FNUF-14: Coup d’envoi de la première session technique du Forum des Nations Unies sur les forêts pour évaluer la mise en œuvre du Plan stratégique 2017-2030
Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa quatorzième session (« FNUF-14 »). Première session d’ordre technique après l’adoption, par l’Assemblée générale, en 2017, du Plan stratégique sur les forêts (2017-2030), cette semaine de travail sera l’occasion pour les délégations d’examiner en détail la mise en œuvre de cette stratégie qui offre un cadre global pour gérer de manière durable tous les types de forêts et d’arbres hors forêt.
« Nous continuons de perdre chaque année de larges pans de forêts naturelles partout dans le monde, et en particulier dans les zones tropicales où 7 millions d’hectares de forêts disparaissent tous les ans », a alerté le Président de la session, M. Boris Greguška (Slovaquie), pour expliquer le caractère « ambitieux » du Plan stratégique. Ce plan vise aussi à enrayer et inverser la tendance à la déforestation et à la dégradation des forêts et, au-delà, à étendre la superficie des zones forestières de 3% d’ici à 2030. Il contient « six objectifs d’ensemble », assortis de 26 cibles à atteindre d’ici à 2030.
S’il reste persuadé qu’en maintenant le cap de ce plan, il sera possible d’inverser la tendance en termes de pertes de forêts, voire de réussir à augmenter la couverture forestière de 3% à l’échelle mondiale, le Président du FNUF-14 est également conscient du fait que cela exigera une révision majeure des systèmes et des comportements. Cela ne pourra se faire qu’à travers la mobilisation, le déploiement et l’application d’expertises, de technologies et de ressources financières ainsi que d’une volonté politique sans faille et d’un soutien du public. L’Union européenne a d’ailleurs plaidé pour une éducation technique et un enseignement sur le sujet dans les programmes scolaires, afin de susciter une prise de conscience du public mondial sur l’importance de la gestion durable des forêts.
Le Président du Forum a souligné que la mise en œuvre du Plan devrait contribuer significativement à l’élimination de la pauvreté, à la lutte contre les changements climatiques et à la sauvegarde de la biodiversité. La Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme Maria-Francesca Spatolisano, a insisté sur l’effet direct de la gestion durable des forêts sur la lutte contre les changements climatiques, car les forêts absorbent près de 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année, un point de vue appuyé par le Groupe des 77 et la Chine et le Groupe des États d’Afrique.
En effet, en leur état actuel, les forêts constituent le deuxième puits de séquestration de carbone au monde en absorbant un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Leur bonne gestion permettrait d’en absorber encore plus, ce dont les délégations qui sont venues présenter aujourd’hui leurs contributions nationales volontaires sont très conscientes.
À l’instar de l’Éthiopie, les délégations n’ont pas manqué de relever également le rôle des forêts dans la lutte contre l’érosion des sols et les inondations. Chiffres à l’appui, plusieurs ont annoncé leurs objectifs de « reforestation » en termes d’hectares ou d’arbres plantés par an. Ainsi, le Ghana a décidé de replanter 25 000 hectares de forêts par an en faisant appel aux jeunes alors que l’Australie prévoit de mettre en terre un milliard d’arbres au cours des 10 prochaines années.
La question du financement a retenu l’attention du Groupe des États d’Afrique, qui a appelé au renforcement du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, par le biais notamment de ressources financières, techniques et humaines, mais également à renforcer l’aide publique au développement dans ce domaine. L’Allemagne s’est érigée en exemple à cet égard puisque rien qu’en 2017, ce pays a investi 450 millions de dollars dans la restauration et la protection des forêts dans le monde. La délégation allemande a annoncé en outre une contribution de 5 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale du FNUF.
Le FNUF étant une commission technique du Conseil économique et social (ECOSOC), la Présidente de celui-ci, Mme Inga Rhonda King, n’a pas manqué de rappeler que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable se réunirait sous les auspices de l’ECOSOC en juillet afin d’évaluer un certain nombre d’objectifs de développement durable, dont le treizième qui a trait aux changements climatiques. Elle a souligné à cette occasion le rôle majeur que peuvent jouer les forêts pour arriver à une solution dans ce domaine. Le FNUF-14 devrait par conséquent déboucher sur des recommandations pour le Forum politique de juillet, sans oublier la session de septembre prochain qui sera placée sous les auspices de l’Assemblée générale.
En début de séance, le Forum a adopté son ordre du jour provisoire* et élu par acclamation son Bureau pour la quatorzième et la quinzième session. Outre le Président, MM. Javad Momeni (République islamique d’Iran), Khalid Cherki (Maroc) et Rob Busnik (Pays-Bas), et Mme Kitty Sweeb (Suriname) occuperont les postes de vice-présidents. M. Cherki sera également le Rapporteur du Forum.
La tenue, dans l’après-midi, de deux tables rondes interactives a permis aux délégations de réfléchir aux solutions basées sur les forêts pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
Le Forum des Nations Unies sur les forêts poursuivra ses travaux demain, mardi 7 mai, à partir de 10 heures.
* E/CN.18/2019/1
MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS (2017-2030)
Déclarations d’ouverture
Le Président de la quatorzième session du Forum des Nations Unies sur les Forêts (FNUF-14), M. BORIS GREGUŠKA, de la Slovaquie, a rappelé qu’il s’agit cette année d’une session d’ordre technique, telle que prévue dans le programme quadriennal 2017-2020 du Forum. Dès lors, le Forum ne devrait pas adopter de décisions ou de résolutions cette année. Il y aura un résumé de la session préparé par la présidence du FNUF-14, qui sera distribué lors de la quinzième session pour davantage de considération et des recommandations.
Le Président du FNUF-14 a rappelé que la présente session doit être perçue comme une opportunité de faire le point sur les victoires obtenues dans la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) qui a été adopté en 2017 par l’Assemblée générale et qui s’inscrit dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ce plan stratégique exige de la part de tous les pays et toutes les parties prenantes de s’attaquer aux causes principales de la déforestation, de trouver un équilibre entre croissance économique, progrès sociaux et gestion durable de l’environnement, et d’améliorer la gouvernance des forêts dans tous les secteurs concernés ainsi que de mettre en œuvre des politiques cohérentes.
Les six objectifs mondiaux sur les forêts et leurs 26 cibles reflètent, à ses yeux, comment les travaux du Forum continuent d’avancer pour mieux faire face aux défis qui touchent les forêts et les personnes qui en dépendent, à travers une approche intégrée et globale du développement durable et de la gestion durable des forêts. Ces objectifs sont très ambitieux, tel qu’en témoigne le « plan stratégique visionnaire » du FNUF, pour la simple raison que nous continuons de perdre chaque année de larges pans de forêt naturelle partout dans le monde, et en particulier dans les zones tropicales où 7 millions d’hectares de forêts disparaissent tous les ans. Pour faire face à ce défi, M. Greguška a estimé qu’il fallait que le FNUF puisse créer un élan irréversible en vue de maintenir les promesses « que nous avons faites » dans notre vision commune à l’horizon 2030.
Il reste persuadé que « si nous maintenons le cap du Plan stratégique à l’horizon 2030, nous arriverons à inverser la tendance en termes de pertes de forêts, et pourrons même réussir à augmenter la couverture forestière de 3% à l’échelle mondiale ». En 2030, avec la réalisation des six objectifs pour les forêts, on aura également éliminé la pauvreté des personnes qui dépendent des forêts, et on aura fait des contributions significatives en termes de lutte contre les changements climatiques et de sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes, a-t-il espéré. La réalisation de la vision 2030 nécessite une révision majeure des systèmes et des comportements, ce qui ne peut se faire qu’à travers la mobilisation, le déploiement et l’application d’expertise, de technologies et de ressources financières ainsi que d’une volonté politique sans faille et du soutien du public au niveau mondial, a tranché le Président du Forum.
Soulignant que le FNUF est le seul organe intergouvernemental qui traite des questions environnementales et socioéconomiques liées aux forêts, il a appelé à faire preuve de responsabilité en vue d’accroître la coopération, la coordination, la cohérence et les synergies entre tous les secteurs et parties prenantes. À cet égard, le Président du Forum a estimé que les discussions sur les priorités thématiques seront une opportunité importante pour échanger des expériences, connaissances et expertises sur la gestion durable des forêts. Au fur et à mesure que l’on avance dans la mise en œuvre du Plan stratégique du FNUF, il a espéré pouvoir compter sur un résultat solide du FNUF-14 qui pourrait servir de base à la préparation des discussions sur les politiques du FNUF-15.
Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a souligné que les forêts, ainsi que d’autres ressources naturelles essentielles, sont la fondation du développement durable. En effet, du fait de leurs multiples fonctions, les forêts offrent une solution globale aux défis pressants auxquels nous faisons face, notamment les changements climatiques, la perte de la biodiversité, la dégradation des terres et la désertification. Veiller à une gestion durable des forêts devrait donc permettre de prendre des mesures cohérentes et intégrées pour faire face à ces défis, ce qui est essentiel pour arriver à un développement qui soit durable.
Mme King a ensuite rappelé que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable se réunirait sous les auspices de l’ECOSOC en juillet, afin d’évaluer un certain nombre d’objectifs de développement durable, dont le treizième qui a trait aux changements climatiques. Elle a rappelé le rôle majeur que les forêts peuvent jouer pour arriver à une solution à ce problème. Cette session du Forum devrait donc permettre de préparer des recommandations pour le Forum politique de juillet, sans oublier la session de septembre prochain qui sera placée sous les auspices de l’Assemblée générale.
Mme MARIA-FRANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a rappelé que 2019 marquait le quatrième anniversaire de l’adoption du Programme 2030 et le deuxième anniversaire du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, qui a six objectifs et 26 cibles. Aucun pays ou institution ne saurait relever de manière isolée les défis liés à la gestion durable des forêts, a-t-elle affirmé, en expliquant par conséquent qu’il fallait renforcer la coopération internationale et régionale dans ce domaine. C’est d’autant plus important que les forêts non seulement représentent un filet de sécurité pour les populations auxquelles elles fournissent des services et des biens, mais elles jouent également un rôle de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques puisqu’elles absorbent près de 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année.
Même si le taux de déforestation a baissé de 50% ces dernières années, et que des efforts sont en cours pour replanter des forêts, Mme Spatolisano a appelé à poursuivre sur cette lancée afin d’atteindre l’objectif fixé par le Plan stratégique sur les forêts, à savoir une augmentation de 3% de la surface totale des forêts d’ici à 2030. « C’est impératif lorsqu’on sait que, selon les estimations actuelles, la population mondiale sera de 10 milliards de personnes d’ici à 2050. »
Le Département des affaires économiques et sociales (DAES) est honoré d’accueillir le secrétariat du FNUF, a conclu Mme Spatolisano en exprimant la volonté d’aider les États à renforcer leurs capacités pour notamment établir des plans nationaux de gestion durable des forêts et, de manière plus générale, pour les assister dans la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.
INFORMATIONS SUR LA RÉFORME DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES CONCERNANT LE FORUM
La Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme SPATOLISANO, a fait le point sur la réforme du Département des affaires économiques et sociales (DAES). Elle a rappelé que cette réforme est une réponse à une demande de l’Assemblée générale visant notamment à assurer que le travail du Département soit mené de manière cohérente, afin qu’il soit plus efficace dans l’appui à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Certains des changements envisagés comprennent des mesures qui auront potentiellement un impact sur le Forum des Nations Unies sur les forêts, a-t-elle indiqué. Mme Spatolisano a cependant reconnu ne pas pouvoir en dire plus pour l’instant, puisque ces propositions doivent au préalable passer par plusieurs niveaux d’évaluation, y compris le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et la Cinquième Commission, avant d’être entérinées. Elle a promis que toutes les propositions faites vont dans le sens d’une plus grande efficacité du Département, y compris dans son soutien au secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, que le DAES entend du reste soutenir aujourd’hui encore plus qu’avant.
NOUVEAUX PROBLÈMES ET ENJEUX
Présentation du rapport
M. HOSSEIN MOEINI-MEYBODI, du secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, a présenté la note du secrétariat sur la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) (E/CN.18/2019/2). Le document souligne qu’à sa quatorzième session, le FNUF passera en revue la mise en œuvre du Plan stratégique. Le Forum se penchera plus particulièrement sur le débat technique et l’échange de données d’expérience sur les priorités thématiques et opérationnelles, les mesures prioritaires et les ressources nécessaires pour la période 2019-2020, compte tenu du cycle d’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable pendant cette période et du thème de la Journée internationale des forêts. Il examinera également les annonces de contributions nationales volontaires et les contributions, à l’échelle du système des Nations Unies, à la réalisation des objectifs et cibles mondiaux relatifs aux forêts.
De plus, à la lumière du thème du Forum politique de haut niveau pour l’année 2019, le Bureau de la quatorzième session du FNUF a décidé que le débat technique et l’échange de données d’expérience de ladite session se concentreront sur les priorités thématiques suivantes: les forêts et l’objectif de développement durable no 13; les forêts et l’objectif de développement durable no 8; et les forêts et les objectifs de développement durable no 4, 10 et 16, compte tenu de l’objectif no 17.
MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS (2017-2030)
Débat général
L’observatrice de l’État de Palestine, Mme SAHAR ABUSHAWESH, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a souligné le rôle essentiel des forêts pour la croissance économique des pays en développement. Elle a mis l’accent sur les bénéfices qu’ont les forêts pour le développement durable, puisqu’elles sont des puits de carbone, un outil de lutte contre la désertification et un moyen de subsistance pour des millions de personnes. Le Groupe reconnaît que le FNUF joue un rôle essentiel pour relever les défis liés aux forêts sur le plan mondial, en vue de parvenir à une gestion durable de tous les types de forêts et la sauvegarde de tous les types d’arbres. La représentante a aussi salué le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts qui, à travers ses six objectifs et 26 cibles, peut être utilisé comme cadre par les États Membres. Elle a appelé à le mettre pleinement en œuvre, ce qui nécessite que la communauté internationale apporte aux pays en développement les ressources financières et le soutien requis. Il faut restaurer les forêts et assurer la reforestation, a martelé la déléguée qui a également insisté sur l’urgence de la préservation de la biodiversité.
M. AL SAADON (Arabie saoudite) a évoqué la récente création dans son pays d’un fonds pour la protection de l’environnement et d’un centre dédié au couvert végétal, dans le but de lutter contre la désertification. Les feux incontrôlés, la destruction des forêts pour la construction d’infrastructures ainsi que les tempêtes de sable figurent parmi les défis auxquels font face les forêts du pays. Pour faire changer les choses, le Gouvernement saoudien entend planter pas moins de 12 millions d’arbres, dont 2 millions en zones côtières, a dit le représentant, avant de déplorer le fait que les forêts ne représentent que 1% de la superficie totale de l’Arabie saoudite. Cette situation, a-t-il relevé, a inspiré la pensée populaire selon laquelle « si les forêts pouvaient fuir la déforestation, alors elles le feraient ».
Le Groupe des États d’Afrique, par la voix de M. CHEIKH DIANG (Sénégal), a souligné le rôle essentiel des forêts non seulement dans la préservation de la planète mais également pour le développement durable. Il a exhorté à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts en tant qu’outil pour l’élimination de la pauvreté, la protection de la biodiversité et des ressources génétiques et l’atténuation des changements climatiques. Il a réaffirmé la nécessité de renforcer le dialogue et la coopération dans la gestion durable des forêts. Prenant note des nouvelles contributions de certains pays développés au Réseau mondial de facilitation du financement forestier, le représentant a appelé à augmenter ces contributions, ainsi que les montants alloués à l’aide publique au développement. Il a également mis l’accent sur les moyens de mise en œuvre du Plan stratégique, comme les transferts de technologies vers les pays en développement. Dans le contexte de la réforme des Nations Unies, le Groupe encourage le secrétariat du FNUF à jouer un rôle de coordination des travaux du Partenariat de collaboration sur les forêts.
Selon l’avis de M. GONZATO, de l’Union européenne (UE), la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts contribue globalement à la mise en couvre des objectifs de développement durable. L’UE appuie les pratiques de restauration des forêts, la lutte contre la désertification et d’autres mesures tendant à la préservation et la gestion durable des forêts. Le représentant a appelé à lutter contre le commerce illégal des espèces forestières, en expliquant que l’Union avait adopté des mesures à cet égard telles que le plan d’action de l’Union européenne relatif à l’application des réglementations forestières, à la gouvernance et aux échanges commerciaux (plan d’action FLEGT). Il faut également, a ajouté le représentant, développer une éducation technique sur les forêts et inclure un enseignement sur le sujet dans les programmes scolaires, afin notamment de promouvoir la prise de conscience du public sur l’importance de la gestion durable des forêts. Il a enfin souligné l’importance pour le Forum d’avoir un secrétariat fort et capable d’appuyer ses activités.
M. OWUSU-BIO (Ghana) s’est dit convaincu que si les États Membres s’engageaient sérieusement à réaliser les objectifs et les cibles du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, cela rendrait plus visibles les contributions des forêts au développement durable national, sur les plans économique et social. Cela montrerait aussi leur rôle dans l’atténuation des effets des changements climatiques. Le Ghana a annoncé sa contribution nationale volontaire lors du FNUF-13, a rappelé le représentant en indiquant que le Gouvernement avait depuis lors axé ses efforts sur la prise de conscience de l’importance des forêts, sur le thème « Forêt et éducation ». Il a également décidé de replanter 25 000 hectares de forêts par an en faisant appel aux jeunes. Des réformes politiques ont également été lancées pour encourager les agriculteurs à planter des arbres, notamment en leur fournissant gratuitement des semences. D’ici à 2020, le Ghana a l’intention de réduire ses émissions de carbone liées à la déforestation et à la dégradation des forêts de 10,9 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Son plan de gestion durable des forêts couvrira 100 des 298 réserves forestières d’ici à 2020.
M. ZHANG HONGWEN (Chine) a annoncé la contribution volontaire nationale de la Chine et notamment la décision du Gouvernement d’accroître significativement les aires forestières nationales, citant le chiffre de 200 millions d’hectares en 2018. Le Gouvernement chinois est déterminé à « construire une civilisation écologique » en misant sur des forêts et des montagnes « luxuriantes », a expliqué le représentant, dans la mesure où ce sont des outils du développement durable et de lutte contre les changements climatiques. Dans cet esprit, les zones de forêts protégées ont été élargies de manière significative, tandis que des parcs nationaux vont être créés, a annoncé le représentant. Il a également cité la réforme en cours pour le système de protection des terres, ce dont témoignent le nouveau système de certification des forêts ou encore les marchés verts. Enfin, le représentant a indiqué que 140 milliards de yuans avaient été investis par le Gouvernement dans la gestion durable des forêts. La Chine compte sur les institutions financières pour lui emboiter le pas et pour refléter ses efforts de gestion des crédits de carbone.
Mme TEGAN BRINK (Australie) a dit que le pays compte le septième couvert forestier au monde et que le Gouvernement entend donc accroître la surface de ses forêts productives. Cela passe par la mise en terre d’un milliard d’arbres au cours des 10 prochaines années pour fournir un air propre, de l’eau douce, sans oublier la séquestration du carbone que cela permettra. L’Australie apporte également son appui aux pays en développement dans le cadre de la gestion durable des forêts. Elle a aussi pris des mesures pour empêcher la coupe illégale des arbres et le commerce qui y est associé. L’industrie forestière australienne emploie des dizaines de milliers de personnes, a enfin souligné la représentante en disant que le pays est fier d’apporter une contribution non négligeable aux objectifs mondiaux de gestion durable des forêts.
M. TOMASZ GRYSA, observateur du Saint-Siège, a relevé que le fait que la majorité des gens vivent en ville ne permet pas de bien évaluer l’impact de la perte des forêts. C’est pourquoi le Saint-Siège invite à considérer l’impact de la déforestation sur les communautés locales, dans le cadre d’une écologie intégrale qui tienne compte de la justice sociale et permette d’entendre la voix des pauvres et de respecter leurs droits. L’observateur a ensuite déploré le « destin » de l’Amazonie qui sera au centre du synode prévu en octobre au Vatican. En effet, ce « poumon de la planète » est en perte de vitesse et il est important de noter que ses ressources ne sont pas intarissables, a rappelé l’observateur.
M. GUTIERREZ (Nicaragua) a fait état de la grande diversité biologique du Nicaragua avec ses 68 écosystèmes, ses trois réserves de la biosphère et ses forêts qui couvrent 34,5% du territoire national, soit 4,6 millions d’hectares, dont la plupart se situent dans des territoires autochtones. Le nouveau Gouvernement de réconciliation et d’unité nationale a mis en place un modèle de gestion durable des forêts, en misant notamment sur la reforestation. Entre 2005 et 2015, la déforestation nationale était d’environ 100 000 hectares par an, a-t-il rappelé. Il a expliqué que la déforestation et la dégradation des forêts étaient dues à « un modèle économique irresponsable basé sur des industries extractives ». De nos jours, le Gouvernement cherche à inverser la tendance et mise sur la reforestation du pays, par le biais d’un plan national de gestion durable des forêts et son processus national de réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD).
M. JUSTIANTO (Indonésie) a souligné les retombées positives des services forestiers pour lutter contre la perte de la biodiversité et contre les changements climatiques. Il a indiqué que la déforestation allait diminuer, pour passer de 3 à 2 millions d’hectares d’ici à 2030. Le Gouvernement, qui va allouer 12,7 millions d’hectares à la sylviculture, encourage les entreprises à obtenir des certifications pour l’utilisation durable des forêts. Il encourage en outre le financement de la microentreprise dans le domaine de la sylviculture à travers des prêts étatiques. Le représentant a enfin assuré que l’Indonésie était activement engagée dans son processus national REDD-plus.
M. COROAMĂ (Roumanie) a jugé crucial d’agir aujourd’hui pour mettre fin à la déforestation. Les changements climatiques et la perte de la biodiversité demandent de modifier la manière de gérer les forêts, a-t-il relevé. C’est pourquoi la Roumanie réaffirme que le secrétariat du Forum doit être fort et efficace afin de soutenir le travail mené par le Forum.
M. KARAVANI (Israël) a annoncé que jeudi, Israël allait célébrer son soixante-et-onzième anniversaire. Dans ce contexte, le pays entend poursuivre ses investissements dans la recherche pour réhabiliter les zones déboisées. Le pays partage son savoir-faire et ses techniques partout dans le monde, notamment en renforçant le secteur de la sylviculture dans les pays en développement, a souligné le représentant. Se targuant d’avoir développé des techniques pour une bonne gestion des forêts dans des zones arides, il a appelé à renforcer la coopération internationale dans la gestion forestière, notamment dans le contexte des changements climatiques.
Mme CHRISTA MOONEY (Canada) a annoncé la contribution nationale du Canada de plus de 24 milliards de dollars à l’économie canadienne en 2017, le secteur forestier employant plus de 210 000 personnes. « La vision pour les forêts du Canada: vers 2030 », adoptée en 2019 par le Conseil canadien des ministres des forêts, tient compte des objectifs de développement durable et reflète les valeurs et priorités des Canadiens. Cette vision renouvelée est appuyée par un nouvel énoncé des pratiques de gestion durable des forêts pour maintenir des forêts saines et résilientes qui soutiennent la vitalité des collectivités, le renforcement de la collaboration avec les peuples autochtones et la compétitivité des économies, a indiqué la déléguée. Elle s’accompagne d’objectifs clairs qui s’inscrivent dans la réalisation des objectifs de développement durable.
Les responsables du budget fédéral 2019 ont annoncé des investissements considérables visant à étendre des programmes d’innovation et de diversification existants et à tirer parti de la croissance mondiale des avancées bioéconomiques et technologiques. L’investissement allant jusqu’à 251 millions de dollars sur trois ans appuiera des programmes destinés au développement économique dans le secteur forestier des collectivités autochtones, à la recherche et au développement précommerciaux dans la bioéconomie émergente, à la commercialisation industrielle et à l’adoption de technologies de processus novateurs qui contribuent à la croissance économique et à la création d’emplois. Il permettra aussi une utilisation accrue du bois dans les constructions de hauteur moyenne et les constructions non résidentielles, a précisé la représentante.
M. SCHOWERER (Allemagne) a expliqué qu’en Allemagne, les politiques liées aux forêts ont été revues de manière à les aligner sur le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts. Si les forêts sont déjà gérées de façon durable en Allemagne, il y aura bientôt une stratégie nationale pour les forêts post-2020. Il n’en reste pas moins que les forêts ont été touchées par des sécheresses et qu’il va falloir s’adapter à la nouvelle donne climatique, a remarqué le représentant. Préoccupé par la lenteur des résultats dans la lutte contre la déforestation à l’échelle mondiale, il a appelé à agir pour sauver les forêts naturelles sur le plan mondial, en disant que l’Allemagne le fait déjà notamment à travers son programme d’experts sur les forêts qui travaillent dans le cadre d’initiatives multilatérales et bilatérales. Au niveau européen, l’Allemagne a créé un réseau d’experts avec la République tchèque.
En tant que grand bailleur de fonds au niveau international dans le domaine de la restauration et de la protection des forêts, l’Allemagne a fait des investissements à hauteur de 450 millions de dollars rien qu’en 2017, a fait valoir le représentant. Grace au programme REDD, le pays fournit des financements axés sur des résultats dans des pays en développement. S’agissant des travaux du FNUF, l’Allemagne a annoncé des contributions s’élevant à 5 millions de dollars alloués à la formation de ses membres et au Fonds d’affectation spéciale du Forum.
M. DAS (Inde) a dit que même si son pays ne représente que 17% de la population mondiale et compte 18% du bétail, pas moins de 24% du territoire national est couvert de forêts. Il s’est félicité du fait que ce couvert forestier augmente de 1,2% par an, assurant que le pays entendait poursuivre en ce sens. L’Inde a aussi amélioré sa législation sur la gestion des forêts. Le pays compte 320 millions de ses habitants qui dépendent directement des forêts pour leur survie, a souligné le représentant en expliquant pourquoi les communautés locales sont impliquées dans la gestion forestière. L’Inde, a-t-il ajouté, plaide pour le renforcement de l’assistance technique en faveur des pays en développement dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et des objectifs d’Aichi relatifs à la diversité biologique.
M. PONGTONG (Thaïlande) a indiqué que son gouvernement appuie le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts. Le pays entend atteindre une couverture forestière nationale de 55% de sa superficie totale selon les directives du Comité national de politique forestière, qui a pour principale fonction la refonte de la législation nationale afin de l’adapter aux accords internationaux. Le Gouvernement œuvre également à la promotion des communautés forestières locales en leur allouant des terres pour mener à bien leurs activités de subsistance.
Mme CORONEL (Équateur) a dit que la Constitution du pays reconnaît les droits de la nature et signalé que l’aménagement du territoire tient compte des objectifs de développement durable. Les campagnes de sensibilisation sont menées en partant du principe que « pour bien protéger, il faut bien connaître ». Les peuples autochtones sont également ciblés car ce sont eux les premiers gestionnaires des forêts, a relevé la représentante. Elle a indiqué que l’Équateur était en train de mettre en place des mécanismes pour promouvoir des activités durables dans le cadre de l’exploitation des ressources ligneuses et non ligneuses, notamment par des procédés de certification. Un programme national est également consacré au fléau des incendies qui ravagent chaque année des centaines d’hectares de forêts dans le pays. Le Gouvernement équatorien entend aussi réduire ses émissions de gaz à effet de serre et promouvoir davantage de mesures d’adaptation aux changements climatiques au sein des communautés forestières.
M. DAWD (Éthiopie) a reconnu l’importance des forêts dans la lutte contre les changements climatiques. En tant que pays agricole, l’Éthiopie doit lutter contre la dégradation des sols et la désertification. Dans le contexte africain, il faut traiter de cette question en misant sur l’utilisation durable de toutes les ressources naturelles. Dès lors, le Gouvernement éthiopien a mis en place des politiques permettant de jeter les bases nécessaires à des réformes, en vue de parvenir à une gestion durable des terres et des forêts. Ces politiques encouragent les investissements public-privé en faveur de la conservation des forêts en offrant des terres gratuitement aux entreprises en vue de la reforestation. L’Éthiopie a pour objectif d’arriver à « zéro émission » d’ici à 2025. Pour restaurer 22 millions d’hectares de forêts dans tout le pays, le Gouvernement compte sur un appui financier et technique de ses partenaires de développement, a encore précisé le délégué.
Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc) a appelé à renforcer la coopération internationale dans la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts. Le Maroc s’engage à consolider la tendance actuelle de réduction des émissions des gaz à effet de serre et à promouvoir les filières de la sylviculture, notamment. Le Gouvernement a d’ores et déjà pris des mesures pour sécuriser l’assiette foncière du domaine forestier et accélérer le rythme de reboisement. Actuellement, 40 000 hectares par an sont reboisés au Maroc. Le pays est d’ailleurs disposé à partager son expérience dans le domaine de la gestion durable des forêts et des programmes d’atténuation des effets des changements climatiques, notamment dans le contexte de la coopération Sud-Sud, a indiqué la représentante.
M. NOVITISKI (Ouzbékistan) a présenté la contribution nationale de son pays dans le cadre de la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts. Le Gouvernement, a-t-il dit, a établi des critères pour l’utilisation durable des forêts et pour restaurer celles-ci à hauteur de 350 000 hectares par an. Le représentant a mis l’accent sur problème crucial, sur le plan écologique, de la disparition de la mer d’Aral qui est devenue « un véritable désert ». « Ce problème est mondial avec des répercussions sur de nombreux États », a affirmé le représentant en rappelant les répercussions de ses poussières et sels sur les précipitations. Face à cette tragédie, le Gouvernement a adopté un nouveau programme national qui vise à améliorer la situation écologique dans le pays. L’Ouzbékistan propose que l’année 2020 soit décrétée « Année de la lutte contre les catastrophes écologiques dans la région de la mer d’Aral ».
Mme CHIPETA (Afrique du Sud) a rappelé que l’Afrique australe venait de subir un certain nombre d’inondations à la suite du passage d’ouragans et cyclones qui ont frappé cette partie du continent. Un grand nombre d’agriculteurs africains vont ainsi avoir des difficultés à s’adapter à la nouvelle donne, et cela va exercer une pression supplémentaire sur les ressources naturelles, y compris les ressources forestières. C’est pourquoi l’Afrique du Sud accorde du prix à la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, a dit la déléguée en insistant sur l’amélioration des mécanismes de cette mise en œuvre, dont l’allocation de ressources financières et la promotion du transfert de technologies.
M. ALIAN RICHARD DONWAHI, Ministre des eaux et forêts de Côte d’Ivoire, a souligné que son pays était parti de 16 millions d’hectares de forêts en 1900 pour arriver à 3,4 millions seulement en 2015, soit une perte de 80% en valeur relative. La politique nationale de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts vise à permettre au pays de recouvrer 20% de la couverture forestière, soit 6 millions d’hectares au total d’ici à 2045, avec un budget de mise en œuvre établi à 1,2 milliard de dollars sur une période de 10 ans. Il a mentionné un programme allant dans ce sens, intitulé « une école, 5 hectares de forêts », qui initie les enfants dès leur plus jeune âge à la problématique environnementale.
Mme CRISTIANE ENGELBRECHT SCHADTLER (Venezuela) a réaffirmé l’engagement du Gouvernement vénézuélien en faveur de la gestion durable des forêts, ainsi que pour la promotion des réserves forestières en vue de garantir les ressources hydriques et préserver les écosystèmes. Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, le Venezuela s’est doté d’une politique de gestion durable des espaces vitaux, dont les forêts, dès 1999, lors de l’adoption de sa nouvelle Constitution. Le plan national de gestion des forêts, qui va jusqu’en 2021, mise sur l’utilisation durable des sols et l’atténuation des effets des changements climatiques. Ce plan reconnaît le potentiel des forêts dans ces deux domaines ainsi que pour le développement durable. Le Venezuela présentera sa contribution volontaire nationale lors de la prochaine session du FNUF, a annoncé la représentante avant de dénoncer les mesures financières unilatérales prises par certains pays, visant le Venezuela et empêchant son développement économique et social. Il faut respecter les différents modèles de développement ainsi que la souveraineté des États sur leurs ressources naturelles, a-t-elle demandé en plaidant pour la solidarité mondiale en faveur de l’élimination de la pauvreté.
M. MAKUMBA (Zambie) a reconnu l’importance des forêts en tant que moteurs du développement durable, et a rappelé la législation adoptée par la Zambie pour transférer la gestion durable des forêts aux communautés locales. Dès lors ce sont 846 000 hectares de forêts qui vont être placés sous gestion communautaire. Par ailleurs, le délégué a mentionné le plan d’investissement pour la réduction de la déforestation et la dégradation des sols qui a été adopté, avec pour priorité la mise en place de systèmes agricoles et énergétiques durables.
Débat technique et échange de données d’expérience sur les priorités thématiques et opérationnelles, les mesures prioritaires et les ressources nécessaires pour la période 2019-2020, compte tenu du cycle d’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable pendant cette période et du thème de la Journée internationale des forêts
Table ronde interactive sur les forêts et changements climatiques
Les forêts du monde sont indispensables à la stabilisation du climat mondial et constituent une fondation vitale à la prospérité future des populations et de la planète, souligne la note du secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts portant sur la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).
En effet, ce document indique que malgré la reconnaissance croissante du rôle central des forêts dans le cycle du carbone, l’occupation des sols et le changement d’affectation des terres font partie des principales causes des changements climatiques, tout comme les émissions dues aux secteurs de l’énergie et des transports. De ce fait, lorsque la quantité de dioxyde de carbone séquestrée par les forêts excède la quantité libérée, en raison de la déforestation et de la dégradation des forêts, ces dernières s’avèrent être un outil naturel susceptible d’éliminer le surplus de carbone de l’atmosphère.
Le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) comporte des objectifs relatifs aux changements climatiques, a rappelé M. DUNCAN BRACK, chercheur principal au « Royal Institute of International Affairs (Chatham House) », du Royaume-Uni. Il a relevé que de nos jours, les forêts séquestrent environ 40% du carbone produit, notamment par le biais de la biomasse vivante, des sols forestiers, ainsi que du bois mort.
Du point de vue géographique, 55% du stock de carbone forestier est séquestré dans les forêts tropicales, 32% dans les forêts boréales et 14% dans les forêts tempérées. Selon l’expert, les études laissent voir que le potentiel d’atténuation des changements climatiques des forêts est bien plus grand que l’on ne le pensait. Il faut donc protéger les forêts primaires, notamment pour augmenter ou maintenir leur capacité de stockage du carbone. Malheureusement, a—t-il noté, il est économiquement plus rentable pour de nombreux pays de couper des arbres que de les préserver.
Effectivement, a renchéri la déléguée du Costa Rica, les pays en développement comme le sien veulent bien poursuivre leur reforestation, mais comment faire pour trouver des fonds à cette fin, « sachant que nos forêts servent pour nos besoins existentiels en même temps que pour le bien de l’humanité »? L’Équateur a ajouté qu’il est important de renforcer les capacités et combler les lacunes technologiques des pays en développement, alors que le Nigéria s’est interrogé sur la capacité du secteur privé à financer la séquestration du carbone.
Répondant à ces inquiétudes, M. Brack, du « Royal Institute of International Affairs », a parlé de l’initiative « ONU-REDD+ ». Il s’agit d’un programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions de carbone liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement. Lancé en 2008, il s’appuie sur l’expertise technique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). REDD+ est une solution d’atténuation des changements climatiques mise au point par les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), en incitant les pays en développement à conserver leurs forêts en échange de paiements fondés sur les résultats pour des actions visant à réduire les émissions de carbone des forêts. Ces fonds viennent notamment d’organismes multilatéraux comme le Fonds de partenariat pour la réduction des carbones forestiers (FCPF) et le Programme d’investissement pour la forêt (FIP).
La représentante du Brésil s’est félicitée du fait que son pays, grâce à ses efforts visant la réduction de ses émissions de carbone et le reboisement, fut le premier pays éligible à recevoir des financements dans le cadre de l’initiative REDD+.
Mme ELENA PAOLETTI, Présidente du Conseil consultatif scientifique de l’Institut européen des forêts, a indiqué que la durabilité des forêts passe également par la protection des ouvriers du bois qui font l’un des métiers parmi les plus dangereux au monde. Pour une reforestation efficace, elle a plaidé pour un appui politique majeur, ce qui passe aussi par la mise en place de mesures comme la certification des produits forestiers. Étant donné que 80% des humains vont bientôt vivre en ville, il est important de penser à des villes durables, et cela passe par la recherche et l’innovation afin de réduire l’impact des villes sur les forêts. Elle a demandé également le partage des « pratiques qui marchent ».
M. IGOR VISZLAI, expert en communication à « Forest Europe », a évoqué les principaux problèmes des forêts européennes, notamment les incendies, les inondations et d’autres phénomènes externes dus aux changements climatiques. C’est pourquoi les pays européens ont créé l’initiative « Forest Europe » qui est un processus politique paneuropéen volontaire de haut niveau pour le dialogue et la coopération sur les politiques forestières en Europe. « Forest Europe » élabore des stratégies communes pour ses 47 signataires (46 pays européens et l’Union européenne) sur la manière de protéger et de gérer durablement leurs forêts. Le groupe d’experts de « Forest Europe » a donc élaboré un ensemble de mesures à l’échelle du continent pour protéger les forêts européennes contre les changements climatiques, a indiqué l’expert.
À sa suite, l’Union européenne a plaidé pour l’augmentation du potentiel de stockage du carbone des forêts, tout en rappelant qu’en plus de leur capacité à le faire, les écosystèmes forestiers peuvent aussi s’avérer être de grandes sources d’énergie renouvelable par le biais de la biomasse.
Remplacer les sources d’énergie fossile par la biomasse n’est pas toujours la bonne solution, a tempéré la déléguée du Canada. Dans son pays, des communautés isolées, dépendantes du diesel comme source d’énergie, n’entendent pas le troquer contre la biomasse malgré les efforts du Gouvernement. M. Brack, du « Royal Institute of International Affairs », lui a suggéré d’évaluer l’empreinte écologique des chaines d’approvisionnement de la biomasse et du carburant fossile afin de mieux établir lequel est meilleur pour la nature.
En Inde, a révélé son représentant, la quantité de carbone séquestrée par les forêts nationales est en constante augmentation. L’Inde est un puits de 300 gigatonnes de carbone, s’est enorgueilli le délégué, avant d’ajouter que le plan national de lutte contre les changements climatiques prévoit de planter 8,9 millions d’hectares de forêts qui devraient permettre de stocker pas moins de 6 millions de tonnes de carbone supplémentaires par an.
Le Grand Groupe des agriculteurs et des propriétaires de forêts communautaires a estimé qu’il fallait adopter une approche holistique pour tenir compte de la capacité de stockage du carbone des forêts et des autres services multiples qu’offrent celles-ci. Le Grand Groupe de la communauté scientifique et technique a demandé aux États africains de renforcer la coopération scientifique dans les domaines de l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques. Les États-Unis ont insisté sur le caractère volontaire de la contribution de chaque pays en matière de reforestation. Quant à la Finlande, elle a insisté pour une adéquation au niveau national entre les politiques de lutte contre les changements climatiques et celles de gestion durable des forêts.
Table ronde interactive sur les forêts, la croissance économique inclusive et durable et l’emploi
Forestier principal et Coprésident du Conseil d’administration du « Centre for International Forestry Research », M. JOSE JOAQUIM CAMPOS ARCE a souligné le rôle essentiel des forêts dans la croissance, en relevant qu’un milliard de personnes dans le monde dépendent d’elles pour leur subsistance. Les forêts sont responsables de plus de 600 milliards de dollars du PIB mondial, des 250 milliards d’échanges commerciaux et de 13 millions d’emplois forestiers. En outre, les PME représentent 75% des emplois dans le secteur forestier. Le « Centre for International Forestry Research » vise à diffuser auprès des autorités des connaissances sur le rôle des forêts dans les moyens de subsistance, l’emploi et l’environnement. Il aide à la gestion à long terme des forêts. Aborder ensemble l’agriculture et les forêts dans la formulation des politiques de développement national est essentiel pour réaliser les objectifs de développement durable, a expliqué l’expert. Selon lui, les ministères doivent assurer la cohérence politique entre la gestion des forêts et l’agriculture commerciale, la production alimentaire et le développement rural.
Abordant les forêts sous l’angle de l’emploi, la Coordonnatrice de « World, Forest, Society and Environment Assessment » à l’International Union of Forest Research Organizations, Mme PIA KATILA, a évoqué les relations entre l’objectif 8 de développement durable sur le travail décent et la croissance économique, d’une part, et les objectifs mondiaux sur les forêts, d’autre part. Elle a souligné le rôle essentiel du secteur informel dans la gestion des forêts, qui devrait selon elle apporter davantage à l’économie que le secteur formel à condition de régler la question des données. Elle a aussi conseillé d’élargir les zones forestières afin d’élargir les zones permettant de trouver des moyens de subsistance. Les forêts doivent être intégrées dans le développement durable, a plaidé Mme Katila en préconisant la cohérence et la synergie entre ces objectifs, ainsi que la cohérence des politiques de développement. Elle a demandé un soutien accru aux PME qui œuvrent dans le secteur des forêts.
La meilleure gestion des forêts est faite par les communautés autochtones, a dit à son tour Mme GILL SHEPHERD, professeure associée à la « London School of Economics and Political Science ». Pour elle, la meilleure façon de gérer les forêts est de laisser faire ceux qui vivent sur place et qui savent le faire. Cela permet des résultats positifs en matière de gestion de forêts et de lutte contre les changements climatiques, a-t-elle assuré. Or, cela est contraire à la tendance actuelle qui fait que les communautés autochtones sont de plus en plus écartées dans la gestion des forêts au profit de l’industrie forestière. Pour une bonne gestion, il faut donc commencer au niveau local et passer ensuite au niveau national.
Au cours d’un bref échange interactif, le Nigéria et l’Équateur ont souligné la nécessité de connaître la valeur réelle des ressources forestières. L’Équateur a demandé au Forum politique de haut niveau d’apporter une réponse à cette question. Il a plaidé pour un équilibre entre tous les secteurs afin de créer les bonnes conditions de création d’emplois non seulement dans le secteur forestier mais aussi dans toute l’économie. Les objectifs liés aux forêts sont à son avis la fondation pour réaliser tous les objectifs de développement durable. Au Costa Rica, la propriété moyenne forestière est de 20 hectares, contrairement à d’autres pays où les propriétés forestières vont par centaines, voire par milliers d’hectares. Il faut donc tenir compte de cette diversité, a recommandé la délégation.