Soixante-dix-neuvième session, Conférence sur l'océan,
Table ronde Action pour l’océan no 4 – après-midi
MER/2222

Conférence sur l'océan: prévenir et réduire nettement la pollution marine de tous types, en particulier celle résultant des activités terrestres

TABLE RONDE 4 - NICE, 10 juin - « Au moment où je terminerai mon discours aujourd’hui, environ cinq camions poubelles supplémentaires remplis de plastique auront été déversés dans l’océan. »   C’est en ces termes que la Présidente-Directrice générale de Ocean Conservancy, Mme Janis Searles Jones, a transmis l’urgence liée aux solutions à la pollution plastique, à l’occasion de la quatrième table ronde de la Conférence sur l’océan qui se tient à Nice, en France, jusqu’au 13 juin.

Rappelant que l’océan représente 97% de l’eau de la planète, la Présidente du Groupe mixte d’experts chargé d’étudier les aspects scientifiques de la pollution des mers (GESAMP), Mme Wendy Watson-Wright, s’est indignée que de « notre propre chef » nous avons réussi à le transformer en un « cloaque contaminé », avec des répercussions et des conséquences innombrables sur l’environnement, l’économie et la société. 

En effet, non seulement la communauté internationale n’a pas atteint son objectif pour 2025 visant à réduire considérablement la pollution marine de toutes origines, mais la crise de la pollution se poursuit, s’est inquiété de son côté le Ministre fédéral allemand de l’environnement, qui coprésidait cette table ronde.  M. Carsten Schneider a pointé la complexité du problème qui englobe les plastiques à usage unique, les équipements de pêche perdus, les marées noires, la pollution chimique et d’autres facteurs.

Partout où nous regardons, nous trouvons des plastiques: dans nos océans et dans la faune marine, sur terre et dans nos corps, jusque dans la zone crépusculaire des mers qui achemine le carbone des eaux de surface vers les profondeurs marines.  Et pourtant, malgré ces faits alarmants, la production de plastique devrait augmenter de 50% d’ici à 2040, s’est alarmée laPDG de Ocean Conservancy alors même que le rythme actuel n’est déjà plus viable pour les populations, pour la planète et pour les océans.  Les données scientifiques sont claires: « nous devons adopter une approche mondiale à plusieurs volets pour faire face à cette crise multiforme ».

Outre les deux principaux coupables de la pollution marine identifiés par la scientifique -les plastiques à usage unique et les équipements de pêche perdus ou abandonnés-, le Ministre allemand a signalé que les millions de tonnes de munitions abandonnées au fond des océans constituent un risque croissant pour la pêche, la navigation et le tourisme.  Pour faire face à ce problème, son gouvernement vient de lancer un programme inédit financé à hauteur de 100 millions d’euros pour récupérer des munitions dans les eaux allemandes des mers Baltique et du Nord.

Il suffit de penser à tous les secteurs économiques qui dépendent d’une mer propre, tels que la pêche, l’aquaculture et le tourisme, a interjeté la Commissaire à l’environnement, à la résilience en matière d’eau et à l’économie circulaire compétitive de la Commission européenne.  Constatant que ces défis ne connaissent pas de frontières, Mme Jessika Roswall a appelé à travailler ensemble pour les relever et à ne pas perdre le lien avec les activités terrestres.  L’Union européenne part du principe que nos écosystèmes aquatiques doivent être sains de la source à la mer, parce qu’au final, nos fleuves se jettent dans les océans. 

Il faut donc réfléchir en termes d’écosystème circulaire, un point de vue partagé par la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui a martelé que ce qui se passe dans les terres atterrit dans les mers. Afin de protéger les mers, nous devons lutter contre la pollution à la source, a fait valoir Mme Inger Andersen.

La Commissaire européenne a également saisi cette occasion pour annoncer que la semaine dernière a marqué une avancée majeure en termes d’engagement de l’Union européenne en faveur de la préservation des océans avec l’adoption du Pacte européen pour les océans.  Il a pour vocation de regrouper toutes les politiques océaniques autour d’une orientation claire, a-t-elle expliqué.  L’UE a également signé, ce matin même, la déclaration lançant la Coalition de haute ambition pour un océan plus silencieux.

Lutter contre la pollution plastique

De son côté, le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a expliqué comment les traceurs radioactifs sont utilisés pour étudier les effets de l’acidification des océans sur la vie marine.  L’AIEA a également lancé un « nouveau plastique technologique » utilisant l’hydrologie isotopique.  Rappelant qu’il a lui-même dirigé la première expédition visant à identifier la pollution plastique en Antarctique, M. Rafael Grossi, a affirmé que l’AIEA est également en mesure d’aider à utiliser la technologie des rayonnements nucléaires pour recycler des produits sans utiliser de solvants chimiques.

Sur la problématique de la pollution plastique, beaucoup d’espoirs sont placés dans le prochain cycle de négociation du futur traité sur la pollution plastique, qui aura lieu en août à Genève.  Résumant les enjeux, la Directrice exécutive du PNUE a estimé que la réponse à ce problème nécessite une approche basée sur le cycle de vie du plastique.  « Il faut repenser ce que nous produisons et ce que nous consommons », a-t-elle souligné, appelant à trouver des alternatives au plastique, à l’instar des produits ménagers qui n’ont pas besoins d’être liquides.  Ce qui est sûr, c’est que le secteur privé doit être associé à ces négociations et devenir et un allié dans cette lutte, a-t-elle estimé. 

La plupart des pays souhaitent un accord efficace qui, a ajouté le Ministre allemand, doit créer un cadre clair qui donne aux fabricants une sécurité pour planifier leurs activités.  La mise en place de systèmes nationaux de responsabilité élargie des producteurs est un levier important afin que les fabricants assument la responsabilité de l’ensemble du cycle de vie de leurs emballages et jouent un rôle dans la lutte contre les dommages environnementaux. 

L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a exigé un instrument ambitieux, équitable et efficace qui reconnaisse pleinement leurs circonstances particulières.  Ce traité doit prévoir un financement nouveau, prévisible, durable et accessible, ont-ils souhaité en rappelant qu’ils sont victimes de la pollution plastique marine alors même qu’ils n’y contribuent que marginalement. 

Au-delà des déchets plastiques, Mme Watson-Wright de GESAMP a appelé à accélérer les travaux sur les engagements pris lors des différentes conférences et réunions consacrées aux océans.  « Les paroles sont faciles, mais les actes sont plus difficiles ».  Il serait judicieux, selon elle, de dresser un inventaire de toutes ces stratégies de lutte contre la pollution marine et de les regrouper autant que possible, à tout le moins, de veiller à leur coordination. 

Quoiqu’il en soit, la clef du succès de la lutte contre la pollution marine, qu’elle provienne d’activités terrestres, maritimes ou aériennes, réside dans la mise en œuvre et l’application de politiques et d’activités qui nécessitent des fonds.  En cela, chaque acteur de la société a un rôle à jouer, a-t-elle souligné.

 

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