8443e séance – matin
CS13662

RDC: après les résultats provisoires de la présidentielle, « les prochains jours seront déterminants », affirme la Représentante spéciale

Après l’annonce des résultats provisoires des élections présidentielle et provinciales en RDC, et dans l’attente de ceux des législatives, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), Mme Leila Zerrougui, a affirmé ce matin au Conseil de sécurité que « les prochains jours seront déterminants pour la conclusion de ce processus électoral historique ».  La Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a focalisé son intervention sur les scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux du 30 décembre 2018, alors qu’elle présentait le rapport du Secrétaire général sur les principaux faits nouveaux intervenus en RDC du 2 octobre au 31 décembre 2018.  

Les chiffres publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) hier placent, pour l’élection présidentielle, M. Félix Tshisekedi en première position, suivi de MM. Martin Fayulu et Emmanuel Ramazani Shadary, a-t-elle dit.  Si Mme Zerrougui a relevé le calme qui a prévalu pendant l’attente de la publication des résultats provisoires, qui s’est allongée de trois jours, elle a déploré, « malheureusement, de graves incidents de sécurité à plusieurs endroits, dont la province du Kwilu, où on dénombre 12 morts, tandis que la situation reste tendue dans plusieurs communes de Kinshasa, à la suite d’affrontements entre les partisans des coalitions Lamuka et du CACH et, dans certains cas, également avec la police.

« Les prochains jours seront donc déterminants pour la conclusion de ce processus électoral historique », a averti la Représentante spéciale en expliquant que la semaine à venir pourrait être marquée par des contestations, alors que les résultats définitifs doivent être annoncés par la Cour constitutionnelle dans un délai d’une semaine.  Elle a assuré qu’elle continuerait d’user de ses bons offices auprès de toutes les parties prenantes congolaises pour plaider en faveur du calme et du recours aux procédures judiciaires établies.  Elle a en outre invité la communauté internationale à « manifester sa solidarité collective avec les Congolais » en ce moment où « la République démocratique du Congo se prépare à procéder au premier transfert de pouvoir pacifique de l’histoire du pays ».

En ce qui concerne les circonscriptions de Beni, Beni ville et Butembo dans le Nord-Kivu, et de Yumbi dans la province de Maï-Ndombe, Mme Zerrougui a rappelé que la CENI avait décidé de reporter les élections au mois de mars prochain pour des raisons sanitaires et sécuritaires.  Elle a fait état de réactions « rapides et variées » à l’annonce des résultats de la CENI.  Ainsi, alors que M. Tshisekedi a salué sa propre victoire en se présentant comme Président « de tous les Congolais », la coalition Lamuka a dénoncé ce qu’elle considère comme une fraude électorale, « avec le potentiel de provoquer le désordre dans tout le pays ».

De son côté, le Président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a affirmé au Conseil de sécurité que « l’analyse des éléments en sa possession lui font croire que les résultats de la présidentielle ne correspondent pas aux chiffres de ses observateurs ».  Mgr. Utembi a expliqué que la CENCO avait déployé plus de 40 000 observateurs dans tous les bureaux de vote du pays afin de faire remonter les résultats du scrutin par messages téléphoniques, jusqu’à ce que ce service soit interrompu, puis par le biais de 600 téléphones satellitaires, jusqu’au centre de traitement des données de la CENCO. 

Le Président de la CENI, M. Corneille Nangaa Yobeluo, a dit qu’il s’attendait à des réactions, et en premier lieu de la part de l’Église catholique, comme cela a été le cas en 2006 et en 2011, « pour des raisons que nous savons ».  « La CENCO sera responsable de ce qui adviendra », a-t-il averti.  Selon lui, même si les élections n’ont pas pu être organisées dans « la perfection absolue », l’essentiel a tout de même été sauvegardé.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir les nouvelles autorités, plutôt que de chercher dès à présent à les affaiblir alors que les résultats définitifs ne sont pas encore annoncés. 

Le Président de la CENCO a, pour sa part, appelé le Conseil de sécurité à faire preuve de solidarité à l’égard du peuple congolais, invitant l’organe onusien à demander une publication des procès-verbaux pour chaque bureau de vote, afin que soient comparées les données des candidats avec celles de la CENI, et afin de « lever tout doute et apaiser les esprits ».  Cette exigence de détails ventilés par bureau de vote a été reprise par des membres du Conseil, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Belgique.  Ce dernier a même encouragé la CENCO à partager ses constats et ses chiffres, avant de suggérer que la CENI, « idéalement », permette à des observateurs neutres d’accéder à son serveur central.  Pour la Belgique, les parties prenantes ont également la possibilité de demander un recomptage de voix : dans un « climat de méfiance totale », il est important de garantir une pleine transparence, a-t-il argué.  Si ces résultats sont confirmés, le nouveau Président et le Parlement seront installés dans 10 jours, a fait observer le Président de la CENI, avant de se refuser à présenter ces résultats ou d’en discuter avec d’autres instances ou organismes, s’en tenant au strict respect de ce qui est prévu par la loi de son pays.  Le représentant de la RDC s’est même étonné qu’une telle demande ait été faite par des membres de la communauté internationale.

« Le droit de publier les résultats est une question de souveraineté nationale », a fait remarquer la Fédération de Russie en s’adressant à « ceux qui ont beaucoup commenté les résultats provisoires ».  Cette délégation a jugé inacceptable de faire pression sur les institutions du pays, notamment la CENI, et souhaité que la MONUSCO respecte scrupuleusement son mandat.  Son homologue d’Afrique du Sud a tenu à rappeler que la CENI est « la seule institution compétente pour annoncer les résultats des élections » et il a exigé que les résultats ainsi annoncés soient respectés et acceptés par tous, en particulier par le Conseil de sécurité.

La plupart des orateurs, dont l’Union africaine, ont plaidé pour que les requêtes liées au scrutin soient gérées de manière pacifique, en recourant au droit et au dialogue politique, comme l’a souligné son Observatrice.  Même son de cloche pour la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) qui a fait entendre sa voix par le biais du Ministre des affaires étrangères de la Zambie, celui-ci ayant dirigé une mission d’observation au cours des élections du 30 décembre en RDC.  Enfin, la France a annoncé son intention de proposer aux membres du Conseil de sécurité d’adopter rapidement une déclaration à la presse « qui salue le processus électoral congolais et appelle toutes les parties à construire un consensus national, dans le respect de la paix et de la légalité ».

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (S/2019/6)

Déclarations

Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré que, alors qu’en principe les échanges d’aujourd’hui devaient porter sur le dernier rapport trimestriel sur la situation dans ce pays, elle limiterait son intervention aux faits les plus récents.  « En effet, la mise en œuvre du processus électoral entre dans sa dernière ligne droite », a-t-elle annoncé.  Les élections, initialement annoncées pour le 23 décembre, se sont finalement tenues le 30 sur l’ensemble du territoire national à l’exception des circonscriptions de Beni, Beni ville et Butembo dans le Nord-Kivu et de Yumbi dans la province de Maï-Ndombe, où la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a décidé de les reporter au mois de mars prochain pour des raisons sanitaires et sécuritaires.  La haute fonctionnaire a relaté que des millions de Congolaises et de Congolais s’étaient rendus aux urnes, souvent avec ferveur et, dans la grande majorité des cas, dans le calme, afin de choisir leur futur président ainsi que leurs députés nationaux et provinciaux.  La Représentante les a félicités pour leur « impressionnante maturité » qu’ils ont démontrée lors de cette journée électorale tant attendue et depuis lors. 

L’ensemble des missions d’observation nationales et internationales, ainsi que les équipes de la MONUSCO déployées sur le terrain, ont souligné dans leurs rapports préliminaires que les scrutins s’étaient passés correctement en dépit de problèmes techniques, logistiques et sécuritaires, a poursuivi Mme Zerrougui.  « Toutes se sont accordées à dire que ces difficultés n’avaient toutefois pas entravé la libre circulation des citoyens ainsi que l’exercice de leur droit de vote », a-t-elle observé.  L’attente de la publication des résultats provisoires, allongée de trois jours, s’est également déroulée dans le calme.  La Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) a déclaré avoir mis à profit cette période pour rencontrer le Président de la République et les principales parties prenantes au processus afin de transmettre des messages d’apaisement en amont de la publication des résultats provisoires.  Ceux-ci, qui ont été annoncés dans la nuit de mercredi à jeudi, placent pour l’élection présidentielle M. Félix Tshisekedi en première position, suivi de MM. Martin Fayulu et Emmanuel Ramazani Shadary.  Cette communication avait été précédée de l’annonce des résultats provisoires des élections provinciales, a précisé la Représentante spéciale.

Les réactions à l’annonce de la CENI ont été rapides et variées.  M. Tshisekedi a salué sa propre victoire en se présentant comme président « de tous les Congolais ».  Bien que le Front commun pour le Congo ait déclaré qu’il respecterait les résultats de la CENI, la coalition Lamuka a dénoncé ce qu’elle considère comme une fraude électorale, « avec le potentiel de provoquer le désordre dans tout le pays ».  Alors que les résultats ont été salués par des scènes de joie dans certaines places fortes de l’UNC et de l’UDPS, de nombreux partisans de Lamuka ont reçu la nouvelle « avec un sentiment d’incrédulité », a relaté Mme Zerrougui.  « Malheureusement, de graves incidents de sécurité ont été constatés à plusieurs endroits.  Le plus préoccupant s’est déroulé dans la province du Kwilu, où de violentes manifestations auraient fait au moins 12 morts, dont 2 aux mains de la police nationale et 10 civils tués à balles réelles, ainsi que d’importants biens publics endommagés », a-t-elle déploré.

Nos équipes sont en train de se déployer à Kikwit, où la MONUSCO n’est pas présente, pour obtenir davantage de détails et discuter des moyens de désamorcer les tensions.  À Kisangani et dans plusieurs localités de la province du Kasaï, des affrontements et des déprédations ont été signalés, des allégations de blessures, d’arrestations et de morts sont toujours en cours de vérification.  La situation est également tendue dans plusieurs communes de Kinshasa, à la suite d’affrontements entre les partisans de Lamuka et du CACH et, dans certains cas, également avec la police, a ajouté la Représentante spéciale, qui a déploré tous ces actes de violence et appelé le peuple congolais et les forces de sécurité à faire preuve de calme et de retenue en cette période critique.

La semaine à venir pourrait être marquée par des contestations et un contrôle par la justice des résultats provisoires de l’élection, les résultats définitifs devant être annoncés par la Cour constitutionnelle dans un délai d’une semaine.  « Les prochains jours seront donc déterminants pour la conclusion de ce processus électoral historique », a annoncé la haute fonctionnaire.  Elle a assuré qu’elle continuerait d’user de ses bons offices auprès de toutes les parties prenantes congolaises pour plaider en faveur du calme et du recours aux procédures judiciaires établies.

« Des millions de femmes et d’hommes congolais ont démontré leur engagement envers le processus politique dans leur pays et leur détermination à exercer leur droit de vote démocratique.  Nous devons donc manifester notre solidarité collective avec eux au fur et à mesure que le processus électoral parvient à son terme et que la République démocratique du Congo se prépare à procéder au premier transfert de pouvoir pacifique de l’histoire du pays. »

M. CORNEILLE NANGAA YOBELUO, Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a rappelé que la RDC venait d’organiser ses élections présidentielles, législatives et provinciales le 30 décembre 2018, conformément à la Constitution, la Loi organique et la loi.  Il y a vu le couronnement du travail abattu ces trois dernières années en dépit de multiples difficultés.

Ce processus électoral a été émaillé de contraintes et de méfiance totale entre les différents acteurs, au sujet des politiques et du processus électoral et même envers le Président de la CENI, a-t-il constaté à regret.  Cet environnement a apporté son lot de difficultés dont certaines auraient pu être évitées parce qu’elles procédaient de suspicions et autres, a-t-il expliqué.  « Toute décision prise par la CENI a été critiquée par tel ou tel groupe, y compris la communauté internationale », et même le chiffre des 40 millions d’électeurs inscrits sur les listes a été remis en question, s’est indigné M. Yobeluo.  Toutes les lois adoptées pour diriger le processus électoral ont elles aussi été critiquées reprochant à « certains de s’être fait passer pour des experts en vue de contester le travail de la CENI ».

Pour arriver à cette élection, la CENI a introduit la technologie avec les machines à voter, a indiqué le Président de la Commission, mais « ces machines ont, elles aussi, fait l’objet de refus et de suspicions ».  Il n’en demeure pas moins que l’élection a pu avoir lieu le 30 décembre et que même ceux qui critiquaient les machines à voter l’ont applaudie », a relevé M. Yobluo en reprochant au Conseil de sécurité et à la communauté internationale d’avoir entretenu les discussions sur la machine à voter.

L’élection a eu lieu et il est clairement établi que le dimanche 30 décembre, « alors que beaucoup étaient en train de prophétiser le chaos », tout le monde a pu voter.  Contrairement à 2006 et 2011, l’élection s’est déroulée dans la paix et les choses « se sont plutôt bien passées », s’est-il enorgueilli.

Venant à la phase postélectorale, il a estimé qu’elle procède de deux points importants.  Le premier est la consolidation des données pour l’annonce des résultats provisoires, comme prévu par la loi, ce qui a été fait il y a deux jours par la CENI.  Le deuxième est l’annonce des résultats définitifs.  Le Président de la CENI « s’attendait à des réactions, et en premier lieu de la part de l’Église catholique, comme cela a été le cas en 2006 et en 2011, pour des raisons que nous savons ».  Il a reconnu que les élections n’ont pas pu être organisées dans « la perfection absolue », mais, à ses yeux, ce qui était important a été sauvegardé.

Suite à la réaction de la Conférence épiscopale, la CENI a adressé un courrier au Président de la CENCO pour réfuter les annonces précoces que celle-ci a faites concernant les tendances électorales et ses allusions au nom du gagnant de l’élection présidentielle.  « La CENCO sera responsable de ce qui adviendra », a averti M. Yobeluo, avant de rappeler qu’une dizaine d’organisations, avec 40 000 observateurs accrédités par la CENI, ont observé ces élections.  Les statistiques d’accréditation d’observateurs pour la CENCO sont de 17000, et 6000 autres considérés comme observateurs permanents, ce qui est donc loin des chiffres avancés par la CENCO, a-t-il avancé. 

Il en a profité pour souligner que les missions d’observation sont organisées et gérées par la loi et « n’ont pas pour mission de tirer ou d’annoncer des résultats électoraux ».  Dès lors, le Président de la CENI s’est demandé si la mission d’observation de la CENCO se comportait comme le témoin de partis politiques.  Il a mis « quiconque au défi d’avoir la prétention de dire avoir collecté toutes les fiches électorales », relevant que cela nécessite au minimum une semaine ».  La CENI considère avoir fait son travail, a-t-il affirmé.  « Si contestation il y a, il existe des mécanismes juridiques et la loi pour cela », a-t-il tranché.

Pour le Président de la CENI, cette élection avait trois grands objectifs.  En premier lieu, le peuple congolais ne voulait pas que sa Constitution change, « et elle n’a pas changé ».  Comme deuxième objectif, le peuple congolais ne voulait pas qu’il y ait un troisième mandat pour le Président sortant et celui-ci « n’a pas posé sa candidature », ouvrant la voie aux 21 candidatures à la présidence.  Le troisième objectif est d’assurer l’alternance au sommet de l’État.  « Soixante ans après l’indépendance de la RDC, le pays va vivre pour la première fois une passation de pouvoir pacifique et civilisée, s’est félicité M. Yobeluo, avant de garantir que la CENI était disposée à gérer tout contentieux potentiel.

En conclusion, il a estimé que l’élection avait été bien organisée par les agents de la CENI dont 32 sont morts et auxquels il a rendu hommage, en dépit de difficultés connues de tous.  Pour M. Yobeluo, la CENI a travaillé dans des conditions difficiles mais « a fait ce qu’elle pouvait faire ».  L’essentiel aujourd’hui est que les résultats sont là, a-t-il dit.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir les nouvelles autorités, plutôt que de chercher dès à présent à les affaiblir alors que les résultats définitifs ne sont pas encore annoncés.  Il s’est engagé à nouveau à donner suite à tout contentieux éventuel par la voie légale et a remercié les Nations Unies pour l’assistance technique qu’elles ont apportée à la CENI.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, de l’Union africaine, a déclaré que la situation en RDC est une question de la plus haute importance pour l’Union africaine (UA).  La paix et la sécurité dans ce pays sont essentielles non seulement pour le bien-être de son peuple, mais également pour la stabilité et la prospérité générales de la région et du continent dans son ensemble.  La représentante a assuré que l’UA était impliquée dans les efforts visant à aider les Congolais à trouver un consensus politique sur la tenue d’élections libres, crédibles et transparentes afin de consolider les gains réalisés ces dernières décennies. 

En réponse à l’invitation des autorités congolaises, l’UA avait décidé d’envoyer une mission d’observation pour surveiller le scrutin du 30 décembre 2018, a-t-elle rappelé en faisant état de 80 observateurs déployés à long et court termes sous le leadership de l’ancien Président du Mali, M. Diocounda Traoré.  L’équipe était composée de membres du Parlement panafricain, de représentants de la société civile et d’organes de gestion des élections sur le continent.  Vingt-trois équipes ont été déployées dans 13 provinces: elles ont observé les opérations de vote et de dépouillement dans 317 bureaux de vote qui ont servi d’échantillon.  

La mission de l’UA a fait les observations suivantes: les bureaux de vote visités ont ouvert à temps, même si dans certains bureaux le début des opérations de vote a été retardé; le matériel de vote était disponible dans la plupart des bureaux de vote; le personnel était présent tout au long des opérations; les élections se sont déroulées dans une atmosphère de paix et dans le calme.  La mission a toutefois mentionné des incidents et des imperfections qui ont entaché le scrutin.  Elle a noté également que des représentants des candidats étaient présents dans tous les bureaux de vote visités et que la clôture et le dépouillement ont été menés dans le cadre juridique existant.

La mission d’observation a insisté pour que les résultats qui seront proclamés reflètent la volonté du peuple, pour que les parties prenantes congolaises préservent le climat de paix qui a prévalu durant le vote et pour que toute contestation du résultat soit traitée à travers le cadre juridique applicable. 

Mme Mohammed a fait référence aux résultats provisoires proclamés par la CENI: en ce qui concerne l’élection présidentielle, M. Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur.  Étant donné que la CENI est l’unique organe légalement mandaté pour proclamer les résultats des élections en RDC, l’UA ne peut compter que sur le résultat annoncé, a-t-elle expliqué.  En tout état de cause, et compte tenu du nombre limité de bureaux de vote observés par la mission d’observation des élections, l’UA, même si ce pouvoir lui était attribué, n’est pas en mesure de fournir un chiffre quant au résultat du scrutin.  La méthodologie d’observation des élections de l’UA met l’accent sur le processus conduisant aux résultats des élections, a précisé Mme Mohammed.

Celle-ci a noté que, de toute évidence, les résultats annoncés ont été contestés.  Conformément à l’état de droit, l’UA est d’avis que ces défis, y compris ceux liés aux divergences entre les résultats annoncés et le verdict des urnes, devraient être résolus de manière pacifique en recourant aux moyens juridiques existants et au dialogue politique, a prévenu la représentante.

Pour l’UA, il est clair que les élections du 30 décembre ont marqué un tournant dans l’histoire de la RDC.  Le peuple congolais et les institutions impliqués dans le processus électoral devraient être salués pour leurs efforts, a dit Mme Mohammed en appelant les parties prenantes congolaises à agir de manière à promouvoir la démocratie et à préserver la paix.  À cet égard, l’UA estime que la situation actuelle au Congo appelle un consensus aussi large que possible entre les Congolais sur le respect de la démocratie, des droits de l’homme ainsi que du maintien et de la consolidation de la paix.  Les déclarations de l’UA et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) expriment clairement les points de vue du continent sur la question.  « Nous espérons sincèrement que le Conseil de sécurité, comme il l’a fait auparavant, soutiendra pleinement les efforts de l’Afrique pour aider la RDC et son peuple à mener à bien le processus électoral, à renforcer la démocratie et à préserver la paix », a conclu la représentante. 

M. JOSEPH MALANJI, Ministre des affaires étrangères de la Zambie, intervenant par visioconférence depuis Johannesburg, a rappelé qu’il avait conduit une mission d’observation en RDC, au cours des élections du 30 décembre dernier, au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Malgré quelques obstacles, comme l’épidémie d’Ébola et des défis sécuritaires, les élections ont été globalement bien organisées, a-t-il noté.  La SADC a pris note de l’annonce des résultats et également du fait que certaines parties prenantes n’en sont pas satisfaites.  La SADC se tient prête à aider le pays à consolider sa démocratie et elle invite la communauté internationale à faire de même.

Le Ministre zambien a ensuite dit que la SADC invite les parties concernées à rester calmes.  La contestation des résultats doit se faire de manière pacifique et par les moyens qu’offrent le droit, a-t-il ajouté.  Enfin, M. Malanji a assuré que la SADC se tenait prête à soutenir la RDC en vue de maîtriser les forces négatives, dans l’est du pays notamment.

Mgr MARCEL UTEMBI, Président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), intervenant par visioconférence depuis Kinshasa, a tenu à rappeler que c’est depuis 2003 que l’Église catholique accompagne le processus de consolidation de la démocratie en RDC, comme en témoigne l’Accord de la Saint Sylvestre du 31 décembre 2016.  Il a rappelé également que la CENCO avait pris part à l’observation des divers scrutins du 30 décembre dernier.  La CENCO a obtenu 40 850 accréditations, a-t-il assuré, précisant que les 1 776 observateurs formés dont l’accréditation a été rejetée ont tout de même pu mener des observations hors des bureaux de vote.  Selon Monseigneur Otembi, les observateurs de la CENCO étaient donc présents dans tous les bureaux de vote du pays. 

Ces observateurs, a-t-il poursuivi, ont fait remonter les résultats du scrutin par messages téléphoniques, jusqu’à ce que ce service soit interrompu.  Qu’à cela ne tienne, la CENCO avait prévu d’autres moyens, notamment 600 téléphones satellitaires, a-t-il dit.  Et tout ce travail, a-t-il précisé, s’est fait en toute indépendance: la CENCO n’a reçu aucun financement des partis politiques.  La CENCO s’était également dotée d’un centre de traitement des données.  Elle a pu recevoir les résultats exprimés par 13 110 999 citoyens, sur 18 millions, et un peu plus de suffrages, soit plus de 71,53% des suffrages valablement exprimés.  Le représentant de la CENCO a aussi expliqué que la CENCO avait procédé à un sondage des résultats avec une marge d’erreur d’1%, sur la base d’un échantillon représentatif des électeurs.  Tout cela lui a permis de dégager les tendances exprimées par les résultats et remontées par ses observateurs.

Le représentant de la CENCO dit que son organisme avait pris acte des résultats provisoires des élections.  Cependant, a-t-il ajouté, l’analyse des éléments en sa possession lui font croire que les résultats de la présidentielle ne correspondent pas aux chiffres de ses observateurs.  Il a appelé à la solidarité du Conseil de sécurité avec le peuple congolais, invitant l’organe onusien à demander une publication des procès-verbaux pour chaque bureau de vote, afin que soient comparées les données des candidats avec celles de la CENI, et afin de lever tout doute et apaiser les esprits.  Et en cas de contestation, il a souhaité que le Conseil de sécurité invite les parties à privilégier « la voie de la vérité et de la paix ». 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rendu hommage à l’ensemble du peuple congolais, qui a fait preuve de patience après un report des élections de plus de deux ans et s’est déplacé en nombre le 30 décembre pour exercer son droit de vote, dans une atmosphère apaisée.  Notant les nombreux « écueils techniques et politiques » pendant ces deux années, avec des soubresauts dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016, il a retenu avant tout « l’image de ces Congolais faisant la queue en bon ordre, pendant parfois plusieurs heures », pour pouvoir exercer leur droit à choisir librement leurs représentants.  « C’est un exemple de vitalité démocratique et la France le salue », a commenté le délégué. 

Le processus n’est pas terminé, a-t-il poursuivi après avoir salué les acteurs politiques, la société civile et les institutions de la RDC pour l’organisation de ces élections, « tenues dans des conditions jugées satisfaisantes malgré un constat de certaines irrégularités par les missions d’observation électorales internationales ».  Après l’annonce de certains résultats provisoires, la France attend désormais la publication des résultats des élections législatives par le CENI, ainsi que la compilation des procès-verbaux pour les élections provinciales. 

Relevant que les premiers résultats ont été publiquement contestés, et que la loi congolaise prévoit des voies de recours, M. Delattre a jugé important que toute contestation des résultats proclamés, notamment celle portant sur leur non-conformité avec le verdict des urnes, se fasse pacifiquement, par le recours aux procédures légales en vigueur et le dialogue politique entre toutes les parties prenantes.  Il a appelé toutes les parties à préserver le calme qui prévaut depuis la tenue du scrutin et souligné la nécessité pour tous d’agir de façon à favoriser la recherche d’un consensus national, fondé sur le respect des principes démocratiques et des droits de l’homme, ainsi que sur la préservation et la consolidation de la paix. 

Faisant référence à un « tournant historique » pouvant aboutir à la première alternance pacifique en RDC et au renforcement des institutions nationales, le représentant a assuré que la France se tient aux côtés du peuple et de la nation congolaise pour les accompagner sur ce chemin, dans le respect du choix démocratique des Congolais.  Enfin, M. Delattre a annoncé son intention de proposer aux membres du Conseil de sécurité d’adopter rapidement une déclaration à la presse « qui salue le processus électoral congolais et appelle toutes les parties à construire un consensus national, dans le respect de la paix et de la légalité. »

Mme AMPORA MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a commencé par féliciter le comportement du peuple congolais qui a fait preuve « d’un grand sens de responsabilité historique » et a donné une leçon de démocratie le jour des élections qu’elle a décrites comme « pacifiques, justes et transparentes ».  « L’Afrique peut en être fière », a poursuivi la représentante pour laquelle cette élection représente un pas décisif vers la consolidation de la démocratie en RDC et dans la sous-région. 

« Ne voulant pas être « triomphaliste », elle s’est dite bien consciente des contestations et critiques postélectorales et appelé tous les acteurs politiques ainsi que l’ensemble de la population à faire preuve de retenue, de prudence et de modération au cours de cette période pour préserver une atmosphère de paix et d’entente nationale.  Toute contestation des résultats électoraux doit se faire dans le cadre des recours prévus par la loi à cet effet et les acteurs politiques devraient s’abstenir de faire des déclarations précoces qui risquent d’influencer le cours des choses, a-t-elle exigé. 

Les Congolais doivent faire prévaloir l’intérêt suprême de leur pays sur leurs intérêts particuliers, a-t-elle poursuivi tout en soulignant que les élections « ne peuvent être perçues comme un jeu à somme nulle » où les gagnants remportent tout et les perdants partent les mains vides.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué que la tenue des élections en RDC marque une étape cruciale dans ce grand pays d’Afrique secoué par les violences depuis de nombreuses années.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, a pris note des rapports de la SADC et de l’Union africaine sur le déroulement du scrutin.  Elle estime que les divergences sur les résultats doivent être réglées par la voie juridique. 

M. Nebenzia a jugé inacceptable de faire pression sur les institutions du pays, notamment la CENI.  Il a rappelé à « ceux qui ont beaucoup commenté les résultats provisoires » que « le droit de publier les résultats est une question de souveraineté nationale ».  Ainsi, toute spéculation sur les résultats constitue une violation de la souveraineté de la RDC et cela pourrait avoir une incidence sur le pays et l’ensemble de la région des Grands Lacs, a-t-il prévenu.  Le représentant a également souhaité que la MONUSCO respecte scrupuleusement son mandat. 

M. ZHAOXU MA (Chine) est revenu sur les élections présidentielle et provinciales qui ont eu lieu le 30 décembre en RDC, et a qualifié le processus électoral de pacifique dans son ensemble.  Suite à l’annonce des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la Chine y voit une volonté de passation du pouvoir pacifique, et salue le Gouvernement congolais ainsi que la CENI pour leurs efforts qui vont dans l’intérêt du peuple congolais et sont propices à la paix et au développement du pays. 

Le représentant a appelé les parties congolaises à rester calmes et à régler leurs divergences par le dialogue et la négociation alors qu’il a demandé à la communauté internationale de respecter la souveraineté nationale, l’indépendance et l’intégrité territoriale ainsi que l’autorité de la CENI. 

De plus, la Chine encourage la communauté internationale à poursuivre son aide au Gouvernement congolais pour ce qui est de la consolidation de la paix, de l’assistance humanitaire et de la lutte contre l’épidémie d’Ebola.

Pour sa part, la Chine, qui participe à la MONUSCO, continuera à apporter son soutien à la RDC, a assuré le représentant en conclusion.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a rappelé que la tenue des élections en RDC s’annonçait comme une occasion historique de passation pacifique du pouvoir.  Il a indiqué avoir pris connaissance des résultats provisoires annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) le 10 janvier et attendre maintenant des éclaircissements sur les questions soulevées par une partie de l’opposition et la société civile au sujet du décompte des bulletins.  La transparence électorale sera donc cruciale, a-t-il souligné, et il revient aux acteurs congolais et à la région d’indiquer si le résultat annoncé est fidèle à ce qui a été observé et si le processus de compilations s’est déroulé de manière correcte.  Le représentant a aussi dit avoir pris note de la déclaration de la CENCO selon laquelle les données collectées par sa mission d’observation ne correspondent pas à celles de la CENI.

Pour garantir le respect du choix démocratique des Congolais, une discussion s’appuyant sur des faits et des chiffres s’impose, a préconisé M. Pecsteen de Buytswerve, pour qui la transparence est porteuse de réponses aux préoccupations exprimées et en mesure d’apaiser les esprits.  Le représentant a encouragé la CENCO à partager ses constats et ses chiffres.  En ce qui concerne la CENI, a-t-il poursuivi, celle-ci devrait publier les résultats, bureau de vote par bureau de vote ainsi que les procès-verbaux de chaque centre local de compilation des résultats et, « idéalement », permettre à des observateurs neutres d’avoir accès au serveur central.  Les parties prenantes ont également la possibilité de demander un recomptage de voix, a ajouté le délégué, et dans un « climat de méfiance totale », il est d’autant plus important de garantir une pleine transparence.  La Belgique, a-t-il dit, suggère par ailleurs que les missions nationales et celles de l’UA et la SADC poursuivent leurs observations lors de cette phase cruciale.

M. Pecsteen de Buytswerve a par ailleurs regretté que le processus se soit déroulé dans un climat de « fermeture de l’espace public ».  Il s’est déclaré gravement préoccupé par les coupures persistantes d’Internet et d’autres moyens de communication, ainsi que par la décision des autorités congolaises de retirer l’autorisation accordée à Radio France internationale de faire des reportages.  « Nous avons également été surpris par l’expulsion du représentant de l’Union européenne quelques jours avant la tenue des élections », a-t-il ajouté.  Constatant que la situation actuelle est tendue et l’esprit de contestation palpable, le représentant belge a appelé à régler tout contentieux électoral par les mécanismes institutionnels établis, conformément à la Constitution de la RDC et aux lois électorales pertinentes.  « Dans cette phase de très haute tension politique et de multiplication d’activités de groupes armés, nous devons tous nous rendre compte de notre responsabilité, en tant que membres de ce Conseil, et veiller à ce que la MONUSCO puisse pleinement et agilement jouer le rôle qui lui est attribué », a-t-il souligné en conclusion.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a remercié les millions de Congolais qui ont exercé leur droit de vote la semaine dernière après deux ans de retard dans le processus électoral.  « Malgré la confusion, les problèmes techniques, les conditions météorologiques et les longues files d’attente, les citoyens de la RDC ont montré au monde entier qu’ils avaient voix au chapitre.  Les États-Unis se tiennent aux côtés du peuple congolais en ce moment historique, a-t-il déclaré en estimant que c’est le peuple qui doit déterminer l’avenir du pays. 

Le représentant a pris note des résultats provisoires des élections et dit attendre des éclaircissements sur les questions soulevées au sujet du décompte des bulletins.  « Nous attendons avec impatience les nouvelles de la CENI et de la CENCO sur les données sous-jacentes à leurs résultats de vote », a-t-il dit.  « Nous continuerons d’exhorter toutes les parties à utiliser les systèmes et les procédures en place pour parvenir à un résultat définitif et à s’abstenir de toute violence.  Nous restons prêts à demander des comptes aux individus qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité de la RDC, ou qui mettent en péril le processus démocratique. »

En pleine phase postélectorale, a poursuivi M. Cohen, nous ne devons pas oublier que l’est du pays continue de faire face à un regain d’activité de la part des groupes armés et à la deuxième plus grave épidémie d’Ebola de l’histoire.  Alors que le Gouvernement congolais a annulé l’élection présidentielle à Yumbi, Beni et Butembo, la délégation américaine a émis l’espoir que les citoyens pourraient voter pour leurs représentants provinciaux et législatifs d’ici à mars, comme annoncé par la CENI.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a pris bonne note de la tenue des élections en RDC « qui ont été qualifiées d’impartiales et d’inclusives ».  Il a félicité toutes les institutions qui ont participé à ce processus électoral ainsi que le peuple congolais.  Suite à l’annonce des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et après avoir regretté les incidents d’hier, il a espéré que la passation des pouvoirs en RDC pourra se faire pacifiquement, et conformément à la Constitution, et que les contentieux seront réglés par l’entremise des recours existants.  Le Pérou a également appelé à l’unité du Conseil de sécurité « dans le respect du peuple congolais qui s’est exprimé par les urnes ». 

Abordant ensuite l’insécurité dans l’est du pays et les défis posés par l’épidémie d’Ebola, qui sont les deux facteurs du report des élections dans trois provinces à mars, il a encouragé les acteurs politiques à faire preuve de retenue et la communauté internationale à poursuivre le suivi de la période postélectorale dans le but d’assurer la pérennisation de la paix en RDC.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a indiqué que sa délégation prend note des résultats des élections publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et qui ont été contestés par des partis politiques et des organisations de la société civile.  L’essentiel est la pleine et entière transparence du processus, a-t-il insisté en demandant la levée du blocus d’Internet et que la CENI publie les résultats détaillés des bureaux de vote et des centres de compilation. 

Tout en demandant que les requêtes soient gérées par les voies légales, l’Allemagne invite la SADC et l’Union africaine à poursuivre leurs bons offices en maintenant le dialogue entre les parties.  Le calme, la paix et la stabilité en RDC sont essentiels pour les Grands Lacs et pour toute l’Afrique, a-t-il rappelé en concluant son propos. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a pris note des résultats provisoires des élections annoncés par la CENI, tout en prenant acte de leur contestation par un certain nombre d’acteurs.  Elle a donc appelé la Commission à publier toutes les données relatives aux résultats au niveau local, conformément à la loi électorale, afin de remédier aux préoccupations relatives à la transparence et à la légitimité du scrutin présidentiel.  « Nous espérons que ces élections marqueront le début d’une période de transition pacifique et de réformes nécessaires », a-t-elle déclaré.  Pour la représentante, les parties prenantes doivent s’efforcer de dissiper les doutes en s’engageant dans un dialogue et empruntant les voies légales comme recours.  Aucune violence contre l’expression pacifique de la nation souveraine congolaise ne saurait être tolérée, a-t-elle dit.  En conclusion, la déléguée a estimé que la situation dans le pays exige « un consensus national véritable », ajoutant que la crédibilité du processus électoral congolais est le seul moyen de rétablir la paix et la stabilité dans le pays. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) dit avoir suivi de près le déroulement du processus électoral en RDC depuis la publication du calendrier électoral en novembre 2017 jusqu’au scrutin du 30 décembre 2018.  Il a salué l’atmosphère relativement pacifique dans laquelle se sont déroulés les scrutins, en reconnaissant le soutien apporté à cette fin par l’Union africaine et la SADC ainsi que par les partenaires internationaux du pays.  Prenant note des résultats provisoires annoncés par la CENI, le Koweït a salué l’engagement du peuple congolais dans les trois processus électoraux et appelé toutes les parties à s’abstenir d’actes de violence postélectorale.  Le représentant a émis l’espoir que la CENI, la Cour constitutionnelle, le Gouvernement congolais, les partis politiques et la société civile assumeront leurs responsabilités jusqu’au terme du processus et jusqu’à l’annonce des résultats définitifs en vue de permettre une passation pacifique du pouvoir.

Pour ce qui est de la situation sécuritaire dans l’est du pays, M. Alotaibi a regretté le gâchis des ressources en raison de la violence et appelé toutes les parties concernées à mettre fin à celle-ci.  Le représentant en a profité pour condamner les actes de violence perpétrés hier.  Sa délégation s’est dite également préoccupée de la propagation d’Ebola dans un contexte de violences qui rend la lutte contre l’épidémie encore plus difficile, tout en posant un danger pour les pays limitrophes.  Elle a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts du Gouvernement congolais et de l’OMS pour endiguer la maladie.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a salué le Gouvernement congolais pour avoir assumé la responsabilité financière des scrutins et conduit le processus électoral avec détermination.  Toutes les parties congolaises et la communauté internationale doivent faire montre de la plus grande retenue dans leurs actions et déclarations et respecter le processus démocratique des élections, a-t-il préconisé.  Il revient maintenant au peuple congolais de tirer profit de l’élan généré pour consolider la stabilité du pays, a-t-il dit.  Le délégué s’est dit très préoccupé de la présence de groupes armés dans l’est du pays, en rappelant que l’exploitation illicite de ressources naturelles est au nombre des causes profondes du conflit.  M. Djani a plaidé en faveur d’un renforcement de l’assistance humanitaire et de l’appui international en vue d’enrayer l’épidémie du virus à Ebola.  Enfin, alors que la date de prorogation du mandat de la MONUSCO se rapproche, le délégué a souligné l’importance de mener des consultations approfondies avec le Gouvernement et les pays contributeurs de troupes, parmi lesquels se trouve l’Indonésie. 

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a salué l’environnement globalement calme et apaisé dans lequel se sont déroulés les scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux du 30 décembre 2018.  Il a pris note des résultats provisoires du scrutin présidentiel proclamés le 10 janvier 2019 par la CENI et exhorté toutes les parties prenantes à préserver le climat de paix qui a globalement prévalu lors des opérations de vote et pendant la période d’attente des résultats.  Il les a encouragées à privilégier les voies institutionnelles et légales pour leurs recours éventuels. 

L’actualité politique en RDC, a-t-il poursuivi, ne doit pas détourner l’attention du Conseil des défis sécuritaires et humanitaires dans le pays.  Il a cité à cet égard les violences intercommunautaires et la récurrence des activités déstabilisatrices des groupes armés.  La délégation rappelle aussi que la recrudescence des groupes armés et l’épidémie d’Ebola demeurent une source de préoccupation en RDC.  La Côte d’Ivoire, a conclu le délégué, encourage les autorités congolaises à renforcer leurs liens avec la MONUSCO, afin de mettre un terme aux activités des groupes armés, notamment dans l’est du pays. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a remarqué que l’engagement du Conseil de sécurité à l’égard de la RDC avait été important et avait eu de multiples facettes au cours de l’histoire de l’ONU.  Soixante ans après son indépendance, la RDC représente une surface plus grande que l’Europe occidentale mais a toujours des « infrastructures sous-développées », a-t-il noté.  Dès lors, l’organisation des élections récentes a été très difficile, a-t-il souligné, saisissant l’occasion pour rendre hommage à la CENI qu’il a considérée comme « la seule institution compétente pour annoncer les résultats des élections ».  Il est impératif que les résultats annoncés par la CENI soient respectés et acceptés par tous, en particulier par le Conseil de sécurité, a-t-il exigé, estimant que tout litige doit être réglé dans le cadre des mécanismes de recours existants.  De plus, il a souhaité que les propos du Conseil de sécurité contribuent au respect de la volonté du peuple congolais.

« La RDC est un pays riche, mais les Congolais sont pauvres », a poursuivi le délégué en exprimant ses préoccupations quant à l’exploitation illicite de ses ressources, notamment à l’est du pays marqué par la violence.  Cette pratique se fait au détriment du peuple congolais, s’est-il indigné. 

Le représentant a exhorté les partis politiques à permettre à la CENI de s’acquitter de son mandat sans ingérence et a exhorté les membres du Conseil de sécurité à décourager tout acte de violence « pour qu’on puisse assister à la première passation de pouvoir pacifique en RDC ».  En conclusion, il a appelé l’ONU -notamment grâce au cadre préconisé par la Commission de consolidation de la paix et le mandat de la MONUSCO-, la communauté internationale et l’Union africaine à maintenir leur soutien au processus électoral, à la consolidation de la paix et au développement en RDC.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a estimé que les élections du 30 décembre dernier sont « une chance historique à saisir pour le peuple congolais » afin de procéder à une passation démocratique du pouvoir.  Elle a souhaité que les méthodes ayant prévalu pour la compilation des données soient examinées.  Le Royaume-Uni, a-t-elle ajouté, prend également note de la déclaration de la CENCO qui estime que les résultats ne reflètent pas les données qu’elle a collectées.  De ce fait, le Royaume-Uni invite la CENI à bien vouloir procéder à une publication des résultats par bureau de vote.  La représentante a rappelé que le processus électoral était toujours en cours, et que le peuple avait le droit d’avoir des résultats reflétant le suffrage exprimé.  Elle a lancé un appel pour la levée des restrictions sur les médias en RDC, notamment l’Internet, avant de demander que la paix soit préservée dans le pays.

M. JOSÉ SINGER (République dominicaine) a prié la Représentant spéciale, Mme Zerrougi, à poursuivre ses efforts dans la période postélectorale en RDC.  Il a félicité la RDC de la tenue des « élections historiques » du 30 décembre 2018 et a salué la responsabilité et la maturité dont a fait preuve le peuple congolais, même si sa délégation déplore les pertes de vies humaines survenues depuis l’annonce des résultats provisoires par la CENI. 

Le représentant a espéré qu’il sera possible de garantir un climat de bonne gouvernance pour que les résultats définitifs soient conformes au souhait exprimé par la majorité des électeurs congolais dans les urnes et que la passation des pouvoirs puisse se faire pacifiquement.  En attendant la promulgation de ces résultats, le représentant a appelé les acteurs politiques à faire prévaloir la stabilité politique en RDC.  Pour sa délégation, ces élections ont le potentiel d’ouvrir un nouveau chapitre dans la consolidation de la démocratie dans ce pays.

Après avoir rappelé la situation politique en 2018 dominée par le processus électoral, M. IGNACE GATA MAVITA WA LUFUTA (République démocratique du Congo-RDC) a rappelé que M. Félix Tshisekedi Tshilombo a été proclamé vainqueur par la CENI pour l’élection présidentielle et indiqué qu’il « sera investi en qualité de Président de la République dès que la Cour constitutionnelle aura publié les résultats définitifs ».  Le représentant a souligné qu’en dépit de quelques incidents qui ont émaillé la campagne électorale et des pannes techniques sur les machines à voter, réparées par les techniciens de la CENI, « force est de reconnaître que ces élections se sont dans l’ensemble bien déroulées ».  Les candidats aux trois scrutins ont mené librement leur campagne et les électeurs se sont mobilisés en grand nombre et ont exprimé leur choix en toute quiétude, a-t-il affirmé.

M. Mavita a ajouté « qu’en raison du faible pourcentage de la compilation qui était à 20% à deux ou trois jours de la date de la publication des résultats provisoires, fixée par le calendrier électoral au 6 janvier 2019, la CENI a différé la publication qui a été faite le 10 janvier 2019 et qui, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, ouvre la voie à l’alternance au sommet de l’État. » Les résultats rendus publics ont été favorablement accueillis dans l’ensemble du pays, s’est félicité le représentant.

En cas d’éventuelle contestation pour ceux des candidats qui ne sont pas d’accord avec ces résultats, plus particulièrement l’élection présidentielle, ils disposent de voies de recours.  Conformément à la Constitution et aux lois de la RDC, le délai de recours est de 48 heures après la publication des résultats provisoires, a précisé le délégué.  Il s’est à cet égard étonné que des membres de la communauté internationale aient suggéré de rendre compte des résultats à d’autres organes que ceux prévus par la Constitution et les lois de la RDC.

M. Mavita a ensuite exhorté les partenaires et les pays amis à œuvrer pour la consolidation de la démocratie et de la paix en encourageant tous les acteurs politiques et leurs sympathisants à faire preuve de retenue, à privilégier l’intérêt supérieur de la nation en évitant tout acte de violence de nature à compromettre la paix sociale, et à recourir en cas de nécessité aux voies légales.  En effet, a-t-il poursuivi, il est important que le climat apaisé qui a prévalu lors du déroulement de ces élections puisse se poursuivre après la publication des résultats jusqu’à la passation pacifique et historique du pouvoir au sommet de l’État entre un chef d’État sortant et un chef d’État entrant.

Pour ce qui est de la situation sécuritaire dans la partie est du pays, le représentant a indiqué qu’elle préoccupe le Gouvernement congolais.  En effet, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) en collaboration avec la MONUSCO poursuivent les opérations militaires dans ces zones contre les groupes armés.  S’agissant particulièrement des terroristes des x Forces démocratiques alliées (ADF), à la suite du démantèlement de leurs principaux bastions au début de l’année passée, leurs capacités opérationnelles avaient sensiblement diminué, a rappelé le délégué.  « Leur mode opératoire aujourd’hui étonne et doit inciter la MONUSCO et les FARDC à revoir leurs stratégies et à conjuguer leurs efforts pour en finir avec ces terroristes en vue de mettre un terme aux souffrances qu’endurent les populations de Beni et de Butembo », a expliqué le délégué. 

En ce qui concerne la protection de l’enfance, a-t-il continué, la MONUSCO a collaboré avec des groupes armés pour libérer plus de 440 filles et garçons dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.  De son côté le Gouvernement, dans le cadre de la restauration de l’autorité de l’État et du rétablissement de la paix, mène une grande lutte pour éradiquer les groupes armés qui troublent la paix sociale et sèment l’insécurité dans les milieux où ils opèrent.  Les FARDC sont assistées dans cette lutte par la MONUSCO.  « Nous nous posons donc la question de savoir comment la MONUSCO peut entretenir des relations et collaborer avec les groupes armés qu’elle est censée combattre aux côtés des FARDC? », s’est interrogé M. Mavita.

Pour le volet humanitaire, les multiples déplacements de population dus à l’insécurité, la résurgence de certaines maladies et le retour non programmé de plusieurs milliers de Congolais de l’Angola dans les zones frontalières avec ce pays, constituent pour le Gouvernement des sujets de préoccupation auxquels il s’attèle à trouver des solutions urgentes.  « Toute assistance de la part de nos partenaires, pour soulager les populations dans le besoin, est toujours la bienvenue. »

Concernant Ebola, qui sévit dans la région de Beni et de Butembo, les efforts du Gouvernement en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et plusieurs autres partenaires se poursuivent.  Avant de conclure, le représentant a rappelé au Conseil de sécurité que « la RDC est en train d’écrire une nouvelle page de son histoire.  Elle attend de la part de la communauté internationale et de tous ses amis le soutien nécessaire pour lui permettre d’entrer dans la nouvelle ère qui s’ouvre devant elle avec quiétude et sérénité ». 

Reprenant la parole en fin de séance, le Président de la CENI a tenu à apporter certaines clarifications.  Il a affirmé que les élections en RDC ont été organisées conformément au cadre légal existant.  Ce faisant, la CENI a annoncé les résultats provisoires en conformité avec ce cadre juridique.  La CENI tient à souligner le fait que les élections en RDC représentent beaucoup de « passions », au point que pour certains « tant qu’un candidat donné ne passe pas, cela ne sera jamais bien ».  Il a cependant appelé à noter le calme qui prévaut dans le pays après l’annonce des résultats provisoires par la CENI. 

Conformément à la loi, ceux qui ne sont pas d’accord peuvent s’adresser aux instances compétentes, en particulier la Cour constitutionnelle qui devra soit confirmer ces résultats, soit, le cas échéant, annuler ces élections.  Si ces résultats sont confirmés, le nouveau Président et le Parlement seront installés dans 10 jours.  En attendant, le Président de la CENI a refusé de présenter ces résultats ou d’en discuter avec d’autres instances ou organismes, tenant au strict respect de ce qui est prévu par la loi.

Quelle que soit la suite donnée à ces élections, le Président de la CENI a appelé les Congolais au dialogue.  Il a réitéré la difficulté de l’organisation des élections de 2018 en RDC, « un pays continent », et a martelé que la CENI avait malgré tout permis de parvenir au résultat actuel.  La CENI, a-t-il ajouté, reste prête à honorer son mandat conformément à ce que la loi prévoit, même si elle ne prétend pas à la « perfection absolue ».  « Trois scrutins le même jour dans un pays comme le nôtre: ça n’a pas été facile », a tranché le Président de la CENI mettant en garde contre la tendance à « vouloir réveiller les démons qui dorment ».  S’agissant de la province du Nord-Kivu, il a expliqué que l’Assemblée provinciale ne sera installée qu’après les élections sur place. 

Le représentant de l’Allemagne a repris la parole pour demander au Président de la CENI si les résultats des scrutins du 30 décembre seront effectivement publiés ou exclusivement transmis à la Cour constitutionnelle.

Le Président de la CENI a donc précisé que les résultats sont affichés dans chaque bureau de vote, après le dépouillement du scrutin dans les 72 000 bureaux de vote, avant que les procès-verbaux ne soient ensuite transmis à la CENI.  Si jamais des contestations sont soulevées, les résultats seront présentés à la Cour constitutionnelle, a-t-il ajouté. 

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