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AG/COL/3335

Le Séminaire régional pour les Caraïbes du Comité spécial de la décolonisation a conclu ses travaux à la Grenade

SAINT-GEORGE’S, Grenade, 4 mai -- Le Séminaire régional pour les Caraïbes du Comité spécial de la décolonisation, qui s’est tenu à la Grenade, du 2 au 4 mai 2019, s’est achevé ce week-end avec l’appel fervent du Ministre des affaires étrangères grenadais à amener à zéro le nombre de territoires non autonomes figurant sur la Liste.

« Nous ne voudrions pas quitter cette conférence sans avoir des propositions claires pour ramener la liste à zéro », a déclaré, M. Peter David, en référence à la liste des 17 territoires non autonomes qui relèvent du Comité spécial.  L’issue du séminaire, a-t-il ajouté, doit garantir la survie et la protection des plus vulnérables et veiller au développement économique, social et politique des populations de ces territoires.

M. David se faisait ainsi l’écho du message envoyé dès l’ouverture des travaux par le Secrétaire général, qui a appelé les parties concernées à redoubler d’efforts pour mettre un terme au colonialisme d’ici à 2020.

« À l’heure actuelle, un engagement renouvelé de toutes les parties concernées et des mesures pragmatiques sont nécessaires afin d’accélérer le processus de décolonisation », a-t-il indiqué dans un message vidéo préparé pour le séminaire qui avait pour thème: « Mise en œuvre de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme: accélérer la décolonisation grâce à un engagement renouvelé et à l’adoption de mesures pragmatiques. » 

M. António Guterres a assuré que les Nations Unies continueront d’appuyer le processus de décolonisation et exhorté les puissances administrantes, les territoires non autonomes, les États Membres et le Comité spécial, qui est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale, à jouer leur rôle.

La tenue de ce séminaire, que Grenade accueillait pour la quatrième fois, a permis aux participants d’aborder, trois jours durant, au cours d’une série de tables rondes, divers thèmes liés à la réalisation des objectifs de développement durable dans les territoires non autonomes, et de faire le point sur l’appui qui leur est accordé par le système de l’ONU. 

À l’ouverture, la Directrice du Comité spécial, Mme Keisha Aniya McGuire, Représentante permanente de la Grenade, a en outre souligné que les séminaires régionaux sont un mécanisme effectif pour tenir une discussion fructueuse et échanger des points de vue de la façon de faire avancer le processus de décolonisation.

Ces trois jours de discussions ont notamment été marqués par l’intervention du Premier Ministre des Îles Vierges britanniques, M. Andrew A. Fahie, qui a alerté que les relations entre le territoire et la Puissance administrante, à savoir le Royaume-Uni, étaient de plus en plus tendues, en raison de « l’intrusion croissante » de cette dernière dans des domaines de gouvernance constitutionnellement délégués au Gouvernement du territoire.  « Mais sous mon leadership, les choses vont changer », a-t-il déclaré tout en exhortant le Comité à spécial à faciliter une évaluation de l’autogouvernance du territoire et à y envoyer une mission de visite.  Il l’a également appelé à faciliter une campagne de sensibilisation sur l’autodétermination et à participer, en tant qu’observateur, aux délibérations publiques du prochain examen constitutionnel.

De son côté, le Gouverneur adjoint des îles Vierges américaines, M. Tregenza Roach, a indiqué que son gouvernement souhaite lancer un débat sur le statut du territoire avec pour point culminant la tenue d’un référendum avant la fin de son mandat.

Les discussions ont également porté sur le statut de Gibraltar, des îles Falkland (Malvinas) et du Sahara occidental.  Sur cette dernière question, de nombreuses délégations ont apporté leur soutien au dialogue politique lancé par l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental.  L’Algérie a notamment fait part de son engagement à appuyer, « en tant que pays voisin », les efforts déployés par ce dernier et à respecter tout accord conclu par les deux parties, à savoir le Maroc et le Front POLISARIO.  Son homologue du Maroc a souligné que l’initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental représente une nouvelle opportunité « qui ne doit pas nous glisser entre les doigts », tandis que le Front POLISARIO a estimé que l’inscription du territoire sur la liste du Comité atteste du fait que son autodétermination et indépendance ne sont pas négociables.

Une experte a d’ailleurs fait observer que les processus de décolonisation réussis avaient été propulsés par la volonté des populations colonisées.  Mme Judith L. Bourne a cependant relevé que nombre de personnes vivant dans les territoires non autonomes ignorent ou savent peu de choses sur le processus d’autodétermination et n’ont pas fait la preuve d’un élan généralisé en ce sens.  Cela ne doit pas être considéré pour autant comme une absence de désir, mais le résultat d’un manque d’information, a-t-elle estimé.

À la fin de ses travaux, le Comité a adopté un projet de rapport procédural sur le Séminaire (CRS/2019/CRP.13), ainsi qu’un projet de résolution pour remercier la Grenade d’avoir accueilli le séminaire.  Les conclusions et recommandations du séminaire seront adoptées de manière formelle au mois de juin, durant le session substantive 2019 du Comité spécial.

Les 17 territoires qui relèvent du Comité spécial sont: Anguilla, les Bermudes, Gibraltar, Guam, les Îles Caïmanes, les îles Falkland (Malvinas)*, les Îles Turques et Caïques, les Îles Vierges américaines, les Îles Vierges britanniques, Montserrat, la Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, la Polynésie française, le Sahara occidental, Sainte-Hélène, les Samoa américaines et les Tokélaou.

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* La souveraineté sur les îles Falkland (Malvinas) fait l’objet d’un différend entre le Gouvernement de l’Argentine et le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord (voir ST/CS/SER.A/42).

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