En cours au Siège de l'ONU

Le Comité chargé des ONG recommande le statut consultatif spécial à 91 ONG et reporte sa décision sur 49 autres

Session de 2019,
3e & 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6955-ONG/879

Le Comité chargé des ONG recommande le statut consultatif spécial à 91 ONG et reporte sa décision sur 49 autres

Le Comité chargé des ONG a, au cours de la deuxième journée d’une session qui se poursuivra jusqu’au 30 janvier, décidé de recommander au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 91 organisations non gouvernementales.  Il a reporté sa décision sur 49 autres ONG dont une bonne dizaine d’organisations, priées par la Chine de respecter le principe d’« une seule Chine ».

La Chine a en effet prié The Reality of Aid Africa Network, du Kenya, de supprimer un article sur son site Internet parlant de Taïwan et d’utiliser le nom correct de « Taïwan - province de Chine ».  Elle a fait la même demande à la britannique Cruelty Free International, du Royaume-Uni, à la suisse GSM Association et ou encore à l’américaine International Council for Small Business.  « Respecter le nom de Taïwan - province autonome de Chine et le principe d’une seule Chine », a été répété par la délégation chinoise à plusieurs autres ONG dont la japonaise UNISC International et IWCA.

Au cours du dialogue avec le Comité, Global Energy Interconnection Developpement and Cooperation Organisation (GEIDCO), de la Chine, a dû répondre à un barrage de questions des États-Unis.  L’ONG, qui promeut le développement durable de l’énergie partout dans le monde et qui contribue à la lutte contre les changements climatiques, a demandé que l’examen des dossiers des organisations comme la sienne ne soit pas toujours mené sous un angle politique.  « Nous posons des questions pour en savoir plus sur vos activités », ont répondu les États-Unis.  La Fondation européenne d’études progressistes de la Belgique a en revanche tout de suite obtenu sa recommandation pour un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC.

L’ONG obtient ainsi un statut octroyé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC, contrairement au premier statut, le statut consultatif général, qui est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.

Le dernier statut, la « Liste », va aux ONG qui ne rentrent dans aucune des deux premières catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte. 

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, mercredi 23 janvier, à partir de 10 heures.

Octroi du statut consultatif spécial

  1. TOBE Foundation for Rights & Freedoms (Yémen)
  2. The Centre for Family Health Initiatives (Nigéria)
  3. The Institute for Protection of Women’s Rights (IPWR) (Iran)
  4. The New Generation Girls and Women Development Initiative (Nigéria)
  5. The Union of Arab Banks (Liban)
  6. Tiruzer Ethiopia for Africa (TEA) (Éthiopie)
  7. Triumphant Hand of Mercy Initiative NPC (Afrique du Sud)
  8. Union Nationale des femmes Algérienne (Algérie)
  9. Union Pour La Promotion De La Femme Et De L’Enfant Nigérienne (Niger)
  10. Union of Relief and Development Associations (Liban)
  11. Wassa Karité (Mali)
  12. Women Initiative for Sustainable Environment (Nigéria)
  13. Women’s Initiative for Self-Actualization (Nigéria)
  14. YUVA (Maurice)
  15. Yemeni Observatory for Rights and Sustainable Development (Yémen)
  16. Yoruba Indigene’s Foundation (Nigéria)
  17. Youth Crime Watch of Liberia (Libéria)
  18. Youth Education and Leadership Initiative (Nigéria)
  19. Zaindriss Foundation Inc (Sierra Leone)
  20. Zomi National Council of Myanmar (ZNCM) Social Organization (Kalaymyo) (Myanmar)
  21. Əlil Təşkilatları İttifaqı (Azerbaïdjan)
  22. Afrikanische Frauenorganisation (Autriche)
  23. Alberta Council for Global Cooperation (Canada)
  24. American Academy of Arts and Sciences (États-Unis)
  25. Anglican Rite Roman Catholic Church (États-Unis)
  26. Aotearoa Youth Leadership Institute (Nouvelle-Zélande)
  27. Apex Development Foundation (États-Unis)
  28. Arc Finance, Ltd. (États-Unis)
  29. Associação Nacional de Deficiência Mentais Raras – Raríssimas (Portugal)
  30. BCARE USA Inc (BCARE International) (États-Unis)
  31. Beit Hagalgalim (House of Wheels) (Israël)
  32. Bir Dünya Çocuk Derneği (Turquie)
  33. Center for the Study of Crime (Grèce)
  34. Commit-2-Change, Inc. (États-Unis)
  35. Continents University (États-Unis)
  36. CrowdGuard (Suisse)
  37. Dignidad y Justicia en el Camino, Asociación Civil (Mexique)
  38. Direct Aid Organization (Koweït)
  39. Earth Law Center (États-Unis)
  40. Ecocentre for Environmental Protection (Géorgie)
  41. European Network on Debt and Development (Belgique)
  42. Feminenza International Ltd (Royaume-Uni)
  43. Fondation Medicines Patent Pool (Suisse)
  44. Fondation Millennia2025 Femmes et Innovation (Belgique)
  45. Fondation du Dr Julien (Canada)
  46. Fondazione di ricerca scientifica ed umanistica Antonio Meneghetti (Suisse)
  47. Forum Européen des Femmes Musulmanes (Belgique)
  48. Foundation for Building Sustainable Communities (Canada)
  49. Foundation for International Medical Relief of Children (États-Unis)
  50. Fundación Cepaim, Acción Integral con Migrantes (Espagne)
  51. Global Alliance of NGOs for Road Safety (Suisse)
  52. Global Medic Force (Europe) (Royaume-Uni)
  53. Global Music & Wellness Inc (États-Unis)
  54. Groundswell International, Inc. (États-Unis)
  55. Ikkaido Ltd (Royaume-Uni)
  56. International Action for Peace & Sustainable Development (Suisse)
  57. International Arts Movement, Inc. (États-Unis)
  58. Italian Climate Network (Italie)
  59. Kadın Sağlıkçılar Eğitim ve Dayanışma Vakfı (Turquie)
  60. Kallipatira (Grèce)
  61. La Voûte Nubienne (France)
  62. Medical and Educational Sustainable Community Help Incorporated (MESCH) (Australie)
  63. MUSIAD Corp (États-Unis)
  64. Magyar Női Unió Egyesület (Hongrie)
  65. Migration Council Australia (Australie)
  66. Montréal International (Canada)
  67. Mundo a Sorrir – Associação de Médicos Dentistas Solidários Portugueses (Portugal)
  68. National Council of Juvenile and Family Court Judges (États-Unis)
  69. Nature’s Rights (Royaume-Uni)
  70. One Earth Future Foundation, Inc. (États-Unis)
  71. PeaceTrees Vietnam (États-Unis)
  72. Pearl Initiative Inc. (États-Unis)
  73. RIO Rusmisbrukernes Interesseorganisasjon (Norvège)
  74. Rescue the Poor Child (Suède)
  75. Sanctuary for Families, Inc. (États-Unis)
  76. Smart Women’s Community Institute (Japon)
  77. Sociedad Mexicana de Criminología Capítulo Nuevo León, Asociación Civil (Mexique)
  78. Stichting Deep Sea Conservation Coalition (Pays-Bas)
  79. Stopaids (Royaume-Uni)
  80. Swiss Academy for Development, SAD (Suisse)
  81. TASC National Limited (Australie)
  82. Terre des femmes Schweiz (Suisse)
  83. The National Council of African Descendants in America (États-Unis)
  84. The Paz Foundation (États-Unis)
  85. The Victor Pineda Foundation (États-Unis)
  86. Tsilhqot’in National Government (Canada)
  87. Fondation européenne des études progressistes (Belgique)
  88. US UCIA Corporation (Mexique)
  89. Union Theological Seminary (États-Unis)
  90. World Obesity Federation (Royaume-Uni)

Examen des demandes de statut consultatif

Comment sont utilisées les ressources de The Egyptian Coordination for Law and Justice (Égypte)? a demandé Bahreïn.  La Chine a prié The Reality of Aid Africa Network (Kenya) de supprimer un article sur son site Internet parlant de Taïwan et d’utiliser le nom correct de « Taïwan - province de Chine ».  L’Union des peuples autochtones pour le réveil au développement (Burundi) a été invitée par la Turquie à dire ce que fait son Centre de formation.

Bahreïn a exigé d’United National Organization of Human Rights (Égypte) qu’elle fasse la liste de ses activités actuelles.  Quels sont les membres du Conseil d’administration d’Universal Peace and Violence Amelioration Centre (Nigéria) au Brésil? a voulu savoir le Brésil.  Ses membres brésiliens mènent-ils des activités dans leur pays?  L’Inde a voulu des détails sur les activités récentes, le financement et le nombre des bénéficiaires des projets de Vikash Deep (Inde).

L’Inde a demandé à Voluntary Integration for Education and Welfare of Society (Inde) la liste détaillée de ses sources extérieures de financement et de leurs affectations.  La même délégation a noté que Welfare Association Jared (Pakistan) a enregistré un excédent budgétaire.  Que compte-elle en faire?  Cuba a demandé à Yayasan Kota Kita Surakarta (Indonésie) de décrire ses projets en cours et en 2019.

Les États-Unis voulu obtenir de YouChange China Social Entrepreneur Foundation (Chine) la liste des projets en Asie du Sud-Est et des activités liées aux travaux de l’ECOSOC.  100 % des fonds de Youth Health and Development Organization (Afghanistan) sont internationaux.  Quelles en sont les sources ? a demandé l’Inde.  Cent pour cent des recettes de Youth and Development Consultancy Institute (Égypte) sont d’origine extérieure.  À quoi servent-elles? a questionné le Pakistan.

A New Dawn – Bedouin Jewish Centre in the Negev for Equality and Accessibility in Education, Research, Peace and Welfare Services (R.A.) (Israël) doit donner au Comité la liste de ses activités en 2019 et après 2019, a dit Cuba.  Qui sont les membres actuels du Conseil d’administration d’Aleh Jerusalem Centres (Israël)? a demandé Bahreïn.  L’Inde a voulu que l’Association Québécoise des Organismes de Coopération Internationale (AQOCI) (Canada) décrive ses activités sur les droits de la femme et l’égalité entre les sexes.

Israël a demandé des explications à Care 2 give, Inc (États-Unis) sur la composition de son Conseil d’administration.  Quels sont les projets de Centro Mujeres A.C. (Mexique) pour les jeunes? a voulu savoir le Nigéria.  La Chine a demandé à Cruelty Free International (Royaume-Uni) de corriger la présentation de Taïwan sur son site Internet.

La Grèce a demandé à Ensar Vakfı (Turquie) la liste de ses donateurs.  L’Inde a voulu en savoir plus sur les activités récentes de Family Planning NSW (Australie).  La Chine a demandé à GSM Association (Suisse) d’utiliser le nom correct de Taïwan. 

Quels sont les partenaires de Global One 2015 (Royaume-Uni)? a questionné CubaIsraël a voulu que Grace Leadership Foundation Inc (États-Unis) explique « sa capacité d’action dans le monde ».  Comment Great Enlightenment Lotus Society Inc. (États-Unis) peut-elle mener à bien ses activités avec un déficit? a interrogé le Nicaragua.  

Bahreïn a voulu des détails sur le financement de IAMANEH Schweiz Suisse Svizzera Switzerland (Suisse).

Quelles sont les activités d’International Civil Society Action Network, Inc. (États-Unis) contre l’extrémisme violent? a demandé la Turquie.  Quels sont les projets d’International Convocation of Unitarian Universalist Women (États-Unis) en Amérique latine? a voulu savoir le NicaraguaInternational Council for Small Business (États-Unis) a été priée par la Chine de corriger les erreurs de son site Internet concernant Taïwan.

La Libye a demandé à International Council on Monuments and Sites (France) si elle est active en Libye et en Syrie.  Soixante-dix pour cent du budget d’International Medical Corps (États-Unis) vient du Gouvernement.  Qui décide alors des projets à financer: le Gouvernement ou l’ONG? a questionné la Fédération de Russie.  La Chine a prié l’organisation de corriger l’erreur sur le nom de Taïwan.  La même remarque a été faite à International Programme on the State of the Ocean (Royaume-Uni).  Mettez « Taïwan - province de Chine ».

Occupational Knowledge International (États-Unis) a été invitée par la Chine à ne plus présenter Taïwan comme un État à part entière.  OneMama Incorporated (États-Unis) devra donner au Nicaragua une liste de tous les pays où elle est présente.  Israël a demandé des explications à OneNess Foundations Diaspora USA (États-Unis):  pourquoi 17% seulement du budget est consacré aux projets? 

Partners for Progressive Israel (États-Unis) a été priée par la Chine de lister les domaines dans lesquels son budget est investi.  La même délégation a exigé que Partnership for Observation of the Global Oceans Society (Canada) respecte le principe d’une « seule Chine ».  La Turquie a demandé à Peace Without Limits (PWL) International Organization, Inc. (Suisse) comment elle fait pour coordonner les activités de ses nombreux bureaux éparpillés à travers le monde.

La Chine a voulu que Peaceever TV International Media Group Inc. (États-Unis) corrige sa position sur Taïwan qu’elle qualifie de « pays ».  Su Politikaları Derneği (Turquie) devra décrire à la Grèce ses activités de consultance auprès de gouvernements.  « Taïwan n’est pas un pays », a fait observer la Chine à Swedwatch (Suède).

Les dépenses de The Center for Bioethics and Culture (États-Unis) dépassent ses recettes, a noté la Chine.  Pourquoi?  Les recettes de The Foundation for Political, Economic and Social Research (SETA) (Turquie) constituent le double de ses dépenses.  Que compte-t-elle faire avec le reliquat? a demandé la Chine.  La Grèce a voulu que Türk Kadınlar Birliği Derneği (Turquie) lui donne une liste détaillée de ses projets. 

UNISC International (Japon) devra respecter le principe d’une seule Chine, a exigé la Chine.

La Chine a demandé à United States Council for the International Business, Incorporated (États-Unis) et à YWCA of Japan (Japon) de supprimer le terme « République de Chine » lorsqu’il parle de Taïwan sur leur site Internet.

Dialogue avec les ONG

Global Energy Interconnection Developpement and Cooperation Organisation (GEIDCO) (Chine) a expliqué qu’elle veut contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable, en particulier à la lutte contre les changements climatiques.  L’ONG a d’ailleurs dit avoir participé à la Conférence des États parties à la Convention sur les changements climatiques (COP24) en Pologne, l’année dernière.  Quelles sont vos activités sociales? ont demandé les États-Unis.  Nous sommes régis par le droit chinois et avons 13 bureaux à l’étranger, dont le Brésil, les États-Unis et la Fédération de Russie, a répondu l’ONG, en décrivant des projets recherche et développement, en particulier sur l’accès à l’électricité.  Les États-Unis ont exigé une réponse écrite sur les projets menés en dehors de la Chine.  L’ONG a voulu que l’examen des dossiers des organisations comme la sienne ne soit pas toujours mené sous un angle politique.  Nous posons des questions pour en savoir plus sur vos activités, ont répondu les États-Unis.

NORSAAC (Ghana) a dit travailler dans les domaines de la santé génésique, de l’égalité des sexes et de l’aide aux moyens de subsistance.  Nous travaillons avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), ONU-Sida, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et d’autres partenaires internationaux.  Nos ressources financières ont augmenté de 23%, a annoncé l’ONG.  Comment faites-vous, a demandé le Nicaragua, pour partager votre expérience avec les autres organisations locales?  Nous impliquons surtout les femmes dans la mise en œuvre des projets, dans la sensibilisation, la recherche, la collecte de données, a répondu l’ONG.  L’Inde a voulu connaître l’approche contre le mariage des enfants.  Nous avons obtenu un prix pour son travail dans ce domaine, s’est enorgueillie l’ONG.  La stratégie est d’impliquer chaque communauté et chaque foyer pour que les résultats soient durables.  Nous donnons un « symbole » particulier à chaque famille participante, laquelle peut alors l’exhiber « avec fierté » et encourager d’autres familles à en faire autant.  Le FNUAP a été très impressionné par cette approche, a affirmé l’ONG.    

International Council for Small Business (États-Unis) a expliqué qu’elle travaille dans 85 pays dans le monde et qu’elle a été à l’origine de la proclamation du 27 juin, comme Journée des micro-, petites et moyennes entreprises.  Ces entreprises constituent en effet 98% de l’économie mondiale et emploie 50% de la main d’œuvre.  « Je prie les membres de continuer de soutenir notre ONG », a plaidé l’ONG.  La Chine a voulu savoir comment elle a pu convaincre l’ONU de proclamer la Journée alors que c’est aux États Membres de présenter des résolutions et non aux ONG.  C’est l’Argentine qui s’est proposée de porter le projet de résolution à l’Assemblée générale, a répondu l’ONG.  

La Fondation européenne d’études progressistes (Belgique) a dit que 85% de son budget vient de l’Union européenne.  Nous avons, a-t-elle dit, un réseau de centres de réflexion des progressistes en Europe et nous voulons renforcer la solidarité mondiale, en recherchant des solutions progressistes aux problèmes actuels du monde.  Nous contribuons aussi aux projets des États européens dans le domaine du renforcement de la résilience, notamment en Afrique.  L’ONG a plaidé pour une pleine mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Que faites-vous en Chine? a demandé la Chine.  Nous venons d’être invités par le Gouvernement chinois à participer à une conférence sur le projet de la « Route de la soie », a fait savoir l’ONG.  Comment avez-vous fait pour obtenir le financement du Parlement européen? a encore demandé la Chine.  Notre financement est calculé au prorata des élus progressistes au Parlement européen, a indiqué l’ONG.  Comment comptez-vous mettre en œuvre le Pacte sur les migrations étant donné qu’il n’est pas juridiquement contraignant? a interrogé la Libye.  Nous travaillons avec les municipalités pour pouvoir aider les migrants, a répondu l’ONG, avant que le Comité ne recommande l’octroi du statut consultatif spécial.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: le Coordonnateur spécial pour le processus de paix met en garde contre toute « gestion » du conflit israélo-palestinien

8449e séance – matin 
CS/13674

Moyen-Orient: le Coordonnateur spécial pour le processus de paix met en garde contre toute « gestion » du conflit israélo-palestinien

« Ceux qui pensent que le conflit israélo-palestinien peut être géré pour l’éternité ont tort », a déclaré ce matin, devant le Conseil de sécurité, M. Nickolay Mladenov, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, en agitant le spectre d’une montée de la radicalisation des deux côtés. La majorité de la cinquantaine de délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont appelé à une solution négociée, tandis que les États-Unis ont déploré le temps excessif consacré par le Conseil à la question palestinienne et, à l’instar d’Israël, accusé l’Iran de déstabiliser la région.

« Alors que l’année 2019 commence, nous ne devons nourrir aucune illusion sur la dangereuse dynamique du conflit israélo-palestinien qui se déroule sous nos yeux », a déclaré le Coordonnateur spécial en prévenant que les développements sur le terrain sapent la possibilité de la création d’un État palestinien viable et contigu.  Les autorités israéliennes viennent d’approuver plus de 3 100 unités de logement en Cisjordanie, a-t-il dit.

Affichant son pessimisme, M. Mladenov a aussi indiqué que l’espoir pour une véritable réconciliation intra-palestinienne s’amenuise de jour en jour, les parties se blâmant l’une l’autre pour le manque de progrès.  « Comme toujours, les Palestiniens ordinaires paient le prix fort, tandis que le fossé entre Gaza et la Cisjordanie continue de se creuser », a poursuivi M. Mladenov.  « Une chose est sûre, une souveraineté et un État palestiniens sont impossibles sans une unité véritable. »

Qualifiant la situation humanitaire à Gaza de « désespérée », le Coordonnateur spécial a aussi insisté sur la dangereuse dynamique sécuritaire en Cisjordanie, marquée par une série d’attaques terroristes meurtrières et un nombre accru d’opérations militaires israéliennes.  Rappelant le chemin vers la paix ouvert il y a 25 ans à Oslo, en vue d’aboutir à la solution des deux États, M. Mladenov a indiqué que cette perspective s’éloigne, pour laisser la place au risque d’un État unique et d’une « occupation perpétuelle ».

Le Coordonnateur spécial a donc exhorté les parties à s’engager de nouveau en faveur de négociations, afin d’entretenir « l’espoir ».  Une position partagée par la grande majorité des délégations, dont celles de la Belgique, du Royaume-Uni, du Koweït ou encore de la République dominicaine.  La solution des deux États est la seule solution au conflit, a déclaré le délégué chinois, en appelant à une reprise des négociations.  La déléguée britannique a appelé à ne pas « abandonner » cette solution.

Le représentant russe a par ailleurs noté le refus de l’écrasante majorité des États Membres de voir les paramètres agréés d’une solution négociée remis en cause, tandis que le représentant français a déploré le « silence assourdissant » du Conseil sur ce dossier.  Il n’existe pas de « solution B » à celle des deux États, a prévenu l’Observateur permanent de l’État de Palestine, en invitant à agir « avant qu’il ne soit trop tard ».

L’Observateur a noté que la colonisation de terres palestiniennes, illégale au regard du droit, se poursuit en « profitant de la paralysie internationale ».  Cette politique israélienne repousse toujours plus loin toute perspective de paix, a-t-il souligné, appuyé par le délégué de la Ligue des États arabes.  Il s’est néanmoins félicité de la nomination de la Palestine à la présidence du Groupe des 77 et la Chine pour 2019 et demandé aux pays qui ne l’ont pas encore fait de soutenir la demande d’admission de l’État de Palestine en tant que membre à part entière de l’ONU.  Enfin, l’Observateur a assuré que les Palestiniens continuent à avancer sur la voie de la réconciliation et de l’unité nationale.

Le délégué israélien a, lui, dénoncé l’agression grave commise par l’Iran contre son pays, avec le lancement d’un missile sol-sol depuis la Syrie, et appelé le Conseil à condamner l’Iran pour cet acte d’agression.  Il a souligné que l’Iran investit 7 milliards de dollars par an pour détruire Israël, et 4 milliards pour soutenir Assad, en Syrie, sans compter les fonds versés au Yémen et ailleurs.

Selon le délégué israélien, l’Iran veut faire de la Judée un quatrième front contre Israël, tandis que le Hamas essaie d’établir « un autre front militaire majeur » au Liban.  « Mais nous ne laisserons jamais l’Iran gagner, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Judée. »  Enfin, il a appelé le Conseil à qualifier le Hamas, le Hezbollah et le Djihad islamique d’organisations terroristes, afin de « démanteler l’épicentre du terrorisme qui siège à Téhéran ».  « Mais si nous le devons, nous réagirons seuls. »

Son homologue des États-Unis a, lui aussi, dénoncé les activités déstabilisatrices de l’Iran, avant d’évoquer la conférence ministérielle qui doit se tenir en février à Varsovie.  Cette réunion a pour but de réfléchir à une architecture sécuritaire plus solide au Moyen-Orient, non pas à « diaboliser l’Iran », a-t-il assuré, à l’instar de la représentante de la Pologne qui a précisé que cet évènement ne vise pas à mettre l’accent sur un pays précis. « Alors, pourquoi l’Iran, l’un des pays les plus importants de la région, n’a-t-il pas été invité? », a réagi le représentant de la Fédération de Russie.

Prédisant l’échec de la réunion de Varsovie, le délégué de la Syrie, qui a accusé le représentant israélien d’avoir parlé aujourd’hui de tout sauf du conflit israélo-palestinien, a exhorté les pays soutenant Israël à changer d’approche, sinon « le destin de cette Organisation sera voué à l’échec comme ce fut le cas pour la Société des Nations ».  Son homologue de l’Iran a, lui, affirmé que le « racisme fait partie de la nature même du régime d’Israël » et accusé les États-Unis de protéger Israël en rendant ce Conseil « totalement inefficace ».

En début de séance, les membres du Conseil de sécurité ont observé une minute de silence en hommage aux 10 Casques bleus tchadiens tués le 20 janvier lors d’une attaque contre le camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Aguelhok, dans la région de Kidal.  Cette attaque a en outre été vivement condamnée par le Président du Conseil de sécurité.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

« Alors que l’année 2019 commence, nous ne devons nourrir aucune illusion sur la dangereuse dynamique du conflit israélo-palestinien qui se déroule sous nos yeux », a déclaré M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient.  La possibilité de la création d’un État palestinien viable et contigu a été systématiquement sapée par les développements sur le terrain, a-t-il noté.  Pendant la période à l’examen, les autorités israéliennes ont approuvé plus de 3 100 unités de logement dans les colonies de peuplement de la zone C, la moitié d’entre elles étant prévues au cœur de la Cisjordanie.  M. Mladenov a en outre cité une loi visant à légaliser quelque 66 postes avancés illégaux en Cisjordanie d’ici les deux prochaines années, tandis que les destructions de structures palestiniennes se poursuivent, y compris à Jérusalem-Est.  Ainsi 25 structures ont été saisies ou démolies en raison de l’absence d’un permis de construire israélien, qu’il est pourtant quasiment impossible d’obtenir pour un Palestinien, a expliqué M. Mladenov.  « Je rappelle la position de longue date de l’ONU selon laquelle les colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international. »

Côté palestinien, malgré les efforts infatigables de l’Égypte et des Nations Unies, l’espoir pour une véritable réconciliation intra-palestinienne s’amenuise de jour en jour, les parties se blâmant l’une l’autre pour le manque de progrès, a-t-il regretté.  Comme toujours, les Palestiniens ordinaires paient le prix fort, tandis que le fossé entre Gaza et la Cisjordanie continue de se creuser, a poursuivi M. Mladenov.  Il a en conséquence appelé les dirigeants palestiniens à œuvrer pour sortir de l’impasse politique et assurer la pleine mise en œuvre de l’Accord du Caire de 2017.  « Une chose est sûre, une souveraineté et un État palestiniens sont impossibles sans une unité véritable.  Il ne peut pas y avoir d’État à Gaza et pas d’État sans Gaza. »  Le Coordonnateur spécial a en outre précisé que la croissance économique en Cisjordanie est insuffisante pour garantir la soutenabilité de l’économie palestinienne, en raison du grave ralentissement économique à Gaza.  « Les chiffres parlent d’eux-mêmes », a-t-il dit en mentionnant que le PIB de la Cisjordanie a cru de 1,2% au troisième trimestre, pendant que celui de Gaza a diminué de 6,5%.  Le PIB global de la Palestine a ainsi diminué de 0,5%.

Le Coordonnateur spécial a ensuite mentionné la dangereuse dynamique sécuritaire en Cisjordanie, marquée par une série d’attaques terroristes meurtrières et un nombre accru d’opérations militaires israéliennes conduites dans les zones A et B de la Cisjordanie. 

Rappelant le chemin vers la paix ouvert il y a 25 ans à Oslo, en vue d’aboutir à la solution des deux États par le biais de négociations, M. Mladenov a indiqué que cette perspective s’éloigne, pour laisser la place au risque grandissant de la réalité d’un État unique et d’une occupation perpétuelle.  « Si les parties s’engagent de nouveau en faveur du principe selon lequel les questions principales ne pourront être réglées que par le biais de négociations, alors il y aura encore un espoir. »

Évoquant les violents incidents en Cisjordanie et à Gaza, le Coordonnateur spécial a exhorté Israël à n’utiliser la force qu’en dernier recours.  Il a en outre appelé le Hamas à cesser ses tirs aveugles de roquettes et à faire en sorte que les manifestations demeurent pacifiques.

Le Coordonnateur spécial a ensuite qualifié de « désespérée » la situation humanitaire à Gaza.  « Les récentes coupes dans les contributions des donateurs ont contraint le Programme alimentaire mondial (PAM) à suspendre l’assistance alimentaire qui devait être apportée à 27 000 personnes et à réduire les rations pour quelque 166 000 autres bénéficiaires. »  M. Mladenov a également exhorté les donateurs à continuer d’appuyer les efforts de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Passant à la situation au Liban, le Coordonnateur spécial a rappelé que ce pays n’avait pas de gouvernement depuis huit mois et a exhorté les parties prenantes libanaises à surmonter leurs divergences.  La situation au sud du pays et le long de la Ligne bleue demeure tendue, a-t-il dit, mentionnant la découverte de tunnels traversant ladite Ligne en violation de la résolution 1701(2006).  Les incidents sécuritaires qui se sont déroulés le 25 décembre et les 20 et 21 janvier derniers dans le Golan occupé attestent de la volatilité de la situation dans la zone et des risques pesant sur le cessez-le-feu de longue date entre la Syrie et Israël.  Il est crucial que les parties respectent l’Accord sur le dégagement des forces de 1974 afin de prévenir toute escalade, a déclaré le Coordonnateur spécial. 

Évoquant de nouveau, et en conclusion, la question palestinienne, le Coordonnateur spécial a déclaré que « ceux qui pensent que ce conflit peut être géré pour l’éternité ont tort ».  « Il n’y a pas de statu quo possible; il y a seulement une aggravation qui, si on lui laisse libre cours, sans vision et volonté politique de paix, ne pourra que conduire à un conflit sans fin et à une rapide montée de la radicalisation de tous les côtés », a averti le Coordonnateur spécial. 

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré que malgré une année difficile en 2018 et l’impasse du processus politique, les Palestiniens ont continué à faire preuve de résilience.  En outre, leur foi dans le droit international et le système international, voire même dans le caractère inéluctable de la justice, a été préservée grâce à une série d’évènements internationaux.  À ce titre, M. Mansour a cité la mobilisation importante de la communauté internationale autour de l’UNRWA alors que l’Office faisait face à une crise financière sans précédent.  Ces efforts ont permis de lever les fonds nécessaires pour assurer la continuité des opérations humanitaires, de développement et d’aide d’urgence que l’Office apporte à 5,4 millions de Palestiniens dans la région.  La signification de cette mobilisation collective ne saurait être sous-estimée, selon M. Mansour pour lequel elle a contribué à maintenir une stabilité relative dans les communautés ainsi que dans les pays d’accueil dans un contexte de volatilité et de conflit dans la région.  Il y a vu un modèle de « multilatéralisme au travail » et la preuve du respect tangible des principes humanitaires et des responsabilités légales.

M. Mansour a également rappelé le rejet quasi consensuel des actions visant à légitimer les mesures illégales d’Israël à Jérusalem-Est occupé, déclarant ces actions comme nulles et non avenues et en violation flagrante de la résolution 478 (1980) et 2334 (2016).  Il a également rappelé qu’à plusieurs reprises au cours de l’année 2018, que ce soit au Conseil de sécurité ou dans d’autres enceintes, y compris par la Déclaration conjointe du 18 décembre des membres sortants et entrants du Conseil de l’Union européenne et par le large soutien apporté à l’Assemblée générale aux résolutions sur la question de Palestine, des efforts importants ont été faits pour renforcer les termes de longue date des paramètres pour une paix juste et durable, basée sur la solution des deux États -la Palestine et Israël, vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité, dans les frontières d’avant 1967-, ainsi que pour toutes les questions de statut final, y compris Jérusalem, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU, aux principes de Madrid, à l’Initiative de paix arabe et à la Feuille de route du Quatuor.

Il en a profité pour exhorter la communauté internationale à rejeter toute tentative visant à entamer ce consensus et à traduire leurs paroles en engagements avec des mesures pratiques pour que toute violation entraîne des conséquences.  C’est, à ses yeux, le seul moyen pour que « l’impunité devienne coûteuse ».  Reprenant les propos du Secrétaire général, il a affirmé qu’il n’existe pas de solution B à celle des deux États.  Il a insisté sur l’urgence d’agir sans plus tarder pour la réaliser « avant qu’il ne soit trop tard ».

Un autre moment positif a été la nomination de la Palestine à la présidence du Groupe des 77 et la Chine pour 2019, a encore relevé l’Observateur qui s’est engagé à faire respecter les buts et principes collectifs, dans l’esprit même du multilatéralisme, au nom de 134 États membres du Groupe.

Après avoir passé en revue « ces moments d’espoir », il est revenu sur la situation sur le terrain, les cycles de violence et les souffrances infligées par Israël au peuple palestinien ainsi que la colonisation de terres palestiniennes qui se poursuit en « profitant de la paralysie internationale ».  Cette politique israélienne repousse toujours plus loin toute perspective de paix, a-t-il souligné.  L’occupation sape, jour après jour, la solution des deux États, alimentant ainsi le désespoir des Palestiniens, et en particulier de la jeunesse, s’est-il indigné.  Il en veut pour preuve que cette sombre réalité a été confirmée par chaque exposé au Conseil, y compris dans le contexte des rapports trimestriels du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), « qui devraient être soumis par écrit », comme la plupart des membres du Conseil de sécurité le demandent.  M. Mansour en a profité pour passer en revue les violations flagrantes par Israël du droit international qui entament « la crédibilité même du Conseil de sécurité ».  Il a également évoqué le lourd prix, en termes de vies humaines, payé par les civils palestiniens « auxquels on refuse toujours les droits de l’homme fondamentaux et la protection internationale que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ont réclamé périodiquement au cours de ces 50 années d’occupation ». 

« Nous n’oublierons pas les 295 Palestiniens tués par les forces d’occupation en 2018, et les 29 000 blessés », et « nous ne cesserons d’appeler à ce que les auteurs de ces crimes en soient tenus pour responsables et que justice soit rendue aux victimes », a réaffirmé M. Mansour aux membres du Conseil auxquels il a demandé d’agir de manière sérieuse pour mettre un terme à l’impunité d’Israël « au nom de la possibilité d’une paix juste ».  Il a également demandé aux pays qui ne l’avaient pas encore fait à reconnaître l’État de Palestine et à soutenir sa demande d’admission en tant que membre à part entière des Nations Unies.  Il leur a assuré que les Palestiniens continuent à avancer sur la voie de la réconciliation et de l’unité nationale, saluant les efforts louables de l’Égypte à cet égard.

M. DANNY DANNON (Israël) a indiqué qu’il y a deux jours, l’Iran a commis une agression grave contre son pays, avec le lancement d’un missile sol-sol depuis la Syrie vers une zone proche de la frontière israélienne, après quoi Israël a riposté en ciblant des infrastructures iraniennes situées en Syrie.  Il a appelé le Conseil de sécurité à condamner l’Iran pour cet acte d’agression.  Ce tir démontre que l’Iran est fermement implanté en Syrie, a-t-il estimé avant de l’exhorter à s’en retirer. 

Appelant ensuite à « suivre l’argent à la trace », le représentant a rappelé les succès ainsi rencontrés dans la lutte contre des groupes terroristes comme Daech.  Lorsqu’on suit la trace des fonds, on remonte à un seul fournisseur, « un seul État Membre des Nations Unies qui alimente le terrorisme », a-t-il avancé, pour ensuite appeler à mettre un terme aux activités de « ce parrain du terrorisme qu’est l’Iran ». 

M. Dannon a affirmé qu’au lieu de mettre les fonds dégagés grâce à la signature du Plan d’action global commun au profit du développement, l’Iran a choisi de rémunérer les « pires terroristes », avançant que « le tout fini dans les comptes bancaires du Hezbollah », entre autres.  Il a averti que le Hezbollah est en train de transformer le Liban en « cœur du terrorisme », l’accusant d’utiliser des fonds privés, provenant de l’Iran, pour construire des tunnels dans le sud du Liban, en violation de la résolution 1701 (2006).  Selon le représentant israélien, le Hezbollah compte s’approprier la Galilée. 

Le délégué a passé en revue les actions déployées par Israël dans le cadre de l’opération « Bouclier du Nord », lesquelles ont notamment permis de condamner un des tunnels en y coulant du ciment.  Cette opération, a-t-il précisé, a permis de déterminer que ce tunnel partait d’un terrain privé.  À ce jour, six tunnels ont ainsi été découverts, le dernier étant particulièrement grand et complexe.  La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) ne s’acquitte pas de son mandat, en a conclu le représentant israélien. 

Selon lui, l’Iran investit chaque année 7 milliards de dollars pour détruire Israël ainsi que 4 milliards pour soutenir Assad, en Syrie, sans compter les fonds versés au Yémen et ailleurs.  En outre, a-t-il affirmé, l’argent iranien atterrit directement dans les poches du Hamas et du Djihad islamique en Judée, lequel vise non seulement à y établir un front militaire pour attaquer Israël, mais aussi à élaborer des réseaux terroristes dans tout le Moyen-Orient.  Selon son analyse, l’Iran veut faire de la Judée un quatrième front contre Israël, pendant que le Hamas essaie d’établir « un autre front militaire majeur » au Liban.

Le délégué a également indiqué que le 22 décembre, le cofondateur du Hamas a mené une délégation à Téhéran où il aurait souligné que seul l’Iran lui fournit un soutien militaire.  Depuis 40 ans, l’inscription « mort à Israël » figure sur les missiles iraniennes et Téhéran essaye de nous coincer de tous les côtés.  Mais nous ne laisserons jamais l’Iran gagner, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Judée, a-t-il tonné.

M. Dannon a par ailleurs salué les nouvelles sanctions imposées par l’Union européenne contre l’Iran et a appelé à poursuivre sur cette voie.  Il a invité le Conseil de sécurité à qualifier le Hamas, le Hezbollah et le Djihad islamique d’organisations terroristes, afin de « démanteler l’épicentre du terrorisme qui siège à Téhéran ».  Mais si nous le devons, nous réagirons seuls, a-t-il averti. 

Mme RETNO L. P. MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a félicité la Palestine pour son élection à la présidence du Groupe des 77 et de la Chine (G77), estimant que cela démontre la confiance qui lui est accordée par la communauté internationale.  La Ministre a affirmé être venue prendre part à ce débat pour « démonter le soutien constant de l’Indonésie à la cause palestinienne ».  Selon l’Indonésie, le droit de la Palestine à être un membre à part entière des Nations Unies est à la fois un droit naturel et prévu par le droit.  Même si la route pour y parvenir est chaotique, a noté la Ministre, cela ne va pas empêcher la Palestine et la communauté internationale de faire respecter ce droit. 

Mme Marsudi a ensuite estimé que la question de Palestine est décisive pour la crédibilité du Conseil de sécurité.  Elle a demandé à toutes les parties de respecter le droit international et les résolutions pertinentes de l’ONU, notamment la 478 (1980) et la 2334 (2016) en priorité.  Selon elle, la poursuite de la violence et la violation du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU réduisent la crédibilité du Conseil.  Elle a donc demandé que cela cesse et que la crédibilité du Conseil soit restaurée.  La Ministre a évoqué une information donnée, il y a deux jours, par les médias israéliens selon lesquels les écoles gérées par l’UNRWA à Jérusalem-Est seraient fermées l’an prochain.  « J’espère vraiment qu’il s’agit d’un canular.  Sinon, c’est une provocation et une violation des responsabilités d’Israël découlant de nombreux accords internationaux. »  De même, elle a vu comme une provocation l’extension des colonies de peuplement israéliennes.

La Ministre des affaires étrangères a ensuite indiqué que le processus de paix requiert une légitimité, laquelle est assurée par un mécanisme multilatéral s’appuyant sur des paramètres internationalement acceptés.  Ainsi, tout plan de paix qui ne respecte pas ces paramètres est voué à l’échec.  Elle a tenu à rappeler que la solution des deux États est la seule option pour la résolution de la question palestinienne.  L’unité et la réconciliation sont tout aussi importantes, a-t-elle ajouté.  L’Indonésie salue les pays qui soutiennent les principes arrêtés dans plusieurs résolutions de l’ONU, y compris sur le statut de Jérusalem. 

L’Indonésie appelle à la fin de l’impasse humanitaire, notamment à Gaza, a poursuivi Mme Marsudi.  Pour elle, les 11 ans de blocus sont injustes et ne contribuent pas à résoudre le problème.  L’Indonésie a augmenté sa contribution à l’UNRWA et entend renforcer son assistance humanitaire en faveur des Palestiniens.  Selon la Ministre, l’UNRWA a un mandat humanitaire et n’est pas du tout une agence politique.  Le sort de 5,4 millions de réfugiés palestiniens est en jeu, a-t-elle souligné. 

Mme Marsudi a enfin plaidé pour la poursuite des efforts en vue de parvenir à une solution pacifique et politique en Syrie et au Yémen, invoquant l’esprit du multilatéralisme qui doit être ravivé. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a estimé que le Conseil consacre « trop de temps » à la question palestinienne, au détriment d’autres dossiers régionaux.  Il a évoqué la prochaine conférence ministérielle qui se tiendra à Varsovie dans le but de réfléchir à une architecture sécuritaire plus solide au Moyen-Orient.  Il a précisé que cette conférence ne visait pas à « diaboliser l’Iran », tout en appelant ce pays à cesser ses activités déstabilisatrices dans la région.  Il a notamment accusé l’Iran d’avoir violé la résolution 2231 (2015).

Le représentant a ensuite évoqué avec préoccupation la découverte de tunnels traversant la Ligne bleue depuis le territoire libanais.  Il n’a pas jugé acceptable que le Gouvernement libanais ait refusé l’accès de la FINUL à ces tunnels.  Le délégué a en outre condamné le lancement de roquettes vers Israël.  Enfin, le représentant des États-Unis a déclaré que la réunion de Varsovie précitée sera l’occasion pour tous les pays de dialoguer en vue d’un Moyen-Orient plus prospère et plus stable. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a déploré le manque de progrès réalisés pour obtenir une désescalade des tensions et a appelé à la plus haute retenue pour éviter de faires d’autres victimes.  Elle a appelé à la reprise d’un processus de paix authentique, engageant les deux parties à s’abstenir de toute initiative unilatérale susceptible de porter ombrage au processus de paix.  Elle a demandé de tenir compte des aspirations de la Palestine et des préoccupations sécuritaires d’Israël.

La représentante s’est également inquiétée de la situation humanitaire dans laquelle se trouvent les deux millions d’habitants de Gaza.  Elle a souligné que la solution des deux États est compromise par l’expansion des colonies de peuplement qui menacent notamment de scinder en deux la Cisjordanie.  Elle a ensuite appelé à poursuivre les discussions intra-palestiniennes.  La représentante a par ailleurs souligné que la cessation des activités de l’UNRWA risque de générer l’instabilité et de faire le lit des extrémistes.  Elle a ensuite annoncé la tenue, à Varsovie, d’une conférence ministérielle organisée par la Pologne et les États-Unis, qui entend aborder tout un éventail de questions horizontales relatives à l’ensemble de la région.  Elle a précisé que cet évènement ne vise pas à mettre l’accent sur un pays précis.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a affirmé, pour la question palestinienne, qu’il n’y a pas d’autre option qu’une solution négociée fondée sur la coexistence des deux États, avec la ville de Jérusalem comme future capitale de ces deux États, conformément aux paramètres internationalement agréés.  Ce n’est que lorsque les besoins de sécurité d’Israël seront satisfaits, et quand les aspirations des Palestiniens à un État souverain seront réalisées, qu’une paix juste et durable pourra se concrétiser.  Toute initiative diplomatique crédible doit reposer sur ces paramètres qui font l’objet d’un consensus international.  Mais cela exige un environnement international, et surtout régional, apaisé, loin des développements de ces dernières semaines sur lesquels les membres du Conseil de sécurité seront amenés à se prononcer dans les prochaines semaines. 

L’année 2018, a poursuivi le délégué, a confirmé une tendance amorcée en 2017: la politique de colonisation soutenue, y compris au cœur de la Cisjordanie, dans des endroits stratégiques pour la continuité territoriale d’un futur État palestinien.  Le représentant a exprimé sa forte préoccupation par rapport à la décision de procéder à la démolition du village bédouin de Khan Al Ahmar, laquelle décision reste en suspens.  En ligne avec la résolution 2334 (2016), la Belgique s’oppose fermement à cette politique de colonisation et aux mesures prises dans ce contexte, tels les déplacements forcés, les expulsions et les démolitions.  Le représentant a appelé les autorités israéliennes à reconsidérer et annuler leurs décisions à ce sujet. 

Notant la reprise des manifestations à Gaza ces dernières semaines, le représentant a dit reconnaître le droit d’Israël à assurer sa sécurité, tout en condamnant l’usage disproportionné et indiscriminé de la force.  Mais, « inciter de manière irresponsable les habitants de Gaza à franchir la barrière de séparation vers Israël et à causer des dommages ne saurait être toléré non plus ».  Le représentant a appelé les responsables israéliens à renforcer les mécanismes de contrôle et de responsabilisation, lesquels doivent inclure, entre autres, des enquêtes approfondies et indépendantes pour chaque enfant tué.  La délégation a aussi appelé à l’amélioration de la situation humanitaire et socioéconomique dans la bande de Gaza, soulignant qu’une réponse humanitaire seule ne suffira pas: il faut également « un changement fondamental de la situation à Gaza », ce qui passe par « la levée du blocus et l’ouverture complète des points de passage, tout en tenant compte des préoccupations légitimes d’Israël quant à sa sécurité ».

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué que le statu quo n’est pas viable sur le dossier israélo-palestinien, en pointant la dégradation dangereuse de la situation actuelle.  Il a jugé inacceptable le recours aveugle à la force et les attaques contre les civils.  Il faut reprendre le processus politique, sur la base de négociations, a-t-il recommandé, ajoutant que seule la solution des deux États permettra de sortir de la crise.  Le délégué a par ailleurs noté le refus de l’écrasante majorité des États Membres de voir les paramètres d’une solution négociée remis en cause.  Toute tentative qui ne soit pas le fruit d’efforts israélo-palestiniens sera vouée à l’échec, a-t-il prédit, en exprimant l’appui de son pays aux efforts du Quatuor.

Le délégué a souligné l’importance d’une réconciliation intra-palestinienne et loué les efforts en ce sens de l’Égypte et de la Jordanie, avant de mettre en garde contre une explosion dans les territoires palestiniens.  « Nous devons joindre nos forces sur ce dossier. »

Le délégué a également souhaité que la souveraineté de la Syrie soit respectée et que les entraves au processus de réintégration de ce pays au sein du monde arabe soient levées.  Enfin, le représentant est revenu sur les allégations d’un pays membre, selon lesquelles la prochaine conférence de Varsovie ne visera pas un pays en particulier.  « Alors, pourquoi l’Iran, l’un des pays les plus importants de la région, n’a-t-il pas été invité? »

M. DESIRÉ WULFRAN G. IPO (Côte d’Ivoire) a réaffirmé le soutien de son pays à la solution des deux États, coexistant pacifiquement dans le cadre des frontières de 1967.  Il a appelé les dirigeants israéliens et palestiniens à renouer avec le dialogue pour bâtir, sur les acquis du passé, les fondements d’une entente nouvelle, gage d’une paix juste et durable. 

Devant la gravité de la situation humanitaire dans les territoires palestiniens, la Côte d’Ivoire réitère son appel au Conseil de sécurité à œuvrer, en synergie avec les agences spécialisées des Nations Unies et tous les partenaires, à la recherche de solutions urgentes pour mobiliser l’assistance nécessaire à la couverture des besoins essentiels des populations affectées.  Le représentant a appelé le Fatah et le Hamas à reprendre le dialogue sur le plan politique, afin de permettre à l’Autorité Palestinienne, à qui incombe la responsabilité première de répondre aux demandes sociales des populations palestiniennes, d’exercer ses fonctions régaliennes à Gaza et en Cisjordanie. 

En ce qui concerne par ailleurs la situation humanitaire alarmante au Yémen, la Côte d’Ivoire appelle les protagonistes au respect du cessez-le-feu afin de permettre la livraison sûre et sans entraves de l’aide humanitaire aux populations en détresse.  Quant au conflit en Syrie, le représentant s’est dit préoccupé par les questions liées à l’utilisation des armes chimiques, à la situation humanitaire, ainsi qu’au processus politique.  Son pays reste convaincu qu’il n’y a pas de solution militaire aux différentes crises qui agitent le Moyen-Orient.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué l’élection de la Palestine à la présidence du Groupe des 77 et la Chine, y voyant une « source d’espoir ».  Il a déploré l’expansion « sans précédent » en 2018 des colonies de peuplement.  Il a aussi regretté le manque d’action du Conseil de sécurité, constatant qu’Israël bénéficie d’un « feu vert » pour poursuivre ses activités.  « Après 70 ans, voilà où en est la question palestinienne », a-t-il déploré en constatant que la communauté internationale peine toujours à trouver une solution et qu’Israël se montre de plus en plus intransigeant.

En 2018, a-t-il poursuivi, Israël a lancé la construction de plus de 5 000 unités de logement et en a approuvé 2 000 autres, tandis que le nombre de colons a augmenté de 3% pour atteindre plusieurs centaines de milliers. Le représentant a également passé en revu les ordres de démolition émis, y compris pour 50 écoles.  Selon lui, Israël cherche à détruire toute perspective pour une solution à deux États.

Le représentant a aussi recensé une moyenne de 11 violations commises chaque jour par les colons israéliens, ceux-ci ayant de surcroît augmenté de 70% entre 2013 et 2018.  Il s’est également ému des centaines de morts, du côté palestinien depuis la Grande Marche du retour, et des nombreuses détentions administratives.  Il a appelé le Conseil à appliquer ses résolutions 904 (1994) et 605 (1987).  Le délégué a par ailleurs salué les États Membres qui ont aidé l’UNRWA à combler son déficit budgétaire.  Il a conclu en appelant la communauté internationale à prendre les mesures qui s’imposent pour redynamiser le processus politique.

M. MA ZHAOXU (Chine) a noté les difficultés auxquelles la solution des deux États se heurte, alors que les risques d’escalade sont réels.  Il a dénoncé tout acte de violence contre les civils et souligné la gravité de la situation humanitaire à Gaza.  La solution des deux États est la seule solution au conflit, a déclaré le délégué chinois, en appelant à une reprise des négociations.  Il a en outre appelé au plein respect de la résolution 2334 (2016) et dénoncé tout « acte unilatéral » susceptible d’entamer la confiance.  Il a appuyé la « cause juste » des Palestiniens, ainsi que la pleine intégration de la Palestine dans la communauté internationale.  La Chine entend jouer un rôle constructif à cette fin, a-t-il conclu. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déploré les évènements violents survenus depuis l’incident de « Maidan », le 30 mars dernier, jusqu’en décembre 2018.  Il a appelé les parties à s’abstenir de toute action violente, susceptible de mettre à mal les perspectives de paix.  Le représentant a souligné que le conflit israélo-palestinien ne pourra être résolu que sur la base de négociations visant à atteindre la solution des deux États.  Il a aussi appelé les dirigeants palestiniens à tenir compte de manière pragmatique des préoccupations sécuritaires d’Israël.  Il a également insisté sur l’importance du retour de l’Autorité palestinienne à Gaza et sur la nécessité d’appuyer le processus de réconciliation intra-palestinien.

Le représentant a ensuite invité Israël à assouplir ses politiques de démolition, d’appropriation et de colonies de peuplement.  Aux forces de sécurité israéliennes, il a demandé d’éviter toute mesure qui pourrait entraver la reprise du dialogue.  Il s’est en outre félicité de l’annonce, par les États-Unis, de la publication d’un programme pour la reprise des négociations.  Il faut que l’administration américaine veille à son impartialité, a-t-il ajouté.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a dit que son pays ne peut rester silencieux quand le droit d’exister d’Israël est remis en question ou compromis.  La délégation soutient toute initiative de reprise des négociations directes entre les parties, en vue de parvenir à une paix durable.  L’Allemagne reste engagée en faveur de la solution des deux États, laquelle se base sur des paramètres connus.  Le principe du respect des paramètres connus s’applique également à la question du statut de Jérusalem, a ajouté le représentant.

La délégation a appelé à mettre fin aux colonies de peuplement israéliennes, arguant qu’elles sapent la perspective d’un futur accord de paix en vue de la solution des deux États.  Elle a invité Israël à geler cette expansion de colonies en insistant sur le respect de la résolution 2334 (2016).  D’un autre côté, l’Allemagne condamne fermement les attaques venant de Gaza et qui affectent la sécurité d’Israël.  Ce qui pourrait contribuer à faire baisser les tensions, selon la délégation allemande, ce sont les échanges directs entre populations, qui sont souvent menés par des femmes.  Le représentant a également souligné la situation humanitaire préoccupante à Gaza, en rappelant l’importance du rôle de l’UNRWA dans les territoires palestiniens.

Le représentant a aussi affirmé l’importance des progrès dans le cadre de la réconciliation intra-palestinienne, notamment après la dissolution du Conseil législatif palestinien.  L’Allemagne, a-t-il conclu, invite les acteurs palestiniens à faire preuve de leadership afin de trouver un terrain d’entente pour faire face aux besoins de la population palestinienne.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a condamné les tirs de roquettes visant Israël qui sont lancés depuis Gaza et la Syrie.  Elle a déploré que l’espoir d’une solution négociée entre Palestiniens et Israéliens s’amenuise.  Constatant la forte augmentation de la violence sur le terrain, elle a rappelé le droit à la légitime défense d’Israël, tout en exhortant ce pays à n’user de la force qu’en dernier recours.  Il faut éviter toute nouvelle guerre dévastatrice à Gaza, a-t-elle déclaré.

La déléguée a jugé essentiel que le Conseil envoie un message aux parties palestiniennes sur l’importance d’une réconciliation des différentes factions palestiniennes.  Elle a dénoncé les plans d’Israël visant à construire de nouvelles unités de logement au cœur de la Cisjordanie.  Enfin, la déléguée s’est dit préoccupée par les tensions autour de la Ligne bleue et a appelé à la pleine application des résolutions du Conseil de sécurité.  Cela fait trop longtemps que le Hezbollah foule aux pieds les résolutions du Conseil, a-t-elle déclaré.  « N’abandonnons pas la solution des deux États qui est la seule solution viable. »

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire pour des millions de Palestiniens et d’Israéliens, en raison des attaques aveugles du Hamas et de la riposte disproportionnée d’Israël.  Après avoir réaffirmé son appui à la solution des deux États, le représentant a appelé à privilégier les mesures de rétablissement de la confiance afin de relancer le dialogue.  Il s’est cependant dit préoccupé par l’augmentation des colonies de peuplement et des activités de démolition, dans le Territoire palestinien occupé, et des violations de la résolution 2334, notamment avec le projet de destructions dans la localité de Khan al Ahmar.  Il a aussi appelé à combattre l’antisémitisme et la discrimination sous toutes ses formes.  Le représentant a appelé à remédier à la situation humanitaire dramatique à Gaza et à établir les conditions nécessaires pour permettre à l’Autorité palestinienne de reprendre le contrôle de la Bande.

Tournant ensuite son attention sur le Yémen, le représentant a souligné que les accords conclus en Suède représentent un tournant et qu’aucune circonstance ne saurait justifier l’abandon de ses compromis.  Il a aussi appelé au plein respect des résolutions 2451 et 2452.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé qu’à la mi-novembre, la bande de Gaza était sur le point de basculer dans un conflit meurtrier, et estimé que ce risque n’avait pas disparu aujourd’hui et qu’il fallait prendre toute la mesure de sa gravité.  Le bilan le long de la barrière de séparation est lourd, a poursuivi le représentant en condamnant l’usage disproportionné et indiscriminé de la force, et en appelant Israël à respecter le droit des Palestiniens à manifester pacifiquement, tout en dénonçant l’instrumentalisation des manifestations par le Hamas et d’autres groupes armés.

M. Delattre a constaté que l’impasse dans laquelle se trouve le processus de réconciliation aggrave la situation de la population de Gaza, citant notamment la fermeture du point de passage de Rafah entre Gaza et l’Égypte.  Pour redonner espoir aux Gazaouis, la communauté internationale doit répondre tout d’abord à l’urgence humanitaire, même si à terme, seule une levée du blocus, assortie de garanties de sécurité requises pour Israël, permettra de répondre aux besoins de la population.  Mais, pour la France, il ne saurait y avoir de réponse durable à la crise de Gaza sans retour à l’unité palestinienne qui devra permettre à l’Autorité palestinienne de retrouver l’ensemble des prérogatives dans ce territoire.  Elle soutient cet objectif dans le cadre des efforts engagés par l’Égypte et du Coordonnateur spécial de l’ONU.

S’agissant de la Cisjordanie, M. Delattre est revenu sur l’escalade intervenue entre le 9 et le 13 décembre 2018, à la suite de l’attaque meurtrière perpétrée aux abords de la colonie d’Ofra.  Tout en la condamnant, il a noté qu’elle s’inscrivait dans un contexte profondément dégradé par l’absence d’horizon politique et les conséquences de la colonisation.  Ces développements nous éloignent chaque jour de l’objectif de faire de Jérusalem la capitale des deux États, a regretté le représentant avant d’appeler au retrait des initiatives législatives visant à la régularisation des colonies dites « sauvages », qui sont « illégales même en droit israélien ».  Le représentant a condamné la colonisation, illégale en droit international et qui contrevient aux résolutions du Conseil de sécurité.  Face à la situation sur le terrain, le Conseil de sécurité n’a jamais été en mesure de parler d’une seule voix au cours de l’année dernière, faute de consensus sur les paramètres pourtant agréés de longue date par la communauté internationale, a-t-il regretté.  Il a parlé de « silence assourdissant » avant d’appeler à un « sursaut et à une remobilisation cette année ».

« Nous sommes proches du point de non-retour », a poursuivi M. Delattre.  « L’ensemble territorial morcelé qui prend forme sous nos yeux fait d’ores et déjà coexister de manière inégalitaire deux populations sur un même territoire. »  L’aboutissement de ce processus marquerait, à ses yeux, pour les Palestiniens, l’abandon de leurs aspirations nationales, qui passent par l’établissement d’un État; et, pour les Israéliens, la renonciation au caractère démocratique de l’État d’Israël.  Le seul objectif de la France est de réaliser la solution des deux États par la négociation, a-t-il réaffirmé.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a tout d’abord exprimé sa reconnaissance pour les condoléances présentées à sa délégation à l’occasion du décès de l’ancien Représentant permanent sud-africain, Dumisani Kumalo.  Sur la question à l’ordre du jour, il a déploré les « efforts minimes » déployés pour mettre en œuvre la résolution 2334 (2016), une situation qui, a-t-il affirmé, remet en question la crédibilité des décisions du Conseil de sécurité.  Selon lui, la récente escalade des tensions entre les colons israéliens et les Palestiniens à Ofra témoigne des obstacles au processus de paix que représente l’élargissement des colonies de peuplement.  Il a réclamé la présentation, tous les trois mois, de rapports écrits sur la mise en œuvre de la résolution 2334.  De tels rapports sont présentés au Conseil sur les autres questions dont il est saisi et la situation en Palestine ne doit pas être une exception, a-t-il argué.

Le représentant s’est ensuite alarmé de voir des enfants pris délibérément pour cible, dénonçant notamment l’emprisonnement de mineurs palestiniens dans des prisons militaires israéliennes.  Susciter la haine et inculquer une culture de la violence chez ces enfants rendra la paix encore plus difficile d’atteindre, a-t-il prévenu en incitant à avoir un sentiment d’urgence et à préserver les gains obtenus en plusieurs décennies de diplomatie.

Après avoir réaffirmé son appui à la solution des deux États, M. Matjila a rappelé que son pays avait organisé, en janvier 2002, la Spier Peace Retreat, qui visait à renforcer les « camps de paix » en Israël et en Palestine.  Depuis, l’Afrique du Sud n’a cessé d’encourager les parties à mener des négociations pacifiques.  Le représentant a ensuite condamné les coupures budgétaires dont l’UNRWA a fait les frais, faisant remarquer que cela ne peut qu’attiser les tensions.  Il s’est aussi inquiété des informations selon lesquelles Israël envisage de fermer les écoles de l’UNRWA à Jérusalem-Est.

M. JOSÉ SINGER (République dominicaine) s’est dit préoccupé par la recrudescence des tensions dans les territoires occupés, ainsi que par la gravité de la situation humanitaire à Gaza.  Il a déclaré que seule la solution des deux États permettra de ramener la paix entre Israéliens et Palestiniens, plaidant en ce sens en faveur d’une relance des négociations.  Le délégué a dénoncé la poursuite des activités de peuplement israéliennes dans le droit fil de la résolution 2334 (2016) et a mis en garde contre le risque d’un embrasement majeur dans la région.  Enfin, M. Singer a souligné le statut particulier de Jérusalem et demandé la préservation de sa diversité culturelle unique.  « Ne nous éloignons pas de la solution des deux États », a-t-il conseillé.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a souhaité que la présidence de la Palestine au Groupe des 77 et la Chine débouche sur son accession en tant que membre à part entière de l’ONU.  Elle a dénoncé la « guerre ouverte » menée contre la Palestine et l’impunité dont bénéficie Israël.  Elle a parlé de la tenue, ce week-end à Beyrouth, d’un sommet socioéconomique arabe qui a notamment porté sur la situation dans les territoires palestiniens et qui a appelé à conjuguer tous les efforts pour assurer le développement de Jérusalem et appuyer l’UNRWA. 

La représentante a ensuite appelé la communauté internationale à préserver les acquis réalisés en 70 ans d’engagements en faveur de la cause palestinienne, dont la résolution 2334 (2016).  La représentante s’est alarmée du fait que le processus de paix est une chose du passé, constatant que la confiance n’existe plus entre les parties.

En 2018, a poursuivi la représentante, Israël a violé plus de 2 000 fois la souveraineté du Liban, et 23 fois au cours du mois de janvier 2019.  Elle a indiqué que le Liban avait déposé une plainte devant le Conseil de sécurité, avertissant notamment que les agissements d’Israël risquent, notamment, de mettre en péril le trafic aérien civil.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à condamner toute violation de la résolution 1701 (2006) et à prendre toutes les mesures nécessaires pour pousser Israël à honorer ses engagements.

M. FREDERICO MEYER (Brésil) a salué l’initiative prise par les États-Unis de présenter un plan de paix pour régler le différend entre Israël et la Palestine.  Conscient du fait que les deux parties seraient amenées à faire des concessions difficiles pour atteindre la paix, il a exhorté les Israéliens et les Palestiniens à négocier de bonne foi.  Il a ensuite salué les récents rapprochements entre Israël et les « pays du monde arabe et musulman ».

Abordant ensuite la situation en Syrie, il a réclamé la convocation, sans délai, d’un comité constitutionnel, soulignant le caractère crucial de cette étape pour dégager une solution politique.  Il a également appelé les parties au conflit au Yémen à s’abstenir de toute mesure susceptible de violer le cessez-le-feu établi par l’Accord de Stockholm.  Les efforts de médiation de l’ONU sont essentiels pour permettre aux négociations de démarrer, a-t-il ajouté.  Enfin, le représentant a indiqué que le Brésil déploie son plus important contingent au sein de la FINUL.  Il a salué la retenue dont ont fait preuve Israël et le Liban après la récente crise autour de la Ligne bleue.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a dénoncé le fait que « la force d’occupation a, une fois de plus, mené des actes d’agression contre le territoire syrien ».  Il a imputé la responsabilité de ces agressions récurrentes à l’échec du Conseil de sécurité et au soutien de certains de ses membres à Israël.  Cette position va à l’encontre des engagements de ces pays en faveur de la paix et la sécurité internationales, mais cela n’arrêtera pas la Syrie qui entend rétablir l’ordre dans les hauteurs du Golan, puisque le retrait des forces israéliennes sur les frontières de 1967 doit avoir lieu, en vertu du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU.

Le délégué a accusé le représentant israélien d’avoir parlé aujourd’hui de tout, sauf du conflit israélo-palestinien.  Le représentant a ensuite mentionné des actions terroristes menées contre son pays, « des actes visant à détourner l’attention de ce qui se passe réellement au Moyen-Orient ».  Il a fustigé l’organisation d’une réunion du conseil des ministres israélien dans le Golan syrien, un territoire occupé, ainsi que les projets économiques menés par la force d’occupation dans ce territoire.

M. Ja’afari a ensuite regretté que le Coordonnateur des Nations Unies pour la paix au Moyen-Orient n’ait pas, dans son dernier rapport, relaté certains faits, ou n’ait pas désigné des faits par des termes simples et clairs.  Il a invité les pays soutenant les politiques et positions israéliennes à changer d’approche, sinon « le destin de cette Organisation sera voué à l’échec comme ce fut le cas pour la Société des Nations ».  Il a également dénoncé des coalitions internationales sans légitimité, avertissant que la réunion de Varsovie, prévue à la mi-février sur « la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient » était également vouée à l’échec.  M. Ja’afari a rappelé le droit des Palestiniens à l’autodétermination, soulignant que toute tentative de redessiner la carte du Moyen-Orient ne pourra prospérer, car le peuple syrien y fera obstacle comme il l’a toujours fait depuis des décennies.

M. LUIS GALLEGOS (Équateur) s’est inquiété de la détérioration de la situation humanitaire et des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, relevant qu’outre des morts, les violences en Cisjordanie avaient fait, depuis le 9 décembre 2018, plus de 400 blessés chez les Palestiniens et au moins 13 chez les Israéliens et plus de 200 arrestations de Palestiniens.  « La situation sur le terrain représente un risque pour la paix et la sécurité internationales. »

Le représentant a également dénoncé la poursuite des activités de peuplement, notant que les autorités israéliennes avaient approuvé 2 200 unités de logement supplémentaire en Cisjordanie, tandis que 31 unités sont en cours de construction à Hébron, les premières à y être bâties depuis 16 ans.  De plus, la détermination à faire avancer des projets de loi pour réglementer les colonies de peuplement au-delà de la Ligne verte, ainsi que l’annonce, par Israël, de l’ouverture de la route 4370 à Jérusalem occupée qui sépare le trafic israélien et palestinien par un mur de huit mètres de haut, renforcent les politiques d’annexion et d’expansion.  Il a estimé que la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) est la manière la plus viable de rétablir la paix dans la région.  Enfin, il a appelé la communauté internationale à réaliser des progrès tangibles pour dégager une solution « politique, pacifique, définitive et juste » au conflit, sur la base de la solution des deux États.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a évoqué la situation géographique de son pays et ses liens historiques avec le peuple palestinien, raisons pour lesquelles la Jordanie a toujours déployé des efforts pour aller de l’avant, par des voies pacifiques, dans le règlement du conflit israélo-palestinien.  Si elle a plaidé pour la solution des deux États, sur les frontières du 4 juin 1967, elle a mis en garde que la reprise des négociations israélo-palestiniennes suppose auparavant un arrêt des actions unilatérales d’Israël.  S’agissant de Jérusalem, elle a appelé la communauté internationale à préserver « la ville sainte d’Al-Qods » qui doit rester « un symbole de la paix ».  Pour sa part, la Jordanie continuera à assurer le rôle de gardien des lieux saints des Musulmans, a-t-elle assuré.

La question des réfugiés fait, elle aussi, partie de la solution définitive du conflit israélo-palestinien, a-t-elle poursuivi en plaidant pour que cette solution garantisse leur droit au retour et au dédommagement.  Elle a aussi appelé à soutenir et protéger l’UNRWA, comme élément de la protection de ces réfugiés par la communauté internationale.

La représentante a aussi appelé à une solution politique au conflit syrien « pour que la Syrie puisse redevenir un pilier de la stabilité dans la région ».  En ce qui concerne la crise au Yémen, la Jordanie salue l’accord de cessez-le feu à Hodeïda ainsi que le processus lancé par l’Accord de Stockholm.  En concluant son intervention, la représentante a appelé à trouver impérativement des solutions aux causes profondes des conflits de la région et à offrir un avenir prometteur aux jeunes. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a constaté que le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens connaît son moment le plus difficile depuis la signature des Accords d’Oslo en 1993.  La gravité de la situation sur le terrain exige des efforts collectifs afin de préserver les perspectives de la solution des deux États, a-t-il souligné.  Il a également parlé de l’importance du travail de l’UNRWA pour éviter toute détérioration majeure de la situation humanitaire dans les territoires occupés.

Le représentant a ensuite appelé à la cessation des activités de peuplement illégales d’Israël et au plein respect de la résolution 2334 (2016).  Il a également dénoncé les attaques contre les citoyens israéliens et condamné les actions violentes du Hamas, notamment le lancement de missiles depuis la bande de Gaza et la construction de tunnels.

Passant à la Syrie, M. Moritán a souligné l’importance des pourparlers de Genève et a reconnu la contribution des Accords d’Astana pour assurer une désescalade de la violence, atténuer la situation humanitaire sur le terrain et créer les conditions pour parvenir à un règlement définitif du conflit.  Il a par ailleurs salué la création de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH).

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a rappelé que 2019 marque la soixante-onzième année du conflit israélo-palestinien et du refus au droit à l’autodétermination du peuple palestinien.  Il a appelé la communauté internationale à redoubler ses efforts collectifs pour mettre un terme à ce conflit et pour aider les deux peuples, israélien et palestinien, à vivre côte-à-côte dans la paix et la sécurité, la stabilité et la dignité.  Il a regretté l’effet dévastateur sur Gaza et ses deux millions d’habitants des récents cycles de violence, appelant dans la foulée à un financement sûr et durable de l’UNRWA, en dépit de la décision américaine d’arrêter ses contributions à l’Office.

Le représentant a déploré la poursuite des activités de colonisation d’Israël, qui contreviennent à la résolution 2334 (2016), jugeant ces actions illégales au regard du droit international et prévenant qu’elles représentent un obstacle à la paix et à la réalisation de la solution des deux États.  Il a réaffirmé le soutien de la Namibie à la résolution de 2017 de l’Assemblée générale sur le statut de Jérusalem.  Il a également fait part de ses préoccupations après l’annonce récente du Ministre de la sécurité publique d’Israël qu’il rendrait encore plus difficiles les conditions de détention des prisonniers palestiniens.  Cela ne facilitera en rien l’amélioration des relations israélo-palestiniennes ni une reprise des négociations, a-t-il averti.

En conclusion, le représentant a appelé Israël à mettre fin à ses activités de peuplement et à se retirer sans condition du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.  Il a aussi appelé de ses vœux un retour à la table de négociation pour réaliser la solution des deux États dans les frontières d’avant 1967, ce qui représente la seule solution à ses yeux.

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a repris les paroles du pape à l’occasion de la Journée internationale de la paix 2019 lorsqu’il a comparé la paix « à une fleur délicate qui lutte pour fleurir dans le sol rocailleux des violences ».  Une telle image capture de manière vivante la situation qui perdure entre Israël et l’État de Palestine « où l’on sait à quel point la paix est fragile et combien son existence difficile est constamment menacée par une rhétorique nuisible, des attaques et des provocations, des violations des droits de l’homme et des actions unilatérales, ce qui entrave les perspectives d’un règlement de la crise, apporte des souffrances indicibles et cause la mort de nombreux civils sans défense, a-t-il constaté à regret.

Dans ce contexte, le Saint-Siège renouvelle ses appels aux autorités israéliennes et palestiniennes pour qu’elles reprennent le dialogue et s’engagent sur la voie de la paix.  Il a souligné l’importance de la paix pour une Terre qui est non seulement la patrie de ces deux peuples, mais aussi d’une importance historique et culturelle significative pour le monde entier en tant que berceau des trois grandes religions monothéistes.  S’agissant de sa signification religieuse, le Saint-Siège réclame des garanties internationales pour la ville sainte de Jérusalem, comme cela a été recommandé par l’Assemblée générale dans sa résolution 181 (1947).

Son représentant redoute que ce conflit politique et territorial ne se transforme en un conflit de religion et d’identité, « ce qui doit être évité à tout prix » pour ne pas compromettre davantage une solution politique.  Par conséquent, ceux qui occupent des postes politiques doivent, selon lui, utiliser leur autorité de manière responsable pour venir à bout des différends en s’engageant dans un dialogue ouvert et honnête pour parvenir à une paix authentique et durable, au lieu de se limiter à faire miroiter une paix illusoire qui est en fait le fruit d’un équilibre « entre le pouvoir et la peur », a tranché Mgr Auza.  Il plaidé plutôt pour une véritable paix durable qui soit « le fruit d’un projet politique basé sur les responsabilités mutuelles et l’interdépendance des êtres humains », souhaitant un projet politique responsable qui vise à protéger la vie de tous les citoyens, indépendamment de leur origine ou leur appartenance religieuse, et à créer les conditions nécessaires pour un avenir digne et juste pour tous.

M. SAAD AHMAD WARRAICH (Pakistan) a vu dans l’accession de la Palestine à la présidence du G-77 et la Chine un signe de solidarité avec le peuple palestinien, et a déploré que de tels moments « d’espoir et d’optimisme » se fassent de plus en plus rares.  Il a constaté qu’au cours de l’année écoulée, l’ombre d’une occupation « illégale et oppressante » s’était élargie.  Outre l’hostilité et la discorde, cette situation fait diminuer les perspectives de paix durable dans la région, s’est-il inquiété.  Il a aussi estimé que l’augmentation du nombre de nouvelles unités de logement en Cisjordanie témoigne du mépris d’Israël envers la communauté internationale et la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité.  La création de « faits alternatifs sur le terrain » ne peut modifier les réalités historiques, ni neutraliser les droits juridiques d’un peuple vivant sous occupation, a-t-il affirmé.  Il a ensuite renouvelé son appui à la solution des deux États et a souligné l’importance de veiller au financement prévisible de l’UNRWA.

Le représentant a par ailleurs souligné que seul un processus de paix intra-syrien pourra permettre de réaliser une paix durable dans ce pays.  Il a aussi salué le nouvel élan diplomatique pour trouver une issue politique au conflit au Yémen et a appelé les parties à honorer les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Stockholm.  Cela est essentiel, non seulement pour les perspectives de paix, mais également pour les millions de Yéménites qui ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, a-t-il souligné.

Mme MONA JUUL (Norvège) a d’abord parlé de la Syrie pour encourager les membres du Conseil de sécurité à se mettre d’accord sur une solution politique durable, dans l’intérêt du peuple syrien.  Passant au Yémen, la représentante a salué l’Accord de Stockholm et les résolutions 2451 (2018) et 2452 (2018) du Conseil de sécurité.  Étant donné que la situation demeure fragile, il est important, a-t-elle souligné, de préserver l’élan imprimé en Suède.  La représentation des femmes à tous les niveaux du processus politique est impérative, a-t-elle insisté, promettant que son pays continuera à donner la priorité à l’aide humanitaire.  Quant à la Palestine, la représentante a indiqué que son pays présidera la prochaine réunion du groupe des donateurs internationaux (AHLC) que l’Union européenne organisera le 12 avril prochain à Bruxelles.  La Norvège encourage donc l’Autorité palestinienne et Israël à avancer sur les questions fiscales en suspens.  Parties comme donateurs doivent aussi avancer plus vite dans la mise en œuvre des principaux projets d’infrastructures liés aux secteurs de l’eau et de l’énergie, en particulier à Gaza. 

Les « acrobaties politiques » dans et autour de Gaza ne conduiront ni à la stabilité ni au développement, a prévenu la représentante.  Ce qu’il faut, a-t-elle martelé, c’est placer les intérêts des Gazaouites devant tout.  Les donateurs doivent mobiliser leur appui au train de mesures humanitaires pour Gaza, en coordination avec l’Autorité palestinienne.  Les transferts de fonds mensuels qu’effectue l’Autorité palestinienne vers Gaza doivent se poursuivre.  La représentante a conclu en soulignant le caractère « indispensable » de l’UNRWA et en jugeant « vital » que les donateurs restent engagés à appuyer l’Office.  En l’absence de progrès politiques, nous appelons toutes les parties et tous les donateurs à faire tout leur possible pour préserver les bases institutionnelles et économiques d’un futur État palestinien. 

M. SAUD HAMAD GHANEM HAMAD ALSHAMSI (Émirats arabes unis) a plaidé pour l’établissement d’un État palestinien indépendant avec les frontières de 1967.  Il a insisté pour que prennent fin les pratiques israéliennes illégales allant à l’encontre du peuple palestinien, soulignant la responsabilité de la communauté internationale pour résoudre ce conflit, et saluant au passage les efforts égyptiens pour la réconciliation entre Palestiniens.  Le délégué a aussi demandé que la communauté internationale continue de soutenir le peuple palestinien.  Plus de 173 millions de dollars ont été débloqués par les Émirats arabes unis en faveur de l’UNRWA au cours des dernières années, a-t-il fait valoir avant d’indiquer que son pays entend aussi œuvrer pour la paix et la stabilité au Yémen. 

Le représentant a rappelé que la coalition internationale au Yémen a salué l’Accord de Stockholm sur Hodeïda.  Il a déploré que les milices houthistes continuent de violer quotidiennement cet accord, avec l’appui de l’Iran, pays qui soutient les houthistes en les armant.  Il a parlé de l’impact négatif de l’Iran dont la présence en Syrie entrave les perspectives de paix dans ce pays.  Selon les Émirats arabes unis, l’Iran est d’ailleurs le dénominateur commun entre les conflits en Syrie et au Yémen, raison pour laquelle la communauté internationale doit faire pression sur ce pays afin que ses velléités expansionnistes ne déstabilisent pas la région.  Les Émirats arabes unis se disent prêts à poursuivre leur coopération avec les partenaires qui envisagent de mettre un terme aux conflits dans la région du Moyen-Orient, a dit le représentant en conclusion.

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) s’est dit toujours aussi déçu de l’échec du Conseil de sécurité à faire pression sur les parties au conflit en Syrie lequel se dirige vers une issue malheureuse pour le peuple syrien.  Les violations systématiques et odieuses des droits de l’homme et du droit international humanitaire se poursuivent, a insisté le représentant qui a appuyé la décision des États parties à la Convention sur les armes chimiques de charger la Mission d’établissement des faits d’identifier ceux qui ont utilisé des armes chimiques, comme partie aux efforts du Mécanisme chargé d’enquêter sur les crimes commis en Syrie.  L’établissement des responsabilités, a poursuivi le représentant, doit faire partie de tout accord politique en Syrie.  La paix et la reconstruction ne seront durables et effectives que lorsque ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre à grande échelle répondront de leurs actes et seront exclus de tout leadership politique.  Se félicitant une nouvelle fois du travail du Mécanisme d’enquête, le représentant a, une nouvelle fois, appelé le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale (CPI) de la situation en Syrie. 

Il a ensuite dit partager l’optimisme prudent face à la situation au Yémen et a espéré que la nouvelle Mission d’appui assurera la pleine mise en œuvre des accords signés à Stockholm.  Maintenant que le processus de paix avance, il est temps que le Conseil traite aussi des atrocités commises pendant le conflit, a estimé le représentant.  Il a d’ailleurs noté que deux tiers des membres du Conseil ont signé le Code de conduite du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), dont l’engagement de ne pas s’opposer à une résolution liée à une situation où des crimes de masse ont été commis.  Le Conseil devrait aussi prendre des mesures pour que la question de la responsabilité pour ces crimes soit incluse dans tout règlement de paix au Yémen, a conclu le représentant.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a constaté à regret que le peuple palestinien voit son sort difficile se poursuivre.  Il a rejeté catégoriquement toute politique ou plan israélien qui soient illégaux et qui sapent les droits légitimes des Palestiniens.  Il a appelé la communauté internationale à agir immédiatement pour mettre fin aux activités de peuplement israéliennes et à protéger le peuple palestinien ainsi qu’à mettre fin à la crise humanitaire qui les frappe.  Sur la base de l’Initiative de paix arabe, l’Arabie saoudite reste attachée à une paix globale dans la région.

Abordant ensuite la situation en Syrie, le représentant a regretté que le dernier Envoyé spécial des Nations Unies, M. Staffan de Mistura, n’ait pu faire avancer le processus politique en raison de « l’intransigeance du régime syrien ».  L’Arabie saoudite appelle au retrait de tous combattants étrangers et forces étrangères de la Syrie, y compris les forces iraniennes et leurs milices. 

S’agissant du dossier yéménite, il a salué les développements récents qui ont suivi la signature de l’Accord de Stockholm, qui représentent une percée vers la paix.  Cependant, a-t-il constaté, les houthistes, soutenus par l’Iran, ne semblent pas vouloir respecter cet accord, comme en témoignent les deux attaques récentes perpétrées par ces milices notamment contre des installations de l’ONU.  Il a accusé l’Iran de continuer à soutenir ces milices et l’a sommé d’arrêter.  Affirmant que les houthistes ont contrecarré tous les efforts des Nations Unies pour régler la crise au Yémen, il a souhaité une solution qui garantisse la souveraineté des autorités sur tout le territoire du pays.

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) a fait part de la position inchangée de son pays: l’appui à la solution des deux États et à la reprise des négociations bilatérales sans condition préalable, conformément à la Charte des Nations Unies, aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et aux autres mécanismes et initiatives dont la Feuille de route, l’Initiative de paix arabe, les Principes de Madrid et la formule « terre contre paix ».  Dans ce cadre, il a souligné que l’expansion rapide des colonies de peuplement est devenue un obstacle « majeur » à la paix de la région.  La politique délibérée de démolition des propriétés palestiniennes et d’extension des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, sans oublier le transfert de ces terres à une seule partie ne peuvent que compromettre la solution des deux États, s’est alarmé le représentant.  Il s’est aussi inquiété de la situation humanitaire à Gaza et de l’intention d’Israël de fermer les écoles de l’UNRWA à Jérusalem-Est.  Concluant sur la situation au Yémen, le représentant a salué la résolution 2452 du Conseil de sécurité portant création d’une nouvelle mission politique spéciale pour appuyer l’Accord sur Hodeïda. Il a également salué la réunion des parties au conflit qui s’est tenue à Amman le 18 janvier dernier sur l’échange des prisonniers.  Il a espéré que ces mesures positives offriront l’occasion de relancer l’économie, de résoudre la crise humanitaire et de rétablir les services publics au Yémen.

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a rappelé que la situation au Moyen-Orient reste une source de graves préoccupations, évoquant le terrorisme, la violence et les crises humanitaires qui y frappent des millions de personnes innocentes.  À la lumière de cette réalité, il lui semble plus urgent que jamais de régler le conflit israélo-palestinien à défaut de quoi on risque de déstabiliser encore plus la région et d’alimenter l’extrémisme et la radicalisation.  Il a dénoncé le fait qu’en dépit des appels répétés de la communauté internationale, Israël poursuive ses violations du droit international à un rythme alarmant, citant le cas de ses activités de peuplement « qui cherchent à créer une nouvelle donne sur le terrain », contrairement à la résolution 2334 (2016).

S’agissant des réfugiés palestiniens, il a réaffirmé que leur statut était un « droit légitime » et ne saurait être utilisé comme monnaie d’échange à la table de négociation, tout comme leur droit au retour.  En tant que Président de la Commission consultative de l’UNRWA et du Groupe de travail sur le financement de l’Office, la Turquie continuera à contribuer à son travail et exhorte tous les acteurs à en faire de même.  Cela se justifie, selon le représentant, par la pertinence du mandat de l’Office et cela, aussi longtemps qu’une solution juste et durable n’aura été trouvée.

Le représentant a plaidé pour la revitalisation du processus de paix israélo-palestinien, la seule voie possible étant à son avis la solution des deux États dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État de Palestine.  « Toute initiative de paix devrait se baser sur ces paramètres largement acceptés », a estimé le représentant pour lequel « cela relève du domaine du possible et il faut rester optimiste ».

Abordant la situation en Syrie, il a soutenu la poursuite du processus politique et la finalisation de la création du Comité constitutionnel. À ce sujet il a estimé que cela devait se faire sous les auspices de l’ONU et qu’il fallait veiller à une composition équilibrée.  À cette fin, son pays a intensifié, au cours des derniers mois, ses consultations avec les garants d’Astana et l’Envoyé spécial des Nations Unies en Syrie.  La Turquie reste déterminée à combattre le terrorisme en Syrie et ne tolèrera aucun « havre de paix » pour toute organisation terroriste de l’autre côté de « sa frontière », a précisé le représentant ajoutant que la Turquie et les Etats-Unis avaient accepté de coordonner le processus de retrait pour éviter de créer un vide à l’est de l’Euphrate.

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a dénoncé, en parlant de la Palestine, les agressions « sans limite » d’Israël, l’intensification des politiques liées aux colonies de peuplement et les « assauts » contre les lieux sacrés musulmans et chrétiens lesquels créent une situation volatile intenable et exacerbent la crise humanitaire, en particulier à Gaza.  Le représentant a aussi dénoncé les provocations d’Israël et celles des autres parties qui veulent par la force et en violation du droit international modifier le statut juridique de Jérusalem, en décidant, entre autres, d’y installer leur ambassade.  Une telle irresponsabilité ne peut qu’affaiblir le système international, renforcer la politique israélienne du « fait accompli », aggraver encore l’impasse politique et compromettre les chances de concrétiser la solution des deux États.

Le représentant a donc souligné la responsabilité de Conseil de sécurité d’agir comme il se doit pour mettre fin à la nature hors-la-loi et à l’impunité d’Israël.  La communauté internationale doit établir les responsabilités pour toutes les violations israéliennes et offrir une protection au peuple palestinien.  Le Conseil de sécurité, la Cour pénale internationale (CPI) et tous les autres acteurs doivent jouer leur rôle, a martelé le représentant.  Il a d’ailleurs appelé le Conseil à recommander l’admission de l’État de Palestine comme Membre à part entière des Nations Unies pour, a-t-il plaidé, promouvoir les chances de paix et mettre en place des mesures politiques et juridiques propres à protéger la solution des deux États.  Le représentant s’est dit préoccupé par l’instabilité et l’insuffisance des fonds de l’UNRWA et a appelé à la générosité et à la responsabilité de la communauté internationale. 

M. GUSTAVO MARTIN PRADA, de la délégation de l’Union européenne, a rappelé l’engagement de l’Union européenne (UE) en faveur de la solution des deux États par le biais d’un accord qui mettrait fin à l’occupation qui a débuté en 1967.  L’Union européenne reconnaît le droit légitime d’Israël à la sécurité de sa population, et attend des autorités israéliennes qu’elles adhèrent strictement aux principes de nécessité et de proportionnalité dans l’usage de la force.  Avec l’escalade de violences et de tensions, M. Prada a averti du risque de voir Israéliens et Palestiniens s’éloigner encore plus de la fin du conflit.  Il a cité les plans israéliens, datant de décembre dernier, pour 2 000 unités de peuplement, tandis que sont discutés des plans qui visent la légalisation des postes avancés de la Cisjordanie.  Pour l’Union européenne, toutes les activités de peuplement sont illégales en vertu du droit international et cela sape la perspective de la solution des deux États et d’une paix durable.  L’Union européenne appelle également à l’abandon du plan de destruction du village palestinien de Khan-al-Ahmar.

À propos de Gaza, le représentant a souligné que des erreurs d’appréciation pourraient aisément conduire à une spirale de violence.  Il a promis que l’Union européenne allait poursuivre sa collaboration avec le Coordonnateur spécial afin d’apporter son soutien en matière de soins de santé, d’accès à l’eau potable et aux sources d’énergie, tout en améliorant les conditions humanitaires et économiques globales.  Mais les efforts financiers de la communauté internationale ne seront constructifs et durables que s’ils sont coordonnés entre eux et avec l’Autorité palestinienne, et orientés vers une solution politique pour Gaza, a-t-il mis en garde.  Il a plaidé pour un changement fondamental à Gaza, en commençant par la fin du blocus et l’ouverture de tous les points de passage, tout en tenant compte des préoccupations légitimes liées à la sécurité d’Israël.

L’Union européenne, a poursuivi M. Prada, invite les parties palestiniennes à s’engager de bonne foi vers la réconciliation.  Le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza est nécessaire afin d’améliorer durablement les conditions de vie et la situation humanitaire, a-t-il estimé en demandant aussi que prennent fin « les mesures punitives contre Gaza ».  Les factions palestiniennes doivent trouver un terrain d’entente et œuvrer de concert pour faire face aux besoins des populations palestiniennes.  Selon l’Union européenne, des institutions solides et inclusives, basées sur le respect de l’état de droit et les droits de l’homme, sont cruciales afin d’établir un État palestinien souverain viable. 

L’Union européenne, a-t-il promis, continuera de soutenir les aspirations palestiniennes à un État, mais il est important, a-t-il précisé, que les gains du passé ne soient pas perdus, et que les institutions palestiniennes se renforcent et soient plus transparentes, plus responsables et plus démocratiques.  En outre, l’Union européenne estime important de poursuivre le soutien au travail de l’UNRWA, car la fin de l’assistance aux réfugiés palestiniens affectera un grand nombre de ces derniers, tout en créant plus d’instabilité et un vide propice aux extrémistes.  M. Prada a promis que l’Union européenne allait poursuivre son soutien à l’UNRWA, y compris ses efforts à mettre en œuvre des réformes pour faire davantage d’économies. 

L’Union européenne fait aussi le constat selon lequel la perspective de « la solution des deux États est en train d’être démantelée, pièce par pièce ».  Et il n’y a pas d’alternative crédible.  C’est pourquoi l’Union européenne reste engagée en faveur des paramètres internationalement agréés pour une paix juste et durable au Moyen-Orient, en vertu du droit international, des résolutions pertinentes de l’ONU, y compris la 1860 (2009) et la 2334 (2016) du Conseil de sécurité.  Des paramètres que tout plan de paix doit reconnaître, a-t-il recommandé.

M. MOHAMED SUHAIMI AHMAD TAJUDDIN (Malaisie) a estimé que le rôle de l’ONU et celui du Conseil de sécurité sont plus importants que jamais alors que les tensions ne cessent de monter dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.  Il a regretté les victimes civiles palestiniennes aux mains des forces sécuritaires israéliennes ainsi que la poursuite des démolitions de maisons palestiniennes et des activités de peuplement israéliennes.  Tous ces facteurs, que la Malaisie condamne dans les termes les plus fermes, ne font que repousser davantage toute perspective d’avenir pour la solution des deux États.  Le représentant a réitéré son appel aux parties concernées pour qu’elles fassent preuve de retenue et évitent une désescalade.

M. Tajuddin a saisi cette occasion pour demander à la communauté internationale et aux États Membres de l’ONU de faire pression sur Israël pour qu’il mette fin sans plus tarder aux activités illégales de peuplement dans les territoires occupés ainsi qu’à ses autres violations du droit international et du droit international humanitaire et qu’il respecte toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2334 (2016).

Enfin, pour ce qui est du dossier yéménite, il a appelé à soutenir les résultats positifs issus des pourparlers de paix qui ont eu lieu en Suède le 13 décembre 2018.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES  (Égypte) a parlé de certaines mesures à prendre afin de jeter les bases de la paix au Moyen-Orient.  Il a d’abord rappelé les efforts de son pays en faveur de la réconciliation intra-palestinienne, plaidant pour des autorités et des politiques palestiniennes uniques.  S’il a estimé que la route vers la paix reste claire, il a appelé les deux peuples à reconnaître d’abord que leurs sorts sont liés. 

Le représentant égyptien a estimé que les paramètres internationalement agréés ne sont en rien des mesures injustes contre Israël.  Il a rappelé que l’Initiative de paix arabe comprend des propositions similaires au libellé de plusieurs résolutions pertinentes de l’ONU.  L’Égypte, a-t-il rappelé, reste engagée en faveur de la solution des deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.  Et selon le représentant, se détourner de cette option serait rayer d’un trait 35 années de négociations ainsi que les Accords d’Oslo. 

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a déploré qu’aucun progrès n’ait été réalisé pour faire avancer la cause des Palestiniens, dénonçant en plus les mesures unilatérales, comme le retrait du financement de l’UNRWA par les États-Unis.  Elle s’est élevée contre l’emploi disproportionné de la force par Israël contre des civils palestiniens, pour ensuite condamner la construction et l’expansion de colonies de peuplement ainsi que la destruction de biens palestiniens.  Elle a engagé le Conseil de sécurité à exiger d’Israël de mettre immédiatement un terme à l’occupation et aux politiques agressives de colonisation.

La représentante a aussi rejeté la décision unilatérale des États-Unis de transférer leur représentation diplomatique à Jérusalem, notant que cela attise les tensions.  Elle a appuyé l’appel du Président Mahmoud Abbas à tenir une conférence internationale pour la paix, ainsi que l’appel du Gouvernement palestinien à faire de la Palestine un État Membre de l’ONU.  La représentante cubaine a également dénoncé les tentatives des modifier les conditions juridique, physiques et démographique du Golan syrien.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a jugé que l’année écoulée a été décevante en ce qui concerne la question de Palestine.  Il a noté que la situation des territoires occupés ne cesse de se détériorer et que les politiques israéliennes ont entravé la perspective de la solution des deux États.  Le représentant a rappelé que le Roi du Maroc, qui préside le Comité de Jérusalem, avait envoyé une correspondance au Comité des droits inaliénables du peuple palestinien et, partant, aux Palestiniens.  Le Maroc invite aussi les membres du Quatuor à prendre des mesures pour ne pas saper le statut de Jérusalem. 

L’établissement d’une paix juste et durable et l’avènement de la solution des deux États sont cruciaux, a plaidé le représentant du Maroc en dénonçant les mesures unilatérales et illégitimes portant sur Jérusalem, des mesures qui contreviennent aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, a-t-il précisé.  Au vu de l’histoire de la ville, le Maroc met en garde contre le risque de faire de Jérusalem l’objet, non plus d’un conflit politique, mais d’un conflit religieux.  Le représentant a conclu en réitérant l’importance de la solution des deux États.  

M. COLLEN V. KELAPILE (Botswana) a félicité l’État de Palestine pour son élection « historique » à la présidence du Groupe des 77 et la Chine, laquelle montre la confiance que place en lui un grand nombre d’États Membres des Nations Unies.  Le représentant a ensuite dit son attachement à la solution des deux États mais s’est dit préoccupé par l’impasse actuelle qui représente une grave menace à la paix et la sécurité au Moyen-Orient.  Il a appelé à l’intensification des efforts pour obtenir des parties qu’elles s’asseyent à la table des négociations.  Il a exhorté les nations éprises de paix, en particulier celles du Moyen-Orient qui ont une meilleure compréhension de la dynamique du conflit et qui peuvent faire pression de rassembler la volonté et le courage nécessaires pour faire du dialogue l’instrument d’une paix durable.  Il s’est dit confiant dans la capacité collective de la communauté internationale de faire pression sur les parties pour qu’elles reprennent les négociations.  Il a tout de même regretté que malgré les condamnations au Conseil de sécurité comme à l’Assemblée générale, la construction des colonies de peuplement se poursuive, en violation du droit international.  Ces colonies constituent un obstacle à la paix, a estimé à son tour le représentant qui s’est dit gravement préoccupé par les poches de violence et de tension qui menace la situation politique, sécuritaire et humanitaire, en particulier à Gaza.

Pour M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée- RPDC), le règlement du conflit israélo-palestinien est l’une des priorités pour le Moyen-Orient.  Il ne saurait être repoussé dans la mesure où cela aurait un impact direct sur la paix et la sécurité dans le monde.  Ce conflit, qui a commencé en 1948, n’a toujours pas pu être réglé à cause de « l’autoritarisme israélien », d’une part, et des « politiques biaisées de certaines forces », d’autre part, a estimé le représentant.  Il a dénoncé l’expansion récente des colonies de peuplement israéliennes, le blocus de Gaza et la réponse « impitoyable » d’Israël aux manifestants pacifiques palestiniens.

La délégation a tenu à souligner le lien qui existe entre les comportements illégaux et injustes d’Israël et la politique des « deux poids deux mesures » d’un certain membre permanent du Conseil de sécurité qui soutient Israël.  On ne saurait rester sans rien faire, s’est impatienté le représentant, alors que ce membre permanent du Conseil insiste d’un côté sur l’importance de garantir la paix et, d’un autre côté, soutient la répression impitoyable d’Israël contre les Palestiniens tout en cherchant à modifier « de manière arrogante » le statut de Jérusalem-Est.  Ce statut est une question extrêmement sensible, a-t-il averti, avant d’exiger qu’elle soit traitée de manière juste à travers l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et une solution durable aux problèmes du Moyen-Orient.

À cet égard, la RPDC insiste sur la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) qui fixe les critères pour la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale et dans les frontières antérieures à 1967.  Elle exige en outre l’arrêt complet des activités de peuplement illégales d’Israël.  Le représentant a sommé le Conseil de sécurité d’assumer son rôle de défenseur de la paix et de la sécurité dans le contexte israélo-palestinien et à enquêter sur tous les actes illégaux commis par Israël, y compris son expansion territoriale, et à y répondre avec des mesures juridiquement contraignantes.  En conclusion, il a réaffirmé le soutien indéfectible et la solidarité de la RPDC avec le peuple palestinien.  Il a également « clarifié à nouveau » la position de principe de sa délégation pour laquelle toute question controversée doit être réglée par le dialogue et la négociation entre les parties concernées et sans interférence étrangère.

M. MAGED A. ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a déclaré que la situation qui prévaut actuellement dans les territoires occupés représente un échec cuisant pour la communauté internationale.  Il a réaffirmé l’illicéité de la décision des États-Unis de transférer leur ambassade à Jérusalem, remerciant dans la foulée les États Membres qui ont su résister aux pressions d’en faire de même et de céder à la « campagne féroce » visant à éliminer Jérusalem des questions sous-tendant la solution définitive. 

L’observateur a aussi déploré le déficit budgétaire auquel a dû faire face l’UNRWA.  Il a souligné que la question des réfugiés doit, elle aussi, figurer parmi les questions essentielles à régler en vue de parvenir à un accord.  Il a dénoncé les tentatives de relier certaines colonies à Jérusalem, notamment sous couvert d’activités touristiques, comme la construction d’un aérotrain.

Poursuivant, M. Abdelaziz a appelé à s’ériger contre l’adoption de lois racistes qui visent à spolier les Palestiniens de leurs terres et à codifier la colonisation.  Il a mis en garde contre les répercussions de ces textes, pour ensuite appeler le Conseil de sécurité à garantir le droit des Palestiniens à manifester pacifiquement.

Enfin, il a salué la création de Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda et a estimé que cette initiative pourrait être un exemple à suivre pour régler la situation dans les territoires palestiniens.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba), Vice-Présidente du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a pressé le Conseil de sécurité de faire de 2019 une année d’actions et de progrès vers une paix juste et durable et la pleine réalisation des droits du peuple palestinien.  Elle a rappelé que, témoignant de la place de la Palestine comme membre à part entière de la communauté des nations, le groupement le large des États Membres de l’ONU a élu cette dernière à la présidence du Groupe des 77 et la Chine, soit 80% de la communauté internationale.  C’est un développement important qui mérite toute l’attention requise, a commenté la Vice-Présidente.  Rappelant ensuite quelques faits qui ont marqué l’année 2018, elle a cité la paralysie politique et l’impasse du processus du paix, l’absence d’horizon politique, cause d’une frustration chez les Palestiniens comme chez les Israéliens et le risque constant d’une déstabilisation de la région tout entière.  Elle a aussi parlé des morts et des blessés lors de la Grande Marche du retour et du blocus illégal de Gaza qui entre dans sa douzième année. 

L’escalade militaire doit être évité à tout prix et il faut trouver une solution à la crise humanitaire, y compris en appuyant l’UNRWA et les autres agences des Nations Unies, a poursuivi la Vice-Présidente qui a reconnu que la réconciliation palestinienne n’a pas avancé alors que l’unité est la meilleure garantie d’un avenir politiquement stable et économiquement viable.  La Vice-Présidente a aussi dénoncé la poursuite des colonies de peuplement, les démolitions et la confiscation de biens palestiniennes.  Même la presse israélienne, s’est-elle alarmée, a qualifié de « route de l’apartheid » l’ouverture de cinq kilomètres de chaussée divisée dans la longueur par un mur en béton pour séparer les trafics israélien et palestinien et connecter les colonies de la banlieue de Jérusalem.  La communauté internationale, a accusé la Vice-Présidente, continue pourtant de fermer les yeux. 

Elle a appelé les États à renoncer aux actions unilatérales contraires au droit international et aux résolutions de l’ONU, au risque de saper la solution des deux États et toute perspective de paix.  Elle s’est tout de même félicitée de ce que de nombreux pays aient augmenté leur appui financier à l’UNRWA.  Elle a conclu en appelant tous les États, en particulier ceux de l’Union européenne, à se joindre à la majorité, soit 139 pays, et à reconnaître l’État de Palestine comme membre à part entière de l’ONU pour faire de 2019, l’année de paix entre Israéliens et Palestiniens, un objectif fixé il y a déjà 71 ans. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a déploré que l’avenir du processus de paix et de la solution des deux États demeure incertain, et que la situation des Palestiniens se soit aggravée.  Il a aussi regretté la violation de la résolution 2334 (2016) et s’est opposé à l’usage excessif de la force pour ensuite s’inquiéter de l’escalade des tensions, appelant dans la foulée les parties au plein respect du droit international.

M. Dang a appelé le Conseil de sécurité à faire preuve d’unité et a estimé que des mesures concrètes sont urgentes pour assurer le respect de ses résolutions.  Le Viet Nam espère qu’en 2019, le Conseil fera montre d’un leadership effectif et que les parties respecteront ses décisions et résolutions afin de parvenir à une solution pacifique et durable.

M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye), qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, s’est félicité de la nomination de la Palestine à la présidence du Groupe des 77 et la Chine pour 2019.  Il a fustigé l’occupation militaire israélienne de la Palestine, ainsi que l’expansion des colonies de peuplement, qui compromettent la solution des deux États.  Les risques d’une guerre généralisée sont réels, a-t-il déclaré. La frustration et la déception l’emportent au sein des États Membres, a constaté le délégué, en exhortant le Conseil à se montrer plus efficace sur ce dossier. « Il en va de sa crédibilité. »  Le délégué a ensuite exhorté la communauté internationale à assurer la protection des Palestiniens.  Il a plaidé en faveur de l’admission l’État de Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies.  Il a aussi dénoncé toute mesure unilatérale susceptible de modifier le statut de Jérusalem, avant de demander que l’UNRWA soit dotée de ressources pérennes.  L’occupation du Golan syrien doit également cesser, a ajouté le délégué de la Libye.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) s’est inquiétée de la détérioration de la situation sécuritaire sur le terrain et appelé à appuyer l’Initiative de paix arabe.  Elle a demandé de prêter une attention particulière à Jérusalem et a condamné toute tentative de modifier « Al-Qods et la mosquée Al-Aqsa ».  Le Qatar continuera de jouer un rôle constructif pour alléger les souffrances du peuple palestinien, a-t-elle assuré.

Passant à la question de la Syrie, la représentante a annoncé que l’Émir du Qatar avait alloué 50 millions de dollars pour venir en aide à la population syrienne qui, en plus du conflit, souffre également des conséquences du froid.

Elle a ensuite parlé de la crise qui a vu le jour suite au « blocus injuste et illégal imposé au Qatar », avertissant de ses conséquences dangereuses sur la stabilité de la région.  Elle a salué les efforts consentis par le Koweït, ainsi que la décision prise par la Cour internationale de Justice en juillet dernier sur cette question.

2018 a été une année pleine de défis, a estimé M. KORO BESSHO (Japon).  En l’absence de tout horizon politique, s’est-il expliqué, la méfiance s’est creusée et les dégâts civils se sont multipliés.  Maintenant qu’une nouvelle année s’ouvre, nous attendons des parties qu’elles prennent des mesures concrètes pour rétablir la confiance et créer un environnement favorable au retour à la table des négociations.  Le représentant a appelé à la cessation de tous les actes de violence, de provocation et d’incitation à la haine.  Il a insisté auprès des Israéliens pour qu’ils gèlent les colonies de peuplement et des Palestiniens pour qu’ils s’engagent sincèrement dans la réconciliation et replacent Gaza sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. 

Comme l’indépendance économique de la Palestine est une condition préalable à la solution des deux États, le Japon, a indiqué le représentant, met l’accent sur l’appui au domaine des technologies de l’information et des communications (TIC).  Il compte d’ailleurs élargir les programmes TIC dans le Parc agroindustriel de Jéricho.  Quant à l’UNRWA, le Japon a fait en 2018 la plus grande contribution qu’il n’ait jamais faite, en plaçant l’accent sur l’éducation et la santé.  Le Premier Ministre a d’ailleurs annoncé le lancement d’un nouveau programme consistant à inviter chaque année au Japon des enseignants des écoles primaires et des collèges de Gaza.  Le premier groupe devrait arriver au mois de mars.  S’agissant du Yémen, le représentant a salué la percée du mois dernier à Stockholm et espéré que l’Accord signé ramènera la paix et une solution rapide aux immenses problèmes humanitaires.  

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela), parlant au nom du Mouvement des non-alignés, a exhorté le Conseil à œuvrer à la pleine mise en œuvre de ses résolutions, en particulier la résolution 2334 (2016).  Israël doit rendre des comptes, a-t-il exigé, en demandant l’arrêt des colonies de peuplement.  Il a jugé impératif d’éviter toute mesure unilatérale susceptible d’encourager la politique d’Israël. Le délégué a, en outre, réclamé la levée totale du blocus frappant Gaza, arguant qu’il inflige des « souffrances indescriptibles » à ces habitants.  Il a souligné la nécessité d’une protection internationale de la population palestinienne et a exhorté le Conseil à agir pour mettre fin aux violations systématiques commises par Israël.

Le délégué du Venezuela a exigé par ailleurs le retrait complet d’Israël du Golan syrien occupé.  Israël doit également se retirer de tous les territoires libanais, a-t-il demandé.  Enfin, le représentant a exprimé la solidarité indéfectible du Mouvement des non-alignés pour le peuple palestinien, celui-ci étant victime d’une « injustice » qui dure depuis 51 ans.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a rappelé que l’an dernier, la situation des Palestiniens s’est détériorée, avec notamment plus de 295 civils tués et plus de 29 000 blessés du fait d’Israël.  Il a précisé que nombre de ces morts et plus de 7 000 des blessés avaient moins de 18 ans.  Ce qui démontre qu’Israël est « un régime tueur d’enfants », a affirmé le représentant qui a parlé de crimes de guerre et de crime contre l’humanité.  De même, M. Al Habib a indiqué qu’en adoptant une loi en 2018 sur la suprématie juive, Israël a légalisé le racisme.  Pour l’Iran, le racisme fait partie de la nature même du régime d’Israël.  En effet, a-t-il expliqué, « ils ont d’abord construit un mur de ségrégation raciale avant d’édicter cette loi sur la discrimination raciale et enfin construire une autoroute d’apartheid ».  Le délégué a demandé que de telles mesures soient condamnées, ainsi que celle qui reconnaît Jérusalem comme la capitale d’Israël ou encore la poursuite de l’occupation des parties du Golan syrien et du Liban par Israël. 

Si la question palestinienne reste d’actualité depuis 70 ans, c’est parce que les États-Unis protègent Israël en rendant le Conseil de sécurité totalement inefficace en ce qui concerne ce pays, a estimé le représentant iranien.  Il a noté que ces dernières années, lorsqu’Israël avait, « de manière répétée et effrontée », attaqué des pays du Moyen-Orient, le Conseil de sécurité n’avait rien fait devant de telles violations de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a également accusé Israël d’avoir menacé l’Iran de destruction nucléaire, une menace que le délégué a taxé de « rêve pieux ».  Selon la délégation, la seule option est désormais de tenir Israël responsable de ses crimes contre les Palestiniens.  Cela permettrait de faire respecter le droit et de dissuader de futures violations, a-t-il argué. 

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) a condamné les actes d’agression commis contre les Palestiniens et appelé Israël à lever le blocus de Gaza et à cesser ses « attaques disproportionnées sur des civils palestiniens, y compris des femmes et des enfants ».  Les Maldives invitent le Conseil de sécurité à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils et apporter l’assistance humanitaire de base nécessaire à des millions de Palestiniens.  Au sujet des résolutions du Conseil sur l’occupation et sur le statut de Jérusalem, les Maldives notent que certains pays ne les respectent pas.  Le pays juge « déprimant » de voir que la solution des deux États, à laquelle les parties au conflit avaient adhéré par le passé, semble de plus en plus s’éloigner.

En outre, les Maldives invitent la communauté internationale à faire davantage d’efforts pour parvenir à un règlement pacifique du conflit en Syrie.  La délégation rappelle que ce conflit et celui du Yémen constituent un terreau pour le terrorisme, une menace mondiale qui n’a pas de frontière et ne respecte aucune culture ni religion.  Enfin, les Maldives souhaitent que le Conseil de sécurité s’assure que ses décisions soient respectées par tous les États Membres, y compris ceux qui sont membres du Conseil.

Disant réagir à l’intervention de l’Iran, le représentant d’Israël a affirmé que le tir de missile sol-sol depuis le territoire syrien démontre que le régime de Téhéran est implanté en Syrie.  Il a aussi dénoncé le fait que l’Iran ait utilisé un programme interdit par les résolutions 2231 (2015) et 1559 (2004) du Conseil de sécurité.

S’adressant ensuite à la délégation du Liban, il a déclaré qu’Israël n’a rien à gagner d’une escalade des tensions, mais qu’il se doit de lutter, de son côté de la Ligne bleue, contre les activités de déstabilisation menées par le Hezbollah.  Répondant par ailleurs au représentant syrien, le délégué israélien a affirmé que la Syrie sert à présent de plateforme pour les activités terroristes de l’Iran.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des ONG: octroi du statut consultatif à 70 organisations et accusations des États-Unis contre une ONG chinoise

Session de 2019,
1re & 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6954-ONG/878

Comité des ONG: octroi du statut consultatif à 70 organisations et accusations des États-Unis contre une ONG chinoise

Le Comité chargé des ONG, qui a entamé aujourd’hui la première partie de sa session 2019, a recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 70 organisations non gouvernementales.  Le Comité a reporté sa décision sur 40 ONG, priées d’apporter des précisions à certains de ses membres.  Il a aussi entendu les États-Unis accuser une ONG chinoise d’actes de corruption au Tchad et en Ouganda.

Le Comité peut recommander trois statuts à l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

Cette session, qui suit les premières consultations informelles tenues en juin 2018 de l’ECOSOC avec les ONG, a été l’occasion pour de nombreuses délégations comme celle de l’Union européenne et de l’Uruguay de plaider pour la prise en compte des recommandations faites, comme la simplification de la procédure liée aux demandes de statut et l’accélération de leur examen.  L’Uruguay a appelé le Comité à tenir compte de la diversité des ONG.  L’Autriche a suggéré d’organiser d’autres consultations et le Royaume-Uni a voulu plus de transparence dans le travail du Comité.  

Les États-Unis, qui affirment soutenir le travail des ONG, ont demandé le retrait du statut consultatif spécial à l’ONG chinoise « China Energy Fund Committe » (CEFC) qu’ils accusent de tirer profit de son statut auprès de l’ECOSOC pour corrompre des dirigeants tchadiens et ougandais et obtenir des contrats avantageux.  L’ONG, qui a mené des activités criminelles dûment condamnées par un tribunal fédéral de New-York, doit venir très rapidement s’expliquer devant le Comité, ont exigé les États-Unis, appuyés par l’Inde qui a parlé d’une accusation « grave ».  La séance d’explication est prévue vendredi prochain, a annoncé le Vice-Président du Comité qui a assuré que l’ONG sera informée le plus rapidement possible.

Le Nigéria a en revanche demandé au Comité de suspendre sa décision sur trois ONG nigérianes « Adolescent Breast and Pelvic Cancer Awareness Initiative », « Alebe Collins Nigeria Foundation » et « Babatunde Development And Empowerment Initiative » au motif que son gouvernement est toujours en train d’examiner leur statut.  Le Vice-Président du Comité a rappelé que la décision a déjà été prise de recommander à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif à ces trois ONG.  La procédure devra donc suivre son cours. 

Élu Vice-Président du Comité des ONG, M. Nadav Yesod, d’Israël, a déclaré que le programme de travail est extrêmement chargé avec un total de 288 nouvelles demandes de statut consultatif et 233 demandes reportées des sessions précédentes.  Au total, le nombre des demandes au menu est de 521.  Le Comité devra aussi examiner 438 nouveaux rapports quadriennaux et 90 rapports reportés des sessions précédentes.  À cela s’ajoutent trois nouvelles demandes de reclassification et trois autres reportées, deux demandes de fusion reportées et plusieurs nouvelles demandes de changement de noms. 

La Directrice du Bureau d’appui et de coordination intergouvernementale pour le développement durable, Mme Marion Barthelemy, a précisé que pour la troisième année consécutive, le Comité examinera 99 demandes de statut déposées depuis deux ans.  Cet encombrement constitue une source de préoccupation d’autant que les demandes sont susceptibles d’augmenter, étant donné l’intérêt croissant des ONG.

Les rapports quadriennaux soumis par les ONG augmentent également en fonction.  Cette année, 761 rapports sont attendus et plus de 900 l’année prochaine.  La gestion de ce processus est un travail exigeant pour le Bureau, a indiqué Mme Barthelemy.  Les ressources dont le Service des ONG a besoin sont à la fois humaines et techniques, dont le remplacement des plateformes électroniques qui doivent répondre aux besoins spécifiques du Service, à savoir le traitement des demandes, l’enregistrement des participants ou encore la soumission des rapports quadriennaux.  La tâche est complexe et prend du temps, a-t-elle averti.

Le Vice-Président du Comité a demandé aux groupes régionaux de désigner leurs candidats pour le poste de président et autres postes du Bureau.

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, mardi 22 janvier, à partir de 10 heures. 

Octroi du statut consultatif spécial

  1. ABC4All (A Better Community For All) (Sierra Leone)
  2. ALNAHDA PHILANTHROPIC SOCIETY for WOMEN (Arabie saoudite)
  3. Abshar Atefeha Charity Institute (Iran)
  4. Adolescent Breast and Pelvic Cancer Awareness Initiative (Nigéria)
  5. Alebe Collins Nigeria Foundation (Nigéria)
  6. Amroha Education Foundation (Inde)
  7. Angels in the Field (Inde)
  8. Appui Solidaire Pour Le Renforcement De L’aide Au Développement (Mali)
  9. Asociación Colectivo Mujeres Al Derecho Sigla ASOCOLEMAD (Colombie)
  10. Asociación La Ruta del Clima (Costa Rica)
  11. Association Assistance Communautaire et Développement (Mauritanie)
  12. Association Jbel Ayachi pour le développement culturel, social, économique et de l’environnement (Maroc)
  13. Association des femmes pour la promotion et le développement endogène (République démocratique du Congo)
  14. Association pour la Défense des Droits de la Femme Mauritanienne (Mauritanie)
  15. Babatunde Development And Empowerment Initiative (Nigéria)
  16. Bangladesh Association for Development of Trade and Finance – BADTF (Bangladesh)
  17. Beijing Changier Education Foundation (Chine)
  18. Beijing Guangming Charity Foundation (Chine)
  19. Bien Être Social Pour Tous (République démocratique du Congo)
  20. Brain Sluice Africa Child’s (Afrique du Sud)
  21. Centre de Recherche et d’Action pour le Développement Durable et l’Épanouissement des Sociétés (Bénin)
  22. Centro de Información y Educación para la Prevención del Abuso de Drogas (CEDRO) (Pérou)
  23. Chengmei Charity Foundation (Chine)
  24. China Charities Aid Foundation For Children (Chine)
  25. Community Development Alliance (Ghana)
  26. Compassion Soul Winners Outreach International (Ghana)
  27. ComunidadMujer (Chili)
  28. Corporación Fiscalia Del Medio Ambiente FIMA (Chili)
  29. Corporación Colectivo de Abogados José Alvear Restrepo (Colombie)
  30. Cámara de Instituciones de Diagnóstico Médico (CA.DI.ME) (Argentine)
  31. EL-Aged Care Ltd/Gte. (Nigéria)
  32. Farhikhtegan’e Mosalman Association (Iran)
  33. Fundación Abba Colombia (Colombie)
  34. Gap Intercessors Ministry International (Nigéria)
  35. Gender and Development Action (Limited by Gte.) (Nigéria)
  36. Green Mobilisation Initiative (Nigéria)
  37. Helpline Foundation for the Needy, Abuja (Nigéria)
  38. Hinduistička Vjerska Zajednica Hrvatske (Croatie)
  39. Human Rights Center in Iraq (Iraq)
  40. Imam Ali Charity Institution (Iran)
  41. Instituto de Estudos Socioeconômicos (Brésil)
  42. Iranian Thalassemia Society (Iran)
  43. Justiça Global (Brésil)
  44. Kids’ Educational Engagement Project (KEEP) (Libéria)
  45. Local Environment Development and Agricultural Research Society (LEDARS) (Bangladesh)
  46. Markaz Toseeh Tehran (Iran)
  47. Medijski Edukativni Centar (Serbie)
  48. Nikookaran Sharif Charity (Iran)
  49. ONG Funsocial Crecer Colombia (Colombie)
  50. Ogiek Peoples’ Development Program (OPDP) (Kenya)
  51. Opportunity Two Excel Foundation (Kenya)
  52. Organisation pour de nouvelles Initiatives en Développement et Santé au Burkina Faso (Burkina Faso)
  53. Organización no gubernamental de Desarrollo Piensa Discapacidad (Chili)
  54. Panoramic Charity Foundation (Chine)
  55. Partenaires pour le développement rural (PDR) (Mali)
  56. Peace Society of Kenya (Kenya)
  57. Permanent Peace Movement (Liban)
  58. Phelyn Skill Acquisition Center (Nigéria)
  59. Rahbord Peimayesh Research & Educational Services Cooperative (Iran)
  60. SPD (Singapour)
  61. Sanid Organization for relief and development (Yémen)
  62. Smile Again Africa Development Organization (Soudan du Sud)
  63. Smile Youth Initiative International (Nigéria)
  64. Sociedad Espiritista Kardeciana Cruzada Quisicuaba (Cuba)
  65. Sociedad y Discapacidad: Estudios, Asesorio e Integración de la Persona con Discapacidad (Pérou)
  66. Society for Orphan, Neglected and Youth (SONY) (India)
  67. Solidarité humanitaire (Bénin)
  68. South Youth Organization (Iraq)
  69. Stevenson Holistic Care Foundation (Nigéria)
  70. Syndicat Chrétien Des Travailleurs du Congo (République démocratique du Congo)

Examen des demandes de statut consultatif

L’Inde a voulu savoir de ce qui est advenu de la demande de Afrikaanse Forum vir Burgerregte (Afrique du Sud) déposée il y a deux ans.  Quelles sont ses activités nationales?  Le Nicaragua a demandé à Asamblea Permanente por los Derechos Humanos La Matanza (Argentine) de présenter un autre bilan financier.  L’Inde a voulu de l’Association Of Professional Social Workers And Development Practitioners (Inde) des détails sur ses activités de formation au renforcement des capacités. 

Quels sont les partenaires internationaux de l’Association pour une jeunesse africaine progressiste (Burundi)? a voulu savoir la Turquie.  La même délégation a demandé à l’Association réseau de Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active du Cameroun (Cameroun) des détails sur ses actions contre les médicaments de contrefaçon.  Belarusian Fund of Peace (Bélarus) devra apporter aux États-Unis des précisions sur ses relations avec International Association of Peace Funds.

La Turquie a demandé à Burundi Rugby League Rugby A Xiii Cooperative (Burundi) des détails sur ses activités en faveur des femmes et du développement durable.  Le Nicaragua a voulu des explications sur le déséquilibre entre les recettes et les dépenses du Center for Sex education and Family Life Ltd/Gte (Nigéria).  Comment Chanan Development Association (Pakistan) compte-t-il absorber son déficit de 2 millions de roupies?  Son site Internet ne fonctionne pas, a fait observer le Pakistan.

Comment fait Chavara Cultural Centre (Inde) pour générer des recettes avec ses projets éducatifs? a voulu comprendre l’Inde.  La même délégation a demandé à en savoir plus sur les activités actuelles et futures de Chorbut Local Support Organization (Chorbut LSO) (Pakistan).  Peut-on obtenir des informations sur les ressources financières et le nombre des bénéficiaires des projets menés par Community Human Rights and Advocacy Centre (CHRAC) (Cameroun)? a prié la Turquie.

L’Inde a voulu connaître la source des revenus de Dalit Welfare Association (Népal) et surtout des explications sur l’absence de frais administratif.  Elle a aussi souhaité que Environmental and Societal Development Foundation (Pakistan) dise comment elle compte dépenser son excédent budgétaire.  Auprès de quelles organisations internationales Envisions Institute of Development (Inde) est-elle accréditée? a aussi voulu savoir l’Inde.

La Chine a demandé à la Foundation for Human Rights Initiative (FHRI) (Ouganda) d’utiliser le nom « Taïwan - Province de Chine ».  Elle a ensuite demandé à Global Buddhist Foundation (Inde) d’indiquer le Tibet comme « Province autonome de Chine ».  Les États-Unis ont voulu que Global Energy Interconnection Development and Cooperation Organization (Chine) apporte des précisions sur la composition de son Conseil d’administration qui semble être composé de deux individus seulement et de 18 groupes.  

Le Nigéria a demandé au Comité des ONG de suspendre sa décision sur les trois ONG nigérianes « Adolescent Breast and Pelvic Cancer Awareness Initiative », « Alebe Collins Nigeria Foundation » et « Babatunde Development And Empowerment Initiative » au motif que son gouvernement est toujours en train d’examiner le statut de ces ONG.  Le Vice-Président du Comité a rappelé que la décision a déjà été prise de recommander au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif à ces trois ONG.  La procédure devra donc suivre son cours. 

La Chine a exigé qu’Helpage India (Inde) revoie sa position sur le Dalaï Lama qu’elle présente comme « le leader » du Tibet.  La Turquie a voulu des informations les activités que mène Human Is Right (Cameroun) dans le domaine des droits de l’homme.  Le Nigéria a demandé à International Society for Peace and Safety (Nigéria) la nature de ses sources de financement.

Comment Kaarvan Crafts Foundation (Pakistan) compte éponger le déficit de 116 000 dollars? a demandé l’Inde.  League of Women Voters of Nigeria (Nigéria) devra prouver au Nigéria qu’elle est présente dans tout le territoire.  Quelles sont les preuves de son existence au Nigéria?  Que fait exactement cette ONG dans le pays? a en outre demandé le Nigéria à Love Alliance Foundation for Orphans, Disabled and Abandoned Persons in Nigeria (Nigéria).

Maalkop Trading and Projects (Afrique du Sud) devra dire à Cuba dans quels pays elle travaille en Afrique et dans le monde.  Quelles sont les organisations qui financent NORSAAC (Ghana)?  Quel montant ont-elles donné? a demandé le Pakistan.  Qui sont les partenaires de National Association for the Defense of Rights and Freedoms (Égypte)?  Quels sont ses projets? a questionné la Chine.

Pan African Girl Child Education Foundation (Nigéria) est-elle présente dans d’autres pays?  Quels sont ses projets?  Quels sont les résultats obtenus? a demandé le Nigéria.  La même délégation a exigé que Peace Initiative Network (Nigéria) lui fournisse le montant de l’aide financière qu’elle reçoit de ses partenaires.  Quel est le mécanisme d’affectation des ressources de Philippine Social Enterprise Network Inc. (Philippines)?  Peut-on obtenir une liste complète des projets et de leurs résultats? s’est interrogée la Fédération de Russie.

Le Nigéria a prié Poka Healthcare Foundation (Nigéria) de lui donner des preuves de sa présence à l’échelle nationale.  Pour être reconnue à l’échelle nationale, il faut une présence dans au moins six des États fédérés du Nigéria.  L’Inde a voulu savoir si Rupani Foundation (Pakistan) a des projets pour améliorer les compétences.

L’Inde a demandé à Sabawon (Pakistan) la nature des projets financés par les fonds provenant d’organismes internationaux.  Sur la liste de Silambam (Malaisie), a noté la Chine, le Tibet et Taiwan apparaissent comme des États à part entière, ce qui est contraire à la position chinoise.  L’ONG doit apporter les corrections nécessaires.  Les États-Unis ont demandé à Silk Road Chamber of International Commerce (Chine) plus d’informations sur ses partenariats.

La Turquie a voulu savoir de Society for Union of Muslims and Empowerment (SUMAE) (Ouganda) la nature de ses activités actuelles et futures.  Sohag Community Development and Caring for Children with Special Needs Association (Égypte) a été priée par la Chine de donner des informations sur ses sources de financements, ses dépenses et ses activités en cours.  La Chine a par ailleurs noté que le site de Partnership on Sustainable Low Carbon Transport Foundation (SloCaT) (Chine) cite la province de Taiwan comme un État.  L’ONG doit apporter les corrections nécessaires.

Dialogue avec les ONG

L’« Association of Non-Profit Organizations to Facilitate the Drug Prevention and Socially Dangerous Behaviour: National Anti-Drug Union » (Fédération de Russie) a souligné que son objectif est de sortir les toxicomanes de la rue et de faciliter leur « pré-socialisation et resocialisation », sans substances de substitution.  L’assistance est gratuite et comprend également des formations professionnelles.  L’ONU dit organiser « un camp » de lutte contre les stupéfiants qui regroupe entre 1 000 et 2 000 toxicomanes et leurs familles qui peuvent ainsi échanger et recevoir un soutien psychologique.  Les camps de ce type sont extrêmement efficaces, affirme l’ONU qui compte en organiser un au Rwanda, dans un mois.  L’ONU, qui se targue de sortir les personnes de l’addiction « en pleine liberté », avance un taux de près de 30% de rémission totale.  Qui sont vos membres et quels sont vos liens avec le Gouvernement russe? ont demandé les États-Unis.  Nous collaborons, a répondu l’ONG, avec certains ministères chargés des questions liées à la toxicomanie et aux stupéfiants.  Nous leur faisons rapport à titre informatif et sans contrainte aucune.  Peut-on en savoir plus sur les comptes vous rendez aux organismes publics? se sont interrogés les États-Unis.  Nos décisions sont prises, a indiqué l’ONG, par notre Conseil d’administration qui ne comprend aucun représentant de l’État.  Seul un membre de la Douma assure, en sa qualité d’observateur, le relais avec l’État russe.  Nous ne recevons d’ailleurs aucun financement de l’État.  Nous comptons exclusivement sur des dons, a affirmé l’ONG.  Les États-Unis ont tout de même demandé la liste écrite des bailleurs de fonds.

« Israël Trauma coalition for Response and Preparedness » s’est présentée comme une ONG apolitique et âgée de 18 ans qui soutient les victimes de traumatisme.  Malheureusement, a-t-elle souligné, la réalité en Israël nous contraint à avoir recours à des technologies de pointe pour traiter ces victimes.  Nous partageons d’ailleurs notre expérience sur le plan international.  Comment l’ONG peut-elle garantir son indépendance alors qu’elle travaille avec le Gouvernement israélien? s’est demandé le Pakistan.  En général, les ONG ont une capacité de réaction plus souple que les gouvernements, a fait observer l’organisation qui a précisé qu’elle propose rapidement des approches et des méthodes au Gouvernement sans pour autant bénéficier de financements publics.  « Si je vous ai bien compris, le Gouvernement n’a pas son mot à dire pour ce qui est de la planification des projets ni de leurs destinataires », a commenté le Pakistan dont les propos ont été confirmés par l’ONG.  Êtes-vous présents dans les territoires occupés?  Nous coopérons avec les Palestiniens, a précisé l’ONG qui a une nouvelle fois insisté sur son caractère apolitique et son travail « avec tous ceux qui sont dans le besoin ».  Le Pakistan a demandé une réponse écrite.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: espoirs placés dans la conférence nationale et les élections présidentielle et législatives pour sortir la Libye de l’impasse politique

8448e séance – matin
CS/13669

Conseil de sécurité: espoirs placés dans la conférence nationale et les élections présidentielle et législatives pour sortir la Libye de l’impasse politique

Sans un leadership national uni, les efforts resteront vains et les gains fragiles et réversibles, a expliqué, ce matin au Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Libye (MANUL) qui a fait part des préparatifs de la future conférence nationale, laquelle devrait être suivie des élections présidentielle et législatives.

M. Ghassan Salamé a d’abord dressé la liste des dysfonctionnements qui caractérise l’État libyen: complexité des réseaux d’intérêts étroits, effondrement du cadre juridique, détérioration des services et des infrastructures publics et pillage des ressources naturelles.  Seuls les Libyens peuvent trouver les moyens de se sortir de cette situation et, au cours de l’année dernière, le Représentant spécial a dit avoir reçu de plus en plus de demandes pour faciliter une conférence nationale.  Nous travaillons jour et nuit, a-t-il affirmé, pour réunir les bonnes conditions et les bonnes personnes et rendre la conférence capable d’aboutir à un résultat acceptable par la majorité.  Le Représentant spécial a précisé qu’il donnera la date et le lieu de la conférence une fois que les principaux acteurs se seront entendus sur les ingrédients essentiels pour un nouveau consensus autour d’un agenda apte à édifier un État libyen uni et capable d’aller de l’avant. 

Les membres du Conseil de sécurité se sont dits impatients de voir la conférence se tenir dès le début de cette année, suivie des élections présidentielle et législatives au printemps, pour sortir la Libye de l’impasse.  Le statu quo est « intenable », ont martelé les États-Unis.  Quant aux « trouble-fêtes », dénoncés par le Représentant spécial, ils s’exposent à des sanctions internationales, comme ont prévenu l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni.  Le gel des avoirs et l’interdiction de voyager imposés à MM. Ibrahim Jadhram et Salah Badi, comme l’a annoncé le Président du Comité des sanctions, montrent, ont dit les États-Unis « à quel point nous sommes sérieux et à quel point nous le resterons ».  Les sanctions, a tempéré la Chine, sont là pour servir le règlement politique de la crise et pas pour léser les intérêts libyens.  Elle a estimé qu’il faut examiner les plaintes de la Libye concernant le gel des avoirs. 

La conférence nationale a certes parmi ses objectifs d’élaborer un processus électoral mais avant cela, a précisé le Représentant spécial, il faudra s’assurer un véritable appui politique aux élections et des garanties que les résultats seront acceptés par tous.  Il faudra aussi mobiliser des fonds, déterminer les arrangements sécuritaires et remettre en route les services publics.  Si les tenants du statu quo s’engagent, on pourra avancer, a estimé le Représentant spécial, ajoutant aussi que sans un appui concerté de la communauté internationale, les « troubles fêtes » continueront de saboter le processus politique et défaire les progrès.  Sans un leadership national uni, les efforts resteront vains et les gains, fragiles et réversibles, a insisté le Chef de la MANUL.  Dans cet environnement politique, ces gains vont finir par disparaître, les prédateurs trouveront les moyens de contourner les réformes économiques et les acteurs choisiront la violence au détriment de la politique, comme l’ont montré les derniers évènements à Tripoli.  Nous pouvons éteindre les incendies mais au bout du compte il y aura des « flammes de l’enfer » que nous ne pourrons combattre.

Le Représentant spécial s’est en effet comparé à un « pompier » pour justifier sa décision d’élargir la présence de la MANUL: en Libye, il y a beaucoup d’incendies à éteindre.  Cela ne peut se faire de l’extérieur, nous devons être ici, a-t-il martelé.  Le Conseil s’est montré uni jusqu’ici et j’espère qu’il le restera », a commenté le Royaume-Uni.  Il est essentiel de coordonner les efforts internationaux en appui au dialogue intralibyen, sous l’égide des Nations Unies, a acquiescé la Fédération de Russie.  Seules une stratégie intégrée sur les sujets politique, économique et sécuritaire ainsi que des élections, assorties d’un calendrier précis et ambitieux, sont à même d’ancrer la stabilité, a estimé la France.  S’il faut faire vite, ont tout de même mis en garde les États-Unis, il faut aussi se garder des calendriers superficiels qui viendraient compliquer les efforts. 

 La première moitié de cette année doit apporter à mon peuple, a dit la Libye, les moyens de réaliser ses aspirations à un État démocratique, unifié et basé sur un consensus trouvé à la conférence nationale.  Elle a demandé au Conseil de sécurité de mettre un terme à toute ingérence étrangère et à apporter son aide à la lutte contre les groupes terroristes, par un meilleur partage des renseignements et une contribution au renforcement des capacités des forces de sécurité.  La Libye a exhorté le Conseil à sévir et à punir les pays qui fournissent des armes aux factions qui ne font pas partie du Gouvernement d’entente nationale. 

LA SITUATION EN LIBYE (S/2019/19)

Déclarations

Intervenant par visioconférence à partir de Tripoli, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Libye (MANUL), M. GHASSAN SALAMÉ, a déclaré d’emblée que le sud de la Libye est « le cœur vulnérable » de la Libye.  Avec près d’un million de kilomètres carrés, elle est, avec son eau et son pétrole, la source de la plupart des richesses naturelles du pays.  M. Salamé a dit s’être rendu à Sebha, il y a quelques jours, dans ce qui était la première visite d’un Représentant spécial du Secrétaire général depuis 2012.  Il a dit avoir entendu des citoyens lui parler « de manière émouvante » des difficultés qu’ils endurent, de la brutalité de Daech ou encore du manque d’investissements dans les infrastructures de base.  Il faut ajouter à cela, a-t-il dit, l’insécurité résultant de la porosité des frontières et la présence des mercenaires étrangers et des criminels de droit commun qui s’attaquent aux citoyens comme aux migrants.

M. Salamé a appelé le Gouvernement libyen et la communauté internationale à agir rapidement et de manière décisive pour soutenir le sud.  Il y a un coût à cette inaction, a-t-il prévenu: la colère des gens du sud s’est malheureusement manifestée dans les attaques contre les systèmes d’adduction d’eau et les infrastructures pétrolières, ce qui compromet la lente relance de l’économie.  Tous les Libyens sont confrontés à la détérioration des services publics et continuent tous de vivre dans la peur des conséquences du conflit.  Après des mois de calme dû à l’accord de cessez-le-feu de septembre, Tripoli a été, il y a deux jours, une nouvelle fois secouée par les affrontements.  Pour le moment, les violations du cessez-le feu ont pu être contenues mais à Derna, la guerre n’est pas finie et l’accès humanitaire est toujours bloqué.  Entretemps, l’Armée nationale libyenne a commencé à se diriger vers le sud, dépassant les positions qu’elle détenait jusqu’ici. 

M. Salamé a, tout de même, fait part de quelques lueurs d’espoir: ces derniers mois, des progrès ont été faits dans la stabilisation du pays et les conditions de vie de la population.  Le Gouvernement d’accord national a poursuivi la nomination des ministres et le cessez-le-feu négocié de septembre tient toujours.  Le Ministre de l’intérieur n’a cessé de travailler pour faire avancer les arrangements en matière de sécurité pour Tripoli, lesquels constituent la base du fragile cessez-le-feu.  La MANUL a fourni son assistance technique ainsi qu’au développement d’un centre conjoint d’opérations pour coordonner la mise en œuvre du Plan de sécurité du Grand Tripoli.  S’il reste encore beaucoup à faire, ces initiatives ont contribué à assurer le calme dans la ville, s’est réjoui le Représentant spécial.

Plus généralement, a poursuivi M. Salamé, il est impératif d’assurer la sécurité dans tout le pays.  Les terroristes s’acharnent dans plusieurs villes et les affrontements sporadiques se poursuivent puisque le maintien de l’ordre est assuré par les groupes armés et non par des professionnels.  Mais l’espoir est là.  M. Salamé a dit avoir assisté le mois dernier à l’ouverture de la nouvelle Académie de police et inauguré, cette semaine, un commissariat de police modèle.  Des efforts sont également en cours pour former des centaines de policiers et d’officiers de police judiciaire. 

Nous travaillons étroitement avec les autorités libyennes pour transférer le contrôle des prisons, des mains des groupes armés aux professionnels du Ministère de la justice, a indiqué le Représentant spécial.  Nous pressons aussi le Gouvernement de traiter de la question des détenus sans procès.  Ce dernier a assuré que des centaines d’entre eux ont été libérés et que les dossiers de nombreux autres sont examinés. 

L’économie continue de se stabiliser, a encore dit le Représentant spécial, en citant la dépréciation, sur le marché noir, du dinar par rapport au dollar américain, la baisse des prix des produits de consommation courante, la fin de la crise des liquidités, le déploiement des conseillers en crimes financiers et le processus d’audit de la Banque centrale.  La production pétrolière s’est élevée à un million de barils par jour, à la joie du trésor public, même si les troubles dans le sud l’ont fait baisser.  La Mission, a expliqué le Représentant spécial, s’est dotée d’une section spéciale pour faire avancer l’agenda économique et travailler avec les institutions financières internationales.  La Mission consolide d’ailleurs sa présence dans tout le pays.  Il est question de rouvrir le bureau à Benghazi à la fin du mois et, si la sécurité le permet, de faire de même dans le sud, avant la fin de cette année.  La vie d’un Représentant spécial, s’est expliqué M. Salamé, c’est aussi celle d’un pompier et en Libye, il y a beaucoup d’incendies à éteindre.  Cela ne peut se faire de l’extérieur, nous devons être ici, a martelé M. Salamé. 

Il a tout de même appelé au réalisme: sans un leadership national uni, les efforts resteront vains.  Les gains sont fragiles et réversibles.  Dans cet environnement politique, ces gains vont finir par disparaître, les prédateurs trouveront les moyens de contourner les réformes économiques et les acteurs choisiront la violence au détriment de la politique, comme l’ont montré les derniers évènements à Tripoli.  Nous pouvons éteindre les incendies mais au bout du comte il y aura des « flammes de l’enfer » que nous ne pourrons combattre. 

Le Représentant spécial a jugé qu’il faut dès lors s’attaquer aux dysfonctionnements de l’État libyen: la complexité du réseau des intérêts étroits, l’effondrement du cadre juridique et le pillage des ressources naturelles.  Seuls les Libyens peuvent trouver les moyens de se sortir de cette situation et au cours de l’année dernière, a indiqué M. Salamé, nous avons reçu de plus en plus de demandes pour faciliter une conférence nationale.  Nous travaillons nuit et jour, a-t-il affirmé, pour réunir les bonnes conditions et les bonnes personnes pour rendre la conférence capable d’aboutir à un résultat acceptable par la majorité.  Nous donnerons la date et le lieu quand les principaux acteurs se seront entendus sur les ingrédients essentiels pour un nouveau consensus autour d’un agenda apte à édifier un État libyen uni et capable d’aller de l’avant. 

Une des décisions de la conférence nationale sera d’ailleurs d’élaborer un processus électoral.  Mais avant cela, il faut d’abord un véritable appui politique aux élections et des garanties que les résultats seront acceptés par tous.  Il faudra aussi mobiliser des fonds, déterminer les arrangements sécuritaires et remettre en route les services publics.  Si les tenants du statu quo s’engagent dans la conférence nationale, on pourra avancer.  Le Représentant spécial s’est d’ailleurs félicité du lancement, le 12 décembre dernier, de l’inscription des électeurs dans quelque 60 autres municipalités pour des élections prévues en mars 2019.  Sans un appui concerté de la communauté internationale, les gens continueront de saboter le processus politique et défaire les progrès, a prévenu en conclusion le Chef de la MANUL. 

M. JURGEN SCHULZ, Président du Comité des sanctions créé en vertu de la résolution 1970 (2011), a mis en exergue cinq développements relatifs au travail du Comité.  En premier lieu, le 11 septembre et le 16 novembre 2018, le Comité a inscrit deux personnes sur la liste des individus frappés d’interdiction de voyager, à savoir MM. Ibrahim Jadhram et Salah Badi.  En deuxième lieu, les 1er et 2 novembre 2018, l’ancien Président du Comité a effectué une visite en Libye, la première depuis la mise en place du régime de sanctions.  Les membres du Comité ne se sont rendus qu’à Tripoli même s’ils avaient prévu Beida à leur programme.  Je compte, a promis M. Schulz, me rendre dans toutes les régions dès que les arrangements logistiques de sécurité le permettront. 

En troisième lieu, le 5 novembre, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2441 (2018) qui proroge le mandat du Groupe d’experts jusqu’en février 2020.  Par ce texte, le Conseil a prolongé les mesures à durée déterminée visant à empêcher les exportations illicites de pétrole en provenance de Libye.  La résolution a aussi inclus parmi les critères des sanctions, le fait de planifier, diriger ou commettre des actes de violence sexuelle et sexiste.  Le 2 janvier, le Secrétaire général a nommé six personnes dans le Groupe d’experts.  Quatrièmement, le 4 et le 17 décembre, le Comité a adopté deux notices d’aide à l’application intitulés « Orientations à l’intention des États Membres sur la bonne application des dispositions des résolutions concernant le paiement des frais de gestion pour le gel des avoirs ».

Le Comité a approuvé deux demandes d’exemptions à l’embargo sur les armes soumises par la Tunisie et les Pays-Bas.  L’examen des demandes déposées précédemment par Malte et la Libye sont en cours d’examen.  S’agissant des avoirs gelés, le Comité n’a pas émis d’objection à trois notifications d’exemptions évoquées par le paragraphe 19(a) de la résolution 1970 (2011) déposées par le Royaume-Uni en relation avec les frais juridiques de l’Autorité d’investissement de la Libye, Mme Aisha Kadhafi et le Fonds d’investissement Libye-Afrique.  Le Comité aussi a rédigé une lettre de clarification conformément au paragraphe 19(b) de la résolution 1970 (2011) soumise par la Suisse en relation avec le Fonds d’investissement Libye-Afrique.  Le Comité a également répondu à deux demandes de Malte et de l’Espagne sur les directives concernant le gel des avoirs.  Concernant finalement la liste des sanctions, en septembre dernier, le Comité a mis à jour les informations d’identification de cinq personnes précédemment répertoriées.  Le Comité a aussi terminé l’examen des demandes de retrait de la liste de Mme Aisha Kadhafi et de Mme Safia Farkash.  Elles figurent toujours toutes les deux sur la liste. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a salué la réouverture des bureaux de la MANUL et a réitéré le fort soutien de son gouvernement aux activités du Représentant spécial, en particulier pour ce qui est de l’organisation de la conférence nationale.  Elle y a vu la meilleure façon de faire avancer le processus politique et a espéré que tous les Libyens y participeront.  Elle a insisté, à cet égard, sur l’implication des acteurs de la société civile, d’un large spectre politique et éthique ainsi que des femmes pour que cet exercice soit le plus inclusif et le représentatif possible.  « Le Conseil s’est montré uni jusque-là sur ce point, et j’espère qu’il le restera », a lancé la représentante à la salle.  Pour ce qui est des « trouble-fêtes » dont M. Salamé a fait état dans son exposé, elle a martelé que l’avenir de la Libye ne saurait être déterminé par ces personnes qui ne servent que leurs intérêts personnels.  Les institutions politiques libyennes doivent travailler main dans la main avec le Représentant spécial pour le succès de la conférence nationale, a-t-elle conseillé.  S’agissant de l’économie libyenne, elle a encouragé davantage de réformes économiques et plus de sanctions ciblées contre les perturbateurs, tout en accompagnant cela de mesures pour unifier les deux banques centrales en Libye, avec le soutien de la communauté internationale.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a dit que les opérations militaires dans le croissant pétrolier ont mis à mal la sécurité des Libyens, y compris à Tripoli.  Le maintien de l’ordre étant aux mains des groupes armés et non de professionnels, le Conseil de sécurité doit aider le Gouvernement à se doter des compétences nécessaires.  Notant les progrès relevés par le Représentant spécial du Secrétaire général, il a placé beaucoup d’espoir dans une conférence nationale qui pourrait sortir le pays de l’impasse et mettre fin aux problèmes des milices.  Sur le plan économique, le représentant a appelé la Chambre des représentants libyenne à éliminer le marché noir et à accélérer les efforts pour la création d’une banque centrale.  Il a conclu en exhortant toutes les parties libyennes à soutenir les efforts de M. Salamé. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a relevé que malgré quelques petites avancées, il faut davantage d’efforts de la part du Conseil de sécurité et de la communauté internationale pour arriver à une solution définitive et durable en Libye.  Une des solutions passe par la réconciliation entre les parties, a-t-il dit, en plaidant pour l’unité territoriale du pays.  Il faut également, a-t-il ajouté, mettre fin à la prolifération des groupes armés et terroristes qui agissent en toute impunité.  Le représentant a donc appelé le peuple libyen à l’unité pour progresser sur la voie d’un avenir prospère, libre, sûr et durable, saluant à cet égard le travail de la MANUL et du Représentant spécial en vue d’une solution politique basée sur l’Accord politique libyen.  Il a espéré que les conditions politiques et de sécurité seraient propices à la tenue des élections prévues au printemps.

Le représentant a souligné la nécessité d’améliorer la coopération entre l’Union africaine et l’ONU sur les mesures devant être adoptées pour traiter de manière efficace la situation en Libye, en tenant compte du rôle important des pays voisins.  Il a recommandé de se concentrer sur la situation humanitaire et la question des droits de l’homme, notant avec préoccupations les violations mentionnées au rapport du Secrétaire général et l’aggravation de la situation des migrants et des réfugiés.  Cette situation, a-t-il dit, exige une collaboration internationale pour garantir la protection des personnes victimes de divers trafics et de violences.  C’est pour cela que son pays lance à nouveau un appel au Conseil de sécurité pour qu’il mette fin à la situation.  S’il a reconnu l’action conjointe de l’Union africaine, de l’ONU et de l’Union européenne dans le groupe de travail chargé de faciliter le rapatriement des migrants détenus en Libye, il a appelé à prendre d’autres mesures et à utiliser d’autres recours pour gérer la situation. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a appuyé les mesures visant à unir la Libye et à stabiliser la situation politique, sous l’égide des Nations Unies.  Il a salué l’initiative de la Conférence de Palerme qui, en l’absence de grands progrès dans le processus de réconciliation intralibyen, a permis d’envoyer un message clair aux acteurs libyens à savoir qu’il est impératif de parvenir à des institutions publiques unifiées et efficaces.  « Tenant en haute estime M. Salamé », le représentant a soutenu ses efforts en amont de la conférence nationale et a appelé les acteurs libyens à faire preuve de responsabilité vis-à-vis de leur pays.  Il s’est dit préoccupé par la faible perspective du règlement des différends entre les différentes parties et par les attentats qui ont eu lieu aux alentours de Tripoli, lesquels prouvent que la situation échappe à tout contrôle.  Il est donc impératif de mettre en place des forces de sécurité nationales unifiées et efficaces.  Il est essentiel de coordonner les efforts internationaux en appui au dialogue intralibyen sous l’égide des Nations Unies, a conclu le représentant, en exprimant l’appui infaillible de son pays au processus politique libyen en vue d’une paix durable. 

M. WULFRAN G. DESIRE IPO (Côte d’Ivoire) a dit que la reprise des combats à Tripoli compromet la relative amélioration de la situation sécuritaire.  Le représentant a déploré et condamné les attaques sporadiques de Daech, notamment l’attentat du 25 décembre 2018 contre les locaux du Ministère des affaires étrangères.  Ces attaques interpellent le Conseil de sécurité sur la menace que représente ce groupe terroriste.  Sur le plan politique, le représentant a noté avec regret la persistance des divergences dans l’interprétation de la loi sur le référendum constitutionnel adoptée le 26 novembre 2018 par la Chambre des représentants.  Ces divergences pourraient retarder l’organisation des élections présidentielle et législatives convenue lors de la Conférence de Paris du 29 mai 2018.  Afin de garantir la tenue d’élections inclusives et crédibles, il est impérieux pour l’ensemble des acteurs d’œuvrer davantage à l’amélioration de la situation sécuritaire, à la reconquête des zones contrôlées par des groupes armés et des réseaux de trafiquants et à l’extension de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national.  Saluant les efforts du Représentant spécial du Secrétaire général en vue de l’organisation d’une conférence nationale au cours du premier trimestre 2018, le délégué l’a assuré du soutien de sa délégation. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a salué l’unité de la communauté internationale à la Conférence de Palerme et a réitéré le plein appui de son pays au Plan d’action des Nations Unies pour la Libye.  Elle a lancé un appel à tous les Libyens pour qu’ils ne ménagent aucun effort pour organiser la conférence nationale en 2019.  Cette conférence, a-t-elle estimé, sera l’occasion de consolider un consensus permettant de sortir de l’impasse actuelle et, dans un second temps, de tenir des élections présidentielle et législatives.  La représentante a mis l’accent sur l’importance de la pleine participation des femmes à la vie politique et économique, « essentielle » pour garantir la paix et la sécurité.  Elle a appelé tous les acteurs politiques et militaires libyens à renoncer à la force et a émis l’espoir que le Gouvernement d’accord national fera preuve de la détermination requise pour mettre en œuvre le Plan de sécurité pour le Grand Tripoli.  Il faut, a estimé la représentante, une approche globale face aux défis sécuritaires.  Il faut que tous les dirigeants politiques libyens s’emploient aux réformes politiques et sécuritaires lesquelles doivent s’accompagner des réformes économiques. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a regretté le « fiasco libyen » qui devait être réglé d’abord par les Libyens eux-mêmes soutenus d’abord par les Africains.  Le représentant a insisté sur le principe de « solutions africaines aux problèmes africains »; que le recours aux partenaires extérieurs ne visant qu’à compléter les efforts.  En tant que membre du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, l’Afrique du Sud, a dit le représentant, soutient les Nations Unies et l’Union africaine.  Le Président du Comité de haut niveau et le Président de la Commission de l’Union africaine ont réaffirmé leur désir commun d’aider toutes les parties prenantes à surmonter les crises graves auxquelles la Libye fait face.  Ils se sont mis d’accord pour relancer les préparatifs de la conférence nationale.  Sur le plan humanitaire, le représentant a soutenu l’appel du Secrétaire général pour le respect de tous les engagements pris dans le cadre de l’Accord de cessez-le-feu du mois de septembre 2018. 

Pour M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne), la priorité est d’appuyer le processus politique en Libye et cela passe par la tenue de la conférence nationale pour sortir de l’impasse actuelle et avancer sur la voie des élections présidentielle et législatives.  La communauté internationale doit être unie et soutenir le Représentant spécial, a exigé le représentant estimant que « si nécessaire, nous devons être prêts à exercer des pressions sur ceux qui chercheraient à faire dérailler le processus ».  Le représentant a dit penser à des sanctions ciblées, rappelant que le Conseil de sécurité avait d’ores et déjà accepté de telles mesures.  L’unité de la communauté internationale et en particulier du Conseil de sécurité demeure « essentielle » pour les Libyens « qui souffrent tant ».  Le processus politique exige aussi des efforts sur le plan institutionnel, a ajouté le représentant qui a cité la formation des forces de police.  Pour lui, la MANUL doit être aux commandes de la coordination des efforts multilatéraux et l’Allemagne est prête à y contribuer.  Le représentant a également mis l’accent sur l’urgence de la réforme économique, s’agissant du taux de change, de la lutte contre la contrebande de pétrole ou encore du marché noir des devises.  Il a insisté sur la participation des femmes aux processus politique et économique, avant de citer d’autres défis à relever: la lutte contre les flux d’armes légères et de petit calibre, la promotion des droits de l’homme, la question des personnes détenues sans procès et les conditions de détention avec ces milliers de migrants victimes « de traitements abjecte ».

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a estimé qu’il faut donner la priorité à la réconciliation nationale en Libye.  Les difficultés augmenteront si les centres de pouvoir à Tripoli et dans l’est travaillent à contre-courant.  Avoir un gouvernement d’entente nationale avec une seule armée, des agences de sécurité communes et des institutions financières et économiques centrales est essentiel pour stabiliser le pays et le préparer à un processus électoral démocratique.  Le Gouvernement, a encore estimé le représentant, devrait intensifier ses efforts pour dissiper l’appréhension légitime de tous les segments de la population.  La conférence nationale devrait offrir une bonne occasion de confronter les idées et de revigorer les efforts sur la manière dont l’Accord politique national peut donner lieu à des élections libres et crédibles.  Le représentant a appelé les partenaires nationaux et internationaux à jouer pleinement leur rôle pour que le Plan d’action des Nations Unies progresse sans heurt. 

Sur le plan sécuritaire, il a reconnu que la dualité des centres de pouvoir et la lutte pour le contrôle du pétrole et autres ressources ont exacerbé la situation, en laissant prospérer les groupes armés non étatiques.  Aucun effort ne doit être épargné: le Gouvernement, les groupes politiques et les milices doivent jouer un rôle positif dans l’intérêt de la sécurité de tous les Libyens.  La présence de milices et des terroristes, y compris Daech, reste un défi sérieux, a insisté le représentant.  Il a également parlé du développement, des droits de l’homme, de la justice transitionnelle et de l’état de droit, en appelant à une assistance de meilleure qualité.

M. JONATHA R. COHEN (États-Unis) a déclaré d’emblée que le statu quo est « intenable » en Libye.  Il a donc fermement appuyé le Représentant spécial et le recalibrage du Plan d’action des Nations Unies mais aussi l’appel à une conférence nationale qui se tiendrait au début de cette année, suivie par un processus électoral, au printemps.  Le représentant a exhorté tous les Libyens à saisir cette occasion pour surmonter l’impasse politique et a exprimé la disposition de son pays à aider la MANUL « là où il peut ».  Il n’y a pas de solution militaire à la crise, a-t-il martelé, s’opposant fermement à toute tentative de contourner le processus politique par la violence.  S’il faut faire vite, il faut aussi se garder des calendriers superficiels qui viendraient compliquer les efforts, a tout de même souligné le représentant.  Saluant les efforts des autorités libyennes sur le plan économique, il a rappelé qu’à leur demande, son pays a organisé la semaine dernière, à Tunis, la neuvième édition du Dialogue économique sur la Libye.  Il a encouragé le Gouvernement d’accord national à accélérer la mise en œuvre de la réforme monétaire et celle du système des subventions et à renouveler son engagement en faveur de la transparence fiscale.  Le pétrole libyen appartenant au peuple libyen, le représentant a condamné toutes les transactions illicites et a réaffirmé son ferme appui à une mise en œuvre robuste des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a aussi encouragé les autorités libyennes à poursuivre leur travail avec la MANUL pour renforcer les arrangements sécuritaires, en particulier à Tripoli, appelant tous les groupes à honorer leurs engagements en faveur de l’accord de cessez-le-feu et de sa consolidation.  Le représentant a tenu à rappeler à ceux qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité de la Libye que « le Conseil regarde et peut imposer des sanctions ».  Le gel des avoirs et l’interdiction de voyager imposés à MM. Jadhran et Badi montrent, a-t-il dit, « à quel point nous sommes sérieux et à quel point nous le resterons ». 

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a noté avec préoccupation la rigidité des positions en Libye, ainsi que la manque d’engagement de certains acteurs et la récurrence trop fréquente d’incidents violents.  Il a aussi regretté que les organes législatifs continuent de repousser l’élaboration des lois nécessaires pour faire avancer la transition politique, alors que 80% des Libyens se disent favorables à des élections libres et justes, selon M. Salamé.  « Dans ce contexte délicat, a-t-il dit, nous souhaitons saluer les développements promus par la MANUL pour tenir la conférence nationale au début de l’année ».  Espérant des résultats tangibles, il a aussi salué la Conférence de Palerme qui a réaffirmé l’engagement de la communauté internationale dans la mise en œuvre du Plan d’action des Nations Unies. 

Le représentant a également attiré l’attention sur les progrès urgents à accomplir parallèlement au processus politique, sur le plan économique notamment.  Il faut aussi poursuivre les efforts d’unification de la Banque centrale et de ses succursales en vue d’une gestion plus transparente et plus efficace.  Sur le plan humanitaire, il a jugé urgent de renforcer les efforts pour enregistrer les cas de détention arbitraire et illégale et faire cesser les tortures.  Il faut, a-t-il ajouté, prévenir de nouvelles escalades de la violence dans la capitale et dans d’autres zones du pays, la priorité étant de créer des forces armées et policières professionnelles, placées sous un commandement unifié.  La communauté internationale et les pays qui en ont les moyens doivent contribuer au rétablissement du monopole de la force en Libye.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a réitéré que l’objectif fixé à Palerme d’organiser la conférence nationale le plus rapidement possible, afin d’organiser des élections nationales d’ici le printemps, était essentiel.  « Nous devons accroître la pression à l’approche de cette échéance sur les principaux acteurs libyens pour qu’ils s’engagent à en respecter les résultats et à en mettre en œuvre les préconisations », a ajouté le représentant pour qui « un consensus politique large permettra de faire des élections tant attendues un outil d’apaisement et non une nouvelle source de tensions ».  La France est en outre préoccupée par la situation sécuritaire sur le terrain et la persistance de la menace terroriste, a poursuivi M. Delattre.  La nouvelle escalade de violence qu’a connue Tripoli ces derniers jours plaide pour une réelle mise en œuvre des arrangements sécuritaires, a-t-il estimé.  L’unification des forces armées libyennes sous l’autorité du pouvoir civil reste une priorité urgente.

Il est aussi essentiel dans ce contexte que les réformes économiques se poursuivent, centrées de façon prioritaire sur la dévaluation du dinar libyen, la réforme du système de subventions, la rationalisation de l’emploi public, le fonctionnement collégial de la Banque centrale libyenne et sa réunification et la gestion transparente des ressources, au bénéfice de tous les Libyens, a plaidé le délégué.  « Je veux rappeler une nouvelle fois que tous ceux qui menacent la paix, la sécurité e la stabilité de la Libye ou obstruent le processus politique s’exposent à des sanctions internationales », a-t-il averti.  C’est également le cas des responsables de trafic de migrants et de traite des êtres humains, ainsi que de prédation économique et de détournement de fonds publics, contre lesquels le Conseil de sécurité doit poursuivre son action. 

Enfin, a déclaré le représentant, la situation humanitaire reste très dégradée, en particulier la situation des migrants et réfugiés qui font l’objet de violations des droits de l’homme.  La France, a-t-il dit, réitère ses appels aux autorités libyennes à tout mettre en œuvre pour que les migrants et les réfugiés soient traités dignement.  « Nous les encourageons à poursuivre leur coopération avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés et l’Organisation internationale pour les migrations, à réviser la loi sur les réfugiés et à mettre en place un système d’enregistrement de ces derniers afin de les protéger », a conseillé le délégué pour qui « il y a urgence à progresser sur le chemin d’un règlement pacifique ».  Il est essentiel de maintenir notre plein soutien aux efforts de la MANUL et du Représentant spécial pour sortir de l’impasse institutionnelle et faire avancer la transition en Libye.  « Seules une stratégie intégrée sur les sujets politiques, économiques et sécuritaires ainsi que des élections, assorties d’un calendrier précis et ambitieux, sont à même d’ancrer la stabilité.  Le respect des engagements pris par les acteurs libyens est donc indispensable pour sortir du statu quo », a conclu M. Delattre. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a réaffirmé son attachement à la mise en œuvre du Plan d’action des Nations Unies pour la Libye amendé, tel que présenté devant le Conseil de sécurité le 8 novembre dernier, en plaidant pour des progrès sur les volets politique, de sécurité et économique, dans le cadre d’un processus inclusif mené par les Libyens eux-mêmes.  Il a soutenu les efforts du Représentant spécial et de la MANUL pour réunir la conférence nationale d’ici peu, appelant les acteurs libyens à coopérer de manière constructive avec la Mission.  « Il n’y a pas de solution militaire au conflit en Libye », a poursuivi le représentant en prônant une solution politique pour mettre fin à la violence et permettre de reconstruire des institutions fortes au bénéfice de tous les Libyens. 

En ce qui concerne la situation sécuritaire à Tripoli, il a appelé au respect strict des accords conclus en septembre.  Le représentant s’est également inquiété de la situation sécuritaire et socioéconomique dans le sud de la Libye.  Remarquant que « cette région a trop souvent été laissée pour compte », il a félicité le Représentant spécial de s’y être rendu pour la première fois.  Quant à la menace terroriste, il a souligné « les souffrances disproportionnées infligées aux enfants du fait du conflit armé en Libye » et a appelé à les protéger.  En outre, « cette situation sécuritaire difficile ne permet pas aux femmes de jouer le rôle qui doit être le leur dans le rétablissement de la paix et de la réconciliation », a ajouté le délégué en saluant les sanctions déjà prises par le Conseil de sécurité à l’encontre des trafiquants d’êtres humains.  Il a enfin appelé à accorder une attention prioritaire aux réformes économiques, avec notamment l’élaboration d’un budget unifié et responsable pour 2019.

M. YAO SHAOJUN (Chine) s’est dit préoccupé par les récents affrontements en Libye notamment dans la capitale, Tripoli.  La communauté internationale devrait redoubler d’efforts pour aider le pays à rétablir la sécurité, a estimé le délégué qui a ajouté qu’il faut régler la question libyenne par un processus politique.  Pour ce faire, il a insisté sur la nécessité de respecter l’indépendance et la souveraineté de la Libye.  Appelant toutes les parties libyennes à l’unité, il les a aussi exhortées à privilégier les intérêts nationaux libyens.  Se tournant vers la communauté internationale, il l’a appelée à aider les pays de la région à lutter ensemble contre le terrorisme en Libye.  Il a réitéré son appel aux pays voisins de la Libye à renforcer leur coopération avec l’ONU.  Le régime de sanctions, a-t-il conclu, doit servir le règlement pacifique et politique de la crise et ne pas léser les intérêts libyens.  À cet égard, le représentant a estimé qu’il faut examiner les plaintes de la Libye concernant le gel des avoirs. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a reconnu les résultats satisfaisants obtenus par la MANUL dans la négociation du cessez-le-feu à Tripoli, notant que des groupes armés se sont retirés dans de nombreuses installations publiques.  Il a également salué les efforts déployés par le Gouvernement d’entente nationale pour établir un plan de sécurité pour le Grand Tripoli, mais noté le niveau élevé d’insécurité dans les zones sud et ouest du pays.  Il a jugé urgent de renforcer et d’unifier les organismes de sécurité, notamment les forces armées et le personnel de police.  S’agissant de la situation politique, le représentant a souligné les bons offices de la MANUL dans la promotion d’une conférence nationale au début de 2019, se félicitant de la phase préparatoire, l’an dernier, qui a réuni des milliers de Libyens.  Il a misé sur cette conférence, y voyant un « outil pour trouver une sortie de l’impasse politique ».

Le représentant a salué la Conférence de Palerme de novembre dernier qui a rassemblé des représentants libyens et démontré l’intention de réaliser des changements en faveur de la paix et de la sécurité en Libye.  Il a appelé les acteurs politiques libyens à tenir leur engagement pour que puissent se tenir des élections présidentielle et législatives.  M. Singer a espéré un processus politique juste et inclusif, où les femmes puissent jouer leur rôle fondamental.  Enfin, il a insisté sur la nécessité de trouver une solution en Libye et lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle appuie les autorités libyennes dans le processus de renforcement des structures nationales.  Cet appui doit englober la tenue d’élections transparentes, justes et inclusives, a-t-il précisé, espérant des institutions fonctionnelles.

M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a affirmé que le peuple libyen espère que la première moitié de 2019 lui permettra de réaliser ses aspirations à un État démocratique, unifié et basé sur un consensus trouvé à la conférence nationale.  Il a appelé tous les grands partis politiques libyens à respecter les futurs résultats de cette conférence et a demandé au Conseil de sécurité de mettre un terme à toute ingérence étrangère en Libye, « ce qui n’a fait que prolonger la crise libyenne ». 

Les organisations terroristes qui opèrent en Libye sont une menace pour la Libye et le reste du monde, a poursuivi le représentant, en rappelant l’attaque lancée contre le Ministère des affaires étrangères en décembre dernier.  Pour lutter contre ces groupes, « la communauté internationale doit appuyer la Libye », a exigé le représentant en demandant notamment un meilleur partage des renseignements et des moyens pour permettre aux forces de sécurité libyennes d’agir. 

Les Libyens, en dépit de leurs divergences, rejettent ces groupes, a-t-il affirmé en expliquant qu’il est nécessaire de se débarrasser de l’emprise de ces groupes armés pour stabiliser les institutions publiques.  Le représentant a insisté sur la nécessité de s’opposer fermement à quiconque chercherait à mettre à mal les dispositions sécuritaires en Libye.  Il a ainsi appelé le Conseil à sévir et à punir les pays qui fournissent des armes aux factions qui ne font pas partie du Gouvernement d’entente nationale.

S’agissant des violations qui « viseraient » les migrants en Libye, le représentant a réfuté les accusations faites « dans certains rapports », même s’il a reconnu que certaines violations sont commises par des groupes armés affiliés à des groupes criminels transnationaux.  Il a toutefois catégoriquement rejeté toute accusation contre son gouvernement.

Une campagne a même été lancée contre les gardes côtes libyens, « ce qui nous laisse pantois », a poursuivi le représentant, alors qu’ils viennent au secours de migrants en haute mer.  Il a dit comprendre les raisons qui poussent à migrer, mais a tenu à souligner les conséquences néfastes que cela engendre, en particulier dans le sud de la Libye.  Quant aux des migrations, il a estimé qu’elles exigent une nouvelle approche et a regretté que la question des migrations illégales soit exploitée à des fins politiques.  En conclusion, il a appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures pratiques pour lutter contre ceux qui cherchent à saper la stabilité et la prospérité libyennes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: violations des sanctions et violences sexuelles, caractéristiques de la situation au Darfour

8446e séance – matin
CS/13668

Conseil de sécurité: violations des sanctions et violences sexuelles, caractéristiques de la situation au Darfour

Mme Joanna Wronecka, Présidente du Comité des sanctions au Soudan, créé en vertu de la résolution 1591 (2005), a attiré aujourd’hui l’attention du Conseil de sécurité sur le dernier rapport de son Groupe d’experts* et sur les informations collectées par la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, qui a effectué une visite au Darfour.

Le rapport du Groupe d’experts couvre la période allant du 13 mars au 23 novembre 2018 et ne parle donc pas de l’accord de prénégociation, salué aujourd’hui par tous les membres du Conseil de sécurité, qu’ont signé, le 6 décembre dernier à Berlin, le Gouvernement du Soudan, l’Armée de libération du Soudan/Minni Nimawi (ALS-MM) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE). 

Le Groupe d’experts indique plutôt que le principal fait nouveau intervenu, pendant la période couverte, a été la reprise des affrontements de grande ampleur dans la région du Jebel Marra entre l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW) et les forces du Gouvernement soudanais.  Khartoum, dit-il, continue de transférer du matériel militaire à ses diverses forces de sécurité au Darfour, en violation de l’embargo sur les armes puisqu’il n’a pas sollicité l’approbation préalable du Comité des sanctions.  Il n’a non plus mis en œuvre les mesures d’interdiction de voyager et de gel des avoirs. 

S’il est vrai, par ailleurs, que l’appui financier et logistique que le Soudan du Sud apporte aux groupes rebelles darfouriens a diminué, la Libye, prévient le Groupe d’experts, est devenue une source importante de financement.  La plupart des groupes armés darfouriens, prévient-il encore, ont consolidé leur présence en Libye.  Ces éléments ne peuvent certes mener des opérations de grande envergure dans leur pays d’origine mais ils renforcent leurs capacités militaires afin de retourner au Soudan lorsque l’environnement deviendra plus favorable, s’alarme le Groupe d’experts tout comme les membres du Conseil de sécurité aujourd’hui. 

Le mépris de l’embargo sur les armes par tous les groupes armés et le Gouvernement soudanais souligne la nécessité de se concentrer sur une bonne mise en œuvre du régime de sanctions, ont estimé les États-Unis, avant que la France ne souligne le caractère « indispensable » de ce régime qui vise à assurer des « comportements responsables », a ajouté la Pologne.  Comme plusieurs autres membres du Conseil, la Belgique s’est dite favorable à l’idée de faire de la violence sexuelle un critère à part entière pour désigner les personnes qui devraient être frappées par les sanctions.  La levée des sanctions, a renchéri le Royaume-Uni, est tributaire des mesures concrètes qui seront prises contre ces violations sexuelles. 

Dans ses échanges avec le Comité 1591 (2015), la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Pramila Patten, avait fait part d’une amélioration significative de la situation sécuritaire dans plusieurs parties du Darfour, tout en soulignant que les femmes et les filles font toujours face à des défis considérables.  Elle s’est tout de même dite optimiste quant au cadre de coopération dont l’objectif serait de prévenir et de remédier aux violences sexuelles commises en période de conflit.

Faire de ces violences un critère à part entière d’inscription sur la liste des personnes frappées par les sanctions, a prévenu la Fédération de Russie, risquerait de chambouler l’architecture du régime.  Elle a dit craindre que l’on serve des intérêts nationaux « bien éloignés des enjeux au Darfour ».  La Fédération de Russie a mis en garde contre l’idée de faire des Comités des sanctions des entités politisées au service des « occidentaux ».  Elle s’est en effet étonnée que certains membres du Conseil aient parlé aujourd’hui des manifestations qui viennent d’avoir lieu au Soudan, y voyant un acte d’ingérence dans les affaires intérieures soudanaises. 

Ces manifestations ne sont liées ni de près ni de loin au point qui nous préoccupe ici: le régime de sanctions, a argué le Soudan.  Comme la Chine, il a parlé d’une situation « stable » au Darfour grâce aux efforts de son gouvernement et dénonçant les informations fallacieuses que le Groupe d’experts a collectées auprès de sources « peu crédibles et partiales », il s’est enorgueilli d’une situation bien différente de celle qui prévalait en 2005, lorsque le régime de sanctions a été établi. 

Le Conseil, a rappelé le Soudan, a promis de réexaminer ce régime en fonction de la situation sur le terrain.  Nous espérons donc qu’au moment de renouveler le mandat du Groupe d’experts, il tiendra ses promesses.  Le représentant du Soudan a aussi appelé le Conseil à encourager tous les groupes armés à reprendre le dialogue avec son gouvernement.  Ce qui s’est produit dans le Jebel Marra, a-t-il expliqué, est la conséquence du refus de certains de ces groupes de normaliser la situation, préférant faire obstacle aux efforts de paix régionaux et internationaux.  Les États-Unis se sont en effet dit préoccupés par le but avéré des forces soudanaises de chasser l’ALS-AW de la zone.  « Fréquenter les non modérés ne fera que nuire au processus de paix », a prévenu la Fédération de Russie, exhortant les « parrains occidentaux » à réagir comme il se doit. 

*S/2019/34

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

Mme JOANNA WRONECKA, Présidente du Comité du Conseil de sécurité créé en vertu de la résolution 1591 (2015), a parlé des activités qui ont lieu entre le 4 octobre 2018 et le 17 janvier 2019.  Elle a ainsi indiqué que son Comité a eu, le 24 octobre, des consultations informelles avec la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Mme Pramila Patten, qui venait d’effectuer une visite au Soudan, a fait part d’une amélioration significative de la situation sécuritaire dans plusieurs parties du Darfour.  Elle a néanmoins souligné que les femmes et les filles font toujours face à des défis sécuritaires considérables.  Mme Patten s’est dite optimiste quant au cadre de coopération dont l’objectif serait de prévenir et de remédier aux violences sexuelles commises en période de conflit.  Ce cadre, qui devrait être mis en place bientôt, devrait mettre l’accent sur l’établissement des responsabilités comme « aspect central » de la dissuasion et de la prévention.  Mme Patten a déclaré que la fin des violences sexuelles, l’établissement des responsabilités pour ces crimes et la mise en œuvre de mesures spécifiques de prévention et de protection, comme le prévoit le cadre de coopération, sont des conditions préalables à la suppression des Forces armées soudanaises et des forces d’appui rapide de la liste des rapports du Secrétaire général. 

Le 17 novembre 2018, a poursuivi la Présidente du Comité des sanctions, le Groupe d’experts sur le Soudan a soumis son rapport final dont le Comité a débattu le 14 décembre 2018.  Ce rapport final, qui est paru sous la cote S/2019/34, a été transmis au Conseil de sécurité, le 10 avril 2019.  Mais ce rapport, a-t-elle précisé, ne parle pas des derniers développements du processus de paix au Darfour, notamment la signature, le 6 décembre 2018, par l’Armée de libération du Soudan/ Minni Minawi (ALS/MM) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) d’un accord de prénégociation avec le Gouvernement du Soudan, soutenu par l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD). 

Le Groupe d’experts a recommandé au Conseil de sécurité de demander aux factions belligérantes libyennes de cesser de coopérer avec les groupes armés du Darfour.  Le Groupe d’experts a aussi estimé que le Centre opérationnel régional de Khartoum (ROCK) et d’autres initiatives régionales similaires devraient aider les États Membres, comme partie intégrante d’une approche holistique et globale de la consolidation de la paix, de la gestion des frontières et de la recherche de solutions aux défis multisectoriels comme la traite des migrants. 

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a noté avec satisfaction l’amélioration de la situation sécuritaire au Darfour mais a déploré la recrudescence des violences sexuelles.  Les responsables de ces crimes doivent être traduits en justice devant les autorités compétentes, a-t-il martelé, en demandant aussi des mesures de protection des victimes.  Le représentant a reconnu que l’implication de groupes rebelles libyens au Darfour est une source de graves préoccupations.  Il a préconisé une collaboration plus étroite entre les différents Groupes d’experts et Comités des sanctions pour assurer un bon partage des informations.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s’est dit préoccupé par le fait que les groupes armés du Darfour cherchent des moyens financiers et militaires dans les pays voisins.  Il est temps de barrer efficacement l’accès de ces groupes armés aux sources de financement.  La communauté internationale, a poursuivi le représentant, doit faire pression sur les parties qui continuent de privilégier la guerre au détriment d’une paix durable.  La mobilisation des ressources, a-t-il prévenu, sera la clef d’une bonne transition du maintien de la paix au développement.  Il s’agit de s’attaquer aux racines du conflit et de mettre pleinement en œuvre le Document de Doha pour la paix au Darfour.  Le représentant a rappelé que les sanctions sont des mesures de dernier ressort qui doivent être assorties d’un calendrier clair et transparent.  Les sanctions et leur application doivent aussi être régulièrement évaluées, à l’aune de la situation réelle sur le terrain, a-t-il insisté.  Comme le mandat du Groupe d’experts est sur le point d’expirer, nous devons nous demander, a estimé le représentant, si les sanctions restent la ligne de conduite la plus sensée pour faire face à la situation au Darfour. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est inquiété de la reprise des combats dans le Jebel Marra et des violences sexuelles.  Il a tout de même relevé que le Gouvernement soudanais n’a ménagé aucun effort pour résoudre la crise comme en atteste une situation relativement stable, à l’exception de quelques conflits sporadiques, liés pour la plupart au contrôle des ressources naturelles.  Il faut, a-t-il dit, contrer les activités des groupes rebelles darfouriens qui opèrent en Libye, par une application effective du régime de sanctions.  Le Conseil de sécurité doit obtenir la cessation de la coopération entre les groupes armés darfouriens et libyens, a-t-il insisté.  Le représentant a conclu sur l’importance qu’il y a à élargir l’autorité de l’État, en particulier dans le domaine judiciaire, dans toutes les zones du pays, y compris les zones les plus reculées.

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a noté les propos de la Représentante spéciale du Secrétaire général qui mettent en lumière le problème actuel des violences sexuelles commises par des acteurs étatiques et non étatiques au Soudan.  Cette question, a-t-il souligné, mérite l’attention soutenue de la communauté internationale.  Le représentant a jugé la situation « alarmante », estimant « impératif » que le Gouvernement du Soudan mène des enquêtes et fasse rendre des comptes aux responsables.  Il a approuvé l’idée de donner plus de moyens au Groupe d’experts pour qu’il puisse mener des enquêtes, en particulier dans le Jebel Marra, y compris à Nertiti où plusieurs incidents ont été signalés.  Dans ce contexte, le représentant s’est félicité de l’engagement du Gouvernement soudanais à coopérer avec la Représentante spéciale.  Il a aussi salué l’engagement à assurer des progrès dans les domaines des droits de l’homme, un des six domaines clefs de la phase II du Cadre d’engagement bilatéral entre les États-Unis et le Soudan.  Le représentant s’est donc dit profondément préoccupé par la réaction du Gouvernement soudanais aux dernières manifestations.  Il a déploré le nombre de morts et de blessés graves, sans compter les détentions arbitraires d’un certain nombre d’activistes politiques et de manifestants.  Il a exhorté le Gouvernement à respecter la liberté d’association et de réunion, et à libérer tous les journalistes, les leaders de l’opposition, les activistes et toute autre personne détenue arbitrairement.  Il a aussi exhorté le Gouvernement à garantir des enquêtes indépendantes et transparentes sur les morts et la poursuite judiciaire de quiconque a fait un usage excessif de la force. 

Quant au rapport du Groupe d’experts, le représentant s’est dit préoccupé par les affrontements entre l’ALS-AW et les forces soudanaises dont le but avéré semble être de chasser les ALS-Abdul Wahid de la zone.  Les violations et abus des droits de l’homme, les tirs aveugles, les pillages et les destructions de biens sont inacceptables, a prévenu le représentant qui a appelé toutes les parties à cesser les hostilités.  S’il a jugé encourageant la baisse du soutien financier et logistique du Soudan du Sud aux rebelles darfouriens, le représentant s’est dit préoccupé par l’appui accru des groupes libyens.  Le mépris de l’embargo sur les armes par tous les groupes armés et le Gouvernement soudanais souligne la nécessité de se concentrer sur une bonne mise en œuvre du régime de sanctions, a-t-il estimé.  Il s’est d’ailleurs dit préoccupé par les tentatives du Gouvernement soudanais d’empiéter sur l’indépendance du Groupe d’experts, en imposant aux réunions des interlocuteurs non gouvernementaux. 

Le représentant a exigé le strict respect des sanctions et a appelé les factions libyennes à cesser leur coopération avec les groupes armés darfouriens.  Il a encouragé le Gouvernement du Soudan, le MJE et l’ALS/Minni Minawi à tirer parti de leur dernier accord sur un cadre de négociation et à avancer vers la cessation des hostilités et un accord politique.  Il a aussi appelé l’ALS-AW à parler avec le Médiateur en chef conjoint et à s’inscrire dans le processus de paix.

M. HAITAO WU (Chine) a constaté que la situation au Darfour demeure stable, grâce aux efforts du Gouvernement soudanais, citant notamment son ouverture aux groupes armés non signataires des Accords de Doha.  Quant au retrait progressif de la MINUAD, il a appelé la communauté internationale à veiller aux capacités du Gouvernement, notamment dans le domaine sécuritaire.  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, doit modifier le régime de sanctions en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain, l’objectif final étant de les lever.  Le représentant a appuyé les propositions de l’Union africaine pour trouver une solution à la crise.  Il n’a pas manqué de rappeler que la Chine est le principal fournisseur de contingents de la MINUAD.

M. MANSOUR AYYAD SH.  A.  ALOTAIBI (Koweït) a estimé, à son tour, que le moment est venu de réexaminer le régime de sanctions en vue de sa levée progressive à l’aune de l’évolution de la situation sur le terrain.  Au Darfour, a-t-il souligné, le dialogue politique reste la seule option et le Document de Doha est le socle de l’avenir du Darfour.  Le représentant a pressé le Conseil de sécurité d’envisager dès l’année prochaine la levée des sanctions. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit préoccupé par le fait qu’en dépit de l’amélioration de la situation sécuritaire dans de nombreuses régions du Darfour, les violences sexuelles soient en hausse, avec des victimes réticentes à les signaler.  Il est temps, s’est-il impatienté, que les sanctions s’appliquent aussi aux auteurs de ces violences.  Les sanctions ciblées peuvent être un outil efficace, a insisté le représentant qui s’est aussi inquiété de voir de nombreux groupes rebelles darfouriens recevoir des financements d’autres pays de la région.  Toutes les parties doivent respecter les sanctions, en particulier l’embargo sur les armes et le gel des avoirs.  Après avoir appelé le Gouvernement soudanais à coopérer pleinement avec le Groupes d’experts, le représentant s’est dit inquiet de la reprise des combats dans le Jebel Marra.

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a, dans le contexte des contestations sociales actuellement en cours au Soudan, appelé les autorités soudanaises à garantir le droit à la liberté de réunion, d’association et d’expression.  Toutes les parties devraient faire preuve de retenue et s’abstenir de tout nouveau recours à la violence afin d’apaiser la situation, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite déploré la recrudescence, cette année, des affrontements dans le Jebel Marra et a souligné que les autorités soudanaises et les groupes armés doivent impérativement avancer dans le processus de paix.  Il a, entre autres, appelé à traiter de la question foncière, de celle de l’accès aux ressources naturelles et du rétablissement de l’état de droit.  Après avoir salué la signature, le 6 décembre dernier, d’un accord de prénégociation entre le Gouvernement et certains groupes armés, M. Michon s’est dit très préoccupé par la question des violences sexuelles.  Il a salué la « contribution précieuse » de la Représentante spéciale et jugé qu’il faut que les auteurs et les responsables de ces violences rendent des comptes.  Il a encouragé les victimes à porter plainte et a dit tenir à des enquêtes et à des poursuites.  Le représentant a aussi dit nourrir de fortes inquiétudes concernant l’accès humanitaire, jugeant indispensable de mettre en place un régime de cessez-le-feu robuste.  Concernant la perspective de retrait de la MINUAD, M. Michon a souligné qu’après son départ, les observateurs des droits de l’homme doivent avoir accès à tout le territoire, notamment aux zones les plus reculées.  Il a également rappelé « à quel point » le régime de sanctions sur le Soudan est « indispensable ».

M. DIRK SCHULTZE (Allemagne) a déploré l’absence de consensus autour du rapport de la Présidente du Comité des sanctions.  Il aurait dû être plus long, a précisé le représentant qui a dit tenir au maintien du régime de sanctions.  Il a salué la signature, à Berlin, de l’accord de prénégociation entre le Gouvernement et des groupes armés mais s’est toutefois inquiété de la persistance de défis sécuritaires et du fait que le cessez-le feu unilatéral n’ait pas encore été prolongé par le Gouvernement soudanais.  Il a averti d’un risque d’essoufflement dans les efforts pour résoudre la crise.  Parlant ensuite des manifestations qui viennent d’avoir lieu au Soudan, il a rappelé que les différences d’opinions ne sauraient être réprimées par la force.  Il a conclu en appelant à l’unité du Conseil de sécurité.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est dite préoccupée par la poursuite des violences sexuelles et sexistes au Soudan et a appelé le Gouvernement à les faire cesser et à prendre des mesures contre leurs auteurs.  La représentante s’est aussi dite préoccupée par les conséquences des affrontements entre les forces gouvernementales et les groupes armés.  Elle a déploré les violations de l’embargo sur les armes par le Gouvernement et tous les groupes armés.  Les sanctions, a-t-elle martelé, sont des outils qui visent à assurer des comportements responsables.  Elle a donc rappelé les recommandations du Groupe d’experts selon lequel le Conseil de sécurité doit continuer de réviser les mesures prises en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. 

Pour M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), la situation au Darfour suit une tendance positive mais requiert toujours la vigilance du Conseil de sécurité.  Il s’est dit préoccupé par les violences constatées à l’occasion de manifestations récentes dans tout le pays ainsi que par les conséquences que la situation politique au Soudan pourrait avoir sur le processus de paix au Darfour.  Il en a profité pour appeler toutes les parties à s’inscrire dans le processus de paix.  Il a souligné qu’au moment où le Conseil réfléchit à une stratégie de retrait de la MINUAD, les souffrances de la population ne sont pas terminées.  Les violences sexuelles liées au conflit frappent toujours en particulier les femmes et les filles qui n’ont pas accès à un recours judiciaire.  Le représentant a appelé le Gouvernement soudanais à renforcer ses capacités nationales pour un soutien juridique, médical et psychosocial des victimes de ce type de violence.  Dans ce cadre, la Belgique apporte son soutien au travail de la Représentante spéciale et s’engage à poursuivre sa collaboration avec elle, notamment dans le cadre des réunions des Comités des sanctions. 

La Belgique, a indiqué le représentant, est favorable à l’idée de faire de la violence sexuelle un critère de désignation à part entière et cela signifie que les experts travaillant pour les Comités des sanctions doivent être formés dans cette matière.  Le représentant a jugé nécessaire une collaboration similaire avec la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé.  Parmi les autres éléments relevés par le Groupe d’experts, le représentant a cité la persistance des groupes armés à l’extérieur du Soudan dont les combattants offrent leurs services au plus offrant, et vu leur grande mobilité, posent une menace pour toute la région, y compris le Soudan lui-même.  Il a également soulevé la question de la circulation d’armes à partir du Darfour, appelant à endiguer ce trafic.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a salué les progrès en termes de sécurité dans la région du Darfour, et a félicité la MINUAD pour le rôle qu’elle a joué.  Il en a profité pour dire que malgré son retrait annoncé, tel que prévu par la résolution 2429 (2018), la MINUAD doit continuer à assurer la protection des personnes les plus vulnérables, en particulier les personnes déplacées, et à lutter contre les violences sexuelles.  Le représentant a salué les avancées du processus de paix et la mise en œuvre du Document de Doha pour la paix au Darfour.  Il a exhorté toutes les parties à rester engagées dans le processus de négociation sous les auspices du Groupe de haut niveau de l’Union africaine.

Le représentant a demandé au Conseil de reconnaître les progrès réalisés sur le terrain et à les refléter dans les mesures imposées par la résolution 1591 (2005).  Cela ne signifie pas qu’il n’existe plus d’éléments qui requièrent l’attention du Conseil, a-t-il reconnu, citant à titre d’exemple les violations continues de l’embargo sur les armes.  Il a encouragé la MINUAD à poursuivre son assistance technique et logistique à la Commission du désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) du Soudan.  Le représentant n’a pas manqué d’exprimer son inquiétude face à la présence de plus en plus marquée de groupes armés darfouriens en Libye, notant que les violations de l’embargo sur les armes risquent d’alimenter davantage les conflits dans la région.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a qualifié la situation au Darfour de positive, notant une situation sécuritaire stable et la fin des affrontements interconfessionnels.  Il a souligné qu’il n’y a aucune alternative au Document de Doha et s’est félicité de la signature, le 6 décembre, à Berlin d’un accord de prénégociation entre le Gouvernement et des groupes armés.  Il a en revanche déploré la position affichée par Abdul Wahid Mohamed al Nur et prévenu que « fréquenter les non modérés ne fera que nuire au processus de paix ».  Il a donc exhorté les « parrains occidentaux » à réagir comme il se doit.  Le représentant a appelé à une feuille de route pour la levée des sanctions.  L’assouplissement du régime de sanctions doit aller de pair avec le retrait des Casques bleus, a-t-il estimé, citant en exemple ce qui s’est fait en Érythrée.  Il a regretté les appels au renforcement des sanctions à cause des violences sexuelles.  Faire de ces violences un critère à part entière d’inscription sur la liste des individus frappés par les sanctions risquerait de chambouler l’architecture du régime, a-t-il estimé, craignant que l’on privilégie des intérêts nationaux « bien éloignés des enjeux au Darfour ».

Le représentant a regretté que certains membres du Conseil aient parlé des manifestations qui viennent d’avoir lieu au Soudan, alors que cette question n’est inscrite nulle part dans l’ordre du jour de la réunion.  Il a vu là un acte d’ingérence dans les affaires intérieures du Soudan et a rejeté l’idée de faire des Comités des sanctions des entités politisées au service des « occidentaux ».  Il faut réviser le régime de sanctions, a-t-il martelé en conclusion.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a demandé aux États Membres d’appliquer le régime de sanctions et de faire toute la transparence sur leur application.  Il s’est opposé à l’interprétation que fait la Fédération de Russie de ce régime.  Le Royaume-Uni, a-t-il souligné, continuera d’agir de manière positive et les autres doivent en faire autant.  Le délégué a pris note des préoccupations du Groupe d’experts quant aux ingérences du Gouvernement soudanais auquel il a demandé de respecter l’indépendance des organes du Conseil.  Constatant la poursuite des affrontements entre les forces gouvernementales et les groupes armés, le représentant a insisté sur le respect de l’embargo sur les armes par toutes les parties, Gouvernement et groupes armés.  Quant aux violences sexuelles imputées à toutes les parties, il a souligné l’urgence qu’il y a à mettre sur pied rapidement le cadre de coopération.  La levée des sanctions est tributaire des mesures concrètes qui seront prises sur les violations sexuelles, a martelé le représentant qui a aussi dénoncé la violence des forces de sécurité soudanaises contre les manifestants, y compris dans les hôpitaux.  Le Gouvernement doit faire preuve de retenue, a-t-il exigé, soulignant une nouvelle fois, l’importance du régime de sanctions. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué la signature, le 6 décembre, à Berlin, de l’accord de prénégociation entre le Gouvernement du Soudan et des groupes armés et s’est félicité de l’évolution positive de la dynamique régionale.  Il s’est en revanche inquiété des affrontements en cours dans le Jebel Marra et de leurs conséquences humanitaires.  Le représentant s’est aussi dit préoccupé de la vulnérabilité des femmes et des filles aux violences sexuelles.  Il a par ailleurs dénoncé les violations continues, par le Gouvernement soudanais et les groupes armés, de l’embargo sur les armes, ainsi que l’absence de mesures pour faire respecter le gel des avoirs et l’interdiction de voyager.  Il a exhorté le Gouvernement et les parties concernées à mettre un terme aux violences sexuelles et à assurer un mécanisme d’établissement des responsabilités efficace pour les auteurs de ces crimes.

M. MAGDI AHMED MOFADAL ELNOUR (Soudan) a insisté sur le caractère « crucial » du processus de paix au Darfour pour son gouvernement qui est disposé à reprendre les discussions avec les autres protagonistes.  Le Conseil de sécurité, a-t-il dit, devrait encourager ces groupes armés à reprendre le dialogue.  Ce qui s’est produit dans le Jebel Marra, a-t-il expliqué, est la conséquence du refus des groupes armés de normaliser la situation, préférant faire obstacle aux efforts de paix régionaux et internationaux.  Le conflit au Darfour est un conflit pour le contrôle des ressources, a martelé le représentant.  Pour y mettre un terme, il faut s’attaquer à ce problème.

Venant au régime de sanctions, il a confirmé l’engagement de son gouvernement à collaborer avec les organes des Nations Unies dès lors qu’ils respectent leur mandat et la souveraineté du Soudan.  Le représentant a donc relevé des informations fallacieuses dans le rapport du Groupe d’experts, lesquelles, a-t-il dit, ont été collectées auprès de sources « peu crédibles et partiales ».  La situation au Darfour a changé et elle est bien différente de celle qui prévalait en 2005 lorsque le régime de sanctions avait été établi, a-t-il plaidé, ajoutant que la situation au Darfour n’a cessé de s’améliorer. 

Le Conseil l’a d’ailleurs reconnu, a-t-il relevé, puisqu’il envisage la diminution des effectifs de la MINUAD et son retrait définitif d’ici à juin 2020.  De son côté, le Gouvernement redouble d’efforts pour stabiliser la situation sécuritaire et mettre la fin à la violence, sans oublier de renforcer l’état de droit.  Le Conseil, a rappelé le représentant, a promis de réexaminer le régime de sanctions en fonction de la situation sur le terrain.  Nous espérons donc qu’au moment de renouveler le mandat du Groupe d’experts, le Conseil réexaminera ce régime.  Le Darfour a pour voisins trois États en conflit.  Sa stabilité est donc essentielle, a souligné le représentant.

Pour ce qui est des manifestations au Soudan, le représentant a assuré que son gouvernement est prêt à donner aux citoyens un espace d’expression.  C’est dans le cadre de la Constitution qu’il protège la vie et les biens publics des actes de sabotage et de violence perpétrés par certains manifestants.  Mais, a tenu à rappeler le représentant, ces manifestations ne sont liées ni de près ni de loin au point qui nous préoccupe ici: le régime de sanctions. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: des progrès et des retards dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix au Mali, dans un contexte sécuritaire préoccupant

8445e séance – matin
CS/13665

Conseil de sécurité: des progrès et des retards dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix au Mali, dans un contexte sécuritaire préoccupant

La Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix a indiqué ce matin, devant le Conseil de sécurité, que les avancées soulignées dans le rapport* du Secrétaire général sur la situation au Mali portent sur des questions centrales au processus de paix.  Elle a souligné le rôle politique essentiel de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), avant d’avertir que la situation sécuritaire à Gao et à Mopti, dans la région du centre, risque d’entraver la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  La Ministre malienne des affaires étrangères a pourtant témoigné de la détermination des parties signataires à œuvrer pour l’application de cet Accord.

De retour d’une visite effectuée le mois dernier dans le pays, Mme Bintou Keita a tout d’abord salué la dynamique constructive qui domine les relations entre les parties, et l’accent mis, depuis la tenue de l’élection présidentielle l’été dernier, sur la mise en œuvre de l’Accord, moyennant notamment la création, en septembre, d’un ministère de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale, qui a pour vocation de coordonner l’action menée par le Gouvernement en vue d’appliquer l’Accord.

« Le Gouvernement et les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali constituent désormais une seule partie malienne, qui parle d’une seule voix, déterminée à faire la paix après six ans de crise institutionnelle », a d’ailleurs déclaré la Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, Mme Kamissa Camara, invitée à participer à cette séance d’information.

« Priorité des priorités », selon la France, la nécessité de la pleine mise en œuvre de l’Accord n’a cessé d’être soulignée par les membres du Conseil de sécurité, d’autant plus à l’approche de l’expiration, en mars, du délai de six mois édicté par la résolution 2423 (2016) pour mettre en œuvre les mesures prioritaires prévues par le texte.  La Fédération de Russie a en outre estimé que si des mesures supplémentaires sont prises avant cette date butoir, notamment en matière de désarmement-démobilisation-réintégration (DDR) et d’administration du territoire, les élections législatives reportées à l’été 2019 pourront se dérouler dans des conditions propices.

De nombreux membres, dont l’Allemagne, ont d’ailleurs salué les progrès réalisés en termes de DDR.  La création d’administrations intérimaires au niveau des districts ainsi que l’établissement du nouveau ministère ont également été cités par les délégations.  Le Royaume-Uni a cependant constaté que de nombreux administrateurs tardent encore à rejoindre leur zone de fonction, notant aussi une certaine impatience quand les étapes de mise en œuvre de l’Accord sont manquées.

Mais pour la France, le cœur de la réponse à la crise actuelle, c’est le redéploiement de la présence et de l’autorité de l’État dans le centre du Mali.  La délégation française a donc jugé crucial que la communauté internationale apporte tout le soutien nécessaire au Gouvernement malien dans sa stratégie de reconquête de cette partie du pays.  Elle a suggéré, pour les prochaines semaines, d’entamer une réflexion sur la bonne adéquation entre les moyens dont dispose la MINUSMA, son mandat et les besoins qui existent dans la région du centre. 

Le renforcement de la présence de l’État dans l’ensemble du territoire passe par des capacités renforcées en matière de sécurité, comme l’ont fait remarquer notamment la Chine et le Pérou.  Pour la Côte d’Ivoire, « cette situation appelle de la part du Conseil de sécurité des mesures urgentes en vue du redéploiement des institutions policières et judiciaires, devant permettre à l’État malien d’assurer pleinement ses fonctions régaliennes ».

La Ministre malienne a affirmé que des mesures « immédiates et énergiques » avaient été prises pour mettre un terme aux affrontements intercommunautaires dans le centre du pays, citant par exemple le déploiement, en 2018, de 13 000 hommes, « dont la moitié dans le centre du pays », et la création de 16 nouveaux postes de sécurité.  Le Gouvernement s’attèle aussi à mieux encadrer les parcours pastoraux pour minimiser les risques de tensions entre éleveurs et agriculteurs, a-t-elle ajouté.

« Cependant, nous sommes conscients que les mesures sécuritaires ne suffiront pas, notamment dans un contexte où les groupes terroristes travaillent sans relâche pour détruire la cohésion sociale et affaiblir l’État », a-t-elle indiqué, avant de parler de l’intention du Gouvernement de bâtir un consensus national pour arriver à des solutions partagées par l’ensemble de la nation malienne.  La Ministre a en outre jugé essentiel de poursuivre les efforts de développement afin d’améliorer les conditions de vie des populations.

À l’instar de la Fédération de Russie, qui remarquait que le « facteur libyen » continuait d’exacerber la situation au Mali, plusieurs membres du Conseil ont souligné que la paix et la stabilité du pays ne pourront être assurées qu’en renforçant la coopération entre l’ensemble des pays de la région, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.  L’Afrique du Sud a pour sa part suggéré la création à l’ONU d’un bureau d’appui à la Force conjointe du G5 Sahel. 

* S/2018/1174

LA SITUATION AU MALI (S/2018/1174)                               

Déclarations

La Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Mme BINTOU KEITA, a informé les membres du Conseil de sécurité de sa dernière visite au Mali, il y a un mois, au cours de laquelle elle a été encouragée par la dynamique constructive qui domine les relations entre les parties.  Elle a ajouté que de l’avis général, depuis la tenue de l’élection présidentielle en juillet et août derniers, un accent particulier a été constaté dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord.  La détermination des parties signataires s’est illustrée, entre autres, par la création en septembre d’un ministère chargé du suivi de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et par la signature du Pacte pour la paix. 

Mme Keita a poursuivi son exposé en indiquant qu’il était trop tôt pour évaluer pleinement l’impact des sanctions prises par le Conseil de sécurité en décembre contre trois personnes qui entravent la mise en œuvre de l’Accord de paix.  « Il est juste de dire que les parties ont pleine conscience du sentiment de frustration du Conseil et de son impatience vis-à-vis des retards persistants dans la mise en œuvre de l’Accord », a-t-elle dit avant de souligner les efforts en cours pour accélérer la mise en œuvre de mesures clefs de l’Accord.  Mme Keita a aussi jugé positif de constater, au travers des entretiens avec les parties, que la MINUSMA continue d’être perçue comme jouant un rôle politique essentiel, œuvrant avec toutes les parties pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord.

La Sous-Secrétaire générale a fait remarquer que les avancées soulignées dans le rapport du Secrétaire général portent sur des questions centrales au processus de paix, notamment les réformes institutionnelles envisagées par l’Accord.  La reconstitution et la réforme des forces de défense et de sécurité sont essentielles pour asseoir une paix durable au Mali, selon elle.  Elle a mentionné le lancement, en novembre dernier, d’un processus de démobilisation, désarmement et réintégration accéléré, qui constitue un premier pas concret dans cette direction.  La tenue d’un atelier de haut niveau sur la réforme du secteur de la sécurité en décembre a également permis des avancées sur des questions importantes.

Sur le plan des réformes institutionnelles visant à renforcer la décentralisation, Mme Keita a salué l’organisation en novembre de consultations sur le découpage administratif, « une première étape dans la conduite de la réforme territoriale ».  Le dialogue doit se poursuivre en vue d’obtenir un consensus sur ces réformes, a-t-elle dit avant d’inviter le Gouvernement et la classe politique issue de l’opposition et de la majorité, à poursuivre leurs efforts en vue d’assurer plus d’inclusivité dans ces discussions. 

En matière de réconciliation nationale, a informé la Sous-Secrétaire générale, l’Assemblée nationale a reporté les discussions sur la loi d’entente nationale à une date ultérieure pour permettre plus d’inclusion.  Mme Keita a exhorté les parties à poursuivre les efforts en soutien au processus de réconciliation, arguant que cela est indispensable pour « concrétiser la vision d’un Mali uni, ancré solidement sur le chemin de la paix ».  Dans ce contexte, a-t-elle rappelé, la lutte contre l’impunité doit demeurer au premier plan.  Elle ne saurait faire l’objet d’un compromis qui remettrait en cause les avancées réalisées en matière de réconciliation.  Mme Keita a également prôné un dialogue constructif et inclusif entre les acteurs de la classe politique -y compris avec la société civile, les femmes et les jeunes- pour mener à terme les ambitieux chantiers de réforme prévus par l’Accord de 2015.

Mme Keita a également fait part de sa grave préoccupation concernant la situation sécuritaire à Gao et à Mopti, qui présente un défi majeur à la mise en œuvre de l’Accord de paix.  En outre, le Mali a connu l’année dernière l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés en particulier dans le centre du pays.  La MINUSMA et le Service de la lutte antimines de l’ONU continuent de soutenir les autorités maliennes en fournissant des conseils, des formations et des équipements spécialisés pour atténuer les risques.  Réitérant ses inquiétudes face à la détérioration de la situation sécuritaire dans le centre du pays, elle a indiqué que la MINUSMA encourage le Gouvernement à définir les paramètres politiques sur la question du centre du pays.  La Mission renforce son soutien au Gouvernement pour répondre à l’évolution rapide de la situation et pour protéger les civils en coordination avec l’équipe de pays des Nations Unies. 

La détérioration de la situation a fait augmenter le nombre des personnes déplacées de 75% entre décembre 2018 et juin 2018, a aussi indiqué Mme Keita.  Dans l’ensemble, la situation humanitaire au Mali reste grave avec 2,3 millions de personnes vulnérables qui sont visées par le plan de réponse humanitaire de 2019, tandis que plus de 800 écoles sont fermées en raison de l’insécurité.  Mme Keita a réitéré l’appel du Secrétaire général à l’intention des acteurs nationaux, régionaux et internationaux pour qu’ils redoublent d’efforts pour répondre aux menaces multiples au Mali et dans toute la région du Sahel. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali devait demeurer « la priorité des priorités ».  Il a cité le cadre clair établi à cet égard par la résolution 2423 (2016), qui définit une liste précise de mesures à mettre en œuvre au plus tard six mois après la date d’investiture du Président malien qui arrivera à échéance le 4 mars prochain.  Saluant les premiers progrès concrets, le délégué y a vu « une dynamique positive » et souhaité la voir confirmée suffisamment rapidement pour « que la Mali soit à l’heure du rendez-vous de mars ».  Il a cependant averti que les attentes fixées par le Conseil ne sont pas encore atteintes: des progrès importants restent à réaliser et il reste peu de temps pour cela.  Il a invoqué la responsabilité du Conseil de continuer à accompagner la mise en œuvre de l’Accord en mobilisant l’ensemble des outils dont dispose la communauté internationale pour encourager les parties à avancer. 

Le cœur de la réponse à la crise actuelle, selon la France, c’est le redéploiement de la présence et de l’autorité de l’État dans le centre du Mali.  « Nous saluons les récents déplacements du Président Keïta et du Premier Ministre dans la région, et leur mobilisation en ce sens. »  Le représentant a souhaité que ces efforts se poursuivent et s’amplifient.  Il a aussi jugé crucial que la communauté internationale apporte tout le soutien nécessaire au Gouvernement malien dans sa stratégie de reconquête du Centre.  La MINUSMA, à son avis, doit continuer à appuyer les efforts engagés, à la hauteur de ses moyens et dans le cadre de son mandat.  À cet égard, M. Delattre a souhaité que s’engage, dans les prochaines semaines, une réflexion sur la bonne adéquation entre les moyens dont dispose la Mission, son mandat et les besoins qui existent dans cette région. 

Le représentant a insisté sur le fait que la stabilisation du Mali et de sa région ne peut passer que par une action complémentaire et coordonnée des différentes présences de sécurité sur place, « qui partagent toutes le même objectif de soutenir la mise en œuvre de l’Accord ».  Il a illustré l’intérêt de cette approche partenariale en citant l’appui apporté par l’opération Barkhane à la MINUSMA lors de l’attaque du camp de Ber, la coopération entre les différentes présences de sécurité en matière de lutte anti-engin explosif improvisé, ou encore le soutien opérationnel et logistique régulièrement échangé entre les différents acteurs.  Enfin, il a réitéré que l’urgence est aujourd’hui la mise en œuvre de l’Accord de paix, avec l’expiration prochaine du délai de six mois pour mettre en œuvre les mesures prioritaires.

M. MANSOUR AYYAD SH.  A.  ALOTAIBI (Koweït) a abordé la question de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et salué les progrès réalisés dans le processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et d’intégration, ainsi que la tenue de la deuxième réunion de haut niveau pour la mise en œuvre du volet sécuritaire de cet accord.  Il a également salué le leadership du Premier Ministre malien, notamment pour la création d’un nouveau ministère qui a pour vocation de coordonner l’action menée par le Gouvernement en vue d’appliquer l’Accord.  Il a appelé toutes les parties à poursuivre leurs efforts pour réaliser la paix au Mali, notamment en respectant toutes les exigences de l’Accord.  Rappelant la feuille de route du 22 mars 2018, le Pacte pour la paix, il a exhorté toutes les parties à s’en tenir aux dispositions de ce document.

Le Koweït, a poursuivi le délégué, souligne l’importance du renforcement de la confiance entre les parties à l’aune des élections législatives.  Gravement préoccupé face à la détérioration de la situation sécuritaire dans un grand nombre de régions du Mali, le représentant a souhaité une réponse globale et intégrale pour rétablir la stabilité, notamment au centre du pays.  Il a rendu hommage au rôle de la MINUSMA qui assiste les différentes parties dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  En outre, le Koweït encourage la Force conjointe du G5 Sahel à poursuivre la lutte contre le terrorisme dans la région et se dit prêt à discuter des différents moyens permettant de lui assurer un financement durable.  Enfin, pour répondre à la crise humanitaire, le Koweït préconise des investissements dans le développement du Mali, notamment par le truchement de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  Le Koweït est favorable au renouvellement du mandat de la MINUSMA, a conclu le représentant.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a salué les progrès récents réalisés dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, citant notamment les avancées enregistrées par le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et la création d’un groupe de travail sur la participation des femmes aux processus de paix.  Il n’en a pas moins réclamé des mesures rapides pour aboutir à la pleine mise en œuvre dudit Accord, prônant pour cela des mesures intérimaires.  Il a remarqué cependant que de nombreux administrateurs tardent encore à rejoindre leur zone de fonction, notant aussi une certaine impatience alors que les étapes de mise en œuvre de l’Accord continuent d’être manquées.

Le représentant a ensuite dit être profondément préoccupé par le nombre important de civils qui continuent d’être victimes d’attentats.  Il a salué les mesures prises pour rétablir la présence de l’État dans le pays, tout en estimant que pour répondre à l’insécurité dans le centre du Mali, une politique de sécurité globale pour cette région doit être établie.  Il a par ailleurs salué les mesures prises pour assurer la stabilité du Mali, tout en estimant que des mesures s’imposent pour mettre en œuvre l’Accord pour la paix de manière inclusive et durable.  Il a également fait savoir que le Royaume-Uni avait déployé des hélicoptères au sein de l’opération Barkane.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a rappelé que son pays avait soutenu le Mali depuis le début de la crise en 2012 et que, à ce jour, la MINUSMA représentait le principal déploiement de soldats allemands dans le contexte des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Cette Mission joue, selon lui, un rôle clef dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Pour ce qui est du processus politique, il a estimé que la MINUSMA ne peut qu’en appuyer la mise en œuvre, mais ne saurait s’y substituer.  Il a salué l’évolution positive de la situation -notamment en termes de désarmement, démobilisation, réintégration et intégration- même s’il reste encore beaucoup à faire en matière de sécurité.  L’Allemagne encourage une plus forte participation des femmes au processus de paix au Mali, et, dans ce contexte, elle salue la présence de la Ministre des affaires étrangères malienne à cette séance, a dit le délégué.

Notant que la situation sécuritaire au centre du pays reste précaire, le représentant a appelé à y restaurer la confiance de la population vis-à-vis des organes étatiques.  Pour cela, il a renvoyé à l’étude menée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) intitulée « La route vers l’extrémisme », qui explique clairement les facteurs qui poussent les jeunes à rejoindre les rangs des extrémistes.

Concernant la MINUSMA, l’Allemagne salue les efforts consentis pour garantir la sécurité des soldats de la paix et appuie l’application du rapport Cruz dans ce domaine.  Pour ce qui est du renouvellement de son mandat, elle prône un mandat réaliste et une meilleure utilisation de ses composantes civiles et militaires.  Il faut analyser les facteurs de risques, y compris les conséquences sécuritaires des changements climatiques qui peuvent engendrer des conflits, a ajouté le représentant.

M. VASSILY A.  NEBENZIA (Fédération de Russie) a relevé une situation politique toujours stable et espéré que d’ici le mois de mars, lorsque l’on fera le bilan de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, des mesures supplémentaires auront été prises en matière de DDR et d’administration du territoire.  Si cela est accompli, les élections législatives reportées à l’été 2019 se dérouleront dans des conditions propices, a-t-il avancé.  Il a ensuite appelé le Gouvernement et la MINUSMA à sensibiliser les populations sur l’Accord et sur le travail de la Mission.  L’adoption de nouvelles sanctions ne permettra pas de garantir la mise en œuvre de l’Accord, a-t-il par ailleurs estimé. 

Le représentant s’est ensuite préoccupé de l’augmentation du nombre d’attentats terroristes, notant également que les conflits interethniques et communautaires dans le nord font rage, d’où l’importance, a-t-il ajouté, d’y garantir la sécurité de l’État.  Il s’est aussi inquiété de la détérioration de la situation humanitaire, notant que le nombre de personnes nécessitant une aide a augmenté de 150% cette année.  Il a appelé la communauté internationale à répondre aux appels de financement de l’aide humanitaire.  Faute d’options, la jeunesse n’aura pas d’autre choix que de se tourner vers les groupes terroristes et extrémistes, a-t-il prévenu.  Le représentant a en outre souligné que le règlement de la situation au Mali permettrait d’assurer la stabilité de la région, tout en notant que le « facteur libyen » continue d’exacerber la situation.  Il a appelé à développer des mesures pour combattre le terrorisme à l’échelon régional, notamment par le biais du G5 Sahel.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) s’est dit encouragé par l’évolution positive de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et a félicité le Président Keita pour son leadership, ainsi que le Premier Ministre, M. Maiga, pour son engagement en ce sens.  Il a appelé toutes les parties à redoubler d’efforts afin de pleinement appliquer l’Accord ainsi que le Pacte pour la paix récemment signé, et de revigorer ainsi le processus de paix au Mali.  Dans le même temps, la communauté internationale doit fournir un appui adéquat au Mali en créant un environnement propice à la paix, a-t-il ajouté.

Il a rappelé qu’en juillet 2018, l’Union Africaine avait salué les progrès réalisés par la Force conjointe du G5 Sahel et réitéré son engagement à accompagner cette réponse coordonnée au niveau régional dans le cadre du processus de Nouakchott et d’autres cadres régionaux.  Le représentant s’est également dit encouragé par les progrès réalisés en matière de DDR et dans la réforme des services sécuritaires au Mali, insistant sur le fait que les forces de sécurité maliennes doivent disposer des équipements nécessaires pour faire face aux enjeux sécuritaires.  Il a reconnu le rôle important de la MINUSMA dans la réalisation de l’Accord ainsi que son partenariat avec la Force régionale G5 Sahel.

M. Matjila a ensuite promu la coopération régionale pour combattre la criminalité transnationale et le terrorisme.  « Il ne s’agit pas d’une crise purement malienne », a-t-il souligné en plaidant pour la solidarité dans la région, condition sine qua non de la paix et la stabilité au Sahel.  Il en a profité pour appeler l’ONU et les États Membres à soutenir la Force conjointe du G5 Sahel et à créer un bureau d’appui des Nations Unies pour cette Force.  Le Conseil de sécurité doit s’assurer que les opérations de cette force sont suffisamment financées et adéquatement équipées pour défendre et assurer la mise en œuvre de leurs mandats, a-t-il demandé.  Enfin, M. Matjila a mis l’accent sur l’importance du développement pour créer « non seulement un Mali plus stable, mais également une région plus stable ».

M. HAITAO WU (Chine) s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire dans le nord et le centre du Mali.  Il a appelé la communauté internationale à aider l’ensemble des parties à mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, et à appuyer le renforcement des capacités du Gouvernement.  Les capacités nationales en matière de sécurité méritent notamment d’être renforcées, pour permettre au Gouvernement d’assurer la sécurité à l’échelle du pays, a-t-il précisé.  Le représentant a jugé indispensable d’adopter une approche globale en mettant l’accent sur la dimension régionale.

Le délégué a ensuite salué le travail du Groupe de cinq pays du Sahel, ainsi que l’appui fourni par la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel.  Il a encouragé la Mission à renforcer la sécurité et la sûreté de son personnel, notamment en améliorant la communication avec les pays bailleurs de fonds.  Il a souligné que la Chine est un important pays fournisseur de contingents, notant que de nombreux Casques bleus opérant au sein de la MINUSMA sont chinois.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est félicité des progrès récemment réalisés au Mali, notamment la création d’administrations intérimaires au niveau des districts ainsi que les avancées du processus de DDR.  Il a également salué la création du Ministère de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale.  Pour sa délégation, la pleine mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali doit rester la priorité.  Il est nécessaire, a-t-il ajouté, d’engager sans tarder les réformes politiques et institutionnelles nécessaires à l’amélioration de la gouvernance, à la sécurité et au développement socioéconomique du pays.  Pour cela il faut faire avancer la réforme de l’examen constitutionnel, la décentralisation et l’assise de l’état de droit.  Ces éléments sont essentiels au bon déroulement des prochaines élections législatives et à une meilleure cohésion sociale, a estimé le représentant.

S’agissant de la situation sécuritaire difficile qui prévaut en particulier au centre du pays, le Pérou encourage l’amélioration des capacités techniques, la formation des forces de sécurité nationales maliennes et le renforcement du contrôle des frontières.  Il faut dans le même temps, selon lui, permettre la création d’un système judiciaire indépendant en vue de lutter contre l’impunité et d’établir les responsabilités, notamment en cas de violences sexuelles et intercommunautaires. 

Préoccupé en outre par les inégalités économiques entre Bamako et le reste du pays, le représentant a mis l’accent sur l’importance du développement durable du pays en vue de parvenir à une société inclusive, pacifique et en phase avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La réalisation d’une paix durable dépend, a-t-il souligné, d’une plus grande sécurité, d’un dialogue politique, de l’état de droit et du développement du pays.  À cet égard, le Pérou souhaite une plus forte participation des femmes à la réalisation de l’Accord pour la paix et la réconciliation, et l’inclusion des jeunes dans la définition de l’avenir du pays.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, citant notamment l’établissement des administrations intérimaires dans le nord du pays et l’accélération des processus de DDR.  Il n’en a pas moins estimé que le rythme de ces progrès mérite d’être accéléré, en mettant l’accent sur le fonctionnement effectif des autorités intérimaires, la restructuration territoriale et administrative, l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination et, enfin, les avancées dans la zone de développement du Nord.  Prenant note du report des élections législatives, il a appelé l’ensemble des parties à continuer de manifester la volonté politique nécessaire à la mise en œuvre de l’Accord.

Le représentant s’est ensuite préoccupé de la situation sécuritaire au Mali, s’inquiétant notamment que la MINUSMA soit continuellement prise pour cible par des groupes armés.  Il a jugé crucial de renforcer les capacités dans ce domaine, de pallier les manques d’équipements et de veiller à la sûreté et à la sécurité du personnel de l’ONU.  Il convient également de renforcer les capacités des forces de l’ordre du Mali, ainsi que celles de l’État pour assurer une présence des autorités dans toutes les régions et limiter l’influence des extrémistes dangereux.  Face à la précarité de la situation humanitaire et des conditions de respect des droits de l’homme, le délégué a aussi appelé à adopter une approche plus intégrée et complète pour faire face aux racines du conflit au Mali.

M. Djani a par ailleurs souligné que la paix et la stabilité au Mali ne pourront être assurées qu’en renforçant la coopération entre l’ensemble des pays de la région, ainsi qu’en appuyant les organisations régionales et sous-régionales.  S’agissant de l’engagement de l’ONU, il a appelé de ses vœux à la mise sur pied d’un cadre stratégique intégré, insistant également sur l’importance de respecter les priorités nationales du Mali et ses capacités institutionnelles. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a condamné les attaques perpétrées contre les Casques bleus, le personnel des Nations Unies, les Forces armées maliennes et surtout contre les civils.  Il a salué les efforts de stabilisation de la MINUSMA et souligné son rôle dans la consolidation de la paix et la cohésion sociale, à travers la réalisation de divers projets.  « Nous exhortons le Gouvernement du Mali et les groupes armés et la Plateforme et de la Coordination à accélérer la mise en œuvre des dispositions clefs de l’Accord de paix », a-t-il lancé avant de saluer le démarrage du processus accéléré de DDR.  Le représentant a également salué la création du ministère de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale.

Sur le chemin vers la paix et la stabilisation du Mali, les acteurs politiques et les autres parties signataires doivent comprendre que ce n’est pas le moment de revenir en arrière ou de saper les progrès réalisés après des années de conflit, a poursuivi M. Mba.  Il a rappelé que le Pacte pour la paix exprime l’accord des parties pour donner un élan à l’application de l’Accord de paix.  Il a donc appelé à inclure tous les acteurs politiques et sociaux dans les processus de prise de décisions. 

Examinant la situation au Mali et au Sahel, le représentant a fait remarquer que le terrorisme ne sera vaincu que si l’on s’attaque aux racines du mal comme le manque de sécurité, de gouvernance et de développement.  La lutte contre la menace terroriste exige une approche holistique qui combine les efforts en matière de sécurité et de développement, a-t-il précisé.  Enfin, le représentant a rappelé le rôle crucial des femmes et de l’éducation des filles dans les efforts plus larges de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a dit que la paix durable et la stabilité ne pouvaient pas être établies sans le développement durable et inclusif.  Elle a ainsi appelé toutes les parties à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les dispositions importantes de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, afin d’améliorer les conditions sécuritaires et réaliser le développement durable y compris l’accès aux services de base.  La représentante a appelé toutes les parties prenantes à se joindre aux efforts du Gouvernement pour faire avancer les réformes politiques et institutionnelles essentielles à l’amélioration de la gouvernance et au maintien de la paix.  La participation et l’inclusion des femmes et des jeunes sont importantes pour préserver les progrès réalisés, a-t-elle ajouté. 

La représentante s’est dite préoccupée par la situation sécuritaire au Mali en particulier dans le Centre, qui exige selon elle une approche plus globale et intégrée afin d’éviter toute détérioration supplémentaire.  Elle a appelé le Gouvernement à intensifier ses efforts pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et aux défis sécuritaires dans les régions touchées.  La déléguée s’est aussi inquiétée de la situation des droits de l’homme en particulier dans le centre, dans les régions de Mopti et Segou, ainsi qu’à Tombouctou, Gao et Ménaka.  Toutes les forces nationales et internationales au Mali doivent assurer que leurs opérations respectent les droits de l’homme et le droit international humanitaire, a-t-elle plaidé avant de se préoccuper également de la détérioration de la situation humanitaire.  La représentante a appelé les groupes armés et les signataires de l’Accord pour la paix à dialoguer avec le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Mahamat Saleh Annadif, et l’équipe pays des Nations Unies, en vue d’améliorer l’accès humanitaire. 

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a exhorté les acteurs politiques maliens et la société civile à conjuguer davantage leurs efforts en vue d’un retour durable de la paix et de la stabilité au Mali, plus particulièrement dans les régions du nord et du centre.  Il a vu comme des signaux encourageants le Pacte pour la paix et l’engagement des groupes armés signataires à adhérer à un processus de DDR accéléré et l’intégration des éléments du Mécanisme opérationnel de coordination à Gao, Kidal et Tombouctou.  Dans ce contexte, il a jugé indispensable que les efforts des acteurs locaux soient appuyés par un soutien constant de la communauté internationale y compris par l’ONU, la CEDEAO et l’observateur indépendant, qui doivent maintenir leur niveau de mobilisation en faveur de la paix au Mali.  M. Ipo a encouragé les autorités maliennes à capitaliser sur la dynamique positive de l’élection présidentielle, en vue d’organiser les élections législatives, qui renforcent l’ancrage de la démocratie au Mali.

Sur le plan sécuritaire, le délégué a partagé les préoccupations du Secrétaire général sur la situation dans les régions du nord et du centre.  Cette situation appelle de la part du Conseil de sécurité des mesures urgentes en vue du redéploiement des institutions policières et judiciaires, devant permettre à l’État malien d’assurer pleinement ses fonctions régaliennes.  Il a aussi souhaité que la MINUSMA continue de soutenir le renforcement des capacités des Forces armées et de la police maliennes, ainsi que leur redéploiement, afin qu’elles assurent la protection des civils dans les régions affectées.  Ces mesures doivent s’accompagner de l’amélioration des capacités des institutions judiciaires, notamment celles spécialisées dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.  Il importe également d’impulser davantage le processus DDR et la réforme du secteur de la sécurité, a conclu le délégué. 

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a relevé que la période à l’examen avait été très difficile.  Il a noté le nombre élevé de victimes parmi le personnel de la MINUSMA, ainsi que les actes de terrorisme odieux commis à l’encontre des populations.  « Les États-Unis condamnent fermement les groupes terroristes et les soi-disant groupes d’autodéfense », a-t-il dit en dénonçant une violence croissante.  Tout en se félicitant des efforts du Gouvernement pour remédier à la détérioration de la sécurité dans le centre du pays, il a appelé le Gouvernement et la MINUSMA à accélérer leurs efforts pour protéger les civils, mettre fin aux conflits intercommunautaires, et traduire en justice les auteurs de ces actes violents.

Il faut mettre pleinement en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, a-t-il lancé en saluant à cet égard les progrès accomplis depuis l’élection présidentielle de l’été dernier, notamment la mise en place de 10 administrations provisoires au niveau des districts.  Il a aussi salué la création des administrations intérimaires et l’accélération des programmes de DDR.  Il a toutefois souhaité des précisions sur l’intégration des anciens combattants pour sécuriser le nord du Mali.  Enfin, le représentant s’est dit frustré et déçu que certaines dispositions de la résolution de 2423 (2018) ne soient pas plus rapidement mises en application.  Il a rappelé la position des États-Unis que si les parties ne progressent pas dans la mise en œuvre de ce texte, il faudra apporter des changements importants à la MINUSMA après l’expiration de son mandat.  « Nous le redisons aujourd’hui: il y a plus à faire. »

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a dit que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali est la pierre angulaire d’une sortie de crise durable au Mali.  Cet engagement pris par les Maliens et soutenu par la communauté internationale doit se traduire par la transposition, de bonne foi et dans son ensemble, des diverses dispositions de l’Accord.  La Belgique est grandement préoccupée par les retards pris dans cette mise en œuvre, s’est inquiété le représentant en craignant qu’ils hypothèquent la paix, la stabilité, le développement et la réconciliation au Mali.  Pire, s’est-il alarmé, ils permettent à la violence de s’étendre, que ce soit au centre du Mali ou dans la sous-région, comme au Burkina Faso.  Il a appelé les trois parties maliennes à l’Accord, ainsi que tout protagoniste qui en a les moyens, à redoubler d’efforts et de courage pour faire en sorte que les dispositions de l’Accord deviennent réalité malgré les difficultés et les obstacles. 

Compte tenu de la centralité de l’Accord de paix, le délégué a salué les sanctions prises contre ceux qui lui font obstacle.  La Belgique, a-t-il déclaré, ne s’opposera pas à de nouvelles sanctions dans le futur dès que cela s’avérera nécessaire.  Il a ensuite insisté sur deux conditions indispensables pour le retour de la paix durable, à savoir le respect des droits de l’homme et la lutte contre l’impunité.  Rappelant la multiplication des actes terroristes et les violences intercommunautaires au centre du Mali, il a encouragé le Gouvernement à assurer la sécurité de la population, dans le respect le plus strict des droits de l’homme.  Il a aussi noté le courage des autorités maliennes qui avaient publiquement reconnu le 19 juin 2018 « l’existence de fosses communes impliquant certains personnels des Forces armées maliennes » et l’annonce de l’ouverture d’une enquête judiciaire.  Il s’est félicité que la commission d’enquête internationale ait commencé ses activités, et encouragé toutes les parties concernées à coopérer pleinement à ses travaux. 

M. JOSÉ SINGER (République dominicaine) s’est dit conscient que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali s’est heurtée à de grands défis pour créer les conditions propices à la paix durable et à la stabilité.  Il a néanmoins noté la création du Ministère de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale, ainsi que les progrès réalisés en termes de DDR.  Ces facteurs vont dans le sens de l’accélération d’un processus de paix plus inclusif, a-t-il estimé.

Il a appelé à réagir face à la recrudescence des attaques terroristes et extrémistes dans le centre et le nord du pays, y compris à l’encontre de la MINSUMA.  Il a condamné toute attaque visant des civils, surtout des femmes et des enfants, ainsi que toute violation des normes internationales du droit international humanitaire.  Aucun effort ne doit être ménagé pour que les auteurs de ces attaques soient traduits en justice, a-t-il demandé.  La République dominicaine demande en outre à la communauté internationale d’apporter le soutien financier nécessaire à la Force conjointe du G5 Sahel pour que celle-ci puisse pleinement s’acquitter de sa mission.  Le représentant a ensuite salué l’assistance technique fournie par la MINUSMA à la réforme du système judiciaire au Mali.

Rappelant que 3,2 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire au Mali, il a appelé à soutenir le plan humanitaire pour ce pays et a exigé l’accès humanitaire à toutes ses régions.  Avant de conclure, il a attiré l’attention sur les effets délétères des changements climatiques sur la paix et le développement au Mali.  Il a enfin exhorté toutes les parties à poursuivre le dialogue pour mettre en œuvre la feuille de route pour la paix au Mali.

Mme KAMISSA CAMARA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a déclaré que le Gouvernement et les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali constituent désormais une seule partie malienne, « qui parle d’une seule voix », déterminée à faire la paix après six ans de crise institutionnelle.  Elle a indiqué que le Chef de l’État avait réaffirmé sa volonté de procéder à la révision de la Constitution, en vue, a-t-elle précisé, de prendre en charge certaines dispositions pertinentes de l’Accord et d’adopter les pratiques institutionnelles aux réalités de l’heure.  Le processus de révision constitutionnelle a été engagé, et le Gouvernement envisage de tenir un référendum en la matière au cours du premier trimestre 2019, a annoncé la Ministre.  Les élections législatives sont également prévues en mai-juin 2019, et les élections locales, en juillet 2019.  Des consultations ont aussi été engagées avec les acteurs politiques et sociaux en vue d’obtenir un consensus autour des réformes, et les concertations se poursuivent sur le projet de découpage territorial. 

Après avoir détaillé les progrès réalisés dans le cadre des programmes de DDR, la Ministre a indiqué que le processus de réforme du secteur de la sécurité a donné lieu à la tenue, du 12 au 14 décembre, d’un atelier de haut niveau, au cours duquel des points clefs restés en suspens depuis trois ans ont été traités.  Elle a précisé qu’il s’agit des concepts d’une armée reconstituée, d’unités spéciales et de police territoriale, dont les contours précis ont été fixés.  Les modalités de retour des Forces armées maliennes dans les régions du nord ont également été arrêtées et le Gouvernement a aussi décidé de la création d’un corps de gardes-frontières en vue d’une meilleure surveillance des sept frontières du Mali.

Au chapitre développement économique et social, a-t-elle poursuivi, 6 millions de dollars supplémentaires ont été alloués pour permettre aux autorités intérimaires de financer des projets prévus dans leurs plans d’actions prioritaires, notamment l’alimentation en eau potable de la ville de Kidal.

Mme Camara s’est ensuite attardée sur la situation préoccupante dans le centre du Mali en matière de sécurité.  Elle a indiqué que les groupes terroristes alimentent et entretiennent les violences intercommunautaires dans les régions de Mopti et de Ségou, sur fond d’amalgames et de tensions autour des ressources en eau, des parcours des animaux vers les zones de pâturage et des champs des agriculteurs sédentaires.  Elle a affirmé que des mesures « immédiates et énergiques » avaient été prises pour mettre un terme à ces affrontements intercommunautaires, citant notamment le déploiement, en 2018, de 13 000 hommes, « dont la moitié dans le centre du pays », et la création de 16 nouveaux postes de sécurité.  Plus de 600 jeunes de ces régions ont adhéré au programme spécial de réduction de la violence intercommunautaire, lequel a permis, à ce stade, de récupérer 444 armes, et qui prévoit « le désarmement de toutes les milices avant la fin de ce mois de janvier 2019 ».  Le Gouvernement s’attèle aussi à un meilleur encadrement des parcours pastoraux pour minimiser les risques de tensions entre éleveurs et agriculteurs.

La Ministre a aussi annoncé que 7 personnes sont en état d’arrestation pour leur implication présumée dans les massacres de Koulongo et que 24 autres personnes ont été arrêtées en lien avec une attaque similaire à Bobosso, un village voisin.  Cependant, a-t-elle indiqué, nous sommes conscients que les mesures sécuritaires ne suffiront pas, notamment dans un contexte où les groupes terroristes travaillent sans relâche pour détruire la cohésion sociale et affaiblir l’État.  Le Gouvernement a donc prévu de privilégier l’action politique, administrative et sociale en vue de bâtir un consensus national permettant d’identifier à qui profite le crime et d’arriver à des solutions partagées par l’ensemble de la nation malienne.  Abordant la situation des droits de l’homme, Mme Camara a assuré que les 14% de violations des droits humains attribuées, dans le rapport du Secrétaire général, aux forces de défense et de sécurité maliennes, font déjà l’objet de mesures administratives et disciplinaires, et que des enquêtes appropriées sont en cours.

Soulignant par ailleurs que la solution durable à la crise ne saurait se limiter au « tout-sécuritaire », elle a jugé essentiel de poursuivre les efforts de développement afin d’améliorer les conditions de vie des populations.  Elle a fait savoir que le cadre juridique et institutionnel du Fonds de développement économique avait été finalisé afin d’avoir un outil pertinent de mise en œuvre du volet économique de l’Accord.  Cette mesure, a-t-elle précisé, permettra la réalisation des investissements structurants, le financement de l’économie locale et des services sociaux de base.

Qualifiant par ailleurs de « très encourageant » le niveau d’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, Mme Camara s’est prononcée en faveur d’un mandat robuste sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et d’un financement prévisible et pérenne de cette Force.  La Ministre a ensuite réitéré « avec force » que la mise en œuvre de l’Accord continue de connaître des progrès réels, tout en reconnaissant que les acquis sont fragiles et que des défis « immenses » jalonnent encore le processus de paix.  La situation sécuritaire dans les régions de Mopti et de Ségou demeure une préoccupation prioritaire du Gouvernement, a-t-elle indiqué, ajoutant que pour ramener la paix et la stabilité durables dans les régions du nord et du centre, le Mali a besoin du soutien et de la solidarité de la communauté internationale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: le Conseil de sécurité crée, pour une période initiale de six mois, la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH)

8444e séance – matin
CS/13664

Yémen: le Conseil de sécurité crée, pour une période initiale de six mois, la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH)

Le Conseil de sécurité a consacré, aujourd’hui, sa première décision de l’année à la situation au Yémen.  Par la résolution 2452 (2019) adoptée à l’unanimité, le Conseil a créé, pour une période initiale de six mois, la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), chargée de faciliter l’application de l’Accord sur la ville et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa établi par l’Accord de Stockholm du 13 décembre 2018. 

La Mission a pour mandat de diriger le Comité de coordination du redéploiement de manière à superviser le cessez-le-feu, le redéploiement des forces et les opérations de lutte antimines dans l’ensemble de la province de Hodeïda.  Elle doit aussi surveiller le respect, par les parties, du cessez-le-feu dans la province de Hodeïda et le redéploiement mutuel des forces à l’extérieur de la ville et des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa.  La Mission doit également travailler avec les parties pour que la sécurité de la ville et des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa soit assurée par les forces de sécurité locales et faciliter et coordonner l’appui qu’apportent les Nations Unies pour aider les parties à appliquer intégralement l’Accord sur Hodeïda.

Dans sa résolution, le Conseil de sécurité approuve les propositions du Secrétaire général relatives à la composition et aux aspects opérationnels de la Mission et souligne, afin d’éviter le chevauchement des tâches et de tirer le meilleur parti des ressources existantes, qu’il importe d’établir une collaboration et une coordination étroites entre toutes les entités des Nations Unies présentes au Yémen, notamment le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, la Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice de l’action humanitaire, l’équipe de pays des Nations Unies, la Mission et le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies. 

Le représentant du Yémen, M. Abdullah Ali Fadhel Al-Saadi, s’est félicité de cette résolution qui, selon lui, réaffirme l’appui de la communauté internationale à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de son pays, tout en soulignant la nécessité d’une paix globale et durable conforme aux aspirations du peuple yéménite.  Le représentant a confirmé le plein engagement de son pays à appuyer la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à relever les violations du cessez-le-feu commises en ce moment même par la milice houthiste, appuyée par l’Iran, lesquelles ont déjà fait 41 morts et 396 blessés.  Le Gouvernement du Yémen, a insisté le représentant, exhorte le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités et à condamner ces violations.  Il a d’ailleurs attiré l’attention sur une attaque perpétrée la semaine dernière contre une base militaire yéménite dans laquelle un drone iranien a été utilisé.  Le représentant a conclu en promettant le total appui de son gouvernement à la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH). 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2019/28)

Texte de projet de résolution (S/2019/46)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 2014 (2011), 2051 (2012), 2140 (2014), 2175 (2014), 2201 (2015), 2204 (2015), 2216 (2015), 2266 (2016), 2342 (2017), 2402 (2018) et 2451 (2018) ainsi que les déclarations de sa présidence relatives au Yémen, en date du 15 février 2013, du 29 août 2014, du 22 mars 2015, du 25 avril 2016, du 15 juin 2017 et du 15 mars 2018,

Ayant examiné la lettre, et son annexe, que le Secrétaire général a adressée, le 31 décembre 2018, au Président du Conseil de sécurité (S/2019/28), en application de sa résolution 2451 (2018),

Réaffirmant son ferme attachement à l’unité, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Yémen, et son engagement à soutenir le peuple yéménite,

Réaffirmant également son adhésion à l’accord conclu en Suède par le Gouvernement yéménite et les houtistes sur la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa (l’Accord sur Hodeïda) et demandant de nouveau aux parties de l’appliquer,

1.    Décide de créer une mission politique spéciale, la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), chargée de faciliter l’application de l’Accord sur la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa établi par l’Accord de Stockholm, dont le texte a été distribué sous la cote S/2018/1134, pendant une période initiale de six mois à compter de la date d’adoption de la présente résolution;

2.    Décide également, pour aider les parties à s’acquitter de leurs engagements pris conformément à l’Accord sur Hodeïda, de confier à la Mission le mandat suivant:

a)    Diriger le Comité de coordination du redéploiement et appuyer son fonctionnement, avec l’assistance d’un secrétariat composé de personnel des Nations Unies, de manière à superviser le cessez-le-feu, le redéploiement des forces et les opérations de lutte antimines dans l’ensemble de la province de Hodeïda;

b)    Surveiller le respect, par les parties, du cessez-le-feu dans la province de Hodeïda et le redéploiement mutuel des forces à l’extérieur de la ville de Hodeïda et des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa;

c)    Travailler avec les parties pour que la sécurité de la ville de Hodeïda et des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa soit assurée par les forces de sécurité locales, dans le respect de la loi yéménite;

d)    Faciliter et coordonner l’appui qu’apportent les Nations Unies pour aider les parties à appliquer intégralement l’Accord sur Hodeïda;

3.    Approuve les propositions du Secrétaire général relatives à la composition et aux aspects opérationnels de la Mission qui figurent dans l’annexe de la lettre qu’il a adressée, le 31 décembre 2018, au Président du Conseil, et note que la Mission sera dirigée par le Président du Comité de coordination du redéploiement, qui aura rang de Sous-Secrétaire général, faisant rapport au Secrétaire général par l’intermédiaire de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen et du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques et à la consolidation de la paix;

4.    Souligne qu’il importe d’établir une collaboration et une coordination étroites entre toutes les entités des Nations Unies présentes au Yémen, notamment le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, la Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice de l’action humanitaire et l’équipe de pays des Nations Unies au Yémen, la Mission et le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, afin d’éviter le chevauchement des tâches et de tirer le meilleur parti des ressources existantes;

5.    Prie le Secrétaire général de déployer rapidement la Mission et demande aux parties à l’Accord sur Hodeïda d’appuyer l’Organisation des Nations Unies comme le prévoit le document S/2019/28, notamment en assurant la sûreté et la sécurité du personnel de la Mission et l’entrée et la circulation dans le pays, sans entrave ni retard, du personnel et du matériel de la Mission, des fournitures et des articles de première nécessité;

6.    Prie les États Membres, en particulier les États voisins, d’appuyer l’Organisation des Nations Unies de sorte que la Mission puisse s’acquitter de son mandat;

7.    Prie le Secrétaire général de lui rendre compte, chaque mois, des progrès accomplis dans l’application de la présente résolution et de tout acte de quelque partie que ce soit qui ferait obstacle au bon fonctionnement de la Mission, et de l’application de la résolution 2451 (2018), y compris d’éventuels manquements de toute partie;

8.    Prie également le Secrétaire général de lui présenter un point sur la Mission dans un délai de cinq mois à compter de la date d’adoption de la présente résolution;

9.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale fixe au 10 avril la célébration du centenaire de l’OIT et élit le juge Mustapha El Baaj au Mécanisme résiduel

Soixante-treizième session,
66e séance plénière
AG/12119

L’Assemblée générale fixe au 10 avril la célébration du centenaire de l’OIT et élit le juge Mustapha El Baaj au Mécanisme résiduel

Après avoir fixé au 10 avril prochain la célébration du centenaire de l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Assemblée générale a élu le juge Mustapha El Baaj du Maroc pour une inscription à la liste de réserve du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux pour le Rwanda (TPIR) et l’ex-Yougoslavie (TPIY).

En adoptant, sans vote, la résolution* sur la « Célébration du centenaire de la création de l’Organisation internationale du Travail », l’Assemblée a décidé de convoquer une réunion plénière de haut niveau le 10 avril 2019 mais aussi de consacrer une journée à cette célébration sur le thème « L’avenir du travail », au cours de cette session. 

La Jamaïque, qui présentait le texte également au nom de la Belgique, a rappelé qu’émergeant des « cendres » de la Première Guerre mondiale, « l’OIT a été fondée à partir de la conviction que la justice sociale est essentielle à une paix universelle et durable.  En effet, l’OIT nous affecte tous: nos heures de travail, nos droits aux congés payés et aux allocations de maternité, la lutte contre la discrimination sur le lieu de travail ».  Les normes internationales de l’OIT traitent de toutes les questions qui affectent les conditions de travail.  Elles donnent un sens à notre vie et imprègnent notre travail dans la dignité. 

Dans le Traité de Versailles qui a mis fin à la Grande Guerre, a poursuivi la Jamaïque, il a été reconnu qu’une organisation internationale traitant des questions liées au travail était nécessaire pour promouvoir et préserver la paix dans le monde, a-t-il poursuivi.  L’idée novatrice, consistant à assurer aux gouvernements et aux syndicats des employés et des employeurs un lieu pour se réunir et trouver des solutions aux problèmes du travail, est devenue un pilier central et durable de l’OIT: le tripartisme.  Après avoir survécu à deux guerres mondiales et à de nombreuses autres crises, l’OIT, en tant que membre clef de la famille des Nations Unies, se trouve à l’aube de son centième anniversaire.  Cette étape réaffirme la force et la résilience du multilatéralisme, a estimé la Jamaïque.  Elle donne aussi de l’inspiration à l’ensemble du système des Nations Unies alors qu’il aborde les défis modernes, y compris l’avenir du travail et les actions requises pour réaliser les objectifs de développement durable.

Par ailleurs, à l’issue du septième tour de scrutin pour le dernier poste vacant sur la liste de réserve du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, l’Assemblée générale a élu par 99 voix M. Mustapha El Baaj du Maroc contre 86 voix pour M. Guénaël Mettraux de la Suisse.  Le juge El Baaj rejoint son homologue de la Turquie, M. Yusuk Aksar, qui avait été élu le 21 décembre 2018, pour un mandat qui prend fin le 30 juin 2020.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* A/73/L.73

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: après les résultats provisoires de la présidentielle, « les prochains jours seront déterminants », affirme la Représentante spéciale

8443e séance – matin
CS13662

RDC: après les résultats provisoires de la présidentielle, « les prochains jours seront déterminants », affirme la Représentante spéciale

Après l’annonce des résultats provisoires des élections présidentielle et provinciales en RDC, et dans l’attente de ceux des législatives, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), Mme Leila Zerrougui, a affirmé ce matin au Conseil de sécurité que « les prochains jours seront déterminants pour la conclusion de ce processus électoral historique ».  La Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a focalisé son intervention sur les scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux du 30 décembre 2018, alors qu’elle présentait le rapport du Secrétaire général sur les principaux faits nouveaux intervenus en RDC du 2 octobre au 31 décembre 2018.  

Les chiffres publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) hier placent, pour l’élection présidentielle, M. Félix Tshisekedi en première position, suivi de MM. Martin Fayulu et Emmanuel Ramazani Shadary, a-t-elle dit.  Si Mme Zerrougui a relevé le calme qui a prévalu pendant l’attente de la publication des résultats provisoires, qui s’est allongée de trois jours, elle a déploré, « malheureusement, de graves incidents de sécurité à plusieurs endroits, dont la province du Kwilu, où on dénombre 12 morts, tandis que la situation reste tendue dans plusieurs communes de Kinshasa, à la suite d’affrontements entre les partisans des coalitions Lamuka et du CACH et, dans certains cas, également avec la police.

« Les prochains jours seront donc déterminants pour la conclusion de ce processus électoral historique », a averti la Représentante spéciale en expliquant que la semaine à venir pourrait être marquée par des contestations, alors que les résultats définitifs doivent être annoncés par la Cour constitutionnelle dans un délai d’une semaine.  Elle a assuré qu’elle continuerait d’user de ses bons offices auprès de toutes les parties prenantes congolaises pour plaider en faveur du calme et du recours aux procédures judiciaires établies.  Elle a en outre invité la communauté internationale à « manifester sa solidarité collective avec les Congolais » en ce moment où « la République démocratique du Congo se prépare à procéder au premier transfert de pouvoir pacifique de l’histoire du pays ».

En ce qui concerne les circonscriptions de Beni, Beni ville et Butembo dans le Nord-Kivu, et de Yumbi dans la province de Maï-Ndombe, Mme Zerrougui a rappelé que la CENI avait décidé de reporter les élections au mois de mars prochain pour des raisons sanitaires et sécuritaires.  Elle a fait état de réactions « rapides et variées » à l’annonce des résultats de la CENI.  Ainsi, alors que M. Tshisekedi a salué sa propre victoire en se présentant comme Président « de tous les Congolais », la coalition Lamuka a dénoncé ce qu’elle considère comme une fraude électorale, « avec le potentiel de provoquer le désordre dans tout le pays ».

De son côté, le Président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a affirmé au Conseil de sécurité que « l’analyse des éléments en sa possession lui font croire que les résultats de la présidentielle ne correspondent pas aux chiffres de ses observateurs ».  Mgr. Utembi a expliqué que la CENCO avait déployé plus de 40 000 observateurs dans tous les bureaux de vote du pays afin de faire remonter les résultats du scrutin par messages téléphoniques, jusqu’à ce que ce service soit interrompu, puis par le biais de 600 téléphones satellitaires, jusqu’au centre de traitement des données de la CENCO. 

Le Président de la CENI, M. Corneille Nangaa Yobeluo, a dit qu’il s’attendait à des réactions, et en premier lieu de la part de l’Église catholique, comme cela a été le cas en 2006 et en 2011, « pour des raisons que nous savons ».  « La CENCO sera responsable de ce qui adviendra », a-t-il averti.  Selon lui, même si les élections n’ont pas pu être organisées dans « la perfection absolue », l’essentiel a tout de même été sauvegardé.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir les nouvelles autorités, plutôt que de chercher dès à présent à les affaiblir alors que les résultats définitifs ne sont pas encore annoncés. 

Le Président de la CENCO a, pour sa part, appelé le Conseil de sécurité à faire preuve de solidarité à l’égard du peuple congolais, invitant l’organe onusien à demander une publication des procès-verbaux pour chaque bureau de vote, afin que soient comparées les données des candidats avec celles de la CENI, et afin de « lever tout doute et apaiser les esprits ».  Cette exigence de détails ventilés par bureau de vote a été reprise par des membres du Conseil, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Belgique.  Ce dernier a même encouragé la CENCO à partager ses constats et ses chiffres, avant de suggérer que la CENI, « idéalement », permette à des observateurs neutres d’accéder à son serveur central.  Pour la Belgique, les parties prenantes ont également la possibilité de demander un recomptage de voix : dans un « climat de méfiance totale », il est important de garantir une pleine transparence, a-t-il argué.  Si ces résultats sont confirmés, le nouveau Président et le Parlement seront installés dans 10 jours, a fait observer le Président de la CENI, avant de se refuser à présenter ces résultats ou d’en discuter avec d’autres instances ou organismes, s’en tenant au strict respect de ce qui est prévu par la loi de son pays.  Le représentant de la RDC s’est même étonné qu’une telle demande ait été faite par des membres de la communauté internationale.

« Le droit de publier les résultats est une question de souveraineté nationale », a fait remarquer la Fédération de Russie en s’adressant à « ceux qui ont beaucoup commenté les résultats provisoires ».  Cette délégation a jugé inacceptable de faire pression sur les institutions du pays, notamment la CENI, et souhaité que la MONUSCO respecte scrupuleusement son mandat.  Son homologue d’Afrique du Sud a tenu à rappeler que la CENI est « la seule institution compétente pour annoncer les résultats des élections » et il a exigé que les résultats ainsi annoncés soient respectés et acceptés par tous, en particulier par le Conseil de sécurité.

La plupart des orateurs, dont l’Union africaine, ont plaidé pour que les requêtes liées au scrutin soient gérées de manière pacifique, en recourant au droit et au dialogue politique, comme l’a souligné son Observatrice.  Même son de cloche pour la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) qui a fait entendre sa voix par le biais du Ministre des affaires étrangères de la Zambie, celui-ci ayant dirigé une mission d’observation au cours des élections du 30 décembre en RDC.  Enfin, la France a annoncé son intention de proposer aux membres du Conseil de sécurité d’adopter rapidement une déclaration à la presse « qui salue le processus électoral congolais et appelle toutes les parties à construire un consensus national, dans le respect de la paix et de la légalité ».

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (S/2019/6)

Déclarations

Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré que, alors qu’en principe les échanges d’aujourd’hui devaient porter sur le dernier rapport trimestriel sur la situation dans ce pays, elle limiterait son intervention aux faits les plus récents.  « En effet, la mise en œuvre du processus électoral entre dans sa dernière ligne droite », a-t-elle annoncé.  Les élections, initialement annoncées pour le 23 décembre, se sont finalement tenues le 30 sur l’ensemble du territoire national à l’exception des circonscriptions de Beni, Beni ville et Butembo dans le Nord-Kivu et de Yumbi dans la province de Maï-Ndombe, où la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a décidé de les reporter au mois de mars prochain pour des raisons sanitaires et sécuritaires.  La haute fonctionnaire a relaté que des millions de Congolaises et de Congolais s’étaient rendus aux urnes, souvent avec ferveur et, dans la grande majorité des cas, dans le calme, afin de choisir leur futur président ainsi que leurs députés nationaux et provinciaux.  La Représentante les a félicités pour leur « impressionnante maturité » qu’ils ont démontrée lors de cette journée électorale tant attendue et depuis lors. 

L’ensemble des missions d’observation nationales et internationales, ainsi que les équipes de la MONUSCO déployées sur le terrain, ont souligné dans leurs rapports préliminaires que les scrutins s’étaient passés correctement en dépit de problèmes techniques, logistiques et sécuritaires, a poursuivi Mme Zerrougui.  « Toutes se sont accordées à dire que ces difficultés n’avaient toutefois pas entravé la libre circulation des citoyens ainsi que l’exercice de leur droit de vote », a-t-elle observé.  L’attente de la publication des résultats provisoires, allongée de trois jours, s’est également déroulée dans le calme.  La Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) a déclaré avoir mis à profit cette période pour rencontrer le Président de la République et les principales parties prenantes au processus afin de transmettre des messages d’apaisement en amont de la publication des résultats provisoires.  Ceux-ci, qui ont été annoncés dans la nuit de mercredi à jeudi, placent pour l’élection présidentielle M. Félix Tshisekedi en première position, suivi de MM. Martin Fayulu et Emmanuel Ramazani Shadary.  Cette communication avait été précédée de l’annonce des résultats provisoires des élections provinciales, a précisé la Représentante spéciale.

Les réactions à l’annonce de la CENI ont été rapides et variées.  M. Tshisekedi a salué sa propre victoire en se présentant comme président « de tous les Congolais ».  Bien que le Front commun pour le Congo ait déclaré qu’il respecterait les résultats de la CENI, la coalition Lamuka a dénoncé ce qu’elle considère comme une fraude électorale, « avec le potentiel de provoquer le désordre dans tout le pays ».  Alors que les résultats ont été salués par des scènes de joie dans certaines places fortes de l’UNC et de l’UDPS, de nombreux partisans de Lamuka ont reçu la nouvelle « avec un sentiment d’incrédulité », a relaté Mme Zerrougui.  « Malheureusement, de graves incidents de sécurité ont été constatés à plusieurs endroits.  Le plus préoccupant s’est déroulé dans la province du Kwilu, où de violentes manifestations auraient fait au moins 12 morts, dont 2 aux mains de la police nationale et 10 civils tués à balles réelles, ainsi que d’importants biens publics endommagés », a-t-elle déploré.

Nos équipes sont en train de se déployer à Kikwit, où la MONUSCO n’est pas présente, pour obtenir davantage de détails et discuter des moyens de désamorcer les tensions.  À Kisangani et dans plusieurs localités de la province du Kasaï, des affrontements et des déprédations ont été signalés, des allégations de blessures, d’arrestations et de morts sont toujours en cours de vérification.  La situation est également tendue dans plusieurs communes de Kinshasa, à la suite d’affrontements entre les partisans de Lamuka et du CACH et, dans certains cas, également avec la police, a ajouté la Représentante spéciale, qui a déploré tous ces actes de violence et appelé le peuple congolais et les forces de sécurité à faire preuve de calme et de retenue en cette période critique.

La semaine à venir pourrait être marquée par des contestations et un contrôle par la justice des résultats provisoires de l’élection, les résultats définitifs devant être annoncés par la Cour constitutionnelle dans un délai d’une semaine.  « Les prochains jours seront donc déterminants pour la conclusion de ce processus électoral historique », a annoncé la haute fonctionnaire.  Elle a assuré qu’elle continuerait d’user de ses bons offices auprès de toutes les parties prenantes congolaises pour plaider en faveur du calme et du recours aux procédures judiciaires établies.

« Des millions de femmes et d’hommes congolais ont démontré leur engagement envers le processus politique dans leur pays et leur détermination à exercer leur droit de vote démocratique.  Nous devons donc manifester notre solidarité collective avec eux au fur et à mesure que le processus électoral parvient à son terme et que la République démocratique du Congo se prépare à procéder au premier transfert de pouvoir pacifique de l’histoire du pays. »

M. CORNEILLE NANGAA YOBELUO, Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a rappelé que la RDC venait d’organiser ses élections présidentielles, législatives et provinciales le 30 décembre 2018, conformément à la Constitution, la Loi organique et la loi.  Il y a vu le couronnement du travail abattu ces trois dernières années en dépit de multiples difficultés.

Ce processus électoral a été émaillé de contraintes et de méfiance totale entre les différents acteurs, au sujet des politiques et du processus électoral et même envers le Président de la CENI, a-t-il constaté à regret.  Cet environnement a apporté son lot de difficultés dont certaines auraient pu être évitées parce qu’elles procédaient de suspicions et autres, a-t-il expliqué.  « Toute décision prise par la CENI a été critiquée par tel ou tel groupe, y compris la communauté internationale », et même le chiffre des 40 millions d’électeurs inscrits sur les listes a été remis en question, s’est indigné M. Yobeluo.  Toutes les lois adoptées pour diriger le processus électoral ont elles aussi été critiquées reprochant à « certains de s’être fait passer pour des experts en vue de contester le travail de la CENI ».

Pour arriver à cette élection, la CENI a introduit la technologie avec les machines à voter, a indiqué le Président de la Commission, mais « ces machines ont, elles aussi, fait l’objet de refus et de suspicions ».  Il n’en demeure pas moins que l’élection a pu avoir lieu le 30 décembre et que même ceux qui critiquaient les machines à voter l’ont applaudie », a relevé M. Yobluo en reprochant au Conseil de sécurité et à la communauté internationale d’avoir entretenu les discussions sur la machine à voter.

L’élection a eu lieu et il est clairement établi que le dimanche 30 décembre, « alors que beaucoup étaient en train de prophétiser le chaos », tout le monde a pu voter.  Contrairement à 2006 et 2011, l’élection s’est déroulée dans la paix et les choses « se sont plutôt bien passées », s’est-il enorgueilli.

Venant à la phase postélectorale, il a estimé qu’elle procède de deux points importants.  Le premier est la consolidation des données pour l’annonce des résultats provisoires, comme prévu par la loi, ce qui a été fait il y a deux jours par la CENI.  Le deuxième est l’annonce des résultats définitifs.  Le Président de la CENI « s’attendait à des réactions, et en premier lieu de la part de l’Église catholique, comme cela a été le cas en 2006 et en 2011, pour des raisons que nous savons ».  Il a reconnu que les élections n’ont pas pu être organisées dans « la perfection absolue », mais, à ses yeux, ce qui était important a été sauvegardé.

Suite à la réaction de la Conférence épiscopale, la CENI a adressé un courrier au Président de la CENCO pour réfuter les annonces précoces que celle-ci a faites concernant les tendances électorales et ses allusions au nom du gagnant de l’élection présidentielle.  « La CENCO sera responsable de ce qui adviendra », a averti M. Yobeluo, avant de rappeler qu’une dizaine d’organisations, avec 40 000 observateurs accrédités par la CENI, ont observé ces élections.  Les statistiques d’accréditation d’observateurs pour la CENCO sont de 17000, et 6000 autres considérés comme observateurs permanents, ce qui est donc loin des chiffres avancés par la CENCO, a-t-il avancé. 

Il en a profité pour souligner que les missions d’observation sont organisées et gérées par la loi et « n’ont pas pour mission de tirer ou d’annoncer des résultats électoraux ».  Dès lors, le Président de la CENI s’est demandé si la mission d’observation de la CENCO se comportait comme le témoin de partis politiques.  Il a mis « quiconque au défi d’avoir la prétention de dire avoir collecté toutes les fiches électorales », relevant que cela nécessite au minimum une semaine ».  La CENI considère avoir fait son travail, a-t-il affirmé.  « Si contestation il y a, il existe des mécanismes juridiques et la loi pour cela », a-t-il tranché.

Pour le Président de la CENI, cette élection avait trois grands objectifs.  En premier lieu, le peuple congolais ne voulait pas que sa Constitution change, « et elle n’a pas changé ».  Comme deuxième objectif, le peuple congolais ne voulait pas qu’il y ait un troisième mandat pour le Président sortant et celui-ci « n’a pas posé sa candidature », ouvrant la voie aux 21 candidatures à la présidence.  Le troisième objectif est d’assurer l’alternance au sommet de l’État.  « Soixante ans après l’indépendance de la RDC, le pays va vivre pour la première fois une passation de pouvoir pacifique et civilisée, s’est félicité M. Yobeluo, avant de garantir que la CENI était disposée à gérer tout contentieux potentiel.

En conclusion, il a estimé que l’élection avait été bien organisée par les agents de la CENI dont 32 sont morts et auxquels il a rendu hommage, en dépit de difficultés connues de tous.  Pour M. Yobeluo, la CENI a travaillé dans des conditions difficiles mais « a fait ce qu’elle pouvait faire ».  L’essentiel aujourd’hui est que les résultats sont là, a-t-il dit.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir les nouvelles autorités, plutôt que de chercher dès à présent à les affaiblir alors que les résultats définitifs ne sont pas encore annoncés.  Il s’est engagé à nouveau à donner suite à tout contentieux éventuel par la voie légale et a remercié les Nations Unies pour l’assistance technique qu’elles ont apportée à la CENI.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, de l’Union africaine, a déclaré que la situation en RDC est une question de la plus haute importance pour l’Union africaine (UA).  La paix et la sécurité dans ce pays sont essentielles non seulement pour le bien-être de son peuple, mais également pour la stabilité et la prospérité générales de la région et du continent dans son ensemble.  La représentante a assuré que l’UA était impliquée dans les efforts visant à aider les Congolais à trouver un consensus politique sur la tenue d’élections libres, crédibles et transparentes afin de consolider les gains réalisés ces dernières décennies. 

En réponse à l’invitation des autorités congolaises, l’UA avait décidé d’envoyer une mission d’observation pour surveiller le scrutin du 30 décembre 2018, a-t-elle rappelé en faisant état de 80 observateurs déployés à long et court termes sous le leadership de l’ancien Président du Mali, M. Diocounda Traoré.  L’équipe était composée de membres du Parlement panafricain, de représentants de la société civile et d’organes de gestion des élections sur le continent.  Vingt-trois équipes ont été déployées dans 13 provinces: elles ont observé les opérations de vote et de dépouillement dans 317 bureaux de vote qui ont servi d’échantillon.  

La mission de l’UA a fait les observations suivantes: les bureaux de vote visités ont ouvert à temps, même si dans certains bureaux le début des opérations de vote a été retardé; le matériel de vote était disponible dans la plupart des bureaux de vote; le personnel était présent tout au long des opérations; les élections se sont déroulées dans une atmosphère de paix et dans le calme.  La mission a toutefois mentionné des incidents et des imperfections qui ont entaché le scrutin.  Elle a noté également que des représentants des candidats étaient présents dans tous les bureaux de vote visités et que la clôture et le dépouillement ont été menés dans le cadre juridique existant.

La mission d’observation a insisté pour que les résultats qui seront proclamés reflètent la volonté du peuple, pour que les parties prenantes congolaises préservent le climat de paix qui a prévalu durant le vote et pour que toute contestation du résultat soit traitée à travers le cadre juridique applicable. 

Mme Mohammed a fait référence aux résultats provisoires proclamés par la CENI: en ce qui concerne l’élection présidentielle, M. Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur.  Étant donné que la CENI est l’unique organe légalement mandaté pour proclamer les résultats des élections en RDC, l’UA ne peut compter que sur le résultat annoncé, a-t-elle expliqué.  En tout état de cause, et compte tenu du nombre limité de bureaux de vote observés par la mission d’observation des élections, l’UA, même si ce pouvoir lui était attribué, n’est pas en mesure de fournir un chiffre quant au résultat du scrutin.  La méthodologie d’observation des élections de l’UA met l’accent sur le processus conduisant aux résultats des élections, a précisé Mme Mohammed.

Celle-ci a noté que, de toute évidence, les résultats annoncés ont été contestés.  Conformément à l’état de droit, l’UA est d’avis que ces défis, y compris ceux liés aux divergences entre les résultats annoncés et le verdict des urnes, devraient être résolus de manière pacifique en recourant aux moyens juridiques existants et au dialogue politique, a prévenu la représentante.

Pour l’UA, il est clair que les élections du 30 décembre ont marqué un tournant dans l’histoire de la RDC.  Le peuple congolais et les institutions impliqués dans le processus électoral devraient être salués pour leurs efforts, a dit Mme Mohammed en appelant les parties prenantes congolaises à agir de manière à promouvoir la démocratie et à préserver la paix.  À cet égard, l’UA estime que la situation actuelle au Congo appelle un consensus aussi large que possible entre les Congolais sur le respect de la démocratie, des droits de l’homme ainsi que du maintien et de la consolidation de la paix.  Les déclarations de l’UA et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) expriment clairement les points de vue du continent sur la question.  « Nous espérons sincèrement que le Conseil de sécurité, comme il l’a fait auparavant, soutiendra pleinement les efforts de l’Afrique pour aider la RDC et son peuple à mener à bien le processus électoral, à renforcer la démocratie et à préserver la paix », a conclu la représentante. 

M. JOSEPH MALANJI, Ministre des affaires étrangères de la Zambie, intervenant par visioconférence depuis Johannesburg, a rappelé qu’il avait conduit une mission d’observation en RDC, au cours des élections du 30 décembre dernier, au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Malgré quelques obstacles, comme l’épidémie d’Ébola et des défis sécuritaires, les élections ont été globalement bien organisées, a-t-il noté.  La SADC a pris note de l’annonce des résultats et également du fait que certaines parties prenantes n’en sont pas satisfaites.  La SADC se tient prête à aider le pays à consolider sa démocratie et elle invite la communauté internationale à faire de même.

Le Ministre zambien a ensuite dit que la SADC invite les parties concernées à rester calmes.  La contestation des résultats doit se faire de manière pacifique et par les moyens qu’offrent le droit, a-t-il ajouté.  Enfin, M. Malanji a assuré que la SADC se tenait prête à soutenir la RDC en vue de maîtriser les forces négatives, dans l’est du pays notamment.

Mgr MARCEL UTEMBI, Président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), intervenant par visioconférence depuis Kinshasa, a tenu à rappeler que c’est depuis 2003 que l’Église catholique accompagne le processus de consolidation de la démocratie en RDC, comme en témoigne l’Accord de la Saint Sylvestre du 31 décembre 2016.  Il a rappelé également que la CENCO avait pris part à l’observation des divers scrutins du 30 décembre dernier.  La CENCO a obtenu 40 850 accréditations, a-t-il assuré, précisant que les 1 776 observateurs formés dont l’accréditation a été rejetée ont tout de même pu mener des observations hors des bureaux de vote.  Selon Monseigneur Otembi, les observateurs de la CENCO étaient donc présents dans tous les bureaux de vote du pays. 

Ces observateurs, a-t-il poursuivi, ont fait remonter les résultats du scrutin par messages téléphoniques, jusqu’à ce que ce service soit interrompu.  Qu’à cela ne tienne, la CENCO avait prévu d’autres moyens, notamment 600 téléphones satellitaires, a-t-il dit.  Et tout ce travail, a-t-il précisé, s’est fait en toute indépendance: la CENCO n’a reçu aucun financement des partis politiques.  La CENCO s’était également dotée d’un centre de traitement des données.  Elle a pu recevoir les résultats exprimés par 13 110 999 citoyens, sur 18 millions, et un peu plus de suffrages, soit plus de 71,53% des suffrages valablement exprimés.  Le représentant de la CENCO a aussi expliqué que la CENCO avait procédé à un sondage des résultats avec une marge d’erreur d’1%, sur la base d’un échantillon représentatif des électeurs.  Tout cela lui a permis de dégager les tendances exprimées par les résultats et remontées par ses observateurs.

Le représentant de la CENCO dit que son organisme avait pris acte des résultats provisoires des élections.  Cependant, a-t-il ajouté, l’analyse des éléments en sa possession lui font croire que les résultats de la présidentielle ne correspondent pas aux chiffres de ses observateurs.  Il a appelé à la solidarité du Conseil de sécurité avec le peuple congolais, invitant l’organe onusien à demander une publication des procès-verbaux pour chaque bureau de vote, afin que soient comparées les données des candidats avec celles de la CENI, et afin de lever tout doute et apaiser les esprits.  Et en cas de contestation, il a souhaité que le Conseil de sécurité invite les parties à privilégier « la voie de la vérité et de la paix ». 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rendu hommage à l’ensemble du peuple congolais, qui a fait preuve de patience après un report des élections de plus de deux ans et s’est déplacé en nombre le 30 décembre pour exercer son droit de vote, dans une atmosphère apaisée.  Notant les nombreux « écueils techniques et politiques » pendant ces deux années, avec des soubresauts dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016, il a retenu avant tout « l’image de ces Congolais faisant la queue en bon ordre, pendant parfois plusieurs heures », pour pouvoir exercer leur droit à choisir librement leurs représentants.  « C’est un exemple de vitalité démocratique et la France le salue », a commenté le délégué. 

Le processus n’est pas terminé, a-t-il poursuivi après avoir salué les acteurs politiques, la société civile et les institutions de la RDC pour l’organisation de ces élections, « tenues dans des conditions jugées satisfaisantes malgré un constat de certaines irrégularités par les missions d’observation électorales internationales ».  Après l’annonce de certains résultats provisoires, la France attend désormais la publication des résultats des élections législatives par le CENI, ainsi que la compilation des procès-verbaux pour les élections provinciales. 

Relevant que les premiers résultats ont été publiquement contestés, et que la loi congolaise prévoit des voies de recours, M. Delattre a jugé important que toute contestation des résultats proclamés, notamment celle portant sur leur non-conformité avec le verdict des urnes, se fasse pacifiquement, par le recours aux procédures légales en vigueur et le dialogue politique entre toutes les parties prenantes.  Il a appelé toutes les parties à préserver le calme qui prévaut depuis la tenue du scrutin et souligné la nécessité pour tous d’agir de façon à favoriser la recherche d’un consensus national, fondé sur le respect des principes démocratiques et des droits de l’homme, ainsi que sur la préservation et la consolidation de la paix. 

Faisant référence à un « tournant historique » pouvant aboutir à la première alternance pacifique en RDC et au renforcement des institutions nationales, le représentant a assuré que la France se tient aux côtés du peuple et de la nation congolaise pour les accompagner sur ce chemin, dans le respect du choix démocratique des Congolais.  Enfin, M. Delattre a annoncé son intention de proposer aux membres du Conseil de sécurité d’adopter rapidement une déclaration à la presse « qui salue le processus électoral congolais et appelle toutes les parties à construire un consensus national, dans le respect de la paix et de la légalité. »

Mme AMPORA MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a commencé par féliciter le comportement du peuple congolais qui a fait preuve « d’un grand sens de responsabilité historique » et a donné une leçon de démocratie le jour des élections qu’elle a décrites comme « pacifiques, justes et transparentes ».  « L’Afrique peut en être fière », a poursuivi la représentante pour laquelle cette élection représente un pas décisif vers la consolidation de la démocratie en RDC et dans la sous-région. 

« Ne voulant pas être « triomphaliste », elle s’est dite bien consciente des contestations et critiques postélectorales et appelé tous les acteurs politiques ainsi que l’ensemble de la population à faire preuve de retenue, de prudence et de modération au cours de cette période pour préserver une atmosphère de paix et d’entente nationale.  Toute contestation des résultats électoraux doit se faire dans le cadre des recours prévus par la loi à cet effet et les acteurs politiques devraient s’abstenir de faire des déclarations précoces qui risquent d’influencer le cours des choses, a-t-elle exigé. 

Les Congolais doivent faire prévaloir l’intérêt suprême de leur pays sur leurs intérêts particuliers, a-t-elle poursuivi tout en soulignant que les élections « ne peuvent être perçues comme un jeu à somme nulle » où les gagnants remportent tout et les perdants partent les mains vides.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué que la tenue des élections en RDC marque une étape cruciale dans ce grand pays d’Afrique secoué par les violences depuis de nombreuses années.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, a pris note des rapports de la SADC et de l’Union africaine sur le déroulement du scrutin.  Elle estime que les divergences sur les résultats doivent être réglées par la voie juridique. 

M. Nebenzia a jugé inacceptable de faire pression sur les institutions du pays, notamment la CENI.  Il a rappelé à « ceux qui ont beaucoup commenté les résultats provisoires » que « le droit de publier les résultats est une question de souveraineté nationale ».  Ainsi, toute spéculation sur les résultats constitue une violation de la souveraineté de la RDC et cela pourrait avoir une incidence sur le pays et l’ensemble de la région des Grands Lacs, a-t-il prévenu.  Le représentant a également souhaité que la MONUSCO respecte scrupuleusement son mandat. 

M. ZHAOXU MA (Chine) est revenu sur les élections présidentielle et provinciales qui ont eu lieu le 30 décembre en RDC, et a qualifié le processus électoral de pacifique dans son ensemble.  Suite à l’annonce des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la Chine y voit une volonté de passation du pouvoir pacifique, et salue le Gouvernement congolais ainsi que la CENI pour leurs efforts qui vont dans l’intérêt du peuple congolais et sont propices à la paix et au développement du pays. 

Le représentant a appelé les parties congolaises à rester calmes et à régler leurs divergences par le dialogue et la négociation alors qu’il a demandé à la communauté internationale de respecter la souveraineté nationale, l’indépendance et l’intégrité territoriale ainsi que l’autorité de la CENI. 

De plus, la Chine encourage la communauté internationale à poursuivre son aide au Gouvernement congolais pour ce qui est de la consolidation de la paix, de l’assistance humanitaire et de la lutte contre l’épidémie d’Ebola.

Pour sa part, la Chine, qui participe à la MONUSCO, continuera à apporter son soutien à la RDC, a assuré le représentant en conclusion.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a rappelé que la tenue des élections en RDC s’annonçait comme une occasion historique de passation pacifique du pouvoir.  Il a indiqué avoir pris connaissance des résultats provisoires annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) le 10 janvier et attendre maintenant des éclaircissements sur les questions soulevées par une partie de l’opposition et la société civile au sujet du décompte des bulletins.  La transparence électorale sera donc cruciale, a-t-il souligné, et il revient aux acteurs congolais et à la région d’indiquer si le résultat annoncé est fidèle à ce qui a été observé et si le processus de compilations s’est déroulé de manière correcte.  Le représentant a aussi dit avoir pris note de la déclaration de la CENCO selon laquelle les données collectées par sa mission d’observation ne correspondent pas à celles de la CENI.

Pour garantir le respect du choix démocratique des Congolais, une discussion s’appuyant sur des faits et des chiffres s’impose, a préconisé M. Pecsteen de Buytswerve, pour qui la transparence est porteuse de réponses aux préoccupations exprimées et en mesure d’apaiser les esprits.  Le représentant a encouragé la CENCO à partager ses constats et ses chiffres.  En ce qui concerne la CENI, a-t-il poursuivi, celle-ci devrait publier les résultats, bureau de vote par bureau de vote ainsi que les procès-verbaux de chaque centre local de compilation des résultats et, « idéalement », permettre à des observateurs neutres d’avoir accès au serveur central.  Les parties prenantes ont également la possibilité de demander un recomptage de voix, a ajouté le délégué, et dans un « climat de méfiance totale », il est d’autant plus important de garantir une pleine transparence.  La Belgique, a-t-il dit, suggère par ailleurs que les missions nationales et celles de l’UA et la SADC poursuivent leurs observations lors de cette phase cruciale.

M. Pecsteen de Buytswerve a par ailleurs regretté que le processus se soit déroulé dans un climat de « fermeture de l’espace public ».  Il s’est déclaré gravement préoccupé par les coupures persistantes d’Internet et d’autres moyens de communication, ainsi que par la décision des autorités congolaises de retirer l’autorisation accordée à Radio France internationale de faire des reportages.  « Nous avons également été surpris par l’expulsion du représentant de l’Union européenne quelques jours avant la tenue des élections », a-t-il ajouté.  Constatant que la situation actuelle est tendue et l’esprit de contestation palpable, le représentant belge a appelé à régler tout contentieux électoral par les mécanismes institutionnels établis, conformément à la Constitution de la RDC et aux lois électorales pertinentes.  « Dans cette phase de très haute tension politique et de multiplication d’activités de groupes armés, nous devons tous nous rendre compte de notre responsabilité, en tant que membres de ce Conseil, et veiller à ce que la MONUSCO puisse pleinement et agilement jouer le rôle qui lui est attribué », a-t-il souligné en conclusion.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a remercié les millions de Congolais qui ont exercé leur droit de vote la semaine dernière après deux ans de retard dans le processus électoral.  « Malgré la confusion, les problèmes techniques, les conditions météorologiques et les longues files d’attente, les citoyens de la RDC ont montré au monde entier qu’ils avaient voix au chapitre.  Les États-Unis se tiennent aux côtés du peuple congolais en ce moment historique, a-t-il déclaré en estimant que c’est le peuple qui doit déterminer l’avenir du pays. 

Le représentant a pris note des résultats provisoires des élections et dit attendre des éclaircissements sur les questions soulevées au sujet du décompte des bulletins.  « Nous attendons avec impatience les nouvelles de la CENI et de la CENCO sur les données sous-jacentes à leurs résultats de vote », a-t-il dit.  « Nous continuerons d’exhorter toutes les parties à utiliser les systèmes et les procédures en place pour parvenir à un résultat définitif et à s’abstenir de toute violence.  Nous restons prêts à demander des comptes aux individus qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité de la RDC, ou qui mettent en péril le processus démocratique. »

En pleine phase postélectorale, a poursuivi M. Cohen, nous ne devons pas oublier que l’est du pays continue de faire face à un regain d’activité de la part des groupes armés et à la deuxième plus grave épidémie d’Ebola de l’histoire.  Alors que le Gouvernement congolais a annulé l’élection présidentielle à Yumbi, Beni et Butembo, la délégation américaine a émis l’espoir que les citoyens pourraient voter pour leurs représentants provinciaux et législatifs d’ici à mars, comme annoncé par la CENI.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a pris bonne note de la tenue des élections en RDC « qui ont été qualifiées d’impartiales et d’inclusives ».  Il a félicité toutes les institutions qui ont participé à ce processus électoral ainsi que le peuple congolais.  Suite à l’annonce des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et après avoir regretté les incidents d’hier, il a espéré que la passation des pouvoirs en RDC pourra se faire pacifiquement, et conformément à la Constitution, et que les contentieux seront réglés par l’entremise des recours existants.  Le Pérou a également appelé à l’unité du Conseil de sécurité « dans le respect du peuple congolais qui s’est exprimé par les urnes ». 

Abordant ensuite l’insécurité dans l’est du pays et les défis posés par l’épidémie d’Ebola, qui sont les deux facteurs du report des élections dans trois provinces à mars, il a encouragé les acteurs politiques à faire preuve de retenue et la communauté internationale à poursuivre le suivi de la période postélectorale dans le but d’assurer la pérennisation de la paix en RDC.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a indiqué que sa délégation prend note des résultats des élections publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et qui ont été contestés par des partis politiques et des organisations de la société civile.  L’essentiel est la pleine et entière transparence du processus, a-t-il insisté en demandant la levée du blocus d’Internet et que la CENI publie les résultats détaillés des bureaux de vote et des centres de compilation. 

Tout en demandant que les requêtes soient gérées par les voies légales, l’Allemagne invite la SADC et l’Union africaine à poursuivre leurs bons offices en maintenant le dialogue entre les parties.  Le calme, la paix et la stabilité en RDC sont essentiels pour les Grands Lacs et pour toute l’Afrique, a-t-il rappelé en concluant son propos. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a pris note des résultats provisoires des élections annoncés par la CENI, tout en prenant acte de leur contestation par un certain nombre d’acteurs.  Elle a donc appelé la Commission à publier toutes les données relatives aux résultats au niveau local, conformément à la loi électorale, afin de remédier aux préoccupations relatives à la transparence et à la légitimité du scrutin présidentiel.  « Nous espérons que ces élections marqueront le début d’une période de transition pacifique et de réformes nécessaires », a-t-elle déclaré.  Pour la représentante, les parties prenantes doivent s’efforcer de dissiper les doutes en s’engageant dans un dialogue et empruntant les voies légales comme recours.  Aucune violence contre l’expression pacifique de la nation souveraine congolaise ne saurait être tolérée, a-t-elle dit.  En conclusion, la déléguée a estimé que la situation dans le pays exige « un consensus national véritable », ajoutant que la crédibilité du processus électoral congolais est le seul moyen de rétablir la paix et la stabilité dans le pays. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) dit avoir suivi de près le déroulement du processus électoral en RDC depuis la publication du calendrier électoral en novembre 2017 jusqu’au scrutin du 30 décembre 2018.  Il a salué l’atmosphère relativement pacifique dans laquelle se sont déroulés les scrutins, en reconnaissant le soutien apporté à cette fin par l’Union africaine et la SADC ainsi que par les partenaires internationaux du pays.  Prenant note des résultats provisoires annoncés par la CENI, le Koweït a salué l’engagement du peuple congolais dans les trois processus électoraux et appelé toutes les parties à s’abstenir d’actes de violence postélectorale.  Le représentant a émis l’espoir que la CENI, la Cour constitutionnelle, le Gouvernement congolais, les partis politiques et la société civile assumeront leurs responsabilités jusqu’au terme du processus et jusqu’à l’annonce des résultats définitifs en vue de permettre une passation pacifique du pouvoir.

Pour ce qui est de la situation sécuritaire dans l’est du pays, M. Alotaibi a regretté le gâchis des ressources en raison de la violence et appelé toutes les parties concernées à mettre fin à celle-ci.  Le représentant en a profité pour condamner les actes de violence perpétrés hier.  Sa délégation s’est dite également préoccupée de la propagation d’Ebola dans un contexte de violences qui rend la lutte contre l’épidémie encore plus difficile, tout en posant un danger pour les pays limitrophes.  Elle a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts du Gouvernement congolais et de l’OMS pour endiguer la maladie.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a salué le Gouvernement congolais pour avoir assumé la responsabilité financière des scrutins et conduit le processus électoral avec détermination.  Toutes les parties congolaises et la communauté internationale doivent faire montre de la plus grande retenue dans leurs actions et déclarations et respecter le processus démocratique des élections, a-t-il préconisé.  Il revient maintenant au peuple congolais de tirer profit de l’élan généré pour consolider la stabilité du pays, a-t-il dit.  Le délégué s’est dit très préoccupé de la présence de groupes armés dans l’est du pays, en rappelant que l’exploitation illicite de ressources naturelles est au nombre des causes profondes du conflit.  M. Djani a plaidé en faveur d’un renforcement de l’assistance humanitaire et de l’appui international en vue d’enrayer l’épidémie du virus à Ebola.  Enfin, alors que la date de prorogation du mandat de la MONUSCO se rapproche, le délégué a souligné l’importance de mener des consultations approfondies avec le Gouvernement et les pays contributeurs de troupes, parmi lesquels se trouve l’Indonésie. 

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a salué l’environnement globalement calme et apaisé dans lequel se sont déroulés les scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux du 30 décembre 2018.  Il a pris note des résultats provisoires du scrutin présidentiel proclamés le 10 janvier 2019 par la CENI et exhorté toutes les parties prenantes à préserver le climat de paix qui a globalement prévalu lors des opérations de vote et pendant la période d’attente des résultats.  Il les a encouragées à privilégier les voies institutionnelles et légales pour leurs recours éventuels. 

L’actualité politique en RDC, a-t-il poursuivi, ne doit pas détourner l’attention du Conseil des défis sécuritaires et humanitaires dans le pays.  Il a cité à cet égard les violences intercommunautaires et la récurrence des activités déstabilisatrices des groupes armés.  La délégation rappelle aussi que la recrudescence des groupes armés et l’épidémie d’Ebola demeurent une source de préoccupation en RDC.  La Côte d’Ivoire, a conclu le délégué, encourage les autorités congolaises à renforcer leurs liens avec la MONUSCO, afin de mettre un terme aux activités des groupes armés, notamment dans l’est du pays. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a remarqué que l’engagement du Conseil de sécurité à l’égard de la RDC avait été important et avait eu de multiples facettes au cours de l’histoire de l’ONU.  Soixante ans après son indépendance, la RDC représente une surface plus grande que l’Europe occidentale mais a toujours des « infrastructures sous-développées », a-t-il noté.  Dès lors, l’organisation des élections récentes a été très difficile, a-t-il souligné, saisissant l’occasion pour rendre hommage à la CENI qu’il a considérée comme « la seule institution compétente pour annoncer les résultats des élections ».  Il est impératif que les résultats annoncés par la CENI soient respectés et acceptés par tous, en particulier par le Conseil de sécurité, a-t-il exigé, estimant que tout litige doit être réglé dans le cadre des mécanismes de recours existants.  De plus, il a souhaité que les propos du Conseil de sécurité contribuent au respect de la volonté du peuple congolais.

« La RDC est un pays riche, mais les Congolais sont pauvres », a poursuivi le délégué en exprimant ses préoccupations quant à l’exploitation illicite de ses ressources, notamment à l’est du pays marqué par la violence.  Cette pratique se fait au détriment du peuple congolais, s’est-il indigné. 

Le représentant a exhorté les partis politiques à permettre à la CENI de s’acquitter de son mandat sans ingérence et a exhorté les membres du Conseil de sécurité à décourager tout acte de violence « pour qu’on puisse assister à la première passation de pouvoir pacifique en RDC ».  En conclusion, il a appelé l’ONU -notamment grâce au cadre préconisé par la Commission de consolidation de la paix et le mandat de la MONUSCO-, la communauté internationale et l’Union africaine à maintenir leur soutien au processus électoral, à la consolidation de la paix et au développement en RDC.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a estimé que les élections du 30 décembre dernier sont « une chance historique à saisir pour le peuple congolais » afin de procéder à une passation démocratique du pouvoir.  Elle a souhaité que les méthodes ayant prévalu pour la compilation des données soient examinées.  Le Royaume-Uni, a-t-elle ajouté, prend également note de la déclaration de la CENCO qui estime que les résultats ne reflètent pas les données qu’elle a collectées.  De ce fait, le Royaume-Uni invite la CENI à bien vouloir procéder à une publication des résultats par bureau de vote.  La représentante a rappelé que le processus électoral était toujours en cours, et que le peuple avait le droit d’avoir des résultats reflétant le suffrage exprimé.  Elle a lancé un appel pour la levée des restrictions sur les médias en RDC, notamment l’Internet, avant de demander que la paix soit préservée dans le pays.

M. JOSÉ SINGER (République dominicaine) a prié la Représentant spéciale, Mme Zerrougi, à poursuivre ses efforts dans la période postélectorale en RDC.  Il a félicité la RDC de la tenue des « élections historiques » du 30 décembre 2018 et a salué la responsabilité et la maturité dont a fait preuve le peuple congolais, même si sa délégation déplore les pertes de vies humaines survenues depuis l’annonce des résultats provisoires par la CENI. 

Le représentant a espéré qu’il sera possible de garantir un climat de bonne gouvernance pour que les résultats définitifs soient conformes au souhait exprimé par la majorité des électeurs congolais dans les urnes et que la passation des pouvoirs puisse se faire pacifiquement.  En attendant la promulgation de ces résultats, le représentant a appelé les acteurs politiques à faire prévaloir la stabilité politique en RDC.  Pour sa délégation, ces élections ont le potentiel d’ouvrir un nouveau chapitre dans la consolidation de la démocratie dans ce pays.

Après avoir rappelé la situation politique en 2018 dominée par le processus électoral, M. IGNACE GATA MAVITA WA LUFUTA (République démocratique du Congo-RDC) a rappelé que M. Félix Tshisekedi Tshilombo a été proclamé vainqueur par la CENI pour l’élection présidentielle et indiqué qu’il « sera investi en qualité de Président de la République dès que la Cour constitutionnelle aura publié les résultats définitifs ».  Le représentant a souligné qu’en dépit de quelques incidents qui ont émaillé la campagne électorale et des pannes techniques sur les machines à voter, réparées par les techniciens de la CENI, « force est de reconnaître que ces élections se sont dans l’ensemble bien déroulées ».  Les candidats aux trois scrutins ont mené librement leur campagne et les électeurs se sont mobilisés en grand nombre et ont exprimé leur choix en toute quiétude, a-t-il affirmé.

M. Mavita a ajouté « qu’en raison du faible pourcentage de la compilation qui était à 20% à deux ou trois jours de la date de la publication des résultats provisoires, fixée par le calendrier électoral au 6 janvier 2019, la CENI a différé la publication qui a été faite le 10 janvier 2019 et qui, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, ouvre la voie à l’alternance au sommet de l’État. » Les résultats rendus publics ont été favorablement accueillis dans l’ensemble du pays, s’est félicité le représentant.

En cas d’éventuelle contestation pour ceux des candidats qui ne sont pas d’accord avec ces résultats, plus particulièrement l’élection présidentielle, ils disposent de voies de recours.  Conformément à la Constitution et aux lois de la RDC, le délai de recours est de 48 heures après la publication des résultats provisoires, a précisé le délégué.  Il s’est à cet égard étonné que des membres de la communauté internationale aient suggéré de rendre compte des résultats à d’autres organes que ceux prévus par la Constitution et les lois de la RDC.

M. Mavita a ensuite exhorté les partenaires et les pays amis à œuvrer pour la consolidation de la démocratie et de la paix en encourageant tous les acteurs politiques et leurs sympathisants à faire preuve de retenue, à privilégier l’intérêt supérieur de la nation en évitant tout acte de violence de nature à compromettre la paix sociale, et à recourir en cas de nécessité aux voies légales.  En effet, a-t-il poursuivi, il est important que le climat apaisé qui a prévalu lors du déroulement de ces élections puisse se poursuivre après la publication des résultats jusqu’à la passation pacifique et historique du pouvoir au sommet de l’État entre un chef d’État sortant et un chef d’État entrant.

Pour ce qui est de la situation sécuritaire dans la partie est du pays, le représentant a indiqué qu’elle préoccupe le Gouvernement congolais.  En effet, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) en collaboration avec la MONUSCO poursuivent les opérations militaires dans ces zones contre les groupes armés.  S’agissant particulièrement des terroristes des x Forces démocratiques alliées (ADF), à la suite du démantèlement de leurs principaux bastions au début de l’année passée, leurs capacités opérationnelles avaient sensiblement diminué, a rappelé le délégué.  « Leur mode opératoire aujourd’hui étonne et doit inciter la MONUSCO et les FARDC à revoir leurs stratégies et à conjuguer leurs efforts pour en finir avec ces terroristes en vue de mettre un terme aux souffrances qu’endurent les populations de Beni et de Butembo », a expliqué le délégué. 

En ce qui concerne la protection de l’enfance, a-t-il continué, la MONUSCO a collaboré avec des groupes armés pour libérer plus de 440 filles et garçons dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.  De son côté le Gouvernement, dans le cadre de la restauration de l’autorité de l’État et du rétablissement de la paix, mène une grande lutte pour éradiquer les groupes armés qui troublent la paix sociale et sèment l’insécurité dans les milieux où ils opèrent.  Les FARDC sont assistées dans cette lutte par la MONUSCO.  « Nous nous posons donc la question de savoir comment la MONUSCO peut entretenir des relations et collaborer avec les groupes armés qu’elle est censée combattre aux côtés des FARDC? », s’est interrogé M. Mavita.

Pour le volet humanitaire, les multiples déplacements de population dus à l’insécurité, la résurgence de certaines maladies et le retour non programmé de plusieurs milliers de Congolais de l’Angola dans les zones frontalières avec ce pays, constituent pour le Gouvernement des sujets de préoccupation auxquels il s’attèle à trouver des solutions urgentes.  « Toute assistance de la part de nos partenaires, pour soulager les populations dans le besoin, est toujours la bienvenue. »

Concernant Ebola, qui sévit dans la région de Beni et de Butembo, les efforts du Gouvernement en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et plusieurs autres partenaires se poursuivent.  Avant de conclure, le représentant a rappelé au Conseil de sécurité que « la RDC est en train d’écrire une nouvelle page de son histoire.  Elle attend de la part de la communauté internationale et de tous ses amis le soutien nécessaire pour lui permettre d’entrer dans la nouvelle ère qui s’ouvre devant elle avec quiétude et sérénité ». 

Reprenant la parole en fin de séance, le Président de la CENI a tenu à apporter certaines clarifications.  Il a affirmé que les élections en RDC ont été organisées conformément au cadre légal existant.  Ce faisant, la CENI a annoncé les résultats provisoires en conformité avec ce cadre juridique.  La CENI tient à souligner le fait que les élections en RDC représentent beaucoup de « passions », au point que pour certains « tant qu’un candidat donné ne passe pas, cela ne sera jamais bien ».  Il a cependant appelé à noter le calme qui prévaut dans le pays après l’annonce des résultats provisoires par la CENI. 

Conformément à la loi, ceux qui ne sont pas d’accord peuvent s’adresser aux instances compétentes, en particulier la Cour constitutionnelle qui devra soit confirmer ces résultats, soit, le cas échéant, annuler ces élections.  Si ces résultats sont confirmés, le nouveau Président et le Parlement seront installés dans 10 jours.  En attendant, le Président de la CENI a refusé de présenter ces résultats ou d’en discuter avec d’autres instances ou organismes, tenant au strict respect de ce qui est prévu par la loi.

Quelle que soit la suite donnée à ces élections, le Président de la CENI a appelé les Congolais au dialogue.  Il a réitéré la difficulté de l’organisation des élections de 2018 en RDC, « un pays continent », et a martelé que la CENI avait malgré tout permis de parvenir au résultat actuel.  La CENI, a-t-il ajouté, reste prête à honorer son mandat conformément à ce que la loi prévoit, même si elle ne prétend pas à la « perfection absolue ».  « Trois scrutins le même jour dans un pays comme le nôtre: ça n’a pas été facile », a tranché le Président de la CENI mettant en garde contre la tendance à « vouloir réveiller les démons qui dorment ».  S’agissant de la province du Nord-Kivu, il a expliqué que l’Assemblée provinciale ne sera installée qu’après les élections sur place. 

Le représentant de l’Allemagne a repris la parole pour demander au Président de la CENI si les résultats des scrutins du 30 décembre seront effectivement publiés ou exclusivement transmis à la Cour constitutionnelle.

Le Président de la CENI a donc précisé que les résultats sont affichés dans chaque bureau de vote, après le dépouillement du scrutin dans les 72 000 bureaux de vote, avant que les procès-verbaux ne soient ensuite transmis à la CENI.  Si jamais des contestations sont soulevées, les résultats seront présentés à la Cour constitutionnelle, a-t-il ajouté. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: en Afrique de l’Ouest et au Sahel, des progrès dans la « consolidation démocratique » fragilisés par une insécurité persistante

8442e séance – matin
CS/13660

Conseil de sécurité: en Afrique de l’Ouest et au Sahel, des progrès dans la « consolidation démocratique » fragilisés par une insécurité persistante

S’il y a eu plusieurs évolutions positives en Afrique de l’Ouest et au Sahel au cours des six derniers mois, notamment sur le plan électoral, on a observé une montée de l’insécurité et une certaine instabilité politique dans plusieurs pays de la région, a constaté, ce matin au Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).

M. Mohammed Ibn Chambas reprenait la principale conclusion du rapport du Secrétaire général qu’il était venu présenter aux membres du Conseil, en attirant leur attention sur la recrudescence des attaques de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad.  « Rien qu’au cours de la dernière semaine de décembre, Boko Haram a lancé trois attaques séparées contre des bases de l’armée nigériane dans les États de Borno et Yobe, tuant de nombreux soldats, personnels de police et civils, tout en s’emparant d’équipements et d’armes », a relaté le haut fonctionnaire.

Une tendance d’autant plus préoccupante qu’elle s’accompagne de la poursuite de violents affrontements entre agriculteurs et éleveurs, quoiqu’à un rythme moindre que pendant le premier semestre 2018, a-t-il précisé.  L’insécurité continue également de prévaloir au Sahel, a relevé M. Chambas, en citant l’instauration de l’état d’urgence dans 7 des 13 régions du Burkina Faso, et en prenant acte des défis sécuritaires de taille auxquels se heurtent les forces de sécurité et de défense du Niger, en dépit de leur « mobilisation massive ».  Des risques sécuritaires qui compliquent évidemment la tâche de gouvernements déjà aux prises avec de graves problèmes socioéconomiques.

Dans ce contexte, l’UNOWAS, a assuré celui qui le dirige, redouble d’efforts pour promouvoir une stabilisation durable de la région, en travaillant étroitement avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le G5 Sahel et la Commission du bassin du lac Tchad, y compris au travers de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  Certains membres du Conseil, comme le Royaume-Uni et la Fédération de Russie, ont souligné l’importance d’une délimitation très claire des tâches qui incombent à chacune de ces entités, en vue de maximiser leurs synergies.

Mais la mobilisation des bailleurs de fonds internationaux demeure insuffisante, a relevé le Représentant spécial, en saluant toutefois les partenaires de développement qui se sont engagés à hauteur de 2,4 milliards de dollars pour financer le Plan d’investissement prioritaire du G5 Sahel, présenté le 6 décembre à Nouakchott.  La Côte d’Ivoire a estimé que des financements prévisibles et durables à partir des contributions obligatoires des Nations Unies « impacteraient positivement l’efficacité et la pérennité » des forces de ce groupe de pays.

Il y a lieu, selon le Représentant spécial, de se féliciter du déroulement de divers scrutins au cours des six derniers mois en Afrique de l’Ouest et au Sahel, notamment au Mali, en Mauritanie, au Togo et en Côte d’Ivoire.  « En dépit de progrès appréciables dans la consolidation démocratique […], des efforts soutenus sont nécessaires pour répondre aux contentieux électoraux, en vue de prévenir et d’atténuer les violences électorales, ainsi que pour appuyer le dialogue inclusif », a préconisé M. Chambas, en rappelant qu’au cours des six prochains mois, la région sera le théâtre d’élections à hauts risques au Nigéria, au Sénégal, en Mauritanie et au Bénin.  

Le représentant des États-Unis ont ainsi estimé que les élections de février au Nigéria seraient un « test crucial de la démocratie » dans ce pays et au-delà.  Aussi s’est-il déclaré inquiet du climat politique actuel, marqué selon lui par des informations faisant état d’actes d’intimidation et de partialité de la part des forces de sécurité; d’une insécurité accrue; de l’incapacité à voter des personnes déplacées ou des personnes handicapées; et du risque que des votes soient achetés « à grande échelle », autant d’éléments susceptibles de remettre en cause l’intégrité du processus électoral.

Le Représentant spécial a par ailleurs alerté le Conseil de la marginalisation continuelle des femmes dans les processus de paix et politiques en Afrique de l’Ouest et au Sahel, identifiée comme facteur de conflit.  Des propos secondés par la République dominicaine, qui a déploré que la représentation politique des femmes dans la région soit encore « bien éloignée » du niveau escompté. 

La Guinée équatoriale a, quant à elle, annoncé que, lors de sa présidence du Conseil de sécurité en février, elle organiserait un débat sur la criminalité transnationale organisée en mer et sur la piraterie, qui fait partie aux yeux de sa délégation des fléaux que doivent s’efforcer de contrer les gouvernements concernés.

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST (S/2018/1175)

Déclarations

M. MOHAMMED IBN CHAMBAS, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), est venu présenter le dernier rapport en date sur la situation dans cette région, où des progrès ont été accomplis dans la consolidation démocratique, en dépit de défis sécuritaires persistants.  Dans le bassin du lac Tchad, les attaques de Boko Haram au cours des derniers mois se sont multipliées, en particulier contre des installations militaires.  « Rien qu’au cours de la dernière semaine de décembre, Boko Haram a lancé trois attaques séparées contre des bases de l’armée nigériane dans les États de Borno et Yobe, tuant de nombreux soldats, personnels de police et civils, tout en s’emparant d’équipements et d’armes.  Les violents affrontements entre agriculteurs et éleveurs se poursuivent également, quoique à un rythme moindre que pendant la première partie de 2018 », a indiqué le haut fonctionnaire. 

La situation sécuritaire demeure également fragile au Sahel.  Au Burkina Faso, l’état d’urgence a été déclaré dans 7 des 13 régions du pays, dans le nord, l’ouest et l’est du pays, sur fond de recrudescence des incidents sécuritaires.  Au Niger, en dépit d’une mobilisation massive des forces de sécurité et de défense nationales, celles-ci continuent de se heurter à des défis de taille dans l’ouest et le sud du pays.  Les attaques et enlèvements de plus en plus nombreux perpétrés par des groupes extrémistes dans la région aggravent les risques sécuritaires au Niger, au Bénin et au Togo, a mis en garde M. Chambas.  Cette insécurité en hausse, a-t-il expliqué, fait peser un fardeau très lourd sur les gouvernements de la région, qui doivent déjà répondre aux défis posés par l’expansion démographique et un chômage des jeunes massifs.  Des mesures d’austérité économiques, comme l’élimination des subventions pour les articles de première nécessité, ont aggravé les tensions sociales dans certains pays, a ajouté le Représentant spécial. 

Dans le cadre de ses efforts de long terme pour promouvoir la stabilisation durable dans la région, l’UNOWAS continue de travailler étroitement avec les partenaires régionaux, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le G5 Sahel et la Commission du bassin du lac Tchad, y compris au travers de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  Des progrès louables ont été accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 2349 (2017) en vue de soutenir une réponse régionale à la crise en cours dans le bassin du lac Tchad, s’est félicité le Chef de l’UNOWAS.  Toutefois, un soutien supplémentaire est nécessaire pour consolider les efforts de stabilisation au Sahel, a-t-il observé, tout en saluant les partenaires de développement qui se sont engagés à mobiliser 2,4 milliards de dollars pour financer le Plan d’investissement prioritaire du G5 Sahel, présenté le 6 décembre à Nouakchott.  Le haut fonctionnaire s’est également félicité de la tenue du Sommet conjoint de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et de la CEDEAO le 30 juillet dernier à Lomé, qui a été une étape importante en vue de répondre aux menaces terroristes auxquelles se heurte l’Afrique de l’Ouest et centrale. 

Le Représentant spécial a ensuite abordé l’élection présidentielle qui s’est tenue au cours des six derniers mois au Mali, les scrutins régionaux et parlementaires en Mauritanie et au Togo, respectivement, et les élections locales en Côte d’Ivoire.  « En dépit de progrès appréciables dans la consolidation démocratique dans la région, des efforts soutenus sont nécessaires pour répondre aux contentieux électoraux, en vue de prévenir et d’atténuer les violences électorales, ainsi que pour appuyer le dialogue inclusif comme attribut de sociétés inclusives », a préconisé M. Chambas, qui a rappelé qu’au cours des six prochains mois, la région sera le théâtre d’élections disputées au Nigéria, au Sénégal, en Mauritanie et au Bénin.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, plusieurs pays de la région continuent de se heurter à des défis dans les domaines de la justice et des droits de l’homme.  « Je suis particulièrement préoccupé par des allégations de violations des droits de l’homme commises par les forces de sécurité, ainsi que de la résurgence de groupes d’autodéfense, dont les agissements ont enflammé les tensions intercommunautaires dans certains pays.  Si les opérations de sécurité doivent être menées dans le respect complet du droit international humanitaire, des droits de l’homme et du droit des réfugiés, les acteurs non étatiques doivent être tenus pour comptables de leurs actes criminels », a déclaré le Représentant spécial.  Il s’est également alarmé de la marginalisation continuelle des femmes dans les processus de paix et politiques, qui est facteur de conflit.  En conclusion, il a insisté sur le fait que les solutions militaires, quoique nécessaires, sont insuffisantes et que des réponses holistiques respectueuses des droits de l’homme et des besoins socioéconomiques devaient être privilégiées.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a espéré que les dividendes de l’environnement économique sous-régional globalement encourageant donneraient lieu à une redistribution des fruits de la croissance à travers la création d’emplois pour les jeunes, la promotion d’activités génératrices de revenus et des projets à impacts rapides pour les femmes.  Il a aussi noté la stabilité politique sous-régionale « qui ne saurait toutefois occulter la nécessité de poursuivre les efforts en cours en vue de consolider l’ancrage de la démocratie et de la bonne gouvernance ».  Au regard des importantes échéances électorales prévues en 2019 et de la persistance des tensions politiques dans certains États de la sous-région, M. Ipo a encouragé le Chef de l’UNOWAS à intensifier ses missions de médiation et de bons offices dans les pays concernés en relation avec la Commission de la CEDEAO.  Il a encouragé l’UNOWAS à soutenir les efforts déployés par la CEDEAO qui dispose d’un avantage comparatif dans le suivi et l’appui aux processus politiques de sortie de crise.  Il l’a également invité à renforcer les capacités régionales de résilience aux conflits.

Sur le plan sécuritaire, le délégué se dit préoccupé de la persistance des menaces à la paix et à la stabilité sous-régionales causées par le développement du terrorisme et de l’extrémisme violent.  Il a plaidé pour que la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité transnationale organisée en Afrique de l’Ouest et au Sahel s’inscrive dans une approche holistique coordonnée, axée sur le renforcement des réponses sécuritaires et le soutien aux initiatives de développement.  Il a appelé la communauté internationale à apporter un soutien financier et logistique accru à la Force conjointe du G5 Sahel et à la Force multinationale mixte qui représentent « un modèle vertueux d’appropriation par les pays de la région de leur sécurité collective ».  M. Ipo a aussi rappelé la nécessité de la coordination entre la Force conjointe du G5 Sahel, la Force multinationale mixte et les autres forces en présence, notamment la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali et l’opération Barkhane.  Il a aussi plaidé pour des financements prévisibles et durables, à partir des contributions obligatoires des Nations Unies, pour garantir l’efficacité et la pérennité de ces forces.  Avant de conclure, le délégué a déclaré que les réponses sécuritaires actuelles doivent être accompagnées de stratégies de développement.

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a évoqué la conférence de haut niveau sur le bassin du lac Tchad qui s’est tenue à Berlin en septembre 2018, au cours de laquelle deux milliards de dollars ont été promis.  Il a souligné la nécessité de consolider les gains enregistrés après le retrait d’une mission par des efforts de développement économique, insistant à cet égard sur le rôle clef de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Il a appelé à remédier au nombre élevé d’armes légères et de petit calibre en circulation dans la région, avant de souligner l’appui fourni par son pays à cet effet, notamment au Nigéria. 

Le délégué a évoqué la mission conjointe de l’UNOWAS et de la CCP au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en Gambie en octobre 2018, tenant à rappeler l’importance du rôle consultatif de la Commission.  L’Allemagne, qui est l’un des principaux contributeurs au Fonds pour la consolidation de la paix, invite les États Membres à abonder ce Fonds, a-t-il déclaré.  Enfin, mentionnant le « lien fort » qui existe entre changements climatiques et sécurité, le représentant allemand a invité le Conseil à traiter des enjeux sécuritaires desdits changements de « manière plus structurée ».

Mme ANNE GUEGUEN (France) a souligné l’importance de l’UNOWAS pour suivre la situation des pays de la région, et notamment ceux qui ne sont pas inscrits à l’agenda du Conseil de sécurité.  Pour la France, la revue stratégique annoncée au cours des prochains mois devra être l’occasion de veiller à ce que l’UNOWAS bénéficie de tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission.  « N’oublions pas que la prévention des crises constitue le meilleur moyen pour nous tous de réaliser des économies. »

Préoccupée par la dégradation de la situation sécuritaire dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, en particulier au Sahel où la menace terroriste s’étend géographiquement et s’accompagne d’un accroissement dangereux des tensions intercommunautaires comme au centre du Mali et au nord-est du Burkina Faso, la représentante a dit que la réponse à ces crises repose à chaque fois sur une approche combinant des efforts sur les volets politique, sécuritaire et du développement.  À ce titre, Mme Gueguen a rappelé la mobilisation de la France pour accompagner la mise en œuvre par les parties maliennes de l’accord de paix, ainsi que sa participation à la lutte contre les groupes terroristes à travers l’opération Barkhane et son soutien à la Force conjointe du G5 Sahel.  Elle a aussi estimé que l’ONU avait un rôle central à jouer pour aider les États de la région à définir des réponses adéquates aux différents aspects des crises, ce qui suppose, selon elle, un travail à brève échéance afin d’assurer que les moyens mis en œuvre par le système onusien sur le terrain sont bien en phase avec les besoins des pays.  Ce travail lui semble notamment nécessaire dans le cas du Burkina Faso.

Insistant sur l’importance de préserver les fondamentaux de la stabilité régionale en Afrique de l’Ouest et au Sahel, Mme Gueguen a affirmé que cela passait tout d’abord par la tenue de processus électoraux crédibles, transparents et inclusifs.  Elle a également insisté sur le respect des droits de chacun et la lutte contre l’impunité comme facteurs de la stabilité.  Concrètement, elle a cité les cas du Mali et de la Gambie où les processus de justice transitionnelle doivent être menés à leur terme.  Elle a également souligné l’importance de l’accompagnement dans la durée des pays en sortie de crise, citant le cas du Libéria.  Au lendemain de la fermeture de la MINUL, la communauté internationale doit, selon elle, poursuivre sa mobilisation pour assurer le succès de la transition démocratique.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a partagé les préoccupations du Représentant spécial face à la montée de la violence intercommunautaire; la hausse de l’insécurité le long des frontières du Burkina Faso, du Mali et du Niger; la persistance d’activités terroristes et criminelles dans la région; et les allégations d’atteintes aux droits de l’homme commises par des groupes armés non étatiques et des forces de sécurité.  « C’est seulement en promouvant la bonne gouvernance, en s’attaquant aux causes profondes de l’instabilité, en créant des opportunités économiques, en respectant les droits de l’homme et en renforçant la sécurité dans la région » que la stabilité reviendra, a assuré le représentant.

M. Cohen a attiré l’attention sur la situation au Mali, appelant les parties à mettre en œuvre l’accord de paix et à réaliser des progrès significatifs au cours des prochains mois.  Il a émis l’espoir que seraient mises en œuvre les mesures énoncées dans la résolution 2423 (2018) du Conseil de sécurité, en prévenant qu’à l’avenir, « nous ne pourrons plus accepter la mauvaise volonté que nous avons vue par le passé pour appliquer les accords d’Alger.  Les enjeux sont trop importants, tant pour le peuple malien que pour la région, et le Conseil de sécurité devrait envisager d’utiliser tous les outils à sa disposition, y compris des sanctions, contre ceux qui font obstacle à la mise en œuvre ».

Dans le bassin du lac Tchad, a poursuivi le représentant, l’absence d’accès humanitaire dans de grandes parties de la région continue de faire de nombreuses victimes parmi les populations ayant besoin d’assistance, en particulier les femmes et les enfants.  Même si la région a progressé dans la coordination de la lutte contre Boko Haram et l’État islamique, M. Cohen a relevé que ces extrémistes violents demeurent des menaces dangereuses.  Il a par ailleurs estimé que les élections de février au Nigéria seraient un test « crucial » pour la démocratie dans ce pays et au-delà.  Aussi, s’est-il déclaré inquiet du climat politique actuel et des informations faisant état d’intimidation et de partialité de la part des forces de sécurité; d’une insécurité accrue; de l’incapacité à voter des personnes déplacées ou des personnes handicapées; et du risque que « l’achat de votes » à grande échelle puisse remettre en cause l’intégrité du processus électoral.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a plaidé pour une approche multidimensionnelle de long terme pour remédier aux multiples défis dans la région.  Il a souhaité le renforcement des capacités de l’UNOWAS en vue d’appuyer les prochains processus électoraux, en particulier au Sénégal, en Guinée et en Guinée-Bissau.  L’UNOWAS joue par ailleurs un rôle majeur dans les processus de désarmement, démobilisation et réintégration, ainsi que dans la promotion du développement durable, afin de remédier aux causes profondes des conflits. 

Enfin, le délégué péruvien a loué l’attention portée par le Bureau aux conflits intercommunautaires liés aux conséquences des changements climatiques.  

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a souligné les défis sécuritaires importants qui attendent un certain nombre de pays dans la région.  La détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso exige une réponse internationale forte et un appui aux autorités locales dans leur lutte contre les groupes terroristes, a-t-elle dit avant de condamner les violentes attaques terroristes et les affrontements intercommunautaires dans les régions septentrionales de ce pays. Elle a appelé les habitants de la région à lutter ensemble contre le terrorisme et à promouvoir la réconciliation nationale.  Il a encouragé les autorités locales à poursuivre systématiquement leurs réformes en matière de sécurité et à créer les conditions d’une paix et d’un développement durables.  Saluant en outre les élections pacifiques organisées dans la région, la déléguée a indiqué que les périodes avant et après les élections sont souvent caractérisées par des contestations.  Elle a ainsi appelé les autorités et les parties prenantes nationales à travailler ensemble afin de créer un environnement favorable à des élections pacifiques, inclusives et crédibles en 2019 au Bénin, au Tchad, en Guinée-Bissau, en Mauritanie, au Nigéria et au Sénégal.

La représentante s’est aussi inquiétée de la sous-représentation persistante des femmes dans les postes de haut-rang au sein des gouvernements dans la région de l’Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Elle a appelé les gouvernements à redoubler d’efforts afin d’améliorer l’autonomisation et l’inclusion politique des femmes dans les processus de décisions et à promouvoir un développement inclusif qui tienne compte des femmes.  Elle s’est par ailleurs préoccupée de l’impact des changements climatiques sur les dynamiques de conflit dans le bassin du lac Tchad et dans une partie du Sahel, appelant les partenaires nationaux, régionaux et internationaux à développer un cadre régional conformément à la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel pour répondre de manière proactive à ces menaces.  Les défis en Afrique de l’Ouest et au Sahel sont complexes et multidimensionnels et exigent une approche durable et holistique de la part de toutes les parties prenantes, a-t-elle conclu.

Après avoir salué les efforts déployés par l’UNOWAS en Afrique de l’Ouest, Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a reconnu que la région traverse un moment difficile et crucial en raison de la situation précaire en matière de sécurité et de l’instabilité au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigéria, théâtres d’attaques aveugles commises contre cibles civiles et militaires.  Dans ce contexte, le Bureau doit, de concert avec d’autres entités comme la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, œuvrer à la mise en place de mécanismes efficaces de prévention, de médiation et de solutions aux conflits adéquats, a préconisé la représentante.

Celle-ci a ensuite encouragé les bailleurs de fonds à contribuer au Plan de réponse humanitaire 2019 pour le bassin du lac Tchad.  Sa délégation s’est également félicitée des initiatives régionales mettant l’accent sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration au sein du G5 Sahel.  Mme Colifa a annoncé, en conclusion, que la Guinée équatoriale, lors de sa présidence du Conseil de sécurité en février, organiserait un débat sur la criminalité organisée transnationale en mer et la piraterie.

M. HAITAO WU (Chine) a insisté sur la relative stabilité dans la région et sur le bon déroulement des divers processus électoraux.  Il a plaidé pour un appui international à la lutte contre les groupes terroristes et insisté sur le rôle important joué par le G5 Sahel.  Le délégué a aussi invité la communauté internationale à renforcer les capacités des pays de la région en vue de remédier aux causes profondes des conflits.  La Chine continuera de soutenir les efforts de l’UNOWAS, a-t-il déclaré. 

Enfin, le représentant a évoqué le Sommet Chine-Afrique qui s’est tenu en septembre dernier à Beijing, ainsi que la création d’une plateforme de coopération ayant notamment permis le financement de plusieurs projets de renforcement des capacités en Afrique. 

 M. DAVID CLAY (Royaume-Uni) s’est dit préoccupé par la situation politique et sécuritaire dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, fragilisés par la menace terroriste que représente Boko Haram.  Il s’est attardé sur la crise dans le bassin du lac Tchad, où les besoins humanitaires sont particulièrement aigus, avant de se féliciter des synergies régionales mises en œuvre non seulement pour atténuer les agissements de ces groupes terroristes mais aussi pour répondre aux causes structurelles de la pauvreté.  Le Plan de réponse humanitaire 2019 pour le bassin du lac Tchad doit donc bénéficier d’un soutien renforcé de la communauté internationale, a exhorté le représentant britannique.  Selon lui, les responsabilités doivent être clairement délimitées entre l’UNOWAS et les autres entités telles que le Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sahel, la CEDEAO et d’autres.  L’UNOWAS a un rôle crucial à jouer pour accompagner les processus électoraux à venir dans les pays de la région, a-t-il reconnu en conclusion. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a loué l’appui fourni par l’UNOWAS aux processus électoraux dans la région et félicité le Mali et la Mauritanie pour la bonne organisation des scrutins dans ces pays.  Il a souhaité que les élections à venir au Nigéria, au Sénégal et en Guinée-Bissau se déroulent dans la transparence.  La situation sécuritaire demeure instable dans la région, a-t-il poursuivi.  Estimant que le principal défi sécuritaire est le trafic de stupéfiants, le délégué a insisté sur le rôle clef de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour y remédier.  Il a ensuite invité les parties maliennes à respecter l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015.  Enfin, le délégué du Koweït a appuyé la Force conjointe du G5 Sahel dans la lutte contre le terrorisme et demandé un renforcement de l’assistance humanitaire pour la région du bassin du lac Tchad. 

 M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) s’est inquiété des conséquences que les revers connus par l’Afrique de l’Ouest en matière d’insécurité au cours des derniers mois pourraient avoir sur les progrès constatés simultanément ailleurs.  Il a fait référence aux attaques lancées par des organisations terroristes au Mali, au Burkina Faso et au Niger, et à la coordination croissante entre celles-ci.  Sa délégation s’est dite convaincue que l’UNOWAS était en position de jouer un rôle important pour répondre aux défis auxquels se heurtent la région, en particulier en apportant un soutien à la Force conjointe du G5 Sahel et en répondant aux causes profondes des conflits.  À cette fin, le représentant a estimé qu’il incombe au Conseil de sécurité de soutenir les cadres régionaux multilatéraux en place et de s’appuyer sur le dialogue politique.  Il faut aussi encourager la coordination entre la CEDEAO, le Groupe des cinq, l’Union africaine et les autres entités onusiennes pertinentes, a plaidé le représentant. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a salué le travail de l’UNOWAS en termes de diplomatie préventive en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Il a souligné notamment son engagement avec les gouvernements, la société civile et les organisations régionales et sous-régionales, qui permet une réponse rapide mais aussi à plus long terme aux causes profondes des conflits.  S’agissant de la stabilité et de la consolidation de la paix dans cette région, il a mis l’accent sur l’importance de processus électoraux pacifiques, transparents et crédibles pour jeter les bases de démocraties solides et de la bonne gouvernance, citant notamment les cas du Nigéria, du Sénégal et de la Guinée-Bissau.

L’Indonésie demeure préoccupée par la menace constante que posent les groupes terroristes et les réseaux criminels en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et appelle au renforcement de la réponse collective à ces menaces, notamment par le truchement de la Force conjointe du G5 Sahel.  Le représentant a d’ailleurs demandé que cette force puisse compter sur un financement prévisible.  Notant que la plupart des conflits en Afrique de l’Ouest et au Sahel sont transfrontaliers et interconnectés, il a souligné le besoin urgent d’une montée en puissance de la coopération dans le contexte régional, mais aussi entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Il a aussi mis en avant le rôle central que doit jouer l’UNOWAS dans la mise en œuvre de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) s’est dit préoccupé de la situation sécuritaire dans la région, notamment au regard de l’intensification de la violence intercommunautaire dans plusieurs pays comme le Niger, le Burkina Faso et le Mali.  La Belgique, a-t-il poursuivi, salue le courage et les sacrifices des forces de sécurité dans leur combat contre les terroristes.  En même temps, a-t-il fait remarquer, « on ne pourra pas sortir de ce conflit en ignorant les droits de l’homme »: à défaut, les succès des forces de sécurité ne seront qu’éphémères et hypothèqueront la réconciliation et la sortie de crise durable.  Il a recommandé une approche holistique pour faire face à l’extrémisme violent, mettant l’accent sur la bonne gouvernance, le dialogue et la médiation ainsi que sur un développement durable et inclusif.  M. Pecsteen a estimé en outre que la multiplication des conflits entre éleveurs et agriculteurs méritait une attention particulière car ces tensions sont actuellement un facteur majeur d’insécurité dans la sous-région et même au-delà.

S’agissant de la consolidation de la paix, le délégué a invité à soutenir les efforts de la Gambie, du Libéria et de la Sierra Leone: la réconciliation nationale, la reconstruction postconflit et la réforme du secteur de sécurité sont des défis importants pour ces États dont les institutions démocratiques sont en voie de consolidation.  La volonté politique d’ancrer la bonne gouvernance, la démocratie et les droits de l’homme sera déterminante afin de pérenniser les acquis et de poursuivre le développement durable.  Il a souligné l’importance du rôle joué par la CCP dans l’accompagnement de ces pays en maintenant le dialogue entre toutes les parties intéressées.  De même, les activités menées par le Fonds pour la consolidation de la paix restent cruciales pour combler des besoins spécifiques.  M. Pecsteen a salué l’approche centrée sur la prévention et préconisé que ces efforts s’appuient sur la nouvelle structure des Coordinateurs résidents dans l’optique de rester « Unis dans l’action ».  Avant de conclure, il a salué le rôle de pionnier de l’UNOWAS qui met en œuvre la volonté du Conseil de sécurité en étudiant l’impact de l’évolution du climat dans le cadre d’une approche « prévention des conflits ». 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est félicité du déroulement dans le calme des élections dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, même s’il a constaté la montée en puissance des organisations terroristes qui sévissent dans la région.  Mettre un terme à ce fléau est un objectif prioritaire, a-t-il observé, en rappelant le soutien de son gouvernement aux opérations antiterroristes en cours dans la région.  À cet égard, il a estimé que le dialogue avec ces groupes n’était pas possible.  Le représentant a plaidé pour le renforcement de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, dont le potentiel reste à exploiter selon lui, avant de rappeler l’importance du principe de répartition des tâches entre les entités pertinentes du système des Nations Unies, et ce, afin d’éviter les doublons. 

M. JOSÉ SINGER (République dominicaine) a loué la bonne tenue des processus électoraux qui se sont conclus dans la région et espéré que les prochains se déroulent de manière aussi satisfaisante.  Il a ensuite rappelé que 24 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire dans la région, avant de dénoncer les violences sexuelles et les détentions arbitraires dont sont victimes les femmes qui restent aux mains des groupes terroristes.  Le délégué a par ailleurs déploré que le niveau de représentation des femmes soit encore bien éloigné du niveau escompté.  Beaucoup doit encore être fait pour garantir l’inclusion politique des femmes, a poursuivi le représentant.  Enfin, M. Singer s’est dit vivement préoccupé par les conséquences négatives des changements climatiques pour la région, avec notamment des déplacements de population.  L’UNOWAS doit accroître ses efforts pour relever « ce défi colossal », a conclu le délégué de la République dominicaine.

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