour la liberté, l’égalité, la justice et la dignité pour tous.  Dans le même esprit, Mme Machel a invoqué l’héritage de Kofi Annan, sa fortitude morale et son engagement pour la justice.  Nelson Mandela, a-t-elle souligné, croyait fermement qu’il n’y a rien de plus sacré que la protection des droits de tous les êtres humains; contrairement à « la préservation de l’ego, la politique partisane, et les considérations géopolitiques ». 

Préoccupée par les conflits qui ravagent le monde, notamment au Yémen, en Palestine, au Soudan du Sud, en République centrafricaine et au Myanmar, et les milliers de morts dont des enfants, des femmes, des familles entières, Mme Machel a déclaré « trop c’est trop »!  Pour elle, le sens de la célébration de Madiba est de mettre fin d’urgence à cette violence insensée.  « Je vous encourage à vous demander et à défaire ce qui alimente ces conflits. »  « Vous avez la capacité d’arrêter la mort et la destruction dont nous sommes témoins chaque jour », a jugé l’intervenante, avant d’avertir que « l’histoire vous jugera si vous restez trop longtemps dans l’inaction ».

En juillet dernier, a-t-elle indiqué, Mme Machel a lancé avec le Président de l’Afrique du Sud, M. Cyril Ramaphosa, une nouvelle initiative de la société civile baptisée « Paix Mondiale », dans la poursuite de l’expérience « ACCORD », qui devrait contribuer au développement et la stabilité des nations, tout en renforçant le multilatéralisme.  Au nom des « Sages » qui ont préparé la célébration du centenaire de la naissance de Nelson Mandela, Mme Machel a évoqué les « étincelles d’espoir » qu’ils ont recueillies dans un ouvrage consacré à 100 idées promues par 100 organisations de la société civile pour un monde plus libre et plus équitable.  « Je vous mets au défi avec les mots de Mandela: créer un monde meilleur pour tous est entre vos mains », a lancé Mme Machel.

M. KUMI NAIDOO, Secrétaire général d’Amnesty International, en tant que représentant de la société civile, a estimé qu’aucun progrès n’est possible sans la volonté politique, le sentiment d’urgence et le courage nécessaires pour résoudre les conflits et mettre fin aux injustices.  Il s’est inquiété du sort des personnes aux prises avec les conflits, l’exclusion et les crises multiples aux quatre coins du monde.  Des milliers de militants et de défenseurs des droits de l’homme sont incarcérés et tués, l’espace civique a été fermé dans plusieurs pays où les citoyens n’ont pas le droit de participer à la vie de leur pays, a-t-il déploré.  « Alors que l’esprit de Madiba est parmi nous, ne vous adaptez pas au génocide dont sont victimes les Rohingya, ne vous adaptez pas aux Palestiniens de Gaza vivant sous un blocus implacable, à la domination sur les peuples autochtones, aux conflits en Syrie et en Afghanistan, à la marginalisation des handicapés, des jeunes et des enfants », a martelé M. Naidoo. 

L’humanité ne juge pas ses progrès à l’aune des plus puissants, mais bien à celui des personnes les plus démunies, a poursuivi M. Naidoo.  Nous ne devons pas nous habituer aux impasses qui paralysent le Conseil de sécurité, où les cinq membres permanents ne travaillent pas à assurer la paix et la sécurité internationales mais plutôt à protéger leurs privilèges, appelant au respect des normes et des conventions des Nations Unies.  Alors que nous célébrons le vingtième anniversaire du Statut de Rome établissant la Cour pénale internationale (CPI), il a invité la Russie, les États-Unis et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité, à ratifier le Statut.  Notant que l’existence même des petits États insulaires en développement est mise en péril par les changements climatiques, il a appelé les dirigeants à se placer du « bon côté de l’histoire ».  « Être courageux ne signifie pas ne pas avoir peur mais être en mesure de vaincre la peur », a-t-il conclu, citant Nelson Mandela. 

Nelson Mandela a laissé une empreinte indélébile, il a consacré sa vie à lutter pour le peuple africain et son développement, a résumé M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana.  « Un engagement qui lui a valu 27 ans d’emprisonnement, mais aussi une place dans le panthéon des dirigeants africains » pour avoir été l’homme qui a su garder son calme et inviter ses ennemis à la table des négociations.  L’impact de Madiba subsistera dans les siècles à venir, a renchéri M. HAGE G. GEINGOB, Président de la République de Namibie. Dans cet esprit, M. EMMERSON DAMBUDZO MNANGAGWA, Président du Zimbabwe, a salué les efforts de paix déployés par M. Mandela pour faire de l’Afrique du Sud un pays démocratique.

Pour sa part, M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président du Botswana, premier pays visité par Nelson Mandela devenu Président, a rappelé qu’aujourd’hui, « nous bénéficions de la liberté qu’il a obtenue ».  Madiba a une place à part dans le cœur des Africains, « nous sommes de fiers héritiers de son legs », a témoigné M. UHURU KENYATTA, CGH, Président du Kenya.  Comme d’autres dirigeants africains avant lui, « il a semé les graines du panafricanisme et de la liberté dans un continent épris de liberté et de stabilité ».  « Il a refusé la domination blanche comme la domination noire revancharde », a ajouté M. AZALI ASSOUMANI, Président des Comores.

D’après M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, Nelson Mandela a fait ce qui était juste même lorsque c’était impopulaire.  « Au Rwanda, notre histoire tragique nous a appris l’humilité et la réconciliation pour le bien de l’État. »  M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, a rappelé qu’en accédant au pouvoir Nelson Mandela a pardonné à ses anciens ennemis.  « Un modèle qui représente une source de courage face à l’adversité », a-t-il apprécié.  Madiba a prouvé qu’il est possible de panser les plaies, a reconnu à son tour le Président de la Zambie, M. EDGAR CHAGWA LUNGU, pour qui les principes et les valeurs qu’il défendait devraient rester la pierre angulaire d’une paix mondiale pérenne.

« Rendre hommage à Nelson Mandela aujourd’hui n’est pas un devoir de routine mais un devoir de cœur, un devoir d’humilité », a estimé M. IBRAHIM BOUBACAR KEÏTA, Président du Mali.  Selon le Président de la Guinée équatoriale, M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, M. Mandela demeure une inspiration pour les peuples qui luttent encore aujourd’hui pour leur liberté.  Réfléchir à la façon dont son héritage pourrait influer sur les grandes questions actuelles comme le racisme ou les inégalités sociales, c’est ce qu’a proposé M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie.  De son côté, M. DANNY FAURE, Président de la République des Seychelles, a invité les États Membres à protéger la planète des effets des changements climatiques.

La création de l’Union européenne, après la Seconde Guerre mondiale, a opposé la force du droit à la force des armes et l’inclusion à l’exclusion, a expliqué M. JEAN-CLAUDE JUNCKER, Président de la Commission européenne, avant de souligner les efforts déployés pour mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Pour M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la République de Colombie, « Mandela nous inspire par-delà les latitudes et les générations.  Il a été un homme, un prisonnier, un combattant, un défenseur de la réconciliation.  La Colombie puise son inspiration dans les idéaux de Mandela », a-t-il insisté.  Citant M. Mandela, M. LENÍN MORENO GARCÉS, Président de l’Équateur, a déclaré que « tant que l’injustice subsistera dans le monde, aucun d’entre nous ne pourra se reposer », et que la meilleure arme est de s’asseoir et parler.  M. MIGUEL DÍAZ-CANEL BERMÚDEZ, Président de Cuba, a voulu, quant à lui, se souvenir du « rebelle » que représentait Nelson Mandela.  « Pas de paix et de sécurité sans développement économique », a-t-il aussi mis en garde. 

M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, a salué en Nelson Mandela le « défenseur de la culture de la paix ».  La guerre et les conflits sont les principales causes des migrations massives, a-t-il relevé, estimant que les principes de non-violence représentent les armes les plus efficaces pour y mettre fin.  Allant dans le même sens, M. BORUT PAHOR, Président de la Slovénie, a indiqué que les Nations Unies étaient le meilleur moyen pour continuer son œuvre.  « Nous devons pouvoir prendre des décisions collectives en cas de violation du droit international.  Nous devons agir.  Cela fait partie de son legs », a insisté Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, Présidente de la Croatie.

« Ce type de dirigeant manque au monde d’aujourd’hui », a regretté M. MAITHRIPALA SIRISENA, Président de Sri Lanka.  Notant que Nelson Mandela avait été prêt à renoncer au pouvoir après son premier mandat, il a invité tous les dirigeants à suivre son exemple.  Pour M. TOMMY ESANG REMENGESAU Jr., Président des Palaos, le plus grand hommage à rendre à Madiba est de faire en sorte « que nos choix soient le reflet de nos espoirs, et non de nos peurs ».

« Les hommes historiques construisent des ponts et non des murs », a fait remarquer M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, saluant la lutte de Nelson Mandela contre l’apartheid et son « voyage unique dans l’histoire humaine ».

Le Premier Ministre de Norvège, Mme ERNA SOLBERG, qui s’exprimait au nom des pays nordiques, a souligné l’importance des deux leçons retenues de l’héritage de Nelson Mandela: la réconciliation et l’inclusion.  Devenu citoyen honoraire du Canada en 2001, Nelson Mandela a toujours entretenu une relation privilégiée avec son pays, s’est félicité le Premier Ministre du Canada, M. JUSTIN TRUDEAU.  À son tour, le Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, Mme JACINDA ARDERN, a évoqué l’impact profond de M. Mandela sur son pays: sa lutte était soutenue jusque dans les arènes sportives, une référence à l’équipe des All Blacks.  Bien que loin de l’Afrique du Sud lui aussi, le Premier Ministre de la Grèce, M. ALEXIS TSIPRAS, s’est enorgueilli que les principes énoncés par Mandela trouvent un écho dans son pays.

Le Ministre des affaires étrangères de Singapour, M. VIVIAN BALAKRISHNAN, qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a assuré que le message de Nelson Mandela continue de résonner dans cette région du monde.  Par ailleurs, le Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, M. ADEL AHMED AL-JUBEIR, qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a salué en Nelson Mandela « le premier défenseur des causes arabes », dont la cause palestinienne.  Nelson Mandela nous a montré ce que c’est que de se « libérer de la domination », a dit le Vice-Président de l’Indonésie, M. JUSUF KALLA, saluant des valeurs qui transcendent les frontières.  Le Premier Ministre de l’Arménie, M. NIKOL PASHINYAN, a ainsi raconté avoir puisé dans l’autobiographie de Nelson Mandela une motivation pour son propre « voyage contre l’injustice ».  « Nous apprécions encore plus l’engagement de Nelson Mandela car l’Estonie sait ce que le prix de la paix et de l’indépendance coûtent », a témoigné à son tour le Premier Ministre de l’Estonie, M. JÜRI RATAS. 

Dans sa longue marche pour la liberté, M. Mandela a compris qu’il devait « mettre de côté son amertume » et, comme lui, nous devons nous engager en faveur de la consolidation pacifique, a enchaîné le Premier Ministre de la Jamaïque, M. ANDREW HOLNESS.  La Vice-présidente du Costa Rica, Mme EPSY CAMPBELL BARR, a saisi cette occasion pour appeler le Nicaragua à créer les conditions de sortie de crise sur la base du dialogue.  Son pays œuvre sur la voie de Nelson Mandela en créant des opportunités pour tous, a souligné le Président de la République du Honduras, M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO.

Notre existence pacifique, « nous la devons à un solide corpus de droit international et aux Nations Unies », a reconnu le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, M. RALPH E. GONSALVES.  C’est avec fierté que le Premier Ministre des Fidji, M. JOSAIA VOREAE BAINIMARAMA, a dit avoir appuyé la Déclaration politique.

Au-delà des discours et des promesses, il faut s’atteler à des réformes qui permettent des solutions justes et durables, a toutefois fait valoir le Chef de l’exécutif de l’Afghanistan, M. ABDULLAH ABDULLAH.

Comme son homologue de la Géorgie, M. MAMUKA BAKHTADZE, le Premier Ministre du Monténégro, M. DUŠKO MARKOVIĆ, a plaidé en faveur du multilatéralisme, sur la base de l’héritage de Nelson Mandela.  Le multilatéralisme reste la meilleure réponse aux tentations de repli national et un pilier de notre diplomatie, a acquiescé le Vice-Premier Ministre de la Belgique, M. DIDIER REYNDERS.

Le Premier Ministre du Lesotho, M. THOMAS MOTSOAHAE THABANE, a vu en Nelson Mandela « l’un des plus grands dirigeants de tous les temps » et rappelé que son pays a bénéficié de son soutien pour régler son propre conflit interne.  Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, M. NASSER BOURITA, a souligné l’estime que le Maroc portait à cette « icône des grandes causes pour l’égalité et la justice ».  Il est revenu sur l’appui inconditionnel que son pays a apporté au combat pour les indépendances en Afrique.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères du Japon, M. TARO KONO, a appelé à agir plus rapidement et plus efficacement au bénéfice de tous, exhortant l’ONU et le Conseil de sécurité à se réformer.  Le Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, M. JOSEP BORRELL FONTELLES, a opposé aux sceptiques la conférence sur les changements climatiques de Paris, la marche des femmes démocratiques à travers le monde, le pacte mondial sur l’immigration, « autant d’actions qui font avancer la paix et la stabilité dans le monde ».  Bien que l’héritage de Nelson Mandela continue de résonner aujourd’hui, nous continuons de lutter pour un monde plus juste et stable, a également assuré la Ministre d’État du Royaume uni, Mme HARRIETT BALDWIN.

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. JORGE ARREAZA MONTSERRAT, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a mis l’accent sur le respect mutuel des États, le respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale des États, la non-ingérence et le règlement pacifique des conflits afin de parvenir à la paix.

Il ne peut y avoir de développement sans paix et de paix sans développement, a argué le Premier Ministre et Ministre des affaires étrangère de Samoa, M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, en soulignant l’importance de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Une position partagée par le Premier Vice-Premier Ministre de la Serbie, M. IVICA DAČIĆ, et le Président du Sierra Leone, M. JULIUS MAADA BIO, qui a également salué les efforts déployés par le Secrétaire général en faveur de la prévention des conflits.  Pour assurer une paix durable et prévenir les conflits, nous devons changer notre façon de penser, a estimé à son tour le Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, M. DATO’ SAIFUDDIN ABDULLAH, pour qui les initiatives de paix doivent être mieux coordonnées, intégrées et inclusives, tant au sein des Nations Unies que des organisations nationales et régionales, tout en soutenant la réalisation des objectifs de développement durable. 

Pour sa part, la Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, Mme AURELIA FRICK, a réaffirmé son appui à la Cour pénale internationale (CPI) pour mettre fin à l’impunité et prévenir les conflits qui ont longtemps déchiré l’Europe.  Il faut d’abord s’attaquer aux causes profondes des problèmes de notre époque, tels que les migrations illégales, a préconisé le Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, M. PÉTER SZIJJÁRTÓ.  De son côté, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. JUN ZHANG, a déploré le protectionnisme et l’unilatéralisme en plein essor, plaidant pour une plus grande prévisibilité dans les relations internationales.

Le Ministre des affaires étrangères du Sénégal, M. SIDIKI KABA, a parlé de la communion des valeurs universelles incarnées par les Nations Unies et de la nécessité de réaffirmer notre attachement commun pour la dignité humaine incarnée par Nelson Mandela.  Selon le Ministre des affaires étrangères de la Libye, M. MOHAMED T. H. SIALA, rejoint par son homologue du Brésil, M. ALOYSIO NUNES, l’héritage le plus important de Nelson Mandela est la culture de la paix, qu’il a réussi à transformer en force motrice dans le monde. 

Pour sa part, la Ministre des affaires étrangères de l’Inde, Mme SUSHMA SWARAJ, a considéré que les valeurs d’ouverture et de compassion sont plus nécessaires que jamais.  Déclarant Nelson Mandela un « fils de l’Inde », elle a mis en parallèle ses valeurs de paix et de compassion avec celles de Mahatma Gandhi.  Notre survie commune en tant que famille humaine nécessite le courage d’hommes et de femmes comme Nelson Mandela pour nous guider, a-t-elle conclu.

Déclaration politique adoptée au Sommet de la paix Nelson Mandela

1.    Nous, chefs d’État et de gouvernement, représentants d’État et de gouvernement, sommes réunis au Siège de l’Organisation des Nations Unies, le 24 septembre 2018, à l’occasion du Sommet de la paix Nelson Mandela, pour réfléchir à la paix mondiale en l’honneur du centenaire de la naissance de Nelson Mandela.

2.    Nous saluons son humilité, sa bienveillance et sa compassion, ses valeurs et son dévouement au service de l’humanité, qu’il a manifesté par son action humanitaire dans les domaines du règlement des conflits, du désarmement, des relations entre les races, de la promotion et de la protection des droits de l’homme, de la réconciliation, de l’égalité entre les sexes, des droits des enfants et des personnes vulnérables, et du progrès des communautés démunies et sous-développées.  Nous reconnaissons sa contribution à la lutte pour la démocratie à l’échelle internationale et à la promotion d’une culture de paix dans le monde entier.

3.    Nous nous engageons à redoubler d’efforts pour bâtir un monde juste, pacifique, prospère, ouvert à tous et équitable, et pour raviver les valeurs défendues par Nelson Mandela, en plaçant la dignité humaine au centre de nos actions.  Nous nous engageons à faire preuve de respect mutuel, de tolérance, de compréhension et de conciliation dans nos relations.

4.    Nous sommes conscients que le monde a considérablement changé depuis la fondation de l’Organisation des Nations Unies et qu’à ce jour la paix ne règne pas dans le monde.  Nous, les dirigeants du monde d’aujourd’hui, portons plus que jamais une responsabilité particulière lorsque nous prenons la parole et que nous agissons en faveur d’un monde libéré de la terreur et de la misère.  Les conflits prennent naissance dans l’esprit de l’humanité, et nous sommes le peuple qui peut trouver des solutions viables pour apporter une paix durable aux générations d’aujourd’hui et de demain.  Nous reconnaissons qu’il importe de s’attaquer aux menaces pesant sur la paix et la sécurité dans le monde, notamment la remise en cause de la primauté du multilatéralisme.

5.    Nous réaffirmons les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme, à l’origine de notre vision commune pour le monde.  Alors que nous célébrons le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, nous rappelons son principe fondateur, selon lequel tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

6.    Nous réaffirmons également notre volonté de défendre l’égalité souveraine de tous les États, le respect de leur intégrité territoriale et de leur indépendance politique et le devoir des États Membres de s’abstenir, dans leurs relations internationales, de recourir d’une manière incompatible avec les buts et les principes des Nations Unies à la menace ou à l’emploi de la force, et de promouvoir le règlement des différends par des moyens pacifiques et respectueux des principes de la justice et du droit international, du droit des peuples qui sont encore sous domination coloniale ou sous occupation étrangère à disposer d’eux-mêmes, de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, des droits de l’homme et des libertés fondamentales, de l’égalité des droits de tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, de la coopération internationale comme moyen de résoudre les problèmes internationaux d’ordre économique, social, culturel ou humanitaire, et de l’exécution de bonne foi des obligations découlant de la Charte.

7.    Nous savons que la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme constituent la clef de voûte du système des Nations Unies et le fondement de la sécurité et du bien-être collectifs, et que le développement, la paix et la sécurité, et les droits de l’homme sont intimement liés et se complètent.

8.    Nous réaffirmons le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et considérons que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, y compris l’extrême pauvreté, constitue le plus grand défi auquel l’humanité doive faire face, et qu’il s’agit d’une condition indispensable au développement durable.  Nous restons attachés à réaliser le développement durable dans ses trois dimensions –économique, sociale et environnementale– d’une manière qui soit équilibrée et intégrée.  Il ne saurait y avoir de développement durable sans paix et sans sécurité, et inversement, sans développement durable, la paix et la sécurité sont en danger.  Nous renouvelons notre engagement à ne laisser personne de côté.

9.    Nous considérons que le respect de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables, ainsi que de leurs libertés fondamentales, constitue le fondement de l’ouverture à tous, de la justice et de la paix dans le monde.  Nous déclarons que le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée représentent l’exact opposé des nobles buts de l’Organisation des Nations Unies.  Nous sommes conscients que la tolérance des différences culturelles, ethniques, raciales et religieuses est indispensable à une paix durable et à l’entente et l’amitié entre les peuples, les nations, les civilisations, les cultures et les personnes.  Nous formons tous une seule famille humaine.  Par conséquent, nous nous engageons à ne pas laisser nos différences compromettre notre cause commune et entamer notre vision universelle, à nous appuyer sur ce qui nous unit et à innover pour surmonter nos divergences.

10.   Nous sommes résolus à passer des paroles aux actes pour promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques, justes, ouvertes à tous et non discriminantes, sachant l’importance de la participation pleine et égale des femmes et de l’implication concrète des jeunes à tout ce qui est entrepris pour maintenir et promouvoir la paix et la sécurité, et à redoubler d’efforts pour que les femmes, les jeunes et les enfants soient à l’abri de toute forme de violence, de peur, de discrimination et de mauvais traitement.

11.   Nous sommes conscients de la contribution des femmes à l’évolution des sociétés et de leur rôle dans la prévention et le règlement des conflits à différents niveaux.  Nous sommes déterminés à soutenir, protéger et respecter les droits de toutes les femmes et de toutes les filles, en œuvrant pour la pleine égalité des sexes et l’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence visant les femmes et les filles, et en donnant aux femmes et aux filles les moyens de réaliser tout leur potentiel.

12.   Nous sommes résolus à assurer la protection, le respect des droits et le bien-être des enfants, en particulier en cas de conflit armé, afin que les enfants puissent réaliser leurs rêves et grandir à l’abri de la peur, de la discrimination et de l’exclusion.  En protégeant les enfants, nous contribuons à briser le cycle de la violence et nous préparons la paix de demain.

13.   Nous soutenons qu’il incombe à chaque État de protéger sa population du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité et reconnaissons la nécessité de mobiliser la sagesse, les compétences et la volonté politique de la communauté internationale afin d’encourager et d’aider les États qui en font la demande à s’acquitter de cette responsabilité.  Nous devons renforcer nos moyens de prévenir, maîtriser ou faire cesser les conflits, conformément à la Charte et au droit international.

14.   Nous tenons pour incontestable le fait que les conflits sont, à tous égards, plus coûteux que la diplomatie préventive.  Il ne faut ménager aucun effort pour régler les conflits par des voies pacifiques.  C’est pourquoi, nous soutenons pleinement les travaux de l’Organisation des Nations Unies et mettons tout en œuvre pour soutenir les processus de paix, la prévention et le règlement des conflits, la consolidation de la paix et la reconstruction et le développement après un conflit.

15.   Nous engageons les parties à un conflit armé à prendre des mesures immédiates et concrètes pour mettre fin aux hostilités et prévenir les résurgences.  Nous sommes conscients du fait que de multiples acteurs prennent part aux conflits armés, dont des agents non étatiques, et exhortons toutes les parties à s’acquitter des obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international humanitaire.  Nous sommes prêts à user de nos bons offices pour les y aider, au besoin.

16.   Nous savons qu’il n’y a pas qu’un chemin vers la paix et qu’il faut tirer les leçons de la succession de réussites et d’échecs en la matière pour régler les conflits de manière négociée et pacifique.  Nous nous engageons à partager nos meilleures pratiques avec quiconque cherche de nouvelles voies vers la paix.  Le dialogue est indispensable, et il faut avoir le courage de faire le premier pas pour instaurer la confiance et faire fond sur les acquis.  Nous déclarons, par conséquent, soutenir pleinement les négociations tenues de bonne foi.

17.   À cet égard, nous soulignons que l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales disposent d’une multitude d’outils et de mécanismes au service de la paix et souhaitons continuer à évaluer l’efficacité de ces outils dans la lutte contre les conflits armés.  Nous nous engageons à veiller à ce que le dialogue soit maintenu entre les parties pendant les tentatives de règlement afin de prévenir des escalades évitables et la rupture de la confiance.  Nous nous engageons à trouver des interlocuteurs crédibles pour entrer en relation avec toutes les parties à un conflit armé et assurer une paix juste et durable.

18.   Nous reconnaissons que la société peut jouer un rôle majeur dans la prévention des conflits et dans la consolidation et la pérennisation de la paix.  Nous reconnaissons également que, selon la nature du conflit, un grand nombre d’interlocuteurs peuvent proposer leurs bons offices et jouer un rôle important dans le continuum de la paix, notamment les chefs d’État et de gouvernement, en exercice ou non, des groupes tels que les Sages, le Groupe des Sages de l’Union africaine, les chefs coutumiers, les dignitaires religieux, les personnalités culturelles, les notables, les chefs d’entreprise, les représentants des femmes et des jeunes, les universitaires, les personnalités sportives et les célébrités.  Le sport et les arts, notamment, ont le pouvoir de faire évoluer les mentalités, d’éliminer les préjugés et de changer les comportements ainsi que d’inspirer l’être humain, de faire tomber les barrières raciales et politiques, de combattre la discrimination et de désamorcer les conflits.

19.   Nous soulignons l’importance d’une approche globale de la pérennisation de la paix, reposant en particulier sur la prévention des conflits et l’élimination de leurs causes profondes, le renforcement de l’état de droit aux échelles internationale et nationale et la promotion d’une croissance économique soutenue et durable, de l’élimination de la pauvreté, du développement social, du développement durable, de la réconciliation et de l’unité nationales, y compris grâce à un dialogue ouvert à tous et à la médiation, de l’accès à la justice et à la justice transitionnelle, de la responsabilité, de la bonne gouvernance, de la démocratie, de la transparence des institutions, de l’égalité des sexes, et du respect et de la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  

Nous réaffirmons qu’il importe que les activités de consolidation de la paix soient prises en main et dirigées par le pays concerné, sachant que la responsabilité de la pérennisation de la paix incombe aussi bien au gouvernement qu’aux autres parties prenantes nationales.

20.   Il est manifeste qu’une paix durable ne découle pas uniquement de l’absence de conflit armé mais qu’elle requiert un processus de dialogue continu, positif, dynamique, ouvert à tous et participatif qui permette de régler toutes les questions en suspens dans un esprit d’entente et de respect mutuels, et dans le cadre d’une coopération et d’une vision à long terme.  Nous reconnaissons que, pour prévenir la résurgence des crises et assurer la cohésion sociale, la restauration de l’État, l’appropriation et le principe d’inclusion, il convient de mettre fin à l’impunité et de garantir le principe de responsabilité, notamment par la justice internationale, la justice transitionnelle et la réconciliation, dans le cadre de la reconstruction et du développement.

21.   Nous sommes conscients que, pour consolider et pérenniser la paix, il faut mettre en œuvre des moyens significatifs, après le confit, afin de s’engager sur la voie du relèvement, de la reconstruction et du développement.  Il importe de ne pas laisser la voie ouverte à une reprise du cycle du conflit, qui découlerait, notamment, d’un arrêt prématuré de l’aide et de l’implication internationale.  Pour obtenir une paix durable, il faut s’impliquer, s’engager et s’investir dans la durée.

22.   Nous nous félicitons de l’exemple donné par l’Afrique du Sud, qui a démantelé unilatéralement son programme nucléaire, et rappelons l’engagement ferme pris par Nelson Mandela en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires.

23.   Notre commune humanité exige de nous que nous faisions l’impossible. Cherchant à convaincre les cœurs et les esprits, nous incitons à l’action, dans l’intérêt des générations futures.  Par conséquent, nous:

      a)    Proclamons la période 2019-2028 Décennie Nelson Mandela pour la paix et exhortons tous les États Membres, pendant cette période, à redoubler d’efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales, du développement et des droits de l’homme;

      b)    Saluons la création du Comité consultatif de haut niveau chargé des questions de médiation et entendons soutenir les contributions qu’il apportera, à l’avenir, au maintien de la paix et de la sécurité internationales et à la prévention des conflits armés, notamment en usant de ses bons offices;

      c)    Rappelons l’objet du Prix des Nations Unies Nelson Rolihlahla Mandela et du Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l’homme, et invitons la Présidente de l’Assemblée générale et le Secrétaire général à œuvrer de concert pour faire connaître ces prix afin d’amener les Nations Unies à davantage prendre en compte et célébrer les valeurs, buts et principes de l’Organisation, qui sont à l’image des valeurs défendues par Nelson Mandela;

      d)    Recommandons que, dans la lignée de l’héritage de Nelson Mandela et de l’engagement intergénérationnel en faveur de la dignité et de la sécurité qui sous-tend la Charte, l’Organisation des Nations Unies considère les moyens de prendre en compte systématiquement les besoins des générations présentes et futures, notamment en ayant recours au dialogue intergénérationnel, dans son processus de prise de décision.

24.   Au moment de quitter l’Assemblée générale, nous sommes conscients de notre responsabilité collective envers les valeurs et principes de la présente déclaration, et aspirons à un monde juste, pacifique, prospère, démocratique, équitable et ouvert à tous. Nous appelons nos citoyens à célébrer la richesse de notre diversité, la créativité et la sagesse de nos aînés et le bien-être et la survie de la Terre nourricière, et invitons nos jeunes, nos artistes, nos sportifs, nos musiciens et nos poètes à insuffler une vie nouvelle aux valeurs et principes de l’Organisation des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: « Nous perdons la lutte contre la famine », avertit Mark Lowcock qui décrit « la pire crise humanitaire au monde » devant le Conseil de sécurité

8361e séance - après-midi
CS/13519

Yémen: « Nous perdons la lutte contre la famine », avertit Mark Lowcock qui décrit « la pire crise humanitaire au monde » devant le Conseil de sécurité

Quelques jours après l’échec des pourparlers de paix de Genève entre les parties yéménites, du fait de l’absence des houthistes, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a affirmé cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que « nous perdons la lutte contre la famine ». 

En effet, le haut fonctionnaire a parlé d’une « situation humanitaire sombre » au Yémen, en notant que la réalité sur le terrain s’est dégradée de manière alarmante au cours des dernières semaines.  Il a même redouté que l’on se rapproche du point de rupture à partir duquel il sera impossible d’éviter des pertes massives de vie et une famine à travers tout le pays.

De nombreuses délégations ont de nouveau insisté pour que soit trouvée une solution politique à la crise, notamment dans un contexte économique catastrophique avec la dévaluation du rial et une situation sécuritaire toujours tendue avec l’asphyxie du port de Hodeïda qui est pourtant le « cordon ombilical » du Yémen, selon les propos de la déléguée de la France.  Celle-ci a rappelé que c’est le lieu de transit « de plus des trois quarts de l’aide humanitaire et du fret commercial » du pays.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a expliqué qu’au Yémen, 18 millions de personnes, dont une grande partie sont des enfants, vivent dans l’insécurité alimentaire, parmi lesquels 8 millions au moins qui se demandent chaque jour où ils vont trouver leur prochain repas.  Il a averti que 3,5 millions de Yéménites de plus pourraient connaître bientôt le même sort.

Selon lui, cette situation est « la pire crise humanitaire au monde » après des années de combats intenses qui ont détruit les infrastructures, ravagé les services publics, déplacé des millions de personnes et provoqué l’une des pires épidémies de choléra.   

Malgré ce tableau sombre, il a été possible de maintenir une situation relativement stable et d’éviter le pire depuis le début de l’année, a poursuivi M. Lowcock en expliquant que « la pire crise humanitaire au monde a mobilisé la plus grande réponse humanitaire du monde ».  Ainsi, le nombre de personnes bénéficiant directement de l’aide humanitaire est passé de trois à huit millions en un an et les campagnes de prévention et de vaccination ainsi que la remise en marche de centrales d’approvisionnement en eau chlorée ont pu empêcher une troisième vague de choléra à Aden, Hodeïda et Ibb.  Il a profité pour rendre hommage aux milliers de travailleurs humanitaires et remercié la communauté des donateurs qui a pu lever 2,6 milliards de dollars, dont 2 milliards par le biais du Plan de réponse humanitaire pour le Yémen. 

Le Secrétaire général adjoint a néanmoins relevé que deux développements récents risquent de dépasser les moyens actuels des opérations de secours et d’assistance.  Il s’agit de la détérioration alarmante de l’économie, ce dont témoigne notamment la dévaluation de plus de 30% en un mois du rial yéménite, et le manque de carburant avec la hausse du prix du pétrole qui a doublé en l’espace d’une semaine.  La représentante des Pays-Bas n’a pas dit le contraire en notant que les experts ont prédit que « l’effondrement de l’économie a le potentiel de tuer plus de Yéménites que la violence armée ».   

Sur le plan sécuritaire, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) est préoccupé par l’intensification des combats au cours de ces dernières semaines, à Hodeïda et aux alentours, ce qui étouffe la route d’approvisionnement de l’opération de secours et des marchés locaux.  S’ajoute à cela le fait que l’artère principale qui relie Hodeïda à Sanaa a été bloquée ces derniers jours à cause des affrontements, tandis que d’autres routes ont été gravement endommagées.  Pour pallier cet état de fait, le représentant du Yémen a indiqué qu’une lettre des États de la coalition, envoyée aujourd’hui à l’OCHA, propose des routes alternatives pour évacuer les civils de Hodeïda et y faire parvenir l’aide en partant de Sanaa.  Pour assurer l’efficacité de l’aide, la coalition prône par exemple qu’elle soit décentralisée et qu’elle profite de certains corridors aériens.   

Le délégué de la Fédération de Russie a jugé appropriée la proposition d’élaborer un dispositif de sécurité et de confiance dans le Golfe persique et dans tout le Moyen-Orient.  Il a expliqué qu’une telle initiative permettrait de renforcer la sécurité mondiale et de régler tant les crises de longues dates que les nouvelles. 

« Nous ne sommes pas impuissants », a reconnu la représentante des États-Unis en invitant la communauté internationale à se concentrer sur la reprise des négociations pour mettre fin au conflit.  À ce propos, la déléguée du Royaume-Uni a déploré l’échec des pourparlers de Genève mais a incité les parties yéménites à adhérer aux initiatives de paix de l’Envoyé spécial.  Le Koweït a estimé que l’impasse des pourparlers politiques est dû au désistement des houthistes, un groupe qui « menace en outre la sûreté de la navigation maritime internationale ».  Le représentant du Yémen a aussi rappelé que c’est à cause du coup d’État des houthistes, appuyé par l’Iran, que le pays a basculé dans la guerre civile en 2014.

« Je sais que certains voudrons parler de -à qui la faute- », a objecté M. Lowcock qui a jugé que « c’est la mauvaise question à se poser en ce moment ».  Pour le haut fonctionnaire, la seule question qu’il faille poser est « qui peut faire quelque chose pour empêcher la catastrophe imminente? »  Il a averti que même en augmentant le niveau de réponse humanitaire, il n’est pas possible que les organisations humanitaires puissent prendre en charge 29 millions de Yéménites.  C’est pourquoi il a demandé au Conseil de sécurité d’agir dans trois domaines. 

Il faut d’emblée commencer par faciliter des mesures pour stabiliser l’économie et le taux de change.  Il faut également veiller à ce que toutes les parties impliquées respectent leurs obligations de protection des infrastructures civiles et facilitent l’accès humanitaire aux plus vulnérables.  Enfin, il a demandé à toutes les parties de trouver des solutions pratiques aux principales questions en suspens, y compris pour la mise en place d’un pont aérien d’évacuation des malades civils qui ne peuvent plus être traités au Yémen.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, a affirmé que « la situation humanitaire au Yémen est sombre ».  « Nous perdons la lutte contre la famine », a-t-il prévenu, notant que la réalité sur le terrain s’est dégradée de manière alarmante au cours des dernières semaines.  Il a redouté que l’on se rapproche du point de basculement à partir duquel il sera impossible d’éviter des pertes massives de vie et une famine à travers tout le pays.

Le Yémen représente « la pire crise humanitaire au monde » depuis quelques années, ce qui s’explique par les années de combats intenses qui ont détruit les infrastructures, ravagé les services publics, déplacé des millions de personnes et provoqué l’une des pires épidémies de choléra.  De plus, a précisé M. Lowcock, l’économie s’est effondrée, alors que le Yémen faisait déjà partie des pays les plus pauvres au monde.  Depuis le début de cette année, 75% des Yéménites dépendent d’une forme d’aide humanitaire ou de protection et « des millions de Yéménites n’ont plus de source de revenu stable », y compris les familles d’enseignants, de personnel soignant et autres qui n’ont pas reçu de salaire régulier depuis deux ans, a poursuivi le haut fonctionnaire.

Et de dénombrer les 18 millions de personnes, dont une grande partie sont des enfants, qui vivent dans l’insécurité alimentaire, et les 8 millions au moins qui sont en situation critique et qui se demandent chaque jour où ils vont trouver leur prochain repas.  Malgré ce tableau sombre, il a été possible de maintenir une situation relativement stable et d’éviter le pire depuis le début de l’année, parce que « la pire crise humanitaire au monde a mobilisé la plus grande réponse humanitaire du monde ».  M. Lowcock a indiqué que le nombre de personnes bénéficiant directement de l’aide humanitaire est passé de 3 à 8 millions en un an et que les campagnes de prévention et de vaccination ainsi que la remise en marche de centrales d’approvisionnement en eau chlorée ont pu empêcher une troisième vague de choléra à Aden, Hodeïda et Ibb.

« Le fonctionnement d’un effort humanitaire d’une telle ampleur exige une opération énorme sur le terrain. »  M. Lowcock a saisi cette occasion pour rendre hommage aux milliers de travailleurs humanitaires des organismes onusiens, mais aussi de la Croix-Rouge, du Croissant-Rouge, et de différentes organisations de la société civile.  Il a également remercié la communauté des donateurs, en particulier l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït, les États-Unis et de nombreux pays européens qui, ensemble, ont levé 2,6 milliards de dollars, dont 2 milliards par le biais du Plan de réponse humanitaire pour le Yémen.  

Mais, a averti M. Lowcock, deux développements récents risquent de dépasser les moyens actuels des opérations de secours et d’assistance, à savoir la détérioration alarmante de l’économie, ce dont témoigne notamment la dévaluation de plus de 30% en un mois du rial yéménite.  Expliquant que quasiment toute la nourriture est importée au Yémen, il a relevé que cette dévaluation se répercute directement sur les prix.  Ainsi, près de 10 millions de personnes qui n’étaient pas jusque-là bénéficiaires de l’aide se retrouvent de facto en situation d’insécurité alimentaire.  Selon ses estimations, il y aura bientôt 3,5 millions de personnes supplémentaires en situation d’insécurité alimentaire grave, en plus des 8 millions actuels.  Il a également fait état de manque de carburant et de la hausse du prix du pétrole qui a doublé en l’espace d’une semaine.

L’autre facteur qui alarme le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) est l’intensification des combats au cours des dernières semaines à Hodeïda et ses alentours, ce qui « étouffe la route d’approvisionnement de l’opération de secours, mais aussi des marchés locaux ».  S’ajoute à cela que l’artère principale qui relie Hodeïda à Sanaa a été bloquée ces derniers jours à cause des affrontements, tandis que d’autres routes ont été gravement endommagées, ce qui augmente significativement le temps et le coût du transport des biens, qu’ils soient à usage humanitaire ou commercial, a précisé M. Lowcock.  Il a aussi noté que des groupes armés occupent certaines installations humanitaires et que des attaques contre des civils et des humanitaires se sont soldées par des douzaines de morts.

Pour M. Lowcock, rien n’indique que l’intensification récente des combats profite à quiconque, mais par contre on sait qui sont les perdants, à savoir les millions de Yéménites, essentiellement des femmes et des enfants, dont les vies sont en jeu.  « Je sais que certains voudrons parler de ꜠à qui la faute꜠, mais c’est la mauvaise question à se poser en ce moment », s’est impatienté le Coordonnateur pour lequel la seule question qu’il faille poser est « qui peut faire quelque chose pour empêcher la catastrophe imminente? »  Il a averti que même en augmentant le niveau de réponse humanitaire, il n’est pas possible que les organisations humanitaires puissent prendre en charge 29 millions de Yéménites.  

Ainsi M. Lowcock a demandé au Conseil de sécurité d’agir dans trois domaines, à commencer par faciliter des mesures pour stabiliser l’économie et le taux de change.  Il doit également veiller à ce que toutes les parties impliquées respectent leurs obligations en termes de protection des infrastructures civiles et facilitent l’accès humanitaires aux plus vulnérables.  À ce titre, il a exigé que les ports et les routes principales restent ouverts, opérationnels et sûrs et a réitéré qu’aucun site humanitaire ne peut être utilisé à des fins militaires.  Enfin, il a demandé à toutes les parties de trouver des solutions pratiques aux principales questions en suspens, y compris pour la mise en place d’un pont aérien d’évacuation des malades civils qui ne peuvent plus être traités au Yémen.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a invité les parties au conflit au Yémen à faire tout ce qui est possible pour protéger les civils et respecter le droit international humanitaire.  Elle a insisté sur le fait que les groupes armés occupant les sites humanitaires devraient les quitter.  Elle a également plaidé pour que l’assistance humanitaire puisse arriver aux bénéficiaires, tout en émettant le vœu de voir se poursuivre les activités de ravitaillement commercial en plus de l’aide humanitaire dont le pays a besoin.

Sur le plan économique, elle a déploré la perte de la valeur de la monnaie locale.  Une situation qui fragilise davantage le pouvoir d’achat des familles, a-t-elle expliqué avant d’inviter le Conseil de sécurité à s’engager dans la stabilisation de la situation humanitaire au Yémen, et de collaborer avec les agences onusiennes pour la stabilisation de l’économie yéménite.  Mme Pierce a aussi, sur le plan politique, déploré l’échec des pourparlers de Genève, tout en invitant les parties yéménites à adhérer aux initiatives de paix de l’Envoyé spécial.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) s’est inquiété de la détérioration de la situation humanitaire au Yémen et des actions qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire, pointant du doigt notamment la fermeture de la route principale entre Sanaa et Hodeïda.  Il a dénoncé l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers politiques en raison, a-t-il affirmé, de la position adoptée par les houthistes.  Ce groupe menace en outre la sûreté de la navigation maritime internationale, a-t-il dénoncé, évoquant des tentatives d’attaques de plusieurs navires de marchandises.

Le représentant a qualifié d’inacceptable le fait que des parties ignorent la résolution 2216 et obstruent le processus politique.  Il a dénoncé les tirs de missiles balistiques contre les pays voisins, ainsi que les menaces qui affectent le commerce maritime dans la mer Rouge.  Il a aussi déploré l’utilisation de boucliers humains et l’enrôlement d’enfants.  Pour finir, le représentant a appelé l’ONU à coopérer avec les parties pour assurer une pleine distribution de l’aide humanitaire dans toutes les régions du pays.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déclaré que son pays est lié avec le peuple yéménite sur le plan historique et a plaidé pour une solution politique à cette crise.  À son avis, la désescalade autour du port de Hodeïda et l’arrêt des hostilités pourrait permettre de parvenir au dialogue.  Rappelant que c’est le peuple yéménite qui souffre, il a appelé à se rallier aux efforts de l’Envoyé spécial qui vient de mener des discussions à Genève.  Pour la Fédération de Russie, il existe une chance de faire des avancées en ce qui concerne les échanges de prisonniers ou le versement des salaires.  Le représentant a invité les parties au conflit à se rallier aux initiatives de paix de l’Envoyé spécial.  Il a aussi mis en garde que les tirs de missiles vers l’Arabie saoudite ne peuvent pas mener à des solutions durables.

La Fédération de Russie plaide pour un arrêt complet des combats afin de se tourner vers un processus politique au Yémen.  Le représentant a dit que son pays continuerait d’apporter son aide au Yémen sur le plan humanitaire, tant au nord qu’au sud du pays.  Par ailleurs, il a jugé appropriée la proposition d’élaborer un dispositif de sécurité et de confiance dans le Golfe persique et dans tout le Moyen-Orient.  Il a expliqué qu’une telle initiative permettrait de renforcer la sécurité mondiale et de régler tant les crises de longues dates que les nouvelles.  Enfin, il a souhaité que les menaces et les affrontements au Yémen laissent la place à la coopération.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a fait part de la préoccupation de la Pologne face à l’escalade de la violence à Hodeïda, notamment avec le conflit se rapprochant de la ville.  Elle a rappelé qu’Hodeïda joue un rôle majeur pour des millions de gens et que c’est le principal point de passage de la nourriture et d’autres biens arrivant dans le pays.  Tout ce qui se passe à Hodeïda et aux alentours de la ville a déjà des conséquences sur les autres provinces du pays, a-t-elle noté.  La représentante a plaidé pour l’ouverture des routes et ports du pays, afin que l’aide humanitaire atteigne des millions de nécessiteux.

Elle a déploré en outre les nombreuses attaques contre les populations et infrastructures civiles au Yémen, invitant les parties en conflit à respecter les principes de base du droit international humanitaire.  Enfin, la déléguée a salué le fait que l’Envoyé spécial continue de mener des consultations avec toutes les parties.  En effet, la seule issue au conflit yéménite, a-t-elle conclu, est une solution politique.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est inquiété de l’extrême vulnérabilité dans laquelle se trouvent des millions de personnes au Yémen et a dénoncé l’étendue de la violence dans ce pays.  Il a déploré que les alertes lancées précédemment par l’ONU sur les risques d’une escalade à Hodeïda n’aient pas débouché sur des efforts de diplomatie préventive outre les efforts de l’Envoyé spécial, M. Martin Griffith.  Il a aussi regretté l’absence des houthistes à la réunion de Genève, tout en estimant que cela ne doit pas servir de justification pour une résolution militaire du conflit.

Le délégué s’est aussi soucié de l’état économique du pays et a jugé urgent que les parties concernées, ou ayant une capacité d’influence sur elles, se mobilisent pour parvenir à un cessez-le-feu durable et assurer la reprise des négociations.  Il a appelé à assurer l’ouverture et le plein fonctionnement des principaux ports du pays, à commencer par celui de Hodeïda.  Le représentant a aussi appelé le Conseil de sécurité à se montrer uni sur ce dossier.

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est alarmé de « l’urgence désespérée » de la situation humanitaire du Yémen en raison, notamment de la détérioration de l’environnement sécuritaire.  Face à une situation aussi dramatique, il a estimé que les appels du Conseil de sécurité doivent se faire entendre « haut et fort » et a rappelé les principaux thèmes de la déclaration présidentielle adoptée au mois de mars dernier.  Il a notamment appelé à la cessation immédiate des hostilités et à la promotion du processus politique.  Il a également réclamé un accès humanitaire sans entrave et le plein fonctionnement des principaux ports et routes du pays.  La protection des civils et du personnel médical et humanitaire s’impose également.

Le représentant a aussi appelé à intensifier de manière urgente les efforts diplomatiques afin de trouver une solution pacifique au conflit.  Il a profondément regretté que les houthistes ne se soient pas rendus à Genève, tout en estimant que cela ne doit pas servir de prétexte pour un retour à la violence.  « On ne peut rester les bras croisés lorsque des millions de civils sont en danger », a martelé le représentant avant d’engager le Conseil à renforcer ses efforts pour appuyer l’Envoyé spécial.  « Nous devons également appeler les parties à participer de bonne foi, sous l’égide de l’ONU, à un processus politique inclusif. »

Mme ANNE GUEGUEN (France) a souligné l’aggravation des tensions dans la province de Hodeïda depuis le début du mois de septembre, et les risques majeurs dont elle est porteuse sur le plan humanitaire.  Elle a exigé que tout soit fait pour que la confrontation militaire en cours épargne la population civile déjà durement éprouvée.  Les infrastructures civiles doivent également être préservées et le ravitaillement en nourriture et énergie doit pouvoir être assuré.  Les civils qui cherchent à fuir les combats doivent pouvoir le faire librement et en sécurité, a encore demandé la représentante.

En second lieu, elle a insisté sur l’importance de préserver le « cordon ombilical » que représente pour le Yémen le port de Hodeïda, par où transitent plus des trois quarts de l’aide humanitaire et du fret commercial.  « Les ports de Hodeïda et de Saleef doivent rester ouverts et pleinement fonctionnels », a-t-elle exigé, expliquant qu’il ne s’agit pas seulement de l’approvisionnement de Hodeïda et sa région, mais aussi du hinterland qui couvre la plus grande partie du pays, y compris Sanaa, où vivent la majorité des Yéménites.  Les routes entre Hodeïda et Sanaa doivent rester ouvertes pour l’acheminement de l’aide alimentaire et éviter que la malnutrition à grande échelle ne se transforme en famine sans précédent.  « Nous le disons avec force: la conduite des opérations militaires ne doit en aucun cas entraver l’accès humanitaire. »  La France exige en outre la protection du personnel humanitaire sur place.

Au-delà de la situation à Hodeïda, la France estime qu’il faut collectivement répondre à la dégradation constante de la situation humanitaire au Yémen.  Elle appelle les parties à garantir un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave aux populations qui en ont besoin.  Alors que le rial a fortement baissé, que les prix montent et que les denrées de base se raréfient, elle a invité le Conseil et, plus largement, la communauté internationale à appuyer les efforts des institutions financières internationales pour trouver une solution à la crise économique dont souffre le pays.  La France est prête à agir sur ce sujet, dans le prolongement des travaux de la réunion humanitaire de Paris sur le Yémen du 27 juin.

Dans ce contexte, Mme Gueguen a estimé qu’il était essentiel de préserver toutes les chances de renouer le dialogue et de construire un véritable processus politique reposant sur des mesures de confiance entre les parties.  « Genève a peut-être constitué une occasion manquée, mais cela ne signifie en aucun cas la fin des efforts pour faire avancer le processus politique et ne doit pas se traduire par une hausse des tensions entre les parties. »  La France, a conclu la représentante, appelle toutes les parties à rester engagées aux côtés de l’Envoyé spécial pour reprendre au plus vite la voie du dialogue et faire avancer le processus politique qui est la seule issue possible au conflit au Yémen.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) s’est dit consterné par la poursuite des hostilités au Yémen.  Il a jugé regrettable qu’à ce jour, la ville de Hodeïda, où transitent 70% des importations de vivres et de combustibles, continue d’être le théâtre d’affrontements. Il a appelé à garantir la sécurité de cette ville et le plein fonctionnement de son port.  Le représentant s’est aussi alarmé du fait que des millions de personnes sont dans le besoin au Yémen, jugeant injustifiable le coût humain de ce conflit.

Le représentant a ensuite dénoncé les attaques aveugles qui ont récemment frappé des lieux publics, tuant 21 enfants et en blessant 82 autres. Il s’est aussi soucié du fait que depuis le 12 septembre, 45 000 tonnes de céréales sont bloquées en raison des affrontements armés, alors que ces denrées pourraient être utilisées par les « Moulins de la Mer rouge » pour nourrir trois millions de personnes.  Le représentant s’est également inquiété de la présence du choléra et des décès occasionnés par la maladie, notamment parmi les enfants. Il a ensuite appelé l’ensemble des parties à appuyer les efforts de l’Envoyé spécial pour arriver à des mesures de renforcement de la confiance et reprendre les négociations.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a déploré la poursuite des combats à Hodeïda, ce qui a un impact négatif sur l’approvisionnement alimentaire du pays.  Il a noté que le port de Hodeïda est celui par lequel arrive la majorité des vivres dans le pays.  Le conflit qui s’y déroule, a-t-il relevé, a donc des conséquences majeures sur toute la population du pays.  Il a mis en garde que la campagne militaire dans la ville de Hodeïda a un potentiel catastrophique.

Le représentant a donc plaidé pour que le Conseil insiste auprès des parties en conflit afin qu’elles respectent les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a aussi invité les parties à mettre fin aux combats et à s’engager sur la voie d’un processus politique, notamment par le biais de l’initiative de dialogue de l’Envoyé spécial. 

Pour Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas), les images venant du Yémen où l’on voit des enfants affamés sur des lits d’hôpitaux sont « une honte pour la communauté internationale ».  Cela pousse donc à parler et à agir, a-t-elle dit en notant que le non-fonctionnement du port de Hodeïda et la rupture de sa chaîne d’approvisionnement risquent de faire basculer le pays dans une famine totale.  Elle a rappelé les dispositions de la résolution 2417 (2018) du 24 mai dernier et a invité le Conseil à avoir en tête ce texte afin d’empêcher une détérioration de la situation.  Pour les Pays-Bas, les parties en conflit ont la responsabilité de garder le port de Hodeïda ouvert et pleinement fonctionnel, afin d’assurer que des équipements importants parviennent aux populations dans tout le pays.

Sur le plan économique, les Pays-Bas déplorent la récente dévaluation du rial qui atteint son point le plus bas de l’histoire, une situation qui affecte le pouvoir d’achat des Yéménites.  Avec l’inflation des prix des produits alimentaires et le non-paiement des salaires des fonctionnaires depuis deux ans, on assiste donc à une « combinaison létale » pour les Yéménites ordinaires.  Mme Gregoire Van Haaren a souligné que les experts ont même averti que « l’effondrement de l’économie a le potentiel de tuer plus de Yéménites que la violence armée ».  Elle a terminé son propos en plaidant pour la fin de l’impunité au Yémen, arguant que c’est l’une des clés pour mettre un terme au conflit.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a appelé à protéger les civils et à leur garantir la liberté de circulation.  Il a salué l’abnégation du personnel humanitaire qui vient en aide à la population, tout en notant que des millions de civils sont confrontés au risque du choléra.  Le représentant a appelé à mettre en place des mesures de confiance, et s’est félicité de la décision prise par la coalition de maintenir les ports ouverts.  Il s’est également soucié du non-versement des salaires et de la dévaluation de la monnaie locale.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire), préoccupé par la reprise des combats, depuis le 18 septembre, autour du port de Hodeïda, a estimé que ces affrontements sont de nature à aggraver la situation humanitaire, déjà considérée par l’ONU comme la pire au monde.  Ils mettent également en péril l’acheminement de l’aide humanitaire et entraînent la flambée des produits de première nécessité, a-t-il aussi noté.  En effet, selon l’OCHA, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 68% depuis 2015, a souligné le représentant, qui a également évoqué la pénurie de carburant.

« La Côte d’Ivoire appelle les belligérants à un cessez-le-feu immédiat, afin de permettre la livraison sûre et sans entrave de l’aide humanitaire aux populations en détresse. »  Elle les invite à reprendre le dialogue, en vue d’un règlement politique de la crise actuelle, et à respecter leurs obligations en matière de droit international humanitaire.  Le représentant ivoirien a exhorté les parties au conflit à s’approprier le plan de paix proposé par M. Martin Griffith, l’Envoyé spécial des Nations Unies au Yémen.  Il a encouragé celui-ci à poursuivre sa médiation et ses bons offices pour une reprise du dialogue interyéménite.

M. WU HAITAO (Chine) a salué les efforts déployés par l’Envoyé spécial, tout en se préoccupant de la détérioration de la situation humanitaire dans le pays, en raison notamment de l’insécurité humanitaire et de l’épidémie de choléra.  Il faut encourager les parties à choisir la réconciliation et les exhorter à prendre des mesures pour éviter la flambée des prix, a-t-il recommandé avant de plaider pour une assistance à la population sans entraves.  Le représentant a souligné qu’il n’existe pas d’alternative à la résolution politique du conflit et a noté les efforts déployés par l’Envoyé spécial à cette fin.  Il a appelé à préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale du Yémen et à trouver une solution au plus tôt.

M. TAYE ATSKE SELASSIE AMDE (Éthiopie) a appelé toutes les parties au conflit à tout faire pour que les humanitaires aient accès aux populations afin de leur venir en aide.  Les civils yéménites ont tant souffert, a-t-il rappelé en appelant à leur éviter des souffrances supplémentaires.  « Les attaques contre des navires sont totalement inacceptables et l’Éthiopie les condamne. » 

La seule solution à la crise est un dialogue ouvert, a suggéré le représentant en plaidant pour un soutien aux initiatives de l’Envoyé spécial qui a invité toutes les parties à la table des négociations.  Il a recommandé à ces parties de travailler de bonne foi avec l’Envoyé spécial, et sans poser de conditions préalables.  Il a également invité les pays ayant une quelconque influence sur le terrain à soutenir le processus de paix engagée par l’ONU.

Mme NIKKI HALEY (États-Unis) a qualifié d’épouvantable la crise humanitaire qui sévit au Yémen.  « Mais ce qui l’est encore plus, c’est ce que nous ne savons pas », a-t-elle ajouté, évoquant des populations contraintes de se nourrir d’une bouillie de feuilles et des « villages de bébés affamés ».  « Nous ne saurons peut-être jamais combien d’enfants sont morts », s’est-elle alarmée.  Elle a appelé la communauté internationale à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour venir en aide à ces familles.

Mme Haley a demandé notamment de protéger les moulins à grains et les entrepôts de nourriture, avant de souligner que les combattants ne doivent pas pénétrer dans les installations de l’ONU.  Il faut veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne aux populations affamées, a voulu la représentante qui a aussi appelé les parties à lever toute restriction sur les importations de combustibles ou de vivres, entre autres.  « Nous ne sommes pas impuissants et nous devons nous concentrer sur la reprise des négociations pour mettre fin au conflit », a-t-elle conclu.

M. AHMED AWAD BIN MUBARAK (Yémen) a demandé au Conseil de sécurité de ne point traiter des symptômes sans considérer les causes de la crise yéménite.  Il a ainsi rappelé que c’est en raison du coup d’État des milices houthistes, appuyées par l’Iran, que le pays a basculé dans la guerre civile en 2014.  Il a fait valoir que le Président du pays a tout de même fait de nombreuses concessions et a même tendu la main à la partie adverse.  Il a déploré le fait que les houthistes aient boycotté, à la dernière minute, les pourparlers de Genève, disant que « cela fait partie de leur jeu » et souhaitant que la communauté internationale en prenne conscience.

Sur le plan humanitaire, le représentant a indiqué que toutes les villes contrôlées par les putschistes sont l’objet de crises humanitaires, les familles ne recevant aucune aide humanitaire.  La province de Hodeïda est maintenant l’endroit qui suscite le plus d’inquiétudes sur le plan de l’assistance humanitaire, car les milices contrôlent le port, a-t-il dénoncé.  D’ailleurs, a-t-il noté, les États de la coalition ont envoyé une lettre aujourd’hui aux Nations Unies pour décrire les obstacles qui entravent l’accès humanitaire au Yémen, tout en proposant des routes alternatives pour évacuer les civils de Hodeïda et y faire parvenir l’aide en partant de Sanaa.  Pour assurer l’efficacité de l’aide, la coalition prône par exemple qu’elle soit décentralisée et qu’elle profite de certains corridors aériens.  En concluant, le représentant a demandé que la communauté internationale soutienne les efforts menés par le Yémen pour stabiliser sa monnaie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité réaffirme que la protection des civils est une de ses « priorités absolues » et met l’accent sur la protection des installations de santé

8359e séance - après-midi
CS/13517

Le Conseil de sécurité réaffirme que la protection des civils est une de ses « priorités absolues » et met l’accent sur la protection des installations de santé

Profondément indigné par le fait que les civils constituent la vaste majorité des victimes des situations de conflit armé, le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, réaffirmé que leur protection dans ce contexte est l’une de ses priorités absolues, même si la responsabilité principale à cet égard incombe au premier chef aux parties au conflit et aux États, les gouvernements devant respecter et garantir les droits de l’homme de leurs citoyens.

Dans une déclaration présidentielle lue par la Présidente du Conseil de sécurité et représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, Mme Nikki Haley, au nom des autres membres du Conseil, celui-ci déclare qu’il continuera à se pencher régulièrement sur la question de la protection des civils, alors que 2019 marquera le vingtième anniversaire de sa résolution 1265 (1999) et de la date à laquelle il s’en est saisi.

Il sera aidé dans sa tâche par une septième édition de l’aide-mémoire initialement adopté le 15 mars 2002 dans la déclaration* du Président du Conseil de sécurité pour l’examen des questions relatives à la protection des civils dans les conflits armés.  Cet outil mis à jour, présenté aujourd’hui en annexe de la déclaration présidentielle, met l’accent sur la protection des installations de santé et du personnel médical et sur l’attention accrue que suscite le recours à la famine comme moyen de guerre.

« Déplacements forcés, famine utilisée comme méthode de guerre, privation illégale d’accès à l’aide humanitaire, attaques menées contre le personnel médical et les agents humanitaires, les hôpitaux et d’autres installations médicales, dégâts et destructions intentionnels touchant les biens et les sources de revenus des civils, et violences sexuelles et sexistes auxquelles font face, en particulier, les femmes et les filles »: telles sont pour le Conseil les violations auxquelles s’exposent les civils en temps de guerre.

Le Conseil prie le Secrétaire général de soumettre son prochain rapport sur la question le 15 mai 2019 au plus tard et d’y faire figurer un résumé des progrès accomplis et des difficultés rencontrées par l’ONU en matière de protection des civils au cours des 20 dernières années, ainsi qu’un point sur l’état de l’application des recommandations qu’il a formulées dans ses rapports de 2017 et 2018.

*S/PRST/2002/6

PROTECTION DES CIVILS EN PÉRIODE DE CONFLIT ARMÉ

Déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme que la protection des civils en période de conflit armé est l’une de ses priorités absolues et qu’il est déterminé à voir se poursuivre l’application intégrale de toutes ses résolutions sur la question, notamment les résolutions 1265 (1999), 1296 (2000), 1674 (2006), 1738 (2006), 1894 (2009), 2175 (2014), 2222 (2015), 2365 (2017), 2286 (2016) et 2417 (2018), ainsi que de toutes ses résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité, sur le sort des enfants en temps de conflit armé et sur le maintien de la paix, et de toutes les déclarations faites par sa présidence sur ces questions.

Le Conseil réaffirme que la responsabilité première de prendre toutes les mesures possibles pour assurer la protection des civils revient aux parties aux conflits armés et que les États ont la responsabilité première de respecter et de garantir les droits de l’homme et de toutes les personnes se trouvant sur leur territoire et relevant de leur juridiction, comme le prescrit le droit international applicable.

Le Conseil se déclare indigné que les civils continuent de constituer la vaste majorité des victimes des situations de conflit armé, notamment à la suite d’attaques aveugles  ou d’attaques visant délibérément les civils, ainsi que par les conséquences à court et à long terme : déplacements forcés, utilisation de la famine comme méthode de guerre, déni d’accès à l’aide humanitaire en violation du droit, attaques menées contre le personnel médical, les agents humanitaires dont l’activité est d’ordre exclusivement médical, les hôpitaux et d’autres installations médicales, dommages intentionnels et destructions contraires au droit, d’infrastructures civiles, de propriété, et moyens de subsistance des civils, ainsi que les violences sexuelles et  sexospécifiques, notant particulièrement celles qui visent les femmes et les filles.

Le Conseil souligne que les missions de maintien de la paix auxquelles un mandat de protection des civils a été confié doivent en assurer la pleine mise en œuvre.

Le Conseil réaffirme qu’il condamne fermement les violations du droit international humanitaire commises par toutes les parties aux conflits armés, ainsi que les violations du droit international des droits de l’homme applicable et les atteintes à ces droits, et demande à toutes les parties de s’acquitter de leurs obligations juridiques. Il rappelle l’importance du respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, de mettre fin à l’impunité pour toutes violations et atteintes et de faire en sorte que ceux qui en sont responsables répondent de leurs actes.

Le Conseil déclare qu’il entend continuer à se pencher régulièrement sur la question de la protection des civils, aussi bien dans le cadre des questions thématiques et des questions relatives à certains pays qu’il examine. Il prend acte du fait que 2019 marquera le vingtième anniversaire de sa résolution 1265 (1999) et de l’inscription à son ordre du jour de la question intitulée « Protection des civils »

Le Conseil reconnaît la contribution de la version actualisée de l’Aide-mémoire pour l’examen des questions se rapportant à la protection des civils en période de conflit armé**, qui figure à l’annexe de la présente déclaration, pour la protection des civils, en raison notamment de l’accent particulier qui y est mis sur la protection des installations de santé et du personnel médical et de l’attention accrue qu’y suscite le recours à la famine comme moyen de guerre. Il constate également l’utilité de l’Aide-mémoire en tant qu’instrument pratique permettant de mieux analyser les grandes questions de protection et d’en améliorer le diagnostic, et souligne qu’il convient de continuer à l’utiliser de façon plus systématique et plus cohérente.

Le Conseil note avec satisfaction le rapport du Secrétaire général sur la protection des civils en période de conflit armé en date du 14 mai 2018 (S/2018/462) et des recommandations qui y figurent, et répète qu’il convient de suivre systématiquement la situation concernant la protection des civils, ainsi que les défis rencontrés et les progrès accomplis en la matière, et d’en rendre compte. Il prie le Secrétaire général de soumettre son prochain rapport sur la protection des civils le 15 mai 2019 au plus tard et d’y faire figurer un résumé des progrès accomplis et des difficultés rencontrées par l’Organisation des Nations Unies en matière de protection des civils au cours des vingt dernières années, ainsi qu’un point sur l’état de l’application des recommandations qu’il a formulées dans ses rapports de 2017 et 2018. Il le prie également de lui soumettre ses rapports suivants tous les 12 mois par la suite, afin qu’il les examine officiellement chaque année au même moment de la session de l’Assemblée générale.

Aide-mémoire

Pour l’examen des questions relatives à la protection des civils en période de conflit armé

Améliorer la protection des civils en période de conflit armé est au cœur de l’action que mène le Conseil de sécurité de l’ONU aux fins du maintien de la paix et de la sécurité. Dans les propres termes du Conseil, la question de la protection des civils fait partie des questions essentielles inscrites à son programme de travail*. Soucieux de faciliter l’examen des questions relatives à la protection des civils dans tel ou tel contexte, notamment au moment de définir ou de proroger le mandat d’une opération de maintien de la paix, certains membres du Conseil ont proposé, en juin 2001, de dresser, en collaboration avec le Conseil, la liste récapitulative des questions présentant un intérêt pour les débats (S/2001/614). Le 15 mars 2002, le Conseil a approuvé le texte d’un aide-mémoire devant servir de guide pratique pour l’examen des questions relatives à la protection des civils ; il a aussi décidé d’en réviser et d’en mettre à jour régulièrement le contenu (S/PRST/2002/6). L’Aide-mémoire a ensuite été mis à jour à cinq reprises, et chaque révision est parue en annexe à une déclaration de la présidence du Conseil.

Septième édition de l’Aide-mémoire, le présent document est fondé sur les précédentes délibérations du Conseil sur la protection des civils, notamment les résolutions 1265 (1999), 1296 (2000), 1674 (2006), 1738 (2006), 1894 (2009), 2222 (2015), 2286 (2016) et 2417 (2018), sur les très nombreux textes consacrés à la protection des civils qu’a établis le Conseil, au fil du temps, dans ses résolutions portant sur la situation propre à certains pays, et sur les déclarations de la présidence du Conseil sur la question. Il est le fruit de la concertation du Conseil de sécurité et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, et de la concertation de celui-ci et des départements et institutions concernés des Nations Unies et autres organisations à vocation humanitaire.

L’Aide-mémoire doit faciliter l’examen par le Conseil des questions ayant trait à la protection des civils en période de conflit armé et servir d’outil de référence sur la pratique du Conseil dans ce domaine. On y trouvera la liste des grands thèmes et questions particulières qui découlent de cette pratique et, dans son additif, des extraits de textes négociés du Conseil s’y rapportant.

Comme l’action du Conseil de sécurité en matière de protection des civils se définit au cas par cas, l’Aide-mémoire n’est pas censé être un plan d’action précis. L’utilité et la portée pratique des formules et des mesures qui y sont présentées doivent être examinées au regard des particularités de chaque situation.

________

**L’aide-mémoire initiale a été adopté le 15 mars 2002 dans la déclaration du Président du Conseil de sécurité parue sous la cote S/PRST/2002/6.
***S/PRST/2015/23 du 25 novembre 2015, par .4.
***S/PRST/2003/27 du 15 décembre 2003 ; S/PRST/2009/1 du 14 janvier 2009 ; S/PRST/2010/25 du 22 novembre 2010 ; S/PRST/2014/3 du 12 février 2014 ; S/PRST/2015/23 du 25 novembre 2015.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte son thème annuel et inscrit à son ordre du jour « la situation dans les territoires ukrainiens occupés » et « la responsabilité de protéger »

Soixante-treizième session,
3e séance plénière – après-midi
AG/12058

L’Assemblée générale adopte son thème annuel et inscrit à son ordre du jour « la situation dans les territoires ukrainiens occupés » et « la responsabilité de protéger »

« Faire de l’ONU une organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables » est le thème* choisi par l’Assemblée générale pour le débat général de sa soixante-treizième session.  Ce débat se tiendra de mardi 25 septembre au lundi 1er octobre 2018, a décidé l’Assemblée générale qui a finalisé son ordre du jour, dont les points relatifs à « la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés » et à « la responsabilité de protéger et la prévention du génocide » ont été inscrits après un vote.

C’est par 68 voix pour, 13 contre et 48 abstentions que « la situation dans les territoires ukrainiens occupés » a été inscrite à l’ordre du jour.  La Fédération de Russie, qui a demandé ce vote, a expliqué sa démarche par le fait qu’aux Nations Unies le terme « territoires ukrainiens occupés » n’existe pas.  Elle a reproché à l’Ukraine d’avoir insisté sur l’inscription de ce point sans s’inquiéter du consensus.  Cette « aventure ukrainienne » créera une atmosphère négative à l’Assemblée et dans son Bureau, a prédit la Fédération de Russie.  En demandant le vote, a rétorqué l’Ukraine, la Fédération de Russie a tout simplement piétiné une décision du Bureau.  « Ami des deux pays » le Soudan, qui a voté contre, a dit craindre que ce débat n’aggrave la polarisation à l’Assemblée générale.  Bien au contraire, a argué l’Ukraine, l’examen de ce point ne peut que revitaliser les travaux de l’Assemblée et faire émerger de nouvelles initiatives.  

La Hongrie, qui a voté pour, en défendant la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a attiré l’attention sur la situation alarmante des minorités en Ukraine.  Ayant également voté pour, l’Indonésie a jugé nécessaire de poursuivre les discussions, dans « une atmosphère sereine ».  Singapour s’est abstenu et a estimé qu’il y a d’autres endroits et d’autres points qui auraient permis d’aborder cette question.

L’Assemblée générale a aussi inscrit à son ordre du jour par 93 voix pour, 16 contre et 17 abstentions, le point relatif à « la responsabilité de protéger et la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité ».  C’est donc la deuxième année consécutive que l’Assemblée se penchera sur ce principe qui ne fait pas l’unanimité, a rappelé la Fédération de Russie, initiatrice du vote.  La Syrie et la Chine, qui ont aussi voté contre, ont dénoncé le « forcing » de certains pays et le Soudan, autre tenant du non, a professé que le principe de la responsabilité de protéger répond à une situation politique « temporaire et provisoire ».  Pris comme certains le voudraient, il ne peut que menacer l’intégrité territoriale, encourager le terrorisme et la lutte armée.  Avant de vouloir protéger les civils, entendons-nous au moins sur le principe, a argué l’Égypte, après son vote négatif.       

Ayant dit oui, le Danemark a invoqué la disposition de la majorité des pays à partager, en toute transparence, succès et lacunes dans la mise en œuvre du principe, « un élément clef de la stratégie de prévention du Secrétaire général ».  L’Uruguay a acquiescé, après que les Pays-Bas, qui ont également voté pour, eurent estimé qu’un débat ouvert est la seule façon de gommer les divergences de vues.  L’Inde s’est abstenue devant le caractère inédit d’un vote sur l’inscription d’un point à l’ordre du jour.  C’est encore plus rare de voir le Bureau et l’Assemblée générale voter, a-t-elle fait observer. 

Le concept de « responsabilité de protéger » a été agréé dans le Document final du Sommet mondial de 2005** et précisé dans le rapport de mise en œuvre du Secrétaire général***.  Selon les trois piliers du concept, il incombe à l’État de protéger les populations et à la communauté internationale d’encourager et d’aider les États à s’acquitter de cette responsabilité et de mettre en œuvre les moyens diplomatiques, humanitaires et autres de protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.  Si un État n’assure pas la protection de ses populations, la communauté internationale doit être prête à mener une action collective. 

L’Arménie s’est dissociée de la décision d’inscrire « la situation dans les territoires occupés de l’Azerbaïdjan », avant que l’Assemblée générale ne salue la mémoire du Président du Viet Nam, Tran Dai Quang, décédé ce matin.  Elle lui rendra un hommage solennel à une date ultérieure.  Le Viet Nam a déploré une grande perte et a remercié les États Membres pour leur sympathie et leurs condoléances.

L’Assemblée a décidé que cette première partie de session se terminera le 17 décembre 2018.  La Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale achèvera ses travaux le vendredi 9 novembre; la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières, le jeudi 29 novembre; la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, le 21 novembre; la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, le 16 novembre; la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, le 14 décembre; et la Sixième Commission chargées des questions juridiques, le 13 novembre 2018.

Le débat général de la soixante-treizième session se tiendra du mardi 25 septembre 2018 à partir de 9 heures jusqu’au lundi 1er octobre, y compris samedi 29 septembre.

*A/73/250
**A/RES/60/1
***A/63/677

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité formule des recommandations au Secrétaire général pour renforcer le maintien de la paix dans le monde

8360e séance - après-midi
CS/13518

Le Conseil de sécurité formule des recommandations au Secrétaire général pour renforcer le maintien de la paix dans le monde

Sur l’initiative des États-Unis, le Conseil de sécurité a adopté, cet après-midi, une résolution par laquelle il formule des recommandations précises au Secrétaire général dans le but de renforcer l’action et l’efficacité des missions et opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Un texte qui a été salué comme le résultat d’un effort de consensus.

En adoptant à l’unanimité la résolution 2436 (2018), le Conseil de sécurité se déclare de nouveau favorable à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance « complet et intégré » qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en uniforme des Nations Unies qui travaille dans les opérations de maintien de la paix ou les appuie.

Il demande plus précisément au Secrétaire général de poursuivre ses efforts pour doter les missions de maintien de la paix des Nations Unies de structures efficaces de contrôle et de commandement opérationnel et de capacités facilitatrices qui soient « adaptées, fonctionnelles et efficaces », notamment des moyens aériens d’évacuation sanitaire primaire et secondaire, ainsi que des installations et un personnel qualifié suffisants en matière d’appui médical.

Le Conseil demande aussi au Secrétaire général de veiller à ce que le personnel de direction des missions de maintien de la paix des Nations Unies soit « capable et responsable », notamment en améliorant les processus de sélection, ainsi que les programmes de formation et de mentorat pour les dirigeants sélectionnés ou les candidats pressentis et en constituant une réserve de futurs candidats chevronnés pour les postes de haut niveau.

Il salue par ailleurs les initiatives prises par le Secrétaire général pour mener des enquêtes spéciales sur des affaires relatives à la performance des militaires, des policiers ou des membres du personnel civil, notamment en ce qui concerne la protection des civils, et lui demande d’ouvrir ces enquêtes spéciales de toute urgence en cas d’allégation de manquements graves.

Par ce texte, le Conseil de sécurité salue également l’engagement pris par le Secrétaire général de mettre en place un mécanisme de coordination souple visant à faciliter des activités de formation et de renforcement des capacités de meilleure qualité entre États Membres, en incluant les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police, les prestataires de services de formation et de renforcement des capacités et l’Organisation.  Le Conseil de sécurité encourage d’ailleurs le Secrétaire général à faire en sorte que ce mécanisme soit opérationnel dès que possible.

Le Conseil de sécurité lui demande par ailleurs de porter à sa connaissance les cas de performance exceptionnelle afin de mettre en lumière les meilleures pratiques et de promouvoir leur adoption systématique.  Il l’encourage à offrir des primes de risque et des primes de déploiement de capacités aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police remplissant les critères.

Le Conseil de sécurité demande de plus au Secrétaire général que la stratégie révisée visant à doubler le nombre de femmes dans les contingents militaires et les effectifs de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies à l’horizon 2020, que les Quinze avaient demandée par le biais de la résolution 2242 (2015), garantisse une participation réelle et effective des femmes à tous les aspects du maintien de la paix.  Cette stratégie révisée devra être présentée au plus tard en mars 2019.

Le Conseil de sécurité réaffirme par ailleurs son appui à la politique de tolérance zéro des Nations Unies à l’égard de toutes les formes d’exploitation et de violence sexuelles et se félicite de l’approche centrée sur les victimes adoptée par le Secrétaire général ainsi que des mesures qu’il a prises pour renforcer la prévention, la répression et la réparation de toutes les formes de comportement sexuel répréhensible.

Il demande instamment à tous les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de redoubler d’efforts pour vérifier les antécédents des membres de leur personnel et les former, d’enquêter sur les allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par leur personnel et de prendre les mesures voulues pour amener les auteurs à répondre de leurs actes.

« Aujourd’hui, le Conseil de sécurité a répondu présent à l’appel lancé par le Secrétaire général pour renforcer le maintien de la paix », se sont félicités les États-Unis en saluant les critères objectifs prévus dans le texte pour que les missions soient dotées de bons effectifs.  « Il ne faut pas avoir peur de demander le meilleur aux Casques bleus. »

L’Éthiopie, qui s’est félicitée de la souplesse affichée par l’ensemble des délégations, a prédit que cette résolution façonnera les prochains débats sur le maintien de la paix.  Elle a aussi insisté sur l’importance d’un processus de recrutement basé sur le mérite. « Les défaillances de quelques-uns ne doivent pas ternir la bonne performance des autres », a-t-elle affirmé.

La délégation éthiopienne a salué les États-Unis pour avoir mené de larges consultations officieuses auprès des pays contributeurs de contingents afin de pouvoir tenir compte de leurs préoccupations et suggestions.

La Fédération de Russie a apprécié le travail minutieux mené qui a permis une adoption par consensus, soulignant elle aussi la volonté manifestée par le pays porte-plume d’écouter et d’entendre les pays fournisseurs de contingents.  « Lorsqu’il le souhaite, ce Conseil peut prendre des décisions sur les questions les plus épineuses, a relevé la délégation.  Il serait souhaitable qu’il puisse agir ainsi en tout temps. »

« L’adoption de ce texte prouve que nous pouvons et devons trouver des démarches commues », a poursuivi la délégation russe, convaincue que le maintien de la paix doit être examiné par autant d’acteurs que possible.  Autrement, a averti la délégation, notre travail s’en retrouvera affaibli.  En outre les pays hôtes ne peuvent pas rester à l’écart de l’adoption de textes essentiels pour le maintien de la paix, a-t-elle fait remarquer.

À leur tour, les Pays-Bas ont salué le « message fort » envoyé par le Conseil pour renforcer le maintien de la paix, notant que de nombreuses missions se heurtent à de grandes difficultés.  Cette résolution est un pas important en avant pour mieux appuyer les Casques bleus, s’est félicitée la délégation.  Notant que l’excellence doit être récompensée, elle a souligné l’importance de tirer les enseignements des expériences positives et négatives.

La Chine a jugé essentiel d’améliorer la performance des Casque bleus en renforçant, notamment, les capacités des pays fournisseurs de contingent.  Le représentant de ce pays a par ailleurs estimé que lors de l’élaboration des mandats, le Conseil de sécurité doit tenir compte de tous les facteurs importants pour que ceux-ci soient réalistes et capable d’être ajustés.

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Texte du projet de résolution S/2018/853

Le Conseil de sécurité,

Rappelant les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et sachant que la Charte lui confère la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Rappelant ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur les questions de maintien de la paix,

Soulignant l’importance du maintien de la paix comme l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour assurer la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Réaffirmant les principes fondamentaux du maintien de la paix, y compris ceux du consentement des parties, de l’impartialité et du non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou pour la défense du mandat, considérant que le mandat de chaque opération de maintien de la paix est adapté aux besoins de la situation concernée, soulignant que les mandats qu’il autorise en vue de faire face aux nouveaux défis que doivent relever les opérations de maintien de la paix, notamment en ce qui concerne la protection, la sûreté et la sécurité des forces, la protection des civils et les menaces asymétriques, sont conformes à ces principes fondamentaux, et réaffirmant qu’il escompte l’exécution intégrale des mandats qu’il autorise,

Saluant la détermination dont font preuve les pays fournisseurs de contingents et de forces de police et les sacrifices que consent le personnel civil et en uniforme dans l’exécution des mandats de maintien de la paix des Nations Unies dans des contextes difficiles, et réaffirmant qu’il est primordial qu’ils restent déterminés à opérer dans des contextes difficiles pour assurer le succès des missions de maintien de la paix et l’exécution intégrale des mandats de maintien de la paix, y compris la protection effective des civils, le cas échéant,

Se déclarant profondément préoccupé par les menaces et les attentats dirigés contre les forces de nombreuses missions de maintien de la paix, qui constituent un grave problème pour ces opérations, et condamnant avec la plus grande fermeté les assassinats et tous les actes de violence visant le personnel des Nations Unies, qui pourraient constituer des crimes de guerre,

Rendant hommage au travail héroïque qu’accomplissent des dizaines de milliers de membres du personnel civil et en uniforme actif dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, soulignant que l’Organisation ne devrait tolérer que les manquements d’une minorité amoindrissent ce qui est accompli par la majorité,

Accueillant avec satisfaction l’action que mène le Secrétaire général, dans le cadre de son initiative « Action pour le maintien de la paix », pour encourager tous les partenaires et les parties prenantes à renforcer l’efficacité du maintien de la paix des Nations Unies, afin notamment de faire avancer les solutions politiques, renforcer la protection des civils, améliorer la sécurité et la sûreté des soldats de la paix, améliorer la performance et le respect du principe de responsabilité, renforcer l’incidence du maintien de la paix sur la pérennisation de la paix, améliorer les partenariats de maintien de la paix et améliorer la conduite des opérations et du personnel de maintien de la paix,

Rappelant le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (S/2015/446), le rapport du Secrétaire général intitulé « L’avenir des opérations de paix des Nations Unies : application des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix » (A/70/357-S/2015/682), le rapport fait en 2016 par la Division de la police sur l’examen externe de ses fonctions, sa structure et ses capacités, le rapport du Secrétaire général sur les activités de police des Nations Unies (S/2016/952), et prenant note du rapport sur l’amélioration de la sécurité des Casques bleus des Nations Unies, qui souligne le lien existant entre la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et la performance, des effectifs, et du plan d’action qu’il contient, et estimant que des déficiences dans la formation, le matériel et la performance peuvent augmenter les risques qui pèsent sur la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, y compris les risques de pertes en vies humaines,

Soulignant qu’il faut accroître l’efficacité générale des opérations de maintien de la paix des Nations Unies par une meilleure planification intégrée des missions, y compris des évaluations de risque de violence à l’encontre des civils et du personnel des Nations Unies, et qu’à cette fin il faut que soient pris davantage d’engagements de fournir des moyens et capacités facilitatrices et que ces engagements soient effectivement honorés, et qu’il faut améliorer les résultats d’ensemble des missions,

Considérant que, pour garantir l’efficacité des opérations de maintien de la paix, il est essentiel que les mandats soient réalistes et les missions dotées de ressources suffisantes, que le personnel de maintien de la paix civil et en uniforme déployé ait la volonté, la capacité et les moyens de s’acquitter de ses tâches en toute sécurité et avec efficacité et que l’encadrement soit excellent à tous les niveaux, y compris au niveau des responsables de missions,

Soulignant qu’il importe de repérer les déficiences ayant une incidence sur l’exécution des mandats, d’améliorer les services d’appui fournis au personnel sur le terrain, de régler les problèmes systémiques et de recommander des moyens d’intégrer les enseignements tirés de l’expérience et les meilleures pratiques, en étroite coopération avec les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police et leurs dirigeants, sur le terrain et au Siège,

Soulignant le lien existant entre la performance et la sûreté et la sécurité du personnel civil et en uniforme actif dans les opérations de maintien de la paix et estimant que l’instauration d’une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies favorisera une meilleure exécution des mandats et permettra de renforcer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix,

Sachant qu’il importe de disposer de données permettant de prendre des décisions objectives pour améliorer la performance des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, compte tenu des conditions propres à chaque mission, rappelant ses résolutions 2378 (2017) et 2382 (2017), dans lesquelles il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris celles portant sur l’exécution de ces opérations, soient utilisées pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères d’exécution précis et bien définis, soulignant qu’il faut procéder à des examens réguliers de toutes les opérations de maintien de la paix, et accueillant avec satisfaction les travaux déjà entrepris par le Secrétariat pour mettre en place un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui permette d’évaluer les résultats sur la base de données mesurables et analysables,

Rappelant le rôle important que jouent les opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans la protection des civils, lorsque mandat leur en est donné, exprimant sa grave préoccupation devant la persistance de résultats insatisfaisants, notamment l’inaction face à des menaces de violences physiques, parfois imminentes, visant des civils, la planification insuffisante des mesures à prendre en cas d’urgence face à la violence, les problèmes de déontologie et de discipline, le fait que les responsables soient peu disposés à prendre des risques, le laxisme des normes de protection de la force, l’insuffisance de la disponibilité opérationnelle et de l’état de préparation et le manque de planification intégrée, et notant également avec préoccupation les cas dans lesquels des restrictions nationales peuvent nuire à l’exécution des mandats et à l’efficacité des opérations,

Encourageant l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales à poursuivre leur coordination visant à renforcer l’efficacité du maintien de la paix,

Se félicitant de la contribution des opérations de maintien de la paix à une stratégie globale de pérennisation de la paix, et saluant les interventions des soldats de la paix et des missions de maintien de la paix en faveur de la consolidation de la paix,

Se disant profondément préoccupé par les allégations graves et persistantes d’actes d’exploitation et d’atteintes sexuelles visant des soldats de la paix des Nations Unies et des forces extérieures aux Nations Unies agissant sous mandat du Conseil de sécurité, notamment du personnel militaire, civil et de police, ainsi que par le signalement insuffisant de tels actes, et soulignant que les actes d’exploitation et les atteintes sexuelles commis par ce personnel sont, entre autres crimes et fautes graves, inacceptables, et félicitant les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police qui ont pris des mesures pour prévenir les actes d’exploitation et les atteintes sexuelles, enquêter à leur égard et en tenir les auteurs responsables,

Rappelant sa résolution 2242 (2015), conscient du rôle essentiel des femmes dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et se félicitant des efforts faits pour accroître le nombre de femmes dans les composantes militaire, civiles et de police déployées dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et notant qu’il importe d’accroître le nombre de femmes à des postes de haut niveau et de veiller à tenir compte des besoins des femmes et à les faire participer à toutes les étapes de la planification et de l’exécution des missions, en incluant les compétences techniques nécessaires en matière d’égalité des sexes,

Tenant compte du rôle essentiel qui lui incombe dans le renforcement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et soulignant qu’il importe de promouvoir avec efficacité la paix et la sécurité internationales et qu’il faut améliorer à tous les niveaux, au Siège comme sur le terrain, l’état d’esprit, les comportements, l’encadrement, la prise d’initiative et le respect du principe de responsabilité,

1.    Se déclare de nouveau favorable à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en uniforme des Nations Unies qui travaille dans les opérations de maintien de la paix ou les appuie, qui permette la bonne et pleine exécution des mandats, qui prévoie des méthodes complètes et objectives fondées sur des critères précis et bien définis pour sanctionner les résultats insuffisants et récompenser ou reconnaître les résultats exceptionnels, y compris les méthodes de formation innovantes et efficaces, les résultats dépassant les normes opérationnelles, la fourniture de capacités facilitatrices essentielles, l’excellence des services d’appui aux missions, les progrès avérés dans l’exécution des mandats et l’encadrement dévoué et proactif, et qui soit assorti de moyens d’établir les responsabilités dans la performance, dont un éventail de mesures appropriées à prendre en cas de manquements, par exemple, selon qu’il conviendra, les signalements publics transparents, le gel des remboursements et le rapatriement ou le remplacement des unités, y compris la possibilité d’un remplacement par des unités d’un autre pays fournisseur de contingents ou de personnel de police relevant du Système de préparation des moyens de maintien de la paix, ainsi que la révocation des pouvoirs délégués, les plans de mise à niveau, la formation, le changement de fonctions ou la non-reconduction de contrat, voire le renvoi, pour le personnel civil;

2.    Constate que l’exécution effective des mandats de maintien de la paix relève de la responsabilité de toutes les parties prenantes et qu’elle dépend de plusieurs facteurs essentiels, notamment des mandats bien définis, réalistes et réalisables, la volonté politique, le bon encadrement, l’efficacité et la responsabilité à tous les niveaux, des ressources, une politique, une planification et des directives opérationnelles appropriées, la formation et l’équipement;

3.    Demande instamment à tous les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de respecter les normes de performance fixées par l’Organisation concernant le personnel, la formation et l’équipement, et de veiller à la bonne exécution des tâches qui leur ont été confiées tout en respectant les normes de conduite les plus élevées, prie instamment toutes les composantes civiles des missions et le personnel du Secrétariat qui appuie les opérations de maintien de la paix de respecter les normes de performance et le règlement du personnel, prend note des efforts entrepris par le Secrétaire général pour élaborer un système complet d’évaluation de la performance afin d’aider les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police à respecter les normes de performance fixées par l’Organisation et demande à toutes les parties prenantes d’appuyer ces efforts;

4.    Réaffirme que, conformément à la Charte des Nations Unies, il importe que l’Organisation respecte la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme lorsqu’elle fournit un appui relatif au maintien de la paix à des forces de sécurité non onusiennes;

5.    A conscience qu’il faut des capacités facilitatrices pour renforcer la performance du maintien de la paix et demande au Secrétaire général de poursuivre ses efforts pour doter les missions de maintien de la paix des Nations Unies de structures efficaces de contrôle et de commandement opérationnel et de capacités facilitatrices qui soient adaptées, fonctionnelles et efficaces, notamment des moyens aériens d’évacuation sanitaire primaire et secondaire et des installations et un personnel qualifié suffisants en matière d’appui médical;

6.    Affirme que les missions de maintien de la paix investies d’un mandat de protection des civils doivent veiller à s’acquitter pleinement de leur mandat, en insistant sur le fait que la responsabilité en incombe au premier chef aux pays hôtes, et souligne que, lorsqu’ils en ont le mandat, les soldats du maintien de la paix sont autorisés à recourir à tous les moyens nécessaires, y compris l’emploi de la force, pour protéger les civils, en particulier s’ils se trouvent sous la menace de violences physiques imminentes, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international applicable, souligne qu’il importe que les hauts responsables des missions continuent de s’investir dans la protection des civils, l’objectif étant de faire en sorte que toutes les composantes des missions et tous les niveaux de la chaîne de commandement soient bien informés du mandat de protection des civils et des responsabilités qui en découlent, soient formés à cette mission et s’en acquittent;

7.    Salue le rôle que jouent les opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans la protection des femmes et des enfants, ainsi que le rôle crucial que joue le personnel assumant diverses fonctions de protection, comme les conseillers pour la protection des femmes et les conseillers pour la protection de l’enfance, et l’action menée pour que la protection, le suivi, la prévention et le signalement soient systématiquement pratiqués dans les missions;

8.    Demande au Secrétaire général de veiller à ce que le personnel de direction des missions de maintien de la paix des Nations Unies soit capable et responsable, notamment en améliorant les processus de sélection pour qu’ils soient transparents et reposent sur le mérite, la compétence et les besoins de chaque mission, en améliorant les programmes de formation et de mentorat pour les dirigeants sélectionnés ou les candidats pressentis et en constituant une réserve de futurs candidats chevronnés pour les postes de haut niveau, et rappelle que les qualités du plus haut niveau à prendre en considération en priorité à cet égard sont l’efficacité, la compétence et l’intégrité et qu’il convient de tenir dûment compte de l’importance de recruter sur une aire géographique aussi vaste possible;

9.    Se félicite de la volonté des États Membres d’apporter leur soutien aux activités de formation et de renforcement des capacités au service du maintien de la paix, y compris la formation et les évaluations préalables au déploiement, les partenariats triangulaires, les codéploiements, les contributions « intelligentes », et encourage toute autre activité en ce sens et salue l’engagement pris par le Secrétaire général de mettre en place, dans la limite des ressources existantes, un mécanisme de coordination souple visant à faciliter des activités de formation et de renforcement des capacités de meilleure qualité entre États Membres, qui rassemble les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police, les prestataires de services de formation et de renforcement des capacités et l’Organisation, et l’encourage à faire en sorte que ce mécanisme soit opérationnel dès que possible, et encourage également les États Membres à contribuer à ce mécanisme;

10.   Salue les initiatives prises par le Secrétaire général pour mener des enquêtes spéciales sur des affaires relatives à la performance des militaires, des policiers ou des membres du personnel civil, notamment en ce qui concerne la protection des civils, et demande au Secrétaire général d’ouvrir ces enquêtes spéciales de toute urgence en cas d’allégation de manquements graves, et souligne qu’il importe d’améliorer les méthodes d’enquête, de rendre les conclusions des enquêtes plus transparentes et de mieux tirer parti de ces enquêtes spéciales pour encourager la coopération et le dialogue entre l’Organisation, les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les autres parties prenantes, afin d’améliorer la performance et de définir les mandats sur la base de décisions éclairées;

11.   Prie le Secrétaire général de lui communiquer ainsi qu’aux États Membres concernés, selon qu’il conviendra, des rapports détaillés sur les conclusions de ces enquêtes spéciales et les plans établis pour y donner suite, d’y faire figurer des recommandations pour remédier à toute cause de manquements avérés, ainsi que, selon qu’il conviendra, des mesures permettant de tenir le personnel civil et en uniforme responsable de ses actes, y compris le personnel d’encadrement des missions et le personnel d’appui aux missions, y compris, le cas échéant, des cours de formation corrective, le rapatriement ou le renvoi;

12.   Prie le Secrétaire général de veiller à ce que soient prises sur la base de mesures objectives de la performance les décisions visant à reconnaître l’excellence des performances ou à inciter à l’excellence et les décisions ayant trait aux déploiements, à la remédiation, à la formation, au gel des remboursements et au rapatriement de personnel en uniforme ou au renvoi de personnel civil, et demande que soit davantage utilisé le Système de préparation des moyens de maintien de la paix pour garantir le recrutement et la rétention de personnel en uniforme qualifié, et demande également au Secrétaire général de poursuivre ses efforts pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions par l’application de la Politique relative à la vérification et à l’amélioration de la préparation opérationnelle et des politiques du même ordre applicables au personnel de police dans les missions de maintien de la paix;

13.   Se félicite de l’initiative prise par le Secrétaire général de procéder régulièrement à des examens stratégiques des missions de maintien de la paix, y compris lorsqu’il lui en a fait la demande, et le prie de veiller à ce que les conclusions pertinentes des examens stratégiques qu’il commandera à l’avenir lui soient communiquées, et, selon que de besoin, le soient également aux États Membres concernés, et qu’elles soient assorties de ses analyses intégrées, de ses évaluations stratégiques et de ses conseils francs;

14.   Prie le Secrétaire général d’inclure dans les rapports qu’il lui soumet sur chaque opération de maintien de la paix un résumé des mesures prises pour améliorer la performance de la mission et remédier aux obstacles nuisant à la performance, y compris le manque d’encadrement, les restrictions nationales ayant une incidence sur l’exécution des mandats, les environnements opérationnels difficiles, ainsi que de toute mesure prise au titre du paragraphe 12 ci-dessus;

15.   Demande au Secrétaire général de porter à sa connaissance les cas de performance exceptionnelle afin de mettre en lumière les meilleures pratiques et de promouvoir leur adoption systématique, et l’encourage à offrir des primes de risque et des primes de déploiement de capacités aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police remplissant les critères, et à faire progresser la reconnaissance publique des performances exceptionnelles, notamment à sensibiliser le public à l’importance du maintien de la paix dans la promotion et la pérennisation de la paix et de la sécurité internationales, ainsi qu’au rôle des soldats de la paix et des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police et aux sacrifices qu’ils consentent;

16.   Souligne que l’exploitation et les atteintes sexuelles sous quelque forme que ce soit sont inacceptables, réaffirme son appui à la politique de tolérance zéro des Nations Unies à l’égard de toutes les formes d’exploitation et de violence sexuelles et se félicite de l’approche centrée sur les victimes adoptée par le Secrétaire général ainsi que des mesures qu’il a prises pour renforcer la prévention, la répression et la réparation de toutes les formes de comportement sexuel répréhensible et le prie à nouveau d’inclure une partie sur le respect de sa politique de tolérance zéro de l’exploitation et des atteintes sexuelles dans tous les rapports qu’il lui communique, qu’ils soient thématiques ou portent sur un pays précis, demande instamment à tous les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de redoubler d’efforts pour vérifier les antécédents des membres de leur personnel et les former, d’enquêter sur les allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par leur personnel et de prendre les mesures voulues pour amener les auteurs à répondre de leurs actes, est conscient de la nécessité de renforcer encore, de façon visible et mesurable, la lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles;

17.   Se déclare préoccupé par les allégations de harcèlement sexuel dans les opérations de maintien de la paix et affirme son soutien à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de toutes les formes de harcèlement sexuel;

18.   Engage les États Membres à fournir, selon qu’il convient, au personnel qu’ils s’apprêtent à déployer dans des opérations de maintien de la paix des Nations Unies une formation portant sur les questions relatives à la violence sexuelle en situation de conflit et à la traite des êtres humains, ainsi que sur la problématique femmes-hommes, afin que ces considérations soient pleinement prises en compte, selon qu’il convient, dans les normes régissant la performance et l’état de préparation opérationnelle, et engage également les États Membres à désigner des personnes référentes pour ces questions parmi le personnel militaire et le personnel de police;

19.   Rappelle sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il demandait au Secrétaire général de mettre en œuvre, en collaboration avec les États Membres, une stratégie révisée visant à doubler le nombre de femmes dans les contingents militaires et les effectifs de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies à l’horizon 2020, lui demande de plus que cette stratégie garantisse une participation réelle et effective des femmes à tous les aspects du maintien de la paix et le prie de lui présenter cette stratégie révisée au plus tard en mars 2019;

20.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale rend hommage à la mémoire de l’ancien Secrétaire général, Kofi Annan « fervent défenseur » de la Charte des Nations Unies

Soixante-treizième session,
2e séance plénière - matin
AG/12057

L’Assemblée générale rend hommage à la mémoire de l’ancien Secrétaire général, Kofi Annan « fervent défenseur » de la Charte des Nations Unies

Flûte, tam-tam et chants traditionnels du Ghana; l’Assemblée générale s’est inclinée aujourd’hui devant la mémoire de l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, en présence de ses successeurs, MM. Ban Ki-moon et António Guterres lequel a salué « un homme exceptionnellement chaleureux, accessible et populaire, mais surtout fervent défenseur des valeurs de la Charte des Nations Unies ».

C’est avec une grande tristesse, a avoué la Présidente de l’Assemblée générale, que nous ouvrons cette soixante-treizième session, après la perte du septième Secrétaire général de l’ONU, décédé le 18 août 2018, à Genève.  Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur, qui est seulement la quatrième femme à se hisser à ce poste en 72 ans, a estimé particulièrement juste que cet hommage coïncide avec la Journée internationale de la paix, une cause défendue inlassablement par Kofi Annan, récipiendaire du prix Nobel en 2001, qui avait intitulé son Rapport du Millénaire, « Nous les peuples », les premiers mots de la Charte des Nations Unies.

Les Nations Unies et Kofi Annan étaient inséparables, a confirmé son successeur, M. António Guterres qui a salué un homme « charmant, sage et gentil mais qui savait aussi « sermonner de manière magistralement subtile ».  Ses efforts pour articuler les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont mobilisé le monde autour de l’élimination de la pauvreté et ouvert la voie au Programme de développement durable à l’horizon 2030, « une feuille de route ambitieuse pour un monde meilleur ».  La « voix morale » de Kofi Annan, a estimé M. Guterres, a conduit le monde vers une « compréhension révolutionnaire » de la nécessité de défendre notre humanité commune.  Pour Kofi Annan, les Nations Unies, c’était « le meilleur espoir de l’humanité ».

« Idéalisme et compassion », tels étaient ses moteurs, a poursuivi son successeur immédiat, M. Ban Ki-moon, admiratif devant « une source d’inspiration » et convaincu que l’histoire se souviendra d’« un monument à la vision lumineuse de notre avenir commun ».  Desmond Tutu voyait en lui « un jeune homme devenu un sage », moi j’ai vu « un mentor », a déclaré M. Ban. 

Sage, il l’était, puisque jusqu’à sa mort, Kofi Annan présidait encore « The Elders » réunis par Nelson Mandela en 2007.  Membre de ce « Conseil des Sages », l’ancienne Présidente de l’Irlande et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Mme Mary Robinson, s’est émerveillée devant « la grâce et la dignité » avec lesquelles Kofi Annan a dirigé l’ONU, « une famille qu’il cherchait à protéger comme un père ».  Il connaissait les forces et les faiblesses de chacun, a confirmé Mme Tasa Delenda, ancienne membre du Cabinet de l’ancien Secrétaire général.  Il nous traitait tous sur un pied d’égalité, n’oubliant pas de demander des nouvelles de nos enfants.  J’ai tout de suite vu « ses qualités exceptionnelles », a confié, à son tour, son ami de 40 ans et ancien Chef de Cabinet, M. Iqbal Riza, qui a aussi insisté sur « le charisme et la mémoire sans pareil » de Kofi Annan, premier Secrétaire général à être issu du personnel de l’ONU.

Je me souviens de la première fois qu’il est monté sur cette tribune, « fier et digne », s’est souvenue, émue aux larmes, sa veuve, Mme Nane Annan.  Mon mari, « le rebelle du 38e étage », est parti trop tôt mais il a eu une vie bien remplie.  La vie de mon père a pris fin, a poursuivi son fils, Kojo Annan, mais « sa vision perdure », celle de faire de la paix « une question personnelle ».

Sa vision, a embrayé, le Groupe des États d’Afrique, c’est une approche collective et non exclusive des relations internationales, avec une Afrique, « partie prenante incontournable » au système international.  C’est un homme « pétri de culture, tenace, doté d’un sens inné du devoir » que le Groupe régional a salué, alors que celui des États d’Asie et du Pacifique s’inclinait devant l’homme qui a su « faire entrer l’Organisation dans le nouveau millénaire ».  L’héritage profond de Kofi Annan, selon le Groupe des États d’Europe orientale, restera une source d’inspiration et de créativité pour parvenir, par des actions communes, à un monde meilleur.  C’était un homme pragmatique qui privilégiait le consensus, a souligné le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes.  « Son héritage restera à jamais avec nous. »  Même après avoir quitté l’ONU, il a poursuivi sa lutte pour la paix et la tolérance à travers sa Fondation, ont rappelé les États-Unis.

La présence de deux Secrétaires généraux ici et des nombreux chefs d’État qui sont venus au Ghana prouvent la haute estime et le profond respect dans lesquels était tenu Kofi Annan, s’est réjoui le représentant ghanéen qui a cité les mots de l’ancien Secrétaire général: le leadership n’est pas tant lié à la personne, mais plutôt à ce qu’il faut faire pour parvenir au bien-être de la société et des personnes au service desquelles l’on travaille.

Kofi Annan disait aussi dans son dernier discours à l’Assemblée générale, le 19 décembre 2006: « Oui, je demeure convaincu que la réduction de la fracture passe nécessairement par des Nations véritablement Unies.  Changements climatiques, VIH/sida, équité des échanges commerciaux, migrations, droits de l’homme: on en revient toujours là…  Il est indispensable pour chacun de nous, pour notre village, notre quartier, notre pays, que l’on s’attaque à chacun de ces problèmes…  Chacun de nous doit gagner la confiance de ses frères et sœurs humains, indépendamment de leur race, de leur couleur ou de leur religion, et apprendre à se fier à eux.

C’est en cela que croyaient les fondateurs de l’ONU.  C’est en cela que je crois.  Et c’est en cela que l’immense majorité des gens de ce monde veulent croire…  Ensemble nous avons hissé d’énormes rocs en haut de la montagne, même si quelques-uns nous ont échappé et sont retombés.  Avec ses vents vivifiants et sa vue panoramique sur le monde, cette montagne est le meilleur endroit qui soit…  Oui, ce fut une période difficile et pleine d’embûches, mais aussi une période faite de moments palpitants et enrichissants…  Au moment de céder la place aux autres, je garde, obstinément, espoir dans notre avenir commun. »  C’est d’ailleurs par ces mots que s’est ouverte la cérémonie d’hommage à celui qui a dirigé l’ONU de 1997 à 2006.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les tendances actuelles sapent la solution des deux États, prévient le Coordonnateur pour le processus de paix entre Israël et la Palestine

8358e séance – après-midi
CS/13514

Conseil de sécurité: les tendances actuelles sapent la solution des deux États, prévient le Coordonnateur pour le processus de paix entre Israël et la Palestine

Les tendances actuelles sapent la solution des deux États, a prévenu cet après-midi le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, lors du débat trimestriel du Conseil de sécurité sur la question de Palestine.

Entre le 13 juin et le 12 septembre, la situation entre Israël et la Palestine a été marquée par la poursuite des opérations militaires israéliennes dans le Territoire palestinien, les incertitudes entourant l’avenir du processus de paix et la solution des deux États, le contrôle du Hamas sur Gaza, les actions unilatérales compromettant les efforts de paix, l’affaiblissement de l’appui à l’Autorité palestinienne et les troubles dans la région en général.  Le Coordonnateur spécial n’a pas manqué de s’attarder sur la situation financière « grave » de l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Durant cette période, a-t-il poursuivi, aucune mesure n’a été prise pour stopper les activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.  Quant à la violence, le Coordonnateur spécial a prévenu qu’après le retour au calme dû à l’intervention de l’Égypte et des Nations Unies, les lancements de cerfs-volants et ballons enflammés, les affrontements, les tirs à balles réelles de l’armée israélienne ou les attaques à l’arme blanche par des Palestiniens n’ont pas cessé.  Malgré la résolution 2234 du Conseil de sécurité, les provocations, les incitations et les discours incendiaires sont toujours d’actualité, qu’il s’agisse du Hamas ou des autorités israéliennes. 

Si la signature des Accords d’Oslo, il y a 25 ans, a été un moment historique qui a rempli d’espoir Israéliens et Palestiniens, cette vision « courageuse » s’est malheureusement effacée, s’est désolé le Coordonnateur spécial, alors que pour la France « la vision d’une paix durable a volé en éclats ».  Les deux tiers de l’opinion publique palestinienne estime désormais que la situation a empiré depuis la signature de ces Accords et, ont ajouté les Pays-Bas, plus de 50% des Israéliens et des Palestiniens ne croient plus en la solution des deux États.

Le Coordonnateur spécial a appelé à restaurer l’espoir parce que l’alternative, a-t-il prévenu, ce sont des cycles perpétuels de violence.  Il a été appuyé en ce sens par la plupart des délégations pour lesquelles il faut consacrer des efforts à la reprise de négociations israélo-palestiniennes « dignes de ce nom » et qui exige, ont souligné plusieurs délégations, la fin des colonies de peuplement.   

D’ailleurs, a rappelé le Coordonnateur spécial, en septembre dernier, la Haut-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a demandé aux autorités israéliennes de revenir sur leur décision de démolir le village bédouin de Khan al-Ahmar, prévenant qu’elle « aurait des conséquences humanitaires graves ».  Cet appel avait été relayé en son temps par l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni, a souligné le Coordonnateur spécial.

La reprise des négociations exige aussi, ont argué plusieurs délégations, de régler les causes sous-jacentes des tensions à Gaza, « une poudrière qui risque d’exploser à tout moment » comme l’a dit la France, et « qui n’en a plus pour longtemps », selon le Koweït, compte tenu de sa situation humanitaire et économique d’une gravité sans précédent.  Le processus politique ne pourra pas non plus avancer sans une réconciliation intrapalestinienne et le retour à Gaza de l’Autorité palestinienne, a souligné le Royaume-Uni.

La situation financière « grave » de l’UNRWA a également suscité de vives inquiétudes dans la mesure où elle affecte directement des services « vitaux » à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens.  À cet égard, la Suède a dit organiser, avec la Jordanie, une réunion ministérielle, le 27 septembre, en marge du débat de l’Assemblée générale pour souligner l’importance de l’UNRWA pour la stabilité régionale.

Si, comme l’a rappelé le Coordonnateur spécial, la communauté humanitaire a demandé la somme de 540 millions de dollars pour cette année dont 75% pour Gaza, à ce jour, cet appel n’a été financé qu’à hauteur de 29%.  Il a aussi parlé de la décision des États-Unis de geler un appui économique de plus de 200 millions de dollars à la Cisjordanie et à Gaza et de 25 millions de dollars au réseau des hôpitaux à Jérusalem-Est.  Le 10 septembre, les États-Unis ont fermé le bureau de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington arguant du manque de volonté de l’OLP de reprendre les négociations avec Israël et de son intention de saisir la Cour pénale internationale (CPI).  Cette fermeture est « un coup dur pour notre travail collectif », a commenté la Fédération de Russie.

Les États-Unis ont préféré axer leur intervention sur « le seul pays qui est à la base de l’instabilité au Moyen-Orient »: l’Iran. Après avoir dénoncé les manœuvres iraniennes en Iraq, les États-Unis ont estimé que tous les pays « soucieux du principe de souveraineté nationale » devraient se montrer inquiets.  Tous ceux qui respectent le droit à l’autodétermination du peuple iraquien doivent le défendre, ont-ils martelé.

Les neufs membres du Conseil qui avaient demandé dans une lettre au Secrétariat du Conseil de sécurité que les rapports trimestriels sur l’application de la résolution 2334 soient désormais soumis par écrit, ont réitéré leur demande aujourd’hui.  Il s’agit de la Bolivie, la Chine, la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale, la France, le Kazakhstan, le Koweït, les Pays-Bas, le Pérou et la Suède.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY MALDENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a parlé de la période allant du 13 juin au 12 septembre, marquée par la poursuite des opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien, les incertitudes entourant l’avenir du processus de paix et la solution des deux États, le contrôle du Hamas sur Gaza, les actions unilatérales compromettant les efforts de paix, l’affaiblissement de l’appui à l’Autorité palestinienne et les troubles dans la région en général.  Le Coordonnateur spécial n’a pas manqué de s’attarder sur la situation financière « grave » de l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Durant cette période, a-t-il dit, aucune mesure n’a été prise pour stopper les activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, des peuplements, a-t-il souligné, qui constituent une violation du droit international et un obstacle « majeur » à la paix.  Quant à la violence, autre obstacle à la paix, le Coordonnateur spécial a énuméré les incidents et l’escalade qui ont poussé Israël et le Hamas au plus près de la guerre à au moins à trois occasions.  Le calme a été rétabli après que l’Égypte et les Nations Unies sont intervenues pour désamorcer la situation.  Mais les cerfs-volants et les ballons en feu, les affrontements, les tirs à balles réelles de l’armée israélienne ou les attaques à arme blanche par des Palestiniens n’ont pas cessé.  Malgré la résolution 2234 du Conseil de sécurité, les provocations, les incitations et les discours incendiaires sont toujours proférés, qu’il s’agisse du Hamas ou des autorités israéliennes. 

Le Coordonnateur spécial a tout de même donné quelques bonnes nouvelles dont la restitution par Israël des revenus fiscaux palestiniens, soit 44 millions de dollars, et l’ouverture du point de passage de Rafah.  Mais, a-t-il prévenu, la situation humanitaire, sécuritaire et politique continue de se détériorer à Gaza où l’accord du 12 octobre 2017 n’est toujours pas appliqué, empêchant l’Autorité palestinienne d’exercer ses prérogatives.  À cela, il faut ajouter la crise d’électricité; les Nations Unies n’ayant plus d’argent pour reconstituer les stocks de carburant.  La situation a été aggravée par la fermeture du point de passage de Kerem Shalom et les restrictions imposées par Israël dans les zones de pêche, sans compter les mesures de l’Autorité palestinien pour réduire les salaires, l’offre de carburant et les dépenses générales à Gaza. 

La communauté humanitaire a demandé la somme de 540 millions de dollars pour cette année dont 75% pour Gaza.  À ce jour, l’appel n’a été financé qu’à hauteur de 29%.  Le Coordonnateur spécial a aussi parlé de la suspension par les États-Unis de leur appui économique de plus de 200 millions de dollars à la Cisjordanie et à Gaza et de 25 millions de dollars au réseau des hôpitaux à Jérusalem-Est.  Le 10 septembre, les États-Unis ont fermé le bureau de l’OLP à Washington arguant du manque de volonté de l’Organisation de libération de la Palestine de reprendre les négociations avec Israël et de son intention de saisir la CPI. 

Les tendances actuelles compromettent la solution des deux États, a prévenu le Coordonnateur spécial.  Or il y a 25 ans, les Accords d’Oslo ont été un moment historique qui a rempli d’espoir Israéliens et Palestiniens.  Malheureusement aujourd’hui cette vision courageuse s’est effacée.  Nous devons, a-t-il conclu, restaurer l’espoir parce que l’alternative, ce sont les cycles perpétuels de violence, a insisté le Coordonnateur spécial, en réclamant une solution fondée sur deux États, Israël et la Palestine, vivant côte et à côte, dans la paix et la sécurité, avec Jérusalem comme capitale des deux États, et fondée sur les frontières de 1967, les résolutions des Nations Unies et les accords existants. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré qu’aucune alternative viable à la solution des deux États n’avait émergé depuis Oslo.  Il a mis en cause la politique de colonisation israélienne en zone C et à Jérusalem, qui menace de porter atteinte de manière irréversible à cette solution, et la situation à Gaza, qui peut à tout moment conduire à une escalade de la violence.  Le représentant s’est élevé contre la décision de procéder à la démolition du village de Khan al-Ahmar, rendue par la Cour suprême israélienne, et qui est contraire au droit international humanitaire, ainsi qu’aux propres résolutions du Conseil de sécurité.  Sans compter, a-t-il ajouté, ses conséquences désastreuses sur le plan politique, puisqu’elle ouvrirait la voie à la colonisation de la zone dite E1, d’importance stratégique pour la solution des deux États.  Par ailleurs, depuis six mois, les violences se succèdent à Gaza, sur fond de crise humanitaire d’une gravité sans précédent. 

Après avoir rappelé que la France avait condamné aussi bien l’usage disproportionné et indiscriminé de la force par Israël comme l’instrumentalisation des manifestations par le Hamas et d’autres groupes armés, le représentant a martelé qu’il n’y aurait pas de solution durable à Gaza sans réconciliation interpalestinienne.  Parallèlement à la relance du processus lancé au Caire il y a près d’un an, la France a considéré qu’il fallait apporter tout le soutien nécessaire aux propositions du Coordonnateur spécial visant à la mise en œuvre de projets prioritaires.  De même, une mobilisation sans précédent est nécessaire pour permettre à l’UNRWA de poursuivre ses activités essentielles et de maintenir ses écoles ouvertes sans interruption.  Le délégué a rappelé en conclusion que le Président français, Emmanuel Macron, s’entretiendrait demain avec le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a expliqué que son gouvernement demeure attaché à la solution des deux États et insiste sur le fait que le meilleur moyen d’y aboutir c’est par le biais de négociations entre Israéliens et Palestiniens.  Préoccupée par les derniers développements sur le terrain, qui violent des dispositions clefs de la résolution 2334, la représentante a également fait part de ses inquiétudes quant à la démolition programmée du village de Khan al-Ahmar, exhortant le Gouvernement israélien à y renoncer.  Également inquiète de la situation de l’UNRWA et de son déficit budgétaire, la représentante a assuré que le Royaume-Uni continuera à appuyer l’Office.  Elle a dit redouter les conséquences possibles de la décision de l’Administration américaine de geler son financement de l’Office.  Elle a émis l’espoir que des services vitaux ne seront pas compromis par cette décision et, a donc appelé les États Membres à prendre les mesures qui s’imposent. 

La représentante a également insisté sur l’impératif de gérer la situation humanitaire à Gaza.  Après avoir passé les différentes contributions de son gouvernement, elle a souligné qu’il y va de l’intérêt de tous de voir la paix et la sécurité régner dans cette partie du monde.  Elle a appelé à des progrès tangibles à l’occasion de la Réunion ministérielle sur la situation de l’UNRWA prévue la semaine prochaine en marge de l’Assemblée générale.  Elle a encouragé la réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne « qui devrait reprendre le contrôle sur Gaza ».  En conclusion, elle a exhorté les Israéliens et les Palestiniens à faire preuve de retenue et à désamorcer les tensions.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que les Accords de Camp David et les Accords d’Oslo restent le fondement du processus politique entre Israël et la Palestine.  Le Processus de Madrid, le Quatuor pour le Moyen-Orient, les résolutions du Conseil de sécurité et l’Initiative de paix arabe adhèrent tous à la solution des deux États, a souligné le représentant qui a dénoncé la décision américaine de geler le financement de l’UNRWA et de fermer le Bureau de l’OLP à Washington, « un coup dur pour le travail collectif ».  Il n’est pas trop tard pour annuler ces initiatives, a-t-il encouragé, ajoutant que son pays maintient son invitation aux deux parties à venir discuter à Moscou.  Il a aussi encouragé la réconciliation interpalestinienne, salué l’implication de l’Égypte et de la Jordanie et réclamé un règlement équitable du conflit comme moyen de régler les autres problèmes de la région. 

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a plaidé contre les colonies de peuplement, les démolitions et les expulsions.  Il s’est inquiété en particulier des conséquences humanitaires des démolitions dans la localité de Khan al-Ahmar.  Il s’est aussi inquiété de la situation humanitaire à Gaza.  Il faut, s’est-il impatienté, faire avancer la réconciliation intrapalestinienne pour que l’Autorité palestinienne reprenne le contrôle effectif de Gaza et que les négociations directes avec Israël reprennent.  Il a également plaidé pour que l’UNRWA soit doté de ressources suffisantes et prévisibles.  La violence doit cesser, l’accord politique doit être promu, les violences aveugles du Hamas doivent être condamnées, a insisté le représentant, avant de réclamer la seule solution viable: celle des deux États vivant côte-à-côte dans des frontières sûres et mutuellement reconnues.

Pour M. MA ZHAOXU (Chine), la question de Palestine est au cœur des problèmes du Moyen-Orient.  La Chine, a-t-il souligné, défend la solution des deux États qui « semble pourtant nous échapper ».  Le représentant a exprimé ses préoccupations face à la situation humanitaire à Gaza, « une situation qui reste précaire et qui risque de dégénérer en conflit ouvert ».  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, doit assumer son leadership, en poussant toute la communauté internationale à épouser la solution des deux États, le principe de la terre contre la paix et l’Initiative de paix arabe.  Il est impératif d’obtenir le plein respect des résolutions du Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, qui a exigé d’Israël qu’il mette fin à ses activités de peuplement illégales ainsi qu’au blocus de Gaza. 

La communauté internationale doit rester soudée dans ses efforts visant la reprise des pourparlers entre les Israéliens et les Palestiniens, et, à cet égard, ceux qui ont une influence particulière au Moyen-Orient doivent jouer un rôle constructif.  Reconnaissant la complexité de la question du statut de Jérusalem, le représentant a estimé que toutes les parties devraient respecter le consensus international et le pluralisme de la ville.  « Il ne faut pas perdre de vue le sort des plus de cinq millions de réfugiés palestiniens » auxquels l’UNRWA apporte des services vitaux depuis 65 ans, a ajouté le représentant qui appelé tous les États Membres à remédier au déficit financier de l’Office.  La Chine, a-t-il annoncé, a d’ores et déjà augmenté sa contribution pour cette année.

M. OLOF SKOOG (Suède) a rappelé l’illégalité de la politique de peuplement d’Israël au regard du droit international et estimé que cette politique sape la solution des deux États.  Il a déploré le manque de progrès s’agissant de l’application de la résolution 2334 (2016) et exhorté les États Membres à y remédier.  Le délégué a jugé crucial d’atténuer la grave crise humanitaire à Gaza, avant d’appeler au retour de l’Autorité palestinienne.  M. Skoog a ensuite profondément regretté la décision des États-Unis de ne plus apporter de contributions financières à l’UNRWA, alors que ce pays était traditionnellement le donateur le plus généreux.  L’Agence enregistre un déficit de 186 millions de dollars, a-t-il déploré.  M. Skoog a insisté sur l’engagement de la Suède à appuyer l’UNRWA à un moment aussi critique.  Ces derniers mois, a-t-il rappelé, la Suède et la Jordanie ont mobilisé un soutien politique et financier à l’Office.  Le délégué a appelé à des efforts collectifs accrus pour préserver la solution des deux États et s’est dit surpris qu’aucun rapport du Secrétaire général prévu par la résolution précitée n’ait été communiqué avant cette réunion. 

Après avoir réaffirmé son soutien à la solution des deux États, Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a expliqué que la communauté internationale devrait renforcer sa coopération avec les pays de la région, comme l’Égypte et la Jordanie, qui ont une influence réelle s’agissant de la désescalade des tensions entre Israéliens et Palestiniens.  La représentante s’est toutefois dit préoccupée de la rhétorique incendiaire et les provocations constatées de part et d’autre, lesquelles entravent le processus de paix, tout particulièrement à Gaza.  À cet égard, elle s’est déclarée inquiète de la détérioration de la situation financière de l’UNRWA, soulignant les défis auxquels l’Office fait déjà face dans l’exercice de son mandat pour continuer à fournir des services de base comme l’éducation et la santé.  La représentante a, en conclusion, repris à son compte l’appel lancé par le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies dans le Territoire palestinien occupé pour que soit annulés les projets de démolition à Khan al-Ahmar. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dénoncé les agissements du Gouvernement israélien qui continue son action négative contre les Palestiniens.  Le représentant a aussi dénoncé les attaques meurtrières des forces armées israéliennes contre la population palestinienne.  Il a dit être préoccupé par le chômage massif en particulier des jeunes et des femmes palestiniens.  Il a dénoncé la politisation de l’aide aux réfugiés palestiniens comme en témoigne le gel du financement américain de l’UNRWA.  Il a appelé les États Membres à soutenir l’Office car la crise a pour conséquence la détérioration continue de la situation des réfugiés.  La Bolivie, a indiqué son représentant, appuie toutes les initiatives visant une paix durable entre les deux parties et la seule alternative c’est la solution des deux États et la création d’un État palestinien indépendant et souverain vivant côte à côte avec Israël. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pris note de la situation dangereuse qui règne dans les territoires occupés.  Compte tenu de cette détérioration quotidienne, il a estimé qu’il faut d’abord de nouveaux financements pour répondre à la situation humanitaire à Gaza où il a dit craindre des conséquences catastrophiques pour les hôpitaux et le traitement des eaux.  « Gaza n’a plus que quelques semaines. »  Il a exigé de la communauté internationale de redoubler d’efforts pour protéger les civils et exercer des pressions sur Israël pour qu’il respecte enfin toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

L’exposé de M. Mladenov montre à nouveau que « nous sommes au bord d’une catastrophe », a martelé le représentant, rappelant que le nombre total de morts depuis le début de la Grande marche du retour s’élève à 180 Palestiniens, des crimes que le Koweït condamne catégoriquement.  Il a également dénoncé le plan de démolir le village de Khan al-Ahmar pour « balayer tous les Palestiniens de cette zone » alors même que les colonies de peuplement sont illégales.  Le Koweït, a-t-il prévenu, compte sur des rapports écrits réguliers sur l’application de la résolution 2334.  Abordant aussi la crise financière de l’UNRWA et qui menace directement les réfugiés, il a lancé un appel aux donateurs et à la communauté internationale dans son ensemble, pour qu’ils garantissent un financement durable à l’Office, rappelant que le Koweït a versé plus de 70 millions de dollars ces quatre dernières années. 

Mme MAHLET HAILU GAUDEY(Éthiopie) a dénoncé les actions négatives des parties qui continuent d’alimenter les tensions dans la région.  La déléguée s’est dite attristée par les morts des civils israéliens et palestiniens.  Il est absolument vital, a-t-elle prévenu, que les parties s’abstiennent de tout acte susceptible de freiner les progrès et qui aggraverait les frustrations et la méfiance.  La situation sécuritaire et humanitaire à Gaza est une vraie source de préoccupation et éviter le pire doit être la priorité.  La représentante a souhaité que les manifestations prévues pendant la semaine de haut niveau contribuent à mobiliser l’aide de la communauté internationale, une aide à la hauteur des besoins des Palestiniens. 

L’Éthiopie appuie l’engagement de l’ONU, de l’Égypte et de toutes les parties concernées à régler la situation à Gaza.  Les efforts de l’Égypte pour la réconciliation interpalestinienne sont un pas important et les parties doivent coopérer pour le bien d’un peuple qui a trop longtemps souffert.  Vingt-cinq ans après les Accords d’Oslo, la paix au Moyen-Orient et en Palestine nous échappe toujours, s’est désolée la représentante.  Il faut revigorer et faciliter la reprise des négociations directes.  Il appartient au Conseil de sécurité, a conclu la représentante, de soutenir ces efforts pour la paix entre les Israéliens et les Palestiniens et la paix dans la région du Moyen-Orient. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a indiqué que son pays regrette l’absence d’un cadre de concertation consensuel et viable, depuis l’impasse dans laquelle se trouve les Accords d’Oslo qui avaient pourtant suscité l’espoir d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.  La Côte d’Ivoire réitère son appel aux dirigeants israéliens et palestiniens à faire preuve de dépassement pour renouer le dialogue.  Le représentant a réaffirmé le « soutien ferme » de la Côte d’Ivoire à la solution des deux États, coexistant pacifiquement dans le cadre des frontières de 1967.  Pour M. Ipo, la relance du dialogue n’est pas qu’une simple nécessité, mais avant tout une urgence dont la satisfaction aiderait à circonscrire les guerres potentielles.  C’est tout le sens du soutien de la Côte d’Ivoire à l’initiative lancée par la France, le 15 janvier 2017, et qui a abouti à l’adoption, par 70 États et organisations internationales, d’une Déclaration conjointe réaffirmant l’attachement de la communauté internationale à la solution des deux États. 

Sur le volet humanitaire, la Côte d’Ivoire, a dit le représentant, encourage les donateurs à poursuivre et à multiplier les initiatives d’assistance aux populations palestiniennes en détresse.  Elle salue à cet égard l’annonce faite par la Jordanie d’organiser, le 27 septembre, à New York, une conférence en vue de mobiliser les appuis financiers indispensables à la poursuite des activités de l’UNRWA.  Au sujet du Yémen, la Côte d’Ivoire estime que le pessimisme et l’inaction ne sont pas envisageables, car « ils feraient porter à notre conscience collective le fardeau d’une autre tragédie ».  M. Ipo a également rappelé aux parties en conflit leurs obligations au regard du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Il a aussi appelé à la mise en œuvre du principe de reddition de comptes pour sanctionner les atteintes inacceptables aux droits de l’homme au Yémen.

Concernant la crise syrienne, la Côte d’Ivoire a appelé avec insistance les belligérants à la cessation immédiate des hostilités et à privilégier le dialogue, dans le cadre d’un processus politique inclusif, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité qui définissait la feuille de route du processus de paix en Syrie.  Le représentant a enfin salué les efforts déployés par la communauté internationale qui ont permis la signature de l’Accord de Genève sur le nucléaire iranien.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a rappelé que sa délégation fait partie des 10 signataires de la lettre du 14 mai dernier dans laquelle les auteurs demandaient que soit restaurée la pratique usuelle qui veut que le Conseil de sécurité reçoive des rapports écrits, y compris dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité.  Contrairement au mois de juin dernier au cours duquel un rapport avait été publié le 18 juin, le délégué a regretté que cela ne soit pas le cas aujourd’hui.  Il a appelé les parties israélienne et palestinienne à respecter les résolutions pertinentes adoptées par le Conseil de sécurité au cours des 50 dernières années, soit depuis 1967.  Il a insisté sur la résolution 2334 (2015), plaidant pour l’arrêt des colonies de peuplement.  Le délégué a appelé les autorités israéliennes à mettre un terme aux démolitions et à relocaliser les communautés palestiniennes en Cisjordanie.

Le représentant a souligné l’importance d’un soutien à l’« entité importante » qu’est l’UNRWA compte tenu de son travail et de la situation désespérée à Gaza.  Il a aussi insisté sur l’unité intrapalestinienne, appelant à l’union des diverses factions sous la bannière d’une Autorité palestinienne légitime et démocratique.  Il a invité les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Union européenne et l’ONU à faire revivre le Quatuor, afin de consolider les efforts multilatéraux pour une solution pacifique du conflit.  Enfin, il a appelé les dirigeants israéliens et palestiniens et toutes les parties prenantes, à « prendre des actions concrètes pour préserver la possibilité d’une coexistence pacifique et la solution des deux États ». 

Le 13 septembre a marqué le vingt-cinquième anniversaire de la signature des Accords d’Oslo, a rappelé M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), et, depuis, l’Autorité palestinienne a été mise en place, le transfert des compétences a eu lieu et les institutions palestiniennes ont été jugées aptes à assumer les responsabilités d’un État.  Mais le transfert des responsabilités a cessé, et les divisions entre Gaza et la Cisjordanie ne cessent de se creuser alors que les colonies de peuplements augmentent.  En 1993, il semblait compliqué de déplacer 100 000 colons israéliens.  Mais résoudre aujourd’hui la question de 600 000 colons en Cisjordanie est une tâche « herculéenne ».  Les Pays-Bas, a dit le représentant, condamnent la décision d’Israël d’autoriser la construction de 2 000 nouvelles unités de peuplement, rappelant que ces colonies sont illégales en vertu du droit international et qu’elles minent les perspectives de paix. 

« Trois quart de l’opinion publique palestinienne estime que la situation est pire aujourd’hui qu’avant les Accords d’Oslo », et le soutien à la solution des deux États est passé en dessous de la barre des 50% des côtés israélien et palestinien.  Nous sommes préoccupés par ces tendances et l’absence de mesures pour les inverser, a avoué le représentant, avant d’aborder la question de démolition programmée du village de Khan al-Ahmar en Cisjordanie.  Le représentant a réitéré l’appel de l’Union européenne et des Pays-Bas pour que le Gouvernement israélien reconsidère son plan de démolition, y compris son école, et le déplacement forcé de ses habitants.

Abordant ensuite la situation à Gaza, M. van Oosterom a constaté la dégradation de la situation humanitaire sur place et a noté que la reprise des hostilités a pu être évitée de justesse cette été grâce aux efforts des Nations Unies et de l’Égypte.  Pourtant, les causes sous-jacentes n’ont pas été réglées, a-t-il constaté, citant le taux de chômage de plus de 50% à Gaza et les manifestations le long de la barrière de Gaza dont le nombre des victimes augmente.  S’il a appelé à des manifestations véritablement pacifiques, il a aussi demandé à Israël une réaction proportionnée.  Il a encouragé la relance économique de Gaza, « qui ne devrait pas dépendre de l’aide humanitaire », notamment par l’ouverture prévisible des points de passage tout en tenant compte de la sécurité d’Israël.  Le représentant n’a pas manqué d’exprimer ses préoccupations face à la crise budgétaire de l’UNRWA.  Vingt-cinq ans après Oslo, les Pays-Bas encouragent les Israéliens et les Palestiniens à ne pas se tourner le dos et à s’engager sur la route difficile de la paix.  « Ils sont les seuls à pouvoir prendre les décisions sur les questions liées au statut final », a souligné M. van Oosterom, ajoutant que cela reste possible à condition d’avoir la volonté politique nécessaire.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a constaté que la paix semble éloignée 25 ans après les Accords d’Oslo. Or, il n’y pas de solution militaire à ce conflit et les parties ne devraient pas compliquer une situation déjà complexe.  Rappelant que depuis le début de l’année 2018, des centaines de Palestiniens ont perdu la vie à cause de la violence, le délégué a jugé important qu’Israël comprenne une fois pour toutes que le recours à la force doit être réfléchi et le blocus contre Gaza, cesser.  M. Esono Mbengono s’est aussi dit préoccupé par le manque de progrès dans la réconciliation entre le Fatah et le Hamas.  Il s’est également dit inquiet de la situation financière de l’UNRWA.  Il a conclu en insistant sur le droit des Israéliens et des Palestiniens à vivre dans la paix et la sécurité.  Il a donc appelé au plein respect des résolutions du Conseil de sécurité.

Mme NIKKI R. HAILEY (États-Unis) a attribué à un seul pays les conflits et l’instabilité au Moyen-Orient: l’Iran dont l’empreinte est visible partout dans la région.  Le régime iranien, s’est-elle expliquée, soutient les dictateurs qui gazent leur peuple, alimente les conflits, finance les combattants étrangers et les terroristes.  L’Iran transfert des missiles aux militants, agit contre les intérêts du Conseil de sécurité, en violant la souveraineté du Liban, de la Syrie, du Yémen, sans oublier l’Iraq où ses hommes de main ont reçu du matériel pour fabriquer des missiles.  Le régime iranien, a indiqué la représentante, vient d’ailleurs de tirer un barrage de missiles contre l’Iraq, attaquant le quartier général du Parti démocratique du Kurdistan et tuant, ce faisant, 11 personnes. L’Iran s’emploie aussi à influencer la formation du Gouvernement iraquien avec aux manettes le général Soleimani frappé, par ce Conseil, d’une interdiction de voyager depuis 2015.  L’Iran, a poursuivi la représentante, veut se servir d’un Iraq faible pour financer ses activités terroristes.  Il y a deux semaines, deux forces formées de ses hommes de main ont effectué des tirs de roquette contre l’ambassade américaine à Bagdad et le consulat américain à Bassorah.  La Maison Blanche, a souligné la représentante, n’a pas manqué de lancer une ferme mise en garde à l’Iran et de le prévenir qu’il le tiendra pour responsable de toute attaque de ses hommes de main contre des infrastructures et le personnel américains en Iraq.

La souveraineté est une question qui revient beaucoup au Conseil de sécurité et « à juste titre », a dit la représentante.  C’est un principe dont l’Iraq aussi doit pouvoir se prévaloir.  Or l’Iran, a affirmé la représentante, manifeste un mépris profond pour la souveraineté de l’Iraq.  Il menace les populations pour avancer ses pions politiques et compromet la caractéristique même de la souveraineté, à savoir le monopole d’État sur le recours à la force, en multipliant ses milices.  Non seulement l’ingérence de l’Iraq freine les progrès en Iraq mais elle fait reculer aussi le pays vers le conflit et les divisions, ces mêmes conflits et divisions que l’Iran encourage en Syrie, au Yémen, au Liban et dans le reste du Moyen-Orient.  Tous les États Membres soucieux du principe de souveraineté nationale devraient être préoccupés.  Tous ceux qui respectent le droit à l’autodétermination du peuple iraquien doivent le défendre, a conclu la représentante.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité débat de la reconfiguration de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei

8357e séance – matin
CS/13513

Le Conseil de sécurité débat de la reconfiguration de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a détaillé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, les recommandations du Secrétaire général visant à modifier le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) pour l’adapter « aux réalités actuelles du terrain ».  Si la plupart des délégations ont approuvé ces recommandations, celle du Soudan les a rejetées.

Comme l’indique le Secrétaire général dans sa lettre* adressée au Conseil en date du 23 août, le contexte a sensiblement évolué depuis le déploiement de la Force intérimaire.  Mes recommandations visent à remodeler la Force intérimaire pour la mettre au service du nouvel élan vers un règlement politique de la question d’Abyei et des autres litiges frontaliers qui opposent le Soudan et le Soudan du Sud, écrit le Secrétaire général.

M. Lacroix et l’Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud, M. Nickolay Haysom, qui s’est également s’exprimé, ont tenu à souligner les développements positifs qui se sont produits récemment entre les deux pays, en particulier la facilitation par le Soudan des pourparlers entre parties sud-soudanaises ayant abouti au récent Accord revitalisé de la résolution de la crise au Soudan du Sud.

Les deux hauts fonctionnaires n’ont néanmoins pas fait mystère de l’inégalité des progrès accomplis par les deux pays en vue du règlement de leurs questions frontalières, même si M. Haysom a estimé qu’il y a « de bonnes raisons de croire que la réticence des parties sera surmontée ».

Le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, crucial, qui doit offrir aux parties une zone tampon provisoire sur leur frontière commune, n’est ainsi pas encore pleinement opérationnel.  Le but de cette zone est de leur permettre de négocier pacifiquement les zones contestées.

« Nous ne pouvons appuyer un Mécanisme sous-utilisé et qui n’appuie pas le processus politique en vue d’aboutir à un statut définitif d’Abyei », a déclaré le délégué des États-Unis, tandis que son homologue de la Suède a estimé que « sept ans après la création de la Mission, nous ne sommes toujours pas proches d’une solution politique ».

Le délégué du Soudan du Sud a expliqué que les deux pays n’ont pas pu se voir régulièrement, « notamment parce que la région était jusqu’à présent focalisée sur l’Accord de paix sud-soudanais », tandis que son homologue du Soudan a insisté sur la stabilité sécuritaire à Abyei, grâce aux efforts des deux Gouvernements, avec le soutien de la FISNUA.

Saluée comme « l’une des meilleures missions de paix » de l’ONU par le Koweït, la FISNUA verrait, aux termes de la réforme proposée par le Secrétariat, ses effectifs militaires concentrés le long des frontières d’Abyei, pour prévenir toute incursion armée.  Trois unités de police supplémentaires seraient par ailleurs déployées.  Le plafond actuel de 4 500 membres en tenue ne sera pas modifié, a ajouté M. Lacroix. 

Si les délégations de la Bolivie, du Kazakhstan et de la France ont approuvé les recommandations du Secrétaire général, le représentant de l’Éthiopie a trouvé « difficile de soutenir la proposition de déployer des forces de police aux dépens des plafonds autorisés de personnels militaires ».  Il est prématuré de réduire l’effectif de la composante militaire dans la zone, a-t-il mis en garde.

De son côté, le délégué des États-Unis a estimé que ces recommandations sont « un bon point de départ même si elles ne vont pas assez pas loin ».  S’il a reconnu que la FISNUA fonctionne efficacement, il a invité à avoir une réflexion critique sur son mandat, en tenant compte de ressources financières par définition rares.

Enfin, si le représentant sud-soudanais a estimé que les aménagements prévus au mandat de la FISNUA permettront de renforcer la paix, le délégué du Soudan les a rejetés comme contraires aux arrangements sécuritaires en date de 2011.  « Il revient au Gouvernement du Soudan d’approuver le déploiement de la FISNUA », a-t-il tranché.

*S/2018/778

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2018/778)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a fait le point sur l’appui fourni par la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière et sur les progrès faits par le Soudan et le Soudan du Sud dans la mise en œuvre des critères visés par la résolution 2412 (2018).  S’agissant du premier critère –la facilitation de la liberté de déplacements– les deux pays ont chargé leurs équipes d’agents de surveillance basés dans le quartier général du Mécanisme à Kadugli de fournir les autorisations, a-t-il dit, ajoutant que toutes les patrouilles de la FISNUA ont ainsi été approuvées sans délais depuis avril. 

En ce qui concerne la création de couloirs de passage de la frontière, ce qui correspond à deux autres des critères précités, M. Lacroix a indiqué que les progrès dépendent des efforts de sensibilisation à mener par les parties auprès des communautés vivant dans cette zone.  De tels efforts sont en effet nécessaires pour dissiper les préoccupations de ces communautés, en soulignant auprès d’elles que le marquage des couloirs de passage de la frontière et les opérations du Mécanisme ne préjugent en rien de l’actuel ou futur statut juridique de la frontière, a-t-il dit.  M. Lacroix a indiqué, concernant le Comité commun de démarcation, que les parties n’ont pas été en mesure d’avancer les discussions sur le document de démarcation de la frontière, qui doit guider l’opération de démarcation. 

Malgré les progrès inégaux en vue de remplir les critères visés, les derniers mois ont vu des développements positifs entre les deux pays, a-t-il dit, en citant les efforts du Soudan visant à faciliter les pourparlers entre parties sud-soudanaises à Khartoum.  À cette aune, M. Lacroix a exhorté le Conseil à considérer les recommandations pour la reconfiguration de la Force avancées par le Secrétaire général afin d’adapter la FISNUA aux réalités du terrain. 

Les opérations du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière se sont intensifiées l’année dernière et ont enregistré un élan positif, en raison de la posture proactive de la Force et du Conseil, a-t-il poursuivi.  Ce Mécanisme étant un élément essentiel de la normalisation des relations entre les deux pays, M. Lacroix a préconisé un modeste réajustement du mandat de la Force concernant ce Mécanisme, mais avec les mêmes ressources financières.  Cela permettrait à la Force de mieux appuyer les efforts menés par l’Union africaine pour la démarcation, y compris s’agissant des efforts de sensibilisation précités. 

Dans la zone d’Abyei, M. Lacroix a indiqué que la composante militaire de la Mission concentrerait ses déploiements le long des frontières de ladite zone afin de prévenir toute incursion armée.  Eu égard à l’augmentation des activités criminelles dans la zone, le Secrétaire général recommande par ailleurs le déploiement de trois unités de police supplémentaires afin d’assurer le maintien de l’ordre et de promouvoir la réconciliation entre les communautés locales, sans modifier l’effectif total du personnel en uniforme fixé à 4 500 membres. 

« Des consultations approfondies ont eu lieu entre le Secrétariat, les parties et l’Union africaine afin d’aboutir à ces recommandations dans le but de s’adapter à la situation sur le terrain, en réduisant notamment les troupes dans la zone, en faisant en sorte que la police assure des tâches de maintien de l’ordre et en promouvant des progrès s’agissant du mécanisme de surveillance de la frontière. » Un engagement accru de ce Conseil auprès des parties est nécessaire, pour s’accorder sur un mandat de la FISNUA qui serve les intérêts des parties et des communautés de la zone frontalière, a déclaré le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. 

En conclusion, M. Lacroix a jugé impératif que les missions de paix s’adaptent aux réalités sur le terrain et œuvrent à une solution politique et estimé que l’appui de la FISNUA doit être reconfiguré afin que les parties aboutissent à des progrès tangibles.  C’est le but des recommandations du Secrétaire général, a-t-il conclu. 

M. NICKOLAY HAYSOM, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Soudan et le Soudan du Sud, a fait le point sur les négociations entre le Soudan et le Soudan du Sud au sujet du statut final d’Abyei, dont l’issue rendra possible « un retrait en temps opportun » de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) de la zone.  La guerre civile au Soudan du Sud, qui a démarré en 2013 et s’est intensifiée en 2016, a relégué la question d’Abyei au second plan, a-t-il relevé.  « Néanmoins, nous sommes maintenant convaincus qu’il y a de bonnes raisons de croire que la réticence des parties sera surmontée », s’est félicité le haut fonctionnaire, qui a fait état d’un changement de paradigme remarquable de la part des États membres de la Corne de l’Afrique pour engager les discussions avec leurs voisins.  C’est tout particulièrement vrai de l’Éthiopie et de l’Érythrée, dont le rapprochement a libéré une volonté de chercher des solutions politiques aux différends entre nations autrefois rivales. 

Les efforts de Khartoum pour négocier un accord entre les parties concurrentes dans la guerre civile au Soudan du Sud sont le meilleur exemple de ce changement, selon M. Haysom.  Le Soudan, a-t-il noté, insiste pour dire qu’il agît dans l’intérêt de la paix dans la région et l’établissement de relations de bon voisinage avec le Soudan du Sud.  Ses efforts ont été publiquement salués par Djouba et les autres parties signataires de l’Accord revitalisé de la résolution de la crise au Soudan du Sud (R-ARCISS).  Il n’y a aucun doute que la médiation réussie sur les questions en suspens dans l’accord de paix de l’IGAD par le Soudan a contribué à faire baisser les tensions entre Djouba et Khartoum.  Une partie de l’accord concerne l’établissement d’une coopération concrète entre les deux pays. 

« J’ai encouragé les Gouvernements du Soudan du Sud et du Soudan à élargir leur coopération dans le secteur pétrolier afin d’intensifier les engagements dans d’autres domaines de profits mutuels », a ajouté M. Haysom.  Il semble aussi que la réduction de l’intensité des conflits internes dans les deux pays, en particulier au Soudan du Sud, pourrait permettre une solution à cette question ainsi qu’à d’autres points couverts par leurs accords de coopération signés en 2012. 

La nouvelle donne a en effet permis à des personnalités éminentes concernées par Abyei, comme l’ancien Ministre des affaires étrangères, M. Francis Deng, de lancer une série de discussions informelles à Khartoum.  Leur but est d’ébaucher une feuille de route qui pourrait donner une nouvelle jeunesse à la coopération entre Ngok Dinka et Misseriya et offrir des perspectives pour les discussions sur le statut final d’Abyei.  C’est la première fois depuis 2012, lorsque les deux Présidents ont pris la responsabilité de régler la question d’Abyei, qu’il est possible pour les membres de groupe de pression sur Abyei dans les deux pays de mener des discussions directes sur cette question sensible.

Cette ambiance plus positive entre les deux pays a encouragé le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine à inviter les deux ministres des affaires étrangères des deux États pour une discussion sur Abyei la semaine prochaine.  Cette réunion devrait avoir lieu en marge de la session extraordinaire du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité.  « J’ai personnellement parlé avec les deux ministres séparément pour évaluer leur volonté de parler sur cette question et confirmer que le moment choisi pour une telle discussion était approprié.  Ils se sont montrés partants tout en étant clairs sur le fait qu’ils ne promettent pas un résultat positif », a indiqué M. Haysom.  Mais hier, les deux Gouvernements ont décliné l’offre de discuter la question d’Abyei en marge de la réunion du Mécanisme les 22 et 23 septembre car les deux ministres seront à New York, a poursuivi le haut fonctionnaire.  « Je reste optimiste et espère que leur rencontre aura lieu », a encore indiqué M. Haysom pour qui le fait de mettre la question du statut final d’Abyei sur l’agenda est déjà un point positif.

Concernant la proposition du Secrétaire général sur la FISNUA, il a confirmé que la disposition sur la dimension politique de la mission de la Force lui permettra de mieux gérer les relations intercommunautaires dans la zone d’Abyei et dans les zones frontalières adjacentes, en attendant une solution finale.  « Je peux confirmer que le Soudan et le Soudan du Sud reconnaissent que la FISNUA a contribué incontestablement au maintien de la paix et de la stabilité dans la zone y compris à travers le dialogue intercommunautaire et que cela a évité le retour au conflit à Abyei et, conséquemment, entre les deux pays », a dit le haut fonctionnaire en conclusion.

M. TAYE ATSKE SÉLASSIÉ (Éthiopie) s’est félicité de constater que la situation sécuritaire à Abyei est restée généralement calme au cours de la période considérée, Abyei étant devenu un centre commercial vibrant entre le Soudan et le Soudan du Sud, et une zone où de nombreuses communautés se sont réfugiées.  Le représentant a imputé cette stabilisation à la FISNUA, dont le travail au cours des six dernières années a permis de créer un environnement pacifique dans la zone d’Abyei.  Sans la présence de cette Mission onusienne, a-t-il mis en garde, existe un risque de résurgence des violences intercommunautaires.  Si le Soudan et le Soudan du Sud ont fait des progrès significatifs vers l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, il reste toutefois à mettre en œuvre l’Accord du 20 juin 2011 concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, a fait observer le délégué.  Il a mentionné à cet égard l’échec à établir les institutions intérimaires qui étaient supposées être mises en place en attendant la résolution définitive de la question d’Abyei. 

À la lumière de ces réalités, une reconfiguration du mandat de la FISNUA est envisageable, en vue d’améliorer ses capacités à prêter assistance aux parties pour mettre pleinement en œuvre les accords agréés, ce qui était, a rappelé M. Sélassié, la « raison d’être » même de la Force au moment de son déploiement.  Dans ce contexte, il a rappelé l’attachement de sa délégation au Mécanisme conjoint, qui doit faire l’objet d’une opérationnalisation complète, comme le recommande le Secrétaire général.  Cependant, la délégation éthiopienne n’a pas jugé nécessaire de transférer des troupes présentes dans la zone d’Abyei au Mécanisme conjoint pour rendre ce dernier complètement opérationnel: « Réduire le nombre de troupes aurait des conséquences sérieuses.  Simultanément, nous trouvons difficile de soutenir la proposition de déployer des forces de police aux dépens des plafonds autorisés de personnels militaires.  Il y a certes un mérite particulier à déployer des policiers, en particulier en l’absence de la force de police d’Abyei, mais nous considérons qu’il est prématuré de réduire l’effectif de la composante militaire dans la zone, en l’absence de la pleine mise en œuvre des accords de 2012. »  Le représentant éthiopien s’est ensuite prononcé en faveur du renforcement de la composante civile, et a repris à son compte l’appel du Secrétaire général aux bailleurs de fonds internationaux à financer des projets locaux axés sur la réconciliation et le développement. 

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a pris note des propositions du Secrétaire général dans sa lettre du 20 août, et reconnu l’importance du rôle joué par la FISNUA, qu’il a qualifiée de « l’une des meilleures missions de maintien de la paix des Nations Unies ».  Il s’est également félicité de l’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud.  S’agissant du mandat de la Force, il a estimé qu’il devait tenir compte de l’évolution de la situation depuis l’an dernier. 

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a noté avec regret le peu de progrès réalisés dans la mise en œuvre de accords de coopération de 2012 entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Dans l’attente du règlement final du statut de la zone, il a appelé à mettre en place des institutions communes.  Il a aussi souhaité que les dirigeants soudanais et sud-soudanais accordent une attention diligente à la zone d’Abyei, « au regard de son importance ».  Il s’est ensuite félicité des efforts consentis par la FISNUA afin de garantir la sécurité et la stabilité dans la zone.  Toutefois, s’est-il inquiété, la situation instable pourrait se détériorer en l’absence de règlement politique viable sur le statut final de la zone d’Abyei.

S’agissant de la mise en œuvre de la résolution 2412 (2018), le représentant s’est réjoui du maintien, par les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, de l’autorisation des patrouilles aériennes et terrestres de la FISNUA, et de la reprise des discussions sur les questions relatives à la démarcation de la frontière commune.  Il a cependant regretté les faibles avancées enregistrées en ce qui concerne la finalisation de l’accord sur les trois bases d’opérations restantes du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, et la tenue des réunions du Mécanisme pour les questions politiques et de sécurité.  Il a souhaité que la FISNUA continue de soutenir le Mécanisme et a encouragé les autorités des deux pays à fournir davantage d’efforts en vue de la mise en œuvre des différents accords et des mesures prescrites par la résolution 2412 (2018).

Le délégué a par ailleurs jugé important que le mandat de la FISNUA soit adapté afin de refléter l’évolution de la situation sur le terrain et en vue d’améliorer son efficience en matière de protection des populations.  Il s’est réjoui des clarifications apportées par le Secrétaire général sur l’articulation des rôles que joueront le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA et le bureau de son Envoyé spécial.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a noté, malgré la stabilité de la situation sécuritaire, que les progrès sont encore insuffisants concernant le statut définitif d’Abyei.  En conséquent, le délégué a appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à renforcer le rôle de la Mission dans le règlement des questions frontalières et aboutir à un statut définitif pour Abyei.  Il a souligné le rôle important de la composante police de la FISNUA tout en l’encourageant à poursuivre ses négociations avec les parties en vue d’établir des comités de protection communautaires.  Malgré certains délais s’agissant de l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, le délégué a noté les efforts sérieux accomplis par ces deux pays dans ce but.  « Un tel Mécanisme est crucial pour maintenir la stabilité à Abyei et prévenir tout affrontement le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud. »

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a appuyé l’évaluation du Secrétaire général pour qui « la FISNUA est l’une des opérations de maintien de la paix dont le bilan est le plus positif.  Cette réussite est rendue possible par l’engagement et le dévouement du personnel de la Force, et par l’appui fourni par le Gouvernement éthiopien ».  Aussi, a-t-elle soutenu la proposition de reconfigurer le mandat de la Mission pour qu’elle puisse continuer à aider les parties à mettre en œuvre les accords en suspens.  La représentante a préconisé d’œuvrer à l’atténuation des tensions sur le marché commun d’Amiet, qui est devenu le symbole le plus visible de l’engagement pris par les Ngok Dinka et les Misseriya en faveur de la paix et de la réconciliation.  Ce marché, a-t-elle noté, a donné un nouveau souffle aux relations et au commerce entre les communautés dans l’ensemble de la région.  La Bolivie s’est donc déclarée favorable à la prorogation du mandat de la FISNUA, a déclaré la représentante, qui a cependant souhaité être informée au préalable des vues du Soudan et du Soudan du Sud, et des pays contributeurs de troupes. 

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a rappelé que le Conseil de sécurité avait fixé des objectifs précis aux parties concernant la démarcation de la frontière et a constaté que les progrès accomplis en la matière ne sont pas à la hauteur des attentes.  Il a reconnu que des progrès existent, notant en particulier la délivrance des autorisations nécessaires pour les patrouilles de la FISNUA.  Mais, a-t-il estimé, le bilan est globalement décevant, notamment s’agissant de la mise en place des bases d’opérations du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière ou encore de l’ouverture des couloirs de passage à la frontière.  Tout en ayant conscience du fait que la saison des pluies rend le travail difficile, il a encouragé fortement les parties à faire plus et plus vite pour avancer sur la démarcation des frontières.

Dans ce contexte, a poursuivi le représentant, les recommandations formulées par le Secrétaire général sont d’autant plus importantes.  Il a notamment salué le choix de renforcer la posture politique de la FISNUA, notant que le statu quo politique mène à l’impasse, tout en précisant qu’il ne s’agit en aucun cas de se substituer à l’action du Groupe de haut niveau de l’Union africaine.  Parmi les autres aspects essentiels à ses yeux dans la perspective d’une évolution de la Mission, le délégué a cité la montée en puissance des composantes civile et policière de la Mission, ainsi que le redéploiement et la réduction globale de la composante militaire.  Il a aussi appelé la FISNUA à soutenir les initiatives locales qui sont utiles pour le processus politique tout en jugeant important d’encourager l’équipe de pays de l’ONU à développer des projets axés sur la réconciliation et le développement.

M.  CARL ORRENIUS SKAU (Suède) s’est félicité de la stabilité de la situation sécuritaire à Abyei, même si celle-ci demeure « imprévisible ». La présence continue de la FISNUA demeure cruciale, a-t-il dit.  « Sept ans après la création de la Mission, nous ne sommes toujours pas proches d’une solution politique », a-t-il déploré.  « L’impasse ne peut pas durer indéfiniment et nous devons intensifier nos efforts pour aller de l’avant. » Il a souligné le rôle crucial de la FISNUA pour la normalisation des relations entre les deux pays et appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à renforcer son rôle d’appui au processus politique en vue d’aboutir à un statut définitif d’Abyei.  Le délégué a salué l’importance d’une pleine opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Enfin, il a salué le travail de la FISNUA s’agissant de la violence relative au genre et des droits des enfants. 

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a fait part de sa déception face au peu de progrès dans la démarcation de la frontière et du fait que peu de mesures prévues dans la résolution 2412 (2018) aient été mises en œuvre.  Elle a dit attendre notamment la tenue de la réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité qui devrait insuffler une nouvelle dynamique dans le cadre des efforts visant une solution durable pour la région d’Abyei.

Pour les Pays-Bas, la stabilité dans la région doit rester l’objectif premier, c’est pourquoi le pays soutient les propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général, notamment celle qui prescrit de « créer un espace politique comme prochaine étape ».  Pour les Pays-Bas, l’ajout d’une composante civile à la FISNUA pourrait contribuer à atteindre cet objectif. 

Mme Grégoire Van Haaren a également insisté sur l’importance de l’état de droit et de la responsabilisation.  Il est donc important, au vu de la montée de la criminalité, de renforcer les capacités des communautés locales en matière d’état de droit.  Pour y parvenir, la représentante a souscrit à la proposition du Secrétaire général d’augmenter le nombre de policiers de la Mission et notamment les femmes policiers.

M. JOANNA WRONECKA (Pologne) a estimé que l’absence d’autorités officielles effectives à Abyei a eu pour conséquence une application des lois pour le moins limitée et une gouvernance faible.  La délégation a ensuite rappelé que la responsabilité première dans l’application des accords conclus en 2011 et 2012 incombe au Soudan et au Soudan du Sud.  La Pologne estime donc que le Conseil de sécurité devrait rester uni dans son soutien aux deux Gouvernements pour les aider à établir dans les meilleurs délais le Mécanisme conjoint et à rechercher une solution politique à leur différend.  La délégation a jugé que la proposition de reconfigurer les tâches de la Mission devrait être prise en concertation avec les deux pays concernés, ainsi qu’avec l’Union africaine. 

M. WU HAITAO (Chine) a noté la stabilité de la zone d’Abyei et estimé que l’Accord de paix revitalisé signé le 12 septembre pour la fin du conflit au Soudan du Sud est un autre élément positif.  La volonté des dirigeants du Soudan et du Soudan du Sud doit être respectée concernant le statut définitif de la zone d’Abyei, a-t-il dit, en appelant de ses vœux la prise de « mesures pragmatiques ».  Le délégué a loué le travail accompli par l’Union africaine pour la réconciliation entre les deux pays, ainsi que l’appui fourni par la FINSUA pour l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Évoquant les recommandations du Secrétaire général s’agissant du mandat de la FISNUA, il a jugé crucial de prendre en compte les positions du Soudan, du Soudan du Sud et des pays contributeurs de troupes.  Enfin, le délégué a souligné l’importance d’apporter « des solutions africaines à des défis africains ».

M. PAUL DUCLOS (Pérou) a jugé impératif de réactiver le processus politique et de combler le vide gouvernemental et administratif à Abyei.  Il a misé sur un rôle plus actif pour la FISNUA et sur sa coordination avec la Commission et le Groupe de haut niveau de l’Union africaine, en vue de parvenir à une consolidation de la paix.  La FISNUA, a-t-il estimé, doit pouvoir aider à résoudre les controverses relatives aux frontières.  Il a souligné à cet égard l’importance du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière pour maintenir des relations stables entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Il a aussi espéré que la FISNUA aiderait à renforcer les institutions, celles-ci devant garantir la gouvernance, l’état de droit et l’ordre public à Abyei.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) s’est félicitée des progrès enregistrés dans la mise en œuvre du mandat de la FISNUA, qui est un instrument important pour stabiliser la zone d’Abyei.  Elle s’est toutefois dite préoccupée des tensions et conflits internes récurrents, qui rendent plus que jamais nécessaire pour les deux parties de mettre en œuvre les mesures prévues par des accords de coopération signés en 2012 et relatifs à la gestion des frontières et de la sécurité.  Dans ce contexte, le Conseil de sécurité devrait jouer un rôle constructif à l’appui des efforts déployés par la FISNUA pour remplir son mandat, a estimé le représentant, qui a, en conclusion, apporté son soutien à l’idée que la Mission puisse jouer un rôle encore plus actif dans la recherche d’une solution politique.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a salué les deux pays pour avoir cessé d’entraver les déplacements de la FISNUA, en particulier les patrouilles aériennes, tout en les exhortant à régler les questions en suspens.  Le délégué a notamment jugé cruciaux les efforts de sensibilisation des communautés vivant dans la zone.  Il a appuyé les recommandations du Secrétaire général s’agissant de l’adaptation du mandat de la Force, soulignant la nécessité de réduire « à terme » la composante militaire de la FISNUA et de concentrer ses effectifs le long des frontières de la zone d’Abyei.  Notant que le service de police d’Abyei tarde à être mis en place, il a appuyé le déploiement de trois unités de police supplémentaires tel que préconisé par le Secrétaire général, afin de lutter contre la criminalité dans la zone.  Enfin, le représentant a souligné la nécessité de faire en sorte que la Mission soit dotée des ressources nécessaires. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est félicité de la baisse récente des tensions entre « les deux Soudan », et des efforts déployés par l’UA et l’IGAD dans la normalisation des relations intersoudanaises.  Il a également jugé positives les réunions régulières qui se tiennent entre les communautés ngok dinka et misseriya, dans le cadre d’un effort de réconciliation.  Malheureusement, les dispositions des accords de 2011 et 2012 ne sont toujours pas mises en œuvre, a regretté le délégué, tout en saluant les progrès réalisés vers l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint par les parties.

Concernant la FISNUA, le représentant a rappelé que sa délégation avait appuyé le renouvellement du mandat précédent, et qu’elle était favorable à une prorogation supplémentaire.  Conscient des entraves au processus politique entre Khartoum et Djouba, il a estimé que la Force joue un rôle important en prêtant assistance aux deux capitales pour stabiliser la situation dans la zone d’Abyei.  Au moment de reconfigurer le mandat de la Force, « il faudra respecter les règles fondamentales du maintien de la paix », a préconisé le représentant de la Fédération de Russie, pour qui il est aussi nécessaire de tenir compte des vues des deux pays concernés et des pays fournisseurs de contingents. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a souligné la nécessité de reconfigurer la FISNUA pour l’adapter aux réalités du terrain.  « Les recommandations du Secrétaire général sont un bon point de départ même si elles ne vont pas assez pas loin. » Le délégué a, en particulier, estimé que la composante militaire de la Mission ne se justifiait plus.  Il a ensuite déploré le manque de progrès en vue de l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, avant d’exhorter les parties à œuvrer pour remplir les critères de la résolution 2412 (2018).  « Nous ne pouvons appuyer un Mécanisme sous-utilisé et qui n’appuie pas le processus politique en vue d’aboutir à un statut définitif d’Abyei. »

Le représentant a aussi plaidé pour l’augmentation de la composante policière de la FISNUA lors de la reconfiguration de la Mission, tout en soulignant l’importance d’une composante civile pour créer un espace politique propice à un règlement définitif.  Si la FISNUA fonctionne efficacement, nous devons avoir une réflexion critique sur son mandat, en tenant compte de ressources financières par définition rares, a poursuivi le délégué des États-Unis.  Il doit y avoir une stratégie de sortie, y compris pour les missions qui ont montré leur efficacité, a-t-il conclu. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a salué la lettre du Secrétaire général relative à la reconfiguration du mandat de la FISNUA.  Ses recommandations ont été bien accueillies par les Ngok Dinka, a-t-il dit : les neuf Chefferies ngok dinka ont transmis hier une lettre à cet effet au Conseil de sécurité.  Le représentant a néanmoins exprimé des inquiétudes au sujet de la proposition qui préconise que la FISNUA soutienne l’idée d’une force de police non armée spécialisée dans les migrations des Misseriya.  Il a craint qu’une telle mesure vienne, sur le long terme, légitimiser l’installation illégale sur certaines terres appartenant aux Dinka, ce qui freinerait le retour des déplacés ngok dinka vers leurs terres légitimes. 

En ce qui concerne les rencontres entre le Soudan et le Soudan du Sud, le délégué a expliqué que les deux pays n’ont pu se voir régulièrement, notamment parce que la région était jusqu’à présent focalisée sur l’Accord de paix sud-soudanais.  La réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité est prévue samedi prochain, 22 septembre, à Addis-Abeba, a-t-il annoncé.

Il a ensuite rappelé la disposition de la résolution 2416 (2018) du Conseil de sécurité, qui demandait que « le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine informe le Conseil de sécurité des progrès faits par les parties dans la mise en œuvre de mesures pour appliquer l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei et pour parvenir à un règlement politique sur le statut d’Abyei ».  Étant donné que les deux parties n’ont pu se rencontrer régulièrement, il a proposé qu’elles fassent, ensemble ou séparément, des comptes rendus au Conseil de sécurité.  Il a enfin relevé que si la paix a prévalu à Abyei au cours des récentes années, c’est aussi parce que la FISNUA a bien rempli sa mission. Il a estimé que les aménagements prévus au mandat de celle-ci permettront de renforcer la paix entre les deux parties et entre les communautés d’Abyei.  De ce fait, maintenir la force de la FISNUA tout en la renforçant d’éléments de police semble être une décision prudente et sage du Conseil de sécurité, a-t-il conclu.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a tenu à rappeler la situation qui a permis la conclusion de l’Accord du 30 juillet 2011 entre les Gouvernements soudanais et sud-soudanais concernant le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière et le respect du principe de l’autodétermination par le peuple sud-soudanais.  Selon lui, la stabilité sécuritaire qui prévaut désormais à Abyei est le résultat direct des efforts déployés par les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, avec le soutien de la FISNUA.  En attendant la pleine mise en œuvre des accords en suspens, le représentant a fait observer qu’Abyei fait « partie intégrante » du territoire soudanais.

Le délégué du Soudan a ensuite rejeté les recommandations du Secrétaire général, qu’il a jugées contraires aux arrangements sécuritaires datés de 2011.  Le représentant a également fait valoir qu’il revenait au Gouvernement du Soudan d’approuver le déploiement de la FISNUA, et que cet accord ne serait pas modifié sans l’accord de Khartoum.  Il a par ailleurs appelé le Soudan du Sud à coopérer avec Khartoum et l’UA pour hâter l’établissement des arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei. Le délégué a enfin souligné la nécessité d’examiner la situation d’Abyei dans le cadre d’une approche tenant compte des avis des deux pays et de l’évolution de la situation sur le terrain.  Cela lui a paru d’autant plus justifié que son gouvernement a accueilli, le 12 septembre 2018, les parties au conflit au Soudan du Sud pour la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud (R-ARCSS).

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