Conférence sur l'océan: développer la coopération scientifique pour appuyer la santé de l’océan
TABLE RONDE 2 - NICE, 9 juin - La deuxième table ronde de la Conférence sur l’océan, organisée cette après-midi, à Nice, a permis de mettre en exergue l’impératif d’une coopération scientifique plus forte pour relever les défis posés aux océans, avec pour toile de fonds l’intensification des pressions exercées sur les ressources côtières et marines par la poussée démographique, ainsi que le développement de l’économie bleue.
Les délégations ont été nombreuses à constater que la plupart des États ne disposent toujours pas des capacités technologiques et humaines nécessaires, alors que la coopération scientifique reste en deçà des besoins. Pourtant la pollution plastique des océans, leur acidification, leur réchauffement et la perte de la biodiversité marine sont bien réels. « Il est donc temps d’agir rapidement et de façon coordonnée », a souligné le Ministre de l’agriculture et de la pêche du Portugal, M. José Manuel Fernandes, qui Coprésidait cette table ronde, aux côtés du Ministre des affaires étrangères du Panama, M. Javier Martínez-Acha Vásquez.
C’est d’autant plus pertinent que l’océan est au cœur des 17 objectifs de développement durable et un allié indispensable à l’action climatique, a fait remarquer le Directeur général de Mercator Ocean International, un organisme qui a pour mission de fournir des données océaniques accessibles à tous. C’est d’autant plus urgent, qu’à ce jour, seuls 26% des fonds marins sont cartographiés et qu’on ne connaît que 25% de la biodiversité marine, a indiqué M. Pierre Bahurel. Il reste donc encore beaucoup à faire en termes de données océaniques pour pouvoir mieux comprendre et mieux prévoir les dynamiques liées à l’océan, a fait valoir le Secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO. C’est essentiel pour avoir une gouvernance marine durable, basée sur des connaissances scientifiques.
L’impératif de la mise en commun des données a également été souligné par M. Li Jiabiao du Ministère des ressources naturelles de la Chine, qui a appelé à créer une plateforme de partage de données océaniques à l’échelle mondiale et des centres de données régionaux pour parvenir à une normalisation du partage afin de pouvoir institutionnaliser la gouvernance des systèmes océaniques complexes. Selon lui, il convient également de promouvoir la recherche conjointe entre les différentes régions et la formation des talents en matière de gouvernance mondiale des océans qui représentent 71% de la surface de la planète. Pour relever ces défis il faut « abattre les frontières cognitives » et envisager des solutions novatrices ensemble.
Évoquant les vagues de chaleur marine de 2024 qui ont touché une surface quatre fois plus grande que l’Europe et du continent américain réunis, la Secrétaire générale de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a souligné qu’il ne sera possible d’inverser ces tendances qu’à travers plus de coopération et d’échanges scientifiques. Il ne s’agit pas seulement de phénomènes météorologiques mais bien de menaces existentielles, a-t-elle alerté, signalant que le canal de Panama est à son plus bas niveau avec un impact direct sur le transport maritime. Mme Celeste Saulo a annoncé que l’OMM va lancer à Nice, l’initiative « 10 000 bateaux pour l’observation des océans ».
Sur ce point, le Secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO a rappelé que seul 1% de l’aide publique au développement est aujourd’hui alloué à l’observation des océans. Il faut donc mobiliser les gouvernements, le secteur privé et les philanthropes pour obtenir les ressources nécessaires.
Si M. Vidar Helgesen de l’UNESCO s’est alarmé de voir certains politiques douter de la science, le Directeur scientifique du navire OceanX a estimé que pour y remédier il faut rendre la science plus visible. C’est pour cela que Ocean X promeut l’éducation bleue, a expliqué M. Vincent Pieribone, et que ses expéditions sont co-organisées avec les gouvernements et les institutions locales. Pour ce qui est du renforcement des capacités et de l’accès aux technologies, OceanX veille à former des scientifiques locaux lors de ses expéditions.
Sur ce point, l’Alliance des petits États insulaires a martelé que les sciences océaniques ne sont pas un luxe académique, mais bien une nécessité existentielle pour ces nations qui sont les gardiennes de plus de 30% de l’océan sous juridiction nationale. Elle a donc appelé à mettre en place des partenariats authentiques et équitables pour renforcer leurs capacités en sciences marines. Il faut un rééquilibrage fondamental du leadership en matière de sciences océaniques, notamment des mécanismes de financement dédiés et un soutien institutionnel pour garantir que les instituts de recherche des petits États insulaires en développement puissent mener des initiatives qui répondent à leurs défis spécifiques.
De son côté, le Danemark a annoncé la tenue d’une conférence internationale sur les océans axée sur la connectivité dans les régions subarctiques et hautement arctiques, qui se tiendra aux Îles Féroé en mai 2026, avec pour objectif de faire le point entre les connaissances scientifiques et les perspectives autochtones.
*Développer la coopération scientifique, les connaissances, le renforcement des capacités, les technologies marines et l’éducation dans le domaine océanographique en vue de renforcer l’interface sciences-politiques pour la santé de l’océan.
Suivez toutes les délibérations de la plénière en direct:
Conférence sur l'océan 2025 | Couverture des réunions & communiqués de presse