Assemblée générale: l’adoption de la résolution omnibus sur la COVID-19 marquée par un amendement de dernière minute et une rupture du consensus
Sachant que la pandémie de COVID-19 est l’un des plus grands défis mondiaux de l’histoire de l’ONU, l’Assemblée générale a adopté, cet après-midi, une résolution omnibus par laquelle elle affirme que la coopération internationale, le multilatéralisme et la solidarité sont « la seule voie possible » à emprunter pour réagir efficacement à la pandémie. La mise aux voix de la résolution a toutefois été déplorée par de nombreuses délégations qui ont regretté la rupture du consensus autour d’un texte « si important ».
Rejetée par les États-Unis et Israël, mais appuyée par 169 voix pour, tandis que la Hongrie et l’Ukraine se sont abstenues, la résolution « Action globale et coordonnée face à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) » (A/74/L.92), qui a été amendée et oralement modifiée, contient toute une série d’engagements pour « Protéger ensemble »; « Se relever ensemble » et « Reconstruire en mieux ».
Dans un dispositif de plus de 50 paragraphes, l’Assemblée générale demande notamment aux États Membres de concevoir des stratégies de relance fondées sur des politiques de financement durables; de tenir compte du climat et de l’environnement dans les mesures de relance liées à la COVID-19; et d’accélérer le rôle de catalyseur que jouent les technologies numériques pour réduire l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’éducation, la santé, la communication, le commerce et la continuité des activités.
L’Assemblée générale exhorte aussi les États Membres à donner à tous les pays, dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, un accès libre et rapide à des produits de diagnostic, à des traitements, à des médicaments et à des vaccins « de qualité, sûrs, efficaces et abordables », entre autres.
Elle insiste en outre sur le fait qu’il faut agir à tous les niveaux pour renforcer la résilience, notamment par la gestion durable des écosystèmes ainsi que la protection et l’utilisation durable de la biodiversité, y compris la faune et la flore sauvages, afin de réduire la probabilité d’infections zoonotiques.
Ce texte invite également les États Membres à mettre en place, renforcer et promouvoir des systèmes de prestations sanitaires, et, par ailleurs, à élaborer des plans de relance qui favorisent le développement durable et entraînent des changements en profondeur en vue de sociétés plus justes et plus inclusives, notamment en renforçant l’autonomie et la participation de l’ensemble des femmes et des filles.
Déposée par le Président de l’Assemblée générale, M. Tijjani Muhammad-Bande, cette résolution a été amendée pour inclure un libellé qui demande instamment aux États « de s’abstenir d’adopter et d’appliquer des mesures économiques, financières ou commerciales unilatérales qui font obstacle à la pleine réalisation du développement économique et social, en particulier dans les pays en développement ». C’est la délégation de Cuba qui a présenté le texte de l’amendement, au nom de plusieurs co-auteurs.
Cet amendement a été adopté par 84 voix pour, 13 contre et 60 abstentions.
À ce sujet, l’Union européenne, par la voix de l’Allemagne, a souligné que les sanctions qu’elle met en œuvre incluent un système d’exemption humanitaire qui s’applique notamment au contexte actuel de la COVID-19, un argument également repris par les États-Unis. La Fédération de Russie et l’Iran ont cependant alerté sur le fait que ces mesures entravent la riposte à la pandémie, notamment en raison de leur impact sur les importations de médicaments.
La Chine, qui a été accusée par la délégation américaine d’avoir causé des souffrances incommensurables et d’avoir empêché des chercheurs d’obtenir des informations vitales sur la pandémie, a pour sa part demandé à l’ONU d’exiger que les États-Unis respectent la science concernant la pandémie et qu’ils cessent de propager des « virus politiques ».
La délégation américaine a par ailleurs demandé la mise aux voix des paragraphes 7 et 34 du dispositif, relatifs respectivement aux droits des femmes à la santé, notamment sexuelle et reproductive, et à la mise en œuvre de conventions internationales et instruments multilatéraux sur le transport et le transit. Ces deux paragraphes ont finalement été maintenus.
Réunie en personne, l’Assemblée générale a également fait sienne par 122 voix pour, zéro contre et 31 abstentions la résolution intitulée « Une riposte unie face aux menaces sanitaires mondiales: lutter contre la COVID-19 » (A/74/L.57), un texte qui appelle à mener d’urgence des actions à court terme pour intensifier les efforts mondiaux de lutte contre les crises sanitaires mondiales et les pandémies et pour maintenir la stabilité économique.
En début de séance, une résolution consacrée au paludisme et intitulée « Consolider les acquis et intensifier l’action menée pour lutter contre le paludisme et l’éliminer dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, à l’horizon 2030 » (A/74/L.91) a été adoptée sans mise aux voix. Les États-Unis ont toutefois fait part de leur désaccord avec les paragraphes du texte qui font référence à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Avant de clore la séance, l’Assemblée générale a nommé le Bhoutan au Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables. On retiendra également l’hommage rendu aux victimes du 11 septembre par le Président de l’Assemblée générale à l’ouverture des travaux.
L’Assemblée générale poursuivra cette séance lundi 14 septembre, à partir de 15 heures.
APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES
APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES
Adoption du projet d’amendement (A/74/L.93)
Venue présenter le projet d’amendement, Cuba a déploré qu’en l’état, le projet de résolution (A/74/L.92) ne prend pas en considération les préoccupations légitimes quant à l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur les efforts nationaux de lutte contre la pandémie de COVID-19. Ces préoccupations ont été exprimées de manière constante par la communauté internationale et le Secrétaire général, entre autres, a affirmé la délégation cubaine.
Explications de vote
Belize au nom de l’Alliance des petites États insulaires, a évoqué les difficultés à négocier un texte en ligne. La délégation a alerté que les petits États insulaires en développement (PEID) sont au bord de l’effondrement et a jugé troublant d’être « obligé de marchander pour une simple reconnaissance ». Elle a salué la référence aux changements climatiques et les appels à actualiser les objectifs de développement durable, tout en regrettant certaines faiblesses du texte.
L’Allemagne, au nom de l’Union européenne (UE), a réclamé la mise aux voix de l’amendement et précisé qu’elle comptait s’abstenir. Les sanctions de l’UE sont appliquées dans un contexte précis pour contrer les armes de destruction massive, lutter contre le terrorisme et contrer les menaces de cyberattaques, a expliqué la délégation. « Les sanctions européennes respectent le droit international et sont ciblées de manière à éviter les effets humanitaires non désirables. » Elles incluent en outre un système d’exception qui s’applique notamment au contexte actuel de la COVID-19, a fait valoir la délégation.
Le Nicaragua a regretté l’impossibilité de tenir compte des préoccupations légitimes de la grande majorité des États Membres au sujet des mesures coercitives unilatérales qu’il a qualifiées de « milice autoproclamée ».
L’Ukraine a regretté la présentation de l’amendement, estimant qu’il va à l’encontre des efforts visant à assurer une adoption consensuelle du projet de résolution. Certains utilisent la pandémie à mauvais escient, a-t-elle estimé. Les sanctions demeurent un instrument important pour assurer le respect du droit international, a argué la délégation qui a dénoncé l’utilisation de la pandémie à des fins politiques.
L’Égypte s’est prononcée en faveur de l’amendement.
Le Royaume-Uni a regretté la présentation d’un amendement qui fait s’écrouler le consensus dont bénéficiait le projet de résolution.
Le projet d’amendement a été adopté par 84 voix pour, 13 contre et 60 abstentions.
Adoption des paragraphes 7 et 34 du dispositif (A/74/L.92)
Les paragraphes 7 et 34 du dispositif du projet de résolution ont ensuite été mis aux voix sur demande des États-Unis.
Le paragraphe 7 a été adopté par 122 voix pour, 3 contre (États-Unis, Iraq et Libye) et 25 abstentions.
Le paragraphe 34 a été adopté par 142 voix pour, 2 contre (États-Unis et Inde) et 13 abstentions.
Adoption de la résolution intitulée « Action globale et coordonnée face à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) » (A/74/L.92)
Le projet L.92 a été adopté par 169 voix, tel qu’amendé et oralement révisé.
Les États-Unis et Israël ont voté contre ce texte, tandis que l’Ukraine et la Hongrie se sont abstenues.
Explications de vote après l’adoption de la résolution L.92
L’Azerbaïdjan a exprimé sa réserve au paragraphe 19 en raison de la non-prise en compte d’un amendement proposé.
Le Mexique a regretté que l’adoption de la version finale de la résolution se soit faite dans la précipitation, estimant que ce document aurait pu être adopté à l’issue de la trente-et-unième session extraordinaire de l’Assemblée générale. Le consensus ne doit pas se transformer en camisole de force, a-t-il lancé. Pour ce qui est du contenu, il a déploré les lacunes du paragraphe 21, pointant l’opposition « d’une seule délégation ». Il a ensuite appelé à veiller à ce que le vaccin soit un bien public mondial, notant qu’une version précédente du texte était plus ambitieuse à ce sujet. La délégation a aussi souligné que toute délégation qui interprète de manière erronée les services de santé sexuelle et reproductive comme endommageant les organes du corps fait erreur. Le texte aurait par ailleurs pu se montrer plus ambitieux en ce qui concerne les travailleurs migrants et les envois de fonds, a estimé le Mexique.
La Hongrie a regretté que la résolution donne l’impression erronée que les migrants et les réfugiés sont les seuls à être touchés par la pandémie alors que celle-ci affecte toutes les tranches de la société. Elle s’est dissociée des paragraphes 21 et 25. La prolifération de résolutions inutiles sur la COVID-19 ne contribue pas à la recherche d’une solution et il vaut mieux se concentrer sur des mesures concrètes, a-t-elle dit.
Israël a regretté l’amendement proposé au paragraphe 20, notant que celui-ci a entravé l’adoption consensuelle du texte.
Pour l’Uruguay, cet amendement au paragraphe 20 était au contraire justifié, celui-ci faisant notamment référence à des mesures qui sont contraires au droit international. Il a toutefois estimé que l’amendement n’aurait pas dû se faire au détriment de l’ancien libellé du paragraphe 20 qui faisait référence à des questions légèrement différentes et pas incompatibles. La délégation aurait souhaité maintenir le libellé orignal et y ajouter l’amendement.
Intervenant au sujet du paragraphe 7, l’Allemagne a regretté la demande de mise aux voix, notant que la pandémie a eu un impact sur de nombreuses femmes et que le manque d’accès aux services de santé sexuelle se fera durement ressentir.
Commentant ensuite la résolution dans son ensemble au nom de l’Union européenne, la délégation allemande a fait part de son engagement à accepter certains compromis, notamment en qui concerne le paragraphe 20, saluant par ailleurs l’adoption d’un texte équilibré. Des références aux droits de l’homme auraient toutefois été souhaitables. La reconnaissance du rôle central de l’ONU est essentielle, a affirmé la délégation, mais une référence plus forte à l’environnement aurait été souhaitable. Elle a en outre regretté l’introduction de l’amendement au paragraphe 20.
L’Australie, au nom de 42 États, a commenté le paragraphe 7 et souligné le risque de mortalité accrue qu’entraîne la pandémie chez les femmes, notant qu’une réduction de 20% des services de santé sexuelle et reproductive pourrait entraîner plus de 20 000 morts maternelles supplémentaires ainsi que chez les nouveau-nés. Elle a également déploré les tentatives visant à remettre en question le consensus dont bénéficiaient auparavant ces questions.
Le Pérou a souligné qu’un vaccin contre la COVID-19 doit être considéré comme un bien public international et la seule stratégie réaliste pour venir à bout de la pandémie. La délégation a regretté que la résolution ne contienne pas une référence plus précise à cette question.
La Fédération de Russie a salué l’adoption du texte tel qu’amendé et ses références à l’importance de la couverture sanitaire universelle et la lutte contre la tuberculose dans le contexte de l’actuelle pandémie. Elle s’est aussi félicitée de l’appel à s’abstenir d’adopter des mesures coercitives unilatérales. L’heure est à la solidarité, a lancé la délégation. Elle a alerté que le maintien des sanctions à l’encontre des pays en développement entrave la riposte à la pandémie et que les exemptions humanitaires ne sauraient être suffisantes pour justifier le maintien de ces mesures « illégitimes ». Elle a regretté que certains États aient utilisé « à des fins abusives » la présente résolution pour prédéterminer des négociations sur d’autres thèmes.
La Fédération de Russie s’est ensuite dissociée du paragraphe 4 du préambule, et du paragraphe 19 du dispositif, pointant l’utilisation du terme « opportun ». Ce libellé ne peut servir de précédent pour les négociations sur l’acheminement de l’aide humanitaire d’urgence, a-t-elle dit. La délégation s’est aussi dissociée des paragraphes 20 et 22 du préambule, et 26, 28 et 47 du dispositif.
La République arabe syrienne a dénoncé ceux qui défendent les mesures coercitives unilatérales, les appelant à consulter les rapports du Secrétaire général ainsi que ceux de son Rapporteur spécial sur la question. Elle a regretté l’impossibilité d’inclure un libellé sur l’impact de la pandémie dans les territoires occupés. Elle a récusé l’emploi du terme « violence domestique » et émis des réserves sur le paragraphe 32, affirmant que nombre d’institutions financières ont des politiques biaisées.
L’Iraq s’est dissocié de la terminologie « groupe marginalisé » employé dans les paragraphes 21 du dispositif et du préambule. La délégation a également émis des réserves au sujet du paragraphe 28 du dispositif, et des termes « santé sexuelle et reproductive » et « droit reproductif ». En outre, le paragraphe 37 porte sur des questions n’ayant pas lieu d’être abordées par la résolution, selon l’Iraq.
La Turquie a fait observer qu’elle n’est pas partie à l’Accord de Paris sur les changements climatiques.
La Libye a insisté sur son droit de formuler ses politiques selon ses propres cultures et traditions. Elle a formulé des réserves sur l’emploi de la terminologie « santé sexuelle et reproductive ».
L’Argentine a reconnu la pertinence du paragraphe 20 après son amendement, tout en estimant que le libellé originel du paragraphe aurait pu être maintenu. Elle a regretté le non-emploi d’un libellé sur la volatilité excessive du prix des aliments, citant notamment le paragraphe 18.
Les États-Unis ont souligné qu’ils sont le principal bailleur de fonds dans le domaine de la santé et que leur appui porte sur toutes les facettes de la pandémie et représente 40% des fonds mobilisés. Ils ont accusé la Chine d’avoir causé des souffrances incommensurables et d’avoir empêché des chercheurs d’obtenir des informations vitales sur la pandémie. Les coupables doivent répondre de leurs actes, a lancé la délégation qui a en outre dénoncé l’irresponsabilité du Parti communiste chinois. Les échecs de l’OMS ont aussi provoqué nombre de souffrances. L’OMS doit montrer son indépendance vis-à-vis du Parti communiste chinois et être réformée, ont estimé les États-Unis, avant de s’opposer aux références à l’OMS contenues dans le texte.
La délégation a en revanche salué les références aux droits de l’homme, aux personnes handicapées et aux groupes marginalisés, expliquant cependant ne pas pouvoir appuyer un texte qui ne fait pas référence aux défenseurs des droits de l’homme en tant qu’acteurs de premier plan. Elle a également marqué son désaccord avec tout libellé laissant penser que l’accès à l’avortement est inclus dans la santé sexuelle et reproductive. La délégation a ensuite critiqué la référence à des documents non négociés à l’ONU et a estimé qu’il n’y pas de liens clairs entre les transports mondiaux et la pandémie.
Les États-Unis se sont opposés au nouveau libellé du paragraphe 20 qui, ont-ils alerté, met en question le droit des États à mener leur propre politique économique. Les sanctions sont un moyen légitime d’atteindre la sécurité, a justifié la délégation en expliquant que les États-Unis appliquent des exemptions humanitaires.
Le Brésil a estimé que le libellé sur la santé sexuelle et reproductive ne doit pas être interprété comme appuyant l’avortement.
El Salvador a regretté l’adoption précipitée de la résolution, estimant que des négociations plus longues auraient pu éviter une mise aux voix. La référence à l’impact de la pandémie sur les pays à revenu intermédiaire laisse à désirer, selon El Salvador, et il en va de même en ce qui concerne les envois de fonds. La délégation a aussi insisté sur l’importance de faire du vaccin un bien public mondial. En outre, le libellé du paragraphe 21 n’est pas assez détaillé et ne représente pas le consensus car il ne reflète pas le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle ajouté.
L’Indonésie a appuyé la référence aux populations marginalisées, pour ensuite faire part de ses réserves au sujet du paragraphe 26, notamment en ce qui concerne la violence sexuelle et sexiste.
L’Inde a estimé que la résolution aborde trop de problèmes généraux. La référence aux changements climatiques ressemble à un ajout de dernière minute et le paragraphe 24 s’apparente à un « vaisseau spatial » tentant d’atteindre une région jamais habitée. La délégation a néanmoins espéré que le texte servira de point de départ à une discussion plus poussée sur la pandémie.
Les Philippines ont regretté que le paragraphe 19 ne mentionne pas les pays à revenu faible et intermédiaire. L’absence de référence aux migrants représente également une régression, ont-elles dit, indiquant que les migrants philippins comptent parmi les populations les plus touchées par la pandémie. L’absence de certains mots peut avoir des conséquences de grande envergure, a prévenu la délégation.
La République islamique d’Iran s’est félicitée de l’adoption de la résolution et des projets d’amendement, « un message fort de la communauté internationale ». Elle a cité les dispositions sur le recours à des mesures unilatérales illégales en particulier contre des pays en développement. De telles mesures, notamment les sanctions, représentent un fardeau supplémentaire pour les pays qui sont visés au moment où ils luttent contre la COVID-19, a fait remarquer l’Iran. Le pays s’est plaint que les États-Unis continuent à en imposer contre des pays tels que l’Iran. « Le Gouvernement américain semble vouloir profiter de la situation créée par cette pandémie pour parvenir à ses fins, en créant des risques pour les pays visés. » Il a détaillé les différentes conséquences négatives de ces sanctions, notamment sur les importations de médicaments. Concernant les références à la Conférence de Nairobi, l’Iran a rappelé que celle-ci n’était pas une conférence de l’ONU et son résultat, pas un texte négocié. L’Iran s’est donc dissocié de ce paragraphe.
Le Pakistan a jugé important que l’Assemblée générale s’exprime collectivement et de façon unie face à la menace commune que constitue la pandémie. Il a toutefois jugé que le format n’a pas permis aux délégations de participer aux négociations, ce qui a entraîné des lacunes dans le texte qui, à son avis, n’est pas équilibré. Il s’est réservé le droit de se dissocier de certains éléments du texte s’ils réapparaissaient dans des négociations futures.
La Chine a salué la résolution adoptée mais regretté que les États-Unis aient fait obstruction au consensus et aient choisi de s’opposer à la communauté internationale. Elle a exhorté les États-Unis à écouter la voix de la justice et à lever les sanctions unilatérales. Notant que la promotion de l’interconnectivité correspond au vœu de la communauté internationale, la Chine a regretté que les États-Unis se soient là aussi opposés au consensus. La Chine a fourni une aide considérable à de nombreux pays dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 et elle coopère avec la communauté internationale pour lutter contre la pandémie, a-t-elle fait remarquer.
La Chine a par ailleurs estimé que les États-Unis aient essayé de propager une désinformation sur la COVID. La Chine a réussi à maîtriser la pandémie en un temps très court, a-t-elle fait valoir, dénonçant toute tentative de calomnier le Parti communiste chinois. Elle a rappelé avoir partagé des informations à la communauté internationale sur la pandémie et, dès le 3 janvier, avec les États-Unis. « Mais ces derniers ont choisi de minimiser la pandémie pour ne pas créer la panique. » La Chine a donc accusé les États-Unis d’avoir manipulé les faits et a rappelé que ce pays avait connu le nombre le plus élevé de cas, « causant même la fermeture de l’ONU alors que celle-ci fête son soixante-quinzième anniversaire ». Elle a appelé les États-Unis, s’ils veulent lutter contre la pandémie, à lever les sanctions unilatérales. Elle a demandé aux Nations Unies d’exiger que les États-Unis respectent la science concernant la pandémie et qu’ils cessent de propager des virus politiques.
L’Ukraine a exprimé ses préoccupations quant à l’adoption de documents si importants par le biais d’un vote enregistré. Elle a regretté que le projet de résolution n’ait pu être adopté par consensus en raison d’amendements de dernière minute au paragraphe 20 du dispositif. L’Ukraine se dissocie de ce paragraphe, a-t-elle précisé. L’Ukraine a noté que certaines délégations ont dit ne pas vouloir appliquer des paragraphes entiers de la résolution adoptée, ce qui va l’affaiblir, a-t-elle regretté. Elle a aussi regretté que la résolution ait fait l’objet d’une négociation accélérée après tant de mois de travail.
Le Royaume-Uni a reconnu que ce n’était pas un processus facile, mais estimé que cela en valait la peine. Les droits de l’homme doivent guider la riposte à la pandémie et la relance après la crise, a-t-il dit en citant le Secrétaire général. Il s’est félicité notamment que l’atténuation à la résistance microbienne ait été reconnue comme une façon de lutter contre la pandémie. Il a réaffirmé son appui au libellé sur les droits sexuels et génésiques, estimant que le texte aurait même pu être plus fort à ce sujet. Il a aussi souligné le refus de prendre en compte l’effet plus important de la pandémie sur les groupes marginalisés, dont les LGBTI.
La Colombie a regretté qu’il n’ait pas été possible de trouver un consensus plein et entier sur le texte. Elle a appelé à la souplesse et au courage. « Nous ne pouvons pas être complaisants. » Le monde exige des réponses, notamment de la part de l’ONU et de ses Membres, a-t-elle ajouté en demandant de se concentrer sur la solidarité. Le texte envoie un message au monde, a-t-elle continué en appelant chacun à « façonner les Nations Unies que nous voulons pour l’avenir ». « Nous devons, ensemble, développer le multilatéralisme. »
Le Guatemala a dit être favorable au contenu de la résolution, qui se fonde sur la collaboration et la solidarité. La question des droits génésiques pourrait cependant être mal interprétée, a-t-il craint, faisant référence au droit à l’avortement qui pourrait être interprété comme allant contre sa législation nationale.
La République de Corée a indiqué avoir voté contre l’amendement au paragraphe 20, qui émanait du Programme 2030 adopté il y a cinq ans. Le libellé ne couvre pas pleinement les difficultés associées à la pandémie, a-t-elle estimé. Elle a aussi commenté les dispositions sur la fourniture opportune de l’aide humanitaire dans la lutte contre la COVID-19.
Déclarations d’ordre général
Le Saint-Siège a regretté qu’une résolution de portée générale ait été adoptée sans qu’il y ait un consensus. Il a insisté sur l’importance de la vaccination et a regretté que les organisations confessionnelles aient été exclues de la liste des groupes impliqués dans la lutte contre la pandémie. Il a aussi insisté sur la référence fondamentale aux personnes âgées en raison de l’impact de la pandémie sur ce groupe, ainsi que sur le droit à la vie. Un libellé plus fort sur la nécessité de réformer l’architecture financière internationale aurait également été souhaitable, selon le Saint-Siège. En outre, il a estimé que la pandémie ne doit pas distraire de la crise climatique actuelle. Enfin, il a fait part de son opposition à l’avortement et au recours à des mères porteuses.
L’Afghanistan, au nom des cofacilitateurs (Afghanistan et Croatie), a indiqué que 25 millions de personnes ont été infectées par le coronavirus, le monde connaissant actuellement la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale avec des populations entières qui font face à la famine. « Aujourd’hui, nous avons vu que l’Assemblée générale est prête à apporter une réponse en dépit de l’absence de consensus. » Il s’est dit convaincu que la résolution aura un réel impact sur le terrain.
Le Président de l’Assemblée générale a remercié les cofacilitateurs pour « un travail remarquable ». Le poids de la résolution est clair, a-t-il affirmé, avant d’engager les États Membres à l’appliquer.
RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES
Adoption de la résolution intitulée « Une riposte unie face aux menaces sanitaires mondiales: lutter contre la COVID-19 » (A/74/L.57)
Venue présenter ce texte, l’Arabie saoudite s’est alarmée des dégâts catastrophiques provoqués par la pandémie et a appelé à mettre en place une approche transparente pour jeter les bases solides d’un développement durable équilibré et global pour faire face à cette menace. Elle a souligné que la coopération entre les États est le seul moyen de surmonter la crise.
Explications de vote
Dans une longue intervention, la République arabe syrienne a demandé des précisions sur les procédures entourant l’adoption de certains projets de résolution. Elle a estimé que la demande des co-auteurs ne pouvait être considérée, en raison notamment des « éléments fallacieux » contenus dans la lettre transmise par les cofacilitateurs. La délégation s’est également inquiétée de la prolifération de résolutions sur la pandémie de COVID-19. Expliquant qu’elle ne s’oppose pas au fond du texte, elle a dit vouloir obtenir des précisions d’ordre procédural et juridique.
Le Président de l’Assemblée générale a expliqué que la procédure d’accord tacite avait été interrompue, mais que le texte n’avait pas été rejeté. C’est comme cela qu’il faut comprendre la situation, a-t-il indiqué.
La résolution L. 57 a ensuite été adoptée par 122 voix pour, zéro contre et 31 abstentions.