En cours au Siège de l'ONU

La Cinquième Commission est saisie d’une demande de 10 millions de francs suisses supplementaires pour la rénovation du Palais des Nations à Genève en 2019

Soixante-treizième session,
16e séance – après-midi
AG/AB/4303

La Cinquième Commission est saisie d’une demande de 10 millions de francs suisses supplementaires pour la rénovation du Palais des Nations à Genève en 2019

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné, cet après-midi, une demande de 10 millions de francs suisses de crédits supplémentaires pour entamer, en 2019, l’installation d’un système de ventilation et de climatisation au Palais des Nations, dans le cadre de la rénovation de l’Office des Nations Unies à Genève.  Les États-Unis ont insisté sur la nécessité de contenir les coûts et réduire le « fardeau financier » des États Membres.

Lancé en 2014, le projet de rénovation du Palais des Nations à Genève, dit « plan stratégique patrimonial », devrait s’échelonner jusqu’en 2023, pour un coût total de 836,5 millions de francs suisses.  Il comprend trois grands volets: la construction d’un nouveau bâtiment permanent, dit bâtiment H, dont les travaux ont commencé en avril 2017, la remise en état du garage souterrain du bâtiment E, finalisée cette année, et la rénovation des bâtiments historiques datant des années 1930, censée s’échelonner de 2018 à 2023. 

Après une évaluation des risques liés à l’élévation continue des températures en Suisse, le Secrétaire général demande d’ajouter au projet un nouveau volet: l’installation d’un système de ventilation et de climatisation dans les bâtiments historiques, dont le montant total est estimé à 67 millions de francs suisses.  S’il propose de financer l’essentiel de cette somme avec les revenus locatifs et recettes provenant de la valorisation du patrimoine foncier de l’ONU, M. Guterres demande toutefois un crédit supplémentaire de 10 millions de dollars pour entamer les travaux dès 2019.  Regrettant l’irruption de ce nouveau cahier des charges en pleine exécution du projet, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) recommande toutefois de répondre favorablement à la demande du Secrétaire général.  Il le prie en revanche de détailler davantage l’estimation du coût total et d’envisager d’autres sources de financement que les revenus liés à la valorisation du patrimoine foncier.  Tous les revenus tirés de la location d’un quelconque bien immobilier de l’ONU à Genève doivent être affectés au projet, ont estimé les États-Unis, soucieux de contenir les coûts et de réduire le « fardeau financier » des États Membres.

Le Groupe des 77 et la Chine ont tout simplement douté du bienfondé d’un système de ventilation et de climatisation, en disant compter sur des alternatives écologiques.  La proposition du Secrétaire général a, en effet, de quoi surprendre, a avoué la Fédération de Russie, qui a rappelé que, l’an dernier, l’Assemblée n’avait pas entériné l’installation de ce système, en raison de son coût élevé.  Les États-Unis ont dit attendre un lieu de travail plus flexible, à la capacité accrue et mieux adapté à une ONU du XXIe siècle, « dans l’une des villes les plus chères au monde ». 

Notre principale préoccupation, a rappelé la Suisse, demeure précisément la question non résolue des modalités de financement.  Elle a prévenu que cette « incertitude persistante » risque de compromettre les progrès réalisés jusqu’ici, alors que moins d’un tiers des coûts totaux du projet initial doit encore être financé par les États Membres durant le cycle du projet.  La Suisse a réclamé une réponse de l’Assemblée générale au cours de cette session.  Le Secrétaire général propose trois formules: ouverture des crédits et mise en recouvrement en une seule fois au début du projet; ouverture des crédits et mise en recouvrement échelonnées sur plusieurs années; ou combinaison des deux premières formules.

M. Guterres propose aussi la création d’un compte spécial pluriannuel alimenté par des crédits et des contributions distincts de ceux inscrits au budget-programme et précise que si le franc suisse est tenu comme monnaie de comptabilisation des crédits et des contributions, la création d’un compte spécial pluriannuel distinct du budget-programme s’imposerait.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

 

 

BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le cinquième rapport d’étape annuel sur le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève (A/73/576)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné ceux du Secrétaire général (A/73/395) et du Comité des commissaires aux comptes (A/73/157) qui a réalisé deux nouveaux audits complets du plan stratégique patrimonial et formulé 13 nouvelles recommandations.

Le Secrétaire général indique que l’exécution du projet progresse conformément au calendrier général, même si des retards ont été enregistrés dans la construction du bâtiment H du fait de problèmes imprévus liés aux sols.  Le Comité consultatif insiste sur le fait que la gestion du projet doit être assurée de manière rigoureuse et les domaines qui présentent des risques et des vulnérabilités suivis de près.  Il note que le fait de devoir installer un système de ventilation et de climatisation dans les bâtiments anciens du Palais des Nations élargit la portée du plan stratégique patrimonial.  Il estime qu’il aurait été préférable que le cahier des charges relatif à cette installation ait été intégré au plan initial et que les dépenses correspondantes aient été prises en compte dans la demande de prêt.

Le Comité consultatif recommande néanmoins à l’Assemblée générale d’autoriser le Secrétaire général à exécuter les travaux et à en profiter pour limiter les coûts.  Notant que les dépenses supplémentaires s’établissaient dans une fourchette allant de 40 à 50 millions de francs suisses, alors que les prévisions de dépenses s’élèvent à 67 millions de francs suisses, le Comité recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général d’affiner et de réduire les prévisions de dépenses.  Comme le Secrétaire général propose d’installer le système de ventilation et de climatisation simultanément avec la mise en œuvre de stratégies de gestion souple de l’espace de travail, le Comité consultatif recommande que l’Assemblée générale autorise ce dernier à engager des dépenses à hauteur de 10 millions de francs suisses pour couvrir les dépenses afférentes au projet en 2019.

Au 31 juillet 2018, le montant total des dépenses consacrées au projet pour la période depuis 2014, était de 131,2 millions de francs suisses et les prévisions de dépenses pour le reste de l’année 2018 sont estimées à 13,5 millions de francs suisses.  Le financement approuvé qui sera tiré du prêt consenti par l’État suisse pour la période 2014-2018 devrait s’élever à 42,5 millions de francs suisses.  Le Secrétaire général rappelle que le prêt total sans intérêt de 400 millions de francs suisses était destiné à financer la construction du nouveau bâtiment et les travaux de rénovation mais que les montants effectivement affectés ne pourront être déterminés que lorsque la construction du nouveau bâtiment sera achevée.  À compter de 2019, le prêt sera utilisé pour couvrir une partie des dépenses liées à la rénovation des bâtiments existants ainsi que les services de consultants afférents et le démantèlement de la partie supérieure du bâtiment E.  Le remboursement sur 50 ans des annuités correspondant à la partie du prêt destinée à la construction du nouveau bâtiment permanent H débutera à la fin de 2020.

Les trois formules d’ouverture des crédits et de mise en recouvrement des contributions (ouverture des crédits et mise en recouvrement en une seule fois au début du projet, ouverture des crédits et mise en recouvrement échelonnées sur plusieurs années ou combinaison des deux premières formules) et les deux monnaies de comptabilisation (dollar des États-Unis ou franc suisse) restent d’actualité.  Le Secrétaire général propose la création d’un compte spécial pluriannuel alimenté par des crédits et des contributions distincts de ceux inscrits au budget-programme.  Il précise que, si l’Assemblée générale décidait de retenir le franc suisse comme monnaie de comptabilisation des crédits et des contributions, la création d’un compte spécial pluriannuel distinct du budget-programme s’imposerait.  Le remboursement des annuités des prêts serait effectué depuis ce compte jusqu’à la fin du projet, en 2023, mais serait ensuite comptabilisé dans le budget-programme de la période concernée.  Le Comité consultatif souligne qu’il importe que l’Assemblée générale se prononce, au cours de cette session.  Entretemps, l’Office des Nations Unies à Genève continue de chercher activement des donateurs pour contribuer au financement des travaux.

Le Secrétaire général indique aussi que les activités de valorisation du patrimoine foncier, dont l’Organisation est propriétaire à Genève, progressent.  Il demande à l’Assemblée générale d’autoriser que l’excédent de recettes provenant de ces activités soit utilisé pour financer les dépenses connexes découlant de la demande qu’il lui a faite d’approuver l’installation d’un système de ventilation et de climatisation, y compris la gestion souple de l’espace de travail.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. KARIM SAMIR ISMAIL ALSAYED (Égypte) a pris note des progrès effectués au cours de l’année écoulée dans la mise en œuvre du plan stratégique patrimonial, y compris le lancement et la poursuite de travaux de construction du bâtiment H et la fin des travaux de renforcement de la dalle de toiture du garage souterrain du bâtiment E.

Le représentant s’est toutefois dit préoccupé par les retards pris dans les travaux.  Il a mis l’accent sur la nécessité de prendre des mesures pour que le projet soit finalisé dans les délais impartis et dans les limites du budget autorisé.  Mon Groupe, a-t-il prévenu, entend demander des informations supplémentaires sur les projets connexes qui pourraient avoir un impact sur la portée et le budget du plan stratégique, y compris le plan directeur en matière de sécurité et le programme d’entretien du Palais des Nations.

M. Alsayed a dit attendre le lancement des appels d’offre pour la rénovation des bâtiments historiques datant des années 1930 durant le dernier trimestre 2018.  De ce point de vue, il a noté les efforts déployés afin d’attirer les meilleurs contractants internationaux possibles.  Il a salué la contribution volontaire de la Chine et encouragé les autres États Membres à financer les projets inscrits au cahier des charges, notamment en vue de préserver l’héritage du Palais des Nations.

Par ailleurs, le représentant a rappelé que l’Assemblée générale avait dûment appuyé la mise en place de stratégies de gestion souple de l’espace de travail dans les nouveaux bâtiments, tout en prenant note des difficultés techniques.  Il a dit que son Groupe tiendra compte de ces difficultés lorsqu’il examinera les nouvelles propositions du Secrétaire général, dont l’augmentation significative des dépenses liées aux consultants censés travailler sur ces difficultés.  Le représentant a aussi dit attendre des précisions sur les besoins actuels et futurs en matière d’espace, notamment dans la perspective de la réinstallation de certaines entités dans de nouveaux locaux construits ailleurs dans le complexe.

Il a salué par ailleurs l’étude relative aux effets des changements climatiques sur les activités de l’Organisation à Genève.  Il a noté à cet égard la demande du Secrétaire général d’installer un système de ventilation et de climatisation au Palais des Nations.  Nous demanderons, a-t-il prévenu, des précisions sur cette proposition mais aussi sur les alternatives écologiques potentielles.  Enfin, le représentant a estimé que le moment était venu de prendre une décision sur la devise d’appropriation et d’évaluation de ce projet de construction « majeur » et sur la création d’un compte spécial pluriannuel.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a dit que la transparence et la bonne gouvernance doivent guider la décision des États Membres sur le financement du plan stratégique patrimonial, dont la réduction du fardeau financier qui pèse sur les États Membres par l’examen d’autres options.  Afin de contenir les coûts, tous les revenus tirés de la location d’un quelconque bien immobilier de l’ONU à Genève doivent être affectés au plan stratégique.  Tout doit être mis en œuvre pour éviter une augmentation des contributions des États Membres.  Le plan, a-t-elle rappelé, comprend de nombreux aspects dont la gouvernance, la gestion des risques, l’utilisation de l’espace, l’accessibilité et le nouveau système de climatisation et de ventilation.  Nous attendons avec impatience de discuter de toutes ces questions, au cours de cette session, ainsi que des modalités de financement, pour pouvoir fournir l’orientation nécessaire et assurer le succès du projet, a déclaré Mme Norman-Chalet.  Elle a encouragé le Secrétaire et l’équipe de projet à rechercher les moyens de créer un lieu de travail plus flexible, à la capacité accrue et mieux adapté à une ONU du XXIe siècle, d’autant plus que le Palais des Nations est situé dans l’une des villes les plus chères au monde.  Citant une étude récente, elle a affirmé que le taux moyen quotidien de l’utilisation des espaces de travail individuels au Palais des Nations est de 51%.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a dit que plan stratégique patrimonial se trouvait presque à mi-parcours.  Il se poursuit conformément aux objectifs, approuvés et confirmés par les États Membres, en termes de coût global, de durée, de cahier des charges et de qualité.  Il s’agit d’une réussite remarquable pour un projet aussi vaste, unique et complexe.  Le plan revêt une importance essentielle pour les Nations Unies, a poursuivi le délégué.  Il représente un investissement dans une organisation moderne, efficace et efficiente et respectueuse de son personnel, de l’environnement et de ses ressources financières.  Le projet améliorera le bien-être et la productivité de tous, dont le personnel, les délégués et les visiteurs. 

Les infrastructures devenues obsolètes seront entièrement rénovées et les obstacles auxquels les personnes handicapées font aujourd’hui face, éliminés.  Le projet favorisera une réduction considérable des frais, une meilleure utilisation de l’espace et la création de revenus supplémentaires.  Il permettra ainsi à l’Organisation et aux États Membres de réaliser, chaque année, des économies substantielles.  D’autres entités des Nations Unies seront accueillies au Palais, ce qui facilitera encore les échanges et la collaboration.

Notre responsabilité principale à présent, a estimé le représentant, est de veiller à ce que le projet soit poursuivi et mené avec succès.  Il a dit avoir constaté avec inquiétude certaines modifications apportées aux détails du calendrier et aux coûts de certains segments du projet.  De telles modifications dans le cadre d’un projet aussi grand et complexe ne sont pas inhabituelles mais, a dit le représentant, nous encourageons le Secrétaire général à continuer à prendre toutes les mesures nécessaires afin que le projet puisse être achevé dans le cadre approuvé par les États Membres. 

Notre principale préoccupation demeure la question non résolue des modalités de financement, a prévenu M. Lauber.  À ce jour, moins d’un tiers des coûts totaux du projet initial doit encore être financé par les États Membres durant le cycle du projet.  En effet, des sources alternatives de financement d’une envergure exceptionnelle viendront réduire les contributions assignées aux États Membres.  D’ici à la fin de l’année prochaine, plus de 100 millions de francs suisses de notre prêt de 400 millions à taux zéro auront déjà été versés.  Des revenus de plus de 80 millions de francs suisses issus de la valorisation des terrains seront aussi envisageables et des dons substantiels ont été engagés en faveur du projet.

Comme des contrats importants portent sur plus d’une année budgétaire, l’incertitude qui subsiste à l’égard des modalités de financement risque de causer des retards et des coûts additionnels.  Il est donc d’une importance capitale de parvenir à un accord sur les modalités de financement, au cours de cette session.

Mme MARIA V. FROLOVA (Fédération de Russie) a rappelé que son pays attache une grande importance à la préservation du patrimoine des Nations Unies à Genève.  « Ce n’est pas un travail de routine, mais un investissement dans l’avenir de l’ONU et dans sa représentation », a-t-elle affirmé. 

La représentante a rappelé que, l’an dernier, l’Assemblée n’avait pas entériné les propositions du Secrétaire général visant à installer un système de ventilation et de climatisation au Palais des Nations, en raison notamment du coût élevé, ni ses propositions visant à mettre en place des stratégies de gestion souple de l’espace de travail dans des bâtiments historiques.

La représentante a donc avoué sa surprise face aux dernières propositions du Secrétaire général, s’opposant catégoriquement à l’idée de cumuler la gestion souple de l’espace de travail avec les travaux d’installation du système de ventilation et de climatisation, car cela porterait atteinte aux conditions de travail et à la nature historique des bâtiments.

Elle a aussi demandé des précisions sur les plans du Secrétariat pour atténuer les risques découverts par une entreprise indépendante, en tenant compte de l’avis du CCQAB.  La représentante a par ailleurs espéré que l’attribution des marchés publics sera conforme aux règles en vigueur.  Espérant aussi que le léger retard dans les travaux sera compensé, elle a conclu en appuyant les initiatives visant à améliorer l’accessibilité des bâtiments.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission achève ses travaux avec l’adoption de neuf projets de résolution sur l’UNRWA et les pratiques israéliennes ainsi que deux textes sur la Polynésie française et Guam

Soixante-treizième session,
28e séance – matin
CPSD/688

La Quatrième Commission achève ses travaux avec l’adoption de neuf projets de résolution sur l’UNRWA et les pratiques israéliennes ainsi que deux textes sur la Polynésie française et Guam

La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a conclu ses travaux ce matin, en adoptant, à l’issue d’un vote, neuf projets de résolution relatifs au mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et aux pratiques israéliennes.  Elle a également adopté par consensus deux projets de texte relatifs à la Polynésie française et à Guam ainsi que le programme de travail de sa soixante-quatorzième session.

En adoptant ces projets de résolution, la Quatrième Commission cible notamment les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, auxquelles un projet de résolution entier est consacré.  Ce texte appelle à l’arrêt immédiat et complet de toutes les activités de peuplement israéliennes, soulignant que cela est indispensable pour sauvegarder la solution des deux États sur la base des frontières d’avant 1967.  

Un autre texte portant sur les « Pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est » exige aussi qu’Israël renonce aux détentions arbitraires, aux déplacements de force, à la démolition d’habitations, à l’emploi excessif de la force, à la construction du mur ainsi qu’au blocus de la bande de Gaza.  Israël se verrait aussi appelé, aux termes d’un texte sur le Golan syrien, à renoncer à imposer aux citoyens syriens du Golan syrien occupé la nationalité israélienne.

La Quatrième Commission a aussi adopté un texte sur les « Travaux du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés » qui met notamment en avant l’impartialité de cet organe et exige qu’Israël collabore avec lui.  Ce Comité se verrait en outre prié de continuer à enquêter sur le traitement et le statut des milliers de prisonniers et de détenus qui se trouvent dans les prisons et centres de détention israéliens situés dans le Territoire palestinien occupé.

Un autre texte sur l’« Aide aux réfugiés de Palestine » souligne pour sa part la nécessité de poursuivre l’œuvre de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), « en attendant le règlement équitable de la question des réfugiés de Palestine ».

L’UNRWA était d’ailleurs au cœur d’un projet de résolution portant spécifiquement sur ses opérations et qui appelle les donateurs à verser rapidement des contributions volontaires annuelles, d’affecter moins de crédits à des fins particulières et d’envisager un financement pluriannuel, conformément au « Grand Bargain on Humanitarian financing », annoncé au Sommet mondial sur l’action humanitaire qui s’est tenu à Istanbul en mai 2016.  L’Assemblée générale exprimerait aussi par ce texte sa profonde reconnaissance à tous les pays donateurs et à toutes les organisations qui ont versé des contributions à l’Office pour l’aider à atténuer la crise financière sans précédent qui l’a frappé en 2018. 

La Quatrième Commission a aussi adopté un projet de résolution sur les « Biens appartenant à des réfugiés de Palestine et produit de ces biens » ainsi qu’un texte sur les « Personnes déplacées du fait des hostilités de juin 1967 et des hostilités postérieures » qui souligne la nécessité de leur retour accéléré.  Elle a également fait sien un projet de résolution sur l’applicabilité de la Convention de Genève au Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et aux autres territoires arabes occupés.

Ces neuf projets de résolution ont tous été adoptés après une mise aux voix demandée par Israël qui a voté contre l’ensemble de ces textes.  Son représentant a notamment souligné que le droit au retour des réfugiés palestiniens sape le droit à l’autodétermination du peuple israélien et a critiqué le fait que la Commission passe sous silence les violations commises à l’encontre d’Israël, ainsi que la « terreur » imposée par le Hamas aux civils palestiniens dans la bande de Gaza. 

Israël, a-t-il regretté, a été accusé au cours du débat de cette année d’être une démocratie qui ne respecte pas les résolutions de l’ONU.  Or, la démocratie telle qu’elle est pratiquée à l’ONU permet à certains États Membres qui ont des motivations politiques de harceler et pointer un seul pays, Israël, dans ce cas.

« Il est intolérable, dans une enceinte qui prône l’égalité entre les États, de traiter Israël de façon inégale », a renchéri la délégation des États-Unis, qui a, elle aussi, dénoncé l’adoption de textes qui s’opposent clairement à Israël sans même tenir compte des actes terroristes commis contre ce pays, ni des actions du Hamas à Gaza.

La Commission a également adopté, à l’issue d’un vote, un amendement proposé par les États-Unis visant à modifier le préambule du projet de résolution sur la question de Guam.  La délégation américaine a expliqué avoir proposé cette révision, car elle ne pouvait autrement pas appuyer un texte qui critiquerait une décision prise par un tribunal américain au sujet de Guam.  Notant que cette décision judiciaire portait sur le fait que la participation au plébiscite soit limitée à la population autochtone, la Fédération de Russie a averti, qu’ainsi modifié, le texte établit un précédent qui menacera l’ordre du jour de la décolonisation dans son ensemble. 

Dans ses remarques de clôture, le Président de la Quatrième Commission, M. Dee-Maxwell Saah Kemayah Sr., du Libéria, a précisé qu’au cours de cette session, la Commission a adopté un total de 36 projets de résolution et 4 projets de décision.  Vingt et un de ces textes, soit 57%, concernaient la question des territoires non autonomes, et 336 délégations, ainsi que 114 individus et organisations ont participé aux discussions sur les territoires non autonomes.

En fin de séance, le représentant d’Israël a demandé une révision du programme de travail de la Commission pour sa soixante-quatorzième session pour tenir compte de la célébration de Yom Kippour.

La prochaine réunion de la Quatrième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

ADOPTION DE PROJETS DE RÉSOLUTION SUR L’OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT (UNRWA)

Explications de position générale

Le représentant d’Israël est intervenu au titre de tous les projets de résolution relatifs au « dossier palestinien ».  Ces derniers jours, a-t-il indiqué, « notre » délégation a rappelé que le droit au retour des réfugiés palestiniens sapait le droit à l’autodétermination du peuple israélien et a insisté sur le fait que la Commission ne tient toujours pas correctement compte des violations commises à l’encontre d’Israël de la part des Palestiniens.  Israël, a-t-il regretté, a été accusé d’être une démocratie qui ne respecte pas les résolutions de l’ONU.  Or, la démocratie telle qu’elle est pratiquée à l’ONU est très différente de celle qui est pratiquée dans les pays.  « Il y a un vote démocratique certes, mais rien d’autre n’est démocratique au sein des Nations Unies, une situation qui, a-t-il déploré, permet à certains États Membres qui ont des motivations politiques de harceler et pointer un seul pays, Israël, dans ce cas.  Le représentant a notamment mis en exergue la solidarité des pays arabes avec les Palestiniens contre Israël, « un pays seul, une minirobe aux Nations Unies ».  Alors que les minorités sont censées, en théorie, jouir des mêmes droits, au sein du système des Nations Unies, qui est assujetti à la puissance de groupes de pays, cela n’est plus le cas, a-t-il regretté. 

S’agissant de l’UNRWA, il a expliqué que sa délégation ne conteste pas le caractère héréditaire du statut de réfugié, mais le fait que ce statut soit accordé automatiquement dans le cas des Palestiniens, alors que généralement cela se fait au cas par cas.  Il a également relevé que cette année, le rapport du Comité spécial se concentre sur Gaza « et sur Gaza uniquement », mais rien n’y est dit sur les pratiques « horribles » du Hamas en ce qui concerne les droits fondamentaux et les droits de la personne, ni sur la terreur qu’il impose aux civils palestiniens et aux Israéliens.  « Personne n’a parlé du contrôle de Gaza par le Hamas tout au long des débats de la Commission », s’est-il indigné avant d’expliquer que sa délégation ne peut soutenir ces résolutions anti-Israël

La représentante des États-Unis a déploré que, comme à l’accoutumée, de nombreux projets de résolution contre Israël soient soumis pour adoption, estimant que cela ne favorise pas un climat propice.  Elle a dénoncé des textes qui s’opposent clairement à Israël, sans même parler des actes terroristes commis contre ce pays.  « On blâme Israël de la situation à Gaza sans même parler du Hamas, s’est indignée la déléguée.  Il est intolérable, dans une enceinte qui prône l’égalité entre les États, de traiter Israël de façon inégale. »  Aussi, les États-Unis voteront contre tous les projets de résolution.

La représentante a ensuite expliqué que son pays ne financera plus l’UNRWA parce que ses pratiques budgétaires ne sont plus durables.  « Nous avons engagé un dialogue sur cette question pour trouver d’autres modalités de fonctionnement, notamment au travers de financements bilatéraux », a-t-elle tout de même précisé.

En ce qui concerne le régime syrien, elle a regretté qu’il puisse massacrer sa propre population sans soulever davantage d’indignation.  « On ferait mieux de se concentrer sur ses actions plutôt que sur les activités d’Israël dans le Golan », a-t-elle insisté.  Selon elle, le projet de résolution y relatif ne fait rien pour corriger la situation.  De plus, « le fait qu’elle soit parrainée par un régime syrien qui s’est rendu coupable de crimes contre l’humanité démontre combien elle est absurde », a-t-elle asséné en annonçant que les États-Unis voteront contre.  « La paix avancera lorsque le parti pris contre Israël cessera », a-t-elle ensuite affirmé.

Adoption des projets de résolution

Par le projet de résolution sur l’Aide aux réfugiés de Palestine (A/C.4/73/L.14), adopté par 161 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et 8 abstentions (Cameroun, Canada, Côte d’Ivoire, Guatemala, Îles Marshall, Îles Salomon, Micronésie et Palaos) et l’Assemblée générale soulignerait la nécessité de poursuivre l’œuvre de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, ainsi que l’importance de ses opérations, lesquelles doivent être menées sans entrave, et de ses services, y compris l’aide d’urgence, au regard du bien-être, de la protection et du développement humain des réfugiés de Palestine et de la stabilité de la région, en attendant le règlement équitable de la question des réfugiés de Palestine.

Elle exhorterait tous les donateurs à continuer d’intensifier leurs efforts afin de répondre aux besoins prévus de l’Office, notamment ceux qui résultent de l’augmentation des dépenses ou qui découlent des conflits et de l’instabilité dans la région et de la gravité de la situation socioéconomique et humanitaire, en particulier dans le Territoire palestinien occupé, ainsi qu’aux besoins dont il est fait état dans les récents appels de contributions et dans les plans relatifs à la bande de Gaza aux fins des secours d’urgence, du relèvement et de la reconstruction, tout comme dans les plans régionaux mis en place pour faire face à la situation des réfugiés de Palestine en République arabe syrienne ainsi que de ceux qui ont fui dans d’autres pays de la région. 

L’Assemblée générale déciderait en outre d’accéder à la demande de l’État du Qatar de devenir membre de la Commission consultative de l’Office.

Par le projet de résolution sur les Personnes déplacées du fait des hostilités de juin 1967 et des hostilités postérieures (A/C.4/73/L.15), adopté par 155 voix pour, 5 voix contre (États-Unis, Canada, Îles Marshall, Israël et Micronésie) et 10 abstentions (Australie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guatemala, Honduras, Mexique, Palaos, Rwanda, Îles Salomon et Togo), l’Assemblée générale réaffirmerait le droit de toutes les personnes déplacées du fait des hostilités de juin 1967 et des hostilités postérieures de regagner leurs foyers ou anciens lieux de résidence dans les territoires occupés par Israël depuis 1967. 

Elle approuverait, en attendant, les efforts déployés par le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient pour continuer à fournir toute l’aide humanitaire possible, à titre de mesure d’urgence provisoire, aux personnes de la région actuellement déplacées qui ont grand besoin de continuer à recevoir une assistance du fait des hostilités de juin 1967 et des hostilités postérieures.

L’Assemblée générale adresserait en outre un appel pressant à tous les gouvernements, ainsi qu’aux organisations et aux particuliers, pour qu’ils versent de généreuses contributions, aux fins énoncées ci-dessus, à l’Office et aux autres organisations intergouvernementales et non gouvernementales intéressées.

« Profondément préoccupée par la situation financière extrêmement critique de l’Office », l’Assemblée générale déciderait, en adoptant par 158 voix pour, 5 voix contre (Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall et Micronésie) et 7 abstentions (Australie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guatemala, Palaos, Rwanda et Îles Salomon) le projet de résolution sur les Opérations de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (A/C.4/73/L.16), de réaffirmer qu’il est essentiel que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient poursuive effectivement ses activités dans toutes ses zones d’opération.

Elle se dirait profondément préoccupée par les tentatives visant à discréditer l’Office, qui a pourtant démontré ses capacités opérationnelles et qui continue de fournir efficacement une assistance humanitaire et une aide au développement et de mettre en œuvre de façon cohérente son mandat, dans le respect des résolutions pertinentes et de son cadre réglementaire, et ce même dans les circonstances les plus difficiles.

L’Assemblée générale exprimerait sa profonde reconnaissance à tous les pays donateurs et à toutes les organisations qui ont, entre autres, continué de verser leurs contributions à l’Office ou ont versé ces contributions à un rythme accéléré ou en quantités plus importantes, l’aidant ainsi à atténuer une crise financière sans précédent en 2018, à réduire les risques imminents qui menacent ses programmes de base et de secours et à prévenir une interruption des services d’aide essentiels fournis aux réfugiés de Palestine.

Elle engagerait les États et les organisations à maintenir leurs contributions volontaires, en particulier au budget-programme de l’Office, et, si possible, à les augmenter, notamment lorsqu’ils envisagent d’allouer des ressources au droit international des droits de l’homme, à la paix et à la stabilité, au développement et à l’action humanitaire, afin d’appuyer le mandat de l’Office et sa capacité de répondre aux besoins de plus en plus pressants des réfugiés de Palestine et de faire face aux dépenses opérationnelles essentielles y relatives. 

Elle engagerait aussi les États et les organisations qui ne contribuent pas actuellement à l’Office à envisager de toute urgence de faire des contributions volontaires à la suite des appels lancés par le Secrétaire général pour élargir la base de donateurs de l’Office afin de stabiliser son financement et de veiller à mieux répartir les charges financières en vue de soutenir ses opérations.

L’Assemblée demanderait aux donateurs de verser rapidement des contributions volontaires annuelles, d’affecter moins de crédits à des fins particulières et d’envisager un financement pluriannuel, conformément au pacte dit « Grand Bargain on humanitarian financing » (pacte relatif au financement de l’action humanitaire), annoncé au Sommet mondial sur l’action humanitaire qui s’est tenu à Istanbul (Turquie) en mai 2016, afin de renforcer la capacité de l’Office de planifier et d’exécuter ses activités avec plus de certitude en ce qui concerne les flux de ressources.

Elle exhorterait en outre les États et les organisations à chercher activement à nouer des partenariats avec l’Office qui soient novateurs, notamment au moyen de la mise en place de mécanismes de dotations, de fonds d’affectation spéciale ou de fonds automatiquement renouvelables, et à aider l’Office à obtenir des fonds et subventions dans les domaines de l’aide humanitaire, du développement et de la paix et de la sécurité.

Elle encouragerait de nouveaux progrès sur le plan de la création, par la Banque mondiale, d’un fonds d’affectation spéciale multidonateurs, ainsi que par l’Organisation de la coopération islamique, en vue de la mise en place d’un fonds de dotation de la Banque islamique de développement (waqf), pour aider les réfugiés de Palestine par l’intermédiaire de l’Office.

Par ailleurs, l’Assemblée générale demanderait instamment au Gouvernement israélien de rembourser rapidement l’Office de tous les frais de transit et des autres pertes financières occasionnés par les retards et les restrictions à la liberté de circulation et d’accès imposés par Israël.

Elle demanderait en particulier à Israël de cesser d’entraver la circulation et l’accès du personnel, des véhicules et des fournitures de l’Office et d’arrêter de prélever des taxes, des droits supplémentaires et des redevances, ce qui nuit aux activités de l’Office

En adoptant par 155 voix pour, 5 voix contre (Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall et Micronésie) et 10 abstentions (Australie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guatemala, Honduras, Mexique, Palaos, Rwanda, Îles Salomon et Togo), le projet de résolution sur les Biens appartenant à des réfugiés de Palestine et produit de ces biens (A/C.4.73/L.17), l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de prendre, en consultation avec la Commission de conciliation des Nations Unies pour la Palestine, toutes les mesures nécessaires afin de protéger les biens et les avoirs des Arabes et leurs droits de propriété en Israël.

Elle demanderait une fois de plus à Israël de fournir au Secrétaire général toutes facilités et formes d’assistance pour l’application de la présente résolution.

L’ensemble des parties intéressées se verraient également demandées de communiquer au Secrétaire général tous les renseignements pertinents dont elles disposent au sujet des biens et des avoirs des Arabes et de leurs droits de propriété en Israël. 

Enfin, l’Assemblée générale engagerait instamment les parties palestinienne et israélienne à examiner, ainsi qu’elles en ont décidé, l’importante question des biens des réfugiés de Palestine et du produit de ces biens, dans le cadre des négociations de paix liées au statut final.

Adoption de projets de résolution sur le Rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés

Explications de position avant le vote:

La représentante de l’Autriche, au nom de l’Union européenne, a commenté la terminologie employée dans les projets de résolution, soulignant que l’UE ne s’est pas exprimée sur la qualification juridique des « déplacements forcés ».  Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, l’utilisation du terme Palestine dans ces documents ne doit pas être interprétée comme une reconnaissance de l’État de Palestine.  Préoccupée par les faits nouveaux qui se sont produits à Haram el-Charif, elle a, enfin, souligné qu’il fallait manier avec précaution la terminologie des lieux saints pour respecter les sensibilités religieuses des trois grandes religions.

Adoption des projets de résolution

Aux termes du projet de texte sur les Travaux du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés (A/C.4/73/L.18), adopté par 77 voix pour, 8 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Israël, Guatemala, Honduras, Îles Marshall et Micronésie) et 79 abstentions, l’Assemblée générale exigerait une nouvelle fois qu’Israël, Puissance occupante, collabore avec le Comité spécial dans l’exécution de son mandat, conformément aux obligations que lui impose sa qualité d’État Membre de l’Organisation des Nations Unies, et déplorerait l’absence persistante de coopération à cet égard . 

Elle prierait le Comité spécial, en attendant que l’occupation israélienne ait entièrement pris fin, de continuer à enquêter sur les politiques et les pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans les autres territoires arabes qu’il occupe depuis 1967, en particulier ses violations des dispositions de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949.

Elle prierait en outre le Comité spécial de continuer à enquêter sur le traitement et le statut des milliers de prisonniers et de détenus, y compris les femmes, les enfants et les représentants élus, qui se trouvent dans les prisons et centres de détention israéliens situés dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans les autres territoires arabes occupés par Israël depuis 1967.

Le Secrétaire général serait prié, de son côté, de mettre à la disposition du Comité spécial tous les moyens nécessaires pour lui permettre d’enquêter sur les politiques et les pratiques israéliennes visées par la présente résolution, y compris ceux dont il aura besoin pour se rendre dans les territoires occupés

Aux termes du projet de résolution sur l’Applicabilité de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, au Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et aux autres territoires arabes occupés (A/C.4/73/L.19), adopté par 154 voix pour, 5 voix contre (Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall et Micronésie) et 8 abstentions (Australie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guatemala, Îles Salomon, Palaos, Rwanda et Togo), l’Assemblée générale enjoindrait à Israël de reconnaître l’applicabilité de jure de la Convention au Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et aux autres territoires arabes occupés par lui depuis 1967, et d’en respecter scrupuleusement les dispositions.

Elle exhorterait aussi toutes les Hautes Parties contractantes à la Convention, agissant en application de l’article premier commun aux quatre Conventions de Genève, et conformément à l’avis consultatif donné par la Cour internationale de Justice le 9 juillet 2004, à continuer de tout mettre en œuvre pour en faire respecter les dispositions par Israël, Puissance occupante, dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et les autres territoires arabes occupés par lui depuis 1967.

En adoptant par 153 voix pour, 5 voix contre (Canada, États-Unis, Îles Marshall, Israël et Micronésie) et 10 abstentions (Australie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guatemala, Honduras, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Îles Salomon, Rwanda et Togo) le projet de résolution sur les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé (A/C.4/73/L.20), l’Assemblée générale réaffirmerait que les implantations israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé sont illégales et constituent un obstacle à la paix et au développement économique et social.  

Elle exigerait une fois de plus l’arrêt immédiat et complet de toutes les activités de peuplement israéliennes dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé, et demanderait à cet égard l’application intégrale de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Elle soulignerait qu’un arrêt complet de toutes les activités israéliennes d’implantation est indispensable pour sauvegarder la solution des deux États sur la base des frontières d’avant 1967, et demanderait l’adoption immédiate de mesures énergiques afin d’inverser l’évolution négative de la situation sur le terrain, qui met en péril la viabilité de la solution des deux États.

L’Assemblée générale demanderait instamment que les colons israéliens ayant commis des actes illégaux dans le Territoire palestinien occupé aient à en répondre, et soulignerait à cet égard qu’il importe d’appliquer la résolution 904 (1994) du Conseil de sécurité, dans laquelle il a demandé à Israël, Puissance occupante, de continuer à prendre et appliquer des mesures, y compris la confiscation des armes, afin de prévenir les actes de violence illégaux de la part de colons israéliens.

Elle soulignerait aussi qu’il incombe à Israël, Puissance occupante, d’enquêter sur tous les actes de violence perpétrés par des colons contre des civils palestiniens et leurs biens et de veiller à ce que les auteurs de ces actes soient traduits en justice.

Aux termes du projet de résolution sur les Pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est (A/C.4/73/L.21), adopté par 153 voix pour, 6 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Îles Marshall, Israël et Micronésie) et 9 abstentions (Australie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guatemala, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Îles Salomon, Rwanda et Togo), l’Assemblée générale affirmerait de nouveau que toutes les mesures et décisions prises par Israël, Puissance occupante, dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, en violation des dispositions applicables de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, sont illégales et n’ont aucune validité.

Elle exigerait d’Israël, Puissance occupante, qu’il renonce à l’ensemble des mesures contraires au droit international ainsi que des lois, des politiques et des actes dans le Territoire palestinien occupé qui ont pour effet de violer les droits de l’homme du peuple palestinien et notamment de tuer ou de blesser des civils, de les détenir ou de les emprisonner arbitrairement, de les déplacer de force, notamment de chercher à transférer de force des familles bédouines, ainsi que de détruire ou de confisquer leurs biens, en particulier de démolir les habitations, notamment en guise de châtiment collectif, en violation du droit international humanitaire, et d’entraver de quelque manière que ce soit l’acheminement de l’assistance humanitaire, et qu’il respecte scrupuleusement le droit des droits de l’homme et s’acquitte de ses obligations juridiques à cet égard, y compris celles découlant des résolutions des organes de l’ONU sur la question.

Elle demanderait que des mesures urgentes soient prises pour assurer la sûreté et la protection des civils palestiniens du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.

Elle exigerait aussi d’Israël, Puissance occupante, qu’il mette fin à toutes ses activités d’implantation, à la construction du mur et à toute autre mesure visant à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et son pourtour.

Elle appellerait d’urgence l’attention sur la situation tragique des prisonniers et des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, notamment ceux qui font la grève de la faim, et exigerait le respect de l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela) et des Règles des Nations Unies concernant le traitement des détenues et l’imposition de mesures non privatives de liberté aux délinquantes (Règles de Bangkok).

L’Assemblée générale condamnerait tous les actes de violence, y compris les actes de terreur, et toutes les provocations, incitations et destructions, notamment tout emploi de la force par les forces d’occupation israéliennes contre des civils palestiniens en violation du droit international, en particulier dans la bande de Gaza, lesquels ont fait un nombre considérable de morts et de blessés, dont des femmes et des enfants

Elle condamnerait également tous les actes de violence commis par des militants ou des groupes armés, notamment les tirs de roquette dirigés contre des zones civiles israéliennes, qui font des morts et des blessés.

L’Assemblée générale exigerait par ailleurs d’Israël, Puissance occupante, qu’il arrête immédiatement la construction du mur dans le Territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, démantèle dès maintenant la partie déjà construite, rapporte ou prive d’effet toutes les mesures législatives et réglementaires relatives au mur, et donne réparation pour tous les dommages causés par la construction du mur qui est lourde de conséquences pour les droits de l’homme et les conditions de vie socioéconomiques du peuple palestinien.

Elle demanderait aussi à Israël, Puissance occupante, de mettre un terme aux bouclages prolongés et aux autres restrictions à l’activité économique et à la liberté de circulation, y compris celles qui correspondent de fait à un blocus de la bande de Gaza et, à cet égard, d’appliquer pleinement l’Accord réglant les déplacements et le passage et les Principes convenus concernant le passage de Rafah, en date du 15 novembre 2005.

L’Assemblée générale insisterait par ailleurs sur la nécessité de préserver et de développer les institutions et les infrastructures palestiniennes aux fins de la prestation de services publics essentiels à la population civile palestinienne et de la promotion des droits de l’homme, et demanderait instamment à cet égard l’application de l’accord signé au Caire le 12 octobre 2017, ce qui constituerait un pas important vers l’unité de la Palestine et conduirait, y compris dans la bande de Gaza, au fonctionnement effectif, sous l’autorité du Président Mahmoud Abbas, du Gouvernement palestinien de consensus national, conformément aux engagements pris par l’Organisation de libération de la Palestine et aux principes arrêtés par le Quatuor.

En adoptant le projet de résolution sur Le Golan syrien occupé (A/C.4/73/L.22), adopté par 151 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et 14 abstentions, l’Assemblée générale demanderait à Israël de renoncer à modifier le caractère physique, la composition démographique, la structure institutionnelle et le statut juridique du Golan syrien occupé et en particulier de renoncer à y établir des implantations. 

Elle considèrerait que toutes les mesures et décisions législatives et administratives qui ont été prises ou seront prises par Israël, Puissance occupante, pour modifier le caractère et le statut juridique du Golan syrien occupé sont nulles et non avenues, constituent une violation flagrante du droit international et de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, et n’ont aucun effet juridique.

L’Assemblée demanderait aussi à Israël de renoncer à imposer aux citoyens syriens du Golan syrien occupé la nationalité israélienne et des cartes d’identité israéliennes, et de renoncer à ses mesures de répression à l’égard de la population de ce territoire.

Explications de vote après le vote

Le représentant de la Syrie a remercié les délégations qui ont voté en faveur du projet de résolution relatif aux points 54 et 55.  À nouveau, à part Israël et les États-Unis, tous les États Membres ont soutenu très largement ces résolutions, s’est-il félicité, y voyant un message univoque et une exigence claire envers Israël: il faut mettre fin à l’occupation des tous les territoires arabes occupés et à ses pratiques illégitimes.  De plus, le vote très majoritairement en faveur du projet de résolution sur le Golan syrien occupé réaffirme à nouveau que les États Membres refusent l’occupation illégale du Golan, a-t-il estimé.

Le représentant a ensuite dénoncé les élections locales organisées au mois d’octobre par Israël dans le Golan syrien occupé, les qualifiant de « farce » et accusant Israël d’y coopérer avec des groupes terroristes.  Par ailleurs, la Syrie n’est pas surprise par le vote américain contre ce projet, puisque les États-Unis sont un « allié d’Israël » qui lui a permis d’échapper à toute reddition de comptes depuis des décennies.  Il a également accusé des entreprises américaines d’exploiter les ressources du Golan en violation du droit international. 

Le représentant d’Israël s’est félicité que les États-Unis se soient « placés du côté de la vérité ».  Il a signalé que des milliers de personnes souffrent en raison du régime d’Assad, en Syrie, et a jugé que ce dernier accusait Israël de tous les maux pour faire oublier ses propres exactions.  « Il y a ceux qui essaient de stabiliser la région et ceux qui cherchent à la terroriser », a-t-il asséné.  Prévenant qu’Israël n’acceptera jamais d’être contraint de se mettre en péril, il a rappelé que le Golan est un territoire essentiel à sa sécurité.  « Je serai clair: nous ne nous retirerons pas des hauteurs du Golan.  Et il est temps que la communauté internationale accepte cette situation. »

Le représentant de l’Iran s’est félicité de l’adoption, à une majorité « écrasante », de toutes les résolutions en faveur de la Palestine, particulièrement celles qui défendent les droits inaliénables des Palestiniens et demandent à Israël de rendre des comptes.  Cependant, a-t-il déploré, malgré les initiatives prises par les pays concernés et les résolutions condamnant le régime israélien, ce dernier, appuyé par de grandes puissances comme les États-Unis, a empêché la communauté internationale de trouver une solution juste pour mettre fin cette crise.  « Clore ces sept décennies de conflit ne sera possible qu’en mettant fin à l’occupation israélienne, en organisant le retour des réfugiés, en établissant un État de Palestine et en garantissant le droit à l’autodétermination des Palestiniens », a-t-il souligné.

Reprenant la parole, le représentant de la Syrie a estimé que la question n’est pas de savoir qui régit les peuples des territoires occupés, mais de prendre conscience du vote majoritaire des États Membres contre l’occupation illégale de ces territoires.  Le représentant d’Israël ne semble pas avoir compris ce message politique et juridique, lui a-t-il reproché.  Il a également réfuté l’emploi du terme « hauteurs du Golan », estimant qu’il s’agit d’une manœuvre pour faire croire que ces montagnes étaient essentielles pour la sécurité d’Israël.  Il s’agit d’un territoire syrien, a-t-il martelé, avertissant que tout refus d’Israël de s’en retirer « ouvre la voie à d’autres possibilités, y compris la guerre ».  Le mépris cynique d’Israël envers le droit international et les résolutions pertinentes de l’ONU l’appelle à quitter cette Organisation où il n’a pas sa place, a-t-il affirmé.

Examen des projets de résolution présentés par le Comité spécial de la décolonisation (A/73/23)

Intervenant avant l’examen de ces projets, le représentant de la Fédération de Russie a estimé que l’examen de la question de la Polynésie française devait se faire en dernier, une demande refusée par le Président de la Commission.

Déclarations générales

Le représentant d’Antigua-et-Barbuda a regretté que des amendements aient été déposés sur les textes proposés par le Comité spécial de la décolonisation, estimant que les points en question auraient pu être pleinement examinés si « tout le monde » avait participé aux différentes réunions.  Lors des réunions du Comité spécial des 24, il y avait la possibilité de soulever ces questions puisque tous les participants peuvent intervenir sur un pied d’égalité et présenter des objections aux textes.  Mais « une fois que les travaux sont clos, on ne devrait pas revenir en arrière, mais plutôt en rester au consensus », a-t-il estimé.  Rappelant que les puissances administrantes ont toutes été invitées à participer du Comité spécial des 24, il les a enjoints à y répondre favorablement pour nourrir les discussions.

Le représentant de Cuba s’est opposé à l’amendement proposé pour le projet de résolution L.11 sur la question de Guam, critiquant notamment le fait que les États-Unis n’ont pas participé à nombre de réunions et d’ateliers concernant cette question.  Rappelant que les États-Unis sont, comme les autres puissances administrantes, invitées à participer à des échanges informels, il a déploré qu’ils n’aient même pas jugé bon de répondre à l’invitation.  Selon le délégué, c’est une grave tentative de briser le multilatéralisme.

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a de nouveau insisté pour que ces textes soient examinés un peu plus tard, arguant que le Comité spécial de la décolonisation avait besoin de temps supplémentaire pour pouvoir tout prendre en considération, notamment en ce qui concerne la question de Guam. 

Adoption du projet de résolution sur la Polynésie française

Aux termes du projet de résolution IX sur la Polynésie française, adopté par consensus, l’Assemblée générale réaffirmerait qu’en fin de compte c’est au peuple de la Polynésie française lui-même qu’il appartient de déterminer librement son futur statut politique, conformément aux dispositions applicables de la Charte, de la Déclaration et de ses résolutions pertinentes, et, à cet égard, demanderait à la Puissance administrante d’agir en coopération avec le gouvernement du territoire et les organes compétents du système des Nations Unies pour mettre au point des programmes d’éducation politique dans le territoire afin de faire prendre conscience au peuple de la Polynésie française de son droit à l’autodétermination.

L’Assemblée générale rappellerait qu’un représentant du gouvernement du territoire a demandé, au séminaire régional pour les Caraïbes de 2017, que la Polynésie française soit retirée de la liste des territoires non autonomes, et prendrait note de la résolution no 2013-3 adoptée par l’Assemblée de la Polynésie française le 30 mai 2013, par laquelle cette dernière a retiré sa résolution de 2011 appelant à la réinscription de la Polynésie française sur la liste. 

Elle prendrait note avec attention des conclusions d’une évaluation indépendante du niveau d’autonomie du territoire présentées à la Quatrième Commission le 4 octobre 2016, selon lesquelles le territoire ne remplit pas l’ensemble des critères d’autonomie.

Par ailleurs, l’Assemblée générale demanderait à la Puissance administrante de prendre pleinement part et de coopérer sans réserve aux travaux du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, et l’encouragerait aussi à faciliter l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans le territoire.

Elle déplorerait que la Puissance administrante n’ait pas donné suite à la demande qui lui avait été faite de soumettre au sujet de la Polynésie française les renseignements visés à l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte depuis que le territoire a été réinscrit sur la liste des territoires non autonomes par l’Assemblée générale en 2013.

L’Assemblée générale exhorterait la Puissance administrante à garantir la souveraineté permanente du peuple de la Polynésie française sur ses ressources naturelles, y compris les ressources marines et les minéraux sous-marins, conformément à ses résolutions sur la question.

Elle prierait aussi la Puissance administrante d’intensifier son dialogue avec la Polynésie française afin de favoriser la mise en place rapide d’un processus d’autodétermination équitable et effectif, dans le cadre duquel seront arrêtés le calendrier et les modalités de l’adoption d’un acte d’autodétermination

Adoption d’un amendement au projet de résolution sur la Question de Guam

Explications de vote avant le vote

Le représentant des États-Unis a expliqué avoir proposé cet amendement afin d’assurer l’adoption par consensus du projet de résolution.  Ma délégation ne peut pas soutenir un texte qui critiquerait une décision d’un tribunal américain au sujet de Guam, a-t-il expliqué, précisant par ailleurs qu’un tribunal de district avait jugé inadmissible d’établir l’éligibilité des électeurs à participer à un référendum sur des critères basés sur la race.

Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que l’essence de ces modifications va à l’encontre du consensus et des délibérations du Comité spécial de la décolonisation.  Il est question de « deux petits amendements » au libellé où il est question d’une décision prise par un tribunal des États-Unis au sujet du fait que la participation au plébiscite soit limitée à la population autochtone.  Ce projet de résolution se transformera en document de l’Assemblée générale et établira un précédent qui, a-t-il averti, menacera l’ordre du jour de la décolonisation dans son ensemble.

La Commission a adopté, par 51 voix pour, 30 contre et 71 abstentions, un amendement proposé par les États-Unis aux termes duquel deux alinéas du préambule du projet de résolution sur la Question de Guam se liraient comme suit:

Dix-huitième alinéa du préambule

Notant la décision dans laquelle un tribunal fédéral des États-Unis, Puissance administrante, a dit que la participation à un référendum sur l’autodétermination ne pouvait se limiter aux autochtones, ce qui a eu pour effet d’interrompre la procédure, et notant également qu’il a été interjeté appel de cette décision,

Vingt-septième alinéa du préambule

Rappelant les inquiétudes exprimées par un représentant du Gouverneur de Guam lors du Séminaire régional pour les Caraïbes de 2017 au sujet d’une possible action en justice de la Puissance administrante contre le programme de gestion coopérative des terres mis en place à l’intention des Chamorros, et consciente que cette action en justice a été introduite au niveau fédéral en septembre 2017,

Explications de vote après le vote

Le représentant d’Antigua-et-Barbuda a expliqué ne pas avoir voté contre la substance du projet, mais contre une pratique qui vient briser le consensus.  À ses yeux, il est difficile de voter sur des amendements qui concernent des territoires lorsque lesdits territoires ne sont pas présents.  Jugeant essentielle la possibilité qui est donnée aux États Membres de s’entretenir avec les représentants de ces territoires, il a déploré que le consensus qui constituait autrefois la règle soit aujourd’hui brisé.  « C’est un jour très décevant pour la Quatrième Commission », a-t-il déploré.

Le représentant de l’Indonésie s’est félicité des efforts consentis par les États-Unis pour rejoindre le consensus, et a rappelé que des délibérations sur cette question avaient déjà eu lieu au sein du Comité spécial des 24.  C’est pour cela que la délégation indonésienne s’est abstenue sur cette proposition d’amendement.  Il a ensuite appelé les États-Unis à collaborer de manière étroite avec le Comité spécial des 24.

Adoption du projet de résolution sur la Question de Guam

Aux termes du projet de résolution X sur la Question de Guam, adopté par consensus et tel qu’amendé, l’Assemblée générale réaffirmerait qu’en ce qui concerne la décolonisation de Guam, le principe de l’autodétermination est incontournable et constitue aussi un droit fondamental consacré par les conventions pertinentes relatives aux droits de l’homme.

Elle inviterait une fois de plus la Puissance administrante à tenir compte de la volonté exprimée par le peuple chamorro, soutenue par les électeurs guamiens lors du référendum de 1987 et ultérieurement inscrite dans le droit guamien, au sujet de l’action entreprise par les Chamorros en matière d’autodétermination et encouragerait aussi la Puissance administrante et le gouvernement du territoire à entamer des négociations sur cette question.

Elle prierait aussi la Puissance administrante de continuer à transférer des terres aux propriétaires originels du territoire, de continuer à reconnaître et à respecter les droits politiques et l’identité culturelle et ethnique du peuple chamorro de Guam et de prendre toutes les mesures nécessaires pour répondre aux préoccupations du gouvernement du territoire concernant la question de l’immigration.

Prie en outre la Puissance administrante de collaborer à la mise en place de programmes pour le développement viable des activités économiques et des entreprises du territoire, en tenant compte du rôle spécial que le peuple chamorro joue dans le développement de Guam.

L’Assemblée générale demanderait également à la Puissance administrante de faciliter l’envoi d’une mission de visite dans le territoire.

Elle prierait en outre le Secrétaire général de lui rendre compte de l’impact environnemental des activités militaires de la Puissance administrante dans le territoire.

Explications de vote

Le représentant des États-Unis a remercié les membres de la Quatrième Commission d’avoir soutenu les modifications « minimales » apportées au texte.  Il s’est dissocié des dispositions de ce texte qui sous-entendent que la présence militaire américaine à Guam est contraire au souhait et aux intérêts de la population locale.  S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a souligné qu’il n’est pas juridiquement contraignant et ne crée pas de nouveaux engagements financiers. 

Le représentant du Viet Nam a réaffirmé le soutien de sa délégation à l’élimination de la colonisation sous toutes ses formes.  Il a estimé qu’il fallait mettre en œuvre des mesures efficaces pour que tous les peuples aient le droit à disposer d’eux-mêmes.

Examen des projets de résolution présentés par le Comité spécial de la décolonisation (A/73/23)

Intervenant avant l’examen de ces projets, le représentant de la Fédération de Russie a estimé que l’examen de la question de la Polynésie française devait se faire en dernier, une demande refusée par le Président de la Commission.

Déclarations générales

Le représentant d’Antigua-et-Barbuda a regretté que des amendements aient été déposés sur les textes proposés par le Comité spécial de la décolonisation, estimant que les points en question auraient pu être pleinement examinés si « tout le monde » avait participé aux différentes réunions.  Lors des réunions du Comité spécial des 24, il y avait la possibilité de soulever ces questions puisque tous les participants peuvent intervenir sur un pied d’égalité et présenter des objections aux textes.  Mais « une fois que les travaux sont clos, on ne devrait pas revenir en arrière, mais plutôt en rester au consensus », a-t-il estimé.  Rappelant que les puissances administrantes ont toutes été invitées à participer du Comité spécial des 24, il les a enjoints à y répondre favorablement pour nourrir les discussions.

Le représentant de Cuba s’est opposé à l’amendement proposé pour le projet de résolution L.11 sur la question de Guam, critiquant notamment le fait que les États-Unis n’ont pas participé à nombre de réunions et d’ateliers concernant cette question.  Rappelant que les États-Unis sont, comme les autres puissances administrantes, invitées à participer à des échanges informels, il a déploré qu’ils n’aient même pas jugé bon de répondre à l’invitation.  Selon le délégué, c’est une grave tentative de briser le multilatéralisme.

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a de nouveau insisté pour que ces textes soient examinés un peu plus tard, arguant que le Comité spécial de la décolonisation avait besoin de temps supplémentaire pour pouvoir tout prendre en considération, notamment en ce qui concerne la question de Guam. 

Adoption du projet de résolution sur la Polynésie française

Aux termes du projet de résolution IX sur la Polynésie française, adopté par consensus, l’Assemblée générale réaffirmerait qu’en fin de compte c’est au peuple de la Polynésie française lui-même qu’il appartient de déterminer librement son futur statut politique, conformément aux dispositions applicables de la Charte, de la Déclaration et de ses résolutions pertinentes, et, à cet égard, demanderait à la Puissance administrante d’agir en coopération avec le gouvernement du territoire et les organes compétents du système des Nations Unies pour mettre au point des programmes d’éducation politique dans le territoire afin de faire prendre conscience au peuple de la Polynésie française de son droit à l’autodétermination.

L’Assemblée générale rappellerait qu’un représentant du gouvernement du territoire a demandé, au séminaire régional pour les Caraïbes de 2017, que la Polynésie française soit retirée de la liste des territoires non autonomes, et prendrait note de la résolution no 2013-3 adoptée par l’Assemblée de la Polynésie française le 30 mai 2013, par laquelle cette dernière a retiré sa résolution de 2011 appelant à la réinscription de la Polynésie française sur la liste. 

Elle prendrait note avec attention des conclusions d’une évaluation indépendante du niveau d’autonomie du territoire présentées à la Quatrième Commission le 4 octobre 2016, selon lesquelles le territoire ne remplit pas l’ensemble des critères d’autonomie.

Par ailleurs, l’Assemblée générale demanderait à la Puissance administrante de prendre pleinement part et de coopérer sans réserve aux travaux du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, et l’encouragerait aussi à faciliter l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans le territoire.

Elle déplorerait que la Puissance administrante n’ait pas donné suite à la demande qui lui avait été faite de soumettre au sujet de la Polynésie française les renseignements visés à l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte depuis que le territoire a été réinscrit sur la liste des territoires non autonomes par l’Assemblée générale en 2013.

L’Assemblée générale exhorterait la Puissance administrante à garantir la souveraineté permanente du peuple de la Polynésie française sur ses ressources naturelles, y compris les ressources marines et les minéraux sous-marins, conformément à ses résolutions sur la question.

Elle prierait aussi la Puissance administrante d’intensifier son dialogue avec la Polynésie française afin de favoriser la mise en place rapide d’un processus d’autodétermination équitable et effectif, dans le cadre duquel seront arrêtés le calendrier et les modalités de l’adoption d’un acte d’autodétermination

Adoption d’un amendement au projet de résolution sur la Question de Guam

Explications de vote avant le vote

Le représentant des États-Unis a expliqué avoir proposé cet amendement afin d’assurer l’adoption par consensus du projet de résolution.  Ma délégation ne peut pas soutenir un texte qui critiquerait une décision d’un tribunal américain au sujet de Guam, a-t-il expliqué, précisant par ailleurs qu’un tribunal de district avait jugé inadmissible d’établir l’éligibilité des électeurs à participer à un référendum sur des critères basés sur la race.

Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que l’essence de ces modifications va à l’encontre du consensus et des délibérations du Comité spécial de la décolonisation.  Il est question de « deux petits amendements » au libellé où il est question d’une décision prise par un tribunal des États-Unis au sujet du fait que la participation au plébiscite soit limitée à la population autochtone.  Ce projet de résolution se transformera en document de l’Assemblée générale et établira un précédent qui, a-t-il averti, menacera l’ordre du jour de la décolonisation dans son ensemble.

La Commission a adopté, par 51 voix pour, 30 contre et 71 abstentions, un amendement proposé par les États-Unis aux termes duquel deux alinéas du préambule du projet de résolution sur la Question de Guam se liraient comme suit:

Dix-huitième alinéa du préambule

Notant la décision dans laquelle un tribunal fédéral des États-Unis, puissance administrante, a dit que la participation à un référendum sur l’autodétermination ne pouvait se limiter aux autochtones, ce qui a eu pour effet d’interrompre la procédure, et notant également qu’il a été interjeté appel de cette décision,

Vingt-septième alinéa du préambule

Rappelant les inquiétudes exprimées par un représentant du Gouverneur de Guam lors du Séminaire régional pour les Caraïbes de 2017 au sujet d’une possible action en justice de la Puissance administrante contre le programme de gestion coopérative des terres mis en place à l’intention des Chamorros, et consciente que cette action en justice a été introduite au niveau fédéral en septembre 2017,

Explications de vote après le vote

Le représentant d’Antigua-et-Barbuda a expliqué ne pas avoir voté contre la substance du projet, mais contre une pratique qui vient briser le consensus.  À ses yeux, il est difficile de voter sur des amendements qui concernent des territoires lorsque lesdits territoires ne sont pas présents.  Jugeant essentielle la possibilité qui est donnée aux États Membres de s’entretenir avec les représentants de ces territoires, il a déploré que le consensus qui constituait autrefois la règle soit aujourd’hui brisé.  « C’est jour très décevant pour la Quatrième Commission », a-t-il déploré.

Le représentant de l’Indonésie s’est félicité des efforts consentis par les États-Unis pour rejoindre le consensus, et a rappelé que des délibérations sur cette question avaient déjà eu lieu au sein du Comité spécial des 24.  C’est pour cela que la délégation indonésienne s’est abstenue sur cette proposition d’amendement.  Il a ensuite appelé les États-Unis à collaborer de manière étroite avec le Comité spécial des 24.

Adoption du projet de résolution sur la Question de Guam

Aux termes du projet de résolution X sur la Question de Guam, adopté par consensus et tel qu’amendé, l’Assemblée générale réaffirmerait qu’en ce qui concerne la décolonisation de Guam, le principe de l’autodétermination est incontournable et constitue aussi un droit fondamental consacré par les conventions pertinentes relatives aux droits de l’homme.

Elle inviterait une fois de plus la Puissance administrante à tenir compte de la volonté exprimée par le peuple chamorro, soutenue par les électeurs guamiens lors du référendum de 1987 et ultérieurement inscrite dans le droit guamien, au sujet de l’action entreprise par les Chamorros en matière d’autodétermination et encouragerait aussi la Puissance administrante et le gouvernement du territoire à entamer des négociations sur cette question.

Elle prierait aussi la Puissance administrante de continuer à transférer des terres aux propriétaires originels du territoire, de continuer à reconnaître et à respecter les droits politiques et l’identité culturelle et ethnique du peuple chamorro de Guam et de prendre toutes les mesures nécessaires pour répondre aux préoccupations du gouvernement du territoire concernant la question de l’immigration.

Prie en outre la Puissance administrante de collaborer à la mise en place de programmes pour le développement viable des activités économiques et des entreprises du territoire, en tenant compte du rôle spécial que le peuple chamorro joue dans le développement de Guam.

L’Assemblée générale demanderait également à la Puissance administrante de faciliter l’envoi d’une mission de visite dans le territoire.

Elle prierait en outre le Secrétaire général de lui rendre compte de l’impact environnemental des activités militaires de la Puissance administrante dans le territoire.

Explications de vote

Le représentant des États-Unis a remercié les membres de la Quatrième Commission d’avoir soutenu les modifications « minimales » apportées au texte.  Il s’est dissocié des dispositions de ce texte qui sous-entendent que la présence militaire américaine à Guam est contraire au souhait et aux intérêts de la population locale.  S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a souligné qu’il n’est pas juridiquement contraignant et ne crée pas de nouveaux engagements financiers. 

Le représentant du Viet Nam a réaffirmé le soutien de sa délégation à l’élimination de la colonisation sous toutes ses formes.  Il a estimé qu’il fallait mettre en œuvre des mesures efficaces pour que tous les peuples aient le droit à disposer d’eux-mêmes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la revitalisation de l’Accord de paix au Soudan du Sud, une « opportunité historique » pour briser le « cercle vicieux des violences »

8403e séance – matin
CS/13585

Conseil de sécurité: la revitalisation de l’Accord de paix au Soudan du Sud, une « opportunité historique » pour briser le « cercle vicieux des violences »

La revitalisation de l’Accord de paix de 2015 sur le règlement du conflit au Soudan du Sud a, ce matin, suscité espoirs et prudence au Conseil de sécurité, où les appels à tirer parti de cette « opportunité historique » se sont multipliés.  « Un temps de paix est arrivé au Soudan du Sud », s’est pour sa part réjoui le représentant du plus jeune État du monde lors d’une séance au cours de laquelle trois hauts fonctionnaires ont dressé le bilan d’une mission conjointe ONU-Union africaine (UA) à Djouba, du 7 au 9 octobre.

Pour le Soudan du Sud, la signature, le 12 septembre dernier sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de cet accord revitalisé n’est qu’une étape, a estimé le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, en encourageant les dirigeant sud-soudanais à assurer la pleine mise en œuvre de l’Accord pendant la période de transition agréée.

Presque cinq ans après le déclenchement d’une guerre civile, le Soudan du Sud a fêté, le 31 octobre dernier, la Journée de célébration de la paix, à laquelle ont participé le Président Salva Kiir et le dirigeant de l’opposition Riek Machar.  À cette occasion, le Chef de l’État a présenté au peuple sud-soudanais des excuses « pour les immenses souffrances causées par le conflit ».  Au même titre que la libération des prisonniers politiques fin septembre, M. Lacroix y a vu un « geste de bonne volonté » propice au renforcement de la confiance et de la réconciliation.

Le 15 octobre, a poursuivi le haut fonctionnaire, l’Accord revitalisé a été ratifié, ouvrant la voie à un amendement constitutionnel incorporant ses termes dans la Constitution de la transition.  Et au cours des dernières semaines, des mesures de confiance mutuelles ont été prises par les Forces de défense populaires du Soudan du Sud, nouveau nom des forces gouvernementales, et son adversaire, Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition).

Néanmoins, a mis en garde le Secrétaire général adjoint, « il ne pourra y avoir de paix viable ou durable en l’absence d’un cessez-le-feu permanent et d’un désengagement des forces ».  Si les affrontements militaires ont diminué en nombre et en intensité depuis la signature de l’Accord revitalisé, les antagonistes continuent de se livrer des combats, et le M/APLS est aux prises avec des factions dissidentes dans l’Équatoria-Central, notamment.

Garantes de l’Accord revitalisé, l’Union africaine et l’ONU sont bien « conscientes du scepticisme qui l’entoure », a concédé M. Smaїl Chergui, Commissaire à la paix et la sécurité de l’UA, depuis Addis-Abeba, où il s’adressait au Conseil de sécurité par visioconférence.  Preuve en est que d’autres partenaires internationaux invités à s’en porter garants ont refusé de le faire, a-t-il souligné, en considérant qu’il relève cependant du devoir de ces deux organisations d’engager les parties à s’acquitter de leurs engagements.

Organisée au lendemain d’une session extraordinaire du Conseil des ministres de l’IGAD à Addis-Abeba, la séance d’aujourd’hui a été l’occasion pour l’Éthiopie –État membre de cette organisation sous-régionale– d’encourager la communauté internationale à ne pas passer à côté d’une « opportunité historique » pour briser le « cercle vicieux de violences » et de divisions dans lequel s’est enfoncé le Soudan du Sud depuis décembre 2013, « simplement parce que les tentatives passées ont échoué ».

Relayant une requête de l’IGAD, le représentant éthiopien a donc demandé au Conseil de sécurité de jouer un « rôle de premier plan », en apportant son soutien au déploiement complet de la Force de protection régionale – forte de 4 000 hommes placés sous le commandement de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) –, et d’ajuster son mandat pour lui permettre d’être en meilleure position pour contribuer à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé.  Pour le Secrétaire général adjoint, cependant, la priorité de la MINUSS demeure la protection des civils.

« Alors que beaucoup d’entre nous avions perdu espoir », l’IGAD a « réussi l’impossible », s’est réjouie la Fédération de Russie, qui a vu dans cette « dynamique régionale » la parfaite illustration de la pratique consistant à trouver des « solutions africaines aux problèmes africains ».  Il y a deux jours, le Conseil de sécurité avait, à l’unanimité, levé les sanctions imposées à l’Érythrée dans un contexte de rapprochement régional, marqué notamment par la signature de la Déclaration conjointe de paix et d’amitié entre ce pays et l’Éthiopie.

Le représentant sud-soudanais a assuré que le Président Kiir était déterminé à mettre en œuvre l’Accord « de bonne foi ».  Et, contrairement à ce que « plusieurs » anticipaient, a-t-il fait observer, le Dialogue national a organisé des consultations aux quatre coins du pays, dans un environnement transparent et ouvert « qui aurait été impensable il y a quelques mois ».

De la Pologne à la Guinée équatoriale, en passant par la Suède et le Koweït, la plupart des membres du Conseil ont vu dans cette ouverture la configuration idéale pour mettre en œuvre la disposition de l’Accord revitalisé prévoyant un quota de 35% de sièges pour les femmes au sein de la branche exécutive, du Conseil des ministres et des institutions « prétransition ».

Associer les femmes au processus de paix et au processus de révision constitutionnelle: c’était là l’une des priorités soulignées aujourd’hui par le Secrétaire général adjoint, mais aussi la Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, qui a rappelé que les Sud-Soudanaises, victimes d’agressions sexuelles, sont « inquiètes pour l’avenir » et se sentent « prisonnières des futiles guerres des hommes ».

ONU-Femmes, qui a participé à la mission conjointe ONU-UA, a cependant noté que l’un des nouveaux organes politique, à savoir le Comité national de prétransition, ne compte que 10% de femmes; le Comité de l’amendement de la Constitution nationale, 13%; et d’autre structures n’en comptent aucune.  Et pour l’instant, « aucun des organes n’a atteint le seuil de 35% », a-t-elle relevé, en plaidant pour redresser cette situation, « avant qu’il ne soit trop tard ».

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

Présent au Soudan du Sud du 7 au 9 octobre dernier, M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a souligné qu’en dépit de la signature, le 12 septembre, de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud, le « scepticisme » quant à sa capacité à aboutir à une paix durable « cette fois-ci » demeure une préoccupation.  Il a ensuite salué les efforts de médiation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), soutenue par l’Union africaine et les partenaires internationaux, qui ont été décisifs pour obtenir cet accord revitalisé, lequel inclut une feuille de route pour un règlement politique du conflit.  Mais sa signature n’est qu’une étape, dans la mesure où la période de transition exigera des dirigeants sud-soudanais d’assumer leurs responsabilités et ouvrira la voie à la pleine mise en œuvre de l’Accord, a souligné le haut fonctionnaire.

Selon lui, mettre en œuvre les dispositions relatives aux femmes est indispensable, en particulier la garantie qu’un quota de 35% de sièges leur sera réservé au sein de la branche exécutive, du Conseil des ministres et des institutions « prétransition », a-t-il ajouté.  Cependant, la confiance des femmes à cet égard, et d’une manière plus générale, en ce qui concerne leur situation dans le pays est en berne, s’est alarmé le Secrétaire général adjoint.  « Il est impératif que les femmes soient représentées au sein du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité, du Comité d’examen de la défense stratégique et de la sécurité, et des mécanismes de justice transitionnelle et de réconciliation, comme stipulés dans l’accord », a insisté M. Lacroix.

Le 15 octobre, a poursuivi le haut fonctionnaire, la « Législation nationale transitionnelle » a ratifié l’accord revitalisé, ouvrant la voie à son intégration dans la Constitution de transition.  Et le 31 octobre, la participation de M. Riek Machar et d’autres dirigeants de l’opposition aux célébrations de paix à Djouba, de même que les excuses présentées par le Président Kiir au peuple sud-soudanais « pour les immenses souffrances causées par le conflit » ont été bienvenues, de même que la remise en liberté de prisonniers politiques, dont deux personnalités de premier plan de l’opposition: ces gestes de bonne volonté sont propices au renforcement de la confiance et de la réconciliation, a estimé M. Lacroix.  Lors de ces célébrations, MM. Kiir et Machar ont eu une entrevue, aboutissant à l’élaboration d’un amendement constitutionnel inscrivant l’accord dans la Constitution provisoire, s’est félicité M. Lacroix. 

Des mesures de confiance ont également été prises par les Forces de défense populaires du Soudan du Sud et l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition au cours des dernières semaines, des gestes de bonne volonté qui sont les signes, faut-il l’espérer, de l’engagement le plus vigoureux jamais constaté en faveur du processus politique depuis 2015. 

Néanmoins, a mis en garde le Secrétaire général adjoint, il ne pourra y avoir de paix viable ou durable en l’absence d’un cessez-le-feu permanent, d’un désengagement des forces et d’une inclusion des femmes, qui doivent devenir des acteurs clefs.  En effet, les Forces de défense populaires du Soudan du Sud et l’Armée populaire de libération du Soudan se livrent encore à des affrontements, et l’Armée populaire de libération du Soudan est aux prises avec des factions dissidentes dans l’Équatoria-Central, par exemple. 

S’agissant de l’évolution éventuelle du mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et de la Force de protection régionale, le Conseil de sécurité devra garder à l’esprit la priorité que constitue la protection des civils, et la nécessité de préserver une seule force de maintien de la paix sous un commandement unifié.  À cet égard, toute « addition » devra être conforme aux principes de maintien de la paix et aux normes auxquelles sont tenus tous les pays contributeurs de troupes, a ajouté le Secrétaire général adjoint.

M. SMAЇL CHERGUI, Commissaire à la paix et la sécurité de l’Union africaine, présentant le bilan de la mission conjointe de haut niveau Union africaine-ONU au Soudan du Sud, qui a eu lieu du 7 au 9 octobre dernier, a déclaré qu’elle avait été l’occasion de réaffirmer et de renforcer le partenariat visant à atteindre une « paix équitable » au Soudan du Sud. 

M. Chergui a indiqué que les membres de cette mission, qui comprenait également des représentants d’ONU-Femmes, des membres du Réseau panafricain des sages et du Réseau de médiatrices africaines (FemWise), ont fait un compte rendu au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 10 octobre dernier.  Cet organe avait salué la signature par le Président Salva Kiir et d’autres parties, le 12 septembre dernier, de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud.  Il avait également reconnu que cet accord restait la seule option viable pour répondre aux problèmes politiques, sociaux, économiques et sécuritaires que rencontre le pays. 

M. Chergui a aussi déclaré que, bien que signataires de cet accord en tant que garants, l’Union africaine et l’ONU sont « conscientes du scepticisme qui l’entoure », s’agissant en particulier de la capacité des parties à le respecter.  Preuve de ce scepticisme, d’autres partenaires internationaux invités à le signer en tant que garants ont refusé de le faire.  Mais l’Union africaine et l’ONU ont le devoir d’engager le Gouvernement et les parties à mettre en œuvre cet accord et à faire participer les femmes aux processus de paix.  Les deux organisations sont disposées à mobiliser tous les appuis internationaux, si les Sud-Soudanais s’engagent à respecter leurs engagements, a-t-il assuré, indiquant par ailleurs, qu’il avait tenu les mêmes propos ce matin, devant le 66e conseil des ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

Lors de sa visite, la Mission conjointe avait indiqué au gouvernement l’impérieuse nécessité de créer un environnement propice au retour des groupes d’opposition pendant la période prétransition.  À cet égard, la mission s’est félicitée de la ratification par le Parlement de cet Accord, le 15 octobre dernier, facilitant son incorporation dans la Constitution transitionnelle.  Elle se réjouie également des festivités du 31 octobre à Djouba, qui ont célébré la signature de cet Accord, avec la présence de M. Riek Machar.  Il reste cependant des préoccupations concernant les prisonniers politiques et les prisonniers de guerre.  « Leur libération serait un signe de bonne volonté », a dit M. Chergui. 

Le Commissaire a aussi indiqué que l’équipe spéciale de l’Union africaine sur la reconstruction et développement après un conflit avait visité le Soudan du Sud du 7 au 9 novembre dernier.  Cette équipe est parvenue à la même analyse que la mission conjointe, à savoir qu’il faut appuyer les parties dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé.  « Or, une paix durable ne pourra être atteinte sans un cessez-le-feu durable et un processus inclusif. » 

Dans ce contexte, les derniers affrontements sont sources de préoccupation, a ajouté M. Chergui.  D’autant, qu’à ce jour, le Front de salut national, dirigé par le Général Thomas Cirillo Swaka, n’a toujours pas signé cet Accord et continue même de le désapprouver.  Tout doit être fait pour engager des discussions avec ce groupe afin qu’il rejoigne le processus de paix.  Les pays qui ont de l’influence sur lui doivent s’y engager, a demandé le Commissaire, insistant de nouveau sur le fait que cet Accord offre une opportunité sans pareille pour une paix durable entre tous les Sud-Soudanais. 

Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive de l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a félicité le Soudan du Sud pour la signature de l’Accord de paix et a salué les termes importants de l’Accord concernant les femmes, surtout la disposition stipulant la garantie de 35% de femmes au sein de la branche exécutive du gouvernement de transition revitalisé du Soudan du Sud. 

La Directrice exécutive a rapporté que les femmes du Soudan saluaient aussi l’Accord de paix et demandaient une cessation immédiate des hostilités, et qu’elles avaient appelé les dirigeants de toutes les parties armées, milices, ou forces non organisées, à communiquer avec leurs partisans et à les informer de l’Accord, puisque les combats n’ont pas encore totalement cessé.  Les femmes, a-t-elle poursuivi, sont « inquiètes pour l’avenir »; elles se sentent « prisonnières des futiles guerres des hommes", pendant lesquelles elles sont victimes d’agressions sexuelles et voient leurs familles tuées, leurs vies détruites.  Les femmes demandent à l’ONU et à l’Union africaine (UA) de faire davantage pour les aider, et pour faire rendre des comptes aux dirigeants responsables de ces crises. 

Convaincues que la mise en œuvre de la règle des 35% est fondamentale, à tous les niveaux et au sein de toutes les branches du gouvernement, les femmes veulent être incluses dans le processus de révision constitutionnelle pour que leurs besoins et leurs inquiétudes soient pris en compte dès à présent, a assuré Mme Mlambo-Ngcuka.  Elles demandent à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et à l’UA de contrôler le processus d’inclusion de manière constante, et que ce dernier démarre dès maintenant avec les structures de prétransition. 

Mme Mlambo-Ngcuka a noté que l’un des nouveaux organes, le Comité national de prétransition, compte 10% de femmes seulement; le Comité de l’amendement de la constitution nationale, 13%; d’autre organes n’en comptent aucune.  Pour l’instant, aucun des organes n’a atteint le seuil de 35%, a-t-elle souligné.  Elle a appelé à veiller à ce que les femmes soient incluses dans le processus « avant qu’il ne soit trop tard ». 

Les femmes veulent participer aux processus de sécurité pour protéger tous les Soudanais, notamment les femmes et les filles.  La responsable d’ONU-Femmes a appelé à ce que les institutions sécuritaires soient remaniées de manière sexospécifique pour la protection des civils.  L’inclusion des femmes est également essentielle dans le recrutement des forces de sécurité pour changer leur nature et lutter contre les comportements négatifs masculins, y compris dans l’organisation des cantonnements, et lutter contre les violences sexistes.  « Les femmes de la diaspora et les femmes du Soudan du Sud veulent prendre leur destin entre leurs mains », a-t-elle souligné.  Elles jugent crucial que soient jugés les auteurs de violences sexuelles. 

Enfin, Mme Mlambo-Ngcuka a remercié la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et le Département des opérations de maintien de la paix pour les efforts déployés afin de protéger les femmes dans des circonstances très difficiles. 

M. JONATHAN COHEN (États-Unis) s’est félicité de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine dans le cadre du processus de paix au Soudan du Sud, y compris s’agissant de l’inclusion plus large des femmes.  « Il est temps que les voix des femmes soient entendues » et que leurs contributions soient prises en compte, a-t-il déclaré.  Citant les progrès réalisés sur certains résultats attendus, il a déclaré qu’il existait néanmoins « des preuves évidentes sur le terrain qui vont à l’encontre de la noble rhétorique des dirigeants sud-soudanais ».  Les atrocités commises contre des civils se poursuivent, s’est-il alarmé.  À cet égard, tous les auteurs qui entravent le processus de paix devraient faire l’objet de sanctions, a préconisé M. Cohen. 

Parallèlement, les journalistes sont menacés et les travailleurs humanitaires se heurtent à de sérieux obstacles, voire subissent des attaques, a-t-il encore relevé.  L’un des éléments clefs de l’Accord revitalisé est l’instauration à Djouba d’un environnement propice à la paix.  Le représentant a félicité les acteurs régionaux de leur engagement à respecter l’embargo empêchant la circulation des armes au Soudan du Sud, avant de souligner que tout effort visant à restructurer la MINUSS est une prérogative du Conseil de sécurité.  Il a en conclusion déclaré que les membres du Conseil devraient continuer à donner la priorité aux efforts visant à mettre fin aux souffrances du peuple sud-soudanais et appelé les dirigeants de ce pays à associer à leur discours une action concrète en vue de l’instauration d’une paix durable.

La situation humanitaire et socioéconomique décrite durant la séance correspond à ce qu’elle a pu voir sur le terrain, a fait observer Mme JOANNA WRONECKA (Pologne).  Le contexte politique a changé cependant, avec la signature de l’Accord de paix revitalisé, dont elle s’est félicitée, le qualifiant de « progrès majeur vers le processus de paix ».  Saluant les efforts de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), elle a noté toutefois que ce processus demeurait fragile, et elle s’est inquiétée du sort des populations civiles prises pour cible, des violations graves des droits fondamentaux, des violences sexuelles, et des difficultés d’acheminement de l’aide humanitaire. 

Appelant à ce que toutes les parties respectent les accords, convaincue qu’aucun accord ne sera durable sans garantie d’inclusion, Mme Wronecka a appelé à ce que les femmes participent sans délai aux efforts de transition.  « Le peuple du Soudan du Sud veut la paix plus que tout, et après des années de souffrance, il le mérite. »   Grâce à l’Accord de paix revitalisé, les dirigeants du Soudan du Sud ont l’occasion unique de reconstruire le pays, a-t-elle conclu.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a salué les efforts des dirigeants de la région qui ont abouti à la signature de l’Accord revitalisé du 12 septembre et au retour du Premier Vice-Président à Djouba mais s’est dit « préoccupé » par les difficultés de mise en œuvre intégrale de l’Accord.  Il a notamment déploré la présence d’une seule femme au sein du comité prétransitionnel, soit 10% contre les 35% prévus.

Le représentant a dénoncé la poursuite d’actes de vandalisme et d’attaques perpétrés par les groupes armés contre la population et appelé le Gouvernement sud-soudanais à œuvrer davantage à la cessation des hostilités et à la protection des civils, notamment en engageant les réformes du secteur de la sécurité.  Il s’est dit préoccupé par la persistance des violences sexuelles envers les femmes et les enfants et par les attaques contre les travailleurs humanitaires, ainsi que les enlèvements et le recrutement d’enfants soldats.  Il faut que les auteurs de ces actes rendent des comptes et répondent de leurs actes devant les juridictions internationales compétentes, a insisté M. Ipo.  Il a également appelé les autorités sud-soudanaises à faire preuve de bonne foi et de « transparence » dans la gestion des revenus du pétrole.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a insisté sur la situation « alarmante » des femmes au Soudan du Sud et exprimé sa préoccupation concernant la gravité des violences sexuelles, viols collectifs et mutilations génitales, employées comme armes de guerre et mises en lumière dans le rapport du Secrétaire général qui signale des « centaines de cas ».  Elle a demandé que les responsables soient identifiés, jugés et sanctionnés, y compris dans les rangs de l’armée, et que la protection des femmes soit renforcée, ainsi que les mécanismes d’enquête.  La représentante a appelé les autorités du Soudan du Sud à renforcer les unités de police spécialisées et souhaité que le Comité des sanctions de l’ONU fasse plein usage des sanctions contre les auteurs et les commanditaires de ces violences.  La situation des enfants est tout aussi préoccupante, a-t-elle poursuivi, avec plus de 600 cas vérifiés de violences, et encore le nombre réel est « sans doute plus élevé ».

Concernant l’Accord de paix signé le 12 septembre, Mme Gueguen l’a jugé « encourageant » et souhaité qu’il puisse permettre d’avancer vers une paix juste et durable.  « Nous ne voulons pas d’une paix de papier », a-t-elle insisté.  Enfin, compte tenu de la situation humanitaire sur place avec 7 millions de personnes ayant besoin d’aide et près de la moitié de la population en situation de malnutrition sévère, la représentante a appelé à poursuivre la mobilisation et à « tout faire » pour protéger les personnels humanitaires.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a estimé qu’associer pleinement les femmes à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé mérite une attention particulière, avant de se dire encouragée par les engagements pris par les parties au conflit à ne plus se livrer à des violences sexuelles et sexistes.  Se félicitant que cette séance du Conseil de sécurité se déroule au lendemain d’une session extraordinaire du Conseil des ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à Addis-Abeba, la représentante a considéré que la mise en œuvre de l’Accord demeure la seule option viable pour une paix durable au Soudan du Sud.  Le déclin des affrontements à travers tout le pays et le début des travaux du Comité national prétransition pour élaborer une feuille de route constituent des signes encourageants, a estimé la délégation, qui a également cité en exemple la Journée de célébration de la paix, fêtée le 31 octobre dernier au Soudan du Sud en présence des dirigeants de la sous-région. 

Dès lors, l’« opportunité historique » qui se présente à la communauté internationale de briser le « cercle vicieux de violences » dans lequel s’est enfoncé ce pays depuis cinq ans ne doit pas être manquée, « simplement parce que les tentatives passées ont échoué », a exhorté Mme Guadey.  Le Conseil de sécurité à un rôle de premier plan à jouer à cet égard, a-t-elle affirmé, en soulignant que celui-ci doit apporter son soutien au déploiement complet de la Force de protection régionale et ajuster son mandat pour lui permettre d’être en meilleure position de contribuer à la mise en œuvre de l’Accord de paix.  « L’IGAD espère que le Conseil répondra favorablement à cette requête », a insisté la représentante. 

S’agissant du processus de transition, M. MANSOUR AYYAD SH.  A.  ALOTAIBI (Koweït) a jugé que l’Accord revitalisé tourne une nouvelle page dans l’histoire du pays, mais s’est montré toutefois préoccupé que « certains individus continuent de violer la paix » au Soudan du Sud, à l’opposé des désirs de la population.  Principales victimes de la guerre et principaux vecteurs de paix, les femmes ne devraient plus souffrir, et leur rôle dans le processus de paix ne devrait pas être ignoré, a-t-il poursuivi.  Selon lui, les femmes doivent participer de manière accrue au processus de paix, pour que règne la justice et que tous puissent en bénéficier.

Concernant le volet humanitaire, le représentant a évoqué les difficultés du quotidien et rappelé que cinq millions de réfugiés ne peuvent pas regagner leur pays, tandis que de nombreux enfants ne sont pas scolarisés.  « Le succès du Soudan du Sud dépend pourtant de la résolution de ces problèmes », a-t-il prévenu. 

Tout juste de retour du Soudan du Sud, M. OLOF SKOOG (Suède) a estimé que la mise en œuvre de l’Accord revitalisé est littéralement la « seule solution viable » pour rétablir la paix dans le pays.  Il a donc estimé que la priorité consiste pour les parties à faire preuve de volonté politique.  Saluant les mesures de confiance prises jusqu’à présent, le représentant ne s’en est pas moins dit préoccupé par les informations faisant état de la persistance d’affrontements, en dépit du déclin des opérations militaires observées sur l’ensemble du territoire sud-soudanais. 

M. Skoog a insisté sur l’importance que revêt la cessation « complète et inconditionnelle » des hostilités, avant de plaider pour des mesures ciblées contre les auteurs de violations des dispositions de l’Accord, y compris ceux qui incitent à la violence et cherchent à faire dérailler le processus de paix.  Dans le cadre de ce processus, une approche inclusive devra prévaloir, a préconisé le délégué, en tenant compte des attentes des jeunes, des femmes et de la société civile.  C’est la raison pour laquelle il s’est félicité de la proposition d’inclure 35% de femmes dans le Gouvernement de transition, et a vivement encouragé à promouvoir l’établissement des responsabilités et les mécanismes de justice transitionnelle, y compris en créant le Tribunal mixte pour le Soudan du Sud.  En outre, a ajouté le représentant, la protection des enfants devrait constituer une priorité, en faisant de leur démobilisation et de leur réintégration une part intégrante de la mise en œuvre de l’Accord. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a estimé que des progrès avaient certes été réalisés depuis l’Accord de paix, notamment la création de l’organe de transition et la libération de certains prisonniers.  Il a confirmé que l’espoir devait prévaloir, mais que le calendrier n’était pas respecté pour le moment.  Il s’est en effet dit frappé par les violences encore en cours dans le pays, et par les violations du cessez-le-feu.  Il a aussi déploré que la MINUSS n’ait pas accès à certaines zones et que l’accès humanitaire sans entraves qui avait été promis n’ait pas été mis en place.

Dénonçant comme « illégaux » les frais et divers impôts pratiqués au Soudan du Sud, comme l’impôt sur les travailleurs humanitaires ou les frais pour le permis de construire, « qui empêchent d’allouer des millions de dollars pour fournir de l’eau et un abri à des milliers de personnes », le représentant a appelé à ce qu’ils soient levés tant que sévit la guerre.  Préoccupé en outre par la crise alimentaire aigüe dans le pays, le représentant a appelé à faire davantage pour que l’Accord soit appliqué dans toute la société soudanaise, pour défendre les libertés fondamentales, et, notamment, libérer les prisonniers politiques.  Se félicitant de l’accent mis sur la participation de femmes, M. Allen a insisté sur l’importance cruciale de l’augmentation de leur représentation.  Appelant enfin à une lutte nécessaire contre l’impunité, il a reporté des « viols collectifs d’enfants » dans le pays, et réclamé la création du tribunal hybride afin que « les auteurs de ces crimes odieux rendent des comptes ».

Condamnant les violences sexuelles persistantes au Soudan du Sud, en particulier contre les femmes et les filles, Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a prié les parties au conflit de respecter leurs engagements de punir la violence sexuelle et de protéger les victimes.  La Guinée équatoriale déplore la violence sexuelle en temps de guerre et en temps de paix, ainsi que son utilisation comme arme de guerre, considérant qu’il s’agit d’une des pires atteintes à la dignité humaine.  La représentante a estimé que la participation des femmes au processus de paix est indispensable et qu’il n’est pas possible de parvenir à la paix sans investir dans le développement durable des pays et dans l’égalité entre les sexes. 

À cet égard, Mme Mele Colifa a réaffirmé le rôle clef de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), de la résolution 1820 (2008) et d’autres résolutions connexes.  Elle a recommandé que les organisations chargées de la coordination des missions de consolidation de la paix promeuvent les bonnes pratiques dans la formation des contingents, comme au sein des organismes des Nations Unies chargés du contreterrorisme, du crime organisé, de la réponse humanitaire et du développement durable, afin de veiller à la réintégration des victimes, en particulier les enfants nés de violences sexuelles et les femmes survivantes.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a relevé que les femmes du Soudan du Sud doivent être au centre de nos efforts, car ce sont ces femmes qui souffrent le plus du conflit brutal et généralisé en cours.  « Ce sont ces femmes qui ont eu le courage de plaider en faveur de la paix bien avant que leurs dirigeants politiques ne daignent les écouter », a-t-elle noté.  Les Pays-Bas saluent la signature de l’Accord de paix et remercient l’IGAD et l’Union africaine pour leur leadership à cet égard.  La délégation se félicite également de sa ratification par le Parlement sud-soudanais, même si elle est préoccupée de rapports faisant état de combats à Wau, Yei et dans l’Unité.  La pleine mise en œuvre de l’Accord de paix demande l’implication des femmes, a poursuivi Mme van Haaren, puisqu’elles offrent une perspective vitale d’analyse du conflit.  Ce sont aussi elles qui font preuve de leadership en construisant des ponts entre diverses factions concurrentes.  La délégation soutient donc le quota de 35% de femmes arrêtées dans le cadre de l’Accord de paix et invite toutes les parties à assurer son plein respect. 

Il ne peut y avoir de paix durable tant que l’impunité persiste, a poursuivi Mme van Haaren.  Le Conseil de sécurité, a-t-elle rappelé, peut sanctionner les auteurs de violences sexuelles en temps de conflit, même si les sanctions ne sauraient se substituer à l’application du principe de responsabilité.  La déléguée a insisté également sur le fait que la MINUSS doit pouvoir avoir accès aux civils, notamment pour les protéger des violences physiques, y compris les violences sexuelles.  Les Pays-Bas invitent donc le Gouvernement à accorder la liberté de circulation à la MINUSS et à octroyer un accès sans entrave aux personnels humanitaires. 

M. DMITRY A.  POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que la condition des femmes et la situation sécuritaire dans son ensemble au Soudan du Sud s’étaient améliorées au cours des derniers mois.  Le représentant a apporté son soutien à la signature de l’Accord revitalisé le 12 septembre dernier, en affirmant que l’IGAD avait, grâce à ses efforts coordonnés, « réussi l’impossible » au Soudan du Sud.  Les pays de la région, a-t-il poursuivi, ont relancé un processus de négociations « au point mort », en faisant converger les parties vers un « terrain d’entente », « alors que beaucoup d’entre nous avaient perdu espoir. » 

Aussi, le représentant a-t-il demandé au Conseil de sécurité d’appuyer cette « dynamique régionale », qui illustre de manière probante la pratique consistant à trouver des « solutions africaines aux problèmes africains ».  La délégation russe s’est ensuite déclarée prête à examiner des « propositions détaillées » s’agissant de la Force de protection régionale. 

Pour Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie), l’Accord de transition représente un pas fondamental vers le progrès et un grand espoir.  Appelant à développer la confiance pour parvenir à l’édification d’une paix durable, elle s’est félicitée de l’accent mis sur la participation des femmes à la mise en œuvre de l’Accord, en vertu duquel 35% de femmes doivent être représentées au sein de la branche exécutive du Gouvernement de transition.  Elle a souhaité que toutes les parties aillent encore plus loin pour parvenir à ce seuil.  Selon la représentante, la parité doit aussi être encouragée dans les opérations sur le terrain, et dans les processus de prise de décisions.  « Le moment est propice au Soudan du Sud pour la mise en œuvre de ces objectifs, y compris la mise en place d’une justice transitionnelle, avec la création du tribunal hybride », a-t-elle estimé.

Dans le domaine politique, le Soudan du Sud continue de se heurter à des difficultés.  Mme Cordova Soria a appelé le Gouvernement et l’opposition à continuer à faire preuve de volonté politique.  Outre le fait que la communauté internationale doit allouer des ressources nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord, elle a demandé au Conseil de sécurité de travailler en symbiose avec l’IGAD, et en toute confiance, et prié les parties prenantes au Soudan du Sud de garantir un bon environnement opérationnel pour laisser la MINUSS faire son travail. 

Pour M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), seul un engagement politique soutenu permettra la mise en œuvre effective de l’Accord revitalisé, avec l’appui de la communauté internationale et des organisations régionales.  Des mesures « concrètes » telles que la cessation des hostilités et un accès sans entraves à l’aide humanitaire dans l’ensemble du pays doivent être prises afin de rétablir la confiance entre les parties.  Il a souligné l’importance d’améliorer la situation sécuritaire selon les termes des accords transitoires conclus entre les parties, notamment la formation d’un gouvernement d’unité nationale, tout en respectant les échéanciers.  De même, il importe que l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et les Nations Unies agissent de façon cohérente afin d’assurer le succès de la reconfiguration de la Force de protection régionale. 

Les femmes sont les principales victimes du conflit au Soudan du Sud, a encore noté M. Meza-Cuadra, en insistant sur le rôle clef qu’elles seront appelées à jouer afin de soutenir le processus de paix, y compris la réforme du secteur de la sécurité.  À cette fin, il a appelé au respect du quota de 35% de femmes dans les institutions transitoires, le Conseil des ministres et les autres instances politiques gouvernementales.  Le représentant s’est félicité de la récente condamnation de 10 soldats pour des meurtres et des agressions sexuelles commis en 2016, estimant que les responsables de tels actes doivent être traduits en justice.  Alors que près de 60% de la population souffre d’insécurité alimentaire aiguë, il a appelé à la mise en place de « mécanismes innovants » tels que la production d’aliments d’urgence. 

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) s’est félicité de la première visite conjointe de l’ONU et de l’Union africaine au Soudan du Sud, qui illustre la collaboration croissante entre les deux organisations.  Il a vu dans la signature de l’Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud, après cinq années de conflit, un exemple de « solutions africaines à des problèmes africains ».  Selon lui, cet Accord « historique » servira de base à une paix durable, à la stabilité et à la fin des souffrances dans ce pays. 

Toutefois, la situation sécuritaire et humanitaire demeure « inquiétante » alors que perdure l’hostilité entre le Gouvernement et l’opposition et que se font jour des violations du statut des forces, notamment en ce qui concerne la protection des civils.  Le représentant a donc appelé les parties à faire montre d’une « véritable » volonté politique afin d’assurer la mise en œuvre de l’Accord, tandis que le Conseil de sécurité doit demeurer uni sur cette question.  Enfin, il a souligné l’importance de renforcer les capacités des femmes et de faciliter leur accès à des fonctions politiques. 

M. MA ZHAOXU (Chine) a constaté des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, mais il a estimé que le chemin vers la paix et la stabilité était encore très long.  La communauté internationale devrait reconnaître la complexité de la situation du Soudan du Sud, et allouer les ressources nécessaires pour son retour à la stabilité, mais les responsables des affaires intérieures du Soudan du Sud ont besoin de l’appui de la communauté internationale sans pour autant qu’elle se substitue à eux, a-t-il nuancé.  La Chine appuie les efforts du Gouvernement du Soudan du Sud pour que les femmes, vecteurs de paix et de sécurité, soient davantage incluses dans le processus de transition et que leur soient accordées pleinement leurs droits. 

Décrivant un pays dont le développement est très en retard, et où les conditions de vie sont préoccupantes, le représentant a appelé à ce que ces questions soient réglées de manière urgente, sans quoi le Soudan du Sud ne retrouvera pas la stabilité.  La communauté internationale doit donc allouer les ressources suffisantes pour la reconstruction du pays, a-t-il insisté.  Conseillant au Soudan du Sud de mettre l’accent sur l’agriculture, l’énergie, les infrastructures, l’éducation et la santé, M. Ma a encore appelé à accorder une attention toute particulière aux femmes, mais aussi aux jeunes.  De son côté, la Chine a contribué à la construction d’un hôpital universitaire et d’un hôpital pour femmes à Djouba.

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a exprimé, au nom de son gouvernement, sa gratitude à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), à l’Union africaine et aux Nations Unies pour leur contribution à l’adoption de l’Accord revitalisé.  « Un temps de paix est arrivé au Soudan du Sud », s’est réjoui le représentant, tout en rappelant l’engagement du Président à mettre en œuvre l’Accord « de bonne foi ».  Il s’est dit confiant que l’Accord favorisera la réconciliation et permettra d’unir le peuple du Soudan du Sud. 

Depuis la fête de la paix célébrée le 31 octobre dernier à Djouba, le Parlement a ratifié l’Accord revitalisé, les prisonniers politiques ont été libérés et le Comité national prétransitionnel s’est réuni, s’est félicité M. Malwal.  En outre, des délégations de l’opposition ont rencontré le Président Kiir, ce qui démontre l’engagement des parties prenantes à assurer le succès de cet Accord.  Contrairement à ce que plusieurs anticipaient, le dialogue national a tenu des discussions publiques aux quatre coins du pays, dans un environnement transparent et ouvert « qui aurait été impossible il y a quelques mois », s’est félicité le représentant.  Il a enjoint, en terminant, le Conseil de sécurité et les autres partenaires internationaux et régionaux à faire de la paix une réalité au Soudan du Sud. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale poursuit sa réflexion sur la revitalisation des travaux, pressée de renoncer à sa « puissance d’inertie »

Soixante-treizième session,
35e séance plénière – matin 
AG/12090

L’Assemblée générale poursuit sa réflexion sur la revitalisation des travaux, pressée de renoncer à sa « puissance d’inertie »

Une vingtaine de délégations ont énuméré aujourd’hui ce qu’il reste à faire pour revitaliser les travaux de l’Assemblée générale qui doit devenir un véritable « parlement des nations ».  L’Assemblée, qui a été appelée à renoncer à sa « puissance d’inertie », a lancé les travaux de sa revitalisation en 2007, autour de quatre axes: son rôle et ses pouvoirs, ses méthodes de travail, la sélection et nomination du Secrétaire général et des autres chefs de secrétariat, et le renforcement de la responsabilisation, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Cabinet de sa Présidente.  Aujourd’hui, ce sont surtout les méthodes de travail qui ont généré le plus de commentaires.

Nous devons reconnaître, a estimé l’Inde, le caractère mitigé de notre bilan.  Tout comme les généraux qui refont trop souvent leur dernière guerre, nous, diplomates, avons du mal à surmonter nos positions traditionnelles, même quand les nouvelles exigences de la coopération internationale se diversifient et se complexifient.  Nous ne faisons que nous « dépatouiller », en tenant des réunions, en s’essayant à renforcer la coopération internationale, bref, en devenant les « gardiens du statu quo ».  Notre « puissance d’inertie » est considérable même quand une action collective est requise. 

Il est donc important, a reconnu la Présidente de l’Assemblée générale, Mme Maria Fernanda Espinosa Garcés, de poursuivre la revitalisation des travaux de l’« organe le plus représentatif des Nations Unis » pour répondre efficacement aux défis mondiaux et veiller à ne laisser personne sur le côté dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La bonne nouvelle, s’est-elle réjouie, est que nous ne partons pas de zéro.  La Présidente a demandé que l’on fasse fond sur les nombreux progrès accomplis jusqu’ici.  Parmi ceux-ci, elle a cité les améliorations dans le processus de sélection et de désignation du Secrétaire général et du Président de l’Assemblée générale ou encore les dialogues matinaux initiés par son prédécesseur, qu’elle entend poursuivre et qui servent de cadre d’échanges, sans oublier l’amélioration des méthodes de travail.

Amélioration des méthodes de travail? La Présidente a dit craindre que les activités parallèles ne finissent par diluer le débat général des chefs d’État et de gouvernement dont « la primauté » doit être préservée.  Six réunions de haut niveau et quelque 560 autres réunions convoquées, en septembre dernier, « c’est un record », a-t-elle fait observer, en annonçant que pour la prochaine session, de nombreuses manifestations parallèles sont déjà prévues.  La multiplication des réunions de haut niveau et des points à l’ordre du jour ne peut que rendre « intenable » la charge de travail, a prévenu l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il est important, a-t-elle dit, de rationaliser le travail de l’Assemblée car la qualité doit prendre le pas sur la quantité, si l’on veut préserver la crédibilité et la pertinence des Nations Unies.

De nombreuses délégations ont d’ailleurs estimé que certaines résolutions, dont celle sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée, ne pourraient être adoptées que tous les deux ou trois ans.  Il faut s’interroger, ont avoué les Maldives, sur l’utilité qu’il y a à adopter les mêmes résolutions, année après année, ou tous les deux ans, ou à adopter plusieurs résolutions sur le même sujet ».  Le temps que nous consacrons à négocier ces résolutions devrait être plutôt consacré à leur mise en œuvre, pour parvenir à une Assemblée plus efficace, ont préconisé les États-Unis.  L’Assemblée générale devrait d’abord étudier les mesures d’application de ses résolutions avant de les adopter, a conseillé, à son tour, la Fédération de Russie.  L’objectif ultime, a embrayé l’Union européenne, est d’éliminer les chevauchements et les doublons.  La Présidente de l’Assemblée a en effet plaidé pour un meilleur alignement des programmes de travail de l’Assemblée générale, par exemple, entre ceux du Conseil économique et social (ECOSOC), de la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières et de la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles. 

L’agenda de la revitalisation, a conclu l’Inde, doit être large, inclusif, transformatif et inspiré, avec pour objectif ultime de donner un nouveau souffle de vie, a encouragé l’Inde.  C’est un défi pour la diplomatie, mais un défi qui vaut la peine d’être relevé si nous voulons optimiser la perspective d’un XXIe siècle pacifique et prospère.  À ceux qui ont fait valoir que l’Assemblée a un rôle à jouer dans la paix et la sécurité internationales, le Maroc a opposé l’Article 12-1 de la Charte qui dispose que: « tant que le Conseil de sécurité remplit, à l’égard d’un différend ou d’une situation quelconque, les fonctions qui lui sont attribuées par la présente Charte, l’Assemblée générale ne doit faire aucune recommandation sur ce différend ou cette situation, à moins que le Conseil de sécurité ne le lui demande ». 

Les interventions entendues aujourd’hui ont confirmé l’engagement des États à discuter, de manière exhaustive et objective, des nombreuses questions sur l’amélioration et l’enrichissement des travaux de cet « organe remarquable » qu’est l’Assemblée générale, a observé la Jordanie, co-Présidente du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.  Elle a annoncé des consultations informelles avec les États et les groupes pour identifier au plus vite les points de vue et les préoccupations auxquels il faudra répondre pour parvenir à un document « solide et consensuel ».  Les États-Unis, qui ont rejeté toute idée de changer ou d’élargir les prérogatives du Groupe de travail, ont d’emblée prévenu qu’ils diront non à toute initiative qui augmenterait les coûts pour les Nations Unies, et au bout du compte pour les États Membres.  Les États-Unis ont réitéré leur engagement « fort » à gérer de manière responsable l’argent du contribuable et à maintenir un budget de l’ONU à croissance zéro.  Justement, le Mouvement des pays non alignés a exprimé son intention de présenter un texte pour corriger la composition du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), « non conforme » au principe de représentation géographique équitable.

L’Assemblée a aussi procédé aujourd’hui à des nominations aux sièges devenus vacants dans les organes subsidiaires.  Elle reprendra ses travaux le mardi 20 novembre à 10 heures pour débattre de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l’augmentation du nombre de ses membres.

NOMINATIONS AUX SIÈGES DEVENUS VACANTS DANS LES ORGANES SUBSIDIAIRES ET AUTRES NOMINATIONS

Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) (A/73/481)

Sur recommandation de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, l’Assemblée générale a nommé Yves Éric Ahoussougbemey (Bénin); Amjad Qaid Al Kumaim (Yémen); Makiese Kinkela Augusto (Angola); Ihor Humennyi (Ukraine); et Conrod Hunte (Antigua-et-Barbuda), membres du CCQAB pour un mandat de trois ans prenant effet le 1er janvier 2019.

Comité des contributions (A/73/483)

Toujours sur recommandation de sa Cinquième Commission, l’Assemblée a nommé Syed Yawar Ali (Pakistan); Robert Ngei Mule (Kenya); Toshiro Ozawa (Japon); Tõnis Saar (Estonie) et Brett Dennis Schaefer (États-Unis) membres du Comité pour un mandat de trois ans prenant effet le 1er janvier 2019.

Comité des placements (A/73/484)

Suivant sa Cinquième Commission, l’Assemblée a approuvé la proposition du Secrétaire général de nommer Keiko Honda, du Japon, comme membre ordinaire du Comité des placements pour une durée de trois ans à compter du 1er janvier 2019.

Commission de la fonction publique internationale (CFPI) (A/73/485)

Toujours sur proposition de sa Cinquième Commission, l’Assemblée générale a aussi décidé de nommer, pour un mandat de quatre ans prenant effet le 1er janvier 2019, Andrew Gbebay Bangali (Sierra Leone); Marie-Françoise Bechtel (France); Carleen Gardner (Jamaïque); Ali Kurer (Libye) et Bogusław Winid (Pologne), membres de la CFPI.  L’Assemblée a également désigné M. Larbi Djacta, de l’Algérie, Président de cette Commission pour la même période.

Corps Commun d’inspection (CCI) (A/73/479/Corr.1)

Le mandat de Keiko Kamioka, du Japon, venant à expiration le 31 décembre 2019, la Présidente de l’Assemblée générale a annoncé qu’elle poursuivra les consultations sur un candidat qui sera nommé pour un mandat de cinq ans prenant effet le 1er janvier 2020.

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ONU ET REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations

La Présidente de l’Assemblée générale, Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, a noté que le débat d’aujourd’hui intervient à un moment très critique pour un multilatéralisme avec l’ONU en son centre.  Pour plusieurs raisons, on doute de la capacité du système multilatéral à trouver des solutions aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, a-t-elle relevé, en soulignant qu’alors que ces défis se mondialisent de plus en plus et requièrent des solutions multilatérales, nous observons plutôt des tendances à l’unilatéralisme et à l’isolationnisme.

Mme Espinosa Garcés a dit être revenu hier soir de Paris où elle a assisté à la commémoration du centenaire de l’Armistice, une cérémonie au cours de laquelle la représentation de l’Assemblée générale était symbolique, « en tant que parlement du monde ».  Elle est donc revenue avec des messages de paix et un soutien renforcé au multilatéralisme, ainsi que de grandes attentes quant aux travaux de cette Assemblée.  Selon elle, l’appel énergique lancé par les dirigeants du monde pour un ordre mondial fondé sur le multilatéralisme, lors du débat général de l’Assemblée générale, témoigne également d’un engagement rassurant à inverser la tendance.

Pour sa part, la Présidente de l’Assemblée générale dit avoir pris « la responsabilité personnelle » de défendre les valeurs et l’importance de l’Assemblée générale, pas seulement à New York, mais dans chacun de ses engagements officiels.  De même, elle a affirmé la nécessité de revitaliser l’Assemblée générale, l’« organe le plus représentatif des Nations Unies et la principale autorité délibérante », afin de répondre efficacement aux défis mondiaux, et pour ne laisser personne sur le côté dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

La bonne nouvelle, s’est-elle réjouie, est que nous ne partons pas de zéro.  La Présidente a demandé que l’on fasse fond sur les nombreux progrès faits jusqu’ici.  Parmi ceux-ci, elle a cité les améliorations dans le processus de sélection et de désignation du Secrétaire général et du Président de l’Assemblée générale ou encore les dialogues matinaux initiés par son prédécesseur, qu’elle entend poursuivre et qui servent de cadre d’échanges, sans oublier l’amélioration des méthodes de travail.  Pour la suite, elle entend améliorer le dialogue informel pour la sélection de son successeur, comme le prévoyait déjà la résolution 72/313 sur la « Revitalisation des travaux de l’Assemblée générale », notamment en établissant les lignes directrices du dialogue interactif informel à cet effet.  La Présidente a dit espérer qu’à l’avenir, il y aura plus de candidatures féminines au poste de Président de l’Assemblée générale, déplorant le fait qu’elle ne soit que la quatrième femme, 73 ans après la création des Nations Unies.  Elle a noté que les précédentes avancées ont été possibles grâce à l’engagement constructif des États Membres et des coprésidents du processus de revitalisation.

Malgré les progrès réalisés, la Présidente de l’Assemblée générale a souligné quelques domaines où des progrès sont encore possibles.  Par exemple, le débat de l’Assemblée générale doit préserver sa primauté et sa déférence, en tant que forum unique permettant aux dirigeants du monde de débattre des problèmes mondiaux les plus urgents.  À cet égard, nous devons nous assurer que les activités parallèles n’occultent pas le débat lui-même.  Six réunions de haut niveau et quelque cinq cent soixante autres réunions convoquées par des groupes politiques régionaux et autres en septembre dernier constituent un record, a-t-elle fait observer.  Il est donc nécessaire de traiter collectivement ce problème dans un délai déterminé.  Mais pour la soixante-quatorzième session, la Présidente a insisté sur un calendrier adéquat, promettant de se limiter aux réunions déjà arrêtées et d’éviter d’en rajouter.  Il faut aussi, a-t-elle poursuivi, rationaliser davantage l’ordre du jour en réduisant le nombre de points et de résolutions.  Dans ce contexte, elle a salué Guyana qui a décidé volontairement, en vue d’éviter les doublons, de retirer le point 16 du programme de travail sur « le rôle des Nations Unies dans la promotion d’un nouvel ordre humain international ». 

La Présidente a également plaidé pour un meilleur alignement des programmes de travail de l’Assemblée générale avec ceux du Conseil économique et social (ECOSOC), de la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières et de la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.  Dans le contexte du renforcement de la responsabilité, de la transparence et de la mémoire institutionnelle de son Bureau, elle a réitéré son engagement à assurer la continuité des meilleures pratiques de ses prédécesseurs, notamment en ce qui concerne la diffusion d’informations relatives au financement, à la dotation en personnel et aux voyages.  Elle a également promis de poursuivre la pratique d’une coordination étroite avec les principaux organes de la Charte, notamment par le biais de réunions et du partage des résumés des discussions mensuelles avec le Président du Conseil économique et social et le Président du Conseil de sécurité, tout en veillant à une collaboration étroite et régulière avec le Secrétaire général.

Par ailleurs, son Bureau entend revoir sa manière de communiquer pour que les gens qui l’entourent comprennent et soutiennent le travail fait et les objectifs à atteindre.  Mme Espinosa Garcés s’est aussi engagée à rationaliser le nombre de réunions de haut niveau et de débats thématiques.  « Je me concentrerai donc plutôt sur les réunions et événements déjà prescrits pour apporter une contribution dans les domaines définis dans mes priorités pour la session, tout en limitant le nombre de nouvelles initiatives », a-t-elle affirmé.  Elle a conclu en invitant les États Membres à trouver des moyens audacieux et créatifs de rendre l’Assemblée générale utile à tous. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) s’est d’abord attardé sur le processus de sélection et de nomination du Secrétaire général, lequel doit rester « transparent, démocratique et inclusif ».  À n’importe quel stade de la présentation des candidatures, la lettre conjointe signée par les Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité lançant le processus doit rester le cadre à respecter strictement, a insisté le représentant.  Pour faciliter une transition sans heurt, a-t-il poursuivi, le Secrétaire général doit être nommé le plus tôt possible et de préférence, pas plus tard qu’un mois avant la date d’expiration du mandat de son prédécesseur.  Les principes de transparence, de démocratie et d’inclusivité doivent aussi s’appliquer à la nomination des chefs exécutifs des organismes du système des Nations Unies, a estimé le représentant, qui a demandé au Corps commun d’inspection (CCI) de réfléchir à la question.  D’ailleurs, à l’instar du CCI, il n’a pas oublié de soulever la question des promesses que font les candidats-secrétaires généraux en échange d’un appui des membres permanents du Conseil de sécurité.

Quant au renforcement de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, le représentant a souligné la nécessité d’y créer de nouveaux postes permanents et d’allouer des ressources suffisantes par le biais du budget ordinaire de l’ONU. 

Après avoir parlé du rôle et de l’autorité de l’Assemblée générale, le représentant s’est attardé sur les méthodes de travail.  Il a appuyé l’idée de n’adopter certaines résolutions que tous les deux ou trois ans.  Il a aussi insisté sur le fait qu’il faudrait accorder plus de temps aux négociations sur les projets de texte.  La dernière résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale a été adoptée par consensus mais, a-t-il recommandé, la souplesse doit être la règle des prochaines négociations. 

Avant de conclure, le représentant a voulu que l’on réexamine la règle 155 du Règlement intérieur de l’Assemblée générale sur la composition du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), conformément aux principes d’efficacité et de représentation géographique équitable.  Le Mouvement des pays non alignés, a-t-il indiqué, a d’ailleurs soumis une proposition visant à revoir la composition du CCQAB qui n’est pas conforme au principe de représentation géographique équitable.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme JO-PHIE TANG (Singapour) a estimé que les améliorations apportées au processus de sélection et de nomination du Secrétaire général doivent être élargies à la sélection des autres hauts responsables des Nations Unies.  En procédant aux nominations, le Secrétaire général doit se baser sur le mérite, tout en tenant compte de la parité et de la répartition géographique.  La représentante a aussi espéré la poursuite des dialogues matinaux institués par le précédent Président de l’Assemblée générale.  Elle a également salué les améliorations apportées aux méthodes de travail et appuyé la définition du concept et du champ d’application des directives sur les campagnes électorales.  Mais, a-t-elle prévenu, ces directives ne devraient désavantager aucun État.  Il s’agit au contraire de se concentrer sur la transparence et l’équité, et sur une série agréée de paramètres pour veiller à des campagnes qui ne se transforment pas en « un nivellement par le bas ».

En sa capacité nationale, la représentante a demandé que le Cabinet du Président de l’Assemblée générale se penche sérieusement sur le synopsis de la Présidente qui dit que la primauté du débat général ne peut être préservé sans une gestion rationnalisée des activités parallèles.  Elle a conseillé un meilleur calendrier pour les réunions de l’Assemblée, donnant deux exemples concrets.  Le Rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation, a-t-elle expliqué, fait l’objet d’un débat, au mois d’octobre qui intervient donc juste après le débat général.  C’est forcément un doublon, a tranché la représentante qui a aussi pris l’exemple du Rapport du Conseil de sécurité, adopté le 30 août, remis aux États le 11 septembre et débattu le 12 septembre.  C’est un problème, a-t-elle constaté, voyant là une question dont devrait se saisir le Bureau de l’Assemblée générale.  Il est important, a-t-elle conclu, de rationaliser le travail de l’Assemblée parce que la multiplication des points à l’ordre du jour et des réunions de haut niveau ne peut que rendre « intenable » la charge de travail.  La représentante a espéré que la décision de Guyana de retirer de l’ordre du jour le point 16 imprimera un nouvel élan à la rationalisation de l’ordre du jour.  La qualité doit prendre le pas sur la quantité, si l’on veut préserver la crédibilité et la pertinence des Nations Unies, a conclu la représentante.

Au nom du Groupe « Responsabilité, cohérence et transparence » (ACT), M. RODRIGO ALBERTO CARAZO (Costa Rica), a, s’agissant de la sélection et de la nomination du Secrétaire général et d’autres exécutifs, regretté l’absence de consensus sur le libellé de la résolution 72/313 relatif aux enseignements tirés des processus les plus récents et de la sélection « véritablement historique » du dernier Secrétaire général.  Quant au renforcement de la responsabilité, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, le représentant a plaidé pour que l’on préserve son indépendance et qu’on lui alloue des ressources suffisantes.  Il a aussi salué les efforts faits pour assurer l’égalité des chances dans la course aux organes des Nations Unies.  Il a rappelé que, s’agissant du Conseil de sécurité, son Groupe a décidé de ne soutenir que les candidats qui ont souscrit à son Code de conduite contre les atrocités de masse.  À ce jour, 118 États ont adhéré au Code.  Cela veut dire que deux tiers des États Membres des Nations Unies comptent que le Conseil mette fin et prévienne les atrocités de masse.  Cela montre, s’est réjoui le représentant, la force de l’Assemblée quand elle décide de mettre tout son poids politique derrière une cause. 

M. SERGE CRISTIANE, délégué de l’Union européenne (UE), a estimé que si les récentes résolutions sur la revitalisation de l’Assemblée générale ont contribué à la rendre plus efficace, l’adoption de la résolution de septembre 2017 a aussi clairement indiqué qu’un consensus était hélas impossible dans de nombreux domaines, comme celui de la participation de la société civile, la rationalisation de l’agenda de l’Assemblée générale ou le code de conduite pour les élections.  Sur ces aspects, l’UE s’en tiendra aux résolutions précédentes, mais est préoccupée par l’impasse constatée lors de la précédente session sur de nombreux points.  Le représentant a espéré que les négociations seront plus constructives cette année.

Il faut se concentrer, a-t-il souligné, sur la manière de « consolider » le travail fait jusqu’ici et d’améliorer l’efficacité des méthodes de travail, avec comme objectif ultime d’éliminer les chevauchements et les doublons. 

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a attiré l’attention sur l’optimisation de l’ordre du jour de l’Assemblée générale, dont le nombre de points a augmenté, obligeant les délégations qui n’ont pas les ressources humaines nécessaires à passer à côté de certains aspects importants du travail.  Il a voulu que l’on réduise le nombre de ces points, en supprimant, par exemple, les questions qui ne sont plus d’actualité.  Le représentant a souligné, dans ce contexte, que le Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale a déjà prouvé sa capacité à sortir des sentiers battus.  Il a aussi conseillé d’étaler les réunions de haut niveau sur toute l’année pour éviter une concentration qui condamnerait les délégations à travailler dans des conditions « imprévues et imprévisibles ».  Après avoir regretté que le dialogue entre les Missions permanentes et le Secrétariat ne se soit tenu qu’une fois cette année, le représentant a soulevé une question inattendue : les délégations n’ont pas été prévenues qu’elles ne peuvent plus se garer derrière le Secrétariat. Une telle décision et d’autres de ce type qui frappent des États d’interdiction sans notification préalable peuvent nourrir « l’animosité et les tensions », a-t-il prévenu, avant de soulever une autre question: celle des financements extrabudgétaires qui montent parfois à 80%, comme au Bureau de lutte contre le terrorisme, dont le travail est « par ailleurs excellent ».  Des sujets d’une telle importance ne peuvent être laissés au bon désir des sponsors, a-t-il estimé.

M. AHMED SUZIL (Maldives) a appelé le Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale à s’attaquer à la question des campagnes électorales pour les organes des Nations Unies qui sont devenues, au fil des ans, « plus compétitives et plus intenses ».  Il est temps de réfléchir à la manière de les rendre « plus libres et plus justes ».  Les mêmes normes de transparence, d’équité et de responsabilité, attendues des élections nationales, doivent s’appliquer aux Nations Unies, a martelé le représentant.  Le Groupe de travail, a-t-il poursuivi, doit aussi s’attaquer à la quantité des résolutions que l’Assemblée adopte ainsi qu’à leur mise en œuvre.  Il faut s’interroger, a-t-il avoué, sur l’utilité qu’il y a à adopter les mêmes résolutions, année après année, ou tous les deux ans, ou à adopter plusieurs résolutions sur le même sujet ».  On peut décidément améliorer l’efficacité de l’Assemblée générale, a conclu le représentant. 

Mme MAHA HARQOOS (Émirats arabes unis) a appuyé les sept priorités définies par la Présidente de l’Assemblée générale pour la présente session et rappelé que, dans le cadre du soutien au Cabinet du Président, son pays y a détaché un membre de sa Mission permanente, compte tenu de la charge de travail croissante.  La représentante, qui a salué la quatrième femme à la tête de l’Assemblée depuis 73 ans, a félicité le Secrétaire général pour ses efforts visant à atteindre la parité au sein du Secrétariat.  Cette parité, a-t-elle relevé, est déjà effective au Cabinet du Secrétaire général.  Elle a conclu sur la nécessité d’alléger le programme de travail des grandes commissions. 

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a dit attendre avec impatience les discussions sur la conduite des campagnes électorales à l’Assemblée, pour améliorer les normes de transparence et d’équité, surtout pour les petits États qui, sans ressources suffisantes, ont du mal à mener des campagnes robustes.  La qualité des élus en serait améliorée, a-t-il estimé.  Il s’est aussi félicité que d’autres organes, comme le Conseil des droits de l’homme, tienne désormais des dialogues avec les candidats aux postes importants.  Le représentant a défendu l’idée de n’adopter la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale que tous les deux ans.  Le temps que nous consacrons à négocier cette résolution devrait être plutôt consacré à sa mise en œuvre, pour parvenir à une Assemblée plus efficace, s’est expliqué le représentant.  Les États-Unis, a-t-il prévenu, s’opposeront à toute initiative qui augmenterait les coûts pour les Nations Unies, et au bout du compte pour les États Membres.  Les États-Unis réitèrent en effet leur engagement fort à gérer de manière responsable l’argent du contribuable et à maintenir un budget de l’ONU à croissance zéro.  Le représentant s’est aussi opposé à toute idée de changer ou d’élargir les prérogatives du Groupe de travail.

Nous devons reconnaître, a estimé M. SYED AKBARUDDIN (Inde), le caractère mitigé de notre bilan à l’Assemblée générale.  Tout comme les généraux qui refont trop souvent leur dernière guerre, nous, diplomates, avons du mal à surmonter nos positions traditionnelles, même quand les nouvelles exigences de la coopération internationale se diversifient et se complexifient.  Pourtant, nous ne faisons que nous « dépatouiller », en tenant des réunions, en s’essayant à renforcer la coopération internationale, bref, en devenant les « gardiens du statu quo ».  Notre « puissance d’inertie » est considérable même quand une action collective est requise.  On se départit de notre devoir de prendre des décisions, en invoquant l’importance du consensus.  Refusant de baisser les bras, le représentant a jugé qu’au contraire, il faut rendre l’Assemblée capable de produire des résultats dans ce monde moderne, inondé de nouveaux défis.  Nous devons commencer un nouveau voyage et le commencer maintenant.  Dans moins de deux ans, a rappelé le représentant, nous allons célébrer le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, l’occasion de revitaliser les efforts et de retrouver une seconde jeunesse.  L’agenda de la revitalisation, selon M. Akbaruddin, doit être large, inclusif, transformatif et inspiré, avec pour objectif ultime de donner un nouveau souffle de vie.  L’Assemblée générale, forte de sa composition universelle, peut être un allié précieux dans cet effort pour le changement », a-t-il dit.  L’agenda de la revitalisation est un défi pour la diplomatie, mais un défi qui vaut la peine d’être relevé si nous voulons optimiser la perspective d’un XXIe siècle pacifique et prospère.

Mme ANA SILVIA RODRĺGUEZ ABASCAL (Cuba) a fait observer qu’à maintes reprises, la communauté internationale a été le témoin de la non-application des résolutions de l’Assemblée et d’une absence de consensus autour des problèmes qui touchent pourtant nos peuples depuis longtemps.  Il est de l’obligation des États Membres et du Secrétariat de respecter les mandats établis dans les résolutions, a-t-elle martelé, avant de rejeter avec énergie « la manipulation, le chantage et les pressions » de certains États qui veulent violer les procédures de cette Organisation.  La déléguée a tout aussi vigoureusement rejeté l’utilisation des salles de conférence de l’ONU pour faire campagne contre des États Membres, rappelant à ce propos la résolution sur le plan des conférences, adoptée par consensus par la Cinquième Commission et les directives administratives ST/A/416 du 26 avril 1996 régissant l’utilisation des locaux de l’ONU.  Elle a espéré que ce sujet sera abordé l’année prochaine, dans le cadre du processus de revitalisation et que des mesures seront prises pour éviter ce genre de violations.  Elle s’est ensuite prononcée contre un changement de la procédure de sélection des différents candidats.  La représentante s’est aussi érigée contre « la tendance grandissante et dangereuse » du Conseil de sécurité à envahir le champ d’action de l’Assemblée, ce qui constitue une violation des procédures.  

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit que les efforts de revitalisation des travaux de l’Assemblée générale porteront leurs fruits « si et seulement si les États arrivent à s’écouter ».  Ces efforts doivent donc être dépolitisés.  Le représentant a jugé indispensable que l’Assemblée n’examine certains points de son ordre du jour que tous les trois ans, ajoutant que de nombreux points n’ont tout simplement plus de raison d’être.  Il a aussi prôné la tenue tout au long de l’année, des manifestations parallèles qui aujourd’hui se concentrent toutes dans la semaine du débat général en septembre.  Toute initiative de revitalisation doit tenir compte des prérogatives de chaque organe de l’ONU, a-t-il poursuivi.  Le délégué a ensuite dit comprendre les nombreuses critiques faites au Conseil de sécurité sur sa tendance à toucher à tous les sujets.  En ce qui concerne la transparence du processus de désignation du Secrétaire général, il a rappelé qu’en vertu de la Charte des Nations Unies, le Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité.  De ce fait, ajouter une nouvelle codification à ce processus pourrait conduire à des conséquences « déplorables ».  Il a enfin souhaité que les projets de texte soumis à l’Assemblée générale soient adoptés par consensus ou avec une large majorité, afin d’en faciliter la mise en œuvre.  L’Assemblée générale, a-t-il aussi estimé, devrait étudier les mesures d’application de ses résolutions avant de les adopter.

S’exprimant en espagnol, M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a souscrit à la déclaration de l’Union européenne mais a tenu à signaler, à titre national, qu’au début des travaux de la présente session, il était évident que l’on a tenté d’influencer la décision de l’Assemblée générale d’inscrire à son ordre du jour « La situation dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine ».  En vertu de la Charte, a rappelé le représentant, l’Assemblée générale est obligée d’examiner toute question liée au maintien de la paix et la sécurité internationales.  Il s’est interrogé sur la faculté de l’Assemblée de relever les défis contemporains alors que certains États s’efforcent de bloquer l’examen de questions essentielles.  La Fédération de Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, abuse de ses pouvoirs, en invoquant fallacieusement son attachement à un consensus « qui n’existe pas ».  Le Conseil de sécurité, s’est expliqué le représentant, s’était en effet inquiété des préparatifs « illégaux » pour de prétendues élections dans les territoires temporairement annexés du Donbass.  En violation flagrante des accords de Minsk et de la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité, ces élections « orchestrées par la Puissance occupante » ont eu lieu dimanche dernier, a-t-il dénoncé, en constatant que décidément les États peuvent faire beaucoup plus pour rendre l’Assemblée générale véritablement efficace.

M. WU HAITAO (Chine) a rappelé l’importance du multilatéralisme au moment où il est menacé de toutes parts.  Pour la Chine, la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, qui est importante, devrait permettre à cette dernière de mieux s’impliquer dans les questions de développement.  Il est tout aussi important que l’Assemblée renforce sa collaboration avec le Conseil économique et social (ECOSOC) et le Conseil de sécurité sur les questions de maintien de la paix et de la sécurité internationales, dans le respect de leurs prérogatives respectives.  La Chine, a dit le représentant, souhaite des rapports de qualité et des résolutions plus ciblées pour faciliter leur mise en œuvre et renforcer ainsi l’autorité de l’Assemblée générale.  Le représentant a aussi appelé au renforcement du Cabinet de la Présidente de l’Assemblée générale afin qu’il puisse mener à bien ses tâches.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a jugé qu’il faut veiller à la mise en œuvre de la résolution 69/321 et faire en sorte que l’Assemblée générale continue à jouer son rôle dans le processus de sélection et de nomination du Secrétaire général.  Les pratiques et les enseignements tirés de la dernière expérience doivent être archivées même si elles sont encore fraîches dans nos mémoires.  Quant aux méthodes de travail, le représentant a recommandé à son tour à l’Assemblée de rationaliser son ordre du jour et de se concentrer sur l’actualisation des engagements pour assurer des résultats concrets.  L’Assemblée devrait d’ailleurs mieux sensibiliser l’opinion publique à son rôle et à ses activités, en ayant un recours plus systématique aux médias.  Lorsqu’il s’agit de questions telles que la paix et la sécurité, les droits de l’homme ou le développement économique, l’Assemblée devrait davantage consulter les organisations régionales.  L’Indonésie estime que les nombreuses résolutions sur la coopération entre ces organisations et l’ONU doivent inclure les discussions sur les questions d’intérêt commun.  Ces résolutions doivent être applicables, orientées vers l’action et porteuses de résultats sur le terrain, a conclu le représentant.

M. OMAR HILALE (Maroc) a insisté sur l’esprit de dialogue et de compromis qui doit habiter les délégations afin de faire avancer le processus de revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.  Il a salué des avancées comme la prise en compte de la parité et de la répartition géographique dans la nomination des hauts fonctionnaires de l’Organisation.  Pour le Maroc, les réformes introduites par le Secrétaire général depuis sa prise de fonction vont contribuer aux efforts de revitalisation des travaux de l’Assemblée générale. Le représentant a insisté le nécessaire équilibre entre les initiatives de l’Assemblée générale et celles des autres organes des Nations Unies.  L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité se doivent de respecter la Charte des Nations Unies.  Le Maroc, a dit le représentant, insiste particulièrement sur l’Article 12-1 de la Charte qui dispose que: « tant que le Conseil de sécurité remplit, à l’égard d’un différend ou d’une situation quelconque, les fonctions qui lui sont attribuées par la présente Charte, l’Assemblée générale ne doit faire aucune recommandation sur ce différend ou cette situation, à moins que le Conseil de sécurité ne le lui demande ». 

Le Maroc propose également qu’au vu de la « prolifération exponentielle des résolutions à l’Assemblée générale », certaines résolutions ne soient adoptées que tous les deux ou trois ans.  Il faut à tout prix veiller à l’alignement du programme de travail de l’Assemblée générale avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Enfin, s’agissant de l’efficacité du Cabinet de la Présidente de l’Assemblée générale, le représentant a refusé l’idée que son budget soit supporté par le pays d’origine du titulaire du poste.  Il s’est prononcé pour une ponction du budget ordinaire de l’ONU.

M. LAZARUS O. AMAYO (Kenya) a noté que les négociations sur le projet de résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale furent longues, ardues et marquées par des contentieux issus des précédentes sessions.  Il a donc appelé à la volonté politique pour surmonter « les divergences persistantes ».  Le représentant a ensuite commenté le processus de désignation du Secrétaire général et autres hauts fonctionnaires, en prônant l’équilibre entre transparence et confidentialité.  L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité doivent travailler ensemble et non pas en concurrence.  Le représentant a aussi estimé qu’une meilleure représentation géographique au sein du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) ne pourra que l’enrichir de l’expertise de toutes les régions.  Enfin, en rationnalisant l’ordre du jour de l’Assemblée, il faut ménager suffisamment de temps à l’examen des questions importantes pour les pays en développement, comme le financement du développement et l’Action 21 et leurs liens avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a exigé le représentant.

M. MOHAMED OMAR MOHAMED GAD (Égypte) a insisté sur le fait que la revitalisation des travaux de l’Assemblée est un jalon de plus pour rendre l’ONU plus robuste et plus efficace.  Il a d’ailleurs rappelé que la Charte des Nations Unies autorise l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité à examiner les questions afférentes à la paix et la sécurité internationales.  Il a appelé à la mise en œuvre complète et immédiate de la résolution sur la revitalisation et appuyé l’amélioration de la mémoire institutionnelle et le respect des mandats exclusifs des différents organes principaux de l’ONU.  Il a jugé prioritaire de garantir les ressources humaines et financières susceptibles de faciliter le travail du Bureau de la Présidente de l’Assemblée.  Il faudrait aussi, a-t-il estimé à son tour, améliorer la représentation géographique au sein du CCQAB dans lequel groupe des États d’Asie occidentale est presque absent. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a relevé que les relations fonctionnelles entre les principaux organes de l’ONU sont renforcées quand chacun d’eux respecte ses compétences et responsabilités respectives.  Leur efficacité respective peut être renforcée par des efforts collectifs pour bâtir une synergie et des complémentarités et éviter les doublons et les chevauchements.  Le représentant a invité les délégations à faire montre de flexibilité sur les questions critiques en suspens.  Il s’est prononcé pour la création de nouveaux postes permanents au Cabinet de la Présidente de l’Assemblée générale et a défendu une meilleure représentation géographique au sein du CCQAB.  Il a aussi plaidé pour que les Commissions, qui ont à juste titre, améliorer leur méthode de travail, harmonisent leur programme de travail autant que possible.  Partisan du consensus, le représentant a noté la baisse drastique du pourcentage de résolutions adoptées, cette année, par consensus à la Première Commission chargée de désarmement et de sécurité internationale.  Il a à son tour conseillé à l’Assemblée de n’examiner certaines résolutions que tous les deux ou trois ans.  Quant au désengorgement du débat général de septembre, il a proposé que des critères clairs soient établis pour les manifestations parallèles.

Également au nom de la Slovaquie, Mme SIMA SAMI I BAHOUS (Jordanie), Coprésidente du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, a estimé que si difficile que soit cette revitalisation, elle est « possible et faisable » pour autant que la volonté politique existe.  L’Assemblée doit pouvoir fonctionner aussi souplement et aussi efficacement que possible.  La représentante a fait remarquer que les interventions de ce matin ont confirmé l’engagement des États à discuter, de manière exhaustive et objective, des nombreuses questions sur l’amélioration et l’enrichissement des travaux de cet « organe remarquable » qu’est l’Assemblée générale.  Elle a annoncé des consultations informelles avec les États et les groupes pour identifier au plus vite les points de vue et les préoccupations auxquels il faudra répondre.  Nous espérons travailler ensemble à un document « solide et consensuel », a-t-elle conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: sans mesures fortes au Sahel, le terrorisme va se répandre et la situation se détériorer, préviennent de hauts diplomates

8402e séance – matin
CS/13580

Conseil de sécurité: sans mesures fortes au Sahel, le terrorisme va se répandre et la situation se détériorer, préviennent de hauts diplomates

Si des mesures fortes et coordonnées ne sont pas rapidement prises, la situation au Sahel risque de se détériorer davantage; le fléau du terrorisme se répandra « encore plus vite et encore plus loin », forçant le Conseil de sécurité à débattre dans quelques mois d’une réaction face à une crise sécuritaire et humanitaire autrement plus dramatique.  C’est la mise en garde lancée au Conseil, ce matin, par M. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, et M. Maman Sidikou, Secrétaire permanent du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel), à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

Depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la Force conjointe du G5 Sahel, il y a six mois, l’insécurité a connu une « recrudescence », marquée notamment par une hausse des attaques contre des civils, des responsables gouvernementaux, des forces de sécurité et de défense au Burkina Faso, au Mali et au Niger, ont observé les deux hommes. 

En particulier, indique le Secrétaire général dans son rapport sur la question, l’attentat terroriste meurtrier perpétré le 29 juin contre le quartier général de la Force conjointe à Sévaré, au Mali, a porté « un coup sévère » aux efforts faits pour accélérer la pleine opérationnalisation de la Force conjointe et conduit à suspendre temporairement ses opérations.  À la suite de l’attaque, la nouvelle direction de la Force conjointe a mené une série d’évaluations visant à définir l’orientation stratégique et géographique de celle-ci, de manière à déterminer la nature, la localisation et le calendrier de ses opérations, une fois qu’elles auront repris. 

Si toutes les délégations ont insisté sur l’importance de réaliser la pleine capacité opérationnelle de la Force, plusieurs d’entre elles ont fait écho à MM Lacroix et Sidikou, en soulignant le manque important de matériel et de formation. 

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) connaît, par exemple, un déficit de 30 millions de dollars, tandis que la Force conjointe du G5 Sahel n’a reçu que 17,9 millions en équipements et services, sur les 414 millions d’euros promis à la Conférence internationale de Bruxelles, le 23 février dernier. 

« Nous sommes à un tournant décisif » où la communauté internationale doit montrer son soutien à la région, a affirmé le Haut-Représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel, l’ancien Président burundais, M. Pierre Buyoya.  Préoccupé, lui aussi, par les défis multiformes et la propagation de l’insécurité au Sahel, M. Buyoya s’est associé à l’appel lancé lors du dernier Sommet de l’Union africaine par les dirigeants de la région, et réitéré par le Secrétaire général, pour que la Force conjointe du G5 Sahel soit placée sous un mandat du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, et qu’elle bénéficie d’un financement adéquat. 

 Pour la France, initiatrice de cette Force composée aujourd’hui de 4 000 hommes, il est en effet de la responsabilité de la communauté internationale, et du Conseil de sécurité en particulier, de lui apporter un soutien efficace, à la hauteur des enjeux.  « Au regard de l’ampleur de la tâche et des défis correspondants, nous devons bien mesurer et apprécier l’importance du chemin parcouru en à peine plus d’un an. »  Le délégué français a fait siennes les recommandations du Secrétaire général en faveur d’un renforcement du soutien multilatéral à la Force conjointe via l’octroi d’un mandat robuste.  À l’instar d’autres intervenants, il s’est dit convaincu que cet engagement sécuritaire exceptionnel en faveur de la stabilisation du Sahel doit s’accompagner d’une mobilisation équivalente sur les volets politique et du développement. 

Au titre des priorités de sa politique étrangère, l’aide de l’Union européenne aux pays du Sahel s’élève à 8 milliards d’euros entre 2014-2020, auxquels il faut ajouter les 240 millions d’aide humanitaire alloués en 2017, a chiffré le Secrétaire général adjoint pour la politique de sécurité et de défense commune européenne au Service européen pour l’action extérieure, M. Pedro Serrano.  L’Union européenne est présente dans la région depuis 2012 avec trois missions et près de 800 experts sur le terrain.

« Mais les ressources ne sont pas les seuls besoins », a nuancé le représentant des Pays-Bas, estimant que la capacité d’absorption de la Force ainsi que la coordination du soutien et des demandes sont aussi des facteurs à prendre en compte.  D’autant plus que, de toute évidence, l’option militaire ne suffira pas.  Il s’agit ici de régler des problèmes qui remontent à des décennies dans le Sahel, a analysé le Royaume-Uni.  Il s’agit de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

 Ce n’est en effet que par la combinaison de diverses politiques de bonne gouvernance que l’on pourra résoudre les problèmes dans cette région, a déclaré le représentant des États-Unis.  Vantant le soutien bilatéral de son pays, il a précisé que l’aide des États-Unis est passée de 60 à presque 110 millions de dollars, pour le renforcement des institutions et des capacités de combat.

Pour la Chine, bien que la communauté internationale doive continuer d’appuyer la Force du G5 Sahel, il faut permettre aux pays africains de régler leurs propres problèmes, en coopération avec les organisations régionales.  Un point de vue partagé par la Fédération de Russie, qui, relayée par la Bolivie, a par ailleurs affirmé que l’instabilité au Sahel résulte de « l’ingérence grossière » dans les affaires de la Libye. 

La Côte d’Ivoire a invité les États du G5 Sahel à poursuivre le dialogue avec leurs partenaires internationaux, avec pour objectif de « s’approprier leur sécurité collective ».  Les réponses sécuritaires portées par la Force conjointe doivent être soutenues par des stratégies visant à éradiquer les facteurs de vulnérabilité régionale et à améliorer la résilience des États et des populations locales aux crises, a conclu le délégué ivoirien. 

Avec l’intensification des mesures antiterroristes prises par la Force conjointe, « il sera essentiel de gagner le cœur et l’esprit des populations concernées », fait observer le Secrétaire général dans son rapport.

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE (S/2018/1006)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a déclaré que la situation sécuritaire dans le Sahel reste « extrêmement préoccupante » et les tendances récentes « inquiétantes ».  La hausse des attaques terroristes contre des civils, des responsables gouvernementaux, et des forces de sécurité et de défense dans le nord-est du Burkina Faso et au Niger montre que la menace terroriste au Sahel se répand rapidement. 

« Comme toujours, la population civile paie le plus lourd tribut.  Les écoles sont fermées, les services sociaux de base ne sont plus fournis, les investissements potentiels abandonnés du fait du climat de terreur et de peur qui s’installe », une situation qui prive d’espoir une jeunesse sans perspective d’avenir et d’opportunités concrètes et fait le lit du terrorisme.  Si nous ne prenons pas rapidement des mesures fortes et coordonnées pour prévenir le terrorisme, a mis en garde le haut fonctionnaire, « ce fléau se répandra encore plus vite et encore plus loin et il sera encore plus difficile d’y faire face ».

Dans cet environnement hostile, 1’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel n’a pas été facile, a reconnu le Secrétaire général adjoint.  Au cours des six derniers mois, elle a dû faire face à de sérieux obstacles, mais a également surmonté d’importants défis.  L’attaque contre son quartier général, à Sévaré, le 29 juin dernier rappelle de manière frappante à quel point les groupes terroristes opérant dans la région du Sahel sont bien informés, préparés et déterminés, s’est alarmé M. Lacroix.  Cette attaque a détruit des infrastructures vitales et du matériel de communication, ce qui a entraîné un arrêt temporaire des opérations de la Force conjointe.  « Cependant, les États membres du G5 Sahel et les dirigeants de la Force conjointe ont persévéré face à ce qui aurait pu porter un coup fatal à cette initiative importante mais naissante », a déclaré le haut fonctionnaire.  La décision prise par le Collège de défense et de sécurité du G5 Sahel le 25 octobre dernier, à Niamey, de déplacer le quartier général de la Force conjointe à Bamako devrait contribuer à ce qu’elle reprenne son élan, s’est-il félicité.

Aussi a-t-il exhorté les dirigeants de la Force conjointe à ne ménager aucun effort pour finaliser les efforts de planification et à lancer ses prochaines opérations au plus vite.  « Cela enverra un signal fort aux groupes terroristes qui cherchent à saper l’autorité de 1’État et à déstabiliser la région et renforcera la confiance des donateurs et des partenaires internationaux du G5 Sahel ».  M. Lacroix a également appelé le G5 Sahel à renforcer ses efforts en vue de la coordination des forces envoyées dans ce cadre et à clarifier davantage le concept des opérations de la force commune.  « Les opérations transfrontalières de la force commune dans le cadre de la première phase du CONOPS sont importantes et devront être poursuivies.  Mais à terme, seule une opération avec un mandat régional et des rôles et des responsabilités clairement définis entre la Force conjointe, les armées nationales et les forces internationales sera efficace pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé transnational au Sahel.  J’encourage donc les États membres du G5 Sahel à s’accorder sur une vision commune de l’état final de la Force conjointe », a insisté le Secrétaire général adjoint.

« Plus que jamais, la force commune du G5 et du Sahel dépend du soutien de la communauté internationale », a-t-il prévenu.  Malgré des progrès remarquables dans le domaine de la génération de troupes, la Force n’a toujours pas atteint sa pleine capacité opérationnelle, a constaté M. Lacroix.  Les pénuries majeures d’équipements, les capacités, l’insuffisance des infrastructures et le manque de bases opérationnelles sécurisées continuent de retarder sa pleine opérationnalisation.  À ce jour, près de 50% des contributions annoncées n’ont pas été réservées, et encore moins décaissées.  « J’exhorte les donateurs à honorer leurs engagements et à fournir le soutien financier dont la force commune a tant besoin », a-t-il insisté.

Pareillement, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) continue de faire face à un déficit de financement de près de 30 millions de dollars, a relevé le haut fonctionnaire.  Ainsi, la Mission n’a pas les fonds nécessaires pour fournir un appui technique à l’amélioration et à la fortification du camp de la Force, qui reste le principal obstacle à son opérationnalisation.  Cette situation met en évidence les faiblesses du modèle actuel de soutien à la Force interarmées, « malgré les meilleures intentions de tous les acteurs impliqués ».  Le Secrétaire général de l’ONU a répété à maintes reprises que la force commune avait besoin d’un « bureau d’appui spécialisé », financé par les contributions mises en recouvrement.  « Cela permettrait une planification plus prévisible et durable des mesures de soutien, pour pouvoir étendre le soutien à la force commune G5 Sahel au-delà du territoire malien et permettre à la MINUSMA de se concentrer exclusivement sur la mise en œuvre du mandat ».

Le Secrétaire général adjoint s’est dit encouragé par les progrès réalisés par la force commune dans la mise en œuvre de la composante police et la mise en place de son cadre de conformité.  « Les enquêtes sur les deux incidents survenus à Boulekessi, ainsi que la transparence et la coopération manifestées à la fois par les autorités maliennes et par les dirigeants de la Force conjointe, sont louables ».  Le respect des droits de l’homme fait partie intégrante de la réalisation des objectifs opérationnels de la force commune et constitue une condition préalable au succès général de cette initiative.  Pour cela, la population du Sahel doit avoir confiance dans les actions de ses forces de défense et de sécurité », a prévenu M. Lacroix.  Il a donc appelé les dirigeants de la Force à tirer parti de l’assistance technique fournie par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et à consolider ses acquis.

Enfin, toute initiative de sécurité au Sahel ne peut réussir que si elle s’inscrit dans une stratégie plus globale pour la région, qui s’attaque aux causes sous-jacentes de l’instabilité tout en recherchant d’abord des solutions politiques pour un développement socioéconomique inclusif, a analysé le haut fonctionnaire.  La Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, associée au Plan d’investissement prioritaire (PIP) du G5 Sahel, fournit selon lui le cadre dans lequel la force commune doit être intégrée.  Il s’est félicité à cet égard de la signature d’un accord de partenariat entre le Secrétariat du G5 pour le Sahel et l’Alliance du Sahel à Niamey, au Niger, le 30 octobre, une étape importante pour renforcer la coordination et la coopération au Sahel. 

« Je me joins aux appels du Secrétaire général et aux États membres du G5 Sahel pour qu’ils créent de toute urgence le Groupe de soutien de la Force conjointe, qui offrira un forum aux États membres, aux donateurs et aux partenaires de la Force conjointe du G5 Sahel », a ajouté M. Lacroix.  Il a appelé en outre les pays du G5 Sahel à continuer de remédier aux lacunes en matière de gouvernance dans la région, qui constituent un terreau fertile pour le terrorisme.  « Le processus de paix malien reste essentiel à cet égard, en tant que pierre angulaire des efforts politiques visant à traiter les revendications », a-t-il rappelé.

M. MAMAN SAMBO SIDIKOU, Secrétaire permanent du G5 Sahel, a déclaré que depuis la dernière mise au point sur la situation au Sahel il y a six mois, l’insécurité dans certains pays de la région a connu une « recrudescence », rendant la situation « alarmante ».  Le 29 juin dernier par exemple, une attaque terroriste a détruit le quartier général de la Force conjointe à Sévaré, au Mali.  Cet évènement a marqué un point d’arrêt à « la montée en gamme » de cette Force, qui par ailleurs rencontre de nouveaux défis, notamment en matière d’équipements, de logistique et de financements. 

À ce sujet, on est loin des 414 millions d’euros annoncés et promis lors de la Conférence internationale de haut niveau tenue le 23 février dernier à Bruxelles, a constaté M. Sidikou.  À ce jour, seuls 17,9 millions d’euros en équipements et services ont été reçus, en plus de l’assistance technique des partenaires tels l’Union européenne et l’Union africaine.  Le Fonds fiduciaire constitué par le G5 Sahel n’a en outre reçu des contributions que de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), du Rwanda et récemment des Émirats arabes unis, qui ont contribué à hauteur de 10 millions de dollars à ce fonds, s’est félicité l’intervenant. 

En ce qui concerne les progrès enregistrés, la Force conjointe a avancé vers la mise en œuvre du cadre de conformité.  Des mécanismes visant à garantir le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire ont été mis en place, avec l’appui du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

Parmi ces progrès, a précisé M. Sidikou, il y a le déploiement de la composante police de la Force conjointe et la tenue d’une conférence régionale sur la lutte contre l’impunité, l’accès à la justice et les droits de l’homme, à Niamey, au Niger, le 10 septembre dernier.  Par ailleurs, les statuts du comité de soutien à la Force conjointe, structure devant faciliter les décaissements du Fonds fiduciaire et qui sera basée à Nouakchott, ont été adoptés.  Les généraux Oumar Bikimo, du Tchad, et Hanena Ould Sidi, de Mauritanie, forment désormais le tandem du Commandement de cette Force, dont le quartier général se trouve maintenant à Bamako.  Elle a par ailleurs déjà mené six opérations, en 18 mois, a-t-il indiqué. 

M. Sidikou a également déclaré que le Sahel connaît une crise multidimensionnelle qui illustre la pertinence d’une approche multilatérale.  Certains États du G5 Sahel sont confrontés à de vives tensions, aboutissant à la fermeture d’écoles, des hôpitaux et commissariats.  « Une bonne partie de sa jeunesse est totalement désemparée, sans avenir, et choisit de fuir, soit vers l’immigration, soit vers les pseudo-causes défendues par les groupes terroristes. »  Devant un tel constat, il faut reconnaître que l’évolution de la situation laisse présager une détérioration plus importante si nous n’appliquons pas, dès à présent, les mesures adéquates avec les moyens conséquents, a-t-il prévenu.  « Il est à craindre que le Conseil de sécurité ne se retrouve, dans quelques mois, à débattre d’une réaction face à une crise sécuritaire et humanitaire autrement plus dramatique », a-t-il ajouté. 

Pour éviter d’en arriver là, le Secrétaire permanent du G5 Sahel a ajouté sa voix à celle du Secrétaire général des Nations Unies, des chefs d’État et représentants des peuples de cette région, pour demander que la question de la Force conjointe du G5 Sahel soit placée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Ces cinq pays s’évertuent à tenir bon, malgré tout, et à œuvrer dans la mesure de leurs possibilités réduites afin de relever tous ces défis immenses de sécurité et de développement.  Ils ont besoin d’une solidarité concrète de la communauté internationale face à des épreuves dont l’issue heureuse ou malheureuse, aura des répercussions bien au-delà des frontières africaines, a conclu M. Sidikou. 

M. PIERRE BUYOYA, Haut-Représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel, a reconnu les sacrifices consentis par les États membres du G5 Sahel afin d’assurer l’opérationnalisation de la Force conjointe dans toutes ses composantes, ce qui démontre leur engagement à faire face à la crise multiforme qui sévit dans la région.  Il s’est félicité de la contribution des organisations régionales et internationales en termes de formation, de renforcement des capacités et d’appui logistique afin de permettre au G5 Sahel de réaliser ses objectifs. 

La situation sécuritaire au Sahel continue de se détériorer, avec la multiplication des attaques asymétriques contre les forces de défense et de sécurité et les populations civiles dans la zone d’action de la Force conjointe du G5 Sahel, qui doit être opérationnalisée « dans les plus brefs délais ». 

M. Buyoya a plaidé pour une approche globale comprenant la sécurité, le développement et une meilleure gouvernance, notamment le déploiement de l’État sur l’ensemble du territoire malien.  De son côté, la Commission de l’Union africaine poursuit ses efforts pour appuyer le G5 Sahel et compte adapter son action aux réalités sur le terrain.  Il a appuyé l’idée du Secrétaire général de l’ONU de mettre en place un groupe de soutien au G5 Sahel, estimant que la Force conjointe devrait faire partie intégrante de l’architecture de paix et de sécurité en Afrique. 

« Nous sommes à un tournant décisif », a souligné M. Buyoya, en reprenant l’appel lancé par les chefs d’État du G5 Sahel, lors du dernier Sommet de l’Union africaine, à Nouakchott, en Mauritanie, pour doter la Force conjointe d’un mandat en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et lui octroyer un financement direct de l’ONU. 

M. PEDRO SERRANO, Secrétaire général adjoint pour la politique de sécurité et de défense commune européenne au Service européen pour l’action extérieure de l'Union européenne, a rappelé que le G5 Sahel constitue une des priorités de la politique étrangère de l’Union européenne et a présenté quelques éléments sur l’appui concret que l’Union européenne (UE) fournit à ces pays dans le cadre d’une approche intégrée.  S’agissant du dialogue politique et diplomatique, le partenariat UE-G5 Sahel est une réalité presque quotidienne, a assuré l’intervenant, mentionnant également des réunions ministérielles régulières et la Conférence internationale sur le Sahel qui s’est tenue au plus haut niveau à Bruxelles en février.  En outre, l’UE participe activement à la médiation internationale qui accompagne le processus de paix malien et demeure le bailleur de fonds le plus important du pays.  Quant à l’aide de l’UE et de ses États membres au développement de la région, elle s’élève à 8 milliards d’euros pour la période 2014-2020, auxquels il faut ajouter les 240 millions d’aide humanitaire alloués par la Commission européenne en 2017.

En venant à la coopération européenne en matière de sécurité et de défense au Sahel, M. Serrano a indiqué que l’UE est présente dans la région depuis 2012 avec trois missions et près de 800 experts sur le terrain.  EUCAP Sahel Niger et EUCAP Sahel Mali sont des missions civiles qui visent à soutenir les forces de sécurité intérieures afin de renforcer leurs capacités de lutte contre le terrorisme et le crime organisé ainsi qu’à soutenir la réforme du secteur de la sécurité par le biais de conseil, de formation et de fourniture de matériel.  EUTM Mali est une mission de formation militaire qui conseille les autorités pour la restructuration des forces armées par le biais de la formation de bataillons.  Comme les deux précédentes, EUTM Mali est un partenaire essentiel de la Force conjointe.  L’UE s’est par ailleurs engagée dans un processus d’adaptation de ces missions pour soutenir notamment le Collège de défense G5 et le Collège sahélien de sécurité.  Avec l’accord des membres du G5 Sahel, la zone d’opération des missions serait ainsi étendue aux cinq pays et une cellule de coordination serait déplacée à Nouakchott.

L’UE soutient fermement le développement et la mise en œuvre opérationnelle de la force commune du G5 avec un montant total de 100 millions d’euros, a précisé M. Serrano.  Les trois quarts de cette somme sont destinés aux équipements, aux services et infrastructures, mais le soutien s’adresse également à la MINUSMA, au Haut-Commissariat aux droits de l’homme et à la gouvernance du G5 Sahel, et notamment à l’opérationnalisation de son fonds fiduciaire.

Enfin, l’UE a créé le « coordination hub », qui est mis à la disposition du G5 Sahel et des bailleurs internationaux pour faciliter l’identification des besoins ainsi que pour coordonner l’appui financier des bailleurs au profit de la Force conjointe. 

« La fragilité de la situation sécuritaire dans le Sahel et l’extension récente de la menace terroriste à l’est du Burkina Faso doivent tous nous alarmer », a déclaré M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  La mise en place de la Force conjointe du G5 Sahel constitue, selon lui, une initiative « de portée historique », sans réel précédent ni équivalent.  « Au regard de l’ampleur de la tâche et des défis correspondants, nous devons bien mesurer et apprécier l’importance du chemin parcouru en à peine plus d’un an. »  Cette Force est désormais une réalité opérationnelle, avec 4 000 hommes déployés, des structures de commandement fonctionnelles et plusieurs opérations conduites sur l’ensemble des fuseaux, a-t-il précisé.  Ce à quoi il a ajouté la mise en place d’un cadre de conformité en matière de droits de l’homme « sans équivalent sur le continent » et les progrès réalisés dans la mise en place d’une composante police, qui en font « un modèle vertueux d’opération africaine ».  Pour toutes ces raisons, M. Delattre a jugé prioritaire que les États du G5 Sahel poursuivent leur mobilisation en faveur d’une opérationnalisation aussi rapide que possible de la Force conjointe et que des opérations soient conduites dans les prochaines semaines.

Il est aussi de la responsabilité de la communauté internationale, et du Conseil de sécurité, de leur apporter un soutien efficace et à la hauteur des enjeux, ce qui passe par la matérialisation sans délai des contributions annoncées.  M. Delattre a indiqué soutenir pleinement les recommandations du Secrétaire général en faveur d’un renforcement du soutien multilatéral à la Force conjointe via l’octroi d’un mandat robuste et la mise en œuvre d’un paquet logistique.  La France est convaincue que cet engagement sécuritaire exceptionnel en faveur de la stabilisation du Sahel doit s’accompagner d’une mobilisation équivalente sur les volets politique et du développement.  Sur le volet politique, la priorité est la pleine mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Sur le volet du développement, la priorité est de créer des perspectives durables pour les populations du Sahel, et notamment sa jeunesse, a-t-il conclu.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit partager l’avis de M. Buyoya, à savoir qu’il faut accorder une attention et une priorité aux points de vue africains pour la résolution des conflits sur le continent.  Il a également déclaré que les causes de la situation dans le Sahel sont connues de tous.  Elles ont pour origine « l’ingérence grossière » dans les affaires de la Libye.  Tant que la situation ne sera pas stabilisée et normalisée en Libye, on ne pourra s’attendre à la stabilité au Sahel, a estimé le représentant.

Le délégué a également déclaré que la destruction, par une attaque terroriste du quartier général de la Force dans la ville de Sévaré, au Mali, montre la fragilité de cette Force.  Or il a constaté que les moyens arrivent faiblement dans la région.  « Ceux qui avaient fait des promesses ne se pressent pas beaucoup », a encore déclaré le représentant.  La Fédération de Russie, partenaire technique et financier des pays de la région a, pour sa part, déployé des programmes de formation et du matériel.  Elle estime également que l’option militaire à elle seule ne parviendra pas à normaliser la situation au Sahel. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est inquiété de la détérioration des conditions de sécurité dans la zone de la triple frontière et de l’expansion des activités des groupes terroristes et extrémistes, qui sont en outre fréquemment associés à la criminalité transfrontalière organisée.  Il a salué la détermination des pays du G5 Sahel à opérationnaliser la Force conjointe, même si le processus doit être accéléré.  De plus, a-t-il souligné en appuyant les recommandations du Secrétaire général, la communauté des donateurs doit s’engager à un financement à long terme, tandis que les États Membres doivent fournir l’assistance technique nécessaire.  Le délégué a salué l’ouverture du Collège de défense et de sécurité du G5 Sahel.

Une autre mesure importante, selon le représentant, est de garantir la complémentarité et la coordination entre la Force conjointe et les autres forces de sécurité de la région, dont la MINUSMA, la force Barkhane et les cadres régionaux.  Il a dit soutenir la décision prise en juillet à Nouakchott, en Mauritanie, au Sommet du G5 Sahel, d’harmoniser le Programme d’investissements prioritaires du G5 Sahel et le Plan de soutien pour le Sahel.  Outre les mesures de lutte anti-terroriste, le représentant a plaidé pour des efforts de développement et des mesures d’atténuation des effets des changements climatiques.  Il a conclu en proposant d’œuvrer selon trois axes: renforcement du lien sécurité-développement; approche régionale; et rationalisation du système « Unis dans l’action ».

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré qu’il n’y aura pas une seule manière de normaliser la situation dans le Sahel.  L’option militaire ne suffira pas.  Ce qu’il faut c’est mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, car il s’agit ici de régler des problèmes qui remontent à des décennies dans le Sahel.  Les forces du G5 Sahel doivent lutter contre le terrorisme et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) remplir son mandat, a dit le représentant, ajoutant que toutes ces activités sont utiles individuellement et collectivement.

S’agissant des questions financières et logistiques, le Royaume-Uni qui a déployé des hélicoptères et contribué à hauteur de 15,5% au financement d’appui de l’Union européenne, demande au Secrétaire général de finaliser le concept d’opération.  Le représentant a également prié le G5 Sahel d’accélérer le plan de déploiement des troupes, afin de rassurer les bailleurs de fonds et d’éviter les doublons. 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a exhorté les États du G5 Sahel à poursuivre le dialogue avec les partenaires internationaux afin de renforcer et de mieux coordonner les soutiens multiformes à l’opérationnalisation de la Force conjointe, dont les progrès sont en deçà des attentes.  « Ils se doivent de s’approprier leur sécurité collective au regard de l’acuité des menaces à la paix et à la sécurité dans la région. »  La Côte d’Ivoire est persuadée que les capacités de déploiement rapide et la bonne connaissance de l’environnement socioculturel constituent des avantages comparatifs pour la Force conjointe dans la lutte contre l’expansion du terrorisme et la criminalité transfrontalière dans le Sahel, a ajouté le représentant. 

Convaincu de la nécessité de mutualiser les moyens de lutte contre les groupes terroristes, M. Adom s’est réjoui de l’appui logistique et opérationnel de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à la Force conjointe, de même que de la signature de l’Accord technique entre l’ONU, l’Union européenne et les pays du G5 Sahel.  La délégation a également appelé, dans le cadre de la recherche d’une solution politique à la crise malienne, à la mise en œuvre sans délai de l’Accord pour la paix et la réconciliation, dont « le succès constituerait une première étape pour le rétablissement de la paix et de la stabilité durables dans le Sahel ».  En outre, les réponses sécuritaires portées par la Force conjointe doivent être soutenues par des stratégies visant à éradiquer les facteurs de vulnérabilité régionale et à améliorer la résilience des États et des populations locales aux crises, a conclu le représentant.

M. TAYE ATSKE SELASSIE (Éthiopie) a relevé qu’en l’absence de structures étatiques viables, la promotion de la paix et de la réconciliation dans la région du Sahel est très difficile.  Il s’est aussi inquiété des attaques fréquentes contre les forces de sécurité et autres fonctionnaires, ainsi que des destructions de locaux publics.  Les récentes attaques terroristes témoignent, a-t-il souligné, de la présence croissante des groupes terroristes dans la région, ce qui exige une coordination entre la Force conjointe du G5 Sahel et les militaires et agents de sécurité des États de la région.  À cet égard, le représentant a plaidé pour la pleine opérationnalisation de la Force conjointe et salué les intentions de la soutenir exprimées lors de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le Mali et le Sahel.

En même temps, il est important que la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, prenne des mesures concrètes pour garantir à cette Force un soutien et des fonds suffisants, a poursuivi M. Selassie.  Il s’est inquiété des difficultés qui se posent sur le plan des opérations militaires, à cause de l’étendue de la région et de son caractère désertique, ce qui nécessite d’autant plus de capacités pour la Force conjointe.  Le représentant a par ailleurs appuyé les efforts du G5 Sahel pour restructurer son Secrétariat, dans le but de répondre au mieux aux exigences opérationnelles.  Il a également appelé à développer des partenariats en faveur du développement social et économique, avec la coopération les agences des Nations Unies.  Enfin, le délégué s’est préoccupé de la situation humanitaire qui empire à cause du conflit et des changements climatiques, appelant à financer le plan d’urgence.

M. OLOF SKOOG (Suède) a exprimé sa vive préoccupation face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel, notamment le débordement du conflit malien au Burkina Faso et au Niger.  Afin d’appuyer l’opérationnalisation du G5 Sahel, il a appelé à la mise en œuvre rapide de la résolution 2391 (2017) et à l’adoption d’un calendrier précis.  Selon lui, le respect du droit international humanitaire et du principe de responsabilité sera un facteur déterminant du succès de la Force conjointe. 

Le représentant a souligné l’importance du soutien opérationnel et logistique fourni par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) aux efforts du G5 Sahel.  Afin d’assurer une planification efficace des opérations menées par le G5 Sahel, il a appelé à un financement prévisible.  Enfin, il s’est félicité de de la mise en place d’un Plan d’appui de soutien et de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, tout en souhaitant un renforcement de la direction stratégique. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a dit partager le point de vue de certaines délégations, à savoir que l’option militaire à elle seule n’est pas suffisante.  « Ce n’est que par la combinaison de diverses politiques de bonne gouvernance que l’on pourra résoudre les problèmes dans cette région », a affirmé le représentant.  Son pays soutient, certes, le G5 Sahel, mais il reste convaincu que la meilleure manière est de le faire sur le plan bilatéral.  Ainsi, les États-Unis ont presque doublé leur aide vers les pays du Sahel, la faisant passer de 60 à presque 110 millions de dollars, destinés notamment à renforcer les institutions et les capacités de combat.  Ils ont aussi pourvu 460 millions de dollars pour le développement de ces pays. 

Le délégué a estimé aussi qu’au centre de la situation au Sahel, il y a la situation du Mali.  Dans ce contexte, il a salué le rôle joué par la France, et son opération Barkhane tout en étant d’avis que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a encore un rôle à jouer.  Cependant, il a jugé « inacceptable » que les accords signés ne soient pas mis en œuvre ni respectés.  Pour cette raison, le représentant a estimé que, dans l’optique de la pleine mise en œuvre de la résolution 2423 (2018), le Conseil de sécurité devrait recourir à tous les outils à sa disposition, « y compris envisager des sanctions contre les saboteurs ». 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit préoccupé par la situation humanitaire « délicate » et la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel, malgré la mise en place du G5 Sahel.  Afin d’assurer la stabilité de la région et de parvenir à une paix durable, il faut renforcer les capacités opérationnelles, politiques et militaires du G5 Sahel.  Le représentant a estimé que la tenue récente d’élections au Mali et en Mauritanie, de même que l’adoption du Pacte pour la paix au Mali, auront pour effet de renforcer les institutions et la gouvernance dans la région.  Nous devons adopter une approche multidimensionnelle afin d’être en mesure de nous attaquer aux causes profondes des conflits, a-t-il déclaré, en soulignant l’importance de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’assurer l’autonomisation des femmes. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) s’est inquiété de rapports faisant état de l’élargissement de la coopération entre réseaux terroristes au Sahel, et de la montée de la violence intercomunautaire, notamment dans le centre du Mali.  Selon lui, le temps est venu d’intensifier les efforts pour poursuivre la mise en œuvre de la Force conjointe du G5 Sahel, en particulier l’opérationnalisation de sa composante policière et sa coopération avec le système pénal national.  Le représentant a réaffirmé que « les ressources ne sont pas les seuls besoins ».  La capacité d’absorption de la force ainsi que la coordination du soutien et des demandes sont aussi des facteurs à prendre en compte, a-t-il dit, insistant sur le renforcement des forces armées nationales.

Il faut aussi s’investir davantage dans la prévention des conflits, a poursuivi M. van Oosterom.  Nous devons agir contre leurs causes profondes, comme les changements climatiques qui entraînent pénurie d’eau et désertification, ou la persistance des inégalités et de la discrimination à l’égard d’une région ou d’une communauté.  Le représentant a également pointé l’usage disproportionné de la violence par l’État, cité comme « élément déclencheur » par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans son rapport « Vers l’extrémisme en Afrique ».  Les Pays-Bas, a-t-il assuré, comptent encore accroître leur présence diplomatique et soutien à la région. 

 « Nous vivons un moment critique dans notre lutte contre le terrorisme et la criminalité », a estimé M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale), pour qui la « sophistication croissante » des groupes armés représente une véritable menace à la paix et la sécurité internationales.  Selon lui, il est essentiel d’assurer un financement et un appui conséquents à la Force conjointe du G5 Sahel.  Il s’est félicité, à cet effet, de la création d’un fonds d’affectation spéciale, conformément aux décisions de la Chambre extraordinaire des chefs d’État du G5 Sahel. 

Le représentant s’est félicité de la coopération du G5 Sahel avec Interpol et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  Il a dénoncé la facilité avec laquelle les groupes armés non étatiques parviennent à pénétrer de nouveaux territoires, comme en 2017 quand des « mercenaires » ont tenté de déstabiliser la Guinée équatoriale.  Enfin, il a espéré que la prochaine conférence de coordination des partenaires du G5 Sahel permettra d’adopter des mécanismes concrets de financement. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a déclaré qu’il faut régler au plus vite la question de l’augmentation des attaques contre les installations militaires et les civils au Mali, tant elles contribuent à aggraver l’insécurité dans ce pays et dans la région.  Le représentant a ensuite fait observer que le Gouvernement malien avait pris des mesures pour mettre en œuvre l’accord de paix, afin de ramener la stabilité dans le pays.  Il doit être soutenu, a-t-il plaidé.  Alors que le Sahel dispose d’un vaste potentiel, cette région manque de ressources économiques, financières et humaines.  C’est pour cette raison que le Koweït appuie la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  À titre national, le Koweït a versé aux pays de la région 150 millions de dollars ces trois dernières années, par le truchement du Fonds koweïtien pour le développement. 

Face aux menaces transnationales auxquelles sont confrontés les pays du Sahel, Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée de l’adoption d’une stratégie régionale.  Elle a encouragé les pays du G5 à accélérer le déploiement des troupes sur le terrain et à mettre en place une force de police dans les plus brefs délais.  En outre, ces mesures doivent s’accompagner de mesures de réhabilitation et de réintégration des combattants au niveau national.  Malgré ces progrès, la représentante s’est dite préoccupée par l’extension du terrorisme au-delà des frontières du Mali, notamment au Burkina Faso.  Afin de contenir ces débordements, elle a exprimé son appui au Plan de soutien des Nations Unies au Sahel et appelé au respect du droit international humanitaire.  Seul le renforcement du nexus entre la sécurité et le développement permettra d’assurer la stabilité à long terme de la région du Sahel, a-t-elle conclu. 

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a noté l’environnement sécuritaire complexe dans le Sahel et les menaces asymétriques posées par les groupes armés et terroristes, ainsi que le crime transfrontalier, le trafic de drogues ou d’armes et la traite d’êtres humains qui mettent en danger non seulement la stabilité des pays de la région mais aussi les processus de paix.  Dans ce contexte, la représentante a souligné l’impérieuse nécessité que les fonds promis par les bailleurs soient versés afin d’accélérer l’opérationnalisation complète et effective de la Force conjointe.  Elle a aussi réitéré qu’il est indispensable d’identifier et d’analyser les causes structurelles des conflits.  Pour la Bolivie, l’interventionnisme et les politiques de changement de régime après le conflit de 2011 en Libye ont eu pour effet collatéral de déstabiliser le Sahel. 

Outre la situation sécuritaire précaire, le Sahel est face à d’autres défis, a fait valoir la délégation, mentionnant le risque de crise humanitaire à grande échelle, l’insécurité alimentaire affectant près de cinq millions de personnes parmi les réfugiés et les déplacés de force, et les changements climatiques.  Pour autant, elle a salué les efforts de l’Union africaine et des pays du G5 Sahel, qu’elle a encouragés à prendre les mesures nécessaires pour la consolidation de nouvelles opérations.  À cet égard, elle a jugé essentiel de mettre pleinement en œuvre la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel afin de renforcer la gouvernance, la sécurité et le développement dans la région.

M. ZHAOXU MA (Chine) a déclaré que nous devons continuer à appuyer la Force conjointe du G5 Sahel afin de lui permettre de faire face aux problèmes de capacités opérationnels et de financement.  Cette Force représente une contribution importante à la paix et la sécurité internationales.  Il faut trouver une solution politique aux questions « brûlantes » qui affectent les pays de la région, a fait valoir le représentant, tout en en prenant des mesures à même de favoriser la mise en œuvre du processus de paix et des accords pertinents.  La communauté internationale devrait également appuyer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et le Plan de soutien afin de s’attaquer aux causes profondes des conflits qui affectent la région.  Enfin, M. Ma a plaidé en faveur d’un appui accru aux mécanismes régionaux afin de « permettre aux pays africains de régler les problèmes africains », en coopération avec les organisations régionales. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Accusés d’attiser la confrontation entre les États Membres, les projets de résolution de pays divisent à nouveau la Troisième Commission

Soixante-treizième session,
48e & 49e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4253

Accusés d’attiser la confrontation entre les États Membres, les projets de résolution de pays divisent à nouveau la Troisième Commission

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, était appelée, aujourd’hui, à se prononcer sur plusieurs projets de résolution portant sur la situation des droits de l’homme dans des pays spécifiques.  Comme attendu, leur examen a suscité les réactions hostiles de nombreuses délégations qui ont exprimé leur opposition de principe à ce processus, notamment celles qui en faisaient l’objet, à savoir la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la République islamique d’Iran, la Fédération de Russie et la République arabe syrienne, en attendant le Myanmar.

À l’image de la Fédération de Russie, concernée par le projet de résolution relatif à la « Situation des droits de l’homme dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine) », ces pays ont, une nouvelle fois, dénoncé une pratique sélective et partiale, qui « n’est pas efficace et ne peut qu’attiser la confrontation entre les États Membres ».  D’autres opposants, non directement concernés, voient dans ces textes une violation des principes d’universalité, d’objectivité et de non-sélectivité et une « instrumentalisation » de la Commission au profit des intérêts d’États puissants.  Pour tous ces États, la seule procédure idoine pour ce type d’exercice au sein des Nations Unies est l’Examen périodique universel qui, dans le cadre du Conseil des droits de l’homme, permet un « dialogue constructif ».

Hormis le projet de résolution traitant de la situation des droits de l’homme en RPDC, adopté sans vote après le rejet à une large majorité d’une proposition d’amendement du Soudan visant à la suppression d’une référence à la Cour pénale internationale, les autres textes adoptés ont dû être mis aux voix, confirmant les profondes divisions entre les États Membres.

Dans ce contexte tendu, le projet de résolution portant sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran a été adopté par 85 voix pour, 30 voix contre et 68 abstentions.  Le texte demanderait au pays de veiller à ce que nul ne soit soumis à la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont la violence sexuelle.  Il exhorterait les autorités iraniennes à mettre fin au recours généralisé et systématique à la détention arbitraire et à remettre en liberté les personnes détenues pour avoir exercé leurs libertés et droits fondamentaux.

Le représentant de l’Iran a réagi en constatant que, « depuis le coup d’état de 1953, les mêmes forces sont toujours présentes » derrière cette résolution.  Sous couvert d’une dénonciation des violations des droits humains dans le pays, « on oublie les sanctions unilatérales qui provoquent beaucoup plus de dégâts que toutes les armes de destruction massive utilisées dans l’Histoire » et « on protège les terroristes qui se déguisent dans cette résolution », a-t-il accusé.

Adopté par 67 voix pour, 26 voix contre et 82 abstentions, le projet de résolution sur la situation des droits de l’homme en Crimée et à Sébastopol a lui aussi donné lieu à de vifs échanges.  Par ce texte, l’Assemblée générale condamnerait fermement la persistance de la Fédération de Russie à faire montre d’un mépris total pour les obligations que lui imposent la Charte des Nations Unies et le droit international concernant sa responsabilité juridique sur le territoire occupé.  La délégation russe a dénoncé une nouvelle tentative de manipulation de ses « partenaires occidentaux » à la faveur des « contradictions » de l’État ukrainien, soutenant que les habitants de Crimée et de Sébastopol ont librement fait le choix de vivre en Russie, où leurs droits et libertés sont garantis.

Tout en votant en faveur du projet, plusieurs délégations ont toutefois regretté son déséquilibre, à l’instar de la Hongrie qui a estimé que l’État ukrainien était lui aussi coupable de violations des droits des minorités.  La Suisse a, quant à elle, invité la Commission à traiter les atteintes aux droits de l’homme et au droit international « de manière exhaustive et impartiale ».

Dans un climat tout aussi chargé, la Commission a commencé l’examen du projet de résolution sur la situation des droits de l’homme en République arabe syrienne.  Si elle n’a pas eu le temps de se prononcer sur le texte, elle a dû, sur requête de la République islamique d’Iran, confirmer sa propre compétence pour le faire, en raison d’un paragraphe relatif au Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne.  En outre, la République arabe syrienne s’en est prise aux coauteurs du projet et singulièrement à l’Arabie saoudite, dénonçant dans ce texte « un projet politique par excellence, qui traduit la grande animosité des autorités saoudiennes » à son égard et « l’expression flagrante de la politique de deux poids, deux mesures de la part de certains pays membres ».

La Troisième Commission a par ailleurs adopté par 130 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Ukraine) et 51 abstentions le projet de texte sur la lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.  Si l’Union européenne a préféré s’abstenir en raison des limites à la liberté d’expression contenues dans le texte, la délégation des États-Unis a voté contre pour le même motif, l’Ukraine accusant pour sa part les coauteurs, Fédération de Russie en tête, de « manipuler l’Histoire ».

C’est également après le rejet d’une série d’amendements des États-Unis tendant à ajouter une référence au « respect des lois nationales », à chaque fois, qu’étaient mentionnées des mesures relatives à la « santé sexuelle et reproductive » qu’a été adopté sans vote le projet de résolution sur les mariages d’enfants, mariages précoces et mariages forcés.

Enfin, la Troisième Commission a adopté à une large majorité le projet de résolution visant à réaffirmer le droit du peuple palestinien à l’autodétermination.  En se prononçant pour ce texte, la communauté internationale a voulu réaffirmer sa volonté d’agir pour que cesse l’occupation israélienne, s’est félicité l’État de Palestine.

La Troisième Commission se réunira à nouveau vendredi 16 novembre, à 10 heures, pour examiner d’autres projets de résolution.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT

Décision sur un projet de résolution

Par le projet de résolution intitulé « Mariages d’enfants, mariages précoces et mariages forcés » (A/C.3/73/L.22/rev.1), adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait aux États d’élaborer et de mettre en œuvre, avec la participation des parties prenantes concernées, y compris les femmes et les filles, les hommes et les garçons, leurs parents et les autres membres de leur famille, le personnel enseignant, les dignitaires religieux, les chefs traditionnels et les responsables locaux, la société civile, les associations de filles, de femmes ou de jeunes, les groupes de défense des droits de la personne, les médias et le secteur privé, des mesures et des stratégies intégrées globales et coordonnées en vue de prévenir et d’éliminer les mariages d’enfants, les mariages précoces et les mariages forcés et de venir en aide aux femmes et aux filles qui subissent ou risquent de subir ces pratiques, qui ont fui pour y échapper ou dont le mariage a été dissous, aux filles veuves et aux femmes qui ont été mariées lorsqu’elles étaient enfants.

L’Assemblée générale demanderait également aux États de concevoir et de mettre en œuvre des mesures à tous niveaux pour mettre fin aux mariages d’enfants, aux mariages précoces et aux mariages forcés.

L’Assemblée générale exhorterait les États à adopter, à appliquer, et à faire respecter des lois et des politiques visant à prévenir les mariages d’enfants, les mariages précoces et les mariages forcés, à protéger celles et ceux qui y sont exposés et à pourvoir aux besoins des victimes de ces pratiques.

L’Assemblée générale exhorterait également les États à abroger ou modifier les lois et à supprimer toutes les dispositions qui permettent aux auteurs de viol, d’atteintes sexuelles ou d’enlèvement d’échapper aux poursuites et aux sanctions en épousant leur victime. 

L’Assemblée générale demanderait aux États de promouvoir la participation concrète et la consultation active des enfants et des adolescents, y compris les filles déjà mariées, à l’examen de toutes les questions qui les intéressent, et de sensibiliser l’opinion à leurs droits, y compris aux effets néfastes de la pratique des mariages d’enfants, des mariages précoces et des mariages forcés.  Elle les inviterait en outre à faire connaître les conséquences néfastes qu’ont les mariages d’enfants, les mariages précoces et les mariages forcés sur les personnes et la société dans son ensemble et les avantages qu’apporte l’élimination de ces pratiques néfastes.

L’Assemblée générale exhorterait les États à lever les obstacles à l’éducation, y compris en investissant grâce à un financement adéquat dans une éducation primaire et secondaire de qualité pour chaque enfant, laquelle sera dispensée dans un environnement sûr, ainsi qu’en veillant à ce que les filles et les garçons mariés, les filles enceintes et les jeunes parents poursuivent leur scolarité.  Elle les exhorte également à améliorer l’accès à un enseignement scolaire de qualité et au développement des compétences, en particulier lorsque ceux-ci vivent dans des régions isolées ou peu sûres, en rendant le chemin de l’école moins dangereux pour les filles.

L’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de lui présenter, avant la fin de sa soixante-quatorzième session, un rapport d’ensemble fondé sur l’observation des faits concernant les progrès accomplis à l’échelle mondiale en vue de l’élimination des mariages d’enfants, des mariages précoces et des mariages forcés.

Décision sur des amendements oraux

La Troisième Commission avait dû auparavant se prononcer sur une série d’amendements oraux des États-Unis, tendant à ajouter, dans le préambule et dans trois paragraphes du dispositif, -11, 15 et 16– une même référence au « respect des lois nationales » à chaque fois qu’étaient mentionnées des mesures relatives à la « santé sexuelle et reproductive ».  Après avoir rejeté par 33 voix pour, 73 voix contre et 33 abstentions une demande de suspension de séance visant à étudier plus longuement les propositions d’amendement, la Troisième Commission rejetait ces dernières d’un bloc, par 34 voix pour, 94 voix contre et 32 abstentions. 

Déclarations et explications de position sur les amendements oraux présentés au projet de résolution L.22/Rev.1

La Zambie, au nom des différents coauteurs, a annoncé que plus que 83 pays s’étaient portés coauteurs de ce texte et s’en est félicitée.  Elle a encouragé d’autres États à les rejoindre.  Les mariages touchent 12 millions de fillettes et de jeunes femmes chaque année, a-t-elle rappelé; un million d’entre elles se marieront ce mois-ci et 33 000 enfants auront été mariés cette seule journée.  La Zambie a rappelé que mettre un terme à ces pratiques nocives faisait partie des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, car elles constituent une atteinte aux droits de la personne et sapent le développement de communautés et de pays tout entiers.  La résolution de cette année se fonde sur les précédentes et continue de mobiliser la communauté internationale pour la réalisation de la cible 5.3 du Programme 2030.  Elle met l’accent sur les mesures que les États Membres devraient adopter, les besoins des fillettes déjà mariées et attire l’attention sur l’importance de l’éducation.  La Zambie a exhorté l’ensemble de la communauté internationale à s’y associer.

Les États-Unis ont déclaré vouloir proposer des « amendements amicaux », des solutions de compromis utiles sur des éléments-clefs.  Nous avons opté pour de petits amendements sur différentes parties du texte afin d’en améliorer le contenu, ont-ils expliqué, regrettant de ne pas avoir pu présenter ce texte avant l’expiration du délai de dépôt des amendements.  Le premier changement porte sur le paragraphe 22 du préambule, a indiqué la délégation.  Il s’agit d’ajouter la mention « conformément à la législation nationale ».  Les États-Unis souhaitent par ailleurs ajouter cette même mention aux paragraphes 11, 15 et 16 du dispositif.  De même, à l’issue de ce dernier, ils demandent l’ajout de la mention « tel qu’adopté par l’Assemblée générale » afin d’élargir le libellé.  Il s’agit de permettre à chaque partie d’ajouter ce qu’elle souhaite, ont encore souligné les États-Unis, appelant les autres délégations à voter pour ces amendements, si possible après une suspension de séance.

Le Canada, également au nom de la Zambie, a souligné que la pratique des mariages d’enfants, précoces ou forcés accroissait les risques de conséquences sexuelles négatives.  Ce que nous souhaitons, c’est tenir compte de ces conséquences pour ceux qui en sont victimes, a-t-il fait valoir, notant qu’une compréhension de la gravité de ces questions a donné lieu à l’adoption par consensus de cette résolution depuis 2013.  Bon nombre des délégations se sont félicitées de cette approche, a ajouté le Canada.  Or, les amendements proposés par les États-Unis mettent en cause des formulations utilisées depuis des années par les Nations Unies.  Le Canada regrette que l’auteur de ces amendements n’approuve pas un texte qui bénéficiait de l’appui des autres États Membres.  Le Canada appelle donc à voter contre ces amendements. 

La Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays, a remercié la Zambie et le Canada pour avoir pris les rênes de cette résolution avant de regretter, à son tour, que le consensus soit brisé à ce stade tardif, compte tenu de l’importance de la question.  Elle s’est déclarée surprise que ces amendements soient déposés aussi tardivement, ce qui foule aux pieds les pratiques onusiennes.  La santé et les droits procréatifs touchent au bien-être mental et à toutes les questions afférentes à la reproduction, a-t-elle rappelé.  Le sujet est épineux mais la terminologie reprend de nombreux points de vue.  Il est fâcheux de voir une tentative de rompre l’équilibre atteint sur ces questions.  La Nouvelle-Zélande appelle par conséquent toutes les délégations à voter pour les droits des femmes et des filles et contre les amendements des États-Unis. 

La Fédération de Russie a dit appuyer la plus grande partie des amendements des États-Unis, qui sont en phase avec son approche de la question.  Mais, compte tenu du fait qu’ils ont été déposés hors délai, la Fédération de Russie s’abstiendra pour des raisons procédurales.   

La Namibie pense que cette résolution porte sur un sujet important.  En l’appuyant, les États œuvrent pour les objectifs fixés par la communauté internationale en la matière.  Il est fâcheux, a-t-elle dit, que des amendements soient apportés si tardivement.  En tant que coauteur, elle votera contre les amendements faute d’avoir pu les examiner sur le fond. 

L’Uruguay a regretté la rupture du consensus sur cette résolution importante et le dépôt d’amendements par trop tardifs.  Il votera contre ces amendements.

Cuba a estimé que les amendements déposés par les États-Unis s’éloignaient du principe de bonne foi qui doit présider aux échanges au sein de la Troisième Commission.  Les paragraphes attaqués sont le fruit d’un consensus au sein de la communauté internationale et révèlent une offensive contre le multilatéralisme.  La délégation votera donc contre ces amendements.

L’Afrique du Sud a condamné la tentative de saper les travaux de la Troisième Commission.  Pour elle, ces « amendements hostiles » viennent torpiller les travaux de cette Commission, alors que la résolution devrait refléter un consensus international, comme il y a deux ans.  Dans ces conditions, l’Afrique du Sud, qui souhaite œuvrer à la protection des femmes et des filles, appelle à voter contre ces amendements. 

L’Australie s’est déclarée déçue que ces amendements « hostiles » aient été envoyés hier soir et à nouveau amendés ce matin.  Ils ont été rédigés par les experts de Washington mais nos experts n’ont pu les consulter, a-t-elle commenté, jugeant que les droits des femmes méritent davantage.  Nous avons tous nos approches nationales et le libellé du texte reprend ces différents points de vue.  Elle votera donc contre ces amendements.

Constatant un consensus apparent contre les amendements, le Canada a demandé une mise aux voix de ces derniers.

Les États-Unis ont expliqué que, comme ils n’avaient eu le texte définitif de cette résolution que hier soir, la numérotation sur les propositions d’amendements n’était pas correcte et se sont excusés d’avoir présenté des amendements si tard. 

L’Autriche, au nom de l’Union européenne, a regretté la présentation d’amendements sur cette résolution si importante et qui a toujours fait consensus.  Lors des négociations sur cette résolution, il a été décidé de revenir au libellé agréé après de longs efforts et les paragraphes de la résolution avaient réussi à trouver un équilibre délicat.  Saper le consensus à cet égard ne pourrait qu’avoir des incidences délétères.  L’Union européenne votera donc contre les amendements.

Le Royaume-Uni a rappelé que son programme d’assistance internationale au développement donnait la priorité à la santé reproductive et sexuelle.  Ce libellé ne devrait pas être rouvert pour des raisons politisées.  Regrettant la mise aux voix des amendements, le Royaume-Uni votera contre.

La Finlande, au nom des pays nordiques, a déclaré appuyer le Canada et la Zambie.  Les pays nordiques sont déçus de devoir prendre la parole pour expliquer leur vote avant la mise aux voix des amendements présentés par les États-Unis, insistent sur la nécessité du consensus et rejetteront les amendements.

Après le vote sur les amendements et leur rejet, la Jamaïque a déclaré avoir voté pour les amendements des États-Unis, tout en estimant que l’examen de ces propositions de changement aurait mérité davantage de temps pour réfléchir sur leur contenu.

Le Pakistan a dit avoir voté pour les amendements quant au fond et non sur la forme.

De même, le Nigéria a voté pour les amendements des États-Unis car il estime que les ajouts sont importants pour assurer le respect de la souveraineté.  Il a appuyé ces amendements quant au fond et non pour des questions de procédure.

La Libye a dit avoir voté pour les amendements car ils reflètent le régime juridique du pays et sont conformes au principe de souveraineté des États.

L’Égypte a dit avoir voté pour les amendements sur le fond et non sur la forme.

L’Indonésie a indiqué s’être abstenue pour des questions de forme et non de fond. 

Déclarations générales et explications de position sur le projet de résolution L.22/Rev.1

La Fédération de Russie s’est dite au regret de constater que les auteurs du projet de résolution révisé n’avaient pas jugé bon de tenir compte de ses préoccupations, notamment en ne précisant pas ce qu’ils entendent par mariages précoces.  La Fédération de Russie ne brisera pas toutefois le consensus sur le texte. 

Le Saint-Siège a insisté sur l’importance du thème de cette résolution, observant que les femmes et les jeunes filles se voient souvent sous-estimées.  Rappelant qu’il avait pris une part active dans les négociations, le Saint-Siège s’est déclaré déçu de l’impossibilité de parvenir à un consensus.  Nous espérions un document solide pour répondre aux défis de ces mariages d’enfants et mariages forcés, a-t-il ajouté, jugeant regrettable que ce processus ait déraillé et ait mis l’accent sur la santé et les droits procréatifs.  Rappelant sa position selon laquelle l’avortement devrait être déterminé sur le plan national et par la législation du pays, le Saint-Siège a estimé que ces principes essentiels auraient dû être intégrés au texte. 

ÉLIMINATION DU RACISME, DE LA DISCRIMINATION RACIALE, DE LA XÉNOPHOBIE ET DE L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE

Décision sur un projet de résolution

Par le projet de résolution intitulé « Lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée » (A/C.3/73/L.53.Rev.1), adopté par 130 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Ukraine) et 51 abstentions, l’Assemblée générale réaffirmerait les dispositions pertinentes de la Déclaration de Durban et du document final de la Conférence d’examen de Durban et rappellerait celles dans lesquelles les États ont apprécié le rôle positif que l’exercice du droit à la liberté d’expression ainsi que le plein respect du droit à la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations peuvent jouer dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. 

Elle appellerait à la ratification universelle et à l’application effective de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, ainsi qu’à faire la déclaration reconnaissant la compétence du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale pour ce qui est de recevoir et d’examiner les communications émanant de personnes ou de groupes de personnes relevant de leur juridiction qui affirment être victimes d’une violation, par un État partie, de l’un quelconque des droits énoncés dans la Convention. 

De plus, elle encouragerait les États à éliminer toutes les formes de discrimination raciale par tous les moyens appropriés, y compris des mesures législatives si les circonstances l’exigent, tout en veillant à ce que la définition de la discrimination raciale qui y sera donnée soit conforme à l’article premier de la Convention. 

Estimant que le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, sous toutes leurs formes et dans toutes leurs manifestations, y compris le néonazisme, l’islamophobie, la christianophobie et l’antisémitisme, représentent une menace pour l’ensemble des sociétés, et non seulement pour les groupes raciaux ou ethniques expressément visés, l’Assemblée générale condamnerait fermement les actes de glorification et de promotion du nazisme, comme l’exécution de graffitis et de peintures pronazis, notamment sur les monuments dédiés à la mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale.  Elle encouragerait les États à prendre les mesures concrètes voulues, notamment législatives et éducatives, conformément aux obligations internationales qui leur incombent dans le domaine des droits de l’homme, pour faire obstacle au révisionnisme concernant la Seconde Guerre mondiale et à la négation des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis durant la Seconde Guerre mondiale. 

À cet égard, l’Assemblée générale condamnerait sans réserve tout déni ou tentative de déni de l’Holocauste, ainsi que toute manifestation d’intolérance religieuse, d’incitation à la haine, de harcèlement ou de violence à l’égard de personnes ou de communautés en raison de leur appartenance ethnique ou de leurs croyances religieuses.

Par ailleurs, l’Assemblée générale engagerait les États à continuer de prendre, dans le respect du droit international des droits de l’homme, des mesures appropriées, notamment législatives, afin de prévenir les incitations à la haine et à la violence à l’encontre de personnes en situation de vulnérabilité. 

Elle encouragerait les États à prendre de nouvelles dispositions en vue de dispenser aux services de police et aux autres forces de maintien de l’ordre une formation sur les idéologies des partis politiques, mouvements et groupes extrémistes dont la propagande constitue une incitation à la violence raciste et xénophobe, à renforcer leur capacité de lutter contre les infractions racistes et xénophobes, à s’acquitter de la responsabilité qui leur incombe de traduire en justice les auteurs de telles infractions et à lutter contre l’impunité. 

En outre, l’Assemblée générale encouragerait les États, la société civile et les autres parties prenantes à s’employer par tous les moyens, notamment ceux qu’offrent Internet et les médias sociaux, à lutter, dans le respect du droit international des droits de l’homme, contre la propagation d’idées reposant sur la notion de supériorité raciale ou la haine raciale et à promouvoir les valeurs d’égalité, de non-discrimination, de diversité et de démocratie.  Elle encouragerait, enfin, les institutions nationales de défense des droits de l’homme, lorsqu’elles existent, à établir des programmes visant à promouvoir la tolérance, l’intégration et le respect de tous et à recueillir des données à ce sujet. 

Déclarations générales et explications de vote sur les amendements proposés au projet de résolution L.53/Rev.1

Le Kirghizistan, au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a expliqué que le projet de résolution révisé bénéficiait du plein appui de ses États membres.  Revenant sur les célébrations du soixante-treizième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, « l’une des plus grandes tragédies de l’humanité », le Kirghizistan a regretté l’absence d’un rejet collectif du nazisme.  Il a rappelé les souffrances subies par une partie de l’humanité, dont les peuples de l’ex-URSS, ainsi que les nombreuses violations des droits de l’homme alors commises.  Conscient du danger que font courir la haine et l’extrémisme, le Kirghizistan constate avec inquiétude la montée des tensions et de la confrontation dans de nombreux États du monde, tout en condamnant fermement la destruction des monuments de ceux qui ont lutté contre le nazisme dans de nombreux États.

Le Bélarus a expliqué qu’il était indispensable de préserver à l’ordre du jour cette question importante et que la glorification du nazisme ne saurait être justifiée.  De telles libertés peuvent provoquer des violences, de la haine religieuse et interethnique, a-t-il encore ajouté.  Le Bélarus, déplorant la résurgence des partis politiques extrémistes qui essayent de réécrire l’Histoire, est inquiet des effets néfastes sur la jeunesse de tels mouvements idéologiques.  Convaincu qu’il faut lutter contre la renaissance des causes profondes de l’idéologie nazie, le Bélarus appuie le projet de résolution.

Les États-Unis ont rappelé que, chaque année depuis 2005 qu’existe ce projet de résolution, le pays exprimait ses préoccupations.  « L’année dernière nous avons décidé de faire différemment et nous avions proposé un long amendement pour modifier 17 paragraphes de cette résolution.  Aucun d’entre eux n’a été adopté l’an passé donc nous avons encore changé d’approche cette année » ont-ils expliqué.  Ils ont expliqué avoir tenu des réunions avec d’autres délégations pour travailler avec les coauteurs du texte, regrettant qu’aucun consensus n’ait été trouvé.  « Nous avons versé notre sang pour lutter contre les nazis libérant les peuples de nombreux pays ici présents aujourd’hui.  Une résolution condamnant le nazisme devrait honorer cette réalité » ont-ils déploré.  Ils ont encore insisté sur le fait que la solution à la haine n’était pas dans la censure et que leur expérience avait montré que le meilleur antidote à la haine était la liberté d’expression plutôt que la censure et les poursuites pénales.  Les États-Unis continuent de tout faire pour rendre hommage à la mémoire des victimes de l’Holocauste.  Cette année, pour la première fois, ils ont participé aux négociations.  Mais si certaines de leurs suggestions ont été approuvées, le texte proposé reste loin de répondre à leurs préoccupations.  C’est pourquoi, ils ont proposé un amendement.

La Fédération de Russie a dit ne pas être d’accord par principe avec les propositions d’amendement des États-Unis.  Elle a rappelé que l’élaboration du projet de résolution avait été le fruit de négociations intenses et tendues, affirmant que, dès le départ, son principe avait été l’ouverture et la transparence du processus de négociation.  Ainsi, la version révisée du texte intègre des propositions de nombreux États, dont les États-Unis.  Les seuls amendements dont la Fédération de Russie rejette sont ceux qui détournent le sens du texte proposé.  Elle ne peut ainsi accepter les propositions qui visent à justifier les néonazis et les révisionnistes et s’élève contre ceux qui veulent justifier le nazisme et réécrire les décisions du Tribunal de Nuremberg.  La Fédération de Russie appelle donc à voter contre les amendements proposés par les États-Unis.  Il s’agit, a-t-elle conclu, de montrer notre unité, laquelle a permis, il y a 70 ans, aux Nations Unies de consacrer l’héritage de la victoire sur les nazis.

L’Afrique du Sud, en tant qu’organisateur de la Conférence de Durban en 2001, a dit ne pas accepter les amendements des États-Unis qui portent atteinte aux documents issus de la Conférence.  Ce sont des lignes rouges à ne pas franchir, estime l’Afrique du Sud, qui a remercié la délégation russe pour son inclusivité et sa transparence.  L’Afrique du Sud votera contre les amendements.

Cuba a estimé qu’une fois de plus les États-Unis avaient présenté des amendements de dernières minutes, sans les proposer préalablement aux autres délégations et sans prendre en compte l’opinion de la salle, ce qui va à l’encontre de la procédure habituelle.  Dès lors, Cuba votera contre ces propositions d’amendement.

Après le vote, l’Uruguay a dit s’être abstenu faute d’avoir eu le temps de juger de la pertinence de ces propositions. 

Explications de vote sur le projet de résolution L.53/Rev.1

Les États-Unis ont rappelé que, pour la première fois, leur délégation avait participé pleinement aux négociations sur le texte.  Or, malgré leurs efforts, leurs propositions constructives n’ont pas été intégrées au texte.  Les États-Unis ont remercié les délégations qui s’étaient abstenues sur les amendements oraux qu’ils avaient proposés.  Certains États n’ont pas eu le temps de voir nos amendements mais tous ont eu le temps de voir les problèmes que pose cette résolution, ont poursuivi les États-Unis, affirmant que « le leadership fait que nous devons prendre position face aux maux de ce monde ».  Ils enjoignent les États qui font la leur, cette même vision des choses, à ne pas appuyer ce projet de résolution qui incrimine la liberté d’expression.  Bien que nous soyons inquiets de la montée des discours de haine dans le monde, nous estimons que ce texte doit être contré, ont conclu les États-Unis. 

L’Ukraine a rappelé que, 70 ans plus tôt, des Ukrainiens avaient lutté contre le nazisme pour libérer leur pays et le reste de l’Europe, payant un lourd tribut pour ce sacrifice.  Si l’Histoire ne concerne pas directement la Troisième Commission mais plutôt les historiens, l’Ukraine réitère que ce projet de résolution n’a rien à voir avec la lutte contre le nazisme, le néonazisme et les autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, a observé la délégation.  Selon elle, les coauteurs de ce texte manipulent l’Histoire et l’essence même des jugements de Nuremberg.  L’Ukraine souhaite qu’on prenne en compte une approche équilibrée en présentant des amendements.  Elle regrette, par conséquent, que la Russie ait rejeté les propositions d’amendement et condamne sa volonté de se présenter contre un chantre de la lutte contre le nazisme.  Elle votera contre ce texte qui relève, à ses yeux, de la propagande. 

L’Autriche, au nom de l’Union européenne, a expliqué lutter contre toutes les formes contemporaines d’extrémisme.  Ce devrait aussi être une priorité consensuelle de la communauté internationale, qui devrait mettre l’accent sur la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  Sa responsabilité envers toutes les victimes présentes et passées devrait unir la communauté internationale et non pas semer de nouvelles divisions en érodant la signification de toutes les luttes contre le racisme.  L’Union européenne prend note des efforts des principaux coauteurs d’organiser des consultations sur le texte.  Contrairement aux années précédentes, elle a d’ailleurs participé aux négociations et certains changements apportés au texte s’appuient sur ses suggestions.

L’Union européenne n’en déplore pas moins la persistance d’un grand nombre de ses préoccupations.  Elle déplore que le texte insiste sur des questions éloignées de la lutte contre la discrimination: « Apprendre l’histoire du national-socialisme est important mais faire référence à certains monuments ne fait pas partie du mandat des droits de l’homme et ne fait que présenter une seule version de l’histoire, estime l’Union européenne.  L’Union regrette aussi les limites à la liberté d’expression contenues dans le projet de résolution, « un problème encore renforcé cette année avec les présentations unilatérales d’amendements faisant référence aux technologies de l’information et des communications ».  L’Union européenne recommande que l’on examine cette résolution tous les deux ans sur la base d’un seul rapport du Rapporteur spécial.  C’est pourquoi elle s’est abstenue.

L’Australie s’est déclarée vivement préoccupée par l’augmentation des crimes haineux dans le monde et a dit partager les réserves émises sur ce projet de résolution en lien avec la liberté d’expression soulevée par les États-Unis et l’Union européenne.  Elle s’est abstenue pour des raisons de procédure.

Le Canada a exhorté les États Membres à ratifier la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  Il estime que le racisme mine les individus et les communautés.  Ce projet de résolution contient de nombreux éléments pour lutter contre le racisme mais le Canada regrette que les changements proposés par des délégations, lors des négociations, n’aient pas été suffisamment pris en compte.  Le Canada s’est donc abstenu et il appuie la teneur de l’amendement proposé par les États-Unis, dont il partage les préoccupations concernant la liberté d’expression.  S’il s’est abstenu lors du vote sur les amendements proposés par les États-Unis, c’est uniquement pour des raisons de procédure.

Le Nigéria a déclaré être un ardent défenseur de toutes les initiatives condamnant les discriminations raciales, un aspect fondamental de leur politique étrangère en tant que pays rassemblant le plus de personnes noires dans le monde.  Par conséquent, il a voté en faveur du texte.

DROIT DES PEUPLES À L’AUTODÉTERMINATION

Décision sur un projet de résolution

Par le projet de résolution intitulé « Le droit du peuple palestinien à l’autodétermination » (A/C.3/73/L.29), adopté par 169 voix pour, 6 voix contre (Îles Marshall, Israël, Micronésie, Nauru, Canada et les États-Unis) et 12 abstentions, l’Assemblée générale réaffirmerait le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, y compris son droit à un État de Palestine indépendant.  Elle exhorterait tous les États ainsi que les institutions spécialisées et les organismes des Nations Unies à continuer d’apporter soutien et aide au peuple palestinien en vue de la réalisation rapide de son droit à l’autodétermination.

Déclarations générales et explications de vote

Israël a invité les délégations à se reporter à ses déclarations précédentes.  Il convient d’encourager les Palestiniens à négocier avec Israël plutôt qu’à l’ignorer.

L’Argentine a indiqué avoir voté pour le texte, conformément à la reconnaissance par son gouvernement de l’État de Palestine en novembre 2010.  Elle entend ainsi favoriser le processus de négociation devant mener à la fin du conflit israélo-palestinien.  Si elle soutient l’autodétermination du peuple palestinien, l’Argentine reconnaît aussi le droit d’Israël à vivre en paix et en sécurité dans ses frontières.

Au nom du peuple palestinien, l’État de Palestine a exprimé sa gratitude aux nombreux États Membres qui ont voté en faveur du projet de résolution ou qui se sont portés coauteurs.  L’appui important apporté à ce texte confirme que les pays représentés continuent de soutenir le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, un droit dont il est privé depuis le début de l’occupation israélienne.  Le texte adopté reflète en outre la volonté collective de faire respecter le droit international et renvoie un message clair et uni à Israël, Puissance occupante.  Pour qu’une paix juste soit instaurée, le droit à l’autodétermination du peuple palestinien doit être reconnu par les deux parties.  Pour l’État de Palestine, le droit à l’autodétermination est un droit inaliénable et le peuple palestinien ne déroge pas à la règle.  Cette résolution est donc légitime et nécessaire.  En se prononçant pour ce texte, la communauté internationale a voulu réaffirmer sa volonté d’agir.  Il faut en effet une action urgente pour mobiliser la communauté internationale et faire cesser l’occupation israélienne.

SITUATIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME ET RAPPORTS DES RAPPORTEURS ET REPRÉSENTANTS SPÉCIAUX

Décision sur un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution intitulé « Situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée » (A/C.3/73/L.40), adopté sans vote, l’Assemblée générale condamnerait les violations systématiques, généralisées et flagrantes des droits de l’homme commises depuis longtemps et encore aujourd’hui en République populaire démocratique de Corée (RPDC) et par la RPDC, y compris celles dont la Commission d’enquête sur la situation des droits de l’homme en RPDC, créée par le Conseil des droits de l’homme dans sa résolution 22/13 du 21 mars 2013, considère qu’elles peuvent constituer des crimes contre l’humanité, et l’impunité dont les auteurs de ces violations continuent de jouir.  Elle remercierait de nouveau la Commission d’enquête de son travail

L’Assemblée générale se déclarerait ainsi très gravement préoccupée par la persistance d’informations faisant état de violations des droits de l’homme, dont les conclusions détaillées présentées par la Commission d’enquête dans son rapport, par le refus constant du Gouvernement de la RPDC d’adresser une invitation au Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme en RPDC et de coopérer avec lui et avec plusieurs autres titulaires de mandats au titre des procédures spéciales des Nations Unies, ainsi que par le fait que le Gouvernement de la RPDC continue de ne pas reconnaître la gravité de la situation des droits de l’homme dans le pays.

L’Assemblée générale déplorerait que les autorités de la RPDC n’aient pas engagé de poursuites contre les responsables de violations des droits de l’homme, y compris les violations considérées par la Commission d’enquête comme pouvant constituer des crimes contre l’humanité.

L’Assemblée générale condamnerait les enlèvements systématiques, les refus de rapatriement et les disparitions forcées de personnes qui en résultent, y compris de ressortissants d’autres pays, qui sont pratiqués à grande échelle et à titre de politique d’État et, à cet égard, engagerait vivement le Gouvernement de la RPDC à régler d’urgence et dans la transparence ces problèmes d’intérêt international, y compris en assurant le retour immédiat des personnes enlevées.

L’Assemblée générale se déclarerait très profondément préoccupée par la situation humanitaire précaire dans le pays, qui pourrait rapidement se détériorer en raison de la faible résilience face aux catastrophes naturelles et des politiques gouvernementales.

L’Assemblée générale se féliciterait des mesures prises conformément à la résolution 34/24 en date du 24 mars 2017 du Conseil des droits de l’homme pour renforcer la capacité du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, notamment de sa structure de terrain à Séoul.  Elle appuierait les efforts que continue de déployer ladite structure et se féliciterait des rapports périodiques qu’elle présente au Conseil des droits de l’homme.  Elle demanderait aux États Membres de veiller à ce qu’elle puisse fonctionner en toute indépendance.

L’Assemblée générale engagerait le Conseil de sécurité à continuer d’examiner les conclusions et recommandations pertinentes de la Commission d’enquête et à prendre les mesures voulues pour établir les responsabilités, notamment en envisageant de renvoyer devant la Cour pénale internationale la situation en RPDC et en envisageant l’adoption de nouvelles sanctions ciblées.  Elle l’engagerait également à continuer d’examiner la situation en RPDC, y compris en matière de droits de l’homme et compterait qu’il continuera de s’intéresser plus activement à la question.

L’Assemblée générale engagerait vivement le Gouvernement de la RPDC à respecter pleinement tous les droits de l’homme et libertés fondamentales et l’exhorterait à appliquer sans délai les recommandations de la Commission d’enquête.  Elle engagerait l’ensemble du système des Nations Unies à continuer de prendre des mesures face à la situation préoccupante des droits de l’homme en RPDC de manière coordonnée et unifiée et demanderait à la RPDC de collaborer de manière constructive avec ses interlocuteurs internationaux.

Rejet préalable d’un amendement

La Commission avait auparavant rejeté par 22 voix pour, 91 voix contre et 44 abstentions un amendement (A/C.3/73/L.64), présenté par le Soudan, tendant à supprimer le paragraphe 12 du projet de résolution L.40, par lequel l’Assemblée générale « engagerait le Conseil de sécurité à continuer d’examiner les conclusions et recommandations pertinentes de la Commission d’enquête et à prendre les mesures voulues pour établir les responsabilités, notamment en envisageant de renvoyer devant la Cour pénale internationale la situation en République populaire démocratique de Corée et en envisageant l’adoption de nouvelles sanctions ciblées contre ceux qui semblent porter la plus grande part de responsabilité dans les violations des droits de l’homme dont la Commission a déclaré qu’elles pouvaient constituer des crimes contre l’humanité ».

Déclarations générales et explications de vote sur l’amendement L.64

Le Soudan a présenté l’amendement L.64 en expliquant que, malheureusement, certains pays ont appelé à l’adhésion à la Cour pénale internationale (CPI) dans le cadre du présent projet de résolution, alors que celui-ci n’a aucune pertinence, que de telles mesures ont mené à une polarisation et fait de la CPI une arme de compétence extérieure.  Il a déploré le fait que la CPI prenne pour cible l’Afrique et que cela ait des répercussions politiques très graves.  « Les pays qui soutiennent la CPI ne peuvent pas oublier ce contexte géographique et les affaires au sein de la CPI témoignent de la situation », a affirmé le représentant.  Pour le Soudan, la CPI ne peut mener un procès judiciaire de manière équitable, alors qu’elle prétend être un organe juridique neutre.  « La CPI fait montre d’une sélectivité notable en ciblant avant tous les pays africains, ce parti pris notable ne fait qu’exacerber les situations de conflit dans certains pays en développement » a-t-il ajouté.  Revenant sur le projet de résolution, le représentant a expliqué que, depuis 2014, « ceux qui appellent à voter ce projet placent des obstacles sur notre route ».  Il a appelé à voter de façon réfléchie en faveur de l’amendement, puis du projet de résolution L.40 ainsi amendé.

Avant le vote, l’Autriche, au nom de l’Union européenne, a regretté l’amendement présenté par le Soudan.  Pour l’Union européenne, la CPI est un outil visant à contribuer à des sociétés pacifiques, elle reste pertinente aujourd’hui et ne vise pas à remplacer les systèmes juridiques nationaux.  Les coupables de crimes doivent être tenus responsables de leur action.  La CPI a donné un nouvel espoir aux victimes des crimes les plus graves.  La paix et la justice sont complémentaires et ne s’excluent pas l’une l’autre.  C’est pourquoi l’Union européenne appelle à voter contre cet amendement.

Le Liechtenstein, au nom de plusieurs autres pays, s’est dit préoccupé par la situation des droits de la personne en RDPC et a condamné les violations systématiques des droits de la personne et le manque de responsabilisation.  La Cour pénale internationale est une pierre angulaire de l’état de droit dans le monde.  Le groupe appelle à voter contre cet amendement.

Après le vote, le Japon a déclaré avoir voté contre l’amendement du Soudan et a appelé les États Membres à soutenir le projet de résolution, qui est « l’expression d’un consensus trouvé en 2016 et 2017 ».

Le Soudan a déclaré être un État Membre des Nations Unies et souscrire aux objectifs consacrés dans la plupart des résolutions de l’Assemblée générale.  Mais il rejette l’imposition des compétences de la CPI, qui « n’est pas justifiée ».  La Cour empêche tous les États du monde de se rassembler dans un objectif commun, a-t-il encore ajouté.  Le Soudan s’oppose à la compétence de cette Cour et fait observer que de plus en plus de pays s’opposent à la CPI.  Mettant en garde face au danger inhérent que représente la division, il a expliqué qu’il continuerait à mettre en avant les lacunes intrinsèques de la CPI « qui continue à pointer du doigt notre région du monde de façon injuste ».  Pour le Soudan, une institution qui échoue devrait être supprimée.  Le Soudan se dissocie du projet de résolution.

Déclarations générales et explications de position sur le projet de résolution L.40

Les États-Unis se sont félicités du projet de résolution, estimant que la Troisième Commission assumait sa « plus grande responsabilité de l’automne » en jetant la lumière sur la situation des droits de l’homme dans certains pays.  Par ailleurs, les États-Unis appuient les États qui ont décidé d’adhérer à la Cour pénale internationale (CPI) tout en considérant que leur propre décision de ne pas y adhérer doit être respectée.  À cet égard, les États-Unis réitèrent leur objection quant aux références à la CPI ou au Statut de Rome que comporte le texte présenté.

Le Nicaragua a souligné son attachement à la promotion et la défense des droits de l’homme mais aussi réaffirmé son opposition de principe à la pratique pernicieuse de rapports sélectifs.  Les droits de l’homme sont interdépendants et les questions relevant des droits de la personne devraient être traitées de façon impartiale et non sélective, guidées par les principes d’objectivité et de transparence.

L’Autriche, au nom de l’Union européenne, a pris note des efforts diplomatiques en cours pour œuvrer à la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne, constatant que la donne avait changé depuis l’an dernier.  Toutefois, l’avenir radieux que tous espèrent en RPDC ne sera possible que si les violations des droits humains dans ce pays sont prises en compte.  Même s’il existe aujourd’hui des programmes de regroupement familial, la situation générale reste inchangée, avec notamment de nombreux cas de violences, tortures et discriminations, dans un climat d’impunité généralisée.  Dans ce contexte, l’Union européenne appelle la RPDC à faire face à ces problèmes et à tirer profit du dialogue actuel.  Rappelant qu’elle mène une politique de coopération avec la RPDC, l’Union européenne s’est dite prête à poursuivre sur cette voie pour instaurer des changements et a exhorté les autorités nord-coréennes à inviter le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en RPDC à se rendre dans le pays.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté en bloc le projet de résolution.  Pour elle, ce texte n’a rien à voir avec les droits de l’homme et est le fruit d’un complot politique visant à ternir l’image de la RPDC.  Les problèmes dont fait état le rapport n’existent pas dans le pays, lequel respecte tous les droits humains.  Pour la RPDC, le rapport s’appuie sur les propos fallacieux de certains transfuges qui ont fui le pays après avoir commis des crimes.  Les coauteurs du texte, à savoir l’Union européenne et le Japon, ne sont pas en mesure de se prononcer sur leur propre situation des droits de l’homme, a en outre accusé la RPDC.  Dans l’Union européenne, des violations graves sont commises, relevant notamment de l’islamophobie et du néonazisme.  Quant au Japon, il a commis de graves crimes contre l’humanité lors de la dernière Guerre mondiale mais il n’a jamais proposé de réparations, en particulier pour les crimes sexuels commis contre des femmes.  En RPDC, tout le peuple jouit de ses libertés et de ses droits car le Président Kim Jong-un souhaite ainsi respecter et aimer son peuple.  Dans ces conditions, « nous ne pouvons admettre l’approche de confrontation de ce rapport », a conclu la délégation, qui « rejette d’un revers de la main ce projet de résolution à portée politique et ne juge pas nécessaire de procéder à une mise aux voix ».

La République arabe syrienne a réitéré sa position constante sur les situations de pays, refusant la politisation des questions des droits de l’homme et l’instrumentalisation des mécanismes pour cibler des pays particuliers au bénéfice d’autres pays plus puissants.  Elle rejette donc le projet de résolution et se dissocie de tout consensus sur ce texte.

Le Japon a noté que cela fera bientôt cinq ans que la Commission d’enquête a remis son rapport, évoquant une situation des droits de l’homme sans égale dans le monde contemporain.  En dépit des appels répétés de la communauté internationale, le Rapporteur spécial a informé la Commission qu’il n’y a pas eu de changements substantiels dans la situation des droits humains en RPDC, a-t-il fait valoir.  Dans de telles circonstances, l’Union européenne et le Japon ont présenté cette résolution et espèrent qu’elle sera adoptée, grâce à un large appui de la communauté internationale.  Le Japon a enfin profité de cette prise de parole pour appeler la RPDC à permettre le retour immédiat de toutes les victimes d’enlèvements, assurant qu’il n’y a pas de temps à perdre sur cette question. 

Le Canada s’est félicité d’être coauteur de ce projet de résolution et a insisté sur le rôle essentiel de la promotion du rôle des femmes à tous les stades de la consolidation de la paix.  Il s’est également déclaré préoccupé par les violations systématiques des droits de l’homme en RPDC et « comme à l’accoutumée » a appelé celle-ci à prendre en compte cette situation et respecter les normes des droits de l’homme.  Il a en outre pris note de la visite du Rapporteur spécial sur les personnes handicapées en 2017 dans le pays, tout en regrettant que le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en RPDC n’ait pas encore été autorisé à se rendre dans le pays et que les autorités de la RPDC ne coopèrent pas avec lui.

Le Burundi a rappelé sa position de principe qui est de rejeter les résolutions pays spécifiques.  Pour lui, le dialogue et la coopération sont les meilleurs moyens de promouvoir un échange sans politisation et sans sélectivité.

Le Bélarus a rappelé son opposition aux résolutions de pays qui « sapent l’objectivité et apporte la confrontation ».  Il a insisté sur le fait qu’existe déjà au Conseil des droits de l’homme un mécanisme efficace qui est l’Examen périodique universel et que cet instrument permet d’analyser de façon équilibrée la situation des droits de l’homme dans les différents pays.

Singapour a dit s’opposer aux résolutions de pays car elles sont sélectives et animées par des considérations politiques, donc contre-productives.  Singapour s’abstiendra donc sur tous les projets de résolution de pays à venir.

La République islamique d’Iran a expliqué que la pratique de confrontation induite par les résolutions de pays était contre-productive et allait à l’encontre des principes d’universalité.  L’Examen périodique universel est le mécanisme approprié pour ces questions, car il est sans discrimination et sans dénonciation.  La République islamique d’Iran se dissocie du projet de résolution L.40.

La Fédération de Russie a dit ne pas appuyer la pratique d’examen de situation des droits de l’homme dans certains pays, qui « n’est pas efficace et ne peut qu’attiser la confrontation entre les États Membres ».  Il existe au sein des Nations Unies la procédure de l’Examen périodique universel (EPU) qui, dans le cadre du Conseil des droits de l’homme, « permet un dialogue constructif ».  La Fédération de Russie se dissocie donc du projet de résolution L.40.

Le Myanmar a réaffirmé son opposition de principe aux résolutions de pays et défendu le principe d’impartialité.  Pour lui, l’Examen périodique universel est le seul mécanisme efficace en matière d’examen des situations de droits de l’homme dans les différents pays.  Le Myanmar plaide pour un dialogue et une coopération véritable sur le terrain et l’absence de politisation de cette question.

La Chine a réitéré sa position de principe, qui est l’opposition aux résolutions de pays.  Elle se dissociera du consensus en ce qui concerne ce projet de résolution sur la RPDC.

La Bolivie a dit s’aligner sur la position du Mouvement des pays non alignés et votera contre les projets de résolution qui concernent les États Membres car elle s’inscrit contre « l’instrumentalisation » de la Troisième Commission, qui favorise les intérêts d’États puissants à l’encontre d’autres.  La Bolivie rejette de même toute volonté de s’ingérer dans les affaires internes de pays.

Le Venezuela a réaffirmé son rejet des pratiques politiquement motivées que constituent les résolutions de pays.  Il estime qu’elles vont au-delà du mandat de la Troisième Commission et du principe d’objectivité.  Pour le Venezuela, la coopération et le dialogue sont les voies les plus adaptées pour promouvoir les droits de l’homme.

Déclarations générales sur la résolution L.40

Après l’adoption du projet de résolution L.40, Cuba  a fait savoir qu’il ne s’associait pas au consensus du fait de son opposition à « l’imposition de mandats sélectifs et politisés ».  Pour Cuba, c’est par le truchement de la coopération internationale que serait trouvée la voie pour promouvoir et protéger les droits de l’homme.  Il faudrait laisser sa chance au dialogue et stimuler une coopération respectueuse avec les pays concernés.  Cette résolution est basée sur des sanctions et continue d’impliquer le Conseil de sécurité sur des sujets qui ne sont pas de sa compétence, du fait qu’il n’y a pas d’atteinte à la paix et la sécurité internationales. 

Le Viet Nam s’est félicité des avancées positives dans la péninsule coréenne.  C’est pourquoi, il s’inscrit contre les résolutions spécifiques de pays et encourage la promotion du dialogue à travers l’Examen périodique universel.  Le Viet Nam est par ailleurs préoccupé par la question des enlèvements et envoie un message de solidarité aux familles, tout appelant à trouver une solution à cette question.

Les États-Unis ont remercié l’Union européenne et le Japon pour cette résolution « forte » sur la RPDC et sont ravis de se porter coauteur de ce projet.  Le régime de la Corée du Nord est l’un de ceux qui violent le plus les droits de l’homme, ont déclaré les États-Unis, qui se sont référés au rapport de la Mission d’établissement des faits sur la situation des droits de l’homme dans ce pays et cite de multiples violations des droits de l’homme.  Pour les États-Unis, cette résolution enverra un message sur la responsabilisation de ces multiples exactions.

Décision sur un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution intitulé « Situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran » (A/C.3/73/L.42), adopté par 85 voix pour, 30 voix contre et 68 abstentions, l’Assemblée générale rappellerait les engagements solennels pris par le Président de la République islamique d’Iran au sujet de l’amélioration de la situation des droits de l’homme dans le pays.

L’Assemblée générale accueillerait avec satisfaction les modifications apportées en octobre 2017 à la loi sur la lutte contre les stupéfiants, qui ont permis d’en finir avec l’imposition obligatoire de la peine de mort pour certaines infractions liées à la drogue et se traduisent déjà par une baisse importante du nombre d’exécutions en la matière, tout en notant que de nombreuses affaires doivent encore être revues au regard de ces modifications.  Elle noterait que le Parlement de la République islamique d’Iran a approuvé, en juillet 2018, la proposition de loi relative à la protection des droits des enfants et des jeunes, qui, si elle est adoptée et mise en œuvre, constituera une avancée importante dans la protection des personnes contre les violences et les mauvais traitements.

L’Assemblée générale rappellerait les engagements pris par les autorités iraniennes d’améliorer la situation des femmes, et prend note à cet égard de la présentation du projet de loi détaillé sur la protection des femmes contre la violence.  Elle se féliciterait du dialogue engagé par la République islamique d’Iran avec les organes conventionnels des droits de l’homme, des efforts que continue de déployer la République islamique d’Iran pour accueillir un grand nombre de réfugiés afghans et des contacts et du dialogue que maintiennent la République islamique d’Iran et le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran.

Toutefois, l’Assemblée générale se déclarerait vivement préoccupée, nonobstant les améliorations constatées à ce jour dans le nombre d’exécutions pour des infractions liées à la drogue, par la fréquence alarmante de l’imposition et de l’exécution de la peine de mort par la République islamique d’Iran, en violation de ses obligations internationales, notamment des cas dans lesquels la peine de mort est appliquée contre des mineurs ou des personnes qui étaient âgées de moins de 18 ans au moment des faits reprochés.  Elle s’inquièterait du mépris qui reste porté aux garanties reconnues au niveau international et demanderait au Gouvernement de la République islamique d’Iran d’abolir, en droit et dans la pratique, les exécutions publiques.

L’Assemblée générale demanderait à la République islamique d’Iran de veiller à ce que, en droit et dans la pratique, nul ne soit soumis à la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont la violence sexuelle, ni à des sanctions manifestement disproportionnées par rapport à la nature de l’infraction.  Elle exhorterait à mettre fin au recours généralisé et systématique à la détention arbitraire.  Elle l’engagerait à remettre en liberté les personnes détenues pour avoir exercé leurs libertés et droits fondamentaux, notamment celles qui ont été arrêtées au seul motif qu’elles avaient participé à des manifestations pacifiques.  Elle lui demanderait de remédier aux mauvaises conditions de détention.

L’Assemblée générale demanderait en outre à la République islamique d’Iran de créer et de maintenir, en droit et dans la pratique, un environnement sûr et favorable dans lequel une société civile indépendante, diverse et pluraliste puisse opérer sans entrave et en toute sécurité, et la prie instamment de faire cesser les restrictions graves et généralisées imposées, en droit et dans la pratique, à la liberté d’expression et d’opinion.  Elle l’engagerait vivement à éliminer, en droit et dans la pratique, toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles et autres violations de leurs droits fondamentaux.

L’Assemblée générale se déclarerait gravement préoccupée par les limitations et les restrictions graves qui continuent d’être apportées au droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction, par les restrictions relatives à l’établissement des lieux de culte, par les attaques dont ces lieux et les cimetières font l’objet, ainsi que par d’autres violations des droits de l’homme.  Elle demande à la République islamique d’Iran d’éliminer, en droit et dans la pratique, toutes les formes de discrimination fondées sur le mode de pensée, la conscience, la religion ou la conviction.

L’Assemblée générale demanderait en outre à la République islamique d’Iran de collaborer davantage avec les mécanismes internationaux relatifs aux droits de l’homme.  Elle l’engagerait à continuer de traduire les engagements solennels pris par le Président de la République islamique d’Iran au sujet de certaines questions importantes relatives aux droits de l’homme en mesures concrètes, ainsi qu’à répondre aux graves préoccupations exprimées dans les rapports du Secrétaire général et du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans le pays.  Elle encourageait vivement les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales thématiques concernés à prêter une attention particulière à la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, en vue d’enquêter et de faire rapport sur ce sujet.

Déclarations générales et explications de vote

La République islamique d’Iran a déclaré que ce sont les mêmes forces qui étaient déjà derrière le coup d’état de 1953 dans le pays, qui sont présentes aujourd’hui derrière ce projet de résolution.  « Malgré les différentes décisions de justice, aucun jour ne s’est écoulé depuis 1953 sans que ces forces ne cherchent à détruire l’Iran » a déclaré le représentant, ajoutant que « les droits de l’homme n’ont de pires adversaires que ceux qui les violent pour renverser les gouvernements qui ne leur plaisent pas ».  Le représentant a longuement dénoncé la sélectivité qui préside selon lui au texte et estimé que la souveraineté semblait réservée aux puissants et que l’ingérence ne posait pas de problème si elle était le fait d’États puissants.  Il a accusé les États-Unis de s’être ingérés dans les affaires de l’Iran depuis longtemps et les a présentés comme les pires ennemis de la démocratie au Moyen-Orient.  Il a enfin dénoncé le « deux poids, deux mesures » chez les auteurs de ce projet de résolution, avant d’accuser le Canada, coauteur du texte, de racisme et de discrimination à l’encontre de ses populations autochtones et de qualifier Israël, autre coauteur, de « dernier régime d’apartheid du monde ».

La République arabe syrienne a réaffirmé la position très ferme, rejeté la politisation des droits de la personne et regretté l’utilisation des Nations Unies pour prendre pour cible certains pays et venir ainsi en aide à des États puissants.  La République arabe syrienne rejette la politique des « deux poids, deux mesures ».  Le représentant a jugé ironique que certains États proposent des résolutions politiques alors mêmes qu’ils se sont retirés du Plan d’action global commun, violant ainsi les décisions qu’ils avaient eux-mêmes prises tout en ravivant les tensions au Moyen Orient.  Pour la République arabe syrienne, cette approche hostile et la tentative d’isolement qu’elle représente n’est certainement pas la voie à emprunter pour promouvoir les principes de la Charte des Nations Unies.  C’est la non-ingérence qui est la voie à adopter pour mettre fin aux différends.  Les coauteurs du projet de résolution instrumentalisent les droits de l’homme, un principe noble, pour servir des desseins bien sombres.  Toutes ces tentatives sont en fait autant de coup de poignards dans l’esprit des pères fondateurs des Nations Unies.  La République arabe syrienne voit dans ce texte une perte de temps pour la Troisième Commission.  Elle votera donc contre le texte et appelle tous les États « amis » épris de paix à faire de même.

Le Pakistan a rappelé que la promotion des droits de la personne était une responsabilité partagée et qu’on ne pouvait concrétiser les droits de l’homme à travers la sélectivité.  Le Pakistan collabore dans le cadre de l’Examen périodique universel et avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Pour lui, l’Iran est sur la bonne voie.  Il plaide pour la promotion de la cohérence entre le Conseil des droits de l’homme et cette Commission.

Le Bélarus qui votera contre cette résolution, s’oppose à l’examen de résolution de pays, qui renforce les confrontations et sape le dialogue d’égal à égal constructif entre partie concernée.

Cuba a abondé dans le sens du Bélarus et votera contre le projet de résolution.  Pour lui, l’examen de ce point est motivé par des agendas politiques et ne procède pas d’une volonté de la promotion des droits de l’homme.

Le Brésil et le Mexique, qui s’abstiennent, ont pris note des mesures prises par l’Iran pour améliorer la protection des droits de l’enfant et des jeunes en Iran.  S’ils restent préoccupés par certaines violations, ils forment le vœu de voir l’Iran prendre des mesures concrètes et justes pour faire des avancées dans les domaines clefs.  Le Mexique a mis en avant, en outre, que le rapport évoque des défis à relever en matière des droits de l’homme mais en même temps montre une volonté croissante et ses efforts ne doivent pas être ignorés.

L’Arabie saoudite a souligné que le peuple iranien continuait de souffrir à cause d’un régime qui persécute son peuple.  Les minorités religieuses sont oppressées en Iran et cela est souligné dans les rapports de septembre 2018 et d’août 2018 de l’ONU.  C’est pourquoi l’Arabie saoudite compte voter en faveur de ce projet de résolution.

Le Japon s’est déclaré en faveur du projet de résolution.  Le Japon et l’Iran ont maintenu un dialogue constructif sur les droits fondamentaux et entendent le poursuivre.  Le Japon espère voir des progrès supplémentaires en Iran grâce à la mise en œuvre des recommandations de l’Examen périodique universel, sans oublier la mise en œuvre des droits de la personne.

La République islamique d’Iran a répondu à l’Arabie saoudite qu’elle ferait mieux de balayer devant sa porte, affirmant que « ces barbares ont décidé de changer d’armes et de ne plus utiliser l’épée ».  Elle a dénoncé un Gouvernement corrompu qui pense qu’un bus d’étudiants est une cible légitime et que ce dernier ne pouvait qu’être associé à Daech.  Pour la République islamique d’Iran, l’Arabie saoudite est une « mafia tribale et primitive » qui a abandonné sa culture et ses traditions pour devenir le père du wahhabisme, lequel est à l’origine du terrorisme dans le monde.

Le Nigéria a dit promouvoir et protéger les droits de l’homme mais il est convaincu que l’Examen périodique universel est le seul mécanisme permettant de se concentrer sur les droits de l’homme.  Le Nigéria a donc décidé de s’abstenir sur les résolutions de pays.

Décision sur un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution intitulé « Situation des droits de l’homme dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine) » (A/C.3/73/L.48), adopté par 67 voix pour, 26 voix contre et 82 abstentions, l’Assemblée générale déplorerait le fait que la Fédération de Russie n’ait donné suite ni aux demandes répétées de l’Assemblée générale, ni à l’ordonnance en indication de mesures conservatoires prise par la Cour internationale de Justice le 19 avril 2017.

L’Assemblée générale condamnerait fermement la persistance de la Fédération de Russie à faire montre d’un mépris total pour les obligations que lui imposent la Charte des Nations Unies et le droit international concernant sa responsabilité juridique sur le territoire occupé, notamment la responsabilité de respecter les lois ukrainiennes et les droits de tous les civils.  Elle condamne toutes ses tentatives entreprises pour légitimer ou normaliser sa volonté d’annexer la Crimée, notamment l’imposition automatique de la citoyenneté russe et les campagnes électorales illégales.  Elle condamnerait également les violations et atteintes commises et les mesures et pratiques discriminatoires appliquées par les autorités d’occupation russes à l’encontre des résidents de la Crimée temporairement occupée, notamment des Tatars de Crimée, ainsi que des Ukrainiens et des personnes appartenant à d’autres ethnies et groupes religieux.  Elle condamnerait en outre l’imposition illégale par la Fédération de Russie de ses lois, de sa juridiction et de son administration en Crimée occupée et prie la Fédération de Russie de respecter les obligations que lui impose le droit international en respectant les lois qui étaient en vigueur en Crimée avant l’occupation.

L’Assemblée générale exhorterait  la Fédération de Russie à toute une série de mesures, et notamment à honorer, en tant que Puissance occupante, toutes les obligations que lui impose le droit international applicable; se conformer pleinement et immédiatement à l’ordonnance de la Cour internationale de Justice en date du 19 avril 2017; pendre toutes les mesures nécessaires pour mettre immédiatement fin à toutes les violations et atteintes commises contre les résidents de la Crimée; respecter les lois en vigueur en Ukraine; libérer immédiatement les citoyens ukrainiens qui sont détenus illégalement et qui ont été jugés sans considération des exigences du droit international; surveiller et satisfaire les besoins médicaux de tous les citoyens ukrainiens détenus illégalement pour avoir exercé leurs droits de l’homme et leurs libertés fondamentales, notamment les prisonniers politiques; faire en sorte que tous, sans aucune discrimination fondée sur l’origine, la religion ou les convictions, puissent de nouveau jouir de leurs droits; veiller à ce que le droit à la liberté d’opinion et d’expression, le droit de réunion pacifique et le droit à la liberté d’association puissent être exercés par tous les résidents de la Crimée; assurer l’accès à un enseignement en ukrainien et en tatare de Crimée; et révoquer immédiatement la décision consistant à déclarer que le Mejlis des Tatars de Crimée est une organisation extrémiste et à proscrire ses activités.

L’Assemblée générale demanderait instamment à la Fédération de Russie de garantir aux missions de surveillance des droits de l’homme et aux organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme l’accès sans entrave voulu en Crimée.  Elle appuierait les efforts déployés par l’Ukraine pour maintenir des liens économiques, financiers, politiques, sociaux, informationnels, culturels et autres avec ses ressortissants en Crimée occupée.

L’Assemblée générale demanderait à toutes les organisations internationales et institutions spécialisées des Nations Unies d’employer, pour désigner la Crimée dans leurs communications, publications et documents officiels, y compris dans leurs documents relatifs aux données statistiques de la Fédération de Russie, la dénomination « la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine) temporairement occupées par la Fédération de Russie ».

L’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de continuer d’offrir ses bons offices et de poursuivre ses débats sur la Crimée, et de lui présenter, à sa soixante-quatorzième session, un rapport sur les progrès réalisés dans l’application de la présente résolution, dans lequel il recommanderait des moyens et des mesures susceptibles d’en améliorer l’application.

Déclarations générales et explications de vote

La République arabe syrienne a exprimé son rejet du projet de résolution, y voyant l’illustration d’une nouvelle tentative politique, en sus des précédentes vues aujourd’hui, une tentative de cibler la Russie pour des raisons qui « n’ont rien à voir avec le mandat » de la Troisième Commission.  « Nous devons admettre qu’aujourd’hui nos espoirs lors de la création du Conseil des droits de l’homme se sont évaporés », a affirmé le représentant.  Pire, certains veulent entrer en concurrence avec le Conseil des droits de l’homme en présentant des projets de résolution ici à New York, ce qui affaiblirait, selon lui, la crédibilité sur ces questions nobles en sapant l’autorité de l’organe à Genève.  Pour cette raison, la République arabe syrienne votera contre ce projet de résolution.

Les États-Unis ont rappelé que cela fait quatre ans que la Russie occupe le territoire autonome de Crimée, une occupation qu’ils ne reconnaissent pas.  Depuis lors, la situation des droits de l’homme n’a cessé de se détériorer sur place.  La Fédération de Russie pratique des disparitions forcées, des détentions arbitraires et des déportations, en plus de nier l’accès aux organisations internationales.  Aujourd’hui, quasiment tous les médias indépendants et la société civile ont fui la péninsule.  De plus, les Tatares de Crimée vivent dans la peur en raison des raids russes dans leurs foyers, mosquées et écoles.  Ce sont là certaines des raisons pour lesquelles les États-Unis appuient la décision de l’ONU de suivre la situation des droits de l’homme en Crimée et à Sébastopol.

Le Danemark, en tant que coauteur du texte, a appuyé avec force ce projet de résolution.  Il a rappelé que, voilà quatre ans, la Russie a occupé de façon illégale la Crimée.  Or, le rapport publié par le Bureau du Haut-Commissariat ne montre pas de signe d’amélioration.  Le Danemark appelle à la libération de tous les prisonniers politiques et à garantir l’accès des acteurs du suivi de la question des droits de l’homme.

La Géorgie s’est dite extrêmement préoccupée par la situation alarmante en Crimée et dans la ville de Sébastopol, dont les populations continuent de souffrir de discrimination et d’atteinte aux droits fondamentaux.

La Fédération de Russie a dit, avec sarcasme, voir dans ce projet de résolution une nouvelle tentative de ses « partenaires occidentaux », pour utiliser les contradictions internes d’un État, l’Ukraine, pour dispenser des allégations fallacieuses à l’encontre de la Russie.  Les droits de l’homme sont le dernier des soucis des coauteurs de ce texte et, en particulier, des autorités de Kiev, a affirmé la Fédération de Russie.  Elle s’est étonnée de l’exhaustivité du rapport et a dénoncé une tentative des coauteurs pour présenter la situation comme s’il y avait conflit armé.  Si on en croit la terminologie, cela voudrait dire qu’il y a quatre ans que l’Ukraine mène une guerre contre la Russie, a affirmé le représentant, soit un conflit aussi long que la Seconde Guerre mondiale.  En Russie, personne ne compte entretenir des rapports conflictuels avec « nos frères ukrainiens ».  Cependant, les Criméens se sont exprimés et ont fait le choix de vivre « loin des idoles ukrainiennes, partisans des nazis ».  Ils se sont exprimés dans le cadre d’un référendum d’autodétermination.  Ils ont fait le choix de s’exprimer librement.  La Crimée et la ville de Sébastopol sont des régions russes.  La Fédération de Russie garantit le respect et les droits de tous sur son territoire, notamment en Crimée, et ceux qui soutiennent ce projet de résolution vivent dans une « réalité imaginaire parallèle ».

L’Azerbaïdjan a dénoncé le radicalisme et le séparatisme sous toutes leurs formes et a déclaré soutenir l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues.  Il appuie le principe d’une résolution du conflit au sein du système des Nations Unies.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a déclaré s’opposer au deux poids, deux mesures et à la sélectivité.  Pour elle, les résolutions basées sur un pays n’ont rien à voir avec la promotion et la protection des droits de l’homme, car elles « n’encouragent que l’affrontement alors qu’il faut une atmosphère favorable pour résoudre les questions de droits de l’homme ».  La RPDC votera donc contre le texte.

Le Venezuela s’est déclaré opposé à toutes les procédures spéciales et a rejeté la sélectivité, surtout quand elle est fondée sur motif politique, en violation de la Charte des Nations Unies.  Pour le Venezuela, la coopération et le dialogue sont la voie qui permettra de promouvoir et protéger les droits de l’homme.  C’est l’Examen périodique universel qui permet de traiter de ces questions.

Le Bélarus a déclaré inacceptable le fait de politiser les sujets portant sur les droits de l’homme et avoir toujours contesté l’examen de rapports de pays, comme celui-ci, qui ne permettent pas d’améliorer la confiance entre les pays concernés et exacerbent la confrontation.  Pour le Bélarus, les résolutions de pays ne permettent pas de progresser en matière de droits de l’homme.  Il votera contre le projet de résolution.

La République islamique d’Iran a déclaré que les accusations contenues dans les rapports et les projets de résolution de pays étaient contreproductives et que les examens de pays détruisaient la coopération.  L’Iran votera contre.

Après le vote, Singapour a rappelé sa position de principe d’opposition aux résolutions de pays.  Le texte adopté est, pour lui, sélectif et non fondé sur une volonté de réformer la situation des droits de l’homme.  Singapour s’est abstenue, mais ce vote « n’altère pas » sa position concernant la Crimée.

L’Argentine a fait part de sa préoccupation et partage le point de vue du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, notamment face aux violations des droits de la communauté tatare.  Elle lance un appel pour que tous les droits de l’homme des populations de Crimée soient protégés.

La Suisse partage la préoccupation des auteurs du projet de résolution au sujet de la situation des droits de l’homme en Crimée.  C’est pour cette raison qu’elle a voté en faveur du texte.  La Suisse salue les rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme traitant de la situation en Crimée et soutient, en particulier, l’appel à un renforcement du suivi international.  De même, elle estime que les violations et atteintes des droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire devraient être traitées par cette Commission de manière exhaustive et impartiale, en examinant la responsabilité de tous les acteurs concernés, et en appelant au respect de leurs obligations.  C’est pourquoi elle regrette que la résolution soit déséquilibrée et appelle tous les acteurs concernés à respecter leurs obligations et à mettre en œuvre les recommandations du Haut-Commissariat afin de garantir les droits de l’homme de chaque individu en Crimée.

La Hongrie a voté en faveur de la résolution pour témoigner son soutien à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Cependant, la Hongrie ne s’est pas portée coauteur car l’État ukrainien est lui aussi coupable de violations de droits de l’homme et doit lui aussi défendre le droit des minorités, comme celui de décider de la langue d’enseignement pour les minorités.

Le Burundi a voté contre cette résolution et dénoncé la politisation des droits de l’homme tout en faisant part de sa préoccupation face à la tendance à utiliser la Troisième Commission à des fins politiques.

L’Ukraine a voulu rappeler à la Fédération de Russie que, contrairement à ses affirmations et au parallèle fait entre la situation en Crimée et la Seconde Guerre mondiale, celle-ci avait duré sept ans et non pas quatre ans et avait « commencé avec la signature du pacte Molotov-Ribbentrop », entre l’URSS et l’Allemagne nazie.

Examen d’un projet de résolution

La Troisième Commission a commencé l’examen du projet de résolution L.50 portant sur la « Situation des droits de l’homme en République arabe syrienne » mais n’a pas eu le temps de se prononcer aujourd’hui.

Toutefois, la Troisième Commission a été appelé à se prononcer sur sa propre compétence concernant le paragraphe 31 du projet de résolution L.50, aux termes duquel l’Assemblée générale « se félicite des rapports du Mécanisme pour 2017 et 2018 et invite le chef de celui-ci à lui faire rapport chaque année au mois d’avril lorsqu’elle se réunit en session plénière, à compter de sa soixante-treizième session, au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Prévention des conflits armés », dans les limites des ressources existantes.  Le représentant de la République islamique d’Iran a estimé que la Troisième Commission n’avait pas cette compétence et a demandé un vote séparé sur la question. 

Par 88 voix pour, 13 voix contre et 48 abstentions, la Troisième Commission s’est déclarée compétente.  Elle se prononcera demain, vendredi 16, sur le projet de résolution lui-même.

La Fédération de Russie a vu dans ce vote un exemple flagrant de pratiques politisées honteuses et estimé que le contenu des résolutions était de plus en plus éloigné de la réalité.  Pour la Fédération de Russie, le document présenté est un concentré toxique de tout ce que les opposants de Damas n’ont pas utilisé pour empoisonner d’autres enceintes, « un instrument pour régler des comptes géopolitiques et on bafoue la Charte des Nations Unies ».  L’adoption de ce projet de résolution irait à l’encontre du développement durable et de la stabilité en Syrie.  En conséquence, la Fédération de Russie appelle tous les États qui voulaient agir pour la stabilisation de ce pays à voter contre ce projet de résolution L.50.

Déclaration générale

La République arabe syrienne a déploré le « surréalisme politique » auquel venait de se livrer l’Arabie saoudite lors de la présentation du projet de résolution L.50.  La République arabe syrienne réitère son rejet total de tout ce que contient le projet de résolution saoudien.  Elle y voit un « projet politique par excellence », qui traduit la grande animosité des autorités saoudiennes face à la Syrie et « l’expression flagrante de la politique du deux poids, deux mesures de la part de certains États Membres ».  Ce projet de résolution reflète la « situation désastreuse » des Nations Unies, puisque « le gouvernement de l’État chargé de présenter ce projet de résolution est le dernier gouvernement qui pourrait parler des droits de l’homme ».  La République arabe syrienne a qualifié le projet de « blague » parce que l’Arabie saoudite « ne possède pas les critères les plus élémentaires du respect des droits de l’homme ».  Le représentant syrien a notamment relevé que son homologue saoudien avait évoqué la tenue d’élections, un Parlement et le rôle de la femme en Syrie, « des questions essentielles qui sont consolidées dans la société syrienne depuis des milliers d’années avant même que l’Arabie saoudite ne soit créée ».

En outre, pour la République arabe syrienne, les coauteurs ont inclus dans le projet de résolution des éléments qui ne sont pas dans le mandat de la Troisième Commission, tels que des éléments du paragraphe 31 du dispositif relatif, aux termes duquel l’Assemblée générale « se féliciterait des rapports du Mécanisme pour 2017 et 2018 et inviterait le chef de celui-ci à lui faire rapport chaque année au mois d’avril lorsqu’elle se réunit en session plénière, à compter de sa soixante-treizième session, au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Prévention des conflits armés », dans les limites des ressources existantes.  La République arabe syrienne appelle à voter contre ce projet de résolution. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: la répartition géographique du personnel de l’ONU au cœur du débat sur la stratégie globale des ressources humaines 2019-2021

Soixante-treizième session
15e séance – matin
AG/AB/4302

Cinquième Commission: la répartition géographique du personnel de l’ONU au cœur du débat sur la stratégie globale des ressources humaines 2019-2021

La stratégie globale des ressources humaines 2019-2021 du Secrétaire général de l’ONU a été saluée, aujourd’hui, par les délégations de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, sans pour autant faire l’unanimité.  La Fédération de Russie a dénoncé l’absence de « visibilité financière » alors que le Groupe des 77 et la Chine estimaient que beaucoup reste à faire pour assurer l’équité dans la représentation géographique au Secrétariat. 

Entre le 30 juin 2014 et le 31 décembre 2017, le système de l’ONU a vu le nombre de ses fonctionnaires passer de 74 960 à 75 903.  Le Secrétariat a connu une baisse de 41 426 à 38 105 fonctionnaires dont 33% d’administrateurs et de fonctionnaires de rang supérieur et 57% d’agents des services généraux et des catégories apparentées.  La proportion globale de femmes est de 35,9% et l’âge moyen des fonctionnaires est de 45,1 ans.

La stratégie globale des ressources humaines s’articule autour des trois composantes: un cadre propice à l’action pour la gestion stratégique du personnel; une politique proactive de recrutement et de gestion des talents; et la transformation de la culture institutionnelle de l’Organisation.  Avant de se prononcer, la Fédération de Russie a réclamé davantage d’informations, regrettant « l’absence de visibilité financière ».  L’Union européenne a dit « attendre avec impatience » d’en discuter, y compris des propositions sur l’amélioration de la planification des effectifs, l’autonomisation des responsables sur le terrain, l’amélioration des procédures de recrutement, la diversité, le renforcement du multilinguisme et la gestion de la performance.  Nous avons la responsabilité de donner au Secrétariat les moyens qui lui permettront de réaliser son mandat, ont souligné le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie (groupe CANZ). 

Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) estime, dans son rapport, que la stratégie globale doit être le résultat d’une évaluation exhaustive de la mise en œuvre de toutes les initiatives de réforme de ces 10 dernières années.  Elle doit, précise le Comité, traiter des questions qui ont régulièrement posé des difficultés au fil du temps, notamment les irrégularités dans le processus de sélection du personnel, le rajeunissement des effectifs par le recrutement de candidats externes, l’égalité de traitement des candidats internes et externes, la nécessité d’améliorer la gestion et l’appréciation de la performance, le nombre d’engagements temporaires et les obstacles à la réalisation des objectifs d’équilibre entre les sexes et de représentation géographique équitable.

Cette dernière question a été au cœur des préoccupations de nombreux États Membres.  Au Secrétariat, le nombre de fonctionnaires soumis à la répartition géographique a augmenté de 6%, passant de 2 901 à 3 074.  Tous les postes internationaux financés à partir du budget ordinaire doivent être soumis au principe de représentation géographique équitable, a martelé le Groupe des États d’Afrique.

Le déséquilibre dans la représentation géographique reste une grave préoccupation, ont avoué le Groupe des 77 et la Chine.  Le tableau est sombre, a acquiescé l’Inde: moins de 10% des 38 000 membres du personnel de l’ONU sont couverts par le système de fourchette optimale, 64 États Membres sont non et sous-représentés dont 50 du monde en développement.  Le Japon a souligné qu’il fait partie de la catégorie des pays sous-représentés.

Le nombre d’États Membres se situant dans « la fourchette optimale » pour la représentation aux postes soumis à la répartition géographique a diminué de 14%, passant de 120 à 103, dit encore le Secrétaire général, dans son rapport.  La formule de cette représentation dite « système des fourchettes optimales » qui date de 1960, n’a subi de modification depuis 1987.  Les critères de base restent toujours 55% pour le facteur contribution, 40% pour celui de la qualité de Membre et 5% pour celui de la population.  Pour l’Inde, les contributions importantes des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police devraient être incluses dans la « formule ». 

Le Secrétaire général propose, pour remédier au déséquilibre actuel, d’étudier la « diversité régionale » des fonctionnaires du Secrétariat et de chaque entité qui le compose et d’en faire une référence pour mesurer les progrès accomplis.  La Fédération de Russie a dit craindre des doublons voire une violation des dispositions de la Charte des Nations Unies.  Car, a-t-elle soutenu, si l’on parle de diversité régionale, on oublie le principe de représentation géographique.  Le système actuel est fondé sur des contributions nationales, a-t-elle ajouté, pour pointer l’inexistence des contributions régionales dans le système des quotes-parts de l’ONU.  Le Japon a appelé à « une approche des plus prudentes ».  Le Pakistan a, en revanche, appelé à soutenir la volonté du Secrétaire général de redynamiser le système.  Le Groupe des 77 et la Chine ont promis d’examiner avec attention les propositions du Secrétaire général. 

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine réunion demain, vendredi 16 novembre, à partir de 15 heures, pour examiner le cinquième rapport d’étape annuel sur le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève.

GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la gestion des ressources humaines (A/73/497)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné ceux du Secrétaire général sur les données démographiques relatives au personnel du Secrétariat (A/73/79); le personnel fourni à titre gracieux, les fonctionnaires retraités, les consultants et les vacataires (A/73/79/Add.1); la stratégie globale des ressources humaines 2019-2021 (A/73/372); une vue d’ensemble de la réforme de la gestion des ressources humaines pour la période 2017-2018 (A/73/372/Add.1); et sur l’évaluation du système des fourchettes optimales (A/73/372/Add.3).

Sur une période de trois ans et demi, du 30 juin 2014 au 31 décembre 2017, le nombre de fonctionnaires du Secrétariat et des entités apparentées du système des Nations Unies a augmenté de 1,3%, passant de 74 960 à 75 903; le nombre de fonctionnaires du Secrétariat a diminué de 8%, passant de 41 426 à 38 105; la proportion des administrateurs et des fonctionnaires de rang supérieur dans l’effectif total du Secrétariat est passée de 30% à 33%, tandis que la part des agents des services généraux et des catégories apparentées est passée de 60% à 57%.  La proportion des personnes titulaires d’un engagement à titre permanent ou d’un engagement continu dans l’effectif total a augmenté, passant de 17% à 26%, tandis que celle des personnes titulaires d’un engagement de durée déterminée a diminué, passant de 78% à 67%.  La proportion globale de femmes par rapport à l’effectif total est passée de 34,1% à 35,9%, l’âge moyen des fonctionnaires du Secrétariat a augmenté, passant de 43,8 à 45,1 ans; le nombre de fonctionnaires du Secrétariat soumis à la répartition géographique a augmenté de 6%, passant de 2 901 à 3 074; le nombre d’États Membres se situant dans la fourchette optimale pour la représentation aux postes soumis à la répartition géographique a diminué de 14%, passant de 120 à 103; et le nombre moyen d’années de service au Secrétariat est passé de 7,2 en 2014 à 8,4 ans au 31 décembre 2017.

Le Comité consultatif note une nouvelle fois que l’analyse des tendances n’est pas suffisamment fouillée, ce qui ne permet pas d’en comprendre les raisons profondes afin de prendre des mesures correctives et d’améliorer les politiques en conséquence.  Il note également qu’un grand nombre d’États Membres sont proches de la limite inférieure de la fourchette optimale et risquent de tomber dans la catégorie des États Membres sous-représentés et s’inquiète que, depuis 2014, le nombre d’États Membres a augmenté dans les catégories non représentés et sous-représentés.  Le Comité consultatif se dit une nouvelle fois préoccupé par le nombre réduit de postes d’administrateurs à la classe de début et par l’effet préjudiciable que cela peut avoir sur le rajeunissement des effectifs, l’équilibre géographique et l’avancement professionnel.

S’agissant de la vue d’ensemble de la réforme de la gestion des ressources humaines pour la période 2017-2018, le Secrétaire général propose d’étendre aux agents des services généraux et des catégories apparentées et aux agents du Service mobile jusqu’à la classe FS-5 le principe de l’égalité de traitement de tous les candidats à des postes de la catégorie des administrateurs des classes P-1 et P-2; de ne plus donner la possibilité de nommer à des postes des classes P-1 et P-2 des lauréats des concours de passage de G à P, de sorte que les postes relevant du système des fourchettes optimales soient pourvus exclusivement par des candidats originaires d’États Membres non représentés ou sous-représentés; de ramener de 45 à 30 jours la durée normale d’affichage des avis de vacance de poste spécifiques pour la catégorie des administrateurs et fonctionnaires de rang supérieur; de relever le plafond de rémunération fixé pour les retraités percevant une pension de retraite à l’équivalent de six mois de traitement au point médian du barème des traitements; et d’approuver la suppression de l’obligation faite aux fonctionnaires de renoncer au statut de résident permanent dans un pays autre que celui de leur nationalité avant d’être nommés à l’Organisation.

Le Comité consultatif estime que le Secrétaire général devrait élaborer une proposition de projet pilote et, en attendant, il recommande que toutes les dispositions existantes concernant le programme Jeunes administrateurs, y compris celles qui portent sur le passage de la catégorie des services généraux et des catégories apparentées à la catégorie des administrateurs, soient maintenues.  Il rappelle que l’Assemblée générale a prié le Secrétaire général de veiller à ce que les candidats internes et les candidats externes soient traités sur un pied d’égalité pour ce qui est de l’examen de leurs candidatures à des postes vacants.  Le Comité juge aussi insuffisantes les informations communiquées sur le recrutement à partir de listes de réserve et de ses incidences sur l’éventuel recrutement de candidats externes.  Il compte que des informations détaillées seront fournies, y compris sur les politiques en la matière, les types de listes tenues par différents bureaux du Secrétariat, les prévisions de dépenses afférentes à l’établissement et à la tenue des listes, les disponibilités des candidats présélectionnés au moment du recrutement et le nombre de candidats sélectionnés sur les listes de réserve.

Le Comité compte également que le Secrétaire général fournira des informations plus détaillées sur la mise en pratique de la période d’affichage de 45 jours et tant que l’Assemblée ne se sera pas prononcée, il ne recommande pas la proposition du Secrétaire général tendant à réduire encore la durée normale d’affichage des postes à pourvoir.  Il note surtout que la recommandation du Secrétaire général ne porte que sur la période d’ouverture des postes aux candidatures, alors qu’il ne s’agit que d’un élément parmi d’autres influant sur les délais de recrutement et que d’autres facteurs, comme l’examen et l’évaluation par les responsables des postes à pourvoir, contribuent à des retards considérables dans le processus de recrutement.  Le Comité recommande donc à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général d’entreprendre une analyse plus poussée de chaque étape de la procédure de recrutement, par réseau d’emplois, mettant en évidence son impact sur les retards.

Le Comité consultatif estime par ailleurs que le relèvement du plafond de rémunération en vigueur pour les fonctionnaires retraités de l’ONU risquerait de conduire à faire plus souvent appel aux services de ces personnes, ce qui va à l’encontre de l’action menée pour rajeunir le Secrétariat et améliorer la planification de la relève.  Il recommande aussi à l’Assemblée de revenir sur l’obligation pour les fonctionnaires de renoncer au statut de résident permanent d’un pays autre que celui de leur nationalité.

La stratégie globale des ressources humaines 2019-2021, explique le Comité, s’articule autour des trois composantes: un cadre propice à l’action pour la gestion stratégique du personnel, ayant pour objectif d’établir un cadre de gestion des ressources humaines simplifié, décentralisé, souple et tenant compte des réalités sur le terrain, qui guide la gestion stratégique des ressources humaines et appuie la délégation de pouvoirs; une politique proactive de recrutement et de gestion des talents, ayant pour objectif de recruter, perfectionner et retenir un personnel mobile, répondant aux besoins du terrain, performant, multilingue et divers; et la transformation de la culture institutionnelle de l’Organisation, ayant pour objectif d’assurer le bien-être du personnel et un effectif engagé qui travaille dans un milieu de travail habilitant.  Le Comité estime que la stratégie proposée devrait être le résultat d’une évaluation exhaustive de la mise en œuvre de toutes les initiatives de réforme ces 10 dernières années, et traiter des questions qui ont régulièrement posé des difficultés au fil du temps, notamment les irrégularités dans le processus de sélection du personnel, le rajeunissement des effectifs par le recrutement de candidats externes, l’égalité de traitement des candidats internes et externes, la nécessité d’améliorer la gestion et l’appréciation de la performance, le nombre d’engagements temporaires et les obstacles à la réalisation des objectifs d’équilibre entre les sexes et de répartition géographique équitable.

Le Comité consultatif estime aussi que le plan de mise en œuvre de la stratégie manque d’information et de clarté et devrait être axé en priorité sur les questions les plus persistantes et prévoir des échéances et des objectifs mesurables, réalisables et spécifiques.  Il recommande également à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de fournir des informations financières plus détaillées sur les ressources susceptibles d’être nécessaires pour assurer la mise en œuvre des mesures stratégiques.  Il recommande une nouvelle fois que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de mettre au point une stratégie globale destinée à améliorer la représentation géographique et estime que le concept de diversité régionale ne devrait pas être utilisé pour mesurer les progrès accomplis. 

Institué en 1960, le système des fourchettes optimales permettant de mesurer les progrès accomplis en vue de parvenir à une large et équitable répartition géographique n’a guère été modifié depuis 1987.  Les critères de base étant toujours 55% pour le facteur contribution, 40% pour celui de la qualité de Membre et 5% pour celui de la population.  Comme le Secrétaire général l’indique, toutes les propositions supposent l’actualisation des limites inférieure et supérieure de la fourchette optimale en fonction du chiffre de base et du nombre d’États Membres les plus récents.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. KARIM SAMIR ISMAIL ALSAYED (Égypte) a dit que l’ONU doit être fondée sur un personnel talentueux, international, diversifié géographiquement, composé d’autant d’hommes que de femmes et représentant véritablement tous les peuples pour lesquels travaille l’Organisation.  Le représentant a rappelé que les principes de représentation géographique équitable et de parité entre les sexes sont essentiels pour le Groupe.  Il a estimé qu’il y a encore beaucoup à faire, se disant particulièrement préoccupé par la mauvaise représentation géographique au Secrétariat.  Il a adhéré aux conclusions du CCQAB et souligné que l’Assemblée générale a besoin d’informations plus complètes et plus claires sur la manière dont la parité des sexes et la représentation géographique sont reflétées dans tous les postes du Secrétariat et pas seulement dans les 3 000 qui y sont soumis.  Le représentant a exprimé son intention d’examiner les propositions du Secrétaire général sur le système des fourchettes optimales. 

Il s’est aussi inquiété de la hausse de l’âge moyen du personnel du Secrétariat et jugé qu’en dépit des progrès concernant la santé et le bien-être du personnel, les prestations de soins de santé pour le personnel des lieux d’affectation hors siège demeurent préoccupantes.  Adhérant aussi aux remarques du CCQAB sur le processus de recrutement et les listes de réserve, le représentant a également repris les observations du Comité sur les compétences linguistiques.  La bonne maîtrise de la langue officielle dans certains lieux d’affectation doit être dûment prise en compte lors du processus de recrutement, a-t-il souligné.    

Pour ce qui est du rapport du Corps commun d’inspection (CCI) qui a évalué les programmes de stages, il a relevé que plusieurs recommandations du rapport de 2009 du CCI n’ont pas été mises en œuvre.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme CAROLINE NALWANGA MAGAMBO (Ouganda) a pris note de la proposition du Secrétaire général de ramener de 45 à 30 jours la durée normale d’affichage des avis de vacance de poste spécifiques pour la catégorie des administrateurs et fonctionnaires de rang supérieur, d’utiliser des outils et technologies d’évaluation plus rapides des candidats, comme les entretiens vidéo, et d’accélérer le recrutement du personnel en ayant davantage recours aux listes de réserve.  Mme Magambo a indiqué que son Groupe entend examiner ces propositions afin de veiller à ce qu’elles ne désavantagent pas les candidats issus des États d’Afrique et des pays en développement.

Concernant la représentation géographique du personnel, la représentante a pris note de la sous-représentation des États d’Afrique dans la plupart des départements de l’Organisation.  Elle a par conséquent appuyé les propositions du Secrétaire général visant à améliorer la représentation géographique équitable du personnel et la diversité régionale, y compris en soumettant tous les postes internationaux financés à partir du budget ordinaire au principe de la représentation géographique.

La représentante a salué les initiatives visant à améliorer la mobilité géographique du personnel.  Toutefois, elle a appelé à faire en sorte que ces initiatives ne pénalisent pas les femmes avec des enfants en bas âge qui ne peuvent pas être affectées dans des lieux d’affectation de catégorie H.  En outre, Mme Magambo a souligné l’intention de son Groupe d’examiner la proposition du Secrétaire général visant à ne plus donner la possibilité de nommer à des postes des classes P-1 et P-2 des lauréats des concours de passage de G à P.  Elle a précisé que son Groupe analyserait dans quelle mesure cette proposition permettra d’améliorer la représentation géographique du personnel.

Par ailleurs, la représentante a indiqué que son Groupe saluait la nouvelle politique visant à mieux protéger contre les représailles le personnel ayant signalé des actes délictueux ou ayant coopéré dans le cadre d’audits et d’enquêtes autorisés.  Elle a souligné l’intention de son Groupe d’examiner si la proposition du Corps commun d’inspection (CCI) sur la protection des lanceurs d’alerte avait bien été prise en compte dans la formulation de la nouvelle politique.

Mme Magambo a en outre indiqué que son Groupe analysera avec intérêt le cadre d’utilisation des retraités et consultants pour certaines catégories de personnel.  Le Groupe appuiera notamment la création d’une prime de fin de service au personnel arrivé en fin de contrat, « même après plusieurs années de contrat, voire plusieurs décennies », en particulier pour le personnel recruté localement ne pouvant être réaffecté dans un autre lieu d’affectation de l’Organisation.

Enfin, la représentante s’est félicitée du lancement d’initiatives en septembre 2017 afin d’améliorer la parité entre hommes et femmes dans l’ensemble du système des Nations Unies.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme DIANA MINYI LEE (Singapour) a rappelé que l’examen complet de la gestion des ressources humaines intervenait cette année dans le contexte d’une « vague déferlante de changements sur l’ONU ».  Dans ce cadre, Mme Lee a appelé à poursuivre les efforts pour améliorer la parité entre les sexes et la représentation géographique équitable au niveau du personnel de l’Organisation.  Ces deux principes doivent d’ailleurs « aller de pair », a-t-elle ajouté.  En dépit des progrès réalisés en la matière, la représentante a exhorté le Secrétaire général à redoubler d’efforts pour faire de la représentation géographique équitable une réalité à tous les niveaux, y compris aux postes de fonctionnaires de rang supérieur.  Elle l’a également appelé à améliorer la façon de mesurer et rapporter le niveau de représentation géographique du personnel.  L’Assemblée générale a besoin d’informations « plus précises et plus claires » sur l’état de la parité entre les sexes, de la représentation géographique et des postes de rang supérieur parmi les près de 38 000 fonctionnaires du Secrétariat, a-t-elle insisté.

Par ailleurs, Mme Lee a salué les initiatives du Secrétaire général pour accélérer les procédures de recrutement et améliorer le système de gestion de la performance.  Elle a appelé à ce que ces changements contribuent à renforcer le recrutement de personnels issus de pays en développement, ainsi qu’à instaurer davantage de transparence et de cohérence au sein du système.  Enfin, la représentante a appelé à mettre l’accent sur la formation continue du personnel.  « Si nous attendons de l’ONU qu’elle soit plus efficace, flexible et innovante, nous devons investir dans son personnel », a-t-elle affirmé.

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), M. FINNIAN CHESHIRE (Nouvelle-Zélande) a apporté son appui à l’objectif du Secrétaire général dans la stratégie globale des ressources humaines du Secrétaire général.  Le personnel est la ressource la plus précieuse de l’ONU et nous devons entretenir son talent et sa passion, reconnaître et récompenser équitablement sa contribution, et améliorer la culture de la performance.  Le groupe CANZ, a-t-il dit, saluent les efforts concertés du Secrétaire général pour améliorer l’accessibilité, la diversité, y compris l’égalité des sexes, et la représentation géographique équitable.  Il est important de poursuivre l’élan des deux dernières années et soutenir les nouvelles approches qui comprennent les meilleures pratiques pour améliorer l’exécution du travail sur le terrain.  Nous avons la responsabilité de donner au Secrétariat les moyens qui lui permettront de réaliser son mandat, a conclu le représentant. 

Au nom de la Suisse et du Liechtenstein, M. FELIX SIEGFRIED WANNER (Suisse) a estimé que l’ONU devait disposer d’un personnel compétent et motivé pour s’acquitter efficacement de ses mandats.  L’Organisation a pour cela besoin d’un système moderne et simplifié de gestion des ressources humaines, a-t-il estimé, afin de gagner en efficacité, en efficience et en souplesse, le tout selon une logique davantage axée sur les résultats.

Le représentant a estimé que des progrès importants avaient été réalisés dans certains domaines, notamment pour instaurer la parité entre hommes et femmes au sein du Conseil de gestion.  De ce point de vue, il a estimé que le Secrétaire général s’était révélé être un « véritable champion de l’égalité des sexes ».  Cependant, des réformes profondes sont encore nécessaires dans d’autres domaines, a-t-il estimé.

À cette fin, le représentant a salué la stratégie globale des ressources humaines du Secrétaire général et ses efforts visant à renforcer la gestion des ressources humaines à l’ONU.  La direction de l’Organisation doit donner l’exemple et faire de la gestion des ressources humaines une priorité claire pour l’avenir, a-t-il insisté, appelant à redoubler d’efforts pour attirer des employés très motivés, les retenir et assurer leur perfectionnement.

Par ailleurs, le délégué suisse a appelé à faire en sorte que l’instauration d’un environnement de travail stimulant et d’une gestion proactive des talents figurent au cœur de la nouvelle stratégie.  Par exemple, il a jugé que les membres du personnel devaient se sentir encouragés à exprimer leurs idées et leurs opinions sans craindre des représailles.  Ce n’est qu’à ces conditions que l’ONU pourra devenir le milieu de travail innovant et stimulant que nous souhaitons, a-t-il affirmé.

En outre, le représentant a insisté sur l’importance de la gestion de la performance du personnel pour que l’Organisation puisse atteindre ses objectifs et que le personnel soit responsabilisé.  Un système crédible et équitable de gestion de la performance doit récompenser les bons résultats, mais également trouver les moyens de prendre des mesures en cas de résultats insuffisants, a-t-il ajouté, estimant que l’évaluation de la performance devrait être un processus dans lequel le personnel et les responsables hiérarchiques travaillent de concert pour planifier, contrôler et réviser les objectifs de travail en vue d’améliorer les résultats.

Mme LAURA KIM DEMETRIS, déléguée de l’Union européenne, a salué la vision du Secrétaire général sur la transformation de la gestion des ressources humaines afin de concrétiser le nouveau paradigme de gestion, garantir une meilleure utilisation des ressources de l’ONU et soutenir l’exécution efficace du programme et du mandat de l’Organisation.  La représentante a ajouté que l’Union européenne attend avec impatience de discuter de la stratégie globale, y compris les propositions sur l’amélioration de la planification des effectifs, l’autonomisation des responsables sur le terrain, l’amélioration des procédures de recrutement, la diversité, le renforcement du multilinguisme et une gestion de la performance qui reconnaisse le bon travail et qui permette aux gestionnaires de lutter contre les contre-performances, pour veiller à ce que les effectifs de l’ONU reflètent des normes élevées d’efficacité, de compétence et d’intégrité.

Mme Demetris a salué les efforts du Secrétaire général pour avoir un personnel véritablement représentatif de tous les peuples pour lesquels l’ONU travaille.  Elle a applaudi l’engagement de M. António Guterres à parvenir à la parité entre les sexes parmi les hauts responsables.  Mais elle s’est dite préoccupée d’un déséquilibre entre les sexes récurrent au sein du personnel de l’ONU, en particulier en dehors du Siège.  Elle a en revanche salué les efforts pour assurer la diversité géographique dans tous les types de sièges.  L’Union européenne, a-t-elle dit, est prête à apporter son appui total pour que l’Organisation ait les outils nécessaires pour assoir le principe de la responsabilité et assurer la délégation de pouvoirs.  L’Union européenne appuie les efforts d’évaluation de la politique de mobilité et attend de recevoir en 2019 une proposition pour un nouveau système de mobilité qui soutienne un personnel expérimenté et souple, nécessaire à l’Organisation et à une mise en œuvre efficace du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a rappelé les lacunes du système de gestion des ressources humaines, telles que soulignées par le Secrétaire général lors du lancement de sa réforme de l’ONU en juillet dernier, dont la nécessité d’améliorer le processus de recrutement en vue d’agrandir le réservoir des candidats qualifiés, le besoin de mettre en place une gestion stratégique prévisionnelle globale des besoins en personnel et la nécessité d’améliorer le système de gestion de la performance. 

La représentante a rappelé que les États Membres ont souscrit, en juillet dernier, et à l’unanimité, à la vision du Secrétaire général de réformer le paradigme de la gestion de l’Organisation et de transformer sa culture.  Les membres du personnel sont la clef de cette vision, a-t-elle ajouté, appelant les responsables à communiquer avec leur personnel de manière constante et efficace, tout en veillant à responsabiliser ce dernier de façon à reconnaître la bonne performance et sanctionner la mauvaise.

Mme Norman-Chalet a félicité le Secrétaire général pour avoir formulé plusieurs propositions concrètes visant à améliorer le recrutement, le développement et la rétention de personnel hautement performant.  Elle s’est toutefois déclarée préoccupée par les lenteurs dans la mise en œuvre d’un système de gestion des performances capable d’écarter les personnels les moins performants.  Ces différents efforts doivent selon elle aller de pair, afin d’instaurer un véritable climat de responsabilité et de confiance dans la bonne gestion des ressources humaines, au service d’une meilleure exécution des mandats.  

La représentante a en outre appuyé les efforts du Secrétaire général en matière de prévention de l’exploitation, des abus et du harcèlement sexuel, ainsi qu’en matière de protection des lanceurs d’alerte contre les représailles.

Mme AL MANSOUR (Émirats arabes unis) a demandé un débat constructif sur la stratégie globale du Secrétaire général.  Elle a souhaité se familiariser avec les détails de la stratégie, s’agissant en particulier du recrutement des jeunes talents des pays sous-représentés.  Elle a suggéré au Secrétariat de tirer parti de l’expérience des autres agences de l’ONU.  Compte tenu de l’absence de citoyens émiratis dans le personnel de l’ONU, mon gouvernement, a indiqué la représentante, a signé un mémorandum avec des agences de l’ONU et le Secrétariat pour faciliter leur entrée aux Nations Unies.  

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a estimé que les fonctionnaires internationaux travaillant à l’ONU doivent respecter les normes les plus élevées d’intégrité, de justice et d’équité.  Il a salué la volonté du Secrétaire général de redynamiser la gestion des ressources humaines, afin de rajeunir le personnel, d’améliorer la parité entre hommes et femmes, de renforcer la représentation géographique du personnel, d’encourager la mobilité et de mieux respecter les fourchettes optimales.  Ces idéaux sont cependant loin d’être mis en œuvre aujourd’hui, a regretté le représentant, saluant les initiatives du Secrétaire général pour que l’Organisation soit plus efficace, transparente et responsable. 

Le délégué pakistanais a ainsi noté que le pourcentage de participation des femmes n’avait augmenté que faiblement et que le pourcentage d’États Membres dans la fourchette optimale avait diminué, de même que les recrutements de candidats externes.  Dans le même temps, il a noté que les recrutements de pays surreprésentés avaient augmenté.  Il a par conséquent appelé à soutenir le Secrétaire général dans sa volonté de redynamiser le système des fourchettes optimales pour améliorer la représentation géographique.

Mme HIND JERBOUI (Maroc) a réitéré son plein appui à la proposition du Secrétaire général visant à harmoniser la gestion des ressources humaines à travers une structure binaire chargée des fonctions des ressources humaines.  Cette structure demeure la voie la plus appropriée pour garantir une approche unifiée de la gestion des ressources humaines dans l’ensemble du Secrétariat, pour éviter les doubles emplois et assurer davantage de responsabilisation et de reddition de comptes, a ajouté la représentante.  Elle a estimé que la stratégie globale permet de faire face aux défis actuels et d’exécuter efficacement et avec responsabilité les mandats établis par les États Membres.

Prenant note des rapports du Secrétaire général et du CCQAB, elle a mis en exergue les principes fondamentaux sur lesquels repose la nouvelle stratégie à savoir la répartition géographique équitable, la parité et la prévention de toutes les formes d’exploitation et d’atteintes sexuelles.  La déléguée s’est aussi félicitée des progrès réalisés dans la désignation des femmes aux postes clefs, dans la répartition géographique des postes élevés, dans la gestion prévisionnelle des besoins en personnel et dans le recrutement et le rajeunissement du personnel de l’ONU.  L’objectif est, a rappelé la représentante, de permettre au système des Nations Unies d’attirer et de retenir des profils hautement qualifiés capables de travailler dans un contexte pluridisciplinaire, multiculturel et intersectoriel.  Les managers sont appelés à prôner l’unité d’action de l’Organisation et à établir des partenariats solides, a-t-elle conclu.

M. DAISUKE WAKABAYASHI (Japon) a estimé que le principal atout de l’Organisation était son personnel.  Dans ce cadre, il a jugé qu’une bonne gestion des ressources humaines était essentielle pour assurer un fonctionnement efficace de l’ONU qui, afin d’accomplir ses mandats, doit selon lui attirer et retenir un personnel hautement qualifié et motivé.

M. Wakabayashi a en outre mis l’accent sur l’importance de la gestion de la performance.  Nous saluons la formulation et la mise en œuvre d’une nouvelle approche de la gestion de la performance et d’une évaluation à 360 degrés du personnel de rang supérieur, a-t-il précisé, estimant que ces évolutions devraient permettre de garantir des normes élevées d’efficacité et de compétence du personnel.

S’agissant de la diversité du personnel, le représentant a souligné qu’il s’agissait d’une des principales caractéristiques de l’Organisation.  À ses yeux, l’absence de représentation ou la sous-représentation de certains États Membres constitue un défi de longue date pour le Secrétariat.  Le Japon faisant partie de la catégorie des pays sous-représentés, le délégué a appelé le Secrétariat à redoubler d’efforts pour garantir une répartition géographique équitable.  À ce titre, il a noté que le Secrétaire général avait proposé plusieurs options pour revoir les fourchettes optimales de répartition géographique.  Étant donné la grande importance de cette question, le délégué a toutefois estimé que la révision des fourchettes optimales exigeait une « approche des plus prudentes ».

Rappelant que moins de 10% des 38 000 membres du personnel de l’ONU sont couverts par le système des fourchettes optimales, et que 64 pays figurent parmi les États Membres non et sous-représentés dont 50 pays en développement, M. MAHESH KUMAR (Inde) a déclaré que « ces chiffres brossent un tableau très sombre de la représentation inéquitable actuelle ».  Actuellement, le taux de contribution d’un État Membre au budget ordinaire de l’ONU a une influence prépondérante sur la détermination de la fourchette optimale.  Cela met les économies en développement dans une situation très défavorisée.  Cette formule nécessite une révision, a tranché M. Kumar.  Nous avons cette année l’occasion de reformer le système.  Le Secrétaire général en a présenté plusieurs options.  Nous espérons qu’un consensus se dégagera pour élargir le nombre de postes de base dans le système de fourchettes optimales, de manière à remédier au déséquilibre actuel entre le poids des trois facteurs. 

La suggestion d’inclure les pays fournisseurs de contingents et de police pour le maintien de la paix doit être sérieusement examinée, a suggéré le délégué.  Leurs contributions importantes et durables devraient être ajoutées à la formule.  En ce qui concerne les postes financés au titre du Compte d’appui aux opérations de maintien de la paix, la représentation des principaux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police est loin d’être satisfaisante, a encore dénoncé le représentant qui a ajouté que la disparité régionale reste particulièrement marquée dans les postes de haut rang: près de la moitié des commandants de Force ou 6 sur 14 viennent du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États qui représentent seulement 14% des États Membres.  Les 53 nations du Groupe Asie-Pacifique qui font 27% du total des membres de l’ONU et plus de la moitié de la population mondiale constituent seulement autour de 17% du personnel de l’Organisation.  Les causes de cette disparité ont besoin d’être examinées avec soin afin d’envisager des mesures rectificatives.  Nous prenons note du concept de diversité régionale en tant qu’indicateur général des niveaux de disparité.  Cependant, nous craignons que l’accent mis sur ce concept ne vienne détourner notre attention de l’objectif même d’une représentation géographique équitable, a averti le représentant.

M. YARON WAX (Israël) a salué les initiatives de réforme des ressources humaines du Secrétaire général.  Il a appelé à mettre en œuvre ces mesures rapidement pour remédier aux lacunes existantes en matière de procédure de sélection du personnel, y compris au niveau du recrutement de candidats externes et du manque de parité entre hommes et femmes dans la composition du personnel de l’Organisation.

Le représentant a en outre appelé à faire davantage pour mettre en place un système efficace de prévention du harcèlement sexuel.  Il a également appelé à des mesures pour améliorer la rapidité du recrutement du personnel du Secrétariat à tous les niveaux.  À ses yeux, la réduction proposée du temps d’affichage des postes n’est pas suffisante pour parvenir à cet objectif.  Il a par conséquent invité le Secrétaire général à travailler à des améliorations supplémentaires.

Par ailleurs, le délégué israélien a regretté le retard pris pour pourvoir le poste P-5 de spécialiste des questions de santé mentale à la Division des services médicaux.  Il a appelé le Secrétariat à mettre en œuvre la stratégie relative à la santé mentale au sein de l’Organisation.

S’agissant de la proposition du Secrétaire général de ne plus nommer à des postes des classes P-1 et P-2 des lauréats des concours de passage de G à P, le représentant a voulu que l’on examine la question plus avant de trouver des solutions satisfaisantes pour tous.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a rappelé que l’objectif de la réforme était d’améliorer la gestion du personnel.  « Je viens d’avoir une idée pour améliorer cette gestion », a-t-il affirmé.  « Nous pourrions faire en sorte que les femmes soient plus mobiles; pourquoi ne pas rendre les femmes plus mobiles dans le cadre d’un projet pilote », a proposé le délégué dans le plus grand silence, avant d’ajouter: « Mais non, je plaisante, c’était une plaisanterie ».

Reprenant son sérieux, le représentant a demandé des informations plus analytiques et plus détaillées pour rendre compte des évolutions et tendances au niveau de la composition du personnel.  S’agissant des propositions du Secrétaire général concernant la diversité régionale, il a estimé que ces dernières risquaient de créer des doublons dans la sélection du personnel voire même se révéler contraires aux dispositions de la Charte des Nations Unies.  Quand on parle de diversité régionale, on oublie le principe de représentation géographique, a-t-il dit craindre.  Le système actuel des fourchettes optimales est basé sur les contributions nationales.  Or, à ma connaissance, il n’y a pas de contributions régionales dans le système des quotes-parts de l’ONU, a-t-il fait observer. 

Par ailleurs, le représentant a regretté « l’absence de visibilité » eu égard aux incidences financières des propositions liées à la stratégie globale des ressources humaines 2019-2021.  Il nous faut davantage d’informations sur cette stratégie avant de pouvoir prendre des décisions, a-t-il estimé.  Enfin, le représentant russe a jugé que certaines propositions du Secrétaire général risquent de réduire encore davantage les opportunités des candidats externes, qui ne représentent que 30% des recrutements pour la période allant de 2013 à 2017.

M. SHOKRI S. I. BENHAMIDA (Libye) a insisté sur la nécessité de soutenir les candidatures des jeunes des pays en développement et de respecter la répartition géographique équitable.  On ne saurait, s’est-il impatienté, réserver les postes de rang supérieur à certains pays.  Le représentant s’est donc réjoui que la réforme de la gestion des ressources humaines du Secrétaire général entende remédier à ce problème.  La réforme doit donner aux ressortissants de tous les États l’occasion de participer sur un pied d’égalité au travail du Secrétariat et des autres agences des Nations Unies.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des palestiniens transmet quatre projets de texte à l’Assemblée générale et entend un plaidoyer pour le rétablissement économique de Gaza

Soixante-treizième session,
392e séance – matin
AG/PAL/1416

Le Comité des palestiniens transmet quatre projets de texte à l’Assemblée générale et entend un plaidoyer pour le rétablissement économique de Gaza

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a recommandé, aujourd’hui, l’adoption de quatre projets de résolution par l’Assemblée générale, au cours d’une brève réunion qui a notamment été marquée par les avertissements lancés par le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 au sujet de l’économie de la bande de Gaza.

Le Président du Comité, M. Cheikh Niang, a souligné que les textes transmis pour adoption sont de la plus haute importance pour la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.  Ces projets, a-t-il précisé, portent notamment sur le travail du Comité, de la Division des droits des Palestiniens et du programme d’information spécial sur la question de Palestine du Département de l’information.

Un autre texte porte plus spécifiquement sur la résolution pacifique de la question de la Palestine et contient cette année, a précisé l’Observateur permanent de l’État de Palestine, un nouveau libellé qui exhorte les États Membres à faire la distinction entre le territoire d’Israël et les territoires occupés depuis 1967, et à ne pas reconnaître d’autres frontières que celles qui prévalaient jusqu’en 1967.

La mise aux voix des quatre projets de résolution du Comité aura lieu le 30 novembre à l’Assemblée générale.

Venu présenter son dernier rapport, le Rapporteur spécial, M. Michael Lynk, a d’ailleurs estimé que la situation actuelle sur le terrain n’est plus différentiable d’une annexion, ayant dépassé, selon lui, le stade d’une occupation temporaire.

Le Rapporteur a notamment déploré que l’espoir d’une réconciliation politique continue d’échapper à la communauté internationale, s’indignant que même si cette dernière a déclaré la politique israélienne de colonies de peuplement illégale, les colons qui se trouvent en Cisjordanie démontrent « clairement » l’intention d’Israël de garder le contrôle de ces terres.

Des lois ont même été votées pour légitimer et régulariser ces implantations, s’est-il alarmé, avant de prédiquer qu’un seul État contenant deux peuples sera mis en place, mais que « seulement une population jouira de droits ».

M. Lynk s’est également préoccupé de l’état de l’économie dans la bande de Gaza qui, a-t-il indiqué, a connu un cycle de sous-développement ces cinq dernières années, la Banque mondiale allant même jusqu’à la décrire, dans un récent rapport, comme étant « emprisonnée »: une économie anémique, avec 70% de chômage chez les jeunes, et seulement cinq heures d’électricité par jour avant qu’un don du Qatar permette de les étendre à 10 heures quotidiennes.

De plus, ces derniers mois, l’un des principaux points de passage a été fermé.  Les services de santé s’effondrent.  Le travail de l’UNRWA* est entravé par des problèmes financiers.  Et selon certaines études, s’est-il encore alarmé, il sera impossible d’y vivre en 2020.  Il s’agit, a-t-il dit, d’une crise qui vient se greffer sur une catastrophe déjà présente.

Déplorant par ailleurs les milliers de Palestiniens qui ont été blessés et les 200 qui sont morts, y compris lors de la Grande Marche du retour, M. Lynk a exigé la levée du blocus aérien, maritime et terrestre, « châtiment collectif », avertissant qu’il n’y aura pas de rétablissement à Gaza sans la fin de ce blocus.

« Le rétablissement économique et social de Gaza est crucial, et doit surtout aller de pair avec la fin de l’occupation et la garantie de l’autodétermination des Palestiniens, a-t-il insisté. »

Au préalable, l’Observateur permanent de l’État de Palestine avait rapporté que la Ligue des États arabes avait conclu, aujourd’hui même, une réunion d’urgence au cours de laquelle elle avait notamment condamné les récentes actions d’Israël à Gaza et adopté une résolution prohibant toute normalisation des relations entre les États arabes et Israël tant que ce dernier ne sera pas retiré des territoires occupés.

Insistant sur l’importance d’ouvrir la voie à un processus politique qui débouche sur la création de deux États, M. Riyad Mansour a, par ailleurs, regretté que le Conseil de sécurité ne se soit pas montré à la hauteur de ses responsabilités pour condamner la récente « agression » d’Israël contre la bande de Gaza, provoquée, selon lui, par une opération « bâclée » des forces israéliennes à Khan Yunes. 

Cependant, plusieurs membres ont évoqué la possibilité que le Conseil se rende dans la région, ce qui représenterait une évolution positive, a-t-il tempéré.

Le Président du Comité a, par ailleurs, profité de cette réunion pour rappeler la célébration, le 28 novembre, de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien et passer en revue les différents événements prévus à cette occasion.  L’Organisation de la Conférence islamique a annoncé la tenue d’une série de manifestations culturelles à Djedda, Washington et Bruxelles, tandis que l’Indonésie a rapporté que son Gouvernement avait organisé, en octobre, une semaine de solidarité avec la Palestine pour sensibiliser la population indonésienne au sort des Palestiniens vivant dans les territoires occupés. 

La prochaine réunion du Comité sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

*Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

République centrafricaine: le Conseil de sécurité proroge, jusqu’au 15 décembre 2018, le mandat de la MINUSCA

8401e séance – matin    
CS/13579

République centrafricaine: le Conseil de sécurité proroge, jusqu’au 15 décembre 2018, le mandat de la MINUSCA

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé jusqu’au 15 décembre 2018 le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). 

Adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, la résolution 2446 (2018) a été présentée par la France, qui a expliqué que cette prorogation technique « pour une durée d’un mois » répondait à la demande de l’un des membres du Conseil « d’effectuer les démarches requises par sa législation interne pour pouvoir voter le projet de résolution discuté au cours des dernières semaines ».

Les États-Unis ont remercié la France d’avoir accordé à leur délégation ce délai supplémentaire, se réjouissant d’œuvrer à l’élaboration de ce nouveau mandat.

Évoquant le fond du texte qui sera présenté plus tard pour adoption, le délégué français a estimé que les négociations étaient arrivées à leur terme.  La France, a-t-il précisé, a recherché « l’équilibre le plus fin » entre les différentes positions exprimées pour favoriser le consensus. 

Le projet de résolution à l’étude contient également, a-t-il assuré, un certain nombre d’éléments importants pour le soutien que la Mission pourrait apporter aux autorités centrafricaines dans leurs efforts en faveur de la paix et de la réconciliation dans le pays: « maintien du format et du mandat robuste de la MINUSCA; soutien politique possible à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine; soutien supplémentaire, enfin, que la MINUSCA pourrait apporter aux autorités centrafricaines pour étendre l’autorité de l’État sur le territoire ».

La Côte d’Ivoire, les Pays-Bas et le Royaume-Uni se sont félicités de l’adoption d’aujourd’hui, et ont remercié la France d’avoir présenté le texte.  Pour la Chine, le projet de résolution qui sera examiné dans les semaines à venir devrait renforcer l’unité du Conseil et adresser un message positif à Bangui. 

S’il s’agit de revenir au « texte très ambitieux » examiné le mois dernier, la France devra redoubler d’efforts, a estimé la Fédération de Russie.  Selon cette délégation, il faudra reconnaître qu’en République centrafricaine, « on doit travailler avec ceux qui veulent relever ce pays ».  Ce n’est pas un « lieu de confrontation », mais de « recherche de sortie de crise ». 

La délégation russe a exhorté à « renoncer à l’égoïsme et aux intérêts nationaux restreints ».  « Ceux qui font part de leurs bonnes intentions ne devraient pas envisager de projets parallèles », a-t-elle ajouté, en se disant prête à coopérer avec les autres membres du Conseil pour préserver l’unité du Conseil, « indispensable » sur ce dossier.

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (S/2018/922)

Texte du projet de résolution (S/2018/1025)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations sur la République centrafricaine, en particulier ses résolutions 2121 (2013), 2127 (2013), 2134 (2014), 2149 (2014), 2181 (2014), 2196 (2015), 2212 (2015), 2217 (2015), 2262 (2016), 2264 (2016), 2281 (2016), 2301 (2016), 2339 (2017), 2387 (2017) et 2399 (2018) ainsi que sa résolution 2272 (2016) et les déclarations de sa présidence en date des 18 décembre 2014 (S/PRST/2014/28), 20 octobre 2015 (S/PRST/2015/17), 16 novembre 2016 (S/PRST/2016/17), 4 avril 2017 (S/PRST/2017/5), 13 juillet 2017 (S/PRST/2017/9) et 13 juillet 2018 (S/PRST/2018/14),

Prenant note du rapport du Secrétaire général en date du 15 octobre 2018 (S/2018/922), qui présente les conclusions et recommandations de l’examen stratégique indépendant de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), réalisé de juin à septembre 2018,

Constatant que la situation en République centrafricaine constitue toujours une menace contre la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger le mandat de la MINUSCA, tel qu’énoncé dans la résolution 2387 (2017), jusqu’au 15 décembre 2018;

2.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Abyei: le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 15 mai 2019 le mandat de la FISNUA et renforce sa composante de police

8400e séance – matin 
CS/13578

Abyei: le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 15 mai 2019 le mandat de la FISNUA et renforce sa composante de police

Constatant que la situation actuelle à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales, le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé jusqu’au 15 mai 2019 le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), qu’il avait prorogé jusqu’au 15 avril 2019 le mois dernier.

En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2445 (2018), présentée par les États-Unis, le Conseil a également décidé de réduire l’effectif maximum autorisé de 4 500 à 4 140 militaires jusqu’au 15 mai 2019.  En outre, cet effectif perdra 295 personnels en tenue de plus dès qu’auront été déployés les policiers supplémentaires demandés par le Conseil, et dont le nombre sera porté de 50 à 345.  

La résolution demande à l’ONU de prendre rapidement les mesures nécessaires pour atteindre ce plafond, qui comprendra « 185 policiers hors unités constituées et une unité de police constituée ».  Elle « exige » du Soudan et du Soudan du Sud qu’ils aident pleinement la FISNUA à déployer ces agents, « notamment en délivrant rapidement des visas ».

Il est également demandé au Secrétaire général de nommer un « chef civil adjoint » de la FISNUA, chargé d’appuyer la mise en œuvre de l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei et de parvenir à un règlement politique de la question du statut de ce territoire, « à moins que les parties progressent vers une solution politique ».

Cette demande est conforme à la recommandation* du Secrétaire général lui-même, pour qui « la Force intérimaire ne dispose pas de moyens civils suffisants pour faire en sorte que les parties restent engagées dans le dialogue politique ». Ce chef civil adjoint sera « le principal coordonnateur pour ce qui est de la liaison avec la population locale de la zone d’Abyei, les dirigeants traditionnels et les structures administratives en place à Abyei et Moughlad, ainsi que pour le suivi régulier des engagements pris en vue de la mise en œuvre des accords signés », précise le chef de l’Organisation.

Aux termes de la résolution, le Conseil déplore en effet que le Soudan et le Soudan du Sud aient pris peu de mesures à cet égard et pour parvenir à un règlement politique de la question du statut d’Abyei, et demande aux parties d’informer, d’ici au 15 avril 2019, le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique de l’état d’avancement des mesures pertinentes qu’elles doivent prendre.

Le représentant du Soudan s’est félicité de l’adoption de cette résolution et a réaffirmé son engagement en faveur de la mise en œuvre des accords, y compris ceux relatifs à la sécurité et à la coopération en date du 27 septembre 2012.  Tout en soulignant la nécessité de poursuivre les négociations et de créer les institutions provisoires dans la zone d’Abyei, il a fait observer que la question de son statut ne pouvait être examinée qu’à partir de la reconnaissance du fait qu’Abyei fait « partie intégrante » du Soudan.

De son côté, son homologue sud-soudanais a déclaré que son gouvernement est déterminé à tirer parti du rapprochement actuel entre Djouba et Khartoum, ainsi que des « développements régionaux positifs », pour « rassurer » les communautés d’Abyei « quant au fait qu’une solution satisfaisante sera bientôt trouvée ».

Dans le préambule de la résolution adoptée aujourd’hui, le Conseil reconnaît que, après être parvenue à stabiliser et à démilitariser la zone d’Abyei au cours des sept années écoulées depuis sa création, la FISNUA est maintenant une force de sécurité intérimaire « sans stratégie de sortie viable » et qu’il y a lieu de « reconfigurer la mission de façon à instaurer les conditions propices à un processus politique viable servant également de stratégie de sortie ».

En l’absence du Service de police d’Abyei, dont la création est prévue par l’Accord concernant les arrangements provisoires, le Conseil note que la FISNUA demeure donc « la seule entité chargée d’assurer le respect de la loi et le maintien de l’ordre ».  Aussi demande-t-il instamment que « l’on continue » de progresser vers la création d’institutions provisoires.

*S/2018/778

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD 

Texte du projet de résolution (S/2018/1021)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations de sa présidence concernant la situation au Soudan et au Soudan du Sud, notamment ses résolutions 1990 (2011), 2024 (2011), 2032 (2011), 2046 (2012), 2047 (2012), 2075 (2012), 2104 (2013), 2126 (2013), 2156 (2014), 2179 (2014), 2205 (2015), 2230 (2015), 2251 (2015), 2287 (2016), 2318 (2016), 2352 (2017), 2386 (2017), 2411 (2018), 2412 (2018), 2416 (2018) et 2438 (2018), les déclarations de sa présidence parues sous les cotes S/PRST/2012/19 et S/PRST/2013/14, ainsi que les déclarations de la présidence à la presse des 18 juin 2012, 21 septembre 2012, 28 septembre 2012, 6 mai 2013, 14 juin 2013, 14 février 2014, 17 mars 2014, 11 décembre 2014 et 27 novembre 2015,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Soudan et du Soudan du Sud, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et rappelant l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale,

Déclarant à nouveau que les frontières territoriales des États ne sauraient être modifiées par la force et que les différends territoriaux doivent être réglés exclusivement par des moyens pacifiques, affirmant qu’il donne la priorité à la mise en œuvre intégrale et immédiate de tous les éléments de l’Accord de paix global encore en suspens et insistant sur le fait que le statut futur d’Abyei doit être déterminé par voie de négociations entre les parties dans le respect de l’Accord de paix global et non par des actions unilatérales de l’une ou l’autre des parties,

Soulignant que la coopération constante entre le Gouvernement de la République du Soudan et le Gouvernement de la République du Soudan du Sud est essentielle pour la paix, la sécurité et la stabilité ainsi que pour l’avenir des relations entre les deux États, encourageant les progrès dans l’amélioration des relations bilatérales et la tenue de réunions régulières du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité et des autres mécanismes conjoints, et demandant aux deux gouvernements de mettre en œuvre les engagements pris dans l’Accord conclu le 20 juin 2011 entre le Gouvernement de la République du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, l’Accord conclu le 29 juin 2011 entre le Gouvernement du Soudan et le Gouvernement du Sud-Soudan sur la sécurité des frontières et le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, l’Accord conclu le 30 juillet 2011 entre le Gouvernement du Soudan et le Gouvernement du Soudan du Sud concernant la Mission d’appui à la surveillance de la frontière et l’Accord de coopération et l’Accord sur les dispositions de sécurité conclus par les deux États le 27 septembre 2012, ainsi que toutes les décisions ultérieures du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité,

Saluant le concours que continuent de prêter aux parties l’Union africaine, le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement, la République fédérale démocratique d’Éthiopie, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Soudan et le Soudan du Sud, dont les responsabilités seront assumées à l’avenir par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, et la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA),

Reconnaissant qu’après être parvenue à stabiliser et à démilitariser la zone d’Abyei au cours des sept années écoulées depuis sa création, la FISNUA est maintenant une force de sécurité intérimaire sans stratégie de sortie viable et prenant note à cet égard du fait qu’il y a lieu de reconfigurer la mission de façon à instaurer les conditions propices à un processus politique viable servant également de stratégie de sortie,

Notant qu’au cours des sept dernières années, le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais n’ont guère avancé dans le processus politique décrit dans les accords de 2011 et de 2012 susmentionnés, en manquant notamment à leurs obligations d’organiser des réunions régulières du Comité mixte de contrôle d’Abyei et de créer l’Administration de la zone d’Abyei et le Service de police d’Abyei,

Soulignant l’évolution de la menace dans la zone d’Abyei décrite par le Secrétaire général dans sa lettre du 20 août 2018 (S/2018/778) et prenant note des conditions de sécurité dans la zone d’Abyei décrites par le Secrétaire général dans son rapport du 15 octobre 2018 (S/2018/923),

Se félicitant du travail fait par la police des Nations Unies pour conseiller et encadrer la population locale en l’absence du Service de police d’Abyei, demandant instamment aux deux parties de créer le Service de police d’Abyei, saluant le rôle accru que joue la FISNUA dans la promotion du dialogue intercommunautaire et exhortant toutes les parties à poursuivre ces dialogues,

Saluant les efforts que déploie la FISNUA pour s’acquitter efficacement de son mandat, en veillant notamment à faciliter les migrations pacifiques dans toute la zone d’Abyei, à prévenir les conflits et à mener des activités de médiation et de dissuasion, soulignant fermement que toutes les attaques perpétrées contre le personnel des Nations Unies sont inacceptables et réaffirmant que de telles attaques, qui sont susceptibles de constituer un crime de guerre, doivent donner lieu à des enquêtes rapides et approfondies et que leurs auteurs doivent être amenés à en répondre,

Rappelant qu’il s’est félicité, dans sa résolution 2205 (2015), de la décision du Secrétaire général de nommer un chef civil de mission,

Ayant à l’esprit que la population de la zone d’Abyei continue de dépendre de l’assistance humanitaire, qu’il demeure crucial de permettre aux organisations humanitaires d’accéder aux populations qui ont besoin d’aide, et que les organisations humanitaires continuent de fournir une assistance à 182 000 personnes dans la zone d’Abyei,

Rappelant sa résolution 2378 (2017), dans laquelle il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris celles portant sur l’exécution de ces opérations, soient utilisées pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis, et rappelant également sa résolution 2436 (2018), dans laquelle il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que soient prises sur la base de mesures objectives de la performance les décisions visant à reconnaître l’excellence des performances ou à inciter à l’excellence et les décisions ayant trait aux déploiements, à la remédiation, à la formation, au gel des remboursements et au rapatriement de personnel en tenue ou au renvoi de personnel civil,

Rappelant également sa résolution 1325 (2000) et ses résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité et soulignant que les obstacles qui continuent d’entraver la pleine application de ces résolutions ne pourront être éliminés que moyennant un engagement résolu en faveur de l’autonomisation et de la participation des femmes, ainsi que du respect des droits des femmes, dans le cadre d’initiatives concertées et grâce à des informations, des mesures et un appui cohérents visant à accroître la participation des femmes à la prise de décisions à tous les niveaux, et rappelant également sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il a émis le souhait que les femmes soient plus nombreuses dans les contingents militaires et les effectifs de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Se déclarant préoccupé par la présence résiduelle de mines et de restes explosifs de guerre dans la zone d’Abyei et par la menace qu’elle représente, qui compromet la sécurité du retour des personnes déplacées et des migrations ainsi que les activités de subsistance,

Constatant que la situation actuelle à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

1.    Décide de proroger jusqu’au 15 mai 2019 le mandat de la FISNUA établi au paragraphe 2 de la résolution 1990 (2011) et, agissant en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, décide également de proroger jusqu’au 15 mai 2019 le mandat de la Force défini au paragraphe 3 de la résolution 1990 (2011);

2.    Rappelle sa résolution 2412 (2018), par laquelle il a décidé de proroger jusqu’au 15 avril 2019 le mandat de la FISNUA modifié par sa résolution 2024 (2011) et le paragraphe 1 de sa résolution 2075 (2012), rappelle également sa résolution 2438 (2018), par laquelle il a décidé qu’il s’agirait de la dernière prorogation à l’appui du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière à moins que les deux parties n’accomplissent des progrès mesurables et prennent les mesures énoncées au paragraphe 3 de la résolution 2438 (2018), et demande aux parties de prendre ces mesures;

3.    Décide de réduire l’effectif maximum autorisé à 4 140 militaires jusqu’au 15 mai 2019, décide également de réduire cet effectif de 295 militaires dès que les policiers supplémentaires visés au paragraphe 4 auront été déployés, et décide en outre qu’à compter du 15 avril 2019, l’effectif maximum autorisé sera réduit de 557 militaires supplémentaires, à moins qu’il ne décide de proroger le mandat modifié par la résolution 2024 (2011) et le paragraphe 1 de la résolution 2075 (2012), conformément au paragraphe 2 de la résolution 2438 (2018);

4.    Décide de porter l’effectif maximum autorisé dans la résolution 1990 (2011) à 345 policiers, dont 185 policiers hors unités constituées et une unité de police constituée, demande à l’Organisation des Nations Unies de prendre les mesures nécessaires pour déployer rapidement des policiers supplémentaires afin que ce nouvel effectif autorisé de 345 soit atteint, exige que le Gouvernement du Soudan et le Gouvernement du Soudan du Sud aident pleinement la FISNUA à déployer ces agents, notamment en délivrant rapidement des visas, et entend réduire progressivement l’effectif maximum autorisé du personnel de police à mesure que le Service de police d’Abyei sera constitué et qu’il sera en mesure d’assurer le respect de l’état de droit dans toute la zone d’Abyei;

5.    Entend demander au Secrétaire général de nommer un chef civil adjoint de la FISNUA, qui sera chargé d’appuyer la mise en œuvre de l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei et de parvenir à un règlement politique de la question du statut d’Abyei, à moins que les parties progressent vers une solution politique;

6.    Exprime son intention de continuer à revoir comme il convient la configuration et le mandat de la FISNUA à la lumière des recommandations formulées par le Secrétaire général, notamment dans ses lettres du 22 avril 2018 et du 20 août 2018, et sur la base des progrès accomplis dans l’application des Accords de coopération du 27 septembre 2012 et la détermination du statut définitif d’Abyei dans le respect de l’Accord de paix global;

7.    Déplore que les parties aient pris peu de mesures pour appliquer l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei et parvenir à un règlement politique sur le statut d’Abyei, demande aux parties d’informer le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique de l’état d’avancement des mesures répertoriées ci-dessous et invite le Groupe et l’Envoyé spécial du Secrétaire général à l’en informer également d’ici au 15 avril 2019:

1.    Détermination du statut définitif d’Abyei, y compris les mesures visant à examiner la proposition faite en 2012 par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, compte tenu en particulier des communiqués du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en date du 24 octobre 2012, du 26 octobre 2013 et du 6 février 2018,

2.    Mise en œuvre de toutes les décisions du Comité mixte de contrôle d’Abyei, conformément à l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei de juin 2011,

3.    Mesures prises par la Commission de l’Union africaine pour présenter au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine les conclusions et recommandations formulées par la Commission d’enquête conjointe de la zone d’Abyei, comme le Conseil de paix et de sécurité l’a demandé dans son communiqué du 31 juillet 2015, et mesures visant à promouvoir la réconciliation et la participation des populations misseriya et ngok dinka;

8.    Demande instamment que l’on continue de progresser vers la création d’institutions provisoires dans la zone d’Abyei, conformément à l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, conclu en juin 2011, prend note en particulier du fait qu’en l’absence du Service de police d’Abyei, la FISNUA demeure la seule entité chargée d’assurer le respect de la loi et le maintien de l’ordre, prend note également de l’état des lieux dressé du 30 novembre 2017 au 2 février 2018 par la police des Nations Unies en collaboration avec les organismes, fonds et programmes des Nations Unies et les chefs traditionnels des deux communautés en vue de la création à terme du Service de police d’Abyei, prend acte de la nomination, par les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, des responsables chargés de participer à une opération de planification conjointe intégrée et établir une feuille de route en vue de la création du Service de police d’Abyei, et exhorte les deux gouvernements à participer à cette opération d’ici au 15 avril 2019;

9.    Encourage le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et l’Envoyé spécial du Secrétaire général à poursuivre les efforts de coordination visant à faciliter la pleine application des accords de 2011, et encourage la FISNUA à coopérer avec eux s’agissant du processus de réconciliation, des activités de sensibilisation et du processus de paix politique;

10.   Se félicite de l’intensification des efforts déployés pour déterminer définitivement le tracé de la ligne médiane de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée sur le terrain, et rappelle que la ligne médiane ne préjuge en rien du statut juridique actuel et futur de la frontière, de l’issue des négociations en cours sur les zones contestées et revendiquées ni de la démarcation des frontières;

11.   Souligne que le mandat de protection des civils dont est investie la FISNUA en vertu du paragraphe 3 de la résolution 1990 (2011) autorise notamment la Force à prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils contre toute menace imminente de violences physiques, quelle qu’en soit la source, souligne à cet égard que les soldats du maintien de la paix sont autorisés à recourir à tous les moyens nécessaires, y compris l’emploi de la force s’il s’impose, pour protéger les civils qui se trouvent sous la menace de violences physiques, conformément au mandat de leur mission, à la Charte des Nations Unies et au droit international applicable, et appelle l’attention sur le fait qu’il importe que les hauts responsables des missions continuent de s’investir toujours plus dans la protection des civils, l’objectif étant de faire en sorte que toutes les composantes des missions et tous les niveaux de la chaîne de commandement soient bien informés du mandat de protection des civils et des responsabilités qui en découlent, soient formés à cette mission et s’en acquittent; et saluant les efforts de la FISNUA à cet égard;

12.   Condamne la présence intermittente de personnel des services de sécurité sud-soudanais et le déploiement des unités de la police du pétrole de Diffra dans la zone d’Abyei, en violation de l’Accord du 20 juin 2011, et toute entrée de milices armées sur le territoire, exige à nouveau que le Gouvernement sud-soudanais retire ses forces de sécurité de la zone d’Abyei et que le Gouvernement soudanais en retire la police du pétrole de Diffra, immédiatement et sans condition préalable, et rappelle à nouveau que, conformément à ses résolutions pertinentes, en particulier les résolutions 1990 (2011) et 2046 (2012), la zone d’Abyei doit être démilitarisée, toutes les forces autres que celles de la FISNUA et du Service de police d’Abyei devant s’en retirer, ainsi que les éléments armés des populations locales;

13.   Demande instamment aux deux gouvernements de prendre toutes les mesures nécessaires pour procéder à la démilitarisation effective d’Abyei, notamment en mettant en place des programmes de désarmement, selon que de besoin;

14.   Réaffirme que, selon l’autorisation accordée dans la résolution 1990 (2011), la FISNUA, agissant dans les limites de son mandat et de ses capacités, peut procéder à la confiscation et à la destruction d’armes dans la zone d’Abyei, en coordination avec les signataires de l’Accord de juin 2011 concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, le Comité mixte de contrôle d’Abyei et les populations misseriya et ngok dinka et conformément à la décision du Comité mixte de contrôle de faire d’Abyei une « zone exempte d’armes »;

15.   Demande à la FISNUA de poursuivre son dialogue avec le Comité mixte de contrôle d’Abyei et les populations misseriya et ngok dinka en vue de mettre en place des stratégies et mécanismes efficaces de contrôle permettant de garantir pleinement le respect par l’ensemble des parties concernées du statut d’Abyei comme zone exempte d’armes, et demande au Gouvernement du Soudan et au Gouvernement du Soudan du Sud, au Comité mixte de contrôle et aux populations misseriya et ngok dinka de collaborer pleinement avec la FISNUA à cet égard;

16.   Se félicite des initiatives prises par la FISNUA pour soutenir le dialogue des communautés et les efforts fournis par les populations misseriya et ngok dinka, notamment l’action des comités pour la paix, pour renforcer les relations intercommunautaires et promouvoir la stabilité et la réconciliation dans la région d’Abyei, et invite la FISNUA à travailler en coordination avec l’administration mise en place à Abyei par Djouba et avec l’administration misseriya à Mouglad, en s’appuyant sur les capacités civiles voulues, pour maintenir la stabilité, promouvoir la réconciliation intercommunautaire et faciliter le retour des personnes déplacées dans leurs villages ainsi que la prestation des services;

17.   Demande instamment aux deux gouvernements de prendre immédiatement des mesures pour renforcer la confiance entre les différentes communautés de la zone d’Abyei, en s’assurant que les femmes participent à tous les stades, notamment à la faveur de processus de réconciliation à l’échelon local, en appuyant les efforts déployés par les organisations non gouvernementales pour consolider la paix, et en aidant pleinement la FISNUA à promouvoir le dialogue;

18.   Souligne que la participation des femmes à tous les niveaux du dialogue intercommunautaire est essentielle pour garantir un processus crédible et légitime et demande à toutes les parties de promouvoir une participation des femmes qui soit sans restriction et sur un pied d’égalité avec les hommes;

19.   Salue les efforts que la FISNUA continue de faire pour renforcer, dans la limite de ses capacités et ressources et en coordination étroite avec les populations misseriya et ngok dinka, les capacités des comités de protection de la population locale, afin de contribuer à la gestion des activités de maintien de l’ordre dans la zone d’Abyei, tout en assurant le traitement humain et digne des suspects et autres détenus, et pour poursuivre sa collaboration avec les deux gouvernements sur cette question;

20.   Se félicite de la tenue, le 14 novembre 2017, de la réunion des chefs traditionnels des populations misseriya et ngok dinka, engage toutes les parties à donner pleinement suite aux constatations et recommandations issues de l’enquête de la Commission d’enquête conjointe de la zone d’Abyei sur le meurtre d’un soldat de la paix de la FISNUA et du Chef suprême des Ngok Dinka, suite à la publication des conclusions de la Commission de l’Union africaine, accueille avec satisfaction la déclaration à la presse du 24 mars 2015 par laquelle le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a demandé à la Commission de l’Union africaine d’avoir des échanges avec les parties au sujet de ces constatations et recommandations, et attend avec intérêt la publication, comme convenu par les chefs traditionnels, du rapport de la Commission de l’Union africaine sur le meurtre du chef des Ngok Dinka, lequel doit servir de base à la réconciliation des communautés, compte tenu de la nécessité de promouvoir la stabilité et la réconciliation dans la zone d’Abyei;

21.   Demande à tous les États Membres, en particulier au Soudan et au Soudan du Sud, de garantir la libre circulation, sans entrave ni retard, à destination et en provenance d’Abyei et dans toute la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, de tout le personnel de la FISNUA ainsi que de l’ensemble du matériel, des vivres, des fournitures et des biens, notamment des véhicules, aéronefs et pièces de rechange, destinés à l’usage officiel et exclusif de la FISNUA;

22.   Demande à nouveau au Gouvernement du Soudan et au Gouvernement du Soudan du Sud d’apporter tout leur soutien aux organismes des Nations Unies, et notamment de délivrer rapidement des visas au personnel militaire, au personnel de police et au personnel civil des Nations Unies, y compris au personnel humanitaire, sans considération de nationalité, afin qu’ils puissent entrer au Soudan et au Soudan du Sud, de faciliter l’installation de bases, la construction d’infrastructures, y compris de l’aéroport d’Athony, dans la zone de mission et l’octroi d’autorisations de vol et de fournir un soutien logistique, demande au Gouvernement du Soudan et au Gouvernement du Soudan du Sud de faciliter les déplacements au Soudan et au Soudan du Sud en provenance ou à destination d’Abyei, et demande également à toutes les parties de respecter pleinement leurs obligations au titre de l’Accord sur le statut des forces;

23.   Reconnaît que l’absence de projets de développement ainsi que l’incapacité de fournir des services publics de base ont eu des conséquences défavorables pour les populations d’Abyei, demande au Gouvernement du Soudan et au Gouvernement du Soudan du Sud ainsi qu’aux donateurs d’appuyer les activités d’entretien des routes, de reconstruction et de renforcement des capacités, et se félicite que le Secrétaire ait, dans une lettre (S/2018/778), exhorté à mettre en place des projets de développement mettant l’accent sur la réconciliation;

24.   Exige du Gouvernement du Soudan et du Gouvernement du Soudan du Sud qu’ils continuent de faciliter le déploiement du personnel du Service de la lutte antimines de l’ONU afin qu’il puisse se déplacer librement et que les mines qui se trouvent dans la zone d’Abyei et la zone frontalière démilitarisée et sécurisée puissent être détectées et neutralisées;

25.   Exige également de toutes les parties concernées qu’elles permettent à tous les agents humanitaires d’accéder en toute sécurité et en toute liberté aux populations civiles qui ont besoin d’aide et qu’elles leur accordent toutes les facilités nécessaires à leurs activités, conformément au droit international, y compris au droit international humanitaire applicable, et aux principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire d’urgence;

26.   Demande instamment que toutes les parties cessent toutes formes de violence, de violations des droits de la personne et d’atteintes à ces droits, de violations du droit international humanitaire et, en particulier, de violations et d’atteintes commises contre des femmes et des enfants au mépris du droit international applicable;

27.   Prie le Secrétaire général de pourvoir à la surveillance effective du respect des droits de la personne, en prêtant notamment attention à toute forme de violence sexuelle et sexiste et à toute violation des droits de la personne ou atteinte à ces droits, en particulier à celles commises contre des femmes et des enfants, et demande à nouveau au Gouvernement du Soudan et au Gouvernement du Soudan du Sud d’apporter au Secrétaire général leur plein concours à cette fin, notamment en délivrant des visas au personnel des Nations Unies concerné;

28.   Prie également le Secrétaire général de s’employer à accroître le nombre de femmes au sein de la FISNUA et de veiller à ce que ces dernières participent de manière effective à tous les aspects des opérations;

29.   Se félicite des progrès accomplis par la FISNUA dans la procédure de recrutement d’un conseiller pour la protection des femmes et des enfants et demande au Gouvernement du Soudan et au Gouvernement du Soudan du Sud de délivrer rapidement un visa au conseiller et de faciliter ses déplacements au Soudan et au Soudan du Sud en provenance ou à destination d’Abyei ainsi que dans toute la zone frontalière démilitarisée et sécurisée;

30.   Se félicite des initiatives prises par le Secrétaire général en vue d’instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, réaffirme son soutien à l’élaboration d’un cadre global et intégré de gestion de la performance qui définisse des critères de performance clairs permettant d’évaluer l’ensemble du personnel civil et du personnel en tenue des Nations Unies déployé dans des opérations de maintien de la paix ou appuyant celles-ci, qui facilite l’exécution effective et intégrale des mandats et qui comporte des méthodes globales et objectives fondées sur des indicateurs clairs et bien définis permettant de sanctionner les résultats insuffisants et d’encourager et de récompenser les excellents résultats, et engage le Secrétaire général à l’appliquer à la FISNUA;

31.   Rappelle la déclaration de sa présidence parue sous la cote S/PRST/2015/22 et sa résolution 2272 (2016), prie le Secrétaire général de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour faire en sorte que la FISNUA respecte pleinement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles, de veiller à ce que les antécédents de tous les membres du personnel de la mission soient vérifiés afin de garantir qu’ils n’ont eu aucun comportement sexuel répréhensible pendant qu’ils étaient au service des Nations Unies et de le tenir informé des progrès réalisés par la Force à cet égard dans les rapports qu’il lui adresse, et prie instamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de prendre des mesures de prévention appropriées, notamment en organisant une formation de sensibilisation avant le déploiement, et de veiller à ce que leurs ressortissants déployés qui se rendraient coupables de tels actes aient à en répondre pleinement;

32.   Prend note de l’action que mène le Secrétaire général pour assurer une coopération étroite entre les missions des Nations Unies présentes dans la région, notamment la FISNUA, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), ainsi qu’avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Soudan et le Soudan du Sud, et demande au Secrétaire général de maintenir cette pratique, notamment avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique;

Rapports

33.   Prie le Secrétaire général de continuer à l’informer des progrès accomplis dans l’exécution du mandat de la FISNUA, dans un rapport écrit qu’il lui remettra au plus tard le 15 avril 2019 et qui comportera notamment:

•Des informations sur l’état d’avancement de la réduction des effectifs des contingents et de l’augmentation des effectifs du personnel de police visées aux paragraphes 3 et 4;

•Des informations sur la possibilité de renforcer la composante civile de la FISNUA à l’appui du processus politique, comme indiqué au paragraphe 5;

•Des informations sur les mouvements d’armes à destination d’Abyei et de la présence, de la destruction et de la confiscation d’armes à Abyei, conformément au paragraphe 14;

•Des informations sur les mesures prises conformément aux paragraphes 28 et 30;

•Des informations sur les résultats de la surveillance du respect des droits de la personne, comme demandé au paragraphe 27, notamment des informations, des analyses et des données sur les violations des droits de la personne et atteintes à ces droits;

•Des informations sur les mesures prises par les parties conformément aux paragraphes 7 et 8;

•Des recommandations concernant les modifications à apporter à la configuration et au mandat de la FISNUA, sur la base de consultations avec l’ensemble des parties prenantes concernées, afin d’instaurer les conditions propices à un processus politique viable servant également de stratégie de sortie;

•Un résumé des mesures prises pour améliorer la performance de la mission et remédier aux problèmes en la matière, notamment les défaillances de la direction, les restrictions nationales ayant des répercussions négatives sur l’exécution effective du mandat et les environnements opérationnels difficiles;

34.   Prie le Secrétaire général de l’informer des progrès accomplis dans l’exécution du mandat de la FISNUA dans une note qu’il lui remettra au plus tard le 31 janvier 2019, et de l’informer également de l’état d’avancement de la réduction des effectifs des contingents et de l’augmentation des effectifs du personnel de police visées aux paragraphes 3 et 4;

35.   Décide de rester activement saisi de la question.

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