Conseil de sécurité: « l’Iraq est sur la bonne voie », estime le Chef de la MANUI, à six mois de la fin de son mandat
Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), M. Mohamed Al Hassan, a salué ce matin, devant le Conseil de sécurité, la trajectoire de l’Iraq vers une plus grande stabilité, prospérité et intégration régionale. Ce constat positif a été globalement partagé par les délégations qui ont souligné la stabilité de l’Iraq malgré l’escalade dans la région. Alors que le mandat de la Mission s’achève dans six mois, M. Al Hassan a précisé que les activités de transition se poursuivent sans heurt, en dépit d’un contexte budgétaire difficile.
Dans son intervention, le Représentant spécial a indiqué que les prochaines élections à la Chambre des députés ont été fixées au 11 novembre 2025. Si des défis logistiques demeurent, l’Iraq est attaché à un processus électoral transparent, a-t-il poursuivi, en assurant du soutien de la MANUI. Il a souligné l’importance de la mise sur pied d’un nouveau gouvernement dans la Région du Kurdistan d’Iraq afin de sortir de l’impasse actuelle. La relation Bagdad-Erbil est un partenariat basé sur un dialogue permanent prévu par la Constitution iraquienne, a-t-il rappelé.
M. Al Hassan a insisté sur les efforts du Gouvernement visant à faciliter le retour d’ici à la fin de 2025 de tous les nationaux iraquiens se trouvant dans le nord-est de la Syrie. Depuis le début du processus de retour en mai 2021, 3 741 ménages sont arrivés en Iraq après avoir quitté le camp de Hol et le camp Roj. La situation des déplacés en Iraq demeure difficile, a dit le Représentant spécial, en évoquant notamment la situation des yézidis. Il a plaidé pour des mesures économiques et sécuritaires vigoureuses afin de garantir les conditions d’un retour durable et en toute sécurité.
Sur le plan des droits humains, le Représentant spécial s’est en particulier félicité de l’élaboration d’un projet de loi sur la protection des minorités et d’une stratégie nationale de lutte contre les discours de haine. S’agissant de la situation des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et des biens koweïtiens disparus, M. Al Hassan a souligné la nécessité d’y remédier en se concentrant sur ce qui rapproche les deux pays. Des relations de bon voisinage demeurent essentielles, a déclaré le Représentant spécial.
Les délégations ont été nombreuses à décerner un satisfecit à l’Iraq, à l’instar du Danemark, qui a loué les efforts « évidents » du Gouvernement iraquien à bâtir un avenir plus prospère. La délégation a exhorté l’Iraq à faire fond sur l’élan positif actuel en vue de prendre des mesures concrètes notamment pour promouvoir les droits des femmes. Le Danemark a également salué le rapatriement des Iraquiens des camps du nord-est syrien, tandis que la République de Corée a loué les progrès accomplis dans la lutte contre le terrorisme.
« Le pays a connu quatre trimestres consécutifs de diminution des attaques de Daech », s’est félicitée la Fédération de Russie. La Russie a également estimé que le succès du trente-quatrième Sommet de la Ligue des États arabes, qui s’est tenu à Bagdad le 17 mai dernier, souligne le rôle central du pays dans la région, tout en mettant en garde, comme les États-Unis, contre les ingérences extérieures. La Chine a encouragé l’Iraq à continuer de jouer un rôle positif dans la région. La France a également salué le « rôle d’équilibre » joué par l’Iraq dans un contexte régional complexe, avant d’appeler à la poursuite du dialogue entre Erbil et Bagdad. L’Iraq est resté stable malgré l’escalade du conflit ces six derniers mois, a appuyé le Royaume-Uni, qui a jugé vital la formation d’un nouveau gouvernement dans la Région du Kurdistan.
Ce gouvernement devrait être idéalement mis sur pied avant les élections de novembre, a déclaré le Royaume-Uni, en souhaitant, à l’image de tous les intervenants, que lesdites élections soient transparentes et crédibles. Ces prochaines élections représentent l’évolution la plus importante de mon pays ces quatre derniers mois, a déclaré le délégué iraquien. Il a pris note des tensions entre les partis politiques nationaux, tout en considérant que cette expression pacifique de points de vue divergents constitue un signe positif de démocratisation.
Soulignant la sagesse de ses dirigeants, le représentant s’est félicité de la capacité de son pays à asseoir son autorité en se dissociant des escalades régionales, citant la situation au Liban et en Palestine. Il s’est réjoui que l’Iraq joue un rôle de médiateur régional pour désamorcer les tensions. Le dernier Sommet de la Ligue arabe à Bagdad marque le retour de l’Iraq sur la scène régionale, s’est réjoui le représentant, en soulignant des résultats positifs, dont la création d’une chambre de coordination de sécurité arabe et un centre d’intelligence artificielle à Bagdad.
S’agissant de la situation des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et des biens koweïtiens disparus, le Royaume-Uni, délégation porte-plume sur ce dossier, a assuré de son engagement en vue de créer un mécanisme de suivi après le retrait de la MANUI. De son côté, le Koweït a souhaité qu’un responsable onusien soit nommé à la fin du mandat de la Mission. Ce pays a souligné la nature humanitaire, non pas politique, de ce dossier, en rappelant que quelque 300 personnes sont encore portées disparues.
« Les familles doivent savoir ce qui est arrivé à leur êtres chers », a tranché le délégué, en déplorant le manque de progrès. Le retour des archives nationales au Koweït est également essentiel, a déclaré le délégué. Son homologue iraquien a assuré que son pays n’épargnera aucun effort pour régler ces questions. « Nous n’avons aucun intérêt à ne pas trouver de solution durable », a-t-il assuré. La fin du mandat de la MANUI ne sonne pas la fin du travail sur les personnes et les biens disparus, ont appuyé les États-Unis.
Alors que le Représentant spécial a précisé que les activités de transition se déroulent selon le calendrier prévu, avec la fermeture des bureaux à Mossoul et à Kirkouk, la Russie a estimé que la normalisation de la situation en Iraq confirme la pertinence du retrait de la MANUI. « Ainsi se termine une époque à la suite de laquelle l’Iraq s’est transformé en un État démocratique moderne à même d’assurer son avenir sans aide extérieure. » Le représentant des États-Unis a, lui, rappelé que son pays avait toujours préconisé un retrait ordonné et graduel des Nations Unies.
Ce Conseil doit soutenir la MANUI durant les derniers mois de son mandat, a conclu la France, en demandant qu’elle bénéficie des moyens financiers jusqu’à la fin de son mandat. L’ONU ne se retire pas de l’Iraq, a affirmé le Danemark, en rappelant que l’équipe de pays prendra le relais. Le délégué de l’Iraq a encore souligné les efforts de son gouvernement pour le transfert sans heurt des locaux et des avoirs de la MANUI. « Cela témoigne du début d’un nouveau chapitre de la relation entre l’Iraq et les Nations Unies », s’est-il félicité, tandis que la Somalie, au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana), a loué l’approche proactive du Gouvernement iraqien. Enfin, la Chine a salué le succès des 20 années de présence de la MANUI.
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La situation concernant l’Iraq (S/2025/320, S/2025/323)
Exposé
M. MOHAMED AL HASSAN, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a salué la trajectoire de l’Iraq vers une plus grande stabilité, prospérité et intégration régionale. « L’Iraq est sur la bonne voie. » Il a indiqué que les prochaines élections à la Chambre des députés ont été fixées au 11 novembre 2025. Près des trois quarts des électeurs devraient être inscrits sur les listes électorales, a dit le Représentant. Si des défis logistiques demeurent, l’Iraq est attaché à un processus électoral transparent, a-t-il poursuivi, en assurant du soutien de la MANUI. Il a souligné l’importance de la mise sur pied d’un nouveau gouvernement dans la Région du Kurdistan d’Iraq afin de sortir de l’impasse actuelle. La relation Bagdad-Erbil est un partenariat basé sur un dialogue permanent prévu par la Constitution iraquienne, a-t-il rappelé.
M. Al Hassan a insisté sur les efforts du Gouvernement visant à faciliter le retour d’ici à la fin de 2025 de tous les nationaux iraquiens se trouvant dans le nord-est de la Syrie. Depuis le début du processus de retour en mai 2021, 3 741 ménages sont arrivés en Iraq après avoir quitté le camp de Hol et le camp Roj. La situation des déplacés en Iraq demeure difficile, a dit le Représentant, en évoquant notamment la situation des yézidis. Il a plaidé pour des mesures économiques et sécuritaires vigoureuses afin de garantir les conditions d’un retour durable et en toute sécurité. La réinstallation n’est pas un processus purement physique, elle doit être animée par un espoir en l’avenir, a déclaré M. Al Hassan, en rappelant les souffrances endurées par les yézidis en Iraq.
Sur le plan des droits humains, le Représentant spécial a précisé que, dans le cadre de l’examen périodique universel au Conseil des droits de l’homme, 263 recommandations aux fins de l’amélioration de la situation desdits droits ont été avancées. Il s’est en particulier félicité de l’élaboration d’un projet de loi sur la protection des minorités et d’une stratégie nationale de lutte contre les discours de haine. S’agissant de la situation des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et des biens koweïtiens disparus, il a souligné la nécessité d’y remédier en se concentrant sur ce qui rapproche les deux pays. Des relations de bon voisinage sont capitales, a-t-il dit.
Enfin, il a rappelé que le mandat de la MANUI expire à la fin de l’année et que les activités de transition se déroulent selon le calendrier prévu, dans un contexte budgétaire difficile. La Mission a ainsi fermé ses bureaux locaux à Mossoul et à Kirkouk, a-t-il informé. En conclusion, il a fait part de sa conviction en la capacité de ce grand pays qu’est l’Iraq à retrouver son rang.