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Conseil de sécurité: Israéliens et Palestiniens doivent faire preuve de leadership sous peine de voir la paix s’éloigner durablement, prévient l’ONU

8466e séance – matin
CS/13707

Conseil de sécurité: Israéliens et Palestiniens doivent faire preuve de leadership sous peine de voir la paix s’éloigner durablement, prévient l’ONU

« La perspective d’une paix durable entre Palestiniens et Israéliens semble s’éloigner jour après jour devant la montée en puissance du spectre de la violence et du radicalisme », a mis en garde, ce matin au Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, pour qui le manque de leadership de part et d’autre est au cœur du problème.

S’exprimant par visioconférence depuis Jérusalem, le haut fonctionnaire a estimé que l’appui de la communauté internationale est également indispensable pour opérer un rapprochement des parties au conflit, « une communauté internationale qui comprenne que la partie la plus faible –le peuple palestinien qui vit sous occupation depuis plus de 50 ans– a plus que jamais besoin de notre soutien ».

Or, en 2018, l’Autorité palestinienne a affiché un déficit budgétaire de 1,04 milliard de dollars, dont plus de 60% ont été couverts par les donateurs.  Un déficit, a annoncé M. Mladenov, qui devrait croître en 2019 en raison du retrait d’un certain nombre de bailleurs de fonds.  L’an dernier en outre, le Gouvernement israélien a bloqué 140 millions de dollars de revenus fiscaux palestiniens, à cause d’une loi qui exige la rétention de sommes équivalentes à ce que l’Autorité palestinienne verse aux Palestiniens inculpés d’actes de terrorisme et à leurs familles.

Dans un contexte de détérioration de la situation économique en Cisjordanie occupée et à Gaza, ces développements « graves » et « inquiétants » mettent en péril la stabilité financière de l’Autorité palestinienne et la sécurité même des Israéliens et des Palestiniens.  Le Secrétaire général de l’ONU lui-même a mis en garde contre les risques que font courir à la paix « les mesures unilatérales », a rappelé le Coordonnateur spécial, pour qui « l’arrêt récent de l’aide américaine aux Palestiniens pourrait aussi avoir une incidence sur les efforts en cours en vue de réduire les divisions existantes ».

D’autant qu’en dépit de la médiation égyptienne, les récentes mesures politiques prises par les factions palestiniennes pourraient encore « creuser le fossé grandissant » entre la Cisjordanie et Gaza, s’est alarmé M. Mladenov.  Évoquant la démission du Cabinet du Premier Ministre Rami Hamdallah, le 29 janvier, il a cependant indiqué que les consultations sur la voie à suivre se poursuivent, notamment pour la tenue des législatives, de la présidentielle et des élections au Conseil national palestinien.

Cette crise politique se double d’une crise humanitaire pour les Palestiniens, en proie à une « vulnérabilité aiguë », a fait observer la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Ursula Mueller.

Or l’assistance fournie par le système des Nations Unies se fait dans des conditions de plus en plus contraignantes, a-t-elle regretté en signalant que l’appel en faveur du Territoire palestinien occupé n’est financé qu’à hauteur de 46%, un goulet d’étranglement qui n’affecte pas seulement l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

À Gaza, le système de soins serait sur le point de s’effondrer, avec l’afflux constant de blessés lors des manifestations autour de la clôture de sécurité, a dit Mme Mueller.  Sept Palestiniens, dont trois adolescents, ont été tués par des tirs israéliens le 8 février, portant à 40 le nombre d’enfants tués dans le contexte de ces manifestations depuis mars 2018.  La veille, un adolescent israélien a été assassiné dans un parc près de Jérusalem par un Palestinien, qui a ensuite été arrêté.

« Le contrôle permanent de Gaza par le Hamas, les restrictions sévères aux mouvements imposées par Israël comme les mesures restrictives prises par l’Autorité palestinienne ont porté la situation dans l’enclave à un point de rupture », s’est alarmé M. Mladenov.  En dépit de ces difficultés sur place, l’ONU poursuit ses efforts pour mettre en œuvre à Gaza l’ensemble des interventions préconisées lors de la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens de septembre dernier.

Motif de satisfaction, le Qatar a fait un don de 20 millions de dollars pour étoffer le programme travail contre rémunération du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’UNRWA à Gaza, tandis que la Banque mondiale a lancé un programme similaire avec 17 millions de dollars.  « Cependant, tous nos efforts sont à court et moyen termes », a reconnu le haut fonctionnaire.

Alors que le Coordonnateur spécial plaidait pour que cesse la politique d’expansion des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie, le représentant de l’Afrique du Sud a rappelé que, le 21 décembre 2018, 13 pays (Afrique du Sud, Belgique, Bolivie, Chine, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, France, Indonésie, Kazakhstan, Koweït, Pays-Bas, Pérou et Suède) avaient écrit au Secrétaire général de l’ONU et au Président du Conseil de sécurité pour exprimer leurs préoccupations quant au défaut d’application de la résolution 2334 (2016), laquelle prévoit notamment la présentation au Conseil d’un rapport écrit tous les trois mois.

« Israël continue de profiter de l’inaction du Conseil », a accusé le Koweït, en fustigeant « les propos de plus en plus belliqueux employés par les autorités israéliennes et la Knesset ».  À la suite de M. Mladenov, il a regretté la décision « infondée », selon lui, prise le 28 janvier par Israël, de mettre fin à la présence internationale temporaire à Hébron, une question que sa délégation a, conjointement avec l’Indonésie, demandé au Conseil de sécurité d’examiner en séance de consultations.  La Guinée équatoriale, qui préside les travaux du Conseil ce mois-ci, s’est également émue de cette décision.

Élargissant la focale au reste de la région, le Coordonnateur spécial a fait observer que de récents incidents dans le Golan syrien avaient exacerbé les tensions entre Israël et la Syrie.  En ce qui concerne le Liban, il a évoqué la formation d’un nouveau Gouvernement le 31 janvier 2019 et l’annonce de vastes réformes économiques, en signalant que le calme prévaut dans le sud du pays et le long de la Ligne bleue.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

« La perspective d’une paix durable semble s’éloigner jour après jour devant la montée en puissance du spectre de la violence et du radicalisme », a constaté à regret M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, pour qui la première étape d’une résolution pacifique du conflit opposant Palestiniens et Israéliens est le leadership, avec le concours de la communauté internationale.  « Une communauté internationale qui comprenne que la partie la plus faible –le peuple palestinien qui vit sous occupation depuis plus de 50 ans– a plus que jamais besoin de notre soutien », a résumé le haut fonctionnaire, qui s’exprimait par visioconférence.  Malheureusement, a-t-il relevé, les mesures unilatérales, la poursuite de la violence, les pressions financières et le manque de progrès vers la paix ont un coût élevé pour la société palestinienne et fragilisent les fondations de la paix. 

En 2018, l’Autorité palestinienne affichait un déficit budgétaire de 1,04 milliard de dollars, dont plus de 60% ont été couverts par des donateurs.  Un déficit qui devrait augmenter en 2019 en raison du retrait d’un certain nombre d’entre eux et d’une détérioration de la situation économique en Cisjordanie occupée, a prévenu M. Mladenov.  En 2018, a-t-il rappelé, le Gouvernement d’Israël a décidé unilatéralement de bloquer 140 millions de dollars de revenus fiscaux palestiniens, à la suite d’une loi adopté par la Knesset l’an dernier qui exige la rétention des sommes équivalentes à ce que l’Autorité palestinienne verse aux Palestiniens inculpés d’actes de terrorisme et à leurs familles.  « Aujourd’hui même, le leadership palestinien se réunit pour discuter de la réponse à apporter, sur les plans financier et politique, à cette décision. »

Ce sont là des développements graves qui mettent en péril la stabilité financière de l’Autorité palestinienne et la sécurité même des Israéliens et des Palestiniens.  Le Secrétaire général a, à plusieurs reprises, mis en garde contre les risques que font courir des mesures unilatérales à la paix, a rappelé M. Mladenov, pour qui « l’arrêt récent de l’aide américaine aux Palestiniens pourrait également avoir une incidence sur les efforts en cours pour réduire les divisions existantes ».  Le Coordonnateur spécial a également regretté la décision prise le 28 janvier par Israël de ne pas renouveler le mandat de la présence internationale temporaire à Hébron (PIT).

Parallèlement à ces développements qu’il a qualifiés d’« inquiétants », et malgré les efforts concertés déployés par l’Égypte pour réunir les factions palestiniennes, les récentes mesures politiques prises par les Palestiniens pourraient encore « creuser le fossé grandissant » entre la Cisjordanie et Gaza.  Le 27 janvier, le Comité central du Fatah a recommandé la formation d’un nouveau gouvernement comprenant des factions de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des personnalités indépendantes, avant que le Cabinet du Premier Ministre Hamdallah ne présente sa démission deux jours plus tard.  « Les consultations sur la voie à suivre se poursuivent, y compris sur la tenue d’élections législatives attendues depuis longtemps.  Le Hamas et les autres factions ont appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale chargé d’organiser des élections législatives, présidentielle et au Conseil national palestinien, a précisé le Coordonnateur spécial, qu’il a souhaité conformes aux lois palestiniennes et aux normes démocratiques internationales.

Le mois dernier, M. Mladenov avait présenté certaines des mesures nécessaires pour soutenir la stabilité de l’Autorité palestinienne, notamment l’élargissement du libre-échange; des solutions aux insuffisances budgétaires; le renforcement de la capacité du Gouvernement palestinien à fournir des services de base à son peuple; et la coordination continue de la sécurité.  « De telles mesures ne sauraient remplacer la paix », a-t-il toutefois observé.  Elles doivent être assorties de mesures politiques, notamment la cessation de la politique de construction et d’expansion de colonies de peuplement, et de la réservation exclusive de certaines terres pour Israël, ainsi que la création de possibilités de développement pour les Palestiniens de la zone C.  « En l’absence de négociations sur le statut final, ces mesures devraient contribuer de manière significative à la création d’institutions palestiniennes et à l’amélioration des conditions de vie », a affirmé le haut fonctionnaire.

À Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, 11 Palestiniens ont été tués au cours de la période considérée par les forces de sécurité israéliennes dans divers incidents, notamment des attaques de civils israéliens, des manifestations, des affrontements et des opérations militaires, a poursuivi M. Mladenov.  Et le 7 février, dans un parc près de Jérusalem, un adolescent israélien a été assassiné par un Palestinien, qui a ensuite été arrêté par les forces de sécurité israéliennes, a-t-il ajouté, en soulignant qu’il n’y a aucune justification à la violence et à la terreur.  Entre temps, sept Palestiniens, dont trois adolescents âgés de 14, 16 et 17 ans, ont été tués par des tirs israéliens le 8 février, portant à 40 le nombre d’enfants tués dans le contexte des manifestations à Gaza depuis qu’elles ont commencé en mars 2018. 

Au cours de la période considérée, des militants palestiniens ont tiré 18 roquettes sur Israël.  « Le lancement aveugle de roquettes, de mortiers et de cerfs-volants ou ballons incendiaires en provenance de Gaza doit cesser », a martelé le Coordonnateur spécial de l’ONU.  Par ailleurs, en Cisjordanie, le mois dernier, les forces israéliennes ont tué quatre Palestiniens, dont deux enfants.  Les démolitions et les saisies de structures appartenant à des Palestiniens se sont également poursuivies en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  Trente-neuf structures ont été démolies ou saisies par les autorités ou par leurs propriétaires lors de la réception d’un ordre de démolition, entraînant le déplacement de 70 personnes.  Au total, 200 foyers palestiniens de Jérusalem-Est ont été expulsés, principalement par des organisations de colons israéliens, ce qui pose le risque de déplacement d’environ 900 personnes.  La recrudescence de la violence des colons l’an dernier suscite de vives préoccupations, a prévenu M. Mladenov, qui a fait état de 20 incidents dans lesquels des colons israéliens ont blessé des Palestiniens ou endommagé leurs biens.

« Le contrôle permanent de Gaza par le Hamas, les restrictions sévères aux mouvements imposées par Israël comme les mesures restrictives prises par l’Autorité palestinienne ont porté la situation dans l’enclave à un point de rupture », s’est-il également alarmé.  Malgré les difficultés sur place, l’ONU poursuit ses efforts pour mener les interventions humanitaires et économiques urgentes à Gaza préconisées lors de la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens en septembre.  Le Qatar a fait un don de 20 millions de dollars pour permettre d’étendre le programme travail contre rémunération du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Gaza, tandis que la Banque mondiale a lancé un programme similaire d’un montant de 17 millions de dollars.  « Cependant, tous nos efforts sont à court et moyen termes », a reconnu le haut fonctionnaire.

Ailleurs dans la région, de récents incidents dans le Golan syrien ont exacerbé les tensions entre Israël et la Syrie, a-t-il indiqué.  Ainsi, le 11 février, la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD) a constaté, à plusieurs reprises, que les Forces de défense israéliennes avaient utilisé une artillerie lourde dans la zone de séparation avant de lancer trois roquettes dans une autre partie de la même zone.  « Ces développements sapent l’accord de 1974 sur le désengagement des forces et mettent en péril le cessez-le-feu permanent entre Israël et la Syrie », a fait observer le Coordonnateur spécial.

Enfin, au Liban, un Gouvernement a été formé le 31 janvier 2019, près de neuf mois après la tenue des dernières élections législatives.  Le 7 février, le Cabinet a adopté une déclaration ministérielle présentant un vaste programme de réformes économiques.  Cette décision a été suivie d’un vote de confiance le 15 février, pour lequel le Gouvernement a obtenu un soutien majoritaire de 111 voix sur 128.  La situation dans le sud du Liban et le long de la Ligne bleue est restée dans l’ensemble calme au cours de la période considérée.

Mme URSULA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a qualifié de préoccupante la situation humanitaire dans le Territoire palestinien occupé.  « Les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme sont un élément clef de la vulnérabilité aiguë des Palestiniens. »

Évoquant la situation à Gaza, qui s’est dégradée en 2018, elle a indiqué que le système de soins y est sur le point de s’effondrer, avec l’afflux constant de blessés lors des manifestations autour de la clôture de sécurité.  Depuis le début de ces manifestations, plus de 27 000 Palestiniens ont été blessés, dont plus de 6 000 par balles.  Elle a rappelé que la force ne doit être utilisée qu’en dernier recours, face à un danger imminent de mort ou d’une blessure sérieuse.  Quatre enfants ont en outre été tués cette année à Gaza.  Mme Mueller a indiqué que la récente donation du Qatar avait permis de maintenir l’électricité entre 9 et 12 heures par jour, avant d’ajouter que la fourniture des services essentiels est toujours très précaire à Gaza.  Les divisions intrapalestiniennes sont un autre facteur d’aggravation de la vulnérabilité de la population, a-t-elle dit, en jugeant préoccupant le non-versement de salaires des employés du secteur public.  « Le taux de chômage dépasse les 50% et près de 70% de la population sont en situation d’insécurité alimentaire. »

En Cisjordanie, entre le 22 janvier et le 19 février, 4 Palestiniens ont été tués et 85 blessés par les forces israéliennes en lien avec des opérations de recherches et d’arrestations, des manifestations ou des attaques ou tentatives d’attaques palestiniennes.  Ces attaques palestiniennes se sont poursuivies, conduisant notamment à un décès.  Le 7 février, une Israélienne de 19 ans a été tuée lors d’une attaque au couteau à Jérusalem.

La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires a indiqué que la protection de la population palestinienne de la zone H2 de Hébron est une source de préoccupation.  Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), près de 70% des familles de la zone H2, où vivent près de 7 000 Palestiniens, ont été en butte à des violences ou au harcèlement de la part des colons ces trois dernières années.  Les organisations de colons cherchent par ailleurs l’éviction de près de 200 habitants palestiniens de Jérusalem-Est.

Notre capacité à fournir une assistance humanitaire est de plus en plus contrainte, a-t-elle dit, ajoutant que les ressources financières ont été au plus bas en 2018.  L’appel 2018 pour le Territoire occupé palestinien n’a été financé qu’à hauteur de 46%, les coupes n’ayant pas seulement touché l’UNRWA, a précisé Mme Mueller.  Le Programme alimentaire mondial (PAM) a ainsi été contraint de suspendre une assistance alimentaire qui bénéficiait à près de 27 000 personnes et de réduire les rations pour 166 000 bénéficiaires.  Le Plan de réponse humanitaire pour 2019 cherche à mobiliser 350 millions de dollars pour apporter une aide à 1,4 million de Palestiniens, au lieu de 1,9 million ciblé l’an dernier.  Notant les manques considérables dans le financement de ce Plan, Mme Müeller a exhorté les États Membres à renforcer leur soutien aux opérations humanitaires dans le Territoire palestinien occupé.

Enfin, Mme Mueller a appelé les parties à s’acquitter de leurs obligations humanitaires et plaidé pour une solution politique.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a dit attendre avec intérêt la présentation par écrit des deux rapports annuels sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016).  Il s’est inquiété de la détérioration de la situation sur le terrain et de la gravité de la situation humanitaire, dénonçant notamment la décision prise lundi dernier par Israël d’expulser une famille de 10 personnes qui vivait à Jérusalem-Est depuis 1951.  « Israël continue de profiter de l’inaction du Conseil », a-t-il dit en regrettant aussi « les propos de plus en plus belliqueux employés par les autorités israéliennes et la Knesset ».  Il a aussi dénoncé la décision « infondée » de mettre un terme à la présence internationale temporaire à Hébron.  Il a indiqué que le Koweït avait demandé, avec l’Indonésie, que le Conseil examine cette question au cours de consultations.  Il s’est aussi soucié de la violence accrue des colons qui aurait augmenté de 75% par rapport à 2016 et a appelé le Conseil à ne pas rester les bras ballants face à la poursuite des politiques israéliennes.  Il a appelé à rétablir la présence internationale temporaire à Hébron et à veiller à la bonne mise en œuvre de la résolution 2334.

Le délégué a ensuite relevé que le Ministre de la culture israélien avait récemment pénétré dans la mosquée Al-Aqsa, accompagné de colons et sous la protection des forces israéliennes.  Il a dénoncé cette « provocation » et exigé la protection des lieux de culte.  Le représentant a aussi condamné toute tentative de violer le statut juridique de Jérusalem ou de modifier son statut démographique, demandant par ailleurs aux États Membres de ne pas y établir de missions diplomatiques.  Il a également appelé à fournir le financement nécessaire à l’UNRWA, précisant que le Koweït avait versé à l’Office 113 millions de dollars au cours des quatre dernières années.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a tout d’abord rendu hommage à la mémoire de l’ancien Représentant permanent de la Fédération de Russie, Vitaly Churkin, décédé il y a deux ans.

Il a constaté que la paix en Palestine demeure incertaine, les positions des Israéliens et des Palestiniens s’éloignant de plus en plus au fil du temps.  L’exposé d’aujourd’hui intervient quelques semaines après qu’Israël a décidé de ne pas renouveler la présence internationale temporaire à Hébron, après 22 années de services, a-t-il relevé en disant profondément regretter cette décision qui, a-t-il alerté, sape clairement les rares mécanismes de reprise de confiance entre Palestiniens et Israéliens.  « Ma délégation ne doute aucunement que cette décision du Gouvernement israélien aura des conséquences négatives sur le processus de paix au Moyen-Orient. »  Il est également déplorable que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure d’adopter une déclaration à la presse pour appuyer ce mécanisme de promotion de la paix et de la stabilité à Hébron, a-t-il ajouté.

M. Matjila a ensuite fait savoir que le 21 décembre 2018, la Belgique, la Bolivie, la Chine, la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale, la France, l’Indonésie, le Kazakhstan, le Koweït, les Pays-Bas, le Pérou, la Suède ainsi que son pays avaient écrit au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité pour leur faire part de leurs préoccupations concernant le défaut d’application de la résolution 2334 (2016), laquelle prévoit également la présentation d’un rapport écrit tous les trois mois.  Il a insisté sur ce dernier point, arguant que le Conseil est saisi de rapports écrits pour les autres questions qui figurent à son ordre du jour.  Le représentant s’est par ailleurs inquiété de la gravité de la situation humanitaire qui touche plus de deux millions de Palestiniens à Gaza, dont 50% sont des enfants.  Il a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, avant de réitérer l’appui de son pays à la solution des deux États.  Les lignes directrices pour les négociations doivent se baser sur le cadre juridique existant, a-t-il précisé.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a déploré la fin abrupte de la présence internationale temporaire à Hébron, « une autre mesure qui défie le bon sens et la logique ».  Il a déploré que le Conseil de sécurité ait échoué à se prononcer sur cette évolution.  « Ce fut très déplaisant pour l’Indonésie d’achever son premier mois au sein du Conseil sur cette note », a dit le représentant en regrettant que le Conseil ait échoué à exprimer sa position par l’entremise d’une déclaration présidentielle en raison de l’objection d’un membre.  Il a souligné que pendant plus de 20 ans, la présence avait permis d’atténuer les tensions entre Palestiniens et Israéliens à Hébron et avait fourni « un sentiment minimum de protection » aux Palestiniens laissés sans défense.  Ces provocations unilatérales ne portent pas uniquement préjudice aux Palestiniens, comme elles cherchent à le faire, mais également aux perspectives de paix, a-t-il averti.

Le représentant s’est également inquiété de la détérioration de la situation humanitaire, notamment à Gaza et dans la zone H2 à Hébron qui, a-t-il souligné, était auparavant couverte par la présence.  Il a appelé à y anticiper l’impact d’une augmentation des activités de peuplement.  Alors que les territoires palestiniens occupés se morcèlent, que les acticités de peuplement augmentent et que la situation s’oriente vers une solution à un seul État, l’Indonésie ne voit pas de perspectives pour une solution politique.  Le représentant a également décrié « l’absence totale de mise en œuvre de la résolution 2334 ».  « Le Conseil de sécurité a-t-il déjà fait face à autant de mépris? » a-t-il lancé.  Il a ensuite réclamé la présentation par écrit d’un rapport sur la mise en œuvre de ladite résolution.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a marqué son attachement aussi bien à la sécurité d’Israël qu’au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination, avant de réitérer son soutien à la solution des deux États.  Il a ensuite exhorté les partenaires internationaux à renforcer leur soutien à l’UNRWA qui joue un rôle clef auprès des populations palestiniennes en détresse.  Le délégué a ensuite noté avec satisfaction le consensus international sur la nécessité d’une reprise du processus de paix en vue d’élaborer des solutions mutuellement acceptables sur les questions telles que le statut de Jérusalem, la levée du blocus de Gaza ou bien encore l’arrêt des colonies de peuplement en Cisjordanie.  Enfin, le délégué ivoirien a appuyé toutes les actions en vue d’une réconciliation interpalestinienne.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) s’est inquiété de la décision unilatérale d’Israël de ne pas renouveler la présence internationale temporaire à Hébron, notant que, pendant plus de 20 ans, celle-ci s’était efforcée de préserver une vie normale dans cette ville.  Il a espéré que cette décision serait accompagnée de mesures susceptibles de rassurer les habitants d’Hébron qui, a-t-il estimé, méritent de vivre dans une atmosphère de respect, de calme et de tranquillité.

Il a ensuite appuyé les efforts constants pour améliorer la situation à Gaza, exhortant par ailleurs le Hamas et les autres groupes extrémistes à s’abstenir de toute action susceptible de jeter de l’huile sur le feu.  Il a appelé les factions palestiniennes à dialoguer au sujet de la bande de Gaza, jugeant que l’Autorité palestinienne était la plus à même d’y gérer la situation socioéconomique.  Il a aussi appelé au respect des accords passés entre le Fatah et le Hamas.  Le représentant a par ailleurs demandé aux pays exerçant une influence sur la région d’en faire usage pour trouver une issue à la question palestinienne.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social insiste sur la protection sociale minimale comme arme contre les inégalités

Cinquante-septième session,
10e séance plénière - matin
SOC/4878

La Commission du développement social insiste sur la protection sociale minimale comme arme contre les inégalités

La Commission du développement social a clos, ce matin, son débat général au cours duquel une vingtaine d’États et d’ONG ont insisté sur le bien-fondé de la protection sociale minimale pour réduire les inégalités.  Cette cinquantième-septième session a pour thème prioritaire « la lutte contre les inégalités et les obstacles à l’inclusion sociale au moyen des politiques budgétaires et salariales et des politiques de protection sociale ». 

Dans son rapport*, le Secrétaire général affirme que seuls 45,2% de la population mondiale bénéficient d’au moins une prestation sociale.  Autrement dit, 54,8% de la population mondiale, soit 4 milliards de personnes, sont dépourvus de toute protection sociale.  La part de la population couverte par au moins une prestation sociale varie d’un continent à l’autre: 17,8% en Afrique, 38,9% en Asie et dans le Pacifique, 67,6% dans les Amériques et 84,1% en Europe et en Asie centrale.  En outre, seulement 29% de la population mondiale a accès à des systèmes complets de protection sociale couvrant toute la gamme des prestations.  Près de 1,3 milliard d’enfants dans le monde ne bénéficient d’aucune protection sociale et seuls 21,8% des travailleurs sans emploi perçoivent des allocations de chômage.

La Chine, qui célèbre cette année le quarantième anniversaire de son ouverture, s’est enorgueillie du plus grand système de protection sociale au monde avec 1,5 milliard de bénéficiaires.  Djibouti n’a pas été en reste.  Il a parlé de la mise en place « des socles de protection sociale », dont un programme d’assistance sociale qui, en deux ans, a bénéficié à 80 000 personnes.  Le Sénégal s’est aussi vanté du budget 2018, « le plus social de son histoire », avec au total 426 milliards de francs CFA exclusivement dédiés à des programmes à fort impact social.  Le Gouvernement a aussi élaboré sa Stratégie nationale de protection sociale 2015-2035. 

Mais comment garantir l’impact des systèmes de protection sociale et de réduction des inégalités si nous ignorons la différence entre les structures et les besoins des familles? s’est demandé le Royaume-Uni.  Ces familles, a-t-il prévenu, continueront de se former différemment et de prendre des formes multiples: les partenariats de même sexe ou de sexe opposé, les familles monoparentales, les familles élargies, les familles reconstituées, les familles intergénérationnelles, voire les familles dirigées par un mineur.  Nos politiques familiales doivent donc être inclusives et notre cadre normatif international doit améliorer notre compréhension de la manière dont les gens vivent dans le « monde réel ».  Le Royaume-Uni a parlé d’une étude que son gouvernement a menée sur les LGBT et qui a montré que les lois antidiscriminatoires n’étaient pas adaptées à la véritable expérience de ces personnes.  L’étude a conduit à un plan d’action en 75 points financé à hauteur de 4,5 millions de livres sterling qui devrait améliorer la manière dont les politiques sont formulées et mises en œuvre, grâce à la création d’un groupe consultatif des LGBT. 

Dans son rapport, le Secrétaire général explique que la protection sociale contribue à atténuer les inégalités essentiellement de trois manières: elle permet de faire reculer la pauvreté et les disparités de revenus par la fourniture de prestations en espèces ou en nature et l’amélioration de l’accès aux soins de santé et à d’autres services.  Elle permet aussi de réduire l’inégalité des chances, de garantir l’accès aux services de base tels que l’éducation, la santé et la nutrition et d’offrir des possibilités d’emploi aux travailleurs ruraux pauvres et peu qualifiés dans le cadre de programmes de garantie d’emploi subventionnés par l’État.  Elle offre enfin une protection contre les risques et, en cas de chocs extérieurs, contribue à en atténuer les effets sur les revenus et la consommation des ménages et à limiter la perte irréversible d’actifs qui en découle. 

Les ONG accréditées auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) ont donné de la voix.  Soulignant que la protection sociale est un droit de l’homme, le Mouvement international ATD Quart Monde a exhorté les États à favoriser la mise en œuvre des quatre garanties minimales de protection sociale de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Les gouvernements peuvent garantir le financement de la protection sociale, en réduisant par exemple les dépenses militaires, a lancé l’ONG.  « International Council on Social Welfare » a insisté sur une protection sociale minimale qui contribuerait à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  ONUSIDA a plaidé pour une protection sociale soucieuse de la situation des personnes touchées par le VIH/sida.  La dernière catastrophe de Brumadinho, au Brésil, a poussé « VIVAT International » à exhorter les États à obtenir des sociétés minières qu’elles accordent la priorité à la sécurité humaine et à la protection de l’environnement.

La Commission du développement social se réunira à nouveau le jeudi 21 février, à partir de 10 heures, pour achever les travaux de sa cinquante-septième session.

* E/CN.5/2019/3

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Suite et fin du débat général

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a affirmé que depuis son indépendance, son pays met tout en œuvre pour favoriser la mise en place de politiques publiques de protection sociale, financées avec des ressources durables et prévisibles dans un cadre macroéconomique et fiscal adéquat.  Au cours de l’année 2018, la lutte contre la pauvreté et les inégalités a pris un tournant significatif avec la mise en œuvre de la nouvelle Stratégie nationale de protection 2018-2022.  La Stratégie vise à garantir aux populations vivant dans des conditions précaires l’accès à l’alimentation; des revenus pour les enfants; des revenus minimums en faveur des personnes âgées et personnes handicapées; ainsi que l’accès aux services de base pour ceux qui en sont dépourvus.  La Stratégie, a poursuivi le représentant, passe par le renforcement de la résilience des populations et prône la mise en place de programmes de développement du capital humain et d’autonomisation.

À travers la Stratégie, le pays a mis en place les socles de protection sociale, a souligné le représentant qui a aussi parlé du Programme national de solidarité familiale qui, lancé en 2016, a permis un transfert de ressources monétaires à presque 3 500 ménages en 2018.  Un programme d’assistance sociale a aussi été lance en 2016 dont le nombre de bénéficiaires est passé de 35 000, la première année, à 80 000 en 2018.  La Stratégie nationale est aussi encadrée par la Vision 2035 et appuyée par la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi. 

M. WU HAITAO (Chine) a expliqué que le modèle de développement conduit par le Président Xi Jinping a pour ambition d’améliorer les conditions de vie, en plaçant la personne au centre des préoccupations.  Sur le plan international, la Chine préconise un développement ouvert et équilibré permettant aux pays du Sud de contribuer à la croissance mondiale.  Le représentant a défendu le droit égal des États à définir les règles internationales.  Il a aussi défendu un commerce international non discriminatoire et la préservation du multilatéralisme.  Tous les pays doivent pouvoir élaborer des politiques de développement adaptées à leur réalité et à leur niveau de développement, et il revient, dans ce cadre, à la communauté internationale de resserrer les partenariats et de renforcer la coopération internationale.  En ce quarantième anniversaire de son ouverture, la Chine, a affirmé le représentant, a réussi à sortir plus de 700 millions de personnes de l’extrême pauvreté, réduisant l’écart salarial et créant le plus grand système de protection sociale au monde avec 1,5 milliard de bénéficiaires.  Le système de retraite bénéficie quant à lui à 920 millions de personnes, alors que ces cinq dernières années, 66 millions d’emplois ont été créés.  Au niveau international, la Chine totalise 300 milliards de renminbi d’aide au développement. 

Mme CLOTILDE A. FERRY (Monaco) a estimé qu’investir dans le capital humain, c’est également et avant tout investir dans l’enseignement.  Comme en 2017, le taux de chômage des jeunes était deux fois plus élevé que le taux global, elle a jugé crucial de mettre en œuvre le Programme d’action mondial pour la jeunesse.  Elle a salué le Secrétaire général pour avoir lancé une stratégie visant à autonomiser les jeunes dans le cadre des objectifs de développement durable.  Elle a aussi parlé de « Monaco Jeunesse et Développement Durable », qui sont des rencontres annuelles entre les lycéens de la Principauté.  La représentante a également attiré l’attention sur le travail de la Commission d’insertion des diplômés qui a permis, en une décennie, de placer 236 jeunes diplômés dans les entreprises du pays.  Elle a souligné que le secteur de la santé constitue un axe fort de l’action de son gouvernement, qui y consacre près de 8% du budget national, pour, entre autres, favoriser la pleine intégration sociale des personnes handicapées.  Dans ce cadre, la représentante a vanté les mérites de « Monaco Disease Power », une association agissant en faveur des enfants ou adultes souffrant de handicaps mentaux, physiques ou de maladies mentales.  Monaco accueille également l’Association pour l’aide et la protection des enfants inadaptés (A.M.A.P.E.I) qui œuvre pour l’insertion des enfants autistes et trisomiques.  Sur le plan international, la représentante a parlé de la mise en place, dans l’un des pays partenaires de Monaco, d’une plateforme de financement participative au service du microcrédit.  Par ailleurs la Croix-Rouge monégasque a, dans un autre pays partenaire, contribué à l’amélioration des conditions de vie des enfants dans un centre d’accueil et d’écoute.

M. SAMUEL GROUT-SMITH (Royaume-Uni) a appelé à des systèmes de protection sociale qui répondent aux besoins changeants des familles.  Ces familles sont des parties prenantes cruciales dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il insisté.  De nombreux objectifs et cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030, comme la fin des pratiques du mariage des enfants, du mariage précoce ou du mariage forcé, ne peuvent être réalisés sans l’engagement actif des parents et des familles, s’est expliqué le représentant.  Pouvons-nous vraiment tenir la promesse de ne laisser personne sur le côté si nous sommes incapables de reconnaître les différentes formes de famille? s’est-il demandé.  Comment garantir l’impact des systèmes de protection sociale et de réduction des inégalités si nous ignorons la différence entre les structures et les besoins des familles?  Ces familles, a prévenu le représentant, continueront de se former différemment et de prendre des formes multiples: les partenariats de même sexe ou de sexe opposé, les familles monoparentales, les familles élargies, les familles reconstituées, les familles intergénérationnelles, voire les familles dirigées par un mineur.  Nos politiques familiales doivent donc être inclusives et notre cadre normatif international doit améliorer notre compréhension de la manière dont les gens vivent dans le « monde réel ». 

Le représentant a donné l’exemple de l’étude que son gouvernement a mené sur les LGBT, en 2017, et qui a montré que les lois antidiscriminatoires, qui étaient pourtant parmi les plus robustes au monde, n’étaient pas adaptées à la véritable expérience des LGBT.  L’étude a donc conduit à un plan d’action en 75 points financé à hauteur de 4,5 millions de livres sterling et couvrant la santé, l’éducation, la sécurité personnelle et l’emploi.  Ce plan, a affirmé le représentant, va améliorer la manière dont les politiques sont formulées et mises en œuvre, grâce à la création d’un groupe consultatif des LGBT.  Nous sommes convaincus, s’est expliqué le représentant, que l’amélioration des conditions de vie et des perspectives d’avenir des LGBT n’est pas seulement une obligation mais une politique qui a des bénéfices directs et indirects pour toute la population. 

Mme WINIFRED DOHERTY, Notre Dame de la Charité, a estimé qu’il faut travailler ensemble pour que chaque personne ait accès à « une économie de vie » car l’intégration sociale est détruite par le manque d’éthique des marchés financiers, des institutions financières et des entreprises sans scrupules.  La représentante a avancé les principes de dignité humaine, de communauté et de bien public sous l’angle desquels on peut voir le caractère scandaleux d’une richesse extrême cohabitant avec une pauvreté extrême.  Elle a prôné des « frontières morales et éthiques » et dénoncé l’absence de règles dans l’industrie de la technologie, de la connectivité, des mégadonnées et de l’intelligence artificielle, qui représente un danger pour la dignité humaine.  Nous avons besoin d’une « éthique de la solidarité », a-t-elle insisté. 

M. ROBERTUS MIRSEL, VIVAT International, a estimé que la dernière catastrophe de Brumadinho montre qu’il faut des politiques et des pratiques plus ambitieuses pour protéger la vie.  Elle montre aussi que les sociétés minières doivent impérativement prendre toutes les mesures possibles pour protéger l’environnement.  Une politique claire qui permettrait aux États de contraindre ces sociétés à respecter les normes les plus élevées de gestion des risques environnementaux pourrait prévenir de telles catastrophes.  De nombreux pays ont des politiques de compensation.  Mais, a prévenu le représentant, ces politiques doivent examiner l’impact réel des systèmes de protection sociale mis en place par les sociétés minières.  Les obligations environnementales peuvent se révéler plus efficaces pour garantir des compensations que les pénalités après catastrophe, a-t-il plaidé.  Le représentant a donc exhorté les États à obtenir des sociétés minières qu’elles accordent la priorité à la sécurité humaine et à la protection de l’environnement, en s’inspirant des Normes pour une exploitation minière responsable.  Il a aussi appelé à des politiques d’aide sociale en faveur des individus, ménages et communautés touchés par les catastrophes naturelles. 

Mme ELSA MUTTATHU, International Presentation Association, a indiqué que présente dans 24 pays, son association travaille avec des leaders et des volontaires dans 216 communautés pour les sensibiliser aux objectifs de développement durable.  Par exemple en Inde, l’Association a obtenu des résultats dans l’accès à la protection sociale, à la pension, à la formation et à l’entrepreneuriat, à l’éducation, au traitement du cancer, à l’eau potable, à l’assainissement et à l’électricité.  Tout ceci montre que le développement inclusif est possible quand les organisations de la société civile, les communautés et les gouvernements locaux travaillent ensemble pour mettre en œuvre les politiques nationales et internationales.  La mise en œuvre des objectifs de développement durable est possible, a poursuivi la représentante, quand nous mettons les gens et la planète au centre de tout, en identifiant les problèmes locaux et en encourageant les communautés à en trouver elles-mêmes les solutions.  Au niveau international, il faut identifier les causes sous-jacentes de ces problèmes et les modèles de développement non viables. 

Mme MONICA JAHANGIR-CHOWDHURY, Mouvement international ATD Quart Monde, a souligné que la protection sociale est un droit de l’homme et a exhorté les États à favoriser la mise en œuvre des quatre garanties minimales de protection sociale de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Les gouvernements peuvent garantir le financement de la protection sociale, en réduisant par exemple les dépenses militaires.  La représentante a particulièrement dénoncé l’évasion fiscale et appelé à la création d’une institution internationale spécialisée contre ce fléau.

Mme MARINE DAVTYAN, du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a souligné que la protection sociale est un multiplicateur de la riposte au VIH/sida.  Elle a plaidé pour une protection sociale soucieuse de la situation des personnes touchées par le VIH/sida pour qu’elles aient accès comme le reste de la population aux services sociaux.  Elle a en effet plaidé pour l’élimination des préjugés et de la discrimination dans les services et politiques publics.  L’élimination de la discrimination doit être le principe directeur des efforts globaux pour réduire les inégalités et lutter contre l’exclusion sociale, en particulier pour les groupes marginalisés et vulnérables.  La représentante d’ONUSIDA a appelé les États Membres et les autres partenaires à respecter l’engagement pris dans la Déclaration politique de 2016 visant à éliminer toute stigmatisation et toute discrimination à l’égard de toutes les personnes vivant avec le VIH ou susceptibles d’être contaminées par le VIH, ainsi que l’engagement pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. BAR SIMAN TOV, Pirates Parties International, a rappelé que les Pirates regroupent 38 organisations dans 36 pays sur les cinq continents, dans la défense de la démocratie et de la prise de décisions horizontale.  Traiter des inégalités et des défis de l’intégration sociale est aussi une part importante de la contribution des Pirates au Programme 2030 et ce qui réunit leurs membres est leur façon de travailler.  Ils collaborent à la promotion d’un processus démocratique de prise de décisions en ligne et rendent ce processus accessible à tous indépendamment du statut social, tout en préservant sa transparence.  M. Siman Tov a donc exhorté la Commission à relever les défis de l’intégration sociale en promouvant les outils de prise de décisions et de collaboration en ligne.  La prise de décisions horizontale est essentielle pour la protection des droits de l’homme, a-t-il estimé. 

Mme EVA RODRIGUEZ, Corporation Cultural Nueva Acropolis Chile, a, au nom d’une ONG chilienne qui travaille avec les jeunes gens dans plus de 50 pays, invité la Commission à réfléchir à la philosophie, au volontariat, à la culture.  La philosophie, s’est-il expliqué, offre aux jeunes les principes et les valeurs de la coexistence pacifique et de la tolérance.  Le volontariat participe d’ailleurs de l’application de cette philosophie.  Un jeune peut en effet apprendre la critique en travaillant pour une noble cause.  Par ailleurs, tout programme pour les jeunes doit promouvoir la culture dans ses multiples manifestations car les stéréotypes qui les ont réduits à un rôle de producteur ou de consommateur ont causé d’énormes dégâts. 

M. JOSEPH KLOCK, New Humanity, a estimé que les êtres humains doivent pouvoir vivre comme des frères et sœurs de la même famille, puisqu’ils sont tous des enfants du même père qui est aux cieux.  Un programme de l’ONG, basé sur l’enseignement du Nouveau Testament, permet d’en promouvoir la règle d’or commune à plusieurs religions: « traite les autres comme tu voudrais être traité ».  Le délégué a invité la Commission du développement social à appliquer cette maxime pendant ses discussions.

M. SERGEI ZELENEV, International Council on Social Welfare, a appelé à des politiques multisectorielles et cohérentes pour s’attaquer aux racines des inégalités.  Toute la population d’un pays doit pouvoir ressentir les effets de la croissance économique et dans ce cadre, la lutte contre la pauvreté doit avoir en son centre la protection sociale, véritable investissement dans l’individu.  Au niveau international, il faut réfléchir à une nouvelle proposition sur une protection sociale minimale qui contribuerait à la réalisation du Programme 2030. 

Mme MASAKO OSAKO, International Longevity Center Global Alliance, Ltd, a estimé que pour faire avancer l’engagement du Plan d’action sur le vieillissement à « promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie afin de faire face à l’évolution de la situation économique, sociale et démographique », il faut travailler à « l’intégration numérique » des personnes âgées et à les former à l’informatique.  Les dernières données sur la participation des personnes âgées à la technologie numérique montrent de grandes différences entre les pays.  Plus de 80% des 65 ans et plus ont accès à Internet dans certains pays alors que le taux est moins de 10% dans d’autres.  « Aucune personne âgée ne doit être laissée sur le côté. »  En 2019, a poursuivi la représentante, le numérique est devenu une force nettement plus importante qu’en 2002, date de l’adoption du Plan d’action.  Le numérique influence aujourd’hui la faculté d’une personne à se sortir de la pauvreté et de l’isolement social.  Imaginez une vie sans courriels, services de messagerie, appels vidéo ou services bancaires, achats et recherche d’emploi en ligne.  De même, pendant les catastrophes, l’accès à l’information en ligne peut être une question de survie. 

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a affirmé qu’en 2018, son pays a eu le budget le plus social de son histoire, avec au total 426 milliards de francs CFA exclusivement dédiés à des programmes à fort impact social.  Le représentant a cité quelques leviers d’action dont la Stratégie nationale de protection sociale 2015-2035; la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG); celle de la pension de retraite; l’accès aux services sociaux; la mise en place de la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes; et le programme d’urgence pour le développement communautaire.  Les résultats positifs enregistrés dans la mise en œuvre de ces politiques et programmes ont considérablement contribué à l’atténuation des inégalités et amélioré l’inclusion sociale, notamment chez les couches les plus vulnérables, a affirmé le représentant. 

M. MARIO FAVLAKIS, Association hellénique des politologues, a estimé que les États doivent adopter une approche différente pour être plus efficaces dans la lutte contre les catastrophes, qui touchent particulièrement les personnes handicapées, et les inégalités.  Il faut des partenariats public-privé pour avancer sur la question, a-t-il jugé, indiquant que son association insiste sur l’importance de la contribution du monde scientifique.  Les centres recherche et développement peuvent en effet imprimer l’élan voulu aux structures de développement locales et régionales puisqu’on sait que le problème des inégalités dans le monde découle bien souvent du dysfonctionnement des mécanismes étatiques locaux et régionaux.

Mme ADA OKIKA, Irene Menakaya School Onitsha, a vu dans la culture et l’éducation un moyen de traiter des inégalités et des défis de l’intégration et de la protection sociales.  L’intégration sociale, s’est-elle expliquée, est une culture qui autonomise les citoyens et leur donne « la capacité sociale » de relever les défis des questions fiscales et salariales, tout en luttant pour devenir les bénéficiaires de la croissance économique et sociale.  Après avoir vanté les mérites des projets « Musiculture » et « Talenculture », lancés par son ONG, la représentante a appelé les gouvernements à promouvoir les coopératives culturelles, à recourir à la « technologie culturelle » pour promouvoir les normes du travail, fiscales et salariales et à intégrer la cuture et l’éducation dans les programmes de développement pour inverser les tendances du paysage fiscal, salarial et de protection sociale. 

M. SIVARAM RAM CHELLURI, International Committee for Peace and Reconciliation (ICFPAR), a dit que comme les inégalités existeront toujours, leurs effets ne pourront être minimisés qu’en reconnaissant d’abord leur existence et en déployant tous les efforts possibles pour les éliminer.  Comme l’éducation est le moyen par lequel un individu passe d’une étape de la vie à une autre, tous les enfants doivent y avoir accès.  Mais tout le monde n’a pas les mêmes capacités.  L’éducation doit donc être adaptée aux besoins et aux capacités de chacun.  Les différents systèmes d’éducation ne doivent pas être vus comme des outils de la discrimination mais comme un effort pour promouvoir l’égalité devant le savoir, a précisé M. Chelluri, qui a aussi appelé à des mesures renforcées pour sortir les peuples autochtones de leur isolement. 

M. MAURICE ALI, Association internationale des journalistes indépendants, a parlé de « The Fortress Experiment », une expérience qui a porté sur ce qui est important dans notre vie et sur la manière dont on devrait la vivre.  La conclusion a été qu’en tant qu’individu et en tant qu’humanité, nous devons, en plus de nos lois et autres aspects culturels et religieux, travailler à la pleine expression de nos capacités mentales et physiques parce que « cela nous rend heureux ».  En conséquence, le déni de liberté d’expression par l’exclusion sociale et les inégalités nous rendent malheureux puisqu’ils limitent le développement des idées et de la culture, sans compter notre développement personnel.  Mais la liberté d’expression pourrait-elle devenir dangereuse?  En 13 ans d’expérience, a répondu le représentant, aucun de nos participants n’a fait du mal à sa famille, à sa communauté ou à son pays.  Ce concept est simple, compréhensible et suffisamment avéré pour avoir fait l’objet d’un rapport intitulé « Un mandat important et positif pour l’humanité aux Nations Unies ».  En appréhendant les problèmes sociaux sous l’angle de la libre expression des capacités mentales et physiques, nous pourrons en résoudre plusieurs.  Par exemple, les inégalités sociales peuvent être vues comme le résultat des limites imposées à notre libre expression dans l’enseignement supérieur, sur le marché de l’emploi et dans la croissance économique.

M. MAIK DUNNBIER, IOGT International, a déclaré qu’en Europe, neuf millions d’enfants vivent dans des familles au sein desquelles un des parents souffre d’alcoolisme.  En attendant que les chiffres des autres continents soient connus, il a plaidé pour l’universalisation de l’impôt sur les boissons alcoolisées qui serait une mesure fiscale « gagnante » permettant d’augmenter les PIB et de se ménager des ressources pour les soins de santé et la prise en charge des enfants d’alcooliques. 

Au-delà des politiques nationales, Mme ELIZABETH DEFEIS, Fraternité Notre Dame, a rappelé une obligation très simple, celle de toute personne de porter secours à un voisin dans le besoin.  Dans notre monde numérisé, les relations humaines se sont complètement distendues, a-t-elle regretté.  La charité est ignorée et nos sociétés bureaucratisées sont caractérisées par une insensibilité universelle.  L’aide mutuelle a disparu alors qu’avec la charité, elle peut résoudre bien des problèmes.  Les gens doivent revenir à des sentiments plus nobles et aider leurs congénères par le volontariat ou les dons.  Il est temps de réintroduire le sens de la charité dans la société, a-t-elle conclu.

M. SOFIA ROMEO, Concepts of Truth, a déclaré que la pauvreté n’est pas simplement un manque de revenus.  La pauvreté multidimensionnelle, c’est un manque d’accès aux services sociaux et aux opportunités.  La pauvreté peut aussi être « émotionnelle » et pour que la société soit viable, les citoyens doivent rechercher « la viabilité personnelle et émotionnelle ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: à la veille de l’élection de 2020 au Burundi, les délégations saluent l’ouverture de l’espace politique mais regrettent l’impasse dans le dialogue interburundais

8465e séance – après-midi
CS/13706

Conseil de sécurité: à la veille de l’élection de 2020 au Burundi, les délégations saluent l’ouverture de l’espace politique mais regrettent l’impasse dans le dialogue interburundais

Si les préoccupations persistent face à l’état actuel du dialogue interburundais, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi a néanmoins indiqué, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que la reconnaissance officielle, le 14 février dernier, du nouveau parti politique d’opposition, le Congrès national pour la liberté, « pourrait contribuer à l’ouverture de l’espace politique du pays », notamment dans la perspective de l’élection présidentielle de 2020.

Parmi les autres développements majeurs intervenus depuis le mois de novembre dernier, M. Michel Kafando a cité la décision du Président Pierre Nkurunziza de ne pas se présenter à l’élection présidentielle.  L’Envoyé spécial a cependant déploré son rendez-vous manqué avec le Président et les autorités burundaises lors de la visite qu’il a effectuée au Burundi, du 20 au 29 janvier, pour réaffirmer, à la veille du Sommet de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (CAE), le soutien des Nations Unies au processus de dialogue interburundais.

« Le dialogue inclusif demeure en effet la seule option viable pour un règlement durable de la crise politique et la tenue des élections en 2020, dans un environnement apaisé et dans l’esprit et la lettre de l’Accord d’Arusha », a-t-il insisté.  Ce dialogue « n’a pas encore produit les dividendes espérés », a reconnu l’Union africaine, qui a encouragé les acteurs burundais à faire preuve d’esprit de compromis.

La récente ouverture politique a tout de même été saluée par la majorité des délégations, qui ont vu dans l’enregistrement du Congrès national pour la liberté de l’opposant Agathon Rwasa, « un pas dans la bonne direction ».  La France a souligné que la perspective d’un scrutin ouvert et pluraliste participe d’une possible sortie de crise pour le Burundi.  La décision du Gouvernement burundais d’en assurer entièrement le financement a été commenté à plusieurs reprises.

La France a dit attendre du Burundi des « gestes supplémentaires et concrets » en matière de respect des droits de l’homme, pointant notamment la fermeture « regrettable » de la représentation du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme alors que des violations sont toujours constatées.  Évoquant le spectre des conflits ethniques, le Royaume-Uni a jugé le « moment grave » et prévenu que si on ne remédie pas à la situation des droits de l’homme, la stabilité actuelle risque d’être menacée.

Le contexte burundais continue à être préoccupant et ses ramifications régionales ne le sont pas moins, a estimé la Belgique, qui a noté les activités à la hausse de certains groupes rebelles burundais dans la province congolaise du Sud-Kivu et des incidents transfrontaliers avec le Rwanda.  Une guerre par procuration dans les Grands Lacs ne profiterait à aucun pays de la sous-région, ont alerté les États-Unis.  « Nous aussi nous aimerions ne plus discuter de cette question, mais la situation justifie son maintien à l’ordre du jour du Conseil de sécurité », ont-ils ajouté, alors que la Fédération de Russie estimait que l’attention qu’accorde le Conseil de sécurité au Burundi est « contreproductive ». L’organisation de réunions « en cascade » pourrait devenir un facteur de déstabilisation, a acquiescé le Burundi, en réclamant de nouveau son retrait de l’ordre du jour du Conseil.

Le Burundi a plutôt réitéré l’appel de l’Union africaine à la levée des sanctions « immorales à mobile politique en violation de la Charte des Nations Unies et du devoir de la solidarité internationale ».  Le renouvellement « quasi-robotique » de ces sanctions, chaque année, doit en toute logique cesser pour donner une chance au dialogue, a déclaré le Burundi, qui a affirmé que la trajectoire de paix, de la réconciliation et du renforcement de la démocratie est positive depuis 2017 et qu’elle s’est même poursuivie en 2018 et 2019.  Tout sera mis en œuvre, a-t-il promis, pour créer un environnement propice à la tenue d’élections apaisées.  Le transfert de pouvoir entre un Président sortant ayant terminé ses mandats et un Président entrant en 2020 marquera à jamais l’histoire politique du Burundi car ce sera la première fois depuis l’indépendance en 1962, a souligné le Burundi.  Quant au dialogue, « vertu cardinale ancrée dans la vie des Burundais », il a jugé inutile que « des acteurs exogènes se comportent en chef de file dans le processus qui est le nôtre ».

LA SITUATION AU BURUNDI

Déclarations

M. MICHEL KAFANDO, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi, a indiqué que depuis le mois de novembre dernier, la situation au Burundi a été marquée par des développements majeurs.  Il a notamment indiqué que sur le plan politique, le Président Pierre Nkurunziza avait réitéré, le 22 décembre, sa décision de ne pas solliciter un nouveau mandat en 2020.  La demande de reconnaissance officielle du nouveau parti politique d’opposition, le Congrès national pour la liberté, a été agréée le 14 février.  Cette décision va dans le bon sens et pourrait contribuer à l’ouverture de l’espace politique, s’est-il félicité, tout en exhortant le Gouvernement à plus d’inclusivité, notamment dans le cadre des discussions sur l’adoption d’un nouveau code électoral pour les élections de 2020.  Il a également indiqué que la plateforme CNARED est de plus en plus fragilisée par diverses défections.

Après avoir indiqué que la situation des droits de l’homme demeure préoccupante, l’Envoyé spécial a fait savoir que la situation humanitaire s’était améliorée depuis 2017, sauf dans certaines parties du pays, en particulier les provinces frontalières de l’est et du nord-est.  Il a aussi fait savoir qu’environ un million et demi de personnes restent menacées par l’insécurité alimentaire du fait des difficultés socioéconomiques persistantes.  M. Kafando a aussi parlé de la signature, le 25 janvier, par le Gouvernement burundais et l’Équipe pays des Nations Unies, d’un Accord de coopération d’un montant de 784,4 millions de dollars, suivi, le 9 janvier, par le Haut-Commissariat pour les réfugiés, d’un appel de fonds de 296 millions de dollars.

L’Envoyé spécial a ensuite dit s’être rendu au Burundi du 20 au 29 janvier, dans l’intention de s’entretenir avec le Président et les autorités burundaises, notamment pour réaffirmer, à la veille du Sommet de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (CAE), le soutien des Nations Unies au processus de dialogue interburundais.  Malheureusement, a-t-il déploré, ces entretiens n’ont pu avoir lieu.  M. Kafando a expliqué s’être ensuite rendu, le 31 janvier, à Kampala pour une visite de travail avec le Président Yoweri Museveni, Médiateur du dialogue interburundais.  Il a aussi parlé de l’ouverture, le 1er février, du Sommet d’Arusha au cours duquel le Président Paul Kagame, du Rwanda, a succédé au Président Museveni en qualité de Président en exercice de la CAE.  Le Sommet a également pris connaissance du rapport final du Facilitateur sur le dialogue interburundais, mais a décidé que les leaders de la région se concerteraient ultérieurement à cet effet.  Le Facilitateur, que j’ai rencontré le 4 février, m’a informé qu’il avait fini son travail de facilitation et qu’il revenait désormais au Médiateur de prendre la suite du processus, a souligné M. Kafando, qui a aussi confirmé les concertations en cours entre les chefs d’État de la région.

L’Envoyé spécial a ajouté que depuis la tenue du Sommet ordinaire de la CAE, le Burundi a renouvelé sa confiance au Médiateur, lequel, a-t-il précisé, a déjà entamé ses premières consultations avec ses pairs de la sous-région.  Il a indiqué qu’avec la nouvelle donne proposée par le Sommet de la CAE, à savoir la désignation des Présidents du Kenya, de la Tanzanie et de l’Ouganda, pour conduire la médiation, il compte reprendre contact avec eux pour connaître les détails de leurs nouvelles approches.  En fait, a-t-il expliqué, il s’agira de réévaluer ensemble les voies et moyens pour aider la région à assister efficacement le Burundi dans la résolution de la crise politique actuelle.

Il a ensuite suggéré aux Membre du Conseil, « s’il est dans leur intention d’adopter une déclaration à la presse », de réitérer leurs encouragements aux efforts de la région ainsi que le plein soutien du Secrétaire général à la médiation.  Il est important que la médiation s’assure de l’accompagnement et de l’assistance dont le Facilitateur a bénéficié dans l’exécution de sa mission.  Mais toutes ses propositions de soutien ne doivent viser qu’un seul objectif.  Le dialogue inclusif interburundais demeure en effet la seule option viable pour un règlement durable de la crise politique et la tenue des élections en 2020, dans un environnement apaisé et dans l’esprit et la lettre de l’Accord d’Arusha.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Observatrice de l’Union africaine (UA), a assuré que son Organisation a été très active dans son appui aux efforts de médiation dirigés par la Communauté d’Afrique de l’Est pour rétablir la paix et la stabilité au Burundi.  L’Union africaine soutient le processus de dialogue interburundais, « qui n’a pas encore produit les dividendes espérés », raison pour laquelle la haut-fonctionnaire a encouragé les acteurs burundais à faire preuve d’esprit de compromis, tout en soulignant qu’un dialogue inclusif demeure le seul moyen de permettre de surmonter les défis actuels et de maintenir la cohésion nationale.  Elle a livré le bilan de la situation dans le pays, en commençant par le volet politique, marqué par les préparatifs de l’élection de 2020, à laquelle le Président actuel, Pierre Nkurunziza, ne se présentera pas.  Mme Mohammed a souligné que, sur le plan sécuritaire, la situation au Burundi est restée relativement stable ces derniers mois, malgré des échauffourées sporadiques le long de la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), entre les forces nationales et des éléments armés non identifiés.

Sur le plan humanitaire et socioéconomique, l’observatrice a noté que des défis continuent de se poser, en particulier à la lumière des vagues de déplacements de populations dans la sous-région, une situation aggravée par la récession économique.  S’agissant des droits de l’homme, l’Union africaine, a-t-elle dit, continue de maintenir au Burundi les observateurs et experts militaires qui surveillent la situation sur le terrain, un élément d’importance, compte tenu du fait que seul le personnel de l’Union est autorisé à opérer dans le pays.  En conclusion, l’Union africaine s’est engagée, par la voix de Mme Mohammed, à redoubler d’efforts pour appuyer une solution de consensus à la situation au Burundi.  Elle a tout particulièrement encouragé le Gouvernement à poursuivre les préparatifs électoraux, en mettant en place les mécanismes et instruments pertinents, conformément au Code électoral burundais.

M. JÜRG LAUBER, Président de la formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix, a indiqué que depuis sa dernière intervention au Conseil de sécurité, le 21 novembre dernier, la situation sécuritaire est restée globalement calme.  Le 25 janvier, le Ministre des finances, du budget et du développement économique du Burundi et le Résident coordonnateur ont signé le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) 2019-2023.  Le 1er février, le Président burundais a lancé officiellement la stratégie de localisation des objectifs de développement durable. 

M. Lauber a ensuite donné une vue d’ensemble des activités à venir.  Il a souligné que les autorités burundaises semblent déjà complètement absorbées par les préparatifs des élections de 2020.  Il a invité le Gouvernement du Burundi et les partis politiques à travailler ensemble pour assurer des élections inclusives, libres, démocratiques et pacifiques.  Il s’est félicité de ce que le Ministre de l’intérieur ait approuvé le nouveau parti de l’opposant Agathon Rwasa, actuellement Vice-Président de la Chambre des députés.  Entre temps, a-t-il prévenu, les défis socioéconomiques resteront au centre de l’attention de la formation.  Le plan national de développement, le PNUAD et les objectifs de développement durable offrent une base pour un engagement stratégique et cohérent des parties prenantes.  Le Président a appelé le Burundi et ses partenaires internationaux à se concentrer sur le développement socioéconomique à moyen et à long termes.  La communauté internationale, a-t-il ajouté, doit fournir l’assistance voulue pour répondre aux besoins urgents du peuple burundais et réduire sa vulnérabilité.  La formation, quant à elle, continuera d’appuyer le processus de réconciliation, a conclu M. Lauber.  

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a souligné que le Burundi a besoin d’élections libres et inclusives en 2020.  Il a salué la reconnaissance du Congrès national pour la liberté en tant que parti politique, statut qui, a-t-il indiqué, l’autorise à participer aux prochaines élections.  C’est un pas dans la bonne direction, a-t-il estimé, soulignant par ailleurs que la perspective d’un scrutin ouvert et pluraliste participe d’une possible sortie de crise pour le Burundi.  Insistant sur le fait que le Burundi ne retrouvera le chemin de la stabilité qu’avec l’organisation d’élections libres et inclusives en 2020, le représentant a souligné que la dynamique positive qui a été initiée doit désormais être poursuivie en assurant à tous les partis politiques un accès équitable et juste au scrutin.  Il a aussi encouragé les autorités burundaises à poursuivre le dialogue et a appelé à capitaliser sur le travail mené par le Président Mkapa, Facilitateur mandaté par la CAE.

Le représentant a indiqué que son pays attend du Burundi des gestes supplémentaires et concrets en matière de respect des droits de l’homme.  Il a notamment parlé de la fermeture « regrettable » du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et a appelé les autorités à une plus grande coopération avec les mécanismes de protection des droits de l’homme des Nations Unies.  Il a également jugé important que le retour de réfugiés sur une base volontaire intervienne de façon sûre et digne.

Le représentant a en outre appelé la communauté internationale à rester pleinement mobilisée aux côtés des Burundais, notant qu’il revient à la Communauté d’Afrique de l’Est et à l’Union africaine de poursuivre leur travail pour accompagner le mieux possible la préparation de l’élection et la sortie de crise.  Les élections de l’an prochain seront un moment crucial et sensible.  Nous ne devons pas abandonner le Burundi au milieu du gué, a-t-il insisté.  Il s’est dit de plus en plus inquiet de la multiplication des violences au sein de la région des Grands Lacs et de la possibilité que cette montée des tensions soit le ferment d’une plus grande déstabilisation à l’échelle régionale.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a regretté la persistance de l’impasse politique au Burundi, après s’être félicité de l’amélioration de la situation humanitaire.  Il a salué la décision prise lors du Sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est, le 1er février à Arusha, de maintenir des consultations directes entre l’organisation et les protagonistes de la crise burundaise.  La situation humanitaire est marquée par le retour volontaire des réfugiés burundais, a-t-il dit, ajoutant que 100 000 personnes pourraient être concernées en 2019.  Enfin, le délégué a appelé les donateurs à accroître leurs contributions, avant d’exhorter la communauté internationale à soutenir les actions de la Communauté d’Afrique de l’Est en vue de la revitalisation du dialogue interburundais.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a pris acte du fait que le Président burundais ne se représenterait pas à l’élection présidentielle de 2020.  Selon lui, une transition pacifique ne sera possible que si la feuille de route inclut toutes les composantes de la société burundaise, et que tous les candidats qui le souhaitent puissent se présenter au scrutin.  Le représentant s’est ensuite dit préoccupé par la décision du Burundi de fermer le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, alors que des violations sont toujours constatées.  M. Cohen s’est dit aussi alarmé par les tensions observées aux frontières avec la RDC et le Rwanda, affirmant qu’une guerre par procuration dans les Grands Lacs ne profiterait à aucun pays de la sous-région.  Il a exhorté le Gouvernement burundais à fournir à sa population les services de base dont elle a besoin, alors que le statut d’une vingtaine d’ONG a été révoqué.  Nous aussi, comme le Burundi, aimerions ne plus avoir à discuter de cette question, mais la situation justifie son maintien à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté en conclusion.

M. MARTHINUS VAN SHALKWYK (Afrique du Sud) a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer les initiatives de la CAE et déploré tout effort visant à exclure une quelconque partie des Accords d’Arusha.  Nous sommes préoccupés, a avoué le représentant, par la tournure des évènements par rapport à ces Accords.  Il a donc « imploré » le processus de médiation de revenir aux principes des Accords et a encouragé le Burundi à travailler étroitement avec la Communauté d’Afrique de l’Est et l’Union africaine pour créer un environnement favorable à l’élection présidentielle.  Il a d’ailleurs salué la décision du Gouvernement burundais de la financer lui-même.  Le représentant a aussi félicité le Burundi pour sa contribution à la paix et à la sécurité, comme en témoignent les contingents qu’il a déployés en République centrafricaine et en Somalie. 

Il a pris note du plan national de développement du Burundi et a pressé la communauté internationale de faire plus pour aider le pays à relever ses défis socioéconomiques et humanitaires.  Dans ce contexte, il a réitéré l’appel de l’Union africaine à la levée des sanctions unilatérales de l’Union européenne.  Il a enfin encouragé le Burundi à continuer de travailler au retour volontaire de ses réfugiés et jugé que le retour progressif est un signe de l’amélioration de la situation.  Il a conclu en appelant la communauté internationale à aider le Gouvernement burundais et le processus de médiation de la CAE à jeter les bases d’un environnement favorable à une élection démocratique et à une passation pacifique du pouvoir pour assurer la paix et la stabilité au-delà de 2020.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué les initiatives lancées par la Commission de consolidation de la paix (CCP) visant à renforcer la coopération avec le Burundi, en mettant l’accent sur l’amélioration de la situation socioéconomique du pays.  Il a noté que la situation dans le pays est calme et qu’elle tend vers la normalisation.  Après avoir qualifié le référendum constitutionnel du 17 mai d’évènement politique le plus important de l’année écoulée, le représentant a estimé que l’élection présidentielle de 2020 est une « affaire intérieure ».  Il a donc rejeté toute ingérence extérieure, préférant inviter les parties prenantes à renoncer aux discours incendiaires.  Le représentant n’a pas manqué de rappeler que, « contrairement à l’avis de certains experts occidentaux », le Président Nkurunziza a bel et bien confirmé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat.  Il a salué les efforts de la CAE pour relancer les pourparlers directs entre les parties burundaises et a estimé que la situation au Burundi ne représente pas une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il a donc appelé le Conseil à supprimer cette question d’un ordre du jour déjà « surchargé ».  L’attention du Conseil devient « contreproductive », a-t-il prévenu.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a estimé que les progrès accomplis dans le domaine politique au Burundi ne devaient pas être ignorés, progrès qu’il a imputés aux efforts déployés par le leadership du Gouvernement burundais.  Il s’est ensuite félicité de la décision du Gouvernement burundais d’assumer la responsabilité financière des élections de 2020, en encourageant les autorités à coopérer avec le mécanisme de l’ONU sur le terrain, ainsi qu’avec la Commission de consolidation de la paix.  La priorité de la communauté internationale doit être d’accroître l’assistance humanitaire au Burundi et de soutenir son développement socioéconomique, au moment où le nombre de réfugiés de retour est en hausse, plus de 100 000 par rapport aux 58 262, il y a un an.  À la lumière de ces chiffres, M. Djani a regretté que le plan de réponse régional pour les réfugiés du Burundi soit l’un des moins bien financés au monde, exhortant les donateurs à faire davantage.

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a appelé au strict respect des Accords d’Arusha, avouant attendre d’autres engagements « sérieux » de la part des autorités burundaises sur l’élection présidentielle de 2020, en plus de celui du Président burundais de ne pas se présenter.  Le Burundi, a-t-il précisé, doit ouvrir son espace politique aux différents candidats et partis et garantir l’indépendance de la Commission électorale.  À cet égard, l’enregistrement du Congrès national pour la liberté est un pas dans la bonne direction, a estimé le représentant.  Il a dit voir une menace à la paix et à la sécurité régionales compte tenu des mouvements de troupes « alarmants » du Burundi et du Rwanda dans les provinces congolaises du Nord et du Sud-Kivu.  Il a vu là une démonstration claire de la nature transfrontalière de la crise politique au Burundi et dit craindre une pression inutile sur la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC).  Le représentant a salué à son tour les efforts de la région et ceux de la Commission de consolidation de la paix.  Il en a profité pour exprimer sa profonde préoccupation face à la situation des droits de l’homme au Burundi, ces derniers mois, dénonçant en particulier la fermeture de la représentation du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et la suspension de plusieurs ONG internationales.  Appelant au renforcement de l’aide humanitaire, il a indiqué que son pays a débloqué une somme de 15 millions d’euros en 2018, octroyant une autre somme de 24 millions pour les personnes déplacées.  Compte tenu de la situation, le représentant a fermement appuyé le maintien de la situation au Burundi à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a demandé à la région de rester engagée, notant que son soutien est essentiel pour la stabilité du Burundi.  On ne saurait sous-estimer les risques, a-t-il ajouté, évoquant le spectre des conflits ethniques.  Il a ensuite insisté sur l’importance d’assurer la tenue d’élections libres et justes en 2020 et a salué l’enregistrement des partis politiques ainsi que la décision de l’actuel Président de ne pas se présenter.  Le représentant s’est inquiété, à son tour, des violations des droits de l’homme, regrettant notamment la fermeture de la représentation du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Il a appelé à la poursuite du dialogue pour trouver une issue à la crise.  Le moment est grave car si on ne règle pas la situation des droits de l’homme, la stabilité actuelle risque d’être menacée, a–t-il averti.  Il a donc estimé que la question du Burundi doit être maintenue à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a estimé que les préparatifs des prochaines élections générales, prévues pour 2020, au Burundi doivent s’accompagner de mesures de confiance pour l’ensemble des acteurs politiques et sociaux.  Il a rappelé que la Commission de consolidation de la paix peut prêter son concours à l’établissement d’une économie durable.  Préoccupé par les signalements fréquents de violations des droits de l’homme dans le pays, le représentant a considéré que la fermeture de la représentation du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme était regrettable, plaidant pour sa réouverture le plus rapidement possible.  La situation humanitaire est également une source de préoccupation, a dit le représentant, dont le sort des réfugiés.  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, en conclusion, doit continuer de suivre la situation au Burundi, en coopération avec les organisations régionales pertinentes, en vue de parvenir à l’organisation d’élections crédibles et transparentes l’an prochain.

M. WU HAITAO (Chine) a constaté que le calme et la stabilité règnent au Burundi, notant les efforts de réconciliation entre les partis politiques, ainsi que le retour des réfugiés, entre autres.  Il a souligné l’importance du pays pour la région des Grands Lacs et a appelé au respect de la souveraineté du Burundi et des prérogatives du Gouvernement burundais.  La communauté internationale doit adopter une attitude impartiale et contribuer au maintien de la stabilité du pays, a-t-il ajouté.  Il a aussi espéré que les organisations régionales continueront d’appuyer le Gouvernement.  Il a appelé le Conseil de sécurité à répondre favorablement à l’appel du Burundi à sortir de l’ordre du jour.  Passant à la question du retour des réfugiés, qui, a-t-il relevé, devrait atteindre son pic en 2019, le représentant a appelé la communauté internationale à fournir au Gouvernement burundais tout l’appui nécessaire.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a lancé trois messages.  Il s’est d’abord dit préoccupé par la situation interne au Burundi.  D’un point de vue politique, il a insisté sur la nécessité de se baser sur une feuille de route consensuelle et inclusive ainsi que sur l’importance du respect de l’Accord d’Arusha pour toute solution à la crise burundaise.  Il a jugé regrettable que le Gouvernement burundais n’ait pas participé au dernier round du dialogue alors qu’à la fin du processus, de nombreuses divergences subsistent.  Le respect des libertés des partis d’opposition sera un élément fondamental de notre évaluation du processus électoral, a indiqué le délégué, qui s’est félicité de voir que le nouveau parti du principal opposant a reçu son agrément.  « Il s’agit d’un développement indiscutablement positif », a-t-il estimé. 

Du point de vue des droits de l’homme, le représentant a vu une situation qui continue d’être « problématique ».  Il a regretté, à son tour, la décision de fermer la représentation du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, le manque persistant de coopération avec la Commission d’enquête ainsi que les nouvelles restrictions visant les observateurs des droits de l’homme de l’Union africaine.  Sur le plan socioéconomique, M. Pecsteen de Buytswerve s’est dit inquiet de la mesure de suspension des ONG étrangères ainsi que du départ de certaines ONG, alors que le plan national de développement « doit fournir une partie des réponses ».

Si le contexte burundais continue à être préoccupant, ses ramifications régionales ne le sont pas moins, a prévenu le délégué, qui a noté les activités à la hausse de certains groupes rebelles burundais dans le Sud-Kivu et des incidents transfrontaliers avec le Rwanda qui ont le potentiel de déstabiliser la région.  La problématique des réfugiés burundais et de leur importante présence dans la région en général, nécessite également une solution régionale durable, a poursuivi le représentant.  Les problèmes régionaux nécessitent des solutions régionales, a-t-il souligné, en soutenant un leadership fort et accru de la part de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (CAE) ainsi qu’une forte implication de l’Union africaine et des autres garants de l’Accord d’Arusha.  Le représentant a conclu en insistant sur le caractère essentiel de l’engagement des autorités burundaises et en saluant l’annonce du Secrétaire général de soumettre au Conseil une série d’options sur le rôle des Nations Unies au Burundi.  « Le Conseil doit rester saisi de cette question », a-t-il martelé.   

M. KAMIL KRZYSZTOF MIELUS (Pologne) a estimé que la situation politique demeure préoccupante, notamment à l’approche de l’élection présidentielle de 2020.  Il a notamment regretté que les autorités burundaises ne soient pas encore prêtes au compromis politique et ne manifestent pas de volonté à participer à un dialogue authentique.  Notant les implications régionales de la situation dans le pays, il a souligné qu’un appui régional concerté est crucial pour résoudre la crise.  Le délégué s’est ensuite inquiété de la situation des droits de l’homme, notant qu’elle peut saper les efforts en faveur de la réconciliation.  Il a appelé le Gouvernement à prendre des mesures concrètes pour rétablir la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme.  Il a noté que l’impasse politique se fait ressentir de manière négative sur la situation économique et humanitaire du pays.  Le retour des réfugiés dans le cadre de l’Accord tripartite avec la Tanzanie et le HCR doit se faire sur une base volontaire, a-t-il rappelé.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a pris note avec préoccupation de l’évolution de la crise humanitaire au Burundi, relevant les taux de malnutrition aigus et le chiffre de trois millions d’enfants en situation d’insécurité alimentaire.  Il s’est également alarmé des cas de choléra, 140 au total ayant été signalés depuis décembre 2018, et du nombre toujours élevé de réfugiés burundais qui continuent de vivre dans des conditions précaires dans les pays voisins.  Le représentant a, lui aussi, pris note des violations des droits de l’homme signalées au Burundi, avant de se dire « déconcerté » par la suspension des ONG par le Gouvernement, alors que celles-ci prêtaient une assistance vitale aux populations vulnérables.  Il a salué la ponction de 7,1 millions de dollars du Fonds pour la consolidation de la paix pour appuyer, entre autres, deux projets qui visent à autonomiser les femmes médiatrices et les jeunes, dans des domaines aussi cruciaux que la cohésion sociale, la sécurité, et la bonne gouvernance.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a constaté que la situation politique au Burundi revient vers un calme relatif, notant la tenue, dans des conditions stables du référendum, l’annonce du Président Nkurunziza de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, et celle du Gouvernement de financer intégralement le scrutin de 2020.  Ce sont là des avancées politiques importantes, a estimé le représentant, qui a salué les efforts de l’Union africaine et de la Communauté d’Afrique de l’Est en faveur d’un dialogue inclusif dans le cadre des Accords d’Arusha.  Il a aussi salué les efforts des Présidents Mkapa et Museveni, avant de souligner que le succès du dialogue interburundais aurait des conséquences notables sur la stabilité régionale.  Le représentant s’est aussi félicité de l’amélioration de la situation humanitaire, s’inquiétant toutefois que de nombreuses personnes souffrent encore d’insécurité alimentaire.  Il a aussi voulu que l’on préserve le caractère volontaire du retour des réfugiés.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué les efforts ayant mené à la signature de la feuille de route de Kayansara, en vue des élections générales de 2020, ainsi que la nomination de nouveaux membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).  Il a invité le Gouvernement, les partis politiques et la société civile à participer au dialogue interburundais et à assurer la tenue d’élections crédibles, inclusives et transparentes.  La décision du Président du Burundi de ne pas se présenter à l’élection de 2020 et le respect des Accords d’Arusha témoignent de la volonté des parties de renforcer la démocratie et d’assurer le retour à la paix et à la stabilité.  De même, l’élection du Burundi au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le déploiement de contingents dans les opérations de maintien de la paix illustrent l’engagement du Burundi en faveur de la paix.  Le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer le Gouvernement et les parties prenantes afin d’assurer la tenue d’élections pacifiques.

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a indiqué que la trajectoire de paix, de la réconciliation et du renforcement de la démocratie est positive dans son pays depuis 2017.  La tendance s’est poursuivie en 2018 et 2019.  Les mécanismes nationaux en vue de la tenue d’élections apaisées en 2020 se mettent progressivement en place.  Une Constitution qui affermit les acquis démocratiques et la cohésion nationale a été promulguée le 7 juin 2018.  Le représentant a assuré que tout sera mis en œuvre pour créer un environnement propice à la tenue d’élections apaisées, gage de la stabilité politique du Burundi.  La déclaration du Chef de l’État de ne pas se représenter en 2020, alors qu’il en avait le plein droit au regard de la Constitution actuelle, est un geste de haute valeur politique et démocratique qui peut servir d’exemple dans la sous-région et ailleurs, a-t-il dit.  Le transfert de pouvoir entre un Président sortant ayant terminé ses mandats et un Président entrant en 2020 marquera à jamais l’histoire politique du Burundi car ce sera la première fois depuis l’indépendance, en 1962, qu’un Président démocratiquement élu termine ses mandats constitutionnels sans qu’il soit assassiné comme ce fut le cas avec l’assassinat ignoble du Président Melchior Ndadaye après seulement 101 jours au pouvoir. 

M. Shingiro a noté que le dialogue est une vertu cardinale ancrée dans la vie des Burundais et estimé qu’il n’est plus besoin que « des acteurs exogènes se comportent en chef de file dans le processus qui est le nôtre ».  La situation sécuritaire est stable et entièrement sous contrôle, a-t-il dit, ajoutant que cette tendance est « irréversible ».  Le délégué a rappelé que l’Union africaine a appelé l’Union européenne à de multiples reprises à lever des sanctions, qu’il a qualifiées « d’immorales à mobile politique en violation de la Charte des Nations Unies et du devoir de solidarité internationale ».  Le renouvellement « quasi-robotique » de ces sanctions, chaque année, doit en toute logique cesser pour donner une chance au dialogue, a-t-il déclaré.

Le délégué a en outre estimé que la mise en place de la Commission Vérité et réconciliation revêt une importance capitale dans le cheminement vers un Burundi définitivement réconcilié avec lui-même, avant de souligner la coopération de son pays pour promouvoir les droits de l’homme.  Enfin, il a demandé de nouveau le retrait de la situation dans son pays de l’ordre du jour du Conseil.  L’organisation de réunions en cascade sur le Burundi pourrait devenir un facteur de déstabilisation du pays, a conclu M. Shingiro.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la Charte entame sa session de 2019 en abordant les questions des sanctions et du règlement pacifique des différends

290e & 291e séances – matin & après-midi
L/3287

Le Comité spécial de la Charte entame sa session de 2019 en abordant les questions des sanctions et du règlement pacifique des différends

Le règlement pacifique des différends et l’encadrement des sanctions ont été au centre du débat général du Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation à l’ouverture de la session de 2019, qui se déroulera du 19 au 27 février.

Le Comité spécial est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale dont le mandat est de formuler des recommandations visant le développement progressif du droit international et le recours, par les États Membres, à des outils de prévention et de règlement pacifique des différends.

En début de séance, Mme Maria Theofili, de la Grèce, a été élue Présidente du Comité spécial pour la session en cours au nom du Groupe de l’Europe occidentale et autres États.  

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, le représentant de la République islamique d’Iran a vanté les réalisations du Comité spécial en matière de règlement pacifique des différends, notamment la Déclaration de Manille, adoptée en 1982.  Il a saisi cette occasion pour rappeler que l’Assemblée générale demeure le principal organe représentatif des Nations Unies et pour dénoncer les tentatives du Conseil de sécurité de s’arroger les prérogatives de l’Assemblée. 

Une position reprise par la Gambie qui, au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé que tout empiètement par le Conseil de sécurité ne pouvait que mener à l’affaiblissement de l’Organisation dans son ensemble, ce qui est précisément contraire aux objectifs de ce Comité.

Le sujet des sanctions a suscité des prises de positions fermes par les intervenants.  La Fédération de Russie a ainsi dénoncé l’introduction de mesures coercitives unilatérales par certains États, qui ont pour effet de saper la compétence du Conseil de sécurité et sont « incompatibles avec les principes de l’égalité souveraine et de non-ingérence dans les affaires internes des États ». 

En écho à cette déclaration, Cuba et le Venezuela se sont inquiétés de la pratique de certains pays qui consiste à « réinterpréter » des principes de la Charte afin d’imposer des politiques « interventionnistes », ce qui a pour effet de mettre en péril le droit international et la souveraineté des États.  Le Venezuela a par ailleurs fustigé le « vol », par les États-Unis, membre permanent du Conseil de sécurité, d’actifs pétroliers nationaux d’une valeur de 30 milliards afin d’installer un gouvernement « fantoche », au mépris des dispositions de la Charte des Nations Unies. 

Face à ce constat, les sanctions ne devraient être imposées qu’en dernier recours, en cas de menace à la paix et à la sécurité internationales ou encore d’agression, ont rappelé tour à tour l’Inde, le Honduras et le Nigéria, pour qui l’objectif des sanctions ne devrait pas être d’exercer des représailles ni d’entraver l’aide humanitaire.  

Les sanctions, a insisté l’Algérie, devraient en outre reposer sur des bases juridiques et temporelles solides, et être levées dès que l’objectif fixé a été atteint.  L’imposition de sanctions ne constitue pas une fin mais plutôt un moyen d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a fait valoir la Chine, en appelant au strict respect des décisions du Conseil de sécurité.

Pour sa part, l’Union européenne, a estimé que la mise en place de sanctions « justes et claires » demeure un outil important de la Charte qui permet d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, tout en minimisant l’impact sur les populations et les États tiers, dans le respect du droit international humanitaire. 

L’imposition de sanctions « ciblées » par le Conseil de sécurité a en effet permis de réduire considérablement les conséquences de ces mesures sur les populations civiles et les États tiers, s’est félicitée l’Inde.  Plusieurs délégations ont insisté à cet égard sur l’importance de mesurer et d’évaluer l’impact socioéconomique et humanitaire des sanctions sur le pays ciblé et les États tiers. 

Évoquant le sous-thème choisi par le Comité spécial pour la présente session, « Échange d’informations sur les pratiques des États concernant le recours à la médiation », la Gambie y a vu un moyen de renforcer l’action des Nations Unies en ce sens.  Pour la Chine comme pour la Russie, le choix des modalités du règlement des différends, y compris la médiation, relève du consentement et de la souveraineté des États.  

La Cour internationale de Justice (CIJ), ont rappelé l’Inde, le Pérou et l’Afghanistan, a un rôle important à jouer pour assurer le règlement pacifique des différends.  À propos de la CIJ, la proposition de la Russie et du Bélarus de lui demander un avis consultatif sur l’usage de la force sans autorisation préalable du Conseil de sécurité a été vue d’un bon œil par la Chine.  Celle-ci a estimé qu’un tel avis permettrait de clarifier le droit international sur cette question ainsi que les dispositions pertinentes de la Charte.

À toutes ces questions à l’ordre du jour du Comité, le Mexique avait proposé l’an dernier de rajouter un examen de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, mais la Turquie et les États-Unis ont réitéré que le Comité spécial ne constituait pas le cadre approprié pour discuter de cet article qui a trait au « droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective », des États Membres.

S’agissant de la proposition du Ghana de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, mentionnée dans la résolution* du 20 décembre 2018 de l’Assemblée générale, l’Union européenne a émis des réserves sur les bases juridiques d’une telle approche et rappelé que cette question relevait en premier lieu des États concernés.  Devant les disparités étatiques et régionales existantes, il est impossible de définir des règles universelles de règlement pacifique des différends entre l’ONU et les organisations et mécanismes régionaux, a tranché le Ghana, qui a présenté une proposition révisée tenant compte de ces remarques.  

Enfin, plusieurs délégations, dont le Pérou, la Chine et les États-Unis, se sont félicitées des progrès réalisés dans la mise à jour des répertoires de la pratique des organes des Nations Unies et du Conseil de sécurité, avant de saluer aussi l’amélioration des méthodes de travail du Comité spécial.

L’Union européenne et les États-Unis ont toutefois relevé que plusieurs propositions font l’objet des mêmes discussions au sein du Comité depuis des années, des questions qui sont en plus examinées par d’autres entités des Nations Unies.  Ils ont regretté ces doublons, alors que les mandats de chaque organe sont clairement définis dans la Charte.

Outre la Présidente, le Comité spécial a également élu M. George Mikeladze (Géorgie) au poste de Vice-Président et M. Die Millogo (Burkina Faso) à celui de Rapporteur.  Le Comité a également adopté son ordre du jour provisoire** pour la présente session.  L’élection des membres du Comité spécial issus du Groupe des États d’Asie et du Pacifique et du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes a été reportée à une date ultérieure.  

La prochaine réunion publique du Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation se tiendra le mercredi 27 février, à 10 heures.  Entre-temps, le Comité se réunira en groupes de travail.

 

*A/RES/73/206

**A/AC.182/L.149

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial dit entrevoir la possibilité de passer d’une « logique de guerre à une logique de paix »

8464e séance – matin
CS/13705

Yémen: devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial dit entrevoir la possibilité de passer d’une « logique de guerre à une logique de paix »

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Martin Griffiths, a indiqué, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que les progrès enregistrés dans la mise en œuvre des accords conclus à Stockholm en décembre 2018 permettent d’envisager le passage d’une « logique de guerre à une logique de paix » au Yémen, dont la situation humanitaire demeure catastrophique, comme l’a rappelé le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock.  La plupart des délégations ont, elles aussi, insisté sur l’importance de préserver la dynamique observée dans le pays en vue de parvenir à une solution politique et d’agir efficacement sur le front humanitaire.

À l’entame de son propos, l’Envoyé spécial a détaillé la mise en œuvre des différents accords conclus en Suède, mentionnant en premier lieu, l’Accord sur Hodeïda, qui a constitué une « percée » s’agissant d’une ville qui est le « centre de gravité de la guerre ».  Les parties ont convenu de procéder à un redéploiement depuis les ports de Saleef et de Ras Isa dans un premier temps, suivi par un redéploiement depuis le port de Hodeïda et d’autres zones critiques de la ville dans une phase 2, a-t-il déclaré.

Même si certaines échéances n’ont pu être respectées, les parties ont fait preuve d’un engagement constant dans la mise en œuvre de l’Accord, a poursuivi M. Griffiths, qui a dit néanmoins ne pas se faire « d’illusions » sur les défis qui subsistent.  Notant les signes d’une activité civile accrue à Hodeïda, l’Envoyé spécial a indiqué que les habitants de la ville ont d’ores et déjà bénéficié concrètement de la décrue des hostilités prévue à Stockholm.

« L’accord sur la phase 1 du redéploiement mutuel des forces de Hodeïda est le signe que les parties sont engagées à préserver cet élan et capables de mettre en œuvre leurs engagements pour les traduire en progrès tangibles », a-t-il dit.  M. Griffiths a noté en outre que les parties ont accru leurs efforts en ce qui concerne le suivi de l’accord d’échange de prisonniers, une proposition pour une première phase de mise en œuvre en vue d’une libération totale étant en discussion.

Les parties ont réaffirmé leur engagement en faveur de la Déclaration d’entente sur Taëz agréée à Stockholm, a déclaré l’Envoyé spécial, tout en soulignant la nécessité de voir des « progrès tangibles » sur ce dossier.  Enfin, M. Griffiths a invité les membres du Conseil à se projeter au-delà des accords conclus à Stockholm, qui ne sont qu’une « étape préliminaire », en vue de se consacrer à la recherche d’une solution politique.  Notre responsabilité dans la préservation de la dynamique observée est « écrasante », a-t-il conclu.

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a dépeint un tableau « sombre » en indiquant que 80% de la population, soit 24 millions de personnes, ont besoin d’une aide humanitaire et de protection, 10 millions de personnes étant au bord de la famine.  Si la violence a baissé à Hodeïda, à la suite de l’Accord de Stockholm, elle a augmenté dans certaines zones de front, notamment à Hajjah, a poursuivi M. Lowcock.  

Le Coordonnateur des secours d’urgence a indiqué que l’opération de secours du Yémen, « la plus importante au monde », menée l’an dernier, a été financée par les donateurs, en particulier l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui, en 2018, ont financé à 83% le plan de réponse humanitaire.  Enfin, en prévision de la tenue, la semaine prochaine, à Genève, de la Conférence de haut niveau d’annonces de contributions, M. Lowcock a appelé les États Membres à se montrer généreux.  « J’aimerais pourvoir dire, à la fin de l’année 2019, que le Yémen n’est plus la pire crise humanitaire au monde », a-t-il conclu.

Si les délégations ont unanimement reconnu la nécessité de remédier à la crise humanitaire, elles ont enrevanche affiché quelques divergences sur la mise en œuvre des accords conclus en Suède.  Tout en soulignant la nécessité de parvenir à une solution politique, la délégation de la Guinée équatoriale a estimé que la situation dans le pays va dans « le bon sens », tandis que les délégués de la France et de la Belgique ont fait état de « progrès tangibles », même si la situation reste encore fragile à Hodeïda.  « Nous comprenons qu’il ne faut pas s’attendre à un résultat immédiat, mais nous avons envie de croire que nous entrons dans une nouvelle phase du règlement du conflit », a appuyé le délégué de la Fédération de Russie.

Aucun progrès tangible n’a été observé à Hodeïda, a en revanche affirmé le délégué du Koweït, en déplorant la mise en œuvre partielle des résolutions du Conseil sur la situation au Yémen.  Il a également souhaité que la phase 2 dans le redéploiement des forces se déroule selon un calendrier bien défini, en soulignant la nécessité de « passer des paroles aux actes ».  Son homologue de la République dominicaine, s’il a dit comprendre l’attention portée à Hodeïda, a invité à ne pas oublier les autres parties du pays en proie au conflit.

Alors que mon gouvernement est déterminé à mettre fin aux souffrances de son peuple et à entamer la reconstruction d’un « Yémen fédéral nouveau », les « putschistes » n’ont pas fait montre d’un véritable désir de paix et de dialogue, préférant se livrer à des « tergiversations », en violation de leurs obligations découlant de l’Accord de Stockholm, a déclaré le délégué yéménite.  Il a ainsi accusé les milices putschistes de continuer de violer le cessez-le-feu en vue de torpiller cet Accord, faisant état de 1 177 violations à Hodeïda, de 80 civils tués, et de 83 blessés depuis sa signature. 

Le délégué a donc appelé le Conseil de sécurité à faire pression sur les houthistes pour qu’ils mettent en œuvre l’Accord dans des délais acceptables, exigeant la remise en liberté des prisonniers, y compris ceux qui sont assignés à résidence.  Enfin, il a appelé les pays donateurs et les organisations internationales à renforcer leur appui et à honorer les promesses de contributions qu’ils feront dans le cadre du Plan d’action humanitaire 2019, le 26 février prochain.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen,  qui s'exprimait par visioconférence, a évoqué les progrès significatifs accomplis dans la mise en œuvre des accords de Stockholm.  Les parties sont en effet parvenues à un accord sur la phase 1 du redéploiement mutuel des forces de la ville Hodeïda.  Sous la direction du général Mark Lollesgaard, les parties ont convenu de procéder à un redéploiement depuis les ports de Saleef et de Ras Isa dans un premier temps, suivi par un redéploiement depuis le port de Hodeïda et d’autres zones critiques de la ville dans une deuxième phase.  « Cela facilitera l’accès aux « Red Sea Mills », a-t-il espéré, avant d’exhorter les parties à s’accorder sur les détails de la phase 2.  Malgré le fait que certaines échéances n’ont pu être respectées, les parties ont fait preuve d’un engagement constant dans la mise en œuvre de l’Accord, a salué M. Griffiths.  « Mais je ne me fais pas d’illusions sur les défis qui subsistent. »

L’Envoyé spécial a détaillé l’élan observé sur le dossier yéménite, depuis la percée qu’a été l’accord conclu en décembre 2018 à Stockholm.  Évoquant un « tournant majeur », il a dit que cela avait montré au peuple yéménite que quelque chose se passe.  M. Griffiths a mentionné les signes d’une activité civile croissante à Hodeïda, ajoutant que les habitants de la ville ont d’ores et déjà bénéficié concrètement de la décrue des hostilités prévue à Stockholm.  « L’accord sur la phase 1 du redéploiement mutuel des forces de la ville Hodeïda est le signe que les parties sont engagées à préserver cet élan.  Cela démontre que les parties sont capables de mettre en œuvre leurs engagements pour les traduire en progrès tangibles.  Cela renforce la confiance entre les parties.  Cela témoigne d’une véritable volonté politique. »  L’Envoyé spécial a indiqué qu’existe désormais la possibilité de passer d’une « logique de guerre à une logique de paix », ajoutant que ces redéploiements sont cruciaux pour la bonne mise en œuvre des efforts humanitaires.

Les parties ont en outre accru leurs efforts en ce qui concerne le suivi de l’accord d’échange de prisonniers, ce qui comprend les prisonniers et détenus, les personnes disparues ou bien encore les personnes arbitrairement détenues.  Le Comité de supervision de l’application dudit accord, au sein duquel siègent des représentants du Gouvernement et d’Ansar Allah, s’est réuni une deuxième fois en Jordanie début février.  Une proposition pour une première phase de mise en œuvre en vue d’une libération totale est en discussion, a-t-il dit, en exhortant les parties à œuvrer pour que des milliers de familles puissent être de nouveau réunies.

L’Envoyé spécial a indiqué que les parties ont réaffirmé leur engagement en faveur de la Déclaration d’entente sur Taëz, tel qu’agréé à Stockholm.  « Nous avons besoin de petits pas », a-t-il dit, en reconnaissant la valeur hautement symbolique de cette ville au cœur du conflit.  « Nous devons maintenant assister à des progrès tangibles. »

Si Hodeïda était et est le « centre de gravité » de la guerre, notre intérêt premier, le réel centre de gravité de cette guerre, doit être une solution politique, a déclaré M. Griffiths.  « La mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda nous permet désormais de nous projeter au-delà des accords conclus à Stockholm. »  Il a insisté sur la nécessité de discuter désormais de l’avenir et de se concentrer sur la recherche d’une solution politique.  Pour lui, le début d’une discussion sur des arrangements politiques et sécuritaires serait un pas en avant majeur.  Ce serait une importante déclaration d’intention des parties qu’elles sont prêtes, enfin, à mettre un terme à ce conflit.

« L’Accord de Stockholm a toujours été une étape préliminaire, ce n’est pas la fin de l’histoire », a affirmé M. Griffiths.  Enfin, l’Envoyé spécial a souligné la responsabilité « écrasante » de préserver la dynamique créée à Stockholm en vue de régler le conflit.

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que sur la base d’éléments de preuve encore plus solides qu’auparavant, l’examen des besoins humanitaires pour le Yémen dépeint un tableau sombre.  Il a indiqué que 80% de la population, soit 24 millions de personnes, ont besoin d’une aide humanitaire et de protection.  Environ 20 millions de personnes ont besoin d’aide pour trouver de quoi se nourrir, dont 10 millions qui sont au seuil de la famine et 240 000 qui font face à des « niveaux catastrophiques » de faim.  Il s’est aussi alarmé du fait que près de 20 millions de personnes n’aient pas accès à des soins médicaux appropriés et que 18 millions n’aient pas suffisamment d’eau potable.  De plus, 2 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë et 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées.  « Ces chiffres sont considérablement pires que l’année dernière », a-t-il alerté.

Si la violence a baissé à Hodeïda, à la suite de l’Accord de Stockholm, elle a cependant augmenté dans certaines zones de front, notamment à Hajjah, a indiqué M. Lowcock.  De plus, l’économie continue de s’effondrer: le rial yéménite perd de nouveau en valeur, le taux de change étant à présent de 600 rials pour un dollar américain, et, de ce fait, le coût de la nourriture augmente.  En bref, la situation est réellement mauvaise, a-t-il souligné.  À cela s’ajoute le fait que les agences humanitaires manquent d’argent et que les ressources actuelles devraient être épuisées d’ici à la fin du mois de mars, dans six semaines.

Le Coordonnateur des secours d’urgence est ensuite revenu sur certaines des avancées réalisées, l’an dernier, par l’opération de secours du Yémen, « la plus importante au monde ».  Il a notamment indiqué que sur les 107 districts qui faisaient face à une insécurité alimentaire extrême début 2018, 45 d’entre eux n’étaient plus au stade de préfamine à la fin de l’année, grâce à l’ampleur, la synchronisation et la rapidité de l’aide humanitaire.  De plus l’UNICEF, l’OMS et des ONG, qui ont travaillé en lien avec les institutions publiques, ont réussi à enrayer la plus importante épidémie de choléra de l’histoire moderne en réduisant le nombre de cas d’un million en 2017 à environ 370 000 en 2018.  Et l’an dernier, les programmes de nutrition ont traité 310 000 enfants souffrant de malnutrition aigüe, soit 20 000 enfants de plus que ceux pour qui ces programmes étaient planifiés.

M. Lowcock a indiqué que ces opérations avaient été rendues possibles par les donateurs qui, en 2018, ont financé à 83% le plan d’aide humanitaire.  Il a notamment cité la contribution de 930 millions de dollars de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, versée en un seul paiement en début d’année.  Sans cela, rien n’aurait été possible, a-t-il commenté.

Les agences humanitaires font également face à des obstacles autres que le financement, a enchaîné le Secrétaire général adjoint en citant les problèmes des longs délais dans l’octroi de visas, des restrictions de mouvement ou encore les délais imposés dans les importations et les entraves bureaucratiques.  Il s’est surtout inquiété du fait que l’environnement opérationnel devient de plus en plus restrictif dans le nord du Yémen, ainsi que de l’adoption, l’an dernier par le Gouvernement du Yémen, du Décret 75, qui entrave les importations commerciales de carburant nécessaire pour le fonctionnement des pompes à eau et des générateurs des hôpitaux.  À compter d’hier, a-t-il précisé, quatre navires transportant l’équivalent de 15 jours d’importations de carburant sont bloqués en raison du Décret 75.  Il a par ailleurs espéré que dans les prochains jours, une mission d’évaluation pourra enfin atteindre les « Red Sea Mills ».  Il a également averti du risque de détournement de l’aide, tout en précisant que son Bureau continue de coordonner un programme de suivi qui couvre l’ensemble du Plan d’aide humanitaire pour 2018.

« Donc, bien que colossaux, les défis opérationnels au Yémen peuvent être gérés », a-t-il conclu.  Mais il n’en va pas de même pour les défis liés au financement.  Sans ressources supplémentaires, les opérations devront être stoppées au moment où le nombre de personnes ayant besoin d’aide est plus important que jamais, a-t-il averti, soulignant que les agences humanitaires visent à venir en aide à 15 millions de personnes en 2019, soit la moitié de la population du pays.  La mise en œuvre des programmes de secours et de protection prévus par le plan d’aide humanitaire coordonné par l’ONU, publié aujourd’hui même, coûtera 4 milliards de dollars.  Ce plan, a-t-il insisté, est une bouée de secours pour des millions de Yéménites.

À l’approche de la tenue, la semaine prochaine, à Genève, de la Conférence d’annonces de contributions, M. Lowcock a appelé les États Membres qui y participeront à faire des promesses généreuses.  « J’aimerais pourvoir dire, à la fin de l’année 2019, que le Yémen n’est plus la pire crise humanitaire au monde », a-t-il confié.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est félicitée des progrès accomplis ce week-end sur la première phase du redéploiement de combattants hors des villes portuaires de Saleef et Ras Issa, se disant impatiente de savoir ce qu’il va se passer s’agissant de Hodeïda.  Il est évident que les acteurs humanitaires doivent disposer d’un accès sans entrave aux entrepôts de vivres pour porter assistance aux populations locales.  Il est absolument crucial, a poursuivi Mme Pierce, que les engagements pris par les parties en vertu de l’Accord de Stockholm se traduisent par des mesures concrètes sur le terrain.  Mme Pierce a aussi encouragé les parties à prendre part aux prochains pourparlers.  Pour ce qui est du processus politique dans son ensemble, des mesures « graduelles et prudentes » sont sans doute la meilleure voie à suivre, a estimé la représentante britannique, avant de souhaiter plein succès à la prochaine Conférence d’annonces de contributions pour le Yémen.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé, après les votes de deux résolutions et le déploiement de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) sur le terrain, qu’il était essentiel que les parties prenantes restent engagées en faveur de l’application des accords de Stockholm et garantissent la sécurité et la sûreté du personnel de cette Mission.  S’il a noté des progrès tangibles, notamment l’accord conclu le week-end dernier dans le cadre du Comité de coordination du redéploiement, et l’avancée prise par les discussions sur l’échange de prisonniers, le représentant a toutefois fait état d’une situation encore fragile à Hodeïda, tandis que les opérations militaires se poursuivent dans le reste du pays.  Sans compter la persistance de la menace liée aux transferts balistiques, a mis en garde M. Delattre.

Le représentant a aussi rappelé que les quelques progrès accomplis sur le plan politique ne doivent pas faire oublier le caractère préoccupant de la situation humanitaire dans le pays.  « Sur le terrain, il devient urgent de permettre l’accès aux « Red Sea Mills » et de trouver ensuite très rapidement un accord pour que l’axe névralgique entre Sanaa et Hodeïda puisse être emprunté par les acteurs humanitaires », a commenté le représentant.  La France, a-t-il annoncé, fera cette année une nouvelle contribution au plan de réponse humanitaire et une autre à la Facilité de soutien à la paix, présentée en janvier dernier à Berlin.  L’aboutissement à une solution politique demeure l’objectif à atteindre, a plaidé en conclusion M. Delattre, en soulignant l’importance de relancer les discussions sur un cadre politique global.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a insisté sur l’importance de mettre en œuvre l’Accord sur Hodeïda, citant notamment l’urgence de procéder au redéploiement des forces.  Elle s’est dite encouragée par les « progrès importants » réalisés par les parties au courant du week-end et a salué la conclusion d’un accord sur la phase 1 du redéploiement mutuel des forces.  Elle s’est cependant alarmée de la récente recrudescence de la violence dans l’ensemble du Yémen.

La représentante s’est également souciée du fait que l’Accord de Stockholm n’ait pas encore débouché sur une amélioration de la situation humanitaire dans le pays, notant qu’il n’est toujours pas possible d’accéder aux « Red Sea Mills » et que la route principale reliant le port de Hodeïda à Sanaa demeure bloquée.  Elle a appelé les parties à accorder la priorité à l’ouverture de couloirs humanitaires et à autoriser la circulation de biens humanitaires et commerciaux importés, de carburant notamment.  Elle a également appelé à redoubler d’efforts en ce qui concerne l’échange de prisonniers et le règlement de la situation à Taëz.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a déploré la mise en œuvre partielle des résolutions du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen, ajoutant qu’aucun progrès tangible n’a été observé à Hodeïda.  Le Comité de coordination du redéploiement (RCC) n’a pas pu s’acquitter de ses tâches, a-t-il dit, en souhaitant que la phase 2 se déroule selon un calendrier bien défini.  Il a indiqué que la volonté politique sera cruciale pour passer de la parole aux actes et régler la crise yéménite.

Le représentant a également souligné l’importance de mettre en œuvre les accords de Stockholm pour alléger la situation humanitaire, qui ne cesse de se dégrader.  Il a recommandé notamment d’œuvrer en vue de la levée du blocus des « Red Sea Mills ».  Enfin, le délégué a exhorté les États Membres à augmenter leurs efforts en vue du relèvement du Yémen, notant que son pays, ainsi que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et les États-Unis notamment, avaient participé à plus de 80% du financement du Plan d’aide humanitaire pour le Yémen l’an dernier.

M. MA ZHAOXU (Chine) a estimé que le Conseil de sécurité devrait continuer de jouer un rôle positif auprès des parties yéménites pour les aider à mettre intégralement en œuvre l’Accord de Stockholm.  Or, les difficultés concrètes rencontrées dans son application persistent sur le terrain, a noté le représentant avant d’encourager les parties à surmonter leurs divergences par le biais du dialogue et à faciliter le déploiement de la MINUAAH.  Si les parties sont tenues de garantir la sécurité du personnel de la Mission, celle-ci doit prendre en compte les préoccupations du pays hôte, a souligné le représentant.  La Chine a dit attendre avec impatience la tenue de la Conférence d’annonces de contributions en faveur du Yémen, qui se tiendra le 26 février prochain.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a jugé urgent d’établir des couloirs humanitaires et a exhorté les parties à redoubler d’efforts à cette fin.  Il est également essentiel d’autoriser l’accès du personnel humanitaire aux « Red Sea Mills », a-t-il estimé, arguant qu’on ne peut se permettre de perdre des denrées capables de nourrir 3,5 millions de personnes.  C’est « un point non négociable » aux yeux de l’Indonésie.

Le représentant a aussi appelé au plein respect de l’Accord sur Hodeïda, soulignant que sa mise en œuvre devrait ouvrir la voie à un processus politique qui, a-t-il estimé, pourrait être reproduit ailleurs dans le pays.  Il a ensuite salué le fait que les parties soient parvenues à un accord concernant la phase 1 du redéploiement mutuel des forces.  M. Djani a ensuite appelé les parties à faire preuve de retenue et à désamorcer les tensions au-delà de Hodeïda, y voyant un aspect central de la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.

M. MARTHINUS VAN SHALKWYK (Afrique du Sud) s’est félicité des progrès accomplis ce week-end par les membres du Comité de coordination du redéploiement, avant d’exprimer sa préoccupation devant l’ampleur de la crise humanitaire et sécuritaire au Yémen.  Pour parvenir à une solution de long terme, les parties doivent s’engager en faveur d’un processus politique, a-t-il recommandé.  Il a aussi appelé les parties à tout mettre en œuvre pour faire tenir l’accord de cessez-le-feu et appliquer pleinement l’Accord sur Hodeïda.  « Nous réitérons que le conflit ne pourra être résolu par des moyens militaires, et que les parties doivent s’engager de manière constructive et de bonne foi pour surmonter les obstacles et trouver une solution politique au conflit », a insisté la délégation.  Le représentant a également prié les parties de permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire aux populations en détresse, en particulier au port de Hodeïda, par lequel transite l’essentiel de l’aide alimentaire.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a souligné les progrès accomplis sur le plan politique au Yémen, avant de dénoncer les provocations susceptibles d’entraver lesdits progrès.  Il a, en outre, salué les progrès enregistrés dans le parachèvement de la liste de prisonniers.  L’objectif ultime est de parvenir à une solution politique, a-t-il dit.  S’il a compris l’attention portée à Hodeïda, le délégué a invité la communauté internationale à ne pas oublier les autres parties du Yémen, dans lesquelles le conflit fait rage.  M. Singer Weisinger a qualifié de « catastrophique » la situation humanitaire dans le pays et espéré que les progrès accomplis puissent déboucher sur un allègement des souffrances.  Enfin, il a salué le fait que le Conseil parle d’une seule voix sur ce dossier.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a rappelé qu’il est primordial que l’Accord de Stockholm soit respecté et mis en œuvre dans des délais réalistes, en particulier s’agissant du port de Hodeïda.  S’il s’est félicité de l’accord trouvé sur la première phase du redéploiement pendant la dernière réunion du Comité de coordination du redéploiement, le représentant n’en a pas moins jugé que la situation reste fragile.  Aussi a-t-il appelé toutes les parties à la retenue et à se concentrer sur la mise en œuvre de l’Accord en toute bonne foi.  Avec la mise en œuvre du plan de redéploiement, il sera encore plus important d’assurer la sécurité du personnel de l’ONU, a prévenu la Belgique, en se disant prête à soutenir les « mesures qui s’imposent ».

Par ailleurs, le représentant a jugé indispensables les efforts visant à améliorer la situation humanitaire catastrophique, rappelant que les besoins d’assistance dans le cadre du Plan d’aide humanitaire pour 2019 s’élèvent à 4 milliards de dollars, dont la moitié est destinée à de l’aide alimentaire.  Particulièrement préoccupé des rapports du Groupe d’experts sur le recrutement d’enfants dans le conflit, M. Pecsteen de Buytswerve a appelé toutes les parties à prendre des mesures efficaces et urgentes pour mettre fin à ce fléau.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a souligné l’engagement de son pays pour un règlement de la crise au Yémen, en prenant note des développements s’agissant du port de Hodeïda.  Il a déploré le manque d’accès aux « Red Sea Mills », en mettant en garde contre un pourrissement des stocks de blé, qui ne ferait qu’aggraver une situation humanitaire déjà critique.  Malgré les progrès, le conflit perdure, a déclaré le délégué, en assurant de nouveau de la volonté de son pays de parvenir à une solution politique.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a déploré les violations récurrentes du cessez-le-feu et a jugé urgent d’engager de nouvelles initiatives afin d’amener les protagonistes à mettre concrètement en œuvre l’Accord de Stockholm.  Il a aussi invité les parties belligérantes à finaliser au plus vite les dispositions relatives au mécanisme d’échanges de prisonniers.

Le représentant s’est ensuite préoccupé de la grave crise humanitaire qui sévit au Yémen.  Il a exhorté les parties prenantes yéménites à continuer d’œuvrer pour parvenir à la levée des obstacles qui entravent l’acheminement de l’aide.  Il a salué le projet d’organiser, le 26 février, à Genève, une Conférence d’annonces de contributions.  La Côte d’Ivoire salue par ailleurs l’opérationnalisation du Comité de coordination du redéploiement.  Elle encourage les acteurs au conflit yéménite à s’abstenir de toutes actions susceptibles de provoquer une reprise des hostilités, notamment à Hodeïda.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est félicité des progrès accomplis dans le cadre de la première phase de redéploiement des forces sous la direction du général Lollesgaard.  « Nous comprenons qu’il ne faut pas s’attendre à un résultat immédiat, mais nous avons envie de croire que nous entrons dans une nouvelle phase du règlement du conflit », a-t-il déclaré, en rappelant que son pays avait, dès le début de la crise, prôné un règlement politique plutôt que militaire.  Il s’est dit préoccupé par le sort de millions de Yéménites, qui souffrent de malnutrition, et par l’ampleur des destructions endurées par les infrastructures civiles, dont la reconstruction représentera un coût colossal.  Convaincu de la nécessité de fournir une assistance humanitaire de toute urgence, le représentant a estimé que l’aide qui parvient au Yémen doit être distribuée à toute la population, quelles que soient les forces qui contrôlent les différents territoires. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souligné la complexité de la mise en œuvre des accords conclus en Suède, en raison de la défiance dont font preuve les parties.  Il a salué la bonne volonté des parties yéménites s’agissant de la ville de Hodeïda, en appelant à la finalisation de la phase 2 de l’accord de redéploiement des forces.  Les parties doivent œuvrer au renforcement de la confiance en vue de la libération des prisonniers, a-t-il prôné.  Il est également urgent de remédier à la situation humanitaire qui ne cesse de s’aggraver, a-t-il déclaré, en appelant les parties yéménites à œuvrer pour la levée des entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Enfin, le délégué du Pérou a résolument plaidé pour une solution politique au Yémen.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a lancé un appel aux parties yéménites pour qu’elles mettent intégralement en œuvre l’Accord de Stockholm et finalisent la deuxième phase de l’accord de redéploiement des forces, qui ne sera achevé « qu’avec un port et une ville non militarisés ».  Il s’agit maintenant pour lui de faire avancer le processus politique, en commençant un nouveau tour de pourparlers.  Ceux-ci devront porter sur les questions suivantes: l’échange de prisonniers politiques; le déminage de Hodeïda, de Saleef et de Ras Issa; et les mesures de stabilisation à prendre pour le reste du Yémen.

Après avoir assuré que l’Allemagne maintiendrait son engagement en faveur de ce pays, notamment par le biais de la Facilité de soutien à la paix, le représentant a évoqué la crise humanitaire très grave.  M. Heusgen s’est dit tout particulièrement préoccupé de l’absence d’accès aux « Red Sea Mills », dont les abords sont infestés de mines.  Il a également demandé aux parties d’œuvrer à la réouverture de l’axe Hodeïda-Sanaa.  Sa délégation a annoncé, en conclusion, qu’elle contribuerait « de manière substantielle » à la Conférence d’annonces de contributions qui se tiendra en faveur du Yémen le 26 février prochain, en vue de financer l’assistance humanitaire, les besoins étant chiffrés à 4 milliards de dollars pour 2019.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a rappelé que tout règlement du conflit doit passer par la table des négociations.  Les accords de Stockholm sont une lueur d’espoir, a-t-il dit, en notant une réduction des hostilités.  Il a jugé nécessaire la consolidation des progrès observés, en appelant les parties à continuer de mettre en œuvre les accords précités.  « Si la situation va dans le bon sens, nous ne devons pas baisser nos efforts », a-t-il déclaré en invitant à agir en vue d’une solution politique.  Le représentant a précisé que les actions menées en faveur de la paix devaient bénéficier à la totalité du territoire yéménite.  Enfin, le délégué a invité l’Envoyé spécial à poursuivre ses efforts « avec l’enthousiasme qui le caractérise ».

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a commencé par dénoncer le « régime iranien », qui s’efforce, selon lui, de déstabiliser la région en soutenant des milices armées et en attisant les haines intercommunautaires.  Le Gouvernement yéménite, a-t-il assuré, est pour sa part attaché à mettre fin aux souffrances de son peuple et à entamer la reconstruction d’un « Yémen fédéral nouveau ».  De leur côté, a-t-il estimé, les « putschistes » n’ont pas fait montre d’un véritable désir de paix et de dialogue, préférant se livrer à des « tergiversations », en violation de leurs obligations découlant de l’Accord de Stockholm.  Le représentant a réitéré l’engagement de son gouvernement à honorer ses obligations, notamment s’agissant de la deuxième phase de redéploiement des forces afin de permettre un accès aux « Red Sea Mills ».

Mais les milices putschistes, a-t-il accusé, continuent de violer le cessez-le-feu en vue de torpiller cet Accord.  M. Al-Saadi a fait état de 1 177 violations à Hodeïda, de 80 civils tués, et de 83 blessés depuis la signature de l’Accord.  Les houthistes, a-t-il soutenu, prennent les « Red Sea Mills » pour cible afin d’exacerber la souffrance du peuple yéménite, et ce, au mépris le plus complet de l’ONU.  Il s’est dit en effet préoccupé par l’incapacité, depuis septembre dernier, des personnels humanitaires à parvenir à ces meuneries, où des tonnes de céréales entreposées risquent de pourrir.  « Cinq tonnes ont d’ailleurs été détruites par le feu », a déploré le délégué.  M. Al-Saadi a donc appelé le Conseil de sécurité à faire pression sur les houthistes pour qu’ils mettent en œuvre l’Accord dans des délais acceptables, exigeant la remise en liberté des prisonniers, y compris ceux qui sont assignés à résidence.

Il s’est aussi ému de l’arrestation de cadres bancaires à Aden, accusés d’avoir ouvert des comptes en faveur de petits commerçants.  Le Gouvernement yéménite, a-t-il souligné, accorde une importance de premier plan à la situation humanitaire de tous ses citoyens, et des mesures diverses ont été adoptées, bien que les houthistes détournent l’aide apportée dans les régions qu’ils contrôlent.  En conclusion, le représentant a appelé les pays donateurs et les organisations internationales à renforcer leur appui et à honorer les promesses de contributions qu’ils feront dans le cadre du Plan d’aide humanitaire 2019, le 26 février prochain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité encourage l’Iraq à poursuivre ses efforts en vue de retrouver les dépouilles de nationaux koweïtiens

8463e séance - matin
CS/13704

Le Conseil de sécurité encourage l’Iraq à poursuivre ses efforts en vue de retrouver les dépouilles de nationaux koweïtiens

Le Conseil de sécurité a, ce matin, encouragé l’Iraq à poursuivre ses efforts, en coopération avec le Koweït, pour continuer la recherche des restes des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus, et engagé la communauté internationale à fournir aux autorités iraquiennes les moyens techniques « perfectionnés et innovants » nécessaires pour les aider à déterminer l’emplacement des sites d’inhumation.

Dans une déclaration lue par son Président pour le mois de février au nom de tous les membres, le Conseil encourage également le Gouvernement iraquien à continuer de rechercher les biens disparus et à relancer la recherche des archives nationales koweïtiennes disparues.  Le texte salue à cet égard les efforts déployés par la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) en vue de régler les questions en suspens concernant les nationaux du Koweït et d’États tiers et la restitution des biens koweïtiens.

Si le Conseil note avec regret que les cas de 369 nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ne sont toujours pas réglés et qu’aucune dépouille n’a été exhumée depuis 2004, il se félicite en revanche des informations de nature à aider à déterminer l’emplacement de sites d’inhumation potentiels fournies au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis.  L’Iraq et le Koweït sont encouragés à collaborer étroitement dans le cadre du Mécanisme tripartite du CICR en vue d’obtenir de nouveaux résultats concrets.

Le Conseil se félicite enfin de la volonté soutenue du Gouvernement iraquien de restituer tous les biens koweïtiens restants, notamment les archives nationales.  Il prend acte des mesures importantes prises récemment par les Gouvernements iraquien et koweïtien pour relancer ce dossier, en particulier la remise d’une cargaison de biens koweïtiens par le Président iraquien à l’Émir du Koweït, à l’occasion d’une visite officielle le 11 novembre 2018.

Invité à s’exprimer devant le Conseil, le représentant du Koweït a vu cette déclaration comme un « message clair à toutes les parties concernées », selon lequel le Conseil de sécurité apportera son soutien à tous les efforts en cours, lesquels figurent au cœur même du mandat de la MANUI.  Il s’est félicité de tels efforts, y compris ceux menés par le Gouvernement iraquien, en vue de soutenir les familles en deuil qui ignorent tout du sort de « leurs êtres chers ».

LA SITUATION ENTRE L’IRAQ ET LE KOWEÏT

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité rappelle sa résolution 2107 (2013) sur la situation entre l’Iraq et le Koweït et toutes ses résolutions antérieures et toutes les déclarations de son président sur la question des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et sur celle de la restitution des biens koweïtiens, notamment les archives nationales, et prend note des rapports présentés par le Secrétaire général en application du paragraphe 4 de ladite résolution.

Le Conseil salue les efforts que fait la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) pour appliquer la résolution 2107 (2013). Il exprime son plein appui à la Représentante spéciale pour l’Iraq et Chef de la MANUI, Jeanine Hennis-Plasschaert, et à la Représentante spéciale adjointe aux affaires politiques de la MANUI, Alice Walpole, qui s’emploient à régler les questions en suspens concernant les nationaux du Koweït et d’États tiers et la restitution des biens koweïtiens, notamment les archives nationales, et les invite instamment à continuer de s’investir sur ces questions.  Il exprime sa profonde gratitude à l’ancien Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, Ján Kubiš, qui s’est efforcé inlassablement de mettre en œuvre la résolution 2107 (2013).

Le Conseil se félicite de la solidité des relations bilatérales entre l’Iraq et le Koweït, salue l’action que continue de mener le Gouvernement koweïtien pour aider l’Iraq à retrouver la stabilité, et se réjouit des efforts que déploie l’Iraq pour exécuter toutes les autres obligations mises à sa charge par ses résolutions applicables.

Le Conseil se félicite également que l’Iraq et le Koweït continuent de coopérer à la recherche des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus, ainsi que de l’action positive menée par le Ministère iraquien de la défense dans le cadre de cette entreprise humanitaire importante, encourage le Gouvernement iraquien à poursuivre ces efforts dans le même esprit constructif et de veiller à mettre à disposition tout le soutien institutionnel, financier et technique nécessaire pour faciliter les activités futures, et engage la communauté internationale à fournir aux autorités iraquiennes les moyens techniques perfectionnés et innovants nécessaires pour les aider à déterminer l’emplacement des sites d’inhumation conformément aux bonnes pratiques.

Le Conseil se range à l’avis du Secrétaire général, qui estime dans ses rapports que, pour s’assurer du sort des personnes portées disparues et apporter des réponses aux familles endeuillées, il faut un engagement durable, des actions et l’adoption de méthodes nouvelles et novatrices permettant de faire avancer le dossier.

Le Conseil salue vivement la persévérance dont font preuve les membres du Mécanisme tripartite et son président, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour retrouver les dépouilles des personnes portées disparues.  Il prend note de la dernière réunion du Sous-Comité technique du Mécanisme tripartite tenue le 11 décembre 2018 et de la Commission tripartite tenue le 13 décembre, et se félicite à cet égard des informations supplémentaires de nature à aider à déterminer l’emplacement de sites d’inhumation potentiels fournies au CICR par la France, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et les États-Unis d’Amérique, ainsi que de l’adoption officielle par le Sous-Comité technique du rapport du projet d’examen du CICR, qui constitue une contribution importante à la réalisation de progrès sur la question.  Il encourage les deux pays, conformément à sa résolution 2107 (2013), à collaborer étroitement dans le cadre du Mécanisme tripartite en vue d’obtenir de nouveaux résultats concrets.

Le Conseil note avec regret que le cas de 369 nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus ne sont toujours pas réglés et qu’aucune dépouille n’a été exhumée depuis 2004. Il exprime à nouveau sa profonde sympathie aux familles des personnes disparues et ses condoléances pour les pertes en vies humaines.

Le Conseil se félicite de la volonté soutenue du Gouvernement iraquien de restituer tous les biens koweïtiens restants, notamment les archives nationales, prend acte des mesures importantes prises récemment par les Gouvernements iraquien et koweïtien pour relancer ce dossier, et se félicite en particulier de la remise d’une cargaison de biens koweïtiens par S. E. Barham Saleh, Président de la République d’Iraq, à l’occasion de sa récente visite au Koweït le 11 novembre 2018 pour rencontrer S. A. Cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, Émir de l’État du Koweït. Il encourage le Gouvernement iraquien à continuer de rechercher les biens disparus et notamment à relancer la recherche des archives nationales koweïtiennes disparues.

Le Conseil exprime son intention de rester saisi de ces questions importantes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des droits du peuple palestinien: Amnesty International présente un rapport sur le tourisme dans les colonies de peuplement

394e séance – matin
AG/PAL/1420

Comité des droits du peuple palestinien: Amnesty International présente un rapport sur le tourisme dans les colonies de peuplement

Ce matin, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a tenu une séance d’organisation*, en présence du Secrétaire général de l’ONU, au cours de laquelle l’ONG « Amnesty International » a présenté un rapport alarmant sur le tourisme dans les colonies de peuplement israéliennes.  En 2018, plus de 40% des 4 millions de touristes qui ont visité Israël sont allés en Cisjordanie, avec les bénéfices énormes que cela suppose. 

« Il n’y a pas de plan B », a répété le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres: une solution juste et pacifique à la question de Palestine passe nécessairement par la solution des deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité, avec Jérusalem comme capital des deux États, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, des principes agréés depuis longtemps, des accords précédents et du droit international. 

Le moment est venu de traduire en actes concrets l’engagement de la communauté internationale en faveur de la solution des deux États, « seule option viable », a renchéri le Président du Comité.  M. Cheikh Niang n’a pas manqué de rappeler qu’à ce jour, 139 États Membres de l’ONU ont reconnu officiellement l’État de Palestine.  L’Observateur palestinien, M. Riyad Mansour, en a profité pour confirmer sa foi dans le multilatéralisme et les Nations Unies. 

Les Palestiniens, a dit le Secrétaire général, ont enduré plus d’un demi-siècle d’occupation et de déni de leur droit légitime à l’autodétermination.  Israéliens et Palestiniens continuent de souffrir de cycles de violence meurtriers.  Leurs leaders, a-t-il souligné, ont la responsabilité à l’égard de leurs populations, en particulier les jeunes, d’inverser cette tendance négative et d’ouvrir la voie à la paix, à la stabilité et à la réconciliation. 

Force est de reconnaître que la réalité sur le terrain, en plus d’être volatile, renvoie de plus en plus à celle d’un seul État, a alerté le Président du Comité.  La colonisation et l’occupation, la violence, la situation catastrophique à Gaza et les dissensions entre acteurs politiques palestiniens sont autant de facteurs qui sapent la confiance entre les parties. 

Le représentant d’Amnesty International a soulevé une autre question, celle du « tourisme numérique ».  Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor proposent des hôtels, des chambres d’hôte, des activités et des excursions dans les colonies de peuplement israéliennes.  Or, une simple étude de risque indiquerait à ces entreprises que toute activité commerciale menée dans les colonies ou avec elles contribuerait inévitablement au maintien d’une situation illégale et d’un régime intrinsèquement discriminatoire portant atteinte aux droits fondamentaux des Palestiniens.  En établissant des relations commerciales avec ces colonies, ces quatre entreprises contribuent à l’aménagement et à l’extension de colonies illégales, et en bénéficient, ce qui constitue des crimes de guerre au titre du droit pénal international.  Cette mise en valeur des colonies israéliennes a pour effet de « normaliser » et de légitimiser ce qui est reconnu au regard du droit international comme une situation illégale.  En 2018, plus de 40% des 4 millions de touristes qui ont visité Israël sont allés en Cisjordanie.  Il a laissé aux délégations le soin d’en calculer les bénéfices et a dénoncé les différentes incitations qu’Israël offre à ce type d’entreprises.  Après ces interventions, plusieurs délégations ont fait le point sur les activités menées et prévues. 

En début de séance, le Comité a adopté son programme de travail pour 2019*.  Le Président a attiré l’attention sur le Forum des Nations Unies sur la question de Palestine, le 4 avril, à New York, sur le thème « La menace de facto de l’annexion: quel avenir pour la Palestine? ».  Il a aussi parlé de la Conférence internationale sur la question de Jérusalem, à Genève, les 27 et 28 juin 2019, en collaboration avec l’Organisation de la coopération islamique (OCI), sur le thème « Préserver le caractère culturel et religieux de Jérusalem ».

Après avoir résumé ses activités en 2018, le Président a annoncé quelques activités prévues entre le 26 février 2019 et le 7 mars 2019 dont la quarante-sixième Réunion des ministres des affaires étrangères du Conseil de l’Organisation de la Coopération islamique à Abu Dhabi, une visite à l’Union européenne et en Belgique ou encore la projection du documentaire intitulé Naila and the Uprising sur le rôle des Palestiniennes durant la première Intifada. 

Le Comité, qui est présidé cette année par M. Cheikh Niang du Sénégal, a élu à ses vice-présidences Mmes Adela Raz, de l’Afghanistan, et Ana Silvia Rodríguez Abascal, de Cuba, et MM. Dian Triansyah Djani, de l’Indonésie, Neville Melvin Gertze, de la Namibie, et Jaime Hermida Castillo, du Nicaragua.  M. Carmelo Inguanez, de Malte, assumera les fonctions de Rapporteur.

* A/AC.183/2019/L.2

SÉANCE D’ORGANISATION

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné qu’une solution juste et pacifique à la question de Palestine passe nécessairement par la solution des deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité, avec Jérusalem comme capital des deux États, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, des principes agréés depuis longtemps, des accords précédents et du droit international.  Malheureusement, a regretté le Secrétaire général, au cours de l’année écoulée, la situation n’a pas évolué dans ce sens.  Les manifestations à Gaza ont donné lieu à des centaines de morts et des milliers de blessés des mains des forces de sécurité israéliennes.  Les incidents et les provocations du Hamas et autres militants à Gaza, y compris les tirs de roquettes et de cerfs-volants enflammés, ont aggravé dangereusement la situation.  Grâce aux efforts de médiation des Nations Unies et de l’Égypte, l’escalade a été évitée.

Le Secrétaire général a appelé les autorités du Hamas à Gaza à éviter les provocations, tout en rappelant la responsabilité qu’a Israël, en vertu du droit international humanitaire, de faire preuve d’un maximum de retenue et de ne pas utiliser une force léthale, sauf dans les cas prévus par le droit international et comme mesure de dernier recours contre une menace imminente de mort et de grave danger.

Les Nations Unies, a-t-il insisté, appuient fermement la réconciliation palestinienne et le retour du Gouvernement légitime à Gaza.  Il salué les efforts déployés en ce sens par l’Égypte.  Gaza, a souligné le Secrétaire général, est une partie intégrante du futur État palestinien dont la stabilité politique, la viabilité économique, la souveraineté et l’indépendance dépendent de l’unité palestinienne.

Le Secrétaire général a aussi appelé à une solution à la crise humanitaire à Gaza et exhorté Israël à lever les restrictions à la libre circulation des biens et des personnes, sans pour autant compromettre son souci sécuritaire.  La communauté internationale doit renforcer substantiellement ses efforts pour revitaliser l’économie de Gaza.  Le Secrétaire général a d’ailleurs salué le travail essentiel de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Il a remercié les donateurs qui aident l’Office à surmonter une crise financière sans précédent.  Le Secrétaire général s’est aussi inquiété du risque de tension en Cisjordanie où la construction et les projets de construction de colonies s’enfoncent de plus en plus dans la Zone C, y compris Jérusalem-Est.  Les colonies de peuplement sont illégales, en vertu du droit international, aggravent la méfiance et compromettent la solution des deux États.  La violence des colons reste un problème très grave, a dit le Secrétaire général qui s’est également dit choqué par le meurtre d’un adolescent israélien, dans ce qui a été identifié comme un acte terroriste.  Il a en outre regretté la décision d’Israël de ne pas renouveler le mandat de la présence internationale temporaire à Hébron et a espéré un autre arrangement pour préserver les acquis.

Les Palestiniens, a conclu le Secrétaire général, ont enduré plus d’un demi-siècle d’occupation et de déni de leur droit légitime à l’autodétermination.  Israéliens et Palestiniens continuent de souffrir de cycles de violence meurtriers.  Leurs leaders, a rappelé le Secrétaire général, ont la responsabilité à l’égard de leurs populations, en particulier les jeunes, d’inverser cette tendance négative et d’ouvrir la voie à la paix, à la stabilité et à la réconciliation.  Il n’ y a pas de plan B, a répété le Secrétaire général.

« Si les paramètres d’une solution définitive au différend israélo-palestinien ont été clairement identifiés et connus de l’ensemble des acteurs, jamais l’horizon politique n’a été aussi incertain », a déclaré M. CHEIKH NIANG (Sénégal), Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.  Force est de reconnaître que la réalité sur le terrain, en plus d’être volatile, renvoie de plus en plus à celle d’un seul État, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que la colonisation et l’occupation, la violence, la situation catastrophique à Gaza et les dissensions entre acteurs politiques palestiniens sont autant de facteurs qui sapent la confiance entre les parties.  « Parce qu’il demeure résolument attaché à un règlement pacifique de la question de la Palestine, le Comité condamne toute forme de violence et toute incitation à la haine, quels qu’en soient les auteurs ou les motivations. »  Le Président a appelé à renoncer à toute forme de violence et de politique du fait accompli et à retourner à la table des négociations.  Concernant Jérusalem, a-t-il souligné, notre appel au respect du statu quo, en attendant une solution définitive relevant du statut final, reste pertinent.  Il a estimé que le risque d’une quatrième confrontation militaire existe toujours à Gaza, avant d’exhorter les États Membres à doter l’UNRWA de ressources suffisantes et prévisibles.  Le Président a ensuite indiqué que 139 États Membres de l’ONU ont reconnu officiellement l’État de Palestine.  Le moment est venu de traduire en actes concrets l’engagement de la communauté internationale en faveur de la solution des deux États, seule option viable, a-t-il conclu.  « Mettons sur la table toutes les questions en suspens comme les colonies de peuplement, le statut de Jérusalem, les réfugiés, la sécurité et la situation à Gaza. »

L’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. RIYAD H. MANSOUR, a fait écho au Secrétaire général en affirmant lui aussi qu’il n’existe pas d’autre alternative à la solution des deux États.  Cette solution pourrait mettre fin à l’occupation qui a commencé en juillet 1967, a-t-il poursuivi.  Nous avons confiance dans le multilatéralisme et l’ONU, a déclaré M. Mansour, même si la situation actuelle s’avère particulièrement difficile.  Il a dit adhérer aux objectifs fixés par le Secrétaire général et le Président du Comité, à commencer par la réconciliation intrapalestinienne pour permettre l’émergence d’un système unifié.  Avant de conclure, M. Mansour a rappelé le processus initié l’an dernier par le Président Mahmoud Abbas en vue d’une conférence internationale sur la question de Palestine à laquelle participeraient l’ONU et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  M. Mansour s’est réjoui de voir « quelques lueurs d’espoir à l’horizon » et a remercié la mobilisation internationale qui a permis à l’UNRWA de sortir de sa crise financière en 2018.  Il a cependant dit craindre qu’un scénario similaire ne se répète cette année à moins que les bailleurs de fonds ne décident de pérenniser leurs contributions. 

Intervenant par visioconférence de Jérusalem-Est, M. LAITH ABY ZAYED, d’Amnesty International, a présenté le dernier rapport de son ONG intitulé « Le tourisme numérique et les colonies de peuplement israéliennes illégale dans les territoires palestiniens occupés ».  Les entreprises du numérique, est-il expliqué dans le rapport, ont révolutionné les codes de l’industrie du tourisme.  Au lieu d’organiser leurs vacances à l’aide d’agences de voyage traditionnelles, les consommateurs peuvent à présent tout réserver en ligne.  Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor leur proposent un choix sans précédent, d’où leur énorme succès et leur domination dans une industrie, le tourisme, qui représente plusieurs milliards de dollars.  Le site Internet de TripAdvisor est visité plus de 450 millions de fois par mois.  La valeur de la société mère de Booking.com est estimée à plus de 100 milliards de dollars. 

Le problème est que ces entreprises proposent également des hôtels, des chambres d’hôte, des activités et des excursions dans les colonies de peuplement israéliennes, alors qu’elles savent que l’occupation israélienne en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, est régie par le droit international humanitaire.  En vertu de ce droit, les colonies israéliennes sont illégales et les mesures qui sont prises pour leur établissement, comme le transfert de population israélienne et l’appropriation des biens, constituent des crimes de guerre en vertu du Statut de la Cour pénale internationale.  Ces entreprises savent aussi que les Nations Unies et les organisations israéliennes, palestiniennes ou internationales comme Amnesty International rassemblent depuis des années des informations sur le caractère discriminatoire de la politique israélienne d’établissement, d’extension et de protection de ces colonies. 

Une simple étude de risque indiquerait à ces entreprises que toute activité commerciale menée dans les colonies ou avec elles contribuerait inévitablement au maintien d’une situation illégale et d’un régime intrinsèquement discriminatoire portant atteinte aux droits fondamentaux des Palestiniens.  Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor affirment toutes avoir une éthique élevée et un profond respect pour l’état de droit.  Or, aucune des normes de ces principes n’a apparemment eu d’influence sur leur décision de travailler dans les colonies.  En établissant des relations commerciales avec ces colonies, ces quatre entreprises contribuent à l’aménagement et à l’extension de colonies illégales, et en bénéficient, ce qui constitue des crimes de guerre au titre du droit pénal international.  Cette mise en valeur des colonies israéliennes a pour effet de « normaliser » et de légitimiser ce qui est reconnu au regard du droit international comme une situation illégale.

Le représentant a précisé qu’en 2018, plus de 40% des 4 millions de touristes qui ont visité Israël sont allés en Cisjordanie.  Il a laissé aux délégations le soin d’en calculer les bénéfices et a dénoncé les différentes incitations qu’Israël offre à ce type d’entreprises.

Plusieurs délégations ont pris la parole après ces interventions pour faire une sorte de résumé des activités menées et prévues.

L’année 2019 doit être celle de la paix, a pressé l’Équateur, avant que la Tunisie n’affirme qu’au trente-et-unième Sommet arabe, le 31 mars, la question palestinienne soit remise à l’ordre du jour.  Membre du Conseil de sécurité, l’Indonésie a promis des initiatives « à tous les niveaux » après le rejet du projet de résolution sur la présence internationale à Hébron.  L’Organisation de la coopération islamique (OCI) a confirmé la tenue d’une réunion du Conseil des ministres des affaires étrangères à Abu Dhabi, au mois de mars, et d’une conférence internationale prévue avec le Comité, au mois de juin à Genève.  Elle a aussi annoncé la création prochaine d’un « fonds pour la Palestine » comme partie du Fonds arabe de développement.  De nombreuses délégations sont en effet revenues sur la question des ressources nécessaires.  Le Bangladesh a rappelé que son gouvernement a offert une somme de 50 000 dollars à l’UNRWA qui a perdu les États-Unis comme contributeur, a dénoncé Cuba.  L’Afrique du Sud a aussi rappelé sa contribution d’un million de dollars. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: la lutte contre les inégalités illustrée par l’investissement dans les familles et un financement conséquent

Cinquante-septième session,
8e et 9e séances plénières, Matin & après-midi
SOC/4877

Commission du développement social: la lutte contre les inégalités illustrée par l’investissement dans les familles et un financement conséquent

C’est une longue liste de mesures et de politiques de lutte contre les inégalités qui a été égrainée, aujourd’hui, par une cinquantaine de délégations réunies pour la quatrième journée de session de la Commission du développement social.  Celle-ci a en outre entendu la présentation du rapport de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD) et nommé plusieurs membres à son Conseil d’administration. 

Avec comme thème prioritaire « la lutte contre les inégalités et les obstacles à l’inclusion sociale au moyen des politiques budgétaires et salariales et des politiques de protection sociale », le débat général s’est poursuivi en passant en revue les mesures prises dans chaque pays pour garantir que « personne ne soit laissé de côté », ni les femmes, ni les enfants, ni les personnes âgées, ni les handicapés, ni aucune personne marginalisée.  Plusieurs ont insisté sur l’investissement dans les familles, en ce qu’il permet de « développer le capital humain » et la « solidarité intergénérationnelle ».

Dans son rapport* sur la « réalisation des objectifs de l’Année internationale de la famille et mécanismes mis en œuvre pour y donner suite », le Secrétaire général estime que « les familles ayant des enfants en bas âge sont les plus vulnérables face à l’extrême pauvreté ».  « Plus de 20% des enfants âgés de moins de 5 ans dans les pays en développement vivent dans des ménages extrêmement pauvres », explique le Secrétaire général qui note aussi que « pour les enfants, la couverture sociale est très inégale: près des deux tiers d’entre eux, soit 1,3 milliard d’enfants, n’en ont pas ».

Devant ce tableau, la Pologne a vanté les mérites de sa politique familiale qui encourage les naissances et permet de réduire le taux de pauvreté chez les enfants.  Le Maroc a de son côté adopté une politique publique de l’enfance qui a prévu un organe de contrôle et de protection de l’enfant contre toute forme de violence et d’exploitation.  Le Costa Rica alloue des ressources pour des projets de réinsertion des enfants et des parents afin d’améliorer les revenus des familles.

Autre exemple: en Hongrie, les familles nombreuses sont la priorité du Gouvernement qui offre une aide aux logements pour les jeunes couples et fournit une carte « famille nombreuse ».  Ce pays a aussi éliminé l’impôt sur le revenu pour les femmes ayant quatre enfants ou plus.  En Indonésie, le programme « Famille espoir » a permis une baisse du taux de pauvreté qui est ainsi passé de 10,64% en 2016 à 9,66% en 2018, ainsi qu’une baisse du coefficient de Gini qui mesure les inégalités, passé de 0,397 à 0,391.  En Azerbaïdjan, le Gouvernement fournit une aide ciblée à 132 000 familles. 

Dans le cadre de l’observation de l’Année internationale de la famille, le Koweït a mis en place des programmes pour venir en aide aux personnes vulnérables.  Pour le Saint-Siège, des politiques d’appui aux familles et aux enfants ainsi que des politiques fiscales qui leur sont favorables sont autant d’investissements capables de catalyser les familles pour qu’elles contribuent à s’occuper des membres les plus vulnérables des sociétés. 

Dans un autre rapport** sur le thème prioritaire de la session, le Secrétaire général indique que « 82% du patrimoine créé en 2017 sont allés aux 1% les plus riches, tandis que les 3,7 milliards de personnes qui constituent la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’ont enregistré aucune augmentation de leur patrimoine ». 

De fait, pour de nombreux pays à revenu intermédiaire, la question du financement adéquat demeure un des principaux obstacles à l’élargissement de la protection sociale.  Pour améliorer l’efficience dans ce domaine, la République de Moldova a indiqué avoir réduit de 16 à 9 le nombre des ministères afin de dégager des ressources pour le financement de certains projets.  Au Bangladesh, 13% du budget de l’État est alloué aux dépenses sociales et en Algérie, un quart du budget de l’État est consacré au développement humain.  Le Kenya a aussi donné les chiffres de son effort de financement de la protection sociale: dans le cadre d’un programme d’aide aux personnes vulnérables, 500 millions de dollars ont été versés à 45 812 récipiendaires entre 2013 et 2017. 

Le débat a été l’occasion pour deux délégations de faire des commentaires sur les travaux de la Commission, qui semblerait avoir perdu de sa pertinence, selon El Salvador.  Cette délégation a estimé, déjà, que la Déclaration de Copenhague avait été rendue « un peu » caduque par l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a aussi jugé la Commission « dépassée » par plusieurs autres entités de l’ONU, notamment la Troisième Commission de l’Assemblée générale chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.  Les États-Unis ont d’ailleurs demandé à la Commission du développement social d’employer la même terminologie que la Troisième Commission.

Enfin, la Commission a nommé M. Hanif Hassan Ali Al Qassim (Émirats arabes unis), M. Ha-Joon Chand (République de Corée), Mme Shalini Randeria (Inde), et M. Imraan Valodia (Afrique du Sud) au Conseil d’administration de l’UNRISD pour un mandat de quatre ans (1er juillet 2019-30 juin 2023), ainsi que Mme Saraswathi Menon (Inde) pour un mandat supplémentaire de deux ans (1er juillet 2019-30 juin 2021).  Ces nominations devraient être confirmées par le Conseil économique et social (ECOSOC). 

La Commission du développement social poursuivra ses travaux mardi 19 février, à partir de 10 heures, pour conclure son débat général.

* A/74/61–E/2019/4
** E/CN.5/2019/3

QUESTIONS RELATIVES AU PROGRAMME ET QUESTIONS DIVERSES

Projet de plan-programme pour 2020

Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social

M. PAUL LADD, Directeur de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), a présenté le rapport de son Conseil d’administration à la Commission du développement social.  Il a rappelé que l’Institut, créé en 1963, a le statut d’organisme autonome au sein du système des Nations Unies et qu’il est chargé de procéder à des travaux de recherche sur les dimensions sociales du développement pour faciliter l’élaboration de politiques.  Pendant la période considérée, 2017-2018, l’Institut a poursuivi ses travaux de recherche dans ses trois domaines d’activité: politiques sociales et développement social; genre et développement; et dimensions sociales du développement durable. 

Les activités de l’UNRISD ont répondu ainsi aux priorités de développement des organismes des Nations Unies relatives à la réduction de la pauvreté, aux inégalités, à la protection sociale, à l’autonomisation des femmes et aux moteurs sociaux du développement durable.  L’exercice biennal 2017-2018, a indiqué le Directeur, a été marqué par une période relativement stable, au cours de laquelle on s’est employé à adapter l’Institut aux enjeux du monde contemporain.  Le budget pour ces deux années était de 4,7 millions de dollars, a-t-il précisé. 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Suite du débat général

M. MARIN CEBOTARI, Chef de la Division des Nations Unies et des agences spécialisées au Ministère des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova, a indiqué que son gouvernement avait approuvé, fin 2018, la stratégie nationale de développement « Moldova 2030 » dont un des objectifs est d’élaborer un système de protection sociale qui inclue tout le monde.  Il a indiqué que son pays dispose d’un cadre juridique solide pour combattre l’inégalité mais que, comme pour de nombreux pays à revenu intermédiaire, la question du financement adéquat demeure un des principaux obstacles à l’élargissement de la protection sociale.  Des efforts sont néanmoins déployés pour améliorer l’efficience dans ce domaine.  Ainsi, a-t-il indiqué, le nombre de ministères a été réduit de 16 à 9 afin de dégager des ressources pour le financement de certains projets.  Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté est passé de 21,9% à 9,6% entre 2010 et 2015, mais des inégalités persistent, notamment dans les zones rurales où la pauvreté absolue est à présent cinq fois plus élevée que dans les zones urbaines, comparé à trois fois plus élevé en 2012. 

Il a ensuite parlé du lancement d’une stratégie nationale pour l’emploi pour la période 2017-2021, laquelle cible notamment les jeunes, les chômeurs à long terme, les personnes handicapées, les victimes de la traite ou de violences domestiques et les toxicomanes.  Pour faciliter l’intégration de ces personnes sur le marché du travail, des subventions seront offertes aux entreprises qui les emploient, a-t-il expliqué.

Parmi les autres initiatives, le représentant a cité l’abaissement du taux d’imposition de 18% à 12%, l’augmentation de 11% du revenu minimum et le lancement d’une stratégie pour l’égalité de salaire.  En outre, une transition est actuellement en cours pour passer d’un système où les personnes handicapées sont placées en résidence institutionnelle à un système où elles se voient octroyer des services sociaux au niveau communautaire afin d’améliorer leurs conditions de vie.

Mme SAKINA YABOURI, Chef du Département du développement social du Maroc, a expliqué que son pays souhaite bâtir une société où chacun jouit de ses droits, hommes et femmes.  L’égalité est prioritaire au Maroc, a-t-elle insisté.  Elle a précisé que la stratégie de développement du Roi met l’être humain au centre de la lutte contre la pauvreté.  Un volet de cette stratégie porte sur l’amélioration des infrastructures civiles et la création d’emplois.  Par ailleurs, un registre des personnes nécessitant de l’aide humanitaire a été ouvert tandis qu’un plan de travail pour l’égalité a été lancé pour la période 2017-2020.

Sur le plan de la famille, a poursuivi la représentante, une loi contre la violence conjugale a été votée.  Le Maroc a aussi adopté une politique publique de l’enfance qui a prévu un organe de contrôle et de protection de l’enfant contre toutes formes de violence et d’exploitation.  S’agissant des personnes âgées, un programme national de réhabilitation et de soins est mis en œuvre pour les personnes âgées sans attaches familiales.  Cela leur permet notamment de bénéficier de services de soins et d’une prise en charge juridique.  Le Ministère du développement social est également en train de rédiger un rapport sur les personnes âgées qui sera présenté ce mois-ci, a-t-elle ajouté.

M. GHANIM MUBARAK ALKUWARI, Sous-Secrétaire général aux affaires sociales au Ministère du développement de l’administration, du travail et des affaires sociales du Qatar, a indiqué que son pays utilise ses ressources naturelles pour établir une infrastructure destinée à intégrer tous les groupes sociaux et renforcer ainsi le développement social du pays.  Il a appelé à promouvoir la participation des jeunes, ajoutant que des programmes spéciaux ont été élaborés pour les protéger de l’extrémisme.  Il a aussi parlé de la tenue, en 2018, d’une conférence sur l’éducation qui a vu une large participation de jeunes.  La toute première conférence sur la participation des jeunes aux processus de paix est par ailleurs en cours d’organisation avec l’aide de la Finlande, entre autres, et doit se tenir à Helsinki le mois prochain.

Le représentant a ensuite insisté sur le rôle vital de la société civile et des organisations caritatives, soulignant par ailleurs que la famille est également un élément crucial du développement social.  Après avoir cité la tenue de plusieurs conférences, il a indiqué que le Qatar accorde une subvention pluriannuelle de 500 millions de dollars aux organismes de l’ONU qui appuient le développement social.

M. NIKOLA PETROVIC, représentant des jeunes garçons de la Serbie, a dit que les jeunes serbes s’efforcent de relever les défis de leur génération.  Ils sont prêts à contribuer à l’état de droit et à la justice.  Le Gouvernement, de son côté, doit agir en faveur de la jeunesse par la fourniture de services qui leur sont nécessaires, a-t-il estimé.  Le représentant a attiré l’attention sur l’idée de résorber les inégalités entre les générations en créant un mécanisme pour rétablir l’équilibre notamment au niveau de la représentation parlementaire. 

Mme TIJANA CUPIC, représentante des jeunes filles serbes, a réitéré l’importance de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Gouvernement de son pays aide les jeunes à s’autonomiser grâce au Ministère de la jeunesse qui promeut, finance et organise des projets comme le fonds pour les jeunes talents ou encore la promotion des compétences entrepreneuriales en particulier des jeunes filles.  S’agissant des défis mondiaux pour les jeunes, la représentante a exhorté à mener une réflexion globale à tous les niveaux pour sauver la « planète bleue ».

Mme WILLY FIONA MWASIAJI, Directrice adjointe chargée du développement social au Ministère du travail et de la protection sociale du Kenya, a indiqué que son gouvernement avait alloué 4 milliards de dollars pour mettre en œuvre son « Big 4 Agenda » qui cible la sécurité alimentaire, la couverture sanitaire universelle, le logement abordable et le secteur manufacturier.  Des efforts sont également en cours pour faire baisser les frais de soins de santé.  L’enveloppe budgétaire dans ce domaine passera de 610 millions à 730 millions de dollars en 2021.  Il existe également un programme de transfert de fonds qui distribue 290 millions de dollars en allocations annuelles à 1,3 million de personnes.

Le Kenya fait toutefois face à un taux élevé de chômage chez les jeunes.  Aussi le Fonds Uwezo, un des programmes phares de la Vision 2030 du Kenya, entend aider les jeunes, les femmes et les personnes handicapées à obtenir des fonds pour devenir autosuffisants.  Dans le cadre d’un autre programme d’aide aux personnes vulnérables, 500 millions de dollars ont été versés à 45 812 récipiendaires entre 2013 et 2017.

La représentante a également attiré l’attention sur les problèmes liés au manque d’accès aux serviettes hygiéniques qui, a-t-elle expliqué, pousse de nombreuses jeunes filles à rater l’école.  Un programme a permis d’en distribuer à 3,7 millions jeunes filles dans des établissements scolaires pour un montant total de 4,7 millions de dollars entre 2017 et 2018.  Quatorze centres de formation professionnelle ont par ailleurs été établis dans l’ensemble du pays pour les personnes handicapées, tandis que des crèmes solaires, des équipements de protection et des soins ont été fournis à 3 156 personnes souffrant d’albinisme.  Un projet de distribution de gaz de cuisine vise par ailleurs à offrir ce service à 1,2 million de ménages pauvres chaque année pendant les cinq prochaines années.  Et pour combler l’écart salarial, le Gouvernement entend adopter prochainement une politique nationale sur les salaires et les rémunérations.

Mme PATRYCJA PUZ (Pologne) a indiqué que, cette année, a été créé dans son pays le Fonds de solidarité en faveur des personnes handicapées, un fonds financé par un impôt de solidarité dont s’acquittent les personnes physiques ayant un revenu annuel de plus d’un million de zlotys.  Elle a ensuite détaillé la politique familiale polonaise qui vise à encourager les naissances, à réduire le taux de pauvreté chez les enfants et à « investir » dans les familles, à savoir développer le capital humain.  Elle a ainsi mentionné le programme « Début réussi » qui octroie une aide financière lors des rentrées scolaires ou bien encore la carte « famille nombreuse » offrant divers bénéfices à des familles de trois enfants et plus.  Enfin, la déléguée a indiqué que son pays œuvre à la réintégration sociale des personnes marginalisées et à l’amélioration de la qualité de vie des personnes sans abri. 

M. KHALED MOHAMMED H. ALMANZLAWIY (Arabie saoudite) a fait remarquer que, comme la pauvreté a un visage différent selon les cultures, elle nécessite une approche différente pour chaque société.  L’Arabie saoudite, a indiqué le représentant, consacre 9 milliards de dollars par an pour soutenir les capacités économiques de ses citoyens.  Le pays a réformé la gestion des services sociaux en vue de mieux soutenir les ménages à revenu modeste.  Il mène aussi une politique visant à améliorer leurs conditions de vie en offrant un travail décent aux hommes et aux femmes. 

Le représentant a aussi détaillé les mesures prises en faveur de l’intégration sociale et du bien-être des personnes handicapées, comme la construction de plus de 300 centres de réhabilitation pour personnes handicapées de tous les âges.  Vingt-trois autres initiatives visant ces personnes ont été engagées, par exemple pour lutter contre la discrimination et garantir l’octroi de pensions.  Pour ce qui est de la situation des femmes, une politique d’autonomisation est menée pour leur permettre de participer à toutes les activités sociales.  La loi garantit l’égalité des femmes et des hommes devant l’éducation, a assuré le représentant.  Une femme a été nommée vice-ministre tandis que de nombreuses autres sont actives dans les universités et les entreprises.  Enfin, s’agissant de la jeunesse, il a dit que les jeunes participent au processus de prise de décisions en Arabie saoudite où l’enseignement supérieur est d’ailleurs gratuit. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé les chiffres du rapport du Secrétaire général selon lesquels 82% de la richesse dans le monde était aux mains des 1% les plus riches en 2017 alors que 3,7 milliards de personnes les plus pauvres n’avaient pas vu d’augmentation de leur richesse, saluant le choix du thème de cette session qui se penche précisément sur les inégalités.  Le nouveau Gouvernement du Pakistan, sous la houlette du Premier Ministre Imran Khan, a adopté des politiques centrées sur la personne et prends des mesures pour permettre aux gens de sortir par eux-mêmes de la pauvreté.  Ces politiques ont pour objectif de réduire les inégalités en favorisant l’inclusion financière, la croissance agricole, le développement rural, les opportunités en termes d’éducation, l’accès à la santé et la lutte contre la pauvreté, a expliqué la représentante.  Elle a mis en exergue le rôle prioritaire de l’éducation dans un monde où les économies reposent de plus en plus sur des citoyens bien formés, ajoutant que son pays perçoit l’éducation à la fois comme une priorité et comme un outil pour égaliser les chances et pour l’inclusion.  À travers le programme « Waseela-e-taleem », qui se base sur des transferts de fonds vers l’éducation pour augmenter les niveaux de scolarisation du primaire, le Pakistan essaye d’offrir une éducation de base à tous.

De même, le Programme pour la jeunesse du Premier Ministre vise le développement socioéconomique des jeunes pakistanais et lutte contre le chômage des jeunes par le truchement de l’éducation supérieure, des technologies de l’information et de la formation.  Pour la représentante, le développement durable du Pakistan passe également par le renforcement des mécanismes visant à garantir l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Elle a conclu par dire que la réduction des inégalités nécessite une mobilisation continue tant sur le plan national qu’international et passe par la coopération internationale, la promotion des partenariats et l’acceptation des responsabilités mutuelles.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que son pays avait réalisé des progrès « remarquables » pour faire avancer son développement socioéconomique, mais que l’inégalité demeure un obstacle majeur pour atteindre un développement sans exclusive.  Le représentant a indiqué que le taux de pauvreté était passé de 56,7% en 1991 à 23,2% aujourd’hui.  Il a précisé que 13% du budget de l’État est consacré aux dépenses sociales, soit 2,3% du PIB du pays, et que les systèmes de protection sociale ont été conçus pour couvrir tout le cycle de vie.  Il a aussi fait savoir qu’un accent particulier est placé sur la famille et la solidarité intergénérationnelle.  En outre, la création de capacités et le savoir sont considérés comme des aspects majeurs de la Vision 2021 par laquelle le Bangladesh espère être classé parmi les pays à revenu intermédiaire d’ici à 2021.  Aussi des sommes conséquentes sont investies dans le développement des capacités de jeunes.

Le Bangladesh se focalise également sur la participation des femmes.  En la matière, le représentant a expliqué que ces dernières bénéficient d’un accès facile aux systèmes de microfinance, tandis que les femmes entrepreneuses peuvent disposer de prêts sans garanties et de fonds pour la création d’entreprises.  Le salaire minimum dans l’industrie du textile a été augmenté à deux reprises, a-t-il ajouté, précisant que les femmes représentent 80% des 4,5 millions de travailleurs de ce secteur.  Le Bangladesh a en outre comblé 72% de son écart salarial.  M. Bin Momen a ensuite indiqué que le pays fait toutefois face à des « défis existentiels » en raison des changements climatiques qui ont un impact direct sur les populations les plus pauvres et les plus vulnérables.  Il a appelé à renforcer les partenariats pour les aider à faire face à ces défis.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a dit que les inégalités économiques ne sont qu’une facette des inégalités, car celles-ci prennent en réalité plusieurs formes.  « Si nous voulons travailler pour le développement durable, la base est le développement social. »  Le Costa Rica est en retard dans de nombreux domaines et il a notamment une politique de protection sociale mal ciblée, a reconnu le représentant.  C’est la raison pour laquelle le pays a décidé de mettre l’accent sur le développement social de chaque individu.  Un plan national d’investissement public a été adopté pour créer une croissance inclusive, réduire la pauvreté et les inégalités.  Il reste à le mettre en œuvre. 

Le représentant a parlé en particulier de la stratégie nationale dénommée « pont vers le développement ».  Elle prévoit notamment un accès facile aux crédits pour les groupes vulnérables y compris les femmes.  Cette stratégie veut permettre des investissements plus efficaces pour atteindre les groupes vulnérables.  Les résultats sont positifs, s’est enorgueilli le représentant en citant l’amélioration de la situation des familles qui ont désormais accès aux services de santé.  Une éducation de qualité est la clef de l’inclusion sociale, a aussi déclaré M. Carazo pour qui la lutte contre les inégalités implique la lutte contre les inégalités salariales et un meilleur accès à l’emploi.  Le Costa Rica alloue des ressources pour des projets de réinsertion des enfants et des parents afin d’améliorer les revenus des familles ,a-t-il ajouté. 

M. SOUALEM LAZHAR (Algérie) a énoncé une dizaine d’actions prises par son gouvernement pour lutter contre les inégalités et les obstacles à l’intégration sociale.  Il a, entre autres, indiqué que ces 20 dernières années, un quart du budget de l’État a été consacré au développement humain, dont une somme de 67 milliards de dinars alloué au secteur de la solidarité nationale dans le cadre de la loi des finances de 2019.  Sur le plan de l’emploi des jeunes, les différents dispositifs ont permis, durant l’année 2018, la création de 7 000 postes de travail.  Cette année, l’Agence de gestion des microcrédits prévoit la mobilisation de 10 milliards de dinars pour le lancement de 47 331 microcrédits dont les deux tiers seront destinés aux femmes.  Ce dispositif a permis de lancer en tout 525 877 projets qui ont généré plus d’un million d’emplois directs.

Le représentant a souligné que ces 20 dernières années, le niveau de vie des citoyens a connu un saut qualitatif puisque le salaire minimum a été multiplié par 200, ce qui a placé l’Algérie dans le peloton de tête au niveau africain et au premier rang dans la région Afrique du Nord.  Le Gouvernement a néanmoins prévu l’entrée en vigueur, à partir du mois de mai, d’un « fichier national des personnes nécessiteuses », en vue d’une meilleure maîtrise des dépenses de soutien et un ciblage des catégories à travers la numérisation du secteur.  L’Algérie, a encore indiqué le représentant, a décidé d’être parmi le premier groupe d’États qui soumettront volontairement, en juillet prochain, leur rapport national sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Le représentant n’a pas manqué de rappeler que son pays avait réalisé, avant terme, la plupart des objectifs du Millénaire pour le développement. 

Dans mon pays, a témoigné Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie), prévenir la pauvreté et l’exclusion sociale est l’un des objectifs clefs de la politique sociale.  Les mesures prises au niveau national visent donc à atteindre les plus vulnérables et les personnes dans le besoin, notamment les jeunes, les handicapés, les personnes âgées et les chômeurs de longue durée.  Pour la Slovénie, il est nécessaire d’avoir un cadre juridique formel sur les droits des personnes âgées, raison pour laquelle le pays appuie le Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement.  La représentante a estimé qu’actuellement la protection internationale apportée à ce groupe social n’était pas suffisante.

En ce qui concerne les jeunes, la Slovénie plaide pour des mesures en leur faveur dans les domaines tels que l’emploi, l’éducation, le logement et la santé.  L’éducation et l’emploi sont particulièrement importants pour améliorer l’inclusion sociale, a noté Mme Bavdaž Kuret.  C’est ainsi que le Gouvernement slovène a mis en place des mesures de soutien à l’éducation des jeunes, notamment des programmes de bourses, des allocations sociales et d’autres initiatives ciblant les jeunes sans emploi notamment.  Les lois du pays interdisent en outre toute discrimination basée sur le handicap ou d’autres facteurs.  Elles facilitent en outre l’emploi des personnes handicapées.  La représentante a conclu en expliquant que les principes de justice sociale et d’égalité d’opportunités pour tous sont des éléments essentiels du second Programme d’action national pour les handicapés qui couvre la période 2014-2021.

M. MOUSSA TRAORÉ, Directeur national de l’action sociale au Ministère de l’action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance de la Guinée, a dit que depuis l’avènement de la Troisième République en décembre 2010, les progrès vers l’inclusion et les objectifs de développement durable sont nombreux dans son pays.  La Guinée a inscrit dans son programme de développement économique et social « la promotion des personnes handicapées par leur employabilité et leur autonomisation ».  Elle a adopté notamment une loi sur la promotion et la protection des personnes handicapées et des subventions pour les structures faîtières des personnes handicapées ainsi que les structures de formation.  De manière générale, la Guinée a inscrit de façon transversale le handicap dans la problématique du développement national et dans les projets et les programmes de l’État. 

Le représentant a également mentionné les politiques et programmes en faveur de la jeunesse, comme le déploiement de 100 jeunes volontaires dans 20 préfectures pour leur mobilisation locale autour d’activités génératrices de revenus et d’inclusion sociale.  Il a également signalé la création d’un fonds national de réinsertion des jeunes, et l’opérationnalisation d’un programme de filets sociaux productifs qui a permis d’atteindre plus de 70 000 ménages pauvres.  M. Traoré a mis l’accent sur la récente mise en place d’une agence nationale d’inclusion économique et sociale dont la vocation est de promouvoir le partage de la prospérité.  Cette agence mise sur un effort financier en faveur des personnes pauvres et vulnérables d’au moins 2% du PIB dès 2020 et 4% d’ici à 2025.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a indiqué que la politique de développement de son pays repose sur l’inclusion financière et la création de perspectives d’emploi décent, notamment à l’intention des femmes, des jeunes, des personnes âgées et des personnes handicapées.  Il a aussi expliqué que le système d’identification biométrique « Aadhaar » couvre à présent 90% de la population, améliorant ainsi leur accès à des services sociaux essentiels.  L’initiative d’inclusion financière a en outre permis à 340 millions de personnes, autrefois considérées non qualifiées pour le faire, d’ouvrir un compte bancaire.  En outre, en optimisant les comptes bancaires, les numéros d’identification unique et la téléphonie mobile, le Gouvernement a pu faire des transferts directs de fonds à l’intention de 330 millions de personnes, pour un montant total de 90 milliards de dollars. 

En septembre 2018, a-t-il poursuivi, un système national de protection sanitaire a été lancé pour couvrir les frais médicaux de 500 millions de personnes.  Un million de gens ont déjà pu obtenir des soins gratuitement qui leur auraient autrement coûté 450 millions de dollars.  Par ailleurs, 60 millions de foyers ont été raccordés au gaz sans frais, tandis que le pays est sur le point d’arriver à une couverture en électricité de 100% dans les zones rurales. 

M. Akbaruddin a ensuite expliqué que les microentreprises sont le pilier de l’économie de l’Inde et permettent de subvenir aux besoins de 500 millions de personnes.  Une agence de développement et de refinancement a été lancée pour fournir des prêts sans garanties aux entrepreneurs.  De plus, le pays a lancé, en 2015, un système d’assurance vie et handicap pour ceux qui n’y avaient jamais eu accès auparavant.  L’Inde est également en train d’élaborer le plus important programme de retraite au monde pour le secteur non structuré.  L’Inde entend aussi tirer parti du dividende démographique, notamment en utilisant des technologies numériques pour améliorer l’accès à l’information et au savoir.  Dix millions de jeunes suivent également une formation dans le cadre d’un programme spécial, pour pouvoir gagner leur vie par eux-mêmes.

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a estimé que des politiques sociales inclusives sont des outils fondamentaux pour éradiquer la pauvreté.  De même, l’objectif de « ne laisser personne de côté » requiert d’adopter des approches globales.  Ainsi, les hommes, les femmes, les personnes handicapées de tous les âges, les personnes âgées, doivent être intégrés dans les efforts globaux de développement.  Le développement social restera incomplet sans l’autonomisation des femmes et l’égalité des genres, a précisé le représentant.  La Turquie propose donc la promotion de l’emploi des femmes et la politique du salaire égal pour travail équivalent entre les sexes.  De même, il faut assurer l’accès aux services de base et un soutien aux personnes handicapées et celles du troisième âge. 

Dans la perspective de l’éradication de la pauvreté, le représentant a estimé qu’il fallait accorder une attention particulière à l’Afrique et aux pays les moins avancés (PMA).  Il est ainsi proposé aux pays africains de renforcer leurs stratégies de promotion de la transformation structurelle dans leurs économies respectives, afin de créer des emplois et assurer la protection sociale.  La Turquie s’engage à promouvoir la mise en œuvre du Programme 2030 en Afrique, ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine. 

En Turquie, l’assistance sociale et les politiques fiscales sont la base de la stratégie de réduction de la pauvreté.  Ce sont les couches les plus vulnérables de la société qui sont visées.  Les progrès économiques que le pays a connu pendant les années 2000 ont ainsi permis une réduction significative de la pauvreté.  En outre, le pays accueille « la plus large population de réfugiés au monde », soit plus de trois millions.  Ces gens qui sont sous la responsabilité temporaire de la Turquie, notamment les enfants et les personnes âgées, reçoivent de la nourriture et d’autres fournitures, tout en bénéficiant également des services de santé, d’éducation, de formation professionnelle et de soutien psychologique.  Les ressortissants syriens, par exemple, reçoivent un permis de travail qui leur donne la possibilité de sortir du secteur informel et de s’insérer dans le marché du travail turc. 

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a attiré l’attention sur deux domaines de compétence de la Commission, les jeunes et les personnes atteintes de handicap.  En ce qui concerne la jeunesse, l’Italie reconnaît la valeur ajoutée d’une participation accrue des jeunes dans tous les aspects de la société, dans la mesure où ils sont les agents du changement, le moteur du développement et des « pacificateurs nés ».  Dans un contexte où leur contribution à la consolidation de la paix a été identifiée comme l’une des composantes clefs de la société civile, la délégation a estimé que l’éducation, par conséquent, joue un rôle essentiel: une « éducation formelle et informelle de qualité » facilite considérablement le développement des jeunes, en réduisant le nombre de ceux qui ne sont « ni étudiants, ni employés, ni stagiaires ».

« Du programme Erasmus à celui des Garanties pour les jeunes de l’Union européenne, nous sommes favorables à un système intégré d’outils visant à encourager la mobilité internationale, à promouvoir l’esprit d’entreprise chez les jeunes et à faciliter l’accès au marché du travail », a déclaré la représentante.  Elle a fait valoir que l’Italie avait établi, il y a deux ans, le programme national des « Jeunes délégués », dont l’un des bénéficiaires est présent aujourd’hui.  L’Italie, a-t-elle ajouté, soutient le projet de résolution présenté par le Portugal et le Sénégal sur les « Politiques et programmes des jeunes ».

M. PIETRO FOCHI, délégué jeunesse de l’Italie, a rappelé ensuite que l’Italie est à l’avant-garde des efforts visant à garantir l’intégration sociale et l’inclusion professionnelle des personnes handicapées, ainsi que le respect intégral de leurs droits humains, en particulier pour celles qui souffrent de troubles cognitifs.  En témoigne l’adoption d’une nouvelle loi l’an dernier, qui place la coordination de toutes les politiques relatives au handicap sous la tutelle d’un seul ministère, avec pour objectif d’en faire une priorité politique du Gouvernement, a-t-il dit.  Enfin, le délégué a fait mention de l’activisme de la société civile italienne vis-à-vis des personnes souffrant de handicap.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a indiqué que pour répondre aux besoins des groupes marginalisés et des laissés-pour-compte, son gouvernement a lancé plusieurs programmes et projets, y compris sur la protection sociale.  Le Gouvernement mise aussi sur l’accélération du développement socioéconomique en milieu rural, avec des programmes qui mettent particulièrement l’accent sur le développement des infrastructures de base.  Quant aux jeunes, la satisfaction de leurs besoins a été confiée au Ministère du développement des compétences et de la formation professionnelle, y compris dans le domaine de la technologie numérique.  Aux Nations Unies, Sri Lanka est d’ailleurs un des principaux sponsors de la Journée mondiale des compétences des jeunes.  Sri Lanka a également fait de l’égalité entre les sexes et de l’émancipation des femmes une de ses priorités.  Des lois ont été adoptées et des politiques, formulées, sans oublier les plans d’action.  Le Gouvernement a fixé trois objectifs, à savoir l’amélioration de la situation économique des femmes et de leur « identité financière »; l’élimination de la violence à leur encontre; et leur participation à la vie publique et politique. 

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a focalisé son intervention sur les femmes, les enfants, les jeunes, les familles nombreuses et les Gitans.  Les familles nombreuses sont la priorité du Gouvernement qui veut assurer que celles qui souhaiteraient avoir des enfants bénéficient des meilleures circonstances possibles pour le faire.  Le 10 février, le Premier Ministre a annoncé un plan d’action pour soutenir les familles qui inclut des prêts bonifiés généreux, une aide aux logements pour les jeunes couples, des plans de sauvetages des prêts hypothécaires ainsi que l’élimination des impôts sur les revenus pour les mères de quatre enfants ou plus. 

Après avoir énuméré d’autres mesures pour les familles et les jeunes, comme le soutien à la maternité, l’allocation pour le soin des enfants, la taxe familiale, la représentante a évoqué le cas des Gitans qui sont souvent touchés par une pauvreté et souffrent particulièrement de l’exclusion.  La stratégie nationale d’inclusion sociale définit un ensemble complexe d’interventions commençant par le bien-être de l’enfant et l’éducation, qui comprend aussi l’emploi, les soins de santé et la sensibilisation.  Accroître les opportunités sur le marché du travail et promouvoir l’accès au travail sont d’autres préoccupations essentielles de la Hongrie.  Les résultats significatifs ont montré que ces politiques ont porté des fruits: le taux d’emploi des Gitans a augmenté de 25,9% à 45% entre 2013 et 2017. 

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a indiqué que son pays connaît actuellement un développement socioéconomique comme en témoigne ses réussites dans la réalisation des objectifs de développement ainsi que le fait que le pays ne fasse plus partie de la catégorie des pays les moins avancés.  Il n’en demeure pas moins que Cabo Verde fait toujours face à la pauvreté extrême, aux inégalités de revenus, aux inégalités entre régions et à un taux de chômage élevé, surtout parmi les jeunes, tout en consolidant les acquis sur les plans de l’éducation, de la santé et de l’inclusion sociale.

Le représentant a passé en revue un certain nombre de programmes nationaux en cours comme ceux pour l’emploi de la jeunesse et pour la cohésion sociale, ainsi que le système de prise en charge sociale intégré.  Il a également mentionné l’adoption d’un salaire minimum pour les employés des secteurs publics et privés.  De plus, les retraites sociales, qui sont gérées par le Centre national de sécurité sociale, ont doublé ces dernières années et la couverture s’est élargie.  Le représentant a expliqué cela en partie par le recours à la technologie par le Centre en vue de l’universalisation des protections sociales.

Cependant les vulnérabilités de Cabo Verde, en tant que petit État insulaire en développement avec un taux d’endettement de plus en plus élevé, représentent un frein pour sa croissance économique et, partant, pour une fiscalité capable de financer le développement durable et les politiques sociales de l’île, a soutenu le représentant.  Il a assuré que la volonté politique était là pour réaliser le Plan national de développement durable 2017-2021.

M. JEAN-CLAUDE DO REGO (Bénin) a déclaré que le principal instrument de protection sociale mis en place par le Gouvernement pour sortir le Bénin de la précarité est le programme « Assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH) », lancé en 2018.  À travers ce programme, l’État assure la prise en charge totale de l’assurance maladie des personnes vivant dans l’extrême pauvreté et la prise en charge partielle des autres pauvres.  De manière générale, l’assurance maladie sera rendue obligatoire par la loi pour toute personne résidant au Bénin.  En conséquence, a dit le représentant, l’État, les employeurs du secteur privé et les professionnels individuels seront tenus de souscrire au minimum pour leurs employés une assurance maladie de base.  Le Bénin a aussi pris une initiative qui permet, d’une part, des transferts conditionnels d’argent aux ménages identifiés comme étant à risque mais jugés capables de « réaliser un travail d’intérêt collectif » pour la communauté; et d’autre part, des transferts d’argent inconditionnels aux personnes handicapées. 

Il est évident que les changements climatiques accroissent la vulnérabilité des populations en rendant leurs conditions de vie plus précaires, a poursuivi le représentant.  Le Bénin a ainsi adopté en juin 2018 la loi sur les changements climatiques afin de prévenir, protéger et gérer les conséquences des changements climatiques.  Enfin, a ajouté le délégué, en ce qui concerne les efforts entrepris pour veiller à ce que personne ne soit laissé de côté, le Bénin s’attache à assurer la « spatialisation équilibrée des initiatives de développement ».  À cette fin, le Gouvernement a mis en place des accords avec les municipalités qui visent à les préserver des fortes contraintes financières qui empêchent les villes les plus défavorisées de mettre en place les services publics nécessaires. 

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a jugé nécessaire d’œuvrer aussi bien à l’amélioration des droits que pour la lutte contre la pauvreté.  Une loi récente à El Salvador permet de mieux mesurer la pauvreté sous toutes ses facettes, afin de pouvoir placer la personne au cœur de toutes les décisions de l’État.  Il a insisté sur l’importance de favoriser l’emploi des femmes pour réduire les inégalités, ajoutant que son pays déploie de nombreuses initiatives à cette fin.  Pour ce qui est des politiques fiscales, le Gouvernement a lancé une réforme fiscale complète.  Le système de retraite a, lui aussi, été réformé dans le but d’augmenter la couverture.  Un système de retraite non contributive a été élaboré à l’intention des personnes âgées vivant dans l’extrême pauvreté.  Une prestation solidaire de base pour les personnes handicapées existe également.  Sur le plan de l’éducation, l’alphabétisation est à présent universelle et la maîtrise des mathématiques de base a également progressé.

Le représentant s’est ensuite préoccupé de la réduction de la pertinence des travaux de la Commission, notamment en ce qui concerne les documents sectoriels.  Il a estimé que son champ d’action avait déjà été dépassé par plusieurs autres entités de l’ONU, notamment la Troisième Commission.  Il a en outre constaté que la Déclaration de Copenhague avait été rendue « un peu » caduque depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a déclaré que le Gouvernement favorise l’inclusion pour remédier aux inégalités.  Les populations les plus vulnérables sont les plus concernées par cette politique.  Les Maldives ont donc créé un système gratuit pour l’éducation, qui bénéficie à tous, a-t-il indiqué en faisant remarquer que cela constitue un levier essentiel pour réduire les inégalités.  Le Gouvernement prévoit aussi la gratuité de l’enseignement supérieur. 

En tant que pays constitué d’îles éparses, les Maldives doivent adapter leur politique à cette spécificité pour toucher toute la population y compris les célibataires, les handicapés et les pêcheurs, a poursuivi M. Mohamed.  C’est pourquoi il existe un programme de logement pour les personnes handicapées, entre autres.  S’agissant du développement économique des femmes, la loi garantit l’égalité des chances et l’égalité salariale.  En outre, le Gouvernement a élargi la participation des femmes aux processus de prise de décisions.  Il a adopté une politique d’autonomisation des femmes pour placer les Maldives sur la voie de la réalisation des objectifs de développement durable. 

M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) a insisté sur l’importance des jeunes, avant de céder sa place à M. YAVOR GOCHEV, délégué jeunesse, qui a souligné que sa génération est un des facteurs fondamentaux de la réussite des stratégies de développement du pays.  Il a insisté sur l’importance de l’éducation et de l’apprentissage pour permettre aux jeunes de participer au développement durable.  L’éducation et le travail décent sont des défis notables que doit surmonter la Bulgarie, a-t-il reconnu.  Il a appelé les États Membres à investir dans l’éducation de qualité et les compétences du XXIsiècle.  Une nouvelle loi a d’ailleurs été adoptée à cette fin.

À son tour, M. DILIYAN MANOLOV, autre délégué jeunesse, a appelé à mobiliser les écoles et les universités pour s’assurer que les jeunes puissent acquérir les compétences nécessaires pour s’adapter à un marché du travail en constante mutation.  Les jeunes bulgares se mobilisent notamment pour renforcer la prise de conscience en la matière.  Il est aussi essentiel de travailler auprès des groupes vulnérables, notamment les personnes handicapées, a ajouté le délégué.  L’éducation joue un rôle essentiel pour assurer la cohésion sociale, a-t-il encore souligné, avant d’appeler à la pleine mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a rappelé les engagements pris par de nombreux pays, y compris la Colombie, pour créer les conditions permettant aux personnes âgées de vivre en bonne santé.  Le représentant a souligné le rôle que jouent les jeunes Colombiens pour la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement appelée « Jeunesse orange ».  Cette stratégie a permis la conception d’un espace qui permet de développer les idées et de les transformer en actions afin d’améliorer les conditions économiques locales.  Le Gouvernement a aussi redoublé d’efforts dans la prise en charge du handicap, a témoigné le représentant.  À égard, le Gouvernement a élaboré un plan handicap qui vise à éliminer les obstacles à l’épanouissement des personnes handicapées, à améliorer les services de prise en charge, et à améliorer la collecte de données sur ce groupe de la population. 

M. FIRAS HASSAN JABBAR AL-KHAQANI (Iraq) a indiqué que son gouvernement vise à élaborer un programme de protection sociale intégrale.  Un système de réseautage est notamment prévu pour les personnes sans famille, tandis que différents mécanismes permettent d’assurer le suivi des programmes de lutte contre la pauvreté.  Il a aussi affirmé que l’égalité de salaire est assurée en Iraq. 

La pollution de l’environnement, provoqué par l’incinération des puits de pétrole par des groupes terroristes, ainsi que la dissémination d’engins explosifs dans tout le territoire posent cependant des défis notables, s’est-il inquiété.  Néanmoins, le Service de la lutte antimines de l’ONU (UNMAS) a pu désactiver des milliers d’engins explosifs.  Ainsi, et grâce aux efforts considérables du Gouvernement, 3,5 millions de déplacés ont pu regagner leur foyer. 

Le représentant a aussi indiqué que les groupes terroristes exploitent et blessent les personnes handicapées, décriant par ailleurs les sévices sexuels endurés par les femmes aux mains de Daech.  Vu ce contexte, 5% des emplois du service public sont réservés aux personnes handicapées et des prestations sont par ailleurs versées aux personnes qui en prennent soin.

M. EDGAR ANDRÉS MOLINA LINARES (Guatemala) a dit qu’en tant que pays à revenu intermédiaire, le Guatemala fait face à différents problèmes, notamment le manque de productivité, les obstacles pour accéder aux marchés internationaux, et les emplois non qualifiés.  Tout cela a des incidences en particulier sur les groupes vulnérables.  Nous devons pourtant relever des défis qui ne font que s’intensifier, s’est inquiété le représentant.  Pour cela, il est nécessaire d’avancer dans la mise en œuvre des décisions des différentes réunions et conférences internationales sur le développement, en particulier le Programme 2030. 

Le représentant a souligné particulièrement l’importance de réduire les écarts de salaires et l’importance des mesures concrètes en faveur des personnes handicapées.  S’agissant des personnes âgées, il faut renforcer les capacités nationales, internationales et institutionnelles de prise en charge.  M. Molina Linares a donc suggéré l’adoption d’un instrument international spécifique aux questions des personnes âgées.  Pour ce qui est des jeunes, il a recommandé de prendre des mesures -investissement dans l’éducation et création d’emplois- afin de faire face aux situations difficiles des jeunes et de créer les conditions du développement durable. 

Mme AMANI AL TABTABAIE (Koweït) a indiqué que le droit des femmes est garanti par la Constitution koweïtienne et que ces dernières représentent 50% de la force de travail du pays.  Le Koweït est également bien classé sur l’index de réduction de l’inégalité entre les sexes.  La représentante a par ailleurs cité des lois qui ont pour but de veiller à la protection des droits des personnes handicapées.  En outre, dans le cadre de l’observation de l’Année internationale de la famille, le Koweït a mis en place des programmes pour venir en aide aux personnes vulnérables, moyennant des aides financières et des programmes de formation et d’apprentissage.

La représentante a également indiqué que le Koweït dispose de nombreux mécanismes pour faire face aux conséquences des catastrophes naturelles.  Elle s’est félicitée qu’aucune perte humaine n’ait été à déplorer dans son pays en raison de ces phénomènes entre 2012 et 2016.

M. MIRWAIS BAHEEJ, Directeur de la planification et de la consolidation du Ministère de l’économie de l’Afghanistan, a déclaré que le Gouvernement était déterminé à se lancer sur la voie de la prospérité en dépit des défis sécuritaires.  Le Cadre national pour la paix et le développement a pour priorité l’autonomisation des femmes, la création d’institutions fortes, l’appui à la croissance inclusive et l’inclusion sociale.  Le Gouvernement a lancé également un programme visant à améliorer les perspectives économiques des personnes déplacées.  Il a consacré un budget spécial pour l’électricité, l’assainissement et les infrastructures dans les zones rurales afin de les aider à réaliser le développement.  Les investissements dans l’enseignement supérieur ont permis de combler le fossé entre les revenus, a aussi indiqué le Directeur qui a exprimé l’impatience de son gouvernement à travailler avec les bailleurs de fonds pour garantir un Afghanistan pacifique et prospère. 

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) s’est inquiété des tendances négatives observées depuis l’adoption de la Déclaration de Copenhague.  Il a insisté sur l’importance des mesures budgétaires et salariales, ainsi que sur la discrimination positive, qui sont des moyens de faire avancer le développement social.  Il a déploré que plus de 70% des habitants de la planète n’aient pas accès à une couverture sanitaire universelle.  Pour atteindre l’inclusion sociale, il faut commencer par combler les lacunes pour l’accession aux seuils de protection sociale, a-t-il estimé.

Le représentant a ensuite affirmé que les sanctions unilatérales imposées par les États-Unis et leur harcèlement des pays qui cherchent à coopérer avec la République islamique d’Iran visent à torpiller les efforts de réduction des inégalités, notamment lorsque ces mesures ciblent le système de santé, les systèmes bancaire et financier, ainsi que le système de protection sociale.  M. Al Habib a ensuite parlé de l’adoption d’une nouvelle loi qui impose un quota de 3% pour l’emploi de personnes handicapées dans les organes gouvernementaux.  Il a également souligné l’importance d’aider les jeunes et les personnes âgées.

Mme GHISLAINE VIVIENNE ANNE-MARIE WILLIAMS (Saint-Kitts-et-Nevis) a souligné la nécessité de mener de bonnes politiques salariales pour combattre les inégalités.  Grâce à cela, son pays a mis en place un programme de formation à l’autonomisation et l’acquisition de compétences, qui offre des opportunités d’emplois pour les jeunes.  Le Gouvernement a injecté plus de 300 millions de dollars dans cette initiative, a précisé la représentante.  Par ailleurs, le Gouvernement poursuit sa politique de couverture santé universelle en vue de l’élargir et de donner un accès égal à des soins de qualité à tous les citoyens. 

Le Gouvernement de Saint-Kitts-et-Nevis continue également de donner la priorité à l’éducation.  Le plan national du secteur éducatif lancé en 2017 a pour but de donner un accès équitable à une éducation de qualité et inclusive, non seulement pour les jeunes, y compris les jeunes handicapés, mais aussi pour tous les citoyens tout au long de leur vie.  Pays vulnérable aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, Saint-Kitts-et-Nevis souligne enfin la nécessité de mettre en œuvre les stratégies de réduction des risques de catastrophe pour éviter la perpétuation des inégalités parmi les groupes sociaux. 

Mme ANNA NORLANDER (Suède) a appuyé l’idée qu’une administration fiscale efficace et une protection sociale adéquate et accessible sont « des éléments fondamentaux » du financement à long terme d’une société fonctionnelle, de la réduction de la pauvreté et de la réalisation des objectifs de développement durable.  La Suède, a-t-elle rappelé, a d’ailleurs organisé l’année dernière une conférence sur la question dans le but de réfléchir aux moyens de renforcer les capacités des administrations fiscales et de les rendre aptes à contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable. 

La représentante a ensuite parlé du modèle suédois du marché de l’emploi, « qui fonctionne bien », du taux de chômage qui est à son plus bas niveau depuis 2008 et de la diminution de l’écart salarial entre hommes et femmes.  La Suède, a-t-elle dit, est convaincue que les gouvernements, les syndicats et les organisations d’employeurs doivent travailler ensemble pour combattre les inégalités dans le marché de l’emploi.  C’est la raison pour laquelle elle a, avec l’Organisation internationale du Travail et l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), lancé le « Global Deal », dans le cadre de l’objectif 17 du Programme 2030 relatif aux partenariats mais aussi des objectifs 8 et 10 sur l’emploi décent et la croissance inclusive, et les inégalités. 

Mme Norlander a poursuivi en soulignant l’importance qu’il y a à investir dans la protection sociale pour réaliser la vision partagée de ne « laisser personne sur le côté ».  Elle a insisté sur une protection sociale soucieuse des droits de l’enfant et donc du développement du capital humain.  L’idée, a-t-elle confié, est de faire de la Suède un pays « où il fait bon grandir ».  En conséquence, l’année dernière, le Parlement a adopté une loi qui « nationalise » la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, laquelle entrera en vigueur le 1er janvier 2020 et sera assortie de directives, d’une initiative sur l’éducation et d’un travail de transformation systématique.  La représentante a aussi parlé des efforts de son pays en faveur des jeunes, des personnes handicapées et des personnes âgées.  La Suède, a-t-elle conclu, a adopté une nouvelle stratégie des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit qu’elle appliquera à toute sa politique de coopération au développement jusqu’en 2022.  À cet égard, la représentante a souligné que les droits à la santé sexuelle et reproductive ne sont pas une option mais une partie intégrante des droits de l’homme et essentiels pour la réduction de la pauvreté et le développement durable.  Elle n’a pas oublié de dire à quel point son pays apprécie l’apport d’une société civile militante, formatrice d’opinions et contrôleuse des politiques mises en place. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) s’est alarmée du fait que 82% des richesses générées dans le monde en 2017 aient atterri dans les mains de 1% de la population mondiale alors que 3,7 milliards de personnes n’ont vu aucune augmentation de leurs revenus.  Si elle a convenu avec le Secrétaire général que les politiques fiscales peuvent supprimer les obstacles à l’intégration sociale, la représentante a tout de même rappelé que ces politiques, celles des taxes et des salaires relèvent des prérogatives des États qui ont le « droit souverain » d’en décider conformément aux besoins de leur développement économique.  Le système fiscal cubain s’appuie sur le principe d’équité et a pour objectif d’assurer le financement des dépenses sociales.  Malgré les six décennies du blocus imposé par les États-Unis, Cuba continue à engranger les succès dans le développement social et a déjà réalisé plusieurs objectifs de développement durable.  Cuba partage aussi ses « maigres ressources » avec les autres nations, par le biais de la coopération internationale.  Mon pays, a conclu la représentante, est convaincu que ce n’est qu’en donnant la priorité au développement social et défendant fermement la solidarité et une coopération véritable qu’il sera possible de réaliser les objectifs de développement social. 

M. JUAN MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie) a appelé à renforcer le multilatéralisme pour parvenir à des sociétés inclusives.  Il a déploré la multiplication d’obstacles qui entravent la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire, entre autres, dénonçant en outre le manque d’action pour faire face aux changements climatiques « en raison de la corruption ».  Il a parlé des mesures déployées par son gouvernent pour promouvoir la coexistence avec la Terre mère. 

En Bolivie, des plans ont été mis en place pour éliminer la pauvreté, l’exclusion et l’exploitation sociale.  La pauvreté a ainsi chuté depuis 2006, passant de plus de 50% à environ 30%, et des progrès notables ont été réalisés pour combattre les inégalités: tandis les 10% le plus riches gagnaient 128 fois plus que les tranches les plus pauvres en 2016, ils gagnent désormais « seulement » 48 fois plus.  La classe moyenne a également augmenté pour atteindre sept millions de personnes.  En outre, un plan de création d’emplois à l’intention des jeunes a débouché sur la création de 58 millions d’emplois, et des progrès notables ont été réalisés en matière d’égalité des sexes, les femmes représentant par exemple 51% des parlementaires.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a constaté que la Commission du développement social n’avait pas évolué depuis le Sommet de Copenhague, alors que le débat oui.  La question des handicapés, par exemple, apparaît dans tous les travaux de l’ONU, y compris dans les réunions en formule Arria du Conseil de sécurité, a-t-elle remarqué.  Pourtant, a-t-elle regretté, la Commission continue à ne parler que de « modèles médicaux ».  Elle a recommandé d’employer la terminologie de la Troisième Commission plutôt qu’un langage distinct, soulignant que la question du handicap fait partie « d’un débat plus large ». 

La représentante a aussi conseillé d’écourter la durée des sessions.  À l’heure actuelle, la Commission semble « se réunir pour se réunir », a-t-elle commenté.  Une session de quatre jours serait idéale ainsi que l’adoption d’un document principal plutôt que de résolutions récurrentes, a estimé Mme Norman-Chalet.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a mentionné le programme intitulé « Famille espoir » qui a permis une baisse du taux de pauvreté de 10,64% en 2016 à 9,66% en 2018, ainsi qu’une baisse du coefficient de Gini passé de 0,397 à 0,391.  Son pays, a-t-il ajouté, a par ailleurs réformé son architecture fiscale afin de parvenir à un équilibre entre l’objectif de favoriser la création d’un environnement propice aux investissements et celui de diminuer la charge fiscale sur les individus.  « L’impôt peut être un instrument puissant de redistribution de la richesse et de réduction des inégalités et de la pauvreté. »  Toujours dans cette logique de réduction des inégalités, le délégué a, enfin, insisté sur le rôle crucial que joue le salaire minimum, qui fait l’objet en Indonésie d’une réévaluation annuelle. 

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a appelé à se concentrer sur la cohésion sociale au sein des pays sans littoral et des petits États insulaires en développement.  Il s’est particulièrement soucié de la prévalence des inégalités.  Face à ce problème, le Gouvernement a lancé l’initiative « Népalais heureux ».  Un plan de sécurité sociale a aussi été élaboré à l’intention du secteur informel.

En dépit de ressources limités, a poursuivi le délégué, le Gouvernement a élaboré des programmes pour les personnes âgées, les autochtones et les victimes de catastrophes naturelles, notamment les victimes du séisme qui a récemment frappé le pays.  La réforme du système d’imposition, la création d’un salaire minimum et les incitations pour la création d’entreprises ont également contribué à combler les inégalités.  L’impôt pour les plus pauvres a été baissé, tandis que les plus riches paient dorénavant un impôt plus élevé, a-t-il précisé.

M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a retracé l’historique du système de protection sociale de la Jamaïque et de ses réformes qui ont pour vocation de garantir l’efficacité et de promouvoir le développement inclusif à travers la réduction des inégalités.  Le Ministère du travail et de la sécurité sociale, qui est chargé de la mise en œuvre des politiques nationales de protection sociale, a ouvert deux nouveaux bureaux dans l’ouest et dans le nord de l’île pour étendre sa présence sur tout le territoire.  Ses services Internet vont donc être mis à niveau.  De plus, le Gouvernement a créé le Comité national pour la protection sociale en vue de faciliter la collaboration interorganisations et de renforcer le suivi multisectoriel, a poursuivi le représentant.  En novembre 2017, la nouvelle politique nationale de réduction de la pauvreté a été lancée dans l’objectif d’éradiquer la pauvreté extrême et la faim d’ici à 2022.

Le délégué a également évoqué le programme de consolidation fiscale qui est en cours, tout en indiquant que les ressources budgétaires allouées au Programme de protection sociale n’ont cessé d’augmenter ces dernières années dans le but d’assurer un meilleur accès aux services sociaux des pauvres et des personnes les plus vulnérables.  La Jamaïque poursuit en outre ses efforts en termes de services aux personnes âgées.  Des discussions sont actuellement en cours pour développer une politique nationale pour ces personnes, a-t-il précisé avant de mentionner la politique nationale pour la jeunesse de 2017 qui a pour vocation de renforcer la formation professionnelle pour faciliter l’emploi des jeunes. 

M. PARK CHULL-JOO (République de Corée) a indiqué que son gouvernement avait mis sur pied un plan quinquennal pour la promotion du bien-être des personnes handicapées.  Le pays occupe également un rôle de chef de file au niveau régional pour assurer la mise en œuvre de la troisième Décennie Asie-Pacifique pour les personnes handicapées, et un plan d’action a été créé pour assurer le succès de la Stratégie d’Incheon.  Pour ce qui est de l’autonomisation des jeunes, a poursuivi M. Park, le Gouvernement est en train de renforcer les filets de sécurité sociale au niveau communautaire pour appuyer les jeunes à risque.  Les jeunes sont également invités à se faire entendre lors des processus de prise de décisions.

Le représentant a ensuite indiqué que la proportion de personnes âgées devrait passer de 14% en 2017 à 20% en 2025.  Pour y faire face, la République de Corée a augmenté les retraites et amélioré les perspectives d’emploi pour les personnes âgées.  En matière de politique familiale, la République de Corée entend promouvoir le respect de la « diversité des familles ».  Les centres d’appui pour les familles multiculturelles ont notamment été modifiés pour répondre aux besoins régionaux. 

Il existe en outre des incitations à la création d’emplois afin de faire face à la diminution de la tranche de population en âge de travailler, ainsi qu’aux inégalités que doivent surmonter les femmes et les travailleurs irréguliers.  Les filets de sécurité sociale sont aussi en train d’être renforcés et le salaire minimum a été augmenté de 10,9% en 2019.  Il existe également un fonds pour soulager le fardeau financier des microentreprises.

M. DINH NHO HUNG (Viet Nam) a rappelé que son pays a été un des premiers à accepter la protection sociale minimale et ,en 2018, il a pu s’enorgueillir d’une couverture de 87,25% de la population.  Les chiffres sont tout aussi louables s’agissant de la baisse de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans, de l’accès aux écoles maternelle et primaire, de la diminution du chômage et de la réduction des inégalités de revenus.  Mais le Viet Nam fait toujours face à de nombreux problèmes, a avoué le représentant qui a parlé, en particulier, des effets des changements climatiques qui détournent les ressources du développement social, de l’élargissement de la protection sociale, de l’égalité salariale ou des politiques fiscales centrées sur les pauvres et les personnes vulnérables.  Le représentant a donc insisté sur l’importance de la coopération internationale. 

Pour Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur), il est impératif d’élaborer des stratégies pour atténuer les inégalités économiques et sociales dans le monde et au sein de chaque pays, et de garantir le développement durable pour tous.  « Il faut renforcer la transformation structurelle des politiques économiques et sociales afin de parvenir à une meilleure distribution des richesses », a plaidé la déléguée pour laquelle il est nécessaire de concevoir le développement d’un point de vue social.  Il faut en effet pouvoir garantir la réalisation des droits économiques et culturels de tous.

C’est précisément l’objectif du Plan national de développement de l’Équateur qui aspire à construire une base solide de protection sociale pour tous, y compris pour les groupes prioritaires dont les enfants.  Ces groupes bénéficient de logements sociaux, d’un accès aux soins et à l’éducation, tandis que les personnes handicapées ainsi que celles qui en prennent soin reçoivent des allocations financières.  Ainsi, en Équateur, plus de 80 000 personnes handicapées (soit 213% de plus par rapport à 2012) ont pu être intégrées au marché du travail, a précisé la représentante.  Elle a également insisté sur l’importance d’une bonne gouvernance pour le développement durable.  S’agissant des personnes âgées, elle a précisé que son pays dispose d’un système de retraite universel et que des services spécifiques leur sont dédiés. 

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a indiqué que son gouvernement avait adopté une politique applicable au niveau régional dans le but de renforcer le secteur de l’emploi ainsi que la protection sociale des personnes les plus démunies, précisant que celle-ci repose notamment sur l’accès aux services sociaux de base.  Et depuis 2018, une loi portant sur la protection sociale des personnes handicapées est entrée en vigueur, laquelle cible notamment à lever les obstacles au respect de leurs droits, à leur emploi et à leur accès au logement.

La représentante a également parlé de la politique kirghize pour les jeunes pour la période 2017-2020.  Celle-ci, a-t-elle indiqué, vise à garantir un accès équitable aux services municipaux et à participer aux processus décisionnels.  Plusieurs problèmes demeurent cependant en ce qui concerne la protection des femmes, mais une loi sur la protection des victimes de violences domestiques est entrée en vigueur.  Les femmes ont par ailleurs davantage accès à des programmes de formation.  En ce qui concerne les familles, a enchaîné Mme Moldoisaeva, un programme d’appui a été approuvé en août 2017, lequel entend répondre aux problèmes qu’affrontent les familles et les enfants.  Des mesures d’amélioration de la législation familiale sont en cours d’adoption.  En outre, le 20 février a été déclaré, depuis 2007, Journée de la justice sociale.

Signe de son engagement en faveur d’un développement inclusif et durable, Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a annoncé que son gouvernement avait adopté le Plan de développement du Myanmar, aligné sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Gouvernement redouble d’efforts pour investir davantage dans une éducation et des soins de santé, ainsi que dans l’égalité entre les sexes, les infrastructures, les services financiers et les technologies de l’information et des communications.  En outre, la protection des droits des travailleurs est consacrée par la Constitution du Myanmar, a fait valoir la représentante, tandis qu’une loi garantit un salaire minimum. 

La représentante a également mentionné les législations relatives à la protection des droits des personnes handicapées qui ont été adoptées en 2015 et 2017, et des programmes de transfert d’espèces intégrés au Plan national stratégique de protection sociale datant de 2014.  D’une manière générale, le Myanmar, a affirmé sa déléguée, a entrepris une série de réformes sociales, politiques et économiques, certaines de premier plan, d’autres plus subtiles, au cours des dernières années, lesquelles ont permis d’augmenter le revenu par habitant, de faire décliner la pauvreté et d’étendre la couverture sociale. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a relevé combien les inégalités et le manque d’inclusion sociale des personnes marginalisées et vulnérables -notamment les jeunes, les femmes et les handicapés- entravent le développement durable dans de nombreux pays.  « Dans une course contre la montre », l’Égypte s’emploie à réaliser le développement durable en cherchant à inclure socialement les personnes fragilisées et pauvres, en particulier les jeunes qu’elle incite à participer à la vie publique au moyen de fora nationaux.  Elle encourage également leur intégration dans la fonction publique à travers notamment un programme pour renforcer le leadership des jeunes.

S’agissant de la femme, « 2018 a été l’année de la femme en Égypte », a expliqué le représentant ajoutant que le pays avait enregistré des taux records en termes d’emploi des femmes à des postes publics avec notamment huit femmes ministres.  L’Égypte met également l’accent sur l’inclusion financière des femmes et des jeunes à travers des programmes de microcrédits et de microprojets.  Le représentant a enfin signalé que le Gouvernement égyptien avait lancé un programme visant à fournir des prestations de base aux familles pauvres ainsi qu’aux personnes handicapées. 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a cité certaines des mesures préconisées par le Président Bolsonaro pour renforcer la cohésion sociale.  Outre la levée des entraves au commerce, les programmes sociaux seront réexaminés et le Gouvernement redoublera d’efforts pour promouvoir l’éduction de base et la couverture sanitaire, a-t-il notamment indiqué.  Il s’est dit convaincu que les mesures préconisées permettront de venir en aide aux plus défavorisés.  Parfois, « plus de gouvernement n’est pas la solution » pour surmonter les inégalités, a-t-il commenté.

Le représentant s’est ensuite soucié des répercussions des catastrophes provoquées par l’homme.  Il a cité la catastrophe minière à Brumadinho qui a fait plus de 150 morts et des centaines de portés disparus.  Les conséquences environnementales de la tragédie se feront ressentir pendant des dizaines d’années, a-t-il alerté.  Le Gouvernement est déterminé à renforcer les mesures législatives pour éviter qu’une telle tragédie se reproduise à l’avenir, a-t-il assuré.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a rappelé l’engagement de son gouvernement en faveur de la réconciliation et de l’unité nationale pour atteindre les objectifs de l’élimination de la pauvreté et de l’autonomisation des femmes.  Remarquant que « nous sommes loin d’atteindre les objectifs de développement durable » car les inégalités ne font qu’augmenter dans le monde, il a insisté sur la mobilisation au Nicaragua en faveur de la réalisation de ces objectifs.  La paix et le développement vont de pair, a noté le représentant avant de dénoncer l’imposition de sanctions unilatérales qui sapent les efforts des pays en développement dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le Nicaragua connaît un taux de croissance économique moyen de 5,2%, pour les cinq dernières années, et assure la production de 90% de son alimentation, s’est enorgueilli le délégué.  Le pays s’est également doté d’un système éducatif gratuit.  En outre, l’analphabétisme n’existe quasiment plus.  Le Nicaragua est aussi le pays au niveau le plus élevé en termes d’égalité entre les sexes sur le continent sud-américain, a précisé le représentant.  Il a aussi fait part de la baisse du taux de pauvreté extrême qui se situait à 6,9% en 2016.

M. KANISSON COULIBALY (Mali) a indiqué que les autorités maliennes successives ont très tôt fait le choix politique d’investir une part importante des ressources nationales « bien que limitées » dans les efforts de réduction de la fracture sociale.  Il a notamment indiqué que le Mali dispose, depuis 2009, du régime de l’assurance maladie obligatoire (AMO) qui répond aux imperfections du marché sanitaire dont bénéficient les travailleurs.  Elle garantit la prise en charge directe des frais de santé à hauteur de 70% à 80%.  Le Gouvernement dispose aussi d’une couverture sanitaire pour sa population vulnérable, le régime d’assistance médicale (RAMED), qui prend entièrement en charge les personnes indigentes.  Il a précisé que l’AMO et le RAMED couvrent environ 2,2 millions de personnes, soit 12% de la population. 

Le Mali a en outre adopté, en 2018, une loi instituant le régime d’assurance maladie universelle, laquelle vise à faciliter l’accès aux services de santé de base à toute la population « sans aucune distinction ».  Le Mali consacre par ailleurs le mois d’octobre de chaque année à la solidarité envers les personnes les plus vulnérables. 

M. Coulibaly a également fait savoir que le budget 2019 du Mali prend en charge les incidences financières des avantages accordés aux salariés suite aux négociations avec les centrales syndicales, tout en respectant les engagements de convergences pris dans le cadre du programme économique et financier avec le Fonds monétaire international (FMI), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), entre autres.  C’est ainsi, a-t-il précisé, que malgré les ressources limitées de l’État, les crédits de paiement des charges salariales du personnel civil et militaire de l’État et des fonctionnaires des collectivités territoriales ont augmenté de 15,33% entre 2018 et 2019.

Mgr. TOMASZ GRYSA, du Saint-Siège, a alerté sur le fait que l’inégalité des revenus sape la cohésion sociale et la confiance dans les systèmes sociopolitiques, provoquant l’incertitude quant à l’avenir.  Il a relevé que cette situation touche notamment les jeunes qui font face à un chômage « persistant ».  Il a souligné qu’une éducation de qualité, sans exclusive, notamment pour les jeunes de milieux défavorisés, est un élément fondamental pour combler le fossé des inégalités.  Il a également estimé que la promotion de l’avenir des jeunes repose sur l’investissement dans la famille.  « Le renforcement de la famille est sans doute la politique de protection sociale la plus effective de toutes car des familles solides sont des filets de sécurité solides », a-t-il affirmé.  Pour le Saint-Siège, des politiques d’appui aux familles et aux enfants ainsi que des politiques fiscales favorables aux familles sont autant d’investissements capables de catalyser les familles pour qu’elles contribuent à s’occuper des membres les plus vulnérables des sociétés.  Le nonce a également insisté sur l’égalité des sexes, l’égalité des salaires, l’équité dans les promotions de carrière et la protection des mères.

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a indiqué que la forte croissance économique dans son pays a permis une « remarquable » amélioration des conditions de vie de ses habitants, les taux de pauvreté et de chômage ayant baissé de 5%, alors que les salaires et les pensions de retraite ont, eux, augmenté.  Le salaire minimum, que touchent plus de 230 000 personnes, a été récemment relevé par décret présidentiel.  Le Gouvernement fournit en outre une aide ciblée à 132 000 familles, a-t-il déclaré.  Il a aussi mentionné les efforts visant à diversifier l’économie de son pays, par la création, notamment, de parcs industriels qui jouent un rôle crucial pour la promotion de l’innovation.  Enfin, le délégué a indiqué qu’au cours de la dernière décennie, environ 34 000 entrepreneurs ont bénéficié de prêts à taux préférentiel.

Mme LAHYA ITEDHIMBWA SHIKONGO (Namibie) a expliqué que ces dernières années, les Ministères de la santé et des services sociaux, de l’éducation ou encore de l’élimination de la pauvreté ont bénéficié de la part la plus importante de l’enveloppe budgétaire.  L’éducation est donc gratuite et l’accès à la santé l’est pratiquement aussi.  Des programmes de transfert de fonds à l’intention des personnes âgées, des enfants, des personnes handicapées, ou encore des anciens combattants ont été lancés.  Une commission de la sécurité sociale, qui s’occupe des congés maternité, des congés maladie et des indemnités de décès, est pleinement opérationnelle.

La représentante a indiqué que son pays avait réalisé des progrès notables dans la lutte contre le VIH/sida et le pays est sur le point de dépasser l’objectif 90-90-90 d’ONUSIDA.  La santé des femmes, dont la santé maternelle, a aussi connu des progrès.  Comme les femmes doivent encore parcourir de longues distances pour pouvoir accoucher dans un hôpital ou une clinique, le pays est en train d’accélérer la construction de « centres d’attente ».  Un système de clinique mobile a aussi été créé pour les zones reculées.  Mme Shikongo a par ailleurs reconnu que le taux de chômage parmi les jeunes est « inacceptablement » élevé dans son pays, poussant de nombreuses personnes vers le secteur informel.  Des perspectives d’emploi sont donc réservées aux jeunes chômeurs et des programmes de formation ont été créés pour assurer leur entrée dans la fonction publique.

Mme DEBORAH O’HARA-RUSCKOWSKI, de l’Ordre souverain de Malte, a rappelé que l’une des missions de l’Ordre depuis 900 ans a été de prendre soin des malades, des pauvres et des handicapés.  Aujourd’hui, il gère plus de 2 000 projets dans 120 pays pour préserver la dignité humaine de ceux qui sont dans le besoin grâce à un travail humanitaire, social et médical.  Le travail de l’Ordre fait écho au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à son objectif « de ne laisser personne de côté ».  Ce travail évolue en permanence pour répondre aux besoins humanitaires du monde.

Mettant l’accent sur la situation des personnes handicapées, la représentante a rappelé que ces personnes représentent près de 15% de la population mondiale.  Le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement ont le mérite, selon elle, de chercher à intégrer, appuyer et autant que possible autonomiser les personnes handicapées dont la situation est particulièrement difficile lors des catastrophes naturelles, des conflits armés ou d’autres formes de catastrophes provoquées par l’homme.  Bien souvent les sites de secours et les infrastructures essentielles ne leur sont pas accessibles, a fait observer la représentante.

Mme AL-EMADI, du Doha International Family Institute, a appelé le secteur privé, les chercheurs et autres à fournir l’appui nécessaire aux aides-soignants pour les aider à équilibrer leur vie professionnelle et familiale.  Il faut notamment élaborer des règles de travail plus souples, a-t-elle précisé.  La représentante a aussi appelé à faire de la famille une priorité.  Elle a également invité à impliquer les hommes dans l’éducation de leurs enfants. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC aligne le thème de sa session 2019 à celui de son Forum politique de haut niveau pour le développement durable

Session de 2019,
7e séance plénière – après-midi
ECOSOC/6964

L’ECOSOC aligne le thème de sa session 2019 à celui de son Forum politique de haut niveau pour le développement durable

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a décidé*, cet après-midi, de modifier le thème de sa session 2019 pour l’aligner à celui de son Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  L’ECOSOC a en outre pourvu les postes vacants dans son bureau et dans sept de ses organes subsidiaires.

« Donner des moyens d’action aux populations et assurer l’inclusion et l’égalité », est le thème de la session 2019 du Conseil, identique à celui du Forum politique de juillet qu’il tiendra, avant celui de septembre, cette fois, sous les auspices de l’Assemblée générale.  Ce nouveau thème remplace donc « Un monde pour tous: donner à chacun les moyens d’agir en faveur d’une société de l’égalité, sans laissés-pour-compte ».  Le Mexique s’est félicité de cette décision qui poussera les organes subsidiaires de l’ECOSOC à modifier leur thème, par souci d’harmonisation.

Par une autre décision**, l’ECOSOC tiendra son débat consacré aux affaires humanitaires, du 24 au 26 juin, à Genève, au lieu du 29 au 31 mai.  Le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale tiendra sa dix-huitième session à New-York du 23 au 26 avril 2019.  ***

L’ECOSOC a par ailleurs procédé à une série d’élections: Mme Kira Christianne Danganan Azucena, des Philippines, et Mme Mona Juul, de la Norvège, ont été élues à sa vice-présidence.  Le Brésil et le Mali ont été élus au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour un mandat prenant fin le 31 décembre 2020.  L’Iran y a également été élu mais après un vote à bulletin secret sanctionné par 35 voix en sa faveur.  Après le scrutin, l’Iran s’est dit « déçu de voir qu’une délégation ait demandé un vote à bulletin secret alors qu’il n’y avait qu’une seule candidature ».

Le Portugal a, pour sa part, été élu à la Commission du développement social, pour un mandat de quatre ans.  L’élection des représentants du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États et du Groupe des États d’Asie et du Pacifique a été reportée.

En attendant, l’Afrique du Sud a été élue à la Commission de la prévention du crime et de la justice pénale pour un mandat prenant fin le 31 décembre 2020.  L’élection d’un représentant du Groupe des États d’Europe orientale a été renvoyée à une date ultérieure. 

L’Équateur entre à la Commission de la science et de la technique au service du développement, pour un mandat prenant fin le 31 décembre 2022.  Les représentants du Groupe des États d’Afrique et de celui d’Amérique latine et des Caraïbes seront élus plus tard.

Le Guatemala sera jusqu’au 31 décembre 2020, membre du Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication.  L’élection a été reportée pour les représentants des autres quatre groupes régionaux.

La Gambie, l’Islande, l’Indonésie, le Panama, la Roumanie et la Thaïlande ont été élus au Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population pour un mandat allant jusqu’au 31 décembre 2021.  Les membres du Groupe des États d’Afrique et de celui d’Amérique latine et des Caraïbes seront désignés ultérieurement.

Le segment de coordination et de gestion de l’ECOSOC, qui est prévu le 7 mai prochain, procèdera à d’autres élections. 

E/2019/L.3
** E/2019/L.4

*** E/2019/45     

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social se préoccupe du sort des plus vulnérables face aux catastrophes naturelles

Cinquante-septième session,
6e et 7e séances plénières, Matin & après-midi
SOC/4876

La Commission du développement social se préoccupe du sort des plus vulnérables face aux catastrophes naturelles

Les graves répercussions des catastrophes naturelles sur les catégories les plus vulnérables de nos sociétés, qui affectent en moyenne 350 millions de personnes chaque année, ont mobilisé ce matin l’attention de la Commission du développement social réunie pour un « débat de haut niveau ».  L’après-midi a été consacré à un dialogue interactif avec des hauts responsables du système des Nations Unies, qui ont débattu sur les politiques budgétaires, salariales et sociales nécessaires à la lutte contre les inégalités.

Le débat de haut niveau du matin portait sur des « questions nouvelles » que la Commission a mises à son ordre du jour cette année, précisément sur le thème suivant: « réduire les inégalités en donnant des moyens d’agir aux personnes touchées par des catastrophes naturelles ou anthropiques: tenir compte des conséquences particulières qu’ont ces catastrophes pour les personnes handicapées, les personnes âgées et les jeunes ».

Face à la prévalence croissante des catastrophes naturelles qui, entre 1998 et 2017, ont provoqué la mort de 1,3 million de personnes et fait 4,4 milliards de blessés, les délégations ont constaté que le degré de résilience dépend fortement du niveau socioéconomique des populations et de leur facilité d’accès aux secours.  Or, les personnes handicapées, les personnes âgées et les jeunes subissent de manière disproportionnée les conséquences négatives de ces phénomènes, notamment en raison de leur mobilité réduite.

Cette situation a été illustrée de manière frappante par la Présidente de l’American Association of Retired Persons Fondation (AARP) qui a indiqué que trois quarts des décès provoqués par le passage de l’ouragan Katrina, à la Nouvelle-Orléans, avaient été recensés chez les personnes de plus de 60 ans, alors que celles-ci ne représentaient que 15% de la population locale.  Et pendant le récent incendie « Camp Fire » qui a détruit la ville de Paradise, en Californie, où la moitié de la population était âgée, de nombreux seniors n’avaient aucun moyen de transport pour évacuer.

Sachant qu’en 2035 la population de plus de 65 ans sera plus nombreuse que les jeunes, l’experte a recommandé de donner la priorité à l’autonomisation des personnes âgées vivant dans les zones à risque de catastrophes, et à leur inclusion dans les efforts de planification.  Il faut également élaborer des codes d’accessibilité pour la reconstruction post-catastrophe.

Mais par-dessus tout, il faut tenir compte de l’impact de la pauvreté sur la vulnérabilité des personnes âgées, des handicapés ou des jeunes, a-t-elle insisté.  D’ailleurs, après le passage de l’ouragan Maria, à Puerto Rico, le taux de mortalité le plus élevé était chez les habitants pauvres et âgés, y compris ceux qui étaient restés chez eux et qui manquaient de vivres, d’électricité et de soins.

Le manque de mobilité des personnes vulnérables était également au centre des préoccupations du Directeur de la politique mondiale de « Influencing and Research in the Action on Disability and Development International », qui a indiqué qu’au Bangladesh, après le passage du cyclone Sidr en 2007, personne n’avait pensé à porter secours aux handicapés cloîtrés chez eux.

De son côté, le Directeur du Bureau pour le développement social au sein du Ministère des affaires étrangères de la République islamique d’Iran a attiré l’attention sur la vulnérabilité particulière des personnes souffrant de handicap psychosocial ou mental qui, s’est-il inquiété, ne sont souvent pas prises en compte lors de l’élaboration des dispositifs de secours qui pensent avant tout aux handicapés moteurs.  Alors que seulement 17% des handicapés seraient au fait des plans d’évacuation en cas de catastrophe, il a suggéré d’élaborer un système de communication qui privilégie le visuel, expliquant que certaines personnes souffrant de handicap psychosocial ou mental ont du mal à s’exprimer ou à réagir aux éléments textuels.

Pour ce qui est des jeunes, de nombreuses délégations ont exhorté à tirer parti de leur expertise dans les technologies de l’information et des communications (TIC) pour compléter les activités de secours sur le terrain.  À titre d’exemple, un membre du Conseil national de la jeunesse du Népal a indiqué que lors du séisme qui a frappé son pays en 2015, le déploiement d’un système de cartographie par GPS mis sur pied par des jeunes avait permis de surmonter les barrières de communication et d’accélérer l’acheminement des secours.

Les discussions se sont également focalisées sur le rôle des ONG locales, considérées par beaucoup comme « absolument cruciales ».  Des appels ont toutefois été lancés pour veiller à ce que les ONG les plus importantes ne volent pas la couverture des plus petites.  Certains panélistes ont d’ailleurs constaté que les ONG locales s’avèrent souvent plus efficaces sur le terrain, mais qu’elles sont souvent exclues des exercices de simulation.  D’autres ont en outre jugé inacceptable de prétendre que le coût de l’assistance aux personnes âgées est trop élevé.

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, jeudi 14 février, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Débat de haut niveau sur des questions nouvelles: « réduire les inégalités en donnant des moyens d’agir aux personnes touchées par des catastrophes naturelles ou anthropiques: tenir compte des conséquences particulières qu’ont ces catastrophes pour les personnes handicapées, les personnes âgées et les jeunes »

Ce débat a été l’occasion d’examiner les moyens de réduire la vulnérabilité de ces catégories de personnes face à la prévalence croissante des catastrophes naturelles qui, entre 1998 et 2017, ont provoqué la mort de 1,3 millions de personnes et fait 4,4 milliards de blessés.

La modératrice de la discussion, Mme CHARLOTTE MCCLAIN-NHLAPO, Conseillère mondiale pour le handicap au Pôle mondial d’expertise en développement social, urbain et rural, et résilience du Groupe de la Banque mondiale, a présenté le contexte dans lequel des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes affectent 350 millions de personnes chaque année.  Le degré de résilience dépend fortement du niveau socioéconomique des populations et de leur facilité d’accès aux secours, a-t-elle relevé en soulignant le cas des personnes handicapées, des personnes âgées et des jeunes qui subissent de manière disproportionnée les conséquences négatives de ces phénomènes. 

Interventions liminaires

M. MESBAH ANSARI DOGAHEH, Directeur du Bureau pour le développement social au sein du Ministère des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a rappelé l’adoption de certains textes phares en matière de gestion des catastrophes, citant par exemple la Stratégie d’Incheon visant à faire du droit une réalité pour les personnes handicapées en Asie et dans le Pacifique.  Ce texte invite à tenir compte du handicap lors de l’élaboration des stratégies de réponse et de gestion.  Il a aussi mentionné le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030.

L’expert s’est attardé sur la situation des personnes handicapées, notamment les plus vulnérables de cette catégorie, les personnes souffrant d’un handicap psychosocial ou mental.  Il a donné un exemple de bonne préparation en racontant ce qui s’était passé à Urakawa, dans le nord du Japon, lors du tsunami de 2011: les personnes souffrant d’un handicap psychosocial avaient été évacuées en premier, le résultat d’une formation prodiguée avant la catastrophe.  De même en Iran, après le séisme qui a frappé Kermanshah en 2017, certaines ONG ont dépêché des équipes sur place pour venir en aide aux personnes souffrant d’autisme et prodiguer des conseils à leur famille.

M. Dogaheh a rapporté que selon un sondage effectué à l’échelon international, seulement 17% des handicapés étaient au fait des plans d’évacuation en cas de catastrophe.  Il a aussi fait observer que lors de l’élaboration des plans de secours, on tient plus souvent compte des personnes souffrant de handicaps physiques que psychosociaux ou mentaux.  Afin de mieux inclure ces dernières, il a suggéré d’élaborer un système de communication qui privilégie le visuel, expliquant que certaines de ces personnes ont du mal à s’exprimer ou à réagir aux éléments textuels.  Il faut donc prévoir des posters, des panneaux, ou encore des plans lumineux. 

Le cas du Bangladesh, pays particulièrement exposé aux catastrophes, a ensuite été présenté par M. MOSHARRAF HOSSAIN, Directeur de la politique mondiale de « Influencing and Research in the Action on Disability and Development International ».  En 2007, après le passage du cyclone Sidr, les habitants s’étaient mobilisés pour porter les secours, mais personne n’avait pensé aux handicapés cloîtrés chez eux.  Une campagne de porte à porte avait cependant été lancée par une ONG pour laquelle travaillait M. Hossain afin de les identifier et de leur venir en aide.  Cette campagne avait donné lieu à des propositions présentées au Gouvernement, portant notamment sur l’importance de créer des abris adaptés aux besoins des personnes handicapées.

Le panéliste a aussi rappelé l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza, à Dhaka en 2013, qui avait fait plus de 1 000 morts.  De nombreuses personnes blessées lors de cette catastrophe souffrent à présent d’un handicap à vie.  Il a averti que les catastrophes industrielles frappent durement les pays en développement qui n’ont pas les infrastructures adéquates pour y parer.

M. Hossain a également parlé de l’accueil que réserve le Bangladesh à plus d’un million de réfugiés rohingya, précisant que selon les estimations, près de 15% de cette population souffre d’un handicap.  Des efforts sont déployés pour renforcer l’inclusion de ces derniers, a-t-il assuré.

L’expert a conclu son exposé par un appel à mobiliser les collectivités, pour qu’elles mettent en œuvre des stratégies de gestion des catastrophes et identifient des solutions.  Il faut aussi assurer la participation des personnes marginalisées et créer un environnement respectueux des droits des personnes handicapées.  Placer l’inclusion au cœur de l’action des Nations Unies et responsabiliser le secteur privé et les gouvernements sont d’autres recommandations que M. Hossain a faites, en insistant sur l’importance de verser des dommages et intérêts aux victimes.

Sur un autre continent, aux États-Unis, un adulte sur quatre vit avec une forme de handicap.  C’est ce qu’a indiqué Mme MARCIE ROTH, Présidente de « Partnership for Inclusive Disaster Strategies », en précisant que si on tient compte des enfants, des personnes âgées, des personnes souffrant de maladies chroniques et autres, c’est plutôt 80% de la population qui souffrent de lacunes en matière de mobilité et qui sont, de ce fait, particulièrement vulnérables en cas de catastrophe.  En outre, les personnes à la fois handicapées et âgées ont deux à quatre fois plus de risques d’être blessées ou de mourir en cas de catastrophe, a-t-elle ajouté.  Mme Roth a ensuite cité les mérites de l’Équipe spéciale du Comité permanent interorganisations sur la prise en compte des personnes handicapées dans l’action humanitaire.

Aux États-Unis et dans les Caraïbes, ce sont les personnes âgées qui sont les plus touchées par les catastrophes naturelles, a enchaîné Mme LISA MARSH RYERSON, Président de l’American Association of Retired Persons Fondation (AARP).  Elle a notamment indiqué que trois quarts des décès provoqués par le passage de l’ouragan Katrina, à la Nouvelle-Orléans, avaient été recensés parmi les personnes de plus de 60 ans, alors que celles-ci ne représentaient que 15% de la population locale.  Les personnes de plus 65 ans étaient également surreprésentés parmi les morts après la tempête Sandy.

La panéliste a expliqué qu’il est difficile à ces personnes, voire impossible, d’accéder aux sites d’évacuation, faute de moyens de transport.  En outre, certaines d’entre elles rechignent à quitter leur domicile, par crainte de se retrouver dans un lieu qui ne leur est pas familier.

Elle a ensuite rappelé les 3 000 morts résultant du passage de l’ouragan Maria, à Puerto Rico, précisant qu’une fois encore, le taux de mortalité le plus élevé était chez les habitants pauvres et âgés, surtout les hommes de plus de 65 ans.  Ceux qui étaient restés chez eux avaient peu d’accès aux vivres, à l’électricité et aux soins, les hôpitaux ayant été mis hors d’usage.  D’où l’importance, lors de l’élaboration des plans de secours, de tenir compte de l’approvisionnement en électricité, car de nombreux médicaments, pour le diabète notamment, doivent être maintenus au frais.

Sachant qu’en 2035, la population de plus de 65 ans sera plus nombreuse que les jeunes, l’experte a recommandé de donner la priorité à l’autonomisation des personnes âgées vivant dans les zones à risque de catastrophes, et à leur inclusion dans les efforts de planification.  Il faut également élaborer des codes d’accessibilité pour la reconstruction, a-t-elle insisté, avant de recommander l’organisation d’ateliers pour dispenser des informations pertinentes aux personnes âgées sur les plans de gestion de catastrophe.  Pendant les récents incendies de forêts en Californie, notamment le « Camp Fire » qui a détruit la ville de Paradise où la moitié de la population était âgée, de nombreux seniors n’avaient aucun moyen de transport pour évacuer, a-t-elle indiqué à titre d’exemple.

Mais par-dessus tout, a souligné Mme Ryerson, il faut tenir compte de l’impact de la pauvreté sur la vulnérabilité des personnes âgées, des handicapés ou des jeunes.  Les communautés les plus pauvres sont souvent les plus durement touchées.  Et lorsque que la valeur immobilière s’effondre après une catastrophe, ces personnes n’ont souvent pas les moyens de faire les réparations nécessaires, ni de reconstruire en plus solide.  Un logement sûr et abordable est la base du bien-être, a-t-elle insisté.  Or, ceux qui n’ont pas les moyens de se déplacer, n’ont pas non plus les ressources nécessaires pour atténuer l’impact des catastrophes.  Avant d’être une question de politique ou de logistique, c’est une question morale.  « Pourquoi continuons-nous d’accepter que les personnes les plus vulnérables vivent dans les endroits les plus vulnérables? »  Il faut des mesures concrètes pour changer cet équilibre, a-t-elle martelé.

Commentateurs

M. ABDULLAH EREN, Conseiller principal du Président turc et Directeur de l’Agence pour les Turcs vivant à l’étranger et communautés liées, a indiqué que quatre millions de Syriens sont actuellement accueillis par la Turquie, et que nombre de ces réfugiés sont intégrés à la vie sociale du pays.  Le Gouvernement a adopté une politique de porte ouverte pour leur venir en aide à la suite du conflit.  Leur protection ne s’est jamais faite dans le cadre d’un campagne politique, a-t-il précisé, mais plutôt pour répondre à un impératif humanitaire.  En outre, 500 000 jeunes Syriens suivent une éducation supérieure en Turquie, et 12 000 élèves réfugiés bénéficient d’une bourse d’études qui, a-t-il précisé, fonctionne comme un instrument d’inclusion sociale.

Les jeunes sont aussi durement touchés par les catastrophes naturelles, a rappelé Mme JOLLY AMATYA, Membre du Conseil national de la jeunesse du Népal et Directrice exécutive de l’Initiative pour les fermes piscicoles durables, en expliquant qu’ils se retrouvent souvent séparés de leurs proches ou contraints d’interrompre leur scolarisation.  Elle s’est inquiétée du fait que de nombreuses zones propices aux catastrophes ne sont dotées d’aucune stratégie de secours, encore moins pour les personnes vulnérables.  Dans de nombreux cas, c’est la politique du « chacun pour soi » qui prime, a-t-elle déploré.

Lors du séisme qui a frappé le Népal en 2015 et qui a touché huit millions de personnes, les technologies de l’information et des communications (TIC) déployées par les jeunes ont été essentielles pour surmonter les barrières de communication, a relevé Mme Amatya.  Elle a cité notamment le déploiement d’un système de cartographie par GPS pour accélérer l’acheminement des secours.  À son avis, tous les plans de DDR (désarmement, démobilisation et réintégration) doivent comporter un cadre permettant d’évaluer et de déployer rapidement les technologies appropriées, tout en tirant parti du savoir local.

Débat interactif

Le débat a surtout été l’occasion pour les États Membres de dresser, à l’instar de l’Union européenne, la liste des initiatives prises à l’échelon national ou régional pour venir en aide aux personnes âgées, handicapées ou jeunes en cas de catastrophe.

L’Argentine a notamment expliqué avoir créé une cohorte de Casques blancs pour venir en aide aux sinistrés.  Le Maroc a indiqué disposer d’une politique de prise en charge des enfants autistes, tandis que la France a parlé des plans d’information mis en place à l’intention des personnes âgées en cas de canicule.  Le Royaume-Uni s’est enorgueilli d’avoir organisé le premier sommet mondial sur les catastrophes humanitaires et le handicap.

De son côté, le Brésil a indiqué qu’après l’effondrement, au début du mois, d’un barrage à Brumadinho, les personnes vulnérables avaient été secourues à titre prioritaire.  Et en Ukraine des équipes de soutien psychosocial ont été mises en place à proximité de la Ligne de contact dans l’est du pays afin de venir en aide aux personnes dont la mobilité est réduite en raison du conflit.  Cette délégation s’est également interrogée sur le meilleur moyen d’établir des liens entre les politiques humanitaires et de développement.

Les Philippines ont parlé de l’impact sur les jeunes du conflit contre les Moro dans la région de Mindanao.  La délégation a suggéré que les jeunes victimes de conflit puissent suivre un mentorat pour ensuite devenir des conseillers pour leurs pairs.  Il faut aussi renforcer les politiques relatives à la santé mentale, revoir à la hausse les allocations budgétaires en faveur des jeunes, et tirer parti de l’expertise des jeunes dans les nouvelles technologies, a-t-elle ajouté.

Sur ce dernier point, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a fait savoir qu’en Mongolie, pendant un hiver particulièrement rigoureux qui a décimé les cheptels, des groupes de jeunes s’étaient organisés pour fournir des informations aux communautés les plus touchées.

La déléguée jeunesse de la Suisse est par ailleurs intervenue pour parler de la « grève du climat » lancé par les jeunes suisses et du phénomène des réfugiés environnementaux.  Ces jeunes font face à un risque accru de chômage et le phénomène risque de creuser les inégalités sociales. 

En ce qui concerne les plans de secours, Soroptimist International a souligné qu’ils doivent tenir compte des évolutions urbaines et démographiques.  S’il faut mettre une population âgée ou handicapée à l’abri, y aura-t-il moyen de recharger les chaises roulantes électriques, de dispenser des informations en langue des signes, ou encore de secourir des animaux domestiques auxquels sont souvent très attachées les personnes âgées?

De son côté, la Finlande a appelé à réfléchir au rôle à octroyer aux ONG locales pour venir en aide aux sinistrés, à la suite de quoi la Présidente de « Partnership for Inclusive Disaster Strategies » a souligné que le rôle des ONG est absolument crucial.  Il faut toutefois prendre garde à ce que les ONG les plus importantes ne volent pas la couverture des plus petites, a-t-elle dit.  Elle a aussi jugé nécessaire d’inclure la responsabilité dans les indicateurs de succès des opérations de secours.  En outre, il n’est pas acceptable de prétendre que le coût de l’assistance aux personnes âgées est trop élevé, s’est offusquée la panéliste.  Dans une même veine, l’experte d’American Association of Retired Persons (AARP) a déploré que l’on considère trop souvent les personnes vulnérables comme des problèmes à régler plutôt que comme des atouts.

Abordant la question de l’allocation des ressources, le Directeur de la politique mondiale de « Influencing and Research in the Action on Disability and Development International » a constaté que les ONG communautaires sont souvent plus efficaces que les grandes ONG.  Or, les exercices de simulation incluent trop rarement les ONG locales, ainsi que les personnes handicapées elles-mêmes, a noté le Directeur du Bureau pour le développement social au sein du Ministère des affaires étrangères de la République islamique d’Iran qui a, en outre, attiré l’attention sur le problème des troubles post-traumatiques.

Le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes est également intervenu, ainsi que la République arabe syrienne qui a déclaré que la Turquie envoie des réfugiés syriens vers la Grèce dans « des bateaux de la mort » afin de « se soustraire à ses responsabilités dans le cadre d’un pacte conclu avec l’Europe ».  Il a également accusé le Gouvernement turc de vouloir exploiter les réfugiés syriens dans le cadre du prochain scrutin électoral.

Cette intervention a valu au représentant de la Turquie d’exercer son droit de réponse pour rejeter les accusation « infondées » de la délégation syrienne tout en précisant qu’il ne comptait pas « l’honorer » en répondant aux « propos infondés d’un régime qui a perdu depuis longtemps toute légitimité ».

Le représentant syrien a ensuite présenté une motion d’ordre pour demander que le nom officiel de son pays soit utilisé.

Dialogue interactif sur le thème prioritaire avec des hauts responsables du système des Nations Unies

Examen des plans et programmes d’action pertinents des Nations Unies concernant la situation d’un groupe social

L’objectif de ce dialogue, a rappelé la Vice-Présidente de la Commission, Mme CAROLINA POPOVOCI, de la République de Moldova, est d’assurer la cohérence politique aux niveaux mondial, régional et national dans la lutte contre les inégalités et la promotion de l’inclusion sociale. 

La Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC), Mme ALICIA BÁRCENA, a alerté sur l’urgence qu’il y a à réaliser les objectifs de développement durable dans sa région et a insisté sur le principe de l’égalité qui est « un droit » et une condition préalable au progrès économique.  L’égalité a un lien direct avec la productivité, a-t-elle dit en prenant comme exemple les pays nordiques.  En ce qui concerne l’Amérique latine, la région la plus inégale au monde selon Mme Bárcena, la situation s’est détériorée à nouveau en 2015.  On y recense 109 millions de pauvres et 60 millions de très pauvres.  Mme Bárcena a aussi fait remarquer que « la pauvreté a le visage des enfants » et qu’elle touche aussi fortement les peuples autochtones.

La première des solutions à ce problème doit être trouvée dans le travail, a recommandé la Secrétaire exécutive.  Or, 64% des travailleurs de la région sont employés dans le secteur informel.  En outre, plus de la moitié de la population d’Amérique latine ne contribue pas à la fiscalité.  Quant aux femmes, 60% d’entre elles travaillent mais ne sont pas rémunérées.  L’autre solution est la double inclusion: l’inclusion sociale et l’insertion professionnelle.  Il faut donc des politiques publiques supplémentaires dans les domaines de l’insertion professionnelle et de la protection sociale si l’on veut arriver à réduire les inégalités et augmenter les revenus des ménages, a fait observer Mme Bárcena.  Il faut par exemple augmenter les dépenses sociales, faciliter les transferts de fonds et lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites qui coûtent 304 milliards en manque à gagner.  Elle a aussi invité à se préparer aux nouvelles technologies qui changent la donne. 

Si les problèmes sont les mêmes pour les autres commissions économiques et sociales, comme l’a fait remarquer M. MOUNIR TABET, Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), la situation au sein de la CESAO s’est aggravée avec les guerres et leurs conséquences comme les migrations forcées.  À cela s’ajoute la forte proportion de jeunes dans la région.  En outre, en 2050, il devrait y avoir plus de 100 millions de personnes âgées, ce qui requiert une politique adaptée.  La région compte aussi plus de 29 millions de réfugiés dont 20 millions de Syriens, ce qui pèse énormément sur les budgets des pays riverains. 

Au sein de la CESAO, plus 70% de la population n’est pas couverte par la protection sociale, a encore signalé M. Tabet tout en indiquant que plusieurs pays ont amélioré l’aide destinée aux groupes vulnérables, avec un meilleur recensement des membres de ces groupes et des données fiables.  La CESAO a élaboré des politiques pour une meilleure réinsertion des jeunes, a poursuivi M. Tabet en citant notamment les politiques inclusives sur le chômage des jeunes qui ont été menées en Jordanie.  Les jeunes peuvent être des acteurs du développement économique et social, a-t-il rappelé avant de parler aussi des personnes âgées qui peuvent être des outils du progrès si on les intègre dans les processus de prise de décisions.  En conclusion, le Secrétaire exécutif a recommandé de revoir les politiques budgétaires pour qu’elles tiennent mieux compte des besoins de ces groupes sociaux.  La CESAO a d’ailleurs créé un système de suivi des dépenses sociales dans trois pays afin d’avoir un ensemble de données qui enrichiront la réflexion politique en vue de parvenir au développement social. 

M. KAVEH ZAHEDI, Directeur exécutif adjoint pour le développement durable de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a évoqué quelques défis auxquels est confrontée la CESAP, comme la présence dans la région de quelques multimilliardaires qui vivent aux côtés d’un grand nombre de pauvres.  Il a insisté sur l’importance de la protection sociale qui permet de créer une population active dynamique.  Chaque dollar investi dans la protection sociale rapporte 10 fois plus pour le développement social, a relevé M. Zahedi en insistant sur l’importance de l’investissement social qui a des retombées majeures pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Une hausse de 11% des investissements dans le secteur social permettrait de sortir de la pauvreté plus de trois millions de personnes, a-t-il encore illustré.  Outre l’amélioration de la protection sociale, le Directeur exécutif a préconisé l’investissement dans la lutte contre les inégalités technologiques qui actuellement se creusent.  La CESAP a élaboré des outils et des politiques facilement adaptables par les pays membres dans le domaine de la protection sociale. 

Lutter contre les inégalités est possible, a assuré M. ABDOULAYE MAR DIEYE, Administrateur adjoint et Directeur du Bureau d’appui à l’élaboration des politiques et programmes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en préconisant pour cela d’« adopter des politiques, sur les plans budgétaire, salarial et dans le domaine de la protection sociale ».  Il faut, premièrement, élargir l’assiette fiscale des pays en développement, car plus les ressources nationales seront importantes, plus elles pourront être orientées vers le développement social.  L’ONU estime d’ailleurs que les pays à faible revenu devront augmenter leurs dépenses publiques annuelles de 30% pour réaliser les objectifs de développement durable.  Chaque dollar investi pour améliorer l’administration fiscale peut rapporter 100 dollars par les impôts collectés.  Deuxièmement, M. Mar Dieye a prévenu des risques des politiques de redistribution menées par de nombreux gouvernements pour attirer les investissements privés: il en résulte un manque à gagner en termes de ressources fiscales dont ces pays ont pourtant besoin pour leur développement.  En troisième lieu, il a indiqué qu’il était important de réfléchir aux politiques macroéconomiques pour lutter contre les inégalités et pour éviter les défaillances du marché.  Le PNUD milite pour que les pays adoptent des politiques intégrées leur permettant de faire des progrès et assurer que personne ne soit laissé sur le côté, en utilisant le Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme cadre de travail. 

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Représentant spécial de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a tiré la sonnette d’alarme en faisant l’état des lieux de la réalisation des objectifs de développement durable.  Trop d’indicateurs ne bougent pas, a-t-il dit en s’alarmant en particulier de la stagnation des salaires et de l’absence de protection sociale pour des centaines de millions de personnes.  Comment se remettre sur la voie pour atteindre ces objectifs? a demandé M. Pinheiro.

La protection sociale « universelle » est au cœur des débats actuellement, a remarqué M. PAUL LADD, Directeur de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social, qui a préconisé, pour y parvenir, une sorte de filet de sécurité pour accueillir « ceux qui ont échoué momentanément sur la route de la fortune ».  Ensuite, une politique fiscale progressive est essentielle car elle permet de s’attaquer au problème de la concentration de richesses entre les mains d’une poignée de riches qui privent les gouvernements de moyens pour assurer le progrès social.  M. Ladd a également souligné l’importance de la transparence des politiques avant de recommander de bien tenir compte des conséquences des changements technologiques et climatiques. 

Débat interactif

Le modérateur, M. ELLIOTT HARRIS, Économiste en chef et Sous-Secrétaire général pour le développement économique au Département des affaires économiques et sociales, a lancé la discussion en priant les États Membres de partager leurs expériences individuelles en matière de protection sociale et de réduction des inégalités. 

La Finlande a dit qu’en dépit du modèle social nordique « tant vanté », les pays nordiques sont confrontés au problème de la pauvreté intergénérationnelle.  La CESAP a d’ailleurs reconnu l’importance de cette question pour sa région.  C’est aussi la première commission économique à tenir compte du handicap dans ses politiques et programmes, a-t-il rappelé.  Le PNUD a reconnu l’importance de s’attaquer à la pauvreté horizontale, qui découle notamment du manque de gouvernance.  En effet, dans beaucoup de pays, des pans entiers de territoires échappent à l’administration en général et à l’administration fiscale en particulier. 

La protection sociale a prouvé son efficacité à renforcer la résilience des populations après la crise financière de 2008, a rappelé le modérateur.  « Qu’en pensez-vous? »

La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l'agriculture a fait remarquer combien la protection sociale est essentielle pour réduire la pauvreté rurale, en particulier.  Elle doit être combinée avec des politiques encourageant la productivité pour avoir des résultats concrets à long terme.  En effet, les investissements productifs associés à la protection sociale peuvent créer des cercles vertueux de développement local, accélérer les efforts pour atteindre l’objectif « zéro faim » et créer des moyens de subsistance ruraux. 

La représentante de Soroptimist International a recommandé notamment l’optimisation des dépenses pour l’égalité des sexes, et pour les soins aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes atteintes du VIH/sida.  Elle a aussi recommandé de protéger les droits des travailleurs sociaux et l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. 

Une représentante de la société civile a demandé si une sorte de « taxe Tobin » était envisageable, c’est-à-dire une taxation des transactions monétaires internationales visant à limiter la volatilité des taux de change.  « C’est très difficile », a répondu le représentant du PNUD en rappelant l’initiative menée par l’ancien Président français Jacques Chirac sur la question.  « Le monde n’est pas près de l’accepter, mais attendons de voir ce qui se passera à la prochaine réunion du G20 », a-t-il dit avant d’inviter à militer pour le « civisme fiscal ».  Les pays doivent s’efforcer de collecter plus d’impôts afin de mieux financer leur développement, a-t-il martelé.  Le représentant de la CESAP a fait une comparaison: « alors que nous sommes en train de ramer, la taxe Tobin, ce serait comme faire du sprint ».  Il a mis l’accent sur le vieillissement de la population et la prise en charge de cette question qui ne doit pas être abordée seulement du point de vue économique selon lui. 

Le représentant de la CESAO a, quant à lui, dénoncé les pertes financières dues aux flux financiers illicites: « Quand 2 dollars entrent dans la région, c’est 3 qui en sortent. »  Il a aussi fustigé les exemptions fiscales qui sont comme « une course vers le bas » sur la voie du développement social.

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