La Commission du développement social insiste sur la protection sociale minimale comme arme contre les inégalités
La Commission du développement social a clos, ce matin, son débat général au cours duquel une vingtaine d’États et d’ONG ont insisté sur le bien-fondé de la protection sociale minimale pour réduire les inégalités. Cette cinquantième-septième session a pour thème prioritaire « la lutte contre les inégalités et les obstacles à l’inclusion sociale au moyen des politiques budgétaires et salariales et des politiques de protection sociale ».
Dans son rapport*, le Secrétaire général affirme que seuls 45,2% de la population mondiale bénéficient d’au moins une prestation sociale. Autrement dit, 54,8% de la population mondiale, soit 4 milliards de personnes, sont dépourvus de toute protection sociale. La part de la population couverte par au moins une prestation sociale varie d’un continent à l’autre: 17,8% en Afrique, 38,9% en Asie et dans le Pacifique, 67,6% dans les Amériques et 84,1% en Europe et en Asie centrale. En outre, seulement 29% de la population mondiale a accès à des systèmes complets de protection sociale couvrant toute la gamme des prestations. Près de 1,3 milliard d’enfants dans le monde ne bénéficient d’aucune protection sociale et seuls 21,8% des travailleurs sans emploi perçoivent des allocations de chômage.
La Chine, qui célèbre cette année le quarantième anniversaire de son ouverture, s’est enorgueillie du plus grand système de protection sociale au monde avec 1,5 milliard de bénéficiaires. Djibouti n’a pas été en reste. Il a parlé de la mise en place « des socles de protection sociale », dont un programme d’assistance sociale qui, en deux ans, a bénéficié à 80 000 personnes. Le Sénégal s’est aussi vanté du budget 2018, « le plus social de son histoire », avec au total 426 milliards de francs CFA exclusivement dédiés à des programmes à fort impact social. Le Gouvernement a aussi élaboré sa Stratégie nationale de protection sociale 2015-2035.
Mais comment garantir l’impact des systèmes de protection sociale et de réduction des inégalités si nous ignorons la différence entre les structures et les besoins des familles? s’est demandé le Royaume-Uni. Ces familles, a-t-il prévenu, continueront de se former différemment et de prendre des formes multiples: les partenariats de même sexe ou de sexe opposé, les familles monoparentales, les familles élargies, les familles reconstituées, les familles intergénérationnelles, voire les familles dirigées par un mineur. Nos politiques familiales doivent donc être inclusives et notre cadre normatif international doit améliorer notre compréhension de la manière dont les gens vivent dans le « monde réel ». Le Royaume-Uni a parlé d’une étude que son gouvernement a menée sur les LGBT et qui a montré que les lois antidiscriminatoires n’étaient pas adaptées à la véritable expérience de ces personnes. L’étude a conduit à un plan d’action en 75 points financé à hauteur de 4,5 millions de livres sterling qui devrait améliorer la manière dont les politiques sont formulées et mises en œuvre, grâce à la création d’un groupe consultatif des LGBT.
Dans son rapport, le Secrétaire général explique que la protection sociale contribue à atténuer les inégalités essentiellement de trois manières: elle permet de faire reculer la pauvreté et les disparités de revenus par la fourniture de prestations en espèces ou en nature et l’amélioration de l’accès aux soins de santé et à d’autres services. Elle permet aussi de réduire l’inégalité des chances, de garantir l’accès aux services de base tels que l’éducation, la santé et la nutrition et d’offrir des possibilités d’emploi aux travailleurs ruraux pauvres et peu qualifiés dans le cadre de programmes de garantie d’emploi subventionnés par l’État. Elle offre enfin une protection contre les risques et, en cas de chocs extérieurs, contribue à en atténuer les effets sur les revenus et la consommation des ménages et à limiter la perte irréversible d’actifs qui en découle.
Les ONG accréditées auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) ont donné de la voix. Soulignant que la protection sociale est un droit de l’homme, le Mouvement international ATD Quart Monde a exhorté les États à favoriser la mise en œuvre des quatre garanties minimales de protection sociale de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Les gouvernements peuvent garantir le financement de la protection sociale, en réduisant par exemple les dépenses militaires, a lancé l’ONG. « International Council on Social Welfare » a insisté sur une protection sociale minimale qui contribuerait à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. ONUSIDA a plaidé pour une protection sociale soucieuse de la situation des personnes touchées par le VIH/sida. La dernière catastrophe de Brumadinho, au Brésil, a poussé « VIVAT International » à exhorter les États à obtenir des sociétés minières qu’elles accordent la priorité à la sécurité humaine et à la protection de l’environnement.
La Commission du développement social se réunira à nouveau le jeudi 21 février, à partir de 10 heures, pour achever les travaux de sa cinquante-septième session.
* E/CN.5/2019/3
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Suite et fin du débat général
M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a affirmé que depuis son indépendance, son pays met tout en œuvre pour favoriser la mise en place de politiques publiques de protection sociale, financées avec des ressources durables et prévisibles dans un cadre macroéconomique et fiscal adéquat. Au cours de l’année 2018, la lutte contre la pauvreté et les inégalités a pris un tournant significatif avec la mise en œuvre de la nouvelle Stratégie nationale de protection 2018-2022. La Stratégie vise à garantir aux populations vivant dans des conditions précaires l’accès à l’alimentation; des revenus pour les enfants; des revenus minimums en faveur des personnes âgées et personnes handicapées; ainsi que l’accès aux services de base pour ceux qui en sont dépourvus. La Stratégie, a poursuivi le représentant, passe par le renforcement de la résilience des populations et prône la mise en place de programmes de développement du capital humain et d’autonomisation.
À travers la Stratégie, le pays a mis en place les socles de protection sociale, a souligné le représentant qui a aussi parlé du Programme national de solidarité familiale qui, lancé en 2016, a permis un transfert de ressources monétaires à presque 3 500 ménages en 2018. Un programme d’assistance sociale a aussi été lance en 2016 dont le nombre de bénéficiaires est passé de 35 000, la première année, à 80 000 en 2018. La Stratégie nationale est aussi encadrée par la Vision 2035 et appuyée par la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi.
M. WU HAITAO (Chine) a expliqué que le modèle de développement conduit par le Président Xi Jinping a pour ambition d’améliorer les conditions de vie, en plaçant la personne au centre des préoccupations. Sur le plan international, la Chine préconise un développement ouvert et équilibré permettant aux pays du Sud de contribuer à la croissance mondiale. Le représentant a défendu le droit égal des États à définir les règles internationales. Il a aussi défendu un commerce international non discriminatoire et la préservation du multilatéralisme. Tous les pays doivent pouvoir élaborer des politiques de développement adaptées à leur réalité et à leur niveau de développement, et il revient, dans ce cadre, à la communauté internationale de resserrer les partenariats et de renforcer la coopération internationale. En ce quarantième anniversaire de son ouverture, la Chine, a affirmé le représentant, a réussi à sortir plus de 700 millions de personnes de l’extrême pauvreté, réduisant l’écart salarial et créant le plus grand système de protection sociale au monde avec 1,5 milliard de bénéficiaires. Le système de retraite bénéficie quant à lui à 920 millions de personnes, alors que ces cinq dernières années, 66 millions d’emplois ont été créés. Au niveau international, la Chine totalise 300 milliards de renminbi d’aide au développement.
Mme CLOTILDE A. FERRY (Monaco) a estimé qu’investir dans le capital humain, c’est également et avant tout investir dans l’enseignement. Comme en 2017, le taux de chômage des jeunes était deux fois plus élevé que le taux global, elle a jugé crucial de mettre en œuvre le Programme d’action mondial pour la jeunesse. Elle a salué le Secrétaire général pour avoir lancé une stratégie visant à autonomiser les jeunes dans le cadre des objectifs de développement durable. Elle a aussi parlé de « Monaco Jeunesse et Développement Durable », qui sont des rencontres annuelles entre les lycéens de la Principauté. La représentante a également attiré l’attention sur le travail de la Commission d’insertion des diplômés qui a permis, en une décennie, de placer 236 jeunes diplômés dans les entreprises du pays. Elle a souligné que le secteur de la santé constitue un axe fort de l’action de son gouvernement, qui y consacre près de 8% du budget national, pour, entre autres, favoriser la pleine intégration sociale des personnes handicapées. Dans ce cadre, la représentante a vanté les mérites de « Monaco Disease Power », une association agissant en faveur des enfants ou adultes souffrant de handicaps mentaux, physiques ou de maladies mentales. Monaco accueille également l’Association pour l’aide et la protection des enfants inadaptés (A.M.A.P.E.I) qui œuvre pour l’insertion des enfants autistes et trisomiques. Sur le plan international, la représentante a parlé de la mise en place, dans l’un des pays partenaires de Monaco, d’une plateforme de financement participative au service du microcrédit. Par ailleurs la Croix-Rouge monégasque a, dans un autre pays partenaire, contribué à l’amélioration des conditions de vie des enfants dans un centre d’accueil et d’écoute.
M. SAMUEL GROUT-SMITH (Royaume-Uni) a appelé à des systèmes de protection sociale qui répondent aux besoins changeants des familles. Ces familles sont des parties prenantes cruciales dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il insisté. De nombreux objectifs et cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030, comme la fin des pratiques du mariage des enfants, du mariage précoce ou du mariage forcé, ne peuvent être réalisés sans l’engagement actif des parents et des familles, s’est expliqué le représentant. Pouvons-nous vraiment tenir la promesse de ne laisser personne sur le côté si nous sommes incapables de reconnaître les différentes formes de famille? s’est-il demandé. Comment garantir l’impact des systèmes de protection sociale et de réduction des inégalités si nous ignorons la différence entre les structures et les besoins des familles? Ces familles, a prévenu le représentant, continueront de se former différemment et de prendre des formes multiples: les partenariats de même sexe ou de sexe opposé, les familles monoparentales, les familles élargies, les familles reconstituées, les familles intergénérationnelles, voire les familles dirigées par un mineur. Nos politiques familiales doivent donc être inclusives et notre cadre normatif international doit améliorer notre compréhension de la manière dont les gens vivent dans le « monde réel ».
Le représentant a donné l’exemple de l’étude que son gouvernement a mené sur les LGBT, en 2017, et qui a montré que les lois antidiscriminatoires, qui étaient pourtant parmi les plus robustes au monde, n’étaient pas adaptées à la véritable expérience des LGBT. L’étude a donc conduit à un plan d’action en 75 points financé à hauteur de 4,5 millions de livres sterling et couvrant la santé, l’éducation, la sécurité personnelle et l’emploi. Ce plan, a affirmé le représentant, va améliorer la manière dont les politiques sont formulées et mises en œuvre, grâce à la création d’un groupe consultatif des LGBT. Nous sommes convaincus, s’est expliqué le représentant, que l’amélioration des conditions de vie et des perspectives d’avenir des LGBT n’est pas seulement une obligation mais une politique qui a des bénéfices directs et indirects pour toute la population.
Mme WINIFRED DOHERTY, Notre Dame de la Charité, a estimé qu’il faut travailler ensemble pour que chaque personne ait accès à « une économie de vie » car l’intégration sociale est détruite par le manque d’éthique des marchés financiers, des institutions financières et des entreprises sans scrupules. La représentante a avancé les principes de dignité humaine, de communauté et de bien public sous l’angle desquels on peut voir le caractère scandaleux d’une richesse extrême cohabitant avec une pauvreté extrême. Elle a prôné des « frontières morales et éthiques » et dénoncé l’absence de règles dans l’industrie de la technologie, de la connectivité, des mégadonnées et de l’intelligence artificielle, qui représente un danger pour la dignité humaine. Nous avons besoin d’une « éthique de la solidarité », a-t-elle insisté.
M. ROBERTUS MIRSEL, VIVAT International, a estimé que la dernière catastrophe de Brumadinho montre qu’il faut des politiques et des pratiques plus ambitieuses pour protéger la vie. Elle montre aussi que les sociétés minières doivent impérativement prendre toutes les mesures possibles pour protéger l’environnement. Une politique claire qui permettrait aux États de contraindre ces sociétés à respecter les normes les plus élevées de gestion des risques environnementaux pourrait prévenir de telles catastrophes. De nombreux pays ont des politiques de compensation. Mais, a prévenu le représentant, ces politiques doivent examiner l’impact réel des systèmes de protection sociale mis en place par les sociétés minières. Les obligations environnementales peuvent se révéler plus efficaces pour garantir des compensations que les pénalités après catastrophe, a-t-il plaidé. Le représentant a donc exhorté les États à obtenir des sociétés minières qu’elles accordent la priorité à la sécurité humaine et à la protection de l’environnement, en s’inspirant des Normes pour une exploitation minière responsable. Il a aussi appelé à des politiques d’aide sociale en faveur des individus, ménages et communautés touchés par les catastrophes naturelles.
Mme ELSA MUTTATHU, International Presentation Association, a indiqué que présente dans 24 pays, son association travaille avec des leaders et des volontaires dans 216 communautés pour les sensibiliser aux objectifs de développement durable. Par exemple en Inde, l’Association a obtenu des résultats dans l’accès à la protection sociale, à la pension, à la formation et à l’entrepreneuriat, à l’éducation, au traitement du cancer, à l’eau potable, à l’assainissement et à l’électricité. Tout ceci montre que le développement inclusif est possible quand les organisations de la société civile, les communautés et les gouvernements locaux travaillent ensemble pour mettre en œuvre les politiques nationales et internationales. La mise en œuvre des objectifs de développement durable est possible, a poursuivi la représentante, quand nous mettons les gens et la planète au centre de tout, en identifiant les problèmes locaux et en encourageant les communautés à en trouver elles-mêmes les solutions. Au niveau international, il faut identifier les causes sous-jacentes de ces problèmes et les modèles de développement non viables.
Mme MONICA JAHANGIR-CHOWDHURY, Mouvement international ATD Quart Monde, a souligné que la protection sociale est un droit de l’homme et a exhorté les États à favoriser la mise en œuvre des quatre garanties minimales de protection sociale de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Les gouvernements peuvent garantir le financement de la protection sociale, en réduisant par exemple les dépenses militaires. La représentante a particulièrement dénoncé l’évasion fiscale et appelé à la création d’une institution internationale spécialisée contre ce fléau.
Mme MARINE DAVTYAN, du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a souligné que la protection sociale est un multiplicateur de la riposte au VIH/sida. Elle a plaidé pour une protection sociale soucieuse de la situation des personnes touchées par le VIH/sida pour qu’elles aient accès comme le reste de la population aux services sociaux. Elle a en effet plaidé pour l’élimination des préjugés et de la discrimination dans les services et politiques publics. L’élimination de la discrimination doit être le principe directeur des efforts globaux pour réduire les inégalités et lutter contre l’exclusion sociale, en particulier pour les groupes marginalisés et vulnérables. La représentante d’ONUSIDA a appelé les États Membres et les autres partenaires à respecter l’engagement pris dans la Déclaration politique de 2016 visant à éliminer toute stigmatisation et toute discrimination à l’égard de toutes les personnes vivant avec le VIH ou susceptibles d’être contaminées par le VIH, ainsi que l’engagement pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. BAR SIMAN TOV, Pirates Parties International, a rappelé que les Pirates regroupent 38 organisations dans 36 pays sur les cinq continents, dans la défense de la démocratie et de la prise de décisions horizontale. Traiter des inégalités et des défis de l’intégration sociale est aussi une part importante de la contribution des Pirates au Programme 2030 et ce qui réunit leurs membres est leur façon de travailler. Ils collaborent à la promotion d’un processus démocratique de prise de décisions en ligne et rendent ce processus accessible à tous indépendamment du statut social, tout en préservant sa transparence. M. Siman Tov a donc exhorté la Commission à relever les défis de l’intégration sociale en promouvant les outils de prise de décisions et de collaboration en ligne. La prise de décisions horizontale est essentielle pour la protection des droits de l’homme, a-t-il estimé.
Mme EVA RODRIGUEZ, Corporation Cultural Nueva Acropolis Chile, a, au nom d’une ONG chilienne qui travaille avec les jeunes gens dans plus de 50 pays, invité la Commission à réfléchir à la philosophie, au volontariat, à la culture. La philosophie, s’est-il expliqué, offre aux jeunes les principes et les valeurs de la coexistence pacifique et de la tolérance. Le volontariat participe d’ailleurs de l’application de cette philosophie. Un jeune peut en effet apprendre la critique en travaillant pour une noble cause. Par ailleurs, tout programme pour les jeunes doit promouvoir la culture dans ses multiples manifestations car les stéréotypes qui les ont réduits à un rôle de producteur ou de consommateur ont causé d’énormes dégâts.
M. JOSEPH KLOCK, New Humanity, a estimé que les êtres humains doivent pouvoir vivre comme des frères et sœurs de la même famille, puisqu’ils sont tous des enfants du même père qui est aux cieux. Un programme de l’ONG, basé sur l’enseignement du Nouveau Testament, permet d’en promouvoir la règle d’or commune à plusieurs religions: « traite les autres comme tu voudrais être traité ». Le délégué a invité la Commission du développement social à appliquer cette maxime pendant ses discussions.
M. SERGEI ZELENEV, International Council on Social Welfare, a appelé à des politiques multisectorielles et cohérentes pour s’attaquer aux racines des inégalités. Toute la population d’un pays doit pouvoir ressentir les effets de la croissance économique et dans ce cadre, la lutte contre la pauvreté doit avoir en son centre la protection sociale, véritable investissement dans l’individu. Au niveau international, il faut réfléchir à une nouvelle proposition sur une protection sociale minimale qui contribuerait à la réalisation du Programme 2030.
Mme MASAKO OSAKO, International Longevity Center Global Alliance, Ltd, a estimé que pour faire avancer l’engagement du Plan d’action sur le vieillissement à « promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie afin de faire face à l’évolution de la situation économique, sociale et démographique », il faut travailler à « l’intégration numérique » des personnes âgées et à les former à l’informatique. Les dernières données sur la participation des personnes âgées à la technologie numérique montrent de grandes différences entre les pays. Plus de 80% des 65 ans et plus ont accès à Internet dans certains pays alors que le taux est moins de 10% dans d’autres. « Aucune personne âgée ne doit être laissée sur le côté. » En 2019, a poursuivi la représentante, le numérique est devenu une force nettement plus importante qu’en 2002, date de l’adoption du Plan d’action. Le numérique influence aujourd’hui la faculté d’une personne à se sortir de la pauvreté et de l’isolement social. Imaginez une vie sans courriels, services de messagerie, appels vidéo ou services bancaires, achats et recherche d’emploi en ligne. De même, pendant les catastrophes, l’accès à l’information en ligne peut être une question de survie.
M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a affirmé qu’en 2018, son pays a eu le budget le plus social de son histoire, avec au total 426 milliards de francs CFA exclusivement dédiés à des programmes à fort impact social. Le représentant a cité quelques leviers d’action dont la Stratégie nationale de protection sociale 2015-2035; la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG); celle de la pension de retraite; l’accès aux services sociaux; la mise en place de la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes; et le programme d’urgence pour le développement communautaire. Les résultats positifs enregistrés dans la mise en œuvre de ces politiques et programmes ont considérablement contribué à l’atténuation des inégalités et amélioré l’inclusion sociale, notamment chez les couches les plus vulnérables, a affirmé le représentant.
M. MARIO FAVLAKIS, Association hellénique des politologues, a estimé que les États doivent adopter une approche différente pour être plus efficaces dans la lutte contre les catastrophes, qui touchent particulièrement les personnes handicapées, et les inégalités. Il faut des partenariats public-privé pour avancer sur la question, a-t-il jugé, indiquant que son association insiste sur l’importance de la contribution du monde scientifique. Les centres recherche et développement peuvent en effet imprimer l’élan voulu aux structures de développement locales et régionales puisqu’on sait que le problème des inégalités dans le monde découle bien souvent du dysfonctionnement des mécanismes étatiques locaux et régionaux.
Mme ADA OKIKA, Irene Menakaya School Onitsha, a vu dans la culture et l’éducation un moyen de traiter des inégalités et des défis de l’intégration et de la protection sociales. L’intégration sociale, s’est-elle expliquée, est une culture qui autonomise les citoyens et leur donne « la capacité sociale » de relever les défis des questions fiscales et salariales, tout en luttant pour devenir les bénéficiaires de la croissance économique et sociale. Après avoir vanté les mérites des projets « Musiculture » et « Talenculture », lancés par son ONG, la représentante a appelé les gouvernements à promouvoir les coopératives culturelles, à recourir à la « technologie culturelle » pour promouvoir les normes du travail, fiscales et salariales et à intégrer la cuture et l’éducation dans les programmes de développement pour inverser les tendances du paysage fiscal, salarial et de protection sociale.
M. SIVARAM RAM CHELLURI, International Committee for Peace and Reconciliation (ICFPAR), a dit que comme les inégalités existeront toujours, leurs effets ne pourront être minimisés qu’en reconnaissant d’abord leur existence et en déployant tous les efforts possibles pour les éliminer. Comme l’éducation est le moyen par lequel un individu passe d’une étape de la vie à une autre, tous les enfants doivent y avoir accès. Mais tout le monde n’a pas les mêmes capacités. L’éducation doit donc être adaptée aux besoins et aux capacités de chacun. Les différents systèmes d’éducation ne doivent pas être vus comme des outils de la discrimination mais comme un effort pour promouvoir l’égalité devant le savoir, a précisé M. Chelluri, qui a aussi appelé à des mesures renforcées pour sortir les peuples autochtones de leur isolement.
M. MAURICE ALI, Association internationale des journalistes indépendants, a parlé de « The Fortress Experiment », une expérience qui a porté sur ce qui est important dans notre vie et sur la manière dont on devrait la vivre. La conclusion a été qu’en tant qu’individu et en tant qu’humanité, nous devons, en plus de nos lois et autres aspects culturels et religieux, travailler à la pleine expression de nos capacités mentales et physiques parce que « cela nous rend heureux ». En conséquence, le déni de liberté d’expression par l’exclusion sociale et les inégalités nous rendent malheureux puisqu’ils limitent le développement des idées et de la culture, sans compter notre développement personnel. Mais la liberté d’expression pourrait-elle devenir dangereuse? En 13 ans d’expérience, a répondu le représentant, aucun de nos participants n’a fait du mal à sa famille, à sa communauté ou à son pays. Ce concept est simple, compréhensible et suffisamment avéré pour avoir fait l’objet d’un rapport intitulé « Un mandat important et positif pour l’humanité aux Nations Unies ». En appréhendant les problèmes sociaux sous l’angle de la libre expression des capacités mentales et physiques, nous pourrons en résoudre plusieurs. Par exemple, les inégalités sociales peuvent être vues comme le résultat des limites imposées à notre libre expression dans l’enseignement supérieur, sur le marché de l’emploi et dans la croissance économique.
M. MAIK DUNNBIER, IOGT International, a déclaré qu’en Europe, neuf millions d’enfants vivent dans des familles au sein desquelles un des parents souffre d’alcoolisme. En attendant que les chiffres des autres continents soient connus, il a plaidé pour l’universalisation de l’impôt sur les boissons alcoolisées qui serait une mesure fiscale « gagnante » permettant d’augmenter les PIB et de se ménager des ressources pour les soins de santé et la prise en charge des enfants d’alcooliques.
Au-delà des politiques nationales, Mme ELIZABETH DEFEIS, Fraternité Notre Dame, a rappelé une obligation très simple, celle de toute personne de porter secours à un voisin dans le besoin. Dans notre monde numérisé, les relations humaines se sont complètement distendues, a-t-elle regretté. La charité est ignorée et nos sociétés bureaucratisées sont caractérisées par une insensibilité universelle. L’aide mutuelle a disparu alors qu’avec la charité, elle peut résoudre bien des problèmes. Les gens doivent revenir à des sentiments plus nobles et aider leurs congénères par le volontariat ou les dons. Il est temps de réintroduire le sens de la charité dans la société, a-t-elle conclu.
M. SOFIA ROMEO, Concepts of Truth, a déclaré que la pauvreté n’est pas simplement un manque de revenus. La pauvreté multidimensionnelle, c’est un manque d’accès aux services sociaux et aux opportunités. La pauvreté peut aussi être « émotionnelle » et pour que la société soit viable, les citoyens doivent rechercher « la viabilité personnelle et émotionnelle ».