Conseil de sécurité: les tendances actuelles sapent la solution des deux États, prévient le Coordonnateur pour le processus de paix entre Israël et la Palestine
Les tendances actuelles sapent la solution des deux États, a prévenu cet après-midi le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, lors du débat trimestriel du Conseil de sécurité sur la question de Palestine.
Entre le 13 juin et le 12 septembre, la situation entre Israël et la Palestine a été marquée par la poursuite des opérations militaires israéliennes dans le Territoire palestinien, les incertitudes entourant l’avenir du processus de paix et la solution des deux États, le contrôle du Hamas sur Gaza, les actions unilatérales compromettant les efforts de paix, l’affaiblissement de l’appui à l’Autorité palestinienne et les troubles dans la région en général. Le Coordonnateur spécial n’a pas manqué de s’attarder sur la situation financière « grave » de l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Durant cette période, a-t-il poursuivi, aucune mesure n’a été prise pour stopper les activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Quant à la violence, le Coordonnateur spécial a prévenu qu’après le retour au calme dû à l’intervention de l’Égypte et des Nations Unies, les lancements de cerfs-volants et ballons enflammés, les affrontements, les tirs à balles réelles de l’armée israélienne ou les attaques à l’arme blanche par des Palestiniens n’ont pas cessé. Malgré la résolution 2234 du Conseil de sécurité, les provocations, les incitations et les discours incendiaires sont toujours d’actualité, qu’il s’agisse du Hamas ou des autorités israéliennes.
Si la signature des Accords d’Oslo, il y a 25 ans, a été un moment historique qui a rempli d’espoir Israéliens et Palestiniens, cette vision « courageuse » s’est malheureusement effacée, s’est désolé le Coordonnateur spécial, alors que pour la France « la vision d’une paix durable a volé en éclats ». Les deux tiers de l’opinion publique palestinienne estime désormais que la situation a empiré depuis la signature de ces Accords et, ont ajouté les Pays-Bas, plus de 50% des Israéliens et des Palestiniens ne croient plus en la solution des deux États.
Le Coordonnateur spécial a appelé à restaurer l’espoir parce que l’alternative, a-t-il prévenu, ce sont des cycles perpétuels de violence. Il a été appuyé en ce sens par la plupart des délégations pour lesquelles il faut consacrer des efforts à la reprise de négociations israélo-palestiniennes « dignes de ce nom » et qui exige, ont souligné plusieurs délégations, la fin des colonies de peuplement.
D’ailleurs, a rappelé le Coordonnateur spécial, en septembre dernier, la Haut-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a demandé aux autorités israéliennes de revenir sur leur décision de démolir le village bédouin de Khan al-Ahmar, prévenant qu’elle « aurait des conséquences humanitaires graves ». Cet appel avait été relayé en son temps par l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni, a souligné le Coordonnateur spécial.
La reprise des négociations exige aussi, ont argué plusieurs délégations, de régler les causes sous-jacentes des tensions à Gaza, « une poudrière qui risque d’exploser à tout moment » comme l’a dit la France, et « qui n’en a plus pour longtemps », selon le Koweït, compte tenu de sa situation humanitaire et économique d’une gravité sans précédent. Le processus politique ne pourra pas non plus avancer sans une réconciliation intrapalestinienne et le retour à Gaza de l’Autorité palestinienne, a souligné le Royaume-Uni.
La situation financière « grave » de l’UNRWA a également suscité de vives inquiétudes dans la mesure où elle affecte directement des services « vitaux » à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens. À cet égard, la Suède a dit organiser, avec la Jordanie, une réunion ministérielle, le 27 septembre, en marge du débat de l’Assemblée générale pour souligner l’importance de l’UNRWA pour la stabilité régionale.
Si, comme l’a rappelé le Coordonnateur spécial, la communauté humanitaire a demandé la somme de 540 millions de dollars pour cette année dont 75% pour Gaza, à ce jour, cet appel n’a été financé qu’à hauteur de 29%. Il a aussi parlé de la décision des États-Unis de geler un appui économique de plus de 200 millions de dollars à la Cisjordanie et à Gaza et de 25 millions de dollars au réseau des hôpitaux à Jérusalem-Est. Le 10 septembre, les États-Unis ont fermé le bureau de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington arguant du manque de volonté de l’OLP de reprendre les négociations avec Israël et de son intention de saisir la Cour pénale internationale (CPI). Cette fermeture est « un coup dur pour notre travail collectif », a commenté la Fédération de Russie.
Les États-Unis ont préféré axer leur intervention sur « le seul pays qui est à la base de l’instabilité au Moyen-Orient »: l’Iran. Après avoir dénoncé les manœuvres iraniennes en Iraq, les États-Unis ont estimé que tous les pays « soucieux du principe de souveraineté nationale » devraient se montrer inquiets. Tous ceux qui respectent le droit à l’autodétermination du peuple iraquien doivent le défendre, ont-ils martelé.
Les neufs membres du Conseil qui avaient demandé dans une lettre au Secrétariat du Conseil de sécurité que les rapports trimestriels sur l’application de la résolution 2334 soient désormais soumis par écrit, ont réitéré leur demande aujourd’hui. Il s’agit de la Bolivie, la Chine, la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale, la France, le Kazakhstan, le Koweït, les Pays-Bas, le Pérou et la Suède.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. NICKOLAY MALDENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a parlé de la période allant du 13 juin au 12 septembre, marquée par la poursuite des opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien, les incertitudes entourant l’avenir du processus de paix et la solution des deux États, le contrôle du Hamas sur Gaza, les actions unilatérales compromettant les efforts de paix, l’affaiblissement de l’appui à l’Autorité palestinienne et les troubles dans la région en général. Le Coordonnateur spécial n’a pas manqué de s’attarder sur la situation financière « grave » de l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Durant cette période, a-t-il dit, aucune mesure n’a été prise pour stopper les activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, des peuplements, a-t-il souligné, qui constituent une violation du droit international et un obstacle « majeur » à la paix. Quant à la violence, autre obstacle à la paix, le Coordonnateur spécial a énuméré les incidents et l’escalade qui ont poussé Israël et le Hamas au plus près de la guerre à au moins à trois occasions. Le calme a été rétabli après que l’Égypte et les Nations Unies sont intervenues pour désamorcer la situation. Mais les cerfs-volants et les ballons en feu, les affrontements, les tirs à balles réelles de l’armée israélienne ou les attaques à arme blanche par des Palestiniens n’ont pas cessé. Malgré la résolution 2234 du Conseil de sécurité, les provocations, les incitations et les discours incendiaires sont toujours proférés, qu’il s’agisse du Hamas ou des autorités israéliennes.
Le Coordonnateur spécial a tout de même donné quelques bonnes nouvelles dont la restitution par Israël des revenus fiscaux palestiniens, soit 44 millions de dollars, et l’ouverture du point de passage de Rafah. Mais, a-t-il prévenu, la situation humanitaire, sécuritaire et politique continue de se détériorer à Gaza où l’accord du 12 octobre 2017 n’est toujours pas appliqué, empêchant l’Autorité palestinienne d’exercer ses prérogatives. À cela, il faut ajouter la crise d’électricité; les Nations Unies n’ayant plus d’argent pour reconstituer les stocks de carburant. La situation a été aggravée par la fermeture du point de passage de Kerem Shalom et les restrictions imposées par Israël dans les zones de pêche, sans compter les mesures de l’Autorité palestinien pour réduire les salaires, l’offre de carburant et les dépenses générales à Gaza.
La communauté humanitaire a demandé la somme de 540 millions de dollars pour cette année dont 75% pour Gaza. À ce jour, l’appel n’a été financé qu’à hauteur de 29%. Le Coordonnateur spécial a aussi parlé de la suspension par les États-Unis de leur appui économique de plus de 200 millions de dollars à la Cisjordanie et à Gaza et de 25 millions de dollars au réseau des hôpitaux à Jérusalem-Est. Le 10 septembre, les États-Unis ont fermé le bureau de l’OLP à Washington arguant du manque de volonté de l’Organisation de libération de la Palestine de reprendre les négociations avec Israël et de son intention de saisir la CPI.
Les tendances actuelles compromettent la solution des deux États, a prévenu le Coordonnateur spécial. Or il y a 25 ans, les Accords d’Oslo ont été un moment historique qui a rempli d’espoir Israéliens et Palestiniens. Malheureusement aujourd’hui cette vision courageuse s’est effacée. Nous devons, a-t-il conclu, restaurer l’espoir parce que l’alternative, ce sont les cycles perpétuels de violence, a insisté le Coordonnateur spécial, en réclamant une solution fondée sur deux États, Israël et la Palestine, vivant côte et à côte, dans la paix et la sécurité, avec Jérusalem comme capitale des deux États, et fondée sur les frontières de 1967, les résolutions des Nations Unies et les accords existants.
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré qu’aucune alternative viable à la solution des deux États n’avait émergé depuis Oslo. Il a mis en cause la politique de colonisation israélienne en zone C et à Jérusalem, qui menace de porter atteinte de manière irréversible à cette solution, et la situation à Gaza, qui peut à tout moment conduire à une escalade de la violence. Le représentant s’est élevé contre la décision de procéder à la démolition du village de Khan al-Ahmar, rendue par la Cour suprême israélienne, et qui est contraire au droit international humanitaire, ainsi qu’aux propres résolutions du Conseil de sécurité. Sans compter, a-t-il ajouté, ses conséquences désastreuses sur le plan politique, puisqu’elle ouvrirait la voie à la colonisation de la zone dite E1, d’importance stratégique pour la solution des deux États. Par ailleurs, depuis six mois, les violences se succèdent à Gaza, sur fond de crise humanitaire d’une gravité sans précédent.
Après avoir rappelé que la France avait condamné aussi bien l’usage disproportionné et indiscriminé de la force par Israël comme l’instrumentalisation des manifestations par le Hamas et d’autres groupes armés, le représentant a martelé qu’il n’y aurait pas de solution durable à Gaza sans réconciliation interpalestinienne. Parallèlement à la relance du processus lancé au Caire il y a près d’un an, la France a considéré qu’il fallait apporter tout le soutien nécessaire aux propositions du Coordonnateur spécial visant à la mise en œuvre de projets prioritaires. De même, une mobilisation sans précédent est nécessaire pour permettre à l’UNRWA de poursuivre ses activités essentielles et de maintenir ses écoles ouvertes sans interruption. Le délégué a rappelé en conclusion que le Président français, Emmanuel Macron, s’entretiendrait demain avec le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a expliqué que son gouvernement demeure attaché à la solution des deux États et insiste sur le fait que le meilleur moyen d’y aboutir c’est par le biais de négociations entre Israéliens et Palestiniens. Préoccupée par les derniers développements sur le terrain, qui violent des dispositions clefs de la résolution 2334, la représentante a également fait part de ses inquiétudes quant à la démolition programmée du village de Khan al-Ahmar, exhortant le Gouvernement israélien à y renoncer. Également inquiète de la situation de l’UNRWA et de son déficit budgétaire, la représentante a assuré que le Royaume-Uni continuera à appuyer l’Office. Elle a dit redouter les conséquences possibles de la décision de l’Administration américaine de geler son financement de l’Office. Elle a émis l’espoir que des services vitaux ne seront pas compromis par cette décision et, a donc appelé les États Membres à prendre les mesures qui s’imposent.
La représentante a également insisté sur l’impératif de gérer la situation humanitaire à Gaza. Après avoir passé les différentes contributions de son gouvernement, elle a souligné qu’il y va de l’intérêt de tous de voir la paix et la sécurité régner dans cette partie du monde. Elle a appelé à des progrès tangibles à l’occasion de la Réunion ministérielle sur la situation de l’UNRWA prévue la semaine prochaine en marge de l’Assemblée générale. Elle a encouragé la réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne « qui devrait reprendre le contrôle sur Gaza ». En conclusion, elle a exhorté les Israéliens et les Palestiniens à faire preuve de retenue et à désamorcer les tensions.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que les Accords de Camp David et les Accords d’Oslo restent le fondement du processus politique entre Israël et la Palestine. Le Processus de Madrid, le Quatuor pour le Moyen-Orient, les résolutions du Conseil de sécurité et l’Initiative de paix arabe adhèrent tous à la solution des deux États, a souligné le représentant qui a dénoncé la décision américaine de geler le financement de l’UNRWA et de fermer le Bureau de l’OLP à Washington, « un coup dur pour le travail collectif ». Il n’est pas trop tard pour annuler ces initiatives, a-t-il encouragé, ajoutant que son pays maintient son invitation aux deux parties à venir discuter à Moscou. Il a aussi encouragé la réconciliation interpalestinienne, salué l’implication de l’Égypte et de la Jordanie et réclamé un règlement équitable du conflit comme moyen de régler les autres problèmes de la région.
M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a plaidé contre les colonies de peuplement, les démolitions et les expulsions. Il s’est inquiété en particulier des conséquences humanitaires des démolitions dans la localité de Khan al-Ahmar. Il s’est aussi inquiété de la situation humanitaire à Gaza. Il faut, s’est-il impatienté, faire avancer la réconciliation intrapalestinienne pour que l’Autorité palestinienne reprenne le contrôle effectif de Gaza et que les négociations directes avec Israël reprennent. Il a également plaidé pour que l’UNRWA soit doté de ressources suffisantes et prévisibles. La violence doit cesser, l’accord politique doit être promu, les violences aveugles du Hamas doivent être condamnées, a insisté le représentant, avant de réclamer la seule solution viable: celle des deux États vivant côte-à-côte dans des frontières sûres et mutuellement reconnues.
Pour M. MA ZHAOXU (Chine), la question de Palestine est au cœur des problèmes du Moyen-Orient. La Chine, a-t-il souligné, défend la solution des deux États qui « semble pourtant nous échapper ». Le représentant a exprimé ses préoccupations face à la situation humanitaire à Gaza, « une situation qui reste précaire et qui risque de dégénérer en conflit ouvert ». Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, doit assumer son leadership, en poussant toute la communauté internationale à épouser la solution des deux États, le principe de la terre contre la paix et l’Initiative de paix arabe. Il est impératif d’obtenir le plein respect des résolutions du Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, qui a exigé d’Israël qu’il mette fin à ses activités de peuplement illégales ainsi qu’au blocus de Gaza.
La communauté internationale doit rester soudée dans ses efforts visant la reprise des pourparlers entre les Israéliens et les Palestiniens, et, à cet égard, ceux qui ont une influence particulière au Moyen-Orient doivent jouer un rôle constructif. Reconnaissant la complexité de la question du statut de Jérusalem, le représentant a estimé que toutes les parties devraient respecter le consensus international et le pluralisme de la ville. « Il ne faut pas perdre de vue le sort des plus de cinq millions de réfugiés palestiniens » auxquels l’UNRWA apporte des services vitaux depuis 65 ans, a ajouté le représentant qui appelé tous les États Membres à remédier au déficit financier de l’Office. La Chine, a-t-il annoncé, a d’ores et déjà augmenté sa contribution pour cette année.
M. OLOF SKOOG (Suède) a rappelé l’illégalité de la politique de peuplement d’Israël au regard du droit international et estimé que cette politique sape la solution des deux États. Il a déploré le manque de progrès s’agissant de l’application de la résolution 2334 (2016) et exhorté les États Membres à y remédier. Le délégué a jugé crucial d’atténuer la grave crise humanitaire à Gaza, avant d’appeler au retour de l’Autorité palestinienne. M. Skoog a ensuite profondément regretté la décision des États-Unis de ne plus apporter de contributions financières à l’UNRWA, alors que ce pays était traditionnellement le donateur le plus généreux. L’Agence enregistre un déficit de 186 millions de dollars, a-t-il déploré. M. Skoog a insisté sur l’engagement de la Suède à appuyer l’UNRWA à un moment aussi critique. Ces derniers mois, a-t-il rappelé, la Suède et la Jordanie ont mobilisé un soutien politique et financier à l’Office. Le délégué a appelé à des efforts collectifs accrus pour préserver la solution des deux États et s’est dit surpris qu’aucun rapport du Secrétaire général prévu par la résolution précitée n’ait été communiqué avant cette réunion.
Après avoir réaffirmé son soutien à la solution des deux États, Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a expliqué que la communauté internationale devrait renforcer sa coopération avec les pays de la région, comme l’Égypte et la Jordanie, qui ont une influence réelle s’agissant de la désescalade des tensions entre Israéliens et Palestiniens. La représentante s’est toutefois dit préoccupée de la rhétorique incendiaire et les provocations constatées de part et d’autre, lesquelles entravent le processus de paix, tout particulièrement à Gaza. À cet égard, elle s’est déclarée inquiète de la détérioration de la situation financière de l’UNRWA, soulignant les défis auxquels l’Office fait déjà face dans l’exercice de son mandat pour continuer à fournir des services de base comme l’éducation et la santé. La représentante a, en conclusion, repris à son compte l’appel lancé par le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies dans le Territoire palestinien occupé pour que soit annulés les projets de démolition à Khan al-Ahmar.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dénoncé les agissements du Gouvernement israélien qui continue son action négative contre les Palestiniens. Le représentant a aussi dénoncé les attaques meurtrières des forces armées israéliennes contre la population palestinienne. Il a dit être préoccupé par le chômage massif en particulier des jeunes et des femmes palestiniens. Il a dénoncé la politisation de l’aide aux réfugiés palestiniens comme en témoigne le gel du financement américain de l’UNRWA. Il a appelé les États Membres à soutenir l’Office car la crise a pour conséquence la détérioration continue de la situation des réfugiés. La Bolivie, a indiqué son représentant, appuie toutes les initiatives visant une paix durable entre les deux parties et la seule alternative c’est la solution des deux États et la création d’un État palestinien indépendant et souverain vivant côte à côte avec Israël.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pris note de la situation dangereuse qui règne dans les territoires occupés. Compte tenu de cette détérioration quotidienne, il a estimé qu’il faut d’abord de nouveaux financements pour répondre à la situation humanitaire à Gaza où il a dit craindre des conséquences catastrophiques pour les hôpitaux et le traitement des eaux. « Gaza n’a plus que quelques semaines. » Il a exigé de la communauté internationale de redoubler d’efforts pour protéger les civils et exercer des pressions sur Israël pour qu’il respecte enfin toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
L’exposé de M. Mladenov montre à nouveau que « nous sommes au bord d’une catastrophe », a martelé le représentant, rappelant que le nombre total de morts depuis le début de la Grande marche du retour s’élève à 180 Palestiniens, des crimes que le Koweït condamne catégoriquement. Il a également dénoncé le plan de démolir le village de Khan al-Ahmar pour « balayer tous les Palestiniens de cette zone » alors même que les colonies de peuplement sont illégales. Le Koweït, a-t-il prévenu, compte sur des rapports écrits réguliers sur l’application de la résolution 2334. Abordant aussi la crise financière de l’UNRWA et qui menace directement les réfugiés, il a lancé un appel aux donateurs et à la communauté internationale dans son ensemble, pour qu’ils garantissent un financement durable à l’Office, rappelant que le Koweït a versé plus de 70 millions de dollars ces quatre dernières années.
Mme MAHLET HAILU GAUDEY(Éthiopie) a dénoncé les actions négatives des parties qui continuent d’alimenter les tensions dans la région. La déléguée s’est dite attristée par les morts des civils israéliens et palestiniens. Il est absolument vital, a-t-elle prévenu, que les parties s’abstiennent de tout acte susceptible de freiner les progrès et qui aggraverait les frustrations et la méfiance. La situation sécuritaire et humanitaire à Gaza est une vraie source de préoccupation et éviter le pire doit être la priorité. La représentante a souhaité que les manifestations prévues pendant la semaine de haut niveau contribuent à mobiliser l’aide de la communauté internationale, une aide à la hauteur des besoins des Palestiniens.
L’Éthiopie appuie l’engagement de l’ONU, de l’Égypte et de toutes les parties concernées à régler la situation à Gaza. Les efforts de l’Égypte pour la réconciliation interpalestinienne sont un pas important et les parties doivent coopérer pour le bien d’un peuple qui a trop longtemps souffert. Vingt-cinq ans après les Accords d’Oslo, la paix au Moyen-Orient et en Palestine nous échappe toujours, s’est désolée la représentante. Il faut revigorer et faciliter la reprise des négociations directes. Il appartient au Conseil de sécurité, a conclu la représentante, de soutenir ces efforts pour la paix entre les Israéliens et les Palestiniens et la paix dans la région du Moyen-Orient.
M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a indiqué que son pays regrette l’absence d’un cadre de concertation consensuel et viable, depuis l’impasse dans laquelle se trouve les Accords d’Oslo qui avaient pourtant suscité l’espoir d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens. La Côte d’Ivoire réitère son appel aux dirigeants israéliens et palestiniens à faire preuve de dépassement pour renouer le dialogue. Le représentant a réaffirmé le « soutien ferme » de la Côte d’Ivoire à la solution des deux États, coexistant pacifiquement dans le cadre des frontières de 1967. Pour M. Ipo, la relance du dialogue n’est pas qu’une simple nécessité, mais avant tout une urgence dont la satisfaction aiderait à circonscrire les guerres potentielles. C’est tout le sens du soutien de la Côte d’Ivoire à l’initiative lancée par la France, le 15 janvier 2017, et qui a abouti à l’adoption, par 70 États et organisations internationales, d’une Déclaration conjointe réaffirmant l’attachement de la communauté internationale à la solution des deux États.
Sur le volet humanitaire, la Côte d’Ivoire, a dit le représentant, encourage les donateurs à poursuivre et à multiplier les initiatives d’assistance aux populations palestiniennes en détresse. Elle salue à cet égard l’annonce faite par la Jordanie d’organiser, le 27 septembre, à New York, une conférence en vue de mobiliser les appuis financiers indispensables à la poursuite des activités de l’UNRWA. Au sujet du Yémen, la Côte d’Ivoire estime que le pessimisme et l’inaction ne sont pas envisageables, car « ils feraient porter à notre conscience collective le fardeau d’une autre tragédie ». M. Ipo a également rappelé aux parties en conflit leurs obligations au regard du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Il a aussi appelé à la mise en œuvre du principe de reddition de comptes pour sanctionner les atteintes inacceptables aux droits de l’homme au Yémen.
Concernant la crise syrienne, la Côte d’Ivoire a appelé avec insistance les belligérants à la cessation immédiate des hostilités et à privilégier le dialogue, dans le cadre d’un processus politique inclusif, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité qui définissait la feuille de route du processus de paix en Syrie. Le représentant a enfin salué les efforts déployés par la communauté internationale qui ont permis la signature de l’Accord de Genève sur le nucléaire iranien.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a rappelé que sa délégation fait partie des 10 signataires de la lettre du 14 mai dernier dans laquelle les auteurs demandaient que soit restaurée la pratique usuelle qui veut que le Conseil de sécurité reçoive des rapports écrits, y compris dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité. Contrairement au mois de juin dernier au cours duquel un rapport avait été publié le 18 juin, le délégué a regretté que cela ne soit pas le cas aujourd’hui. Il a appelé les parties israélienne et palestinienne à respecter les résolutions pertinentes adoptées par le Conseil de sécurité au cours des 50 dernières années, soit depuis 1967. Il a insisté sur la résolution 2334 (2015), plaidant pour l’arrêt des colonies de peuplement. Le délégué a appelé les autorités israéliennes à mettre un terme aux démolitions et à relocaliser les communautés palestiniennes en Cisjordanie.
Le représentant a souligné l’importance d’un soutien à l’« entité importante » qu’est l’UNRWA compte tenu de son travail et de la situation désespérée à Gaza. Il a aussi insisté sur l’unité intrapalestinienne, appelant à l’union des diverses factions sous la bannière d’une Autorité palestinienne légitime et démocratique. Il a invité les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Union européenne et l’ONU à faire revivre le Quatuor, afin de consolider les efforts multilatéraux pour une solution pacifique du conflit. Enfin, il a appelé les dirigeants israéliens et palestiniens et toutes les parties prenantes, à « prendre des actions concrètes pour préserver la possibilité d’une coexistence pacifique et la solution des deux États ».
Le 13 septembre a marqué le vingt-cinquième anniversaire de la signature des Accords d’Oslo, a rappelé M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), et, depuis, l’Autorité palestinienne a été mise en place, le transfert des compétences a eu lieu et les institutions palestiniennes ont été jugées aptes à assumer les responsabilités d’un État. Mais le transfert des responsabilités a cessé, et les divisions entre Gaza et la Cisjordanie ne cessent de se creuser alors que les colonies de peuplements augmentent. En 1993, il semblait compliqué de déplacer 100 000 colons israéliens. Mais résoudre aujourd’hui la question de 600 000 colons en Cisjordanie est une tâche « herculéenne ». Les Pays-Bas, a dit le représentant, condamnent la décision d’Israël d’autoriser la construction de 2 000 nouvelles unités de peuplement, rappelant que ces colonies sont illégales en vertu du droit international et qu’elles minent les perspectives de paix.
« Trois quart de l’opinion publique palestinienne estime que la situation est pire aujourd’hui qu’avant les Accords d’Oslo », et le soutien à la solution des deux États est passé en dessous de la barre des 50% des côtés israélien et palestinien. Nous sommes préoccupés par ces tendances et l’absence de mesures pour les inverser, a avoué le représentant, avant d’aborder la question de démolition programmée du village de Khan al-Ahmar en Cisjordanie. Le représentant a réitéré l’appel de l’Union européenne et des Pays-Bas pour que le Gouvernement israélien reconsidère son plan de démolition, y compris son école, et le déplacement forcé de ses habitants.
Abordant ensuite la situation à Gaza, M. van Oosterom a constaté la dégradation de la situation humanitaire sur place et a noté que la reprise des hostilités a pu être évitée de justesse cette été grâce aux efforts des Nations Unies et de l’Égypte. Pourtant, les causes sous-jacentes n’ont pas été réglées, a-t-il constaté, citant le taux de chômage de plus de 50% à Gaza et les manifestations le long de la barrière de Gaza dont le nombre des victimes augmente. S’il a appelé à des manifestations véritablement pacifiques, il a aussi demandé à Israël une réaction proportionnée. Il a encouragé la relance économique de Gaza, « qui ne devrait pas dépendre de l’aide humanitaire », notamment par l’ouverture prévisible des points de passage tout en tenant compte de la sécurité d’Israël. Le représentant n’a pas manqué d’exprimer ses préoccupations face à la crise budgétaire de l’UNRWA. Vingt-cinq ans après Oslo, les Pays-Bas encouragent les Israéliens et les Palestiniens à ne pas se tourner le dos et à s’engager sur la route difficile de la paix. « Ils sont les seuls à pouvoir prendre les décisions sur les questions liées au statut final », a souligné M. van Oosterom, ajoutant que cela reste possible à condition d’avoir la volonté politique nécessaire.
M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a constaté que la paix semble éloignée 25 ans après les Accords d’Oslo. Or, il n’y pas de solution militaire à ce conflit et les parties ne devraient pas compliquer une situation déjà complexe. Rappelant que depuis le début de l’année 2018, des centaines de Palestiniens ont perdu la vie à cause de la violence, le délégué a jugé important qu’Israël comprenne une fois pour toutes que le recours à la force doit être réfléchi et le blocus contre Gaza, cesser. M. Esono Mbengono s’est aussi dit préoccupé par le manque de progrès dans la réconciliation entre le Fatah et le Hamas. Il s’est également dit inquiet de la situation financière de l’UNRWA. Il a conclu en insistant sur le droit des Israéliens et des Palestiniens à vivre dans la paix et la sécurité. Il a donc appelé au plein respect des résolutions du Conseil de sécurité.
Mme NIKKI R. HAILEY (États-Unis) a attribué à un seul pays les conflits et l’instabilité au Moyen-Orient: l’Iran dont l’empreinte est visible partout dans la région. Le régime iranien, s’est-elle expliquée, soutient les dictateurs qui gazent leur peuple, alimente les conflits, finance les combattants étrangers et les terroristes. L’Iran transfert des missiles aux militants, agit contre les intérêts du Conseil de sécurité, en violant la souveraineté du Liban, de la Syrie, du Yémen, sans oublier l’Iraq où ses hommes de main ont reçu du matériel pour fabriquer des missiles. Le régime iranien, a indiqué la représentante, vient d’ailleurs de tirer un barrage de missiles contre l’Iraq, attaquant le quartier général du Parti démocratique du Kurdistan et tuant, ce faisant, 11 personnes. L’Iran s’emploie aussi à influencer la formation du Gouvernement iraquien avec aux manettes le général Soleimani frappé, par ce Conseil, d’une interdiction de voyager depuis 2015. L’Iran, a poursuivi la représentante, veut se servir d’un Iraq faible pour financer ses activités terroristes. Il y a deux semaines, deux forces formées de ses hommes de main ont effectué des tirs de roquette contre l’ambassade américaine à Bagdad et le consulat américain à Bassorah. La Maison Blanche, a souligné la représentante, n’a pas manqué de lancer une ferme mise en garde à l’Iran et de le prévenir qu’il le tiendra pour responsable de toute attaque de ses hommes de main contre des infrastructures et le personnel américains en Iraq.
La souveraineté est une question qui revient beaucoup au Conseil de sécurité et « à juste titre », a dit la représentante. C’est un principe dont l’Iraq aussi doit pouvoir se prévaloir. Or l’Iran, a affirmé la représentante, manifeste un mépris profond pour la souveraineté de l’Iraq. Il menace les populations pour avancer ses pions politiques et compromet la caractéristique même de la souveraineté, à savoir le monopole d’État sur le recours à la force, en multipliant ses milices. Non seulement l’ingérence de l’Iraq freine les progrès en Iraq mais elle fait reculer aussi le pays vers le conflit et les divisions, ces mêmes conflits et divisions que l’Iran encourage en Syrie, au Yémen, au Liban et dans le reste du Moyen-Orient. Tous les États Membres soucieux du principe de souveraineté nationale devraient être préoccupés. Tous ceux qui respectent le droit à l’autodétermination du peuple iraquien doivent le défendre, a conclu la représentante.