Conseil de sécurité: Israéliens et Palestiniens doivent faire preuve de leadership sous peine de voir la paix s’éloigner durablement, prévient l’ONU
« La perspective d’une paix durable entre Palestiniens et Israéliens semble s’éloigner jour après jour devant la montée en puissance du spectre de la violence et du radicalisme », a mis en garde, ce matin au Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, pour qui le manque de leadership de part et d’autre est au cœur du problème.
S’exprimant par visioconférence depuis Jérusalem, le haut fonctionnaire a estimé que l’appui de la communauté internationale est également indispensable pour opérer un rapprochement des parties au conflit, « une communauté internationale qui comprenne que la partie la plus faible –le peuple palestinien qui vit sous occupation depuis plus de 50 ans– a plus que jamais besoin de notre soutien ».
Or, en 2018, l’Autorité palestinienne a affiché un déficit budgétaire de 1,04 milliard de dollars, dont plus de 60% ont été couverts par les donateurs. Un déficit, a annoncé M. Mladenov, qui devrait croître en 2019 en raison du retrait d’un certain nombre de bailleurs de fonds. L’an dernier en outre, le Gouvernement israélien a bloqué 140 millions de dollars de revenus fiscaux palestiniens, à cause d’une loi qui exige la rétention de sommes équivalentes à ce que l’Autorité palestinienne verse aux Palestiniens inculpés d’actes de terrorisme et à leurs familles.
Dans un contexte de détérioration de la situation économique en Cisjordanie occupée et à Gaza, ces développements « graves » et « inquiétants » mettent en péril la stabilité financière de l’Autorité palestinienne et la sécurité même des Israéliens et des Palestiniens. Le Secrétaire général de l’ONU lui-même a mis en garde contre les risques que font courir à la paix « les mesures unilatérales », a rappelé le Coordonnateur spécial, pour qui « l’arrêt récent de l’aide américaine aux Palestiniens pourrait aussi avoir une incidence sur les efforts en cours en vue de réduire les divisions existantes ».
D’autant qu’en dépit de la médiation égyptienne, les récentes mesures politiques prises par les factions palestiniennes pourraient encore « creuser le fossé grandissant » entre la Cisjordanie et Gaza, s’est alarmé M. Mladenov. Évoquant la démission du Cabinet du Premier Ministre Rami Hamdallah, le 29 janvier, il a cependant indiqué que les consultations sur la voie à suivre se poursuivent, notamment pour la tenue des législatives, de la présidentielle et des élections au Conseil national palestinien.
Cette crise politique se double d’une crise humanitaire pour les Palestiniens, en proie à une « vulnérabilité aiguë », a fait observer la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Ursula Mueller.
Or l’assistance fournie par le système des Nations Unies se fait dans des conditions de plus en plus contraignantes, a-t-elle regretté en signalant que l’appel en faveur du Territoire palestinien occupé n’est financé qu’à hauteur de 46%, un goulet d’étranglement qui n’affecte pas seulement l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
À Gaza, le système de soins serait sur le point de s’effondrer, avec l’afflux constant de blessés lors des manifestations autour de la clôture de sécurité, a dit Mme Mueller. Sept Palestiniens, dont trois adolescents, ont été tués par des tirs israéliens le 8 février, portant à 40 le nombre d’enfants tués dans le contexte de ces manifestations depuis mars 2018. La veille, un adolescent israélien a été assassiné dans un parc près de Jérusalem par un Palestinien, qui a ensuite été arrêté.
« Le contrôle permanent de Gaza par le Hamas, les restrictions sévères aux mouvements imposées par Israël comme les mesures restrictives prises par l’Autorité palestinienne ont porté la situation dans l’enclave à un point de rupture », s’est alarmé M. Mladenov. En dépit de ces difficultés sur place, l’ONU poursuit ses efforts pour mettre en œuvre à Gaza l’ensemble des interventions préconisées lors de la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens de septembre dernier.
Motif de satisfaction, le Qatar a fait un don de 20 millions de dollars pour étoffer le programme travail contre rémunération du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’UNRWA à Gaza, tandis que la Banque mondiale a lancé un programme similaire avec 17 millions de dollars. « Cependant, tous nos efforts sont à court et moyen termes », a reconnu le haut fonctionnaire.
Alors que le Coordonnateur spécial plaidait pour que cesse la politique d’expansion des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie, le représentant de l’Afrique du Sud a rappelé que, le 21 décembre 2018, 13 pays (Afrique du Sud, Belgique, Bolivie, Chine, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, France, Indonésie, Kazakhstan, Koweït, Pays-Bas, Pérou et Suède) avaient écrit au Secrétaire général de l’ONU et au Président du Conseil de sécurité pour exprimer leurs préoccupations quant au défaut d’application de la résolution 2334 (2016), laquelle prévoit notamment la présentation au Conseil d’un rapport écrit tous les trois mois.
« Israël continue de profiter de l’inaction du Conseil », a accusé le Koweït, en fustigeant « les propos de plus en plus belliqueux employés par les autorités israéliennes et la Knesset ». À la suite de M. Mladenov, il a regretté la décision « infondée », selon lui, prise le 28 janvier par Israël, de mettre fin à la présence internationale temporaire à Hébron, une question que sa délégation a, conjointement avec l’Indonésie, demandé au Conseil de sécurité d’examiner en séance de consultations. La Guinée équatoriale, qui préside les travaux du Conseil ce mois-ci, s’est également émue de cette décision.
Élargissant la focale au reste de la région, le Coordonnateur spécial a fait observer que de récents incidents dans le Golan syrien avaient exacerbé les tensions entre Israël et la Syrie. En ce qui concerne le Liban, il a évoqué la formation d’un nouveau Gouvernement le 31 janvier 2019 et l’annonce de vastes réformes économiques, en signalant que le calme prévaut dans le sud du pays et le long de la Ligne bleue.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
« La perspective d’une paix durable semble s’éloigner jour après jour devant la montée en puissance du spectre de la violence et du radicalisme », a constaté à regret M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, pour qui la première étape d’une résolution pacifique du conflit opposant Palestiniens et Israéliens est le leadership, avec le concours de la communauté internationale. « Une communauté internationale qui comprenne que la partie la plus faible –le peuple palestinien qui vit sous occupation depuis plus de 50 ans– a plus que jamais besoin de notre soutien », a résumé le haut fonctionnaire, qui s’exprimait par visioconférence. Malheureusement, a-t-il relevé, les mesures unilatérales, la poursuite de la violence, les pressions financières et le manque de progrès vers la paix ont un coût élevé pour la société palestinienne et fragilisent les fondations de la paix.
En 2018, l’Autorité palestinienne affichait un déficit budgétaire de 1,04 milliard de dollars, dont plus de 60% ont été couverts par des donateurs. Un déficit qui devrait augmenter en 2019 en raison du retrait d’un certain nombre d’entre eux et d’une détérioration de la situation économique en Cisjordanie occupée, a prévenu M. Mladenov. En 2018, a-t-il rappelé, le Gouvernement d’Israël a décidé unilatéralement de bloquer 140 millions de dollars de revenus fiscaux palestiniens, à la suite d’une loi adopté par la Knesset l’an dernier qui exige la rétention des sommes équivalentes à ce que l’Autorité palestinienne verse aux Palestiniens inculpés d’actes de terrorisme et à leurs familles. « Aujourd’hui même, le leadership palestinien se réunit pour discuter de la réponse à apporter, sur les plans financier et politique, à cette décision. »
Ce sont là des développements graves qui mettent en péril la stabilité financière de l’Autorité palestinienne et la sécurité même des Israéliens et des Palestiniens. Le Secrétaire général a, à plusieurs reprises, mis en garde contre les risques que font courir des mesures unilatérales à la paix, a rappelé M. Mladenov, pour qui « l’arrêt récent de l’aide américaine aux Palestiniens pourrait également avoir une incidence sur les efforts en cours pour réduire les divisions existantes ». Le Coordonnateur spécial a également regretté la décision prise le 28 janvier par Israël de ne pas renouveler le mandat de la présence internationale temporaire à Hébron (PIT).
Parallèlement à ces développements qu’il a qualifiés d’« inquiétants », et malgré les efforts concertés déployés par l’Égypte pour réunir les factions palestiniennes, les récentes mesures politiques prises par les Palestiniens pourraient encore « creuser le fossé grandissant » entre la Cisjordanie et Gaza. Le 27 janvier, le Comité central du Fatah a recommandé la formation d’un nouveau gouvernement comprenant des factions de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des personnalités indépendantes, avant que le Cabinet du Premier Ministre Hamdallah ne présente sa démission deux jours plus tard. « Les consultations sur la voie à suivre se poursuivent, y compris sur la tenue d’élections législatives attendues depuis longtemps. Le Hamas et les autres factions ont appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale chargé d’organiser des élections législatives, présidentielle et au Conseil national palestinien, a précisé le Coordonnateur spécial, qu’il a souhaité conformes aux lois palestiniennes et aux normes démocratiques internationales.
Le mois dernier, M. Mladenov avait présenté certaines des mesures nécessaires pour soutenir la stabilité de l’Autorité palestinienne, notamment l’élargissement du libre-échange; des solutions aux insuffisances budgétaires; le renforcement de la capacité du Gouvernement palestinien à fournir des services de base à son peuple; et la coordination continue de la sécurité. « De telles mesures ne sauraient remplacer la paix », a-t-il toutefois observé. Elles doivent être assorties de mesures politiques, notamment la cessation de la politique de construction et d’expansion de colonies de peuplement, et de la réservation exclusive de certaines terres pour Israël, ainsi que la création de possibilités de développement pour les Palestiniens de la zone C. « En l’absence de négociations sur le statut final, ces mesures devraient contribuer de manière significative à la création d’institutions palestiniennes et à l’amélioration des conditions de vie », a affirmé le haut fonctionnaire.
À Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, 11 Palestiniens ont été tués au cours de la période considérée par les forces de sécurité israéliennes dans divers incidents, notamment des attaques de civils israéliens, des manifestations, des affrontements et des opérations militaires, a poursuivi M. Mladenov. Et le 7 février, dans un parc près de Jérusalem, un adolescent israélien a été assassiné par un Palestinien, qui a ensuite été arrêté par les forces de sécurité israéliennes, a-t-il ajouté, en soulignant qu’il n’y a aucune justification à la violence et à la terreur. Entre temps, sept Palestiniens, dont trois adolescents âgés de 14, 16 et 17 ans, ont été tués par des tirs israéliens le 8 février, portant à 40 le nombre d’enfants tués dans le contexte des manifestations à Gaza depuis qu’elles ont commencé en mars 2018.
Au cours de la période considérée, des militants palestiniens ont tiré 18 roquettes sur Israël. « Le lancement aveugle de roquettes, de mortiers et de cerfs-volants ou ballons incendiaires en provenance de Gaza doit cesser », a martelé le Coordonnateur spécial de l’ONU. Par ailleurs, en Cisjordanie, le mois dernier, les forces israéliennes ont tué quatre Palestiniens, dont deux enfants. Les démolitions et les saisies de structures appartenant à des Palestiniens se sont également poursuivies en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est. Trente-neuf structures ont été démolies ou saisies par les autorités ou par leurs propriétaires lors de la réception d’un ordre de démolition, entraînant le déplacement de 70 personnes. Au total, 200 foyers palestiniens de Jérusalem-Est ont été expulsés, principalement par des organisations de colons israéliens, ce qui pose le risque de déplacement d’environ 900 personnes. La recrudescence de la violence des colons l’an dernier suscite de vives préoccupations, a prévenu M. Mladenov, qui a fait état de 20 incidents dans lesquels des colons israéliens ont blessé des Palestiniens ou endommagé leurs biens.
« Le contrôle permanent de Gaza par le Hamas, les restrictions sévères aux mouvements imposées par Israël comme les mesures restrictives prises par l’Autorité palestinienne ont porté la situation dans l’enclave à un point de rupture », s’est-il également alarmé. Malgré les difficultés sur place, l’ONU poursuit ses efforts pour mener les interventions humanitaires et économiques urgentes à Gaza préconisées lors de la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens en septembre. Le Qatar a fait un don de 20 millions de dollars pour permettre d’étendre le programme travail contre rémunération du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Gaza, tandis que la Banque mondiale a lancé un programme similaire d’un montant de 17 millions de dollars. « Cependant, tous nos efforts sont à court et moyen termes », a reconnu le haut fonctionnaire.
Ailleurs dans la région, de récents incidents dans le Golan syrien ont exacerbé les tensions entre Israël et la Syrie, a-t-il indiqué. Ainsi, le 11 février, la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD) a constaté, à plusieurs reprises, que les Forces de défense israéliennes avaient utilisé une artillerie lourde dans la zone de séparation avant de lancer trois roquettes dans une autre partie de la même zone. « Ces développements sapent l’accord de 1974 sur le désengagement des forces et mettent en péril le cessez-le-feu permanent entre Israël et la Syrie », a fait observer le Coordonnateur spécial.
Enfin, au Liban, un Gouvernement a été formé le 31 janvier 2019, près de neuf mois après la tenue des dernières élections législatives. Le 7 février, le Cabinet a adopté une déclaration ministérielle présentant un vaste programme de réformes économiques. Cette décision a été suivie d’un vote de confiance le 15 février, pour lequel le Gouvernement a obtenu un soutien majoritaire de 111 voix sur 128. La situation dans le sud du Liban et le long de la Ligne bleue est restée dans l’ensemble calme au cours de la période considérée.
Mme URSULA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a qualifié de préoccupante la situation humanitaire dans le Territoire palestinien occupé. « Les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme sont un élément clef de la vulnérabilité aiguë des Palestiniens. »
Évoquant la situation à Gaza, qui s’est dégradée en 2018, elle a indiqué que le système de soins y est sur le point de s’effondrer, avec l’afflux constant de blessés lors des manifestations autour de la clôture de sécurité. Depuis le début de ces manifestations, plus de 27 000 Palestiniens ont été blessés, dont plus de 6 000 par balles. Elle a rappelé que la force ne doit être utilisée qu’en dernier recours, face à un danger imminent de mort ou d’une blessure sérieuse. Quatre enfants ont en outre été tués cette année à Gaza. Mme Mueller a indiqué que la récente donation du Qatar avait permis de maintenir l’électricité entre 9 et 12 heures par jour, avant d’ajouter que la fourniture des services essentiels est toujours très précaire à Gaza. Les divisions intrapalestiniennes sont un autre facteur d’aggravation de la vulnérabilité de la population, a-t-elle dit, en jugeant préoccupant le non-versement de salaires des employés du secteur public. « Le taux de chômage dépasse les 50% et près de 70% de la population sont en situation d’insécurité alimentaire. »
En Cisjordanie, entre le 22 janvier et le 19 février, 4 Palestiniens ont été tués et 85 blessés par les forces israéliennes en lien avec des opérations de recherches et d’arrestations, des manifestations ou des attaques ou tentatives d’attaques palestiniennes. Ces attaques palestiniennes se sont poursuivies, conduisant notamment à un décès. Le 7 février, une Israélienne de 19 ans a été tuée lors d’une attaque au couteau à Jérusalem.
La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires a indiqué que la protection de la population palestinienne de la zone H2 de Hébron est une source de préoccupation. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), près de 70% des familles de la zone H2, où vivent près de 7 000 Palestiniens, ont été en butte à des violences ou au harcèlement de la part des colons ces trois dernières années. Les organisations de colons cherchent par ailleurs l’éviction de près de 200 habitants palestiniens de Jérusalem-Est.
Notre capacité à fournir une assistance humanitaire est de plus en plus contrainte, a-t-elle dit, ajoutant que les ressources financières ont été au plus bas en 2018. L’appel 2018 pour le Territoire occupé palestinien n’a été financé qu’à hauteur de 46%, les coupes n’ayant pas seulement touché l’UNRWA, a précisé Mme Mueller. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a ainsi été contraint de suspendre une assistance alimentaire qui bénéficiait à près de 27 000 personnes et de réduire les rations pour 166 000 bénéficiaires. Le Plan de réponse humanitaire pour 2019 cherche à mobiliser 350 millions de dollars pour apporter une aide à 1,4 million de Palestiniens, au lieu de 1,9 million ciblé l’an dernier. Notant les manques considérables dans le financement de ce Plan, Mme Müeller a exhorté les États Membres à renforcer leur soutien aux opérations humanitaires dans le Territoire palestinien occupé.
Enfin, Mme Mueller a appelé les parties à s’acquitter de leurs obligations humanitaires et plaidé pour une solution politique.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a dit attendre avec intérêt la présentation par écrit des deux rapports annuels sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016). Il s’est inquiété de la détérioration de la situation sur le terrain et de la gravité de la situation humanitaire, dénonçant notamment la décision prise lundi dernier par Israël d’expulser une famille de 10 personnes qui vivait à Jérusalem-Est depuis 1951. « Israël continue de profiter de l’inaction du Conseil », a-t-il dit en regrettant aussi « les propos de plus en plus belliqueux employés par les autorités israéliennes et la Knesset ». Il a aussi dénoncé la décision « infondée » de mettre un terme à la présence internationale temporaire à Hébron. Il a indiqué que le Koweït avait demandé, avec l’Indonésie, que le Conseil examine cette question au cours de consultations. Il s’est aussi soucié de la violence accrue des colons qui aurait augmenté de 75% par rapport à 2016 et a appelé le Conseil à ne pas rester les bras ballants face à la poursuite des politiques israéliennes. Il a appelé à rétablir la présence internationale temporaire à Hébron et à veiller à la bonne mise en œuvre de la résolution 2334.
Le délégué a ensuite relevé que le Ministre de la culture israélien avait récemment pénétré dans la mosquée Al-Aqsa, accompagné de colons et sous la protection des forces israéliennes. Il a dénoncé cette « provocation » et exigé la protection des lieux de culte. Le représentant a aussi condamné toute tentative de violer le statut juridique de Jérusalem ou de modifier son statut démographique, demandant par ailleurs aux États Membres de ne pas y établir de missions diplomatiques. Il a également appelé à fournir le financement nécessaire à l’UNRWA, précisant que le Koweït avait versé à l’Office 113 millions de dollars au cours des quatre dernières années.
M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a tout d’abord rendu hommage à la mémoire de l’ancien Représentant permanent de la Fédération de Russie, Vitaly Churkin, décédé il y a deux ans.
Il a constaté que la paix en Palestine demeure incertaine, les positions des Israéliens et des Palestiniens s’éloignant de plus en plus au fil du temps. L’exposé d’aujourd’hui intervient quelques semaines après qu’Israël a décidé de ne pas renouveler la présence internationale temporaire à Hébron, après 22 années de services, a-t-il relevé en disant profondément regretter cette décision qui, a-t-il alerté, sape clairement les rares mécanismes de reprise de confiance entre Palestiniens et Israéliens. « Ma délégation ne doute aucunement que cette décision du Gouvernement israélien aura des conséquences négatives sur le processus de paix au Moyen-Orient. » Il est également déplorable que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure d’adopter une déclaration à la presse pour appuyer ce mécanisme de promotion de la paix et de la stabilité à Hébron, a-t-il ajouté.
M. Matjila a ensuite fait savoir que le 21 décembre 2018, la Belgique, la Bolivie, la Chine, la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale, la France, l’Indonésie, le Kazakhstan, le Koweït, les Pays-Bas, le Pérou, la Suède ainsi que son pays avaient écrit au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité pour leur faire part de leurs préoccupations concernant le défaut d’application de la résolution 2334 (2016), laquelle prévoit également la présentation d’un rapport écrit tous les trois mois. Il a insisté sur ce dernier point, arguant que le Conseil est saisi de rapports écrits pour les autres questions qui figurent à son ordre du jour. Le représentant s’est par ailleurs inquiété de la gravité de la situation humanitaire qui touche plus de deux millions de Palestiniens à Gaza, dont 50% sont des enfants. Il a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, avant de réitérer l’appui de son pays à la solution des deux États. Les lignes directrices pour les négociations doivent se baser sur le cadre juridique existant, a-t-il précisé.
M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a déploré la fin abrupte de la présence internationale temporaire à Hébron, « une autre mesure qui défie le bon sens et la logique ». Il a déploré que le Conseil de sécurité ait échoué à se prononcer sur cette évolution. « Ce fut très déplaisant pour l’Indonésie d’achever son premier mois au sein du Conseil sur cette note », a dit le représentant en regrettant que le Conseil ait échoué à exprimer sa position par l’entremise d’une déclaration présidentielle en raison de l’objection d’un membre. Il a souligné que pendant plus de 20 ans, la présence avait permis d’atténuer les tensions entre Palestiniens et Israéliens à Hébron et avait fourni « un sentiment minimum de protection » aux Palestiniens laissés sans défense. Ces provocations unilatérales ne portent pas uniquement préjudice aux Palestiniens, comme elles cherchent à le faire, mais également aux perspectives de paix, a-t-il averti.
Le représentant s’est également inquiété de la détérioration de la situation humanitaire, notamment à Gaza et dans la zone H2 à Hébron qui, a-t-il souligné, était auparavant couverte par la présence. Il a appelé à y anticiper l’impact d’une augmentation des activités de peuplement. Alors que les territoires palestiniens occupés se morcèlent, que les acticités de peuplement augmentent et que la situation s’oriente vers une solution à un seul État, l’Indonésie ne voit pas de perspectives pour une solution politique. Le représentant a également décrié « l’absence totale de mise en œuvre de la résolution 2334 ». « Le Conseil de sécurité a-t-il déjà fait face à autant de mépris? » a-t-il lancé. Il a ensuite réclamé la présentation par écrit d’un rapport sur la mise en œuvre de ladite résolution.
M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a marqué son attachement aussi bien à la sécurité d’Israël qu’au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination, avant de réitérer son soutien à la solution des deux États. Il a ensuite exhorté les partenaires internationaux à renforcer leur soutien à l’UNRWA qui joue un rôle clef auprès des populations palestiniennes en détresse. Le délégué a ensuite noté avec satisfaction le consensus international sur la nécessité d’une reprise du processus de paix en vue d’élaborer des solutions mutuellement acceptables sur les questions telles que le statut de Jérusalem, la levée du blocus de Gaza ou bien encore l’arrêt des colonies de peuplement en Cisjordanie. Enfin, le délégué ivoirien a appuyé toutes les actions en vue d’une réconciliation interpalestinienne.
M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) s’est inquiété de la décision unilatérale d’Israël de ne pas renouveler la présence internationale temporaire à Hébron, notant que, pendant plus de 20 ans, celle-ci s’était efforcée de préserver une vie normale dans cette ville. Il a espéré que cette décision serait accompagnée de mesures susceptibles de rassurer les habitants d’Hébron qui, a-t-il estimé, méritent de vivre dans une atmosphère de respect, de calme et de tranquillité.
Il a ensuite appuyé les efforts constants pour améliorer la situation à Gaza, exhortant par ailleurs le Hamas et les autres groupes extrémistes à s’abstenir de toute action susceptible de jeter de l’huile sur le feu. Il a appelé les factions palestiniennes à dialoguer au sujet de la bande de Gaza, jugeant que l’Autorité palestinienne était la plus à même d’y gérer la situation socioéconomique. Il a aussi appelé au respect des accords passés entre le Fatah et le Hamas. Le représentant a par ailleurs demandé aux pays exerçant une influence sur la région d’en faire usage pour trouver une issue à la question palestinienne.